Olivier Roland - tagged with Biographies http://www.olivier-roland.fr/feed en-us http://blogs.law.harvard.edu/tech/rss Sweetcron [email protected] Un homme d’exception http://www.olivier-roland.fr/items/view/12830/Un-homme-dexception

Résumé de « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar : la biographie de John Forbes Nash, l'un des plus célèbres mathématiciens du XXe siècle, est un véritable best-seller — ayant donné lieu au film bien connu avec Russel Crowe en tête d'affiche — et un livre à lire pour toute personne qui souhaite entrer dans la peau d'un génie et en comprendre les conflits internes.

Par Sylvia Nasar, 2002.

Titre original : « A beautiful Mind », 2002.

Note : Le livre a d'abord été traduit "Un cerveau d'exception", mais après le succès du film (tiré du livre), les nouvelles éditions ont privilégié le titre Un homme d'exception.

Chronique et résumé de « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar

Prologue

L’histoire de John Nash est celle des relations entre créativité, rationalité et schizophrénie. Cet homme a réussi à inventer de nouvelles façons de voir le monde et de l’étudier, grâce aux mathématiques principalement. Mais il a aussi dû faire face à la maladie psychique et à l’exclusion sociale.

Sylvia Nasar évoque plusieurs anecdotes significatives dans le prologue. Par exemple, lorsque l'un de ses collègues mathématiciens lui demande : « Comment avez-vous pu, vous, un mathématicien, un homme voué à la raison et aux preuves logiques… comment avez-vous pu croire que des extraterrestres vous envoyaient des messages ? Que vous avez été recruté par des êtres venus du fin fond de l'espace pour sauver le monde ? Comment…? », John Nash lui répond :

«Parce que mes idées sur ces êtres surnaturels me sont venues de la même manière que mes idées de mathématiques. Je les ai donc prises au sérieux. »

Cette courte histoire montre que, pour lui, il n'y avait pas de frontière claire entre son génie mathématique — qui consiste à créer des idées mathématiques neuves, c'est-à-dire à faire des liens originaux et pertinents qui surprennent et soient utiles à ses collègues — et sa folie.

Entrons maintenant, si vous êtes prêt, dans le détail de son existence…

Première partie — Un cerveau d'exception

Université de Princeton, États-Unis.

Bluefield (1928-1945)

En 1924, John Nash Sr. et Virginia Martin se marient dans le salon de leur maison à Bluefield, en Virginie-Occidentale.

John, conservateur, sérieux et profondément préoccupé par les apparences, souhaite que tout soit très correct. Ingénieur électricien, il aime la science et la technologie et a un esprit vif.

Virginia, une femme vitale avec un esprit moins rigide que son mari réservé, avait autrefois été une enseignante passionnée, quittant sa profession pour épouser John.

Le 13 juin 1928 naît leur premier enfant, John Nash Jr. Solitaire et introverti dès son plus jeune âge, John Nash évite la compagnie des autres enfants, préférant lire et expérimenter dans sa chambre.

Ses parents encouragent ses études mais veulent aussi qu'il soit plus sociable, le poussant autant socialement qu'académiquement.

À l'école, bien qu'intelligent, Nash refuse les méthodes préférées de l'enseignant en mathématiques, démontrant souvent des solutions élégantes en quelques étapes. Peu populaire parmi ses camarades, il est perçu comme étrange, arrogant et distant.

Obsédé par l'invention de codes secrets, il aime aussi faire des farces parfois cruelles. Après le lycée, le jeune garçon obtient une bourse pour étudier au Carnegie Institute of Technology, dans l'intention de devenir ingénieur comme son père.

Au Carnegie Institute of Technology (Juin 1945 — juin 1948)

À Carnegie, le désir de John Nash de devenir ingénieur cède rapidement la place à un intérêt croissant pour les mathématiques. Au cours de son premier semestre, il abandonne l'ingénierie pour se concentrer sur la chimie, mais il éprouve des difficultés en raison du manque de rigueur dans les cours de mathématiques.

Ses professeurs reconnaissent son immense potentiel en mathématiques et le persuadent de se spécialiser dans ce domaine.

Bien qu'excellent dans ses études, le jeune homme reste impopulaire et socialement maladroit. Après avoir révélé son attirance pour les hommes, cela s'aggrave et il devient la cible de remarques homophobes.

Bien qu'il échoue à une compétition nationale de mathématiques, Nash est accepté à Princeton, mais son inadaptation sociale devient singulièrement visible et problématique lors d'un job d'été qu'il effectue à la marine en 1948.

Le centre de l'univers (Princeton, automne 1948)

Fondée en 1746, Princeton n'était pas considérée comme une institution académique particulièrement respectable au début du XXe siècle. Sa réputation demeurait limitée et elle manquait surtout de talents scientifiques reconnus.

Cela reflétait la défaillance générale des universités américaines de l'époque, à la traîne par rapport aux universités européennes et à leurs progrès révolutionnaires en mathématiques et en physique, portés par des figures comme Albert Einstein et David Hilbert.

Cependant, d'importants dons des Rockefeller et des Bambergers allaient bientôt changer la donne. Grâce à l'argent de ces mécènes venus du monde industriel, Princeton (et d'autres) peuvent établir des chaires de recherche pour attirer des talents européens.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, des financements gouvernementaux et militaires affluent également. L'armée et le gouvernement reconnaissent le rôle décisif des mathématiques dans la planification tactique et le développement de la bombe atomique.

Le conflit mondial, en d'autres termes, a "enrichi et revitalisé les mathématiques américaines".

À l'arrivée de John Nash à Princeton en 1948, il découvre un centre des mathématiques américaines, imprégné d'optimisme et où les étudiants se considèrent comme faisant partie d'une "grande révolution intellectuelle".

L'école du génie (Princeton, automne 1948)

À Princeton, le jeune mathématicien et ses camarades rencontrent le président du département de mathématiques, Solomon Lefshetz. Il affirme qu'ils devront travailler dur pour répondre aux exigences de l'université, décrivant Princeton comme un endroit "où de vrais mathématiciens font de vraies mathématiques".

Il insiste sur l'apparence en déclarant: "Il est important de bien s'habiller" et exige qu'ils se fassent couper les cheveux chez un coiffeur de Princeton. Malgré son accent sur les apparences, le directeur valorise "la pensée indépendante et l'originalité par-dessus tout".

Au lieu des démonstrations rigoureuses et des calculs, les étincelles d'ingéniosité sont valorisées et considérées comme bien plus significatives. Cela convient parfaitement à John Nash, car cela colle exactement à son "tempérament et style en tant que mathématicien".

Autour d'un thé formel dans le Fine Hall de Princeton, étudiants et professeurs se rencontrent pour débattre, discuter d'idées, faire des potins et analyser les mathématiques. Dans une atmosphère à la fois compétitive et amicale, les idées circulent et de nouvelles théories s'épanouissent.

C'est une "serre mathématique" qui donnera bientôt à Nash le "contexte émotionnel et intellectuel dont il avait tant besoin pour s'exprimer".

Génies (Princeton, 1948-1949)

À Princeton, John Nash prospère, bénéficiant d'un environnement qui lui permet de s'engager dans les mathématiques à sa manière, avec ses propres méthodes.

Un après-midi en 1948, Kai Lai Chung, un instructeur de mathématiques, regarde par la porte habituellement verrouillée de la salle des professeurs et voit Nash étendu sur le dos sur une grande table en désordre, "parfaitement détendu, immobile, visiblement perdu dans ses pensées, les bras repliés derrière la tête".

Un tel comportement est loin d'être inhabituel pour John Nash, qui passe "la plupart de son temps, semble-t-il, simplement à réfléchir. Il se couche sur les bureaux, glisse dans les couloirs avec "l'épaule fermement pressée contre le mur", emprunte parfois des vélos et les fait tourner en "cercles concentriques de plus en plus petits". La plupart du temps, il marmonne ou siffle distraitement.

Ce n'est pas seulement l'approche immersive et absente de John Nash qui le distingue, mais toute son approche des mathématiques est originale et stimulante. Il trouve toujours des solutions par ses propres chemins, évitant les méthodes habituelles pour se fier à son intuition.

Pour maintenir son indépendance intellectuelle, John Nash :

Ne lit pas beaucoup (pour ne pas être trop influencé) ;

Ne s'attache pas à des cours ou des professeurs trop longtemps ;

Récupère des informations et les reconstruit "à sa manière".

Même ses camarades, pourtant eux-mêmes excentriques, le considèrent comme étrange et distant. Certains membres du corps enseignant acceptent sa bizarrerie, tandis que d'autres le trouvent insupportablement obtus et précoce.

Jeux (Princeton, printemps 1949)

John von Neumann, un brillant polymathe et conférencier à Princeton, entre dans la salle commune de mathématiques et voit deux étudiants jouer à un jeu avec des pions placés dans des emplacements hexagonaux sur un plateau de jeu en losange.

Lorsqu'il demande aux étudiants ce qu'ils font, ils lui disent qu'ils jouent à "Nash". Dans les années 1930, les professeurs européens introduisent la tradition de jouer à des jeux à Princeton, tels que Kriegspiel et Go, très populaires parmi les étudiants lors de la première année de John Nash.

John Nash y participe souvent avec une approche "exceptionnellement agressive", révélant sa "compétitivité naturelle et son esprit de surenchère". Il ne se contente pas de jouer, mais invente un jeu appelé 'Nash', un jeu à somme nulle pour deux personnes, sans hasard, basé uniquement sur la stratégie.

Le jeu devient très populaire et est régulièrement pratiqué dans la salle commune.

John Von Neumann (Princeton, 1948-1949)

Là où de nombreux mathématiciens remarquables de l'époque sont retirés et maladroits, John von Neumann est perçu comme plutôt séduisant. En fait, il est "universellement considéré comme le mathématicien le plus cosmopolite, polyvalent et intelligent" du XXe siècle.

La carrière de von Neumann comprend de nombreux rôles, tels que "physicien, économiste, expert en armes et visionnaire de l'informatique". Ses capacités de mémoire, de calcul mental et de connaissances générales, associées à sa manière parfois froide et directe, ont conduit les gens à plaisanter en disant qu'il est "vraiment un extraterrestre qui a appris à imiter parfaitement un humain".

Pendant la guerre, John von Neumann a co-écrit le texte très significatif "The Theory of Games and Economic Behavior" et a proposé une méthode pour déclencher la bombe atomique, créditée d'avoir raccourci le temps nécessaire au développement de la bombe d'environ un an. En 1948, il est un chercheur respecté à l'Institute for Advanced Studies de Princeton.

La théorie des jeux

En 1928, John von Neumann rédige un article sur "la théorie des jeux", suggérant que l'étude des jeux pourrait offrir des éclairages en économie. En 1938, avec le professeur Oskar Morgenstern, il développe cette théorie dans l'ouvrage novateur The Theory of Games and Economic Behavior.

Le livre attire l'attention du public et reçoit même une critique dans le New York Times. Beaucoup d'étudiants de Princeton le surnomment "la bible". Toutefois, les économistes professionnels gardent leurs distances, estimant que le livre ne tient pas ses promesses audacieuses.

Bien qu'il reconnaisse son "innovation mathématique", John Nash critique également les mérites du livre. Il remarque qu'une grande partie de la théorie "semble avoir peu d'applicabilité en sciences sociales", car elle se concentre sur des "jeux de conflit total" qui ne se produisent pas souvent dans des scénarios économiques réels.

Le jeune étudiant montre également que la discussion des jeux à plus de deux joueurs ne "prouve pas qu'une solution existe pour tous ces jeux" et que l'analyse des jeux à somme non nulle — où les gains et les pertes de chaque joueur ne sont pas équilibrés exactement par les gains et les pertes des autres joueurs —, est également incomplète. Il commence rapidement à réfléchir à des solutions à ces lacunes.

Le problème de la négociation (Princeton, printemps 1949)

Dans son deuxième trimestre à Princeton, John Nash rédige son premier article académique, intitulé "The Bargaining Problem" ("Le problème de la négociation"). Malgré une formation limitée en économie, il parvient à offrir une perspective remarquablement originale et significative dans ce domaine.

L'"idée d'échange" ou la "négociation un à un" y est centrale. Pourtant, aucune théorie n'a encore pu fournir une véritable compréhension de la façon dont les personnes engagées dans un échange se comporteront ou comment une négociation se déroulera.

Le problème central réside dans le fait que les gens ne "se comportent pas de manière purement compétitive" tout le temps. Autrement dit, ils collaborent parfois. Mais comment le prédire ? John Nash trouve une solution élégante à ce problème.

En outre, son originalité réside dans le fait qu'il a eu l'idée bien avant d'être exposé au travail de John von Neumann ou aux mathématiques avancées de Princeton. En fait, l'idée lui était d'abord venue lorsqu'il suivait son premier (et seul) cours d'économie de premier cycle à l'université Carnegie.

Non-coopération (Princeton, 1949-1950)

À l'été 1949, John Nash se plonge davantage dans la théorie des jeux. Mais avant cela, il doit consacrer l'été à préparer son examen général de fin d'études.

Une fois l'examen réussi, il retourne avec ardeur à la théorie des jeux et approche le mathématicien John von Neumann avec les prémices d'une nouvelle théorie. Lors de sa présentation, ce dernier l'interrompt. Il considère que la proposition d'un équilibre dans les jeux à plus de deux joueurs (l'apport majeur de John Nash) est "triviale".

Toutefois, tout le monde n'est pas aussi catégorique que John von Neumann. L'analyste de la théorie des jeux, David Gale, est particulièrement enthousiaste. La théorie lui semble applicable à une large classe de problèmes et les mathématiques utilisées lui semblent "très belles".

Pourtant, même le jeune mathématicien ne reconnaît pas immédiatement la véritable importance de sa théorie. C'est elle, pourtant, qui deviendra "l'un des paradigmes de base en sciences sociales et en biologie" et qui finira par lui valoir un prix Nobel en économie.

Lloyd Shapley (Princeton, 1950)

En 1950, John Nash cherche à établir des liens émotionnels. C'est à ce moment que naît son amitié avec Lloyd Shapley, un brillant mathématicien travaillant à la RAND Corporation.

John Nash exprime son admiration pour Lloyd Shapley de manière enfantine. Et parfois, cela ne passe pas. Ses blagues, notamment devant les amis de ce dernier, sont peu appréciées.

Par ailleurs, des différences de points de vue théoriques les éloignent, et leur amitié prend fin.

La guerre des têtes pensantes (RAND, été 1950)

À l'été 1950, John Nash commence à travailler à la RAND Corporation, un think tank financé par l'Air Force. L'institution a pour mission d'analyser et de résoudre le problème de l'utilisation des nouvelles armes nucléaires. L'enjeu est de prévenir la guerre avec la Russie — ou de la remporter, si la dissuasion échoue.

La théorie des jeux devient cruciale dans cette mission, propulsant cette discipline dans la pensée économique d'après-guerre grâce à la recherche de la RAND.

Bien que la paranoïa de la guerre froide soit palpable, la RAND reste étonnamment informelle, favorisant un environnement décontracté et propice à l'originalité. John Nash s'y intègre parfaitement : il déambule sans contrainte dans les couloirs, perdu dans ses pensées, souvent avec un gobelet de café vide à la main.

Toutefois, il n'est pas très populaire auprès de certains collègues qui le trouvent "absurde et enfantin", déplorant son goût pour "les blagues adolescentes" et son sifflement distrait qui agacent profondément.

La théorie des jeux à la RAND

Le travail de John Nash sur la théorie des jeux attire l'attention de la RAND. Jusqu'ici, le think thank travaillait avec l'hypothèse de John Von Neumann. Les jeux à somme nulle avec deux joueurs de ce dernier étaient réinterprétés à l'aune du "conflit total entre deux superpuissances".

Pourtant, le conflit nucléaire est loin d'être un jeu à somme nulle. La compétition doit s'allier à la coopération. John Nash introduit sa théorie de l'équilibre dans ce contexte et fournit "un cadre pour poser les bonnes questions".

L'équilibre de Nash inspire également le célèbre "dilemme du prisonnier", qui fut inventé à la RAND peu avant son arrivée. Selon cette théorie, les individus rationnels ont intérêt à collaborer plutôt qu'à rechercher leur intérêt personnel.

Ces recherches innovantes feront le succès de la théorie des jeux et la postérité de John Nash. Cependant, à la mi-1950, l'intérêt pour cette théorie diminue à la RAND.

Service militaire (Princeton, 1950-1951)

Par ailleurs, travailler dans le cadre d'un programme militaire dérange John Nash. Il se trouve engoncé, limité par les obligations liées à sa fonction. Il souhaite plutôt "avoir la liberté de se promener dans tous les domaines des mathématiques".

Pour ce faire, il décide de chercher un poste universitaire. Dans l'intervalle, il accepte un intérim à Princeton sur un projet de recherche pour la Marine.

Mais d'autres obligations l'appellent. À l'été 1950, la Corée du Nord envahit la Corée du Sud et les États-Unis promettent leur soutien. John Nash craint de devoir partir à la guerre.

Ses efforts pour éviter l'enrôlement sont au moins partiellement couronnés de succès, mais il doit néanmoins réaliser son service militaire pendant plusieurs mois.

Un très beau théorème (Princeton, 1950-1951)

John Nash doit se faire une place au sein des cercles académiques. Pour se faire connaître et accroître sa réputation, il entreprend d'écrire un article visant à le faire reconnaître en tant que mathématicien pur.

Son texte est effectivement une réussite ; ses calculs sont considérés comme des mathématiques élégantes et pures. Cet article lui permet donc d'être reconnu comme un véritable mathématicien de premier plan.

Pourtant, malgré ce succès, il n'obtient pas de poste à Princeton. La raison en est sans doute que beaucoup de ses collègues le trouvent dérangeant, voire arrogant.

Finalement, John Nash accepte plutôt un poste au Massachusetts Institute of Technology, le célèbre MIT.

MIT

Le MIT est une institution historiquement dédiée à l'ingénierie. Elle a moins bonne réputation que les grandes universités où se pratiquent la physique théorique ou les mathématiques pures, par exemple. C'est pourquoi Nash se perçoit parfois comme "un cygne parmi les canards".

Néanmoins, sa présence contribue au changement de l'Institut et, grâce à lui, les mathématiques deviennent un département majeur de l'école.

Des personnalités de premier plan comme Norbert Wiener — pionnier de la cybernétique et de l'informatique, entre autres choses — et Norman Levinson, un mathématicien, l'accueillent avec bienveillance.

Garnements

Au MIT, John Nash enseigne de façon peu conventionnelle. Il adopte un style excentrique et fait beaucoup de jeux d'esprit. Ses cours, plus proches de l'association libre que de l'exposition planifiée, incluent des énigmes et des farces.

Cette originalité est valorisée dans ce milieu et permet à John Nash de se trouver des amis.John Nash ne cesse d'expérimenter et de rencontrer de nouvelles personnes. Toutefois, son caractère hautain et parfois explicitement méprisant (notamment envers les juifs) le rend détestable aux yeux de certains.

Expériences (RAND, été 1952)

À l'été 1952, John Nash fait un road trip de Bluefield à Santa Monica avec John Milnor, un étudiant diplômé en mathématiques. La bande de jeunes comprend également la sœur du mathématicien, Martha, et Ruth Hincks, une étudiante en journalisme. Le voyage prend fin quand John Nash se dispute avec cette dernière.

Les deux hommes, qui partagent un appartement temporaire près du RAND, se concentrent principalement sur leurs projets individuels. Ils expérimentent autour de la théorie des jeux et notamment des règles de coalition et de collaboration.

La relation devient toutefois tendue après que Nash a déclaré sa flamme à John Milnor.

Géométrie

Au début des années 1950, la paranoïa de la guerre froide donne lieu au maccarthysme : l'ère du soupçon à l'encontre des "espions" communistes bat son plein.

Plusieurs mathématiciens du MIT, dont Norman Levinson, sont accusés et forcés de témoigner. Ce dernier avait été membre du Parti communiste dans sa jeunesse, mais nie être resté proche de cette pensée politique.

Bien que le MIT soutienne ses employés, cet événement rappelle à tous les universitaires, y compris à John Nash, que le contrôle fait désormais partie de la vie quotidienne et que le monde qu'ils ont connu avant la guerre s'est transformé.

Deuxième partie — Vies séparées

Le poker a inspiré la théorie des jeux de Von Newman et de Nash

Singularité

Au cours de son passage au MIT, John Nash devient plus sociable et sort de sa pensée pour se frotter aux relations interpersonnelles. Comme nous allons le voir plus en détail dans les sections suivantes, il s'engage émotionnellement de façon diverse en ayant notamment :

Des relations homosexuelles ou des amitiés masculines fortes et ambigües ;

Un enfant avec une première compagne du nom d'Eleonor, qu'il abandonnera ensuite ;

Une autre compagne avec laquelle il se mariera et aura un autre enfant.

John Nash peine toutefois à répondre aux demandes d'autrui. Il comble ses propres besoins émotionnels et sexuels, mais néglige souvent ceux des autres. Orgueilleux, il estime souvent que son génie devrait suffire à les satisfaire.

Une amitié particulière (Santa Monica, été 1952)

À la fin de l'été 1952, John Nash vit l'une de ses "amitiés particulières" avec un autre homme, Ervin Thomson, âgé de trente ans et secrètement homosexuel. À l'heure du maccartisme, il est préférable de ne pas avouer trop publiquement ses orientations sexuelles.

Peu d'informations sont disponibles sur leur relation. Toutefois, elle semble significative pour John Nash, car elle marque son premier pas vers la réciprocité et l'intelligence émotionnelle. Cette relation lui permet de sortir de son isolement.

Eleanor

Lors d'une visite de routine à l'hôpital, le jeune homme rencontre une infirmière "jolie et brune" nommée Eleanor. Bien que timide et inexpérimentée sur le plan sexuel, elle est désarmée par la douceur et le charme maladroit du professeur du MIT.

Les deux amants gardent d'abord leur relation sexuelle secrète. Toutefois, lorsqu'Eleanor annonce sa grossesse, John Nash doit prendre une décision. Au départ, il semble plutôt heureux, mais cette joie est de courte durée.

La relation se détériore rapidement : Eleonor s'inquiète de l'avenir, mais le mathématicien montre peu d'intérêt pour sa situation. Malgré la naissance de leur fils, il ne la demande pas en mariage ni ne lui fournit d'aide financière.

Lorsque, finalement, John Nash suggère qu'Eleanor donne leur enfant en adoption, celle-ci se détourne de lui définitivement.

Jack

À l'automne 1952 (c'est-à-dire durant sa relation avec Eleonor), John Nash rencontre un jeune étudiant diplômé, Jack Bricker, dans la salle commune du MIT. Bien qu'habituellement dédaigneux envers les esprits moins brillants, Nash est attiré par Bricker, tandis que ce dernier est fasciné par l'intelligence et la beauté de Nash.

Leur relation, bien qu'ouverte et affectueuse, ne sera toutefois pas particulièrement heureuse. En effet, le jeune génie des maths est obsédé par son autonomie et rechigne à s'engager émotionnellement. En plus, il ridiculise son compagnon en public, puis lui avoue sa relation avec Eleanor.

La relation se détériore au point que Jack Bricker décide d'abandonner ses études supérieures.

L'arrestation (RAND, été 1954)

En 1954, John Nash passe un autre été à la RAND. Suivant ses méthodes habituelles, il passe beaucoup de temps à réfléchir à ses recherches en marchant le long de la plage ou dans le parc Palisades — souvent jusqu'à très tard dans la nuit.

Un jour, la police signale à la sécurité de RAND l'arrestation du jeune homme pour "exhibition indécente" dans ce parc — où il ne faisait pas que penser, mais pratiquait aussi le cruising (rencontre avec d'autres hommes en extérieur)…

Cela entraîne une rupture de contrat. À cette époque, l'homosexualité est vue comme obscène et dangereuse. Le climat paranoïaque de la guerre froide n'aide en rien.

Nash ne semble pas initialement perturbé par cet incident. Toutefois, celui-ci révèle la vulnérabilité de sa vie privée et l'existence de pressions extérieures.

Alicia

De retour au MIT, Nash trouve un soulagement dans ses visites à la bibliothèque musicale, où il rencontre Alicia Larde. Cette ancienne étudiante est séduite par sa combinaison de génie, de statut et de beauté naturelle. Intelligente et curieuse, elle imite ses intérêts pour attirer son attention.

Fascinée par son nouveau compagnon, Alicia décide de renoncer à ses ambitions scientifiques et vise le mariage avec lui. Mais ce dernier ne sait pas encore que faire. Il est face à de nombreux choix, tant personnels que professionnels.

Manœuvres d'approche

John Nash envisage le mariage avec une femme comme une solution possible à ses propres problèmes avec les hommes et les risques qu'il encourt. C'est avec Alicia, rencontrée au moment opportun, qu'il décide de se lancer.

Le chercheur est attiré par la jeune femme car celle-ci est intelligente, mais aussi parce qu'elle s'intéresse à lui et l'aime tel qu'il est. Mais il n'est pas très doué pour la monogamie… En effet, pendant qu'il entame cette relation, il continue à voir Eleanor et Jack Bricker (en fait, tout se passe à la même période !).

Seattle (été 1956)

Nash quitte le MIT pour assister à une école d'été à l'Université de Washington. Il espère être au centre de l'attention. Malheureusement, l'annonce de la preuve de l'existence de sphères exotiques par un autre mathématicien lui vole complètement la vedette. John Nash se sent alors petit, tout petit…

C'est néanmoins à cette occasion qu'il rencontre Amasa Forrester, un ancien camarade de Princeton, ouvertement homosexuel et très sympathique. Ils sortent un temps ensemble et John Nash garde un bon souvenir de cette relation.

Plus tard, lorsque le mathématicien est mis devant ses responsabilités de père, il accorde une pension alimentaire à Eleonor. En fait, il semble que ce soit Jack Bricker qui l'ait convaincu d'agir de la sorte pour éviter un scandale préjudiciable à sa carrière.

Décès et mariage (1956-1957)

John Nash aime la vie new-yorkaise et s'installe à New York. Il aime la vie bohème et veut vivre différemment. Toutefois, le décès de son père le confronte à nouveau à des responsabilités et à des règles qu'il méprise et rejette.

D'un autre côté, sa mère fait pression pour qu'il se marie. John Nash et Alicia se fiancent donc et organisent une petite cérémonie de mariage familiale en février 1957.

Troisième partie — Comme un feu qui couve sous la cendre

La schizophrénie de John Nash lui crée de nombreux problèmes dans la vie quotidienne.

Olden Lane et Washington Square (1956-1957)

Comme il vit à New York, John Nash visite fréquemment l'Institut Courant des sciences mathématiques de l'Université de New York. Il aime ce lieu et finit par y passer autant de temps qu'à l'Institute of Advanced Study (ISA).

Malgré l'atmosphère conviviale et les défis stimulants qu'il trouve dans ces institutions, John Nash considère avoir échoué dans ses recherches à cette époque. Il découvre qu'un mathématicien italien, Ennio de Giorgi, a prouvé un théorème sur lequel il travaillait quelques mois plus tôt.

Les méthodes non conventionnelles de Nash connaissent un certain succès. Mais il devient aussi de plus en plus obsédé par la révision de la théorie quantique ; un effort qui se révèle vain et qu'il considérera plus tard comme potentiellement lié à l'apparition de sa schizophrénie.

La fabrique de bombes

Le couple trouve, non sans difficultés, un appartement à Cambridge et commence à mener une vie conjugale classique. Malgré cette bonne nouvelle, le mathématicien reste insatisfait. Il voudrait être davantage reconnu et il s'inquiète de ne pas encore avoir une position permanente à MIT.

Il se plaint également de ne pas obtenir la prestigieuse Médaille Fields. Son travail devient pourtant de plus en plus reconnu. En réalité, il se met une pression énorme sur les épaules pour réussir ; une pression, comme nous allons le voir, sans doute excessive.

Secrets (Été 1958)

John Nash a presque 30 ans. Il est anxieux, notamment en raison de la croyance selon laquelle les meilleures découvertes mathématiques surviennent avant cet âge.

Avec cette idée en tête, il décide de se confronter à l'Hypothèse de Riemann, un problème mathématique encore irrésolu. Il passe alors fréquemment du doute et de la perte de confiance en soi à l'exaltation la plus complète.

En parallèle, John Nash développe une passion pour les marchés boursiers et l'argent. Il cherche à décoder un supposé "secret" du marché. Il demande un prêt à sa mère et commence à réaliser des investissements de plus en plus risqués.

Durant l'été, John Nash et Alicia voyagent en Europe pour leur lune de miel. Le jeune homme offre une bague trop chère à sa compagne, mais à part ça le couple est néanmoins heureux.

Des plans sur la comète (Automne 1958)

De retour à Cambridge, Alicia annonce sa grossesse. Le mathématicien se sent à la fois heureux et inquiet. Il ne sait que faire, notamment au niveau de son avenir professionnel. Il reçoit des offres de postes très intéressantes, mais préfère prendre un congé sabbatique.

À cette époque, il partage son temps entre l'IAS et l'Institut des hautes études scientifiques à Paris.

Mais il ne parvient pas à gagner en stabilité. Financièrement, il perd l'argent investi en bourse et doit rembourser sa mère. Au niveau personnel, il s'engage dans une relation ambiguë avec Paul Cohen, un homme ambitieux qui attire le mathématicien.

Certains témoins et commentateurs prétendent que c'est la relation déçue et la compétition entre Paul Cohen et John Nash qui a été la cause de son effondrement psychique.

L'empereur de l'Antarctique

Nouvel An 1958. John Nash se déguise en bébé, ce qui étonne son entourage. Mais ce n'est pas le seul événement étrange :

Il se lance dans des monologues confus ;

Fait état de croyances irrationnelles ;

Rédige des lettres insensées à des ambassadeurs ;

N'arrive plus à suivre le fil de son exposé lors de ses conférences ;

Etc.

Indubitablement, ce sont les premiers signes de la maladie mentale qui se manifestent. Comme nous allons le voir, sa santé décline rapidement et va le conduire d'hôpital en hôpital à la recherche d'un traitement.

Dans l'œil du cyclone (printemps 1959)

Alicia suspecte depuis un moment que John Nash présente des signes de détresse mentale. Il est incohérent et paranoïaque. Au début, elle attribue ces comportements au stress du travail et à la perspective d'une paternité imminente, mais les symptômes de Nash deviennent plus inquiétants.

Parmi ses comportements étranges, il menace de vider ses comptes bancaires et écrit des lettres bizarres à des institutions internationales.

Hésitant à révéler la situation par crainte des conséquences professionnelles pour son mari, elle quitte son emploi pour le surveiller. Les conseils contradictoires de psychiatres et un incident alarmant conduisent finalement Alicia à reconnaître la gravité de la situation.

Elle prend alors une décision que John Nash lui reprochera longtemps : demander son internement.

Le jour se lève à Bowditch Hall (Hôpital McLean, avril-mai 1959)

John Nash prétend être le leader d'un mouvement mondial pour la paix sous le nom de "Prince de la paix". Après une brève évaluation à l'hôpital McLean où l'emmènent des policiers, il est finalement bel et bien interné. Un diagnostic est établi : schizophrénie paranoïaque.

Sa mère, Virginia, est bouleversée. Toutefois, elle se montre incapable de soutenir Alicia. Il semble normal lorsqu'elle le visite et ne comprend pas véritablement le problème. Traité avec des médicaments et une psychothérapie intensive, il se comporte en "patient modèle".

Cependant, certains psychiatres doutent de la sincérité de son rétablissement. Finalement, l'hôpital le libère après qu'il ait fait appel à un avocat et que sa femme se soit prononcée contre un nouvel internement.

Un thé chez le chapelier fou (Mai-juin 1959)

La vie de sa compagne, Alicia, n'est pas facile.

John Nash étant à l'hôpital, elle décide de s'installer chez son amie Emma. Elle doit se défendre d'avoir fait interner son mari. Mais aussi faire face à ce dernier, qui menace de divorcer en représailles de son geste.

Bien qu'elle soit enceinte, elle met toute son énergie dans la défense de son compagnon :

"Toute son attention [est] focalisée sur une seule tâche — non pas celle d'accoucher, mais celle de sauver John Nash." (Un homme d'exception, Troisième partie)

Une fois sorti de l'hôpital, John Nash — toujours fâché contre sa femme et en proie à ses théories délirantes — décide de s'enfuir et de partir vivre en Europe.

Quatrième partie — Les années perdues

Citoyen du monde (Paris et Genève, 1959-1960)

À Paris, John Nash cherche à rompre avec son ancienne vie américaine. Il tente de renoncer à sa citoyenneté américaine, mais un fonctionnaire de l'ambassade l'en dissuade. Malgré cela, il persiste et demande le statut de réfugié en Suisse.

Après des mois de lutte et d'échecs, il est finalement expulsé d'Allemagne de l'Est et renvoyé aux États-Unis. Durant cette période, ses comportements étranges et ses idées délirantes continuent de surprendre.

Zéro absolu (Princeton, 1960)

De retour aux États-Unis, John Nash séjourne brièvement à Princeton, puis emménage avec Alicia, mais les ennuis ne tardent pas à apparaître.

Il souhaite retourner en France et prétend être lié à des affaires internationales ; il parle de paix mondiale et de gouvernement mondial. Sa femme, Alicia, réalise qu'il devra probablement être interné à nouveau.

Finalement, la police doit intervenir. Sa santé mentale exige un internement. Étrangement (ou logiquement ?), deux jours plus tôt, John Nash prédit qu'il sera emmené par les policiers.

Tour de silence (Trenton State Hospital, 1961)

Avec peu d'argent, le couple ne peut pas faire grand-chose. John Nash est placé à l'hôpital d'État de Trenton. Il dira plus tard que le traitement à l'insuline qu'il y reçoit alors a été une "torture". En outre, il vit en grande promiscuité avec d'autres patients.

Il y reste six mois. Puis il est transféré au sein de l'aile de réadaptation après que le traitement ait montré des signes de succès. Il peut enfin travailler à un article académique important et est "libéré" de l'hôpital à la fin de l'été.

Un intermède de rationalité imposée (Juillet 1961 - avril 1963)

Bien que sa récupération mentale soit considérée comme une issue positive par son entourage, John Nash ressent "un sentiment de diminution et de perte". Pourquoi ? Car il considère qu'il n'a plus accès à ce qu'il considère comme des "visions cosmiques, voire divines".

Dépendant à nouveau de la gentillesse de ses amis et collègues, John Nash obtient un modeste poste de recherche à l'IAS. Bien qu'Alicia et lui vivent à nouveau ensemble, la relation demeure tendue.

Lorsque la santé mentale du mathématicien décline à nouveau, Alicia décide d'entamer à contrecœur une procédure de divorce. Elle lui impose également de se rendre dans une clinique pour être soigné.

Le problème de l'extension (Princeton et clinique Carrier, 1963-1965)

John Nash est admis dans une clinique privée qui pratique les électrochocs et les traitements pharmaceutiques : la Carrier Clinic. Sa femme refuse qu'il reçoive davantage d'électrochocs. Il y a passé plusieurs mois.

Une fois sorti, le mathématicien vit seul et reprend son travail. Mais son comportement étrange persiste. Malgré des apparences positives, il se considère comme une "figure religieuse secrète". Après un séjour en Europe, il est réadmis à la Carrier Clinic, puis s'installe à Boston une fois le traitement terminé.

Solitude (Boston, 1965-1967)

John Nash se sent seul sans sa femme et son fils. Il voit un psychiatre et décide de prendre des médicaments, ce qui ne lui plaît guère. En effet, les médicaments nuisent à sa créativité scientifique.

Il connaît ainsi des hauts et des bas entre productivité et reprise des crises. Au printemps 1967, il devient maniaque, incohérent, paranoïaque et délirant ; il est obsédé par des nombres magiques et des conspirations internationales.

Il rencontre sa première femme avec leur fils. Mais les relations sont mauvaises, en raison de son instabilité psychologique et de son irritation face aux résultats scolaires de son fils.

Un homme seul dans un monde étrange (Roanoke, 1967-1970)

À quarante ans, John Nash paraît déjà "vieux". Il vit à Roanoke avec sa mère, erre en ville, en sifflant parfois. La plupart du temps, il reste à la maison et y tourne — littéralement — en rond. Il est complètement obnubilé par la politique et fomente des théories du complot. Il crée des codes secrets.

Terrifié à l'idée d'être hospitalisé à nouveau, John Nash est pris de colère lorsque sa sœur décide de le faire interner à nouveau après la mort de sa mère. Il rompt tout lien avec elle pendant de longues années.

Le fantôme de Fine Hall (Princeton, années soixante-dix)

John Nash est surnommé "le Fantôme" à Princeton. L'air absent, les yeux enfoncés dans des cernes creusées, il sillonne les couloirs et donne cours de façon cryptique. Lors de ceux-ci, il mélange chiffres, codes, politique, philosophie et religion. Les étudiants sont désarçonnés par un tel enseignement, qui laisse parfois à désirer, mais qui est aussi, par moment, très stimulant.

Malgré sa maladie, John Nash espère toujours rester en contact avec sa communauté. Son écriture codée pourrait être le moyen qu'il trouve, à cette époque, pour ne pas perdre pied complètement. Par ailleurs, il se sent bien dans les couloirs de l'université. Princeton est un "endroit calme et sûr" pour lui. Il peut s'y exprimer sans crainte de rejet.

En 1978, il reçoit le prestigieux prix John Von Neumann, mais n'est pas invité à la cérémonie de remise des prix.

Une vie paisible (Princeton, 1970-1990)

Dans les années 1970, Alicia et John Nash vivent ensemble tant bien que mal, malgré la maladie mentale. La santé de John Nash reste instable, mais il cherche à passer du temps avec sa femme et leur fils Johnny.

Ce dernier, doué en mathématiques, montre toutefois — lui aussi — des signes de schizophrénie. Il est hospitalisé à plusieurs reprises, mais parvient à étudier les mathématiques et obtient même un doctorat en 1985.

Cinquième partie — Le plus digne

John Nash reçoit le prix Nobel d'économie en 1994.

Rémission

John Nash retrouve un équilibre mental à partir des années 1970 et 1980. Bien qu'ils ne disparaissent jamais complètement, les symptômes de la schizophrénie diminuent progressivement durant ces années.

Cette victoire sur la maladie est liée à sa propre capacité à tenir à distance les pensées délirantes qui l'assaillent. Il parvient à se raisonner et à entretenir des relations plus saines avec cette partie de sa psyché qui lui joue des tours.

Cette amélioration lui permet de retrouver une certaine normalité dans ses interactions. Il reprend également ses recherches et se forme à l'utilisation de l'informatique.

Pendant ce temps, sa célébrité s'accroît ; il est de plus en plus cité dans des articles universitaires, principalement en économie. Mais, si son nom circule, la plupart des chercheurs pensent qu'il est mort ou en institution !

Nouveau signe important de reconnaissance : John Nash est élu membre de la Société d'économétrie.

Le prix

John Nash n'a pas fait l'unanimité ! Lorsqu'il est proposé comme candidat au prix Nobel d'économie, les membres du comité hésitent en raison de sa santé mentale. Ils enverront même un émissaire, Jörgen Weibull, pour évaluer sa personnalité.

Le comité débat par deux fois de son inclusion en tant que candidat au prix. Certains s'y opposent vigoureusement, tandis que d'autres sont ses défenseurs passionnés. D'un côté, il y a ceux qui ont connu le mathématicien dans ses pires moments ; de l'autre, il y a ceux qui considèrent avant tout ses mérites scientifiques.

Finalement, John Nash est informé qu'il reçoit le prix Nobel vers la fin de l'année 1994.

La plus grande vente aux enchères de tous les temps (Washington DC, décembre 1994)

Au même moment, Al Gore inaugure "la plus grande vente aux enchères de tous les temps" liée aux télécommunications. La particularité de cet événement est qu'il s'appuie sur la théorie des jeux et, notamment, sur l'analyse de la rivalité et de la coopération entre un petit nombre de joueurs rationnels.

C'est la preuve que les concepts développés par John Nash deviennent de plus en plus acceptés et utilisés par les mathématiciens et les économistes (qui organisent la vente aux enchères). C'est un autre type de reconnaissance : après de longues "décennies de résistance", il voit enfin sa théorie appliquée largement.

De nouveau au monde (Princeton, 1995-1997)

La vie de John Nash s'améliore financièrement après la réception du prix Nobel. Il continue à travailler à Princeton, mais ses préoccupations s'orientent toujours davantage vers sa famille ; il s'inquiète en particulier pour la santé de son fils, Johnny.

Par ailleurs, John Nash cherche également à améliorer sa relation de couple avec sa femme et l'idée d'un remariage est même évoquée.

Épilogue

Et c'est bien ce qui se produit ! Les époux Nash se remarient après 40 de mariage. John Nash se sent stable et ne craint plus les rechutes.

Le prix Nobel travaille à divers projets :

Il donne des conférences dans lesquelles il aborde, notamment, la question des troubles mentaux et de la stigmatisation des personnes qui en souffrent.

Il continue à faire des mathématiques.

Ses relations sociales s'améliorent nettement, tant avec ses collègues qu'avec ses amis et sa famille. Et finalement, l'idée que quelqu'un rédige une biographie sur lui semble lui plaire — alors qu'il la trouvait auparavant saugrenue.

Conclusion sur « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar :

Ce qu’il faut retenir de « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar :

Tout l'intérêt de ce livre consiste à nous faire entrer dans la peau de John Nash. Non seulement dans ses grands moments créatifs, mais aussi dans ses périodes de trouble social et psychologique. Nous apprenons beaucoup d’éléments sur sa personnalité complexe et nous nous faisons une meilleure idée de sa façon d’engendrer des idées nouvelles.

Le célèbre mathématicien qui a mis en forme une bonne partie de la théorie des jeux a bien failli ne jamais obtenir le prix Nobel en raison de ses problèmes "psy". Pourtant, comme le montre à merveille le livre, il est parvenu à se stabiliser et à devenir une personne plus vivable pour ses proches.

Sylvia Nasar parvient parfaitement à nous plonger dans cette histoire, ainsi que dans cette époque des États-Unis de l'après-guerre.

Points forts :

Une écriture brillante qui fait de cette biographie un véritable "page turner" ;

De nombreuses anecdotes qui nous permettent de comprendre les relations entre génie et folie ;

Un témoignage exceptionnel de la vie de l'un des plus grands mathématiciens contemporains ;

Si vous avez aimé le film (ou que vous ne l'avez pas encore vu), lisez le livre pour comparer !

Point faible :

C'est un livre passionnant… Donc je n'en ai pas trouvé !

Ma note :

★★★★★

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Thu, 18 Apr 2024 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12830/Un-homme-dexception
L’Ultra marathon m’a sauvé http://www.olivier-roland.fr/items/view/12759/LUltra-marathon-ma-sauv

Résumé de "L'ultra marathon m'a sauvé" de Rich Roll :"L’ultra marathon m’a sauvé" de Rich Roll est un mémoire sur sa transformation personnelle de la sédentarité et des problèmes de santé à l’un des athlètes d'endurance les plus reconnus, illustrant comment il a repoussé ses limites au-delà de l'imaginable grâce à un régime végétalien et un entraînement rigoureux.

Par Rich Roll, 2013, 400 pages

Titre original : Finding ultra

Note : cet article invité a été écrit par Hugo du blog Swimxrun.

Chronique et résumé de “L’ultra marathon m’a sauvé : Devenir l'un des hommes les plus forts du monde et se découvrir pleinement” :

Préface

Lors d'une course à vélo sous une pluie battante, Rich fait une chute violente. Il se retrouve éjecté de son vélo et gravement blessé. Malgré la douleur, il réfléchit à tout le travail accompli pour en arriver là, rappelant ses heures d'entraînement et sa transformation de simple avocat sédentaire à athlète d'endurance, le tout en suivant un régime végétalien. Au milieu de la course de l'Ultraman World Championships à Hawaï, malgré les obstacles et les doutes, les équipages des autres concurrents viennent à son aide. Face à l'encouragement et à la détermination de tous autour de lui, il décide de reprendre la course, refusant d'abandonner malgré ses blessures.

Chapitre 1 : la prise de conscience 

Rich évoque la nuit, la veille de ses quarante ans, qui a changé sa vie. Il se retrouve incapable de monter huit marches sans être essoufflé. U une expérience qui le confronte à son mode de vie malsain.

Rich Roll, qui était à l'époque en surpoids et ne faisait jamais de sport. Il s'est rendu compte qu'il avait besoin de changer. Il décrit comment il était, à l'époque, accro à la malbouffe et à la nicotine, et loin de l'athlète qu'il était dans sa jeunesse.

Rich Roll décide alors de changer radicalement son mode de vie. Il passe d'un régime riche en viande et produits laitiers à un régime végétalien. Et, il intègre l'exercice physique dans sa routine quotidienne. Il entame un programme de désintoxication rigoureux. Et, malgré les difficultés initiales, il commence à ressentir une amélioration significative de sa santé et de son énergie. Inspiré par ses changements positifs, il développe un intérêt renouvelé pour le sport et aspire à redevenir compétitif, même à l'approche de la quarantaine. Ce chapitre établit ainsi le prélude de son parcours de transformation et son retour au monde de la compétition sportive.

Chapitre 2 : une jeunesse solitaire et sportive

Rich évoque son amour précoce pour la natation. Une passion initiée par sa mère qui voulait lui transmettre son amour pour l'eau. Il mentionne aussi ses antécédents familiaux et la vie de ses parents avant sa naissance en 1966. Bien que fragile à la naissance, il développe un intérêt pour la natation et devient rapidement compétitif.

Par contre, sa vie à l'école est tout le contraire. Là, il est raillé et se sent exclu. Mais la natation lui donne un sens d'appartenance et il excelle.

Chapitre 3 : des études prestigieuses

Le chapitre commence par les exploits sportifs de l'auteur qui lui valent l'attention des meilleurs programmes universitaires. Après avoir été courtisé par diverses universités, il est particulièrement touché par l'histoire de son grand-père, Richard Spindle, qui était un nageur renommé à l'Université du Michigan. Même si son grand-père est décédé avant sa naissance, il sent une profonde connexion spirituelle avec lui.

Rich est finalement accepté dans toutes les universités où il postule, dont Harvard. Cependant, une visite à l'université de Stanford change sa décision. Fasciné par l'ambiance du campus et les opportunités sportives, il choisit Stanford.

Malgré ses succès initiaux en natation à Stanford, l'alcool commence à jouer un rôle négatif dans sa vie. Une nuit, après avoir bu pendant un match de football, il se blesse gravement en tombant dans les gradins. Malgré sa blessure, il participe à une importante compétition de natation et surprend tout le monde par ses performances.

Malheureusement, c'est le pic de sa carrière de nageur car sa dépendance à l'alcool commence à prendre le dessus.

Chapitre 4 : Rich sombre dans l’alcoolisme

La relation de Rich avec l’alcool empire. Dès sa première expérience avec l'alcool lors d'une soirée au Michigan, il pressent qu'il pourrait avoir un problème avec cette substance. Malgré ses réussites académiques et sportives, son penchant pour l'alcool augmente avec le temps. À l'université, il délaisse la natation pour se concentrer sur la fête. Son addiction à l'alcool s'intensifie et impacte ses performances sportives. Il finit par quitter la natation.

Après l'université, il travaille dans un cabinet d'avocats à New York où il mène une vie de débauche. Malgré son comportement autodestructeur, il parvient à obtenir son diplôme de droit, mais échoue à l'examen du barreau. En travaillant comme avocat à San Francisco, Rich Roll continue à sombrer dans l'alcoolisme, bien que conscient des conséquences. Rich est en lutte constante entre la reconnaissance du problème et la capitulation face à l'addiction.

Chapitre 5 : un premier mariage qui dure quelques jours

En 1995, l'auteur tombe amoureux de Michele, une femme dévouée à l'éducation des jeunes défavorisés. Toutefois, il est aux prises avec ses propres problèmes d'alcoolisme, se sentant insatisfait dans son travail et cherchant constamment à se repositionner dans sa carrière. Malgré des périodes de sobriété, il replonge régulièrement dans la boisson. Après deux arrestations pour conduite en état d'ivresse, il est forcé de se confronter à ses problèmes d'alcool. C'est alors qu'il découvre les réunions des Alcooliques Anonymes. 

Au fur et à mesure que le chapitre avance, l'auteur se rapproche de son mariage avec Michele. Cependant, leur relation commence à se dégrader, et Michele devient de plus en plus distante. Malgré le mariage, les problèmes ne font que s'aggraver lors de leur lune de miel en Jamaïque. Finalement, l'auteur découvre que Michele a eu une liaison pendant leur engagement. Dévasté, il se tourne à nouveau vers l'alcool pour noyer sa douleur.

Chapitre 6 : la cure de désintoxication

Rich Roll décrit sa lutte acharnée pour surmonter l'alcoolisme. Après avoir vécu plusieurs rechutes et avoir perdu le soutien de sa famille, il trouve de l'aide grâce à ses parents qui lui recommandent un psychiatre. Il finit par suivre un programme de désintoxication à Springbrook Northwest. Il passe cent jours à se confronter à ses problèmes et à chercher une guérison spirituelle. Là-bas, il apprend à lâcher prise et à chercher de l'aide extérieure.

Après sa sortie, il réoriente sa carrière et commence à construire une vie nouvelle.

Il rencontre Julie lors d'une séance de yoga, avec qui il tombe amoureux et fonde une famille. Ensemble, ils achètent un terrain à Malibu Canyon et y construisent leur maison de rêve. La sobriété lui permet de retrouver l'amour et le sens de la vie.

Chapitre 7 : le régime alimentaire qui a changé Rich 

Les habitudes alimentaires de Rich sont peu saines. Il explique comment il a évolué vers un régime basé sur les plantes. Rich était initialement sceptique quant au régime végétalien, le voyant comme une mode ou un choix de vie alternatif.

Cependant, après avoir expérimenté les avantages pour la santé d'un régime à base de plantes, il est devenu un fervent défenseur de cette façon de manger, qu'il a baptisée “PlantPower Diet”. L'auteur souligne que bien que le régime alimentaire puisse sembler restrictif au début, il offre en réalité une multitude de bienfaits pour la santé, notamment une augmentation de l'énergie, une amélioration de l'humeur, une meilleure récupération après l'exercice et la prévention de nombreuses maladies chroniques.

Malgré les critiques et les sceptiques, Rich défend fermement son choix de régime. L’axe de défense de ce régime est principalement axé sur sa propre expérience. Il conclut en mettant les lecteurs au défi d'essayer le régime PlantPower pendant trente jours et de constater par eux-mêmes les améliorations qu'il peut apporter à leur santé.

Ce régime a permis à Rich de perdre 20 kg en 6 mois pour atteindre 74 kg.

Description du régime Plan Power Diet :

C’est plutôt simple. C’est un régime végétalien avec aucun aliment provenant des animaux (0 œuf, 0 lait, 0 viande, 0 poisson), un maximum de nourriture bio, et un minimum de nourriture transformée industrielle. 

En annexe du livre, l’auteur analyse les protéines, sels minéraux, nutriments contenus dans les végétaux et démonte les préjugés disant que l’Homme a absolument besoin de nourriture animale. (Food and Nutrition Board (FNB), Institute of Medicine (IOM), “Dietary Reference Intakes for Energy, Carbohydrate, Fiber, Fat, Fatty Acids, Cholesterol, Protein, and Amino Acids (Macronutrients) (2002)” Lien vers l'étude)

Chapitre 8 : l’établissement d’objectif sportif ambitieux

Rich explique sa transition vers une vie plus saine et active à partir de 2007, adoptant une alimentation à base de plantes et commençant un régime d'exercices doux qui s'est intensifié avec le temps. Il a connu des échecs initiaux, y compris un essai infructueux dans un triathlon de half Ironman (1,9 km de nage, 90 km de vélo et 21km de course à pied). Malgré cela, il a continué à s'entraîner et à améliorer sa condition physique, se fixant finalement l'objectif de participer à l'Ironman.

Par hasard, il apprend l'existence de l'Ultraman, une compétition intense et exclusive. Cela consiste à parcourir 515 km en trois jours en alternant nage, VTT et course. Inspiré, il se fixe l’objectif de participer à cette compétition, malgré son manque d'expérience et de qualifications. Après avoir convaincu les organisateurs et son entraîneur, Chris, de sa détermination et de son sérieux, il est accepté pour participer à l'Ultraman.

Tout au long de cette période, il apprend l'importance de la formation et de la discipline, et comment une approche équilibrée de l'entraînement d'endurance est cruciale pour éviter les blessures et optimiser la performance. Il met en lumière la relation entre la persévérance, la foi en soi et l'atteinte des objectifs, même ceux qui semblent impossibles au début.

Chemin vers Ultraman :

Le narrateur commence son entraînement pour l'Ultraman avec moins de six mois devant lui. Avec l'aide de son entraîneur Chris, il augmente progressivement son volume d'entraînement pour éviter les blessures. Avec le temps, ses progrès sont notables, notamment grâce à une approche intelligente de l’entraînement à l'approche de l'entraînement en zone 2 et à la polarisation, un concept qui lui était auparavant étranger. J’évoque cette partie dans mon plan d’entraînement swimrun. 

En résumé, le narrateur parcourt un chemin transformationnel d'entraînement physique, de compréhension des blessures et d'évolution nutritionnelle pour préparer son corps à l'épreuve d'Ultraman.

Au fur et à mesure que le volume d'entraînement augmentait, il commençait à empiéter sur tous les autres aspects de la vie de l'auteur. Pour concilier travail, famille et entraînement, il a dû réévaluer et ajuster sa gestion du temps, souvent au détriment de son sommeil ou en raccourcissant ses séances d'entraînement. Malgré ses progrès sportifs, ses finances en ont souffert. Un week-end, après avoir mal calculé ses besoins en calories lors d'une longue sortie à vélo, il s'est retrouvé sans argent et a dû fouiller les poubelles pour de la nourriture. En proie à la honte et à la désolation, il a envisagé d'abandonner son rêve d'Ultraman.

Cependant, une expérience méditative profonde pendant ce trajet l'a convaincu de persévérer. Julie, sa femme, lui a réaffirmé qu'il était sur la bonne voie et que les défis financiers seraient surmontés avec la foi. Inspiré, il a continué son entraînement et, peu de temps après, les finances de la famille se sont améliorées, lui permettant de participer à l'Ultraman à Hawaï.

Chapitre 9 : le succès de l’Ultraman

En 2008, c’est le moment de l’Ultraman. Malgré les doutes et rappelant ses anciennes difficultés physiques, il se présente au départ avec un soutien solide de son équipe. Le premier jour voit un enchaînement de natation et de vélo où Rich surprend et finit deuxième.

Le deuxième jour, il fait face à la plus longue sortie à vélo de sa vie et, malgré les défis, termine à la neuvième place.

Le troisième jour est consacré à la course à pied. Adoptant une stratégie prudente, il réussit à finir fort, en se plaçant onzième au général. Rich réfléchit ensuite à sa transformation, à sa quête d'authenticité et à la signification de sa réussite, non seulement pour lui-même, mais aussi pour sa famille et pour tous ceux qui ont suivi son parcours.

Il s’est fixé des objectifs ambitieux, et les a atteints. 

Chapitre 10 : Rich réussit un défi unique au monde

En 2009, Rich découvre le projet fou de son ami Jason Lester: l'EPIC5 Challenge alors qu’il s'apprête à réaliser un nouvel Ultraman. Il s'agit de réaliser cinq triathlons de distance Ironman (3.8 km de nage, 180 km de vélo et 42km de course à pied) sur cinq îles différentes en cinq jours. Cette prouesse sportive serait une première mondiale. Face à cette idée inédite et incroyable, l'auteur est à la fois sceptique et admiratif, connaissant le passé difficile de Jason et sa détermination sans faille. Et oui, son ami Jason est handicapé d’un bras.

Pendant cet Ultraman, Rich chute lourdement en vélo le deuxième jour. Mais, il parvient à continuer grâce à l'aide de sa famille et de son équipe. Il rappelle une citation de David Goggins qui dit que lorsque l'on pense avoir “atteint ses limites, on n'a en réalité utilisé que 40% de son potentiel réel”. Vous trouverez ici la chronique de ce livre de David Goggins. Malgré la douleur et la fatigue, Rich Roll finit la course puis décide de prendre part au défi l’EPIC5. Les préparatifs pour ce défi hors-norme commencent, avec une logistique complexe et un plan d'entraînement adapté à cette épreuve sans précédent.

Le défi EPIC5 : 5 Ironman’s sur 5 îles d’Hawaii en 5 jours

Jour 1 : île de Kaui

Jason et Rich commencent leur défi EPIC5 avec un triathlon à Oahu. Malgré les défis, notamment une panne de vélo, ils parviennent à compléter chaque segment à temps pour attraper leur vol commercial et rejoindre l’île suivante.

Jour 2 : île d’Oahu

Arrivant à Honolulu, ils font face à d'autres obstacles, dont la perte d'une pièce cruciale de leur vélo. Après avoir trouvé une solution, ils commencent un autre triathlon mais décident finalement de prendre un jour de repos.

Jour 3 : île de Molokai

Ils se rendent à Molokai, commencent un triathlon, et sont rejoints par des locaux pendant la course. Ils ressentent une profonde connexion avec l'île. La presse locale relaie leur exploit, et la population se masse au bord des routes pour les encourager. 

Jour 4 : île de Maui

À Maui, ils sont confrontés à des défis physiques et mentaux. Mais, ils trouvent la motivation pour continuer grâce à la pensée d'inspirer d'autres personnes. Malgré les défis, ils terminent leur marathon à l'aube.

Jour 5 : Big Island

Après une pause à Big Island, l'auteur est revigoré pour le dernier triathlon. Il est accompagné par des dauphins pendant la nage et rejoint par un champion pendant la partie vélo. L'équipe termine le défi avec succès, célébrant leurs réalisations.

Le défi EPIC5 illustre la force, la détermination, et l'esprit d'équipe de Jason et Rich face à des obstacles constants, tout en mettant en avant la beauté et l'essence d'Hawaï. Les difficultés rencontrées par nos héros semblaient infranchissables. Mais ils n’ont jamais perdu de vue l’objectif et ont continué à avancer. 

Conclusion sur "L'Ultra marathon m'a sauvé: Devenir l un des hommes les plus forts du monde et se découvrir pleinement" : 

La vie est un long chemin parsemé de multiples sentiers. L'auteur raconte comment il s'est retrouvé pendant de nombreuses années sur une voie familière avant de réaliser qu'il désirait un changement. En écoutant son cœur et en ayant la détermination de suivre sa direction, il a vu sa vie se transformer de manière spectaculaire. Malgré les obstacles et les douleurs, il a appris que chaque défi offrait une chance de croissance.

Sa philosophie est simple : faites ce que vous aimez, chérissez ceux que vous aimez, servez les autres et soyez assuré que vous êtes sur la bonne voie. Pour tous, il y a un nouveau chemin à découvrir. Il suffit de chercher et de faire le premier pas. En étant présent et engagé, ce pas peut devenir un bond monumental, révélant notre véritable essence.

Mon avis sur ce livre 

J’ai lu ce livre à la suite de la lecture du livre “Plus rien ne pourra me blesser” de David Goggins. Les sujets de ces 2 livres se rejoignent fortement. Il s’agit de deux êtres humains qui franchissent des difficultés semblant au début infranchissables et qui y parviennent. "L’ultra marathon m’a sauvé" apporte en plus une analyse de l’entraînement d’endurance ainsi que de la nutrition. Rich Roll montre au lecteur que non seulement le régime végétalien permet de rester en bonne santé, mais il peut être un réel atout pour les sportifs et non sportifs. 

"L’ultra marathon m’a sauvé" est un livre qui met un mood de guerrier. Un livre qu’on lit ou écoute pour se motiver lorsqu’on doit sortir tôt dans le froid pour aller au travail, qu’on doit travailler tard le soir et que l’on n’a pas envie. Ce livre montre que dans la vie, il faut se fixer des objectifs ambitieux, sortir de sa zone de confort, et ne pas se contenter du statu quo. 

Nul besoin d’être sportif pour lire ce livre. Chacun peut se fixer des défis à son échelle. Lorsque j’ai fini de lire ce livre, j’ai moi-même décidé de me fixer un défi ambitieux à mon échelle. 

À la fin du livre "L'ultra marathon m'a sauvé", une question m’est venue en tête. Pourquoi l’auteur fait tout cela ? Pourquoi ne pas perdre simplement du poids, faire un peu de sport et arrêter de fumer ? À mon sens, l’auteur semble avoir remplacé ses addictions nocives par une addiction à l’adrénaline et au sport. Mais ce n’est que mon humble avis… Qu'en pensez-vous ? 

Points forts :

Ce livre "L'ultra marathon m'a sauvé" montre que :

Avec de la volonté, tout peut être accompli 

Chacun à notre échelle nous devons nous fixer des objectifs ambitieux qui rythme notre vie et nous emmène dans le bon sens 

Ce sont les petites habitudes du quotidien qui amènent de grands résultats probants. Cela rejoint le livre Le Pouvoir des Habitudes de Charles Duhigg.

Points faibles :

Certains passages pourraient être réduits. 

La diète proposée par l’auteur me semble drastique et est inapplicable pour beaucoup. Pas d’alcool, pas de viande, pas d'œuf, pas de gâteau … 

Est-ce que l’auteur n’a pas remplacé ses vieilles addictions par une addiction à l’adrénaline des défis extrêmes ? 

Ma note : 4

Avez-vous lu le livre "L'ultra marathon m'a sauvé" de Rich Roll ? Combien le notez-vous ?

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Mon, 22 Jan 2024 05:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12759/LUltra-marathon-ma-sauv
Devenir biographe http://www.olivier-roland.fr/items/view/12645/Devenir-biographe

Résumé de « Devenir biographe » de Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard : un manuel qui vous dit tout sur le métier de biographe privé ou familial, une activité qui allie écriture et relation pour celles et ceux qui veulent prendre une nouvelle voie dans leur existence.

Par Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard, 2020, 238 pages.

Chronique et résumé de "Devenir biographe" de Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard

Avant-propos

Delphine Tranier-Bard et Michèle Cléach se sont rencontrées par l’écriture, après bien des péripéties — et quelques égarements — professionnels. C’est par la création de formations qu’elles se sont trouvées et qu’elles ne se sont plus quittées. 

« Notre désir de monter cette formation a rencontré celui des responsables d’Aleph-Écriture, un centre de formation pionnier des ateliers d’écriture en France dans les années 1980 et aujourd’hui une référence dans le domaine de l’accompagnement à l’écriture […] Nous avons ainsi pu monter ce dispositif de formation après avoir identifié un référentiel de compétences prenant en compte la double entrée du métier de biographe : l’écriture et la relation.” (Devenir biographe, p. 8)

Pour aller plus loin et découvrir leurs formations en ligne, vous pouvez consulter les sites suivants : 

Le dire et l’écrire ;

Aleph-Écriture.

Introduction

Aujourd’hui, l’intérêt pour la biographie est bel et bien présent dans l’espace public et s’est même fait une « place de marché » auprès d’un certain public, notamment plus âgé. 

À bien y regarder, le récit de type biographique inonde déjà nos pratiques : 

Lorsque des fonctionnaires ou travailleurs sociaux font le récit de notre vie afin de juger de tel ou tel aspect de notre existence (droit à des allocations, etc.) ;

Lorsque nous faisons notre CV ;

Quand nous utilisons le storytelling en marketing.

Toutefois, les auteures préfèrent s’en tenir à « la question du récit de vie » qui ne se réduit pas à l’une de ces facettes. Il s’agit au contraire de laisser la personne prendre la parole complètement, sans l’enfermer dans des relations de pouvoir (chercher à vendre, à obtenir un statut, un travail, etc.). 

De plus en plus de personnes ressentent le besoin de prendre la plume ou de demander à quelqu’un de le faire pour elles. C’est à ces prête-plume que l’ouvrage s’adresse. 

Ce métier est encore peu reconnu. Par ailleurs, il importe de considérer plus largement les compétences qu’il nécessite : 

En écriture et édition, bien sûr ;

Mais aussi des compétences commerciales et de gestion (pour le côté indépendant) ;

Et enfin tout l’aspect « relation » que les auteures veulent particulièrement mettre en avant.

Première partie : S’orienter dans le champ biographique

Chapitre 1 : Comment se situe la biographie dans le champ biographique ?

Il y a une foule de textes qui peuvent entrer dans le « genre biographique » : 

Autobiographie ;

Autofiction ;

Journal intime ;

Mémoires ;

Histoire de vie ;

Récit de vie ;

Témoignage ;

Autoportrait ;

Roman autobiographique ;

Biographie.

Selon le spécialiste de l’autobiographie Philippe Lejeune, l’autobiographie a 4 caractéristiques ;

La forme (récit en prose) ;

Le sujet traité (vie individuelle, histoire d’une personnalité) ;

Situation de l’auteur (identité du narrateur et de l’auteur) ;

Position du narrateur (identité du narrateur et du personnage principal).

Il insiste également sur l’importance d’un « contrat » passé avec le lecteur. Même si cela concerne l’autobiographie, nous pouvons garder ces premières idées en tête avant de continuer notre exploration de ce genre.

Du côté des sciences humaines et sociales

→ Le récit de vie

Les sciences humaines et sociales (SHS) utilisent les « récits de vie » dans leurs études qualitatives. C’est en particulier la sociologie de l’École de Chicago qui a introduit cette pratique. En France, Daniel Bertaux a beaucoup travaillé sur ce qu’il a nommé la « recherche biographique ».

→ L’histoire de vie 

Dans son acceptation précise, l’histoire de vie va un cran « plus loin » que le récit de vie, puisqu’elle propose de compléter la narration par la réflexion et un travail d’organisation plus poussé. Ce type d’exercice est en grande partie réalisé dans les formations d’adultes.

→ L’histoire de vie collective

Nous sommes ici à la frontière entre la démarche scientifique et la démarche littéraire. L’objectif est de publier un ouvrage qui recueille des informations (familiale par exemple), mais qui fasse aussi un travail sur la langue.

Du côté de la littérature

→ Le récit de vie

Ce terme s’emploie aussi dans la littérature, où il a un autre sens, qui est difficile à circonscrire. Vous trouverez sous ce vocable les différentes thématiques :

Du récit de voyage ;

Au récit d’enfance ;

Ou encore au récit de maladie, par exemple. 

→ Le journal

Le journal peut être intime, mais aussi voué à être publié (comme ce que propose le prix Nobel de littérature française 2023, Annie Ernaux). Certains journaux intimes de grands écrivains ou artistes, malgré leur caractère « secret », sont publiés après la mort de ceux-ci. 

→ Les mémoires

Les mémoires portent la trace de l’événement historique : ce sont des hommes d’État ou de quelque importance qui montrent par là comment ils ont participé aux changements du monde.

→ Le portrait

C’est souvent une partie d’un roman, lorsque l’auteur a besoin de caractériser un personnage. Mais c’est aussi un type d’article journalistique que vous pouvez retrouver dans les quotidiens et autres périodiques. 

→ L’autoportrait

Il est soit très bref, soit plus long. Lorsque c’est le cas, l’auteur s’attarde en détail sur :

Qui il est ;

Et comment il est.

Toutefois, il reste muet (ou presque) sur ce qu’il fait ou a fait dans le passé.

→ La vie brève

Ce sont de courts récits de personnes rencontrées furtivement ou bien connues. Les exemples contemporains classiques, en France, sont Vies minuscules (de Pierre Michon) et Vidas (de Christian Garcin).

→ Le roman autobiographique

Ici, nous sommes dans le genre « long ». Une personnalité raconte toute sa vie ou seulement une partie. Les grands classiques français contemporains sont notamment :

Barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras ;

Le premier homme d’Albert Camus ;

La promesse de l’aube de Romain Gary.

→ L’autofiction

Ici, l’auteur prend plus de libertés encore avec le « matériau » de sa propre vie. Il peut le modifier ou le raconter de façon non linéaire pour faire apparaître des éléments intéressants. Le créateur de ce néologisme est Serge Doubrovsky.

→ La biographie

Ici, l’auteur trouve un personnage plus ou moins célèbre et fait une sorte d’enquête, en se posant des questions du type : « Qui était vraiment Camille Claudel ? » Ou « Comment les Rolling Stones sont-ils devenus une légende ? ». Certaines sont plus romancées, d’autres plus informatives.

→ La biographie familiale

« Quand une personne fait le récit de sa vie à un biographe, récit destiné à sa proche famille qui en est seule destinataire, le biographe va traduire le récit oral en récit écrit. On dira alors qu’il a écrit une biographie familiale. » (Devenir biographe, p. 27)

C’est ce genre d’écrit qui fera l’objet plus particulier de ce manuel. En quelque sorte, il s’agit de faire une autobiographie par personne interposée, et c’est pour cela que les 4 caractéristiques de l’autobiographie données plus haut étaient intéressantes.

Le biographe « prête-plume » pourra écrire, selon la volonté de son « client », soit une biographie exhaustive, racontant l’entièreté de sa vie, soit une biographie partielle, se focalisant sur une ou plusieurs parties seulement de l’existence de celui ou celle pour qui il écrit.

Chapitre 2 : D’où vient le désir de devenir biographe ?

Le plus souvent, ce désir naît après 40 ans. D’où ? De l’histoire personnelle de chaque individu :

Un travail de deuil ; 

Un parent âgé ;

La volonté de maintenir ou renforcer les liens entre générations ;

L’envie de se reconnecter à son histoire familiale ;

Le souhait d’un travail plus « enraciné » (après un burn-out, par exemple) ;

Le souvenir de pratiques d’écritures oubliées, enfouies depuis l’enfance…

Parmi les métiers qui y amènent, le journalisme et les métiers de l’édition arrivent en tête, mais pas seulement : des professionnels de l’accompagnement ou même des ingénieurs peuvent se reconvertir en biographe !

Et puis il y a les personnes qui ne travaillent plus et qui souhaitent passer leur temps à une activité profitable, agréable et utile pour eux et pour celles et ceux qui les entourent. 

Le goût de la transmission joue aussi pour beaucoup. Et aussi avoir envie de poser la question du sens, le sens de son existence — la sienne, ainsi que celle des autres.

→ Et le désir de devenir biographe hospitalier ?

C’est Valeria Milewski qui en a fait un métier « à la mode » parmi les biographes. Mais il est important de prendre conscience que c’est une activité difficile, car elle nous confronte à des situations qui peuvent être traumatisantes. 

L’association Passeurs de mots vous en apprendra plus, si ce type d’activité vous intéresse.

Au final, nous rencontrons 5 motivations principales pour devenir biographe :

Écrire ;

Accompagner ;

Transmettre ;

Acquérir une légitimité professionnelle ;

Rencontrer l’autre. 

Chapitre 3 : Qui fait appel à un biographe ?

Les personnes qui souhaiteront faire appel à vous (si vous devenez biographe à votre tour !) le feront pour :

Transmettre (leur histoire et surtout leurs histoires plus ou moins rocambolesques) ;

Témoigner (d’une expérience étonnante, particulière, touchante, spirituelle, etc.) ;

Rétablir une vérité (sentir le besoin de donner sa propre version des faits) ;

Publier (le désir d’être reconnu pour le fait d’avoir vécu des choses passionnantes) ;

Aller mieux (volonté de faire le point sur son existence afin de se soigner) ;

Vivre encore (pour des personnes qui ont du mal à se sortir d’un handicap, par exemple).

Demandez-vous, en tant que biographe, quelles sont les motivations de vos « prospects » qui vous « conviennent » le mieux. Avec qui préféreriez-vous travailler ?

→ La question de la transmission

Cette question impose de poser celle du destinataire : à qui est destinée la biographie ? En fonction des motivations, vous pouvez le deviner, au moins à moitié. Mais n’oubliez pas de vous poser les questions suivantes :

Quelle pourrait être la demande implicite de votre client ?

Que cherche-t-il, au fond ? 

À quelle place risquez-vous de vous retrouver ?

À noter : si une personne n’a pas de destinataire précis, elle peut déposer son récit à l’APA, l’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique.

Chapitre 4 : Quel biographe voulez-vous être ?

Il y a beaucoup de possibilités… De la version coach de vie à l’ethnologue, en passant par le biographe aux talents (ou velléités) littéraires, le biographe hospitalier, etc. Vous avez le choix ! Mais à chaque fois, vous devrez vous poser les questions suivantes.

→ Cadre de travail

Vous devrez définir un cadre de travail : 

Combien de temps ?

Quelle rémunération ?

Quels objectifs ?

Quelles règles de validation et de relecture ?

Quelles limites à l’écriture ou à la divulgation des secrets ?

Etc.

→ Posture

C’est la façon concrète dont vous allez maintenir le contact : 

Les gestes ;

Les mots employés ;

Mouvements ;

Etc.

Si le cadre est bien construit, la posture s’adapte facilement. Mais si l’un et l’autre sont flottants, alors il est probable que le récit le sera aussi.

→ Éthique

C’est un point important, qui rapproche la pratique du biographe des professions de l’accompagnement. Vous vous trouvez dans une relation et vous devez donc être capable de répondre à des situations parfois tendues, où différentes possibilités s’offrent à vous.

Par exemple, vous pouvez être amené à écrire des choses désagréables pour certaines personnes de la famille qui recevra l’ouvrage : qu’allez-vous faire ? Allez-vous privilégier la vérité ou la concorde ?

Ce n’est qu’un des exemples traités dans l’ouvrage, qui vous propose de tenir un carnet de bord et de vous prêter à plusieurs simulations de situations problématiques. Comment réagirez-vous ?

Finalement :

« Même si la souplesse, la capacité d’adaptation et d’improvisation (au bon sens du terme) sont des aptitudes nécessaires au biographe, il est indispensable que chacun sache où il met les pieds, que le biographe comme le client (et/ou sa famille) sachent ce qu’ils font ensemble, quel est le cadre de travail commun et que votre posture soit en cohérence avec vos compétences et avec l’offre que vous proposez. » (Devenir biographe, p. 59)

Deuxième partie : Entrer en relation et recueillir le récit

Chapitre 5 : Comment entrer en relation ?

Il est essentiel de bien préparer cette étape. Le premier rendez-vous sera en effet déterminant pour la suite. Soyez à l’écoute de l’autre et de vous-même. Posez-vous les bonnes questions.

→ Quand le client est lui-même le biographé

Le premier entretien permettra de cerner les spécificités de la demande, de voir si vous pouvez y répondre et, éventuellement, d’aborder la question du cadre de mise en œuvre de la biographie. 

→ Quand entre le client et vous il y a un commanditaire

Cet intermédiaire se maintient la plupart du temps dans un rôle restreint lié aux modalités pratiques du travail et à la rétribution. Parfois, les demandes des uns (le ou les commanditaires) et des autres (le ou les biographés) ne sont pas identiques ; le premier rendez-vous vous permettra d’y voir plus clair.

→ Et si un ami vous demande d’écrire l’histoire de sa mère ?

Si vous connaissez les personnes (commanditaire et peut-être même la personne biographée), il ne faudrait pas pour autant penser que les choses seront plus aisées. Agissez plutôt comme dans toute autre circonstance, pour éviter toute mécompréhension.

→ Et si huit frères et sœurs vous demandent d’écrire l’histoire de leur père ?

La définition du cadre de travail sera ici encore essentiel, pour éviter toute mésentente entre les parties prenantes. Vous devrez aussi vous organiser efficacement pour recueillir l’ensemble des témoignages et les transformer en récit.

Chapitre 6 : Comment conduire les entretiens ?

Il existe plusieurs types d’entretiens en SHS, en littérature et en journalisme. Les auteures passent en revue quelques différences et citent l’exemple d’un « mauvais entretien » réalisé par André Sève avec le chanteur et poète George Brassens. Voici ce que ce dernier lui reproche :

« Tu arrives ici avec un Brassens entièrement préfabriqué dans ta petite tête et tu veux me faire entrer là-dedans. La seule chose qui t’intéresse, c’est de me faire dire ce que, d’après toi, Brassens doit dire, ce que Brassens doit être. Tu pourrais avoir le vrai Brassens, et en tout cas un Brassens inattendu. Mais tu t’es préparé au Brassens que tu veux. On attend toujours les êtres comme on les veut, on n’est pas prêt à la surprise. » (Devenir biographe, p. 67)

L’ouverture à la surprise, c’est-à-dire aussi la capacité d’écoute active, en laissant l’interviewé suivre son propre chemin de parole, être intéressé par tout ce qui est dit (et non seulement par ses propres préjugés), voilà des clés d’un entretien réussi. 

Alors, concrètement, comment allez-vous procéder ?

→ Quand le biographé est un « taiseux »

Suggérez-lui par exemple de vous montrez des photographies ou d’autres types de documents, puis de vous les raconter, etc.

→ Quand vous écrivez la biographie d’un couple

Vous êtes face à deux voix complémentaires, mais parfois discordantes. Si l’un parle plus que l’autre, cherchez à rééquilibrer l’échange. Pensez à effectuer des entretiens individuels en plus des entretiens de couple, etc.

→ Quand le biographé est gravement malade

Ici, vous devrez sans doute négocier avec le sentiment d’urgence de la personne. Préparez-vous aux aléas et au fait que vous devrez sans doute vous adapter à des circonstances de travail particulières (hospitalisations, etc.). 

→ Quand le biographé est en perte cognitive

Ici, s’ajoute l’oubli, la difficulté à décoder les propos parfois. Vous devrez vous préparer à récolter des bribes de récits, des fragments d’idées, et à construire le récit « pas à pas ».

→ Et si vous envisagez de faire la biographie d’un proche ?

À nouveau, ce n’est pas parce que vous connaissez quelqu’un que le trajet sera plus facile. Si vous n’êtes pas très bien préparé, cela peut même être le contraire. En fait, la proximité peut vous jouer des tours et créer des conflits. Soyez-en donc conscient afin d’améliorer vos chances de succès.

→ Et si vous envisagez de faire la biographie d’un proche décédé ?

Ici, vous devrez vous contenter d’archives, de photographies, d’entretiens avec les proches, etc. Les auteures proposent de consulter l’ouvrage de Delphine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit.

Chapitre 7 : Quels effets de l’entretien biographique sur le biographé et sur le biographe ?

Il arrive souvent que les personnes biographiées sentent un réel bienfait pendant ou après le processus de construction du récit biographique. Elles le disent très régulièrement. Par ailleurs, la littérature sur le sujet évoque souvent ce phénomène. 

Pourtant, il faut être au clair sur ce point : ce travail n’est pas un travail thérapeutique à proprement parler. 

Il importe aussi de rappeler que le travail biographique peut par contraste créer des tensions (souvenirs difficiles) et générer chez les personnes quelques problèmes, souvent passagers, comme la fatigue, la tristesse, des insomnies, etc. 

Il se peut aussi que la réaction des proches soit différente que celle souhaitée par le biographé. Ou que des frustrations émergent chez les uns ou les autres. Parfois, la personne qui s’est livrée ne se sent pas entendue par son entourage, et cela entraîne des effets négatifs.

→ Et que disent les biographes des effets produits sur eux par le recueil du récit de leurs clients ?

En tant que biographe, vous ne resterez sûrement pas de marbre face aux récits collectés. Voici quelques effets possibles ; 

Avoir du plaisir à écrire ;

Nouer de relations fortes ;

Ressentir de l’empathie ;

Se reconnaître dans les propos d’autrui (effet miroir) ;

Des regrets, de la nostalgie.

Même si les biographes préfèrent en général laisser la parole à autrui, il est possible et bénéfique d’échanger sur ces sujets, notamment dans le cadre d’associations, telles que l’Association pour les Histoires de Vie en Formation et pour la Recherche Biographique en Éducation. 

Chapitre 8 : Quels outils de recueil du récit oral ?

Vous avez les choix entre plusieurs options.

→ Prendre des notes…

C’est la méthode que recommandent les auteures. À condition, toutefois, de ne pas chercher à tout écrire. Pour rappel, le débit de parole fluctue entre 200 et 300 mots par minute, alors qu’une main n’est capable d’en récupérer que 70 en moyenne. 

Il y a donc beaucoup de perte. Mais ce n’est pas nécessairement un mal, car cela fait partie du travail de tri et d’assimilation.

→ … Enregistrer ? 

L’utilisation d’un magnétophone peut être une bonne solution. Mais il y a des dangers, tels que le temps passé à retranscrire, puis à organiser le matériau écrit.

→ … Vous en remettre à un logiciel qui transforme automatiquement la parole énoncée en texte saisi ?

Cette solution encore plus avancée est rendue possible par l’amélioration des outils de reconnaissance vocale comme Dragon ou Siri. Mais ce n’est pas parfait et vous aurez, comme tout outil, à le prendre en main et à l’utiliser de façon adéquate.

→ … Écrire directement le texte pendant l’entretien, donc

Il peut être une bonne idée de créer un premier jet directement, ou au moins quelques phrases intéressantes qui nous passent par la tête, durant l’entretien ou quelques instants après. Cela vous permet de capter des moments d’inspiration qui, sinon, seraient perdus.

→ … Et garder l’enregistrement en back up ?

Cet usage est intéressant : vous utilisez les enregistrements en cas de doute ou pour rechercher un détail que vous n’avez pas eu le temps de noter. Par ailleurs, l’enregistrement peut servir à installer le cadre de l’entretien, lorsque vous posez visiblement le magnétophone sur la table.

→ Écrire à l’ordinateur… Ou à la main ?

Il n’y a pas de technique miracle : chaque biographe choisira sa propre méthode, celle qui lui semble la plus efficace ou bénéfique. 

→ Témoigner de son écoute avec les doigts et les yeux

Le plus important est de montrer que vous êtes à l’écoute. Vous devrez donc équilibrer le temps de prise de notes avec les gestes et les paroles qui montrent à votre interlocuteur que vous êtes intéressé par ce qu’il raconte.

Chapitre 9 : Quel impact du mode de facturation sur la méthode de travail ? 

Les clients ont des attentes et chercheront sans doute à obtenir le maximum pour le prix demandé. Il faut donc savoir, ici aussi, trouver le bon équilibre entre :

Votre public (ses attentes, ses revenus) ;

Le tarif que vous espérez demander ;

Votre méthode de travail.

Chapitre 10 : Quelle place pour la mémoire et la vérité ?

Les auteures utilisent ici les travaux de Boris Cyrulnik pour préciser leur pensée. Selon le psychologue :

« La vérité narrative n’est pas la vérité historique, elle est le remaniement qui rend l’existence supportable […] Dans toute autobiographie, il y a un remaniement imaginaire. » (Boris Cyrulnik, Sauve-toi la vie t’appelle, cité dans Devenir biographe, p. 91)

Autrement dit, il y a une part de fiction dans tout récit de soi. D’abord, parce que celui qui raconte sa vie reformule, transforme les événements de son existence passée, mais aussi parce que le biographe crée un récit à partir de matériaux incomplets, qu’il doit interpréter.

Cette problématique devient encore plus aigüe lorsque vous rédigez une biographie de couple ou de famille. Là, les questions de la vérité et de la mémoire peuvent devenir périlleuses ou, à tout le moins, complexes.

Intermède : Le rapport à la langue — la langue orale, la langue écrire — la langue de l’autre

Il n’est pas seulement intéressant de retranscrire le contenu, le dit. Il est aussi important de donner à lire le style, la gestuelle, la langue parlée et vivante de celles et ceux dont vous faites la biographie. 

Cela est possible grâce au travail :

Du style ;

De l’organisation du texte ;

Du dispositif narratif (présence de descriptions, par exemple).

Questionnez-vous aussi sur votre propre rapport à la langue (orale et écrite) et à vos attentes en matière de littérature. 

Troisième partie : Écrire la biographie

Chapitre 11 : Quel matériau de base et quel genre pour le texte ?

« Écrire une biographie revient à transformer le matériau du récit oral (ou de la retranscription) en un texte clair, compréhensible, lisible par son destinataire. » (Devenir biographe, p. 103)

Le matériau de départ, c’est donc la parole du biographé. À partir de là, c’est à vous de composer. Premier élément à choisir, le genre : 

Récit chronologique ;

Portrait ; 

Récit de voyage ;

Recueil de fragments ;

Témoignages ;

Entretiens ; 

Nouvelles ;

Etc.

« Théoriquement, on peut tout faire en littérature », rappellent Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard. Veillez toutefois à ce que ce genre demeure pertinent et compréhensible pour celles et ceux qui le liront. 

Chapitre 12 : Sur quels outils techniques s’appuyer pour mettre en place le récit biographique ?

Dans ce chapitre technique, les auteurs s’interrogent sur les questions suivantes : Comment mettre en forme le texte, les paragraphes, les phrases ? Dans quel ordre écrire les choses pour être sûr de se faire comprendre ?

Elles proposent de se souvenir des questions suivantes, qui-quand-quoi-où-comment (qu’elles relient par des traits d’union) ou, en étant plus précis : qui-raconte-quoi-à qui-comment-depuis où ?

→ Quoi

Vous devrez choisir :

Le personnage (le biographé, les membres de la famille, etc.) ;

Le cadrage du récit (raconterez-vous l’entièreté de la vie, une époque particulière ?) ;

→ Qui

Ici, vous devrez vous rappeler certains éléments théoriques du récit, tels que les notions de :

Narrateur ;

Point de vue (externe, omniscient, interne) ;

L’usage du pronom (il, elle, je, etc.).

→ Comment

Préférerez-vous une construction ;

Tragique ?

Ou épique ?

Vous veillerez à ménager la tension narrative pour maintenir le lecteur en alerte. Pour ce faire, vous pourrez utiliser les types de tensions suivants :

La catastrophe annoncée ;

Le mystère ;

Le conflit.

Vous chercherez également à établir un fil conducteur (un angle) et à donner au texte un caractère vivant.

→ À qui

Vous pouvez adresser votre texte plus ou moins explicitement à votre destinataire. Ce choix s’exprime par le pronom employé. 

Vous pouvez éventuellement faire des choix audacieux et aborder votre récit par les pronoms « vous » ou « tu », en vous adressant directement à quelqu’un. Mais c’est un exercice délicat.

Il est également possible de rédiger une préface afin de vous adresser directement au destinataire avant qu’il entre dans le récit proprement dit. 

→ Depuis où ?

Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard exposent ici les rapports du narrateur à la temporalité du récit. Parle-t-il comme s’il était un enfant ? Ou au contraire, en regardant sa vie depuis son grand âge ?

Il existe deux options principales :

Narration ultérieure (la « chaise » du narrateur est placée en aval de l’histoire) ;

Narration simultanée au présent (le narrateur se déplace en même temps).

Chapitre 13 : Comment écrire un récit vivant ?

Pour donner une forme palpitante à l’histoire de votre client, vous n’inventerez rien, mais vous jouerez avec les événements réels et avec le style. Voici quelques conseils :

S’appuyer sur la microdramaturgie ;

Rythmer le texte ;

Singulariser une expérience particulière parmi les habitudes répétitives ;

Monter d’un cran dans les insistances répétition-variation ;

Couper.

Bref, comme un directeur de cinéma, vous créerez du suspense ou des moments de calme et d’analyse grâce à un astucieux montage des scènes.

Chapitre 14 : Comment passer de l’oral à l’écrit ?

Votre première tâche : filtrer. Cela vaut pour certaines expressions typiques du langage oral (comme les « bon », « bah », « d’accord », etc.) comme pour certains propos « off » que le biographé vous demandera de ne pas répéter.

Ensuite, vous allez construire et transposer le matériau oral. Vous pourriez être tenté d’innover à la matière de Proust ou de Céline. 

Mais attention : votre travail consiste avant tout à rendre le texte simple et accessible pour votre client et son entourage, qui seront les premiers (et peut-être les seuls) lecteurs du texte.

Comme nous l’avons déjà signalé plus haut, vous chercherez aussi à récupérer et à restituer la voix du biographé, c’est-à-dire son timbre notamment, mais pas seulement ! 

Dans la voix, il y a ici surtout l’idée de faire passer ce qui importe à l’autre. Il faut que le lecteur reconnaisse qui parle et que « ça sonne juste ».

Le vocabulaire sera simple, mais précis. À l’oral, nous utilisons moins de mots, mais nous pouvons introduire une plus grande diversité à l’écrit. 

Chapitre 15 : Et si l’on arrangeait un peu cette histoire ?

Il existe plusieurs possibilités pour donner plus de corps à votre texte. En plus des entretiens (reformulés, adaptés), vous pourriez être tenté d’introduire :

De la documentation historique ;

Des photographies ;

Des détails imaginés (ou poétiques) ;

Ou carrément des faits inventés ?

Si c’est le biographé qui vous demande l’un ou l’autre, pourquoi pas. Mais plus vous allez vers l’invention et plus le terrain sera glissant. Les deux premières options sont-elles plus sages ? Peut-être, mais vous devrez faire avec vos compétences et avec votre temps. 

Êtes-vous historien ? Ou spécialiste en montage photo ? Si ce n’est pas le cas, réussir un ouvrage de ce type vous prendra plus de temps. Sachez donc dès le départ dans quoi vous vous embarquez !

Chapitre 16 : Comment ne pas passer un temps fou à écrire une biographie privée ?

Le temps — justement, venons-y. Vous l’aurez deviné, écrire une biographie est une activité chronophage. Surtout lorsque vous commencez. Pour gagner en efficacité, veillez d’abord à faire des choix favorables, c’est-à-dire à vous simplifier la vie au niveau de la structure du récit.

Ensuite, une fois les choix techniques effectués, vous veillerez à :

Équilibrer le texte (chapitre/paragraphe/phrase) de façon « économique » et claire ;

Avancer dans le texte, c’est-à-dire dans l’histoire ;

Ouvrir et fermer les portes (si vous parlez de quelque chose, cela doit avoir un sens, un but) ;

Faire entrer et sortir les personnages (situer les personnages secondaires et faire connaître au lecteur ce qu’il advient d’eux) ;

Toujours faire simple et lisible ;

Faire la chasse au superflu.

Chapitre 17 : Comment s’y retrouver dans le texte : sommaire, chapitres, titres et arbre généalogique ?

Il est parfois utile d’introduire des sommaires, des titres et des intertitres dans vos biographies, surtout si celles-ci s’allongent. Elles vous permettront d’y voir plus clair lorsque vous rédigerez.

Vous n’êtes pas obligé de les conserver lors de la version finale du texte, mais vous le pouvez, afin de faciliter la navigation des lecteurs dans le texte. Dans ce cas, vous les travaillerez pour leur donner une forme plus littéraire et cohérente.

Comment faire état d’une famille nombreuse et citer tous les noms qui s’y rapportent ? C’est souvent un travail d’équilibriste. Mais il y a des solutions. 

Par exemple, les auteures proposent de distiller les anecdotes et les références aux aïeux tout au long du texte, plutôt que de les présenter de façon froide au début du texte.

Chapitre 18 : Comment finir l’écriture du texte ?

Il peut y avoir mille raisons de ne pas (vouloir) finir :

Perfectionnisme ;

Empêchements ;

Demandes de correction ;

Peur du jugement ;

Etc.

→ S’en remettre à la satisfaction du biographé

Il est toutefois sain de mettre un terme à son récit. Surtout qu’il s’agit ici d’écriture professionnelle, avec un commanditaire qui attend un résultat concret. Vous vous appuierez donc sur la satisfaction du biographé pour mettre un terme à votre travail. 

Il y a peut-être des éléments de cadrage (objectifs définis en début de collaboration, nombre d’allers-retours, etc.) qui peuvent vous aider à décider. 

→ Boucler la boucle

Il y a aussi un autre enjeu : la fin doit se rédiger avec une intention particulière et doit donner le sentiment au lecteur qu’il est parvenu au terme du travail. Cela se fabrique à l’aide de la structure du texte, de son rythme, ainsi que du fil conducteur.

Les auteures évoquent en particulier deux situations :

Lorsque le biographié est en vie ;

Quand il décède pendant le travail d’écriture.

→ Soigner le rendu final

Vous serez tout particulièrement attentif à :

La structure — simplicité — lisibilité ;

L’emploi cohérent des temps (y compris des participes passés) ;

La typographie (y compris la ponctuation, les majuscules, les chiffres, etc.).

Quatrième partie : Clore la traversée biographique

Chapitre 19 : Quelles suites pour le récit ?

Après la rédaction proprement dite, il reste encore 4 étapes supplémentaires :

Composition ;

Correction ;

Impression ;

Publication.

Vous pouvez vous arrêter à la rédaction, ou bien considérer que vous voulez tout faire. Mais dans ce cas, sachez que vous devrez vous former afin d’acquérir les compétences nécessaires (si vous ne les avez pas déjà).

→ Composition

C’est l’étape de mise en page du texte pour qu’il réponde aux standards du livre. C’est en général un travail laissé aux graphistes. 

Si vous ne souhaitez pas vous investir dans cette étape, vous remettrez le texte en Word à votre imprimeur (qui, souvent, propose ce service) avec les photos si besoin.

→ Correction

L’avantage du correcteur, c’est de fournir un œil neuf, là où vous ne voyez littéralement plus vos fautes. 

Un correcteur automatique ne peut suffire à repérer les erreurs de grammaire ou de syntaxe complexes, même s’il peut s’avérer très utile pour la typographie et l’orthographe. 

→ Impression

Pour les petits tirages, vous opterez probablement pour l’impression numérique, moins chère que l’impression offset. Bien sûr, tous les éléments introduits en plus (photos, etc.) impactent le coût du livre. 

Cherchez dans votre région les petits imprimeurs et demandez-leur leurs prix. Préférez des acteurs de proximité sur qui vous pourrez compter en cas de besoin urgent. 

Vous aurez à choisir : 

Format du livre ;

Couleur ou noir et blanc ;

Couverture ;

Type de papier.

→ Édition — Publication

Avec l’évolution du numérique et des plateformes de vente (type Amazon) et des réseaux sociaux, il devient de plus en plus facile de publier. 

Mais vous devrez être sur vos gardes. « Édition » n’est pas « publication ». Ce sont des types de contrats différents, comme l’expliquent les auteures p. 185.

Soyez aussi réaliste sur les gains que vous pourrez tirer d’une éventuelle publication par un véritable éditeur. En réalité, il est assez rare que les ventes dépassent 1000 exemplaires (et exceptionnel qu’elles dépassent les 2000).

Si le livre est publié et connaît un public plus large que le cadre familial strict, vous devrez aussi établir des règles pour la répartition équitable des revenus entre le biographé et vous. Habituellement, le partage se fait à égalité (50/50).

Chapitre 20 : Et après la publication ? 

« Dans la plupart des cas, les destinataires sont heureux du “cadeau” qui leur est fait. […] Cependant, certains récits peuvent avoir des conséquences désagréables, voire désastreuses. » (Devenir biographe, p. 187)

Étudions donc quelques cas d’effets potentiellement problématiques sur les destinataires :

Tout d'abord, quand un enfant est absent du récit (que faire ? Prévenir le biographé pour qu’il introduise quelques propos supplémentaires ? Cela devrait être fait avant la publication) ;

Quand un parent divorcé n’évoque pas du tout son ex-conjoint et ses années de mariage (ici encore, faut-il avertir la personne ?) ;

Quand un biographé déterre une histoire de famille (s’il en parle avec colère, allez-vous l’alerter sur le caractère explosif de l’affaire ?) ;

Ou encore, quand une mère invoque la maladie psychique de son fils, ses tentatives de suicide, etc. (Comment celui-ci va-t-il réagir ?) ;

Risque juridique (vous devrez être attentif à l’exactitude des faits et au respect de la vie privée, voir p. 189-190 pour plus de détails) ;

Avec les personnes âgées en état de faiblesse (cherchez à entrer en contact avec la famille ou l’instance de tutelle pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur vos ambitions et votre travail).

Chapitre 21 : Est-ce fini quand le livre est édité-publié ?

Le travail du biographe est un travail de la relation. Il est donc possible qu’une fois le travail terminé, le souhait de continuer la relation demeure. 

Cela est possible, mais plus sous la même forme : la remise du manuscrit signera la fin de la collaboration professionnelle. Vous pouvez le feuilleter ensemble, par exemple. C’est un rituel de fin efficace, qui permettra de clore sereinement la relation.

Intermède : Écrire pour soi, écrire pour l’autre, où en êtes-vous ?

Il peut être compliqué, au bout de plusieurs biographies rédigées, de continuer à écrire « pour » autrui. Ne voudriez-vous pas écrire pour vous ? Rédiger vos propres aventures ? Ou même écrire des fictions ? 

Ce sont des tensions internes qu’il vous faudra peut-être vivre, comme en témoigne l’une des auteures, Delphine Tranier-Brard, qui raconte comment elle a commencé à écrire pour autrui et comment, peu à peu, elle a laissé une place à l’écriture créative en mode « je ».

Cinquième partie : Exercer le métier

Chapitre 22 : Combien coûte, combien rapporte une biographie ?

→ Que coûte une biographie pour le client ?

Il y a de nombreuses différences, qui viennent de nombre de prestations et du mode de facturations. Voyons cela d’un peu plus près.

→ Tarification au forfait

Cela varie énormément : de 400 à 20 000 € ! Cela dépend — entre autres — des services (de la rédaction à la publication). 

Gardez aussi à l’esprit que travailler au forfait peut avoir des inconvénients, surtout si aucun devis précis n’est réalisé en amont. Il est souvent difficile d’établir en amont le temps que prendra le processus. 

→ Tarification à l’heure d’entretien

C’est une pratique courante des biographes pour les particuliers. Les tarifs sont de 100 à 300 €/heure. Mais il s’agit en réalité d’un mini-forfait comprenant l’heure d’entretien plus les heures d’écriture à partir de celui-ci (entre 3 et 6 heures supplémentaires).

En règle générale, entre 10 à 30 heures d’entretien seront nécessaires. Il faudra y ajouter le prix de la fabrication du livre.

Dans tous les cas, vous devrez sans doute adapter votre offre en fonction du public auquel vous vous adressez.

→ Combien rapporte-t-elle au biographe ?

Une biographie coûte donc environ 3 000€ bruts. Sur cette somme, vous devrez retirer les charges, qui peuvent varier entre 20 et 60 % en fonction du statut. 

Si nous le référons en taux horaire, cela signifie que le biographe travaillera pour 30 €/h net en moyenne (entre 16 et 48 € disent les auteures).

À noter que de nombreuses heures ne sont pas payées, notamment les heures de prospection ou de comptabilité, par exemple — ce qui est le cas pour tout travailleur indépendant.

→ Quand on vous apporte une pile de deux cents pages déjà écrites, comment travailler avec ce matériau ? Comment facturer ?

Les auteures sont assez dubitatives concernant cette pratique et conseillent plutôt — d’un point de vue financier, mais qui est aussi lié à la difficulté de la tâche — de suggérer au biographé de reprendre le travail depuis le début, en réalisant de nouveaux entretiens.

Chapitre 23 : Quel modèle économique privilégier ?

Au démarrage surtout, il faut y aller prudemment. Le passage par une structure d’accompagnement peut être une solution rassurante (type Avarap, BGE, etc.).

De toute façon, votre modèle économique dépendra de votre situation. Si vous êtes en reconversion professionnelle à 40 ans, vous n’aurez pas les mêmes besoins que si vous êtes retraité. À vous de définir vos objectifs tout en restant en phase avec le marché.

Voici quelques statuts possibles :

Autoentrepreneur ;

Entrepreneur en SARL ;

Éditeur ;

Indépendant en portage salarial ;

Auteur de biographies payées en droit d’auteur ;

Membre d’une association ;

Bénévole ;

Échangeur de services dans un Système d’échange social (Sel) ;

Etc.

Chapitre 24 : Comment trouver des clients ?

La prospection fait partie du métier. Mieux vaut avoir sa cible en tête avant de commencer. Puis, vous pourrez vous lancer !

Vous pouvez opter pour une approche directe :

Prendre un stand dans un salon ;

Démarcher directement des biographés potentiels ou des prescripteurs, notamment via la réalisation de miniconférences sur votre travail dans des endroits où votre cible se trouve ;

Activer les réseaux sociaux en postant, en proposant des offres promotionnelles et en organisant vos échanges autour de votre activité ;

Faire de la publicité de façon plus classique, en louant des espaces publicitaires.

Les principaux supports de communication pour prospecter sont :

Physiques (cartes, flyers, etc.) ;

Numériques (réseaux sociaux, newsletters, site internet, etc.).

Il est aussi possible de combiner l'approche directe avec une approche indirecte, plus proche de l'inbound marketing.

Mais attention : pour que votre site vitrine soit utile, vous devrez penser à le référencer correctement. C’est notamment le travail des rédacteurs web et des webmasters. Cela a un coût. 

Chapitre 25 : Organiser son temps de travail et son activité

Vous pouvez par exemple choisir de :

Rédiger et faire lire vos textes au fur et à mesure de leur rédaction ;

Ou effectuer tous les entretiens et rédiger ensuite ;

Mais aussi écrire une biographie à la fois ;

Ou plusieurs au même moment.

Cela dépend de vos préférences, de vos objectifs professionnels et du temps que vous avez devant vous. Ensuite, vous devrez « caser » les moments administratifs, le temps de prospection, etc. 

Chapitre 26 : Quel investissement pour créer l’activité ?

« Le métier de biographe a l’avantage de pouvoir être pratiqué avec un investissement initial minimum. » (Devenir biographe, p. 217)

En l’occurrence, vous aurez besoin impérativement d’un ordinateur (avec un bon traitement de texte) et d’une imprimante performants pour rédiger et relire vos textes. 

En outre, vous aurez peut-être besoin d’investir dans des logiciels, tels qu’Antidote, Indesign ou Photoshop. Mais cela dépendra des services que vous souhaitez offrir à vos clients. Attendez un peu (peut-être après avoir rédigé une ou deux biographies) avant d’investir.

Un smartphone ou un magnétophone (pour enregistrer), ainsi qu’une tablette pour convertir vos notes en fichiers texte, pourraient également être utiles.

Mais le plus important est sans aucun doute l’espace de travail. Assurez-vous de pouvoir travailler dans un environnement qui vous convient. Un conseil : apprenez également à taper rapidement ! 

Vous pouvez vous former gratuitement à la dactylographie (via les tutos gratuits de TypingClub, par exemple). Il n’est par ailleurs pas inutile de penser à d’autres formations, mais — encore une fois — tout cela doit être bien pensé en fonction de vos objectifs de travail. 

Chapitre 27 : Faut-il entrer dans un réseau ?

En tant qu’indépendant, il est encore plus important de faire partie d’un réseau ou d’une communauté. Pourquoi ? Car nous sommes plus seuls que dans les métiers salariés.

Les liens peuvent se créer à l’occasion d’une formation ou de la participation à une association. C’est aussi une bonne idée de vous présenter à ses confrères de la région lorsque vous commencez. 

Il existe également des réseaux payants, mais renseignez-vous bien avant afin de savoir ce que chacun d’eux propose et quelles promesses ils peuvent tenir. 

Chapitre 28 : Peut-on vivre du métier de biographe ? Qui en vit ?

Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, où les ateliers d’écriture créative sont monnaie courante, la France a construit un mythe du génie et du talent autour de la littérature. 

Pourtant, écrire est bien une pratique, un artisanat, une activité qui demande un développement constant des compétences par le travail. 

Certains biographes peuvent très bien gagner leur vie, surtout s’ils travaillent pour des maisons d’édition et travaillent pour des gens connus. 

Soyons honnêtes : ceux qui travaillent pour les inconnus éprouvent souvent plus de difficultés. Rares sont ceux qui parviennent à combiner toutes les facettes du métier de façon optimale et à gagner confortablement leur vie rien qu’avec les biographies. Mais ça existe !

La plupart du temps, les biographes cumulent des activités comme, par exemple, la biographie et la rédaction web.

Voici la liste dressée par les auteures de ce qu’il vous faut si vous voulez vivre confortablement de la biographie :

Organisation ;

Respect des dates limites ;

Rapidité et qualité d’écriture ;

Empathie, écoute, tact ;

Disponibilité mentale et physique ;

Capacités relationnelles ;

Sens du commerce, gestion et marketing ;

Posture claire (éthique) ;

Connaissance des règles juridiques de publication ;

Autonomie.

Chapitre 29 : Garder sa pratique vivante 

« On donne beaucoup dans ce métier. On donne de son temps, on écrit dans le “je” de l’autre, pour l’autre, on est au service de l’autre. Il est donc important, pour garder une pratique vivante, investie, humaine, de se nourrir, de se régénérer. » (Devenir biographe, p. 225)

Comment ?

En lisant ;

En rédigeant d’autres types de textes ;

Mais aussi en échangeant avec les autres ;

Et en s’interrogeant sur sa propre pratique.

Conclusion sur « Devenir biographe » de Michèle Léach et Delphine Tranier-Brard :

Ce qu’il faut retenir de « Devenir biographe » de Michèle Léach et Delphine Tranier-Brard :

Vous pouvez retenir avant tout qu’il s’agit d’un livre sincère et complet sur le beau métier de biographe d’inconnus ou “biographe privé”. 

Les auteures ne cachent rien des difficultés, mais aussi de grandes joies de ce travail exigeant, qui combine goût pour l’écriture et pour la relation.

À condition d’être très bien organisé, il est tout à fait possible d’exercer cette activité en complément de votre activité d’indépendant ou de salarié. 

Pour réussir, vous aurez impérativement besoin non seulement d’aimer l’écriture et la relation, mais aussi être capable de supporter la solitude et les à-côtés liés au marketing et à l’administration.

Si vous souhaitez vous orienter vers l'écriture créative, allez donc jeter un œil à ce livre de Faly Stachak, Écrire.

Points forts :

Un livre bien construit qui aborde toutes les questions importantes ;

Des témoignages qui donnent une idée précise du travail ;

Une section “Carnet de bord” à la fin de chaque chapitre, pour vous permettre de réaliser des exercices et voir si ce métier peut vous convenir.

Point faible : 

La mise en page et la typographie ne sont pas toujours optimales (beaucoup d’italique qui gêne un peu la lecture).

Ma note :

★★★★

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Thu, 09 Nov 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12645/Devenir-biographe
Ce dont je suis certaine http://www.olivier-roland.fr/items/view/12636/Ce-dont-je-suis-certaine

Résumé de "Ce dont je suis certaine" d'Oprah Winfrey : un livre d'introspection et de développement personnel par l'une des personnalités les plus aimées des états-uniens, "La" productrice et présentatrice de télévision qui a interviewé les plus grands de ce monde avec bienveillance et empathie.

Par Oprah Winfrey, 2022, 224 pages.

Titre original : "What I know for sure", 2014.

Chronique et résumé de "Ce dont je suis certaine" d'Oprah Winfrey

Qui est Oprah Winfrey (en quelques mots) ?

Oprah Winfrey est née le 29 janvier 1954 à Kosciusko (Mississippi). Elle est animatrice et productrice de télévision, mais pas seulement ! Elle a aussi produit des films et joué dans plusieurs films.

Par ailleurs, elle s'occupe de presse écrite : elle travaille également comme critique littéraire et éditrice de magazines.

Elle a connu la célébrité avec son talk-show The Oprah Winfrey Show, un programme produit par sa propre société : Harpo Productions.

Dans les années 1990, elle décide de focaliser son émission autour de la littérature, du développement personnel, de la spiritualité et de la méditation. C'est un succès.

En 2011, The Oprah Winfrey Show est considéré comme le programme le plus regardé dans l'histoire de la télévision.

Elle gagne de nombreux prix (pour son show, ainsi qu'une nomination aux Oscar pour sa prestation d'actrice) et est classée comme la femme afro-américaine la plus riche du XXe siècle.

En 2006, elle soutient activement la candidature de Barack Obama à la présidence des États-Unis.

Introduction

Un jour, le critique de cinéma Gene Siskel demande à Oprah Winfrey : "Dites-moi, de quoi êtes-vous certaine ?". Cette question la perturbe et elle ne sait quoi répondre sur le moment.

Malgré son expérience des interactions à la télévision, elle n'a pas tellement l'habitude d'être dans le rôle de l'interviewée !

Toutefois, elle y pense. Et elle y pense tellement qu'elle décide d'en faire une interrogation centrale de son existence et d'en faire l'objet d'une chronique dans la revue O.

Chaque semaine, elle écrit sur ce qu'elle estime savoir de source sûre. Puis, après 14 ans, elle décide de reprendre tout ce matériau et d'en faire le livre que vous tenez entre les mains (ou plutôt, pas encore !, car c'est le résumé que vous lisez ici).

Lorsqu'elle a révisé les textes, elle a été satisfaite de constater qu'elle n'a pas dû modifier énormément d'éléments. C'est ce qu'elle exprime par ces mots :

"J'ai le bonheur de vous dire que ce que j'ai découvert en révisant l'équivalent de quatorze années de chroniques, c'est que lorsqu'on sait une chose, qu'on la sait vraiment, elle a tendance à réussir l'épreuve du temps." (Ce dont je suis certaine, Introduction)

Voyons donc, point par point, ce savoir révélé par la célèbre présentatrice télé.

La joie

Oprah Winfrey commence par raconter une anecdote à propos de Tina Turner. Elle aurait voulu suivre la rockeuse dans ses tournées et vivre sa vie. Elle ne l'a pas fait, mais elle a eu la chance de la rencontrer et de chanter avec elle, à une occasion.

Cela lui a procuré beaucoup de joie. Et elle se sent fière d'avoir réussi à laisser tomber sa timidité pour profiter de l'instant présent avec la star.

L'animatrice "prend ses plaisirs au sérieux". Mais elle se sent vite contentée, car elle a besoin de peu :

"Un rien fait mon bonheur, car je tire satisfaction de tant de choses que je fais. J'accorde plus de prix à certaines choses, bien entendu. Et comme je m'efforce de mettre en pratique ce que je prêche — vivre l'instant présent —, je suis consciente la plupart du temps de tout le plaisir que je reçois." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 1)

Le fait de connaître et surtout de se créer des expériences quatre et cinq étoiles vous donne le sentiment d'être béni. Voici quelques exemples donnés dans l'ouvrage :

Une bonne tasse de café avec une crème de noisettes parfaite = quatre étoiles.

Se promener dans les bois avec les chiens (sans les lâcher) = cinq étoiles.

Se réveiller "avec toute sa tête" et être capable de mener sa journée = cinq étoiles.

Lire le journal sous un chêne = quatre étoiles.

Lire un excellent livre = cinq étoiles.

À vous d'inventer vos expériences 4 et 5 étoiles !

Votre niveau de plaisir est déterminé par la façon dont vous considérez votre existence. Et c'est un cercle vertueux : "ce que nous donnons nous revient", dit-elle encore.

Oprah Winfrey adore le mot "délicieux" et l'applique aux expériences qui la renforcent ou la marquent. C'est le cas d'un cadeau que lui a fait une amie, le jour de son 59e anniversaire.

Autre exemple : la nourriture. Qui n'aime pas manger ! L'autrice adore ça, et surtout la cuisine authentique de Rome. Bien accompagnée, d'amis et de bon vin, un bon repas est une expérience incroyable, proprement "délicieuse".

Toutefois, son rapport à la bonne chère n'a pas toujours été facile. Oprah Winfrey a pesé plus de cent kilos et a dû changer son mode de vie pour se sentir mieux dans son corps. L'entraînement et le jardinage (ainsi que les légumes frais qui en résultaient) l'ont beaucoup aidée.

D'autres expériences sont racontées :

L'adoption de chiots ;

Le simple fait d'allumer un feu ;

Son amitié avec Gayle King ;

Ses exercices spirituels.

Elle insiste finalement sur le point central : vivre l'instant présent. Voilà ce qui permet de ressentir la joie au quotidien et d'amplifier ses expériences à tous les niveaux.

La résilience

Oprah Winfrey est née en 1953 dans le Mississippi, de parents non mariés. Sa mère n'a rien dit de sa grossesse à son entourage jusqu'au jour de l'accouchement. "Ma naissance a été marquée par le regret, la dissimulation et la honte", dit-elle.

Elle a vécu son enfance avec ses grands-parents, en se sentant énormément seule. Non pas qu'elle n'ait eu personne autour d'elle, mais elle sentait qu'elle devait se construire seule.

Guérir ce type de blessure fait partie des défis de la vie les plus importants. Il est nécessaire de comprendre ce qui s'est produit en vous, comment d'autres vous ont "programmé", afin d'apprendre à modifier cette "programmation" (via la programmation neurolinguistique, notamment).

Les problèmes que nous rencontrons sur notre chemin sont des occasions pour apprendre et nous construire une vie meilleure. Rester dans l'instant présent vous aide à ne pas surinterpréter les événements et à surmonter les obstacles lorsqu'ils se présentent.

Oprah Winfrey raconte une autre expérience traumatisante : les viols d'abord, auxquels ont succédé une grossesse non désirée et la mort de l'enfant, peu après sa naissance. Elle n'avait que 14 ans à ce moment-là (et les attouchements ont commencé lorsqu'elle avait 10 ans seulement).

L'animatrice cachait cet aspect de sa vie. Pourtant, un jour, une personne de sa famille a "vendu" l'histoire à des tabloïds. Elle en a été détruite. Mais elle a tenu bon et a été étonnée de l'empathie que son entourage personnel et professionnel a témoignée à son égard.

Elle revient ensuite sur ses débuts à la télévision. Elle dit avoir fait beaucoup d'erreurs. Notamment, elle a parfois confondu fierté personnelle et égo. Mais elle a compris petit à petit comment agir, vis-à-vis d'elle-même et des autres.

Voici quelques pratiques qu'Oprah Winfrey a mises en place pour se tranquilliser et qu'elle conseille à chacun :

Une bonne dose de calme au moins une ou deux fois par jour, 20 minutes le matin et 20 minutes le soir. Cela aide à mieux dormir et à se concentrer plus profondément, cela stimule la productivité et alimente la créativité.

La respiration est essentielle : elle est un point d'ancrage qui permet de nous centrer en cet instant précis. Chaque fois que vous faites une rencontre qui implique la moindre tension, arrêtez-vous, inspirez profondément puis relâchez l'air et la pression.

Relativiser : votre meilleur varie d'un jour à l'autre en fonction de votre état d'esprit. Peu importe, donnez le meilleur de vous-même en toute circonstance. De cette façon, vous ne créerez ni culpabilité ni honte.

Vivez de telle sorte qu'à la fin de chaque journée, vous puissiez dire : "J'ai fait de mon mieux". Voilà la grande œuvre d'une vie.

"Réfléchissez un instant à votre propre histoire — pas uniquement à l'endroit où vous êtes né ou vous avez grandi, mais aux circonstances qui vous ont amené à vous trouver ici même aujourd'hui. Quels sont, chemin faisant, les instants qui vous ont blessé ou affolé ? Selon toutes probabilités, vous en avez connu quelques-uns. Voici néanmoins ce qu'il y a de remarquable dans tout cela : vous êtes encore là, et debout." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 2)

Les relations

Nous avons tous le besoin d'être estimés, compris, aimés. Nous recherchons souvent cela dans les relations. Et, pour une part, nous avons raison. Mais cela ne peut fonctionner réellement que si nous nous aimons déjà au préalable.

Cela peut paraître étrange, mais ce besoin d'être aimé doit commencer par un amour à se donner à soi-même. Sinon, vous ne serez pas en mesure de recevoir l'estime, la reconnaissance ou l'amour d'autrui.

Pourtant, nous faisons tous des caprices pour être reconnus de nos semblables. C'est l'une des motivations principales de nos actions. Mais — l'autrice y insiste — vous devez commencer par regarder en vous-même et affirmer votre propre existence.

Oprah Winfrey aborde ensuite la question de la communication dans les relations. Elle considère que communiquer est comme une danse. Elle prône une forme de communication non violente où les mots suivants sont importants :

"Que veux-tu au juste ?"

"Je te comprends."

Elle avoue également qu'elle "n'a jamais été une personne sociable", ce qui peut étonner lorsque nous connaissons son parcours ! Et pourtant, elle affirme qu'il a été difficile pour elle de créer ou de maintenir des liens d'amitié ou d'amour pendant de longues années.

C'est grâce à un déménagement et à l'influence de son voisinage bienveillant qu'elle a recommencé à se reconnecter aux autres, à rire, à sortir.

Oprah Winfrey aborde ensuite la question de l'amour. Elle commence par affirmer que l'amour est partout. "L'amour romantique n'est pas la seule forme qui en vaut la peine", même s'il est important. L'amour existe sous bien d'autres formes dans l'univers et vous pouvez aimer et être aimé de bien des manières.

Parfois, l'auteure marche dans son jardin et sent que tous les arbres vibrent d'amour. Il est toujours disponible pour ceux qui le demandent. Ce type de manifestation est la confirmation que quelque chose de plus grand que nous est à l'œuvre.

Ce sont des miracles de la vie qui se produisent tous les jours et que nous pouvons apprendre à capter en vivant l'instant présent.

"Lorsque vous vous faites un devoir toute votre vie d'aimer les autres, il n'y a jamais de dernier chapitre, car l'histoire se poursuit. Vous prêtez votre lumière à quelqu'un d'autre, qui éclaire une autre personne et une autre, et encore une autre. Et j'ai la certitude qu'en dernière analyse — lorsque les listes de choses à faire ne tiendront plus, que la frénésie sera terminée, que notre boite de courriels sera vide —, la seule chose qui aura encore de la valeur dans notre vie sera de savoir si nous avons aimé d'autres personnes et si d'autres personnes nous ont aimés." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 3)

La gratitude

Pour la présentatrice, la gratitude constitue une priorité quotidienne. Elle cherche tous les jours des raisons d'être reconnaissante. Et elle n'est jamais déçue !

Oprah Winfrey a tenu un journal de la gratitude pendant une décennie entière, en notant chaque jour cinq choses pour lesquelles elle se sentait reconnaissante.

Voici l'exemple qu'elle donne dans son livre (à la date du 12 octobre 1996) :

"Une course autour de Fisher Island, en Floride, en profitant d'une douce brise rafraichissante.

J'ai mangé du melon bien froid, assise sur un banc au soleil.

Une longue conversation hilarante avec Gayle au sujet de son rendez-vous arrangé avec M. Patate.

Un sorbet en cornet, si savoureux que je m'en suis léché les doigts.

Maya Angelou m'a téléphoné pour me lire un nouveau poème." (Chapitre 4)

Le fait d'apprécier tout ce qui se présente à vous dans la vie change votre existence. Vous rayonnez et générez plus bien-être lorsque vous êtes conscient de tout ce que vous avez, au lieu de vous concentrez sur ce que vous n'avez pas.

Mais sa vie n'a pas toujours été ainsi. Elle se souvient aussi du temps où elle ne ressentait pas ce sentiment de gratitude. Mais peu à peu, notamment en raison de coups durs, elle s'est rendu compte de sa chance : "Mince, je suis encore là, j'ai une autre chance aujourd'hui de bien faire les choses."

Ce dont Oprah Winfrey est certaine, c'est qu'elle a besoin de s'accorder du temps et du repos — de dire merci à son corps et à son esprit, en quelque sorte.

C'et ce qu'elle fait en s'accordant un jour de congé chaque semaine, le dimanche. Elle ne fait rien, laisse son être décompresser tranquillement.

Elle note d'ailleurs que, chaque fois qu'elle a manqué un dimanche, elle a remarqué un net changement dans son humeur pour le reste de la semaine.

L'auteure insiste également sur l'importance de remercier l'univers d'avoir la possibilité de vieillir. Prendre de l'âge n'a rien d'un enlaidissement. C'est une chance.

"Vieillir est la meilleure chose qui me soit arrivée. Dès mon réveil, je vois la prière matinale de remerciement, affichée au mur de ma salle de bains, tirée du livre de Marianne Williamson intitulé Illuminata. Peu importe mon âge, je pense à toutes les personnes qui ne se sont pas rendues aussi loin. Je pense aux gens qui ont été rappelés avant de saisir toute la beauté et toute la majesté de la vie sur la terre." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 4)

Oprah Winfrey dévoile aussi dans ce chapitre plusieurs lettres qu'elle a reçues lorsqu'elle était animatrice de son Oprah Winfrey Show.

Les possibilités

"Comment puis-je exploiter mon potentiel plus à fond ? Voilà une question que je me pose encore, surtout lorsque je contemple ce que l'avenir me réserve", se demande Oprah Winfrey en ouverture de ce chapitre.

Elle se souvient qu'à chaque étape de sa carrière, elle a eu peur, mais qu'elle y est allée malgré tout, dans l'objectif de se développer et d'être fière d'elle-même.

La crainte est notre pire ennemie, c'est elle "qui détient le pouvoir" sur nous, lorsque nous n'osons pas agir. Le plus important consiste à se décider fermement à poursuivre sa route, quelles que soient les embuches. C'est là le véritable courage.

Chaque défi que nous relevons a le pouvoir de nous mettre à genoux. Mais la seule façon d'endurer un tremblement de terre personnel est d'apprendre et de modifier sa position.

L'expérience de l'échec est un cadeau, il nous donne la force de faire un pas à droite ou à gauche à la recherche d'un nouveau centre de gravité. Ne le combattez donc pas. Laissez-le plutôt vous aider à ajuster votre position.

L'animatrice traite encore de plusieurs autres questions dans ce chapitre. Notamment, de son rapport à l'argent, qu'elle considère plutôt sain, car elle sait que ce n'est pas son salaire qui fera son bonheur.

Elle traite aussi de ce qu'elle aime et de ce qu'elle n'aime pas. Par exemple, elle n'est pas du genre à se lancer dans des sports extrêmes. Elle le sait et s'adapte donc : pour elle, l'aventure est une autre chose.

En fait, "le plus grand frisson que nous puissions nous procurer consiste à mener la vie de nos rêves", dit-elle. Or, il existe des opportunités qui, de temps à autre, vous ouvrent la voie. Ayez le courage de les attraper au vol !

Ne laissez pas d'autres personnes vous voler votre pouvoir : aimez-vous d'abord vous-même et n'attendez pas que d'autres vous le manifestent. Montrez au monde ce que vous pouvez faire par vous-même. Faites vos propres choix.

Car ne l'oubliez pas : le temps file à toute allure. Mais cela ne devrait pas vous angoisser. À partir du moment où vous avez pour objectif de grandir intérieurement et de vous accomplir courageusement, tout ira bien.

"Progressez en direction de votre but avec toute la force et toute l'inspiration que vous pouvez déployer. Puis lâchez prise, cédez votre plan d'action à la Puissance qui vous surpasse et laissez votre rêve se concrétiser en tant que chef-d'œuvre indépendant." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 5)

L'émerveillement

Oprah Winfrey raconte comment elle a vécu un moment de calme et d'émerveillement alors qu'elle randonnait avec un ami. Le plus beau, c'est qu'elle avait, le matin même, médité à cette idée : l'essence même de la vie. Pour elle, ce moment de silence complet, en pleine nature, lui offrait une réponse idéale à ce questionnement.

La star du show-business ne le cache pas : elle est croyante. Et pour elle, les miracles importent. Mais ce ne sont pas des miracles comme vous pourrez en lire dans les Écritures, non. Ce sont de simples phénomènes qui nous rappellent la beauté du monde ou l'humanité et la gentillesse de nos semblables.

Pour elle, "la vie ne saurait avoir de véritable signification sans composante spirituelle". C'est quelque chose de sain et de nécessaire à l'être humain. Vous en retrouvez les traces dans les pratiques de méditation et de développement personnel.

Oprah Winfrey évoque également dans ce chapitre l'importance des livres dans son existence. Des livres de tout type, et notamment de poésie. Un poème est une "déclaration inattendue de l'âme".

Autre point important : l'importance de la quête. L'animatrice dit se voir comme une chercheuse. Elle est curieuse, ouverte au mystère de la vie et heureuse de fêter ses 60 ans (lorsqu'elle écrit l'ouvrage, en 2014).

"La plus belle réalisation à mon actif est de ne jamais avoir fermé mon cœur. Même durant les instants les plus sombres de ma vie [...], je suis restée fidèle, remplie d'espoir et disposée à voir le meilleur chez les gens, même lorsqu'ils me montraient leurs pires côtés. J'ai continué de croire que, peu importe le degré de difficulté de l'ascension, il y a toujours moyen de laisser entrer un éclat de lumière pour qu'il illumine le sentier devant soi." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 6)

La clarté

Épictète aurait dit : "Dis-toi d'abord ce que tu veux être, puis fais ce qu'il faut pour le devenir".

Voilà une façon claire de voir les choses. Mais qu'est-ce qu'elle implique ? Qu'il faut savoir dire non. Pourtant, "j'ai mis quarante ans à apprendre à dire non", se souvient Oprah Winfrey.

Pas facile de poser nos limites lorsque nous avons eu une enfance perturbée. Pourtant, il le faut. C'est en examinant nos propres intentions que nous pouvons apprendre à suivre le fil de ce qui nous importe, tout en refusant de céder à celles et ceux qui veulent nous voir suivre leur chemin, ou nous faire agir à leur guise.

Voici une autre leçon à retenir de cela : quelle que soit votre situation actuelle, vous avez joué un rôle majeur dans sa création. Avec chaque expérience, vous construisez votre vie, pensée après pensée, choix après choix, et sous chacune de ces pensées et de ces choix se cache votre intention la plus profonde.

C'est pourquoi, avant de prendre une décision, Oprah Winfrey se pose cette question essentielle — et vous invite à faire de même : "Quelle est ma véritable intention ?"

Lorsque vous ne savez pas quoi faire, ne faites rien jusqu'à ce que la clarté entre en vous. S'immobiliser, méditer, se mettre à l'écoute de sa propre voix permet d'entrer plus rapidement en contact avec cette intention qui vous anime.

Une fois que vous avez décidé ce que vous voulez, engagez-vous et donnez tout ce que vous pouvez.

Par contre, si quelqu'un vous demande de faire quelque chose qui vous rebute, c'est le signe que vous devriez vous arrêter et vous tenir tranquille jusqu'à ce que votre instinct vous donne le feu vert (pour reprendre ou arrêter complètement).

Voici quelques autres pensées et anecdotes contées par l'animatrice :

Les femmes ont été éduquées pour répondre aux besoins et elles doivent réapprendre à se saisir de leurs intentions propres ;

Elle n'est pas si stressée que les gens le pensent habituellement ;

Elle cherche à ne pas perdre son temps ;

Oui, c'est vrai, elle a beaucoup trop de chaussures !

Et voici ce qu'elle dit cependant :

"L'excès de biens matériels va beaucoup plus loin que des objets eux-mêmes. Bien que nous sachions devoir renoncer à ces choses, cela nous angoisse. Je sais toutefois que le fait de renoncer à certaines d'entre elles laisse le champ libre à d'autres choses. Et cela vaut non seulement pour notre relation avec les chaussures, mais aussi pour celle que nous entretenons avec toutes choses. Faire le ménage à la maison — tant au sens littéral que figuré — constitue un excellent moyen de repartir à neuf." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 7)

À la fin du chapitre, elle se promet de mettre un peu de minimalisme dans sa vie et de dire adieu à l'excès de chaussures !

Le pouvoir

"J'ai toujours estimé que le libre arbitre était un droit de naissance", affirme clairement et fièrement Oprah Winfrey. Pour elle, la liberté, c'est avant tout "avoir le choix".

Bien sûr, il y a des éléments que vous ne contrôlez pas, comme votre lieu de naissance. Si vous êtes né aux États-Unis ou dans un pays occidental, vous avez de la chance.

Il y a également de nombreux événements qui peuvent vous blesser, comme les mensonges racontés par les tabloïdes ou les potins qui circulent sur vous, par exemple. Mais toutes ces pensées négatives, vous pouvez les renvoyer d'où elles viennent.

Oprah Winfrey fait également une confidence : elle ne regarde pas beaucoup la télévision. Par ailleurs, elle avoue avoir fait preuve d'irresponsabilité dans les premières années de sa carrière.

Elle se souvient notamment avoir regretté d'avoir mis une femme dans le désarroi, lorsqu'elle a exhibé, sur le plateau de télévision, la tromperie de son mari.

Depuis lors, elle s'est juré de ne plus commettre de tel impair et de ne plus jamais rabaisser, embarrasser ou diminuer un autre être humain.

Quand vous choisissez de voir le monde comme une grande salle de classe ouverte sur l'extérieur, vous comprenez que toutes les expériences sont là pour vous apprendre quelque chose sur vous-même et que le voyage de votre vie consiste à devenir davantage qui vous êtes.

Les expériences les plus difficiles sont souvent celles qui nous apprennent le plus. Chaque fois que des problèmes se présentent à Oprah Winfrey, elle se demande : "De quoi s'agit-il vraiment et qu'est-ce que je suis censé apprendre de tout cela ?"

D'autres thèmes sont abordés dans ce chapitre :

L'endettement et les moyens de l'éviter ;

Le vote des femmes aux États-Unis ;

La santé et le problème de l'obésité aux USA ;

La pertinence de la richesse ou de la célébrité pour définir une personne ;

Le drame de l'ouragan Katrina en Louisiane et les leçons à en tirer ;

Le manque de confiance en soi d'Oprah Winfrey et sa relation avec l'embonpoint ;

Son besoin de "performer" et d'être la meilleure.

Ces thèmes sont liés entre eux. Ils ont le pouvoir pour point commun. Ce que nous pouvons faire pour améliorer notre situation et ne pas nous laisser dominer par la peur.

Voici ce que dit l'auteure :

"Laissez votre vie s'éveiller en vous. Quel que soit votre défi — la tendance à trop manger, à trop consommer une certaine substance ou à trop faire une même activité, ou encore le deuil d'une relation, d'une somme d'argent ou d'un poste —, permettez-lui de vous ouvrir la porte sur les révélations les plus nobles à votre sujet, de vous inviter à entrer dans ce qu'est la vie excellente pour vous." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 8)

Enfin, Oprah Winfrey rappelle l'importance d'agir de façon amicale avec les autres. Toutes nos actions tournent autour de nous "aussi surement que la Terre tourne autour du Soleil", dit-elle. L'amour que vous transmettez vous sera renvoyé d'une manière ou d'une autre. Ayez confiance en cela.

"Aujourd'hui, j'essaie de bien agir envers toutes les personnes que je rencontre et d'être bien en leur compagnie. Je veille à employer ma vie à faire le bien ; car ce dont je suis certaine, c'est que tout — ce que je pense, ce que je dis et ce que je fais — me sera rendu. Et il en va de même pour vous." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 8)

Conclusion sur "Ce dont je suis certaine" d'Oprah Winfrey :

Ce qu'il faut retenir de "Ce dont je suis certaine" d'Oprah Winfrey :

Ce livre est composé d'une collection de chroniques qu'Oprah Winfrey a tirées de sa chronique populaire dans le magazine O. Elle y confie ses expériences et ses leçons de vie pendant 14 ans.

Dans l'ensemble, tous les thèmes se connectent et résonnent les uns avec les autres et forment, pourrions-nous dire, l'échelle des valeurs d'Oprah Winfrey :

La joie ;

La résilience ;

Les relations ;

La gratitude ;

Les possibilités ;

L'émerveillement ;

La clarté ;

Le pouvoir.

L'expérience de l'auteure, à près de 60 ans, lui permet d'avoir le recul suffisant pour analyser sa vie riche en rebondissements, en drames et en moments joyeux.

Plutôt que de se cacher derrière de grandes théories, Oprah Winfrey s'exprime honnêtement sur les tragédies de son enfance, ses échecs, ses erreurs et ses plus grandes réussites et bonheurs.

Son expérience d'intervieweuse joue un grand rôle aussi dans sa connaissance de l'âme humaine.

Enfin, Oprah Winfrey montre dans ces lignes que la méditation et le développement personnel l'aident au quotidien, ainsi que la spiritualité.

Points forts :

C'est agréable de se plonger dans la vie et l'esprit de cette célébrité ;

Il y a de nombreuses réflexions intéressantes à méditer ;

Le livre est très bien organisé, les chapitres clairs et se lit facilement.

Point faible : 

Ne vous attendez pas à une grande théorie ici ni à un manuel de savoir-vivre ou de développement personnel classique ; il s'agit simplement — mais c'est déjà beaucoup — de réflexions sur la vie.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 02 Nov 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12636/Ce-dont-je-suis-certaine
Plus rien ne pourra me blesser http://www.olivier-roland.fr/items/view/12538/Plus-rien-ne-pourra-me-blesser

Résumé de "Plus rien ne pourra me blesser" de David Goggins : Un récit puissant et inspirant de David Goggins, qui, malgré une enfance marquée par la violence et la négligence, a transformé sa vie en repoussant ses limites physiques et mentales. Il nous y enseigne de précieuses leçons sur la discipline, la motivation et la persévérance.

Par David Goggins, 2018, 363 pages

Titre original : Can't Hurt Me: Master Your Mind and Defy the Odds

Note : cet article invité a été écrit par Amaury du blog La Prise De Masse.

Chronique et résumé de “Plus rien ne pourra me blesser” de David Goggins

I. Introduction

"Je n’utilise que 10 % de mon véritable potentiel."

Ces mots résonnent encore en moi depuis que j'ai plongé dans les pages captivantes de "Plus rien ne pourra me blesser". 

Dans ce livre, David Goggins vous invite à un voyage extraordinaire au cœur de sa vie, où il a transcendé les limites humaines pour réaliser l'inimaginable.

Au fil de ce récit saisissant, Goggins explique comment il a réussi à briser les chaînes des croyances limitantes qui l'entravaient. Avec une honnêteté brute, il nous plonge dans les moments les plus sombres de sa vie, mais aussi dans les triomphes indéniables qui ont suivi. À travers chaque épreuve, il a fortement forgé son esprit, se transformant physiquement, mentalement et émotionnellement.

En plongeant dans les pages de "Plus rien ne pourra me blesser", vous découvrirez les secrets de la résilience, de la persévérance et de la discipline. Vous serez ébloui par les exploits incroyables de Goggins, des records d'endurance inégalés aux limites qu'il a repoussées sans relâche. 

Mais ne vous méprenez pas, ce livre n'est pas seulement un récit captivant. C'est un guide pratique qui vous conduira pas à pas sur votre propre chemin, vous aidant à surmonter vos propres limites et à accomplir ce que vous pensiez impossible.

Préparez-vous à être emporté dans un tourbillon d'émotions, à être profondément touché et à être transformé. 

"Plus rien ne pourra me blesser" va bien au-delà d'une simple lecture. C'est une expérience de vie qui vous invitera à devenir le héros de votre propre histoire. 

Laissez les mots puissants de David Goggins être votre guide vers la découverte de votre véritable potentiel. 

II. Enfance difficile de David Goggins : Les racines de la résilience

Description de l'enfance de David Goggins marquée par la violence et la négligence

Dans son enfance, David Goggins a été confronté à l'horreur absolue. 

Son père, un mac impitoyable, régnait sur un monde de prostitution, frappant à la fois sa mère et lui sans relâche. Ces violences familiales étaient un tourbillon de terreur qui les engloutissait, les laissant dans une angoisse permanente.

Dans son livre, David raconte de nombreuses scènes choquantes qu’il a vécues, comme la fois où son père trainait sa mère dans les escaliers en la tirant par les cheveux après l’avoir mise KO.

Mais, ce n’est pas tout ! 

À l'école, Goggins était la cible de cruels actes racistes. 

Il était laissé seul face à ces agressions, personne ne venant à son secours. Les insultes et les menaces de mort l'assaillaient, déchirant son cœur et ébranlant sa confiance en lui.

Cette enfance marquée par la violence et le racisme était un cauchemar éveillé, une épreuve indescriptible qui aurait brisé la plupart des personnes.

Les croyances limitantes et l'estime de soi affectée

Les cicatrices physiques étaient visibles, mais les blessures invisibles causées par les années de maltraitance étaient tout aussi profondes.

Les violences domestiques répétées et les agressions racistes ont laissé une empreinte indélébile sur l'esprit de Goggins. 

Les mots blessants et les actes de cruauté ont sapé sa confiance en lui et ont semé des graines de doute quant à sa valeur en tant qu'individu. Il croyait profondément qu'il n'était pas assez bon, pas assez fort, pas assez intelligent pour réussir.

Ces croyances limitantes ont étouffé ses aspirations et ont façonné un cercle vicieux de peur et d'auto sabotage. Les voix qui résonnaient dans sa tête lui disaient qu'il était condamné à vivre dans les ténèbres de son passé, qu'il ne méritait pas d'être heureux ou de réussir. Ces pensées négatives ont étouffé son potentiel, limitant ses ambitions et l'empêchant d'atteindre ses objectifs les plus profonds.

L'estime de soi de Goggins était brisée, fragmentée par les années de maltraitance et de mépris. Il se voyait à travers les yeux des autres, à travers le prisme des humiliations passées. 

Il avait du mal à croire en lui-même, à reconnaître sa valeur intrinsèque en tant qu'être humain.

Les conséquences désastreuses sur sa vie

Les séquelles émotionnelles et psychologiques ont laissé une empreinte profonde, se manifestant dans différents aspects de son existence.

Au niveau scolaire, David était en échec. 

Les traumatismes subis avaient érodé sa confiance en lui et sa capacité à se concentrer sur les études. Les défis éducatifs semblaient insurmontables, et il se sentait souvent découragé, incapable de saisir les opportunités qui s'offraient à lui.

Son corps portait également les stigmates de cette enfance difficile. 

Il était en surpoids, piégé dans un cercle vicieux de mauvaises habitudes alimentaires et d'un mode de vie sédentaire. La confiance en soi était ébranlée et il ne voyait aucune issue à cette spirale descendante.

Mais le plus alarmant était le manque de rêves et d'ambition qui l'habitait. 

Les traumatismes l'avaient plongé dans une profonde apathie, lui faisant croire qu'il n'était pas digne de rêver en grand, qu'il était condamné à une existence médiocre et sans perspective.

Les conséquences désastreuses de son passé étaient palpables, menaçant de l'enfermer dans un cycle d'autodestruction et de stagnation. Il était au bord du gouffre, prêt à se laisser emporter par le poids de ses expériences passées.

Jusqu’à ce que…

III. Lutte contre l'obésité et la transformation personnelle

Le déclic qui pousse Goggins à entreprendre une transformation physique et mentale

Un soir, alors qu'il était affalé devant la télévision, Goggins tomba par hasard sur le discours d'un Navy Seal. 

Les paroles puissantes et inspirantes de cet homme résonnèrent en lui, faisant vibrer quelque chose de profond à l'intérieur de lui.

Il se sentait électrisé, comme si une étincelle s'était allumée dans son esprit. Les mots du Navy Seal faisaient écho à ses propres aspirations enfouies. Il était captivé par la notion de repousser les limites, de se surpasser et de devenir la meilleure version de soi-même.

Ce discours fut le catalyseur qui déclencha un feu ardent en Goggins. Il ressentait un mélange d'excitation, de détermination et de frustration face à tout ce qu'il n'avait pas encore réalisé dans sa vie. Il savait au plus profond de lui-même qu'il était temps de prendre les rênes de son existence et de se lancer dans une transformation physique et mentale.

Ce déclic créa en lui une motivation inébranlable. Il était prêt à affronter ses démons intérieurs, à briser les schémas autodestructeurs et à se construire un avenir à la hauteur de son potentiel réel. 

Cette rencontre fortuite avec le discours du Navy Seal fut le point de départ d'un voyage extraordinaire vers l'autodiscipline, la résilience et l'épanouissement.

Dès le lendemain, David appela le centre de recrutement des Navy Seals. 

Après avoir expliqué brièvement sa situation, les recruteurs se moquèrent ouvertement de lui avant de raccrocher. Mais Goggins ne baissa pas les bras. Durant les trois jours qui suivirent, il appela encore et encore…

Jusqu’à obtenir une réponse : Les prochains tests de sélections auront lieu dans 3 mois et le poids maximum pour participer est 85 kg. 

Il devait perdre plus de 50 kg en 3 mois !

Challenge 1 : Détecter nos facteurs limitants

Pourquoi pas vous ? 

Pourquoi ne pas vous créer vous-même ce déclic aujourd’hui et vous donner les moyens d’atteindre vos rêves les plus fous ?

C’est tout à fait possible. Et, pour y parvenir, voici par quoi vous devriez commencer : identifier vos facteurs limitants.

Demandez-vous “Qu’est-ce qui, aujourd’hui, m’empêche d’atteindre mes rêves ?”

Au début, vous répondrez sûrement “Je n’ai pas assez de temps”,  “pas assez d’argent” ou “pas de chance”. Mais forcez-vous à chercher un peu plus loin. Soyez 100 % honnêtes avec vous-même. 

Dans la plupart des cas, vous vous rendrez compte que : 

Vous avez des pensées limitantes

Vous n’êtes pas prêt à faire les efforts nécessaires

Ou encore vous avez pris de mauvaises habitudes…

Je vous recommande vraiment de faire cet exercice. Si vous ne prenez pas conscience de ce qui vous limite, vous ne pourrez jamais vous en libérer.

Sa transformation physique et mentale extrême

David n’avait qu’un objectif en tête : réussir le test des sélections des Navy Seals.

Et pour y parvenir, une seule solution : changer radicalement son quotidien. 

La première étape a été d’adopter une diète stricte. Fini les donuts et les smoothies au chocolat. Désormais, son alimentation se composait uniquement de menus protéinés et seins pour la prise de muscle. Il s'était engagé à prendre soin de son corps, en lui fournissant les nutriments dont il avait besoin pour se muscler et éliminer du gras.

Mais la transformation de Goggins ne s'arrêtait pas là. 

Il réalisait quotidiennement des entraînements hyper intenses, repoussant constamment ses limites physiques. Que ce soit la course, la musculation, le vélo ou la natation, il s'est donné à fond. Il s’entraînait parfois plus de 6 heures par jour. Chaque séance d'entraînement était une opportunité de repousser ses propres barrières et de devenir plus fort, plus rapide, plus résistant.

Mais la partie la plus importante de sa transformation a été de supprimer ses mauvaises habitudes et de se créer un mental d’acier. Pour y parvenir, il sortait constamment de sa zone de confort. Il se fixait des objectifs ambitieux et se donnait les moyens de les atteindre, en s'engageant pleinement et en refusant de se dérober devant les défis.

Une autre facette clé de sa transformation mentale a été de se responsabiliser. Il s’est convaincu que sa vie était entre ses mains et qu'il était le seul responsable de son propre succès. Il a refusé de jouer le rôle de la victime et s’est approprié pleinement son parcours. 

Voici, une technique qui lui a permis d’y parvenir. 

Challenge 2 : Le miroir des responsabilités

Le plus gros frein à la progression est le déni.

Comment faire évoluer le statu quo si on est convaincu que tout va bien ? C’est impossible.

Le deuxième challenge que nous lance David est simple : mettez-vous face à votre miroir et dites-vous des vérités qui sont difficiles à entendre. 

Par exemple, “Je suis en surpoids”

“Je n’ai pas de véritables amitiés”

“Je suis incapable de me concentrer sur une tâche durant plus d’une heure”

ou encore “Je ne profite pas assez avec ma famille”

Ensuite, notez chacune de ces phrases sur un post-it et collez-les à votre miroir de sorte que, chaque matin en vous réveillant, vous les voyez. 

Vous serez autorisé à les enlever le jour où ces affirmations deviendront fausses.

IV. Les forces spéciales de l'armée : Dépassement des limites

Les défis rigoureux de la formation des forces spéciales

Les tests d’admission aux Navy Seals comprennent des épreuves écrites, des tests physiques et surtout la “Hell Week”. Littéralement : La semaine de l’enfer. 

Le concept est simple : Tous les participants sont regroupés sur une île et devront y rester durant une semaine. La difficulté étant que les instructeurs les pousseront à bout. 

Ils devront enchaîner des courses à pied interminables en soulevant des charges lourdes, des baignades glaciales en pleine nuit et une torture mentale constante. Le tout avec presque pas de sommeil. 

Les instructeurs sont sans pitié. Que vous ayez les côtes cassées, une pneumonie ou un terrible mal de crâne, ils ne feront aucune concession. Il y a parfois même des personnes qui perdent la vie lors de ces tests. 

Seulement 20 à 30 % des participants (déjà surentraînés) arrivent au bout de cette semaine. 

Challenge 3 : S’habituer à l’inconfort

S’il est obligatoire de passer de telles épreuves, ce n’est pas pour rien. 

L’armée d’élite américaine veut recruter les personnes les plus fortes mentalement. 

Mais, contrairement à ce que certains pensent, la force mentale n’est pas un don. On ne naît pas avec un mental d’acier et une discipline à toute épreuve. C’est quelque chose qui se travaille. 

Et il y a un seul moyen de le travailler : s’exposer à l’inconfort. 

En sortant constamment de votre zone de confort, vous l’étendez petit à petit. Par exemple, s’il est difficile pour vous de parler à des inconnus, mais que vous vous forcez à le faire tous les jours, cela finira par devenir naturel. 

C’est le cas dans tous les domaines : sport, travail, exposition au froid…

Voici votre mission : 

Trouvez 1 à 3 domaines dans lesquels vous souhaitez progresser et essayez chaque jour de faire une action qui vous met dans une situation inconfortable. 

Les épreuves physiques et mentales vécues lors de l'entraînement

Mais, tout ne s’est pas passé comme prévu…

Malgré une préparation de Spartiate et une motivation infaillible, Goggins n’est pas allé au bout de la semaine de l’enfer. 

Il n’a pas abandonné à cause de la fatigue, des blessures ou de son état mental. Il a abandonné car il était atteint d’une pneumonie. S’il n’arrêtait pas, il risquait sa vie. 

L’histoire aurait pu se terminer là…

Mais quelques mois plus tard, David était de retour aux tests d’admission, prêt à retenter sa chance. 

Cette fois-ci fut la bonne. Malgré une fracture du tibia, Goggins est allé jusqu’au bout de la Hell Week. Mais les complications ne s’arrêtent pas là…

Sa blessure ne guérissant pas, David est donc contraint de quitter les Navy Seals pour récupérer juste après les avoir rejoints. Et qui dit démission dit semaine de l’enfer à repasser…

Comme vous pouvez vous en douter, Goggins ne baisse pas les bras. Quelques mois plus tard, il est de retour sur l’île, prêt à en découdre. Et cette fois, il triomphe pour de bons. 

L'importance de la persévérance et de la résilience face aux épreuves

Tandis que la plupart d’entre nous auraient abandonné après quelques heures, David a persévéré pendant sept jours. Trois fois de suite !

La différence entre lui et nous est que David a appris que la persévérance est la clé pour surmonter les obstacles. Il a compris que chaque échec est une opportunité d'apprendre et de grandir. 

Plutôt que de se laisser abattre par les revers, il les a utilisés comme des tremplins pour se propulser vers de plus grands succès.

La résilience de Goggins a été mise à l'épreuve à maintes reprises. Malgré les douleurs physiques, les échecs et les moments de doute, il a refusé d'abandonner. Il a puisé dans sa détermination pour se relever à chaque fois qu'il tombait, et il est devenu plus fort à chaque épreuve.

L'histoire de Goggins est un exemple inspirant de la capacité de l'esprit humain à se surpasser. Il nous rappelle que nous sommes tous capables de surmonter les épreuves, quelle que soit leur ampleur. En nous concentrant sur notre mental, en cultivant la persévérance et en développant notre résilience, nous pouvons accomplir des choses extraordinaires.

Voici une des techniques qu’il partage dans son livre qui lui a permis de survivre à ces trois semaines de l’enfer.

Challenge 4 : Capturer leurs âmes

Cette technique consiste à utiliser la négativité transmise par vos adversaires, vos ennemis et vos haters comme une force. 

Selon Goggins, la meilleure des motivations est de montrer à ces personnes qu’elles ont tort. 

Cela s’applique dans de nombreux domaines. Votre patron vous reproche de ne pas être assez efficace, utilisez-le comme une force pour lui montrer le contraire. Votre coach ne vous donne pas suffisamment de temps de jeux, devenez excellent et montrez-lui qu’il fait une erreur. 

En effet, votre objectif doit être d’atteindre un niveau que ces personnes sont incapables d’atteindre. 

Dans un interview, Goggins a même confié qu’il enregistrait tous les commentaires négatifs qu’il recevait et qu’il les écoutait en boucle durant ses entraînements (à ne pas reproduire à la maison en cas de déprime).

V. Les exploits d'endurance : Repousser les limites humaines

La participation à des courses d'endurance extrêmes et à des défis inimaginables

Après plusieurs années au sein des Navy Seals, Goggins avait besoin de changements, de nouveaux défis. 

C’est dans les efforts d’endurance qu’il trouva son bonheur. 

Son objectif : participer à Badwater, une des courses les plus difficiles du monde. Cette course de 217 km se situe dans la vallée de la mort en Californie (ça donne tout de suite le ton). C’est un lieu dans lequel la température dépasse fréquemment les 50 °C à l’ombre. 

Et, vous commencez à connaître le personnage…

Quand David Goggins a un objectif, il se donne les moyens de l’atteindre.

Cette fois-ci, il ne s’est pas contenté d’atteindre son objectif initial. Goggins est aujourd’hui l’un des meilleurs coureurs d’endurance de toute la planète. 

Il a surmonté des montagnes, des marathons en Arctique et les ultra marathons les plus durs de la planète. Chaque épreuve était une occasion de se prouver qu'il pouvait accomplir l'impossible.

Mais les défis de Goggins ne se limitaient pas à la course. Il s'est également lancé dans des exploits de force mentale, battant le record mondial de tractions en 24 heures. Il a poussé son corps et son esprit au-delà de leurs limites.

La participation de Goggins à ces courses d'endurance extrêmes et à ces défis inimaginables démontre sa détermination inébranlable à se dépasser constamment.

Si, comme lui, vous souhaitez devenir un athlète hybride en alliant course à pied et musculation, je vous conseille de lire cet article.

Challenge 5 : Visualiser le succès

Vous avez forcément déjà connu cette situation : 

Vous vous êtes lancés dans un projet plein de motivation et de bonne volonté. Mais, après quelques semaines (peut-être même avant), vous avez perdu toute motivation. Vous ne voyez aucun résultat et vous ne prenez plus de plaisir à travailler sur ce projet. 

C’est quelque chose qui arrive à tout le monde (même à Goggins). 

Mais c’est justement là qu’il faut persévérer. Voici la méthode de David pour y parvenir : 

Visualisez votre succès. Imaginez votre vie une fois que votre objectif aura été atteint. Rappelez-vous pourquoi vous faites tous ces sacrifices aussi souvent que possible. 

C’est exactement ce que fait Goggins tout au long de ses courses. 

Les obstacles physiques et mentaux rencontrés lors de ces épreuves

Les défis physiques étaient ardus, mettant à l'épreuve sa force, son endurance et sa résistance.

Il affrontait des terrains difficiles, des conditions météorologiques impitoyables et des distances dévastatrices. Malgré la fatigue et la douleur, il continuait d'avancer, repoussant les limites de son corps.

Mais ce n'était pas seulement un défi physique. Les épreuves mentales étaient tout aussi difficiles, sinon plus. Des doutes et des pensées négatives l'assaillaient, tentant de le décourager. Mais Goggins puisait dans sa détermination intérieure, refusant de céder à la faiblesse mentale.

Il faisait face à des moments de désespoir, à des moments où il voulait abandonner. Mais il trouvait la force en lui pour continuer, pour se relever après chaque chute. 

Une des techniques qu’il utilisait pour y parvenir était celle de la boite à biscuit. 

Challenge 6 : La boite à biscuit

Prenez une feuille de papier et inscrivez dessus toutes les choses que vous avez accomplies et dont vous êtes fier. 

N’écrivez pas simplement vos réussites, mais aussi tous les obstacles que vous avez réussi à surmonter (arrêter de fumer, surmonter une dépression…). Découpez ensuite chacune de ces réussites et placez-les dans une boite.

Lorsque vous vous sentez démoralisés ou que vous manquez de motivation, prenez cette boite et tirez quelques papiers. 

Les leçons apprises et la détermination à aller au-delà de ses propres limites

Au fil de ses épreuves et de ses victoires, Goggins a tiré des leçons précieuses. 

Il a découvert que la seule limite qui existe est celle que nous nous fixons. Il a compris que la vraie croissance se produit en sortant de sa zone de confort et en embrassant l'inconfort.

David Goggins a appris que la discipline et la persévérance sont les clés du succès. En s'engageant à rester fidèle à ses objectifs et à ses principes, il a pu réaliser des exploits extraordinaires. Il a compris que chaque épreuve était une occasion de se renforcer, de devenir meilleur.

La détermination de Goggins à aller au-delà de ses propres limites est une inspiration pour tous. Il nous rappelle que nous sommes capables de bien plus que nous ne l'imaginons. 

Il nous encourage à repousser nos propres barrières, à défier nos croyances limitantes et à viser l'excellence.

Challenge 7 : la règle des 40 %

La règle est simple : lorsque tu penses avoir atteint tes limites, tu n’es sûrement qu’à 40 % de tes capacités réelles. 

Il y a une semaine, j’ai couru un marathon pour la première fois de ma vie. Durant toute la course, j’ai gardé cette règle à l’esprit. 

À plusieurs reprises, j'ai eu envie d’abandonner, mais je me disais “je ne suis qu’à 40 %. Mon esprit veut abandonner, mais mon corps est encore capable”. 

Si je n’avais pas lu ce livre, je ne suis pas sûr que j’aurais fini cette course. 

VI. La recherche constante de l'excellence : La philosophie de Goggins

Dans ce livre, David Goggins partage des perspectives profondes et des leçons précieuses sur trois aspects essentiels de la réussite.

Tout d'abord, Goggins met en évidence l'importance de la discipline. 

Il explique que la discipline est un choix quotidien de faire les actions nécessaires pour atteindre vos objectifs, même lorsque cela demande des sacrifices et de l'effort. Il vous incite à cultiver une discipline rigoureuse dans tous les aspects de votre vie, car c'est ce qui vous permettra de rester sur la voie du succès.

En ce qui concerne la motivation, Goggins vous apprend que la motivation véritable ne vient pas seulement de sources externes temporaires, mais plutôt de votre propre feu intérieur. 

Il vous encourage à découvrir votre pourquoi profond, votre raison d'être, qui alimentera une motivation intrinsèque durable et vous permettra de surmonter les obstacles avec détermination.

Enfin, Goggins insiste sur l'importance de la persévérance. 

Il reconnaît que le chemin du succès est souvent semé d'embûches et de défis, mais il vous pousse à persévérer et à ne jamais abandonner. Il vous encourage à voir les échecs comme des opportunités d'apprentissage, à relever chaque défi avec résilience et à garder les yeux fixés sur vos objectifs, peu importe les difficultés rencontrées en cours de route.

En lisant "Plus rien ne pourra me blesser", vous serez amené à réfléchir profondément sur votre propre discipline, motivation et persévérance. 

Vous serez inspiré par les récits et les enseignements de Goggins, et vous serez guidé vers une nouvelle mentalité, une mentalité qui repousse les limites, embrasse l'inconfort et ne cesse de s'améliorer.

Challenge 8 : la quête de l’échec

Pour cette dernière leçon, Goggins nous donne un conseil : s’exposer le plus possible aux obstacles et aux échecs. 

Si vous n’avez jamais connu l’échec, vous n’avez jamais réellement progressé. 

Vous devez absolument mettre des obstacles sur votre chemin. Faites en sorte d’être exposé à l’échec. 

Une fois que cela sera le cas, vous n’aurez plus qu’à appliquer toutes les méthodes que vous venez de voir pour transformer cet échec en réussite. 

C’est le meilleur moyen pour atteindre tous vos objectifs et réaliser vos rêves. 

Conclusion sur “Plus rien ne pourra me blesser” de David Goggins

Avant de lire ce livre, je pensais vivre ma vie à mon plein potentiel. 

Je faisais du sport et travaillais tous les jours. Je mangeais sainement. Mais aussi, je prenais le temps de m’intéresser et de me former sur énormément de sujets. Je faisais en sorte de sortir régulièrement de ma zone de confort. Et, en plus, j’avais le temps de profiter avec ma famille, mes amis et ma copine. 

Mais il y avait malgré tout un problème qui persistait : je ne progressais pas assez vite. 

Le fait de m’intéresser à plein de domaines m’empêchait de devenir vraiment bon dans un domaine (en tout cas, je le pensais). 

J’étais convaincu que je n’étais pas capable d’en faire plus. Je pensais que si je : 

m’entraînais plus dur et plus longtemps, je serais trop fatigué

travaillais davantage, j’allais finir déprimé

sortais plus souvent de ma zone de confort, je dépasserais mes limites

J’avais tout faux. 

Ce livre m’a fait un réel déclic. Je me suis rendu compte que je sous-estimais grandement les capacités de mon corps et de mon mental. En réalité, je suis capable de pousser tous mes efforts bien plus loin que je ne le faisais. 

Depuis, je me suis lancé de nombreux challenges qui me paraissaient auparavant insurmontables :

Courir un marathon sans entraînement

Me lever tous les matins à 6 h 30

M’entraîner 7 jours sur 7

En résumé, ce livre m’a permis de découvrir mon réel potentiel et de commencer à m’en rapprocher. Je suis convaincu que cela sera le cas pour vous aussi !

Points forts :

L’histoire est touchante et captivante. C’est un livre très facile à lire. 

Contrairement à d’autres biographies, Goggins ne se contente pas de raconter sa vie. Il nous donne des conseils concrets que l’on peut appliquer. 

Sans aucun doute, le livre le plus motivant que j’ai lu

Point faible : 

La vie de David Goggins est tellement loin de notre réalité qu’il est parfois difficile de s’identifier à lui 

Ma note

★★★★★

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Mon, 21 Aug 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12538/Plus-rien-ne-pourra-me-blesser
Une Terre promise http://www.olivier-roland.fr/items/view/12539/Une-Terre-promise

Résumé de « Une Terre promise » de Barack Obama : Les mémoires du premier président noir des États-Unis dans une période difficile qui conjugue crise économique, terrorisme et montée en puissance de la droite conservatrice de Donald Trump.

Par Barack Obama, 2020, 890 pages.

Titre original : « A Promised Land » (2020)

Chronique et résumé de « Une Terre promise » de Barack Obama

Préface

Barack Obama commence à rédiger ses mémoires peu après la fin de sa présidence, alors qu’il est en vacances à Hawaï avec sa famille. 

Ses objectifs sont de :

Rendre un compte rendu honnête de son mandat ;

Offrir aux lecteurs une idée de ce que c’est que d’être président des États-Unis ;

Faire la lumière sur le fonctionnement du gouvernement fédéral ;

Inspirer les jeunes qui envisagent une carrière dans la fonction publique. 

Bien sûr, il n’ignore pas que la situation des États-Unis en 2020 est problématique :

Pandémie de COVID-19 ;

Crise économique ;

Attaques contre la démocratie américaine ;

Guerre entre républicains et démocrates. 

Toutefois, malgré le climat actuel, Barack Obama garde l’espoir. Il croit aux possibilités offertes par un monde interconnecté, où les gens vivent ensemble, coopèrent les uns avec les autres et reconnaissent la dignité de l’autre.

Les yeux du monde entier sont rivés sur l’expérience démocratique américaine. Barack Obama reste confiant que les générations futures peuvent parvenir à une union plus parfaite.

Partie 1 — Une Terre Promise : Le pari

Chapitre 1

Barack Obama commence l'écriture de Une Terre promise, par retracer son enfance et ses années de formation. Il se souvient combien sa grand-mère et sa mère, Ann Duham, ont été importantes pour lui. 

Celle-ci l’a initié au mouvement pour les droits civiques, au mouvement de résistance face à la guerre du Vietnam et au mouvement pour les droits des femmes, notamment. 

Par contre, le jeune homme n’a presque pas connu son père, Barack Obama Sr., un économiste kényan.

Au départ plutôt fainéant et nonchalant, Barack Obama est peu à peu devenu un étudiant brillant et engagé. Il a véritablement pris conscience de son identité mixte et des différences de classes sociales à son entrée en secondaire. 

Mais c’est à l’université que son goût pour la politique s’est révélé. C’est aussi à ce moment qu’il étudie de façon plus sérieuse. Barack Obama étudie d’abord les sciences économiques et les relations internationales à l’université de Columbia, avant de rejoindre Harvard pour des études de droit.

Il commence à prendre la parole et s’investir dans sa communauté à Chicago. Il y observe les actions du premier maire noir de la ville, Harold Washington. Comme ce dernier, il veut donner de l’espoir aux gens. Cependant, il se rend compte que le charisme ne suffit pas à créer le changement social.

Le jeune homme se sent attiré par la carrière politique. Et celle-ci lui tend potentiellement les bras, puisqu’il réussit avec brio ses études à Harvard (avec la plus grande distinction) et devient le premier Noir à diriger la célèbre Harvard Law Review.

Chapitre 2

Le chapitre 2 de Une Terre promise est divisé en 2 parties :

La relation de Barack Obama avec sa (future) femme, Michelle Obama.

Le début de sa carrière politique.

Dans la première partie du chapitre, il raconte comment il a rencontré Michelle. Celle-ci travaillait dans un cabinet d’avocats où il était entré pour réaliser un stage. Elle était chargée de superviser son séjour. 

Très vite, ils se sont rendu compte qu’ils partageaient les mêmes valeurs et qu’ils avaient tous les deux de fortes convictions. Ils se sont mariés en 1992. C’était une période de travail intense, puisqu’à cette époque il enseignait également à l’université de Chicago et terminait son premier livre.

Dès le départ, Michelle Obama l’a prévenu de la difficulté de son choix de carrière. Quant à elle, elle a préféré quitter son travail d’avocate d’affaires pour se mettre au service de ses concitoyens en dirigeant un programme associatif.

La seconde partie du chapitre concerne les débuts de Barack Obama en politique. En 1995, il décide de participer à la course au Congrès d’Alice Palmer, tout en pensant récupérer son siège démocrate au Sénat de Chicago. C’est un premier travail de terrain très formateur. Et il gagne sa place de jeune sénateur !

Par contre, il échoue en 2000 alors qu’il souhaite obtenir un siège au Congrès de l’État. 

Cette époque est aussi marquée par des événements personnels heureux et malheureux :

Le décès de sa mère ;

La naissance de sa première fille, Malia.

Conjuguer vie de famille et vie professionnelle n’est pas de tout repos à cette période. Et ce ne le sera pas non plus par la suite !

Chapitre 3

Dans ce chapitre de Une Terre promise, la deuxième fille du couple Obama, Natasha (ou Sasha) naît également dans la foulée. Politiquement, à cette époque, Barack Obama commence à voir grand : il veut atteindre le Sénat des États-Unis.

Il recrute à cette fin Dabid Axelrod et lance une campagne audacieuse avec sa petite équipe. Et c’est une large victoire — avec plus de 40 points d’avance sur son concurrent républicain, du jamais vu dans l’histoire de l’Illinois ! 

Selon lui, plusieurs facteurs contribuent à cette réussite :

Son échec au Congrès lui a permis de comprendre comment communiquer plus efficacement ;

Il s’est associé aux syndicats et à des personnalités populaires du Congrès ;

Il a aussi peaufiné son CV en dirigeant des projets de loi importants ;

Par ailleurs, il s’est fait reconnaître en critiquant l’invasion étasunienne de l’Irak ;

Barack Obama a pu compter sur une équipe jeune qui a su faire bon usage d’internet ;

Il a patiemment visité les quartiers les plus pauvres et les communautés religieuses ;

Enfin, quelques articles et publicités bien placées dans des journaux de référence, publiés au bon moment, ont aussi joué un rôle.

Une fois installé à Washington, Barack Obama cherche à se faire des contacts. Il est dans l’opposition et sait que ses moyens d’action sont limités. Mais il cherche néanmoins à faire de la politique étrangère sa priorité. 

Il voyage notamment en Ukraine pour promouvoir la non-prolifération nucléaire. Ensuite, il revient au pays pour s’adresser aux victimes de l’ouragan Katrina, en Louisiane. Leurs témoignages le touchent et il bataille désormais sur ces deux fronts :

Les inégalités sociales et le racisme ;

La politique étrangère (il visite notamment les troupes américaines engagées dans les conflits au Moyen-Orient). 

Chapitre 4

Peu à peu, Barack Obama sent qu’il peut aller loin, très loin. Il considère la possibilité de se présenter à la présidentielle en 2006. C’est son chef de cabinet, Pete Rose, qui l’y encourage. Cependant, il demeure hésitant. 

D’autres personnalités proches de lui, au sein du camp démocrate, l’encouragent également. Par ailleurs, il sent que le peuple américain est prêt pour un changement important et pour un autre type de président.

Au départ, Michelle Obama ne le soutient pas dans cette idée. Selon elle, c’est trop tôt. Cette année-là, la famille voyage en Afrique et rend visite à des personnalités telles que Nelson Mandela et Desmond Tutu. 

Barack Obama entreprend aussi un voyage au Kenya vers la frontière somalienne, puis en Éthiopie, au Chad et au Darfur, notamment pour rencontrer les militaires basés dans ces régions.  

Après son voyage, les choses s’accélèrent. Un discours, puis un entretien télévisé dans l’émission Meet the Press rendent les médias électriques et curieux. 

Quand il se rend compte qu’il pourrait bien gagner la primaire démocrate et devenir véritablement président des États-Unis, il commence à stresser pour de bon. Le peuple américain, lassé du président républicain G. W. Bush, vote en masse pour le camp opposé. 

Mais Barack Obama n’est pas le seul en lice. Hillary Clinton est sa principale rivale pour la primaire. 

Finalement, Michelle Obama se joint à lui dans les dernières semaines de la course et lui offre tout son soutien. Mais elle ne le donne pas sans lui demander, auparavant, ce qu’il peut offrir d’unique au peuple américain. 

Celui-ci lui répond : donner un sentiment d’appartenance nationale aux personnes noires et aux minorités, leur donner espoir et servir de modèle pour les enfants autour du monde. 

Partie 2 — Une Terre Promise : « Yes, We Can »

Chapitre 5

Les débuts de la campagne de Barack Obama ne sont pas très réussis. Lui qui aime parler et donner de longues explications doit apprendre d’autres manières de communiquer, plus directes, dans les débats.

Il embauche quelqu’un qui va beaucoup l’aider : David Plouffe. Celui-ci va mettre en place une communication sur internet qui va rapporter de nombreux soutiens au candidat à la Maison-Blanche.

Un autre de ses collaborateurs, Paul Tewes, le conseille aussi sur la façon de gagner l’État d’Iowa. Selon lui, il est préférable de se concentrer sur les grands électeurs lors des caucus. 

Les jeunes se mobilisent peu à peu également. Ils font du porte à porte pour convaincre les gens de voter démocrate. Barack Obama se sent reconnaissant vis-à-vis de toutes ces personnes qui l’ont aidé.

Il prend progressivement confiance et réalise quelques performances oratoires qui mettent en danger Hilary Clinton. Il réussit, notamment, à se faire remarquer lors d’un événement important précédent le caucus.

Et c’est la victoire dans l’Iowa — le premier caucus de la campagne et symboliquement l’un des plus importants !

Chapitre 6

Mais rien n’est gagné. Bien sûr, Barack Obama fait maintenant figure de concurrent principal à Hillary Clinton. Mais celle-ci a encore des ressources et gagne le second caucus du New Hampshire.

Cela est partiellement dû à une erreur de Barack Obama durant un débat au cours duquel il défend — maladroitement — son opposante qui doit répondre à une question qu’il juge triviale et sexiste. Finalement, c’est lui qui se retrouve désavantagé par son propre geste.

Par ailleurs, Hilary Clinton parvient à convaincre les électeurs de son engagement lors d’une rencontre avec des sympathisants indécis. Cela aussi lui fait marquer des points.

L’auteur aborde aussi la question de la race, si présente aux États-Unis. Bien qu’il souhaite que le pays passe à autre chose et soit capable de prendre un chemin où les différences raciales ne soient plus déterminantes, il doit reconnaître que celles-ci ont parfois joué un rôle dans la campagne.

Il a parfois été l’objet de racisme dans certains quartiers blancs. Par ailleurs, il a reçu un large soutien (mais pas forcément unanime) de la communauté noire.

Des secousses ont lieu lorsque le magazine Rolling Stone publie un article contenant des propos controversés du pasteur de Barack Obama. Celui-ci doit se distancier de son ancien guide spirituel et se tourne vers l’ancien collègue de Martin L. King, Joseph Lowery.

La bataille pour la Caroline du Sud fut difficile et brutale. Bill Clinton aida son épouse, mais Barack Obama finit malgré tout par gagner cet État.

Chapitre 7

Le Super Tuesday est un jour très particulier dans la campagne des élections primaires, parce que c’est le jour où plus de la moitié des États votent pour élire les candidats de chaque parti. 

Barack Obama, avec son équipe, choisit de se concentrer sur les États plus petits, ruraux et majoritairement blancs. C’est un pari risqué, mais qui fonctionne : cette stratégie lui permet de remporter un certain nombre d’États, dont l’Idaho.

C’est une victoire importante, car elle lui permet, avec cet État, de remporter plus de délégués que Clinton avec la victoire du New Jersey (pourtant 5 fois plus peuplé).  

Il remporte finalement 13 des 22 élections du Super Tuesday, ce qui lui « rapporte » 13 délégués de plus qu’Hillary Clinton.

Toutefois, celle-ci se défend âprement et connaît même un moment de grâce peu après, tandis que Barack Obama doit répondre à certaines tentatives de déstabilisation de la part des républicains.

La présence de plus en plus marquée de Michelle Obama dans la campagne aide le candidat démocrate à se sentir en confiance. Celle-ci a du succès, elle touche le cœur d’une partie de l’électorat.

Les services secrets qui les protègent le surnomment le « renégat » en raison des menaces dont il fait l’objet constamment.

Finalement, la bataille démocrate se termine et il devient le candidat officiel du parti progressiste. Il prononce un discours en faveur d’un changement de politique et il se jure à lui-même, secrètement, qu’il ne laissera pas tomber ceux qui l’ont soutenu.

Chapitre 8

Désormais, Barack Obama doit affronter le candidat du parti républicain : John McCain. Contrairement à la tradition, il décide de mener sa campagne frontalement, en cherchant à convaincre directement les électeurs des États plus conservateurs.

Pour renforcer sa stature internationale et se doter des connaissances nécessaires, Barack Obama visite plusieurs pays, dont l’Irak, l’Afghanistan, Israël, Le Royaume-Uni et la France, entre autres.

Le futur président des États-Unis souhaite se retirer du Moyen-Orient, mais il doit prendre en considération des avis divergents. Un plan de route est mis en place dès cette époque, mais Barack Obama sait toutes les difficultés qui l’attendent s’il est élu.

Joe Biden, qui est un proche de la famille Obama, devient son colistier. Le fait que le candidat républicain choisisse Sarah Palin facilite les choses du camp démocrate. Bien que celle-ci fasse grand bruit auprès des républicains, elle n’est pas suffisamment préparée pour le poste.

Chapitre 9

La crise de 2008 — apparue d’abord dans le secteur immobilier dès 2007 — vient frapper de plein fouet la campagne présidentielle. Les banques et les entreprises de crédit sont au bord de la faillite et l’État doit intervenir. Il s’agit notamment de sauver les institutions « trop grosses pour couler » (too big to fail).

Barack Obama décide de soutenir le plan de G. W. Bush nommé Troubled Asset Relief Program (TARP) pour venir en aide à l’économie. Étonnamment, le candidat républicain reste sur la touche sur ce sujet, n’apportant aucune contribution significative au débat. Une version révisée du programme sera finalement adoptée.

La campagne se durcit et les propos des supporters républicains sont parfois violents. Mais la victoire de Barack Obama est proche et arrive finalement, peu après le décès de sa grand-mère bien-aimée, malheureusement. 

Le premier président noir des États-Unis vient d’être élu. Le jour de l’élection, il est avec sa famille et son équipe pour célébrer l’événement. Mais ce sont des millions de personnes qui sont aussi virtuellement avec lui à ce moment-là.

Partie 3 — Une Terre Promise - Le renégat

Chapitre 10

Entrer dans le Bureau Ovale est une expérience spéciale pour Barack Obama. Il décrit la pièce en détail dans le début de ce chapitre du livre Une Terre promise.

Le nouveau président doit choisir ses collaborateurs, notamment au niveau économique et pour les services de la défense, qui sont les deux thèmes qui le préoccupent le plus (la crise économique et les guerres du Moyen-Orient).

Par ailleurs, il doit choisir un secrétaire d’État : il opte pour son ancienne rivale, Hillary Clinton.

Avant l’inauguration, Barack Obama effectue un séjour à Hawaï afin de se reposer et de livrer les cendres de sa grand-mère à l’océan. 

Michelle Obama se prépare elle aussi. Elle cherche à créer un environnement stable et « normal » pour leurs filles, Malia et Sasha. Pour ce faire, elle parle notamment avec l’ex-Première dame, Laura Bush. Sa mère déménage également à la Maison-Blanche.

 Barack Obama est à la fois :

Enthousiaste et heureux de commencer son nouveau travail ;

Nerveux et préoccupé par les défis qui l’attendent.

Dans ses discours, il cherche à prévenir ses concitoyens des difficultés économiques, mais il sait aussi que son élection a suscité beaucoup d’espoir et d’optimisme.

L’inauguration se passe sous tension, en raison d’un risque d’attaque terroriste. Ensuite, le couple se rend dans 10 bals organisés en l’honneur du nouveau président. C’est seulement alors que les Obama peuvent profiter d’une fête en famille.

Chapitre 11

Dans les premières semaines de son mandat, le président signe une série d’ordonnances pour interdire la torture et assurer une meilleure protection sanitaire pour les enfants, notamment.

L’économie est toutefois sa priorité numéro 1. Avec ses équipes, il monte un plan d’aide nommé American Recovery and Reinvestment Act. Celui-ci a pour but de rebooster l’économie en injectant de l’argent dans les services publics et en aidant les entreprises.

Il a besoin d’une large majorité de 60 votes au Sénat pour faire passer sa proposition. Il doit donc chercher à convaincre des républicains. Barack Obama raconte que 4 politiciens républicains en particulier ont joué un rôle important dans ses échecs et ses réussites. Il les nomme « The four Tops » (les 4 plus hauts).

Le Recovery Act fut très critiqué par le parti républicain, qui chercha à le rejeter et à obstruer toute avancée en ce sens. Pourtant, il finit par passer et ce fut une première victoire pour Barack Obama.

Chapitre 12

La crise financière n’en est pas pour autant finie. Obama lance deux programmes supplémentaires pour faire face à l’effondrement du marché du logement et du chômage : 

Le Home Affordable Modification Program (HAMP), qui a réduit les paiements hypothécaires mensuels ;

Le Home Affordable Refinance Program (HARP), qui permet aux emprunteurs de refinancer leurs prêts hypothécaires à des taux plus bas. 

Il reçoit des critiques venues de la droite, qui considèrent qu’il ne faut pas aider les gens qui se sont endettés. Mais Barack Obama trouve cela profondément hypocrite : ces experts conservateurs ou néolibéraux n’ont rien dit lorsqu’il a été question de sauver les banques, mais ils refusent d’aider les plus petits à survivre !

Ces premières semaines sous haute tension sont épuisantes.

Michelle Obama cherche aussi à trouver sa place. Elle choisit de se consacrer à 2 missions :

La lutte contre l’épidémie d’obésité ;

L’aide aux familles des militaires. 

Le couple trouve des moyens pour gérer au mieux le stress en se créant des routines quotidiennes. Barack Obama trouve même la volonté pour arrêter de fumer ; une mauvaise habitude qui contrariait beaucoup sa femme !

D’un point de vue politique et économique, Barack Obama parvient à gérer la crise financière durant les 100 premiers jours qui suivent l’investiture. Toutefois, cela se paie de nombreuses critiques, tant sur le côté « gauche » que sur le côté « droit ».

Chapitre 13

Le chapitre 13de Une Terre promise est consacré à l’effort de guerre et à la volonté de Barack Obama de concilier 2 rôles essentiels :

La protection des Américains contre les menaces (notamment terroriste) ;

L’engagement des États-Unis vis-à-vis de la liberté.

Protéger ses concitoyens est, selon l’auteur, la tâche la plus importante. Mais cela ne doit pas se faire au prix d’une privation des libertés ou de l’imposition d’un ordre injuste à d’autres nations.

Pour résoudre ce difficile conflit, Barack Obama choisit de se doter d’une équipe d’internationalistes, c’est-à-dire de personnes qui croient dans le leadership américain en vue d’améliorer la situation mondiale.

En Irak, Barack Obama reste sur sa promesse de campagne et s’engage en faveur d’un retrait des troupes pour 2011.

Les choses sont différentes en Afghanistan. Poussé par les généraux du Pentagone à accroître le nombre de troupes, Barack Obama déploie 17 000 soldats supplémentaires en Afghanistan. En parallèle, il cherche aussi à renforcer le rôle et le pouvoir du gouvernement afghan, ainsi que de la police et de l’armée.

Partie 4 — La bonne lutte

Chapitre 14

Dans ce chapitre de son livre Une Terre promise, Barack Obama parle de son expérience sur la scène internationale et tout particulièrement du sommet du G20. Il parvient à trouver un accord avec l’Europe concernant la crise économique, mais doit convaincre l’Allemagne et la France plus longtemps que l’Angleterre.

Finalement, un accord équilibré est trouvé, qui inclut aussi les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). 

À cette occasion, il rencontre également le président russe Dmitry Medvedev afin de limiter la prolifération des armes nucléaires. 

Dans la foulée de son tour européen, le président se rend également en Irak pour soutenir les troupes américaines encore sur place.

Dans l’ensemble, le voyage est considéré comme un succès par les médias. 

Chapitre 15

La lutte contre le terrorisme est l’un des enjeux clés de la présidence de Barack Obama. 

C’est elle qui a fourni la justification des guerres en Afghanistan et en Irak à l’époque de G. W. Bush. Mais la bataille contre Al-Qaïda est devenue de plus en plus complexe au fil du temps. 

Terroristes et services de sécurité jouent au chat et à la souris, cherchant à déjouer les astuces ou les nouveautés technologiques des uns ou des autres. Barack Obama insiste sur les efforts des différentes institutions :

L’Agence de sécurité nationale (NSA) utilise des superordinateurs et une technologie de déchiffrement pour détecter les communications terroristes. 

Les équipes Navy SEAL et les forces spéciales de l’armée effectuent des raids de précision à l’intérieur et à l’extérieur des zones de guerre

La CIA développe de nouvelles façons de recueillir et d’analyser les renseignements. 

La Maison-Blanche elle-même s’adapte à l’ennemi, qui est en constante évolution.

Chaque mois, Barack Obama organise une réunion dans une salle spéciale où il réunit toutes les agences de renseignement pour examiner le développement des opérations et assurer la coordination. De cette façon, le président cherche à améliorer la coordination entre les différentes agences. 

Il veut également fermer le camp de prisonniers de Guantanamo. 

Barack Obama cherche également à communiquer autour de ces thématiques, à l’intérieur du pays comme à l’international. Il prononce notamment 2 discours sur l’Islam. 

Le premier, pour le peuple américain, vise à reconnaître les contributions des civilisations islamiques à la science, aux mathématiques et à l’art. Il cherche aussi à rendre compte du rôle du colonialisme et de l’Occident dans les luttes et les problèmes actuels. 

Le second, prononcé au Caire, met l’accent sur la démocratie, les droits de l’homme, les droits des femmes, la tolérance religieuse, la nécessité de paix en Israël et la création d’un État palestinien autonome. 

Chapitre 16

Barack Obama aborde ensuite la question des soins de santé. Ce que nous connaissons en Europe sous le nom d’Obama Care (un nom qui lui a en fait été donné par ses opposants du Tea Party !) est l’une des grandes réformes de son premier mandat. Comment cette politique a-t-elle pris naissance ?

Le président organise une conférence préliminaire sur le sujet auquel assiste le sénateur Ted Kennedy. Pour celui-ci, l’heure de l’assurance santé universelle est venue. Il insiste pour que Barack Obama saisisse l’occasion de faire l’histoire en cette matière. 

En 2008, plus de 43 millions d’Américains n’avaient pas d’assurance maladie. Comme il bénéficie d’une large majorité démocrate, le gouvernement Obama peut agir : il conçoit l’Affordable Care Act (ACA). 

Le président doit lutter contre les compagnies d’assurance et l’industrie pharmaceutique, qui font de la résistance, mais il ne lâche pas. Pour reconstruire le système de soins de santé, il s’inspire de celui conçu par Mitt Romney pour le Massachusetts et lui apporte les évolutions ou corrections nécessaires à son implémentation nationale. 

Ceux qui n’ont pas d’assurance fournie par le travail ou qui ne peuvent pas se permettre de souscrire eux-mêmes à une assurance reçoivent, grâce au système mis en place, un financement pour acheter une couverture santé. 

Les marchés en ligne permettent aux consommateurs de comparer les assurances et de contracter celle qui est la plus intéressante pour eux. D’un autre côté, les compagnies d’assurance se voient interdites de refuser un contrat aux personnes en situation difficile.

Alors qu’il donnait une conférence de presse sur le sujet, un journaliste du Chicago Sun-Times a posé une question hors sujet sur Henry Louis Gates Jr., un professeur noir de Harvard arrêté devant sa maison de Cambridge. 

Barack Obama répond que les policiers qui ont arrêté le professeur ont eu un comportement « stupide ». Cette réponse crée une réaction en chaîne : non seulement son propos sur les soins de santé passe inaperçu, mais il met aussi en colère les syndicats de police qui l’accusent d’élitisme. 

Ce bref commentaire a eu un impact sérieux sur la sympathie d’une partie de l’électorat blanc à l’égard de Barack Obama.

Chapitre 17 

L’ACA est soumis au Comité « Santé et éducation » du Sénat et à la Chambre des représentants. Dernière étape : passer devant le Comité sénatorial des finances, dirigé par le démocrate Max Baucus. Obama est optimiste et envisage de signer le projet avant la fin de l’année 2009, mais son collègue cherche à obtenir un plus large accord, notamment dans les rangs républicains.

Toutefois, la montée en puissance du Tea Party change la donne. Ce parti antifiscal, anti-régulation et antigouvernemental a non seulement surnommé l’ACA « Obamacare », mais le présente dans les médias comme un projet de loi socialiste qui changera l’essence même du pays. 

Par ailleurs, les membres de ce parti politique n’hésitent pas à se salir les mains : ils répandent des théories du complot sur l’euthanasie ou encore sur les origines et la confession religieuse de Barack Obama. 

Face à ces menaces, M. Baucus décide de faire avancer le projet de loi au sein du Comité sénatorial des finances. Trois semaines plus tard, le projet sera voté sur le fil.

Pour convaincre les citoyens, Barack Obama prononce un discours aux heures de grande écoute, juste avant une session du Congrès, pour vanter les avantages de l’ACA. Cela fonctionne assez bien, puisque le soutien de la population américaine au projet augmente, selon les sondages.

Finalement, c’est un projet plus souple et moins ambitieux que prévu qui passe le 21 mars 2010. Barack Obama voulait faire plus, mais il a dû faire avec la diminution de l’influence démocrate au Sénat (en raison, notamment, de la mort de Ted Kennedy et de la prise de son siège par un républicain). 

Partie 5 — Une Terre Promise - Le monde tel qu’il est

Chapitre 18

Dans ce chapitre de Une Terre promise, Barack Obama revient sur la guerre en Irak et en Afghanistan. Il doit travailler avec des collaborateurs républicains pour gérer au mieux la crise. Parmi les objectifs à atteindre en Irak, il y avait :

Le renforcement des institutions irakiennes ;

L’entraînement des forces de sécurité du pays ;

La reconstruction des infrastructures.

Le départ d’Irak pouvait être envisagé avec plus de sérénité, mais la situation afghane était bien plus compliquée. Attentats suicides et corruption, notamment, gangrènent le pays. Le Pakistan n’aide pas en fournissant aux Talibans et à Al-Qaïda des bases de repli.

Le général Stanley McChrystal, fraichement nommé, recommande une contre-offensive, qu’il relaye même dans les médias afin de pousser le président à sortir de sa réserve. Plus généralement, c’est l’armée elle-même qui fait pression pour qu’une décision musclée soit prise.

Barack Obama doit sévir auprès de certains responsables militaires pour ce type de comportement. Le fossé se creuse entre la Maison-Blanche et le Pentagone. Toutefois, après de nombreux débats, Barack Obama autorise un plan visant à envoyer 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan, tout en imposant un calendrier de retrait des troupes. 

Le mois suivant, il reçoit le prix Nobel de la paix.

Chapitre 19

La diplomatie est un point important de la présidence Obama. Le président cherche, tout au long de ces deux mandats, à renouer les liens parfois distendus avec les autres nations du globe. Il a agi pour la coopération internationale en promouvant auprès de ces équipes les valeurs d’intérêt mutuel et de respect.

Lui-même, lors de ces déplacements, veut montrer l’exemple. Il visite d’ailleurs des pays négligés par l’ancien président et souhaite rencontrer non seulement les hauts fonctionnaires, mais aussi les jeunes des contrées dans lesquelles il se rend. C’est un succès, puisque l’image des États-Unis dans le monde s’améliore nettement.

Cependant, la diplomatie a ses limites. Pour les problèmes plus sérieux, Barack Obama utilise un système ancien de récompenses et de punitions pour influencer l’action des leaders d’autres pays. C’est ce qu’il met en place avec l’Iran. 

Sa stratégie pour pousser le président Mahmoud Ahmadinejad à restreindre son programme de développement nucléaire est décomposée en 2 temps. 

Premièrement, il envoie une lettre secrète à l’ayatollah Khamenei pour ouvrir le dialogue sur les questions qui intéressent les deux pays ; celui-ci la rejette (comme s’y attendait Barack Obama). 

Deuxièmement, le président utilise les instances internationales pour mettre en place des sanctions économiques qui pousseront l’Iran à se mettre à la table des négociations.

Barack Obama a toutefois besoin d’un allié de taille : la Russie. Il rencontre d’abord Dmitry Medvedev, puis Vladimir Poutine. Lorsque le président américain demande à son homologue son avis sur les relations entre les États-Unis et la Russie, celui-ci commence à faire la liste de toutes les injustices et trahisons qui ont été commises, en particulier au temps de son prédécesseur, George W. Bush.

Selon Vladimir Poutine, G. W. Bush n’a pas accepté la main tendue qui lui était proposée après le 11 septembre. En plus, il a tendu les relations de façon encore plus extrême lorsqu’il a décidé de se retirer du traité sur les missiles antibalistiques et de faire héberger des systèmes de défense antimissile aux frontières de la Russie. 

Barack Obama s’efforce de répondre point par point, mais la discussion devient de plus en plus difficile. Il quitte la Russie inquiet. Que deviendra le pays sous l’influence grandissante de son président ?

Chapitre 20 

Le chapitre 20 de Une Terre promise poursuit la discussion sur les manœuvres diplomatiques d’Obama pour freiner le programme nucléaire iranien. L’Iran insiste sur le fait que ses équipements et ses stocks d’uranium enrichi sont utilisés à des fins civiles. 

Or, c’est faux. Mais ce prétexte fournit des raisons suffisantes à la Russie et à la Chine pour bloquer les sanctions auprès du Conseil de sécurité de l’ONU. 

Barack Obama et ses équipes doivent donc continuer à travailler sur ces 2 fronts : russe et chinois. 

Sur le front russe, le président révèle des informations secrètes à la Russie qui déstabilisent la relation entre ce pays et l’Iran. Au niveau de la Chine, Barack Obama doit négocier avec le président Hu Jintao. Outre la question iranienne, ils doivent notamment parler des conflits commerciaux et de la Corée du Nord. 

Il en appelle par ailleurs à l’intérêt propre des Chinois, en avertissant Hu Jintao que les États-Unis ou les Israéliens pourraient être contraints de frapper les installations nucléaires iraniennes. Or, cela aurait un impact négatif sur les approvisionnements pétroliers chinois. 

Les résultats de ces ouvertures diplomatiques avec la Chine apparaissent au printemps 2010. Mais c’est à l’été que les résultats concernant la question iranienne se font jour : la Russie et la Chine acceptent de voter de nouvelles sanctions contre l’Iran au Conseil de sécurité de l’ONU.

Chapitre 21

Dans le chapitre 21 du livre Une Terre promise, Barack Obama fait le bilan sur ses politiques en matière d’environnement :

Nomination de Carol Browner, ancienne chef de l’Agence de protection de l’environnement, à ses côtés pour gérer ses questions ;

Proposition d’un programme complet de réduction de 80 % des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis d’ici 2050 ;

Transformation du secteur de l’énergie en créant un fonds pour développer la recherche et le développement d’énergies propres. Cela conduit à une forte baisse du coût des sources d’énergies renouvelables. 

Il souhaite aussi influencer les pays les plus polluants à signer un accord international sur le climat.

Création de réglementations fédérales, notamment concernant les normes de kilométrage et les normes d’efficacité énergétique. 

Les républicains ne lui facilitent pas la tâche, mais après un long lobbying et la réalisation de compromis, il parvient à faire passer son projet de loi sur le climat à la Chambre. Huit républicains modérés votent en faveur du projet de loi. Après d’intenses discussions, le Sénat adoptera lui aussi un projet de loi modifié. 

Au niveau international, Barack Obama se bat pour que les pays les plus riches fournissent une aide financière aux pays les plus pauvres, tant que ceux-ci respectent leurs engagements en matière de changement climatique. 

Le sommet mondial des Nations Unies sur le changement climatique de 2009, la 15 COP, se tient à Copenhague. Les dirigeants européens, dont Angela Merkel, expriment leur frustration vis-à-vis de l’attitude du président des États-Unis, car ils cherchent à définir des objectifs plus ambitieux.

Même si la conférence est considérée comme un échec, Barack Obama se félicite d’avoir finalement pu signer un accord (très peu contraignant) avec les pays européens et les autres nations du monde, notamment les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). 

Partie 6 — Une Terre Promise - Dans le tonneau

Chapitre 22

La politique du président Obama doit faire face à des critiques de plus

en plus vives, principalement du côté du parti républicain et de son aile droite du Tea Party. Il perd en popularité dans les sondages. La presse aussi devient plus critique. 

Le plus gros problème d’Obama, cependant, demeure l’économie. Il sait que de nombreux foyers risquent de perdre leurs économies et leur maison. Il doit faire face aux tentatives de réduire les aides financières qui sont octroyées, car les républicains les considèrent comme dangereuses pour la santé budgétaire du pays.

En 2010, l’économie des États-Unis se porte mieux. Mais ce n’est pas gagné. La récession européenne crée un effet d’aspiration qui nuit au décollage américain. La dette grecque est particulièrement problématique. Contre ses homologues français et allemand, qui préfèrent jouer l’austérité, Barack Obama plaide pour un plan d’aide à la Grèce visant à stabiliser l’économie.

Dans le même temps, le président américain cherche aussi à faire passer son plan de réforme de Wall Street. L’objectif ? Réduire la possibilité des crises financières de cette nature à l’avenir et responsabiliser les institutions marchandes.

Le processus législatif est complexe et oblige à des compromis. Au final, la loi passe durant le mois de juillet. Elle diffère assez substantiellement de la proposition originale, mais contient, selon le président, de bonnes et importantes mesures. Malheureusement, ce travail reste invisible aux yeux du public et Barack Obama ne peut donc en profiter pour remonter dans les sondages.

Chapitre 23

En avril 2010, la catastrophe environnementale de Deepwater Horizon, la plateforme de forage pétrolier, frappe les côtes américaines. C’est le plus grand déversement de pétrole dans la mer de l’histoire des États-Unis. 11 travailleurs de BP sont morts et au moins 4 millions de barils de pétrole se sont déversés dans le golfe du Mexique. 

Barack Obama envoie des experts pour coordonner l’effort de nettoyage, qui s’avère particulièrement complexe puisque les fuites se situent au fond de l’océan. 

Peu à peu, la presse et le public commencent à rejeter la faute sur le président lui-même. Celui-ci aurait fait preuve de laxisme en autorisant ces forages et en minimisant les questions de sécurité. La publication de vidéos en temps réel des fuites n’arrange pas les choses. La colère gronde.

Ne pouvant stopper totalement les fuites dans un premier temps, l’administration Obama se concentre sur la prévention de futurs incidents. Le président annonce la formation d’une commission chargée d’établir des lignes directrices en matière de sécurité. 

Il veille également à ce que BP (l’entreprise responsable de la fuite) tienne sa promesse d’indemnisation vis-à-vis des personnes touchées par le sinistre. 

Finalement, l’équipe d’experts parvient à boucher la fuite et les travaux de nettoyage sont entrepris.

Barack Obama aborde ensuite les élections de mi-mandat. Cette catastrophe, cumulée avec une économie encore fragile et des troupes militaires toujours engagées à l’étranger, crée un risque pour les démocrates. 

Par ailleurs, les républicains attaquent la décision du président de libérer et rapatrier chez eux des détenus du camp de Guantanamo. Ils jouent toujours sur la même carte : Barack Obama serait trop laxiste vis-à-vis du terrorisme. 

Les élections de mi-mandat rendent leur verdict : en perdant 63 sièges à la Chambre, les démocrates perdent leur contrôle du Congrès.

Chapitre 24

Bien sûr, Barack Obama est déçu de perdre le Congrès. Mais il n’en demeure pas moins déterminé à agir en fonction de son programme et des convictions politiques. Il se promet de trouver le moyen de renouer le dialogue avec les Américains. Par ailleurs, il va devoir réapprendre à négocier avec les républicains. 

Lors de la seconde partie de son mandat, il cherche à faire avancer 4 initiatives qui lui tiennent à cœur :

La ratification de New START, un accord de non-prolifération nucléaire qu’il a négocié avec la Russie.

L’abrogation de Don't Ask, Don't Tell, une loi interdisant aux personnes LGBTQ de servir ouvertement dans l’armée. 

Un projet de loi de réforme de l’immigration appelé la loi DREAM, qui établit une voie vers la citoyenneté pour les enfants d’immigrants sans papiers. 

Un projet de loi sur la nutrition des enfants dirigé par Michelle. 

À l’exception notable de la loi DREAM, toutes les initiatives furent adoptées par le Congrès après d’intenses débats. 

Autre point du programme : la réduction des impôts pour la classe moyenne et leur augmentation pour les riches. Toutefois, la crise de 2008 modifie la donne. Augmenter les impôts, pense-t-il, serait trop risqué.

Joe Biden négocie avec les républicains pour permettre aux plus pauvres de bénéficier des prestations de chômage d’urgence et du crédit d’impôt. 

Barack Obama fait également appel à l’ancien président Bill Clinton pour un point de presse impromptu. Celui-ci l’aide à faire passer l’accord fiscal proposé par son administration et à calmer les critiques venues des médias.

Partie 7 — Une Terre Promise - Sur la corde raide

Chapitre 25

Les événements au Moyen-Orient font la une de l’actualité en 2010 : le conflit israélo-arabe qui s’enlise à nouveau et le printemps arabe. 

Sur le premier volet, Barack Obama réaffirme son engagement pour faciliter la paix entre Israël et la Palestine. C’est, selon lui, à la fois comme un impératif moral et une obligation pour la sécurité nationale. 

Un travail diplomatique est entrepris par Bill Clinton pour mettre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas à la table des négociations. 

En parallèle, le président lui-même négocie un arrêt temporaire de la construction de nouvelles colonies en Cisjordanie et organise la première réunion entre Netanyahou et Abbas à l’Assemblée générale des Nations Unies. 

Toutefois, des tensions resurgissent lorsque les parties apprennent que Netanyahou a autorisé de nouvelles colonies à Jérusalem-Est. Le processus de paix est de nouveau au point mort. Abbas accepte par la suite de revenir à la discussion grâce à l’intervention du président égyptien Hosni Moubarak et du roi Abdallah de Jordanie. 

Barack Obama accueille les trois chefs d’État aux côtés de Netanyahou, lors d’un dîner privé à la Maison-Blanche pour lancer les pourparlers. Deux rencontres entre Israéliens et Palestiniens ont lieu dans les jours qui suivent. Malheureusement, Israël refuse de prolonger le gel de la colonisation des terres palestiniennes, brisant les espoirs de l’administration Obama de parvenir à un accord de paix.

Qu’en est-il du Printemps arabe ? Cette série de soulèvements antigouvernementaux a commencé en décembre 2010, en Tunisie d’abord, puis en Égypte, en Syrie, en Lybie et au Bahrain. Les répressions sont violentes. 

Dans son discours sur l’état de l’Union de la fin de l’année, Barack Obama affirme son soutien au peuple tunisien et à tous ceux qui promeuvent la démocratie. Il s’indigne également publiquement de la violence du gouvernement Mubarak en Égypte et ailleurs. Il appelle à la démission de Muammar Gaddafi en Lybie, mais résiste à l’idée d’envoyer de nouvelles troupes américaines sur place.

Chapitre 26

Le chapitre 26 de Une Terre promise aborde 2 questions principales : 

Le problème de Kadhafi ;

L’obstructionnisme républicain. 

Les objectifs d’Obama en Libye sont d’empêcher le massacre de civils et de donner aux Libyens une chance de créer un nouveau gouvernement. À cette fin, son équipe élabore un plan permettant aux États-Unis et à leurs alliés d’attaquer les forces de Kadhafi. 

L’ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU distribue un projet de résolution parmi les membres du Conseil de sécurité. Le président russe émet des réserves, mais il n’y oppose pas son veto. Tous les éléments de l’opération sont mis en place très rapidement. 

Les troupes libyennes entrent à Benghazi, ce qui incite Obama à répondre. Des navires de guerre américains et britanniques tirent des missiles Tomahawk et détruisent les défenses aériennes libyennes. Les avions à réaction européens ciblent les forces qui avançaient sur Benghazi. L’armée de Kadhafi se retire en quelques jours. 

Malgré le succès de la mission, l’opération libyenne se transforme en un problème de relations publiques pour le président américain. 

À l’étranger, Vladimir Poutine critique la résolution, malgré le soutien implicite de Dmitri Medvedev. 

À l’intérieur, les républicains se montrent critiques et mettent en doute la légalité de l’opération.

Les problèmes créés par les républicains ne s’arrêtent pas là. Comme ils contrôlent le Congrès, ils cherchent à freiner les dépenses gouvernementales, ce qui met en danger les plans de Barack Obama en matière de reprise économique. Ils menacent aussi d’empêcher l’administration Obama de payer la dette du pays. 

Mais ce n’est pas tout : Donald Trump commence à avoir du succès et à diffuser des idées fausses sur les origines de Barack Obama. La Maison-Blanche décide de rester silencieuse pour ne pas mettre de l’huile sur le feu, mais les sondages montrent que 40 % des républicains croyaient à ces mensonges.

Chapitre 27

Le dernier chapitre de Une Terre promise, porte sur l’opération visant à éliminer Oussama ben Laden, le cerveau des attentats du 11 septembre. C’était une promesse de longue date de Barack Obama et un point clé de son mandat. 

Pour lui, c’est une priorité absolue pour 3 raisons : 

Ben Laden était une source de douleur pour ceux qui ont perdu des êtres chers le 11 septembre. 

Il était le recruteur le plus efficace d’Al-Qaïda.

L’élimination de Ben Laden réoriente la stratégie antiterroriste du pays. 

En effet, Barack Obama préfère se concentrer sur les terroristes responsables du 11 septembre, plutôt que sur la poursuite d’une guerre ouverte contre le terrorisme en général. 

La première avancée significative de cette opération intervient peu après le neuvième anniversaire du 11 septembre. La CIA identifie un grand complexe dans un quartier aisé d’Abbottabad, au Pakistan. Elle pense qu’il s’agit de la cachette de Ben Laden.

L’un des résidents, un grand homme surnommé le Pacer, ne quitte jamais le bâtiment. Barack Obama a alors 2 options : 

Lancer un raid aérien ;

Préparer une mission d’opérations spéciales terrestre. 

Il choisit la seconde. 

Pendant le temps de la préparation et de l’entraînement des équipes, Barack Obama veille à répondre aux allégations de Donald Trump en publiant son certificat de naissance dans la presse. 

Le lendemain, il doit choisir. L’identité du Pacer demeure incertaine. Faut-il attaquer ou non ? Dans son équipe rapprochée, Bill Clinton y est favorable, mais Joe Biden cherche à l’en dissuader. Il décide d’y aller.

Pendant que l’opération est en cours, il effectue plusieurs voyages intérieurs :

Il se rend en Alabama pour se rendre compte des dommages causés par une tornade ;

À Cap Canaveral pour le lancement final de la navette spatiale Endeavor ;

Enfin, il prononce un discours au Miami Dade College. 

Le lendemain, il participe au dîner des correspondants de la Maison-Blanche, où il fait un petit discours au cours duquel il se moque ouvertement de Donald Trump, présent dans la salle. 

Le lendemain matin — le 2 mai 2011 —, une équipe SEAL lance la phase finale de l’opération Neptune. Barack Obama et ses conseillers observent le cours des événements dans la salle de crise.

Après une longue période de silence, ils entendent les mots « Geronimo ID'd » et « Geronimo EKIA » (ennemi tué en action). Près de dix ans après avoir orchestré les attentats du 11 septembre, Ben Laden est exécuté par les services américains.

Conclusion sur « Une Terre promise » de Barack Obama :

Ce qu’il faut retenir de « Une Terre promise » de Barack Obama :

Une Terre Promise est faite pour celles et ceux qui aiment la politique et veulent entrer dans les coulisses de la Maison-Blanche durant la présidence de Barack Obama. L’auteur y traite une grande variété de thèmes politiques et sociaux sur plus de 900 pages ! 

Il fait part de ses raisons pour agir, de ses doutes, de ses émotions aussi. Vous y découvrirez mieux le personnage et ses traits de caractère. 

La structure de Une Terre promise est très bien pensée, ce qui permet de suivre les débuts de Barack Obama, puis d’entrer dans tout l’univers des élections : d’abord étatiques, ensuite fédérales. Le récit de la course à la Maison-Blanche est particulièrement passionnant.

À partir de là, le récit s’attache aux principaux aspects du premier mandat de Barack Obama. Les chapitres oscillent entre questions d’ordre intérieur — crise économique, catastrophes, conflits avec les républicains — et les problématiques de politique étrangère ou internationale — guerres, enjeux environnementaux, etc.

La plume de l’ancien président est toujours simple et alerte. Il cherche à nous faire comprendre ses dilemmes et à nous faire voir ce que c’est que d’être président des États-Unis, sans nous bombarder de termes experts ou de trop d’informations.

Les points forts et les points faibles du livre

Points forts de Une Terre promise :

Une porte d’entrée dans le Bureau Ovale ;

Une façon efficace de créer plus d’intimité avec l’ancien président des États-Unis ;

De nombreux rappels historiques qui permettent de mieux comprendre l’Histoire.

Points faibles de Une Terre promise :

Un pavé — attention à la tendinite !

Ma note après la lecture de Une Terre promise :

★★★★★

Le petit guide pratique du livre Une Terre promise de Barack Obama

Les grands axes du livre Une Terre promise de Barack Obama

Crise économique

Terrorisme

Montée en puissance de la droite conservatrice de Donald Trump

Foire Aux Questions (FAQ) du livre Une Terre promise de Barack Obama

  1. Comment le public a accueilli le livre Une Terre promise de Barack Obama ?

Une terre promise a bien été accueilli par le public. Le livre s’est rapidement imposé et est très vite devenu un best-seller après sa parution. Le livre a été très bien accueilli par le public.

  1. Quel fut l’impact du livre Une Terre promise de Barack Obama ?

Le livre a eu une influence considérable sur le public. Il a stimulé des débats sur la politique américaine, et a fourni un contexte historique précieux. Il a également incité les lecteurs à s'impliquer davantage dans la vie publique.

  1. À qui s’adresse le livre Une Terre promise de Barack Obama ?

Le livre de Barack Obama « Une Terre Promise » s'adresse à un large public, en particulier à ceux qui s'intéressent à la politique et à l'histoire récente des États-Unis. Il s'adresse également à ceux qui ont suivi la présidence de Barack Obama ou qui souhaitent en savoir plus sur son parcours en tant que 44e président des États-Unis.

  1. Qu’est-ce que le super Tuesday ?

Le Super Tuesday est un jour très particulier dans la campagne des élections primaires. C’est le jour où plus de la moitié des États votent pour élire les candidats de chaque parti.

  1. Quels sont les objectifs du président Obama en Irak

Le renforcement des institutions irakiennes

L’entraînement des forces de sécurité du pays

La reconstruction des infrastructures

Les 2 programmes supplémentaires de Barack Obama vs Les 2 missions de Michelle Obama

Deux programmes de Barack Obama Deux missions de Michelle Obama

Le Home Affordable Modification Program (HAMP) La lutte contre l’épidémie d’obésité

Le Home Affordable Refinance Program (HARP) L’aide aux familles des militaire

Qui est Barack Obama ?

Barack Obama est un homme politique américain né à Honolulu (Hawaï) en 1961. Il a été le 44ᵉ président des États-Unis, pendant deux mandats, de 2009 à 2017. Barack Obama a acquis une certaine notoriété en tant que premier président afro-américain. Au cours de sa présidence, il a dû relever des défis tels que la crise financière mondiale, la réforme du système de santé et la lutte contre le terrorisme. Ses réalisations comprennent l'adoption de la loi sur les soins abordables (Obamacare), la reprise économique et la normalisation des liens avec Cuba. M. Obama est également connu pour son attitude calme et réfléchie, ses talents d'orateur et son plaidoyer en faveur de l'inclusion et de la diversité. Il est resté actif dans la vie publique depuis la fin de son mandat et a écrit un certain nombre de livres à succès dont « Une Terre promise ».

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Devenir http://www.olivier-roland.fr/items/view/12488/Devenir

Chronique et résumé de « Devenir » de Michelle Obama : l'autobiographie de la Première dame des États-Unis vous fait entrer dans l'intimité du couple le plus glamour de la Maison-Blanche et dans les coulisses des décisions politiques les plus importantes de la fin du XXe siècle. 

Michelle Obama, 2018, 520 pages.

Titre original : Becoming (2018).

Chronique et résumé de « Devenir » de Michelle Obama 

Première partie — Devenir moi

Chapitre 1

Michelle Robinson naît le 17 janvier 1964 à Chicago. Ses parents, Fraser et Marian Robinson, louent un appartement au-dessus de celui de ses oncle et tante, Terry et Robbie. Or, il se trouve que cette dernière est professeure de piano.

Bientôt, Craig, le frère aîné de Michelle, commence à prendre des cours. Bien sûr, celle-ci veut l’imiter ! De façon générale, toute la famille adore la musique et l’ancienne Première Dame se souvient en particulier du premier album que l’un de ses oncles lui a offert : Talking Book de Stevie Wonder.

Michelle Obama raconte également plusieurs anecdotes intéressantes à propos des cours de piano. Elle se souvient qu’elle se repérait sur le clavier parce que l’une des notes — un do au milieu du clavier — était légèrement cassée.

Elle se rappelle aussi qu’elle fait rapidement des progrès et qu’elle veut aller plus loin. Pourtant, Robbie l’empêche parfois de jouer les morceaux dont elle a envie, parce qu’elle pense qu’elle n’est pas encore prête. Son père et sa mère regardent ces conflits avec une curiosité amusée.

Lors d’un récital annuel organisé par sa tante, toute la famille est réunie dans le grand hall où l’événement a lieu. Son père, atteint d’une sclérose en plaques, ne peut guère marcher longtemps et il faut donc garer sa Buick le plus près possible de l’entrée.

Au début de la représentation, Michelle Obama est perturbée : elle ne retrouve plus le do ébréché qui lui servait de point de référence ! Heureusement, Robbie lui montre la bonne position et la petite fille se met à jouer pour son public.

Chapitre 2

À l’école, Michelle Obama est rapidement une bonne élève : faisant preuve d’une grande soif d’apprendre, elle saute une classe et se retrouve avec des gens plus calmes, ce qu’elle préfère.

Son grand frère est un modèle à bien des égards pour elle. Il joue très bien au basket et se fait des amis très facilement. La petite fille, quant à elle, est un peu plus réservée. Pourtant, vers 9 ans, elle parvient à se faire respecter par une dure à cuire et se lie d’amitié avec elle.

Son père travaille dans une usine de filtration d’eau et gagne correctement sa vie. Sans être riches, les Robinson s’en sortent correctement. Chaque année, toute la famille se retrouve une semaine dans un centre de vacances où tous peuvent s’amuser dans la piscine et oublier la maladie et les soucis du quotidien.

Même si elle a une enfance paisible, le racisme est présent dans l’enfance de Michelle Obama. Un jour, alors qu’ils visitent des amis dans une banlieue riche plutôt peuplée de blancs aisés, la voiture de son père se fait vandaliser.

Chapitre 3

Malgré sa maladie, le père de Michelle Obama cherche à se rendre utile et à participer à la vie de sa communauté. Il se porte notamment volontaire pour aider le parti démocrate dans sa circonscription.

Lors de ses tournées de quartier, sa fille l’accompagne. Sur le moment, elle est réticente ; mais à postériori, elle reconnaît que cela l’a aidé à devenir plus sociable.

Michelle Obama parle également de ses grands-parents :

Southside, le grand-père maternel, est un grand fan de musique et de fêtes familiales. Il lui offre également un chien qui reste chez lui… mais qui est le sien !

Dandy, le grand-père paternel, est un homme en colère contre ses proches et contre le monde en général.

Michelle Obama ose parfois lui répliquer. Elle trouve en effet révoltant qu’il s’en prenne à sa femme, LaVaughn, qui gère avec succès une librairie. Selon elle, l’amertume de Dandy vient des échecs universitaires et professionnels auxquels il a dû faire face.

Un jour, l’un de ses cousins lui demande pourquoi elle parle « comme une Blanche ». Cela l’étonne sur le moment. En fait, elle se rappelle que sa famille l’a toujours incité à parler un anglais correct, bien articulé.

Il est étrange que cela éveille encore le soupçon ! Barack Obama lui-même, lorsqu’il deviendra président, devra répondre à des questions de ce genre.

Chapitre 4

Les Blancs et Noirs les plus riches quittent le quartier dans le 4e chapitre du livre Devenir. Cet exode se ressent au niveau scolaire. Sa mère, Marian, cherche à maintenir le niveau d’enseignement en :

Récupérant des fonds pour acheter des équipements ;

Organisant des repas pour les professeurs ;

Soutenant un programme pour les élèves doués.

Michelle Obama participe à ce programme et s’en sort très bien. Marian est une épouse et un parent attentif et qui prend soin de toute la famille du mieux qu’elle peut, même si elle voudrait bien parfois s’enfuir.

Adolescente, Michelle Obama fréquente beaucoup deux sœurs, qui sont devenues ses meilleures amies. Elles font du shopping, s’intéressent aux garçons. Elle se souvient de son premier baiser. Ainsi que des commentaires et des regards qui peuvent, parfois, s’avérer indésirables.

Désormais, Craig et Michelle ne partagent plus leur chambre. Cela permet encore davantage à la jeune fille de prendre son autonomie.

Chapitre 5

Pour subvenir aux besoins de la famille et à l’éducation des enfants, Marian travaille comme assistante de direction.

Ses parents envoient Craig dans un lycée catholique à majorité blanche où il peut étudier de façon sérieuse tout en jouant au basket. 

Michelle Obama entre quant à elle au lycée Whitney Young. Assez éloignée de chez elle, cette école accueille principalement des élèves noirs et hispaniques.

Par ailleurs, elle se souvient que l’intelligence y est perçue positivement. La jeune fille cherche à faire aussi bien que les meilleurs.

Au cours de sa scolarité, Michelle Obama se lie d’amitié avec Santita Jackson. Santita est la fille du révérend Jesse Jackson, le leader des droits civiques. Elle se souvient de certaines réunions publiques où elle et son amie se retrouvaient prises dans la foule.

C’est là, dit-elle, qu’elle s’est aperçue que la vie politique n’est pas ordonnée et prévisible comme elle le souhaiterait.

Craig a obtenu une place de joueur titulaire dans l’équipe de basket-ball de Princeton. Son père en est très fier. Comme pour le piano (et pour d’autres choses), Michelle Obama veut suivre les pas de son grand frère ! 

Malgré l’avis plutôt négatif d’un conseiller d’orientation, elle se lance et elle est admise au sein de la prestigieuse université.

Chapitre 6

C’est en 1981 que Michelle Obama fait son entrée à Princeton. C'est à ce moment qu'elle en profite pour rompre — maladroitement — avec son petit ami de l’époque, David. 

Elle parvient peu à peu à se faire à sa nouvelle vie d’étudiante, même si certaines expressions et habitudes la surprennent parfois. Parfois, elle bénéficie aussi d’être la petite sœur de Craig.

Si le racisme n’est pas très explicite ou problématique, il est néanmoins présent. Elle se souvient par exemple d’une expérience assez déplaisante.

En l’occurrence, la mère de sa colocataire blanche a fait changer celle-ci d’habitation pour qu’elle ne soit plus avec Michelle Obama. Celle-ci ne l’apprendra que plus tard.

Qu’à cela ne tienne, Michelle se lie d’amitié avec Suzanne dans ce chapitre du livre Devenir. Une jeune femme brillante et gaie originaire de Jamaïque — et devient sa colocataire.

Bien sûr, la vie n’est pas toujours rose : Michelle Obama doit accepter un peu de désordre, elle qui l’aime pourtant par-dessus tout… Et elle se souviendra de ces compromis lorsqu’elle emménagera avec Barack Obama !

La jeune femme travaille désormais. À l’initiative de sa cheffe, elle lance même un petit programme d’aide scolaire pour les enfants du personnel noir de Princeton.

Elle sent bien que ses parents vieillissent, mais ne se rend pas compte de la gravité de la situation de son père par téléphone. Ce n’est que lorsqu’elle revoit son père à l’occasion d’un match de basket de Craig qu’elle en prend conscience. Il se déplace désormais en fauteuil roulant. 

Chapitre 7

Michelle Obama se sent bien à l’université de Princeton. Elle y prend vraiment ses marques et aime sa vie là-bas.

En plus, cela lui donne l’occasion de mieux connaître sa famille et ses racines. La sœur de son grand-père Dandy, Tante Sis, y vit à Princeton. Et celle-ci aime raconter l’histoire familiale lors de dîners occasionnels qu’elle organise.

Michelle Obama se rend compte que certains de ses aïeux vivaient à Georgetown, en Caroline du Sud, et étaient esclaves dans des plantations.

À cette époque, plusieurs personnes de sa famille décèdent, dont son grand-père Southside, avec qui elle était proche, enfant.

Michelle Obama a un nouveau petit ami, mais s’en détache après ce qu’elle considère être une preuve d’égocentrisme (devenir la mascotte d’une équipe sportive). Elle sait ce qu’elle veut : obtenir son diplôme de droit. Ce qu’elle fait.

Elle obtient un diplôme de sociologie, puis de droit à Harvard. Ensuite, sans grandes difficultés, elle décroche un emploi dans un cabinet haut de gamme de Chicago.

Pourtant, elle se rend maintenant compte que ce n’est pas la vie qui lui plaît. Que faire ? Le hasard va décider pour elle : il se trouve justement que l’entreprise vient de lui demander d’être l’encadrante de stage d’un étudiant en droit de Harvard au nom étrange.

Chapitre 8

Dans ce chapitre de Devenir, la jeune femme s’est spécialisée en marketing et en propriété intellectuelle. Elle gagne désormais bien sa vie. Pourtant, elle vit avec ses parents dans la vieille maison héritée de son oncle Robbie.

Elle remarque à cette occasion que le quartier est en déclin. Toutefois, il est relativement épargné par l’épidémie de crack ayant ravagé d’autres communautés afro-américaines du pays.

Premier jour de travail de Barack Obama au cabinet : celui-ci arrive en retard ! Il est mince, mais beau, avec une belle voix et un beau charisme. Et un esprit brillant qui fait vite sa renommée au sein de l’entreprise ! Par contre : il fume et Michelle — bientôt Obama — déteste ça. 

Le jeune homme a trois ans de plus que Michelle, mais il est toujours à l’université. Cela s’explique par son parcours particulier. Dans son enfance et sa jeune vie d’adulte, il a beaucoup voyagé. 

Il s’intéresse beaucoup à la vie de la communauté et affirme qu’il veut étudier le droit car il voit que les changements sociaux passent par des évolutions politiques et légales.

L’alchimie opère. Surtout lorsqu’elle le voit jouer au basket-ball lors d’un barbecue d’entreprise. Il ne lui en faut guère plus pour qu’elle accepte une glace… et un premier baiser.

Deuxième partie — Devenir nous

Chapitre 9

Leur relation devient vite sérieuse. Un soir, elle est particulièrement ébahie par les talents d’orateur de son nouveau petit ami, qui cherche à convaincre quelques paroissiens de la communauté de travailler pour « le monde tel qu’il devrait être », au lieu de se contenter du « monde tel qu’il est ».

Elle présente Barack Obama à ses parents. Son père pense que la relation ne durera pas, car Michelle est trop ambitieuse. Ce sera sans compter sur les propres ambitions du futur président des États-Unis !

Celui-ci lui avoue sa flamme et, alors qu’il retourne à Harvard, ils commencent une relation à distance, par téléphone. 

Elle rend visite à sa famille à Honolulu pendant Noël. Elle apprécie la chaleur humaine de ces rencontres et observe son futur mari plus détendu que d’habitude. 

Michelle Obama fait partie de la team recrutement de son entreprise. Elle insiste pour modifier les critères de sélection et accepter davantage de personnes que les seuls diplômés de Harvard et consorts.

Cela dit, ses visites à Harvard dans le cadre de son travail lui permettent de voir Barack Obama. Elle est également restée en contact avec son amie Suzanne. Malheureusement, atteinte d’un cancer en phase avancée, celle-ci décèdera quelques années plus tard.

Chapitre 10

Barack Obama et Michelle emménagent à Chicago, dans l’appartement situé à l’étage supérieur de celui de ses parents.

Le frère de Michelle, Craig, lui fait passer un « test ». Comment ? En observant sa manière de jouer au basket. Il le réussit, car il allie correctement la volonté de faire des passes (le jeu collectif) et celle de tirer (l’ambition de gagner).

Une fois son diplôme en poche, Barack Obama se destine à une carrière d’avocat spécialisé dans les droits civiques.

Quant à Michelle Obama, elle se rend de plus en plus compte qu’elle n’aime pas son métier. En outre, elle souffre d’anxiété, car elle a parfois des difficultés à trouver sa place face à l’ambition de son conjoint.

La question du mariage les divise :

Michelle Obama estime que l’union complète de deux personnes qui s’aiment est naturelle (elle a pour modèle ses parents, restés ensemble toute leur vie) ;

Barack Obama considère le mariage comme le moyen pour deux personnes d’avancer ensemble et de se soutenir dans l’accomplissement des rêves de chacun (son modèle est plutôt sa mère, libre et autonome).

C’est au tour du père de Michelle Obama de décéder, après une lente détérioration de santé. Les derniers moments entre la fille et son père sont doux et émouvants.

Chapitre 11

La vie est courte : voici la leçon que tire Michelle Obama des décès de son père et de son amie. Elle sent qu’elle doit prendre un virage professionnel maintenant.

Après plusieurs mises en relation, Michelle Obama décide de travailler pour le parti démocrate et l’équipe du maire de Chicago de l’époque.

Barack Obama lui fait sa demande en mariage lors d’un dîner au cours duquel ils célèbrent la réussite de celui-ci au barreau. Il commence pourtant par lui faire croire qu’il reste sur ses positions… Mais lorsque Michelle soulève le couvercle du plateau de desserts, une bague l’attend !

Barack Obama se met à genoux pour lui demander sa main et elle accepte. Peu de temps après, ils s’envolent pour le Kenya où la future Première dame rencontre la grand-mère de son fiancé, Sarah.

Bien qu’elle ressente une sensation étrange, en tant qu’Afro-Américaine en Afrique, elle se sent bienvenue et accueillie chaleureusement.

Chapitre 12

Michelle Obama travaille comme représentante du bureau du maire sous la direction de Valerie Jarrett et Barack Obama s’occupe quant à lui du Projet VOTE ! et se concentre sur l’inscription des électeurs dans la région de Chicago.

En octobre 1992, le couple se marie. Suit une lune de miel en Californie.

Au retour, le couple doit affronter une mauvaise nouvelle : un éditeur mécontent veut récupérer l’avance donnée à Barack Obama pour un livre que celui-ci n’a jamais écrit. Le contrat est annulé et il doit donc, de fait, la rembourser. 

Mais il y a aussi du positif ! Le travail de Barack Obama à Chicago a aidé :

Bill Clinton a remporté la présidence ;

Carol Moseley Braun a été élue au Sénat américain.

Barack Obama veut tout de même travailler sur le livre qu’il a en tête et le vendre à un nouvel éditeur. Pour ce faire, il s’isole dans une cabane… à Bali.

Michelle Obama, quant à elle, s’interroge sur ses capacités à associer carrière et vie de famille épanouie. Lorsque Barack rentre avec son livre presque terminé en main, sa femme, toujours en proie au doute, pense à se diriger vers le milieu associatif.

Peu après, les Obama achètent un appartement à Hyde Park.

Chapitre 13

Michelle co-fonde une nouvelle organisation, dont elle devient la directrice : Public Allies. Son but : aider les jeunes gens à travailler dans le secteur associatif. C’est un succès, en partie grâce à l’aide financière de leurs connaissances.

La jeune femme obtient également un emploi à l’université de Chicago. En tant que doyenne associée, elle se charge notamment de faire le lien entre les étudiants et les offres de bénévolat, un travail qu’elle connaît bien et apprécie.

Barack Obama travaille quant à lui pour un cabinet d’avocats d’intérêt public. Il traite surtout des affaires de droit de vote et de discrimination à l’embauche.

En outre, il enseigne à la faculté de droit de l’université de Chicago et continue ses activités d’animateur communautaire.

Il trouve également le temps d’achever son premier livre en travaillant d’arrache-pied le soir : Dreams of My Father (Rêves de mon père).

Mais ce n’est pas tout : son mari choisit également de se présenter au Sénat de l’État de l’Illinois. Si elle est réticente au début, elle ne l’empêche toutefois pas d’agir.

Et il remporte la victoire ! Ce premier pas en politique « officielle » est l’occasion pour lui, et pour elle, d’expérimenter avec satisfaction ce nouveau type de fonctions.

Mais deux chagrins familiaux viennent frapper à la porte :

La mère de Barack Obama meurt avant que celui-ci n’ait pu lui faire ses adieux.

Michelle Obama fait une fausse couche.

Finalement, le couple se tourne vers la fécondation in vitro après plusieurs années d’essais infructueux. Malia, leur première fille, naît le 4 juillet.

Chapitre 14

Dans ce chapitre de Devenir, Michelle Obama reprend ses activités de doyenne à mi-temps tout en s’occupant de sa fille. Et elle se sent plutôt débordée, même avec une nounou à la maison. 

À cette époque, Barack Obama perd une élection primaire contre un député démocrate. Il est critiqué pour n’être pas rentré en Illinois lors d’une affaire importante. En fait, il était à Honolulu et il lui était très difficile de quitter ses proches à ce moment-là.

La famille accueille Sasha, et Michelle Obama décide de revoir ses priorités suite au départ de la baby-sitter. Elle parvient néanmoins à se faire embaucher au centre médical de l’université de Chicago en tant que directrice de l’action sociale. C’est un travail qui lui donne plus de flexibilité et qui lui permet d’obtenir de l’aide supplémentaire à la maison.

11 septembre 2001. Les attentats. George W. Bush est président. Barack Obama, quant à lui, pense au Sénat américain.

Mais c’est la goutte d’eau pour Michelle Obama : elle n’en peut plus des retours tardifs de son mari. Une thérapie de couple les aide à remonter la pente.

Chapitre 15

Michelle Obama allie sa vie de famille et son travail à l’hôpital, où elle a reçu une promotion. Grâce à ses efforts :

Plus de bénévoles aident les soignants ;

Le personnel se sent plus impliqué dans la vie communautaire ;

Les personnes sans assurance et les malades chroniques sont mieux pris en charge. 

Elle doit aussi composer avec les ambitions de son mari, qui s’amplifient au fur et à mesure des mois et des années.

En 2004, il prépare sa campagne pour le Sénat américain. Sa victoire est éclatante et son discours à la Convention démocrate en fait une star nationale. George W. Bush est quant à lui réélu.

Barack Obama déménage à Washington, mais sa femme préfère rester à Chicago avec les enfants, malgré une certaine pression du milieu politique. Elle souhaite continuer à y mener sa vie personnelle et professionnelle.

Déjà, Barack Obama voit plus loin : c’est l’élection présidentielle de 2008 qu’il a en vue. Cela semble un peu tôt pour toute la famille, mais qu’à cela ne tienne, il se lancera bientôt dans la course !

L’ouragan Katrina marque les esprits. Michelle Obama pense que son mari pourrait aider toutes ces personnes s’il était élu. Mais, secrètement, elle ressent un doute et un malaise profonds : elle pense qu’un homme noir ne peut pas gagner.

Chapitre 16

Barack Obama s’entoure de David Plouffe (directeur de campagne) et David Axelrod (médias), entre autres, pour gérer sa campagne. Premier grand enjeu : le caucus de l’Iowa.

Michelle Obama se souvient d’avoir à subir des attaques parfois personnelles dans les médias :

À propos d’un prétendu radicalisme de Barack Obama ;

Sur les relations politiques qui auraient permis à Michelle Obama d’obtenir son poste à l’hôpital. 

Assistée par une petite équipe, la future Première dame va à la rencontre des habitants de l’Iowa. Sans script prédéfini, elle se mêle à leurs conversations, partage leurs peines, et se fait rapidement apprécier pour son empathie. Cela lui vaut le surnom de « Closer » (plus proche). 

Elle se fait peu à peu à sa nouvelle condition de personnalité publique. Elle se lie aussi d’amitié à Sam Kass, jeune chef, qui devient le cuisinier personnel des Obama.

Huit semaines avant le caucus, Barack Obama est encore loin derrière Hillary Clinton. Pourtant, son discours lors du traditionnel dîner Jefferson-Jackson du parti démocrate de l’Iowa va faire la différence.

Quelques jours plus tard, il se retrouve en deuxième place, en compétition directe avec la politicienne démocrate. C’est à ce moment que Michelle Obama pense que, finalement, tout est sans doute possible !

Chapitre 17

Être frappé au visage par surprise ou être victime de harcèlement médiatique fait à peu près le même effet. C’est en tout cas ce que raconte Michelle Obama dans le livre Devenir. 

Durant plusieurs mois, certains médias l’accusent de haine envers son propre pays, en utilisant quelques mots d’un discours, coupés de leur contexte, ainsi que d’autres matériaux douteux. 

Cela la met en colère et elle considère que cela est justifié, même si elle sait que cela renforce un stéréotype ancré dans la mémoire collective américaine. Ses conseillers l’invitent à jouer la prudence et à redoubler d’efforts pour se maîtriser, même si l’attaque est effectivement injuste.

Deux interventions vont l’aider à changer son image auprès du plus grand nombre :

Une intervention dans l’émission The View.

Un discours où elle parle à cœur ouvert de son père et de Barack Obama.

À la fin de ce chapitre, Michelle Obama raconte une anecdote au sujet de l’anniversaire de Malia, leur fille aînée. 

Chapitre 18

Étonnamment, la campagne contre John McCain pour la présidence est moins intense que les primaires démocrates. Cela est notamment dû au manque de préparation de Sarah Palin, la colistière du candidat républicain.

Cette période est toutefois marquée par le décès de la grand-mère de Barack Obama, Toot, qui meurt peu après une dernière visite de son petit-fils et deux jours seulement avant l’élection.

La famille va voter ensemble. Barack Obama est d’humeur joyeuse, mais le stress est néanmoins présent. Son beau-frère l’emmène jouer au basket pour le détendre.

Malgré des prévisions rassurantes, Michelle est inquiète. Elle craint « l’effet Bradley », qui veut que certains électeurs mentent pendant les sondages au sujet de leurs préjugés, mais les expriment au moment de l’élection.

Pourtant, ce n’est pas le cas. Les résultats tombent : Barack Obama et son colistier, Joe Biden, l’ont remporté !

Barack Obama prononce un discours dans le Grant Park, situé au bord du port de Chicago. L’ambiance est à la prise de recul qui prépare l’action. L’heure est au changement.

Troisième partie — Devenir plus

Chapitre 19

Les Obama sont très attentifs à ne pas faire de faux pas durant la passation de pouvoir. Ils payent par exemple eux-mêmes leur déménagement, même si des fonds sont alloués à ces dépenses. Heureusement, George et Laura Bush organisent les choses avec soin et respect.

Il y a, évidemment, 1 000 choses à faire, 1 000 décisions à prendre ! Michelle Obama se fait aider grâce à une nouvelle équipe. Elle peut aussi compter sur la famille du vice-président. Ses enfants se sont liés d’amitié aux petits-enfants de Joe Biden et elle-même se sent proche de l’épouse de Joe Biden, Jill.

Elles s’occuperont toutes les deux d’un programme d’aide aux familles des militaires en difficulté. D’ailleurs, Beau, le fils des Biden, sert pendant la guerre en Irak.

Toute la famille est plus ou moins obligée de se plier aux règles de sécurité et à la présence des gardes des services secrets. Seule la mère de Michelle Obama, qui s’installe à la Maison-Blanche, échappe relativement à cette contrainte.

Le jour de l’investiture, après une tournée de dix bals d’inauguration, par un froid de canard, la Première dame n’en peut tout simplement plus. Elle file se reposer dans sa nouvelle chambre, si étrange pour elle !

Chapitre 20

Les Obama peuvent compter sur le personnel de la Maison-Blanche pour leur faciliter la vie. En plus, comme le bureau du président est désormais à quelques pas seulement, il lui arrive d’être à l’heure pour dîner !

Tous les membres de la famille trouvent progressivement leur marque. Pour Malia et Sarah, ce n’est pas facile tous les jours, notamment pour rencontrer des amis et camarades de classe.

Lors d’une visite officielle en Grande-Bretagne, Michelle Obama crée la controverse en faisant un hug (câlin) à la reine ! Celle-ci, toutefois, ne s’en offusque nullement.

Le lendemain, la Première dame des États-Unis visite une école populaire de Londres où de nombreux élèves ont la peau foncée. Elle est particulièrement émue et ravie de cette rencontre.

Autre initiative : Michelle Obama et Sam Kass, le cuisinier, décident d’utiliser l’une des pelouses de la Maison-Blanche pour créer un potager ! Elle aime creuser la terre avec des écoliers locaux et observer les résultats de ses efforts.

Chapitre 21

Un dîner du couple provoque un scandale. Michelle Obama voit bien qu’aucune spontanéité, aucun faux pas ne leur est plus permis. Par ailleurs, les mesures de sécurité sont parfois étouffantes, mais des compromis sont trouvés pour le bien-être des enfants.

Côté « mode », Michelle est entourée d’ :

Une assistante qui l’aide à varier ses tenues, en promouvant les créateurs américains ;

Un coiffeur ;

Un maquilleur.

Au-delà de cet aspect people, elle doit calculer chacune de ses décisions, en particulier en période de crise économique.

Michelle Obama choisit d’approfondir ses engagements précédents en s’attaquant à l’obésité infantile, un fléau de santé publique. Comment promouvoir l’exercice physique et l’alimentation saine ? Après beaucoup d’efforts, son équipe lance l’initiative Let’s Move !, qui connaîtra un beau succès (si cela vous intéresse, le chapitre 22 en dit plus à ce sujet).

Chapitre 22

Les Obama doivent intervenir et montrer leur empathie dans les moments de douleur que connaît le pays.

Par exemple :

Lors de la marée noire causée par BP dans le golfe du Mexique ;

Lorsqu’un tremblement de terre dévaste Haïti.

À côté de l’initiative Let’s Move !, Michelle Obama continue de s’investir auprès des familles de militaires. Toujours en compagnie de la femme du vice-président, elle crée le programme Joining Forces.

Donald J. Trump fait de plus en plus parler de lui dans la vie politique des États-Unis. Il accuse notamment Barack Obama de ne pas être un citoyen américain, ce qui provoque plus d’une tension.

Malgré cela, la vie suit son cours et toute la famille cherche à vivre sainement et aussi normalement que possible. Michelle Obama, toujours active, lance de nouvelles initiatives, dont un programme de mentorat pour jeunes filles.

Barack Obama dort mal. De nombreux enjeux le tracassent et l’empêchent de dormir. L’une de ces inquiétudes se dissipe toutefois, lorsqu’il apprend qu’Oussama ben Laden a été éliminé sans faire de victimes civiles.

Chapitre 23

Michelle Obama sait qu’elle est appréciée de la population américaine. Malgré tout, elle ressent une forte pression : comment tenir son rôle de première Première dame de l’histoire états-unienne ? Et comment aider son mari dans sa course à la réélection ?

Elle se rend notamment en Afrique pour une tournée internationale. Elle y rencontrera entre autres l’archevêque Desmond Tutu et Nelson Mandela. Par ailleurs, elle cherche à suivre de près ses autres initiatives pour la santé des jeunes et les vétérans. 

Malgré des débuts quelque peu laborieux, Barack Obama remporte les élections face à Mitt Rodney. Michelle Obama refuse de regarder les résultats à la télévision et l’apprend seulement plus tard.

De macabres tragédies se succèdent peu de temps après :

Un tireur tue vingt-six enfants et membres du personnel à l’école Sandy Hook de Newtown ;

Une jeune fille des quartiers sud de Chicago est tuée dans une fusillade.

Si elle ne parvient pas à réunir ses forces pour accompagner son mari lors du premier drame, elle décide qu’elle agira lorsque la jeune élève meurt. Michelle Obama ne peut rester indifférente, d’autant plus que cette personne lui rappelle sa propre enfance.

Michelle mise tout sur l’éducation et lance un nouveau programme, « Reach Higher », qui vise à encourager les jeunes à s’inscrire à l’université. L’enseignement est, selon elle, la meilleure manière de mettre un terme aux guerres des gangs.

Chapitre 24

La famille a désormais deux chiens, Bo, l’ancien, et Sunny, le petit nouveau. Ce sont les nouvelles stars des séances photo à la Maison-Blanche.

Au plan social et politique, il y a des événements brutaux et d’autres qui donnent de l’espoir :

La mort de jeunes hommes noirs par la police et le massacre de fidèles noirs dans une église de Charleston, en Caroline du Sud, créent l’émotion nationale. Barack Obama chante « Amazing Grace » lors de l’inhumation de ces derniers.

Un beau moment a lieu, en revanche, lorsque la Cour suprême confirme le droit au mariage entre personnes du même sexe.

En 2016, l’heure des adieux a bientôt sonné. Michelle Obama fait tout ce qu’elle peut pour promouvoir son dernier programme, Let Girls Learn, qui a pour but d’améliorer l’accès à l’éducation des adolescentes dans le monde entier.

Lors de la campagne présidentielle, Michelle Obama est outragée par l’attitude du candidat républicain Donald Trump. Elle se positionne en faveur d’Hillary Clinton et prononce un discours où elle utilise le slogan « When they go low, we go high » (« Quand ils s’abaissent, nous nous élevons »).

Alors qu’elle pense que la candidate démocrate va gagner, ses espoirs sont déçus : consternée, elle doit reconnaître la victoire de Donald Trump. Elle se réconforte en pensant à tout ce qui a été fait pendant les 8 dernières années.

Épilogue

L’au revoir est difficile, bien sûr. Toutes les personnes qui ont accompagné la vie de la famille Obama durant 8 ans sont devenues précieuses ; certaines sont même devenues des proches.

Par ailleurs, la déception est claire : le jour de l’investiture de Donald Trump, lorsque Michelle Obama voit l’assemblée d’invités du nouveau président — très majoritairement blanche et masculine —, elle ne cherche même plus à sourire.

Va-t-elle se présenter à l’élection présidentielle un jour ? Elle n’en a pas l’intention. Michelle Obama est en train de devenir ce qu’elle sera ensuite. Et elle vit dans l’espoir d’un monde meilleur, en se souvenant de ce qui a été réalisé de bien jusqu’ici.

Conclusion sur « Devenir » de Michelle Obama :

Ce qu’il faut retenir de « Devenir » de Michelle Obama :

Avant Devenir, Michelle Obama avait déjà écrit American Grown. Son dernier livre en date, The Light We Carry, est déjà un succès de librairie international.

La particularité de Devenir est de raconter en détail le parcours de la Première dame, depuis ses origines jusqu’à la Maison-Blanche. Devenir est un livre intime, qui vous transportera dans les coulisses du pouvoir, auprès d’une famille extraordinaire et pourtant simple.

Michelle Obama se montre au naturel et crée un lien fort avec son lecteur en l’incitant à vivre pleinement sa vie. Elle cherche particulièrement à donner plus de force aux jeunes et aux minorités.

Publié en 24 langues, l’ouvrage est un succès mondial. Record de ventes aux États-Unis, il a atteint les deux millions d’exemplaires vendus deux semaines seulement après sa mise en vente. En novembre 2020, les chiffres sont de 14 millions d’exemplaires à travers le monde.

Vous pouvez retrouver le livre Devenir en version audio (couronné par un Grammy Award du meilleur album de littérature orale). Il en existe aussi une version pour la jeune génération. 

Enfin, un documentaire basé sur la sortie du livre Devenir est sorti sur Netflix en 2020.

Points forts :

Une présentation claire et ordonnée en trois parties ;

Une immersion dans l'intimité du couple politique le plus en vogue de ces dernières années ;

Des conseils et un ton qui donnent envie de se donner à fond pour devenir meilleur.

Points faibles :

Je n'en ai pas trouvés.

Ma note :

★★★★★

Le petit guide pratique du livre Devenir de Michelle Obama

Autour de quoi s’accentue le livre Devenir de Michelle Obama ?

Michelle Obama, ex première dame des Etats-Unis partage avec dans son autobiographie, l’intimité de son couple et les coulisses des décisions politiques les plus importantes de la fin du XXe siècle.

Foire Aux Questions (FAQ) du livre Devenir de Michelle Obama

  1. Comment le public a accueilli le livre Devenir de Michelle Obama ?

Le public a répondu au livre « Devenir » de Michelle Obama avec un enthousiasme considérable. Depuis sa sortie en novembre 2018, il a connu un succès fulgurant, se vendant à des millions de clients dans le monde entier.

  1. Quel fut l’impact du livre Devenir de Michelle Obama ?

Le livre a été un succès financier qui a retenu l'attention des lecteurs et a inspiré un large public. Il a joué un rôle crucial dans les débats sur les questions sociales et a renforcé l'impact de Michelle Obama en tant qu'icône politique et culturelle.

  1. À qui s’adresse le livre Devenir de Michelle Obama ?

Devenir est un livre qui peut plaire à un large éventail de lecteurs, qu'ils s'intéressent à l'histoire politique, à l'autonomie personnelle, à l'inspiration ou aux questions sociales contemporaines.

  1. Quel est le point commun de la famille Robinson ?

Toute la famille Robinson adore la musique

  1. Qu’a fait la mère de l’auteur pour maintenir le niveau d’enseignement ?

Pour maintenir le niveau d’enseignement, Marian a :

Récupéré des fonds pour acheter des équipements

Organisé des repas pour les professeurs

Soutenu un programme pour les élèves doués

Point de vue de Barack et de Michelle sur le mariage

Point de vue de Barack Point de vue de Michelle

Le moyen pour deux personnes d’avancer ensemble et de se soutenir dans l’accomplissement des rêves de chacun Union complète de deux personnes qui s’aiment est naturelle

Qui est Michelle Obama ?

Michelle Obama est une avocate et une auteure américaine. Elle est devenue la 44ᵉ Première dame des États-Unis après l'élection de Barack Obama en 2008, un rôle qu'elle a assumé en participant à de nombreux projets axés sur la santé et l'éducation des jeunes Américains. Depuis qu'elle a quitté la Maison-Blanche, Michelle Obama s'est consacrée à l'écriture de son autobiographie, Devenir, qui s'est vendue à plus de 14 millions d'exemplaires dans le monde.

Avez-vous lu le livre de Michelle Obama « Devenir » ? Combien le notez-vous ?

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Thu, 03 Aug 2023 05:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12488/Devenir
Les 5 biographies des entrepreneurs les plus fascinants au monde http://www.olivier-roland.fr/items/view/12472/Les-5-biographies-des-entrepreneurs-les-plus-fascinants-au-monde

Dans cet article, je partage cinq biographies d’entrepreneurs absolument hors-normes.

Ces hommes, partis de rien, ont réussi, par leur audace, à bouleverser le monde. Portés par leur vision, ils sont parvenus, à force de détermination, à bâtir de véritables empires.

Les livres biographiques sont souvent une grande source d’inspiration. Ils contiennent cette dimension humaine réelle que les autres genres littéraires ne proposent pas. Les histoires de vie y sont souvent ordinaires et extraordinaires à la fois. Ainsi, il nous arrive de nous identifier. Alors, elles nous inspirent. Elles nous encouragent à suivre, nous aussi, notre destinée. Et en chemin, elles nous apprennent des leçons de vie en revivant des situations.

Les cinq hommes que vous allez découvrir dans ces grandes biographies vous ressemblent. Mais s'ils ont su, toutefois, se hisser parmi les hommes les plus riches et les plus influents de la planète, c'est parce qu'ils ont eu cette capacité d'oser, au bon moment, au bon endroit. Ils ont eu le cran d'innover, le courage de persévérer.

Ces cinq biographies vous embarquent dans leur vie étonnante. Ces cinq success stories vous plongent dans les coulisses de leurs succès et de leurs échecs. Je vous invite à les découvrir et vous propose, en fin d'article, un bonus : je partage les quatre caractéristiques clés que j'ai identifiées dans les biographies de chacun de ces grands leaders mondiaux.

  1. "Mark Zuckerberg : La Biographie"

Biographie de Mark Zuckerberg, fondateur et président-directeur général de la société Meta, maison-mère des réseaux sociaux Facebook, Instagram et WhatsApp.

Titre original : "Mark Zuckerberg : La Biographie"

Par Daniel Ichbiah, 2018, 336 pages. Réédité en 2021, 356 pages.

Résumé de la biographie de Mark Zuckerberg, fondateur de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp)

Le bestseller mondial "Mark Zuckerberg : La Biographie" retrace la vie et les réalisations d’un des hommes les plus influents de la planète : Mark Zuckerberg, fondateur et président directeur général du réseau social Facebook et de sa maison-mère appelée aujourd’hui Meta.

La naissance de Facebook

Mark Zuckerberg naît en 1984 aux États-Unis dans l’État de New York. Il commence à développer des compétences en informatique dès son plus jeune âge, initié notamment par son père, un psychiatre passionné par les nouvelles technologies émergentes.

Doté d’une intelligence que beaucoup qualifie de "surhumaine", Mark crée déjà, à l'âge de 12 ans, son premier programme informatique, un réseau social appelé Zucknet qui permet à sa famille de s'envoyer des messages d'une pièce à l'autre.

Adolescent, Mark ne ressemble pas aux autres jeunes de son âge. Il se démarque par sa soif d'apprendre. À 16 ans seulement, il intègre un programme scolaire très avancé dans une prestigieuse école avant-gardiste en matière de technologie. À cette époque, il conçoit plusieurs logiciels qui rencontrent déjà beaucoup de succès.

Puis, il poursuit ses études secondaires en informatique au sein de la très réputée université de Harvard.

En automne 2003, Zuckerberg hacke le système informatique de l'établissement universitaire et s'amuse à lancer un genre de réseau social, appelé Facemash. Celui-ci vise à se moquer des photos des étudiants sous leur plus mauvais jour. Il frôle l'exclusion mais cette affaire lui vaut finalement de devenir la star du campus.

Par ailleurs, cet épisode fait mûrir une idée dans la tête de l'étudiant. Cette idée, il la concrétise quelques mois plus tard : Mark Zuckerberg lance, un soir de février 2004, un site de réseautage social pour les étudiants de Harvard qu’il nomme "thefacebook.com". 

Facebook est né !

Rapidement, le réseau gagne en popularité.

Accusé d’avoir "volé" cette idée de réseau à d’autres étudiants, Mark Zuckerberg est, à ce moment-là, poursuivi en justice (mais l'affaire trainera et sera finalement réglée bien des années plus tard à l'amiable). Cette accusation n’empêche pas le réseau social de poursuivre sa croissance fulgurante.

Quelques mois plus tard seulement, Facebook touche des millions d’étudiants à travers le pays.

L'aventure Facebook

Plusieurs chapitres portent alors sur les débuts de ce succès explosif. Daniel Ichbiah agrémente le récit de multiples anecdotes croustillantes.

On découvre également les balbutiements de Zuckerberg en tant que manager et entrepreneur, et le parcours, à ses côtés, de ses jeunes collaborateurs, encore étudiants. On apprend notamment que Mark Zuckerberg, alors âgé de vingt-trois ans, refuse de vendre Facebook, à Yahoo! puis à Microsoft pour des milliards de dollars.

Au fil des pages, Daniel Ichbiah continue en décortiquant comment Facebook réussit à se développer de façon aussi exponentielle, à garder le cap et finit par s’imposer dans la Silicon Valley.

En 2006, Facebook devient une entreprise en propre. La société est introduite en bourse en 2012. Et en 2018, Mark Zuckerberg devient la troisième fortune mondiale.

Aujourd'hui, Facebook est l'une des entreprises les plus importantes et les plus influentes de la technologie, utilisé par des milliards d'utilisateurs. La société, appelée aujourd'hui Meta, englobe également les fameux réseaux sociaux que sont Instagram et WhatsApp et s'est largement engagée dans le secteur de l'intelligence artificielle.

Le chemin parcouru en tant qu’homme

Au-delà de l’aventure entrepreneurial de Facebook, Daniel Ichbiah nous dépeint, dans cette biographie, le visage personnel de Mark Zuckerberg : son ambition, sa vision à long terme, sa détermination, sa gestion du travail mais aussi sa part de complexité, son côté déroutant, ses erreurs de parcours, ses ambiguïtés, ses scandales.

L’ouvrage évoque sa vie privée, en tant que conjoint et papa de deux filles. Il raconte sa façon de vivre, son indifférence extrême à l'argent et les challenges personnels que l’homme s’impose chaque année (comme celui d’apprendre le chinois par exemple).

Impliqué dans plusieurs causes philanthropiques, le chef d’entreprise compte parmi les donateurs les plus généreux de la planète. Avec son épouse, il crée la Fondation Chan Zuckerberg Initiative, qui a pour but d’améliorer la santé des enfants en particulier, et l'éducation à travers le monde.

Les sujets brûlants liés aux nouvelles technologies

Enfin, tout au long des chapitres, la biographie de Mark Zuckerberg aborde des questions de fond : quel est réellement l’impact social et politique de Facebook en termes de fake news et de données récoltées. Daniel Ichbiah s'interroge aussi sur une volonté politique ou non de Mark Zuckerberg derrière sa revendication de vouloir participer à un monde ouvert et connecté.

Mon avis sur le livre biographique de Mark Zuckerberg

Une biographie complète et palpitante du début à la fin

L’histoire de Mark Zuckerberg est fascinante. Non seulement parce qu’elle est possède tous les ingrédients d’une success story : comment ne pas être captiver par le récit de ce jeune étudiant passionné d’informatique devenu chef d’entreprise milliardaire à 24 ans parmi les plus influents de la planète.

Mais aussi parce que cette biographie est remarquablement documentée et écrite. Avec ses suspens et rebondissements, l’ouvrage se lit comme un roman à "dévorer" d’un trait (si la longueur ne vous fait pas peur).

De témoignages de proches en messages privés, de réunions à huit clos retranscrites en anecdotes personnelles, Daniel Ichbiah nous livre une biographie complète et palpitante.

Un ouvrage qui permet de saisir les enjeux d’internet dans les changements sociétaux actuels

Tout au long du récit, Daniel Ichbiah parvient à nous restituer le personnage complexe qu’est Mark Zuckerberg, tout comme la dynamique des autres acteurs dans sa destinée.

Les évolutions et le futur de notre société y sont également traités dans un style à la fois narratif et journalistique.

En fait, cette biographie nous montre comment, sans vraiment s’en rendre compte, Mark Zuckerberg et ses acolytes ont créé un phénomène planétaire. Comment ils ont ainsi participé à l’élaboration d’un nouveau monde. Et comment, dans son sillon, Mark Zuckerberg a balayé, en une quinzaine d’années, un grand nombre de valeurs sociétales acquises au fil des siècles.

Et finalement, son rôle a largement dépassé celui que n'importe qui imaginait au départ, allant désormais jusqu’à influencer le déroulement des affaires du monde.

Les points forts et points faibles du livre "Mark Zuckerberg – La biographie" de Daniel Ichbiah

Points forts :

Le parcours passionnant et étonnant d’un des hommes les plus influents de la planète.

Le style de l’auteur qui sait créer le juste suspens pour nous plonger dans une atmosphère captivante.

La façon dont l'auteur traite les événements majeurs qui ont bouleversé nos sociétés dans le contexte de vie de Mark Zuckerberg et du phénomène Facebook.

Une histoire extrêmement bien documentée et racontée sans parti pris.

Point faible :

Je n’en vois pas.

Ma note :

★★★★★

Pour aller plus loin :

Lire la chronique sur ce blog

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  1. "Amazon – Les secrets de la réussite de Jeff Bezos"

Biographie de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.com et de Blue Origin. 

Titre original : "One Click: Jeff Bezos and the Rise of Amazon.com"

Par Richard Brandt, 2012, 240 pages.

Note : Une biographie plus récente de Jeff Bezos a été publiée en 2021. Elle a été écrite par Brad Stone et s’intitule "Jeff Bezos : la folle ascension du fondateur de l'empire Amazon" (édition française). Le titre original est "Amazon Unbound: Jeff Bezos and the Invention of a Global Empire" (édition en anglais).

Résumé de la biographie de Jeff Bezos, fondateur d'Amazon

Dans cette biographie, Richard Brandt raconte la vie de Jeff Bezos, depuis son enfance jusqu'à son succès en tant que fondateur d’Amazon. Le livre retrace également la croissance sans précédent du site de e-commerce Amazon.com.

Jeff Bezos naît à Albuquerque, au Nouveau-Mexique (USA) en 1964. Il grandit à Houston, au Texas et obtient un diplôme en génie électrique et informatique à l'Université de Princeton.

Le jeune Jeffrey (son vrai prénom) débute sa carrière en travaillant au sein de diverses entreprises, chez Bankers Trust à Wall Street notamment. Mais en 1994 Jeff Bezos choisit de quitter son emploi. Il a pour projet de créer une entreprise de vente de livres en ligne.

Le jeune homme appelle son entreprise Amazon.com. Il l'installe à Seattle. Il pense en effet que la ville possède un potentiel technologique. De plus, elle est située à proximité d'un centre de distribution de livres.

La première année, Amazon réalise un bon chiffre d'affaires (511 000 dollars). Mais Jeff Bezos a plus d’ambition que cela. Et surtout, il a la conviction que son entreprise peut devenir bien plus importante.

La suite donne raison à Jeff Bezos. Une fois entrée en bourse (en 1997), Amazon devient très vite l'un des sites de commerce en ligne les plus utilisés au monde.

La biographie raconte alors la croissance rapide d'Amazon.

Grâce aux profits générés, Jeff Bezos fait l’acquisition de plusieurs entreprises en parallèle (IMDb, une base de données de films, et Alexa Internet, un service de statistiques de trafic sur le web notamment). Le livre revient sur les investissements de Bezos dans d'autres entreprises, notamment la célèbre entreprise spatiale appelée Blue Origin.

Enfin, le livre biographique évoque la Bezos Family Foundation créé par le PDG d’Amazon (ex-PDG à l'heure où j'écris ces lignes) aujourd’hui milliardaire, ainsi que sa participation à The Giving Pledge, un engagement pris par les personnes les plus riches du monde à donner la majorité de leur fortune à des œuvres de charité.

Mon avis sur le livre biographique de Jeff Bezos

L’histoire de la réussite commerciale la plus explosive de notre époque

La biographie de Jeff Bezos est inspirante car elle raconte brillamment tout le chemin parcouru par le numéro 1 mondial de la distribution en ligne. Et ce, depuis ses débuts.

Quand on connaît ce qu'est devenu le site e-commerce aujourd’hui, il est alors assez incroyable de découvrir ce qu'était l’entreprise lorsqu’elle ne vendait que des livres : ses premiers investisseurs et salariés, les premières commandes avec l’envoi des livres à même le sol, etc.

L’ouvrage revient sur toutes les épreuves qu’Amazon a traversé au fil des années - l’éclatement de la bulle Internet et la dégringolade du cours de son action de 90 % par exemple, ou encore, ses milliards de pertes avant ses gains - jusqu’à sa croissance fulgurante à partir de 1998, et l’apparition de ses produits phares comme la Kindle et de ses nombreuses filiales.

De belles leçons à prendre en tant qu’entrepreneur

Parce qu'elle retrace l’ascension d’un geek informatique devenu l’un des entrepreneurs les plus riches au monde, et parce que ce dernier a réussi à propulser la croissance de sa société jusqu’à lui donner un statut de quasi-monopole, la biographie de Jeff Bezos est aussi formatrice qu'inspirante.

La réussite extraordinaire d'Amazon s'explique par les qualités de leadership de Jeff Bezos et sa capacité à changer de vision quand il le faut. Mais elle est provient surtout d’une stratégie commerciale extrêmement réussie. Le business model de Jeff Bezos est basé sur l’expérience client, le but étant de toujours satisfaire le client et de rendre les achats en ligne le plus facile et pratique possible pour le client (en un seul clic).

Les points forts et points faibles du livre "Amazon – Les secrets de la réussite de Jeff Bezos" de Richard Brandt

Points forts :

La vision entrepreneuriale d’un visionnaire en matière de business en ligne, la psychologie d’un entrepreneur qui a bouleversé le monde.

L’apprentissage que l'on retire du livre en stratégie entrepreneuriale : un business model centré sur l'expérience client.

La motivation d’entreprendre que procure l’ouvrage.

Point faible :

Quelques passages pas très bien traduits.

Ma note :

★★★★★

Pour aller plus loin :

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  1. "Steve Jobs"

Biographie de Steve Jobs : pionnier de l’ordinateur personnel, du smartphone, de la tablette tactile/ Cofondateur et ancien président-directeur général d’Apple Inc./ Ancien directeur des studios Pixar.

Titre original : "Steve Jobs : The Exclusive Biography"

Par Walter Isaacson, 2012, 668 pages.

Résumé de la biographie de Steve Jobs, cofondateur d'Apple et Pixar

L'écriture de la biographie de Steve Jobs

Après avoir appris être atteint d’un cancer, Steve Jobs, cofondateur et PDG d'Apple Inc., contacte Walter Isaacson pour suggérer l’écriture de sa biographie.

Plus de quarante rencontres entre Steve Jobs et l’auteur sont alors réalisées pendant deux ans. Des centaines d’entretiens sont organisées entre Walter Isaacson et l’entourage familial, amical et professionnel de Jobs, y compris avec ses rivaux et concurrents.

Grâce à tous les témoignages recueillis, Walter Isaacson publie une biographie complète de Steve Jobs en 2012, soit un an après sa mort. Dans ce livre biographique, il retrace son incroyable vie personnelle et professionnelle, de son enfance à sa mort.

Avant sa parution, Steve Jobs n’a imposé aucune limite à l’écriture de sa biographie. Il n’a eu aucun droit de regard sur son contenu ni même la possibilité d’en prendre connaissance avant sa publication.

La vie de Steve Jobs

Né en 1955 à San Francisco, puis adopté, Steve Jobs grandit en Californie.

Dans sa jeunesse, Steve embrasse un mode de vie hippie. Dans la lignée de cette philosophie de vie et en quête d'un gourou, il entreprend un voyage de sept mois en Inde à 19 ans. Cette expérience le marquera à vie. Il en fera souvent allusion dans ses allocutions et elle influera même sa vie professionnelle.

De retour en Californie, Steve Jobs cofonde, à l’âge de 21 ans, la société Apple Inc., avec Steve Wozniak et Ronald Wayne.

La biographie se poursuit en décrivant la carrière de Steve Jobs. On le sait déjà, Jobs va bouleverser cinq industries différentes en inventant plusieurs produits révolutionnaires :

L’informatique : en commercialisant le premier ordinateur grand public, le Macintosh, en 1984.

Les films d’animation : en créant les studios Pixar.

La musique : avec iTunes et l’iPod.

La téléphonie : avec l’iPhone, en 2007.

Les tablettes numériques : avec l’iPad en 2010.

Steve Jobs, une icône de l'innovation

Steve Jobs est décrit comme un homme à la personnalité de génie. Complexe, perfectionniste, hyperactif, intransigeant, les traits qui caractérisent le manager charismatique sont tout à la fois un atout et un défi pour lui et ses collaborateurs.

La nouvelle de la mort Steve Jobs, des suites d’une forme rare d’un cancer pancréatique à l’âge de 56 ans, laisse le monde sous le choc.

Aujourd'hui, Steve Jobs incarne l’icône de l’innovation.

On le considère comme un visionnaire qui fut capable d’anticiper, de façon extraordinaire, les tendances technologiques. Il est aux yeux du monde un génie d’invention qui réussit à créer des produits révolutionnaires en combinant la créativité à la technologie. Il est aussi celui qui a introduit une dimension émotionnelle dans la technologie "grand public".

Mon avis sur le livre biographique de Steve Jobs

La trajectoire de vie d’un homme visionnaire qui a révolutionné le monde

La biographie de Steve Jobs fait partie des biographies les plus lus au monde.

Que l’on aime ou pas Steve Jobs avec son caractère bien trempé, sa vie et sa personne restent absolument fascinantes.

Sa vision a bouleversé des univers majeurs, comme celui des nouvelles technologies. L'ouvrage nous embarque dans les montagnes russes de l’histoire d’Apple et de son fondateur. Walter Isaacson expose avec beaucoup de détails les réalisations de Steve Jobs. Il révèle l'homme au-delà de ce qu'il a accompli avec beaucoup de sincérité. Il nous fait vivre l'aventure de sa vie. D'une vie extraordinaire.

Et cette raison est suffisante pour en faire une lecture incontournable.

Un destin qui suscite plein de leçons de vie

Certes, l’ouvrage est une biographie. Mais c’est aussi un livre qu’on pourrait aisément classer dans la catégorie "développement personnel". tellement la la vie de Steve Jobs, tout au long des chapitres, motive, inspire et transmet de grandes leçons de vie.

La qualité de l’écriture remarquable de l'auteur, très vivante et authentique, y fait beaucoup. Walter Isaacson nous plonge avec beaucoup d’honnêteté dans l’univers de Steve Jobs.

Bref, cette biographie est une vraie pépite. Il est dommage d'y passer à côté.

Les points forts et points faibles du livre "Steve Jobs" de Walter Isaacson

Points forts :

Le récit passionnant d'un homme qui a révolutionné le monde et qui fait que, bien que volumineux, l'ouvrage se dévore du début à la fin.

L’écriture de Walter Isaacson d’une qualité remarquable.

Une biographie authentique, non censurée et parfaitement documentée. 

Point faible :

Pour ceux qui ne sont pas dans le domaine high-tech, certaines parties peuvent s’avérer un peu techniques.

Ma note :

★★★★★

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  1. "Elon Musk - Tesla, Paypal, SpaceX : l'entrepreneur qui va changer le monde"

Biographie d’Elon Musk, cofondateur et président-directeur général de la société astronautique SpaceX, directeur général de la société automobile Tesla.

Titre original : "Elon Musk: Tesla, SpaceX, and the Quest for a Fantastic Future"

Par Ashlee Vance, 2017, 372 pages.

Résumé de la biographie d’Elon Musk (SpaceX, Tesla)

Ce best-seller biographique raconte le parcours de vie et les réalisations de l’un des industriels les plus puissants au monde : Elon Musk. Innovateur par excellence, entrepreneur ingénieur sud-africain, il est notamment le fondateur des célèbres entreprises de pointe que sont PayPal, Tesla, SpaceX et SolarCity.

Le portrait d'un entrepreneur dans la démesure

Ashlee Vance commence cette biographie en nous racontant comment il a réussi, à force d'acharnement, à convaincre Elon Musk de le rencontrer pour écrire sa biographie.

Puis, l'auteur nous embarque immédiatement dans l'univers d'Elon Musk en réalisant un tour d'horizon des trois gigantesques entreprises que dirige cet homme au moment de l'écriture de son livre, à savoir :

SpaceX, dans le secteur de l'aérospatial,

Tesla, dans le secteur de l'automobile,

SolarCity, dans le secteur de l'énergie.

L'auteur partage ensuite la quête particulière qui anime Elon Musk dans tout ce qu'il entreprend, qui est de sauver l'humanité. Il revient sur sa première rencontre "déconcertante" avec Elon Musk et décrit l'organisation personnelle et professionelle quelque peu "délirante" du chef d'entreprise.

Une enfance et adolescence atypique et agitée

La biographie se poursuit sur plusieurs chapitres par l'enfance et l'adolescence d'Elon Musk.

On apprend alors que le petit Elon naît en Afrique du Sud en 1971. Il grandit dans une famille recomposée.

Très jeune, Elon se passionne pour la lecture. Son entourage l'appelle le "petit génie" tant il se montre intelligent. Pourtant, sa scolarité est chaotique. Il n'aime pas les devoirs et se fait renvoyer de plusieurs établissements scolaires. Pendant longtemps, il est victime de harcèlement à l'école et se dit tout aussi mal à la maison.

Vers l'âge de 10 ans, le pré-adolescent découvre les ordinateurs. Il développe très vite des compétences en informatique : à 12 ans déjà, Elon vend son premier logiciel. Dans le même temps, il développe un très fort engouement pour les technologies, la science-fiction et le fantastique.

À 17 ans, le jeune homme décide de quitter l'Afrique du Sud pour partir faire ses études aux USA. Il rêve déjà de la Silicon Valley qu'il considère à juste titre comme un haut-lieu de technologies et de réussites.

Après un passage obligé par le Canada (pour des questions de visa), il intègre un cursus en physique à l’Université de Pennsylvanie. Au campus, Elon se sent bien et respecté dans ses capacités intellectuels notamment. Fâché avec son père, il finance lui-même ses études grâce à une bourse et des petits jobs dans l’informatique. Son frère Kimball le rejoint. Les deux hommes partent en road trip à travers les États-Unis.

En 1995, soit après trois ans de vie étudiante et juste avant d’obtenir son doctorat en physique énergétique, Elon Musk interrompt son cursus. Conscient du développement majeur de l’informatique et des idées de titans déjà plein la tête, l’étudiant veut lancer sa société.

La conquête de l'espace par Elon Musk

La biographie d'Elon Musk raconte ensuite ses débuts dans l'entrepreneuriat.

L'auteur explique avec détails comment, en quelques années seulement, Elon Musk est passé du statut d'étudiant fauché et vagabond à celui de multi-millionnaire.

En effet, entre 1995 et 2002, Elon Musk fonde deux entreprises majeures : Zip2 puis X.com qui deviendra PayPal. La vente de ces entreprises l'enrichit considérablement et servira de tremplin à sa carrière.

Fort de ses réussites, l’ingénieur s'accorde une période de répit. Il s'investit alors davantage dans sa vie personnelle. Avec son épouse, il décide de fonder une famille. Le couple achète une maison à Los Angeles et part voyager en Afrique (où il attrape une malaria sévère qui nécessitera six mois de guérison).

Mais rapidement, ses rêves intergalactiques et de conquête de l'espace ressurgissent. Dont un en particulier : celui de coloniser Mars.

Elon Musk décide alors de réunir d'impressionnants experts de l'industrie spatiale en créant sa "Life to Mars Foundation".

Puis, un jour,au retour d'un voyage en Russie, il a un déclic et se lance dans le projet fou de construire ses propres fusées !

C'est ainsi que va naître SpaceX, en 2002 : une entreprise ayant l'objectif de rendre l’accès à l’espace plus abordable.

Au fil des années, SpaceX grandit pour devenir un acteur majeur du monde.

Mais depuis leurs débuts considérés comme saugrenus à leurs réussites absolument étonnantes et improbables, les équipes de SpaceX ont connu les montagnes russes.

Tout au long de cette biographie, Ashlee Vance raconte avec brio l'aventure entrepreneuriale passionnante et pleine de rebondissements de SpaceX. Les épisodes relatifs aux lancements de fusées sont particulièrement captivants. Ils nous permettent d'ailleurs de prendre la mesure de l'incroyable leadership d'Elon Musk, sa détermination, sa passion et toute l'ampleur de sa vision.

Les autres innovations techniques et entrepreneuriales d’Elon Musk dans une nouvelle économie

La biographie retrace deux autres grandes aventures entrepreneuriales d'Elon Musk. Avec ses défis et ses réussites, l'auteur nous en fait aussi un récit captivant :

Tesla Motors : fondée en 2003, cette société vise la transition vers un système de transport totalement automatisé en développant des véhicules électriques de haute performance. L'auteur nous fait revivre les énormes challenges de Tesla dans ses débuts. Bien que révolutionnaire dans l'industrie automobile mondiale, l'entreprise d'Elon Musk frôlera la faillite à plusieurs reprises

SolarCity, une entreprise de panneaux solaires. L'idée de cette entreprise a germé dans la tête d'Elon Musk alors qu'il participait au célèbre Burning Man en 2004. Elle se concrétise en 2014 . SolarCity fusionnera avec Tesla quelques années plus tard.

Dans cette biographie, Ashlee Vance brosse donc la vie incroyable de l’un des titans de la Silicon Valley. Mais, en dépeignant aussi ses innovations techniques et entrepreneuriales, le livre traite inéluctablement des mutations de nos modèles industriels tout particulièrement en ce qui concerne les voitures, les trains et les fusées.

Elon Musk : qui est-il vraiment en privé ?

Tout au long de sa biographie, Ashlee Vance entrouvre une porte sur l'intimité d'un homme à la personnalité complexe et souvent controversée.

L'auteur raconte comment, avec sa notoriété publique, la vie du chef d'entreprise est devenue plus tumultueuse et comment sa réputation a commencé à se détériorer. Dans la sphère familiale, sa situation subit les pressions de son statut, de ses responsabilités et de son obsession au travail. Ses relations familiales en souffrent, avec ses compagnes notamment.

Ashlee Vance revient sur la relation d'Elon avec Justine Wilson, sa première épouse, rencontrée à l'université au Canada, avec qui il a eu un premier enfant mort en bas âge, puis deux jumeaux (Griffin et Vivian) et des triplés (Kai, Saxon et Damian). Le couple divorce après 8 années de mariage, en 2008.

L'auteur évoque aussi le mariage d'Elon Musk avec Talulah Riley, alors que l'homme est au bord du gouffre mentalement et financièrement.

Enfin, la biographie de Ashlee Vance aborde avec détails :

La personnalité exigeante d'Elon Musk en qualité de manager : sa façon autoritaire de gérer ses équipes et ses collaborateurs, sa faculté à fédérer et motiver les troupes autour d'un projet, sa capacité à rebondir après les échecs, son style de gestion intense, son obsession à aller au bout de ses objectifs et ses heures de travail élevées.

Les projets ambitieux et démesurés à venir de l'homme qu'on a qualifié plusieurs fois de "fou", ainsi que la mission de vie qui l'anime profondément depuis son enfance.

Mon avis sur le livre biographique d’Elon Musk

Le récit chaotique d’un génie visionnaire et presqu'indestructible

Dans ce livre biographique d’Elon Musk, Ashlee Vance nous plonge dans les coulisses de l’univers fascinant d’Elon Musk.

Cette biographie nous permet d’abord de découvrir l’enfance agitée et le parcours chaotique de ce géant de la technologie visionnaire.

Ensuite, le récit nous dresse le portrait d’un homme extrêmement exigeant avec lui-même ainsi qu’avec ses collaborateurs. Loin d‘être un PDG ordinaire, on prend la mesure du génie tumultueux, mu par une vocation personnelle et extrêmement profonde. Son leitmotiv est la survie de l’humanité. Cette idée qui remonte à son enfance lui a apporté une force et une ambition sans limite tout au long de sa vie.

L’homme est impressionnant de détermination. Ashlee Vance y décrit sa capacité à ne jamais lâcher, à endurer un stress de forte intensité. En cela, on le perçoit comme presqu’indestructible.

La biographie d’un homme controversé, parmi les plus puissants au monde

La biographie d’Elon Musk est particulièrement inspirante.

D’abord parce qu’Elon Musk est aujourd’hui considéré comme un homme capable, à lui-seul, de changer les règles du jeu de la planète.

Ensuite, parce que ses incroyables innovations technologiques font vibrer le monde.

En s’attelant à des secteurs comme l’énergie et l’aérospatial, sans expérience concrète dans ces domaines, Elon Musk prouve à quel point il n’a peur de rien, et que, pour lui, tout est possible. Il montre ainsi que tout le monde peut penser et rêver plus grand.

Alors certes, l'homme est controversé, en raison notamment de son style de management et sa communication impulsive. La presse et ceux qui le connaissent le qualifie parfois de mégalomane, de despotique. Toujours est-il que les réussites entrepreneuriales d'Elon Musk sont en train de disrupter les plus grands modèles du monde économique et entrepreneurial.

En ce sens, nous avons affaire à la biographie d'un homme sans commune mesure.

Les points forts et points faibles du livre "Elon Musk - Tesla, Paypal, SpaceX : l'entrepreneur qui va changer le monde" de Ashlee Vance

Points forts :

La personnalité étonnante d’un homme au génie visionnaire et controversé.

Le récit sans parti pris qui montre le long parcours entrepreneurial, lève le voile sur l’envers du décor et la sphère plus privée de ce que nous connaissons de l'homme public.

Le ton très accessible de l’auteur qui alterne à merveille entre le style narratif et captivant d’un récit de vie, des réflexions sur l’enjeu de l’humanité et des données scientifiques et technologiques.

Point faible :

Malgré l’édition enrichie, la biographie d’Elon Musk reste très peu développée après 2015.

Ma note :

★★★★★

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  1. "Alibaba : L'incroyable histoire de Jack Ma, le milliardaire chinois"

Biographie de Jack Ma, fondateur et ex-président de la société d’e-commerce Alibaba.

Titre original : "Alibaba, The House That Jack Ma Built"

Par Duncan Clark, 2017, 208 pages.

Résumé de la biographie de Jack Ma (Alibaba)

"Alibaba : L'incroyable histoire de Jack Ma, le milliardaire chinois" est un livre biographique qui raconte la vie de Jack Ma, connu pour avoir fondé le site e-commerce Alibaba. Ce récit nous permet aussi de comprendre le grand tournant de la Chine vers la société de consommation.

L'anglais, la première passion de Jack Ma

L’ouvrage retrace d’abord l’enfance et l’adolescence de Jack Ma, né en 1964, dans une famille modeste à Hangzhou, en Chine. À ce moment-là, le pays sort tout juste de la Révolution Culturelle.

Très tôt, le petit Jack se passionne pour l’anglais. Aussi, à 14 ans, pour améliorer son anglais, Jack endosse le rôle de guide touristique auprès des voyageurs anglophones de sa ville. Grâce à cette activité, il fera, un jour, une rencontre déterminante dans sa trajectoire de vie : celle à l'origine de son amitié indéfectible avec la famille australienne Morley.

Plus tard, Jack Ma devient enseignant d’anglais. Puis, il crée son cabinet de traduction.

Le succès d'Alibaba

C'est après deux échecs entrepreneuriaux que la vie de Jack Ma prend un tournant décisif. Lors d’un étrange voyage aux États-Unis, Jack Ma découvre internet. Pour lui, c’est une révélation !

Convaincu du potentiel d’internet en matière de commerce en ligne, il décide de lancer, en 1999, une plateforme de e-commerce en ligne. Il s'agit du premier site d'achat en ligne d'Alibaba : Taobao.

Le concept de Taobao est le suivant : créer à la fois un réseau de boutiques numériques, une plate-forme de distribution aux fabricants (pas de stock en propre) et un site d'achats en ligne de produits divers et rapidement livrables.

L'idée est innovante. Le site plaît aussi bien aux vendeurs qu'aux acheteurs. Tous y trouvent des avantages logistiques, financiers et très compétitifs.

Taobao rencontre rapidement un succès phénoménal. Et Alibaba devient, au fil du temps, l'une des plus grandes entreprises de commerce en ligne au monde.

En parallèle, et entre plusieurs évènements marqués de hauts et de bas, Jack Ma lance d'autres entreprises. L'une d'entre elles est Alipay, un service de paiement en ligne.

Le chef d'enreprise investit, par ailleurs, dans de multiples autres projets dans les médias, l'entertainment, la santé et la finance. Il soutient de nombreux jeunes entrepreneurs porteurs de nouvelles idées.

Malgré des concurrents redoutables et des autorités gouvernementales peu à l’aise avec Internet, Jack Ma a réussit à faire d'Alibaba un véritable empire commercial en ligne qui prospère en Chine et à l'étranger. En 2014, Alibaba entre à la bourse de New-York.

Aujourd’hui, Jack Ma est milliardaire. Alibaba attire des centaines de millions de clients par an, et le chef d’entreprise fait partie des acteurs les plus influents de l’économie d’Internet.  

Mon avis sur le livre biographique de Jack Ma

Le parcours de vie exceptionnel d’un entrepreneur atypique

Le parcours de vie exceptionnelle de Jack Ma est particulièrement inspirant et captivant.

D’abord, parce que c'est l'histoire d'un homme qui, parti de rien, s’est construit à force de passion et avec une féroce détermination d’entreprendre.

Mais au-delà de Jack Ma le businessman, sa biographie nous fait découvrir un showman aux capacités de communication exceptionnelle. Les nombreuses anecdotes relatées dans une sphère plus intime nous éclairent aussi sur la singularité du fondateur d'Alibaba et sa personnalité hors-norme.

La découverte d’un modèle de culture d’entreprise spécifique à la Chine

L’histoire de Jack Ma racontée dans cette biographie s’inscrit dans celle d’un pays en plein bouleversement politique et économique.

Ainsi, on y découvre le néo-capitalisme chinois : comment la Chine s’est ouverte aux grands défis technologiques et médiatiques mondiaux et comment Internet a bouleversé l’entrepreneuriat chinois.

Le livre nous ouvre également les portes de la culture d’entreprise en Chine, à des années-lumière des modèles occidentaux.

Et si aujourd’hui Jack Ma est devenu un très grand entrepreneur, il est aussi un personnage symbolique de la nouvelle économie chinoise. Il incarne la révolution de la consommation et de l’entreprise en Chine. Il a eu le courage de s’attaquer à des secteurs comme la finance ou les médias longtemps dominés par l’État chinois.

Les points forts et points faibles du livre "Alibaba : L'incroyable histoire de Jack Ma, le milliardaire chinois" de Duncan Clark

Points forts :

Le parcours inspirant d’un homme atypique et parti de rien.

Le récit documenté de la vie de Jack Ma mais aussi de l’économie chinoise.

La découverte d’une culture d’entreprise très spécifique à l’Asie et très éloignée de l’Occident.

La découverte des coulisses d’un géant du web.

Point faible :

Une chronologie pas toujours facile à suivre.

Ma note :

★★★★★

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Conclusion - Quatre leçons clés à retirer de ces entrepreneurs à succès

L'innovation et l’audace  

Un des premiers dénominateurs que l’on retrouve dans chacune de ces biographies est l’innovation.

Les entrepreneurs de ces cinq biographies ont tous su identifier un besoin non satisfait, l’associer à une tendance technologique pour finalement créer des produits capables de révolutionner des industries et des modes de vie.

En édifiant leurs entreprises disruptives, ces visionnaires ont tous fait preuve de beaucoup d’audace. Ils ont osé, ont su s’adapter et saisir les opportunités là où d’autres ne les voyaient pas. Ils ont tous, à un moment ou à un autre, pris des risques calculés pour atteindre le succès rencontré par la suite.

La persévérance, motivée par la passion et la vision à long terme

Un autre élément présent dans chacun de ces livres biographiques est le suivant : tous ont su persévérer.

En effet :

Avant d'arriver à propulser une fusée dans l'espace, Elon Musk et ses équipes ont essuyé plusieurs échecs de lancement de prototypes à grande échelle.

Steve Jobs a été licencié d’Apple en 1985, mais est revenu onze ans plus tard pour sauver l’entreprise de la faillite.

La société de Jack Ma a dû faire face à de féroces concurrents mais aussi à l'hostilité des autorités gouvernementales chinoises pour survivre.

Mark Zuckerberg a affronté de nombreux défis avec Facebook : la gestion de contenus et la protection de la vie privée des utilisateurs sur ses réseaux sociaux ont fait l'objet de beaucoup de polémiques et même de poursuites judiciaires.

Enfin, Jeff Bezos a aussi traversé de nombreuses crises et dû gérer une croissance fulgurante.

Malgré les obstacles, ces entrepreneurs hors-normes ont toujours continué à croire en leur vision. Tous ont travaillé dur pour les réaliser ou pour se renouveler. Et plutôt que de se concentrer sur des gains immédiats, tous ont fait des choix pour construire une entreprise durable et prospère.

La culture d'entreprise

Nombreux sont les entrepreneurs qui attribuent leur réussite à la culture d'entreprise qu'ils ont créée :

La biographie de Mark Zuckerberg évoque, par exemple, ses fameux "hackathons" : des événements où les employés de Facebook se rassemblaient pendant une période de temps déterminée, souvent un week-end, pour collaborer et créer des prototypes de nouvelles fonctionnalités pour le réseau social. Les hackathons sont un élément clé de la culture d'innovation et de la croissance rapide de Facebook au cours de ses premières années.

Comment ne pas évoquer, par ailleurs, la culture mise en place par Steve Jobs au sein d'Apple. Innovante, celle-ci combinait qualité (supérieure, visant l’excellence et la perfection), design (minimaliste, élégant et centré sur l’expérience utilisateur) et innovation (les employés étaient encouragés à pousser les limites de ce qu’ils pensaient "possible" et à toujours aller vers la simplicité).

De même, la biographie d’Elon Musk montre comment son ambition démesurée et son envie de changer le monde est ancrée dans les fondements de ses entreprises : on les retrouve dans les process de recrutement, dans ses exigences en terme de performances, la présence de services dédiés à l’expérimentation, etc.

Et quand Jack Ma prône l’intégrité et la collaboration, Jeff Bezos, lui,ne jure que par l'optimisation des process, la compréhension et la satisfaction du client.

La philanthropie

Il est difficile de savoir si la philanthropie est une cause ou une conséquence de la réussite de ces cinq entrepreneurs. Toujours est-il qu’elle est une caractéristique commune très forte dans leur parcours de vie.

Plus ou moins discrets sur leurs actions, tous sont de fervents partisans de causes philanthropiques. Tous donnent aujourd’hui des millions de dollars à des associations ou injectent des sommes incommensurables dans leurs propres fondations.

Qu'avez-vous pensé des biographies de ces entrepreneurs qui ont changé le monde ? N'hésitez pas à faire part de vos avis en commentaires, ou à suggérer d’autres biographies qui vous ont particulièrement inspiré ! 

Cet article Les 5 biographies des entrepreneurs les plus fascinants au monde est apparu en premier sur Des livres pour changer de vie.

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Thu, 20 Jul 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12472/Les-5-biographies-des-entrepreneurs-les-plus-fascinants-au-monde
Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science http://www.olivier-roland.fr/items/view/12413/Enqute-sur-Elon-Musk-lhomme-qui-dfie-la-science

Résumé de « Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science » d’Olivier Lascar : un livre de vulgarisation scientifique qui vous fait entrer dans l'univers de l'un des hommes les plus riches et les plus audacieux du monde.

Par Olivier Lascar, 2022, 217 pages.

Chronique et résumé de « Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science » d’Olivier Lascar 

Avant-propos — Elon Musk et la science

Deux films, deux ambiances

Dans Iron Man 2, sorti en 2010, Elon Musk fait une apparition triomphante : il étreint Iron Mask (alias Robert Downey Jr.) dans une ambiance de strass et de paillettes. Adoubement symbolique — tout semble lui sourire à cette époque.

Dans Don’t Look Up, plus de 10 ans plus tard, la chanson n’est plus la même. Le méchant entrepreneur du film fait diablement penser à Elon Musk. Ses frasques et sa toute-puissance inquiètent. Et Randall Mindy (alias Leonardo DiCaprio) lui demande : « Où sont les publications scientifiques ? ».

Des traditions de publication et de la méthode scientifique elle-même, Elon Musk semble en effet n’avoir cure. Il préfère acheter les meilleurs chercheurs à prix d’or et les faire travailler sur des projets secrets. Pour le meilleur… Ou pour le pire ?

Ce livre n’est pas une biographie

L’ouvrage cherche plutôt à interroger ce rapport entre l’entrepreneur d’origine sud-africain (naturalisé États-Unien en 2002) et le monde scientifique. Quelle est la part de bluff et de réalité dans ses déclarations et ses projets ? Ces derniers sont-ils scientifiquement fondés ?

Une chose est sûre : Elon Musk ne laisse pas indifférent. Il bouscule, crée la polémique auprès de plusieurs communautés, depuis les astrophysiciens jusqu’aux industriels de l’automobile. 

Son style s’apparente plus à un Trump ou à un Gainsbourg qu’à un homme de science. Il est régulièrement discrédité. Pourtant, il parvient généralement à ses fins, même si c’est avec du retard : la création de fusées réutilisables en est sans doute le meilleur exemple.

SpaceX est aujourd’hui le partenaire incontournable de la NASA et des États-Unis. Avec Starlink, il a inondé le ciel de satellites et s’est assuré des revenus substantiels lui permettant d’avancer sur ses autres projets.

Et, justement, qu’en est-il de ses rêves martiens ? Les spécialistes s’accordent à dire qu’il est impossible de vivre sur Mars, mais que pourrait-il bien inventer pour rendre cette idée possible ? 

De fait, son engouement questionne. Et ses références culturelles étonnent. L’ingénieur veut s’inscrire dans la science-fiction populaire et classique — mais en créant la réalité décrite dans ces fictions. Il est aventureux et profondément geek.

Son premier succès ? PayPal, dont la revente à eBay lui rapporte directement près de 200 millions de dollars. Voyons maintenant ce qu’il va faire de cet argent.

Épisode 1 — La conquête spatiale

Fusées réutilisables : ne pas jeter après emploi !

La naissance du New Space

À 30 ans, Elon Musk crée SpaceX. Pas question de se reposer ; il veut agir. En 2022, après 20 ans d’existence, l’heure est au bilan. La réussite est flagrante, même si elle peut être relativisée en affirmant qu’elle aurait été indirectement financée par le gouvernement états-unien. 

Certains prétendent en effet que les factures de SpaceX sont « gonflées » et qu’il s’agirait en fait de subventions cachées. Mais c’est une assertion difficilement vérifiable, car le coût réel des lancements de fusées spatiales est difficile à déterminer. 

Quoi qu’il en soit, l’argent public (ainsi que la mise à disposition d’infrastructures publiques) joue bel et bien un rôle majeur dans le développement de l’entreprise. Celle-ci devance ses concurrents, et notamment Blue Origin de son meilleur ennemi, Jeff Bezos.

La nouvelle course à l’espace s’est donc privatisée : désormais, l’État américain commande l’entièreté ou presque de son programme spatial à un sous-traitant. La maîtrise d’œuvre a changé de mains.

La révolution des fusées réutilisables

C’est la grande avancée de ces dernières années en matière d’exploration spatiale. Et c’est l’entreprise privée qui y est parvenue la première.

Le problème, c’est que SpaceX ne communique pas sur ses avancées scientifiques et techniques. Il ne le fait que lorsque cela sert ses intérêts, c’est-à-dire pour faire de la publicité. Il ne permet pas à tous de faire des progrès et préfère garder ses secrets pour lui.

Depuis 2015, les essais/erreurs s’enchaînent, avec quelques réussites. Finalement, la fusée Falcon Heavy se repose à terre sans encombre en 2018. C’est maintenant une pratique presque routinière ; les lanceurs de fusée sont récupérés et réutilisés. Un gain d’argent substantiel, puisqu’il n’y a pas à les reconstruire !

L’ingénieur en chef

La logique de l’innovation d’Elon Musk est très différente de celle des acteurs traditionnels du spatial. Il ne se repose pas sur ses lauriers une fois qu’une technique fonctionne. Au contraire, en bon informaticien, il va directement chercher à développer la version Béta.1, puis la Béta.2, etc. 

Il a ainsi réussi, semble-t-il, à améliorer considérablement le rendement du moteur et de l’injecteur utilisés pour sa fusée. Ceux-ci existaient déjà, mais il les a rapidement perfectionnés et obtenus de bons résultats. Et il a fait de même pour d’autres dispositifs.

Car c’est bien lui, au final, qui valide les décisions. Il a bien sûr réuni les meilleurs autour de lui, mais c’est sans conteste « l’ingénieur en chef ».

Starship : La fusée de Tintin, en vrai

La science-fiction comme source d’inspiration

Nous l’avons dit : Elon Musk aime faire référence aux œuvres de science-fiction. C’est le cas pour Starship, dont la forme oblongue fait irrésistiblement penser aux fusées des histoires racontées par les écrivains des premiers magazines de science-fiction et par les créateurs de bande dessinée.

Une fusée qui carbure au méthane

Le moteur du Starship est le Raptor. Celui-ci fonctionne avec un mélange de méthane et d’oxygène, alors que les autres moteurs spatiaux utilisent plutôt l’hydrogène et l’oxygène. Pourquoi ce changement ? 

Malgré une plus faible performance en principe, plusieurs raisons sont évoquées pour justifier ce choix :

L’impossibilité de stocker longtemps l’hydrogène liquide dans l’espace (et sur Mars en particulier) ;

La possibilité de créer directement du méthane sur la Lune ou la Planète rouge ;

La réduction de l’espace de stockage (les réservoirs deviennent plus petits).

Le choix de l’acier inoxydable

Ici encore, un choix audacieux a été fait. Certes, il n’est pas neuf, puisque des fusées Ariane utilisaient déjà ce type de matériau. Mais les ingénieurs de Musk ont résolu les problèmes de soudure qui avaient finalement eu raison de son usage au profit de l’aluminium. 

Un revêtement en acier inoxydable est plus difficile à concevoir, mais a une résistance plus grande à la chaleur, notamment. Par ailleurs, il est moins cher. À voir, donc, ce que SpaceX nous réserve pour les prochains mois !

Le voyage sur Mars : explorer n’est pas coloniser

Mars, défi spatial du XXIe siècle

Le programme Apollo a bien sûr été le symbole de la conquête spatiale au XXe siècle, du moins dans le monde occidental. Et après le succès de la Station spatiale internationale (ISS), que faire ? La prochaine étape, logique, semble être Mars.

Les robots s’y rendent déjà. Mais le grand défi, c’est d’y amener des astronautes. L’idée n’est pas nouvelle, mais prend aujourd’hui des allures de projet concret. 

Mais les problèmes ne manquent pas. 

Le voyage doit être entrepris quand les planètes sont les plus proches l’une de l’autre (100 millions de kilomètres), une fois tous les deux ans plus ou moins ;

Il faut séjourner sur Mars jusqu’à ce que les planètes redeviennent proches, soit un an et demi environ (en décomptant le temps de vol de six mois) ;

Le relatif confort des astronautes doit être assuré pour un périple aussi long ;

L’exposition aux radiations spatiales, qui est sans doute l’enjeu le plus important.

La lune pour préparer Mars

La lune servira de base : c’est là que seront développés et testés les dispositifs et technologies nécessaires pour s’avancer plus loin. Et il est fort probable qu’elle serve aussi de base de lancement de la fusée elle-même.

SpaceX a été choisi par la NASA pour l’aider dans son nouveau projet de retour sur la Lune amorcé par Donald Trump : Artemis. Pourquoi ? Car son Starship peut transporter davantage de personnes et de matériel, le tout au moindre coût et avec de moindres risques. 

Mais il faut l’avouer, le projet est plutôt compliqué. Et Jeff Bezos n’a pas manqué de le signaler, lui qui espérait rafler la mise avec ses fusées de Blue Origin.

Attendons 2025 ou 2026. Normalement, telle est la date du retour habité sur la Lune. Il se peut qu’il y ait des retards, mais l’initiative est en tout cas lancée !

L’impossibilité d’une île

Pas facile de vivre sur Mars. Pas évident du tout, même : pas d’accès direct à l’eau, même si celle-ci, pense-t-on, a bien été présente un jour sur la planète. Si elle existe, elle est sous forme de glace, sous la roche ou le sable.

Autre point à prendre en compte : le froid. Mars est plus éloignée du Soleil que ne l’est la Terre (1 x et demi). Il y a bien des saisons sur la Planète rouge, mais pas aussi chaudes que chez nous. Et ne parlons pas des températures nocturnes, particulièrement fraiches. 

Enfin, le sable martien n’a rien d’une plage méditerranéenne. Les vents qui le transportent sont un cauchemar pour les équipements des astronautes.

La colonisation ? Pas gagné…

Mais une chose est sûre : les États-Unis veulent y aller. Face à la concurrence de la Chine, notamment, les États-Uniens ne veulent pas se laisser distancer. 

Les expérimentations vont déjà bon train. À bord de l’ISS, le système Veggie fait déjà pousser des légumes. Près de Moscou, des explorateurs se sont mis en condition d’un voyage de longue durée sur Mars. De jeunes Français font même partie d’une expérience menée sur une base dans le désert de l’Utah.

Toutefois, les annonces tonitruantes d’Elon Musk ne convainquent pas toujours. Il a créé un storytelling martien qui en fascine plus d’un, mais le calendrier qu’il propose n’est pas tenu. Ici, Elon Musk se laisse aller à ses désirs, mais ceux-ci sont parfois loin des réalités.

Un effet pervers majeur consisterait en effet à épuiser les ressources terrestres pour aller sur Mars. « Ironie tragique », dit Olivier Lascar. Mais Elon Musk s’en moque-t-il ? Veut-il vraiment faire de Mars la « Planète B » ?

Cela nécessiterait de mettre en œuvre un concept qui n’existe encore que dans la fiction : la terraformation, à savoir transformer la Planète rouge en une Terre nouvelle. Une folie ? Elon Musk semble pourtant y tenir… 

Starlink : l’internet mondial tombé du ciel

Voici venu le temps des satellites

Spoutnik est le premier satellite artificiel mis en orbite terrestre. Depuis, leur nombre a explosé. Ils seraient 4 000 actifs au bas mot, sans compter ceux qui ne fonctionnent plus, soit environ 9 000, et les déchets spatiaux. Et là, il faut l’avouer, c’est un véritable dépotoir : plus de 100 000 débris flotteraient autour de notre planète.

Certains d’entre eux, dit géostationnaires, semblent ne pas bouger, lorsqu’on les regarde de la Terre. Mais c’est simplement parce qu’ils tournent à la même vitesse qu’elle. Ils sont à une altitude de 36 000 km et sont utilisés pour les télécommunications classiques.

Depuis quelques années, Elon Musk a décidé d’investir ce domaine en envoyant une armée de petits satellites à plus basse altitude. Leur but ? Distribuer du wifi à la Terre entière !

La planète empaquetée dans le web

Tenez-vous bien : il se dit que l’homme d’affaires voudrait placer jusqu’à 42 000 de ces satellites au-dessus de nos têtes. Il en a déjà envoyé 1 800 et compterait encore en lancer, au grand minimum, une dizaine de milles. 

Mais ce nombre de 42 000 est à relativiser. Il pourrait en effet inclure les pièces de rechange et le remplacement des satellites hors d’usage. Car telle est la grande nouveauté : le satellite durable laisse place au jetable.

Est-ce une solution aux déserts numériques ? Elon Musk veut nous le faire croire en multipliant les actions de charité, notamment en cas de catastrophe (sur les îles Tonga) ou de guerre (en Ukraine), par exemple.

Une dizaine d’antennes devront être construites dans le monde pour permettre la communication avec les satellites ; l’une d’entre elles a d’ores et déjà été construite à Villenave-d’Ornon, en France.

Vous pouvez déjà vous abonner à Starlink si vous vivez aux États-Unis, au Canada et en France (depuis mai 2021). Cela est encore un peu cher, puisqu’il faut dépenser 500 euros pour l’antenne à placer dans son jardin et l’abonnement mensuel. En plus, le projet en est à sa phase Beta.

Points lumineux et côté obscur

Problème : en plus de s’accumuler dans l’espace et de créer des débris possibles, ces constellations de satellites créent des perturbations lumineuses. Elles s’illuminent dans la nuit en raison d’un éclairage plus tardif par le soleil (dû à leur altitude). Nous les voyons donc au crépuscule.

Ne pourrions-nous plus observer le ciel nocturne ? Plusieurs astrophysiciens français sont montés au créneau, mais n’ont pas vraiment été entendus.

Il ne s’agit pas seulement de la contemplation poétique des astres, mais aussi de celle des scientifiques. La pollution lumineuse gêne les observations réalisées avec les télescopes. 

Embouteillage en orbite

Ce problème n’est pas neuf, mais il prend de l’ampleur avec le projet des constellations de satellites. De façon plus large, ce qui se produit est un véritable embouteillage d’ondes et de fréquences radio. Bien des activités entrent ainsi en concurrence : internet, prévisions météorologiques, observations astrophysiques, etc. 

Que vont faire les États ? Le droit international va-t-il s’en mêler et réguler ce qui ressemble de plus en plus à une gigantesque autoroute spatiale ? 

Du bon usage des satellites en science

L’internet de Starlink n’est pas de la 5G, qui a le vent en poupe. Mais Elon Musk veut « combler l’espace entre la 5G et la fibre », a-t-il annoncé en 2021. 

Est-ce que ce projet, finalement, serait une aubaine pour les scientifiques ? Il y a à prendre et à jeter. Certains avancent des avantages (comme l’observation des océans, par exemple) quand d’autres, on l’a vu, craignent pour la pérennité de leurs propres investigations.

Quoi qu’il en soit, Elon Musk ouvre la voie à une « démocratisation » (entendez : une baisse des coûts et des barrières) de l’accès à l’espace, et notamment de l’envoi de petits satellites (nanosat). C’est l’aventure dans laquelle s’est lancée une équipe de recherche française, qui a fait lancer deux nanosats dans l’espace par Starlink.

Épisode 2 — La voiture autonome

Tesla, l'ordinateur sur roues — Le retour de la voiture électrique

Une voiture dans l’espace

EN 2018, Elon Musk a décidé de faire la promotion de son roadster Tesla en l’envoyant dans l’espace. Cynisme absolu de la publicité ou coup de génie ? À vous d’en décider. 

L’aventure Tesla

Contrairement à SpaceX, Tesla existait déjà ; Elon Musk a mis la main dessus en 2008, lorsqu’il en est devenu le PDG après avoir abondamment financé l’entreprise les années précédentes. 

La firme paraît faite pour lui. Du nom — Tesla est un inventeur génial et controversé du XIXe siècle — jusqu’au concept — dépoussiérer l’idée de la voiture électrique —, cette société lui va comme un gant. 

La voiture conçue par Tesla est un ordinateur sur roues et sa conception est complètement novatrice.   Cette promesse d’une voiture électrique super innovante a fait grimper les actions de l’entreprise et a permis à Elon Musk de devenir l’homme le plus riche du monde.

La voiture Tesla se veut doublement autonome :

Au niveau du nombre de kilomètres parcourus (il est aujourd’hui possible de sillonner la France en voiture électrique) ;

Quant à l’aptitude de la voiture à se piloter toute seule… ou presque. L’Autopilot de Tesla offre une assistance à la conduite améliorée, mais le conducteur reste in fine aux manettes.

Les batteries : la révolution du lithium-ion

La techno qui révolutionne la voiture électrique

Cette technologie a été développée dès les années 1970 et commercialisée à partir des années 1990. Avec l’augmentation impressionnante des ventes de voitures électriques, les batteries au lithium-ion sont largement demandées.

Pour répondre à sa propre demande, Elon Musk a choisi de développer des sites industriels pour en fabriquer, nommés « gigafactories ». Cela annonce un changement d’échelle dans leur production. L’une d’entre elles va d’ailleurs être construite près de Dunkerque.

La ruée vers l’or blanc

L’or blanc, c’est le lithium, un métal naturellement présent sous la terre. Les constructeurs en manqueront-ils ? Telle est l’une des questions qui secouent les spécialistes. La question du recyclage est particulièrement importante à traiter. 

Mais il y a un autre problème : celui de l’impact écologique lié à son extraction. Des sites tels que le Salar d’Uyuni (désert de sel) en Bolivie ou la vallée du Radar en Serbie sont potentiellement en danger.

Recruté par Elon Musk !

Olivier Lascar interviewe l’une des recrues françaises d’Elon Musk et met en évidence l’une des forces du personnage : le « premier principe ». Qu’est-ce que c’est ? 

Eh bien c’est une question que pose le milliardaire lorsqu’il commence un projet : 

« Quelle est la loi de la physique qui m’en empêche ? » 

S’il n’y en a pas, alors c’est que c’est possible. Même si c’est compliqué ! C’est cela, le premier principe. 

Y a-t-il un pilote dans l’auto ? De la voiture automatisée à la voiture autonome

Les niveaux d’automatisation

Nous l’avons dit plus haut : l’Autopilot développé par Tesla n’est pas synonyme de conduite totalement autonome, du moins pas pour l’instant. Il s’agit d’une aide à la conduite poussée, mais le conducteur reste nécessaire. 

L’autonomie totale n’est pas encore pour demain, quoi qu’affirme Elon Musk dans ses déclarations télévisuelles. Mais elle n’est plus un rêve de science-fiction. 

Et si elle pouvait bien arriver plus tôt que prévu, il n’en demeure pas moins utile, pour l’instant, de distinguer entre « automatisation » et « autonomisation ». 

6 niveaux d’automatisation ont été distingués :

0 : L’humain est aux commandes, sans aide à la conduite.

1 : Gestion assistée de la vitesse (type ABS et ACC).

2 : Capacité à se repérer dans l’espace (le pilote peut lâcher le volant de temps à autre) ;

3 : Dans certaines circonstances précises, la voiture peut rouler sans que l’attention du conducteur soit nécessaire.

4 : Le Principe du niveau 3 est étendu à de plus en plus de situations.

5 : La voiture est autonome : le conducteur devient simple passager.

Les sorties de route de la voiture autonome

Olivier Lascar raconte l’histoire de la voiture autonome et les initiatives en cours, puis termine ce chapitre par les questions de sécurité liées. Il relate plusieurs accidents, dont certains mortels.

Qu’il s’agisse de voitures individuelles ou de transports en commun, l’avenir de l’autonomisation n’est pas encore joué !

Interlude — Transports en commun

Entre Hyperloop et Tesla sous la terre

Le « livre blanc » d’Hyperloop Alpha

Avec son « livre blanc Hyperloop Alpha », Elon Musk a mis à la mode une technologie qui existait bien avant lui et qui continue, d’ailleurs, à se développer sans lui : l’hyperloop ou le train ultra rapide « sous vide ». 

Pourtant, il n’a pas financé la commercialisation de ce projet. Il a simplement joué le rôle de « dénicheur de tendances ». 

Aujourd’hui, plusieurs projets indépendants sont en cours dans le monde entier et certains des plus prometteurs se trouvent en Europe.

Des Tesla sous la terre

Un autre projet a vu le jour et celui-là est bien chapeauté par Musk. C’est la Boring Company, une entreprise chargée de construire des tunnels. L’entrepreneur voudrait y faire passer des Tesla (autonomes, dans l’idéal) à grande vitesse.

Pour l’instant, les projets réalisés n’ont pas vraiment convaincu. Et il est par ailleurs important de se poser la question de l’impact environnemental de ce type de projet. Pour ne prendre qu’un exemple, un réseau de tunnels sous-terrains sous Los Angeles est-il souhaitable ?

Épisode 3 — L’interface cerveau-machine

Neuralink contre l’IA : Elon Musk et l’armée des cyborgs

« Avec l’IA, nous invoquons le démon »

C’est l’une des phrases qu’il a prononcées en 2014, lors d’un entretien au célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT). Selon lui, l’intelligence artificielle comporte le danger de reléguer les humains au statut d’animaux de compagnie. Bref, nous pourrions rapidement être dépassés par l’intelligence des machines.

Car ce que nous leur demandons, c’est bien d’effectuer des tâches intellectuelles à notre place : raisonnement, apprentissage, prise de décision, collaboration, etc. Or, depuis les années 2000, et surtout depuis 2011-2012, la recherche s’est considérablement accélérée et les perspectives qui paraissaient encore lointaines voici quelques années se rapprochent dangereusement.

Un premier exemple de la contre-attaque : Elon Musk, avec Stephen Hawking et Steve Wosnial (co-fondateur d’Apple), entre autres, a signé une lettre ouverte contre l’usage de l’intelligence artificielle dans le domaine militaire. 

Autre initiative : il co-fonde OpenAI, l’entreprise désormais célèbre pour ses applications graphiques (Wall-e) et rédactionnelles (ChatGPT), qui a pour ambition de créer une IA « bénéfique à l’ensemble de l’humanité », c’est-à-dire qui fasse « ce que veulent les humains ».

Quand Neuralink pointe le bout de son électrode

Mais sa véritable réponse est ailleurs, et bien plus profonde : en 2016, il crée Neuralink, une société ayant pour fin d’intégrer l’intelligence artificielle dans notre cerveau. L’ambition est de soigner des maladies neurodégénératives ou liées au fonctionnement du cerveau (cécité, par exemple). 

Mais pas seulement, et même pas prioritairement ! Ce que souhaite Elon Musk, c’est avant tout créer des systèmes d’IA « embarqués » dans nos cerveaux pour des raisons de convenance : apprendre une nouvelle langue, améliorer ses compétences dans tel domaine, etc.

Comment ? Au début, ce n’était pas clair. Mais depuis quelques années, le projet se précise. La solution consiste à implanter des puces électroniques dans les cerveaux humains.

Les trois cochons d’Elon

Dans une expérience mise en spectacle sur YouTube par son équipe en 2020, le milliardaire évoque toutes les promesses de ces implants. Et il tente de nous convaincre en nous montrant trois cochons : 

Joyce, qui n’a pas d’implant ;

Dorothy, qui en a eu un, mais qui lui a été retiré ;

Gertrude, le cochon augmenté.

L’idée, pour l’instant, est surtout de montrer que les implants peuvent être introduits et retirés en toute sécurité. Les performances de Gertrude ne sont pas particulièrement étonnantes, mais l’important est de montrer que l’animal est en pleine santé.

Des électrodes dans la tête : les implants cérébraux, pas nés de la dernière pluie

Le cerveau, pas si fragile

L’implantation d’électrodes dans le cerveau est une opération qui se pratique déjà depuis longtemps et qui était donc connue bien avant Neuralink.

Les chercheurs savent que le cerveau tolère bien ces implants, comme le corps le fait dans le cas d’autres prothèses biocompatibles. Toutefois, le cerveau réagit en créant une sorte de cape protectrice autour des implants (processus de gliose). Or, cela crée deux problèmes potentiels :

Retirer un implant n’est pas si aisé que cela (contrairement à ce que prétend Neuralink) ;

La transmission du signal électrique peut être atténuée par la gliose.

Elon Musk n’a pas inventé les implants cérébraux

Eh non ! Souvent, l’homme d’affaires veut nous laisser croire qu’il est à l’origine de toutes les inventions. Mais c’est faux : il exploite de nombreuses recherches préexistantes. 

Les avancées importantes dans ce domaine sont notamment la « stimulation cérébrale profonde » utilisée pour la maladie de Parkinson, entre autres (les TOC, également).

Il faut aussi citer d’autres projets en cours, tels que Human Brain Project en Europe et la Brain Initiative aux États-Unis.

Les interfaces cerveaux-machines

Ce champ de recherche existe depuis les années 1970. L’idée est de mouvoir des prothèses robotisées (un bras, voire un exosquelette complet) par la pensée. En 2016, par exemple, l’implantation d’électrodes a permis à un homme tétraplégique d’écrire sur un clavier numérique grâce à la pensée.

Par ailleurs, vous avez déjà certainement vu les électroencéphalogrammes, qui sont des casques avec des capteurs qui se posent sur le crâne. Cette version moins invasive (mais aussi moins puissante) est déjà utilisée pour des activités de loisir, comme le jeu vidéo. 

Bien d’autres recherches et dispositifs existent ou sont en cours de développement. L’auteur cite notamment le cas des laboratoires Medtronic, qui souhaitent trouver un traitement contre l’épilepsie à partir d’implants dits « rétrocontrôlés ».

Les apports de Neuralink

Si toutes ces investigations existent déjà, que peuvent apporter Elon Musk et ses équipes ? Le travail semble se focaliser sur la miniaturisation — et donc aussi, à la fin, la généralisation de ces implants.

Pour l’ingénieur, nos problèmes neurologiques et mentaux (de la paralysie jusqu’à l’addiction) sont un « problème électrique ». « Nos neurones sont comme du câblage », dit-il. En réfléchissant bien, nous pouvons donc soigner tous ces maux à l’aide de quelques fils et d’un peu d’électricité.

Mais il faut que ces fils soient fins et nombreux ! Vous ne voulez pas vous balader en rue avec un casque ni vous sentir mal à l’aise avec un implant dans la tête. Tout cela doit devenir si petit et imperceptible que vous l’oubliez complètement.

La version de 2019 est déjà impressionnante : une simple petite pièce de 23 mm de diamètre pour 8 mm d’épaisseur qui devrait prendre la place d’un petit os dans le cerveau. Les électrodes ? 20 fois plus fine qu’un cheveu et au nombre (déjà élevé) de 1024. 

L’entrepreneur promet aussi une implantation rapide et sans encombre, sans anesthésie générale et en moins d’une heure. Le robot-chirurgien utilisé par Neuralink n’est pas vraiment nouveau en soi. Mais cela n’enlève rien au caractère impressionnant de ces recherches et des promesses qui sont faites.

L’ordinateur vivant : en route vers le trans humanisme

Le singe qui joue à Pong par la pensée

Pong est un jeu vidéo très simple apparu dans les années 1970 : une « raquette » de chaque côté de l’écran et une balle entre les deux qui va de l’une à l’autre. Chaque joueur doit faire bouger sa raquette de façon correcte pour renvoyer la balle de l’autre côté. 

Grâce à des implants, il semble qu’un singe nommé Pager soit parvenu à y jouer par la pensée. C’est ce qui nous est montré dans l’une des vidéos diffusées par Neuralink et disponibles sur son site.

Un spécialiste interviewé par Olivier Lascar invite toutefois à la prudence, car, selon lui, il est possible de manipuler la démonstration. D’autre part, il insiste sur le fait que de telles expériences ont déjà été menées ailleurs avec succès. Si ce n’est donc pas faux, ce n’est en tout cas pas nouveau.

L’auteur relate notamment une expérience menée en 2014, au cours de laquelle des scientifiques ont démontré la possibilité de « mettre en réseau des cerveaux d’animaux pour traiter et stocker l’information », c’est-à-dire créer des « dispositifs informatiques biologiques » (p. 184).

Sur la route du transhumanisme

« Le crédo du transhumanisme, c’est de doter l’individu de nouvelles capacités et de transformer l’espèce humaine. » (Elon Musk : l’homme qui défie la science, p. 185)

Les grands noms de la Silicon Valley semblent se pencher très sérieusement sur la question :

Elon Musk et Neuralink, donc, mais aussi :

Larry Page, cofondateur de Google, et son entreprise Calico ;

Jeff Bezos et Alto Labs.

Il ne s’agit donc pas seulement de réparer (les problèmes liés au grand âge ou les défauts et problèmes humains de toutes sortes), mais bien d’augmenter ses capacités et, potentiellement, sa durée de vie. 

La frontière entre homme réparé et augmenté est fine, et cela pose des questions éthiques. En voici un aperçu : faut-il craindre une surveillance accrue des humains qui choisiront de se faire implanter une puce Neuralink ?

Les smartphones nous tracent déjà et peuvent prédire — grâce à la masse de données laissées sur le web — une part de nos comportements. Mais si nous connectons ces dispositifs directement à nos cerveaux, que restera-t-il de notre intimité ?

C’est une question que se pose Yuval Noah Harari avec beaucoup d’acuité dans Homo Deus. À lire d’urgence si ce n’est pas encore fait !

La souffrance animale

C’est une autre question éthique. Et sur ce point, les équipes d’Elon Musk sont déjà attaquées en justice. Une association de médecins a décidé de porter l’affaire des singes aux implants Neuralink devant les tribunaux. Selon eux, de mauvais traitements et des conditions de vie misérables leur étaient imposés. 

L’entreprise s’est défendue publiquement sur son blog en niant toute maltraitance et en rappelant l’importance de pouvoir expérimenter sur des animaux avant de passer aux humains.

Ce dernier point vaut pour toutes les recherches. Il faut, à chaque fois, apprendre à mettre en balance la souffrance animale directe et l’espoir apporté par ces investigations. Ce n’est jamais un calcul facile à réaliser.

Dans le monde scientifique, la règle des 3 R est employée :

Remplacer = quand il est possible de se passer des animaux (via des modèles in vitro ou in silicio), il faut le faire ;

Réduire = il est capital de diminuer le nombre d’animaux impliqués ;

Raffiner = les chercheurs doivent imaginer des protocoles moins invasifs.

Olivier Lascar conclut cette partie en s’interrogeant sur l’avenir. Selon lui, les perspectives transhumanistes d’Elon Musk se frottent à de nombreuses réticences, notamment éthiques (comme nous venons de le voir) et légales. 

En effet, si la réparation est autorisée, l’augmentation des êtres humains n’est pas encore légalement possible. Dans ce cas, comment faire ? Aller en Chine ou dans des pays plus permissifs ? Peu probable, soutient le journaliste. Ou bien…

« Alors, il lui faudra faire œuvre d’un vigoureux lobbying pour faire évoluer les règles juridiques lui permettant de faire émerger son homme augmenté aux États-Unis. Finalement, le plus simple serait qu’il soit lui-même à la Maison-Blanche. Elon président, un programme utopique… ou dystopique ? » (Elon Musk : l’homme qui défie la science, p. 192)

Épisode 4 — Bitcoin et cryptomonnaies

Du cyberpunk au « cypherpunk »

En avril 2022, Elon Musk a racheté Twitter pour la bagatelle de 44 milliards de dollars. C’est peu dire qu’il aime ce réseau social. Il ne cesse de l’utiliser, parfois à tort et à travers. Et c’est notamment sur les cryptomonnaies qu’il s’exprime. 

Ces monnaies ont vu le jour de façon expérimentale dans les années 80. Il a fallu l’intervention d’un mystérieux Satoshi Nakamoto pour que le système se mette en place de façon convaincante avec le concept de « minage ».

C’est le début du bitcoin. Les transactions sont enfin sécurisées grâce au minage et à sa technique phare : la blockchain ou « chaîne de blocs », qui archive et répertorie les transactions faites en ligne. 

Musk et le bitcoin : tu veux ou tu veux pas ?

Il n’y a pas que le bitcoin : il y a aussi le Deutérium, le CoinBase, le Kraken ou le Binance, entre autres. C’est un domaine en pleine expansion, encore peu régulé, qui ne pouvait qu’attirer Elon Musk.

Pourtant, celui-ci semble hésiter. Dans ses tweets, il souffle tantôt le chaud, tantôt le froid. Comme lorsqu’il annonce que ses Tesla pourront être payées en bitcoin, avant de faire marche arrière.

Sa préoccupation (du moins officielle) ? Le caractère peu écologique des cryptomonnaies et du système de minage/blockchain. Celui-ci requiert en effet des ordinateurs très puissants et les coûts environnementaux d’un tel dispositif sont réels et connus. 

Musk au McDo pour une crypto

Une autre de ses interventions concerne une autre cryptomonnaie : le Dogecoin, dont il dit qu’elle est la « crypto du peuple ». Il s’engage dans un autre tweet à manger « un Happy Meal à la télé si McDonald’s accepte le Dogecoin ». 

Mais certains commencent à s’énerver de cette présence d’Elon Musk dans le domaine. En effet, par ses déclarations, il fait parfois la pluie et le beau temps, modifiant les cours de la Bourse et faisant chuter certaines monnaies électroniques. Une nouvelle monnaie est même apparue : FuckElon. C’est dire !

Conclusion sur « Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science » d’Olivier Lascar :

Ce qu’il faut retenir de « Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science » d’Olivier Lascar :

Olivier Lascar insiste à plusieurs reprises : ce livre n’est pas une biographie d’Elon Musk. Et c’est tant mieux ! Vous trouverez dans cet ouvrage une discussion des principales initiatives d’Elon Musk dans différents domaines des sciences et des techniques :

L’exploration spatiale (SpaceX) ;

L’automobile électrique et autonome (Tesla) ;

Les transports en commun (Hyperloop et The boring Company) ;

Les neurosciences et l’intelligence artificielle (Neuralink) ;

Les cryptomonnaies.

Ce qui apparaît à chaque fois, c’est qu’Elon Musk s’empare d’un champ de recherche, y pénètre et change les règles. Il s’entoure des meilleurs chercheurs, bouleverse les habitudes de travail, promet monts et merveilles et ne se soucie guère des règles de communication scientifique. 

Il parvient souvent à des résultats bluffants en peu de temps, en s’appuyant sur les avancées scientifiques et techniques qui ont eu lieues avant lui, mais en les modifiant et en les améliorant de façon décisive. 

Pour beaucoup d’acteurs scientifiques interviewés par Olivier Lascar, il a donc un rôle intéressant à jouer, puisqu’il stimule et parfois donne un coup d’accélérateur à certains domaines de recherche.

En outre, il a un pouvoir financier qui impressionne. Fortune parmi les plus riches du monde (il était considéré comme l’homme le plus riche du monde avant le rachat de Twitter), il peut s’offrir ce qu’il veut (même un réseau social d’ampleur mondial). 

Mais au-delà de l’argent, c’est aussi un formidable pouvoir d’influence qu’il a non seulement sur ceux qui l’entourent et l’accompagnent dans ses activités, mais sur des industries entières.

Alors, pour reprendre l’une des hypothèses du journaliste scientifique : demain, Elon Musk président des États-Unis ? Ce serait sans doute la porte ouverte à une expérimentation technique et sociale sans précédent. 

Points forts :

Un ouvrage composé par un journaliste, avec de nombreux entretiens et documents à l’appui ;

Des chapitres clairs, structurés par domaines d’activité ;

Des éclaircissements et des encadrés sur de nombreux concepts scientifiques ou techniques ;

Une information qui colle à l’actualité (jusqu’à son année de publication en tout cas).

Points faibles :

Si vous aimez Elon Musk de loin ou que vous voulez en savoir plus sur ses projets, vous serez servis ! En revanche, si vous êtes un fan invétéré, peut-être que vous n’apprendrez pas grand-chose de plus que ce que vous saviez déjà.

Ma note :

                

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Thu, 08 Jun 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12413/Enqute-sur-Elon-Musk-lhomme-qui-dfie-la-science
Un long chemin vers la liberté http://www.olivier-roland.fr/items/view/12383/Un-long-chemin-vers-la-libert

Chronique et résumé de « Un long chemin vers la liberté » de Nelson Mandela : découvrez l’autobiographie de l’un des plus grands leaders du XXe siècle, qui a mis fin à l’apartheid et a organisé la réconciliation en Afrique du Sud — un monument d’histoire et de sagesse.

Par Nelson Mandela, 1995 [1994], 768 pages.

Titre original : A long walk to freedom.

Chronique et résumé de « Un long chemin vers la liberté » de Nelson Mandela  

À propos de l’ouvrage

Long Walk to Freedom ou Un long chemin vers la liberté est l’autobiographie de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, l’une des personnes les plus profondément influentes du XXe siècle.

Publié en 1994, le livre retrace d’abord la vie de Nelson Mandela depuis son enfance jusqu’à son emprisonnement sous le régime de l’apartheid.

La deuxième partie du livre traite de l’activité politique de Nelson Mandela au sein de la prison, puis en dehors, une fois libéré après 27 ans de détention. Le livre se termine par l’accession du leader à la présidence du gouvernement d’Afrique du Sud.

Première partie : une enfance à la campagne

La naissance d’un « fauteur de troubles »

Nelson Mandela est né le 18 juillet 1918 à Mvezo, un petit village de la région du Transkei, en Afrique du Sud.

Son père, chef de village, l’a appelé Rolihlahla. Ce mot peut se traduire littéralement par « tirer les branches des arbres », mais signifie familièrement « fauteur de troubles » dans la langue xhosa.

Plus tard, d’autres appelleront Nelson Mandela du nom de clan Madiba. Quant au prénom Nelson, celui-ci lui a été donné par l’un de ses professeurs, à l’école.

Nelson Mandela est issu de la noblesse de la tribu Thembu, qui faisait partie de l’ancienne nation Xhosa. Son père était l’équivalent d’un président par intérim pour le Thembuland. Toutefois, il ne resta pas au pouvoir très longtemps.

Nelson Mandela grandit sans son père, parti travailler en ville. Sa mère et lui déménagent dans un village appelé Qunu, près d’Umtata. Élevé par sa mère, qui passe son temps à s’occuper des cultures de maïs et de sorgho, il fait office de « garçon de troupeau ». Sa famille est pauvre et il mange peu.

La mort de son père et l’éducation

Nelson Mandela aime se bagarrer avec les enfants de son âge. Mais aussi aller à l’église avec sa mère, croyante méthodiste.

Pour l’époque et le lieu, Nelson Mandela commence l’école jeune, à savoir à l’âge de 7 ans. Ce sont les amis haut placés et instruits de son père qui recommandent qu’il soit envoyé à l’école.

Il fréquente néanmoins la petite école à classe unique de son village et porte la plupart du temps le pantalon coupé de son père, attaché par une ficelle autour de la taille.

Lorsque Nelson Mandela a neuf ans, son père meurt d’une maladie pulmonaire.

Sa famille l’envoie alors vivre chez le chef Jongintaba Dalindyebo, qui se trouve être le régent intérimaire des Thembu, qui vit à Mqhekezweni, « le grand lieu » (Great Place), dans la capitale provinciale du Thembuland.

Nelson et sa mère s’installent donc dans cette résidence royale. La région étant fortement religieuse (méthodiste) et occidentalisée, la scolarité du jeune Nelson Mandela est rapidement orientée vers des métiers administratifs (police, administration, interprétariat).

À cette époque, l’enfant devient aussi beaucoup plus religieux. Mais surtout, il se passionne pour l’histoire et les héros africains, tel que Ngangelizwe, qui protège leurs terres contre les Britanniques.

Par exemple, le régent raconte à Nelson Mandela comment les Noirs vivaient dans une paix relative jusqu’à ce que les hommes blancs les envahissent et brisent leur fraternité, comme cela est arrivé en Afrique du Sud avec l’arrivée des Néerlandais et de Jan Van Riesbeck.

Une bonne éducation et un intérêt grandissant pour la rhétorique anticolonialiste

Lorsqu’il est plus grand, Nelson Mandela fréquente le Clarkebury Boarding Institute, situé dans le district d’Engcobo. Il s’agit, en ce temps-là, de la plus haute institution d’enseignement pour les Africains dans le Thembuland.

Au début, le garçon éprouve des difficultés à s’adapter à cet environnement différent et ses camarades n’hésitent pas à le traiter de « garçon de la campagne », ce qui lui donne le sentiment d’être un étranger.

Il se lie toutefois d’amitié avec une fille nommée Mathona, qui devient sa première amie féminine. Avoir une fille pour amie est nouveau pour lui, car là où il a été élevé, les femmes ne sont pas particulièrement bien traitées.

Le Weslayan College

Il continue sa scolarité au Weslayan College, qui forme alors la plus grande école pour les Africains au sud de l’équateur.

Nelson y écoute avec admiration le poète xhosa Krune Mqhayi. Son discours sur le choc entre les cultures européenne et africaine ébahit le jeune homme.

Peu à peu, Nelson Mandela se découvre une identité africaine (et pas seulement locale). Celle-ci va de pair avec une rhétorique anti-européenne et anti-colonialiste. Le jeune homme commence à se passionner pour le nationalisme africain.

Fore Hare

À 21 ans, Nelson Mandela part étudier au University College de Fort Hare, dans la municipalité d’Alice, près de Healdtown. Il s’agit du seul centre d’enseignement supérieur résidentiel pour les Noirs en Afrique du Sud à cette époque.

Nelson Mandela ne soutient guère les attitudes colonialistes de ses professeurs. Pourtant, il les respecte et reste amical avec eux.

C’est ainsi qu’il apprend l’anglais, l’anthropologie, la politique, l’administration indigène et le droit romain-néerlandais. Le jeune homme envisage alors de devenir fonctionnaire ou interprète aux Affaires autochtones.

Il participe également à diverses activités extrascolaires, telles que la course de fond, le football, la rhétorique et la danse.

Un mariage raté et la fuite

Le régent, chez qui il vit toujours à ce moment, fait en sorte qu’il se marie avec une femme appelée Justice. Les jeunes gens conviennent tous deux que ce n’est pas ce qu’ils souhaitent et ils s’enfuient à Johannesburg.

La fuite lui permet également d’échapper aux problèmes politiques qu’il a engendrés en tant qu’étudiant au University College de Fore Hare. Nelson Mandela s’est en effet fait expulser de l’université après avoir soutenu un boycott des étudiants.

Pour avoir de l’argent pour partir, Nelson Mandela et sa compagne volent deux bœufs qu’ils revendent. C’est le début d’un long périple et de plusieurs mensonges en cascade.

Deuxième partie : Johannesburg

Des mensonges pour vivre

À Johannesburg, Nelson Mandela va d’abord travailler comme gardien de nuit à Crown Mines, une mine d’or locale. Il dira plus tard que la mine d’or est un signe fort de l’oppression blanche.

En effet, de nombreux Africains trimaient quotidiennement dans une énorme entreprise capitaliste qui ne profitait qu’aux propriétaires blancs.

Pour obtenir le poste, il utilise un subterfuge : il prétend que le régent — qui est une figure respectée et connue — approuve son déménagement.

Toutefois, les responsables de la mine découvrent vite le pot aux roses et demandent à Mandela de retourner immédiatement chez lui.

Refusant de quitter la ville, Nelson Mandela vit brièvement chez un cousin, puis s’installe chez le révérend J. Mabutho. Cependant, il répète le mensonge, qui, à nouveau, se retrouve très rapidement éventé. Son hôte lui demande de partir, mais s’organise néanmoins pour qu’il reste chez des voisins.

C’est aussi à cette époque que le jeune homme trouve un emploi d’avocat stagiaire auprès d’un cabinet local, Witkin, Sidelsky et Eidelman.

La nuit, il étudie afin d’obtenir son diplôme de droit à l’UNISA, l’université d’Afrique du Sud qu’il n’a pas pu terminer.

Travail au cabinet d’avocat et études de droit

À cette époque, Nelson Mandela vit dans la pauvreté. Il raconte comment les secrétaires du cabinet d’avocats lui apportent de la nourriture.

Pour économiser de l’argent, il s’installe dans une auberge que la Witwatersrand Native Labor Association (WNLA) gère pour les Noirs de toute l’Afrique du Sud et qui accueille des Zoulous, des Namibiens, des Xhosas et des Swazis.

En 1942, Nelson Mandela obtient son diplôme de bachelier. Il s’inscrit à l’université de Witwatersrand pour obtenir son diplôme de droit (la licence ou équivalent du master aujourd’hui).

Seul étudiant noir en droit, Nelson Mandela fait l’expérience du racisme, même s’il parvient aussi à s’entendre avec des personnes aux mentalités beaucoup plus libérales.

Au niveau académique, le jeune homme éprouve pour la première fois des difficultés et obtient des résultats plutôt médiocres à ses examens.

Initiation au communisme

Gaur Radebe, l’un des collègues de Nelson au cabinet d’avocats, est la première personne à initier Nelson Mandela au communisme. La seconde est son premier ami blanc, Nat Bregman.

Nelson Mandela est alors âgé de 23 ans.

Il assiste à plusieurs réunions du parti, bravant l’avertissement de son patron qui lui conseille d’éviter la politique. Au contraire, puisqu’il décide de participer au boycott des bus d’Alexandra en août 1943.

Cette action est la première expérience de Nelson Mandela en matière de militantisme politique. Son but ? Contester l’augmentation des tarifs des bus. Dans son autobiographie, il décrit ce moment comme l’un des plus terrifiants et les plus enrichissants de sa vie politique.

En fait, les liens que Nelson Mandela noue à cette époque avec le parti communiste ont une influence considérable sur sa lutte future contre l’apartheid.

Troisième partie : La naissance d’un combattant de la liberté

La participation à l’ANC

Dans les années suivantes, Nelson Mandela s’engage plus fermement encore en politique. Il devient actif au sein du Congrès national africain (ANC), qui a pour but d’aider tous les Africains d’Afrique du Sud à obtenir la pleine citoyenneté.

Au printemps 1944, Nelson Mandela et le Dr Lionel Majombozi, malgré l’opposition du chef de l’ANC, décident de former une Ligue de la jeunesse de l’ANC, davantage axée sur le militantisme.

Mandela y siège en tant que président du comité exécutif. Avec d’autres jeunes adeptes du « nationalisme africain militant », il cherche à convaincre le président d’alors de l’ANC, le Dr A. B. Xuma, de mener une politique plus active en faveur de l’égalité politique des Noirs.

Comme le dit Mandela, décrivant ses sentiments à cette époque :

« Le nationalisme africain était notre cri de guerre, et notre credo était la création d’une nation à partir de nombreuses tribus, le renversement de la suprématie blanche et l’établissement d’une forme de gouvernement véritablement démocratique. » (Un long chemin vers la liberté, Troisième partie)

La lutte contre l’apartheid

En 1948, le Parti national, dirigé par des Afrikaners blancs (proches du régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale), arrive au pouvoir en Afrique du Sud et instaure l’apartheid, c’est-à-dire la séparation politique et l’oppression des Noirs.

Ce parti rend hors-la-loi le parti communiste sud-africain et promulgue des lois visant à restreindre les droits de la population noire.

En réaction, Nelson Mandela et ses camarades de l’ANC décident de pratiquer la désobéissance civile.

La police les arrête et les séquestre brièvement. À l’issue de l’un de ses premiers jugements (nous allons voir qu’il y en aura d’autres), le tribunal le déclare coupable de communisme « statutaire », c’est-à-dire d’opposition au gouvernement. Finalement, sa peine à neuf mois d’emprisonnement est suspendue.

En tant que membre de l’ANC, Nelson Mandela cherche à agir contre les abus du gouvernement et la ségrégation. L’association rédige une charte appelée African Claims.

Nelson Mandela rencontre également un homme nommé Anton Lembede, un Zoulou du natal. Celui-ci donne à l’ANC une conférence ayant pour objet le complexe d’infériorité des Noirs. C’est un vibrant plaidoyer en faveur de « l’africanisme ».

Mandela voit dans cette proposition un exemple de nationalisme noir africain. Plus, il considère que celui-ci est le seul antidote à la domination étrangère et à l’impérialisme occidental.

La rencontre avec sa première femme et sa vie familiale

Pendant cette période de sa vie, Mandela se marie avec Evelyn Mase, sa première femme. Celle-ci est infirmière en formation. Tous deux tombent rapidement amoureux.

Quelques jours après leur rencontre, ils sortent ensemble. Quelques mois plus tard à peine, Nelson Mandela la demande en mariage. La jeune femme accepte et ils se marient en 1945.

En 1946, le couple emménage à Orlando East. Durant sa captivité, Nelson Mandela se souviendra souvent de la maison dans laquelle ils vivaient.

C’est là que son fils, Madiba Thembekile, naît en 1946, suivi de sa fille, Makaziwe, en 1947. Malheureusement, celle-ci meurt alors qu’elle n’a que neuf mois. Un autre fils, nommé Makgatho, naît en 1950.

Changement de stratégie : réflexion sur la lutte armée

L’arrivée au pouvoir du parti national et de l’augmentation sans précédent des violences policières a fait grandir les rangs de l’ANC.

En 1952, des manifestations de masse ont lieu pour pousser le gouvernement à satisfaire les demandes sociales et politiques des Noirs.

Toutefois, à cette époque, Nelson Mandela s’interroge sur la voie à suivre : faut-il continuer à prôner la non-violence et la résistance passive, comme Gandhi, ou cela ne suffit-il plus ?

Quatrième partie : Le combat est ma vie

Son propre cabinet d’avocat

La même année, Nelson Mandela ouvre un cabinet d’avocats avec Oliver Tambo, un membre de la tribu de Pondoland, dans le Transkei. Pourtant, il n’a toujours pas obtenu sa licence (il a échoué aux examens).

Leur cabinet est très demandé et représente des Noirs dans de nombreuses affaires de brutalité policière. Mais les victoires sont rares. Quant aux autorités politiques, elles dénigrent ouvertement cette initiative.

La fin du pacifisme

Le point de bascule est franchi en 1953, lorsque le gouvernement nationaliste décide de déplacer les Noirs de leurs foyers urbains de Sophiatown vers des régions rurales éloignées.

Les Blancs s’installent dans les belles maisons qui appartenaient auparavant à des Noirs aisés, qui sont refoulés sans ménagement.

Nelson Mandela en appelle alors à la fin de la résistance passive. Publiquement, il prend la parole pour inviter à la violence contre le gouvernement de l’apartheid et tente même de faire parvenir des armes de Chine.

Cela ne plaît guère à l’ANC, qui le censure.

En 1953, la police lui interdit toute action politique. Des efforts sont également déployés pour radier Mandela du barreau.

Cinquième partie : Le procès de trahison

Accusation de trahison

En décembre 1956, la police de sécurité sud-africaine arrête Mandela et plus de 100 autres personnes, dont presque tous des responsables de l’ANC. Ils sont accusés de haute trahison. Toutefois, les dirigeants sont libérés en attendant le procès.

Quatre-vingt-quinze accusés sont finalement jugés. Le gouvernement déplace le procès à Pretoria et présente un nouvel acte d’accusation, qui incrimine les accusés pour avoir planifié des violences contre l’État et tenté de renverser le gouvernement et le remplacer par un État communiste.

Le procès officiel de Nelson Mandela s’ouvre à l’été 1960 et se termine en mars 1961. Les juges donnent raison à la défense. Les accusés sont donc libres.

Ceux-ci célèbrent brièvement le verdict, mais le plaisir n’est que de courte durée. Les autorités jurent de ne pas perdre à nouveau.

Pour obtenir des témoignages accablants, les forces de sécurité commencent à battre et à torturer les témoins, ce qui devient alors une habitude en Afrique du Sud.

Nouveau mariage

À cette période, le mariage de Nelson Mandela bat également de l’aile. Sa femme est partie avec leurs fils Makgatho et Thembi, et leur fille, Makaziwe. Dans son autobiographie, l’homme exprime sa tristesse de voir ainsi partir ses enfants.

L’année suivante, Nelson Mandela tombe amoureux de Nomzamo Winifred Madikizela, connue sous le nom de Winnie, assistante sociale dans un hôpital.

Il demande le divorce avec sa première femme et épouse Winnie en 1958. Elle devient rapidement active au sein de la Ligue des femmes de l’ANC. Leur première fille, Zenani, naît la même année. Une deuxième fille, Zindziswa, naît en décembre 1960.

Sixième partie : Le mouron noir

Clandestinité

Après avoir gagné son procès, Nelson Mandela entre immédiatement dans la clandestinité. Les forces de sécurité ne tardent pas à émettre de nouveaux mandats d’arrêt.

Le gouvernement met en place des barrages routiers pour empêcher ses déplacements. Il voyage subrepticement, se faisant parfois passer pour un chauffeur ou un « garçon de jardin ».

Cela lui vaut d’être surnommé « le mouron noir » (ou « Black Pimpernel » en référence au roman d’Emma Orczy de 1905, Le Pimpernel écarlate) par les journaux.

Voyage autour du monde

En 1962, l’ANC décide d’envoyer Nelson Mandela à la réunion du Mouvement panafricain de la liberté pour l’Afrique orientale, centrale et australe (PAFMECSA), en tant que délégué du mouvement.

Durant son périple, Nelson Mandela visite le Tanganyika et rencontre son président, Julius Nyerere. Arrivé en Éthiopie, où a lieu la conférence, il rencontre l’empereur Hailé Sélassié Ier, qu’il admire énormément.

Après le symposium, il se rend au Caire, en Égypte, où il admire les réformes politiques du président Gamal Abdel Nasser, puis se rend à Tunis, en Tunisie, au Maroc, au Mali, en Guinée, en Sierra Leone, au Liberia et au Sénégal, où il rencontre à chaque fois les plus hautes éminences politique du pays.

Il quitte finalement l’Afrique pour Londres, où il rencontre des militants antiapartheid, des journalistes et des politiciens de premier plan. C’est à son retour en Éthiopie qu’il entreprend de se former à la guérilla.

Action violente : la Lance de la Nation

Dans la clandestinité, Nelson Mandela et ses camarades débattent de l’opportunité de l’action violente.

Certains, dont Nelson Mandela en tête, décident d’organiser un mouvement militaire distinct de l’ANC. Ce mouvement s’appellera Umkhonto We Sizwe, ou la « Lance de la Nation ». Le mouvement sera dirigé par Nelson Mandela lui-même.

Connu sous le nom de MK, ce mouvement est inspiré par les actions du Mouvement du 26 juillet de Fidel Castro lors de la révolution cubaine, de la guérilla des militants marxistes de Mao et du théoricien militaire Carl von Clausewitz, notamment.

Le MK s’engage dans des campagnes de sabotage contre des lignes téléphoniques, des centrales électriques, des installations militaires, des voies de communication et des bureaux du gouvernement.

L’idée du sabotage consiste à épargner au maximum les vies humaines.

Nelson Mandela déclare qu’ils ont choisi le sabotage parce que c’était l’action la moins nuisible, qu’elle n’impliquait pas de tuer et qu’elle offrait le meilleur espoir de réconciliation raciale par la suite. Dans son autobiographie, il reconnait néanmoins qu’en cas d’échec, la guérilla aurait pu être nécessaire.

Bien qu’initialement déclaré officiellement séparé de l’ANC pour ne pas entacher la réputation de ce dernier, MK a ensuite été largement reconnu comme le bras armé du parti.

Septième partie : Rivonia

Capture et procès

Rivonia est le lieu où Nelson Mandela a passé une partie de sa captivité, entre deux voyages ou deux opérations.

En 1962, il est accusé d’avoir incité à la grève et d’avoir quitté illégalement le pays. Le militant se défend, mais ne conteste pas les accusations. Il est finalement condamné à cinq ans d’emprisonnement, sans possibilité de libération conditionnelle.

Après de nouveaux raids de la police à Rivonia en juillet 1963, de nouveaux éléments incriminants sont trouvés et associés à Nelson Mandela. Ces preuves conduisent à une seconde inculpation, plus grave, pour sabotage, un crime pouvant valoir à son auteur, alors, la peine capitale.

Le procès de Rivonia s’ouvre à la Cour suprême de Pretoria en octobre 1963. Nelson Mandela et ses camarades sont finalement accusés de quatre chefs d’accusation, dont sabotage et conspiration en vue de renverser violemment le gouvernement.

Après plusieurs péripéties, le procureur présente au procès un dossier comportant pas moins de 173 témoins et incluant des milliers de documents et de photographies.

Nelson Mandela et cinq autres accusés admettent le sabotage, mais nient avoir initié une guérilla contre le gouvernement. Ils souhaitent surtout utiliser le procès pour mettre en avant leur cause politique.

Discours et verdict

À l’ouverture des débats de la défense, Nelson Mandela prononce son — désormais — célèbre discours de trois heures, intitulé « Je suis prêt à mourir », dans lequel il déclare :

« Au cours de ma vie, je me suis consacré à la lutte du peuple africain. J’ai lutté contre la domination blanche, et j’ai lutté contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société démocratique et libre dans laquelle toutes les personnes vivent ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal que j’espère vivre et réaliser. Mais s’il le faut, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »

Le 12 juin 1964, le juge déclare Nelson Mandela et deux de ses coaccusés coupables des quatre chefs d’accusation. Cependant, bien que l’accusation ait demandé l’application de la peine de mort, le juge les condamne à la prison à vie sur Robben Island.

Nelson Mandela décide de ne pas faire appel.

Un écho international

Ce discours a eu un large écho dans la presse nationale et internationale, malgré une tentative de censure par le gouvernement sud-africain. Plus généralement, le procès a attiré encore davantage l’attention du public international sur le phénomène de l’Apartheid.

La pression exercée sur l’Afrique du Sud a donc peut-être contribué à lui sauver la vie. Un groupe d’experts des Nations unies recommande, notamment, que l’amnistie soit accordée à toute personne s’opposant à l’apartheid.

Huitième partie : Robben Island. Les années sombres

Des conditions de vie dégradantes

La vie de prisonnier à Robben Island, au large de la côte du Cap, est extrêmement dégradante. Les geôliers blancs accueillent Nelson Mandela en lui disant : « Voici l’île où tu vas mourir ».

Les cellules sont humides, exiguës et désagréables. Nelson Mandela est emprisonné dans une cellule en béton humide de 2,4 m sur 2,1 m, avec une paillasse pour dormir.

À l’intérieur, les « Coloureds » (métis) et les Indiens reçoivent la meilleure nourriture. Les Noirs reçoivent la pire.

Avec ses codétenus, il passe ses journées à casser des pierres pour en faire du gravier. En janvier 1965, il est réaffecté pour travailler dans une carrière de chaux. L’éblouissement causé par le matériau en fusion endommage la vue de Nelson Mandela de façon définitive.

La discrimination raciale à l’égard des Noirs est omniprésente. L’une des formes qu’elle prend (en plus du travail, du logement et de la nourriture a trait à l’habillement : Nelson Mandela et les autres prisonniers noirs sont obligés de porter des pantalons courts, alors que les autres détenus sont autorisés à porter des pantalons longs.

Autre restriction : le nombre de visiteurs autorisés. En tant que prisonnier de classe D, il peut recevoir une visite et une lettre tous les six mois. En outre, le courrier est fortement censuré.

La nuit, Nelson Mandela cherche à travailler à sa licence de droit (qu’il cherche encore à obtenir !), mais il se retrouve plusieurs fois en cellule d’isolement pour possession de coupures de presse non autorisées.

À l’extérieur de la prison, pendant son incarcération, les photos de lui et ses paroles étaient interdites en public.

À l’extérieur, la répression se poursuit

Pendant ce temps, le gouvernement continue et amplifie l’oppression.

En mai 1969, les forces de sécurité arrêtent Winnie Mandela. Ils la placent à l’isolement et l’interrogent brutalement pendant plusieurs mois, sans chef d’inculpation formel.

Elle est libérée, ensuite elle est placée en résidence surveillée, puis enfermée dans la prison de Kroonstad et finalement contrainte à l’exil intérieur.

Neuvième partie : Robben Island. Le début de l’espoir

Grève et amélioration des conditions de vie

En 1966, Nelson Mandela organise une grève de la faim afin d’améliorer les conditions de vie à Robben Island. Les autorités pénitentiaires comprennent l’importance de l’enjeu et acceptent les demandes des prisonniers.

À partir de 1967, les conditions de détention se sont améliorées. Les prisonniers noirs reçoivent des pantalons plutôt que des shorts, les jeux sont autorisés et la qualité de leur nourriture est améliorée.

L’université de Robben Island

Il y développe un groupe appelé l’ANC High Organ avec des personnes incarcérées sur Robben Island, soutenant l’ANC ou souhaitant s’investir.

Pour eux, il crée ce qui sera nommé l’« Université de Robben Island ». Il s’agit d’un lieu, au sein même de la prison, où les détenus peuvent étudier. L’éducation en question consiste à aider les prisonniers à se familiariser avec l’ANC.

Les prisonniers y donnent des conférences sur leurs propres domaines d’expertise et débattent de sujets sociopolitiques.

Visites in situ… et tentative d’évasion

Sa mère lui a rendu visite en 1968, peu avant de mourir.

À partir de 1975, Mandela devient prisonnier de classe A, ce qui lui permet de recevoir un plus grand nombre de visites et de lettres. Il correspond avec des militants antiapartheid, tels que Desmond Tutu.

L’auteur reçoit aussi la visite de la représentante parlementaire libérale Helen Suzman, du Parti progressiste, qui défend sa cause à l’extérieur de la prison

C’est aussi cette année-là qu’il commence son autobiographie. Il l’a fait passer en contrebande à Londres. Les autorités pénitentiaires en découvrent plusieurs pages et le punissent en lui interdisant d’étudier sa licence de droit pendant quatre ans.

La réapparition de Mandela

Le regain d’intérêt international pour son sort se manifeste en juillet 1978, lorsqu’il célèbre son 60e anniversaire. Il reçoit, notamment, un doctorat honorifique au Lesotho.

En mars 1980, le journaliste Percy Qoboza lance le slogan « Libérez Mandela ! », déclenchant une campagne internationale de soutien qui amène le Conseil de sécurité des Nations unies à demander sa libération.

Toutefois, malgré les pressions étrangères croissantes, le gouvernement refuse toujours — en s’appuyant en priorité sur ses alliés de la guerre froide, tels que le président américain Ronald Reagan et la Première ministre britannique Margaret Thatcher — de libérer Nelson Mandela.

La prison de Pollsmoor : 1982-1988

En avril 1982, Mandela est transféré à la prison de Pollsmoor, au Cap, en compagnie des hauts dirigeants de l’ANC Walter Sisulu, Andrew Mlangeni, Ahmed Kathrada et Raymond Mhlaba.

De cette façon, le gouvernement cherche surtout à les extraire de Robben Island, où ils exercent une grande influence sur les autres détenus et les jeunes militants.

Quoi qu’il en soit, les conditions à Pollsmoor sont meilleures qu’à Robben Island. S’entendant bien avec le commandant de Pollsmoor, Nelson Mandela obtient l’autorisation de créer un jardin sur le toit.

Il lit et correspond énormément, ayant maintenant le droit d’écrire jusqu’à 52 lettres par an.

Il est également nommé président du Front démocratique uni (UDF) fondé pour combattre les réformes mises en œuvre par le président sud-africain P. W. Botha.

C’est de Pollsmoor que Nelson Mandela va engager les pourparlers pour la paix.

Dixième partie : Parler avec l’ennemi

Attentat et premières approches

En 1983, un attentat à la voiture piégée organisé par le MK fait 19 morts, dont des civils. Cet événement entraîne une nouvelle escalade de la violence des deux côtés.

Un grand nombre de Sud-Africains noirs rejoint la lutte pour la liberté. De nouveaux groupes militants se forment. La popularité de l’ANC augmente. Les townships sont en ébullition. La violence s’intensifie.

Pour calmer la situation, le gouvernement de Botha propose de libérer Nelson Mandela s’il renonce à la violence. Celui-ci refuse, mais pense qu’il est désormais temps de négocier avec les nationalistes.

En 1986, Mandela rencontre le ministre de la Justice, Kobie Coetsee. La lutte armée est au cœur des discussions. Les nationalistes affirment que la violence contre l’État est criminelle.

Mandela déclare alors que l’État est « responsable de la violence » et que c’est toujours l’oppresseur, et non l’opprimé, qui « dicte la forme de la lutte ».

La même année, l’état d’urgence est déclaré en Afrique du Sud.

Travailler pour la paix

En 1988, un groupe de travail est formé par Nelson Mandela et de hauts fonctionnaires pour négocier une paix.

Cependant, le leader refuse toujours de renoncer à la lutte armée. Toutefois, l’ANC fait des compromis en rompant avec le parti communiste et en rejetant l’idée de gouverner sans contrepartie.

En juillet 1989, Mandela rencontre le président sud-africain lui-même. Environ un mois plus tard, Botha démissionne pour raisons médicales et c’est F.W. De Klerk qui devient président d’Afrique du Sud par intérim.

Ce nouveau président cherche à démanteler l’apartheid.

Le mouvement pour la liberté des Noirs s’accélère. Toutefois, les Sud-Africains, Blancs comme Noirs, doivent encore faire des compromis pour mettre fin à la violence et entamer la réconciliation.

Onzième partie : La liberté

Le 11 février 1990, De Klerk libère Nelson Mandela et sept de ses camarades. Au total, le militant antiapartheid aura passé 27 ans en prison.

Problèmes avec l’IFP et le gouvernement

La foule prend les rues du Cap et une énorme manifestation a lieu. Cela étonne le vieil homme, si peu habitué à ce que les gens accueillent favorablement ses idées.

L’une de ses premières actions est de rencontrer les dirigeants de l’ANC. En fait, beaucoup de groupes politiques et violents continuent de s’opposer à l’organisation, à commencer par le chef zoulou Mangosuthu Buthelezi (du Parti de la liberté Inkatha, IFP) et le roi zoulou Goodwill Zwelithini.

À l’été 1990, face à la recrudescence de violence, l’ANC décide de déposer les armes et d’arrêter la lutte armée.

Mais cela n’empêche toutefois pas ses opposants de continuer à attaquer. Nelson Mandela rencontre le chef de l’IFP, mais les deux hommes ne parviennent pas à trouver un accord.

La même année, l’homme politique se rend à plusieurs reprises dans son ancienne prison de Robben Island afin de convaincre les prisonniers du mouvement MK d’accepter une amnistie.

Lorsque sa femme, Winnie, est condamnée pour enlèvement en 1991, Nelson Mandela demande le divorce.

Accession au pouvoir

Malgré des luttes encore nombreuses avec l’IFP et le gouvernement sud-africain de De Klerk tout au long de l’année 1992, un protocole d’accord est signé avec celui-ci.

Ce protocole est un pas décisif vers l’accession de Nelson Mandela à la présidence.

Il est conclu que chaque parti ayant obtenu plus de 5 % aux élections générales bénéficiera d’une représentation proportionnelle au sein du gouvernement. L’idée d’un « gouvernement d’unité nationale » est lancée.

En 1993, Nelson Mandela reçoit le prix Nobel de la Paix pour les efforts déployés tout au long de sa vie pour lutter pour les droits des Noirs africains. Le président De Clerk le reçoit également.

C’est à partir de là que commence véritablement sa campagne électorale. Au bout de la course, L’ANC — son parti — remporte 62,6 % des voix.

Nelson Mandela est élu président. C’est le premier président noir d’Afrique du Sud.

Quelques mots sur son mandat

Durant son mandat, Mandela dirige un gouvernement de tendance socialiste. Un effort particulièrement important est réalisé pour démocratiser les institutions et en finir avec toutes les politiques raciales.

Conclusion

Le livre s’achève par un appel à l’action de Nelson Mandela, qui invite le peuple noir à continuer sa longue marche vers la liberté. Voici comment il conclut l’ouvrage :

« J’ai parcouru ce long chemin vers la liberté. J’ai essayé de ne pas hésiter ; j’ai fait beaucoup de faux pas. Mais j’ai découvert ce secret : après avoir gravi une haute colline, tout ce qu’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. Je me suis arrêté un instant pour me reposer, pour contempler l’admirable paysage qui m’entoure, pour regarder derrière moi la longue route que j’ai parcourue. Mais je ne peux me reposer qu’un instant ; avec la liberté viennent les responsabilités, et je n’ose m’attarder, car je ne suis pas arrivé au terme de mon long chemin. » (Un long chemin vers la liberté, Dixième partie)

Conclusion sur « Un long chemin vers la liberté » de Nelson Mandela :

Ce qu’il faut retenir de « Un long chemin vers la liberté » de Nelson Mandela :

Lire ce récit de première main et contemporain de la vie de Nelson Mandela est une chance extraordinaire.

Nelson Mandela, combattant de la liberté en Afrique du Sud et prisonnier politique pendant 27 ans, raconte comment il a aidé ses compatriotes noirs à se débarrasser des chaînes de l’apartheid.

Si vous voulez prendre modèle sur cet homme hors du commun, l'un des plus grands leaders de son temps, alors lisez ce livre. Vous y apprendrez le courage, la détermination et la confiance en soi.

Et puis ce n'est pas seulement l'histoire d'un homme, mais bien l'histoire du XXe siècle que vous réviserez en lisant cet ouvrage fascinant, qui plonge son lecteur dans les arcanes de la politique africaine et mondiale.

Découvrez aussi les citations marquantes de Nelson Mandela !

Points forts :

Le témoignage de l’une des personnalités les plus importantes du XXe siècle ;

Un livre écrit de la main même de Nelson Mandela ;

Une plongée dans l’histoire de l’Afrique du Sud ;

Des prises de conscience et des réflexions passionnantes.

Point faible :

Aucun, sinon que vous devrez vous armer de patience (le livre fait près de 800 pages) !

Ma note :

                

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L’expérience du lâcher-prise http://www.olivier-roland.fr/items/view/12284/Lexprience-du-lcher-prise

Résumé de  « L'expérience du lâcher-prise. Mon voyage au sein de la perfection de la vie » de Michael A. Singer : une exploration biographique de ce que signifie « faire confiance à la vie », par l'un des entrepreneurs les plus talentueux et originaux des débuts d'Internet.

Peter A. Singer, 2015, 253 pages, titre original : The Surrender Experiment. My Journey into Life's Perfection.

Chronique et résumé de  « L'expérience du lâcher-prise. Mon voyage au sein de la perfection de la vie » de Michael A. Singer

Michael A. Singer

Comme nous allons le découvrir, Michael A. Singer a créé une entreprise florissante dans le domaine du développement personnel et de la méditation. En fait, c'est une communauté entière qu'il a créée.

Il est également l'auteur d'un autre bestseller, numéro 1 selon le New York Times : L'Âme délivrée. Un voyage au plus profond de nous-même (The Untethered Soul. The journey beyond yourself).

Pour approfondir le contenu du livre que je vais chroniquer maintenant, vous pouvez visiter son site : http://www.surrendercourse.com. Vous y trouverez une série de cours gratuits sous format vidéo.

Section 1. Se réveiller

Les prémisses

Nous sommes plongés dans un monde qui nous dépasse. Notre existence est très courte et limitée, comparée aux 13 milliards d’années de l’univers et aux forces naturelles qui se manifestent hors de notre contrôle.

Pourtant, nous pensons souvent que la réalité doit se conformer à nos attentes. Or, celle-ci ne nous donne pas souvent ce à quoi nous croyons avoir droit. De ce fait, nous avons l’impression de lutter contre la vie constamment.

Certes, nous avons un pouvoir d’action que nous nommons « volonté ». Il nous aide à transformer l’ordre extérieur en fonction de nos besoins et de nos désirs. Mais cela nous conforte dans cet état de « guerre ». Nous ne nous sentons bien que lorsque nous gagnons et que nous avons le sentiment de contrôler nos vies.

Mais est-ce une attitude nécessaire ? L’auteur pose la question suivante, plus précise :

« Si le déploiement naturel du processus de la vie peut créer et prendre soin de l’univers tout entier, est-il réellement raisonnable pour nous de croire que rien de bon ne nous arrivera sans que nous le forcions à advenir ? » (L’expérience du lâcher-prise, p. 5)

Il doit y avoir une autre voie, moins guerrière et plus participative. Pour améliorer notre qualité de vie, nous devrions peut-être faire davantage confiance au flux ordonné de la vie et l’accompagner.

Bataille ou lâcher-prise : telle est l’alternative. Telle est aussi l’expérience que veut nous proposer Michael Singer, qui a pris le chemin du lâcher-prise depuis 40 ans maintenant. Un cheminement qui n’est pas celui du laisser-aller, mais de la libération des peurs et des désirs.

Bien sûr, la volonté individuelle n’est pas absente du récit qui va suivre. Mais elle ne s’oppose plus au monde, elle s’aligne au contraire aux « forces naturelles se déployant autour de nous ».

  1. Pas avec un cri — mais avec un murmure

Certains événements peuvent changer le cours d’une vie. Ils ont une force brute qui nous transforme radicalement et brutalement. Et il y en a d’autres, plus subtiles, qui provoquent des modifications sans bruit.

À l’époque où ce changement « subtil » survient à l’auteur, il a 22 ans. Il est alors un brillant étudiant en économie à l’université, marié avec une jeune femme nommée Shelly.

Alors qu’il parle avec le frère de son épouse, un jeune avocat ambitieux de Chicago, ou plutôt lorsqu’il cherche un sujet de conversation, il se rend compte de ce qu’il est en train de faire.

Rien de grave ou de très étonnant à priori. Pourtant, cette expérience d’être vraiment « en dehors » de soi, en train de s’observer calmement alors qu’il était en train de chercher anxieusement un sujet de conversation, le perturbe profondément.

Être en train de regarder ses pensées et ses émotions, c’est-à-dire « devenir conscient », paraît couler de source lorsqu’on a réussi à le faire une première fois. Finalement, c’est quelque chose que nous faisons presque tout le temps, mais sans le remarquer véritablement, car nous sommes davantage pris par les émotions et les pensées elles-mêmes.

À partir de ce premier moment en apparence anodin, Michal A. Singer commence à être constamment conscient de ce qu’il fait, comme s’il s’observait constamment en train d’effectuer ses activités. Il est à lui-même son propre spectateur ! Cette nouvelle disposition crée aussi des modifications profondes dans sa vie. Il commence à apprécier de plus en plus le silence et le calme autour de lui. Il aime se retrouver seul en forêt afin d’apaiser cette voix qui n’arrête pas de commenter ses actions. Et ce n’est que le début de la grande aventure de sa vie !

  1. Apprendre à me connaître

Au bout d’un moment, cette auto-observation et cet autocommentaire constants sont pour le moins gênants. Mais l’auteur est aussi fasciné par ce qui lui arrive et cherche à le comprendre — c’est-à-dire aussi à se connaître lui-même.

Bien entendu, lorsqu’il en parle, ceci provoque parfois l’incompréhension de ses proches ou de ses professeurs. Mais peu lui importe, car il se sent pris par le désir d’explorer plus en profondeur qui il est.

  1. Les piliers du zen

L’un de ses camarades doctorants lui propose de lire Les trois piliers du Zen de Philip Kalpeau. C’est la révélation ! Alors qu’il n’a jamais été particulièrement intéressé par la religion ou la spiritualité, Michael A. Singer découvre enfin un livre qui parle de sa « voix » intérieure.

Plus particulièrement, le livre décrit comment la gérer et la faire taire. Comment ? La réponse est simple : par la méditation.

La formule proposée par le livre paraît en effet facile à appliquer : s’assoir dans un endroit calme, observer le flux de sa respiration et se répéter mentalement le son Mu. Le Zen semble directement sérieux à l’auteur, qui décide de commencer à pratiquer individuellement et de façon autodidacte.

L’idée consiste à prolonger chaque fois un peu plus les séances. Il commence par 15 à 20 minutes chaque jour, puis passe à 30 minutes deux fois par jour. Michael A. Singer aime la tranquillité qu’il retire de cette pratique.

Alors qu’il part en camping avec sa femme et quelques amis, il décide de faire une séance de méditation dans les bois. Et là, nouvel émerveillement, plus fort encore que ceux qu’il avait connus en découvrant le livre.

« Je choisis un arbre et m’assis en dessous. Comme Bouddha. Puis, de façon très dramatique, je me suis dit à moi-même : « Je ne m’en irai pas jusqu’à avoir atteint l’illumination. Ce qui arriva sous cet arbre ce jour-là fut si puissant que même aujourd’hui mon corps tremble et mes yeux commencent à verser des larmes lorsque j’y pense. » (L’expérience de l’abandon, p. 16)

  1. Silence absolu

L’auteur raconte ici son expérience de méditation sous l’arbre, ce jour-là. Peu à peu, il réussit à se mettre dans un état de grande concentration en se focalisant sur sa respiration. Il commence à expérimenter d’étranges sensations et a l’impression de s’élever à d’autres niveaux de conscience.

  1. De la paix absolue à l'agitation absolue

Cette méditation si particulière crée un état de plénitude intense, sans voix parasite, qui dure des semaines. Michael Singer a l’impression de naître à nouveau.

Mais peu à peu, ces effets s’estompent et de nouvelles conséquences se font sentir. Il a l’impression de voir les choses avec plus d’acuité. Il contrôle mieux les voix. Mais surtout, il cherche à plonger davantage encore dans la méditation.

Il décide de quitter sa femme et d’emménager seul. Cela le fait souffrir, mais il estime que c’est la meilleure décision à prendre à ce moment-là. Comme il le dit lui-même, il devient alors « une sorte d’ermite » ne vivant que pour sa pratique.

  1. Au sud de la rivière

Durant les vacances d’été, il part à Mexico avec son van. Il ne sait pas exactement où aller, mais peu lui importe. Sa famille et ses amis sont un peu inquiets, mais lui décide de braver les « dangers » et de faire confiance à son intuition.

Finalement, il passe plusieurs semaines sur une petite colline et reçoit, un jour, la visite d’un jeune garçon qui lui offre une bouteille de lait. C’est un acte de gentillesse qui le touche et qui lui fait prendre conscience que la vie n’est pas affaire de choix, mais plutôt de « cadeau ».

  1. Déconnecter le bouton « panique »

Sur le chemin du retour vers les États-Unis, Michael Singer s’arrête quelques jours au bord d’un lac. Alors qu’il fait ses poses de yoga, il entend le bruit de chevaux et des voix d’hommes s’approcher de lui. Il prend peur, mais décide pourtant de rester concentré, les yeux fermés, et de passer du yoga à la méditation.

Lorsqu’enfin il ouvre les yeux, il tombe presque nez à nez avec deux fermiers mexicains en train de faire leur pause. Ils commencent à bavarder et l’auteur se sent fier d’avoir surmonté ses craintes.

Le jour suivant, il décide d’aller rendre visite à ses nouveaux amis et découvre le village dans lequel ils vivent. Il est impressionné par la simplicité de leur existence et par leur caractère amical. Après autant de temps dans la solitude, cet échange social qu’il n’avait pas demandé, mais que la vie lui avait donné, lui fait le plus grand bien.

  1. Inspiration inespérée

Michael Singer doit terminer son doctorat en économie. Toutefois, il n’en a pas vraiment envie et va peu au cours. Il y a notamment un professeur qui remarque son manque d’assiduité et qui le met au défi d’obtenir une bonne note.

L’examen final, pour ce cours, consiste en la rédaction d’un article. L’auteur se met à rédiger dans son van, sans les références nécessaires. Mais il se met en situation de concentration, s’enlevant toute pression. Et là, l’inspiration vient.

Il parvient à rédiger un essai d’une trentaine de pages, logiquement cohérent et au contenu original. Il le peaufine pour ajouter les sources et le mettre au propre dans les jours qui suivent. Résultat : une excellente note et les compliments du professeur.

« [L’inspiration] vient d’un endroit plus profond que la pensée. Cela vient spontanément, dans le silence complet, sans choc ni effort. » (L’expérience du lâcher-prise, p. 37)

  1. La Terre promise

Le jeune homme vit dans son van, à l’orée d’un bois. Pas toujours facile, mais il s’en accommode bien. Un jour, quelqu’un lui dit qu’il connaît un terrain à vendre, dans la forêt plus loin.

Michael Singer va le visiter et tombe amoureux du lieu. C’est un endroit complètement isolé qui lui donne la sensation immédiate d’être chez lui. Il décide d’utiliser ses économies pour acheter le bien.

Problème : il n’a pas tout à fait assez d’argent. Mais il se dit que c’est cela ou rien, et que dans les deux cas (qu’il achète ou non), il sera content. Cette légèreté lui permet de réaliser les négociations sans difficulté. Il obtient finalement le terrain au prix souhaité.

  1. Construire une hutte sacrée

Alors qu’il ne souhaite qu’une petite hutte simple pour méditer, Michael Singer se fait convaincre par un ami architecte de construire quelque chose d’un peu plus ambitieux : une maison avec une grande baie vitrée.

Accompagnés d’un autre ami, ils décident de se mettre à la tâche et, pendant plusieurs mois, construisent presque à eux seuls l’édifice.

L’auteur apprend énormément de choses à cette occasion et rappelle à ce propos un proverbe ancien :

« Chaque jour, prends-en un peu plus que ce que tu peux mâcher, et mâche-le ».

Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il ne faut pas avoir peur de relever les défis que place la vie devant nous. C’est ainsi que nous croissons et nous renforçons.

  1. La vie monacale

Le jeune hippie (car c’est à ça qu’il ressemble à cette époque !) décide de s’imposer une discipline de fer — ou plutôt celle-ci lui vient presque naturellement, à force de vouloir pousser sa pratique de la méditation toujours plus loin :

Lever aux aurores ;

Un seul repas par jour (végétarien) ;

Des habits légers ;

Plusieurs heures de méditation et de yoga durant la journée ;

Des promenades dans les bois.

À cette époque, il pense que c’est de cette manière uniquement qu’il pourra trouver la paix intérieure. Il veut impérativement rester focalisé sur sa pratique. Mais est-ce la seule voie possible ?

  1. Quand le disciple est prêt, le maître apparaît

Autobiographie d’un yogi est un célèbre livre de Paramahansa Yogananda, maître indien de méditation et de yoga. La lecture de ce livre permet à Michael Singer de franchir un pas dans la bonne direction.

En fait, cet ouvrage lui permet de construire des ponts entre la tradition indienne et la tradition occidentale chrétienne. « Qu’est-ce que l’esprit ? » : telle est l’une des questions qu’il se pose.

Il se trouve que Yogananda, mort en 1952, a laissé derrière lui des leçons qui sont disponibles par vente par correspondance (Self-Realization Fellowship). Il les achète et commence également à lire le Nouveau Testament ; leur lecture croisée lui permet d’approfondir les relations entre les deux enseignements et de se sentir guidé dans sa pratique.

Section 2. La grande expérience commence

  1. L'expérience d'une vie

« La grande expérience » ou « l’expérience du lâcher-prise », comme la nomme l’auteur, apparaît à cette époque. Constatant qu’il demeure attaché à ses pensées et à son « soi », Michael Singer décide d’aller encore plus loin.

Comment ? En prenant la ferme décision de faire taire ses préférences. Cela commence par de petits exercices. Par exemple, passer de « Zut, il pleut alors que je voulais sortir » à « Il pleut ; c’est parfait ».

En d’autres termes, il s’agit de faire confiance à la vie et de se laisser porter par la manière dont celle-ci se déploie, qu’on le veuille ou non. Cela peut paraître insensé. Pourtant, l’auteur est sûr que c’est la bonne manière d’avancer dans sa pratique.

  1. La vie se prend elle-même en main

À cette époque, le jeune homme est encore doctorant. Il doit terminer sa thèse. Heureusement, celle-ci est financée et il n’a donc pas à travailler à côté. Seulement à donner quelques cours par semaine à de jeunes étudiants de baccalauréat.

Ce qu’il fait sans conviction, mais avec un certain succès. Il est tellement concentré par ses méditations qu’il se retrouve un matin à donner cours… sans chemise !

Un jour, le chef de département d’économie de son université le convoque dans son bureau. Il pense qu’il va recevoir une réprimande. Mais ce n’est pas le cas. Le responsable académique souhaite plutôt que Michael Singer aide une personne à obtenir son doctorat en devenant son tuteur.

La réaction spontanée de l’intéressé est le refus. Dans sa tête, c’est l’envie de dire non qui prime. Pourtant, il se souvient de son engagement à l’égard du lâcher-prise et décide finalement de dire oui à cette nouvelle occasion qui se présente à lui.

  1. Le prince et le pauvre

La préparation des examens se passe bien et les deux hommes deviennent amis. Finalement, l’étudiant met au défi son tuteur de passer les examens de qualification de la thèse en même temps que lui. Il accepte.

Mais il n’est prêt que pour deux examens sur les trois qu’il doit passer. Erreur administrative : il est finalement inscrit pour les trois. À nouveau, il décide de ne pas faire marche arrière.

N’ayant pas le temps d’étudier pour ce troisième examen, il se résigne à l’échec, qui lui faisait si peur. Il cherche à se mettre en accord avec la possibilité d’échouer. Pour autant, il ouvre au hasard quelques pages du livre de finances qui sert de base à l’examen.

Le jour J, il est stupéfait. Les questions qu’il tire au sort portent justement sur les matières qu’il a lues au hasard la veille.

  1. Suivre l'invisible vers l'inconnu

Dans cette section, Michael Singer résume de cette façon le principe de l’expérience du lâcher-prise :

« À ce moment de croissance, je pouvais voir que ma pratique du lâcher-prise était faire de deux étapes très distinctes : premièrement, je laissais aller les réactions personnelles de préférences qui se formaient dans mon cœur et mon esprit ; deuxièmement, j’observais simplement ce qui était requis de moi, grâce à la clarté obtenue par le rejet des préférences. Que feriez-vous si vous n’étiez pas influencé par les réactions de « j’aime » ou de “je n’aime pas” ? Suivre ce guide profond du lâcher-prise mène votre vie vers une direction différente de celle que vos préférences vous auraient fait prendre. » (L’expérience du lâcher-prise, p. 65)

C’est ainsi que l’auteur, alors qu’il ne souhaitait que se consacrer à sa pratique de la méditation, va se retrouver « enrôlé » pour donner des cours à l’université de Santa Fe.

  1. Mon premier entretien d'embauche

Michael Singer est embauché pour donner des classes de sciences sociales aux nouveaux étudiants. C’est un travail à mi-temps.

En même temps, il fait la connaissance d’une jeune femme qui souhaite pratiquer la méditation sur son terrain. Malgré ses réticences — ou plutôt à cause d’elles ! — il accepte et se laisse aller à cette nouvelle expérience.

Cette personne amène d’autres personnes, si bien que, progressivement, s’instaure les « dimanches de pratique chez Mickey » (le surnom de l’auteur). Et ceux-ci continuent aujourd’hui, plus de quarante ans après !

  1. Laisser s'en aller la corde

Cet été-là, en 1972, Michael Singer se rend dans un séminaire en Californie pour apprendre une nouvelle technique de méditation. Durant ce séminaire, plusieurs choses se passent.

Tout d’abord, il fait un rêve. Ensuite, grâce à ce rêve, il prend conscience qu’il n’a pas à « enfermer » son soi ni à lui demander de rabaisser ses peurs, ses espoirs, ses peines, etc.

Plutôt que de chercher à éteindre sa personnalité propre, il doit plutôt apprendre à jouer avec elle, à travailler avec elle pour la surmonter.

Cela ne changea pas grand-chose à son séjour dans les faits, mais il se sentit différent, plus libre et plus sage.

  1. Acceptation, acceptation et encore acceptation

Michael Singer commence à donner ses cours à l’université de Santa Fe en septembre 1973. Il ne sait absolument pas ce qu’il va enseigner, mais fais confiance à la fois à ses connaissances et à la vie.

Ses cours sont un succès, au point que certains de ses étudiants commencent à participer aux dimanches de pratique, chez lui.

Par ailleurs, il doit terminer son doctorat : il lui reste encore à réaliser la thèse proprement dite (ou dissertation). Mais il sait qu’il ne veut pas écrire sur l’économie. Il décide, en réponse à une promesse qu’il avait faite à son professeur, de rédiger quelque chose de complètement différent.

L’écrit ne pouvait prétendre au statut de thèse en économie. Néanmoins, un autre professeur l’aida à trouver un éditeur qui le publia. Ce premier écrit devint son premier livre publié : La recherche de la vérité (The Search for Truth).

« Peu à peu, le tissu de ma vie se compose des résultats de mon lâcher-prise. Je me retrouve entouré par une vie qui a été construite pour moi. Dans mes rêves les plus fous, cependant, je n’aurais jamais imaginé où cela allait me mener. » (L’expérience du lâcher-prise, p. 77)

  1. La plus importante chose que l'on m'ait demandé de faire

Et cela le mène en prison ! Non pas en tant que détenu, non. Mais en tant que professeur de méditation. C’est une première dans une prison de Floride du Nord en 1973 : un groupe de prisonniers faisant de la méditation bouddhiste chaque semaine.

Cette initiative eut du succès, au point qu’elle fut organisée dans une autre prison de l’État également. Alors qu’il pensait que cela allait lui coûter, Michael Singer se rend compte que ses méditations deviennent plus profondes lorsqu’elles sont réalisées en groupe avec ces détenus.

Ce qui avait commencé comme une simple demande de la part d’une connaissance se transforma en une activité menée durant plus de trente années. C’est à cette époque que l’auteur apprend à quitter sa solitude pour servir autrui.

Section 3. De la solitude au service

  1. L'appel d'un maître vivant

À l’été 1973, Michael Singer rencontre deux fois, par hasard et à deux extrémités du pays (une fois en Floride et l’autre fois en Californie), la photo d’un maître indien surnommé Baba.

L’une de ses amies lui propose d’écrire une lettre pour proposer au célèbre yogi de passer par Gainesville, sa maison dans les bois, lors de son tour du monde prévu pendant l’hiver. Ce qu’il fait, mais le retour est mitigé, car il ne dispose pas des infrastructures nécessaires.

La même année, l’auteur rencontre sa future femme : Donna Wagner, une ancienne étudiante un peu plus âgée, venue vivre dans les bois avec la petite communauté en train de se construire.

  1. Shaktipat

Les jeunes gens se démènent pour réussir à faire venir Baba. Ils trouvent un terrain assez grand pour accueillir une centaine de personnes, une maison pour accueillir le maître et son équipe de vingt personnes. Puis ils contactent un maximum de gens pour participer à l’événement.

Finalement, les choses se mettent en place et un accord est trouvé ! Six d’entre eux sont même invités à participer au séminaire qui a lieu un mois avant la venue à Gainesville.

Lors de cette retraite, des méditations sont organisées et Baba « passe » auprès des méditants, réunis dans une pièce sombre. Rien ne se passe de spécial, jusqu’au dernier jour, où Michael Singer fait l’expérience de la force du yogi, qui lui transmet durant un instant son énergie spirituelle (geste qui se nomme shaktipat).

  1. Gainesville accueille un Guru (un maître)

Finalement, la retraite de Baba à Gainesville fut la plus longue de sa tournée mondiale. Et nouvelle coïncidence de la vie : c’est lors de cette retraite que Michael Singer revoit le frère de son ex-femme avec qui il avait eu cette discussion au sujet des voix qu’il entendait.

Or il se trouve que c’est précisément ce riche avocat qui financera, quelques mois ou années plus tard, la fondation de Baba aux États-Unis — et qui en deviendra le président.

  1. Le temple est construit

La communauté de Gainesville et les dimanches de pratique commencent à avoir du succès. Ainsi que les cours donnés par l’auteur à l’université. Son deuxième livre, Trois essais sur la Loi universelle, augmente encore cet effet.

Suite à la visite d’un autre guru, une femme surnommée Mataji, un temple est construit. Désormais, Michael Singer devient véritablement un homme au service de la méditation et de son enseignement.

Peu à peu, les membres de la communauté le construisent, le financent, puis le peuplent d’objets et commencent à y méditer. Enfin, le temple trouve son nom : Temple de l’Univers.

  1. Ouvrir le chakra du cœur

Désormais, le lieu est connu et de nouvelles personnalités affluent. C’est grâce à un autre visiteur indien que Michael Singer fait un pas de plus dans son cheminement spirituel.

Mais pas seulement. Grâce à cette personne, Amrit Desai, l’auteur commence à partager ses méditations quotidiennes du matin et du soir. Désormais, il ne pratique plus jamais seul ou presque. Il donne aussi des conférences les lundis et les jeudis.

  1. T'emmener dans un ashram

Le Temple de l’Univers accueille des personnalités connues du yoga et du mouvement New Age. C’est désormais une organisation à but non lucratif. Michael Singer, qui a 30 ans, décide aussi de se marier avec sa nouvelle compagne.

« Le fait est que je n’ai jamais rêvé de créer un centre spirituel. Cela est juste arrivé en se laissant aller par le cours de la vie. Bien qu’il y ait eu des résistances internes à chaque étape du chemin, j’ai juste laissé faire. Partager ma solitude n’était certainement pas ce que je voulais, mais c’était parce que je ne savais pas que servir les autres est bien plus grand que se servir soi-même. » (L’expérience du lâcher-prise, p. 102)

Section 4. Le commerce de l'abandon

  1. Une entreprise est née

Un nouvel événement imprévu attend Michael Singer. Un après-midi, alors qu’il se balade sur son terrain, il voit une voiture de police et un agent de police tourner autour du Temple.

Celui-ci l’interroge sur la construction de l’édifice : l’a-t-il bâti de ses propres mains ? Accepterait-il d’aider le policier à construire une extension à sa maison ?

C’est ainsi que Michael Singer lança une entreprise de construction ! Il aida l’agent de police, puis ses collègues et son voisinage, à rénover leur maison (porche, garage, extension, etc.).

Il travaille seul ou avec une aide venue de la communauté de méditation, Radha. Il met tout son cœur à l’ouvrage, sans rien attendre en retour.

Mais l’auteur doit désormais faire l’apprentissage d’avoir à traiter avec des clients et d’accepter de l’argent pour le travail qu’il exécute. Il nomme son entreprise « Built with Love » (Construit avec Amour).

  1. Le maître constructeur

Heureusement, Radha a des compétences en comptabilité et peut l’aider à gérer ce nouveau business. Par ailleurs, il obtient, grâce à un autre membre de la communauté, une licence qui lui permet de réaliser des travaux de construction plus importants.

C’est aussi l’époque où sa compagne accouche de leur fille, Durga Devi et où il édifie une nouvelle maison pour elles deux.

Finalement, grâce à ces travaux, et particulièrement à l’un d’entre eux particulièrement bien rémunéré, il peut acheter une parcelle de terrain supplémentaire à côté du sien.

  1. La gestion bancaire de la communauté

Un jour, un couple lui demande de construire leur future maison. Mais cela requiert un prêt de la banque pour acheter les matériaux. Michael Singer se met en recherche d’une aide financière.

Il parvient à la trouver in extremis grâce à la gentillesse d’un banquier de Gainesville. Et l’auteur raconte que, 10 ans plus tard, c’est lui qui prêtera de l’argent à ce banquier, reconverti en entrepreneur !

  1. L'expansion constante du temple de l'univers

Le Temple de l’Univers lui-même devient une entreprise à part entière. Les personnes qui y logent doivent payer un loyer modeste.

Par ailleurs, Michael Singer prend soin d’étendre son domaine dès qu’il le peut. Il voit cela comme « un jeu avec la vie ».

  1. Métamorphose d'une créature

En même temps, l’auteur continue à rendre visite aux prisonniers chaque dimanche. Les sessions de méditation et de yoga sont suivies par des groupes de parole.

C’est alors qu’il rencontre un jeune homme faisant partie du gang des Outlaws, disant s’appeler Créature. Celui-ci a un passé chargé. Mais il commence à s’intéresser aux cours de Michael Singer et à se passionner pour la méditation.

Section 5. Quelque chose d'inestimable est né

  1. Du soi personnel à l'ordinateur personnel

Michael Singer n’en finit pas de se réinventer en laissant la vie venir à lui. Prochaines étapes : devenir programmeur professionnel, puis revendeur freelance pour le compte d’une entreprise vendant un système informatique de comptabilité.

Au début des années 1980, il a déjà une expérience solide dans le monde de la programmation et du business en informatique. Or, comme on va le voir, sa nouvelle entreprise, Personalized Programming, n’en est qu’à ses débuts.

« Ma formule pour le succès était très simple : faire tout ce qui est placé devant toi avec tout ton cœur et toute ton âme, sans considération pour les résultats personnels. Faire le travail comme s’il avait été donné par l’univers lui-même — parce que c’était le cas. » (L’expérience du lâcher-prise, p. 133)

  1. La naissance du manager médical

L’entreprise devient vraiment très rentable à partir des années 1980, rapportant plus de 100 000 dollars annuels à Michael Singer. En outre, Built with Love continue à tourner correctement. Pourtant, il ne change pas son style de vie dans les bois ni ne renonce à sa pratique de la méditation.

C’est à ce moment que deux compagnies lui demandent de créer un système de facturation médicale à destination des assurances et des patients. Le projet semble énorme, mais il s’exécute.

Et pendant plusieurs longs mois de travail, il conçoit The Medical Manager, le programme qui fera bientôt sa fortune et fera de Personalized Programming une entreprise de pointe dans l’informatique médicale.

  1. Les premiers programmeurs

Pour l’aider à terminer sa tâche, il forme plusieurs personnes, dont l’une qui deviendra une collaboratrice hors pair et un pilier de l’entreprise : Barbara Duncan.

Les choses s’enchaînent ensuite. Plusieurs programmeurs commencent à travailler pour Michael Singer. Le travail prend forme et il devient clair que le système informatique a été particulièrement conçu.

  1. Se préparer pour le lancement

Le programme est terminé. Mais Michael Singer ne sait absolument pas s’il va le vendre ou non. Un coup de téléphone va faire la différence. Systems Plus – l’entreprise avec laquelle il collaborait en tant que freelance – lui propose de distribuer son programme.

Section 6. Les forces de la croissance naturelle

  1. Les fondations d'un commerce à succès

Il est utile de mentionner quelques dates :

1983 : Premier séminaire annuel de Medical Manager.

1985 : Transition vers le « tout électronique » (transactions d’ordinateur à ordinateur).

1987 : The Medical Manager est le premier système de gestion à pouvoir soumettre toutes les requêtes électroniquement et à pouvoir être utilisé dans les 50 États des États-Unis.

2000 : le Smithsonian Institute conserve le programme dans ses archives permanentes en signe de reconnaissance pour l’aide apportée à l’informatisation du système de santé étatsunien.

  1. L'industrie frappe à notre porte

Un jour de 1985, Systems Plus demande à Michael Singer de recevoir un représentant de laboratoires pharmaceutiques à Gainesville. Tous s’attendent à voir arriver un homme en costume cravate, mais c’est finalement un amateur de méditation qui frappe à la porte !

Plusieurs années plus tard, cette personne travaillera pour The Medical Manager et l’aidera à grandir et à se faire connaître auprès des grands laboratoires pharmaceutiques. Plus de vingt ans plus tard, il vit encore près de la communauté avec sa femme et ses enfants.

  1. Le temple continue à grandir

Afin de protéger la forêt avoisinant son terrain, Michael Singer loue une parcelle à ses voisins qui souhaitaient y faire pousser des pins. Un peu plus tard, il rachète un autre terrain bordant sa propriété.

Dans les années 1980, le terrain accueillant le Temple de l’Univers s’étend sur 85 acres. Dans les années 1990, la propriété croît de manière surprenante : 170 acres, grâce à l’achat de deux grands terrains. Seul réquisit de Michael Singer : que chaque nouvelle parcelle borde une parcelle déjà acquise, pour ne former qu’une seule terre.

Section 7. Quand les nuages noirs deviennent des arcs-en-ciel

  1. Une touche de magie

« Pour comprendre les prochaines étapes de la croissance, il est important de comprendre ce qui se passait à l’intérieur de moi à cette époque. Tous les événements qui s’étaient déployés jusqu’à présent dans mon expérience du lâcher-prise m’avaient montré qu’au plus je me détachais du propre bruit de mes préférences, au plus je pouvais repérer des synchronicités subtiles qui se manifestaient autour de moi. Ces coïncidences inattendues d’événements étaient comme des messages de la vie qui m’indiquaient la voie qu’elle prenait. J’écoutais ces incitations subtiles plutôt que mes réactions mentales et émotionnelles plutôt brusques. C’est comme cela que j’ai pratiqué le lâcher-prise dans ma vie quotidienne […]. » (L’expérience du lâcher-prise, p. 168)

Avec l’achat de terres vient l’achat d’une maison pour lui. Jusque-là, il vivait dans la maison commune de la communauté, sans avoir beaucoup d’intimité. Un jour, un voisin l’appelle (à nouveau !) pour lui dire qu’il vend son terrain. Or, celui-ci y a construit une magnifique maison en bois.

C’est le coup de foudre. Depuis lors, Michael Singer vit dans cette demeure.

  1. L’effrayant messager du changement

Dans le courant des années 1990, les vents tournent encore. Personalized Programming passe de 25 à 300 employés et d’un quartier général de 400 m2 à 85 000 m2 !

Bien sûr, impossible, techniquement, mais aussi et surtout légalement, d’accueillir ce business grandissant dans le Temple. Pour assurer le développement de l’entreprise sur des bases solides, il faut trouver un endroit sûr.

C’est ce qui est fait peu de temps après et — cerise sur le gâteau — à proximité de la communauté.

  1. Les fondations pour le futur sont construites

Le business grandissant, il importe d’engager les bonnes personnes. Afin de l’aider dans les tâches de programmation et de management, Michael Singer embauche Tim Staley.

Les deux hommes deviennent assez rapidement amis et excellents collaborateurs. L’auteur garde les rennes sur la direction « produit », tandis que Tim Staley prend progressivement en charge la partie « ingénierie ».

Le programme existant déjà depuis 15 ans et ayant été implémenté dans un grand nombre d’organisations différentes, il est nécessaire d’effectuer des mises à jour, des adaptations et de moderniser aussi le produit.

C’est ce que fera finalement Tim Staley : créer un nouveau produit qui rencontre les nouvelles attentes des clients. Son nom : Intergy.

  1. Pendant ce temps-là — retour au ranch

La gestion de la communauté du Temple ne demande pas beaucoup d’efforts. Mais à partir de 1994, un changement survient.

Le guru Armit Desai, ami de Michael Singer et habitué du Temple de l’Univers, doit quitter sa propre communauté — le Kripalu Center — à cause d’une controverse.

Pendant trois années, il réside à Gainesville, avant de trouver une maison et de refonder un centre à Salt Springs, le Amrit Yoga Institue.

Section 8. Accompagner l’expansion exponentielle

  1. Il pousse des ailes au Manager médical

Le défi suivant attend Michael Singer, qui reste curieux et ouvert comme jamais à ce qui peut lui arriver dans la vie. Il ne se sent pas en charge de son existence ; c’est la vie elle-même qui le guide là où elle veut.

En l’occurrence, plusieurs compagnies telles que Systems Plus et d’autres revendeurs de The Medical Manager souhaitent fusionner pour créer une seule firme et ainsi solidifier leur ancrage national.

Au cœur des discussions figure le rachat de Peronalized Programming, l’entreprise de l’auteur, et donc du programme lui-même. Au début, Michael Singer est réticent.

Mais encore une fois, il se laisse aller à la destinée et accepte ce deal très profitable. La nouvelle entreprise portera le nom de Medical Manager Corporation.

  1. Medical Manager Corporation — MMGR

Michael Singer est le CEO de l’entreprise. Le symbole MMGR est le symbole utilisé pour le NASDAQ (le célèbre indice boursier).

Cette période de transition vers l’univers de la bourse donne l’occasion à l’auteur d’entrer en relation plus intime avec son père, qui fit toute sa carrière à Merrill Lynch en tant qu’agent de change. Celui-ci meurt peu après, mais a le temps de lui donner quelques conseils.

  1. Devenir PDG

Là encore, de l’aide est nécessaire. Michael Singer la trouve en la personne d’une dénommée Sabrina (l’auteur ne donne pas le nom de famille). Celle-ci, âgée de 22 ans à peine au moment de son embauche et n’ayant pas été à l’université, se révèle précieuse et diablement efficace.

Le PDG peut donc se consacrer majoritairement à l’avenir de la société. Il crée Medical Manager Network Services pour aider les utilisateurs avec le programme. C’est un succès spectaculaire.

Et bien qu’il travaille énormément, il ne se met pas en danger. Au contraire, il sent qu’il est en phase avec ce que la vie attend de lui.

  1. Internet et les soins de santé

Avec Internet, un autre défi se fait jour. Nous sommes à la fin des années 1990 et Michael Singer a déjà 50 ans.

Lui qui n’a jamais eu de « boss » de sa vie, va se retrouver « sous » la responsabilité d’un nouveau chef : Marty Wygod. Cet état de fait est le résultat d’une fusion entre Medical Manager Corporation et Synetic, une start-up ambitieuse qui veut gérer les transactions médicales via un portail web.

Medical Manager Corporation est vendu pour 1,3 milliard de dollars. Mais la nouvelle société garde ce nom.

  1. Fusionner — mais pas avec l’univers

La fusion entre les deux entreprises fit sensation dans les médias. Leurs compétiteurs fusionnent également (WebMD et Healtheon) et deviennent un adversaire de poids.

L’enjeu est simple : il faut que Medical Manager Corporation réussisse à construire et vendre son portail web avant que son concurrent attire tous les fonds nécessaires à son propre développement.

La réponse arriva au début de l’année 2000 : la start-up WebMD/Helatheon parvient à racheter un mastodonte du secteur : Envoy. Dans ces conditions, il devient difficile de les concurrencer.

  1. Construire Rome en un jour

Les acquisitions s’enchaînent : puisqu’il est impossible de battre ce nouveau conglomérat, autant s’agréger à lui ! Les deux « mastodontes » — comme l’annonça la presse — décident donc de fusionner. Cela s’officialise le 14 février 2000.

Medical Manager Corporation est vendu 3,5 milliards de dollars. Le nom de la nouvelle entité devient WebMD. Leur site internet est leur bien le plus important.

  1. Se retrouver à Washington

En juin 2000, Michael Singer est invité à la Maison-Blanche pour recevoir la Médaille d’honneur national pour la technologie avec Ray Kurzweil. L’auteur y croise entre autres le président Clinton et Stevie Wonder. Il n’en croit pas ses yeux.

Lui, le hippie qui voulait vivre dans les bois et méditer, se retrouve à un banquet, invité par le président des États-Unis. Son logiciel est considéré comme précurseur en matière d’informatique.

Une autre visite à Washington DC l’attend quelques mois plus tard : il doit se présenter au Département de la justice pour répondre à certaines questions concernant les lois antitrust et la fusion entre Medical Manager Corporation, WebMD et Envoy.

Encore une fois, l’auteur répète son engagement à l’égard de la vie et réaffirme l’importance de sa pratique méditative. Pour lui, même dans des situations d’extrême tension, entouré de gens très puissants, il parvient à garder son calme grâce à sa profonde reconnaissance envers la vie.

Section 9. L’abandon total

  1. Le raid

Un beau jour de septembre 2003, le FBI fait une fouille dans l’ensemble des bâtiments de Gainesville. Ce n’est pas un agent, non, mais une quinzaine, le shérif, deux hélicoptères et la ferme intention de passer tout au crible fin.

Il comprend finalement ce qu’il se passe en voyant une liste de noms. Il y repère des personnalités qui font justement l’objet d’une enquête interne de l’entreprise pour des fraudes.

« Un sentiment de paix totale vint à moi et resta auprès de moi toute la journée. C’était tellement épais que je sentais comme une couverture me protégeant. Je n’étais pas concerné. Je savais que je n’avais rien fait de mal, et ils n’allaient donc rien trouver. […] Je voulais être sûr d’être présent pour profiter de l’expérience. Ce n’est pas tous les jours que le FBI se montre chez vous et fait une descente sans raison apparente. » (L’expérience du lâcher-prise, p. 220)

  1. Des avocats, des avocats et plus d’avocats

Pour se défendre, Michael Singer doit faire appel à un avocat. Il décide de faire attention à son choix, mais sait qu’au final, il suivra la voie qu’il a toujours suivie : celle de l’intuition.

En interne, l’enquête se poursuit et il s’avère que le principal suspect a bel et bien de lourdes charges contre lui.

En fait, pris au piège, il se présenta comme un lanceur d’alerte à la police et l’« informa » de délits qu’il avait lui-même commis, mais en les attribuant en partie à d’autres pour voir sa peine allégée. Il créa un véritable réseau de mensonges pour se protéger lui-même.

  1. Les États-Unis contre Michael A. Singer

La suite se fait attendre : instruire une affaire telle que celle-ci prend du temps. Les agents du gouvernement doivent traiter les informations et monter un dossier solide avant d’appeler les intéressés à se présenter devant la justice.

Pour éviter toute confusion et ne pas nuire à l’entreprise, Michael Singer — qui fait partie des accusés — se retire de ses fonctions de cadre supérieur. Il en profite pour revenir au Temple et se lancer dans un projet qu’il avait à cœur depuis longtemps, à savoir écrire deux nouveaux livres :

The Untethered Soul ;

The Surrender Experiment (qui sera terminé après le dénouement du procès).

Finalement, deux ans après le raid de la police dans les locaux de l’entreprise, l’auteur reçoit une citation à comparaître.

  1. Préparer une défense

Face à de tels événements, Michael Singer décide de « lâcher prise » une fois de plus. Le premier jour du procès, il revoit ses anciens collaborateurs, accusés comme lui. Il observe beaucoup et cherche à se mettre en paix avec lui-même, tout en restant persuadé que la vérité finira par triompher.

Lorsque les avocats de la défense peuvent enfin accéder aux documents (mails, notes, etc.) confisqués le jour du raid, ils se mettent à préparer à leur tour le dossier. Or, selon eux, aucune charge ne peut être retenue, car aucun lien ne peut être fait entre les agissements néfastes de Bobby Davis et Michael Singer.

C’est à cette époque, fin 2006, que l’auteur termine son ouvrage The Untethered Soul. Il décide de le publier rapidement, malgré les réticences de son avocat. Le livre est finalement publié en septembre 2007 et se vend directement très bien, alors que Michael Singer ne fait aucune publicité par lui-même.

  1. La Constitution et la Charte des droits (Bill of rights)

Les avocats de la défense font appel à la Constitution des États-Unis pour demander à ce que le gouvernement précise les motifs de l’accusation. Le juge décide en leur faveur, ce qui est un premier point positif. L’équipe légale trouve ensuite des documents qui contredisent les charges portées contre l’auteur.

Mais les choses se compliquent : l’avocat en chef de cette équipe légale et ami de Michael Singer tombe gravement malade. Il parvient à demander un report du procès, le temps de trouver quelqu’un d’autre. Mais cela s’avère difficile, tant le travail est spécifique et complexe.

  1. Intervention divine

Quatre semaines avant le procès, les charges retenues contre Michael Singer sont abandonnées et celui-ci est désormais libre de toute investigation judiciaire. C’est un soulagement immense, bien que, sur le moment, ce ne soit pas ce sentiment qui prédomine, car deux des anciens associés de l’auteur demeurent accusés.

Finalement, ceux-ci s’en sortiront aussi, après une première condamnation. Ainsi, en janvier 2011, soit plus de sept années après le début de toute cette affaire, les principaux intéressés étaient reconnus innocents.

Pour l’auteur, c’est une victoire de la vérité et une démonstration, au final, de la puissance et de la droiture des deux juges ayant siégé au procès, ainsi que de la force de la Constitution.

  1. Revenir au commencement

Ce procès a été pour l’auteur une expérience de lâcher-prise, au niveau le plus profond. Finalement, il ne peut qu’être heureux d’avoir décidé, un jour, de faire confiance à la vie. C’est ce qu’il exprime dans ces derniers mots :

« La joie, l’excitation, et la liberté sont simplement trop belles pour abandonner. Une fois que vous êtes prêt pour laisser partir votre ego, la vie devient votre amie, votre professeur, votre amour secret. Lorsque la voie de la vie devient aussi votre chemin, tous les bruits cessent, et se fait jour une grande paix. Éternelle gratitude pour toutes les expériences que l’on nomme “Vie”. » (L’expérience du lâcher-prise, p. 252)

Conclusion sur « L'expérience du lâcher-prise. Mon voyage au sein de la perfection de la vie » de Michael A. Singer :

Ce qu’il faut retenir de L'expérience du lâcher-prise. Mon voyage au sein de la perfection de la vie » de Michael A. Singer :

Ce livre est une exploration de ce que signifie « lâcher prise ». Grâce à l’évocation de son parcours, l’auteur nous montre ce que signifie cette expression concrètement et comment elle s’applique à la vie de tous les jours.

Bien sûr, Michael Singer a un destin assez exceptionnel. C’est un autre élément qui rend l’ouvrage intéressant. Reste à savoir si ce destin est seulement lié à la pratique de la méditation et la philosophie de l’auteur. En fait, il apparaît également que l’auteur a de grandes capacités intellectuelles et une grande force d’action.

Il serait donc trop facile de lier, sans nuances, réussite et lâcher-prise. Celui-ci peut certainement nourrir celle-là, dans la mesure où il rend plus confiant, plus observateur, plus curieux, plus attentif aux événements.

Mais ce n’est sans doute pas suffisant. Autrement dit, la méditation et la philosophie de l’abandon à la vie ne vous mèneront pas automatiquement au succès ! Mais c’est une « voie », un chemin qui mérite d’être suivi pour lui-même.

Points forts :

Un parcours de vie original ;

Une plongée en pleine période de gloire du New Age et des débuts de l'informatique aux USA ;

Des conseils et des réflexions intéressants pour apprendre à lâcher prise.

C'est l'histoire classique de l'homme blanc américain qui réussit, mais avec un discours opposé à celui du self made man. Plutôt original, donc !

Point faible :

Si on accepte d'entrer dans l'histoire, il n'y a pas vraiment de défaut. C'est bien écrit et agréable à lire. Rien à dire.

Ma note :

                

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Thu, 02 Mar 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12284/Lexprience-du-lcher-prise
À la Verticale de soi http://www.olivier-roland.fr/items/view/12248/-la-Verticale-de-soi

Résumé de « À la Verticale de soi » de Stéphanie Bodet : un livre passionnant où l’auteure, championne du monde d’escalade de bloc à 20 ans, relate ses expériences personnelles et sportives et, surtout, cet ardent désir de se dépasser et d’aller toujours plus haut, pour vivre mieux et plus intensément.

Par Stéphanie Bodet, 2016, 294 p.

Chronique et résumé de « À la Verticale de soi » de Stéphanie Bodet :

À propos de Stéphanie Bodet

Stéphanie Bodet est écrivaine et alpiniste. Ou plutôt, elle fut d’abord alpiniste et grimpeuse avant de devenir écrivaine et romancière. Comme on va le voir dans les lignes qui suivent, elle a mené une carrière fulgurante dans le monde de l’escalade. Championne du monde d’escalade en intérieur à 20 ans, elle a ensuite parcouru le monde entier à la recherche de roches et de sommets mythiques sur lesquels exercer ses talents et affronter ses peurs.

Elle anime aujourd’hui des ateliers d’initiation à l’escalade avec son compagnon de toujours, Arnaud Petit. Vous pouvez découvrir ses stages, mais aussi les conférences, films, et propositions de service sur le site internet du couple, Vagabonds de la verticale.

Stéphanie Bodet est également l’autrice de :

Habiter le monde (un roman paru en 2019) ;

Salto Angel (2008).

Elle a aussi un blog nommé Une vie à grimper.

Arnaud Petit est quant à lui l’auteur de :

Escalade — Initiation, plaisir et progression (2019) ;

En collaboration avec Stéphanie Bodet, Parois de légende (2011).

Préface de Sylvain Tesson. Haute volée

Ce n’est pas le récit des exploits d’un guerrier des sommets. Ce livre n’est pas non plus une description des techniques de grimpe et des derniers outils à la mode. Non. C’est un texte poétique qui raconte l’évolution d’une jeune femme tout en paradoxes. Ou encore, comme le dit bien Sylvain Tesson :

« C’est l’histoire d’une fille qui a trouvé sur les parois du monde une occasion de porter la vie à un haut degré d’accomplissement. Là-haut, sur les sommets, la vie a pris pour elle une tournure que nous sommes beaucoup à tenter de lui donner : authentique et joyeuse. » (À la verticale de soi, « Préface »)

Demain n’existe pas (prologue)

Lors d’une marche particulièrement périlleuse sur les sommets du Haut Atlas, au Maroc, Stéphanie Bodet frôle la mort. Un geste automatique, irréfléchi — une main qui s’agrippe au rocher — la sauve d’une chute fatale. Impossible à rapatrier sur le moment, elle et son équipe décident d’installer un bivouac précaire dans la montagne et d’y dormir.

Heureusement, elle n’est que légèrement blessée. Mais l’évènement l’a bouleversée. À la nuit tombée, lorsque ses camarades sont déjà endormis au coin du feu, des étincelles surgissent dans ses yeux. Elle se remémore, d’un trait, tout son passé.

Première partie. Grandir

Chapitre 1. Enfance

Les parents et la famille

Stéphanie Bodet nait à Limoges en 1976. Elle est la fille de Jean-Louis et d’Arlette. L’autrice se plait à raconter leur histoire et à imaginer leurs premiers échanges.

Arlette est une littéraire engagée, aventurière dans l’âme. Et quand elle croise le regard de son futur mari, elle est prête à tout pour le suivre. Elle refuse obstinément de reprendre le salon de coiffure de sa propre mère. Son goût pour l’indépendance et le savoir est trop fort.

Jean-Louis est un beau garçon qui vient en vacances dans la région. Après leur mariage, il travaille pour un cabinet d’architectes, alors que sa femme a trouvé un emploi administratif. Ils décident de partir dans le sud-ouest alors que Stéphanie vient de naitre.

D’autres enfants prennent sa suite :

Guillaume, né 5 ans plus tard ;

Emilie suit Guillaume la même année.

Les passions

Les parents, et surtout le père, attrapent une passion pour l’alpinisme. Stéphanie fait ses débuts sur les parois à 11 ans. À côté de son goût pour la roche (qu’elle collectionne aussi dans son sac à dos, sous forme de cailloux et autres fossiles), il y a la littérature et la solitude…

Et la flute à bec ! Qui est davantage une obligation qu’une vraie passion, en l’occurrence. C’est son professeur qui lui proposera de choisir entre l’escalade et l’instrument de musique. L’appel des dalles, des pics et des monts l’emporte haut la main ! À 16 ans, la jeune fille participe au championnat de France jeunes et découvre les murs artificiels. Elle s’entraînera désormais sur ces différents types de surfaces.

L’asthme et les allergies : hypersensibilité

« Rien ne prédisposait la rêveuse que je suis à devenir une grimpeuse de haut niveau », affirme Stéphanie Bodet. Et de fait, il y a plus que la rêverie : il y a l’asthme qui l’empêche de réaliser des performances physiques, mais aussi parfois intellectuelles, dès le collège.

Liées à l’asthme, il y a aussi les allergies. La future grimpeuse ne supporte pas les pollens, entre autres. Mais plus généralement, comme elle le rappelle, les allergies sont « propres aux tempéraments hypersensibles ».

L’hypersensibilité de Stéphanie Bodet se retrouve à plusieurs niveaux :

Allergies, donc ;

Forte émotivité ;

Empathie ;

Ouïe extrêmement développée ;

Odorat très fin ;

Besoin de calme, de tranquillité, de solitude.

Chapitre 2. Grimper

Stéphanie Bodet s’entraîne au Club alpin de Gap. Ses moniteurs lui font découvrir des lieux et des techniques, lui parlent des explorateurs et des grimpeurs professionnels. Elle est « ensorcelée ». Son père décide même de construire un mur artificiel dans le garage pour qu’elle et son frère — mordu lui aussi — puissent progresser.

Le CREPS

Entre les petits boulots d’été et les cours du lycée, il y a toujours moyen de parler et de pratiquer la grimpe. Un jour, elle reçoit une lettre du Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive (le CREPS) d’Aix-en-Provence. Elle est invitée à rejoindre le centre pour se former professionnellement à l’escalade !

Ses parents acceptent son départ. Certes, elle a un peu d’embonpoint, mais elle est ravie : indépendante, elle peut faire de nouvelles connaissances et améliorer sa pratique.

L’université

Après le lycée, elle quitte le centre d’entraînement pour une cité universitaire où elle va faire des études de lettres. Elle y retrouve une amie d’enfance. Elle prend conscience des différences de situation entre étudiants. Certains sont pauvres et s’en sortent vraiment difficilement. Elle a un peu plus de chance, mais peine néanmoins à joindre les deux bouts durant cette période.

Chapitre 3. Arnaud

En 1995, Arnaud Petit est un grimpeur prometteur de 24 ans. Il a de l’assurance, un humour flegmatique, de la rigueur et une honnêteté un peu brute. Stéphanie Bodet tombe rapidement amoureuse : « Je venais de rencontrer l’amour d’une vie », dit-elle.

La famille d’Arnaud Petit vit près du mont Blanc. Ils ont des relations fusionnelles : entre eux, mais aussi avec la nature et les sommets. Ils ont vécu au Maroc et en Algérie et en ont été marqués à vie. Dès son enfance, le petit Petit est pris d’amour pour l’alpinisme.

Alors qu’il n’est encore qu’un jeune adulte, son expérience de la grimpe est déjà impressionnante. Peu à peu, Stéphanie Bodet s’améliore en le fréquentant. Ils composent un groupe avec son frère, François, et les grimpeuses Marie Guillet et Liv Sansoz.

Ils trouvent un studio, puis un appartement vétuste, mais plus confortable, où vivre leur amour. Stéphanie Bodet étudie toujours la littérature en même temps. Rapidement, ils préfèrent néanmoins la campagne d’Allondaz à la vie grenobloise.

Chapitre 4. Emilie

La petite sœur de Stéphanie Bodet n’a que 15 ans lorsqu’elle meurt d’un arrêt cardiaque. Rien n’annonçait cet évènement terrible pour la famille. À 20 ans, comment réagir face à la disparition de « l’être parfait », du « ciment de la famille » ?

Depuis ce jour, la grimpeuse se fait poétesse et écrit pour « retenir les souvenirs ». Elle veut garder en mémoire la personnalité, le caractère de sa jeune sœur qu’elle aimait et admirait tant. Voici aussi la leçon ou le constat qu’elle tire de l’évènement :

« C’est triste qu’il faille vivre une tragédie pour entrevoir l’essentiel de nos vies mais c’est ainsi. La perte et la douleur nous tirent de l’aveuglement, nous soumettent au réel. En même temps que l’être aimé, c’est l’illusion de notre chère sécurité qui disparaît. » (À la verticale de soi, Chapitre 4)

Mais surtout : Stéphanie Bodet se trouve jetée hors d’elle-même. Elle renait, ne veut plus se contenter d’écouter les professeurs, elle veut vivre, oui vivre vraiment, c’est-à-dire, pour elle, grimper !

Chapitre 5. Podiums

La décision d’arrêter la fac et de se lancer à corps perdu dans sa passion paie : avec l’entraînement intensif et les conseils de ses nouveaux compagnons, Stéphanie Bodet progresse à vive allure. Elle décroche des places sur les podiums des coupes du monde d’escalade.

Ouvrir des voies

Quant à Arnaud Petit, il ouvre des voies, c’est-à-dire crée de nouvelles « routes » pour les grimpeurs. Il préfère cela. Et il ne va pas tarder à attirer la grimpeuse professionnelle vers ces nouvelles aventures. Sa première expérience dans ce domaine sera la flèche du Grand Capucin, dans le massif du Mont-Blanc.

Son petit ami tient particulièrement à y ouvrir une voie et il y parvient en 1997, avec son aide. Et elle se rend compte qu’elle préfère diablement l’altitude des montagnes aux petites hauteurs des podiums.

Devenir championne du monde de bloc

Pourtant, elle continue la compétition.

« La compétition m’apprend que la peur est une projection, une émotion liée à l’anticipation. Les premiers temps, j’observais avec inquiétude les physiques affûtés qui m’entouraient, me sentant mal fichue et boudinée. Mais je me suis vite délivrée de mes complexes, une fois acquise la certitude de mes propres qualités et de mon engagement pour les développer. » (À la verticale de soi, Chapitre 5)

La routine des compétitions permet à Stéphanie Bodet de gagner en confiance. Passé l’attente et le moment de doute en « salle d’isolement » (le lieu où les compétitrices attendent leur tour), c’est le plaisir d’inventer des prises et de monter qui prime. Pour gagner, dit-elle encore, il faut « abandonner l’idée de concurrence et dépasser celle de la comparaison ».

À 23 ans, Stéphanie Bodet a gagné la coupe du monde. Dans la foulée, elle a raflé d’autres trophées. À 24 ans, elle a envie de sommets, de rochers et non de blocs artificiels. Elle va donc rejoindre Arnaud et ses rêves de voies nouvelles. « Tout reste à gravir », pense-t-elle…

Chapitre 6. Biographie

Qu’est-ce que c’est ?

Biographie est le nom d’une « ligne » d’une grande difficulté, sise au-dessus de Gap. Un « 8 c+ », comme on dit dans ce jargon. Il s’agit d’escalade sportive. Stéphanie Bodet se lance ! Elle veut réaliser l’exploit. Mais petit à petit, l’ennui la surprend : elle ne se sent pas faite pour le « travail d’une voie » pendant autant de temps, tout cela pour la performance.

La leçon à tirer

Elle décide d’arrêter et cela clarifie encore ses objectifs. Décidément, ce qu’elle préfère, c’est la joie de grimper pour grimper. Elle préfère l’aventure et la découverte, quitte à perdre quelques juteux contrats avec des sponsors !

« Renoncer à Biographie m’a aidée à éclaircir mes motivations. Le temps a inscrit son histoire sur cette page de rocher, à moi d’inventer la mienne. » (À la verticale de soi, Chapitre 6)

Deuxième partie. Les vagabonds de la verticale

Chapitre 7. Mes années folles

L’Andringitra

Le couple décide de gravir une roche malgache nommée le Tsaranoro, dans le massif de l’Andringitra. Ils y réussissent, mais doivent passer la nuit seuls, faute de retrouver sur place l’équipe qui devait les y attendre. Une nuit glacée sur les sommets, puis une maladie — sans doute le paludisme — qui la frappe. Ce moment de faiblesse passé, elle est encore plus décidée à vivre à fond les expériences qui l’attendent.

L’Inde avec son frère

Et la vingtaine offre à la jeune alpiniste bien d’autres occasions de voyage. Elle part notamment en Inde rejoindre son petit frère, Guillaume. Ils passent là-bas plusieurs semaines d’une intensité rare. Ils randonnent beaucoup et tissent ou retissent les liens familiaux.

« J’ai quitté Guillaume avec une grande émotion après ces longues semaines passées ensemble. Nous avions le même goût pour la poésie et les marches enflammées sans savoir où aller, les mêmes désirs d’écriture, et si chacun possédait ses rêveries propres, un fil invisible semblait les relier. Cette éternité que nous venions de vivre, je pressentais qu’elle ne se reproduirait pas de sitôt. » (À la verticale de soi, chapitre 7)

De fait, peu de temps après, le frère de Stéphanie Bodet rencontrera l’amour et décidera de mener une vie plus tranquille.

Chapitre 8. Sadiya

Devenir amie avec une jeune berbère

Sadiya est une petite fille lorsque Stéphanie Bodet la rencontre. C’est une petite fille qui travaille dur et se prend d’une amitié sincère et soudaine pour la jeune Française qui vient la visiter dans le village de Zaouïat.

L’amitié qui lie les deux femmes est profonde. Pourtant, elles se parlent peu, l’une parlant le berbère et l’autre le français. Mais chacune apprend quelques mots pour échanger avec l’autre. Et la compagnie silencieuse fait le reste.

Lorsque Sadiya se mariera, Stéphanie Bodet lui offrira les boucles d’oreilles de sa grand-mère.

L’amour du Maroc

Dans ce chapitre, l’autrice raconte aussi son amour pour le Maroc et le sud de l’Atlas marocain, qu’elle connaît bien. Peu d’escalade, dans un premier temps au moins, mais beaucoup de merveilleux moments passés avec Sadiya, mais aussi Khadija et d’autres membres du village.

Tout au long de son récit, Stéphanie Bodet témoigne de ce goût pour la culture de ces personnes : elle rend hommage à leur hospitalité, à leur générosité, à leur simplicité. Elle est entourée lorsqu’elle est malade. Tous ensemble, ils fêtent aussi leurs réussites.

Plus tard (cela apparaît dans l’épilogue du récit), Mohammed, le mari de Khadija, deviendra même grimpeur à son tour (formé par Arnaud Petit), et ouvrira une voie qu’il nommera du nom de leur fille, Titrit, ou « petite étoile ».

Pas de doute : un lien fort unit les deux alpinistes à ces personnes et à ces paysages.

Chapitre 9. Un été sauvage

La Fleur de Lotus

« Il y a des moments où la vie s’accélère. Où elle nous saisit à bras-le-corps et nous chavire pour notre plus grand plaisir. » (À la verticale de soi, Chapitre 9)

En 2003 il y a les Dolomites italiennes, Chamonix… Puis, Stéphanie Bodet et Arnaud Petit partent pour le Canada : direction la Fleur de Lotus, une paroi du Grand Nord.

Certes, il faut se faire à la mentalité nord-américaine, aux grands discours, au luxe, à une autre vision de l’écologie aussi. Mais cela vaut le coup. Les paysages sont à couper le souffle. Le pic donne envie d’être grimpé. Là-bas, les alpinistes rencontrent des pairs : deux Étatsuniens, deux Espagnols, deux Anglais.

L’effort et la récompense

Il neige, il vente, il pleut. Stéphanie Bodet adore ça. Elle est ravie de se retrouver en situation difficile, heureuse de profiter pleinement de l’instant. Une fois l’ascension réalisée dans ces conditions et la descente en rappel effectuée, la marche de retour s’annonce tout aussi périlleuse ! Une forêt dense dans laquelle se perdent les aventuriers.

Et pourtant, ici encore, le bonheur n’attend pas loin. Une source d’eau claire, un lac dans lequel se baigner. Cela suffit à oublier tous les tourments endurés.

Chapitre 10. Se perdre et se trouver

Se promener

La grimpeuse est aussi une promeneuse solitaire. Elle préfère bien mieux partir sans objectif, à la rencontre des éléments et des difficultés. Elle aime crapahuter. Ses parents l’ont initiée dès son plus jeune âge. C’est là qu’elle peut aussi se laisser pleinement aller à son goût pour la poésie et l’écriture « du vivant ».

El Capitan

Mais retour sur les rochers ! El Capitan, une formation rocheuse située dans le Yosemite, aux États-Unis, attend la grimpeuse et ses compagnons d’aventure : Arnaud Petit bien sûr, mais aussi Tommy et Beth. Ils empruntent le Nose, une voie connue. Faire cette voie en moins de 24 heures était impossible selon leurs amis ; et pourtant ils l’ont fait !

Mais ils en sortent fatigués. Et aussi en sachant mieux ce qu’ils souhaitent. Les escapades « à la dure », le voyage, cela leur plait et leur est nécessaire. Mais pas les grands périples de touristes en 4x4.

Union

Finalement, tous ces périples renforcent leur couple. Bien sûr, ils sont différents et il y a des moments difficiles. Et pourtant ils se retrouvent sur bien des choses : l’absence de concession, la passion, l’envie d’approfondir des sensations et des savoirs (ceux de la montagne).

« Cet été-là s’est achevé à la mairie de Chambéry devant un adjoint au maire surpris qu’on ait l’idée de se marier un lundi matin de septembre, en compagnie de deux témoins et de quarante chaises vides. Pour conclure les festivités, nous avons roulé jusqu’aux falaises de la Chambotte, qui surplombent le lac du Bourget. Un lieu rêvé pour un mariage en petite pompe… » (À la verticale de soi, Chapitre 10)

Chapitre 11. Flamme éternelle

Entre deux copies…

Dans les années 2000, Stéphanie Bodet officie un temps comme professeur de français en collège. Elle aime bien ce travail, mais malgré tout, elle ne s’y retrouve pas. L’impression de n’aider que celles et ceux qui ont déjà tout pour réussir. L’incapacité à sortir les autres de leur torpeur ou de leurs difficultés. De bons moments et de belles preuves de reconnaissance de la part des élèves, mais ce n’est pas suffisant.

Entre deux copies, donc, Stéphanie Bodet rêve de nouvelles aventures. Ce sera la Flamme éternelle ! Eternal Flame est le nom de la voie tracée par Kurt Albert et Wolfgang Güllich sur les roches de la tour Sans Nom à Trango, dans l’Himalaya.

La tour Sans Nom : une escapade céleste

Partis à 11 personnes, l’aventure pakistanaise commence. Plusieurs jours de marche en altitude pour s’acclimater d’abord. Puis le grand départ pour la « vraie » destination. Là encore, il faut marcher — trois jours — pour y arriver, accompagné de porteurs locaux. Ceux-ci sont de tous âges. Ils aident les touristes occidentaux à atteindre leur destination.

« Durant trois jours, l’escalade avait été sublime. Dans l’action, au cœur de notre fragile mécanique humaine, s’était mise en branle une mécanique céleste. Absorbés par l’éther et la beauté, une douce euphorie s’était installée à mesure que l’oxygène se raréfiait. Nous étions là, perchés dans cet univers austère, inconscients et légers. Nous avions à cet instant l’invulnérabilité des Clochards Célestes et la vie nous semblait une éternelle épiphanie… […] Vivre au-dessus de ses forces pour en créer de nouvelles ! » (À la verticale de soi, Chapitre 12)

Chapitre 12. Fugues

Autre sommet, autres péripéties. Cette fois, c’est en Patagonie que va Stéphanie Bodet. Et ce sont les vents du cap Horn et de la région qui saisissent les alpinistes en pleine descente. Ils doivent dormir une nuit sous un froid glacial et un vent d’enfer.

Pourquoi s’infliger de telles expériences, de telles douleurs même ? L’autrice répond qu’elle aime prendre de la distance, qu’elle a besoin de fuguer de temps à autre. Et pour elle, la fugue est verticale. C’est là son équilibre. Elle grimpe pour grimper, pour explorer la vie et ce dont elle est capable.

Chapitre 13. El Capitan en libre

L’envie d’aller plus loin, plus haut

Après tant d’exploits, Stéphanie Bodet prend la décision de tenter quelque chose seule. Elle veut grimper El Capitan en libre, c’est-à-dire sans matériel. Arnaud Petit la soutient dans son initiative et l’accompagne.

Entraînement et rencontre amicale avec une championne

Cela demande de l’entraînement. Or elle se retrouve avec une ancienne compagne, concurrente lors d’anciens championnats du monde de difficulté, Martina Cufar. Bien que différentes à de nombreux points de vue, les deux femmes s’apprécient. Surtout, Stéphanie Bodet ressent un bien-être et de la motivation à s’entraîner en sa présence.

L’ascension

Puis, c’est l’ascension progressive. Comme une longue randonnée verticale organisée sur plusieurs jours. Et finalement, le plaisir d’avoir réalisé le défi !

« Depuis la prairie où je contemple El Capitan, je m’aperçois que chaque détail m’est intime à présent. Gravir une voie en libre, c’est peut-être cela. Savoir qu’ici se nichent une réglette ou un verrou salvateur, là une cheminée effrayante… En passant du temps en paroi, alors que je m’inscris peu à peu dans ce territoire vertigineux, il s’imprime en moi. » (À la verticale de soi, chapitre 13)

Chapitre 14. Babel

Après sa chute et son miraculeux « rattrapage » (racontés dans le prologue), Stéphanie Bodet sait qu’elle doit vaincre sa peur rapidement. Dès les jours suivants, elle aide ses amis à grimper, puis se lance elle-même à l’assaut des parois marocaines, comme si de rien n’était.

Lorsqu’elle revient au village et y retrouve ses amis berbères, elle se laisse aller à flâner, profite pleinement du temps présent. Préfère-t-elle agir ou contempler ? Elle ne peut se décider. La vie est composée du mélange des deux, sans doute.

Pourtant, avec ce voyage marocain, c’est bien le début d’une fin qui s’amorce. Comme on va le voir dans la troisième partie, cette chute a déséquilibré quelque chose, physiquement et psychiquement, chez l’autrice. Quoi qu’il en soit, ce besoin de rééquilibrage ou de changement se révèle peu à peu, chemin faisant.

Troisième partie. À la verticale de soi

Chapitre 15. Sigoyer

Trouver un foyer

« Le petit village de Sigoyer domine la vallée de la Durance et l’échancrure de Sisteron, plus au sud. Adossé à la falaise de Céüse, à l’abri de son rempart naturel, c’est un lieu à la fois âpre et paisible. Un sentiment voluptueux m’étreint à chaque fois que j’emprunte le raccourci qui monte vers le col des Guérins. Comme un goût de vacances. » (À la verticale de soi, Chapitre 15)

Et si ce lieu devenait aussi celui du foyer ? Stéphanie Bodet et son mari, Arnaud Petit, sont tentés par ce lieu. Ce sont d’abord les Hautes-Alpes de l’enfance et bien sûr le « calcaire parfait » de Céüse qui attirent le couple. Finalement, un terrain est trouvé grâce à l’aide des parents, qui vivent non loin de là : un lopin de terre rehaussé… d’un rocher ! C’est le lieu idéal.

Stéphanie Bodet choisit d’y planter une vieille caravane Georges et Jacques qui restera inutilisée ou presque durant plusieurs saisons. Trop belle, mais aussi trop vieille ! Les deux jeunes gens préfèrent dormir dans un fourgon l’été en attendant de se mettre à construire la maison.

Détour par un joli appartement

Finalement, ils s’installent même dans un petit appartement tout confort que leur louent des gens sympathiques du coin. Durant trois années, ils vont et viennent. Leurs aventures accaparent leur temps et ils éprouvent quelques difficultés à se lancer dans la construction.

Enfin, les travaux !

Mais un beau jour, l’énergie et l’envie sont suffisantes et ils se lancent. Le goût des animaux n’y est pas pour rien (ils sont interdits dans l’appartement où ils vivent). La volonté de créer un espace à soi, « parfaitement imparfait », aussi !

Grâce à des amis compétents, à la famille et à leurs propres mains, la maison prend forme. Une maison construite avec des matériaux sains, qui reçoit bientôt ses premiers visiteurs : humains, bien sûr, mais aussi faune et flore.

Chapitre 16. Vertiges

Grimper, toujours ?

Les grimpeurs n’en oublient pas pour autant l’escalade. Mais ce n’est plus tout à fait la même qu’auparavant. Au Cap, en Afrique du Sud, ils se rendent compte qu’ils ont « vieilli ». L’escalade est devenue un sport beaucoup plus prisé qu’auparavant et de « jeunes loups » ont pris d’assaut les falaises. Ce qui ne les empêche pas de bien s’en sortir et de socialiser avec certains d’entre eux.

À 30 ans, Stéphanie Bodet se sent physiquement très en forme et capable d’enchaîner encore de beaux exploits. Pourtant, son corps va lui annoncer une autre nouvelle. Un matin, alors qu’elle est chez elle, c’est l’étonnement : nausées et vertiges ne la quittent plus.

Cristaux et doutes

Un premier médecin établira un premier diagnostic, confirmé ensuite par d’autres : les cristaux de l’oreille interne sont touchés. Ce n’est pas très grave, mais le rétablissement est incertain. Plusieurs mois durant, l’alpiniste est contrainte au repos.

C’est à ce moment-là, aussi, que les doutes se font plus pressants : est-elle satisfaite de son activité ? Aime-t-elle vraiment voyager et grimper ainsi, à l’affût des meilleures photos, des vidéos les plus étonnantes ? Le besoin de gagner la vie avec l’escalade, en faisant une place à l’image et à la publicité lui semble tout à coup avoir dénaturé son goût initial pour l’aventure et la grimpe.

La notoriété, certes minime, gêne aussi parfois Stéphanie Bodet. Heureusement que certaines personnes la font retomber sur Terre et lui évitent de prendre la grosse tête ! « Il est certaines petites leçons de la vie qui valent mieux que des kilos de philosophie », dit-elle à ce sujet.

Chapitre 17. Une autre vie que la mienne

Angoisses

Fin des crises de vertige et reprise des entraînements. Mais cette fois, c’est le mental qui craque.

En plein bivouac, crise de panique ; l’angoisse s’installe au creux d’un rocher, à plus de 3 400 mètres d’altitude. Ce qui se tramait en sourdine depuis plusieurs mois commence à s’exposer plus visiblement encore. Pourtant, la grimpeuse tient bon encore quelque temps. Elle tourne les scènes qui sont attendues d’elle au Grand Capucin, dans le Massif du Mont-Blanc, puis s’impose d’autres défis.

Échecs

Pourtant, les échecs commencent à s’accumuler. En raison de cette trop grande pression de réussite, certainement. Stéphanie Bodet s’est enchaînée à des objectifs qui ne lui conviennent plus.

« Je me suis prise à penser qu’il me fallait absolument réussir à enchaîner cette voie cet été, de même que L’Arcadémicien, le 8 c que j’essayais à Céüse. Je me suis convaincue que c’était la dernière fois et qu’ensuite, il serait trop tard. […] La spirale de la peur de la peur m’a entraînée. Prisonnière de ce calendrier, je ne suis plus capable de relativiser et mes craintes se réalisent. À Céüse, je parviens à agripper l’infime prise de L’Arcadémicien et à enchaîner la section clef pour échouer plus haut, à deux centimètres du bonheur ou de ce que je croyais qu’il était. » (À la verticale de soi, Chapitre 17)

Comme le dirait le psychologue espagnol Rafaël Santandreu, auteur de L’art de ne pas s’empoisonner la vie, Stéphanie Bodet souffre alors de « nécessitose ».

Cercle vicieux et recommencement

Mais ce qui rend l’autrice si triste, dans ces moments difficiles, c’est qu’elle ne retrouve plus la « joie première » qu’elle avait à grimper. Elle se sent perdue, abandonnée par sa passion. Elle ne sait plus quel chemin emprunter et commence à ruminer, à se plaindre.

Conséquence maussade : elle envoie même par-dessus bord sa relation avec Arnaud Petit. Pour une journée, heureusement. Mais tout de même, elle a heurté son compagnon. Elle sent qu’il est temps, vraiment temps, de changer.

Chapitre 18. Grave ta joie dans la pierre

Quelle sera la suite ?

Vers quelle voie s’élever, maintenant que le temps de la compétition et des grandes expéditions semble toucher à sa fin ?

« Il y a tant à apprendre de nos chutes. N’est-ce pas du fond du puits que l’on voit le mieux la lumière ? S’ils ne nous paralysent pas, le doute et la remise en question peuvent s’avérer un puissant moteur de transformation. » (À la verticale de soi, fin du Chapitre 17)

Renaissance à la fois psychique et physique : le doute et la réflexion ont permis à Stéphanie Bodet d’y voir un peu plus clair.

Une aventure chinoise

Le couple s’envole pour la Chine, où il est attendu pour une expédition. Ce voyage finit de réconcilier les amoureux et la grimpeuse au rocher. Elle retrouve son univers et se sent bien. Elle profite pleinement, tout en sachant que cela ne durera pas. Et de fait, son épaule la contraint, l’hiver suivant, à cesser ses activités d’escalade.

Chapitre 19. Aventures intérieures

Yoga !

Mais c’est le cœur plus détendu, plus serein qu’elle envisage désormais sa reconversion. Ce sera le yoga ! Mais pas seulement. L’apprentissage de l’escalade aux plus jeunes, aussi.

Elle grimpe moins et apprend le yoga progressivement. En voyant sa mère tirer profit de sa pratique régulière, elle se décide à creuser le sujet et à réaliser une formation. Au début, elle est désarçonnée : elle qui a l’habitude des grands espaces doit trouver son « espace intérieur » sur un tapis minuscule, entourée d’autres femmes dans des postures étranges.

Un peu de sagesse orientale

La non-violence est l’un des principes phares du yoga. Non-violence à l’égard des autres, des humains et des non-humains, à l’égard de soi-même aussi. Prendre soin de son corps, acquérir plus de souplesse par rapport à nos idées toutes faites, accepter aussi de vieillir.

« L’aventure, au sens étymologique du terme, c’est ce qui nous advient, la vie même. Chaque instant qui passe — chaque seconde — est un saut vertigineux dans l’inconnu. Nous sommes tous funambules sans le savoir. » (À la verticale de soi, Chapitre 19)

En grandissant, en se transformant, Stéphanie Bodet se rend aussi compte que le dilemme qu’elle pensait insurmontable, celui de l’action ou de la contemplation, est en fait une pure construction de son esprit. Il n’y a pas d’un côté l’agir et, de l’autre, le non-agir. Il y a plutôt une fluidité, wou-wei dit le chinois, une disponibilité au monde qui n’est ni passive ni active.

J’ai demandé la lune au rocher

De toutes ces expériences, Stéphanie Bodet a fait un poème. Il mérite d’être cité en entier :

« J’ai demandé la lune au rocher

J’ai pensé qu’en m’agrippant

Je sauverais l’instant

J’ai pensé qu’en m’accrochant

J’arrêterais le temps

J’ai demandé la lune au rocher

Et j’y ai cru longtemps

M’entraînant

Soulevant des poids

Brisant des plumes

Je n’ai pas vu venir

Passer

Rides années

Tout entière absorbée par le rocher

Je le caresserai toujours

Car je crois au vieil amour qu’on rajeunit

De l’aile chaque jour

Mais je cède maintenant aux caprices du vent

Va mon cœur 

Mène-moi où tu voudras

J’ai demandé la lune au rocher

Et j’ai cru lire un jour sur sa face

Impassible

“Oublie-la”

Et j’ai reçu en partage

L’étoffe des nuages

Le sourire des mésanges

Le vieux pin qui là-haut

Doucement se balance

L’amour

Encordé à jamais

J’ai demandé la lune au rocher

Et il m’a tout donné. » (À la verticale de soi, Chapitre 19)

Chapitre 20. Mille manières d’enfanter

Et les enfants, alors ? Stéphanie Bodet et Arnaud Petit décident de ne pas en avoir. Pourquoi ? Car ils ont dédié leur vie à autre chose, et puis que le temps a passé. L’autrice ne veut pas se contraindre à ingérer des substances chimiques (hormones, etc.) ni s’obliger à répondre à une norme sociale, alors que l’heure est à la surpopulation.

Par ailleurs, elle se sent heureuse ainsi avec son mari. Et lui de même. Leur passion pour l’escalade est si forte, si pleine, que c’est de là qu’ils veulent créer une « autre manière d’enfanter ». En fait, l’alpiniste s’en rend compte, ses désirs de maternité lui viennent surtout lorsqu’elle est dans le creux de la vague, lorsqu’elle doute d’elle-même.

Mais lorsque la confiance en soi est de retour, ce désir s’évanouit. Alors pourquoi succomber à « l’obligation » de faire des enfants ?

Chapitre 21. L’amour fertile

« Notre amour, là-haut, est un amour de gestes partagés et de mots rares. Un amour simplifié, dépouillé. Un amour qui a la rudesse de celles et ceux qui travaillent ensemble. La vie en paroi aplanit les problèmes. On ne gaspille pas d’énergie à ne pas être d’accord. […] L’escalade m’a appris que l’amour est une énergie. Un et un ne font pas un, c’est bien connu, mais infiniment plus ! Avec le temps, l’amour m’apparaît comme un lien fertile. » (À la verticale de soi, Chapitre 21)

Pour l’autrice, ce concept d’amour fertile désigne :

Le contraire de l’amour fébrile, inquiet, possessif ;

Un terreau sur lequel les partenaires peuvent s’épanouir ;

La joie de voir l’autre évoluer pour lui-même, dans l’indépendance affective (c’est-à-dire en sachant que l’autre ne nous rendra pas heureux, mais que le bonheur dépend de soi) ;

Un don de soi bienveillant qui permet la réalisation de soi (au lieu de l’entraver).

Bien sûr, il existe différentes sortes d’amours au cours d’une vie : amour fusion, amour passion, etc.

Épilogue

À 40 ans, Stéphanie Bodet se sent bien. Elle est davantage capable d’aimer la vie qui est la sienne et éprouve de la reconnaissance envers celles et ceux qui en font partie. Elle sait qu’il reste bien des sommets — dans tous les sens de ce terme — à gravir. C’est pourquoi elle est profondément heureuse, aussi, de pouvoir transmettre son goût pour l’escalade. Arnaud Petit l’accompagne dans cette nouvelle aventure.

« Depuis trois ans que nous partageons concrètement notre passion en proposant des stages d’escalade, je suis émue de voir briller dans les yeux d’un débutant cette joie que j’ai éprouvée en découvrant, adolescente, mon amour pour le rocher. Pouvoir partager ma flamme aujourd’hui donne un sens nouveau à ma vie. Devenir à mon tour passeur d’enthousiasme est un privilège qui éclaire l’avenir. […] Ainsi, grimper rejoignait l’essentiel de la vie… L’amour et l’espérance. » (À la verticale de soi, Epilogue)

Conclusion sur « À la Verticale de soi » de Stéphanie Bodet :

Un témoignage qui ne laissera pas indifférent

Revenons un instant à la préface de l’ouvrage. Sylvain Tesson reprend un mot-clé : le style. Ce livre en est en effet rempli. Un style à la fois léger et profond, qui nous emporte, nous aspire. Grâce à ce genre de témoignages, vous pouvez vous sentir pousser des ailes au bout des doigts.

« En escalade, on parle de style. Le style ! La chose la plus importante de la vie. Le style est le principal point commun de la grimpe avec la littérature. Stéphanie Bodet avoue qu’elle est autant éprise d’escapade que de mots. Et c’est une aubaine pour nous qui découvrons dans ces pages la formulation de ce que nous allons obstinément chercher dans la montagne sans jamais être fichus de savoir ce que c’est. » (À la verticale de soi, Préface)

Ce qu’il faut retenir de « À la Verticale de soi » de Stéphanie Bodet :

Il faut tout d’abord retenir de ce livre le message d’amour et d’espoir : grâce à son amour fort pour Arnaud, ainsi que pour sa sœur disparue, Stéphanie Bodet a — littéralement — réussi à vaincre des sommets. Mais c’est aussi à cause de la souffrance de la disparition, et de la maladie aussi, qu’elle a eu l’envie de se dépasser, d’aller plus loin et de vivre plus fort. Au creux de ses problèmes, il y avait l’espoir.

Le message de ce livre, c’est aussi un message de confiance en soi. Ce n’est pas une confiance en soi brute, présente de toute éternité. Mais c’est une capacité ou un pouvoir de vivre qui s’acquiert au contact des autres et de l’environnement.

Ensuite, Stéphanie Bodet transmet l’envie du partage et le goût pour des pratiques qui lui sont chères : l’escalade bien sûr, mais aussi l’écriture et le yoga.

Points forts :

Une écriture très agréable, à la fois simple et remplie de références poétiques et littéraires ;

Le récit passionnant et intime de ses périples, au plus près de l’expérience vécue ;

Une réflexion philosophique et spirituelle inspirante.

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

                

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Mon, 06 Feb 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12248/-la-Verticale-de-soi
Je suis né un jour bleu http://www.olivier-roland.fr/items/view/11996/Je-suis-n-un-jour-bleu

Résumé de « Je suis né un jour bleu. À l’intérieur du cerveau extraordinaire d’un savant autiste » de Daniel Tammet : un témoignage passionnant sur l’évolution personnelle et la vie intérieure d’une personne surdouée atteinte du syndrome d’Asperger. Par Daniel Tammet, 2019 (traduction française), 288 p. Titre original : « Born on a blue day, inside the extraordinary mind of an autistic savant » (2006). Chronique et résumé de « Je suis né un jour bleu. À l’intérieur du cerveau extraordinaire d’un savant autiste » de Danniel Tammet :

À propos de l’œuvre littéraire de Daniel Tammet Daniel Tammet est l’auteur de nombreux ouvrages, dont les suivants, parus en français :

L’éternité dans une heure (traduit de l’anglais) ; Embrasser le ciel immense (traduit) ; Chaque mot est un oiseau à qui l’on apprend à chanter (traduit) ; C’est une chose sérieuse que d’être parmi les hommes (traduit) ; Mishenka : roman (traduit) ; Portraits : poèmes (bilingue) ; Fragments de paradis (rédigé en français).

Je suis né un jour bleu paru en anglais en 2006. il a été traduit en français l’année suivante aux Éditions Les Arènes. C’est son premier ouvrage publié. Note aux lecteurs et aux lectrices : pour faciliter la lecture de la chronique, j’ai choisi de diviser les chapitres en ajoutant des sous-sections qui n’existent pas dans l’ouvrage. Cela aère le texte et permet de prendre connaissance du contenu plus facilement. Préface Commençons par ce beau paragraphe où Daniel Tammet exprime l’effet que la rédaction de ce premier livre a eu sur lui : « [À] mesure que j’écrivais, une transformation s’opéra en moi : à la fin, je n’étais plus celui qui avait commencé deux cents pages plus tôt. Si étrange que cela puisse paraître, pour la première fois je me sentais entier, ma vie lisible. D’innombrables fragments de vécus avaient été recollés dans mon souvenir — des états d’âme, des éclats de voix, des silhouettes, — le tout couché sur le papier, chacun prenant place comme autant de pièces de puzzle dont j’ignorais le destin. » (Je suis né un jour bleu) Vous l’aurez deviné : il s’agit ici d’une autobiographie. Ce qui n’est pas si commun, avouez-le, pour une personne de 26 ans seulement ! 13 ans plus tard, en 2019, Daniel Tammet écrit cette préface et reconnaît que ce livre a changé sa vie. Il y a eu, bien sûr le succès inattendu et international. Mais surtout, Daniel Tammet se consacre désormais à la littérature. Cette préface est écrite en français, une langue qu’il a apprise voici plus de dix ans et qui lui sert aujourd’hui quotidiennement, puisqu’il vit à Paris.

  1. Les 9 sont bleus, les mots sont rouges Le « syndrome savant » Daniel Tammet est atteint du « syndrome du savant », un syndrome qui fut rendu populaire en 1988 par le film Rayn Man et le personnage de Raymond Babbitt joué par Dustin Hoffman. L’obsession de l’ordre et des nombres caractérise souvent ces personnes, mais pas seulement. En fait, elles ont un rapport vraiment étonnant aux chiffres et aux nombres : elles peuvent les visualiser d’une manière peu commune en leur attribuant des formes, des couleurs, des textures et même des émotions particulières. Cette association leur donne des capacités de calcul étourdissantes. La synesthésie Tel est le nom scientifique de cette « confusion neurologique des sens ». « Le nombre 1, par exemple, est d’un blanc brillant et éclatant, comme quelqu’un qui dirige le faisceau d’une lampe torche directement dans mes yeux. Cinq est un coup de tonnerre ou le son des vagues qui se brisent sur des rochers. Trente-sept est grumeleux comme du porridge, alors que 89 me rappelle la neige qui tombe. » (Je suis né un jour bleu) En d’autres termes, la relation de Daniel Tammet aux nombres est d’abord esthétique. Ses émotions et ses sens l’aident à calculer. Divisions, multiplications, etc. : toutes les opérations prennent chez lui des formes et des aspects singuliers. Les calendriers : voilà aussi un objet d’amour et de joies colorées ! Sans oublier les nombres premiers, bien sûr. Le syndrome d’Asperger Le syndrome d’Asperger est une forme d’autisme. Diagnostiqué à 25 ans, Daniel Tammet a une forme modérée de ce handicap. Il peut vivre une vie relativement normale. Comme d’autres autistes de ce type, il a une mémoire particulièrement développée et prête particulièrement attention aux détails et aux règles. Les émotions sont du côté des nombres, moins des personnes. Cependant, comme l’auteur l’explique, les nombres (et les sentiments qu’ils lui inspirent) peuvent servir de vecteurs pour comprendre les relations humaines et ressentir de l’empathie. Des mots en couleurs Les mots ne sont pas en reste. Comme les nombres, ils ont également des couleurs, des textures, des formes particulières. Bref, Daniel Tammet n’est pas seulement doué pour les mathématiques, mais aussi pour les langues (et, comme on le verra, pour l’histoire). À l’heure où il écrit l’ouvrage, l’auteur parle :

anglais (sa langue maternelle) ; finnois ; français ; allemand ; lituanien ; espéranto ; espagnol ; roumain ; islandais ; gallois.

Dix Langues ! Peu de gens en sont capables. On les appelle des hyperpolyglottes. 2. Premières années Parents et naissance La famille de Daniel Tammet n’est pas riche. Ses parents se connaissent jeunes, s’aiment et décident de vivre ensemble et de fonder une grande famille. Il est le premier de neuf enfants. Bien sûr, les parents sont au départ désorganisés et surpris par le bébé qui vient de naître et qui requiert leur constante attention. Mais les choses se corsent encore un peu : l’enfant est terriblement difficile. Il crie, il pleure sans arrêt. Il commence aussi, parfois, à se projeter d’avant en arrière et faire de fortes colères. L’incompréhension familiale et médicale La famille s’inquiète. Mais cherche à trouver des explications rationnelles :

Il faut le laisser pleurer seul, disent les uns ; Il a des coliques, soutient un médecin ; Non, il manque de stimulation et est frustré, prétend un autre.

Certes, il est souvent malade (et souffre notamment d’otites à répétition). Toutefois, le petit Daniel se développe bien par ailleurs : pas de retard de développement au niveau de la motricité ou du langage, par exemple. La garderie La naissance d’un petit frère, Lee, impose des changements. Daniel Tammet se retrouve placer en garderie. L’enfant est plutôt solitaire. Il est « dans son monde » ; il est « timide » et « sensible », affirment ses parents, en partie pour se rassurer eux-mêmes et éviter d’être stigmatisés. Déjà, il se fait remarquer par son goût des rituels et des détails. Impossible de le ramener par un autre chemin que le chemin habituel sans engendrer une crise de colère et de larmes. En revanche, il a un premier coup de cœur vers 3 ans : les livres de la collection « Monsieur Madame », avec des personnages jaunes ou violets, ronds, triangles ou carrés. La maison de Blithbury Road Pour accueillir la famille plus nombreuse, les parents doivent déménager (ce qu’ils feront plusieurs fois au cours de l’enfance de Daniel Tammet, la famille s’agrandissant considérablement au cours des années). S’il n’éprouve pas, à cette époque, beaucoup de sentiments pour son petit frère, il adore en revanche les livres, dont il se fait des cabanes dans sa chambre. Il aime également se promener dans le parc qui borde la maison et, surtout, que son père le fasse aller doucement sur la balançoire. Par contre, les bruits d’automobile, ça non ! « Ma chambre était mon sanctuaire, un espace intime dans lequel je me sentais à l’aise et heureux. J’y passais une grande partie de la journée, au point que mes parents prirent l’habitude de monter dans la chambre, pour venir s’asseoir près de moi et passer du temps tous ensemble. Jamais ils ne m’ont montré d’impatience. » (Je suis né un jour bleu) À la maternelle Là aussi, ce sont les livres, mais aussi des jeux de perles multicolores, qui l’animent et retiennent son attention. Les autres ? Il ne s’en préoccupe pas vraiment, à vrai dire. Ils sont pour lui comme une partie du décor. Parfois, c’est pire. Il refuse carrément de participer aux activités et s’isole ainsi un peu plus de ses camarades.

  1. Terrassé par la foudre : l’épilepsie La première crise D’après de nombreux témoignages, une crise d’épilepsie est une expérience hors du commun, qui charrie autant de sentiments de béatitude que de frayeur. Pour Daniel Tammet, c’est tout simplement l’impression que le temps et l’espace disparaissent et l’engloutissent avec eux. Ses parents avaient bien remarqué quelque chose, quelques jours auparavant, mais sans savoir de quoi il pouvait s’agir. Le moment venu, il avait heureusement son petit frère à côté de lui qui, pris de peur, se mit à crier et à alerter les adultes. L’épilepsie est un trouble des lobes temporaux, qui sont situés au-dessus des oreilles. Elle survient assez fréquemment chez les autistes. À l’inverse, il est possible que les crises d’épilepsie jouent un rôle dans l’apparition de la synesthésie. Mais à cette époque, l’auteur n’est pas encore diagnostiqué comme tel. On lui fait passer des tests pour établir le diagnostic d’épilepsie. La confirmation de la maladie affecte beaucoup ses parents et en particulier son père, car son propre père, mort prématurément, était atteint de la même affliction. Le traitement Heureusement, les crises cessèrent. Le traitement s’avéra efficace, comme dans 80 % des cas. Le médicament à prendre, la carbamazépine, régule les crises. Le petit Daniel doit faire des prises de sang régulières, mais à part ça, sa vie redevient « normale », une chose à laquelle ses parents tiennent beaucoup. Il y a néanmoins quelques effets secondaires, et notamment une hypersensibilité aux rayons solaires, de la désorientation, de la somnolence et des troubles du sommeil (dont du somnambulisme). Ces effets combinés n’aident pas, on s’en doute, à être très éveillé en classe. C’est pourquoi, malgré ses capacités, Daniel Tammet apprend lentement durant ses premières années d’école. Finalement, ses parents décidèrent — non sans crainte — de diminuer, puis d’arrêter le traitement. Les effets secondaires cessèrent et les progrès se firent sentir au niveau scolaire. La théorie de la « faible cohérence centrale » Cette théorie affirme que les autistes délaissent le « dessin d’ensemble » des choses au profit des détails, tandis que la majorité des personnes font l’inverse : ils s’attachent davantage au contexte pour lier les informations entre elles. D’un autre côté, la stimulation magnétique transcrânienne ou SMT permet d’anesthésier des zones particulières du cerveau et de créer artificiellement, chez certains patients, des effets proches de l’autisme, en termes de performances dans la reconnaissance des détails. Pourquoi l’auteur parle-t-il de cela ? Parce qu’il cherche à comprendre comment il est devenu la personne qu’il est devenu, en passant notamment par l’explication scientifique. Il se pourrait, en effet, que les crises d’épilepsie aient favorisé l’apparition de certaines aptitudes ou de certains handicaps. Création et épilepsie Fédor Dostoïevski, Lewis Carroll, Vincent Van Gogh : voilà trois exemples de créateurs chez qui l’épilepsie était avérée ou au moins fortement supposée, d’après les descriptions qu’ils en ont faites dans leurs œuvres respectives. L’épilepsie serait-elle liée aux aptitudes créatives et artistiques ? Ce qui est sûr, c’est que Daniel Tammet aussi se souvient d’avoir vécu des périodes de création intenses, lorsqu’il était enfant : « À environ 8 ans, pendant plusieurs mois, je me suis mis à écrire compulsivement, souvent pendant des heures, sur des rouleaux de papier à imprimante. Feuille après feuille, je notais des mots minuscules et serrés les uns contre les autres. » (Je suis né un jour bleu)
  2. L’école Premiers moments Le petit Daniel aime sa maîtresse, Mrs Lemon, qu’il associe directement au fruit, bien sûr (citron, en anglais). Il aime sa classe rectangulaire et sa place près de la fenêtre, mais aussi les rassemblements du matin, ordonnés et réguliers. Il aime aussi les chants et la crèche vivante à Noël. Mais aussi les contes, et particulièrement l’un d’entre eux : La Soupe aux cailloux. Par contre, les séries télé l’effrayent et ses réactions apeurées lui valent des surnoms peu sympathiques auprès de ses petits camarades. Néanmoins, la télévision devient l’une de ses activités favorites, à l’école et en dehors de celle-ci. Au quotidien, toutefois, ce n’est pas toujours facile. L’écriture est fastidieuse, notamment. Petit, Danniel Tammet a des difficultés à écrire les lettres et à les souder entre elles pour former des mots. Une famille qui s’agrandit Cela implique un nouveau déménagement ! Mais faisons le point sur les frères et sœurs qui apparaissent au sein de la famille. Pour l’instant, il y a Daniel Tammet, mais aussi :

Lee ; Claire ; Steven ; Paul.

Certes, il n’y prête pas une grande attention. Et pourtant, rétrospectivement, l’auteur affirme : « [L] eur présence, finalement, eut une influence très positive sur moi : elle me força à développer petit à petit des aptitudes sociales. Avoir toujours des gens autour de moi m’aida à me faire au bruit et au mouvement. En regardant silencieusement, depuis la fenêtre de ma chambre, mes frères, ma sœur et leurs amis qui jouaient ensemble, je commençais également à comprendre comment entrer en interaction avec d’autres enfants. » (Je suis né un jour bleu) La famille est en pleine ébullition. Sans compter l’arrivée de deux petites sœurs supplémentaires, des jumelles, venant rétablir un semblant de parité filles/garçons :

Maria ; Natasha.

La gestion de l’argent, tout comme l’organisation quotidienne des bains, lessives et autres tâches domestiques relève à cette époque du défi — pour ne pas dire du miracle ! — permanent. Premiers exercices de mathématiques et collections en tous genres Attentive, sa mère lui offre un livre de mathématiques. Il part à la découverte de ses dons synesthétiques en résolvant les problèmes de cet ouvrage. Ceux-ci l’emmènent au loin, plus loin que ce qui est vu et appris en classe. Il adore s’y consacrer et y passe des heures. Daniel Tammet a aussi une autre passion, pour ne pas dire obsession, les collections. Durant toute son enfance, il cherche à collectionner le plus de :

Marrons ; Dépliants publicitaires ; Coccinelles.

Il veut aussi tout savoir sur les Jeux olympiques de Séoul (Corée du Sud) de 1988. Il répertorie tous les nombres : nombre de pays, nombre de sports, scores, etc. Stress à l’école Difficile de gérer ses émotions et de savoir quand ne pas intervenir ! Le petit Daniel ne comprend pas toujours pourquoi il se fait remonter les bretelles par le professeur, ni pourquoi il doit rester sur place, ni pourquoi il ne peut pas toucher ses camarades ou le résultat de leurs efforts. Il agit sans y penser, puis se sent diablement frustré d’être grondé. Il y eut, par exemple, une excursion de plusieurs jours qui se solda, globalement, par un échec. Durant sa scolarité, il est indéniable que l’auteur préfère le confort d’une bibliothèque ou de sa maison aux sorties et aux activités collectives. 5. Bizarre, celui-là ! Se faire des amis Cela n’a pas toujours été facile pour Daniel Tammet. Pendant son enfance, et particulièrement à l’école, il est parfois l’objet de moqueries et souffre de solitude. « Je me souviens : je suis debout, tout seul, à l’ombre des arbres qui entourent la cour de l’école, regardant les autres enfants qui courent, qui crient et qui jouent. J’ai dix ans et je sais que je suis différent d’eux, d’une manière que je ne peux exprimer ni comprendre. […] Le sentiment de ne jamais être tout à fait à l’aise ou en sécurité, d’être toujours d’une certaine manière à part ou exclu, me pesait beaucoup. » (Je suis né un jour bleu) Se rendant compte de son isolement, l’enfant va partir à la recherche d’amis. Ce qui n’est pas facile, car :

il a beaucoup de difficultés à maintenir une conversation lorsque celle-ci ne l’intéresse pas ; sa tendance naturelle est de parler de tout ce qui l’intéresse lui, en allant au fond de ce qu’il veut dire, quoi qu’il en coute à l’interlocuteur ; il n’arrive pas à « lire entre les lignes », c’est-à-dire à décoder le sens implicite des propos des gens ; les questions, entre autres, lui posent problème (puisqu’elles utilisent parfois les doubles négations, ou ne sont pas clairement exprimées, ou qu’il s’agit de questions rhétoriques, par exemple).

Pourtant, malgré ces difficultés conversationnelles, Daniel Tammet va progressivement tisser des amitiés, et cela tout au long de sa scolarité. Ce seront notamment :

Babak, pendant l’école primaire ; Puis Rehan et Jens, plus tard, au collège et au lycée.

Anne Mais restons pour l’instant à l’école primaire. Pour combler son besoin d’affection et de socialité, Daniel Tammet fait durant quelques mois l’expérience d’une amitié étrange : celle d’une vieille femme, grande et douce. Mais aussi… imaginaire. Ce n’est pas la première fois que cela lui arrive, mais Anne — c’est son nom — l’a particulièrement marqué. Il converse avec elle de la vie dans la cour de récréation, près des arbres. Elle a une histoire complète et bien fournie dont Daniel sait tout. Un jour, pourtant, elle décide de s’en aller. Il en est très triste. Avec le recul, l’auteur analyse cela comme la décision d’affronter ses limites et « d’essayer de trouver [sa] voie dans le vaste monde et d’y vivre ». Les frères et sœurs Il trouve aussi, par moments, du réconfort dans sa fratrie. Malgré sa différence, son aînesse le rend attirant auprès de ses petits frères et sœurs. De temps à autre, la relation « prend » et des jeux se forment. L’auteur se souvient par exemple de jouer à :

ranger les livres de la maison et les constituer en une véritable bibliothèque, avec codes et emprunts compris ; faire du repassage à l’infini, en répartissant les rôles de chacun et en dépliant ce qui avait été plié quelques minutes plus tôt.

Difficultés du quotidien Au quotidien, le garçon éprouve des difficultés pour les petites choses du quotidien. Parmi elles, il y a :

se brosser les dents ; lacer ses chaussures ; marcher dans la rue en relevant la tête ; coordonner les mouvements.

Néanmoins, ses parents l’aident à trouver des trucs. Sa mère lui propose par exemple de fixer un point dans la rue pour garder la tête levée et marcher droit, de façon sécurisée.

  1. Adolescence Maladie et rétablissement Son père connut une maladie psychologique (qui n’est pas nommée telle quelle) durant une période de plusieurs mois. Apathique par moments, bavard à d’autres, il semblait aussi avoir vieilli énormément. Suite à une chute, il fut hospitalisé. Sans lui, la maison n’était plus la même. À son retour, les rôles avaient changé : le protecteur devenait celui qu’il fallait protégé, dont il fallait désormais s’occuper. Et un jour, la maladie disparut. Il reprit vigueur et courage. Le couple, qui vacillait lui aussi, reprit des couleurs. Conséquence ? Deux enfants de plus en moins de deux ans :

Anne-Marie ; Shelley.

Et, bien sûr, un nouveau déménagement à la clé ! Premiers jours de collège Si le changement permanent de classes, de cours, ainsi que le rituel de la cantine furent difficiles à assimiler, Daniel Tammet s’en sortit néanmoins. Le bus créa également quelques difficultés. Il prenait le bus tous les jours pour aller au collège et rentrer chez lui. La première fois, il le prit dans le sens inverse. Mais par la suite, il se débrouilla et arriva chaque fois à l’heure à l’école. Son truc, lorsqu’il se perdait dans les bâtiments : suivre les autres élèves ! Les matières favorites… et les autres ! Parmi ses disciplines favorites, il y avait :

les mathématiques ; les langues ; l’histoire.

Et parmi celles qu’il aimait le moins ?

L’éducation physique ; La menuiserie.

Les échecs Vers 13 ans, son père lui apprend à jouer aux échecs et — après s’être fait battre deux fois d’affilée — décide d’emmener son fils dans un club. Cela devient une passion pour Daniel Tammet, qui adore les problèmes logiques liés à ce jeu. Et puis, il faut l’avouer, le jeune homme aime gagner. Par contre, il n’aime pas beaucoup perdre. Cela le frustre énormément. Or, dans les compétitions, tout n’est pas toujours sous contrôle. Un joueur peut décider de se lever pour attendre le coup de l’adversaire ; il peut faire des gestes physiques imprévisibles qui déstabilisent Daniel Tammet. Finalement, il décide d’arrêter les tournois. Émois L’auteur se souvient avoir pris conscience de son homosexualité vers 11 ans. Tandis que ses camarades s’intéressaient aux filles, lui sentait son cœur se serrer à l’arrivée de certains garçons. Au lycée, c’est un nouveau qui le fait chavirer. Sans succès (pour cette fois), malgré ses tentatives d’approches à coup de notes du cours d’histoire… 7. Un billet pour Kaunas Direction : la Lituanie À la fin de ses études secondaires, Daniel Tammet annonce à ses parents qu’il ne souhaite pas aller à l’université. Il préfère une autre option : faire du volontariat à l’étranger. Il écrit au Service volontaire à l’Étranger suite à une annonce déposée dans le journal. Sa candidature est d’abord retenue pour un entretien, qu’il passe avec succès. C’est ensuite le moment de la formation. Durant une semaine, il va vivre avec d’autres apprentis, se préparer avec eux au travail d’équipe et au culturel, et en apprendre davantage sur les conditions économiques et politiques des pays visités. On lui annonce finalement sa destination : ce sera la Lituanie. Non pas la capitale, Vilnius, mais Kaunas, la deuxième ville du pays, au Centre-Sud. À l’époque, ce pays de la Baltique sort du communisme et a déclaré son indépendance depuis quelques années seulement (le 11 mars 1990). L’installation et les cours Le voyage est grisant : Daniel Tammet a le sentiment fort de prendre sa vie en main. Il arrive sur place et est bien accueilli. Pour la première fois, il vit seul dans un grand appartement, doit se faire à manger et assurer tous ses autres besoins quotidiens. Assez timide au départ, il s’acclimate peu à peu. Il travaille au Fonds d’Innovation sociale. Son rôle ? Donner des cours d’anglais à des femmes sans emploi et sans ressources, aux situations différentes. L’ambiance de la classe est chaleureuse. Il a des collègues sympathiques avec qui il prépare certaines leçons. Nouvelles amitiés C’est l’une de ses élèves qui deviendra l’une de ses amies les plus proches : Birute. Celle-ci maîtrisait déjà bien l’anglais et proposa à Daniel Tammet de lui servir de guide pour découvrir la ville. Plus âgée, elle adoptait également un comportement à la fois protecteur et encourageant. Au cours des semaines, le jeune homme rencontra également d’autres volontaires avec qui il partagea sa vie sur place :

Vikram ; Liuda ; Denise ; Audrone ; Gurcharan.

Cette dernière devint particulièrement importante aux yeux de Daniel Tammet. Cette Indienne était à la fois la plus expérimentée des volontaires et une personne très ouverte. Face au mutisme de l’auteur, elle sait y faire, elle prend patience. Finalement, ils parlent de son homosexualité et elle l’invite à prendre contact avec une association gay. Il y rencontre un couple de jeunes gens qui deviendront également ses amis :

Vytautas ; Zygintas.

Bien sûr, c’est durant son séjour que Daniel Tammet apprend le lituanien. Ce qui ne manque pas d’étonner ses collègues et les personnes de son entourage ; d’autant plus qu’il apprend vite, très vite ! 8. Amoureux Retrouvailles et bénéfices du voyage Cette année à l’étranger prend fin. Lorsqu’il rentre chez lui, après des adieux émouvants à tous ses proches sur place, en Lituanie, il doit se réacclimater à sa vie en Angleterre. Tout d’abord, sa famille a à nouveau déménagé. La maison est certes plus spacieuse, mais sa chambre lui paraît petite par rapport à l’appartement dans lequel il a vécu. Peu à peu, il s’accoutume néanmoins à vivre à nouveau avec d’autres personnes sous le même toit, prenant plaisir à rattraper le temps perdu avec les siens. Quoi qu’il en soit, le voyage l’a transformé, et cela à plusieurs points de vue. Il connaît mieux sa « différence » et l’appréhende plus positivement ; il bénéficie également d’expériences sociales variées qu’il peut mettre à profit dans sa nouvelle vie quotidienne. Mais Daniel Tammet a aussi appris à mieux cerner les contours de l’amitié et les principes de son évolution : « J’étais également parvenu à comprendre que l’amitié est un processus délicat et graduel qui ne doit pas être précipité ni anticipé, mais qu’il faut permettre et encourager pour qu’il prenne son cours naturel dans le temps. Je me représentais l’amitié comme un papillon, à la fois beau et fragile, qui s’envolait dans les airs et que toute tentative d’attraper revenait à détruire. » (Je suis né un jour bleu) Vous avez un message Pour les personnes timides, qui ont parfois du mal à créer du lien social, l’arrivée d’Internet et des messageries en ligne fut souvent une bénédiction. Avec l’argent de son volontariat, Daniel Tammet s’achète un ordinateur et découvre les joies du Web et du « chat » (les émoticônes, par exemple, lui rendent la tâche d’interprétation des émotions plus aisée). C’est au cours de l’année 2000 qu’il rencontre Neil, un informaticien réservé qui deviendra son premier compagnon. La connexion se produit. Daniel Tammet décide d’en parler à ses parents ; son « coming out » est bien accueilli. L’amour surgit peu à peu au cours des conversations, puis des premières rencontres réelles. Le sentiment de vivre quelque chose d’important et d’intense prend le pas sur le reste. Il décide d’emménager chez Neil. Déménagements et vie de couple Vivre en ménage est une autre histoire. Et pourtant, le jeune couple y parvient, malgré les difficultés respectives de chacun et le manque de ressources. À cette époque, en effet, Daniel Tammet ne travaille pas et ses tentatives se révèlent infructueuses. Comme il le rappelle d’ailleurs opportunément, les autistes sont souvent victimes de discrimination à l’embauche, alors qu’ils sont en mesure d’apporter beaucoup à une entreprise. Après quelques mois en appartement, le couple s’installe dans une maison à Herne Bay, un endroit calme près de Canterbury. Malgré quelques tensions au niveau de la communication, les routines s’installent et la vie suit son cours. La création d’Optimnem C’est à ce moment que Daniel Tammet conçoit l’idée de fonder Optimnem, un site éducatif d’apprentissage des langues. Neil l’aide sur le versant technique, tandis qu’il se charge de créer les supports pédagogiques. L’idée est simple : se servir de son expérience de professeur et de ses capacités pour faciliter l’apprentissage des langues. La plateforme est un succès et est reconnue par la National Grid for Learning du Royaume-Uni, un portail du gouvernement qui recense « une sélection de contenus éducatifs de qualité sur Internet ». Désormais, Daniel Tammet gagne sa vie et en est fier. Jay Lorsqu’il s’installe avec Neil, celui-ci ne vit pas seul : il a une chatte prénommée Jay. Celle-ci est plutôt sauvage, mais le jeune homme parvient à l’apprivoiser à force de tendresse et de gestes affectueux. C’est elle qui en redemande ! Malheureusement, la maladie survient et Jay décède quelque temps plus tard. C’est un moment difficile. 9. Le don des langues La beauté des mots Lorsque l’auteur parle des langues, il en parle avec gourmandise : les mots ne sont pas seulement des abstractions pour lui. La synesthésie crée chez lui, on l’a dit, des associations surprenantes. Il aime parler les langues étrangères parce qu’il peut faire des connexions entre elles, mais aussi parce qu’il visualise les mots en leur attribuant des couleurs, des textures, etc. « La relation que j’ai avec les langues est une relation esthétique : certains mots et certaines combinaisons de mots m’apparaissent comme particulièrement beaux et me stimulent. Parfois, je vais lire et relire une phrase dans un livre parce que ces mots-là me font éprouver des émotions particulières. Les substantifs sont mes mots préférés parce qu’ils sont les plus faciles à visualiser. » (Je suis né un jour bleu) Comment l’apprentissage d’une langue débute-t-il ? Quels sont les outils nécessaires ?

Un dictionnaire ; Des exemples de textes variés (livres pour enfants, pour adultes, journaux, etc.) ; Converser avec d’autres personnes ; Faire des comparaisons avec d’autres langues connues peut être utile (parce que les langues ont des liens « familiaux » entre elles) ; Apprendre des mots composés.

Certains mots abstraits ou certaines phrases complexes sont particulièrement difficiles à analyser et à apprendre pour Daniel Tammet, qui a des difficultés avec l’implicite et les généralités. Synesthésie et métaphores De façon plus générale, l’auteur s’interroge sur le rôle des métaphores et de la synesthésie dans le langage ordinaire et dans la littérature. Il s’appuie sur quelques ouvrages scientifiques pour étayer ses propos. En fait, toutes les langues, et tous les êtres humains ont d’une façon ou d’une autre recours aux connexions synesthétiques. Prenons deux exemples :

Nous faisons des liens entre « bas » et « triste », et entre « haut » et « heureux » (surtout dans la langue anglaise) ; Une forme arrondie sera plus facilement nommée bouba que kiki, qu’on réservera davantage à une forme anguleuse (ici, les sons des mots renvoient de façon synesthétique aux contours de chaque forme).

L’espéranto et le Mänti Daniel Tammet a appris avec joie l’espéranto et il en expose quelques principes dans l’ouvrage. Ce qui l’étonne surtout, c’est la formation de la langue. À partir d’éléments donnés et trouvés dans d’autres langues, son créateur, l’ophtalmologue Lejzer Ludwik Zamenhof, a inventé une langue nouvelle. C’est ce que l’auteur essaie lui-même de réaliser avec le Mänti. C’est un projet personnel qu’il a développé depuis plusieurs années et qu’il rattache à la capacité particulière qu’auraient les autistes atteints du syndrome d’Asperger à créer de nouveaux mots ou de nouvelles « combinaisons linguistiques ». En quelque sorte, il s’agit de sa onzième langue, mais parlée de lui seul, jusqu’à présent !

  1. Une très grosse part de pi Qu’est-ce que pi ? Seizième lettre de l’alphabet grec, Pi est aussi un nombre. Nous l’avons tous rencontré durant nos études primaires. Au cas où vous ne vous en souviendriez pas, il désigne le rapport entre la circonférence d’un cercle et son diamètre. L’une des particularités de pi est qu’il s’agit d’un nombre irrationnel et — surtout — infini : il a des décimales qui n’en finissent pas ! La plupart des gens connaissent 3,14 (éventuellement 3,1416). Mais ensuite ? Eh bien, vous pourriez dresser une liste littéralement interminable. Le défi Après un appel téléphonique avec son père, durant lequel celui-ci lui rappelait la chance qu’il avait eue de vaincre l’épilepsie et le chemin qu’il avait parcouru depuis, Daniel Tammet eut une idée : venir en aide à la Société nationale pour l’Épilepsie du Royaume-Uni en suscitant des dons. Comment ? Eh bien, en récitant un maximum de décimales de pi, que diable ! Son objectif : viser le record européen, établi à 22 500. Il y a des techniques éprouvées pour apprendre les décimales de pi ; notamment des poèmes qui codent les décimales en mots. Mais c’est bien sûr la synesthésie qui va venir en aide à l’auteur : il voit les formes et les textures des nombres ; il s’imagine des paysages de nombres, qui ressemblent à des paysages montagneux formés de pics et de vallées, ou à des icebergs. La réussite La performance devait être orale. Ce qui compliquait les choses. Mais grâce à Neil et à un entraînement intensif, Daniel Tammet étudia les décimales et se prépara à pouvoir les réciter oralement. Le jour J, il fut introduit dans une salle poussiéreuse de l’université d’Oxford, en compagnie de Neil (plus malade encore que l’auteur), de quelques photographes, du jury d’experts et d’un tableau noir utilisé par Einstein lui-même. En fait, au moment de commencer, Daniel Tammet se sentait calme et voyait devant lui les paysages de nombres. Il égrenait les nombres facilement, malgré le public qui entrait également dans la salle et se tenait à distance de lui. Il fit des pauses de temps à autre pour se restaurer rapidement. À un moment donné, le noir se fit dans son cerveau. Mais ce fut de courte durée ; il reprit ensuite. Au bout de cinq heures passées, il récita : « 67657486953587 ». Il en avait fini ! 22 514 décimales ! Record européen battu.

Pourquoi avoir choisi un défi lié à pi ? Voici la réponse — encore et toujours esthétique — de Daniel Tammet : « [Pi] est pour moi quelque chose de très beau et tout à fait unique. Comme Mona Lisa ou une symphonie de Mozart, pi est sa propre raison pour être aimé. » (Je suis né un jour bleu, p. 237) 11. À la rencontre de Kim Peek Voyage aux États-Unis Le record européen établi par Daniel Tammet concernant les décimales de pi lui ouvre des portes. Peu après, une chaîne de télévision britannique le contacte pour réaliser, en sa compagnie, un documentaire sur la vie de Kim Peek, l’homme ayant inspiré le film Rain Man. Malgré son appréhension, l’auteur accepte. C’est pour lui l’occasion inespérée de rencontrer Kim Peek, mais aussi d’être mis en contact avec des chercheurs de renommée internationale sur les questions de l’autisme, de l’épilepsie et de la synesthésie. C’est aussi une nouvelle aventure qui commence : la découverte des États-Unis. Premier arrêt : Los Angeles, où l’avion atterrit. Il fait chaud. Danniel Tammet doit prendre ses habitudes dans l’hôtel. Rencontre avec le Pr Ramachandran Le scientifique impressionne l’auteur. Son assistant, Shai, est plus accessible, émerveillé par ses aptitudes et est très sympathique : le courant passe donc bien. Le professeur procède à des expériences visant à établir si on peut mesurer, au niveau neurologique, ses « visions » des nombres. « Parfois, on me demande si cela me gêne d’être un cobaye pour la science. Je n’ai aucun problème avec cela parce que je sais que je contribue à une meilleure connaissance du cerveau humain, ce qui est quelque chose de bénéfique pour tout le monde. C’est aussi gratifiant pour moi d’en apprendre plus sur moi-même, et sur la façon dont mon esprit fonctionne. » (Je suis né un jour bleu) Las Vegas L’équipe de production du documentaire souhaitait lui donner un ton « divertissant » en reproduisant certaines scènes de casino du film Rain Man. Cela ne plaît pas énormément à Daniel Tammet, mais il accepte, par curiosité. Le soleil du Nevada est brûlant. Dans les rues de la ville, les stimulations lumineuses et le bruit sont à leur apogée. Daniel Tammet joue au Black Jack ou 21. Il s’agit d’un jeu de cartes qui se joue contre le croupier. Pour compter les cartes et établir des stratégies, Daniel Tammet a besoin de calme, or les casinos sont des endroits bruyants (rappelez-vous ses mauvaises performances durant les tournois d’échecs, face aux réactions imprévisibles de ses partenaires de jeu). Cela dit, l’auteur parvient à maîtriser son stress. En fait, il opte pour une autre technique : il se laisse complètement aller au feeling, en faisant totalement confiance aux représentations mentales et sensorielles qui l’inondent à la vue des nombres. Et contre tous les pronostics, il gagne une main étonnante : trois 21 de suite en une fois ! Il ressort fier et avec quelques dollars de plus en poche ! Néanmoins, il est content de quitter Las Vegas. Salt Lake City, la rencontre avec Kim Kim Peek vit avec son père, Fran Peek. Malgré son âge (il est né en 1951), il n’est pas autonome. Le rendez-vous a lieu à la bibliothèque publique de Salt Lake City, capitale de l’Utah, en pays mormon. Quelques informations étonnantes, tout d’abord. Kim Peek :

A été capable de lire dès 16 mois ; A achevé sa scolarité (lycée) à 14 ans seulement ; Bénéficie d’un savoir encyclopédique (musique, géographie, histoire, littérature, sport, etc.) ; Peut calculer les années et les jours du calendrier avec une facilité déconcertante ; Lit pendant des heures à la bibliothèque publique ; Voyage et donne des conférences gratuitement dans le monde entier.

La rencontre entre les deux hommes est émouvante. Ils se promènent dans la bibliothèque et conversent tranquillement, reconnaissant leur différence commune, mais aussi ce qui les sépare. L’équipe en filme des parties. Daniel Tammet est profondément reconnaissant d’avoir pu le rencontrer et échanger avec Kim Peek et sa famille. Il lui rend hommage de la façon suivante : « Le don particulier de Kim ne réside pas que dans son cerveau, mais aussi dans son cœur, son humanité, sa capacité à toucher la vie des autres d’une manière vraiment unique. Rencontrer Kim Peek fut l’un des moments les plus heureux de ma vie. » (Je suis né un jour bleu) 12. À Reykjavík, à New York, à la maison Apprendre l’islandais Un dernier challenge attendait Daniel Tammet. Les producteurs souhaitaient qu’il apprenne l’islandais — langue réputée particulièrement difficile à apprendre en raison, notamment de ses déclinaisons — à son retour des États-Unis. Penserez-vous qu’on lui laisserait le temps ? Non : le défi était de l’apprendre en une semaine ! L’auteur se mit au travail avec quelques outils en main, tels que :

Un dictionnaire ; Un livre jeunesse ; Deux grammaires ; Des journaux ; Une répétitrice ; Un CD (qui ne l’aida pas beaucoup).

Comment s’assurer qu’il parle la langue ? L’équipe de tournage avait tout prévu : l’emmener en Islande et le faire participer à une émission de télévision célèbre, au cours de laquelle il aurait à réaliser une interview intégralement en islandais. La répétitrice, Sirry, rencontrée sur place, l’aida beaucoup. Quelques voyages furent organisés pour visiter les lieux et se faire à la culture. Finalement, tout se passa bien et Daniel Tammet fut très heureux de l’expérience. Finalement, le documentaire sera monté et diffusé pour la première fois en 2005 au Royaume-Uni. Il aura pour titre Brainman, en référence au célèbre film avec Dustin Hoffman. Late Show with David Letterman Tout porte à croire que l’auteur commence à prendre goût aux plateaux de télévision, à la notoriété et aux voyages. Que dire, sinon, de ce nouveau départ pour les États-Unis ? Il y est invité par David Letterman, célèbre présentateur télé d’outre-Atlantique qui souhaite s’entretenir avec lui à la suite de la projection du documentaire Brainman. L’entretien se passa bien, dans la bonne ambiance un peu superficielle, typique de ce type de show. Ce qui semblait être un exercice hors de sa portée quelques années plus tôt — impliquant de se concentrer dans le bruit, de regarder quelqu’un dans les yeux et de maintenir le contact visuel en parlant, de gérer aussi la frustration et l’anxiété — fut réussi sans difficulté. Plus largement : « Cette expérience me montrait plus qu’aucune autre que j’étais désormais capable d’avancer dans le monde, de faire tout seul des choses que la plupart des gens considèrent comme acquises : voyager à l’improviste, rester seul dans un hôtel ou marcher dans une rue animée sans avoir le sentiment d’être submergé par les différentes visions, les bruits et les odeurs tout autour de moi. Je me sentais ivre à la pensée que tous mes efforts, loin d’être vains, m’avaient emmené au-delà de mes rêves les plus fous. » (Je suis né un jour bleu) Retour chez soi La fin de l’ouvrage est consacrée à ses parents et à sa famille, ainsi qu’à une confession à propos de sa foi chrétienne. Daniel Tammet reconnaît n’avoir pas toujours su comment être attaché émotionnellement à ses parents et à sa famille. Mais il sait aujourd’hui combien ils l’ont aidé dans son évolution personnelle. L’amour ressenti pour Neil l’aide aussi à établir des relations plus stables et plus affectueuses avec tous ses proches. Il aime la compagnie de ses frères et sœurs. Il cherche à guider et à écouter comme il le peut son frère Steven, atteint d’asperger lui aussi. L’auteur ressent pour chacun des membres de sa famille une profonde reconnaissance pour le soutien apporté et il souhaite vivre encore beaucoup d’expériences avec eux. Chez lui : c’est là où il est le plus au calme. Certes, il sait désormais aller de par le monde, de façon autonome (à la différence, par exemple, de Kim Peek). Mais il aime plus que tout être chez lui, tranquillement, avec ses routines, ses rituels précis et les gens qu’il aime. Il aime cuisiner pour Neil, faire le jardin, passer du temps avec son compagnon. Ses projets professionnels ?

Continuer à soutenir des organisations caritatives comme la National Autistic Society et la National Society for Epilepsy ; Participer à des expériences et travailler avec des scientifiques.

Contrairement à un préjugé qui voudrait qu’il ne puisse pas entendre un sujet si abstrait que la religion, Daniel Tammet affirme son christianisme et donne d’ailleurs en exemple plusieurs écrivains religieux atteints d’autisme. Son christianisme est simple : il repose sur des valeurs telles que la charité et l’espérance.

Conclusion sur « Je suis né un jour bleu. À l’intérieur du cerveau extraordinaire d’un savant autiste » de Daniel Tammet : La découverte d’une personnalité touchante et étonnante Sans aucun doute, Daniel Tammet est une personne à la fois touchante et hors du commun. Ce qui est touchant dans son histoire, c’est la façon dont il raconte ses difficultés d’ordre social et les surmonte : sa solitude, en particulier, liée à certains handicaps induits par l’autisme. Il parvient à rencontrer de nombreuses personnes et à nouer des amitiés profondes. Il devient autonome et apprend à construire une relation de couple saine. Ce qui est exceptionnel, ce sont bien sûr ses talents pour les langues, les mathématiques et les nombres en général. À certains égards, cela peut donner l’impression de superpouvoirs un peu superflus. Pourtant, le livre montre aussi que ceux-ci doivent être canalisés et peuvent être utilisés à des fins très positives. La synesthésie, en particulier, est une aptitude particulièrement étonnante. En somme, ce type d’autobiographie nous aide à apprendre à apprendre. Nous ressortons grandis par l’exemple donné. Apprendre à aimer la différence, à la reconnaître comme une richesse et non comme quelque chose qui devrait simplement être « toléré ». Nous apprenons aussi des trucs et astuces, de façon beaucoup plus prosaïque, pour améliorer nos interactions sociales ou notre maîtrise des langues. Ce qu’il faut retenir de « Je suis né un jour bleu. À l’intérieur du cerveau extraordinaire d’un savant autiste » : Il me semble particulièrement important de retenir que Daniel Tammet a réussi, à force d’expériences répétées, à développer son intelligence émotionnelle. Bien sûr, il a baigné dès son enfance dans un environnement familial et social propice. Certains autistes ne pourront pas aller jusqu’où il est parvenu. Mais cela reste un espoir. Par ailleurs, j’ai été particulièrement attiré — vous l’aurez compris — par cette association des nombres et des mots avec des textures, des formes, des sons et des couleurs. Pourquoi ne pas tenter, après tout, d’utiliser nous aussi quelques techniques relevant de la synesthésie ? Peut-être pourrions-nous, comme je le disais plus tôt, améliorer notre maîtrise des langues par ce biais. Qui sait ? Dernière chose à retenir, enfin : penser, être dans ses pensées, cela n’a rien de ridicule. Certes, la pensée sans l’action est une misère. Et on voit d’ailleurs beaucoup Daniel Tammet agir, dans cet ouvrage. Mais prendre le temps de penser, et laisser à celles et ceux qui en ont besoin le temps de penser, cela est capital. Soyons zen et, sans être pour autant excessifs, ne cultivons que les habitudes qui nous font du bien. Points forts :

Daniel Tammet écrit bien et son autobiographie se lit très facilement ; Une plongée fort intéressante dans ses façons de percevoir le monde ; Une réflexion spirituelle et intellectuelle stimulante.

Points faibles :

Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :                  Avez-vous lu le livre de Daniel Tammet « Je suis né un jour bleu. À l'intérieur du cerveau extraordinaire d'un savant autiste » ? Combien le notez-vous ? [ratings] Visitez Amazon afin de lire plus de commentaires sur le livre de Daniel Tammet « Je suis né un jour bleu. À l'intérieur du cerveau extraordinaire d'un savant autiste » Visitez Amazon afin d’acheter le livre de Daniel Tammet « Je suis né un jour bleu. À l'intérieur du cerveau extraordinaire d'un savant autiste »

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Résumé de « Mémoires vives » de Edward Snowden : un livre événement qui raconte à la première personne l'histoire de celui qui a tenu tête aux services secrets américains en dévoilant au monde le programme de surveillance généralisée qu'il avait lui-même contribué à façonner. Par Edward Snowden, 2019 (traduction française), 449 p. Titre original : « Permanent record ». Chronique et résumé de "Mémoires vives" de Edward Snowden:

À propos d’Edward Snowden Tout le monde connait son nom. Ou l'a entendu une fois au moins. Mais savez-vous que ses révélations ont inspiré la création du RGPD européen (le Règlement général de protection des données) ? Et vous souvenez-vous que c’est en 2013 qu’il fut connu du grand public pour avoir révélé un système de surveillance généralisée contrôlé par les États-Unis ? Un cauchemar orwellien ? Nous n’en sommes pas si loin… Edward Snowden est un homme américain né le 21 juin 1983 en Caroline du Nord. Il a 22 ans quand il commence à travailler pour la CIA et la NSA. Sept ans plus tard, il décide de devenir un lanceur d’alerte. Qu’est-ce qui l’a poussé à agir de la sorte ? Eh bien il vous faudra lire le livre "Mémoires vives" — ou bien alors cette chronique — pour le découvrir ! Préface Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis — et plus précisément la NSA (National Security Agency) et la CIA (Central Intelligence Agency) ont amorcé un changement dans leur politique de renseignement. L’informatique a servi cette transformation ; grâce à elle, il devenait possible de passer d’une surveillance ciblée à une surveillance généralisée. Edward Snowden, geek passionné et doué, fut engagé comme espion informaticien durant cette période, alors qu’il n’avait qu’une petite vingtaine d’années. Son rôle : participer à la création d’un réseau mondial d’accumulation et d’accès à des données de tout poil. C’est à 29 ans qu’il prend conscience de ce à quoi il est en train de contribuer. Il décide alors de révéler les activités de la NSA et de la CIA à la presse. Pourquoi ? Par souci éthique, par amour de l’Internet libre, aussi. Et enfin par engagement politique : nul public — états-unien ou autre — n’a voté pour un tel programme de surveillance de masse. « Je suis persuadé que l’on ne peut juger de la liberté d’un pays qu’à la façon dont y sont respectés les droits de ses ressortissants, lesquels délimitent le pouvoir de l’État et précisent quand un gouvernement ne saurait empiéter sur les libertés individuelles. C’est ce que l’on appelait “liberté” pendant la révolution américaine et que l’on nomme aujourd’hui, à l’ère de la révolution d’Internet, “vie privée”. » (Mémoires vives, p. 16) Six ans après ses révélations (en 2013), Snowden décide d’écrire ce livre "Mémoires vives". Une tâche peu aisée, puisqu’il veut à la fois garantir la vie privée de ses proches et les secrets que les gouvernements ont bel et bien le droit de garder (l’identité d’agents secrets, par exemple).

Première partie de « Mémoires vives » 1. Regarder par la fenêtre À six ans, Edward Snowden sait déjà s’y prendre avec les machines, tout comme il sait désobéir : une nuit, il décide de retarder les horloges de son foyer pour berner ses parents qui veulent le mettre au lit trop tôt à son goût. Né en 1983, c’est un enfant qui a grandi avec Internet, mais qui a aussi connu le monde avant son apparition. Auparavant, les données étaient inscrites sur des objets tangibles (une cassette VHS, du papier, etc.). Aujourd’hui, une foule de plus en plus grande d’informations est produite sous format numérique. Grâce à une multitude de protocoles (tels que le HTTP, l’IMAP ou le FTP, pour n’en citer que quelques-uns), ces données numériques sont mises sur le réseau ; elles peuvent y être dupliquées et y naviguer pendant un temps potentiellement indéfini. Dernier né d’une famille de Caroline du Nord, Edward Snowden vit dans une famille unie : un père, une mère, une grande sœur. Il est fier de présenter sa famille comme américaine et même patriote. Sa mère, dit-il, a des origines directes avec les migrants du Mayflower. De la « fenêtre » de sa chambre — sorte de lucarne qui donne sur le salon de la maison, Snowden voit son père rapporter des objets technologiques bizarres. Le premier à le fasciner est un Commodore 64, avec ses jeux : Arkanoid, Tetris, Choplifer !. C’est le début de sa passion pour l’informatique. 2. Le mur invisible Grâce à des parents attentifs, le petit Edward reçoit une éducation solide, partagée entre la lecture de livres empruntés à la bibliothèque, les mathématiques appliquées (à l’achat de jouets) et l’initiation aux nouvelles technologies. Pourtant, il affirme avoir reçu sa leçon la plus importante de… La NES de Nintendo. Il aime les jeux d’aventures et de plateau. Or, Super Mario Bros — ou plus exactement ce mur invisible à la gauche de l’écran qui contraint le petit personnage à constamment avancer — lui apprend le temps et la mort ! Par ailleurs, son père, ingénieur et garde-côtes, l’encourage à réparer les machines et à s’intéresser davantage aux ordinateurs et à la programmation, qui en viennent à le passionner davantage que les jeux vidéos… « Comme tant d’enfants dégourdis qui se passionnaient pour l’informatique, j’allais estimer que le fait qu’une série d’instructions parfaitement rédigées puissent accomplir encore et encore la même opération était la seule vérité intangible de notre génération. » (Mémoires vives, p. 48) 3. Le garçon du périphérique Edward Snowden déménage dans le Maryland à l’âge de neuf ans. Bien que ce changement soit synonyme de promotion pour les parents, l’enfant a d’abord quelques difficultés à se faire à sa nouvelle situation. La NSA a son quartier général à Fort Meade, dans le Maryland. Edward Snowden raconte même que le terrain aurait appartenu à ses cousins éloignés ! De façon intéressante, en effet, les Snowden furent nombreux et célèbres dans cette région, durant plusieurs siècles. La mère d’Edward Snowden trouve d’ailleurs un nouvel emploi à la NSA. C’était à vrai dire quelque chose d’assez habituel dans ces contrées où la majorité des habitants étaient fonctionnaires (ambassades, agences, ministères, etc.). En fait, l’endroit est une sorte de « monoculture », affirme l’auteur rétrospectivement : une monoculture où chacun garde un certain secret sur ses activités de travail. « C’est un endroit où la “monoculture” se rapproche beaucoup de celle de la Silicon Valley, à la différence toutefois qu’ici on ne fabrique pas des technologies, mais le gouvernement lui-même. » (Mémoires vives, p. 54) 4. Américain connecté Entre dix et douze ans, Edward Snowden n’a qu’une passion : l’ordinateur. Il monopolise le PC que son père a acheté pour la famille et devient un expert. Il passe tout son temps sur des jeux tels que Loom et s’électrise dès qu’il s’agit de brancher l’ordinateur sur Internet. À partir de l’adolescence, le Web devient son terrain de jeu. Il devient insatiable dans l’apprentissage des questions liées à sa passion, des plus techniques aux plus ludiques. À cette époque, c’est-à-dire avant les années 2000 ? Internet ressemblait à un joyeux fourre-tout bricolé, créatif et libre, où les contributeurs voulaient surtout informer. La prolifération des pseudonymes sur les forums de discussion, par exemple, évitait d’être stigmatisée et favorisait l’apprentissage. Cette capacité à endosser plusieurs « moi » a permis à Snowden d’évoluer, très rapidement et très jeune, dans ce monde informatique. 5. Piratage Voici comment Edward Snowden caractérise le piratage, après avoir expliqué que ceux qui créent des règles (à l’école, en informatique, en politique, partout) n’ont aucune raison d’aller contre leur intérêt — et ont donc tendance à abuser du pouvoir que leur confère le statut d’éditeur de la règle : « On se livre au piratage une fois que l’on a compris qu’il existe un lien systémique entre l’entrée et la sortie (ou input et output), entre la cause et l’effet. Le piratage n’est donc pas propre à l’informatique, il existe partout où il y a des règles. Pour pirater un système, il faut mieux connaitre ses règles que ceux qui les ont définies ou les appliquent, et exploiter la distance fragile qui sépare le projet initial de la façon dont il fonctionne réellement ou peut être mis en œuvre. En tirant parti de ces utilisations involontaires, les hackers contreviennent moins aux règles en vigueur qu’ils ne le discréditent. » (Mémoires vives, p. 74) Durant ses années de collège, Edward Snowden ne s’est pas privé de « pirater » l’école. Il exploitait les failles pour se donner un maximum de liberté — c’est-à-dire ne pas faire ses devoirs. Durant ses temps libres, il faisait ses armes dans le piratage informatique. Ses activités de piratage le mènent à signaler au Laboratoire de recherches nucléaires de Las Alamos que leur site est fragile, ce qui lui vaut une première proposition d’embauche qu’adolescent scolarisé, il se doit de refuser. 6. Inachevé Au lycée, Edward Snowden ne fait pas grand-chose. Non seulement parce qu’il passe des heures devant l’écran, mais aussi parce que sa famille vole en éclats : divorce des parents et départ de la grande sœur à l’université. Le jeune homme se replie sur lui-même, s’imaginant coupable de la situation. Ce fut pour lui l’occasion de s’inventer une nouvelle personnalité, plus mature, plus réflexive et proche des adultes. C’est à ce moment, pourtant, qu’il attrape la mononucléose. Il évite de justesse de redoubler sa seconde en entrant directement en premier cycle universitaire à l’université d’Anne Arundel, près de chez lui. Finalement, la vie a repris son cours après la maladie et il a réussi, quelque temps plus tard, à obtenir son diplôme de fin d’études secondaires. Edward Snowden tire un enseignement de cette période : « Ces changements sont banals et humains. Les mémoires sont fixes, ils sont l’instantané d’une personne en mouvement. C’est pourquoi le meilleur témoignage que l’on puisse faire de soi-même est une promesse, pas une déclaration. Une promesse à ses principes et à ce qu’on veut devenir. » (Mémoires vives, p. 93) 7. Le 11 septembre 2001 Le jeune informaticien étudie le japonais à l’université et se fait des amis. Il s’intéresse aux dessins d’animation japonais. Mais surtout, il rencontre Mae, une jeune femme de 25 ans propriétaire d’une petite entreprise de création de sites Internet. Il travaille pour elle durant deux ans, enchaînant avec elle les contrats. Il décide entretemps de se lancer dans la certification d’ingénieur système Microsoft à l’université John Hopkins. Une formation qui pouvait lui assurer un avenir confortable à 40 000 dollars par an. C’est à ce moment que survient l’attentat des tours jumelles et du Pentagone. Ce jour-là, il est à Fort Meade, la base de la NSA, et voit ébahi les fonctionnaires sortir en nombre de leurs bureaux, sommés de rentrés chez eux (par peur d’attentat sur la base). Le paysage change progressivement : désormais, la base de la NSA et ses environs deviennent une véritable forteresse. 8. Le 12 septembre 2001 Le 11 septembre a fait 3000 morts ; la guerre contre le terrorisme en a causé plus d’un million. Pendant vingt ans, les États-Unis ont renforcé les politiques sécuritaires sur le sol national, au point d’avoir complètement changé le visage du pays. Les États-Unis ont choisi la police à l’intérieur et la guerre, à l’extérieur. Ils ont répondu agressivement, aveuglés par la colère. Sur le moment, Edward Snowden approuvait cette politique ; mais il la réprouve, rétrospectivement. À partir du 12 septembre, il y avait une bataille à mener, et il voulait en faire partie. Il s’engage dans l’armée en espérant être ainsi recruté par la NSA ou la CIA. Il a alors vingt ans et pense que c’est la bonne voie. 9. Rayons X La jeune recrue s’entraîne au Fort Benning, en Géorgie, avec l’espoir de devenir sergent. Les entraînements sont durs, physiquement et mentalement. Lors d’un exercice, il se blesse sévèrement aux jambes. Les blessés n’ont pas bonne réputation et la vie devient vite difficile dans le camp. Il voit s’échapper ses espoirs de promotion. Déprimé, Edward Snowden ne sait que faire. Un médecin l’aide à s’en tirer honorablement. Il accepte une proposition de « séparation administrative » qui met fin à son engagement de façon officielle et honnête. Pour ce faire, il doit néanmoins affirmer qu’il est guéri — ce qu’il n’est pas. Il s’exécute. La signification de tout cela ? L’armée se décharge des frais médicaux et des indemnités d’invalidité : s’il veut être libre, Snowden devra prendre à sa charge ses problèmes de santé. 10. Habilité et amoureux De retour de l’armée, Edward Snowden change de stratégie et, se rendant compte de ses talents informatiques, entend bien les faire valoir directement auprès des services secrets. Il demande une « habilitation de sécurité » pour pouvoir entrer à la NSA ou à la CIA. C’est sur Internet — sur un site de rencontre précurseur de Facebook — qu’Edward Snowden fait la connaissance de sa compagne et femme actuelle, Lindsay Mills. À 22 ans, il avait une copine et entrait à la NSA.

Deuxième partie de « Mémoires vives » 11. Le système À la NSA, Edward Snowden va exercer les fonctions d’administrateur et ingénieur système. La particularité de ces deux métiers (l’un consistant davantage à gérer des systèmes existants et l’autre à créer de nouvelles solutions), c’est qu’ils nécessitent à la fois des connaissances en logiciels (software), dans les composantes en dur (hardware) et dans les réseaux. Étrangement, ce travail le fait réfléchir à la politique de son pays. Si, à vingt ans, il n’avait pas vraiment d’idée politique propre, il se retrouve à l’aube de la trentaine avec des idées sur le « système » politique américain. Comparant le système politique à un système informatique, il s’étonne de le voir fonctionner de façon défectueuse et commence à se poser des questions. 12. Homo contractus La notion de service public ne fait plus recette à l’époque où l’informaticien entre en poste à la NSA. Ainsi qu’il le dit : « Quand j’y ai débarqué, l’honneur du service public s’était effacé devant la cupidité du secteur privé, et le pacte sacré du soldat, de l’officier ou du fonctionnaire avait cédé la place au marché malsain de l’Homo contractus, une espèce que l’on retrouvait à tous les étages de l’État 2.0. Cette créature, loin d’être un fonctionnaire assermenté, était un travailleur temporaire dont le sentiment patriotique était motivé par le salaire, et pour qui le gouvernement fédéral représentait moins l’autorité suprême que le plus gros client. » (Mémoires vives, p. 151) L’un des documents fournis par Edward Snowden concerne d’ailleurs la part d’argent réservée au salaire des contractuels payés par les services de renseignement (ce qu’il appelle le « budget noir »). Ce qui apparaît, c’est que le travail d’espionnage est laissé pour moitié ou presque à des employés du privé. Concrètement, ce n’est donc pas comme fonctionnaire qu’Edward Snowden commence à travailler pour la CIA et la NSA, mais bien comme employé temporaire (ce qui a été utilisé contre lui au moment où il a fait ses révélations). 13. Endoctrinement Lors de sa première mission, on introduit Edward Snowden dans une pièce remplie d’autres informaticiens contractuels et on — les agents de la CIA — lui fait une petite séance d’endoctrinement, laquelle passe notamment par la flatterie (« vous êtes l’élite ») pour s’assurer que les secrets dévoilés seront bien gardés, mais aussi par la menace (l’évocation d’agents ayant trahi et mis en prison servant de repoussoir). Edward Snowden s’occupe au départ principalement du « soutien logistique » au sein de la CIA, c’est-à-dire de l’interconnexion des services au sein de l’agence gouvernementale. Son rôle consiste en particulier à gérer des serveurs-relais dans lesquels sont conservées des clés de chiffrage top secrètes. Travaillant de nuit, il trouve le moyen d’automatiser au maximum ses tâches et de profiter ainsi de l’Internet et du Web propres de la CIA (la CIA bénéficie d’un réseau Internet très étendu, avec différents services comme un moteur de recherche, un Facebook pour ses travailleurs, des sites, etc.), grâce auquel il a un accès privilégié aux événements du monde. Cela lui donne le goût de l’étranger, mais pour cela, il doit entrer à la CIA comme fonctionnaire et non plus comme employé salarié. Ce qu’il arrive à faire. Il troque un badge vert contre un badge bleu. Il doit jurer fidélité à la Constitution des États-Unis. 14. Le comte de la Colline Une nouvelle formation l’attend : cette fois, il s’agit de devenir responsable technique des systèmes d’information de la CIA, c’est-à-dire d’apprendre à gérer les communications informatiques sur le terrain, en situation de guerre ou au sein des ambassades, par exemple. Lorsqu’il fait ses vœux — c’est-à-dire demande où il veut être affecté — Edward Snowden choisit une solution que peu d’autres agents envient : être en poste fixe aux États-Unis, mais pour être régulièrement envoyé sur des fronts de guerre dangereux, en Afghanistan ou au Pakistan, par exemple. Toutefois, cela ne se passe pas comme prévu. Choisi par ses camarades de formation pour écrire une lettre dénonçant les conditions de travail au sein de la formation (heures supplémentaires, état des logements, etc.), il est pris à partie par ses supérieurs directs qui décident de le punir en l’envoyant là où il ne voulait pas aller : dans un pays européen et bourgeois, la Suisse. 15. Genève Genève forme un point névralgique de la création du réseau de surveillance imaginé par les États-Unis au lendemain du 11 septembre. « Cette ville raffinée, capitale du vieux monde et des grandes familles de la finance, héritière d’une tradition immémoriale en matière de secret bancaire, se trouve également au carrefour de l’Union européenne et des réseaux internationaux à fibre optique, et elle est par ailleurs survolée par des satellites de communication de premier plan. » (Mémoires vives, p. 201) Par ailleurs, Genève est entre autres choses le siège de l’Agence internationale atomique, de l’Office des Nations unies ou encore de l’Organisation mondiale du commerce et de l’Union internationale des télécommunications. La CIA y fait tout son possible pour faire du métier d’espionnage un métier lié au numérique (le cyberrenseignement) et trouve des cibles de choix. 16. Tokyo Il faut rappeler que toute l’infrastructure d’Internet ou presque (90 %) est états-unienne. En outre, les principaux logiciels (Microsoft, Google, Oracle), le hardware (Hewlett-Packard, Apple, Dell), les puces (Intel, Qualcomm), les routeurs et modems (Cisco, Juniper) et même les plateformes de cloud et d’e-mails (Google, Facebook, Amazon) sont des entreprises nord-américaines. Cette concentration de moyens et de pouvoir prédispose ce pays à la surveillance de masse. Pourtant, malgré cette connaissance et malgré son poste d’espion, Edward Snowden ne se rend pas compte de l’ampleur des pratiques des agences pour lesquelles il travaille. Il lui faut attendre 2009 pour avoir une première révélation, lorsqu’il est muté au Japon pour y entretenir les systèmes informatiques de la NSA sur place. Plus largement, cette fonction l’amène à créer un nouveau système global de stockage et de sécurisation des données de la NSA (EPICSHELTER, renommé Programme de modernisation du stockage). À l’occasion de la préparation d’une conférence qu’il doit donner au sujet du contre-espionnage chinois et du cyberrenseignement, il se rend compte de l’ampleur du système de surveillance états-unien vis-à-vis de la Chine. Il commence, de ce fait, à avoir des doutes sur l’application d’un tel système aux citoyens américains eux-mêmes. Étrangement, c’est par hasard qu’il découvre ce qu’il cherchait depuis la naissance de ses doutes : un rapport classé top secret détaillant le système de surveillance globale mis en place par les États-Unis à la suite du PSP (le Programme de surveillance du président, mis en place par G. W. Bush à partir de 2001). C’est en particulier le programme STELLARWIND qui fait froid dans le dos, puisqu’il désigne la « collecte de grande ampleur » (pour reprendre l’euphémisme du rapport lui-même) et sans mandat des communications privées des citoyens des États-Unis. 17. La maison sur le cloud Ce savoir commence à ronger sérieusement Edward Snowden. Rentré aux États-Unis, il tente de se faire une vie normale avec sa compagne, dans les quartiers cossus de l’État de Virginie. Pourtant, les éléments de la vie quotidienne le perturbent et il commence à perdre le contrôle, physiquement et mentalement. À cette époque, il a en tête de concevoir pour les services de renseignements un cloud qui permettrait à tous les agents de la CIA et de la NSA, où qu’ils soient, d’accéder à toutes les données de ces agences. Une tâche énorme ; un projet qu’il tente de mettre sur pied avec un associé. Dans le même temps, il se rend compte de l’évolution d’Internet, qui s’incruste dans les objets quotidiens. Il s’étonne notamment d’un smartfridge, un frigo connecté qui recueille une foule impressionnante de données sur ses propriétaires. De notre plein gré, nous faisons entrer dans nos foyers des services et des objets capables de transmettre nos faits et gestes à des entreprises et, possiblement, à l’État. Son goût pour Internet, qu’il aimait tant, s’amenuise. Il se focalise sur la sécurité et devient extrêmement soupçonneux. Pourtant, il tente de donner le change et de mener la vie parfaite du nouveau bourgeois. C’est cette tension qui le mène à la crise : après plusieurs symptômes inquiétants, il fait une crise d’épilepsie qui l’amène à l’hôpital. 18. Sur le canapé Ben Laden est tué le 1er mai 2011 par l’armée américaine. Dix ans de politique guerrière et de mise en place d’une surveillance généralisée. Dix ans de tortures, d’exactions et de privation des libertés individuelles au nom de la lutte contre le terrorisme ; laquelle, finalement, est devenue un simple prétexte pour renforcer le pouvoir d’un pays sur les autres peuples et ses propres citoyens. En congé de maladie en raison de ses crises d’épilepsie, Edward Snowden apprend la nouvelle de la mort de l’instigateur des attentats du 11 septembre à la télévision. Il est apathique, vautré dans son canapé sans arriver à réaliser quelque chose de productif. C’est de là, aussi, qu’il assiste aux soulèvements du Maghreb et du Moyen-Orient que l’on a appelé « Le printemps arabe ». Il remarque que les populations, et en particulier les jeunes, réclament notamment plus de liberté, et notamment la liberté d’utiliser Internet, que les gouvernements s’empressent de museler. Il s’étonne à contrario que, pour beaucoup d’Occidentaux aujourd’hui, la « vie privée » (nouveau nom de la liberté) ne soit plus si importante. « Finalement, prétendre que vous n’accordez aucune importance au concept de vie privée parce que vous n’avez rien à cacher n’est pas très différent que d’affirmer que vous n’avez que faire de la liberté d’expression parce que vous n’avez rien à dire, ou que la liberté de culte vous indiffère puisque vous ne croyez pas en Dieu, ou encore que vous vous moquez éperdument de la liberté de réunion parce que vous êtes agoraphobe, paresseux et asocial. » (Mémoires vives, p. 273) Il n’y a plus vraiment d’eux et de nous : nous sommes tous pris dans le puissant combat entre régime démocratique et régime totalitaire. C’est là le principal conflit idéologique, selon Edward Snowden, qui traverse l’époque et les différentes régions du monde.

Troisième partie de « Mémoires vives » 19. Le Tunnel Après sa période de maladie, Edward Snowden est affecté à Hawaï pour y mener un projet subalterne. Il a perdu du galon à cause de son incapacité temporaire ; par ailleurs, il a besoin de se remettre progressivement. Il devient administrateur système au sein du Bureau du partage des informations, où il s’occupe de la gestion documentaire pour le compte de la NSA. Son travail se trouve au sein d’un étrange édifice situé au bout d’un tunnel de 1 km de long : le bien nommé le Tunnel, creusé sous un champ d’ananas. C’est à cette époque qu’il décide, presque inconsciemment, mais fermement, de mener son enquête sur les agissements des services secrets. 20. Heartbeat Le fonctionnaire de la NSA se met notamment à lire quantité de readboards, sortes de compilations des informations les plus importantes des sites principaux de la NSA. Il en produit même une version étendue, améliorée et personnalisable qu’il partage avec ses collègues — afin de pouvoir continuer ses investigations sans être inquiété. Il nomme ce nouveau système de recueil de documents et d’informations internes Hearbeat. « Quasiment tous les documents que j’ai plus tard divulgués aux journalistes ont été récupérés grâce à Heartbeat. Il a permis de mettre au jour non seulement les objectifs poursuivis par le système de surveillance de masse de la communauté du renseignement, mais aussi ce dont ce dernier était réellement capable. C’est là un point sur lequel j’aimerais insister : à la mi-2012, j’essayais tout simplement de comprendre comment la surveillance de masse fonctionnait concrètement. […] Cela signifie que je ne m’intéressais pas tant que ça au contenu informatif des documents […] » (Mémoires vives, p. 290) Plus tard, les journalistes se chargeront de s’intéresser aux contenus des documents proprement dits. Edward Snowden s’intéresse au mode opératoire. Il connait l’existence de deux méthodes de surveillance d’Internet mises en place par la NSA, Upstream Collection (qui collecte directement les données sur les infrastructures d’Internet) et PRISM (qui collecte des données sur les serveurs des fournisseurs de services). Mais il cherche à savoir comment, concrètement, tout cela fonctionne. Le programme de surveillance le plus proche de l’internaute lambda se nomme lui-même TURBULENCE (il fait partie de la méthode Upstream Collection). Il se divise en deux outils principaux : TURMOIL et TURBINE. Le premier fait de la « collecte passive » d’information à partir d’un filtre de requêtes choisies par la NSA. Le second se met à fonctionner dès que l’autre lui transmet une donnée suspecte. Alors, il envoie un logiciel malveillant (malware) qui va contaminer l’environnement numérique auquel appartient cette donnée. La NSA devient alors capable de prendre le contrôle de votre vie numérique tout entière. 21. Lancer l’alerte Edward Snowden aime lire la Constitution des États-Unis, qui est distribuée sans entrain par la NSA, chaque année, le jour de la Constitution (le 17 septembre). Le IVe amendement dit ceci : « Le droit des citoyens d’être garantis dans leur personne, domicile, papiers et effets, contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé, et aucun mandat ne sera délivré, si ce n’est sur présomption sérieuse, corroborée par serment ou affirmation, ni sans qu’il décrive particulièrement le lieu à fouiller et les personnes ou les choses à saisir. » (Mémoires vives, p. 300) Pour l’informaticien, il est clair que les « papiers et effets » personnels d’aujourd’hui sont nos données (le contenu de nos documents) et les métadonnées (tout ce qui s’y rapporte et qui permet d’identifier les mouvements effectués sur le net). Pour la NSA en revanche, il n’y a eu aucune violation. Comment le justifie-t-elle ? Par d’habiles réinterprétations juridiques. L’un des problèmes majeurs, pour Edward Snowden, est que c’est le système entier qui a sombré. Ni le pouvoir législatif, ni le pouvoir exécutif, ni le pouvoir judiciaire n’ont réussi ou n’ont voulu mettre un frein à ces agissements. C’est aussi pourquoi, en un sens, lancer l’alerte devenait urgent et important. Mais qu’est-ce que « lancer l’alerte » ? Est-ce la même chose que « faire fuiter » une information ? Edward Snowden s’interroge et sa réponse est non : faire fuiter des informations est une action qui s’effectue avec un objectif privé (obtenir un avantage quelconque). Lancer l’alerte, c’est avant tout agir dans le sens du bien public. Pour devenir lanceur d’alerte, il faut parvenir à la conclusion que l’institution pour laquelle on travaille est en décalage flagrant avec les principes de la société qu’elle sert. Il faut aussi, pour cela, avoir un peu de curiosité pour ce qui se passe autour de soi et ne pas devenir une simple machine parmi les machines, ce qui n’est pas toujours aisé au sein des services secrets. 22. Le quatrième pouvoir Lorsque Edward Snowden se décide à parler, il hésite sur la manière d’agir. Il pense agir seul, en présentant les informations recueillies sur un site qu’il aurait lui-même créé. Mais il sait qu’il a besoin d’un tiers pour déchiffrer, exposer et contextualiser les données techniques et complexes qu’il propose. C’est pourquoi il ne peut pas non plus se tourner vers WikiLeaks qui, à cette époque (après les révélations de Chelsea Manning sur la guerre en Irak, notamment), décide de publier les informations qu’il recueille sans travail éditorial. Il cherche donc l’appui de journalistes et des journaux principaux de son pays. Il pense bien sûr au New York Times, mais une histoire l’empêche d’avoir totalement confiance : dans le cas d’un article antérieur traitant de la sécurité nationale, le journal avait d’abord envoyé le texte au gouvernement qui l’avait rejeté. Influencé, le journal avait décidé de ne pas publier tout de suite l’article. Or une telle décision pourrait être très préjudiciable à Edward Snowden, et cela ruinerait peut-être complètement sa démarche. Il décide donc de focaliser son attention sur des journalistes qu’il sait solides et intéressés par le sujet. Il contacte Laura Poitras (documentaliste indépendante) et Glenn Greenwald (The Guardian) en premier, puis entre en contact avec d’autres journalistes tels que Ewen MacAskill (The Gardian version britannique) et Bart Gellman (The Washington Post). La prise de contact n’est pas facile, mais Edward Snowden use ici encore de ses talents d’informaticien pour créer la connexion en minimisant le risque d’être retracé. Ses révélations sont désormais entre les mains des journalistes. Que va-t-il se passer ? 23. Lire, écrire, exécuter L’enjeu est désormais de faire sortir des centaines de documents des ordinateurs et de la base secrète du Tunnel. Comment agir sans se faire prendre ? Edward Snowden invente une procédure en trois étapes qu’il nomme « Lire, écrire, exécuter ». Lire consiste à prendre connaissance des données, à éliminer les données peu pertinentes et à sélectionner les documents à conserver. Le risque est ici d’éveiller la curiosité et de se faire prendre en train de collecter tout un tas d’informations sensibles. Pour échapper aux pièges numériques de la NSA, l’espion repenti utilise de vieux ordinateurs qui ne font plus partie du réseau et sont donc plus discrets. Écrire est une autre paire de manches : il s’agit désormais de copier tous les fichiers sur des supports suffisamment discrets pour pouvoir être emmenés en dehors des bâtiments. Il faut aussi prendre en compte le temps de téléchargement et la discrétion physique de tout le processus (par exemple, ne pas se faire prendre en train de photographier à tout va les écrans d’ordinateur). Edward Snowden opte pour les cartes mini-SD et micro-SD. Exécuter, enfin, désigne l’opération de sortie des documents, téléchargés dans les cartes SD, hors des locaux de la NSA. L’informaticien cache celles-ci dans son Rubik’s Cube, notamment — un objet que ses collègues et les agents de sécurité ont l’habitude de voir en sa compagnie. Il apprend comment parler aux gardes pour tromper leur vigilance. Mais ce n’est pas fini. Il doit encore s’assurer, chez lui, que tout soit en sécurité. Il place tous les documents dans un disque dur crypté et le tour est joué. 24. Crypter Pour crypter le disque dur, Edward Snowden n’y va pas de main morte. Et il aime raconter ses exploits. Pour le dire simplement, son système de cryptage est tellement sophistiqué qu’aucun expert ne pourrait, dans un temps raisonnable (qui se compte en milliers d’années), déchiffrer le code. Pour lui, ce système est le seul système technique actuel qui permette réellement, à tout le monde, de protéger ses données. Le cryptage rend tout document illisible, à moins d’avoir une clé de chiffrement. Clé que ni l’État ni une entreprise ne sont censés avoir. En fait, même quand vous effacez un document de votre ordinateur, celui-ci est conservé quelque part et peut-être lu. Ce n’est pas le cas avec le cryptage. 25. Le petit garçon Changer de poste est relativement aisé à la NSA, même si cela demande aussi un peu de chance. Par hasard, la NSA cherche un analyste infrastructure au sein de National Threat Operations Center (NTOC) à Hawaï. Cela offre une occasion unique à Edward Snowden : découvrir concrètement comment se passe, au quotidien, la surveillance. En effet, c’est notamment au NTOC qu’est utilisé le programme XKEYSCORE, que l’on peut comparer pour simplifier à une sorte de Google permettant d’accéder non pas à des pages de sites, mais aux informations de toutes les personnes dans le monde (e-mails, chats, fichiers, etc.). « C’est, pour dire les choses simplement, ce que j’ai pu voir de plus proche de la science-fiction dans la science elle-même : une interface permettant de taper l’adresse, le numéro de téléphone ou l’adresse IP d’à peu près n’importe qui et de se plonger dans l’histoire récente de son activité en ligne. Dans certains cas, vous pouviez même visionner des enregistrements de ses sessions en ligne passées, si bien que vous ne regardiez plus votre écran, mais le sien, avec tout ce qui traînait sur son bureau. » (Mémoires vives, p. 368) Voir en direct le fonctionnement de ce programme est le dernier élément qui convainc le lanceur d’alerte qu’il est sur la bonne voie. Mais où partir ? Où rencontrer les journalistes ? Pas facile d’échapper à l’emprise des États-Unis et de ses alliés. Finalement, Edward Snowden opte pour Hong Kong : une ville internationale, libérale et technologiquement active, suffisamment indépendante de la Chine. De toute façon, l’informaticien n’avance pas avec beaucoup d’espoir. Il sait qu’il sera vite repéré et que ces jours en liberté sont comptés. Lorsqu’il décide de partir, il sait qu’il laisse sa famille et sa compagne et qu’il leur fera du tort. Néanmoins, il agit en étant sûr de son choix politique. Et il espère que ses proches lui pardonneront ses actes. 26. Hong Kong Malgré tous les plans qu’il avait échafaudés, Edward Snowden n’avait pas prévu que les journalistes répondraient si tard à son appel. Il a mis sa vie entre leurs mains. Entre le moment où il fuit et le moment où les journalistes répondent à son appel et conviennent d’une entrevue à Hong Kong, le fugitif passe de longues journées angoissantes à se cacher et à épier le moindre mouvement qui pourrait le mettre en danger. Finalement, les journalistes se présentent au Mira Hotel où Edward Snowden a pris résidence. Il avait préparé minutieusement la façon dont il allait aborder tous les points avec eux, mais n’avait pas prévu que Laura Poitras filme la rencontre. Il se sent pris au dépourvu, mais accepte. Finalement, il décide même de « sortir du bois » de façon autonome peu après le début du dévoilement de l’affaire dans la presse en créant une vidéo dans laquelle il se présente comme la source des journalistes. Le premier article est publié le 5 juin 2013 dans The Guardian et le 6 juin parait un deuxième dans le Washington Post. Le monde entier relaie la nouvelle. À partir de la publication de la vidéo (le 9 juin), il s’expose directement au danger. Mais c’est aussi à partir de ce moment qu’il reçoit de plus en plus de soutien. Il entre notamment en contact avec Robert Tibbo et Jonathan Man, qui seront ses avocats. Edward Snowden est inculpé de violation de l’Espionnage Act le 14 juin et son extradition vers les États-Unis est demandée le 21 juin — jour de son trentième anniversaire. Il ne bénéficie pas de l’accueil auprès du gouvernement de Hong Kong et doit donc trouver une solution pour partir au plus vite. 27. Moscou Moscou ne devait être qu’une étape dans un voyage périlleux et complexe pour arriver en Équateur. Mais les tactiques politiques en décident autrement. Lorsqu’il est en vol vers Moscou, les États-Unis décident d’invalider son passeport, ce qui a pour conséquence de le bloquer sur le sol russe. Même avec un laissez-passer qu’il obtient de l’ONU, il ne peut plus avancer vers la destination souhaitée. La Russie devient, contre sa volonté, sa terre d’exil. Dans cette course folle, il reçoit l’aide précieuse d’une collaboratrice indépendante de Wikileaks, Sarah Harrison, une journaliste spécialiste de la question du droit d’asile. Celle-ci l’aide à préparer et à effectuer sa sortie de Hong Kong — la question n’est pas simple, puisqu’il s’agit d’éviter tous les pays partenaires des États-Unis, qui pourraient stopper nette leur course. Malgré l’échec relatif de la fuite, Edward Snowden n’est pas au pire endroit. Certes, il reçoit des avances des services secrets russes — qu’il rejette. Mais en Russie, il est libre. Le 1er aout, il reçoit même un droit d’asile temporaire et est invité à quitter l’aéroport où sa présence devient gênante. Depuis, il vit quelque part à Moscou. 28. Extraits du journal intime de Lindsay Mills Dans ce chapitre de "Mémoires vives", Edward Snowden présente le point de vue de sa compagne, Lindsay Mills — ou plutôt lui donne la parole. On retrouve ainsi plusieurs réflexions, sentiments et événements rapportés par la jeune femme dans son journal intime, depuis le 22 mai 2013, jusqu’au 20 juin 2013. Outre l’impression de vie luxueuse qui se dégage de ces lignes, on perçoit l’amour que porte Lindsay à son conjoint. Par ailleurs, on ressent toute l’incompréhension et toute la colère d’une femme qui, d’abord, s’inquiète de son absence, puis doit faire face aux médias et aux policiers. Mais finalement, après tous ces déboires, c’est la fierté qui la gagne. 29. Amour et exil « Si, à un moment ou à un autre au cours de votre lecture de ce livre, vous vous êtes arrêté un instant sur un terme en désirant le clarifier ou l’approfondir, et que vous l’avez tapé dans votre moteur de recherche — et si ce terme est d’une manière ou d’une autre suspect, comme XKEYSCORE, par exemple — alors félicitations : vous êtes dans le système, victime de votre propre curiosité. » (Mémoires vives, p. 430) Il n’est pas raisonnable d’être naïf sur ce point : les services des renseignements des États-Unis (mais d’autres aussi, très certainement) sont tout à fait capables de savoir ce que nous faisons au quotidien ; tout comme ils sont capables de prendre le contrôle de nos appareils numériques. Peut-être ne le feront-ils pas, mais n’est-ce pas un combat collectif que de préserver la liberté et la vie privée ? Les choses ont-elles changé aux États-Unis depuis les révélations de 2013 ? Le président Obama a déçu, même s’il a concédé qu’elles avaient créé un véritable « débat national ». Au niveau judiciaire, l’affaire « ACCLU contre Clapper » a disqualifié l’argumentation juridique des services secrets. Au niveau législatif, le Congrès a voté le USA Freedom Act, qui interdit la collecte généralisée des conversations téléphoniques des citoyens. Sur un plan plus technique et commercial, les grandes entreprises ont également pris des mesures. Apple et Google ont chiffré leurs appareils. Le protocole HTTP (Hypertext Transfert Protocole) par lequel nous accédons aux sites Internet a été remplacé par le protocole HTTPS (le « s » désignant la sécurité). Des efforts ont également été pris pour sécuriser le travail des journalistes, notamment par l’intermédiaire de la Freedom of the Press Foundation (FPF), dont Edward Snowden fait partie. Que s’est-il passé ailleurs dans le monde ? Les États partenaires classiques des États-Unis en matière de surveillance (Canada, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande) ont connu des remous. Mais c’est en Europe que l’action législative la plus forte a été menée, avec l’adoption du Règlement général pour la protection des données (le RGPD). Malheureusement, son statut reste celui d’un accord régional, tandis qu’Internet et le problème de la sécurité sont des enjeux mondiaux. Et la vie d’Edward Snowden lui-même ? Eh bien, il mène toujours une existence relativement discrète à Moscou, où sa compagne — et désormais épouse — l’a rejoint.

Conclusion sur « Mémoires vives » de Edward Snowden : Un témoignage qui ne laissera pas indifférent Personne ne peut rester de marbre face à un tel témoignage. Que l’on aime ou non le personnage, il faut se rendre à l’évidence : son geste fut risqué et il est d’une importance capitale pour mieux comprendre comment fonctionnent les systèmes politiques contemporains. Concernant la personnalité même d’Edward Snowden, on découvre quelqu’un d’ambitieux et de méticuleux, de profondément américain dans l’âme, patriote et amoureux de ce que nous appellerions des clichés (hamburgers, grosses voitures, maison pavillonnaire, etc.). C’est aussi un personnage d’une intelligence et d’une confiance en lui-même peu communes — et qui le sait —, ce qui le mène à se régaler du récit qu’il fait des mauvais coups qu’il joue tantôt à ses professeurs, tantôt aux agents les plus chevronnés de la NSA. Ce qu’il faut retenir de « Mémoires vives » : Tout le livre "Mémoires vives" est tourné vers cette assertion : Edward Snowden est celui qui a révélé au monde l’existence d’un système mondial — contrôlé par les États-Unis — de surveillance généralisée des citoyens. Devons-nous donc simplement retenir cette vérité peu reluisante, à savoir celle des dérives des puissances publiques et, pour une part aussi, des entreprises privées qui ne se gênent pas pour récolter toutes nos traces numériques ? C’est une option. Et c’est même une nécessité d’avoir cette connaissance à l’esprit pour mieux agir sur Internet. Au-delà, on peut aussi trouver de l’inspiration dans l’attitude de ce lanceur d’alerte exemplaire, qui a réussi à allier intelligence, courage et engagement politique. Ce n’est plus simplement une leçon de prudence alors qui ressort de l’ouvrage, mais plutôt la foi en la capacité intacte des hommes et des femmes à se rebeller face aux situations injustes et oppressantes. Points forts :

Une écriture agréable, le livre "Mémoires vives" se lit comme un roman ; Un rappel des principaux événements (bienvenu pour ceux qui auraient oublié l’affaire) ; Une réflexion philosophique et politique passionnante.

Point faible :

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Ma note :                  Avez-vous lu le livre d’Edward Snowden « Mémoires vives » ? Combien le notez-vous ? [ratings] Visitez Amazon afin de lire plus de commentaires sur le livre d’Edward Snowden « Mémoires vives » Visitez Amazon afin d’acheter le livre d’Edward Snowden « Mémoires vives »

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Thu, 06 Jan 2022 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/11812/Mmoires-vives
Écriture : mémoires d’un métier http://www.olivier-roland.fr/items/view/11760/criture-mmoires-dun-mtier

Résumé de « Écriture : mémoires d’un métier » : Dans cet ouvrage, Stephen King se remémore les événements qui l’ont conduit à devenir écrivain, mais il nous livre également une analyse sur le langage et sur les mécanismes de l’écriture. Par Stephen King, 349 pages, 2003. Note : Cet article invité a été écrit par Florence du site florence-georgeon.com Titre original : On Writing: A Memoir of the Craft Chronique et résumé de « Écriture : mémoires d’un métier » de Stephen King

Mon introduction Stephen King est un auteur best-seller incontournable dont les ouvrages sont mondialement connus. Il a écrit 55 romans qui ont été vendus à plus de 350 millions d’exemplaires et adaptés à de nombreuses reprises au cinéma, à la télévision, en comics et même au théâtre. Si vous êtes un fan de cet auteur iconique, ce livre va vous permettre d’en découvrir plus sur sa vie et sur ses plus grands succès. Toutefois, Écriture n’est pas qu’une simple autobiographie. Il s’agit d’un véritable essai sur l’écriture et sur le langage à destination des écrivains qui souhaiteraient se perfectionner. Stephen King partage les leçons qu’il a tirées de ses expériences en évoquant notamment ses erreurs et ses échecs, nourrissant ainsi une réflexion profonde sur l’art d’écrire. Le maître de l’horreur y enseigne tout ce qu’il sait sur son métier et sur la méthode pour écrire de bons romans, le tout dans une prose accessible, légère, et agréable à lire. Après la lecture de ce livre, vous allez certainement avoir une autre vision de l’auteur, de ses œuvres et du métier d’écrivain en général. Avant-propos 1 En 1992, Stephen King occupe le poste de deuxième guitare dans un groupe de rock essentiellement composé d’écrivains, les Rock Bottom Remainders. Entre les concerts et les répétitions, ils leur arrivent occasionnellement de parler de leur travail respectif. Il a l’idée d’écrire un livre sur l’écriture après avoir eu une discussion sur le langage avec Amy Tan, l’une des membres du groupe. L’auteur ne veut pas rédiger un essai pompeux sur le sujet. Il veut faire ce qu’il sait faire de mieux : raconter une histoire, son histoire. Son but est d’expliquer avec clarté et simplicité comment il en est venu à exercer ce métier. Avant-propos 2 D’après Stephen King, la plupart des livres sur l’écriture sont « pleins de conneries », car les écrivains ne comprennent pas toujours pourquoi ce qu’ils écrivent fonctionne ou pas. Il présume que son ouvrage n’en sera pas exempt. Par conséquent, il s’engage à écrire un texte court pour limiter les bêtises qui pourraient s’y trouver. Avant-propos 3 Ce passage très bref peut être résumé en une phrase : « Le directeur littéraire a toujours raison. » Il s’agit d’un commandement plutôt obscur, auquel il ne fera plus référence dans le reste du livre. CV Dans cette première partie, Stephen King se livre à l’exercice difficile de l’autobiographie. Il parle de son amour grandissant pour l’écriture et de sa rencontre avec sa femme qui sera un soutien sans failles tout au long de sa carrière. Il n’omet pas de mentionner ses années les plus sombres, ses problèmes avec l’alcool et la drogue. L'auteur de "Écriture : mémoire d'un métier" ne nous cache rien, nous parlant aussi bien de ses réussites que de ses échecs comme autant d’expériences qui lui ont permis de devenir l’auteur best-seller que tout le monde connaît aujourd’hui. Avant de commencer la chronique de ce chapitre, sachez que les intitulés des sous-parties qui vont suivre ont été créés pour distinguer les différentes étapes du récit. Elles n’existent pas dans l’œuvre originale sauf la dernière sous-partie intitulée « Qu’est-ce qu’écrire ? » La naissance d’une passion Abandonnés par leur père, le jeune Stephen et son frère aîné David sont élevés par leur mère, Nelly Ruth Pillsbury King, qui enchaîne les petits boulots pour faire vivre ses deux garçons. Il passe une enfance qu’il qualifie lui-même de bizarre et chaotique, marquée par de nombreux déménagements et des problèmes de santé qui le clouent au lit pendant plusieurs mois. Après une rougeole, une opération des amygdales et une infection aux oreilles qui le conduit à vivre l’une des expériences les plus traumatisantes de sa vie chez un ORL qui doit le soigner en lui perçant les tympans, il est retiré de l’école durant une année entière. Consigné à la maison, il passe son temps à lire des livres et des bandes dessinées. « Je dus bien lire un million de bandes dessinées, passant des aventures de Tom Swift et Dave Dawson (héroïque pilote de la Seconde Guerre mondiale dont tous les avions avaient des hélices qui « griffaient l’air » pour gagner de l’altitude) aux récits animaliers à vous glacer le sang de Jack London. » Ces ouvrages stimulent l’imagination du jeune garçon qui a rapidement envie d’écrire ses propres histoires. Il commence par ce qu’il appelle des « plagiats hybrides » d’un récit intitulé Combat Casey. Il recopie l’essentiel du texte auquel il ajoute quelques descriptions de son invention. Encouragé par sa mère qui est impressionnée par la qualité de ses écrits, il crée finalement ses propres aventures. Sa première œuvre originale est longue de quatre pages et raconte l’histoire de quatre animaux magiques circulant dans une vieille voiture et venant en aide aux petits enfants. Il ne s’arrête pas là et continue à écrire sans discontinuer. Jeune adolescent, il envoie des nouvelles à des magazines en espérant être publié. Après de nombreux refus, une de ses histoires finit par être acceptée dans une revue d’horreur dirigée par Mike Garrett qui lui donne le titre de « In A Half-World of Terror », « Dans un demi-monde de terreur ». L’auteur pourrait considérer cet événement comme une réussite. Pourtant, il n’y consacre que quelques lignes. Il est bien plus fier d’une nouvelle qu’il a écrite après celle-là et qu’il considère comme sa première idée d’histoire vraiment originale bien qu’elle ait été refusée par le Alfred Hitchcock Mystery Magazine. En quoi est-elle singulière ? Pour une fois, il la tire intégralement de son imagination sans passer par des références aux œuvres qu’il adore lire. L’idée lui vient en voyant sa mère recouvrir des cahiers de timbres Green Stamps H&S pour offrir une lampe à sa tante Molly. Il invente une histoire qui s’appelle « Happy Stamps » où le héros souhaite acheter une maison à sa mère en contrefaisant suffisamment de timbres Happy Stamps. Il plantera la lettre de refus du Alfred Hitchcock Mystery Magazine sur un clou dans sa chambre. La première d’une longue série avant qu’il connaisse son premier véritable succès. Cependant, l’auteur ne s’est jamais laissé abattre et ses échecs ont toujours été une source d’enseignement qui lui ont permis de bâtir la carrière qu’il a aujourd’hui. Écrire la porte fermée et corriger la porte ouverte

Adolescent, Stephen King apprend une grande leçon en travaillant en tant que journaliste sportif pour Le Lisbon, le journal hebdomadaire de sa ville. Malgré des talents certains pour l’écriture, le jeune homme n’a jamais été attiré par le métier de journaliste. Il obtient ce poste après avoir édité un journal parodique dans son lycée rempli de potins inventés sur ses professeurs dont il dissimule la véritable identité derrière les surnoms que les élèves leur ont donnés. Si ses camarades accueillent son œuvre avec enthousiasme, la plaisanterie lui vaut de sérieuses remontrances ainsi que quelques heures de colles. Son travail ne passe pas non plus inaperçu auprès du conseil d’orientation qui le convoque pour diriger sa « plume turbulente » vers des voies plus constructives. C’est de cette manière qu’il décroche son poste au Lisbon dont le rédacteur en chef se nomme John Gould. Il reçoit alors un conseil qu’il n’oubliera jamais : « écrivez la porte fermée et corrigez la porte ouverte ». Autrement dit, vous devez d’abord écrire une histoire en vous la racontant à vous-même sans vous occuper des détails et des tournures de phrase. Une fois que cette première étape est terminée, vous pouvez relire votre texte pour enlever tout ce qui ne va pas, tout ce qui ne devrait pas se trouver là. Lorsque tout est bien en place, vous pouvez ouvrir la porte, et votre récit appartient alors à tous ceux qui ont envie de le lire ou de le critiquer. Son premier grand succès Stephen King entre à l’université où il rencontre celle qui deviendra son épouse, Tabitha Spruce. Il fait sa connaissance en 1969 et tombe amoureux d’elle au cours d’un atelier de poésie. La jeune femme pense comme lui qu’un beau texte peut être soutenu par une idée sans avoir besoin d’être un assemblage de belles phrases sans aucun sens, capturées à la volée dans une soudaine effusion de l’esprit. Ils se comprennent et ils partagent les mêmes valeurs dans des domaines essentiels pour l’un comme pour l’autre, à savoir la langue et l’écriture. Tabitha le soutient sans réserve, et il confie que la solidité de leur mariage est sans doute ce qui lui a permis d’avoir une carrière aussi stable et prolifique. « Écrire est un boulot solitaire. Avoir quelqu’un qui croit en vous fait une sacrée différence. Ce quelqu’un n’a pas besoin de faire de discours. Qu’il croie en vous est généralement suffisant. » L’auteur lui doit en effet beaucoup, car sans elle, Carrie n’aurait peut-être jamais vu le jour. Stephen King n’a jamais aimé le personnage de Carrie White. Elle lui faisait l’effet d’une gourde passive. Il n’avait aucune sympathie pour elle et n’arrivait pas à s’émouvoir du harcèlement qu’elle subissait. Il éprouvait également beaucoup de difficultés à écrire un récit composé majoritairement de femmes, et il avait le sentiment que l’histoire ne pourrait fonctionner que si elle était longue alors que son but était de la publier en format court dans une revue. Considérant le projet comme une perte de temps, il décide de jeter son manuscrit à la poubelle. Heureusement, Tabitha récupère les feuillets et comprend tout de suite que l’histoire a du potentiel. Elle demande à son mari d’écrire la fin et elle lui offre également son aide pour tout ce qui concerne les habitudes des filles au lycée. « […] j’ai compris que le fait d’arrêter la rédaction d’un texte simplement parce que c’est difficile, sur le plan affectif ou sur celui de l’imagination, est une mauvaise idée. Il faut parfois continuer même quand on n’en a pas envie, et il arrive qu’on fasse du bon boulot alors qu’on a l’impression d’être là, à pelleter bêtement de la merde, le cul sur une chaise. » L’intuition de sa femme sera la bonne puisque ce livre sera l’ouvrage qui fera décoller sa carrière. Les années sombres À l’instar du héros de Shining, Stephen King sombre dans l’alcoolisme. Il est dans le déni face au problème, préférant se dire qu’il a simplement un goût prononcé pour l’alcool. Lorsque l’état du Maine met en vigueur une loi qui l’oblige à récupérer les bouteilles et les canettes, il réalise en voyant les flacons vides qu’il a un véritable souci avec la boisson. « Sainte mère, je suis alcoolique, me dis-je. Il n’y a pas eu d’option divergente dans ma tête, après tout, c’était moi qui avais écrit Shining, non ? Qui l’avais écrit sans me rendre compte, du moins jusqu’à ce soir-là, que c’était de moi que parlait le livre. » En plus de l’alcool, l’auteur consomme également des drogues. Il est terrifié à l’idée de ne plus réussir à vivre et à travailler sans, si bien qu’il n’arrive pas à s’en passer. Son problème est tel qu’il ne se souvient même pas avoir écrit Cujo. Une fois encore, Tabitha est là pour lui venir en aide et lui procurer l’électrochoc dont il a besoin. « Elle me dit que j’avais le choix : soit je me faisais soigner dans un centre spécialisé, soit je fichais le camp de la maison. Elle dit aussi qu’elle et les enfants m’aimaient et que c’était précisément pour cette raison qu’ils n’avaient aucune envie d’assister à mon suicide. » Il fait les efforts nécessaires pour se désintoxiquer sans jamais cesser d’écrire. Peu à peu, il retrouve un rythme de travail régulier, puis de nouveau la joie d’exercer son métier. Qu’est-ce qu’écrire ? Cette question est le seul véritable titre que Stephen King donne à cette partie intitulée sobrement « CV ». La réponse se résume en un mot : télépathie. Pour l’auteur, l’écriture est une forme de magie où l’écrivain transmet des messages à son public à travers le temps et l’espace. Il en fait une démonstration simple en demandant au lecteur d’imaginer une table recouverte d’un tapis rouge avec une cage de la taille d’un aquarium posée dessus. Dans cette cage, il y a un lapin blanc avec un nez rose et des yeux également bordés de rose. Il grignote un morceau de carotte qu’il tient entre ses pattes et le numéro 8 est écrit sur son dos à l’encre bleue. Si vous jouez le jeu et que vous faites bien le travail d’imagination demandé, vous constaterez qu’une transmission de pensée s’opère entre l’auteur qui écrit ces lignes en 1997 et vous qui venez tout juste de les déchiffrer. Vous visualisez tout ce qu’il vous dit de visualiser sans qu’aucun de ces éléments n’existe ailleurs que dans son esprit et dans le vôtre. « Pas un instant je n’ai ouvert la bouche et pas un instant vous n’avez ouvert la vôtre. Nous ne sommes même pas ensemble dans la même année, encore moins dans la même pièce… Si ce n’est que nous sommes ensemble et proches. » L’écriture est un art puissant que tous ceux qui veulent l’exercer doivent prendre au sérieux. « Si vous êtes capable de prendre l’écriture au sérieux, nous pouvons faire affaire. Si vous n’en êtes pas capable, ou si vous ne voulez pas, le moment est venu pour vous de refermer ce livre et de faire autre chose. » Cette première partie est une véritable source d’inspiration pour les écrivains qui viennent chercher des conseils d’écriture. Stephen King était un passionné depuis son plus jeune âge qui ne s’est jamais laissé abattre devant l’adversité, les refus et les critiques. Il n’a jamais cessé d’écrire et sa persévérance a fini par payer. Toutefois, il ne prétend pas que tout le monde peut devenir comme lui. Il souhaite juste enseigner aux auteurs qui prennent l’écriture au sérieux à devenir de meilleures versions d’eux-mêmes et à pouvoir faire de la magie, c’est-à-dire embarquer leurs lecteurs dans un voyage émotionnel et sensoriel. Pour cela, ils auront besoin d’un certain nombre d’outils que l’auteur va leur donner dans le chapitre suivant. Boîte à outils Le grand-père et l’oncle de Stephen King étaient tous les deux charpentiers. Fazza, son grand-père, avait fabriqué à la main une boîte à outils qui pesait environ trente-cinq kilos.

Elle contenait des instruments en tout genre pour bricoler. L’auteur fait une analogie entre cette boîte à outils de charpentier et la boîte à outils que l’écrivain doit toujours transporter avec lui pour faire du bon travail et surmonter n’importe quelle difficulté. Elle est constituée d’au moins quatre niveaux, et comme dans celle de Fazza, les outils les plus usuels sont placés dans les compartiments du haut. Il fait régulièrement référence à l’ouvrage The Elements of Style de William Strunk dont il s’est vraisemblablement inspiré pour établir cette liste. Le vocabulaire L’examen commence avec le vocabulaire placé dans le compartiment du haut. Certains auteurs ont un vocabulaire vaste et complexe alors que d’autres en ont un plus étroit et plus simple. Cependant, l’important n’est pas la qualité ou la quantité de vocabulaire possédé, mais la façon de l’employer. Écrire, c’est l’art d’appliquer le mot qui convient le mieux à une certaine situation. Le meilleur moyen d’y parvenir est d’être simple et direct. Stephen King recommande de ne pas chercher à adopter des mots compliqués qui se marieraient mal avec ce que vous décrivez. Il préconise d’utiliser le premier mot qui vous vient à l’esprit, car il sera toujours le plus approprié et le plus expressif. «  Si vous hésitez et vous mettez à cogiter, vous finirez par trouver un autre mot — il y en a toujours un —, mais il ne sera sans doute pas aussi bon que le premier, ne traduira pas aussi bien ce que vous vouliez vraiment dire. » Malgré tout, si vous avez peur de ne pas avoir assez de vocabulaire, l’auteur explique que c’est un outil qui s’acquiert naturellement, à force de lecture. La grammaire L’écriture ne peut pas se passer de la grammaire puisqu’elle est au fondement même du langage. Stephen King considère qu’elle est le deuxième élément à placer au niveau supérieur de la boîte à outils. Sans elle, les phrases sont bancales et le propos est confus. « La grammaire n’est pas juste un truc casse-bonbons ; elle est le bâton sur lequel vous vous appuyez pour que vos pensées partent du bon pied et cheminent. » Si votre grammaire est rouillée, elle peut être réaffûtée avec un Bescherelle ou un autre livre du même genre. La voix passive Toujours dans le premier compartiment de la boîte à outils, Stephen King désigne la voix passive comme étant l’ennemi numéro 1. Pour les écrivains peu sûrs d’eux, la voix passive est une sécurité qui leur donne un faux sentiment d’autorité, mais il faut apprendre à s’en passer. Elle alourdit la phrase, la rend compliquée à déchiffrer alors que le but est de faciliter les choses pour le lecteur. « Le lecteur doit être votre principal souci ; sans votre Fidèle lecteur, vous n’êtes qu’une voix couinante dans le vide. » Les adverbes « L’adverbe n’est pas un ami » est le dernier conseil que l’auteur place dans le compartiment supérieur de la boîte à outils. L'adverbe sert à modifier un adjectif, un verbe ou un autre adverbe. Il s’agit en général de mots qui se terminent en –ment. Comme pour la voix passive, l’adverbe est une sécurité pour les écrivains timides. « Lorsqu’il utilise la voix passive, l’écrivain trahit en général sa peur de ne pas être pris au sérieux […]. Avec l’adverbe, l’écrivain trahit le fait qu’il craint de ne pas s’être exprimé avec clarté […]. » Stephen King conseille donc d’éviter de les utiliser lorsqu’ils ne sont pas nécessaires. Le contexte est censé donner suffisamment d’éclairage au lecteur pour qu’il comprenne la situation. Par exemple : « Il referma brutalement la porte ? Ne devrait-on pas déjà savoir comment notre héros va refermer la porte ? Si ce qui précède nous éclaire, brutalement n’est-il pas de trop ? N’est-ce pas redondant ? » Il invite l’écrivain à se poser des questions et à faire attention à ne pas placer des adverbes à outrance, notamment dans les dialogues. Les adverbes ont tendance à alourdir la phrase, à la rendre plus faible ou plus ridicule qu’elle ne l’est. Le style Avec le style, Stephen King s’attaque au deuxième compartiment de la boîte à outils. Le style est avant tout une question de disposition des paragraphes. Lorsque vous ouvrez un livre, ces derniers vous renseignent sur les intentions de l’auteur. Les paragraphes courts suggèrent que le texte sera facile et que la lecture sera légère. Au contraire, les paragraphes longs témoignent d’un livre qui sera difficile, rempli d’idées, de descriptions et de passages narratifs denses. Les paragraphes donnent aux lecteurs une idée du rythme et comme un musicien, l’auteur doit apprendre à en jouer. Il suffit pour ça de lire beaucoup et de beaucoup écrire, car c’est quelque chose qui doit s’imposer naturellement, sans avoir besoin d’y réfléchir. La longueur Pour en finir avec la boîte à outils, l’auteur parle de l’épaisseur du livre qui renseigne le lecteur sur l’engagement pris par l’écrivain afin de créer l’histoire. Stephen King ne dit pas qu’il faut écrire beaucoup ou au contraire, qu’il faut être concis, car la longueur ne garantit pas la qualité d’un ouvrage. Il réutilise la métaphore du charpentier pour expliquer qu’il faut se mettre à construire, à bâtir son roman paragraphe après paragraphe à l’aide de ses outils, de son vocabulaire, de sa grammaire et de ses connaissances stylistiques. « Les bons textes sont ceux pour lesquels on a fait le bon choix lorsqu’il s’est agi de définir les outils avec lesquels on prévoyait de travailler. » Écriture Les différents types d’écrivains Dans la partie intitulée « Boîte à outils », Stephen King s’adressait aux écrivains sérieux. L’entonnoir se referme puisqu’il s’adresse à présent aux écrivains sérieux et compétents. Il répertorie les différents types d’écrivains sous la forme d’une pyramide. Les mauvais écrivains sont à la base. Au-dessus se trouvent les écrivains compétents. Le niveau suivant est celui des bons écrivains qui ont réellement du talent, et au sommet se trouvent « des génies, des accidents divins, pourvus de dons qu’il est au-delà de nos capacités de comprendre et à plus forte raison d’atteindre. »

À travers ce livre, l’auteur veut faire en sorte que les écrivains compétents deviennent de bons écrivains. Tous ceux qui ne sont pas prêts à faire les efforts et les sacrifices nécessaires pour s’améliorer ne sont pas invités à poursuivre la lecture. L’importance de la lecture et de l’écriture Le Commandement Suprême de Stephen King aux apprentis auteurs est le suivant : « Si vous voulez être écrivain, il y a avant tout deux choses que vous devez impérativement faire : lire beaucoup et beaucoup écrire. » Autrement dit, vous vous améliorerez en observant ce que font les autres et en pratiquant. La lecture vous poussera à travailler plus dur en assimilant inconsciemment un certain nombre de mécanismes, tant du point de vue de la narration que du langage. L’écriture, quant à elle, vous permettra de mettre en pratique vos observations, de développer votre style, et de gagner en clarté et en simplicité. Il s’agit d’un travail à prendre au sérieux. Il faut lire et écrire un peu tous les jours pour faire de réels progrès. Écrire la porte fermée Il semblerait qu’il faille prendre ici le conseil au sens littéral. En effet, Stephen King recommande d’écrire dans un lieu avec une porte que l’on peut fermer. La porte sert à vous couper du monde extérieur pour que vous soyez concentré sur votre tâche. Bannissez de cette pièce tout ce qui pourrait constituer une source de distraction et fixez-vous un objectif quotidien en vous interdisant d’ouvrir la porte tant qu’il n’est pas atteint. Dire la vérité Pour Stephen King, il s’agit de la plus grande mission de l’écrivain. Pour faire entrer le lecteur dans l’histoire, il faut être honnête et parler de ce que vous connaissez. Il ne s’agit pas de faire un cours sur un sujet précis, mais de retranscrire ce que vous savez de la vie et des gens en écrivant avec votre cœur et votre imagination. « Ce que vous savez, vous, est ce qui vous rend unique à votre façon. » Un bon écrivain doit parler de ce qu’il a vu, de ses sentiments et de ses émotions avec ouverture d’esprit et en allant toujours droit au but. L’intrigue L’auteur explique que les trois éléments constitutifs d’une histoire sont :

la narration qui fait avancer le récit ; la description chargée de plonger le lecteur dans la réalité sensorielle du roman ; les dialogues qui donnent une voix aux personnages.

La situation vient en premier, puis la narration. Enfin, ce sont les personnages qui finissent par faire les choses à leur façon. L’intrigue ne fait pas partie de la liste, car il pense qu’elle nuit à la spontanéité dans le récit. Il faut laisser l’histoire se raconter elle-même, laisser de la place à l’imprévu et faire en sorte que l’intrigue apparaisse naturellement durant l’écriture. En effet, Stephen King compare l’écrivain à un paléontologue qui découvre un fossile et qui doit l’extraire du sol petit à petit à l’aide de ses outils. Il n’a aucune idée de ce qu’il va trouver une fois son travail achevé. « J’ai parfois ma petite idée sur la façon dont tout se terminera, mais je n’ai jamais exigé d’un ensemble de personnages qu’ils se conforment à mes directives ; je veux au contraire qu’ils fassent les choses à leur façon. » La description La description est une invitation sensorielle à entrer dans l’histoire. Pour que le lecteur réussisse à se représenter votre monde, il faut avoir une idée claire de ce qu’il doit avoir en tête. Cependant, il ne faut pas le noyer sous un flot de détails superflus. Que vous décriviez un lieu ou un personnage, vous devez vous contenter de donner les éléments les plus pertinents. L’imagination de votre lecteur fera le reste. Pour parfaire votre savoir-faire dans ce domaine, Stephen King conseille une nouvelle fois d’appliquer le commandement suprême de tous les écrivains qui est de lire beaucoup et de beaucoup écrire. Les dialogues Le comportement et la façon de parler de vos personnages renseignent le lecteur sur leur personnalité. Il faut qu’ils aient leur propre voix, leur propre façon de parler pour que le dialogue ait l’air naturel et qu’on parvienne plus facilement à les distinguer. Les mots et les expressions que vous allez employer dépendront de leur personnalité. Il ne faut pas hésiter à employer des mots vulgaires si vous pensez qu’ils reflètent la nature et l’état d’esprit du personnage concerné. « Si vous dites "Oh, flûte !" à la place de "Oh, merde ! " par crainte d’être critiqué par les gens bien-pensants, vous rompez le contrat tacite passé entre l’écrivain et ses lecteurs : vous leur aviez en effet promis de dire la vérité sur la façon dont les gens se comportent et parlent par le biais d’une histoire inventée. » Les personnages Pour Stephen King, les intentions de l’auteur importent peu. Ce sont les personnages qui prennent vie et influencent l’histoire. Ce sont les personnages qui finiront par vous raconter l’histoire en rencontrant des difficultés, en prenant des décisions et des initiatives qui entraîneront l’aventure dans une certaine direction. Tout comme pour l’intrigue, le caractère des personnages découle de la situation initiale. Rien n’est prémédité, tout est révélé au fur et à mesure, comme un paléontologue qui met au jour un fossile. La thématique et le symbolisme Pour Stephen King, il faut d’abord se concentrer sur l’histoire. La thématique apparaîtra spontanément durant la relecture. Il n’y a pas besoin de faire un effort conscient pour ça. Il en va de même pour le symbolisme. Votre récit peut être rempli de symboles et de références que vous n’avez pas vus tout de suite, mais qui paraîtront limpides lorsque vous procéderez à la relecture. Il prend l’exemple de La Ligne verte en disant qu’il n’avait pas remarqué que John Coffey avec les mêmes initiales que Jésus Christ, jusqu’à ce qu’il relise son texte. Dans Carrie, il n’avait pas relevé que le sang était omniprésent dans les moments les plus importants du livre. Le symbolisme permet de créer une œuvre unifiée et agréable à lire tandis que la thématique permet de centrer ses idées et de répondre à la question suivant : quel message voulez-vous faire passer ? La relecture et la réécriture Après avoir terminé le premier jet, Stephen King conseille de se tenir à l’écart du texte pendant au moins six semaines. Ce délai permet d’avoir suffisamment de recul sur l’histoire et de s’y replonger avec un regard presque neuf. La réécriture est nécessaire pour retirer tout ce qui ne va pas dans le texte, déceler les faiblesses, corriger les incohérences et se débarrasser du superflu. Pour parvenir à effectuer ce travail correctement, l’auteur explique qu’il faut amputer l’histoire de 10 %. Autrement dit, si un texte contient 350 000 mots, il faut faire tout votre possible pour le réduire à environ 315 000. Vous ne conserverez ainsi que ce qui est vraiment essentiel. Le lecteur idéal L’auteur explique qu’il faut toujours écrire pour une personne bien précise en qui vous avez confiance. Vous devez faire attention à son opinion et imaginer ce qu’elle penserait de ce que vous êtes en train de rédiger. En pensant à ce qui pourrait lui plaire ou lui déplaire, vous aurez une idée concrète de la façon dont doivent s’enchaîner les événements. La recherche Il faut écrire à propos de ce que vous connaissez, mais si vous ne maîtrisez pas le sujet que vous êtes en train de traiter, vous devez faire des recherches. Les recherches sont indispensables pour rendre votre histoire convaincante et vraisemblable. Les ateliers d’écriture Stephen King a des doutes sur l’intérêt des séminaires ou des cours d’écriture. Il ne pense pas qu’ils soient particulièrement bénéfiques, car les critiques obligent à écrire la porte ouverte en permanence et on vous presse sans arrêt de vous expliquer. Cependant, il comprend que les auteurs puissent être attirés. « Cours et séminaires d’écriture ont au moins un avantage indéniable : on y prend au sérieux le désir d’écrire de la fiction ou de la poésie. » Les agents et les éditeurs Le monde de l’édition aux États-Unis est différent du système français. Dans le pays de l’oncle Sam, se faire éditer est pratiquement impossible sans passer par un agent littéraire. Stephen King oriente donc ses recommandations en prenant en compte ce marché particulier. Toutefois, on trouve dans ce chapitre des conseils pertinents qu’il est possible d’appliquer pour la France aussi. Il préconise par exemple de se renseigner sur les maisons d’édition qui publient le même genre de livres que vous écrivez. Il faut également rédiger avec soin la lettre de présentation et le synopsis que vous enverrez en même temps que vous déposerez votre manuscrit. Vous devez les convaincre d’aimer votre histoire avant même qu’ils ne l’aient lu. Écrire pour les bonnes raisons Il s’agit du dernier conseil de Stephen King : il faut écrire pour le plaisir et pour l’enthousiasme que cela vous procure. Il ne faut jamais écrire pour l’argent, le succès ou la renommée. Vous n’arriverez jamais à être comblé si vous n’écrivez pas pour les bonnes raisons. De la vie : un post-scriptum Stephen King nous parle d’un accident survenu en juin 1999. Lors de sa promenade quotidienne, il se fait renverser par un van Dodge bleu clair. Il échappe miraculeusement au pire, mais les blessures sont importantes. Il a une jambe cassée en neuf endroits, le genou fendu, une fracture de l’acétabule de la hanche droite, une fracture préchantérienne fémorale, quatre côtes cassées et la colonne entamée en huit endroits différents. Stephen King subit de multiples opérations et passe trois semaines entières à l’hôpital où il se rétablit tant bien que mal. Retrouver le goût de l’écriture après un tel traumatisme et prendre le temps d’écrire comme avant ne sont pas des choses faciles. Heureusement, Tabitha est là pour le soutenir, sans pression et avec bienveillance. Il reprend alors le manuscrit sur l’écriture qu’il avait mis de côté en 1997, déterminé à le terminer. Par le passé, l’écriture lui avait permis de surmonter les difficultés et ce sera le cas à nouveau cette fois-ci. Si elle a pu lui sauver la vie, elle pourrait également apporter beaucoup à d’autres. « Écrire n’a rien à voir avec gagner de l’argent, devenir célèbre, draguer des filles ou se faire des amis. En fin de compte, écrire revient à enrichir la vie de ceux qui liront vos ouvrages et à enrichir votre propre vie. »

Et Qui Plus Est, première partie : Porte ouverte, porte fermée Ici, l’auteur met en pratique les conseils qu’il a donnés plus tôt en présentant un texte brut qu’il va ensuite remanier et couper pour donner plus de vivacité à l’histoire. Et Qui Plus Est, première partie : Porte ouverte, porte fermée Stephen King l’a clamé à plusieurs reprises dans son livre : un auteur se doit de lire beaucoup et de beaucoup écrire. Il donne ainsi une liste de livres en expliquant que chacun d’entre eux a une influence sur ce qu’il écrit et qu’en les lisant, les écrivains pourraient bénéficier d’une nouvelle manière de faire leur boulot. Conclusion sur “Écriture : mémoires d’un métier” J’ai lu beaucoup de livres de Stephen King. Sans être une fan inconditionnelle de l’auteur, j’apprécie ses textes et je reconnais qu’il a un talent indéniable pour raconter des histoires et embarquer ses lecteurs dans des univers fous qui donnent la chair de poule. J’ai toujours aimé écrire. J’ai acheté ce livre en me disant qu’un écrivain de son envergure avait certainement des choses intéressantes à dire sur son métier, et je n’ai pas été déçue. J’aime beaucoup la façon dont il parle de son travail, avec beaucoup de recul et d’humilité. J’ai également été surprise de découvrir son parcours. Je ne m’étais jamais intéressée à sa vie, mais Écriture me permet d’avoir une compréhension plus éclairée de son travail et de ses références. En lisant, j’ai commencé à percevoir Carrie, Shining ou Misery différemment. Il s’agit également d’un livre sur le langage, et les conseils que l’auteur donne sont pertinents. J’aime beaucoup lorsqu’il explique que le travail de l’écrivain est de dire la vérité. Comment être authentique lorsque l’on parle de fiction ? Il suffit pour cela de retranscrire ce que l’on sait, ce que l’on a vu et ce que l’on ressent. Il faut faire preuve d’honnêteté et d’une certaine forme de vulnérabilité pour coucher sur le papier tout ce qu’on a dans le cœur et dans l’imagination. C’est cette fragilité et cette sensibilité de l’écrivain que j’ai trouvé particulièrement touchantes et bien retranscrites dans cet ouvrage. Chaque livre nous fait grandir, nous sauve et nous permet d’apprendre quelque chose de nous. En faisant ce travail avec sérieux et pour les bonnes raisons, l’écriture peut devenir une véritable force pour celui qui la pratique, mais aussi pour le lecteur. « En fin de compte, écrire revient à enrichir la vie de ceux qui liront vos ouvrages et à enrichir votre propre vie. » Florence du site florence-georgeon.com Points forts :

Écriture est un livre accessible et facile à lire. L’auteur fait attention à ce que son propos soit le plus clair et le plus simple possible en multipliant les exemples et les comparaisons. C’est un texte inspirant qui donne envie de se mettre à l’ouvrage.

Points faibles :

Personnellement, je n’en ai pas trouvé, mais certains lecteurs pourraient trouver déconcertant ce mélange entre tranches de vie et conseils techniques.

Ma note :

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Thu, 14 Oct 2021 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/11760/criture-mmoires-dun-mtier
La biographie de Léonard de Vinci http://www.olivier-roland.fr/items/view/11730/La-biographie-de-Lonard-de-Vinci

Résumé de "Léonard de Vinci – La biographie" de Walter Isaacson : Cet ouvrage dépeint la vie intime et publique de Léonard de Vinci, toutes les facettes de son génie créatif, à la croisée des sciences, de la technologie et des arts. Hors-norme, polymathe, anticonformiste, marginal assumé, débordant d’imagination, de talent et de curiosité, observateur exceptionnel et passionné, Léonard de Vinci est un innovateur qui a marqué l'Histoire. Walter Isaacson s'est plongé parmi les 7200 pages de notes et croquis de ses fameux carnets pour nous raconter la destinée captivante de l’un des plus grands savants de son temps. Par Walter Isaacson, 2019, 595 pages. Titre original : "Leonardo da Vinci" Chronique et résumé de "Léonard de Vinci – La biographie" de Walter Isaacson

Introduction

Personnages et résumé en frise

Le livre commence par décrire tous les personnages qui ont joué un rôle majeur dans la destinée de Léonard de Vinci. Il résume ensuite les périodes de sa vie sur une frise illustrée.

Présentation d’un grand génie multidisciplinaire

En introduction, Walter Isaacson présente Léonard de Vinci. Il le décrit comme le génie le plus créatif de l’Histoire. Il est, entre autres :

L’auteur des deux plus célèbres tableaux de l’Histoire : La Cène et La Joconde.

L’archétype de l’homme de la Renaissance parce qu’il savait allier l’art et la science. Tout au long de sa vie, ses explorations scientifiques modèlent et nourrissent son travail artistique. Ainsi, il était à la fois un artiste talentueux, un grand scientifique et un excellent ingénieur.

Enjoué, curieux, inventif, passionné voire obsessionnel dans d’innombrables domaines : anatomie, optique, botanique, géologie, mécanique, ingénierie militaire, géométrie, écriture, hydraulique, architecture, etc. Ce qu’il aimait, c’était apprendre : "apprendre tout ce qu’il est possible de connaître sur le monde et, ce faisant, découvrir la place du genre humain" écrit Walter Isaacson.

Une source d’inspiration pour ceux qui croient en la beauté de la création. Autrement dit, pour tous ceux qui croient que "tous les éléments de l’œuvre infinie de la nature", comme il l’énonce, "sont entremêlés et merveilleusement agencés".

L’innovateur par excellence : fin observateur, doté d’une imagination constamment en effervescence, Léonard insuffle sa fantaisie dans ses travaux artistiques et d’ingénierie.

Un homme charismatique "à la beauté et à la grâce saisissantes" : il est décrit comme ayant une "carrure imposante", une "force remarquable", un "port altier lorsqu’il traversait la ville à cheval", vêtu de tenues colorées, à la conversation charmante, etc.

Un amoureux de la nature reconnu pour sa bonté et sa douceur envers les hommes et les animaux.

Les carnets de Léonard De Vinci

Le point de départ de la biographie de Léonard de Vinci, ce sont les carnets de Léonard, informe Walter Isaacson. L’auteur s’est, en effet, plongé dans des centaines de pages de notes et de griffonnages écrites de la main de Léonard pour nous restituer sa vie et sa carrière.

Les carnets de Léonard compilent de précieuses informations sur les réflexions du génie. Chaque feuillet foisonne de détails en tous genres. Ces détails, sur lesquels les gens ne s’arrêtent généralement jamais, témoignent de sa curiosité insatiable. Léonard y inventorie année après année, sans s’arrêter, ce qu’il veut faire, apprendre, ce qui l’émerveillait, ses interrogations. Ces carnets et dessins révèlent aussi, parfois, le côté sombre et troublé de l’artiste, son esprit fiévreux, créatif, maniaque et exalté. En plus de ses carnets, Walter Isaacson explique s’être aussi appuyé, pour rédiger cette biographie, sur de nombreux articles et thèses scientifiques consacrés à Léonard.

S’inspirer de Léonard de Vinci

Enfin, Walter Isaacson confie avoir compris, grâce à Léonard de Vinci, à quel point le fait de s’émerveiller du monde peut "enrichir le moindre de nos instants". Il indique : "Le XVe siècle, celui de Léonard, de Christophe Colomb et de Gutenberg, fut une ère d’inventions, d’exploration et de diffusion des connaissances grâce à de nouvelles technologies. Une période comme la nôtre, en somme". C'est la raison pour laquelle, pense Walter Isaacson, nous avons tous beaucoup à apprendre de Léonard de Vinci : "Nous avons tant à apprendre de Léonard, de sa faculté à associer art, science, technologie, sciences humaines et imaginaire, la recette de la créativité. De son aisance à assumer un statut quelque peu marginal – bâtard, homosexuel, végétarien, gaucher, facilement distrait et par moments hérétique – aussi. Florence s’est épanouie au XVe siècle parce qu’elle embrassait ce type de personnalité. Mais la curiosité perpétuelle de Léonard et ses expérimentations sans fin devraient avant tout nous rappeler l’importance d’inculquer, à nous-mêmes et à nos enfants, non seulement des savoirs, mais surtout la volonté de les remettre en question, de nous laisser guider par notre imagination et, à l’instar des marginaux et des rebelles de toutes les époques, de penser autrement." Chapitre 1 - Enfance 1.1 - Vinci, 1452-1464

La naissance du petit Léonard

Walter Isaacson retrace d’abord la généalogie de Léonard De Vinci depuis 1300 jusqu’à sa naissance. L’auteur nous apprend ensuite que le père de Léonard est Piero Da Vinci, fils d’Antonio Da Vinci. Né d’une lignée de notaires, Piero devient, comme tous les aînés de sa famille depuis des générations, aussi notaire. Plus ambitieux que son père Antonio de caractère oisif et proche de la nature, Piero quitte Vinci, sa petite ville natale, assez tôt pour développer sa carrière à Florence. Mais il continue de rendre visite régulièrement à sa famille à Vinci, où il entretient également une relation avec Caterina Lippi, une paysanne célibataire et orpheline de 16 ans. Caterina est sans argent, avec un petit frère à charge. De la relation de Piero et Caterina, naît Léonard au printemps 1452, hors-mariage. Lorsqu’il arrive au monde, et bien qu’illégitime, Léonard est baptisé. Une grande cérémonie est organisée. De nombreux aristocrates importants y sont invités. Léonard se voit attribué 10 parrains, bien plus qu’habituellement. Piero, 24 ans, prospère et en vue, n’est pas de la même classe sociale que Caterina. Il ne se marie donc pas avec Caterina mais épousera Albiera, une jeune fille de 16 ans, de son rang, fils d’un cordonnier florentin, à qui il était de toute façon promis. Toutefois, par souci pratique et de convenance, Piero s’arrange pour que Caterina se marie peu de temps après la naissance de Léonard. Elle épouse alors Antonio di Piero del Vaccha, un fermier et chaufournier local qui a des liens avec la famille de Vinci.

L’enfance de Léonard de Vinci

Le petit Léonard partage son enfance entre le foyer de sa mère et celui de son père qui entretiennent de bonnes relations :

Chez sa mère Caterina et Accattabriga (surnom d’Antonio di Piero del Vaccha), Léonard aura 4 sœurs et un frère. Chez Piero et Albiera, il n’y a pas d’enfant (mais Piero aura au moins 11 enfants d’un troisième puis quatrième mariage après les 24 ans de Léonard).

Léonard passe également beaucoup de temps, durant sa petite enfance (jusqu’à 5 ans) chez son grand-père paternel Antonio. Ce dernier vit avec son épouse et l’oncle de Léonard, Francesco, d’à peine plus de 15 ans que Léonard. Francesco est un oisif passionné qui aime les loisirs campagnards. Il devient l’oncle adoré de Léonard. Les anecdotes et détails captivants que partage Water Isaacson nous font revivre l’enfance singulière et heureuse du petit génie. Walter Isaacson explique qu’au XVe siècle, l’illégitimité n’est pas très gênante, surtout dans la noblesse (les papes avaient des maîtresses et enfants illégitimes). Les enfants nés hors mariage pouvaient même se hisser à des positions prestigieuses. Ce n’était toutefois pas aussi bien perçu chez les juges et notaires qui devaient se conformer aux traditions sociales. Léonard grandit donc entre deux mondes :

La guilde des notaires interdisant les enfants illégitimes : il échappe au métier de notaire mais se familiarise avec la prise de notes qui se pratique de façon habituelle chez les notaires.

Dans le même temps, il s’adonne à ses activités créatives en toute liberté. Ayant évité l’école latine, il se forme de façon autodidacte. Il est fier d’être, comme il se surnomme lui-même un "homme sans lettres" et "que ce défaut d’éducation formelle l’ait poussé à devenir un disciple de l’expérience et de l’expérimentation".

1.2 - Disciple de l’expérience

Les conditions dans lesquelles Léonard De Vinci grandit favorisent grandement son attitude de libre-penseur et le développement de ses talents. Du fait de son statut, le petit Léonard ne sera jamais embrigadé dans "le raisonnement scolastique poussiéreux des dogmes médiévaux". Et sûrement parce qu’il échappe ainsi à la pensée traditionnelle, Léonard devient un adulte qui :

Questionne l’ordre, les raisonnements établis et l’autorité : sa méthode - approche empirique de la compréhension de la nature - est fondée sur l’expérimentation, la curiosité et la faculté de s’émerveiller de phénomènes.

Se passionne pour les merveilles de la nature et développe une capacité d’observation hors-norme des formes, des ombres, des mouvements, des battements d’ailes, des émotions sur un visage...

Par ailleurs, l’époque est idéale pour un enfant avec de tels talents et ambitions : l’Italie est en paix depuis 40 ans, les compétences en lettres et en mathématiques sont en pleine croissance, les revenus aussi, les manuscrits d’auteurs antiques sont en train d’arriver en Europe suite à la prise de Constantinople par les Ottomans. Et la ville de Florence est devenue "le berceau de la Renaissance artistique et humaniste". 1.3 - Souvenirs d’enfance  Walter Isaacson continue sa biographie de Léonard de Vinci en relatant de nombreuses anecdotes de Léonard enfant (le souvenir d’une balade dans une grotte, ou encore celui d’un milan qui lui ouvrit la bouche alors qu’il était encore dans son berceau). Le récit nous éclaire sur la personnalité de Léonard : ses motivations, ses passions, ses angoisses existentielles (que lui inspirent, par exemple, les pouvoirs destructeurs de la nature), son goût pour les découvertes scientifiques et son sens de l’imaginaire, deux éléments qu’il entremêlera tout au long de sa vie. L’auteur termine le chapitre de l’enfance de Léonard ainsi : "Sa curiosité envers la nature l’encouragera toujours à poursuivre ses explorations, tandis que sa fascination et son appréhension seront exprimées dans son art." Chapitre 2 – Apprenti Dans le second chapitre de la biographie de Léonard De Vinci, Walter Isaacson raconte la période d’apprentissage du jeune peintre à Florence. 2.1 – L’arrivée de Léonard de Vinci à Florence Walter Isaacson relate d’abord son déménagement de Vinci à Florence. En 1964, Léonard a 12 ans. Il quitte sa ville natale de Vinci pour s’installer avec son père à Florence. Son grand-père Antonio vient de décéder. Son père Piero vient de perdre son épouse, morte en couches. L’adaptation à cette vie citadine n’est pas facile pour le jeune Léonard, habitué à vivre à la campagne. Walter Isaacson mentionne plusieurs de ses écrits où il loue la vie contemplative et solitaire de la campagne, et blâme les citadins qu’il qualifie d’"infinie malignité". Léonard ne cesse de peindre et de sculpter. Il ne semble absolument pas disposé à suivre une carrière de notaire comme son père. Piero ne lui impose rien. Il sait, de toutes les façons, qu’il lui serait très difficile de contourner la règle de la guilde des notaires qui ne souhaitent pas d’enfants illégitimes dans ses rangs. 2.2 - Florence Walter Isaacson décrit ensuite Florence comme une ville extrêmement créative au XVe siècle. Épicentre des arts et du commerce, Florence est l’endroit parfait pour Léonard. La ville bénéficie de relations pacifistes, d’une totale liberté, d’infrastructures majestueuses (cathédrale, universités…), d’une économie florissante (alliant art, technologie, commerce et finances) et de grands penseurs humanistes qui prônent notamment la connaissance comme source de bonheur. Dans ce vivier d’idées incroyable, la vie culturelle est très riche (spectacles, festivals, carnavals et autres divertissements grandioses). Ces événements stimulent la créativité des nombreux artistes impliqués, en particulier celle du jeune Léonard. Enfin, "la culture valorise par-dessus tout ceux qui maîtrisent et conjuguent différentes spécialités : les polymathes" comme Léonard. "Le mélange d’idées issues de différentes disciplines devient la norme puisque des individus aux talents variés se mêlent. Les fabricants de soie collaborent avec des batteurs d’or pour créer des vêtements enchanteurs. Les architectes et les artistes développent la science de la perspective. Les sculpteurs sur bois travaillent avec les architectes pour décorer les 108 églises de la ville. Les boutiques deviennent ateliers. Les marchands deviennent financiers. Les artisans deviennent artistes. […] La ville elle-même est devenue une œuvre d’art." En coulisses, c’est la famille Médicis qui tient les rênes du pouvoir. Côme de Médicis, puis son fils, Pierre, lui succède, suivi du célèbre Laurent de Médicis. 2.3 - Brunelleschi et Alberti Walter Isaacson raconte ici l’influence des enseignements de deux "touche-à-tout" sur Léonard :

Filippo Brunelleschi (1377-1446), concepteur du dôme de la cathédrale de Florence. Il incarne les intérêts multidisciplinaires et le renouveau du savoir classique, caractéristiques des débuts de la Renaissance.

Leon Battista Alberti (1404-1472), successeur de Brunelleschi dans le domaine de la perspective linéaire. Cet autre polymathe de la Renaissance améliore de nombreuses expériences de son prédécesseur et élargit ses découvertes sur la perspective.

Artiste, architecte, ingénieur et écrivain, Alberti est en tout point semblable à Léonard : "fils illégitime d’un père prospère, athlétique et beau garçon, célibataire endurci, et fasciné par tout, des mathématiques à l’art". Il voue à Léonard une amitié profonde. L’auteur de la biographie de Léonard de Vinci conclut, au sujet d’Alberti : "Ses nouvelles méthodes font progresser non seulement la peinture, mais aussi de nombreuses autres disciplines, de la cartographie à la scénographie. En appliquant les mathématiques à l’art, Alberti élève le statut du peintre et montre que les arts visuels méritent le même rang que d’autres disciplines humanistes, une cause que défendra Léonard par la suite." 2.4 - Formation La seule éducation formelle que reçoit Léonard est un enseignement élémentaire centrée sur les mathématiques applicables au commerce d’une école d’abaque. Léonard est un élève distrait (car intéressé par trop de choses) et bon en géométrie. Gaucher (ce qui était considéré comme une étrangeté à l’époque), il écrit et dessine souvent de droite à gauche pour ne pas altérer ses notes. À ce propos, l’auteur remarque que certains passages des carnets de Léonard sont rédigés de cette façon : "Léonard écrit de droite à gauche sur certaines pages, de gauche à droite sur d’autres, et trace systématiquement ses lettres à l’envers, de gauche à droite. On ne peut les lire sans miroir". 2.5 - Verrocchio À 14 ans, Léonard est en âge d’apprendre un métier. Son père lui trouve une place d’apprenti chez l’un de ses clients, Andrea del Verrocchio. Verrocchio est un artiste et ingénieur polyvalent qui tient l’un des meilleurs ateliers de Florence. Orfèvre qualifié, il est immédiatement subjugué par le talent de l’adolescent.

L’atelier de Verrocchio

Walter Isaacson décrit, dans cette partie de la biographie de Léonard de Vinci, l’atelier de Verrocchio avec beaucoup de détails. L’atelier ressemble plus à une boutique de joaillier qu’à un studio d’art raffiné. Dans les logements au-dessus, vivent et mangent ensemble artisans et apprentis. On y "discute mathématiques, anatomie, dissection, antiquités, musique et philosophie". Le travail est collaboratif. Les objets et œuvres sont produits en grand nombre. Verrocchio est un maître plein de bonté. Aussi, nombre d’artistes restent vivre et travailler chez lui une fois l’apprentissage terminé. C’est aussi ce que choisit de faire Léonard. Ainsi, à 20 ans, Léonard devient maître peintre au sein de l’atelier. Il rejoint la confraternité des peintres florentins, la Compagnia di San Luca, "une sorte de club d’entraide ou de fraternité qui connaît un regain d’intérêt".

Les influences mutuelles de Verrocchio et Léonard

Walter Isaacson montre ensuite, à travers l’étude de diverses œuvres, l’influence de Verrocchio sur Léonard et vice versa. Nous apprenons d'abord que c’est Verrocchio qui initie Léonard à la géométrie, à l’harmonie dans les proportions et aux mathématiques dans la nature. L’auteur présente ensuite les nombreuses caractéristiques communes dans les peintures de Verrocchio et Léonard de Vinci : sourires enjôleur de ses personnages, boucles riches et fines, soin et détails anatomiques (muscles, veines), subtilités du mouvement dans une œuvre statique. L’auteur étudie avec détail Le David, sculpture de Verrocchio, comme exemple de ces influences mutuelles : on ne sait plus qui du maître ou de l’élève à influencer l’un et l’autre. Par ailleurs, le projet monumental d’installer un globe de deux tonnes au sommet du dôme de la cathédrale de Florence grave dans l’esprit du jeune Léonard "le sentiment que génie artistique et génie mécanique sont étroitement liés".  Enfin, les études de drapé que Léonard réalise chez Verrocchio l’encouragent à "développer l’un des ingrédients clés de son génie artistique : la capacité d’utiliser l’ombre et la lumière de manière à renforcer l’illusion de volume d’objets représentés en deux dimensions". Ainsi, c’est dans l’atelier de Verrocchio que Léonard développe ses deux techniques qui lui sont si singulières et dans lesquels il excelle :

Le clair-obscur, qui consiste à "utiliser les contrastes d’ombre et de lumière pour donner l’illusion du relief et du volume tridimensionnel aux dessins et aux peintures bidimensionnels".

Le sfumato, qui consiste à "estomper les contours et les bords afin de représenter les objets tels qu’ils apparaissent à l’œil nu, avec un pourtour adouci".

2.6 – Les premières œuvres connues de Léonard de Vinci En nous racontant l’histoire des premières œuvres connues de Léonard de Vinci, l’auteur nous montre ici comment ce dernier a fini par dépasser son maître.  

Le guerrier 

L’un des plus célèbres premiers dessins de Léonard est celui d’un guerrier romain de profil portant un casque ouvragé. Ce dessin est très probablement lié à une visite du duc de Milan à Florence racontée ici par Walter isaacson.

La vis aérienne

La vis aérienne (qui ressemble à un prototype d’hélicoptère) fait partie des premiers dessins de machines scéniques créées par Léonard pour amuser le public lors des nombreuses fêtes florentines. Homme de spectacle, Léonard se plaît déjà, dans ses créations, à combiner fantaisie et réalisme, art et ingénierie.

Paysage de la vallée de l’Arno 

Retrouvé sur un feuillet de ses carnets, il s’agit probablement du plus ancien dessin d’art connu de Léonard ; le dessin dépeint la nature d’été de Vinci en 1473.

Tobie et l’Ange 

Devenu maître peintre dans l’atelier de Verrocchio, Léonard prend part à cette œuvre collective. Il réalise le chien et le poisson de cette peinture. On y voit la puissance de la collaboration entre Léonard et son maitre. 

Le Baptême du Christ 

Cette peinture montre combien Léonard a fini par dépasser son maitre, notamment parce qu’il commence à utiliser la peinture à l’huile et sa technique si singulière du sfumato. L’auteur explique bien cette étape : "Avec le Baptême du Christ, Verrocchio passe de maître à collaborateur de Léonard. Il l’a aidé à étudier les éléments sculpturaux de la peinture, en particulier le modelé, ainsi que la manière dont les corps en mouvement se courbent. Mais Léonard, avec ses fines couches de peinture à l’huile translucides et transparentes et ses capacités d’observation et d’imagination, élève l’art à un niveau totalement différent. Des brumes de l’horizon lointain à l’ombre sous le menton de l’ange en passant par l’eau aux pieds du Christ, Léonard est en train de redéfinir la manière dont le peintre transforme et communique ce qu’il observe."

Annonciation et Madones 

En plus des collaborations de Léonard avec Verrocchio, Walter Isaacson décrit quatre autres tableaux. Ceux-ci ont été réalisés par Léonard de Vinci dans sa vingtaine d’années alors qu’il travaille toujours dans l’atelier de Verrocchio : 

L’Annonciation : avec cette peinture, nous comprenons que Léonard expérimente, à l’époque, la lumière, la perspective et la représentation de réactions humaines.

Deux petites peintures pieuses de la Vierge à L’Enfant : La Madone à l’œillet, aussi appelée Madone de Munich (son lieu de conservation actuel), et La Madone Benois, ou Madonna Benois. 

Portrait de Ginevra de’ Benci : c’est le premier tableau profane de Léonard ; on y retrouve des touches typiques de Léonard comme les "boucles de cheveux denses et lustrées", la "pose de trois quarts peu conventionnelle", un portait psychologique qui traduit des émotions cachées.

Chapitre 3 - Seul 3.1 – "Amore mascolino"

Les accusations de sodomie

En 1476, alors âgé de 24 ans, Léonard est accusé de sodomie avec un prostitué de 17 ans. L’accusation a été déposée dans un tamburo (une boîte destinée à recevoir les plaintes morales) de façon anonyme. À cette époque, ce genre d’accusations est grave. Une enquête est ouverte par les Officiers de la nuit (la brigade des mœurs de l’époque). Mais il se trouve que quatre autres personnes sont accusées. Parmi ces hommes, un est issu d’une famille haut placée liée au clan Médicis par le mariage. L’affaire est donc classée "à condition qu’aucune autre accusation ne soit formulée". Or, une nouvelle doléance est déposée quelques semaines plus tard. Celle-ci est encore anonyme et aucun témoin ne peut corroborer les faits. Les charges sont, encore une fois, abandonnées aux mêmes conditions.

L’homosexualité de Léonard

Sentimentalement et physiquement attiré par les hommes, Léonard n’a jamais eu de relation avec une femme. Il a exprimé plusieurs fois son dégoût pour les rapports hétérosexuels. Et l'on décèle, dans ses dessins, une fascination bien plus forte pour le corps masculin que pour le corps féminin. Mais Léonard semble bien vivre son homosexualité : il ne la cache pas (mais ne s’en vante pas non plus). Il n’a pas honte de ses désirs sexuels qui semblent plutôt l’amuser. Par ailleurs, Walter Isaacson explique que l’homosexualité n’est pas rare dans la communauté artistique à Florence ni dans le cercle de Verrocchio. Et bien que la sodomie reste un crime, l’amour gay est célébré dans des poèmes et chansons grivoises. Malgré cela, l’orientation sexuelle de Léonard contribue sans doute, selon l’auteur, à son sentiment d’être atypique.

Salaï

À cette époque, la relation la plus sérieuse de Léonard est celle qu’il entretient avec Atalante Migliorotti. Léonard enseigne la lyre à ce jeune musicien surnommé Salaï, le diablotin. Ce surnom se comprend aisément lorsqu’on lit sa description : "un jeune homme au visage d’ange mais à la personnalité infernale". Salaï accompagnera Léonard quelques années plus tard à Milan où il poursuivra une belle carrière musicale. La suite de cette biographie révèle qu’il restera aux côtés de Léonard presque jusqu’à sa mort. 3.2 - Sentiment d’abandon et de solitude Selon Walter Isaacson, Léonard se sent, à cette période-là, abandonné. Bien qu’entretenant de bonnes relations avec son père, Léonard a le sentiment d’être en décalage. Il n’arrive pas à trouver sa place et se considère comme un outsider : "Son père connaît de plus en plus de succès et a ses entrées dans le grand monde en tant que conseiller juridique des Médicis, des guildes les plus influentes et des églises. C’est aussi un modèle de masculinité avec sa maîtresse, ses trois épouses et ses cinq enfants. Léonard est, lui, marginal. La naissance de ses frères et sœurs renforce son illégitimité. En tant qu’artiste bâtard et gay accusé à deux reprises de sodomie, il sait qu’il renvoie aux autres l’image d’un homme différent, et c’est également ainsi qu’il se perçoit. Mais comme de nombreux artistes, il finira par faire de cette différence une force." 3.3 - Échec commercial, tableaux remarquables mais inachevés

Ouverture de l’atelier de Léonard

Léonard ouvre son propre atelier en 1477. Mais c’est un échec commercial. En cinq ans, il ne reçoit que trois commandes connues : une qu’il ne commencera jamais et deux qu’il abandonnera. Les voici :

Adoration des Mages : ce retable pour la chapelle du Palazzo della Signoria est la première commande de Léonard. Il a alors 26 ans. Léonard ne terminera jamais cette peinture ; et pourtant, elle deviendra l’une des peintures inachevées les plus influentes de l’histoire de l’art, nous dit Walter Isaacson, avant de rajouter : "L’Adoration des Mages résume le génie frustrant de Léonard puisqu’elle constitue une démonstration novatrice et incroyable de talent abandonnée une fois passé le stade de la conceptualisation".

Saint Jérôme : ce tableau remarquable, notamment pour sa dimension psychologique intense (peinture des émotions de dizaines de personnages) est le premier dessin anatomique de Léonard de Vinci. Il reste aussi inachevé (bien qu’ayant connu des rajouts vingt ans après par Léonard, lors de ses découvertes anatomiques par dissections).

L’étude de ces tableaux donne l’occasion à Walter Isaacson de souligner deux caractéristiques propres à Léonard de Vinci qui se retrouvent tout au long de sa carrière :

Celle de rarement finir ses œuvres ; Celle de toujours vouloir peindre ce qu’il appelle "les mouvements de l’esprit".

L’inachèvement de ses œuvres

Léonard de Vinci finissait rarement les œuvres qu’il commençait. Pour l’auteur, il y a deux raisons à cela :

C’était un perfectionniste : dès lors, il ne se sentait pas toujours de taille à terminer les projets colossaux qu’il s’imposait. Son idée de l’art était tellement élevée qu’il lui était impossible de l’exécuter parfaitement : "il voyait des défauts même dans ce qui, à d’autres, semblait être un miracle".

Léonard préfèrait la conception à l’exécution.

Toutefois, Léonard de Vinci ne laisse généralement pas de peintures inachevées "en les abandonnant purement et simplement". Il les perfectionne et les conserve parfois pendant des années pour leur apporter des améliorations. Il y a même beaucoup de peintures terminées (La Joconde par exemple) qu’il ne livrera jamais : il les emporte avec lui et les retravaille dès qu’il a de nouvelles idées. "C’est ainsi qu’il mourra entouré de certains de ses chefs-d’œuvre. Aussi frustrant que ce trait de caractère nous semble aujourd’hui, il y a quelque chose de poignant et de captivant dans le refus de Léonard de déclarer qu’un tableau est terminé et de le livrer : il savait qu’il en avait toujours plus à apprendre, qu’il avait de nouvelles techniques à maîtriser et que l’inspiration pouvait surgir à tout moment. Et il avait raison."

Les mouvements de l’esprit

Dans ses peintures, Léonard de Vinci cherche à traduire les mouvements du corps (moti corporali), mais aussi ce qu’il nomme les "atti e moti mentali", les attitudes et les mouvements de l’esprit. D’ailleurs, dans ses carnets, l’artiste écrit : "Un bon peintre doit principalement représenter deux choses : l’homme et l’intention de l’esprit. Le premier est simple à dépeindre au contraire de la seconde, qui doit être traduite par les gestes et les mouvements du corps." Léonard est, en effet, obsédé par la manifestation externe des émotions. Cela s’observe dans son art, mais aussi dans ses études anatomiques. Il cherche à savoir quels nerfs sont reliés au cerveau et ceux rattachés à la moelle épinière, quels muscles ils activent et quels mouvements faciaux sont liés entre eux. "Il tente même, en disséquant le cerveau, de déterminer la zone responsable de la connexion entre les sensations, les émotions et les mouvements", confie l’auteur. 3.4 - Désespoir Walter Isaacson termine le troisième chapitre de la biographie de Léonard de Vinci en évoquant les conflits intérieurs de l’artiste : sa mélancolie, voire son état dépressif, ses carnets des années 1480 pleins d’expressions de tristesse, voire d’angoisse. Chapitre 4 - Milan 4.1 - Diplomate culturel À 30 ans, Léonard de Vinci quitte Florence pour Milan. Il part dans une délégation diplomatique envoyée par Laurent le Magnifique (Laurent de Médicis) au duc de Milan. Léonard est, en fait, un cadeau diplomatique. Il a pour mission de se présenter au duc avec sa lyre, un instrument en argent (en partie) en forme de crâne de cheval créé par Léonard et dont il joue incroyablement bien. Walter Isaacson relate le voyage de la délégation diplomatique. Léonard est accompagné de Salaï (Atalante Migliorotti), son "compagnon". Tous deux ont dans l’idée de s’installer définitivement à Milan. Ils y resteront en fait 17 ans. 4.2 - La lettre de candidature à Ludovic Sforza Milan est une ville bien différente de Florence. C’est une cité-État dirigée par des personnages militaires qui ont pris le pouvoir par la force et se sont autoproclamés ducs héréditaires : les Visconti puis les Sforza. Lorsque Léonard arrive à Milan, c’est Ludovic Sforza qui règne sur la cité depuis son prestigieux château. Léonard lui écrit une lettre dans laquelle il ne mentionne ni ses dons de peintre ni ses dons de musicien (ceux pour lesquels il a été envoyé). Mais il y expose son expertise militaire, mécanique et ses compétences d’ingénieur. Il lui propose aussi ses services pour réaliser une statue équestre à la gloire du père de Ludovic. Léonard espère ainsi plaire à Ludovic Sforza qui se sait "sous la menace constante d’une révolte locale ou d’une invasion française". 4.3 - Ingénieur militaire Lorsqu’il vivait à Florence, Léonard a dessiné plusieurs inventions ingénieuses d’équipement militaire : un mécanisme permettant de repousser les échelles d’envahisseurs tentant d’escalader une muraille, un autre qui éjecte les ennemis parvenus au sommet des murailles, une machine de siège roulante et blindée qui permet d’installer un pont couvert par-dessus les fortifications d’un château, etc.. À Milan, Léonard de Vinci améliore toutes ces idées. Il invente des concepts novateurs de machines. Il imagine des engins militaires et armes ingénieuses comme un char à faux ou sa fameuse arbalète géante de 24 mètres d’envergure. Mais rien ne sera jamais construit. Le seul projet militaire livré par Léonard à Ludovic est une étude des défenses du château de Milan. 4.4 - La ville idéale À Milan, Léonard de Vinci développe aussi son intérêt pour l’architecture. Mais comme dans le domaine militaire, il crée des concepts novateurs qu’il ne réalisera jamais. Le meilleur exemple que nous décrit Walter Isaacson à ce sujet est celui des plans que Léonard a dessiné pour une ville utopique au début des années 1840 après qu’une peste ait emporté un tiers des habitants de Milan (propagation principalement liée aux conditions urbaines insalubres). Il s’agit là d’un "concept radical associant sa sensibilité artistique à ses visions d’urbaniste" : la création de nouvelles "cités idéales" entièrement neuves, à la fois saines et esthétiques. Pour cela : "Il s’appuie sur l’analogie classique entre le microcosme du corps humain et le macrocosme de la Terre : les villes sont des organismes qui respirent, qui sont parcourus de fluides et qui doivent éliminer une série de déchets. Quelques temps auparavant, il a commencé à étudier le sang et la circulation des fluides dans le corps. Dans son approche analogique, il envisage les meilleurs systèmes circulatoires selon les besoins urbains, du commerce à l’élimination des ordures." L’auteur de la biographie de Léonard de Vinci explique alors combien ce concept, comme de nombreuses autres idées de Léonard, est visionnaire. Mais justement, parce qu'elles sont en avance sur leurs temps, ces propositions sont difficilement applicables à la Renaissance. Et bien que pertinentes et géniales, elles ne convainquent pas Ludovic Sforza. Walter Isaacson termine en s’interrogeant : "Aurait-il appliqué ne fût-ce qu’une partie des plans de Léonard que la nature des cités aurait pu être totalement transformée, ce qui aurait pu réduire les épidémies de peste et changer le cours de l’Histoire." Chapitre 5 - Les carnets de Léonard

Walter Isaacson évoque ici la tendance naturelle de Léonard de Vinci à prendre des notes : "Il griffonne spontanément ses observations et ses idées, dresse des listes et dessine des croquis. Au début des années 1480, peu après son arrivée à Milan, il commence à prendre régulièrement des notes dans des carnets, une habitude qui l’accompagnera tout au long de sa vie. […] Il ne s’en sépare jamais et les utilise sur le terrain." Walter Isaacson a beaucoup étudié les carnets de Léonard de Vinci. Ceux-ci servaient à Léonard à consigner ses observations, surtout les scènes qui impliquaient des personnes et des émotions. L’auteur lit, dans cette habitude à noter, "l’enthousiasme d’un explorateur curieux et insatiable". Il y voit "un catalogue de ses nombreuses passions et obsessions". Presque tout y est, nous dit-il, à l’exception de révélations personnelles et intimes. Au total, plus de 7 200 pages de notes ont été conservées (soit probablement un quart de ce que Léonard a écrit). Dans cette partie de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson propose d’étudier une de ces pages de carnets pour observer la créativité du génie à l’œuvre. On remarque notamment que Léonard utilisait chaque petit recoin de chaque feuillet (le papier de bonne qualité étant cher). On y voit un enchevêtrement d’idées, parfois mystérieuses. Les dates sont rarement précisées. Les idées sont notées les unes à côté des autres sans lien apparent ou à des périodes très éloignées. Parfois, Léonard mentionne son intention d’organiser et de retravailler ces notes pour les publier. Mais finalement, termine Water Isaacson : "Comme en peinture, il commence à rédiger ses traités, les modifie et les améliore de temps en temps, sans jamais paraître se résigner à en divulguer une version définitive au public." Chapitre 6 - Amuseur de la cour 6.1 - Fêtes et spectacles

Léonard de Vinci rentre à la cour des Sforza en tant que créateur de spectacle

Contrairement à ce qu’il espérait en arrivant, Léonard de Vinci entre finalement à la cour de Ludovic Sforza non pas comme architecte ou ingénieur, mais comme créateur de divertissements. Ludovic Sforza organise fréquemment des fêtes. Ces spectacles sont devenus une véritable industrie à la cour : "Architectes, mécaniciens, musiciens, poètes, interprètes et ingénieurs militaires sont tous mis à contribution dans ce type d’événements. Pour Léonard, qui se retrouve dans chacune de ces professions, c’est le moyen idéal de se faire une place à la cour des Sforza." Le côté à la fois artistique et technique que demande la production de ce type d’événements plaît à Léonard (scénographie, costumes, décors, musique, mécanismes, chorégraphies, allusions allégoriques, automates et gadgets). Walter Isaacson décrit ici, avec détails, tout le génie de l’artiste dans ce domaine-là aussi. Les spectacles de Léonard de Vinci étaient, en effet, connus pour être éblouissants. Malheureusement, nous n’en avons aucune trace physique, regrette l’auteur.

Les mises en scène de Léonard de Vinci les plus emblématiques à la cour de Ludovic Sforza

Parmi les spectacles les plus emblématiques, Walter Isaacson cite le spectacle sons et lumières extravagant que Léonard de Vinci monte avec le jeune neveu de Ludovic Sforza, Jean Galéas Sforza : Le Bal des planètes. "La mise en scène de Léonard est un triomphe, et Le Bal des planètes lui assure une certaine renommée – plus en tout cas que sa carrière de peintre aux tableaux inachevés et que ses rêves d’ingénieur militaire. L’exercice lui plaît particulièrement. Ses carnets montrent son intérêt pour les mécanismes et les automates utilisés pour les changements de décor. Il est né pour jouer avec la fantaisie et la machinerie." L’auteur mentionne deux autres mises en scène :

Une qui montre bien l’attirance de Léonard de Vinci pour l’exotique et le terrifiant, "son affinité pour les démons étranges et les dragons". Il s’agit de la mise en scène réalisée lors du mariage de Ludovic Sforza et Béatrice d’Este.

Une comédie intitulée Danaé qui met en scène l’une des pièces les plus extravagantes de l’époque, pleine d’effets spéciaux et d’astuces mécaniques conçus par Léonard.

Finalement, pour Léonard de Vinci, la production de spectacles :

Est amusante. Plutôt bien rémunérée. L’oblige à donner vie à ses fantaisies et à aller au bout de ses projets : contrairement à la peinture, les spectacles sont programmés et doivent être prêts lors du lever du rideau. Impossible donc de procrastiner. L’amène à approfondir ses recherches scientifiques : par exemple, Léonard étudie les oiseaux pour concevoir des machines volantes avec ailes mécaniques. Stimule sa créativité artistique et scientifique : sa passion pour les gestes théâtraux se retrouve dans les peintures narratives réalisées durant cette période.

6.2 - Musique Initialement, Léonard est envoyé à la cour des Sforza pour ses talents musicaux. Aussi, lorsqu’il s’y présente, il apporte une version personnelle d’un instrument populaire à l’époque. Il s’agit d’une sorte de lyre en forme de crâne de cheval que Léonard tient entre ses mains comme un violon. Il l’a lui-même façonné. Walter Isaacson nous apprend qu’en fait, Léonard de Vinci a inventé de nombreux autres nouveaux instruments dans le cadre de ses activités de créateur de spectacle. À ce propos, il écrit : "Les inventions musicales de Léonard sont le produit de son instinct d’ingénieur et de son attirance pour le divertissement. Il invente des façons originales de contrôler les vibrations, et donc la hauteur et le timbre des sons produits par des cloches, des tambours et des cordes." Les carnets de l’artiste sont remplis de ce type de croquis. Mais l’instrument le plus complexe que Léonard ait imaginé, nous dit l’auteur, est la "viola organista", un hybride entre le violon et l’orgue. L’auteur souligne aussi le talent éblouissant de Léonard en chant et pour improviser un accompagnement à la lyre. 6.3 - Dessins allégoriques et grotesques Léonard est aussi un dessinateur talentueux. L’auteur de la biographie de Léonard de Vinci dépeint diverses créations artistiques dont deux séries de dessins particulièrement intéressantes.

Les dessins allégoriques

Cette série de dessins allégoriques a probablement été produite par Léonard pour illustrer des histoires racontées à l’assemblée à la cour. Pour Walter Isaacson, même s’ils représentent des personnes, certains de ses dessins sembleraient révéler les démons intérieurs de Léonard.

Les grotesques

Léonard de Vinci appelle cette série de drôles de portraits : "visi mostruosi", autrement dit "les visages monstrueux", ou ses "grotesques". Ces portraits caustiques associent la beauté et la laideur que Léonard sait si bien percevoir en toute chose. Ces petites caricatures (la plupart sont plus petites qu’une carte de crédit) ont vraisemblablement été réalisées comme des satires pour illustrer là aussi des récits drôles ou des performances présentés au château. 6.4 - Divertissements littéraires

Fables, contes, histoires drôles et jeux de mots

Léonard de Vinci est aussi un "causeur et un conteur d’exception" lance Walter Isaacson. En témoignent ses divertissements littéraires lus et déclamés à la cour. Walter Isaacson liste ici tout ce que Léonard de Vinci a créé dans ce registre lorsqu’il travaillait à la cour des Sforza : de nombreux contes moraux et fables, un bestiaire (ensemble de récits courts sur des animaux avec morale à la fin), des "prophéties" (énigmes courtes, questions pièges), jeux de mots visuels (cryptogrammes, pictogrammes et rébus avec message à décoder), des devinettes, facéties… Ces amusements littéraires sont pleins d’histoires drôles et de farces. Ils montrent aussi l’amour de Léonard pour les animaux.

Nouvelles et récits fantaisistes

Enfin, Léonard aime écrire des histoires qui mêlent réalisme et fantaisie. Dans ses carnets, des nouvelles, parfois sous la forme de lettres, décrivent des aventures et pays mystérieux. Walter Isaacson évoque deux de ces récits marquants :

La lettre à Dei, qui a vraisemblablement été joué lors d’une fête à la cour des Sforza. Cette nouvelle évoque un personnage ayant beaucoup voyagé et narrant ses histoires fabuleuses. "Les scènes apocalyptiques de destruction et de déluge anéantissant toute vie terrestre" que l’on retrouve dans ce récit est une thématique constamment revisitée par Léonard.

Un récit, composé d’une série de lettres écrites par un prophète et un hydraulicien sacré sultan de Babylone : en plus d’aborder une nouvelle fois le thème du déluge et de la destruction, il "illustre un rêve que caresse Léonard : devenir hydraulicien".

Selon Walter Isaacson, même si les histoires de Léonard de Vinci étaient écrites dans le but de divertir la cour, quelque chose de plus profond s’en dégage : elles nous permettent, pense l’auteur, "d’entrapercevoir les remous et les tourments de la psyché de l’homme derrière l’organisateur de spectacles". Chapitre 7 - Vie privée 7.1 - Beauté remarquable et grâce infinie À Milan, Léonard est réputé pour ses talents, mais aussi "pour son charme, sa stature athlétique et sa gentillesse". Quantité d’intellectuels de premier plan de Milan et de Florence font référence à Léonard dans leurs lettres et dans leurs écrits en des termes élogieux et cordiaux. Les divers témoignages réunis par Walter Isaacson le décrivent comme un génie inventif mais aussi comme un homme aimable, généreux, entouré d’amis, s’attirant l’affection de tous. Tous soulignent sa grande élégance, évoquant sa très longue barbe bouclée et ses tenues exubérantes mais toujours distinguées (ses vêtements sont colorés et il revêt souvent une cape rose qui lui arrive juste aux genoux). Léonard de Vinci est dépeint comme un homme qui ne possédait rien, mais qui était pourtant toujours entouré de serviteurs et de chevaux. On le dit "motivé ni par la richesse ni par les possessions matérielles". Il consacrait ainsi "bien plus de temps à apprendre qu’à se cantonner dans des activités lucratives". Enfin, l’auteur évoque l’amour de Léonard pour les animaux qui l’a conduit à être végétarien une grande partie de sa vie et à ne jamais porter "rien qui ait du sang ou qui permettent à quiconque de blesser un être vivant" (il s’habillait, par exemple, avec du lin). Aussi, le peintre Vasari qui l’a connu raconte : "Souvent, lorsqu’il passait devant un endroit où l’on vend des oiseaux, il sortait quelques volatiles des cages, les payait au vendeur et les laissait s’envoler pour qu’ils regagnent leur liberté perdue." 7.2 - Salaï Parmi les jeunes compagnons de Léonard, celui qui a le plus compté à ses yeux (de loin) est "un polisson surnommé Salaï". Ce dernier s’installe avec Léonard qui est alors âgé de 38 ans : "Salaï est plus qu’un aidant. Il est en fait l’assistant, le compagnon, le secrétaire et, probablement durant une période de sa vie, l’amant de Léonard." Salaï est décrit comme "voleur, menteur, têtu et cupide". Ses frasques sont à l’origine de chamailleries incessantes entre les deux hommes. Mais finalement, Léonard fait preuve de beaucoup de patience et tolère la conduite de Salaï pendant des années. 7.3 - Jeunes hommes et vieillards Walter Isaacson remarque ici une thématique qui revient régulièrement tout au long de la carrière de Léonard de Vinci : celle de la confrontation de la jeunesse et la vieillesse. On l’observe, nous dit-il, dans ses œuvres. Et particulièrement dans une série de dessins d’homme vieux et d’homme jeune face à face, dessins allégoriques du Plaisir et de la Peine : "Le jeune personnage incarnant le Plaisir ressemble à Salaï. Il se tient dos à dos avec le vieil homme qui représente la Peine. Ils sont entremêlés. Leurs corps fusionnent à mesure que leurs bras s’entremêlent. "Plaisir et Peine sont représentés sous les traits de jumeaux […]", écrit Léonard sur son dessin, "car l’un n’est jamais sans l’autre"." Chapitre 8 - Homme de Vitruve

8.1 - Un tiburio pour la cathédrale de Milan Dans ce huitième chapitre de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson raconte l’aventure d’un des dessins les plus célèbres de Léonard : L’Homme de Vitruve. Tout commence en 1487. Léonard participe au concours qui fait suite à l’appel à projet des autorités milanaises pour construire un tiburio (= une tour lanterne) au sommet de la cathédrale de Milan. Ce tiburio est une construction complexe : la structure est fragile et il faut respecter le style gothique de la cathédrale. De nombreux architectes ont déjà échoué. Les meilleurs artistes-ingénieurs-architectes de la Renaissance italienne sont candidats au projet. Ils décident de travailler en collaboration et partagent leurs idées. À cette occasion, Léonard se lie d’amitié avec deux d’entre eux : Donato Bramante et Francesco di Giorgio. Francesco di Georgio est un artisan aux multiples talents, allant de l’art à l’ingénierie. Le projet du tiburio de la cathédrale de Milan lui est finalement attribué. Léonard se retire du projet. Mais il ressort riche de cette collaboration : ensemble, ils ont créé des concepts et dessins intéressants "dont l’objectif est d’harmoniser les proportions humaines et celles des bâtiments religieux". 8.2 - Voyage à Pavie avec Francesco di Giorgio Lors d'un voyage à Pavie, en 1490, effectué pour un travail collaboratif, Francesco et Léonard commencent à échanger sur le traité d’architecture que Francesco est en train de rédiger. Francesco di Giorgio explique qu’il s’est appuyé sur le travail de Vitruve (un militaire de l’armée romaine de César devenu architecte) pour poser le principe directeur de son traité : "tous les arts et toutes les règles du monde sont dérivés d’un corps humain correctement constitué et proportionné". Francesco fait référence à l’analogie de Vitruve entre le microcosme - constitué par l’homme - et le macrocosme - constitué par la terre. L’évocation est puissante. Selon Vitruve : "Il en est de même des parties d’un édifice sacré : toutes doivent avoir dans leur étendue particulière des proportions qui soient en harmonie avec la grandeur générale du temple. Le centre du corps est naturellement au nombril. Qu’un homme, en effet, soit couché sur le dos, les mains et les pieds étendus, si l’une des branches d’un compas est appuyée sur le nombril, l’autre, en décrivant une ligne circulaire, touchera les doigts des pieds et des mains. Et de même qu’un cercle peut être figuré avec le corps ainsi étendu, de même on peut y trouver un carré : car si on prend la mesure qui se trouve entre l’extrémité des pieds et le sommet de la tête, et qu’on la rapporte à celle des bras ouverts, on verra que la largeur répond à la hauteur, comme dans un carré fait à l’équerre." Les descriptions des proportions du corps humain de Vitruve inspirent Léonard. Lui aussi en est convaincu : les proportions du corps humain sont analogues à celles d’un temple bien conçu et à celles du monde. 8.3 – Naissance du célèbre dessin de l’Homme de Vitruve

Léonard et ses amis commencent à dessiner un homme, bras et jambes écartés, au centre d'une église et de l'univers

De retour à Milan, lors d'un dîner, Léonard et Francesco parlent du travail de Vitruve à Giacomo Andrea, qui fait lui aussi partie du cercle d’architectes et d’ingénieurs rassemblés par Ludovic à la cour de Milan. Suite à cet échange, Giacomo dessine la proposition de Vitruve. Il en produit une version simple : un homme dans un cercle et un carré. Puis Léonard décide de créer sa propre version. Celle-ci se distingue des dessins de ses amis Francesco di Giorgio et Giacomo Andrea par "sa justesse scientifique" ainsi que par "ses qualités artistiques", affirme Walter Isaacson. Sur ce dessin, l’homme au regard intense et aux cheveux bouclés semble en mouvement, vibrant, énergique. Il dégage une impression de naturel et d’aise. Le célèbre dessin de l’Homme de Vitruve, symbole de l’harmonie entre l’homme et l’univers, est né !

Le symbole de l'humanisme universel

Pour Walter Isaacson, "ce chef-d’œuvre incarne l’association de l’humain et du divin" : "L’Homme de Vitruve de Léonard incarne un moment de l’Histoire où l’art et la science s’associent pour permettre aux esprits mortels de sonder les questions intemporelles sur leur identité et sur leur place dans le grand ordre universel. Il symbolise aussi un humanisme idéal qui célèbre la dignité, la valeur et la rationalité de l’humain comme individu. Dans ce cercle et ce carré, c’est notre essence que nous percevons à travers celle de Léonard de Vinci, nu entre terrestre et cosmique." Dans son Homme de Vitruve, Léonard associe de nombreux autres concepts et idées. Parmi ces concepts, Walter Isaacson cite :

Le défi mathématique de la quadrature du cercle, L’analogie entre le microcosme qu’est l’humain et le macrocosme qu’est la terre, Les proportions humaines découvertes lors de ses recherches anatomiques, La géométrie des carrés et des cercles dans l’architecture des églises, La transformation des figures géométriques, L’alliance des mathématiques et de l’art dans ce que l’on appelle "le nombre d’or" ou encore "la divine proportion".

8.4 - Collaboration L’auteur nous explique enfin que Léonard de Vinci se plaît à être entouré d’amis, compagnons, élèves, assistants, collègues et penseurs. L'Homme de Vitruve témoigne du fait qu'il aime collaborer et réfléchir avec les autres. Walter Isaacson écrit : "Sa réflexion [...] se nourrit non seulement de sa propre expérience ou de ses lectures, mais aussi de conversations avec ses amis et collègues. Pour Léonard comme pour la plupart des penseurs multidisciplinaires de l’Histoire, les idées sont avant tout affaire de collaboration." La cour de Milan, qui regroupe musiciens, artistes, architectes, ingénieurs, mathématiciens, chercheurs en médecins, scientifiques de tous bords, constitue un terreau idéal à Léonard. Il peut y apprendre sans cesse, satisfaire son insatiable curiosité, échanger autour d'idées et visions communes. Chapitre 9 - Le monument Sforza 9.1 - Résidence à la cour En 1489, Ludovic Sforza demande à Léonard de créer un monument. Il s’agit de la statue équestre à la gloire de son père qu’il s’engageait à ériger dans la lettre qu’il lui adressait sept ans plus tôt. Ce cheval de bronze devra être gigantesque. Cette nouvelle responsabilité, en plus des autres en tant qu’imprésario et organisateur de fêtes et de spectacles, assure à Léonard une place officielle à la cour. Léonard de Vinci devient peintre et l’un des quatre ingénieurs principaux du duc. "C’est la situation dont il a toujours rêvé", indique Walter Isaacson. Aussi, Ludovic Sforza lui fournit :

Un logement : des chambres pour lui et ses assistants ainsi qu’un atelier à la Corte Vecchia, un château du centre-ville. Un salaire généreux : pour compenser certains retards de paiement, le duc offre également à Léonard un vignoble près de Milan qui lui rapportera un petit revenu jusqu’à la fin de sa vie.

9.2 – Conception et coulage de la statue équestre La commande de la statue équestre à Léonard a pour but d’asseoir la légitimité de la famille Sforza sur Milan. C’est pourquoi celle-ci doit être la plus imposante possible. Il est prévu qu’elle fasse donc 7 mètres de hauteur. Léonard se lance d’abord dans la récolte de mesures précises sur l’anatomie des chevaux en procédant à des dissections. Léonard crée ensuite un moule puis une version du cheval en argile. Au moment du coulage du bronze fondu, l’artiste fait face à divers challenges. Ceux-ci nécessitent une vraie expertise des métaux et systèmes. Lorsqu’il parvient à solutionner ces problèmes, en 1494, Milan est aux prises avec les troupes françaises de Charles VIII qui sont en train d’envahir l’Italie. Les Sforza décident d’utiliser le bronze dédié à la statue pour confectionner trois canons. Canons qui ne serviront finalement jamais puisque les Français finissent par prendre Milan en 1499 très facilement. L’énorme cheval en argile est finalement détruit par les archers français qui s’en servent pour s’exercer au tir. Le moule, quant à lui, ne sera, malgré plusieurs demandes de rétribution, jamais rendu par les autorités françaises. "Le cheval de Léonard finit par rejoindre, bien malgré lui, les autres chefs-d’œuvre potentiels et les rêves avortés du maître…", conclut Walter Isaacson. Chapitre 10 - Scientifique Dans ce nouveau chapitre de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson développe quatre grandes caractéristiques propres à Léonard de Vinci. Il met en évidence que Léonard était un scientifique autodidacte, curieux, très observateur, qui travaillait en se basant sur la théorie et ses expérimentations et en utilisant beaucoup les analogies. 10.1 - Léonard, l’autodidacte À défaut d’éducation formelle et de savoir académique (il ne sait ni le latin ni le grec ancien), Léonard accumule des connaissances pointues en s’appuyant sur ses expériences et ses lectures (la technologie de Gutenberg vient d’arriver en Italie et les imprimeurs et maisons d’édition fleurissent). Sa bibliothèque regorge d’ouvrages scientifiques, poétiques, littéraires. Elle contient des livres sur la machinerie militaire, l’agriculture, la musique, la chirurgie, la santé, la science aristotélicienne, la physique arabe, la chiromancie, les vies de philosophes célèbres. Mais aussi, des traités d’art et d’architecture, des fables, des recueils de poèmes, des publications religieuses, des écrits consacrés aux mathématiques… En parlant de Léonard de Vinci, Walter Isaacson écrit : "Son appétit livresque est féroce et étendu. Mais il aime aussi puiser dans les cerveaux des autres. […] C’est ainsi que Léonard devient un disciple de l’expérience et de la connaissance. Plus important encore, c’est ainsi qu’il en vient à constater que la science progresse lorsque les deux dialoguent. Cela l’aide à comprendre que la connaissance naît du mariage de l’expérimentation et de la théorie." 10.2 - Léonard, le fin observateur et l’expérimentateur-né Léonard de Vinci, ajoute Walter Osaacson possède "l’œil de l’observateur, le recul du sceptique et la curiosité du scientifique". Ainsi, il observe les faits pour tenter d’en déduire des motifs récurrents et comprendre les forces naturelles à l’œuvre. Au fur et à mesure des années, son goût pour la lecture lui fait prendre conscience que l’expérience et la théorie sont, en fait, complémentaires. "Sa capacité de faire dialoguer l’expérience et la théorie fait de lui l’un des premiers exemples de la manière dont l’observation fine, la curiosité insatiable, l’expérimentation, la remise en question des dogmes et l’habileté à découvrir des correspondances entre les disciplines peuvent faire grandement progresser les connaissances." 10.3 - Léonard, maître en analogies "Un sentiment intuitif de l’unité de la nature permet aux yeux et à l’esprit de Léonard de bondir d’un domaine à l’autre et de percevoir des connexions." Voici, comme exemple parlant de son approche analogique, un extrait de ses carnets : "Toutes les branches d’un arbre, à quelque degré de hauteur qu’on les réunisse, sont égales à la grosseur du tronc. Toutes les ramifications des eaux, douées d’un mouvement égal, à chaque degré de leur longueur égalent la grosseur du fleuve, leur père." Cette règle porte toujours son nom : "la loi de Vinci". "Elle a été validée dans des situations impliquant des branches de largeurs limitées : la somme de la surface de la section transversale de toutes les branches situées au-dessus d’un point de ramification est égale à la surface de la section transversale du tronc ou de la branche immédiatement au-dessous du point de ramification." Léonard trouve également des similitudes entre la lumière, le son, le magnétisme et les réverbérations des percussions causées par un coup de marteau : tous rayonnent et se propagent souvent par vagues (autrement dit, par ondes). 10.4 – Léonard, insatiable curieux Léonard de Vinci possède "une curiosité omnivore, presque fanatique" indique Walter Isaacson. Cette curiosité se porte sur des sujets qui "n’intéressent pas le moins du monde les personnes qui ont passé l’âge de 10 ans" constate l’auteur. Il se demande, par exemple : Pourquoi le ciel est-il bleu ? Comment se forment les nuages ? Pourquoi ne voit-on qu’en ligne droite ? Qu’est-ce que le bâillement ? Quel est le nerf qui détermine le mouvement des yeux et fait que l’un entraîne l’autre ? Il s’intéresse à décrire la langue du pivert, la mâchoire du crocodile ou encore le placenta du veau. Cette curiosité insatiable s’accompagne d’un sens aigu de l’observation, "d’une intensité rare" précise l’auteur : "Son œil vif est l’allié de sa curiosité. Il est capable de fixer son regard sur des éléments qui passent inaperçus pour le commun des mortels. […] L’œil de Léonard est particulièrement habile à observer les mouvements." Dans ses carnets, Léonard de Vinci explique sa méthode pour développer ses talents d’observateur. Il dit scruter chaque détail de manière indépendante. Chapitre 11-12-13-14 – Oiseaux, arts mécaniques, mathématiques et nature de l’homme

Dans les chapitres suivants de la biographie de Léonard de Vinci (11, 12, 13, 14), Walter Isaacson explique, avec beaucoup de détails, toutes les découvertes, et tout ce qui a passionné Léonard de Vinci tout au long de sa vie et de sa carrière. Les travaux de Léonard sont tous très approfondis. Les domaines sont incroyablement variés (oiseaux, arts mécaniques, mathématiques, nature de l’homme…). Malheureusement, l’immense majorité de ces travaux n’a jamais été partagée publiquement. En fait, l’intention de Léonard y était souvent. Mais elle était dissipée par son intérêt bien plus fort pour la découverte des concepts que celui pour la réalisation ou la publication. Malgré cela, les recherches savantes du génie visionnaire ont fait avancer le monde. De nombreux experts en tous genres se sont inspirés de ses travaux pour élaborer des théories majeures et mettre à jour des découvertes innovantes. Il est impossible ici de mentionner la quantité incroyable de choses que Léonard a entreprises, mais en voici un condensé. Chapitre 11 - Les oiseaux et leur vol

L’ornithologie 

Léonard de Vinci explore l’anatomie des oiseaux, le mouvement du vent, les concepts de gravité et de densité. Il cherche à savoir comment les oiseaux manœuvrent leurs ailes. Après 20 ans d’étude, Léonard décide de compiler ses observations dans un traité dans le but de les publier (le Codex sur le vol des oiseaux, 18 folios). Mais celui-ci restera inachevé.

La possibilité de créer des machines volantes

Léonard associe ingénierie, physique et anatomie pour créer des machines volantes essentiellement destinées à ses mises en scènes au théâtre (vol humain autopropulsé, appareils à ailes mobiles, planeurs). "Malgré la beauté de ses représentations artistiques et l’ingéniosité de ses concepts, il ne parviendra jamais à créer une machine volante à propulsion humaine capable de décoller seule. Il faudra attendre 500 ans de plus avant que l’être humain ne réussisse cet exploit." Chapitre 12 - Les arts mécaniques

Les machines

La fascination de Léonard de Vinci pour le mouvement l’amène inévitablement à s’intéresser aux machines et aux humains qui sont, pour lui, des appareils conçus pour se mouvoir (avec des composants similaires comme les cordes et les tendons). Il dessine les éléments qui permettent ce mouvement pour mieux comprendre les fonctions et principes mécaniques et invente diverses machines.

Le mouvement perpétuel

Léonard comprend que "si l’on pouvait éliminer toutes les forces ralentissant un objet en mouvement, celui-ci pourrait se déplacer indéfiniment dans la même direction" (travaux qui annoncent ceux de Newton, 200 ans plus tard).

Le frottement

L’auteur décrit toutes les découvertes et conclusions impressionnantes de Léonard de Vinci à ce sujet (sur le rapport des facteurs de frottement, la lubrification, l’instrument de mesures de frottement, le principe de roulement, l’alliage de métaux pour réduire le frottement…). Toutes sont très avancées sur leur temps : "Encore une fois, Léonard a trois siècles d’avance sur son temps. […] À force de travailler sur des machines, Léonard développe une vision mécaniste du monde annonciatrice de celle de Newton. Il considère que tous les mouvements de l’univers – ceux de nos membres, ceux des pignons dans les machines, ceux du sang dans nos veines et ceux de l’eau dans les fleuves – répondent aux mêmes lois. Ces lois étant analogues, les mouvements dans un domaine sont comparables à ceux dans un autre domaine. On retrouve une logique, des motifs récurrents." Chapitre 13 – Les mathématiques

La géométrie 

Le sens de la géométrie de Léonard de Vinci l’aide à formuler les lois du fonctionnement de la nature. Il lui permet aussi de comprendre les lois de la perspective. Léonard partage son amour des formes géométriques et ratios harmoniques avec Luca Pacioli, un ami proche mathématicien à la cour de Milan, qui devient un excellent professeur pour Léonard. Luca publie un livre dans lequel il examine ce qu’il appelle "la divine proportion" (cette divine proportion est présente dans toutes les œuvres de Léonard). Léonard en réalise les illustrations mathématiques. Il dessine des variantes complexes des solides de Platon (comme le rhombicuboctaèdre, constitué de 26 faces, 8 triangles entourés de 18 carrés) et innove en les représentant de façon très réaliste (jeux d’ombres, arêtes apparentes).

Les transformations géométriques

Léonard est particulièrement intrigué par la façon dont les formes des objets changent lorsqu’on les déplace. Il s'intéresse aussi à la transformation des formes géométriques (passage d’un carré à un cercle d’aire identique ou d’un globe à un cube de volume équivalent).

La quadrature du cercle

Léonard est fasciné (et obsédé) par un concept hérité d’Hippocrate, mathématicien grec antique. Ce concept, c'est la lunule, une forme géométrique comparable à un quart de lune. "Hippocrate découvre un fait mathématique merveilleux sur cet objet : en créant une lunule par le chevauchement d’un grand cercle et d’un plus petit cercle, on peut dessiner à l’intérieur du plus grand des deux demi-cercles formés un triangle rectangle dont la surface est identique à celle de la lunule. C’est la première technique de calcul de l’aire exacte d’une forme courbe (un cercle ou une lunule) et de réplication de sa surface dans une forme à côtés droits (comme un triangle ou un rectangle)." Léonard prévoit de créer un traité sur le sujet intitulé De ludo geometrico (Du jeu de la géométrie). Il remplit des pages de carnets sur le sujet. Mais cet ouvrage ne sera, lui non plus, jamais publié. Par ailleurs, ces recherches amènent Léonard à vouloir absolument résoudre une énigme mathématique de l’Antiquité : la quadrature du cercle. Acharné, le génie entreprend de vains calculs frôlant l’obsession. Chapitre 14 - La nature de l’homme Ce chapitre ouvre les yeux sur la passion de Léonard de Vinci pour tout ce qui a trait à la nature de l’homme : l’anatomie, le crâne, les proportions humaines.

Les dessins anatomiques 

Léonard commence à étudier l’anatomie au début de sa carrière de peintre à Florence pour améliorer sa technique artistique. Il s’intéresse particulièrement au fonctionnement du système nerveux et comment sont traitées les informations visuelles, puis à la manière dont les tissus, les veines, les muscles et les nerfs doivent être représentés sous divers angles.

Les dessins de crânes 

En 1489, Léonard centre ses études anatomiques sur les crânes. Le cerveau humain est essentiel pour le peintre qui cherche, dans ses dessins et peintures, à représenter les émotions intérieures dans la gestuelle. Car c’est, en effet, le cerveau qui réceptionne et traite les informations visuelles et sensorielles puis transmet les réactions appropriées aux muscles.

L’étude des proportions humaines

Léonard se passionne pour l’analyse détaillée des proportions et mesures humaines. Il réalise quantité de dessins, de schémas, de descriptifs à ce propos. Voici un petit échantillon des notes de Léonard à ce sujet, partagé par Walter Isaacson dans "Léonard de Vinci - La biographie" : "L’espace entre la naissance du sommet du nez, là où commencent les sourcils, jusqu’au bas du menton équivaut aux deux tiers du visage. […] La plus grande largeur du visage correspond à l’espace compris entre la bouche et la racine des cheveux ; et c’est le douzième de la hauteur totale. […] Du haut de l’oreille au haut de la tête, la distance est la même que du bas du menton au conduit lacrymal des yeux. Et la même que la distance de la pointe du menton à celle de la mâchoire. […] Le creux des joues se trouve à mi-chemin entre le bout du nez et le sommet de la mâchoire. […] Le gros orteil est la sixième partie du pied si on le mesure de profil. […] La distance qui va de l’extrémité d’une épaule à l’autre équivaut à deux fois la face. […] [Du nombril] au commencement du pénis, il y a la longueur d’une tête." "La liste n’en finit pas" poursuit l’auteur. Léonard écrit aussi ce qui se passe lorsque chacune se meut : "Qui s’agenouille réduit sa taille du quart. […] Lorsque le talon est levé, le tendon et la cheville sont séparés de la largeur d’un doigt. […] Cette portion assise, qui va du siège au sommet de la tête, sera la moitié de la hauteur de l’homme additionnée de la largeur et de la longueur des testicules."

La mesure universelle de l'humain

En lisant ses carnets, nous comprenons la raison à cette obsession : Léonard y fait part de son intention de découvrir ce qu’il appelle l’universale misura del huomo, c'est-à-dire "la mesure universelle de l’être humain". Walter Isaacson clôt le chapitre ainsi : "Cette quête, qui constitue l’essence de son travail artistique et scientifique, définit sa vie." Chapitre 15 et 16 - Vierge aux rochers et portraits milanais Bien qu’employé au poste d’impresario, puis de sculpteur et enfin de consultant en conception d’églises par Ludovic Sforza, Léonard de Vinci reste peintre avant tout : "Il l’a été à Florence et le restera toute sa vie" déclare Walter Isaacson. Les 15e et 16e chapitres de la biographie de Léonard de Vinci sont alors consacrés à ses peintures les plus marquantes. Chacune d’entre elles contient une histoire captivante  racontée par Walter Isaacson avec beaucoup de talent : il retrace les commandes, les techniques employées par Léonard, ce que ce dernier a voulu exprimer, ce qui se passait à ce moment-là dans sa vie et les influences que ces événements ou apprentissages ont eu sur ses œuvres… Il serait beaucoup trop long de résumer toutes ces informations dans cette chronique, mais voici, ci-dessous, les tableaux en question.

La Vierge aux rochers

Ce tableau existe en deux versions :

Une est conservée au Louvre : ce tableau est "un exemple saisissant de la manière dont les connaissances scientifiques du peintre contribuent à la maîtrise de son art". L’autre est exposée à la National Gallery de Londres : dans cette version, la lumière y est utilisée d’une manière "jamais vue auparavant dans l’histoire de la peinture".

L’histoire de ce tableau est l’occasion aussi pour l’auteur de souligner l’importance du travail collectif dans l’atelier de Léonard. "Nous avons tendance à voir les artistes comme des créateurs isolés, enfermés dans leur mansarde, attendant patiemment que l’inspiration vienne. Mais comme le laissent transparaître les carnets de Léonard et le processus de création de son Homme de Vitruve, la création artistique est pour lui une affaire collégiale."

Le Portrait d’un musicien

Pour certains, il s’agit de Franchino Gaffurio, un ami de Léonard devenu chef du chœur de la cathédrale de Milan. Mais il semblerait plutôt que ce soit le portrait d’Atalante Migliorotti, dit Salaï, le jeune compagnon musicien de Léonard qui quitte Florence pour emménager avec lui à Milan.

Le portrait de Cecilia Gallerani, la Dame à l'hermine

Avec ce tableau, Walter Isaacson nous raconte l’histoire d’amour captivante et romanesque de Cecilia Gallerani, "une beauté de la classe moyenne milanaise" et de Ludovic Sforza. L’auteur nous apprend que le portrait de Cecilia, connu comme la Dame à l’hermine :

A été commandé par Ludovic au summum de leur relation, vers 1489, alors qu’elle était âgée de 15 ans. Est si vivant et chargé en émotions, qu’il est considéré, en Europe, comme pionnier : il introduit l’idée qu’il est possible, dans un portrait, d'exprimer les pensées de son sujet via sa posture et ses gestes. Walter Isaacson explique ici le talent que possède Léonard de Vinci pour cela :

"Léonard capture le récit d’un instant impliquant la vie intérieure des sujets et le monde extérieur à la peinture. Dans l’ensemble composé par les mains, les pattes et les yeux, dans le sourire mystérieux de la jeune femme, on distingue les mouvements du corps et de l’âme."

La Belle Ferronnière

Il s’agit probablement du portait de Lucrezia Crivelli, maîtresse officielle de Ludovic. Walter Isaacson étudie cette peinture en détail. Nous en retiendrons deux éléments essentiels :

L’ombre et la lumière

"Aucun peintre n’a jamais si bien capturé la façon dont les ombres et les éclats peuvent donner une apparence tridimensionnelle et un modelé parfait à un visage".

Le regard du personnage

Dans ce portrait, le maître continue d'expérimenter "l’ensorcelant regard qui poursuit le spectateur où qu’il aille". Les talents de Léonard en matière de perspective, ombres et modelé sont à l'origine de cet effet : "Les deux yeux nous examinent de manière indépendante, que l’on s’éloigne ou se rapproche du tableau, que l’on passe d’un côté ou de l’autre".

La Belle Princesse ou La Belle Milanaise

L’histoire de ce tableau est tout aussi passionnante que rocambolesque ! "Le portrait est une œuvre séduisante, mais pas renversante. […] Ce qui fait l’intérêt de ce portrait, c’est avant tout la quête menée par Silverman pour prouver son authenticité." Dans cette partie de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson relate, de façon palpitante, l'épopée de ce tableau, depuis sa mise aux enchères, en 1998, d’auteur et de sujet encore inconnu et vendu 18 000 US$, jusqu’à son authentification, en 2011, qui fit monter sa valeur à près de 150 millions de dollars. Pendant plusieurs années, les spécialistes ont cherché à savoir si La Belle Princesse était bel et bien un tableau signé Léonard de Vinci. Les années se sont écoulées, allant de rebondissement en rebondissement sur la question, sans que personne ne parvienne jamais à se mettre d’accord. C'est finalement, en 2011, que le mystère sera résolu. Après de multiples retournements de situations, on découvre que ce dessin faisait initialement partie d’un ouvrage relié, qu'il serait le portrait de Bianca Sforza, fille illégitime du duc, et qu'il serait bien peint de la main du maître. Depuis, certains continuent de douter de l'authenticité du tableau. Mais quel que soit le fin mot de l'histoire, nous dit l'auteur, ce qu'il est intéressant de retenir de cette aventure, ce sont les "émotions vives" et "surprises scientifiques" que génère un tel travail d'authentification. En somme, le récit de ce tableau met en lumière le "savant mélange de travail d’enquête, de magie technologique, de recherche historique et de flair de connaisseur" qu'il aura fallu pour authentifier cette création. Là aussi, tout est question d'interdisciplinarité et d'union des forces artistiques et scientifiques. Chapitre 17- La science de l’art

Walter Isaacson consacre ce chapitre de la biographie de Léonard de Vinci :

À la vision artistique de Léonard de Vinci. Aux techniques et procédés scientifiques singuliers et ingénieux employés par Léonard de Vinci dans ses œuvres.

17.1 – La peinture est art et science Pour introduire la vision qu’a Léonard sur l’art, Walter Isaacson retrace son succès lors d’un paragone (nom donné aux soirées de débats et discours intellectuels sur des sujets divers : mathématiques, art, philosophie…) organisé au château des Sforza en 1498. Ce soir-là, Léonard fait preuve d'un excellent talent d'orateur. Son argumentation souligne le lien entre l’art pictural, l’optique et les principes mathématiques de la perspective. Léonard veut élever le travail et le statut social des peintres. Il communique deux idées phares :

"La peinture est non seulement un art, mais aussi une science" : en effet, selon Léonard, il faut comprendre la perspective et l’optique pour pouvoir représenter des objets tridimensionnels sur une surface plane. En se fondant sur les mathématiques, on peut alors considérer la peinture comme une création aussi bien intellectuelle que manuelle.

"La peinture fait appel non seulement à l’intellect, mais aussi à l’imagination" : selon Léonard, la peinture est un acte créatif élevé qui nécessite d’associer observation et imagination.

La présentation de Léonard de Vinci est si impressionnante que le duc de Milan l’invite à en faire un traité. Une fois encore, ce traité ne sera jamais terminé pour être publié. C’est l’assistant héritier Francesco Melzi de Léonard qui publiera, en se basant sur les écrits de l’artiste, après sa mort, le Trattato della pittura (Traité de la peinture) de Léonard de Vinci et témoignera du discours de ce fameux paragone. 17.2 – Les techniques picturales de Léonard de Vinci : ombres , formes sans lignes, optique et perspective

Les ombres et formes sans lignes

Grâce à son sens de l’observation aigu, Léonard sait peindre habilement les gradations de tons de couleur, les ombres subtiles et les contours délicatement flous et enfumés des objets. Ces techniques de clair-obscur et de sfumato sont vraiment propres à Léonard de Vinci.

L’optique 

En étudiant l’optique (dissections de globes oculaires notamment), Léonard comprend, par exemple, qu’il n’est pas possible de "voir les véritables contours des corps opaques de façon très précise". Ses découvertes dans ce domaine influence grandement sa peinture.

La perspective

Pour Léonard, l’étude de la perspective est indissociable de la peinture et de l’optique. La plus grande découverte et contribution de Léonard dans ce domaine est ce qu’on appelle la perspective linéaire. Léonard va même plus loin et innove en décrivant ce qu’il nomme la "perspective aérienne" (qui explique comment les objets situés au loin deviennent moins distincts). Chapitre 18 - La Cène Walter Isaacson raconte la longue histoire personnelle et artistique qui se trame derrière la célèbre peinture narrative de La Cène. 18.1 - La façon excentrique de Léonard de Vinci de travailler Après nous avoir retracé l’histoire de la commande de cette peinture, Walter Isaacson décrit la façon excentrique de travailler de Léonard de Vinci et son habitude à procrastiner : "Un prêtre rapporte que Léonard "arrive aux aurores et grimpe sur l’échafaudage", puis "reste là, pinceau à la main, du lever au coucher du soleil, oubliant de boire et de manger, à peindre sans relâche". Certains jours, néanmoins, il ne peint absolument rien. "Il reste seul devant son travail durant une heure ou deux, à le contempler […]. Quand ses obsessions s'allient à son penchant pour la procrastination, [...] il arrive tout d'un coup au beau milieu de la journée, "escalade l'échafaudage, saisit un pinceau, donne une ou deux petites touches à l’un des personnages, puis repart soudainement". Les méthodes de l’artiste fascinent le public mais inquiètent Ludovic Sforza. À tel point que le duc finit par convoquer Léonard de Vinci. Au cours de leur échange, Léonard partage avec le duc son avis sur les ressorts de la créativité. Voici un passage du livre qui résume ses propos : "Léonard explique à son patron qu’elle [la créativité] requiert parfois d’aller lentement, de faire des pauses et même de procrastiner, car tout cela permet de laisser mariner les idées. L’intuition a besoin d’être nourrie. "Les hommes au génie ambitieux réalisent parfois leurs plus grandes œuvres lorsqu’ils travaillent le moins", explique-t-il au duc, "car leur esprit est accaparé par leurs idées et la perfection de leurs conceptions, auxquelles ils donnent ensuite forme"." 18.2 - Les multiples talents de Léonard de Vinci transparaissant dans La Cène La Cène est une œuvre extrêmement vivante. Elle illustre les réactions des apôtres, juste après que le Christ leur ait dit qu’il savait que l’un d’entre eux allait le livrer. Le spectateur peut déceler dans cette peinture nombre de talents de Léonard de Vinci. Walter Isaacson les reprend tous en détail :

Son don de représenter le mouvement, la gestuelle pour montrer les intentions de l’esprit, les moti dell’anima (mouvements de l’âme).

Les éléments de perspective :

Le point de fuite (front du Christ) vers lequel tendent et convergent toutes les lignes orthogonales ; Les tapisseries peintes de manière à s’aligner sur les tapisseries réelles de la pièce (illusion que le tableau est une extension de la pièce) ; La perspective complexe : des astuces optiques font que l’œuvre peut être observée de face, depuis un côté ou en marchant sans qu’elle ne paraisse déformée.

En fin de compte, résume l’auteur, "La Cène est un mélange de perspective scientifique et de licence théâtrale, d’intellect et de fantaisie digne de Léonard". Malheureusement, cette peinture s’abîme très vite (elle est en très mauvais état déjà 20 ans après sa réalisation). Au moins six tentatives de restauration de l’œuvre ont été réalisées au fil des siècles. La plupart n’ont fait qu’empirer les choses. Chapitre 19 - Bouleversements personnels Dans ce chapitre, Walter Isaacson développe deux passages marquants de la vie personnelle de Léonard de Vinci :

La mort de sa mère Caterina

Veuve et âgée d’une soixantaine d’années, la mère de Léonard meurt de la malaria. Mais dans ses carnets, Léonard n’exprime aucune émotion. Il n’écrit rien sur cet évènement et "se contente de prendre note des coûts liés à ses funérailles" révèle l’auteur.

Des difficultés professionnelles

"Quand il commence à peindre La Cène vers 1495, Léonard est au sommet de sa carrière. Depuis sa nomination officielle en tant qu’artiste et ingénieur de la cour des Sforza, il est confortablement installé dans l’ancien palais de Milan, la Corte Vecchia, avec sa suite d’assistants et d’élèves. Peintre renommé, il est aussi admiré en tant que sculpteur pour sa gigantesque statue équestre en argile, adoré comme organisateur de spectacles et respecté pour ses recherches en optique, aéronautique, hydraulique et anatomie. Cependant, sa vie bascule dans l’instabilité à la fin des années 1490, après la mort de Caterina et l’achèvement de La Cène." Walter Isaacson retrace ici tous les déboires professionnels que connaît Léonard de Vinci durant cette période, notamment :

Le manque de commande importante : Léonard doit, pour vivre, accepter de petites missions peu intéressantes. Plusieurs querelles à cause de commandes inachevées et de problèmes de paiement. Le bronze destiné au coulage de la statue équestre qu'il est en train de réaliser est réquisitionné (pour confectionner des canons et ainsi protéger Milan de l'invasion française). Il entre en conflit avec le duc qui lui reproche de ne pas avancer dans ses commandes, tandis que Léonard lui rappelle le retard de son salaire depuis 2 ans.

Finalement, quand Louis XII, tout juste couronné roi de France, prend Milan en 1499, Léonard de Vinci décide de quitter la ville. Dix-huit ans après son arrivée, Léonard de Vinci retourne chez lui, à Florence. Chapitre 20 - Retour à Florence

20.1 - Le retour Ce chapitre retrace d’abord le voyage de Léonard jusqu’à Florence. Lors de haltes à Mantoue et Venise, Léonard apporte son expertise militaire contre la menace d’une invasion ottomane. Il élabore notamment une écluse mobile en bois (jamais mise à exécution). Il a aussi l’idée d’un corps de défenseurs subaquatiques dotés de combinaisons de plongée. L’auteur raconte ensuite tout ce que la ville de Florence a traversé pendant l’absence de Léonard. Ainsi, lorsque ce dernier foule le pavé de Florence, il découvre une ville bien loin de l’avant-gardisme culturel qu’il y a connu. Un moine radical contre l’homosexualité, la sodomie et l’adultère, a fait jeter au bûcher tous les livres, œuvres d’art, vêtements et produits de maquillage (on l’appelle le "bûcher des Vanités"). Bien que l’opinion publique se soit retournée contre lui, l’ait pendu et brûlé, la confiance de Florence est ébranlée. Au lendemain de ces troubles réactionnaires, "son exubérance est tombée au plus bas et les finances de son gouvernement et de ses confréries sont à sec". Pourtant, Léonard entame, à son retour, la période la plus productive de sa vie. C’est en effet à ce moment-là qu’il commence à peindre La Joconde et La Vierge à l’Enfant avec sainte Anne, ses deux plus remarquables tableaux, ainsi qu’une image de Léda et le Cygne. Il travaille également comme ingénieur en proposant ses services pour la construction de bâtiments et d’églises structurellement complexes, et en servant les intérêts militaires de César Borgia. Enfin, il se plonge dans de nouvelles études mathématiques et anatomiques. 20.2 - La vie à 50 ans Walter Isaacson nous décrit Léonard de Vinci, à présent âgé de 50 ans, comme un personnage hors norme : "Plutôt que de se conformer aux usages, il met un point d’honneur à être différent ; il s’habille et se comporte comme un dandy. [...] Léonard s’assure que son compagnon, Salaï, âgé à l’époque de 24 ans, s’habille avec un panache similaire, habituellement aussi en rose et en vieux rose." Léonard vit confortablement. Il dépense autant pour se vêtir que pour s’instruire (il possède 116 ouvrages). 20.3 - Le portrait jamais réalisé d’Isabelle d’Este Dans ce chapitre, l’auteur de la biographie de Léonard de Vinci relate aussi l'histoire interminable du portrait d’Isabelle d’Este, belle-soeur de Ludovic Sforza, marquise de Mantoue, que Léonard de Vinci n'a jamais réalisé. Le long récit de Walter Isaacson sur cet épisode emporte le lecteur au coeur des liaisions tumulteuses et des enjeux de pouvoir de la Renaissance italienne. Mais il raconte surtout comment Isabelle d’Este s’est montrée extrêmement tenace et insistante pendant des années pour obtenir un portait du maître. Forte tête, mécène reconnue, la marquise a fait des pieds et des mains auprès de Léonard : missives, correspondances persévérantes, multiples propositions alléchantes, jusqu’à se déplacer en personne à Florence pour rencontrer Léonard. En vain, Léonard de Vinci n'honorera jamais cette commande. Selon l'auteur, celle-ci aurait pourtant pu être lucrative. Et il aurait pu en déléguer une grande partie à ses assistants. "Mais Léonard, même s’il n’est pas riche, se place au-dessus de cela" s'amuse l'auteur. Finalement, termine Walter Isaacson, cette histoire montre à quel point Léonard peut faire preuve de mauvaise volonté "quand il s’agit d’honorer des commandes qui l’ennuient". Il est révélateur de "son style dilatoire" et de "son attitude distante envers les patrons fortunés". Léonard de Vinci refuse de devenir le subalterne de qui que ce soit : "Peindre un tableau pour un patron insistant ne l’intéresse pas, et l’argent ne le motive pas non plus. Il peint des portraits si le sujet le séduit, comme dans le cas du Portrait d’un musicien, ou si un dirigeant puissant le lui demande, comme Ludovic l’a fait pour ses maîtresses. Ce ne sont pas ses clients qui choisissent l’air de sa chanson." 20.4 - Madone au fuseau L’auteur évoque enfin l’un des tableaux les plus influents de Léonard de Vinci : Madone au fuseau, livrée à la cour de France et abondamment copié. Ce tableau a fait l’objet de longs débats quand il a fallu identifier l’œuvre véritable du maître aux simples copies. L’auteur revient sur toutes ces discussions. Mais le plus intéressant dans cette histoire, nous dit-il, c’est de s’interroger sur la collaboration et le travail d’équipe qui s’était mis en place dans l’atelier collaboratif ouvert par Léonard à son retour à Florence. Chapitre 21- Sainte Anne Dans ce chapitre de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson retrace l’histoire, les différentes versions et étudie tous les détails picturaux d’un tableau majeur dans l’œuvre de l’artiste : La Vierge à l’Enfant avec sainte Anne ou la Sainte Anne, qui met en scène la Vierge Marie assise sur les genoux de sa mère. Selon Walter Isaacson, cette peinture "exprime l’aspect suprême de l’art de Léonard : la connexion spirituelle et l’analogie entre la terre et l’humain". De tous les tableaux du peintre, celui-ci est le plus complexe et le plus travaillé. Il est souvent considéré comme un chef-d’œuvre au même titre que La Joconde, "la surpassant peut-être même par la complexité de sa composition et des mouvements des personnages". Finalement : "Dans sa forme définitive, ce tableau combine la plupart des éléments du génie artistique de Léonard : une scène transformée en récit, des mouvements physiques répondant aux émotions ressenties, des représentations brillantes de la danse de la lumière, un délicat sfumato, un paysage conforme à la réalité géologique et une perspective portée par la couleur. Ce tableau a été désigné comme "l’ultime chef-d’œuvre de Léonard de Vinci"." Chapitre 22 - Peintures perdues et retrouvées  Walter Isaacson retrace, dans ce chapitre de la biographie de Léonard de Vinci, l’histoire de deux tableaux perdus de l’artiste. Il explique, en effet, que Léonard, comme la plupart des artistes-artisans de son temps, ne signait jamais son travail et que dans ses carnets, il ne mentionnait ni ce qu’il était en train de peindre ou de réaliser, ni les acquéreurs et lieu de conservation de ses œuvres. Les deux tableaux perdus dont Walter Isaacson fait référence ici sont :

Léda et le Cygne 

Walter Isaacson décrit ce tableau comme une célébration de la fertilité de la nature. Selon lui, il dépasse le champ de l’érotisme pour se centrer sur un récit axé sur la procréation, la naissance. L’auteur indique d’ailleurs qu’au moment où il commence à peindre Léda, Léonard adopte Francesco Melzi, auteur de la copie du tableau, qui deviendra son fils de substitution et son héritier.

Salvator Mundi (sauveur du monde)

Découvert en 2011, l’histoire de ce tableau rappelle celle de La Belle Princesse. L’auteur retrace le parcours entrepris pour parvenir à l’authentifier. Ce parcours est très révélateur du travail de Léonard. Chapitre 23 - César Borgia  Dans ce chapitre, Walter Isaacson raconte une période où Léonard de Vinci a travaillé avec César Borgia, connu pour être un guerrier cruel, "sociopathe" et impitoyable. 23.1 - Borgia, un guerrier impitoyable L’auteur relate d’abord comment César Borgia, assoiffé de pouvoir et de sang, fils illégitime du pape libertin Rodrigo Borgia, a pris le pouvoir en faisant poignardé son frère. Puis, il raconte comment Borgia envahit Milan en 1499 puis Florence en 1501 en s’alliant au roi de France Louis XII. Pouvant désormais traverser le territoire florentin, Borgia part à la conquête d’autres villes. Il embauche deux personnes pour l’aider dans ses négociations : Francesco Soderini ainsi que le fameux Nicolas Machiavel, de bonne éducation mais pauvre (fils d’un avocat ruiné), fin observateur, possédant "une plume exceptionnelle et à une fine compréhension des jeux de pouvoir". 23.2 – Léonard rentre au service de Borgia Léonard rejoint les services de Borgia sur ordre de Machiavel et des dirigeants de Florence en tant qu’ingénieur militaire et innovateur. À cette époque, Léonard n’a plus du tout envie de toucher un pinceau. Il endosse alors le rôle d’un homme d’action. Léonard de Vinci est accueilli à bras ouverts par "le guerrier le plus impétueux de l’époque". Léonard, Borgia, Machiavel et sa cour s’installent dans la ville fortifiée d’Imola entre Césène et Bologne. Borgia compte sur Léonard de Vinci pour parvenir à rendre cette ville encore plus imprenable qu’elle ne l’est. "Imaginez la situation", lâche l’auteur : "Durant trois mois de l’hiver 1502-1503, comme dans un film de fantaisie historique, trois des plus fascinants personnages de la Renaissance – le fils brutal et ivre de pouvoir d’un pape, un sournois et immoral écrivain-diplomate et un éblouissant peintre désirant ardemment devenir ingénieur – se terrent dans une petite ville fortifiée de cinq pâtés de maisons sur huit." C’est durant ce séjour à Imola, en compagnie de Machiavel et de Borgia, que Léonard conçoit une "nouvelle arme militaire", à savoir : des cartes exactes, détaillées et faciles à lire. Il réalise notamment un plan d’Imola, "qui peut s’assimiler à sa plus grande contribution à l’art de la guerre" affirme Walter Isaacson. C’est, selon ce dernier, "une œuvre magnifique d’utilité militaire au style novateur, qui combine, d’une manière inimitable, l’art et la science ". 23.3 - Le départ de Léonard des services de Borgia Mais Borgia ne cesse de commettre des actes de cruauté et d’horribles meurtres dans le but d’intimider la population. Après une série d’épisodes particulièrement barbares (dont l’une des victimes, Vitellozzo Vitelli, est un ami de Léonard qui lui avait prêté un livre d’Archimède), Léonard décide de quitter Borgia, après 8 mois passés à son service. Pour conclure sur cet épisode de la vie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson s'interroge sur les raisons qui ont amené le génie a travaillé avec un homme aussi impitoyable : "Pour quelle raison un homme qui inscrit dans ses carnets des aphorismes décriant le meurtre et dont la moralité personnelle le conduit à être végétarien accepte-t-il de travailler avec le meurtrier le plus brutal de son époque ? Ce choix reflète en partie le pragmatisme de Léonard. […] Léonard parvient à s’attirer les faveurs des bons acteurs au bon moment et sait quand il doit changer de camp. Ce n’est pas tout : même s’il sait se distancier de la plupart des événements de son époque, il semble attiré par le pouvoir." L’auteur explique aussi ce choix par la propension de Léonard à s’attacher aux hommes forts. Peut-être, disait Freud, parce qu’ils représentent "des substituts au père absent, bien que viril, de son enfance". Par ailleurs, Léonard, "qui vient tout juste d’avoir 50 ans, a rêvé durant plus de 2 décennies d’être ingénieur militaire", termine Walter Isaacson. Aussi, ce travail était pour Léonard une chance de vivre ses fantasmes militaires : "il la saisit avant de comprendre que les rêves peuvent tourner au cauchemar". Chapitre 24 - Léonard hydraulicien Ce long chapitre de la biographie de Léonard de Vinci est consacré aux travaux de Léonard de Vinci dans le domaine hydraulique. Au fil des pages, nous prenons conscience du génie hydraulique de Léonard ainsi que de sa fascination pour les phénomènes d’écoulement de l’eau. Dans les carnets de Léonard, une multitude d’esquisses et de descriptions de mécanismes et de techniques témoignent de tout ce travail de recherche et d’observation dans ce domaine. 24.1 - Le détournement du fleuve Arno Parmi les projets hydrauliques sur lesquels Léonard a travaillé, celui du détournement du fleuve Arno est un des plus conséquents. En proposant ce détournement aux autorités de Florence, Léonard leur soumet une stratégie politique et économique très audacieuse : Florence pourrait ainsi disposer d’un accès à la mer et reconquérir la ville de Pise "sans prendre d’assaut les murs de la cité ni brandir une quelconque arme". L’auteur rend compte du rôle décisif de Léonard de Vinci dans ce projet. On apprend, par exemple, qu’il est en mesure de calculer, de façon détaillée, la quantité de déblais à mouvoir et le temps nécessaire à cela (nombre d’hommes et de journées de travail), et qu’il crée un engin ingénieux en forme de grue disposant d’un système de rails. Mais finalement, la supervision des travaux est attribuée à un autre ingénieur. Ce dernier décide de ne pas suivre les plans imaginés par Léonard. Il opte pour une autre solution qui aboutit, comme l’avait présagé Léonard, sur un échec, allant même jusqu’à causer des inondations dans toute la région. L’idée initiale de détourner le fleuve est alors abandonnée. Léonard, de son côté, se lance dans un autre projet : la création d’une voie navigable entre Florence et la mer Méditerranée. Mais "probablement échaudées par le fiasco du projet de dérivation de l’Arno, les autorités florentines, à court d’argent, renoncent à s’engager dans un projet plus ambitieux encore, ce qui conduit Léonard à laisser de côté ses aspirations dans le domaine". 24.2 - L’assèchement des marais de Piombino Quelques semaines après l’abandon du projet de détournement, les autorités florentines sollicitent à nouveau Léonard. Ils lui demandent de bâtir une forteresse et d’assécher les marais entourant le château de Piombino. Léonard dessine alors des fortifications, des douves et passages secrets à utiliser en cas de complot. Il échafaude aussi un système complet, incluant une "pompe centrifuge", pour siphonner l’eau du marais. Mais le mécanisme, bien que parfaitement pensé en théorie, se révèle en définitive peu pratique. Finalement, tous ces chantiers imaginés par Léonard restent trop fantaisistes pour être mis en œuvre dans la réalité et ne seront donc jamais réalisés. Ils témoignent toutefois de l’imagination et de la capacité de Léonard de Vinci à "concevoir des projets qui repoussent sans cesse les possibilités techniques". Walter Isaacson conclut sur les talents d’innovation de Léonard : "Toute vraie vision exige une disposition à aller trop loin et l’acceptation de la possibilité d’échouer. L’innovation nécessite un champ de distorsion de la réalité. Les choses imaginées par Léonard ont souvent été concrétisées, bien que plusieurs siècles après leur conception. Les équipements de plongée, les machines volantes et les hélicoptères font aujourd’hui partie de notre quotidien. On assèche les marécages à l’aide de pompes et une autoroute a été construite le long du canal que Léonard a dessiné. Parfois, l’imaginaire devient voie d’accès vers le réel." Chapitre 25 - Michel-Ange et les Batailles perdues

Ce chapitre de la biographie de Léonard de Vinci retrace deux éléments importants de la vie de Léonard :

L’histoire de la fresque de La Bataille d’Anghiari, La rivalité de Léonard avec Michel-Ange.

25.1 – La fresque de La Bataille d’Anghiari pour l’Hôtel de ville de Florence La commande de La Bataille d’Anghiari aurait pu être la plus importante œuvre de la vie de Léonard de Vinci s’il l’avait terminée. Cette fresque célèbre la victoire des combattants de Florence sur le duché de Milan lors d’une bataille tentaculaire en 1440. Elle met en scène des combats impliquant des cavaliers et au corps à corps sur le tiers du mur de 53 mètres de l’imposante salle de réunion du Palazzo della Signoria, l’Hôtel de ville de Florence. Walter Isaacson relate le récit passionnant de la conception de cette œuvre et étudie tous les détails de cette peinture. 25.2 – La rivalité avec Michel-Ange La Bataille d’Anghiari est également importante dans la vie de Léonard de Vinci parce qu’elle l’amène à se mesurer à un jeune rival, choisi pour peindre une autre grande fresque dans l’entrée de l’Hôtel de ville. Ce rival, tant professionnel que personnel, est Michel-Ange. La saga relatée par Walter Isaacson dans ce chapitre met en lumière les styles contrastés des deux plus grands peintres du siècle.

Léonard de Vinci et Michel Ange : deux personnalités que tout oppose

Lorsque Léonard de Vinci revient de Milan, Michel-Ange est devenu le nouvel artiste en vogue de Florence. Les Médicis l’ont pris sous leur aile. Mais le jeune peintre a la réputation d’être querelleur, contrairement à Léonard. Il nourrit des rivalités avec beaucoup d’artistes et se montre particulièrement méprisant avec Léonard. "Michel-Ange, alors âgé de 25 ans, est un sculpteur reconnu mais irascible, au contraire de Léonard, alors âgé de 48 ans, qui est connu pour être un peintre génial et généreux entouré de nombreux amis et de jeunes étudiants." L’allure négligée et d’ascète de Michel Ange, au dos voûté, contraste avec celle de Léonard, beau, musclé, élégant, aux fourrures et vêtements colorés. Par ailleurs, contrairement à Léonard qui n’est pas catholique : "Michel-Ange est un homme pieux déchiré dans sa foi entre l’agonie et l’extase. Tous deux sont homosexuels, mais tandis que Michel-Ange en souffre et s’impose apparemment le célibat, Léonard n’éprouve aucun tourment et est ouvert à l’idée d’avoir des compagnons masculins."

L'approche artistique divergeante des deux artistes

Dans sa fresque, Michel-Ange met en scène une douzaine d’hommes musclés et nus. Léonard, qui n’a pourtant pas du tout pour habitude de dénigrer les autres peintres, critiquera à plusieurs reprises ces nus, reprochant à Michel-Ange de peindre comme un sculpteur. "L’approche divergente des deux artistes représente les deux écoles de l’art florentin : celle de Léonard, Andrea del Sarto, Raphaël, Fra Bartolomeo et d’autres, qui recourt volontiers à la technique du sfumato et du clair-obscur, et l’approche plus traditionnelle adoptée par Michel-Ange, Agnolo Bronzino, Alessandro Allori et d’autres, qui privilégient un dessin aux contours très nets." 25.3 - L’abandon du projet Au final, ni la fresque de Léonard ni celle de Michel-Ange ne seront jamais terminées. Léonard procrastine et peine à faire adhérer ses mélanges de peinture à l’huile au mur. Il finit par repartir pour Milan en laissant sa peinture inachevée. "Léonard est un perfectionniste", précise l’auteur : "confronté à des défis que nombre d’artistes auraient tout simplement choisi de ne pas relever, il ne peut se résoudre à les ignorer et préfère abandonner ses pinceaux". Michel-Ange, quant à lui, quitte également Florence pour Rome. Il y restera 10 ans et peindra, pendant cette période, le plafond de la chapelle Sixtine. Chapitre 26 - Retour à Milan 26.1 - Mort de ser Piero  Piero, le père de Léonard meurt à l’âge de 78 ans. Il ne lègue rien à Léonard. La relation entre Léonard et son père a toujours été complexe. Bien que Piero ait aidé son fils à obtenir diverses commandes picturales, Léonard n’a pas su toujours tenir ses engagements. Cela a sûrement généré des tensions entre eux. Piero, marié quatre fois, a eu 11 enfants de ses deux dernières épouses. La différence d’âge entre Léonard et ses demi-frères et sœurs (ils pourraient tous être ses enfants) fait qu’ils ne le considèrent pas comme un héritier familial potentiel. Aussi, lorsqu’il apprend que son père ne lui lègue rien, Léonard est perturbé. Car même s’il n’a pas délibérément décidé de déshériter Léonard, son père savait bien qu’après sa mort, ses biens seraient partagés entre ses fils légitimes uniquement s’il ne faisait rien en amont. Finalement : "Léonard est né illégitime, son père ne l’a pas reconnu quand il était enfant et, à sa mort, il le "délégitimise" un peu plus encore." 26.2 - Départ de Florence et adoption de Francesco Melzi En 1506, Léonard de Vinci déménage pour la deuxième fois à Milan. Sa décision de quitter Florence tient probablement à deux faits. D'abord, il ne semble pas vouloir continuer de "se démener pour sa scène de bataille" et "rivaliser avec un artiste plus jeune que lui et qui peint comme un sculpteur". Ensuite, il n'a probablement plus envie de vivre dans la même ville que ses demi-frères et demi-sœurs. Léonard restera 7 ans à Milan. C’est dans cette ville et à ce moment-là qu’il rencontre Francesco Melzi, âgé de 14 ans et fils d’un noble éminent, un ancien ingénieur civil, qui a aussi été capitaine de la milice milanaise. Étudiant en art, Francesco est un excellent dessinateur. Léonard passe alors beaucoup de temps dans la grande villa familiale de Francesco qui surplombe Milan. "Léonard, âgé alors de 55 ans, n’a ni fils ni héritier. Le jeune Francesco est un artiste en herbe doté d’un certain talent, dont la beauté douce rappelle celle de Salaï. Avec la permission de son père, Léonard l’adopte. […] Léonard devient une sorte de tuteur légal, parrain, père adoptif, enseignant et employeur du jeune Melzi. […] Francesco Melzi se tiendra aux côtés de Léonard jusqu’à la fin de ses jours. Il lui sert d’assistant personnel et de secrétaire, rédige ses lettres, tient ses papiers en ordre et les conservera après sa mort." On ignore la teneur exacte de la relation entre Francesco et Léonard (si elle est romantique ou sexuelle). Toujours est-il que," avec son talent, son efficacité et la constance de son tempérament, c’est un compagnon dévoué à Léonard, bien moins tourmenté et infernal que Salaï" précise l’auteur. 26.3 - Interlude florentin : bataille pour un héritage Alors qu’il vit à Milan, Léonard doit revenir à Florence pour régler un différend successoral avec ses demi-frères et demi-sœurs. Comme il n'a rien reçu à la disparition de son père, son oncle bien-aimé, Francesco de Vinci, modifie son testament avant de mourir. Il lui lègue son domaine. Après huit mois, le litige est résolu. Léonard rentre à Milan où il a hâte de retourner vivre. En effet, à Milan : "Charles d’Amboise s’emploie à créer une cour, à l’image de celle des Sforza, composée de peintres, d’amuseurs, de scientifiques, de mathématiciens et d’ingénieurs. Léonard en est le joyau le plus apprécié, car il incarne toutes ces vocations." Aussi, "au-delà de son bouillonnement intellectuel, Milan organise des défilés éblouissants et des festivités dépassant de loin celles de la république de Florence", indique Walter Isaacson. Et Léonard a, là-bas, tout le loisir de s’adonner à ses multiples passions (la géologie, l’eau, les oiseaux, l’optique, l’astronomie, l’architecture, le spectacle…). Chapitre 27 - Anatomie, deuxième période 

Dans le long chapitre 27 de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson expose avec grand détail toutes les découvertes et le travail réalisés par Léonard de Vinci dans les domaines de l’anatomie, ainsi que la manière dont il les a combinées à son art. Selon lui : "L’anatomie façonne l’art de Léonard, mais l’inverse est tout aussi vrai : ses compétences artistiques (sculpture et dessin) et en ingénierie sont transdisciplinaires et l’aident dans ses recherches en anatomie." Tous ces travaux anatomiques ne peuvent être développés ici tant ils sont nombreux. Mais dressons-en au moins la liste. 27.1 - Ses dissections De 1508 à 1513, Léonard de Vinci mène ses recherches avec un jeune professeur d’anatomie, Marcantonio della Torre, qui lui fournit des cadavres humains. Selon Walter Isaacson : "Léonard est aussi habile avec une plume qu’avec un scalpel. Ses dons d’observation et sa mémoire visuelle lui permettent de tracer des dessins surpassant tous ceux des traités d’anatomie publiés jusque-là." Parmi les anecdotes mentionnées par l’auteur, une est assez particulière : un jour, Léonard engage la conversation avec un vieil homme alors âgé de plus de cent ans. Lors de cette discussion, le vieillard explique à Léonard qu’il n’a jamais été malade de toute sa vie. Quelques heures après leur échange, le centenaire meurt : il s’éteint paisiblement sans aucun mouvement ni symptôme de malaise. Léonard disséquera son cadavre. 27.2 - Sa liste de tâches "bizarres" Parmi les tâches bizarres que Léonard tenait à accomplir, on retrouve, par exemple : décrire la langue du pivert (Léonard était fasciné par les muscles de la langue) ou encore celle de la mâchoire du crocodile. 27.3 - Ses analogies anatomiques "Dans la plupart de ses études sur la nature, Léonard élabore ses théories en procédant par analogie. Sa quête de connaissances dans toutes les disciplines des arts et des sciences lui permet de faire émerger des motifs récurrents." Ainsi, en ce qui concerne le corps humain, Léonard de Vinci établit diverses analogies. Il compare, par exemple :

Les flux et ramifications des systèmes digestif, urinaire et respiratoire humains avec l’écoulement des fleuves, les mouvements de l’air et les ramifications des plantes. Le corps humain et les machines : il met en parallèle le mouvement des muscles et du corps avec les règles mécaniques formulées pendant ses recherches en ingénierie.

En fait : "Cette pensée transdisciplinaire et cette recherche d’analogies sont sa marque de fabrique : Léonard est l’incarnation parfaite de l’homme de la Renaissance mais aussi un pionnier de l’humanisme scientifique." 27.4 - Ses études anatomiques

Les muscles et les os

Léonard se met à étudier les muscles humains d’abord pour servir son art, mais il le continuera ensuite par pure curiosité.

Les lèvres et le sourire

"Léonard voue un intérêt tout particulier à la façon dont le cerveau et le système nerveux humains traduisent les émotions en mouvements corporels. De tous ces nerfs et muscles connexes, ceux qui contrôlent les lèvres sont les plus importants aux yeux de Léonard" rapporte l’auteur.

Le cœur

Passionné par l’ingénierie hydraulique et fasciné par les flux et liquides, Léonard fait, dans ce domaine, des découvertes incroyables. "Léonard est l’un des premiers à véritablement comprendre que c’est le cœur, et non le foie, qui est au centre du système sanguin" déclare l’auteur. Pourtant, son travail ne sera apprécié à sa juste valeur que des siècles plus tard.

La valve aortique

Léonard de Vinci est le premier à comprendre comment fonctionne la valve aortique. Cette découverte ne sera confirmée qu’à l’époque moderne. Léonard a développé son hypothèse par analogie concernant le tourbillonnement du sang : "En mettant à profit ses connaissances sur les tourbillons d’eau et d’air, il suppose que le flux de sang descend en spirale dans l’aorte. […] Il faudra 450 ans aux anatomistes pour comprendre que Léonard avait raison."

Le fœtus

Léonard représente notamment le début de la vie dans un dessin emblématique retrouvée sur une page de ses carnets. Ce dessin montre un fœtus dans l’utérus. En plus d’être une bonne étude anatomique, il "touche au sublime" selon l'auteur, "comme le ferait plutôt une œuvre d’art". Il possède une dimension spirituelle. Lorsqu’il réalise ce dessin, Léonard est en train d’étudier la botanique. Léonard fait alors des analogies entre ses recherches en botanique et le fœtus : "Tout comme il a fait une analogie entre la ramification des plantes et des rivières et celle des vaisseaux sanguins, il remarque des similitudes entre la germination des semences et le développement des embryons humains. Les plantes ont une tige, appelée "funicule", qui relie la graine à la paroi de son ovule jusqu’à ce que la graine soit mûre, et Léonard se rend compte qu’elle remplit la même fonction qu’un cordon ombilical." 27.5 - Influence perdue Une fois de plus, Léonard de Vinci fait peu d’efforts pour partager toutes ses connaissances. Son intention de publier les conclusions de toutes ses études anatomiques est mise à mal par son désintérêt à organiser ses notes pour en faire un recueil. En fin de compte, la passion de Léonard pour la connaissance prend toujours le dessus : "Le trésor de traités qu’il n’a pas publiés témoigne du caractère inhabituel de ses motivations. Il veut accumuler des connaissances pour lui-même et pour son propre plaisir, plutôt que se faire un nom en tant que savant ou de faire progresser l’humanité." Chapitre 28 - Le monde et ses eaux Dans ce chapitre de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson détaille toutes les découvertes du génie scientifique concernant le monde et les eaux. 28.1 - Le microcosme et le macrocosme Au même moment qu’il étudie le corps humain, Léonard sonde également le corps de la Terre. Comme à son habitude, il effectue des analogies entre les deux. Voici ce qu’écrit Léonard dans un de ses carnets pour comparer le microcosme et le macrocosme : "Les anciens appelaient l’homme "petit monde", ce qui est assurément bien formulé. En effet, si l’homme est composé de terre, d’eau, d’air et de feu, le corps de la terre est de même. Si l’homme a en lui des os qui le soutiennent et une armature de chair, le monde a les roches qui supportent la terre, si l’homme a en lui le lac du sang, où croît et décroît le poumon dans la respiration, le corps de la terre a son océan qui, lui aussi, croît et décroît toutes les six heures avec la respiration du monde ; si dudit lac de sang dérivent les veines, qui vont se ramifiant dans le corps humain, de même l’océan remplit le corps de la terre d’infinies veines d’eau." Pour Léonard, cette relation entre microcosme et macrocosme comporte une composante spirituelle. Ce lien mystique entre l’homme et la terre se reflète dans nombre de ses chefs-d’œuvre. Par ailleurs, le fait de considérer la terre comme un organisme vivant amène Léonard de Vinci à explorer aussi comment elle vieillit et évolue. Il comprend enfin que la nature possède deux traits qui semblent parfois s’opposer : une unité que l’on retrouve dans ses schémas récurrents et ses analogies, mais aussi par une infinie et merveilleuse variété. 28.2 - L’eau Un des carnets de Léonard de Vinci - le Codex Leicester - montre de façon fascinante à quel point Léonard de Vinci a cherché à comprendre les causes et les effets qui régissent notre cosmos, et ce "de la mécanique de nos muscles au mouvement des planètes, du flux de nos artères à celui des rivières". Pour Léonard, la force la plus fondamentale sur terre et dans notre corps se situe dans les mouvements des fluides et, en particulier, de l’eau. C'est pourquoi l’hydrodynamique est au cœur de tous ses intérêts, qu'ils soient artistiques, scientifiques ou techniques. Dans cette partie, Walter Isaacson développe, de façon détaillée, toutes les études de Léonard de Vinci concernant l’eau. Ce qui le passionne avant tout, dans la dynamique de l’eau, ce sont ses perturbations : détournements, tourbillons, turbulences et vortex. Parmi des tas de découvertes, Léonard comprend, par exemple, que les tourbillons se produisent également dans l’air (la spirale). Il fait aussi une analogie du concept des vagues avec les émotions qui se propagent elles aussi sous forme d’ondes (les vagues d’émotion). 28.3 - L’analogie revue et corrigée L’auteur insiste ici sur la capacité de Léonard de Vinci à se remettre en question et son ouverture d’esprit. "Cette capacité d’abandonner ses idées préconçues est la clé de sa créativité" affirme l’auteur. Comme exemple, Walter Isaacson raconte que Léonard de Vinci abandonne sans problème l’idée pourtant séduisante de l’analogie entre la circulation de l’eau sur terre et la circulation du sang dans le corps humain lorsqu’il comprend que son analogie entre macrocosme (la terre) et microcosme (l’homme) est erronée. 28.4 - Phénomènes géologiques, astronomie et bleu du ciel Dans cette partie du livre "Léonard de Vinci - la biographie", Walter Isaacson met en lumière toutes les démonstrations et découvertes de Léonard de Vinci en géologie et astronomie.

Les phénomènes géologiques d’érosion et de fossilisation

L'auteur déclare que Léonard avait deux siècles d’avance sur ce sujet.

L’astronomie

Plusieurs dizaines d'années avant Copernic et Galilée, avant de découvrir que le Soleil ne tourne pas autour de la Terre, Léonard comprend déjà que :

Le soleil "est immobile" ; La Terre "n’est qu’un corps cosmique parmi de nombreux autres, et pas nécessairement le corps central" ; La Lune "n’émet pas de lumière mais renvoie la lumière du Soleil" (une personne sur la Lune verrait que notre planète réfléchit la lumière de la même façon).

Léonard a eu l'intention d’écrire un traité sur l’astronomie, mais cet ouvrage ne verra jamais le jour.

Le bleu du ciel

Léonard se penche sur cette question ordinaire et banale que personne ne s'est plus posée depuis son enfance, mais à laquelle les plus grands génies, d’Aristote à Léonard de Vinci, en passant par Newton, Rayleigh et Einstein, ont tenté d’apporter une réponse : pourquoi le ciel est-il bleu ? Léonard "confronte de nombreuses explications et finit par en trouver une solide, correcte sur le fond" : "L’azur qu’on voit dans l’atmosphère n’est point sa couleur spécifique. [...] L’atmosphère doit sa couleur bleue aux particules d’humidité qui captent les rayons lumineux du soleil" écrit le savant dans ses carnets. Chapitre 29 - Rome 29.1 - Villa Melzi En 1512, pour échapper aux troubles politiques (guerres d’Italie menées par la France), Léonard décide de quitter Milan. Il emménage à 30 kilomètres dans la maison familiale confortable de son élève et fils adoptif, Francesco Melzi, âgé de 21 ans. Ainsi, à la villa Melzi, Léonard peut s’adonner à ses passions très variées en toute quiétude. 29.2 - Portraits de Léonard

Pendant son séjour dans la villa Melzi, entouré de ceux qui constituent pratiquement sa famille, Léonard entre dans la soixantaine. Pour dresser le portrait de Léonard âgé de 60 ans, Walter Isaacson se base sur les portraits et croquis dessinés par Léonard lui-même. Plusieurs d'entre eux représentent un sage vieillissant, distingué, aux cheveux bouclés, longs et à la barbe tombante. Le plus célèbre et le plus beau de tous ces portraits est, selon Walter Isaacson, L’autoportrait de Turin. Bien que les personnages dessinés semblent toujours plus âgés que Léonard ne l’était en réalité (peut-être se dessinait-il tel qu’il s’imaginait devenir, suppose l’auteur), ces portraits mystérieux ressemblent énormément à Léonard. C’est pourquoi, tout le monde est presque certain qu’il en était le sujet, confirmant ainsi l’image que nous avons du maître : "Pris ensemble, ces dessins et ces tableaux scellent l’image de Léonard comme l’icône d’un génie barbu et d’un noble chercheur de la Renaissance, tout à la fois fougueux et distrait, passionné et mélancolique." 29.3 - À Rome En 1513, Léonard quitte Milan pour Rome. C’est une grande nouveauté. Il n’y a encore jamais vécu. Léonard s’installe avec Francesco Melzi, Salaï, et trois autres proches dans l’élégant palais d’été du pape, le Belvédère, sur les hauteurs de Rome, où des appartements lui sont attribués. Il y séjournera 3 ans. Le bâtiment héberge les favoris du pape Léon X et de son frère Julien de Médicis. Ce dernier est passionné d’art et de sciences, et c’est lui qui a proposé à Léonard de venir à Rome. Ainsi, grâce au mécénat de Julien, Léonard est à la tête d’une grande maisonnée d’assistants et d'élèves. Malgré les demandes alléchantes de mécènes avides d’art, Léonard n’a pas envie de peindre et ne peint donc pas. Il préfère étudier les plantes rares des jardins du palais et s’intéresse, à cette époque, aux miroirs. Fasciné par les procédés de fabrication des miroirs concaves, il décide d'en produire pour les garde-robes du pape et de Julien. "L’endroit est idéal pour lui. Légèrement à l’écart et isolés, mais abritant une cour d’artistes et de scientifiques, le Belvédère et ses jardins mêlent une architecture grandiose à des merveilles de la nature, dont une ménagerie, un jardin botanique, des vergers et un bassin à poissons." Un jour qu’il accompagne le pape Léon à Bologne, Léonard rencontre le nouveau roi de France, François 1er. Alors que l’influence de Julien se met à décliner, une nouvelle opportunité s’offre alors à Léonard… Chapitre 30 - Montrer la voie  Walter Isaacson développe ici les nombreuses questions qui se sont posées autour de deux tableaux. Ces derniers ont été réalisés tardivement plus par passion personnelle qu’en réponse à une commande. Ces deux tableaux représentent :

Le portrait de Saint Jean Baptiste, L’Ange de l’Annonciation et Ange incarné.

Chapitre 31 - La Joconde Le 31eme chapitre de la biographie de Léonard de Vinci de Walter Isaacson est entièrement consacré à la peinture la plus célèbre de Léonard de Vinci : La Joconde.

31.1 - L’apogée Léonard de Vinci commence à peindre La Joconde à son retour de service auprès de Borgia, en 1503. Après cela, il ne cessera jamais de travailler sur le tableau. La Joconde suit le maître à Florence, à Milan, à Rome, puis en France, où il y fera encore des retouches jusqu’en 1517. Mais Léonard ne livrera jamais le portrait et ne percevra jamais de rémunération pour celui-ci : "La peinture sera retrouvée dans son atelier à sa mort. Il est donc logique de considérer La Joconde comme une œuvre de la fin de sa carrière et de la voir, dans chacun de ses détails, comme l’apogée d’une vie dédiée au perfectionnement d’une aptitude à associer art et nature." Walter Isaacson cite Kenneth Clark pour mettre en avant le talent de l'artiste dans le célèbre portrait de La Joconde : "La science, les compétences picturales, l'obsession pour la nature, la clairvoyance psychologique sont toutes présentes et si parfaitement équilibrées que nous en sommes à peine conscients au premier abord". On y observe notamment :

La complexité des émotions humaines marquée par le mystère d’un sourire suggéré ; Les liens entre notre nature et l’univers qui nous entoure. Deux paysages s’entrelacent, indique l'auteur : "celui de l’âme de Mona Lisa et celui de l’âme de la nature".

L'auteur mentionne ici un autre tableau : le Portrait de Ginevra de' Benci, posant devant une rivière, le buste de trois quarts. Ce portrait, commencé au tout début de la carrière de Léonard de Vinci, dans l'atelier de Verrocchio, ressemble très étrangement à La Joconde qu'il entreprend quarante ans plus tard. La différence entre les deux oeuvres mettent toutefois en évidence les progrès de Léonard comme peintre, mais surtout la maturité qu’il a acquise en tant que scientifique, philosophe et humaniste. 31.2 - La commande La Joconde représente le portrait d'une femme de 24 ans, Mona Lisa, de son vrai nom Lisa del Giocondo ("Mona" est la contraction de Madonna, Madame en Français). C'est son mari, Francesco del Giocondo, qui passe commande à Léonard. À cette époque, le peintre repousse les suppliques incessantes d'Isabelle Este, un mécène bien plus riche et en vue. Il est, par ailleurs, très occupé par ses recherches scientifiques et rechigne à prendre un pinceau. Alors pourquoi Léonard accepte-il cette commande ? Selon Walter Isaacson, ce dernier se laisse probablement convaincre parce qu'il s'agit d'un client de son père, ami de la famille. Et puis surtout, il consent à peindre Mona Lisa parce qu'il est intéressé par son air mystérieux et son sourire charmant. Cerise sur le gâteau : la séduisante Mona Lisa n'est ni une noble célèbre ni la maitresse d'un noble. "Dispensé de répondre aux caprices ou de respecter les consignes d’un client puissant", cela lui laisse toute la liberté de peindre ce portrait comme il le veut. 31.3 - Mais est-ce vraiment Lisa ? De nombreux mystères et controverses entourent le tableau de La Joconde. Walter Isaacson nous fait part de deux zones d'ombre :

Il rapporte ici une autre version plausible attribuée au tableau de La Joconde : il s'agirait bien de Mona Lisa, mais le portrait aurait pu être commandé non pas par son mari mais par Julien de Médicis qui aurait pu entretenir une relation shakespearienne avec Lisa. Walter Isaacson raconte comment Julien, adolescent, aurait pu être l'amant transi de la jolie Lisa et aurait donc voulu ce portrait. Cette version expliquerait notamment pourquoi Léonard de Vinci n'a jamais livré le portrait de son épouse à Francesco.

Certaines personnes pensent qu'il existe en fait deux tableaux distincts : Mona Lisa et La Joconde (La Gioconda en italien). L'auteur explique les tenants et aboutissants de cette polémique, liée à des écrits au moment de sa mort notamment. Si cette hypothèse était juste, alors cela signifierait que La Joconde ne serait pas Mona Lisa. Néanmoins l'auteur de la biographie de Léonard de Vinci, qui a étudié la vie de l'artiste en profondeur et tous ses carnets, est formel : pour lui, aucun doute, La Joconde est bel et bien Mona Lisa, Lisa del Giocondo.

31.4 - Étude du portrait de la Joconde Walter Isaacson décrit, avec détail, chaque élément de peinture de La Joconde. Il développe :

Les yeux de La Joconde

Dans beaucoup d'autres portraits peints par Léonard, les yeux du sujet semblent suivre le spectateur dans son déplacement. Bien que Léonard de Vinci ne soit pas le seul à créer cet effet, il est tellement lié à lui qu'il est connu sous le nom de l'effet "joconde". "Placez-vous en face de l’œuvre et le sujet vous regarde ; déplacez-vous d’un côté à l’autre et son regard semble toujours être directement pointé sur vous."

Le sourire de La Joconde

Le sourire de La Joconde est, selon Walter Isaacson, l’élément le plus mystique et captivant de tous. "Jamais dans une peinture le mouvement et l’émotion, pierres angulaires de l’art léonardesque, n’ont été si entrelacés" affirme l'auteur. Puis, il précise qu'"à l’époque où il perfectionne le sourire de Lisa, Léonard passe ses nuits dans les profondeurs de la morgue". C'est, en effet, à la morgue que Léonard de Vinci, fasciné par l'anatomie du visage, cherche à savoir comment le sourire se forme. Il retire alors la peau de nombreux cadavres afin d'étudier muscles et nerfs. Léonard analyse les mouvements possibles de chaque partie du visage. Il recherche l’origine de chacun des nerfs contrôlant chaque muscle facial". Par ailleurs, grâce à ses études d'optique, Léonard comprend que : "Quand nous regardons un objet directement, il nous apparaît plus net. Quand nous le regardons avec une vision périphérique, du coin de l’œil, le même objet apparaît un peu brouillé, comme s’il était plus éloigné. Grâce à cette connaissance, Léonard est capable de créer un sourire insaisissable, qui se dérobe à celui qui veut trop le voir." Après avoir évoqué les copies de La Joconde et divers débats (comme celui de procéder ou non à un nettoyage de l'original pour révéler de nouvelles découvertes et lui redonner toute sa splendeur ), Walter Isaacson conclut, au sujet de La Joconde : "La Joconde devient le tableau le plus célèbre au monde non seulement en raison du battage médiatique et du hasard, mais aussi parce que les spectateurs ont su établir un lien émotionnel profond avec elle. [...] Lisa, assise sur son balcon avec en toile de fond l’éternité géologique, symbolise la méditation profonde de Léonard sur le sens de la condition humaine." Chapitre 32 - France 32.1 - Dernier voyage  "Léonard passe une grande partie de sa carrière à chercher des mécènes inconditionnellement paternalistes, encourageants et indulgents, en tout cas plus que son propre père ne l’a généralement été à son égard." Or, on se rend compte que "jusque-là, aucun des bienfaiteurs de Léonard ne s’est montré à la hauteur". Mais c’est lors de son voyage à Bologne, en 1515, aux côtés du pape Léon X, que Léonard va faire connaissance avec son dernier mécène, le plus dévoué de tous : François 1er, le nouveau roi de France. Le jeune roi de 21 ans vient de succéder à son beau-père Louis XII. Ce dernier était un grand admirateur de Léonard de Vinci. Il collectionnait ses œuvres. Après cette rencontre, François 1er, encouragé par sa mère, Louise de Savoie, ne cesse d’inviter Léonard à venir en France. Juste à ce moment-là, Julien de Médicis décède. Léonard entretient des relations compliquées avec le reste de la famille Médicis ("Les Médicis m’ont créé et m’ont détruit", écrit-il de façon cryptée dans un de ses carnets). Il accepte donc l’invitation du roi de France. Léonard a 64 ans lorsqu’il part de Rome, avec ses compagnons, pour rejoindre la cour du roi. C’est la première fois qu’il quitte son pays. Il sait que ce voyage sera sans doute le dernier. En chemin, le convoi fait étape à Milan où Salaï décide de rester. Il s’installe dans la maison et le vignoble que Léonard a reçu de Ludovic Sforza. Salaï rendra cependant visite à Léonard jusqu’à sa mort. Battista de Villanis, nouveau serviteur de Léonard, qui les accompagne, "remplacera rapidement ce dernier dans le cœur de Léonard". Melzi, quant à lui, poursuit la route avec Léonard. 32.2 - François 1er

Léonard de Vinci et François 1er : "des professeurs l’un de l’autre"

Le roi François 1er est un grand homme, charismatique et courageux. C’est aussi quelqu’un de bon, civilisé et cultivé (sa mère l’était aussi beaucoup). Amoureux de la Renaissance italienne, il aimerait la diffuser en France. François 1er possède aussi cette soif dévorante d’apprendre "dans des domaines aussi variés que ceux qui passionnent Léonard de Vinci". Il aime la poésie, la musique, la littérature,  les sciences, les mathématiques, la géographie et, l'histoire. Il sait parler l’italien, le latin, l’espagnol et l’hébreu. "Sociable et amoureux des femmes, il a une allure fringante et entretient une réputation de danseur gracieux, de grand chasseur et de lutteur puissant. Après quelques heures passées chaque matin sur les affaires d’État, il demande qu’on lui lise les grands auteurs de la Rome et de la Grèce antiques. Il monte également des pièces et des spectacles le soir. Léonard est une recrue parfaite pour sa cour." D’autre part : "François s’avère être le mécène idéal pour Léonard. Il admire le maître sans réserve, ne l’importune jamais pour qu’il finisse ses tableaux, encourage son amour de l’ingénierie et de l’architecture, l’incite à monter des spectacles et des fantaisies, lui offre un foyer confortable et lui verse une rémunération régulière. Léonard reçoit le titre de "premier peintre, ingénieur et architecte du roi", mais sa valeur aux yeux du roi réside dans son intelligence et non dans sa production. François a une soif insatiable de connaissances et Léonard est la meilleure source au monde de savoir empirique. Il peut former le roi sur pratiquement n’importe quel sujet, depuis le fonctionnement de l’œil jusqu’aux raisons pour lesquelles la Lune brille. À son tour, Léonard tire des enseignements de ce jeune monarque élégant et érudit."

François 1er, "complètement épris" de Léonard

Ainsi, les deux hommes s’apprécient et passent beaucoup de temps ensemble. François offre à Léonard une rémunération confortable, et ce quel que soit la quantité de tableaux qu’il produit. Il met à sa disposition le petit manoir du Cloux (qu’on appelle aujourd’hui le Clos Lucé), en brique rouge, dans la vallée de la Loire. La demeure est bâtie au cœur d’un hectare de jardins et de vignobles. Elle est reliée au château d’Amboise où vit François 1er par un tunnel de 500 mètres.  32.3 - La visite d’Antonio de Beatis Walter Isaacson raconte ici la visite du cardinal Louis Aragon, que reçoit Léonard en 1517, accompagné des 40 membres de sa suite. Parmi eux, Antonio de Beatis raconte la visite dans son journal. Léonard y est dépeint comme "le peintre le plus éminent de l’époque", admiré de ses contemporains. Le vieil homme est, selon lui, confortablement installé dans son manoir, "couvant les peintures qu’il aime et les exhibant comme des trésors personnels". Il souffre d’une paralysie de la main droite. Il ne peut donc plus peindre mais continue toutefois à dessiner et à enseigner, à Melzi notamment.  32.4 - Romorantin Le roi propose une dernière mission à Léonard : celle de concevoir un nouveau complexe de cité et palais pour la cour royale dans le village de Romorantin, à 80 kilomètres d’Amboise. Cette mission est parfaite pour Léonard. En effet, elle lui offre la possibilité de laisser libre cours à plusieurs de ses passions : l’architecture, l’urbanisme, l’hydraulique, l’ingénierie, et même l’organisation de fêtes et de spectacles. Mais finalement, le projet est abandonné en 1519 (année de la mort de Léonard). Le roi décide, à la place, de construire son nouveau château à Chambord, toujours dans la vallée de la Loire. 32.5 - Les dessins du Déluge Walter Isaacson évoque ici les 16 dessins du Déluge réalisés par Léonard de Vinci durant ses dernières années en France. Ces dessins, destinés à être exposés ou à accompagner la lecture d’un conte apocalyptique ont, selon l’auteur, une véritable puissance artistique. Oscillant entre réalité et fantaisie, ils sont "le produit de l’imagination enfiévrée et frénétique" du génie. Dans ces dessins, Léonard décrit le Déluge apocalyptique et les émotions des hommes confrontés à ce déchaînement. On y retrouve des éléments minutieux sur les courants et les tourbillons qui se forment dans l’eau lorsque celle-ci est détournée. "Les dessins du Déluge évoquent le récit de la Genèse, un sujet traité par Michel-Ange et beaucoup d’autres artistes au fil des ans. Léonard choisit de l’envisager différemment en ne faisant pas mention de Noé et d’aller bien au-delà du conte biblique en ajoutant à la mêlée des dieux grecs et romains." À aucun moment, dans ses écrits ou ses dessins représentant le Déluge, Léonard n’évoque la colère de Dieu. Il exprime davantage sa conviction que le chaos et la destruction sont liés au pouvoir de la nature. 32.6 - La fin

Le testament

Environ un mois avant son décès, Léonard commence à mettre de l’ordre dans ses affaires. Il fait rédiger son testament par un notaire. L’auteur précise les souhaits mentionnés par Léonard de Vinci dans ce testament. En voici les plus importants :

Ses demi-frères : Léonard leur lègue une somme en espèces conséquente et les biens dont il a hérité de son oncle Francesco, "réglant par-là probablement le litige qui les opposait" indique l’auteur.

Francesco Melzi : il est, en tant que fils légalement adopté, l’héritier de facto de Léonard. Nommé exécuteur testamentaire, il bénéficie de la majeure partie de la succession.

Battista de Villanis, son dernier serviteur et compagnon : ce dernier reçoit des droits sur l’eau et la moitié du vignoble qui lui ont été accordés à Milan par Ludovic Sforza, ainsi que tous ses meubles et ustensiles ménagers.

Salaï : Léonard, qui avait pris ses distances avec Salaï, lui laisse l’autre moitié du vignoble milanais. Mais fidèle à sa réputation, Salaï réussira à soutirer nombre de copies de peintures de Léonard, voire quelques originaux comme La Joconde et Léda et le Cygne.

La mort de Léonard de Vinci

Léonard de Vinci meurt à 67 ans à peine, le 2 mai 1519. L’image de la mort de Léonard de Vinci a été peinte par de nombreux artistes admiratifs. "Léonard de Vinci - La biographie" montre ici, comme exemple, le célèbre tableau de Jean-Auguste-Dominique Ingres, intitulé Mort de Léonard de Vinci : le tableau représente Léonard expirant dans les bras du roi. Cette scène est possible, nous explique l’auteur, mais pas attestée. "Voilà une scène finale sublime et à la hauteur du personnage : Léonard recroquevillé sur son lit de mort, blotti dans les bras de son puissant et généreux mécène, dans sa confortable demeure, entouré de ses tableaux favoris." Léonard est inhumé dans l’église du château d’Amboise, qui sera démolie au début du XIXe siècle. Ces probables ossements, retrouvés 60 ans après cette démolition, sont enterrés sous une dalle funéraire à la chapelle Saint-Hubert mitoyenne au château.  Chapitre 33 - Conclusion 33.1 - Génie

Un génie mais pas un surhomme pour autant

Pour l'auteur de la biographie de Léonard de Vinci, c'est incontestable, Léonard de Vinci est un génie : "À ce stade, j’espère que vous conviendrez que Léonard est un génie, l’un des rares personnages dans l’Histoire qui mérite indiscutablement ce titre ou, pour être plus précis, qui l’a gagné." Toutefois, les travaux laissés inachevés par Léonard de Vinci démontrent qu’il n’était pas surhumain pour autant. Pour l’auteur, cette caractéristique si présente et propre à Léonard de Vinci en dit beaucoup sur l’artiste :

D’abord, qu’il préférait de loin relever le défi de la conception plutôt que d’assumer la tâche de l’accomplissement.

Ensuite, qu’il se laissait porter par ce monde changeant, et il aimait cela.

Enfin, qu’il considérait son art, son ingénierie et ses traités comme un processus dynamique, qui pouvait toujours être amélioré au gré des nouvelles connaissances apprises et appliquées.

Ce qui fait de Léonard de Vinci un génie

Si Walter Isaacson qualifie Léonard de Vinci de génie, c’est pour plusieurs raisons. Léonard de Vinci a, dit-il, "entrevu ce que des innovateurs concevront des siècles après lui". Et "ce qui fait de Léonard un génie, ce qui le distingue de ceux qui ne sont qu’extraordinairement intelligents", affirme l’auteur, c’est :

Sa créativité, sa capacité d’appliquer l’imagination à l’intellect.

La facilité qu'il a de combiner l’observation avec la fantaisie : ceci lui permet de faire des "bonds inespérés pour relier le visible à l’invisible".

Sa nature universelle : il existe bien d’autres penseurs plus profonds ou plus logiques, plus pragmatiques, mais aucun n’a été aussi créatif dans autant de domaines différents. Beaucoup de génies le sont mais dans des disciplines précises (comme Mozart en musique ou Euler en mathématiques par exemple).

"Léonard est un génie, mais il représente bien plus : il incarne la quintessence de la pensée universelle, un homme qui cherche à comprendre toute la création, y compris la place que nous y occupons." 33.2 - Apprendre de Léonard Walter Isaacson termine sa conclusion en listant tout ce que nous pouvons apprendre, d’après lui, de la grande humanité et du génie de Léonard de Vinci. "Léonard est non seulement un génie, mais aussi un être d’une grande humanité - excentrique, obsessif, joueur et facilement distrait -, et c’est bien là ce qui le rend plus accessible. Il n’est pas doté d’un genre de maestria qui nous soit parfaitement inconcevable. Non. C’est un autodidacte qui par sa volonté a tracé son propre chemin vers son génie. Ainsi, même si nous ne serons probablement jamais capables de posséder tous ses talents, nous pouvons apprendre de lui et essayer de lui ressembler davantage. Sa vie est riche d’enseignements." Et voici donc ce que la vie de Léonard de Vinci nous enseigne selon Walter Isaacson :

Être curieux

La curiosité est vraiment le trait le plus distinctif et incroyable de Léonard de Vinci. Il s’intéressait à tout, tout le temps. Son parcours nous encourage à être, nous aussi, avide de connaissances. Pas forcément parce que c’est utile, mais plutôt comme une fin en soi, par pur plaisir.

S’émerveiller comme un enfant

Beaucoup d’entre nous cessent de se questionner sur les phénomènes du quotidien en devenant adultes. Il nous arrive d’apprécier la beauté d’un ciel bleu, mais nous ne nous interrogeons plus sur le pourquoi de cette couleur par exemple. Léonard, lui, s’en étonne toujours.

Observer

Léonard avait cette faculté incroyablement aigüe d’observation.

Commencer par les détails

Pour mieux observer quelque chose attentivement, Léonard note, dans un de ses carnets, qu’il faut procéder par étape, "en commençant par le moindre détail".

Imaginer des choses invisibles

La première activité de Léonard au cours de ses années de formation est de faire apparaître des acteurs, de mettre en scène des représentations et des pièces de théâtre. Les activités de Léonard, tout au long de sa vie, lui ont permis de cultiver sa grande créativité. La mise en scène de tous ces spectacles, par exemple, l’a amené à mêler ingéniosité théâtrale et fantaisie. Ainsi, il a développé une créativité combinatoire : il pouvait "voir voler des oiseaux, mais aussi des anges, rugir des lions, mais aussi des dragons".

Creuser chaque sujet, même le plus improbable

Léonard de Vinci approfondissait chaque sujet qu’il étudiait. Ses carnets sont remplis de notes qui montrent le plaisir que ce dernier prenait à aller au fond des choses (on y voit par exemple :169 tentatives de résolution de la quadrature du cercle, 730 résultats relatifs à l’écoulement de l’eau, une liste de 67 mots décrivant différents types de mouvements de l’eau, les mesures de chacun des segments du corps humain et le calcul de leurs relations proportionnelles...).

Se laisser distraire

Les quêtes passionnées de Léonard l'amènent à s’égarer sur des voies parallèles. Léonard étudie en profondeur tous les sujets qui retiennent son attention. Pour Walter Isaacson, c'est clairement cette posture qui a favorisé les multiples liens qu’il établissait entre les choses.

Respecter les faits

Lorsqu’il a une idée en tête, Léonard de Vinci la teste par l'expérience. Si son expérience montre que sa théorie n'est pas correcte, alors il l'abandonne et en cherche une nouvelle. Léonard était un précurseur car cette approche, qui se perd aujourd'hui, devint courante un siècle après, avec Galilée et Bacon.

Remettre au lendemain

En fait, quand il procrastine, Léonard ne fait pas rien : sa méthode consiste à réunir, dans un premier temps, tous les faits et toutes les idées possibles. Puis, seulement après cette étape, il fait mijoter cet ensemble d’ingrédients. Pour illustrer cette idée, Walter Isaacson cite ici Léonard de Vinci qui s'adresse au duc de Milan : "La créativité requiert du temps pour laisser mariner les idées et permettre aux intuitions de prendre forme. "Les hommes au génie ambitieux réalisent parfois leurs plus grandes œuvres lorsqu’ils travaillent le moins", explique-t-il, "car leur esprit est accaparé par leurs idées et la perfection de leurs conceptions, auxquelles ils donnent ensuite forme"." Par ailleurs, Léonard de Vinci est un grand perfectionniste. Dès lors, il préfère laisser tomber un travail plutôt que de réaliser quelque chose de "juste passable". "Jusqu’à sa mort, il emportera des chefs-d’œuvre tels que Sainte Anne et La Joconde lors de chacun de ses déplacements, dans l’idée qu’il aura toujours à y ajouter un nouveau coup de pinceau." Selon Walter Isaacson, Léonard de Vinci sait que "les vrais artistes attachent de l’importance à la beauté, même à celle des parties invisibles". L'auteur nous invite alors à faire comme Léonard de Vinci : parfois, il est bon de ne pas livrer un produit tant qu’il n’est pas parfait.

Adopter une pensée visuelle

Incapable de formuler des équations et des concepts mathématiques abstraits, Léonard de Vinci n'a pas le choix que de les visualiser. Il adopte donc une pensée visuelle pour ses études des proportions, ses règles de la perspective, son calcul des réflexions des miroirs concaves et ses méthodes pour changer une forme sans en changer la taille.

Éviter le cloisonnement

L'approche de Léonard de Vinci gomme la distinction entre science et art. Selon Walter Isaacson : "Léonard est un esprit libre qui flâne gaiement dans toutes les disciplines des arts, des sciences, de l’ingénierie et des humanités. Fort de sa connaissance de la manière dont la lumière frappe la rétine, il façonne la perspective de La Cène et, sur la page où il dessine ses vues anatomiques de la dissection des lèvres, il esquisse le sourire qui réapparaîtra dans La Joconde. Il sait que l’art est une science et que la science est un art."

Ne pas se contenter de ce que nous savons faire

L’auteur nous invite à nous imaginer en train de créer quelque chose de totalement inconcevable (comme Léonard l’a fait avec sa machine volante, la déviation du fleuve Arno) ou de résoudre un problème insolvable (comme Léonard l’a fait avec la quadrature du cercle). C’est une façon de brouiller les frontières entre imaginaire et réalité.

Créer pour soi-même, et pas seulement pour nos patrons

Léonard de Vinci ne veut dépendre de personne et rester libre de ses créations. En voici un exemple parfait : "La très puissante et richissime marquise Isabelle d’Este a beau le supplier, Léonard ne peindra pas son portrait. En revanche, il s’attaque à celui de la femme d’un marchand de soie, prénommée Lisa. Il le fait parce qu’il le veut, et il continue à y travailler pour le restant de ses jours, sans jamais l’expédier à son client."

Collaborer 

"Le génie est souvent considéré comme l’apanage de solitaires qui, retranchés dans leur mansarde, sont frappés d’une illumination créatrice", écrit Walter Isaacson. Même si cette idée est un peu vraie, elle ne l'est pas concernant Léonard de Vinci. Nombre de créations de l'artiste sont en effet issues de collaborations (comme la Vierge aux rochers, la Madone au fuseau et bien d’autres peintures). À tel point qu'il est difficile de savoir qui a peint quoi sur ces tableaux. Autre exemple : L'Homme de Vitruve. Ce dessin est ni plus ni moins que "le fruit d’un partage d’idées et de croquis avec des amis". Enfin, les oeuvres théâtrales de Léonard de Vinci ainsi que ses meilleures études anatomiques ont toutes été réalisées en partenariat (travail d'équipe à la cour du château des Sforza en ce qui concerne les spectacles et en partenariat avec Marcantonio della Torre en ce qui concerne les recherches en anatomie). Selon l'auteur de la biographie de Léonard de Vinci : "Le génie naît avec l’intelligence d’un individu. Il requiert une vision singulière. Mais sa réalisation implique souvent de travailler avec d’autres personnes. L’innovation est un sport d’équipe. La créativité est une entreprise collective."

Faire des listes incluant des choses bizarres

Les listes de tâches à accomplir tenue par Léonard témoigne de l'immense curiosité de Léonard de Vinci pour des sujets aussi improbables que variés.

Prendre des notes sur papier 

Walter Isaacson nous encourage à écrire, nous aussi, nos pensées sur des carnets : "Cinq cents ans plus tard, les carnets de Léonard sont là pour nous stupéfier et nous inspirer. Dans cinq décennies, nos propres carnets, seront toujours là pour étonner et inspirer nos petits-enfants, ce qui n’est pas le cas de nos tweets et de nos publications Facebook."

Rester ouvert au mystère 

Enfin, pour Walter Isaacson, Léonard de Vinci nous apprend que "tout ne doit pas nécessairement être tranché ou précisément défini". Laissons place à une part de mystère dans nos existences. Epilogue / Annexes Le livre "Léonard de Vinci - La biographie" comprend un épilogue qui mentionne :

Des informations que l'auteur a appris et nous transmet concernant la langue du pivert, avant de rajouter :

"J'ai pensé qu'après avoir lu ce livre, tel Léonard qui jadis inscrivit "Décris la langue du pivert" dans l'une de ses éclectiques et étrangement inspirantes listes de tâches à accomplir, vous aimeriez peut-être en savoir plus sur la langue du pivert. Par simple curiosité. Par pure curiosité."

Des informations sur les Carnets de Léonard : l'auteur indique leur noms, et pour chacun, où ils se trouvent, qui les possède et s'il est possible de les consulter.

Des dizaines de pages de sources utilisées par l'auteur et de notes pour compléter le récit déjà extrêmement bien documenté.

Conclusion de "Léonard de Vinci – La biographie" de Walter Isaacson Un livre extrêmement bien documenté et raconté La biographie de Léonard de Vinci que nous propose Walter Isaacson est probablement la plus dense (près 600 pages) et documentée (près de 50 pages de notes et sources) qu'il existe. Elle est aussi absolument captivante. Il faut souligner trois points.

Le talent narratif et journalistique de Walter Isaacson

L'auteur nous restitue le destin de Léonard de Vinci avec beaucoup de talent. Le livre se lit comme un roman avec un zeste de style journalistique, sous forme chronologique mais aussi thématique. Au fur et à mesure des chapitres, Walter isaacson offre au lecteur un voyage extraordinaire au coeur de la Renaissance italienne. C'est un récit captivant, rempli d'anecdotes détaillées, toutes sourcées et extrêmement bien documentées. Le style fluide et agréable rend la lecture facile, si bien que l'on ne sent pas défiler les 600 pages.

Une biographie complète, qui s'appuie sur des découvertes récentes

Ce livre partage une vue d’ensemble complète sur l’étendue du génie de Léonard de Vinci, depuis ses origines jusqu’à sa mort. La biographie de Léonard de Vinci de Walter Isaacson s'appuie sur les découvertes les plus récentes sur le sujet. Elle raconte les événements qui ont marqué la vie du maître, le contexte dans lequel il a vécu, ses travaux, ses collaborations, ses idées, ses oeuvres, son approche. La biographie de Walter Isaacson se base essentiellement sur les 7200 pages de notes griffonnées par Léonard de Vinci dans ses carnets. Mais elle s'inspire aussi des témoignages de son époque, d'autres biographies et études sur la vie de l'artiste. Cet ouvrage est une plongée dans l'esprit et le processus créatif de Léonard de Vinci.

La qualité des illustrations et parties annexes

Le livre "Léonard de Vinci - La biographie" est jalonné de nombreuses illustrations de qualité. Il commence et se termine par des annexes très pertinentes. Au fil des pages, l'auteur propose notamment :

Des extraits des carnets de Léonard (croquis, dessins, notes...), Des photos et analyses détaillées de ses peintures majeures, Une frise historique et biographique en images, Le récapitulatif des personnages clés de la vie de Léonard, Une liste d'informations concernant les carnets de l'artiste...

Ce que la biographie de Léonard de Vinci de Walter Isaacson peut vous apporter

Des connaissances et une riche culture générale

La biographie de Walter Isaacson est une lecture très longue, mais ne contient, pour autant, que très peu de répétitions. Elle nous mène de découverte en découverte tout au long des chapitres. Non seulement, l'ouvrage nous éclaire sur la façon dont Léonard de Vinci a marqué l'histoire de l'humanité, de l'art et des sciences, mais en plus, il nous enrichit de toutes les explorations de Léonard. Au final, c'est une lecture qui nous instruit à plein de niveaux : par ce qu'on y apprend en matière scientifique, artistique, technique ou encore historique.

Les enseignements de vie d'un homme de génie 

La vie de Léonard de Vinci est si exceptionnelle qu'il n'est pas possible de ne pas en ressortir avec des enseignements. Véritable polymathe, passionné et curieux, Léonard de Vinci s'intéresse à tout ce qui peut enrichir son savoir. Il sait faire des ponts entre les disciplines. Dans son dernier chapitre (conclusion), Walter Isaacson dresse une liste de tout ce que l'homme et cette approche peuvent nous apprendre. Pour cela, l'auteur analyse Léonard de Vinci dans sa dimension humaine. Il fait référence à ses qualités qui, mises bout à bout, combinées ensemble, ont produit un génie, mais évoque aussi ses défaillances. Léonard de Vinci est un homme de génie, passionné, autodidacte, marginal, extrêmement curieux, imaginatif et créatif. C'est un artiste, un scientifique, un ingénieur, un innovateur et bien plus encore qui a su compenser son manque de formation conventionnelle par un sens de l'observation et l'expérimentation permanente. C'est aussi un homme qui a su assumer sa différence (enfant illégitime, gaucher, homme homosexuel, végétarien). Il tient finalement sa force de la compensation de ses faiblesses. Une lecture exigeante mais très inspirante La biographie de Léonard de Vinci de Walter Isaacson est une lecture fabuleuse pour tous ceux qui s'intéressent à la vie de cet homme, mais aussi pour tous ceux qui se passionnent pour les vies extraordinaires. C'est un livre long mais qui mérite incontestablement l'effort de lecture. L'auteur saura, de toutes façons, vous emporter dès les premières pages... Points forts :

Un ouvrage très bien écrit, entre le roman et le documentaire journalistique, qui embarque le lecteur dans l'univers de la Renaissance italienne, de ses arts et de ses génies. Un livre très inspirant : par les belles personnes qu'on y découvre, l'ouverture d'esprit, la liberté artistique et philosophique de l'époque, et bien sûr par la vie incroyable de Léonard de Vinci. Des découvertes surprenantes sur le génie scientifique, précurseur et innovant de Léonard de Vinci. Les illustrations qui font du livre un précieux recueil sur la vie de Léonard, au-delà d'une simple biographie.

 Point faible :

À part la longueur de l'ouvrage qui pourrait décourager certains lecteurs, je ne vois pas de points faibles à mettre en évidence.

Ma note :                                       Avez-vous lu "Léonard de Vinci – La biographie" de Walter Isaacson ? Combien le notez-vous ? Visitez Amazon afin de lire plus de commentaires sur le livre de Walter Isaacson "Léonard de Vinci – La biographie" Visitez Amazon afin d'acheter le livre de Walter Isaacson "Léonard de Vinci – La biographie"

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Conquérant de l’impossible http://www.olivier-roland.fr/items/view/11691/Conqurant-de-limpossible

Résumé de "Conquérant de l’impossible" de Mike Horn : Dans "Conquérant de l’impossible", l'explorateur Mike Horn présente l’incroyable expédition qu’il a menée entre 2002 et 2004, un tour ducercle polaire Arctique en solitaire. Parti de Norvège, il a ainsi traversé le Groenland, le Canada, l’Alaska et la Russie avant de revenir à son point de départ, le cap Nord. Cette épopée entraîne le lecteur au cœur des territoires les plus hostiles du monde, où les températures, les conditions climatiques et les animaux sauvages laissent peu d’espoir aux hommes, surtout en plein hiver. Ode à l’environnement et à la solidarité, cet ouvrage est aussi un formidable manifeste pour le dépassement de soi.   Par Mike Horn, 2005, 397 pages. Titre en anglais : "Conquering the Impossible" Note : Les titres des chapitres du livre ont été conservés. Toutefois, les intitulés des sous-parties apparaissant dans ce résumé ont été créés pour synthétiser les étapes du récit à l'intérieur de chaque chapitre.   Chronique et résumé de "Conquérant de l’impossible" de Mike Horn

Prologue Dans cette introduction au récit "Conquérant de l’impossible", Mike Horn se trouve à Norme, en Alaska. Il est bloqué là-bas pour des raisons administratives : il attend l’obtention d’autorisations de la part des autorités russes pour continuer son expédition.  Nous sommes en octobre 2003 et il parcourt depuis quatorze mois le cercle polaire arctique.  "J’ai failli mourir dans l’eau glacée, j’ai senti les crocs des ours polaires contre mon visage, j’ai survécu à des températures de moins soixante ; j’ai fait des détours de mille deux cents kilomètres dans la nuit totale de l’hiver arctique, j’ai eu les doigts, la figure et même les poumons gelés, j’ai lutté cinq jours et cinq nuits, dans mon bateau crevé par un tronc d’arbre, pour atteindre les côtes du Groenland, avant de battre le record mondial de la traversée de ce pays, j’ai perdu tout mon équipement et j’ai commencé à brûler vif… et je n’en suis qu’à la moitié de mon voyage ! [...] Mais je peux bien avouer qu’au cours de ces quatorze mois, je n’ai trouvé le courage de surmonter certaines épreuves que parce que j’ignorais les souffrances qu’elles représenteraient. Maintenant que je le sais, je serais incapable de recommencer." À propos de son “métier”, il écrit : "Je suis aventurier de l’extrême comme d’autres sont libraires, profs ou charcutiers. Je récuse l’étiquette de surhomme qu’on me colle parfois. Je ne veux être – je ne suis – qu’un type ordinaire qui fait des choses sortant de l’ordinaire. Si j’ai un atout de plus que la moyenne des individus, c’est une détermination qui ne se laisse arrêter par aucun obstacle." Chapitre 1 - Trois doigts de glace

1.1 - Pourquoi Mike Horn souhaite-il réaliser le tour du cercle polaire arctique ? Dans ce premier chapitre de "Conquérant de l'impossible", Mike Horn explique les raisons qui l’ont poussé à réaliser le défi d’un tour du cercle polaire arctique. Il raconte qu’après son tour du monde à suivre la ligne d’Équateur, il recherchait une aventure à la même hauteur. "L’exploit physique ou sportif ne suffit pas à me motiver. J’ai besoin d’ouvrir une voie, de défricher de nouveaux territoires." Si l’exclusivité semble être l’un de ses principaux critères, la concurrence l’est tout autant : "En outre, de tous ceux qui ont tenté avant moi cet exploit, aucun n’a réussi. De toutes les raisons qui me poussent vers ce défi, celle-là est sans doute la principale." 1.2 - La préparation

La Traversée du Groenland avec Jean Troillet et Erhard Loretan

L’aventurier ne connaissant pas les conditions de grand froid dans le cadre d’une expédition, il participe à la traversée du Groenland avec Jean Troillet et Erhard Loretan. Il considère cette traversée comme une préparation à son futur défi. Il dit y avoir appris quantité de choses, mais avant tout la patience.  L'auteur de "Conquérant de l'impossible" raconte une anecdote plutôt cocasse lors de cette expédition : alors qu’il se trouve bloqué avec ses deux compagnons depuis deux semaines dans une tempête de neige au Groenland, Mike Horn est invité à une remise de prix pour ses exploits précédents. Les organisateurs souhaitent tellement sa présence qu’ils lui envoient un hélicoptère pour les secourir, lui et ses collègues. Le trajet jusqu’à Monaco (où se déroule le gala) est pris en charge par les organisateurs, et il se retrouve là-bas, encore équipé pour le Grand Nord. C’est à cette occasion qu’il va rencontrer de futurs sponsors, décisifs pour la suite. 

Les conseils de Borge Ousland pour une expédition en solo jusqu'au Pôle Nord

Pour pallier l’échec de la première expédition au Groenland, Mike Horn se met en quête du Pôle Nord, qu’il souhaite atteindre en solitaire. Il se tourne alors vers Borge Ousland pour tout connaître de l’expédition en solo dans le Grand Nord. Ce dernier lui enseigne, en quelques jours, toutes ses connaissances accumulées pendant ses années de pratique du Grand Nord. Mike Horn réalise alors que la condition physique qu’il lui a fallu pour traverser la jungle amazonienne "n’a rien à voir avec celle qu’exige une expédition polaire".

La confection du matériel d'expédition de Mike Horn

L'auteur de "Conquérant de l'impossible" retrace ensuite les étapes de la confection de son matériel sur mesures (traîneau, tente, chaussures, vêtements, skis... ). À quelques jours du départ, tout n’est pas prêt. Borge Ousland vient au secours de Mike Horn, allant jusqu'à lui donner ses propres chaussures, celles qui l'ont conduit au pôle.  Mike Horn donne ici un conseil précieux pour tous ceux qui désirent affronter le froid : pour maintenir une bonne température, il faut superposer les couches de vêtements et s’assurer que l’air circule bien entre ces différentes couches. En fait, "ce n'est pas le vêtement qui réchauffe le corps, mais le corps qui réchauffe le vêtement." Borge Ousland explique également à Mike Horn les rudiments du couchage : 20 secondes maximum pour monter la tente, une enveloppe isolante pour le duvet afin que la condensation ne gèle pas (il précise que dans de telles conditions, l’aventurier perd un litre d’eau par nuit), etc.  1.3 - Le départ vers le Pôle Nord en solitaire Le "conquérant de l’impossible" décolle en février 2002 pour tenter de rallier le Pôle Nord à pied depuis le cap Artechevsky, l’endroit sur Terre le plus proche du pôle. "Je prends pleinement conscience qu’à partir d’ici, je serai totalement seul face au défi que je me suis lancé. Jusqu’à présent, j’ai été aidé, entouré, financé, soutenu, porté par des gens qui ont cru en moi et y croient encore. Mais dès que cet hélicoptère aura emporté loin d’ici les derniers d’entre eux, ce sera à moi de jouer. À moi seul." Le départ de ses proches à cet instant est chargé d’émotions. Mike Horn décrit la conscience d’une mort éventuelle dans l’aventure qui l’attend. L’ensemble de son chargement pèse 210 kilogrammes : il doit donc s’habituer à tirer ce poids. Autre difficulté : l'explorateur se déplace quasiment à l’aveugle dans un paysage où la nuit s’étend toute la journée et les boussoles sont inutilisables.  "Les agressions climatiques que j’ai affrontées depuis mon arrivée à ces latitudes n’étaient rien à côté de la solitude que je découvre maintenant. Une solitude rendue plus oppressante encore par la certitude qu’ici, la moindre erreur sera fatale." 1.4 - Les épreuves d'une aventure aux conditions extrêmes

Tempête sur la banquise

S'ensuit alors le récit de ses premières quarante-huit heures bloqué sur la banquise : trouver le bon endroit et monter la tente, cuisiner alors que la tempête fait rage dehors, dormir par moins quarante degrés… Finalement, il embarque à nouveau à bord d’un hélicoptère venu déposer d’autres expéditeurs pour passer de l’autre côté d’une brèche rendue infranchissable par la tempête. Il apprendra peu de temps après que les autres équipages ont abandonné... "Mon salut vient sans doute de mon ignorance. Les autres ont affirmé, paraît-il, n’avoir jamais rencontré autant de brèches, ou vu un pack [tas de glace] aussi morcelé. Moi qui ne peux me référer à aucune précédente expédition, ces conditions me semblent normales… Je continue…"

L'accident 

Au bout de trois semaines de marche, c’est l’accident : alors qu’il traverse un passage délicat, la glace cède sous le poids de son traîneau. Il se retrouve plongé dans une eau à trois degrés, sans sa combinaison imperméable. Mais le plus dur est à venir : il doit se hisser hors de l’eau sans que son traîneau ne se retourne (il flotte) et se changer le plus rapidement possible pour ne pas geler.  "Mon premier réflexe est de ramasser des poignées de neige fraîche et de m’en recouvrir. Grâce à ses propriétés absorbantes, la poudreuse me "sèche" très vite et m’évite de geler complètement. À présent, il faut que je plante ma tente pour y emmagasiner un peu de chaleur et me changer dans cette bulle." Heureusement, plus de peur que de mal pour cet épisode ! Mike Horn peut reprendre dès le lendemain son expédition en vue du Pôle Nord.  "Dans un flash-back, je me revois dans la forêt vierge amazonienne. Mon objectif de départ était de la traverser. Puis, après que la morsure d’un serpent venimeux m’ait laissé cinq jours entre la vie et la mort, mon objectif a changé. Il est devenu : rester en vie… ensuite, traverser la jungle. Survivre. Ensuite, atteindre le pôle."

Rencontre avec un ours polaire

À quelques jours de son premier mois sur la glace, à proximité de la latitude 85° Nord, c’est la rencontre d’un ours un peu trop curieux que raconte Mike Horn !  "À présent, je perçois son souffle rauque… tout près de moi. Et brusquement, il est là ! Sa curiosité excitée par ma tente, cet objet aussi gros que lui venu d’une autre planète, il y enfonce son museau, histoire de sonder les intentions de l’extra-terrestre. Le mufle du monstre, imprimé dans le Nylon distendu, est à quelques centimètres de mon propre visage. J’ai l’impression de pouvoir compter ses crocs, derrière lesquels se trouve une demi-tonne de viande et de griffes."

Les doigts gelés de l'aventurier

Après avoir échappé aux griffes de cet ours polaire, Mike Horn se retrouve cette fois-ci, pris dans une tempête, à reculer. De nombreuses brèches s’ouvrent à proximité de son campement, dont l’une sous son traîneau ! Alors qu’il choisit de repartir en affrontant des vents de face et une température de moins soixante degrés, son lacet se défait… Équipé comme il l’est, lacer ses chaussures est un vrai défi. Et celui-ci va avoir de lourdes conséquences : "Pendant que je m’acharne en vain sur ce lacet, apparaissent les premiers signes annonciateurs de l’hypothermie : tremblements, nez et lèvres bleus… Je n’y arrive toujours pas. Tant pis : j’arrache mes moufles et les cale sous mes bras pour qu’elles conservent un peu de leur chaleur. [...] Avant que j’aie fini d’attacher mon lacet, mes doigts sont en partie gelés. Je renfile mes moufles, gelées, elles aussi." Il raconte alors les difficultés à monter sa tente et allumer son réchaud sans pouvoir utiliser ses mains. Ses mots décrivent la douleur et les enjeux d’un tel gaspillage d’énergie et de ressources.  "J’ai d’abord une réaction de désespoir à l’idée que je vais perdre mes doigts, alors que j’ai pourtant fait tout ce qu’il fallait pour ne pas en arriver là. Et puis, la volonté reprenant le dessus, je me dis qu’avec un peu de chance, je ne devrais pas y laisser plus de trois demi-phalanges."

Continuer coûte que coûte

Mike Horn décrit ensuite son quotidien avec des doigts gelés puis les coups de téléphones auprès de médecins spécialistes. L’affaire se médiatise, mais l’aventurier fait le choix de poursuivre son expédition, coûte que coûte. Il confesse :  "Avouons-le, je savais dès le début que ce genre de chose allait m’arriver. De même que je savais parfaitement qu’à un moment ou un autre, je tomberais à l’eau. Je n’ignorais qu’une chose : quand ? Il n’y avait là aucun penchant suicidaire de ma part, juste une sorte de fatalisme bien géré, une conscience acquise du fait que l’Arctique, autrement, ne serait pas l’Arctique." 1.5 - Le retour et l'amputation Mike Horn présente son expédition sous le prisme d'une grande leçon et fait part ici de ses introspections : "C’est à ce moment-là que le déclic libérateur se produit. Atteindre le pôle a été une obsession qui a dominé ma vie au point de me rendre aveugle à tout le reste. C’est pourquoi… je serai forcément déçu en atteignant mon but. J’ai l’impression qu’en posant le pied sur ce repère fatidique, je me viderai pour toujours de cette force qui m’a poussé jusqu’ici et fait relever tant d’autres défis." Il décide ainsi de rentrer, après quarante jours : "Je n’éprouve plus rien qu’une profonde déception, une tristesse irrésistible qui me fait monter les larmes aux yeux, pendant que défilent sous mes pieds les kilomètres de banquise que j’ai eu tant de mal à parcourir en sens inverse. Je suis malheureux, frustré, plein de colère : ce n’est pas normal ! Ce n’est pas de cette manière-là que les choses devaient finir ! [...] J’en arrive à penser qu’il aurait mieux valu que je meure sur la banquise." L'aventurier raconte sa prise en charge dans un vieil hôpital délabré de Russie, sa rencontre avec le maire de la bourgade, puis son rapatriement à Chamonix. Arrivé là-bas, il tente un traitement “de la dernière chance” pour éviter l’amputation. Malheureusement, quelques semaines plus tard, celle-ci a lieu : les médecins lui retirent les trois extrémités de ces dernières phalanges. Pour autant, il a pu garder ses doigts ! Le médecin lui interdit toute exposition au grand froid pour deux ans minimum, mais il commence l’expédition au cercle polaire arctique seulement quatre mois après. Chapitre 2 - Terra incognita  2.1 - Le départ imminent de Mike Horn pour son expédition autour du cercle polaire 

Préparation mentale et matérielle

Dès les premières lignes de ce second chapitre de "Conquérant de l’impossible", il est question du départ imminent de Mike Horn à l’assaut du cercle polaire arctique.  "Loin de m’avoir abattu, mon relatif échec dans ma tentative d’atteindre le pôle m’a enrichi d’une inestimable somme d’expériences, et d’un enseignement précieux : en apprenant à dire "stop !", j’ai fait un pas de plus vers la sagesse." L'explorateur développe à nouveau sa préparation matérielle. Suite à sa première expérience, tout est repensé pour être au plus près de ses besoins. Toute cette activité lui fait totalement oublier les blessures de ses doigts. "Je suis déjà là-bas" dit-il, "et je sens – je sais ! – que cet état d’esprit cent pour cent positif se répercutera au niveau physique" rajoute-il. Mike Horn présente le matériel qu’il utilise lors de ses expéditions pour ramener des images, mais aussi le seul moyen de communication qu’il prévoit d’emporter : des téléphones satellites. Aussi, pour cette expédition, il aura besoin d’un bateau aux caractéristiques, encore une fois, très précises. Comme chacune de ses expéditions mobilise des budgets importants, il donne des conférences pour compléter l’apport de ses sponsors.  "Certains me reprochent les risques que j’ai pris et ceux que je m’apprête à prendre. [...] Mais les risques font partie de mon métier, comme ils sont inhérents à d’autres professions."

Un départ bien entouré

Le départ vient enfin, le 4 août 2002 : Mike Horn s’apprête à s’élancer pour le tour du cercle polaire arctique, depuis le Nord de la Norvège. Il est entouré de ses proches, de ses amis, partenaires et sponsors.  "Le moment fort d’une expédition n’est pas l’arrivée, mais le départ, qui est l’aboutissement de tant d’efforts. [...] Pour moi commence l’aventure. Pour eux l’attente." À travers ces mots, le "conquérant de l’impossible" souligne toute la force de son entourage. Car Mike Horn n’est pas isolé : c’est toute une équipe qui le suit, l’épaule et le soutient dans ses projets.  2.2 - L'aventure polaire commence !

Le choix de faire le tour du cercle polaire arctique à contrevents et à contre-courants

L’objectif de cette nouvelle expédition est de rester entre les 66° et 76° de latitude (Nord). C'est un choix que l'aventurier explique ainsi : "Si j'ai choisi de faire ce tour du cercle polaire arctique à contrevents et à contre-courants, c’est pour une raison toute simple : en cas de réussite dans le sens le plus favorable, j’aurais passé le reste de ma vie à me demander si, dans l’autre…" Entre la Norvège et le Groenland, Mike Horn subit une avarie sur son bateau : un tronc d’arbre a percuté la coque au niveau de la poupe et de l’hélice et la cale se remplit d’eau. Heureusement, il réussit à colmater la fuite, alors qu’il se trouve déjà dans une zone rendue dangereuse par les icebergs qui s’y déplacent. Après un passage par Angmagssalik où, avec l’aide d’une partie de son équipe, il répare le bateau, il commence enfin sa traversée du Groenland à pied. Cette partie représente sept à huit cents kilomètres.

"Sans coéquipier pour prendre le relais et m’ouvrir la piste, je me fraie péniblement un chemin dans une neige dont l’épaisseur varie cent fois par jour." L'auteur de "Conquérant de l'impossible" raconte une anecdote selon laquelle, pour traverser la banquise, il a dû demander une autorisation pour deux personnes : en théorie, il est interdit de tenter cet exploit seul, au vu du danger… Les crevasses constituent l’un des risques majeurs. 

Battre le record de la traversée du Groeland : objectif atteint !

Aussi, Mike Horn s’est fait créer un système de cerfs-volants pour optimiser ses déplacements et faciliter le tractage de son traîneau. Tout cela dans l’objectif de battre le record de la traversée du Groenland. Grâce à ce système, il parvient, certains jours, à dépasser les cent kilomètres. Malheureusement, celui-ci peut aussi se révéler dangereux : Mike Horn en fait les frais à deux reprises. D’abord, lorsqu’un soudain vent violent l'a traîné sur plus de trois kilomètres sans qu’il ne puisse plus rien contrôler, puis lorsqu’il s’est arrêté au beau milieu d’un champ de crevasses, dont la plus grosse qu’il n’ait jamais vue à seulement quelques mètres de lui.  Et puis, enfin, l’arrivée : "Une étape se termine, une autre va commencer. J’ai traversé la calotte glaciaire groenlandaise en quinze jours et huit heures, établissant un nouveau record." Chapitre 3 - Le courage d’un ours

3.1 - Deux mois d'attente à Arctic Bay Mike Horn repart, dans ce chapitre de "Conquérant de l'impossible", à l’assaut de la seconde étape de son expédition : il relie le Groenland au Canada par voie maritime, avec son voilier Arktos. L’hiver approchant, le froid et la glace perturbent le trajet initialement prévu. Il est ainsi dérouté vers Nanisivik, une mine de zinc, en pleine fermeture.  La neige n’est pas suffisante pour qu’il entame son périple, il doit encore patienter près d’un mois. Son entourage le rejoint alors pour passer quelques jours à ses côtés dans la mine fantôme. À leur départ, il part s’installer dans une petite cabane prêtée par un ouvrier de la mine, à Arctic Bay, un peu plus au Sud. Il confiera :  "Je suis abattu, mais pas battu. J’ai toujours été persuadé que les choses n’arrivent jamais sans une raison précise, même si on met parfois du temps à découvrir laquelle. Une défaite, pour moi, n’est qu’une étape vers la victoire. Je n’ai jamais jeté l’éponge sans une très bonne raison." 3.2 - Un déchirant départ Finalement, fin novembre, plus de deux mois après avoir gagné les côtes canadiennes, il peut enfin s’élancer en direction de Cambridge Bay, non sans émotion de quitter la communauté qui l’a accueilli.  "Ce n’est pas la première fois que je quitte – sans doute pour toujours – un endroit où je me suis fait des amis. Mais c’est la première fois que j’abandonne la chaleur d’une tribu humaine pour m’enfoncer, presque en aveugle, dans une obscurité totale et permanente. [...] De plus, chacun de mes pas va désormais m’éloigner de ma route, puisque je suis contraint à cet énorme détour. Pour toutes ces raisons, ce départ d’Arctic Bay restera l’un des plus déchirants que j’aurai affrontés." L’auteur de "Conquérant de l’impossible" confie avoir refusé d’entendre plusieurs mises en garde sur la dangerosité de son expédition : les températures de ces régions sont extrêmes et les ours polaires représentent un danger terrible, malgré son radar à ours. L'explorateur partage son ressenti face à ces avertissements ainsi :  "Qu’est-ce qui me pousse à ignorer avec une telle obstination les recommandations de tout le monde, y compris de ceux qui vivent ici et connaissent ce pays mieux que moi ? L’orgueil ? La bêtise ? Dans ma tête, c’est "Tempête sous un crâne". Au fil des jours, je m’efforce de conclure un accord de paix avec moi-même : divisé, je suis sûr d’être vaincu par les forces de la nature… nettement supérieures." 3.3 - La vie d'aventurier

L'importance de l'équipement et des règles de survie 

À ce stade de l’ouvrage, notre "conquérant de l'impossible" revient sur son équipement : chaussettes, chaussures, vêtements. Il précise que cet attirail est une sorte de prolongement de sa peau et pas une “carapace de protection”. Il détaille également comment il quitte chaque couche avant d’entrer dans sa tente. Aussi, il explique les mesures à prendre lors de ses périodes de sommeil : ne pas croiser les jambes, changer régulièrement de position, se réveiller à intervalle régulier… 

Les rencontres, ces moments suspendus

Après trois semaines de marche et une tempête passée, heureusement, dans une petite cabane, il rencontre sur son chemin un Inuit, intrigué par sa présence. Ces moments suspendus sont importants pour l’aventurier : "Notre rencontre n’a pas duré plus de sept minutes, pendant lesquelles cet inconnu, sans rien savoir de moi, a trouvé le temps de me jauger, de me guider, de me nourrir. J’oublie le froid, j’oublie la nuit… Des moments comme ceux-là justifient tous les autres."

Un soutien mental si nécessaire

Mike Horn fête Noël à Nyboe Fjord, puis quitte l’île de Baffin, comme il l’avait programmé. Malheureusement, la suite de l’itinéraire se complique : la glace n’est pas suffisante, il doit envisager un itinéraire beaucoup plus long. Cela l’oblige à se faire ravitailler par deux de ses coéquipiers. Il passeront le réveillon de la Saint-Sylvestre ensemble, avec son ami d’Arctic Bay venu les rejoindre. "Pour la première fois, on ne m’encourage pas à renoncer, mais à foncer, à tout donner pour arriver au bout. Je ne suis plus seul à croire en moi. Et plus encore que de vivres et de matériel, c’est de cela que j’avais besoin."

Un mal pour un bien

À nouveau bloqué par des glaces capricieuses sur le Golfe de Boothia, Mike Horn va subir un incident qui aurait pu être dramatique : alors qu’il change le combustible de son réchaud, celui-ci s’enflamme et met le feu à la tente. L’auteur de "Conquérant de l’impossible" est brûlé superficiellement, mais il perd une grande partie de son équipement dans l’incendie (tente, parka, sac de couchage, réchaud…) !  Heureusement, il est parvenu à sauver son GPS, son téléphone et quelques affaires. Il demande du secours à sa femme Cathy. Sur ordre de la police montée canadienne, la RCMP, il est secouru par Johannessy (le beau-père de son ami d’Arctic Bay) et Simon, l’Inuit qui lui a offert un peu de poisson quelques temps auparavant. Ils le ramènent à Igloolik. En attendant que sa femme lui ramène du matériel, il apprend à appréhender les animaux de l’Arctique avec Simon : ours, loups et carcajous n’ont plus de secret pour lui. Il découvre également la méthode pour construire un igloo en moins de vingt minutes. "Je ne regrette rien des circonstances dramatiques qui m’ont amené à passer ces quelques jours ici, en compagnie de Simon. J’ai peut-être perdu la plus grande partie de mon équipement, j’ai reculé de cent kilomètres par rapport à mon objectif, mais je n’ai certainement pas perdu mon temps. Car l’enseignement de mon ami inuit est un cadeau que personne n’aurait pu me faire." Chapitre 4 - Le grand show du froid 4.1 - Survivre

Les ours et le froid, principaux dangers

Pour débuter ce nouveau chapitre de son livre "Conquérant de l’impossible", l'auteur nous raconte laisser une petite trace dans une cabane où il est bloqué par la tempête. Il écrit : "Mike Horn est venu ici. Il n’a tué aucun ours et espère qu’aucun ours ne le tuera." L'explorateur explique ensuite comment il utilise à la fois les tas de neige et le vent pour se repérer dans la nuit polaire. La mauvaise météo l’empêche de progresser rapidement et la menace des ours pèse de plus en plus.  "Moins cinquante-six… Mon sang s’épaissit. J’ai du mal à plier les genoux en marchant ; j’ai l’impression de bouger au ralenti. Je respire difficilement… L’air me brûle et j’ai peur que mes alvéoles pulmonaires ne gèlent." Mike Horn décrit ensuite sa première rencontre avec un ours : alors qu’il se retrouve à moins de dix mètres de l’animal, il met en pratique ce qu’il a appris auprès de ses nouveaux amis, à savoir faire de grands gestes avec ses bras. Cela suffit à éviter le pire ! Quelques jours plus tard et par moins soixante degrés, il en rencontre un second : celui-ci ne réagit pas aux grands mouvements de bras et se met à suivre l’explorateur. Ce dernier envisage de lui tirer dessus avec la seule arme qui lui reste depuis l’incendie, une fusée éclairante, mais avant, il tente le tout pour le tout en lui criant de partir. Ça fonctionne pour cette fois ! 

La volonté de vivre est plus forte que tout

Les conditions sont à proprement parler extrêmes. L’auteur de "Conquérant de l’impossible" subit de plein fouet le froid et doit sans cesse réparer son matériel qui ne résiste pas à ces températures. S’ajoute à cela l’épuisement physique et psychologique qu’une telle expédition entraîne. "À force de repousser toujours plus loin les limites de mon corps et les capacités de mon organisme, j’ai commencé sans même m’en rendre compte à mourir. Il est temps que je mette de côté mon obsession du but à atteindre et que je me reconcentre sur la priorité absolue : survivre" écrit Mike Horn. Avant de rajouter : "La volonté humaine de vivre est plus forte que tout. Plus forte encore qu’on ne peut l’imaginer." 4.2 - Mais l'aventure continue...

L'accueil triomphal des habitants de Kugaruk après quatre longs mois d'expédition

Malgré tout, notre "conquérant de l'impossible" continue sa route en direction de Committee Bay : après quatre mois de marche au lieu d’une semaine de navigation, il peut enfin regagner l’Ouest et Kugaruk. C’est à quelques kilomètres de là qu’il retrouve une partie de son équipe, cinq semaines après son départ d’Igloolik.  "Lorsque je pénètre dans la rue principale, la totalité de la population – cinq cents personnes, dont trois cents enfants - jaillit des maisons préfabriquées pour m’entourer et m’accueillir avec des cris d’enthousiasme. On m’applaudit en cadence, pendant que je parcours mes derniers mètres. Mes amis, qui m’ont devancé en motoneiges, immortalisent caméra au poing le triomphe que me font toutes les générations inuit confondues, agglutinées autour de moi. Depuis quatre mois, les telsats, les cibis et le "téléphone esquimau" l’ont répété aux quatre coins du Grand Nord : "Il y a un type qui est parti d’Arctic Bay et qui va à pied jusqu’à Kugaruk en passant par Igloolik ! Inimaginable !""

Chaleur familiale

L’objectif suivant cet interlude est le village de Gjoa Haven, sur l’île du Roi-Guillaume, à trois cents kilomètres. Là-bas, il retrouve sa femme et ses deux filles : "Le clan est reformé. Si tout ce que j’ai fait ne devait aboutir qu’à cet instant… ça valait le coup." Après cinq jours avec ses proches, le départ sonne. Mais avant, ils profitent tous ensemble d’une "danse aux tambours" traditionnelle. "J’emporterai avec moi, outre l’amitié des gens d’ici, le souvenir d’instants d’une qualité rare, avec Annika et Jessica. Lorsqu’on passe cinq jours tous les six mois avec ses enfants, chaque minute doit être exceptionnelle. Et chacune l’a été."

La lettre de Mike Horn à ses filles

Il reprend donc la route en direction de Cambridge Bay le 2 mai 2003, après quelques jours supplémentaires à Gjoa Haven. Sur la route, il décide non seulement de traverser le pack (tas de glace) des îles de la Royal Geographic Society, mais surtout d’y laisser une lettre pour ses filles. 

"Cette idée, qui a commencé à me trotter dans la tête après Arctic Bay, est née de mon envie qu’Annika et Jessica puissent voir tout ce que je vois. Mais pour les pousser à venir jusqu’ici, il ne suffit pas de leur dire que le paysage vaut le coup d’œil ; il faut leur donner un but : la recherche d’une lettre laissée à leur intention est une "chasse au trésor" qui pourrait les motiver. Surtout dans très longtemps. Surtout si je ne suis plus là… [...] J’essaie d’exprimer l’émotion que j’éprouve à être là ; [...], où je tâche enfin, avec mes mots à moi, de justifier à la fois mes rêves et mes absences. Ma vie, quoi. Bref, je dis à mes filles tout ce que je voudrais leur dire, mais qu’elles sont encore trop jeunes pour entendre." 4.3 - Des imprévus qui peuvent rendre une expédition encore plus belle

Vivre ses rêves

Plus loin, sur l’île de Jerry Lind, il découvre une gigantesque colonie de bœufs musqués. Puis il fait la rencontre de deux Norvégiens, Brent et Randolf, partis faire la route d’Amundsen.  "Leurs yeux brillent de l’excitation de l’aventure, du plaisir presque incrédule de se trouver là, et de cet éclat qui n’appartient qu’à ceux qui vivent leurs rêves. [...] Nos propos sont aux antipodes de ce parler-pour-ne-rien-dire auquel on n’échappe plus. Ce que nous sommes et ce que nous faisons nous dispensent des paroles creuses et des promesses en l’air."

Bilan à Cambridge Bay 

Enfin, il arrive à Cambridge Bay, conscient de l’expérience et des rencontres qu’il vient de vivre : "Voilà six mois que je rêve de cet endroit où je devais arriver en bateau et où j’ai finalement dû venir à pied. On peut dire que je l’aurai mérité. [...] Si la mer m’avait laissé passer, c’est moi qui serais passé à côté d’eux ; et de tout le reste." Chapitre 5 - Le bout de la terre

5.1 - Marcher vite pour arriver avant la fonte des glaces

Introspection

Mike Horn passe quelques jours à Cambridge Bay, en attendant un ravitaillement de nourriture et de cartes pour la suite de son aventure. Celui-ci n’arrivant pas, il trouve quelques vivres supplémentaires à Cambridge Bay avant de partir en direction de Paulatuk. Les températures sont remontées, ce qui implique un rythme de kilométrage journalier élevé (plus de quarante kilomètres par jour, soit onze heures de marche) afin d’arriver avant la fonte des glaces. L'explorateur se confie sur ces moments de longue marche solitaire :  "N’étant distrait par aucune agitation humaine, aucun mouvement artificiel, aucune sollicitation visuelle, débarrassé des soucis immédiats et des contingences matérielles, l’esprit totalement disponible, je dissèque tel ou tel aspect de ma vie, ou me perds dans des réflexions plus générales qui peuvent concerner n’importe quoi. Mon imagination travaille sans cesse, m’empêchant de devenir fou de solitude et de silence…"

Inarrêtable

Après le cap de Lady Franklin, la glace diminue de plus en plus, jusqu’à n’être plus que de la neige flottant sur l’eau. Sans qu’il s’en rende compte, Mike Horn s’engage dans ce passage délicat et c’est la chute. Heureusement, en faisant un “roulé-boulé” tel qu’il le décrit lui-même, il a réussi à retrouver un endroit stable. Malgré cette péripétie, il choisit de garder la même direction. Il écrit :  "Je frôle sans cesse la catastrophe. La moindre erreur risque d’être fatale, je le sais, mais je suis incapable de m’arrêter. C’est une ivresse, l’euphorie des sports extrêmes…" Il arrive dans les temps à Paulatuk, c’est-à-dire un mois après son départ de Cambridge Bay. Il y retrouve son collègue Jean-Philippe et un ami à lui.  "Si je suis arrivé jusqu’ici, je crois que c’est d’abord parce que j’ai cru en moi-même, et parce que j’ai appris à ne jamais laisser les déceptions me faire perdre espoir. Le reste de la potion magique, c’est un mélange d’expérience et de sagesse."

Voyage initiatique

Mais le temps presse toujours à cause de la saison changeante : Mike Horn repart deux jours seulement après son arrivée à Paulatuk. Avant le départ, et comme à son habitude, il s’est renseigné auprès d'un vieil habitant local pour obtenir ses conseils, ce qui l’amène à la réflexion suivante : "Davantage chaque jour, je prends conscience que mon aventure est infiniment plus qu’un défi physique ou sportif, un voyage initiatique où j’explore le territoire humain. Et ne cesse de découvrir le mien." 5.2 - Un parcours avec de plus en plus de risques et de difficultés 

Une expédition semée d'embûches jusqu'à Tuktoyaktuk

Cette fois, l’auteur de "Conquérant de l’impossible" vise Tuktoyaktuk. Mais le chemin se dégrade, tant au niveau de son aspect (d’abord de la neige, puis de l’eau, puis de la roche), que de sa météo et de sa population (les grizzlis viennent ajouter une menace supplémentaire aux ours polaires). Après sa première rencontre avec trois grizzlis (une maman et ses deux petits), l’explorateur décide de quitter la plage sur laquelle il évolue et de grimper la falaise qu’il longe depuis de nombreux kilomètres. Au-dessus, il découvre la toundra qui lui offre des étendues enneigées bien plus faciles à parcourir.  Ensuite, et jusqu'à rejoindre “Tuk” comme il l’a surnommée, Mike Horn rencontre de nombreuses difficultés liées à la fonte des glaces déjà bien avancée. Il passe plusieurs fois à travers la glace et doit évoluer constamment mouillé. Il parvient cependant à rejoindre la “ville brune” le 2 juin 2003.  Tuktoyaktuk est une étape importante car Mike Horn doit y changer son matériel et basculer sur un équipement plus estival. Il remplace notamment son traîneau par un kayak. Pour l'explorateur, "c’est une autre expédition qui commence", un nouveau défi si enthousiasmant qu'il lui en fait oublier l’hiver !

De nouvelles conditions, plus estivales mais tout aussi dangereuses

Les premiers jours à remonter le Mackenzie à contre-courant sont éprouvants, mais il arrive finalement à Shallow Bay sans trop de mal. Il a la chance d’y observer plusieurs dizaines de bélugas venus danser sous son embarcation. Plus loin, les vagues mettent à mal sa progression et retournent son embarcation. Après neuf jours de navigation, Mike Horn est épuisé, mais la dangerosité de son environnement l’empêche de se reposer ; il réussit au prix d’efforts impensables à dépasser les rouleaux qui le projetaient contre la glace et peut enfin s’octroyer quelques heures de sommeil.  À partir de l’île Herschel, ce sont les bancs de sable qui rendent compliquée sa progression. Il ne peut avancer dans l’eau, mais l’absence de glace dure sur la rive l’empêche de pouvoir y marcher véritablement. Enfin, le 28 juin 2003, il parvient à la frontière entre l’Alaska et le Yukon !  La splendeur naturelle du Grand Nord inspire alors à l'explorateur ces mots poétiques : "Les paysages que je traverse sont parmi les plus sublimes que j’ai eu l’occasion de contempler. Ce Grand Nord où la terre, la mer et le ciel sont les facettes d’un même diamant, où les montagnes semblent avoir crevé la glace, me ramène plus que jamais aux proportions infimes qui sont les nôtres…" 5.3 - L'Alaska !

À mi-chemin du parcours : le sentiment d'entamer le chemin du retour 

Sa première étape en Alaska est le petit village de Kaktovik, sur l’île Barter. Il y répare le gouvernail et le flotteur de son kayak avant de repartir, seulement deux jours après son arrivée. Peu après, il fait la connaissance de trois ornithologues qui vont lui offrir une véritable leçon sur tous les oiseaux qu’il observe sur son chemin. Il apprend grâce à eux que pour pénétrer à Prudoe Bay, sa prochaine étape de ravitaillement, il doit demander une autorisation à la compagnie British Petroleum - qu’il obtient difficilement. Le 21 juillet 2003, à deux jours du cap Barrow, son GPS lui indique être exactement à mi-chemin de son parcours. Le "conquérant de l'impossible" raconte : "J’ai fait dix mille kilomètres, sur les vingt mille de mon tour complet du cercle polaire arctique. Il m’a fallu près d’un an pour parvenir jusqu’ici. Peut-être m’en faudra-t-il autant pour arriver au bout. Tout ce que je sais, c’est qu’à partir de cet endroit et de cet instant, je suis sur le chemin du retour." À Barrow, Mike Horn retrouve par hasard des amis français et leur voilier Vagabond. Il profite également de cette étape pour faire une visite chez le dentiste. Il repart de Barrow à pied car une tempête fait rage et l’empêche de reprendre la mer. Sur son chemin, il doit traverser une rivière à la nage. Il récupère son kayak qu'il avait fait envoyé au village de Wainwright et profite d’une fenêtre météo pour repartir.  Arrivé à Point Lay le 10 août 2003, il découvre le bateau qui va l’emmener en Russie. Ce trimaran a été convoyé par son frère qu’il n’a pas vu depuis plus de douze mois. Ils naviguent ensemble jusqu’à Point Hope où il retrouve sa femme Cathy et ses filles. 

Leçon de philosophie du Grand Nord

À Point Hope, Steve, un Inuit, lui explique le lien entre la baleine et les hommes : "Dans la philosophie du peuple du Grand Nord, c’est la baleine qui s’offre au chasseur, pour nourrir le village avec qui elle partage la mer. Elle possède trois vies, et s’offre donc trois fois, avant de mourir tout à fait. [...] Quand les hommes sont victorieux, ils rapportent son âme au village, avant de la rendre à l’océan. Ainsi, la baleine pourra renaître et s’offrir de nouveau la saison prochaine, garantissant la survie de la communauté…" 5.4 - Départ pour la Russie  Désormais, Mike Horn s’aventure en Russie, à bord de son trimaran. La traversée du détroit de Béring marque la fin de son séjour en Alaska. D’abord parti seul, il récupère finalement son frère et le skipper Ronan Le Goff qui doivent convoyer le trimaran après Provideniya, en Russie. La mer de Béring est un passage compliqué de l’expédition. Mais une fois la traversée réussie, il déclare :  "Dans quelques minutes, je serai le premier homme à avoir traversé en solo, non-stop, le Groenland et le Canada, jusqu’en Russie." Chapitre 6 - Bienvenue en Russie ! 

6.1 - Déboires douaniers et administratifs L’arrivée en Russie est particulièrement inhospitalière : une fois leurs documents tamponnés, les douaniers, peu compréhensifs, retirent le GPS et le fusil de Mike Horn. Heureusement, il en a gardé des doubles dans son bateau. D'autre part, l’aventurier doit obtenir une autorisation spéciale pour traverser le Tchoukotka. Il apprend le lendemain de son arrivée que cette traversée n’est désormais autorisée qu’en étant accompagné.  Toujours dans l’attente d’une solution, son frère et Le Goff repartent avec le trimaran, tandis que Mike Horn voit son matériel fouillé à même le quai. Une fois encore, il réussit à cacher les objets interdits ! Il est ensuite assigné à résidence et décrit une Russie oubliée, où le temps s’est arrêté.  Les quiproquos administratifs se poursuivent pour l’auteur de "Conquérant de l’impossible" : alors qu’il est convoqué par la police locale, il se rend compte que son visa est périmé. Il est donc interrogé par l’ex-KGB. Après de nombreux coups de téléphone à des hauts placés et un procès, Mike Horn échappe finalement à l’amende et à l’interdiction de territoire, mais doit retourner en Alaska, le temps d’obtenir la fameuse autorisation pour Tchoukotka. 6.2 - Retour et immobilité forcée en Alaska en attente d'autorisations russes Un mois et demi après son arrivée à Nome, il apprend que son autorisation ne sera valide que fin novembre. En attendant sa femme et ses filles qui viendront le rejoindre avec le matériel d’hiver, il rencontre Nicolai, qui sera son guide et son garant. Ils devront, ensemble, respecter un itinéraire établi par les autorités russes. "Je sais qu’en hiver, cette traversée sera terriblement dure. Mais des mois d’immobilité forcée ont accumulé en moi une telle rage que je me sens capable de déplacer les montagnes… ou tout au moins de les franchir par n’importe quel temps." Il finit par s’élancer de Provideniya le 17 décembre 2003, à l’assaut des montagnes du Tchoukotka. Chapitre 7 - Mourir… un peu  7.1 - De mésaventures en mésaventures 

Mauvaises péripéties avec le guide Nicolai

"J’ai le sentiment d’avoir reculé dans le temps. Non pas d’une cinquantaine d’années, comme à Provideniya, mais d’un siècle. Comme si le paysage lui-même avait quelque chose de beaucoup plus… primitif que tout ce que je viens de traverser." Après de nombreuses péripéties vécues à cause de Nicolai qui semble finalement être un piètre guide, Mike Horn découvre une yaranga, une tente traditionnelle tchouktche. Il y rencontre deux hommes et une femme qui l’invitent à déguster du morse. Après Nateperment, il poursuit son chemin en direction de la base militaire de Mys Shmidta où il doit se signaler aux autorités, puis Mys Billingsa. Avant d’arriver à Pevek, il subit une forte remise en question. Il décide alors de "se secouer" et écrit : "Pour un homme dans ma situation, les états d’âme sont le poison le plus dangereux. Je m’inquiète d’avoir failli les laisser m’atteindre." Pevek marque la fin de son accompagnement par Nicolai et une nouvelle anecdote avec la police locale, au point cette fois de devoir s’enfuir en vitesse…

Conditions extrêmes, puissance des éléments et sentiment étrange d'irréalité

La bureaucratie russe continue de modifier les plans du "conquérant de l’impossible" : cette fois, c’est son équipe qui bataille à obtenir les autorisations nécessaires pour un ravitaillement à Ambarchik. Celui-ci devra donc se faire à Chokurdakh. Sur le trajet, Mike Horn est pris dans une violente tempête qui le pousse à marcher quarante-huit heures d’affilée en luttant contre les gelures. L'auteur déclare : "À cet instant, je remercie mon premier hiver arctique, celui que j’ai affronté entre Arctic Bay et Committee Bay. L’expérience que j’en ai retirée vient sans doute de me sauver la vie. J’aurais pu y rester. Et rien ne dit que cela n’arrivera pas. Malgré tout, j’apprécie moins le beau temps, dans l’Arctique, que les moments où la nature se déchaîne. Ses démonstrations de force soulèvent chez moi un mélange de crainte et d’enthousiasme respectueux. Il aura fallu que je vienne jusqu’ici pour constater la vraie puissance des éléments, puissance à côté de laquelle dire que nous sommes peu de chose est un euphémisme…" Mike Horn contourne la partie la plus froide de l’Arctique, la plaine de Kolyma et s’oriente vers la mer de Sibérie. Cette étape est une fois de plus compliquée par les températures et le vent.  "Ce désert gelé a une pesanteur qui le rend plus désert encore que tous ceux que j’ai traversés. Pas une empreinte, dans cette partie du monde qui semble s’être détachée d’une autre planète. [...] Cet univers a quelque chose d’irréel et je ressens presque physiquement l’espèce d’anormalité qu’il y a à être là. J’avance comme dans un de ces rêves dont on se demande à quel moment il va virer au cauchemar…"

À bout de force, puis cette envie de vivre, plus forte que tout

Par manque de provisions, le "conquérant de l’impossible" est obligé de rationner ses repas, ce qui l’affaiblit profondément. Pris dans une tempête, à bout de forces, il sent que la fin est toute proche… Et puis, les voix de ses filles lui reviennent en tête et lui donnent, à nouveau, la force de se relever et d’avancer.  "Brièvement, j’ai jeté l’éponge. J’ai été vaincu et j’ai frôlé le gouffre. Je panique rétrospectivement en me rappelant à quel point c’était facile… et tentant. [...] Mais j’ai pu constater une fois de plus que la volonté de survivre, chez l’être humain, est décidément plus forte que tout." 7.2 - L'expédition russe se poursuit Arrive enfin l’étape de Chokurdakh, après un mois de marche depuis Ambarchik. L’explorateur y retrouve son équipe pour un réapprovisionnement complet et une révision approfondie de son matériel. Il repart rapidement pour accomplir les deux derniers tiers de son parcours en Russie. Après un intermède familial à Tiksi, qui marque la moitié de son trajet en territoires russes, il file à toute vitesse en direction de Khatanga grâce à son cerf-volant. Il échappe de peu à deux accidents à cause de corniches qu’il n’a pas pu anticiper.  Le dégel du printemps recommence à modifier les plans de Mike Horn et l’oblige à changer son itinéraire au fur et à mesure qu’il avance en Sibérie septentrionale. Après avoir traversé le lac Passino, il retrouve famille, sponsors, équipe et journalistes pour une série de conférences de presse et un énième ravitaillement. S’ensuit alors une longue traversée de marécages dans la toundra. Il longe un gazoduc de plusieurs centaines de kilomètres. Mike Horn explique ici au lecteur qu'en Arctique, il n’y a véritablement que deux saisons, l’hiver et un printemps/été extrêmement court (deux semaines environ) :  "On a l’impression d’assister à la projection d’un film en avance rapide. La toundra vire du brun au vert en vingt-quatre heures. Sous la lumière qui ne s’éteint jamais, il suffit de rester immobile et de fixer son attention sur un point précis pour voir l’herbe pousser et la végétation s’épanouir ! Et ce n’est pas une façon de parler." C’est ainsi un autre monde qui s’offre à Mike Horn : animaux, végétation, soleil et chaleur. Pour conclure ce chapitre, l'auteur de "Conquérant de l'impossible" relève à quel point la Russie le marquera pour l’hospitalité de ses habitants. Chapitre 8 - Le dernier homme 8.1 - Déjà deux ans d'expédition 

Prudence

Mike Horn récupère enfin son kayak, transporté par hélicoptère, à Uzshno Solynensky. Mais le mât et les flotteurs de celui-ci se cassent sur la rivière Messoyakha. Un peu plus loin, dans la baie du Taz, une exploitation de gaz lui permet de réparer son embarcation, dormir, manger et prendre une douche chaude. Suivant les conseils de ses hôtes, il modifie son itinéraire car la baie du Taz est trop dangereuse en cas de vent. Il lui reste encore plus de mille kilomètres jusqu'à Tobseda. Il prendra des risques certes, mais pas question de tout gâcher en prenant des risques inutiles : "la prudence, oui, la frilosité, non." Yamburg marque un nouvel incident avec les autorités russes : site pétrolier privé, il faut une autorisation pour le traverser. Après plusieurs jours d’attente, la situation se débloque enfin, grâce à Serguei, un contact à Moscou qui l'a aidé depuis le début de son expédition en Russie. 

Flashback de ces deux années de voyage

"Le 4 août, c’est le deuxième anniversaire de mon départ. Deux années entières que je voyage. Pourtant, je n’ai pas l’impression d’être parti depuis aussi longtemps… Je pagaie tout au long de cette journée en pensant à tout ce que j’ai vécu depuis deux ans. Je me projette le film du Groenland, du Canada, de l’Alaska, de la Sibérie… en accéléré. Ces vingt-quatre mois m’ont semblé vingt-quatre heures. J’avais annoncé que je mettrais environ deux ans. J’aurais tenu parole, sans la paperasserie qui m’a bloqué à Provideniya. Mais si tout va bien, je ne serai pas très loin du compte."

Des centaines de baleines : un spectacle grandiose !

Il rencontre des Nenets du Yamal, qui vivent encore dans des tipis en peau de rennes, puis décide de traverser la baie de Baïdaratsa. Son avancée est de plus en plus rapide, il longe désormais l’Oural. L’arrivée en mer de Kara lui offre un spectacle inoubliable :

"Soudain, un souffle de geyser me fait sursauter. Une superbe baleine blanche vient de surgir si près de mon kayak que je pourrais presque la caresser ! L’instant d’après, il me semble que la mer s’est couverte de crêtes claires, comme si le vent s’était brusquement levé. Mais ces éclats scintillants à perte de vue, ce sont des dizaines, des centaines d’autres baleines, qui s’ébattent gracieusement avec un ensemble parfait, comme si une seule d’entre elles était multipliée par un jeu de miroirs."

Vassia, ce vieil homme exilé au bout de la terre

Après un passage par Amderma, il rejoint enfin la mer de Barents, puis Tobseda, qui marque les retrouvailles avec plusieurs membres de son équipe, dont son frère qu’il n’a pas vu depuis un an et demi. Si ce chapitre du livre "Conquérant de l'impossible" s’appelle "Le dernier homme", c’est parce qu’à Tobseda vit un homme, Vassia, qui a été abandonné là lors de l’évacuation du village : "Vieil homme exilé au bout de la terre et prisonnier de la mer, sans argent, sans ressources et sans but, il attend la fin comme une sentinelle sacrifiée." Lors d’un violent orage, alors qu’il est à quai, son bateau subit une avarie qui le cloue terre le temps des réparations. Malgré un incendie dans le bateau durant celles-ci, Mike Horn est prêt à reprendre la mer début octobre, un peu moins d’un mois après son arrivée à Tobseda. Les adieux avec Vassia sont déchirants.  8.2 - Les derniers jours de Mike Horn dans son tour du cercle polaire Après quelques jours de navigation, il arrive à proximité de Mourmansk. L’accès au port est très réglementé et surtout, les prix s’envolent pour sortir le bateau de l’eau (il doit être réparé à nouveau). Mike Horn découvre le fonctionnement mafieux de cet endroit stratégique. Finalement, il relie Mourmansk à Kirkenes en vélo, tandis que le trimaran y est convoyé par un transporteur.  L'auteur de "Conquérant de l'impossible" écrit ce qu'il ressent à cette étape ultime du parcours, la force qu'il retire de ces deux années d'expédition et le vide qu'il présage : "Je l’ai fait. J’ai traversé la Russie en onze mois (à peu de chose près), comme je l’avais pronostiqué. Plus rien ne peut m’empêcher de réussir, à présent. [...] Sur la route gelée, je repense à tout ce que je viens de vivre et réfléchis à tout ce qui m’attend. Je commence à me préparer à cette arrivée qui me laissera vide, une fois disparue la nécessité de repartir le lendemain, de continuer…" Profitant des derniers jours de solitude qui le séparent de son arrivée officielle au Cap Nord, prévue le 21 octobre 2004, il visite les fjords alentour.  "Soudain, alors que je double une avancée rocheuse, le cap surgit devant moi. La voilà, cette falaise immense et noire dont j’ai serré l’image contre mon cœur pendant vingt-trois mois. Je la sens rayonner de la racine de mes cheveux à mes orteils. Je n’ose fermer les yeux, de peur qu’elle ne disparaisse." Mike Horn termine sur ces paroles fortes et émouvantes : "Le sentiment de victoire est moins fort que le bonheur d’être rentré. Les mots qui me viennent ne sont pas : "J’ai gagné", mais : "Je suis revenu.""

Épilogue - Je dis souvent…

Le "grand 8" du sentiment

Dans son épilogue, Mike Horn partage son vécu intense et bouleversant de "conquérant de l'impossible" comme un concentré d'émotions : "Dans l’Arctique, quand le soleil se reflète dans les cristaux de glace, il crée un prisme contenant toute la palette des couleurs de ce monde froid et magnifique. Ces vingt-trois mois ont été un prisme de vie, un concentré d’émotions. J’y ai vécu tout ce que j’avais vécu en trente-huit ans d’existence : la peur, la douleur, la joie, la déception, l’euphorie, la rage, l’espoir et le désespoir… et le bonheur, surtout, avec une intensité surmultipliée. Un "grand 8" du sentiment."

Quête initiatique, dépassement de soi, développement personnel et choix de vie

Puis, l'aventurier revient sur tous les enseignements qu’une telle expédition lui a apportés. Il raconte pourquoi, en plus de l'avoir mis à l'épreuve physiquement, son voyage a pris un sens initiatique. Comment le dépassement de soi est la meilleure façon de se développer humainement et personnellement :   "Mes expéditions, tout en restant des défis physiques, ressemblent de plus en plus à des voyages initiatiques. J’en rapporte de tels trésors de savoir et de connaissances qu’il me semble que je ne pars plus que pour aller les chercher. [...] Parce que, à mes yeux, repousser ses limites est la seule manière de se connaître mieux et de progresser humainement." Après 20 000 kilomètres parcourus autour du cercle Arctique, il souligne aussi les difficultés d’un tel choix de vie, le retour compliqué et surtout l'avenir inconnu.

Des mots pour Cathy Horn, l'épouse de l'explorateur

Enfin, Mike Horn écrit quelques mots pour son plus fidèle soutien, celle qui suit, organise et supervise chacune des expéditions : sa femme, Cathy. "Je voudrais offrir à Cathy une bague, ornée d’un "solitaire". L’anneau symbolisera mon périple autour du cercle arctique, mon vécu pendant cette expédition, et la trajectoire parfaite effectuée pour être de nouveau réuni à celles que j’aime. Le diamant symbolisera la beauté sublime des mondes que j’ai traversés, la dureté de la glace, son éclat, et sa valeur inestimable puisqu’elle est source de vie. C’est aussi la rudesse de mon voyage, et celle que j’ai dû acquérir pour en venir à bout. Pour couper un diamant, il en faut un autre… C’est enfin, comme pour le diamant, toutes les années que j’ai mis à me former, avant d’être capable de relever le défi."

Quatre phrases inspirantes de Mike Horn

L’ouvrage se termine sur des phrases inspirantes prononcées par Mike Horn. En voici quatre, à propos du dépassement de soi et des objectifs que l’on veut atteindre : 

"Physiquement, beaucoup de gens sont à mon niveau et même au-dessus. Si j’ai deux atouts supplémentaires, ce sont la volonté et le mental." "L’envie de gagner doit être plus forte que la peur de perdre." "On n’atteint pas toujours son objectif. Ce n’est pas une raison pour renoncer." "On qualifie d’impossibles les choses que l’on n’a pas vraiment envie de faire."

Conclusion de "Conquérant de l’impossible" de Mike Horn Mike Horn, un homme qui force l'admiration "Conquérant de l'impossible" est un ouvrage qui met en lumière la fascinante personnalité de Mike Horn. En effet, le récit autobiographique de cette expédition nous emporte avec passion dans l'univers d'un homme hors-norme. Choisir de parcourir le cercle polaire Arctique en solitaire, à contre-vents et contre-courants, témoigne de la détermination exceptionnelle de l'explorateur. La nature de cette expédition révèle aussi sa passion dévorante pour l'aventure et l'exploration dans sa dimension la plus extrême. En plus de sa condition physique et de ses connaissances en survie, ce sont le discernement, l'état d'esprit et la force mentale de Mike Horn qui subjuguent avant tout le lecteur tout au long des chapitres. Une lecture riche d'enseignements  Au-delà d’un simple récit d’expédition, "Conquérant de l'impossible" nous invite à suivre un véritable voyage initiatique. Mike Horn, à la recherche d’une profonde connaissance de lui-même, repousse les limites du danger et sait puiser au fond de lui les ressources nécessaires à sa survie. Ainsi, à l'échelle de n'importe quel autre "combat", ce livre est une immense leçon de vie. Parmi les multiples apprentissages, chacun peut y trouver ce dont il a besoin pour cheminer dans sa croissance personnelle. Par dessus tout, l'ouvrage :

Nous enseigne que la volonté de vivre est tenace et nous aide souvent à rebondir au moment même où l'on pense que tout est fini. Nous renvoie à notre condition humaine, insignifiante dans cette nature indomptable. Transmet l'idée qu'avec une profonde détermination, nous pouvons trouver l'énergie de lutter, et ce bien au-delà que ce nous pouvons imaginer. Rappelle la puissance de l'entraide et de la solidarité dans la réussite de ce type d'expédition, la survie et notre évolution personnelle en général.

Un récit époustouflant Au rythme d'un récit dépaysant, plein de rebondissements, Mike Horn nous fait vivre des émotions aussi extrêmes que ses exploits. Chaque étape renforce, chez l'explorateur, sa soif de réussir l'immense défi qu’il s’est lancé. Captivante, l'histoire nous transporte au cœur d'une humanité et d'une nature brute mais grandiose. Les tableaux que l'auteur traverse et décrit ajoutent une dimension quasi irréelle à son expédition, dont la force tient dans la sincérité du témoignage de celui qui l’a vécu de l’intérieur durant près de deux ans.  Le livre "Conquérant de l'impossible" fait l'unanimité chez les passionnés de voyage et d'aventures, mais tous les lecteurs se laisseront captiver et emporter par cette lecture. Une belle aventure à lire et un auteur aussi talentueux dans son rôle de narrateur que d'explorateur. Points forts : 

Le style d'écriture de l'auteur qui nous emporte dans une aventure dépaysante et pleine de rebondissements. La personnalité hors-norme de Mike Horn ; Des cartes, à chaque fin de chapitre, qui reprennent précisément son itinéraire ;  Une partie photos pour découvrir, après le récit, les moments forts de cette expédition ;  Une place notoire accordée aux rencontres pour mieux comprendre que ce tour en solitaire n’a été possible qu’avec une aide et une solidarité tout au long de son expédition ;  Les nombreux enseignements qu'il y a à tirer de ce récit d'aventure extrême, qui sont une façon originale de cheminer en développement personnel.

Point faible : 

Quelques lenteurs sur certains passages - bien que celles-ci soient inévitables dans ce genre d’expéditions ! 

Ma note :                 Avez-vous lu "Conquérant de l'impossible" de Mike Horn ? Combien le notez-vous ? [ratings] Visitez Amazon afin de lire plus de commentaires sur le livre de Mike Horn "Conquérant de l'impossible" Visitez Amazon afin d'acheter le livre de Mike Horn "Conquérant de l'impossible"

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