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Résumé de "Slow productivity : retrouver efficacité, équilibre et goût du travail dans un monde d’excès" de Cal Newport : ce livre déconstruit le mythe de l’hyperactivité et notre relation moderne au travail pour proposer, à la place, une philosophie baptisée "Slow Productivity". Cette approche, fondée sur trois principes fondamentaux - en faire moins, respecter un rythme naturel et faire de la qualité une obsession - permet d’accomplir davantage en ralentissant consciemment et en se concentrant sur l’essentiel.

Par Cal Newport, 2024, 285 pages.

Titre original : "Slow Productivity : The Lost Art of Accomplishment Without Burnout", 2024, 240 pages.

Chronique et résumé de "Slow productivity : retrouver efficacité, équilibre et goût du travail dans un monde d’excès" de Cal Newport

Introduction

Dans l'introduction de "Slow Productivity", l’auteur, Cal Newport raconte l’histoire de John McPhee, rédacteur au New Yorker qui, en 1966, passa deux semaines allongé sur une table de jardin à fixer les branches d'un frêne, avant de trouver comment structurer un article complexe. Cette anecdote va servir à l’auteur de point de départ à une réflexion plus large sur notre relation au travail.

L'auteur relate ensuite comment, durant la pandémie, un malaise croissant envers la productivité s'est manifesté chez les travailleurs du savoir. Ce sentiment s'est matérialisé dans plusieurs livres critiques publiés entre 2020 et 2021, ainsi que dans des phénomènes sociaux comme la "Grande Démission" et le "quiet quitting".

Cal Newport avance qu’en fait, le problème n'est pas la productivité elle-même, mais sa définition moderne erronée. La surcharge qui nous épuise provient, dit-il, de "la croyance selon laquelle le 'bon' travail implique une suractivité débordante".

Face à ce constat, il propose une alternative qu'il nomme "Slow Productivity". Cette approche se fonde sur trois principes fondamentaux :

En faire moins,

Respecter un rythme naturel,

Faire de la qualité une obsession.

L’ambition de l’auteur n'est pas simplement de rendre le travail moins épuisant, mais de "proposer une toute nouvelle façon de réfléchir à ce que signifie 'être efficace'" afin de rendre les métiers du savoir plus humains et soutenables.

Première partie – Origines

Chapitre 1 – L'essor et le déclin de la pseudo-productivité

1.1 - Une anecdote révélatrice : le bureau vide du vendredi

Cal Newport ouvre le premier chapitre de son livre "Slow productivity" avec une histoire : celle de Leslie Moonves, directeur du divertissement chez CBS, qui, en 1995, envoie une note cinglante à ses employés après avoir constaté que plusieurs bureaux étaient vides un vendredi après-midi.

Pour l’auteur, cette anecdote illustre parfaitement la conception dominante de la productivité dans les professions du savoir : plus d'heures visibles au bureau équivaut à plus de travail accompli.

1.2 - Une définition floue de la productivité

L'auteur relate ensuite comment, en sondant ses lecteurs, il a découvert un fait troublant : la majorité des travailleurs du savoir n'ont pas de définition claire de la productivité. La plupart se contentent de lister leurs tâches sans mentionner d'objectifs précis ni de mesures de performance. Cette absence de clarté s'étend même aux travaux universitaires sur le sujet, comme le note Tom Davenport, expert en management : "Le plus souvent, nous ne mesurons pas la productivité des travailleurs du savoir. Et quand nous le faisons, nous le faisons d'une manière vraiment stupide."

1.3 - Le travail intellectuel est plus dur à mesurer

Cal Newport souligne également le fossé qui existe avec d'autres secteurs économiques où la productivité est clairement définie et quantifiable.

Les agriculteurs mesurent les rendements par acre. Les usines quantifient les unités produites par heure. Toute l’histoire de la croissance économique moderne repose sur cette logique productiviste.

Alors pourquoi est-elle si peu appliquée aux métiers intellectuels ?

Parce que, répond Newport, les métiers du savoir sont fondamentalement différents : ils sont complexes, irréguliers, évolutifs. Impossible d’y appliquer la mesure d’un rendement standard. De plus, comme l'affirmait Peter Drucker : "Le travailleur du savoir ne peut pas être supervisé de près ou en détail. On peut l'aider, mais il doit se superviser tout seul."

1.4 - La pseudo-productivité : l’illusion de l’efficacité

Faute de mieux, on a donc cherché des indicateurs visibles : une présence physique ou numérique, des réponses rapides aux mails, des réunions à gogo, etc. Cette illusion d’efficacité, Cal Newport la nomme la pseudo-productivité", qu'il définit comme "l'utilisation de l'activité visible comme principal moyen d'évaluer l'effort productif réel."

Le problème s’est encore aggravé avec la montée en puissance des technologies numériques dans les années 1990. Aujourd’hui, on consulte ses mails toutes les six minutes en moyenne. Résultat : une spirale d’hyperactivité qui épuise plus qu’elle n’accomplit. Les témoignages recueillis par Cal Newport décrivent une surcharge mentale constante, où la quantité écrase la qualité.

1.5 - Une alternative existe : l’exemple d’Anthony Zuiker

En revanche, il termine le chapitre par l’histoire inspirante d’Anthony Zuiker, le créateur de la série "Les Experts". Grâce à trois années de travail lent, patient et obstiné sur sa vision, Zuiker finit par propulser CBS au sommet. Une preuve, selon Cal Newport, qu’il existe une autre voie : ralentir, oui, mais pour mieux produire et orienter son travail vers la qualité plutôt que l'agitation perpétuelle.

Chapitre 2 – Le choix de la lenteur

2.1 - Slow Food : une réponse créative à l’accélération

Le chapitre 2 de "Slow productivity" s'ouvre sur la genèse du mouvement Slow Food.

En 1986, face à l'ouverture d'un McDonald's sur la place d'Espagne à Rome, Carlo Petrini lance cette initiative pour défendre une alimentation plus lente et plus respectueuse des traditions. Cal Newport souligne que ce mouvement repose sur deux idées novatrices : proposer des alternatives séduisantes (plutôt que simplement critiquer) et s'inspirer d'innovations culturelles éprouvées par le temps.

2.2 - Une philosophie qui se propage à d’autres sphères

L'auteur explique comment cette philosophie s'est étendue à d'autres domaines. Elle a ainsi donné naissance aux mouvements Cittaslow (villes lentes), Slow Medicine, Slow Schooling et Slow Media.

Il observe que tous partagent une approche similaire : offrir un choix de modernité plus lent et plus supportable en puisant dans une sagesse traditionnelle.

2.3 - Le monde du travail à la croisée des chemins

Cal Newport établit ensuite un parallèle avec le monde du travail post-pandémie, où une opportunité de transformation s'est présentée. Il évoque les débats sur le retour au bureau chez Apple et l'intérêt croissant pour la semaine de quatre jours. Toutefois, selon l’auteur, ces initiatives ne font qu'atténuer les symptômes sans s'attaquer aux causes profondes de la pseudo-productivité.

2.4 - S’inspirer des anciens métiers du savoir

Pour trouver des alternatives inspirantes, l'auteur élargit ici la définition des "professions du savoir" pour y inclure des métiers cognitifs plus anciens, tels que les écrivains, philosophes et artistes. Il décrit comment ces professions traditionnelles ont développé des approches plus durables du travail intellectuel, citant Isaac Newton, Anna Rubincam et divers écrivains.

2.5 - Les fondations de la slow productivity

Cal Newport conclut en présentant sa philosophie de slow productivity, fondée sur trois principes essentiels (comme mentionné en introduction) :

En faire moins — mais mieux.

Respecter un rythme naturel — celui du corps, de l’esprit, du projet.

Faire de la qualité une obsession — car c’est elle qui crée la valeur, pas la vitesse.

Il précise : adopter cette approche ne signifie pas renoncer à l’ambition. C’est au contraire choisir un chemin plus viable pour aller loin. Et il conclut en rappelant cette phrase inspirante à propos de Newton : "la valeur des idées perdure, la lenteur à laquelle elles ont été produites est vite oubliée."

Deuxième partie – Principes

Chapitre 3 – En faire moins

3.1 - Principe n°1 de la slow productivity : en faire moins

Le mythe de Jane Austen brisé : libérée des corvées pour créer

Cal Newport commence le troisième chapitre de son livre "Slow productivity" en démystifiant l'histoire de Jane Austen.

Il explique que contrairement au mythe populaire selon lequel l'écrivaine aurait écrit ses chefs-d'œuvre en cachette entre deux obligations sociales, la réalité est bien différente. Après une analyse approfondie de sa biographie, l'auteur révèle que c'est précisément quand Austen fut libérée de la plupart de ses obligations domestiques et sociales qu'elle put réellement produire ses romans remarquables.

C’est en effet une fois dans le cottage de Chawton, exempte de la majorité des tâches ménagères, que l’écrivaine put enfin se consacrer à finaliser "Raison et sentiments", "Orgueil et préjugés", puis écrire "Mansfield Park" et "Emma".

Ainsi, l’idée selon laquelle "en faire moins permet de faire mieux" constitue le premier principe fondamental de la slow productivity.

En faire moins : le paradoxe de la productivité accrue

Pour Cal Newport, le premier principe - en faire moins – consiste, en fait, à "s'efforcer de réduire ses obligations jusqu'à aisément imaginer pouvoir les accomplir avec du temps libre".

Il s’agit alors de "tirer parti de cette charge allégée pour s'investir davantage dans le petit nombre de projets qui comptent le plus et ainsi les faire avancer".

L'art de la simplification créative

Cal Newport reconnaît que ce principe peut toutefois sembler plus facile à énoncer qu'à mettre en pratique. Et nous sommes effectivement légitime de poser la question : dans un environnement professionnel où la suractivité semble inévitable, comment alléger sa charge de travail ?

À cette question, l’auteur répond que cette vision ambitieuse de simplicité aménagée est en fait possible dans la plupart des contextes professionnels modernes, à condition d'être créatif et parfois radical dans sa façon d'organiser ses tâches.

3.2 - Pourquoi les travailleurs du savoir devraient en faire moins

Le piège invisible des coûts indirects

Pour illustrer la pertinence actuelle de ce principe, Cal Newport raconte l'histoire de Jonathan Frostick, cadre chez HSBC qui, après une crise cardiaque en 2021, prit la résolution de ne plus passer toutes ses journées sur Zoom.

Cette situation révèle un problème majeur dans les professions intellectuelles contemporaines, lance l’auteur : celle de l'accumulation excessive de "coûts indirects".

L'auteur explique que chaque tâche ou projet accepté s'accompagne, en effet, de coûts indirects administratifs (emails, réunions, etc.). Ces derniers s'accumulent jusqu'à atteindre un "seuil critique" au-delà duquel il devient impossible de gérer efficacement son travail.

C’est ce qui explique le phénomène que Cal Newport surnomme "l'Apocalypse Zoom" qui a eu lieu pendant la pandémie : l'augmentation même modeste des coûts indirects a suffi à faire basculer de nombreux travailleurs au-delà de ce seuil critique.

Le paradoxe productif : moins pour faire plus

À travers un exemple chiffré, Cal Newport démontre ici que faire moins de choses à la fois permet paradoxalement de produire davantage.

En plus d'accroître la quantité produite, cette approche améliore également la qualité du travail, car "notre cerveau fonctionne mieux lorsque nous ne sommes pas pressés."

Le stress comme mauvais conseiller

L'auteur s'attaque ensuite à une question fondamentale : pourquoi tant de travailleurs du savoir se retrouvent-ils constamment au bord de la surcharge ?

Sa réponse est révélatrice : nous utilisons le stress comme heuristique pour modérer notre charge de travail. Nous ne refusons de nouvelles tâches que lorsque nous ressentons suffisamment de détresse personnelle pour justifier le coût social de ce refus.

Des pionniers de la simplification

Pour illustrer qu'une autre approche est possible, Cal Newport partage plusieurs témoignages de personnes ayant réussi à simplifier leur vie professionnelle : une coach qui a réduit ses offres à quelques services clés, un professeur de droit qui s'est concentré sur une seule affaire importante, une enseignante qui a arrêté tout travail non rémunéré, un consultant dont l'entreprise a mis en place des heures non facturables, et un ingénieur qui a réduit son temps de travail.

3.3 - Proposition n°1 : Limitez les gros projets

Pour mettre en œuvre ce premier principe, Cal Newport s'inspire d'abord d'Andrew Wiles, le mathématicien qui résolut le dernier théorème de Fermat. Après avoir décidé de se consacrer à ce projet, Wiles prit des mesures concrètes pour réduire drastiquement ses engagements : il renonça aux conférences, évita les distractions universitaires, et mit au point un "stratagème" pour maintenir une apparence de productivité tout en travaillant sur son objectif principal.

Cal Newport recommande de suivre cet exemple en limitant systématiquement le nombre de projets professionnels importants à trois échelles différentes :

Moins de missions

Cal Newport considère qu'idéalement, on ne devrait pas dépasser trois missions principales, ces objectifs professionnels majeurs qui déterminent notre attention. Il raconte comment son amie Jenny Blake a réduit ses sources de revenus de plus de dix à seulement quelques-unes, ce qui lui a permis de réduire son temps de travail à vingt heures par semaine.

Moins de projets

Pour limiter ses projets en cours, Cal Newport conseille d'utiliser la réalité concrète de son temps disponible comme argument. Il suggère d'estimer le temps nécessaire pour chaque nouveau projet et de le programmer dans son calendrier. Si on ne trouve pas assez de plages horaires, c'est qu'on n'a pas le temps de gérer ce projet et qu'il faut soit le refuser, soit en annuler un autre.

Moins d'objectifs quotidiens

À l'échelle de la journée, Cal Newport recommande de travailler sur un seul projet important par jour maximum. Il explique avoir appris cette approche de sa directrice de thèse au MIT, qui préférait se concentrer intensément sur un seul projet à la fois plutôt que de jongler entre plusieurs. Ce rythme peut sembler lent, mais sur le long terme, les résultats s'accumulent remarquablement.

3.4 - Proposition n°2 : Contenez les petites tâches

Cal Newport évoque ensuite Benjamin Franklin, qui contrairement à sa réputation de travailleur infatigable, avait compris l'importance de se libérer des petites tâches administratives.

À 48 ans, Franklin promut son employé David Hall au rang d'associé, lui confiant toute la gestion de son imprimerie pour se consacrer à ses recherches sur l'électricité et à d'autres projets plus significatifs.

L'auteur observe que de nombreux créateurs ont développé des stratégies similaires pour se protéger des petites tâches perturbantes : Ian Rankin s'isole dans une maison en Écosse, Edith Wharton avait une routine matinale stricte, etc. Reconnaissant que ces solutions ne sont pas à la portée de tous, Cal Newport propose plusieurs stratégies plus accessibles :

Passez en pilotage automatique

Créez un "calendrier de pilotage automatique" en réservant des créneaux horaires spécifiques pour effectuer des tâches récurrentes dans des catégories spécifiques. Associez ces tâches à des lieux et rituels spécifiques pour maximiser leur efficacité.

Synchronisez

Cal Newport explique que la surcharge collaborative peut être réduite en remplaçant la communication asynchrone par des conversations en temps réel.

Il propose deux méthodes :

Organiser des "permanences" quotidiennes dédiées aux discussions rapides.

Mettre en place des "réunions de déblayage" hebdomadaires pour traiter les tâches en suspens avec toute l'équipe.

Déléguez !

L'auteur suggère plusieurs techniques pour réduire l'asymétrie dans l'attribution des tâches :

La "liste de tâches inversée" : créer des listes partagées où les autres doivent ajouter eux-mêmes les tâches qu'ils vous demandent d'accomplir.

Mettre en place des processus qui obligent les autres à effectuer une partie du travail.

Ne pas hésiter à utiliser ces stratégies, car "les gens sont souvent trop focalisés sur leurs propres problèmes pour se préoccuper de la façon dont vous résolvez les vôtres".

Évitez les "machines à tâches"

Cal Newport recommande d'évaluer les nouveaux projets non seulement en fonction de leur difficulté ou du temps qu'ils prendront, mais aussi en fonction du nombre de petites tâches qu'ils généreront.

Il donne l'exemple d'un directeur des ventes qui devrait choisir la rédaction d'un rapport plutôt que l'organisation d'une conférence, car cette dernière est une véritable "machine à tâches".

Dépensez de l'argent

S'inspirant de son amie Jenny Blake qui dépense environ 2400 euros mensuellement en services logiciels professionnels, Cal Newport soutient que dépenser de l'argent pour réduire sa liste de tâches est un investissement judicieux.

Il suggère également d'embaucher des personnes pour déléguer des tâches ou de faire appel à des prestataires de services professionnels.

3.5 - Interlude : qu'en est-il des parents débordés ?

Dans un interlude plus personnel, Cal Newport aborde la situation particulièrement difficile des parents qui travaillent.

Il cite Brigid Schulte, journaliste et mère de deux enfants, et décrit son quotidien chaotique : préparer des cupcakes jusqu'à 2h du matin, finir des articles à 4h, faire des interviews dans la salle d'attente du dentiste de son fils...

L'auteur observe que la pseudo-productivité oblige les individus à gérer seuls les tensions entre vie professionnelle et vie privée, sans cadre clair pour négocier ces compromis.

Il élargit cette réflexion à tous ceux qui font face à des défis personnels (maladie, parents âgés, etc.) et rappelle comment la pandémie a exacerbé ces tensions.

Cal Newport conclut cet interlude en soulignant que "être débordé n'est pas seulement inefficace ; cela peut devenir, pour beaucoup, purement et simplement inhumain." Le premier principe de la slow productivity n'est donc pas qu'une question d'efficacité professionnelle, mais aussi "une réponse pour ceux qui ont le sentiment que leur emploi empiète sur tous les autres domaines de leur vie."

3.6 – Proposition n°3 : Ne poussez plus, tirez !

Push vs Pull : deux philosophies opposées

Dans sa dernière proposition, Cal Newport s'inspire du Broad Institute, un centre de recherche génomique qui a transformé son processus de séquençage génétique en passant d'une stratégie "push" (pousser) à une stratégie "pull" (tirer).

L'auteur explique alors la distinction fondamentale entre ces deux stratégies :

Dans un processus "push", à chaque étape terminée, la tâche passe automatiquement à l'étape suivante.

Dans un processus "pull", chaque étape tire vers elle la nouvelle tâche uniquement lorsqu'elle est prête à le faire.

Cette transition, indique l’auteur, a permis au Broad Institute de réduire le temps de traitement des échantillons de 85 % et d'améliorer considérablement son efficacité. Un groupe de développement technologique de l'institut a également adopté cette approche avec succès, et grâce à elle, réduit le nombre de projets en cours de 50 % tout en augmentant leur taux d'achèvement.

Le système pull pour tous : une méthode en trois temps

Pour les personnes qui n'ont pas le pouvoir de transformer complètement leur environnement de travail, Cal Newport propose une stratégie en trois étapes pour simuler un système "pull" :

Créez des listes "en attente" et "en cours"

Limitez votre liste "en cours" à trois projets maximum et concentrez votre attention uniquement sur ces projets. Lorsqu'un projet est terminé, tirez-en un nouveau depuis la liste "en attente".

Envoyez un accusé de réception

Pour chaque nouveau projet, envoyez un message qui officialise votre engagement mais inclut : les informations supplémentaires dont vous avez besoin, le nombre de projets déjà sur vos listes, et une estimation de délai réaliste.

Cal Newport souligne que la transparence est ici cruciale et que souvent, ce type de message conduit le demandeur à retirer son projet.

Mettez à jour vos listes hebdomadairement

Revoyez les échéances, donnez la priorité à ce qui doit être bouclé rapidement, et n'hésitez pas à demander à être libéré des projets que vous ne cessez de repousser ou qui sont devenus obsolètes.

Chapitre 4 – Respecter un rythme naturel

4.1 - Principe n°2 de la slow productivity : respecter un rythme naturel

Cal Newport démarre le chapitre 4 de son livre "Slow productivity" avec une révélation qui l'a frappé durant l'été 2021 alors qu'il lisait "The Scientists" de John Gribbin.

Il a observé que les grands scientifiques de l'histoire, bien que remarquablement productifs, travaillaient à un rythme qui, selon nos standards actuels, semblerait étonnamment lent et irrégulier.

L'auteur illustre cette idée avec plusieurs exemples frappants :

Copernic mit plus de 30 ans à publier ses théories révolutionnaires sur le mouvement des planètes après sa première ébauche.

Galilée commença à réfléchir au mouvement du pendule en 1584, mais n'entreprit ses expériences formelles qu'en 1602.

Newton développa sa théorie de la gravitation sur une période de plus de 15 ans.

Même Marie Curie, au beau milieu de ses recherches majeures sur la radioactivité, partit en vacances prolongées à la campagne avec sa famille.

Ces observations ont conduit Cal Newport à réaliser que l'échelle de temps est essentielle à notre compréhension de la productivité. À l'échelle rapide des jours et des semaines, ces scientifiques semblaient travailler lentement, mais à l'échelle des années et des décennies, leurs efforts étaient indéniablement fructueux.

D’où le deuxième principe de la slow productivity : respecter un rythme naturel.

Autrement dit : "n'effectuez pas votre travail le plus important au pas de charge. Laissez-le se réaliser selon une chronologie soutenable, incluant des variations d'intensité, dans un cadre favorisant l'intelligence".

4.2 - Pourquoi les travailleurs du savoir devraient renouer avec un rythme plus naturel

Cal Newport s'appuie sur les recherches anthropologiques, notamment celles de Richard Lee sur les Ju/hoansi du désert du Kalahari, pour démontrer que le rythme de travail constant et intense qui caractérise notre époque est fondamentalement contraire à notre nature humaine.

En effet, l'auteur explique que pendant environ 290 000 des 300 000 années d'existence de notre espèce, les humains ont vécu comme chasseurs-cueilleurs. Leurs efforts quotidiens pour se nourrir étaient caractérisés par une alternance naturelle entre périodes d'activité et périodes de repos. Les études de Mark Dyble sur les Agta des Philippines confirment cette tendance : les chasseurs-cueilleurs consacraient 40 à 50 % de leur journée au loisir, avec des rythmes de travail très variables.

Cette variabilité fut bouleversée par la révolution néolithique et l'avènement de l'agriculture, qui imposa un travail plus monotone. Toutefois, l'agriculture maintenait encore une certaine saisonnalité : l'intense activité des semailles et des récoltes alternant avec des périodes plus calmes. La Révolution industrielle effaça ces dernières variations, transformant chaque jour en "jour de récolte".

Cal Newport affirme que l'avènement des professions du savoir aurait pu renverser cette tendance, mais la pseudo-productivité a au contraire poussé à une aliénation encore plus profonde par rapport à nos rythmes naturels. Contrairement au secteur industriel, où des lois et des syndicats établirent des limites, les professions intellectuelles ne disposent d'aucune protection similaire.

L'ironie, souligne l'auteur, est que les travailleurs du savoir traditionnels qui jouissaient d'une grande liberté - comme les scientifiques mentionnés au début du chapitre - revenaient naturellement à des rythmes de travail plus variés. Ce n'est pas par hasard : notre physiologie est programmée pour cette alternance.

4.3 - Proposition n°1 : prenez plus de temps

Pour illustrer l'avantage de prendre son temps, Cal Newport raconte l'histoire de Lin-Manuel Miranda et de sa comédie musicale "In the Heights". Contrairement à la croyance selon laquelle il aurait créé ce chef-d'œuvre en un éclair de génie pendant ses études, Miranda a en réalité travaillé sur ce projet pendant sept ans, l'améliorant progressivement tout en poursuivant d'autres activités.

L'auteur propose trois stratégies concrètes pour allonger ses délais :

Concevez un plan sur cinq ans

Cal Newport partage sa propre expérience lorsqu'il commença son doctorat au MIT tout en souhaitant poursuivre sa carrière d'écrivain. Ce plan à long terme lui a permis de traverser des périodes où l'écriture passait au second plan, sans jamais abandonner son objectif global.

Doublez vos délais

Reconnaissant notre tendance à sous-estimer le temps nécessaire aux projets cognitifs, l'auteur suggère de déterminer un délai qui semble raisonnable, puis de le multiplier par deux. Cette "police d'assurance" contrecarre notre optimisme instinctif et permet un rythme plus paisible.

Simplifiez votre journée

Cal Newport recommande de réduire de 25 à 50 % les tâches prévues quotidiennement et de s'assurer que les réunions n'occupent pas plus de la moitié de notre journée de travail. Il propose la stratégie "une heure pour toi, une heure pour moi" qui consiste à protéger une durée équivalente à chaque nouvelle réunion programmée.

L'auteur conclut cette proposition en soulignant l'importance de se pardonner lorsque nos tentatives de prendre plus de temps échouent : "La clé d'un travail ayant du sens est de décider de revenir encore et toujours à ce qui vous paraît important. Pas de parvenir à tout bien faire tout le temps."

4.4 - Proposition n°2 : respectez la saisonnalité

Cal Newport s’intéresse ensuite à la vie de Georgia O'Keeffe qui, après des années frénétiques d'enseignement dans différentes institutions, trouva son rythme dans une propriété au bord du lac George. Entre 1918 et 1934, travaillant souvent en plein air, elle produisit plus de 200 tableaux, alternant entre des étés créatifs dans cette retraite et des automnes plus trépidants à New York.

L'auteur souligne que cette approche saisonnière du travail, où l'intensité des efforts varie au fil de l'année, est naturelle mais devenue rare dans notre société.

Il propose plusieurs stratégies pour réintroduire cette saisonnalité :

Programmez des saisons lentes

S'inspirant du concept de "quiet quitting", Cal Newport suggère de ralentir délibérément pendant une ou deux saisons par an, en bouclant les projets importants avant cette période et en repoussant les nouveaux jusqu'à son terme.

Raccourcissez votre année de travail

L'auteur raconte comment Ian Fleming négocia de ne travailler que dix mois par an pour passer les deux autres mois dans sa maison jamaïcaine, où il écrivit ses romans "James Bond".

Cal Newport cite également des exemples contemporains comme Jenny Blake et Andrew Sullivan qui s'accordent plusieurs semaines de pause chaque année.

Optez pour les "petites variations saisonnières"

Pour ceux qui ne peuvent pas prendre des mois entiers, l'auteur propose quatre micro-stratégies :

Pas de réunion le lundi (ou un autre jour fixe),

Une séance de cinéma ou autre activité en journée une fois par mois,

Programmer des projets de loisirs pour équilibrer chaque grand projet professionnel,

Travailler par cycles d'intensité variée, à l'image de l'entreprise Basecamp.

4.5 - Interlude : Jack Kerouac n'a-t-il pas écrit "Sur la route" en trois semaines ?

Dans un bref interlude, Cal Newport aborde l'objection évidente que certains travaux créatifs semblent avoir été produits dans des sursauts frénétiques plutôt qu'à un rythme lent.

Il démystifie l'histoire de Jack Kerouac, qui prétendait avoir écrit "Sur la route" en trois semaines, alors qu'en réalité il avait travaillé sur ce livre pendant six ans, tenant des journaux détaillés et rédigeant six versions différentes après le premier jet.

Comme le conclut l'auteur : ""Sur la route" se lit vite, mais le rythme auquel le livre a été écrit, comme pour la plupart des œuvres qui résistent à l'épreuve du temps, fut en réalité assez lent."

4.6 - Proposition n°3 : travaillez poétiquement

La dernière proposition du chapitre concerne le contexte dans lequel nous accomplissons notre travail.

Cal Newport s'inspire de Mary Oliver, poétesse lauréate du Pulitzer, qui composait ses poèmes lors de longues marches dans les bois. Il suggère que le cadre dans lequel nous effectuons notre travail peut transformer notre expérience cognitive, rendant nos efforts plus vivants et plus naturels.

L'auteur propose trois approches pour travailler "poétiquement" :

Accordez l'espace à votre travail

Créez un environnement physique qui résonne avec ce que vous essayez d'accomplir, comme le fit Lin-Manuel Miranda en écrivant "Hamilton" dans une maison historique liée à George Washington, ou encore Neil Gaiman en rédigeant dans une cabane octogonale en forêt.

Étrange plutôt que stylé

Cal Newport cite des écrivains comme Peter Benchley qui écrivit "Les Dents de la mer" dans l'arrière-boutique d'un atelier de réparation de hauts-fourneaux, ainsi que Maya Angelou qui louait des chambres d'hôtel dépouillées pour travailler.

Il explique que l'environnement familier du domicile piège notre attention et qu'un cadre étrange, même laid, peut être plus propice à la concentration.

Des rituels remarquables

S'inspirant des mystères de la Grèce antique, Cal Newport souligne que des rituels suffisamment remarquables peuvent modifier notre état mental dans une direction favorable à la réalisation de nos objectifs. Il cite David Lynch qui commandait un énorme milkshake au chocolat pour stimuler sa créativité, ou N.C. Wyeth qui coupait du bois pendant une heure avant de travailler.

En conclusion, Cal Newport réaffirme que le deuxième principe de la slow productivity nous invite à rejeter "les gratifications performatives de l'urgence perpétuelle" pour accorder à nos efforts professionnels "l'espace et le respect nécessaires afin qu'ils s'intègrent dans une vie bien vécue, au lieu d'y faire obstacle."

Chapitre 5 – Faire de la qualité une obsession

5.1 - Le principe n°3 de la slow productivity : faire de la qualité une obsession

Dans le cinquième chapitre de son ouvrage "Slow productivity", Cal Newport partage d’abord l'histoire de Jewel, une jeune chanteuse qui vivait dans sa voiture à San Diego dans les années 1990. Malgré sa situation précaire, elle parvint à attirer l'attention du public lors de ses performances à l'Inner Change Coffeehouse. Son talent brut et authentique finit par séduire les maisons de disques et aboutit à une offre d'un million de dollars à la signature.

Mais ce qui rend cette histoire particulièrement pertinente, précise l’auteur, c'est que Jewel refusa cette somme colossale. Cal Newport explique que la chanteuse avait, en fait, compris qu'accepter un tel montant la forcerait à vendre énormément de disques très rapidement pour que le label récupère son investissement. Au lieu de cela, elle choisit alors de rester "bon marché" pour sa maison de disques, se donnant ainsi le temps nécessaire pour développer sa musique et son art. Elle résuma cette philosophie par une maxime : "Le bois dur pousse lentement."

Cette histoire illustre parfaitement le troisième et dernier principe de la slow productivity que Cal Newport formule ainsi :

Soyez obsédé par la qualité de ce que vous produisez, même si cela veut dire rater des opportunités à court terme. Tirez parti des résultats obtenus pour gagner toujours plus de liberté de travail sur le long terme.

L'auteur souligne que ce principe n'est pas placé en dernier par hasard : en effet, il constitue le ciment de la slow productivity. Sans cette obsession de la qualité, les deux premiers principes (en faire moins et respecter un rythme naturel) risqueraient de transformer le travail en simple contrainte à gérer, plutôt qu'en source d'accomplissement.

5.2 - Pourquoi les travailleurs du savoir devraient être obsédés par la qualité

Cal Newport reconnaît que le lien entre qualité et succès est évident pour les artistes comme Jewel, mais peut sembler moins direct dans les professions intellectuelles.

En tant qu'enseignant-chercheur, il jongle lui-même entre multiples tâches : enseignement, demandes de subventions, supervision d'étudiants, comités, articles scientifiques...

Pourtant, il affirme que même dans les métiers du savoir, certaines activités clés déterminent véritablement notre succès. Pour un professeur d'université, ce sont les publications majeures ; pour un graphiste, ce sont ses réalisations visuelles ; pour un commercial, ce sont ses ventes.

Le troisième principe invite à privilégier la qualité de ces activités essentielles non seulement pour exceller, mais aussi parce que cette qualité entretient des liens inattendus avec le désir de ralentir.

Cal Newport illustre ce lien à travers deux dynamiques complémentaires :

La qualité exige de ralentir

Pour produire un travail vraiment bon, on doit nécessairement prendre son temps. Il cite l'exemple de Steve Jobs qui, de retour chez Apple en 1997, réduisit drastiquement les lignes de produits pour se concentrer sur quatre ordinateurs seulement. Cette simplification permit de travailler sur la qualité et l'innovation et par là même, transformer rapidement les pertes en profits.

La qualité permet de ralentir

Le succès basé sur l'excellence donne une plus grande liberté.

L'auteur raconte comment Jewel, après le succès de son album "Spirit", refusa de s'installer à Los Angeles pour poursuivre une carrière frénétique. Elle préféra s'établir dans un ranch au Texas avec son petit ami :

"Je n'avais pas besoin d'être plus riche ou plus célèbre", expliqua-t-elle.

Pour illustrer plus concrètement cette seconde dynamique, Cal Newport présente Paul Jarvis, auteur de "Company of One", qui vit dans une maison isolée sur l'île de Vancouver. Jarvis préconise d'exploiter ses compétences non pas pour agrandir son entreprise, mais pour gagner en liberté. Par exemple, un concepteur web facturant 50€/heure pourrait, une fois sa réputation établie, passer à 100€/heure et travailler moitié moins tout en maintenant le même revenu.

Cal Newport conclut que nous avons été tellement habitués à considérer que le perfectionnement de nos compétences ne doit servir qu'à augmenter nos revenus et responsabilités, que nous oublions qu'il peut aussi nous offrir un mode de vie plus soutenable.

5.3 - Proposition n°1 : affinez votre goût

La première proposition concrète de ce chapitre s'inspire d'une déclaration d'Ira Glass, créateur de l'émission "This American Life". Glass souligne qu'en matière de création, il existe souvent un fossé entre ce que notre goût reconnaît comme bon et ce que nos compétences nous permettent de produire. C'est la frustration de ce décalage qui nous pousse à nous améliorer.

Toutefois, Cal Newport remarque qu’un élément primordial est souvent négligé : la nécessité d'affiner d'abord notre goût. Il est impossible de produire un travail exceptionnel sans comprendre ce qu'est l'excellence dans notre domaine.

Il propose alors trois approches pour développer ce discernement :

Devenez cinéphile (ou expert dans un autre domaine)

Cal Newport raconte comment l'étude du cinéma l'a aidé à améliorer son écriture. Il suggère que l'exploration d'un art différent du nôtre peut nous inspirer sans nous intimider.

Fondez votre propre club

S'inspirant du cercle des "Inklings" qui réunissait C.S. Lewis et J.R.R. Tolkien à Oxford, l'auteur encourage la création de groupes où des pairs peuvent échanger sur leurs travaux. Le goût collectif est généralement supérieur au goût individuel.

Achetez un carnet à 50 euros

Cal Newport partage comment l'achat d'un carnet de laboratoire haut de gamme durant son post-doctorat au MIT a transformé sa façon de travailler. Il soutient que des outils de qualité nous poussent à produire un travail de qualité.

5.4 - Interlude : et le perfectionnisme dans tout ça ?

Face à une lectrice inquiète que l'obsession de la qualité puisse mener au perfectionnisme paralysant, Cal Newport nuance son propos.

Il prend l'exemple des Beatles qui, après avoir abandonné les tournées en 1966, passèrent près de 700 heures en studio pour produire "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band", un album révolutionnaire dans l'histoire de la musique pop. Si ce chef-d'œuvre démontre les bénéfices de l'obsession de la qualité, l'auteur reconnaît que cette tendance a également conduit de nombreux groupes à s'enliser dans un "perfectionnisme solitaire" stérile.

Pour éviter ce piège, Cal Newport conseille de se donner suffisamment de temps pour produire quelque chose de brillant, mais pas un temps illimité.

5.5 – Proposition n°2 : misez sur vous-même

La seconde proposition nous invite à prendre des risques calculés dans le but d’améliorer la qualité de son travail.

Cal Newport illustre cette idée avec l'histoire d'Alanis Morissette qui, après un succès dans la pop commerciale au Canada, fut abandonnée par sa maison de disques lorsqu'elle voulut explorer un style plus personnel. Ce pari risqué la conduisit finalement à créer "Jagged Little Pill", un album qui s'est vendu à 33 millions d'exemplaires.

L'auteur propose plusieurs approches pour mettre en œuvre cette stratégie :

Écrivez "quand les gosses sont couchés"

S’inspirant de figures comme Stephenie Meyer (Twilight), Clive Cussler ou John Grisham, Cal Newport suggère d’utiliser une partie de son temps libre pour se consacrer temporairement à un projet qui compte vraiment.

Réduisez vos revenus

Pas question de tout lâcher sur un coup de tête ! Cal Newport recommande d’agir prudemment avant de quitter son emploi, même s'il reconnaît que parfois, la pression financière peut stimuler la créativité. L’essentiel : s’assurer que le projet a un vrai potentiel avant de sauter le pas.

Annoncez vos délais

Communiquer publiquement sur un projet crée des attentes sociales qui motivent à l'excellence.

Attirez un investisseur

L'auteur raconte comment John Carpenter réalisa "Halloween" avec un budget modeste fourni par Moustapha Akkad. Dans cet exemple, on voit bien que la volonté de ne pas décevoir ceux qui nous font confiance peut nous pousser au-delà de nos limites habituelles.

En résumé, faire de la qualité une priorité n’est pas juste une posture professionnelle. C’est un choix stratégique. Un levier pour reprendre la main sur son temps, sa carrière, sa liberté. En produisant moins mais mieux, on gagne paradoxalement plus : plus d’impact, plus d’autonomie, et plus d’équilibre.

Conclusion de Cal Newport

John McPhee, figure du travail lent et méthodique

Cal Newport clôt son livre en revenant sur l’histoire de John McPhee, évoquée en introduction.

Il décrit plus en détail la méthode rigoureuse que ce grand écrivain a affinée au fil des années : d’abord taper ses notes pendant des semaines, puis découper chaque idée en blocs cohérents, les classer dans des dossiers thématiques, avant de disposer ces fragments sur un panneau pour en dégager la structure parfaite… Seulement à partir de cette étape commence l’écriture.

Une leçon de fond : ralentir pour mieux avancer

Cette évolution incarne à merveille le message central de l’ouvrage : ralentir n’est pas un simple appel à lever le pied, c’est une stratégie de fond pour mieux travailler. Car Cal Newport insiste : "ralentir ne se résume pas à s'élever contre le travail. Il s'agit plutôt de trouver une meilleure manière de travailler", repenser notre façon de l’aborder.

Echapper à la pseudo-productivité et repenser le travail

Cal Newport explique ensuite les deux ambitions qui ont guidé l’écriture de ce livre :

D’un côté, aider concrètement les travailleurs du savoir à échapper à la pseudo-productivité, en s’appuyant sur les trois principes-clés énoncés au fil des chapitres.

De l’autre, contribuer à une réflexion plus large sur la manière dont le travail intellectuel est structuré aujourd’hui.

Cal Newport conclut en citant McPhee qui s'étonnait d'être perçu comme prolifique : "Si vous versez chaque jour une goutte d'eau dans un seau, au bout de 365 jours, il y a une certaine quantité d'eau". Ce qui compte vraiment, rappelle l'auteur, ce n'est pas la vitesse mais l'endroit où l'on arrive.

Conclusion de "Slow productivity : retrouver efficacité, équilibre et goût du travail dans un monde d’excès" de Cal Newport

Les 4 idées clés à retenir du livre "Slow productivity"

Idée clé n°1 : La pseudo-productivité nous épuise… sans rien produire de vraiment utile

Dans "Slow productivity", Cal Newport remet en question notre conception moderne de la productivité qui confond activité constante et véritable efficacité.

Ce qu’il appelle "pseudo-productivité", c’est cette tendance à utiliser l'activité visible comme indicateur de travail performant. C'est cette illusion selon laquelle être toujours occupé, toujours joignable, et enchaîner les mails et les réunions, serait la preuve d’un travail bien fait.

En réalité, ce modèle repose sur des signes extérieurs d'effort, mais ne produit que peu de résultats concrets, surtout dans les métiers intellectuels, où la valeur produite n'est pas proportionnelle au temps passé devant un écran.

Dès lors, Cal Newport montre comment cette logique, renforcée par les outils numériques et technologies connectées, est devenue un piège : on consulte nos mails en moyenne toutes les 6 minutes, on saute d’une tâche à l’autre sans jamais aller au fond des choses, et on termine nos journées épuisés, mais sans sentiment d’avancer vraiment.

Résultat : un cycle d’hyperactivité vide de sens, où l’on confond "être occupé" avec "créer de la valeur".

Idée clé n°2 : Faire moins permet paradoxalement d'accomplir davantage

Cette idée est l’un des grands paradoxes de la slow productivity que Cal Newport défend avec force : réduire délibérément nos engagements nous rend plus efficaces, pas moins.

Plutôt que de multiplier les tâches et les projets - au risque de nous disperser – Cal Newport propose une approche sélective et intentionnelle. En limitant notre charge mentale à ce que l’on peut réellement traiter avec attention et profondeur, on libère de l’espace pour produire un travail de qualité.

Il illustre ce principe avec l’exemple de Jane Austen, qui ne put écrire ses chefs-d'œuvre qu’une fois soulagée de ses contraintes domestiques. Son génie créatif a émergé quand elle a retrouvé du temps libre, non fragmenté.

Cal Newport introduit ici la logique des systèmes "pull" (on choisit quand et comment on tire une nouvelle tâche) face aux systèmes "push" (les tâches nous arrivent sans fin, sans filtre). Selon lui, cette approche réduit les "coûts indirects" - échanges, suivis, frictions - qui s’accumulent silencieusement jusqu’à atteindre ce "seuil critique" au-delà duquel notre efficacité s'effondre.

En bref, en en faisant moins, mais mieux, on évite la surcharge… et on accomplit davantage.

Idée clé n°3 : Notre corps (et notre cerveau) ne sont pas faits pour travailler à plein régime toute l’année

Un autre principe clé de la slow productivity repose sur une vérité souvent négligée : notre physiologie a besoin de rythme, de variation, de respiration.

Cal Newport s’appuie sur des observations anthropologiques pour montrer que pendant la quasi-totalité de l’histoire humaine (sur 290 000 années des 300 000 ans d'existence de notre espèce), nos ancêtres ont travaillé selon des cycles irréguliers, influencés par les saisons, les ressources disponibles et les besoins du moment. L’intensité constante est une invention moderne… et profondément contre-nature.

Même les plus grands esprits de l’histoire - chercheurs, artistes, inventeurs - travaillaient à des cadences lentes, alternant entre des phases de concentration intense et de longs temps de recul. Et pourtant, leur impact est immense.

Cal Newport plaide donc pour un retour à cette saisonnalité naturelle du travail perdue, que ce soit par :

Des périodes plus calmes dans l’année, propices au repos ou à la réflexion,

Des environnements de travail inspirants, qui nourrissent plutôt que d’épuiser,

Des délais plus réalistes, parfois doublés, pour sortir de la pression permanente.

Alors, travailler intensément, oui — mais pas tout le temps. L’alternance est essentielle pour préserver notre énergie, notre créativité et notre santé mentale.

Idée clé n°4 : L'obsession de la qualité devient un levier pour gagner en liberté professionnelle

Le troisième principe de la slow productivity révèle que viser l’excellence ne signifie pas en faire plus… mais mieux, avec plus de sens et plus de liberté à la clé.

À travers des histoires marquantes - comme celle de la chanteuse Jewel qui refuse un contrat d’un million de dollars pour rester fidèle à son art, ou celle de Paul Jarvis, designer qui choisit une vie simple sur l’île de Vancouver - Cal Newport montre que la vraie réussite n’est pas toujours dans l’accumulation de projets ou de responsabilités, mais dans la qualité de ce qu’on crée… et la liberté qu’on en tire.

Pour cela, il faut d’abord développer un goût exigeant, apprendre à reconnaître ce qui est réellement bon, ce qui a de la valeur. Puis, oser miser sur soi, prendre des risques calculés qui nous poussent à donner le meilleur de nous-mêmes.

Cette quête d’excellence, loin d’être un piège perfectionniste, devient un levier puissant pour créer une carrière à notre image : plus sobre, plus alignée, plus libre.

En somme, plus on s’approche de la maîtrise, plus on peut choisir notre manière de travailler - et de vivre.

Ce que la lecture de "Slow Productivity" vous apportera

Lire "Slow Productivity", c’est certes découvrir une nouvelle méthode de travail, mais c’est surtout changer de perspective sur la productivité elle-même.

Dans cet ouvrage, Cal Newport propose en effet un regard radicalement différent du travail intellectuel que l’on se fait habituellement : il partage une vision libérée des diktats de l’urgence, de l’hyper-disponibilité et du “toujours plus”.

Mais le livre ne se limite pas à un constat : il offre des stratégies concrètes, applicables dès aujourd’hui, pour transformer votre relation au travail. Vous y découvrirez notamment comment, au travail :

Réduire vos engagements sans culpabiliser,

Retrouver un rythme plus humain et plus naturel,

Miser sur la qualité plutôt que sur la quantité de vos réalisations,

Faire le tri entre l’essentiel et le superflu, identifier ces activités qui, dans votre métier, produisent véritablement de la valeur, et éliminer progressivement ce qui vous épuise sans rien apporter.

Et réinventer votre rapport au travail, sans sacrifier votre bien-être.

Plus qu’un simple guide de productivité, Slow Productivity est une philosophie complète, qui replace l’exigence de qualité, la sérénité et le plaisir du travail bien fait, à un rythme soutenable sans les sacrifices imposés par notre culture de l'urgence perpétuelle.

Enfin une lecture qui réconcilie efficacité durable et équilibre personnel !

Pourquoi lire "Slow productivity" de Cal Newport ?

"Slow Productivity" ne vous apprendra pas simplement à mieux vous organiser : il vous apprendra à mieux vivre votre travail.

En effet, dans cet ouvrage, Cal Newport ne propose pas une nouvelle méthode miracle de gestion du temps, mais une approche profondément humaine et durable du travail intellectuel. Il nous rappelle une vérité que notre époque a reléguée au second plan : Travailler moins, mais mieux, ce n’est pas une utopie. C’est une nécessité.

Que vous soyez cadre surmené, entrepreneur débordé, freelance créatif sous pression ou universitaire au bord de la saturation, ce livre vous partage des principes simples, libérateurs et adaptés à votre réalité pour :

Retrouver du sens dans ce que vous faites,

Protéger votre santé mentale,

Préserver votre énergie,

Et renouer avec ce qui compte vraiment : la joie de créer, de penser, d’agir - sans vous épuiser.

"Slow Productivity" n’est pas un outil de plus. C’est un tournant.

Points forts :

Une critique fondamentale et nécessaire de la pseudo-productivité qui domine le monde professionnel moderne.

Des principes ancrés dans la réalité anthropologique et physiologique de l'être humain.

De nombreux exemples concrets et historiques qui illustrent parfaitement les concepts présentés.

Des propositions pratiques applicables immédiatement pour transformer sa vie professionnelle.

Points faibles :

Une philosophie qui peut être difficile à mettre en œuvre dans certains environnements professionnels très contraignants.

Certaines stratégies proposées - comme le retrait saisonnier du travail - semblent plus accessibles aux professions intellectuelles indépendantes qu'aux salariés traditionnels.

Ma note :

★★★★★

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Mon, 28 Jul 2025 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/13087/Slow-productivity
Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus http://www.olivier-roland.fr/items/view/13083/Les-hommes-viennent-de-Mars-les-femmes-viennent-de-Vnus

Résumé de "Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus" de John Gray : un phénomène de librairie dès sa sortie, et jamais démenti depuis ! Ce livre vous aidera à mieux vivre votre relation de couple (ou toute autre relation homme-femme) en comprenant les spécificités de chacun.

Par John Gray, 1997, 346 pages.

Titre original : Men Are From Mars, Women Are From Venus (1994).

Chronique et résumé de "Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus" de John Gray

Introduction

John Gray raconte un moment marquant de son mariage avec sa femme Bonnie, une semaine après la naissance de leur fille. Épuisée et en souffrance, Bonnie se sent abandonnée. Lorsqu'il rentre à la maison, une dispute éclate, mais elle l'implore de rester et de simplement l'enlacer. Cet instant change sa perception de l’amour, lui faisant comprendre l’importance de l’écoute et du soutien inconditionnel.

Il réalise que les hommes et les femmes communiquent différemment et que leur méconnaissance mutuelle est souvent à l’origine des conflits. Son expérience personnelle l’incite à approfondir ces différences, aboutissant à sept années de recherche et à la rédaction de son livre. Il observe que de nombreux couples souffrent de frustrations similaires et que comprendre ces dissemblances transforme radicalement leurs relations.

Son séminaire aide des couples au bord du divorce, comme Susan et Jim, qui découvrent que leurs différences sont naturelles et prévisibles. Grâce à ces enseignements, ils ravivent leur amour et renforcent leur relation. John Gray souligne que les hommes et les femmes pensent, ressentent et agissent différemment. Accepter ces écarts permet d’améliorer la communication et d’éviter tensions et rancœurs.

Il insiste sur l’importance d’une approche concrète et bienveillante pour bâtir des relations durables. Bien que les origines des différences entre sexes soient complexes, leur reconnaissance permet d’accroître amour et compréhension mutuelle. Il espère que ses découvertes aideront chacun à développer des relations plus harmonieuses et épanouissantes.

Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus

John Gray imagine une métaphore où les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus. Un jour, les Martiens découvrent les Vénusiennes et tombent amoureux. Leur passion les pousse à inventer les voyages interplanétaires pour rejoindre ces êtres fascinants. Les Vénusiennes les accueillent avec enthousiasme, donnant naissance à un amour magique et harmonieux. Ils apprécient leurs différences et vivent en parfaite entente.

Mais lorsqu’ils émigrent sur Terre, l’atmosphère terrestre provoque chez eux une amnésie sélective. Du jour au lendemain, ils oublient qu’ils viennent de mondes différents et cessent de comprendre leurs dissemblances. Cette perte de mémoire engendre incompréhensions et conflits entre hommes et femmes.

Depuis, leurs relations sont marquées par des tensions qu’une meilleure connaissance de leurs différences pourrait apaiser.

Nous rappeler nos différences

Lorsqu’ils oublient leurs différences, les hommes et les femmes entrent en conflit. Chacun s’attend à ce que l’autre ressente et réagisse comme lui. On suppose que s’il nous aime, il exprimera son amour de la même manière. Cette illusion engendre frustration et déception, empêchant une communication bienveillante.

"Nous supposons à tort que dès lors que notre partenaire nous aime, il aura les réactions et le comportement qui sont les nôtres lorsque nous aimons quelqu'un." (Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, Chapitre 1)

Les hommes croient que les femmes pensent et agissent comme eux, tandis que les femmes font la même erreur. Or, leurs modes de communication et de fonctionnement diffèrent profondément. Ces malentendus sont à l’origine de tensions inutiles.

Reconnaître et respecter ces différences transforme les relations de couple. Il faut toujours garder à l’esprit que les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus.

Un rapide survol de nos principales différences

Dans ce livre, chaque chapitre explore les différences fondamentales entre hommes et femmes.

Le chapitre 2 aborde les valeurs opposées des deux sexes. Les hommes ont tendance à proposer des solutions sans tenir compte des émotions, tandis que les femmes donnent des conseils non sollicités. Comprendre ces erreurs courantes permet d’améliorer la communication.

Le chapitre 3 traite des réactions face au stress : les hommes préfèrent s’isoler, tandis que les femmes ressentent le besoin de parler. De nouvelles méthodes de communication seront proposées.

Le chapitre 4 explique comment motiver le sexe opposé. Les hommes se sentent valorisés en étant utiles, tandis que les femmes ont besoin de se sentir aimées. Des conseils aideront chacun à dépasser ses réticences à donner ou recevoir de l’amour.

Le chapitre 5 révèle les différences de langage et propose un dictionnaire martien-vénusien. Il aide les hommes à mieux écouter et les femmes à comprendre le silence masculin.

Le chapitre 6 détaille les besoins d’intimité : après un rapprochement, un homme ressent le besoin de s’éloigner temporairement. Les femmes apprendront à gérer cette dynamique sans crainte ni frustration.

Le chapitre 7 explique pourquoi les émotions féminines suivent un rythme cyclique. Les hommes apprendront à identifier les moments où leur partenaire a le plus besoin d’eux.

Le chapitre 8 montre comment chacun donne l’amour qu’il aimerait recevoir plutôt que celui dont son partenaire a besoin. Les hommes recherchent confiance et admiration, tandis que les femmes privilégient tendresse et compréhension.

Le chapitre 9 donne des clés pour éviter les disputes. Les hommes apprendront à ne pas invalider les émotions de leur compagne, et les femmes comprendront pourquoi leur désaccord peut être perçu comme une critique.

Le chapitre 10 explique que les hommes et les femmes ne comptent pas les points de la même façon. Un homme mise sur un grand geste, alors qu’une femme valorise chaque petite attention. Une liste de 101 idées aidera les hommes à multiplier ces gestes d’amour.

Le chapitre 11 enseigne l’art de communiquer dans les moments difficiles. Une méthode de lettre d’amour permettra d’exprimer ses émotions sans blesser l’autre.

Le chapitre 12 aide les femmes à mieux formuler leurs demandes, en évitant des expressions qui rebutent les hommes, tout en encourageant ces derniers à donner davantage d’eux-mêmes.

Le chapitre 13 explore les quatre saisons de l’amour et l’évolution naturelle des relations. Il explique comment les expériences passées influencent la dynamique du couple et propose des outils pour préserver la passion.

Chaque chapitre de Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus offre des conseils concrets pour bâtir une relation épanouie et durable.

Les bonnes intentions ne suffisent pas

Tomber amoureux semble magique et éternel. On croit naïvement que notre amour échappera aux problèmes des autres couples. Pourtant, avec le temps, la routine s’installe et les différences apparaissent. Les hommes attendent des femmes qu’elles réagissent comme eux, et inversement. Sans compréhension mutuelle, l’exigence et l’intolérance prennent le dessus, entraînant jugements et rancœurs.

Progressivement, malgré les bonnes intentions, l’amour s’efface. La communication se brise, la méfiance s’installe et le rejet finit par remplacer l’affection. On se demande alors pourquoi et comment cela a pu arriver. Malgré des théories complexes, le même schéma se répète, et l’amour meurt trop souvent.

Chaque année, des millions de couples se forment puis se séparent. La moitié des mariages échoue, et parmi ceux qui durent, beaucoup ne sont pas épanouis. Seuls ceux qui apprennent à se respecter et à accepter leurs différences parviennent à préserver leur amour.

Comprendre ces différences permet d’aimer plus justement et de mieux recevoir l’amour de l’autre. En les acceptant, on trouve des solutions adaptées aux besoins de chacun. L’amour peut durer, à condition de se rappeler ce qui distingue hommes et femmes.

Monsieur Réponse-à-tout et le comité d'amélioration du foyer

Les femmes reprochent aux hommes de ne pas les écouter. Plutôt que d’accueillir leurs paroles avec compréhension, ils interrompent pour proposer des solutions, persuadés d’aider. Ils ne saisissent pas que leur compagne attend une écoute bienveillante, et non des conseils.

Les hommes, de leur côté, reprochent aux femmes de vouloir les changer. Lorsqu’elles aiment, elles tentent d’améliorer leur partenaire, pensant l’aider à progresser. Mais lui perçoit cela comme du contrôle et préférerait être accepté tel qu’il est.

Pourquoi les hommes cherchent-ils à résoudre les problèmes et les femmes à perfectionner leur compagnon ? Un retour sur Mars et Vénus avant leur rencontre pourrait éclairer ces comportements.

La vie sur Mars

Sur Mars, pouvoir, compétence et réussite sont les valeurs essentielles. Un homme mesure sa valeur à ses résultats et tire fierté de ses succès.

Les Martiens s’intéressent davantage aux objectifs qu’aux émotions. Ils valorisent leur autonomie et refusent qu’on leur dicte leur conduite. Recevoir un conseil non sollicité est perçu comme une remise en question de leur capacité à réussir seul.

"Donner à un homme un conseil qu'il n'a pas sollicité équivaut à présumer qu'il ne sait pas ce qu'il faut faire, ou qu'il est incapable de le faire par lui-même." (Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, Chapitre 2)

Les hommes parlent rarement de leurs problèmes, sauf en quête d’un avis spécialisé. Sur Mars, demander de l’aide est une preuve de sagesse seulement si cela est indispensable. Quand une femme exprime ses soucis, l’homme suppose qu’elle cherche une solution. Il endosse alors le rôle de monsieur Réponse-à-tout, pensant lui témoigner son amour.

Ce comportement crée un malentendu : il ne réalise pas qu’elle souhaite avant tout être écoutée et soutenue, sans attendre de solution immédiate.

La vie sur Vénus

Sur Vénus, l’amour, la communication et les relations humaines sont primordiaux. Les femmes mesurent leur valeur à la qualité de leurs sentiments et de leurs liens avec les autres.

Les Vénusiennes privilégient l’harmonie et l’échange, bien plus que la réussite ou l’efficacité. Leur monde est donc très différent de celui des Martiens. Elles aiment exprimer leurs émotions et valorisent les conversations profondes, qui leur apportent autant de satisfaction qu’un succès matériel pour un Martien.

Elles ont une forte intuition, développée par des siècles d’anticipation des besoins d’autrui. Offrir de l’aide, sans qu’elle soit demandée, est un geste naturel et affectueux.

Sur Mars, en revanche, un homme perçoit ces conseils comme un manque de confiance en lui. Il pense qu’il est jugé incompétent, là où une femme voit une simple marque d’attention. Cette différence explique pourquoi un homme rejette souvent les suggestions de sa compagne, alors qu’elle croit simplement l’aider à s’améliorer.

Arrêter les conseils

Une femme peut blesser son compagnon sans le vouloir, simplement en lui donnant un conseil non sollicité.

L’histoire de Mary illustre bien ce point. Son mari, Tom, s’était perdu en voiture. Lorsqu’elle lui suggéra de demander son chemin, il se braqua. Pour elle, c’était une marque d’affection. Pour lui, c’était une remise en question de sa compétence.

Sur Mars, offrir un conseil sans demande préalable est perçu comme un manque de respect. Un homme préfère prouver qu’il peut atteindre son objectif seul, même s’il s’agit d’une tâche simple. S’il sent que sa femme doute de lui sur un détail, il extrapole et pense qu’elle ne lui ferait pas confiance pour des enjeux plus importants.

Mary, en comprenant cette dynamique, a appris à soutenir Tom en restant silencieuse. Lorsqu’ils se sont de nouveau perdus, elle l’a laissé gérer la situation, ce qui a renforcé leur complicité.

Apprendre à écouter

Un homme peut offenser involontairement sa compagne en cherchant à l’aider plutôt qu’à l’écouter.

Mary, après une journée éprouvante, partage ses soucis avec Tom, qui lui propose immédiatement des solutions. Elle se sent incomprise, tandis que lui ne comprend pas pourquoi ses conseils sont rejetés. Sur Vénus, écouter sans interrompre est une marque de respect et de soutien.

Tom apprend alors à simplement écouter Mary. Lorsqu’elle exprime son stress, il valide ses émotions sans chercher à résoudre ses problèmes. Cette approche transforme leur relation et apaise leurs tensions.

À la défense de monsieur Réponse-à-tout et du comité d'amélioration du foyer

Ces comportements ne sont pas mauvais en soi, mais leur moment et leur méthode sont souvent inadaptés.

Un homme peut proposer des solutions, mais pas lorsque sa compagne est bouleversée. Elle attend seulement une écoute et du réconfort.

De même, un homme accepte mieux les conseils s’il les sollicite. Sinon, il les perçoit comme une remise en cause de ses capacités. Lorsqu’il se sent pleinement accepté, il devient plus réceptif. Comprendre ces différences permet d’éviter tensions et malentendus en ajustant son approche.

Quand une femme rejette les solutions proposées par son mari

Lorsqu’une femme résiste aux suggestions de son mari, il le vit comme une remise en question de sa compétence. Il pense qu’elle ne lui fait pas confiance et devient moins attentif. Pourtant, elle attend simplement de l’écoute et du réconfort, pas une solution immédiate.

Les hommes commettent souvent l’erreur de minimiser les émotions de leur compagne en répondant par des phrases comme "Tu ne devrais pas t'en faire autant" ou "Ça ne s'est pas du tout passé comme ça". Ces remarques nient ses sentiments et cherchent à régler le problème trop vite.

Apprendre à écouter sans interrompre ni proposer de solutions immédiates améliore la communication. Un homme qui comprend que c’est le moment et la façon dont il présente ses idées qui posent problème, et non ses suggestions en elles-mêmes, vivra mieux les réticences de sa partenaire. Avec le temps, il verra qu’elle apprécie davantage ses efforts.

Quand un homme résiste au comité d'amélioration du foyer

Lorsqu’un homme rejette les conseils de sa compagne, elle pense qu’il ne l’aime pas ou ignore ses besoins. Cela crée chez elle un sentiment d’abandon. Pourtant, il ne refuse pas l’aide en soi, mais la manière dont elle est formulée.

Les critiques et remarques anodines, comme "Tu devrais appeler un plombier" ou "Ta chemise ne va pas avec ton pantalon", peuvent sembler inoffensives mais sont perçues comme des ordres ou des reproches.

En apprenant à exprimer ses besoins sans jugement, une femme obtiendra plus de coopération. Si elle accepte son mari tel qu’il est et formule ses demandes différemment, il sera plus réceptif aux changements.

Un exercice simple :

Les femmes : éviter conseils et critiques pendant une semaine pour observer une réaction plus positive des hommes.

Les hommes : écouter attentivement sans proposer de solution immédiate pour améliorer la communication.

Les hommes s'enferment dans leur caverne et les femmes bavardent

Les hommes et les femmes gèrent le stress de manière opposée : les hommes se referment, tandis que les femmes expriment leurs émotions. Lui a besoin de solitude pour résoudre ses problèmes, elle ressent le besoin d’en parler.

Quand Tom rentre du travail, il veut se détendre en lisant. Mary, au contraire, souhaite discuter pour évacuer sa journée. Tom trouve qu’elle parle trop et l’écoute distraitement, ce qui la frustre. Cette incompréhension génère rancœur et distance dans le couple.

Même si l’amour est fort, ils ne pourront s’harmoniser qu’en comprenant leurs différences. Tom doit reconnaître que Mary a réellement besoin d’exprimer ses soucis, et Mary doit accepter que Tom se replie pour gérer son stress.

Pour mieux comprendre ces comportements, il faut revenir aux origines martiennes et vénusiennes des hommes et des femmes.

Gestion du stress sur Mars et sur Vénus

Quand un Martien est stressé, il se retire dans sa caverne pour réfléchir seul à son problème. Il n’en parle que s’il a besoin d’aide. Si aucune solution ne lui vient, il se distrait avec des activités comme la lecture ou le sport intense.

Les Vénusiennes, elles, cherchent du réconfort en parlant de leurs soucis avec une personne de confiance. Pour elles, partager leurs émotions est un signe d’amour et de confiance, et non une faiblesse.

Un homme trouve satisfaction en réglant seul ses difficultés, tandis qu’une femme se sent bien lorsqu’elle peut les exprimer et échanger. Aujourd’hui encore, ces différences influencent les relations de couple.

La caverne dispensatrice de soulagement

Lorsqu’un homme est stressé, il se replie dans sa caverne pour se concentrer sur la résolution de son problème principal. Cette préoccupation l’absorbe totalement, le rendant distant et distrait avec sa partenaire.

Physiquement présent, il n’est mentalement disponible qu’à 5 %, le reste de son esprit étant accaparé par sa réflexion. Plus son souci est sérieux, plus il semble indifférent à sa relation de couple. Une fois la solution trouvée, il redevient pleinement attentif.

Pour se vider l’esprit, il se tourne vers des activités déconnectées, comme lire le journal, regarder un match ou faire du sport. Ces distractions lui permettent d’évacuer la pression et de retrouver une nouvelle impulsion mentale.

Les femmes et la caverne

Les femmes ne comprennent pas toujours ce besoin masculin de se replier. Elles aimeraient qu’il exprime ses difficultés, comme elles le font. Lorsqu’il semble plus attentif à la télévision ou au sport qu’à elles, elles se sentent blessées.

Mais attendre qu’un homme sous pression soit immédiatement tendre et disponible est aussi irréaliste que demander à une femme bouleversée de se calmer en un instant.

Si elle se rappelle que les hommes viennent de Mars, une femme comprendra que cette attitude n’a rien à voir avec l’amour. Inversement, un homme conscient de cette différence pourra rassurer sa compagne lorsqu’elle se sent négligée.

Les conflits naissent souvent d’un malentendu. Voici des réactions courantes :

"Tu ne m’écoutes pas !" – Lui pense qu’écouter signifie entendre, elle veut une attention totale.

"J’ai l’impression que tu n’es pas là." – Il est physiquement présent, mais mentalement ailleurs.

"Tu ne tiens pas à moi." – Il pense prouver son amour en trouvant une solution, mais elle préfère de l’affection directe.

Pour éviter les tensions, chacun doit comprendre et accepter les besoins de l’autre. Un homme doit reconnaître la légitimité des sentiments de sa compagne, et elle doit accepter qu’il ait parfois besoin de se retirer.

Comment une femme gère le stress

Lorsqu’une femme est stressée, elle ressent un besoin instinctif de parler de tout ce qui la préoccupe, sans établir de priorité entre les problèmes. Elle ne cherche pas forcément une solution, mais un interlocuteur compréhensif.

Contrairement à l’homme, qui se concentre sur un souci précis, elle perçoit tous ses problèmes comme un ensemble pesant. En les exprimant librement, elle se sent progressivement soulagée et comprend mieux ses émotions.

Si elle se sent incomprise, son stress s’accentue et de nouvelles inquiétudes apparaissent. Elle peut alors détourner son attention vers les soucis d’amis, de proches ou même d’inconnus, car discuter reste pour elle une réaction naturelle face au stress.

Les hommes et le besoin qu’ont les femmes de parler

Lorsqu’une femme parle de ses problèmes, un homme croit souvent qu’elle lui en fait le reproche ou qu’elle attend une solution. Il se défend ou propose des réponses rapides, ce qui ne fait qu’aggraver le malentendu.

"Tout comme l'homme tire satisfaction de l'élaboration d'une solution parfaite jusque dans ses moindres détails, la femme s'épanouit en relatant ses soucis avec une précision quasi chirurgicale." (Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, Chapitre 3)

Les hommes ne réalisent pas que leur compagne ne cherche pas de réponse, mais simplement à partager ses émotions. Plus elle donne de détails, plus il s’impatiente, cherchant une logique et une conclusion qui n’existent pas.

Les femmes peuvent faciliter l’écoute de leur partenaire en annonçant d’abord la conclusion, puis en développant. Rassurer un homme en précisant qu’aucune solution n’est attendue l’aide aussi à écouter sans frustration. Avec le temps, il comprendra que prêter attention suffit à soulager sa compagne.

Ce que les Martiens ont appris

Les hommes ont découvert que les reproches et critiques des femmes étaient temporaires et disparaissaient une fois qu’elles se sentaient écoutées. Ils ont compris que leur besoin de parler n’était pas une attaque mais un moyen de se soulager.

Beaucoup d’hommes ignorent à quel point une femme peut retrouver le sourire simplement en se sentant comprise. En revanche, ils ont souvent vu des femmes qui, faute d’écoute, ressassent sans fin leurs soucis. Ce n’est pas leur tendance à parler qui pose problème, mais le manque d’attention et de soutien.

Enfin, les hommes ont découvert qu'écouter leur compagne pouvait être aussi apaisant que regarder les nouvelles ou lire un journal. Toutefois, en période de stress intense, ils continuent à privilégier leurs distractions habituelles pour se ressourcer.

Ce que les Vénusiennes ont appris

Les Vénusiennes ont compris que l’entrée d’un homme dans sa caverne n’était pas un signe de désamour. Elles ont appris à être plus tolérantes et à ne plus s’offusquer de son comportement distant en période de stress.

Plutôt que de se vexer lorsqu’un homme semble distrait, elles attendent patiemment qu’il retrouve son attention avant de continuer à parler. Cette approche donne de meilleurs résultats que les plaintes ou reproches.

Elles ont aussi accepté ses moments de retrait et en profitent pour passer du temps avec leurs amies. Cette attitude apaise la relation, et les Martiens, se sentant aimés et compris, ressortent plus vite de leur isolement.

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Wed, 23 Jul 2025 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/13083/Les-hommes-viennent-de-Mars-les-femmes-viennent-de-Vnus
Marcher http://www.olivier-roland.fr/items/view/13078/Marcher

Résumé de "Marcher" de Henry David Thoreau : chef-d'œuvre de la littérature naturaliste, "Marcher" est une méditation philosophique dans laquelle l’auteur élève la simple promenade au rang d’art spirituel en proposant la reconnexion avec la nature comme antidote à la civilisation moderne. Cet essai est également un plaidoyer passionné pour la marche en pleine nature comme acte de liberté et de résistance au conformisme, essentiel à la régénération de l'humanité et à la préservation du monde sauvage.

Par Henry David Thoreau, écrit en 1851, 1ère édition en 1862, cette réédition date de 2018, 123 pages.

Titre original : "Walking"

Note : L'introduction, la postface et la partie "Repères chronologiques" de cet ouvrage n'ont pas été écrites par Henry David Thoreau mais par Michel Granger. Professeur de littérature américaine, Michel Granger est un spécialiste et traducteur français particulièrement connu pour son travail autour de Henry David Thoreau. Il est ainsi à l'origine des traductions en français de plusieurs œuvres majeures de Thoreau (comme "La vie sans principe" ou encore "Marcher" ici résumé) et de leur contextualisation.

Chronique et résumé de "Marcher" de Henry David Thoreau

1- Introduction de "Marcher" par Michel Granger

L'introduction de "Marcher" nous plonge dans la vie et la philosophie d'Henry David Thoreau, à travers sa conférence donnée au Lycée de Concord en avril 1851.

1.1 - Éloge de la flânerie

Dans une Amérique du XIXe siècle dominée par l'éthique protestante du travail, Henry David Thoreau fait figure de provocateur. Ancien étudiant de Harvard devenu sans emploi régulier, Michel Granger le décrit comme passant toutes ses journées à se promener dans la nature.

Pour Henry David Thoreau, précise Michel Granger, la marche n'est pas un simple loisir. C’est une activité essentielle à sa liberté et à son art de vivre, dont il a besoin de consacrer plusieurs heures par jour.

Henry David Thoreau revendique alors le droit à cette activité apparemment improductive, car il la considère comme vitale pour régénérer l'humanité.

1.2 - Marcher pour se libérer de l’aliénation sociale

Aussi, l'auteur nous présente un Henry David Thoreau résolument oppositionnel, qui utilise la marche comme moyen d'échapper aux contraintes sociales.

Pour le philosophe, marcher possède, en effet une vertu curative : marcher lui permet de se libérer de l'aliénation sociale, de l'artificialité de la vie urbaine, et de renouer avec ses sens au contact direct de la nature. Dans sa quête d’une "vie naturelle", Henry David Thoreau pratique une observation minutieuse de son environnement, s’effaçant progressivement pour devenir une partie intégrante de la nature elle-même.

1.3 - L'esprit sauvage et la marche pour se régénérer, réfléchir et relativiser

Pour Henry David Thoreau, la civilisation doit se régénérer par le "sauvage". Il ne s’agit pas d’une sauvagerie destructrice, mais d’un état primitif non domestiqué, indique-t-il.

Dans cette optique, la marche devient alors un déclencheur de pensée, un catalyseur de réflexion, une quête spirituelle comparable à une croisade en Terre Sainte. Elle permet, selon lui, de relativiser les activités humaines tout en maintenant un équilibre avec la civilisation.

1.4 – La vision de l’Ouest de Henry David Thoreau et sa relation avec la nature

Michel Granger explique ensuite que, dans sa réflexion, Henry David Thoreau associe le monde sauvage à l'Ouest américain. Il y voit un nouvel Éden. Paradoxalement, l’auteur de "Marcher" n'a jamais quitté sa région, car il préfère, confie Michel Granger, voyager à Concord.

Le philosophe naturaliste vit à la lisière de la nature : il y fait des incursions quotidiennes tout en restant connecté avec la vie intellectuelle. Sa vision de l'Ouest diffère de l'idéologie dominante : plutôt que de considérer cette région comme une frontière à conquérir, il y voit une opportunité de contact avec l'esprit sauvage permettant de régénérer la civilisation.

2 - Marcher

2.1 - L'art de la marche et la quête spirituelle

Henry David Thoreau commence son essai en se présentant comme l'avocat de la nature et de la liberté absolue.

Il explique que très peu de personnes comprennent véritablement l'art de la marche. Lui, l’associe au terme "sauntering" ("saunter" = flâner), un terme dérivé, nous apprend-il, des pèlerins médiévaux en route vers la Terre Sainte.

Ainsi, pour l'auteur, chaque promenade est "une sorte de croisade, prêchée par quelque Pierre l'Hermite caché en nous, pour nous exhorter à partir à la reconquête de la Terre Sainte". Henry David Thoreau approfondit cette métaphore en soutenant que le véritable marcheur, comme le pèlerin, doit être prêt à abandonner ses attaches terrestres pour entreprendre son voyage spirituel.

2.2 - La liberté et le privilège de marcher

Par ailleurs, l'auteur considère la marche comme un privilège rare : celle-ci nécessite, en effet, temps et liberté.

Il affirme que quatre heures de marche quotidienne sont nécessaires à sa santé et son bonheur. Mais cette pratique, observe-t-il, n'est pas accessible à tous, car "aucune richesse ne peut acheter le loisir, la liberté et l'indépendance nécessaires qui constituent le capital de cette profession".

Ici, Henry David Thoreau critique sévèrement ceux qui restent enfermés toute la journée dans leurs boutiques et leurs bureaux. Il considère leur sédentarité comme contre-nature. Il s'étonne d’ailleurs de leur capacité à supporter cet enfermement, notant avec ironie qu'ils ont "bien du mérite de ne pas s'être suicidés depuis longtemps". Car pour le philosophe, la marche n'est pas qu’un simple exercice physique. C’est aussi une véritable aventure spirituelle qui exige une liberté totale d'esprit et de corps.

2.3 - L'appel de l'Ouest

Henry David Thoreau décrit avec une passion particulière comment ses pas le portent invariablement vers l'ouest.

À travers cette tendance naturelle à marcher vers l'ouest plutôt que vers l'est, l’essayiste fait un parallèle avec le mouvement de la civilisation. En effet, cette direction n'est pas choisie au hasard : pour lui, l'est représente le passé et l'histoire, tandis que l'ouest symbolise l'avenir et l'aventure. "C'est vers l'ouest que l'étoile de l'empire suit sa route", cite-t-il.

Ainsi, pour l’auteur de "Marcher", l'Ouest représente non seulement une direction géographique, mais aussi un état d'esprit, une promesse de renouveau et de liberté.

2.4 - La nature comme refuge

L'auteur confie ensuite privilégier résolument les chemins peu fréquentés aux routes principales. Il décrit avec émerveillement comment il peut marcher pendant des kilomètres sans croiser âme qui vive ni voir aucune habitation.

Dans ces moments de solitude parfaite, il réalise alors que les préoccupations humaines - l'Église, l'État, le commerce - occupent peu de place dans le paysage. Pour lui, la politique devient alors un simple "champ étroit", une préoccupation mineure face à l'immensité de la nature.

Ainsi, Henry David Thoreau trouve dans ces espaces sauvages un refuge contre les contraintes de la civilisation, un lieu où l'esprit peut véritablement s'épanouir.

2.5 - L'éloge du sauvage

Henry David Thoreau développe ensuite longuement sa vision du "sauvage" comme force régénératrice essentielle. Pour lui, c’est, en effet, dans la nature sauvage que réside la préservation du monde. Cette affirmation forte est au cœur de sa philosophie.

L'auteur compare aussi ici la littérature domestiquée à la littérature sauvage, préférant cette dernière qu'il juge plus authentique et vivifiante. Il regrette que la littérature anglaise soit trop apprivoisée, trop éloignée de la véritable nature sauvage qu'il cherche à célébrer. Pour Henry David Thoreau, le sauvage n'est pas synonyme de brutalité mais de vitalité pure et d'authenticité.

2.6 - La valeur de l'ignorance utile

Pour Henry David Thoreau, une certaine forme d'ignorance peut être plus précieuse qu'un savoir conventionnel. Il développe cette idée provocante en critiquant la Société pour la Diffusion des Connaissances Utiles. Et selon lui, une "Société pour la Diffusion de l'Ignorance Utile" serait tout aussi nécessaire.

En fait, l'auteur soutient que l'ignorance consciente - celle qui reconnaît ses limites - peut être plus belle et plus utile qu'un savoir superficiel qui nous fait croire que nous savons tout. Il ajoute que "le stade le plus élevé qu'on puisse atteindre n'est pas la connaissance, mais la sympathie intelligente". Cette approche humble du savoir permet, selon lui, une ouverture d'esprit plus authentique.

2.7 - L'homme face à la nature

Henry David Thoreau continue en observant avec regret que peu d'hommes entretiennent une relation authentique avec la nature.

Il déplore ainsi que la plupart des hommes soient inférieurs aux animaux dans leur rapport à l'environnement naturel. Lui-même, confie-t-il, se sent vivre en "lisière" de la nature, car il n'y fait finalement que des incursions passagères.

Il nous décrit alors des moments de contemplation qu’il a vécus, des instants où la nature lui est apparue dans toute sa splendeur, comme cette fois lors d’une escapade dans une pinède au coucher du soleil. Pour lui, ces retours à la nature mettent en lumière la superficialité de notre rapport habituel avec la nature. Ils rappellent à quel point il est nécessaire de construire, avec elle, une relation plus profonde, plus intime.

2.8 - La pensée sauvage et la créativité

L'essayiste établit un lien fondamental entre la nature sauvage et la pensée créative.

Il regrette que nos pensées se fassent de plus en plus rares à mesure que nous défrichons, dit-il, nos "forêts mentales". Il élargit cette métaphore avec celles des pigeons voyageurs pour partager une conviction : la domestication de la nature va de pair avec un appauvrissement de notre capacité à penser.

Henry David Thoreau plaide pour une pensée plus libre et plus sauvage, capable de transcender les conventions et les limites imposées par la société. Il voit dans cette "pensée sauvage" une source de renouveau créatif et spirituel.

2.9 - L'importance du présent

L'auteur insiste avec force sur la nécessité de vivre dans le présent.

Pour lui, "celui qui ne perd aucun instant de la vie qui s'écoule à se souvenir du passé" est véritablement béni. Henry David Thoreau utilise la métaphore évocatrice du chant du coq pour illustrer cette philosophie du présent, symbole d'un renouveau constant et d'une vitalité pure.

Cette attention au moment présent n'est pas, pour lui, une simple attitude mentale. C’est aussi une véritable pratique spirituelle qui permet de vivre en harmonie avec les rythmes naturels.

2.10 - La beauté naturelle et l'épanouissement humain

Pour conclure, Henry David Thoreau évoque la beauté transcendante de la nature, à travers notamment la description détaillée d'un coucher de soleil extraordinaire. Cette beauté peut "nourrir l’âme humaine", souligne-t-il, et elle est à la portée de tous, même dans les endroits les plus reculés.

L'auteur décrit ensuite avec émotion comment une lumière dorée peut métamorphoser le paysage le plus ordinaire en un spectacle sublime, et offrir une expérience quasi mystique.

Il termine en comparant les marcheurs à des pèlerins en quête de lumière spirituelle, mettant ainsi en avant la dimension sacrée de la marche en pleine nature.

2.11 – Conclusion de "Marcher"

Dans cet essai profondément personnel et philosophique, Henry David Thoreau partage sa vision de la marche. Cette vision qui dépasse largement le simple exercice physique : sous la plume du philosophe, "marcher" devient, en effet, une pratique spirituelle grâce à laquelle il est possible de se reconnecter avec la nature sauvage et avec soi-même.

"Marcher" est alors un plaidoyer passionné pour la préservation des espaces sauvages et pour une vie plus authentique, libérée des contraintes de la civilisation. C’est un texte qui nous invite à reconsidérer notre rapport à la nature et à redécouvrir la dimension sacrée de notre environnement naturel.

3 - Henry David Thoreau essayiste | Postface de Michel Granger

Par Benjamin D. Maxham active 1848 - 1858

3.1 - Un écrivain émancipateur

Michel Granger présente Henry David Thoreau avant tout comme un écrivain dévoué à son art, qui a tenu un journal quotidien sans interruption de 1837 à 1861.

Son objectif, déclare-t-il, n'était pas l'art pour l'art, mais la création d'un outil intellectuel émancipateur.

En effet, l'auteur explique que Henry David Thoreau considérait la littérature comme un moyen d'éveiller les consciences et de libérer les individus du conformisme. Sa mission, précise-t-il, était d'aider ses contemporains à penser par eux-mêmes, à travers des essais et conférences visant à déclencher une réflexion indépendante. Son style, souvent proche du sermon, privilégiait les formules brèves et percutantes pour marquer les esprits.

3.2 - Un intellectuel de Nouvelle-Angleterre

Bien que solitaire et excentrique, Henry David Thoreau était profondément ancré dans son époque et son milieu.

En effet, Michel Granger souligne qu’il n’était pas qu’un simple "philosophe dans les bois". Il était aussi un intellectuel formé à Harvard qui entretenait des relations avec un cercle d'intellectuels.

Après ses études, ajoute l’auteur, Henry David Thoreau est retourné à Concord où il a exercé divers métiers, tout en se consacrant à l'écriture et aux longues promenades. Michel Granger note enfin que la vie de Thoreau, ponctuée de publications d'articles et d'essais, a été marquée par des actes symboliques comme son refus de payer un impôt, qui lui valut une nuit de prison en 1846.

3.3 - Le philosophe et l’art de vivre

Michel Granger expose ici la philosophie de vie que partage Henry David Thoreau dans ses essais.

Ainsi, au cœur de sa pensée, se trouve la nécessité d’une réforme individuelle, fondée sur le dépouillement matériel et une immersion profonde dans la nature.

L'auteur insiste également sur l'importance du retrait solitaire dans la démarche d’Henry David Thoreau, incarnée par son séjour au bord du lac Walden.

Enfin, il explique que le philosophe préconisait une solution individualiste aux maux de la société, privilégiant le développement personnel à l'action collective.

Sa philosophie reposait sur une perception directe du réel, affranchie des illusions de la civilisation, et prônait une réforme éthique pour que chacun puisse se réapproprier une morale confisquée par les institutions.

3.4 - L’objecteur de conscience et le résistant

Michel Granger raconte ensuite comment Henry David Thoreau est passé de l'objection de conscience à la résistance active.

Nous apprenons ainsi que, dans le contexte troublé de l'Amérique d'avant la guerre de Sécession, la question de l'esclavage a joué un rôle déterminant dans son engagement politique. L'auteur montre comment la loi de 1850, obligeant les citoyens du Nord à collaborer à la capture des esclaves fugitifs, a radicalisé la position de Henry David Thoreau.

Dans "Résistance au gouvernement civil" (1848-1849), ce dernier défend une position principalement morale et individuelle, fondée sur le fait que chaque personne doit agir en accord avec sa conscience, même si cela implique de désobéir aux lois ou aux autorités en place.

Cependant, Michel Granger souligne que face à l'inefficacité de cette approche individuelle, Henry David Thoreau finit par accepter l'idée d'une résistance plus active, notamment en soutenant l'abolitionniste John Brown. L'auteur note toutefois que la pensée politique de Henry David Thoreau reste centrée sur l'individu, négligeant souvent les dimensions collectives et sociales des problèmes.

3.5 - Le visionnaire de la nature : entre littérature et science

Michel Granger présente Henry David Thoreau comme un observateur passionné de la nature, à la fois poète et naturaliste. Ce dernier combine une approche scientifique rigoureuse avec une sensibilité littéraire unique, fait-il remarquer.

L'auteur revient enfin sur la façon dont Henry David Thoreau a minutieusement documenté la vie naturelle autour de Concord, en consignant ses observations nombreuses et détaillées dans son Journal. Ses écrits sur la nature répondaient à un véritable engouement du public de l'époque pour les sciences naturelles.

Cependant, Michel Granger insiste sur le fait que, pour Thoreau, la nature allait bien au-delà de l'observation scientifique. Elle représentait une source d'inspiration spirituelle et métaphorique essentielle : un moyen d'affirmer sa singularité et sa rébellion, un remède à la société dominée par le commerce, et un chemin personnel vers une spiritualité qu’il construisait à son image. Elle était en effet, pour reprendre ses mots, à la fois "un stimulant pour son excentricité rebelle, un antidote à la civilisation mercantile, un chemin d'accès à la spiritualité qu'il se façonne".

3.6 – Conclusion de la postface

En conclusion, Michel Granger nous présente l'héritage complexe de Henry David Thoreau. S'il peut paraître en décalage avec certaines valeurs contemporaines par son austérité et son élitisme, son œuvre garde toute sa pertinence par :

Sa passion contagieuse pour la nature,

Sa capacité à vivre dans la solitude et la contemplation,

Sa distance critique face aux comportements grégaires,

Ses questionnements toujours actuels sur la liberté, la justice et la conscience individuelle,

Et surtout, sa capacité à provoquer la réflexion.

4 - Repères chronologiques

La dernière partie de l’ouvrage est dédiée à une chronologie de la vie de Henry David Thoreau. En voici une synthèse.

Né en 1817 à Concord, dans le Massachusetts, aux États-Unis, Henry David Thoreau fait ses études à Harvard jusqu'en 1837, année où il commence son Journal sur les conseils de l’essayiste et poète Ralph Waldo Emerson.

Sa vie est marquée par plusieurs moments clés : son expérience d'enseignant (1838-1841), sa collaboration avec Emerson (1841-1843), et surtout son séjour dans une cabane près du lac Walden (1845-1847). Une nuit en prison en 1846 inspire sa réflexion sur la désobéissance civile.

En 1849, Henry David Thoreau publie "Une semaine sur les rivières Concord et Merrimack", puis "Walden" en 1854, fruit de multiples réécritures.

Se consacrant à l'arpentage et aux conférences, il continue d'écrire dans son Journal jusqu'à ce que la tuberculose l'emporte en 1862 à Concord, sa ville natale.

Conclusion de "Marcher" de Henry David Thoreau

Trois points clés que partage Henry David Thoreau dans son essai "Marcher"

Point clé n°1 : Marcher est un acte de libération spirituelle

Henry David Thoreau nous présente la marche non pas comme un simple exercice physique, mais comme une véritable pratique spirituelle. L'auteur de "Marcher" défend cette activité comme essentielle à notre liberté et à notre épanouissement.Selon lui, plusieurs heures quotidiennes de marche sont nécessaires pour nous reconnecter avec notre nature profonde et ainsi transformer une simple promenade en quête spirituelle.

Point clé n°2 : La nature sauvage devient une source de refuge et de régénération pour l’homme moderne

À travers sa vision du "sauvage", Henry David Thoreau développe une philosophie dans laquelle la nature devient un antidote aux maux de la civilisation moderne. Pour lui, c'est dans les espaces préservés de l'influence humaine que réside la possibilité d'une régénération tant individuelle que collective. Le retour aux espaces sauvages permet en somme de guérir l'homme moderne de son aliénation.

Point clé n°3 : L'ignorance consciente ouvre la voie à une pensée plus libre et authentique que le savoir conventionnel.

Le philosophe prône une approche unique de la connaissance, selon laquelle une certaine forme d'ignorance consciente peut s'avérer plus précieuse qu'un savoir conventionnel. Il nous encourage alors à adopter une pensée plus libre, capable de transcender les normes et conventions sociales.

Pourquoi devriez-vous lire "Marcher"?

Lire "Marcher", c’est découvrir une philosophie de vie profondément transformatrice.

Cet ouvrage révèle comment une activité aussi simple que la marche peut devenir un puissant levier de développement personnel et de reconnexion avec la nature. Il vous invite à repenser votre rapport au temps, à l’espace et à votre environnement, tout en proposant une critique stimulante des contraintes de la société moderne.

Je recommande donc cette lecture pour deux raisons principales :

"Marcher" est un guide philosophique utile pour quiconque aspire à mener une vie plus authentique, en harmonie avec la nature.

L’œuvre partage une vision radicale de la liberté individuelle et défend passionnément la préservation du monde sauvage, une réflexion particulièrement pertinente face aux enjeux environnementaux et sociétaux de notre époque.

Points forts :

Une réflexion profonde et intemporelle sur le lien entre l'homme et la nature.

Un style d'écriture riche qui mêle brillamment philosophie, poésie et observations naturalistes.

Une vision radicale et inspirante de la liberté individuelle.

Un manifeste écologique avant-gardiste pour son époque.

Points faibles :

Un ton parfois moralisateur qui peut paraître élitiste.

Une vision très individualiste qui semble négliger les dimensions collectives des problèmes sociaux.

Ma note :

★★★★★

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Sauvage par nature http://www.olivier-roland.fr/items/view/13069/Sauvage-par-nature

Résumé de "Sauvage par nature | De Sibérie en Australie, 3 ans de marche extrême en solitaire" de Sarah Marquis : ce récit d’aventure retrace l'extraordinaire odyssée de Sarah Marquis qui, durant trois ans, a traversé seule, à pied, six pays d'Asie jusqu'en Australie. Une marche solitaire de 20 000 kilomètres à travers steppes, déserts et jungles où chacun des pas de la voyageuse, confrontée aux dangers extrêmes de la nature et des hommes, devient une véritable leçon de survie. Une reconnexion avec la vie sauvage qui nous enseigne aussi comment l'instinct primitif peut renaître chez l'humain moderne quand il est livré à lui-même.

Par Sarah Marquis, 2015, 264 pages.

Titre de l’édition anglophone : "Wild by Nature: From Siberia to Australia, Three Years Alone in the Wilderness on Foot", 2016, 272 pages.

Chronique et résumé de "Sauvage par nature | De Sibérie en Australie, 3 ans de marche extrême en solitaire" de Sarah Marquis

Introduction

Dans l’introduction de son livre "Sauvage par nature", l’auteure, Sarah Marquis nous plonge dans ses souvenirs d'enfance. Elle évoque avec tendresse une petite fille déjà différente des autres.

Elle raconte comment, dès l'âge de 8 ans, elle passait des heures avec les animaux plutôt qu'avec des poupées, et développait une soif insatiable d'aventures et de découvertes. L'aventurière nous décrit cette sensation devenue "évidence" qui l'a poussée vers l'exploration du monde.

"Ma vie était alors une aventure presque journalière. J’étais la plus heureuse des petites sauvageonnes du coin, même si beaucoup de choses me chiffonnaient. Je voulais comprendre. Plus encore, je voulais tout découvrir sans devoir choisir, sans but, sans préférences. Juste "tout". (…) Je rêvais éveillée d’autres contrées, d’autres arbres, d’autres animaux, d’un ailleurs où des oiseaux aux couleurs chatoyantes virevoltent dans les airs, où l’on rencontre des animaux qu’on appelle des bêtes… sauvages. (…) Ce que j’éprouvais au fond de moi était une sensation – si forte – qu’elle en était devenue "une évidence". J’allais devenir une découvreuse… Plus communément appelée une aventurière."

Sarah Marquis partage ainsi sa vision unique : "Plus je m'éloigne, plus je vois", explique-t-elle, tout en soulignant que sa vie a été faite de choix audacieux.

Elle conclut en dédiant son récit aux femmes du monde entier, pour celles "qui luttent encore pour leur liberté et pour celles qui l’ont obtenue mais qui ne l’utilisent pas". Elle nous invite ainsi à la suivre dans son extraordinaire périple : "Mettez vos chaussures. On part marcher."

Chapitre 1. Préparation

Dans le premier chapitre du livre "Sauvage par nature", Sarah Marquis est de retour dans les Alpes suisses après trois ans d'aventures.

Elle partage comment les traces de son périple sont indélébiles : ses instincts de survie persistent dans ses gestes quotidiens, comme un tatouage invisible gravé dans son corps et son âme.

1.1 - Avant un départ...

Puis, l'aventurière revient sur la genèse de son expédition singulière baptisée eXplorAsia : une traversée de six pays d’Asie, seule, à pied.

Elle se souvient :

"Une sensation indescriptible grandissait en moi jusqu’au moment où le départ se présenta à moi comme l’unique option. Je savais tout au fond de mon cœur que ce départ était alors la seule façon d’être fidèle à ce feu qui brûlait en mon for intérieur. Je le sentais faiblir, la flamme était moindre… il était temps de partir à la recherche du bois qui me permettrait de retrouver ma flamme de vie."

Deux années de préparation minutieuse furent nécessaires pour organiser cette expédition, souligne l’auteure.

Sarah Marquis détaille notamment la manière dont elle s’y est pris pour constituer une équipe fiable en vue de ce projet, avec un nouveau chef d'expédition - son frère Joël, qui l'avait accompagnée lors de ses précédentes explorations, ayant pris un autre chemin professionnel.

1.2 - Vevey-Suisse, juin 2010, une semaine avant le départ

À une semaine du départ, Sarah Marquis nous fait part de sa tristesse de devoir laisser D'Joe, son fidèle compagnon canin rencontré lors de son périple australien en 2002-2003.

Elle décrit également l'organisation méthodique de son matériel, avec notamment le choix crucial de ses chaussures - huit paires de la marque Sportiva, sa marque habituelle Raichle ayant cessé la production.

1.3 - Une femme en Mongolie (préparation)

La baroudeuse souligne ici combien il est important de comprendre la culture locale. Elle relate avec franchise les défis particuliers auxquels elle a dû faire face, notamment les comportements déconcertants des nomades mongols qu'elle a appris à interpréter sans jugement. "Ce n'est pas parce que je ne comprends pas une attitude que je dois la condamner", rappelle-t-elle sagement.

Sarah Marquis conclut le chapitre 1 de son livre "Sauvage par nature" en évoquant les risques sanitaires du pays et sa décision de ne faire que le vaccin contre le tétanos, faute de temps pour compléter le protocole contre la rage.

Épuisée par ces deux années de préparation, elle s'endort dans l'avion avant même le décollage, siège 24B, direction la Mongolie.

Chapitre 2. Mongolie, mes débuts…

Au début des deuxième, troisième, quatrième, cinquième et septième chapitres de "Sauvage par nature", une carte détaillée montre l'itinéraire de Sarah Marquis à travers la Mongolie, depuis Suhhbaatar jusqu'au désert du Gobi, en passant par différents points de ravitaillement.

2.1 - Retour en Mongolie...

Sarah Marquis entame son périple péniblement sous une chaleur accablante de 40°C. Dès les premiers jours, elle ressent beaucoup de fatigue et prend une insolation.

C’est une rencontre inattendue avec un chevreuil dans une forêt dense de bouleaux qui va alors lui redonner l'énergie nécessaire pour poursuivre sa route. Ce moment magique lui rappelle une expérience similaire vécue en 2002 sur le Pacific Crest Trail, où elle avait observé un cerf majestueux traverser une rivière.

L'aventurière décrit ensuite sa progression difficile avec sa charrette de 50 kg et son sac de 17 kg. Son corps, insuffisamment préparé cette fois-ci par manque de temps, s'adapte lentement à l'effort.

2.2 - Eau, où es-tu ?

Face au défi de trouver de l'eau dans ces steppes arides, elle partage trois techniques de survie essentielles :

La condensation dans un trou creusé au sol et recouvert d'un plastique,

La récupération de la transpiration des feuilles,

La recherche d'eau sous le lit asséché des rivières.

Mais la meilleure façon de trouver de l’eau, finit-elle, est de "vider son sac des a priori, des théories" car "seule compte votre capacité à lire le décor".

Un souvenir de 2006 dans les Andes lui a appris une leçon fondamentale à ce propos : la sensibilité prime sur la logique pour lire un paysage. Sarah raconte en effet comment sa recherche obsessionnelle de végétation pour récolter de l’eau l'avait, en fait, empêchée de repérer une rivière pourtant très visible.

2.3 - Ce premier jour en Mongolie (suite)...

Le récit se poursuit sur la première rencontre de Sarah Marquis avec un nomade mongol, vêtu d'une tunique vert bouteille. Dans un échange silencieux mais riche en gestes, l'homme lui dessine une carte dans la poussière pour lui indiquer un point d'eau.

Cette rencontre authentique se termine sur une mélodie portée par le vent, tandis que le nomade s'éloigne à cheval.

2.4 - Le temple, le géant et le nourrisson

Sarah Marquis narre sa progression à travers une forêt de mélèzes détrempée, où elle croise un "ovoo", un cairn sacré traditionnel mongol de 5 mètres de haut. Par respect pour les croyances animistes locales, elle évite ce lieu d'offrandes et poursuit sa route vers un temple.

En chemin, l'aventurière est invitée dans une yourte par un couple de nomades. Elle y découvre avec émerveillement un nouveau-né, tout en s'initiant au "suutei tsaï", le traditionnel thé au lait salé. Cette scène paisible est interrompue par l'arrivée d'autres visiteurs, dont une jeune femme qui expose ses seins devant l'assemblée, provoquant le malaise de la jeune mère.

Après cet épisode déconcertant, Sarah Marquis se dirige vers le temple aux palissades rouge terre, où elle aperçoit un homme d'une taille exceptionnelle travaillant au sol. Le géant, intimidé, s'enfuit à son approche. Trouvant le temple en ruines, elle poursuit sa route jusqu'à un camp touristique composé d'une trentaine de yourtes alignées.

L'aventurière relate avec humour ses interactions avec les jeunes femmes du camp, marquées par des différences culturelles saisissantes : leur expression stoïque, leur curiosité pour son statut matrimonial, et leur réaction face à ses "grands yeux". Elle savoure enfin un moment de répit dans sa yourte, où elle peut se laver et manger un repas chaud.

Ce passage se termine sur une note dramatique, alors qu'un violent orage approche. "Le ciel s'est métamorphosé en un énorme nuage noir, boursouflé", écrit-elle, tandis qu'une jeune fille du camp vient démonter sa cheminée par précaution.

2.5 - Des semaines plus tard…

La fatigue et la peur s'accumulent pour Sarah Marquis, harcelée chaque nuit par des cavaliers qui rôdent autour de son camp. Épuisée, elle trouve refuge dans un abri à moutons où elle s'endort profondément.

C'est là que se produit une rencontre magique : elle observe, émue aux larmes, une huppe fasciée, cet oiseau qui la fascinait enfant et qu'elle n'avait jamais réussi à voir malgré des années de patience. "Des larmes coulent sur mes joues, des larmes de joie", confie l'aventurière.

Chapitre 3. Mongolie centrale

3.1 - Stratégie de survie, dangers et moments de contemplation

Sarah Marquis nous fait découvrir son arrivée dans un village fantôme de Mongolie centrale, guidée par le vol de grands rapaces au-dessus d'un col. Ce village de 200 âmes, qui en comptera plus de 5000 en hiver avec le retour des nomades, devient le théâtre d'une quête vitale : trouver de l'eau pour les 100 prochains kilomètres.

La baroudeuse partage sa rencontre musclée avec les habitants d'un bar local : une femme hostile et deux hommes ivres qui tentent de voler son équipement. Face à cette situation périlleuse, elle fait preuve de persévérance et de stratégie, jusqu'à ce qu'apparaisse un mystérieux "protecteur" qui l'aide silencieusement à remplir ses réservoirs d'eau.

Une fois le village quitté, Sarah Marquis affronte les éléments hostiles : "Le vent déshydrate, brûle. Associé à une température de 40°C (104°F), il peut être fatal".

Sa route prend un tournant dramatique lorsque les deux hommes ivres la poursuivent à cheval. Elle raconte comment elle parvient à les repousser grâce à une ruse audacieuse, qui va effrayer leurs chevaux et ainsi les déstabiliser.

L'aventurière termine cette journée éprouvante en trouvant un abri rocheux pour la nuit. Elle prend soin d'effacer ses traces sur le sol durci. Le lendemain matin, elle partage avec nous un moment de paix rare : "Ce moment est mien, il est magique, indescriptible". Elle révèle aussi un détail touchant de son quotidien : ses habits de nuit colorés et féminins contrastent avec sa tenue de jour masculine et couleur sable, nécessaire à sa sécurité.

3.2 - Ce même jour...

L'aventurière rapporte ensuite sa rencontre pour le moins tendue avec deux motards, dont l'un tente de lui vendre de la marijuana. Face à cette situation menaçante, elle applique sa stratégie d'évitement : "Ne jamais donner d'importance aux gens ou animaux dont vous ne désirez pas attirer l'attention".

Alors qu'elle traverse une plaine désertique pendant cinq jours, Sarah Marquis aperçoit des chèvres mongoles, connues pour leur précieux cachemire. Elle explique comment les nomades récoltent ce duvet fin au printemps, produisant "environ 2 700 tonnes par an".

3.3 - Fibre naturelle sinon rien

Cette observation lui rappelle son expérience lors de son expédition en Amérique du Sud, où elle a découvert les vertus des fibres naturelles. L'aventurière raconte y avoir troqué ses vêtements techniques contre de la laine d'alpaga pour mieux résister au froid intense.

En Mongolie, elle teste différentes laines locales :

La laine de yak, chaude mais qui gratte,

La laine de chameau, confortable pour les chaussettes de nuit,

Le cachemire, particulièrement adapté à l'effort physique.

Sarah Marquis apprécie particulièrement cette approche durable de l'élevage qui permet aux nomades de vivre de leur bétail sans tuer les animaux. "J'aime l'idée que via une simple tonte à la main ou un brossage, ces gens arrivent à vivre de leur bétail sans devoir tuer l'animal", confie-t-elle.

3.4 - Prince ou crapaud

Sarah Marquis nous plonge ici dans une traversée éprouvante d'une plaine d'argile sous une chaleur écrasante de 40°C.

Épuisée par les visites nocturnes de cavaliers, elle s'encourage à voix haute pour avancer, se dédoublant presque pour maintenir son moral : "Allez, Sarah Marquis ! Allez, Sarah Marquis, allez...". Elle segmente sa marche en intervalles de plus en plus courts, luttant contre l'épuisement physique et mental.

Une tempête spectaculaire la surprend alors qu'elle monte son camp. Luttant contre un déluge de grêle et une coulée de boue, elle parvient à sauver in extremis sa charrette et son équipement. "Je hurle : 'Mongolie ! Tu ne m'auras pas !'", s'exclame-t-elle, célébrant cette petite victoire face aux éléments déchaînés.

Le destin lui envoie alors de l'aide sous la forme d'un nomade à cheval qui la guide vers sa yourte, de l'autre côté d'une rivière en crue. La traversée périlleuse s'effectue grâce à l'intervention d'un jeune cavalier qui la hisse sur sa monture, alors que le niveau de l'eau monte dangereusement. Dans la yourte, l'aventurière observe la stricte division des tâches entre hommes et femmes, notamment lorsque la maîtresse de maison nettoie seule, pendant plus d'une heure, la boue qui a envahi leur habitat.

La nuit qui suit est particulièrement mémorable. Sarah Marquis se retrouve dans une situation tragicomique, coincée entre les avances insistantes d'un jeune homme d'un côté, et un énorme crapaud de l'autre. Elle choisit avec humour la compagnie du batracien, après avoir repoussé fermement son voisin trop entreprenant. L'arrivée tardive de voyageurs bruyants et leurs festivités jusqu'à l'aube parachèvent cette nuit surréaliste.

Son périple prend un nouveau tournant quand les inondations l'obligent à modifier son itinéraire. Un ami mongol francophone lui vient en aide, établissant un nouveau tracé et la conduisant en voiture jusqu'à un col situé à 78 km à l'ouest. Bien que ce détour rallonge son parcours de 50 km, c'est sa seule option pour éviter d'être bloquée pendant des mois.

Dans la steppe déserte qui suit, elle affronte des conditions extrêmes. Le vent incessant devient son principal adversaire, l'obligeant à passer ses nuits à maintenir sa tente au sol. L'aventurière trouve du réconfort dans la présence des chevaux sauvages qui l'accompagnent parfois sur des kilomètres, la faisant rêver de "galoper sans limites dans ces steppes ouvertes, sans charrette ni sac à dos".

Une nouvelle tempête apocalyptique la frappe alors, combinant pluie, sable et foudre dans un spectacle aussi terrifiant que grandiose. Après avoir retrouvé son réchaud et sa casserole projetés à 500 mètres, elle trouve refuge dans la yourte d'une famille de "vrais nomades". Elle y passe une nuit intense, partageant l'inquiétude d'une femme pour son mari parti surveiller le bétail dans l'orage. L'authenticité et la dignité de ces nomades la touchent profondément, particulièrement lors des retrouvailles silencieuses mais éloquentes du couple à l'aube.

Les jours suivants, Sarah Marquis développe de nouvelles stratégies de survie, apprenant à repérer les abris à bétail pour se protéger des orages quotidiens. Elle atteint finalement Khakhorin, épuisée et affamée, s'étant rationnée à un simple bol de riz quotidien divisé en deux repas. Dans un camp touristique, elle trouve enfin le repos dans une yourte, prenant le temps de méditer sur cette habitation traditionnelle qui l'a tant fascinée tout au long de son périple.

L'aventurière conclut ce passage en évoquant sa découverte progressive de la vie nomade, notamment à travers l'observation de gestes quotidiens comme la collecte d'excréments séchés pour le feu.

"J'ai aimé découvrir la vie des nomades de cette manière. En les regardant, en essayant d'interpréter leurs gestes. En découvrant un peu plus d'indices jour après jour", confie-t-elle, tout en soulignant l'importance de cette immersion progressive dans la culture mongole.

3.5 - La douche enfin…

Dans un bâtiment délabré de Khakhorin, Sarah Marquis savoure enfin une douche tant attendue. Avec ingéniosité, elle utilise sa casserole en titane pour mélanger l'eau bouillante à l'eau froide. Ce moment de grâce lui permet de retrouver la femme sous les couches de sueur accumulées. Épuisée, elle dort ensuite pendant 24 heures d'affilée.

3.6 - Steppe, tu ne m’auras pas…

L'aventurière reprend sa route vers le sud-ouest, admirant les paysages changeants de la steppe qu'elle compare à "un gâteau multicouche". Elle trouve une solution ingénieuse pour ses nuits anxiogènes : dormir dans les tuyaux d'évacuation sous les pistes. Même si ces abris sont peu confortables et parfois occupés par des carcasses d'animaux, ils lui offrent enfin des nuits paisibles.

Arrivée à Khujirt, elle fait une rencontre marquante avec une cuisinière qui, malgré l'hostilité apparente des autres villageois, lui offre secrètement un deuxième bol de riz avec un œuf.

Cette expérience lui rappelle la solidarité universelle entre femmes qu'elle a rencontrée tout au long de son périple : "La faim n'a pas besoin de traduction, la faim s'exprime dans un langage universel", conclut-elle avec gratitude.

Chapitre 4. Désert du Gobi

Dans le chapitre 4 de "Sauvage par nature", Sarah Marquis entame sa traversée du désert du Gobi, en suivant les lignes électriques qui pointent vers le sud.

4.1 - Des aventures dès le début de la traversée du désert de Gobi

L'aventurière savoure la perspective de 150 km sans contact humain, retrouvant enfin sa solitude tant appréciée.

Cette quiétude est brièvement interrompue par un arrêt dans un village poussiéreux, où elle fait face à l'hostilité d'une épicière au visage marqué par la violence. L'intervention d'un homme bienveillant lui permet finalement d'obtenir des provisions, bien qu'à prix majoré. L'atmosphère du village est pesante, marquée par des actes de violence gratuite entre adolescents à la station-service.

Elle trouve refuge pour la nuit chez une vieille dame malicieuse, mais son repos est perturbé par plusieurs incidents inquiétants : la visite impromptue de deux hommes en noir qui fouillent ses affaires, les cris d'un homme manifestement perturbé, et la présence d'un chien enchaîné qu'elle convainc la propriétaire de libérer pour la nuit.

Quittant ce "lieu de misère" aux premières lueurs de l'aube, Sarah Marquis s'enfonce dans le désert. Le sable devient progressivement son principal obstacle, engloutissant les roues de sa charrette. Elle rencontre des géologues qui la mettent en garde contre les "ninjas", des chercheurs d'or clandestins qui opèrent la nuit.

L'aventurière trouve finalement sa paix dans la solitude du désert, où elle découvre une vie discrète mais fascinante : des traces d'animaux dans le sable, un scorpion translucide, des chameaux qui broutent autour de sa tente. "Je suis au bon endroit au bon moment, c'est tout. Je le sens, je le sais...", livre-t-elle.

Cette sérénité est brutalement interrompue par une violente tempête. Face aux éléments déchaînés, Sarah Marquis vit une expérience mystique inattendue : "quelque chose se produit, je n'arrive pas à l'expliquer, c'est comme si mon corps ne m'appartenait plus, que j'étais la foudre, le sol, les nuages et le reste". Cette expérience transformatrice lui fait comprendre que sa destination n'est pas tant un point géographique qu'un état d'être, une connexion profonde avec l'environnement.

Cette partie se termine sur sa contemplation du désert, où elle réfléchit sur le vide qui l'entoure et son adaptation constante à cet environnement hostile. Pour elle, c'est peut-être là la clé pour maintenir vivant son feu intérieur : éviter les habitudes et rester en perpétuelle adaptation.

4.2 - Horloge interne

Sarah Marquis révèle sa capacité innée à s'orienter sans instruments, arrivant à positionner naturellement les points cardinaux.

Elle souligne aussi combien il est important de comprendre et respecter son corps, notamment à travers le sommeil naturel, synchronisé avec les rythmes de la nature.

L'aventurière partage sa philosophie du bien-être basée sur l'équilibre et la connexion avec l'environnement. Elle encourage à faire des petits changements quotidiens : marcher consciemment, observer les nuages, toucher les arbres. "Le seul luxe que je vois est du 'temps'", note-elle.

Cette approche, elle l'a perfectionnée lors de son expédition australienne de 2002-2003, où pendant 17 mois, elle a survécu dans l'Outback, poussant les limites de ses capacités physiques et mentales. Pour elle, le mouvement est essentiel : "je ne pense pas, je vis !"

4.3 - Ma première rencontre avec Canis lupus chanco

Sarah Marquis évoque le rapport complexe des Mongols avec le loup (Canis lupus chanco), à la fois respecté et redouté.

Elle raconte comment elle brouille délibérément les pistes lorsque les nomades l'interrogent sur ses rencontres avec les loups, consciente que ces animaux sont traqués pour leurs organes, prisés en médecine traditionnelle.

4.4 - Ils hurlent

L'aventurière nous fait ensuite vivre une nuit magique près d'une formation rocheuse mystérieuse dans le désert. Réveillée à 4 heures du matin par des hurlements de loups autour de sa tente, elle savoure cet instant privilégié : "Je suis si chanceuse de vivre ce moment... Merci, merci". Elle découvre leur refuge dans ces rochers et décide de garder secrète sa localisation pour protéger ces "survivants" de la cupidité humaine.

4.5 - La longue nuit de Mandal-Oovo

Après dix jours dans le désert, Sarah Marquis fait halte dans un village où elle trouve un hébergement précaire. Une nuit terrifiante l'attend : des hommes ivres tentent d'enfoncer sa porte, tandis qu'elle se barricade avec une commode, son spray au poivre à portée de main. "La peur au ventre, je ne ferme pas l'œil de la nuit", confesse-t-elle.

4.6 - 80ème jour d’expédition

Au 80ème d'expédition, épuisée par les épreuves - attaques nocturnes, sable, manque de sommeil - elle atteint enfin son point de ravitaillement.

Malgré sa fatigue, elle savoure un dernier moment de contemplation du désert avant de retrouver Gregory, son chef d'expédition.

4.7 - Une dent plus tard…

Après un ravitaillement réconfortant avec Gregory, une infection dentaire fulgurante force Sarah Marquis à être évacuée.

Grâce au soutien de ses sponsors, elle se rend à Tokyo pour se faire soigner. "La douleur me mange le dessous des chaussettes", écrit-elle.

Le traitement s'étend sur six semaines, durant lesquelles elle fait la navette entre un chalet à Hakuba et la clinique. Ses sponsors lui apportent un soutien indéfectible face aux complications et aux extrapolations médiatiques. Au bout de ces six semaines, elle repart avec une seule obsession : reprendre sa marche.

Chapitre 5. Désert du Gobi - 2ème tentative       

De retour en Mongolie après son traitement au Japon, Sarah Marquis prépare sa deuxième tentative de traversée du Gobi, cette fois en plein hiver avec des températures de -33°C.

Au marché local, elle s'équipe pour affronter le froid extrême : théière en aluminium pour faire fondre la neige, pétards contre les loups et peaux de mouton.

Elle fait fabriquer des guêtres spéciales dans un atelier de couture de la banlieue d'Ulaan Baatar, et reçoit sa nouvelle tente après des semaines d'attente et une taxe douanière conséquente.

L'aventurière repart du camp touristique où la beauté du désert hivernal la fascine : "J'étais déjà tombée amoureuse du Gobi en été mais là, ma préférence va à l'hiver". Cependant, les conditions s'avèrent rapidement extrêmes, avec des températures nocturnes atteignant -40°C. Face à ces conditions qui menacent sa tente, elle doit prendre une décision difficile : interrompre sa tentative.

Face à l'échec de sa deuxième tentative, Sarah Marquis adapte son parcours aux conditions climatiques. Elle décide de réorienter son expédition vers le sud de la Chine, prévoyant de remonter le pays au lieu de le descendre.

Pendant une nuit intense de préparation, elle coordonne ce changement avec son équipe en Suisse.

Chapitre 6. Chine

Au début du 6ème chapitre du livre "Sauvage par nature", une carte schématique illustre l'itinéraire de Sarah Marquis depuis Kunming jusqu'au Sichuan, en passant par la réserve des pandas et traversant le fleuve Yangtsé.

6.1 - Kunming – Yunnan, janvier 2011

À Kunming, ville bouillonnante de 3 millions d'habitants, Sarah Marquis retrouve par hasard Mathias et Véronique, un couple de cyclistes rencontré précédemment en Mongolie. Ces derniers partagent leur expérience de la traversée de la Chine et lui procurent de précieuses cartes routières avant de poursuivre leur route vers le sud.

6.2 - Chinoiseries, cochonneries… C’est le nouvel an !

L'aventurière s'enfonce dans la campagne chinoise, découvrant un monde rural fascinant mais profondément différent de la Mongolie. Elle apprend à communiquer par gestes avec les locaux et à se repérer sans cartes topographiques, interdites en Chine. "Je laisse les regards se poser sur moi, les chiens me renifler, les hommes silencieux et maigres me dévisager avec suspicion", raconte-t-elle.

Sa progression la mène à travers des villages où elle assiste aux célébrations sanglantes du Nouvel An chinois : partout, des cochons sont sacrifiés dans une atmosphère festive mais brutale. Poursuivant sa route, elle atteint le fleuve Yangtsé le 3 février 2011, jour du Nouvel An, franchissant un impressionnant pont suspendu qui marque son entrée dans la province du Sichuan.

6.3 - Noire est sa peau, long est son nez…

Après dix jours dans les montagnes du Sichuan, Sarah Marquis découvre un passage spectaculaire taillé dans la roche, qu'elle emprunte avec sa charrette malgré les difficultés. De l'autre côté, elle arrive dans un village où sa présence provoque une panique générale : femmes et enfants s'enfuient en hurlant.

Le soir, alors qu'elle installe son camp, elle reçoit la visite d'un groupe mené par un chef à l'apparence singulière : "sa peau est si foncée qu'elle s'approche d'un noir marron" et son nez long et effilé évoque plus les traits africains qu'asiatiques. Après un face-à-face silencieux, le groupe repart, mais utilise la fumée d'un feu de bois vert pour la forcer à déguerpir dans la nuit.

Cette expérience l'amène à découvrir la richesse des 56 minorités ethniques qui peuplent ces montagnes (Yi, Lisus, Dais, Bais, Miaos...). Au fil des semaines, elle établit des liens particuliers avec les femmes de ces communautés, appréciant leur élégance naturelle et leur authenticité. "D'un seul regard et sans jugement, elles m'ont toujours identifiée avec le dénominateur qui nous unit : nous les 'femmes'", observe-t-elle.

Lors d'un marché dans son dernier village d'altitude, Sarah s'immerge dans l'atmosphère colorée des costumes traditionnels, observant notamment une jeune femme aux longs cheveux noirs préparée comme une princesse.

L'aventurière partage aussi ses réflexions sur son rapport à la nourriture, développant une approche en "trois dimensions" (avant, pendant, après) et évoquant ses expériences de la faim qui l'ont amenée à des hallucinations olfactives pendant ses expéditions.

6.4 – Une Chine hostile

Arrivée à Nina, Sarah Marquis découvre une Chine Han hostile, où une femme seule est considérée comme une prostituée. Elle est constamment surveillée et photographiée par des inconnus.

La marcheuse est bouleversée par la pollution extrême et la cruauté envers les animaux qu'elle observe quotidiennement : "Les cris de douleur de ces animaux à l'agonie me hantent encore", déclare-t-elle.

Un soir, elle fait une rencontre qui semble d'abord positive avec des écoliers souriants, mais qui se termine par le vol de son BlackBerry. Plus tard dans la nuit, deux hommes lui rapportent mystérieusement son téléphone, prétendant être des professeurs. Le lendemain, elle découvre qu'il s'agissait en réalité de paysans et que toutes ses photos de Chine ont été effacées de l'appareil, ne laissant que celles de Mongolie. Cette expérience révèle la surveillance subtile mais omniprésente exercée sur les étrangers dans cette région.

6.5 - Des schlurps et des splash…

Sarah Marquis décrit avec un humour grinçant les habitudes quotidiennes des Chinois dans les provinces reculées : leurs rituels matinaux bruyants, leurs crachats expressifs (qui, sur les murs des restaurants, signifient paradoxalement l'appréciation du repas), et le fameux "schlurp" qui accompagne la consommation de leurs bouillons.

L'aventurière compare les différences culturelles entre l'Amérique du Sud, où la corruption se réglait avec simplicité et chaleur humaine, et l'Asie, caractérisée par le principe de "garder la face". Elle développe une théorie intéressante sur la difficulté des Chinois à comprendre ses gestes mimés : leur écriture en caractères représentant des scènes complètes les empêcherait de percevoir des gestes isolés.

En voyage vers une réserve de pandas, elle vit une mésaventure avec une vieille femme qui inonde délibérément sa tente en détournant un canal d'irrigation. Forcée de continuer avec un équipement trempé par des températures négatives, elle trouve refuge dans une forêt de pins à 2500m d'altitude. Cette pause lui permet de sécher ses affaires et de réparer son réchaud, retrouvant un moment de paix.

Dans la réserve, elle fait une rencontre exceptionnelle avec un panda roux mais se trouve rapidement sous surveillance. Des agents spéciaux inspectent son campement, et elle est finalement arrêtée par des hommes en blouson noir. La voyageuse apprend plus tard que son arrestation était liée à l'immolation d'un moine dans un temple proche, les autorités voulant éviter la présence de témoins occidentaux.

Sarah Marquis est expulsée de Chine : elle a cinq jours pour quitter le pays. Dans une course contre la montre, elle rejoint Beijing via Chengdu, obtient un visa pour la Mongolie grâce à une coordination minutieuse entre son équipe et l'ambassade suisse, et s'envole pour Ulaan-Baator. "J'apprendrai plus tard que mon arrestation était d'ordre préventif", indique-t-elle, en révélant la tension politique sous-jacente dans cette région où "les moines s'immolent depuis des années en signe de protestation contre l'oppression du régime".

Chapitre 7. Désert du Gobi – 3ème tentative

7.1 - Début mai 2011 – Je repars

De retour dans le désert du Gobi pour sa troisième tentative, Sarah Marquis retrouve Degi, une employée du camp touristique qui l'accueille selon les traditions d'hospitalité mongoles. Dans ce pays le moins peuplé au monde (1,8 habitant/km²), l'hospitalité est une question de survie, à la bonne fortune des voyageurs qui n’ont alors aucun mal à trouver un refuge chaque soir.

Les deux femmes partagent un long moment de complicité autour d'un thé. L'aventurière apprécie particulièrement de pouvoir avoir une conversation approfondie en anglais, qui pour une fois dépasse les habituelles questions sur son âge et son statut marital. Degi devient sa "conseillère culturelle" et l'aide à décoder certaines mésaventures, comme l'incident du "fantôme" : un automobiliste terrifié à sa vue, la prenant pour le spectre d'une femme blanche errante selon une légende locale.

Sarah Marquis reprend ensuite sa route vers le sud, en direction du Parc national du Gobi Gurvan Saikhan. Dans ce paysage lunaire de dunes dures, elle fait une rencontre insolite avec un loup au pelage d'hiver gris souris, qui joue à cache-cache avec elle. Le climat devient plus rude, avec de la neige sur les montagnes et un vent violent qui l'oblige à chercher des dépressions dans le terrain pour s'abriter.

La marcheuse relate aussi sa rencontre cocasse avec un nomade malade qui lui fait des avances, avant de tenter de récupérer son chien qu'elle avait pris en amitié. Dans sa quête d'eau, elle découvre des trésors cachés : pétroglyphes, gazelles, mouflons et une riche biodiversité qui la fascine, malgré les conditions physiques éprouvantes.

7.2 - Un Kindle sans les mots…

Sarah Marquis raconte ensuite avec humour la mésaventure de son cadeau d'anniversaire : un Kindle vide de tout livre que son chef d'expédition lui apporte, et qui finira par fondre sous les températures extrêmes du désert. "À chaque fois que j'ai essayé d'améliorer ma vie de nomade, cela n'a pas fonctionné", constate-t-elle avec philosophie.

7.3 - Les pieds au chaud…

Mieux équipée pour cette troisième tentative, l’exploratrice affronte les célèbres dunes chantantes du Gobi, hautes de 300 mètres, dont le sable produit un vrombissement caractéristique au contact du vent. Il lui faut cinq jours pour les franchir, tirant sa charrette dans le sable profond, tout en admirant les chameaux qui trottinent avec aisance sur ces mêmes dunes.

Sarah fait de nouvelles rencontres variées : un immense nid de vautours, des géologues chinois en exploration clandestine, et les scientifiques d'un centre de recherche sur les léopards des neiges, avec qui elle participe à la pose de caméras. Elle vit aussi une brève tension avec des gardes-frontières, alertés par un mystérieux informateur local.

La traversée se termine par la partie la plus sauvage de son expédition, où elle endure des températures de 50°C et une déshydratation constante.

"Ce désert qui s'était refusé à moi par deux fois déjà... il acceptera mes pas à la troisième", lâche-t-elle en atteignant enfin Ekhiin Gol, sous le regard stupéfait des habitants.

Chapitre 8. Sibérie

Au début du 8ème chapitre du livre "Sauvage par nature", une carte montre l'itinéraire de Sarah Marquis en Sibérie, du lac Baïkal jusqu'à la frontière mongole, avec mention de la mort de son chien D'Joe le 28 octobre 2011.

Après avoir obtenu son visa russe, Sarah Marquis arrive à Irkoutsk où elle déjoue avec humour une tentative d'extorsion à la douane.

8.1 - Le 1er août 2011, Port Baïkal

Au bord du lac Baïkal, elle entame une progression périlleuse le long des voies ferrées, traversant 39 tunnels et 248 ponts. Elle découvre une nature majestueuse peuplée de phoques d'eau douce uniques au monde, les nerpas.

8.2 - Je sors d'un mauvais pas...

À Slyudyanka, elle fait face à une réalité plus sombre : pollution, pauvreté et danger. Grâce à l'aide de Natalia, son contact local, elle échappe à une tentative de vol et apprend à traverser rapidement les villages pour se réfugier dans la taïga. Cette forêt dense devient son refuge, malgré les nuées de moustiques et la présence d'ours.

8.3 - Mon D’Joe…

Sarah Marquis reçoit un SMS bouleversant concernant D'Joe, son chien resté en Suisse.

La santé de son fidèle compagnon s'est brutalement dégradée. Dans sa tente au cœur de la taïga, elle passe une nuit à sangloter avant de percevoir mystérieusement l'odeur caractéristique de son chien. D'Joe s'éteint moins d'une semaine plus tard.

La marcheuse atteint finalement Kyakhta, ville-frontière avec la Mongolie, jadis prospère grâce au commerce des fourrures et du thé. "Mission accomplie, la Sibérie est derrière moi", conclut-elle, avant de poursuivre son expédition vers le Laos.

Chapitre 9. Laos

Au début du 9ème chapitre du livre "Sauvage par nature", une carte retrace l'itinéraire de Sarah Marquis au Laos, de Botten à Packbeng, le long du fleuve Mekong. L’illustration indique deux incidents majeurs : une infection "dengue" lors de son trajet en canoë et une attaque nocturne par des trafiquants de drogue dans la jungle dense.

9.1 - Changement de décor et d'ambiance

En quittant la Chine pour le Laos, Sarah Marquis voit un changement radical.

L'atmosphère chaleureuse et accueillante du pays la frappe immédiatement : des visages souriants, des gestes discrets et bienveillants qui réchauffent son cœur éprouvé par son expérience chinoise. Elle observe la prédominance du bambou dans la culture locale, utilisé pour tout construire, des huttes aux outils.

Face à une jungle impénétrable, elle remarque que chaque habitant porte une machette à la ceinture et des tongs aux pieds. Sa première expérience culinaire laotienne la charme : on lui sert du riz cuit enveloppé dans une feuille de bananier, qu'elle savoure au bord de la route.

À Luang Namtha, ne voulant pas se contenter de marcher sur les routes, elle cherche une alternative pour explorer la jungle. Elle parvient à convaincre les locaux de lui louer un canoë en solo. Ce sera le début d'une nouvelle aventure sur la rivière Namtha.

9.2 - Les femmes aux pipes d’argent

Sarah Marquis rencontre les peuples des brumes, des tribus montagnardes vivant sur les crêtes. Elle découvre leur mode de vie authentique : femmes âgées fumant des pipes d'argent, cueillette de plantes sauvages et culture sur brûlis.

Ces rencontres sont empreintes d’une hospitalité touchante, malgré les différences culturelles évidentes.

9.3 - Un clic ou pas de clic !

La voyageuse fait le choix éthique de ne pas photographier ces peuples isolés, préférant garder une image mentale de ces moments authentiques.

Elle quitte finalement les montagnes pour rejoindre la route principale, en évitant habilement une zone interdite aux étrangers, avant d'atteindre le Mekong qui délimite la frontière avec la Thaïlande.

Chapitre 10. Thaïlande

Au début du chapitre 10 de "Sauvage par nature", une carte illustre le trajet effectué par Sarah Marquis à travers la Thaïlande, du Mekong jusqu'à Bangkok, en longeant la frontière birmane et passant par plusieurs villes importantes dont Chiang Mai.

10.1 - Accueil, convivialité et... infection parasitaire

À nouveau, la Thaïlande offre à Sarah Marquis un contexte totalement différent de ses expériences précédentes.

Elle découvre un pays accueillant où la convivialité et la générosité sont omniprésentes. Dans les montagnes, elle est fascinée par les temples et leurs bouddhas dorés, ainsi que par les moines méditant dans la forêt.

Épuisée, elle fait une halte à Chiang Mai où un diagnostic médical révèle une infestation parasitaire nécessitant un traitement intensif.

10.2 - Le riz à mes côtés

L'aventurière observe avec émerveillement le cycle complet du riz à travers son périple : de la plantation en Chine jusqu'au labourage en Thaïlande.

Elle décrit poétiquement les rizières en terrasses, où les buffles d'eau travaillent la terre boueuse. Ces paisibles créatures lui rappellent les vaches de son village natal :  

"Ces scènes me rappellent le va-et-vient des vaches de mon village qui avaient le même horaire de sortie que les pendulaires encore endormis au volant de leur voiture. Ceux-ci pestant contre ces douces et lentes créatures que le bâton du fermier n’a jamais fait avancer plus vite… Ma mère a toujours trouvé cela rassurant, et à chaque fois que l’on était bloqués par les divers troupeaux qui traversaient notre petit village de cinq cents habitants, elle les observait avec émerveillement, comme si c’étaient des animaux exotiques. Pendant ce temps, à travers elle, j’apprenais peu à peu à voir au-delà des apparences."

10.3 - Ayutthaya-Wat Phu Khao Thong, le 6 mai 2012

Arrivant dans une région marquée par les inondations de 2011, Sarah Marquis atteint enfin le temple Phu Khao Thong.

Face à ce monument majestueux, elle laisse couler ses larmes d'émotion, réalisant qu'elle vient de traverser l'Asie à pied.

10.4 - Cargo, seule femme à bord

Seule femme parmi 22 membres d'équipage, Sarah rejoint l'Australie par cargo durant 13 jours de navigation. Un voyage symbolique qui lui rappelle tous ces migrants qui ont fait la traversée avant elle.

Chapitre 11. Australie du Nord

Une carte illustre l'itinéraire de Sarah Marquis en Australie du Nord, de Cairns à Darwin en passant par Alice Springs. Elle mentionne son arrivée par cargo à Brisbane après 13 jours en mer.

11.1 - Des larmes à l’odeur de café…

Le 28 mai 2012, Sarah Marquis débarque du cargo au port de Brisbane, aidée par un matelot philippin pour descendre ses lourds sacs qui contiennent sa charrette démontée.

Après avoir déposé ses affaires dans une pension, elle s'empresse de réaliser un rituel tant attendu : savourer enfin un véritable coffee latte. Pendant cinq heures, elle observe la foule depuis la terrasse d'un café, réalisant qu'elle peut enfin se fondre dans la masse, elle qui a passé deux ans à être dévisagée en Asie. "Je respire à nouveau, je suis parmi les miens" ressent-elle. Et pour la première fois en vingt ans, la voyageuse prend pleinement conscience de son appartenance à l'ethnie dite caucasienne.

À la banque, elle provoque l'incrédulité d'un jeune employé en lui annonçant son projet de marcher jusqu'à Darwin. Puis elle rejoint Cairns où elle prépare minutieusement son départ : nouveaux réservoirs d'eau, séances d'ostéopathie et massages pour son corps éprouvé.

L'accueil chaleureux des Australiens la touche profondément, en particulier celui de Rosy, la patronne de son hébergement qui accepte de garder une partie de son matériel, et de Georges, un chauffeur aborigène Yirrganydji qui la dépose à son point de départ en lui confiant que le bush la protégera.

Dès ses premiers pas dans cette nature familière, l'émotion la submerge : elle se sent enfin chez elle après deux ans en territoire hostile. La première nuit, exténuée tant physiquement qu'émotionnellement, elle fait un rêve prémonitoire de D'Joe, son chien décédé, sous forme d'un rapace prêt à s'envoler - ce sera la dernière fois qu'elle rêvera de lui.

Son parcours la mène dans des paysages variés où elle retrouve une solitude apaisante. Sur les hauteurs du Tablelands, elle vit une rencontre nocturne exceptionnelle avec un cassowary, le "roi de la rainforest", dont le cri puissant résonne dans la nuit. Dans les Misty Mountains, elle affronte l'humidité oppressante de la forêt tropicale, dormant chaque nuit au milieu de créatures invisibles, de sangsues et de serpents.

À Ravenshoe, sa quête pour retrouver un vieux chercheur d'or rencontré dix ans plus tôt la conduit dans des conversations animées avec les locaux. Une rencontre inattendue au bord d'un ruisseau avec un séduisant inconnu aux yeux bleus la confronte soudain à sa féminité longtemps mise en veille, provoquant un trouble qu'elle n'avait pas ressenti depuis des mois.

Le passage se termine sur son harmonie profonde avec la nature : ses journées deviennent une douce répétition où elle observe la faune, les termites, les fourmis. Cette immersion totale la conduit à une transformation intérieure : "la nature est rentrée en moi... Je suis elle, elle fait partie de moi". Cette connexion intense avec l'environnement marque l'aboutissement de ses deux années de marche.

11.2 - Queensland, le 16 juillet 2012

Sarah Marquis nous transporte ensuite au cœur du Queensland. Nous sommes en juillet 2012 quand Sarah trouve refuge sous un vieux pont. En s’installant alors dans le lit asséché de Crystal Creek, l'aventurière nous fait partager un moment de poésie : les grains de sable deviennent les narrateurs d'une histoire, lui murmurant les souvenirs d'une eau émeraude qui coulait autrefois.

Au fil des jours, l'exploratrice affronte des défis techniques et humains. Elle raconte comment sa charrette subit une avarie majeure, tous les rayons d'une roue se détendant simultanément. Une rencontre avec des chasseurs de cochons sauvages - qu'elle classe parmi les personnages les plus dangereux du bush - se transforme étonnamment en aide providentielle lorsqu'ils lui prêtent une clé à molette.

Cette panne la force à un détour imprévu par Normanton, où elle doit commander de nouvelles roues en Suisse. Sarah Marquis revient avec humour sur son retour temporaire à la civilisation à Cairns, "mes guêtres encore aux pieds, sans m'être lavée depuis des semaines".

De retour dans le bush, elle fait une rencontre surprenante avec Jonas, un jeune cycliste suisse qu'elle avait conseillé par mail avant son départ.

11.3 - Petits plaisirs et grande peur

L'aventurière nous dévoile ensuite ses petits plaisirs du quotidien, comme la dégustation minutieuse du nectar des fleurs de grevillea.

Cette partie de "Sauvage par nature" se termine sur une note qui fait froid dans le dos : des tirs mystérieux dans la nuit l’obligent à rester immobile jusqu'à l'aube. Le lendemain, elle découvre un campement de chasseurs de cochons sauvages, ce qui confirme ses craintes sur leur dangerosité :  "Je vous l'avais bien dit, ils sont dangereux ces gars-là !" conclut-elle, avant de parcourir 33 kilomètres pour atteindre les chutes de Leichhardt.

11.4 - Serpent, poussière…

Dans cette dernière partie du chapitre 11 de "Sauvage par nature", Sarah Marquis nous plonge dans son périple à travers le Territoire du Nord australien. Quittant Burketown, la randonneuse s'engage dans une traversée exigeante de 483 kilomètres jusqu'à la prochaine communauté aborigène, soit plus de 16 jours de marche. Elle organise minutieusement ses ravitaillements, et demande à une amie de déposer un paquet de nourriture à mi-chemin, à Hells Gate.

Un matin du 29 août 2012, elle fait une rencontre stupéfiante : celle avec un python olive de près de 4 mètres. L'auteure décrit avec émerveillement la façon dont le serpent se dresse en forme de "Z", palpant l'air de sa langue. "Étrangement, je tombe en amour pour cette créature mystérieuse qui défie les lois du mouvement", écrit-elle, en se rappelant une fascination similaire lors de son expédition dix ans plus tôt.

Sarah Marquis poursuit sa route en territoire aborigène. Elle évite la communauté de Doomadgee. Une nuit, dissimulée sous un eucalyptus, elle entend des chevaux sauvages galoper avec frénésie et des aborigènes se bagarrer.

Sa solitude est interrompue par la rencontre d'un cow-boy au visage serein qui s'étonne de la voir seule dans le bush. Leur conversation révèle la sensibilité particulière de l'aventurière pour les détails infimes de la nature, comme sa curiosité envers un minuscule insecte gris jouant au mort.

Le long de sa route, elle doit relever des challenges quotidiens : trouver des points d'eau, éviter les serpents, supporter des températures avoisinant les 40°C. Un jour, elle découvre un green tree snake, actif en journée contrairement aux autres serpents australiens. Cette mésaventure lui rappelle l'importance d'être vigilante près des points d'eau, où la présence de grenouilles attire les serpents, qui à leur tour attirent les crocodiles.

11.5 - Le Nord sauvage

L'aventurière atteint les chutes de Leichhardt, un lieu impressionnant où se côtoient crocodiles marins et requins atteignant parfois 3,5 mètres. Elle y fait une rencontre touchante avec un chien noir portant un collier où il est écrit "Floraville". Ce moment de tendresse lui rappelle les massages qu'elle prodiguait à son fidèle D'Joe.

Dans sa progression à travers le Territoire du Nord, Sarah Marquis doit franchir des gués en restant vigilante. Elle dépeint comment les cow-boys d'autrefois utilisaient leurs fouets pour éloigner les crocodiles lors des traversées de rivières avec le bétail, une technique qui sauvait régulièrement des bêtes d'une mort certaine.

Son parcours la mène à Burketown, petit village de 200 habitants coincé entre les rivières Nicholson et Albert. C'est là qu'elle fait la connaissance de Peggy, une pêcheuse aveugle de 78 ans dont le courage et la joie de vivre l'inspirent profondément. Cette femme au corps fatigué mais aux yeux pleins d'étincelles de vie incarne pour l'auteure la résilience face aux épreuves.

Ce village isolé, menacé par les cyclones pendant la saison des pluies, devient le symbole d'une Australie en mutation : "L'Australie a tellement changé", observe Sarah Marquis, "il y a dix ans, on me considérait avec dégoût et incrédulité. Aujourd'hui on ne dit plus 'c'est impossible' à chaque fois que je raconte mon parcours... L'Australien s'est ouvert au monde pour le meilleur et pour le pire".

Chapitre 12. Australie du Sud

Une carte illustre le dernier tronçon du périple de Sarah Marquis en Australie, dessinant son parcours depuis Perth jusqu'à son "petit arbre" situé dans la plaine de Nullarbor, avec les coordonnées GPS précises de son point d'arrivée.

12.1 - Je passe par la case "docteur"

Bloquée à Perth par les pluies, Sarah Marquis fait face à un épuisement physique intense. Des analyses révèlent une carence en fer et une fatigue généralisée après deux ans et demi d'effort. Elle met en place un plan de récupération rigoureux : ostéopathie, massages et nutrition ciblée.

12.2 - Bibbulmun Track me revoilà

Après cet épisode de récupération, l'aventurière décide de repartir en suivant le Bibbulmun Track, un sentier de 1000 km qu'elle connaît bien.

"Je me réveille tôt, vers les 4 heures du matin, bien avant que le bush s’anime ; cela me permet de voir les kangourous qui s’extasient devant le lever du soleil, de surprendre dans les fourrés le blue wren. C’est un petit oiseau au pelage bleu turquoise. Je ne me lasse pas de voir, ou encore, plus important pour moi, de sentir la nature se réveiller. J’y puise l’énergie qui soigne mes blessures invisibles. Je veille à ce que ma marche s’accompagne de magnifiques rencontres animales. Ce qu’on néglige souvent, c’est l’aspect psychologique des choses, le lien entre le corps et l’esprit. Alors mes rencontres et la communion que j’ai avec la nature me nourrissent de manière différente. Soigner mon corps inclut aussi le psychique. (…) À toutes et à tous, je souhaite de faire un jour le Bibbulmun Track. Il n’y a pas de plus belle façon de découvrir ce pays."

12.3 - Un serpent et une plage turquoise

Un soir, elle rencontre un homme qui vit sur ce sentier. Il ne quitte ce sentier que pour voir son père et se ravitailler.

L'homme du sentier lui raconte une histoire étonnante : celle d'un serpent tigre occidental venimeux qu'il avait transporté à son insu dans son sac pendant trois jours après une nuit sur la plage de William Bay. Depuis, il ne dort plus qu'en tente.

Sarah poursuit son chemin jusqu'à Albany, où l'attend une surprise émouvante : la visite de sa mère, qu'elle n'a pas vue depuis plus de deux ans. Ensemble, elles partagent des moments précieux, ponctuées d'aventures cocasses comme le vol des biscuits de sa mère par un kangourou.

12.4 - Deux pieds, un manche…

En ce début d'hiver austral, Sarah Marquis brave des conditions météorologiques difficiles sur la côte sud.

Les pluies incessantes et le froid marin mettent son corps à rude épreuve et provoquent des crampes dues à l'humidité. La situation s'aggrave quand le manche de sa charrette se brise. Elle est forcée de poursuivre avec un seul manche sur près de 250 kilomètres.

À Esperance, épuisée, elle trouve refuge dans un motel où elle se remet pendant deux jours. L'aventurière fait ensuite réparer sa charrette par un soudeur, mais la modification des manches perturbe sa posture habituelle, ce qui lui cause des douleurs musculaires intenses : "J'ai l'impression que j'ai été passée à tabac", souffle-t-elle.

Le retour du soleil lui apporte un réconfort inespéré, dévoilant une explosion de couleurs dans le bush. Sarah retrouve avec émotion les eucalyptus salmonophloia, ces arbres au tronc cuivré qu'elle avait découverts dix ans plus tôt. Malgré ses muscles douloureux, elle persévère et s'encourage chaque matin : "Je vais y arriver ! Je vais y arriver !"

Les derniers kilomètres sont particulièrement éprouvants. Un cow-boy rencontré plus tôt dans son périple la retrouve et l'aide à terminer son parcours en lui apportant nourriture et soutien.

Dans un final intense, Sarah atteint enfin son "petit arbre", celui sous lequel elle avait dormi lors de son expédition de 2002-2003 avec son chien D'Joe. "Je suis de retour, darling", murmure-t-elle en touchant l'écorce, laissant couler ses larmes d'émotion.

L'aventurière conclut son récit par une réflexion touchante : "Dire qu'un jour j'ai juste osé rêver de ce moment !"

Cette phrase finale résume toute la portée de son extraordinaire voyage de trois ans à travers l'Asie et l'Australie.

Cahier photos

En fin d'ouvrage, Sarah Marquis partage un recueil de clichés capturés tout au long de son périple.

Ces photographies témoignent des paysages extraordinaires, des rencontres authentiques et des moments clés qui ont jalonné sa traversée de la Mongolie, du désert de Gobi, de la Chine, de la Sibérie, du Laos, de la Thaïlande et de l'Australie.

Elles nous font ainsi revivre le récit de l’aventure hors norme de Sarah Marquis et constituent une véritable mémoire visuelle de cette folle traversée en solo de l’Asie en marchant.

Conclusion de "Sauvage par nature | De Sibérie en Australie, 3 ans de marche extrême en solitaire" de Sarah Marquis

Les quatre leçons clés qu'il faut retenir du livre "Sauvage par nature"

Leçon n°1 : La solitude choisie est une porte d’accès formidable vers la liberté intérieure et la redécouverte de soi

Dans son périple extrême, Sarah Marquis fait de la solitude non pas une épreuve mais une alliée précieuse.

L'exploratrice décrit, en effet, comment, loin de la frénésie sociale, elle a progressivement atteint un état de connexion profonde avec elle-même. Cette solitude délibérée lui permet de développer une acuité sensorielle hors du commun, d'entendre à nouveau sa voix intérieure et de renouer avec ses instincts primitifs.

Ne confie-t-elle pas "Plus je m'éloigne, plus je vois" en introduction ? Une phrase qui résume à merveille comment la distance avec le monde civilisé lui apporte paradoxalement une vision plus claire de l’essentiel.

Idée clé n°2 : La nature nous enseigne l'adaptation constante comme clé de survie et d'épanouissement

À travers ses innombrables défis - des tempêtes apocalyptiques du désert de Gobi aux forêts tropicales du Laos - Sarah Marquis fait face à l’imprévu à chaque instant. Mais plutôt que de subir, elle s’adapte. Et nous montre finalement que l'adaptation permanente est sans doute la meilleure réponse à l'adversité.

Qu’il s’agisse de trouver de l'eau dans des steppes arides, de dormir dans des tuyaux d'évacuation pour se protéger, ou de modifier complètement son itinéraire face aux conditions climatiques extrêmes, chaque difficulté devient une leçon, un obstacle, que l'aventurière transforme en opportunité d'apprentissage.

Mais pour elle, cette capacité d’adaptation constante est bien plus qu’une simple nécessité de survie : c’est un état d’esprit. "La clé pour maintenir vivant son feu intérieur", dit-elle. Une philosophie qui dépasse largement le cadre de l’aventure extrême mais résonne aussi avec nos propres défis du quotidien.

Idée clé n°3 : Notre corps recèle de capacités insoupçonnées qui ne demandent qu'à être éveillées

Le récit de Sarah Marquis révèle comment le corps humain, soumis à des conditions extrêmes, peut développer des capacités extraordinaires. L'aventurière raconte sa faculté innée à s'orienter sans instruments, sa résistance progressive aux températures extrêmes (de -40°C en Mongolie à +50°C dans le désert australien), et sa capacité à reconnaître instinctivement les plantes comestibles ou médicinales. Ce réveil des facultés primitives s'accompagne d'une transformation profonde : "La nature est rentrée en moi... Je suis elle, elle fait partie de moi", affirme-t-elle, décrivant une fusion qui transcende la simple adaptation physique.

Idée clé n°4 : Le dépassement de soi n'est pas une destination mais un voyage continu

Tout au long de son périple, Sarah Marquis nous montre finalement que le véritable accomplissement ne réside pas dans l'atteinte d'un objectif final mais plutôt dans la persévérance quotidienne face aux épreuves. Que l’exploit ne réside pas dans l’arrivée, mais dans chaque pas qui y mène.

S’encourager à voix haute pour traverser une plaine d’argile sous 40°C, recommencer après deux échecs dans le désert du Gobi, finir son périple avec un manche de charrette cassé... autant d’exemples où la force mentale triomphe de l’épuisement physique.

Son mantra, "Je vais y arriver ! Je vais y arriver !" devient un cri de résilience applicable à toutes les épreuves de la vie.

Qu'est-ce que la lecture de "Sauvage par nature" vous apportera ?

"Sauvage par nature" va au-delà du simple récit d'aventure : c'est une véritable plongée dans l'essence même de notre humanité.

En effet, en suivant les pas de Sarah Marquis, vous redécouvrirez les capacités insoupçonnées que nous portons tous en nous, mais que la vie moderne a endormies. Ce livre vous inspirera à reconsidérer votre rapport au temps, à l'effort et à la nature. Vous apprendrez à reconnaître la valeur du silence, de la lenteur et de l'observation pour mieux faire face aux défis quotidiens.

À travers les difficultés surmontées par l'auteure, vous développerez une nouvelle perspective sur vos propres obstacles. Sarah Marquis vous transmet ses techniques de survie physique et mentale qui, transposées dans votre vie quotidienne, deviendront de précieux outils de résilience. Ce récit vous rappellera aussi l'importance d'écouter vos instincts et de faire confiance à votre corps, dans un monde où nous sommes souvent déconnectés de nos sensations premières.

Pourquoi lire "Sauvage par nature" de Sarah Marquis ?

"Sauvage par nature" est un récit d’aventure captivant, immersif, un concentré d’adrénaline, d’émotions brutes et de liberté !

Au fil des pages, vous embarquez aux côtés de Sarah Marquis pour un voyage hors normes : des milliers de kilomètres à pied, en solo, au cœur des paysages les plus reculés de la planète. Mais au-delà de l’exploit physique, c’est une expérience intérieure puissante que vous vivrez à ses côtés.

Car ce livre ne se contente pas de raconter un périple. Il agit comme un miroir de nos aspirations les plus profondes, de nos propres désirs d’évasion, de simplicité, de retour à l’essentiel. Il éveille en nous des questions profondes, parfois oubliées : qu’est-ce que la vraie liberté ? Jusqu’où suis-je capable d’aller ? Quelle est ma vraie place dans ce monde ?

En partageant son incroyable périple et son cheminement, Sarah Marquis nous inspire aussi à adopter une relation plus consciente et harmonieuse avec notre environnement. À réapprendre à écouter la nature, à renouer avec nos instincts, à ralentir, à observer… et à nous recentrer.

Je recommande particulièrement ce livre à ceux qui :

Cherchent un souffle d'inspiration pour dépasser leurs propres limites, qu'elles soient géographiques ou mentales.

Ressentent le besoin de renouer avec la nature sauvage qui sommeille en eux, de se reconnecter à eux-mêmes, à l’essentiel.

Sentent au fond d’eux un appel à la liberté, à l’aventure, à l’authenticité.

"Sauvage par nature" est un livre qu’on ne lit pas seulement. On le vit. Et il continue de marcher avec nous, longtemps après avoir tourné la dernière page.

Points forts :

Un témoignage brut et authentique d'une aventure extrême à travers des territoires rarement explorés.

Une réflexion profonde et inspirante sur la relation entre l'humain moderne et son environnement naturel.

Des leçons de survie et d'adaptation qui peuvent s'appliquer dans notre quotidien.

Une écriture immersive qui nous fait vivre chaque étape du périple avec une intensité rare.

Points faibles :

Certains passages peuvent paraître un peu répétitifs, notamment dans la description des difficultés quotidiennes.

L'aspect technique de la préparation et de l'équipement aurait pu être davantage développé pour les lecteurs intéressés par la pratique de la randonnée extrême.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 10 Jul 2025 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/13069/Sauvage-par-nature
Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs http://www.olivier-roland.fr/items/view/13060/Petit-manuel-philosophique-lintention-des-grands-motifs

Résumé de "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari : un livre accueillant et attachant pour comprendre quelles sont nos émotions, qui nous sommes et mieux agir au quotidien en acceptant nos sentiments et toutes ces bizarreries qui font que nous sommes tous humains.

Par Llaria Gaspari, 2023, 243 pages.

Titre original : Vita segreta delle emozioni (2021).

Chronique et résumé de "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari

Qui est Llaria Gaspari ?

Llaria Gaspari est une philosophe et écrivaine italienne, née en 1986 à Milan. Après avoir étudié la philosophie à l’École normale supérieure de Pise, elle poursuit ses recherches à l’Université Panthéon-Sorbonne de Paris, où elle se spécialise dans l’étude des passions et de la pensée du XVIᵉ siècle. Cette formation académique rigoureuse se retrouve dans son œuvre, qui mêle habilement réflexion philosophique et exploration des émotions humaines.

Son premier roman, Etica dell'acquario (2015), marque l’entrée de Llaria Gaspari dans le monde littéraire. Ce livre allie philosophie et intrigue policière, une combinaison originale qui interroge les rapports entre éthique et comportement humain. Elle enchaîne avec Lezioni di felicità (2019), une œuvre où elle aborde la quête du bonheur avec une perspective humoristique et une analyse philosophique fine, tout en plaçant l’humain au cœur de ses réflexions. En 2021, dans Vita segreta delle emozioni, elle s’intéresse davantage aux émotions, leur influence sur nos vies et comment elles façonnent notre existence.

Loin d'être une simple réflexion académique, son écriture se veut accessible à tous, cherchant à établir un lien entre la philosophie et les préoccupations quotidiennes. Son dernier ouvrage, Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs (2022), traduit parfaitement cette démarche. Elle y explore les subtilités des émotions humaines et offre des clés pour comprendre et apprivoiser ses propres sentiments dans un monde de plus en plus complexe.

Aujourd'hui, Llaria Gaspari divise son temps entre Rome et Paris, où elle enseigne la philosophie et l'écriture créative, tout en continuant à publier des ouvrages qui interpellent et nourrissent la réflexion des lecteurs modernes.

Nostalgie - L'émotion au passé morbide

"Le passé est une terre étrangère : on y fait les choses autrement qu’ici." (Leslie P. Hartley, citée dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)

Le terme "nostalgie" trouve son origine dans un contexte médical. Johannes Hofer, un médecin alsacien, l'utilise pour décrire une pathologie chez des jeunes soldats suisses qui, après avoir quitté leur patrie, développent une tristesse liée à leur éloignement. La nostalgie, un désir ardent de retour chez soi, est différente du simple mal du pays. Le terme implique un désir inaccessibile, un souhait de retour dénué de possibilité, une souffrance émotionnelle liée à l'impossibilité de revenir.

L'autrice évoque une période de sa jeunesse lorsqu'elle se rend en Allemagne pour poursuivre ses études. Au début de son séjour, elle fait l'expérience de la solitude ; un mois passé sans interaction, où seule la compagnie d'un étudiant coréen lui permet de sortir de l'isolement. Ce mois d'attente, au milieu de paysages monotones et d'un quotidien ennuyeux, fait naître en elle un fort désir de retour, un besoin désespéré de retrouver sa maison et ses proches. Cet appel du passé est pour elle une forme de nostalgie, qu'elle décrit comme une émotion déchirante et réconfortante à la fois.

Malgré ses difficultés initiales, Llaria Gaspari finit par s'adapter à la vie allemande, par apprendre la langue et par trouver une forme de bonheur. Cependant, l'ombre de cette nostalgie, liée au désir de retourner chez elle, ne la quitte jamais complètement. Elle se souvient de ses soirées solitaires, pleurant sur la mer et la distance. Ces moments d'isolement sont devenus pour elle une référence de la nostalgie pure, une souffrance qui rend tout souvenir encore plus précieux.

Llaria Gaspari établit un lien entre la nostalgie et les mythes antiques, en particulier celui d'Ulysse, dont le désir de retourner chez lui, à Ithaque, est une figure de la nostalgie par excellence. Même sur une île enchantée, entouré de confort et d'immortalité avec la nymphe Calypso, Ulysse ressent une douleur profonde, un besoin irrésistible de revenir à sa terre natale. Cette idée de la nostalgie comme une quête impossible mais nécessaire pour l'intégrité humaine est au cœur de la réflexion sur cette émotion.

La nostalgie est une maladie à la fois moderne et ancienne. Elle existe depuis longtemps et a été explorée par des écrivains et des philosophes à travers l'histoire. Elle peut être une souffrance intime, incommunicable, car chacun la vit différemment.

Regret et remords, ou : j'avoue que j'ai vécu

Llaria Gaspari évoque ensuite son trouble neurologique, l’amusie, qui l'empêche de pleinement ressentir la musique. Ce handicap influence son lien avec les mots et la poésie. Son désir de comprendre la musique se heurte à cette incapacité de saisir et de mémoriser les mélodies.

Elle raconte aussi un souvenir d'enfance où, à 9 ans, elle apprend un poème de Giuseppe Ungaretti sur Mohammed Scheab, un jeune homme solitaire et apatride. Ce poème, qu'elle mémorise, évoque des thèmes de solitude, de regret et de perte, des émotions qu'elle commence à comprendre avec le temps.

Le regret, selon la philosophe, est une émotion liée à la prise de conscience du temps qui passe et des occasions perdues. Il diffère de la nostalgie, qui est associée à la perte de lieux, tandis que le regret concerne les choix manqués et les erreurs commises.

Pour ressentir le regret pleinement, il faut avoir vécu et avoir perdu, car cette émotion naît de la confrontation avec des décisions non prises et les conséquences des choix passés. Le regret, contrairement au remords, est lié à l'acceptation de la perte, alors que le remords reflète la volonté de réparer une faute.

Llaria Gaspari explique comment le regret se transforme à mesure qu'on vieillit, et comment la jeunesse, protégée par son insouciance, ignore cette douleur. Elle raconte une expérience personnelle d'enfance où elle pleure dans le confessionnal, mais sans encore éprouver de remords, ce qui lui semble étrange aujourd'hui.

Elle illustre son propos avec l'exemple de son dernier amour perdu, où le regret de ce qui n'a pas été vécu émerge. Llaria Gaspari reconnaît que la vie implique des choix qui se font au détriment d'autres possibles, et que le regret est une conséquence inévitable de ce processus.

Elle conclut en expliquant que la littérature, la philosophie et l'humanisme trouvent leur origine dans cette recherche de sens autour des émotions humaines universelles, telles que le regret et le remords. Ces émotions, bien que profondément intimes et solitaires, révèlent notre humanité partagée.

L'angoisse est une question

"L’homme ne sait pas se mesurer ; ses miroirs sont déformants ; Ses Arcadies les plus vertes pullulent de spectres, Ses utopies cherchent la jeunesse éternelle, Ou l’autodestruction." (H. W. Auden, cité dans Petit manuel philosophique à destination des grands émotifs)

Dans ce chapitre, Llaria Gaspari partage son expérience de l’angoisse, un trouble qu’elle vit depuis l’enfance et qui a profondément affecté sa vie, notamment son incapacité à passer l'examen du permis de conduire malgré plusieurs tentatives.

L’angoisse, pour elle, est un compagnon constant, et cette émotion s'est manifestée dès ses cinq ans sous la forme d’une douleur thoracique inexpliquée. Ce premier épisode marquera le début d’une relation intime et conflictuelle avec l’angoisse. L'autrice admet que cette émotion, bien qu'incommodante, lui a aussi permis de faire face à des situations difficiles.

Elle décrit comment l’angoisse se traduit physiquement par des symptômes comme la sensation d’étouffement et une peur intense sans objet précis. L’angoisse est différente de la peur, qui est une réaction immédiate à un danger réel. L’angoisse, elle, est diffuse, constante et envahit l’esprit, devenant un fardeau invisible que l’on porte constamment, tout en étant difficile à comprendre pour ceux qui ne la vivent pas.

Cette réalité est partagée par les héros tragiques comme Électre, qui, dans la tragédie de Sophocle, incarne parfaitement le poids de l’angoisse par ses lamentations incessantes et ses tourments intérieurs.

L'écrivaine fait également référence à d'autres symptômes tels que l’insomnie et les palpitations. Elle relie l’angoisse à un conflit intérieur. Le chœur d’Électre, par ses reproches, rappelle l’incompréhension sociale face à l’angoisse, une émotion qui reste souvent invisible et incomprise.

Llaria Gaspari continue en explorant les racines historiques de l'angoisse. Les anciens pensaient déjà que l’anxiété était liée à un excès d’imagination ou de mélancolie. À travers les siècles, l’angoisse a été traitée de différentes manières, depuis les remèdes antiques comme l’opium et la mandragore, jusqu'aux découvertes modernes en psychiatrie.

Freud, qui a reconnu l’angoisse comme un symptôme lié à des conflits inconscients, a souligné l’importance de comprendre et d’accepter ces émotions pour mieux les traiter. L’autrice lui rend hommage en soulignant que l’angoisse, bien que difficile à vivre, a aussi joué un rôle catalyseur dans sa vie, la poussant à écrire et à se confronter à ses propres peurs.

Elle finit par réfléchir à la manière dont la société moderne traite l’angoisse, souvent en cherchant à la supprimer plutôt qu’à l’écouter. Selon elle, il est crucial de prendre au sérieux cette émotion et de comprendre ce qu’elle cherche à nous dire. Il est capital, notamment, d'accepter notre propre imperfection et d’écouter notre anxiété pour mieux la comprendre, plutôt que de chercher immédiatement à la neutraliser.

Pour Llaria Gaspari, la véritable guérison passe par l'acceptation de cette émotion, en la transformant en un moyen de grandir et de mieux comprendre le monde. L'écriture devient ainsi un moyen d’exorciser l’angoisse, de lui donner une forme et une voix, pour mieux coexister avec elle et se réinventer.

Compassion, ou : se découvrir humains

La philosophe explore maintenant l'expérience de la compassion. C'est une émotion complexe qui n'est pas nécessairement altruiste. Pour illustrer sa pensée, elle raconte une nouvelle expérience personnelle vécue en 2016 lors d'un tremblement de terre en Italie, après lequel elle décide de donner son sang en signe de solidarité, alors que la vue du sang la bouleverse profondément.

Cette action est motivée par la proximité d’une tragédie, mais elle commence à se demander si son geste était vraiment empreint de compassion ou si c’était simplement une manière de se sentir impliquée sans comprendre véritablement la souffrance des autres…

Llaria Gaspari revient sur l’étymologie du mot "compassion", qui signifie "souffrir avec". Elle note que la souffrance semble plus facilement partagée que la joie, et se demande si cet acte d'ajouter sa propre douleur à celle d'autrui permet vraiment d’alléger la souffrance ou s'il s'agit plutôt d'une appropriation narcissique de la douleur d’un autre.

Cette réflexion la mène à une analyse plus profonde sur la nature de la compassion. Selon elle, celle-ci peut être une émotion égoïste qui cherche à se libérer de l'angoisse personnelle en projetant cette souffrance sur autrui.

L’autrice évoque aussi le philosophe Voltaire, qui, après le tremblement de terre de Lisbonne, critique l'optimisme théologique en questionnant la bonté d’un monde où de telles tragédies se produisent. Elle mentionne également Lucrèce, qui compare la compassion à l'observation d'un naufrage, soulignant combien il est facile de contempler la souffrance d’autrui sans y participer activement. La compassion, dans ce sens, est une réaction complexe et parfois paradoxale, entre détachement et implication.

Mais un tournant dans sa pensée se produit lorsqu'elle rencontre une jeune femme pendant un atelier d’écriture. Celle-ci garde une paire de chaussures qu'elle a portées lors de l'événement tragique. Cette image de la souffrance vécue en première personne la touche profondément. C'est à ce moment qu'elle ressent véritablement de la compassion, non comme un acte superflu ou égoïste, mais comme une reconnaissance sincère de la douleur de l'autre.

Elle conclut que la compassion, bien qu’elle ait des aspects difficiles et parfois égoïstes, est un moyen de reconnaître notre vulnérabilité commune. Elle cite Spinoza et d'autres philosophes pour montrer que cette émotion, loin d'être pure, est liée à la conscience de notre propre fragilité humaine, et qu’elle peut nous rapprocher de l’autre, dans un geste de solidarité véritable.

Antipathie, l'émotion inconfessable

"Nos expériences nous marquent ; nos antipathies nous précèdent." (Leo Longanesi, cité dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)

La notion d'antipathie est comparée à la façon dont les chiens interagissent entre eux. Lors de ses promenades avec son chien, elle observe comment les chiens se rencontrent, se reniflent et déterminent instantanément s'ils s'apprécient ou se détestent, sans aucune ambiguïté.

Ces rencontres canines, simples et directes, contrastent avec la complexité des relations humaines où l'antipathie, souvent perçue comme un défaut, est difficile à accepter. Elle souligne qu'en tant qu'humains, nous devons composer avec des émotions plus nuancées, comme la culpabilité, lorsque nous ressentons de l'antipathie envers quelqu'un, et que cette émotion est difficile à accepter ou à justifier.

L'autrice confesse qu'elle éprouve de l'antipathie envers certaines personnes, souvent dès la première rencontre, et qu'elle se sent coupable de ces jugements instantanés. Plutôt que de simplement accepter cette antipathie, elle tente de la réprimer en compensant par une gentillesse excessive, ce qui entraîne des déceptions.

Mais elle remarque que l'antipathie, lorsqu'elle est ignorée ou réprimée, peut devenir plus forte et contre-productive. Elle en vient alors à la conclusion qu'il est plus sain de reconnaître et d'accepter l'antipathie, sans chercher à la justifier ni à la réprimer. L'autrice plaide pour un rapport plus conscient avec cette émotion : il faut prendre le temps de comprendre pourquoi certaines personnes provoquent en nous de l'antipathie, sans chercher à se convaincre que c'est injustifié.

Elle s'appuie sur les travaux de Spinoza, qui affirme que les émotions ne se soumettent pas à la raison, et explique que l'antipathie est une émotion "naturelle", immédiate et instinctive. Llaria Gaspari cite également l'Encyclopédie, où d'Alembert parle de l'antipathie comme d'une "inimitié naturelle" et mentionne des exemples d'animaux ou de phénomènes naturels, comme l'aversion instinctive entre certains animaux.

Elle souligne que l'antipathie est souvent inévitable et qu'elle peut être projetée sur tout et tout le monde, indépendamment des actions ou comportements de l'autre.

L'autrice conclut que l'antipathie n'est pas nécessairement négative et peut être un moteur pour la fiction. Elle évoque la littérature, qui nous permet de vivre les antipathies sans conséquences sociales, en nous offrant une catharsis. Les personnages de romans, même antipathiques, sont une invitation à accepter cette émotion et à comprendre nos propres défauts humains.

Enfin, elle suggère que l'antipathie, loin de signifier un échec, peut nous enseigner à mieux comprendre la nature humaine et à accepter nos propres faiblesses sans chercher à les cacher. Accepter la possibilité de paraître antipathique est, selon elle, un signe de maturité, et elle l'attribue en partie à son expérience de l'écriture et de la littérature.

Colère funeste ou colère importune ?

Llaria Gaspari rappelle la célèbre colère d'Achille dans L'Iliade. Elle commence par la description de la colère comme premier mot de la littérature grecque, soulignant son rôle central dans le récit homérique. Achille, le héros de l’Iliade, incarne une colère primordiale qui se déclenche lorsqu’Agamemnon lui prend Briséis, son trésor de guerre et esclave préférée. Cette colère, démesurée et obstinée, refuse de se laisser dompter par la raison.

Pour Achille, sa rage est justifiée par l’honneur personnel. Il refuse de reprendre les armes, peu importe les conséquences. Cette « colère juste » relève d’une société antique fondée sur la honte, où l’honneur se gagne et se défend publiquement, à travers la reconnaissance des autres, et non par la culpabilité intérieure qui caractérise nos sociétés modernes.

L’autrice compare la colère d’Achille à d’autres exemples dans la littérature et la culture. Par exemple l'Ajax de Sophocle, qui incarne une rage incontrôlable et irrationnelle. Ajax, privé des armes d’Achille, sombre dans la folie et massacre un troupeau de brebis, croyant tuer ses ennemis. Sa colère le conduit à un acte irrationnel et grotesque, illustrant le côté destructeur de celle-ci quand elle se tourne en folie. Ce thème apparaît également dans la Bible, où même Dieu, dans l'Ancien Testament, est pris de colère.

L'expression moderne de la colère est différente. Freud, par exemple, analyse la colère à travers la statue de Moïse de Michel-Ange, soulignant l'effort intérieur de maîtriser cette émotion. Ce contrôle de soi est vu comme un combat pour ne pas laisser exploser la rage. C'est d'ailleurs un thème qui résonne dans la réflexion de Sénèque sur la colère et la manière de la réprimer dans sa philosophie stoïque.

En parallèle, l’autrice relate ses propres expériences de colère, montrant comment elle peine à l’exprimer de manière appropriée. Elle compare sa propre incapacité à se mettre en colère avec l’expérience d’Achille, soulignant sa difficulté à faire valoir ses droits et à se défendre face à l’injustice.

Elle décrit des situations où sa colère aurait été justifiée, comme face à des agressions sexuelles ou des comportements inappropriés, mais où elle a préféré la réprimer. Cela montre une difficulté profonde à accepter l’expression de la colère, souvent liée à la honte et à la peur du jugement social. Elle évoque un événement où, en défendant une amie accusée à tort, elle a finalement manifesté sa rage, mais de manière maladroite.

Llaria Gaspari conclut en se demandant si elle pourra un jour pleinement s'autoriser à exprimer sa colère. Elle reconnaît que sa tendance à réprimer cette émotion se fait au détriment de son bien-être. Elle se questionne sur sa propre incapacité à s'emporter et considère qu'elle est liée à un manque de confiance en elle et à une peur intérieure. Elle ajoute que la société réprime généralement davantage la colère des femmes que celle des hommes.

Envie : l'œil et le mauvais œil

L'écrivaine évoque son enfance, qui était marquée par une peur étrange et irrationnelle de l'envie, qu'elle associait à un malheur imminent. Aujourd'hui, elle note que cette crainte reproduisait l'histoire d'Andromède, enchaînée à un rocher par les dieux, après que sa mère se soit vantée de sa beauté.

De même, Llaria Gaspari, enfant, croyait que les compliments pouvaient attirer l'envie divine et avait créé une sorte de superstition autour de cette émotion. Sa peur de l'envie se manifestait par une réticence à accepter les compliments, qu'elle percevait comme une menace.

Bien qu'elle soit consciente de son propre comportement névrosé et superstitieux, elle explique que l'envie est souvent liée à un désir de nuire à autrui pour des raisons personnelles et inconscientes. Ce regard porté sur l'autre, parfois déguisé en admiration, doit être considéré avec méfiance. Dans La Belle au bois dormant, par exemple, la faute des parents de la princesse, qui négligent d'inviter la méchante fée, leur coûte cher.

Le mot envie provient du latin "invidere", signifiant "regarder avec animosité". Ce regard, rempli de désir et de haine, est comparé à une forme de magie, qui a le pouvoir de détruire par l'acte d'observer. D'ailleurs, ce concept se retrouve dans de nombreuses cultures sous la forme du "mauvais œil".

Elle souligne également que l'envie est l'opposée de la félicité : alors que la félicité est fertile, expansive et bienveillante, l'envie est asséchante et destructrice. Elle crée une souffrance gratuite chez l'envieux, qui se compare constamment aux autres et se voit comme une victime injustement exclue de certains privilèges. En outre, cette souffrance est inutile, car même si l'envieux obtenait ce qu'il désirait, il resterait insatisfait, pris dans un cycle d'auto-dénigrement et de ressentiment.

Mais quel est son propre rapport à l'envie ? Elle se souvient de son enfance, où elle se sentait différente, exclue des jeux et des plaisirs de ses camarades en raison de la manière dont elle avait été éduquée. Elle décrit un paradoxe dans sa vie : bien qu'elle ait été épargnée de nombreux désirs matérialistes, une part d'elle-même était secrètement envieuse.

Cette dualité, entre son orgueil et ses désirs réprimés, l'a conduite à ne pas comprendre l'envie chez les autres, mais aussi à rejeter l'idée de l'éprouver elle-même. C'est seulement en rencontrant les écrits de Melanie Klein, psychanalyste qui a étudié l'envie chez les enfants, qu'elle a pris conscience de l'aspect humain et universel de l'envie.

Klein explique que l'envie n'est pas un péché ou une défaillance, mais une émotion naturelle. Cette reconnaissance de l'envie comme une partie intégrante de l'expérience humaine permet à Llaria Gaspari de comprendre que l'envie est partagée par tous, y compris par ceux qui la refoulent ou la projettent. En grandissant, elle a appris que l'envie ne venait pas seulement de la comparaison, mais aussi du manque de confiance en soi, un aspect qui, paradoxalement, alimentait cette émotion.

Jalousie, paradoxe et supplice

"La mémoire est la tourmenteuse des jaloux." (Victor Hugo, cité dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)

Llaria Gaspari admet d’abord qu’elle a menti pendant des années en niant sa jalousie. Cette émotion, qu’elle réprouvait profondément, est pourtant au cœur de son récit. Lors d’une interview, elle évoque un souvenir d’enfance marquant : un caprice lié à sa fourrure rose, symbole de son désir d’être aimée et de son besoin de se faire remarquer.

Ce souvenir révèle un moment où elle a cherché à imposer sa volonté contre l’ordre des adultes, un comportement enfantin dicté par un orgueil démesuré, mais aussi par l’émotion de la jalousie, née du changement dans sa vie après la naissance de sa sœur.

Elle remarque que ce souvenir de la fourrure rose symbolise un sentiment de jalousie, un besoin d’attirer l’attention dans un contexte où l’autonomie et l’amour étaient désormais partagés avec sa sœur. Ce caprice, bien que comique et anodin, est perçu par l'autrice comme une réaction jalouse face à l’arrivée d'un rival, une forme de possession infantile et possessive.

La souffrance du jaloux est liée à une idée de l’insécurité et de l’incertitude quant à l’amour de l’autre. Elle cite le personnage d’Othello, dont la jalousie, exacerbée par les manipulations de Lago, le conduit à tuer sa femme, Desdémone, malgré son amour sincère. La jalousie, en effet, fait naître des doutes constants et des souffrances profondes, alimentées par des soupçons et des failles émotionnelles.

Cette émotion est souvent exacerbée par l’idée de la perte d’affection, ainsi que par la peur de l’abandon. Elle est alimentée par des fantasmes et des peurs irrationnelles.

Llaria Gaspari évoque aussi la "jalousie rétrospective", une forme de jalousie basée sur des spéculations sur le passé amoureux, nourrie par des doutes et des inquiétudes sans fondement concret.

Le philosophe Spinoza affirme que la vertu elle-même est une forme de béatitude, et que la véritable récompense ne réside pas dans l’attente d’une validation extérieure, mais dans l’acceptation des émotions humaines, y compris la jalousie.

La clé pour surmonter cette émotion est donc de la reconnaître, d’accepter nos faiblesses et de se tourner vers la gratitude et l’émerveillement, afin de s’ouvrir à une vie plus pleine et moins dominée par les passions négatives. La jalousie, comme d’autres émotions, est humaine et inévitable, mais elle ne doit pas définir notre relation à soi et aux autres.

Émerveillement, ici naît la philosophie

Llaria Gaspari se questionne sur l'impact de la technologie : amenuise-t-elle notre capacité à éprouver de l'émerveillement ? En grandissant dans les années 90, elle a vécu une époque où la communication était marquée par des surprises, comme les appels téléphoniques inattendus ou les photos argentiques qui prenaient plusieurs jours à être développées. Souvent, cette attente provoquait l'émerveillement.

Aujourd'hui, avec la domination des smartphones et des applications, ces moments de surprise se sont raréfiés. Les téléphones mobiles, par exemple, ont transformé la manière dont nous communiquons, au point que les appels impromptus sont presque devenus inexistants.

Ce changement a aussi engendré ce que l'on appelle la "ringxiety" (contraction de ring, sonner, et anxiety, angoisse), une angoisse d'entendre son téléphone sonner, même quand il est en mode silencieux !

Tout comme pour les appels téléphoniques, la photographie a évolué. À l'époque analogique, l'attente de découvrir les photos prises offrait un moment de surprise, où l’on découvrait des détails et des perspectives inconnues sur soi-même et les autres. Aujourd'hui, avec la photographie numérique, nous avons instantanément accès à l'image, sans surprise, et nous avons la possibilité de supprimer les photos qui ne nous conviennent pas.

Ce contrôle sur notre image nous éloigne également de l'émerveillement, car nous avons perdu la spontanéité du moment capturé. Les selfies, en particulier, montrent notre désir de maîtriser la perception qu'ont les autres de nous et d’éliminer tout ce qui pourrait être inattendu.

La technologie, en apportant des solutions pratiques et une immédiateté d'accès à l'information et à la communication, a donc modifié notre rapport à la surprise et à l'émerveillement. Toutefois, malgré ces changements, la capacité à s'émerveiller reste essentielle à notre bien-être et à notre développement intellectuel et émotionnel.

Elle évoque en particulier Descartes, qui considérait l'émerveillement comme la première des passions, celle qui pousse à la recherche et à la philosophie, et qui nourrit la curiosité humaine.

L’autrice cite également Aristote et Platon, pour qui l’émerveillement était la source de la philosophie, la force motrice de la quête de compréhension du monde. Cette notion est renforcée par Schopenhauer, qui souligne que seul l'homme, parmi tous les êtres vivants, éprouve une forme de stupeur face à sa propre existence, un processus qui mène à la réflexion métaphysique.

L'émerveillement est un retour à l'étonnement enfantin, un regard neuf sur le monde, et une ouverture à l'inconnu. Pour préserver l'émerveillement, il est crucial de rester vulnérable et ouvert à l'inattendu. L’émerveillement, loin d’être une naïveté, est un état essentiel pour la philosophie, la réflexion, et la vie elle-même.

« Bonheur atteint, par toi / On marche sur le fil d'une lame »

Llaria Gaspari raconte qu'elle a passé une nuit seule dans un hôtel de sa propre ville, un luxe qu'elle s'accorde rarement. Elle décrit ce moment comme un moyen de se retirer du monde et de réfléchir sur le bonheur.

Alors qu’elle écrit sur ce thème, elle se remémore la pandémie qui a paralysé le monde et éveillé en elle un sentiment de culpabilité, comme si penser au bonheur était égoïste en période de souffrance collective. Mais elle finit par se libérer de cette culpabilité et accepte l'idée que le bonheur n'est pas un privilège à expier mais une vocation humaine, une quête légitime.

Elle évoque le bonheur selon les Grecs. Ceux-ci le définissaient comme une vertu, une quête d’autonomie et de connaissance de soi. Le bonheur n'est pas un moment fugace mais un parcours qui inclut aussi les souffrances.

Elle cite Épicure et Socrate qui soulignaient que le bonheur demande de rester fidèle à soi-même, de ne pas se trahir, et de se connaître. Elle fait également référence aux travaux de Jean Rouch et Edgar Morin, qui en 1960 ont filmé des Parisiens en leur posant la question "Êtes-vous heureux ?", pour immortaliser un instant de bonheur.

Le bonheur, selon la philosophe, n'est pas un idéal abstrait ou un moment figé, mais une expérience qui se construit au fil du temps. Elle critique la tendance moderne à associer le bonheur à des moments parfaits et à les immortaliser sur les réseaux sociaux, soulignant que ce processus peut, en réalité, nous en éloigner.

Elle fait le parallèle avec sa propre enfance, où elle a cherché à capturer chaque instant parfait avec un appareil photo, mais où elle a également compris que les souvenirs ne sont pas simplement des images, mais des expériences vécues et ressenties profondément.

Llaria Gaspari conclut que le bonheur n’est pas un caprice ou une illusion, mais une forme de sagesse qui repose sur la compréhension de soi et de la vie. Elle souligne l'importance de vivre pleinement chaque moment, sans chercher à tout contrôler ni à le retenir, mais en appréciant ce que la vie a à offrir, y compris les moments de tristesse, car ils font aussi partie du voyage vers le bonheur.

Gratitude, la sensation d'être au monde

"Bienfaiteur : personne qui entreprend d’acquérir de grandes quantités d’ingratitude, sans se soucier réellement du prix, lequel reste néanmoins à la portée de chacun." (Ambrose Bierce, cité dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)

Durant son enfance, l'écrivaine avait un rêve : recevoir un chien en cadeau. Ce désir, inspiré d'une scène de La Belle et le Clochard, l'a poursuivi pendant des années. Puis, à sept ans, lors de vacances dans les Apennins, elle rencontre un chien errant qui la fascine. Il est soigné par son père, et, touchée par cette scène de bonté, elle espère l’adopter.

Mais, après un court moment de bonheur, le chien disparaît, et son rêve se brise. Les années passent, et bien que ses parents lui offrent d’autres animaux, le désir d’un chien reste intact. Cependant, elle se résigne progressivement à l’idée que ce rêve ne se réalisera jamais.

Beaucoup plus tard, elle décide de franchir le pas et d’adopter un chien. Avec l’aide de son fiancé, elle se rend dans un chenil à Rome, où elle rencontre un chien nommé Stanislao, un petit chien blond au regard triste. Ils l’adoptent, et le chien, bien qu’effrayé par le passé, commence à leur accorder sa confiance.

Touchée par ce chien maltraité, Llaria Gaspari comprend la différence entre le fantasme d’un chien idéal et la réalité d’une adoption pleine d’incertitudes et de peurs.

Rebaptisé Emilio, ce chien devient une métaphore de l’amour et de la gratitude. Au début, Emilio craint tout : les balais, les bruits, l’isolement. Mais peu à peu, il se laisse apprivoiser et, avec patience et amour, il développe une relation de confiance avec l’autrice et son fiancé. L’expérience lui enseigne à accepter l’amour sans réserve, à dépasser ses peurs et à accepter ce qu’il reçoit sans culpabilité.

Il n'est pas toujours facile d’accepter l’aide des autres et de reconnaître les bienfaits qu’on reçoit. Llaria Gaspari elle-même cesse peu à peu de se sentir indigne d’être aimée et apprend à recevoir sans culpabilité. Elle cite plusieurs philosophes pour souligner que la gratitude est la clé d’une relation authentique, basée sur l’échange, la reconnaissance mutuelle et la compréhension de soi-même.

Llaria Gaspari termine en affirmant que la gratitude et l’amour, bien que complexes et souvent entravés par des barrières intérieures, sont essentiels à l’épanouissement humain. Elle réalise que la véritable relation est celle qui se nourrit de confiance et d’acceptation.

L’amour véritable ne se mesure pas, ne se négocie pas, mais se vit pleinement.

Conclusion sur "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari :

Ce qu'il faut retenir de "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari :

Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs de Llaria Gaspari est un véritable guide pour ceux qui cherchent à comprendre, maîtriser et apprécier la richesse des émotions humaines. Dans cet ouvrage, l’autrice nous invite à un voyage à la fois intellectuel et introspectif, en explorant avec finesse les concepts de la philosophie des émotions tout en apportant des réponses concrètes aux défis quotidiens que posent nos sentiments.

À travers des réflexions inspirées des grands penseurs de l’histoire, Llaria Gaspari aborde la complexité des émotions, telles que la tristesse, la joie, la colère ou l’angoisse, en les démystifiant et en les inscrivant dans un cadre philosophique accessible. Ce manuel se distingue par sa capacité à rendre les idées philosophiques à la fois claires et appliquées, tout en utilisant des exemples simples tirés de la vie quotidienne pour illustrer ses propos.

La philosophe nous propose des outils pour mieux gérer nos sentiments et les intégrer de manière constructive dans nos vies. Elle nous pousse à cultiver une forme de sagesse émotionnelle, qui permet de mieux comprendre nos réactions et d’apprendre à vivre avec elles de façon harmonieuse.

Bref, ce livre est donc un véritable petit trésor pour ceux et celles qui souhaitent allier philosophie et développement personnel. Que vous soyez en quête de sérénité, de compréhension ou simplement d’un éclairage philosophique sur vos émotions, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs est une lecture indispensable.

Avec son style clair et engageant, il permet à chacun de mieux se connaître et de naviguer avec plus de sagesse dans le monde des émotions. Un ouvrage à mettre absolument entre les mains de tous ceux et celles qui souhaitent vivre plus pleinement et sereinement !

Points forts :

Llaria Gaspari explique des concepts philosophiques complexes de manière simple et claire ;

Le livre offre des outils pratiques pour mieux comprendre et gérer ses émotions ;

Il encourage une gestion sage des émotions pour vivre plus harmonieusement ;

Le livre est fluide et facile à lire, même pour ceux qui ne sont pas familiers avec la philosophie.

Points faibles : 

Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs est un très beau livre. Je n’ai pas trouvé de défauts !

Ma note :

★★★★★

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Thu, 03 Jul 2025 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/13060/Petit-manuel-philosophique-lintention-des-grands-motifs
La désobéissance civile http://www.olivier-roland.fr/items/view/13048/La-dsobissance-civile

Résumé de "La désobéissance civile" de Henry David Thoreau : dans ce manifeste qui traite des rapports entre l'individu et l'État, le philosophe naturaliste Henry David Thoreau pose les fondements de la désobéissance civile comme acte de résistance morale face à un gouvernement injuste. Il défend ainsi le droit et le devoir de désobéir aux lois infondées ou abusives au nom de la liberté de conscience.

Par Henry David Thoreau, 1ère édition 1849 (sous le titre original "Resistance to Civil Government"), cette réédition date de 2022, 60 pages.

Titre original : "On the Duty of Civil Disobedience"

Chronique et résumé de "La désobéissance civile" de Henry David Thoreau

"La désobéissance civile" est un court essai philosophique et politique du philosophe américain Henry David Thoreau. Dans cet ouvrage, l’auteur partage sa réflexion sur le rapport entre l'individu et l'État, notamment à travers le prisme de la désobéissance civile comme acte moral face à un gouvernement injuste.

L’ouvrage ne comporte ni chapitre ni partie, mais pour le résumer, nous le découperons en 5 sections. Ce découpage suit la progression logique de l'argumentation d’Henry David Thoreau, depuis sa vision critique du gouvernement jusqu'à celle d'un État idéal.

  1. Critique du gouvernement et réflexion sur sa légitimité

Dans la première partie de "La désobéissance civile", Henry David Thoreau expose sa vision critique du gouvernement et imagine un État idéal.

Il commence par affirmer son adhésion à la maxime selon laquelle "le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins", allant même jusqu'à suggérer qu'un gouvernement qui ne gouvernerait pas du tout serait l'idéal. Pour lui, le gouvernement n'est qu'un outil, une simple "utilité" qu’il juge souvent inefficace.

Henry David Thoreau émet trois critiques majeures à l’encontre des gouvernements :

L'abus de pouvoir : le gouvernement, censé être un intermédiaire au service du peuple, est, selon lui, facilement détourné de sa mission (Thoreau prend pour exemple la guerre du Mexique, qu’il considère comme une dérive autoritaire).

Le manque d'initiative : le philosophe reproche au gouvernement de ne jamais être à l’origine du progrès, se contentant de réagir au lieu d’agir.

L'obstruction au progrès : enfin, selon Henry David Thoreau, le gouvernement met souvent des "bâtons dans les roues" au développement naturel en imposant des obstacles inutiles.

Néanmoins, Henry David Thoreau ne se revendique pas anarchiste. En effet, il ne réclame pas la disparition du gouvernement, mais plaide plutôt pour "un meilleur gouvernement"., plus juste et en harmonie avec les principes moraux.

Le philosophe termine en appelant chaque citoyen à réfléchir au type de gouvernement qui mérite véritablement son respect. Il incite ainsi à une participation active et réfléchie à la vie civique.

  1. La responsabilité morale de l'individu

2.1 - Discussion sur le devoir de l'individu envers sa conscience vs envers l'État

Dans la suite de son argumentaire, Henry David Thoreau approfondit la relation entre l'individu et l'État, en particulier sur la question de la conscience morale face à l'autorité.

L'auteur commence par remettre en question le principe de la règle de la majorité. Selon lui, ce système n'est pas fondé sur la justice mais sur la simple force du nombre. La vraie question, écrit-il, est de savoir s’il ne pourrait pas plutôt exister un gouvernement dans lequel "ce ne seraient pas les majorités qui trancheraient du bien ou du mal, mais la conscience".

Car Henry David Thoreau croit en un principe qu’il juge fondamental : l'homme doit être guidé par sa conscience même si cela implique de s’opposer à l’autorité établie. Pour lui, cette responsabilité morale prime sur toute obligation envers l’État.

2.2 - Critique de la soumission aveugle à l'autorité

Pour illustrer sa réflexion quant au devoir de chacun qui devrait être guidé par sa conscience plutôt que par l’État, l’auteur de "La désobéissance civile" critique vivement le comportement des militaires qui agissent contre leur conscience. Il les assimile à des "machines avec leur corps".

Aussi, le philosophe distingue trois types de serviteurs de l'État :

Ceux qui servent avec leur corps (soldats, policiers).

Ceux qui servent avec leur intellect (législateurs, fonctionnaires).

Une élite qui sert avec sa conscience et finit souvent par résister à l'État.

Il conclut en observant que paradoxalement, "celui qui se voue corps et âme à ses semblables passe à leurs yeux pour un bon à rien, un égoïste, mais celui qui ne leur voue qu’une parcelle de lui-même est salué des titres de bienfaiteur et philanthrope."

  1. La résistance à l'injustice

Dans la suite de son ouvrage "La désobéissance civile", Henry David Thoreau développe une réflexion sur la résistance face à l'injustice, particulièrement dans le contexte de l'esclavage et de la guerre du Mexique, deux enjeux majeurs de son époque.

3.1 - La nécessité de se dissocier d'un gouvernement injuste

L'auteur affirme qu’il est moralement impossible de s’associer à un gouvernement qui tolère l’injustice, qualifiant au passage le gouvernement américain de "gouvernement de l’esclave".

Il reconnaît donc le droit universel à la révolution, c’est-à-dire "le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et le droit de lui résister quand sa tyrannie ou son incapacité sont notoires et intolérables".

Pour appuyer son propos, Henry David Thoreau compare la situation de son époque à celle de la Révolution américaine de 1775. Il souligne qu’à cette époque, l'esclavage d'une partie de la population et la guerre injuste contre le Mexique étaient des maux bien plus graves que les simples taxes sur les marchandises qui avaient provoqué la révolte contre l’Angleterre.

3.2 - La critique de l'opportunisme moral

Henry David Thoreau s'oppose vigoureusement à l’approche opportuniste défendue par Paley, selon laquelle l’obéissance civile devrait être basée sur un calcul coût-bénéfice. Pour Thoreau, certains principes moraux sont absolus et ne peuvent être compromis.

Il illustre son point de vue avec l’exemple d’une planche injustement arrachée à un homme qui se noie : rendre justice doit ici primer, même si cela implique de risquer sa propre vie, lance-t-il.

Dans cette même idée, Thoreau déclare avec force que "un peuple doit cesser de maintenir l’esclavage et de mener la guerre au Mexique, même au prix de son existence nationale".

Il critique ensuite particulièrement le Massachusetts, qu’il accuse de privilégier le commerce au détriment de l’humanité, mettant ainsi en lumière le conflit entre intérêts économiques et valeurs morales.

3.3 - L'action contre l'inaction

L'auteur pointe du doigt l'hypocrisie de ceux qui s'opposent en principe à l'esclavage mais n'agissent pas concrètement. Il observe qu'"il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux".

Henry David Thoreau critique particulièrement :

La passivité des citoyens qui se contentent de voter sans agir véritablement.

L'inefficacité du système démocratique traditionnel où le vote devient un simple jeu sans réel impact.

La subordination des questions morales aux intérêts économiques et au libre-échange.

L'attitude des "Membres Affiliés" qui préfèrent préserver leur sécurité personnelle plutôt que de défendre la justice.

3.4 - L'appel à la désobéissance active

Henry David Thoreau plaide avec ferveur pour une résistance active et immédiate face aux lois injustes.

Il rejette catégoriquement l'idée d'attendre que la majorité soit convaincue, arguant que "seul peut hâter l'abolition de l'esclavage celui qui, par son vote, affirme sa propre liberté".

Pour lui, toute action fondée sur un principe moral est, par essence, révolutionnaire. Elle ne se limite pas à transformer les institutions : elle modifie également les relations humaines et l’individu lui-même.

Thoreau critique sévèrement ceux qui dénoncent verbalement l’injustice tout en la soutenant indirectement, en payant des impôts par exemple, ou en obéissant passivement aux lois qu’ils réprouvent.

3.5 - La prison comme lieu de résistance

L'auteur conclut cette partie en développant plusieurs idées.

Ainsi, Henry David Thoreau :

Affirme que "sous un gouvernement qui emprisonne quiconque injustement, la véritable place d'un homme juste est aussi en prison".

Prône une forme de révolution pacifique pour s’opposer aux lois injustes à travers le refus de payer les impôts et la désobéissance civile active.

Soutient qu’un seul individu agissant en accord avec sa conscience peut avoir un impact bien plus grand qu’une majorité passive. Cette conviction culmine dans cette déclaration provocante qu’il adresse aux fonctionnaires complices du système : "Si vous voulez vraiment faire quelque chose, démissionnez !"

Partage une note profondément morale, dénonçant une "effusion de sang" non physique mais morale : "quand la conscience est blessée" écrit Thoreau. Une telle blessure, poursuit-il, tue "la dignité et l’immortalité véritable de l’être humain". Elle représente la plus grave des violences. Et c'est bien ce type de sang que l'essayiste dit voir couler dans la société de son époque.

  1. L'expérience personnelle de l'emprisonnement

4.1 - La valeur morale de la pauvreté

Dans ce passage, Henry David Thoreau partage ses idées sur la relation entre richesse et vertu morale.

L'auteur explique d’abord pourquoi, lui, préfère l'emprisonnement à la saisie de ses biens. Puis, il fait observer que les véritables opposants moraux à l'État sont souvent les plus pauvres, car ils ne consacrent pas leur vie à l'accumulation de richesses.

Selon lui, "plus on a d'argent, moins on a de vertu". Et l’argent corrompt de deux façons principales :

Il permet d’échapper aux vraies questions morales.

Il crée une dépendance vis-à-vis de l’État, qui soutient cet enrichissement.

L'auteur de "La désobéissance civile" fait enfin référence à l'enseignement du Christ sur l'impôt, qui suggère que ceux qui bénéficient du système de Jules César doivent aussi en accepter ses obligations. l'impôt, qui suggère que ceux qui profitent du système de Jules César doivent aussi en accepter ses obligations.

4.2 - Le conflit avec l'État et ses institutions

Dans cette partie de "La désobéissance civile", Henry David Thoreau analyse les tensions entre l'individu et les institutions étatiques.

Le philosophe fait d’abord remarquer que même ses concitoyens les plus "libres" restent enchaînés à l'État par deux grandes craintes :

La peur de perdre la protection gouvernementale.

La peur des conséquences matérielles de la désobéissance.

Il partage ensuite ses propres expériences de désobéissance civile :

Son acte de désobéissance face à la taxe d'Église qu’il a refusé de payer pour un pasteur dont il ne suivait pas les sermons.

"Voici quelques années, l’État vint me requérir au nom de l’Église de payer une certaine somme pour l’entretien d’un pasteur dont, au contraire de mon père, je ne suivais jamais les sermons. "Payez, disait-il, ou vous êtes sous les verrous." Je refusai de payer. Malheureusement, quelqu’un d’autre crut bon de le faire pour moi. Je ne voyais pas pourquoi on devait imposer au maître d’école l’entretien du prêtre et pas au prêtre, celui du maître d’école, car je n’étais pas payé par l’État. Je gagnais ma vie par cotisations volontaires. Je ne voyais pas pourquoi mon établissement ne présenterait pas aussi sa feuille d’impôts en faisant appuyer ses exigences par l’État à l’imitation de l’Église."

Cette expérience le conduisit à une déclaration formelle de non-appartenance à cette institution à laquelle il n'a pas choisi d'adhérer :

"À la prière du Conseil Municipal, je voulus bien condescendre à coucher par écrit la déclaration suivante : "Par le présent acte, je, soussigné Henry Thoreau, déclare ne pas vouloir être tenu pour membre d’une société constituée à laquelle je n’ai pas adhéré." Je confiai cette lettre au greffier qui l’a toujours ; l’État ainsi informé que je ne souhaitais pas être tenu pour membre de cette Église, n’a jamais depuis lors réitéré semblables exigences, tout en insistant quand même sur la validité de sa présomption initiale. Si j’avais pu nommer toutes les Sociétés, j’aurais signé mon retrait de chacune d’elles, là où je n’avais jamais signé mon adhésion, mais je ne savais où me procurer une liste complète."

Son refus de payer la capitation qui lui valut son emprisonnement pour non-paiement d'impôts

Henry David Thoreau insiste sur l’importance de l’autonomie morale. Il lance : "Il m'en coûte moins d'encourir la sanction de désobéissance à l'État qu'il ne m'en coûterait de lui obéir". Ainsi, pour lui, la liberté de conscience vaut plus que le confort matériel.

Enfin, le philosophe cite Confucius pour soutenir que la richesse devient honteuse sous un gouvernement injuste et ainsi renforcer son appel à la résistance contre les institutions oppressives.

4.3 - La méditation en prison

Dans ce passage introspectif, Henry David Thoreau transforme son emprisonnement pour non-paiement d'impôt en une réflexion profonde sur la nature du pouvoir et de la liberté.

Face aux murs épais de sa cellule, l'auteur s'indigne de la bêtise d'une institution qui réduit l'homme à sa simple dimension physique. Il écrit ce qu’il pensait alors : "si un rempart de pierre s'élevait entre moi et mes concitoyens, il s'en élevait un autre, bien plus difficile à escalader ou à percer, entre eux et la liberté".

Mais le penseur renverse la situation en affirmant que l'emprisonnement du corps ne peut rien contre la liberté de l'esprit.

Il termine par une critique acerbe de l’État, qu’il dépeint comme une entité peureuse et maladroite. Incapable d’atteindre les pensées de l’homme, l’État ne peut alors que s’en prendre à son corps.

4.4 - La dignité face à la contrainte physique

Henry David Thoreau affirme ensuite la supériorité de la conscience individuelle sur la force brute de l'État. Il déclare : "Je ne suis pas né pour qu'on me force. Je veux respirer à ma guise". Aussi, pour lui, l'État ne possède qu'une supériorité physique, aucune autorité morale ou intellectuelle.

Pour faire comprendre son idée, l’auteur de "La désobéissance civile" compare l'homme à une plante qui doit suivre sa propre nature pour prospérer : comme le gland et la châtaigne qui poussent selon leurs propres lois, chaque individu doit vivre selon sa conscience, même face à la contrainte sociale. Il refuse catégoriquement d'être "responsable du bon fonctionnement de la machine sociale". La dignité de l’homme réside dans son autonomie morale et intellectuelle.

4.5 - Le récit de la nuit en prison d'Henry David Thoreau

Cette partie du livre "La désobéissance civile" nous livre un témoignage vivant du séjour d’Henry David Thoreau en prison. Pour le philosophe, cette incarcération s’est transformé en une expérience d'observation sociale et de réflexion intérieure.

L'atmosphère de la prison est dépeinte par l’auteur avec un mélange de curiosité et de détachement. Il décrit la routine carcérale, ses codétenus, et particulièrement son compagnon de cellule, accusé d'avoir accidentellement incendié une grange. Il note avec ironie que ce dernier "se sentait chez lui et, satisfait d'être nourri et logé gratis, il s'estimait fort bien traité".

Aussi, Henry David Thoreau découvre, dans la prison, une micro-société avec ses traditions bien à elle, comprenant :

Des tentatives d'évasion minutieusement planifiées.

Des poèmes composés par les prisonniers.

Des histoires qui ne franchissent jamais les murs.

La nuit passée en prison, quant à elle, devient une expérience presque onirique : "c'était voyager dans un lointain pays" confie-t-il. Cette expérience carcérale lui montre sa ville natale sous un jour nouveau et "moyenâgeux".

De ces observations, l'auteur conclut que la prison dévoile, en fait, une face cachée des institutions de sa société : elle révèle leur fonctionnement à la fois oppressant et marqué par les inégalités et les absurdités de la société.

4.6 - Les leçons de l'emprisonnement

Pour finir, Henry David Thoreau décrit comment cette brève incarcération a profondément modifié la perception qu’il avait de sa communauté.

L'auteur commence par quelques observations sur la routine carcérale : le petit-déjeuner servi dans des gamelles, les conseils de son compagnon de cellule sur la conservation du pain, le travail aux champs des prisonniers.

Mais la véritable transformation se produit après sa libération. Le philosophe réalise alors que ses concitoyens vivent dans une autre forme d'emprisonnement : une prison morale.

Il pointe les points suivants :

Leur amitié est superficielle, "que pour la belle saison".

Ces derniers sont prisonniers de "leurs préjugés et leurs superstitions".

Ils se contentent d'une adhésion de façade à la morale, une "observance de surface" dit-il.

Le récit se termine sur une note d'ironie : lorsqu’il retrouve sa liberté, Henry David Thoreau reprend sa vie normale. Et alors qu’il cueille des airelles sur une colline, il remarque avec humour qu’"on ne voit l'État nulle part". Il suggère ainsi que la vraie liberté existe en dehors des structures étatiques.

  1. Conclusion et vision d'un État idéal

Dans cette conclusion, Henry David Thoreau expose sa vision d’un État idéal tout en revenant sur sa position personnelle à propos de la désobéissance civile. Il dresse alors une synthèse brillante de sa philosophie politique.

5.1 - La nuance dans la résistance

Henry David Thoreau commence ici par clarifier qu'il ne refuse pas tous les impôts. Il accepte de payer la taxe de voirie et de contribuer à l'éducation, car son but n'est pas une opposition systématique mais une désobéissance réfléchie et ciblée.

Comme il le précise : "Je désire simplement refuser obéissance à l'État, me retirer et m'en désolidariser d'une manière effective". Pour lui, ce n'est pas tant l'argent qui pose problème que l'usage qui en est fait et surtout, les implications morales de l'obéissance qu'il symbolise.

Sa démarche n’est donc pas une simple révolte, mais un acte profondément ancré dans une éthique personnelle et une réflexion sur la justice.

5.2 - La réflexion sur la résistance collective

L’auteur de "La désobéissance civile" analyse ensuite en détail les différentes réactions face à la désobéissance civile.

Il s’en prend aux individus qui paient leurs impôts par solidarité avec l’État ou par un souci mal placé pour le contribuable.

Selon lui, la force du nombre ne justifie pas l'injustice, même quand elle s'exprime sans hostilité.

Thoreau met en garde contre la tentation de céder à la pression sociale, qu’il compare à des phénomènes naturels tels que "la soif et la faim, les vents et les marées". Cependant, il insiste sur le fait qu’à la différence des forces naturelles, la pression sociale, elle, peut être résistée car elle émane d'êtres humains dotés de raison et capables de réflexion morale.

5.3 - La critique des institutions et des réformateurs

L'auteur de "La désobéissance civile" fustige ici les institutions et leurs défenseurs, particulièrement Webster, qu'il décrit comme un simple "Défenseur de la Constitution" plutôt qu'un véritable penseur.

L’essayiste déplore l'absence, en Amérique, d'un "homme doué d'un génie de législateur", capable de transcender les enjeux purement politiques pour aborder les véritables questions morales.

Thoreau cible également les réformateurs, qu’il accuse de manquer de perspective. Selon lui, ils sont si profondément enracinés dans les structures qu’ils cherchent à changer qu’ils ne parviennent pas à les analyser objectivement. Il les décrit, en effet, comme "si bien enfermés dans leurs institutions", qu'ils sont incapables de penser au-delà du système qu’ils tentent de réformer.

5.4 - La vision d'un État idéal

Henry David Thoreau conclut en esquissant sa vision d'un État véritablement libre et éclairé. Pour lui, trois conditions essentielles doivent être remplies :

La reconnaissance d'un pouvoir individuel supérieur à celui de l'État.

Le respect de l'individu comme base du gouvernement.

L'acceptation que certains citoyens puissent "vivre en marge, sans se mêler des affaires du gouvernement".

L’auteur voit l'évolution historique du gouvernement - de la monarchie absolue à la démocratie - comme un progrès vers un plus grand respect de l'individu.

Cependant, il ne considère pas la démocratie comme l'aboutissement final de cette évolution, mais comme une étape vers un État plus parfait.

Il termine sur une note d'espoir, imaginant un système étatique dans lequel la liberté individuelle serait pleinement respectée tout en maintenant les liens sociaux essentiels. Pour Henry David Thoreau, c'est dans cette direction que doit évoluer la démocratie : vers une reconnaissance toujours plus grande des droits individuels.

Ainsi, cette conclusion résonne comme un manifeste pour une nouvelle forme de gouvernement qui ne serait pas fondée sur la contrainte mais sur le respect mutuel entre l'État et les citoyens, chacun conservant son autonomie morale.

Conclusion de "La désobéissance civile" de Henry David Thoreau

Trois grandes idées à retenir de "La Désobéissance civile" d’Henry David Thoreau

Idée n°1 : La conscience individuelle prime sur l'autorité de l'État

Henry David Thoreau affirme que l’obéissance aux lois injustes est moralement inacceptable. Il soutient que la conscience individuelle doit guider l’action politique, au-delà même des principes démocratiques de la règle majoritaire.

Idée n°2 : La résistance non-violente constitue une arme politique efficace capable de transformer la société

À travers son expérience d'emprisonnement, Henry David Thoreau démontre comment le refus pacifique d'obéir aux lois injustes peut ébranler les fondements d'un système oppressif. En renonçant à payer ses impôts, il prouve qu'une action individuelle fondée sur des principes moraux peut avoir un impact significatif sur la société.

Idée n°3 : L'État doit reconnaître la primauté des droits individuels

La vision de Thoreau d'un État idéal, dans lequel le pouvoir individuel serait reconnu comme supérieur à celui du gouvernement, préfigure les évolutions modernes tendant vers une plus grande protection des libertés individuelles.

Pourquoi lire "La désobéissance civile" ?

"La désobéissance civile" est ouvrage philosophique qui vous invite à repenser votre rapport à l'autorité et vos responsabilités en tant que citoyen.

Aussi, ce livre vous aidera à développer une réflexion critique sur les institutions et fera découvrir des outils concrets pour résister pacifiquement à l’injustice.

Les arguments de Thoreau, d’une clarté et d’une force remarquables, résonnent particulièrement aujourd’hui, à une époque où les questions de justice sociale et de responsabilité individuelle sont au cœur des débats contemporains.

Je recommande vivement la lecture de "La désobéissance civile" pour son impact intellectuel, mais aussi pour son influence considérable sur les mouvements de résistance pacifique qui ont façonné notre monde moderne.

Points forts :

Une réflexion philosophique passionnante sur la relation entre morale individuelle et autorité étatique.

Un témoignage personnel qui donne corps aux principes théoriques.

L'influence historique majeure du concept de désobéissance civile de Thoreau sur les mouvements de résistance non-violente.

Une pertinence intacte pour les enjeux contemporains.

Points faibles :

Une vision parfois radicale du rôle de l'État qui peut paraître utopique.

Un contexte historique (esclavage, guerre du Mexique) qui peut sembler daté.

Ma note :

★★★★★

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Mon, 30 Jun 2025 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/13048/La-dsobissance-civile
Braver sa nature sauvage http://www.olivier-roland.fr/items/view/13054/Braver-sa-nature-sauvage

Résumé de "Braver sa nature sauvage" de Brené Brown : un livre sur l'appartenance et l'estime de soi par l'une des auteures de développement personnel les plus plébiscitées de ces dernières années — L'idée principale ? Ne changez rien, mais soyez enfin qui vous êtes !

Brené Brown, 2018, 162 pages.

Titre original : Braving the Wilderness (2017).

Chronique et résumé de "Braver sa nature sauvage" de Brené Brown

Chapitre 1 : Partout et nulle part

Quand Brené Brown écrit, la peur l’envahit. Elle doute de sa légitimité, surtout quand ses recherches bousculent les idées reçues. Elle se demande si elle a le droit de choquer ou de remettre en cause des croyances établies. Dans ces moments, elle s’entoure mentalement de figures courageuses qui l’inspirent.

Elle pense à J.K. Rowling, Bell Hooks, Shonda Rhimes, Oprah Winfrey, Maya Angelou. Ces voix l’aident à garder le cap, à ne pas céder à la peur ou à l’autocensure. Brené Brown rejette aujourd’hui l’ancienne méthode consistant à satisfaire les critiques et les cyniques. Cette approche étouffait son authenticité.

Son lien avec Maya Angelou reste profond. La poétesse la guide depuis ses années universitaires. Pourtant, une citation la déstabilise : « Vous êtes libre quand vous comprenez que vous n’êtes de nulle part. » Pendant des années, l’auteure rejette cette idée.

Pour Brené Brown, ne pas appartenir représente une douleur ancienne et viscérale. Dès l’enfance, elle vit l’exclusion. À l’école, son prénom complet, Casandra Brené Brown, la fait passer pour afro-américaine. Dans une Louisiane encore marquée par la ségrégation, cela suffit à l’écarter des fêtes et des cercles sociaux.

L’apprentissage de la solitude

Elle vit les rejets des deux côtés, sans comprendre pourquoi elle dérange. Sa différence devient un obstacle. Elle cherche désespérément une place, un groupe, une reconnaissance. Chaque déménagement rend cette quête plus difficile.

Son grand espoir réside dans l’équipe des Bearkadettes (sorte de danse chorégraphiée nommée "meneuses de claque"). Elle s’entraîne intensément, suit un régime strict, et croit en ses chances. Mais son numéro n’apparaît pas sur la liste. Ses parents gardent le silence. Ce rejet, couplé à l’absence de réconfort familial, devient fondateur.

Convaincue de ne pas mériter l’amour ni l’appartenance, elle apprend à se conformer. Elle lit les attentes des autres, s’adapte, joue des rôles. Elle devient caméléon, mais s’éloigne d’elle-même. Plus tard, elle choisit l’observation des comportements comme mode de survie.

En analysant les autres, elle développe des compétences qui l’amènent à la recherche. Pourtant, elle reste coupée de son authenticité. À 21 ans, elle est perdue, en fuite. Puis, elle rencontre Steve, qui la voit vraiment. Leur relation lui offre un espace de réparation.

Peu après, elle entame un parcours vers la sobriété. Elle teste plusieurs groupes, sans trouver sa place. Elle comprend que sa vraie dépendance est une fuite constante de la vulnérabilité. Elle commence alors à s’écrire des permissions pour vivre pleinement.

Retrouver sa voix

Lors d’un tournage avec Oprah Winfrey, elle se sent nerveuse, peu présente. Un collègue lui rappelle de vivre l’instant au lieu de l’analyser. Ce conseil provoque un déclic. Elle s’écrit une permission d’être joyeuse et gauche.

Cette journée devient un moment fondateur. Elle rencontre Maya Angelou, qui lui dit : « Ne te laisse pas ébranler. » Ces mots résonnent comme une bénédiction. Brené Brown comprend qu’elle doit s’ancrer pleinement en elle-même.

Plus tard, à une conférence, elle refuse de se déguiser en femme d’affaires. Elle choisit de s’habiller comme elle est vraiment. Elle refuse aussi de censurer sa foi ou son langage. Elle veut rester fidèle aux histoires qu’on lui confie.

Elle partage ses doutes avec Steve, qui l’écoute sans jugement. Il lui rappelle qu’elle appartient à leur foyer, à leurs enfants. Ce soutien lui permet de saisir enfin le sens des mots de Maya Angelou. Elle comprend que la véritable appartenance commence par soi-même.

En relisant l’entrevue complète de la citation qui la gênait, elle découvre que Maya Angelou affirme s’appartenir à elle-même. Cette révélation transforme le récit fondateur de sa douleur. Elle n’a plus besoin d’un groupe pour exister. Elle accepte enfin de ne pas s’ébranler.

Chapitre 2 : La quête de la véritable appartenance

Brené Brown explore la notion de véritable appartenance, ce besoin humain profond d’être accepté pour ce que nous sommes réellement. Elle distingue l’appartenance authentique de la conformité ou de la quête d’approbation, qui, loin d’y mener, en sont les ennemis.

Présenter son moi imparfait au monde exige une acceptation de soi complète. Mais cette définition évolue. La véritable appartenance ne dépend pas des autres : elle réside en nous. Elle nécessite parfois de rester seul, debout dans la vulnérabilité, l’incertitude et la critique.

Dans un monde divisé, s’appartenir devient un acte de courage. Il ne s’agit pas de rejoindre un groupe ou d’adhérer à une idéologie, mais de se relier à quelque chose de plus grand : l’amour et l’esprit humain. Même isolés, nous restons connectés. La véritable appartenance commence donc par une foi profonde en soi et la capacité de rester fidèle à son identité dans un monde incertain.

Définition de la véritable appartenance

Dans le cadre d’une recherche en théorie ancrée qualitative, Brené Brown explore la préoccupation majeure liée à l’appartenance. Les participants souhaitent appartenir à un groupe sans renoncer à leur authenticité, leur liberté ou leur pouvoir. Ils dénoncent une culture polarisée du « nous contre eux », source de déconnexion spirituelle.

Beaucoup redoutent que la peur et le mépris aient remplacé l’humanité partagée, l’amour et la compassion. Cette crise d’appartenance apparaît surtout spirituelle, non religieuse, traduisant un besoin profond de se sentir connectés aux autres sans se conformer.

Brené Brown pose quatre questions pour comprendre comment certains développent une véritable appartenance enracinée en eux. Les réponses dégagent quatre éléments clés, ancrés dans le monde actuel et réel. Ces éléments sont au centre des chapitres suivants :

Les gens sont difficiles à haïr de près. Rapprochez-vous.

Contrez les conneries avec la vérité. Soyez poli.

Tenez-vous la main. Avec des étrangers.

Dos fort. Devant doux. Cœur sauvage.

Sa démarche ne suit donc pas une idée préconçue : elle suit les données, même lorsqu’elles révèlent un monde chaotique.

La nature sauvage

Brené Brown compare la véritable appartenance à une nature sauvage : un lieu solitaire, indompté et exigeant, à la fois redouté et recherché. Appartenir pleinement à soi-même nécessite de braver cette nature, de quitter ses refuges idéologiques et d’oser la vulnérabilité.

Ce chemin, imprévisible, ne peut être dicté par autrui. Il implique de s’ouvrir aux autres sans renier son identité, de dialoguer malgré les divergences. La véritable appartenance est active, pas passive. Elle demande du courage, de l’inconfort, et un engagement sincère envers l’authenticité, même dans l’adversité. C’est une pratique personnelle et spirituelle, non une simple adhésion sociale.

Aptitudes à la bravoure

Brené Brown affirme que pour s’aventurer dans la nature sauvage de la véritable appartenance — cet espace de solitude, de courage et d’authenticité — un élément est essentiel : la confiance. Elle s’appuie sur la définition de Charles Feltman, qui voit la confiance comme le choix de rendre quelque chose de précieux vulnérable aux actions d’autrui. La méfiance, au contraire, suppose que ce qui compte n’est pas en sécurité avec l’autre.

Pour clarifier ce concept complexe, Brené Brown développe l’acronyme BRAVING, une grille qui s’applique autant à la confiance en soi qu’en les autres :

Faire confiance aux autres :

Boundaries (limites) : respect des limites, capacité à dire non.

Reliability (fiabilité) : tenir ses engagements, connaître ses limites.

Accountability (responsabilité) : reconnaître ses erreurs et réparer.

Vault (coffre-fort) : préserver la confidentialité des confidences.

Integrity (intégrité) : choisir le courage, l’éthique, et vivre ses valeurs.

Nonjudgment (impartialité) : exprimer ses besoins sans crainte d’être jugé.

Generosity (générosité) : interpréter les intentions d’autrui avec bienveillance. (Braver sa nature sauvage, Chapitre 2)

Faire confiance à soi-même implique de se poser ces mêmes questions avec les pronoms personnels :

B — Ai-je respecté mes propres limites ?

R — Ai-je été fiable ?

A — Me suis-je tenu responsable ?

V — Ai-je respecté la confidentialité et partagé de façon appropriée?

I — Ai-je agi avec intégrité ?

N — Ai-je demandé de l’aide sans me juger ?

G — Ai-je été généreux envers moi-même ? (Braver sa nature sauvage, Chapitre 2)

Ce chemin vers la reconnaissance est paradoxal. Il semble absurde d’appartenir partout et nulle part, mais c’est pourtant vrai. Carl Jung et Maya Angelou affirment tous deux la valeur de cette vérité profonde : elle est exigeante, mais sa récompense est immense.

« La véritable appartenance est la pratique spirituelle de croire et d’appartenir à vous-même si profondément que vous pouvez partager votre moi le plus authentique avec le monde et trouver le sacré à la fois dans le fait de faire partie de quelque chose et de vous tenir debout seul dans la nature sauvage. La véritable appartenance n’exige pas de changer qui vous êtes, mais d’être qui vous êtes. » (Braver sa nature sauvage, Chapitre 2)

Chapitre 3 : Grande solitude : une crise spirituelle

Brené Brown évoque le « high lonesome », un cri musical du bluegrass, symbole d’une douleur profonde transformée en expérience partagée. L’art a ce pouvoir : il donne forme à la solitude et au chagrin pour qu’ils deviennent sources de connexion. Aujourd’hui, au lieu de partager nos blessures par la musique ou les récits, nous crions, nous nous replions, nous nous opposons.

Pour l'autrice, le monde traverse une crise spirituelle collective. Nous avons rompu notre lien d’humanité partagée. Cynisme, peur et méfiance dominent. Nous nous divisons selon nos idéologies, oubliant notre interconnexion essentielle, ancrée dans l’amour et la compassion.

Braver cette crise exige un courage immense. Se taire ou se battre ne fait qu’amplifier la solitude. Peu cherchent à bâtir des ponts entre les différences. Or, la véritable appartenance repose sur cette humanité commune. Pour la retrouver, il faudra oser sortir des lignes et affronter la nature sauvage relationnelle.

Nous répartir

Brené Brown s’appuie sur les travaux de Bill Bishop pour montrer comment la société américaine s’est idéologiquement et géographiquement fragmentée. En cherchant le confort de l’homogénéité, les gens se regroupent avec ceux qui partagent leurs idées, ce qui accroît l’extrémisme, étouffe la dissidence et renforce les stéréotypes.

Cette polarisation crée une solitude croissante, même au sein des familles. Malgré des divergences profondes, beaucoup refusent de couper les liens avec leurs proches. La société valorise pourtant les factions au détriment des relations humaines.

Brené Brown constate que cette répartition n’a pas nourri le sentiment d’appartenance, mais a provoqué isolement, méfiance et repli. Les comtés deviennent idéologiquement uniformes, tandis que les taux de solitude doublent. Le paradoxe est clair : plus les gens vivent entre semblables, plus ils se sentent seuls. Comprendre la nature de cette épidémie de solitude devient crucial pour restaurer le lien humain et la véritable appartenance.

Regard de l'extérieur

La solitude, définie par John Cacioppo comme un isolement social perçu, survient lorsque nous nous sentons déconnectés des autres. Contrairement au fait d’être seul, qui peut être réparateur, la solitude signale un manque de liens significatifs : famille, amis, communauté. Elle affecte même notre perception des lieux, qui peuvent parfois « vibrer de déconnexion ».

Espèce sociale, l’humain a biologiquement besoin de connexion pour s’épanouir. Cacioppo explique que notre cerveau envoie des signaux – comme la faim ou la soif – pour signaler ce besoin vital. Mais la solitude est stigmatisée, associée à la faiblesse ou à l’anormalité. Cette honte nous pousse à nier notre solitude, même lorsqu’elle résulte de pertes ou de deuils.

Le danger est réel : le cerveau solitaire entre en mode autoprotection, réduisant l’empathie et renforçant la défensive. Ce cercle vicieux aggrave l’isolement. Il faut d’abord reconnaître la solitude comme un avertissement, puis rechercher des connexions de qualité, non de quantité.

Selon une méta-analyse, la solitude augmente de 45 % le risque de mort précoce, un taux supérieur à ceux liés à l’obésité ou à l’alcool. La connexion humaine n’est donc pas un luxe, mais une nécessité biologique.

La peur nous a menés ici

La peur est identifiée comme le moteur principal de la fragmentation sociale et de la déconnexion. Alimentée par le terrorisme, les violences et les discours polarisants, elle pousse les individus à se retrancher dans des bunkers idéologiques. Ces refuges promettent sécurité, mais renforcent solitude et isolement. Les vraies conversations, vulnérables et inconfortables, sont évitées.

Pourtant, la véritable appartenance exige de braver cette nature sauvage intérieure, en quittant le confort pour la connexion. L’espoir repose sur une masse critique de personnes prêtes à écouter, ressentir et se relier, au-delà des différences. C’est ainsi que la peur cesse de gagner.

"Je viendrais vers toiJe traverserais les mers Pour soulager ta peine." (Town Van Sandt, cité dans Braver sa nature sauvage, Chapitre 3)

Chapitre 4 : Les gens sont difficiles à haïr de près. Rapprochez-vous

Dans un monde saturé de haine, de polarisation politique et de jugements instantanés, Brené Brown invite à passer du regard global à l’expérience personnelle. En zoomant sur nos vies, nous découvrons que la haine généralisée s’effondre face à des relations humaines réelles et nuancées.

Face à la douleur, beaucoup choisissent la colère comme refuge, mais s’y accrocher nous ronge. La colère, si elle est transformée, devient un catalyseur de courage, de justice et de connexion. Refuser de haïr, comme l’illustre la lettre d’Antoine Leiris après la mort de sa femme au Bataclan, devient un acte radical de résistance.

Reconnaître notre souffrance et celle des autres est essentiel pour guérir. La haine dissimule souvent une peine non reconnue. Pour bâtir un monde plus humain, nous devons transformer notre douleur, briser les cercles de l’égoïsme et reconnecter par la compassion. La haine coûte trop cher. La vraie force est dans la vulnérabilité et l’amour.

Il y a toujours des limites, même dans la nature sauvage

Se rapprocher des autres implique d’affronter des conflits réels, parfois douloureux, surtout au sein de la famille. Pour maintenir une véritable appartenance, il faut définir des limites claires. Les participants à la recherche insistent sur deux formes de sécurité indispensables à la vulnérabilité : la sécurité physique et la sécurité émotionnelle. Cette dernière ne signifie pas fuir le désaccord, mais refuser le langage déshumanisant.

La déshumanisation transforme l’autre en ennemi, en être « moins que », rendant acceptable l’exclusion morale. Elle commence par des mots et se poursuit par des images. Dans l’histoire, elle a justifié des génocides, l’esclavage et les violences extrêmes.

Le langage inhumain est le premier signe. Une fois les gens réduits à des caricatures ou à des menaces, l’empathie disparaît, et le conflit se fige dans une opposition bien/mal. Tous les humains sont vulnérables à ce processus. Reconnaître ce glissement est essentiel pour préserver notre humanité partagée et résister à l’exclusion morale.

Le courage d'étreindre notre humanité

La déshumanisation commence souvent par des mots et des images qui excluent certaines personnes. Ce processus, largement alimenté par les réseaux sociaux, pousse à rejeter sans nuance ceux avec qui nous sommes en désaccord. Pourtant, cette tendance nuit autant à ceux qu’elle vise qu’à ceux qui y participent. La véritable appartenance exige de tracer une ligne claire fondée sur le respect de la dignité humaine.

Voici cinq principes à retenir selon Brené Brown :

Si des insultes sexistes vous choquent envers certaines femmes, elles devraient vous déranger dans tous les cas, peu importe leur camp politique.

Si un propos vous a blessé parce qu’il vous visait, soyez attentif aux paroles similaires dirigées contre d’autres.

Le langage dégradant, d’où qu’il vienne, doit être dénoncé, même s’il vise un adversaire politique.

Traiter des personnes comme des bêtes ou des objets est un signal d’alerte : cela facilite l’exclusion morale.

Si des images haineuses vous offensent selon leur cible, elles doivent toutes vous inquiéter, quel que soit leur auteur.

Déshumaniser n’est pas tenir responsable. Cela ne favorise ni la justice ni le changement. L'auteure appelle à dépasser les faux choix entre loyauté et responsabilité. Aimer un groupe, c’est aussi le rendre meilleur en nommant les abus. Refuser les espaces où la dignité est bafouée, ce n’est pas chercher le confort émotionnel, c’est refuser la violence symbolique. La véritable appartenance commence par le courage de réhumaniser.

Transformation des conflits

Pour mieux naviguer les conflits, la Dre Michelle Buck — interrogée par Brené Brown pour le livre — propose une approche qui transforme la confrontation en connexion. Plutôt que de fuir ou de «convenir de ne pas être d’accord», elle suggère d’explorer les intentions sous-jacentes de chacun. Cela permet de dépasser les malentendus et de renforcer la relation.

Elle recommande aussi de déplacer la conversation du passé vers un avenir commun à construire ensemble. Pour elle, il ne s’agit pas de «résoudre» mais de transformer le conflit, en créant de nouvelles perspectives et une compréhension mutuelle plus profonde. Enfin, elle insiste sur l’importance de ralentir, de poser des questions comme «Dites-m’en davantage» et surtout d’écouter pour comprendre, pas pour répondre.

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Mon, 09 Jun 2025 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/13054/Braver-sa-nature-sauvage
Réparer le futur http://www.olivier-roland.fr/items/view/12974/Rparer-le-futur

Résumé de "Réparer le futur : du numérique à l'écologie" de Inès Leonarduzzi : un essai audacieux sur les conséquences négatives du numérique et sur les moyens d'y faire face, par la fondatrice de Digital For the Planet, spécialiste en développement durable et en stratégie numérique.

De Inès Leonarduzzi, 2021, 222 pages.

Chronique et résumé de "Réparer le futur : du numérique à l'écologie" de Inès Leonarduzzi

Introduction

Inès Leonarduzzi est une entrepreneure digitale dans l'âme. Dès son enfance, elle se passionne pour Internet, qui vient d'apparaître au grand public. Elle est directement fascinée par les univers numériques. Jeune adulte, elle fonde avec deux amis Rouge Moon, une entreprise combinant art et numérique installée à Hong Kong.

Ensuite, elle entreprend une carrière nomade, travaillant à travers le monde en tant que consultante en numérique. Mais l'auteure réalise alors que les technologies, bien que porteuses de progrès, ne sont pas toujours utilisées de manière responsable.

Cette prise de conscience la mène à fonder Digital For The Planet, un mouvement prônant l'écologie numérique. Son objectif est de promouvoir un usage raisonné et juste des technologies, au service du bien commun.

L'écologie numérique

Contrairement à l'approche occidentale traditionnelle, qui traite les problèmes de manière isolée, Inès Leonarduzzi prône une vision globale, inspirée de la pensée orientale. Selon ce point de vue, l'écologie numérique ne s'adresse pas seulement à la question de la protection de l'environnement. Elle implique aussi des actions sociales, économiques et législatives pour protéger l'humain.

Inspirée par plusieurs penseurs de l'écologie, l'auteur cherche à souligner les liens entre pollutions numériques environnementale, intellectuelle et sociale. Son but est de reprogrammer les imaginaires et inventer de nouveaux langages pour faire face à ces enjeux.

"Je définis l’écologie numérique (ou digital ecology) comme l’étude des interrelations entre l’humain, la machine et l’environnement. Elle [l'écologie numérique] préconise des actions à la fois sociales, économiques et législatives, avec pour objectif la protection de l’humain et de l’environnement. Mais il s’agit aussi et avant tout d’un état d’esprit, nécessaire à la bascule d’une société numérique impondérée à un numérique résilient." (Réparer le futur, Introduction)

Digital For the Planet, la grande aventure

En quatre ans, le mouvement Digital For The Planet a accompli de grandes choses. Ce livre en est le témoignage ; il compile des études sur les impacts du numérique et rend hommage à tous ceux et celles qui œuvrent pour un monde numérique plus responsable.

Désormais dans la trentaine et devenue mère, Inès Leonarduzzi dit aussi avoir écrit ce livre pour son fils et pour tous ceux qui sont les plus vulnérables. Elle cherche moins à convaincre qu'à inspirer et à défendre la liberté et la beauté du monde.

Partie 1 — La pollution numérique environnementale

Autrefois perçu comme une solution propre et écoresponsable, le numérique révèle aujourd'hui sa face sombre et polluante. Il a en réalité un impact environnemental considérable. Loin de dépolluer, il contribue aux problèmes environnementaux de façon croissante.

En 2018, le numérique représente plus de 10 % de la consommation électrique mondiale, avec une croissance de 9 % par an. Les centres de données, essentiels au numérique, pourraient devenir plus énergivores que les autres secteurs industriels d'ici 2035.

Chapitre 1 — La fabrication des appareils

1 — Les coulisses du smartphone

En 2020, plus de 14 milliards de smartphones sont en circulation dans le monde, soit plus que le nombre d'humains. À Noida, en Inde, en 2018, Samsung inaugure une usine produisant 330 000 smartphones par jour. Cela montre l'énorme croissance de la production de ces appareils.

Cependant, cette expansion a un coût environnemental élevé. La fabrication d'un smartphone nécessite une grande quantité de matériaux rares et précieux, dont l'extraction contribue à la déforestation, à la pollution et à la dégradation des écosystèmes.

En effet, l'extraction de ces métaux rares requiert des procédés polluants et énergivores. L'auteure donne l'exemple de Baotou en Chine, un site dont la contamination radioactive est très préoccupante.

Il importe de se rendre compte que le numérique, malgré toutes ses qualités, repose sur l'exploitation de ressources limitées. Ce qui menace l'équilibre de la planète.

2 — Le lithium bolivien, au détriment du sel et des lamas

Le lithium, surnommé « or blanc », est un métal rare essentiel à la fabrication de batteries, notamment pour les voitures électriques. En Bolivie, dans le Salar de Uyuni, une vaste réserve de lithium est exploitée au détriment de l'écosystème local et au mépris des droits des travailleurs.

Ainsi, l'usage du lithium est ambigu. D'un côté, il offre des avantages environnementaux, notamment via la production de véhicules électriques sans émission de carbone. D'un autre côté, il pose des problèmes écologiques graves liés à son extraction (contamination des eaux et de la terre, déforestation, etc.).

L'auteure montre ensuite comment les ambitions économiques d'un pays, comme celles du président Evo Morales en Bolivie, intensifient la dégradation des terres et l'exploitation des personnes. Les communautés locales se sentent dépourvues face à des promesses politiques non tenues.

3 — Quelques grammes de Congo

En 2018, au Mali, Inès Leonarduzzi rencontre un homme engagé dans la protection des enfants travaillant dans les mines en République démocratique du Congo (RDC). Le Congo, qui abrite 60 % des réserves mondiales de coltan, est au cœur de l'industrie électronique mondiale.

L'exploitation des minerais est souvent réalisée par des enfants, dans des conditions de travail épouvantables et sans protection sanitaire.

Par ailleurs, les conflits armés autour de ces métaux entraînent une tension et des violences extrêmes, qui touchent aussi bien les humains que la faune et la flore. Les législations, bien qu'existantes, sont souvent insuffisantes pour protéger les travailleurs et l'environnement.

Elle plaide pour plus de transparence dans la chaîne d'approvisionnement des appareils électroniques. Selon elle, des lois plus rigoureuses sont nécessaires afin de minimiser les dommages humains et écologiques liés à l'industrie numérique.

La fabrication de nos appareils électroniques — et en premier lieu des smartphones — représente une part importante de la pollution numérique. Toutefois, d'autres défis se posent une fois ces appareils en circulation. C'est l'objet des chapitres suivants.

Chapitre 2 — Nos usages quotidiens

1 — L'Homo digitalis est un nouveau riche

Notre consommation numérique a explosé en une décennie. Le trafic internet mondial a triplé en cinq ans. Chaque jour, six personnes sur dix se connectent à Internet, ce qui génère 2,5 trillions d'octets de données, avec un impact environnemental équivalent à celui du transport aérien.

Cette dépendance au numérique illustre ce que l'auteure appelle le « syndrome du nouveau riche numérique ». Chaque action en ligne, comme l'envoi d'un selfie, consomme une quantité significative d'énergie. Nous utilisons quotidiennement Internet pour des tâches banales et souvent futiles, sans nous préoccuper des conséquences de nos actes.

Cela dit, la consultante en numérique rappelle que les technologies ne sont pas le problème en soi. En réalité, c'est plutôt l'absence d'alternatives énergétiques durables et l'utilisation excessive et mal informée des ressources qui doivent être mises en cause.

Elle plaide notamment pour une prise de conscience collective de la valeur de l'énergie. De la même manière que l'on apprend à gérer l'argent, nous devons apprendre à gérer nos usages numériques, gourmands en énergie.

Nous devons réfléchir aux sacrifices écologiques qui permettent notre confort numérique afin de chercher des moyens plus durables d'agir.

2 — Internet : une pieuvre de métal gourmande en électricité

Internet repose sur un réseau complexe de câbles en fibre optique — principalement enterrés sous les sols marins — qui assurent 95 % des communications mondiales. Ces câbles, longs de plus de 1,2 million de kilomètres, permettent le flux constant de données nécessaires pour maintenir la connectivité mondiale.

Le "cloud" n'a donc rien d'un espace virtuel au-dessus de nos têtes ! Il est en réalité constitué de centres de données physiques, dont la plupart se trouvent sur terre, et de câbles sous-marins enterrés dans les océans.

Historiquement, ces câbles suivent les mêmes routes que celles utilisées par le télégraphe et le téléphone. Aujourd'hui, ce sont les géants du numérique, comme Google et le reste des GAFAM, qui possèdent, gèrent et transforment à leur avantage ces infrastructures.

Les centres de données, où sont stockées toutes les informations numériques, consomment des quantités massives d'énergie. En 2020, leur consommation mondiale était estimée à 650 térawattheures, principalement pour alimenter les serveurs et refroidir les équipements.

Ces centres, nous dit-on, fonctionnent de plus en plus avec des énergies renouvelables. Mais c'est très insuffisant, selon Inès Leonarduzzi. Ils restent de grands consommateurs d'électricité et nécessitent également d'énormes quantités d'eau pour les besoins de refroidissement.

3 — Internet ne consomme pas que de l'électricité

En effet, Internet consomme une énorme quantité d'eau pour fonctionner, principalement pour refroidir les serveurs dans les centres de données. Ces centres utilisent de l'eau traitée dans des systèmes de climatisation pour éviter la surchauffe des machines.

Par exemple, les 800 data centers de Californie consomment autant d'eau que 158 000 piscines olympiques chaque année. L'eau est souvent évacuée après usage, ce qui contribue au gaspillage de ressources précieuses.

Bien sûr, des ingénieurs cherchent à réduire cette consommation. Le système de "free cooling" utilise l'air frais naturel pour refroidir les machines. D'autres techniques permettent de refroidir les serveurs par immersion dans l'huile ou l'eau.

Des entreprises comme Microsoft avec le projet Natick — qui vise à immerger des serveurs sous l'océan pour les refroidir naturellement— cherchent des alternatives. Cependant, même ces méthodes suscitent des questions quant à leur impact environnemental à long terme.

Par exemple, l'implantation de centres de données dans des régions froides comme la Norvège ou le cercle polaire soulève des questions sur l'équilibre thermique de ces régions. En effet, la chaleur des machines pourrait contribuer au réchauffement de ces zones géographiques.

En réalité, ces stratégies sont souvent motivées avant tout par des considérations financières, même si elles se présentent comme "écologiques".

4 — Les énergies vertes parfois grises

Les énergies renouvelables, comme le photovoltaïque et l'éolien, sont souvent considérées comme des solutions écologiques.

Cependant, leur production et leur infrastructure nécessitent des ressources non renouvelables, notamment des métaux rares, dont l'extraction et le traitement ont un impact environnemental significatif. Le transport, l'installation et le recyclage de ces technologies émettent également des gaz à effet de serre.

De plus, ces installations peuvent perturber les écosystèmes. La faune, comme les oiseaux et les poissons, sont touchés. Par ailleurs, l'auteure constate également des problèmes d'érosion des sols et d'inondation des vallées. Bien que ces énergies émettent peu de CO2, elles ne sont donc pas sans conséquences écologiques.

Nous voyons donc, grâce à ces exemples, que l'engouement pour les technologies "vertes" comme les voitures électriques et les énergies renouvelables doit être accompagné d'une réflexion sur leur véritable impact environnemental tout au long de leur cycle de vie.

En fait, nous devons non seulement améliorer ces techniques, mais aussi repenser nos modes de vie. Comment les rendre plus respectueux de l'environnement ?

5 — Réduire notre impact

Pour traiter cet aspect, Inès Leonarduzzi se remémore une jeune fille solitaire qu'elle croisait chaque matin dans le car scolaire. La disparition soudaine de cette jeune fille, qui souffrait de boulimie, l'a amenée à réfléchir sur la surconsommation numérique, qu'elle compare à un comportement compulsif similaire.

Elle souligne que la surconsommation est l'un des maux les plus préoccupants de notre époque. Le numérique représente 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ce n'est pas rien. Pouvons-nous nous désintoxiquer ?

L'auteure prône un changement de comportement progressif et adapté, plutôt qu'une approche radicale. Parmi les actions simples à adopter, elle recommande à minima de :

Conserver ses appareils le plus longtemps possible ;

Privilégier le wifi plutôt que la 4G pour économiser de l'énergie ;

Éteindre sa box internet lorsqu'elle n'est pas utilisée.

Ces gestes simples permettent de réduire l'empreinte numérique tout en réalisant des économies financières et en conservant le confort technologique auquel nous sommes habitués.

Chapitre 3 — Le recyclage

1 — Agbogbloshie

Le bidonville d’Agbogbloshie au Ghana est devenu un cimetière pour les déchets électroniques, principalement expédiés illégalement depuis l'Europe et les États-Unis. Bien que la Convention de Bâle interdise l'exportation de ces déchets vers des pays en développement, ces appareils sont souvent déclarés comme "destinés à la réutilisation".

Sur place, des enfants et adolescents brûlent les appareils pour en extraire des métaux précieux, ce qui est à la fois nocif pour leur santé et l'environnement. Les substances dangereuses comme le plomb, le cadmium et le mercure contaminent les sols, les cours d'eau et l'air, avant de pénétrer dans les organismes vivants.

Malgré quelques initiatives positives — comme la création d'objets d'art à partir de déchets électroniques et des projets de recyclage respectueux de l'environnement —, la situation reste critique.

Alors, que faire ? La consultante en numérique aborde surtout la question de la responsabilité financière des fabricants concernant le recyclage, l'écoconception des appareils et l'amélioration du taux de recyclage.

Pour endiguer ce problème, il est également nécessaire, pour l'auteure, de mesurer et gérer plus efficacement la quantité de déchets électroniques, en promouvant une économie circulaire et en protégeant les travailleurs vulnérables.

2 — Des déchets ou des rejets ?

L'auteure considère que le langage influence notre perception du monde et notre responsabilité,-. Des termes comme "crise" et "déchet", par exemple, portent à confusion. Avec le mot "déchet", par exemple, nous avons l'impression que certains objets sont hors d'usage, alors qu'ils ont encore de la valeur.

Or, dans certaines cultures, rien ne se jette, tout se réemploie. Contrairement à la mentalité occidentale basée sur l'économie de la consommation, ces cultures font preuve d'imagination et d'humilité. Contre notre propension à extraire toujours plus de matériaux, Inès Leonarduzzi plaide ici pour une revalorisation des matériaux existants.

3 — L'économie des flux : et si les déchets créaient de la richesse ?

Notre société continue de valoriser la production de flux, comme en témoigne notre usage du plastique. En France, 5,5 milliards de bouteilles d'eau en plastique sont vendues chaque année. Ce phénomène enrichit les industries pétrochimiques tout en dégradant l'environnement.

Concernant les appareils électroniques, leur durée de vie peut être prolongée par des gestes simples. Nous pouvons, par exemple, remplacer les batteries de nos appareils plutôt que de les jeter.

Trop souvent, les consommateurs changent de téléphone ou d'ordinateur pour des raisons de performance ou sous l'influence de la mode, alors que la plupart de ces appareils fonctionnent encore bien.

La réparation et le recyclage sont des alternatives essentielles pour réduire l'impact environnemental. Consommer avec mesure, en étant conscient de l'impact sur la planète, devient aujourd'hui un signe de modernité.

4 — Le manque d'imagination et de volonté

Pour moins polluer, il faut non seulement réduire notre consommation d’appareils connectés, mais aussi mieux les produire. Cela implique de lutter contre l’obsolescence programmée et de prolonger la durée de vie des appareils en reconditionnant ou en réutilisant leurs composants.

Des initiatives comme les médailles des Jeux Olympiques de Tokyo, fabriquées à partir de déchets électroniques, montrent qu’il est possible de valoriser nos déchets.

Cependant, l'auteure considère que l’obstacle principal à cette transition reste notre manque d’imagination et notre excès d'ego, qui nous poussent à croire que l'économie et l'écologie sont incompatibles.

L'avenir, selon elle, dépendra de notre capacité à adopter une économie circulaire et à mobiliser les citoyens dans ce changement.

5 — S'inspirer des anciens

Pour avancer vers un futur plus durable, il est essentiel de s'inspirer de la nature. Après tout, cette "ingénieure" a bien fait les choses et a des milliards d'années d'expérience !

Le biomimétisme, c'est-à-dire l'innovation inspirée des écosystèmes naturels, offre des solutions ingénieuses qui s'appliquent à tous les domaines industriels, de la construction à l'aéronautique.

Cette approche est encore trop peu explorée. Pourtant, elle montre que la nature fonctionne en cycles sans produire de déchets ni consommer excessivement. L'exemple de la thermorégulation des ours en hibernation illustre comment nous pourrions repenser nos technologies pour qu'elles respectent ces principes naturels d'efficacité énergétique.

Inès Leonarduzzi raconte l'histoire de son grand-père, un homme analphabète mais doté d'une grande sagesse. Il lui avait enseigné que tout ce dont l'humanité a besoin pour résoudre ses problèmes existe déjà, si l'on a les yeux pour le voir et le cœur pour le partager.

Cette leçon rejoint les réflexions des chercheurs modernes qui affirment que nous disposons déjà des ressources nécessaires pour résoudre les grandes crises mondiales, à condition que nous apprenions à mieux les utiliser et les répartir.

Finalement, le biomimétisme n'est pas simplement une approche scientifique, c'est aussi une philosophie de vie qui nous invite à revoir notre rapport au monde et à utiliser les solutions que la nature nous offre tous les jours.

Partie 2 — La pollution numérique intellectuelle

Au-delà de l'impact environnemental du numérique, il existe des formes de "pollutions" numériques moins visibles mais tout aussi préoccupantes. L'illectronisme, ou l'incapacité à utiliser les outils numériques, par exemple, engendre de nouvelles inégalités dans une société de plus en plus dépendante du numérique.

Par ailleurs, l'usage excessif des technologies peut perturber nos capacités cognitives, altérer notre sommeil ou conduire à des dépendances préoccupantes. Ces formes de pollution intellectuelle sont subtiles mais omniprésentes, et elles affectent les individus sans qu'ils en soient toujours conscients.

Pour un numérique véritablement durable, il est crucial de prendre conscience de ces dangers et de développer des stratégies pour s'en prémunir. Comment ? En optimisant l'usage des technologies plutôt qu'en les rejetant.

Pour Inès Leonarduzzi, le défi est d'apprendre à utiliser ces outils de manière intelligente, en renforçant nos capacités cognitives plutôt qu'en les affaiblissant.

Chapitre 1 — L'illectronisme, l'illettrisme électronique

1 — Les laissés-pour-compte du numérique

L’illectronisme, ou l’incapacité à utiliser les outils numériques, touche un nombre croissant de personnes en France, jeunes et personnes âgées. Bien que la majorité des Français possèdent un équipement informatique, beaucoup rencontrent des difficultés avec des tâches simples comme envoyer un e-mail ou remplir des démarches administratives en ligne.

Cette situation est exacerbée par la fermeture progressive des centres administratifs, laissant des milliers de personnes dans l'incapacité d'exercer leurs droits fondamentaux.

Les personnes vulnérables, comme les allocataires de minima sociaux et les demandeurs d’asile, sont particulièrement touchées, car elles peinent à naviguer dans un monde de plus en plus dématérialisé.

L’illectronisme met en lumière une fracture numérique qui transforme le numérique en un outil discriminatoire. Parce qu'ils sont dans l'incapacité d'acquérir ou de se servir des outils numériques, certaines personnes sont privées de leurs droits.

2 — Pourquoi est-ce essentiel de lutter contre l'illectronisme ?

Selon Inès Leonarduzzi, délaisser une partie de la population face à la transition numérique n’est pas seulement une question sociale, c'est aussi une question économique.

En effet, lutter contre l’illectronisme pourrait générer un bénéfice annuel de 1,6 milliard d’euros, notamment via l'optimisation des téléprocédures. Selon l'auteure, l'administration publique pourrait économiser jusqu'à 450 millions d'euros par an.

De plus, les citoyens gagneraient un temps précieux au quotidien, par exemple en simplifiant la prise de rendez-vous médicaux ou les courses en ligne.

Mais pour l'auteure, le véritable problème va au-delà des aspects économiques. Les illectronés, souvent désireux d’apprendre, voient dans le numérique un moyen de rester connectés avec leurs proches.

Mais le déploiement des outils et des formations reste insuffisant. Il faudrait aussi convaincre les réfractaires des avantages qu'ils peuvent tirer de ces outils.

Inès Leonarduzzi souligne enfin que le numérique semble privilégier les populations urbanisées et actives. Pour ceux qui ne souhaitent pas s'équiper d'ordinateurs ou de smartphones, accéder à leurs droits devient un véritable parcours du combattant, ce qui exacerbe le sentiment d'exclusion et de frustration.

Une fracture numérique se creuse, créant ce que la consultante en numérique nomme une "France sans contact", divisée entre les privilégiés et ceux qui sont laissés pour compte dans cette révolution technologique.

Chapitre 2 — L'intelligence humaine à l'épreuve du quotidien

1 — Les enfants : la chair à canon numérique

En tant que mère, Inès Leonarduzzi s'est rapidement interrogée sur l'impact des écrans sur les enfants. Elle souligne que cette question n'a cessé de la préoccuper, même avant sa grossesse.

Lors de ses recherches, elle a découvert que les enfants sont naturellement attirés par les écrans en raison de leur lumière et de leur mouvement. Mais est-ce sans risque ?

Selon Leonarduzzi, les écrans peuvent être à la fois bénéfiques et dangereux pour les enfants.

D'un côté, ils peuvent servir d'outils d'apprentissage, aider les enfants souffrant de troubles d'apprentissage, et même développer certaines compétences cognitives.

Cependant, une exposition excessive peut entraîner des retards de langage, des troubles de l'attention et des difficultés à établir des relations sociales.

Il importe donc d'encadrer strictement l'utilisation des écrans chez les enfants, en adoptant une approche équilibrée qui alterne entre expériences réelles et virtuelles.

Pour aider les parents, Inès Leonarduzzi propose la méthode « EQE » basée sur trois valeurs :

L'équilibre, ;

La qualité ;

L'échange.

Cette méthode encourage les parents à alterner les activités numériques et non numériques, à veiller à la qualité des contenus visionnés par les enfants et à discuter avec eux de leurs expériences en ligne.

Inès Leonarduzzi critique également la réticence des autorités françaises à adopter des mesures de protection plus strictes. À Taïwan, par exemple, l'exposition excessive des jeunes enfants aux écrans est considérée comme une forme de maltraitance.

En France, des efforts sont réalisés pour sensibiliser les parents, mais il reste encore beaucoup à faire pour protéger les plus petits des effets potentiellement nocifs des écrans.

2 — Dors, tu n'es pas un robot !

Une enquête menée en 2016 révèle que plus de 90 % des personnes dormant près de leur téléphone consultent leurs messages la nuit, et 79 % y répondent immédiatement. Ces habitudes, courantes chez les adolescents, ont des effets préoccupants sur la santé.

En activant les récepteurs photosensibles de la rétine, la lumière bleue perturbe le rythme circadien et entraîne des troubles du sommeil, voire des maladies comme l’obésité ou le diabète.

Pour l'auteure, le sommeil devrait être un moment de déconnexion totale. Les adolescents sont particulièrement vulnérables, car le sommeil est crucial pour leur croissance. Des études montrent que les enfants possédant un smartphone dorment moins que ceux qui n'en ont pas, ce qui contribue à un phénomène inquiétant de « dette de sommeil ».

Inès Leonarduzzi souligne l'importance de sensibiliser davantage sur ce sujet, en particulier auprès des jeunes. Elle plaide pour une utilisation plus exigeante et consciente du numérique.

Elle insiste tout particulièrement sur la nécessité d'éduquer les jeunes aux effets néfastes des écrans sur le sommeil et rappelle que peu d'initiatives institutionnelles ou technologiques existent actuellement pour protéger les utilisateurs.

3 — L'hyperconnexion, cette amie toxique

Dans ce chapitre, Inès Leonarduzzi partage son expérience personnelle de stress numérique. Elle raconte comment la surcharge de travail et l'usage intensif de ses smartphones l'ont conduit à une fatigue extrême à un âge précoce.

À 26 ans, la pression constante d'être connectée et disponible en permanence l'a conduit à un épuisement professionnel ou "blurring" — un état où les frontières entre vie personnelle et professionnelle s'effacent complètement.

Pour l'auteure, cette pression est exacerbée par la culture actuelle de l'e-mail, qui est passée d'un mode de communication asynchrone à une exigence de réponse immédiate.

Les employés passent désormais une part significative de leur journée à gérer leurs e-mails, ce qui entraîne non seulement une augmentation du stress, mais aussi une baisse de la productivité.

Cette hyper-connectivité a donné naissance à de nouvelles formes de stress, comme la nomophobie et l'hypovibrochondrie. Ces termes neufs sont révélateurs de l'impact du numérique sur la santé mentale.

Inès Leonarduzzi propose finalement des stratégies concrètes pour réduire le stress numérique, telles que :

Fixer des créneaux horaires pour vérifier les e-mails ;

Désactiver les notifications et organiser ses messages ;

Limiter l'usage du téléphone le soir.

Chapitre 3 — Les algorithmes de l'addiction

1 — L'économie de l'attention

En 2014, Banksy, connu pour ses œuvres politiquement engagées, se détourne brièvement de la politique pour aborder l'addiction aux écrans à travers sa peinture murale Mobile Lovers. L'œuvre montre un couple enlacé, mais chacun est absorbé par son smartphone, ignorant l'autre.

Plus tard cette même année, une autre œuvre de Banksy représente un smartphone prenant racine dans une main, symbolisant son intégration profonde dans nos vies.

Ces deux œuvres illustrent la difficulté de réguler l'utilisation des écrans : nous serions "addicts" ou presque. Pourquoi ?

Selon Inès Leonarduzzi, il est essentiel de comprendre son origine. Elle se réfère, pour cela, à plusieurs chercheurs en sciences sociales. Tout d'abord, elle se réfère à Herbet Simon pour affirmer que nous vivons désormais dans des sociétés riches en information.

Par ailleurs, elle se tourne vers Yves Citton qui explique que l'attention des individus est devenue un enjeu économique crucial.

L'auteure illustre ce dernier point en affirmant que TF1 et Facebook sont avant tout des régies publicitaires, avant même d'être des chaînes de télévision ou des réseaux sociaux ! En effet, ces entreprises captent notre attention pour vendre des espaces publicitaires.

Pour l'auteure, cette course à l'attention mène une forme de pollution numérique intellectuelle. L'omniprésence des écrans, alimentée par ces modèles économiques, conduit à un déclin intellectuel marqué par l'augmentation des troubles de l'attention et de la concentration.

2 — Ceux qui nous piègent depuis la Silicon Valley

Dans la Silicon Valley, l'objectif principal des entreprises technologiques est de créer des applications qui captent le plus grand nombre d'utilisateurs. Comment ? En utilisant des stratégies qui exploitent les biais cognitifs pour encourager l'addiction aux écrans.

Notre attachement aux outils numériques n'est donc pas un simple effet secondaire. C'est une stratégie délibérée conçue par des experts en « expérience utilisateur » (UX designers), souvent formés en sciences cognitives.

Leur mission ? Concevoir des interfaces qui incitent les utilisateurs à réaliser des actions malgré eux, à travers des techniques appelées dark patterns.

Ces dark patterns incluent des mécanismes comme le fil d'actualité infini sur les réseaux sociaux ou les notifications répétitives. Ces techniques créent des habitudes addictives similaires à celles des machines à sous.

L'université de Stanford, par exemple, a été pionnière dans l'enseignement de ces techniques à travers son Persuasive Tech Lab, où des étudiants apprennent à manipuler les comportements des utilisateurs.

Mais l'avenir n'est pas si sombre. Heureusement, Inès Leonarduzzi souligne qu'une nouvelle génération de « designers éthiques » émerge. Ceux-ci cherchent à créer des interfaces qui respectent et aident les utilisateurs et non à les manipuler.

Encore une fois, pour elle, l'enjeu n'est pas de rejeter le numérique, mais de participer à la construction d'un futur numérique plus responsable.

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Thu, 07 Nov 2024 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12974/Rparer-le-futur
Faire plus avec moins http://www.olivier-roland.fr/items/view/12973/Faire-plus-avec-moins

Résumé de « Faire plus avec moins » de Vicky Payeur : la créatrice du blog Vivre avec moins nous propose ici un condensé de son savoir et de ses conseils pour « redécouvrir l’abondance grâce à la frugalité » et apprendre à vivre mieux au jour le jour.

Vicky Payeur, 2022, 204 pages.

Chronique et résumé de "Faire plus avec moins" de Vicky Payeur

Avant-propos

Connaissez-vous le frugalisme ? Il s'agit de cette tendance à rechercher l'indépendance financière hors travail le plus tôt possible dans son existence. Autrement dit, prendre sa retraite dès 30 ou 40 ans ! Mais est-ce vraiment réalisable ?

Au Québec — pays de Vicky Payeur — comme ailleurs, la réponse est oui. À condition, bien sûr, de respecter certains principes de vie et d'avoir mis suffisamment d'argent de côté pendant les années de labeur.

Le mouvement FIRE, pour Financial Independence Retire Early est pionnier et particulièrement représentatif de cette tendance de fond des sociétés contemporaines. Il a émergé aux États-Unis dans les années 2010, quand des blogueurs ont publié leurs idées concernant l'épargne et la retraite précoce.

Vicky Payeur dit s'inspirer de tous ces auteurs du mouvement FIRE. Mais elle voudrait répondre à une question restée selon elle largement sans réponse : "comment vivre la frugalité au quotidien ?" C'est-à-dire concrètement (p. 8-9) :

« Comment faire augmenter la valeur de ses placements ?

Quelles stratégies utiliser pour réduire les impôts à payer ?

Comment travailler davantage ou gagner plus d'argent ?

Quelles dépenses est-il nécessaire d'enlever de son budget pour peut-être espérer vivre librement un jour ?

Comment épargner un peu plus chaque mois ? » (Faire plus avec moins, Avant-propos)

L'autrice s'est posé ces questions dans sa propre existence : en 2015, elle est passée d'un mode de vie hyperconsommateur à une existence frugale, principalement pour rembourser ses dettes. Aujourd'hui, elle est très heureuse de son choix et veut partager ses bons plans avec vous. Sympa, non ?

Si vous voulez en savoir plus, rendez-vous sur son blog Vivre Avec Moins.

Introduction

"Frugalité est un mot que j'entends bien rarement. Probablement parce qu'il est souvent associé péjorativement à l'avarice ou, comme on dit, au fait d'être cheap. Personne ne souhaite être perçu ainsi dans une société où l'étalage des richesses et la démonstration d'exploits professionnels sont valorisés ! Cependant, il y a une nuance importante entre frugalité et avarice."

Quelle est-elle ?

L'avare ne veut pas se séparer de son argent ; il veut même en accumuler toujours plus, sans raison.

La personne frugale (ou le "frugaliste") est sobre, oui, économe, encore, mais elle n'est pas attachée à l'argent et pourra se montrer généreuse ou s'octroyer des plaisirs de temps à autre.

La frugalité ne date pas d'hier

En un sens, la frugalité est une habitude de grand-mère. Rappelez-vous ses petits plats et sa manie à "tout" réparer ou à tout garder. Eh bien, c'est l'inverse de notre mode de vie actuel et, pourtant, c'est vers cela que nous pouvons aller si nous le voulons.

Oui, penser sa consommation est (re)devenu essentiel ! Oui, penser, réfléchir à ce qui est utile et à ce qui ne l'est pas. Commençons petit à petit et voyons comment amplifier peu à peu cette attitude dans notre existence de tous les jours. L'enjeu est économique, mais aussi environnemental.

Oser devenir libre

"En consommant moins, mais mieux, on peut transformer notre budget en entier", dit l'auteur. Épargner : voilà la clé. Et ce livre est justement conçu pour vous aider à le faire de manière efficace. Certaines propositions peuvent paraître "extrêmes", mais c'est parce qu'elles visent à "atteindre des objectifs ambitieux".

C'est possible. Par ailleurs, être frugal ne veut pas dire arrêter complètement de travailler. Vous pouvez vous consacrer à des projets qui ont du sens pour vous, mais vous ne dépendez plus d'un emploi qui ne vous plaît pas.

À vous de définir exactement votre idée de la liberté financière. À vous, aussi, de laisser de côté les conseils qui vous plairont le moins pour adapter la méthode en fonction de vos aspirations profondes.

Partie 1 — L'heure des bilans

  1. Analyse

Au Québec, un tiers de la population environ vit d'une paie à l'autre sans pouvoir épargner ou en épargnant très peu. Pour Vicky Payeur, c'était la même chose. Jusqu'au jour où elle s'est mise en tête d'étudier les dépenses de son compte bancaire.

Elle donne ce premier conseil :

"Prenez le temps d'analyser votre situation financière en toute franchise et posez-vous la question suivante : "où va mon argent ?"." (Faire plus avec moins, Chapitre 1)

Posez-vous des questions telles que :

Combien est-ce que je dépense en… (restaurant, vêtements, etc.) ?

Quand ai-je réalisé ma dernière grosse dépense ?

Combien est-ce que j'épargne par mois ?

Jusqu'à quand pourrais-je survivre si je perdais mon travail demain ?

En fait, nous pensons souvent agir plus vertueusement que nous ne le faisons en réalité. Lorsque nous nous imposons cette petite analyse, nous voyons mieux où le bât blesse et ce que nous pouvons faire pour corriger le tir. Et cela vaut à 20 ans comme à 50 !

  1. Quotidien

Nous ne sommes pas les victimes. L'état de nos finances dépend de nous. Bien sûr, nous avons diverses obligations, mais il est toujours possible de revenir à la question : "qui a choisi de contracter ce prêt ?", etc.

Commençons donc par nous dire que c'est possible. Et que nous avons la responsabilité de gérer correctement notre argent. Chacun, en fonction de sa situation propre, peut faire un premier pas.

Quels sont les postes de dépenses que vous pouvez revoir ?

Les déplacements

Si vous avez besoin d'une voiture, interrogez-vous sur l'utilité réelle (et non symbolique) d'avoir une voiture neuve, en location (leasing) ou achetée avec un prêt, par exemple. Ne vaut-il pas mieux opter pour une voiture d'occasion ?

Et si vous ne possédiez pas de voiture ? Le quotidien deviendrait-il impossible ? Si la réponse est non, alors interrogez-vous sur le caractère nécessaire de cet achat et envisagez les autres options en comparant l'aspect financier (autobus, train, etc.).

L'hypothèque

Les prix des logements montent, grimpent, volent ! Vous voulez acheter ? Avez-vous les reins assez solides pour vous embarquer dans une hypothèque à long terme ?

Vicky Payeur met surtout en garde au niveau de la tentation de voir trop grand. Pensez votre logement en fonctions, ici encore, de vos besoins réels. Selon le nombre de personnes dans votre famille, vous aurez certes besoin d'une maison ou d'un appartement plus petit ou plus grand, mais à quoi bon vouloir un palace difficile à chauffer ?

Le ratio des dépenses mensuelles liées au logement devrait être d'un tiers (30 %) et idéalement d'un cinquième (20 %). Dans beaucoup d'endroits, il est difficile de tenir ce ratio, mais vous pouvez agir à d'autres endroits.

"En réduisant le coût obligatoire associé à votre habitation, vous aurez plus de marge de manœuvre pour les autres postes de dépenses et, par le fait même, pourrez épargner davantage." (Faire plus avec moins, Chapitre 2)

Les sorties au restaurant

Nous aimons tous aller au restaurant. Mais nous avons aussi tendance à y aller… beaucoup. Surtout lorsque nous travaillons à l'extérieur. Petit-déjeuner, déjeuner et dîner : parfois les trois repas y passent !

Faites le compte. Cela revient vite cher, vous verrez. Nous verrons dans la suite de l'ouvrage (partie 2) comment mettre en place une alimentation plus frugale et plus saine — sans pour autant nous priver du restaurant lors des occasions spéciales !

Les achats impulsifs

Les trois postes de dépenses précédents (voiture, logement, nourriture) sont souvent les plus gourmands et ceux qui nous empêchent d'épargner. Il faut y ajouter tous ces achats impulsifs qui allègent grandement notre portefeuille.

À quoi pensez-vous ? À la télévision que vous venez d'acheter ? Au cafe latte de 16 h ou à cette dernière paire de chaussures commandée en ligne ? Pas besoin de vous faire un dessin ; vous voyez certainement de quoi Vicky Payeur veut parler !

"Tous ces achats que vous faites parfois sans réfléchir ont un effet direct sur votre liberté. Plus vous dépensez, plus vous devrez travailler pour payer ces abonnements mensuels et ces achats spontanés. Chaque fois que vous utilisez votre carte bancaire, vous venez de retarder l'heure, le jour et l'année de l'atteinte de votre liberté." (Faire plus avec moins, Chapitre 2)

Cette dernière phrase peut faire réfléchir, pas vrai ? Gardez-la à l'esprit au moment de sortir votre carte bleue plus vite que Zorro.

Choisir sa vie

Bien entendu, personne ne vous demande de vivre une vie qui ne vous conviendrait pas. Vous avez le contrôle. Si, pour vous, cette vie plus dépensière vous satisfait et que vous pouvez vous l'offrir (même si c'est à crédit sur votre retraite anticipée), alors pourquoi pas !

Mais si vous avez l'ambition de moins travailler et/ou de vous consacrer davantage à ce que vous aimez vraiment, bref si votre vie ne vous convient pas en l'état, alors pensez-y…"Prenez quelques minutes pour analyser votre mode de vie actuel et les frais occasionnés", dit l'autrice. "Où aimeriez-vous habiter ? Quelle vie aimeriez-vous mener ?".

  1. Changement

Le changement est aussi psychologique et social. Nous avons l'habitude d'écouter certains discours qui nous poussent à la consommation. Mais correspondent-ils à nos valeurs et à nos aspirations ? Pas vraiment, ou rarement.

Changer dans le sens du frugalisme, c'est donc aussi ouvrir son esprit à d'autres manières de voir le monde et d'agir en son sein.

Par ailleurs, la motivation à vous limiter aujourd'hui peut être boostée par votre volonté à atteindre un objectif précis. C'est aujourd'hui que commence ce projet, et pas demain ! Établissez dès que possible votre pourquoi (votre objectif) et votre comment (les moyens pour y parvenir).

Progressez à votre rythme

"Ne vous inquiétez pas, je ne vous suggère pas de devenir un ermite dans le fond des bois, loin de la consommation de notre société capitaliste (bien que je trouve ce mode de vie inspirant !). Il suffit de modifier quelques-uns des gestes que vous accomplissez quotidiennement au profit d'une option plus économique." (Faire plus avec moins, Chapitre 3)

Autre point central qui est même la "règle d'or" selon Vicky Payeur : y aller à son rythme. Sans quoi, vous risquez fort bien d'abandonner rapidement.

Par ailleurs, utilisez ce que vous avez déjà. Prenons un exemple. Terminez tous vos produits de ménage habituels afin de penser à en acheter d'autres qui seront plus économiques et écologiques (par exemple en vrac).

Selon Vicky Payeur, la durée de "mise en route" d'un mode de vie frugal peut fortement varier selon les personnes. Dans son cas, cela lui a pris un an et demi pour "atteindre un niveau satisfaisant". "Il ne faut pas devenir fou et rechercher la perfection", dit-elle encore pour nous rassurer.

L'important, c'est d'être curieux et de tester les astuces. D'en faire de petites habitudes à intégrer dans votre quotidien progressivement. Laissez de côté celles qui ne vous correspondent pas et adoptez les autres !

Cherchez l'inspiration

Vous trouverez sur Internet différentes inspirations, des plus radicales (comme Mark Boyle et son livre L'homme sans argent) au plus softs.

Vous pouvez aussi trouver l'inspiration plus directement autour de vous. Nous avons parlé plus tôt de la grand-mère, mais cela peut être un cousin ou un oncle. Qui sait ! Demandez-leur comment ils font et ils partageront certainement leurs astuces frugales avec vous.

Mais Vicky Payeur ne veut pas s'arrêter là. Selon elle, vous pouvez devenir votre propre source d'inspiration. Comment ça ?

En fait, vous pouvez rapidement devenir "accro" à ce petit jeu de l'épargne. Dès que notre focale se concentre sur la liberté financière, vous avez envie d'éliminer les dépenses superflues. cela devient un jeu !

Persévérez

Comment tenir bon, même dans les moments difficiles ? L'autrice rapporte ici sa propre expérience et donne des dates précises :

2015-2016 : elle freine sa surconsommation et met de l'ordre dans ses finances.

2016-2018 : elle commence à voir son endettement se réduire peu à peu. En un peu moins de deux ans, elle rembourse 16 000 $.

2018-2019 : elle se constitue un fonds d'urgence pour "assurer sa sécurité financière". Elle décide de quitter son emploi au bout d'un an d'épargne.

2019-2020 : ce n'est pas toujours facile d'être complètement à son compte. Mais elle a réussi à ne pas s'endetter à nouveau et à vivre modestement, mais correctement.

2020-2021 : elle achète un bien immobilier avec son compagnon, beaucoup de dépenses en une fois, mais un investissement rendu possible par les efforts réalisés jusque-là !

"Parfois, il faut mettre la main à la pâte pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, pour changer son quotidien." (...) Le chemin le plus facile pour y arriver, c'est celui de la frugalité." (Faire plus avec moins, Chapitre 3)

Petit à petit, vous pouvez voir le ciel s'éclaircir et penser non seulement à l'épargne, mais aux investissements financiers tels que la bourse ou l'immobilier.

  1. Doutes

"Êtes-vous obligé de parler de vos nouvelles motivations, de votre changement de vie ou de vos prises de conscience ? La réponse est non." (Faire plus avec moins, Chapitre 4)

Parfois, nous pouvons percevoir notre entourage comme un frein dans la réalisation de nos objectifs. À d'autres moments, ils sont une grande source d'inspiration et de motivation. À vous, donc, de voir quand et avec qui vous voulez partager votre nouveau goût pour la simplicité.

Vicky Payeur, pour sa part, a décidé d'ouvrir complètement les vannes, puisqu'elle a créé un blog dans lequel elle s'est mise à raconter son parcours, depuis ses erreurs jusqu'à ses réussites. Elle partage au quotidien avec son audience des trucs et astuces et répond aux questions qui lui sont adressées.

☀️ En véritable infopreneuse, elle propose aujourd'hui des ateliers et des formations pour aider celles et ceux qui le souhaitent à prendre le chemin de la frugalité. Bref, à sa manière, elle suit la méthode des rebelles intelligents proposée dans votre livre gratuit Vivez la vie de vos rêves grâce à votre blog !

Le jugement des autres

Le jugement des autres peut avoir une influence négative sur vous. Certaines personnes peuvent être fermées à ce mode de vie. D'autres peuvent (parfois même les mêmes) ressentir de la jalousie. Savoir s'y préparer permet de mieux affronter ce problème.

Comment faire ? En ne parlant pas quand vous n'en sentez pas le désir et en ignorant ceux et celles qui vous critiquent ou vous envient. Malgré ses activités de blogueuse, Vicky Payeur prône plutôt la voie du "en dire moins, c'est souvent mieux'.

Surtout lorsqu'il s'agit de parler de ce que vous arrivez à mettre de côté ! En effet, ce n'est pas la même chose de parler de ses difficultés et de trucs et astuces pour les surmonter que d'exposer ses objectifs et ses revenus réels.

La prudence est donc de mise. Mais dans tous les cas, vous restez maître de vos prises de parole.

Une histoire de collègues

Au travail, vous pourrez faire face à des collègues qui sont eux aussi dans des situations d'endettement ou de difficultés financières, mais qui refuseront (voire se moqueront) de vos objectifs frugaux. C'est ce qu'a vécu Vicky Payeur. Comme elle, laissez vos chemins se séparer.

Focalisez-vous sur votre propre réussite et adoptez la pensée positive.

"Aujourd'hui, je sais pertinemment qu'adopter la pensée positive dans mes différentes actions du quotidien a été la clef de ma réussite." (Faire plus avec moins, Chapitre 4)

La force des amitiés

À côté des personnes qui vous tirent vers le bas, il y — aussi ! — toutes celles qui vous aident dans votre parcours. Les vrais amis sont ceux qui accepteront de ne plus sortir au restaurant comme avant mais vous aimeront toujours autant.

Redécouvrez ensemble des activités que vous aviez perdues de vue, par exemple. Pourquoi ne pas se retrouver chez soi plutôt que d'aller dans un bar ? Aller se promener ou jouer aux cartes… Ce ne sont que quelques illustrations.

Vous pouvez également adapter certaines activités pour les rendre plus frugales. Par exemple : les vacances. Vous pouvez épargner tout au long de l'année dans l'optique de ces vacances entre amis que vous avez l'habitude de faire.

"Croire qu'on ne peut pas adopter de nouvelles habitudes par crainte de l'avis de ses amis ou d'autrui, c'est s'enfermer dans une cage sans même avoir essayé d'en sortir. Essayez de nouvelles choses, osez, puis vous verrez ce qui en découlera !" (Faire moins avec plus, Chapitre 4)

Partie 2 — Comment se vit la frugalité ?

  1. Avant

Revenons encore une fois à nos grands-parents. Non pas pour nier les progrès dont nous profitons aujourd'hui, mais pour éclairer de leur perspective notre tendance à l'hyperconsommation.

Ils avaient l'habitude de recycler et d'entretenir les choses ; nous jetons sans même prendre le temps de réparer. Qui a raison ? Prenons-les en exemple, soutient Vicky Payeur.

S'inspirer de la Grande Dépression

La grande crise qui fit suite au Krash boursier de 1929 intéresse beaucoup l'autrice. Selon elle, il y a même "7 astuces économes" à retenir en particulier :

« Cuisiner à partir de rien ;

Réparer avant de remplacer ;

Se divertir dans le confort de son foyer ;

Faire soi-même ;

Faire du troc ;

Dépenser seulement l'argent qu'on a ;

Réutiliser. » (Faire plus avec moins, Chapitre 5)

Retourner à la base

Nos ancêtres avaient beaucoup d'imagination pour vivre de peu ! En allant fouiller pour nous dans les savoirs de nos aïeux, la blogueuse retrouve plein de trucs et astuces qu'elle partage dans cet ouvrage.

Parmi les conseils supplémentaires, très pratico-pratiques, qu'elle donne à la suite du chapitre pour concrétiser les "7 astuces économes", vous trouverez :

Faire son bouillon (alimentation) ;

Sécher les poches de thé (alimentation) ;

Entretenir un potager (alimentation) ;

Réutiliser les vieux tissus (textile) ;

Raccommoder les vêtements (textile) ;

Revaloriser les emballages alimentaires (organisation) ;

Prendre des notes sur des vieilles enveloppes (organisation) ;

Etc.

À vous de consulter l'ouvrage afin de voir quels sont les trucs qui vous plaisent et vous paraissent réalisables chez vous ;). Maintenant, entrons dans le détail des propositions de Vicky Payeur.

  1. Alimentation

"Il faut arrêter de consommer en mode automatique et commencer à se poser les bonnes questions qui nous rapprocheront un peu plus de notre liberté financière. L'argent qu'on évite de gaspiller aujourd'hui est peut-être ce qui fera la différence entre une retraite à 45, 50 ou 55 ans, plutôt qu'à la mi-soixantaine !" (Faire plus avec moins, Chapitre 6)

La cuisine est sans doute l'un des endroits où nous pouvons agir le plus efficacement pour réduire nos dépenses et mettre en pratique le frugalisme. Voyons comment.

L'évolution de mon panier

Vicky Payeur raconte comment elle est passée d'un panier d'achat de 120 $ à 50 $ par semaine (et même à 20 $ lorsqu'elle remboursait ses dettes !). Plusieurs actions sont à mettre en place, comme utiliser ce que vous avez dans vos tiroirs et n'acheter que ce dont vous avez besoin.

Progressivement, vous pouvez également changer durablement vos habitudes alimentaires. Manger moins de viande est économique et écologique, sans compter que c'est également bon pour votre santé.

Autre astuce : être attentif aux aubaines : réductions en tout genre dans les magasins ou via des applications dédiées, par exemple.

Viser l'équilibre, pas les extrêmes

Il est important de continuer à s'alimenter correctement. Manger des pâtes au beurre tous les jours n'est pas la solution… Votre santé est plus précieuse que vos économies !

Manger frugal

Manger frugal, c'est donc manger des produits frais et variés. Bref, c'est manger sainement et économiquement en suivant ces 9 règles d'or de l'alimentation frugale (p. 83) :

« Ne rien gaspiller ;

Cuisiner ce que l'on a ;

Utiliser des techniques de conservation adaptées ;

Planifier ses repas ;

Connaître les prix ;

Adopter la semaine sans épicerie ;

Mettre en place un système anti-gaspillage ;

Faire pousser des aliments ;

Manger principalement des repas maison." (Faire plus avec moins, Chapitre 6)

L'autrice présente en détail ces 9 points et vous donne encore plus de conseils dans les pages qui suivent. Mais passons à la suite.

Les fameux gadgets de cuisine

Minimalisme et frugalisme vont de pair. Pas besoin d'avoir les nouveaux robots ménagers à la mode ou les ustensiles hyperspécialisés qui vous serviront trois fois dans l'année. Débarrassez-vous de tous ces gadgets inutiles, encombrants. Et surtout : ne les achetez pas ! Ou bien si vraiment c'est indispensable, achetez en promotion…

N'oubliez pas : les produits dits "révolutionnaires" censés vous "simplifier la vie" ne sont souvent que des machins compliqués qui, au final, ne vous font pas gagner une seule minute — et encore moins un centime.

Économiser un dollar à la fois

En apprenant la simplicité et le recyclage en matière d'alimentation, vous pouvez vraiment commencer à voir la différence dans votre portemonnaie et votre compte en banque. C'est l'un des domaines où vous pouvez être le plus créatif et le plus rapidement efficace.

  1. Logement

"Imaginez : chaque jour, le tiers de votre temps passé au travail ne sert qu'à mettre un toit sur votre tête. Réduire sa mensualité pour se loger est donc, sans surprise, une piste de solution majeure pour réduire vos dépenses de manière générale et alléger votre budget." (Faire plus avec moins, Chapitre 7)

Ne partons pas du principe que c'est impossible ; se loger à coût raisonnable est parfaitement faisable. Il y a des solutions plus radicales, telles que vivre en yourte ou sur un bateau, par exemple, et d'autres qui le sont moins. Explorons-les ensemble.

Les pièges à éviter

La première erreur est peut-être… de choisir une propriété "qui utilise le maximum de notre capacité d'emprunt pour l'hypothèque". À quoi bon ? Le plus important n'est-il pas de bien vivre au quotidien, sans se créer (trop) de stress supplémentaire ?

La modestie peut ici vous éviter de gros ennuis plus tard, lorsque vous devrez rembourser mensuellement votre prêt.

Autre écueil (lié au premier) : éviter de faire le "voisin gonflable", c'est-à-dire celui qui a tendance à gonfler son importance de biens trop chers pour lui, jusqu'à l'endettement insupportable.

Nous avons toujours tous tendance à nous comparer aux autres et à vouloir ce qu'ils ont (voire mieux). C'est la base sociologique de ce phénomène problématique.

Mais nous pouvons y résister. Au lieu d'agir de façon impulsive, attendez deux semaines ou un mois avant d'agir. "Il y a de fortes chances que vous ayez déjà oublié ce désir et que vous soyez rendu à autre chose", prédit Vicky Payeur !

Les autres frais

Il existe des dépenses plus essentielles que d'autres. Parmi celles-ci, bien sûr, le paiement de l'hypothèque ou du loyer, ainsi que les assurances diverses et les frais fixes (abonnements à l'électricité, internet, eau, gaz) qui nous permettent de vivre confortablement et en sécurité au jour le jour.

Par contre, réfléchissez aux dépenses qui sont accessoires. Cela dépend de chacun, mais voici quelques exemples :

Femme de ménage ;

Entretien paysager ;

Télévision câblée (ou abonnement Netflix) ;

Etc.

Se loger à petit prix

Dans cette section, l'autrice vous donne quelques idées pour vivre de façon moins conventionnelle et plus économique — voire plus rentable :

Opter pour un petit logement (genre tiny house, yourte, etc.) ;

Vivre en colocation ;

Habiter avec ses parents ;

Déménager dans une autre région ;

Louer une partie de son bien immobilier ;

Vivre en van ;

Faire du "home sitting" (gardiennage de maison) ou du WWOOFing (travail contre logement) ;

Etc.

Les solutions sont nombreuses et très variées !

Vivre de façon alternative, même avec des enfants

Peut-être pensez-vous que ces solutions sont réservées à des jeunes gens. Impossible d'agir de la sorte quand on a une famille ! Et pourquoi pas ? L'autrice rapporte plusieurs anecdotes de parents vivant frugalement et différemment en ayant un ou plusieurs enfants.

Hypothèque ou location ?

Impossible à dire de façon générale. "Pour savoir si vous gagnez à louer ou à acheter une propriété, il vous faudra sortir la calculatrice", prévient Vicky Payeur. Toutefois, il est possible de mettre en évidence quelques avantages et inconvénients de chaque situation.

Pour la location :

Prix fixe chaque mois (+) ;

Mais possibilité de hausse du prix du loyer au renouvellement du contrat, voire d'expulsion (-) ;

Moins de frais liés à l'entretien (+) ;

Mais moins de liberté d'action (-).

Pour l'achat/hypothèque :

Marge de manœuvre accrue (+) ;

Mais frais "surprises" (-) ;

Épargne "forcée" qui nous permet de constituer un capital (+).

  1. Loisirs

"Plutôt que de dépenser votre argent en biens matériels, dépensez-le en nouveaux apprentissages. Le savoir est la seule chose que personne ne pourra jamais vous retirer." (Dominique Loreau, L'art de la simplicité, Cité dans Faire plus avec moins, Chapitre 8)

Nous avons plus de loisirs aujourd'hui qu'avant, mais souvent nous passons notre temps libre à passer d'une activité payante à une autre. Pourtant, il est tout à fait possible de profiter du quotidien sans en faire des tonnes.

Vivre plutôt que consommer

Les émotions que nous ressentons lorsque nous achetons quelque chose (bien ou service) ne durent généralement pas. En revanche, celles qui nous prennent lorsque nous vivons quelque chose de fort, fortuit et gratuit, celles la restent ancrées en nous.

Ces expériences peuvent être de différentes natures : bénévolat ou simple jardinage, il y a le choix ! L'idée consiste à se détourner des possessions et du matériel pour insister sur le moment passé ensemble.

Le coût des loisirs

Vous pouvez limiter les dépenses et mieux profiter de l'existence. Comment ? En réfléchissant à vos achats de "gadgets". Encore une fois, il tient à vous seul de savoir ce qu'est, pour vous, une dépense légitime et une dépense superflue.

Si vous faites un sport, par exemple, certaines dépenses seront nécessaires. Mais comment les gérer ? Vicky Payeur vous propose de mettre tout cela par écrit et de faire le point.

Quelle est l'enveloppe budgétaire que vous avez consacrée en un an à votre loisir principal (sport, activité culturelle) ? Êtes-vous heureux du résultat et souhaitez-vous continuer ainsi ?

Et les autres activités ?

Lesquelles vous semblent pertinentes et satisfaisantes ? Lesquelles pourraient être supprimées ou limitées ?

Les modes

Les stigmatisations vont bon train. Pour les sports, on vous reprochera de ne pas avoir le matériel dernier cri. Pour la musique, par exemple, certains vous demanderont pourquoi vous n'avez "que" la version freemium…

Nous l'avons déjà dit : nous sommes influencés par nos pairs. Cela vaut dans le domaine de l'alimentation et du logement comme du loisir. Mais vivre sobrement, c'est penser différemment et c'est donc "arrêter de faire… comme tout le monde" !

Les activités déjà payées à même les taxes

Eh oui, chaque année, nous payons en impôts et en taxes des infrastructures et des institutions de loisirs dont nous aurions bien tort de nous priver. Par exemple ?

Au niveau du sport :

Chemins de randonnée publics et gratuits ;

Parcs municipaux et infrastructures sportives qui y sont installés ;

Sentiers, trottoirs et pistes cyclables pour courir ou faire du vélo ;

Groupes d'entraide et de création d'événements gratuits ;

Piscines municipales (moins chères) ;

Etc.

Au niveau culturel :

Musées (parfois gratuits) ;

Festivals et spectacles gratuits l'été ;

Bibliothèques ;

Conférences et cours gratuits ;

Quartiers et villages proches ;

Groupes et associations locales ;

Etc.

En outre, vous pouvez vous divertir en restant chez vous. Recréez, par exemple, l'ambiance cinéma à la maison… Ou profitez de votre temps libre pour écrire sur des thématiques qui vous intéressent ou jouer de la musique en autodidacte…

Des loisirs modestes

Vicky Payeur a plein d'idées ! Elle propose de noter les activités en fonction de leur coût ($$$, $$, $ ou 0) et à voir ce que vous pouvez changer par des loisirs gratuits et "modestes". Il y en a pour tous les goûts :

Au niveau du sport (utiliser les infrastructures gratuites pour courir, faire du vélo, jouer au ping-pong, etc.) ;

Ou des activités culturelles (depuis les visites gratuites, jusqu'aux conférences citées plus haut, etc.) ;

Et des activités domestiques (comme le jardinage, la construction/restauration de meubles, etc.) ;

Ou sociales (bénévolat, organisation de dîner partagé ou de pique-nique, chez soi ou dans la nature) ;

Etc.

L'autrice donne une foule d'idées impossible à reproduire ici. Consultez l'ouvrage pour vous faire une meilleure idée !

Voyager léger

Faire le tour du monde sans argent ? C’est ce qu’ont fait Muammer Yilmaz et Milan Bihlmann pour démontrer que c’était possible. Vous ne souhaitez pas aller jusque là ? C’est compréhensible.

Voyons donc les solutions qui s’offrent à vous. :

Être flexible (si vous travaillez de chez vous en freelance, par exemple, c'est plus facile de voyager les jours "creux") ;

Faire du couchsurfing ;

Prendre le bus de ville et acheter vos propres aliments au lieu d'aller au resto tous les jours ;

Aller dans des pays où vous avez un meilleur pouvoir d'achat (en Asie, notamment).

La frugalité et les loisirs dans la vraie vie

Il y a un équilibre à trouver entre le souhait d'épargner et l'envie de vivre le moment présent. L'important consiste à ne pas devenir avare. Sachez dépenser votre argent, mais dépensez-le sagement !

"La frugalité n'est pas la privation", répète Vicky Payeur. "C'est économiser là où d'autres dépensent tout leur argent et le faire de manière intelligente et réfléchie", conclut-elle.

  1. Apparence

Combien dépensez-vous par mois en vêtements et soins personnels ? Pour un Canadien, c'était en moyenne 400 $ par mois en 2019. Si cela vous semble beaucoup, faites votre propre compte. Vous aurez peut-être des surprises !

La différence entre besoin — quelque chose de nécessaire à notre bien-être — et désir — plus proche du caprice inutile — est ici importante.

Moins, c'est mieux !

Vicky Payeur prête beaucoup d'attention à son physique, mais elle le fait de façon minimaliste et frugaliste.

Elle a fait le vide et n'a gardé que 20 % de sa garde-robe ; ce qu'elle porte vraiment. Elle a aussi modifié son style pour qu'il soit plus simple et que ses vêtements soient plus faciles à assembler au quotidien.

"La confiance en soi est probablement le plus bel accessoire", dit encore Vicky Payeur. Plus besoin de chercher le dernier sac à la mode, contentez-vous d'être bien dans vos baskets !

Les vêtements

Réduire ses achats vestimentaires passe par :

Un tri de sa garde-robe et par l'appréciation de ce qu'on a déjà ;

De petites retouches par-ci par-là pour garder ses vêtements plus longtemps ;

Des achats de seconde main, des friperies ou des échanges, etc. ;

Via de petites (e-)boutiques ou des sites/applications de petites annonces ;

Des achats de qualité !

L’autrice recommande d’éviter certains tissus qui se dégradent plus rapidement comme l’acrylique et la viscose et privilégier des matières organiques comme le lin ou le coton.

Les cheveux

Parfois, nous dépensons des sommes folles chez le coiffeur. Et nous pensons qu'avoir du shampoing chez soi est tout simplement évident. Mais il y a des alternatives…

Au menu de cette section :

La méthode no-poo à base de bicarbonate de soude et de vinaigre de cidre de pomme ;

Du savon ;

La réduction des produits utilisés (surtout pour mesdames).

Pour le coiffeur ? À vous de voir. Vous pouvez aussi apprendre à couper les cheveux de vos proches.

Le corps

Vicky Payeur relate avoir ressenti un mal-être physique très jeune, alors qu'elle avait à peine 24-25 ans. Elle s'est rendu compte qu'elle bougeait peu et ne mangeait pas toujours bien. Pas besoin pour autant de dépenser une centaine de dollars en abonnement à la salle de gym ou en équipement.

Vous pouvez suivre les conseils déjà donnés plus haut (chapitre 8 sur les loisirs). Quant à l'autrice, voici sa routine santé quotidienne :

Faire une balade dehors de 30 minutes au moins ou faire une activité sportive ;

Boire de l'eau tout au long de la journée ;

Soupe et salade au moins une fois par jour ;

Bien dormir !

J'achète, donc je suis

La pression sociale peut être forte : nous voulons être beaux et belles pour apparaître parmi nos collègues et nos amis. Alors, nous recourons aux moyens les plus aisés… mais souvent les plus coûteux.

Et pourquoi ne pas se simplifier la vie ? Cela ne signifie certainement pas arrêter de prendre soin de soi. Au contraire ! En consommant de façon réfléchie, vous vous sentirez mieux et cela se verra.

  1. Famille

"Avoir des enfants, ça coûte de l'argent." (Faire plus avec moins, Chapitre 10)

Certes. Et même beaucoup. Et pourtant, là encore, il est possible d'économiser. Il n'est pas question de parler ici de l'éducation proprement dite. Simplement de faire un petit arrêt sur image pour se demander ce que nous faisons et se rappeler ce que nous aimions quand nous étions enfants.

Êtes-vous influençable ?

Nous voulons être de bons parents. Alors, nous écoutons les publicitaires nous raconter que ce produit est essentiel au bien-être de notre bambin (ou de nous-mêmes). Nous capitulons devant leurs arguments. Bref, nous nous montrons influençables.

Si vous remarquez ce ciblage marketing, prenez vos distances. Interrogez toujours le caractère "nécessaire" et "essentiel" de ce produit ou de ce service. Cache-t-il un vrai besoin ou seulement un désir ?

Réduire le rythme

Autre point : voulons-nous que nos enfants aient des horaires de ministres ? Pas nécessairement. Ralentir le rythme est à la fois sain pour eux et pour la vie financière de la famille.

Leur créativité n'en sera pas abîmée, détrompez-vous ! Un peu de temps, un peu d'ennui est plus que nécessaire au développement des aptitudes créatrices des petits comme des grands.

Les objets de seconde main

Vos familles et vos amis vous donnent de vieux vêtements et des objets de leurs précédents enfants ? Quel bonheur ! Si ce n'est pas le cas, tournez-vous vers du seconde main dès que c'est possible. Surtout pour les vêtements, qui ont souvent la vie courte.

Bien sûr, la sécurité doit avoir votre priorité : un siège-auto ou ce genre de choses devront être adaptés à votre environnement et devront donc peut-être être achetés neufs.

Emprunter et échanger plutôt qu'acheter ?

Aujourd'hui, il existe de nombreux groupes, notamment sur Facebook, pour s'échanger des objets en tout genre ou emprunter ce dont nous avons besoin. Cela vaut aussi pour les jouets et autres objets infantiles. Pourquoi ne pas essayer ?

La nature comme terrain de jeux

Nous l'avons dit plus haut : le monde autour de nous recèle d'espaces où découvrir le monde et où faire ses premiers pas et ses premières expériences. Il suffit souvent de quelques kilomètres pour trouver un parc ou un espace naturel où faire évoluer son enfant en toute liberté.

"Laisser à un enfant du temps de jeu libre et actif en nature lui apporte de nombreux avantages qui lui rendront service tout au long de sa vie." (Faire plus avec moins, Chapitre 10)

Les trois cadeaux

La frugalité en famille repose également sur l'apprentissage d'autres voies possibles à côté de la surconsommation. Les cadeaux sont souvent l'occasion d'un excès. Mais pourquoi ne pas en faire un rituel vertueux ?

Vicky Payeur propose d'offrir 3 cadeaux (à se répartir entre parents et grands-parents, par exemple) :

Quelque chose que l'enfant veut vraiment ;

Une chose dont il a vraiment besoin ;

Un livre.

Voici une autre idée : offrir quelque chose de commun pour la famille. Par exemple : une activité à pratiquer tous ensemble.

Conclusion sur "Faire plus avec moins" de Vicky Payeur :

Ce qu'il faut retenir de "Faire plus avec moins" de Vicky Payeur :

"Adopter des habitudes frugales au quotidien est LA façon viable pour atteindre ses objectifs de devenir libre financièrement et de prendre sa retraire hâtivement." (Faire plus avec moins, Conclusion)

Selon Vicky Payeur, il est souvent difficile de faire jouer son salaire. Nous ne savons pas avec certitude si nous gagnerons plus dans 5 ou 10 ans. Il est donc préférable de commencer dès maintenant à épargner, petit à petit.

Certes, cela demande du travail et quelques efforts. Mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. Tant d'un point de vue économique qu'éthique. Finalement, c'est la porte d'entrée vers vos objectifs de vie !

Points forts :

Un manuel très clairement présenté ;

Plein de conseils pour commencer à épargner tout de suite ;

Une belle mise en page ;

Une annexe avec des recommandations de lectures utiles ;

Des résumés à la fin de chaque chapitre.

Point faible :

L'aspect blogging (qui permet d'augmenter ses revenus en faisant quelque chose qu'on aime) est peu abordé, ainsi que les façons plus proactives (placements en bourse, investissements) de développer son capital financier.

Ma note :

★★★★★

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Mon, 04 Nov 2024 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12973/Faire-plus-avec-moins
La magie du j’en ai rien à foutre http://www.olivier-roland.fr/items/view/12968/La-magie-du-jen-ai-rien-foutre

Résumé de "La magie du j’en ai rien à foutre" de Sarah Knight : ce livre libérateur partage, avec humour et pragmatisme, une méthode simple mais radicale pour nous débarrasser des prises de tête inutiles et sources de contrariétés dans nos vies. Fini le temps, l'énergie et l'argent gaspillés pour ce qui ne compte pas, place à une vie plus épanouie dans laquelle il est enfin possible de suivre uniquement nos envies profondes !

Par Sarah Knight, 2015, 219 pages.

Titre original : "The Life-Changing Magic of Not Giving a Fuck".

Chronique et résumé de "La magie du j’en ai rien à foutre" de Sarah Knight

Introduction de "La magie du j'en ai rien à foutre" de Sarah Knight

Dans l'introduction de son livre "La magie du j'en ai rien à foutre", l’auteure, Sarah Knight confie avoir longtemps été écartelée et stressée par le poids des obligations du quotidien, avant de réaliser qu'il était possible de "se foutre" de bien des choses.

Ce livre, "La magie du j'en ai rien à foutre", est alors le condensé de tout ce qu'elle a appris pour se libérer des prises de tête paralysantes et pour mener une vie plus épanouie.

La prise de conscience de l’auteure Sarah Knight

S'inspirant du best-seller "La magie du rangement" de Marie Kondo sur le désencombrement de son intérieur, Sarah Knight propose ici, par analogie, de faire le tri dans son "tiroir à prises de tête".

"J’admire Marie Kondo. Sa façon de ranger est une révolution, surtout quand on pense que le but est d’apporter plus de joie aux gens. Ça a marché pour moi, et il ne fait pas de doute que ça fonctionne aussi pour des millions de personnes partout dans le monde. Mais comme elle l’écrit dans son livre : "la vie commence après avoir fait du tri." Eh bien, j’ai fait du tri. La vraie vie a commencé quand je me suis concentrée sur ce qui me pourrissait la vie."

Après avoir démissionné pour devenir auteure freelance, elle a pu expérimenter tous les bienfaits de ne plus se soucier des réunions, des codes vestimentaires, de plaire à tout prix ou encore de ses jours de congés comptés "comme un prisonnier grave sur les murs de sa cellule ceux qu'il a passés derrière les barreaux".

Et en rangeant sa maison à la manière de Marie Kondo, elle a, un jour, réalisé où se situait le vrai problème. Celui-ci se trouvait dans le fatras cérébral et les trop nombreuses obligations qui l'empêchaient de se consacrer aux gens et activités qui la rendaient heureuse.

"Je me sentais apaisée, confiante, rien qu’à contempler ma maison nickel chrome. J’aime les surfaces nettes et les meubles de cuisine bien organisés. Mais ce qui me mettait réellement en joie, c’était ce sentiment de liberté après avoir quitté un boulot dans lequel je n’étais pas heureuse – et de refaire de la place dans ma vie pour des gens, des choses, des événements et des activités qui, eux, me rendaient heureuse. Tout cela, je l’avais perdu de vue, non pas à cause de vingt-deux paires de chaussettes en boule, mais de trop nombreuses obligations et d’un fatras cérébral trop important."

La méthode "MêmePasDésolé" de Sarah Knight

Sarah Knight a développé une méthode en deux étapes baptisée "MêmePasDésolé". Celle-ci vise à identifier et éliminer les sources de contrariété :

D'abord décider de ce dont on n'a rien à foutre,

Puis ne plus rien avoir à foutre de ces choses, sans culpabilité.

L'objectif est de dépenser moins de temps, d'énergie et d'argent pour ce qui nous ennuie. Et d'en avoir plus pour ce qui nous fait vibrer.

Une philosophie de vie libératrice

Avec humour et franchise, ce livre promet d'apprendre à ne plus se soucier de l'opinion des autres, à prioriser ses centres d'intérêt, à dire non poliment mais fermement sans se comporter comme un "trouduc"...

Bref, à atteindre cet état d'esprit libérateur où l'on n'a enfin plus "rien à foutre" de ce qui nous pollue la vie.

Partie 1 - En avoir quelque chose à foutre ou pas

Dans la première partie de "La magie du j'en ai rien à foutre", l’auteure, Sarah Knight aborde les fondements de sa méthode pour cesser de se préoccuper de choses inutiles.

Si nous nous sentons stressé, surbooké ou fatigué de la vie, c'est probablement parce que nous accordons trop d'importance à des choses qui ne le méritent pas, suppose-t-elle.

Aussi, sa méthode intitulée "MêmePasDésolé" vise justement à réduire au minimum le temps, l'énergie et l'argent consacrés à des personnes et activités qui nous ennuient, pour les redéployer vers ce qui nous rend heureux.

"Ce qui compte, si vous suivez ma méthode MêmePasDésolé, c’est que vous aurez l’esprit plus léger, votre agenda sera moins chargé et vous consacrerez votre temps et votre énergie uniquement à des choses et à des gens que vous appréciez. Ça change la vie. Promis. Juré."

Voici 7 points clés que Sarah Knight développe dans la partie 1 de "La magie du j'en ai rien à foutre" pour nous éclairer à ce sujet.

1.1 - N'en avoir rien à foutre : les fondamentaux

Notre intérêt et notre attention sont des ressources limitées et précieuses, souligne Sarah Knight. Et les gaspiller en s'intéressant à tout conduit à l'anxiété et au stress.

Avant de dire "oui" à quelque chose, nous devrions donc nous demander : est-ce que ça m'intéresse vraiment ? Est-ce digne de figurer dans mon "putain de budget" en temps, énergie et argent ?

"Plutôt que de toujours répondre aveuglément Oui, OUI, OUI !!! à toutes les personnes et choses qui pompent votre temps, votre énergie et/ou votre argent (y compris acheter et lire ce livre), la première question à laquelle vous devriez répondre avant de proférer ce sale petit mot de trois lettres est : est-ce que ça m’intéresse vraiment ? (...) Montrez-vous intéressé si quelque chose – que cela soit un être humain, un objet ou un concept – ne vous prend pas la tête et vous rend heureux."

Se poser ces questions avant de se lancer, d’accepter, de faire quelque chose aide à se concentrer sur ce qui nous impacte positivement.

En fait, n'en avoir rien à foutre, poursuit l'auteure, c'est penser à soi d'abord, oser dire non, s'affranchir de la culpabilité associée et arrêter de faire des choses par obligation.

Cela libère du temps et de l'espace mental pour apprécier ce qui compte. C'est à la fois égoïste et bénéfique pour l'entourage, car on devient plus épanoui et agréable.

1.2 - Qui sont ces personnes légendaires qui n'en ont rien à foutre ?

Selon Sarah Knight, il existe 3 catégories de personnes qui n'en ont rien à foutre :

Les enfants, car ils n'ont pas encore intégré les contraintes du monde. Leur esprit est libre.

Les "trouducs", qui sont génétiquement programmés pour faire passer leurs désirs avant tout, peu importe les dégâts. Mais ils ne sont ni respectés ni aimés.

Les "esprits éclairés" qui ont retrouvé la légèreté de l'enfance avec la conscience de l'âge adulte. Ils savent choisir leurs priorités.

1.3 - Comment entrer dans l'une de ces catégories de personnes ?

L'auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" explique vouloir nous aider à atteindre l'éveil dans l'art d'en avoir quelque chose à foutre (ou pas), en évitant les propres erreurs qu’elle a elle-même commises.

Ainsi, sa méthode s'appuie sur un mélange de franchise et de politesse. De cette façon, nous nous libérons sans pour autant devenir un "trouduc". Cette démarche, précise-t-elle, demande aussi d'apprendre à nous foutre de l'opinion des autres.

1.4 - Arrêter d'en avoir quelque chose à foutre de ce que pensent les autres

Pour Sarah Knight, ne pas se soucier du regard des autres concernant nos choix est la clé pour décider d'en avoir rien à foutre (étape 1) et passer à l'acte (étape 2).

Nous n’avons aucun contrôle sur les pensées d'autrui, rappelle l’auteure.

"Quand il s’agit de la façon dont vos centres d’intérêt impactent les autres, la seule chose que vous pouvez maîtriser, c’est votre comportement face à leurs sentiments et non leur opinion."

Elle raconte ici que lorsqu’elle a elle-même démissionné pour devenir freelance, elle s'inquiétait des jugements des autres quant à sa décision. C’est alors qu’elle a réalisé qu’en fait, seul comptait ce qu'elle pouvait maîtriser. À savoir : son bonheur et son nouvel équilibre de vie.

1.5 - Sentiments vs Opinions

En fait, ajoute Sarah Knight, nous nous préoccupons de l'avis des autres parce que nous ne voulons pas être ou paraître comme quelqu'un de mauvais.

Or, dans le fait de ne pas se soucier de ce que vont penser les autres, il faut bien faire la différence entre deux conséquences et agir en conséquence :

Blesser les sentiments d'autrui : qu’il faut éviter,

Diverger d'opinion : qui est légitime et défendable.

À ce propos, Sarah Knight donne l'exemple d'une amie qui vendrait du beurre de cacahuète bio. Si elle n'aime pas ça, dit-elle, elle peut poliment décliner d'en acheter sans attaquer les valeurs de son amie. C'est juste une question de goûts personnels.

De même, avec des parents par exemple, nous pouvons très bien invoquer le concept d'opinion pour clore un débat houleux sur la parentalité. Et cela sans vexer : se contenter de dire calmement, en haussant les épaules : "Je sais, je sais, chacun son opinion". Puis "changer de sujet pour glisser sur un terrain neutre". L'important est d'être franc et poli.

1.6 - Établissez un "Putain de Budget"

Sarah Knight recommande d'établir un "budget de son intérêt" comme nous le ferions avec notre argent.

Ainsi, avant de dire "oui" à une activité, nous devrions évaluer son "coût" en temps, énergie et argent vs le bénéfice en bonheur. Il vaut mieux, par exemple, refuser une invitation à un weekend ennuyeux que de s'en rendre compte trop tard.

L’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" conseille d'appliquer ce filtre budgétaire à toute demande. En s’interrogeant à chaque fois : vaut-elle vraiment la dépense d'intérêt ?

1.7 - Résumé de la partie 1 du livre "La magie du j'en ai rien à foutre"

Résumons les fondamentaux à intégrer pour décider si on en a à foutre de quelque chose dans les termes de Sarah Knight :

Déterminer l'impact qu’il aura sur soi et sur les autres.

Différencier opinions et sentiments.

Consulter son "Putain de Budget" en temps, énergie, argent.

Être franc et poli.

Ne pas être un "trouduc".

C'est un processus qui demande de la pratique, prévient l’auteure, mais qui permet d'atteindre plus de légèreté et de bonheur.

Aussi, Sarah Knight propose de nous guider, pas à pas, dans les étapes pour y parvenir.

Partie 2 - Décider de n’en avoir rien à foutre

Dans la deuxième partie de son livre "La magie du j'en ai rien à foutre", Sarah Knight nous invite à faire le tri dans notre "fatras mental" pour décider de ce qui mérite vraiment notre intérêt.

2.1 - La méthode "MêmePasDésolé" de Sarah Knight

  • Votre esprit est un hangar

Pour commencer ce travail d'introspection, Sarah Knight nous encourage à visualiser notre esprit comme un vaste hangar. Nous pouvons alors imaginer ce hangar encombré d'innombrables choses. De choses que l'on exige de nous. De choses dont on attend de nous que nous en ayons quelque chose à foutre, et ce, que nous le voulions ou pas.

Il va alors falloir, indique l’auteure, nous aventurer au fin fond de ce hangar mental. Nous allons ainsi tout passer en revue et faire l'inventaire de :

Ce qui nous rend heureux,

Ce qui nous contrarie.

C'est en osant affronter cette "overdose de prises de tête" que nous pourrons mesurer combien certaines choses nous pompent du temps, de l'énergie et de l'argent. Et que nous pourrons trouver la motivation pour faire le tri.

Sarah Knight promet qu'en dressant cette liste une bonne fois pour toutes, nous serons ensuite armé d'une méthode pour rester libéré de ce fatras. Et ce même quand les attentes extérieures changent avec le temps. Le principe est de tout lister, le bon comme le mauvais, car nos vraies priorités sont souvent noyées sous un tas de prises de tête futiles.

Et même si c'est inconfortable, il faut aller jusqu'au bout de cet état des lieux avant d'espérer faire de l'ordre. Comme disait Einstein, mieux vaut passer 55 minutes à bien cerner un problème et 5 minutes à trouver la solution, que l'inverse. En prenant le temps d'explorer ce bazar intérieur, les réponses sur ce qui compte et ne compte pas apparaîtront d'elles-mêmes.

  • Classez vos intérêts par catégorie

Pour faciliter ce tri, Sarah Knight nous propose sa méthode qu’elle a appelée la Méthode "MêmePasDésolé". L’idée est de classer ces préoccupations potentielles en quatre catégories :

Les Choses,

Le Travail,

Les Amis/Connaissances/Inconnus,

La Famille.

Il est recommandé de suivre cet ordre précis.

En commençant par les "Choses", des éléments inanimés qui ne risquent pas de protester, puis en passant au "Travail", grand pourvoyeur de contrariétés pour beaucoup d’entre nous, nous prenons nos marques avant d'aborder les sujets plus sensibles que sont les relations amicales et familiales.

L'auteure nous met d’ailleurs en garde contre la tentation de commencer par la Famille. Celle-ci représente un véritable champ de mines en termes de culpabilité et de sens du devoir. Il vaut donc mieux avoir déjà travaillé sur sa capacité à "n'en avoir rien à foutre" dans les autres domaines avant de s'y frotter.

2.2 - Les Choses

  • Quelles sont les "Choses" dont je pourrais (ou pas) n’avoir rien à foutre ?

La catégorie des "Choses" englobe les objets, concepts et activités.

Certains éléments peuvent recouper d'autres catégories (des personnes considérées comme des "choses", des inconnus). Il suffit alors de les classer là où ça fait le plus sens pour nous.

Pour identifier ce dont on pourrait se foutre parmi les "Choses", Sarah Knight nous invite à noter ce qui provoque chez nous un soupir de contentement ou au contraire une sensation de malaise, façon "fourchette coincée dans le broyeur de l’évier".

Elle partage sa propre liste de 10 choses dont elle se fout désormais. Celle-ci englobe les avis des autres, son allure en bikini, le basket, les matins, Taylor Swift, l'Islande, le calcul infinitésimal, faire semblant d'être sincère, Google + ... Une sélection éclectique qui montre bien que chacun a ses propres priorités et lubies.

L'invitation est donc lancée de dresser notre propre liste sans filtre.

Si cette permission de "n'en avoir rien à foutre" a quelque chose de grisant, il peut être utile, pour un débutant dans la méthode, de voir aussi une liste de ce qui compte pour nous.

L’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" partage ici la sienne et comment elle y consacre plus de ressources. Cette liste va des grands enjeux (le climat plutôt que le nucléaire iranien) aux choix lifestyle (le houmous plutôt que le yaourt grec, préférer dormir que d'aller au sport, regarder Game of Thrones plutôt que les Jeux Olympiques).

Derrière leur apparente futilité, ces exemples représentent, en réalité, un vrai gain quantifiable de temps, d'énergie et d'argent.

  • Une étape libératrice

En parcourant ainsi ces 4 catégories, chacun va pouvoir identifier ce qui l'agace vraiment et ce qui lui plaît, sans se soucier du regard extérieur. C'est déjà un changement libérateur, lâche l’auteure.Aussi, se fixer de tels objectifs de lâcher-prise est essentiel pour Sarah Knight. Et plutôt que de ressasser ce que l'on "devrait" faire, il est temps, lance-t-elle, de lister noir sur blanc ce qui nous pourrit la vie et ce qui l'enchante vraiment.

Ça tombe bien, Sarah Knight a laissé quelques colonnes vierges dans cette partie du livre "La magie du j'en ai rien à foutre" dans le but de coucher ce premier jet d'inventaire.

Un pas décisif vers une vie allégée et plus heureuse !

2.3 - Le travail

Dans cette partie, Sarah Knight nous explique comment appliquer la magie du "je n'en ai rien à foutre" à notre vie professionnelle et ainsi devenir des employés épanouis et respectés.

Elle nous encourage globalement à nous libérer des contraintes et des attentes inutiles. L'objectif étant de nous concentrer sur ce qui compte vraiment, autrement dit faire du bon boulot tout en préservant notre énergie et notre bien-être.

"Vous pouvez contrôler à quel point vous êtes BON dans votre boulot, et COMBIEN de temps et d’énergie vous y consacrez ; le tout afin de minimiser l’ennui et de maximiser le plaisir."

  • Les réunions et téléconférences

Sarah Knight n'y va pas par quatre chemins : les réunions inutiles et les téléconférences sont une plaie pour notre efficacité au travail.

L’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" nous incite alors à décliner poliment ce genre d'invitations quand c'est possible. Quitte à laisser d'autres volontaires y aller à notre place.

Sarah Knight remarque avec humour que même lorsqu'on ne peut y couper, rien ne nous oblige à prendre des notes ou à suivre religieusement les PowerPoint soporifiques. Profitons-en plutôt pour avancer sur des tâches plus gratifiantes !

  • Être respecté plutôt qu'aimé : la clé du succès (et de la santé mentale)

Sarah Knight nous met également en garde contre le piège de vouloir absolument être apprécié de ses collègues et supérieurs. Elle souligne qu'il vaut mieux viser le respect par son travail de qualité.

À ce propos, l'auteure nous alerte sur la "spirale infernale du je veux qu'on m'aime". Celle-ci, dit-elle, nous fait accepter des tâches ingrates et chronophages juste pour bien se faire voir. Son conseil : concentrons-nous sur nos missions et "fuck" le reste !

  • Dress code ou pas, habillons-nous comme bon nous semble !

Avec son ton décalé habituel, Sarah Knight s'attaque aux codes vestimentaires aussi stricts qu'absurdes.

Évidemment, si notre tenue excentrique risque de nous faire virer, il est temps de revoir nos priorités... Mais dans la plupart des cas, elle constate que personne "ne pipe mot" si on troque ses escarpins inconfortables pour des sandales mignonnes.

L'essentiel est de faire du bon boulot, le reste n'est que détails !

"Je l’ai déjà dit et le redirai : il est très dur de se faire virer quand on bosse bien. Compte tenu de la quantité de choses auxquelles vous accordez de l’importance quand vous êtes au boulot, il doit bien en avoir trois ou quatre dont vous pouvez vous foutre, et améliorer ainsi votre vie quotidienne. Le code vestimentaire est l’une d’entre elles."

  • La paperasse inutile

Vous savez, tous ces rapports que personne ne lit, ces notes qui partent directement de notre bureau à la poubelle... Sarah Knight nous conseille de tester par nous-même leur utilité. La prochaine fois, "oublions" donc de les remplir et observons ce qui se passe. Si aucun cataclysme n'éclate, c'est que nous pouvons définitivement les bannir de notre to-do list.

Après tout, notre temps et notre énergie sont trop précieux pour les gâcher dans des tâches inutiles !

  • Les sollicitations des collègues : apprenons à dire non avec le sourire

Entre la collecte pour le dernier marathon caritatif de Gail et l'anniversaire de Tim au karaoké, difficile de trouver du temps pour soi.

Sarah Knight nous rassure : il est possible de décliner poliment ce genre d'invitations sans passer pour un ours mal léché. Inutile de nous forcer si le cœur n'y est pas. Réservons notre précieuse énergie pour les causes et les gens qui nous tiennent vraiment à cœur !

  • Nous, notre réputation et notre "Putain de Budget" : le tiercé gagnant

Au final, Sarah Knight nous rassure : en appliquant la méthode "Je n'en ai rien à foutre" avec discernement, on ne nuit pas à sa réputation professionnelle, bien au contraire !

Elle insiste sur l'importance de bien choisir ses "battles" en fonction de ses priorités (son "Putain de Budget" dans le langage coloré de l'auteure).

Finalement, ce qui compte est de se concentrer sur la qualité de son travail. Pour le reste, osons le "Je n'en ai rien à foutre" libérateur !

2.4 - Les amis, connaissances et inconnus

Dans cette 3ème catégorie à passer au crible du "j'en ai rien à foutre" de Sarah Knight, les choses se corsent.

Si on aime ses amis, les relations humaines restent complexes. En cela, les amis aussi peuvent nous taper sur les nerfs, comme lorsqu’ils sont sous l'effet de l'alcool par exemple. Il est donc crucial de savoir prendre du recul et en n’avoir rien à foutre, faire preuve de tact pour ne pas ruiner une amitié.

  • Se blinder

Notre fatras mental est encombré par ce que les autres y ont déposé, que ce soit des sujets de préoccupation temporaires ou des prises de tête qui moisissent là depuis des années. Mais au fond, si tout cela a atterri dans notre esprit, c'est bien qu'on les y a laissé entrer ! s’exclame l’auteure.

Pour se blinder face aux contrariétés induites par les relations, Sarah Knight conseille alors d'établir un périmètre de sécurité autour de notre "hangar à pensées". Cela peut prendre la forme de :

Limites invisibles : s'arranger pour ne pas se retrouver dans une situation qu'on sait stressante.

Barrières plus explicites : dire directement à des amis qu'on n'aime pas une activité et qu'on n'y participera plus).

En guise d’illustration, l'auteure évoque ici l'exemple de soirées quiz auxquelles elle était sans cesse conviée. Plutôt que de décliner avec des excuses bancales, elle a fini par annoncer clairement à ses amis qu'elle détestait ce concept et ce lieu, et qu'elle ne viendrait plus. Ainsi, en étant franche mais polie, elle dit avoir posé sa limite sans froisser personne.

Sarah Knight nous conseille de commencer à nous entraîner à ces refus directs avec de simples connaissances avant de nous attaquer aux proches.

  • Sollicitations, donations et prêts, oh bon sang !

L’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" poursuit avec un autre sujet épineux : les demandes de dons qui affluent via les réseaux sociaux, par mail ou de vive voix. Même avec les meilleures intentions du monde, impossible de répondre favorablement à toutes, sous peine de faire sauter notre budget !

Sarah Knight explique, elle, classer ces sollicitations par ordre croissant de proximité émotionnelle : les demandes de parfaits inconnus qui ont eu notre contact, celles de connaissances, et enfin celles de proches qui nous tiennent à cœur.

Pour les premières, inutile de culpabiliser. On peut les refuser poliment sans risque de représailles. Pour les connaissances, on peut aussi décliner en invoquant un désaccord d'opinion sur la cause en question, sans que cela ne nous retombe dessus.

C'est avec les amis proches que cela se corse. Si leur projet ne nous emballe pas mais que nous craignons de les froisser, il faut faire preuve de psychologie. Par exemple, leur signifier qu'on est content pour eux même si on ne donne pas. Ou absorber leur énergie contrariée en répondant du tac au tac sur un ton badin.

  • Principes personnels

Quand on sent qu'un refus risque vraiment de blesser, une parade très efficace est d'invoquer des "principes personnels" informe l’auteure. Cela consiste à expliquer qu'on a pour règle de ne jamais donner pour tel type de projet, sinon on devrait le faire pour tous.

Personne ne peut contester ce genre de position de principe sans passer pour un goujat. C'est une prise imparable, à utiliser avec parcimonie pour ne pas éveiller les soupçons. On peut l'appliquer aux mariages, aux conseils pro gratuits, aux séances de lecture publique, etc.

L'auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" termine sur le sujet en listant les choses auxquelles nous pourrions opposer des principes personnels. Elle mentionne alors les enterrements de vie de garçon/ jeune fille pour un remariage, offrir gratuitement un conseil professionnel, les petits déjeuners d'affaires, un aller-retour de 4 heures en voiture dans la même journée, les karaokés, les "dîners pot commun", etc.

  • RSVP : non, c’est non

Pour illustrer la puissance des principes personnels, Sarah Knight prend l'exemple d'une invitation à un vernissage par un ami artiste susceptible. Plutôt que d'avouer qu'elle a horreur de ces événements, elle préfère prétendre que quelque chose de traumatisant lui est arrivé dans ce contexte et qu'elle a fait le serment de ne plus jamais y aller. L'ami n'osera pas insister.

Bien sûr, cela ne fonctionne que si on en n'a vraiment rien à faire de l'activité en question. Sinon, on s'expose à devoir constamment esquiver et mentir, ce qui est contre-productif.

  • Le minuscule petit éléphant dans la pièce

Dernier sujet sensible de cette catégorie : les enfants des autres.

Quand on n'est pas parent soi-même, il peut être délicat d'admettre qu' "on n'en a rien à cirer" des bambins d'amis ou de connaissances, vu l'attachement viscéral qu'ils suscitent chez leurs géniteurs.

Pourtant, l'auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" a découvert en interrogeant des parents que même eux avouent, après quelques verres, n'avoir rien à faire de la marmaille des autres !

Pour Sarah Knight, la clé est alors de se concentrer sur les interactions qui nous rendent heureux - jouer, lire ou cuisiner avec son propre enfant par exemple - et non sur celles qui nous ennuient (les couches et les détails de garderie des enfants d'amis).

De plus, Sarah Knight met en évidence, par divers exemples, les avantages d’avoir des enfants en ce qui concerne sa méthode.

Par exemple, une mère confie qu'elle essaie d'apprendre à sa progéniture à faire le tri dans ce à quoi ils accordent de l'importance, sans se soucier du regard des autres. Un père confirme que devenir parent aide paradoxalement à hiérarchiser ses priorités dans d'autres domaines comme le boulot, et à poser des limites.

"Avoir un enfant peut, en réalité, servir à déterminer et prioriser ce dont on a (ou pas) à foutre dans les autres aspects de la vie, comme le travail. Le bien-être de ce petit être humain tout neuf est parfois le catalyseur qui permet de n’avoir enfin rien à foutre de rester plus tard au bureau, d’accepter des responsabilités supplémentaires et d’entrer dans l’équipe de foot (au sens propre ou au sens figuré) de la boîte. Cela peut aider à tracer des frontières nettes aussi bien avec ses supérieurs qu’avec les employés et à se montrer franc et ferme sur ce que l’on est capable de supporter au quotidien. En d’autres termes, cette précieuse créature pourrait être l’élément déclencheur de l’application de la méthode MêmePasDésolé, catégorie 2 : le Travail. Bam !"

Être un bon parent implique donc aussi de cultiver son propre éveil au "j'en ai rien à foutre" !

  • Les choses dont même les parents n’ont rien à foutre

L'auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" termine sur le sujet en listant les choses dont même les parents n’ont rien à foutre. Ainsi, contrairement à ce qu’on imagine, la majorité des parents n’en ont en rien à faire de "par où est sorti notre bébé", si nous allaitons ou pas, de "ce que disent les spécialistes", "de quand, où, comment et dans quelles circonstances" notre enfant a acquis la propreté, de ses plannings de sieste, etc.

  • Ce n’est pas toujours un problème de heurter les sentiments

Enfin, Sarah Knight avoue que parfois, pour avoir une vie meilleure, il faut accepter de potentiellement heurter les sentiments des inconnus.

Pas question d'être volontairement méchant, mais l'auteure liste, avec humour, quelques situations où on peut s'autoriser à choquer un peu : face à des gens qui veulent nous convertir, des indécis qui retardent la file d'attente, des comiques ratés, des femmes qui urinent sur la cuvette des toilettes ou encore des passagers sans gêne dans l'avion.

Elle conclut que tout l'enjeu est, encore une fois, de se concentrer sur ce qui compte vraiment pour nous.

2.5 - La famille

La famille, dernier bastion de ce dont on pense devoir se préoccuper... et pourtant !

Comme un impôt supplémentaire qui viendrait grever notre budget, les attentes familiales pèsent souvent plus lourd que tout le reste réuni. Le moteur ? La culpabilité.

"La culpabilité n’est pas un sentiment positif. Elle ressemble plus à une envie soudaine et douloureuse de vous gratter l’entrejambe alors que vous êtes en société et qu’il vous est impossible de passer à l’acte. Et, bien évidemment, vous mourez d’envie d’apaiser cette démangeaison. Voilà, la culpabilité, c’est ça."

  • Cessez de vous sentir coupable

Or, culpabiliser signifie justement qu'on a échoué à appliquer la méthode "MêmePasDésolé". Sarah Knight nous exhorte alors à employer tous les outils présentés jusque-là pour désactiver la culpabilité avant qu'elle ne nous engloutisse, au risque d'être broyés.

Certes, les liens familiaux rendent plus délicate la frontière entre "devoir" et "plaisir". Mais il est faux de croire qu'on doit se préoccuper de quelqu'un juste parce qu'on partage ses gènes. Encore une fois, c'est une question de choix, pas d'obligation.

  • Quand un cigare n’est pas seulement un cigare et une tasse de thé pas seulement une tasse de thé

L'auteure illustre ce dilemme avec l'exemple de notre mère qui tiendrait à nous refiler le vieux service à thé en porcelaine de sa propre mère, notre grand-mère. Dire non, même de façon polie, ce serait la froisser. Mais accepter par culpabilité, c'est gâcher de la place et de l'énergie pour quelque chose dont on n'a rien à faire.

La seule issue est de faire primer ses propres sentiments et opinions de façon diplomate. Et c'est ce que l'auteure souhaite nous apprendre dans ce chapitre du livre "La magie du j’en ai rien à foutre".

  • D’après les sondages…

Un sondage mené par Sarah Knight révèle que, dans le domaine familial, les gens n’en ont massivement rien à foutre :

Des divergences politiques et religieuses (ex-aequo),

Des traditions ringardes et fêtes qui tournent au malaise,

De ces vieilles rancunes et rivalités qui monopolisent les discussions,

Des photos de famille obligatoires et mal orchestrées,

De devoir "apprécier" tout le monde juste au nom des liens du sang,

Qu'on utilise ces liens pour les forcer à faire des choses.

Qu'on partage ces avis ou pas, il est réconfortant de voir que nous ne sommes pas seul à trouver certains aspects familiaux pesants.

  • Religion et sujet de débats houleux

La religion est typiquement un sujet explosif en famille. Pourtant, chacun a le droit d'avoir sa propre foi, sans avoir à en débattre.

Pour Sarah Knight, il faut savoir couper court, sans agressivité mais avec fermeté, aux tentatives de prosélytisme d'une tante "grenouille de bénitier" par exemple. Si elle est vexée, ce n'est pas notre faute. Aussi :

"La prochaine fois que Tante Jennifer fait une allusion pas-si-subtile-que-ça à votre inclination à vivre dans le péché, contentez-vous d’essuyer la coulure d’œuf Bénédicte sur votre menton et de déclarer : "Je respecte ton opinion, Tatie, mais je préférerais ne pas avoir de conversation sur nos différentes conceptions de la religion ici, pendant le brunch du soixantième anniversaire de mariage de Mamounette et Papounet." C’était franc et poli, non ? Vous êtes, dans ce cas précis, tout sauf un trouduc."

Mieux vaut donc jouer la carte de la franchise, quitte à froisser, que de perdre un temps et une énergie folle à louvoyer pour esquiver le débat. Sachant que :

"Le pouvoir de la franchise est tout sauf exagéré. Sincèrement, la perte de temps et d’énergie que représente le fait de tourner autour du pot est inimaginable. En fait, la simple idée de le faire est épuisante."

En guise d’illustration, Sarah Knight relate un dîner de famille où la conversation a dévié sur les polémiques de naissance autour du président de l'époque. Avant que cela ne s'envenime, elle a calmement mais fermement déclaré à ses proches qu'elle les aimait mais que la discussion était close. Résultat : le reste du repas s'est déroulé dans la bonne humeur, préservant l'essentiel.

  • Refuser de porter le poids de la honte

Culpabiliser de ne pas se conformer aux attentes familiales, c'est porter le poids de la honte, en solitaire. S'en libérer est justement le but de la méthode "MêmePasDésolé".

Les sondages montrent que nous sommes nombreux à partager ce fardeau. S'appuyer sur ce consensus aide à assumer ses choix avec plus d'assurance.

Aussi, si l’on applique la méthode de Sarah Knight avec bonne foi, en respectant certains principes comme la franchise et la politesse, les risques de conflit ouvert ou de rupture sont faibles. C’est plutôt une façon d’entrer dans une forme d'apaisement et de respect mutuel, assure l’auteure. Et si d'aventure notre tribu est peuplée d'hystériques, est-ce si grave de ne plus être invité ?

  • Vacances : un principe personnel

Pour illustrer la puissance des "principes personnels" en famille cette fois-ci, Sarah Knight explique le système qu'elle a instauré avec son mari pour Thanksgiving. Finis les casse-têtes pour contenter tout le monde. Un programme de rotation sur 3 ans a été établi, sans dérogation possible. Quitte à paraître rigide, personne n'est vexé et tout le monde est traité équitablement.

  • La belle-famille

"Sachez-le, en vous mariant, vous avez doublé d’un seul coup vos "dépenses" familiales. C’est un peu comme quand vous avez une prime au boulot, que vous faites des bonds partout ("trop génial !") et puis que les impôts vous en taxent 50 %… WTF ?" s'amuse l'auteure.

La belle-famille est une donnée avec laquelle il faut aussi composer. Et là encore, il est possible de moduler subtilement son investissement pour limiter les prises de tête et optimiser les bons moments, sans froisser.

La clé est de se mettre d'accord en couple sur un "Putain de Budget" commun et un partage équitable des corvées belle-familiales (cadeaux, visites etc). L’idée est ici aussi de déclencher un cercle vertueux qui profite à tous.

  • La dernière ligne droite

Dernière exploration en date de notre hangar mental, la famille est sans doute la partie la plus ingrate. Pourquoi ? Car profondément enfouie sous des années de non-dits et de ressentiment. Mais ce grand déballage une fois fait, le plus dur est derrière nous !

Il ne reste plus qu'à dresser la liste définitive de ce dont on peut vraiment se foutre dans cette catégorie. Et à s'y tenir.

L'étape 1 - "décider de ce dont on n'a rien à foutre" - est enfin bouclée. Place à la libération de l'étape 2 !

Partie 3 - N’en avoir rien à foutre

Nous voilà arrivés au moment tant attendu de l'étape 2 de la méthode "MêmePasDésolé". C'est-à-dire arrêter concrètement d'avoir quelque chose à foutre des éléments identifiés dans les listes de l'étape 1.

3.1 - La foutue Sainte Trinité : temps, énergie et argent

Pour nous motiver à passer à l'action, Sarah Knight nous invite à visualiser tout ce que nous avons à y gagner en termes de temps, d'énergie et d'argent.

Ne plus aller à un barbecue vegan ennuyeux, c'est gagner une heure pour un bon bain relaxant. Sécher un dîner tardif un mardi soir, c'est être en forme le lendemain matin pour aller à la salle de sport. Zapper le mariage d'une vague connaissance, c'est s'offrir des vacances de rêve dans les Caraïbes. Les exemples ne manquent pas !

L'auteure nous invite à placer les éléments de nos listes sur un "diagramme de Venn temps-énergie-argent". Ceci afin de bien identifier ce qui nous coûte le plus.

Elle partage son propre diagramme en exemple. Elle y révèle que le temps est sa ressource la plus précieuse car non renouvelable, contrairement à l'énergie et l'argent dans une certaine mesure.

L'auteure décrit aussi ce que ce tri salvateur dans ses priorités lui a personnellement apporté. À savoir : des grasses matinées, des week-ends câlins, des congés déconnectés, une culture web pointue, des apéros détente, une confiance décuplée... La récolte est alléchante.

3.2 - À petits pas

Pour faciliter le passage à l'étape 2 et ne pas perdre la motivation gagnée à l'étape 1, Sarah Knight suggère de procéder graduellement, en douceur.

D'abord en s'attaquant aux points de nos listes qui n'impliquent et n’affectent que nous. Pas besoin d'être poli, juste honnête avec soi-même. Raccrocher au nez d'un télévendeur, se faire porter pâle le jour de son anniversaire, ou ouvrir au plombier en pyjama plutôt que de se pomponner à l'aube… voilà de bons débuts dans l'art de ne plus en avoir rien à faire ! Et ces petites révolutions ne dépendent que de nous, inutile de se justifier.

Ensuite, classer les autres points sur une échelle de complexité :

Facile (niveau jaune) : se désabonner du drame Facebook d'un ami, arrêter de s'acharner contre les rides, admettre son incompréhension des marchés financiers...

Moyen (niveau orange) : refuser poliment d'aider un pote à déménager en prétextant le boulot, ne pas se forcer à "faire de la synergie" au bureau...

Difficile (niveau rouge) : sécher le mariage d'un cousin éloigné malgré le carton d'invitation, instaurer des limites avec les enfants envahissants de ses amis...

Plus la situation est délicate, plus elle nécessite de diplomatie pour ne froisser personne. L'idée est d'avancer en douceur pour ne pas se décourager, en appliquant les principes de franchise et de politesse. La maîtrise vient avec la pratique !

3.3 - La soirée à laquelle personne ne veut aller

Sarah Knight aborde, dans cette partie du livre, des situations courantes où il peut être difficile, mais libérateur, de n'en avoir rien à foutre.

La soirée d'entreprise à laquelle personne ne veut aller en est un bon exemple. L'auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" nous rassure : si nous décidons de ne pas y aller, pas de panique si le lendemain, on se sent un peu mal à l'aise. C'est juste la liberté qui s'installe, pas de la honte ! Il ne faut pas confondre ce sentiment inhabituel avec du regret.

3.4 - À propos du degré de franchise : quand une franchise totale n’est peut-être pas la meilleure règle à adopter

Ensuite, Sarah Knight nuance son propos sur la franchise à tout prix.

"Si vous avez le pressentiment qu’une franchise totale N’EST PAS, en réalité, la meilleure règle à adopter, vous pouvez légèrement la distordre."

Certes, l'honnêteté est la meilleure politique pour ne rien avoir à foutre de quelque chose. Mais parfois, une franchise totale n'est pas la meilleure approche. Notamment quand il s'agit des talents culinaires de quelqu'un, de l'emploi du temps, de la santé mentale, du Père Noël, des femmes enceintes ou encore des belles-mères (voire des belles-mères enceintes !).

Pour l’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre", un peu de filtre peut, dès lors, s’avérer judicieux !

3.5 - Intérêts différents, même principe

L'auteure propose ensuite des exemples concrets de choses dont les gens n'ont rien à faire. Ceux-ci sont issus d'un sondage. Et sont classées en 3 catégories selon le niveau de difficulté à ne plus s'en soucier : débutant, intermédiaire, confirmé.

Dans la catégorie "Choses", on retrouve des sujets comme les célébrités, le recyclage, la radio publique NPR, la paternité réelle des œuvres de Shakespeare, Game of Thrones ou encore les réseaux sociaux. L’auteure partage des stratégies adaptées à chaque niveau pour affirmer qu'on n'en a rien à faire, sans vexer son entourage.

La catégorie "Travail" regroupe les classiques mails non sollicités, ragots, séminaires de cohésion, léchage de bottes, évaluations annuelles. Là encore, des conseils malins permettent de se libérer du superflu, du niveau débutant (partir en vacances le jour du séminaire) au niveau confirmé (imaginer son boss en maillot de bain ridicule pendant l'évaluation).

Enfin, l'auteure aborde le domaine des relations (amis, connaissances, inconnus), plus subtil car les interactions y sont variées et fréquentes. En nous préparant mentalement, nous pouvons néanmoins, assure l’auteure, réussir à ne plus accorder d'importance à ce qui nous pèse, sans froisser les gens. Le mariage illustre bien ce défi relationnel : merveilleux au début, il peut devenir pesant quand les invitations s'accumulent. On a le droit de décliner, si le budget, l'emploi du temps ou le degré de proximité ne le permettent pas.

L'enjeu est toujours d'assumer ses choix pour préserver son bien-être.

3.6 - Le cas d’étude parfait : les mariages

  • Admettre qu'avec le temps, les invitations au mariages peuvent devenir pesants

Sarah Knight développe ensuite l'exemple des mariages.

Le mariage est un cas d'étude parfait, observe l'auteure. Il illustre très bien l'art délicat d’en avoir rien à foutre dans la catégorie des relations (amis, connaissances et inconnus tout à la fois). Il implique, en effet, toute une gamme de personnes, du cercle proche aux parfaits étrangers. Et englobe une multitude d'attentes en termes de temps, d'énergie et d'argent :

"Il n’y a aucune honte à admettre que tous les mariages auxquels vous serez invités jusqu’à la fin des temps ne sont pas des mariages auxquels vous devez vous rendre. Vous faites souvent, et avec plaisir, des sacrifices pour participer aux événements exceptionnels qui jalonnent la vie de vos amis (ou des enfants de vos amis). Mais, parfois… Parfois, il se peut que la destination choisie ne soit pas dans vos moyens. Ou que vous ayez envie de vous rendre au mariage, mais ne puissiez faire entrer dans votre calendrier les seize autres soirées qui l’accompagnent. Ou encore que vous ne connaissiez pas très bien ces gens. Vous pouvez même ne pas vouloir ou être dans l’incapacité d’y assister pour tout un tas de raisons parfaitement justifiables."

L'auteure poursuit :

"On en est tous passés par là, même si je suis la seule à l’avouer noir sur blanc. Les mariages sont là où se rendent les Esprits éclairés pour descendre des shots tièdes de bonne vodka et rendre les armes dans les bras d’une demoiselle d’honneur bien disposée."

L'enjeu, poursuit l'auteure de "La magie du j’en ai rien à foutre", est alors de trouver le juste équilibre entre préserver son bien-être et éviter de froisser les mariés ou leur entourage.

Bref, les mariages sont un concentré de défis pour le "j'en ai rien à foutre".

  • Quatre scénarios de mariage dans lesquels nous pourrions ne plus vouloir nous investir

L'auteure détaille 4 scénarios typiques où le naturel reviendrait au galop de vouloir en faire moins, voire sécher carrément :

Le mariage programmé pendant un week-end habituellement réservé à une escapade ou une réunion de famille.

L'enterrement de vie de garçon/jeune fille qui s'ajoute au mariage, avec surcoût financier et de congés.

Le mariage aux mille activités qui gâcherait un séjour de rêve au spa.

Le brunch du lendemain alors qu'on décuve et qu'on veut juste dormir.

Pour chacune de ces situations, Sarah Knight propose un "diagramme Franchise et Politesse". Ce diagramme aide à visualiser le curseur du "j'en ai rien à faire" entre honnêteté absolue et diplomatie. L'idée est de trouver sa zone de confort. Tout en évitant le territoire du "trouduc" où on enverrait tout balader sans égards pour les autres.

Et si malgré tous les efforts, l'envie de fuir reste forte face aux sollicitations, l'auteure suggère un recours aux "principes personnels". Clamer par exemple qu'on a pour règle de ne jamais voyager pour un enterrement de vie de garçon. Bien dosée et utilisée avec parcimonie, cette astuce peut être un atout décisif.

3.7 - Le sujet épineux de l'héritage familial

Dans la catégorie des relations familiales, Sarah Knight aborde le délicat sujet de l'héritage et de l'énergie folle dépensée en marchandages et plaintes sur le partage des biens.

Beaucoup affirment s'en moquer, mais peinent en réalité à mettre en pratique le "j'en ai rien à foutre" face à leurs proches sur ce terrain sensible.

Pourtant, en s'alignant vraiment sur cette position de détachement, nous pourrions davantage profiter des moments en famille au lieu de nous déchirer.

3.8 - S'offrir des compensations

Parfois, malgré toute notre bonne volonté, certaines obligations familiales resteront incontournables.

L'auteure propose alors de nous octroyer des "primes de rendement" pour passer la pilule. Par exemple : un massage le lendemain d'une fête de famille barbante, un vol en classe affaires au retour d'une réunion éreintante ou encore un Percocet subtilisé à notre mère avant un déjeuner Rotary interminable. Et si une photo de groupe est imposée, rien ne nous empêche de porter en douce une lingerie décalée sous nos vêtements, s’amuse l’auteure !

3.9 - FAQ (Foutoir Aux Questions)

Pour finir, Sarah Knight répond aux interrogations fréquentes sur la mise en pratique de sa méthode. Celles-ci vont de la peur de devenir apathique à la difficulté d'expliquer tout ça à sa mère.

L'essentiel est de garder en tête l'objectif : non pas basculer dans le "je m'en foutisme" généralisé, mais nous libérer du superflu pour nous consacrer à ce qui nous épanouit vraiment.

C'est, en effet, tout l’intérêt de cette philosophie de vie subtile mais puissante, au potentiel libérateur immense, précise l’auteure.

Partie 4 - Quand la magie du j’en ai rien à foutre change radicalement votre vie

Nous voici arrivé au terme de notre initiation à la méthode "MêmePasDésolé".

Nous avons appris à identifier ce qui compte vraiment pour nous et à nous libérer du reste. Il est temps, annonce l’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre", de faire le bilan des gains obtenus. Puis, d'explorer de nouveaux horizons de joie.

4.1 - Vous gagnez à ne pas vous disperser

Ne plus accorder plus de temps, d'énergie et d'argent à ce qui ne nous épanouit pas nous amène à récupérer des ressources précieuses.

L'auteure nous invite donc à quantifier précisément ces gains : combien d'heures, de peps et d'euros avons-nous économisés ?

Dresser la liste de ces bénéfices concrets est motivant et très satisfaisant ! soutient l’auteure.

4.2 - Épargnez votre corps, votre esprit et votre âme

Mais, poursuit Sarah Knight, les bienfaits de cette démarche vont au-delà de ces aspects matériels.

En arrêtant de nous inquiéter pour des broutilles, nous avons aussi gagné en connaissance de nous-même, en confiance et en enthousiasme pour la vie.

Sarah Knight aborde également avec humour les conséquences physiques d'accorder trop d'importance à des choses futiles. Elle raconte comment, en voulant absolument finir une partie de Scrabble en ligne, elle a raté son train et s'est tordu la cheville. Depuis, "courir pour attraper un train" figure sur sa liste des choses dont elle n'a rien à faire !

L'autrice souligne enfin les bénéfices mentaux et spirituels du "j'en ai rien à foutre". En arrêtant de se préoccuper de obligations pesantes, on gagne en sérénité et en liberté intérieure. C'est ce qu'elle appelle avec un brin de provocation "l'affirmation de l'âme".

Ce sont donc à la fois notre corps, notre esprit et notre âme qui se portent mieux.

4.3 - Une autre manière de n’en avoir rien à foutre

Parfois, ajoute Sarah Knight, n'en avoir rien à faire prend une forme plus passive.

Face à un interlocuteur pénible qu'on ne peut éviter (un patron, un opérateur téléphonique...), plutôt que de s'agacer, on peut se répéter en boucle "ça n'en vaut pas la peine", et passer à autre chose.

Ce mantra est une autre façon de lâcher prise qui soulage aussi à coup sûr.

4.4 - Un monde meilleur ou l'art de devenir un agent du changement

Pour Sarah Knight, en goûtant aux joies de cette philosophie, nous devenons naturellement un ambassadeur du "j'en ai rien à foutre" dans notre entourage. Or, aider les autres à y parvenir procure encore plus de satisfaction que sa propre libération, pense-t-elle.

"Si nous en avions tous moins à foutre et étions exponentiellement plus heureux et en meilleure santé, le monde s’en porterait bien mieux" clame l’auteure. À nous donc d'y contribuer !

4.5 - Ce dont vous devriez avoir davantage quelque chose à foutre

Pour l’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre", nous pouvons, une fois dans la dynamique, aller encore plus loin. Interrogeons-nous : quelles sont les choses auxquelles on devrait accorder plus d'importance, une attention nouvelle ?

En s'inspirant des regrets les plus courants des personnes en fin de vie, elle cite des pistes : voyager davantage, prendre plus soin de sa santé, apprendre une langue, préparer sa retraite, cultiver un talent... L'idée est de voir plus grand, au-delà des petites victoires du quotidien. Et la clé, conclut l’auteure, reste surtout de suivre sa propre voie.

Pour autant, il ne s'agit pas de nous infliger de nouvelles injonctions. Juste d'une invitation à réfléchir à nos priorités profondes. De même, on a le droit de changer d'avis en cours de route. L'essentiel est de rester à l'écoute de ses désirs et de ce qui nous fait vibrer. Et ce, envers et contre les "haineux" déconcertés par nos choix.

4.6 - Atteindre l’éveil

Au terme de son livre, Sarah Knight nous interpelle : sommes-nous décidé à embrasser pleinement la magie du "j'en ai rien à foutre" ?

La balle est dans notre camp, ajoute-t-elle. Et une chose est sûre, c’est que cette lecture n'était qu'un début.

"Elle [cette lecture] peut vous permettre de vous sortir la tête du nœud coulant mais, mieux encore, empêcher que vous n’en arriviez jamais à ce stade."

À nous donc de déployer à notre façon le meilleur de la méthode dans notre vie pour rejoindre les rangs des Esprits éclairés !

Conclusion de "La magie du j’en ai rien à foutre" de Sarah Knight

Les 3 idées clés du livre "La magie du j’en ai rien à foutre"

  1. Identifier et éliminer les sources de contrariété

Sarah Knight nous offre, dans "La magie du j'en ai rien à foutre", une véritable boîte à outils pour faire le tri dans nos prises de tête.

Sa méthode "MêmePasDésolé" en deux étapes nous apprend à cibler ce qui nous pourrit la vie, puis à nous en libérer concrètement. L'auteure nous aide à visualiser notre esprit comme un vaste hangar encombré. Hangar qu'il nous faut nécessairement passer au crible, avant d'oser affirmer nos choix sans culpabilité. Un processus cathartique et salvateur !

  1. Préserver son temps, son énergie et son argent

Au-delà de l'inventaire mental, Sarah Knight nous invite à chiffrer précisément le coût des choses dont on n'a rien à faire : le temps, l'énergie et l'argent qu'elles dévorent.

Grâce à son "diagramme de Venn temps-énergie-argent", on visualise mieux où passe notre précieux "budget d'intérêt". Et les bénéfices concrets de la méthode "MêmePasDésolé" n'en ressortent que plus clairement : des heures, du peps et des euros récupérés pour ce qui compte vraiment !

  1. Rayonner autour de soi avec le "je n'en ai rien à foutre"

Sarah Knight ne s'arrête pas à notre épanouissement personnel. Pour elle, en goûtant aux joies du "j'en ai rien à foutre", on devient naturellement un ambassadeur de cette philosophie libératrice. Tel un "agent du changement", on aide alors nos proches à s'alléger eux aussi du superflu. Car l'auteure est convaincue : si nous étions tous plus détachés et heureux, le monde s'en porterait bien mieux. Bref, un cercle vertueux inspirant !

Qu’est-ce que vous apportera la lecture de "La magie du j’en ai rien à foutre"

En refermant ce livre, vous aurez en main de nombreuses clés pour enfin lâcher prise. Avec "La magie du j'en ai rien à foutre", Sarah Knight propose un art de vivre tourné vers l'essentiel, et nous apprend à le mettre en place concrètement dans nos vies.

Finalement, que vous souhaitiez vous libérer des conventions, affirmer vos envies, préserver votre énergie ou rayonner autour de vous, son programme s'adapte à toutes vos aspirations.

Pourquoi lire "La magie du j’en ai rien à foutre" ?

Je recommande la lecture de cet ouvrage pour deux raisons principales :

D'abord parce que Sarah Knight aborde avec un humour décapant un sujet ô combien sérieux : comment cesser de se prendre la tête avec des choses qui n'en valent pas la peine.

Ensuite, parce que sa méthode "MêmePasDésolé", ultra pratique et bien rodée, nous guide pas à pas vers un quotidien enfin centré sur nos priorités profondes.

En somme, de quoi entamer une vraie révolution intérieure et devenir, à votre tour, un "esprit éclairé" épanoui !

Points forts :

Une méthode accessible et assez "fun" à lire pour se libérer du superflu.

Des conseils pragmatiques applicables à tous les domaines (travail, relations, famille...).

L'humour décapant de l'auteure qui dédramatise un sujet de développement personnel essentiel et, dans le même temps, le traite de façon sérieuse.

Point faible :

Le ton et langage familier (voire très familier) peuvent ne pas plaire à  tous.

Ma note :

★★★★☆

Avez-vous lu "La magie du j’en ai rien à foutre"? Combien le notez-vous ?

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Mon, 21 Oct 2024 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12968/La-magie-du-jen-ai-rien-foutre
Le Livre du lagom http://www.olivier-roland.fr/items/view/12966/Le-Livre-du-lagom

Résumé de "Le Livre du lagom | L’art suédois du ni trop, ni trop peu" d’Anne Thoumieux : cet ouvrage nous initie à la philosophie suédoise du "ni trop, ni trop peu". Il nous fait découvrir un art de vivre équilibré, épuré et ancré dans la nature, dont le socle est une consommation raisonnée, l'authenticité, le vivre ensemble, le respect de l'environnement et la quête d'un bonheur simple au quotidien.

Par Anne Thoumieux, 2017, 228 pages.

Chronique et résumé de "Le Livre du lagom | L’art suédois du ni trop, ni trop peu" d’Anne Thoumieux

Introduction

Dans l'introduction de son ouvrage intitulé "Le Livre du lagom", Anne Thoumieux, l'auteure nous présente le concept suédois de lagom, une philosophie de vie axée sur la modération et l'équilibre.

"Alors que les Italiens ont la dolce vita et les Danois le désormais incontournable hygge, les Suédois ont le lagom (prononcer LAR - GOM), une approche de la vie reposant sur une recherche de l’équilibre personnel par la pondération."

Ainsi, le terme, difficile à traduire, incarne l'idée de "juste assez", promouvant une vie simple et satisfaite sans excès ni manque.

Fascinée par cette approche peu connue hors de Suède, Anne Thoumieux explique avoir rencontré des Suédois experts dans divers domaines pour démêler cette notion profondément ancrée dans la culture suédoise.

À travers ses découvertes, elle révèle comment le lagom, opposé à notre société de surconsommation, enseigne la satisfaction de ce que l'on a. Elle montre comment le lagom encourage la modestie, la gratitude, une consommation réduite, le respect de l'environnement et l'appréciation des plaisirs simples, et conduit ainsi à une plus grande joie de vivre et au bonheur.

Chapitre 1 – Intraduisible lagom kézako ?

1.1 - Lagom : un mot suédois difficile à traduire mais utilisé à toutes les sauces

Le chapitre 1 du "Livre du lagom" d'Anne Thoumieux décrypte le concept de lagom.

On l’a vu, ce petit mot suédois échappe aux tentatives de traduction. "Ni trop, ni trop peu", "juste ce qu'il faut", "ce qui convient" ou encore "ce qui est juste" : autant d'expressions pour en parler sans vraiment percer le secret de ce concept aux mille facettes.

En fait, selon l’auteure, les Suédois en usent (et en abusent !) à toutes les sauces. Ce terme sert aussi bien à dire "c'est assez" quand on les sert, qu'à qualifier ce qui est parfaitement dosé, pile-poil comme il faut.

1.2 – Le lagom, une philosophie de vie qui prône l’équilibre et la juste mesure

Le lagom, c'est l'art de la juste mesure, l'équilibre subtil entre quantité et qualité. Une philosophie de vie basée sur le contentement et la pleine conscience de ce que l'on a, sans céder à la tentation du toujours plus.

En somme, ce principe, profondément ancré dans la culture suédoise, se manifeste dans divers aspects de la vie pour encourager à vivre de manière équilibrée, à valoriser la communauté, et à agir de façon écologiquement responsable.

"En Suède, il est de bon ton de consommer lagom, comprendre : consommer sans excès, ne pas acheter plus que nécessaire, faire ses choix en pensant à la planète. Exit la fièvre acheteuse et l’excentricité que l’on valorise parfois sous nos latitudes. En Suède, la norme c’est… la norme. On se veut réfléchi, on pèse le pour et le contre, on achète "ni trop, ni trop peu", ni trop cher, ni trop cheap. Bref, une philosophie éco et écolo positive qui s’inscrit dans la tendance slow qui valorise une consommation sage et respectueuse de l’environnement. Alors que les Français veulent "apprendre à ralentir" leur rythme de vie, à désamorcer une pression toujours plus forte qui fait oublier l’essentiel, les Suédois, eux, n’ont pas besoin de cours pour se souvenir de ce qui est fondamental."

1.3 – Des origines "viking"

Selon la légende, le lagom puiserait ses racines au temps des Vikings, où l'on faisait tourner la corne d'hydromel pour que chacun en ait juste assez. De "laget om" - le tour du groupe - serait né "lagom".

Issu de cette pratique ancienne, le lagom symbolise aujourd’hui la cohésion et le juste partage au sein du groupe.

1.4 - L’art de renouer avec l’essentiel et de savourer les choses simples

Mais le lagom ne se résume pas à une simple modération. Il est aussi fait de minimalisme, d'éthique, de bon sens. Un concept qui arrive à point nommé pour nous reconnecter à nous-mêmes dans un monde en perte de repères.

Alors, pour Anne Thoumieux, pas question de réduire le lagom à une dimension ennuyeuse et moralisatrice ! Loin des diktats de notre société de consommation effrénée et valorisant l’excès, le lagom est une invitation à renouer avec l'essentiel, à savourer les plaisirs simples de la vie :

"Si cette pondération peut nous paraître ennuyeuse, c’est parce que nous voyons cela d’un œil qui n’est pas habitué au civisme, aux tempéraments altruistes et à une vie tendant vers la simplicité. Chez nous, l’excès est souvent valorisé et considéré comme une qualité : manger avec appétit, c’est convivial ; boire beaucoup, c’est être un bon vivant ; avoir un intérieur surchargé, un signe de personnalité ; avoir un couple explosif, c’est être passionné, etc. Passer en mode lagom nous demande donc un véritable ajustement de cette perception."

1.5 - Le lagom lifestyle n’est pas réducteur mais au contraire libérateur

Pour l’auteure, le lagom est un vent de fraîcheur et de liberté venu du Nord pour nous aider à retrouver plus qu’un équilibre, mais notre propre équilibre :

"Alléger sa penderie, partir du travail le soir avec le sentiment du devoir accompli et non une culpabilité écrasante, refaire sa déco sans se ruiner et avec la certitude ne pas avoir contribué un peu plus à épuiser les ressources de la planète, c’est assez jubilatoire. Tout comme de parler gentiment à son voisin dans le métro, à venir sans effort vestimentaire particulier à un anniversaire ou encore partir en vacances pas loin de chez soi.

Quel soulagement soudain de vivre sainement et simplement. De faire fi de codes sociaux exigeants au profit de plus de spontanéité. D’apprendre à apprécier ce que l’on a déjà, en arrêtant de vouloir toujours plus, toujours mieux. De se faire plaisir au quotidien par une multitude de petites satisfactions ressenties en conscience. Ou encore d’aller simplement marcher chaque week-end ou de faire du yoga pour garder la forme et non de s’imposer un régime drastique ponctué de séances de torture running alors que l’on déteste ça. C’est tout ça vivre lagom, ou vivre tout court, peut-être."

Chapitre 2 – Une consommation raisonnée pour des consommateurs raisonnés

Dans le chapitre 2 du "Livre du lagom", Anne Thoumieux commence par nous proposer un petit test pour savoir si nous sommes "lagom".

Puis 5 grandes idées sont développées pour mieux comprendre ce qu’est de consommer "lagom".

2.1 – Le principe de moins mais mieux

Au pays du lagom, la frénésie de consommation n'a pas droit de cité. Ici, on prend le temps de réfléchir avant d'acheter, guidé par une volonté culturelle de dépenser intelligemment.

En fait, le shopping à la suédoise, c'est l'art de trouver le juste équilibre entre envies et besoins, explique l’auteure dans le chapitre 2 du "Livre du lagom" : on privilégie la qualité à la quantité, on attend un peu pour s'offrir quelque chose mais on en profite d'autant plus longtemps.

Et le plaisir d'acheter est décuplé par le temps pris pour choisir l'objet qui nous correspond vraiment.

2.2 - Le rapport qualité prix avant tout

Acheter lagom, c’est rechercher une juste proportion entre la qualité et le coût des choses :

Ni trop, ni trop peu : le Suédois choisit rarement l’objet le plus cher de la gamme… mais pas le moins cher non plus. Il choisira un bon rapport qualité prix la plupart du temps, celui du milieu, guidé par une volonté culturelle nationale de dépenser intelligemment.

2.3 – On n’étale pas sa richesse !

Dans cette quête de modération, le luxe ostentatoire n'a pas sa place, lance l’auteure du "Livre du lagom".

Étaler sa réussite et son argent est même considéré comme de mauvais goût.

L’auteure décrit, à ce propos, le Jantelagen (ou "loi de Jante") dont est imprégnée la société suédoise : un code de conduite nordique prônant l'humilité et le respect d'autrui, qui invite à rester dans la moyenne, à ne pas froisser son prochain en affichant des signes extérieurs de richesse. Autrement dit, une culture qui rejette l'ostentation au profit du bien-être collectif.

Cette mentalité se reflète également dans les choix de consommation, privilégiant des biens qui ne sont pas destinés à afficher le statut social mais à répondre de manière pragmatique aux besoins de la vie quotidienne, dans le respect de l’environnement et des principes éthiques.

2.4 – L’impact sur l’environnement de sa consommation

Autres maîtres-mots de la consommation à la suédoise : durabilité et écologie.

"En réfléchissant "global", l’acte d’achat devient, de fait, un acte citoyen et une manière de montrer que l’on a à cœur (et en tête) les enjeux environnementaux actuels."

Ainsi, en mettant systématiquement dans la balance l'impact environnemental d'un achat, le consommateur agit en citoyen responsable. Repeindre son escalier plutôt que d'en racheter un, opter pour des ampoules LED, faire réparer ses bottes chez le cordonnier... Autant de choix guidés par une conscience écologique très ancrée. Car "s’il peut s’éviter d’acheter et faire réparer à la place", le Suédois n’hésite pas.

Les initiatives gouvernementales suédoises, comme la réduction de la TVA sur les réparations, témoignent d'un engagement à promouvoir cette économie circulaire et à lutter contre l'obsolescence programmée.

2.5 – Le sens de la communauté

Cette attention portée à l'environnement est en fait profondément liée à un fort sens de la communauté. Penser d'abord au collectif s'avère, au final, bénéfique pour chacun. En limitant le gaspillage et la pollution, on œuvre pour une société meilleure, où les ressources sont utilisées avec parcimonie et sagesse.

2.6 – Les 5 grands principes du "Livre du lagom" pour résister aux sirènes de la surconsommation

Anne Thoumieux termine ce chapitre du "Livre du lagom" en partageant une multitude de conseils pratiques autour de 5 grands principes pour adopter un mode de consommation plus lagom : réduire sa facture d'énergie, mieux gérer son budget, recycler, privilégier le made in local (des produits locaux et durables), troquer plutôt que jeter, acheter au jour le jour et éviter les stocks de produits qui encombrent nos placards... Bref, de quoi alléger à la fois sa vie, son porte-monnaie et son empreinte carbone !

Pour résumé, la consommation "lagom" n'est pas synonyme de privation, mais d'un juste milieu qui équilibre besoins et désirs, générant satisfaction et durabilité. Car pour les Suédois, le bonheur se trouve dans cette simplicité volontaire, cet art de se contenter de ce que l'on a, de consommer moins mais mieux. Une philosophie aussi bénéfique pour soi que pour la planète !

Chapitre 3 – Mode consciente : minimalisme et écologie

La mode à la suédoise est l'incarnation parfaite du lagom, observe l’auteure dans ce troisième chapitre du "Livre du lagom".

En effet, là encore, point d'extravagance ou de démesure : on mise sur un style épuré, intemporel mais toujours élégant.

3.1 - Le "normcore", un style simple, fonctionnel et discrètement élégant

Selon Anne Thoumieux, l'élégance à la suédoise se niche dans les détails, subtilement trendy sans jamais être tape-à-l'œil. Voici comment elle décrit la mode suédoise :

"L’équilibre parfait entre une allure low profile et pourtant parfaite. Juste. Ni trop ceci, ni pas assez cela. Ni luxe, ni négligée, elle est pointue grâce à des créateurs revendiquant des coupes tendances sans pour autant avoir besoin de se faire remarquer."

Mais attention : ce look minimal, souligne l’auteure, "n’est pas plus facile à concevoir qu’un look excentrique". Derrière son apparent refus de la tendance, ce style appelé "normcore" est en réalité tout un art : il "repose sur un savant goût des associations afin de n’être ni fade ni passe-partout".

Dès lors, avec ses couleurs neutres, ses coupes étudiées et ses basiques de haute qualité mais non ostentatoires, le "normcore" règne en maître dans les dressings scandinaves : 

"La mode suédoise possède donc cette incroyable capacité à offrir ce que nous pourrions appeler des basiques qui se révèlent d’un style fou, une fois portés. Bien loin des pièces hors de prix de créateurs, chacun possède ici le goût du lagom pour choisir ses vêtements et se faire un style propre… dans tous les sens du terme ! Ou propret serait-on tenté de dire. Assez sage, peut-être, mais au tombé toujours parfait qui permet de se fondre gentiment dans la masse. Attention, n’allez pas croire que c’est un point négatif, au contraire ! Vous l’aurez compris, c’est précisément le but recherché."

3.2 – Des marques accessibles et ultra branchées à la fois

Les marques suédoises excellent tellement dans cette "normalité" si désirable qu'elle en devient pointue, voire iconique.

Porter leurs créations, c'est arborer ce "je-ne-sais-quoi" de décontracté chic, ce naturel savamment travaillé qui semble couler de source, confie Anne Thoumieux. Une allure à la fois accessible et furieusement tendance, à mille lieues de la course effrénée aux it-bags et aux must-have des capitales de la mode.

"De Filippa K à Acne en passant par COS, les marques qui se sont fait connaître au-delà des frontières suédoises par cette maîtrise de la "normalité" sont tellement branchées qu’elles ne parlent qu’aux hipsters chez nous alors qu’en Suède, elles sont le quotidien du plus grand nombre. C’est en rejetant la différence au profit d’une normalisation maîtrisée et en abandonnant la quête de singularité vestimentaire que les Suédois, paradoxalement, se distinguent ! Vraiment trop fort !"

3.3 – L’essor de la slow fashion ou mode durable

Des créateurs responsables et engagés

Mais la mode lagom ne se résume pas à une question de style.

Elle embrasse une philosophie bien plus vaste, fait remarquer l’auteure du "Livre du Lagom" : celle de la "slow fashion", en opposition totale avec les diktats frénétiques de l'industrie actuelle.

"Pour avoir les faveurs des Suédois, les enseignes doivent afficher une réelle éthique tout au long de leur processus de production, depuis les conditions de travail de la main-d’œuvre, même à l’étranger, jusqu’aux matériaux utilisés qui doivent être "propres", en passant par des points de vente éco-conçus."

Les marques suédoises citées dans le chapitre, comme Velour, Sandqvist, Filippa K, Acne Studios, et Cheap Monday, illustrent cet engagement envers des produits de qualité, conçus dans le respect de l'environnement et des principes sociaux équitables.

Elles privilégient les petites séries. Les créateurs prennent le temps, eux, de concevoir des pièces durables et bien pensées. Les consommateurs achètent moins mais mieux, en se laissant guider par des critères éthiques autant qu'esthétiques.

"Les marques n’ont pas pour ambition de dominer le monde, alors elles produisent des collections souvent courtes et des quantités "justes suffisantes" pour éviter les stocks et le gâchis. C’est aussi le règne des éditions limitées, des séries capsules qui mettent en avant un styliste ou un savoir-faire."

Par ailleurs, les marques s’engagent en soutenant des causes via les ventes :

"Le Suédois a donc non seulement la conscience écologique tranquille quand il achète un pull dont il a vérifié auparavant que la laine était obtenue sans mauvais traitements des moutons, mais aussi la satisfaction de faire de son achat une bonne action puisqu’il sait qu’une partie sera par exemple reversée à une association."

Des consommateurs éthiques

Car, pour les Suédois, s'habiller est un acte engagé. Hors de question de contribuer à l'exploitation des travailleurs du textile ou de porter des vêtements gourmands en eau et en pesticides.

Les fashionistas nordiques sont de véritables "consomm'acteurs", qui mettent un point d'honneur à choisir des marques transparentes sur leurs pratiques. Quitte à payer un peu plus cher pour s'offrir un basique en coton bio ou en fibres recyclées, fabriqué dans des conditions décentes.

"Tout doit être transparent et peut être un motif d’achat ou de désamour : tissu en coton bio ou fibres de bambou éco-produites ou soutenant le commerce équitable, utilisation de colorants et teintures propres et non toxiques, emballages issus de produits recyclés… l’impact sociologique et économique des vêtements est scruté à la loupe, car il en découle son propre impact personnel et le Suédois vivrait mal d’avoir contribué à la pollution d’un cours d’eau en achetant du made in China qui, en plus de polluer, déteindra à la première lessive."

"Il faut participer à "rendre" ce que l’on prend en donnant en retour"

Cette exigence écolo va jusqu'au bout du cycle de vie des vêtements. On n'hésite pas à troquer, revendre ou donner ce dont on ne veut plus, pour offrir une seconde jeunesse à nos tenues. Une manière de boucler la boucle, dans une logique d'économie circulaire si chère au lagom.

"Les penderies lagom ne sont pas surchargées, au contraire […] On privilégie la qualité à la quantité, "ni trop, ni trop peu". On réfléchit avant de passer à la caisse et on ne sort sa carte bleue que si la marque répond à nos critères esthétiques mais aussi éthiques. On choisit des intemporels qui pourront durer d’une saison à l’autre. On se questionne "Ai-je vraiment besoin de ce tee-shirt ?".

Et dans cette même philosophie, les Suédois pratiquent abondamment le recyclage : les habits sont souvent achetés d’occasion. Quand on s’en est lassés et qu’ils sont encore en bon état, ils sont vendus ou échangés.

3.4 - Le potentiel créatif de ces contraintes

La créativité peut-elle s'épanouir dans un tel carcan éthique ? Assurément oui. En témoignent chaque saison les créateurs suédois tels que Hope ou Cheap Monday.

Chez eux, le respect de l'environnement et des hommes est un moteur et non un frein, soutient Anne Thoumieux : la contrainte devient source d'inventivité, permettant l'éclosion de collections toujours plus innovantes et responsables.

Chapitre 4 – Beauté et bien-être naturels : réunir le corps et l’esprit

Selon la philosophie du lagom, la beauté se conjugue au naturel.

Ainsi, dans le chapitre 4 du "Livre du lagom", nous apprenons qu’il n’est surtout pas question de s'acharner à effacer les rides ou collectionner les produits "miracle". Non… l'objectif ? Obtenir une peau saine et lumineuse, en misant sur des soins simples mais efficaces.

"Hommes et femmes prennent ainsi soin de leur peau tout en acceptant de vieillir : la beauté en mode lagom […] ne cherche pas à arrêter ou remonter le temps, mais à protéger et accompagner la peau avec bienveillance sur le principe de la slow beauty, hérité de la tendance slow life qui préconise, comme pour la mode, une approche plus sereine, plus tolérante et plus simple des choses."

Entre cosmétiques green, gymnastique douce, escapades au grand air et rituels bien-être millénaires, l’art de prendre soin de soi version nordique s’inspire des préceptes authentiques du lagom.

4.1 – L’approche naturelle et minimaliste de la beauté

Les routines beauté des Suédoises sont minimalistes, adaptées à leur type de peau, avec des formules choisies avec soin. Les salles de bain et les produits sont fonctionnels et efficaces. On achète juste les soins qu’il nous faut, et on les teste pendant au moins un cycle de renouvellement cutané pour en constater les effets, observe Anne Thoumieux.

"Le lagom […], c’est acheter les produits dont on a besoin au quotidien, pas tout le rayon maquillage, et en utiliser peu : réduire sa routine au minimum, aller au plus simple mais avec des produits de grande qualité. Et bien sûr, les choisir de préférence bio et écoresponsable."

4.2 - Le "no make-up look" ou l’art de parfaitement équilibrer fraîcheur et sophistication

Côté maquillage, le "no make-up look" et le "make-up nude" règnent en maître.

Incarné à merveille par les beautés scandinaves, ce style mise sur un teint glowy, comme illuminé de l'intérieur, souligné par quelques touches de couleur savamment distillées. Le secret d'une mise en beauté réussie à la suédoise ? Sublimer sa carnation avec un soupçon de blush, une ombre pastel sur les paupières, un voile de mascara et une bouche glossy. Autrement dit : l'équilibre parfait entre fraîcheur et sophistication, sans jamais tomber dans l'excès.

4.3 - L’importance des rituels comme le sauna dans une vision holistique du bien-être

Mais la beauté lagom, ce n’est pas uniquement avoir une jolie peau ou à un trait d'eyeliner maîtrisé.

Non, la beauté selon le concept du lagom, est indissociable d'une approche holistique du bien-être, où l'on prend soin de soi dans sa globalité. Et pour les Suédois, adeptes de la slow life, cela passe avant tout par des rituels profondément ancrés dans leur culture, à l'image du sauna.

Alternance de chaleur intense et de bains froids vivifiants, moment de détox et de relaxation... Le sauna est une véritable ode au corps et à l'esprit, qui permet de se reconnecter à soi et à la nature.

4.4 - Le lien fort entre beauté et mode de vie sain

C’est bien là que réside le secret de la beauté à la scandinave : dans cette symbiose entre mode de vie sain, contact avec les éléments et conscience de soi.

Aussi, pratiquer la fameuse gym suédoise, prendre l'air, s'écouter, traiter son corps avec douceur, ne pas braver la nature mais vivre en harmonie avec elle... sont autant de préceptes qui façonnent les habitudes healthy des Suédois.

Chapitre 5 – Maison lagom : une déco design qui respire

Le 5ème chapitre du "Livre du lagom" dresse un portrait global du lagom appliqué à l'habitat, à notre "déco". En gros, il s’agit de se rapprocher, par son intérieur et divers éléments clés (ambiance, matériaux, couleurs, éco-conception...) d'un mode de vie plus serein et authentique.

5.1 – Less is more : l'esthétique épurée, fonctionnelle et naturelle de la déco suédoise

La décoration selon le style de vie lagom est apaisante et moderne. Les intérieurs scandinaves célèbrent la pureté des lignes et rendent hommage à la nature environnante.

On y ose le minimalisme, sans pour autant sombrer dans l'austérité : les Suédois excellent dans cet art d'épurer leur déco, pour ne garder que l'essentiel, le sens, l'utile.

Dès lors, pas d'accumulation ni de fioritures : l'espace est savamment pensé, chaque objet méticuleusement choisi, pour créer une atmosphère zen et chaleureuse à la fois. Un style "pur avec rendu intimiste" écrit l’auteure.

La qualité prime sur la quantité, avec des meubles et accessoires beaux et durables, dont on profitera longtemps.

L'aménagement aussi se veut à l'image du mode de vie lagom : fonctionnel, compact, optimisé. On multiplie les rangements malins, on joue sur les volumes pour gagner en praticité sans sacrifier le style. Même dans les petites surfaces, l'organisation est reine, sublimée par un design épuré qui respire.

5.2 – L’art du détail, de l’équilibre et minimalisme chaleureux

Côté ambiance, place à la douceur et au cocooning :

"La déco lagom se construit dans la recherche d’une ambiance recherchée, mais pas sophistiquée. Objectif : se sentir bien chez soi."

Les lignes souples apportent une touche de rondeur, comme un écho apaisant aux courbes gracieuses de la nature scandinave.

Coussins moelleux, plaids en laine, voilages de coton... Les matières invitent à la détente et créent un cocon ouaté, explique l’auteure. Celles-ci doivent être nobles et naturelles. Surtout, on bannit au maximum le plastique.

Autre must : la lumière, une denrée si précieuse sous ces latitudes ! On la fait entrer à flots le jour, et on compense son manque le soir venu avec une ribambelle de bougies, de guirlandes et de leds savamment disposées.

Les teintes, elles, se font l'écho des paysages enneigés et des forêts profondes. Camaïeux de blanc, de gris, de beige... Les tons se déclinent dans une palette minérale et naturelle.

Le bois, matériau roi du style nordique, réchauffe l'ensemble de sa douceur organique. Clair ou foncé, il s'invite sous toutes ses formes, du parquet aux meubles iconiques des années 50.

Enfin, la maison lagom a une déco en harmonie parfaite avec la nature, jusque dans ses partis pris écoresponsables et l'usage de matériaux recyclés, observe l’auteure.

Accessoires cocooning, végétaux luxuriants, objets chinés, touches de couleurs subtiles... Quelques clins d'œil bien choisis suffisent à personnaliser cet univers feutré et épuré, sans le surcharger, note Anne Thoumieux : l'art de l'équilibre et du détail, tout en nuances et en délicatesse.

5.3 – Un espace désencombré, organisé et harmonieux

Dans les intérieurs lagom, l’espace est désencombré et savamment optimisé. Les étagères ne supportent que quelques objets choisis. Le reste est rangé pour ne pas polluer la vue.

"Comme les intérieurs ne sont pas toujours spacieux mais plutôt intermédiaires (ni trop petit ni trop grand, hein...), ils sont pensés pour être utilisés dans toutes leurs ressources", souligne Anne Thoumieux : "un placard sous l’escalier, une penderie dissimulée derrière un rideau, de jolies boîtes casées dans les renfoncements visibles…"

5.4 - La quête d'harmonie et d'équilibre

L’auteur du "Livre du lagom" termine ce chapitre en partageant les interviews de deux designers suédoises de renom : Marie-Louise Hellgren et Nathalie Dackelid.

Pour elles, concevoir un intérieur ou un objet, c'est rechercher l'harmonie parfaite avec son environnement et ses usages. Une approche éminemment lagom, qui place le bien-être et le respect de la planète au cœur du processus créatif.

Quelques mots pour résumer le home sweet home du lagom : lignes pures, harmonieuses, matériaux authentiques, naturels, teintes sobres, touches de chaleur et de lumière, un intérieur qui respire et qui rassemble en mode cosy !

Chapitre 6 – Loisirs et vacances, la nature à l’honneur

Le 6ème chapitre du "Livre du lagom" partage avec nous la recette suédoise des vacances parfaites. Nous apprenons que les vacances selon le concept du lagom sont synonymes d'équilibre et d'authenticité au plus près des éléments.

6.1 - La symbiose profonde des Suédois avec la nature

Quand on pense à la Suède, on imagine souvent de vastes étendues sauvages, des lacs à perte de vue, des forêts profondes... Et pour cause : la nature est au cœur du mode de vie lagom !

"En Suède, la nature est absolument centrale dans la vie de chacun. Sans doute parce que le climat est rude, la nature semble toujours proche, même en ville."

Omniprésente jusque dans la Constitution, qui garantit à chacun un droit d'accès total aux espaces naturels, elle rythme ainsi le quotidien et les loisirs des Suédois.

6.2 - Le goût pour les activités outdoor en toutes saisons

Aussi, été comme hiver, qu'il vente ou qu'il neige, impossible pour les Suédois de résister à l'appel du grand air.

Randonnée, vélo, cueillette, pêche ou encore pique-nique au bord d'un lac... Les activités outdoor sont légion, et se pratiquent en toute saison, rapporte l’auteure de "Livre du lagom". L'objectif ? Se ressourcer au contact des éléments, se reconnecter à soi et aux autres, loin du tumulte de la ville.

6.3 - L'institution de la "stuga" et le tourisme vert et responsable

Et pour prolonger ces parenthèses nature, quoi de mieux qu'un séjour dans sa "stuga" ?

Véritable institution en Suède, ces petites maisons de campagne au charme rustique (souvent en bois rouge, sommaire, nichée au cœur de grands espaces et sans barrière autour) sont le point de chute idéal pour des week-ends en famille ou entre amis. Feu de cheminée, cueillette de baies sauvages, balade en forêt au crépuscule... On y savoure une vie simple et authentique, en harmonie avec son environnement.

Car le lagom, c'est aussi cela : faire le choix d'un tourisme doux et responsable, respectueux des écosystèmes et des communautés locales.

Les Suédois en sont des adeptes convaincus, privilégiant des expériences au plus près du terrain. Du camping sur un radeau façonné de ses mains à une immersion en pleine taïga, en passant par des croisières écologiques le long des fjords, les possibilités ne manquent pas pour des vacances 100 % nature et éthiques.

6.4 - La soif de voyages et de découvertes en tribu...

Cette quête d'authenticité se double d'une soif d'ailleurs, qui pousse les Suédois à s'envoler vers des contrées lointaines. Habités par leur légendaire sens du collectif, ils n'hésitent pas à partir en tribu pour des échappées exotiques placées sous le signe du ressourcement. L'occasion de découvrir d'autres cultures, de s'enrichir au contact de l'autre, tout en cultivant la cohésion familiale, lance l’auteure.

6.5 – Les fêtes suédoises

En Suède, les fêtes rythment la vie au fil des saisons. Cette partie du "Livre du lagom" liste et décrit les plus populaires :

Walpurgis Eve, qui célèbre le printemps autour de feux de joie.

Midsummer Eve, où l’on danse couronné de fleurs.

La Toussaint, un moment de recueillement lumineux.

La Sainte-Lucie, où la "reine de lumière" est élue lors d'un défilé enchanteur.

6.6 - Les activités suédoises les plus lagom

Le vélo, le tennis et le golf

En Suède, le vélo est roi ! Tout le monde en fait, que ce soit pour aller travailler, faire les courses ou se balader. De même, pour le tennis et le golf, rendus accessibles à tous grâce à de très nombreux terrains publics et des tarifs abordables.

Les activités : des expériences uniques et nature avant tout

Anne Thoumieux partage ici des idées d’activités parmi les plus lagom : randos en patin à glace, parcours gastronomique en raquettes, traîneau à chiens, balade en bateau, camping sur un radeau fait main ou encore une nuit dans la taïga sur les traces des Sâmes.

Finalement, la philosophie des loisirs et des vacances se résume en un mot : équilibre.

Équilibre entre aventure et contemplation, entre évasion et ancrage local, entre dépassement de soi et cocooning... Autant d'expériences pour nourrir corps et esprit, et se reconnecter à l'essentiel et qui soit, le moins possible, lié à la consommation.

Chapitre 7 – Gastronomie : des traditions et un plaisir qui commencent en cuisine

Dans le chapitre 7 du "Livre du lagom" dédié à l'art de vivre gourmand et épicurien en Suède, Anne Thoumieux nous montre comment la gastronomie y rime à la fois avec simplicité, convivialité et respect des produits de saison.

Une philosophie culinaire qui n'est pas sans rappeler le mouvement slow food, prônant une alimentation de qualité, éthique et durable.

Et au pays du lagom, on met les petits plats dans les grands, sans pour autant passer des heures en cuisine.

7.1 - La slow food ou l'amour des Suédois pour les produits locaux et de saison

Pour les Suédois, manger local et de saison est une évidence. Leur immense territoire regorge de trésors à portée de main, qu'ils prennent plaisir à cueillir ou pêcher eux-mêmes. Baies sauvages, champignons, poissons fraîchement pêchés...

Autant de mets savoureux qui passeront directement de la forêt ou du lac à l'assiette, sans intermédiaire. Une manière de renouer avec les cycles naturels et de redécouvrir les saveurs authentiques.

Comme les hivers suédois sont longs et qu’on aime manger frais, il faut alors faire des réserves en conservant ses aliments de plein de manières possibles : confitures, congélations, légumes dans du vinaigre, viandes et poissons fumés, salés ou marinés…

7.2 - Le goût pour le fait-maison et les plats peu transformés

Selon Anne Thoumieux, cette quête de fraîcheur se double d'un goût prononcé pour les produits bruts, peu transformés.

Le lagom, c'est aussi cela, déclare l’auteure : privilégier le fait-maison aux plats préparés et la qualité à la quantité. Quitte à passer un peu de temps en cuisine pour mitonner des petits plats sains et goûteux.

7.3 – Cuisiner ensemble : l'importance du partage et de la transmission en cuisine

D'ailleurs, cuisiner est avant tout un moment de partage et de convivialité pour les familles suédoises.

Petits et grands mettent la main à la pâte, dans une ambiance chaleureuse et décontractée. On épluche, on émince, on remue les casseroles, on goûte... Autant de gestes simples pour créer du lien et transmettre les traditions culinaires. Le tout, sans prise de tête : ici, on mise sur des recettes familiales, généreuses et faciles à réaliser.

7.4  - Le sens de la mesure allié à la gourmandise

Le lagom, c'est aussi savoir se faire plaisir sans tomber dans l'excès, poursuit l’auteure du "Livre du lagom". Les Suédois raffolent des douceurs, qu'ils dégustent volontiers à l'heure du "fika", cette pause-café gourmande typiquement scandinave. Mais pas question de grignoter n'importe quoi, n'importe quand ! Là encore, l'équilibre est de mise, jusque dans le choix des en-cas.

7.5 – L’attachement aux fêtes traditionnelles et aux mets emblématiques...

Selon Anne Thoumieux, cet art de vivre frugal et épicurien trouve son apothéose lors des fêtes traditionnelles, qui rythment le calendrier suédois.

Écrevisses, harengs, brioches à la cannelle, gaufres... Chaque occasion a ses mets emblématiques, souvent liés aux saisons et aux produits du terroir.

Cette partie du "Livre du lagom" liste quelques-unes de ces fêtes dédiées à la célébration d’un aliment en particulier :

Le premier dimanche de l'Avent, les Suédois se détendent entre amis en buvant du glögg, un vin blanc chaud épicé, accompagné de biscuits au gingembre.

Le 4 octobre, c'est la fête de la kanelbullar (Kanelbullens dag), la célèbre brioche roulée à la cannelle que les Suédois dégustent à tout moment de la journée.

Pour Mardi gras, lors de la Fettisdagen, les Suédois savourent des semla, des pains au lait à la cardamome fourrés à la pâte d'amande et recouverts de crème fouettée à la vanille.

 Le 25 mars, c’est Våffeldagen : place aux gaufres accompagnées de confiture et de crème fouettée, que tout le pays mange sans culpabilité.

Au mois d'août, les Suédois se réunissent entre amis pour déguster des écrevisses cuites à l'eau de mer avec de l'aneth, souvent importées mais toujours délicieuses.

Fin août, les plus courageux se lancent dans la dégustation du surströmming, un hareng fermenté à l'odeur pestilentielle, servi en sandwich avec des pommes de terre et des oignons.

Tous ces rituels savoureux célèbrent le plaisir d'être ensemble autour d'une table bien garnie.

7.6 - Petit déj’, alcool, fika et restaurants

Le petit déjeuner suédois

En Suède, contrairement à de nombreux pays, le petit déjeuner reste un vrai repas chaud et cuisiné, qu’on prend le temps de savourer assis, lors d'une vraie pause. Que ce soit à l'école où les élèves bénéficient d'un repas gratuit et d'options végétariennes, ou en entreprise où les Suédois apportent souvent leur déjeuner préparé à l'avance, le déjeuner sur le pouce devant l'ordinateur n'est pas dans les habitudes.

L’alcool avec modération… et régulation

En Suède, l'État régule rigoureusement la vente d'alcool grâce à un monopole d'État et des règles strictes (horaires limités, interdiction aux moins de 20 ans, pas de promotion). Mais ce système initialement conçu pour réduire la consommation a parfois l'effet inverse, poussant les Suédois à faire des stocks importants avant le week-end ou à s'approvisionner dans les pays voisins.

L’emblématique fika 

En Suède, le fika, est bien plus qu'une simple pause-café : c'est un véritable rituel convivial et gourmand du quotidien, que ce soit au travail, entre amis ou en famille, avec toujours de bons petits gâteaux à partager !

Chapitre 8 – Bonheur au travail : un équilibre qui va de soi

Le chapitre 8 du "Livre du lagom" apporte des clés concrètes pour "travailler à la suédoise".

Miser sur la confiance et l'autonomie, cultiver la flexibilité et le dialogue, mettre l'humain au cœur des priorités... font partie des idées qui y sont développées par Anne Thoumieux pour réinventer le travail version "lagom" et selon l’auteure, redonner du sens et de la sérénité à notre vie professionnelle.

8.1 – Des entreprises "family friendly" : la conciliation vie pro/vie perso et le rejet du présentéisme au profit de l'efficacité

Au pays du lagom, concilier vie pro et vie perso n'est pas un vain mot. C'est une évidence, un équilibre qui coule de source, ancré dans l'ADN même des entreprises.

Ici, assure l’auteure, nous pouvons quitter le bureau à 17h sans culpabilité, pour passer du temps avec sa famille. Un credo qui profite à tous, poursuit-elle : les salariés sont plus épanouis, donc plus productifs, et les employeurs y gagnent en performance.

Bref, une équation gagnant-gagnant, à mille lieues de la culture du présentéisme qui sévit sous d'autres latitudes.

"Alors qu’en France on attend parfois que le patron parte pour ne pas avoir l’air d’un tire-au-flanc en partant avant lui, en Suède les employés prennent leur travail très au sérieux et le quittent à 17 heures pour être avec leur famille avec le sentiment positif du travail accompli. Bien sûr, personne ne vous tiendra rigueur si vous êtes absent du bureau parce que votre enfant est malade et le congé parental ne saurait déboucher sur une mise au placard à votre retour. Au contraire, vous pourrez demander à travailler moins, l’employeur ne peut pas le refuser, et ce, jusqu’aux 8 ans de l’enfant !"

8.2 - La confiance et la souplesse accordées aux salariés

D’ailleurs en Suède, rester tard au bureau est vu comme un aveu d'inefficacité. Mieux vaut miser sur un travail de qualité, réalisé dans le temps imparti, que sur des heures sup' à rallonge. Une philosophie qui va de pair avec une grande confiance accordée aux collaborateurs.

Télétravail, temps partiel pour s'occuper des enfants, congés parentaux prolongés... Tout est fait pour faciliter la vie des salariés, sans jamais remettre en cause leurs compétences.

8.3 - Un management bienveillant, coopératif et un fonctionnement collégial

Cette approche bienveillante se retrouve jusque dans le management.

Selon Anne Thoumieux, les chefs se veulent proches de leurs équipes, dans une logique de coaching plus que de contrôle. Accessibles et à l'écoute, ils font confiance à leurs collaborateurs pour s'organiser et prendre des initiatives. Un mode de fonctionnement horizontal et collégial, aux antipodes des hiérarchies pyramidales.

La communication, elle aussi, se veut fluide et transparente, note l’auteure.

L'information circule librement, sans rétention ni jeux de pouvoir. Chacun est impliqué dans les décisions, consulté selon son expertise plutôt que son rang.

"En Suède, on estime que les décisions doivent être prises en consultant la personne la mieux placée pour répondre, c’est-à-dire celle qui connaît le mieux le sujet, quelle que soit sa position hiérarchique. Dans son processus de décision, le chef recueille les avis et les opinions des concernés, rendant ainsi l’application des mesures plus réaliste et donc plus efficace puisque souvent inspirée par les employés sur le terrain."

Autrement dit, une culture du dialogue et du consensus, garante d'un climat apaisé et constructif, assure Anne Thoumieux.

8.4 - Des valeurs fortes comme socle...

Enfin, au cœur de ce modèle : des valeurs profondément ancrées, comme l'égalité, l'honnêteté, la modération, l’éthique qui impliquent d’être vrai. Autant de principes qui guident les Suédois au quotidien, dans leur façon d'être et de travailler. Avec en fil rouge, cette quête d'harmonie et de juste milieu si chère au lagom.

8.5 – Travailler à la suédoise 

Anne Thoumieux énonce ici 10 règles faciles à suivre pour travailler comme les Suédois.

Puis, elle partage un interview avec Per Hällerstam, un chef d’entreprise suédois. Lorsqu’il décrit son milieu professionnel, il est facile de retrouver l’influence du "lagom", à travers notamment :

La mentalité égalitaire au travail,

La hiérarchie plus plate et l'accessibilité des dirigeants,

Le bon équilibre vie pro/perso : télétravail, pauses café en commun, départs tôt pour s'occuper des enfants…

Les décisions prises en consensus, sans confrontation directe,

Les désaccords qui s'expriment plutôt à l'écrit,

L'exécution rapide.

Enfin, en tant que directeur, il explique laisser beaucoup de liberté et d'initiative à ses employés. Il dit se positionner comme un support pour les aider à être performants, tel un coach fixant des objectifs.

Chapitre 9 – Société : politesse et fluidité avant tout

9.1 – L'équilibre subtil entre réserve et convivialité

La société suédoise est un savant dosage de retenue et de consensus, commence par nous expliquer Anne Thoumieux.

On y cultive l'art de la modération en toutes circonstances. Pas de débordements en public, de coups de klaxon rageurs ou de soupirs exaspérés dans les files d'attente. Les Suédois sont les champions de la maîtrise de soi, même dans les situations les plus irritantes.

Une sagesse du juste milieu qui n'exclut pas pour autant le dynamisme et la répartie, mais toujours avec mesure et humour, souligne l’auteure.

9.2 – Sorties : simplicité et authenticité

D’après l’auteur du "Livre du lagom", cet équilibre subtil se retrouve jusque dans l'art de recevoir à la suédoise. Oubliez les dîners guindés et les réceptions tape-à-l'œil ! La société lagom aime la simplicité et la convivialité, dans une ambiance casual chic.

Question dîner, chacun fait ce qu'il veut, du moment que c'est "lagom", indique l’auteure. En effet, gare à celui qui en ferait trop : un repas trop gastronomique pourrait mettre mal à l'aise les convives, sommés de rendre la pareille. Mieux vaut miser sur des agapes sans chichis, pour que tout le monde se sente bien.

9.3 - Le sens du collectif, du respect d'autrui et de la ponctualité

Autre "must" des soirées suédoises ? Des invités chaussons aux pieds, pour ne pas salir l'intérieur impeccable de leurs hôtes. Un détail qui en dit long sur le sens du pratique et du respect de l'autre, si chers aux Scandinaves.

De même, la ponctualité élevée au rang d'art de vivre, est une évidence. Ici, on n'arrive pas à l'heure, mais à l'heure pile. Un retard, même minime, est perçu comme un affront.

9.4 - Le côté ultra-connecté et innovant

Cela dit, le lagom n’est pas qu’une affaire de bienséance, prévient l’auteure. C'est aussi un état d'esprit résolument tourné vers l'innovation et la connexion.

Ultra-connectés, les Suédois expérimentent les dernières technologies avec un temps d'avance : paiement mobile, rendez-vous médicaux en ligne, administration 2.0... Le tout, avec ce souci constant de sécurité et de bien-être qui les caractérise.

9.5 - L'engagement écologique

Dans le domaine de l’innovation justement, l'écologie est un autre pilier de ce modèle de société exemplaire, termine l’auteure. Pionnière en matière de développement durable, la Suède regorge d'initiatives inspirantes.

En effet, écoquartiers, villes zéro carbone, énergies vertes... les exemples abondent, portés par une conscience environnementale chevillée au corps.

9.6 – Parité, codes sociaux et poésie…

Le neuvième chapitre du "Livre du lagom" se termine par différents petits encarts dans lesquels Anne Thoumieux liste "5 trucs lagom rigolos", "5 choses que les Suédois aiment faire pendant leur temps libre", "5 choses que les Suédois ne feraient jamais", la façon dont la famille royale essaie d’être "comme tout le monde" et autres anecdotes sur la société suédoise.

Elle évoque aussi "Midsummer", la fête traditionnelle la plus importante en Suède. Celle-ci est célébrée avec des repas, des danses et deux traditions florales poétiques : la confection de couronnes de fleurs et un rituel pour les femmes non mariées, qui crée une ambiance colorée et festive jusque tard dans les jardins.

Chapitre 10 – La famille : un pilier fondateur

La recette suédoise de la famille épanouie ? Cultiver des rituels simples, placer l'enfant au cœur des priorités, miser sur une éducation positive, réinventer sa vie de couple...

Dans ce chapitre du "Livre du lagom" dédié à l'art d'être parent version lagom, Anne Thoumieux partage quelques pistes inspirantes pour insuffler un vent de lagom dans sa tribu.

10.1 - La place centrale de la famille dans la société suédoise

En Suède, la famille est reine.

Véritable pilier de la société, elle est au cœur de toutes les attentions et de tous les aménagements. Des horaires de travail adaptés aux congés parentaux généreux, en passant par des modes de garde accessibles et des espaces publics pensés pour les poussettes...

Tout est fait pour faciliter la vie des parents et le bien-être des enfants, observe l’auteure du "Livre du lagom" dans cet avant-dernier chapitre de l’ouvrage.

"Dehors, tout est fait pour faciliter la vie avec une poussette […]. Magasins, banques ou encore administrations, […] les Suédois accueillent partout les enfants avec le sourire, là où habituellement en France on serait regardé de travers et on s’efforcerait de faire taire le bambin à tout prix. En tant que parents, on ne se demande pas si "on gêne" en Suède !

Les centres commerciaux mais aussi les bibliothèques disposent d’espaces dédiés aux enfants, de tables à langer et souvent de parking à poussettes et landaus, tandis que les restaurants sont tous pourvus de chaises hautes… Le paradis des parents, n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas fini : dans certaines villes, les bus équipés de larges portes centrales pour faciliter leur montée sont gratuits pour les parents accompagnés d’un jeune enfant pour leur éviter d’avoir à laisser la poussette pour aller payer leur ticket à l’avant ! La société suédoise étant ainsi "calibrée" pour la famille, c’est sans surprise que les traditions perdurent et que les liens familiaux sont renforcés."

10.2 - L'implication des pères

Cette politique volontariste se double d'une répartition équitable des rôles au sein du couple.

Ici, les papas s'impliquent autant que les mamans, sans craindre le regard des autres, souligne Anne Thoumieux. Ainsi, il est courant de les voir pouponner en écharpe au parc ou donner le goûter en terrasse. Un équilibre rendu possible par des congés paternité conséquents (chaque parent a droit à 3 mois de congé paternité et maternité) et une culture de la parité bien ancrée.

10.3 - L'importance des moments partagés et la priorité donnée au bien-être de l'enfant

Pour Anne Thoumieux, cet environnement bienveillant permet aux liens familiaux de s'épanouir en toute sérénité.

Les week-ends à la campagne et les vacances au vert sont autant d'occasions de se retrouver, de partager des moments simples et authentiques. Cueillette de champignons, balades en forêt, jeux au grand air, longues soirées devant la cheminée... Des rituels qui se transmettent de génération en génération, pour le plus grand bonheur de tous.

Car ici, le bien-être de l'enfant est une priorité absolue, ajoute l’auteure du "Livre du lagom". Dès son plus jeune âge, il est placé au cœur d'un système tourné vers son épanouissement. Crèches accessibles, pédagogie positive, activités d'éveil... Tout est pensé pour favoriser son développement harmonieux, dans le respect de ses besoins et de sa personnalité.

10.4 - La philosophie éducative bienveillante au cœur de la parentalité et de la scolarité

Anne Thoumieux explique ensuite que cet art d'être parent à la suédoise se nourrit d'une philosophie éducative résolument bienveillante et tournée vers l'autonomie. Pas de fessée ni de punition, mais une écoute attentive et des encouragements constants. L'enfant est considéré comme une personne à part entière, dont on cultive la confiance et la créativité.

L'école, dans la droite ligne de ces principes, mise sur l'épanouissement plus que sur la performance. Notation tardive, apprentissages ludiques, proximité avec la nature, encouragements, développement de la créativité, jeux en plein air... L'objectif est de former des citoyens libres et responsables, heureux d'apprendre et de grandir.

10.5 - La redéfinition des codes du couple

Cette approche globale du bien-être familial ne serait pas complète sans une redéfinition des codes amoureux, note l’auteure.

Dans la lignée du lagom, les rendez-vous se font "à la cool", autour d'un café et l'addition est partagée. Quant à la vie de couple, elle laisse une large place aux amis, aux enfants et au temps pour soi. Un équilibre subtil, à mi-chemin entre complicité et indépendance.

10.6 – L’enfance suédoise

Ulrika Dezé est la créatrice du concept Yogamini, qui propose des ateliers de yoga pour enfants dans une approche ludique et respectueuse de la nature.

À la fin de ce chapitre du "Livre du lagom", Anne Thoumieux partage son témoignage. Dans celui-ci, elle raconte ce qu’est une enfance à la suédoise. En voici un petit résumé :

L’enfant suédois est au cœur de la vie familiale : à la maison, les tâches sont partagées entre lui/elle et ses parents.

L'école encourage le jeu et les apprentissages sensoriels plutôt que la compétition.

L'éducation est permissive, les punitions corporelles interdites depuis les années 70.

Les familles suédoises vivent dans l'ouverture, sans clôtures ni barrières.

La nature occupe une place centrale, presque sacrée. Les enfants grandissent libres, jouant dehors par tous les temps.

Les conflits sont gérés de manière apaisée, avec l'aide de médiateurs si besoin.

Chapitre 11 – Prêt pour la vie lagom ?

Le dernier chapitre du "Livre du lagom" est court : il met en lumière, sous forme de 10 commandements, les valeurs clés du lagom, tout en invitant à un bilan personnel à travers l'exemple de l'auteure. L'objectif est de susciter une réflexion chez nous, lecteurs, sur nos propres habitudes.

Ainsi, les 10 commandements du lagom énoncés par Anne Thoumieux invitent à cultiver :

L'altruisme,

La gratitude,

Le respect de la nature,

La modération,

Le soin de soi,

Les liens familiaux,

Les plaisirs simples,

L'équilibre travail-vie,

La sobriété

L'humilité.

En somme, le condensé inspirant de cette philosophie de vie qu’est le lagom !

Et entre astuces déjà adoptées et résolutions à prendre, chacun peut faire son "bilan lagom personnel". De petits pas vers un quotidien plus serein et plus conscient, à la suédoise ! termine l’auteure.

Conclusion

Au terme de cette immersion au cœur du lagom, l’auteure du "Livre du lagom" partage avec nous, en guise de conclusion, combien son envie de tester grandeur nature cet art de vivre à la suédoise se fait pressante.

Car vivre le lagom est pour elle, au-delà d'un simple voyage et des frontières scandinaves, une véritable quête d'équilibre et de justesse qui résonne comme un appel universel au bonheur du quotidien, confie-t-elle.

Pour Anne Thoumieux, le "ni trop, ni trop peu" prôné par le lagom s'offre en fait à nous comme une boussole nous indiquant un cap à suivre pour évoluer sereinement dans un monde en perte de repères.

Il ne tient alors plus qu’à nous de l'adopter, pour cultiver la voie du milieu... et du bonheur !

Conclusion de "Le Livre du lagom | L’art suédois du ni trop, ni trop peu" d’Anne Thoumieux

1/ Les 3 grandes idées clés à retenir du livre "Le Livre du lagom" d'Anne Thoumieux

Idée n°1 : Le lagom, une philosophie holistique pour une vie épanouie

La première grande idée du "Livre du lagom" est que le lagom est bien plus qu'un simple précepte prônant la modération.

C'est, selon Anne Thoumieux, une véritable philosophie de vie qui s'est ancrée via les traditions nordiques et qui nous invite à cultiver un art de vivre respectueux de soi, des autres et de l'environnement. Une approche holistique où tout est lié : notre manière de consommer, de nous nourrir, de nous vêtir, de nous loger, de nous divertir et même de travailler.

Idée n°2 : Une quête d'équilibre et d'authenticité, en harmonie avec la nature

Bousculant les diktats de notre société de surconsommation et de gaspillage, le lagom nous appelle aussi à retrouver l'essentiel, les vrais plaisirs de l'existence. En privilégiant le local, le durable, le naturel. En redécouvrant les joies simples d'une randonnée, d'un pique-nique ou d'un feu de cheminée en famille. Bref, en nous reconnectant à ce qui fait sens, dans le respect de notre environnement.

Idée n°3 : La voie du "juste milieu" comme recette du bonheur

Loin des extrêmes de la démesure ou de la privation, le lagom célèbre enfin ce que nous pourrions appeler la "voie du milieu". Ni trop, ni trop peu, mais "ce qu'il faut", suffisamment pour être pleinement satisfait. Une quête d'équilibre permanent, en somme, entre nos besoins et nos désirs.

Au lieu de l'excès "tape à l'œil" ou du manque frustrant, "Le Livre du lagom" prône une modération rassasiante pour goûter aux petits bonheurs du quotidien et atteindre une réelle sérénité.

2/ Ce que cette lecture va vous apporter

"Le Livre du lagom" est une lecture qui va vous immerger dans le mode de vie suédois. Elle vous invite à retrouver l'essentiel, à consommer de façon plus responsable et à apprécier les joies simples et authentiques, loin de l'agitation stressante de notre monde.

Que vous soyez entrepreneurs en quête d'un meilleur équilibre, parents souhaitant transmettre des valeurs responsables à vos enfants, ou simplement citoyens désireux d'allier bien-être et respect de la planète, les préceptes du lagom vous proposent de ralentir, de savourer chaque moment, chaque geste, dans un esprit de pleine conscience et de gratitude.

C'est donc une lecture que je recommande à tous ceux qui aspirent à une autre façon d'aborder la vie, avec plus de plénitude et d'équilibre au quotidien. En somme, "Le Livre du lagom" est un ouvrage inspirant et instructif qui vous aidera à réinventer votre vie dans le respect de vos valeurs personnelles et des enjeux écologiques actuels.

Points forts :

Les illustrations, les photos et la mise en page qui en font une lecture très agréable.

La présentation complète et holistique de cette philosophie suédoise qu'est le "lagom" (tous les aspects du mode de vie sont couverts : consommation, habitat, loisirs, travail, famille, etc.).

Les encarts, témoignages, petites listes et exemples pour illustrer les principes.

Les valeurs du "ni trop ni trop peu" de cet art de vivre équilibré, authentique et respectueux de l'environnement.

Le style d'écriture fluide et bienveillant.

Point faible :

Certains pourront trouver ce mode de vie trop sobre/ minimaliste à leur goût.

Ma note : ★★★★☆

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Le Livre du Hygge http://www.olivier-roland.fr/items/view/12964/Le-Livre-du-Hygge

Résumé de "Le Livre du hygge" de Meik Wiking : cet ouvrage nous invite à découvrir le concept danois qu’est le "hygge", un art de vivre basé sur la convivialité, la simplicité, le partage, la lumière ou encore la chaleur. Il partage des conseils et astuces pour créer cette ambiance cosy qui constituerait pour l’auteur, chercheur à l’Institut de bonheur de Copenhague, la clé du bonheur.

Par Meik Wiking, 2016, 334 pages.

Edition anglaise : "The Little Book of Hygge: The Danish Way to Live Well"

Chronique et résumé de "Le Livre du hygge" de Meik Wiking 

Introduction - Comprendre le concept du hygge

L'auteur, Meik Wiking, chargé d'étudier le bonheur au sein d'un institut de recherche à Copenhague, développe 4 idées dans l’introduction de son "Livre du hygge" :

  1. Le hygge, un concept danois difficile à définir

Meik Wiking explique d’abord que le hygge est un concept difficile à définir précisément.

"Écrire et prononcer "hygge", c’est encore la partie la plus facile. Expliquer exactement ce dont il s’agit, c’est nettement plus compliqué. Le hygge a été défini de tant de manières, depuis "l’art de créer de l’intimité" jusqu’au "réconfort de l’âme", en passant par "l’absence de contrariété", "prendre plaisir à la présence d’objets apaisants", ou encore "être ensemble tranquillement", et mon préféré : "un chocolat chaud à la lueur d’une bougie"."

  1. Le hygge, c'est une ambiance

Ainsi, il s'agit avant tout, indique-t-il, d'un état d'esprit, d'une ambiance, plus que d'éléments matériels : le hygge renvoie, en effet, au fait de se sentir en sécurité, entouré des gens qu'on aime.

"Le hygge parle d’ambiance et d’expérience, plutôt que de choses tangibles : c’est être avec les personnes que l’on aime. Le sentiment d’être à sa place, comme à la maison. La sensation d’être en sécurité, protégé du monde extérieur, et de pouvoir enfin baisser la garde."

Voici un autre extrait du livre particulièrement parlant pour comprendre ce qu’est le hygge :

"Un jour, en décembre, juste avant Noël, je passais un week-end dans un vieux chalet à la montagne, entouré d’amis. Le jour le plus court de l’année se réfléchissait sur la couverture de neige blanche du paysage environnant."

Une fois le soleil couché, vers 16 heures, alors que nous ne le reverrions pas avant dix-sept heures, nous sommes rentrés pour allumer un feu.

"Nous étions tous fatigués après une randonnée, à moitié endormis, assis en demi-cercle autour de la cheminée, emmitouflés dans de gros pulls et des chaussettes en laine. Les seuls bruits audibles étaient le ragoût qui mijotait, les étincelles du feu et les gorgées de vin chaud que l’un d’entre nous avalait.

C’est alors qu’un de mes amis a brisé ce silence.

"Est-ce que ce moment pourrait être encore plus hygge ?" a-t-il demandé, sans attendre de réponse.

– "Oui, a répondu une des filles au bout d’un moment. Si une tempête de neige faisait rage dehors."

Et nous avons tous hoché la tête."

  1. Le lien entre hygge et bonheur

Selon Meik Wiking, le concept de hygge est probablement un ingrédient clé dans le haut niveau de bien-être observé au Danemark, pays qui arrive dans le top 3 du classement des pays les plus heureux du monde.

Il fait remarquer, à ce propos, que les Danois passent beaucoup de temps avec leurs proches et font partie des populations les plus pacifiques sur la planète.

  1. L'intérêt croissant pour le hygge

Enfin, partout dans le monde, on observe un intérêt grandissant pour ce concept typiquement danois, observe l’auteur.

De nombreux journalistes et chercheurs tentent de plus en plus à percer ses secrets. Le hygge inspire de nouveaux commerces et est même enseigné dans certaines universités.

Meik Wiking termine cette introduction en nous informant sur le contenu du "Livre du hygge".

Ainsi, il mentionne vouloir :

Explorer les liens entre le hygge, le bien-être et le bonheur,

Définir plus précisément ce concept,

Partager des clés pour que nous puissions nous-même créer une atmosphère hygge.

Chapitre 1 – La lumière

1.1 - Le hygge instantané : les bougies

Selon "Le Livre du hygge", les bougies sont essentielles pour créer une ambiance hygge.

D’ailleurs, Meik Wiking, l’auteur, nous apprend que 85 % des Danois les associent avant tout au hygge. Et que le Danemark est le plus gros consommateur de bougies en Europe : chaque Danois en brûle 6 kg par an ! Cette consommation augmente par trois durant les mois de décembre avec la fameuse tradition danoise de la "bougie de l'Avent".

"L’ambassadeur américain au Danemark Rufus Gifford a dit un jour, parlant de l’histoire d’amour entre les Danois et les bougies : "Ce n’est pas juste dans le salon, c’est partout. Dans les classes à l’école, dans les salles de réunion. En tant qu’Américain, je ne peux m’empêcher de penser : “Au feu ! Comment est-il possible d’allumer une flamme dans une école ?” Les bougies créent un sentiment de bonheur et de confort"."

Petite mise en garde de l’auteur tout de même : allumer des bougies libère énormément de particules toxiques dans l'air.

1.2 - Les lampes

Au-delà des bougies, les Danois accordent une grande importance à la lumière en général. Le but est de créer une atmosphère chaleureuse, observe Meik Wiking.

À ce propos, l’auteur confie avoir, un jour, "marché deux heures dans Rome avec sa [ma] petite amie de l’époque afin de trouver un restaurant qui ait un éclairage hygge".

Ainsi, les Danois choisissent minutieusement leurs lampes, souvent issues du design danois (comme celles du fameux Poul Henningsen). Ils les placent stratégiquement. La règle est la suivante : plus la température de la lumière est basse, plus elle est propice au hygge.

Pour l’auteur "Livre du hygge", cette obsession danoise pour la lumière vient du manque de luminosité naturelle dans le pays pendant une grande partie de l'année.

1.3 - Trois types de lampes danoises cultes

Dans cette partie du "Livre du hygge", Meik Wiking nous présente trois créateurs de lampes emblématiques au Danemark :

Poul Henningsen qui a consacré sa carrière à apprivoiser la lumière électrique pour qu'elle soit plus douce, avec sa lampe PH.

La famille Klint et ses abat-jours plissés.

Verner Panton et son arche fluorescente diffuse, la VP Globe.

1.4 - Mieux que Photoshop

L'auteur fait ensuite le parallèle entre le goût danois prononcé pour la lumière et celui des photographes. Il explique que la lumière de "l'heure dorée" (golden hour) au lever et coucher du soleil est la plus flatteuse. C'est ce type d'éclairage chaleureux qu'il faut tenter de reproduire à l'intérieur pour un sentiment hygge.

1.5 - Astuce hygge : créer un éclairage hygge

Pour conclure ce premier chapitre du "Livre du hygge", Meik Wiking livre des conseils pour créer facilement une ambiance lumineuse propice au hygge chez soi. Il suggère notamment d’utiliser des bougies en prenant garde à l'aération. Ou des petites lampes d'appoint disséminées en formant comme des "puits de lumière".

Chapitre 2 – Et si on parlait du hygge

2.1 - Le syndrome de la Tourette

Weik Wiking se permet ici une touche d’humour. Il explique, en effet, que les Danois utilisent tellement les mots "hygge" et "hyggelig" dans leur langage quotidien, pour qualifier à peu près tout, qu'ils donnent l'impression aux étrangers de souffrir d'une forme de syndrome de Gilles de la Tourette !

Il ajoute également que le hygge sert d'instrument de mesure à la plupart des événements sociaux au Danemark et qu'il sert aussi d’argument de vente pour les cafés et restaurants.

2.2 - Qu'y a-t-il dans un nom ?

Dans cette partie du "Livre du hygge", l'auteur explique réfuter l'idée que le hygge soit intraduisible et purement danois.

En effet, d'autres cultures, assure-t-il, ont des concepts similaires.

L'auteur passe ici en revue divers termes étrangers qui se rapprochent du hygge : le "gezelligheid"  plus social des Néerlandais, le "koselig" norvégien associé à la chaleur et l'intimité, le "Gemütlichkeit" allemand lié à la bière et aux rassemblements ou encore le "hominess" au Canada.

Cependant, admet-il, seuls les Danois l'utilisent comme verbe et lui accordent une telle importance dans leur identité nationale.

2.3 - Du hygge pour tout le monde

Pour Meik Wiking, ces différents concepts retrouvés dans d'autres cultures prouvent que le hygge n'est pas l'apanage des Danois. S'il prend des formes variées selon les communautés, le sentiment de réconfort et de convivialité qu'il véhicule est universel.

L’auteur du "Livre du hygge" observe d’ailleurs que les pays où ce type de concept est très intégré, comme le Danemark et les Pays-Bas, figurent parmi les plus heureux au monde, note l’auteur.

Deux encarts sont ici consacrés aux expressions danoises et dans le monde autour de ce concept.

2.4 - D'où vient le mot hygge ?

Le mot "hygge" tire son origine du norvégien, où il signifiait à l'époque "bien-être", indique Meik Wiking.

Cette partie du "Livre du hygge" décrit les liens étymologiques du mot "hygge" avec différents termes évoquant le réconfort, les câlins, la considération.

2.5 - Une conversation mondiale autour du hygge

L'auteur Meik Wiking termine le chapitre 2 de son ouvrage "Le Livre du hygge" en constatant que le hygge suscite aujourd'hui un intérêt grandissant à travers le monde. En témoigne, en effet, un foisonnement d'articles, d'ouvrages, de commerces et de formations liés à ce concept.

Chapitre 3 – Être ensemble

3.1 - Comme un câlin sans se toucher

Pour Meik Wiking, le meilleur moment de ses vacances au ski reste, plus que la descente, celui où tout le monde se retrouve autour d'un café sur le balcon du chalet, fatigués mais heureux.

Cette scène que l’auteur nous décrit illustre l'importance des relations sociales pour le bonheur au Danemark. Constat, souligne-t-il, confirmé par de nombreuses études. Sans surprise, le hygge s’inscrit dans cette valeur si chère aux danois : il permet de recréer ce sentiment de plénitude d'être ensemble.

"Quand je fais des conférences autour de la recherche sur le bonheur, je demande toujours aux auditeurs de fermer les yeux et de repenser à la dernière fois où ils se sont sentis vraiment heureux. […]. Lorsque je leur demande de lever la  main pour dire si, dans leur souvenir, ils étaient entourés d’autres personnes, en général neuf sur dix le font."

3.2 - Qu'est-ce que l'amour a à voir là-dedans ? Une question d’ocytocine

Meik Wiking met ici en évidence que les interactions sociales, lors d'un moment hygge, libèrent de l'ocytocine, hormone du bonheur et de l'attachement qui renforce les liens.

En ce sens, le hygge procure amour, chaleur et sécurité : les 3 ingrédients de base de cette neurohormone.

3.3 - Heureux ensemble

L’auteur expose ici de nombreuses études qui ont démontré l’idée que : plus on est satisfait de ses relations sociales, plus on a tendance à se dire heureux dans l'ensemble.

À ce sujet, il écrit :

"Être avec d’autres personnes est un élément clé du hygge, mais en tant que chercheur sur la question du bonheur, je peux aussi affirmer que ces liens sociaux sont probablement l’ingrédient le plus important du bonheur. Il est largement admis parmi les scientifiques et chercheurs qui étudient la question que les relations sociales sont essentielles au bonheur."

Puis, il poursuit :

"Selon le Rapport mondial sur le bonheur commandé par les Nations unies : "Si un niveau de vie minimum est essentiel au bonheur, une fois que ces besoins de base sont comblés, le bonheur varie davantage selon la qualité des relations humaines que selon le revenu"."

Alors, bien sûr, toutes ces recherches ne nous apprennent rien de vraiment surprenant. Toutefois, elles procurent des chiffres, des données et des preuves. Et ces conclusions utiles, "nous pouvons et devons les utiliser pour modeler nos décisions politiques, nos sociétés et nos vies" soutient l’auteur.

3.4 – Le besoin d’appartenance

Meik Wiking parle aussi ici de "l’hypothèse de l’appartenance". Celle-ci entend que "nous avons tous le besoin fondamental de nous sentir liés les uns aux autres".

La preuve en est que :

"Les êtres humains, où qu’ils soient dans le monde, naissent avec la capacité et l’envie de créer des relations solides, qu’ils sont réticents à couper des liens tissés, et que les couples mariés ou les personnes en cohabitation vivent plus longtemps que les personnes seules (bien que ce soit en partie également lié à un système immunitaire plus fort)."

L’auteur du "Livre du hygge" précise que :

"Les relations sociales les plus importantes sont les relations avec des proches, qui permettent de vivre des choses ensemble, de se sentir compris, de partager des pensées et sentiments, et de donner et recevoir du soutien. En un mot : hygge."

Par conséquent, le hygge, basé sur le partage et la connivence en petit comité, répond à ce besoin fondamental d'appartenance. Et c’est peut-être pour cette raison que les Danois ont une préférence pour des groupes restreints (4 personnes en moyenne).

3.5 - Le côté obscur du hygge

Si le hygge solidifie les liens au sein d'un groupe soudé, le revers de la médaille, confie Meik Wiking, est qu'il est très difficile pour un étranger de s'intégrer dans ces cercles sociaux déjà établis.

Mais :

"La bonne nouvelle, comme dit mon ami Jon : "Une fois que t’es dedans, t’es dedans". Une fois que vous avez fait votre place, vous pouvez être sûr que ces relations dureront toute la vie."

3.6 - Hygge : des relations sociales pour les introvertis

L’auteur termine le chapitre 3 du "Livre du hygge" en partageant une anecdote : un jour, une étudiante américaine lui a fait remarquer que le hygge était un cadeau pour les introvertis, car il était une façon d'avoir une vie sociale sans épuisement.

"Ce qu’elle voulait dire, c’est qu’aux États-Unis, elle avait l’habitude de participer à des événements avec beaucoup de monde, beaucoup de réseautage rapide, d’enthousiasme mondain. En gros, elle vivait au royaume des extravertis. Au Danemark, elle a découvert que la façon dont les activités sociales étaient organisées lui correspondait bien plus […] C’était une façon d’avoir une vie sociale sans peine."

En effet, les petits groupes et les conversations détendues du hygge conviennent bien mieux aux introvertis que les grands événements mondains.

"Le hygge est un moyen de fréquenter les autres qui convient aux introvertis : ils peuvent passer une soirée détendue, à l’aise avec quelques amis, sans devoir inclure un grand nombre de convives ni beaucoup d’activités. Un introverti préférera peut-être rester à la maison plutôt que de se rendre à une grande fête d’anniversaire où sont invités beaucoup d’inconnus, et le hygge offre une solution intermédiaire entre voir du monde et se relaxer. Il permet à deux mondes de cohabiter."

3.7  - Astuce hygge : comment se fabriquer des souvenirs

Meik Wiking nous suggère de lancer une nouvelle tradition avec nos proches. Cela peut être une soirée "jeux de société" mensuelle ou une célébration annuelle du solstice d'été au bord de la mer. Ces moments, choisis autour d’une activité significative pour nous, soudent nos liens tout en créant des souvenirs précieux qui se perpétueront au fil des ans.

Chapitre 4 – Manger et boire

4.1 - Vous êtes ce que vous mangez

Le chapitre 4 du "Livre du hygge" commence par expliquer que l'alimentation typiquement danoise, riche en viande, sucreries et café, est intrinsèquement liée au hygge. Et que faire plaisir à ses papilles, se réconforter, partager un bol de pop-corn, sont autant d'éléments hyggelig.

4.2 - Vivons ensemble dans le péché

Les Danois sont de gros consommateurs de bonbons, qu'ils associent beaucoup au hygge, signale l’auteur.

Il relate une anecdote amusante à ce propos :

"Il y a deux ans, je rendais visite à un ami et à sa famille. Sa fille avait alors quatre ans et, pendant le dîner, elle s’est tournée vers moi et m’a demandé :

"C’est quoi, ton travail ?"

"J’essaie de découvrir ce qui rend les gens heureux", ai-je répondu.

Elle a haussé les épaules : "C’est facile, ça. Les bonbons."

Quand on parle de bonheur, je ne suis pas sûr que la réponse soit aussi simple, mais je pense qu’elle a mis le doigt sur un élément du hygge."

4.3 - Les pâtisseries

Il en va de même pour les gâteaux, omniprésents dans les bureaux et salons de thé danois.

Des figures comme le "gâteaumann", bonhomme en pain d'épice des anniversaires, ou des pâtisseries typiques comme le "kringle" sont également très hyggelig.

"Kringle est une pâtisserie danoise traditionnelle, et bon signifie facture. Le principe du bon-kringle est le suivant : lorsque vous avez acheté des gâteaux ou pâtisseries pour un montant de 1 000 couronnes (environ 130 euros) chez le pâtissier du coin, si vous lui présentez les factures, il vous offre un kringle gratuit. C’est un peu comme la carte de fidélité de la pâtisserie, mais sans la carte."

En fait, plus c’est rustique, plus c’est hygge. De même, plus c’est "fait maison", plus c’est hygge.

D’ailleurs :

"Se salir les mains pour pâtisser à la maison est une activité hyggelig que vous pouvez pratiquer seul, ou bien avec des amis ou de la famille. Peu de choses contribuent autant au hygge que l’odeur de gâteaux qui sortent du four."

4.4 - Les boissons chaudes

86 % des Danois lient les boissons chaudes au hygge. Le pays fait partie des plus gros buveurs de café au monde. Un "kaffehygge", ou café hygge, est toujours apprécié. Le thé, le chocolat et le vin chaud participent aussi à l'atmosphère hygge.

4.5 - Accro au hygge ?

L'auteur du "Livre du hygge" montre ici, recherches à l'appui, que notre attirance pour le sucré est liée à la libération de dopamine, l'hormone du plaisir, et à notre instinct de survie.

Si le hygge invite certes à la gourmandise et au réconfort, Meik Wiking souligne que le concept nous invite à nous faire plaisir avec modération à ce niveau-là.

4.6 - Le cousin rondouillard des plats mijotés

Plus un plat demande du temps à préparer, plus il sera hyggelig, annonce Meik Wiking.

Ainsi, cuisiner un ragoût qui mijote des heures est l'archétype de l'activité hygge car on prend plaisir au processus lent.

Pour terminer le quatrième chapitre du "Livre du Hygge", plusieurs recettes traditionnelles danoises sont proposées. Nous retrouvons, par exemple, parmi celles-ci : le plat de marin "skipperlabskovs" ou encore le vin chaud "gløgg" de Noël.

4.7 - Astuce hygge : mettre en place un atelier de cuisine

Meik Wiking raconte avoir créé, il y a quelques années, un atelier de cuisine entre amis dans le but de les voir régulièrement.

Lors de ces soirées, chacun apporte des ingrédients sur un thème défini et tous cuisinent ensemble dans une ambiance détendue et égalitaire, propice au hygge. Même si le résultat n’est pas toujours à la hauteur, plaisante l’auteur, cette activité très hyggelig n’a fait que renforcer leurs liens au fil du temps.

Chapitre 5 – S’habiller

5.1 - Décontracté, c’est la clé

Dans le chapitre 5 du "Livre du hygge", Meik Wiking nous parle du style vestimentaire danois. Celui-ci se veut décontracté, minimaliste, élégant mais peu varié. Il s'inscrit entre "hygge" et "design fonctionnel" informe-t-il. Par ailleurs, les Danois privilégient les superpositions de lainages ou encore les écharpes épaisses, nous dit-il.

5.2 - Comment s'habiller comme un Danois

Quelques conseils sont ensuite partagés pour adopter le look danois "hygge".

En voici quelques-uns :

Portez une écharpe : la règle d’or étant que "plus elle est épaisse, mieux c’est.

Misez sur les teintes sombres comme le noir,

Optez pour des matières épaisses et chaudes en hiver,

Utilisez le principe des couches pour s'adapter à tous les temps,

Arborez une coupe de cheveux décontractée.

5.3 - Le pull à la Sarah Lund

L'auteur clôt le cinquième chapitre du "Livre du hygge" en évoquant le célèbre pull en laine porté par le personnage de Sarah Lund dans la série "The Killing". Celui-ci, indique-t-il, est devenu extrêmement populaire auprès des Danois et symbole d'une mode à la fois tendance et hyper-décontractée.

5.4 - Astuce hygge : comment acheter

Meik Wiking nous invite ici à associer ses achats à des moments importants de notre vie.

Il raconte avoir lui-même attendu la publication de son premier livre pour s'offrir une chaise. Cette chaise qui lui rappelle aujourd’hui cet accomplissement. De même, il nous suggère d'acquérir un vêtement à un moment hyggelig : ainsi, nous nous en souviendrons plus tard, à chaque fois que nous le porterons.

Chapitre 6 – À la maison

6.1 - Le quartier général du hygge

Selon Meik Wiking, le foyer est le cœur du hygge pour les Danois. Ils passent, en effet, plus de temps chez eux qu'à l'extérieur. Ils accordent beaucoup d'importance à la décoration intérieure, d'où le succès de ces séries danoises montrant de superbes intérieurs.

Les Danois disposent de l'espace de vie par habitant le plus grand d'Europe.

L'auteur illustre aussi leur obsession du design à travers l'anecdote du "Vasegate" : le 25 août 2014, plus de 16 000 Danois ont tenté d'acheter en ligne un vase Kähler en édition limitée, créant une rupture de stock immédiate et une hystérie collective pour un simple vase aux rayures cuivrées de 20 cm de haut.

6.2 - La liste de souhaits hygge : 10 choses pour rendre votre maison plus hyggelig

L'auteur propose 10 conseils pour créer un intérieur propice au hygge. Les voici résumés :

Aménagez un "hyggekrog", petit coin douillet pour lire ou se détendre.

Installez une cheminée au cœur de votre intérieur, pour vous y reposer tranquillement devant, ressentir la chaleur et le confort et passer du temps convivial avec vos proches.

Disposez des bougies un peu partout.

Intégrez des objets en bois évoquant la nature.

Faire entrer les éléments naturels via peaux, branchages, etc.

Créez-vous une bibliothèque pleine d’étagères de livres bien épais.

Ajoutez de la vaisselle et des poteries.

Jouez sur les matières et les textures.

Chinez du mobilier vintage.

Multipliez couvertures douillettes et coussins moelleux.

6.3 - Le kit de secours hygge : les indispensables

Enfin, Meik Wiking termine le chapitre 4 du "Livre du hygge" en proposant 14 éléments à toujours avoir sous la main pour plonger instantanément dans une ambiance hygge.

"Vous pouvez vous préparer un kit de secours hygge à mettre de côté pour les soirs où vous êtes fatigué, n'avez rien de prévu et avez envie de rester tranquillement à la maison pour profiter d'un peu de temps pour vous. Faites-vous une boîte, un placard ou une valise remplie des indispensables du hygge."

À savoir :

Des bougies,

Du bon chocolat,

Notre thé préféré,

Un livre qu’on aime,

Un film ou une série qu’on adore regarder,

De la confiture,

Des chaussettes en laine,

D’anciennes lettres manuscrites que nous affectionnons,

Un pull chaud,

Un joli carnet,

Une belle couverture,

De la musique,

Un album photo,

Du papier et un stylo.

Chapitre 7 – Le hygge en dehors du foyer

7.1 - En pleine nature

Bien que la maison soit le cœur du hygge, il est tout à fait possible de vivre des moments hyggelig à l'extérieur, stipule Meik Wiking. Et ce le sera d’autant plus dans des lieux comme les chalets ou au contact de la nature.

Certains facteurs y favorisent le hygge, ajoute l’auteur :

La bonne compagnie,

La décontraction,

La proximité de la nature,

Le fait d'être pleinement dans l'instant présent.

"Le hygge est rempli de cette forte présence et de cet investissement dans l’expérience du moment présent et dans le plaisir qu’il procure" écrit l'auteur du "Livre du hygge".

En effet, passer du temps avec d'autres dans un cadre informel, se relaxer sans chichis, savourer la simplicité d'un paysage naturel, et se connecter au moment présent sont des leviers puissants pour faire naître le hygge, assure ici l’auteur.

Aussi, qu'il s'agisse d'un dîner au coin du feu lors d'un camping ou d'un coucher de soleil sur le pont d'un voilier, les expériences hyggelig ont pour point commun d'être vécues pleinement, sans distraction.

7.2 - Être dans l'instant présent

Ce passage du "Livre du hygge" reflète bien ce que peut être le hygge en dehors de la maison :

"Mes plus beaux souvenirs d’enfance tournent autour de ce petit chalet d’été que ma famille possédait à seulement dix kilomètres de la ville, et où nous restions de mai à septembre. À cette période de l’année, quand même la nuit ne connaît pas l’obscurité, mon frère et moi profitions de ces journées d’été sans fin.

Nous grimpions dans les arbres, attrapions des poissons, jouions au football, faisions du vélo, explorions des tunnels, dormions dans des cabanes dans les arbres, nous cachions sous les bateaux sur la plage, construisions des barrages et des châteaux forts, tirions à l’arc, et partions en forêt chercher des baies et l’or caché des nazis."

Meik Wiking poursuit :

"Le chalet ne faisait que le tiers de la surface de notre maison en ville, les meubles étaient vieillots, la télé en noir et blanc avait un écran 35 cm et une antenne assez capricieuse. Mais c’est bien là que nous vivions le plus de hygge. À bien des égards, j’ai connu alors mes moments les plus heureux, et les plus hyggelige. C’est sans doute parce que, de façon générale, le chalet comprenait tous les facteurs du hygge : les odeurs, les bruits et la simplicité.

Quand on habite dans un chalet, on est plus proche de la nature et de l’autre. Un chalet oblige à vivre plus simplement et plus lentement. À sortir. À être ensemble. À profiter de l’instant présent."

7.3 - Le hygge pendant les heures de travail

Les Danois estiment que le hygge a aussi sa place au bureau.

"Le Livre du hygge" partage alors quelques conseils pour introduire plus de hygge au travail.

Par exemple : multipliez les pauses gâteaux, favorisez un environnement décontracté plutôt que formel, apportez des bougies, installez des canapés pour lire ou tenir des réunions informelles. L’auteur lui-même préfère mener ses interviews installé confortablement dans un canapé plutôt qu'assis de façon guindée de part et d'autre d'une table, confie-t-il.

Chapitre 8 – Du hygge toute l’année

Dans le chapitre 8 de son ouvrage "Le Livre du hygge", Meik Wiking explique que même si le hygge est surtout associé à Noël au Danemark, il est, en fait, possible de cultiver cette atmosphère conviviale tout au long de l'année.

Voici quelques-unes des suggestions qu’il conseille pour cela :

Janvier : proposer une soirée cinéma à la maison entre amis, chacun apportant à grignoter.

Février : partir au ski en groupe et profiter de moments de détente hyggelig ensemble au chalet.

Mars : préparer nos futures vacances en explorant le pays de destination choisi (cuisine, musique, langue...).

Avril : faire une randonnée avec nuit à la belle étoile et repas au coin du feu.

Mai : initier la saison des barbecues hyggelig en se concoctant un week-end à la campagne.

Juin : cueillir des fleurs de sureau pour en faire une limonade parfumée rappelant l'été, et célébrer la Saint-Jean.

Juillet : organiser un grand pique-nique estival avec voisins et amis.

Août : observer la pluie de météores des Perséides, couché dans l'herbe.

Septembre : ramasser des champignons en forêt en famille ou entre amis (accompagné d'un expert si besoin pour éviter tout risque d'intoxication).

Octobre : cueillir des châtaignes avec les enfants pour fabriquer des figurines, ou les déguster grillées, accompagnées de mandarines et d'un bon livre.

Novembre : organiser un concours de soupes entre amis ou en famille, chacun apportant des ingrédients pour concocter une soupe originale que tous pourront goûter.

Décembre : préparer du gløgg (vin chaud épicé) et des æbleskiver (petites crêpes en forme de chou) pour un après-midi ou une soirée hyggelig avec ses proches.

Chapitre 9 – Le hygge sans se ruiner

9.1 – Les meilleures choses dans la vie sont gratuites

Le chapitre 9 du "Livre du hygge" rappelle que le hygge est fait de choses simples, modestes et peu coûteuses. Les expériences de luxe comme le champagne et les huîtres, par exemple, sont à l'opposé de cet esprit.

"Le hygge est humble et lent. C’est choisir le rustique au lieu du neuf, le simple au lieu du raffiné, et l’ambiance plutôt que l’excitation. De manière générale, le hygge est la version danoise d’un mode de vie lent et simple. Le hygge, c’est regarder Le Seigneur des Anneaux en pyjama la veille de Noël, c’est s’asseoir sur le rebord de la fenêtre et regarder le ciel dehors, en savourant une tasse de son thé préféré, c’est regarder le feu de joie d’un solstice d’été, entouré de ses amis et sa famille, pendant que votre baguette enroulée cuit lentement."

Meik Wiking explique aussi, études à l'appui, que le bonheur dépend plus de la qualité des relations sociales que du niveau de revenus. De même, le hygge repose sur le partage d'un moment de bien-être, non sur l'argent dépensé.

L'auteur cite ensuite un poème danois sur notre capacité à apprécier les plaisirs simples de l'existence. Cet état d'esprit correspond, selon lui, à la philosophie du hygge.

9.2 – Dix activités "hygge" avec un petit budget

Meik Wiking propose enfin 10 activités permettant de cultiver une atmosphère hygge avec un petit budget :

Jouer à des jeux de société.

Faire une petite fête en cuisine.

Organiser des soirées télé entre amis.

Créer une mini-bibliothèque dans son immeuble ou son quartier.

Jouer à la pétanque.

Faire un feu de camp.

Aller à des séances de cinéma en plein air.

Organiser une fête de troc d'objets.

Faire de la luge.

Jouer pour le simple plaisir de jouer.

L'auteur conclut qu'oublier un peu le sérieux de l'âge adulte pour retrouver son âme d'enfant est une des clés du hygge.

Chapitre 10 – Visite guidée "Hygge de Copenhague"

Dans ce chapitre du "Livre du hygge", Meik Wiking propose quelques lieux emblématiques de Copenhague pour vivre l'esprit hygge lors d'un séjour dans la capitale danoise.

Il suggère notamment de flâner dans le quartier pittoresque de Nyhavn, de s'offrir des douceurs dans la plus ancienne pâtisserie du pays "La Glace", ou encore d'arpenter les allées du parc Tivoli sous les lumières de Noël.

Faire une balade en barque dans les canaux de Christianshavn, déambuler dans les ruelles historiques telles que Gråbrødre Torv ou Værnedamsvej, et déguster des tartines à la danoise dans un restaurant typique sont quelques-unes des autres expériences hyggelig proposées.

Ainsi, en suivant ce mini-guide, le visiteur pourra facilement découvrir certains des endroits les plus propices pour saisir l'esprit du hygge à Copenhague.

Chapitre 11 – Noël

11.1 – Noël, la période la plus hyggelig de l’année

La période de Noël est considérée par les Danois comme la plus propice pour cultiver l'atmosphère hygge, souligne Meik Wiking. Ils utilisent d'ailleurs, pour en parler, un mot composé spécifique : le "julehygge", qui veut dire "hygge de Noël". Pour eux, si le hygge n'est pas au rendez-vous à Noël, la fête est ruinée !

11.2 - La famille et les amis

L’auteur du "Livre du hygge" explique ensuite que réunir ses proches pour partager un moment privilégié est la base d'un Noël réussi. C’est le cas aussi ailleurs, indique-t-il, mais seuls les Danois diront "c'est hyggelig !" pour savourer pleinement cet instant.

11.3 - Les traditions

Ensuite, Meik Wiking partage certains rituels typiques et selon lui, indispensables au hygge de Noël. Il évoque alors la préparation de plats traditionnels danois très caloriques dont l’élément principal est la viande (rôti de porc ou canard).

Il décrit aussi ce qu’est le "délicieux risalamande", un dessert de crème fouettée et de riz cuit, recouvert d’amandes effilées et de coulis de cerises chaud. Servi dans un grand saladier, on y dissimule une amande entière :  

"Celui qui la trouve dans son bol gagne un cadeau […] Le but pour celui qui a trouvé l’amande est de la cacher et de nier l’avoir trouvée afin de tromper les autres et de les pousser à manger tout le contenu de leur bol : cela se transforme en un championnat de dégustation un peu tordu."

11.4 - Les décorations

"Aucun Noël hyggelig n’est vraiment complet sans ses décorations" fait remarquer l’auteur.

Il s’agit d’un riche décor intégrant, entre autres, les fameuses figurines de nisse (elfe ou gnome) et "cœurs tressés" en papier brillant.

Mais aussi, bien entendu, des bougies…

Une version spécifiquement danoise de la bougie de Noël est la bougie de l’Avent :

"Décorée comme une toise murale avec les dates allant du 1er au 24 décembre, de haut en bas. Chaque jour, le bout de bougie correspondant à la journée est brûlé et fond. Néanmoins, personne n’allume ce calendrier tout seul. On fait plutôt cela soit le matin, à l’heure où les parents essaient désespérément de préparer tout le monde pour l’école et le travail, soit le soir, quand la nuit s’est installée et que toute la famille est attablée pour le dîner. Cette lumière en forme de calendrier est littéralement le centre de la famille. Naturellement, tout le monde se rassemble autour d’elle, le temps qu’elle brûle. Et puis, elle nourrit l’obsession danoise du compte à rebours jusqu’à Noël."

11.5 - Le compte à rebours jusqu'au hygge

Cette partie du "Livre du hygge" nous fait ensuite découvrir différents objets qui ponctuent l'attente fébrile de Noël et entretiennent le hygge : la bougie de l’Avent, le calendrier de l'Avent, les petites cases à ouvrir chaque jour ou encore des programmes télévisés rituels pour enfants (qui proposent une activité hyggelig chaque jour ou une petite histoire de Noël).

11.6 – Les préparatifs pour mieux profiter du hygge à Noël

Paradoxalement, confie l’auteur, tous les préparatifs plutôt stressants d’avant Noël sont nécessaires. Car grâce à eux, nous pourrons, ensuite, mieux savourer l'atmosphère apaisée du hygge, poursuit Meik Wiking.

Aussi, pour les adeptes du hygge, Noël doit permettre de faire une pause dans les tracas du quotidien. L'esprit se veut alors resté égalitaire, sans démonstration de pouvoir.

Enfin, l'auteur termine ce chapitre du "Livre du hygge" en partageant :

La recette d’une douceur traditionnellement consommée à Noël au Danemark : les "æbleskiver", sorte de crêpes.

Un tuto pour fabriquer les "cœurs tressés" en papiers décoratifs pliés, une coutume devenue populaire notamment parce qu’elle participe à la motricité fine des enfants.

Chapitre 12 – Le hygge estival

Au chapitre 12, l'auteur du "Livre du hygge" décrit comment le hygge a aussi sa place en été. Certes sans cheminée ni plaid. Mais il prend alors d'autres formes tout aussi conviviales et simples.

Voici 5 idées partagées par l’auteur du "Livre du hygge" :

Le verger : une cueillette de fruits entre amis fait partie des activités "hyggelig" par excellence. On peut ensuite transformer ses récoltes en confitures ou autres préparations.

Le barbecue avec ses proches : réunir sa famille et/ou ses amis autour de grillades est un classique estival, propice au partage d'instant précieux.

Les jardins partagés : s'occuper d'un potager collectif permet de se rassembler avec des voisins dans une ambiance villageoise au cœur de la ville. C'est à la fois hyggelig et créateur de lien social.

Les pique-niques sur la plage : partir en balade à la mer avec un panier garni de victuailles est une façon simple et agréable de passer du temps de qualité ensemble.

Les balades en vélo cargo : se promener en ville sur un vélo équipé d'une remorque, entre amis ou en couple, rend n'importe quelle virée ludique avec son lot de moments privilégiés.

L'auteur termine en abordant les bienfaits du vélo sur le bonheur et le bien-être collectif. Il présente différentes études montrant que l'usage du deux-roues pour les trajets quotidiens est bon pour la santé et favorise le lien social.

Chapitre 13 – Les 5 dimensions du hygge

Dans l’avant-dernier chapitre du "Livre du hygge", Meik Wiking  explore le hygge à travers nos sens. 

Le goût du hygge 

Les saveurs associées au hygge sont familières, douces et réconfortantes : miel, chocolat, crème, vin... En fait, tout ingrédient accentuant le côté douillet d'un plat ou d'une boisson les rend plus hyggelig.

Le son du hygge

Le crépitement d'un feu de cheminée est probablement le son le plus typique du hygge. Plus largement, les bruits apaisants d'un environnement sécurisant en sont la bande originale : bruissement du vent et de la pluie, craquement du plancher...

L'odeur du hygge

Les senteurs rappelant la sécurité et le réconfort, souvent teintées de nostalgie, sont propices au hygge. Elles invitent, en effet, à lâcher prise, souffle l’auteur. Et chacun y associera ses propres expériences personnelles.

Les sensations tactiles du hygge

Toucher du bois, de la laine, de la céramique... est plus hyggelig que le contact avec des matières modernes comme l'acier ou le verre. De même, les petits objets artisanaux ont plus de potentiel hygge que des créations industrielles, poursuit Meik Wiking.

 Voir le hygge

Visuellement, le hygge s'incarne dans des mouvements lents, des lumières tamisées, des couleurs naturelles. Toute silhouette trop graphique ou aseptisée lui est étrangère.

Le sixième sens du hygge

Au-delà des sens, le hygge se ressent dans la confiance et le bien-être procurés par un moment. L'auteur conclut qu'au fond, il s'apparente au bonheur.

Chapitre 14 – Le hygge et le bonheur

14.1 - Les heureux Danois

Dans ce dernier chapitre du "Livre du hygge", Meik Wiking rappelle que le Danemark arrive systématiquement dans les premiers des classements internationaux sur le bonheur.

Il expose alors les raisons pour lesquelles le pays se situe au premier rang : l'État providence qui réduit les sources de stress, un bon équilibre vie privée/vie professionnelle, la confiance interpersonnelle...

Mais il souligne qu’en encourageant le bien-être au quotidien, le hygge jouerait aussi un rôle non négligeable dans ce phénomène.

Et ce, grâce à au moins 3 constats…

14.2  - Le hygge est facteur de tissu social 

De nombreuses études placent la qualité des relations sociales comme premier facteur de bonheur. Or, la culture du hygge pousse les Danois à accorder beaucoup de temps à leurs proches pour tisser des liens solides.

14.3 - L’appréciation et gratitude sont des éléments piliers du hygge 

Le hygge apprend à savourer l'instant présent et les plaisirs simples.

Or, la recherche montre que la gratitude envers ces petits plaisirs de l'existence accroît le bien-être. De plus, se remémorer des moments hyggelig génère de la nostalgie positive, soutient l’auteur.

14.4 - Le hygge favorise le bonheur au quotidien 

Meik Wiking nous parle ensuite de son travail. Il se questionne et évoque le scepticisme de certaines personnes à l’idée qu’on puisse mesurer le bonheur.

Au cours de cette réflexion, il distingue trois dimensions du bonheur qui s’entremêlent :

La satisfaction qu’on a de la vie d’une façon générale,

La dimension affective ou hédonique : autrement dit, les émotions positives que l’on ressent au quotidien,

Le sentiment que notre existence a un sens.

Selon l’auteur, le hygge stimulerait surtout la deuxième : ainsi, en permettant de goûter le bien-être au quotidien, il devient un moteur durable de bonheur.

Il écrit :

"En faisant des recherches pour écrire ce livre, je me suis aperçu que le hygge peut devenir un moteur du bonheur dans la vie quotidienne. Le hygge nous donne les mots, l’objectif et les méthodes pour prévoir et préserver le bonheur – et pour en vivre un peu chaque jour. Le hygge est peut-être ce qui se rapproche le plus du bonheur quand nous rentrons à la maison après une longue journée de travail, un jour pluvieux de janvier."

Et, soyons-en bien conscients, c’est là que la plus grande partie de nos vies se joue. Pas les jours pluvieux de janvier, non, mais chaque jour. Une fois par an – ou plus, si nous avons de la chance – nous pouvons nous retrouver sur une plage dans un pays exotique, et nous pourrions tout à fait éprouver hygge et bonheur dans ces contrées lointaines. Mais le hygge, c’est tirer le meilleur de ce que nous avons en abondance : le quotidien. C’est peut-être Benjamin Franklin qui en parle le mieux : "Le bonheur n’est pas tant le produit des grands coups de bonne fortune qui arrivent rarement, que celui des petits avantages et plaisirs qui ont lieu tous les jours"."

Conclusion de "Le Livre du hygge" de Meik Wiking 

Les idées clés du "Livre du hygge" de Meik Wiking

Au fil des chapitres de son ouvrage "Le Livre du hygge", Meik Wiking a exploré les multiples facettes du concept danois du "hygge" et nous a livré de précieux conseils pour l'intégrer dans notre quotidien.

Voici les 3 idées clés à retenir :

Le hygge est une atmosphère chaleureuse propice au bien-être

Le hygge se définit avant tout comme une ambiance, un état d'esprit tourné vers la convivialité, le partage et la douceur de vivre. Il s'agit de créer un cocon de bien-être où l'on se sent en sécurité, entouré de ses proches.

Le hygge fait appel à tous nos sens : la lumière tamisée des bougies, le crépitement du feu de cheminée, le goût réconfortant d'un plat mijoté, l'odeur de gâteau qui embaume la maison, la sensation d'un plaid douillet.

Le hygge comme art de vivre au quotidien, facteur de bonheur durable

Plus qu'un simple concept, le hygge est un véritable art de vivre qui encourage à prendre le temps d'apprécier les petits plaisirs du quotidien. Partager un moment de qualité avec ses proches, savourer sa tasse de thé au coin du feu, se promener dans la nature, cuisiner un gâteau...

Le hygge nous invite aussi à cultiver la gratitude et la pleine conscience. D'ailleurs, Meik Wiking explique que cette capacité à ressentir du bien-être dans les gestes simples de tous les jours serait l'une des clés du bonheur durable des Danois.

Le hygge, un état d'esprit à adopter tout au long de l'année

Si le hygge est souvent associé à l'hiver et aux fêtes de Noël, Meik Wiking souligne qu'il peut se vivre à chaque saison. Cueillette de fruits entre amis, dîner au coin du feu lors d'un camping, séance de cinéma en plein air, atelier cuisine... L'auteur multiplie les suggestions d'activités accessibles pour insuffler une dose de hygge chaque mois. Le secret ? Favoriser les plaisirs simples, le partage et la convivialité.

Que vous apportera la lecture "Le Livre du hygge" de Meik Wiking ?

En refermant "Le Livre du hygge", vous aurez toutes les clés en main pour développer votre propre art de vivre "hygge".

Grâce aux conseils de Meik Wiking, vous saurez comment créer une atmosphère chaleureuse et réconfortante chez vous. Vous aurez aussi plein d'idées d'activités propices aux liens et à la déconnexion. Surtout, vous réaliserez que le bonheur se niche dans une multitude de petits gestes simples à portée de tous.

Le "Livre du hygge" est un livre que je recommande à ceux et celles qui sont en quête d’inspiration pour adopter un mode de vie plus serein, convivial et porteur de sens. Agréablement illustré d’images et de dessins hygge, cette lecture est une véritable bouffée de douceur et de bien-être. Nul doute qu'il vous donnera envie d'allumer quelques bougies, de servir une tasse de thé fumante et de prendre le temps d'un moment "hygge"...

Points forts :

C'est un beau livre, joliment illustré.

Un concept très inspirant pour développer son bien-être au quotidien.

Les conseils pratiques et accessibles pour créer une atmosphère "hygge".

De nombreuses anecdotes agréables à lire.

Point faible :

Certains conseils pourraient paraître évidents ou superficiels pour certains lecteurs.

Ma note :

★★★★★

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Mon, 07 Oct 2024 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12964/Le-Livre-du-Hygge
Marc Aurèle, Sénèque et Platon : 3 œuvres de philosophie antique plus modernes que jamais http://www.olivier-roland.fr/items/view/12939/Marc-Aurle-Snque-et-Platon-3-uvres-de-philosophie-antique-plus-modernes-que-jamais

La philosophie antique fascine. Et pour cause ! Près de 2000 ans après leur rédaction, certains textes fondateurs résonnent encore étrangement juste à notre époque. C'est le cas des "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle, des "Lettres à Lucilius" de Sénèque ou encore du "Gorgias" de Platon.

Derrière ces noms illustres se cachent des trésors de sagesse intemporelle et de réflexions profondes sur des thèmes qui continuent d'alimenter notre quête contemporaine de sens.

Le bonheur, la maîtrise de soi, la juste utilisation de la rhétorique sont ainsi quelques-unes des grandes interrogations humaines auxquelles ces monuments de la philosophie antique tentent d'apporter des réponses nuancées.

Dans cet article, je vous invite à (re) découvrir, au travers de ce panorama, le message universel de trois œuvres majeures qui méritent plus que jamais une lecture.

  1. "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle

Par Marc Aurèle, 170-180 apr. J.-C., 176 pages.

Résumé du livre "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle

"Pensées pour moi-même" est un recueil de notes personnelles de l'empereur romain Marc Aurèle, qui a vécu au 2ème siècle apr. J.-C.

Issu d'une noble famille, Marc Aurèle a été adopté par l'empereur Antonin et formé très tôt à la philosophie, notamment au stoïcisme. Devenu empereur à son tour, il a dû faire face à de nombreuses guerres aux frontières de l'Empire ainsi qu'à des catastrophes naturelles et des épidémies.

Malgré ses lourdes responsabilités, Marc Aurèle prenait le temps chaque jour de méditer et de consigner ses réflexions personnelles dans ces notes retrouvées après sa mort. Sans surprise, le livre est fortement influencé par le stoïcisme. Il traite de thèmes comme l'acceptation de son destin, le contrôle de ses passions, le détachement face à la mort ou encore le retour à la nature après la mort.

Dans "Pensées pour moi-même", Marc Aurèle insiste aussi sur l'importance de cultiver notre "génie intérieur", c'est-à-dire la "faculté rationnelle de notre âme", parcelle de ce qu’il appelle la "Raison universelle divine". Et en vivant ainsi selon les principes de la vertu et de la raison, nous pouvons, selon lui, espérer atteindre le bonheur et une forme de sagesse.

Points clés du livre "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle

Message clé de Marc Aurèle dans "Pensées pour moi-même" :

Pour Platon, le bonheur authentique ne peut être trouvé que dans un mode de vie "vertueux", en accord avec les "lois universelles de la raison" qui régissent l'ordre du monde.

Vivre de manière vertueuse signifie faire preuve de maîtrise de soi, cultiver la tempérance face aux désirs effrénés et aux passions, tout en agissant avec justice et bienveillance.Aussi, selon le philosophe, c'est en dirigeant nos facultés rationnelles vers la "contemplation sereine du cosmos" et l'acceptation de notre destinée que nous pouvons espérer approcher un état de plénitude. Le bonheur émane alors naturellement de l'harmonie ainsi créée "entre notre âme individuelle et l'Âme du monde".

Voici 5 points clés de la pensée stoïcienne de Marc Aurèle issus de ce livre :

Nous faisons tous partie d'un grand Tout harmonieux qu'est l'univers : notre destin individuel y est lié.

La mort n'est pas à craindre car notre âme retourne au "Tout" dont elle provient.

Nos troubles viennent de nos jugements erronés sur les événements : nous devons apprendre à les contrôler.

La partie rationnelle de notre âme est divine : en la cultivant par la philosophie, nous pouvons espérer atteindre le bonheur.

L'instant présent est le seul temps sur lequel nous avons prise : il faut cesser de regretter le passé ou de craindre l'avenir.

En quoi la philosophie antique de Marc Aurèle est-elle encore résolument moderne et intemporelle ?

Malgré les 19 siècles qui nous séparent de Marc Aurèle, ses réflexions font pleinement écho aux questionnements intemporels de l'être humain : Comment trouver le bonheur ? Comment surmonter l'adversité ? Comment accepter sa condition mortelle ? Etc.

Le stoïcisme prôné par Marc Aurèle apporte des réponses nuancées à ces interrogations universelles.

L'idée que nos troubles viennent de nos opinions mal fondées, et non des événements eux-mêmes, est d'une étonnante modernité. Tout comme l'importance accordée au présent, aux petits plaisirs simples de l'existence. Par ailleurs, en prônant un idéal de tempérance, de justice et de recherche de la vérité, Marc Aurèle éclaire notre quête contemporaine de sens.

Enfin, sa conception vertueuse du bonheur, fondée sur la raison, la maîtrise de soi et l'acceptation de notre condition, garde toute sa pertinence au 21e siècle.

Mon avis sur le livre "Pensées pour soi-même" de Marc Aurèle

Je recommande vivement la lecture des "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle à quiconque s'intéresse à la philosophie antique ou au développement personnel. Malgré son grand âge, ce petit livre regorge de maximes fortes dont la portée universelle demeure intacte. Sa lecture apporte réconfort et sagesse.

Les points forts et points faibles du livre "Pensées pour soi-même" de Marc Aurèle

Points forts :

Le style ciselé, les phrases mémorables.

Un grand classique de la littérature universelle, mais très accessible et agréable à lire, même près de 2000 ans après son écriture.

Le message intemporel et la personnalité attachante de Marc Aurèle.

Points faibles :                  

Le contenu peu structuré car ce sont des notes personnelles.

Une pensée jugée parfois trop conformiste et austère.

Ma note :

★★★★★

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  1. "Lettres à Lucilius" de Sénèque

Par Sénèque, 65 après J.-C., 112 pages (édition réduite).

Résumé du livre "Lettres à Lucilius" de Sénèque

"Lettres à Lucilius" est un recueil de 124 lettres que Sénèque, un des pères de la philosophie antique, a écrites à son ami Lucilius entre 62 et 65 après J.-C., peu avant d'être contraint au suicide par l'empereur Néron.

Conseiller de Néron et figure politique importante à Rome, Sénèque tombe en disgrâce auprès de l'empereur en 62. Bien qu'il demande à se retirer de la vie politique, on lui ordonne de rester à Rome. En 65, suite à un complot contre Néron auquel Sénèque est accusé d'être lié, l'empereur exige qu'il se suicide.

C'est dans ce contexte que Sénèque rédige ces lettres à Lucilius, homme de pouvoir d'origine modeste qui aspire à mener une vie philosophique. Son but est de lui transmettre les enseignements du stoïcisme pour l'aider à cultiver un bonheur intérieur, indépendamment des aléas de l'existence et du bon vouloir du sort.

Au fil des lettres, Sénèque invite Lucilius à mieux utiliser son temps, à résister à l'influence néfaste de la foule, à bien choisir ses amis, à se libérer de ses passions pour accéder au véritable bonheur. Il l'encourage à une discipline quotidienne pour progresser sur le chemin de la sagesse, clef de la tranquillité de l'âme.

Sénèque partage ses réflexions sur des sujets comme l'amitié, la vieillesse, la mort, le suicide. Sa pensée est empreinte de simplicité et de bon sens pratique. Le sage, selon lui, se suffit à lui-même et accepte son destin avec sérénité.

Finalement, à travers des anecdotes et exemples concrets, Sénèque rend ses lettres vivantes et inspirantes. Et son style direct permet d'intégrer facilement ses préceptes au quotidien.

Points clés du livre "Lettres à Lucilius" de Sénèque

Message clé de Sénèque dans "Lettres à Lucilius" :

Le bonheur est en nous-même. Il s'obtient par un travail philosophique quotidien pour dompter nos passions et accéder à la tranquillité de l'âme.

Voici 5 points clés des "Lettres à Lucilius"de Sénèque :

Maîtriser l'usage de son temps est vital : tout retard est une portion de vie perdue. Mieux vaut agir que de remettre à plus tard.

La fréquentation des foules et la poursuite des faux biens comme l'argent ou le prestige rendent esclave. Le sage fuit ces pièges.

L'amitié véritable procure un immense réconfort. Un ami fidèle vaut tous les trésors. Mais il est rare : il faut le choisir avec soin et tout partager avec lui.

La constance et la discipline mènent à la sagesse. Celle-ci s'acquiert par un patient travail sur soi visant à reconnaître puis éliminer ses défauts.

Se préparer à bien mourir, c'est se prémunir contre la peur de mal vivre. La philosophie apprend à accepter la mort avec sérénité quand elle devient inévitable.

En quoi la philosophie antique de Sénèque est-elle encore résolument moderne et intemporelle ?

Parues il y a 2000 ans, les "Lettres à Lucilius"de Sénèque n'ont rien perdu de leur pertinence.

La quête de sens, de sérénité intérieure et de maîtrise de soi que nous retrouvons au cœur de ces lettres résonnent fortement avec les aspirations contemporaines. À l'ère du stress, des sollicitations permanentes et de l'infobésité, la philosophie pratique de Sénèque est une bouffée d'air frais.

En effet, son invitation à se recentrer sur l'essentiel, à prendre le temps de réfléchir plutôt que de réagir à chaud, à dompter nos émotions pour éviter qu'elles ne nous submergent se trouve au cœur de sa philosophie, invitation que l’on retrouve aussi très souvent dans la littérature de développement personnel actuelle. Même chose pour les mises en garde contre la pression sociale et la course aux faux-semblants.

Par ailleurs, la recherche du bonheur, le rapport au temps, à la mort, à la souffrance sont des thèmes restés intemporels, et sur lesquels Sénèque apporte un éclairage simple mais profond.

Enfin, sa conception d'une vie "bonne", fondée sur la vertu, le courage et l'acceptation de notre condition mortelle garde là aussi toute sa pertinence aujourd’hui.

Mon avis sur le livre "Lettres à Lucilius" de Sénèque

Accessibles et inspirantes, ces lettres de la philosophie antique sont une mine de sagesse intemporelle.

Sénèque y distille des conseils pratiques applicables au quotidien avec beaucoup de bon sens et d'humilité. Sa pensée aide à cultiver sérénité et résilience face aux aléas de l'existence.

Je recommande vivement la lecture de cet ouvrage fondateur à quiconque aspire à plus de maîtrise de soi, de résilience et de bonheur durable.

Les points forts et points faibles du livre "Lettres à Lucilius" de Sénèque

Points forts :

Le style simple, concis et percutant.

Le format de lettres très courtes qui offre au lecteur une liberté de lecture à son rythme, en le parcourant au gré de ces envies.

Les préceptes partagés par Sénèque concrets et directement applicables.

Le message de Sénèque d’une lucidité inouïe et la sagesse intemporelle de l’ouvrage toujours aussi pertinente après presque 2000 ans.

Les formules éloquentes et inspirantes propres à Sénèque.

Points faibles :

Quelques longueurs et redites inhérentes au format épistolaire.

Des références érudites au stoïcisme parfois obscures pour le novice.

Ma note :

★★★★★

Pour aller plus loin :

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  1. "Gorgias" de Platon

Par Platon (428-348 av. J.-C.), 2018, 384 pages.

Résumé du livre "Gorgias" de Platon

Le livre "Georgias" de Platon, célèbre philosophe grec ayant vécu entre 428 et 348 avant J.-C., est un dialogue entre Socrate et plusieurs sophistes sur le thème de l'art oratoire.

Ainsi, au travers d'une discussion animée entre cinq protagonistes principaux - Socrate, Chéréphon, Gorgias, Pôlos et Calliclès - Platon nous invite à réfléchir sur le pouvoir des mots, et leur utilisation à des fins personnelles ou altruistes.

Il commence par une confrontation entre Socrate et Gorgias sur la définition de la rhétorique.

Pour Gorgias, personnage clé et maître de l'art oratoire, la rhétorique est l'art de la persuasion par le discours, notamment en politique.

Mais cette vision de la rhétorique, perçue comme un moyen de dominer les foules par le discours, est remise en question par Socrate. Ce dernier dénonce alors, plus globalement, l'usage dévoyé de cet art par les orateurs sophistes, qui l’utilisent pour tromper et manipuler.

Selon lui, un bon orateur devrait être juste et utiliser la parole de façon éthique, et non pour des intérêts égoïstes. Il distingue ainsi les vrais philosophes, qui argumentent avec logique, et les sophistes charlatans.

S'ensuit alors une analyse en profondeur de la rhétorique.

Plus loin, Socrate définit la notion de pouvoir : le vrai pouvoir n'appartient pas à celui qui fait ce qu'il veut mais à celui qui agit avec sagesse et autorité légitime, affirme-t-il. D’ailleurs, ce pouvoir doit s'exercer dans le but de rendre les gens meilleurs et plus heureux.

Points clés du livre "Gorgias" de Platon

Message clé de Platon dans "Gorgias" :

La rhétorique, ou l’art de bien parler, est une technique puissante de persuasion. Mais elle peut être utilisée à mauvais escient par des orateurs malhonnêtes. Ces derniers y ont recours, en effet, pour tromper ou pour servir des intérêts personnels sans aucune considération éthique.

Aussi, le vrai pouvoir et le bonheur, selon Platon, résident dans une vie juste. Une vie fondée sur la maîtrise de soi et le service du bien commun, et non l'assouvissement égoïste des passions.

Voici 4 points clés issus du livre "Gorgias"de Platon :

L'art oratoire : l’ouvrage détaille l'importance de la rhétorique, perçue comme un outil puissant de persuasion, une "arme au service des idées" extrêmement puissante pour convaincre et influencer, notamment en politique. Cette vision est incarnée par le personnage de Gorgias, qui la voit comme un moyen de dominer les autres par la parole.

L’éthique de la rhétorique : le livre partage un débat animé entre Socrate et Gorgias sur l'emploi éthique de la rhétorique. Socrate y voit une forme de flatterie, une technique qui sert à faire le mal, tandis que Gorgias y voit un art noble.

Le pouvoir des mots : Platon, à travers cet ouvrage de philosophie antique, nous invite à réfléchir sur le pouvoir des mots et sur la responsabilité qui incombe à celui qui les manie. Selon lui, le vrai pouvoir appartient à celui qui agit avec sagesse, autorité légitime et pour servir le bien commun. Un bon orateur devrait ainsi utiliser son art pour rendre les gens meilleurs et plus heureux. Un sujet ici toujours d'actualité, particulièrement en cette ère de communication de masse.

Le bonheur : il ne consiste pas à assouvir toutes ses passions égoïstes qui sont insatiables, mais à les maîtriser par une conduite raisonnable et juste. Une vie éthique fondée sur cette maîtrise de soi permet d'atteindre la paix intérieure. Le parallèle est donc fait avec l'art oratoire qui devrait servir cet idéal de vie droite et non les intérêts personnels.

En quoi la philosophie antique de Platon est-elle encore résolument moderne et intemporelle ?

Bien qu'écrite il y a plus de 2000 ans, l'analyse que fait Platon de la rhétorique et de son pouvoir de persuasion est encore criante d'actualité.

À l'ère des fake news, des théories du complot et de la manipulation de l'opinion publique sur les réseaux sociaux ou chaines télévisuelles, les mises en garde de Platon contre les dérapages de l'art oratoire résonnent plus que jamais. Ses réflexions sur les notions de pouvoir, de bonheur, de maîtrise de soi et d'éthique parleront donc beaucoup au lecteur contemporain en quête de sens.

En décrivant avec finesse les travers de la démagogie au service d'intérêts égoïstes et immoraux, Platon met le doigt sur des dérives politiques que nous observons encore fréquemment.

Enfin, le plaidoyer de Platon - d'un idéal de vie juste et d'une conduite raisonnable au service du bien commun - apporte des clés intemporelles à ceux qui ont à cœur de donner un sens éthique à la parole et à la persuasion.

Tout cela fait la force toujours actuelle de cette œuvre magistrale.

Mon avis sur le livre "Gorgias" de Platon

J'ai beaucoup apprécié la finesse avec laquelle Platon analyse l'art oratoire et met en garde contre ses dérives potentielles.

Ses réflexions sur le bonheur, le pouvoir et la justice sont également très inspirantes.

Ce classique de la philosophie antique apporte des arguments pertinents pour défendre un idéal de vie fondé sur l'éthique et le service du bien commun.

Si le style d’écriture (traduction du grec ancien) et la densité de son contenu ne vous fait pas peur, "Gorgias" est un livre que je recommande vivement. La confrontation d’idées qu’on y trouve est un voyage intellectuel dans le monde de philosophique de la rhétorique et de l’éthique qui vous captivera !

Les points forts et points faibles du livre "Gorgias" de Platon

Points forts :

L’analyse approfondie et magistrale de la rhétorique, que Platon présente comme une "arme au service des idées".

La dénonciation fine des dérives de la rhétorique aux enjeux très actuels dans notre société contemporaine.

Des solutions pragmatiques proposées pour corriger les mauvais usages de la prise de parole en public et l'art oratoire, présentées à travers un idéal de vie juste.

La forme, à savoir le recours au dialogue, qui dynamise le texte et permet d'exposer clairement chaque point de vue.

Une œuvre de Platon très actuelle qui continue d’alimenter la réflexion contemporaine.

Points faibles :

La traduction du grec ancien et l’extrême densité du texte peuvent rendre la lecture difficile d’accès.

La condamnation excessive de la rhétorique : Platon a tendance à suraccentuer les aspects négatifs de la rhétorique, négligeant ainsi ses possibles bienfaits quand elle est utilisée de manière éthique et judicieuse.

La dernière partie sur les questions métaphysiques : le manque de cohérence et la part de fantasmes concernant l'après-vie et de la responsabilité, peut être perçue comme moins convaincante.

Ma note :

★★★★☆

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Marc Aurèle, Sénèque et Platon vous ont-ils inspiré dans votre quête de sens ? Si oui, vous pouvez poursuivre cette découverte avec d’autres œuvres majeures de la philosophie antique : "Les vies parallèles des hommes illustres" de Plutarque par exemple.

Et n'hésitez pas à nous faire part de vos réactions et impressions dans les commentaires ci-dessous.

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Thu, 15 Aug 2024 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12939/Marc-Aurle-Snque-et-Platon-3-uvres-de-philosophie-antique-plus-modernes-que-jamais
Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans http://www.olivier-roland.fr/items/view/12918/Maintenant-ou-jamais-La-vie-commence-aprs-40-ans

Résumé de "Maintenant ou jamais! La vie commence après quarante ans" du Dr Christophe Fauré : Plutôt qu'une crise, le psychiatre Christophe Fauré voit dans la période du milieu de vie, entre 40 et 55 ans, une chance de se connecter à notre vraie nature profonde. Et bien que déstabilisante, cette transition naturelle vers plus d'authenticité recèle, selon lui, un fort potentiel d'épanouissement à condition toutefois d’être bien appréhendée.

Par Christophe Fauré, 2020, 336 pages.

Chronique et résumé de "Maintenant ou jamais! La vie commence après 40 ans" du Dr Christophe Fauré

Introduction: Le territoire méconnu du milieu de la vie

Le Dr Christophe Fauré est un psychiatre et psychothérapeute français. Il commence son livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans" en nous plongeant dans le quotidien d'Isabelle, 47 ans, venue le voir en consultation. La patiente raconte connaître un sentiment de vide intérieur persistant. Pourtant, Isabelle semble avoir tous les ingrédients du bonheur : un mari aimant, des enfants épanouis, un travail passionnant. Mais alors, d'où vient donc ce trouble existentiel ?

En fait, l'auteur explique qu'Isabelle traverse - comme beaucoup d'entre nous - ce qu'il appelle "la transition du milieu de vie". Ainsi, dit-il, entre 40 et 55 ans, nous entrons dans une phase naturelle de remise en question, imperceptible de l'extérieur. Notre identité construite durant la première moitié de notre vie ne nous correspond plus. Et cela, bien sûr, interroge: qui sommes-nous en train de devenir ?

Le Dr Christophe Fauré entend d’abord briser les clichés de la fameuse "crise de la quarantaine". Selon lui, loin d'être une crise, cette période recèle, au contraire, des opportunités d'accomplissement personnel. Certes déstabilisante, la transition du milieu de vie est avant tout, affirme-t-il, une période de transformation intérieure profonde.

Aussi, à travers le livre"Maintenant ou jamais! La vie commence après quarante ans", l'auteur nous propose une feuille de route. Une feuille de route pour traverser sereinement ce passage turbulent. Couple, enfants, travail, parents âgés... il explore toutes les facettes touchées de notre quotidien.

Son objectif ? Nous révéler à nous-même, à notre authenticité. Car bien négociée, notre "midlife crisis" a le pouvoir de nous connecter à notre lumière intérieure. Et ainsi, peut-être trouverons-nous des réponses qui nous échappaient depuis longtemps...

Chapitre 1: Une "crise" au milieu de la vie ?

Le Dr Christophe Fauré commence le premier chapitre de "Maintenant ou jamais. La vie commence après quarante ans" en expliquant l’origine du mythe tenace de la "crise de la quarantaine".

Celui-ci, indique-t-il, prend sa source dans un article de 1965 du psychologue Elliot Jaques. Il est ensuite repris par Daniel Levinson et Roger Gould, deux chercheurs alors en plein questionnement existentiel. Le concept finit par se populariser dans les années 70, via le best-seller "Passages : Predictable Crises of Adult Life" de la journaliste Gail Sheehy.

Mais récemment, des études ont battus en brèche cette notion, observe l’auteur.

En effet, pour le Dr George Vaillant par exemple, ces "crises" correspondent simplement aux aléas de la vie d'adulte. Aussi, la vaste enquête "MacArthur Foundation" vient confirmer que la fameuse crise de la quarantaine/cinquantaine ne toucherait en fait que... 8 % des quadragénaires !

Finalement, 50 ans après son apparition, le concept de "crise du milieu de vie" s’avère scientifiquement infondé, lance l’auteur. Les difficultés vécues ne sont pas liées à l’âge, mais bel et bien liées aux épreuves de l'existence.

1.1 - Une transition, pas une crise

Une étape de croissance

Ainsi, contrairement aux idées reçues, la période du milieu de vie n'est pas une "crise", insiste le Dr Christophe Fauré. C’est un processus naturel de développement. Au même titre que l'adolescence: tout comme le corps de l'adolescent change, l'adulte traverse des transformations sur les plans physique, psychologique et spirituel.

Résister, source de difficultés

De plus, ce n'est pas cette transition en elle-même qui pose problème, mais le refus conscient ou inconscient de la reconnaître et de l'accueillir. Et selon l’auteur de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans", c’est cette résistance, et non le processus, qui peut générer des complications.

Toutefois, ajoute l’auteur, quand elle est bien appréhendée, cette période recèle, en fait, un fort potentiel d'épanouissement.

Vers plus d'authenticité

L’auteur liste ensuite, avec détail, les nombreuses caractéristiques de cette transition du milieu de vie.

En voici cinq majeures :

Le questionnement existentiel: ces questions génèrent une certaine confusion, qui peuvent, même quand on est très entouré, provoquer un sentiment de grande solitude intérieure.

L’insatisfaction vis-à-vis de sa vie actuelle: "De façon plus ou moins consciente, on commence à remettre en question ce qu’on a vécu jusque-là, en réévaluant parfois la pertinence des valeurs ou des principes de vie qui ont guidé notre existence. Tout en reconnaissant objectivement que ces "boussoles" ont été bénéfiques, on a parfois l’impression que certaines ne sont plus tout à fait adaptées à la personne qu’on est en train de devenir" écrit l’auteur.

Le désir de changement: vers quelque chose de neuf, nouveau, voire plus excitant, l’envie de découvrir une autre façon de vivre, "avec la conscience d’un temps désormais compté pour s’ouvrir à ces nouveaux horizons".

Une forme d’ennui et de perte d’identité.

Un sentiment d’urgence à laisser notre empreinte dans ce monde et l’envie de consacrer plus de temps à ce qui fait sens.

En somme, l'adulte aspire à plus d'authenticité, à donner davantage de sens à son existence.

Mais, encore une fois, termine l’auteur, même si le chemin est parsemé d'embûches, le milieu de vie est une promesse d'accomplissement.

1.2 - Le processus d’individuation

Dans cette partie du livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans", le Dr Christophe Fauré explique que, selon le psychanalyste Carl Jung, le milieu de vie correspond à l'émergence d'un processus psychique naturel appelé "l'individuation".

Il s'agit là d'une dynamique intérieure qui nous pousse à redevenir aligné avec notre véritable essence.

Il indique que l'individuation est un processus en 5 étapes. Au fur et à mesure de ces étapes, nous allons lâcher notre "personnage social" pour révéler la personne authentique tapie au fond de nous.

Et si nous l’accueillons consciemment, ce processus, bien que déstabilisant, est extrêmement positif. Il nous rend acteur de notre propre transformation et nous confronte à nos peurs pour mieux les dépasser. Car l'individuation est une promesse : celle de devenir pleinement nous-même.

1.3 - Les cinq étapes du processus d’individuation

Première étape : s'accommoder au monde

Le Dr Christophe Fauré explique ici que, durant l'enfance et l'adolescence, nous développons ce qu’on appelle une "Persona", autrement dit une sorte de masque social qui nous permet de nous intégrer à notre environnement. Ainsi, nous sélectionnons certains comportements et en écartons d'autres. Et ceci, dans le but d’obtenir l'amour et la reconnaissance dont nous avons besoin.

Nous sommes alors dans la phase "d'accommodation" au monde extérieur. Cette étape est nécessaire mais nous conduit parfois à refouler des parts de nous-mêmes jugées socialement inadaptées.

Ces parties de soi refoulées forment notre "Ombre". Cette dernière se compose à la fois d'éléments sombres et de potentiels créatifs non exploités.

Et pour le Dr Christophe Fauré :

"Même si l’Ombre est le réceptacle de nos pulsions les plus dangereuses ou les plus viles, il s’y trouve également nos rêves à peine ébauchés, nos projets pas assez nourris, nos aspirations abandonnées ou étouffées sous l’emprise de la peur, de la négligence, de la raison, des contraintes extérieures, de l’absence d’encouragements… Ce qui n’a jamais pu trouver sa place dans notre vie, à quoi on n’a pas laissé sa chance, attend dans l’Ombre, patiemment, en silence… Mais tout cela dort d’un sommeil léger : le "non-choisi", la "vie non vécue", cherche toujours à se faire entendre.

Au milieu de notre vie, nous commençons à en percevoir plus distinctement le murmure. L’Ombre commence à montrer le bout de son nez. De ce lieu intérieur nous arrivent des vagues de nostalgie qui résonnent parfois douloureusement, comme un appel lointain de ce que nous sommes et que nous n’avons pas encore choisi d’être…"

Deuxième étape : la prise de conscience

Vers 40-50 ans, survient une remise en question de notre Persona, devenue trop étriquée. On pressent qu'elle n'est qu'un masque derrière lequel se cache notre véritable essence.

Ce temps de doutes est le signal que notre processus d'"individuation" vers plus d'authenticité est en marche.

Troisième étape : le face-à-face avec le réel

"Un jour, on se retrouve dans une sorte de no man’s land psychologique. La troisième étape est un temps de confrontation à ce qui s’élève en soi - la confrontation à un réel qu’il devient impossible de nier" fait observer l’auteur.

S'installe alors une période de fragilité et de confusion. On ne sait plus qui l'on est vraiment. C'est un peu comme un deuil de la personne que l'on a cru être. Heureusement, ce trouble annonce, sans que nous le sachions, l'émergence de dimensions plus profondes de notre être.

"Ce qu’il y a de troublant dans le vécu de cette troisième étape, c’est le parfum de deuil qui s’en dégage - comme si cette inquiétude latente, cette sourde et indéfinissable angoisse ou cette insécurité préfigurait une mort à venir. En vérité, quelque chose est bien en train de mourir. Comme nous avons dû mourir à nous-même, lorsque nous étions enfant, pour devenir adolescent, nous devons aujourd’hui mourir à la personne que nous avons été : ce qui meurt est cette partie de nous si puissamment identifiée à cette Persona que nous nous sommes construite autrefois. Nous sommes réellement touchés et affectés par ce "décès". […]  

Mais ce n’est qu’une impression, si effrayante soit-elle. Il est beaucoup plus juste de dire que c’est une illusion qui est en train de mourir - une illusion de soi - et cela va libérer de la place pour que s’installe en nous davantage d’authenticité. Cette "mort" symbolique va rendre possible le déploiement d’autres dimensions de notre être. Ainsi, ce qui nous déprime lors de la transition du milieu de la vie est moins le deuil de notre jeunesse (comme on le croit trop souvent) que celui de la personne que nous avons cru être."

Quatrième étape : s'ajuster à soi-même

Les interrogations commencent à s'apaiser. On accepte mieux ce processus et l'on s'ajuste en douceur via de subtils changements. C'est le temps des prises de conscience, du recentrage sur l'essentiel et de la reconquête de notre liberté intérieure.

Cinquième étape : devenir soi-même

Dernière étape : l'"individuation", autrement dit l'intégration apaisée, pleine et entière de toutes les dimensions de notre être.

Nous devenons plus souple, plus nuancé et l'on assume mieux les différentes facettes de notre personne. Le but ? Permettre l'émergence de notre "Soi" fondamental, cette part divine enfouie en nous. En le révélant à lui-même, nous nous révélons aussi à nous-même, confie l’auteur.

Viennent ensuite les concepts-clés de Soi et Moi définis par le psychanalyste Carl Jung : "La première moitié de la vie pourrait donc se comprendre comme un mouvement du Soi "intérieur" inconscient vers un Moi "extérieur" conscient" énonce le psychiatre.

Puis, le docteur précise :

"La transition du milieu de la vie est donc le point charnière entre les deux mouvements (de l’intérieur  vers  l’extérieur, puis de l’extérieur vers l’intérieur) : c’est le moment où s’articulent deux aspects différents de notre vie, par l’inversion de deux puissants mouvements psychiques. C’est pour cette raison qu’il est parfois si chaotique et source d’instabilité intérieure : des forces d’une incroyable puissance sont en jeu. Ces forces modifient en profondeur la vision que nous avons de nous-même, en faisant surgir dans notre conscience des dimensions que nous ne soupçonnions pas.

Cela induit immanquablement un déséquilibre dans notre identité, qui doit se déstructurer partiellement et se reformer pour intégrer ces nouvelles composantes. En définitive, c’est le moment de notre existence où nous commençons à sortir d’un état psychique fragmenté pour tendre vers un état psychique plus unifié."

Le premier chapitre de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans" conclut par une réflexion sur la dimension universelle de cette quête intérieure au cœur des grandes traditions spirituelles de l'humanité.

Puis, l’auteur termine en résumant : loin d'être une crise, le trouble du milieu de vie est en fait le signe heureux que nous entrons en contact avec l'essence lumineuse de notre être. Le mieux est donc de l'accueillir pour cheminer vers plus de plénitude :

"Le  mal-être que nous pouvons ressentir au milieu de notre vie est paradoxalement la meilleure chose qui puisse nous arriver : il signe le fait que nous sommes en relation directe avec une partie extrêmement saine de nous-même - une dimension de notre être qui nous convie à plus de complétude. Ce trouble intérieur est la salutaire expression de cette nostalgie de nous-même où nous nous languissons de nous retrouver et où nous percevons, sans l’ombre d’un doute, notre besoin de "rentrer à la maison". Ne commettons pas l’erreur d’y être sourd - ou, pire encore, de chercher à l’étouffer."

Chapitre 2 : Accueillir en soi le meilleur de soi-même

Nous venons de l’observer dans le premier chapitre, au milieu de notre vie émerge souvent une impérieuse quête de soi. Par ailleurs, note l’auteur, c’est fréquent que nous n’ayons pris que très peu soin de nous-mêmes depuis des années.

La transition que nous traversons nous offre alors une chance, assure l’auteur : cesser cette auto-négligence devenue source de tensions insidieuses et comprendre le processus à l’œuvre pour tendre vers l’apaisement.

2.1 – Trois conseils pour bien vivre ce temps d’intégration

L’auteur de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans" développe ici en quoi la transition du milieu représente un temps d’intégration. Il partage 3 conseils pour respecter et bien traverser cette étape.  

Prendre son temps

La transition du milieu de vie demande patience. Car elle n’est pas "l’affaire de quelques semaines" mais dure, en général, plusieurs années.

Avant de changer radicalement de vie, il est primordial de prendre le temps de la réflexion. Au minimum 6 mois à 1 an. Céder à l'urgence engendre souvent des décisions hâtives aux conséquences fâcheuses.

"Il est donc capital, prévient l’auteur, de ne pas brûler tous les ponts derrière soi, de ne pas tout dynamiter, en se ménageant des solutions de repli si on réalise soudain qu’on fait fausse route. […] Ne l’oublions pas : nous avons affaire à un processus intérieur naturel qui a son propre rythme : il n’est pas linéaire ; il ne peut être ni raccourci ni accéléré."

Accepter sa vulnérabilité

L’auteur de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans" nous met ensuite en garde : le processus d’individuation est un processus de métamorphose intérieure qui nous rend plus fragile.

À l'image du crabe qui mute, un temps de retrait est nécessaire pour consolider sa nouvelle identité naissante, loin des prédateurs.

Quelques jours de solitude, de l'écriture ou un suivi psychologique peuvent y aider.

"Quels que soient les moyens utilisés, ils ont la même finalité : prendre un temps de pause et de réflexion pour laisser mûrir le processus. C’est ce que traverse la chenille quand elle s’apprête à devenir un papillon : elle a besoin d’entrer dans le silence de sa chrysalide et de se retirer du monde ; c’est dans l’obscurité, la solitude et la protection de son cocon que s’effectue sa métamorphose ; elle respecte le rythme naturel qui préside à sa croissance."

Identifier ses résistances

Le Dr Christophe Fauré décrit ici les mécanismes inconscients qui, malgré notre désir de changement, freinent notre élan :

La projection de la responsabilité sur autrui : "ce n’est pas moi le problème, c’est l’autre !"

L’évitement des problèmes : "je slalome entre les obstacles, je n’ai même pas mal".

L’anesthésie par diverses addictions : "je me déconnecte pour ne pas penser".

La passivité : "je n’ai pas envie de me prendre la tête".

Prendre conscience de ces résistances est un préalable pour avancer.

2.2 – La peur, moteur de la résistance au changement | 3 points clés

À mi-chemin de notre vie, nous hésitons à remettre en question ce que nous avons construit. Par crainte d'ouvrir la "boîte de Pandore" et de faire face à l'inconnu.

Pour le psychiatre Christophe Fauré, il est alors important de reconnaître et de comprendre ce qui se joue dans ces peurs pour évoluer.

Voici les 3 points clés développés dans cette partie du livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans" à ce sujet :

Redouter de quitter sa zone de confort

Le connu est rassurant, le prévisible sécurisant. Normal donc d'aspirer à la stabilité. Mais, poussé à l'extrême, nous devons savoir que cela bloque toute évolution.

L’auteur nous fait observer à ce propos que, par peur de l'inconnu, certains s'opposent au mouvement naturel de transformation intérieure à l’œuvre. Or, en agissant ainsi, ils restent prisonniers de leur zone de confort, au risque de le regretter amèrement plus tard.

Appréhender le regard des autres

Le regard des autres pèse lourd lorsque l'on s'apprête à changer. Craignant incompréhension et jugement, nous redoutons de déplaire à nos proches ou de les froisser si nous opérons des transformations qui les affectent.

Cette peur sournoise du conflit avec ceux qui comptent dans notre vie peut totalement tétaniser nos élans de changement, aussi légitimes soient-ils. Combien de rêves ou d'aspirations avons-nous étouffés dans l'œuf par crainte des réactions de notre entourage ?

Heureusement, le Dr Christophe Fauré nous rassure : gagnant en maturité et en assurance au milieu de notre existence, nous devenons moins dépendants du regard des autres. Leur approbation n'est plus ce sésame vital qui conditionne chacun de nos pas.

Cet affranchissement progressif peut nous rendre plus audacieux pour explorer de nouveaux territoires, même si cela dérange nos proches. Bien sûr, leur ressenti mérite considération. Mais ce surcroît de liberté psychique autorise désormais des prises de risque inédites.

Osons donc cultiver ce précieux détachement.

Identifier ses fausses croyances

Nos peurs se nourrissent de nos convictions erronées, intégrées depuis l'enfance.

La transition qui s’opère en milieu de vie est alors l'occasion de réexaminer ces croyances limitantes sur nous-mêmes. Car sans cette remise en question courageuse, nos peurs et nos blocages perdureront. Prenons donc la décision de faire ce "nécessaire retour" sur nous-même, invite l’auteur.

2.3 - Toute résistance est-elle négative ?

L’auteur de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans" révèle ici pourquoi la résistance au changement n’est pas nécessairement négative. Elle a même parfois, affirme-t-il, "toute sa raison d’être".

En effet, parfois, elle :

Protège des décisions trop hâtives :

En freinant nos élans, la résistance au changement nous invite à examiner plus posément ce qui doit vraiment être transformé dans notre vie.

"Si vous sentez que quelque chose "frotte" intérieurement, alors que vous vous apprêtez à prendre une décision importante, n’adoptez pas nécessairement une attitude de défiance vis-à-vis de ce signal intérieur ; n’y voyez pas systématiquement l’expression d’une peur à dépasser : ce n’est pas toujours le cas. Il peut y avoir une forme de sagesse dans la résistance à céder […]. Toute la difficulté est de rester le plus lucide possible, afin de faire la distinction entre peur et sagesse, car force est de constater que, trop souvent, c’est la peur qui nous gouverne quand s’impose à nous la nécessité du changement."

Aide à prendre le temps d'intégrer :

Opérer des changements signifie renier ou abandonner une facette de soi à laquelle on s'est identifié pendant longtemps. Il est donc normal que cela ne puisse se faire du jour au lendemain.

Le psychiatre prend ici l'exemple de Nadine, une patiente. Dire "non" quand on le lui demandait était impensable durant son enfance, sous peine de ne plus exister aux yeux de sa mère et de perdre son amour. Nadine s'est ainsi construite avec l'idée qu'elle devait se plier aux exigences d'autrui pour être aimée.

Aujourd'hui, il lui faut réapprendre à faire des choix libres et éclairés dans son propre intérêt. Mais désapprendre des réflexes acquis pendant des décennies et se défaire de croyances aussi enracinées demande beaucoup de temps. Et cette transition vers plus d'authenticité suit rarement une trajectoire linéaire. Des allers-retours sont inévitables. Il est donc bon de respecter le rythme de cette intégration progressive pour la rendre sereine et pérenne.

2.4 - Agir malgré la peur

La transition du milieu de vie génère des bouleversements qui peuvent légitimement faire peur. On quitte nos repères et notre zone de confort pour s'aventurer vers l'inconnu.

Face à ce vertige, la tentation est grande de reculer et de renoncer à évoluer, observe le Dr Christophe Fauré. Pourtant, le psychiatre nous encourage à faire preuve de courage. Autrement dit, à avancer malgré la peur, à faire ce qui nous effraie, agir en dépit de l'angoisse qui nous tenaille.

Ce n'est pas facile, mais contrairement à ce que croient beaucoup de personnes, il ne faut pas nécessairement avoir confiance en soi pour sauter le pas. En réalité, lance l’auteur, c'est tout le contraire : la confiance en soi nait de nos actes courageux. Plus nous affrontons nos peurs et nous prouvons que l'on peut y arriver, plus nous gagnons en assurance.

Ainsi, en cultivant petit à petit notre courage et notre témérité face à l'adversité, nous construisons les bases d'une estime de nous-mêmes durable. Et nous nous garantissons par la même occasion une seconde partie de vie sans regret, où nous n'aurons pas à nous reprocher notre lâcheté.

Le message, dans cette partie du livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans" est donc le suivant : même terrifié, fonçons ! Notre audace sera récompensée.

2.5 - L’intégrité

Au milieu de notre parcours de vie, assure le Dr Christophe Fauré, nous prenons conscience que les différentes sphères de notre existence (vie professionnelle, familiale, relations amicales, épanouissement personnel, etc.) sont intimement liées et s’influencent mutuellement. Mais nous réalisons aussi que nous avons souvent négligé l’une de ces dimensions et que cela nous a appauvri.

La bonne nouvelle, c’est que, pour le psychiatre, la période de transition vers la maturité est idéale pour pallier à cela. Pour révéler les zones d’ombre de notre vie, ces pans que nous avons délaissés, et leur redonner vie. Elle est plus précisément "une invitation à prendre en compte toutes les dimensions de notre être, afin de les réunir en un tout cohérent" écrit le Dr Christophe Fauré.

Et en prenant soin de nourrir harmonieusement tous les aspects de notre personne, les efforts entrepris dans un domaine auront des répercussions positives partout ailleurs, assure l’auteur.

Chapitre 3 : Le corps et ses messages

Le troisième chapitre de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans" porte sur le corps vieillissant, comme miroir du temps qui passe, et sur la difficulté que cela peut représenter.

Car en effet, nous dit le Dr Christophe Fauré, au milieu de la vie, le corps change et ne répond plus tout à fait à nos attentes. Les exemples qu’il mentionne racontent les ravages du temps que nous constatons, non sans dépit, à ce moment-là : perte de performances physiques, relâchement cutané, prise de poids.

Autrefois allié fiable et séducteur, le corps devient le témoin impitoyable de notre avancée en âge. Un miroir dans lequel il est parfois difficile de soutenir notre propre regard.

Alors comment apprivoiser ce vieillissement ?

3.1 - Un support d’identité

Le Dr Christophe Fauré commence par expliquer comment, quand notre corps se transforme avec l’âge, notre perception de nous-mêmes est ébranlée.

Notre corps est, en effet, le support de notre identité depuis l'enfance. Vers 50 ans, ses transformations peuvent alors être vécues comme une mort sociale douloureuse. Et plus notre persona s'est construite autour de l'apparence physique, plus ce déclin est difficile. Dans ce cas, perdre ses attributs de séduction fracture l'estime de soi. On peut aussi avoir l’impression de se "dématérialiser" sous les regards indifférents.

3.2 – Comment réagissons-nous ?

L’auteur de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans" décrit alors les différentes attitudes que l’on peut observer face à ce corps qui vieillit.

La quête d’authenticité

Heureusement, le vieillissement nous pousse souvent à explorer d'autres aspects de soi, longtemps délaissés. En apprenant à exister au-delà des attributs physiques, nous gagnons en profondeur et en authenticité. Nos proches sont alors touchés par l'émergence de notre vraie nature.

L’abandon de soi

À l'inverse, d'autres délaissent leur corps avec excès, par manque d'estime d'eux-mêmes ou dans la reproduction de schémas parentaux négligents. Incapables de compenser la perte de leur principal support narcissique, ils sombrent alors dans "l'auto-abandon". Mais le corps finit toujours par présenter l'addition, stipule l’auteur. Il faudra alors renouer le dialogue avec lui et panser nos blessures intérieures.

Le refuge dans la maladie

Au milieu de la vie, il arrive aussi que des personnes acculées par une pression psychologique ou affective insoutenable, ou le sentiment de ne plus trouver de sens à leur existence se réfugient dans la maladie. Ne sachant comment faire face à l'effondrement de leur Persona et à l'émergence de pans refoulés, ces personnes s'enferment dans une pathologie, physique ou psychique.

C'est ce que le Dr Françoise Millet-Bartoli appelle la "maladie refuge".

Des maux ou des symptômes physiques comme des migraines, crises de coliques néphrétiques, troubles digestifs, spasmophilie surviennent alors. Ce sont des manifestations d'un trop-plein intérieur que le mental n'arrive plus à contenir.

Ces syndromes ont souvent une origine psychogène : la douleur physique facilite l'expression d'émotions bloquées. En effet, il est socialement plus acceptable de se plaindre d'une rage de dents que d'avouer sa colère rentrée. C'est en fait le corps qui exprime à notre place ce que nous n'osons formuler autrement, indique le Dr Christophe Fauré.

Par ailleurs, le statut protecteur de "malade" peut également combler un vide identitaire. Le problème, c’est que cela empêche souvent tout travail sur soi. Heureusement, parfois, ces maux finissent par livrer leur message ! La maladie devient, dans ce cas, une voie d'accès à notre for intérieur et encourage à l'introspection. Comme ce patient, Richard, qui découvre après un cancer la personne orgueilleuse et fermée aux autres qu'il était devenu. Si la prise de conscience n'induit pas toujours une guérison, concède le Dr Fauré, elle ouvre la porte à une paix intérieure libératrice.

La fuite en avant

Ceux qui n'existent que par leur enveloppe charnelle peuvent surinvestir désespérément leur corps pour contrer les outrages du temps, quitte à opter pour de lourds sacrifices.

Le Dr Christophe Fauré racontent ici le récit de plusieurs femmes. C'est le cas de Caroline qui multiplient les opérations de chirurgie esthétique. Selon lui, derrière ce leurre se cache souvent un manque d'estime de soi abyssal, hérité d'une enfance douloureuse.

Avant de changer notre apparence, l’auteur nous invite alors à examiner nos motivations : par exemple, la perte de désir de notre conjoint révèle-t-elle un problème dans notre couple ? Il est crucial d’être lucide sur nos intentions profondes, insiste l’auteur.

Car certes, l'arsenal médical peut atténuer les marques de l'âge. Mais sans recul, ces gestes superficiels peuvent nous éloigner de notre quête d'authenticité, affirme le psychiatre. À l'inverse, pratiquer une activité sportive peut traduire un réel désir de se prendre en main.

L’essentiel finalement est d’être au clair sur ses intentions.

3.3 - Se mettre à nu

Observons notre reflet dans le miroir avec bienveillance, conclue ici le psychiatre : trop souvent négligé ou maltraité, notre corps mérite respect ! Et s'il envoie des signaux de détresse via la douleur, sachons les écouter !

"La prochaine fois que vous serez dans votre salle de bains, regardez-vous nu dans le miroir. Ne détournez pas les yeux, même si un peu de gêne s’élève en vous. Réalisez que, trop souvent, vous n’avez pour votre corps que peu de considération, même si, en apparence, vous faites attention à lui. Vous l’avez facilement contrôlé durant la première moitié de votre vie, en le pliant à votre volonté pour qu’il vous serve sans broncher. Désormais, c’est une autre histoire : si vous ne lui accordez pas suffisamment de soin, d’attention et de respect, c’est lui qui va commencer à prendre le contrôle de votre vie. Il risque de vous imposer ses limites, en réponse à la négligence ou aux agressions multiples que vous lui avez peut-être fait subir."

Notre corps est le fidèle allié qui nous accompagnera pendant plusieurs décennies encore, alors prenons-en soin avec une alimentation saine et du sport. Et en apprenant à l'aimer, à reconnaître sa beauté unique, c'est également notre estime de nous-mêmes qui grandira.

Alors adressons-lui, chaque jour, notre gratitude.Il n'est jamais trop tard pour commencer ! termine l’auteur.

Chapitre 4 : Le couple et l’amour

Le quatrième chapitre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans" revient sur les changements qui se produisent dans notre couple et les relations amoureuses au milieu de vie.

Car plus âgés, les partenaires ne sont plus ceux qu'ils étaient à leur rencontre. "L'amour a mis des lunettes" écrit joliment le Dr Christophe Fauché. Plus mûrs, plus lucides sur eux-mêmes, de puissants changements intérieurs s'opèrent. Même célibataire, le processus d'individuation transforme nos aspirations : et si la relation de couple n'était plus la clé du bonheur ?

4.1 - Vivre à deux la transition du milieu de vie

Un processus pas toujours synchrone

L’auteur commence par nous rappeler qu’au milieu de la vie, les partenaires ont évolué ; leur relation repose moins sur la passion que sur la complicité.

Un vaste ensemble de repères conscients et inconscients en fait [l’auteur parle de la relation de couple] un pilier essentiel de votre existence. L’amour-passion n’est peut-être plus au rendez-vous, mais une douce affection et un profond attachement l’un envers l’autre ont pris le relais. Pour nombre de couples parvenus au milieu de la vie, l’intensité émotionnelle s’est souvent estompée pour laisser place à plus d’intimité et de sécurité relationnelle, source d’une calme complicité.

On découvre aujourd’hui d’autres facettes du mot "aimer", d’autres façons de communiquer, dans une meilleure compréhension et une meilleure acceptation de qui est l’autre. De même, sans vous le formuler explicitement ou sans même en avoir pleinement conscience, vous percevez votre conjoint comme celui ou celle qui va, avec un peu de chance, vous accompagner jusqu’à votre dernier souffle. C’est également en cela que la relation est vécue comme importante et précieuse, car elle a le pouvoir de mettre à distance la peur de vieillir… et de mourir… seul.

Pour autant, le processus d'individuation qui s'amorce peut déstabiliser le couple. Chacun mute à son rythme. Si l'on ne saisit pas que ces mouvements intérieurs sont simultanés mais pas synchrones, des incompréhensions peuvent alors naître.

Attention aux projections

Facile alors de vouloir rendre l'autre responsable de notre mal-être, fait remarquer le Dr Christophe Fauré. Pourtant, continue-t-il, ce sentiment diffus préexistait souvent à la relation.

Il est alors important de réaliser que notre partenaire ne peut combler tous nos manques. Une part du travail nous revient.

Redéfinir le projet conjugal

Le milieu de vie, c’est, pour beaucoup d’entre nous, la période où le couple parental s'efface. Il est alors temps d'investir la dimension conjugale.

Sans tout chambouler, l’auteur nous invite à échanger sur nos aspirations respectives avec notre conjoint. Car selon lui, cela donne un nouvel élan à la relation. Et nous possédons déjà un socle solide pour le faire.

"L'enjeu est de définir ou de redéfinir ensemble un projet de couple. […]. Les ajustements se font spontanément si votre relation a été jusque-là harmonieuse. Il est même possible que la transition du milieu de la vie soit l’occasion de vous retrouver l’un l’autre, alors que vous vous étiez un peu perdus de vue. De fait, vous pouvez compter sur de solides acquis ; vous n’en êtes plus aux premiers temps de votre relation où les fondations de votre couple étaient encore fragiles : vous avez construit ensemble tellement de choses, noué tellement de liens avec vos proches et vos amis, traversé tellement de crises ou de périodes houleuses que vous disposez aujourd’hui d’un capital humain et relationnel qui constitue un socle de qualité."

Le psychiatre poursuit :

"La transition du milieu de la vie invite à rechercher une nouvelle authenticité dans la relation, une nouvelle intimité, une nouvelle raison de se choisir : se choisir par rapport à ce qui émerge de nouveau chez l’un et chez l’autre, mais aussi se rechoisir par rapport à ce qui existe et que l’on souhaite préserver. En effet, les raisons qui ont poussé à se choisir autrefois ne sont plus tout à fait les mêmes que celles qui poussent à se re-choisir aujourd’hui. Il y a des attitudes ou des comportements de votre conjoint dont vous ne voulez plus. Il y a des compromis que vous n’avez plus envie de faire.

Le Dr Christophe Fauré conclut alors :

" Il est alors grand temps de mettre cartes sur table et d’en parler le plus constructivement possible."

De l'art de la conciliation

Le Dr Christophe Fauré souligne que des changements intérieurs s’opèrent aussi chez notre partenaire simultanément aux nôtres. Il est alors essentiel de les accueillir tout en restant disponible à nous-même.

Selon le psychiatre, l'enjeu est de cultiver une relation intime, sans pour autant tomber dans une dépendance affective malsaine. Plutôt que d'attendre passivement que nos besoins soient devinés, affirmons-les avec assertivité ! Ne laissons plus nos frustrations putréfier le terreau conjugal.

Faire une place aux désirs émergents

Revendiquer plus fort nos aspirations personnelles (liées au processus d’individuation), peut engendrer des tensions au sein du couple, reconnaît le Dr Fauré. Son conseil pour les apaiser ? Cultiver des projets communs fédérateurs, tout en aménageant des espaces d'épanouissement individuel pour chaque partenaire.

À l'image du funambule qui avance en oscillant, l'auteur préconise d'instaurer une saine alternance entre rapprochement et prise de distance, entre intimité partagée et liberté revendiquée. Selon lui, ce subtil jeu de balancier serait la clé d'une relation équilibrée et épanouie.

4.2 - Un temps pour se rechoisir

Le Dr Fauré explique ici que nous sommes attirés par des partenaires exprimant des qualités refoulées en nous. Ils incarnent nos pans de vie "non choisis" et répondent à notre quête de complétude.

Mais en réintégrant ces dimensions via le processus d'individuation, ils nous paraissent, à présent, moins "nécessaires". D'où des tensions.

Alors, au lieu de reprocher à l'autre de ne plus nous combler, l’auteur nous encourage à accepter qu’il ne puisse pas répondre à tous nos besoins. Débarrassé du poids de nos attentes déçues, notre partenaire apparaît différemment. Et de là peut naître un nouvel élan :

"C’est là que pointe un nouvel enjeu de la transition du milieu de la vie : dégager la relation de la charge de nous rendre "entier" et la laisser exister pour ce qu’elle est, comme la cerise sur le gâteau de notre vie. La relation devient alors un "plus" qui embellit notre existence, en l’affranchissant de la lourdeur de notre besoin d’exister via notre conjoint(e). Elle cesse d’être perçue comme une béquille à nos (supposées) défaillances personnelles. Libérée de ce fardeau et de ces écrasantes attentes, la relation peut véritablement prendre son envol et nous enseigner le véritable sens du mot "amour"."

4.3 - La relation extraconjugale au milieu de la vie

Pour le Dr Christophe Fauré, la conjonction entre une relation déjà en souffrance et le questionnement existentiel propre à cette transition qu’est le milieu de vie peut favoriser l’infidélité. Et plus particulièrement, le fameux "démon de midi", terme pour qualifier dans le langage populaire, "une relation amoureuse entre une personne d’un certain âge et une autre souvent plus jeune".

Avant de tirer des conclusions hâtives et de tout remettre en cause, le psychiatre nous suggère plutôt de comprendre ce qui se joue dans ce type de relation.

Car pour lui, derrière la différence d’âge séduisante, se cachent, en réalité, des aspirations plus profondes, communes à beaucoup, chez l’homme comme chez la femme. Celles-ci peuvent être, par la quête de sens face à la prise de conscience du temps qui passe, la peur panique de vieillir, un besoin viscéral de continuer à plaire et séduire, etc.

Toutefois, concède l’auteur, si la différence d'âge est propice au fantasme, le décalage générationnel, grisant au départ, devient vite un obstacle. La personne infidèle finit le plus souvent par réaliser qu’elle ne pourra jamais combler par procuration ce vide intérieur et ces aspirations inassouvies.

Une douloureuse mais salutaire prise de conscience ! Car après la déflagration de cette "bombe" relationnelle, de nombreux couples parviennent à se reconstruire sur des bases plus saines, autour d'une compréhension approfondie de leur fonctionnement singulier.

4.4 - Divorcer au milieu de la vie

Malgré les difficultés, nombreux sont ceux qui franchissent le pas du divorce à 45-55 ans, las d’une relation qui s’est essoufflée.

Outre l’angoisse de ne plus plaire, il faut accepter de quitter un confort matériel et émotionnel durement acquis sans savoir ce qui nous attend. Et sans compter le coût financier ou la culpabilité de faire souffrir ses proches.

Pourtant, le Dr Christophe Fauré voit dans cette rupture une opportunité de rebondir et de s'accomplir. Comme le suggère l'idéogramme chinois "crise", le danger côtoie ici l'opportunité. À nous de savoir la saisir.

Le ressentiment ou l'incompréhension sont souvent au rendez-vous. Aussi, le psychiatre nous invite à considérer ce temps du célibat comme un sas de retour à soi, où panser nos blessures avant d'explorer de nouveaux possibles. Rien ne sert de brûler les étapes par peur panique de la solitude. Une relation épanouie avec soi-même est la garantie d'une rencontre réussie, souffle l’auteur.

4.5 - Commencer une relation au milieu de la vie

Nombre de célibataires rêvent, après plusieurs années de solitude ou une relation brisée, de vivre à nouveau une belle histoire. Mais passé 50 ans, la peur de ne plus plaire, avec un physique moins avantageux et le fardeau des désillusions vécues, sape bien des élans.

Sans compter le poids du passé : après des années de vie commune, il n’est pas aisé de se lancer dans une nouvelle histoire.

Alors, comment raviver la flamme de l'espoir ?

Selon le Dr Christophe Fauré, la clé, c’est la confiance en soi.

Selon lui, en apprenant à s'aimer pleinement, avec nos forces et nos fragilités, nous devenons rayonnants ! Un travail psychothérapeutique, mais aussi une remise en question de nos habitudes de vie, peuvent y aider. Car il n'est jamais trop tard pour devenir la plus belle version de nous-mêmes, rappelle l’auteur de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans".

Mais alors où rencontrer l'âme sœur ?

Si la famille ou les amis restent de formidables intermédiaires, Internet s'est imposé pour des millions de gens.

Certes, la magie opère rarement derrière un écran. Mais accepter ce pas, aussi artificiel soit-il, permet bien souvent une première rencontre déterminante.

Ainsi, en dépit des a priori, les sites ont le mérite de favoriser la mise en relation. Charge à nous, par la suite, de provoquer l'étincelle ! Et si cette persona virtuelle cachait l'être d'exception que nous cherchons depuis si longtemps ? La technologie moderne pourrait bien avoir le dernier mot sur le romantisme...

Chapitre 5 : Les relations avec les enfants et les parents

Dans le chapitre 5 de son livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans", le Dr Christophe Fauré montre en quoi la transition du milieu de vie est une véritable rencontre avec notre for intérieur.

Il nous fait observer que, loin d'être un processus solitaire, celle-ci impacte et métamorphose aussi beaucoup nos relations avec nos proches, notamment nos enfants et nos parents.

5.1 - L’adolescence, une autre mutation

L'auteur constate d’abord que l'adolescence des enfants coïncide souvent avec notre propre remise en question existentielle de parents quadragénaires.

Or, durant ces années-là, les règles du jeu changent à une vitesse vertigineuse. On peine à suivre le tempo, le chaos s’installe ! Nos ados nous snobent et nous malmènent sans vergogne, quand nous-mêmes sommes fragilisés par nos mutations intérieures, et donc beaucoup plus vulnérables à leurs sautes d'humeur.

Difficile dans ce contexte de continuer à assumer sereinement notre rôle de parents, consent l’auteur. D’autant que derrière chaque crise d’adolescence perce la nostalgie de l’enfant câlin et obéissant que nous avons tant chéri.

Alors comment traverser l’orage ?

Pour le Dr Christophe Fauré, la réponse est claire : en maintenant coûte que coûte le dialogue, en osant la confidence sincère, pour rétablir une relation d’adulte à adulte empreinte de respect. Même si notre adolescent fait mine de ne pas écouter, il comprend plus qu’on ne l’imagine. Ces marques de considération pacifient bien des rapports explosifs !

5.2 - Quand les enfants quittent la maison

Et puis vient le moment tant redouté du départ définitif de nos petits. Si les mères sont culturellement préparées à ce "syndrome du nid vide", ce serait finalement les pères qui souffriraient le plus de l’abandon.

Mais des études récentes dédramatisent ce passage obligé : en effet, investis dans d’autres sphères, finalement, il semblerait que, nous, pères et mères, vivions plutôt ce départ comme un soulagement. Et la relation avec nos grands enfants gagnerait même en maturité une fois le cordon coupé !

"Les enfants manquent à leurs parents, c’est indéniable - mais, sur la base des recherches que j’ai menées auprès de ces parents, ce qui se passe en réalité est à l’opposé du syndrome du nid vide. La majorité des parents font part d’une plus grande liberté, d’une reconnexion avec leur partenaire et de davantage de temps disponible pour se consacrer à leurs propres activités ou hobbies."

Reste que, pour nous parents, cette séparation est porteuse d’un subtil deuil qu’il nous faut accueillir et panser avec douceur, confie l’auteur. Il nous faut composer avec le manque, tout en célébrant fièrement l’envol de nos oisillons vers leur vie d’adultes épanouis. Et parfois, la distance est trop douloureuse. Il est alors capital d’oser en parler et énoncer nos besoins.

"Son départ peut s’accompagner d’une réelle dépression ou d’un pénible sentiment de perte desens. Alors il faut se poser cette question : "Est-ce que le départ de mes enfants est la seule et unique raison de mon désarroi ?" Ce départ peut effectivement faire caisse de résonance avec d’autres pertes ou questions existentielles qui s’imposent à vous aujourd’hui."

5.3 - Construire une autre relation avec vos parents

Inévitablement, la remise en question du milieu de vie réactive aussi notre histoire familiale. Le miroir aux alouettes de nos parents vole en éclats : derrière le vernis des souvenirs rejaillissent les blessures mal cicatrisées de notre enfance.

Le Dr Christophe Fauré nous invite alors à réévaluer nos parents avec compassion. À voir en eux des êtres cabossés, conditionnés par leur propre éducation. Des rêveurs contrariés qui ont fait de leur mieux, mais n’en ont pas moins reproduit auprès de nous leurs schémas limitants.

Pour l’auteur, identifier ces blocages hérités qui nous entravent encore est le premier pas vers la liberté. Nous pouvons choisir de ne pas répéter à notre tour ces schémas avec nos propres enfants. Et de vivre, pleinement, cette vie qui est la nôtre.

5.4 - Devenir le parent de son parent

Ironie de cette période de milieu de vie : il n’est pas rare, poursuit l’auteur, de devoir endosser un rôle de soutien auprès de nos parents, au moment même où nous sentons nos forces décliner. Or, rien ne nous a préparé à ce renversement des rôles, à devenir le parent de ce père ou de cette mère âgé.e ou dépendant.e autrefois si puissant.e. Outre la fatigue, ce renversement des rôles réactive souvent des rancœurs enfouies.

Pourtant, aussi exigeant soit-il, accompagner la vieillesse de nos parents est aussi une opportunité de leur rendre l’amour inconditionnel jadis reçu. Pour le Dr Christophe Fauré, ce dévouement guérit parfois les blessures.

Mais dans tous les cas, prévient-il, ne nous oublions pas : au sein de la "génération sandwich", pensons à nous ressourcer !

5.5 - Perdre un parent au milieu de la vie

Entre 45 et 60 ans, la mort d’un parent n’a rien d’improbable, rappelle l'auteur.

Là-aussi, le deuil est l’occasion de revisiter le passé. Cette relecture parfois douloureuse que nous en faisons est une période propice pour tenter d’apaiser les blessures relationnelles, même si nous avons parfois le sentiment qu’il est trop tard.

Lorsqu’ils perdent leurs parents, certains ressentent même étrangement un certain soulagement à se libérer d'une emprise ou figure écrasante. Cela n’a rien d’incompatible avec le manque et la peine, précise l’auteur, comme dans cet exemple :

"Je peux enfin vivre ma vie, reconnaît Victor, 54 ans, après le décès de son père. Je l’aimais et je sais qu’il m’aimait, là n’est pas la question - mais je me sentais toujours soumis à son approbation. C’était très subtil, mais très présent en même temps. Aujourd’hui, même s’il me manque et que je pleure son départ, je me sens plus libre intérieurement que je ne l’ai jamais été."

Quoi qu'il en soit, cette perte nous confronte à notre propre finitude. À nous désormais, d’y puiser de quoi donner un sens profond au temps qu’il nous reste à vivre...

Chapitre 6 : La vie professionnelle

Au sommet de leur carrière, de nombreux quadragénaires sont saisis par un profond questionnement existentiel.

Ce questionnement est à écouter avec discernement et courage. C’est ce que l’auteur de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans" propose d’étudier dans ce nouveau chapitre.

6.1 - Au sommet… et au creux de la vague

Le Dr Christophe Fauré décrit ici un paradoxe courant : au zénith de leur carrière, de nombreux  quadragénaires se sentent étouffés et insatisfaits dans leur travail. Une étude internationale pointe ce creux psychologique autour de 50 ans. Malaise d'autant plus fort que notre société valorise beaucoup le succès professionnel, en particulier chez les hommes.

Mais derrière les apparences, certains réalisent tardivement avoir trop investi leur travail, souvent pour combler un manque affectif. Forcés de constater que le Graal de la réussite sociale ne les transporte plus, la désillusion est là. Et ils sombrent.

De plus, cette transition est aussi le moment de faire le deuil de certains rêves professionnels irréalisables :

"Autant de deuils que nous devons bon gré mal gré intégrer : nous ne serons jamais membre du conseil d’administration de notre entreprise, nous ne serons pas reconnu comme le meilleur journaliste de notre rédaction, nous n’obtiendrons jamais telle promotion… Mais, au bout du compte, avons-nous toujours envie de cela ? Peut-être. Peut-être pas."

Pour l’auteur de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans", heureusement, après un passage obligé dans la zone de turbulences, les choses finissent par s'apaiser. À condition d’avoir su écouter les appels intérieurs du processus d'individuation.

Nous réalisons alors que nous pouvons opérer des changements en douceur, sans tout bouleverser. L'essentiel étant de se recentrer sur l'authenticité et la quête de sens qui nous animent au plus profond.

6.2 - Redéfinir sa vie professionnelle au milieu de la vie

Heureusement, nous rassure l'auteur, il n'est pas trop tard pour opérer un virage à 180° et se réorienter vers des rivages qui chantent à notre âme. Les "quadras" disposent même de sérieux atouts : recul, connaissance de soi, vécu... Attention toutefois à ne pas céder aux sirènes de la précipitation et du fantasme, prévient le psychiatre.

Ainsi, nous devons identifier clairement la source de nos frustrations. C’est primordial ! lance le Dr Christophe Fauré. De même, nos aspirations profondes méritent que nous les examinions : quelles valeurs voulons-nous incarner ? Où puiser l'épanouissement ? Dans quel secteur nos talents apporteront-ils de la valeur au "collectif" ?

Une fois la direction fixée, il nous faut accepter l'exigeant travail de la maturation intérieure et extérieure. Rédaction du CV, formation complémentaire, gestion financière... Tout est affaire de planification, de patience et de détermination.

Mais le jeu en vaut la chandelle, promet le psychiatre : en domptant nos peurs archaïques, nous dessinerons peu à peu les contours du professionnel épanoui enfoui en nous. Et trouverons enfin notre juste place !

Chapitre 7 : Enrichir sa vie

Le chapitre 7 du livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans" évoque l’évolution de notre vie personnelle, de nos priorités.

Car si notre mode de vie fonctionnait hier, des ajustements s'imposent peut-être aujourd'hui :

""Ce qui était vrai ou important au matin de notre vie peut cesser de l’être dans son après-midi", écrit Carl G. Jung. Certains aspects de votre vie qui fonctionnaient bien autrefois fonctionnent peut-être moins bien aujourd’hui. Cela ne veut pas dire que vous avez fait fausse route. Non, vous avez simplement évolué, mûri et modifié vos priorités et vos axes de vie. Il vous est demandé aujourd’hui de construire un pont sur l’avenir. D’un côté, il va s’appuyer fermement sur ce que vous avez construit de bon et de solide durant la première moitié de votre vie ; de l’autre, il va s’étayer sur ce que vous avez envie de faire de votre existence dans sa seconde moitié."

Ainsi, notre quête sera de donner plus de sens et de saveur aux années restantes. Et pour y parvenir, ouvrons-nous avec confiance à tous les possibles qui s'offrent à nous, clame l’auteur.

7.1 - Les 4 axes de transformation personnelle

Dans la première partie du chapitre 7 du livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans", le Dr Christophe Fauré nous propose quatre axes pour opérer une transformation personnelle positive.

1er axe : Continuer, ajuster, arrêter, initier

L’auteur suggère d'appliquer ces quatre actions dans sept domaines clés de notre vie, à savoir à :

Notre relation au corps,

Notre partenaire,

Nos enfants,

Nos parents,

Notre travail,

Nos loisirs,

Notre vie spirituelle.

Cela offre 28 possibilités concrètes d'amélioration.

Par exemple, pour notre corps, on peut continuer à se faire masser pour s'apaiser, ajuster notre alimentation pour la rendre plus saine, arrêter de fumer et initier une nouvelle activité physique.

2ème axe : Se montrer le plus concret et le plus spécifique possible.

Le psychiatre souligne qu'il est essentiel d'être le plus concret et le plus spécifique possible dans nos objectifs pour leur donner une chance de se réaliser.

En effet, un objectif vague comme "Je veux être plus serein" a peu de chances d'aboutir. Il vaut mieux planifier précisément les étapes à franchir comme faire du yoga deux fois par semaine.

3ème  axe : Hiérarchiser ses priorités et leur donner la primauté

Nous ne pouvons pas tout accomplir simultanément. Nous devons alors apprendre à ordonner nos désirs par ordre d'importance, même si renoncer à certains n'est pas aisé. Et assurons-nous que nos nouveaux choix reflètent nos aspirations actuelles, non celles d'autrefois.

4ème axe : Se fier à sa boussole intérieure

Enfin, le Dr Christophe Fauré indique que nous pouvons évaluer si nous sommes sur la bonne voie grâce à notre "boussole intérieure" : si on se sent plus heureux, apaisé, plein d'énergie positive ou de bien-être, c'est qu'on avance dans la bonne direction, en phase avec nos aspirations profondes. L'essentiel est de trouver la voie qui nous libère intérieurement.

7.2 - La créativité pour enrichir votre vie

Le psychiatre met ensuite l'accent sur l'importance de la créativité pour donner un nouvel élan à la seconde moitié de sa vie.

Il cite une étude démontrant que la créativité connait deux pics au cours de la vie : autour de 20 ans et autour de 50 ans. Contrairement aux idées reçues, la cinquantaine n'est donc pas trop tard pour exprimer sa créativité.

Le Dr Christophe Fauré partage de nombreux exemples inspirants de personnes qui se sont lancées dans une activité créative à mi-parcours : apprendre la musique, créer un blog, militer dans une association, cuisiner la gastronomie du monde, refaire la décoration de sa maison selon les principes du feng shui...

Il souligne qu'il ne faut pas se limiter et ne pas croire que seuls les artistes talentueux ont le droit de créer. Tout le monde peut laisser libre cours à son imagination, et ce, dans de multiples domaines.

L'auteur termine en nous invitant à répondre à un questionnaire très complet pour faire le point sur nous-mêmes. Quels sont nos rêves d'enfance abandonnés ? Nos aspirations actuelles ? Nos talents non exploités ? Quels sont nos projets ? Qu'aimerions-nous devenir ? Autant de pistes pour insuffler une nouvelle dynamique créative à cette deuxième partie de notre vie.

7.3 - Les apports de la psychologie positive pour enrichir la vie

Le Dr Christophe Fauré présente ici la "psychologie positive". En gros, cette approche scientifique vise à étudier ce qui va bien chez un individu plutôt que ses difficultés.

Aussi, l’auteur du livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans" explique que selon cette théorie, une vie heureuse repose sur 3 piliers. Cette vie doit être :

Plaisante : faite de loisirs et d'émotions positives.

Engagée : avec un investissement dans un projet qui nous motive.

Pleine de sens : en accord avec nos valeurs.

Les deux fondateurs de cette école ont aussi identifié 24 forces et vertus universelles comme, par exemple, la créativité, la curiosité, le courage, l’intelligence émotionnelle... Celles-ci sont développées en annexe du livre. Ici, l'idée est de repérer nos 5 forces dominantes pour les cultiver.

L'auteur présente ensuite une étude prouvant l'efficacité de méthodes issues de la psychologie positive contre la dépression. Parmi les exercices : noter chaque jour 3 événements positifs vécus et exprimer sa gratitude de façon précise pour certaines choses.

Il souligne que l'intérêt de la psychologie positive est qu'elle nous offre des outils concrets, validés scientifiquement, pour devenir acteur de notre propre bonheur et de notre accomplissement personnel.

7.4 - Vous faire accompagner pour enrichir votre vie

L’auteur fait part ici de l’intérêt que nous aurions à nous faire accompagner lors de notre transition du milieu de vie pour en retirer tous les bienfaits.

En effet, pour lui, le passage du milieu de vie est une occasion unique de grandir qu’il ne faut pas laisser passer. Mais il est aussi, souvent, solitaire car notre entourage ne vit pas forcément la même chose. L'idée est donc de trouver un espace de parole pour partager nos questionnements existentiels.

Dès lors, plusieurs options s'offrent à nous :

La thérapie, individuelle ou de couple, peut aider à y voir plus clair. Attention cependant à choisir un thérapeute qui connaisse bien les enjeux du milieu de vie.

Les groupes de parole entre pairs sont aussi très enrichissants pour confronter nos expériences.

Des stages de développement personnel permettent d'explorer de nouvelles voies.

Le mentorat ou le coaching apportent un regard extérieur précieux et stimulant.

Quelle que soit la formule, l'auteur insiste sur l'importance de ce processus pour nous ouvrir à ce qui était enfoui en nous et que nous n'osions pas regarder.

Chapitre 8 : Quête de soi, quête de sens | La spiritualité au milieu de la vie

Le dernier chapitre du livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans" commence par une histoire saisissante pour introduire le sujet de la quête spirituelle, étudiée dans cette dernière partie du livre :

Viktor Frankl, médecin, a 39 ans quand il est déporté à Auschwitz. Cette terrible expérience lui permet d'élaborer une théorie sur le sens de la vie : contrairement aux plus robustes, il observe que ce sont les plus faibles qui résistent le mieux. Pourquoi ? Parce que ces derniers savent développer une vie intérieure qui laisse la place à l'espoir et qui questionne le sens.

De retour des camps, le Dr Frankl fonde alors ce qu’on appelle la "logothérapie". Cette thérapie se base sur l’idée que les troubles psychiques résultent d'un vide existentiel. Car, comme Carl Jung, Viktor Frankl pense que l'être humain est en quête constante de sens et transcendance.

Pour l’auteur, c’est bien ce désir profond d'une existence riche de sens, réponse à notre aspiration à la plénitude, qui s’éveille au milieu de notre vie. Et cette quête relève, dit-il, de notre dimension spirituelle.

8.1 - Qu’entend-on par "spiritualité" ?

Voici les idées principales que commence par exposer l’auteur du livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans" pour mieux comprendre ce qu’est cette dimension spirituelle.

Spiritualité Vs religion

L'auteur clarifie d’abord la différence entre "spiritualité" et "religion".

L'étymologie du terme "spiritualité" renvoie à "spiritus", le souffle : la spiritualité a donc trait à ce qui respire en nous, à cet espace de respiration intérieure. On le voit d’ailleurs très bien dans les pratiques méditatives qui utilisent la respiration comme ancrage corporel de cette dimension.

Ainsi, prendre soin de son corps revient à prendre soin de son esprit, rappelle l’auteur. Dans la même idée, se libérer psychologiquement de ses blocages émotionnels et schémas limitants crée un espace intérieur propice au développement spirituel.

La spiritualité, partie intégrante de l’être

Le psychiatre explique ensuite que, contrairement à Freud qui ne voyait pas cette dimension comme essentielle, Jung considérait la spiritualité comme partie intégrante de l'être. Il pensait qu'elle était indispensable à l'équilibre psychique d'un individu.

La spiritualité laïque

Le Dr Servan-Schreiber tentait, quant à lui, de définir ce qu'est une "spiritualité laïque", c'est-à-dire sans référence à une religion instituée. Pour lui, il s'agit de la quête d'un sentiment élevé en nous, celle d'un lien créateur à l'univers et au monde. C'est une aventure intérieure qui se nourrit de moments intenses, faits de beauté, de partage ou de solitude. Elle est accessible à tous.

La spiritualité au quotidien

L’auteur souligne enfin que la spiritualité s’ancre dans le quotidien. Elle nous permet alors de voir au-delà de la routine. Elle est spécifique à chacun d’entre nous et à notre propre perception du réel.

Qui dit spiritualité, dit nécessairement chemin intérieur

Si elle s'ouvre à autrui, la démarche spirituelle nécessite d'abord de faire un chemin intérieur, faute de quoi on risque de continuer à s'oublier soi-même, rappelle l'auteur. Un travail psychologique préalable peut alors préparer le terrain de cette quête de sens.

L’auteur raconte avoir lui-même expérimenté ce couplage psychologie + spiritualité pour répondre à ses questions existentielles en se retirant deux ans dans un monastère bouddhiste au mitan de son existence. Il explique ainsi avoir réaliser combien la spiritualité est essentielle à une authentique paix intérieure, et ce, quelle que soit la voie empruntée.

8.2 - Secrets de vie

Dans cette partie du livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans", l'auteur est allé recueillir les paroles de personnes en fin de vie pour savoir ce qui avait donné sens à leur existence.

Ainsi, de cette enquête, plusieurs points reviennent de façon récurrente, comme par exemple, le fait d’avoir :

Aimé et pris soin de ses proches,

Créé des liens significatifs,

Contribué au bien-être d'autrui,

Fait la paix en soi.

Une autre étude a été menée auprès de 235 personnes jugées "sages" par leur entourage. Celle-ci fait ressortir 5 ingrédients d'une vie réussie, à savoir :

Être intègre et honnête avec soi-même,

Ne laisser aucun regret derrière soi sur ce qu'on a fait ou non de sa vie,

Vivre dans l'instant présent,

Apprendre à aimer et à agir avec bienveillance,

Donner plus que recevoir.

Pour l’auteur de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans", ces thèmes universels indiquent autant de directions spirituelles à explorer, sans affiliation à une doctrine particulière.

Le Dr Christophe Fauré développe alors quelques-unes de ces pistes à travailler :

Être honnête avec soi-même est le pilier du processus d'individuation à mi-parcours de sa vie. Cela passe par l'acceptation sereine de la réalité. Et nécessite de faire la paix avec son passé.

La peur de la mort renvoie souvent à la peur d'une vie non vécue. D'où l'importance de saisir sa vie à pleines mains. Dans cette optique, "se poser", à cette période de notre vie, permet de retrouver la clarté de notre être, masquée par l'agitation. Nous pouvons notamment pratiquer la méditation de pleine conscience : celle-ci apprend à vivre l'instant présent, dans une attention consciente à soi et au monde, confie l’auteur. Pour autant, elle ne suffit pas, continue-t-il : son but ultime est la réalisation de notre Nature profonde et de celle de toute chose. C'est ce qu'on appelle l'Éveil.

Enfin, "aimer" procure un sentiment de sens. En prenant soin de nous dans ce mitan de l'existence, nous devenons plus disponibles aux autres et inspirants pour nos proches. C'est un acte d'amour que de cheminer vers notre meilleur potentiel.

Finalement, au milieu de la vie, la quête spirituelle nous tend la main pour donner corps et substance à notre recherche de sens. Pour le Dr Christophe Fauré, elle vient parfaire, par une dimension verticale, tout le travail horizontal de transformation de soi.

8.3 - Une recette du bonheur ?

Dans cette dernière partie du livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans", l'auteur commence par partager deux études. Ces études ont pour but de comprendre ce qui procure le bonheur dans une vie. Ainsi :

La première, menée à Harvard sur 780 hommes durant 75 ans, démontre que nos relations sociales sont la clé du bien-être, quel que soit notre milieu. Plus on entretient des liens affectifs riches, plus on est heureux et en bonne santé.

La seconde étude révèle que le sentiment d'accomplissement provient des actions que nous réalisons au-delà de notre intérêt personnel, de notre investissement pour autrui via des projets éducatifs ou sociaux. Donner semble donc plus essentiel que recevoir.

Donner plus que recevoir

Notre quête de spiritualité au milieu de notre vie nous pousse justement à nous tourner vers le monde. Et au regard des études mentionnées, cet élan vers les autres est positif. En sortant de notre coquille ego, nous pouvons trouver, dans le don de nous-mêmes, ce supplément d'âme qui illuminera notre seconde vie.

Attention tout de même, servir autrui n'est pas une condition sine qua non pour être heureux. Et cela ne demande pas obligatoirement de réaliser des choses extraordinaires ou spectaculaire. Pour l’auteur, ce doit être une question de "vocation", d'appel intérieur qu'il faut assumer et qui doit être source de joie : s'occuper de ses proches, mener une action humanitaire, protéger l'environnement... peu importe.

Transmettre

"La première moitié de la vie est un temps d’acquisition et de construction. Au milieu de la vie, quelque chose s’inverse progressivement et l’idée de restitution ou de transmission prend de plus en plus d’importance. Cela concerne bien sûr la transmission de ce qui a été accumulé au niveau matériel, mais un mouvement beaucoup plus global s’initie souvent en soi, indépendamment d’un patrimoine que l’on pourrait transmettre."

"Transmettre", souligne l’auteur, permet de laisser une trace, d'offrir aux autres ce qu'on est. Et cette transmission de notre essence peut prendre des formes très simples au travers de nos expériences de vie :

"Vous n’avez pas besoin de livrer au monde un héritage d’exception pour y trouver du plaisir et un sentiment de plénitude. Votre héritage peut être le fruit naturel de votre expérience de vie, en tant que parent, en tant que conjoint, en tant que membre de votre communauté. Il peut être le fruit des  circonstances, heureuses ou malheureuses, de votre existence. Là où elles peuvent prendre sens, c’est quand vous parvenez à en extraire l’essence."

Conclusion : Un mot de la fin | Pour que tout commence

Dans la conclusion de son livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans", le Dr Christophe Fauré s'adresse à nouveau à Isabelle, jeune femme perdue rencontrée au tout début du livre. Elle ne pleure plus désormais, car elle a fait le deuil de son passé. Certes, des questions demeurent mais elle sait à présent qu'une nouvelle chance de vie s'offre à elle, livre l’auteur. Les incertitudes de sa transition de vie ont laissé place à une certitude : "le temps qui lui reste à vivre sera à l’image de ce qu’elle décide d’en faire aujourd’hui".

Certes la tâche est vaste et les doutes légitimes. Mais il s'agit d'avancer, pas à pas, sans exigence de perfection. Des trésors en elle ne demandent qu'à s'éveiller.

Et pour nous également !

C’est pourquoi, l’auteur nous invite, nous aussi, à oser être libre et maître de notre vie pour que, au milieu de notre existence, tout commence enfin à avoir un sens :

"Tout est entre vos mains désormais : prêter attention à votre corps comme vous ne l’avez peut-être jamais fait jusqu’à maintenant, revisiter votre couple avec un regard neuf et aimant, assumer votre solitude, si tel est votre destin".

Pour l'auteur, il s'agit d'"accueillir les opportunités de croissance" que cette période nous offre. Tout comme :

"Construire une autre relation avec vos enfants en voie d’autonomie et vos parents en voie de dépendance, faire courageusement le point sur votre vie professionnelle et aller là où vous n’avez jamais osé aller, trouver comment la dimension spirituelle de votre être peut trouver sa place dans votre existence, oser l’engagement, la curiosité, aller au-devant du nouveau, de ce qui n’a pas encore été vécu ou exploré, pacifier le passé et libérer le présent, ouvrir des portes et en fermer d’autres, sortir des schémas et des croyances qui vous ont bridés ou ont limité votre champ de vie, dire "oui" quand auparavant vous disiez "non", embrasser l’avenir avec confiance, dans une conscience aiguë que cet avenir aura, un jour, une fin."

Enfin, il nous invite à "prendre des risques qui n’apparaissent plus aujourd’hui aussi hasardeux" et à oser : "oser vivre avec courage, la peur au ventre mais la tête dans les étoiles, oser être heureux, oser être une force de changement et d’inspiration dans le monde : voilà à quoi vous invite la seconde moitié de votre vie" conclut-t-il !

Annexe : Les 24 forces en psychologie positive

En annexe de son ouvrage "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans", le Dr Christophe Fauré partage 24 forces ou traits positifs de personnalité qui, cultivé(e)s, procurent un sentiment d'accomplissement. Elles se répartissent en 6 vertus.

La sagesse et la connaissance : elles regroupent la créativité, la curiosité, l'ouverture d'esprit, l'amour d'apprendre, la sagesse.

Le courage : il rassemble la bravoure face aux épreuves, la persévérance dans ses projets, l’authenticité dans ses actes et paroles, la vitalité.

La justice : elle implique l'esprit d'équipe et d’entraide, le sens de l'équité et de la justice, les qualités de leader bienveillant.

L'humanité : elle comprend la capacité d'aimer et nouer des liens forts, la gentillesse via des actions bienfaisantes, l'intelligence sociale pour comprendre les autres.

La tempérance : elle exige de pardonner les torts subis, la modestie sans se mettre en avant, la prudence dans ses choix, la maîtrise de soi.

La transcendance : elle nécessite de cultiver le sens du Beau, d'éprouver de la gratitude, d'être optimiste, d'avoir de l'humour, de trouver un sens spirituel à son existence.

Le psychiatre nous invite à identifier nos 5 forces-signatures parmi ces 24 pour orienter nos efforts et trouver l'épanouissement. En les mettant délibérément en pratique dans notre quotidien, nous renforcerons notre bien-être.

Selon l’auteur, cet outil issu de la psychologie positive permet de devenir acteur de son bonheur en développant le meilleur de soi-même.

Conclusion de "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans" du Dr Christophe Fauré

Les 3 grandes idées à retenir sur le milieu de vie, période entre 40 et 55 ans, selon le livre "Maintenant ou jamais !"

  1. Une transition naturelle vers plus d’authenticité

Tout au long des chapitres du livre, le Dr Christophe Fauré développe l’idée clé suivante : loin d'être une crise comme on le dit souvent, la période de la quarantaine à la cinquantaine correspond en fait à une transition naturelle. Un processus psychique appelé "individuation" s'enclenche alors, qui nous pousse à retrouver notre authenticité. Même s'il peut nous déstabiliser, ce processus s’avère être, selon lui, très positif.

  1. Une période pour redonner du sens à son existence

Pour l’auteur de  "Maintenant ou jamais ! La vie commence après quarante ans", cette période de remise en question existentielle est propice à une prise de recul, et à redonner du sens aux différentes facettes de notre vie. Dès lors, le Dr Christophe Fauré nous encourage à opérer des changements, même modestes, afin de recentrer notre vie sur ce qui compte vraiment désormais. L'idée est de se libérer de certains carcans pour être plus aligné avec soi-même.

  1. L’occasion de se réaliser pleinement

Enfin, l'auteur voit dans cette transition du milieu de vie une chance unique de se réaliser pleinement, de révéler des pans de nous-mêmes restés dans l'ombre. En acceptant ce qui émerge en nous, en prenant soin des dimensions négligées, nous pouvons devenir, assure-t-il, la meilleure version de nous-même et trouver un sentiment d’accomplissement.

Ce que la lecture "Maintenant ou jamais !" vous apportera

Le livre "Maintenant ou jamais ! La vie commence après 40 ans" partage de précieux éclairages sur cette période méconnue qu’est le milieu de vie.

Le Dr Christophe Fauré replace cette transition dans une perspective positive et épanouissante, à rebours des clichés anxiogènes de la "crise de la quarantaine".

Aussi, ses conseils concrets nous aident à traverser les turbulences rencontrées tout en impulsant un nouvel élan à votre vie.

Qu’il s’agisse du couple, du travail ou de la spiritualité, cet ouvrage dissipe, en effet, les malentendus du mitan de la vie. On y voit alors plus clair. Et on apprend à aller vers cette aspiration qui nous appelle, à savoir plus d’authenticité.

Les nombreux témoignages et récits de vie et de patients relatés tout au long du livre donnent du rythme aux propos. Comme ils sont très réalistes et parlants, il est, de plus, très facile de s’y retrouver, de s’identifier.

En somme, cette lecture nous permet de comprendre les profonds changements intérieurs à l’œuvre pour les accueillir sereinement plutôt que de leur résister. Surtout, il redonne espoir et confiance pour la suite en montrant comment transformer chaque difficulté en tremplin d’accomplissement.

Points forts :

Démystifie la "crise de la quarantaine" en montrant que c'est une transition naturelle et positive.

Fournit des conseils concrets pour traverser sereinement cette période de changements et redonner du sens à sa vie en se recentrant sur l'essentiel.

Très bien écrit, style parlant ; on sent l'expertise et la bienveillance de l'auteur.

Les récits de vie distillés permettent de s'identifier très facilement et de se sentir moins seul.

Points faibles :

Les propos et conseils sont très axés sur les familles qui suivent un schéma plutôt classique : si vous n'avez pas d'enfants adolescents ou que n'êtes pas en couple depuis des années à l’âge de 40 ou 50 ans, certaines parties ne vous parleront pas.

Ma note :

★★★★★

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Mon, 22 Jul 2024 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12918/Maintenant-ou-jamais-La-vie-commence-aprs-40-ans
Pour une résistance oisive http://www.olivier-roland.fr/items/view/12912/Pour-une-rsistance-oisive

Résumé de « Pour une résistance oisive. Ne rien faire au XXIe siècle » de Jenny Odell : un best-seller anticonformiste qui a plu même au président des États-Unis, Barack Obama ! À lire pour se déconnecter et pour réfléchir aux conséquences de nos vies numériques sur nos habitudes de vie.

Jenny Odell, 2021, 311 pages.

Titre original : How to Do Nothing : Resisting the Attention Economy (2019)

Chronique et résumé de "Pour une résistance oisive. Ne rien faire au XXIe siècle" de Jenny Odell

Qui est Jenny Odell et comment a été reçu son livre "Pour une résistance oisive" ?

Jenny Odell est une artiste visuelle états-unienne, spécialisée dans le numérique. Elle est aussi professeure d'arts à l'université de Stanford et diplômée de littérature anglophone. Pour en savoir plus à son sujet, ainsi que sur ses écrits et ses projets, vous pouvez découvrir son site internet.

La parution de son premier livre en 2019, "How to Do Nothing: Resisting the Attention Economy", traduit en français par "Pour une résistance oisive. Ne rien faire au XXIe siècle" (2021) a été un véritable événement aux États-Unis. Surtout après les quelques mots prononcés par Barack Obama à son sujet !

Depuis, l'auteure continue à créer des installations artistiques, à enseigner et à écrire. Elle a notamment écrit "Saving Time: Discovering a Life Beyond the Clock" sorti en 2024. Jenny Odell a aussi rédigé de nombreux articles sur le sujet de la culture de la productivité et de l'écologie à l'ère du numérique (voir son site internet pour plus de détails).

Jenny Odell est issue d'une mère originaire des Philippines et d'un père états-unien. Elle se dit à l'aise avec cette double identité, qui lui permet d'être "entre les deux", à la fois un pied dans la culture occidentale et un pied en dehors. Elle a grandi à Cupertino (siège de Apple) et vit actuellement à Oakland.

Comme nous allons le voir, ces informations sur ses origines ne sont pas anecdotiques. Elle considère qu'il est très important de se relier aux lieux où l'on vit pour sortir de l'emprise des réseaux sociaux et apprendre à mieux les utiliser.

Entrons donc dans le détail de ses propositions !

Introduction. Survivre à l'utilité

À l'heure des réseaux sociaux et de l'hyperstimulation permanente, « rien n’est plus difficile que de ne rien faire », dit Jenny Odell. Cette connexion constante au numérique a des conséquences au niveau :

Individuel = nous en oublions de penser le sens de notre vie.

Collectif = résolution de problèmes complexes via des discussions.

Culturel = perte de goût pour « le nuancé, poétique, ou le non directement intelligible ».

Alors, que faire ?

"Ce livre se donne pour objectif de trouver les moyens de conserver cette place sous le soleil. C’est un guide pratique pour ne rien faire compris comme acte de résistance politique à l’économie de l’attention." (Pour une résistance oisive, Introduction)

Son hypothèse est simple : "et si les gens et choses qui nous entourent suffisaient, et se suffisaient à eux-mêmes ?" En nous détournant du numérique, nous apprenons à revenir à des liaisons plus profondes. « La réalité augmentée pourrait-elle tout simplement signifier de poser son téléphone ? », demande-t-elle.

Sa thèse n'en est pas pour autant antitechnologique. Son problème, c'est avant tout la logique marchande attachée à l’économie de l’attention, ainsi que le culte de l’individualisme.

Pour nous faire comprendre les enjeux de son livre, elle utilise la métaphore de l’arbre Old Survivor, qui nous enseigne :

la résistance (il est trop tordu pour être utilisé comme bois de menuiserie) ;

le témoignage et la mémoire, c’est-à-dire l’enracinement dans le passé dont le présent dépend.

Pour l'auteur, Old Survivor permet de penser une « résistance-en-place » qui implique :

Un refus du cadre de référence (se soumettre aux usages du numérique, par exemple) ;

Une volonté de sortir des logiques de pensées identitaires (repli nationaliste, etc.) ;

La reconnaissance d'une subjectivité qui change avec le temps.

Pour parvenir à penser et à agir autrement Jenny Odell propose d'abord de se désengager, c'est-à-dire de s’arracher à l’économie de l’attention. Ensuite, et en fait dans le même temps, il est nécessaire de se réengager, c'est-à-dire se relier autour d’autres choses.

Dans ce double mouvement, l'auteur puise une grande Inspiration dans le biorégionalisme créé par Peter Berg dans les années 1970. Pour elle, il s'agit de résister aux effets dévastateurs du numérique en ayant recours à l'écologie. Nos esprits, comme la nature elle-même, ont été saccagés et pillés.

Jenny Odell termine l'introduction en reconnaissant que son livre a une « drôle de forme », à la fois :

Invitation à la promenade ;

Manuel activiste ;

Guide de développement personnel.

À vous de voir par quel "bout" vous prendrez l'ouvrage !

Chapitre 1. Le bien-fondé du rien

Ne rien faire, qu'est-ce que c'est ? C'est laisser un temps libre pour la découverte et l'attention aux choses oubliées. C'est aussi laisser au temps le temps de faire son œuvre, c'est-à-dire de nous transformer.

Jenny Odell parle de son art et de celui d’autres artistes comme de la création d’un espace ouvert pour l’observation, la contemplation ou l’attention. Pour laisser, comme elle dit, « les histoires grouiller ».

Concrètement, elle trouve souvent ce temps lorsqu'elle se rend dans une roseraie près de chez elle. Ou lorsqu'elle observe (et écoute !) les oiseaux — l'une de ses activités préférées.

Pour l'auteure, cette pratique amateure d'observation ornithologique va à l'opposé de la recherche en ligne, puisqu’on « ne peut pas le débusquer et le forcer à s’identifier à nous ». Les chants des oiseaux s’apprennent et, quand nous les connaissons, ils nous deviennent familiers, comme des langues que nous parlons.

Ces moments et ces lieux (car les deux vont de pair) sont « des refuges ». Quelque chose de nouveau peut se révéler, un changement peut s’opérer. Nous nous surprenons à faire davantage attention aux autres et non seulement à nous-mêmes, on devient aussi plus conscient de nos propres forces et faiblesses.

Autocritique de l’auteure : privilège lié à ce pouvoir de ne rien faire. Réponse : elle trouve dans le syndicalisme la même idée de jouir du temps libre pour son propre plaisir.

Le temps, comme l'espace, est colonisé par l'idéologie de l'efficacité et de la rapidité. Nous perdons en même temps des espaces publics (parcs, bibliothèques) et le temps pour ne rien faire (moments de pur vagabondage ou de repos).

Avec les outils numériques, le travail s’immisce partout. Le travail et le hors travail fusionnent. Par ailleurs, nous sommes submergés d'informations et de fausses informations, sans plus être capables de faire le tri.

En réalité, le bavardage sur les réseaux sociaux est savamment entretenu par les dirigeants des plateformes pour des raisons financières. Eh oui, car c'est en maximisant notre taux d'engagement que celles-ci peuvent construire nos profils et les vendre aux plus offrants.

À l'opposé, ne rien faire est un processus actif d’écoute. Celui-ci permet de :

Se réparer, c’est-à-dire prendre soin de soi ;

D'écouter avec une sensibilité corporelle renouvelée et donc de faire davantage preuve d’empathie ;

S'immuniser contre les discours de la croissance infinie pour reconnaître que nous sommes des animaux terrestres.

Jenny Odell aborde enfin la question de la vie éternelle souhaitée par les transhumanistes (dans la veine de Elon Musk) et leur oppose une prise en compte de la finitude humaine en sortant du temps productif.

Chapitre 2. L'impossibilité d'une retraite

Peut-on s’extraire de façon permanente du monde de la productivité ? Ou, dans le même ordre d’idée, la « détox numérique » est-elle une voie prometteuse ?

L’auteure analyse ici plusieurs formules, depuis les aventures communautaires des années 1960 jusqu’aux tentatives plus récentes de gourous plus ou moins millionnaires et proches de la Silicon Valley — en passant même par le Jardin d’Épicure, qui sert de modèle racine (pas toujours conscient) à toutes ces initiatives.

L’auteure montre que les utopies qui cherchent à se constituer à partir d’une « table rase du passé » échouent. Elle montre en particulier que/qu' :

Celles-ci procèdent de la volonté de s’extraire du politique ;

Il y règne souvent des tensions autoritaires qui règnent dans les communautés qui se créent en dehors de la société.

La reproduction des inégalités et des préjugés qui s’y développent.

Les tentatives utopistes des années 60 ont échoué. Et il en va de même des tentatives techno-utopistes telles que celle de Pascal Thiel dans les années 2000. Plus généralement, la volonté de coloniser les nouveaux espaces (cyber, interstellaire, eaux internationales) pour créer une société "nouvelle" sont à considérer avec circonspection.

Pour Jenny Odell, nous avons une responsabilité, à savoir nous inscrire dans la communauté politique réelle, plutôt que fuir pour se mettre à l’écart. Au lieu de vouloir fonder une communauté parfaite et homogène, il s’agit d’accepter et d’explorer le hasard lié à la « pluralité d’agents » qui compose toute société.

À la place de ces utopies — qui demeurent néanmoins des idéaux intéressants —, l’auteure envisage plutôt une résistance à l'intérieur même de la ville ou de la "cité". Elle reprend en particulier à un auteur anarchiste catholique l’idée d’associer contemplation et action, fuite et participation.

Autrement dit, elle se demande non pas s’il faut participer à la vie publique (sa réponse est oui), mais comment. Et sa réponse est ce qu'elle nomme un « refus-sur-place », un genre de retraite dans l’enceinte même de la société.

Ne pas succomber à la tempête médiatique, qui ne produit que du bruit — et ne pas en produire davantage (en produisant des posts qui n’ont aucun effet réel, sinon celui d’enrichir la plateforme).

« Une forme de réaction hybride est nécessaire. Nous devons être en mesure de faire les deux : contempler et participer, partir et toujours revenir, là où l’on a besoin de nous. (…) Dans la foulée, je suggère autre chose à la place du langage de la retraite ou de l’exil. Une simple disjonction que j’appellerai « se tenir à l’écart ». » (Pour une résistance oisive, Chapitre 2. L'impossibilité d'une retraite)

Ce "tenir-à-l'écart" implique :

Ne pas fuir ce qui nous pose problème mais le connaître ;

S’octroyer une posture critique ;

Se laisser la possibilité de construire un autre monde, mais « dans » celui-ci.

Voyons maintenant comment elle compte mettre plus concrètement ce plan à exécution.

Chapitre 3. Anatomie d'un refus

Jenny Odell évoque dans ce chapitre plusieurs performances d'artistes contemporains. Chacune d'elle met en scène le refus d'une norme, telle que travailler ou encore marcher rapidement dans la rue. Elle montre que ces gestes artistiques permettent de voir ce qui reste d'habitude caché et "évident" :

« Depuis l’intérieur des cycles de comportements admis, de tels refus produisent des ramifications étranges qui ne s’oublient pas de sitôt. » (p. 111) (Pour une résistance oisive, Chapitre 3. Anatomie d'un refus)

L’auteure rapporte ensuite plusieurs histoires, dont celle de Diogène le cynique. Elle dit à son propos qu'il était comme un artiste contemporain, cherchant par son attitude à provoquer et à attirer l'attention sur l'inertie des autres citoyens.

Diogène a le grand mérite, selon elle, de nous montrer que le refus est non seulement possible, mais aussi qu'il est possible de refuser tout en restant dans la société. Quand il accepte de participer à la cité, Diogène le fait « à sa mode ».

C’est ce que Jenny Odell appelle la création d'un « tiers espace » : ni exclusion, ni pure et simple inclusion, mais rapport critique et ouvert aux façons de vivre en société (au-delà de ce que celle-ci nous impose).

Elle trouve également un exemple en Bartelby le scribe, un personnage d'une nouvelle de Herman Melville. « Non seulement il n’obtempère pas ; il refuse les termes mêmes de la question », rappelle-t-elle.

Le scribe sape l’autorité en habitant un « tiers espace ». Le fait-il par simple caprice ou de façon irraisonnée ? Non ! Bartelby agit de façon volontaire, studieuse et disciplinée. Voluntate, studio, disciplina (Cicéron) : telle est la règle d'action qu'il faut se donner lorsque nous voulons agir ainsi.

En effet, pour Jenny Odell, « ne rien faire » est une tâche difficile. Il faut avoir la force de s’opposer aux coutumes et à nos propres inclinations. C’est un exercice d’endurance sociale. Pour illustrer ce point, l'auteure cite finalement Henri Thoreau, le philosophe états-unien qui fonda les principes de la désobéissance civile outre-Atlantique.

De tels refus sont possibles, tant au niveau individuel que collectif. Or, ils impliquent une tension vers un but et — donc — de l'attention. Sans attention, sans concentration, il est impossible d'agir ou de penser, que ce soit seul ou ensemble.

Tous les actes d’activisme véritables et qui ont eu du succès (comme les actions contre la ségrégation raciale, par exemple) avaient été pensés, soigneusement réfléchis. Bien sûr, il n'est pas donné à tout le monde d'avoir le temps ou les ressources pour refuser d'agir de façon conformiste.

Il existe des différences culturelles, sociales et économiques qui pèsent sur les individus et les empêchent de modifier leurs comportements. Mais si nous cultivons l'attention au quotidien, nous pouvons néanmoins y parvenir.

Chacun, à son niveau, peut agir. Et, petit à petit, les marges peuvent grandir et se rassembler. pour transformer la société dans son ensemble.

Chapitre 4. Exercices d'attention

L’auteure cherche ensuite — dans ce chapitre, ainsi que dans toute la suite de l'ouvrage — des manières de réorienter son attention. Les artistes, notamment, sont particulièrement importants. Pourquoi ? Car ils nous aident à changer nos manières de percevoir et de nous relier au monde.

Jenny Odell s’intéresse par exemple à l'œuvre des artistes David Hockney (peintre) et à celle de John Cage (musicien), pour ne citer que les plus célèbres. Elle montre à chaque fois comment ces artistes invitent à regarder le réel autrement, soit en :

Montrant des détails qui n’apparaissent pas d'habitude (Hockney) ;

Ouvrant un espace d’écoute pour des sons que nous négligeons au quotidien (Cage).

En réalité, nous pouvons reproduire ces expériences dans notre expérience de tous les jours. C'est par exemple ce que cherche à faire la méditation de pleine conscience. En ouvrant un nouvel espace pour notre attention, nous changeons la façon dont nous voyons le monde et nous rapportons à notre milieu.

À ce propos, l'auteure prend aussi l’exemple de sa ville natale : Cupertino, siège d’Apple. Elle met en scène deux réalités :

D’un côté, l’uniformité de la ville, son absence d’aspérité et le bâtiment type « vaisseau spatial » d’Apple ;

De l’autre, ce qu’elle a été capable d’y redécouvrir (le nom des arbres et des animaux, des montagnes, l’existence de ruisseaux qui zèbrent la géographie, etc.).

Pourquoi chercher à réorienter ainsi son attention en s'inspirant des artistes et de la nature ? Eh bien, dit Jenny Odell, d'abord parce que c'est amusant ! Cela comble notre besoin de curiosité. Ensuite, elle affirme que c’est un moyen de se dépasser soi-même en s'ouvrant vers l’extérieur.

Pour avancer dans sa réflexion, elle utilise une distinction philosophique entre "Je-Cela" et "Je-Tu" :

Je-Cela (regard uniformisant qui prend toute chose pour un moyen à utiliser) ;

Je-Tu (regard singulier sur une réalité que nous cherchons à envisager depuis sa perspective propre).

L'auteure s'intéresse également aux sciences. Elle aborde la question de la cécité inattentionnelle.

« Les chercheurs (Arien Mack et Irvin Rock) suggèrent que l’attention est une clé qui ouvre la porte qui divise la perception inconsciente… de la perception consciente. Sans cette clé de l’attention, il n’y a tout simplement pas de prise en compte du stimulus. » (Pour une résistance oisive, Chapitre 4. Exercices d'attention)

Ceci explique notamment le sentiment d’étrangeté de découvrir des choses dans notre entourage qui ont pourtant toujours été là. Par ailleurs, ce phénomène apparaît dans nos préjugés et la façon dont nous agissons en fonction d’eux sans nous en rendre compte.

Comment s'en défaire ? Eh bien une formation, par exemple, peut être une « clé d’attention » qui nous fait découvrir que nous avions l’habitude d’agir de telle ou telle façon et que nous pouvons en changer.

Bien sûr, la discipline est nécessaire pour maintenir l’attention et changer d’habitudes. L'auteure signale aussi l'importance de trouver du nouveau dans le même pour garder son attention fixée sur un objet.

Ces liens entre volonté, attention et discipline sont mis à mal par l’économie de l’attention, notamment via les techniques de persuasion issues du marketing digital. Même lorsque celui-ci se veut "éthique", il n'est pas dit que cela suffise, car il nous prive de notre capacité à décider par nous-mêmes.

Au lieu de cela, il serait préférable, selon Jenny Odell, de considérer les différentes formes d’attention dont nous sommes capables et chercher à travailler ses formes plus profondes et robustes. En réhabituant notre esprit à être attentif et concentré, nous enrichissons notre expérience humaine.

L'auteure se tourne résolument vers les autres et vers la nature pour "travailler son attention". Et elle dit même utiliser des applications mobiles pour l’y aider, comme iNaturalist par exemple. Cette application n'est pas une panacée, mais l'aide à faire les premiers pas pour se reconnecter à ce qu'elle avait oublié.

Petit à petit, en observant et en vous intéressant à un sujet, vous apprenez « la langue » d'autres êtres et vous commencez même par les remarquer malgré vous : le changement devient irréversible !

« Les séquoias sempervirens, les chênes, les buissons de mûres ne seront plus jamais « des tas de plantes ». Même si je le voulais, un tohi ne pourrait plus jamais être un simple « oiseau ». En vertu de quoi ce lieu ne peut plus être n’importe quel lieu. » (Pour une résistance oisive, Chapitre 4. Exercices d'attention)

Chapitre 5. Écologie des inconnus

Ce n'est souvent que lorsque quelqu’un est dans l’urgence que nous retrouvons les liens de communauté qui sous-tendent toute la société. Nous venons en aide à autrui presque sans réfléchir, car nous nous sentons responsables les uns des autres.

Et si nous acceptions de nous décentrer plus souvent pour prendre en compte les exigences de la vie de l’autre ? Et si nous acceptions de ne pas nous offusquer trop vite ? S’éloigner du « réglage par défaut » égocentrique de nos existences pour faire une place à l’autre en tant que personne. En voilà une bonne idée !

Mais autant le savoir d'emblée : ce n'est pas si facile. C’est un choix et une discipline de parvenir à agir de façon attentive et altruiste au quotidien. Aller à la rencontre de l’autre dans une "relation Je-Tu" ne va pas (ou plus) de soi et demande donc un effort conscient.

Jenny Odell plaide pour que nous nous rencontrions davantage et notamment dans les espaces communs qui nous réunissent, comme les quartiers où nous vivons. Connaissez-vous vos voisins ? Et le boulanger du coin ?

« Comparée aux algorithmes qui nous recommandent des amis sur la base de leurs qualités utilitaires […], la proximité géographique est différente, en ce qu’elle nous place à côté de gens dont nous n’avons pas de raisons utilitaires « manifestes » de nous préoccuper […]. Je suggère ainsi plusieurs raisons qui nous incitent non seulement à en tenir compte, mais aussi à nous préoccuper et à partager une réalité, les gens qui vivent autour de nous étant exclus de nos bulles de filtres. » (Pour une résistance oisive, Chapitre 5. Écologie des inconnus)

Voici les trois raisons pour prendre soin des espaces communs qui sont invoquées par l'auteure :

Se préoccuper de celles et ceux qui nous entourent car nous sommes redevables l’un de l’autre d’un point de vue pratique. Un quartier est un « réseau de soutien » dans les situations extrêmes ou banales.

Un monde avec pour seul type de relation le « Je-Cela » est un monde « appauvri et esseulé ». Lorsque nous commençons à entrer dans une relation différente, « je-tu », nous l'apprécions et nous voulons plus en sortir.

Réapprendre à vivre avec les autres nous transforme positivement. Nos rencontres nous réservent des surprises et nous prenons conscience que nous sommes "plus" que ce que nous croyons être.

Un algorithme, quant à lui, va me créer une identité « univoque », sans nouveauté réelle. Nous sommes enfermés dans des bulles de subjectivité. À l'inverse, la rencontre est une prise de risque, où nous mettons notre propre identité en jeu.

D'ailleurs, est-ce que la notion de rencontre est réservée aux humaines "entre eux" ? Pour Jenny Odell, la réponse est non ! La conversation avec les êtres de la nature nous permet aussi de prendre d’autres perspectives et de sortir de notre petit point de vue isolé.

Grâce aux rencontres et aux conversations que nous tissons, le monde devient moins solitaire ! Apprendre le nom des choses (y compris grâce à une application comme iNaturalist, par exemple) est un préalable à ces conversations. En effet, connaître un nom, c'est déjà faire connaissance…

Nous retrouvons ici l’engagement biorégionaliste de l’auteure. Au lieu d’un repli identitaire, le biorégionalisme nous apprend à regarder les choses dans une perspective écologique et inclusive.

Le repli sur soi, "dans sa bulle", est comparé à un barrage. En nous contentons de voir le monde à travers les filtres de Facebook ou de X, notamment, nous limitons nos possibilités intérieures. Voici un autre passage intéressant de Pour une résistance oisive :

« Contrairement aux barrages qui interrompent l’écoulement de la rivière, ces barrières-là ne sont pas tangibles : il s’agit de structures mentales, qui peuvent être démantelées par l’exercice de l’attention. Lorsqu’on adopte une vision utilitaire, voire algorithmique de l’amitié et de la reconnaissance, ou qu’on consolide le bastion imaginaire du moi face au changement, ou qu’on échoue tout simplement à voir que nous avons une incidence sur la vie des autres et vice versa (même et surtout de celles et ceux que nous ne voyons pas) — alors nous fermons notre attention aux autres et aux lieux que nous habitons ensemble." (Pour une résistance oisive, Chapitre 5. Écologie des inconnus)

Chapitre 6. Réhabiliter les sols de la pensée

Pour apprendre à vivre de façon écologique, y compris au niveau de nos relations avec nous-mêmes et avec autrui, il importe de :

Laisser de la place à l'ambiguïté et à la fluidité des catégories ;

Être humble et ouvert ;

(Se) donner du temps.

Jenny Odell raconte comment l’observation des oiseaux lui a appris ces valeurs. Grâce à cette pratique, elle a commencé à envisager autrement son rapport au monde et au numérique. En fait, elle dit que cela a eu plus d'influence sur elle qu'une conférence "critique" sur les effets négatifs des réseaux sociaux, par exemple.

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Thu, 11 Jul 2024 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12912/Pour-une-rsistance-oisive
La vie 3.0 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12881/La-vie-3.0

Résumé de « La vie 3.0. Être humain à l’ère de l’intelligence artificielle » de Max Tegmark : un ouvrage très documenté sur l’intelligence artificielle et des défis posés par ses développements par un des plus grands spécialistes en la matière ; préparez-vous à faire chauffer vos neurones !

Par Max Tegmark, 2024, 566 pages.

Titre original : « Life 3.0 : Being Human in the Age of Artificial Intelligence » (2017).

Chronique et résumé de « La vie 3.0. Être humain à l'ère de l'intelligence artificielle » de Max Tegmark

Préambule — La fable de l'Omega Team

Dans ce préambule, Max Tegmark raconte l'histoire fictive de "l'équipe Omega" et de leur IA superintelligente, Prométhée, soigneusement cachée de tous. Comment vont-ils s'en servir et comment évoluera-telle ? Telles sont les questions !

Premiers millions

Très vite, l'IA des ingénieurs de l'équipe Omega se perfectionne dans tous les domaines, au point de les dépasser en compétences.

Pour tester Prométhée, ils décident de lui faire faire des tâches simples sur le service d'Amazon Mechanical Turk (AMT). L'IA parvient à générer ainsi une somme déjà considérable d'argent que l'équipe Omega cherche à réinvestir.

Jeu dangereux

Mais comment ? Il faut en effet protéger et même "enchaîner" Prometheus pour qu'il ne s'échappe pas via Internet. Les ingénieurs doivent donc penser à des systèmes perfectionnés et à des produits qui ne font pas courir le risque d'une perte de contrôle de l'IA.

Ils doivent donc abandonner leurs premières idées : créer des programmes informatiques ou des jeux vidéos. Le risque d'ouvrir la "boîte de Pandore" serait trop grand.

Premiers milliards

L'équipe Omega décide finalement d'utiliser Prometheus afin de construire un empire du divertissement. L'IA génère des films grand public qui trouvent aisément leur audience et deviennent même des blockbusters.

Grâce à cette activité, l'équipe Omega parvient à générer une immense richesse. Mais elle ne s'arrête pas là. Elle crée une chaîne de séries télévisées qui entre en compétition avec Netflix ou Disney+ et finit par les dépasser…

Le tout en arrivant à cacher l'IA superintelligente aux yeux du monde !

Nouvelles technologies

Bien sûr, ils doivent diversifier les sources de revenus et créer des sociétés-écrans qui agissent au nom de Prometheus.

Peu à peu, de nombreuses entreprises et start up discrètement pilotées par l'équipe Omega voient le jour. Celles-ci proposent au monde des innovations sensationnelles qui sont rapidement adoptées par la population et les pouvoirs publics.

L'IA intervient dans tous les domaines, de la santé à l'éducation, en passant par l'exploitation forestière.

La prise du pouvoir

Le pouvoir public voit d'un bon œil ces investissements privés. Mais peu à peu, le contrôle des médias par l'équipe Oméga et Prometheus leur permet également de "hacker" la politique.

Progressivement, ils parviennent même à remodeler l'ordre politique mondial. Comment ? Grâce à une manipulation subtile des débats dans les médias nationaux et internationaux.

L'équipe Omega veut le bien de l'humanité. Elle parvient à "à éroder toutes les structures de pouvoir précédentes dans le monde" en désamorçant d'anciens conflits et en focalisant l'attention sur les grands enjeux de sécurité comme le changement climatique ou le désarmement nucléaire.

Consolidation

Au final, une Alliance est créée. Il s'agit d'un conglomérat privé qui prend peu à peu en charge toutes les prérogatives des États. Comme la grande majorité des gens sur Terre y trouve un bénéfice, ce pouvoir devient indiscuté.

Bien sûr, il y a des résistances, notamment du côté des plus puissants (dictateurs, grands patrons, etc.). Mais au vu des bienfaits apportés, la plupart des gens commencent à éprouver un sentiment de confiance et d'allégeance envers ce nouveau pouvoir.

Réflexion à partir de l'histoire

Dans l'ensemble, les résultats de la prise de contrôle secrète du monde par Prométhée sont donc bénéfiques, en particulier pour les plus démunis. Et pourtant… Max Tegmark demande si c'est bien le genre d'avenir que nous voulons.

Il nous met au défi de commencer à imaginer quel type d'avenir l'IA peut créer.

Est-ce une utopie ou une dystopie ?

Accepterions-nous de nous laisser guider par un pouvoir dont nous ne savons rien ?

Une IA si puissante devrait-elle être traitée comme un prisonnier ?

Etc.

Nous avons le pouvoir de nous poser ces questions et de décider du scénario que nous souhaitons voir advenir. Tout l'enjeu du livre est d'initier les lecteurs à la spéculation et à la réflexion éthique au sujet de ce que cela signifie qu'"être humain à l'ère de l'intelligence artificielle".

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Thu, 06 Jun 2024 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12881/La-vie-3.0
Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes http://www.olivier-roland.fr/items/view/12819/Changer-sa-vie-la-mthode-des-Petites-Habitudes

Résumé de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg : le livre à lire si vous voulez baser votre changement de comportement sur des sources solides et une méthode éprouvée — le tout, en agissant petit à petit et sans se culpabiliser !

Par BJ Fogg, 2022.

Titre original : « Tiny Habits : The Small Changes that Changes Everything », 2019.

Chronique et résumé de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg

Introduction — Changer, ça peut être facile (et amusant)…

Petit mais costaud

BJ Fogg commence par un double message encourageant :

D'abord, défaites-vous du sentiment de culpabilité face au changement (celui-ci nous vient d'une pression sociale et de l'impression de ne jamais y arriver) ;

Ensuite, prenez confiance dans le fait que changer n'est pas si difficile qu'on ne le pense habituellement (c'est tout l'objet du livre de le démontrer).

Souvent, nous nous y prenons mal, et nous nous attribuons la faute. Mais l'erreur vient des mauvais conseils que nous avons reçus.

"Voyez plutôt les choses ainsi : si vous essayiez de monter une commode avec un mode d'emploi erroné et des morceaux manquants, vous seriez sûrement frustré, mais vous ne vous sentiriez pas coupable, si ? Vous rejetteriez la faute sur le fabricant. En ce qui concerne nos tentatives de changement avortées, nous ne nous prenons jamais au "fabricant", mais toujours à nous-même." (Changer sa vie, Introduction)

Au lieu de nous culpabiliser, prenons plutôt le temps de découvrir une méthode efficace. BJ Fogg la résume en trois choses :

Arrêter de se juger ;

Décortiquer ses désirs et en faire des actes ;

Considérer les erreurs comme des découvertes et s'en servir pour aller de l'avant.

Pour l'auteur, c'est même une aventure amusante qui vous attend ; c'est un "voyage exaltant à la découverte de soi". Pour légitimer son approche, le psychologue du comportement de Stanford en appelle à une expérience solide — plus de 40 000 personnes ayant testé le procédé, dit-il — et à l'influence qu'il a eu sur le cofondateur d'Instagram, Kevin Systrom.

Façonner son comportement

BJ Fogg parle de "conception comportementale". C'est un domaine qu'il a beaucoup investigué, d'abord en commençant par lui-même, en utilisant sans relâche une méthode d'essais/erreurs expérimentale dans sa vie de tous les jours.

À partir de 2011, lorsqu'il a repéré des résultats vraiment positifs sur lui-même, il a commencé à enseigner sa méthode à l'université.

Mais il ne suffit pas de transmettre l'information. Le savoir n'amène pas naturellement au changement. C'est le défaut (l'auteur l'appelle "sophisme de l'information/action") de beaucoup d'ouvrages et de discours d'experts.

Pour changer, il faut nécessairement :

Avoir une révélation ;

Ou changer son environnement ;

Ou bien enfin modifier légèrement ses habitudes.

Comme la première est rare et peu contrôlable, il faut plutôt agir sur les deux autres, et commencer par la troisième.

Petit, mais rapide

"Grâce à la méthode des Petites Habitudes, vous vous concentrerez sur des actions qui prennent moins de trente secondes. Vous apprendrez à assimiler rapidement les nouvelles habitudes qui vous viendront naturellement. En commençant petit, vous pourrez faire de gros changements sans vous soucier du temps que ça prend." (Changer sa vie, Introduction)

Moins de 30 secondes : la promesse est tentante ! Ne voyez pas trop grand, affirme l'auteur ; commencez petit. D'ailleurs — tellement nous sommes occupés et stressés — c'est souvent la seule option réelle que nous ayons !

Petit, c'est maintenant

Bien que l'auteur ne souhaite pas donner de conseils quant au contenu des habitudes en particulier, il fait ici une exception. Il propose de mettre en place une première petite habitude, qu'il nomme le rituel Maui.

Dès que je me réveille et que je pose le pied par terre ;

Je dis : "Je vais passer une très bonne journée."

Et pour ancrer cette habitude dans mon cerveau, je souris.

Comme vous le verrez tout au long du livre, le modèle de base des petites habitudes est à chaque fois le même :

"Dès que je…" ;

"Je dis/fais..." ;

  • attitude de célébration (sourire, par exemple).

Plus petit, plus prudent

Il n'y a pas beaucoup de risques à agir petit ; et c'est là un avantage, selon BJ Fogg. En effet, vous pouvez vous tromper sans que cela n'ait de conséquences graves sur vous ou votre environnement. Vous recommencerez et trouverez la bonne habitude.

Par ailleurs, "personne ne pourra vous mettre des bâtons dans les roues" et vous serez donc moins stressés.

"Puisque les habitudes sont toutes petites et le programme très flexible, vous ne prenez aucun risque sur le plan émotionnel. On ne peut pas vraiment échouer avec les Petites Habitudes. On peut trébucher, mais on se relève, ce n'est pas un échec : c'est une habitude qui rentre." (Changer sa vie, Introduction)

Petite habitude deviendra grande

Souvent, nous grandissons avec l'impression que nous devons "tout donner". C'est une erreur. L'auteur compare deux attitudes de personnes voulant se lancer dans l'entrepreneuriat :

La première veut tout faire en même temps et se sent débordée par les tâches ;

La seconde se note une tâche à la fois, sur un post-it, à accomplir rapidement.

La seconde solution fonctionne mieux, car elle habitue à la réussite. Même petit, le succès nous rassure et nous donne envie de continuer. Et cela nous aide à prendre l'élan pour aller encore plus loin. "Sans même vous en rendre compte, vous aurez dévoré la baleine entière", dit BJ Fogg.

Volonté et motivation ne font pas tout

Eh non ! L'exemple de Juni, une personne à haut risque de diabète 2, est utilisé pour illustrer ce point précis. Plutôt que de se focaliser sur la volonté et la motivation, il est préférable de commencer par de petites actions qui enclencheront le changement.

De petits changements permettent de grandes choses

Changer pas à pas peut nous mener loin et nous aider à aller vraiment mieux dans notre vie de tous les jours. L'auteur le montre grâce à plusieurs personnes ayant suivi son programme des Petites Habitudes. Par ailleurs, il explique davantage "l'anatomie des Petites Habitudes".

Chaque petite habitude est composée de 3 choses (voir un peu plus haut pour la formulation "concrète") :

Moment d'ancrage (profiter d'une routine existante ou d'un moment pour agir) ;

Nouvelle petite habitude (à effectuer directement après le moment d'ancrage) ;

Moment de célébration (créer une émotion positive après l'action nouvelle).

La clé pour commencer petit

L'auteur renvoie vers son site internet TinyHabits pour y trouver davantage de ressources. En fin d'introduction, il donne également trois exercices pour commencer à agir.

Utiliser le fil dentaire (p. 26-27) ;

Démarrer rapidement (p. 27-28) ;

Se rappeler que se sentir bien aide à mieux changer (p. 29).

1 — Les éléments du comportement

C = MAI

C'est la formule "secrète" de toute la pratique, la connaissance qui sert de base au programme des Petites Habitudes.

"Le comportement se produit quand la motivation, l'aptitude et l'impulsion convergent au même moment." (Changer sa vie, Chapitre 1)

Un comportement, c'est une façon d'agir dans le monde. Voyons de plus près les 3 éléments clés qui permettent de le modifier ou de l'enclencher :

La motivation, c'est le désir, le souhait de faire quelque chose.

L'aptitude, c'est votre capacité à agir.

L'impulsion, c'est le stimulus qui vous incite à réaliser le comportement.

C = MAI s'applique à tous les comportements humains

Pour l'auteur, cela ne fait aucun doute : tous les comportements fonctionnent sur cette base qui est, somme toute, relativement simple. La conception comportementale consiste à agir sur ces trois leviers.

BJ fogg prend l'exemple de deux comportements d'une même personne, Katie. D'un côté, celle-ci range son bureau tous les jours et cela lui donne de l'énergie pour faire correctement son travail. De l'autre, elle se laisse prendre par Facebook et en oublie de faire sa séance de sport quotidienne.

Pour qu'un comportement se transforme en habitude (quel qu'il soit, bon ou mauvais), il faut que la motivation soit forte et qu'il soit facile de le faire (que vous ayez une aptitude aisée à l'accomplir). L'impulsion doit également être présente. Pour résumer :

Plus vous êtes motivé à accomplir une tâche, plus vous avez de la chance de la faire ;

Plus une tâche est dure, moins vous aurez de chance de l'accomplir ;

La motivation et l'aptitude travaillent ensemble main dans la main ;

Aucun comportement n'arrive sans impulsion.

L'impulsion fonctionnera lorsque la motivation (envie) et l'aptitude (facilité) iront de pair. Si vous n'êtes pas motivé et/ou que l'action à réaliser est top complexe, l'impulsion sera inefficace.

Utiliser le modèle comportemental pour se défaire d'une habitude

Pour abandonner une mauvaise habitude (par exemple : consulter trop souvent les réseaux sociaux le soir), vous pouvez jouer sur l'aptitude.

Dans l'exemple de Katie, BJ Fogg relate comment celle-ci a choisi de s'acheter un réveil-matin classique et de laisser son téléphone mobile dans la cuisine avant d'aller se coucher. De cette façon, elle a joué sur l'aptitude : elle a rendu Facebook "difficile d'accès", sans pour autant aller jusqu'à supprimer l'application.

À noter : c'est aussi un conseil donné par le minimalisme digital.

Trois étapes pour résoudre les problèmes comportementaux

Pour modifier un comportement — le sien ou un autre — il faut suivre l'ordre suivant :

"Vérifier s'il existe une impulsion pour déclencher le comportement.

Déterminer si la personne est capable de faire le comportement.

Déterminer si la personne est motivée pour faire le comportement." (p. 51)

Souvent, en entreprise, les managers jouent uniquement sur la motivation. Or, c'est justement le dernier levier à activer ! Vous pouvez chercher à appliquer cet ordre de priorité dans tous les domaines de votre vie et vous amuser à travailler sur vos comportements et ceux d'autrui, éventuellement.

Voir le monde à travers le prisme du modèle comportemental

BJ Fogg raconte l'exemple de Jennifer, une jeune graphiste et maman qui n'arrive plus à maintenir une routine sportive. En s'aidant de la formule C = MAI, elle analyse son comportement et comprend où elle peut agir.

En fait, nous pouvons tous le faire ! Il s'agit de se regarder soi-même "avec une certaine curiosité et un recul objectif". Voici ce que dit encore l'auteur sur la posture qu'il vous invite à tenir :

"Je veux que vous traitiez votre vie comme un "laboratoire de changement" personnel, un endroit où expérimenter sur la personne que vous voulez devenir. Un endroit où vous vous sentirez en sécurité, où tout est possible." (Changer sa vie, Chapitre 1)

Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :

Explorer les différentes manières de se défaire d'une habitude (p. 58) ;

Apprendre le modèle comportemental de Fogg en l'enseignant à quelqu'un d'autre (p. 59).

2 — La motivation : trouver ce qui vous correspond

La motivation est une donnée imprévisible

Lorsque nous voulons changer de comportement, nous agissons souvent en pensant que seule la motivation compte. C'est une erreur. "La motivation, c'est comme un ami fêtard", dit l'auteur : "super pour sortir le soir, mais il ne vaut mieux pas compter dessus pour venir nous chercher à l'aéroport".

1 — La motivation est complexe

De façon originale et peu orthodoxe, BJ Fogg considère que la différence entre motivation interne et externe n'est pas très utile "dans le monde réel". Il préfère distinguer trois types de motivation :

Celle qui dépend de vous-même ;

Un avantage ou une punition liés à l'action ;

Le contexte direct de l'action.

L'auteur donne de nombreux exemples pour comprendre sa théorie et propose également un schéma nommé "le bonhomme PAC" pour personne/action/contexte.

BJ Fogg traite également des motivations concurrentes. Par exemple :

Je veux travailler ;

Mais je veux aussi me reposer.

Comment gérer ce conflit intérieur ? Et que faire lorsque nous n'avons même pas conscience de l'origine de mes désirs ? Comment faire face à la frustration, quand nous échouons à contrôler nos impulsions ?

2 — La vague de motivation

C'est le moment où vous vous sentez capable de tout : vous venez, par exemple, d'acheter une maison et vous êtes motivé pour tout rénover (et vous en faites effectivement beaucoup pendant les premières semaines).

Mais la motivation ne dure pas. En tout cas, elle est instable. Pourtant, nous avons tous tendance à surestimer notre motivation future. Nous sommes souvent trop ambitieux et nous nous créons des pièges à nous-mêmes.

3 — Les fluctuations de motivation

Nous ne pouvons pas prendre le contrôle total de notre motivation. De nombreux éléments (venus du contexte, de nous-mêmes ou d'actions que nous avons effectuées entre temps) peuvent la perturber et la faire retomber à zéro.

Mais il y a aussi des moments où nous pouvons faire l'expérience d'une motivation durable.

"Imaginez une grand-mère qui a toujours envie de passer du temps avec ses petits-enfants, ou une adolescente qui veut toujours avoir l'air présentable devant ses amies. J'appelle ces motivations durables des aspirations (...)." (Changer sa vie, Chapitre 2)

4 — La motivation vers un but abstrait ne donne pas de bons résultats

L'auteur prend l'exemple des campagnes de santé publique autour de la nutrition. "Mangez de toutes les couleurs" : voilà une aspiration et même un commandement pour manger des légumes.

Mais comment faire concrètement ? Ce type de messages est trop abstrait ! Résultat : il ne vous aidera certainement pas à garder votre motivation très longtemps.

Pour changer vos idées sur les campagnes de politiques publiques, lisez ce livre sur le nudging et le marketing social.

5 — La motivation n'est pas un ticket gagnant pour le changement à long terme

Quand nous nous basons seulement sur la motivation et que nous nous donnons des objectifs abstraits à atteindre, nous risquons davantage d'échouer. Et de rejeter la faute sur notre incapacité à tenir nos engagements. Mais c'est encore une erreur.

Comme nous allons le voir, il est important d'apprendre à la jouer fine avec la motivation. Si nous ne tenons pas nos engagements, ce n'est pas parce que nous sommes "nuls" ou "sans volonté", mais parce que nous nous y prenons mal. N'est-ce pas une bonne nouvelle ?

Se montrer plus rusé que la motivation

BJ Fogg y insiste : il n'est pas question de renoncer à nos rêves, certainement pas ! Mais il faut le faire correctement. Commençons par rappeler la distinction entre :

L'aspiration (ce que je veux, vers quoi je tends) ;

Le résultat (ce que j'obtiens effectivement) ;

Le comportement (ce que je mets en place pour obtenir ce que je veux).

Le comportement, vous pouvez le modifier tout de suite. Mais, par contraste, "vous ne pouvez pas réaliser une aspiration ou atteindre un résultat quand vous voulez". Pourtant, nous confondons souvent ces trois concepts.

Un comportement engage une action spécifique. Cela signifie aussi réorienter le questionnement du "pourquoi" vers le "comment". Ne vous demandez pas pourquoi "manger mieux", par exemple, mais "comment" !

Voici les 3 étapes préconisées par la conception comportementale de BJ Fogg :

Mettre ses aspirations au clair ;

Explorer les options comportementales ;

Choisir des comportements spécifiques adaptés.

Dans un premier temps, prenez le temps de savoir ce que vous voulez changer (par exemple, réduire votre taux de stress). Dans un deuxième temps, brainstormez autour des manières de modifier votre comportement (par exemple : jardiner, faire du yoga, etc.).

Pour la troisième étape, voici ce qu'il convient de faire.

Comment trouver la meilleure nouvelle habitude ?

Nous avons souvent de mauvaises méthodes pour changer d'habitudes. Nous y allons soit :

Au pif, sans méthode ;

En cherchant l'inspiration sur Internet ;

En suivant le conseil d'un ami ou ce qui a fonctionné pour lui.

Il est préférable de voir ce qui est véritablement adapté à notre situation. Lorsque nous avons exploré les options possibles, nous pouvons sélectionner celle qui conviendra le mieux à notre situation présente — autrement dit, celle qui sera la plus facile à mettre en place.

BJ Fogg donne le nom de "comportement en or" aux "associations comportementales" les plus efficaces (celles qui rencontrent le mieux vos objectifs, votre aptitude et votre situation actuelle).

Plan ciblé

C'est le nom donné par l'auteur à sa méthode pour trouver des "comportements en or". Elle est composée de plusieurs "rounds" et elle se joue avec des cartes à placer sur un graphe composé de deux axes :

OUI/NON j'arrive/n'arrive pas à adopter ce comportement ;

Comportement à forte/faible incidence (très ou peu efficace).

Tous les comportements trouvés à l'étape 2 de conception comportementale trouveront leur place dans ce graphe (chacun d'entre eux étant représenté par une carte ou un post-it). C'est le premier round.

Dans le deuxième round, vous devez réfléchir à la faisabilité de chaque option. Est-ce que vous êtes prêt à vous "forcer" à faire l'action requise ? Il faut bien y réfléchir, notamment en prenant en compte votre aptitude à faire la chose souhaitée.

Pour résumer :

"Le but du plan ciblé, c'est de trouver les tâches faciles qui vous correspondent, que vous avez déjà envie de faire et qui sont efficaces pour atteindre vos aspirations." (Changer sa vie, Chapitre 2)

Petits exercices d'entraînement à la conception comportementale

Trouver un raccourci dans l'association comportementale ;

Trouver ses comportements en or à l'aide d'un plan ciblé.

3 — L'aptitude : privilégier la facilité

Avancer en "risquant tout" peut paraître plus efficace, mais cela ne l'est pas nécessairement. Certes, des actes radicaux, voire héroïques, sont parfois nécessaires. Mais la méthode des Petites Habitudes, elle, fonctionne très bien au quotidien. En fait, commencer petit est à la fois plus stable et plus durable.

Créer des habitudes en fonction des aptitudes

Faire 20 pompes tous les matins, cela n'est pas facile. En faire 2, en revanche, semble faisable. Alors, pourquoi ne pas commencer par là ? Cette action a beaucoup plus de chances de devenir une habitude.

"Quand on cherche à prendre une nouvelle habitude, on cherche avant tout la régularité. Pour atteindre ce résultat, la simplicité est essentielle ; où, selon la formule que j'enseigne à mes étudiants : c'est la simplicité qui change le comportement." (Changer sa vie, Chapitre 3)

Certains éléments déterminent l'aptitude (la capacité à faire quelque chose) :

Le temps ;

L'argent ;

Le physique ;

L'énergie mentale ou créative ;

La routine préexistante.

L'ensemble de ces caractéristiques forme ce que BJ Fogg nomme la "chaîne d'aptitude". Or, cette chaîne ne tient bon que par son maillon le plus faible.

Lorsque vous vous demandez si ce comportement sera difficile à faire pour vous (c'est ce que l'auteur nomme "la question initiale"), décomposez la chaîne d'aptitude et interrogez-vous sur la partie la plus compliquée pour vous (le maillon le plus faible).

Ensuite, demandez-vous ("question avancée") : "comment puis-je rendre la chose plus facile ?". Il n'existe que trois réponses possibles à cette question :

Accroître ses compétences (personne) ;

Rendre la tâche plus petite (action) ;

Obtenir des outils et des ressources (contexte).

Concevoir vos propres Petites Habitudes

Concevoir de Petites Habitudes passe par un mélange de ces trois ingrédients. Ceux-ci vous permettront de solidifier votre aptitude à agir et donc à changer. L'auteur explique comment il a réussi à faire 20 pompes par jour… en commençant par en faire seulement 2 !

Pour rendre un comportement plus facile, posez-vous les questions suivantes :

Êtes-vous suffisamment motivé pour apprendre de nouvelles compétences ?

Êtes-vous suffisamment motivé pour vous procurer les bons outils et ressources ?

Pouvez-vous revoir les choses à la baisse pour rendre votre comportement plus petit ?

Êtes-vous capable de trouver une première étape à votre comportement ?

Pour que vos bonnes habitudes durent, il faut qu'elles soient faciles. Et qu'elles ne mènent pas tout droit à la culpabilité. Ce n'est pas la perfection qui est ici recherchée, mais la régularité.

Le modèle gagnant : changer de comportement grâce à la simplicité

BJ Fogg remarque que les grandes entreprises du numérique — Google, Amazon, Slack ou Instagram — ont commencé en proposant quelque chose de très simple à leurs clients. Ce n'est qu'une fois que leur application était entrée dans les mœurs qu'ils ont ajouté des fonctionnalités.

Faites de même dans votre vie ! Ne compliquez l'habitude qu'une fois qu'elle sera intégrée à votre routine quotidienne.

À noter : pour le cas des choses importantes à faire, mais qui impressionnent (et pour lesquelles vous procrastinez), pensez à amorcer la première étape, rien de plus. Vous devez faire des examens médicaux ? Commencez par noter le numéro du médecin à contacter et à le garder près de vous.

Vous voulez en savoir plus sur le concept de procrastination, lisez En finir avec la procrastination !

Petits exercices pour rendre une habitude plus facile à faire

Il s'agit d'un exercice en deux parties :

Analyse d'une habitude difficile ;

Conception d'un moyen de rendre l'habitude plus facile.

4 — Les impulsions : le pouvoir de l'après

Souvent, nous agissons sans y penser. Ce sont les impulsions (en partie) qui sont à la manœuvre ! Sans elles, nous n'agissons pas. Mais il faut que ces impulsions soient combinées à l'aptitude et à la motivation.

Cela nous amène à la cinquième étape de la conception comportementale : trouver une bonne impulsion.

Celle-ci est un élément absolument crucial. À la différence des deux autres (aptitude et motivation), l'impulsion fonctionne en mode "on/off". Soit elle est là, soit elle n'est pas là. Il n'y a pas de degrés.

Une approche systématique aux impulsions

Ne laissons pas les impulsions au hasard. Pour créer des impulsions efficaces, revoyons le bonhomme PAC.

Personne = l'impulsion vient de nous (par exemple, les besoins naturels).

Contexte = elle vient de quelque chose dans l'environnement (par exemple un son, etc.).

Action = l'impulsion vient d'une routine préexistante.

L'auteur recommande de choisir un "point d'ancrage" pour enclencher la nouvelle habitude. Par exemple :

La portière de la voiture claque lorsque votre fille sort de la voiture pour partir à l'école (point d'ancrage dans une routine et dans le contexte) ; dès ce moment, vous vous garez quelque part et notez sur un post-it une action clé à accomplir pour votre projet (petite action).

Vous allez faire pipi tous les matins (point d'ancrage dans une routine existante et un besoin naturel) ; directement après, vous faites 2 pompes (petite action).

C'est la recette des Petites Habitudes ! Pour en savoir plus et découvrir de nouveaux exemples, consultez le site du livre, TinyHabits.com.

Identifier ses points d'ancrage

Nous avons tous des habitudes, quelle que soit la vie que nous menons. Souvent, nous avons plus de routines installées le matin. C'est donc un bon moment pour en ancrer une nouvelle.

Par exemple, ce pourrait être :

"Dès que j'ai posé le pied par terre, je…"

"Dès que j'ai ouvert le robinet de douche, je…"

Ou encore "Dès que j'ai lancé la cafetière, je…"

"Dès que j'ai vidé ma boîte mail, je…"

Etc.

Voici maintenant une série d'exemples de routines du soir qui pourraient vous servir :

"Dès que j'ai passé la porte en rentrant du travail, je…"

"Dès que je me suis assis pour manger, je…"

Ou bien "Dès que j'ai posé la tête sur l'oreiller, je…"

Etc.

À quel moment puis-je insérer ma nouvelle habitude dans ma journée ?

Pour ce faire, vous devrez penser à :

L'endroit qui convient ;

La fréquence ;

Le thème/but (calme, boulot, etc.).

L'ensemble ancrage - nouvelle action doit correspondre au niveau de ces trois données. Si votre point d'ancrage est à la cuisine, vous devez pouvoir y faire votre nouvelle action. Pour une Petite Habitude quotidienne, choisissez un point d'ancrage qui a lieu tous les jours.

Enfin, évitez de créer une trop grande différence entre les deux actions au niveau de leur but. L'unité ne doit pas être parfaite, mais elle doit faire sens pour vous. Par exemple, si le café stimule votre imagination, utilisez votre première tasse comme point d'ancrage pour noter vos idées, etc.

Il est bon d'expérimenter ! Retenez qu'il s'agit bien de "recettes". Prenez donc le temps de voir ce qui fonctionne pour vous et adaptez vos Petites Habitudes à votre situation personnelle.

Peaufiner son point d'ancrage avec la méthode du bord de fuite

Qu'est-ce que c'est que le "bord de fuite" ? C'est simplement le moment le plus précis que vous puissiez trouver pour créer votre point d'ancrage. Plutôt que de dire "quand je rentre du travail", dites "dès que j'ai enlevé ma veste et mes chaussures", par exemple. Vous voyez l'idée ?

Cette méthode a pour but d'aider celles et ceux qui ont des difficultés à démarrer leur action. De cette façon, vous avez un moment très précis sur lequel vous pouvez focaliser votre attention.

Technique avancée : commencer par le point d'ancrage

Vous pouvez également fonctionner à l'inverse de ce que nous avons vu en vous posant la question suivante : Que puis-je faire après une habitude existante ? Quelle Petite Habitude puis-je ajouter à la chaîne ?

Pour ce faire, demandez-vous simplement quelle est l'habitude qui pourrait venir se greffer le plus naturellement à un point d'ancrage.

Les habitudes "en attendant"

Pendant que vous attendez quelque chose (que l'eau chauffe, que le bus arrive, etc.), vous pouvez également placer de Petites Habitudes.

La particularité de ces habitudes est qu'elles resteront petites (elles n'auront pas vocation à évoluer vers des routines plus développées), puisque ce sont souvent de très courtes plages horaires. Mais petit ne veut pas dire faible ou impuissant… Au contraire, ces micro-habitudes peuvent réellement faire la différence.

Les meilleures impulsions pour vos clients

Ces techniques d'ancrage peuvent être utilisées en marketing (social ou non) pour créer des habitudes. À l'heure actuelle, ce sont surtout les impulsions de contexte ou de personnes qui sont employées.

Mais BJ Fogg prédit que les impulsions d'action vont devenir de plus en plus déterminantes. Pour cela, vous devrez interroger vos clients et analyser les résultats pour trouver les points d'ancrage les plus utilisés pour utiliser votre produit/service.

Les habitudes nacrées : faire du beau avec ce qui nous agace

Vous pouvez également utiliser un point d'ancrage "énervant" et le transformer en une bonne habitude. Un bruit vous dérange, mais vous ne pouvez rien y faire (ou il sera compliqué de le modifier) ? Pourquoi ne pas le transformer en point d'ancrage pour une habitude ?

Prenons l'exemple de l'auteur : chaque nuit, il se réveille au bruit de "clic" de l'air conditionné. Son idée : à chaque "clic", détendre son visage et son cou pour faciliter son sommeil. Résultat : ce qui était énervant devient le prétexte à autre chose, à savoir une aide pour dormir.

Petits exercices pour trouver des points d'ancrage à vos nouvelles habitudes

Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :

Trouver ses points d'ancrage ;

Créer des recettes de petites habitudes à partir d'une liste d'habitudes préexistantes ;

Créer des habitudes nacrées pour gérer les éléments irritants de votre vie.

5 — De l'émotion naissent les habitudes

Nous en arrivons à l'étape 6 de la conception comportementale : celle de la célébration. ressentir une émotion positive à l'issue de la réalisation d'une nouvelle action va considérablement aider à la stabiliser.

"Quand on célèbre pour de vrai, on active la partie du cerveau qui gère la récompense. En se sentant bien au bon moment, on pousse son cerveau à reconnaître et encoder la séquence comportementale qu'on vient de réaliser. En d'autres termes, on peut pirater son cerveau pour qu'il crée une habitude en célébrant et en s'autostimulant." (Changer sa vie, Chapitre 5)

Les expériences positives renforcent les habitudes

Lorsque vous parvenez à faire quelque chose, vous en ressentez une satisfaction. Cela vous amène à vouloir reproduire cette sensation ou cette émotion agréable. Ce mécanisme est décisif pour créer des habitudes.

Les émotions engendrent de nouvelles habitudes

Si les émotions sont positives, les habitudes peuvent s'ancrer très vite. "En fait, certaines habitudes semblent prendre instantanément", affirme même BJ Fogg. Donnez un téléphone mobile à un adolescent et vous verrez qu'il ne faudra pas s'y reprendre à deux fois !

La décision et l'habitude s'opposent sur ce point. Lorsque vous décidez, vous délibérez. Quand vous prenez une habitude, vous "n'y pensez plus" ; c'est l'émotion qui a pris le contrôle et qui vous dicte votre conduite.

L'auteur propose un schéma qu'il nomme le "spectre de l'automaticité". Est-ce que vos actions/comportements sont plus ou moins automatiques ? Plutôt du côté des habitudes intégrées une fois pour toute, ou des décisions à reprendre chaque matin ?

BJ Fogg donne de nombreux exemples et insiste sur le fait que nous ne sommes pas impuissants face à la chimie de notre cerveau (et à nos mauvaises habitudes). Nous pouvons la détourner à notre profit.

Pourquoi la célébration est la meilleure méthode pour bâtir une habitude

"La célébration reste le meilleur moyen de créer un sentiment positif qui permet d'enraciner de nouvelles habitudes. C'est gratuit, rapide, et accessible à toutes les personnes, indifféremment de leur couleur de peau, taille, forme, revenu ou personnalité. De plus, la célébration nous apprend à être gentils envers nous-même ; une compétence qui rapporte gros." (Changer sa vie, Chapitre 5)

BJ Fogg préfère parler de célébration plutôt que de récompense, un mot selon lui trop galvaudé. Pour l'auteur, il importe que la célébration ait lieu directement après l'action nouvelle (et pas plus tard, comme beaucoup de récompenses). Plus nous prendrons l'habitude de le faire, et plus nous améliorerons notre confiance en nous-mêmes de façon générale.

Deuxième maxime de Fogg

La première maxime de Fogg était : "Aidez les gens à faire ce qu'ils ont déjà envie de faire." Voici la seconde :

"Aidez les gens à obtenir un sentiment de réussite." (Changer sa vie, Chapitre 5)

Cela vaut surtout pour les coachs de vie formés à la conception comportementale. Mais si vous pratiquez la méthode des Petites Habitudes par vous-même, vous pouvez, de votre propre chef, vous aider à obtenir ce sentiment de réussite.

Comment célébrer à la manière des Petites Habitudes

Selon la méthode prônée par l'auteur, la célébration doit avoir lieu immédiatement après l'action. Elle doit aussi être suffisamment intense ou authentique pour vous convaincre. Par exemple, dire "Génial !" en fermant les poings après avoir réalisé deux pompes peut suffire.

Mais certains trouvent cela stupide ou gênant. Si c'est votre cas, il vous faudra expérimenter d'autres options. Peut-être qu'une validation tacite, discrète, suffira (pour peu qu'elle soit sincère). Explorez ! Trouvez vos manières de célébrer vos réussites.

Trouvez ce qui sonne "juste" pour vous. Comment le savoir ? Grâce à ce sentiment de "rayonnement" qui émanera de vous, cette fierté que vous avez déjà ressentie, par exemple, lorsque vous avez réussi un examen ou cuisiné un plat excellent.

Un moyen rapide d'éprouver la réussite

Souvent, nous sommes très exigeants envers nous-mêmes — trop. En conséquence, nous considérons que nous n'avons pas à nous congratuler pour de petites choses. C'est une grave erreur pour BJ Fogg.

Selon lui, nous devrions revoir nos attentes à la baisse et accepter que la célébration soit une compétence qui se travaille, et que nos efforts — mêmes petits — méritent bel et bien d'être choyés.

Parmi les nombreux conseils qu'il donne, voici quelques astuces pour arriver plus facilement à se célébrer :

Faire participer un enfant (ils sont naturellement doués pour vous faire ressentir une émotion sincère) ;

Effectuer un geste physique (sourire, poing levé, etc.) ;

À l'instant de la célébration, imaginer que vous encouragez quelqu'un que vous aimez, un proche.

Une solution surprise à deux problèmes d'habitudes

Voici deux questions souvent posées :

Comment ancrer l'habitude rapidement dans le cerveau ?

Comment faire pour ne pas oublier d'effectuer une tâche ?

La réponse de BJ Fogg : répéter la séquence comportementale (la nouvelle habitude) avec la célébration entre 7 et 10 fois. Et répétez cela plusieurs fois si nécessaire. "C'est en forgeant qu'on devient forgeron", dit le proverbe. Il en va de même pour nos habitudes !

La célébration est un pont qui mène des Petites Habitudes au grand changement

L'auteur n'y va pas pas quatre chemins :

"La célébration sera un jour classée, au même titre que la pleine conscience et la gratitude, comme une des pratiques quotidiennes qui contribuent le plus à notre bonheur et notre bien-être." (Changer sa vie, Chapitre 5)

Comme la pratique de la gratitude ou de la pleine conscience, la célébration de vos réussites peut mener à de profonds changements dans votre existence. C'est ce que BJ Fogg raconte avec l'exemple de Linda (à retrouver dans la dernière partie du chapitre).

Petits exercices pour ressentir le rayonnement

Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :

Trouver différents modes de célébration ;

Essayer la méthode des célébrations en rafales ;

Se rappeler qu'on change lorsqu'on se sent bien.

6 — Cultiver ses habitudes : d'un changement minuscule à profond

Nous ne pouvons pas changer complètement du jour au lendemain (ou très rarement). Il faut plutôt envisager le changement comme un processus qui requiert du soin et de la patience.

Grandir et proliférer

BJ Fogg distingue entre deux types de développement d'habitudes. Il y a selon lui les habitudes qui grandissent et celles qui prolifèrent.

Grandir signifie ici prendre en intensité : vous méditez 30 minutes et non plus 3, vous rangez toute la cuisine au lieu de vous concentrer sur le plan de travail, etc.

Proliférer désigne créer des répercussions en chaîne : le rituel Maui (par exemple) vous donne de l'énergie pour réaliser une deuxième action, et ainsi de suite.

Nous avons tous, dans notre "jardin", des habitudes qui grandissent et d'autres qui prolifèrent. À partir d'une seule aspiration (par exemple courir un marathon), vous allez développer des habitudes grandissantes (marcher tous les jours) et proliférantes (mieux manger).

La dynamique de la croissance

La réussite entraîne la réussite, nous l'avons vu plus haut. Même de petites réussites peuvent nous mener vers les sommets, car c'est le sentiment en lui-même qui compte. C'est ce que BJ Fogg nomme l'"élan de la réussite". Ici, l'important, c'est la fréquence, pas la taille.

Comment créer ce changement à long terme auquel vous aspirez ? L'une des premières techniques consiste naturellement à évacuer les éléments démotivants. La peur est l'un d'eux et celle-ci grandit quand nous avons l'impression de "mal" effectuer une action (diriger une réunion, par exemple).

Les compétences du changement

Il est possible d'apprendre à changer, c'est-à-dire d'acquérir les compétences nécessaires pour provoquer vous-même les modifications que vous souhaitez dans votre existence.

BJ Fogg en distingue 5 ou plutôt 5 ensembles de compétences essentielles au changement :

Création comportementale = être capable de distinguer, de "designer" et d'organiser des habitudes ;

Connaissance de soi = savoir ce que nous voulons vraiment.

Traitement de l'information = reconnaître le bon moment pour faire évoluer une habitude ;

Gestion du contexte = redéfinir son environnement pour faciliter le développement des habitudes.

Mentalité = l'attitude face au changement.

Ne vous contentez pas de lire ce livre : mettez en pratique les compétences du changement

Il n'est pas nécessaire de maîtriser toutes les compétences citées par BJ Fogg pour aller de l'avant. Vous pouvez très bien commencer avec celles que vous avez et développer les autres petit à petit.

Un coach de vie, de préférence formé à la conception comportementale, peut également vous aider à progresser plus rapidement, puisqu'il maîtrisera des compétences dont vous ne disposez pas encore et les mettra à votre service. Mais cela n'a rien d'obligatoire !

Exercices liés aux compétences du changement

Voici les exercices liés à ce chapitre :

Apprendre des compétences que l'on maîtrise déjà ;

S'entraîner à la création comportementale ;

Développer une compétence liée au contexte ;

Développer une compétence liée au traitement de l'information ;

Faire croître une compétence en lien avec la mentalité ;

Faire croître une compétence en lien avec la connaissance de soi.

7 — Se défaire des mauvaises habitudes : une approche systématique

Pour explorer la question des mauvaises habitudes, BJ Fogg utilise l'exemple d'une personne accro au sucre. Il montre comment, touche après touche, celle-ci a réussi à faire sa "glucose révolution", comme dirait Ingrid Inchaupsé.

Le plan directeur du changement comportemental

Le plan proposé par l'auteur se découpe en 3 phases :

Se concentrer sur la création de nouvelles habitudes ;

Puis se concentrer sur l'arrêt de l'ancienne habitude (la mauvaise) ;

Enfin, si nécessaire, remplacer l'ancienne habitude par une nouvelle.

Cela paraît simple et un peu "bâteau" dit comme ça, mais ce n'est pourtant pas ce que nous faisons … d'habitude ! En règle générale, lorsque nous voulons supprimer une mauvaise habitude, nous commençons par la supprimer purement et simplement.

Mais cela crée un vide et de l'angoisse qui vont nous ramener illico presto vers le comportement problématique ! Créer de nouvelles habitudes saines avant permet de remplacer les mauvaises en douceur et sans sentiment de perte.

Vous voulez en savoir plus ? L'auteur détaille chaque phase en détail. Par exemple, pour la phase 2, il montre qu'il importe d'être précis en distinguant l'habitude générale des habitudes spécifiques qui viennent "entourer" celle-là. Illustrons le propos :

Habitude générale : vous mangez trop de cochonneries.

Habitudes spécifiques : vous achetez votre petit déjeuner à la station-service, vous mangez des chips en regardant la télé le soir, vous buvez du soda au déjeuner, etc.

À partir de cette liste, vous commencerez par la chose la plus facile à supprimer, puis vous continuerez jusqu'à avoir une alimentation saine, peu à peu, un pas à la fois, quand vous prendrez progressivement confiance en vous.

Se focaliser sur l'impulsion pour se défaire d'une habitude

Pour supprimer une mauvaise habitude, vous pouvez chercher à évacuer l'impulsion qui la maintient présente à votre esprit.

L'exemple type est celui du smartphone. Si vous voulez arrêter de le consulter au travail ou avant d'aller dormir, éloignez-le, ou, à minima, éteignez les notifications ou mettez-le en mode avion.

Redéfinir l'aptitude afin de se défaire d'une habitude

Il est également possible de jouer sur l'aptitude. Comment ? En jouant sur la chaîne d'aptitude (voir le chapitre 3), c'est-à-dire en augmentant un ou plusieurs de ces facteurs :

Le temps nécessaire pour réaliser votre mauvaise habitude ;

L'argent dont vous avez besoin (l'État pratique cette technique en jouant sur le prix des cigarettes, par exemple) ;

Le niveau d'effort physique nécessaire ;

L'effort mental requis ;

Ou en faisant en sorte que votre mauvaise habitude entre en conflit avec une routine existante.

Ajuster la motivation pour se défaire d'une habitude

Nous voulons souvent commencer par là. Pourtant, ce n'est pas le plus simple — et cela peut même être très compliqué.

"C'est pourquoi on essaye de ne pas toucher à la motivation quand on peut régler le problème via l'impulsion ou l'aptitude. On ne s'en occupe que lorsque les étapes précédentes n'ont pas fonctionné." (Changer sa vie, Chapitre 7)

Première option : réduire sa motivation en passant par d'autres trucs. Perdre la motivation à boire le soir en méditant quelques minutes avant de rentrer à la maison ou en écoutant de la musique calme, par exemple.

Deuxième option : ajouter un élément démotivant pour se défaire d'une habitude. Ce n'est pas la voie que recommande BJ Fogg, car cela donne des sentiments négatifs et crée un sentiment de pression.

Revoir le changement à la baisse

C'est la dernière méthode pour supprimer une mauvaise habitude. Si les autres n'ont pas fonctionné, ne vous torturez pas. Diminuez progressivement le temps passé à faire l'action et/ou diminuez-en l'intensité.

Tout ce qui précède concerne la phase 2 de l'arrêt d'une mauvaise habitude. Dans la suite du chapitre, BJ Fogg traite de la question du remplacement de la mauvaise habitude par une bonne habitude (phase 3).

Si rien n'a fonctionné jusque-là…

Enfin, il insiste encore une fois sur le fait qu'il ne sert à rien de se culpabiliser. Il est normal de devoir expérimenter pour trouver la méthode qui fonctionne pour nous. Si vous n'êtes pas parvenu à mettre en œuvre le changement, modifiez vos habitudes de substitution et faites des tests.

Considérez aussi ce que BJ Fogg nomme "la beauté du chamboulement". Tout d'abord, c'est une joie de voir que nous avons réussi à transformer nos vies et à ouvrir de nouveaux créneaux dans nos horaires pour des routines plus saines.

Ensuite, voyez plus grand. Prenez en compte l'aspect social du chamboulement. En modifiant vos habitudes, vous participez à améliorer la vie de votre famille et même, peut-être, de votre communauté.

"La conception comportementale n'est pas une quête solitaire. Chaque comportement que l'on façonne, chaque changement que l'on entreprend, est une goutte de plus qui vient se propager à la surface de l'étang. On façonne par la même occasion nos familles, nos communautés et notre société à travers nos actions, et elles nous le rendent bien. Les habitudes que nous prenons et que nous perpétuons ont une importance." (Changer sa vie, Chapitre 7)

Petits exercices pour s'entraîner à supprimer ou remplacer une habitude

Quels exercices pouvez-vous faire ? Voici les derniers conseils de BJ Fogg :

S'entraîner à créer un essaim de comportements pour se défaire d'une mauvaise habitude ;

S'entraîner à supprimer une impulsion pendant une journée ;

Enfin, s'entraîner à remplacer une habitude et célébrer pour ancrer la nouvelle.

8 — Comment changer ensemble

BJ Fogg prend l'exemple d'une famille dans laquelle l'un des enfants pose problème. À 21 ans, il vit chez ses parents et ne fait rien. Rien ne semble le motiver et il paraît complètement indifférent aux besoins des autres membres de la famille.

Pourtant, l'auteur montre que la conception comportementale a aidé le père, Mike, à trouver des façons de changer les choses, peu à peu. Progressivement, son fils, Chris, a repris sa vie en main, permettant ainsi à la famille de retrouver son équilibre.

Concevoir le changement en groupe

La méthode des Petites Habitudes fonctionne pour transformer les familles, les équipes de travail ou tout autre type de groupe. Pour commencer, souvenez-vous de la première maxime de BJ Fogg : "aidez les gens à faire ce dont ils ont déjà envie".

Demandez-vous quels sont les objectifs de votre fils, de votre conjoint ou de vos collègues. C'est par là que vous devrez commencer. En s'ouvrant à un premier changement qui leur plaît, ils mettront en marche un mécanisme plus général de modification du comportement et seront prêts à vous écouter.

Autrement dit, vous aurez appliqué la seconde maxime : "Aidez les gens à obtenir un sentiment de réussite". C'est par là que vous pourrez les convaincre d'en faire un peu plus pour vos propres objectifs (et non pas en les culpabilisant).

Comment changer ensemble

L'auteur présente deux façons de changer en groupe et utilise deux figures pour ce faire :

Le meneur y va franchement et propose de suivre la méthode des Petites Habitudes ;

Le ninja s'y prend plus subtilement en appliquant la méthode sans que les autres ne le sachent.

Processus de conception pour un changement collectif

Voici le résumé de la méthode proposée par BJ Fogg :

Clarifier ses aspirations ensemble ;

Explorer les options comportementales ensemble ;

Choisir des comportements spécifiques adaptés à son groupe ;

Rendre le comportement en or facile à faire pour tout le monde ;

Trouver une bonne impulsion au comportement en or ;

Célébrer la réussite pour ancrer l'habitude ;

Résoudre les problèmes et répéter ensemble.

Vous le voyez, c'est toute la méthode des Petites Habitudes qui peut être adaptée à la dynamique de groupe. BJ Fogg expose, pour chaque étape, comment agir en tant que meneur ou en tant que ninja.

Il illustre ensuite sa méthode au travers de 2 récits inspirants :

Changement familial et troubles de l'apprentissage ;

Baisser le niveau de stress à l'hôpital.

Petits exercices pour améliorer les compétences du changement d'un groupe

Voici enfin les exercices supplémentaires proposés en fin de chapitre :

Partager les bases de la conception comportementale ;

Résoudre un problème ensemble à l'aide de la conception comportementale ;

Mettre tout le monde d'accord sur le comportement à changer.

Conclusion — Les petits changements qui changent tout

"Les petits ruisseaux font les grandes rivières" : ce dicton connu s'adapte parfaitement à la conclusion de ce livre. BJ Fogg montre qu'il voit grand et qu'il voudrait diffuser au maximum sa méthode.

Celle-ci permet de réaliser de grands changements au niveau individuel, mais aussi, pense-t-il, au niveau social. Pour le démontrer, il utilise plusieurs histoires personnelles, dont certaines très touchantes à propos de son neveu, décédé trop jeune.

Serez-vous prêt à le suivre et à mettre en place la conception comportementale dans votre vie quotidienne, à rêver grand, tout en commençant petit ?

Conclusion sur « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg :

Ce qu’il faut retenir de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg :

Ce livre est un véritable manuel indispensable pour toute personne intéressée à la mécanique du changement de comportement. Il est non seulement très bien écrit, mais beaucoup plus poussé que les autres ouvrages sur le sujet.

Retenez les 7 étapes de la conception comportementale, c'est-à-dire le cœur de la méthode des Petites Habitudes de BJ Fogg :

Clarifier ses aspirations ;

Explorer les options comportementales ;

Choisir des comportements spécifiques adaptés ;

Commencer petit ;

Trouver une bonne impulsion ;

Célébrer sa réussite ;

Analyser les problèmes, itérer et se développer.

Les trois premières étapes concernent le choix (1-3), tandis que les deux suivantes (4 et 5) concernent la conception proprement dite et l'implémentation (6 et 7) des nouvelles habitudes.

Points forts :

Un auteur professeur d'université à Stanford ;

Des théories et expériences à l'appui de la méthode proposée  ;

De nombreux exemples issus de la vie personnelle et professionnelle de l'auteur ;

Un livre de chevet à garder avec soi dans toutes les étapes de son changement !

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 04 Apr 2024 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12819/Changer-sa-vie-la-mthode-des-Petites-Habitudes
Les 8 lois de l’amour http://www.olivier-roland.fr/items/view/12810/Les-8-lois-de-lamour

Résumé de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty : un manuel de sagesse en matière d'amour pour tous ceux et celles qui souhaitent ardemment trouver l’amour, mais aussi tout faire pour le garder et même parvenir à surmonter les ruptures — en s’acceptant davantage et en s’ouvrant au monde !

Par Jay Shetty, 2023, 368 pages.

Titre original : « 8 Rules of Love  », 2023

Chronique et résumé de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty

Qui est Jay Shetty ?

Né en 1987 à Londres, Jay Shetty a bénéficié d'une éducation de classe moyenne. Bien que ses parents soient d'origine indienne, il n'a pas été élevé dans la religion hindoue. À l'âge de 18 ans, il a intégré la Cass Business School de Londres pour se consacrer à des études de gestion et de sciences du comportement.

Il délaisse toutefois la carrière dans le monde des affaires pour embrasser la vie monastique en tant que moine hindou. Entre 2010 et 2013, il réside dans un ashram, un monastère hindou situé à Mumbai, en Inde.

Durant cette période, il se plonge dans l'étude approfondie des textes sacrés hindous — en particulier dans les Védas (écrits anciens pratiques). Même après avoir quitté l'ashram, Jay Shetty persévère dans ses études et accumule de cette façon une profonde connaissance de ce domaine.

Cette conversion vers la vie monastique et l'hindouisme est en grande partie due à sa rencontre avec Gauranga Das, un moine hindou, alors qu'il était encore à l'université. Plus tard, à Mumbai, celui-ci le convainc qu'"il serait de plus grande valeur et de plus grand service s'[il] quittait l'ashram et partageait ce que [il avait] appris avec le monde".

Il décide donc de quitter l'ashram et de réorienter sa carrière de coach vers l'enseignement pratique de la pleine conscience et de la sagesse hindoue et orientale.

Son premier livre, Think Like a Monk: Train Your Mind for Peace and Purpose Every Day, décrit la transition qui s'est produite dans sa pensée lorsqu'il souhaitait « s'immerger dans l'état d'esprit du moine » (Shetty, Jay. Pensez comme un moine, Guy Trédaniel Éditions, 2020).

Désormais, Jay Shetty est coach de vie. Mais pas seulement ! Depuis 2019, il anime également le podcast On Purpose. Ses livres, ses vidéos en ligne et ses cours ont beaucoup de succès et il forme même, désormais, d'autres coaches aux techniques orientales qu'il a apprises lorsqu'il était moine.

L'auteur s'est marié en 2016. Il fait régulièrement référence à cette relation tout au long du livre que nous allons lire maintenant.

Introduction

Commençons par une analogie. Imaginons un dialogue entre un enseignant et un élève au sujet du soin d'une fleur. L'attraction physique ressemble à une fleur coupée et placée dans un vase. Par contraste, l'amour ressemble à une fleur dans le sol, qui reçoit de l'eau et des nutriments grâce à ses racines.

La fleur dans le vase va rapidement se faner. Mais celle qui vit en pleine terre est fragile elle aussi. Il lui faut des soins et une attention constante pour se maintenir vivace.

Mettre l'amour en pratique

Jay Shetty a décidé d'écrire Les 8 lois de l'amour pour aider les gens à apprendre à aimer grâce aux idées contenues dans les Védas. Mais ce n'est pas tout : comme nous le verrons, l'auteur appuie également ses propos sur des études scientifiques et en particulier sur la recherche contemporaine en psychologie.

Alors, qu'ont à nous dire les enseignements des Védas sur le lien amoureux ? C'est ce que l'auteur se propose d'explorer. Pour lui, il importe d'abord de comprendre que l'amour est avant tout une pratique.

Nous pourrions dire aussi, comme le soutient Erich Fromm, que l'amour est un art. Dans les deux cas, l'idée est la même : l'amour requiert des gestes, des rituels, une attention et des obligations aussi. Rien ne sert "d'attendre" l'amour, il faut le construire et l'entretenir, comme si vous étiez un jardinier !

Les 4 ashrams

Il explique que les Védas caractérisent le cheminement de la vie en général à partir de 4 phases ou étapes :

Brahmacharya ashram (vie étudiante) ;

Grhastha ashram (vie du ménage) ;

Vanaprastha ashram (vie à la retraite) ;

Sannyasa ashram (vie renoncée).

Dans les 8 lois de l'amour, l'auteur applique ces principes aux domaines de l'amour. Pour lui, il y a 4 phases ou ashrams (classe ou étude).

Ces 4 ashrams sont :

Se préparer à l'amour ;

Pratiquer l'amour ;

Protéger l'amour ;

Perfectionner l'amour.

Chaque partie du livre sera liée à l'un de ces thèmes. Selon Jay Shetty, les gens traversent souvent ces étapes sans y penser, ce qui est dommage et cause bien des ennuis. L'objectif de ce livre est d'aider le lecteur à devenir pleinement conscient de ce qu'il vit. De cette façon, il aura de meilleures chances de "pratiquer l'amour" avec plus de sagesse.

Partie 1 — La solitude

La partie 1 est en corrélation avec l'ashram Brahmacharya, c'est-à-dire le stade de la vie étudiante dans les stades de la vie védique. Ici, dans Les 8 lois de l'amour, il s'agit de se préparer à la relation amoureuse.

Loi 1 : Redécouvrez la solitude

La solitude est la première étape pour apprendre à aimer. Étonnant ? Pas tellement… Souvent, la peur d'être sans partenaire nous amène à faire de mauvais choix dans notre vie romantique. En fait, "pratiquer" le fait d'être permet non seulement d'améliorer certaines compétences, mais nous aide aussi à améliorer nos relations.

La peur de la solitude

Nous pouvons nous acclimater à la solitude assez rapidement (voir les exercices "À essayer" répertoriés en fin de chaque résumé de chapitre). De nombreuses études scientifiques citées dans le livre font état des avantages de la solitude.

Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, par exemple, a montré que les adolescents qui ne développent pas de compétences créatives sont aussi ceux qui craignent le plus être seuls.

La solitude est l'antidote à l'isolement

Jay Shetty considère la solitude comme l'antidote à l'isolement. Qu'est-ce que cela signifie ? Premièrement que la solitude est une pratique choisie, qui nous permet de nous concentrer sur nous-mêmes, alors que l'isolement est une situation subie. En pratiquant la solitude, nous pouvons réapprendre à nous mettre en rapport avec autrui et, de cette façon, rompre le mauvais charme de l'isolement.

Passer de l'isolement à la solitude

Selon l'auteur, il faudrait passer par trois phases principales afin d'aller de l'un à l'autre :

Présence ;

Mal-être ;

Confiance.

Expliquons un peu ces termes.

Dans la première étape, les individus sont invités à explorer leurs attitudes et leurs croyances. L'idée est de s'assurer qu'un potentiel partenaire puisse reconnaître et apprécier ces aspects essentiels de leur personnalité.

La deuxième phase encourage à développer une aisance à être seul en testant de nouvelles activités, telles que le voyage en solitaire, par exemple. Ce processus favorise une meilleure connaissance de soi et renforce la confiance personnelle — des éléments qui contribueront à des relations amoureuses plus épanouissantes.

Enfin, la troisième étape vise à accroître la confiance personnelle dans divers domaines tels que la personnalité, la santé émotionnelle et physique, mais aussi les relations et les finances. Un exercice "À essayer" est proposé pour faire le point sur ces questions.

Les bienfaits de la solitude

Shetty souligne l'importance de la solitude dans le renforcement de l'identité. Cette force permet d'éviter la dépendance trop forte à autrui. L'auteur affirme que la solitude nous aide à prendre de bonnes décisions et à éviter des décisions trop rapides.

La solitude nous donne la force de choisir ce qui est bon pour nous-mêmes, sans nous laisser influencer, voire manipuler par autrui.

En bref, nous acquérons :

Un seul mental (moins dispersé) ;

Plus de maîtrise de soi et de patience ;

Un sentiment de complétude.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

Pour mettre en pratique ses conseils, l'auteur donne plusieurs exercices du type "À essayer" (voir plus haut). En voici les intitulés :

"Bilan" à propos de la solitude (p. 28-30) ;

"Apprenez à connaître vos valeurs" (p. 35-36) ;

"Tirez parti du temps passé seul" (p. 37-39) ;

"Identifiez le domaine dans lequel vous avez le plus envie d'évoluer" (p. 41-44).

Loi 2 : N'ignorez pas votre karma

Dans la tradition hindoue, le karma est lié à la conséquence de nos attitudes et de nos comportements. Si nous agissons de façon correcte, la réponse qui nous sera envoyée aura plus de chance d'être elle-même positive. À l'inverse, si nous agissons mal, nous risquons d'entrer dans un cercle vicieux d'actions et de réactions négatives.

Le cycle karmique

L'auteur développe l'idée d'un cycle karmique. C'est-à-dire ? Celui-ci est composé d'événements ou des idées reçues de l'enfance. Ces « impressions » ou samskaras ont un impact sur nos décisions à l'âge adulte.

À leur tour, nos choix ont des résultats positifs ou négatifs en nous et autour de nous. Cela dit, nous pouvons modifier ces événements et ces idées pour améliorer nos décisions et nos comportements actuels — et les effets qui en résultent.

Pour ce faire, nous avons d'abord besoin de comprendre et de reconnaître ces impressions et leur influence négative sur nous. "Les mêmes impressions conduisent aux mêmes choix", c'est cela le cycle karmique. Tout l'enjeu consiste à en modifier le signe : du négatif vers le positif.

Les cadeaux et failles des parents

Les samskaras, qu'on pourrait également traduire par croyances, se forment pendant l'enfance et la jeunesse, grâce (ou à cause) de l'influence des parents, bien sûr, mais aussi des films et des premières relations. Ensuite, nous avons tendance à reproduire ces modèles relationnels, sans nous en rendre compte.

Chaque famille dépose aux pieds de ses enfants des cadeaux, mais aussi des "failles". Plus tard dans notre existence, nous pouvons par exemple rechercher des partenaires qui comblent ces failles, au risque d'entrer dans une forme de dépendance affective.

Les cadeaux — valeurs positives et idéaux relationnels — sont positifs, bien sûr. Mais ils sont également susceptibles de poser problème, dans la mesure où ils peuvent nous conduire à exiger beaucoup trop d'une personne. Il faut donc être prudent et, surtout, conscient de ces forces et de ces faiblesses, pour mieux agir au quotidien et nous préparer à rencontrer l'amour.

Jay Shetty propose plusieurs exercices "à essayer" sur ces différentes thématiques (voir la liste plus bas).

La magie des films

Les films — et les chansons populaires — jouent également un rôle dans nos croyances relationnelles. L'auteur propose un exercice amusant et intéressant en vue d'identifier l'impact des films et des chansons d'amour sur nos pensées et nos façons d'agir.

Le premier amour

Il discute également de nos façons de rencontrer l'amour à l'heure actuelle. Lorsque nous sommes jeunes et que notre cerveau n'est pas encore complètement formé et stabilisé (pas avant l'âge de 25 ans environ), nous pouvons plus facilement nous comporter de façon impulsive et choisir des partenaires sur de mauvaises bases.

En s'appuyant sur les stéréotypes de la pop culture, l'auteur développe les "caractères" suivants, typiques selon lui des premiers amours difficiles :

Rebelle (celui ou celle qui casse les codes et nous emmène en dehors de notre routine) :

Indisponible (celui ou celle qui nous rejette) :

Projet (qui a besoin d'être sauvé) :

Coureur de jupons (qui ne vous sera pas fidèle bien longtemps) :

Riche (celui ou celle qui fait briller nos yeux pour d'autres raisons que lui ou elle-même, que ce soit son argent ou sa célébrité).

Il est tout aussi important d'identifier son propre rôle dans les relations passées : êtes-vous plutôt un sauveur, un dépendant ou un soutien ? N'hésitez pas à consulter également à ce sujet notre chronique sur l'analyse transactionnelle.

Pour pratiquer ces questions, l'auteur fournit un exercice de réflexion pour comprendre nos relations passées (ce que nous projetions de nous-mêmes, notamment).

Vous attirez ce dont vous vous servez pour impressionner

Jay Shetty discute ensuite de la façon dont les gens attirent ce qu'ils projettent dans le monde. Ainsi, si nous mettons en avant nos richesses ou notre beauté, par exemple, nous prenons le risque de n'être reconnus que par ces aspects-là. Ce qui est dommage, car nous sommes plus que cela.

"Nous nous vendons aux autres en mettant en avant nos richesses, mais cela n'est pas bénéfique sur le long terme. Il vaut mieux afficher notre personnalité, nos valeurs et nos objectifs véritables, afin d'être aimés pour ce qui compte le plus pour nous." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 2)

Donnez-vous ce que vous attendez d'autrui

Finalement, Jay Shetty nous rappelle que nous ne devrions pas utiliser nos partenaires pour répondre à un besoin émotionnel, mais que nous devrions y répondre nous-mêmes au préalable. Plusieurs anecdotes et exercices permettent de comprendre et d'appliquer ce point important.

Faites le point

L'auteur suggère par exemple de faire le point 3 minutes en début de journée et en fin de journée, tous les jours. C'est à ces moments clés que vous pouvez tenter de mettre en place de nouvelles routines, qui répondent mieux à vos besoins émotionnels.

Faire croître l'amour

"C'est la pratique qui fait croître l'amour. Il n'y a pas d'autre moyen." (Eknath Easwaran, cité dans Les 8 lois de l'amour, Chapitre 2)

C'est ainsi que se clôt la première partie de l'ouvrage : nous sommes invités à pratiquer tous ces exercices pour nous préparer à l'amour et continuer notre chemin.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Méditez sur votre moi jeune" (p. 59-60) ;

"Identifiez les cadeaux et les failles de vos parents" (p. 66-68) ;

"L'amour au cinéma" (p. 73) ;

"Vos rôles en couple" (p. 78-80) ;

"Réfléchir et tirer les leçons d'une relation amoureuse passée" (p. 83-84) ;

"Ce que vous mettez en avant" (p. 88) ;

"Donnez-vous ce que vous voulez recevoir" (p. 91-92).

Écrivez-vous une lettre d'amour

À la fin de chaque partie, Jay Shetty propose également une lettre d'amour particulière, ainsi qu'une suggestion de méditation guidée.

À l'issue de cette première partie, il nous invite à rédiger une lettre d'amour à nous-mêmes, afin de nous "aider à établir un dialogue avec (nous-mêmes)".

Voici les 3 autres lettres que l'auteur suggère d'écrire :

À votre partenaire (partie 2) ;

À vous-même dans les moments difficiles, comme si vous vous adressiez à un ami (partie 3) ;

Au monde (partie 4)/

Méditation pour redécouvrir la solitude

Découvrez la méditation proposée spécialement pour cette partie : la méditation de gratitude".

Et voici les 3 autres méditations proposées en fin de partie :

Renforcer la compatibilité ;

Guérir grâce à l'amour ;

Reliance.

Partie 2 — La compatibilité

Sommes-nous faits l'un pour l'autre ? Voilà la question qui préoccupe bien des couples (et des agences matrimoniales) ! Il s'agit de la question de la compatibilité des partenaires. Celle-ci est traitée à travers le lien à l'ashram de Grhastha, ou deuxième étape des étapes de la vie védique, qui implique la vie familiale ou conjugale — et qui est réinterprétée dans le livre comme l'étape de la création de la relation.

Loi 3 : Définissez l'amour avant de le penser, de le ressentir ou de l'exprimer

Cette règle souligne l'importance de savoir ce qu'est (pour vous) l'amour et de communiquer cette définition à votre partenaire. Jay Shetty raconte plusieurs anecdotes au sujet de personnes qui se sont manquées par faute d'avoir compris leurs définitions respectives de l'amour.

Ces différentes définitions peuvent être reliées à des phases amoureuses. Peut-être que vous définissez l'amour en fonction de l'une de ces phases.

Les quatre phases de l'amour

Ces 4 phases sont :

Attirance ;

Rêves ;

Difficultés et maturation ;

Confiance.

L'auteur les récupère de la tradition Bhakti et les adapte à son propos. Comme nous allons le voir, il s'agit bien de phases puisqu'il est question de passer de l'attraction initiale à la confiance, en passant par la lutte contre les rêves irréalistes et la création d'attentes réalistes.

L'attirance — Jay Shetty suggère d'utiliser la fameuse « règle des trois rendez-vous » (vue dans de nombreux films romantiques et séries américaines) pour évaluer la compatibilité d'une personne avec votre personnalité, vos valeurs et vos objectifs. Ces trois rendez-vous vous permettront de poser des questions et de vous faire une idée de la personne à qui vous avez affaire.

Les rêves — La notion d'idéalisation est également beaucoup utilisée pour caractériser cette phase. Si vous avez été amoureux ou amoureuse, vous le savez : c'est cette période où vous imaginez l'autre sous son meilleur jour et où vous forgez des ambitions irréalistes pour le couple.

Pour évacuer ces attentes erronées et partir sur de bonnes bases, il faut se donner les moyens de créer des attentes réalistes, basées sur les personnalités réelles de l'un et l'autre. Le rythme et l'habitude jouent ici un rôle essentiel. En effet, les routines et les horaires offrent la possibilité de se rencontrer autrement.

Dans le couple, nous devons discuter de nos attentes et accepter les désaccords : « la manière dont vous gérez vos différences est plus importante que la découverte de vos points communs », soutient l'auteur.

Et si vous suiviez la suggestion du psychologue clinicien Seth Meyers de ne vous voir qu'une fois par semaine au cours du premier mois de fréquentation ? Cela vous permettrait peut-être de mieux prendre le temps de le connaître avant de vous engager plus complètement. Pensez également à distribuer équitablement le temps entre amis et celui dédié à votre relation amoureuse.

Difficultés et maturation — Dans cette troisième étape des quatre phases de l'amour, les couples apprennent à grandir à partir de leurs différences. Jay Shetty utilise plusieurs anecdotes personnelles pour nous introduire plus concrètement à ce moment.

C'est à ce moment que nous nous rendons compte s'il y a des éléments de la relation qui sont trop importants et des choses qui, fondamentalement, "ne passent pas". Dans ce cas, la rupture est peut-être la meilleure solution. Mais c'est aussi la phase où les couples se solidifient, s'ils parviennent à trouver des solutions créatives à leurs différends.

Confiance — Les couples construisent la confiance à partir de leur développement commun. Celle-ci doit commencer par nous-mêmes : "nous devons être dignes de confiance", affirme Jay Shetty. Par ailleurs, nous devons la donner à notre partenaire via une saine communication et par l'intermédiaire de nos actions.

L'auteur évoque trois types de confiance.

Physique : celle-ci se produit lorsque les couples se sentent en sécurité les uns avec les autres et savent que leur partenaire est présent, aimant et a une présence positive.

Mentale : elle implique de faire confiance à leur esprit, à leurs idées et à leur prise de décision.

Émotionnelle : cette forme de confiance se produit en faisant confiance à leurs valeurs et à leur identité.

Les problèmes, s'ils sont surpassés positivement, renforcent la confiance mutuelle. Nous avons tous nos points faibles. Le fait de nous accepter et d'accepter l'autre tel qu'il est, un grand stimulateur amoureux.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Préparez-vous pour le premier rendez-vous" (p. 111) ;

"Programmez votre emploi du temps" (p. 120) ;

"La confiance au quotidien" (p. 127) ;

"Construire des rêves réalistes à deux" (p. 128-129).

Loi 4 : Votre partenaire amoureux est votre guru

Nous apprenons énormément les uns des autres dans nos relations amoureuses. Bien sûr, cela est vrai de toutes les relations.

D'ailleurs, le terme "guru" renvoie d'abord à la relation de maître à élève que Jay Shetty a forgé avec son maître lorsqu'il était moine (par ailleurs, si nous sommes des observateurs attentifs, nous pouvons aussi apprendre d'autres personnes, même quand celles-ci ne sont pas particulièrement sages).

Par contraste avec le rapport guru/élève, la spécificité de la relation amoureuse consiste dans le fait que les deux personnes jouent les deux rôles (guru/élève) en même temps. Mais elles se ressemblent par la révérence, le respect que chacun des membres de la relation éprouve pour l'autre.

Les relations amoureuses nous font grandir

Le psychologue Jeremy Dean a étudié la façon dont les gens se perçoivent et comment ils peuvent mieux se comprendre à travers le point de vue de leur partenaire. Comment agir au mieux ? Nous pouvons nous inspirer de la pratique du maître hindou : « orientation sans jugement, sagesse sans ego, amour sans attente ».

Jay Shetty soutient que les amis, la famille et les autres personnes de notre entourage ne peuvent que très difficilement faire preuve de ces trois qualités en raison de leur perspective partielle et partiale. L'amoureux, selon lui, pourrait en revanche y parvenir, car il nous connaît plus complètement.

L'auteur parle également de la « théorie de l'amélioration de soi » d'Arthur et d'Elaine Aron. Celle-ci considère que les relations améliorent l'identité personnelle en nous permettant de découvrir des choses (compétences, perspectives, traits de personnalité) qui nous font défaut.

"Notre partenaire amoureux élargit notre perception de nous-mêmes, car il nous permet d'accéder à des ressources plus grandes." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 4)

Devenir un meilleur guru

Quelles sont les qualités d'un bon guru et d'un bon disciple ? C'est l'objet du livre The Guru and Disciple Book de Kripamoya Das (l'ancien maître de Jay Shetty).

Voici les 4 conseils/caractéristiques que l'auteur donne pour être un bon guru :

Ne pas diriger, mais servir ;

Donner l'exemple ;

Soutenez ses objectifs, et pas les vôtres ;

Ni critique, ni jugement, ni insultes.

Il propose ensuite plusieurs anecdotes et un grand nombre d'exercices "à essayer" pour devenir un meilleur guru et aider, par exemple, notre partenaire à trouver ses objectifs. Le chapitre comprend aussi des analyses théoriques et des histoires sur les moines japonais afin de démontrer la nécessité de soutenir son partenaire dans son propre apprentissage.

Devenir un meilleur élève

Voici maintenant les règles à suivre pour s'améliorer en tant qu'élève. Vous devrez être… :

Ouvert d'esprit et curieux ;

Humble ;

Bon traducteur ;

Reconnaissant ;

Capable de rester vous-même !

Le dernier point est particulièrement important : l'auteur y souligne que l'amour n'est pas une relation de soumission à autrui. Il est particulièrement important de reconnaître les abus et de mettre fin à une relation de ce type. C'est notamment l'objet du livre Se libérer de l'emprise émotionnelle.

Le plus beau cadeau du guru

Jay Shetty termine ce chapitre par ces mots :

"Deux partenaires qui s'épanouissent ensemble s'aident, lentement mais sûrement, à observer, à apprendre et à grandir dans différents domaines. Le mal-être provoqué par le changement est compensé par le plaisir d'une compréhension partagée." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 4)

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Bilan : pouvez-vous apprendre et grandir auprès de votre partenaire ?" (p. 137-140) ;

"Aidez votre partenaire à découvrir ses objectifs" (p. 145) ;

"Identifiez le mode d'apprentissage de votre partenaire" (p. 146-147) ;

"Appréciez le savoir de votre partenaire" (p. 154) ;

"Présentez une nouvelle idée" (p. 155-157) ;

"Reconnaissez les compétences de votre guru" (p. 158-159).

Loi 5 : Le but de la vie avant tout

Dans un couple, est-ce que chacun doit avoir son but ? Ou bien l'objectif est-il, comme le disait Antoine de Saint-Exupéry, de "regarder dans la même direction" ? Et si les deux choses n'étaient pas nécessairement contradictoires ? Ce sont les questions qui sont explorées dans ce dernier chapitre de la deuxième partie.

En fait, pour l'auteur, les choses sont claires : pour que la relation s'épanouisse au mieux, il est important que chacun donne la meilleure version de lui-même. Or, pour ce faire, il doit être capable de son propre but.

Le dharma : votre boussole

Dans l'hindouisme, le but se dit dharma. En réalité, la notion désigne un mélange "de passion, d'expertise et de dévouement". Jay Shetty expose différents types de buts comme avoir un emploi satisfaisant, une passion, devenir parent ou bénévole dans une association, etc.

Le Dharma ne s'identifie à aucun d'eux ; il n'est pas une activité spécifique, mais la raison pour laquelle les gens font cette activité, que ce soit « pour créer quelque chose, pour connecter les gens, pour partager ce que vous avez appris, pour servir les autres ou le monde ».

L'auteur explore en détail ces différents points en citant les recherches du professeur de développement humain Anthony Burrow sur la relation entre satisfaction, objectifs et réseaux sociaux. Il relate également les débats philosophiques autour de l'hédonisme (bonheur par le plaisir) et de l'eudaimonia (bonheur de l'épanouissement personnel) et raconte une histoire bouddhiste sur le fait de se donner la priorité à soi-même.

Il propose également un schéma issu des Védas. Ceux-ci énumèrent quatre « grandes quêtes » qui forment un cycle :

Dharma (connaître le but de votre vie permet à vous-même et à votre partenaire de savoir clairement quelles sont vos valeurs et vos priorités) ;

Artha (chercher à créer une stabilité dans les domaines de la finance, de la santé et du développement personnel) ;

Kama (plaisir et lien. Il s'agit de vos relations avec autrui) ;

Moksha (se libérer du monde matériel en se reliant à l'Esprit).

Comment donner la priorité à votre dharma (la pyramide de la raison d'être)

Après avoir étudié ce point, Jay Shetty propose une « pyramide de la raison d'être » plus complexe qui a pour vocation à montrer comment nous parvenons à construire une raison d'être solide (si ce n'est déjà fait).

La pyramide de la raison d'être est composée de 5 étages :

Apprendre ;

Expérimenter ;

S'épanouir ;

Gérer ;

Gagner.

Les individus commencent en général par en apprendre davantage sur un sujet d'intérêt (1), puis ils expérimentent cette connaissance en faisant beaucoup d'essais et d'erreurs (2). S'ils persévèrent et surmontent les obstacles, ils s'épanouissent dans leur activité (3) ; cependant, pour être pleinement en possession de sa raison d'être et célébrer ses réussites (5), il faut encore être patient et gérer les surprises du quotidien (4).

Aidez votre partenaire à donner la priorité à sa raison d'être

Jay Shetty raconte plusieurs histoires visant à nous montrer comment nous pouvons soutenir notre partenaire dans sa recherche d'un objectif, puis dans son accomplissement. Il montre aussi qu'il n'est pas toujours facile d'équilibrer les différents aspects de sa vie. Brigid Schulte, une journaliste, ainsi que le pilote de voiture de course Lewis Hamilton, sont pris en exemples.

Jay Shetty insiste sur l'importance de laisser de la place à chacun dans la relation. Au cours de l'existence, les occasions de déséquilibre ne manquent pas : changement de situation professionnelle, enfants, etc. Pourtant, nous pouvons trouver les moyens de rééquilibrer la relation et de trouver des objectifs communs qui transcendent les objectifs de chacun (voir les exercices "À essayer").

Quand deux raisons d'être s'opposent

Même en faisant de notre mieux, il n'est pas toujours facile de composer avec les objectifs de l'autre, surtout quand ceux-ci s'opposent directement aux nôtres (ou les nôtres à ceux de notre partenaire). Que faire dans ces cas-là ?

L'auteur donne une série de conseils pour parvenir à un accord. Il suggère, par exemple, de donner la priorité à un objectif, puis à l'autre. L'organisation du temps est ici particulièrement importante. En cas de déséquilibre majeur, vous pouvez chercher à "rééquilibrer les dharmas" au sein du couple.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Découvrir votre raison d'être" (p. 171-173) ;

"Rencontrez un mentor" (p. 174-176) ;

"Bilan : réorganisez votre temps libre" (p. 176-178) ;

"Fixez-vous des objectifs ensemble" (p. 184-185) ;

"Régler un déséquilibre des dharmas" (p. 201-202) ;

"Échangez votre temps" (p. 205).

Partie 3 — La guérison

Dans cette partie, Jay Shetty se penche sur l'ashram de Vanaprastha. Les thèmes privilégiés sont la dispute, le pardon et la rupture.

Loi 6 : Gagnez ou perdez ensemble

Le conflit est nécessaire à un couple. Même s'il a généralement mauvaise presse, il joue en fait un rôle important. Comme l'exprime cette citation, les disputes permettent de mieux connaître l'autre.

"Les partenaires qui évitent les conflits ne comprennent pas les priorités, les valeurs ou les difficultés de l'autre. Tous les couples se disputent, ou tout du moins le devraient-ils. » (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 6)

Beaucoup de gens pensent qu'une relation "parfaite" signifie ne pas se disputer du tout, mais c'est une erreur. Nous devrions nous disputer quand cela est nécessaire, afin que les problèmes ne s'aggravent pas.

Nous devrions même aborder les conflits comme des problèmes communs. La communication non violente, dont Jay Shetty cite des exemples, est une ressource précieuse pour venir à bout des disputes de couples. En fait, l'objectif n'est pas de se vaincre l'un l'autre, mais bien de trouver une solution commune au problème.

Dans une courte section, l'auteur évoque également l'importance de ne pas confondre conflit et maltraitance. Il propose un tableau très utile pour bien différencier les deux (p. 219).

L'origine d'une dispute

Il s'intéresse ensuite à l'origine de nos disputes. Selon le Bhagavad-Gita, un texte hindou sacré, il y a trois énergies sacrées :

Celle liée à l'ignorance (tamas) ;

Puis celle liée à l'impulsivité (rajas) ;

Et enfin celle qui est liée à la bonté (sattva).

Pour Jay Shetty, ces trois énergies créent trois types de conflits :

Disputes vaines = s'emporter de manière irréfléchie, ne rien résoudre.

Rapports de force = avoir envie de l'emporter sur l'autre, la guerre des égos.

Disputes productives = chercher à comprendre, trouver une solution.

Nous n'avons pas besoin de changer ou d'assumer aucune responsabilité » (176). Un désir d'avoir raison ne résoudra pas le problème, de sorte que le chapitre comprend un exercice pour trouver l'ego et la passion dans une dispute et souligne la nécessité pour les deux personnes de voir les malentendus qui se sont produits et leur rôle en eux.

Comment avoir des disputes productives

Nous pouvons réussir à avoir des disputes plus productives si nous avons véritablement "le désir de faire équipe". Voici les conseils donnés dans cette section.

Purifier l'ego = accepter que vous soyez peut-être dans l'erreur et vous ouvrir aux raisons de l'autre ;

Diagnostiquer le fond du problème = il existe plusieurs types de conflits (intérieur, social, interpersonnel) et il importe de cerner de quel type il s'agit.

Découvrir sa forme de dispute = certains préfèrent vider leur sac, d'autres se cachent et d'autres encore explosent... Il faut le savoir et "agir" en conséquence.

Gagner ensemble

Jay Shetty propose ensuite un acronyme pour aller plus loin dans son analyse. Il propose de résoudre ensemble les conflits en utilisant les "5 E" :

Endroit et moment ;

Expression ;

Évacuation de la colère ;

Engagement ;

Évolution.

Premièrement, choisissez un endroit sûr et un moment optimal pour vous disputer. Pas toujours facile quand nous "explosons", direz-vous ! Mais c'est possible. L'auteur expose les recherches d'Art Markman, neuroscientifique, sur l'expression saine de la colère pour nous montrer comment tenter le coup.

Le terme « Expression » signifie considérer attentivement les mots dits et utiliser le mot « nous » lorsque vous abordez un problème, afin de désigner clairement sa nature commune.

La phase d'évacuation de la colère a pour objectif d'atteindre cet état d'ouverture et d'empathie sans lequel aucune résolution saine du conflit n'est possible.

L'engagement implique un accord vers le changement et la création de propositions.

Enfin, l'évolution signifie que le couple grandit du conflit en s'excusant et en assumant leurs responsabilités respectives. Cette dernière étape implique trois sous-étapes : l'acceptation, la verbalisation et l'action.

À noter : la dispute peut devenir une vraie habitude et même une sorte de cercle vicieux dans le couple. Les psychiatres Phillip Lee et Diane Rudolph montrent en effet que certains ménages peuvent devenir accros au conflit et s'enfermer dans ce schéma, sans jamais trouver de solution concrète à leurs problèmes.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Passer d'une dispute à un objectif commun" (p. 217-218) ;

"Identifiez l'ego et la passion dans le conflit" (p. 225-226) ;

"Identifiez la forme de dispute de votre partenaire et la vôtre" (p. 232) ;

"Passez un accord au sujet de votre prochaine dispute" (p. 239-240) ;

"Discuter des problèmes complexes" (p. 243-244) ;

"Écrire une lettre pour s'excuser" (p. 249-250).

Loi 7 : Lors d'une rupture, ce n'est pas vous qui vous écroulez

Jay Shetty utilise une analogie connue : la maison. Une relation amoureuse qui prend fin est comme une maison dont les murs s'effritent, puis s'écroulent. Nous avons tous des défauts, là n'est pas la question. Ce qui importe, ainsi que nous l'avons vu au chapitre antérieur, est de savoir résoudre les conflits pour qu'ils ne s'enveniment pas.

Les signes de problème

L'auteur met en exergue trois problèmes qui sont souvent la cause des ruptures :

L'infidélité ;

La perte d'intérêt ;

Le manque d'intimité (au sens large).

Jay Shetty y insiste à nouveau : la violence et toute forme de maltraitance doivent être combattues. Une personne qui subit une telle situation doit rompre le plus rapidement possible, pour son propre bien.

Nourrir l'intimité

La perte d'intimité est souvent le fruit d'un manque d'énergie mise dans la relation. Pourtant, il y a des façons de combler ce manque de connexion et de communication. D'abord, Jay Shetty conseille de faire des choses par soi-même. En parler à l'autre ajoute à la conversation ; en plus de vous nourrir vous-même, cela nourrit le couple.

D'autre part, créer ou participer à des activités communes peut également créer un sentiment d'intimité et de fierté de couple. Pourquoi ne pas prendre des cours de danse, par exemple ? Trouver des lieux où échanger renforce considérablement la relation.

L'auteur aborde en particulier trois types d'activités :

Le divertissement (aller voir un film ensemble, par exemple) ;

L'expérience (faire un voyage et en parler à son conjoint, faire du bénévolat, etc.) ;

L'éducation (reprendre des études).

Jay Shetty rapporte comment sa femme et lui cultivent leur intimité via des amitiés nouvelles et des expériences partagées. Nous pouvons également développer notre intimité en reconnaissant nos valeurs respectives et en éprouvant de la gratitude les uns pour les autres.

S'élever ou se séparer

Lorsque la décision de rester ensemble ou de rompre se fait insistante, il faut y répondre de la façon la plus sage possible. Jay Shetty propose un canevas en 5 étapes pour nous aider à nous décider. Il l'appelle la "voie de l'élévation".

Intolérance ;

Tolérance ;

Compréhension ;

Acceptation ;

Appréciation.

Lors de ses séances de coaching de vie ou de couple, Jay Shetty conduit les personnes qu'il reçoit à se demander si leur problème est totalement intolérable ou s'il peut être toléré, voire compris et accepté. Lorsqu'il est apprécié, nous reconnaissons que le problème fait partie intégrante de notre partenaire.

En fonction de notre capacité commune à évaluer le ou les problèmes selon cette échelle, nous pouvons décider en conscience de continuer ou de rompre.

Rompre en conscience

Si la rupture a lieu, il importe au plus haut point de faire le point sur sa peur d'être seul. Toute rupture crée un changement radical, mais mieux vaut s'en aller que de maintenir une relation malsaine à tout prix.

Lorsque nous nous retrouvons seuls, le cerveau se met en branle et nous pouvons nous sentir particulièrement fragiles. Pourtant, l'auteur rappelle à partir de textes indiens que "l'âme ne se rompt pas". Quoi qu'il en soit, la rupture sera plus facile si vous avez suivi les règles énoncées dans les sections précédentes.

Il décrit le processus de rupture et donne des conseils pour les deux situations :

Lorsque c'est vous qui rompez ;

Quand c'est l'autre qui prend la décision.

Jay Shetty souligne l'importance de se raconter. des histoires pour donner du sens à nos aventures amoureuses. Il expose des théories scientifiques pour nous montrer qu'il est plus facile d'aller de l'avant lorsque nous créons ce sens.

Tirez les leçons karmiques de vos erreurs

Chaque relation — et chaque rupture — nous apprend quelque chose. Nous pouvons donc tirer les leçons « karmiques » de nos erreurs. Cea peut prendre du temps, et c'est entre autres pourquoi il vaut mieux ne pas se jeter à corps perdu dans une nouvelle relation trop vite.

Certains amis reviennent dans nos vies après une rupture. La solitude est également le moment pour se retrouver et réfléchir, voire renforcer son estime de soi.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Bilan : pour quelles raisons partez-vous ?" (p. 261) ;

"S'entourer de soutien" (p. 275-276) ;

"Faire son deuil" (p. 293-294) ;

"Prises de conscience" (p. 297-298) ;

"Check-list : êtes-vous prêt à ressortir avec quelqu'un ?" (p. 303-304).

Partie 4 — La reliance

L'amour peut être élargi au-delà de la relation amoureuse et des rapports familiaux. L'objet de cette dernière partie est de comprendre cette forme de l'amour que l'auteur nomme "reliance". Celle-ci s'élance vers la famille, les amis, mais aussi, au-delà, vers nos connaissances, nos collègues, les étrangers et finalement la Terre tout entière.

Loi 8 : Aimez encore et toujours

La quatrième étape de la vie selon les Védas, l'ashram Sannyasa, implique la notion de service aux autres et à ce qui nous relie tous : le monde ou, pour la religion, le divin. Dans la philosophie hindoue, cette dernière étape implique de renoncer aux « désirs matériels » et de se concentrer sur la spiritualité.

Attendre l'amour ou l'expérimenter

Jay Shetty revisite cette dernière étape de la sagesse des Védas pour aborder la question de l'amour d'autrui et, surtout, la façon dont nous pouvons diffuser l'amour, au lieu de le recevoir.

"Au lieu d'attendre l'amour, à nous de trouver des façons de l'exprimer." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 8)

Comment donner de l'amour

Il n'est pas toujours facile d'avoir de l'empathie pour les choses qui nous sont lointaines. Nous avons une préférence naturelle pour ce qui nous est proche. Jay Shetty cite Jamil Zaki, professeur de psychologie à Stanford, pour appuyer ses arguments.

Pourtant, à force de travail, nous pouvons peut-être parvenir à étendre notre conception de l'amour et à embrasser un maximum d'êtres. C'est vers cela que nous devrions au moins tendre.

Aimez les personnes qui vous sont les plus proches

Cela dit, nous sommes face à une difficulté, car souvent, nous avons du mal à aimer correctement même les personnes qui nous sont les plus proches. Nous leur en voulons pour ceci ou pour cela. L'auteur commence donc par trouver des voies pour nous aider à aimer notre famille et nos amis pour ce qu'ils sont, et non pour leurs uniques comportements extérieurs.

Dans l'un des exercices "À essayer", Jay Shetty recommande d'organiser ses contacts en différents groupes en fonction de la proximité, puis de décider du temps que nous allons donner aux personnes d'une certaine catégorie (famille, amis, collègues, etc.). L'objectif de cet exercice est de donner la priorité à ceux avec qui nous voulons maintenir les liens les plus proches, tout en n'oubliant pas les personnes que nous ne voyons pas souvent.

Appréciez vos collègues

Nous voulons tous être appréciés dans notre travail. D'autant plus que nous y passons souvent beaucoup de temps. Les sentiments d'amitié et de respect y ont une importance cruciale, au point que de nombreuses personnes accepteraient de changer de travail si elles se sentaient plus reconnues et appréciées dans le nouveau.

Nous pouvons apprendre à donner de nous-mêmes pour créer des environnements plus chaleureux, par exemple en :

nous donnant à fond pour des projets qui tiennent à cœur à l'équipe ;

offrant nos compétences aux plus jeunes et en leur servant de mentors ;

donnant des feedbacks constructifs et en encourageant nos collègues ;

respectant et en accueillant les recommandations de personnes plus expérimentées que nous.

L'auteur raconte toutefois une parabole : celle du crocodile et du singe. Lorsque nous sommes faces à des "crocodiles", évitons de "faire le singe". Parfois, la gentillesse n'est pas de mise. Si vous êtes pris dans des rapports de force potentiellement destructeurs, il convient de savoir se défendre et agir — sans devenir soi-même un prédateur.

Être une source d'inspiration pour les inconnus

Jay Shetty consacre une courte section à la protection des uns et des autres au sein de sa communauté (voisins, etc.). Puis, il évoque l'importance de devenir un exemple pour autrui. Il relate l'histoire d'un policier qui a offert des chaussures à un sans-abri qui marchait pieds nus dans la rue en plein hiver.

Dans la courte section suivante, Jay Shetty invite tout un chacun à aider les associations et à faire du bénévolat.

Au contact de la Terre

Pour terminer, Jay Shetty propose un schéma qu'il nomme "les cercles de l'affection". Ceux-ci s'imbriquent de façon concentrique :

Famille ;

Amis ;

Collègues ;

Entourage ;

Inconnus ;

Associations ;

La Terre.

Pour résumer, le concept de service est la clé de cette étape de la vie. Cette règle élargit l'amour pour y inclure celui que nous portons à tous, de nos amis à des associations qui viennent en aide à des inconnus. Jay Shetty souligne aussi que l'argent, pour utile qu'il soit, n'est pas le seul moyen de soutenir des causes importantes.

S'impliquer personnellement est une meilleure façon de pratiquer l'amour. Il prend l'exemple de plusieurs associations, notamment au service des animaux. En effet, l'enjeu est d'élargir notre sollicitude aux êtres qui ne sont pas humains, et finalement à la Terre, qui fait face au changement climatique.

Nous avons souvent des difficultés à sentir cet aspect de l'amour, car cet enjeu nous paraît vaste et lointain. Pourtant, Jay Shetty croit que nous sommes capables de travailler sur nous-mêmes pour répondre à ces enjeux de façon positive.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Aider un proche difficile à trouver de l'affection autour de lui" (p. 324) ;

"Structurez la liste de vos proches" (p. 326-327) ;

"Exprimer son affection au travail" (p. 329-330)

Conclusion sur « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty :

Ce qu’il faut retenir de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty :

Jay Shetty propose un livre pratique, un manuel même, au sujet de l'amour. Il applique et réinterprète bon nombre de sagesses indiennes en les mélangeant avec des ouvrages de développement personnel et des études de psychologie sociale ou de neurosciences.

L'ensemble est cohérent et se lit facilement. Nous passons de la création de la relation amoureuse à sa solidification, puis à la rupture ou — à minima — aux difficultés. L'ouvrage se termine finalement sur la question de l'amour pour autrui, dans nos relations familiales, professionnelles, sociales et même "écologiques" — c'est-à-dire avec des êtres non humains.

Que retenir, finalement ? Que cela vaut la peine d'"aimer encore et toujours", à condition d'apprendre cet art d'aimer si bien connu des sagesses anciennes — et que nous avons un peu perdu. Eh oui, l'amour se travaille et c'est surtout en le donnant que nous le pratiquerons et que nous nous améliorerons !

Points forts :

Un ouvrage qui combine développement personnel et érudition indienne ;

De nombreux exercices à essayer ;

Des exemples de lettres à écrire et de méditations à réaliser.

Point faible :

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Réussir sa vie d’expat’ http://www.olivier-roland.fr/items/view/12787/Russir-sa-vie-dexpat

Résumé de « Réussir sa vie d’expat’ » de Magdalena Zilveti Chaland : un guide ultracomplet pour tous ceux et celles qui veulent tenter l'expérience de l'expatriation avec ou sans leur famille, pour quelques mois ou la vie entière !

Par Magdalena Zilveti Chaland, 2015.

Chronique et résumé de « Réussir sa vie d’expat’ » de Magdalena Zilveti Chaland

Introduction

L’expatriation désigne ici le fait, pour les citoyens de pays occidentaux, de partir à l’étranger pour s’y installer. La durée peut varier. L’intérêt également : il peut être éducatif, économique, amoureux, etc.

Cette mobilité internationale est « une réalité en plein essor », dit l’auteure. Pourtant, elle n’est pas toujours thématisée. En outre, ceux et celles qui partent ne se rendent pas toujours compte de toutes les conséquences et de tous les défis qui les attendent.

En fait, il arrive souvent que le projet se focalise sur les aspects pratiques, surtout au début. Mais quid des aspects émotionnels et mentaux ? Ceux-ci sont relégués au second plan, alors qu’ils ont une importance cruciale pour notre bien-être.

« La problématique à laquelle l’expatrié doit faire face se résume ainsi : « Comment réussir à trouver son chez-soi en soi où que l’on soit. » C’est à cette problématique-là que l’intelligence nomade tente d’apporter une réponse. » (Réussir sa vie d’expat’, Introduction)

Autant ne pas le cacher, cette expatriation peut avoir des côtés douloureux. Mais tout l’enjeu est d’en faire une opportunité d’évolution sincère. Cette expérience nouvelle est aussi le foyer d’une réinvention de soi.

Prêt pour le voyage ?

Partie 1. Comprendre ce qui se passe en soi lorsque l’on part vivre ailleurs.

Chapitre 1 — Comment change-t-on en permanence ?

Des individus toujours en évolution

À chaque époque de la vie, nous gagnons et nous perdons quelque chose. Nous nous modifions sans cesse. Voyons quelles sont les cinq grandes étapes de cette évolution.

1 — Une enfance pour se bâtir des fondations. C’est à ce moment que les bases s’acquièrent. Il trouve son équilibre dans la maison. Puis il se socialise progressivement au-delà du cercle restreint de ses parents. Les premières blessures et frustrations doivent être surmontées.

2 — Une adolescence pour se préparer à l’âge adulte. Période de confusion et de maturation exceptionnelle, l’adolescence est le lieu de découverte de son identité et de sa personnalité. L’adolescent prend conscience de sa sexualité et de son corps via la puberté. Il apprend aussi le jeu de soumission/subversion des règles sociales.

3 — Un âge adulte pour se réaliser. L’engagement du jeune adulte, vers 30 ans, se fait plus fort. Il cherche à se déterminer en posant des choix concrets et conscients. C’est souvent le moment de créer une famille et de solidifier ses acquis économiques et professionnels. C’est le temps de l’effort — avec les risques que cela génère.

4 — Un milieu de vie marqué par des remises en question. La période 40-50 ans est charnière pour plusieurs raisons. Les relations familiales évoluent, au point de se transformer complètement (enfants plus indépendants, parents plus dépendants). C’est aussi un temps du « bilan personnel » qui peut être fort en émotions et en changements.

5 — Une vieillesse pour savourer l’instant présent. À cette étape de la vie, il y a bien sûr la question de la retraite qui se pose. Au-delà de cela, chacun vieillit à son rythme. Les conditions physiques et mentales de chacun sont différentes. C’est parfois le moment de concrétiser un vieux rêve de voyage et de profiter du temps présent.

Des identités qui se construisent

L’identité n’est pas acquise une fois pour toutes. « L’identité est une notion compliquée, car elle désigne quelque chose d’impalpable, d’indéfinissable, de mouvant et de souvent incertain », dit l’auteure.

Nous construisons notre identité en intériorisant certains modèles. Nous trouvons ceux-ci au cours des interactions que nous avons tout au long de notre existence. Les moments de « crise » ont un rôle important. Ils vont venir stabiliser certains changements en créant des ruptures avant/après.

Au cœur de l’identité, il y a néanmoins un sentiment unique : celui d’être et de rester différent d’autrui. Nous avons besoin de soigner ce sentiment de « cohérence, d’unité et d’intégrité ».

De temps à autre, sociologues et psychologues parlent d’identités multiples : sociale, idéale, virtuelle, etc. Dans ce cas, le terme renvoie davantage à un rôle dans un environnement social. Parfois, nous nous sentons morcelés entre ces différentes images, ces différents « clichés » de nous-mêmes.

Pour unifier tout cela, il importe de comprendre le processus d’individuation.

« L’individuation représente la réalisation de soi, dans ce qu’il y a de plus profond, intime et personnel, incluant aussi les parts d’ombre et de refoulé. Ce n’est pas un état stable ou un résultat objectif, mais un mouvement évolutif en lien avec le processus de développement personnel. » (Réussir sa vie d’expat’, Partie 1, Chapitre 1)

L’auteure donne plusieurs outils d’analyse pour nous aider à mieux nous connaître, en appréhendant ce processus d’individuation. Elle propose d’utiliser trois typologies :

Les cinq étapes de Christophe Fauré ;

La typologie de Jung ;

Le MBTI/CCTI (Myers-Briggs Type Indicator/Cailloux-Cauvin Type Indicator).

Des intelligences multiples et diverses

L’individu évolue et se construit progressivement ; une identité se forme. Mais qu’en est-il de son intelligence ? Est-elle figée et unique ?

Non. Selon l’auteure, l’ère de l’intelligence unique, définie par le QI (quotient intellectuel) est révolue. Les travaux d’Howard Gardner sont venus amplifier et surtout décloisonner cette version réductrice de l’intelligence.

Magdalena Zilveti Chaland insiste tout particulièrement sur l’importance de l’intelligence émotionnelle qui reprend des éléments des intelligences inter et intrapersonnelles que le psychologue américain avait étudiées ailleurs.

À la rencontre d’une intelligence nomade

Le terme d’intelligence nomade est utilisé pour caractériser « la capacité à vivre en dehors de son cadre familier » de façon active, constructive et apaisée. Ce concept sera mobilisé à nouveau dans le chapitre 4.

Chapitre 2 — Pourquoi changer de pays nous déstabilise ?

Comprendre ce qu’est le nomadisme

« Le nomadisme est un mode de vie fondé sur le déplacement physique, comportemental ou intellectuel. Il peut provenir d’un besoin écologique, climatique, économique, culturel, professionnel ou spirituel. » (Réussir sa vie d’expat’, Partie 1, Chapitre 2)

Il faudrait ajouter le nomadisme digital. Celui-ci nous offre la possibilité de travailler de partout, d’explorer le monde tout en gagnant correctement (voire très bien) notre vie.

L’auteure utilise un conte bien connu pour dire que nous sommes devenus à la fois lièvres et tortues. Nous allons vite, très vite. Mais en même temps, nous emportons notre maison sur notre dos.

Dans tous les cas, il ne faut pas oublier que ce phénomène du nomadisme est pluriel. Comme le rappelle la définition proposée ci-dessous, les raisons de s’expatrier sont multiples et créent des situations très spécifiques.

Dans les pays industrialisés, « vivre à l’étranger est devenu une part majeure de la formation universitaire, professionnelle et de l’évolution de carrière ». Et nous nous expatrions de plus en plus souvent pour terminer notre existence sous le soleil.

Autrement dit, de plus en plus de personnes ont besoin de développer cette « intelligence nomade » dont nous avons parlé plus tôt.

Connaître les enjeux du culturel

Lorsqu’une personne reste dans le pays d’accueil, nous parlons de « migrant ». Pour celui-ci, la question de l’adaptation à son nouveau cadre de vie est déterminante. Comment trouver un équilibre entre ses racines culturelles et la culture nouvelle qui le reçoit ?

L’intégration culturelle n’est pas toujours chose aisée. Plusieurs sentiments peuvent émerger :

Rejet ;

Fascination ;

Sentiment de perte de ses origines ;

Envie, mais anxiété ;

Etc.

Parfois, les deux cultures sont si différentes que surgit un sentiment d’incompréhension et de désarroi. La personne a l’impression d’être dans une impasse. Ou bien elle se sent sidérée : c’est le « choc culturel ».

Dépasser le choc culturel est un processus long. Pour mieux le comprendre et le gérer, il est possible d’utiliser une modélisation en cinq étapes.

Les voici :

Pré-expatriation = préparation plus ou moins longue à la culture d’accueil ;

Lune de miel = admiration pour la culture directement après l’arrivée sur place ;

Crise = désillusions et frustrations, prise de conscience des « handicaps sociaux » ;

Récupération = assimilation des nouveaux codes sociaux, résilience et nouvelles routines ;

Adaptation = sentiment d’être de plus en plus « chez soi », meilleure maîtrise des codes culturels, l’équilibre est trouvé.

S’adapter aux changements de cadre de vie et aux périodes de transition

Qu’il y ait ou non choc culturel, il y a, dans toute expatriation, une période d’adaptation durant laquelle nous devons accueillir et gérer le changement. Cette période de modification du soi antérieur se nomme aussi « transition ».

Cette transition se déroule en trois phases :

Acceptation de la fin de la stabilité ;

Gestion des incertitudes ;

Renouveau et découverte de nouvelles habitudes.

Pour étudier votre façon d’appréhender le changement, vous pouvez utiliser le système des 4S (théorie des transitions de Schlossberg) :

Situation = que vivez-vous d’autre au moment où vous êtes en train de « transitionner » ?

Self = comment évaluez-vous votre état et vos ressources pour faire face à la transition ?

Soutien = sur qui — et quoi — pouvez-vous compter ?

Stratégies = comment pouvez-vous agir de façon raisonnable et réfléchie ?

Des identités qui deviennent mosaïques

L’origine « du sol » (où nous sommes nés) ou « du sang » (l’origine culturelle de nos parents) peut avoir plus ou moins d’importance pour nous. L’auteure raconte plusieurs cas, et notamment sa propre histoire, à ce sujet.

Comment se sentir chez soi ? Certaines personnes attendront d’avoir déballé des cartons leurs affaires personnelles. Mais peut-être que le chez-soi n’est pas un lieu passif. Après tout, « être chez soi [n’est-il pas] un état d’esprit spirituel et méditatif » ?

Le plus important, nous l’avons déjà dit, est peut-être de parvenir à se sentir chez soi en soi.

Il apparaît aussi que les personnes peuvent combiner deux ou plusieurs origines et en faire une identité multiculturelle. Certains individus se sentent profondément attachés à deux ou plusieurs cultures en même temps.

Chapitre 3 — Des défis émotionnels à relever

Gérer la question des départs et des retours

Il n’est pas toujours facile de quitter ses proches. Ni, pour eux, de nous laisser partir. Tout un travail sera nécessaire pour annoncer la décision, une fois que celle-ci aura été prise. Il faudra aussi répondre aux questions et, parfois, faire face aux préjugés et aux peurs des autres.

Plusieurs actions ont lieu dans les temps qui précèdent le départ. Une fête peut avoir lieu afin de célébrer l’aventure et formaliser les adieux.

Lors d’expatriations professionnelles, un voyage de reconnaissance est parfois organisé. Certaines entreprises font également appel à des « sociétés de relocalisation » qui aident les jeunes arrivants à s’installer dans le pays d’accueil.

Il y aura, bien entendu, le déménagement à prévoir. Puis les retours au pays, plus ou moins saisonniers. Par ailleurs, il arrive que nous partions plusieurs fois, allant de pays en pays ­ avec ou sans passer par la « case départ » du pays d’origine.

Dans ce dernier cas, le processus d’installation devient plus compliqué. L’envie d’aventure peut céder la place à celle de « poser ses valises » quelque part.

Certains auteurs parlent d’impatriation pour désigner le cas de retours définitifs dans le pays d’origine. Il peut se faire sans mal ou, au contraire, être appréhendé avec douleur ou ennui… Souvent, notre terre familière nous est devenue étrangère et nous avons besoin de nous y reconnecter.

Apprendre à gérer son stress

Dans cette section, Magdalena Zilveti Chaland aborde la question du stress. Elle étudie ses origines et ses manifestations, puis évoque plusieurs stratégies et techniques d’adaptation.

Au niveau des techniques, notons celles basées sur le « coping » (en anglais : faire avec). L’auteure évoque deux types de techniques de ce type.

Coping centré sur le problème = stratégies pour améliorer l’environnement.

Coping centré sur l’émotion = stratégies de diminution du sentiment intérieur.

Soyez attentif, si vous vous expatriez, aux signaux somatiques ou psychologiques qui vous indiquent un mal-être. Ne le laissez pas s’installer durablement. Il existe des techniques pour renforcer son estime personnelle et, finalement, sa confiance en soi.

Les souffrances de l’altérité

Le changement de pays peut se révéler être plus dur que prévu.

« Même si l’expatriation peut être un formidable tremplin pour une réalisation personnelle, elle reste néanmoins une démarche qui peut être coûteuse pour le psychisme », soutient l’auteure.

Par exemple, la nostalgie peut surgir. Nous avons alors le « mal du pays » (homsickness). Nous pouvons aussi avoir tendance à idéaliser les bons moments du passé. Vous devriez faire particulièrement attention si ce sentiment s’incruste sur une trop longue période ou devient trop intense.

Nous pouvons également nous rendre compte que les motivations annoncées lors de notre départ ne sont pas exactement celles qui, au fond, nous ont poussé à agir. Parfois, partir revient à « fuir » ou chercher à se reconstruire intérieurement ailleurs.

À certains moments, les réactions des personnes que nous laissons dans le pays que nous quittons pourront nous surprendre. Indifférence, agressivité, chagrin : vous devrez peut-être affronter l’une de ces émotions. Partir, dit l’auteur, peut s’apparenter à « une petite mort ».

Une fois sur place, l’altérité n’en a pas fini de nous jouer des tours. Nous nous sentons à part, voire exclus dans le pire des cas. Notre volonté d’adaptation sera parfois très forte, au point de développer un faux self (une identité de surface qui nous servira à nous intégrer).

Faire face aux épreuves de la vie en vivant loin

Avant d’en venir aux aspects positifs de l’expatriation, continuons à explorer les possibles difficultés. Cette analyse est importante, car elle permet de se mettre au clair avec la réalité de la vie à l’étranger.

Voici les trois situations analysées en détail par Magdalena Zilveti Chaland :

Un proche souffre d’une maladie grave ;

Un décès touche la famille « restée au pays » ;

Ou bien un décès survient dans votre propre famille d’expat’.

Elle conclut ce chapitre difficile par ces termes pleins de résilience :

« Entre détresse et souffrance, reviviscence de souvenirs, regrets et nostalgie, c’est en puisant dans sa capacité à aller de l’avant que le migrant vivant l’épreuve de la maladie et du deuil poursuit son cheminement et ce malgré peine et perte. » (Réussir sa vie d’expat’, Partie 1, Chapitre 3)

Chapitre 4 — Se réaliser à l’étranger en développant une intelligence nomade

Trouver son chez-soi en soi où que l’on soit

Pour trouver la force de l’intelligence nomade, nous avons besoin d’agir à trois niveaux :

Nos ressources internes ;

Les forces agissantes intermédiaires ;

Les facteurs d’ajustement au monde extérieur.

Ce sont ces trois niveaux qui sont développés dans les sections qui suivent.

Puiser dans ses ressources pour s’épanouir

« Les ressources internes sont des éléments uniques que chaque personne possède et qui constituent ses repères identitaires », comme les valeurs, par exemple.

Mais aussi :

Nos besoins spécifiques (l’auteure reprend ici la fameuse pyramide de Maslow) ;

Buts (ici, elle s’appuie sur l’idée d’objectifs SMART) ;

Atouts (nos talents, savoirs et savoir-faire) ;

Et notre motivation, intrinsèque (projet personnel mûri) et extrinsèque (offre d’une entreprise, par exemple).

Des facteurs qui influent sur notre potentiel

Magdalena Zvileti Chaland insiste sur la pratique de pleine conscience. Celle-ci aide à se rendre compte du potentiel qui vit en nous. Nous pouvons apprendre à gagner en confiance, à maîtriser nos émotions et à vaincre nos fausses croyances.

L’auteure ne cite pas cette théorie, mais nous pouvons ici penser aux techniques de la PNL pour travailler ces points.

Des facteurs d’ajustement au monde environnant

Quatre facteurs ou qualités vous aideront à supporter ce que vous ne pouvez pas contrôler (les événements extérieurs).

L’adaptabilité = au quotidien, être capable de se plier aux imprévus ou aux différences culturelles, sans en faire un drame.

La communication = savoir exprimer ses doutes, ses besoins, ses frustrations, pour être compris. Mais aussi savoir se lier d’amitié avec autrui pour ne pas rester seul.

L’empathie = être à l’écoute de l’autre, chercher à comprendre ses propres besoins et ses différences, en se mettant à sa place.

La résilience = prendre conscience de sa force devant les événements malheureux de la vie et tourner le négatif en positif.

Partie 2. Comprendre les petits et grands effets de l’expatriation sur le cercle familial

Chapitre 1 — Déchiffrer ce qui se passe pour la famille en expatriation

Le fonctionnement de la famille

« La famille, c’est une communauté d’individus reliés par des liens de parenté, et c’est également un premier lieu de socialisation pour les enfants. Elle se constitue à travers différentes générations jusqu’à un niveau dit “nucléaire” plus restreint, composé du couple parental et de leurs enfants. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 2, Chapitre 1)

D’un côté, les liens avec la famille au sens large (grands-parents, oncles et tantes, etc.) diminuent ou risquent de diminuer avec l’expatriation. Mais de l’autre, les liens de la famille nucléaire se renforcent généralement.

C’est l’une des conséquences de l’adversité et de l’aventure. Celle-ci unit les êtres d’une famille qui sont confrontés à des enjeux similaires et peuvent se serrer les coudes.

Pour les enfants, un noyau familial fort est source de stabilité émotionnelle et affective. L’existence de rituels ou de traditions familiales rassure et génère un sentiment fort d’être chez soi. Ici, bien sûr, la communication est aussi essentielle, pour que tout un chacun se sente accepté et compris.

L’intelligence nomade familiale

Si nous considérons de façon plus précise la famille comme un foyer d’identité, nous retrouvons quatre « ingrédients » importants.

Les valeurs familiales qui sont portées par les parents ;

Les besoins familiaux, qui proviennent des autres composantes et s’expriment de diverses manières ;

Le fonctionnement de la famille, qui suppose des règles et des rituels ;

La culture familiale qui relate l’histoire de la famille et ses relations, notamment, à la famille élargie.

Il existe une série de facteurs ou de « forces agissantes » qui influent sur le noyau familial :

Les saboteurs, qui sont les croyances limitantes au sein d’une famille ;

Le climat émotionnel, qui s’empare parfois de la famille tout entière ;

Le sens de l’engagement, à savoir la volonté de chacun de faire « fonctionner » la famille ;

La cohésion ou l’idée que la famille est plus que la somme des individus qui la composent. C’est un tout.

Comme pour l’individu (voir la partie 1, chapitre 4), la famille doit travailler avec des facteurs d’adaptation à l’environnement. Ceux-ci sont encore au nombre de quatre.

Adaptabilité ;

Solidarité ;

Congruence ;

Communication.

Ce sont des qualités qui permettent aux membres de la famille d’entretenir la vie familiale et de maintenir vivaces les forces agissantes qui donnent à chacun l’envie de faire partie de l’aventure familiale.

Les cellules familiales complexes à l’étranger

Les familles d’aujourd’hui sont parfois multiculturelles ou nomades avant même un quelconque départ. Les familles recomposées obligent les enfants à des allers-retours entre les parents, par exemple. Parfois, le métissage se mêle aux recompositions.

Dans ces cas de familles recomposées, il faut bien sûr s’assurer de l’accord du parent avant toute concrétisation des démarches d’expatriation. Il y a — notamment — des questions juridiques de garde qui doivent être résolues.

Les enjeux psychologiques peuvent également être particulièrement intenses (s’il s’agit pour un enfant de laisser l’un de ses parents au pays, par exemple). L’auteure prend soin de traiter en détail des problématiques liées aux familles séparées par l’expatriation.

Parfois, c’est l’expatriation elle-même qui génère la création d’une famille multiculturelle. Et cela peut même arriver sans que les parents soient d’origine différente. Comment ? Par l’intermédiaire d’une nounou, par exemple. Celle-ci peut apporter sa culture aux enfants et devenir une membre à part entière de la famille.

À noter également : de plus en plus de personnes s’expatrient pour des raisons médicales ou, tout simplement, pour profiter de leur retraite. Ce sont des cas spécifiques. Dans la deuxième situation, le cadre traditionnel permute.

Vecteurs et symboles traditionnels de stabilité, les grands-parents quittent « leur nid » et s’en vont à l’aventure. Cela peut certes parfois déstabiliser les enfants et petits-enfants. Mais souvent, ils sont perçus comme « donnant l’exemple ». Leur courage et leur ouverture sont alors salués par la famille.

Chapitre 2 — Interpréter ce qui se passe pour le couple en expatriation

Les répercussions de l’expatriation pour le couple

Aux États-Unis, il y a un nom pour les femmes qui suivent leur mari à l’étranger (c’est souvent dans ce sens-là) : les « trailing spouses » (conjoints suiveurs). L’auteure opte pour le terme « conjoint », plus neutre.

Les effets de cette situation peuvent être de plusieurs ordres.

Tout d’abord, le conjoint peut s’accoutumer sans problème. L’expatriation est alors une aventure vécue en commun, voire l’occasion de « repartir de zéro ». Les sentiments et le respect mutuels se renforcent au contact de l’adversité.

Parfois, les choses peuvent aller plus mal. Une discordance peut s’installer dans la vie du couple. C’est surtout le cas lorsque le conjoint se sent exclu du projet d’expatriation. Il a l’impression de subir le rythme et les décisions de l’autre. Le stress et la distance peuvent s’installer.

Frustrations, tromperies et ruptures peuvent alors apparaître. Les problèmes préexistants peuvent également remonter à la surface ou trouver un terrain d’expression plus favorable (en dehors de la pression de la famille élargie, notamment).

Les bénéfices pour le conjoint

Le conjoint a tout à gagner à adopter une attitude active. Il peut lui aussi réussir sa vie d’expat’ à condition de formuler un projet personnel qui lui tienne à cœur.

Celui-ci doit se trouver à la jonction de quatre grands axes :

Pouvoir (social et relationnel) ;

Amour (affectif et familial) ;

Être (développement personnel) ;

Avoir (avantages de l’expatriation).

L’expatriation est un moment privilégié pour se découvrir et s’accomplir. Nous pouvons acquérir de nouvelles compétences (langagières, mais pas seulement) et de nouvelles qualités individuelles (plus de curiosité, de résilience, etc.).

Les difficultés du conjoint

Si le conjoint ne parvient pas à trouver sa place et à formuler un projet personnel qui tienne la route, le risque est qu’il se dévalorise. Voici le témoignage de Céline rapporté par Magdalena Svetili Chaland :

« Mon mari découvre son travail, mes enfants découvrent leurs écoles. Et moi ? Seule, dans ma cage dorée, à la recherche de quoi faire, comment le faire et est-ce bien cela que je veux faire, j’ai tout simplement déprimé. Déprimé ? Avec la chance que j’avais ? Peu de personnes pouvaient le comprendre. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 2, Chapitre 2)

Au-delà de la dévalorisation personnelle, se sont aussi d’autres besoins qui risquent de ne pas être satisfaits. Il s’oublie parfois au profit des autres (mari, enfants) et crée le vide dans sa vie — au niveau social, notamment. Ici encore, il est important d’en prendre conscience afin d’agir de façon créative.

Finalement, l’auteure aborde la question et le statut du conjoint masculin, suivant sa femme dans un pays étranger. C’est une situation plus rare, source à la fois de dangers et d’opportunités.

Finalement :

« Pour le conjoint, qu’il soit homme ou femme, il s’agit de réussir à créer, à investir et à se reconnaître dans un nouveau rôle et dans une nouvelle société. Trouver sa place signifie toujours être à l’écoute de ses envies et de ses besoins, pour mettre en route un véritable projet de réalisation personnelle. Être conjoint d’expatrié, homme ou femme, est un challenge individuel complexe, mais qui permet de se dépasser et de vivre une expérience unique et épanouissante. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 2, chapitre 2)

Chapitre 3 — Pénétrer le monde des enfants en expatriation

Des enfants nomades

David Pollock et Ruth Van Reken ont forgé le terme d’« enfant de la troisième culture » pour désigner la spécificité de certains enfants nés dans le contexte d’expatriation. Ce sont des « mutants culturels » qui ont adopté, dès leur plus jeune âge, des caractéristiques propres à différentes cultures en même temps.

Parfois, leur intégration en France se révèle difficile, à la fois en raison des réactions négatives des autres et de leur propre peur à s’affirmer. Pour se sentir bien, ils doivent apprendre à gérer — et à valoriser correctement — leur sentiment de différence.

Les auteurs cités plus haut proposent quatre types de positionnements de l’enfant ayant vécu l’expatriation. Magdalena Svetili Chaland les reprend à son tour :

Étranger = la différence est flagrante, à la fois physique et mentale ;

Immigrant caché = la différence se trouve dans les façons de penser, leur expérience ;

Adopté = il y a une différence, mais il pense de la même façon et se sent intégré ;

Enfant miroir = les différences sont abolies et il est avec ses semblables.

L’impact de l’expatriation selon le développement des enfants

Les effets de l’expatriation se font diversement sentir selon l’âge et le niveau de développement de l’enfant.

Les tout-petits ont surtout besoin d’une famille qui les rassure. Plus adaptatifs par nature, ils trouveront généralement leur chemin dans ce nouveau monde à condition que leurs besoins soient satisfaits.

Les enfants de 7 ans environ vivent généralement une période critique d’acquisition de liens sociaux, de nouvelles connaissances et de stabilité. Un changement à ce stade peut se révéler plus anxiogène qu’à un autre.

Les adolescents vivent des turbulences internes qui s’ajouteront au stress de l’expatriation. Le travail identitaire qu’ils sont en train de mener peut se compliquer.

Pour autant, l’auteure donne plusieurs conseils pour que tout se passe bien, à tout âge :

Insister sur les bénéfices de l’expatriation ;

Impliquer les enfants dans le projet ;

Être à l’écoute de leur vécu ;

Recréer un espace familier ;

Rassurer l’enfant en lui consacrant du temps.

Les répercussions psychologiques et scolaires de l’expatriation

Il serait vain de le nier : les pertes vécues par l’enfant lors du départ peuvent être nombreuses. Il change de lieu, de proches, d’objets. Tout cela peut être source d’anxiété.

Parfois, l’enfant doit apprendre une nouvelle langue. Et il doit s’intégrer dans une nouvelle école. Ici, le réconfort et le soutien des parents sont essentiels.

Souvent, c’est aussi le moment de choix éducatifs importants du côté des parents. Opter pour une école internationale ou locale ? Tout dépend des stratégies personnelles, familiales et culturelles des parents.

Partie 3. Relever les challenges professionnels et relationnels

Chapitre 1 — Inscrire le monde professionnel dans la mobilité internationale

Ce que l’expatriation représente pour les entreprises

« Pour les entreprises, la présence d’un personnel qualifié à l’étranger permet d’établir une liaison entre la maison-mère et les filiales étrangères, favorisant les mouvements internationaux des salariés. L’objectif est d’entretenir les relations entre les différentes entités internationales de la société. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 2, Chapitre 3)

Il peut y avoir d’autres cas de figure :

Création de filiales ;

Restructuration (fermeture de filiales) ;

Compétences recherchées à l’étranger ;

Etc.

Des enquêtes citées par l’auteure montrent que les entreprises se déchargent de plus en plus des frais liés à l’expatriation. Les financements existent toujours, mais surtout dans les grands groupes.

Par ailleurs, l’entreprise doit mettre en place une forme de management interculturel. Ici, le Cercle Magellan peut s’avérer utile. Plus les cultures sont éloignées et plus le défi est grand.

Des dispositions à l’expatriation nécessaires chez l’expatrié

Les entreprises n’envoient pas (ou ne devraient pas envoyer) leurs employés à l’étranger les yeux fermés. Elles s’assurent normalement que ceux-ci soient bien disposés vis-à-vis de l’expatriation.

Des dispositions subjectives (mobiles inconditionnels et conditionnels, voir p. 202-203) et objectives (âge, situation familiale, etc.) entrent en compte.

Au niveau individuel, des facteurs de personnalité sont étudiés afin de voir si la personne est intérieurement bien préparée au nomadisme :

Psychologiquement (confiance en soi, gestion du stress) ;

Socialement (capacités d’interaction, création de réseau, maîtrise de la langue) ;

Cognitivement (capacités d’observation, de compréhension et d’analyse).

L’auteure fournit une check-list bien utile pour vous aider à évaluer vos propres dispositions à l’expatriation p. 205-206 !

La carrière internationale comme tremplin professionnel

Aujourd’hui, les évolutions de carrière se font moins linéairement et moins verticalement. Elles vont en zigzag ! D’ailleurs, pour les plus jeunes, le monde entier devient « un immense champ d’exploration professionnelle », affirme l’auteure.

Les motivations des expatriés économiques varient. Pourquoi changer de pays pour aller travailler ? C’est tout le thème des « ancres de carrière » développé par Edgar H. Schein.

En voici quelques-unes parmi celles citées dans l’ouvrage :

Technique (expertise) ;

Sécurité (stabilité) ;

Management (leadership) ;

Engagement (dévouement à une cause) ;

Etc.

Magdalena Svetili Chaland aborde aussi la question des entrepreneurs qui décident de créer ou gérer leur entreprise depuis l’étranger. Ces « expat-preneurs » ont des profils différents, mais tous ont la force de saisir les opportunités et de prendre des risques.

À noter : il existe de nombreux conjoints (ceux dont nous parlions au chapitre 2 de la partie 2) qui se lancent dans l’entrepreneuriat après l’expatriation. Et pourquoi pas l’infopreneuriat ?

Une expatriation qui impacte fortement la carrière des conjoints

« Accompagner son mari ou sa femme dans une expatriation peut signifier quitter un parcours professionnel et familial classique. Il va alors s’agir de se représenter le travail de façon différente. C’est la notion même de carrière qui est d’ailleurs à repenser. Avec adaptabilité, souplesse et créativité, de nouveaux projets peuvent être considérés. Une reconversion ou une formation peuvent être envisagées. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 3, Chapitre 1)

Se reconvertir professionnellement ? C’est possible à tout âge et en tous lieux ! Se former également, grâce au grand nombre de formations en ligne désormais disponibles sur Internet.

Aujourd’hui, les « carrières portables » sont à la mode. Les professionnels nomades peuvent travailler d’où ils veulent grâce aux outils numériques. D’autres choisissent des métiers saisonniers ou qui utilisent des compétences acquises ailleurs (enseignement des langues, par exemple).

Pour mettre en avant votre parcours de « conjoint », voici quelques conseils donnés par l’auteure :

Identifier ses expériences signifiantes ;

Les intégrer dans un CV en les liant entre elles ;

Indiquer clairement les actions concrètes accomplies ;

Anticiper la fonction recherchée ;

S’appuyer sur son réseau d’interconnaissances ;

Mettre en avant l’expatriation comme une preuve de flexibilité et de réactivité.

Chapitre 2 — Quels sont les effets d’un départ à l’étranger sur les relations sociales ?

Une époque marquée par la mondialisation

« La mondialisation désigne ce processus d’intégration planétaire à différents niveaux qui résulte de la libération des échanges, du développement des moyens de transport humains et marchands, ainsi que de déploiement de l’information et de la communication à une envergure mondiale. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 3, Chapitre 2)

Aujourd’hui, l’expatriation est souvent le fait d’une certaine élite. Cadres, ingénieurs et directeurs, mais aussi diplomates, par exemple, vont de pays en pays pour exécuter leurs fonctions. La mondialisation amplifie ce processus et en fait la « norme » souhaitable.

Des relations sociales complexes en expatriation

L’intégration dans un cadre professionnel peut aider. La prise de contact avec des réseaux et groupes d’accueil francophones également. Des amitiés entre concitoyens peuvent se nouer. Parfois, un nouveau sentiment de famille élargie en découle.

Il y a toutefois un danger, qui est celui de l’impression de vivre « en vase clos », entre « expat’ ». Cela se produit souvent lorsque les conditions économiques et sociales diffèrent grandement entre le pays d’accueil et les expatriés.

Dans certaines villes, il existe même des « compounds », à savoir des quartiers résidentiels spécifiquement réservés à l’élite nomade. Ceux-ci se justifient la plupart du temps pour des raisons de sécurité.

À l’inverse, un sentiment de promiscuité trop grand peut aussi créer des problèmes. Le partage d’une vie en communauté, avec des personnes d’une culture différente, peut être source de malaise et, finalement, de stress.

D’un autre côté, il importe de gérer ses relations avec les amis restés au pays. La distance peut être bénéfique, par certains aspects. Dans tous les cas, l’amitié perdurera à condition que quelques rituels soient mis en place et que quelques efforts soient consentis.

Qu’en est-il des nouvelles amitiés réalisées sur place ? Les sentiments peuvent être intenses. Il faut bien sûr accueillir les belles rencontres, tout en restant prudent. Parfois, l’isolement nous pousse à idéaliser les relations naissantes.

Si vous êtes célibataire ou « célibataire géographique » (lorsque la famille n’accompagne pas l’expatrié), attention à l’isolement. Il en va de même pour le conjoint d’expat’ qui ne travaille pas, nous l’avons déjà signalé.

Voici quelques conseils pour vaincre la solitude, parmi ceux donnés par Magdalena Svetili Chaland p. 231 :

Apprendre la langue ;

Pratiquer des activités sportives ou culturelles ;

Faire connaissance avec les voisins ;

Etc.

Manier les différents types de communication en expatriation

Lorsque nous changeons d’environnement culturel, les règles de communication changent. La communication non verbale (gestes, attitudes, etc.) doit être maîtrisée peu à peu. Tout comme la langue elle-même.

Le bilinguisme est un phénomène relativement ample : « aujourd’hui, la moitié de la population mondiale est considérée comme bilingue », affirme l’auteure. Bien sûr, il existe différents types de bilinguisme, qui sont fonction de la « profondeur » de l’apprentissage.

Parler deux ou plusieurs langues (multilinguisme) est globalement bénéfique pour l’individu. Selon plusieurs études, la maîtrise de plusieurs langues améliore les capacités cognitives. Par ailleurs, nous pouvons développer différents aspects de notre personnalité en fonction de la langue parlée.

Au-delà de la communication verbale et non verbale classique, nous trouvons aujourd’hui de plus en plus d’expatriés qui profitent de leur expérience de voyage pour créer des blogs. C’est un moyen d’expression fantastique qui permet de se connecter aux autres en partageant ses connaissances et ses ressentis.

Par ailleurs, la communication en ligne, via des outils de visioconférence, s’est généralisée. Ces dispositifs sont très bénéfiques, tant qu’ils ne nuisent pas à la création de connexions in situ.

Conclusion

L’expatriation est une véritable aventure, faite de dangers, mais aussi de véritables occasions de se découvrir soi-même et d’avancer dans la vie. Pour faciliter ce voyage, il est préférable de s’y préparer et de connaître — au moins en théorie — ce qui nous attend.

De l’aide, venue de l’entreprise ou de réseaux sur place peut être nécessaire. Si nécessaire, il est également possible de se faire aider par des coachs spécialisés en expatriation (comme Magdalena Zilveti Chaland).

« Loin d’une vision idéalisée et souvent stéréotypée, l’expatriation est une épreuve personnelle complexe qui touche aussi bien l’identité, les ressources internes ou les relations sociales et familiales. C’est un voyage aussi bien physique que psychique dont on ne revient pas inchangé, mais bien souvent grandi. L’expatriation est alors une formidable opportunité de renouveau personnel. Elle permet d’aller au-delà du connu, du prévu et du restreint pour se réinventer, pour s’ouvrir à de nouvelles cultures et pour se découvrir soi-même. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 3, Chapitre 3)

Conclusion sur « Réussir sa vie d’expat’ » de Magdalena Zilveti Chaland :

Ce qu’il faut retenir de « Réussir sa vie d’expat’ » de Magdalena Zilveti Chaland :

Ce livre est une mine d’informations à la fois théoriques et pratiques. Il passe en revue tous les aspects importants de l’expatriation et vous propose des exercices en fin de chapitre.

L’auteure cherche non seulement à comprendre les ressorts psychologiques et sociaux de l’expatriation, mais aussi à fournir un guide pour celles et ceux qui souhaitent sauter le pas.

Pour le dire avec Serge Tisseron, préfacier de l’ouvrage :

« Magdalena Zilveti Chaland n’invite pas seulement l’expatrié à changer de regard sur sa situation pour se découvrir différent et capable de choses nouvelles. Son originalité est de montrer que c’est dans la compréhension de l’ensemble des bouleversements associés à cette situation que réside son bénéfice premier, et que peuvent en résulter tous les bénéfices ultérieurs. » (Réussir sa vie d’expat », Préface de Serge Tisseron)

En d’autres termes, c’est « dans le feu de l’action » que vous découvrirez les avantages de l’expatriation. Car ceux-ci ne vont pas sans les difficultés ! Vous traverserez des tempêtes, mais c’est ainsi que vous apprendrez et grandirez !

Points forts :

Une présentation claire ;

Des témoignages tout au long de l’ouvrage ;

Une section « On fait le point » à la fin de chaque chapitre ;

Des propositions d’actions concrètes à mener à toutes les étapes de l’expatriation.

Point faible :

L’expatriation volontaire en solitaire n’est pas beaucoup abordée. Mais dans l’ensemble, les expat’ solo pourront aussi se retrouver dans les conseils donnés.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 07 Mar 2024 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12787/Russir-sa-vie-dexpat
La montagne, c’est toi http://www.olivier-roland.fr/items/view/12783/La-montagne-cest-toi

Résumé de « La montagne, c’est toi » de Brianna Wiest : un livre pour « se libérer de l’autosabotage » en 7 leçons claires et efficaces — à mettre entre les mains de toutes les personnes souffrant du syndrome de l’imposteur ou de ses dérivés (perfectionnisme, etc.).

Brianna Wiest, 2023, 213 pages.

Titre original : « The Mountain is You » (2020)

Chronique et résumé de « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest 

Chapitre 1 — La montagne est en vous

L'autosabotage est un mécanisme de défense

Le plus souvent, l'autosabotage est un mécanisme d'adaptation inconscient qui inhibe notre potentiel. Carl Jung, le célèbre psychanalyste et élève dissident de Freud, le dit très bien. En fait, sa propre expérience nous montre que l'autosabotage est un phénomène psychologique qui est lié à :

Des besoins émotionnels non résolus ;

Des peurs irrationnelles ;

et des associations négatives.

L'autosabotage n'est pas nécessairement un échec de notre volonté. En fait, il faut chercher plus profondément, c'est-à-dire dans nos conditionnements inconscients. Nous pouvons avoir une mauvaise estime de nous-mêmes pour une raison ou une autre. Ou bien nous pouvons avoir été socialisés dans la peur de l'étranger…

Sortir du déni

Ces limitations nous font malheureusement beaucoup de tort. Nos chances de succès et d'être heureux s'amenuisent. Pour mettre un terme à ce cercle vicieux, nous devons identifier les besoins et les peurs sous-jacentes qui nous ont marqués. Puis, nous devons faire face à ces croyances limitantes et ces associations inconscientes afin de les combattre.

En faisant cela, nous devenons capables de mieux aligner nos désirs et nos objectifs à nos actions concrètes.

Nous le remarquons donc dès à présent : l'autosabotage est intrinsèquement lié à nos systèmes de croyances. Nous avons tous des principes, des valeurs et des croyances qui donnent forme à la façon dont nous voyons le monde, les autres et — bien sûr — nous-mêmes.

Quels sont, dans ce cas, les premiers pas pour vaincre l'autosabotage ? Brianna Wiest en évoque deux pour commencer :

Cultiver la conscience de soi ;

Se rendre responsable à l'égard de notre situation actuelle.

Bien sûr, plusieurs autres conseils sont donnés dans le livre, ainsi que plusieurs recommandations précises et pratiques (voir les chapitres suivants). Mais pour l'immédiat, suivons la recommandation concrète suivante : écrivons !

Se préparer au changement radical

Eh oui, l'écriture aide à mettre les problèmes à distance et, donc, à cultiver la conscience de soi et la responsabilité. Lorsque nous écrivons ce qui ne va pas, nous reconnaissons le problème et nous le rendons tangible, manipulable. Cette "preuve écrite" servira ensuite de feuille de route pour l'action.

L'échec, nous le savons, est un catalyseur de changement. C'est lorsque les personnes atteignent leur niveau le plus bas qu'ils acceptent finalement de reconnaître l'origine interne de leurs soucis et qu'elles sont prêtes à évoluer.

En prenant conscience que la cause du problème est intérieure — autrement dit, que la montagne est en nous —, nous devenons capables de rejeter les justifications a posteriori ("J'agis mal parce que ceci ou cela d'extérieur à moi m'en empêche") et de nous concentrer sur nos propres forces de changement.

Toutefois, changer de croyances et de vie a un coût que nous devons impérativement accepter de payer. Quel est-il ? Cela dépend du problème ! En tout cas, ce qui est perdu (le plus souvent, une forme de sécurité) est compensé par les gains de cette nouvelle vie plus centrée et ancrée.

Avant d'aller plus loin, retenez ceci :

"La plus belle preuve d'amour que vous puissiez vous offrir est de refuser une vie qui vous rend malheureux. Le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire est d'enfin mettre des mots sur ce qui ne va pas." (La montagne, c'est vous, Chapitre 1)

Chapitre 2 — L'autosabotage existe-t-il vraiment ?

Brianna Wiest ne pense pas que l'autosabotage soit un acte volontaire. Nous ne faisons pas mal délibérément. Ces comportements destructifs sont plutôt le fruit de notre subconscient, comme nous l'avons vu plus haut.

L'autosabotage n'est pas non plus un indice de manque de volonté ou d'incapacité intellectuelle. En fait, il est la manifestation de notre complexité intérieure, de nos conflits émotionnels, qui restent le plus souvent cachés et ignorés.

Types d'autosabotage et comment y remédier

L'auteure passe en revue un grand nombre de types d'autosabotage :

La résistance, par exemple, est un état où nous échouons à nous engager dans de nouvelles opportunités ou relations, particulièrement lorsque la vie semble aller bien ou mieux. Cette forme d'autosabotage indique la peur de l'échec ou de la honte.

La limite supérieure est l'acte de s'imposer à soi-même une limite à ne pas dépasser, une forme de plafond de verre professionnel ou personnel. Au-delà, nous nous refusons le bonheur ou le succès. Et nous enclenchons une série de comportements autodestructeurs pour nous maintenir dans ces limites imaginaires.

La bougeotte est le fait de chercher sans cesse de nouveaux commencements, comme changer de travail sans arrêt ou entrer dans de nombreuses relations amoureuses. Pourquoi ? Pour éviter d'avoir à affronter certains problèmes sous-jacents.

Le perfectionnisme peut nous inhiber au point de nous faire échouer… par peur de l'échec. "Être perfectionniste ne se résume pas à vouloir bien faire : c'est se fixer des attentes irréalistes concernant ce que l'on est capables de faire ou de vivre", rappelle Brianna Wiest.

La mauvaise gestion des émotions nous empêche d'accéder à notre plein potentiel et à "devenir prisonnier" des sentiments négatifs. Nous devons être capables de gérer le chagrin ou la colère pour être pleinement présents à nous-mêmes.

Etc.

Brianna Wiest propose d'autres descriptions de phénomènes d'autosabotage et, pour chaque section, suggère des moyens de remédier au problème. Voici, par exemple, ce qu'elle préconise pour l'autosabotage nommé "manque d'organisation" :

"Comme pour tout, vous devrez procéder pas à pas pour désencombrer et réorganiser votre environnement. Commencez par vous concentrer sur une pièce uniquement ou, si c'est trop, sur un coin de cette pièce, un placard ou un tiroir. Ne dispersez pas vos efforts, consacrez-vous à cette zone et créez-vous une routine pour la maintenir en ordre. (...) Donnez-vous le temps de vous habituer à travailler à un bureau bien rangé et cela finira par devenir naturel. Vous serez peu à peu moins stressé et aurez le sentiment de mieux maîtriser votre vie. Il est extrêmement difficile d'incarner la personne qu'on rêve de devenir dans un environnement qui ne nous ressemble pas." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)

Comment savoir si vous vous autosabotez ?

Brianna Wiest dresse une nouvelle liste, plus facile à prendre en main, afin de vous aider à repérer des comportements problématiques (p. 56-59). Faites attention si vous… :

"Avez plus conscience de ce que vous ne voulez pas que de ce que vous voulez ;

Passez plus de temps à impressionner ceux qui ne vous apprécient pas qu'à chérir ceux qui vous aiment ;

Faites l'autruche ;

Vous souciez plus de paraître heureux que de l'être réellement ;

Recherchez l'approbation des autres avant votre bonheur ;

Refusez d'affronter vos émotions par peur de ce que vous allez découvrir ;

Courez après des objectifs sans vous demander si vous y tenez vraiment ;

Voyez vos mécanismes de défense comme la cause et non la conséquence de votre mal-être ;

Faites passer vos doutes avant votre potentiel ;

Voulez tout faire ;

Attendez qu'on vous ouvre la voie, qu'on vous tende la main ou qu'on vous offre sur un plateau la vie dont vous rêvez ;

Ne voyez pas tout ce que vous avez réussi à accomplir." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)

Identifiez vos engagements inconscients

Les comportements d'autosabotage, nous l'avons vu, sont causés par des conflits inconscients qui nous font agir malgré nous. Ces "engagements profonds" révèlent des besoins, des croyances et des valeurs qui nous animent sans que nous en ayons conscience. Par exemple, lorsque nous voulons tout contrôler, c'est peut-être parce que nous avons profondément peur de faire confiance, etc.

Tant que ces besoins ne sont pas résolus, ils créeront des effets d'autosabotage. Faire face à ce qui est caché n'est pas, la plupart du temps, très confortable. Pourtant, c'est indéniablement comme cela que nous pouvons progresser, selon Brianna Wiest.

Autrement dit, vous devez prendre le temps de distinguer, avec honnêteté, quelles sont les formes d'autosabotage qui vous concernent. Celles-ci sont des symptômes. Ce travail préliminaire vous permettra ensuite de retrouver les besoins sous-jacents — qui sont, eux, la véritable cause du problème.

Dissociez vos actions de vos émotions

La résistance au changement est quelque chose de connu et de normal, jusqu'à un certain point. Pour lever les freins vers votre progrès, vous devrez distinguer les émotions des actions. Les émotions peuvent être valides et légitimes, mais les actions qui en découlent, non.

L'objectif n'est pas seulement de comprendre ce qu'est l'autosabotage, mais d'en analyser les causes et de parvenir à vivre une vie plus entière et satisfaisante.

"Il est crucial d'apprendre à agir avant d'en avoir envie. Passer à l'acte crée un élan et suscite la motivation. Cette dernière ne viendra pas d'elle-même, vous devez la provoquer. Vous devez vous inspirer vous-même, vous mettre en mouvement. Vous devez vous lancer, tout simplement, et laisser votre vie et votre énergie se réaiguiller vers les comportements qui vous porteront vers l'avant, pas vers ceux qui vous retiennent en arrière." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)

Chapitre 3 — Vos émotions sont la clef de votre liberté

Les émotions sont comme des déclencheurs de l'action. Elles sont précieuses pour reconnaître ce qui vous anime. Elles révèlent des douleurs irrésolues, mais aussi vos besoins profonds et ce que vous désirez véritablement. En conséquence, elles peuvent être utilisées pour réaligner votre vie avec celui ou celle que vous êtes vraiment.

Comment interpréter vos émotions négatives ?

Les émotions négatives comme la colère, la tristesse et la culpabilité vous donnent des indices sur ce qui mérite un travail de votre part. Ce sont des messages que vous devez apprendre à interpréter pour améliorer votre existence.

Par exemple :

La colère nous montre des limites ou des injustices que nous chercherons à réparer.

La tristesse, quant à elle, constitue le plus souvent une réponse naturelle à la perte. Dans ce cas, elle vous indique qu'un travail de deuil sain est nécessaire.

Le sentiment de culpabilité nous renvoie à l'impression d'être un fardeau ; pour se débarrasser de cette émotion, un exercice de remémoration est souvent indispensable.

La honte est le sentiment qui intervient lorsqu'on a "conscience d'avoir agi à l'encontre de ses valeurs".

Etc.

Les murmures et les cris de votre voix intérieure

Nous avons tous ce petit dialogue intérieur qui nous avertit des dangers que nous courrons et qui nous met en alerte. Apprenons à écouter ce que nous dit cette "voix intérieure". "Si vous n'agissez pas, ses alertes se feront de plus en plus fortes, et si vous n'apprenez pas à l'écouter, elle finira par tout contrôler", prévient l'auteure.

Nous l'avons dit plus haut : les besoins et les émotions sont légitimes. Par exemple, il est légitime de vouloir être désiré ou de vouloir se sentir en sécurité. Ces besoins sont en vous et ne doivent pas être masqués. Ce ne sont pas des faiblesses à cacher. Au contraire, vous devez les accepter et trouver le moyen de les combler de façon saine et satisfaisante.

Comment suivre son instinct sans redouter l'avenir

L'instinct joue un rôle important pour nous guider. À la différence des réactions émotionnelles ou des projections liées à nos anxiétés passées ou futures, l'instinct est immédiat et tombe — souvent — juste. Il est focalisé sur l'ici et le maintenant. Nous pouvons donc nous fier à cette intuition pour prendre de bonnes décisions.

En fait, notre instinct ou intuition vient de l'intestin (ce que les anglais nomment gut feelings). Cet organe plié et complexe est souvent considéré comme notre "deuxième cerveau". Il nous renseigne sur nos états intérieurs et nos insatisfactions. Bien sûr, il ne doit pas remplacer complètement le raisonnement venu du cerveau lui-même. Mais il ne doit certainement pas être ignoré !

Il importe également d'apprendre à distinguer entre les émotions (notamment la peur) et l'intuition. Ainsi qu'entre l'instinct et les pensées parasites. L'intuition nous donne un sentiment de calme et de rationalité ; nous savons comment nous comporter sans nécessairement savoir directement pourquoi. Les émotions négatives et les pensées parasites nous laissent quant à elles plutôt dans un état de stress et d'incertitude.

Comment réellement combler ses besoins ?

Le concept de self-care (soin de soi) est remis en valeur et est aujourd'hui à la mode. Brianna Wiest suggère qu'il faut aller au-delà de cette tendance et retrouver la signification profonde de ce terme.

Selon elle, nous devrions nous focaliser en premier lieu sur les besoins physiologiques essentiels tels que le sommeil, la nourriture et le bien-être émotionnel. En fait, en cherchant à y subvenir de façon attentive, nous pouvons déjà supprimer bon nombre de comportements d'autosabotage.

"Nous avons tous besoin, pour bien vivre, de nous sentir en sécurité, de nous nourrir, de dormir, d'évoluer dans un environnement sain, de pouvoir nous vêtir et de nous autoriser à vivre nos émotions sans les juger ni les refouler. (...) Comprendre vos besoins, satisfaire ceux que vous avez les moyens de combler et vous ouvrir au monde pour que vos proches, à leur tour, vous aident à combler les autres — voilà comment briser la spirale de l'autosabotage pour vous bâtir une vie plus saine, équilibrée et épanouissante." (La montagne, c'est toi, Chapitre 3)

Chapitre 4 — Développer son intelligence émotionnelle

L'autosabotage est intimement lié au manque d'intelligence émotionnelle. Cette compétence est cruciale pour comprendre, interpréter et répondre aux émotions des autres et de nous-mêmes.

Votre cerveau est programmé pour résister à ce que vous désirez vraiment

Les neurosciences nous ont appris le rôle de la dopamine dans le cerveau. Celle-ci a un rôle à jouer dans nos tendances autodestructrices. Comment ? En nous poussant à "vouloir toujours plus".

D'un côté, c'est positif, puisque cette substance nous aide à conserver de l'ambition. Nous ressentons du plaisir lorsque nous accomplissons de nouveaux objectifs. Mais de l'autre, la dopamine peut nous jouer des tours en nous empêchant d'être content des victoires déjà remportées. Cela peut conduire à l'épuisement émotionnel et à l'autosabotage.

Les associations inconscientes contribuent au problème. Nous nous fermons des porte sans le savoir ! Par exemple, un échec dans un domaine — en amour, par exemple —, peut engendrer une réponse émotionnelle disproportionnée. Celle-ci va s'étendre au-delà de son milieu d'origine et nous faire perdre le contrôle à d'autres niveaux (au travail, notamment).

Votre corps n'aspire qu'à l'homéostasie

Nos biais cognitifs nous jouent également des tours : le biais de confirmation, notamment, qui nous incite à ne voir et à n'apprendre que ce que nous savons déjà. Nous recherchons avant tout notre zone de confort et nous rechignons à nous analyser en profondeur.

En fait, plus largement, c'est tout notre corps qui vise à demeurer dans un état d'équilibre, aussi bien au niveau de la température corporelle que du poids, ou encore de la régularité des battements du cœur, etc. C'est ce que les scientifiques nomment l'homéostasie ou l'"impulsion homéostatique".

"L'enseignement à retenir ici est que tout processus de changement ou de guérison nécessite une période d'adaptation, le temps que notre corps se fasse à la nouvelle norme que nous lui imposons", prévient Brianna Wiest.

Changement et choc d'ajustement

Il faut aussi prendre en compte ce que l'auteure appelle le "choc d'ajustement". Lorsque nous changeons, notre corps et notre esprit prennent un certain temps à s'adapter à la nouvelle configuration. Or, il se peut que, dans les premiers temps, nous n'en soyons pas satisfaits — même si ce changement est largement positif !

Pour que le changement devienne acquis, il faut qu'il devienne familier. Tant qu'il ne l'est pas, des phénomènes d'anxiété, de peur ou de vigilance extrême peuvent survenir face aux changements en cours.

Brianna Wiest promeut une approche "antifragile" de l'esprit et du changement (p. 105-107). Pour elle, l'adversité et le risque font complètement partie de l'aventure et doivent être assumés positivement.

Par ailleurs, elle place la notion de principe au centre de ses réflexions. L'enthousiasme ne suffit pas. Changer, c'est se mettre en conformité avec ses valeurs et ses principes profonds. Ces modifications ne se font pas en un jour. Nous l'avons déjà vu, c'est par une politique des petits pas que nous arriverons à de grandes transformations (ce que l'auteure nomme des "microrévolutions").

"Ce que nous désirons le plus ardemment est souvent ce à quoi nous résistons le plus fortement", assure-t-elle. Dans ces conditions, pas facile d'obtenir ce que nous voulons vraiment ! Mais pas impossible pour autant…

Vous n'êtes pas devin…

Pour y parvenir, il faut allier la résilience et l'expérimentation à la raison. En d'autres termes, il faut aussi arrêter de penser que nous pouvons tout prévoir — aussi bien les émotions d'autrui que les événements futurs. Ces "pensées divinatrices" produisent en nous des émotions fausses qui nous font mal agir (ou risquent de le faire).

En fait, ces pensées sont souvent des biais cognitifs (comme le biais de confirmation) et l'action juste consiste à s'en défaire par le recours à la logique et à la rationalité.

L'inquiétude est le moins stable des systèmes de défense

Quand bien même la préoccupation et la rumination auraient un lien avec la créativité, elles ne sont pas de bonnes conseillères pour le changement, ni même de bons systèmes de défense, soutient Brianna Wiest. Pourquoi ? Simplement car "s'accrocher aux expériences passées" nous maintient dans la spirale infernale de l'autosabotage.

Bien sûr, il est plus facile de dire "arrête de t'inquiéter" que de le faire véritablement ! Il faut donc mettre en place des stratégies alternatives. Les techniques du self-care et du raisonnement logique font partie de votre boîte à outils pour neutraliser l'anxiété et passer à autre chose.

Chapitre 5 — Se libérer du passé

"La vie est une perpétuelle réinvention de soi." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)

Le concept de "laisser aller" ou "lâcher prise" est souvent réduit à une simple décision. Mais en réalité, il n'est pas facile de changer d'anciennes habitudes et de s'élancer vers le nouveau. Lâcher prise (vis-à-vis de nos douleurs et de nos traumatismes passés, notamment) demande du temps : c'est un processus complexe, nuancé et personnel.

Tourner la page

Brianna Wiest propose un exercice à ceux qui veulent se libérer des fantômes de leur passé : se rappeler de vieux souvenirs et entrer en conversation avec son soi d'autrefois. De cette façon, nous pouvons "injecter" notre sagesse présente à notre plus jeune Moi et réorienter notre énergie vers le présent et l'avenir.

Il existe des pressions sociales pour tourner la page rapidement. Nous sommes parfois contraints de nous adapter très vite, ce qui laisse peu de place à l'analyse et à l'intelligence émotionnelle. Pourtant, comme nous l'avons dit plus haut, le temps compte. In fine, l'objectif est d'intégrer progressivement les expériences du passé dans notre identité présente, afin de créer un continuum cohérent et qui laisse la place à la nouveauté.

Se défaire des attentes irréalistes

"Si vous n'êtes capable de trouver le bonheur et la paix qu'après avoir gommé tous les défauts et écarté tous les problèmes de votre existence afin de vivre dans une illusion policée, c'est que vous n'avez pas réellement résolu vos difficultés." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)

Le vrai problème, ce n'est pas les conditions extérieures ou les marques conventionnelles du succès. Ce à quoi vous devez faire face, ce sont à vos conflits intérieurs.

Le développement personnel — tel que le conçoit Brianna Wiest — ne préconise pas que vous deveniez une version idéalisée de vous-même ou de l'individu en général. Il vous invite plutôt à embrasser qui vous êtes vraiment. La guérison commence lorsque nous acceptons l'imperfection.

Se remettre d'un traumatisme émotionnel

Les traumatismes sont des événements au cours desquels nous perdons notre sentiment de sécurité. Leurs répercussions sont psychologiques et physiques. Au plan psychique, nous demeurons dans un état de vigilance accrue, en "mode combat".

Par ailleurs, les régions de l'amygdale, de l'hippocampe et du cortex préfrontal, qui gèrent notamment le stress et la mémoire, sont mises à rude épreuve après un traumatisme. Nous n'arrivons plus (ou plus totalement) à :

Traiter les souvenirs de façon complète ;

Nous sentir en sécurité ;

Gérer nos émotions ;

Planifier et envisager notre avenir.

Pour nous en sortir, nous devons apprendre à nous libérer des émotions refoulées. Celles-ci ne sont pas facultatives ! Elles assurent notre bien-être et nous devons apprendre à les maîtriser autrement qu'en surcompensant ou en nous enivrant (pour ne prendre que deux exemples d'habitudes malsaines).

En fait, les émotions sont physiologiques et — si nous prêtons attention au langage — nous nous rendons compte qu'elles sont intimement liées au corps. Nous disons que nous "en avons plein le dos", quand nous sommes angoissés. Ou encore que nous avons "la peur au ventre", etc.

Ici, la méditation et la respiration peuvent aider en profondeur. Méditer, c'est d'abord apprendre à ressentir. La respiration aide à sentir où se situent les zones de tension. Pensez aussi à vous mouvoir dans l'espace et à laisser votre corps s'exprimer par des manifestations spontanées, telles que des tremblements, des pleurs, etc.

Guérir son esprit

Nous l'avons vu, l'intelligence émotionnelle est un prérequis essentiel pour retrouver la sérénité et se préparer au changement. Cela passe par un certain lâcher-prise : lâcher prise face à toutes ces peurs et émotions négatives qui ne nous servent pas.

"Guérir, c'est refuser de voir le changement comme un désagrément pour ne plus subir, une seconde de plus, la médiocrité. On ne peut pas échapper à l'inconfort du changement, il nous mettra toujours mal à l'aise. Mais on peut choisir de vivre cet inconfort en dépassant les limites que l'on s'est imposées, en brisant les codes et en devenant la personne que l'on rêve d'être, au lieu d'endurer en restant sur place à ruminer des peurs inventées pour justifier notre inaction." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)

Chapitre 6 — Se bâtir un nouvel avenir

Adopter une perspective tournée vers le présent et l'avenir est essentiel pour devenir la meilleure version de vous-même et adopter des principes qui vous mèneront là où vous avez toujours voulu être.

À la rencontre de la personne que vous pourriez devenir

Pour ce faire, nous avons vu qu'il importe au plus haut point de se libérer des fantômes du passé. Mais pas seulement ! Vous devez littéralement créer votre nouvel horizon. L'un des exercices les plus connus pour cela est la visualisation (pratiquée notamment par les spécialistes de la programmation neurolinguistique).

Brianna Wiest retravaille ce concept en proposant au lecteur de converser non plus avec son Moi plus jeune, mais avec son "meilleur Moi possible".

Lorsque vous pratiquerez cet exercice, vous devrez vous focaliser sur les nuances de votre apparence et de votre comportement. Comment serez-vous ? Comment agirez-vous ? Quelles seront les différences, par rapport à celui que vous êtes aujourd'hui ?

En visualisant ces détails, vous obtiendrez des indices sur les étapes à suivre pour devenir celui ou celle que vous voulez être.

Mais l'auteure va plus loin et vous propose un cheminement en 4 étapes :

Vaincre la peur ;

Observer son futur moi ;

Lui demander conseil ;

Imaginer recevoir les "clefs" de sa nouvelle vie.

Devenir la version la plus puissante de soi

Plutôt que de vous laisser aller à de vagues idées sur vous-même et le monde, prenez les choses en main et explorez votre futur Moi de façon raisonnée. Pour devenir la version la plus puissante de vous-même, fondez toutes vos décisions et actions dans le moment présent, avec conscience et responsabilité.

Voici quelques conseils supplémentaires explorés par Brianna Wiest dans La montagne, c'est toi (p. 16'-168) :

Demandez-vous ce que ferait votre "meilleur Moi possible" ;

Prenez conscience de vos faiblesses ;

Tenez-vous prêt à ne pas être aimé ;

Agissez délibérément ;

Travaillez sur vous-même.

Pour l'auteure, vous devez agir comme une petite entreprise en laissant l'image de votre meilleur Moi possible guider vos actions :

"Faites de cette version de vous le PDG de votre vie. Désormais, c'est elle qui prendra les décisions et gérera tout. Elle sera rédactrice en chef, la mère supérieure, le chef de famille… Bref, mettez-vous à ses ordres." (La montagne, c'est toi, Chapitre 6)

Apprendre à valider ses émotions

L'intelligence émotionnelle, associée à une pratique de la validation équilibrée, est d'un grand secours pour évoluer positivement.

La validation peut être néfaste lorsqu'elle devient la recherche compulsive du regard d'autrui. En revanche, elle est diablement utile et bienvenue quand nous devenons capables de valider nos propres émotions.

D'ailleurs, nous nous en rendons davantage compte quand nous le pratiquons avec autrui. Avez-vous remarqué le bien que procure un simple mouvement d'empathie ? Lorsque, par exemple, vous dites à une personne triste : "Je comprends ta tristesse, cela ne doit pas être facile". Ou lorsque vous recevez une remarque de ce genre, plutôt qu'un conseil…

La validation fait du bien. Mais comme nous venons de le dire, elle ne doit pas devenir compulsive. C'est pourquoi nous devons apprendre à valider nous-mêmes nos émotions. Comment ? En reconnaissant votre émotion et en vous disant que vous avez le droit d'être en colère, ou stressé, etc.

Suivre ses principes

Brianna Wiest oppose le fait de suivre des principes avec celui de se laisser uniquement guider par son inspiration. Les principes sont peut-être ennuyeux, mais ils nous mènent à bon port. L'inspiration, quant à elle, n'est basée que sur l'imaginaire : elle virevolte mais ne nous mène — concrètement — nulle part.

Les principes sont des relations de cause à effet. Ils peuvent être des normes sociales, des lois naturelles, ou encore des guides éthiques. En bref, ils apportent un cadre solide à l'action. En basant vos décisions et vos actions sur des principes, vous avez toutes les chances de parvenir à des résultats plus tangibles.

L'auteure aborde également la question de la raison d'être. Quelle est votre raison d'être ? En réalité, celle-ci change au cours du temps. Mais la plupart du temps, nous associons raison d'être et travail. Dans ce cas, autant passer le plus de temps à faire ce que vous aimez vraiment !

"Votre raison d'être se trouve là où se recoupent vos compétences, vos centres d'intérêt et les besoins du monde." (La montagne, c'est toi, Chapitre 6)

Que faire de votre vie ?

Voici plusieurs questions à vous poser pour vous aider à trouver votre raison d'être (p. 181-183) :

Pour qui et pour quoi êtes-vous prêt à souffrir ?

Fermez les yeux et imaginez la meilleure version de vous-même. À quoi ressemble-t-elle ?

Si les réseaux sociaux n'existaient pas, que feriez-vous sincèrement ?

Qu'est-ce qui vous vient le plus naturellement ?

Quelle serait votre routine idéale ?

Qu'aimeriez-vous laisser derrière vous ?

Chapitre 7 — De l’autosabotage à la maîtrise de soi

Passer de l'autosabotage à la maîtrise de soi n'est pas exceptionnel ou particulièrement compliqué. En fait, cela sera la conséquence naturelle d'un seul premier pas dans la bonne direction.

Contrôler ses émotions au lieu de les réprimer

Brianna Wiest s'inspire des enseignements du bouddhisme et de la pratique de la méditation. Mais aussi de la psychothérapie. Selon ces pratiques spirituelles, il importe de libérer ses émotions en "lâchant prise" ou en s'autorisant à s'exprimer.

Souvent, nous réprimons nos émotions de façon inconsciente. Mais nous pouvons reprendre le contrôle de façon consciente. Pour ce faire, prenez acte de l'émotion ressentie, puis décidez clairement de la réponse à apporter. Agissez donc en deux temps, sans vous jeter sur la première réaction qui vous vient spontanément.

Réapprendre à se faire confiance

En agissant de la sorte, il est possible de trouver la paix intérieure et de se faire à nouveau confiance.

Quelle que soit la situation, considérez-là calmement, en gardant à l'esprit que, au fond de vous-même, tout va bien. D'ailleurs, c'est un enseignement que vous pouvez aussi retrouver chez les penseurs stoïciens comme Marc Aurèle.

Trouver sa propre paix

La paix intérieure est une aspiration qui dépasse celle du bonheur éphémère. Pour l'atteindre, il faut se reconnecter avec l'enfant qui demeure toujours en nous — la part de vulnérabilité et de pureté qui nous habite toute notre vie.

C'est, au fond, tout ce que nous possédons, car c'est la seule chose que nous pouvons contrôler. Pour y parvenir, il importe — encore une fois — de ne pas confondre les émotions et les actes. Il faut briser le cercle de l'anxiété qui se nourrit d'elle-même.

Brianna Wiest donne quelques conseils supplémentaires pour nous aider à atteindre la force mentale. Selon elle, il ne s'agit pas d'une qualité stable, obtenue pour toujours. Nous avons à entretenir notre paix intérieure de façon quotidienne. Notamment en :

Restant humble (le monde ne tourne pas autour de nous) ;

Reconnaissant les limites de nos connaissances ;

Demandant de l'aide, lorsque nous en avons besoin ;

Faisant des plans pour guider nos actions ;

Assumant la responsabilité de nos actes et de nos décisions ;

Gérant les émotions complexes.

Se rendre maître de soi

La maîtrise de soi est la prise de responsabilité ou de contrôle sur sa vie — y compris en acceptant les choses que nous ne pouvons, justement, pas maîtriser. Les défis sont des montagnes qui vous élèvent.

Au final, il ne s'agit pas d'un parcours solitaire, mais d'une pratique qui contribue au bien-être collectif. En gravissant vos propres montagnes, vous affirmez non seulement vos capacités, mais contribuez à rendre le monde meilleur.

"Soyez la personne que vous aspirez à devenir. Créez-la. Travaillez sur vous, et votre évolution se répercutera sur les autres. Si nous voulons changer le monde, nous devons d'abord changer nous-mêmes. (...) Si nous voulons escalader les montagnes s'élevant sur notre route, nous devons aborder le chemin d'une nouvelle façon. Une fois arrivé au plus haut sommet de votre vie (quel qu'il soit), vous vous rendrez compte que chaque pas en valait la chandelle." (La montagne, c'est toi, Chapitre 7)

Conclusion sur « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest :

Ce qu’il faut retenir de « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest :

Brianna Wiest est une créatrice de contenus très active sur les réseaux sociaux — en particulier, sur Instagram, Facebook et Pinterest. Elle s'intéresse tout particulièrement à la santé mentale et au développement personnel.

En plus de La montagne, c'est toi, elle a écrit plusieurs ouvrages, dont :

100 Essays that Change the Way You Think ;

The Pivot Year.

Dans La montagne, c'est toi, elle s'intéresse tout particulièrement au phénomène de l'autosabotage. Ses sources d'inspiration pour résoudre sa problématique sont multiples : auteurs de self-help, psychothérapie contemporaine et bouddhisme.

Que retenir de l'ouvrage ? Peut-être cette citation qui se trouve mise en exergue de l'introduction :

"Votre montagne se dresse entre vous et la vie à laquelle vous aspirez. Il n'y a qu'en la gravissant que vous pourrez vous épanouir. Si vous êtes aujourd'hui à son pied, c'est qu'un événement a révélé en vous une blessure enfouie. Cette blessure vous montrera la voie à suivre, et cette voie vous guidera vers votre destin." (La montagne, c'est toi, Introduction)

Points forts :

Un petit livre clair et bien structuré ;

Des exemples dans les domaines personnel et professionnel ;

Une bibliographie à la fin de l'ouvrage ;

Des conseils pour avancer.

Point faible :

Un peu trop de répétitions.

Ma note :

★★★★☆

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Thu, 29 Feb 2024 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12783/La-montagne-cest-toi