Olivier Roland - tagged with Bonheur-et-Art-de-vivre http://www.olivier-roland.fr/feed en-us http://blogs.law.harvard.edu/tech/rss Sweetcron [email protected] Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes http://www.olivier-roland.fr/items/view/12819/Changer-sa-vie-la-mthode-des-Petites-Habitudes

Résumé de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg : le livre à lire si vous voulez baser votre changement de comportement sur des sources solides et une méthode éprouvée — le tout, en agissant petit à petit et sans se culpabiliser !

Par BJ Fogg, 2022.

Titre original : « Tiny Habits : The Small Changes that Changes Everything », 2019.

Chronique et résumé de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg

Introduction — Changer, ça peut être facile (et amusant)…

Petit mais costaud

BJ Fogg commence par un double message encourageant :

D'abord, défaites-vous du sentiment de culpabilité face au changement (celui-ci nous vient d'une pression sociale et de l'impression de ne jamais y arriver) ;

Ensuite, prenez confiance dans le fait que changer n'est pas si difficile qu'on ne le pense habituellement (c'est tout l'objet du livre de le démontrer).

Souvent, nous nous y prenons mal, et nous nous attribuons la faute. Mais l'erreur vient des mauvais conseils que nous avons reçus.

"Voyez plutôt les choses ainsi : si vous essayiez de monter une commode avec un mode d'emploi erroné et des morceaux manquants, vous seriez sûrement frustré, mais vous ne vous sentiriez pas coupable, si ? Vous rejetteriez la faute sur le fabricant. En ce qui concerne nos tentatives de changement avortées, nous ne nous prenons jamais au "fabricant", mais toujours à nous-même." (Changer sa vie, Introduction)

Au lieu de nous culpabiliser, prenons plutôt le temps de découvrir une méthode efficace. BJ Fogg la résume en trois choses :

Arrêter de se juger ;

Décortiquer ses désirs et en faire des actes ;

Considérer les erreurs comme des découvertes et s'en servir pour aller de l'avant.

Pour l'auteur, c'est même une aventure amusante qui vous attend ; c'est un "voyage exaltant à la découverte de soi". Pour légitimer son approche, le psychologue du comportement de Stanford en appelle à une expérience solide — plus de 40 000 personnes ayant testé le procédé, dit-il — et à l'influence qu'il a eu sur le cofondateur d'Instagram, Kevin Systrom.

Façonner son comportement

BJ Fogg parle de "conception comportementale". C'est un domaine qu'il a beaucoup investigué, d'abord en commençant par lui-même, en utilisant sans relâche une méthode d'essais/erreurs expérimentale dans sa vie de tous les jours.

À partir de 2011, lorsqu'il a repéré des résultats vraiment positifs sur lui-même, il a commencé à enseigner sa méthode à l'université.

Mais il ne suffit pas de transmettre l'information. Le savoir n'amène pas naturellement au changement. C'est le défaut (l'auteur l'appelle "sophisme de l'information/action") de beaucoup d'ouvrages et de discours d'experts.

Pour changer, il faut nécessairement :

Avoir une révélation ;

Ou changer son environnement ;

Ou bien enfin modifier légèrement ses habitudes.

Comme la première est rare et peu contrôlable, il faut plutôt agir sur les deux autres, et commencer par la troisième.

Petit, mais rapide

"Grâce à la méthode des Petites Habitudes, vous vous concentrerez sur des actions qui prennent moins de trente secondes. Vous apprendrez à assimiler rapidement les nouvelles habitudes qui vous viendront naturellement. En commençant petit, vous pourrez faire de gros changements sans vous soucier du temps que ça prend." (Changer sa vie, Introduction)

Moins de 30 secondes : la promesse est tentante ! Ne voyez pas trop grand, affirme l'auteur ; commencez petit. D'ailleurs — tellement nous sommes occupés et stressés — c'est souvent la seule option réelle que nous ayons !

Petit, c'est maintenant

Bien que l'auteur ne souhaite pas donner de conseils quant au contenu des habitudes en particulier, il fait ici une exception. Il propose de mettre en place une première petite habitude, qu'il nomme le rituel Maui.

Dès que je me réveille et que je pose le pied par terre ;

Je dis : "Je vais passer une très bonne journée."

Et pour ancrer cette habitude dans mon cerveau, je souris.

Comme vous le verrez tout au long du livre, le modèle de base des petites habitudes est à chaque fois le même :

"Dès que je…" ;

"Je dis/fais..." ;

  • attitude de célébration (sourire, par exemple).

Plus petit, plus prudent

Il n'y a pas beaucoup de risques à agir petit ; et c'est là un avantage, selon BJ Fogg. En effet, vous pouvez vous tromper sans que cela n'ait de conséquences graves sur vous ou votre environnement. Vous recommencerez et trouverez la bonne habitude.

Par ailleurs, "personne ne pourra vous mettre des bâtons dans les roues" et vous serez donc moins stressés.

"Puisque les habitudes sont toutes petites et le programme très flexible, vous ne prenez aucun risque sur le plan émotionnel. On ne peut pas vraiment échouer avec les Petites Habitudes. On peut trébucher, mais on se relève, ce n'est pas un échec : c'est une habitude qui rentre." (Changer sa vie, Introduction)

Petite habitude deviendra grande

Souvent, nous grandissons avec l'impression que nous devons "tout donner". C'est une erreur. L'auteur compare deux attitudes de personnes voulant se lancer dans l'entrepreneuriat :

La première veut tout faire en même temps et se sent débordée par les tâches ;

La seconde se note une tâche à la fois, sur un post-it, à accomplir rapidement.

La seconde solution fonctionne mieux, car elle habitue à la réussite. Même petit, le succès nous rassure et nous donne envie de continuer. Et cela nous aide à prendre l'élan pour aller encore plus loin. "Sans même vous en rendre compte, vous aurez dévoré la baleine entière", dit BJ Fogg.

Volonté et motivation ne font pas tout

Eh non ! L'exemple de Juni, une personne à haut risque de diabète 2, est utilisé pour illustrer ce point précis. Plutôt que de se focaliser sur la volonté et la motivation, il est préférable de commencer par de petites actions qui enclencheront le changement.

De petits changements permettent de grandes choses

Changer pas à pas peut nous mener loin et nous aider à aller vraiment mieux dans notre vie de tous les jours. L'auteur le montre grâce à plusieurs personnes ayant suivi son programme des Petites Habitudes. Par ailleurs, il explique davantage "l'anatomie des Petites Habitudes".

Chaque petite habitude est composée de 3 choses (voir un peu plus haut pour la formulation "concrète") :

Moment d'ancrage (profiter d'une routine existante ou d'un moment pour agir) ;

Nouvelle petite habitude (à effectuer directement après le moment d'ancrage) ;

Moment de célébration (créer une émotion positive après l'action nouvelle).

La clé pour commencer petit

L'auteur renvoie vers son site internet TinyHabits pour y trouver davantage de ressources. En fin d'introduction, il donne également trois exercices pour commencer à agir.

Utiliser le fil dentaire (p. 26-27) ;

Démarrer rapidement (p. 27-28) ;

Se rappeler que se sentir bien aide à mieux changer (p. 29).

1 — Les éléments du comportement

C = MAI

C'est la formule "secrète" de toute la pratique, la connaissance qui sert de base au programme des Petites Habitudes.

"Le comportement se produit quand la motivation, l'aptitude et l'impulsion convergent au même moment." (Changer sa vie, Chapitre 1)

Un comportement, c'est une façon d'agir dans le monde. Voyons de plus près les 3 éléments clés qui permettent de le modifier ou de l'enclencher :

La motivation, c'est le désir, le souhait de faire quelque chose.

L'aptitude, c'est votre capacité à agir.

L'impulsion, c'est le stimulus qui vous incite à réaliser le comportement.

C = MAI s'applique à tous les comportements humains

Pour l'auteur, cela ne fait aucun doute : tous les comportements fonctionnent sur cette base qui est, somme toute, relativement simple. La conception comportementale consiste à agir sur ces trois leviers.

BJ fogg prend l'exemple de deux comportements d'une même personne, Katie. D'un côté, celle-ci range son bureau tous les jours et cela lui donne de l'énergie pour faire correctement son travail. De l'autre, elle se laisse prendre par Facebook et en oublie de faire sa séance de sport quotidienne.

Pour qu'un comportement se transforme en habitude (quel qu'il soit, bon ou mauvais), il faut que la motivation soit forte et qu'il soit facile de le faire (que vous ayez une aptitude aisée à l'accomplir). L'impulsion doit également être présente. Pour résumer :

Plus vous êtes motivé à accomplir une tâche, plus vous avez de la chance de la faire ;

Plus une tâche est dure, moins vous aurez de chance de l'accomplir ;

La motivation et l'aptitude travaillent ensemble main dans la main ;

Aucun comportement n'arrive sans impulsion.

L'impulsion fonctionnera lorsque la motivation (envie) et l'aptitude (facilité) iront de pair. Si vous n'êtes pas motivé et/ou que l'action à réaliser est top complexe, l'impulsion sera inefficace.

Utiliser le modèle comportemental pour se défaire d'une habitude

Pour abandonner une mauvaise habitude (par exemple : consulter trop souvent les réseaux sociaux le soir), vous pouvez jouer sur l'aptitude.

Dans l'exemple de Katie, BJ Fogg relate comment celle-ci a choisi de s'acheter un réveil-matin classique et de laisser son téléphone mobile dans la cuisine avant d'aller se coucher. De cette façon, elle a joué sur l'aptitude : elle a rendu Facebook "difficile d'accès", sans pour autant aller jusqu'à supprimer l'application.

À noter : c'est aussi un conseil donné par le minimalisme digital.

Trois étapes pour résoudre les problèmes comportementaux

Pour modifier un comportement — le sien ou un autre — il faut suivre l'ordre suivant :

"Vérifier s'il existe une impulsion pour déclencher le comportement.

Déterminer si la personne est capable de faire le comportement.

Déterminer si la personne est motivée pour faire le comportement." (p. 51)

Souvent, en entreprise, les managers jouent uniquement sur la motivation. Or, c'est justement le dernier levier à activer ! Vous pouvez chercher à appliquer cet ordre de priorité dans tous les domaines de votre vie et vous amuser à travailler sur vos comportements et ceux d'autrui, éventuellement.

Voir le monde à travers le prisme du modèle comportemental

BJ Fogg raconte l'exemple de Jennifer, une jeune graphiste et maman qui n'arrive plus à maintenir une routine sportive. En s'aidant de la formule C = MAI, elle analyse son comportement et comprend où elle peut agir.

En fait, nous pouvons tous le faire ! Il s'agit de se regarder soi-même "avec une certaine curiosité et un recul objectif". Voici ce que dit encore l'auteur sur la posture qu'il vous invite à tenir :

"Je veux que vous traitiez votre vie comme un "laboratoire de changement" personnel, un endroit où expérimenter sur la personne que vous voulez devenir. Un endroit où vous vous sentirez en sécurité, où tout est possible." (Changer sa vie, Chapitre 1)

Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :

Explorer les différentes manières de se défaire d'une habitude (p. 58) ;

Apprendre le modèle comportemental de Fogg en l'enseignant à quelqu'un d'autre (p. 59).

2 — La motivation : trouver ce qui vous correspond

La motivation est une donnée imprévisible

Lorsque nous voulons changer de comportement, nous agissons souvent en pensant que seule la motivation compte. C'est une erreur. "La motivation, c'est comme un ami fêtard", dit l'auteur : "super pour sortir le soir, mais il ne vaut mieux pas compter dessus pour venir nous chercher à l'aéroport".

1 — La motivation est complexe

De façon originale et peu orthodoxe, BJ Fogg considère que la différence entre motivation interne et externe n'est pas très utile "dans le monde réel". Il préfère distinguer trois types de motivation :

Celle qui dépend de vous-même ;

Un avantage ou une punition liés à l'action ;

Le contexte direct de l'action.

L'auteur donne de nombreux exemples pour comprendre sa théorie et propose également un schéma nommé "le bonhomme PAC" pour personne/action/contexte.

BJ Fogg traite également des motivations concurrentes. Par exemple :

Je veux travailler ;

Mais je veux aussi me reposer.

Comment gérer ce conflit intérieur ? Et que faire lorsque nous n'avons même pas conscience de l'origine de mes désirs ? Comment faire face à la frustration, quand nous échouons à contrôler nos impulsions ?

2 — La vague de motivation

C'est le moment où vous vous sentez capable de tout : vous venez, par exemple, d'acheter une maison et vous êtes motivé pour tout rénover (et vous en faites effectivement beaucoup pendant les premières semaines).

Mais la motivation ne dure pas. En tout cas, elle est instable. Pourtant, nous avons tous tendance à surestimer notre motivation future. Nous sommes souvent trop ambitieux et nous nous créons des pièges à nous-mêmes.

3 — Les fluctuations de motivation

Nous ne pouvons pas prendre le contrôle total de notre motivation. De nombreux éléments (venus du contexte, de nous-mêmes ou d'actions que nous avons effectuées entre temps) peuvent la perturber et la faire retomber à zéro.

Mais il y a aussi des moments où nous pouvons faire l'expérience d'une motivation durable.

"Imaginez une grand-mère qui a toujours envie de passer du temps avec ses petits-enfants, ou une adolescente qui veut toujours avoir l'air présentable devant ses amies. J'appelle ces motivations durables des aspirations (...)." (Changer sa vie, Chapitre 2)

4 — La motivation vers un but abstrait ne donne pas de bons résultats

L'auteur prend l'exemple des campagnes de santé publique autour de la nutrition. "Mangez de toutes les couleurs" : voilà une aspiration et même un commandement pour manger des légumes.

Mais comment faire concrètement ? Ce type de messages est trop abstrait ! Résultat : il ne vous aidera certainement pas à garder votre motivation très longtemps.

Pour changer vos idées sur les campagnes de politiques publiques, lisez ce livre sur le nudging et le marketing social.

5 — La motivation n'est pas un ticket gagnant pour le changement à long terme

Quand nous nous basons seulement sur la motivation et que nous nous donnons des objectifs abstraits à atteindre, nous risquons davantage d'échouer. Et de rejeter la faute sur notre incapacité à tenir nos engagements. Mais c'est encore une erreur.

Comme nous allons le voir, il est important d'apprendre à la jouer fine avec la motivation. Si nous ne tenons pas nos engagements, ce n'est pas parce que nous sommes "nuls" ou "sans volonté", mais parce que nous nous y prenons mal. N'est-ce pas une bonne nouvelle ?

Se montrer plus rusé que la motivation

BJ Fogg y insiste : il n'est pas question de renoncer à nos rêves, certainement pas ! Mais il faut le faire correctement. Commençons par rappeler la distinction entre :

L'aspiration (ce que je veux, vers quoi je tends) ;

Le résultat (ce que j'obtiens effectivement) ;

Le comportement (ce que je mets en place pour obtenir ce que je veux).

Le comportement, vous pouvez le modifier tout de suite. Mais, par contraste, "vous ne pouvez pas réaliser une aspiration ou atteindre un résultat quand vous voulez". Pourtant, nous confondons souvent ces trois concepts.

Un comportement engage une action spécifique. Cela signifie aussi réorienter le questionnement du "pourquoi" vers le "comment". Ne vous demandez pas pourquoi "manger mieux", par exemple, mais "comment" !

Voici les 3 étapes préconisées par la conception comportementale de BJ Fogg :

Mettre ses aspirations au clair ;

Explorer les options comportementales ;

Choisir des comportements spécifiques adaptés.

Dans un premier temps, prenez le temps de savoir ce que vous voulez changer (par exemple, réduire votre taux de stress). Dans un deuxième temps, brainstormez autour des manières de modifier votre comportement (par exemple : jardiner, faire du yoga, etc.).

Pour la troisième étape, voici ce qu'il convient de faire.

Comment trouver la meilleure nouvelle habitude ?

Nous avons souvent de mauvaises méthodes pour changer d'habitudes. Nous y allons soit :

Au pif, sans méthode ;

En cherchant l'inspiration sur Internet ;

En suivant le conseil d'un ami ou ce qui a fonctionné pour lui.

Il est préférable de voir ce qui est véritablement adapté à notre situation. Lorsque nous avons exploré les options possibles, nous pouvons sélectionner celle qui conviendra le mieux à notre situation présente — autrement dit, celle qui sera la plus facile à mettre en place.

BJ Fogg donne le nom de "comportement en or" aux "associations comportementales" les plus efficaces (celles qui rencontrent le mieux vos objectifs, votre aptitude et votre situation actuelle).

Plan ciblé

C'est le nom donné par l'auteur à sa méthode pour trouver des "comportements en or". Elle est composée de plusieurs "rounds" et elle se joue avec des cartes à placer sur un graphe composé de deux axes :

OUI/NON j'arrive/n'arrive pas à adopter ce comportement ;

Comportement à forte/faible incidence (très ou peu efficace).

Tous les comportements trouvés à l'étape 2 de conception comportementale trouveront leur place dans ce graphe (chacun d'entre eux étant représenté par une carte ou un post-it). C'est le premier round.

Dans le deuxième round, vous devez réfléchir à la faisabilité de chaque option. Est-ce que vous êtes prêt à vous "forcer" à faire l'action requise ? Il faut bien y réfléchir, notamment en prenant en compte votre aptitude à faire la chose souhaitée.

Pour résumer :

"Le but du plan ciblé, c'est de trouver les tâches faciles qui vous correspondent, que vous avez déjà envie de faire et qui sont efficaces pour atteindre vos aspirations." (Changer sa vie, Chapitre 2)

Petits exercices d'entraînement à la conception comportementale

Trouver un raccourci dans l'association comportementale ;

Trouver ses comportements en or à l'aide d'un plan ciblé.

3 — L'aptitude : privilégier la facilité

Avancer en "risquant tout" peut paraître plus efficace, mais cela ne l'est pas nécessairement. Certes, des actes radicaux, voire héroïques, sont parfois nécessaires. Mais la méthode des Petites Habitudes, elle, fonctionne très bien au quotidien. En fait, commencer petit est à la fois plus stable et plus durable.

Créer des habitudes en fonction des aptitudes

Faire 20 pompes tous les matins, cela n'est pas facile. En faire 2, en revanche, semble faisable. Alors, pourquoi ne pas commencer par là ? Cette action a beaucoup plus de chances de devenir une habitude.

"Quand on cherche à prendre une nouvelle habitude, on cherche avant tout la régularité. Pour atteindre ce résultat, la simplicité est essentielle ; où, selon la formule que j'enseigne à mes étudiants : c'est la simplicité qui change le comportement." (Changer sa vie, Chapitre 3)

Certains éléments déterminent l'aptitude (la capacité à faire quelque chose) :

Le temps ;

L'argent ;

Le physique ;

L'énergie mentale ou créative ;

La routine préexistante.

L'ensemble de ces caractéristiques forme ce que BJ Fogg nomme la "chaîne d'aptitude". Or, cette chaîne ne tient bon que par son maillon le plus faible.

Lorsque vous vous demandez si ce comportement sera difficile à faire pour vous (c'est ce que l'auteur nomme "la question initiale"), décomposez la chaîne d'aptitude et interrogez-vous sur la partie la plus compliquée pour vous (le maillon le plus faible).

Ensuite, demandez-vous ("question avancée") : "comment puis-je rendre la chose plus facile ?". Il n'existe que trois réponses possibles à cette question :

Accroître ses compétences (personne) ;

Rendre la tâche plus petite (action) ;

Obtenir des outils et des ressources (contexte).

Concevoir vos propres Petites Habitudes

Concevoir de Petites Habitudes passe par un mélange de ces trois ingrédients. Ceux-ci vous permettront de solidifier votre aptitude à agir et donc à changer. L'auteur explique comment il a réussi à faire 20 pompes par jour… en commençant par en faire seulement 2 !

Pour rendre un comportement plus facile, posez-vous les questions suivantes :

Êtes-vous suffisamment motivé pour apprendre de nouvelles compétences ?

Êtes-vous suffisamment motivé pour vous procurer les bons outils et ressources ?

Pouvez-vous revoir les choses à la baisse pour rendre votre comportement plus petit ?

Êtes-vous capable de trouver une première étape à votre comportement ?

Pour que vos bonnes habitudes durent, il faut qu'elles soient faciles. Et qu'elles ne mènent pas tout droit à la culpabilité. Ce n'est pas la perfection qui est ici recherchée, mais la régularité.

Le modèle gagnant : changer de comportement grâce à la simplicité

BJ Fogg remarque que les grandes entreprises du numérique — Google, Amazon, Slack ou Instagram — ont commencé en proposant quelque chose de très simple à leurs clients. Ce n'est qu'une fois que leur application était entrée dans les mœurs qu'ils ont ajouté des fonctionnalités.

Faites de même dans votre vie ! Ne compliquez l'habitude qu'une fois qu'elle sera intégrée à votre routine quotidienne.

À noter : pour le cas des choses importantes à faire, mais qui impressionnent (et pour lesquelles vous procrastinez), pensez à amorcer la première étape, rien de plus. Vous devez faire des examens médicaux ? Commencez par noter le numéro du médecin à contacter et à le garder près de vous.

Vous voulez en savoir plus sur le concept de procrastination, lisez En finir avec la procrastination !

Petits exercices pour rendre une habitude plus facile à faire

Il s'agit d'un exercice en deux parties :

Analyse d'une habitude difficile ;

Conception d'un moyen de rendre l'habitude plus facile.

4 — Les impulsions : le pouvoir de l'après

Souvent, nous agissons sans y penser. Ce sont les impulsions (en partie) qui sont à la manœuvre ! Sans elles, nous n'agissons pas. Mais il faut que ces impulsions soient combinées à l'aptitude et à la motivation.

Cela nous amène à la cinquième étape de la conception comportementale : trouver une bonne impulsion.

Celle-ci est un élément absolument crucial. À la différence des deux autres (aptitude et motivation), l'impulsion fonctionne en mode "on/off". Soit elle est là, soit elle n'est pas là. Il n'y a pas de degrés.

Une approche systématique aux impulsions

Ne laissons pas les impulsions au hasard. Pour créer des impulsions efficaces, revoyons le bonhomme PAC.

Personne = l'impulsion vient de nous (par exemple, les besoins naturels).

Contexte = elle vient de quelque chose dans l'environnement (par exemple un son, etc.).

Action = l'impulsion vient d'une routine préexistante.

L'auteur recommande de choisir un "point d'ancrage" pour enclencher la nouvelle habitude. Par exemple :

La portière de la voiture claque lorsque votre fille sort de la voiture pour partir à l'école (point d'ancrage dans une routine et dans le contexte) ; dès ce moment, vous vous garez quelque part et notez sur un post-it une action clé à accomplir pour votre projet (petite action).

Vous allez faire pipi tous les matins (point d'ancrage dans une routine existante et un besoin naturel) ; directement après, vous faites 2 pompes (petite action).

C'est la recette des Petites Habitudes ! Pour en savoir plus et découvrir de nouveaux exemples, consultez le site du livre, TinyHabits.com.

Identifier ses points d'ancrage

Nous avons tous des habitudes, quelle que soit la vie que nous menons. Souvent, nous avons plus de routines installées le matin. C'est donc un bon moment pour en ancrer une nouvelle.

Par exemple, ce pourrait être :

"Dès que j'ai posé le pied par terre, je…"

"Dès que j'ai ouvert le robinet de douche, je…"

Ou encore "Dès que j'ai lancé la cafetière, je…"

"Dès que j'ai vidé ma boîte mail, je…"

Etc.

Voici maintenant une série d'exemples de routines du soir qui pourraient vous servir :

"Dès que j'ai passé la porte en rentrant du travail, je…"

"Dès que je me suis assis pour manger, je…"

Ou bien "Dès que j'ai posé la tête sur l'oreiller, je…"

Etc.

À quel moment puis-je insérer ma nouvelle habitude dans ma journée ?

Pour ce faire, vous devrez penser à :

L'endroit qui convient ;

La fréquence ;

Le thème/but (calme, boulot, etc.).

L'ensemble ancrage - nouvelle action doit correspondre au niveau de ces trois données. Si votre point d'ancrage est à la cuisine, vous devez pouvoir y faire votre nouvelle action. Pour une Petite Habitude quotidienne, choisissez un point d'ancrage qui a lieu tous les jours.

Enfin, évitez de créer une trop grande différence entre les deux actions au niveau de leur but. L'unité ne doit pas être parfaite, mais elle doit faire sens pour vous. Par exemple, si le café stimule votre imagination, utilisez votre première tasse comme point d'ancrage pour noter vos idées, etc.

Il est bon d'expérimenter ! Retenez qu'il s'agit bien de "recettes". Prenez donc le temps de voir ce qui fonctionne pour vous et adaptez vos Petites Habitudes à votre situation personnelle.

Peaufiner son point d'ancrage avec la méthode du bord de fuite

Qu'est-ce que c'est que le "bord de fuite" ? C'est simplement le moment le plus précis que vous puissiez trouver pour créer votre point d'ancrage. Plutôt que de dire "quand je rentre du travail", dites "dès que j'ai enlevé ma veste et mes chaussures", par exemple. Vous voyez l'idée ?

Cette méthode a pour but d'aider celles et ceux qui ont des difficultés à démarrer leur action. De cette façon, vous avez un moment très précis sur lequel vous pouvez focaliser votre attention.

Technique avancée : commencer par le point d'ancrage

Vous pouvez également fonctionner à l'inverse de ce que nous avons vu en vous posant la question suivante : Que puis-je faire après une habitude existante ? Quelle Petite Habitude puis-je ajouter à la chaîne ?

Pour ce faire, demandez-vous simplement quelle est l'habitude qui pourrait venir se greffer le plus naturellement à un point d'ancrage.

Les habitudes "en attendant"

Pendant que vous attendez quelque chose (que l'eau chauffe, que le bus arrive, etc.), vous pouvez également placer de Petites Habitudes.

La particularité de ces habitudes est qu'elles resteront petites (elles n'auront pas vocation à évoluer vers des routines plus développées), puisque ce sont souvent de très courtes plages horaires. Mais petit ne veut pas dire faible ou impuissant… Au contraire, ces micro-habitudes peuvent réellement faire la différence.

Les meilleures impulsions pour vos clients

Ces techniques d'ancrage peuvent être utilisées en marketing (social ou non) pour créer des habitudes. À l'heure actuelle, ce sont surtout les impulsions de contexte ou de personnes qui sont employées.

Mais BJ Fogg prédit que les impulsions d'action vont devenir de plus en plus déterminantes. Pour cela, vous devrez interroger vos clients et analyser les résultats pour trouver les points d'ancrage les plus utilisés pour utiliser votre produit/service.

Les habitudes nacrées : faire du beau avec ce qui nous agace

Vous pouvez également utiliser un point d'ancrage "énervant" et le transformer en une bonne habitude. Un bruit vous dérange, mais vous ne pouvez rien y faire (ou il sera compliqué de le modifier) ? Pourquoi ne pas le transformer en point d'ancrage pour une habitude ?

Prenons l'exemple de l'auteur : chaque nuit, il se réveille au bruit de "clic" de l'air conditionné. Son idée : à chaque "clic", détendre son visage et son cou pour faciliter son sommeil. Résultat : ce qui était énervant devient le prétexte à autre chose, à savoir une aide pour dormir.

Petits exercices pour trouver des points d'ancrage à vos nouvelles habitudes

Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :

Trouver ses points d'ancrage ;

Créer des recettes de petites habitudes à partir d'une liste d'habitudes préexistantes ;

Créer des habitudes nacrées pour gérer les éléments irritants de votre vie.

5 — De l'émotion naissent les habitudes

Nous en arrivons à l'étape 6 de la conception comportementale : celle de la célébration. ressentir une émotion positive à l'issue de la réalisation d'une nouvelle action va considérablement aider à la stabiliser.

"Quand on célèbre pour de vrai, on active la partie du cerveau qui gère la récompense. En se sentant bien au bon moment, on pousse son cerveau à reconnaître et encoder la séquence comportementale qu'on vient de réaliser. En d'autres termes, on peut pirater son cerveau pour qu'il crée une habitude en célébrant et en s'autostimulant." (Changer sa vie, Chapitre 5)

Les expériences positives renforcent les habitudes

Lorsque vous parvenez à faire quelque chose, vous en ressentez une satisfaction. Cela vous amène à vouloir reproduire cette sensation ou cette émotion agréable. Ce mécanisme est décisif pour créer des habitudes.

Les émotions engendrent de nouvelles habitudes

Si les émotions sont positives, les habitudes peuvent s'ancrer très vite. "En fait, certaines habitudes semblent prendre instantanément", affirme même BJ Fogg. Donnez un téléphone mobile à un adolescent et vous verrez qu'il ne faudra pas s'y reprendre à deux fois !

La décision et l'habitude s'opposent sur ce point. Lorsque vous décidez, vous délibérez. Quand vous prenez une habitude, vous "n'y pensez plus" ; c'est l'émotion qui a pris le contrôle et qui vous dicte votre conduite.

L'auteur propose un schéma qu'il nomme le "spectre de l'automaticité". Est-ce que vos actions/comportements sont plus ou moins automatiques ? Plutôt du côté des habitudes intégrées une fois pour toute, ou des décisions à reprendre chaque matin ?

BJ Fogg donne de nombreux exemples et insiste sur le fait que nous ne sommes pas impuissants face à la chimie de notre cerveau (et à nos mauvaises habitudes). Nous pouvons la détourner à notre profit.

Pourquoi la célébration est la meilleure méthode pour bâtir une habitude

"La célébration reste le meilleur moyen de créer un sentiment positif qui permet d'enraciner de nouvelles habitudes. C'est gratuit, rapide, et accessible à toutes les personnes, indifféremment de leur couleur de peau, taille, forme, revenu ou personnalité. De plus, la célébration nous apprend à être gentils envers nous-même ; une compétence qui rapporte gros." (Changer sa vie, Chapitre 5)

BJ Fogg préfère parler de célébration plutôt que de récompense, un mot selon lui trop galvaudé. Pour l'auteur, il importe que la célébration ait lieu directement après l'action nouvelle (et pas plus tard, comme beaucoup de récompenses). Plus nous prendrons l'habitude de le faire, et plus nous améliorerons notre confiance en nous-mêmes de façon générale.

Deuxième maxime de Fogg

La première maxime de Fogg était : "Aidez les gens à faire ce qu'ils ont déjà envie de faire." Voici la seconde :

"Aidez les gens à obtenir un sentiment de réussite." (Changer sa vie, Chapitre 5)

Cela vaut surtout pour les coachs de vie formés à la conception comportementale. Mais si vous pratiquez la méthode des Petites Habitudes par vous-même, vous pouvez, de votre propre chef, vous aider à obtenir ce sentiment de réussite.

Comment célébrer à la manière des Petites Habitudes

Selon la méthode prônée par l'auteur, la célébration doit avoir lieu immédiatement après l'action. Elle doit aussi être suffisamment intense ou authentique pour vous convaincre. Par exemple, dire "Génial !" en fermant les poings après avoir réalisé deux pompes peut suffire.

Mais certains trouvent cela stupide ou gênant. Si c'est votre cas, il vous faudra expérimenter d'autres options. Peut-être qu'une validation tacite, discrète, suffira (pour peu qu'elle soit sincère). Explorez ! Trouvez vos manières de célébrer vos réussites.

Trouvez ce qui sonne "juste" pour vous. Comment le savoir ? Grâce à ce sentiment de "rayonnement" qui émanera de vous, cette fierté que vous avez déjà ressentie, par exemple, lorsque vous avez réussi un examen ou cuisiné un plat excellent.

Un moyen rapide d'éprouver la réussite

Souvent, nous sommes très exigeants envers nous-mêmes — trop. En conséquence, nous considérons que nous n'avons pas à nous congratuler pour de petites choses. C'est une grave erreur pour BJ Fogg.

Selon lui, nous devrions revoir nos attentes à la baisse et accepter que la célébration soit une compétence qui se travaille, et que nos efforts — mêmes petits — méritent bel et bien d'être choyés.

Parmi les nombreux conseils qu'il donne, voici quelques astuces pour arriver plus facilement à se célébrer :

Faire participer un enfant (ils sont naturellement doués pour vous faire ressentir une émotion sincère) ;

Effectuer un geste physique (sourire, poing levé, etc.) ;

À l'instant de la célébration, imaginer que vous encouragez quelqu'un que vous aimez, un proche.

Une solution surprise à deux problèmes d'habitudes

Voici deux questions souvent posées :

Comment ancrer l'habitude rapidement dans le cerveau ?

Comment faire pour ne pas oublier d'effectuer une tâche ?

La réponse de BJ Fogg : répéter la séquence comportementale (la nouvelle habitude) avec la célébration entre 7 et 10 fois. Et répétez cela plusieurs fois si nécessaire. "C'est en forgeant qu'on devient forgeron", dit le proverbe. Il en va de même pour nos habitudes !

La célébration est un pont qui mène des Petites Habitudes au grand changement

L'auteur n'y va pas pas quatre chemins :

"La célébration sera un jour classée, au même titre que la pleine conscience et la gratitude, comme une des pratiques quotidiennes qui contribuent le plus à notre bonheur et notre bien-être." (Changer sa vie, Chapitre 5)

Comme la pratique de la gratitude ou de la pleine conscience, la célébration de vos réussites peut mener à de profonds changements dans votre existence. C'est ce que BJ Fogg raconte avec l'exemple de Linda (à retrouver dans la dernière partie du chapitre).

Petits exercices pour ressentir le rayonnement

Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :

Trouver différents modes de célébration ;

Essayer la méthode des célébrations en rafales ;

Se rappeler qu'on change lorsqu'on se sent bien.

6 — Cultiver ses habitudes : d'un changement minuscule à profond

Nous ne pouvons pas changer complètement du jour au lendemain (ou très rarement). Il faut plutôt envisager le changement comme un processus qui requiert du soin et de la patience.

Grandir et proliférer

BJ Fogg distingue entre deux types de développement d'habitudes. Il y a selon lui les habitudes qui grandissent et celles qui prolifèrent.

Grandir signifie ici prendre en intensité : vous méditez 30 minutes et non plus 3, vous rangez toute la cuisine au lieu de vous concentrer sur le plan de travail, etc.

Proliférer désigne créer des répercussions en chaîne : le rituel Maui (par exemple) vous donne de l'énergie pour réaliser une deuxième action, et ainsi de suite.

Nous avons tous, dans notre "jardin", des habitudes qui grandissent et d'autres qui prolifèrent. À partir d'une seule aspiration (par exemple courir un marathon), vous allez développer des habitudes grandissantes (marcher tous les jours) et proliférantes (mieux manger).

La dynamique de la croissance

La réussite entraîne la réussite, nous l'avons vu plus haut. Même de petites réussites peuvent nous mener vers les sommets, car c'est le sentiment en lui-même qui compte. C'est ce que BJ Fogg nomme l'"élan de la réussite". Ici, l'important, c'est la fréquence, pas la taille.

Comment créer ce changement à long terme auquel vous aspirez ? L'une des premières techniques consiste naturellement à évacuer les éléments démotivants. La peur est l'un d'eux et celle-ci grandit quand nous avons l'impression de "mal" effectuer une action (diriger une réunion, par exemple).

Les compétences du changement

Il est possible d'apprendre à changer, c'est-à-dire d'acquérir les compétences nécessaires pour provoquer vous-même les modifications que vous souhaitez dans votre existence.

BJ Fogg en distingue 5 ou plutôt 5 ensembles de compétences essentielles au changement :

Création comportementale = être capable de distinguer, de "designer" et d'organiser des habitudes ;

Connaissance de soi = savoir ce que nous voulons vraiment.

Traitement de l'information = reconnaître le bon moment pour faire évoluer une habitude ;

Gestion du contexte = redéfinir son environnement pour faciliter le développement des habitudes.

Mentalité = l'attitude face au changement.

Ne vous contentez pas de lire ce livre : mettez en pratique les compétences du changement

Il n'est pas nécessaire de maîtriser toutes les compétences citées par BJ Fogg pour aller de l'avant. Vous pouvez très bien commencer avec celles que vous avez et développer les autres petit à petit.

Un coach de vie, de préférence formé à la conception comportementale, peut également vous aider à progresser plus rapidement, puisqu'il maîtrisera des compétences dont vous ne disposez pas encore et les mettra à votre service. Mais cela n'a rien d'obligatoire !

Exercices liés aux compétences du changement

Voici les exercices liés à ce chapitre :

Apprendre des compétences que l'on maîtrise déjà ;

S'entraîner à la création comportementale ;

Développer une compétence liée au contexte ;

Développer une compétence liée au traitement de l'information ;

Faire croître une compétence en lien avec la mentalité ;

Faire croître une compétence en lien avec la connaissance de soi.

7 — Se défaire des mauvaises habitudes : une approche systématique

Pour explorer la question des mauvaises habitudes, BJ Fogg utilise l'exemple d'une personne accro au sucre. Il montre comment, touche après touche, celle-ci a réussi à faire sa "glucose révolution", comme dirait Ingrid Inchaupsé.

Le plan directeur du changement comportemental

Le plan proposé par l'auteur se découpe en 3 phases :

Se concentrer sur la création de nouvelles habitudes ;

Puis se concentrer sur l'arrêt de l'ancienne habitude (la mauvaise) ;

Enfin, si nécessaire, remplacer l'ancienne habitude par une nouvelle.

Cela paraît simple et un peu "bâteau" dit comme ça, mais ce n'est pourtant pas ce que nous faisons … d'habitude ! En règle générale, lorsque nous voulons supprimer une mauvaise habitude, nous commençons par la supprimer purement et simplement.

Mais cela crée un vide et de l'angoisse qui vont nous ramener illico presto vers le comportement problématique ! Créer de nouvelles habitudes saines avant permet de remplacer les mauvaises en douceur et sans sentiment de perte.

Vous voulez en savoir plus ? L'auteur détaille chaque phase en détail. Par exemple, pour la phase 2, il montre qu'il importe d'être précis en distinguant l'habitude générale des habitudes spécifiques qui viennent "entourer" celle-là. Illustrons le propos :

Habitude générale : vous mangez trop de cochonneries.

Habitudes spécifiques : vous achetez votre petit déjeuner à la station-service, vous mangez des chips en regardant la télé le soir, vous buvez du soda au déjeuner, etc.

À partir de cette liste, vous commencerez par la chose la plus facile à supprimer, puis vous continuerez jusqu'à avoir une alimentation saine, peu à peu, un pas à la fois, quand vous prendrez progressivement confiance en vous.

Se focaliser sur l'impulsion pour se défaire d'une habitude

Pour supprimer une mauvaise habitude, vous pouvez chercher à évacuer l'impulsion qui la maintient présente à votre esprit.

L'exemple type est celui du smartphone. Si vous voulez arrêter de le consulter au travail ou avant d'aller dormir, éloignez-le, ou, à minima, éteignez les notifications ou mettez-le en mode avion.

Redéfinir l'aptitude afin de se défaire d'une habitude

Il est également possible de jouer sur l'aptitude. Comment ? En jouant sur la chaîne d'aptitude (voir le chapitre 3), c'est-à-dire en augmentant un ou plusieurs de ces facteurs :

Le temps nécessaire pour réaliser votre mauvaise habitude ;

L'argent dont vous avez besoin (l'État pratique cette technique en jouant sur le prix des cigarettes, par exemple) ;

Le niveau d'effort physique nécessaire ;

L'effort mental requis ;

Ou en faisant en sorte que votre mauvaise habitude entre en conflit avec une routine existante.

Ajuster la motivation pour se défaire d'une habitude

Nous voulons souvent commencer par là. Pourtant, ce n'est pas le plus simple — et cela peut même être très compliqué.

"C'est pourquoi on essaye de ne pas toucher à la motivation quand on peut régler le problème via l'impulsion ou l'aptitude. On ne s'en occupe que lorsque les étapes précédentes n'ont pas fonctionné." (Changer sa vie, Chapitre 7)

Première option : réduire sa motivation en passant par d'autres trucs. Perdre la motivation à boire le soir en méditant quelques minutes avant de rentrer à la maison ou en écoutant de la musique calme, par exemple.

Deuxième option : ajouter un élément démotivant pour se défaire d'une habitude. Ce n'est pas la voie que recommande BJ Fogg, car cela donne des sentiments négatifs et crée un sentiment de pression.

Revoir le changement à la baisse

C'est la dernière méthode pour supprimer une mauvaise habitude. Si les autres n'ont pas fonctionné, ne vous torturez pas. Diminuez progressivement le temps passé à faire l'action et/ou diminuez-en l'intensité.

Tout ce qui précède concerne la phase 2 de l'arrêt d'une mauvaise habitude. Dans la suite du chapitre, BJ Fogg traite de la question du remplacement de la mauvaise habitude par une bonne habitude (phase 3).

Si rien n'a fonctionné jusque-là…

Enfin, il insiste encore une fois sur le fait qu'il ne sert à rien de se culpabiliser. Il est normal de devoir expérimenter pour trouver la méthode qui fonctionne pour nous. Si vous n'êtes pas parvenu à mettre en œuvre le changement, modifiez vos habitudes de substitution et faites des tests.

Considérez aussi ce que BJ Fogg nomme "la beauté du chamboulement". Tout d'abord, c'est une joie de voir que nous avons réussi à transformer nos vies et à ouvrir de nouveaux créneaux dans nos horaires pour des routines plus saines.

Ensuite, voyez plus grand. Prenez en compte l'aspect social du chamboulement. En modifiant vos habitudes, vous participez à améliorer la vie de votre famille et même, peut-être, de votre communauté.

"La conception comportementale n'est pas une quête solitaire. Chaque comportement que l'on façonne, chaque changement que l'on entreprend, est une goutte de plus qui vient se propager à la surface de l'étang. On façonne par la même occasion nos familles, nos communautés et notre société à travers nos actions, et elles nous le rendent bien. Les habitudes que nous prenons et que nous perpétuons ont une importance." (Changer sa vie, Chapitre 7)

Petits exercices pour s'entraîner à supprimer ou remplacer une habitude

Quels exercices pouvez-vous faire ? Voici les derniers conseils de BJ Fogg :

S'entraîner à créer un essaim de comportements pour se défaire d'une mauvaise habitude ;

S'entraîner à supprimer une impulsion pendant une journée ;

Enfin, s'entraîner à remplacer une habitude et célébrer pour ancrer la nouvelle.

8 — Comment changer ensemble

BJ Fogg prend l'exemple d'une famille dans laquelle l'un des enfants pose problème. À 21 ans, il vit chez ses parents et ne fait rien. Rien ne semble le motiver et il paraît complètement indifférent aux besoins des autres membres de la famille.

Pourtant, l'auteur montre que la conception comportementale a aidé le père, Mike, à trouver des façons de changer les choses, peu à peu. Progressivement, son fils, Chris, a repris sa vie en main, permettant ainsi à la famille de retrouver son équilibre.

Concevoir le changement en groupe

La méthode des Petites Habitudes fonctionne pour transformer les familles, les équipes de travail ou tout autre type de groupe. Pour commencer, souvenez-vous de la première maxime de BJ Fogg : "aidez les gens à faire ce dont ils ont déjà envie".

Demandez-vous quels sont les objectifs de votre fils, de votre conjoint ou de vos collègues. C'est par là que vous devrez commencer. En s'ouvrant à un premier changement qui leur plaît, ils mettront en marche un mécanisme plus général de modification du comportement et seront prêts à vous écouter.

Autrement dit, vous aurez appliqué la seconde maxime : "Aidez les gens à obtenir un sentiment de réussite". C'est par là que vous pourrez les convaincre d'en faire un peu plus pour vos propres objectifs (et non pas en les culpabilisant).

Comment changer ensemble

L'auteur présente deux façons de changer en groupe et utilise deux figures pour ce faire :

Le meneur y va franchement et propose de suivre la méthode des Petites Habitudes ;

Le ninja s'y prend plus subtilement en appliquant la méthode sans que les autres ne le sachent.

Processus de conception pour un changement collectif

Voici le résumé de la méthode proposée par BJ Fogg :

Clarifier ses aspirations ensemble ;

Explorer les options comportementales ensemble ;

Choisir des comportements spécifiques adaptés à son groupe ;

Rendre le comportement en or facile à faire pour tout le monde ;

Trouver une bonne impulsion au comportement en or ;

Célébrer la réussite pour ancrer l'habitude ;

Résoudre les problèmes et répéter ensemble.

Vous le voyez, c'est toute la méthode des Petites Habitudes qui peut être adaptée à la dynamique de groupe. BJ Fogg expose, pour chaque étape, comment agir en tant que meneur ou en tant que ninja.

Il illustre ensuite sa méthode au travers de 2 récits inspirants :

Changement familial et troubles de l'apprentissage ;

Baisser le niveau de stress à l'hôpital.

Petits exercices pour améliorer les compétences du changement d'un groupe

Voici enfin les exercices supplémentaires proposés en fin de chapitre :

Partager les bases de la conception comportementale ;

Résoudre un problème ensemble à l'aide de la conception comportementale ;

Mettre tout le monde d'accord sur le comportement à changer.

Conclusion — Les petits changements qui changent tout

"Les petits ruisseaux font les grandes rivières" : ce dicton connu s'adapte parfaitement à la conclusion de ce livre. BJ Fogg montre qu'il voit grand et qu'il voudrait diffuser au maximum sa méthode.

Celle-ci permet de réaliser de grands changements au niveau individuel, mais aussi, pense-t-il, au niveau social. Pour le démontrer, il utilise plusieurs histoires personnelles, dont certaines très touchantes à propos de son neveu, décédé trop jeune.

Serez-vous prêt à le suivre et à mettre en place la conception comportementale dans votre vie quotidienne, à rêver grand, tout en commençant petit ?

Conclusion sur « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg :

Ce qu’il faut retenir de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg :

Ce livre est un véritable manuel indispensable pour toute personne intéressée à la mécanique du changement de comportement. Il est non seulement très bien écrit, mais beaucoup plus poussé que les autres ouvrages sur le sujet.

Retenez les 7 étapes de la conception comportementale, c'est-à-dire le cœur de la méthode des Petites Habitudes de BJ Fogg :

Clarifier ses aspirations ;

Explorer les options comportementales ;

Choisir des comportements spécifiques adaptés ;

Commencer petit ;

Trouver une bonne impulsion ;

Célébrer sa réussite ;

Analyser les problèmes, itérer et se développer.

Les trois premières étapes concernent le choix (1-3), tandis que les deux suivantes (4 et 5) concernent la conception proprement dite et l'implémentation (6 et 7) des nouvelles habitudes.

Points forts :

Un auteur professeur d'université à Stanford ;

Des théories et expériences à l'appui de la méthode proposée  ;

De nombreux exemples issus de la vie personnelle et professionnelle de l'auteur ;

Un livre de chevet à garder avec soi dans toutes les étapes de son changement !

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 04 Apr 2024 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12819/Changer-sa-vie-la-mthode-des-Petites-Habitudes
Les 8 lois de l’amour http://www.olivier-roland.fr/items/view/12810/Les-8-lois-de-lamour

Résumé de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty : un manuel de sagesse en matière d'amour pour tous ceux et celles qui souhaitent ardemment trouver l’amour, mais aussi tout faire pour le garder et même parvenir à surmonter les ruptures — en s’acceptant davantage et en s’ouvrant au monde !

Par Jay Shetty, 2023, 368 pages.

Titre original : « 8 Rules of Love  », 2023

Chronique et résumé de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty

Qui est Jay Shetty ?

Né en 1987 à Londres, Jay Shetty a bénéficié d'une éducation de classe moyenne. Bien que ses parents soient d'origine indienne, il n'a pas été élevé dans la religion hindoue. À l'âge de 18 ans, il a intégré la Cass Business School de Londres pour se consacrer à des études de gestion et de sciences du comportement.

Il délaisse toutefois la carrière dans le monde des affaires pour embrasser la vie monastique en tant que moine hindou. Entre 2010 et 2013, il réside dans un ashram, un monastère hindou situé à Mumbai, en Inde.

Durant cette période, il se plonge dans l'étude approfondie des textes sacrés hindous — en particulier dans les Védas (écrits anciens pratiques). Même après avoir quitté l'ashram, Jay Shetty persévère dans ses études et accumule de cette façon une profonde connaissance de ce domaine.

Cette conversion vers la vie monastique et l'hindouisme est en grande partie due à sa rencontre avec Gauranga Das, un moine hindou, alors qu'il était encore à l'université. Plus tard, à Mumbai, celui-ci le convainc qu'"il serait de plus grande valeur et de plus grand service s'[il] quittait l'ashram et partageait ce que [il avait] appris avec le monde".

Il décide donc de quitter l'ashram et de réorienter sa carrière de coach vers l'enseignement pratique de la pleine conscience et de la sagesse hindoue et orientale.

Son premier livre, Think Like a Monk: Train Your Mind for Peace and Purpose Every Day, décrit la transition qui s'est produite dans sa pensée lorsqu'il souhaitait « s'immerger dans l'état d'esprit du moine » (Shetty, Jay. Pensez comme un moine, Guy Trédaniel Éditions, 2020).

Désormais, Jay Shetty est coach de vie. Mais pas seulement ! Depuis 2019, il anime également le podcast On Purpose. Ses livres, ses vidéos en ligne et ses cours ont beaucoup de succès et il forme même, désormais, d'autres coaches aux techniques orientales qu'il a apprises lorsqu'il était moine.

L'auteur s'est marié en 2016. Il fait régulièrement référence à cette relation tout au long du livre que nous allons lire maintenant.

Introduction

Commençons par une analogie. Imaginons un dialogue entre un enseignant et un élève au sujet du soin d'une fleur. L'attraction physique ressemble à une fleur coupée et placée dans un vase. Par contraste, l'amour ressemble à une fleur dans le sol, qui reçoit de l'eau et des nutriments grâce à ses racines.

La fleur dans le vase va rapidement se faner. Mais celle qui vit en pleine terre est fragile elle aussi. Il lui faut des soins et une attention constante pour se maintenir vivace.

Mettre l'amour en pratique

Jay Shetty a décidé d'écrire Les 8 lois de l'amour pour aider les gens à apprendre à aimer grâce aux idées contenues dans les Védas. Mais ce n'est pas tout : comme nous le verrons, l'auteur appuie également ses propos sur des études scientifiques et en particulier sur la recherche contemporaine en psychologie.

Alors, qu'ont à nous dire les enseignements des Védas sur le lien amoureux ? C'est ce que l'auteur se propose d'explorer. Pour lui, il importe d'abord de comprendre que l'amour est avant tout une pratique.

Nous pourrions dire aussi, comme le soutient Erich Fromm, que l'amour est un art. Dans les deux cas, l'idée est la même : l'amour requiert des gestes, des rituels, une attention et des obligations aussi. Rien ne sert "d'attendre" l'amour, il faut le construire et l'entretenir, comme si vous étiez un jardinier !

Les 4 ashrams

Il explique que les Védas caractérisent le cheminement de la vie en général à partir de 4 phases ou étapes :

Brahmacharya ashram (vie étudiante) ;

Grhastha ashram (vie du ménage) ;

Vanaprastha ashram (vie à la retraite) ;

Sannyasa ashram (vie renoncée).

Dans les 8 lois de l'amour, l'auteur applique ces principes aux domaines de l'amour. Pour lui, il y a 4 phases ou ashrams (classe ou étude).

Ces 4 ashrams sont :

Se préparer à l'amour ;

Pratiquer l'amour ;

Protéger l'amour ;

Perfectionner l'amour.

Chaque partie du livre sera liée à l'un de ces thèmes. Selon Jay Shetty, les gens traversent souvent ces étapes sans y penser, ce qui est dommage et cause bien des ennuis. L'objectif de ce livre est d'aider le lecteur à devenir pleinement conscient de ce qu'il vit. De cette façon, il aura de meilleures chances de "pratiquer l'amour" avec plus de sagesse.

Partie 1 — La solitude

La partie 1 est en corrélation avec l'ashram Brahmacharya, c'est-à-dire le stade de la vie étudiante dans les stades de la vie védique. Ici, dans Les 8 lois de l'amour, il s'agit de se préparer à la relation amoureuse.

Loi 1 : Redécouvrez la solitude

La solitude est la première étape pour apprendre à aimer. Étonnant ? Pas tellement… Souvent, la peur d'être sans partenaire nous amène à faire de mauvais choix dans notre vie romantique. En fait, "pratiquer" le fait d'être permet non seulement d'améliorer certaines compétences, mais nous aide aussi à améliorer nos relations.

La peur de la solitude

Nous pouvons nous acclimater à la solitude assez rapidement (voir les exercices "À essayer" répertoriés en fin de chaque résumé de chapitre). De nombreuses études scientifiques citées dans le livre font état des avantages de la solitude.

Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, par exemple, a montré que les adolescents qui ne développent pas de compétences créatives sont aussi ceux qui craignent le plus être seuls.

La solitude est l'antidote à l'isolement

Jay Shetty considère la solitude comme l'antidote à l'isolement. Qu'est-ce que cela signifie ? Premièrement que la solitude est une pratique choisie, qui nous permet de nous concentrer sur nous-mêmes, alors que l'isolement est une situation subie. En pratiquant la solitude, nous pouvons réapprendre à nous mettre en rapport avec autrui et, de cette façon, rompre le mauvais charme de l'isolement.

Passer de l'isolement à la solitude

Selon l'auteur, il faudrait passer par trois phases principales afin d'aller de l'un à l'autre :

Présence ;

Mal-être ;

Confiance.

Expliquons un peu ces termes.

Dans la première étape, les individus sont invités à explorer leurs attitudes et leurs croyances. L'idée est de s'assurer qu'un potentiel partenaire puisse reconnaître et apprécier ces aspects essentiels de leur personnalité.

La deuxième phase encourage à développer une aisance à être seul en testant de nouvelles activités, telles que le voyage en solitaire, par exemple. Ce processus favorise une meilleure connaissance de soi et renforce la confiance personnelle — des éléments qui contribueront à des relations amoureuses plus épanouissantes.

Enfin, la troisième étape vise à accroître la confiance personnelle dans divers domaines tels que la personnalité, la santé émotionnelle et physique, mais aussi les relations et les finances. Un exercice "À essayer" est proposé pour faire le point sur ces questions.

Les bienfaits de la solitude

Shetty souligne l'importance de la solitude dans le renforcement de l'identité. Cette force permet d'éviter la dépendance trop forte à autrui. L'auteur affirme que la solitude nous aide à prendre de bonnes décisions et à éviter des décisions trop rapides.

La solitude nous donne la force de choisir ce qui est bon pour nous-mêmes, sans nous laisser influencer, voire manipuler par autrui.

En bref, nous acquérons :

Un seul mental (moins dispersé) ;

Plus de maîtrise de soi et de patience ;

Un sentiment de complétude.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

Pour mettre en pratique ses conseils, l'auteur donne plusieurs exercices du type "À essayer" (voir plus haut). En voici les intitulés :

"Bilan" à propos de la solitude (p. 28-30) ;

"Apprenez à connaître vos valeurs" (p. 35-36) ;

"Tirez parti du temps passé seul" (p. 37-39) ;

"Identifiez le domaine dans lequel vous avez le plus envie d'évoluer" (p. 41-44).

Loi 2 : N'ignorez pas votre karma

Dans la tradition hindoue, le karma est lié à la conséquence de nos attitudes et de nos comportements. Si nous agissons de façon correcte, la réponse qui nous sera envoyée aura plus de chance d'être elle-même positive. À l'inverse, si nous agissons mal, nous risquons d'entrer dans un cercle vicieux d'actions et de réactions négatives.

Le cycle karmique

L'auteur développe l'idée d'un cycle karmique. C'est-à-dire ? Celui-ci est composé d'événements ou des idées reçues de l'enfance. Ces « impressions » ou samskaras ont un impact sur nos décisions à l'âge adulte.

À leur tour, nos choix ont des résultats positifs ou négatifs en nous et autour de nous. Cela dit, nous pouvons modifier ces événements et ces idées pour améliorer nos décisions et nos comportements actuels — et les effets qui en résultent.

Pour ce faire, nous avons d'abord besoin de comprendre et de reconnaître ces impressions et leur influence négative sur nous. "Les mêmes impressions conduisent aux mêmes choix", c'est cela le cycle karmique. Tout l'enjeu consiste à en modifier le signe : du négatif vers le positif.

Les cadeaux et failles des parents

Les samskaras, qu'on pourrait également traduire par croyances, se forment pendant l'enfance et la jeunesse, grâce (ou à cause) de l'influence des parents, bien sûr, mais aussi des films et des premières relations. Ensuite, nous avons tendance à reproduire ces modèles relationnels, sans nous en rendre compte.

Chaque famille dépose aux pieds de ses enfants des cadeaux, mais aussi des "failles". Plus tard dans notre existence, nous pouvons par exemple rechercher des partenaires qui comblent ces failles, au risque d'entrer dans une forme de dépendance affective.

Les cadeaux — valeurs positives et idéaux relationnels — sont positifs, bien sûr. Mais ils sont également susceptibles de poser problème, dans la mesure où ils peuvent nous conduire à exiger beaucoup trop d'une personne. Il faut donc être prudent et, surtout, conscient de ces forces et de ces faiblesses, pour mieux agir au quotidien et nous préparer à rencontrer l'amour.

Jay Shetty propose plusieurs exercices "à essayer" sur ces différentes thématiques (voir la liste plus bas).

La magie des films

Les films — et les chansons populaires — jouent également un rôle dans nos croyances relationnelles. L'auteur propose un exercice amusant et intéressant en vue d'identifier l'impact des films et des chansons d'amour sur nos pensées et nos façons d'agir.

Le premier amour

Il discute également de nos façons de rencontrer l'amour à l'heure actuelle. Lorsque nous sommes jeunes et que notre cerveau n'est pas encore complètement formé et stabilisé (pas avant l'âge de 25 ans environ), nous pouvons plus facilement nous comporter de façon impulsive et choisir des partenaires sur de mauvaises bases.

En s'appuyant sur les stéréotypes de la pop culture, l'auteur développe les "caractères" suivants, typiques selon lui des premiers amours difficiles :

Rebelle (celui ou celle qui casse les codes et nous emmène en dehors de notre routine) :

Indisponible (celui ou celle qui nous rejette) :

Projet (qui a besoin d'être sauvé) :

Coureur de jupons (qui ne vous sera pas fidèle bien longtemps) :

Riche (celui ou celle qui fait briller nos yeux pour d'autres raisons que lui ou elle-même, que ce soit son argent ou sa célébrité).

Il est tout aussi important d'identifier son propre rôle dans les relations passées : êtes-vous plutôt un sauveur, un dépendant ou un soutien ? N'hésitez pas à consulter également à ce sujet notre chronique sur l'analyse transactionnelle.

Pour pratiquer ces questions, l'auteur fournit un exercice de réflexion pour comprendre nos relations passées (ce que nous projetions de nous-mêmes, notamment).

Vous attirez ce dont vous vous servez pour impressionner

Jay Shetty discute ensuite de la façon dont les gens attirent ce qu'ils projettent dans le monde. Ainsi, si nous mettons en avant nos richesses ou notre beauté, par exemple, nous prenons le risque de n'être reconnus que par ces aspects-là. Ce qui est dommage, car nous sommes plus que cela.

"Nous nous vendons aux autres en mettant en avant nos richesses, mais cela n'est pas bénéfique sur le long terme. Il vaut mieux afficher notre personnalité, nos valeurs et nos objectifs véritables, afin d'être aimés pour ce qui compte le plus pour nous." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 2)

Donnez-vous ce que vous attendez d'autrui

Finalement, Jay Shetty nous rappelle que nous ne devrions pas utiliser nos partenaires pour répondre à un besoin émotionnel, mais que nous devrions y répondre nous-mêmes au préalable. Plusieurs anecdotes et exercices permettent de comprendre et d'appliquer ce point important.

Faites le point

L'auteur suggère par exemple de faire le point 3 minutes en début de journée et en fin de journée, tous les jours. C'est à ces moments clés que vous pouvez tenter de mettre en place de nouvelles routines, qui répondent mieux à vos besoins émotionnels.

Faire croître l'amour

"C'est la pratique qui fait croître l'amour. Il n'y a pas d'autre moyen." (Eknath Easwaran, cité dans Les 8 lois de l'amour, Chapitre 2)

C'est ainsi que se clôt la première partie de l'ouvrage : nous sommes invités à pratiquer tous ces exercices pour nous préparer à l'amour et continuer notre chemin.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Méditez sur votre moi jeune" (p. 59-60) ;

"Identifiez les cadeaux et les failles de vos parents" (p. 66-68) ;

"L'amour au cinéma" (p. 73) ;

"Vos rôles en couple" (p. 78-80) ;

"Réfléchir et tirer les leçons d'une relation amoureuse passée" (p. 83-84) ;

"Ce que vous mettez en avant" (p. 88) ;

"Donnez-vous ce que vous voulez recevoir" (p. 91-92).

Écrivez-vous une lettre d'amour

À la fin de chaque partie, Jay Shetty propose également une lettre d'amour particulière, ainsi qu'une suggestion de méditation guidée.

À l'issue de cette première partie, il nous invite à rédiger une lettre d'amour à nous-mêmes, afin de nous "aider à établir un dialogue avec (nous-mêmes)".

Voici les 3 autres lettres que l'auteur suggère d'écrire :

À votre partenaire (partie 2) ;

À vous-même dans les moments difficiles, comme si vous vous adressiez à un ami (partie 3) ;

Au monde (partie 4)/

Méditation pour redécouvrir la solitude

Découvrez la méditation proposée spécialement pour cette partie : la méditation de gratitude".

Et voici les 3 autres méditations proposées en fin de partie :

Renforcer la compatibilité ;

Guérir grâce à l'amour ;

Reliance.

Partie 2 — La compatibilité

Sommes-nous faits l'un pour l'autre ? Voilà la question qui préoccupe bien des couples (et des agences matrimoniales) ! Il s'agit de la question de la compatibilité des partenaires. Celle-ci est traitée à travers le lien à l'ashram de Grhastha, ou deuxième étape des étapes de la vie védique, qui implique la vie familiale ou conjugale — et qui est réinterprétée dans le livre comme l'étape de la création de la relation.

Loi 3 : Définissez l'amour avant de le penser, de le ressentir ou de l'exprimer

Cette règle souligne l'importance de savoir ce qu'est (pour vous) l'amour et de communiquer cette définition à votre partenaire. Jay Shetty raconte plusieurs anecdotes au sujet de personnes qui se sont manquées par faute d'avoir compris leurs définitions respectives de l'amour.

Ces différentes définitions peuvent être reliées à des phases amoureuses. Peut-être que vous définissez l'amour en fonction de l'une de ces phases.

Les quatre phases de l'amour

Ces 4 phases sont :

Attirance ;

Rêves ;

Difficultés et maturation ;

Confiance.

L'auteur les récupère de la tradition Bhakti et les adapte à son propos. Comme nous allons le voir, il s'agit bien de phases puisqu'il est question de passer de l'attraction initiale à la confiance, en passant par la lutte contre les rêves irréalistes et la création d'attentes réalistes.

L'attirance — Jay Shetty suggère d'utiliser la fameuse « règle des trois rendez-vous » (vue dans de nombreux films romantiques et séries américaines) pour évaluer la compatibilité d'une personne avec votre personnalité, vos valeurs et vos objectifs. Ces trois rendez-vous vous permettront de poser des questions et de vous faire une idée de la personne à qui vous avez affaire.

Les rêves — La notion d'idéalisation est également beaucoup utilisée pour caractériser cette phase. Si vous avez été amoureux ou amoureuse, vous le savez : c'est cette période où vous imaginez l'autre sous son meilleur jour et où vous forgez des ambitions irréalistes pour le couple.

Pour évacuer ces attentes erronées et partir sur de bonnes bases, il faut se donner les moyens de créer des attentes réalistes, basées sur les personnalités réelles de l'un et l'autre. Le rythme et l'habitude jouent ici un rôle essentiel. En effet, les routines et les horaires offrent la possibilité de se rencontrer autrement.

Dans le couple, nous devons discuter de nos attentes et accepter les désaccords : « la manière dont vous gérez vos différences est plus importante que la découverte de vos points communs », soutient l'auteur.

Et si vous suiviez la suggestion du psychologue clinicien Seth Meyers de ne vous voir qu'une fois par semaine au cours du premier mois de fréquentation ? Cela vous permettrait peut-être de mieux prendre le temps de le connaître avant de vous engager plus complètement. Pensez également à distribuer équitablement le temps entre amis et celui dédié à votre relation amoureuse.

Difficultés et maturation — Dans cette troisième étape des quatre phases de l'amour, les couples apprennent à grandir à partir de leurs différences. Jay Shetty utilise plusieurs anecdotes personnelles pour nous introduire plus concrètement à ce moment.

C'est à ce moment que nous nous rendons compte s'il y a des éléments de la relation qui sont trop importants et des choses qui, fondamentalement, "ne passent pas". Dans ce cas, la rupture est peut-être la meilleure solution. Mais c'est aussi la phase où les couples se solidifient, s'ils parviennent à trouver des solutions créatives à leurs différends.

Confiance — Les couples construisent la confiance à partir de leur développement commun. Celle-ci doit commencer par nous-mêmes : "nous devons être dignes de confiance", affirme Jay Shetty. Par ailleurs, nous devons la donner à notre partenaire via une saine communication et par l'intermédiaire de nos actions.

L'auteur évoque trois types de confiance.

Physique : celle-ci se produit lorsque les couples se sentent en sécurité les uns avec les autres et savent que leur partenaire est présent, aimant et a une présence positive.

Mentale : elle implique de faire confiance à leur esprit, à leurs idées et à leur prise de décision.

Émotionnelle : cette forme de confiance se produit en faisant confiance à leurs valeurs et à leur identité.

Les problèmes, s'ils sont surpassés positivement, renforcent la confiance mutuelle. Nous avons tous nos points faibles. Le fait de nous accepter et d'accepter l'autre tel qu'il est, un grand stimulateur amoureux.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Préparez-vous pour le premier rendez-vous" (p. 111) ;

"Programmez votre emploi du temps" (p. 120) ;

"La confiance au quotidien" (p. 127) ;

"Construire des rêves réalistes à deux" (p. 128-129).

Loi 4 : Votre partenaire amoureux est votre guru

Nous apprenons énormément les uns des autres dans nos relations amoureuses. Bien sûr, cela est vrai de toutes les relations.

D'ailleurs, le terme "guru" renvoie d'abord à la relation de maître à élève que Jay Shetty a forgé avec son maître lorsqu'il était moine (par ailleurs, si nous sommes des observateurs attentifs, nous pouvons aussi apprendre d'autres personnes, même quand celles-ci ne sont pas particulièrement sages).

Par contraste avec le rapport guru/élève, la spécificité de la relation amoureuse consiste dans le fait que les deux personnes jouent les deux rôles (guru/élève) en même temps. Mais elles se ressemblent par la révérence, le respect que chacun des membres de la relation éprouve pour l'autre.

Les relations amoureuses nous font grandir

Le psychologue Jeremy Dean a étudié la façon dont les gens se perçoivent et comment ils peuvent mieux se comprendre à travers le point de vue de leur partenaire. Comment agir au mieux ? Nous pouvons nous inspirer de la pratique du maître hindou : « orientation sans jugement, sagesse sans ego, amour sans attente ».

Jay Shetty soutient que les amis, la famille et les autres personnes de notre entourage ne peuvent que très difficilement faire preuve de ces trois qualités en raison de leur perspective partielle et partiale. L'amoureux, selon lui, pourrait en revanche y parvenir, car il nous connaît plus complètement.

L'auteur parle également de la « théorie de l'amélioration de soi » d'Arthur et d'Elaine Aron. Celle-ci considère que les relations améliorent l'identité personnelle en nous permettant de découvrir des choses (compétences, perspectives, traits de personnalité) qui nous font défaut.

"Notre partenaire amoureux élargit notre perception de nous-mêmes, car il nous permet d'accéder à des ressources plus grandes." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 4)

Devenir un meilleur guru

Quelles sont les qualités d'un bon guru et d'un bon disciple ? C'est l'objet du livre The Guru and Disciple Book de Kripamoya Das (l'ancien maître de Jay Shetty).

Voici les 4 conseils/caractéristiques que l'auteur donne pour être un bon guru :

Ne pas diriger, mais servir ;

Donner l'exemple ;

Soutenez ses objectifs, et pas les vôtres ;

Ni critique, ni jugement, ni insultes.

Il propose ensuite plusieurs anecdotes et un grand nombre d'exercices "à essayer" pour devenir un meilleur guru et aider, par exemple, notre partenaire à trouver ses objectifs. Le chapitre comprend aussi des analyses théoriques et des histoires sur les moines japonais afin de démontrer la nécessité de soutenir son partenaire dans son propre apprentissage.

Devenir un meilleur élève

Voici maintenant les règles à suivre pour s'améliorer en tant qu'élève. Vous devrez être… :

Ouvert d'esprit et curieux ;

Humble ;

Bon traducteur ;

Reconnaissant ;

Capable de rester vous-même !

Le dernier point est particulièrement important : l'auteur y souligne que l'amour n'est pas une relation de soumission à autrui. Il est particulièrement important de reconnaître les abus et de mettre fin à une relation de ce type. C'est notamment l'objet du livre Se libérer de l'emprise émotionnelle.

Le plus beau cadeau du guru

Jay Shetty termine ce chapitre par ces mots :

"Deux partenaires qui s'épanouissent ensemble s'aident, lentement mais sûrement, à observer, à apprendre et à grandir dans différents domaines. Le mal-être provoqué par le changement est compensé par le plaisir d'une compréhension partagée." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 4)

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Bilan : pouvez-vous apprendre et grandir auprès de votre partenaire ?" (p. 137-140) ;

"Aidez votre partenaire à découvrir ses objectifs" (p. 145) ;

"Identifiez le mode d'apprentissage de votre partenaire" (p. 146-147) ;

"Appréciez le savoir de votre partenaire" (p. 154) ;

"Présentez une nouvelle idée" (p. 155-157) ;

"Reconnaissez les compétences de votre guru" (p. 158-159).

Loi 5 : Le but de la vie avant tout

Dans un couple, est-ce que chacun doit avoir son but ? Ou bien l'objectif est-il, comme le disait Antoine de Saint-Exupéry, de "regarder dans la même direction" ? Et si les deux choses n'étaient pas nécessairement contradictoires ? Ce sont les questions qui sont explorées dans ce dernier chapitre de la deuxième partie.

En fait, pour l'auteur, les choses sont claires : pour que la relation s'épanouisse au mieux, il est important que chacun donne la meilleure version de lui-même. Or, pour ce faire, il doit être capable de son propre but.

Le dharma : votre boussole

Dans l'hindouisme, le but se dit dharma. En réalité, la notion désigne un mélange "de passion, d'expertise et de dévouement". Jay Shetty expose différents types de buts comme avoir un emploi satisfaisant, une passion, devenir parent ou bénévole dans une association, etc.

Le Dharma ne s'identifie à aucun d'eux ; il n'est pas une activité spécifique, mais la raison pour laquelle les gens font cette activité, que ce soit « pour créer quelque chose, pour connecter les gens, pour partager ce que vous avez appris, pour servir les autres ou le monde ».

L'auteur explore en détail ces différents points en citant les recherches du professeur de développement humain Anthony Burrow sur la relation entre satisfaction, objectifs et réseaux sociaux. Il relate également les débats philosophiques autour de l'hédonisme (bonheur par le plaisir) et de l'eudaimonia (bonheur de l'épanouissement personnel) et raconte une histoire bouddhiste sur le fait de se donner la priorité à soi-même.

Il propose également un schéma issu des Védas. Ceux-ci énumèrent quatre « grandes quêtes » qui forment un cycle :

Dharma (connaître le but de votre vie permet à vous-même et à votre partenaire de savoir clairement quelles sont vos valeurs et vos priorités) ;

Artha (chercher à créer une stabilité dans les domaines de la finance, de la santé et du développement personnel) ;

Kama (plaisir et lien. Il s'agit de vos relations avec autrui) ;

Moksha (se libérer du monde matériel en se reliant à l'Esprit).

Comment donner la priorité à votre dharma (la pyramide de la raison d'être)

Après avoir étudié ce point, Jay Shetty propose une « pyramide de la raison d'être » plus complexe qui a pour vocation à montrer comment nous parvenons à construire une raison d'être solide (si ce n'est déjà fait).

La pyramide de la raison d'être est composée de 5 étages :

Apprendre ;

Expérimenter ;

S'épanouir ;

Gérer ;

Gagner.

Les individus commencent en général par en apprendre davantage sur un sujet d'intérêt (1), puis ils expérimentent cette connaissance en faisant beaucoup d'essais et d'erreurs (2). S'ils persévèrent et surmontent les obstacles, ils s'épanouissent dans leur activité (3) ; cependant, pour être pleinement en possession de sa raison d'être et célébrer ses réussites (5), il faut encore être patient et gérer les surprises du quotidien (4).

Aidez votre partenaire à donner la priorité à sa raison d'être

Jay Shetty raconte plusieurs histoires visant à nous montrer comment nous pouvons soutenir notre partenaire dans sa recherche d'un objectif, puis dans son accomplissement. Il montre aussi qu'il n'est pas toujours facile d'équilibrer les différents aspects de sa vie. Brigid Schulte, une journaliste, ainsi que le pilote de voiture de course Lewis Hamilton, sont pris en exemples.

Jay Shetty insiste sur l'importance de laisser de la place à chacun dans la relation. Au cours de l'existence, les occasions de déséquilibre ne manquent pas : changement de situation professionnelle, enfants, etc. Pourtant, nous pouvons trouver les moyens de rééquilibrer la relation et de trouver des objectifs communs qui transcendent les objectifs de chacun (voir les exercices "À essayer").

Quand deux raisons d'être s'opposent

Même en faisant de notre mieux, il n'est pas toujours facile de composer avec les objectifs de l'autre, surtout quand ceux-ci s'opposent directement aux nôtres (ou les nôtres à ceux de notre partenaire). Que faire dans ces cas-là ?

L'auteur donne une série de conseils pour parvenir à un accord. Il suggère, par exemple, de donner la priorité à un objectif, puis à l'autre. L'organisation du temps est ici particulièrement importante. En cas de déséquilibre majeur, vous pouvez chercher à "rééquilibrer les dharmas" au sein du couple.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Découvrir votre raison d'être" (p. 171-173) ;

"Rencontrez un mentor" (p. 174-176) ;

"Bilan : réorganisez votre temps libre" (p. 176-178) ;

"Fixez-vous des objectifs ensemble" (p. 184-185) ;

"Régler un déséquilibre des dharmas" (p. 201-202) ;

"Échangez votre temps" (p. 205).

Partie 3 — La guérison

Dans cette partie, Jay Shetty se penche sur l'ashram de Vanaprastha. Les thèmes privilégiés sont la dispute, le pardon et la rupture.

Loi 6 : Gagnez ou perdez ensemble

Le conflit est nécessaire à un couple. Même s'il a généralement mauvaise presse, il joue en fait un rôle important. Comme l'exprime cette citation, les disputes permettent de mieux connaître l'autre.

"Les partenaires qui évitent les conflits ne comprennent pas les priorités, les valeurs ou les difficultés de l'autre. Tous les couples se disputent, ou tout du moins le devraient-ils. » (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 6)

Beaucoup de gens pensent qu'une relation "parfaite" signifie ne pas se disputer du tout, mais c'est une erreur. Nous devrions nous disputer quand cela est nécessaire, afin que les problèmes ne s'aggravent pas.

Nous devrions même aborder les conflits comme des problèmes communs. La communication non violente, dont Jay Shetty cite des exemples, est une ressource précieuse pour venir à bout des disputes de couples. En fait, l'objectif n'est pas de se vaincre l'un l'autre, mais bien de trouver une solution commune au problème.

Dans une courte section, l'auteur évoque également l'importance de ne pas confondre conflit et maltraitance. Il propose un tableau très utile pour bien différencier les deux (p. 219).

L'origine d'une dispute

Il s'intéresse ensuite à l'origine de nos disputes. Selon le Bhagavad-Gita, un texte hindou sacré, il y a trois énergies sacrées :

Celle liée à l'ignorance (tamas) ;

Puis celle liée à l'impulsivité (rajas) ;

Et enfin celle qui est liée à la bonté (sattva).

Pour Jay Shetty, ces trois énergies créent trois types de conflits :

Disputes vaines = s'emporter de manière irréfléchie, ne rien résoudre.

Rapports de force = avoir envie de l'emporter sur l'autre, la guerre des égos.

Disputes productives = chercher à comprendre, trouver une solution.

Nous n'avons pas besoin de changer ou d'assumer aucune responsabilité » (176). Un désir d'avoir raison ne résoudra pas le problème, de sorte que le chapitre comprend un exercice pour trouver l'ego et la passion dans une dispute et souligne la nécessité pour les deux personnes de voir les malentendus qui se sont produits et leur rôle en eux.

Comment avoir des disputes productives

Nous pouvons réussir à avoir des disputes plus productives si nous avons véritablement "le désir de faire équipe". Voici les conseils donnés dans cette section.

Purifier l'ego = accepter que vous soyez peut-être dans l'erreur et vous ouvrir aux raisons de l'autre ;

Diagnostiquer le fond du problème = il existe plusieurs types de conflits (intérieur, social, interpersonnel) et il importe de cerner de quel type il s'agit.

Découvrir sa forme de dispute = certains préfèrent vider leur sac, d'autres se cachent et d'autres encore explosent... Il faut le savoir et "agir" en conséquence.

Gagner ensemble

Jay Shetty propose ensuite un acronyme pour aller plus loin dans son analyse. Il propose de résoudre ensemble les conflits en utilisant les "5 E" :

Endroit et moment ;

Expression ;

Évacuation de la colère ;

Engagement ;

Évolution.

Premièrement, choisissez un endroit sûr et un moment optimal pour vous disputer. Pas toujours facile quand nous "explosons", direz-vous ! Mais c'est possible. L'auteur expose les recherches d'Art Markman, neuroscientifique, sur l'expression saine de la colère pour nous montrer comment tenter le coup.

Le terme « Expression » signifie considérer attentivement les mots dits et utiliser le mot « nous » lorsque vous abordez un problème, afin de désigner clairement sa nature commune.

La phase d'évacuation de la colère a pour objectif d'atteindre cet état d'ouverture et d'empathie sans lequel aucune résolution saine du conflit n'est possible.

L'engagement implique un accord vers le changement et la création de propositions.

Enfin, l'évolution signifie que le couple grandit du conflit en s'excusant et en assumant leurs responsabilités respectives. Cette dernière étape implique trois sous-étapes : l'acceptation, la verbalisation et l'action.

À noter : la dispute peut devenir une vraie habitude et même une sorte de cercle vicieux dans le couple. Les psychiatres Phillip Lee et Diane Rudolph montrent en effet que certains ménages peuvent devenir accros au conflit et s'enfermer dans ce schéma, sans jamais trouver de solution concrète à leurs problèmes.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Passer d'une dispute à un objectif commun" (p. 217-218) ;

"Identifiez l'ego et la passion dans le conflit" (p. 225-226) ;

"Identifiez la forme de dispute de votre partenaire et la vôtre" (p. 232) ;

"Passez un accord au sujet de votre prochaine dispute" (p. 239-240) ;

"Discuter des problèmes complexes" (p. 243-244) ;

"Écrire une lettre pour s'excuser" (p. 249-250).

Loi 7 : Lors d'une rupture, ce n'est pas vous qui vous écroulez

Jay Shetty utilise une analogie connue : la maison. Une relation amoureuse qui prend fin est comme une maison dont les murs s'effritent, puis s'écroulent. Nous avons tous des défauts, là n'est pas la question. Ce qui importe, ainsi que nous l'avons vu au chapitre antérieur, est de savoir résoudre les conflits pour qu'ils ne s'enveniment pas.

Les signes de problème

L'auteur met en exergue trois problèmes qui sont souvent la cause des ruptures :

L'infidélité ;

La perte d'intérêt ;

Le manque d'intimité (au sens large).

Jay Shetty y insiste à nouveau : la violence et toute forme de maltraitance doivent être combattues. Une personne qui subit une telle situation doit rompre le plus rapidement possible, pour son propre bien.

Nourrir l'intimité

La perte d'intimité est souvent le fruit d'un manque d'énergie mise dans la relation. Pourtant, il y a des façons de combler ce manque de connexion et de communication. D'abord, Jay Shetty conseille de faire des choses par soi-même. En parler à l'autre ajoute à la conversation ; en plus de vous nourrir vous-même, cela nourrit le couple.

D'autre part, créer ou participer à des activités communes peut également créer un sentiment d'intimité et de fierté de couple. Pourquoi ne pas prendre des cours de danse, par exemple ? Trouver des lieux où échanger renforce considérablement la relation.

L'auteur aborde en particulier trois types d'activités :

Le divertissement (aller voir un film ensemble, par exemple) ;

L'expérience (faire un voyage et en parler à son conjoint, faire du bénévolat, etc.) ;

L'éducation (reprendre des études).

Jay Shetty rapporte comment sa femme et lui cultivent leur intimité via des amitiés nouvelles et des expériences partagées. Nous pouvons également développer notre intimité en reconnaissant nos valeurs respectives et en éprouvant de la gratitude les uns pour les autres.

S'élever ou se séparer

Lorsque la décision de rester ensemble ou de rompre se fait insistante, il faut y répondre de la façon la plus sage possible. Jay Shetty propose un canevas en 5 étapes pour nous aider à nous décider. Il l'appelle la "voie de l'élévation".

Intolérance ;

Tolérance ;

Compréhension ;

Acceptation ;

Appréciation.

Lors de ses séances de coaching de vie ou de couple, Jay Shetty conduit les personnes qu'il reçoit à se demander si leur problème est totalement intolérable ou s'il peut être toléré, voire compris et accepté. Lorsqu'il est apprécié, nous reconnaissons que le problème fait partie intégrante de notre partenaire.

En fonction de notre capacité commune à évaluer le ou les problèmes selon cette échelle, nous pouvons décider en conscience de continuer ou de rompre.

Rompre en conscience

Si la rupture a lieu, il importe au plus haut point de faire le point sur sa peur d'être seul. Toute rupture crée un changement radical, mais mieux vaut s'en aller que de maintenir une relation malsaine à tout prix.

Lorsque nous nous retrouvons seuls, le cerveau se met en branle et nous pouvons nous sentir particulièrement fragiles. Pourtant, l'auteur rappelle à partir de textes indiens que "l'âme ne se rompt pas". Quoi qu'il en soit, la rupture sera plus facile si vous avez suivi les règles énoncées dans les sections précédentes.

Il décrit le processus de rupture et donne des conseils pour les deux situations :

Lorsque c'est vous qui rompez ;

Quand c'est l'autre qui prend la décision.

Jay Shetty souligne l'importance de se raconter. des histoires pour donner du sens à nos aventures amoureuses. Il expose des théories scientifiques pour nous montrer qu'il est plus facile d'aller de l'avant lorsque nous créons ce sens.

Tirez les leçons karmiques de vos erreurs

Chaque relation — et chaque rupture — nous apprend quelque chose. Nous pouvons donc tirer les leçons « karmiques » de nos erreurs. Cea peut prendre du temps, et c'est entre autres pourquoi il vaut mieux ne pas se jeter à corps perdu dans une nouvelle relation trop vite.

Certains amis reviennent dans nos vies après une rupture. La solitude est également le moment pour se retrouver et réfléchir, voire renforcer son estime de soi.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Bilan : pour quelles raisons partez-vous ?" (p. 261) ;

"S'entourer de soutien" (p. 275-276) ;

"Faire son deuil" (p. 293-294) ;

"Prises de conscience" (p. 297-298) ;

"Check-list : êtes-vous prêt à ressortir avec quelqu'un ?" (p. 303-304).

Partie 4 — La reliance

L'amour peut être élargi au-delà de la relation amoureuse et des rapports familiaux. L'objet de cette dernière partie est de comprendre cette forme de l'amour que l'auteur nomme "reliance". Celle-ci s'élance vers la famille, les amis, mais aussi, au-delà, vers nos connaissances, nos collègues, les étrangers et finalement la Terre tout entière.

Loi 8 : Aimez encore et toujours

La quatrième étape de la vie selon les Védas, l'ashram Sannyasa, implique la notion de service aux autres et à ce qui nous relie tous : le monde ou, pour la religion, le divin. Dans la philosophie hindoue, cette dernière étape implique de renoncer aux « désirs matériels » et de se concentrer sur la spiritualité.

Attendre l'amour ou l'expérimenter

Jay Shetty revisite cette dernière étape de la sagesse des Védas pour aborder la question de l'amour d'autrui et, surtout, la façon dont nous pouvons diffuser l'amour, au lieu de le recevoir.

"Au lieu d'attendre l'amour, à nous de trouver des façons de l'exprimer." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 8)

Comment donner de l'amour

Il n'est pas toujours facile d'avoir de l'empathie pour les choses qui nous sont lointaines. Nous avons une préférence naturelle pour ce qui nous est proche. Jay Shetty cite Jamil Zaki, professeur de psychologie à Stanford, pour appuyer ses arguments.

Pourtant, à force de travail, nous pouvons peut-être parvenir à étendre notre conception de l'amour et à embrasser un maximum d'êtres. C'est vers cela que nous devrions au moins tendre.

Aimez les personnes qui vous sont les plus proches

Cela dit, nous sommes face à une difficulté, car souvent, nous avons du mal à aimer correctement même les personnes qui nous sont les plus proches. Nous leur en voulons pour ceci ou pour cela. L'auteur commence donc par trouver des voies pour nous aider à aimer notre famille et nos amis pour ce qu'ils sont, et non pour leurs uniques comportements extérieurs.

Dans l'un des exercices "À essayer", Jay Shetty recommande d'organiser ses contacts en différents groupes en fonction de la proximité, puis de décider du temps que nous allons donner aux personnes d'une certaine catégorie (famille, amis, collègues, etc.). L'objectif de cet exercice est de donner la priorité à ceux avec qui nous voulons maintenir les liens les plus proches, tout en n'oubliant pas les personnes que nous ne voyons pas souvent.

Appréciez vos collègues

Nous voulons tous être appréciés dans notre travail. D'autant plus que nous y passons souvent beaucoup de temps. Les sentiments d'amitié et de respect y ont une importance cruciale, au point que de nombreuses personnes accepteraient de changer de travail si elles se sentaient plus reconnues et appréciées dans le nouveau.

Nous pouvons apprendre à donner de nous-mêmes pour créer des environnements plus chaleureux, par exemple en :

nous donnant à fond pour des projets qui tiennent à cœur à l'équipe ;

offrant nos compétences aux plus jeunes et en leur servant de mentors ;

donnant des feedbacks constructifs et en encourageant nos collègues ;

respectant et en accueillant les recommandations de personnes plus expérimentées que nous.

L'auteur raconte toutefois une parabole : celle du crocodile et du singe. Lorsque nous sommes faces à des "crocodiles", évitons de "faire le singe". Parfois, la gentillesse n'est pas de mise. Si vous êtes pris dans des rapports de force potentiellement destructeurs, il convient de savoir se défendre et agir — sans devenir soi-même un prédateur.

Être une source d'inspiration pour les inconnus

Jay Shetty consacre une courte section à la protection des uns et des autres au sein de sa communauté (voisins, etc.). Puis, il évoque l'importance de devenir un exemple pour autrui. Il relate l'histoire d'un policier qui a offert des chaussures à un sans-abri qui marchait pieds nus dans la rue en plein hiver.

Dans la courte section suivante, Jay Shetty invite tout un chacun à aider les associations et à faire du bénévolat.

Au contact de la Terre

Pour terminer, Jay Shetty propose un schéma qu'il nomme "les cercles de l'affection". Ceux-ci s'imbriquent de façon concentrique :

Famille ;

Amis ;

Collègues ;

Entourage ;

Inconnus ;

Associations ;

La Terre.

Pour résumer, le concept de service est la clé de cette étape de la vie. Cette règle élargit l'amour pour y inclure celui que nous portons à tous, de nos amis à des associations qui viennent en aide à des inconnus. Jay Shetty souligne aussi que l'argent, pour utile qu'il soit, n'est pas le seul moyen de soutenir des causes importantes.

S'impliquer personnellement est une meilleure façon de pratiquer l'amour. Il prend l'exemple de plusieurs associations, notamment au service des animaux. En effet, l'enjeu est d'élargir notre sollicitude aux êtres qui ne sont pas humains, et finalement à la Terre, qui fait face au changement climatique.

Nous avons souvent des difficultés à sentir cet aspect de l'amour, car cet enjeu nous paraît vaste et lointain. Pourtant, Jay Shetty croit que nous sommes capables de travailler sur nous-mêmes pour répondre à ces enjeux de façon positive.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Aider un proche difficile à trouver de l'affection autour de lui" (p. 324) ;

"Structurez la liste de vos proches" (p. 326-327) ;

"Exprimer son affection au travail" (p. 329-330)

Conclusion sur « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty :

Ce qu’il faut retenir de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty :

Jay Shetty propose un livre pratique, un manuel même, au sujet de l'amour. Il applique et réinterprète bon nombre de sagesses indiennes en les mélangeant avec des ouvrages de développement personnel et des études de psychologie sociale ou de neurosciences.

L'ensemble est cohérent et se lit facilement. Nous passons de la création de la relation amoureuse à sa solidification, puis à la rupture ou — à minima — aux difficultés. L'ouvrage se termine finalement sur la question de l'amour pour autrui, dans nos relations familiales, professionnelles, sociales et même "écologiques" — c'est-à-dire avec des êtres non humains.

Que retenir, finalement ? Que cela vaut la peine d'"aimer encore et toujours", à condition d'apprendre cet art d'aimer si bien connu des sagesses anciennes — et que nous avons un peu perdu. Eh oui, l'amour se travaille et c'est surtout en le donnant que nous le pratiquerons et que nous nous améliorerons !

Points forts :

Un ouvrage qui combine développement personnel et érudition indienne ;

De nombreux exercices à essayer ;

Des exemples de lettres à écrire et de méditations à réaliser.

Point faible :

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Ma note :

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Thu, 28 Mar 2024 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12810/Les-8-lois-de-lamour
Réussir sa vie d’expat’ http://www.olivier-roland.fr/items/view/12787/Russir-sa-vie-dexpat

Résumé de « Réussir sa vie d’expat’ » de Magdalena Zilveti Chaland : un guide ultracomplet pour tous ceux et celles qui veulent tenter l'expérience de l'expatriation avec ou sans leur famille, pour quelques mois ou la vie entière !

Par Magdalena Zilveti Chaland, 2015.

Chronique et résumé de « Réussir sa vie d’expat’ » de Magdalena Zilveti Chaland

Introduction

L’expatriation désigne ici le fait, pour les citoyens de pays occidentaux, de partir à l’étranger pour s’y installer. La durée peut varier. L’intérêt également : il peut être éducatif, économique, amoureux, etc.

Cette mobilité internationale est « une réalité en plein essor », dit l’auteure. Pourtant, elle n’est pas toujours thématisée. En outre, ceux et celles qui partent ne se rendent pas toujours compte de toutes les conséquences et de tous les défis qui les attendent.

En fait, il arrive souvent que le projet se focalise sur les aspects pratiques, surtout au début. Mais quid des aspects émotionnels et mentaux ? Ceux-ci sont relégués au second plan, alors qu’ils ont une importance cruciale pour notre bien-être.

« La problématique à laquelle l’expatrié doit faire face se résume ainsi : « Comment réussir à trouver son chez-soi en soi où que l’on soit. » C’est à cette problématique-là que l’intelligence nomade tente d’apporter une réponse. » (Réussir sa vie d’expat’, Introduction)

Autant ne pas le cacher, cette expatriation peut avoir des côtés douloureux. Mais tout l’enjeu est d’en faire une opportunité d’évolution sincère. Cette expérience nouvelle est aussi le foyer d’une réinvention de soi.

Prêt pour le voyage ?

Partie 1. Comprendre ce qui se passe en soi lorsque l’on part vivre ailleurs.

Chapitre 1 — Comment change-t-on en permanence ?

Des individus toujours en évolution

À chaque époque de la vie, nous gagnons et nous perdons quelque chose. Nous nous modifions sans cesse. Voyons quelles sont les cinq grandes étapes de cette évolution.

1 — Une enfance pour se bâtir des fondations. C’est à ce moment que les bases s’acquièrent. Il trouve son équilibre dans la maison. Puis il se socialise progressivement au-delà du cercle restreint de ses parents. Les premières blessures et frustrations doivent être surmontées.

2 — Une adolescence pour se préparer à l’âge adulte. Période de confusion et de maturation exceptionnelle, l’adolescence est le lieu de découverte de son identité et de sa personnalité. L’adolescent prend conscience de sa sexualité et de son corps via la puberté. Il apprend aussi le jeu de soumission/subversion des règles sociales.

3 — Un âge adulte pour se réaliser. L’engagement du jeune adulte, vers 30 ans, se fait plus fort. Il cherche à se déterminer en posant des choix concrets et conscients. C’est souvent le moment de créer une famille et de solidifier ses acquis économiques et professionnels. C’est le temps de l’effort — avec les risques que cela génère.

4 — Un milieu de vie marqué par des remises en question. La période 40-50 ans est charnière pour plusieurs raisons. Les relations familiales évoluent, au point de se transformer complètement (enfants plus indépendants, parents plus dépendants). C’est aussi un temps du « bilan personnel » qui peut être fort en émotions et en changements.

5 — Une vieillesse pour savourer l’instant présent. À cette étape de la vie, il y a bien sûr la question de la retraite qui se pose. Au-delà de cela, chacun vieillit à son rythme. Les conditions physiques et mentales de chacun sont différentes. C’est parfois le moment de concrétiser un vieux rêve de voyage et de profiter du temps présent.

Des identités qui se construisent

L’identité n’est pas acquise une fois pour toutes. « L’identité est une notion compliquée, car elle désigne quelque chose d’impalpable, d’indéfinissable, de mouvant et de souvent incertain », dit l’auteure.

Nous construisons notre identité en intériorisant certains modèles. Nous trouvons ceux-ci au cours des interactions que nous avons tout au long de notre existence. Les moments de « crise » ont un rôle important. Ils vont venir stabiliser certains changements en créant des ruptures avant/après.

Au cœur de l’identité, il y a néanmoins un sentiment unique : celui d’être et de rester différent d’autrui. Nous avons besoin de soigner ce sentiment de « cohérence, d’unité et d’intégrité ».

De temps à autre, sociologues et psychologues parlent d’identités multiples : sociale, idéale, virtuelle, etc. Dans ce cas, le terme renvoie davantage à un rôle dans un environnement social. Parfois, nous nous sentons morcelés entre ces différentes images, ces différents « clichés » de nous-mêmes.

Pour unifier tout cela, il importe de comprendre le processus d’individuation.

« L’individuation représente la réalisation de soi, dans ce qu’il y a de plus profond, intime et personnel, incluant aussi les parts d’ombre et de refoulé. Ce n’est pas un état stable ou un résultat objectif, mais un mouvement évolutif en lien avec le processus de développement personnel. » (Réussir sa vie d’expat’, Partie 1, Chapitre 1)

L’auteure donne plusieurs outils d’analyse pour nous aider à mieux nous connaître, en appréhendant ce processus d’individuation. Elle propose d’utiliser trois typologies :

Les cinq étapes de Christophe Fauré ;

La typologie de Jung ;

Le MBTI/CCTI (Myers-Briggs Type Indicator/Cailloux-Cauvin Type Indicator).

Des intelligences multiples et diverses

L’individu évolue et se construit progressivement ; une identité se forme. Mais qu’en est-il de son intelligence ? Est-elle figée et unique ?

Non. Selon l’auteure, l’ère de l’intelligence unique, définie par le QI (quotient intellectuel) est révolue. Les travaux d’Howard Gardner sont venus amplifier et surtout décloisonner cette version réductrice de l’intelligence.

Magdalena Zilveti Chaland insiste tout particulièrement sur l’importance de l’intelligence émotionnelle qui reprend des éléments des intelligences inter et intrapersonnelles que le psychologue américain avait étudiées ailleurs.

À la rencontre d’une intelligence nomade

Le terme d’intelligence nomade est utilisé pour caractériser « la capacité à vivre en dehors de son cadre familier » de façon active, constructive et apaisée. Ce concept sera mobilisé à nouveau dans le chapitre 4.

Chapitre 2 — Pourquoi changer de pays nous déstabilise ?

Comprendre ce qu’est le nomadisme

« Le nomadisme est un mode de vie fondé sur le déplacement physique, comportemental ou intellectuel. Il peut provenir d’un besoin écologique, climatique, économique, culturel, professionnel ou spirituel. » (Réussir sa vie d’expat’, Partie 1, Chapitre 2)

Il faudrait ajouter le nomadisme digital. Celui-ci nous offre la possibilité de travailler de partout, d’explorer le monde tout en gagnant correctement (voire très bien) notre vie.

L’auteure utilise un conte bien connu pour dire que nous sommes devenus à la fois lièvres et tortues. Nous allons vite, très vite. Mais en même temps, nous emportons notre maison sur notre dos.

Dans tous les cas, il ne faut pas oublier que ce phénomène du nomadisme est pluriel. Comme le rappelle la définition proposée ci-dessous, les raisons de s’expatrier sont multiples et créent des situations très spécifiques.

Dans les pays industrialisés, « vivre à l’étranger est devenu une part majeure de la formation universitaire, professionnelle et de l’évolution de carrière ». Et nous nous expatrions de plus en plus souvent pour terminer notre existence sous le soleil.

Autrement dit, de plus en plus de personnes ont besoin de développer cette « intelligence nomade » dont nous avons parlé plus tôt.

Connaître les enjeux du culturel

Lorsqu’une personne reste dans le pays d’accueil, nous parlons de « migrant ». Pour celui-ci, la question de l’adaptation à son nouveau cadre de vie est déterminante. Comment trouver un équilibre entre ses racines culturelles et la culture nouvelle qui le reçoit ?

L’intégration culturelle n’est pas toujours chose aisée. Plusieurs sentiments peuvent émerger :

Rejet ;

Fascination ;

Sentiment de perte de ses origines ;

Envie, mais anxiété ;

Etc.

Parfois, les deux cultures sont si différentes que surgit un sentiment d’incompréhension et de désarroi. La personne a l’impression d’être dans une impasse. Ou bien elle se sent sidérée : c’est le « choc culturel ».

Dépasser le choc culturel est un processus long. Pour mieux le comprendre et le gérer, il est possible d’utiliser une modélisation en cinq étapes.

Les voici :

Pré-expatriation = préparation plus ou moins longue à la culture d’accueil ;

Lune de miel = admiration pour la culture directement après l’arrivée sur place ;

Crise = désillusions et frustrations, prise de conscience des « handicaps sociaux » ;

Récupération = assimilation des nouveaux codes sociaux, résilience et nouvelles routines ;

Adaptation = sentiment d’être de plus en plus « chez soi », meilleure maîtrise des codes culturels, l’équilibre est trouvé.

S’adapter aux changements de cadre de vie et aux périodes de transition

Qu’il y ait ou non choc culturel, il y a, dans toute expatriation, une période d’adaptation durant laquelle nous devons accueillir et gérer le changement. Cette période de modification du soi antérieur se nomme aussi « transition ».

Cette transition se déroule en trois phases :

Acceptation de la fin de la stabilité ;

Gestion des incertitudes ;

Renouveau et découverte de nouvelles habitudes.

Pour étudier votre façon d’appréhender le changement, vous pouvez utiliser le système des 4S (théorie des transitions de Schlossberg) :

Situation = que vivez-vous d’autre au moment où vous êtes en train de « transitionner » ?

Self = comment évaluez-vous votre état et vos ressources pour faire face à la transition ?

Soutien = sur qui — et quoi — pouvez-vous compter ?

Stratégies = comment pouvez-vous agir de façon raisonnable et réfléchie ?

Des identités qui deviennent mosaïques

L’origine « du sol » (où nous sommes nés) ou « du sang » (l’origine culturelle de nos parents) peut avoir plus ou moins d’importance pour nous. L’auteure raconte plusieurs cas, et notamment sa propre histoire, à ce sujet.

Comment se sentir chez soi ? Certaines personnes attendront d’avoir déballé des cartons leurs affaires personnelles. Mais peut-être que le chez-soi n’est pas un lieu passif. Après tout, « être chez soi [n’est-il pas] un état d’esprit spirituel et méditatif » ?

Le plus important, nous l’avons déjà dit, est peut-être de parvenir à se sentir chez soi en soi.

Il apparaît aussi que les personnes peuvent combiner deux ou plusieurs origines et en faire une identité multiculturelle. Certains individus se sentent profondément attachés à deux ou plusieurs cultures en même temps.

Chapitre 3 — Des défis émotionnels à relever

Gérer la question des départs et des retours

Il n’est pas toujours facile de quitter ses proches. Ni, pour eux, de nous laisser partir. Tout un travail sera nécessaire pour annoncer la décision, une fois que celle-ci aura été prise. Il faudra aussi répondre aux questions et, parfois, faire face aux préjugés et aux peurs des autres.

Plusieurs actions ont lieu dans les temps qui précèdent le départ. Une fête peut avoir lieu afin de célébrer l’aventure et formaliser les adieux.

Lors d’expatriations professionnelles, un voyage de reconnaissance est parfois organisé. Certaines entreprises font également appel à des « sociétés de relocalisation » qui aident les jeunes arrivants à s’installer dans le pays d’accueil.

Il y aura, bien entendu, le déménagement à prévoir. Puis les retours au pays, plus ou moins saisonniers. Par ailleurs, il arrive que nous partions plusieurs fois, allant de pays en pays ­ avec ou sans passer par la « case départ » du pays d’origine.

Dans ce dernier cas, le processus d’installation devient plus compliqué. L’envie d’aventure peut céder la place à celle de « poser ses valises » quelque part.

Certains auteurs parlent d’impatriation pour désigner le cas de retours définitifs dans le pays d’origine. Il peut se faire sans mal ou, au contraire, être appréhendé avec douleur ou ennui… Souvent, notre terre familière nous est devenue étrangère et nous avons besoin de nous y reconnecter.

Apprendre à gérer son stress

Dans cette section, Magdalena Zilveti Chaland aborde la question du stress. Elle étudie ses origines et ses manifestations, puis évoque plusieurs stratégies et techniques d’adaptation.

Au niveau des techniques, notons celles basées sur le « coping » (en anglais : faire avec). L’auteure évoque deux types de techniques de ce type.

Coping centré sur le problème = stratégies pour améliorer l’environnement.

Coping centré sur l’émotion = stratégies de diminution du sentiment intérieur.

Soyez attentif, si vous vous expatriez, aux signaux somatiques ou psychologiques qui vous indiquent un mal-être. Ne le laissez pas s’installer durablement. Il existe des techniques pour renforcer son estime personnelle et, finalement, sa confiance en soi.

Les souffrances de l’altérité

Le changement de pays peut se révéler être plus dur que prévu.

« Même si l’expatriation peut être un formidable tremplin pour une réalisation personnelle, elle reste néanmoins une démarche qui peut être coûteuse pour le psychisme », soutient l’auteure.

Par exemple, la nostalgie peut surgir. Nous avons alors le « mal du pays » (homsickness). Nous pouvons aussi avoir tendance à idéaliser les bons moments du passé. Vous devriez faire particulièrement attention si ce sentiment s’incruste sur une trop longue période ou devient trop intense.

Nous pouvons également nous rendre compte que les motivations annoncées lors de notre départ ne sont pas exactement celles qui, au fond, nous ont poussé à agir. Parfois, partir revient à « fuir » ou chercher à se reconstruire intérieurement ailleurs.

À certains moments, les réactions des personnes que nous laissons dans le pays que nous quittons pourront nous surprendre. Indifférence, agressivité, chagrin : vous devrez peut-être affronter l’une de ces émotions. Partir, dit l’auteur, peut s’apparenter à « une petite mort ».

Une fois sur place, l’altérité n’en a pas fini de nous jouer des tours. Nous nous sentons à part, voire exclus dans le pire des cas. Notre volonté d’adaptation sera parfois très forte, au point de développer un faux self (une identité de surface qui nous servira à nous intégrer).

Faire face aux épreuves de la vie en vivant loin

Avant d’en venir aux aspects positifs de l’expatriation, continuons à explorer les possibles difficultés. Cette analyse est importante, car elle permet de se mettre au clair avec la réalité de la vie à l’étranger.

Voici les trois situations analysées en détail par Magdalena Zilveti Chaland :

Un proche souffre d’une maladie grave ;

Un décès touche la famille « restée au pays » ;

Ou bien un décès survient dans votre propre famille d’expat’.

Elle conclut ce chapitre difficile par ces termes pleins de résilience :

« Entre détresse et souffrance, reviviscence de souvenirs, regrets et nostalgie, c’est en puisant dans sa capacité à aller de l’avant que le migrant vivant l’épreuve de la maladie et du deuil poursuit son cheminement et ce malgré peine et perte. » (Réussir sa vie d’expat’, Partie 1, Chapitre 3)

Chapitre 4 — Se réaliser à l’étranger en développant une intelligence nomade

Trouver son chez-soi en soi où que l’on soit

Pour trouver la force de l’intelligence nomade, nous avons besoin d’agir à trois niveaux :

Nos ressources internes ;

Les forces agissantes intermédiaires ;

Les facteurs d’ajustement au monde extérieur.

Ce sont ces trois niveaux qui sont développés dans les sections qui suivent.

Puiser dans ses ressources pour s’épanouir

« Les ressources internes sont des éléments uniques que chaque personne possède et qui constituent ses repères identitaires », comme les valeurs, par exemple.

Mais aussi :

Nos besoins spécifiques (l’auteure reprend ici la fameuse pyramide de Maslow) ;

Buts (ici, elle s’appuie sur l’idée d’objectifs SMART) ;

Atouts (nos talents, savoirs et savoir-faire) ;

Et notre motivation, intrinsèque (projet personnel mûri) et extrinsèque (offre d’une entreprise, par exemple).

Des facteurs qui influent sur notre potentiel

Magdalena Zvileti Chaland insiste sur la pratique de pleine conscience. Celle-ci aide à se rendre compte du potentiel qui vit en nous. Nous pouvons apprendre à gagner en confiance, à maîtriser nos émotions et à vaincre nos fausses croyances.

L’auteure ne cite pas cette théorie, mais nous pouvons ici penser aux techniques de la PNL pour travailler ces points.

Des facteurs d’ajustement au monde environnant

Quatre facteurs ou qualités vous aideront à supporter ce que vous ne pouvez pas contrôler (les événements extérieurs).

L’adaptabilité = au quotidien, être capable de se plier aux imprévus ou aux différences culturelles, sans en faire un drame.

La communication = savoir exprimer ses doutes, ses besoins, ses frustrations, pour être compris. Mais aussi savoir se lier d’amitié avec autrui pour ne pas rester seul.

L’empathie = être à l’écoute de l’autre, chercher à comprendre ses propres besoins et ses différences, en se mettant à sa place.

La résilience = prendre conscience de sa force devant les événements malheureux de la vie et tourner le négatif en positif.

Partie 2. Comprendre les petits et grands effets de l’expatriation sur le cercle familial

Chapitre 1 — Déchiffrer ce qui se passe pour la famille en expatriation

Le fonctionnement de la famille

« La famille, c’est une communauté d’individus reliés par des liens de parenté, et c’est également un premier lieu de socialisation pour les enfants. Elle se constitue à travers différentes générations jusqu’à un niveau dit “nucléaire” plus restreint, composé du couple parental et de leurs enfants. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 2, Chapitre 1)

D’un côté, les liens avec la famille au sens large (grands-parents, oncles et tantes, etc.) diminuent ou risquent de diminuer avec l’expatriation. Mais de l’autre, les liens de la famille nucléaire se renforcent généralement.

C’est l’une des conséquences de l’adversité et de l’aventure. Celle-ci unit les êtres d’une famille qui sont confrontés à des enjeux similaires et peuvent se serrer les coudes.

Pour les enfants, un noyau familial fort est source de stabilité émotionnelle et affective. L’existence de rituels ou de traditions familiales rassure et génère un sentiment fort d’être chez soi. Ici, bien sûr, la communication est aussi essentielle, pour que tout un chacun se sente accepté et compris.

L’intelligence nomade familiale

Si nous considérons de façon plus précise la famille comme un foyer d’identité, nous retrouvons quatre « ingrédients » importants.

Les valeurs familiales qui sont portées par les parents ;

Les besoins familiaux, qui proviennent des autres composantes et s’expriment de diverses manières ;

Le fonctionnement de la famille, qui suppose des règles et des rituels ;

La culture familiale qui relate l’histoire de la famille et ses relations, notamment, à la famille élargie.

Il existe une série de facteurs ou de « forces agissantes » qui influent sur le noyau familial :

Les saboteurs, qui sont les croyances limitantes au sein d’une famille ;

Le climat émotionnel, qui s’empare parfois de la famille tout entière ;

Le sens de l’engagement, à savoir la volonté de chacun de faire « fonctionner » la famille ;

La cohésion ou l’idée que la famille est plus que la somme des individus qui la composent. C’est un tout.

Comme pour l’individu (voir la partie 1, chapitre 4), la famille doit travailler avec des facteurs d’adaptation à l’environnement. Ceux-ci sont encore au nombre de quatre.

Adaptabilité ;

Solidarité ;

Congruence ;

Communication.

Ce sont des qualités qui permettent aux membres de la famille d’entretenir la vie familiale et de maintenir vivaces les forces agissantes qui donnent à chacun l’envie de faire partie de l’aventure familiale.

Les cellules familiales complexes à l’étranger

Les familles d’aujourd’hui sont parfois multiculturelles ou nomades avant même un quelconque départ. Les familles recomposées obligent les enfants à des allers-retours entre les parents, par exemple. Parfois, le métissage se mêle aux recompositions.

Dans ces cas de familles recomposées, il faut bien sûr s’assurer de l’accord du parent avant toute concrétisation des démarches d’expatriation. Il y a — notamment — des questions juridiques de garde qui doivent être résolues.

Les enjeux psychologiques peuvent également être particulièrement intenses (s’il s’agit pour un enfant de laisser l’un de ses parents au pays, par exemple). L’auteure prend soin de traiter en détail des problématiques liées aux familles séparées par l’expatriation.

Parfois, c’est l’expatriation elle-même qui génère la création d’une famille multiculturelle. Et cela peut même arriver sans que les parents soient d’origine différente. Comment ? Par l’intermédiaire d’une nounou, par exemple. Celle-ci peut apporter sa culture aux enfants et devenir une membre à part entière de la famille.

À noter également : de plus en plus de personnes s’expatrient pour des raisons médicales ou, tout simplement, pour profiter de leur retraite. Ce sont des cas spécifiques. Dans la deuxième situation, le cadre traditionnel permute.

Vecteurs et symboles traditionnels de stabilité, les grands-parents quittent « leur nid » et s’en vont à l’aventure. Cela peut certes parfois déstabiliser les enfants et petits-enfants. Mais souvent, ils sont perçus comme « donnant l’exemple ». Leur courage et leur ouverture sont alors salués par la famille.

Chapitre 2 — Interpréter ce qui se passe pour le couple en expatriation

Les répercussions de l’expatriation pour le couple

Aux États-Unis, il y a un nom pour les femmes qui suivent leur mari à l’étranger (c’est souvent dans ce sens-là) : les « trailing spouses » (conjoints suiveurs). L’auteure opte pour le terme « conjoint », plus neutre.

Les effets de cette situation peuvent être de plusieurs ordres.

Tout d’abord, le conjoint peut s’accoutumer sans problème. L’expatriation est alors une aventure vécue en commun, voire l’occasion de « repartir de zéro ». Les sentiments et le respect mutuels se renforcent au contact de l’adversité.

Parfois, les choses peuvent aller plus mal. Une discordance peut s’installer dans la vie du couple. C’est surtout le cas lorsque le conjoint se sent exclu du projet d’expatriation. Il a l’impression de subir le rythme et les décisions de l’autre. Le stress et la distance peuvent s’installer.

Frustrations, tromperies et ruptures peuvent alors apparaître. Les problèmes préexistants peuvent également remonter à la surface ou trouver un terrain d’expression plus favorable (en dehors de la pression de la famille élargie, notamment).

Les bénéfices pour le conjoint

Le conjoint a tout à gagner à adopter une attitude active. Il peut lui aussi réussir sa vie d’expat’ à condition de formuler un projet personnel qui lui tienne à cœur.

Celui-ci doit se trouver à la jonction de quatre grands axes :

Pouvoir (social et relationnel) ;

Amour (affectif et familial) ;

Être (développement personnel) ;

Avoir (avantages de l’expatriation).

L’expatriation est un moment privilégié pour se découvrir et s’accomplir. Nous pouvons acquérir de nouvelles compétences (langagières, mais pas seulement) et de nouvelles qualités individuelles (plus de curiosité, de résilience, etc.).

Les difficultés du conjoint

Si le conjoint ne parvient pas à trouver sa place et à formuler un projet personnel qui tienne la route, le risque est qu’il se dévalorise. Voici le témoignage de Céline rapporté par Magdalena Svetili Chaland :

« Mon mari découvre son travail, mes enfants découvrent leurs écoles. Et moi ? Seule, dans ma cage dorée, à la recherche de quoi faire, comment le faire et est-ce bien cela que je veux faire, j’ai tout simplement déprimé. Déprimé ? Avec la chance que j’avais ? Peu de personnes pouvaient le comprendre. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 2, Chapitre 2)

Au-delà de la dévalorisation personnelle, se sont aussi d’autres besoins qui risquent de ne pas être satisfaits. Il s’oublie parfois au profit des autres (mari, enfants) et crée le vide dans sa vie — au niveau social, notamment. Ici encore, il est important d’en prendre conscience afin d’agir de façon créative.

Finalement, l’auteure aborde la question et le statut du conjoint masculin, suivant sa femme dans un pays étranger. C’est une situation plus rare, source à la fois de dangers et d’opportunités.

Finalement :

« Pour le conjoint, qu’il soit homme ou femme, il s’agit de réussir à créer, à investir et à se reconnaître dans un nouveau rôle et dans une nouvelle société. Trouver sa place signifie toujours être à l’écoute de ses envies et de ses besoins, pour mettre en route un véritable projet de réalisation personnelle. Être conjoint d’expatrié, homme ou femme, est un challenge individuel complexe, mais qui permet de se dépasser et de vivre une expérience unique et épanouissante. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 2, chapitre 2)

Chapitre 3 — Pénétrer le monde des enfants en expatriation

Des enfants nomades

David Pollock et Ruth Van Reken ont forgé le terme d’« enfant de la troisième culture » pour désigner la spécificité de certains enfants nés dans le contexte d’expatriation. Ce sont des « mutants culturels » qui ont adopté, dès leur plus jeune âge, des caractéristiques propres à différentes cultures en même temps.

Parfois, leur intégration en France se révèle difficile, à la fois en raison des réactions négatives des autres et de leur propre peur à s’affirmer. Pour se sentir bien, ils doivent apprendre à gérer — et à valoriser correctement — leur sentiment de différence.

Les auteurs cités plus haut proposent quatre types de positionnements de l’enfant ayant vécu l’expatriation. Magdalena Svetili Chaland les reprend à son tour :

Étranger = la différence est flagrante, à la fois physique et mentale ;

Immigrant caché = la différence se trouve dans les façons de penser, leur expérience ;

Adopté = il y a une différence, mais il pense de la même façon et se sent intégré ;

Enfant miroir = les différences sont abolies et il est avec ses semblables.

L’impact de l’expatriation selon le développement des enfants

Les effets de l’expatriation se font diversement sentir selon l’âge et le niveau de développement de l’enfant.

Les tout-petits ont surtout besoin d’une famille qui les rassure. Plus adaptatifs par nature, ils trouveront généralement leur chemin dans ce nouveau monde à condition que leurs besoins soient satisfaits.

Les enfants de 7 ans environ vivent généralement une période critique d’acquisition de liens sociaux, de nouvelles connaissances et de stabilité. Un changement à ce stade peut se révéler plus anxiogène qu’à un autre.

Les adolescents vivent des turbulences internes qui s’ajouteront au stress de l’expatriation. Le travail identitaire qu’ils sont en train de mener peut se compliquer.

Pour autant, l’auteure donne plusieurs conseils pour que tout se passe bien, à tout âge :

Insister sur les bénéfices de l’expatriation ;

Impliquer les enfants dans le projet ;

Être à l’écoute de leur vécu ;

Recréer un espace familier ;

Rassurer l’enfant en lui consacrant du temps.

Les répercussions psychologiques et scolaires de l’expatriation

Il serait vain de le nier : les pertes vécues par l’enfant lors du départ peuvent être nombreuses. Il change de lieu, de proches, d’objets. Tout cela peut être source d’anxiété.

Parfois, l’enfant doit apprendre une nouvelle langue. Et il doit s’intégrer dans une nouvelle école. Ici, le réconfort et le soutien des parents sont essentiels.

Souvent, c’est aussi le moment de choix éducatifs importants du côté des parents. Opter pour une école internationale ou locale ? Tout dépend des stratégies personnelles, familiales et culturelles des parents.

Partie 3. Relever les challenges professionnels et relationnels

Chapitre 1 — Inscrire le monde professionnel dans la mobilité internationale

Ce que l’expatriation représente pour les entreprises

« Pour les entreprises, la présence d’un personnel qualifié à l’étranger permet d’établir une liaison entre la maison-mère et les filiales étrangères, favorisant les mouvements internationaux des salariés. L’objectif est d’entretenir les relations entre les différentes entités internationales de la société. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 2, Chapitre 3)

Il peut y avoir d’autres cas de figure :

Création de filiales ;

Restructuration (fermeture de filiales) ;

Compétences recherchées à l’étranger ;

Etc.

Des enquêtes citées par l’auteure montrent que les entreprises se déchargent de plus en plus des frais liés à l’expatriation. Les financements existent toujours, mais surtout dans les grands groupes.

Par ailleurs, l’entreprise doit mettre en place une forme de management interculturel. Ici, le Cercle Magellan peut s’avérer utile. Plus les cultures sont éloignées et plus le défi est grand.

Des dispositions à l’expatriation nécessaires chez l’expatrié

Les entreprises n’envoient pas (ou ne devraient pas envoyer) leurs employés à l’étranger les yeux fermés. Elles s’assurent normalement que ceux-ci soient bien disposés vis-à-vis de l’expatriation.

Des dispositions subjectives (mobiles inconditionnels et conditionnels, voir p. 202-203) et objectives (âge, situation familiale, etc.) entrent en compte.

Au niveau individuel, des facteurs de personnalité sont étudiés afin de voir si la personne est intérieurement bien préparée au nomadisme :

Psychologiquement (confiance en soi, gestion du stress) ;

Socialement (capacités d’interaction, création de réseau, maîtrise de la langue) ;

Cognitivement (capacités d’observation, de compréhension et d’analyse).

L’auteure fournit une check-list bien utile pour vous aider à évaluer vos propres dispositions à l’expatriation p. 205-206 !

La carrière internationale comme tremplin professionnel

Aujourd’hui, les évolutions de carrière se font moins linéairement et moins verticalement. Elles vont en zigzag ! D’ailleurs, pour les plus jeunes, le monde entier devient « un immense champ d’exploration professionnelle », affirme l’auteure.

Les motivations des expatriés économiques varient. Pourquoi changer de pays pour aller travailler ? C’est tout le thème des « ancres de carrière » développé par Edgar H. Schein.

En voici quelques-unes parmi celles citées dans l’ouvrage :

Technique (expertise) ;

Sécurité (stabilité) ;

Management (leadership) ;

Engagement (dévouement à une cause) ;

Etc.

Magdalena Svetili Chaland aborde aussi la question des entrepreneurs qui décident de créer ou gérer leur entreprise depuis l’étranger. Ces « expat-preneurs » ont des profils différents, mais tous ont la force de saisir les opportunités et de prendre des risques.

À noter : il existe de nombreux conjoints (ceux dont nous parlions au chapitre 2 de la partie 2) qui se lancent dans l’entrepreneuriat après l’expatriation. Et pourquoi pas l’infopreneuriat ?

Une expatriation qui impacte fortement la carrière des conjoints

« Accompagner son mari ou sa femme dans une expatriation peut signifier quitter un parcours professionnel et familial classique. Il va alors s’agir de se représenter le travail de façon différente. C’est la notion même de carrière qui est d’ailleurs à repenser. Avec adaptabilité, souplesse et créativité, de nouveaux projets peuvent être considérés. Une reconversion ou une formation peuvent être envisagées. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 3, Chapitre 1)

Se reconvertir professionnellement ? C’est possible à tout âge et en tous lieux ! Se former également, grâce au grand nombre de formations en ligne désormais disponibles sur Internet.

Aujourd’hui, les « carrières portables » sont à la mode. Les professionnels nomades peuvent travailler d’où ils veulent grâce aux outils numériques. D’autres choisissent des métiers saisonniers ou qui utilisent des compétences acquises ailleurs (enseignement des langues, par exemple).

Pour mettre en avant votre parcours de « conjoint », voici quelques conseils donnés par l’auteure :

Identifier ses expériences signifiantes ;

Les intégrer dans un CV en les liant entre elles ;

Indiquer clairement les actions concrètes accomplies ;

Anticiper la fonction recherchée ;

S’appuyer sur son réseau d’interconnaissances ;

Mettre en avant l’expatriation comme une preuve de flexibilité et de réactivité.

Chapitre 2 — Quels sont les effets d’un départ à l’étranger sur les relations sociales ?

Une époque marquée par la mondialisation

« La mondialisation désigne ce processus d’intégration planétaire à différents niveaux qui résulte de la libération des échanges, du développement des moyens de transport humains et marchands, ainsi que de déploiement de l’information et de la communication à une envergure mondiale. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 3, Chapitre 2)

Aujourd’hui, l’expatriation est souvent le fait d’une certaine élite. Cadres, ingénieurs et directeurs, mais aussi diplomates, par exemple, vont de pays en pays pour exécuter leurs fonctions. La mondialisation amplifie ce processus et en fait la « norme » souhaitable.

Des relations sociales complexes en expatriation

L’intégration dans un cadre professionnel peut aider. La prise de contact avec des réseaux et groupes d’accueil francophones également. Des amitiés entre concitoyens peuvent se nouer. Parfois, un nouveau sentiment de famille élargie en découle.

Il y a toutefois un danger, qui est celui de l’impression de vivre « en vase clos », entre « expat’ ». Cela se produit souvent lorsque les conditions économiques et sociales diffèrent grandement entre le pays d’accueil et les expatriés.

Dans certaines villes, il existe même des « compounds », à savoir des quartiers résidentiels spécifiquement réservés à l’élite nomade. Ceux-ci se justifient la plupart du temps pour des raisons de sécurité.

À l’inverse, un sentiment de promiscuité trop grand peut aussi créer des problèmes. Le partage d’une vie en communauté, avec des personnes d’une culture différente, peut être source de malaise et, finalement, de stress.

D’un autre côté, il importe de gérer ses relations avec les amis restés au pays. La distance peut être bénéfique, par certains aspects. Dans tous les cas, l’amitié perdurera à condition que quelques rituels soient mis en place et que quelques efforts soient consentis.

Qu’en est-il des nouvelles amitiés réalisées sur place ? Les sentiments peuvent être intenses. Il faut bien sûr accueillir les belles rencontres, tout en restant prudent. Parfois, l’isolement nous pousse à idéaliser les relations naissantes.

Si vous êtes célibataire ou « célibataire géographique » (lorsque la famille n’accompagne pas l’expatrié), attention à l’isolement. Il en va de même pour le conjoint d’expat’ qui ne travaille pas, nous l’avons déjà signalé.

Voici quelques conseils pour vaincre la solitude, parmi ceux donnés par Magdalena Svetili Chaland p. 231 :

Apprendre la langue ;

Pratiquer des activités sportives ou culturelles ;

Faire connaissance avec les voisins ;

Etc.

Manier les différents types de communication en expatriation

Lorsque nous changeons d’environnement culturel, les règles de communication changent. La communication non verbale (gestes, attitudes, etc.) doit être maîtrisée peu à peu. Tout comme la langue elle-même.

Le bilinguisme est un phénomène relativement ample : « aujourd’hui, la moitié de la population mondiale est considérée comme bilingue », affirme l’auteure. Bien sûr, il existe différents types de bilinguisme, qui sont fonction de la « profondeur » de l’apprentissage.

Parler deux ou plusieurs langues (multilinguisme) est globalement bénéfique pour l’individu. Selon plusieurs études, la maîtrise de plusieurs langues améliore les capacités cognitives. Par ailleurs, nous pouvons développer différents aspects de notre personnalité en fonction de la langue parlée.

Au-delà de la communication verbale et non verbale classique, nous trouvons aujourd’hui de plus en plus d’expatriés qui profitent de leur expérience de voyage pour créer des blogs. C’est un moyen d’expression fantastique qui permet de se connecter aux autres en partageant ses connaissances et ses ressentis.

Par ailleurs, la communication en ligne, via des outils de visioconférence, s’est généralisée. Ces dispositifs sont très bénéfiques, tant qu’ils ne nuisent pas à la création de connexions in situ.

Conclusion

L’expatriation est une véritable aventure, faite de dangers, mais aussi de véritables occasions de se découvrir soi-même et d’avancer dans la vie. Pour faciliter ce voyage, il est préférable de s’y préparer et de connaître — au moins en théorie — ce qui nous attend.

De l’aide, venue de l’entreprise ou de réseaux sur place peut être nécessaire. Si nécessaire, il est également possible de se faire aider par des coachs spécialisés en expatriation (comme Magdalena Zilveti Chaland).

« Loin d’une vision idéalisée et souvent stéréotypée, l’expatriation est une épreuve personnelle complexe qui touche aussi bien l’identité, les ressources internes ou les relations sociales et familiales. C’est un voyage aussi bien physique que psychique dont on ne revient pas inchangé, mais bien souvent grandi. L’expatriation est alors une formidable opportunité de renouveau personnel. Elle permet d’aller au-delà du connu, du prévu et du restreint pour se réinventer, pour s’ouvrir à de nouvelles cultures et pour se découvrir soi-même. » (Réussir sa vie d’expat », Partie 3, Chapitre 3)

Conclusion sur « Réussir sa vie d’expat’ » de Magdalena Zilveti Chaland :

Ce qu’il faut retenir de « Réussir sa vie d’expat’ » de Magdalena Zilveti Chaland :

Ce livre est une mine d’informations à la fois théoriques et pratiques. Il passe en revue tous les aspects importants de l’expatriation et vous propose des exercices en fin de chapitre.

L’auteure cherche non seulement à comprendre les ressorts psychologiques et sociaux de l’expatriation, mais aussi à fournir un guide pour celles et ceux qui souhaitent sauter le pas.

Pour le dire avec Serge Tisseron, préfacier de l’ouvrage :

« Magdalena Zilveti Chaland n’invite pas seulement l’expatrié à changer de regard sur sa situation pour se découvrir différent et capable de choses nouvelles. Son originalité est de montrer que c’est dans la compréhension de l’ensemble des bouleversements associés à cette situation que réside son bénéfice premier, et que peuvent en résulter tous les bénéfices ultérieurs. » (Réussir sa vie d’expat », Préface de Serge Tisseron)

En d’autres termes, c’est « dans le feu de l’action » que vous découvrirez les avantages de l’expatriation. Car ceux-ci ne vont pas sans les difficultés ! Vous traverserez des tempêtes, mais c’est ainsi que vous apprendrez et grandirez !

Points forts :

Une présentation claire ;

Des témoignages tout au long de l’ouvrage ;

Une section « On fait le point » à la fin de chaque chapitre ;

Des propositions d’actions concrètes à mener à toutes les étapes de l’expatriation.

Point faible :

L’expatriation volontaire en solitaire n’est pas beaucoup abordée. Mais dans l’ensemble, les expat’ solo pourront aussi se retrouver dans les conseils donnés.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 07 Mar 2024 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12787/Russir-sa-vie-dexpat
La montagne, c’est toi http://www.olivier-roland.fr/items/view/12783/La-montagne-cest-toi

Résumé de « La montagne, c’est toi » de Brianna Wiest : un livre pour « se libérer de l’autosabotage » en 7 leçons claires et efficaces — à mettre entre les mains de toutes les personnes souffrant du syndrome de l’imposteur ou de ses dérivés (perfectionnisme, etc.).

Brianna Wiest, 2023, 213 pages.

Titre original : « The Mountain is You » (2020)

Chronique et résumé de « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest 

Chapitre 1 — La montagne est en vous

L'autosabotage est un mécanisme de défense

Le plus souvent, l'autosabotage est un mécanisme d'adaptation inconscient qui inhibe notre potentiel. Carl Jung, le célèbre psychanalyste et élève dissident de Freud, le dit très bien. En fait, sa propre expérience nous montre que l'autosabotage est un phénomène psychologique qui est lié à :

Des besoins émotionnels non résolus ;

Des peurs irrationnelles ;

et des associations négatives.

L'autosabotage n'est pas nécessairement un échec de notre volonté. En fait, il faut chercher plus profondément, c'est-à-dire dans nos conditionnements inconscients. Nous pouvons avoir une mauvaise estime de nous-mêmes pour une raison ou une autre. Ou bien nous pouvons avoir été socialisés dans la peur de l'étranger…

Sortir du déni

Ces limitations nous font malheureusement beaucoup de tort. Nos chances de succès et d'être heureux s'amenuisent. Pour mettre un terme à ce cercle vicieux, nous devons identifier les besoins et les peurs sous-jacentes qui nous ont marqués. Puis, nous devons faire face à ces croyances limitantes et ces associations inconscientes afin de les combattre.

En faisant cela, nous devenons capables de mieux aligner nos désirs et nos objectifs à nos actions concrètes.

Nous le remarquons donc dès à présent : l'autosabotage est intrinsèquement lié à nos systèmes de croyances. Nous avons tous des principes, des valeurs et des croyances qui donnent forme à la façon dont nous voyons le monde, les autres et — bien sûr — nous-mêmes.

Quels sont, dans ce cas, les premiers pas pour vaincre l'autosabotage ? Brianna Wiest en évoque deux pour commencer :

Cultiver la conscience de soi ;

Se rendre responsable à l'égard de notre situation actuelle.

Bien sûr, plusieurs autres conseils sont donnés dans le livre, ainsi que plusieurs recommandations précises et pratiques (voir les chapitres suivants). Mais pour l'immédiat, suivons la recommandation concrète suivante : écrivons !

Se préparer au changement radical

Eh oui, l'écriture aide à mettre les problèmes à distance et, donc, à cultiver la conscience de soi et la responsabilité. Lorsque nous écrivons ce qui ne va pas, nous reconnaissons le problème et nous le rendons tangible, manipulable. Cette "preuve écrite" servira ensuite de feuille de route pour l'action.

L'échec, nous le savons, est un catalyseur de changement. C'est lorsque les personnes atteignent leur niveau le plus bas qu'ils acceptent finalement de reconnaître l'origine interne de leurs soucis et qu'elles sont prêtes à évoluer.

En prenant conscience que la cause du problème est intérieure — autrement dit, que la montagne est en nous —, nous devenons capables de rejeter les justifications a posteriori ("J'agis mal parce que ceci ou cela d'extérieur à moi m'en empêche") et de nous concentrer sur nos propres forces de changement.

Toutefois, changer de croyances et de vie a un coût que nous devons impérativement accepter de payer. Quel est-il ? Cela dépend du problème ! En tout cas, ce qui est perdu (le plus souvent, une forme de sécurité) est compensé par les gains de cette nouvelle vie plus centrée et ancrée.

Avant d'aller plus loin, retenez ceci :

"La plus belle preuve d'amour que vous puissiez vous offrir est de refuser une vie qui vous rend malheureux. Le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire est d'enfin mettre des mots sur ce qui ne va pas." (La montagne, c'est vous, Chapitre 1)

Chapitre 2 — L'autosabotage existe-t-il vraiment ?

Brianna Wiest ne pense pas que l'autosabotage soit un acte volontaire. Nous ne faisons pas mal délibérément. Ces comportements destructifs sont plutôt le fruit de notre subconscient, comme nous l'avons vu plus haut.

L'autosabotage n'est pas non plus un indice de manque de volonté ou d'incapacité intellectuelle. En fait, il est la manifestation de notre complexité intérieure, de nos conflits émotionnels, qui restent le plus souvent cachés et ignorés.

Types d'autosabotage et comment y remédier

L'auteure passe en revue un grand nombre de types d'autosabotage :

La résistance, par exemple, est un état où nous échouons à nous engager dans de nouvelles opportunités ou relations, particulièrement lorsque la vie semble aller bien ou mieux. Cette forme d'autosabotage indique la peur de l'échec ou de la honte.

La limite supérieure est l'acte de s'imposer à soi-même une limite à ne pas dépasser, une forme de plafond de verre professionnel ou personnel. Au-delà, nous nous refusons le bonheur ou le succès. Et nous enclenchons une série de comportements autodestructeurs pour nous maintenir dans ces limites imaginaires.

La bougeotte est le fait de chercher sans cesse de nouveaux commencements, comme changer de travail sans arrêt ou entrer dans de nombreuses relations amoureuses. Pourquoi ? Pour éviter d'avoir à affronter certains problèmes sous-jacents.

Le perfectionnisme peut nous inhiber au point de nous faire échouer… par peur de l'échec. "Être perfectionniste ne se résume pas à vouloir bien faire : c'est se fixer des attentes irréalistes concernant ce que l'on est capables de faire ou de vivre", rappelle Brianna Wiest.

La mauvaise gestion des émotions nous empêche d'accéder à notre plein potentiel et à "devenir prisonnier" des sentiments négatifs. Nous devons être capables de gérer le chagrin ou la colère pour être pleinement présents à nous-mêmes.

Etc.

Brianna Wiest propose d'autres descriptions de phénomènes d'autosabotage et, pour chaque section, suggère des moyens de remédier au problème. Voici, par exemple, ce qu'elle préconise pour l'autosabotage nommé "manque d'organisation" :

"Comme pour tout, vous devrez procéder pas à pas pour désencombrer et réorganiser votre environnement. Commencez par vous concentrer sur une pièce uniquement ou, si c'est trop, sur un coin de cette pièce, un placard ou un tiroir. Ne dispersez pas vos efforts, consacrez-vous à cette zone et créez-vous une routine pour la maintenir en ordre. (...) Donnez-vous le temps de vous habituer à travailler à un bureau bien rangé et cela finira par devenir naturel. Vous serez peu à peu moins stressé et aurez le sentiment de mieux maîtriser votre vie. Il est extrêmement difficile d'incarner la personne qu'on rêve de devenir dans un environnement qui ne nous ressemble pas." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)

Comment savoir si vous vous autosabotez ?

Brianna Wiest dresse une nouvelle liste, plus facile à prendre en main, afin de vous aider à repérer des comportements problématiques (p. 56-59). Faites attention si vous… :

"Avez plus conscience de ce que vous ne voulez pas que de ce que vous voulez ;

Passez plus de temps à impressionner ceux qui ne vous apprécient pas qu'à chérir ceux qui vous aiment ;

Faites l'autruche ;

Vous souciez plus de paraître heureux que de l'être réellement ;

Recherchez l'approbation des autres avant votre bonheur ;

Refusez d'affronter vos émotions par peur de ce que vous allez découvrir ;

Courez après des objectifs sans vous demander si vous y tenez vraiment ;

Voyez vos mécanismes de défense comme la cause et non la conséquence de votre mal-être ;

Faites passer vos doutes avant votre potentiel ;

Voulez tout faire ;

Attendez qu'on vous ouvre la voie, qu'on vous tende la main ou qu'on vous offre sur un plateau la vie dont vous rêvez ;

Ne voyez pas tout ce que vous avez réussi à accomplir." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)

Identifiez vos engagements inconscients

Les comportements d'autosabotage, nous l'avons vu, sont causés par des conflits inconscients qui nous font agir malgré nous. Ces "engagements profonds" révèlent des besoins, des croyances et des valeurs qui nous animent sans que nous en ayons conscience. Par exemple, lorsque nous voulons tout contrôler, c'est peut-être parce que nous avons profondément peur de faire confiance, etc.

Tant que ces besoins ne sont pas résolus, ils créeront des effets d'autosabotage. Faire face à ce qui est caché n'est pas, la plupart du temps, très confortable. Pourtant, c'est indéniablement comme cela que nous pouvons progresser, selon Brianna Wiest.

Autrement dit, vous devez prendre le temps de distinguer, avec honnêteté, quelles sont les formes d'autosabotage qui vous concernent. Celles-ci sont des symptômes. Ce travail préliminaire vous permettra ensuite de retrouver les besoins sous-jacents — qui sont, eux, la véritable cause du problème.

Dissociez vos actions de vos émotions

La résistance au changement est quelque chose de connu et de normal, jusqu'à un certain point. Pour lever les freins vers votre progrès, vous devrez distinguer les émotions des actions. Les émotions peuvent être valides et légitimes, mais les actions qui en découlent, non.

L'objectif n'est pas seulement de comprendre ce qu'est l'autosabotage, mais d'en analyser les causes et de parvenir à vivre une vie plus entière et satisfaisante.

"Il est crucial d'apprendre à agir avant d'en avoir envie. Passer à l'acte crée un élan et suscite la motivation. Cette dernière ne viendra pas d'elle-même, vous devez la provoquer. Vous devez vous inspirer vous-même, vous mettre en mouvement. Vous devez vous lancer, tout simplement, et laisser votre vie et votre énergie se réaiguiller vers les comportements qui vous porteront vers l'avant, pas vers ceux qui vous retiennent en arrière." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)

Chapitre 3 — Vos émotions sont la clef de votre liberté

Les émotions sont comme des déclencheurs de l'action. Elles sont précieuses pour reconnaître ce qui vous anime. Elles révèlent des douleurs irrésolues, mais aussi vos besoins profonds et ce que vous désirez véritablement. En conséquence, elles peuvent être utilisées pour réaligner votre vie avec celui ou celle que vous êtes vraiment.

Comment interpréter vos émotions négatives ?

Les émotions négatives comme la colère, la tristesse et la culpabilité vous donnent des indices sur ce qui mérite un travail de votre part. Ce sont des messages que vous devez apprendre à interpréter pour améliorer votre existence.

Par exemple :

La colère nous montre des limites ou des injustices que nous chercherons à réparer.

La tristesse, quant à elle, constitue le plus souvent une réponse naturelle à la perte. Dans ce cas, elle vous indique qu'un travail de deuil sain est nécessaire.

Le sentiment de culpabilité nous renvoie à l'impression d'être un fardeau ; pour se débarrasser de cette émotion, un exercice de remémoration est souvent indispensable.

La honte est le sentiment qui intervient lorsqu'on a "conscience d'avoir agi à l'encontre de ses valeurs".

Etc.

Les murmures et les cris de votre voix intérieure

Nous avons tous ce petit dialogue intérieur qui nous avertit des dangers que nous courrons et qui nous met en alerte. Apprenons à écouter ce que nous dit cette "voix intérieure". "Si vous n'agissez pas, ses alertes se feront de plus en plus fortes, et si vous n'apprenez pas à l'écouter, elle finira par tout contrôler", prévient l'auteure.

Nous l'avons dit plus haut : les besoins et les émotions sont légitimes. Par exemple, il est légitime de vouloir être désiré ou de vouloir se sentir en sécurité. Ces besoins sont en vous et ne doivent pas être masqués. Ce ne sont pas des faiblesses à cacher. Au contraire, vous devez les accepter et trouver le moyen de les combler de façon saine et satisfaisante.

Comment suivre son instinct sans redouter l'avenir

L'instinct joue un rôle important pour nous guider. À la différence des réactions émotionnelles ou des projections liées à nos anxiétés passées ou futures, l'instinct est immédiat et tombe — souvent — juste. Il est focalisé sur l'ici et le maintenant. Nous pouvons donc nous fier à cette intuition pour prendre de bonnes décisions.

En fait, notre instinct ou intuition vient de l'intestin (ce que les anglais nomment gut feelings). Cet organe plié et complexe est souvent considéré comme notre "deuxième cerveau". Il nous renseigne sur nos états intérieurs et nos insatisfactions. Bien sûr, il ne doit pas remplacer complètement le raisonnement venu du cerveau lui-même. Mais il ne doit certainement pas être ignoré !

Il importe également d'apprendre à distinguer entre les émotions (notamment la peur) et l'intuition. Ainsi qu'entre l'instinct et les pensées parasites. L'intuition nous donne un sentiment de calme et de rationalité ; nous savons comment nous comporter sans nécessairement savoir directement pourquoi. Les émotions négatives et les pensées parasites nous laissent quant à elles plutôt dans un état de stress et d'incertitude.

Comment réellement combler ses besoins ?

Le concept de self-care (soin de soi) est remis en valeur et est aujourd'hui à la mode. Brianna Wiest suggère qu'il faut aller au-delà de cette tendance et retrouver la signification profonde de ce terme.

Selon elle, nous devrions nous focaliser en premier lieu sur les besoins physiologiques essentiels tels que le sommeil, la nourriture et le bien-être émotionnel. En fait, en cherchant à y subvenir de façon attentive, nous pouvons déjà supprimer bon nombre de comportements d'autosabotage.

"Nous avons tous besoin, pour bien vivre, de nous sentir en sécurité, de nous nourrir, de dormir, d'évoluer dans un environnement sain, de pouvoir nous vêtir et de nous autoriser à vivre nos émotions sans les juger ni les refouler. (...) Comprendre vos besoins, satisfaire ceux que vous avez les moyens de combler et vous ouvrir au monde pour que vos proches, à leur tour, vous aident à combler les autres — voilà comment briser la spirale de l'autosabotage pour vous bâtir une vie plus saine, équilibrée et épanouissante." (La montagne, c'est toi, Chapitre 3)

Chapitre 4 — Développer son intelligence émotionnelle

L'autosabotage est intimement lié au manque d'intelligence émotionnelle. Cette compétence est cruciale pour comprendre, interpréter et répondre aux émotions des autres et de nous-mêmes.

Votre cerveau est programmé pour résister à ce que vous désirez vraiment

Les neurosciences nous ont appris le rôle de la dopamine dans le cerveau. Celle-ci a un rôle à jouer dans nos tendances autodestructrices. Comment ? En nous poussant à "vouloir toujours plus".

D'un côté, c'est positif, puisque cette substance nous aide à conserver de l'ambition. Nous ressentons du plaisir lorsque nous accomplissons de nouveaux objectifs. Mais de l'autre, la dopamine peut nous jouer des tours en nous empêchant d'être content des victoires déjà remportées. Cela peut conduire à l'épuisement émotionnel et à l'autosabotage.

Les associations inconscientes contribuent au problème. Nous nous fermons des porte sans le savoir ! Par exemple, un échec dans un domaine — en amour, par exemple —, peut engendrer une réponse émotionnelle disproportionnée. Celle-ci va s'étendre au-delà de son milieu d'origine et nous faire perdre le contrôle à d'autres niveaux (au travail, notamment).

Votre corps n'aspire qu'à l'homéostasie

Nos biais cognitifs nous jouent également des tours : le biais de confirmation, notamment, qui nous incite à ne voir et à n'apprendre que ce que nous savons déjà. Nous recherchons avant tout notre zone de confort et nous rechignons à nous analyser en profondeur.

En fait, plus largement, c'est tout notre corps qui vise à demeurer dans un état d'équilibre, aussi bien au niveau de la température corporelle que du poids, ou encore de la régularité des battements du cœur, etc. C'est ce que les scientifiques nomment l'homéostasie ou l'"impulsion homéostatique".

"L'enseignement à retenir ici est que tout processus de changement ou de guérison nécessite une période d'adaptation, le temps que notre corps se fasse à la nouvelle norme que nous lui imposons", prévient Brianna Wiest.

Changement et choc d'ajustement

Il faut aussi prendre en compte ce que l'auteure appelle le "choc d'ajustement". Lorsque nous changeons, notre corps et notre esprit prennent un certain temps à s'adapter à la nouvelle configuration. Or, il se peut que, dans les premiers temps, nous n'en soyons pas satisfaits — même si ce changement est largement positif !

Pour que le changement devienne acquis, il faut qu'il devienne familier. Tant qu'il ne l'est pas, des phénomènes d'anxiété, de peur ou de vigilance extrême peuvent survenir face aux changements en cours.

Brianna Wiest promeut une approche "antifragile" de l'esprit et du changement (p. 105-107). Pour elle, l'adversité et le risque font complètement partie de l'aventure et doivent être assumés positivement.

Par ailleurs, elle place la notion de principe au centre de ses réflexions. L'enthousiasme ne suffit pas. Changer, c'est se mettre en conformité avec ses valeurs et ses principes profonds. Ces modifications ne se font pas en un jour. Nous l'avons déjà vu, c'est par une politique des petits pas que nous arriverons à de grandes transformations (ce que l'auteure nomme des "microrévolutions").

"Ce que nous désirons le plus ardemment est souvent ce à quoi nous résistons le plus fortement", assure-t-elle. Dans ces conditions, pas facile d'obtenir ce que nous voulons vraiment ! Mais pas impossible pour autant…

Vous n'êtes pas devin…

Pour y parvenir, il faut allier la résilience et l'expérimentation à la raison. En d'autres termes, il faut aussi arrêter de penser que nous pouvons tout prévoir — aussi bien les émotions d'autrui que les événements futurs. Ces "pensées divinatrices" produisent en nous des émotions fausses qui nous font mal agir (ou risquent de le faire).

En fait, ces pensées sont souvent des biais cognitifs (comme le biais de confirmation) et l'action juste consiste à s'en défaire par le recours à la logique et à la rationalité.

L'inquiétude est le moins stable des systèmes de défense

Quand bien même la préoccupation et la rumination auraient un lien avec la créativité, elles ne sont pas de bonnes conseillères pour le changement, ni même de bons systèmes de défense, soutient Brianna Wiest. Pourquoi ? Simplement car "s'accrocher aux expériences passées" nous maintient dans la spirale infernale de l'autosabotage.

Bien sûr, il est plus facile de dire "arrête de t'inquiéter" que de le faire véritablement ! Il faut donc mettre en place des stratégies alternatives. Les techniques du self-care et du raisonnement logique font partie de votre boîte à outils pour neutraliser l'anxiété et passer à autre chose.

Chapitre 5 — Se libérer du passé

"La vie est une perpétuelle réinvention de soi." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)

Le concept de "laisser aller" ou "lâcher prise" est souvent réduit à une simple décision. Mais en réalité, il n'est pas facile de changer d'anciennes habitudes et de s'élancer vers le nouveau. Lâcher prise (vis-à-vis de nos douleurs et de nos traumatismes passés, notamment) demande du temps : c'est un processus complexe, nuancé et personnel.

Tourner la page

Brianna Wiest propose un exercice à ceux qui veulent se libérer des fantômes de leur passé : se rappeler de vieux souvenirs et entrer en conversation avec son soi d'autrefois. De cette façon, nous pouvons "injecter" notre sagesse présente à notre plus jeune Moi et réorienter notre énergie vers le présent et l'avenir.

Il existe des pressions sociales pour tourner la page rapidement. Nous sommes parfois contraints de nous adapter très vite, ce qui laisse peu de place à l'analyse et à l'intelligence émotionnelle. Pourtant, comme nous l'avons dit plus haut, le temps compte. In fine, l'objectif est d'intégrer progressivement les expériences du passé dans notre identité présente, afin de créer un continuum cohérent et qui laisse la place à la nouveauté.

Se défaire des attentes irréalistes

"Si vous n'êtes capable de trouver le bonheur et la paix qu'après avoir gommé tous les défauts et écarté tous les problèmes de votre existence afin de vivre dans une illusion policée, c'est que vous n'avez pas réellement résolu vos difficultés." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)

Le vrai problème, ce n'est pas les conditions extérieures ou les marques conventionnelles du succès. Ce à quoi vous devez faire face, ce sont à vos conflits intérieurs.

Le développement personnel — tel que le conçoit Brianna Wiest — ne préconise pas que vous deveniez une version idéalisée de vous-même ou de l'individu en général. Il vous invite plutôt à embrasser qui vous êtes vraiment. La guérison commence lorsque nous acceptons l'imperfection.

Se remettre d'un traumatisme émotionnel

Les traumatismes sont des événements au cours desquels nous perdons notre sentiment de sécurité. Leurs répercussions sont psychologiques et physiques. Au plan psychique, nous demeurons dans un état de vigilance accrue, en "mode combat".

Par ailleurs, les régions de l'amygdale, de l'hippocampe et du cortex préfrontal, qui gèrent notamment le stress et la mémoire, sont mises à rude épreuve après un traumatisme. Nous n'arrivons plus (ou plus totalement) à :

Traiter les souvenirs de façon complète ;

Nous sentir en sécurité ;

Gérer nos émotions ;

Planifier et envisager notre avenir.

Pour nous en sortir, nous devons apprendre à nous libérer des émotions refoulées. Celles-ci ne sont pas facultatives ! Elles assurent notre bien-être et nous devons apprendre à les maîtriser autrement qu'en surcompensant ou en nous enivrant (pour ne prendre que deux exemples d'habitudes malsaines).

En fait, les émotions sont physiologiques et — si nous prêtons attention au langage — nous nous rendons compte qu'elles sont intimement liées au corps. Nous disons que nous "en avons plein le dos", quand nous sommes angoissés. Ou encore que nous avons "la peur au ventre", etc.

Ici, la méditation et la respiration peuvent aider en profondeur. Méditer, c'est d'abord apprendre à ressentir. La respiration aide à sentir où se situent les zones de tension. Pensez aussi à vous mouvoir dans l'espace et à laisser votre corps s'exprimer par des manifestations spontanées, telles que des tremblements, des pleurs, etc.

Guérir son esprit

Nous l'avons vu, l'intelligence émotionnelle est un prérequis essentiel pour retrouver la sérénité et se préparer au changement. Cela passe par un certain lâcher-prise : lâcher prise face à toutes ces peurs et émotions négatives qui ne nous servent pas.

"Guérir, c'est refuser de voir le changement comme un désagrément pour ne plus subir, une seconde de plus, la médiocrité. On ne peut pas échapper à l'inconfort du changement, il nous mettra toujours mal à l'aise. Mais on peut choisir de vivre cet inconfort en dépassant les limites que l'on s'est imposées, en brisant les codes et en devenant la personne que l'on rêve d'être, au lieu d'endurer en restant sur place à ruminer des peurs inventées pour justifier notre inaction." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)

Chapitre 6 — Se bâtir un nouvel avenir

Adopter une perspective tournée vers le présent et l'avenir est essentiel pour devenir la meilleure version de vous-même et adopter des principes qui vous mèneront là où vous avez toujours voulu être.

À la rencontre de la personne que vous pourriez devenir

Pour ce faire, nous avons vu qu'il importe au plus haut point de se libérer des fantômes du passé. Mais pas seulement ! Vous devez littéralement créer votre nouvel horizon. L'un des exercices les plus connus pour cela est la visualisation (pratiquée notamment par les spécialistes de la programmation neurolinguistique).

Brianna Wiest retravaille ce concept en proposant au lecteur de converser non plus avec son Moi plus jeune, mais avec son "meilleur Moi possible".

Lorsque vous pratiquerez cet exercice, vous devrez vous focaliser sur les nuances de votre apparence et de votre comportement. Comment serez-vous ? Comment agirez-vous ? Quelles seront les différences, par rapport à celui que vous êtes aujourd'hui ?

En visualisant ces détails, vous obtiendrez des indices sur les étapes à suivre pour devenir celui ou celle que vous voulez être.

Mais l'auteure va plus loin et vous propose un cheminement en 4 étapes :

Vaincre la peur ;

Observer son futur moi ;

Lui demander conseil ;

Imaginer recevoir les "clefs" de sa nouvelle vie.

Devenir la version la plus puissante de soi

Plutôt que de vous laisser aller à de vagues idées sur vous-même et le monde, prenez les choses en main et explorez votre futur Moi de façon raisonnée. Pour devenir la version la plus puissante de vous-même, fondez toutes vos décisions et actions dans le moment présent, avec conscience et responsabilité.

Voici quelques conseils supplémentaires explorés par Brianna Wiest dans La montagne, c'est toi (p. 16'-168) :

Demandez-vous ce que ferait votre "meilleur Moi possible" ;

Prenez conscience de vos faiblesses ;

Tenez-vous prêt à ne pas être aimé ;

Agissez délibérément ;

Travaillez sur vous-même.

Pour l'auteure, vous devez agir comme une petite entreprise en laissant l'image de votre meilleur Moi possible guider vos actions :

"Faites de cette version de vous le PDG de votre vie. Désormais, c'est elle qui prendra les décisions et gérera tout. Elle sera rédactrice en chef, la mère supérieure, le chef de famille… Bref, mettez-vous à ses ordres." (La montagne, c'est toi, Chapitre 6)

Apprendre à valider ses émotions

L'intelligence émotionnelle, associée à une pratique de la validation équilibrée, est d'un grand secours pour évoluer positivement.

La validation peut être néfaste lorsqu'elle devient la recherche compulsive du regard d'autrui. En revanche, elle est diablement utile et bienvenue quand nous devenons capables de valider nos propres émotions.

D'ailleurs, nous nous en rendons davantage compte quand nous le pratiquons avec autrui. Avez-vous remarqué le bien que procure un simple mouvement d'empathie ? Lorsque, par exemple, vous dites à une personne triste : "Je comprends ta tristesse, cela ne doit pas être facile". Ou lorsque vous recevez une remarque de ce genre, plutôt qu'un conseil…

La validation fait du bien. Mais comme nous venons de le dire, elle ne doit pas devenir compulsive. C'est pourquoi nous devons apprendre à valider nous-mêmes nos émotions. Comment ? En reconnaissant votre émotion et en vous disant que vous avez le droit d'être en colère, ou stressé, etc.

Suivre ses principes

Brianna Wiest oppose le fait de suivre des principes avec celui de se laisser uniquement guider par son inspiration. Les principes sont peut-être ennuyeux, mais ils nous mènent à bon port. L'inspiration, quant à elle, n'est basée que sur l'imaginaire : elle virevolte mais ne nous mène — concrètement — nulle part.

Les principes sont des relations de cause à effet. Ils peuvent être des normes sociales, des lois naturelles, ou encore des guides éthiques. En bref, ils apportent un cadre solide à l'action. En basant vos décisions et vos actions sur des principes, vous avez toutes les chances de parvenir à des résultats plus tangibles.

L'auteure aborde également la question de la raison d'être. Quelle est votre raison d'être ? En réalité, celle-ci change au cours du temps. Mais la plupart du temps, nous associons raison d'être et travail. Dans ce cas, autant passer le plus de temps à faire ce que vous aimez vraiment !

"Votre raison d'être se trouve là où se recoupent vos compétences, vos centres d'intérêt et les besoins du monde." (La montagne, c'est toi, Chapitre 6)

Que faire de votre vie ?

Voici plusieurs questions à vous poser pour vous aider à trouver votre raison d'être (p. 181-183) :

Pour qui et pour quoi êtes-vous prêt à souffrir ?

Fermez les yeux et imaginez la meilleure version de vous-même. À quoi ressemble-t-elle ?

Si les réseaux sociaux n'existaient pas, que feriez-vous sincèrement ?

Qu'est-ce qui vous vient le plus naturellement ?

Quelle serait votre routine idéale ?

Qu'aimeriez-vous laisser derrière vous ?

Chapitre 7 — De l’autosabotage à la maîtrise de soi

Passer de l'autosabotage à la maîtrise de soi n'est pas exceptionnel ou particulièrement compliqué. En fait, cela sera la conséquence naturelle d'un seul premier pas dans la bonne direction.

Contrôler ses émotions au lieu de les réprimer

Brianna Wiest s'inspire des enseignements du bouddhisme et de la pratique de la méditation. Mais aussi de la psychothérapie. Selon ces pratiques spirituelles, il importe de libérer ses émotions en "lâchant prise" ou en s'autorisant à s'exprimer.

Souvent, nous réprimons nos émotions de façon inconsciente. Mais nous pouvons reprendre le contrôle de façon consciente. Pour ce faire, prenez acte de l'émotion ressentie, puis décidez clairement de la réponse à apporter. Agissez donc en deux temps, sans vous jeter sur la première réaction qui vous vient spontanément.

Réapprendre à se faire confiance

En agissant de la sorte, il est possible de trouver la paix intérieure et de se faire à nouveau confiance.

Quelle que soit la situation, considérez-là calmement, en gardant à l'esprit que, au fond de vous-même, tout va bien. D'ailleurs, c'est un enseignement que vous pouvez aussi retrouver chez les penseurs stoïciens comme Marc Aurèle.

Trouver sa propre paix

La paix intérieure est une aspiration qui dépasse celle du bonheur éphémère. Pour l'atteindre, il faut se reconnecter avec l'enfant qui demeure toujours en nous — la part de vulnérabilité et de pureté qui nous habite toute notre vie.

C'est, au fond, tout ce que nous possédons, car c'est la seule chose que nous pouvons contrôler. Pour y parvenir, il importe — encore une fois — de ne pas confondre les émotions et les actes. Il faut briser le cercle de l'anxiété qui se nourrit d'elle-même.

Brianna Wiest donne quelques conseils supplémentaires pour nous aider à atteindre la force mentale. Selon elle, il ne s'agit pas d'une qualité stable, obtenue pour toujours. Nous avons à entretenir notre paix intérieure de façon quotidienne. Notamment en :

Restant humble (le monde ne tourne pas autour de nous) ;

Reconnaissant les limites de nos connaissances ;

Demandant de l'aide, lorsque nous en avons besoin ;

Faisant des plans pour guider nos actions ;

Assumant la responsabilité de nos actes et de nos décisions ;

Gérant les émotions complexes.

Se rendre maître de soi

La maîtrise de soi est la prise de responsabilité ou de contrôle sur sa vie — y compris en acceptant les choses que nous ne pouvons, justement, pas maîtriser. Les défis sont des montagnes qui vous élèvent.

Au final, il ne s'agit pas d'un parcours solitaire, mais d'une pratique qui contribue au bien-être collectif. En gravissant vos propres montagnes, vous affirmez non seulement vos capacités, mais contribuez à rendre le monde meilleur.

"Soyez la personne que vous aspirez à devenir. Créez-la. Travaillez sur vous, et votre évolution se répercutera sur les autres. Si nous voulons changer le monde, nous devons d'abord changer nous-mêmes. (...) Si nous voulons escalader les montagnes s'élevant sur notre route, nous devons aborder le chemin d'une nouvelle façon. Une fois arrivé au plus haut sommet de votre vie (quel qu'il soit), vous vous rendrez compte que chaque pas en valait la chandelle." (La montagne, c'est toi, Chapitre 7)

Conclusion sur « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest :

Ce qu’il faut retenir de « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest :

Brianna Wiest est une créatrice de contenus très active sur les réseaux sociaux — en particulier, sur Instagram, Facebook et Pinterest. Elle s'intéresse tout particulièrement à la santé mentale et au développement personnel.

En plus de La montagne, c'est toi, elle a écrit plusieurs ouvrages, dont :

100 Essays that Change the Way You Think ;

The Pivot Year.

Dans La montagne, c'est toi, elle s'intéresse tout particulièrement au phénomène de l'autosabotage. Ses sources d'inspiration pour résoudre sa problématique sont multiples : auteurs de self-help, psychothérapie contemporaine et bouddhisme.

Que retenir de l'ouvrage ? Peut-être cette citation qui se trouve mise en exergue de l'introduction :

"Votre montagne se dresse entre vous et la vie à laquelle vous aspirez. Il n'y a qu'en la gravissant que vous pourrez vous épanouir. Si vous êtes aujourd'hui à son pied, c'est qu'un événement a révélé en vous une blessure enfouie. Cette blessure vous montrera la voie à suivre, et cette voie vous guidera vers votre destin." (La montagne, c'est toi, Introduction)

Points forts :

Un petit livre clair et bien structuré ;

Des exemples dans les domaines personnel et professionnel ;

Une bibliographie à la fin de l'ouvrage ;

Des conseils pour avancer.

Point faible :

Un peu trop de répétitions.

Ma note :

★★★★☆

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Le Cygne Noir http://www.olivier-roland.fr/items/view/12767/Le-Cygne-Noir

Résumé de « Le Cygne Noir : la puissance de l'imprévisible » de Nassim Nicholas Taleb : l’essai qui a fait la renommée de l’auteur, ancien trader d’options qui cherche à construire une théorie du hasard et de l’incertitude pour nous rendre plus forts et améliorer nos vies quotidiennes.

Par Nassim Nicholas Taleb, 2008.

Titre original : « The Black Swan: The Impact of the Highly Improbable », 2007.

Chronique et résumé de « Le Cygne Noir » de Nassim Nicholas Taleb

Incepto, l’œuvre en 5 volumes de Nassim N. Taleb

Nassim Nicholas Taleb (1960-) est un ancien trader d'options et un statisticien de renom. C’est à partir de son expérience dans la finance qu’il a commencé à écrire.

Le Cygne Noir est le deuxième livre de sa série Incerto, qui se compose par ailleurs de :

Le hasard sauvage (Fooled by Randomness) ;

Le cygne Noir (The Black Swan) ;

Le lit de Procuste (The Bed of Procrustes) ;

Antifragile (Antifragile) ;

Jouer sa peau (Skin in the Game), le cinquième et dernier ouvrage de la série.

Tout au long de cette série de livres, Nassim Nicholas Taleb aborde les thématiques du risque et de l’incertitude. Il s’intéresse au hasard et à ce qui provoque les événements inattendus tant aux niveaux économique, politique ou social.

Le Cygne Noir est son livre (et son concept) le plus connu. C’est un concept qui désigne les événements, rares et inattendus, ayant un impact positif sur le monde — y compris les marchés financiers.

L'ouvrage a été un best-seller du New York Times lors de sa sortie.

Prologue

Nassim Nicholas Taleb commence le livre en expliquant l'image centrale qui lui donne son titre. Nous croyons généralement que tous les cygnes sont blancs, avant de nous rendre compte qu'il en existe des noirs.

Cette image est une métaphore des types d'événements rares. Ceux-ci ont les caractéristiques suivantes :

Des valeurs aberrantes ;

Un impact élevé ;

Expliqués après coup par des récits qui résultent de la tendance humaine à traiter les choses au moyen d'histoires.

Selon Nassim Nicholas Taleb, ces « cygnes noirs » aident à expliquer les mouvements les plus importants de l'histoire de l'humanité.

De plus, Taleb articule dans ce prologue l'autre idée centrale du livre : notre cécité par rapport au hasard et aux événements improbables qui bouleversent notre condition.

Une grande partie de cet aveuglement provient d'une dépendance excessive à l'égard des connaissances que nous avons déjà accumulées et des opinions d'experts. La plupart du temps, ceux-ci ne tiennent pas compte des événements très improbables.

À la fin du chapitre, N. N. Taleb fournit quelques indications sur la manière de lire ce livre. Il s'agit d'un essai philosophique qui s'appuie sur des raisonnements propres et l'expérience intime de l'auteur. ll se dit à la fois angoissé et inspiré par les implications de son concept, le Cygne Noir.

Première partie — L’antibibliothèque de Umberto Eco, ou comment nous recherchons la validation de notre savoir

Avant d'entrer dans le premier chapitre, Nassim Nicholas Taleb écrit brièvement sur la bibliothèque de l'écrivain Umberto Eco. Il l'appelle une "antibibliothèque", car l'écrivain italien appréciait davantage les livres qu'il n'avait pas explorés beaucoup plus à ceux qu'il avait déjà lus !

C'est une manière de rester curieux…

Chapitre 1 — L’apprentissage d’un sceptique empirique

Et, en effet, les connaissances que nous n'avons pas encore acquises nous amènent à être ouverts d'esprit aux possibilités de la vie. Nous ne les envisageons pas de façon possessive, comme s'il s'agissait de propriétés personnelles.

Poursuivant sur un ton plus personnel, Nassim Nicholas Taleb se penche ensuite sur ses années de formation au Liban. Il parle aussi de son départ à l'étranger pendant la guerre civile du Liban. Ces expériences l'ont amené à devenir ce qu'il nomme un "empiriste sceptique".

Pour lui, les événements mondiaux de grande ampleur, tels que la guerre du Liban et le krach boursier de 1987, sont des cygnes noirs. Ce sont des événements hautement improbables et pratiquement imprévisibles qui ont bouleversé l'humanité, ou au moins une partie d'entre elle.

Le sceptique empirique cherche à prendre en compte ces événements. Il ne les oblitère pas, comme la plupart d'entre nous le fait. Il existe, en effet, une tendance humaine à trop simplifier ou à négliger ce type d'événements étonnants et imprévisibles.

Selon N. N. Taleb, les êtres humains prétendent en savoir beaucoup plus qu'ils ne savent en réalité. Plus précisément, l'auteur critique les experts qui tentent de déchiffrer et de prévoir les événements humains.

Non seulement nous prétendons en savoir plus que nous en savons en réalité, mais nous nous tournons vers des experts qui n'en savent pas beaucoup plus !

Sur les illusions et les biais qui gouvernent nos pensées, vous pouvez lire aussi Système 1/Système 2 de Daniel Kahneman, un ami de N. N. Taleb !

Chapitre 2 — Le cygne noir de Yevgenia

Dans ce bref chapitre, l'auteur raconte l'histoire fictive d'une écrivaine. Celle-ci se nomme Yevgenia Krasnova. Elle a énormément de mal à publier un livre. Cependant, après avoir envoyé son livre à divers éditeurs en vain, elle est finalement publiée par un éditeur russe qui se dit qu'il n'a rien à perdre.

Son livre, intitulé A Story of Recursion, devient rapidement un best-seller. Yevgenia est catapultée dans les plus hautes sphères du succès littéraire. Son éditeur aussi connait un grand succès. Entretemps, Krasnova épouse et divorce de trois maris, tous philosophes !

Ce chapitre étonnant est une création libre de N.N. Taleb. Ce faisant, il choisit d'inventer un cygne noir positif.

En effet, au lieu de choisir un événement qui tournerait autour d'une catastrophe environnementale ou d'un conflit géopolitique, il raconte ici l'histoire d'un succès littéraire et de son impact dans le monde littéraire.

Chapitre 3 — Le spéculateur et la prostituée

Dans une veine toujours pleine de créativité, l'auteur expose deux concepts ou "mondes" qu'il a inventés : le Médiocristan et l'Extrêmistan.

Dans le Médiocristan, le monde est essentiellement imperméable aux cygnes noirs, prévisible et stable en termes de prédictions et de prévisions.

En Extrêmistan, ici, le monde change en fonction des cygnes noirs, qui sont une partie naturelle du monde. Ici, l'histoire avance par « sauts », contrairement au mouvement lent et continu du Mediocristan.

Nassim Nicholas Taleb soutient que l'Extrêmistan ressemble plus à notre monde moderne, tandis que le Mediocristan ressemble davantage à notre existence ancestrale.

L'opposition entre Médiocristan et Extrêmistan généralise les arguments de l'auteur dans un contexte plus large. Bien sûr, Médiocristan et Extrêmistan existent principalement en tant que concepts, c'est-à-dire en tant qu'hypothèses abstraites.

Chapitre 4 — Mille et un jours, ou comment ne pas être un dupe

N. N. Taleb illustre le problème avec un raisonnement purement de type inductif — c'est-à-dire où l'on passe du particulier au général.

Il raconte l'histoire d'une dinde qui est bien nourrie pendant mille jours consécutifs. Logiquement, elle s'attend à ce que ses maîtres la nourrissent aussi le mille et premier jour. Et pourtant, en ce jour fatidique, la dinde est tuée et préparée pour un dîner de Thanksgiving !

L'anecdote met en évidence l'idée que le cygne noir, vu à travers les yeux de la dinde, est une surprise totale :

"Du point de vue de la dinde, le fait de ne pas être nourrie le mille et unième jour est un cygne noir. Pour le boucher en revanche, ce n'est pas le cas, car son apparition n'est pas inattendue." (Le Cygne Noir, Chapitre 4)

Le "problème de la dinde" met le lecteur en garde contre notre confiance aveugle dans le passé. Celui-ci n'est pas toujours fiable lorsqu'il est question de nous informer sur l'avenir. Or, si l'on ne croit pas en l'existence de cygnes noirs, l'impact de ces événements en sera d'autant plus fort lorsqu'ils surviendront.

Nassim Nicholas Taleb donne quelques exemples. Selon lui, les cygnes noirs négatifs comme les attentats du 11 septembre 2001, par exemple, sont souvent très brusques (même si leurs conséquences s'étendent sur de longues années). Par contre, les cygnes noirs positifs — comme un succès littéraire — sont souvent plus lents à apparaître.

L'auteur souligne que nous sommes complètement inconscients et aveugles. Il soutient que c'est avant tout une histoire de constitution. Selon lui, "la nature humaine n'est pas programmée pour les cygnes noirs".

Chapitre 5 — Confirmation, mon œil !

Taleb commence par illustrer le célèbre biais de confirmation. Il demande au lecteur d'imaginer la scène suivante. Lui, N. N. Taleb, considère que O.J. Simpson est innocent, simplement parce qu'il a passé un après-midi avec lui et qu'il ne l'a vu tuer personne.

Voici l'élément important : souvent, nous fondons nos jugements sur nos propres observations personnelles. Elles nous servent à confirmer ou nier ce que nous croyons possible.

Selon N.N. Taleb, cette tendance à s'appuyer sur les récits que nous avons choisis est un phénomène tout à fait caractéristique de la nature humaine. Néanmoins, cela nous conduit à sous-estimer la présence des cygnes noirs.

Dans nos efforts pour corroborer nos propres récits, nous déformons la vérité sur la façon dont le monde fonctionne.

Si nous combinons l'erreur logique de nos biais de confirmation avec une tendance collective à corroborer nos croyances antérieures, alors nous comprenons pourquoi nous avons tant de mal à faire des prévisions raisonnables sur l'avenir.

Chapitre 6 — L’erreur de narration

N. N. Taleb continue à explorer la tendance naturelle des êtres humains à générer des récits créatifs. Il appelle cela "l'erreur narrative", car elle nous égare souvent.

Pour l'auteur :

"L'erreur narrative est associée à une certaine vulnérabilité à la surinterprétation et à une prédilection pour les histoires compactes." (Le Cygne Noir, Chapitre 6)

Lorsque nous condensons les phénomènes improbables en histoires compactes et faciles à retenir, nous sommes mieux en mesure de traiter le quotidien.

Par ailleurs, le spécialiste de la finance souligne également que nous avons tendance à voir l'histoire de façon linéaire (Médiocristan). Nous aimons la causalité unique, "qui fait circuler le temps dans une seule direction, tout comme la narrativité".

Malgré le fait qu'il s'agisse d'une manifestation innée de la nature humaine, il existe des moyens d'éviter l'erreur narrative. Pour cela, il faut "favoriser l'expérimentation à la narration, l'expérience à l'histoire et la connaissance clinique aux théories".

Pour résumer : en nous appuyant davantage sur des preuves empiriques, nous réduisons la possibilité de créer de faux récits qui déforment notre vision de l'histoire.

Chapitre 7 — Vivre dans l’antichambre de l’espoir

N. N. Taleb montre comment — de ce point de vue —  la société peut être divisée en deux catégories.

D'un côté, il y a des gens — comme la dinde — qui sont complètement inconscients des cygnes noirs de quelque nature que ce soit.

De l'autre côté, il y a ceux et celles qui vivent dans l'attente des cygnes noirs. Ils sont conscients que leurs visions du monde peuvent être fortement remises en cause à tout moment.

Les approches et les idéologies de ces catégories de personnes sont complètement différentes. Nassim Nicholas Taleb reprend l'histoire de l'écrivaine qui espère des cygnes noirs positifs dans sa vie, car "elle ne se souciait pas du doux piège de l'anticipation". Autrement dit : elle avance avec confiance.

À noter : cette façon de voir le monde ressemble assez fortement à celle de L'expérience du lâcher-prise de Michael Singer.

Yevgenia Krasnova pense que le pouvoir de l'imprévisible peut changer sa vie. Tout son système de pensée est basé sur la croyance que les cygnes noirs positifs existent et qu'ils peuvent modifier profondément le cours de nos existences.

Chapitre 8 — La chance infaillible de Giacomo Casanova : le problème de Diagoras

Le philosophe et ancien trader explique ensuite le concept de "preuves silencieuses". Cela fait référence à l'idée qu'il y a des aspects cachés dans tout récit historique.

Ce sont des éléments qui sont restés "silencieux" car ils créaient des distorsions dans le récit "officiel" (et erroné) des événements historiques.

N.N. Taleb prend l'exemple de Diagoras, un poète grec qui vécut au Ve siècle av. J.-C. En substance, le problème est le suivant :

Si je sais que toutes les personnes qui ont échappé à la noyade (lors d'un naufrage) ont prié, cela signifie-t-il que toutes celles qui n'ont pas prié sont mortes ?

Ou pour le dire autrement : parmi les personnes qui sont mortes, y en avait-il qui avait elles aussi prié ?

Nous voulons naturellement croire que la prière aide à survivre au naufrage d'un navire. Mais si nous connaissions l'histoire de celles et ceux qui sont morts, nous changerions peut-être d'avis. Ceux-ci jouent le rôle de "preuve silencieuse".

Autre exemple : Giacomo Casanova, le célèbre aventurier italien, plus connu pour sa réputation de séducteur de femmes. Casanova croyait sincèrement qu'il était né sous une bonne étoile. Tout, dans la vie, lui souriait.

Chaque fois qu'il rencontrait un problème, il parvenait d'une manière ou d'une autre à éviter le désastre. Pourtant, il est impossible d'en conclure que nous avons tous une bonne étoile. En fait, bien des gens sombrent dans l'oubli, car ils n'ont pas eu autant de chance que lui. Ce sont ses "preuves silencieuses".

Morale : lorsque nous interprétons les événements historiques uniquement à travers les lunettes interprétatives des survivants ou des vainqueurs, nous laissons de côté des preuves tacites et silencieuses.

Pourtant cela a des effets néfastes. Lorsque nous ignorons les preuves silencieuses, notre compréhension des cygnes noirs diminue.

Bien sûr, nous ne pouvons pas toujours être au courant de ce qu'il se passe "en cachette" ou en dehors des récits qui nous sont racontés. C'est une limite de la connaissance humaine.

En effet, ces lacunes dans notre connaissance ne sont pas simplement le fruit d'un désir malveillant de dissimulation. Elles renseignent plutôt sur l'inévitable faillibilité de nos savoirs humains.

Chapitre 9 — L’erreur ludique ou l’incertitude du polard

Pour clore cette première partie assez théorique, N. N. Taleb se concentre sur un concept qu'il appelle "l'erreur ridicule".

Celui-ci fait référence au biais logique qui se produit lorsque nous assimilons les jeux de hasard avec le monde réel. Pour l'auteur, ancien trader à Wall Street, l'imprévisibilité de la réalité n'est pas identique au hasard des jeux de casino ou de voyance.

La différence est la suivante :

Dans le jeu, vous connaissez plus ou moins vos chances, en misant sur les probabilités.

"Dans la vraie vie, vous ne connaissez pas les chances ; vous devez les découvrir, et les sources d'incertitude ne sont pas définies".

Autrement, le rapport à l'incertitude est fondamentalement différent dans le jeu et dans la vie réelle. Le pouvoir de l'imprévisible est bien plus fort dans le second cas.

Un cygne noir se produit simplement parce qu'il est une occurrence naturelle — une possibilité parmi d'autres — du monde. Il n'a pas de raison. Personne ne joue aux dés derrière lui. La source de l'incertitude est tout simplement la nature profondément inexplicable (incompréhensible pour nous) de l'univers.

Partie 2 — Les prévisions sont tout bonnement impossibles

Chapitre 10 — Le scandale des prévisions

Dans la suite de l'ouvrage, Nassim Nicholas Taleb explore les limites de notre capacité à prédire et à prévoir l'avenir.

Dans ce chapitre, il se concentre spécifiquement sur le concept d'« arrogance épistémique », qu'il définit comme « notre orgueil concernant les limites de notre connaissance".

Nous nous croyons souvent plus malins que nous ne sommes vraiment. C'est exactement ce que dit David McRaney dans son ouvrage Vous n'êtes pas si malin !

En fait, l'arrogance épistémique a un double effet :

Nous surestimons ce que nous savons ;

Nous sous-estimons l'incertitude.

Pour l'auteur, l'accumulation des connaissances et des informations, la veille attentive des dernières nouvelles ou la lecture de livres d'analyse… Tout cela, au fond, n'aide pas vraiment. En fait, notre capacité à faire des prédictions reste faible.

Au contraire ! L'auteur pense même que l'accumulation de connaissances et d'informations peut diminuer notre capacité à prévoir les événements futurs. Pourquoi ?

Car les êtres humains ont tendance à se faire une idée de ce qui est possible sur la base de leurs expériences ou de leurs connaissances. Or un cygne noir est par nature imprévu et il défie souvent nos catégories de pensée. Il faut donc s'y faire : nous ne sommes pas capables de prévoir l'avenir.

Chapitre 11 — Comment chercher la fiente d’oiseau

Bon nombre de nos découvertes les plus importantes ont été le fruit du hasard ou de la sérendipité.

Christophe Colomb a cherché à trouver une nouvelle route vers l'Inde et a fini par découvrir l'Amérique.

Deux scientifiques sont "tombés" sur le rayonnement micro-ondes en faisant des recherches sur les fientes d'oiseaux.

Alexandre Flemming a découvert la pénicilline de façon aléatoire, en réalisant des investigations différentes.

Souvent, nous reconstruisons l'histoire de ces découvertes scientifiques et de ces inventions techniques.

Nassim Nicholas Taleb souligne ici, une fois de plus, les limites de la connaissance humaine. Les êtres humains n'ont tout simplement pas assez d'informations pour élaborer des hypothèses gagnantes à tous les coups.

Et pourtant, insiste encore l'auteur, nous nous tournons constamment vers des experts censés nous aider à comprendre la direction dans laquelle nous allons. Mais au fond, le savent-ils vraiment mieux que nous ?

Chapitre 12 — L’épistémocratie, un rêve

N. N. Taleb cherche ensuite à formuler l'idée d'une société idéale, une utopie. Dans cette société, les gens admettraient ouvertement la valeur de leur propre ignorance. Ils la placeraient au-dessus de la valeur de leur connaissance. C'est ce qu'il nomme "épistémocratie".

Il propose dans ce cadre un concept qu'il appelle "aveuglement futur". Il s'agit de "l'incapacité de penser dynamiquement, de se positionner par rapport à un futur observateur".

Les effets pratiques de cette cécité future nous conduisent à nous tromper sur la façon dont une décision ou un résultat particulier nous affectera à l'avenir, ou sur la durée des conséquences négatives (ou positives) potentielles.

Rappelons-nous : l'histoire n'est ni causale ni linéaire. En pensant de cette façon, nous croyons que les causes observées dans le passé dicteront la forme que prendra l'avenir. Mais l'avenir est beaucoup plus imprévisible que nous ne le pensons généralement !

Chapitre 13 — Le peintre appelle, ou que faire si on ne peut pas prévoir ?

Dans ce chapitre, l'auteur souhaite donner quelques trucs et astuces pour diminuer notre tendance à l'aveuglement du futur.

Pour les petits soucis de la vie quotidienne, Nassim Nicholas Taleb nous conseille simplement d'accepter notre condition d'être humain. Nous sommes arrogants, mais nous devons reconnaître que nous ne savons pas tout.

Une leçon qui n'est pas si éloignée du stoïcisme !

Par ailleurs, l'auteur garde les pieds sur terre. Certes, nous ne pouvons pas tout prédire. Pour autant, nous sommes capables de prévoir où nous serons la semaine prochaine.

Nassim Nicholas Taleb donne un autre conseil. Au quotidien, nous devrions étudier la plausibilité et le préjudice potentiel d'une prédiction particulière. Pour les situations plus lointaines et pour la « cécité future », il est préférable de rester préparé à tous les résultats possibles.

L'adoption d'un système de pensée qui vous permet d'être prêt pour les moments les plus imprévisibles de la vie peut être très avantageuse.

Elle vous permet de vivre votre existence sur le mode expérimental des essais et des erreurs ;

Elle vous libère de l'idée de causalité et donc de la détermination.

En vous contentant de rester ouvert à l'imprévisible, vous n'avez pas besoin de faire de savants calculs. Vous vous contentez d'imaginer l'imprévu et ses conséquences (un tremblement de terre, par exemple), puis d'agir en fonction de cela. C'est plus simple et plus efficace.

Pour le dire en une expression, nous devrions "nous attendre à l'inattendu".

Partie 3 — Ces cygnes gris de l’Extrêmistan

Chapitre 14 — Du Médiocristan à l’Extrêmistan, et vice-versa

Continuons notre périple dans le monde de l'imprévisible !

Dans cette partie (comme nous allons le voir plus précisément au chapitre suivant), N. N. Taleb se concentre sur ce qui est selon lui une erreur, voire une fraude. C'est pourtant l'un des graphes les plus connus des statistiques : la courbe de Gauss. Celle-ci est aussi appelée "courbe en cloche" ou "courbe de la loi normale".

Mais dans ce chapitre, l'auteur se concentre surtout sur une idée. Le monde est-il "juste" ? Lorsque le hasard gouverne, nous avons tendance à considérer que la justice fait défaut.

Et de fait. Dans un monde imprévisible, l'un peut faire n'importe quoi et réussir, quand l'autre, qui s'évertue à faire les choses correctement, connaît un échec retentissant.

En Extrêmistan, le hasard ou la chance ne garantit ni le succès ni l'échec de manière permanente. Mais cela ne ressemblerait-il pas au monde moderne, de plus en plus instable ? C'est en effet ce que pense l'ancien trader.

"Personne n'est en sécurité", dit encore l'auteur. C'est la face sombre, sans doute, du pouvoir de l'imprévisibilité.

Chapitre 15 — La courbe en cloche, cette grande escroquerie intellectuelle

N. N. Taleb en vient, dans ce chapitre technique, à critiquer la courbe de Gauss. La courbe en cloche représente une distribution des probabilités d'un événement quelconque. Selon ce modèle, les événements proches de la moyenne sont plus fréquents que ceux qui s'en éloignent.

De l'avis de l'auteur, cet outil mathématique et statistique est inadéquat et trompeur. Il nous éloigne de la compréhension correcte des cygnes noirs. Le philosophe trader n'y va pas de main morte, puisqu'il considère carrément cette formule comme une "grande fraude intellectuelle".

Mais l'auteur reconnaît également que le sujet des cygnes noirs est profondément personnel. Il a consacré de nombreuses années de sa vie à réfléchir à l'impact des cygnes noirs sur l'histoire de l'humanité.

C'est un savoir qui se met difficilement "en cloche" ou en graphe, mais qui a pourtant une puissante valeur à ses yeux.

Finalement, Nassim Nicholas Taleb se réfère à un modèle mathématique qui, à ses yeux, se rapproche de sa façon de penser. C'est le modèle fractal de Benoît Mandelbrot. Et, justement, il lui consacre le chapitre suivant.

 Chapitre 16 — L’esthétique du hasard

N.N. Taleb explique le concept de "caractère aléatoire" de Benoît Mandelbrot, un mathématicien polono-franco-américain. Le concept repose sur "la répétition de motifs géométriques à différentes échelles, révélant des versions de plus petites en plus petites d'eux-mêmes" (voir l'image à la fin de la partie 3 : il s'agit d'un exemple de motif fractal).

L'auteur est attiré par ce modèle parce qu'il ne diminue pas la probabilité d'un cygne noir d'un point de vue statistique et prédictif.

De plus, les fractales peuvent transformer les cygnes noirs en cygnes gris, car "le caractère aléatoire fractal est un moyen de réduire les surprises, de rendre certains des cygnes possibles, pour ainsi dire, de nous faire prendre conscience de leurs conséquences, c'est-à-dire de les rendre gris".

Les cygnes gris, comme les cygnes noirs, peuvent avoir un impact profond sur la société. Toutefois, contrairement à ces derniers, les cygnes gris sont plus aisés à expliquer et à comprendre.

Pour Nassim Nicholas Taleb, il ne faut pourtant pas y voir la solution de l'imprévisibilité. Certes, ce modèle peut servir de cadre de référence et, en un sens, nous "réconforter". Mais même ce modèle ne donne pas de réponses précises et absolues.

Aussi complexe et sophistiqué que soit le modèle du mathématicien Benoît Mandelbrot, il ne rivalise toujours pas avec la puissance de l'imprévisible, c'est-à-dire avec l'incertitude typique des cygnes noirs.

En fait, nous serons sans doute toujours limités. Notre capacité à prédire des événements à grande échelle est moins forte que ces événements eux-mêmes.

Chapitre 17 — Les fous de Locke, ou des courbes en cloche aux mauvais endroits

L'auteur poursuit ses recherches en parlant de l'utilisation abusive des théories mathématiques, telles que la courbe gaussienne. Il s'intéresse en particulier à la façon dont celle-ci est utilisée de façon impropre dans les sciences sociales.

Selon N. N. Taleb, cette mauvaise utilisation se produit souvent après coup, lorsque les chercheurs veulent justifier des phénomènes et les expliquer au cours de conférences auprès de collègues ou du public.

Par exemple, le krach boursier de 1987 a démontré l'inefficacité de la courbe en cloche "sur le moment". Pourtant, de nombreux chercheurs ont persévéré dans son utilisation. Ils ont affirmé que la courbe de la loi normale permettait de comprendre la crise, l'économie et la finance.

L'ancien trader iconoclaste s'en prend aussi au prix Nobel d'économie. Selon lui, c'est une imposture, comme la courbe en cloche (qui a beaucoup été utilisée par ses lauréats) !

Les gens sont capables de changer d'avis et de s'ouvrir à l'incertitude. Cependant, lorsque la crise frappe — ou lorsqu'ils doivent prendre un risque majeur pour mettre leur nouvelle pensée à l'épreuve—, ils reviennent souvent à leurs croyances et à leurs préjugés antérieurs.

Dans ces situations stressantes, l'analyse objective est rejetée au profit de ce qui est confortable. C'est exactement le cas des hommes d'affaires qui reviennent à l'utilisation du modèle gaussien, même après avoir réalisé ses limites et ses inexactitudes en tant qu'outil prédictif.

Chapitre 18 — L’incertitude du charlatan

Nassim Nicholas Taleb revient enfin sur la différence entre le jeu et la réalité. De nombreux scientifiques utilisent des modèles de "jeu" pour penser les problèmes du monde réel. Pourtant, ces modèles ne prennent pas véritablement en compte la puissance de l'imprévisible et les cygnes noirs.

L'auteur considère que la philosophie a un grand rôle à jouer. Elle doit exercer son esprit critique pour mettre en doute les théories et les outils les plus établis parmi les scientifiques et les chercheurs.

Les intellectuels peuvent faire la différence en explorant de nouveaux horizons de pensée. Cependant, à l'ère des médias sociaux et de l'information en continu, le lecteur/spectateur est souvent perdu. Le rôle et la responsabilité du philosophe dans la vie intellectuelle sont dilués par les médias de masse.

Partie 4 — La fin

Chapitre 19 — Moitié-moitié, ou comment rendre la pareille au cygne noir

Ce chapitre est le seul chapitre de la partie 4. Le ton est plus conversationnel et moins didactique que dans les chapitres précédents. Il se fait plus personnel aussi. Et il propose des conseils aux lecteurs.

Il écrit par exemple : "La moitié du temps, je suis superficiel, l'autre moitié, je veux éviter la superficialité". En fait, Taleb illustre la complexité de l'attitude qui consiste à reconnaître la puissance de l'imprévisible. En effet, les cygnes noirs nous invitent à une vision paradoxale de la vie.

Nous nous posons alors des questions telles que : "Comment puis-je profiter du moment présent tout en reconnaissant qu'un événement de type cygne noir pourrait se produire à tout moment et changer le monde ?"

Pour vivre à la fois dans la légèreté et la profondeur de ce savoir, Nassim Nicholas Taleb affirme qu'il importe de ne pas renier "les petites choses". En vivant le moment présent, nous profitons du plus grand des cygnes noirs — la vie humaine elle-même.

Épilogue — Les cygnes blancs de Yevgenia

L'auteur revient enfin sur l'histoire de Yevgenia Krasnova, l'écrivaine fictive qu'il a inventée au début de l'ouvrage. Il raconte l'histoire de son deuxième roman, très attendu par ses (désormais) nombreux lecteurs. Le livre est un succès critique, mais un échec commercial. Malheureusement, son éditeur fait faillite.

Avec ce court récit, Nassim NIcholas Taleb montre que les cygnes noirs peuvent avoir des effets positifs ou négatifs. Et la différence ne réside pas seulement dans les résultats du cygne noir en tant que tels, mais aussi dans la façon dont les gens approchent et réagissent à la puissance de l'imprévisible.

Dans cet exemple, N. N. Taleb nous montre que la vision du monde de la romancière — qui est centrée sur l'espoir et l'acceptation des cygnes noirs — lui permet de faire la paix avec l'échec commercial de son roman.

La manière dont nous vivons les événements subjectivement est décisive. Lorsqu'il s'agit de notre bonheur, elle importe plus, sans doute, que les événements externes.

Conclusion sur « Le Cygne Noir » de Nassim Nicholas Taleb :

Ce qu’il faut retenir de « Le Cygne Noir » de Nassim Nicholas Taleb :

Le Cygne Noir : la puissance de l'imprévisible (2007) a été écrit par Nassim Nicholas Taleb. Cet essayiste libano-américain est un ancien trader d'options reconverti à la philosophie.

Dans ce livre, comme dans sa série Incerto de façon plus générale, l'auteur explore le rôle des événements imprévisibles dans l'histoire humaine.

Nous pouvons nous rappeler deux enseignements en particulier :

Nassim Nicholas Taleb soutient que les êtres humains ont tendance à oublier ou à simplifier la place de ces événements improbables ;

Il cherche à nous aider à vivre avec le sentiment d'incertitude en nous montrant que celle-ci peut nous renforcer comme être humain et améliorer les diverses facettes de notre existence.

Ce penseur original utilise aussi bien des anecdotes personnelles et historiques, ainsi que des théories philosophiques parfois complexes, pour démontrer ses idées.

Si vous voulez continuer la lecture d'Incerto et de N. N. Taleb, consultez notre chronique d'Antifragile !

Points forts :

Une pensée riche, créative et complexe, qui donne des idées ;

Des anecdotes intéressantes ;

Des prises de position fortes et parfois controversées ;

Une capacité à rendre accessibles certaines théories obscures.

Point faible :

Je n'en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 15 Feb 2024 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12767/Le-Cygne-Noir
Cyberminimalisme http://www.olivier-roland.fr/items/view/12639/Cyberminimalisme

Résumé de « Cyberminimalisme. Face au tout numérique, reconquérir du temps, de la liberté et du bien-être » de Karine Mauvily : cet ouvrage est un véritable petit manuel qui vous guidera vers une réduction de vos usages numériques, que ce soit vis-à-vis des réseaux sociaux ou l’utilisation des moteurs de recherche, notamment.

Par Karine Mauvily, 2019, 228 pages.

Chronique et résumé de "Cyberminimalisme. Face au tout-numérique, reconquérir du temps, de la liberté et du bien-être" de Karine Mauvily

Introduction — Il n'y a pas de fatalité technologique

Un antidote à la fatalité numérique

L’auteure commence par raconter comment elle en est venue à s’intéresser au cyberminimalisme. Elle raconte deux anecdotes :

Ayant reçu un appareil photo argentique, elle se rend compte qu'elle ne sait pas l'utiliser correctement. Elle retourne au numérique, mais se dit qu'il doit y avoir un moyen pour limiter les nuisances liées à ce type d'appareil.

Après une pause de 4 ans (quand même !) sans téléphone portable ni smartphone, elle s'est dit qu'il était possible de proposer un mode de vie sain et vivable tout en réduisant nos usages des technologies numériques.

Selon Karine Mauvily, nous ne sommes donc pas sans ressources face au déferlement des innovations numériques. Nous pouvons choisir — pour nous et pour la société — de moduler notre rapport aux dispositifs digitaux (en particulier les ordinateurs et téléphones portables, mais aussi les tablettes et autres montres ou objets connectés).

Un peu partout, des prises de conscience

La discussion critique sur les technologies numériques s'étend sur plusieurs "fronts", et notamment :

Des "repentis" de l'industrie numérique elle-même (dirigeants de Facebook et autres).

Des collectifs comme Pièces et main-d'œuvre ou Oblomoff, en France.

Bien sûr, des intellectuels individuels.

Des médecins et des psychologues également, eux aussi parfois regroupés en collectifs, comme la Cose (Collectif surexposition écrans).

Des praticiens de tous les métiers touchés par la numérisation de leurs fonctions, parfois rassemblés (comme dans le collectif Écran total).

Parmi eux, des enseignants se battent contre l'échec de la numérisation à l'école (Karine Mauvily a d'ailleurs écrit un précédent livre à ce sujet : Le désastre de l'école numérique).

Des utilisateurs déçus de Google, de Facebook ou d'autres plateformes qui appellent au désabonnement.

Même certains patrons dénoncent la concurrence déloyale des géants du Web, les GAFAM (pour Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).

Qu'est-ce que le cyberminimalisme ?

Le cyberminimalisme est, selon Karine Mauvily :

"Un style de vie qui cherche à minimiser la présence du numérique dans nos vies pour nous faire gagner du temps, du bien-être et de la liberté. Il s'agit d'agrandir notre zone non numérique dès que cela est possible." (Cyberminimalisme, p. 20)

Le terme vient de "cyber-", qui a donné "cybernétique" dans les années 1940 sous l'impulsion du mathématicien Norbert Wiener. Ce terme est emprunté au Grec ancien où il signifie "piloter", "gouverner" ou "diriger".

Ne laissons pas la cybernétique gouverner nos vies ! Soyons prudents face aux sollicitations constantes des mondes numériques et reprenons la place du pilote. Telle est l'idée.

Si vous voulez en savoir plus au sujet des dangers du numérique et de l'addiction qui peut en découler, lisez la chronique du livre Le bug humain.

Les 7 principes cyberminimalistes

Pour récupérer du contrôle sur nos existences numérisées, Karine Mauvily dresse un inventaire de sept principes :

Le minimum d'objets connectés, achetés à l'occasion.

Pas de téléphone portable avant 15 ans.

Refuser de se laisser remplacer par des logiciels.

Fournir le minimum de données.

Vivre sa vie sans l’enregistrer.

Pratiquer la cyberpolitesse.

Ne pas agir seul (pour une brève explication de chaque principe, voir p. 22-27).

Les avantages du cyberminimalisme

L'auteure considère qu'il y a au moins 5 avantages à l'adoption de ce mode de vie :

Temps gagné = contrairement à ce que nous pouvons penser spontanément, nous gagnons peu de temps à utiliser les solutions clés en main proposées par les applications. Par contre, notre temps d'écran quotidien a explosé et nous fait perdre beaucoup d'heures de la journée.

Bien-être augmenté = l'addiction aux dispositifs numériques est bien documentée maintenant. Elle génère des sentiments négatifs (anxiété, solitude, etc.) dont nous pouvons nous délivrer.

Efficacité retrouvée = c'est une vérité qui se fait de plus en plus jour, nous travaillons mieux quand nous sommes déconnectés.

Liberté préservée = eh oui, les plateformes savent beaucoup, beaucoup de choses sur vous. Pourquoi leur donner toutes ces informations et leur permettre de vous tracer pour vous vendre tel ou tel produit ?

Environnement protégé = la pollution liée au numérique est de plus en plus visible. Les ressources nécessaires pour produire nos dispositifs et soutenir nos échanges en ligne sont en quantité limitée et nous devons en prendre soin.

Chapitre 1 — L’équipement cyberminimaliste

Karine Mauvily ironise : il ne s’agit pas de retourner à la bougie, mais bien de réduire sa dépendance aux outils numériques. Autrement dit, le cyberminimaliste ne nie pas leur intérêt, mais cherche à en circonscrire la portée et le nombre. Voyons comment.

Pourquoi réduire notre stock d'objets connectés ?

Parce que le "tout-numérique" (notamment via l'internet des objets) crée :

Une pression écologique insoutenable ;

Une exposition accrue au piratage ;

Des coûts économiques importants.

Au niveau écologique, d'abord :

"Un Européen aisé se débarrasse d'environ 20 kilos de déchets électriques et électroniques chaque année, n'en déposant que 7 kg en déchetterie. La biodiversité est anéantie par les sites d'extraction de minerais, les sols et rivières sont pollués dans les pays d'export des déchets. Le mot "dématérialisation" accolé aux politiques de numérisation est un mensonge pur et simple." (Cyberminimalisme, p. 37)

L'auteure s'offusque de certains discours, comme celui qui veut qu'imprimer soit moins écologique que lire sur écran. C'est faux ! Parfois, lire sur papier est moins gourmand en énergie que lire directement sur ordinateur.

De façon plus générale, la "dématérialisation" n'aura pas lieu par miracle, mais uniquement si nous réduisons le nombre de nos dispositifs numériques connectés.

Sur le plan du piratage, "chaque nouvel objet connecté qui pénètre chez nous est une porte d'entrée pour la cybercriminalité", dit Karine Mauvily. Pourtant, nous ne nous en rendons pas souvent compte.

Concernant les économies, cela paraît par contre plus évident à chacun : nous consommons aujourd'hui beaucoup plus de technologies numériques qu'il y a 10 ou 15 ans. Pour l'auteure, mieux vaut opter pour des outils d'occasion et faire preuve d'une certaine frugalité en :

Ne renouvelant pas le matériel que vous n'utilisez pas ou peu ;

Achetant d'occasion (reconditionné) ;

Évitant l'achat de gadgets ;

Groupant les achats/ne dupliquant pas le matériel informatique ;

Retardant l'équipement des enfants.

Réduire notre empreinte numérique : mode d'emploi

Commencez par tout noter — avec un calepin et un stylo ! Quoi ? Tous les dispositifs (de l'ordinateur à la bouilloire) électroniques, informatiques ou simplement mécaniques que vous avez chez vous. Pièce après pièce, faites "l'inventaire de vos machines avant réduction" (un tableau illustratif est proposé page 45) dans votre maison.

Une fois l'inventaire réalisé, faites le tri proprement dit. Supprimez :

Les doublons (une télévision, c'est largement suffisant, non ?) ;

Les appareils qui n'ont pas servi plus d'une fois dans l'année ;

Ceux qui peuvent être remplacés par une alternative manuelle.

À chaque phase, Karine Mauvily donne en exemple le cas de sa famille. Elle affirme avoir réduit 25 % du stock d'objets inutiles chez elle.

Troisième étape : la remise en circulation. Si vous le pouvez, ne jetez pas (ou à la déchetterie, au minimum). Recyclez, quand l'option vous en est offerte. Par exemple, en donnant les objets qui fonctionnent encore ou en les envoyant dans des recycleries.

Toutefois, pour l'auteure, la revente en ligne n'est pas ce qui est de plus fiable. Préférez plutôt la revente directe, comme il vient d'être indiqué (directement à la ressourcerie ou dans une recyclerie près de chez vous).

Quatrième étape : si vous devez acheter, achetez d'occasion. Ou si vous ne pouvez vraiment pas vous retenir d'acheter du neuf, cherchez à acheter du modulaire, qui permet un remplacement plus facile des composants (pour un téléphone mobile, par exemple).

Adopter le smartphone allégé

Le smartphone est un couteau suisse. Oui, mais… C'est bien ça le problème : "ses nombreuses fonctions nous ramènent à lui en permanence, au-delà du raisonnable". Pour limiter son utilisation, "allégez-le" en vous dotant :

D'une montre à poignet ;

D'une calculatrice old school ;

D'un réveil ;

D'un calepin ou agenda papier ;

D'une radio classique ;

D'un miroir ;

D'un répertoire téléphonique "papier".

En plus de cela, pensez à désinstaller les logiciels qui ne vous servent pas ou plus. Veillez tout particulièrement — si vous voulez suivre jusqu'au bout les conseils de Karine Mauvily — à supprimer tous les services Google qui vous tracent à coup sûr (nous allons revenir sur ce point plus bas).

Libérer nos appareils des géants de la Tech

C'est un autre aspect important, en effet. Vous pouvez chercher à utiliser des logiciels libres, dont "les codes sources restent ouverts, consultables et modifiables".

Mais attention : leur installation et leur utilisation peuvent parfois devenir chronophages. Cela doit donc être véritablement utile. Pour l'auteure :

"Ce sont deux zones de liberté à conquérir : la zone non numérique à agrandir, la zone numérique à libérer de ses monopoles." (Cyberminimalisme, p. 59)

Pour commencer à vous libérer des monopoles, vous pouvez opter pour un :

Système d'exploitation libre (type Linux) ;

Navigateur Internet libre (type Firefox) ;

Moteur de recherche respectueux de votre vie privée (il y en a plusieurs, tels que DuckDuckGo ou Startpage, par exemple).

Pour vos téléphones portables, c'est pareil ou presque. Le pire étant ici Android, véritable "cheval de Troie" de Google. Apple (et son système iOS) ne semblent pas tracer — pour l'instant au moins — ses utilisateurs.

Voici les 6 options à considérer pour votre mobile, de la moins à la plus cyberminimaliste :

Acheter et utiliser un téléphone Android et l'utiliser tel quel ;

Choisir un iPhone ;

Guetter les smartphones sous système d'exploitation libre (qui arriveront prochainement sur le marché) ;

Choisir un Android et feinter Google (en migrant tout ce qui est possible vers le libre, notamment via le magasin d'applications libres F-Droid) ;

Garder un téléphone portable simple (non "smart") ;

Ne pas avoir de téléphone portable (voir l’argument complet p. 65).

Chapitre 2 — Pas de téléphone portable avant 15 ans

L’auteure raconte l’histoire d’une petite voisine qui, après avoir reçu un smartphone, a perdu toute spontanéité et présence auprès des autres.

Le danger du "piratage de cerveau" (brain-hacking) est réel. L'enfant a besoin de s'ennuyer et d'inventer des jeux pour grandir normalement ; pas de téléphone. Pour Karine Mauvily, la règle "Pas de téléphone portable avant 15 ans" doit donc être suivie.

Les limites d'âge définissent l'enfance

Il y a une foule de choses que nos enfants peuvent ou ne peuvent pas faire en fonction de leur âge, dont se marier et boire de l'alcool, par exemple. Lorsque vous achetez un jouet ou que vous vous apprêtez à regarder un film avec votre bambin, vous regardez aussi quels sont les âges préconisés.

De façon plus générale, poser des limites est sain et fait partie de la construction de l'enfant. Malheureusement, ces limites sont quasi inexistantes sur Internet.

Les impacts de la connexion précoce de mieux en mieux connus

Voici quelques effets négatifs des écrans, établis par des experts, sur les plus jeunes d'entre nous :

Un fort sentiment de dépendance ;

Une exposition à la publicité (et, par ce biais, aux produits gras, sucrés, etc.) ;

De moins bons résultats scolaires ;

Une santé physique et morale en berne.

Pour en savoir plus à ce sujet, vous pourriez également être intéressé par notre chronique de La Fabrique du crétin digital.

Pas d'objets connectés personnels avant 15 ans : la mise en pratique

Pas facile tous les jours, bien entendu, de maintenir le cap ! Et, soyons clairs : pour l'auteure, cela ne signifie pas couper complètement l'enfant de l'univers numérique ou de leurs copains.

Pour ce faire, l'enfant pourra utiliser l'ordinateur familial et surfer sur Internet à cette occasion. Il est aussi recommandé de réhabiliter le téléphone fixe dans la maison pour qu'il puisse recevoir des appels privés.

Il y a plus : pour Karine Mauvily, les enfants doivent aider aux tâches ménagères et être amenés à la lecture. Par ailleurs, il est aussi souhaitable de :

Les inscrire à une activité sportive ;

Se balader en famille (sans mobile) ;

Manger en famille (sans écran).

Lorsque l'enfant a accès à un écran d'ordinateur collectif, il faut en fixer la durée et les plages horaires. Bien sûr, il est aussi important de donner soi-même l'exemple en tant que parent !

Voici quelques autres propositions de l'auteure :

Jouer à des jeux de société ;

Écouter de la musique en famille ;

Imprimer les photos de vacances et faire des albums ;

Proposer des "récompenses" sociales (fêtes d'anniversaire, invitations à dormir, etc.).

Karine Mauvily est également prudente face à la numérisation du milieu scolaire, à la fois néfaste pour les enfants et les enseignants. Ce n'est pas toujours simple, mais il faut oser résister.

Que font les pouvoirs publics ?

Malgré des études aux résultats toujours plus inquiétants, les États continuent à vouloir numériser massivement le système éducatif. Tous les Français sont de surcroît poussés à la consommation de ce type d'appareil, qui reçoit la bénédiction des pouvoirs publics (surtout s'il s'agit de French tech).

Il y a des régulations : par exemple, la "majorité numérique" stipule qu'un enfant ne peut pas ouvrir un compte seul sur un réseau social avant 15 ans. Mais c'est largement insuffisant, du moins pour Karine Mauvily.

Chapitre 3 — La communication cyberminimaliste

Connaissez-vous le phubbing (contraction de phone et snubbing, snober) ? C'est lorsque quelqu'un vous interrompt ou coupe la conversation pour répondre à une notification de son téléphone (appel ou autre).

Au-delà, comment retrouver une communication plus vivante et plus polie ?

Problème numéro 1 : le phubbing

Nous venons de le voir : c'est le phénomène d'être avec quelqu'un tout en agissant sur son téléphone en même temps. Nous pensons pouvoir rester attentifs, mais c'est faux. En outre, cela crée une gêne et un sentiment d'exclusion ou de frustration de l'autre personne.

La solution ? Ne pas utiliser son téléphone portable comme un malpropre ! Voici quelques règles de cyberpolitesse suggérées par l'auteure :

Se rendre à un rendez-vous avec un ami sans téléphone (ou, à défaut, le mettre en sourdine) ;

Terminer une conversation téléphonique avant d'entrer dans un commerce ;

Quitter sa place dans un train pour téléphoner ;

Ne rien écrire sur Internet que nous n'oserions pas dire en face (p. 112-113).

Problème numéro 2 : l'e-réputation à la dérive

Un hacker ou quelqu'un de mal intentionné peut savoir beaucoup de choses sur vous rien qu'en observant vos réseaux sociaux. Mais pas seulement ! Pensez aussi que les recruteurs sont extrêmement nombreux (93 %) à aller jeter un œil du côté d'Internet pour vérifier le profil d'un candidat.

"Retenons comme un mantra : tout ce que nous publions sur Internet devient notre CV, et dans la plupart des cas, nous ne pouvons pas l'effacer." (Cyberminimalisme, p. 114)

Les solutions sont peu nombreuses pour remédier à une mauvaise réputation sur Internet. Nous avons, en Europe, un droit à l'oubli, mais il n'est pas aisément mis en œuvre par les plateformes des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft).

Il existe d'autres bases juridiques, comme la diffamation ou l'atteinte à la vie privée. Mais vous devrez souvent vous battre pendant longtemps avant d'obtenir gain de cause.

Au-delà (ou en deçà) de ces solutions de dernier recours, il existe une formule simple : renoncer au life-log, c'est-à-dire à l'étalage (via le téléchargement) de sa vie sur Internet. Voulez-vous vraiment devenir "le rédacteur en chef de votre propre vie" ?

Ce temps d'attention que vous donnez aux réseaux sociaux est perdu. Et l'image de vous-même qui en sort n'est pas si bénéfique. Il est normal et sain de se fabriquer des identités, mais les identités numériques sont très fragiles et causent souvent de fortes doses d'anxiété.

Problème numéro 3 : trop de messages, des liens moins profonds

"C'est le paradoxe de notre époque : nous communiquons plus que nous ne l'avons jamais fait, pourtant le sentiment de connexion aux autres n'est pas réellement amélioré." (Cyberminimalisme, p. 121)

Demandons-nous quelles sont les personnes que nous voulons avoir dans notre vie et communiquons en priorité avec elles. Optons donc pour le nombre de Dunbar (le nom d'un anthropologue) : 150 relations en moyenne.

Cette "galaxie relationnelle" est composée de plusieurs "couches de relations" (des plus proches aux plus lointaines). Si elle reste constante en nombre, il est tout à fait possible, en revanche, que certains noms changent au cours du temps.

Parmi ces personnes (si vous faites la liste, comme le préconise l'auteure dans le livre, p. 124), lesquelles sont sur Facebook ? Ne gardez qu'elles et privilégiez deux réseaux sociaux maximum.

Réhabituez-vous également, si le cœur vous en dit :

À l'art des coups de fil et des visites ;

Ou à celui des lettres manuscrites !

Finalement, Karin Mauvily traite de la question des réseaux sociaux d’entreprise (souvent moins efficaces que ce qui était espéré) et de la possibilité de quitter certains réseaux comme Facebook.

Chapitre 4 — Cyberminimalisme au travail

Il existe trois enjeux pour le cyberminimalisme relativement au travail. Voyons tout de suite lesquels.

Défi numéro 1 : rester concentré

L'attention se dissipe, l'énergie s'en va… Face à tous ces écrans, nous ne savons plus où donner de la tête. Mais il existe des solutions assez simples pour s'y retrouver.

Premier conseil, classique : ne pas recevoir de notifications lorsque vous travaillez. Pour l'auteure, mieux vaut se passer du téléphone tout court (pendant les plages de labeur, mettre le téléphone dans une autre pièce, en silencieux).

Vous voulez tester votre niveau de proximité à votre smartphone ? Remplissez le tableau p. 148 !

Autres conseils pour améliorer l'attention (d'après Jean-Philippe Lachaux, cité par l'auteure) :

Fractionner ses activités de la journée en minimissions ;

Formuler très clairement son intention pour chaque mission ;

Donner à chaque mission une heure précise de fin.

Pour les mails, perdez l'habitude d'ouvrir votre boîte le matin — un conseil de Thimothy Ferris ! Consultez-les plutôt en fin de journée ou avant une pause, lorsqu'une mission est achevée.

Défi numéro 2 : déconnecter pour éviter le burn-out

Trop de connexions et la surchauffe guette ! Vous avez pensé à faire une pause en milieu de matinée ? C'est pourtant une très bonne idée, assez simple à mettre en œuvre.

Bien sûr, ce n'est pas tout — et pas suffisant, dans bien des cas. Pensez aussi à organiser des réunions sans portable et à vous déconnecter après le travail. C'est dans la loi, vous en avez le droit — ne l'oubliez pas (même si son application pose quelques problèmes qui sont mentionnés dans le livre p. 152 notamment).

Karine Mauvily plaide également pour un droit à la non-connexion. Est-il envisageable, aujourd'hui, de ne pas avoir de boîte mail ? Pas si sûr. Même pour avoir une ligne fixe, il faut désormais se connecter avec une "box". Pourtant, il est capital de penser ce droit, qui est une liberté fondamentale, pour l'auteure.

Défi numéro 3 : ne pas se laisser remplacer

Quand le débat sur la numérisation des professions aura-t-il lieu ? C'est vrai pour l'école, qui intéresse beaucoup Karine Mauvily, mais ça l'est aussi pour bien d'autres métiers.

À l'hôpital ou dans les administrations publiques, c'est pareil : de plus en plus de dispositifs numériques deviennent obligatoires, sans qu'il y ait vraiment de justification à cela. Le travail devient abrutissant, car il consiste à assister des logiciels.

La pression sociale est forte, mais il est important de voir que l'envie de numérisation n'est pas uniformément répandue dans la société. Et que cette résistante mérite d'être entendue !

D'où l'importance de ne pas agir seul (septième principe cyberminimaliste), de constituer des collectifs (ou d'en faire partie) et de créer le débat, notamment au sein des syndicats.

Chapitre 5 — Achats et loisirs cyberminimalistes

Il y a moyen de faire des achats, de passer ses vacances et ses soirées de façon sobre, numériquement parlant. Pas besoin d'être derrière un écran à la recherche de la dernière appli à la mode !

Les achats cyberminimalistes

Il nous faut prendre conscience que nous sommes environnés par les entreprises venues de Californie. "Dans le monde entier, les responsables de communication des entreprises, des services publics, des start-up, semblent confondre modernité et intérêts californiens", rappelle l'auteure.

Chaque achat numérique nous renvoie vers des conditions d'accès, contrats et autres conditions d'utilisation qui font souvent plusieurs milliers de signes et qui sont difficiles à lire. Qu'achetons-nous ? À quoi nous engageons-nous ? Nous ne le savons pas vraiment.

Autre point important : les achats en ligne. Nous participons à la destruction des petits commerces, voire de marchés entiers. Pourtant, nous aimons nous rendre dans une librairie ou dans un magasin… Alors pourquoi ne pas y retourner ?

N'oublions pas non plus de faire attention lorsque des données nous sont demandées par les commerçants (en ligne ou réels).

Les vacances cyberminimalistes

La déconnexion totale n'est pas forcément bonne, car elle crée le manque qui appelle l'obsession. Il est par contre plus intéressant de regarder comment limiter notre rapport :

Aux sites "parasites" tels que Booking ou dans une moindre mesure Airbnb ;

Aux systèmes d'évaluations réciproques ;

Ainsi qu'aux applications qui veulent (trop) nous "faciliter la vie" en vacances (comme les GPS, par exemple) ;

Et enfin aux photographies, que nous prenons en masse — mais pourquoi, au juste ?

Les soirées cyberminimalistes

Souvent, la télévision nous déprime et nous donne un sentiment d'inachèvement. "Nous rêvons d'autre chose", dit l'auteure. Comment mettre en place de nouvelles routines, plus créatives ?

Voici quelques options :

S'offrir trois soirées sans écrans par semaine (et en profiter pour commencer une activité sociale, ludique, créative, sportive, technique, etc.) ;

Varier les plaisirs numériques (en ne visionnant qu'un seul film par semaine, en allant au cinéma et en modérant notre goût pour les séries ou le sport en se fixant une consommation d'un match//épisode par semaine) ;

Surfer sur Internet de façon raisonnable et responsable (à la fois écologique et sociale).

Karine Mauvily propose un tableau (qu'elle remplit en donnant son exemple) pour "choisir ses usages de la Toile", p. 198.

Quelques défis cyberminimaliste

Voici quelques rappels de ce que l'auteure a déjà proposé durant l'ouvrage, accompagné de quelques nouveautés :

Acheter des journaux papier et s'installer pour lire à la terrasse d'un café ;

Écouter la radio ;

Imprimer ses billets de train ;

S'ennuyer dans une salle d'attente ;

Faire une cure de désinformation (ni internet, ni journaux, ni télévision) ;

Transformer tout achat projeté sur Internet en un achat en ville.

Conclusion — Que faire collectivement ?

Cyberminimalisme versus dataïsme

Le dataïsme est la religion de certains grands patrons de la Silicon Valley. Ceux-ci souhaitent vivre éternellement en téléchargeant leurs esprits dans des espaces numériques.

Lisez la chronique de Homo Deus à ce sujet ! L'intelligence artificielle se répand et avec elle les rêves d'immortalité les plus fous des transhumanistes.

Nous ne sommes jamais consultés

Un fait est là : les citoyens ne sont pas consultés sur la numérisation de la société et sur l'utilisation à grande ampleur de l'intelligence artificielle. Qui, nous dit-on pourtant, est potentiellement dangereuse !

Il semble que les entreprises qui les commercialisent aient réussi à faire passer toute cette évolution pour quelque chose de très naturel et d'irréversible.

Pourtant, nous pourrions en débattre et opter pour d'autres options, moins high-tech, plus durables, etc. Au moins, nous devrions avoir le droit d'en discuter collectivement.

Des pistes d'actions collectives

Voici quelques pistes d'actions à mettre en place au niveau collectif :

Lutter pour un droit à la non-connexion ;

Faire fleurir les boutiques de matériel d'occasion ;

Installer en ville des espaces publics numériques (où trouver de l'aide) ;

Renoncer à la numérisation de l'école ;

Se questionner sérieusement sur l'idée de machines éthiques (IA).

Karine Mauvily fait le vœu que la génération Y (nés dans les années 1980 et abreuvés de télévision) soit capable d’élever des enfants avec l’idée de modération numérique. Cette génération Alpha (enfants nés dans les années 2010) saura, espérons-le, reprendre en main le numérique.

Conclusion sur "Cyberminimalisme. Face au tout-numérique, reconquérir du temps, de la liberté et du bien-être" de Karine Mauvily :

Ce qu'il faut retenir de "Cyberminimalisme. Face au tout-numérique, reconquérir du temps, de la liberté et du bien-être" de Karine Mauvily :

Rappelons tout d'abord les 7 principes cyberminimalistes mis en avant par Karin Mauvily :

Le minimum d'objets connectés, achetés à l'occasion.

Pas de téléphone portable avant 15 ans.

Refuser de se laisser remplacer par des logiciels.

Fournir le minimum de données.

Vivre sa vie sans l'enregistrer.

Pratiquer la cyberpolitesse.

Ne pas agir seul.

Ce livre qui complète de façon très intéressante, à la fois :

Les critiques du monde numérique, telles que La fabrique du crétin digital, Le Bug humain (déjà cité) ou bien Apocalypse cognitive ;

Les ouvrages sur l'organisation et la gestion du temps, tels que Savoir s'organiser ou encore l'indémodable La semaine de 4 heures.

Vous y trouverez une recherche de juste milieu visant à accroître notre "zone non numérique", tout en prenant en main notre "zone numérique".

L'auteure ne propose pas de critique radicale de la technologie numérique. Elle cherche plutôt à rendre l'existence contemporaine plus vivable et agréable en limitant nos usages et en évitant le gaspillage.

Points forts :

Une bibliographie intéressante ;

Des tableaux et conseils pratiques ;

Une écriture simple, mais qui aide à réfléchir.

Point faible : 

Pour certains d'entre vous, il ne sera pas pertinent d'appliquer toutes les règles recommandées. En effet, cela dépend de votre goût pour l'informatique ainsi que du travail que vous effectuez. Mais le plus important est de pouvoir y penser et de choisir vos pratiques consciemment. Et en cela, aucun doute, le livre vous aidera !

Ma note :

★★★★★

Avez-vous lu le livre de Karine Mauvily « Cyberminimalisme » ? Combien le notez-vous ?

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De la force à la force http://www.olivier-roland.fr/items/view/12599/De-la-force-la-force

Résumé de « De la force à la force : Trouver le succès, le bonheur et un but profond dans la seconde moitié de la vie » d'Arthur Brooks : un livre de développement personnel pour les personnes de plus de 40 ans qui veulent trouver une nouvelle voie — à recommander d'urgence à toutes celles et ceux qui travaillent trop et veulent lever le pied !

Par Arthur Brooks, 2022, 272 pages.

Titre original : « From Strength to Strength: Finding Success, Happiness, and Deep Purpose in the Second Half of Life ».

Chronique et résumé de « De la force à la force : Trouver le succès, le bonheur et un but profond dans la seconde moitié de la vie » d'Arthur Brooks

Quelques mots sur Arthur Brooks

De la force à la force : Trouver le succès, le bonheur et un but profond dans la seconde moitié de la vie est un livre de non-fiction d’Arthur Brooks (2022). Il a été best-seller n° 1 du New York Times pendant plusieurs mois. 

En 2019, Arthur Brooks est devenu professeur à la Harvard Kennedy School et à la Harvard Business School. Pendant une décennie avant cela, il a été président de l’American Enterprise Institute, un groupe de réflexion à Washington, DC, qui étudie les questions d’économie, de politique et de société.

Introduction : « L’homme dans l’avion qui a changé ma vie »

Arthur Brooks s’est posé la question qui est au cœur de ce livre à la suite d’une drôle de rencontre.

À l’été 2012, alors qu’il est dans un avion, il entend la conversation d’un couple assis derrière lui. Le mari se lamente, prétend qu’il est inutile et qu’il serait mieux mort. 

Lorsque les deux personnes débarquent, il est surpris de constater que l’homme est une personnalité connue, un héros célèbre pour une chose qu’il avait réalisée dans sa jeunesse. 

Au moment de cette « rencontre », l’homme est déjà un monsieur âgé d’environ 85 ans, mais il demeure très respecté. L’auteur raconte même que le pilote le reconnaît et lui avoue son admiration. Mais il ne dit pas de qui il s’agit !

Ce qu’Arthur Brooks veut mettre en avant, c’est son sentiment : au départ, il ne peut se résoudre à croire que cet homme estimé éprouve de tels sentiments négatifs. 

Mais il ressent une certaine empathie : lui, à près de 50 ans, a certes connu une vie professionnelle réussie, mais ne se sent pas non plus complètement épanoui.  

Il écrit : 

« J’ai obtenu le désir de mon cœur, du moins tel que je l’imaginais, mais cela ne m’a pas apporté la joie que j’imaginais » (De la force à la force, Introduction). 

Son succès lui a pris tout son temps et toute son énergie. Pire : il a peur de se détacher de cette réussite, qui lui semble être tout ce qu’il a. 

Bref, il se sent « sur la même pente » que la personne dans l’avion. 

Mais il souhaite agir — et c’est pour cela qu’il décide de rédiger cet ouvrage. Il effectue de nombreuses recherches et entretiens et apprend tout ce qu’il peut sur le déclin des personnes qui ont lutté toute leur vie pour réussir. 

« Bien que ces questions soient personnelles, j’ai décidé de les aborder en tant que spécialiste des sciences sociales, en les traitant comme un projet de recherche. » (From strength to strength, Introduction)

Voici sa thèse principale : surmonter les sentiments négatifs associés au déclin nécessite une transformation et l’acquisition d’un regard neuf sur le succès, mais cela peut vous conduire à une vie plus sensée et heureuse.

Chapitre 1 : « Votre déclin professionnel arrive (beaucoup) plus tôt que vous ne le pensez »

La recherche scientifique fournit des preuves du déclin professionnel qui affecte la plupart des personnes d’âge moyen. 

Mais Arthur Brooks commence par l’histoire de Charles Darwin, dont le travail sur la théorie de l’évolution constitue le sommet de la carrière professionnelle. 

Darwin publie L’Origine des espèces — son grand livre — à l’âge de 50 ans, après y avoir travaillé 30 ans. Pourtant, 20 ans plus tard, il se sent malheureux et insatisfait :

« Dans ses dernières années, Darwin était encore très célèbre — de fait, après sa mort, il a été enterré en tant que héros national à l’abbaye de Westminster —, mais il était de plus en plus mécontent de sa vie, voyant son travail comme insatisfaisant, médiocre et peu original. » (De la force à la force, Chapitre 1)

Dans toute profession nécessitant des compétences avancées, le déclin a lieu plus tôt que les gens ne sont prêts à l’admettre. Les athlètes de classe mondiale en sont un exemple évident. Mais le déclin se produit aussi bien au niveau cognitif qu’au niveau physique.

Les recherches sur les gagnants des prix Nobel en science montrent que les plus grands accomplissements ont lieu lorsque les personnes sont dans la vingtaine ou la trentaine. En moyenne, les résultats de ces individus baissent au cours des décennies suivantes. 

Les découvertes révolutionnaires sont rares une fois que les gens entrent dans la quarantaine. La même tendance se présente, bien qu’à un âge légèrement plus avancé, pour les scientifiques qui ne sont pas lauréats du prix Nobel. 

Il en va de même pour les :

Médecins ;

Entrepreneurs ;

Employés de bureau ;

Et, en fait, à peu près tout le monde. 

Les statistiques montrent que, surtout dans les domaines créatifs, les performances de pointe sont visibles environ 20 ans après le début d’une carrière.

Ce phénomène est lié au cortex préfrontal. Le cortex préfrontal est la partie du cerveau qui se développe en dernier. Il joue un rôle important dans ce que les scientifiques appellent la fonction exécutive, qui implique notamment la :

Prise de décision ; 

Mémoire de travail ;

Maîtrise de soi ;

Création de plans et d’actions à mener.

Des études montrent que le cortex préfrontal semble également être la première zone du cerveau à décliner. Lorsque c’est le cas, nous sommes moins enclins aux activités multitâches, à la concentration et à l’analyse approfondie des choses. 

La mémoire commence également à se dégrader. Certaines personnes oublient même des noms et des faits qu’ils connaissent pourtant bien.

L’effet est encore plus grand sur celles et ceux qui sont particulièrement ambitieux ou qui se trouvent déjà au sommet de leur domaine. Ces individus ont l’habitude d’attirer l’attention ; ils savent que leur travail est significatif. Conséquence ? Ils ont encore plus peur que les autres de devenir « obsolètes ». 

Ou pour le dire simplement : plus on grimpe, plus on descend. 

Et, de fait, la recherche scientifique montre que les personnes qui réussissent plus tôt dans la vie ont tendance à être plus mal à l’âge avancé. 

Insatisfaites, frustrées, elles cherchent à en atteindre plus, alors même que leurs capacités diminuent. Souvent, elles travaillent plus — trop — pour compenser, ce qui a pour fâcheux effet de nuire à leur entourage et à leurs relations :

« Le problème du déclin est donc un double problème : nous avons besoin d’un succès toujours plus grand pour éviter l’insatisfaction, mais nos capacités à rester au même niveau diminuent. Mais non, en fait, c’est un triple coup dur, parce que comme nous essayons de rester au même niveau, nous nous retrouvons dans des modèles de comportements addictifs tels que le workaholism, qui enferme les travailleurs acharnés dans des modèles relationnels malsains, le tout au prix d’une perte de connexion profonde avec les conjoints, les enfants et les amis. » (De la force à la force, Chapitre 1)

Face à ce problème, il existe selon Arthur Brooks 3 options : 

Le déni ;

La démission ;

La transformation. 

Ce livre propose une voie pour suivre la troisième option.

La courbe de l'intelligence, Chapitre 1.

Chapitre 2 : « La deuxième courbe »

Arthur Brooks explore les aspects positifs de l’ » après 40 ans ». En fait, il révèle une seconde trajectoire qui, elle, s’améliore avec l’âge. En effet, certaines compétences continuent de progresser même si la capacité d’innovation diminue. 

Quelles sont-elles ?

Vous pourriez par exemple vous améliorer au niveau : 

Du vocabulaire ;

De la capacité à synthétiser ;

De l’utilisation et l’explication d’idées complexes. 

L’auteur discute ensuite de la façon dont le psychologue Raymond Cattell a étudié ce phénomène. Selon ce chercheur, l’intelligence peut être divisée entre « intelligence fluide » et « intelligence cristallisée » : 

La première implique la résolution de problèmes et aboutit à une pensée innovante ;

La seconde est constituée des connaissances accumulées au cours d’une vie d’apprentissage.

L’auteur résume ce travail de la façon suivante : « Quand vous êtes jeune, vous avez une intelligence brute ; quand vous êtes vieux, vous avez la sagesse » (27). Or, cette « sagesse » ou « intelligence cristallisée » peut s’avérer très utile dans certains domaines. 

Par exemple, les historiens sont environ deux fois plus performants après 40 ans. Plus généralement, l’enseignement est favorisé par l’intelligence cristallisée. Les personnes plus âgées font également de parfaits mentors pour les générations qui les suivent. 

Sur un graphique reprenant en abscisse l’âge et le niveau d’intelligence en ordonnée, vous pouvez donc vous imaginer 2 courbes : 

Celle de l’intelligence fluide, qui augmente pendant les 20 premières années d’une carrière, en moyenne, puis diminue. 

Celle de l’intelligence cristallisée qui commence plus tard, se fortifie à l’âge moyen et continue à augmenter pendant quelques décennies.

Vous l’aurez deviné, c’est cette deuxième courbe qui offre le plus d’espoir aux travailleurs de plus de 40 ans ! Le problème, c’est qu’ils doivent savoir qu’elle existe et être prêts à l’embrasser. 

Pour clore le chapitre, Arthur Brooks donne l’exemple de Johann Sebastian Bach, dont l’histoire est un contrepoint à celle de Darwin dans le chapitre précédent. 

J.S. Bach était un génie musical et un compositeur très prolifique. L’un de ses nombreux enfants, Carl Philipp Emanuel Bach, est également devenu un musicien célèbre. Au fur et à mesure que les goûts musicaux changeaient, C. P. E. Bach est devenu plus célèbre que son père.

Au lieu d’arrêter sa production ou de devenir amer, J. S. Bach a travaillé joyeusement sur la composition de L'Art de la Fugue tout au long de la dernière décennie de sa vie. Il a ainsi créé une sorte de manuel de musique baroque que les élèves du monde entier utilisent encore aujourd’hui.

Voulez-vous suivre la voie de Bach et trouver le moyen de développer votre intelligence cristallisée ? Continuez votre lecture !

« Si vous rencontrez un déclin de l’intelligence fluide — et si vous avez mon âge, c’est sûr que vous êtes dans le même cas —, alors cela ne signifie pas que vous êtes lessivé. Non, cela signifie seulement qu’il est temps de sauter de la courbe d’intelligence fluide à la courbe de l’intelligence cristallisée. » (De la force à la force, Chapitre 2)

Chapitre 3 : « Mettez fin à votre dépendance au succès »

Brooks examine ici la première des 3 forces qui empêchent les gens de « sauter » de la première à la deuxième courbe : le fait d’être accro au travail. C’est un phénomène proche de la consommation de drogues ou d’alcool. 

D’ailleurs, les problèmes s’enchaînent :

« Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la probabilité de consommation d’alcool augmente avec le niveau d’éducation et le statut socio-économique. Certains croient — et je suis d’accord, sur la base de mon travail — que les personnes occupant des emplois à haute pression ont tendance à s’automédicamenter avec de l’alcool, y compris en buvant à des niveaux dangereux, ce qui peut éteindre la sensation d’anxiété comme un changement — temporairement. » (De la force à la force, Chapitre 3)

Les personnes qui travaillent avec acharnement sont souvent accros à la gloire que leur profession peut leur apporter. Une femme travaillant dans le domaine de la finance dit à l’auteur que : « Peut-être que je préfère être spéciale plutôt qu’heureuse ». 

Pour d’autres, placer le travail au-dessus de tout est un moyen d’éviter la dépression. Abraham Lincoln et Winston Churchill, par exemple, ont combattu ce problème en s’épuisant à la tâche.

Le surmenage peut également être le résultat de l’auto-objectivation, c’est-à-dire de la tendance à « juger constamment sa propre estime de soi — pour le meilleur comme pour le pire — en fonction de la performance au travail ou de la position professionnelle ». 

La plupart d’entre nous veulent renvoyer l’image d’un être compétent, accompli et estimé par ses pairs. Toutefois, une fois que nous entrons dans ce cercle, il est difficile d’en sortir.

À force de nous comparer aux autres et de nous inquiéter de notre position dans la hiérarchie sociale et professionnelle, nous en devenons accros au travail (ou à d’autres substances). 

Bien sûr, il est naturel d’être fier du travail que nous faisons. Pourtant, cela ne devrait pas se transformer en arrogance et en ambition démesurée. 

Lorsque cela survient, il faut savoir dire stop. Pour ce faire, il faut admettre que nous avons un problème et que nous voulons changer. Un geste qui demande une certaine humilité.

Arthur Brooks rappelle : 

« Vous n’êtes pas votre travail, et moi (comme je dois me le rappeler) je ne suis pas le mien. » (De la force à la force, Chapitre 3)

Chapitre 4 : « Commencer à s'attaquer au problème »

Arthur Brooks ouvre le chapitre 4 avec une anecdote sur la visite du National Palace Museum à Taïwan. Grâce à son guide, il s’interroge sur la nature du processus artistique et de ce qui le précède. 

Dans la pensée occidentale, c’est la toile vierge qui représente le moment avant la création.

Dans la pensée orientale, c’est un bloc de jade non sculpté. 

Alors que la pensée occidentale a tendance à penser l’art en termes d’addition (ajouter de couleurs à la toile pour obtenir une peinture), la pensée orientale y voit plutôt un processus de soustraction (retirer des copeaux de jade pour faire apparaître la statue). 

Or, il en va de même pour le succès. 

Plutôt que d’accumuler des choses irréfléchies, le secret du contentement est d’enlever les choses qui ne sont pas essentielles. C’est le deuxième obstacle pour sauter en direction de la seconde courbe : se détacher des choses mondaines. 

Mais pourquoi sommes-nous tant attachés aux objets et que pouvons-nous y faire ?

Nous pouvons penser à de nombreux entrepreneurs à succès qui ne pensent qu’à l’accumulation de biens en tout genre. Et pourtant, rien de tout cela n’est très gratifiant, au bout du compte.

Pour nous aider à nous détacher de cet état d’esprit, Arthur Brooks raconte les histoires de deux hommes spirituels de l’histoire qui ont traité du problème de l’attachement aux choses : 

Thomas d’Aquin ;

Bouddha. 

Tous deux venaient de familles riches. Celles-ci leur ont donné tout ce qu’ils désiraient dès leur plus jeune âge. Et pourtant, là n’était pas leur bonheur. 

Thomas d’Aquin, venu d’Italie, préfère rejoindre l’ordre dominicain, dont les moines se consacrent à la pauvreté. Il identifie quatre choses — l’argent, le pouvoir, le plaisir et l’honneur — que les gens utilisent pour tenter de se substituer à Dieu. Mais selon lui, aucun n’est satisfaisant.

Le prince indien Siddhartha Gautama, qui est devenu le Bouddha, choisit quant à lui de rejeter sa vie de privilèges et vit une vie d’ascèse, jusqu’à ce qu’il rencontre l’illumination. Sa conclusion ? Les biens du monde ne sont pas mauvais en soi, mais notre attachement à eux peut être la cause du problème. 

Pour Brooks, suivre les étapes pour lâcher cet attachement apporte la paix et l’illumination.

Beaucoup plus récemment, des recherches scientifiques ont montré comment cette dynamique d’attachement fonctionne chez les personnes. Obtenir ce que l’on veut apporte un certain sentiment de satisfaction, mais celui-ci est éphémère. 

Dès lors, nous cherchons toujours quelque chose de nouveau pour obtenir le même sentiment. Nous entrons dans un cercle vicieux — appelé adaptation hédonique — qui s’autoalimente. 

En termes d’évolution, ce goût pour les choses du monde se justifie par le besoin d’entrer en possession de ressources limitées (partenaires, nourriture, etc.). 

En revanche, dans une société industrielle moderne où les ressources sont souvent abondantes, cette fonction atavique du cerveau nous joue des tours. Nous ressentons le besoin de posséder comme une nécessité ; l’absence de biens, comme un échec.

Il existe pourtant d’autres façons d’agir. Au lieu d’assimiler la satisfaction à des quantités toujours plus grandes de choses, Arthur Brooks conçoit cette équation : 

« Satisfaction = Ce que vous avez ÷ ce que vous voulez. » (De la force à la force, Chapitre 4)

Chaque personne peut ainsi calculer simplement ce qui la rend vraiment heureuse.

Se dépouiller des choses inutiles implique donc d’abord de vous demander ce qui vous motive vraiment. L’auteur vous invite ici à réfléchir à votre « pourquoi » — en d’autres termes, à vous demander quel est le but de votre vie. 

Ensuite, il faut travailler sur une liste de choses à faire inversée, dans laquelle on ne réduit ses désirs qu’aux choses qui apporteront le vrai bonheur et la satisfaction personnelle. 

Enfin, l’auteur propose de se concentrer sur les petites choses. Les petites choses de la vie sont ce qui compte vraiment, comme regarder un coucher de soleil avec des êtres chers et s’imprégner de ce moment.

Chapitre 5 : « Réfléchissez à votre mort »

La peur du déclin est la troisième raison pour laquelle les gens ont du mal à sauter de la première à la deuxième courbe. 

Les travailleurs acharnés ont tendance à assimiler travail et vie personnelle et pensent souvent qu’ils peuvent tout simplement continuer à aller au-delà de leurs limites indéfiniment. Ils pensent aussi que leur travail définit leur vie et imaginent que cesser de travailler revient à cesser d’exister.

Si vous voulez vous positionner sur la deuxième courbe, vous aurez en revanche besoin d’admettre que vous connaissez un déclin et que vous ne pouvez plus vous pousser à bout constamment.

Cette reconnaissance renvoie elle-même à la peur de la mort. Cette peur est compréhensible et normale. Tous les animaux ont un instinct de survie ; toutefois, seuls les humains peuvent envisager de ne pas exister et c’est souvent la source de la vraie peur. 

Certaines personnes souhaitent aussi continuer à travailler au-delà de leur apogée pour essayer de sécuriser leur héritage. Toutefois, pour Arthur Brooks, ce n’est pas raisonnable. 

Pourquoi ? Car personne ne peut contrôler l’avenir et même le meilleur héritage n’est pas une garantie de bonheur. En faisant cela, vous risquez de passe à côté du présent en vous concentrant uniquement sur l’avenir. 

Comment sortir de cette peur ?

Par exemple, vous pouvez écouter les choses que les gens disent de quelqu’un à ses funérailles. Ces paroles sont essentiellement tournées vers les qualités personnelles et non vers les réalisations professionnelles. 

Contrairement à d’autres qualités, les vertus personnelles, telles que l’intégrité et la gentillesse, ne disparaissent pas avec l’âge. 

Imaginer que vous n’avez qu’un an à vivre (et à travailler) pourrait également vous aider à vous concentrer sur les choses qui comptent le plus. Comme l’écrit Arthur Brooks : « Contempler la mort peut même rendre la vie plus significative » (105).

En somme, la meilleure façon de surmonter la peur de la mort consiste à s’exposer davantage à elle. Les psychologues suggèrent de faire face aux choses qui nous effraient afin de créer un sentiment de familiarité qui efface la peur.

L’auteur rapporte que certains moines bouddhistes affichent dans leurs chambres des photographies de corps en décomposition. Il existe également une méditation nommée maranasati au cours de laquelle ils imaginent les différentes étapes de la décomposition physique.

Pourquoi ne pas faire la même chose en pensant à son propre déclin professionnel ? Arthur Brooks nous invite à prendre conscience de notre déclin et de la vanité de notre existence, à la manière du philosophe stoïcien Marc Aurèle.

« Ce n’est que lorsque vous faites face à la vérité de votre déclin professionnel — une sorte de mort — que vous pouvez continuer à progresser vers la deuxième courbe. » (De la force à la force, Chapitre 5)

Chapitre 6 : « Cultivez votre forêt de peupliers »

Dans ce chapitre, l’accent est mis sur la création de relations qui donnent un sens à nos vies et sur lesquelles nous comptons dans nos années en déclin. 

Le problème que la plupart des travailleurs acharnés rencontrent est qu’ils mettent tellement le travail en priorité qu’ils en oublient tout le reste, y compris la famille et les amis. 

Comment ne pas laisser cela se produire ? Comment cultiver des relations saines et durables ?

Une étude révolutionnaire nommée Harvard Study of Adult Development donne un aperçu de ce que les gens trouvent significatif dans ce domaine. Commencée en 1938, l’étude a examiné une cohorte de près de 300 étudiants masculins de Harvard tout au long de leur vie. 

L’étude a été conçue pour survivre aux chercheurs originaux. Pour chaque décennie de la vie, les participants ont révélé ce qui les rendait heureux et satisfaits, et ces données ont été classées en fonction de la santé physique et mentale, ainsi que de la satisfaction générale. 

La catégorie supérieure des personnes « satisfaites » nous permet de voir qu’elles valorisent particulièrement l’exercice et l’absence d’excès, mais ce n’est pas tout. Le facteur le plus important qui est mis en évidence dans cette étude est l’amour.

Or, de nombreuses personnes très performantes sont assez seules malgré tous leurs signes extérieurs de succès ! Ils peuvent être connectés à de nombreuses personnes au quotidien, mais ils ressentent pourtant profondément l’isolement. 

Les personnes qui réussissent le mieux n’ont souvent pas la chance de nouer des amitiés de travail en raison de leur position d’autorité et de leadership. Leurs relations les plus proches, qui sont essentielles pour réduire la solitude, sont la famille et les relations amoureuses.

Sur ce dernier point, l’auteur remarque que l’amour est le plus fort entre les conjoints et « l’amour partenaire », dans lequel les partenaires sont à la fois amis et amants. D’après la recherche, l’amour monogame serait également préférable en termes de bonheur à long terme.

Il est également important d’avoir des amis proches en dehors du mariage. Non pas des amitiés superficielles de travail, mais de vrais amis avec lesquels vous pouvez discuter de sujets sérieux et vers qui vous pouvez vous tourner en cas de besoin.

L’auteur utilise la métaphore d’une forêt de peupliers. Si vous ne regardez qu’un seul d’entre eux, il vous semble qu’il tire sa force et sa résilience de lui-même. Toutefois, la vérité est que leurs racines sont connectées sous terre au sein d’un grand réseau de racines.

En fait, la forêt de peupliers est « le plus grand organisme vivant du monde ». 

« Le secret pour supporter mon déclin — non, pour en profiter — est d’être plus conscient des racines qui me lient aux autres. Si je suis connecté aux autres dans l’amour, ma diminution sera plus que compensée par des augmentations pour les autres — c’est-à-dire des augmentations pour d’autres facettes de mon vrai moi. » (De la force à la force, Chapitre 6)

De la même manière, les humains ne sont forts et puissants que lorsqu’ils sont soutenus par leurs relations interconnectées.

Les travailleurs acharnés résistent souvent à nouer des amitiés à cause de 3 causes :

Le manque de temps (ce qui est un signe clair de dépendance au travail ; 

L’absence de pratique — ne pas savoir comment faire ;

La crainte que les nouveaux amis ne leur pardonnent pas leur incompétence sociale.

Pour éviter ce problème d’enfermement dans le travail, Arthur Brooks propose une solution en 3 étapes : 

Planifiez votre temps ;

Faites votre travail de base (ce que vous pouvez fournir de manière unique dans les relations) ; 

Investissez intelligemment dans ce que vous voulez pour les personnes que vous aimez. 

La recherche a montré que les objectifs intrinsèques des relations solides fournissent le plus de satisfaction, et même tard dans la vie, elles peuvent être cultivées.

Chapitre 7 : « Commencez votre Vanaprastha »

Arthur Brooks consacre un chapitre au besoin de spiritualité. Il affirme que ce type de désir se manifeste surtout à l’âge moyen pour beaucoup de personnes. 

Il arrive même souvent que ce soient les plus sceptiques qui modifient leur jugement, une fois venue la quarantaine.

Pourquoi ? 

Eh bien, c’est en partie dû à l’expérience de la vie : à mesure que vous apprenez que la vie n’est pas propre et ordonnée, mais ambiguë et mystérieuse, vous acceptez également l’ambiguïté dans la spiritualité et la religion. 

Sur un plan scientifique, il a été démontré que les gens ressentent une plus grande satisfaction, mais aussi une meilleure santé physique, lorsque les personnes se déclarent religieuses ou spirituelles. 

Il est probable que cela soit dû aux avantages de la socialisation (aller à l’église, fréquenter une communauté, etc.). Toutefois, l’auteur insiste davantage sur un autre point : la concentration.

L’auteur relate un voyage qu’il a réalisé en Inde en 2018. Il avait entendu parler d’une philosophie de la vie que les Indiens appellent les ashramas (étapes) et voulait en savoir plus. Là-bas, il a pu rencontrer un professeur qui lui a exposé cette théorie.

Selon la philosophie des ashramas, il y a 4 grandes étapes dans l’existence :

Les premières années d’apprentissage ;

La création de la famille, la carrière et l’épargne ; 

À l’âge moyen, la prise de distance avec la carrière et l’éveil de l’intérêt spirituel ; 

L’engagement complet dans les questions spirituelles (la prière et l’étude).

Les gens ont souvent du mal à quitter leur succès mondain et à entrer dans la troisième étape, nommée vanaprastha.

Souvent, les travailleurs acharnés ne développent pas ce côté spirituel de leur vie. L’une des raisons est ce qu’Arthur Brooks appelle le « syndrome de Nicodème ». 

Dans la Bible, Nicodème faisait partie d’un groupe religieux farouchement opposé aux enseignements de Jésus, les pharisiens. Pourtant, il se sentait attiré par la parole de ce nouveau prophète et se faufilait, la nuit, pour l’écouter. Finalement, Nicodème se dévoua en cachette au christianisme.

La morale de cette histoire ? Lorsque l’envie spirituelle se manifeste tard dans notre vie, elle entre en conflit avec l’identité que nous nous sommes forgée. Nous hésitons à lui donner une seconde chance, car nous y voyons un tissu de mensonges ou de conseils inappropriés à notre situation.

Changer de point de vue n’est pas facile.

Il faut du temps et un engagement fort afin de favoriser la spiritualité. Tout le monde n’est pas prêt à entreprendre ce cheminement.

Néanmoins, si vous êtes décidé à surmonter ces obstacles, alors Arthur Brooks a un conseil pour vous : partez arpenter les chemins de Compostelle. Un pèlerinage sur le Camino de Santiago, en Espagne, vous aidera certainement à y voir plus clair. 

L’auteur raconte son expérience : pour lui, réaliser cette marche est source de contemplation, voire de méditation. Cela permet de se concentrer sur ce qui est important et d’être reconnaissant pour ce que nous possédons déjà.

Chapitre 8 : « Faites de votre faiblesse votre force »

Comment faire de nos faiblesses des forces ? C’est la question posée dans cet avant-dernier chapitre. 

Arthur Brooks raconte l’histoire de Saint Paul. Celui-ci écrit dans l’une de ses lettres : « On m’a donné une épine dans ma chair, messager de Satan, pour me tourmenter » (172). 

Il est difficile de déchiffrer le sens de cette phrase. Certains spécialistes ont suggéré qu’il souffrait d’épilepsie, car il raconte, à un autre moment, avoir été frappé par un éclair de lumière sur la route de Damas, au point d’en devenir aveugle pendant une brève période. 

Mais le plus important n’est pas là.

Dans la même lettre, Paul écrit que cette épine — sa faiblesse — est en fait sa force.

Qu’en penser ? Pour les travailleurs acharnés, qui veulent à tout prix « performer » en exhibant leurs meilleures qualités, cette affirmation sonne aux oreilles comme une hérésie. Et pourtant, n’a-t-elle pas un sens profond ? 

Selon Arthur Brooks, des liens forts peuvent être forgés par la faiblesse. 

L’auteur lui-même en a fait l’expérience lorsqu’il a relaté, dans le New York Times, son parcours non conventionnel et son chemin vers le succès. Sa faiblesse — ne pas avoir suivi le cheminement mainstream pour parvenir au succès — est devenue sa force : il a reçu beaucoup de soutien inattendu de la part de sa profession.

Prenons 3 autres exemples :

L’animateur de talk-show Stephen Colbert ;

Le survivant de l’Holocauste, Viktor Frankl ;

Le compositeur Ludwig von Beethoven. 

Stephen Colbert a perdu son père et ses deux frères dans un accident d’avion alors qu’il n’avait que 10 ans. Cet événement dramatique ne l’a pas détruit ; Stephen Colbert a su faire preuve de résilience et il est devenu reconnaissant. 

Viktor Frankl écrit dans ses mémoires qu’une « opportunité unique se trouve sur le chemin de la souffrance ».

Ludwig Van Beethoven est devenu sourd à l’âge de 30 ans. Pianiste brillant, il a d’abord été pris de rage devant cette incapacité de jouer. Mais plus tard, il s’est tourné vers la composition. Résultat ? Il a composé ses plus grandes œuvres tard dans sa vie, alors qu’il était complètement sourd. 

N’est-ce pas la surdité qui a rendu l’œuvre de Beethoven unique ? C’est ce que suggère Arthur Brooks. Quoi qu’il en soit, c’est ainsi qu’il a changé pour toujours la musique classique et qu’il est devenu le maître absolu de l’ère romantique.

« La leçon est que si vous voulez créer un lien humain profond avec quelqu’un, vos forces et vos succès mondains ne seront pas suffisants. Vous avez besoin de vos faiblesses pour cela. » (De la force à la force, Chapitre 8)

Chapitre 9 : « Élancez-vous dans la marée descendante ! »

Dans ce dernier chapitre, Arthur Brooks relate une anecdote de son enfance. 

Alors qu’il pêchait seul au bord de la mer, un vieux pêcheur est venu à sa rencontre. Le jeune homme ne savait pas très bien s’y prendre et n’avait, de fait, pécher aucun poisson. 

Alors, l’homme expérimenté dit à Brooks d’attendre la marée descendante, une fois que la mer commencerait à reculer.

Arthur Brooks était confus : est-ce que tous les poissons n’allaient pas s’en aller en même temps ? Non, le pêcheur lui expliqua que le changement de marée allait, au contraire, soulever beaucoup de petits organismes que les poissons voudraient manger. 

C’est alors qu’il pourrait faire une bonne pêche. Le garçon et le pêcheur attendirent la marée descendante et ce fut, comme il l’avait prédit, un grand succès !

Pensez-y. 

C’est exactement ce à quoi fait référence Arthur Brooks lorsqu’il veut parler de la deuxième courbe. Et c’est de cette façon que l’auteur explicite cette métaphore : 

« Je me suis souvenu de ce jour à plusieurs reprises en écrivant ce livre. Il y a une marée descendante dans la vie, la transition de l’intelligence fluide vers l’intelligence cristallisée. » (De la force à la force, Chapitre 9)

En psychologie, les spécialistes nomment « espace liminal » les transitions du milieu de vie, lorsque nous nous situons entre les rôles professionnels, les organisations, les cheminements de carrière et les étapes d’une relation ». 

Le chercheur Bruce Feiler a constaté que les transitions personnelles se produisent en moyenne tous les 18 mois. Ce sont donc des phases assez fréquentes. Or, ceux-ci ont tendance à affecter les gens plus que des événements qui changent le monde, comme les attaques terroristes du 11 septembre par exemple.

Lorsqu’un changement se produit, il peut provoquer de la douleur, mais au final, nous en retenons le plus souvent le positif. C’est en partie parce que ces moments peuvent être de véritables sources de renaissance et de créativité.  

Qu’en est-il de cette phase de transition que nous avons l’habitude d’appeler la « crise de la quarantaine » ? 

En fait, Arthur Brooks soutient que de telles transitions n’ont pas besoin d’être une « crise ». Ce terme, inventé dans les années 1960 et popularisé une décennie plus tard dans le livre Passages de Gail Sheehy, masque d’autres réalités.

L’auteur se tourne vers son propre père et son grand-père afin de prendre des exemples positifs. À l’âge de 49 ans, le grand-père de Brooks a déménagé sa famille du Nouveau-Mexique à Chicago. Celui-ci n’a pas ressenti cela comme un malheur, mais plutôt comme quelque chose qu’il ressentait le besoin de faire. 

De même, le père de Brooks était un professeur d’université en mathématiques, qui se sentait en infériorité parce qu’il n’avait pas passé son doctorat, contrairement à ses collègues. Il a décidé de rédiger une thèse après 40 ans et tout s’est bien passé !

Brooks termine ce chapitre par 4 leçons pour laisser éclore votre intelligence cristallisée.

Celles-ci vous aideront à faire le grand saut vers la quarantaine (ou la cinquantaine) heureuse.

Identifiez ce que vous voulez vraiment. Cette volonté exigera sans doute des sacrifices. Êtes-vous prêts à les réaliser ? 

Considérez le travail comme une récompense, et non comme un moyen d’atteindre une fin. Impossible ? Non : si vous faites ce que vous voulez vraiment, travailler ne sera plus une tâche, mais une activité que vous réaliserez pour elle-même, avec plaisir.

Faites la chose la plus intéressante que vous pensez pouvoir faire.

Préparez-vous au zigzag qu’implique toute reconversion professionnelle. Pour autant, ne prévoyez pas tout, ni trop. Faites le grand saut et laissez-vous porter par l’aventure !

Conclusion : « Sept mots à retenir »

La courte conclusion fournit un résumé de sept mots du livre : « Utilisez les choses. Aimer les gens. Adorez le divin » (Use things, Love people, Worship the divine). 

Arthur Brooks souligne que les biens matériels ne sont pas mauvais en soi. Toutefois, les aimer nous rend insatisfaits et frustrés. Au contraire, aimer les personnes conduites au bonheur.

« Le problème n’est pas le nom “choses”, mais le verbe “aimer”. Les choses sont à utiliser, pas à aimer. Si vous ne deviez vous souvenir que d’une seule leçon de ce livre, ce serait celle-là : l’amour est à l’épicentre de notre bonheur. » (Conclusion)

L’auteur termine en remerciant l’homme dans l’avion qui lui a donné l’idée de ce livre et de cette recherche sur le phénomène du déclin. Finalement, Arthur Brooks a eu le courage de changer le cours de sa vie, à écrire ce livre et à partager ses idées avec d’autres.

Conclusion sur « De la force à la force : Trouver le succès, le bonheur et un but profond dans la seconde moitié de la vie » d'Arthur Brooks :

Ce qu’il faut retenir de « De la force à la force : Trouver le succès, le bonheur et un but profond dans la seconde moitié de la vie » d'Arthur Brooks

Arthur Brooks propose un ouvrage à la fois scientifique et spirituel sur le passage à la quarantaine. Selon lui, il est possible de se transformer pour embrasser tous les avantages de cette étape de la vie et en profiter durablement.

Il s’appuie d’abord sur les études de Dean K. Simonton et Raymond Cattell afin de montrer que nous connaissons tous un déclin de la pensée fluide avec l’âge. 

Mais il insiste ensuite sur l’importance de ne pas se laisser aller à la morosité : ce déclin peut être largement compensé en « sautant sur la courbe » de l’intelligence cristallisée, nommée aussi sagesse.

L’auteur cherche à comprendre notre rapport au travail acharné. Pour beaucoup d’entre nous, ne plus travailler — ou ne plus travailler autant — constitue presque une « petite mort ». Cela est lié au fait que nous attachons profondément notre identité à notre profession.

Toutefois, il y a des chemins à prendre pour diminuer cette charge qui pèse sur nous et entretenir une existence plus joyeuse à partir de 40 ans. L’une d’entre elles est de se reconvertir pour exercer une activité que nous aimons vraiment. 

La spiritualité (la méditation, par exemple) est également une voie à explorer. Sans prétendre chercher à nous convaincre sur ce point, Arthur Brooks veut simplement partager son expérience. 

Finalement, ce livre nous raconte son cheminement personnel et nous livre l’enseignement qu’il en a tiré.

Points forts :

Un livre à la fois personnel et universel ;

Qui parvient à associer connaissances scientifiques, sagesses anciennes et développement personnel ;

Et vous donnera des images fortes pour prendre ce tournant de votre vie avec sérénité ;

En plus, le livre se lit très facilement, car l'auteur a une bonne plume !

Point faible :

Vous devrez lire l'anglais pour pouvoir en profiter…

Ma note :

★★★★★

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Mon, 09 Oct 2023 05:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12599/De-la-force-la-force
Maîtrisez vos émotions http://www.olivier-roland.fr/items/view/12553/Matrisez-vos-motions

Résumé de « Maîtrisez vos émotions. Guide pratique pour vaincre la négativité et mieux gérer vos émotions » de Thibaut Meurisse : un manuel riche en enseignements sur nos émotions, comment mieux en prendre conscience et les gérer.

Par Thibaut Meurisse, 2021, 260 pages.

Chronique et résumé de « Maîtrisez vos émotions : Guide pratique pour vaincre la négativité et mieux gérer vos émotions » de Thibaut Meurisse

Maîtrisez vos émotions - Introduction

Personne ne nous apprend réellement comment fonctionnent nos émotions, ni nos professeurs, ni nos parents. La société nous enjoint à les réprimer, notamment les émotions négatives. Pourtant, les émotions sont au centre de notre vie et de notre bonheur.

À travers ce livre Maîtrisez vos émotions, l’auteur, Thibaut Meurisse affirme qu’il « vous aidera à :

comprendre la nature des émotions et la façon dont elles affectent votre vie ;

identifier les émotions négatives qui contrôlent votre vie et à apprendre à les surmonter ;

changer votre récit pour mieux contrôler votre vie et vous créer un meilleur avenir ;

reprogrammer votre esprit pour ressentir plus d’émotions positives. » (Maîtrisez vos émotions, p. xii)

L’auteur conseille de lire Maîtrisez vos émotions dans son ensemble au moins une fois puis de revenir et de se concentrer sur les sections que l’on souhaite approfondir. Des exercices sont inclus dans chaque section et vous trouverez également des exercices complémentaires dans la partie annexe. 

Partie 1 – Maîtrisez vos émotions : Définir les émotions

  1. Votre mécanisme de survie

Un penchant pour la négativité

Au début de l’histoire de l’humanité, les êtres humains vivaient en petits groupes nomades. Par la suite, lorsqu’ils ont commencé à devenir de plus en plus sédentaires, ils ont continué à vivre dans des systèmes communautaires où les liens de parenté et de solidarité étaient très forts. 

Ils vivaient le plus souvent dans des environnements très hostiles où ils étaient confrontés à la menace de prédateurs. Face à ces dangers, le cerveau des humains a développé des réflexes de survie presque automatiques. Le stress ressenti dans une telle situation permettait de se protéger en provoquant des réactions comme la fuite ou l’attaque. 

Le groupe ou la communauté assuraient une protection essentielle face aux dangers. Être exclu du groupe signifiait se retrouver seul face aux prédateurs et la mort presque assurée.

Ainsi le cerveau humain associe l’inclusion dans un groupe à la protection et le rejet à un danger. 

Bien que nous vivions aujourd’hui dans des sociétés plus sécurisées et plus individualistes, nous continuons à associer le rejet ou la critique à un risque d’exclusion et donc de mort. L’auteur donne l’exemple de personnes qui se focalisent sur une critique négative – par exemple une critique du patron – alors qu’elles ont reçu un grand nombre de compliments par ailleurs. La peur d’être rejeté prend alors le pas sur les évaluations positives.

Mais Thibaut Meurisse précise que :

« La fonction principale de votre cerveau n’est pas de vous rendre heureux, mais d’assurer votre survie. Ainsi, si vous voulez être heureux, vous devez apprendre à contrôler vos émotions au lieu d’espérer que le bonheur vienne à vous naturellement. » (Maîtrisez vos émotions, p. 5)

La dopamine peut nuire à votre bonheur

Lorsque nous effectuons certaines actions qui ont un lien avec notre survie (nous alimenter, faire l’amour, etc.) et la survie de l’espèce, de la dopamine est libérée dans certaines zones du cerveau. Nous ressentons alors du plaisir, parfois intense. Cette sensation nous amène à chercher à renouveler l’action associée au plaisir et donc à continuer à nous alimenter et à tenter de nous reproduire par exemple.

Dans nos sociétés modernes, les spécialistes du marketing et de la psychologie utilisent ce système de récompense de la dopamine. Ils créent des contenus qui stimulent certaines zones de notre cerveau et nous amènent à libérer de la dopamine et donc à ressentir du plaisir.

C’est ainsi que certains deviennent « accros » aux notifications, aux « likes », à leurs smartphones, à la pornographie, etc. Ces addictions peuvent être très dangereuses, notamment lorsqu’elles amènent certains à s’éloigner de besoins essentiels comme boire et manger.

L’adaptation hédonique

Il est faux de croire qu’en réalisant ses rêves, on sera heureux pour toujours. Une fois l’excitation et l’euphorie passées, on cherchera à passer à une nouvelle chose « excitante » (p. 7). 

L’auteur cite une étude très intéressante, réalisée en 1978, sur deux groupes ayant connu un grand changement de vie un an auparavant.

Un groupe était constitué de personnes qui venaient de gagner au loto.

L’autre groupe était constitué de personnes qui étaient devenues paraplégiques. 

Un an après ce changement, tous les participants étaient aussi heureux ou malheureux qu’avant. Cette étude montre que les évènements extérieurs n’ont que peu d’effet sur notre niveau de bonheur.

L’auteur cite les travaux de Sonja Lyubomirsky et selon qui :

50% de notre bonheur est déterminé par la génétique ;

40% par des facteurs internes ;

10% par des facteurs externes.

« Ainsi, l’influence des facteurs externes est probablement bien moindre que vous ne le pensiez. Voici ce qu’il en ressort : c’est votre attitude face à la vie qui dicte votre bonheur, pas ce qui vous arrive. » (Maîtrisez vos émotions, p. 8)

  1. L’ego et son fonctionnement

Alors, qu’est-ce que l’ego ?

L’auteur choisit de désigner l’ego comme « l’identité » ou « l’histoire » d’une personne. L’ego se réfère à la perception que chacun a de lui-même. Cette conscience de soi se définit à travers ce que nous ressentons au contact des évènements de notre vie et des jugements que les autres portent à notre égard. 

L’ego se construit dans la comparaison aux autres et il crée de la dépendance aux autres. De plus, l’ego n’est jamais satisfait et cherche à s’alimenter toujours plus. 

Alors, nous pouvons ressentir des émotions négatives lorsque des éléments qui composent notre identité – et auxquels nous sommes attachés – sont critiqués. Il est important de prendre conscience de notre ego afin de ne pas nous soumettre entièrement à nos croyances. Nous pouvons alors éviter de grandes souffrances. 

Le besoin d’identité de votre ego

L’auteur identifie que l’ego a un fonctionnement similaire à celui du cerveau : il cherche à survivre mais aussi à s’accroître ! Pour cela, il a besoin de s’alimenter. C’est ainsi que certaines personnes cherchent à réaliser des actions uniquement dans le but d’obtenir un maximum de reconnaissance et de satisfaire ainsi leur ego. 

L’auteur identifie plusieurs éléments qui alimentent l’ego.

Les possessions matérielles : le capitalisme et le marketing développent beaucoup de techniques pour nous amener à croire que les objets en tout genre que nous possédons (vêtements, voiture, montres, etc.) jouent un grand rôle sur l’image que nous renvoyons aux autres. Si nous en venons à penser que les objets peuvent faire notre bonheur, ceci est problème.

Le corps : les sociétés modernes véhiculent des images stéréotypées des corps considérés comme beaux et séduisants. Ceci nous pousse à croire qu’un beau corps est essentiel au bonheur. Non ! Nous dit l’auteur. Il est possible d’observer son corps avec bienveillance, indépendamment des normes fabriquées par le marketing.

Les relations avec les autres : nous cherchons souvent, à travers nos actions, à obtenir la reconnaissance des autres. Nous utilisons ainsi les autres, d’une certaine manière, pour renforcer notre identité. Cela vaut pour les relations avec les amis et les connaissances, mais aussi, parfois, dans les relations parents-enfants. Certains parents se comportent comme s’ils possédaient leurs enfants et cherchent à renforcer leur ego à travers eux. On peut observer aussi des mécanismes similaires dans les couples.

Les croyances : elles peuvent être de différents types (religieuses, politiques ou métaphysiques). L’attachement à des croyances peut mener certains à être prêts à mourir pour les défendre, ou pire, à tuer ceux qui les contredisent !

Thibaut Meurisse mentionne aussi d’autres objets d’identification tels que la culture, la nationalité, l’âge, l’emploi, le statut social, etc.

Le besoin de l’ego de se sentir supérieur

Pour alimenter son ego, une personne en vient à développer des comportements dérangeants en société tels que :

« colporter des commérages », des critiques négatives sur d’autres, car cela permet de se sentir différent, « meilleur » en quelque sorte ;

chercher à avoir toujours raison, ce qui permet d’affirmer son existence ;

se plaindre, ce qui permet de se donner raison et de donner tort aux autres ;

attirer l’attention sur soi, quitte à commettre des actes répréhensibles.

L’impact de votre ego sur vos émotions

Pourquoi est-il si important de comprendre notre ego ? Et bien, parce que notre ego est à l’origine de beaucoup des émotions négatives que nous ressentons. 

« En remplaçant votre histoire actuelle par une histoire plus valorisante, tout en renonçant à un attachement excessif aux choses, aux personnes ou aux idées, vous pourrez vivre des émotions plus positives. » (Maîtrisez vos émotions, p. 12)

  1. Maîtrisez vos émotions : La nature des émotions

Les émotions que nous ressentons n’ont pas vocation à rester durablement en nous. Elles peuvent apparaître, puis disparaître après nous avoir habités pendant des temps variables. Plusieurs émotions peuvent également cohabiter. L’important est de réussir à les accepter sans se juger et de ne pas s’identifier à elles. Ne nous laissons pas définir par nos émotions !

L’utilité des émotions négatives

Ce ne sont pas les émotions elles-mêmes qui créent de la souffrance, mais la manière dont nous les critiquons.

Considérons plutôt le côté positif des émotions négatives. Elles agissent comme des signaux qui nous permettent de détecter une souffrance, un problème à analyser, des changements à amorcer. 

L’auteur cite les exemples d’Elon Musk et d’Abraham Lincoln qui ont vécu de profonds moments de dépression et de tristesse ce qui ne les a pas empêchés de se retrouver ensuite sur des rails positives ! Les émotions négatives n’ont pas vocation à rester en nous. Un jour, elles disparaissent et votre personnalité peut « briller de nouveau » (p.22).

Cependant Thibaut Meurisse conseille aux personnes souffrant de dépression chronique grave d’aller consulter un spécialiste.

Le côté perfide des émotions

Les émotions qui nous habitent à un moment donné de notre vie colorent toutes les expériences que nous vivons. 

Si nous nous sentons heureux, nous avons tendance à vivre tout ce qui nous arrive de manière positive, y compris des expériences que nous aurions pu ressentir comme désagréables à d’autres moments. 

À l’inverse, si nous nous sentons malheureux, les évènements de notre vie sont teintés d’émotions négatives comme la tristesse, la colère, le ressentiment, l’angoisse, l’exaspération, ou encore la frustration.

« Efforcez-vous de remarquer lorsque de tels évènements se produisent et commencez à déjouer les ruses de vos émotions. Vous pouvez également aller plus loin et noter ces évènements dans un journal. Ce faisant, vous comprendrez mieux le fonctionnement des émotions, et par conséquent, vous serez mieux équipé pour les gérer. » (Maîtrisez vos émotions, p. 23)

Le pouvoir maléfique des émotions

Selon Thibaut Meurisse, les émotions négatives agissent « comme un sort » (p.24), c’est-à-dire qu’elles nous envahissent subitement sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. 

Le problème est que les émotions prennent alors le pas sur la raison. Nous avons beau tenter de nous raisonner, rien n’y fait et nous restons habités par ce ressenti négatif. Ce mécanisme est amplifié quand l’image que nous nous faisons de nous-mêmes est atteinte. Par exemple, une personne qui manque de confiance en elle se sentira vite touchée par une petite critique. 

C’est ainsi que des cercles vicieux d’émotions et de pensées négatives se mettent en place, une émotion en entraînant une autre de la même nature.

Le pouvoir filtrant des émotions

Quels sont les aspects de la vie qui sont atteints par les émotions ? 

Ils sont nombreux, il s’agit notamment de la capacité à :

entreprendre, être créatif, avoir des idées ; 

persévérer ; affronter les obstacles ; sortir de sa zone de confort.

Briser le pouvoir magnétique des émotions

Nous avons vu que les émotions négatives peuvent être un signal intéressant pour nous amener à analyser les causes de notre mal-être et chercher des solutions. Ainsi, les émotions négatives vont et viennent au milieu d’émotions positives et ce processus reste naturel et sain. 

Toutefois, lorsque nous restons prisonniers trop longtemps de cercles vicieux d’émotions négatives, nous devons essayer de briser ce que l’auteur appelle leur « pouvoir magnétique ». Comment faire ?

Thibaut Meurisse conseille de « compartimenter les problèmes et ne pas regrouper des problèmes sans rapport les uns avec les autres » (p.28).  De plus, en examinant précisément ce qui a déclenché une émotion négative, nous pouvons commencer à identifier certains schémas de causes à effets qui se mettent en place. 

Votre point d’équilibre émotionnel

Thibaut Meurisse cite ici deux autres auteurs, Esther et Jerry Hicks, qui ont développé un modèle dans leur ouvrage Demandez et vous recevrez pour expliquer le passage d’émotions négatives à positives. 

Ils distinguent des échelles d’émotions. Ainsi, les émotions qui nous empêchent de passer à l’action, comme la dépression ou le désespoir, sont au bas de l’échelle. Puis la colère signifie un regain d’énergie et d’action. Elle peut être utilisée comme un moteur pour se mettre en marche et créer une dynamique. 

« Chaque fois que vous ressentez des émotions négatives, recherchez des émotions revigorantes. (…) si la colère vous fait du bien, acceptez-la. » (Maîtrisez vos émotions, p. 30)

Émotions et souffrance mentale

Lorsque nous sommes confrontés à un problème dans notre vie, il est contre-productif de lui associer un ensemble de questionnements angoissants et négatifs. Non seulement ils ne nous permettent pas de trouver des solutions, mais en plus, ils créent de la souffrance mentale. 

Et cette souffrance mentale consomme beaucoup d’énergie. Par exemple, lorsque l’on procrastine face à une tâche qui nous semble difficile, la souffrance mentale générée consomme en réalité plus d’énergie que la réalisation de la tâche elle-même. Et nous nous rendons finalement souvent compte que la tâche n’était pas si difficile que cela. Ce qui est problématique, c’est donc la souffrance que nous avons générée à partir de cette tâche à faire.

En réalité, les problèmes n’existent pas

Nous devons arrêter de créer de faux problèmes qui n’existent que dans notre esprit ou pour lesquels nous ne devons pas perdre de temps, car nous ne pouvons pas changer le passé ni prévoir l’avenir.

Partie 2 – Maîtrisez vos émotions : Ce qui affecte vos émotions

Thibaut Meurisse débute cette partie en soulignant la complexité des émotions et des différents facteurs qui les influencent. 

Il distingue deux types d’émotions :

Les émotions naturelles spontanées qui sont liées à nos mécanismes de survie (par exemple la peur qui peut mener à la fuite ou à l’attaque pour se défendre) ;

Les émotions sur lesquelles nous pouvons agir, car elles proviennent de la façon dont nous interprétons ce qui nous arrive, mais aussi d’autres facteurs comme l’alimentation, l’activité physique et cognitive ou encore le sommeil, etc. 

  1. L’impact du sommeil sur votre humeur

Des études ont montré que la quantité et la qualité du sommeil influencent la manière dont nous gérons nos émotions, notre capacité de concentration, notre vigilance et même notre espérance de vie.

Voici quelques conseils donnés par Thibaut Meurisse pour améliorer notre sommeil (p. 38-39) :

faire le noir complet dans sa chambre ;

ne pas utiliser d’appareils électroniques ou alors avec une protection anti-lumière bleue ;

détendre son esprit par exemple par l’écoute d’une musique apaisante ou la lecture d’un livre papier ;

ne pas boire d’eau dans les deux heures précédant le coucher pour éviter d’aller aux toilettes pendant la nuit ;

adopter un rituel du soir qui nous aidera aussi à avoir un rituel du matin.

  1. L’influence du corps sur vos émotions

Langage et posture corporels

Thibaut Meurisse cite les travaux d’Amy Cuddy, psychologue sociale à Harvard Business School. Elle a mené une expérience où elle mesurait les hormones produites par des hommes qui adoptaient certaines postures corporelles.

Les hommes qui adoptent une attitude de puissance produisent des hormones qui augmentent leur vitalité, leur bien-être et leur acceptation du risque. 

À l’inverse, les hommes qui adoptent une attitude de faible puissance produisent moins d’hormones entraînant des sensations de bonheur et sont plus averses au risque.

L’auteur conseille donc de s’efforcer d’adopter des postures corporelles qui génèrent des émotions positives comme sourire, se tenir droit, ou encore manifester une certaine énergie dans ses mouvements.

Les bienfaits de l’exercice physique

De même, des études ont montré que la pratique d’un exercice physique régulier permet de soigner des dépressions avec autant d’efficacité que des antidépresseurs. De manière générale, faire un peu de sport régulièrement peut aussi contribuer à augmenter l’espérance de vie.

Et pas besoin de courir dix kilomètres par jour ! Trente minutes de marche cinq jours par semaine contribuent déjà de manière significative à une amélioration de l’humeur. 

  1. Maîtrisez vos émotions : L’influence des pensées sur vos émotions

La méditation et la visualisation sont des pratiques qui peuvent vous aider à améliorer significativement votre humeur.

À travers la méditation, vous observez les pensées qui surgissent dans votre esprit et vous apprenez à les mettre à distance de manière à diminuer l’impact émotionnel qu’elles ont sur vous. 

À travers la visualisation, vous pouvez visualiser des expériences qui vous amènent des émotions positives.

  1. L’influence des paroles sur vos émotions

Prêtez attention à la manière dont vous vous parlez à vous-mêmes, dont vous exprimez vos souhaits et vos intentions. 

Dites : « je veux », « je le ferai », « absolument », « bien sûr », « aucun problème ». Utilisez des formes positives.

Ne dites pas : « j’espère », « je vais essayer », « je souhaite », « peut-être », « si tout va bien ». N’utilisez pas de formules négatives.

« Les affirmations positives sont des phrases que vous répétez régulièrement jusqu’à ce que votre subconscient les accepte comme vraies. Au fil du temps, elles conditionnent votre esprit à éprouver des émotions positives telles que la confiance ou la gratitude. » (Maîtrisez vos émotions, p. 48)

  1. L’influence de la respiration sur vos émotions

La respiration est absolument essentielle à la vie. Si vous arrêtez de respirer, vous mourez en quelques minutes. 

En pratiquant certaines techniques de respiration, vous pouvez influencer grandement votre humeur et la gestion de vos émotions.

Ralentir la respiration permet de :

soulager le stress ;

augmenter sa conscience et sa sensibilité ;

diminuer l’anxiété et la peur.

Pratiquer une respiration rapide permet de :

se libérer du stress ;

avoir plus d’énergie.

  1. Maîtrisez vos émotions : L’influence de l’environnement sur vos émotions

Que nous le voulions ou non, le contact avec ce qui nous entoure provoque des émotions, que ce soit le contact avec d’autres êtres humains, des animaux, des végétaux, un paysage, des bruits, etc. 

Pour essayer d’améliorer notre bien-être, essayons de maintenir de bonnes relations avec les autres et de vivre dans un environnement agréable et bien organisé. L’auteur indique qu’il développera davantage ces points dans le chapitre 16.

  1. L’influence de la musique sur vos émotions

Des études ont montré que l’écoute de musique contribue à améliorer l’humeur en quelques minutes seulement. La musique peut aussi aider à mieux communiquer et améliorer la qualité de vie en général. 

Thibaut Meurisse précise que chacun est différent. Il nous invite à observer les liens entre différents types de musique et les émotions que nous ressentons. Il nous conseille alors de créer des playlists adaptées à chacune des émotions que nous recherchons : repos, détente, méditation, énergie, etc.

Partie 3 – Maîtrisez vos émotions : Changer vos émotions

Au début de cette troisième partie de l’ouvrage, l’auteur annonce les trois thèmes principaux qu’il traitera :

l’origine des émotions ;

les bienfaits de la pensée positive ;

les limites de la pensée positive et les compléments à apporter pour améliorer la gestion des émotions négatives.

  1. La naissance des émotions

Comment naissent les émotions que nous ressentons ? 

Thibaut Meurisse rappelle la distinction qu’il a déjà faite entre deux types d’émotions négatives.

Tout d’abord, on trouve les émotions négatives spontanées qui sont essentielles à notre survie puisqu’elles conditionnent des réactions qui visent à nous maintenir en vie. Il s’agit par exemple de la peur que nous éprouvons face à un danger. L’auteur ne s’attarde pas sur ces émotions essentielles.

En second lieu, on peut distinguer les émotions négatives que nous créons dans notre esprit. 

L’enjeu ici est de répondre à la question suivante : à travers quel processus générons-nous des émotions négatives qui peuvent nous envahir durablement ?

L’auteur distingue trois mécanismes qui s’enchaînent.

L’interprétation qui est très souvent liée à l’histoire personnelle de chacun et aux attentes créées à un moment donné. Face à un même évènement, deux personnes peuvent réagir très différemment. Par exemple, la pluie fera le bonheur d’un agriculteur et le malheur d’une famille qui prévoyait de se baigner. 

L’identification qui consiste à se définir à travers une émotion que l’on ressent à un moment donné. Or, l’auteur le rappelle, les émotions ont vocation à être passagères et à se modifier ! Ce n’est pas parce que vous vous sentez envahi par la tristesse à un moment donné que vous êtes triste en permanence.

La répétition qui consiste à s’accrocher à une émotion négative, par exemple le ressentiment que l’on éprouve envers un ami. Essayez de lâcher prise de cette émotion négative dès le début, ne la laissez pas vous habiter !

La combinaison et l’enchaînement de ces trois mécanismes (interprétation, identification, répétition) créent une émotion négative intense, durable et envahissante.

Pour réduire le pouvoir des émotions négatives, essayez d’identifier, à chaque étape, les mécanismes à l’œuvre.

Quels sont les évènements qui ont eu lieu et quelles ont été vos pensées ? 

Quelle a été votre réaction face à ces pensées ?

Avez-vous répété ces pensées à différents moments ?

  1. Maîtrisez vos émotions : Changer votre interprétation

La manière dont nous interprétons des évènements est étroitement liée à notre histoire de vie personnelle. Notre culture d’origine, notre famille, la société dans laquelle nous évoluons ou encore nos fréquentations influencent grandement nos opinions et nos manières de voir le monde.

Ainsi pour comprendre les interprétations que nous réalisons, Thibaut Meurisse nous conseille d’analyser nos points de vue. Quels sont-ils et sont-ils si immuables que nous le croyons ? Notre bonheur passe-t-il vraiment par le respect de toutes ces normes que nous énonçons au sujet par exemple du mariage, de la bonne santé, ou encore de l’argent ? 

En examinant attentivement ces normes que nous avons tendance à ne jamais questionner, nous nous rendrons compte que certaines ne nous correspondent pas et que nous pouvons les revisiter ou les voir autrement. Nous serons ainsi mieux armés pour faire face aux nécessaires aléas de la vie qui surgiront et pour y répondre. Nous pourrons alors saisir ces imprévus comme des opportunités pour avancer plutôt que de créer des blocages.

  1. Se libérer des émotions

L’éducation nous apprend le plus souvent à réprimer nos émotions négatives telles que la colère, la peur, la frustration ou la tristesse. Cependant, en faisant cela, nous bloquons ces énergies délétères à l’intérieur de nous-mêmes. 

Que se passe-t-il alors ? Nous continuons à entretenir le sentiment de ne pas être performant ou compétent par exemple, de ne pas « être assez bien » pour satisfaire certaines exigences sociales.

Comment nous libérer de nos émotions négatives ? 

Thibaut Meurisse nous conseille de suivre différentes étapes.

Observez les cycles émotions/pensées/interprétations avec détachement. Pour cela, prêtez attention aux signaux que votre corps vous envoie, prenez le temps de les ressentir et de les accepter. 

Caractérisez vos émotions avec précision. Plutôt que de dire « je suis triste », dites plutôt quelque chose comme « je me sens triste en ce moment et cela est certainement lié à tel évènement ».

Libérez-vous des émotions néfastes et des croyances qui y sont attachées, par exemple l’idée qu’il faut travailler beaucoup pour se sentir fier et être performant ou encore l’idée qu’il faut contrôler le résultat de ses actions.

« J’avais régulièrement l’impression de ne pas être assez performant. Par conséquent, je pensais que je devais travailler plus dur. Cette conviction m’a conduit à créer des listes d’objectifs quotidiens impossibles à atteindre, même en travaillant du matin au soir. Je n’atteignais pas souvent mes objectifs, ce qui renforçait la conviction que je n’étais pas assez doué. En réalisant que ce n’était qu’une histoire, j’ai commencé à abandonner cette croyance. Après ça, j’ai remarqué que j’étais presque aussi productif, mais sans avoir besoin de lutter et de me sentir stressé. C’est un problème sur lequel je travaille toujours, mais ce processus m’a beaucoup aidé. » (Maîtrisez vos émotions, p. 78)

Pour finir, Thibaut Meurisse expose le principe de la Méthode Sedona de Hale Dwoskin qui préconise trois façons de se libérer de ses émotions : les laisser partir ; les autoriser à exister ; les accueillir. 

  1. Conditionner l’esprit pour générer des émotions positives

Pour rappel, les émotions et les pensées se font écho et s’alimentent mutuellement à l’intérieur de cycles. Par exemple, le fait de croire que l’on est incompétent génère des émotions négatives comme la honte et la culpabilité, qui, à leur tour, attireront des pensées qui renforceront ces émotions et ainsi de suite. Ainsi, vous vous souviendrez régulièrement d’échecs passés et vous vous focaliserez sur les choses pour lesquelles vous vous croyez incompétent. 

Ces cycles d’émotions et de pensées créent à leur tour des blocages qui empêchent de passer à l’action pour améliorer sa vie. Et voilà comment, en vous croyant incompétent à tort, vous ne demanderez pas de promotion. 

En vous concentrant sur ce que vous voulez et en cherchant des moyens pour générer des énergies positives (enthousiasme, excitation, passion), vous arriverez à réaliser beaucoup plus de choses que ce que vous croyez !

Pour faire le plein de pensées positives :

célébrez quotidiennement vos petites victoires ;

traitez-vous avec compassion et respect ;

reconnaissez vos points forts.

Pour vous entraîner à éprouver plus d’émotions positives, vous pouvez utiliser le même schéma d’identification des émotions négatives déjà présenté : interprétation + identification + répétition = émotion puissante.

Thibaut Meurisse apporte alors quelques exemples de stratégies à réfléchir et à mettre en place pour éprouver certaines émotions comme la gratitude, l’enthousiasme, la confiance/certitude, l’estime de soi ou encore l’esprit de décision.

Mais attention à ne pas vouloir mettre en œuvre trop de changements à la fois ! Commencez petit et allez-y progressivement. « N’oubliez pas que la maîtrise de vos émotions est un travail de longue haleine » (p. 92).

  1. Maîtrisez vos émotions : Changer vos émotions en modifiant votre comportement

Thibaut Meurisse nous prévient. Il n’est pas toujours aisé de substituer une émotion négative par une positive, notamment lorsqu’il s’agit d’émotions liées à des chocs profonds comme une dépression sévère ou le deuil d’un être cher. 

Toutefois, il existe encore un autre biais pour changer ses émotions : votre comportement. Le changement peut alors opérer très rapidement, comme dans le cas d’une colère légère que l’on calme en se concentrant sur une tâche précise. 

Ce processus de transformation des émotions par le comportement peut aussi prendre des mois, voire des années, s’il s’agit d’émotions qui vous habitent plus durablement. Persistez, vous finirez par voir les résultats !

  1. Changer vos émotions en modifiant votre environnement

Votre environnement est constitué notamment par les activités dans lesquelles vous investissez du temps et les personnes qui vous entourent, notamment celles avec lesquelles vous avez le plus d’interactions. 

Observez et analysez les éléments qui composent votre environnement. Lorsque vous êtes en contact avec eux, comment vous sentez-vous ? Est-ce vous ressentez un regain ou, au contraire, une baisse d’énergie ?

En réalisant ce travail, vous pourrez choisir de vous concentrer davantage sur ce qui vous procure du bien-être et laisser de côté, voire carrément, vous séparer des personnes et des habitudes qui vous tirent vers le bas.

Thibaut Meurisse cite quelques exemples d’habitudes souvent toxiques. C’est notamment le temps passé :

devant la télévision ou des vidéos, car ce sont des activités passives ;

sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter, etc.), car ils risquent d’accroître la dépendance au jugement des autres pour l’estime de soi ;

avec des personnes négatives et qui se plaignent fréquemment.

Le fait de laisser des projets inachevés est aussi une source d’angoisse. Votre esprit se trouve alors comme « encombré » par trop « d’onglets ouverts » (p. 99). 

  1. Des solutions à court et à long terme pour gérer vos émotions

Dans cette partie, l’auteur, Thibaut Meurisse, fournit « un ensemble d’exercices et de techniques pour mieux gérer vos émotions » (p. 100).

Parmi les solutions à court terme, voici quelques exemples.

Modifier son état émotionnel : se distraire ; bouger ; écouter de la musique ; crier ; agir pour faire ce que l’on doit faire (que l’on en ait envie ou non).

Prêter attention à ses émotions : écrire – avec précision – ses préoccupations et les évènements qui ont généré une émotion ; recueillir un point de vue extérieur en discutant avec un ami.

Se détendre : se reposer ; utiliser des techniques de respiration ; relâcher ses muscles ; voir les problèmes comme des signaux pour chercher des solutions et aller mieux.

Voici des exemples de solutions à long terme.

Analyser ses émotions négatives : identifier « l’histoire » qui se trame derrière les émotions ressenties ; pratiquer la méditation ; se concentrer complètement en réalisant une activité.

S’éloigner de la négativité : changer d’environnement ; supprimer les activités qui ne sont pas productives, qui n’apportent rien.

Conditionner son esprit : créer des rituels ; faire du sport.

Augmenter son énergie : mieux dormir ; mieux manger.

Demander de l’aide : pour surmonter des problèmes profonds comme une dépression.

Partie 4 : Maîtrisez vos émotions : Utiliser vos émotions pour vous épanouir

Dans cette quatrième et dernière partie, Thibaut Meurisse expose la manière dont on peut s’appuyer sur ses émotions pour son développement personnel. Rappelez-vous que les émotions négatives n’ont pas vocation à durer et à vous habiter en permanence. Elles vont et viennent et vous pouvez aussi agir sur ce flux.

  1. Maîtrisez vos émotions : Laisser vos émotions vous guider

Prêtez attention à vos émotions le plus possible. Les émotions agissent comme des signaux qui vous indiquent une marche à suivre. Si les émotions sont négatives, analysez ce que vous devez changer pour aller mieux. 

Si vous ignorez les émotions négatives, le problème qui les cause va s’amplifier et deviendra encore plus difficile à gérer. Vous pourriez même rencontrer de graves problèmes de santé comme un épuisement professionnel (burn-out) ou une dépression.

C’est par exemple le cas lorsque vous rencontrez des problèmes avec votre conjoint ou un ami et que vous ne parvenez pas à en parler, ce qui accroît votre mal-être. La même situation peut se produire sur le plan professionnel. 

Améliorer sa conscience de soi est un outil puissant pour mieux gérer ses émotions.

« La conscience de soi est votre capacité à analyser objectivement vos pensées, vos émotions et vos comportements, sans y ajouter votre propre interprétation ou histoire. » (Maîtrisez vos émotions, p. 110) 

Une bonne conscience de soi augmente la curiosité, l’écoute, la prise de responsabilité, la remise en question des croyances.

  1. Écrire vos émotions

Thibaut Meurisse vous invite ici à réaliser l’exercice simple. Prenez quelques instants chaque jour pour noter vos émotions et sentiments en leur attribuant une note sur une échelle de 1 à 10 (1 étant la pire émotion et 10 la meilleure). 

À la fin de la semaine, faites un bilan. 

Analysez les émotions négatives ressenties et les faits concrets auxquels elles étaient liées (évènements extérieurs, manque de sommeil, etc.). 

Observez également comment vous avez interprété les faits et quelles croyances ancrées en vous vous ont amené à ce ressenti. 

Demandez-vous comment vous avez réussi à quitter un état émotionnel délétère pour revenir à un état neutre. 

Et enfin, « qu’auriez-vous pu faire pour éviter ou réduire ces émotions négatives ? »

  1. Ne pas être à la hauteur

Les sentiments de « n’être pas assez + adjectif (intéressant, inspirant, intelligent, etc.) » ou « de ne pas + verbe (travailler, produire, réfléchir, etc.) + assez » sont néfastes pour l’estime de soi et ont dû tuer dans l’œuf beaucoup de rêves. 

Vous n’êtes pas incompétent. En réalité, vous faites même la plupart des choses que vous entreprenez plutôt bien. Mais vous pensez souvent que vous n’êtes pas légitime pour réaliser une action. Vous avez alors tendance à vous focaliser sur vos échecs et vos difficultés au lieu de voir ce que vous faites bien. Cela peut vous rassurer, car vous vous dites que vous n’avez pas besoin « d’être à la hauteur ». Mais cela entretient aussi en vous un sentiment de mal-être.

« Même si le manque d’expérience, d’intérêt ou de talent peut expliquer pourquoi vous ne réussissez pas aussi bien que vous le souhaiteriez dans certains domaines, cela n’a rien à voir avec le fait que vous n’êtes pas suffisamment ‘compétent’. »  (Maîtrisez vos émotions, p. 122) 

Afin de surmonter le sentiment d’incompétence :

identifiez ce qui déclenche en vous vos sentiments d’incompétence ;

gardez une trace de vos réussites, par exemple en créant un « journal de réussites » et en notant tous les compliments que vous recevez ;

apprenez à recevoir les compliments et à les accepter.

Apprenez à prendre confiance en vous !

  1. Maîtrisez vos émotions : Être sur la défensive

Vous êtes sur la défensive lorsque vous ressentez le besoin de vous justifier en permanence ou que vous vous sentez offensé rapidement. Vous vous sentez vite en danger et vous vous voulez protéger votre ego. 

Thibaut Meurisse avance trois raisons pour lesquelles vous éprouvez le besoin de vous défendre.

Ce qu’on vous dit est en partie vrai et vous avez des difficultés à le reconnaître. Cela « déclenche en vous des réactions émotionnelles telles que la colère, le déni ou l’autocritique » (p. 132).

Ce qu’on vous dit sur vous n’est pas vrai, mais vous le croyez à tort et cela vient renforcer l’image dévalorisante que vous avez déjà de vous.

Une de vos croyances fondamentales est attaquée.

L’auteur conseille de chercher à comprendre ce qui nous amène à adopter une posture défensive. Pouvez-vous lâcher prise sur certaines de vos croyances ?

  1. Le stress et l’inquiétude

Le stress peut avoir de très graves répercussions sur la santé et il est à la source de milliers de décès chaque année dans le monde. 

Comment se sentir moins stressé ? 

En évitant les situations stressantes ;

En améliorant sa gestion des situations stressantes.

Comme pour les autres émotions négatives déjà abordées, Thibaut Meurisse conseille de prendre le temps de s’arrêter pour comprendre dans quelles situations naît le stress. Observez les interprétations et les croyances que vous associez à ces situations et demandez-vous si la situation est réellement stressante en soi. 

L’inquiétude, quant à elle, naît du souvenir ou de l’anticipation de situations stressantes. Pour diminuer vos inquiétudes, essayez de les lister. Elles peuvent être liées par exemple à la santé, la situation financière, le travail, les relations, la famille, etc.

Pour mieux gérer le stress, Thibaut Meurisse conseille de répartir les soucis en trois catégories distinctes ce:

que vous contrôlez ;

que vous contrôlez partiellement ;

sur quoi vous n’avez absolument aucun contrôle.

  1. Se soucier du regard des autres

Rappelez-vous que vous êtes la personne la plus importante au monde dont vous devez vous soucier en priorité. C’est avec vous-même en effet que vous vivez en permanence quoiqu’il arrive. « Il est donc normal de vous préoccuper de votre bien-être mental et physique » (p. 142).

Vous avez souvent tendance à surestimer le temps que les autres passent à penser à vous. En réalité, non ils ne pensent pas tant que ça à vous. Tout simplement parce qu’ils sont déjà très occupés à gérer leurs propres problèmes. 

Si vous cherchez à tout prix à obtenir l’approbation des autres et à être aimé du plus grand nombre, vous risquez d’oublier de vous occuper de vos besoins essentiels et de passer à côté de ce qui vous plaît vraiment à vous. 

« Vous n’êtes pas responsable des pensées des autres. En fait, ce que les gens pensent de vous ne vous regarde pas. Votre rôle est d’exprimer votre personnalité de la meilleure façon possible, tout en ayant l’intention la plus authentique. En bref, votre responsabilité est de faire de votre mieux pour être pleinement vous-mêmes. Ensuite, les gens peuvent vous aimer ou non, et c’est très bien ainsi. N’oubliez pas que les personnes les plus influentes telles que les présidents et les hommes et femmes d’État sont souvent détestées par des millions de personnes. » (Maîtrisez vos émotions, p. 144) 

  1. Maîtrisez vos émotions : Le ressentiment

Le ressentiment surgit lorsqu’une personne nous blesse et que nous ne parvenons pas à le lui dire. Nous avons alors tendance à attendre, par exemple, que cette personne comprenne par elle-même ce qu’elle a fait et reconnaisse le tort qu’elle nous a causé. 

Le ressentiment peut aussi apparaître, même après avoir exprimé ses besoins envers l’autre, lorsque l’on ne parvient pas à pardonner et à tourner la page. Nous continuons à penser à ce qui nous a blessé ce qui alimente la blessure en nous. C’est ainsi qu’un cercle vicieux se met en place.

En réalité, Thibaut Meurisse encourage à se débarrasser de cette amertume. La tranquillité d’esprit est plus importante que le besoin d’avoir raison et de se venger ! Pardonner, faire preuve de compassion envers autrui, réévaluer son interprétation peut aider à lâcher prise. 

  1. La jalousie

Nous ressentons de la jalousie lorsque nous aimerions avoir ce que quelqu’un d’autre a et que nous n’avons pas. Encore une fois, il s’agit certainement d’une interprétation erronée de la réalité. Entre ce que nous projetons et ce que nous croyons, il est même possible que nous ayons déjà ce que l’autre a ! 

Mais le sentiment de jalousie souligne avant tout nos manques et notre problème d’estime et de confiance en nous. Si nous analysons précisément ce qui déclenche ce sentiment, nous pouvons aussi agir pour lui faire face. Thibaut Meurisse cite son exemple. En comprenant pourquoi il était jaloux d’une personne qui rencontrait du succès dans le développement personnel, il a compris son propre désir de développer une activité dans ce domaine et il s’est lancé !

L’auteur nous invite à penser plutôt en termes de coopération et de soutien mutuel et nous propose de cesser de nous comparer aux autres. Après tout, nous ne connaissons jamais tous les aspects de la vie d’une personne. Pendant que vous vous concentrez sur les aspects positifs de la vie d’une personne, vous oubliez que cette personne rencontre certainement aussi des difficultés dans certains domaines. Mais surtout, vous oubliez de vous concentrer sur vous-mêmes.

  1. La dépression

L’auteur précise ici qu’il aborde la dépression « non-clinique ». Il distingue trois grands axes selon lesquels elle peut apparaître :

soudainement à la suite d’un choc émotionnel brutal et violent (lié par exemple à un deuil ou une séparation) ;

progressivement dans la dégradation de plusieurs aspects de votre vie (conditions de vie, perte d’un travail, couple, dettes, etc.),

sans raison apparente, mais parce que vous vous rappelez de manière répétitive et incessante les aspects que vous jugez négatifs dans votre vie et les craintes que vous avez concernant votre avenir.

La dépression est souvent créée par les pensées négatives que vous accumulez. Elle conduit à un sentiment de désespoir et d’impuissance : rien ne va plus et rien n’est plus possible.

Mais ne vous culpabilisez pas pour les émotions que vous ressentez. Ne réfléchissez pas trop, essayez plutôt d’agir ! En sortant de chez vous, en faisant des activités, en rencontrant des gens. Vous pouvez aussi faire du sport et méditer. En étant actif ainsi, même sans y réfléchir, vous allez percevoir petit à petit que vous vous reconnecterez davantage à vous-mêmes, à vos émotions, aux autres et à la réalité.

« La dépression est un signe que vous devez vous éloigner de votre esprit – en laissant de côté vos soucis concernant le passé/l’avenir ou votre interprétation de la situation actuelle – et vous reconnecter au moment présent. C’est une invitation puissante à vous détacher de l’identité à laquelle vous vous accrochez depuis tant d’années. C’est cette identité qui vous a amené à céder à la pression sociale : gagner une somme d’argent particulière, adopter un style de vie spécifique ou développer un certain statut social. La dépression vous invite à vous reconnecter à votre corps et à vos émotions tout en sortant de votre tête. » (Maîtrisez vos émotions, p. 165) 

  1. La peur de prendre des risques

Nous avons plus tendance à chercher à nous sécuriser et à rester dans notre zone de confort qu’à prendre des risques. Beaucoup de peurs plus ou moins conscientes nous empêchent alors de vivre pleinement notre vie. Par exemple, c’est par peur que nous n’allons pas vers des personnes qui nous attirent et qui nous correspondent ou encore que nous restons dans un poste de travail qui nous ennuie profondément. 

Comme pour les autres émotions, si nous écoutons et reconnaissons pourquoi et de quoi nous avons peur, cela peut nous donner la clé pour avancer dans notre vie et prendre les bonnes décisions. 

Nous avons tous, et même à l’âge adulte, une grande capacité à apprendre. Il suffit d’accepter de sortir de sa zone de confort de temps en temps. Cela ouvre des portes pour gagner confiance en soi et avancer dans le chemin qui nous correspond le mieux.

« Pour sortir de votre zone de confort, demandez-vous : ‘Quelle est la chose que je devrais faire, mais que je repousse constamment par peur ?’ Une fois que vous aurez fait cette chose, vous éprouverez probablement un sentiment de fierté et vous vous sentirez pleinement vivant. » (Maîtrisez vos émotions, p. 172) 

  1. La procrastination

La procrastination correspond à l’action de retarder la réalisation d’une action prévue, de la remettre à plus tard. Derrière la tendance à procrastiner se cache souvent un problème de gestion de ses émotions comme la peur d’échouer, le manque de confiance en soi et d’estime de soi. Le fait de ne pas être à sa place, de se sentir contraint de réaliser des tâches ennuyeuses peut aussi expliquer cette tendance.

La procrastination est coûteuse émotionnellement. Elle génère stress, angoisse et inquiétude. Lorsque nous procrastinons, nous avons l’impression de gérer en permanence une multitude de fenêtres ouvertes et de ne jamais rien terminer. 

L’auteur affirme également que la procrastination « peut vous conduire à :

ne pas vivre la vie que vous voulez ;

ne pas réaliser vos rêves ;

avoir une faible estime de vous et vous sentir coupable et malheureux. » (p. 174)

Thibaut Meurisse vous propose alors un processus en 16 étapes pour surmonter la procrastination parmi lesquelles on trouve notamment :

comprendre et analyser ce qui se cache derrière la procrastination, identifier les raisons ;

garder à l’esprit le coût de la procrastination ;

identifier ses techniques de distraction ;

noter précisément ce que l’on fait et le temps passé à chaque tâche ;

préparer son environnement pour les tâches planifiées ;

fractionner les tâches avec des objectifs réalisables et concentrez-vous sur des actions à impact positif rapide ;

agir, se lancer !

cultiver de bonnes habitudes quotidiennes.

  1. Le manque de motivation 

La passion rime avec la motivation. Si vous n’êtes pas motivé, c’est que vous avez le sentiment de ne rien faire de passionnant. Prenez le temps d’analyser pourquoi et d’explorer votre personnalité. Quels sont vos points forts et vos valeurs et quels types d’activités pourraient vous permettre de les déployer et de les valoriser ?

Vous pourriez aussi manquer de motivation, car vous ne définissez pas vos objectifs et votre vision personnelle d’une manière qui vous touche émotionnellement, et donc qui vous inspire. 

Gardez en tête qu’il est tout à fait normal de ne pas se sentir motivé et inspiré en permanence. La motivation va et vient. Pour vous aider à agir lorsque la motivation vient à manquer, instaurez une routine et gardez bien en tête vos objectifs. La discipline et l’organisation vous permettront de réaliser les choses qui doivent être faites même si vous n’en avez pas envie. 

Cependant, ne vous culpabilisez pas si vous n’arrivez pas à faire tout ce que vous pensez devoir faire ! Réévaluez vos objectifs et réorganisez la liste des tâches et des priorités.

Lorsque vous êtes bloqué, concentrez-vous pour terminer des cycles de tâches que vous aviez laissé ouverts les uns après les autres. Vous vous sentirez alors soulagé et vous pourrez enclencher une dynamique positive ! 

Conclusion

Thibaut Meurisse conclut son ouvrage Maîtrisez vos émotions en rappelant son message central.

Vos émotions ne vous définissent pas, elles vont et viennent. Vous n’êtes pas une personne « triste » ou « en colère » pour toujours.

Vous continuerez à éprouver des émotions négatives tout au long de votre vie et c’est normal.

Mais vous avez le pouvoir de vous changer et de changer votre environnement pour entrer dans une dynamique globale qui vous amènera à ressentir plus d’émotions positives.

Conclusion sur « Maîtrisez vos émotions : Guide pratique pour vaincre la négativité et mieux gérer vos émotions » de Thibaut Meurisse : 

Un manuel riche en enseignements sur nos émotions :

Voici un guide stimulant, limpide et facile à lire qui nous amène à comprendre et à réfléchir à ce qui déclenche et alimente des émotions négatives en nous et qui nous incite aussi à agir pour faire face à ce phénomène. Les émotions vont et viennent et ne sont pas destinées à rester durablement en nous. Nous pouvons aussi agir pour favoriser des émotions positives !

L’ouvrage est structuré en quatre parties qui offrent une progression depuis la compréhension jusqu’à l’action. Des citations de penseurs ou hommes et femmes célèbres ouvrent ou agrémentent chacune des sous-parties. Puis l’auteur expose une idée générale qu’il accompagne ensuite d’exemples clairs et d’exercices qu’il a concoctés. Un grand cahier d’exercices final est également proposé à la fin de l’ouvrage. Des références à d’autres auteurs de développement personnel sont aussi mobilisées.

Ce qu’il faut retenir de « Maîtrisez vos émotions : Guide pratique pour vaincre la négativité et mieux gérer vos émotions » de Thibaut Meurisse :

L’auteur propose dans Maîtrisez vos émotions, une formule frappante qui nous permet de saisir rapidement comment des émotions négatives fortes peuvent venir nous habiter durablement. Il résume cette formule ainsi : interprétation + identification + répétitions = émotions puissantes. 

Tout au long de l’ouvrage, cette formule est rappelée. L’auteur montre comment elle agit en arrière-plan de différentes situations pour expliquer le surgissement des émotions.

Cette formule permet aussi de comprendre comment on peut faire face à ses émotions négatives. Ainsi, en étant attentif aux différentes étapes qui mènent à leur surgissement, en décrivant les contextes dans lesquels elles apparaissent, il est possible d’en relativiser un grand nombre. Discuter avec quelqu’un de confiance, méditer, écrire, faire du sport sont aussi d’autres moyens – parmi les nombreux proposés par l’auteur – de prendre de la distance vis-à-vis de ses ressentis négatifs. 

Ainsi, on libère de la place pour plus d’émotions positives, augmenter son bien-être, sa vitalité et son envie d’agir !

Les points forts et les points faibles du livre Maîtrisez vos émotions

Maîtrisez vos émotions - Points forts :

Une écriture claire et efficace qui permet une prise en main rapide de l’ouvrage ;

Des éléments proposés très pertinents à la fois pour réfléchir et pour agir en rapport à nos émotions ;

De nombreux exemples et des exercices proposés au fil de l’ouvrage, mais aussi dans la partie annexe.

Maîtrisez vos émotions - Point faible :

Quelques répétitions, mais qui sont aussi utiles pour bien comprendre les liens de cause à effet entre les différentes idées exposées.

Ma note :

★★★★★

Le petit guide pratique du livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse

Autour de quoi s’accentue le livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse ?

Le but de l’auteur à travers son livre est d’aider les lecteurs à

Comprendre la nature des émotions et la façon dont elles affectent leur vie

Identifier les émotions négatives qui contrôlent leur vie et à apprendre à les surmonter

Changer leur récit pour mieux contrôler leur vie et leur créer un meilleur avenir

Reprogrammer leur esprit pour ressentir plus d’émotions positives

Foire Aux Questions (FAQ) du livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse

  1. Comment le public a accueilli le livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse ?

Maitrisez vos émotions a été bien accueilli par le public, car c’est un sujet d’intérêt commun pour de nombreuses personnes.

  1. Quel fut l’impact du livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse ?

Le livre a influencé l'approche d’une vie plus positive et a permis d’apprendre à gérer efficacement les émotions.

  1. À qui s’adresse le livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse ?

Le livre est recommandé à tous ceux qui cherchent à surmonter les sentiments négatifs et à prendre le contrôle de leur état émotionnel.

  1. Qu’est-ce que l’égo ?

L’auteur désigne l’ego comme « l’identité » ou « l’histoire » d’une personne. L’ego se réfère à la perception que chacun a de lui-même.

  1. Quels sont les aspects de la vie qui sont atteints par les émotions ?

Être entreprenant, créatif, avoir des idées

Être persévérant ; affronter les obstacles ; sortir de sa zone de confort.

Conseils pour améliorer le sommeil vs Les solutions à long terme pour gérer les émotions

Les conseils pour améliorer le sommeil Les solutions à long terme pour gérer les émotions

Faites-en sorte que votre chambre à coucher soit complètement obscure Analyser ses émotions négatives

N’utilisez pas d'appareils électroniques ou utilisez-les avec une protection contre la lumière bleue S'éloigner de la négativité

Détendez votre esprit, par exemple en écoutant de la musique apaisante ou en lisant un livre de poche Conditionner son esprit

Ne buvez pas d'eau deux heures avant de vous coucher pour éviter d'aller aux toilettes la nuit Augmenter son énergie

Adopter un rituel du soir pour nous aider dans notre rituel du matin Demander de l'aide

Qui est Thibaut Meurisse ?

Thibaut Meurisse est un auteur, blogueur et coach en développement personnel français. Il est connu pour ses livres et ses articles qui donnent des conseils pratiques pour augmenter la productivité, la motivation et l'autodiscipline.

Thibaut Meurisse est l'auteur de plusieurs livres populaires, dont Gérer son temps, gérer sa vie, développer sa confiance en soi et L'art de l'autodiscipline. Ses livres traitent de sujets tels que la gestion du temps, la motivation, la résolution de problèmes, la confiance en soi et la maîtrise des émotions.

Avez-vous lu le livre de Thibaut Meurisse « Maîtrisez vos émotions : Guide pratique pour vaincre la négativité et mieux gérer vos émotions. » Combien le notez-vous ?

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Mon, 04 Sep 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12553/Matrisez-vos-motions
Le Monde sans fin http://www.olivier-roland.fr/items/view/12462/Le-Monde-sans-fin

Résumé du livre "Le Monde sans fin, miracle énergétique et dérive climatique" : Cette bande dessinée, best-seller de 2022 avec 514 000 exemplaires écoulés, explore avec humour et clarté pédagogique les mécanismes d'un monde en contraction énergétique et présente comment décarboner en douceur les activités humaines — et si l’écologie n’était pas une affaire de morale, mais une question de lois physiques ? 

Par Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain, octobre 2021, 196 pages. 

Note : Cette chronique est une chronique invitée écrite par Emilie du blog Vivre Low-Tech.

Chronique et résumé Le Monde sans fin, miracle énergétique et dérive climatique :

Prologue  

Christophe Blain, l’illustrateur de ce roman graphique, ouvre la BD Le Monde sans fin sur son souvenir de l’été 2018. C’est alors la première fois que les médias grand public relient la canicule au sujet du réchauffement climatique. 

La presse partage le fait qu’il pourrait faire 50°C à Paris en 2050. Mais 2050 est une échéance lointaine et on s’attend à une hausse très lente et progressive des températures. 

Pourtant, avec la canicule de 2018, les choses deviennent plus réelles et immédiates dans l’opinion publique. 

Le sujet du réchauffement climatique continue de questionner Christophe Blain et son frère lui suggère alors, à l’été 2019, de faire une BD avec Jean-Marc Jancovici. 

Qui est Jean-Marc Jancovici ? 

Polytechnicien, il est spécialiste du lien entre les gaz à effet de serre et le réchauffement climatique. Au début des années 2000, il crée la méthode de calcul du bilan carbone. Cette méthode a donné naissance à une norme mondiale pour compter les émissions de gaz à effet de serre des entreprises. 

Il est fondateur du Shift Project (un think tank qui œuvre en faveur d'une économie libérée de la contrainte carbone) et cofondateur de Carbone4 (un cabinet de conseil dans la stratégie bas-carbone et le changement climatique). 

Mais au-delà de sa posture d’ingénieur et d’auteur, Jean-Marc Jancovici est devenu une figure emblématique de la décarbonation de nos sociétés. Sa capacité à vulgariser des informations scientifiques et ses talents rhétoriques en font une personne influente auprès des décideurs économiques et de l’opinion publique sur les enjeux climatiques.

Partie 1. Histoire de l’énergie dans les sociétés humaines

L’histoire de nos civilisations est celle de la croissance démographique qui se traduit par l'expansion des villes. Ces dernières concentrent désormais l'essentiel de la population. 

Mais c’est un système qui réclame un flux titanesque d’énergie pour fonctionner. 

1.1. Qu’est-ce que l’énergie ? 

L’énergie nous permet de porter de lourdes charges, de creuser le sol, de ne jamais avoir trop chaud ou trop froid, de détruire des choses, de communiquer sur de longues distances… 

Toute notre économie et notre création de richesses dépendent de l’énergie. Pourtant les dépenses en énergie (fioul, gaz, électricité, essence) ne représentent que 5 à 7% des revenus des ménages en France. À l’échelle mondiale, l’énergie (pétrole, charbon, gaz) ne représente que 5% du PIB.

1.2. Il y a 300 ans, toutes les énergies étaient renouvelables

La marine marchande se déplaçait à la voile et les humains à pied ou grâce à la traction animale. 

Mais aujourd’hui, c’est quand même beaucoup plus pratique et rapide d’utiliser du pétrole pour déplacer des marchandises en bateau ou en camion, nourrir la population, construire des bâtiments… 

Il a fallu 200 ans pour construire Notre-Dame de Paris, grâce aux énergies fossiles il faut 1 an pour construire une tour à la Défense. 

Depuis 200 ans, nous remplaçons des énergies renouvelables (moulins à vent, bateaux à voiles…) par des énergies fossiles. 

Mais parce qu’elle est invisible, nous oublions ce qu’est l’énergie : un flux physique. 

1.3. Les lois immuables de la physique 

Une des premières lois de l’énergie (la loi de la conservation énergétique) est la suivante : à l’intérieur d’un système isolé, l'énergie ne peut pas être créée ou détruite, mais seulement transformée d'une forme à une autre. 

Expliqué plus simplement, cela signifie que si nous, en tant qu'êtres humains, désirons davantage d'énergie que celle que notre corps peut générer, nous sommes contraints de l’extraire dans notre environnement.

Consommer de l’énergie revient à utiliser des machines. Il y a notre usage visible (voiture, ordinateur, métro, avion, ascenseur…), mais il y a aussi tout ce qu’on ne voit pas. Il y a, par exemple, la moissonneuse à coton, des camions de transport de marchandises, des usines pour la teinture… pour pouvoir, au bout de la chaîne, avoir des vêtements et s’habiller chaque matin. Et l’histoire de répète pour tous nos objets du quotidien.

En bref, tout notre monde moderne dépend de l’énergie. 

1.4. Comment mesure-t-on l’énergie ?   

On utilise pour cela les joules. 1 joule c’est 100 g qui montent d’1 mètre environ. 

Quand on brûle 1 litre d’essence, la chaleur dégagée vaut 36 000 000 joules. Cette énergie thermique est plus souvent exprimée en kilowattheures (10 kWh dans le cas du litre d’essence).

Avec 1 litre d’essence, on peut alimenter une machine d’une puissance de 10 kilowatts pendant 1 heure ou une machine d’une puissance de 100 watts pendant 100 heures.

La puissance, c’est l'énergie (en watts) par unité de temps (en heure). 

Plus une machine est puissante, plus elle demande de l’énergie pour chaque minute où elle fonctionne. 

C’est, en quelque sorte, la transformation du monde par unité de temps. Plus une machine est puissante, plus elle transforme le monde en peu de temps. Exemple : plus un radiateur est puissant, plus il va réchauffer la pièce rapidement. 

1.5. Énergie humaine Vs 1 litre d’essence

L’énergie mécanique produite par un humain qui monte 2 000 mètres de dénivelé avec un sac de 10 kg sur le dos représente 0,5 kWh. 

1 litre d’essence qu’on fait passer dans un moteur produit 3 à 4 kWh d’énergie mécanique.  

Ainsi, 1 litre d’essence a la même capacité à transformer ou transporter la matière que 10 à 100 jours de travail de force d’un humain. 

L’essence mise dans un moteur produit une énergie mécanique 500 à 5000 fois moins chère que l’énergie mécanique produite par un humain payé au SMIC. 

C’est la première chose à retenir de la BD Le Monde sans fin : le pétrole est une énergie très peu chère par rapport au gain qu’elle apporte. 

Conclusion partie 1 :

Il n’y a pas d’énergie propre dans l’absolu. Choisir une énergie (renouvelable ou fossile), c’est choisir un type de transformation avec des avantages (prix, stockage, usage…) et des contreparties (type d’extraction ou de production, disponibilité, émissions de CO₂…). 

Partie 2. Quelle énergie utilisons-nous ? 

Utilisée en petite quantité, l’énergie pose peu de problèmes. Mais dès qu’on l’utilise de manière massive, les choses se compliquent. 

Choisir une énergie revient à faire un arbitrage entre ses avantages et ses inconvénients. 

2.1. L’énergie est “gratuite”

Lorsqu’on paye pour de l’énergie, on paye en réalité le travail humain et les machines nécessaires à son extraction. On ne paye pas de facture à mère Nature pour avoir mis le pétrole ou le vent à disposition. 

Ainsi, ce qui fixe le prix d’une énergie, ce n’est pas l’abondance de sa présence dans l’environnement, mais sa facilité à être exploitée et sa concentration. 

Par exemple, l’énergie solaire est très abondante, mais trop diffuse et donc peu propice à faire fonctionner des machines puissantes. En prime, on doit y ajouter un système de stockage coûteux pour pouvoir l’utiliser même quand il n’y a pas de soleil. 

A contrario, le pétrole est le meilleur exemple d’une énergie très concentrée, très facile à extraire de l’environnement et très facile à stocker. 

2.2. Évolution de l’énergie utilisée dans le monde depuis 1850 

En 1850, la première source d’énergie utilisée est le bois. Elle servait à se chauffer, à alimenter les machines à vapeur, les forges… L’utilisation du bois a diminué au fil du temps, c’est la seule source d’énergie qui a suivi cette évolution. 

La seconde source d’énergie à faire son apparition est le charbon. Le charbon a toujours alimenté des machines à vapeur. Aujourd’hui, les ⅔ du charbon alimentent des centrales électriques (qui sont en réalité de très grosses machines à vapeur). Contrairement aux idées reçues, le charbon n’est pas l’énergie du passé. Son utilisation annuelle n’a jamais baissé depuis 1850. Or, le charbon est l’énergie qui produit le plus de CO₂ par kWh, le principal gaz à effet de serre produit par l’activité humaine.  

Ensuite, à partir de 1900, le pétrole fait son apparition. Il ne remplace pas le charbon, mais vient s’ajouter à la consommation énergétique globale, car il sert d’autres usages que le charbon. Le pétrole est l’énergie par excellence de la mobilité, car c’est une énergie qu’on peut stocker et transporter facilement.

Puis, vient le gaz. Il n’a remplacé aucune énergie, il s’ajoute aux autres. Le nucléaire c’est la même histoire. 

Et enfin, il y a les énergies renouvelables (hydroélectrique, éolien, solaire…). On en parle beaucoup et elles occupent une grande place sur la scène médiatique, mais elles ne représentent qu’une infime partie de l’énergie consommée à l'échelle mondiale. 

Source : Production de l’auteur à partir des données de Etemad & Luciani (1991) numérisées par The Shift Project (2019), Smil (2016), et British Petroleum (2020). 

2.3. Chaque terrien consomme en moyenne 22 000 kWh / an

Si on convertit ce chiffre (22 000 kWh / an) en énergie humaine, c’est comme si chaque terrien avait 200 esclaves en permanence qui bossaient pour lui. Si on le dit autrement, l’ensemble des machines qui travaillent pour nous en permanence sont comme un exosquelette qui nous permet de décupler notre force mécanique par 200. 

On comprend ainsi pourquoi l’accès à une énergie abondante et peu chère nous a permis de devenir infiniment plus riches et de vivre plus confortablement que nos ancêtres. 

2.4. Quelle vie aurions-nous sans énergie fossile ? 

L'essentiel de cette énergie est fossile (parce que ce sont des restes de vie ancienne). 

Sans cette énergie, nous aurions une tout autre vie. 30 ans d’espérance de vie et des journées de dur labeur sans aucun espoir d’évolution de notre qualité de vie. 

Si un terrien a, à sa disposition, 200 esclaves en moyenne. En France, c’est plutôt 600, contre 50 en Inde ou 1100 au Canada.

À titre d’exemple, sur 1 année, l’ensemble des appareils électroménagers d’un foyer représente (en puissance) le travail de 5000 jours esclaves. Le chauffage d’une maison de 100m2 représente entre 20 000 et 40 000 jours esclaves. C’est d’ailleurs ce travail ménager qu’on a pu sous-traiter aux machines qui a permis aux femmes d'entrer sur le marché du travail et de sortir du rôle domestique qui leur était assigné. 

2.5. L’explosion de la population

Sans énergie abondante, nous n’aurions pas pu : 

augmenter les rendements céréaliers ; 

apporter l’eau potable et assainir les villes ; 

transporter et conserver la nourriture d’un bout à l’autre du globe… 

Depuis 2 siècles, l’augmentation de la population est exponentielle. Grâce à l’énergie dont nous disposons, les progrès de la médecine et de l’agriculture nous ont permis d’être presque 8 milliards d’individus sur la planète. 

2.6. Des machines plus performantes mais aussi plus nombreuses

Entre 1930 et 2020, les machines nous fournissent 5 à 10 fois plus de mouvements pour une même quantité d’énergie absorbée. Mais cela ne nous fait pas faire d’économie d’énergie puisque, dans le même temps, nous avons augmenté le nombre de machines. 

Conclusion de la partie 2 :

Ainsi, jusqu’à la révolution industrielle, les limites physiques de la planète ne sont pas un problème. Mais l’explosion de la population multipliée par l’augmentation de la consommation énergétique par individu commence à soulever un problème de taille. 

Partie 3. Notre économie après les 30 Glorieuses 

Actuellement, nous consommons principalement des énergies fossiles. Les 2 énergies renouvelables les plus utilisées sont l’hydroélectrique et le bois. 

Source : Mix énergétique primaire dans le monde (en pourcentage) selon l’Agence Internationale de l'Énergie, 2020 

3.1. Évolution de notre mode de production 

On pourrait penser que la raréfaction des ressources fossiles va naturellement créer une augmentation du prix de l’énergie et une baisse de la consommation. Mais en réalité, la part des revenus que nous consacrons à l’énergie ne fait que baisser depuis 1850.

Comment expliquer ce phénomène ? L’énergie abondante nous a permis d’augmenter le revenu / habitant et de : 

Ne plus avoir à travailler dans les champs pour nous nourrir. Il y a 2 siècles, les ⅔ de la population travaillaient dans les champs. 

voir l’essor de l’industrie et l’augmentation du nombre d'ouvriers (jusqu’au pic pétrolier de 1973), augmentant ainsi la production mondiale.

Vivre l'explosion des emplois de service, ce sont les seuls emplois qui continuent d’augmenter depuis la fin des 30 Glorieuses. 

Mais un monde riche en emplois de service n’est pas un monde sobre en énergie. Au contraire, les emplois de service dépendent de la production matérielle pour exister (exemple : métier de la vente ou de l’entretien) ou pour fonctionner (exemple : métier dans l’enseignement ou la médecine…). 

La production (agricole et industrielle) est désormais majoritairement assurée par les machines, permettant aux humains de se consacrer à d’autres tâches et d'accroître la quantité de richesse produite. 

3.2. Évolution de notre mode de consommation

3 grands domaines de nos vies ont été impactés par l’accès à une énergie peu chère : 

L’alimentation. L’abondance énergétique a changé notre façon de manger. Cela a permis à notre régime alimentaire de se diversifier et de devenir plus carné. Grâce aux machines, le rendement des surfaces cultivées augmente et il est alors possible d’en dédier une partie à la nourriture des animaux. Cette alimentation de plus en plus carnée coûte également de moins en moins cher. 

La mobilité. Jusqu’en 1952, on parcourait en moyenne par jour autant de kilomètres à pied qu’en voiture. On aurait pu penser que des moyens de transport rapides nous permettent simplement de faire les mêmes distances en moins de temps, mais en réalité nous passons le même temps à nous déplacer et nous allongeons la distance parcourue.

Les logements. Les humains vivent désormais majoritairement en ville. Et plus l’étalement urbain augmente, plus les flux de déplacements augmentent pour permettre aux habitants d’aller travailler, se soigner, étudier, s’amuser.... Dans le même temps, la taille des logements a augmenté sans que le nombre de personnes par foyer augmente. 

3.3. L’ère du temps libre 

À l’époque où il n’y avait pas de machines qui travaillaient pour nous, il n’y avait ni études longues, ni retraite, ni vacances, ni week-end… 

Et comme pour le reste, plus nos loisirs sont récents, plus ils sont énergivores. 

1 semaine de camping en France pour 4 personnes émet 80 kg de CO₂. Contre 980 kg de CO₂ pour 1 semaine pour 4 personnes dans un hôtel au Maroc. 

Conclusion de la partie 3 : 

L’énergie abondante a changé nos modes de vie. 

Augmentation de l’espérance de vie, réduction du temps de travail, augmentation des revenus individuels, avènement des classes moyennes… à cela s'ajoutent une augmentation des possessions matérielles et des flux d’information. 

Partie 4. L’épuisement des ressources fossiles 

Pendant longtemps, la question de l’épuisement des ressources ne s'est pas posée. On postule que les ressources naturelles sont illimitées et que c’est plutôt la quantité de travail humain qui limite la quantité de richesses produites. Sauf que depuis la révolution industrielle, la production économique varie au rythme de l’énergie. C’est-à-dire au rythme du parc de machines en fonctionnement. 

Pétrole, charbon et gaz sont des énergies qui se renouvellent sur une échelle de temps très, très longue (entre 30 et 350 millions d’années). 

4.1. Le pétrole 

Les premiers puits de pétrole découverts aux États-Unis au milieu du XIXème siècle ne nécessitaient quasiment aucun forage. La pression du gaz les rendait éruptifs et de simples pompes à eau suffisaient pour récupérer le pétrole. 

Au fil des années, le pétrole est devenu de plus en plus difficile et donc coûteux à extraire (pétrole marin profond, gaz de schiste, sables bitumineux…). Selon l’Agence internationale de l’énergie, la production mondiale de pétrole a atteint son pic en 2008 (source : https://www.iea.org/data-and-statistics).

Il sert principalement pour le transport. Or, toute notre économie dépend des transports (pour déplacer les marchandises ou pour que les individus puissent se rendre au travail). 

4.2. Le gaz

Le gaz se transporte et se stocke mal. Il faut soit un tuyau (c’est-à-dire un gazoduc avec des coûts élevés d’installation) soit un méthanier (c’est-à-dire un bateau qui transporte le gaz entre une usine de liquéfaction du gaz à la source et une usine de regazéification à l’arrivée). 

Il sert principalement au chauffage (30%), aux fours industriels (30%) et à la production électrique (40%). 

Le pic de production du gaz arrivera avec un décalage de 10 à 20 ans sur le pétrole.

4.3. Le charbon 

⅔ du charbon sert à la production électrique et 40% de l’électricité mondiale est faite avec du charbon. 

Le charbon est très lourd pour la quantité d’énergie fournie. Puisque son utilisation est principalement électrique, les centrales électriques sont donc proches des mines de charbon. 

Le pic de production n’est pas le plus préoccupant, la vraie limite est la quantité de CO₂ qu’il émet. C’est l’énergie la plus carbonée.

Conclusion de la partie 4 :

64% de la production électrique mondiale provient des énergies fossiles.  

Partie 5. Le climat

5.1. C’est quoi les gaz à effet de serre ? 

Les gaz à effet de serre sont invisibles, mais bloquent les rayonnements infrarouges émis par la terre, confinant ainsi l’énergie (donc la chaleur) près du sol. 

Ces gaz à effet de serre sont très anciens et indispensables. C’est eux qui permettent de maintenir une température minimale sur terre nécessaire au développement de la vie.

Mais, si leur concentration est trop forte, alors ils modifient le climat trop rapidement pour qu’on puisse s’y adapter. 

L’utilisation de combustibles fossiles (comme nous l’avons vu dans les précédentes parties) libère des stocks de CO₂ qui étaient prisonniers sous terre depuis des dizaines ou des centaines de millions d’années. 

Les humains agissent principalement sur 3 gaz à effet de serre: 

le dioxyde de carbone (CO₂) dont 86% viennent de l’utilisation de combustibles fossiles, 

le méthane (CH₄) qui provient principalement de l’agriculture, 

le protoxyde d'azote (N₂0) qui provient principalement de l’épandage d’engrais. 

En 2019, le CO₂ représentait 69% des émissions de gaz à effet de serre. 

5.2. Effets indirects et l’amplification des effets du carbone 

L’océan et les plantes absorbent une partie du CO₂ émis. Ce sont des puits naturels de carbone. 

Mais à une concentration trop importante, cela entraîne plusieurs problèmes. : 

À commencer par l’augmentation de la température et donc de la quantité de vapeur d’eau présente naturellement autour du globe, ce qui entraîne une accélération du réchauffement et donc de la vapeur d’eau… Plus il fera chaud, plus il fera chaud. 

Les feux de forêt accidentels dus au réchauffement ou la déforestation organisée par les humains entraînent une augmentation du CO₂ de l’atmosphère (car le CO₂ contenu dans les arbres est alors rejeté) tout en réduisant la quantité de puits naturels de carbone.  

L’augmentation de la température réduit également la capacité des océans à absorber du CO₂. 

En un mot : le réchauffement climatique appelle le réchauffement climatique. 

5.3. Réchauffement climatique : de combien de degrés parle-t-on ? 

Avec la quantité de CO₂ déjà émise et celle qu’on pourrait émettre jusqu'à 2100, la température moyenne devrait augmenter de 2°C à 5°C par rapport à 1900. Cela semble peu, mais pour être compris, il faut savoir que la température augmente 2 fois plus vite sur les continents que dans les océans. Ainsi, le réchauffement global sur les continents sera plutôt entre 5°C et 10°C. 

2, 3 ou 4°C entre 1900 et 2100, ça paraît peu, mais ce n’est pas un chiffre qu’on peut appréhender avec nos sens. 5°C de réchauffement global au niveau de la terre, c’est ce qui nous sépare de la dernière ère glaciaire, il y a 20 000 ans. 3 km d’épaisseur de glace recouvraient alors le nord de l’Europe, l'Ecosse et une bonne partie de l’Allemagne. Ces 5°C de différence résultent d'un réchauffement naturel de la planète en raison de son changement d'orbite et d’inclinaison. Cela a pris 10 000 ans (soit 0,05°C / siècle). 

Ainsi, 2, 3 ou 5° entre 1900 et 2100 représentent un réchauffement 50 à 100 fois plus rapide que le réchauffement naturel de la dernière ère glaciaire.

Ce réchauffement rapide a de nombreuses conséquences sur les populations actuelles. Certaines régions deviendront trop chaudes pour assurer la survie des populations. Les rendements agricoles baisseront* sous l’effet de la sécheresse (le pourtour méditerranéen fait partie des premiers concernés). Les réfugiés climatiques seront de plus en plus nombreux… 

*Le rapport du GIEC “changement climatique et terre” suggère qu’à partir de 3°C de réchauffement, l’insécurité alimentaire devient généralisée sur la planète. 

5.4. De nombreux effets en chaîne 

Acidification des océans et destruction de la chaîne alimentaire sous-marine, augmentation du niveau des eaux, augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes comme les tempêtes ou les ouragans, fonte du permafrost qui libère du CO₂ et des virus en sommeil… Le réchauffement rapide de la température aura de nombreuses conséquences sur la vie des humains.

Conclusion partie 5 : 

Dans un monde en contraction énergétique (de moins en moins de ressources fossiles) et de déstabilisations liées à l’augmentation des températures, comment ferons-nous pour continuer de nourrir, loger, soigner, déplacer 8 milliards de personnes ? 

Partie 6. Que signifie réduire les émissions de CO₂ à la bonne vitesse ? 

L’intensité du réchauffement climatique dépend de la quantité cumulée de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. 

Selon l’Accord de Paris (adopté lors de la COP21 en 2015), pour rester sous un réchauffement bien en dessous de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, nous devons réduire de 5% par an nos émissions de gaz à effet de serre.

Pour comprendre les ordres de grandeur, - 5% d’émissions de gaz à effet de serre c’est ce qu’a provoqué la pandémie de covid-19 en 2020. 

Fin 2018, nous avons émis dans l’atmosphère 2 250 milliards de tonnes de CO₂. Ce qui signifie que nous avons déjà signé pour 1,3°C de réchauffement. 

6.1. L’épineuse question de la population

Les gaz à effet de serre sont directement liés à : la population, le PIB par habitant, l'intensité énergétique et le contenu en CO₂ de l'énergie consommée. 

Ceci est détaillé dans la formule élaborée par l'économiste japonais Yoichi Kaya. (source : Yoichi Kaya et Keiichi Yokobori, Environment, energy, and economy : strategies for sustainability : Tokyo conference on Global Environment, Energy and Economic Development (1993), United Nations Univ. Press, Tokyo, 1997, 381 p.) 

Pour rester sous 2°C de réchauffement, nous devons diviser les gaz à effet de serre par 3 d’ici 2050. 

Mais diviser par 3 la population ou la richesse produite ne sont pas des scénarios très attrayants. 

Évidemment, l'efficacité énergétique et l’utilisation d’énergies peu carbonées aideront un peu. Mais elles ne seront pas du tout suffisantes pour diviser par 3 les GES. 

Cela soulève une question épineuse mais incontournable. Peut-on continuer à avoir une abondance de biens et de services avec une population croissante ?

6.2. Sobriété Vs Pauvreté 

Consommer moins peut se traduire de 2 manières : 

de manière subie, on parle alors de pauvreté ; 

de manière choisie et organisée, on parle alors de sobriété. 

6.3. Les énergies non carbonées (plus connues sous le nom d’énergies renouvelables)

L’éolien ne représente que 2,3% de l’énergie produite et le solaire 1,3%.

L’exploitation des énergies renouvelables s’est énormément perfectionnée depuis les 30 Glorieuses, mais elles posent quelques problèmes : 

Elles demandent beaucoup de place (exemple : si l’éolien devait fournir la totalité de l’énergie en France, il faudrait quadriller le territoire avec une éolienne tous les kilomètres)

Pour les énergies renouvelables non pilotables (exemple : c’est le cas de l’éolien qui ne produit pas d’électricité s’il n’y a pas de vent), elles nécessitent d’être complétées par une énergie renouvelable pilotable (comprendre “à la demande”, comme les barrages hydroélectriques) ou des systèmes de stockage (comme des batteries, mais cela implique une perte de 20 à 40% de la production). 

Elles consomment beaucoup de ressources minières pour être fabriquées. 

6.4. Et le nucléaire dans tout ça ?  

Bien que très décriée dans le débat public, pour Jean-Marc Jancovici nous ne pourrons pas nous passer de l’énergie nucléaire pour produire l’énergie nécessaire à nos sociétés modernes. Il rappelle que l’énergie nucléaire est : 

peu carbonée (elle émet 6 g de CO₂ / kWh produit contrairement à 800 à 1000 g de CO₂ / kWh pour une centrale à charbon);

très concentrée (une petite quantité de matière produit une grande quantité d’énergie) ;

pilotable (contrairement à l’éolien et au solaire) ;

et elle occupe peu de place sur le territoire par rapport à sa production (contrairement à l’éolien et au solaire). 

1 g d’uranium (permettant la fission nucléaire) produit autant de chaleur que 1 tonne de pétrole.

Pour Jean Marc Jancovici, la peur autour des centrales nucléaires n’est pas justifiée. À titre d’exemple, la pollution aux particules fines* des usines électriques au charbon provoque beaucoup plus de maladies respiratoires et de morts que les centrales nucléaires. 

*238 000 personnes en sont décédées prématurément dans l’UE en 2020. (Source European Environment Agency)

Jean-Marc Jancovici associe la peur des centrales nucléaires à la peur de l’avion. Les accidents sont rares mais frappent les esprits.

Pour lui, les déchets nucléaires sont un problème qu’on est techniquement capable de maîtriser. Et, ils ne justifie pas cette défiance vis-à-vis de l’énergie nucléaire. 

Toutes les technologies modernes font des morts (voiture, piscine individuelle, accident domestique…). Le nucléaire est une de celles qui en font le moins. 

Les militants écologistes sont plutôt antinucléaires. Il est alors difficile d’admettre que nous en avons désormais besoin pour réduire les émissions. 

6.5. Comment l’électricité est-elle produite en France ?

Historiquement, c’est un monopole étatique qui gérait la production d’électricité en France. Cela permettait une planification et une vision long terme des investissements (un barrage hydroélectrique ou une centrale nucléaire sont des infrastructures lourdes qui demandent d’énormes moyens) tout en permettant de produire une énergie peu chère pour les utilisateurs finaux. 

Mais la mise en conformité de la réglementation européenne a conduit à un démantèlement progressif d’EDF, affaiblissant dans le même temps la capacité de l’État à porter une vision ambitieuse de l’indépendance énergétique de la France. 

Conclusion partie 6 :

Ne compter que sur l’éolien et le solaire pour remplacer les énergies fossiles semble très utopique quand on prend en compte le coût économique et l’empreinte écologique des batteries. On pense souvent que “renouvelable” signifie sans défaut, mais aucune énergie n’est parfaite. Chaque manière de produire de l’énergie présente des avantages et des inconvénients. 

À ce stade, on découvre une des idées phare de l’ouvrage Le Monde sans fin : le nucléaire ne pourra pas remplacer toutes les énergies fossiles, mais c’est un peu comme un parachute de secours pour amortir la chute parce que le parachute fossile principal est en train de brûler. Pour Jean-Marc Jancovici, être antinucléaire aujourd’hui c’est comme se débarrasser du parachute de secours et se dire qu’on aura le temps d’en tricoter un autre avant de toucher le sol. Mais l’urgence du réchauffement climatique ne nous offre pas ce luxe. 

Partie 7. L’humanité face à un défi de taille 

7.1. La culpabilité 

Face à ce constat, on peut tomber dans une anxiété extrême. 

Mais la culpabilité ne sert à rien, elle inhibe l’action. L'utilisation des énergies fossiles a permis à l’humanité de sortir d’une grande pauvreté et d’améliorer considérablement ses connaissances scientifiques dans des domaines essentiels : médecine, physique, construction… 

Tant qu’on n’avait pas conscience des conséquences du CO₂ sur le climat, utiliser des énergies fossiles était un choix logique. 

7.2. Tout est affaire de quantité 

Plutôt que d’essayer de passer de 300 km/h à 0 km/h en quelques secondes, il faut réduire progressivement nos émissions. 

Concernant l’alimentation par exemple, il faudrait diviser la consommation de viande et de laitage par 2 à 3 en moyenne par Français. Il faut surtout consommer des produits de meilleure qualité, moins transformés et en moins grandes quantités. Sur de nombreux points, on réalise que ces recommandations rejoignent celles de santé publique concernant l'obésité et la sédentarité. 

Le problème climatique est une affaire de quantité, la solution est aussi une affaire de quantité. 

7.3. Limite des actions individuelles, exemple de l’alimentation 

La question climatique entraîne des changements de comportements individuels, mais aussi des changements structurels dans nos manières de produire. Et à ce titre, l’État a un rôle majeur à jouer, notamment dans le domaine de l’agriculture si nous ne voulons pas perdre notre autonomie alimentaire.

Pour rendre notre système plus résistant à la contraction énergétique, il faut relocaliser l’agriculture. C’est l'organisation agricole qu’on avait avant le pétrole, beaucoup de choses se faisaient sur la même exploitation permettant une synergie entre les productions.

7.4. L’épineuse question de la liberté de se déplacer dans la question des transports 

Les transports et la mobilité sont fortement liés à la liberté. Ce sont souvent des questions difficiles à aborder. La réaction émotionnelle est intense. Pourtant, de nombreux gains en découlent. 

Ne pas prendre l’avion par exemple, c’est renoncer aux voyages lointains, car il n’y a pas d’autres alternatives pour s’y rendre. Mais encore une fois, c’est une question de quantité. Prendre l’avion plusieurs fois par an est une possibilité récente. Cette banalisation de l’avion a aussi conduit à réduire le dépaysement qu’il permet (au début de l’aviation, le dépaysement offert par les longs courriers était bien plus important qu’aujourd’hui). Ainsi, ceux en quête de dépaysement se tournent désormais vers des voyages au long court et/ou des déplacements en ferry, train, bus ou vélo. À noter d’ailleurs que prendre l’avion nous semble banal, mais il est bon de se rappeler que 50% des déplacements en avion sont faits par 5% de la population mondiale.

En ce qui concerne la voiture individuelle, de nombreuses pistes sont à développer : augmentation du nombre de trains, télétravail, vélo pour les courtes distances… Mais la facilité à changer n’est pas la même pour tous et ceux qui quittent leur voiture en premier sont ceux pour qui cela apporte un autre avantage (meilleure santé grâce au vélo, réduction des dépenses contraintes avec la location ponctuelle de voiture plutôt que l’achat, charge mentale réduite avec les longs trajets en train plutôt qu’en voiture, travail en distanciel et asynchrone…). 

7.5. Le logement 

La performance énergétique des bâtiments nécessite des investissements conséquents, mais c’est relativement facile à mettre en place (meilleure isolation, changement du mode de chauffage…) pour un gain majeur. 

7.6. Rendre la sobriété énergétique acceptable

Consommer moins d’énergie n’est pas une proposition très alléchante. Cela semble se faire au détriment du confort et de la mobilité. Le nucléaire rend la décroissance plus acceptable. Il permet de réduire notre consommation à un rythme qui respecte une certaine liberté de mouvement. 

Dans les pays occidentaux (principaux émetteurs de gaz à effet de serre), le minimaliste (c’est-à-dire rompre avec l’idée que bonheur et possession matérielle vont de pair)  et la santé (à travers la consommation d’une alimentation moins transformée et une mobilité active) montrent que décarboner notre économie devient petit à petit désirable. 

Dans les pays qui n’ont pas encore accès à notre niveau de confort, c’est plus la question du contrôle des naissances qui se pose que de réduire la consommation. Pour cela, 3 mesures sont essentielles : l’éducation pour les femmes, l’accès à la contraception, l’accès à un système de retraite pour rendre les personnes âgées moins dépendantes de leurs enfants. 

7.7. Le striatum 

À la fin de la BD Le monde sans fin, arrive enfin la définition du striatum, concept évoqué tout au long du récit. Le striatum est présenté par Sébastien Bohler dans son livre Bug humain . Selon cet auteur, le striatum est une partie de notre cerveau qui produit de la motivation en libérant de la dopamine et en créant ainsi un circuit de la récompense. 

Ce fonctionnement aurait permis à l'espèce humaine de survivre et de se développer pendant des millions d’années. Ainsi, chaque fois qu’on mange, qu’on a une relation sexuelle, ou qu’on gravit un échelon dans la hiérarchie sociale, le striatum nous récompense avec de la dopamine. Cela fonctionne aussi pour minimiser nos efforts et avoir de nouvelles informations. Ces deux actions sont également nécessaires à la survie de l’espèce. 

Mais lorsqu’on passe d’un univers de rareté à un univers d’abondance, le striatum nous pousse à vouloir toujours plus alors que notre survie n’en dépend pas. 

Selon l’OMC, on meurt plus d’obésité aujourd’hui que de la faim dans le monde. 

Ainsi, tout est fait pour nous pousser au moindre effort (prendre sa voiture pour faire 1 km, temps passé à scroller sur les réseaux sociaux…). 

7.8. Tout est foutu ?

Non. Notre cerveau n’aime pas non plus l’imprévu menaçant. Le cortex cingulaire nous pousse à avoir des habitudes, car face à une situation inconnue il nous envoie une hormone de stress. 

Aujourd’hui, nous avons un sentiment d’insécurité très présent (dérive climatique, crise économique, surpopulation…).

Pour calmer le cortex cingulaire, certains tombent dans le déni “le réchauffement climatique n’existe pas” ou la foi “la science va nous sauver”. 

Ainsi le striatum nous pousse à consommer toujours plus, et le cortex cingulaire cherche à retrouver du sens et de la cohésion. C’est la dissonance cognitive. 

L’ancien système est en fin de course. Nous pouvons affronter ensemble ces problèmes si nous voulons permettre à presque 8 milliards de personnes de continuer à vivre sur cette planète. 

Christophe Blain :  “C’est la fin du monde Jean-Marc ?”

Jean-Marc Jancovici : “Idéalement par tout de suite.” 

Conclusion sur "Le Monde sans fin" de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain :

Ce qu’il faut retenir de la BD Le Monde sans fin

Le Monde sans fin propose une explication peu commune du fonctionnement de l’économie. En abordant les choses par le prisme de l’énergie, ce livre bouscule nos idées préconçues sur le fonctionnement de nos sociétés. Les auteurs nous invitent ainsi à comprendre le ralentissement de la croissance depuis la fin des Trente Glorieuses ou la crise de 2008 sous l'angle énergétique, plutôt que par le spectre habituel de l'emploi ou de la finance. 

Ce livre met également en lumière le rôle vital de l'énergie dans nos vies et l'imminence de la contraction énergétique. Cela ouvre un vaste champ de réflexion sur l'avenir du travail, du logement, de l'alimentation, des loisirs... C'est une prédiction puissante : tous les aspects de nos vies sont sur le point d'être impactés. 

Enfin, Jancovici et Blain nous permettent de comprendre les mécanismes physiques qui lient l’énergie au réchauffement climatique. Ils n’ont jamais un discours moralisateur et ils dépassent les jugements manichéens du bien et du mal en matière d’écologie. Ils présentent ainsi une image plus nuancée et non binaire des défis écologiques. 

Le Monde sans fin est bien plus qu’une bande dessinée : c'est une invitation à comprendre les bouleversements du monde et à réagir de manière plus informée et plus nuancée à la question du changement climatique. 

Points forts:

Le style de dessin de Christophe Blain rend la BD Le Monde sans fin compréhensible et accessible à un large public. Cela permet de prendre conscience des ordres de grandeur (et on ne peut améliorer que ce qu’on mesure !). 

Les sujets sont traités avec humour et autodérision, ce qui est très agréable à lire et les auteurs ne tombent pas dans l'écueil de faire un ouvrage moralisateur, idéologique ou résigné.

Cet ouvrage offre un bon résumé du travail de Jancovici. Ainsi, Le Monde sans fin vulgarise des questions énergétiques et scientifiques complexes, mais incontournables pour comprendre la crise climatique. 

Points faibles:

Ce livre est très orienté en faveur de l'énergie nucléaire. L’auteur n’aborde pas en profondeur les autres avancées scientifiques (car il les juge trop peu matures) dans le domaine de la captation du carbone, de nouvelles manières de stocker l’énergie ou de nouvelles manières d’en produire. 

La BD Le Monde sans fin développe très peu les aspects désirables et émancipateurs de la sobriété. Je développe cette idée sur mon blog dans un article intitulé Pourquoi la maison autonome est-elle le nouveau luxe ?

La note de Émilie du blog Vivre Low-Tech :

★★★★★

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Thu, 13 Jul 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12462/Le-Monde-sans-fin
Un million de révolutions tranquilles http://www.olivier-roland.fr/items/view/12392/Un-million-de-rvolutions-tranquilles

Résumé de « Un million de révolutions tranquilles. Travail, argent, habitat, santé, environnement… Comment les citoyens changent le monde » de Bénédicte Manier : un livre court et pourtant étonnant par sa richesse, tant il vous donnera d’informations sur les petites et grandes initiatives qui changent le monde – de quoi vous donner sérieusement envie de changer de vie (si ce n’est déjà fait) !

Par Bénédicte Manier, 2016 [2012], 305 p.

Chronique et résumé de « Un million de révolutions tranquilles » de Bénédicte Manier 

Préface

Ce livre a eu un grand succès. Couronné du prix du livre Environnement en 2013, il a notamment inspiré le célèbre documentaire Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent (2015), mais aussi L’urgence de ralentir de Philippe Borel (2014).

Son propos est simple : « décrire la dimension mondiale des initiatives sociales, économiques et écologiques portées par la société civile » (p. 9).

Ici, ce ne sont pas les grandes institutions (organisations privées, publiques, ONG mondiales) qui sont au cœur du discours, mais les « anonymes » qui, au jour le jour, contribuent à transformer le monde en agissant autrement.

Partons à leur rencontre !

  1. L’eau, un bien commun

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette ressource n’est pas illimitée. Le manque d’eau concerne un nombre croissant d’individus sur le globe.

A. La validité des solutions low-tech

Dans le Rajasthan : rendre l’eau à la terre

L’Inde est fortement touchée et tout particulièrement l’État du Rajasthan qui fait face à un déficit hydrique sévère.

Pourtant, un lopin de terre échappe à cette « fatalité ». Dès les années 1980, un fonctionnaire de santé s’inquiète de la situation et propose de remettre en usage un ancien système d’irrigation, les johads, abandonnés par les colons anglais.

Il crée une émulation gagnante au sein de la communauté : aujourd’hui, « un réseau complet de 11 000 barrages, canaux et bassins fournit de l’eau à plus de 700 000 habitants, dans plus d’un millier de villages » (Un million de révolutions tranquilles, p. 14).

L’arrivée de l’eau a été bénéfique pour :

La santé ;

L’économie ;

Les écosystèmes.

Une cogestion démocratique

Mais le plus grand succès est peut-être démocratique : grâce à l’énergie d’un homme et à la volonté associée des villageois, la gestion de l’eau est devenue une affaire collective et une ressource gratuite.

Cet homme – qui se nomme Rajendra Singh – a fait des émules. Plusieurs personnalités lui ont emboîté le pas et on fait reverdir des terres arides : c’est le cas de Amla Ruia, Ayyappa Masagi ou encore Ralegan Siddhi, pour ne citer que quelques noms.

Une voie d’avenir pour la planète

Et l’exemple a même inspiré d’autres pays tels que la Chine, le Népal, l’Afghanistan, l’Iran et la Thaïlande.

Plus généralement, la récolte des eaux de pluie est une technique simple et efficace pour lutter contre la sécheresse et le manque d’eau. Chacun, dans sa région, peut inventer un « microsystème » de récolte.

Cela bénéficie aux habitants au niveau local, mais aide aussi à rétablir l’équilibre de l’eau au niveau global, comme le montre une étude universitaire citée dans l’ouvrage.

B. Les agronomes aux pieds nus du Burkina-Faso

Dans ce pays en proie à l’avancée du désert, un paysan du nom de Yacouba Sawadogo a réussi à transformer des terres stériles en zones de plantation.

Comment ? Ici encore, c’est un ancien savoir-faire local qui a fait la différence, le zaï. La méthode a eu tant de succès qu’elle est aujourd’hui exportée dans d’autres pays du Sahel.

C. La réappropriation citoyenne de l’eau

Contrôler soi-même la distribution

Des multinationales s’approprient l’eau pour la vendre. Cela est-il légitime ? C’est douteux. Plusieurs communautés ont d’ores et déjà commencé à lutter contre les grandes compagnies (telles que Coca-Cola, par exemple) et à s’assembler pour récupérer leur droit à l’eau pour tous :

Au Brésil ;

En Bolivie ;

Au Nicaragua ;

En Argentine.

Certaines municipalités ont créé des coopératives d’usagers de l’eau. Et pas seulement dans les pays dits « pauvres ». Elles existent aussi aux États-Unis, en Autriche, au Canada, au Danemark et en Finlande !

Les cours d’eau communautaires

Les acequias de común sont des cours d’eau considérés comme « ressources communautaires » utilisables par tous. Ils existent dans toute l’Amérique du Sud, ainsi qu’au Mexique et aux États-Unis.

Leur objectif : partager l’eau et résister à sa privatisation.

  1. L’agriculture, nouvelle frontière urbaine

La nourriture arrive en ville par camion, c’est-à-dire grâce au pétrole. Comment relocaliser l’agriculture en ville ? Quelles sont les initiatives de la société civile dans ce domaine ? Faisons un bref tour d’horizon.

A. Détroit, prototype des villes post-industrielles

Cette ville s’est effondrée socialement après la mise à l’arrêt de l’industrie automobile dans la région. Dépeuplée, avec des taux de chômage et de pauvreté très inquiétants, Détroit est au bord du gouffre.

Et cette précarité touche, bien entendu, l’alimentation. Un proviseur nommé Malik Yakini a créé le Réseau pour la sécurité alimentaire de la communauté noire en réponse à cet enjeu de « justice sociale alimentaire ».

La municipalité elle-même a emboité le pas en proposant aux habitants d’« adopter une parcelle » (Adopt A Lot) de terre abandonnée pour y faire pousser de la nourriture. Mais pas que ! Certains choisissent d’y planter des éoliennes, des ruches et bien d’autres choses encore.

Les start-ups recommencent à fleurir à Détroit. La population se rajeunit et il y a une grande émulation qui s’est créée. Tous cherchent à imaginer un nouveau futur. Et c’est le même esprit que l’on retrouve à Baltimore, cité portuaire à 600 km de là.

B. New York, pépinière de la guérilla verte

« Ces révolutions agricoles et culturelles sont observées de près, car elles constituent le fer de lance d’un mouvement qui se répand aux États-Unis et au Canada, avec des milliers de jardins et de fermes communautaires créés par des urbains qui veulent mettre fin à l’insécurité alimentaire des plus pauvres et relocaliser la production de leur alimentation. » (Un million de révolutions tranquilles, p. 38)

À New York, cela prend notamment la forme de jardins sur les toits des immeubles. Mais pas seulement. Le jardin collectif créé sur un terrain vague par Liz Christy est l’un des plus beaux et des plus emblématiques de la Grande Pomme.

En 2016 (date de la deuxième édition de l’ouvrage), 18 000 parcelles urbaines communautaires existent aux États-Unis et au Canada. Et de plus en plus d’habitants produisent eux-mêmes la nourriture qu’ils consomment.

Effet boule de neige : les marchés fermiers redeviennent eux aussi à la mode dans les grandes villes.

C. Des espaces publics comestibles

Ce mélange d’urbanisation et d’agriculture existe à grande échelle dans de nombreuses villes d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Mais le phénomène est assez nouveau dans les pays « riches ». Et pourtant, cela prend de l’ampleur dans des villes telles que :

Londres ;

Berlin ;

Copenhague ;

Madrid ;

Etc.

À Kilkenny, en Irlande, Malcolm Noonan a choisi de planter des arbres. Ses camarades et lui s’inscrivent dans les mouvements GIY (Grow it Yourself) et Slow food. À Philadelphie et à Boston, des vergers émergent également dans les espaces publics.

D. Des jardins solidaires

Autre lieu plein d’ambition et d’innovations vertes : Montréal. La plateforme Lande gère les parcelles à transformer en terrains agricoles dans la ville. Mais il n’y a pas que les terrains vagues qui sont utilisés : des rues et des toits font aussi bien l’affaire !

En France, plusieurs villes s’y sont mises :

Paris, bien sûr ;

Mais aussi Marseille ;

Lille ;

Strasbourg ;

Lyon…

C’est un mouvement d’ampleur qui éclot pour retrouver le sens de sa consommation et mieux se nourrir. Certaines municipalités s’engagent avec les citoyens pour faire exister, perdurer et s’accroître ces initiatives.

E. Des espaces de résilience

« Le maraîchage, qui irrigue maintenant les villes du Nord et du Sud, ne peut d’ailleurs pas se résumer à une tendance bourgeois-bohème. Bien au contraire, il garde souvent son rôle traditionnel d’amortisseur de la pauvreté. » (Un million de révolutions tranquilles, p. 57)

C’est le cas en Russie, où les problèmes de précarité liés à la chute de l’empire soviétique sont très sérieux, ainsi qu’à Cuba ou encore à la Nouvelle-Orléans. Après le désastre de l’ouragan Katrina, certaines familles ont créé la Guerilla Garden pour restaurer les liens sociaux et les moyens de subsistance.

Dans chaque lieu où la précarité guette, de telles initiatives peuvent ou voient effectivement le jour, qu’il s’agisse de planter des vergers, faire verdir des parcelles ou encore faire de la permaculture en bacs (comme les Keyhole garden). Dans tous les cas, c’est un bel exemple de résilience au niveau collectif.

F. Demain, nourrir les villes

« Nourrir les villes : l’enjeu est primordial. Car en 2050, quand 75 % des neuf milliards de Terriens seront urbains, les cités hypertrophiées auront partout fait reculer les surfaces agricoles et le pétrole sera devenu rare. Faire pousser de la nourriture sur place sera alors indispensable à la résilience du monde urbain après le pic pétrolier. Le réseau des villes en transition s’y prépare déjà et plus de 120 municipalités aussi diverses qu’Abidjan, Johannesburg, Rome, Madrir, Mexico ou New York se sont engagées à organiser des systèmes alimentaires autonomes en signant en 2015 le pacte de Milan. » (Un million de révolutions tranquilles, p. 65)

Mais même si les politiques commencent à s’en charger, encore une fois ce sont les citoyens eux-mêmes qui sont d’abord à la manœuvre. De nombreuses associations, comme Just Food (New York) et Les Jardins du Trèfle rouge (France), pour n’en citer que deux, s’activent à créer localement des solutions pour résister aux défis qui nous attendent.

L’hydroponie jouera également un rôle dans cette révolution tranquille. Qu’est-ce que c’est ? Ce sont des fermes verticales qui utilisent moins d’eau que les cultures en terre traditionnelles. Voici le nom de quelques initiatives citées ou commentées dans l’ouvrage :

Ferme Lufa (Montréal) ;

Toit Tout Vert (Paris) ;

Sky Greens (Singapour) ;

Farmed Here (Chicago).

G. Une réappropriation de l’espace urbain

L’indépendance alimentaire devient un enjeu vital pour les villes. Elle ne vise pas seulement à limiter les approvisionnements extérieurs, mais aussi à recréer du lien social et lutter contre la pauvreté, comme cela a été vu dans les exemples donnés par l’auteure.

  1. De nouveaux modes de vie

A. Relocaliser la consommation

C’est l’un des grands enjeux à l’heure de la mondialisation. Des initiatives passionnantes ont vu le jour depuis la fin du XXe siècle : le mouvement Slow food, qui a donné naissance au mouvement plus large du Slow living et de toutes ses déclinaisons.

L’Alliance pour des économies locales et vivantes, quant à elle, regroupe un réseau de 35 000 entreprises et entrepreneurs qui veulent changer d’économie et de société en produisant et en consommant localement.

Les circuits courts, les Amap

En Amérique du Nord, comme en Europe, le « circuit court » est désormais à la mode. Il y a des initiatives de tout type, des plus « commerciales » (comme La Ruche) aux plus innovantes et « hors-système ».

L’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne ou première Amap a été créée par Denise et Daniel Vuillon en 2001. Il s’agit d’une sorte de contrat passé entre l’habitant et le paysan, qui est à la fois commercial (puisqu’il y a vente directe de « paniers »), mais aussi social, puisque c’est un autre rapport entre consommateur et producteur qui est ainsi défini.

Les coopératives de consommateurs

Il en existe de toutes tailles, la plus grande étant sans doute au Japon, avec 18,9 millions de membres ! L’objectif est d’assurer la sécurité des consommateurs. Elles existent partout dans le monde et cherchent à réorienter la consommation vers des pratiques plus éthiques, plus locales, plus « bio ».

B. Des commerces solidaires et coopératifs

Les citoyens aident aussi des entreprises existantes à ne pas mourir. L’auteure donne un grand nombre d’exemples de petits ou moyens commerces ayant été repris et transformés de cette façon :

Librairies ;

Épiceries ;

Pubs et bars ;

Superettes ;

Magasins de bricolage ;

Etc.

À chaque fois, la reprise est l’occasion d’un nouveau tournant pour ces commerces, qui deviennent plus ouverts à la dimension sociale, solidaire et écologique de leurs pratiques.

C. Réduire le gaspillage

Bien sûr, c’est un thème connu. Il existe des applications sur internet qui permettent de récupérer des paniers d’invendus. C’est le cas en Allemagne avec Internet foodsharing.de par exemple ou Too Good to Go présente dans plusieurs pays d’Europe.

Plus radical encore : les frigos solidaires installés directement dans les rues pour secourir les plus démunis.

L’enjeu est de taille :

« Rien qu’en France, nous jetons près de 2 900 emballages ménagers par seconde, dont seuls 67 % sont recyclés. Les plus toxiques sont évidemment les plastiques, dont 8 millions de tonnes finissent chaque année dans les océans, où ils polluent irréversiblement la chaîne alimentaire. » (Un million de révolutions tranquilles, p. 91)

L’économie du don

Vous connaissez certainement La Ressourcerie ou les communautés Emmaüs. Lorsque vous n’avez plus usage d’un objet, mais qu’il est encore en bon état, pourquoi le jeter ? Vous pouvez aussi construire ou utiliser une Givebox ou encore participer (si vous habitez en Argentine, surtout) à une gratiferia.

Les possibilités ne manquent pas. En voici deux autres exemples :

Umsonstladen (les « magasins pour rien ») en Allemagne et désormais dans toute l’Europe du Nord ;

Street stores (magasins éphémères) en Afrique du Sud.

Sur Internet, vous trouverez bien des initiatives et notamment beaucoup qui concernent le don de livres :

Circul-Livre (Paris) ;

World Book Night (Royaume-Uni et États-Unis) ;

Bibliothèques ambulantes diverses et variées de par le monde…

Réparer, recycler, upcycler

Martine Postma a ouvert le premier repair-café en 2009 à Amsterdam. Et depuis, c’est un succès fou. Contre l’obsolescence programmée, soyons ludiques et solidaires !

Mais l’upcycling, c’est quoi ? Eh bien c’est le talent qui consiste à transformer de vieux objets – voire carrément des déchets – en choses utiles :

Un vieux bidon de plastique en jardinière ;

Des cannettes en lampes de chevet ;

Du mobilier à partir de palettes ;

Le rafistolage d’ordinateurs ;

Etc.

Bref, c’est de la « récup’ ». Et c’est parfois bien utile d’être débrouillard : pour soi, pour les autres et pour la planète !

D. La société collaborative

Partager, troquer, louer…

C’est un autre domaine de l’économie sociale et solidaire : plutôt que d’acheter, empruntons-nous les uns les autres ! Certains sites comme Conso collaborative ou Ouishare proposent ce type de service.

Vous pouvez également partager votre voiture avec d’autres, non pas via la plateforme commerciale très connue, mais grâce à Mobicoop.

L’auteure donne tellement d’exemples passionnants qu’il est difficile de tous les citer ! Rendez-vous pages 100-102 si ce thème vous intéresse.

Et voici les autres pistes qui sont explorées par l’auteur au fil des pages suivantes :

Les échanges de service ;

Le partage des savoirs ;

L’éclosion d’une « société civile experte » participant aux sciences ;

L’importance de l’intelligence collective (et tous ses « Wiki ») ;

La communauté du logiciel libre ;

Les makers (et leurs fab-labs basés sur le Do it Yourself ou le Do it Together) ;

Les espaces de coworking et les hubs d’innovation.

E. Vers de nouveaux écosystèmes

Peu à peu, des initiatives éclosent partout dans le monde et dans différents domaines d’action. Il y en a de plus en plus ; et de plus en plus de personnes sont intéressées et y participent. Alors, qu’en sera-t-il demain ? Difficile à dire, bien sûr.

Mais une chose est certaine : de nouveaux écosystèmes émergent, qui défient les divisions habituellement reconnues entre la ville et la campagne, la consommation et la production, l’expertise et l’ignorance.

  1. Implanter une agriculture durable

A. Cogérer les terres

La copropriété a le vent en poupe aux États-Unis et au Royaume-Uni, les deux pays qui ont sans doute le plus mis la propriété individuelle sur un piédestal.  Mais allons faire un tour en France et en Allemagne.

L’épargne solidaire pour garder l’agriculture vivante

En France, Jérôme Deconinck a créé Terre de Liens en 2003. Il s’agit d’investir dans des fermes ayant des projets soutenables. L’objectif : aider les jeunes agriculteurs à se lancer et à changer de modèle, tisser du lien dans les campagnes.

Une filière agroalimentaire cogérée par les habitants

En Allemagne, Christian Hiss a fondé une société citoyenne par actions nommée Regionalwert AG (RWAG) qui a pour objectif de valoriser la filière bio. Ici, l’achat de terres se fait également de façon collective et tous les « actionnaires citoyens » agissent par intérêt social et écologique.

B. Éradiquer la faim : l’histoire de Chandramma

Les femmes du district de Medak, en Inde, ont réinstauré avec l’aide d’une ONG des sangams, c’est-à-dire des plantations réalisées à partir de semences traditionnelles. Peu à peu, une autre idée germe : créer des banques de semences. Cette histoire, racontée en détail dans le livre, donne espoir à toute une région.

Nourrir le monde

Et bien plus ! En effet, l’idée des monocultures a largement fait son temps et cette pratique est aujourd’hui critiquée de toutes parts. L’exemple de l’utilisation de semences anciennes rend visible la possibilité d’autres formes d’agriculture.

Un modèle d’émancipation

Par ailleurs, ces femmes ont bousculé l’ordre établi, en prenant une place traditionnellement réservée aux hommes. Elles se sont tellement prises en main qu’elles ne s’arrêtent plus de créer ! Quelques exemples des réalisations de ces femmes indiennes :

Création de crèches ;

Groupes d’aide à l’autonomie des femmes ;

Production de sacs en jute (plutôt qu’utilisation de sacs en plastique) ;

Réalisation d’un documentaire ;

Etc.

Confronter les modèles

Les arguments de l’agriculture industrielle ne tiennent plus la route. Cela peut se démontrer objectivement, chiffres à l’appui. Des experts de l’ONU l’affirment eux aussi. En inventant de nouvelles façons de faire, inspirées du passé, les femmes du district de Medak sont un exemple à suivre pour le monde entier.

C. L’expansion de l’agriculture biologique

Peu à peu, l’agriculture bio progresse grâce à toutes ces initiatives. En France, le réseau Biocoop « bénéficie d’une croissance continue depuis sa création en 1986 », par exemple. De plus en plus d’agriculteurs sont séduits, qu’ils pratiquent ensuite la vente directe ou non.

D. Les agroécologies : la permaculture et l’agroforesterie

Certains vont encore plus loin dans la régénération des terres et le changement de modèle. En France, le représentant le plus fameux de l’agroécologie et de la permaculture est Pierre Rabhi.

L’agroforesterie consiste quant à elle à utiliser « les synergies entre cultures, arbres et élevage » (p. 155). Progressivement, ces pratiques – mises en œuvre par des citoyens – sont reprises par les gouvernements, qui voient leurs effets positifs.

E. Assurer l’alimentation mondiale de demain

Le changement climatique nous pousse à agir. Selon l’auteure :

« Cette situation n’est pas – encore - irréversible. Mais elle le deviendra si on ne généralise pas très vite les cultures bio, l’agroforesterie, la permaculture et les banques de semences locales – en bref, les solutions qui permettent aux populations de restaurer les écosystèmes agricoles, de se réapproprier leur souveraineté alimentaire et de transmettre une agriculture résiliente aux générations futures. » (Un million de révolutions tranquilles, p. 160)

Comme elle le dit encore, même l’ONU et d’autres organisations mondiales en ont désormais conscience : changer de modèle est une question de survie pour bien des peuples aujourd’hui.

  1. Un usage citoyen de l’argent

Investir dans l’économie réelle : les clubs coopératifs d’épargne

La Coop57 est une coopérative citoyenne créée par d’anciens salariés d’une maison d’édition. Succès immense : plus de 3 501 sociétaires en 2015. L’objectif : favoriser le développement de l’économie sociale et solidaire qui ne reçoit généralement pas le soutien des banques. Soutenir des projets qui, sans cela, resteraient lettre morte.

Des banques socialement responsables

Vous connaissez peut-être ces banques qui essaient de modifier les comportements agressifs des grands financiers en investissant dans des projets durables :

Rabobank, Oikocredit et Triodos (Pays-Bas) ;

GLS Bank (Allemagne) ;

Merkur Bank (Danemark) ;

Banca Etica (Espagne) ;

Ekobanken et Jak (Suède) ;

Le Crédit coopératif et la Nef (France).

Pour ne citer que les exemples européens ! Depuis la crise de 2008, le nombre de clients n’a fait qu’augmenter dans le monde entier. Par exemple, les credit unions (coopératives financières) ont eu un grand succès aux États-Unis. Et l’initiative audacieuse de Kristen Christian – le Bank Transfer Day – n’y est pas pour rien !

En Espagne, des communautés de prêt autofinancées

« Les credit unions reposent au fond sur un concept simple : collecter l’épargne d’une communauté pour prêter ensuite solidairement aux membres qui en ont besoin. » (Un million de révolutions tranquilles, p. 171)

C’est ce qu’a reproduit un espagnol, Jean-Claude Rodriguez-Ferrera, en créant les comunidades autofinanciadas ou CAF. Ce n’est pas la même chose que du microcrédit, puisqu’il n’y a pas ici d’organisme centralisé : ce sont les membres eux-mêmes qui gèrent les finances de chaque CAF.

Les banques communautaires

La Sewa Bank (Inde) ou la Banco Bem (Brésil) sont deux autres exemples qui vont dans le même sens que les CAF barcelonaises et les credit unions étatsuniennes. À chaque fois, cela permet de reconstituer un tissu local d’échanges et de solidarité.

L’essor international des monnaies locales

De plus en plus de projets croissent également dans une autre direction : la création de circuits monétaires fermés, qui servent à favoriser le commerce dans des zones précises (par exemple, un centre-ville).

Pour cela, il faut convaincre des commerçants de participer et les citoyens de les utiliser. Mais une fois que le système est en place, ces monnaies locales dynamisent la croissance en redirigeant les flux d’argent.

Le succès ne se dément pas : « Aujourd’hui, plus de 5 000 monnaies locales et complémentaires (MLC) circulent dans le monde » (p. 182). Si ce thème vous intéresse, allez donc jeter un œil p. 180-181.

Penser le développement des territoires

Avec les banques locales, les systèmes de crédits solidaires, etc., les monnaies locales peuvent aider à régénérer économiquement les territoires.

Connaissez-vous le ou la… :

Bonus (Sao Paulo) ;

Coopek (monnaie numérique, France) ;

Wir (Bâle, Suisse) ;

Gonette (Lyon) ;

Bou’Sol (Boulogne-sur-Mer) ;

Eusko (Pays basque) ;

Hours (Ithaca) ;

Etc.

  1. Energies : vers des milliers d’autonomies locales

Même si de nombreux efforts restent à entreprendre, le tournant vers les énergies renouvelables (EnR) a été pris et il est irréversible. La Chine, l’Inde et les États-Unis y travaillent activement. Les innovations techniques impliquant le solaire ou d’autres EnR sont testées et adoptées dans de nombreux pays.

A. Quand le Sud invente ses propres solutions

Inde : les ingénieurs aux pieds nus

Des femmes africaines, asiatiques et sud-américaines viennent apprendre le montage de panneaux solaires dans une école indienne : le Barefoot College. Elles contribuent activement à l’électrification de leurs villes ou villages.

B. Des solutions autonomes et décentralisées

Le biogaz, une petite révolution villageoise au Népal

Innovation intéressante : dans ce village, les déchets sont recyclés en gaz grâce à un « digesteur » qui les méthanise et les rend utilisables pour la caléfaction, notamment.

C. En France, l’éolien citoyen

Avec des amis, Michel Leclercq a créé un parc éolien en Ille-et-Vilaine. Et il fait des émules ! L’idée étant de créer des coopératives citoyennes qui gèrent eux-mêmes leur production et consommation d’énergie.

D. Les coopératives d’énergie

L’exemple nordique

Elles connaissent un grand succès en Europe du Nord. Au Danemark et en Allemagne, par exemple, ces initiatives de citoyens pour se réapproprier l’énergie (solaire, biomasse, éolien, etc.) est un véritable succès. Lorsque les habitants s’y mettent, il est tout à fait possible de réaliser une transition énergétique pacifique dans une région !

Combiner les nouvelles énergies

C’est ce que font certaines localités, comme l’île de Hierro, en Espagne, qui combinent hydro-turbines, éolien et (pour l’instant) fioul, ou celle de Samsø au Danemark, qui combine éolien, panneaux solaires et biomasse.

E. Un modèle énergétique décentralisé

Peut-on tous devenir producteurs d’énergie et revendre nos surplus via des « réseaux intelligents » interconnectés ? Est-ce là l’aube d’une troisième révolution industrielle comme le croit le prospectiviste Jeremy Rifkin ? Cela reste à voir, mais une chose est certaine : le crowdsourcing de l’énergie est une idée qui a le vent en poupe et qui mérite le détour.

  1. Le modèle coopératif

A. Les empresas recuperadas d’Argentine

La crise de 2002 a mis la moitié des Argentins au moins en grande difficulté. De nombreuses entreprises jugées non rentables furent fermées. Pourtant, des ouvriers et des salariés se sont associés pour les reprendre en main et reconstruire le pays après la faillite.

B. Un secteur dynamique

Le modèle coopératif a connu un tel succès qu’il est parfois difficile de le distinguer de ses « équivalents commerciaux ». Certains ont perdu leur âme, c’est vrai ; mais d’autres sont toujours fidèles à leur mission sociale et solidaire. Selon l’auteure, les coopératives sont aussi agiles que leurs pendants non coopératifs et résistent même mieux aux crises.

C. En finir avec la pauvreté

Lijjat est une coopérative exemplaire d’Inde. Elle est la plus grande coopérative féminine au monde, avec 44 000 salariées. 21 femmes se partagent les responsabilités managériales à tour de rôle. Leur mission : aider les femmes à sortir de la pauvreté. Le moyen ? La vente de papads (galettes de farine de lentilles). Une affaire qui tourne et qui sait rester digne !

D. Un outil d’indépendance

La forme coopérative convient particulièrement aux femmes. Si les coopératives féminines sont encore modestes au Maroc, elles se développent néanmoins peu à peu, permettant à leurs cosociétaires de gagner en indépendance. Il en va de façon similaire, par exemple, au Nicaragua.

E. L’extension du domaine coopératif

Le modèle coopératif devient porteur d’espoir dans de nombreux secteurs, tels que l’éducation. Que ce soit en Grande-Bretagne ou en Corée du Sud, de nouvelles formes d’écoles voient le jour.

Autre secteur : le freelancing (journalisme, informaticiens, etc.). De plus en plus de travailleurs freelances se réunissent en coopératives pour bénéficier des avantages de l’entrepreneur salarié, d’une protection sociale, etc. C’est le cas de la SMart en Belgique, également implantée en France, ou de Coopaname.

Il existe aujourd’hui des coopératives intégrales (CI) qui voient le jour, particulièrement en Espagne. Celles-ci regroupent un ensemble de secteurs pour créer un nouveau modèle économique et social, tout en douceur.

F. Le levier d’une autre économie

Même si ce modèle coopératif demeure minoritaire dans l’économie actuelle, il n’empêche qu’il montre d’autres chemins. Surtout, les exemples donnés par l’auteur fournissent la preuve qu’il ne s’agit pas d’une chimère irréaliste, mais bien d’alternatives crédibles.

  1. Habiter ensemble, autrement

A. L’essor des coopératives d’habitants

Voici un autre exemple de succès dans le domaine de la coopération. Au Québec, Le Plateau est un bel exemple d’habitat coopératif. Émanation de la société civile, ces logements solidaires promeuvent la mixité sociale et, finalement, un nouveau mode de vivre-ensemble.

Autre exemple : La Jeune Pousse, à Toulouse ou le Village Vertical de Villeurbanne.

« L’Hexagone compte plusieurs centaines de projets citoyens de ce type, qui mettent en œuvre les mêmes valeurs : logements abordables, gestion démocratique, solidarité entre habitants, bâtiments écologiques et adaptés au handicap. » (Un million de révolutions tranquilles, p. 241)

B. Le co-habitat en propriété partagée

Guillaume Pinson, professeur québécois, a opté pour une formule semblable : il a acheté un terrain avec d’autres familles et a construit une sorte de petit village écologique. En Allemagne comme en France, ces types d’associations de propriété se multiplient.

C. Vieillir ensemble

Thérèse Clerc ne voulait ni vieillir seule ni finir dans un home. Elle a donc inventé la Maison de Babayagas à Montreuil ; une association qui prône le bien vieillir ensemble. À 70 ans, il est encore possible d’agir et de faire sa révolution douce !

D. Les écovillages

Ils poussent comme des champignons partout dans le monde. Bénédicte Manier développe en particulier deux exemples :

Au Sénégal ;

Aux États-Unis.

Le principe d’un écovillage ? Regrouper les habitats, les construire de façon écologique et consommer des énergies renouvelables. Le tout dans la convivialité.

E. Les éco-hameaux

C’est un peu le même principe. On les voit fleurir en France. L’un des exemples donnés par l’auteure est l’éco-hameau de Chabeaudière.

Avec ce type de nouveaux lieux et modes de vie, renait aussi le goût pour la construction ou plutôt l’auto-construction. Il n’est pas rare de voir les personnes habitant ces lieux construire eux-mêmes leurs maisons.

F. Les sociétés en propriété collective

Connaissez-vous la fédération Habitat et Humanisme, créée à Lyon par Bernard Devert, promoteur immobilier reconverti en prêtre ? Il s’agit d’un système proche du Community Land Trust américain (voir le chapitre 2) qui a pour but d’aider les personnes âgées ou les familles monoparentales à trouver un logement.

G. Des éco-logements de qualité pour les plus démunis

Autre exemple français : l’initiative de François Marty, qui a créé le groupe d’entreprises Chênelet. Elle fournit une réponse originale aux problèmes du logement social, du chômage des moins qualifiés, de la pénurie d’emploi dans la construction et de l’inutilisation des ressources écologiques locales.

Avec ses équipes, il construit des maisons écologiques conçues pour les plus démunis. Et cela fonctionne ; de nombreuses mairies s’y intéressent. Aujourd’hui, Chênelet a fait des petits dans l’économie solidaire !

  1. Une démocratie plus citoyenne

A. Quand les habitants gèrent eux-mêmes la ville

Elango et Sumathy Rangaswamy ont modifié toute la structure institutionnelle de leur village indien. Élu maire, Elango entreprend de changer la vie démocratique avec l’aide des citoyens. Il parvient à fédérer toutes les castes autour de lui (alors qu’il vient de la classe des intouchables, la plus pauvre et la moins respectée d’Inde).

Une économie relocalisée

Au début des années 2000, le village a repris des couleurs et de la vivacité, tant au point de vue démocratique qu’économique. Une économie locale « en réseau » est créée et sert de modèle à d’autres communes voisines.

« L’économie en réseau mise en place à Kuthambakkam [le nom du village] et dans les localités voisines est également porteuse de leçons. Hormis pour les voitures, l’essence et l’informatique, les habitants y sont autosuffisants, ce qui rend leur économie imperméable aux aléas des crises et profite à l’emploi local. Ce type d’économie « démondialisée » est-elle transférable à d’autres pays, dans d’autres contextes et avec d’autres niveaux de vie ? La question mérite d’être posée. » (Un million de révolutions tranquilles, p. 268)

B. L’essor des expériences participatives

Grâce au renouvellement de la vie démocratique, l’individualisme peut laisser place à la responsabilité collective. Cela a été possible dans ce village indien et est possible ailleurs. Il existe d’autres initiatives de participation citoyenne qui donnent de l’espoir.

Glisser un bulletin de vote dans une urne une fois de temps à autre n’est pas suffisant. Les villages de Marinaleda en Espagne ou la commune de Trémargat en Côtes d’Armor peuvent en témoigner, ainsi que le village de Saillans, dans la Drôme, pour ne citer que quelques cas mentionnés par Bénédicte Manier (qui va étudier ces expériences participatives jusqu’en Irlande et en Islande).

C. Les listes citoyennes

Puisque nous sommes en Islande, mentionnons le Parti pirate islandais, le Piratar, qui a essaimé dans le monde entier et notamment en France.

À Barcelone, l’espoir est venu d’Ada Colau, membre du parti Guanyem, proche de Podemos. Elle a notamment innové en utilisant une plateforme web pour faire participer un maximum d’habitants à la rédaction de la charte éthique de son mouvement.

Son logiciel, DemocracyOS (pour Open Source), a lui aussi eu beaucoup de succès, par exemple en Argentine où il a été repris par Pia Mancini. En France, l’initiative Ma Voix est pensée sur un modèle similaire.

D. L’essor de la Civic Tech

« Dans ces tentatives de rénovation de la démocratie, l’outil numérique joue évidemment un rôle essentiel », affirme Bénédicte Manier.

C’est le cas au Brésil, où les habitants de Rio de Janeiro, mais aussi de Curitiba, Recife et Porto Alegre ont mis en place des systèmes issus de la « Civic Tech » pour intervenir dans les politiques publiques ou combattre la corruption des élus (via du crowdmapping).

Aux États-Unis, des hacknights sont organisés par les citoyens pour « élaborer des outils numériques destinés à améliorer la vie urbaine » (p. 280).

En France, nous ne sommes pas en reste avec les sites et les applications mobiles :

Citizers.com ;

Stig ;

Vooter ;

Fluicity ;

Questionnez vos élus ;

City2Gether ;

Neocity ;

Tell My City ;

Politizr ;

Full-mobs ;

Baztille ;

Etc.

  1. Des centres de santé citoyens

A. Les cliniques gratuites américaines

Face à la précarité et au manque de sécurité sociale, certains citoyens se réunissent pour venir en aide aux plus démunis aux États-Unis. Plusieurs hôpitaux ont été construits et maintenus en activités grâce à la force et à la motivation de personnes n’ayant d’autre statut que de vouloir aider les autres à sortir de la misère. C’est le cas à Ithaca, à Berkeley, à San Francisco, notamment.

B. Les maisons médicales autogérées de Belgique

Ces maisons de santé pluridisciplinaires, gérées directement par les médecins et des associations de patients, parfois en collaboration avec des mutuelles, ont le vent en poupe. Selon le Dr Pierre Dresmla, l’un des représentants et fervents défenseurs de ce modèle, celui-ci a encore de beaux jours devant lui.

C. Au Sud, les médecins aux pieds nus

En Inde, les choses bougent également, grâce à Ashish Das et bien d’autres, tels que Shelly Batra et Sandeep Ahuja. En voici quelques exemples :

La Hathola Medical Bank (banque nationale de médicaments gratuits) ;

Le Neighborhood Network in Palliative Care (réseau citoyen de soins palliatifs) ;

Aravind Eye Hospital (centre hospitalier offrant des soins gratuits aux plus pauvres).

D. Micro-assurances et mutuelles communales

Aux États-Unis et en France et dans les pays du Sud, à des degrés et des échelles divers, les micro-assurances et les mutuelles communales pallient le manque de sécurité sociale et le caractère trop coûteux des mutuelles commerciales.

  1. Conclusion. Une réappropriation du monde

A. La génération du passage à l’acte

Les Millennials ont envie de changer de vie – et de changer le monde ! C’est ce que dit une étude citée par l’auteure, discutée sur le blog de Dan Schwabel, 84 % de Millennials interrogés par l’enquête affirment vouloir « faire quelque chose de positif pour changer le monde ».

Plus généralement, une part de la population refuse l’enfermement identitaire et s’ouvre à la collaboration et à l’action. Or, comme le dit Bénédicte Manier :

« Pour agir, cette société n’a jamais disposé d’autant d’outils : réseaux sociaux, informations planétaires en temps réel, technologies open source, financements participatifs ou mutualisation des compétences ont changé la donne. Ces outils d’empowerment ont modifié les modes d’action, accéléré les échanges intellectuels et matériels, renforcé l’expression démocratique. » (Un million de révolutions tranquilles, p. 298)

À tous les niveaux, y compris au niveau du management, les choses changent ; les organisations se réinventent.

B. Vers de nouveaux communs

Cela s’est fait, finalement, en assez peu de temps. On peut donc prévoir que cela continuera et s’amplifiera à l’avenir. Les classes moyennes promeuvent ces nouvelles façons de vivre et créent ainsi un effet d’entraînement. Par ailleurs, elles répondent à des besoins réels qui devront être satisfaits.

Il reste à généraliser et à coordonner toutes ces pratiques pour créer une véritable bascule de modèle. Face à la crise écologique, il nous faudra réinventer la société en utilisant de façon pragmatique les solutions du Nord comme du Sud.

La société civile a découvert son pouvoir ! Qu’attendons-nous pour agir ?

Conclusion sur « Un million de révolutions tranquilles » de Bénédicte Manier :

Ce qu’il faut retenir de « Un million de révolutions tranquilles » de Bénédicte Manier :

Bénédicte Manier est journaliste et essayiste. Spécialisée dans la société indienne, elle a notamment écrit La Route verte des Indes. Au pays des transitions écologiques et citoyennes (2018) et L'Inde nouvelle s'impatiente : 780 millions d'Indiens de moins de 35 ans (2014).

Un million de révolutions tranquilles. Travail, habitat, argent, santé, eau... Comment les citoyens changent le monde a non seulement reçu le Prix 2013 du Livre de l'’Environnement, mais a également servi d’inspiration principale au célèbre documentaire de Cyril Dion et Mélanie Laurent, Demain.

Le livre fourmille d’expériences de toutes sortes, au Nord comme au Sud, petites ou à large échelle, individuellement initiées ou directement collectives, etc. Et c’est son intérêt principal : créer un sentiment d’effervescence mondiale pour donner envie d’y participer. Vous y découvrirez pléthore de noms de héros du quotidien et d’associations qui pourraient bien vous servir au jour le jour.

Points forts :

Un bouillonnement d’initiatives qui donne envie d’agir et de « faire sa part » ;

Des bons plans comme des sites internet, des noms d’associations, etc., pour les Français (mais pas que !) ;

Un texte clair et bien construit.

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé !

Ma note :

                

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Mon, 22 May 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12392/Un-million-de-rvolutions-tranquilles
Ce qu’il y a de meilleur en nous http://www.olivier-roland.fr/items/view/12342/Ce-quil-y-a-de-meilleur-en-nous

Résumé de « Ce qu’il y a de meilleur en nous. Travailler et honorer la vie » de Christophe Dejours : en s’appuyant sur son expérience professionnelle et en dialoguant avec des auteurs de sciences humaines, l’auteur propose une réflexion stimulante et passionnante autour des notions de souffrance et de plaisir au travail.  

Par Christophe Dejours, 2021, 176 pages.

Chronique et résumé de « Ce qu’il y a de meilleur en nous. Travailler et honorer la vie » de Christophe Dejours

Avant-propos

Cet ouvrage questionne et ouvre des voies de réflexion sur la souffrance au travail, un thème rarement abordé et considéré.

En considérant les « transformations contemporaines du travail, de la gestion et du management », l’auteur, Christophe Dejours, annonce se situer dans le « débat sur le travail, la souffrance au travail et les pathologies mentales (voire somatiques) » (p. 8).

L’auteur mobilise deux courants de recherche :

La psychodynamique du travail ;

La psychanalyse.

Du côté de la psychodynamique du travail

Les mouvements sociaux autour de mai 68 revendiquaient davantage de liberté et d’émancipation dans la société. En même temps, la crise économique, provoquée par le premier choc pétrolier de 1973, annonçait des heures plus sombres pour l’emploi et le travail.

C’est à ce moment-là, en France, dans les années 1970, que différentes recherches d’abord regroupées sous le terme « psychopathologie du travail » ont vu le jour. L’État a encouragé la création de cette discipline de recherche par des subventions.

Le terme « psychodynamique du travail » est apparu en 1992.

Différentes disciplines des sciences humaines participent au débat sur ces questions qui lient travail et souffrance :

Ergonomie ;

Médecine du travail ;

Sociologie du travail ;

Anthropologie des techniques ;

Sociolinguistique ;

Économie du travail ;

Sociologie de l’éthique ;

Psychiatrie phénoménologique ;

Histoire sociale.

Plus récemment la discipline a aussi dialogué avec le droit et la philosophie.

Bien que tous les chercheurs ne s’accordent pas sur ce point, Christophe Dejours soutient l’idée que la psychanalyse a beaucoup à apporter aux débats concernant la souffrance au travail.

Du côté de la psychanalyse

Les psychanalystes, de leur côté, ont longtemps refusé de s’intéresser au travail et donc à la psychodynamique du travail. En effet, ils considéraient que la psychanalyse a pour objet l’exploration par le patient de son psychisme. Pour eux, les souffrances psychiques ont des origines profondes liées à des conflits psychosexuels. Le travail ne pouvait avoir qu’un rôle « déclenchant » (p. 12) dans les troubles observés.

Depuis plusieurs années cependant, des psychanalystes participent aux débats concernant les souffrances au travail.

« Cette évolution est certainement due à l’aggravation des souffrances et des pathologies en rapport avec le travail, sous l’effet des transformations importantes des méthodes d’organisation du travail, de gestion et de management, aussi bien dans les entreprises privées que dans le secteur public. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 12)

Selon Christophe Dejours, s’intéresser à la clinique du travail n’est pas qu’une question théorique. Il y a là un vrai enjeu pour le psychanalyste confronté, dans son cabinet, à l’écoute du patient qui parle de son travail et des difficultés qu’il y rencontre. Ce livre se situe au centre de ces questions.

Introduction

Christophe Dejours annonce dès l’introduction que son point de départ est la théorie de la sublimation de Freud, le fondateur de la psychanalyse.

Au centre de la théorie freudienne se trouve l’idée que la sexualité infantile – qui perdure chez les adultes – est à la base de l’activité psychique des individus.

« […] Cette sexualité infantile n’a rien d’idyllique. Selon les termes de Freud, c’est une sexualité perverse et polymorphe, dont l’investigation clinique montre qu’elle est foncièrement amorale. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 18)

Selon Freud, pour pouvoir vivre ensemble en société en établissant des rapports non-violents, les êtres humains doivent renoncer à certaines de leurs pulsions sexuelles venant de leur sexualité infantile. La société, de son côté, institue des limites aux pulsions sexuelles. Mais elle ne peut pas contrôler la manière dont chaque individu réprime ses propres pulsions.

La sublimation selon Freud

La sublimation se produit lorsque l’individu oriente une pulsion sexuelle vers une autre action que l’activité sexuelle elle-même. La pulsion originelle fournit alors une énergie pour cette autre occupation qui peut être, par exemple, l’art ou le travail. La satisfaction peut être obtenue par le résultat de cette autre activité.

« La sublimation joue un rôle majeur dans la création artistique et dans la recherche scientifique. Enfin, il est utile de souligner que Freud formule des réserves sur les conséquences de la sublimation. Si cette dernière est engagée dans la production des œuvres de culture, elle peut pourtant devenir une menace non seulement pour la reproduction de l’humanité, mais aussi pour la société et la civilisation, parce qu’elle exigerait des renoncements voire des sacrifices […], peut-être trop coûteux pour l’économie de la sexualité (menace pour la reproduction du genre humain d’une part, engendrement d’une haine de la culture d’autre part). » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 22)

L’auteur énonce des limites à cette théorie de la sublimation de Freud, notamment au regard de la clinique du travail et de la théorie du « travail vivant » qu’il va mobiliser dans l’ouvrage.

Sublimation et travail

Une de ces limites notamment est liée au fait que Freud restreint la sublimation à des personnes d’exception comme de grands intellectuels et artistes. Au contraire, la clinique du travail avance l’idée que la sublimation se produit chez les individus ordinaires, dans les activités quotidiennes et à des degrés divers. Elle incite à prendre en compte les « conditions matérielles, sociales et politiques » (p. 23) qui rendent possible la sublimation.

De plus, pour la clinique du travail, la sublimation a des effets positifs sur l’estime que l’individu a de lui-même et sur le plaisir qu’il peut ressentir en travaillant. Là où Freud associe surtout la sublimation à la souffrance.

Chapitre 1 – L’intelligence au travail. Pourquoi la créativité n’est pas réservée aux « génies »

Selon Christophe Dejours, l’intelligence apparaît dans de nombreux actes du travail ordinaire. Que fait un individu lorsqu’il travaille ? Il transforme de la matière inanimée en de la matière animée, « vivante ». Selon l’auteur, les pulsions sexuelles sont à l’origine de ces actes d’intelligence et de transformation. Comment ? C’est l’objet des prochaines sections.

Investissement sexuel et travail

À l’origine de la pulsion sexuelle se trouve une énergie appelée « libido ». Si aucun processus de sublimation ne se met en place chez un individu, il cherche à assouvir sa pulsion sexuelle à travers une activité sexuelle. Il est alors attiré par de la matière « vivante », par des parties du corps et des organes d’un autre individu avec lequel il a une relation sexuelle.

Lorsqu’un processus de sublimation se met en place, l’individu dirige sa libido non pas vers des organes vivants mais vers des objets inanimés. Ces objets inanimés sont par exemple la terre, la pierre, le bois, le plâtre, le métal ou encore « un outil ou un objet technique (arme, automobile, avion) » (p. 31). 

Comment se fait-il alors que l’individu puisse se sentir attiré et investir de la libido dans ces matériaux « non vivants » ? Parce qu’il se représente en réalité ces objets inanimés comme « vivants » nous dit l’auteur. Cette représentation agit comme un fantasme plus ou moins conscient.

La sublimation : références théoriques de départ

Lorsqu’un adulte refoule des pulsions sexuelles, elles ne disparaissent pas. Elles sont dirigées vers d’autres buts (que l’activité sexuelle). C’est la sublimation, ou transposition.

Christophe Dejours cite l’auteur Jean Laplanche qui souligne, chez Freud, deux fonctions de la sublimation pour les adultes :

Le désir de savoir ;

La pulsion de recherche.

Mais Christophe Dejours insiste sur un point qui semble oublié, selon lui, par Freud, pour expliquer le processus de sublimation. Il s’agit d’un affrontement avec la matière. D'ailleurs, un exemple frappant est celui de l’artiste en prise – comme dans un « corps à corps » (p. 32) – avec de la matière qu’il entreprend de transformer pour créer.

« […] lutte avec la toile, les couleurs, les solvants, les pinceaux, luttes des mains et des doigts avec la terre pour en éprouver la résistance, l’inertie, la dureté, la mollesse, l’indocilité, la viscosité, la malléabilité et en faire, enfin, émerger la forme […]. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 33)

Le « travailler » dans la sublimation chez le poète

Le sculpteur, comme Giacometti, touche et manipule la terre pour produire son œuvre. Le poète, comme Baudelaire, fait de même, mais avec le langage. Il manipule les mots, les détournant de leur sens usuel, les assemblant avec originalité, cassant ainsi des conventions sociales, sublimant le réel.

Christophe Dejours cite Jérôme Thélot qui évoque le travail réalisé par le poète : « travail de la prosodie » (p. 34). Selon Thélot, le poète engage sa subjectivité toute entière pour créer. Il investit des affects, de la douleur, de la persévérance « dans ce corps à corps avec le rythme et la rime » (p. 35).

Le génie de l’intelligence au travail

Comme le poète, le travailleur est confronté aux difficultés et aux résistances quotidiennes apposées par la matière, ou les outils, qu’il manipule et qu’il essaie de transformer. De fait, pour surmonter ces difficultés et trouver des solutions, il mobilise son intelligence : il réessaie, réassemble, bricole, casse, etc.

En cherchant ainsi des solutions, l’homme apprend à anticiper et à reconnaître les moments où des difficultés peuvent surgir. Et cette anticipation passe par la mobilisation de son corps. En effet, ses sens – ouïe, toucher, vue, odorat – lui permettent de percevoir les signes annonciateurs d’un problème. Il engage alors des actions qui visent à contourner le problème avant qu’il ne survienne réellement (par exemple : réduire la vitesse pour éviter la surchauffe d’une machine).

Intelligence au travail et « corpspropriation »

« Ce processus de conquête de la matière par la vie, un philosophe, Michel Henry, l’appelle ‘corpspropriation’. Elle est pour lui ce qui est au principe du ‘travail vivant’, sans lequel aucune production […] ne serait possible ». (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 38)

Dans la confrontation avec la matière et les machines, le travailleur ressent des émotions, mobilise ses capacités physiques et cognitives. À tel point qu’il projette des affects sur la matière inanimée, la traitant comme si elle était vivante. Christophe Dejours cite l’exemple du personnage de Zola, Lantier, qui donne le nom affectueux de « Lison » à sa machine à vapeur. Lantier prend soin de Lison : il va jusqu’à l’aimer, l’insulter, la pousser à bout même.

Corpspropriation et remaniements du corps

Ce qui se produit chez l’homme en proie à la résistance de la matière, c’est aussi le fantasme et la fantaisie. Et c’est à travers eux que le travailleur se libère des prescriptions rationnelles, des modes d’emploi et de la connaissance théorique. Il peut ainsi chercher des solutions et des réponses adaptées au problème réel auquel il est confronté.

« Le génie de l’intelligence du corps n’appartient qu’à celui-là qui l’a acquise au prix de sa souffrance et de son endurance, voire de son courage à pâtir de la résistance du réel. Chaque génie est propre à chaque sujet en son histoire. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 42)

C’est dans le travail et la confrontation aux difficultés que se forment de « nouvelles habiletés » (p. 44).

Quel corps ?

Le corps de l’individu qui travaille n’est pas uniquement le corps saisi dans sa dimension physiologique. C’est aussi le corps dans sa dimension érogène, c’est-à-dire qui ressent des sensations et du plaisir qui proviennent de la sublimation de pulsions sexuelles vers l’activité du travail.

En plus des nouvelles habiletés, il y a aussi de « nouvelles sensibilités » (p. 45) qui naissent dans le travail. C’est ainsi que le travailleur se sent plus vivant.

Les deux pulsions déjà citées par l’auteur – pulsion de comprendre et pulsion de chercher – se transforment en « désir de travailler » (p. 47).

L’œuvre, qui est produite par le travail, apparaît alors comme une forme d’accomplissement de soi. Pour Christophe Dejours, cette réalisation de soi n’est pas seulement réservée aux hommes qui font preuve d’un potentiel exceptionnel. Elle peut se produire dans différents types de métiers et de tâches.

L’auteur précise également les limites de l’analyse qu’il présente ici. En effet, il se concentre uniquement sur le rapport de l’individu qui travaille avec la matière. Pour une analyse complète, il est également nécessaire de prendre en compte les rapports sociaux au travail, c’est-à-dire les formes de « coopération horizontale, verticale et transverse » (p. 47).  

Les risques du travail antisublimatoire

L’auteur précise également que le processus de sublimation dans le travail ne concerne pas tous les métiers et activités. Le travail très rationalisé et industrialisé, comme le taylorisme, ne permet pas de ressentir du plaisir en travaillant, d’exercer sa créativité et son intelligence. Aujourd’hui certaines méthodes de gestion et de management, mises en place depuis les années 1980 – 1990, tendent à standardiser l’activité de travail et à diminuer les possibilités de sublimation et de plaisir au travail.

C’est alors que différentes maladies apparaissent comme des signes du mal-être au travail : épuisement professionnel (burn-out), suicides dans les cas les plus graves. D’où l’urgence de replacer la réflexion sur le lien entre la subjectivité et le travail dans le cabinet du psychanalyste.

Chapitre 2 – La sublimation et ses ennemis. De la folie de la norme à la souffrance éthique

La norme physique exprime une loi de la nature, c’est-à-dire une loi qui ne dépend pas de la volonté des hommes.

La norme humaine désigne une loi qui est instituée, c’est-à-dire décidée et mise en place par des hommes. Les lois instituées varient donc en fonction des contextes historiques, culturels et sociaux. Des hommes ont le pouvoir de les créer de les modifier.

Christophe Dejours, s’appuyant sur les travaux d’Alain Supiot, souligne les problèmes liés à l’excès de normes humaines qui règne dans nos sociétés actuelles. Tout semble devoir obéir à des normes précises. Dejours parle même de « folie de la norme » (p. 51).

Il distingue trois rapports différents à la norme en fonction des personnes :

Les créateurs des normes qui sont les élites ;

Ceux qui n’ont pas de pouvoir pour décider des normes mais qui ont la possibilité de s’en accommoder sans trop en souffrir ;

Ceux qui subissent les normes et qui en souffrent (sans avoir la possibilité de trouver des accommodements pour moins en souffrir).

« La normalisation […] est l’usage de toutes sortes de techniques en vue de domestiquer ou de contraindre les conduites humaines à se conformer aux normes instituées. Il y a donc une ambivalence de la norme instituée. Elle peut générer le meilleur, le vivre-ensemble, mais elle peut aussi conduire au pire lorsqu’elle ne joue plus comme référence dans une délibération, mais comme diktat au service de la tyrannie. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 56)

La normalité en question

Sans fonder une théorie de la normalité, Freud s’y est intéressé pour distinguer un état psychologique pathologique d’un état normal et « ce qui fait obstacle à la normalité (névrose) » (p. 57).

Christophe Dejours refuse de se positionner dans les débats qui ont enflammé la scène intellectuelle des années 1970-1980. De nombreux intellectuels, comme Michel Foucault ou Guattari, critiquaient ce qui leur apparaissait comme une injonction sociale à la normalité. « Être normal » semblait constituer, selon eux, une forme de conformisme social proche de l’assujettissement et de la bêtise. Et pour eux, la psychanalyse participait de ce processus.

Christophe Dejours considère, de son côté, que la normalité est en réalité l’état à travers lequel un être humain tente de survivre dans un monde qui présente sans cesse des menaces pour sa santé psychologique et physique. La normalité n’est jamais définitivement acquise. La recherche de normalité est parcourue de tensions et faite de compromis que chacun doit accepter de réaliser : « compromis avec soi-même d’abord, avec l’autre ensuite, avec le monde enfin » (p. 59).

Normativité et normalisation dans les soins en psychiatrie

Christophe Dejours revient ici à la question de la norme qui est créée par les hommes qui vivent en société, c’est-à-dire de la norme instituée.

Les normes instituées sont nécessaires à la vie en société en tant qu’elles constituent des formes d’accords relativement stables entre les hommes. L’émancipation de chaque individu peut se faire si ce dernier a la possibilité de dialoguer avec d’autres et de contribuer « à la discussion et à la négociation de cette norme » (p. 61).

Si les normes sont imposées sans aucune possibilité de personnalisation et de discussion, la norme ne joue plus un rôle émancipateur. Elle participe plutôt d’un processus opprimant qui impose sans possibilité de personnalisation. « Débute le règne de la normalisation » (p. 61).

C’est ce qui se produit aujourd’hui, selon Christophe Dejours, dans le domaine de la santé en France. Lorsqu’il s’agit d’apporter un soin ou une prestation à quelqu’un qui se trouve en position de vulnérabilité et fragilité, l’application d’un standard uniforme se révèle très inadapté et inefficace. Cette normalisation des soins est contraire à « l’éthique du care » (p. 62) qui prône une adaptation concrète et pratique aux besoins singuliers d’un patient.

« C’est ainsi que la standardisation prônée au nom de la justice et de l’objectivité (de l’évaluation des performances) conduit inexorablement à la dégradation des soins dispensés par les institutions publiques ou privées. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 64)

La coopération mise à mal

Prenons le cas d’une équipe de travail dans un hôpital. Cette équipe est constituée de différentes personnes qui occupent des rôles professionnels différents : médecins, infirmiers, soignants, aides-soignants, secrétaires, femmes de ménage, personnel de sécurité, etc.

Les réunions d’équipe, auxquelles toutes les personnes participent, sont des moments importants et centraux pour la vie de l’équipe. Chacun doit faire remonter des situations particulières problématiques (concernant un patient ou autre).

Parfois les discussions peuvent mener à modifier ou ajuster des normes déjà existantes ou à en créer de nouvelles. C’est ainsi qu’un espace de délibération sur « la marche collective à suivre » émerge à partir des pratiques et que la coopération fonctionne.

Les règles qui régissent le travail collectif de l’équipe soignante sont ainsi singularisées, adaptées en fonction des :

Types de malades et de maladies ;

Personnalités et des expériences des membres de l’équipe soignante ;

Problématiques particulières qui surgissent de la pratique ;

« Doctrine de référence » (p. 66).

C’est à partir de ce constat de la réalité du travail lié aux soins et à la santé que Christophe Dejours soutient que la standardisation n’est pas adaptée car elle empêche la coopération. Le travail nécessite de conserver un espace de délibération collectif sur les règles techniques et de vivre ensemble.

Les stratégies de défense contre la souffrance

La standardisation, dans le domaine du soin, tend à faire disparaître les moments où les soignants peuvent partager les problèmes rencontrés. Les discussions collectives, les ajustements ou les modifications des règles et de l’organisation, ne sont plus permises.

N’ayant plus d’espace pour s’exprimer, plus de moyen d’être atténuée, la souffrance des soignants s’amplifie. Et pour respecter les exigences de standardisation, ils peuvent même être amenés à adopter des pratiques contraires à l’éthique du soin et irrespectueuses envers les malades.

C’est alors qu’une souffrance éthique naît à l’intérieur des soignants qui ne respectent plus, ni la déontologie de leur métier, ni leur propre sens moral.

Une histoire clinique

Christophe Dejours expose le cas d’une patiente qu’il a suivi en tant que médecin psychiatre.

La patiente est psychologue dans un centre de soins psychiatriques. Elle est très impliquée dans son travail au quotidien et assure plusieurs activités différentes (suivis individuels, animation de groupes de parole, formation de stagiaires, etc.).

Récemment une nouvelle direction a été mise en place. Les nouveaux dirigeants s’opposent aux principes de psychothérapie qu’elle met en œuvre dans ses activités. Ses conditions de travail sont mises à mal. Elle cherche à lutter pour défendre son métier, notamment à travers un syndicat de soignants. Et face aux difficultés rencontrées, elle finit par être victime d’un grave problème cardiaque.

Les transformations de l’organisation du travail

Dans le cas exposé, comment l’organisation du travail a-t-elle pu être si brutalement transformée au point même de mener à des démissions en cascade dans le centre de soins où travaille la patiente ?

En se basant sur le récit de sa patiente, Christophe Dejours reconstitue les différentes étapes de cette transformation.

Tout d’abord un nouveau directeur administratif formé aux principes du New Public Management a été nommé. Il a exigé que tous les services et tous les soignants se plient à des comptes rendus systématiques visant à fournir une traçabilité de tous les actes effectués. Ainsi chacun devait, par exemple, compter le temps passé avec chaque patient, consigner les actes réalisés en détail, attribuer des échelles et des indicateurs, ce qui est contraire au principe du secret médical.

En plus de rendre compte de tous les actes effectués dans les moindres détails, les soignants étaient sommés de chercher à optimiser les soins en réduisant les temps passés et en supprimant certaines activités.

Pour contraindre tous les soignants à adopter ces pratiques, deux nouveaux directeurs médicaux sont nommés successivement. Ils se montrent très autoritaires et assujettis à la nouvelle direction administrative. Des directeurs et des soignants de différentes unités démissionnent. Ils sont remplacés par des plus jeunes qui doivent accepter les directives imposées dès leur arrivée. Les pratiques liées à la psychanalyse et à la psychothérapie institutionnelle sont interdites au profit de thérapies cognitivo-comportementales.

La demande initiale

Au cours des séances, il apparaît alors que la patiente a souffert, dans son enfance, de mauvaises relations avec ses parents : une mère abusive, perverse et autoritaire, et un père fuyant. Son frère a développé une maladie mentale.

D’après l’analyse réalisée par la patiente elle-même, ces relations pathologiques avec les membres de sa famille proche expliquent en partie pourquoi elle a développé un goût pour l’aide aux autres et notamment aux malades mentaux.

Plaisir

Pendant trente ans, elle a alors exercé le métier de psychothérapeute avec dévouement. Elle a éprouvé un réel plaisir au travail dans sa pratique professionnelle. Elle a obtenu de la reconnaissance et de l’admiration de ses pairs. Cet engagement au travail a été également motivé par un lien avec les idées politiques de son père et de son grand-père, soutiens de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ainsi, en exerçant si bien son métier de psychologue, la patiente réalisait un « travail de soi sur soi » (p. 82). Un processus de sublimation était à l’œuvre. Il était permis à la fois par la patiente elle-même et par l’organisation du travail.

Résistance

Tous ces éléments expliquent alors pourquoi elle a résisté avec force aux changements imposés par les nouvelles formes de management mises en place sur son lieu de travail. Elle ne pouvait pas envisager de dévoyer ses principes éthiques et moraux. De plus, elle a perdu « les jugements d’utilité et de beauté » (p. 83) formulés par ses collègues à propos de son travail, puisque les réunions collectives étaient désormais interdites.

« […] il n’existe que deux sphères d’accomplissement de soi : l’accomplissement de soi dans le champ érotique, et cela passe par l’amour ; et l’accomplissement de soi dans le champ social, et cela passe par le travail et la reconnaissance du travail par l’autre. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 83)

Finalement, la patiente trouve une voie de sortie en démissionnant de son poste et en réinvestissant un travail « vivant » au travers du militantisme.

La solitude de la patiente

La patiente a également souligné un autre élément qui l’a fait souffrir : le fait que plusieurs collègues dont elle se sentait proche se soient ralliés du côté des nouvelles méthodes de management. Elle a le sentiment d’une trahison de l’œuvre commune qu’ils contribuaient tous à forger par leur engagement professionnel.

Les rapports au sein de l’équipe sont désormais marqués par la méfiance ; la coopération ne se fait plus. Le processus de sublimation – qui était aussi permis par la reconnaissance des autres et par la qualité des valeurs sociales – n’est plus possible. L’amour de soi, qui passait par ces éléments, s’effondre ouvrant ainsi la voie à une décompensation (ici un infarctus).

Christophe Dejours qualifie alors l’organisation du travail prônée par le New Public Management « d’antisublimatoire » (p. 86).

La trahison des autres

Comment se fait-il que certains semblent se ranger du côté des oppresseurs identifiés ici comme les nouveaux managers du centre de soins ?

Les oppresseurs pratiquent l’humiliation et le harcèlement. Ces pratiques instituent la peur et incitent certains à ne pas se rebeller quand bien même ils peuvent être en désaccord avec ces méthodes. De plus, le spectacle de ces pratiques peut même provoquer une forme de jouissance qui bloque toute forme de réflexivité sur ce qui est en train de se passer.

À ces techniques déstabilisatrices s’ajoute l’usage de formules toutes faites (sur l’état du monde par exemple) qui fonctionnent comme des justifications simples, des sortes de fatalités qui limitent le recours à une pensée personnelle.

Face à ces techniques, le psychisme d’un individu met en place des défenses pour tenter de limiter la souffrance éthique ressentie. C’est ainsi que « la folie de la norme » peut se développer. Sous couvert d’objectivité et d’efficacité, des normes sont instituées alors qu’elles conduisent à des pratiques contraires au sens éthique et déontologique.

« […] si nous [psychanalystes] souhaitons résister, cette résistance exigera de nous que nous élaborions ensemble des règles de métier capables de résister à la normalisation. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 93)

Chapitre 3 – Sublimation, clinique du travail et psychanalyse

La psychodynamique du travail a connu plusieurs phases de développement.

Dans l’entre-deux-guerres puis après la dernière guerre : elle était alors appelée « psychopathologie du travail ».

À partir des années 1980, on assiste à un renouveau. La discipline ne s’intéresse plus seulement aux maladies mentales liées au travail. Elle étudie les « ressources psychiques mobilisées par ceux qui parviennent à résister aux effets délétères des contraintes de travail et à demeurer dans la normalité » (p. 97).

Puis dans les années 1990, les chercheurs s’intéressent aussi « aux conditions spécifiques qui permettent d'accéder au plaisir au travail, voire à la construction de la santé mentale, grâce au travail » (p. 98). L’appellation « psychodynamique du travail » est alors retenue pour désigner ce champ de recherche riche et vaste qui croise plusieurs disciplines et questionnements.

Et depuis quelques années, les écoles de psychanalyse dans différents pays commencent à aborder la question du travail dans leurs discussions. Christophe Dejours soutient que c’est à partir d’une réflexion sur le processus de sublimation que la psychanalyse peut aborder les questions liées au travail.

Travail, activité et subjectivité

Le travail prescrit est défini par les définitions, les règlements, les modes d’emploi, les planifications. Lorsqu’un individu travaille, il est confronté à un ensemble d’éléments imprévus que le seul respect des procédures ne suffit pas à surmonter.

Pour accomplir, le travail demandé, il doit alors faire preuve de débrouillardise pour inventer des solutions. Il engage alors sa subjectivité, sa réflexion, son intelligence. Il est dans ce que l’auteur appelle « le travail vivant ».

C’est pourquoi le travail a un impact sur la santé mentale qui peut aussi bien être positif mais aussi très négatif.

Le travail vivant

Les imprévus rencontrés au travail sont de tout type de nature allant des dysfonctionnements d’ordre technique à des changements de directives ou d’engagements provenant d’autres personnes (hiérarchie, collègues, clients, etc.).

Face à cette « résistance du réel », le travailleur éprouve des affects qui peuvent être très variés :

« […] surprise, désagrément, agacement, irritation, déception, colère, sentiment d’impuissance, etc. Tous ces sentiments font partie intégrante du travail. Ils sont la matière première fondamentale de la connaissance du monde. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 102)

Quel que soit le type de métier exercé, un manque de sensibilité conduit à des maladresses ou des échecs. Par exemple, le travailleur va heurter un patient, ou bien le technicien ne va pas percevoir les signes annonciateurs de la panne.

L’échec et son acceptation font partie du travail. Ils permettent d’engager la réflexivité et l’ingéniosité nécessaires pour surmonter les difficultés.

L’intelligence du corps

Lorsque le travailleur est confronté à la résistance du réel, son corps – entendu à la fois comme cognitif et physique – « s’approprie » cette difficulté pour la déchiffrer et chercher une solution. Le philosophe Michel Henry parle de « corpspropriation du monde » (p. 103).

C’est dans la confrontation avec les difficultés du réel que le travailleur forme de nouvelles habiletés.

Lorsque le travailleur parvient à surmonter les difficultés et à trouver des solutions, à accomplir un travail bien fait, il ressent du plaisir. Ainsi, il se transforme aussi lui-même et transforme « la façon d’habiter son corps » (p. 105).

Christophe Dejours précise que ces considérations sur l’intelligence du corps s’adressent également à des métiers intellectuels. Tout être humain est habité par un corps qui ressent des affects lorsqu’il travaille ou échange le résultat de son travail en contact avec d’autres êtres humains.

Travail, coopération et activité déontique

Christophe Dejours distingue deux types d’organisation du travail collectif :

La coordination désigne l’organisation du travail prescrite ;

La coopération désigne l’organisation du travail effective.

En effet, la coopération implique, selon l’auteur, « un remaniement consensuel de l’organisation prescrite » (p. 106). À côté des règles prescrites par la coordination, les imprévus font naître des règles, nouvelles, ou bien issues des premières mais ajustées ou adaptées. Ces règles de coopération résultent de la recherche d’accords, de la confrontation des points de vue et des différentes manières de résoudre les problèmes pratiques qui surgissent.

Pour que le travail collectif se fasse, ces règles doivent revêtir un sens pratique et que le plus grand nombre les comprenne. Mais également, une confiance doit s'établir entre toutes les personnes qui travaillent ensemble. La convivialité doit être au rendez-vous pour assurer de bonnes relations entre les membres de l’équipe et un bon travail individuel et collectif.

Activité déontique, espace de discussion et identité

Pourquoi donc la plupart des travailleurs engagent de l’énergie pour résoudre les problèmes pratiques qui surgissent ? Pourquoi font-ils du zèle ?

Parce que, bien sûr, ils attendent une rétribution. Or cette rétribution n’est pas majoritairement matérielle ou financière. Toutes les études sur le sujet ont montré que les travailleurs attendent un retour symbolique sous la forme de reconnaissance.

Christophe Dejours distingue deux formes de jugement liées à la reconnaissance :

 Le jugement d’utilité – « porte sur l’utilité économique, sociale ou technique de la contribution fournie par un individu à l’organisation du travail » (p. 109). À travers le jugement d’utilité, l’individu accède à un statut, un salaire et des droits sociaux.

 Le jugement de beauté – « s’énonce toujours en termes esthétiques : c’est un beau travail […]. Il connote d’abord la conformité du travail accompli avec les règles de l’art, les règles du métier » (p.109). Cette reconnaissance par les pairs peut être énoncée sous la forme d’un jugement de conformité ou d’originalité.

Ces deux jugements – utilité et beauté – portent d’abord sur la qualité du travail réalisé. Par ce biais, ils ont également un impact sur l’identité du travailleur qui reçoit ces jugements.

Christophe Dejours précise ainsi qu’il y a deux niveaux dans la sublimation :

 La corpspropriation qui est un niveau intrasubjectif ;

 La reconnaissance accordée par les autres.

Une nouvelle méthode d’organisation du travail : l’évaluation individualisée des performances

L’évaluation individualisée des performances est une nouvelle méthode d’organisation mise en place dans les entreprises privées et le service public.

Cette méthode défend l’idée que les résultats du travail de chacun sont mesurables individuellement. Or le travail est aussi collectif et les résultats dépendent de la contribution de chacun et des engagements des uns et des autres. Les résultats de l’évaluation des performances sont donc souvent erronés et peuvent conduire à des sentiments d’injustice.

De plus, cette méthode a des effets délétères sur les relations qu’entretiennent les membres d’une équipe et donc sur la coopération et le vivre-ensemble. Elle fait émerger des sentiments négatifs comme la peur et la méfiance et entraîne une mise en compétition des salariés entre eux. La solidarité et l’entraide tendent à disparaître et l’isolement à s’étendre. Dans ce contexte, les effets du harcèlement – phénomène qui a toujours existé – se font encore plus ressentir.

L’ensemble de ces transformations conjointes détériorent le rapport subjectif au travail et la santé mentale.

La souffrance éthique

« C’est dans ce contexte troublé que certains travailleurs en viennent à accepter de mettre leur zèle au service d’objectifs que leur sens moral réprouve. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 114)

Christophe Dejours cite les techniques de mensonge et de manipulation qui sont le plus souvent, non seulement utilisées, mais même prescrites par le management pour atteindre les objectifs de chiffre d’affaires fixés par la direction. Ces duperies peuvent concerner tout à la fois des clients, des patients, des usagers de service public, des collègues, des subordonnés, etc.

Ces pratiques, contraires à l’éthique, entraînent alors un sentiment de malaise pour celui qui en est victime mais également pour celui qui en est l’instigateur. L’auteur parle de « souffrance éthique ». L’estime de soi et l’identité sont mises à mal.

L’auteur souligne que les suicides sur les lieux de travail sont apparus récemment en France, en 1995. Leur augmentation est indéniablement liée à celle de la souffrance éthique qui se trouve amplifiée chez les collaborateurs les plus impliqués dans leur travail.

Travail vivant et théorie sociale

Historiquement, le travail n’a jamais été que production. Le travail est aussi marqué par la culture et les valeurs sociales de ceux qui le produisent.

Travail et relations sociales

Le travail est ainsi fondamental pour garantir de bonnes relations de transmission et de coopération entre les hommes.

« […] Il n’y a pas de neutralité du travail vis-à-vis du vivre-ensemble. Ou bien le travail, via l’activité déontique, fonctionne comme un moyen puissant de créer, de transmettre des liens sociaux de coopération, ou bien il détruit ces liens sociaux et fait surgir ‘la désolation’. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 118)

À travers l’entente et la délibération, les êtres humains cherchent à s’organiser, à dépasser la violence et leurs pulsions pour s’orienter vers la production d’« œuvres communes » (p. 118) utiles à la société.

Les composantes de la sublimation dans le travail

Pour conclure ce troisième chapitre, Christophe Dejours rappelle les trois composantes de la sublimation dans le processus de travail. Il y a rapport à :

Soi, c'est la « corpspropriation » ;

L’autre, reconnaissance et renforcement de l’identité ;

La culture.

La sublimation, orientée par des méthodes et des buts éthiques, joue un rôle central pour la santé mentale. Elle permet de renforcer la sensibilité du corps et l’amour de soi.

Certains modes d’organisation du travail sont antisublimatoires. Ils empêchent le processus de sublimation de bien se faire. C’est le cas, par exemple, du taylorisme et de l’évaluation individualisée des performances. Ils entraînent une détérioration de la santé mentale des travailleurs.

Chapitre 4 – La psychanalyse est un métier

Les psychanalystes ne sont pas tous d’accord entre eux sur la manière de désigner leur activité professionnelle. Nombreux sont ceux qui réfutent les termes de « métier » et de « technique ».

Christophe Dejours cite Freud qui « utilise beaucoup le terme de technique » (p. 125) dans son texte « Remémoration, répétition, perlaboration ».

La méthode

Pour Freud, la méthode centrale de la psychanalyse exige, pour le patient, un travail d’association libre des idées, d’interrogation autour des actes manqués, des mots utilisés à la place d’autres (méprises), des objets égarés.

En retour, l’analyste doit faire preuve d’une attention « en suspens » (p. 128).

Pour encourager cette méthode, Freud a défini un ensemble d’indications :

Le patient s’allonge sur le divan ;

L’analyste s’allonge sur un fauteuil situé derrière le divan ;

Les séances doivent être régulières ;

Le psychanalyste intervient avec parcimonie pour aider le patient à réfléchir « aux obstacles qui s’opposent à la libre association et analyser la résistance » (p. 129).

Le corps

Le corps d’un être humain est marqué socialement. La culture et la classe sociale ne se transmettent pas seulement verbalement mais elles s’impriment aussi dans les corps. Christophe Dejours cite le célèbre article de l’anthropologue Marcel Mauss, publié en 1934, et intitulé « Les techniques du corps ».

La séance de psychanalyse met en présence deux corps : celui du patient et celui de l’analyste. Le dispositif divan-fauteuil vise à atténuer les effets de la co-présence des deux corps sur le cheminement du patient.

« […] la position allongée sans possibilité de voir l’analyste favoriserait la régression et la libre association chez le patient ; la position assise à l’abri du regard du patient favoriserait l’attention en égal suspens chez l’analyste. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 131)

Cependant les effets de la co-présence des deux corps et des réactions physiques de chacun ne s’effacent jamais totalement. Ce qui amène l’auteur à s’interroger sur la pertinence des médiations à distance (téléphone, vidéos) auxquelles certains analystes ont recours.

La règle

Christophe Dejours énonce ici certaines « règles » contenues dans l’article de Freud de 1912 : « Conseils au médecin dans le traitement psychanalytique ».

Parmi celles-ci, il convient de rester comme « en surface » de ce que dit le patient, et ainsi de se concentrer pour l’aider à analyser les nœuds et les résistances qui émergent de sa parole.

Une autre règle consiste à « protéger le malade du préjudice qu’il encourrait en exécutant ses impulsions » (p. 133).

L’analyste doit également laisser le patient se confronter à ses propres résistances et ses propres nœuds sans chercher à avancer des interprétations ou des conseils trop rapides.

Règle de métier

Christophe Dejours parle ici de son expérience en tant que psychanalyste. Comment faut-il considérer les règles énoncées par Freud ?

Tout d’abord, il rappelle qu’aucune règle, même dans l’armée, ne s'applique jamais strictement. Tout simplement parce qu’elle se heurte aux difficultés et aux imprévus du réel et qu’il faut donc composer pour parvenir à réaliser la tâche à accomplir.

Le psychanalyste, quant à lui, va être amené à modifier sa compréhension des règles au fur et à mesure de l’évolution de son expérience professionnelle. Certaines règles sont aussi destinées à être contestées et à évoluer notamment en fonction du contexte historique.

« Toute règle fonctionne comme un repère, une référence, et respecter une règle cela consiste à emprunter un chemin qui festonne autour de la règle. » (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 135)

Transmission de la technique analytique

La transmission de la technique analytique se fait par la supervision d’un analyste confirmé sur la pratique d’un analyste en formation. L’analyste en formation commence par s’approprier les règles puis il les traduit et les retraduit en fonction de sa pratique face aux patients.

Christophe Dejours considère que l’analyste en formation doit être libre de pouvoir s’approprier et de mettre en œuvre la technique de façon personnalisée. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de règle ou que toute règle est valable.

Chaque analyste doit ainsi :

Pouvoir « expliciter l’usage qu’il fait de la technique » ;

« Justifier les écarts qu’il est amené à faire dans telle ou telle circonstance par rapport à la technique » (p. 137).

Les psychanalystes et étudiants doivent se réunir régulièrement pour discuter des techniques et de leurs évolutions.

Le « principe »

Christophe Dejours met ici en avant le « principe de refusement » qui est central chez Freud.

Le « refusement » consiste pour le psychanalyste à refuser au patient (p. 139) :

De lui apporter de l’aide ou de l’amour face à sa souffrance ou à sa demande ;

De lui donner des conseils ou des solutions sur ses choix ou décisions à prendre.

Tant que l’analyste perçoit que le patient a la capacité de cheminer pour formuler ses propres réponses, il doit le laisser faire.

Dejours rappelle que le refusement est un principe difficile à tenir face à la souffrance du patient qui court aussi le risque, pendant la phase de cheminement, de décompenser ou de somatiser.

Conclusion. Menaces sur la culture

Christophe Dejours a voulu, dans cet ouvrage, étudier les conditions matérielles et sociales qui rendent possible la sublimation et son rôle dans les actes quotidiens de travail. Il a mis en valeur l’intelligence du corps qui se révèle dans la confrontation à la résistance du réel.

Ces questionnements viennent de la psychodynamique du travail. Cette discipline s’est intéressée aux « travailleurs d’en bas ». Les chercheurs ont alors découvert que la sublimation se révèle même dans les plus petits actes de travail.

La Kulturarbeit de Freud

Christophe Dejours regrette que la psychanalyse ne s’intéresse pas davantage à la question du travail. En réalité, toutes les disciplines des sciences humaines ont tendance à dévaloriser les questions liées au travail et n’abordent pas le « travail vivant ».

Freud cependant a développé un concept intéressant. Kulturarbeit est difficile à traduire en français : travail culturel, travail de culture, travail de la culture. Dejours expose les commentaires de plusieurs auteurs autour de ce concept. Mais force est de constater que le concept de « travail » ou « travailler » reste absent des réflexions entourant le Kulturarbeit. Pourtant c’est à travers le « travail vivant » nous dit Dejours que la sublimation et la production sont possibles.

L'importance du dialogue et de la saine coopération

Finalement, Christophe Dejours rappelle l’importance du dialogue entre différents partenaires impliqués dans les questions relatives au droit du travail (législateur, magistrat, public, recherche scientifique, etc.).

Pour garantir la bonne santé psychique du plus grand nombre, il est essentiel de maintenir ou d’inventer des modes d’organisation du travail qui permettent au travail vivant et à la coopération de se faire dans des bonnes conditions.

« Lorsque ces liens [de coopération] sont tissés, ils donnent accès à ce plaisir très particulier de sentir qu’on participe à une œuvre commune et, au-delà, à la transcendance de l’ordre individuel au profit de la culture et de la civilisation. Dans ce plaisir une place importante revient au pouvoir des liens de coopération de révéler, en chacun et en tous, ce qu’il y a de meilleur dans l’être humain ». (Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 169)

Conclusion sur « Ce qu’il y a de meilleur en nous. Travailler et honorer la vie » de Christophe Dejours :

Un livre qui propose une réflexion puissante sur la notion de plaisir au travail :

L’auteur, Christophe Dejours, est psychiatre, psychanalyste et psychologue. Ses centres d’intérêt, son expérience professionnelle et ses recherches l’ont amené à accorder, depuis de nombreuses années, une place centrale au travail.

Il propose dans cet ouvrage une réflexion autour du processus de sublimation qui serait à la source des sensations que l’on ressent en travaillant.

Ce livre nous permet de mieux comprendre ce qui, dans le travail, peut être à l’origine de souffrance ou de plaisir. Enfin, il nous invite également à réfléchir aux conditions matérielles et sociales qui contribuent à ces processus.

Ce qu’il faut retenir de « Ce qu’il y a de meilleur en nous. Travailler et honorer la vie » de Christophe Dejours :

La sublimation est un processus à travers lequel l’être humain dirige des pulsions vitales et sexuelles vers des activités orientées vers d’autres buts, comme le travail. Ce processus devient possible puisque l’être humain est bien sûr un être vivant qui mobilise tout son corps – et donc ses affects et ses émotions – dans l’acte de travail.

Les difficultés et les imprévus rencontrés lorsqu’on travaille font émerger l’intelligence du corps qui doit composer pour trouver des solutions. La satisfaction ressentie face au travail accompli et la reconnaissance obtenue par les pairs participe à forger une bonne estime de soi.

Ainsi, la psychodynamique du travail, dont Christophe Dejours est un fondateur, s’est intéressée de près à ces phénomènes qui peuvent se produire dans les plus petits actes de travail ordinaire.

En effet, garantir une bonne coopération et des possibilités de délibération autour des normes qui régissent les actes de travail est un enjeu central de nos sociétés modernes. Ces processus sont alors essentiels pour assurer la bonne santé mentale des travailleurs et la réussite du travail lui-même. Dejours soutient d'ailleurs qu’un renforcement d’un dialogue avec la psychanalyse peut enrichir ces réflexions.

Points forts :

Une réflexion passionnante autour du lien entre sublimation et travail vivant ;

Des références scientifiques solides ;

Des exemples tirés à la fois de la pratique professionnelle de l’auteur et de sujets d’actualité.

Point faible :

Des termes scientifiques et techniques parfois un peu compliqués mais qui participent à la richesse de la réflexion de l’auteur.

Ma note :

★★★★★

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Mon, 17 Apr 2023 05:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12342/Ce-quil-y-a-de-meilleur-en-nous
L’éveil des consciences http://www.olivier-roland.fr/items/view/12303/Lveil-des-consciences

Résumé du livre "L'éveil des consciences" de Frédéric Delavier : L'éveil des consciences est une plongée dans les entrailles de l'âme humaine. En partant de l'évolution de notre espèce, Frédéric Delavier décrypte nos comportements instinctifs. En faisant cela il dit à la bête qui est en nous de faire attention, car l'homme conscient s'apprête à s'éveiller et à rentrer dans la lumière. L'être éveillé devient véritablement libre, car il se libère de ses propres chaines, de ses instincts et ses peurs, et n'accepte finalement de se soumettre qu'aux lois de l'univers.

Par Frédéric Delavier, 2021, 692 pages.

Note : Cet article est un article invité rédigé par Ulysse du blog Le Champ Des Mots.

Chronique et résumé de l'éveil des consciences de Frédéric Delavier

Partie 1 : L'Être humain

La naissance de l'homme

L'ouvrage "L'éveil des consciences" débute avec les origines de l'homme, son évolution et son fonctionnement biologique. Ce qui permet au lecteur d'obtenir une clé de lecture de l'ensemble du livre.

L'homme est le fruit d'une longue évolution, qui commença avec nos lointains ancêtres arboricoles et qui continue aujourd'hui avec l'homo sapiens. C'est aussi indéniable que de dire que la terre est ronde. Les preuves sont en nous, dans notre anatomie. L'appendice intestinal qui se situe sur notre gros intestin est le vestige d'un système digestif de frugivore, organe qui chez nous s'est atrophié sans pour autant disparaître, demeurant ainsi comme une preuve de notre évolution.

Second indice, les muscles opposants du gros orteil (ils permettent de mouvoir l'orteil comme le pouce de notre main) sont eux aussi atrophiés. En effet, nous n'avons plus besoin d'un pouce opposable, qui était pourtant nécessaire à nos ancêtres arboricoles notamment pour s'accrocher aux arbres et éviter la chute.

En posant le constat que nous ne sommes que les fruits de l'évolution, Frédéric Delavier enclenche dans l'éveil des consciences une véritable remise en question. Car, si l'homme a morphologiquement évolué, il a également forcément inscrit en lui des comportements de survie. Donc, si notre physique provient de nos ancêtres, notre psychisme en est également le rejeton.

Nos pensées sont tournées, et ce sans que nous nous en rendions compte, vers notre survie. La jalousie, c'est l'envie impulsive de posséder ce que l'autre possède, en somme prendre au monde pour survivre. L'amitié est la capacité d'un individu à tisser des liens sociaux pour s'incorporer à un groupe, et donc éviter la solitude dangereuse. La curiosité est une pulsion qui incite à recueillir des informations dans l'environnement, ce qui est primordial pour un organisme dans sa quête énergétique et pour sa survie. Cette curiosité instinctive a posé sa marque dans la culture des hommes depuis des millénaires, notamment dans le mythe grec de l'Odyssée dans lequel Ulysse utilise sa curiosité pour comprendre le monde.

Pour comprendre l'influence de l'évolution sur nos comportements, il est important de découvrir comment notre cerveau a évolué. Voici donc la plus grande théorie du livre, qui explique le cheminement évolutif menant à la conscience humaine.

Je suis, j'étais et je serai

À la genèse de notre espèce, les proto-humains vivaient en milieu arboricole, se nourrissant principalement de fruits et étant donc sensibles aux couleurs qui facilitent leur détection (sensibilité par ailleurs conservée). Par une modification de leur environnement ou surpopulation, certains furent contraints de quitter le paradis originel, et de se rendre en savane. Déjà partiellement bipèdes, ces singes n'ont eu qu'à se redresser totalement pour libérer leurs mains de la locomotion.

Les mains ainsi libérées, ils pouvaient désormais pointer des directions et objets, et ajouter par-dessus ces pointages des sons. Stockés dans la mémoire, ces sons permirent une communication extrêmement efficace pour la survie de nos ancêtres. Le langage était né. Rajoutez à cela l'utilisation d'outils et un changement alimentaire, notamment en passant à une alimentation carnée qui libère du temps pour développer la culture (rituels et croyances qui facilitent la survie du groupe), et vous obtenez rapidement un homo-erectus, qui donnera ensuite naissance à l'homo sapiens.

Finalement, c'est la combinaison de plusieurs facteurs qui a permis le développement encéphalique de l'homme. Mais cette croissance effroyable du cerveau humain provient d'une cause principale, le développement de l'outil de langage : le Verbe. Au commencement était le verbe. Ce verbe donna la conscience d'être, car au fil des années le cerveau humain grossit pour stocker toujours plus d'informations nécessaires à la survie, et arriva un point de rupture où les données interconnectées firent jaillir la conscience. L'être pouvait, par le verbe, se projeter dans le temps et dire : je suis, j'étais, et je serai. Cette conscience apporta avec elle une multitude de questionnements métaphysiques, l'homme devint à cet instant le point pensant de tout l'univers, il devint la conscience de Dieu.

Partie 2 : Concept

Concept est une partie qui invite à la réflexion sur de nombreux sujets. En assimilant ces concepts, notre perception du monde change, les choses se dévoilent pour paraître dans leur forme purifiée.

Enseigner et transmettre

Un concept intéressant de L'éveil des consciences est celui qui concerne la modification de l'inconscient collectif de nos sociétés humaines. On ne change pas le monde par la politique, mais en plantant des idées et des innovations qui germeront ensuite. Tout d'abord, la société refusera de détruire ses dogmes et croyances, car ceux-ci stabilisent le groupe. Donc celui qui innove et voit les choses différemment est bien souvent humilié et raillé par tous, sans argumentation spécifique, uniquement par un réflexe du groupe qui cherche à maintenir sa structure solide. Pourtant progressivement, si l'idée permet effectivement d'adapter l'humanité à un nouveau contexte de vie, elle finira par germer et se disséminer. Le porteur de lumière doit donc résister aux assauts s'il est certain de détenir la vérité, c'est-à-dire si celle-ci est irréfutable par une analyse logique du monde.

Un autre concept intéressant du livre L'éveil des consciences est la prise de conscience de notre animalité. Avant de vouloir sauver le monde, il est nécessaire de se connaître soi-même, pour se sauver soi. L'étude des lois physiques, des lois évolutives et de l'environnement nous permet de comprendre qui nous sommes et d'où nous venons. Ainsi, nous comprenons comment nos instincts se sont inscrits en nous et nous dirigent, c'est alors que nous pouvons reprendre consciemment le contrôle sur la bête qui rugit dans notre âme. Prendre conscience de l'influence de notre programmation génétique et éducative, nous permet de sortir de schémas destructeurs dans lesquels nous fonçons machinalement sans réflexion.

Concept de calorie

Le concept primordial de la pensée de Delavier dans L'éveil des consciences est celui de la calorie. Le monde et nous-mêmes sommes bien peu de choses, et tous les mouvements de la matière nécessitent de l'énergie, le monde n'est qu'énergie. Le travail est la récupération de cette énergie, l'amour est le don de celle-ci pour continuer le monde dans le transfert. L'argent est symboliquement de l'énergie accumulée, il représente le travail fourni par un individu durant un temps donné. Dans le fond, nous sommes tous en tant qu'organismes vivants programmés pour récupérer l'énergie et la conserver pour survivre. Dans la forme nos comportements varient pour parvenir à cette fin. Mais à l'origine, toute action découle de cette pulsion énergétique qui est en nous, en chaque être vivant, en chaque peuple et finalement dans chaque particule de l'univers. L'énergie est l'essence du monde.

Cette calorie doit circuler sur Terre ; l'accumulation calorique est parfois nécessaire pour passer des périodes difficiles, cependant poussée à l'extrême cette accumulation égoïste génère à plus ou moins long terme un rééquilibrage violent. L'individu qui prend trop s'auto-détruit car il détruit son milieu en puisant trop dans celui-ci. Les hommes sous les effets du manque se tourneront vers le riche pour récupérer l'énergie nécessaire à leur survie.

Partie 3 : Hommes et femmes

L'homme et la femme ont, au cours de leur évolution, eut des rôles bien distincts. Ce sont ces distinctions dans leurs rôles qui ont créé des différences morphologiques entre les genres. La femme a le bassin plus large pour laisser passer un enfant à gros cerveau. Elle possède également des réserves énergétiques graisseuses au niveau des seins et des fesses. Réserves énergétiques lui permettant de tenir des famines tout en alimentant les petits humains. La femme est de constitution économe, peu musculeuse mais capable de porter son attention sur plusieurs choses à la fois pour maintenir une vigilance sur les enfants. L'homme est quant à lui fait pour le combat et la chasse. Corps musculeux, grand pectoral développé pour tirer des projectiles, et tempérament plus agressif.

L'évolution de notre espèce ancra ces différences dans notre génome, car la répartition des tâches fût un avantage évolutif. Lorsque l'humanité sortit de la savane et devint bipède, il n'était plus possible pour les petits de rester sur le dos de leur mère (la quadrupédie laissait libres les mouvements). Le petit devait alors être porté. La mère devint alors incapable de subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants seule. Un système de répartition des tâches s'est alors installé, ce fonctionnement est basé sur le principe du sexe contre l'énergie.

L'homme a évolué de façon à devenir un chasseur, mais aussi un grand romantique dépendant sexuellement de sa femme. Cette dépendance l'incite à retourner auprès d'elle pour l'alimenter elle et leurs enfants. La femme quant à elle est devenue mère, la vénus de Milo. Son organisme est axé sur le stockage de l'énergie puis la restitution de celle-ci pour faire croître les bébés. Attachée viscéralement à ses enfants, la femme est prête à mourir en couche avec courage pour donner vie à ces petits qui ont une tête dramatiquement volumineuse. Hommes et Femmes sont finalement complémentaires, et c'est cette complémentarité qui a permis à l'humanité de survivre.

Partie 4 : Comprendre le tout

La pensée du monde

Quelle est la place de l'homme au sein du Tout ? Comment l'univers évolue et quelles sont les lois qui le régissent ?

Comprendre le tout est une partie de l'éveil des consciences qui propose des réponses aux questions existentielles qui taraudent les êtres humains, ces créatures conscientes. L'homme possède t'il le libre arbitre ? Pour répondre il faut définir ce qu'est le libre arbitre. Pour Delavier, ça serait la capacité spirituelle à se projeter dans le futur et à analyser ses possibilités pour enfin choisir seul sa destinée. Cependant, l'homme ne contrôle pas le flux de ses pensées, ces dernières étant activées par l'environnement qui envoie des stimulations. L'homme n'a donc qu'une illusion de libre arbitre. C'est finalement le monde qui pense en lui et l'incite à prendre ses décisions. Chaque homme est un réceptacle de la nature qui l'entoure, sa génétique et son vécu modèlent ce qu'il est et ce qu'il deviendra. L'énergie du monde vibre en nous et anime notre conscience, créant ainsi notre propre point de vue spatio-temporel.

Notre destin est dirigé par les lois de l'univers. Il est tracé à la fois par la génétique qui est ancrée dans l'individu, et par les stimulations que ce dernier reçoit. En fonction de ces deux éléments, le cerveau va évaluer ses possibilités de réalisation et diriger l'être vers sa destinée. Le libre arbitre n'existe donc pas, l'homme éveillé en a conscience.

L'homme c'est le monde qui s'éveille en lui-même et qui dit : Je suis celui qui est et qui le dit. Le corps de l'homme est une antenne qui réceptionne la vibration énergétique de l'univers. Cette vibration est captée par les sens puis transmise sous la forme d'une sensation, sensation qui enclenchera des pensées. Pensées qui mèneront elles-mêmes à des actions. Actions qui amèneront à réceptionner d'autres informations. La boucle est bouclée, la perception subjective de l'homme vient donc de ce que l'univers lui envoie. Cette manière de percevoir le monde nous amène aussi à refuser un orgueil mal placé : je me suis fait moi-même. Personne ne se fait tout seul, c'est le milieu qui nous modèle, en bien et en mal. Nous recevons les stimuli du monde, et en fonction de ceux-ci nous empruntons le chemin qui nous est destiné.

L'être humain est en partie Dieu, puisque c'est Dieu ou le monde qui pense en nous. Il n'y a donc pas d'entité supérieure qui viendra nous sauver à la fin. Nous existons, nous sommes, et notre conscience fait resplendir le monde en nous. A notre mort les cieux ne s'ouvrent pas pour accueillir un être immaculé qui nous ressemble. Nous sommes des fragments temporaires de Dieu, voués à s'éteindre car mortels pour que l'univers persiste dans son intégrité. Mais au-delà de notre perception individuelle, nous existons sous notre forme divine en chaque chose et en chaque être humain qui s'éveille et prend vie.

Dieu est simple, il est tout autour de nous dans les manifestations physiques du monde, mais il est aussi au fond de nous. En dehors de notre perception consciente il n'y a qu'une vibration énergétique intemporelle et immortelle. C'est pourquoi l'homme est important comme point Oméga de l'univers. Il est la matière pensante, l'être qui s'éveille et ressent Dieu à travers ses sens. Si l'homme est voué à mourir, il est aussi voué à renaître dans une autre situation spatio-temporelle, en un autre individu. Je m'éteins ici, je m'allume là-bas.

Le monde, L'univers

Le hasard n'existe pas, l'univers tout entier est régi par des lois physiques qui poussent le monde vers son but. La loi de la sélection naturelle et les lois caloriques régissent tout, de la bactérie au groupe humain. Ces lois ont fait évoluer les êtres vivants jusqu'à mener au point conscient de l'univers : l'homme. Toute chose ici-bas a été soigneusement calculée par Dieu avant qu'il ne s'autodétruise dans le Big Bang, pour que dans la pluralité des êtres qu'il a créés il puisse vivre et aimer.

Avant l'évènement primordial (big bang), Dieu était seul plongé dans les ténèbres. Il prépara l'équation univers, puis se sacrifia afin de disperser ses particules dans l'espace. Par ce mouvement initial particulaire et l'énergie imprimée à la matière, Dieu créa le temps et la pluralité des choses que nous percevons. Dieu s'est sacrifié pour donner la vie, à nous de le lui rendre en vivant, mais aussi en mourant pour que son éternité perdure. Le monde, désormais, est entre les mains des hommes.

Le Bien et le Mal

Le monde est par nature moral, car cette morale est imposée par les lois physiques. Le mal est tout ce qui détruit la vie, le bien est quant à lui ce qui la préserve. Vouloir puiser trop d'énergie dans un milieu limité c'est faire le mal ; restituer son énergie accumulée c'est faire le bien. Cette base pourtant d'une simplicité enfantine est applicable aux systèmes les plus complexes sur Terre, le tout est de percevoir dans les infinités de formes le fond qui va améliorer la vie ou la détruire. Un individu qui se sacrifie pour son groupe fait le bien sur une échelle globale, car il permet au groupe de survivre. Un politique qui manipule et détruit un peuple tout entier pour se graisser la patte fait le mal.

Pour savoir si une action est morale, il suffit de se demander si sur une échelle globale elle défend ou détruit la vie. Nous l'avons vu, chaque homme est un réceptacle de Dieu et sur une échelle cosmique nous sommes en chaque chose. Détruire l'autre revient donc à se détruire soi-même dans une autre situation spatio-temporelle. L'éveillé comprend cela et œuvre ainsi non plus pour suralimenter son Ego, mais pour protéger la vie et la conscience dans toute sa globalité, l'éveillé œuvre pour Le Bien.

L'éveil

S'éveiller, c'est-à-dire comprendre que nous ne sommes que l'addition de notre génétique et de notre milieu, ne veut pas dire devenir un surhomme. C'est simplement comprendre notre nature profonde, notre animalité ; c'est accepter que Dieu qui vit la relation à l'autre en nous, ainsi nous reprenons le contrôle de la bête.

Dénué de haine, l'éveillé ne peut que compatir en voyant un être faire le mal. L'ennemi n'est qu'un individu qui s'est retrouvé dans une situation spatio-temporelle qui a fait de lui un monstre. Cette prise de conscience que nous ne sommes que les fruits du monde amène à aimer même ses ennemis. Cela ne veut pas dire qu'il faut laisser le mal agir, mais cela amène à pardonner à la personne ce qu'elle est. 

Le combat à mener est contre la part de nous qui souhaite haïr instinctivement l'ennemi, car cette haine nous amène à agir de façon incontrôlée, et nous emporte avec notre ennemi. L'éveillé pardonne, le pardon est donc la clé donnée par l'éveil pour diminuer les tensions dans le groupe. Celui qui pardonne trouve les causes qui ont créé le mal et les détruit, il cherche la cause avec calme, sans se contenter d'agir impulsivement sur des conséquences.

S'il faut pardonner à ses ennemis, il ne faut pas oublier de se pardonner à soi-même. Ce sont les situations qui provoquent les actions des hommes, et la situation peut être propice à nous faire faire des erreurs. C'est là qu'un long travail d'acceptation doit se faire, pour comprendre que cette erreur était sur notre chemin pour une bonne raison. Dieu est miséricordieux, c'est une loi ultime, il pardonne pour faire avancer la vie.

Partie 5 : Sociologie, peuples et politique

En restant sur le point de vue évolutif, Frédéric Delavier explique dans cette partie de L'éveil des consciences comment la mentalité des peuples évolue. Un peuple est toujours adapté au milieu dans lequel il vit. En effet, l'environnement applique des contraintes évolutives, et le groupe qui développe un rite ou une culture lui permettant d'optimiser son épanouissement dans le milieu est forcément avantagé. À terme sont sélectionnées les croyances utiles au groupe, les néfastes étant quant à elle supprimées à plus ou moins long terme. Finalement, si le milieu modifie la culture, la culture finit elle aussi par modifier le milieu. (Par ailleurs j'ai moi-même étudié le développement de ce mécanisme dans l'article suivant sur l'étrange culture du zombie en Haïti.)

Pour Frédéric Delavier, il faut voir un peuple comme un organisme vivant qui tente de survivre. Chaque être humain est une cellule de cet organisme géant. Ces cellules sont unifiées par les croyances, les langues, qui constituent la culture d'un peuple. En plus de ce lien culturel, les individus d'un même groupe ont également un patrimoine génétique commun. En effet, évoluant dans le même environnement ils subissent les mêmes contraintes, et ce que celles-ci soient biologiques ou climatiques. Les individus qui portent des mutations inadaptées sont éliminés, les autres survivent et s'épanouissent dans le milieu. A terme cette sélection crée un patrimoine génétique commun.

Si on récapitule, le milieu génère des peuples qui sont unifiés par un capital génétique et culturel commun. C'est cette barrière quasiment naturelle qui sépare un groupe d'un autre et permet de stabiliser les peuples. C'est une protection contre les phénomènes chaotiques pouvant venir de l'extérieur, mais c'est aussi un frein à l'échange économique et technologique. Le tout étant de trouver un juste milieu.

Mentalité des peuples

Voici, pour l'exemple, plusieurs différences dans la mentalité des peuples détaillées dans l'éveil des consciences :

D'une façon globale, les milieux qui comportent une alternance entre abondance et manque sont propices au développement de grandes civilisations technologiques. Ce cycle peut avoir plusieurs formes. En Europe, la saisonnalité c'est-à-dire le passage de l'été riche en énergie à l'hiver froid et pauvre est un cycle. En Egypte ce cycle était marqué par des sécheresses intenses et des périodes de crues.

Les peuples vivant dans ces milieux sont obligés pour survivre de prévoir l'avenir, d'anticiper et de stocker de l'énergie lorsque celle-ci est disponible. Ce qui amène à des évolutions technologiques comme l'écriture, la roue, la charrue, tout ce qui permet d'exploiter efficacement les terres et de comptabiliser les ressources accumulées. Les hommes qui n'étaient pas angoissés de leur avenir ou calculateurs furent surpris par l'hiver et donc éliminés. La nécessité imposée par le milieu de se projeter dans l'avenir et de calculer est donc la source de toutes les grandes civilisations. 

Les hommes créés par ces environnements ont en eux cette pulsion créatrice motivée par l'angoisse de l'avenir ; cette pulsion est à l'origine d'immenses progrès technologiques et scientifiques, mais aussi de ravages dramatiques. L'individu angoissé souhaite à tout prix accumuler par peur de manquer, prendre le maximum pour anticiper une période de manque hypothétique inscrite dans son génome. Cette surexploitation du milieu entraîne inévitablement des périodes de rééquilibrage qui s'expriment souvent par le sang et la mort : les famines et les guerres.

Delavier développe aussi une théorie intéressante dans L'éveil des consciences, sur le fonctionnement des peuples asiatiques. Le paysan chinois basait toute sa survie sur la culture du riz, par cette nécessité environnementale mais aussi à terme culturelle, il était donc obligé de réaliser des travaux communs d'irrigation des rizières. Un lien s'est alors naturellement tissé entre les paysans asiatiques. Ce qui n'était pas le cas du paysan européen qui était quant à lui habitué à cultiver le blé seul sur ses parcelles, développant une mentalité plus individualiste.

Le paysan asiatique était donc communautaire par nécessité, ce qui se marqua ensuite profondément dans la culture asiatique. Les arts martiaux découlent notamment de cette structure communautaire, il était logique pour les paysans de former des milices armées d'outils agricoles pour défendre le bien commun. L'empreinte de la culture du riz sur le développement asiatique ne s'arrête pas là. La mentalité des chinois en a été complètement bouleversée. Alimentés par la culture commune du riz, étant respectueux de leurs voisins et unifiés par l'écriture logographique, les asiatiques n'ont pas acquis une mentalité de concurrence mais plutôt d'entraide.

Ce qui se différencie clairement de l'Européen qui lui cherche toujours à innover pour évincer le voisin et racheter ses terres afin de faire grandir son exploitation. Si les européens et les asiatiques avaient de commun de vivre dans des milieux cycliques (propices au développement technologique) nous voyons que les voies culturelles empruntées ont forgé au fil des millénaires deux mentalités bien distinctes. L'une communautaire, l'autre individualiste.

Partie 6 : Comprendre les religions

Dieu s'est jadis sacrifié dans le big-bang pour donner naissance à l'univers vivant. Mais avant cela il a programmé cette autodestruction pour qu'elle mène un jour à sa renaissance dans le corps d'une petite créature : l'homme. Créature insignifiante parmi l'immensité de l'univers, mais si grande car elle en est le point conscient.

Dieu savait que par ses lois il amènerait l'homme à se questionner sur sa nature profonde. Il a fait l'homme mortel, ce qui génère une peur profonde de l'anéantissement lorsque celui-ci en prend conscience. Prise de conscience qui se fait inévitablement chez cet être spirituel capable de se projeter dans son avenir. "Memento Mori" ou "souviens toi de ta mort", c'est la formule qui rappelle à l'homme sa mortalité. L'homme qui regarde un crâne se projette, et comprend que ce crâne appartenait autrefois à un homme tout aussi vivant que lui. Voyant cela ses entrailles se tordent, et alors quelle autre solution que de trouver une croyance permettant de surpasser cette mort ?

"Au commencement était le verbe". Toutes les religions découlent du Verbe, de cette capacité à concevoir l'esprit décorporé qui se transporte dans l'espace et le temps. C'est cet esprit qui s'interroge qui peut ensuite concevoir les anges, les Dieux et les créatures surnaturelles.

Dans l'éveil des consciences la religion est abordée comme une nécessité de survie pour l'homme. Les dogmes donnent une réponse aux grandes questions existentielles, et par-là calment les hommes et suppriment les effets délétères d'un stress existentiel chronique. De plus, les croyances permettent au groupe de s'unifier, rituels et cultes sont des pratiques qui rassemblent les hommes et suscitent des émotions en commun. On pourrait donc voir la religion dans sa forme simple comme un calmant unificateur qui possède sa vérité propre, vérité qui n'a pas besoin d'être La Vérité, mais simplement celle qui correspond à un peuple dans son milieu. L'important pour une religion c'est de la pratiquer pour tisser des liens avec ses pairs, sans se questionner, juste appliquer pour unifier.

Les religions se développent sous l'influence d'un environnement, et ces dernières perdurent tant qu'elles offrent au groupe une bonne cohésion et une bonne gestion de l'énergie. Au Moyen-Orient et Afrique du Nord où le porc possédait de nombreuses maladies, il était important pour la survie du groupe d'imposer une règle religieuse visant à ne pas manger de porc, règle qui se développa dans les communautés juives et musulmanes. La religion répond donc à des besoins organiques, à nos peurs existentielles et notre nécessité de nous unir afin de faciliter notre survie en faisant partie d'un groupe soudé.

Il est intéressant d'étudier comment une religion s'implante dans un milieu. Par exemple, la religion chrétienne s'est bien propagée au nord car Jésus Christ, par ses paroles, calmes les angoisses de l'avenir de l'européen. Jésus dit : "A chaque jour suffit sa peine". Cette phrase soulage l'être angoissé qui a peur de manquer, peur de manquer inscrite génétiquement en l'européen pour lui permettre de survivre à l'arrivée de l'hiver. La parole du Christ parle à l'âme de l'homme de nord, et le soulagement qui l'envahit favorise la propagation de la religion.

En fait Frédéric Delavier a réussi par ses écrits à relier la science et la religion (si vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet, je vous invite à lire cet article qui met en relation Dieu et la science). La religion est explicable, et cette explication justifie la religion elle-même. Les croyances sont nécessaires à l'humanité, il n'est donc pas primordial de se priver d'elles sous prétexte qu'elles sont fausses simplement car on a foi en La Science, car au final on finit tout de même par faire de la science, une religion.

Partie 7 : Finalité

Œuvrer pour Dieu

Le vérité, c'est Dieu. Le monde physique qui nous entoure est implacable et en chaque chose Dieu resplendit. Au fond de notre cœur se trouve un élan vers cette vérité, mais notre perception humaine la voile. La barrière est notre perception du mot Dieu. Ce mot divin se rapporte trop à la religion, mais la religion n'est qu'une création humaine faite pour stabiliser les sociétés et faciliter l'adaptation d'un groupe. 

Il faut percevoir dans le mot Dieu l'éternité immuable, les lois indestructibles de l'univers, le Grand Tout. Se soumettre à Dieu, c'est accepter que ses lois soient toutes puissantes et s'appliquent sur notre corps de mortel. L'être éveillé se libère de sa soumission aux lois humaines pour ne servir que Dieu. En effet, les lois des hommes changent avec la modification du milieu, cependant les lois physiques du monde sont immuables. Dieu est immuable. Il fait l'expérience de la vie en nous, nous sommes les réceptacles de sa conscience. La notion de libre arbitre n'existe pas, ou du moins pas comme nous la percevons. Celui qui fait tout pour être libre ne fait finalement que réagir aux impulsions du milieu et de sa génétique qui l'incitent à se libérer.

Notre désir de liberté vient du monde. La véritable liberté c'est de prendre conscience que l'on est rien en tant qu'individu, mais grand lorsqu'on laisse Dieu resplendir à travers nous. Se détacher de ses peurs et sa haine humaine pour se soumettre au monde. Devenir véritablement libre c'est donc accepter que notre élan vers la liberté vienne de Dieu, et nous pousse à devenir ce que nous devons devenir. La libération vient par la soumission à Dieu.

Mort et finalité

Les lois du monde sont faites pour générer la conscience en l'homme. C'est le fruit de milliards d'années d'évolution d'un point de vue terrestre, mais sur une échelle cosmique cette notion de temps est relative. Pour créer cette conscience Dieu s'est servi de porteurs, les êtres humains et leurs cerveaux développés. Ces porteurs devaient être mortels pour évoluer vers le but qui leur était assigné. Chaque être humain est en fait une bougie qui s'allume dans l'obscurité, finissant par être soufflée. Mais la lumière dans sa globalité persiste car d'autres bougies s'animent. Dieu, ou nous-mêmes puisque nous sommes la conscience de Dieu, est immortel car en d'autres points de l'univers il continue à vivre et penser.

La mort est une nécessité pour que la vie dans sa globalité persiste. L'inadapté laisse place à l'adapté, les lois naturelles régissent cela et rien ne peut les contrer. Mais cette mort, qui fait finalement partie de la vie, ne doit pas nous effrayer. Au contraire elle doit nous émerveiller car c'est par ce système que Dieu maintient la vie et la conscience pour l'éternité. Si l'homme meurt, Dieu ressuscite. Nous mourons pour toujours en tant qu'être humain, mais en tant que Dieu nous-mêmes, nous sommes déjà éternels. Alors pourquoi nous soucier de la mort ? Vivons la relation à l'autre et l'amour tant que Dieu anime notre corps.

Conclusion sur l'éveil des consciences

L'éveil des consciences de Frédéric Delavier est un appel à la remise en question. Tous nos dogmes et réflexes sont éprouvés, pour nous pousser à la réflexion. Je ne suis que le fruit de ma programmation génétique et de ma confrontation avec le monde ? Très bien, désormais je suis averti et mes pulsions ne pourront plus me contrôler sans que je ne m'en rende compte. Malgré ma petitesse, je suis le point pensant de l'univers, et savoir cela me grandit. Je suis ici car le monde m'a engendré, le même monde qui conserve la vie depuis des milliards d'années, j'ai donc ma place dans cet univers.

Comme son nom l'indique, "L'éveil des consciences" est une claque qui réveille la conscience. Après la lecture, le caractère sacré de l'homme jaillit en nous, notre conscience s'illumine et la bête est mise en cage. C'est un combat contre soi-même, le plus difficile car l'ennemi nous ronge de l'intérieur et se dissimule. Il fait croire qu'il n'existe pas, qu'il est votre ami, mais en réalité cet animal détruit votre vie en empêchant l'homme de s'épanouir et de devenir véritablement livre, c'est-à-dire libéré de son animalité.

Nos agissements ne sont alors plus guidés par les instincts, mais par la réflexion. Frederic Delavier nous amène à penser par nous-même, à peser les choses en esprit sans suivre les dogmes et règles comme des moutons. Ce livre "L'éveil des consciences" est une injection de réflexions qui mènent à la liberté. Libéré de son animalité et de ses conditionnements sociaux, le lecteur s'éveille et devient un être conscient, un homme libre.

Points forts :

Apport de connaissances sur des sujets très variés.

Argumentation logique qui pousse à la réflexion.

Donne des clés pour vivre sa vie pleinement et se poser les bonnes questions.

Décrit les choses sans donner la voie ultime à suivre, à chacun de suivre son chemin en étant influencé par le livre.

Points faibles :

Lecture très dense, ce qui est à mon sens positif mais peut rebuter certaines personnes.

Ma note :

★★★★★

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Mon, 20 Mar 2023 05:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12303/Lveil-des-consciences
De l’art du bonheur http://www.olivier-roland.fr/items/view/12277/De-lart-du-bonheur

Résumé de « De l’art du bonheur. 25 leçons pour apprendre à vivre heureux » de Christophe André : un ouvrage déjà bestseller dans lequel l’auteur nous fait découvrir différents aspects du bonheur à travers des leçons illustrées de tableaux de grands peintres.

Par Christophe André, 2014 [1988], 216 pages.

Chronique et résumé de « De l’art du bonheur. 25 leçons pour apprendre à vivre heureux » de Christophe André

Prélude.

Leçon 1 — L’énigme du bonheur

Dans son tableau Le Géographe de 1668, Johannes Vermeer (1632 – 1675) montre un homme qui semble se redresser au-dessus de cartes du monde pour fixer son esprit sur un ailleurs plus contemplatif et méditatif que la seule analyse scientifique.

Christophe André questionne alors les lieux où il nous faut chercher le bonheur.

Alors que les hommes partent à sa recherche à travers les médiations externes que sont les sciences et les arts, le bonheur ne serait-il pas finalement à trouver, ou plutôt à ressentir, en nous-mêmes ?

Leçons du Matin : la naissance du bonheur

Leçon 2 — Fort et fragile comme la vie

Dans le tableau intitulé Rameau d’amandier en fleur de 1890, Vincent Van Gogh (1853 – 1890) représente de jeunes fleurs blanches, à la fois fragiles et vigoureuses, qui s’élancent, accrochées au bout des branches, vers un ciel bleu profond.

Christophe André y voit la métaphore d’un bonheur naissant. Selon lui, le peintre parvient ici à mettre de côté les souffrances psychiques qui le rongent pour transposer l’émerveillement qu’il ressent face au spectacle de la nature.

En se connectant au spectacle d’une nature belle, apaisée et harmonieuse, les humains ressentent ces émotions. Pourquoi ? Parce qu’ils ont profondément besoin de se sentir liés aux ressources dont ils ont besoin pour vivre et se reposer. Mais « parce que s’éveille aussi un obscur et profond sentiment d’appartenance à un ordre qui nous englobe et nous dépasse. » (p. 23)

Leçon 3 – Le premier des bonheurs

Dans le tableau Les Trois Âges de la femme réalisé en 1905, Gustav Klimt (1862 – 1918) a peint un tout jeune enfant qui se blottit contre sa mère qui le porte et l’étreint. Tous deux semblent endormis. La tête penchée de la mère est délicatement posée sur celle de son enfant.

Christophe André y voit le mystère d’un bonheur naissant, mais aussi le partage de bonheurs entre la mère et l’enfant. La mère transmet son bonheur passé à l’enfant qui lui promet aussi un bonheur futur.

Le psychiatre expose alors la « leçon de bonheur » contenue, selon lui, dans ce tableau. Le bonheur est un moyen pour bien vivre ; il n’est pas une fin en soi. Lorsque l’on en a fait l’expérience, dès le plus jeune âge, comme l’apprentissage d’une langue maternelle, il est plus facile d’y revenir. Toutefois, il est aussi possible de l’apprendre et de continuer à l’apprendre tout au long de la vie. En rappelant l’expérience de Proust qui se replonge dans de profonds et heureux souvenirs au contact d’une madeleine, l’auteur montre aussi l’importance de la volonté dans la recherche du bonheur.

En donnant un sens à notre vie, le bonheur permet de résister à des sentiments plus négatifs comme, par exemple, le désespoir ou l’amertume.

Leçon 4 — Bonheur d’enfance

Dans le tableau Le Jardin de l’artiste à Vétheuil de 1881, Claude Monet (1840 – 1926) représente un jardin composé de hautes fleurs de tournesol qui sont tendues vers le ciel. Au milieu de l’allée, un petit garçon, fils du peintre, se tient immobile. Il semble hésiter à s’élancer pour continuer à explorer le chemin formé par l’allée. Un autre petit garçon et une femme se tiennent en arrière-plan.

Selon le psychiatre, cet enfant est à la fois, immobile et ancré d’une part, mais aussi animé par l’envie d’aller explorer le monde inconnu qui l’entoure d’autre part. Il représente l’équilibre subtil que nous cherchons entre « enracinement et envol. » (p. 39)

« Préserver cet équilibre sera la grande affaire des bonheurs adultes. Entre d’une part la tentation de l’immobilité et de la sécurité — avec le risque de l’ennui et de l’étiolement — et d’autre part celle de la quête effrénée de nouveauté — avec le risque de superficialité et de vacuité ». (De l’art du bonheur, p. 40)

En réalité, loin de s’opposer, les deux mouvements, sécurité et nouveauté, vont de pair. Pour partir à la découverte du monde, comme ce petit garçon, nous avons aussi besoin de nous assurer des bases de sécurité sur lesquelles nous pouvons nous appuyer et revenir quand nous en ressentons le besoin.

Leçon 5 – Les bonheurs du quotidien

Dans le tableau Les Cascatelles de Tivoli réalisé vers 1760, Jean Honoré Fragonard (1732 – 1806) a peint un paysage de nature au sein duquel se trouve un village.

En arrière-plan du tableau, on voit une cascade qui se jette de manière abrupte dans le cours d’eau qui traverse le village. Au second plan, un pont est revêtu d’une végétation abondante qui s’accroche à ses parois. Au premier plan, sur le côté droit, des lavandières s’affairent. En contrebas, certaines lavent le linge, mobilisant leur force physique. Plus haut, sur un muret d’autres étendent le linge au soleil. Les lavandières situées sur les deux niveaux semblent communiquer entre elles dans un registre léger.

Selon Christophe André, ces lavandières au sein de ce décor bucolique représentent une « scène heureuse. » (p. 44) Car le bonheur se trouve là même où on ne l’attend pas.

Vous devez créer les conditions qui vous permettent d’accueillir ces moments de joie et de plaisir qui apparaissent à la faveur des activités quotidiennes. Ces instants de félicité — même s’ils peuvent paraître fugaces — constituent, par leur répétition, le piment de la vie.

Leçons du Midi – La plénitude du bonheur

Leçon 6 — Comme une force qui va…

Dans le tableau intitulé La rue Montorgueil. Fête du 30 juin 1878, Claude Monet (1840 – 1926) a peint une multitude de drapeaux qui claquent fièrement au vent des deux côtés de la rue Montorgueil. On aperçoit une foule dense et joyeuse représentée depuis le balcon où le peintre a pris place. Comme beaucoup de peintres impressionnistes, Monet peint les fêtes populaires pleines de vie et de joie.

Selon Christophe André, ce tableau représente la force du bonheur qui s’exprime collectivement un jour de fête ensoleillé. Il nous rappelle que « la recherche du bonheur » (pursuit of happiness) est inscrite dans la déclaration d’indépendance des États-Unis de 1776.

Cela signifie que le rôle des politiques est de créer les conditions qui permettent aux citoyens de partir en quête du bonheur. Mais les politiques seuls n’ont pas le pouvoir de « faire le bonheur » car ce dernier se ressent individuellement. Il revient à chacun de le ressentir et de pouvoir dire s’il est heureux.

Certains soutiennent que l’anxiété et le stress sont source de motivation. Contre cette idée, Christophe André affirme — sur la base de nombreux travaux menés dans des laboratoires de psychologie — que le bonheur est un moteur bien plus puissant pour avancer et créer.

« Le bonheur, comme toutes les formes de bien-être, est une source inépuisable pour l’envie et le plaisir d’agir, l’altruisme, la créativité, l’ouverture et la curiosité face au monde… » (De l’art du bonheur, p. 59)

Certes, des émotions négatives, comme la colère face à des injustices, peuvent nous amener à nous révolter et à lutter pour de bonnes causes. Mais c’est bien la recherche de conditions de vie propices au bonheur qui nous guide avec force.

Il arrive que des personnes n’apprécient pas ces rêves de bonheur portés par des mouvements collectifs et cherchent à les anéantir en instaurant la terreur. Mais le bonheur ressurgit toujours à la faveur de petits moments quotidiens. Car, en effet, c’est un élan partagé par le plus grand nombre.

Leçon 7 – Que faut-il pour être heureux ?

Dans le tableau La Vie paysanne (1925) de Marc Chagall (1887 – 1985), nous pouvons voir, au premier plan, un paysan russe qui donne à manger à son cheval des feuilles et des petites fleurs. Au second plan, à l’intérieur d’une petite maison rouge, des hommes discutent autour d’une table et sous une lampe. Plus à droite, un cheval tire une petite carriole. Un couple danse. Le ciel est sombre, gris-noir. Ceci laisse à penser qu’il fait nuit, d’autant plus que des petites guirlandes sont allumées.

Selon Christophe André, Chagall représente ici les fondations matérielles du bonheur : ce qui le soutient et le nourrit. Pour être heureux, il ne s’agit pas de chercher à satisfaire tous ses désirs. Nous devons aussi apprendre à renoncer à des plaisirs inutiles et accepter que certains ne puissent pas être complètement satisfaits.

Le philosophe Épicure (342 av. J.-C. — 270 av. J.-C), qui s'opposait à la philosophie stoïque, nous conseille de nous concentrer sur des plaisirs « naturels et nécessaires » (p. 66) : alimentation, habitat, habillement, liberté, amis, discussion, réflexion. D’autres sources de plaisirs sont des leurres et se révèlent toxiques alors que trop de personnes leur accordent de l’importance.

Ce sont par exemple le pouvoir, l’argent et la gloire. Christophe André attire notre attention sur les méfaits de la société de consommation actuelle. Elle nous fait croire qu’en achetant certains objets et certains biens, nous serons plus heureux.

« Exercice de discernement : de quoi ai-je vraiment besoin pour mon bonheur ? Et de quoi essaie-t-on de me faire croire que j’ai besoin ? » (De l’art du bonheur, p. 67)

Enfin pour finir cette leçon, Christophe André rappelle que, pour exister, le bonheur doit voir des besoins fondamentaux assurés. Une personne seule et très précaire ne pourra que se préoccuper de sa survie quotidienne : comment et où se nourrir, se protéger, dormir, assurer sa sécurité ? Elle ne pourra pas véritablement accéder au bonheur même si quelques moments de soulagement apparaîtront dans son quotidien.

Leçon 8 – L’intelligence du bonheur

Le personnage que Gaston Chaissac (1910 – 1964) a peint dans son tableau Personnage sur fond bleu, de 1959, semble angoissé. Il a un corps fin, pas de bras, une tête ronde sans cheveux. Il est peint de façon sommaire. Mais ses traits, son sourire notamment, symbolisent une forme d’espérance au milieu des tourments de la vie.

Selon Christophe André, ce « bonhomme » représente la lutte que chacun peut mener pour accéder au bonheur malgré des moments difficiles. Il parle « d’intelligence du bonheur ».

Christophe André distingue deux types de bonheur.

Tout d’abord, il y aurait un bonheur spontané qui vient sans que l’on ait à faire d’efforts. L’auteur fait l’hypothèse que cette idée viendrait de l’image originelle d’Adam et Eve. En effet, avant de toucher au fruit défendu, ils vivaient libres, heureux et légers au paradis sans avoir à travailler. Cette idée a aussi à voir avec celle que les enfants sont spontanément heureux de vivre. Et donc, qu’il faudrait remonter aux sources de l’enfance pour retrouver la joie.

Puis il y aurait un second type de bonheur qui s’acquiert à travers un travail quotidien et régulier sur et avec nous-mêmes. Ce serait aussi le sens de la punition divine lancée par Dieu une fois que Adam et Eve ont mangé le fruit défendu : il faut travailler et lutter pour assurer sa survie, mais aussi son bonheur : « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ».

Il est dangereux de ne croire qu’à la première forme de bonheur. Vous risquez alors d’adopter une position de victime de l’existence et d’éloigner les personnes qui pourraient vous apporter des conseils et un accompagnement. Alors qu’en réalité, il vous est toujours possible de décider d’aller chercher plus de « lumière émotionnelle ». Bien sûr, il est difficile de se sentir heureux tous les jours.

Vous pouvez vous dire :

« Je vais consacrer du temps et de l’énergie à réfléchir et à agir pour augmenter mes chances de ressentir du bonheur aussi souvent que possible. Non pas être heureux, maintenant, tout de suite, convoquer le bonheur comme on sifflerait un chien. Mais me préparer à l’être, ouvrir mes yeux et mon esprit, comme lors d’une balade en forêt, je me rends présent à ma marche, au lieu de m’absorber dans mes soucis d’hier et de demain. » (De l’art du bonheur, p. 76)

Leçon 9 – Le souffle de l’amour

Dans le tableau intitulé Sur un voilier, qu’il a peint entre 1818 et 1820, Caspar David Friedrich (1774 – 1840) se représente aux côtés de sa jeune épouse. Tous deux sont assis au-devant d’un voilier. Lui est de dos tandis que l’on aperçoit le profil de la jeune femme.

Aube ou crépuscule ? Le spectateur, qui se tient à la place du gouvernail, ne le sait pas. Le voilier navigue vers ce qui semble être une grande ville. On aperçoit au loin des immeubles qui se détachent sur une côte. On ne sait pas si les deux amoureux connaissent ce rivage ni depuis combien de temps ils sont partis.

Selon Christophe André, ce tableau nous invite à ressentir les différentes émotions qui entourent un couple lié par l’amour :

L’ombre du premier plan, sur le bateau et derrière les deux amoureux ;

Le ciel tourmenté et menaçant ;

La lumière d’un lever ou d’un coucher de soleil qui éclaire la ville au loin.

Friedrich nous invite alors à réfléchir à la place de l’amour dans le bonheur. Certains penseurs voient dans la passion amoureuse un danger qui aveugle et perd ceux qu’elle atteint. Les romantiques, eux, valorisent le bonheur extrême provoqué par un amour qui émerge et qui apporte bonté et douceur.

Cette sensation intense qui suit le début d’une rencontre est éphémère puisque le lien amoureux est amené à se transformer au fil du temps. Mais elle joue un rôle essentiel : elle nous montre ce que le bonheur apporte et nous invite à le rechercher.

Pour qu’amour et bonheur continuent à rimer au fil du temps, Christophe André affirme qu’il faut ajouter des conditions. Il propose de reprendre les composantes de notre devise républicaine française « Liberté, égalité, fraternité » (p. 83). Mais comment penser ces valeurs pour la vie de couple ?

Liberté : accepter que chacun ait ses propres pensées, ses propres sentiments et qu’il soit libre de ses mouvements sans avoir nécessairement à tout partager avec l’autre. Ces éléments sont importants pour permettre la respiration de chacun des partenaires.

Égalité : équilibrer les tâches et les contraintes inhérentes à la vie quotidienne sur le long terme. Cela est nécessaire pour éviter que ne s’accumulent des petits sentiments désagréables qui pourraient générer de plus grandes insatisfactions.

Fraternité : accepter de limiter parfois ses propres envies pour veiller aussi au bonheur de son conjoint.

À partir du tableau de Friedrich, Christophe André ajoute à ces éléments l’action commune. « L’amour ne se joue pas tout entier dans la fusion du face-à-face, mais dans l’action et la construction communes. Naviguer ensemble… » (De l’art du bonheur, p. 84)

L’auteur rappelle ensuite les trois formes de l’amour définies par les philosophes car l’amour n’est pas uniquement la passion amoureuse.

Éros : c’est l’amour-passion qui correspond à la phase de l’amour naissant. Il est passionné, intense et source de grand bonheur s’il est partagé, mais aussi de grandes souffrances s’il ne l’est pas. Il n’est pas destiné à durer dans le temps. Cependant, il peut réapparaître à plusieurs moments dans le temps, soit pour la même personne, soit pour d’autres.

Philia : c’est l’amour-amitié, plus durable que l’amour-passion. Elle est aussi une composante du couple et complète Éros. Philia autorise l’autre à vivre aussi loin de soi et ne demande pas la fusion permanente. L’amitié est avant tout une affection faite de « réciprocité, estime et de partage ». (p. 85)

Agape : c’est l’amour que l’on porte pour chaque être humain, même celui que l’on ne connaît pas et qui est éloigné de nous. C’est l’amour du prochain des chrétiens. Cet amour peut être difficile car il semble contraire à notre instinct qui nous porte à aimer seulement les personnes que l’on connaît et avec qui on a créé un lien d’attachement.

L’auteur conclut cette leçon en nous conseillant d’essayer d’aller vers un lien de plus en plus fort et profond à ce qui nous entoure : « s’éloigner peu à peu de soi, et s’ouvrir, pour donner ». (p. 85)

Leçon 10 – Le bonheur est dans le lien

Dans le tableau Iseppo da Ponto et son fils Adriano, Paolo Caliari dit Véronèse (1528 – 1588) a représenté, au Palais Pitti de Florence, un père et son jeune fils qui posent. Christophe André y voit toute la complexité des liens qui se tissent entre les êtres humains.

Père et fils sont richement vêtus de couleurs sombres. Cependant quelques éléments ressortent et brillent : une riche parure de fourrure sur le petit garçon ; la main gantée du père qui tient une épée ; l’autre main du père posée sur l’épaule de son fils dans un mélange « d’autorité et d’affection ». Le père apparaît comme guidant et protégeant l’enfant qui, en retour, se sent détendu et en confiance, prêt alors à découvrir le monde et à être heureux.

L’idée forte de ce tableau est que le bonheur se donne, se partage et se transmet. Pour Christophe André, lorsque nous donnons de l’affection à quelqu’un, nous l'acceptons tel qu’il est, nous lui souhaitons le meilleur pour lui sans chercher à exercer un pouvoir sur lui. Ainsi, nous lui procurons du bonheur.

Mais certains liens peuvent être dérangeants et porteurs de souffrance. C’est le cas lorsque, au contraire de l’affection, quelqu'un cherche à étouffer l’autre ou à le posséder, à en faire son objet.

C’est pourquoi vous pouvez vous montrer réticents face à toute forme d’attachement. Car, celle-ci vous renvoie à des peurs causées par des évènements traumatiques du passé. C'est le cas par exemple de la peur de l’abandon, de la souffrance, de ne pas être aimé justement en retour de l’amour que nous donnons.

Toutefois il est possible de combattre ces peurs pour aller vers des liens d’attachement plus confiants et porteurs de bonheur. Cela peut passer simplement par des « exercices de gratitude » conseillés par les médecins.

La gratitude peut s’exprimer envers toutes les personnes qui nous ont aidés, à un moment ou un autre de notre vie, à grandir, à nous sentir meilleurs et en phase avec nous-mêmes. Il peut aussi tout simplement s’exprimer dans des petits moments de la vie quotidienne, envers des inconnus qui nous ont souri, démontré du respect ou un petit geste d’humanité. Des recherches scientifiques ont montré les effets positifs de l’expression de la gratitude pour les patients.

« La recherche en psychologie semble montrer que tout ce qui nous est donné par autrui procure en général plus de bonheur que ce que nous avons acquis nous-mêmes. » (De l’art du bonheur, p. 40)

La gratitude pour tout ce que nous devons aux autres contribue à notre bonheur. Elle nous demande d’être humble.

Leçon 11 – Le bonheur au-delà de soi

Dans son tableau Le Don du manteau (1297 – 1299), Giotto di Bondone (1266 – 1337) représente Saint-François d’Assise qui fait don de son manteau à un noble déchu, mal vêtu qu’il rencontre sur son chemin. Cet épisode marque le début de la vie éclairée de Saint-François qui, peu après, renonce à tous ses biens pour se consacrer aux plus pauvres. Il partage son bonheur avec le plus grand nombre par des gestes simples.

Le bonheur est fait d’attitudes humbles et généreuses envers les autres. L’égoïsme et l’orgueil empêchent d’accéder à un bonheur véritable. Christophe André parle du bonheur comme d’une « richesse » qui n’a rien à voir avec la richesse matérielle ou la richesse d’argent, mais qui peut aussi offenser certains qui ne se sentent pas heureux. Pour relancer le bonheur lorsqu’il vient à manquer, commencez par quelques gestes simples (sourire, remercier, donner).

En plus de vous apporter du bien-être et du sens, ces attitudes ont une portée sociale et écologique ; elles vous permettent d’exercer une forme de citoyenneté.

En étant associé à la fraternité, au don vers l’autre, le bonheur devient également un combat politique. Que pouvons-nous entreprendre collectivement pour agir sur les conditions sociales d’existence du plus grand nombre et assurer des prérequis au bonheur ?

« Car il existe bien une écologie du bonheur — maintenir un environnement qui lui permette d’éclore —, qui est également un acte politique. Gide disait : “N’accepte aucun bonheur qui ne s’obtienne au détriment du plus grand nombre”. » (De l’art du bonheur, p. 100)

Leçons du Soir – Les crépuscules du bonheur

Leçon 12 — Mélancolie des bonheurs finissants

Dans le tableau Le Pèlerinage à l’île de Cythère peint en 1977, Antoine Watteau (1684 – 1721) représente, dans une lumière de fin de journée, les derniers instants d’une fête qui s’est déroulée en plein air. Les personnages descendent la colline et s’éloignent au loin.

Trois couples restent près du buste de Vénus sur la droite. Chacun occupe une posture que l’on peut associer à une question faite à un bonheur qui semble s’estomper en cette fin de journée.

Premier couple : l’homme tente encore de séduire la femme, semblant ignorer que l’heure du départ à sonner. Mais doit-on s’accrocher fiévreusement au bonheur ?

Deuxième couple : l’homme aide la femme à se relever de la pelouse où elle était assise, acceptant le départ. Cette attitude nous invite à nous demander : ne vaut-il pas mieux accepter paisiblement ce qui semble être la fin d’un moment joyeux ?

Troisième couple : l’homme se tient déjà de dos, prêt à descendre la colline tandis qu’il enlace d’un bras la femme qui, elle, se retourne une dernière fois vers nous avec un sourire mélancolique. Faut-il pleurer par avance la fin d’un moment heureux ?

Plaisir, mélancolie et inquiétude face à l’avenir semblent se mêler chez ces trois couples. Ces instants fugaces où l’on sent le bonheur décliner sont certainement nécessaires pour faire vivre et revivre le bonheur. Ils permettent d’en prendre conscience et de mieux l’apprécier. Ils peuvent s’exprimer de manière furtive.

« Un nuage qui passe devant le soleil, les conversations qui s’alanguissent, un voile de tristesse dans les regards » (p. 106).

En commentant ce tableau de Watteau, Christophe André nous invite à accepter le déclin de ces moments joyeux et à « lâcher prise ». Les derniers instants où se mêlent bonheur et tristesse sont certainement préférables à une colère destructrice.

Leçon 13 – Dans tout bonheur, une part d’ombre…

En 1901, John Sargent (1856 – 1925) a peint Ena et Betty Wertheimer, tableau aujourd’hui exposé à la Tate Gallery de Londres. Deux très belles jeunes femmes nous regardent. Betty, au premier plan, la plus jeune, est vêtue d’une somptueuse robe rouge.

Sa sœur, Ena, vêtue d’une robe de satin blanc qui reflète la lumière, l’enlace d’un bras tandis qu’elle pose sa main gauche sur un vase chinois appartenant à son père, riche marchand d’art. Alors que Betty semble immobile et nous observer d’un air candide, Ena apparaît plus vivante et fière, comme si elle cherchait à provoquer subtilement ses admirateurs.

À travers ce bonheur en apparence éclatant, Christophe André ressent un trouble. L’arrière-plan, bien que révélateur d’un riche intérieur bourgeois, apparaît en réalité sombre et lourd, étouffant peut-être. Ena, de son bras qui enlace sa sœur, semble l’inciter à aller ailleurs.

Pour l’auteur, la conscience du bonheur nous permet de le ressentir. Mais, elle nous permet aussi d’accepter, qu’il est éphémère, qu’il contient sa fin.

« Nous sommes ainsi des intermittents du bonheur, condamnés à ne pouvoir le vivre que dans l’alternance d’apparitions puis de disparitions, de flux et de reflux ». (De l’art du bonheur, p. 115)

Mais ce n’est pas parce que tout bonheur a une fin que vous devez vous empêcher de vous laisser aller à lui par crainte de souffrir lorsque vous ne le ressentirez plus. À l’inverse, il n’est pas conseillé non plus de se lancer dans une poursuite fiévreuse et obsessionnelle du bonheur.

Pour le psychiatre Christophe André, dans les deux cas, aversion ou obsession, vous courrez à l’épuisement et au gâchis. Mieux vaut accepter que le bonheur aille et vienne et que les moments plus tristes sont aussi ceux qui nous font apprécier la joie.

Les émotions positives et négatives, liées au bonheur et à la tristesse, font partie de la vie elle-même marquée indéniablement par les disparitions et la mort. Les moments heureux nous donnent la force d’affronter les périodes malheureuses. Ils nous apportent légèreté et énergie dans notre quotidien, souvent marqué par des épreuves difficiles et de la souffrance.

Leçon 14 – La tentation du spleen

Dans son tableau intitulé  Faaturuma (La Femme à la robe rouge, ou Boudeuse) peint en 1891 à l’occasion de ses premiers séjours à Tahiti, Paul Gauguin (1848 – 1903) représente une jeune femme vêtue d’une robe rouge, assise sur un fauteuil à bascule. La tête légèrement penchée, elle a un regard triste et mélancolique dirigé vers le sol.

Sa main gauche tient un mouchoir blanc qui, peut-être, lui sert à s’essuyer des yeux que l’on peut imaginer pleurant un bonheur perdu. Sa robe, de style occidental, a certainement été imposée par les missionnaires.

Faaturuma semble comme coupée du monde, absorbée par ses souffrances intimes. Regrette-t-elle, comme Gauguin, un art de vivre perdu par la faute des missionnaires ?

Pour interpréter ce tableau, Christophe André revient tout d’abord à ce qu’il représente : une jeune femme qui se laisse aller à la mélancolie et à la tristesse. Le bonheur, lorsqu’on est adulte, n’est pas facile à atteindre et demande d’y travailler quotidiennement.

L’auteur identifie trois grandes illusions qui nous amènent à nous laisser aller à la tentation de la tristesse.

Identité : c’est un sentiment trompeur qui consiste à croire que nous pouvons mieux nous découvrir dans la souffrance et dans l’obscurité. En réalité, menée ainsi, cette recherche d’identité nous mène au repli sur nous-mêmes, nous met à l’écart des autres et de la vie.

Autonomie : elle repose sur l’idée que nous pouvons fabriquer notre propre tristesse en restant seuls avec nous-mêmes. Le bonheur, à l’inverse, demande d’aller vers les autres. Nous pouvons alors être effrayés par ce qui nous semble être une dépendance aux autres.

Lucidité : des recherches scientifiques montrent que les plus pessimistes et tristes sont aussi les plus lucides. Cependant ils sont moins capables que d’autres de s’adapter à leur environnement extérieur et abandonnent la lutte pour améliorer leur existence. Cette posture, valorisée par de nombreux écrivains et philosophes, comporte une part de danger importante puisqu’elle mène vers le nihilisme et la misanthropie.

Cela signifie-t-il qu’il faille essayer à tout prix de ne pas être triste ? Non, car la tristesse fait partie de la vie au même titre que le bonheur, comme l’auteur l’a souligné dans la leçon précédente.

Les moments de tristesse vous permettent aussi un repli sur vous-même transitoire et nécessaire pour vous reposer, pour entrer dans un état d’introspection et interroger les causes du mal-être. Cela peut vous permettre de prendre des décisions et d’agir pour combattre les causes de la tristesse.

Ce que vous devez chercher à éviter cependant, c’est de sombrer dans un état de tristesse durable qui mène à la dépression et à l’abandon des combats pour le bonheur.

« La tristesse n’est qu’un outil d’interrogation du monde. L’écouter, puis la congédier. Sans l’aduler ni l’admirer ». (De l’art du bonheur, p. 131)

Leçon 15 — Entrer dans l’hiver du bonheur

Alors que les Pays-Bas sont en proie à de vives tensions politiques et religieuses, Pieter Bruegel dit Bruegel l’Ancien (v. 1525 – 1569), peint, en 1565, La Rentrée des troupeaux. Le peintre nous donne à sentir les premiers froids de l’automne qui annoncent déjà l’hiver.

Le ciel est sombre, les arbres sont nus de leurs feuilles déjà tombées. Les bergers, dont l’un penché en avant sur son cheval, semblent lutter contre un vent froid. Les vaches sont en route pour l’étable où elles passeront l’hiver enfermées. Hommes et bêtes sont au premier plan tandis que la campagne faite d’un cours d’eau et de roches s’étend à l’arrière-plan, tel un horizon inquiétant.

Le bonheur apporté par l’été et le début de l’automne semble s’éloigner. Bruegel semble prendre appui sur les saisons pour représenter des états d’âme. L’hiver préfigure les baisses de bonheur de l’existence. Il annonce des instants plus lourds et rudes que ceux permis par l’atmosphère de l’été, des séparations et de départs. Nous devons accepter que le temps passe pendant que nous œuvrons à semer les graines de la régénérescence du bonheur.

Christophe André observe que les personnages de Bruegel ne semblent pas se plaindre malgré l’adversité des conditions politiques et sociales et du climat auxquels ils sont confrontés. « Pourtant, la tentation est grande de transformer ses ennuis en malheur » (p. 136).

Lorsque nous sommes confrontés à des moments difficiles, il conseille alors de ne pas céder à la peur et de prendre de la distance pour mieux réfléchir. Mieux vaut réfléchir et agir pour ne pas laisser un sentiment de souffrance intérieure durable s’installer.

Agir ensemble nous permet alors de traverser les phases tristes et de cultiver les graines qui se transformeront en belles plantes le printemps venu. « Comme l’exercice nous réchauffe dans le froid, l’action nous fait éprouver la vie en nous. » (p. 139)

Leçons de la Nuit – Le bonheur disparu

Leçon 16 – La nuit noire de l’âme

Avenue sous la neige à Koesen (1906). Deux femmes sans visage avancent dans un chemin glacé de neige. Elles s’apprêtent à disparaître hors du tableau, tandis que des arbres, dans leurs tenues d’hiver semblent se balancer de manière inquiétante au milieu de flocons de neige et d’un ciel sombre.

Ces deux femmes représentent-elles la mère et la sœur du peintre emportées par la tuberculose ? Le peintre c’est Edvard Munch (1863 – 1944) dont la vie a été marquée par la souffrance et l’angoisse. Il ne semble pas y avoir d’horizon positif dans cette scène marquée par l’inquiétude et le malheur.

Selon Christophe André, il existe deux sortes de souffrance :

La souffrance qui a une fin : contre laquelle il existe une solution, un remède.

La souffrance infinie : qui semble ne pas avoir de remède.

« L’adversité suppose une issue, elle la laisse espérer. Le malheur, non. Un sentiment de détresse survient lorsque plus aucun bonheur ne paraît possible ni pensable. Ce n’est plus un passage, même mauvais, c’est un état, une durée qui s’annonce sans fin visible. » (De l’art du bonheur, p. 148)

L’auteur conseille de continuer à avancer, comme ces deux femmes du tableau de Munch. Avancez même si la lumière — donc l’espoir — est très faible. Ces deux femmes en mouvement, qui marchent dans le froid, nous rappellent — comme dans le tableau précédent de Bruegel — qu’agir est un antidote contre l’obscurité qui risque d’envahir nos âmes.

Leçon 17 — Incandescence et solitude de la douleur

Dans le tableau Figure rouge, peint entre 1928 et 1932 par Kazimir Malevitch (1878 – 1935), une femme debout, entièrement peinte en rouge, semble incarner une intense souffrance. Le paysage de campagne qui l’entoure — ciel, champs, rivière — est représenté par de gros traits stridents et déformés.

Tout porte à croire que le peintre a cherché à représenter, dans ce paysage, l’état d’esprit de cette femme. Non pas que le paysage soit lui-même triste et en souffrance, mais c’est à travers ce prisme que la femme le perçoit. Une autre personne, joyeuse, pourrait percevoir ce même paysage totalement différemment.

Christophe André commente ce tableau directement à travers son expérience de psychiatre confronté aux douleurs psychiques de ses patients. Lorsque l’on ressent une souffrance intense, celle-ci peut rapidement commencer à nous envahir complètement. Un peu comme si elle prenait possession de nous-mêmes.

Le patient ne parvient plus à percevoir d’espoir et de sens à sa vie. Le risque d’un engourdissement puis d’une tentative de suicide se fait sentir.

« Comment préserver, tout au fond de nous, la possibilité de retour du bonheur, comment laisser une chance à “cette passion de vivre qui croît au sein des grands malheurs” ? » (De l’art du bonheur, p. 155)

L’auteur cite des personnes qui ont fait l’expérience des camps de concentration. Et, dont certaines ont puisé, au fond d’elles-mêmes, une profonde envie de vivre malgré l’horreur qu’elles ont vécue.

Leçon 18 – Des étoiles dans la nuit

Dans son tableau  Nuit étoilée de 1889, Vincent Van Gogh (1853 – 1890) a peint un superbe paysage étoilé sous le paysage de la Provence. Les étoiles et la lune, entourées d’un halo de lumière chaude, sont représentées en mouvement, comme si elles effectuaient des figures concentriques dans le ciel de la nuit.

Sous ce ciel étoilé se tient un village endormi dont on aperçoit le clocher et, en arrière-plan, des collines. Van Gogh a réalisé ce tableau alors qu’il était interné dans un asile à Saint-Rémy-de-Provence.

Christophe André y voit la rencontre des ténèbres et de la lumière. Le seul bonheur peut-être encore accessible au peintre qui ne parvient plus à se sentir heureux dans la réalité du quotidien.

Il cite une nouvelle fois les expériences des rescapés de camp de concentration et le héros d’un roman emprisonné au goulag. Malgré l’horreur qu’ils vivent et les souffrances qu’ils endurent, ils parviennent à trouver, au milieu des ténèbres les plus sombres, d’infimes parts de bonheur.

Dans sa position de médecin psychiatre, Christophe André estime qu’il n’est pas nécessaire de souffrir intensément pour être à l’origine, comme Van Gogh, de grandes œuvres créatrices. Van Gogh, en étant heureux, aurait pu, selon lui, créer, différemment certes, mais avec autant de génie.

En réalité, c’est parce que Van Gogh aspirait au bonheur et ne cessait de se le représenter qu’il a autant peint la lumière dans ses tableaux. « Il s’est aussi nourri de ses rêves de bonheur, approchés ou déçus. » (p. 163)

Christophe André rappelle l’importance du partage du bonheur et du lien, déjà cité, dans la quête du bonheur. Van Gogh éprouvait de grandes difficultés à les vivre. Cependant, à travers son art et des actions de rassemblement qu’il organisait, il œuvrait en ce sens et faisait preuve d’une grande générosité.

Leçon 19 – Des raisons de se battre

Dans le dernier tableau Lutte de Jacob avec l’Ange (détail) qu’il a peint entre 1855 et 1861, Eugène Delacroix (1798 – 1863) représente, dans une grande fresque, Jacob se battant avec un ange. Jacob, tout absorbé au combat, le regard tourné vers le sol pendant qu’il porte des coups, ne semble pas savoir qu’il est en train de se battre avec un ange.

Il a laissé tomber la plus grande partie de son accoutrement au sol et se bat torse nu. Au fond du tableau, on aperçoit le reste de son clan qui a réussi à passer un torrent alors que lui est resté seul sur la rive.

Alors que l’ange finit par lui porter un coup plus fort, Jacob se rend compte qu’il s’agit d’un ange. Il abandonne le combat et lui demande de le bénir, ce que l’ange fait. Jacob ressort blessé, mais « transfiguré » du combat.

Pour Christophe André, Jacob représente celui qui conserve la force de se battre, tout au long de la nuit, alors qu’il ne sait pas comment se terminera le combat et s’il sera vainqueur. Il est porteur d’un grand élan de vie, celui qui maintient des efforts constants. Finalement, il ressort transformé et heureux de ce long combat.

« L’action est toujours salvatrice sur le plan psychologique : elle donne un sens au présent, une prise à notre survie. Elle nous canalise, offre un cadre et une limite à nos tentations de désespoir. » (De l’art du bonheur, p. 170)

La force qui nous anime provient certainement beaucoup plus du souvenir de nos combats contre le malheur que du souvenir de nos souffrances même.

Certes le psychiatre reconnaît qu’il est difficile de trouver la force en soi de se battre lorsque le malheur paraît si grand et insurmontable. Mais le combat est indispensable pour la survie et pour atteindre à nouveau le bonheur. Sans combat, nous risquons de nous laisser envahir durablement par des sentiments négatifs comme la rancœur, la brutalité, la misanthropie.

Leçons de l’Aube – Le retour du bonheur

Leçon 20 – Un bonheur de plus en plus fort

L’Amandier en fleur est le dernier tableau peint par Pierre Bonnard (1867 – 1947) jusqu’au moment de sa mort au printemps 1947. Il représente ainsi un magnifique amandier en fleur qui éclate de blancheur devant un ciel d’un bleu profond. Il nous montre le spectacle présent d’une nature rayonnante, de l’éternelle renaissance du printemps.

Cette beauté vivante et présente, qui se respire et s’admire, est là pour nous rappeler que le bonheur renaît, rejaillit. Au moment des derniers jours de vie du peintre, l’amandier a fleuri comme jamais auparavant. Un peu comme s’il voulait signifier que le bonheur grandit au fil de ses renaissances.

Bonnard, en peignant cet amandier au seuil de sa mort, a cherché à montrer, qu’il était dans un état de joie qui lui permettait de capturer cet émerveillement de la vie et de la nature. Peut-être a-t-il aussi cherché à rendre éternel ce spectacle qu’il voulait retenir pour ses derniers instants.

Bonnard montre aussi, et heureusement, que le bonheur n’est pas l’apanage de la jeunesse. En effet, il peut bel et bien se ressentir à tout âge de la vie.

Leçon 21 – Le bonheur retrouvé

Dans le tableau Le Bord de mer à Palavas (1854), Gustave Courbet (1819 – 1877) représente un homme, au premier plan, de dos, tout en noir, qui salue d’un grand geste de son bras gauche levé, la mer qui s’étend à l’infini devant lui.

En saluant ainsi la mer, cet homme démontre sa joie de retrouver un bonheur passé. Le sentiment du bonheur peut devenir plus intense et plus fort lorsque nous retrouvons une joie qui s’était estompée. L’éloignement peut ainsi augmenter la conscience du bonheur.

Christophe André se souvient très bien de cette plage où il a passé tous ses étés depuis son enfance et où il a accompagné une amie très malade. Il nous invite alors à nous concentrer sur les instants présents de vie et de bonheur, à les savourer lorsqu’ils surgissent et à s’en souvenir.

Leçon 22 – Le bonheur est une longue histoire

Le Retour du fils prodigue (peint vers 1669) est le dernier tableau réalisé par Rembrandt Van Rijn (1606 – 1669) alors que son fils est décédé quelques années plus tôt et qu’il s’est retiré dans une vie simple et spirituelle.

Au premier plan du tableau, à gauche, un fils est représenté de dos, agenouillé devant son père. Ce fils est de retour dans son foyer après une longue période d’absence. Alors que ses frères, au second plan, semblent menaçants à son égard, son père, au visage vieilli, l’accueille avec bienveillance.

Ce fils qui était parti à la découverte du monde et qui a dilapidé sa part d’héritage raconte avoir vécu des épreuves terribles pour survivre. Il craignait d’être rejeté par sa famille à son retour. Au contraire, son père vient l’étreindre et saisit ses épaules avec joie et compassion. Il est très heureux et apaisé d’avoir retrouvé son fils qu’il croyait perdu. En étant ainsi pardonné pour ses erreurs passées, le fils accède à nouveau au bonheur.

Christophe André nous invite alors à réfléchir à la force du pardon. Les erreurs et les gaspillages de temps et d’expériences sont constitutifs de nos vies.

L’observation de nos actions passées et de leurs résultats, avec discernement et bienveillance, est essentielle à notre bien-être. Elle nous permet alors de choisir les moments qui nous ont procuré de la joie et que nous souhaitons revivre. Mais aussi, d’essayer d’écarter les causes qui nous ont menés à ressentir des sentiments négatifs comme le mal-être, la colère et la rancœur.

Leçon 23 — Sagesse du bonheur

En 1768, Jean-Siméon Chardin (1699 – 1779) peint  Le Gobelet d’argent qui représente, posés sur une table, un gobelet argenté et un bol duquel dépasse une cuillère. Au premier plan, devant les deux premiers objets se trouvent posées trois pommes et deux châtaignes.

Selon Christophe André, cette nature morte imparfaite « nous apprend à voir la vie silencieuse et secrète des choses. [Elle] nous incite à la méditation » (p. 201). Il nous invite à voir de la force et de l’enchantement dans les petits détails de nos vies quotidiennes.

« Le bonheur est un idéal dont on ne peut que chercher doucement à se rapprocher » (p. 203). Le bonheur n’est pas tant un savoir qu’une pratique. C’est en pratiquant, chaque jour, à travers des gestes quotidiens et par des petits efforts que l’on peut accéder peu à peu au bonheur.

Le psychiatre explique alors en quoi les médecins ont de plus en plus recours à la méditation, sous sa forme orientale, c’est-à-dire comme un effort d’attention à l’instant présent et un détachement de toute forme de jugement.

Le patient est incité à revenir à l’instant présent. Et ceci, à chaque fois que son esprit s’évade vers d’autres pensées qui génèrent des émotions négatives. La méditation accompagne l’action, en la préparant d'abord, puis en permettant de s’en reposer.

Pour finir, l’auteur va plus loin. Il affirme que Chardin nous invite, à travers ce tableau, à la contemplation, objet d’étude prisé actuellement par les psychologues.

Leçon 24 – Une éternité de bonheur ?

Dans le tableau intitulé  Soirée d’octobre (1912), Léon Spilliaert (1881 – 1946) a peint la silhouette sombre d’une femme qui s’éloigne, en réalisant un grand pas, dans ce qui semble être une pluie de lumière orangé intense.

Christophe André y voit la représentation d’un passage entre deux univers qui peuvent être la vie et la mort, ou bien encore le matériel et le spirituel.

« Le bonheur est une transcendance, qui nous conduit souvent à la frontière entre deux mondes. Suspension du temps, plénitude ou oubli de soi, conscience d’un lieu, d’une appartenance à quelque chose qui nous dépasse et nous englobe. » (De l’art du bonheur, p. 210)

Pour Christophe André, le bonheur est bien plus qu’un simple gain de confort et de bien-être. Il permet avant tout de supporter la conscience que nous avons de notre finitude, du fait que nous savons que nous allons mourir un jour. Ressentir de la joie nous permet d’affronter les difficultés et les souffrances et parfois même, d’avoir la sensation d’accéder au paradis sur terre.

Leçon 25 — Envol : dans le grand vent du monde

Enfin, Christophe André conclut l’ouvrage par une brève 25e leçon à partir d’un tableau du peintre impressionniste Claude Monet (1840 – 1926). Ce tableau de 1886 est intitulé Essai de figure en plein air : femme à l’ombrelle tournée vers la gauche.

Il représente une femme debout dont on ne voit pas le visage. Vêtue d’un chapeau et d’une longue robe, elle tient dans sa main droite une ombrelle qui la protège du soleil. Le vent qui souffle dans son dos fait voler devant elle le tissu qui était accroché à son chapeau.

On ne sait pas qui est cette femme qui profite de l’air tiède qui souffle autour d’elle. À travers son style, Monet ouvre un espace qui nous permet de laisser libre cours à notre imagination.

« En réalité, rien n’est important, en dehors de ceci : ce moment est un moment de bonheur. Juste un peu de bonheur, dans le grand vent du monde… » (De l’art du bonheur, p. 219)

Conclusion sur « De l’art du bonheur. 25 leçons pour apprendre à vivre heureux » de Christophe André :

Un ouvrage qui réunit des tableaux de maître pour réfléchir au bonheur :

L’auteur, Christophe André, est psychiatre. Il exerce à l’hôpital Saint-Anne, au sein d’une unité spécialisée dans le traitement des troubles émotionnels, anxieux et dépressifs.

Fort de son expérience professionnelle et de sa connaissance des œuvres d’art, Christophe André propose dans cet ouvrage un ensemble de réflexions et de conseils sur le bonheur. Le point de départ de chacune des 25 « leçons de bonheur » est le commentaire d’un tableau d’un grand peintre.

L’auteur varie les styles d’écriture. Il mobilise à la fois des métaphores poétiques, de la philosophie, les recherches scientifiques actuelles en psychologie et en neurosciences notamment.

Les tableaux sont reproduits en plusieurs tailles et sous différents angles pour illustrer chaque leçon. Une légende accompagne chaque tableau présentant son histoire et la vie du peintre. Cette édition s’accompagne également d’un CD dans lequel l’auteur expose oralement chaque leçon.

L’ouvrage est composé de cinq grandes parties (matin, midi, soir, nuit et aube) faisant référence à chacune des étapes du bonheur (naissance, plénitude, crépuscule, disparition et retour). Chaque partie est alors divisée en chapitres illustrés par un tableau.

Ce qu’il faut retenir de « De l’art du bonheur. 25 leçons pour apprendre à vivre heureux » de Christophe André :

Christophe André nous rappelle que le bonheur s’apprend et se pratique au quotidien en commençant par de petits gestes simples. Observer la beauté de certains objets. Donner et recevoir de la gratitude par un sourire ou un petit geste de générosité. Il peut aussi se ressentir lorsqu’on ressent de l’émerveillement face au spectacle de la nature.

Par moment, le bonheur demande aussi de prendre le temps de réfléchir aux causes de ses souffrances. Cela nécessite d'exercer son discernement.

La quête du bonheur est essentielle à la vie et pour combattre les difficultés et les souffrances qui peuvent surgir au quotidien. Mais cette quête ne doit pas être obsessionnelle.

Nous devons aussi accepter que les moments de félicité s’en aillent et reviennent. Ils sont appelés à s’éloigner, puis à disparaître pour réémerger enfin.

Points forts :

L’originalité du livre qui part de commentaires de tableaux pour développer réflexions et conseils sur le bonheur ;

La beauté des illustrations constituées par les tableaux ;

De courtes citations d’hommes et de femmes célèbres qui ponctuent le fil des leçons et qui sont source d’inspiration.

Point faible :

Quelques répétitions d’idées au fil des leçons, mais cela permet de les renforcer.

Ma note :

                

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Thu, 23 Feb 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12277/De-lart-du-bonheur
Homo deus : Une brève histoire du futur http://www.olivier-roland.fr/items/view/12259/Homo-deus-Une-brve-histoire-du-futur

Résumé de « Homo deus. Une brève histoire du futur » de Yuval Noah Harari : si vous avez aimé Sapiens, voici la suite ; un livre d'histoire et de prospective exigeant et absolument passionnant — à lire de toute urgence !

Par Yuval Noah Harari, 2017, 459 pages.

Titre original : Homo Deus. A Brief History of Tomorrow (2016).

Chronique et résumé de « Homo deus. Une brève histoire du futur » de Yuval Noah Harari

Chapitre 1 (introduction) — Le nouvel ordre du jour humain

Au XXIe siècle, l’humanité est arrivée à un stade où elle est capable de contrôler les trois grands dangers qui avaient été son lot jusque là :

La famine ;

Les épidémies ;

La guerre.

Bien sûr, elle n’y parvient que très imparfaitement. Beaucoup trop d’humains meurent encore de faim, de maladies ou des conséquences des conflits qui ravagent le monde.

Pourtant, si l’on regarde sur le temps long, il y a bel et bien une évolution dans le sens d’une plus grande maîtrise de ces fléaux par les humains. D’où la question centrale de l’ouvrage : « Et maintenant, qu’allons-nous faire de nous ? »

Oui, qu’allons-nous faire des pouvoirs que nous avons développés pour mettre un terme à ces trois plaies ?

Le seuil de pauvreté biologique

Avant de répondre à cette question, commençons par rappeler les progrès effectués dans chaque domaine. Prenons d’abord la famine.

Il y a quelques siècles encore, en Europe, les gens étaient dépendants du temps qu’il faisait et des catastrophes naturelles. Pas assez de pluie et le blé ne pousse pas ; un orage violent et les récoltes sont perdues.

Il en va autrement aujourd’hui. Les institutions collectives (ONG, assurances, organismes publics, commerce mondial) veillent à activer leurs réseaux dès qu’un problème survient.

Bien sûr, des gens meurent encore de faim et beaucoup sont dans l’insécurité alimentaire. Mais nous mourrons beaucoup moins de manque de nourriture qu’auparavant et un plus grand nombre de personnes parviennent à s’alimenter un minimum pour survivre.

Dans de nombreux pays, le problème de la suralimentation devient même un enjeu majeur de politique sanitaire. Certains experts prédisent même que la moitié de l’humanité sera en surcharge pondérale d’ici 2030 !

Armadas invisibles

Les épidémies et autres maladies infectieuses ont ravagé des pays entiers pendant des décennies. La peste noire, par exemple, a décimé la population européenne au XIVe siècle. Plus tard, les explorateurs importèrent des maladies qui furent fatales aux peuples amérindiens.

D’un côté, avec le développement des moyens de transport et l’accroissement de la population, le risque épidémique est plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été. Pourtant, de l’autre côté, les avancées médicales parviennent à le juguler.

Même le sida, qui fut d’abord un échec en termes de traitements, est devenu une maladie dont on ne meurt plus.

D’une façon générale, l’auteur estime ainsi que la « course aux armements » que se livrent la médecine et les germes évolue à l’avantage de la première. Certes, de nouvelles épidémies ou maladies infectieuses ne manqueront pas de survenir, mais nous serons capables d’intervenir à temps.

Mais qu’en serait-il si c’était l’humanité elle-même qui se mettait à développer et à diffuser de terribles agents pathogènes ?

Briser la loi de la jungle

De sûre, ou au moins de probable, la guerre est peu à peu apparue comme improbable au début du XXIe siècle. L’équilibre de la terreur créé par l’arme atomique y a joué un rôle. Mais c’est surtout le développement des relations commerciales et politiques entre les pays qui freine les velléités guerrières.

Alors, bien sûr, la guerre est encore l’affaire de bien des gouvernements de par le monde. Mais de moins en moins. Quant au terrorisme, les politiciens ont tendance à réagir par les grands moyens et à entrer dans la logique du show recherchée par les terroristes eux-mêmes.

En résumé :

« Famines, épidémies et guerre continueront probablement à faire des millions de victimes au cours des prochaines décennies. Il n’y a pourtant plus de tragédies inévitables qui dépassent l’entendement et échappent au contrôle d’une humanité démunie. Ce sont plutôt devenus des défis surmontables. » (Homo deus, p. 30)

Mais alors, « qu’est-ce qui remplacera la famine, les épidémies et la guerre au premier rang des priorités humaines au XXIe siècle ? »

Les derniers jours de la mort

La première réponse de Yuval Noah Harari est : l’immortalité. Désormais, nous ne percevons plus la mort comme une fatalité, comme une tragédie ou comme une chance d’aller au paradis, mais comme un problème technique qui peut être surmonté.

Cette croyance concerne les spécialistes comme les profanes. Tous, nous cherchons les causes de la mort et nous entendons bien les éradiquer, au minimum en nous offusquant de leur présence et en nous indignant.

Mais certains vont bien plus loin. Ils promettent d’ores et déjà l’immortalité — ou plutôt l’amortalité (absence de mort ou régénération des tissus jusqu’à ce qu’un événement, accident de la route ou autre, survienne) — aux plus riches.

La Silicon Valley est à la pointe en ce domaine. Mais les progrès surviendront-ils à temps pour rendre immortels les patrons de Google et Co. ?

Plus fondamentalement, on peut se demander ce que signifierait une vie éternelle. Imaginez-vous vivre jusqu’à 150 ans ou plus. Cela changerait complètement les relations interpersonnelles et les relations que nous entretenons avec l’art ou la politique, par exemple.

Par ailleurs, ce combat pour l’immortalité nous imposerait d’être capables de réorganiser complètement les vivants que nous sommes. Cela, bien sûr, n’arrêtera pas les plus motivés, et l’on peut être à peu près sûr que les scientifiques et les entrepreneurs capitalistes s’entendront pour faire fleurir ce champ de recherches.

Le droit au bonheur

Si ce premier défi s’adressait au corps, le deuxième a l’esprit pour cible. Être heureux : voilà bien un impératif que nous entendons et intériorisons tous, déjà, de façon permanente.

Le peuple ne veut plus être de la chair à canon pour les grandes puissances. Il ne veut plus être une simple « fonction » de l’État. C’est, au contraire, à l’État à servir ses intérêts.

Certes, mais comment s’y prendre ? Il ne peut suffire de mettre un terme à la famine, aux épidémies et à la guerre. En fait, nous sommes bien moins vite satisfaits qu’auparavant. Le confort moderne a entraîné des attentes de plus en plus grandes.

Nous voulons jouir de l’existence, c’est-à-dire avoir plus de plaisirs que de souffrances. Et si cela devenait possible sans avoir besoin de réaliser des exploits ? Et si les sensations agréables ressenties à l’occasion d’événements particuliers (toujours trop brefs) pouvaient être reproduites par un simple recâblage de neurones ?

C’est ce que font déjà les psychotropes, ceux qui sont autorisés (les médicaments servant à traiter le déficit de l’attention et hyperactivité ou à lancer les soldats à la guerre, par exemple) comme ceux qui sont prohibés (les drogues).

L’État contrôle, trie le bon grain de l’ivraie. Mais les chercheurs et experts de la biochimie humaine vont d’invention en invention. Ici encore, de vrais progrès nécessiteront de modifier profondément nos organismes d’homo sapiens.

Les dieux de la planète Terre

« En recherchant la béatitude et l’immortalité, les êtres humains essaient en fait de se hisser au rang des dieux : parce que ce sont des qualités divines, mais aussi parce que, pour triompher de la vieillesse et de la misère, ils devront d’abord acquérir la maîtrise divine de leur substrat biologique. » (Homo deus, p. 55)

Trois chemins se dessinent. Trois génies (au sens d’ingénierie) :

Biologique : c’est l’idée de modifier l’organisme en le poussant dans ses ultimes potentialités.

Cyborg : c’est la fusion de l’organisme avec des composés inorganiques issus, par exemple, de la robotique.

Êtres inorganiques : un pas plus loin encore, l’idée de « transférer » notre esprit dans des composés inorganiques.

Il ne faut pas voir la déité comme l’omnipotence, à la façon du Dieu des religions monothéistes. Si Homo sapiens devient un jour Homo deus, ce sera plutôt dans le sens des dieux grecs : des êtres dotés de superpouvoirs, mais qui conservent leur contingence, leurs limites et peut-être même leurs émotions.

Nous ne pouvons pas en dire beaucoup plus, car nous ne pouvons concevoir clairement ce que seront et penseront nos descendants. Mais ce que nous voyons et savons, en revanche, c’est que les chemins vers cette évolution sont dès à présent ouverts, et que beaucoup d’entre nous sont prêts à s’y engager, quel que soit le temps que cela prendra !

S’il vous plaît, y a-t-il quelqu’un pour donner un coup de frein ?

Les progrès des sciences et des techniques sont rapides. Lorsque les projets les plus fous se marient aux sommes astronomiques délivrées par la Bourse, rien ne semble impossible.

Certains d’entre nous pourraient avoir envie de ralentir. Mais est-ce possible ? L’auteur ne le croit pas. Pourquoi ?

Parce que personne ne sait où sont les freins (impossible d’être expert en tout et comprendre suffisamment le système pour savoir comment l’arrêter).

Le capitalisme ne supporterait pas un arrêt, or l’économie capitaliste supporte toute la société.

Car il n’existe pas de différence claire entre guérison et amélioration : lorsqu’une innovation permet de résoudre un problème, elle peut aussi souvent servir pour doper les performances (cela vaut pour les médicaments comme pour le génie génétique et au-delà).

Bien sûr, nous pouvons choisir de limiter certains usages des nouvelles technologies pour des raisons éthiques.

« C’est bien pourquoi il est vital de réfléchir au nouvel ordre du jour de l’humanité. Précisément parce que nous avons le choix concernant l’usage de nouvelles technologies, mieux vaut comprendre ce qui se passe et décider avant qu’elles ne décident pour nous. » (Homo deus, p. 68)

Le paradoxe de la connaissance

Quelques précisions s’imposent au sujet de la thèse défendue ici.

Il s’agit d’une prédiction concernant la collectivité humaine, mais qui n’implique pas que tous y jouent un rôle. De fait, ce sont plutôt les plus nantis qui poussent déjà l’humanité en ce sens.

Il n’est pas question d’un programme politique, mais bien d’une prédiction historique. Autrement dit, l’auteur ne considère pas que la recherche de l’immortalité, du bonheur et de la divinité soit une bonne chose, mais que c’est ce qui sera probablement recherché.

« Chercher ne veut pas dire réussir ». En effet, il est possible que tous ces efforts échouent et ouvrent la voie à d’autres histoires possibles.

Le point le plus important : cette prédiction a pour objectif de faire débattre les humains sur les choix présents. Nous avons le pouvoir de réagir à ce qui nous arrive lorsque nous sommes face à des annonces telles que celle-ci.

Et c’est bien là que se trouve le paradoxe de la connaissance historique : celle-ci est inutile si elle n’a pas d’effet sur les comportements des êtres humains, mais elle devient rapidement obsolète dès lors que les êtres humains changent grâce à elle.

Une brève histoire des pelouses

En fait, les prédictions historiques ne servent pas à répéter un processus à l’identique ou à décider ce qui sera le plus efficace, mais à créer du possible.

Qu’est-ce que cela signifie ? Eh bien, simplement que l’historien nous aide à prendre conscience de nos conditionnements et à nous en libérer.

Nous pensons spontanément que « tout est ainsi », mais l’histoire nous aide à comprendre que cela n’a pas toujours été le cas, et que l’état présent est le résultat de multiples accidents.

Prenons l’exemple des pelouses. Lorsque vous avez acheté votre maison (si c’est le cas), dans une banlieue de la classe moyenne, vous vous êtes peut-être dit que ce serait bien d’avoir une pelouse devant chez vous, parce que « tout le monde le fait ».

Mais avez-vous pensé que la pratique remonte aux nobles du Moyen-Âge qui entendaient, par là, faire montre de leur puissance ? Ceux-ci ont été suivis par l’Église, puis par le monde du sport et de la bourgeoisie montante.

Maintenant que vous le savez, avez-vous envie de suivre docilement cette injonction sociale, voulez-vous montrer votre « petite puissance » à l’aide d’un gazon bien tondu à côté de votre garage ?

Connaître l’histoire vous aide à prendre des décisions en vous libérant, au moins partiellement, du poids du passé.

Un fusil au premier acte

Les rêves d’immortalité, de bonheur et de pouvoir proviennent en ligne droite du projet humaniste né aux XVIIe et au XVIIIe siècle. Ils en sont la conclusion logique.

Petit rappel : l’humanisme est le culte de l’humanité, l’idéologie (voire, selon l’auteur, la religion) selon laquelle toutes les valeurs et les actions doivent s’articuler par rapport au développement du potentiel humain.

Les deux parties qui suivent interrogeront donc cette « religion de l’homme ».

D’abord en analysant la relation homme - animal et en faisant le modèle des relations entre « surhumains » et humains (c’est la première partie).

Ensuite en étudiant en détail le « crédo » humaniste et ses conséquences (deuxième partie).

Finalement, s’il y a des raisons de déprimer, nous verrons qu’il y a aussi des raisons d’espérer. Il n’est pas dit, en effet, que la chute à venir de l’humanisme soit une si mauvaise nouvelle (ce sera la troisième partie). Alors, prêt pour la suite du voyage ?

Première partie — Homo sapiens conquiert le monde

Chapitre 2 — L’anthropocène

Les animaux sauvages qui peuplaient notre imaginaire sont en voie de disparition. Par contre, la population des animaux domestiques a explosé, tout comme — bien sûr - la population des humains.

Le terme d’anthropocène a été récemment proposé pour qualifier cette période géologique (les dernières 70 000 années) au cours de laquelle l’être humain est devenu la principale force de transformation de l’écologie mondiale.

Les enfants du serpent

La vision animiste du monde rapproche les différents êtres (animaux, humains, esprits, etc.) dans un même système de communication. Les chasseurs-cueilleurs animistes parlent aux tigres et aux esprits de la forêt et s’arrangent avec eux. Ils considèrent la Terre comme un lieu commun pour tous ces êtres, qui peuvent souffrir et aimer comme nous.

L’Ancien Testament nous invite à nous détacher de l’animisme et à entrer dans l’ère agricole. C’est, tout du moins, la lecture de l’épisode d’Adam et Eve que propose Y. N. Harari.

Et pourtant, si le serpent n’était pas notre ennemi, mais notre ancêtre ? Certains animistes le croient encore. Et nous, Modernes ? Eh bien, ne pensons-nous pas, nous aussi, que nous avons un cerveau reptilien, trace d’une évolution lointaine ?

En revanche, la Bible sépare nettement les hommes des animaux ; les hommes, dit-elle, ont été conçus par Dieu à partir de matière inerte.

Besoins ancestraux

La révolution agricole a modifié les rapports de l’homme aux animaux, notamment en introduisant la domestication. La domestication a engendré bien des modifications — et bien des souffrances aussi — pour les animaux.

En fait, les besoins des animaux, leurs émotions et leurs instincts, ne changent pas rapidement. Cela peut faire des milliers d’années que les sangliers ont été transformés en cochons, et pourtant ces derniers ont toujours besoin de courir, de se socialiser, de prendre soin de leurs petits.

Le fait qu’elle vive dans un box minuscule et qu’elle soit privée de ses porcelets ne signifie pas qu’elle n’éprouve plus ces besoins. Ceux-ci peuvent bien être inutiles à son évolution (après tout, elle vit désormais « en sécurité » et sa descendance est assurée), cela ne veut pas dire qu’ils n’existent pas.

« Tragiquement, la révolution agricole a donné aux hommes le pouvoir d’assurer la survie et la reproduction des animaux domestiqués, tout en ignorant leurs besoins subjectifs. » (Homo deus, p. 97)

Les organismes sont des algorithmes

Un algorithme, c’est comme une recette : une série d’étapes à suivre pour réaliser quelque chose, calculer ou décider. Un homme peut l’accomplir, mais une machine aussi. Pensez par exemple à un distributeur automatique de boissons chaudes qui vous prépare un café en 2 minutes.

Alors que la machine fonctionne à partir de câbles électriques, le corps humain — et plus généralement le corps de tous les mammifères, voire d’autres organismes — fonctionnerait à partir de sensations, d’émotions et de pensées.

Le but de l’organisme (l’objectif de la recette-algorithme) ? Survivre et se reproduire. Les émotions, sensations et pensées qui se bousculent dans le corps en action sont comme une série de calculs qui cherchent à résoudre ce problème.

Vous avez le cœur qui bat la chamade à l’arrivée de ce charmant jeune homme ? C’est votre corps qui fait un calcul de probabilités et vous incite à vous accoupler ! Pas besoin de compter, il vous suffit donc de ressentir.

Il est raisonnable d’affirmer que d’autres mammifères, voire les oiseaux, certains reptiles et même des poissons, ressentent aussi la peur, l’attraction et ce genre de choses.

Le deal agricole

L’agriculture tend pourtant à ne considérer les animaux que d’un point de vue purement matériel, sans prendre en compte les besoins émotionnels. Mais en même temps qu’il exploite, l’être humain prend conscience qu’il a une influence sur les écosystèmes.

Comment, donc, les premiers agriculteurs justifièrent-ils cette attitude de mépris à l’égard des autres espèces ?

La réponse de l’auteur peut paraître étonnante : par l’élaboration d’une religion théiste, faite de dieux ou d’un Dieu. C’est tout le récit de l’univers qui change et se concentre autour de deux acteurs principaux : l’Homme et Dieu (ou les dieux).

Dans ce scénario, les animaux deviennent des figurants qui peuvent être exploités. L’être humain se sent supérieur à eux, parce qu’il se sait capable de modifier leur (et son) environnement.

Or il est arrivé très souvent aussi, par le passé, que cette dégradation de la valeur des êtres non humains atteigne certains humains. C’est toute l’histoire de l’esclavage et de l’extermination ethnique qui commence alors.

Cinq cents ans de solitude

Depuis le XVIIe siècle, les choses ont encore pris une autre tournure. Désormais, ce n’est plus la religion, mais la science qui explique l’univers. Or, dans cette nouvelle histoire, il n’y a même plus de dieux ni de Dieu. L’homme est seul et ne dialogue qu’avec lui-même.

Ou pour le résumer avec Y. N. Harari :

« Les chasseurs-cueilleurs archaïques n’étaient qu’une espèce d’animaux parmi d’autres. Les paysans se croyaient au sommet de la création. Les hommes de science nous hisseront au rang de dieux. » (Homo deus, p. 113)

Or la science, comme l’agriculture, a elle aussi provoqué ou créé une forme de « religion » : la religion humaniste qui prend l’homme pour Dieu et se divise en différentes idéologies (libéralisme, communisme, nazisme, par exemple).

Dans ce cadre de pensée, l’agriculture devient industrielle et se soucie moins encore du bien-être animal. Ce n’est que très récemment que les critiques se sont faites jour. Désormais, une part de l’humanité s’inquiète des outrages faits aux « espèces inférieures ».

Mais n’est-ce pas, quelque part, parce qu’elle a peur d’en devenir une face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle ?

Chapitre 3 — L’étincelle humaine

L’homme a-t-il une âme ? C’est le premier principe des religions monothéistes : Dieu a donné à l’homme — et à lui seul — une âme éternelle. Mais la recherche scientifique explore une autre réalité. De plus en plus, les scientifiques en viennent à penser que l’homme — pas plus que les animaux — n’est doté d’une telle substance immatérielle et éternelle.

Qui a peur de Charles Darwin ?

C’est la raison principale pour laquelle la théorie de l’évolution a beaucoup de mal à être acceptée dans les pays où la religion joue un rôle majeur, et notamment aux États-Unis.

En effet, la théorie darwinienne pose que l’individu humain (comme les êtres des autres espèces) est la résultante d’une histoire et qu’il se compose de petites parties qui ont évolué très lentement au cours du temps.

Or l’âme ne connaît pas l’évolution : elle existe depuis toujours ou n’existe pas. Par ailleurs, elle ne peut être composée, puisque par nature elle est indivisible. Et si elle est apparue un beau jour chez un bébé, quid de ses parents ? Étaient-ils, eux, sans âme ?

Non, décidément, théorie de l’évolution et âme ne font pas bon ménage. C’est pourquoi beaucoup de religieux la rejettent.

Pourquoi la Bourse n’a pas de conscience

Faute d’âme, l’homme aurait-il au moins une conscience (ou un esprit) ? La conscience est le flux de pensées, d’émotions et de sensations qui nous emporte et que nous reconnaissons spontanément comme étant « nous » ou « je ».

Et les animaux, sont-ils conscients ? René Descartes, le célèbre philosophe français du XVIIe siècle, ne le pensait pas. Pour lui, seul l’homme est conscient. Les animaux, eux, ne sont que des machines qui répondent à des stimulus.

Problème : aujourd’hui, la science n’arrive pas vraiment à expliquer la conscience humaine et se perd dans des conjectures hasardeuses.

L’équation de la vie

En fait, les neurosciences nous expliquent les sensations, les émotions et les pensées par de multiples influx nerveux dans les neurones. Ce faisant, ils nous aident certes à comprendre le fonctionnement du cerveau, mais pas vraiment la présence de la conscience.

Pour le dire autrement : tout se passe comme si l’explication mécanique du fonctionnement cérébral rendait superflue l’existence de la conscience.

D’où la question de Y. N. Harari : à quoi bon l’esprit ? Ou plutôt : pourquoi avons-nous des expériences subjectives telles que la faim, la colère ou la joie, si aucun algorithme connu n’en a besoin pour réaliser des actions ou prendre des décisions ?

Et pourtant, impossible de le nier : si vous marchez sur un clou, « vous » avez « mal » - bref, vous le ressentez comme un événement qui vous arrive et vous touche personnellement. Obstinée conscience.

Et si les sciences de la vie, et les neurosciences en particulier, s’y prenaient mal ? Si la métaphore de l’organisme ou du cerveau comme « algorithme » n’était pas pertinente ?

La vie déprimante des rats de laboratoire

Les philosophes, mathématiciens et scientifiques ont créé des tests cherchant à démontrer que tel ou tel être possède une conscience. Le plus connu est sans doute le test de Turing, développé par Alan Turing en 1950.

Nous pouvons élaborer des tests semblables et les faire passer à des animaux. Certains d’entre eux démontrent un certain niveau de conscience. Cette approche contredit celle des biologistes sceptiques pour lesquels ils ne sont que des machines algorithmiques.

C’est pourtant une approche implicitement reconnue par les tests réalisés dans les laboratoires pharmaceutiques, qui font régulièrement l’hypothèse que les animaux éprouvent les mêmes sensations et émotions que les humains.

De fait, le rat, par exemple, est régulièrement employé comme « modèle » dans la conception de médicaments psychotropes, comme ceux qui visent à atténuer la dépression en la remplaçant par un sentiment de joie.

Le chimpanzé conscient de lui-même

Certes, vous pouvez accepter le fait que certains animaux puissent avoir une conscience, mais êtes-vous prêt à admettre qu’ils ont une conscience d’eux-mêmes ? Savent-ils qui ils sont ?

Il pourrait exister différents niveaux de conscience de soi, depuis la simple reconnaissance fugace que « je » suis une entité singulière, différente d’autrui, jusqu’à l’idée d’un soi durable, ayant un passé et un avenir.

Prenons un exemple. Santino est un chimpanzé du zoo de Furuvik, en Suède. Celui-ci commença par lancer des pierres à ses visiteurs. Comme ceux-ci commencèrent à se méfier, le singe choisit de cacher les projectiles qu’il trouvait. Lorsqu’un visiteur arrivait plus tranquille (ne voyant pas de danger alentour), Santino dégainait et frappait.

Certes, les sceptiques peuvent toujours dire que Santino ne sait pas vraiment ce qu’il fait. Il est mû par des algorithmes non conscients. Mais on peut l’interpréter autrement : Santino se souvient et sait tirer des leçons des expériences passées. Il sait jouer et duper son monde.

Et vous, que pensez-vous de ce comportement ? Penchez-vous plutôt pour l’une ou pour l’autre interprétation ?

Le cheval Hans le Malin

Ce cheval célèbre de l’Allemagne des années 1900 éblouit les citoyens par ses connaissances supposées de la langue allemande et des mathématiques. On lui posait des questions (« Combien font quatre fois trois ? », par exemple) et il répondait correctement en tapant du sabot !

Mais qu’en est-il ? En fait, des recherches ont montré que Hans répondait aux émotions et au langage corporel qu’il sollicitait chez les humains qui l’interrogeaient. Lorsqu’il approchait du nombre 12, par exemple, il sentait la tension chez son interlocuteur et s’arrêtait quand il voyait la joie exploser !

Cet animal manifestait donc peu de génie en matière de mathématiques ou d’allemand, mais il possédait bel et bien une intelligence émotionnelle fascinante.

Certes, mais aucun animal n’est capable de construire des outils et des techniques aussi développés que les nôtres. Oui, c’est vrai. Mais en fait, ni l’intelligence ni la construction d’outils n’expliquent de façon satisfaisante la domination d’Homo sapiens.

Pour Y. N. Harari :

« Le facteur crucial de notre conquête du monde a plutôt été notre capacité à relier de nombreux humains les uns aux autres. Si, de nos jours, les humains dominent sans concurrence la planète, ce n’est pas que l’individu humain soit plus malin et agile de ses dix doigts que le chimpanzé ou le loup, mais parce qu’Homo sapiens est la seule espèce sur terre capable de coopérer en masse et en souplesse. » (Homo deus, p. 149)

C’est la thèse principale développée dans Homo sapiens, le premier livre à succès de l’auteur.

Vive la Révolution !

Les révolutions de l’histoire démontrent ce point. À chaque fois, à Rome comme à Moscou, la victoire fut acquise grâce aux capacités de coopération.

Pareil à Bucarest, lorsque Ceausescu fut renversé. Ce ne fut pas véritablement la foule, mais quelques hommes et femmes bien organisés qui récupérèrent les tensions à leur avantage pour proposer une autre forme de régime.

Et cette histoire se répéta en Égypte, en 2011, avec les Frères musulmans.

Par-delà le sexe et la violence

La guerre et l’amour sont des moyens efficaces de collaborer, mais à petite échelle. À grande échelle, les êtres ne coopèrent pas de la même manière. La menace et la promesse y fonctionnent beaucoup mieux. Ou, pour le dire encore avec Y. N. Harari :

« Toute coopération humaine à grande échelle repose en définitive sur la croyance en un ordre imaginaire : un ensemble de règles que nous croyons aussi réelles et inviolables que la gravité, même si elles n’existent que dans notre imagination. » (Homo deus, p. 160-161)

C’est ainsi que fonctionnent les menaces et les promesses. Elles créent un ordre imaginaire, des histoires auxquelles croire et des règles à suivre. À partir du moment où quelqu’un vous croit, vous pouvez prédire son comportement.

Des « marqueurs visuels de reconnaissance » (un turban, un costume-cravate, etc.) aident en général à reconnaître ceux qui croient aux mêmes histoires, ceux qui sont tenus par les mêmes menaces et les mêmes promesses.

La toile du sens

Cet ordre imaginaire forme une réalité intersubjective qui n’est ni :

La réalité objective, c’est-à-dire l’existence indépendante de choses et de lois, comme la loi de la gravité ;

La réalité subjective, c’est-à-dire l’existence de choses qui dépendent de nos sentiments et de nos ressentis individuels (avoir mal à la tête, par exemple).

Pourtant, il existe des entités intersubjectives qui sont créées par la communication et la coopération des humains. Nous en sommes littéralement entourés :

L’argent ;

Les États ;

Les divinités ;

Nos valeurs ;

Les lois ;

Les entreprises ;

Etc.

Toutes ces entités intersubjectives constituent une « toile de sens » dans laquelle nous sommes plongés depuis notre plus tendre enfance. Et nous y croyons « dur comme fer ». Étudier l’histoire, c’est étudier le façonnage et l’effilochage de ces toiles de sens.

Et de fait, certains ordres imaginaires nous paraissent aujourd’hui complètement obsolètes, au point que nous nous demandons comment d’autres humains ont pu « croire » à de telles choses.

Serait-il possible que, d’ici quelques années, nos manières de vivre et de mourir paraissent incompréhensibles ou absurdes aux yeux de nos descendants ?

Âge d’or

L’imagination — qui est intrinsèquement liée, nous venons de le voir, à la coopération — est donc la force qui a séparé les humains des animaux. Grâce aux entités intersubjectives que nous avons créées, nous sommes devenus plus puissants qu’aucun autre être sur terre.

Les sciences de la vie considèrent que les individus et l’histoire peuvent se réduire au jeu des gènes, des neurones et des hormones. Mais cette explication « objective » est insuffisante ou, au minimum, loin d’être acquise.

En revanche, on observe déjà comment les réalités intersubjectives influencent la réalité objective et la transforment. Ou pourraient la transformer :

Ingénierie climatique soutenue par des intérêts économiques et politiques ;

Modelage de l’ADN en fonction de nos aspirations à la santé et au bonheur ;

Fusion du monde numérique et des paysages (la réalité augmentée) ;

Etc.

D’où un appel insistant de l’auteur : nous ne devons pas simplement déchiffrer les neurones, les gènes et les hormones, mais aussi « les fictions qui donnent sens au monde ». Autrement dit, nous devons faire de l’histoire !

Deuxième partie — Homo sapiens donne sens au monde

Chapitre 4 — Les conteurs

De l’âge de la pierre jusqu’à l’Égypte antique, les réalités intersubjectives sont devenues de plus en plus puissantes.

Par exemple, les esprits vénérés par les chasseurs-cueilleurs étaient faibles, tandis que les pharaons — dieux vivants — et autres dieux du peuple égyptien étaient capables de construire des pyramides, des canaux et des villes.

Cette histoire passe par Sumer. En fait, les paysans sumériens firent deux inventions capitales — deux sœurs : l’argent et l’écriture — qui donnèrent naissance à la bureaucratie. Grâce à cette nouvelle forme de coordination, les dieux égyptiens purent faire agir un nombre bien plus grand d’êtres humains en vue d’un même but.

Il pourrait vous sembler étrange d’entendre les Égyptiens antiques vous dire que « Pharaon » ou le dieu « Sobek » a construit la pyramide ou creusé un lac.

Pourtant, pensez-y : aujourd’hui, nous disons également sans problème que Google a conçu une voiture autonome ou que l’État français a bâti un pont ou une autoroute. C’est exactement la même logique. Ce sont les milliers de gens mus par une croyance (en Pharaon ou en Google) qui ont effectivement construit ces choses extraordinaires.

Vivre sur papier

La croyance en l’écriture — ou en ce qui est écrit sur le papier — est très puissante. L’écrit fige les histoires que nous racontons. Nous en venons parfois à donner plus de poids à un bout de papier qu’à ce que nous observons de visu.

La confiance et le respect que nous inspire le papier peuvent sauver ou détruire.

Elle a pu sauver des Juifs de la terreur nazie, comme le montre l’histoire des visas délivrés par le consul Aristides de Sousa Mendes.

À l’inverse, elle a tué des dizaines de millions de Chinois, morts de la famine parce que le gouvernement central avait donné foi à des rapports complètement fictifs, truqués par les instances inférieures du Parti.

« Si l’écrit fut sans doute conçu comme un modeste moyen de décrire la réalité, il devint peu à peu un instrument puissant pour la remodeler. Quand les rapports officiels se heurtaient à la réalité objective, c’était souvent la réalité qui devait céder. » (Homo deus, p. 185)

Saintes Écritures

Les frontières sont un cas flagrant de modelage de la réalité par l’écrit. Les frontières — prenons le cas de l’Afrique — y ont été tracées de manière arbitraire, sans prendre en compte l’existence de fleuves ou de groupes ethniques. Ce sont des bureaucrates européens qui, sans avoir été sur le terrain, ont découpé abstraitement le territoire.

Prenons le système éducatif. Les notes qui évaluent les élèves sont de pures conventions sociales. Pourtant, n’affectent-elles pas durablement la réalité objective, ainsi que la réalité subjective des êtres qui les reçoivent ?

Autre exemple : les Écritures (Torah, Bible, Coran, Védas, etc.). Elles prétendent décrire la réalité et devenir la référence pour ceux qui veulent connaître le monde. Bien des savants s’y réfèrent et jouent sans cesse à maintenir le lien entre réalité et fiction.

En fait, les organisations maintiennent leur puissance par leur « capacité d’imposer leurs croyances fictives à une réalité docile » (p. 189).

Mais ça marche !

Souvent, nous avons tendance à croire que le tissu de sens — l’ordre imaginaire — dans lequel nous vivons vaut mieux que celui du voisin ou du passé. Mais est-ce le cas ? En fait, comme nous sommes pris dans cet ordre, nous le jugeons avec ses propres critères (par exemple, la productivité).

Juger des époques passées ou d’autres cultures est donc plus périlleux qu’on ne le croit souvent. Et c’est pareil lorsque nous tentons d’évaluer notre propre société.

Pour se donner une mesure de l’état présent, la proposition de l’auteur consiste à regarder les choses depuis la perspective d’une entité réelle et à se poser la question de sa souffrance. Une entité intersubjective ne souffre pas : Google ou Zeus ne ressentent rien si vous brûlez les locaux où ils résident (temple ou maison-mère). En revanche, les personnes qui sont impliquées dans les réalités intersubjectives, elles, souffrent.

Le danger consiste à se laisser prendre par des buts dictés par ces histoires (servir l’État et partir à la guerre, par exemple) ; nous risquons alors fort bien de souffrir. C’est pourquoi il importe de garder les histoires que nous créons sous contrôle. Les bonnes histoires (les bons ordres imaginaires) sont celles qui nous servent et nous évitent de souffrir.

Chapitre 5 — Le couple dépareillé

La science pourrait apparaître, à première vue, comme un antidote « objectif » au pouvoir des fictions telles que Dieu ou la Nation, du moins lorsque celles-ci deviennent nocives pour les êtres bien réels, souffrants, que nous sommes.

Mais si la science est bel et bien autre chose qu’une fiction, et qu’elle peut parfois aider, cela ne signifie pas pour autant qu’elle change complètement les règles du jeu. En fait, certains mythes se trouvent renforcés par la science, et la frontière entre fiction et réalité se brouille de plus en plus.

Cela implique de poser une question épineuse : « Quel lien la science moderne entretient-elle avec la religion ? »

Germes et démons

La religion n’est pas d’abord affaire de « surnaturel », ni même de croyances puisque chaque croyant pense être dans le « vrai ». Pour Y. N. Harari, la religion, c’est :

« Un récit qui englobe tout, conférant une légitimité surhumaine aux lois, normes et valeurs humaines. Elle légitime les structures sociales humaines en affirmant qu’elles reflètent des lois surhumaines. » (Homo deus, p. 200)

Sous ce rapport, le marxisme et le libéralisme sont des religions, tout comme l’hindouisme ou le judaïsme. Les religions promettent aussi des récompenses (des promesses) et châtiments (des menaces). La catastrophe aura lieu si le fidèle ne suit pas les lois qui lui sont dictées d’ailleurs (de Dieu, de la Nature, etc.).

Si tu rencontres le Bouddha

Mais la religion, n’est-ce pas plutôt un cheminement spirituel ? Il ne faut pas confondre religion et spiritualité. Contrairement à cette dernière, la religion donne une explication totale du monde et nous « offre un contrat bien défini ». Nous savons ce qu’il y a à faire. Il y a un dogme.

La spiritualité relève plutôt du voyage incertain. Elle est donc une menace pour les religions. Toutefois, les rebelles qui réussissent font souvent de nouvelles religions (pensez à Luther et au protestantisme). Idem pour Jésus et Bouddha.

Contrefaire Dieu

Revenons aux relations entre science et religion. La science a-t-elle mis fin aux religions, en remplaçant les dogmes par les faits ? Pas du tout. Certes, certains dogmes sont tombés en désuétude, mais d’autres ont été renforcés par les faits scientifiques.

Par ailleurs, la science ne peut répondre à toutes les questions, et notamment les questions morales. Ici, la religion et l’idéologie peuvent servir.

Mais alors, la science doit-elle se contenter des faits, et la religion des valeurs ? Pas si sûr. En fait, chaque religion s’appuie non seulement sur des jugements éthiques, mais aussi sur des énoncés factuels et sur une combinaison particulière des deux (formulée sous forme de directive pratique).

Or, si la science n’a pas grand-chose à dire sur les jugements éthiques, elle peut intervenir au sujet des énoncés factuels. Prenons le cas de l’avortement.

Le jugement éthique est « la vie humaine est sacrée ».

L’énoncé factuel : « la vie humaine commence dès la conception ».

De là découle une directive pratique : « Il ne faut jamais autoriser l’avortement, pas même un jour après la conception ».

Les scientifiques peuvent ne pas être d’accord concernant le jugement éthique, mais la partie qu’ils peuvent vraiment réfuter, c’est l’énoncé factuel. En effet, ils peuvent étudier précisément l’embryogenèse et tenter de définir un seuil à partir de critères objectifs.

Dogme sacré

Difficile de séparer religion et science, jugement éthique et énoncés factuels. Les uns cachent souvent les autres. En tout cas, pour Y. N. Harari, une chose semble certaine : il est impossible de se passer des mythes, religions, idéologies pour garantir la stabilité de l’édifice social.

La chasse aux sorcières

Il faut également noter que la science est apparue en Europe au XVIIe siècle, alors que régnait un fanatisme acharné (chrétiens contre musulmans, catholiques contre protestants, inquisition et chasse aux sorcières). Comment se fait-il que l’une n’ait pas vaincu l’autre ?

En fait, si les individus — prêtres et chercheurs — s’intéressent à la vérité, les institutions collectives de la religion et de la science cherchent plutôt à acquérir le pouvoir et à maintenir l’ordre. Elles peuvent donc s’entendre et collaborer.

Et c’est ce qui s’est produit. Les deux organisations ont fait « un deal », une sorte de compromis : celui de l’humanisme, qui triompha à l’époque moderne. Mais ce marché a-t-il encore de longs jours devant lui ?

Chapitre 6 — L’alliance moderne

Avant la naissance de la modernité et de l’humanisme, les hommes pensaient qu’ils faisaient partie d’un grand dessein divin. Tout avait un sens. Après le XVIIe siècle, les choses changent. Le deal change.

Désormais, le monde n’a plus de sens et l’humain n’a plus de place prédéterminée dans le cosmos. Par contre, il a maintenant le pouvoir de tout changer. Dans un univers sans sens, absurde, l’homme a le pouvoir de se créer lui-même.

Problème : cela génère une grande angoisse.

Pourquoi les banquiers sont différents des vampires

Avant la modernité, science et économie stagnaient. Pourquoi ? Parce qu’il était difficile de lever des fonds, bref, d’avoir un crédit. Les gens ne se faisaient pas confiance et n’avaient pas confiance en l’avenir ; en conséquence, ils ne prêtaient pas et la recherche ne pouvait avancer.

Depuis, les choses ont changé. Science et économie vont main dans la main, grâce au crédit notamment. Tout devient « opportunité ». Les modernes regardent l’avenir avec confiance. Et c’est un cercle qui s’autoentretient :

Plus de réussites économiques ;

Davantage de confiance en l’avenir ;

Des crédits qui se développent, avec des taux d’intérêt plus faibles ;

Les entrepreneurs peuvent trouver des fonds plus facilement ;

L’économie croît ;

La science progresse.

C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la croissance. Nous produisons plus, toujours plus. Et cela semble — sur le papier — inarrêtable. Mais qu’en est-il exactement ?

Le gâteau miracle

Alors qu’avant, nous pensions que la production et la consommation étaient à l’équilibre, nous pensons aujourd’hui dur comme fer que la production et la consommation s’entretiennent l’une l’autre dans un cycle de croissance sans fin.

C’est l’un des dogmes fondamentaux de l’époque moderne : la croissance (« produire plus » pour résoudre les problèmes) est vitale. Mais pourquoi donc ? Trois raisons sont invoquées par les économistes et les politiciens.

Parce que l’augmentation de la production augmente la production de la consommation et que cela nous rend « heureux ».

Car l’espèce humaine croît et que nous avons donc besoin de plus pour satisfaire tout le monde.

Parce qu’il faut vaincre la pauvreté en donnant plus à ceux et celles qui ont moins.

La croissance, c’est en quelque sorte le paradis sur terre de bien des idéologues modernes. De la Chine aux États-Unis, en passant par le Japon et la Turquie, tous les États du monde chantent désormais les louanges du progrès scientifique et du développement économique.

Face à ce crédo, tous les autres objectifs, les autres valeurs aussi, deviennent futiles. Et comme le capitalisme apparaît aujourd’hui comme l’instrument privilégié de la croissance (depuis que le communisme a perdu), il faut donc lui faire place nette, quoi qu’il en coûte.

Attention, l’auteur n’en reconnaît pas moins au capitalisme d’avoir joué un rôle important et positif. Il a diminué la violence humaine, accru la coopération. L’idée selon laquelle chacun sert ses intérêts et repart gagnant (le principe du gagnant-gagnant) est plus efficace, dit-il, que le crédo chrétien « aime ton prochain ».

En fait, le capitalisme n’est rien de moins qu’une puissante religion.

Le syndrome de l’arche

Pour tourner indéfiniment, pour croître sans cesse, le capitalisme a besoin de ressources infinies. Au départ, les Européens colonisèrent de nouvelles terres pour s’approprier de nouvelles ressources. Mais le nombre de territoires est limité et les ressources qu’elle génère — énergie et matières premières — aussi.

En revanche, il y a une troisième ressource qui permet de rendre les deux autres inépuisables : c’est la connaissance. Celle-ci est elle-même sans limites, puisque vous pouvez sans cesse avoir de nouvelles idées. Et ces idées, vous pouvez les utiliser pour découvrir de nouvelles matières premières et de nouvelles formes d’énergie.

Une seule ombre au tableau, et de taille : l’effondrement écologique. Le « toujours plus » prend place dans une biosphère fragile avec laquelle nous jouons dangereusement.

Mais la religion de la croissance ne peut entendre ce contre-argument : poussée par le « plus », elle voudra créer « de mondes virtuels et des sanctuaires high-tech » dans un monde en ruine.

Il est difficile de maintenir le crédo de la croissance tout en cherchant à éviter la catastrophe écologiste. Par exemple : doit-on attendre une invention miracle pour éviter les conséquences du changement climatique ?

Et si les riches construisent une arche high-tech pour se sauver eux, et eux seuls ? Pourquoi les pauvres ne se rebellent-ils pas ? Eh bien, parce qu’ils profitent de la croissance économique et que le problème écologique paraît encore loin.

Foire d’empoigne

La croissance : tel est le crédo suprême du deal moderne. Les communistes et les capitalistes la tiennent pour vraie et désirable. Toutefois, les capitalistes s’y sont pris différemment des communistes, qui voulaient ordonner et planifier le changement.

À la différence des communistes, en effet, les capitalistes ont prôné une philosophie du « toujours plus » débridée, où chacun pouvait rechercher son intérêt immédiat de façon avare et totalement libre. De toute façon, dit le capitaliste, la « main invisible » du marché va tout réguler d’elle-même.

Bien sûr, on pourrait critiquer le capitalisme et sa philosophie mesquine. Mais l’auteur rappelle encore une fois ce que le capitalisme nous a apporté (diminution de la faim, des épidémies et des guerres).

Par ailleurs, la philosophie du « chacun pour soi » du capitalisme a elle-même été contrebalancée par un autre élément dont nous avons déjà parlé, mais qu’il faut maintenant continuer d’éclairer : l’humanisme.

Chapitre 7 — La révolution humaniste

« Le deal moderne nous offre le pouvoir à condition que nous renoncions à notre croyance en un grand plan cosmique qui donne sens à la vie. Quand vous examinez ce marché de près, vous découvrez une clause dérogatoire astucieuse : si les hommes parviennent tant bien que mal à trouver un sens sans le fonder sur quelque grand plan cosmique, cela ne vaut pas rupture de contrat. » (Homo deus, p. 243)

C’est cela, l’humanisme : un projet politique et culturel qui ne repose pas sur un grand plan cosmique. Aucun Dieu ne nous dit plus quoi faire, pourtant nos vies conservent un sens, et même mieux, un ordre social (plutôt plus pacifique que celui qui repose sur Dieu) est conservé. Comment cela se fait-il ?

Introspection

Avec l’humanisme, l’homme n’attend plus du cosmos un sens « tout fait », comme c’était le cas chez les stoïciens par exemple. Il veut au contraire que la vie humaine donne du sens à l’univers tout entier. « Créer du sens » : voilà le premier commandement de l’humanisme.

Il a fallu beaucoup de travail de bien des professions — artistes, intellectuels, politiciens notamment — pour changer la position du curseur. Pendant plusieurs décennies, sinon siècles, il a fallu convaincre que le libre arbitre humain était source de sens et d’autorité, et non Dieu (ou le Cosmos) lui-même.

Désormais, l’introspection — savoir ce qui est bien ou mal pour soi et se laisser guider par cela — est devenue l’ultime boussole. Plutôt que de se référer aux Saintes Écritures, les humanistes en appelleront aux sentiments humains.

Il en va ainsi des questions d’ordre privé, mais aussi d’ordre public. C’est dans le silence des isoloirs que se passent les élections démocratiques.

Pareil pour l’art : désormais, c’est la sensibilité et l’intelligence de l’artiste qui donne sens à l’œuvre, et non sa conformité à des ordres venus d’en haut.

Idem pour l’économie : aujourd’hui, c’est la loi de l’offre et de la demande, autrement dit le choix individuel du client, qui est « roi ».

Ainsi que pour l’éducation, bien sûr : enseigner à penser par soi-même est le but de l’enseignement moderne.

Enfin, aujourd’hui, croire en Dieu relève d’un choix personnel, preuve, s’il en est, que l’on fait davantage confiance en sa voix intérieure qu’aux témoignages directs de la Divinité extérieure.

Le monde intérieur est ainsi devenu très riche (en témoigne le développement de la littérature) à mesure que le monde extérieur devenait pauvre, simple ressource et sans sens propre, c’est-à-dire absurde. Les êtres et les lieux qui peuplaient le monde extérieur (esprits, enfers, etc.) sont désormais des lieux et des états intérieurs.

Suis la route de brique jaune

Quelle est la méthode à suivre pour être un bon humaniste, c’est-à-dire obtenir un savoir (une sagesse) authentique qui donne sens et autorité ?

Voici la formule :

« Savoir = Expériences x Sensibilité » (Homo deus, p. 260)

Qu’est-ce que cela signifie ? Pensez-y un instant. Pour devenir plus sage (acquérir un savoir sur vous-même), vous devez apprendre à vous ouvrir aux expériences qui vous arrivent et apprendre à voir, grâce à votre sensibilité, ce qu’elles vous font, comment elles vous changent. C’est ainsi que l’on peut développer pleinement son potentiel et devenir plus sage.

Le monde moderne est ainsi : composé de l’alliance entre la science et l’humanisme, la raison et l’émotion, le fait et la valeur.

La vérité sur la guerre

L’humanisme ne met plus en avant les grandes victoires militaires, les justifications divines et les grandes stratégies d’attaque ou de défense.

Ce qui intéresse les artistes et tous ceux qui parlent de la guerre, c’est la souffrance, ce sont les émotions ressenties, les effets profonds sur les psychismes et les corps des personnes.

Le schisme humaniste

Selon Y. N. Harari, l’humanisme a connu le même sort que les autres religions : il s’est scindé en branches très différentes, pour ne pas dire opposées. Lesquelles ? Il en compte 3 :

Branche orthodoxe et première, dite « humanisme libéral » ou simplement « libéralisme » : chaque être humain est unique, singulier, et doit jouir d’une entière liberté pour suivre son cheminement propre.

L’humanisme « socialiste », qui cherche à supprimer l’aliénation et l’exploitation des autres hommes en créant des institutions collectives.

L’humanisme « évolutionniste » qui considère que la loi du plus apte et du plus fort guide proprement la destinée humaine.

Ces différentes formes d’humanisme fusionnèrent aussi avec le nationalisme pour créer des « sentiments nationaux » censés diriger les États.

Les guerres de religion humanistes

Au XXe siècle, les « guerres de religion humanistes » ont explosé. Les libéraux se sont retrouvés pris en tenaille à gauche comme à droite. Les deux guerres mondiales et la guerre froide sont des guerres de religion humanistes.

Le libéralisme était sans concurrent véritable au cours du XVIIIe siècle (siècle de son apparition) et du XIXe siècle. Mais au XXe siècle, les choses changèrent. La droite conservatrice (les humanistes évolutionnistes) donna naissance au nazisme et au fascisme bien sûr, puis à de nombreux régimes autoritaires. Quant à l’humanisme socialiste, il donna lieu au communisme et à l’Empire soviétique.

Ce fut finalement le libéralisme qui gagna et qui imposa partout où c’était possible le « package libéral », qui comprend :

Individualisme ;

Droits de l’homme ;

Démocratie ;

Marché libre.

La fin de la guerre froide donna l’impulsion décisive à cette nouvelle progression fulgurante de l’humanisme libéral. Et il faut dire qu’en ce début de XXIe siècle, il est sans opposant sérieux. Mais est-ce si sûr ?

Électricité, génétique et islam radical

Recensons les opposants.

Des contestataires occidentaux existent, mais font assez pâle figure encore.

La Chine est plus imposante et menaçante, mais elle n’a pas vraiment de solution idéologique de rechange.

L’islam radical et autres fanatismes religieux (juif, chrétien, hindou) existent et font parfois trembler les foules, mais n’ont rien à dire de vraiment pertinent sur le monde d’aujourd’hui et les défis technologiques à venir.

Retenez aussi que le nombre ne compte pas. Seuls les protagonistes les mieux organisés changent les choses. Or, il se trouve que les chercheurs, ingénieurs, bailleurs de fonds et autres politiciens qui s’occupent de faire avancer les progrès des biotechnologies et du numérique sont peu nombreux, mais savent très bien se coordonner.

Or ceux-ci, aujourd’hui libéraux, pourraient bien constituer la véritable menace qui pèse sur l’humanisme libéral. En souhaitant maximiser la durée de vie, le bonheur et le pouvoir des êtres humains, ces groupes d’hommes et de femmes bien organisés pourraient bien nous faire passer de l’humanisme au post-humanisme.

Troisième partie — Homo sapiens perd le contrôle

Chapitre 8 — La bombe à retardement au laboratoire

Les sciences modernes ont flanqué un sacré coup au libéralisme, et pourtant les conséquences n’en ont pas encore été tirées. En fait, la théorie de l’évolution, les chercheurs en génétique et les spécialistes du cerveau nous expliquent que nos comportements sont le fruit de processus déterministes ou aléatoires, au mieux probabilistes (c’est-à-dire un mélange des deux autres).

Or dans ce cas, un constat s’impose : pas de « libre-arbitre » individuel là-dedans. En d’autres termes, le concept de liberté, qui fonde le libéralisme, est vide. Ou plutôt : il n’existe que dans l’imaginaire de ceux qui l’ont inventé ou qui le prennent pour une vérité.

Cela a des conséquences bien pratiques :

« Si les organismes sont effectivement dépourvus de libre arbitre, cela implique qu’il est possible de manipuler et même de dominer leurs désirs par des drogues, le génie génétique ou une stimulation cérébrale directe. » (Homo deus, p. 308)

Qui suis-je ?

Les sciences ne s’arrêtent pas à la liberté. L’idée d’individu elle-même — c’est-à-dire d’un « soi », unique et indivisible — est remise en question, voire discréditée.

Au minimum, comme le montre Y. N. Harari à partir de recherches en neurosciences et en économie comportementale, le moi est coupé en deux parties relativement indépendantes l’une de l’autre.

Selon Daniel Kahneman, économiste et psychologue, prix Nobel d’économie, notre « moi » serait divisé en :

Un moi expérimentateur, qui vit dans l’instant, mais ne se rappelle pas grand-chose ;

Un moi narrateur, qui (se) raconte des histoires pour donner sens à la vie et se souvenir.

Le sens de la vie

Nous donnons un sens à la vie en faisant appel à la narration. Pour éviter de penser que le monde est absurde, ou que nous faisons les choses en vain, ou encore que nous avons commis une erreur, nous (nous) justifions.

Notre moi narrateur (ou toute autre institution qui veut créer du sens, comme l’État par exemple) va construire un récit au sein duquel la souffrance, l’échec et la peur servent une finalité plus haute et plus glorieuse.

En d’autres termes, le moi est un ordre imaginaire comme le sont les dieux, les nations et l’argent. Chaque individu ne garde des expériences qu’il a vécues que quelques bribes, qui m’aident à donner un sens et à me donner autorité (savoir qui je dois aimer et haïr, etc.).

Malgré les considérations philosophiques et les recherches scientifiques qui vont à l’encontre des thèses fondatrices de l’individualisme libéral, celui-ci tient encore debout.

Mais qu’en sera-t-il lorsque des technologies concrètes utiliseront ces savoirs pour téléguider nos désirs et nos choix bien plus efficacement ? « La démocratie, le marché et les droits de l’homme y survivront-ils ? »

Chapitre 9 — Le grand découplage

Y. N. Harari fait un rapprochement assez osé : selon lui, l’individualisme libéral (chaque homme compte et est capable de décider par lui-même ce qui est le mieux pour lui) est historiquement indissociable de la circonscription militaire et de l’enrôlement desdits individus dans les nouvelles usines.

Selon lui, l’armée et le travail de l’ère industrielle, tels qu’ils apparaissent au tournant de la Révolution française, ont besoin (ou du moins trouvent plus utile) de considérer que les gens sont uniques et libres. Cela accroît leur motivation et leur esprit d’initiative pour prendre part aux efforts nationaux.

Mais qu’en sera-t-il demain ? La liberté individuelle sera-t-elle encore requise pour faire tourner la machine militaire et économique ?

Il semble qu’il soit progressivement possible de s’en passer :

Pour la guerre, des drones, des ordinateurs et quelques élites de guerriers super-entraînés semblent d’ores et déjà suffire plus ou moins ;

En ce qui concerne l’économie, les robots et imprimantes 3D remplacent déjà beaucoup de travailleurs, tandis que l’intelligence artificielle réalise elle aussi des tâches complexes sans en avoir conscience et sans avoir besoin de l’aide d’un grand nombre d’humains (seuls quelques experts sont requis).

L’auteur voit large : commerciaux, avocats, enseignants, médecins, etc. Toutes les professions, même celles que nous croyons encore les plus à l’abri, pourraient se voir transformées en profondeur par l’apparition des algorithmes de l’intelligence artificielle.

La classe inutile

Fondamentalement, ce n’est pas un problème nouveau en soi. D’agriculteurs, nous sommes devenus ouvriers, puis employés dans des entreprises de service. Le secteur tertiaire (les services) s’est progressivement étendu, au détriment des secteurs primaire (agriculture) et secondaire (industrie).

Mais l’intelligence artificielle change la donne, puisqu’elle se place non plus sur le terrain de jeu des capacités physiques (comme la mécanisation industrielle « traditionnelle »), mais sur celui des capacités cognitives, que nous pensions réservées à l’humain.

« Tandis que les algorithmes chassent les hommes du marché du travail, la richesse pourrait bien se concentrer entre les mains de la minuscule élite qui possède les algorithmes tout-puissants, ce qui créerait une inégalité sociale et politique sans précédent. » (Homo deus, p. 347)

Il sera de plus en plus difficile de créer des emplois qui peuvent être mieux réalisés par des hommes que par des machines. Et cela impliquera aussi que les êtres humains qui auront perdu leur travail, devront se réinventer plus souvent et, à chaque fois, en suivant des exigences plus fortes.

Une probabilité à 87 %

Jusqu’à la fin du XXe siècle, il était raisonnable de penser, selon le crédo libéral-individualiste, que « personne ne se connaît mieux que soi-même ». Mais aujourd’hui, les algorithmes informatiques commencent à nous connaître fichtrement bien, eux aussi !

Les capteurs de pas (pour les marcheurs) ou de niveau de sucre (pour les diabétiques) dont nous nous munissons, mais aussi nos recherches Google, tout comme — bien sûr — les likes, les posts et les stories que nous laissons sur Facebook, en disent beaucoup de nous.

Imaginez que tous ces dispositifs soient connectés les uns aux autres. L’algorithme qui en résulterait vous connaîtrait bien mieux que vous-même, car il n’aura plus besoin de se baser sur votre moi narrateur, mais simplement sur vos expériences.

De l’oracle au souverain

La prédiction de l’auteur est la suivante : les algorithmes informatiques pourraient bien passer d’oracles (qui devinent ce que nous sentons et pensons et répondent à nos questions) à souverains (qui ont autorité sur nous et nous disent que sentir et penser).

Bien sûr, ce n’est qu’une possibilité. Mais vers laquelle nous semblons bien être en chemin. Pourquoi ? Car les biologistes et les informaticiens font bon ménage : les premiers pensent que tout organisme est un algorithme, et les seconds s’appliquent à les perfectionner.

Surclasser l’inégalité

Serait-il possible que l’inégalité devienne véritablement biologique ? Les théories racistes le prétendaient déjà, mais c’était une illusion, un pur récit.

Qu’en serait-il si certaines personnalités particulièrement riches (par exemple, celles qui sont aux mains de Google et compagnie) se modifiaient génétiquement afin d’être plus forts et plus intelligents ? Ou si seules certaines élites améliorées étaient nécessaires pour diriger un pays ?

Chapitre 10 — L’océan de la conscience

C’est dans la Silicon Valley que se concoctent les nouvelles religions. Celles qui nous promettent l’immortalité, le bonheur et le pouvoir non plus dans l’au-delà, mais ici-bas.

Ouvrir l’esprit

Augmenter l’esprit humain, voilà l’un des objectifs de cette nouvelle religion, que l’auteur qualifie de « techno-humaniste ».

Mais que sait-on de l’esprit ? Peu de choses. Il peut exister des états mentaux que nous n’imaginons même pas chez les humains, mais aussi chez les êtres non humains.

Bref, la recherche sur l’esprit humain est une véritable expédition vers l’inconnu !

L’odeur de la peur

Homo sapiens a perdu certaines de ses capacités ou de ses pratiques psychiques au cours de l’évolution et des dernières décennies. Par exemple :

Nous ne sentons plus les odeurs (nous ne sentons plus du tout, par exemple celle de la peur) aussi bien que nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ;

Il nous est plus difficile de maintenir notre attention qu’auparavant ;

Nous ne considérons plus nos rêves comme des expériences importantes de nos vies ;

Il est aussi probable que nous tolérions à l’avenir de moins en moins le doute.

Le clou auquel l’univers est suspendu

Le techno-humaniste demeure, pour l’auteur, une « secte humaniste ». Elle vise à accomplir les idéaux humanistes une bonne fois pour toutes. Pour ce faire, la dernière étape consistera à contrôler nos désirs et notre volonté.

Grâce à des technologies idoines, les êtres humains pourraient peut-être changer à leur gré les désirs qui les dérangent et ainsi avoir une maîtrise totale de leur volonté.

Pourtant, c’est là où le techno-humanisme trouverait aussi sa limite. En « bon » humaniste, il ne pourra se résoudre à considérer que les techniques puissent ainsi modeler ce qui fait le cœur de la singularité humaine, la volonté.

Pour dépasser ce seuil, il faudrait qu’une nouvelle religion émerge, plus radicale encore. Celle-ci ne prendrait plus les désirs et les expériences humaines comme point central du sens et de l’autorité, mais les informations, les data.

Chapitre 11 — La religion des data

« Pour le dataïsme, l’univers consiste en flux de données (data), et sa contribution au traitement des données détermine la valeur de tout phénomène ou entité. » (Homo deus, p. 395)

Le dataïsme est né de la réunion de l’informatique et de la biologie. Qualifié au départ de théorie, il prend aujourd’hui la forme d’une religion, qui prétend donner du sens et avoir autorité sur nous.

Selon cette approche, tous les domaines de l’existence peuvent se comprendre à partir du traitement des données. Par exemple :

Les économistes peuvent considérer le capitalisme comme un système de traitement distribué et le communisme comme un système de traitement centralisé.

Les politologues peuvent voir dans la démocratie un système de traitement distribué et dans les dictatures un système de traitement centralisé.

Et c’est un des premiers avantages, au moins apparent, du dataïsme : il unifie les domaines de l’existence et les sciences qui en parlent. Désormais, un seul langage les réunit.

Où tout le pouvoir est-il passé ?

Restons un instant au niveau de la politique. Depuis le début du XXIe siècle, le développement technologique a pris une longueur d’avance.

Or la conséquence est fâcheuse. Désormais, tout se passe comme si les politiciens étaient débordés par les données et par les progrès techniques : ils ne savent plus où donner de la tête et se contentent de « gérer » vaille que vaille, sans élaborer de vision à long terme.

Même les élites les plus riches, dont certains complotistes se plaisent à croire qu’ils dirigent le monde, sont incapables de traiter assez efficacement le flux si complexe de toutes les données, et donc de diriger le monde de façon unique et cohérente.

Ce « vide du pouvoir » est provisoire. À coup sûr, de nouvelles institutions émergeront pour prendre la place des anciennes.

Abrégé d’histoire

Même l’histoire peut être interprétée en termes dataïstes. Les différentes époques sont alors perçues à partir de la capacité de leurs membres à traiter les données.

En suivant cette idée jusqu’au bout, nous découvrons que l’humanité est désormais devenue — avec la mondialisation — un seul et unique système de traitement de données qui ne cherche qu’à s’améliorer.

Comment s’appellera ce nouveau système ? L’Internet-de-tous-les-objets.

L’information veut être libre

Le dataïsme a pour crédo : « l’information doit circuler ». Pour ce faire, les dataïstes cherchent à se connecter toujours davantage à un plus grand nombre de médias et à consommer/produire toujours plus d’information.

Ils cherchent aussi à connecter tout ce qui peut l’être, y compris ceux et celles qui préféreraient ne rien avoir affaire avec eux. En somme, le dataïsme se dote d’une mission universaliste.

Toute l’information disponible dans chaque être doit pouvoir communiquer avec tous les autres êtres. L’information doit être libre de circuler d’un agent à l’autre (celui-ci jouant le rôle de relais, puce ou processeur, qu’il soit humain ou non humain).

Pour les dataïstes, laisser circuler librement l’information est nécessairement une bonne chose, tandis que la restreindre est mal.

Précisons par un exemple développé par Y. N. Harari.

Vous utilisez peu votre voiture. C’est cher pour vous et peu efficace pour la société. Pourquoi ne pas concevoir un parc de voitures autonomes qui iraient vous conduire à votre travail et qui viendraient vous rechercher ? Plus d’embouteillages, plus de frais inutiles. La seule condition ? Laisser le système accéder à vos horaires personnels.

Vous livrez votre intimité en échange de la tranquillité.

Enregistrer, télécharger, partager !

En un sens, nous y sommes déjà, ou plutôt, nous sommes déjà toutes et tous des dataïstes en puissance. Nous « processons » des milliers d’informations à la minute et nous voulons le faire encore plus vite. Lire un mail et y répondre efficacement : voilà sans doute l’un de vos objectifs dans la journée.

Le partage devient la règle. Il faut désormais se fondre dans le flux des données en partageant la moindre découverte, la moindre expérience de la journée.

Connais-toi toi-même

« Le dataïsme adopte une approche strictement fonctionnelle de l’humanité, évaluant les expériences humaines selon leur fonction dans les mécanismes de traitement des données. Si nous élaborons un algorithme qui remplit mieux la même fonction, les expériences humaines perdront de leur valeur. » (Homo deus, p. 418)

L’humanisme reposait sur l’idée que le sens et l’autorité viennent de l’intériorité de chaque individu, c’est-à-dire de la manière dont il expérimente le monde et interprète ces expériences. Le dataïsme place le sens et l’autorité dans les data : ce sont à elles de nous donner une direction et une claire distinction entre ce qui est bien et ce qui est mal.

Une fois (probablement dans un siècle ou deux, précise l’auteur) que le sens et l’autorité auront été complètement transférés dans le système globalisé de traitement des données — l’Internet-de-tous-les-objets —, celui-ci pourrait bien devenir sacré, c’est-à-dire intouchable.

En attendant, les dataïstes vous recommanderont de vous « fier aux données », qui connaissent mieux vos sentiments que vous-même.

Une ondulation dans le flux des données

Il faudra apprendre à critiquer le dataïsme. Pour l’auteur, c’est l’enjeu scientifique, politique et socio-économique capital du XXIe siècle.

Bien sûr, les prédictions qui ont été réalisées dans cet ouvrage sont limitées. L’histoire n’est pas déterminée à l’avance et c’est bien pourquoi la critique et la créativité sont absolument nécessaires.

Au quotidien même, vous pouvez agir de telle façon à résister à l’influence de ces idées et des pratiques qu’elles génèrent. Il n’y a pas de scénario unique et définitif pour l’avenir, mais un large spectre d’options.

Pour nous aider à réfléchir aux enjeux à long terme (ceux qui se comptent en plusieurs décennies, voire en siècles), l’auteur nous propose de réfléchir au sujet de trois processus cruciaux :

L’unification de la science autour du paradigme « algorithmique » ;

La séparation entre intelligence et conscience ;

La montée en puissance d’algorithmes non conscients, mais très intelligents.

Voici les questions qu’il pose en guise de conclusion, en espérant que nous y penserons longtemps :

« Les organismes ne sont-ils réellement que des algorithmes, et la vie se réduit-elle au traitement des données ?

De l’intelligence ou de la conscience, laquelle est la plus précieuse ?

Qu’adviendra-t-il de la société, de la politique et de la vie quotidienne quand des algorithmes non conscients mais hautement intelligents nous connaîtront mieux que nous nous connaissons ? » (Homo deus, p. 427)

Conclusion sur « Homo deus. Une brève histoire du futur » de Yuval Noah Harari :

Ce qu’il faut retenir de « Homo deus. Une brève histoire du futur » de Yuval Noah Harari :

Après le succès phénoménal de Sapiens : une brève histoire de l’humanité, Yuval Noah Harari revient avec ce deuxième tome encore plus « décapant » et, par bien des aspects, effrayant.

L’historien israélien regarde l’évolution d’Homo sapiens sur le temps long et tente de repérer les chemins que l’humanité s’apprête à prendre. Cette perspective très large est précieuse, parce que nous avons l’habitude de séquencer et de dissocier les problèmes les uns des autres.

Ici, au contraire, un récit global est proposé. Non pas un récit qui prétend à la vérité, mais plutôt une histoire qui a pour vocation à « ouvrir les possibles » et à faire penser en soulignant les dangers que nous courrons à plus ou moins longue échéance.

Si vous souhaitez lire ce livre, préparez-vous donc à revoir vos conceptions sur l’existence. La question n’est pas d’être d’accord sur tous les points, mais de se laisser imprégner par le message de l’auteur pour prendre position.

Certes, c’est un ouvrage long et complexe. Mais Yuval Noah Harari fait un travail remarquable de vulgarisation. Il rend accessibles non seulement sa propre pensée, mais aussi de nombreux travaux des sciences contemporaines (aussi bien en biologie qu’en informatique, ou encore en économie et en histoire) et concepts philosophiques.

Points forts :

Un livre événement par un auteur qui est devenu une référence mondiale ;

Une perspective forte et originale, qui nous aide à donner sens à notre situation contemporaine ;

Des concepts clairement expliqués ;

De nombreux exemples, des images et même beaucoup d’humour !

Point faible :

Ou plus exactement un avertissement : ce livre s’adresse à un public motivé, qui veut prendre le temps d’acquérir une vue globale sur l’évolution des sociétés humaines.

Ma note :

★★★★★

Avez-vous lu le livre de Yuval Noah Harari « Homo deus. Une brève histoire du futur » ? Combien le notez-vous ?

[ratings]

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Mon, 13 Feb 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12259/Homo-deus-Une-brve-histoire-du-futur
Pensée positive 2.0  http://www.olivier-roland.fr/items/view/12241/Pense-positive-2.0

Résumé de « Pensée positive 2.0 - La loi de l’attraction enfin expliquée » : Ce livre de développement personnel vous permet de découvrir la pensée positive 2.0, dans laquelle l’optimisme et la chance ne relèvent plus d’un quelconque acte de foi, mais de la science et de la psychologie. L’auteur démontre que la pensée positive met en œuvre des mécanismes bien connus en psychologie et dûment attestés par des expériences scientifiques.

Par Yves-Alexandre Thalmann, 2015, 219 pages.

Note : Cet article invité a été écrit par Sébastien du blog Choisir l’optimisme

Chronique et résumé de « Pensée positive 2.0 La loi de l’attraction enfin expliquée » :

Première partie – La pensée positive classique

Qu’est-ce que la pensée positive ?

La pensée positive a vu le jour en Amérique au 19ème siècle sous l’impulsion de Phineas Quimby (philosophe américain connu pour sa théorie de la guérison mentale).

Elle ne désigne pas simplement une manière optimiste d’envisager la vie, mais une méthode spécifique pour connaître davantage de bienfaits et de prospérité dans tous les secteurs de l’existence : amour, travail, santé, richesse, etc…

La pensée positive se différencie donc clairement de l’optimisme et de la psychologie positive.

Des personnalités charismatiques

La pensée positive a été véhiculée dans le monde entier par de nombreux conférenciers charismatiques :

Norman Vincent Peale : auteur américain dont la méthode consiste à chasser les pensées négatives de l’esprit et à les remplacer par des contenus positifs.

Joseph Murphy : auteur américain pour qui, une pensée suffisamment répétée ensemence le subconscient qui tend ensuite à la réaliser.

Emile Coué : pharmacien français dont la méthode repose sur l’autosuggestion.

Napoleon Hill : auteur américain dont le but était de formaliser les processus du succès et de les rendre disponibles au plus grand nombre.

Louise Hay : autrice américaine qui privilégie l’acceptation de soi et le pardon afin de se défaire des sentiments de culpabilité et de haine.

Rhonda Byrne : elle expose dans son livre « Le secret » le fonctionnement et les vertus de la loi de l’attraction.

Nouvelle vague

Depuis de nombreuses années, la pensée positive connaît un véritable engouement auprès d’un public friand de techniques de développement personnel. Elle cherche à convaincre les esprits cartésiens en s’appuyant sur des arguments scientifiques.

L’auteur cite notamment deux courants inspirés de techniques plus ou moins scientifiques :

Le Transurfing développé par Vadim Zeland (physicien quantique): techniques mentales inspirées de la physique quantique et des neurosciences permettant à chacun d’atteindre ses objectifs et de créer la vie à laquelle il aspire.

Le Ho’oponopono : issu de la culture hawaïenne, ce courant développe l’idée d’une responsabilité totale quant à tous les aspects de notre vie, qui n’est qu’une manifestation de nos pensées et de nos mémoires inconscientes.

Des raisons d’espérer

Les ouvrages de pensée positive s’appuient essentiellement sur des témoignages dans les domaines suivants : santé et guérison, amour, fortune, amitié…

D’après ces témoignages, les vertus de la pensée positive sont multiples et se concrétisent dans les principaux domaines de la vie, autant personnelle que sociale.

Les lecteurs n’ont pas besoin de preuve pour être convaincus. Lire ou entendre des témoignages de succès liés à la pensée positive rassure et crée indéniablement de la motivation. Une analogie avec la foi religieuse semble d’ailleurs évidente. Même sans preuve scientifique, on peut d’ores et déjà affirmer qu’elle fait du bien à beaucoup de personnes.

Les ressorts d’un succès

La plupart des ouvrages de pensée positive s’appuient sur le storytelling. On raconte des histoires porteuses d’émotions, des témoignages de succès, de guérison et de réussite.

Les explications proposées par les auteurs sont de plusieurs natures : psychologique, spirituel, naturaliste et scientifique.

Personne ne conteste qu’une vision positive et optimiste de la vie soit favorable, mais ce sont les explications avancées, pour en comprendre le fonctionnement, qui peinent à convaincre les plus sceptiques. 

Hypothèses classiques

Quelles sont les principales explications proposées pour le fonctionnement de la pensée positive ?

La pensée magique : une pensée suffisamment répétée, accompagnée de suffisamment d’émotion et de conviction, finit par se matérialiser (techniques de visualisation et d’autosuggestion).

Critiques formulées par les scientifiques : il n’existe à l’heure actuelle aucune recherche ayant démontré un quelconque pouvoir de la pensée, capable d’influencer le monde alentour sans intervention d’un comportement.

L’énergie cosmique : le point central de cette théorie est qu’il existe un principe transcendant (divinité, sagesse infinie, Univers) qui réagit à nos pensées.

Critiques formulées par les scientifiques : comment un principe transcendant aussi bon et généreux, prêt à exaucer nos moindres désirs, peut-il ne pas se manifester lors des tragédies personnelles ou collectives ? De plus, il faut croire à l’existence de ce principe transcendant. Si l’on n’y croit pas, l’explication n’a plus de sens.

La loi d’attraction : ce principe affirme que le positif attire le positif, et inversement : le négatif attire le négatif. De même que les aimants s’attirent, et qu’ils ne peuvent déroger à cette attraction, les pensées positives attirent les événements positifs, sans exception possible.

Critiques formulées par les scientifiques : chacun sait que les aimants ne font pas que s’attirer : ils se repoussent aussi. Le positif attire le négatif et non le positif. Il semble donc surprenant d’expliquer le fonctionnement de la pensée positive par analogie avec une loi physique qui stipule exactement le contraire.

Vibrations et physique quantique : les pensées peuvent se matérialiser sous forme d’ondes électriques ou de vibrations.

Critiques formulées par les scientifiques : les ondes électriques que l’on peut mesurer à l’aide d’électrodes placées sur le crâne représentent l’activité neuronale et ne sont pas des pensées à proprement parler. Aucun courant électrique de cette sorte ne peut donc exercer une influence à distance.

Résumé du fonctionnement de la pensée positive

Le grand mystère reste le passage de l’intention, dans la sphère mentale, à sa réalisation concrète dans la réalité. Comment les pensées se matérialisent-elles ?

On peut faire l’analogie avec la conduite d’un véhicule : nous connaissons tous et maîtrisons les commandes (volant, pédale de frein, levier de vitesse), mais quel est notre niveau de connaissance sur le fonctionnement du moteur en lui-même ?

Deuxième partie – Fonctionnement de la pensée positive

Comme pour Internet, la pensée positive 2.0 est beaucoup plus interactive que la pensée positive décrite précédemment. Elle n’implique pas seulement les pensées, mais aussi les sentiments et les agissements. En ce sens, on devrait plutôt parler d’attitudes positives.

Rendre le possible plus probable

Par quels moyens les pensées positives peuvent-elles attirer ou concrétiser des événements positifs ?

Trois aspects du fonctionnement de la pensée positive :

Le possible est rendu plus probable 

Les effets de la pensée positive concernent surtout celui qui la pratique

Les pensées seules sont insuffisantes pour provoquer des changements

Pour percer le secret de la pensée positive, il faut donc s’intéresser aux changements d’attitude qu’elle provoque, en pensée, en émotion et en comportement.

Techniques de pensée positive

La visualisation créatrice : se représenter mentalement et avec le plus de détails sensoriels possible, la scène que nous aimerions vivre dans la réalité.

L’autosuggestion et la répétition de formulations positives : se répéter mentalement, à de nombreuses reprises et dans un état de détente, des formules positives de ce que nous aimerions obtenir

La visualisation et l’autosuggestion ne fonctionnent que si l’on est convaincu de leurs efficacités. Mais pourquoi ? Que se cache-t-il derrière la croyance ?

La magie des signes

Plutôt que de considérer les événements comme le fruit du hasard, les adeptes de la pensée positive y voient des significations à leur intention : « c’est un signe » !!!

Leur esprit peut influencer le hasard en leur faveur. Ils entretiennent donc un locus de contrôle plutôt interne (selon la théorie formalisée par Julian Rotter).

Une affaire d’attitude

Les adeptes de la pensée positive manifestent des attitudes qui ont tendance à attirer à eux des expériences qui confirment leur vision positive, ce qui la renforce.

La conviction de départ se trouve affermie et consolidée selon un cercle vertueux. Elle forme le cœur et le socle de toutes démarches de pensée positive.

Volet des émotions

Quels sont les effets émotionnels de la conviction de pensée positive ?

Détente

Une attitude détendue a tendance à agrandir le champ perceptif, à l’ouvrir, au contraire d’une attitude anxieuse qui a tendance à le réduire, à le rapetisser. C’est ce qui permet de percevoir les informations pertinentes dans le monde environnant.

Biochimie du stress

Il existe de nombreuses études détaillant les effets du stress sur l’organisme. Le stress affaiblit nos défenses et nous rend vulnérables aux différentes affections.

Si la pensée positive procure une détente et un état de relâchement, elle réduit le stress et dope en conséquence l’immunité.

Émotions positives

Les émotions positives élargissent le champ de vision et contribuent à l’ouverture mentale. Àl’inverse, les émotions négatives amènent le cerveau à se focaliser sur ce qui les provoque. Cela s’explique par la fonction de survie que remplissent ces émotions.

Les émotions positives ouvrent donc l’attention et rendent plus créatif. Elles permettent de remarquer davantage d’éléments autour de soi, donc de saisir davantage de bonnes occasions.

Et la réussite ?

La pensée positive, de par les sentiments positifs qu’elle génère, est un vecteur indéniable de réussite et d’amélioration du quotidien. Il y a une spirale du succès dans les émotions positives induites par la pensée positive.

Premier fondement de la pensée positive : l’ouverture de l’attention

Il semble donc que notre attitude positive n’attire pas forcément plus d’événements positifs dans notre vie, mais nous rend plus attentif à ces événements, qui sont déjà présents.

Volet des pensées

Quelle est l’influence réelle des pensées sur nos attitudes ?

Les croyances ne sont jamais anodines

Les croyances que nous entretenons sur nous-mêmes ont tendance à modifier insensiblement nos comportements pour nous y conformer. C’est pourquoi, la pensée positive insiste autant, et à raison, sur la répétition de formulations positives.

La force de la pensée

Les pensées, même si l’on n’y adhère pas totalement au niveau conscient (stéréotypes par exemple), influencent le comportement dans leur sens. Nous avons tendance à nous conformer à notre contenu mental, peu importe ce contenu…

Le pouvoir de l’imagination

L’imagination détient un pouvoir certain sur nos attitudes, et même sur nos réactions les plus basiques. Il n’est pas essentiel de croire à la réalité de nos visualisations et formules d’autosuggestion. Les évoquer mentalement est suffisant pour modifier nos comportements. Par contre, il est essentiel de croire en l’efficacité de ces techniques.

L’importance de la répétition

Un effet comportemental ne se mesure que pendant un bref délai après l’activation de l’idée. Pour obtenir un effet durable, il est nécessaire d’activer régulièrement les idées correspondantes. Il faut répéter !!!

À force de répéter des contenus mentaux sous forme d’affirmations positives ou de visualisations, ceux-ci s’ancrent dans l’esprit et deviennent en quelque sorte automatiques.

Un verre toujours à moitié plein

Pour activer davantage de contenus positifs, une manière efficace consiste à considérer ce qui arrive sous un angle positif, c’est-à-dire à tout interpréter positivement.

Il n’y a pas d’échec, seulement des leçons

Peut-on réellement trouver du positif dans tout ce qui survient ?

Les épreuves et les drames font partie de toute existence. Éviter absolument ces idées ne permet pas de se préparer à les affronter. Ainsi, mieux vaut visualiser le succès tout en évoquant les moyens de résoudre les difficultés. 

La conjuration du négatif

Le négatif, sous toutes ses formes, est à éviter à tout prix pour beaucoup d’adeptes de la pensée positive.

Mais attention à ne pas tomber non plus dans une sorte de tyrannie de la positivité. Il est important de rester ancré dans la réalité. Il y a toujours quelque chose de bon à prendre dans ce que nous jugeons à priori comme négatif.

Le seuil de bascule

Ce n’est pas l’absence du négatif qui est déterminant, mais un rapport favorable entre le positif et le négatif. D’après les différentes études, il serait nécessaire de nourrir trois fois plus de pensées positives que de pensées négatives.

Concevoir un monde meilleur

Visualiser le succès ou se répéter des affirmations positives génère des émotions agréables de détente, de joie, de sérénité, d’espoir. Sous ces effets bénéfiques, l’attention capte davantage d’informations jugées positives et cela permet de mieux les mémoriser. Les adeptes de la pensée positive perçoivent réellement un monde moins angoissant, un monde meilleur.

Plus fort que la réalité

Même si les effets bénéfiques de la pensée positive tardent à se manifester, la conviction ne faiblira vraisemblablement pas. Une croyance suffisamment forte finit par s’imposer à la réalité.

Le secret de l’optimisme

Ce qui revêt une importance capitale est la façon dont on réagit en cas d’échec. Les adeptes de la pensée positive interprètent ce qui leur arrive, peu importe la tournure des événements, comme une chance et une occasion de progresser.

Deuxième fondement de la pensée positive : la motivation et la confiance

En effet, la tendance à attribuer nos succès à des causes internes associée à une manière optimiste d’interpréter ce qui nous arrive contribue à développer la confiance en soi, source indéniable de motivation.

Volet des comportements

Quels sont les effets de la pensée positive sur nos comportements ?

Action !

À quoi bon changer uniquement le psychisme en le rendant plus optimiste et plus positif si la réalité alentour ne change pas ! Mais, encore faut-il que les bienfaits auxquels nous aspirons se matérialisent.

Le sentiment d’efficacité personnelle

Les personnes confiantes en leurs chances de succès se lancent ainsi dans l’action même si la probabilité d’aboutir semble faible à priori, parce qu’elles ont confiance en elles et s’attendent à une issue favorable.

Il s’agit du concept développé par Albert Bandura : le sentiment d’efficacité personnelle : croyance qu’entretiennent les individus quant à leur capacité de réaliser une tâche particulière ou d’affronter efficacement une situation précise.

La pensée positive s’accompagne d’un système de croyances propre à dynamiser le sentiment d’efficacité personnelle.

Le lâcher-prise

La pensée positive encourage à l’action, mais n’incite pas à vouloir tout contrôler. 

Il faut faire confiance à son subconscient et rester ouvert à ce qui survient…

Les prophéties auto-réalisantes

Nos attentes envers les autres modifient nos interactions avec eux dans le sens de ces attentes. Nos pensées agissent donc réellement sur le monde alentour, plus précisément sur les personnes avec lesquelles nous interagissons. Cette influence ne procède pas d’une quelconque magie ou d’un pouvoir surnaturel de la pensée, mais plus directement de nos propres attitudes.

Plus proches des autres

Principe du mimétisme : se comporter de manière ouverte et chaleureuse envers les autres encourage ceux-ci à adopter en retour une attitude de même nature envers nous. En étant communicatif et jovial, on incite les autres à le devenir aussi. Nous métamorphosons en quelque sorte le monde autour de nous.

Troisième fondement de la pensée positive : les prophéties auto-réalisantes

S’attendre à interagir avec une personne bienveillante augmente les chances qu’elle se comporte effectivement de manière sympathique. C’est l’influence avérée de la pensée positive sur le monde environnant.

Troisième partie – Nouvelles techniques de pensée positive

La pensée positive 2.0 propose un nouveau mode d’emploi de techniques et d’outils supplémentaires. Les mécanismes opérants de la pensée positive ne sont pas que mentaux, mais aussi de nature émotionnelle et surtout comportementale.

Ressentir positivement

Un moyen bien connu, aisé et accessible, de générer une émotion positive est de se remémorer des souvenirs agréables : scènes de vacances, instants d’amour, etc…

Une autre technique consiste à faire émerger des sentiments de gratitude et à les exprimer.

Il convient également de mentionner tous les divertissements propres à éveiller des sentiments agréables, comme écouter de la musique, voir un film, parler avec des amis, pratiquer un sport, etc…

Penser positivement

L’élément principal pour ce qui touche à la sphère mentale concerne la conviction d’être capable d’influencer les choses alentour. Dans ce sens, toutes les pensées qui dynamisent la confiance en soi et en son pouvoir d’action sont à favoriser.

Il importe également de voir le positif dans toute personne que nous sommes amenés à côtoyer. En s’attendant au meilleur, on augmente les chances que le meilleur arrive.

Agir positivement

En effet, si les pensées ne sont pas traduites en actes, leurs effets sur le monde extérieur resteront insignifiants. 

La pensée positive est efficace lorsqu’elle pousse à l’action. S’attendre au meilleur a pour but principal de lever les obstacles qui pourraient paralyser les forces. 

Pour agir positivement, il faut :

Persévérer : faire tout son possible et attendre les résultats avec la conviction que le succès sera d’une manière ou d’une autre au rendez-vous

S’ouvrir à la nouveauté : pour que notre vie change dans un sens positif, encore faut-il qu’elle commence par changer…

Intensifier les rapports humains : élargir son réseau social et approfondir ses relations pour provoquer le changement et améliorer son existence.

Le succès au rendez-vous

Peut-on réellement se bâtir une vie plus belle dans la durée, placée sous le signe du bonheur et de l’abondance, avec la pensée positive 2.0 ?

Il existe maintenant de solides preuves scientifiques pour affirmer que le changement de nos attitudes subsiste dans la durée. L’une d’elles porte le nom de « neuroplasticité », la capacité de cerveau à se modifier durablement.

Les techniques innovantes de la pensée positive 2.0

En plus des outils classiques de la pensée positive (visualisation créatrice, auto-suggestion et optimisme), la pensée positive propose ainsi des techniques innovantes qui en démultiplient l’efficacité :

Relaxation et détente pour ouvrir le champ perceptif

Pleine conscience du moment présent

Activation d’émotions agréables

Confiance en son pouvoir d’action

Persévérance et lâcher prise

Visualisation incorporant les obstacles

Considération positive des autres

Ouverture à la nouveauté

Élargissement et approfondissement des relations inter-personnelles

Conclusion sur « Pensée positive 2.0 La loi de l’attraction enfin expliquée » de Yves-Alexandre Thalmann :

« Pensée positive 2.0 » s’adresse, selon moi, préférentiellement aux lecteurs qui ont besoin de comprendre le fonctionnement de la pensée positive. Comme le précise l’auteur à plusieurs reprises, nous sommes tous convaincus des effets bénéfiques de la pensée positive sur notre vie. Mais si certains peuvent en appliquer les principes « aveuglement », d’autres auront besoin d’en comprendre les mécanismes au préalable.

Personnellement, je fais partie de cette deuxième catégorie de personnes. Aujourd’hui, j’utilise le livre d’Yves-Alexandre Thalmann comme un guide. Je le lis et le relis régulièrement en fonction de mes besoins et des situations que je rencontre dans mon quotidien. 

Tous les concepts décrits dans « Pensée positive 2.0 » sont expliqués simplement et illustrés par des expériences scientifiques concrètes. Que l’on soit de formation plutôt littéraire (habitués à comprendre les concepts par la lecture) ou de formation plutôt scientifique (habitués à comprendre les concepts par l’expérience), tout le monde peut y trouver son compte.

J’apprécie également dans cet ouvrage, la volonté de l’auteur de proposer de nouvelles pistes de réflexion et de nouvelles techniques de pensée positive. Lorsque nous sommes habitués à lire des livres de développement personnel, nous connaissons plutôt bien les principes de la pensée positive classique. Yves-Alexandre Thalmann propose quant à lui de nouvelles approches, qui ne remettent pas en cause les anciennes, mais qui permettent d’aller plus loin dans la réflexion et dans nos pratiques quotidiennes pour plus d’efficacité.

Par contre, si vous êtes un aficionado de la loi d’attraction telle que décrite jusqu’alors ou si vous êtes convaincu qu’un principe cosmique exauce vos prières, vous risquez d’être déstabilisés. Yves-Alexandre Thalmann questionne dans son livre, l’ensemble de ces principes pour essayer d’en percer les mystères. Il précise cependant que les explications scientifiques et psychologiques peuvent tout à fait coexister avec ces croyances. Elles ne s’opposent pas, mais les complètent.

Sébastien du blog Choisir l’optimisme

Points forts :

Le livre est facile à lire : court et écrit d’une plume fluide

Peut être lu et relu comme un guide

Tous les concepts sont illustrés par des expériences scientifiques 

La double formation de l’auteur : physicien et psychologue

Les nombreuses techniques proposées par l’auteur pour une application concrète dans notre quotidien

Points faibles :

L’approche scientifique ne plaira pas à tout le monde

La remise en cause de plusieurs croyances peut déstabiliser des lecteurs

Si vous n’avez pas besoin de comprendre les mécanismes de la pensée positive pour les appliquer, ce livre ne vous sera peut-être pas utile.

Ma note :

★★★★

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Thu, 02 Feb 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12241/Pense-positive-2.0
L’apprentissage de l’imperfection http://www.olivier-roland.fr/items/view/12202/Lapprentissage-de-limperfection

Résumé de "L’apprentissage de l’imperfection" de Tal Ben-Shahar : Dans ce livre, l’auteur présente ses derniers travaux scientifiques sur l’imperfection, inspirés de son cheminement personnel. Le livre se lit comme un manuel avec des exercices et s'aborde dans une approche d’action/réflexion. L’auteur souhaite à travers son ouvrage nous exposer les moyens de surmonter le perfectionnisme pour vivre plus heureux.

Par Tal Ben-Shahar, 2011, 320 pages, titre original : "The Pursuit of Perfect"

Chronique et résumé de "L’apprentissage de l’imperfection" de Tal Ben-Shahar

Introduction

Titulaire d’un doctorat en psychologie et philosophie, l’auteur Tal Ben-Shahar est également fondateur de la Happiness Studies Academy et intervient dans le monde entier au sujet du bonheur.

Pourquoi ce livre ?

Tal Ben-Shahar se définit lui-même comme "professeur du bonheur". Il exerce dans le domaine de la psychologie positive, qu’il différencie de la psychologie classique.

La psychologie positive se concentre sur les conditions nécessaires à l’épanouissement des individus, mais aussi des communautés. Tal Ben-Shahar ne s’imaginait pas que ses cours sur le bonheur pouvaient rencontrer un tel succès. Il s'est rendu compte que les gens qui suivaient ses cours avaient en commun le désir d'être heureux mais aussi "les mêmes obstacles qui les empêchent d'accéder à une existence parfaite".

Grâce aux échanges qu'il a pu effectuer avec ses élèves, il s'est aperçu qu’ils pensaient que les gens heureux étaient à l'abri de la tristesse, de la peur ou des angoisses. Il s'agit d'une vision perfectionniste du bonheur.

Dans ce livre, l'auteur traite de la véritable nature du perfectionnisme. Il expose les moyens de surmonter cela pour vivre plus heureux. Ce livre est conçu comme un manuel avec des exercices à la fin de chaque chapitre. Les exercices du livre peuvent se pratiquer seul, à 2 ou en groupe.

Apprendre à échouer, c'est échouer à apprendre

Tal Ben-Shahar poursuit l'introduction de son livre "L'apprentissage de l'imperfection" en revenant sur sa jeunesse, lorsqu'il était étudiant. Il raconte un jour où il n'était pas dans les premiers à un résultat d’un devoir. Cet échec a provoqué chez lui une peur paralysante, selon lui, cette peur met en danger le bien-être psychique des personnes. Il poursuit en expliquant que, dans la vie, l'échec est inévitable, et qu'il serait même indispensable pour une existence réussie : "Si l'on n'apprend pas à échouer, on a échoué à apprendre".

Le bonheur, ce n'est pas ressentir uniquement des émotions positives

L'auteur continu son récit avec une anecdote s'étant déroulée 10 ans plus tard, d'un élève attendant de lui qu'il soit tout le temps heureux parce qu’il enseignait le bonheur. Pour l'auteur, cela soulève une croyance commune, qui est que "être heureux c'est éprouver une succession ininterrompue de sentiments positifs". Et que si un être humain est déçu, triste, anxieux ou a peur, il n'est pas vraiment heureux pour de vrai. Mais l'auteur nous rappelle qu'il est totalement normal de ressentir ces émotions, dans le cas contraire cela signifierait être un psychopathe. Il précise que paradoxalement s'interdire d'éprouver des sentiments pénibles, c'est limité sa capacité à être heureux.

Éprouver de la reconnaissance

Dans la société d'aujourd'hui, il est commun de s'attaquer à des sommets de plus en plus élevés pour conduire à une réussite personnelle et sociale. Cependant, l'auteur nous informe qu'en nourrissant de grandes espérances, on peut effectivement décrocher de grandes récompenses. Mais, si l'on souhaite vivre une existence qui apporte de vraies satisfactions, il faut se donner des objectifs réalistes et être capable de savourer ce que l'on accomplit, en éprouvant un sentiment de reconnaissance.

Les trois manifestations négatives du perfectionnisme

L'auteur conclut l'introduction par les 3 manifestations négatives du perfectionnisme , à savoir le refus de :

L'échec ;

Des émotions douloureuses ;

De reconnaître la réussite.

Il ajoute finalement que "si on a pour seul et unique rêve de mener une existence parfaite, on se condamne à la désillusion". L'auteur emploie deux termes différents pour parler du perfectionnisme : il utilise le terme perfectionnisme pour mentionner le perfectionnisme négatif et le terme "optimaliste" pour mentionner le perfectionnisme positif.

Voici un tableau présentant les caractéristiques du perfectionniste et de l'optimaliste selon l'auteur, c'est avec cette base qu'il aborde les différents chapitres du livre.

Le perfectionniste L'optimaliste

refuse l'échec accepte l’échec

refuse les émotions douloureuses accepte les émotions douloureuses

refuse la réussite accepte la réussite

refuse la réalité accepte la réalité

Première partie : La théorie

Dans les 4 premiers chapitres de "L'apprentissage de l'imperfection", l'auteur nous présente, en théorie, les 4 aspects qui permettent de passer d'un perfectionniste à un optimaliste.

Chapitre 1 - Accepter l'échec

L'auteur démarre cette partie en racontant une anecdote personnelle. Il raconte que lorsqu'il jouait au squash à haut niveau il réalisait de très bons entraînements mais, lors des compétitions, il était pris de crampes ou de douleurs et rencontrait des difficultés à jouer. Il relie ses difficultés au trac qu'il ressentait avant les compétitions. Dans son récit, la peur de l'échec l'empêche d'être au maximum de ses capacités.

Perfectionnisme contre optimalisme

Il s'agit ici d'examiner les points essentiels qui opposent le perfectionniste qui refuse l'échec, à l'optimaliste qui va l'accepter. L'auteur précise que ces caractères ne sont pas indépendants l'un de l'autre. Personne n'est à 100% l'un ou l'autre point.

La première différence entre ces deux caractères et que pour le perfectionnisme le trajet idéal vers son objectif est la ligne droite. L'échec n'a aucun rôle à jouer dans le parcours. Alors que l'optimiste conçoit l'échec comme partie intégrante du parcours. Le chemin qui va le mener vers son objectif est une espèce de spirale ascendante tortueuse. Elle est dirigée vers son objectif, mais il accepte le fait qu'il devra faire de nombreux détours en route. En voulant à tout prix avancer sans embûches vers son but, le perfectionnisme nourrit des attentes déraisonnables vis-à-vis de lui-même et de la vie qu'il mène : il prend ses désirs pour la réalité. Alors que l'optimaliste accepte l'idée que le parcours sera inévitablement semé d'embûches.

Une autre différence majeure entre ces deux caractères est la réaction face à la peur de l'échec. Le premier souci du perfectionnisme est de ne pas échouer. Il cherche donc à éviter autant que possible l’échec et donc à fuir toute difficulté. L'auteur précise que l'optimaliste n'aime pas non plus échouer. Mais, sa force est qu'il sait que dévier du parcours n'est pas forcément négatif et qu'il est possible d'en tirer des leçons. Pour un optimaliste l'échec est un moyen de tirer un enseignement.

Le tableau suivant résume les traits de caractère du perfectionniste vs ceux de l'optimaliste :

Perfectionniste Optimaliste

parcours en ligne droite parcours en spirale accidentée

peur de l'échec apprentissage à partir de l'échec

concentration sur la destination concentration sur le parcours et la destination

attitude défensive ouverture aux opinions extérieures

attitude tatillonne recherche des bénéfices éventuels

dureté, rigidité indulgence

attitude statique attitude adaptable, dynamique

Les conséquences

Voici les quelques conséquences au caractère perfectionniste évoquées par l’auteur :

La dégradation de l'image de soi : le perfectionniste ne prend pas le temps de savourer ses succès, il ressasse plutôt ses échecs. Il est alors difficile d'avoir une bonne estime de soi lorsque l'on passe son temps à penser à ses échecs ou à penser à la constante menace de l'échec suivant.

Les troubles de l'alimentation : les perfectionnistes sont plus sujets à trouver des défauts dans leur apparence, ce qui peut conduire à une gestion plus stricte de leur alimentation.

Les dysfonctionnements sexuels : l’impuissance ou la frigidité peuvent être les conséquences d’une pression trop importante vis-à-vis de l’acte sexuel.

La dépression : son origine tient souvent de comportements pointilleux ou l’obsession du résultat, et non du chemin parcouru. Or, relever chaque défaut de parcours est malsain pour l’esprit sur le long terme.

Le syndrome anxieux : généré principalement par l’angoisse de l’échec. L'anxiété peut également être provoquée par le raisonnement rigide voire inflexible, du perfectionniste. Or, dans le monde moderne, les changements sont présents à tout instant. C'est pourquoi il est important de travailler son optimalisme : pour affronter l'imprévisible et pour que le changement ne représente plus une menace, mais un défi.

Pour l’auteur, beaucoup de perfectionnistes "sont réticents à l’idée de changer car, pour eux, si le perfectionnisme ne rend pas heureux du moins est-il une garantie de succès". Sa conclusion sur ce chapitre sur l’échec est que "l’optimaliste a plus de chances de voir ses efforts couronnés de succès", pour les raisons suivantes :

Tirer les leçons de l’échec : l’Histoire démontre que les individus les plus accomplis ont souvent été ceux qui ont le plus fréquemment échoué dans leurs tentatives : "si l’échec ne garantit pas le succès, son absence est presque à coup sûr une garantie d’insuccès". Finalement, comme les optimalistes sont plus à l’aise face à l’échec, ils sont davantage prêts à retenir les enseignements des risques qu’ils prennent.

Le résultat optimal : appuyé par des études, l’auteur présente le fait que la qualité des résultats obtenus décline si le degré d’excitation du sujet est trop bas ou trop haut. Pour obtenir une prestation optimale, il faut être capable de trouver le juste milieu entre l’effort et l’échec accepté.

Prendre plaisir au parcours : une personnalité optimaliste ne se focalise pas simplement sur le résultat, mais sur le processus dans le but de le rendre le plus appréciable possible.

Employer efficacement son temps : la recherche de perfection pousse souvent à la procrastination, à cause de la peur de ne pas bien faire. Il n’est pas nécessaire de réaliser toutes ses tâches à la perfection, l’auteur conseille de mettre en place dans un maximum de domaines de sa vie la loi des 80/20 (20 % des efforts amènent 80 % des résultats).

Exercices de fin de chapitre :

"Prendre des initiatives" : pour cet exercice, l’auteur invite le lecteur à "amorcer un changement en agissant sur son comportement". Pour cela, il recommande de réaliser une envie refoulée par peur de l’échec, et d’adopter autant que possible un comportement optimaliste, même si ce n’est pas naturel au début.

"Tenir un journal de vos échecs" : Tal Ben-Shahar invite ici le lecteur à retranscrire une ou plusieurs situations d’échecs, puis de prendre du recul pour trouver des effets bénéfiques à cet échec.

Chapitre 2 - Accepter ses émotions

Cette partie est consacrée au refus de l’échec des perfectionnistes dans le domaine des émotions. Généralement, les personnes supportant mal l’imperfection ont tendance à souhaiter vivre une succession ininterrompue de sentiments positifs ou négatifs. Alors que l’optimaliste s’autorise à ressentir toute la gamme des émotions humaines, sans les refouler.

Laisser libre cours à ses émotions

Comme il est nécessaire de maîtriser ses émotions en public pour maintenir une cohésion de la société, elles ont tendance à être refoulées en privé. Trop réprimer ses émotions nuit au bien-être de l’individu.

Le refoulement a un prix

Quand le perfectionniste refuse ses émotions, il ne fait que les amplifier. "La faculté d’accepter sincèrement les choses est au cœur de la différence entre perfectionnistes et optimalistes".

L’acceptation

Pour évoluer, mener une existence plus riche et mieux remplie, il faut accepter les lois de la nature humaine dont les émotions négatives font partie.

Alléger la souffrance

En coexistant pacifiquement avec ses sentiments négatifs. L’auteur fait l’analogie entre notre cerveau et une canalisation à laquelle on appliquerait une trop forte pression. Il est important de se laisser traverser par des émotions négatives pour ne pas accumuler un mal être.

L’éventail des émotions

En tant qu’humain, il est normal de ressentir une palette très variée d’émotions. L’auteur encourage à "se donner la permission et la place de vivre et d’exprimer tout l’éventail des sentiments humains", et ne pas tomber dans le piège de n’accepter que le positif.

Acceptation et résignation

Accueillir une émotion n’est pas s’y résigner, ou s’en satisfaire. Cela signifie être prêt à "ressentir ce qu’on ressent", sans pour autant accepter les comportements qui peuvent en découler s’ils sont nocifs pour autrui (violence par exemple). C’est l’essence de ce que l’auteur définit comme "l’acceptation active" par opposition à la résignation passive.

Morale et sentiments

L’évaluation morale d’un sentiment (jugement par lequel un individu décide si quelque chose est bien ou mal) suggère qu’il ait le choix de la ressentir ou non. Ainsi, il ne sert à rien de se juger moralement lorsque l’on ressent de la jalousie par exemple.

Évolution affective

Tous les individus n’ont pas la même tolérance, notamment à la souffrance. Mais, même pour les émotions les plus dures à surmonter, un processus de guérison finit par se mettre en place : l’évolution affective. Un perfectionniste qui refoule ses émotions a plus de chance de subir un déséquilibre affectif, de stagner dans sa guérison et d’affecter sa santé mentale.

Exercices de fin de chapitre :

"Méditation d’auto-attention" : l’auteur définit l’auto-attention comme une pratique de méditation visant à "prendre pleinement conscience de ce que l’on est en train de faire et d’accepter le moment présent sans jugement ni évaluation". C’est, selon l’auteur, un très bon exercice pour faciliter l’acceptation des émotions au quotidien.

"Vivre pleinement l’instant présent" : dans ce deuxième exercice, le but est de se focaliser présentement sur son émotion. Cela permet de vivre pleinement l’instant présent au lieu de ruminer.

Chapitre 3 - Accepter de réussir

Le perfectionniste a tendance à se châtier lui-même. En effet, aucune réussite, aucun sommet ou aucune destination n’est assez satisfaisante à ses yeux. L’optimaliste est "capable de prendre plaisir au parcours sans perdre de vue sa destination". Ainsi, il tire des leçons de l’adversité, qui le font évoluer vers sa réussite. Une personne ayant un comportement perfectionniste refuse le succès, que ce soit avant de l’atteindre en mettant la barre trop haute, ou après l’avoir atteint en n’en retirant aucun plaisir. Au contraire, l’optimaliste "attire le succès" en adoptant des critères ancrés dans la réalité et en l’appréciant quand il arrive. Ce sont les facteurs "ancrer la réussite dans le réel et savoir en profiter" qui selon l’auteur font toute la différence.

Ancrer ses succès

Poussé à l’extrême, le désir de s’améliorer peut faire plus de mal que de bien : c’est le syndrome du "jamais assez". Puisqu’en tant qu’humain l’amélioration est toujours possible, la perpétuelle insatisfaction condamne au perpétuel déplaisir. L’auteur définit l’estime de soi comme "le rapport entre réussite et aspirations personnelles" : en ayant des aspirations raisonnables, nous avons plus de chances d’être content de nous-même. Il ne faut pas pour autant se fixer des objectifs "trop faciles", sans défi suffisant, au risque de s’ennuyer. Pour trouver l’équilibre entre des attentes démesurées et la réalité il faut définir proprement ses objectifs.

Une vie suffisamment bonne

Il est aujourd’hui difficile de se satisfaire parfaitement dans tous les pans de sa vie : professionnel, couple, famille, social, santé… La solution optimalisme que nous présente l’auteur pour mener une vie satisfaisante est d’adopter une nouvelle approche de notre temps et de nos attentes, une approche du "plus acceptable". L’auteur présente comment il a réévalué dans chaque subdivision de sa vie son idéal perfectionniste en résultat acceptable. Il en retire plusieurs bénéfices dont la diminution de la frustration et un gain d’énergie.

Apprécier la réussite

Le constat est clair à ce stade du livre : de nombreux perfectionnistes ont du mal à apprécier et savourer leurs succès. L’auteur présente un second constat : "le bonheur est davantage contingent à l’état d’esprit qu’à celui du compte en banque, ou au statut social". Les études menées sur la gratitude ont mis en avant le fait qu’en appréciant les bons côtés de la vie, on en profite davantage, le contraire étant également vrai. Finalement, l’auteur conclut cette partie en précisant "qu’être reconnaissant d’avoir ce qu’on a, ne pas trouver normal ce qu’on a bien réussi, c’est attirer le succès".

Exercices de fin de chapitre :

"Le plus acceptable" : dans la continuité de l’exemple qu’il a donné avec sa propre vie, l’auteur nous invite tout d’abord à dresser la liste des aspects les plus importants de notre vie.  Puis, à énumérer, pour chaque catégorie, ce que l’on aimerait faire idéalement, dans quel laps de temps. Enfin, revoir toutes ses attentes pour ajouter dans la colonne de l’acceptable ce qui est réellement réalisable. Exemple : idéal, voir ses amis tous les soirs après le travail ; acceptable, prévoir une soirée entre amis deux fois par semaine. Cette liste peut être consultée régulièrement pour ajustements.

"La visite de gratitude" : pour cet exercice, l’auteur invite le lecteur à écrire la gratitude qu’il ressent envers une personne importante pour lui. Le fait d’écrire est déjà bénéfique, mais l’auteur encourage à envoyer cette lettre pour plus de valeur.

Chapitre 4 - Accepter la réalité

Ce chapitre aborde la métaphysique, une discipline philosophique qui se penche sur la nature de la réalité, qui joue un rôle dans l’apparition du perfectionnisme. L’auteur introduit ce chapitre en opposant les pensées platonicienne et aristotélicienne sur notre perception de la réalité. Ainsi, dire "je refuse d’être triste" est adopter une position platonicienne : tenter de rejeter la réalité. Alors que, dire "je n’aime pas être triste, mais cette émotion est naturelle et je l’accepte" est adopter une position aristotélicienne : reconnaître la réalité sensible et observable.

La vision contrainte

Penser qu’on ne peut changer la nature humaine est la vision "contrainte" de celle-ci, opposée à la vision "non contrainte". Le perfectionniste souscrit à la vision non contrainte, ses aspirations sont d’éradiquer les émotions négatives, refuser l’échec, en somme, atteindre un degré de réussite impossible, irréaliste. Mais, cette vision est "préjudiciable tant sur le plan personnel qu’au plan sociopolitique".

La loi de l’identité

"Une chose est ce qu’elle est, une personne est une personne, et une émotion est une émotion". C’est grâce à l’acceptation implicite de cette loi que l’on peut communiquer.

Le non-respect de la loi de l’identité en matière d’émotion, peut engendrer un comportement perfectionniste, notamment chez les enfants.

Le parcours optimal

Nous sommes bombardés, surtout via les médias, de "parfait". L’acceptation de la réalité est l’antidote au perfectionnisme de l’optimalisme.

Exercice de fin de chapitre :

"Les phrases à compléter" : cet exercice permet de s’exercer à l’acceptation. Il consiste à compléter des phrases par ce qui vient instantanément à l’esprit, sans filtre. Voici quelques exemples : "Quand je nie ce que je ressens…" ; "Si j’accepte l’échec…" ; "Si je deviens un optimaliste…".

Deuxième partie : Applications

La deuxième partie de "L’apprentissage de l’imperfection" présente les applications d’un comportement optimaliste dans trois domaines.

Chapitre 5 – Optimalisme et éducation

Dans ce chapitre, est abordée l’importance de l’application de la doctrine du juste milieu (point d’équilibre entre deux extrêmes) à l’éducation.

Les privilégiés défavorisés

L’auteur fait référence aux élèves issus de milieux aisés, souvent pauvres en bien-être moral. En effet, ces enfants sont statistiquement plus exposés à la dépression, à l’angoisse et à la consommation de drogues. Les facteurs responsables de ce phénomène seraient l’obligation d’être performant et la surimplication de leurs parents et de leurs professeurs dans leur vie. La pression de la réussite scolaire peut se manifester chez beaucoup d’enfants par du perfectionnisme. Le système scolaire en place entretient souvent sans le vouloir l’obsession de la perfection. Finalement, le challenge pour les éducateurs (au sens large) consiste à "avoir des exigences envers les enfants mais aussi à leur permettre de prendre des risques, de faire des erreurs et d’échouer".

Les parents "suffisamment bons"

Ce terme, du pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott, est repris par l’auteur pour désigner la "réponse adéquate" d’un parent aux besoins de l’enfant, et non une réponse "parfaite". Cette démarche éducative consiste donc à laisser son enfant dans l’inconfort (sans qu’il y ait de risques) avant de répondre à son besoin. En résulterait un enfant capable de composer avec le monde extérieur (dont l’échec) plus facilement. Les parents "suffisamment bons" trouvent le juste milieu entre sous-implication et surimplication, dans le but "d’immuniser l’enfant contre le germe du perfectionnisme" selon les mots de l’auteur.

Souplesse et rigidité mentales

Dans ce paragraphe, l’auteur évoque les travaux de Carole Dweck sur la rigidité et la souplesse mentales.

Rigidité mentale : croire que ses capacités (physiques, compétences relationnelles, intelligence) sont gravées, invariables.

Souplesse mentale : savoir que ses facultés sont adaptables, qu’elles changent tout au long de la vie.

D’après les résultats, les personnalités évolutives arrivent à relever les défis en y prenant du plaisir et finalement réussissent plus ce qu’ils entreprennent. On le comprend bien ici, alors que la personnalité rigide est voisine du perfectionnisme, la souplesse mentale est voisine de l’optimalisme. Pour aider les enfants à développer leur confiance, il faut les féliciter pour les efforts fournis (sur lesquels ils peuvent agir) et non pour leur intelligence (sur laquelle ils n’ont aucun contrôle).

Tradition et progrès

Certains récents enfants venus sur le marché de l’emploi (les vingt-cinq/trente ans) sont de la "génération glorifiée" : couverts d’éloges et peu réprimandés par leurs parents, pour leur donner confiance. Mais, ces adultes finissent par être des salariés qui ne supportent pas les critiques et qui ont besoin d’être rassurés. Ainsi, un éducateur franc qui instaure des limites précises et nettes aura plus de chance d’obtenir le respect avec le temps, que s’il cherche à tout prix à se faire aimer en cédant à tous les "caprices". Les méthodes éducatives, traditionnelles comme progressistes, produisent des tendances perfectionnistes comparables : elles n’apprennent pas à gérer l’échec. Encore une fois, l’auteur suggère de trouver le juste milieu entre méthodes anciennes et nouvelles.

Individu et comportement

Les parents et les professeurs se doivent d’apprécier l’enfant en tant qu’individu, afin de lui permettre d’exploiter le meilleur de lui-même. Pour cela, il faut séparer l’individu de ses comportements : complimenter sur les efforts fournis et les résultats obtenus, et non sur la personnalité et le caractère.

Exercice de fin de chapitre :

"Mon meilleur professeur" : l’auteur nous demande de décrire le meilleur professeur de toute notre scolarité, puis en fonction de la réponse, penser comment mettre en application ses enseignements à notre propre façon de fonctionner en tant que pédagogue dans notre vie.

Chapitre 6 – Optimalisme et travail

Des employés perfectionnistes, parce qu’ils n’acceptent pas l’échec, sont plus susceptibles de dissimuler leurs erreurs, comportement dangereux pour l’entreprise. Ce chapitre aborde l’importance d’instaurer un climat où les employés ne craignent pas d’échouer et, surtout, de le dire.

Tirer les leçons de l’échec

Avec un environnement psychologique sécurisant, les entreprises permettent aux employés de faire ressortir le côté optimaliste qui sommeille en eux. Pour la plupart, les grands chefs d’entreprises ont connu de nombreux échecs et ont su en tirer des leçons. Pourtant, ce sont souvent les succès qui sont vantés, poussant les gens à penser que leur modèle n’a jamais commis d’erreurs. Les meilleurs responsables sont ceux qui encouragent leurs équipes à prendre des risques et à positiver le ressenti de l’échec.

Perfectionnisme et micro-management

Le micro-management est une série de comportements que va adopter un manager perfectionniste pour tenter d’éliminer toute possibilité d’erreurs dans son équipe. L’auteur est clair, ce n’est pas soutenable qu’un responsable "passe au crible chaque initiative de ses collaborateurs". Un gestionnaire optimaliste sait quand il est opportun ou pas d’appliquer du contrôle. L’exercice du contrôle doit "s’exercer autant que nécessaire, et aussi peu que possible".

Travailler bien, travailler malin

Le syndrome d’épuisement professionnel (burn-out) est une conséquence d’un perfectionnisme malsain : travailler de manière acharnée, trop mécanique. Le "travailler dur" atteint souvent une limite. Le monde de l’entreprise doit s’inspirer du milieu sportif, et intégrer la notion de récupération. Pour donner le meilleur de lui-même au travail, un employé doit respecter les exigences du corps, planifier des périodes de récupération.

La récupération

Le besoin récupération n’est pas seulement physique, mais aussi psychologique. Il ne faut pas fermer les yeux sur les signaux affectifs de surmenage, au risque de courir à la dépression. Les "émotions douloureuses" sont un avertissement naturel du corps contre les états de surmenage. Finalement, travailler beaucoup n’est pas le problème, selon l’auteur, mais c’est plutôt le manque de repos et donc, l’insuffisance des temps de récupération, qui sont un problème dans l’entreprise.

La récupération à échelles multiples

Les employés devraient se comporter comme des coureurs de sprint, et non des coureurs de fond : alterner travail intensif et périodes de récupération. L’auteur présente trois échelles différentes de ce schéma de récupération.

Micro-récupération : des pauses d’au moins 15 minutes de récupération totale entre chaque session d’une heure trente minutes de concentration. Ce quart d’heure peut prendre différentes formes, le tout est d’y prendre plaisir.

Récupération médiane : c’est la période de sommeil, à temps variable selon les personnes, que nous effectuons toutes les 24 heures. Mais c’est aussi la récupération de fin de semaine.

Macro-récupération : il s’agit des périodes de vacances tout au long de l’année. La détente apporte de meilleurs résultats, notamment sur la créativité.

Toutes ses phases de récupérations favorisent la productivité car les batteries sont rechargées. La conclusion de ce chapitre sur le travail est que non seulement les optimalistes sont plus satisfaits de leur travail, mais leurs résultats sont "globalement supérieurs à ceux des perfectionnistes".

Exercice de fin de chapitre :

"Tirer les leçons du passé le plus profitable" : raconter par écrit une période professionnelle de notre vie qui était épanouissante. L’auteur demande ensuite d’examiner cette période pour en déduire ce qui peut être appliqué dans la situation présente pour retrouver le même état de satisfaction.

Chapitre 7 – Optimalisme et amour

En amour aussi, la perfection n’existe pas. Une personne avec trop d’attentes sur l’amour sera déçue pour trois raisons :

elle n’aura pas de partenaire car elle attend la personne répondant parfaitement à ses attentes ;

si elle finit par vivre avec quelqu’un, elle continuera, consciemment ou non, à rechercher l’individu parfait ;

elle peut penser qu’elle a trouvé la personne idéale, mais sera déçue en découvrant ses faiblesses (or tout le monde en a).

Bien que dans l’art, l’amour ait une image lisse, parfaite, l’auteur précise que ceci ne reflète pas la réalité.

L’amour réel

C’est inévitable, il arrive toujours qu’au sein d’un couple les défauts masqués par la passion du début, surgissent. Quand l’illusion de l’amour parfait se dissipe, survient une crise de confiance en soi et en l’autre. Une telle crise peut soit marquer la fin d’une relation, soit le début d’une nouvelle, celle que l’auteur qualifie "d’amour réel". Quand un perfectionniste admet que son partenaire n’est pas parfait, sa vision passe souvent d’un extrême à l’autre : d’un partenaire sans défaut à un partenaire irrécupérable. Comme l’optimaliste considère les défauts comme naturels, il sait apprécier toutes les nuances et les complexités des relations amoureuses.

Et ils se disputèrent…

Le perfectionniste cherche à aborder tous les désaccords en début de relation afin de préparer une vie de couple sans encombre. Mais, selon l’auteur, le conflit est inévitable au sein d’un couple et est même capital pour sa réussite à long terme. Peu ou pas de conflits dans un couple démontre que les partenaires fuient les confrontations et les difficultés (attitude perfectionniste).

L’impasse

L’impasse est un stade du couple où l’on se sent pris dans le conflit sans en voir l’issue : les oppositions sont plus régulières et violentes. Ce moment est celui où la plupart des couples se séparent. L’auteur suggère pourtant, que ce stade critique, est "l’occasion d’évoluer sur le plan personnel et relationnel". En affrontant ses problèmes personnels, l’optimaliste en ressort plus fort en tant qu’individu.

L’amour physique

L’amour et l’amour physique (celui des relations sexuelles) peuvent s’intensifier avec le temps (vision évolutive). La vision pessimiste fait de la vie couple une ligne droite. Or, les ratés sont inévitables et ne sont pas des signes de défaillance du couple. Ils permettent d’améliorer et d’approfondir la relation amoureuse. C’est ainsi que la personnalité optimaliste "s’autorise des carences, les permet à l’autre et les tolère dans le couple".

Correspondance/opposition

La relation correspondance/opposition évoque le fait que c’est en s’opposant que les partenaires s’accompagnent. Le partenaire perfectionniste a du mal à accepter les reproches car il n’aime pas se remettre en question. Pourtant, en s’opposant à lui, le partenaire peut lui permettre de s’améliorer. La correspondance/opposition alterne l’idée de domination au sein du couple : chacun des partenaires a des moments où il s’oppose à l’autre. Lorsqu’un partenaire remet en question les paroles ou les actes de l’autre, il lui donne l’opportunité d’évoluer positivement. Les phases d’opposition doivent alterner avec des phases de soutien.

Exercice de fin de chapitre :

"Phrases à compléter" : une série de phrases est donnée, l’auteur invite à les compléter le plus rapidement possible. Puis, de les lire à voix haute pour en apprendre plus sur nos relations amoureuses. Voici quelques exemples donnés dans le livre :

"Je commence à comprendre que…" ;

"Pour renforcer l’intimité de ma relation…" ;

"Pour améliorer mon rapport à moi-même…".

Troisième partie : Méditations

La dernière partie du livre "L’apprentissage de l’imperfection" est divisée en dix chapitres présentant chacun une méditation. Ce sont des points de réflexion complémentaires présentés par l’auteur.

Chapitre 8 – Première méditation : le changement réel

Les individus accordant de la valeur à un trait de caractère positif, ont du mal à changer chez eux l’équivalent négatif. Les perfectionnistes associent souvent ce trait de caractère à la motivation et la rigueur, c’est pourquoi ils n’arrivent (inconsciemment) pas à changer leur comportement : ils ne veulent pas passer pour des personnes négligentes ou paresseuses (les équivalents négatifs). Pour modifier son comportement perfectionniste, il faut subdiviser les composantes de son caractère, puis trier pour ne conserver que les aspects perfectionnistes bénéfiques. De cette manière, on contre l’aspect "tout ou rien" pour aller vers une analyse plus nuancée, et donc plus réaliste de sa personne.

Exercice de fin de chapitre :

"Subdiviser le perfectionnisme" : l’application du chapitre est, tout d’abord, d’énumérer les caractéristiques de notre comportement que l’on souhaiterait modifier. Puis, associer à chacune d’elle son équivalent positif. Enfin, expliquer par écrit ce que l’on souhaite changer, et pourquoi.

Chapitre 9 – Deuxième méditation : la thérapie cognitive

Le concept de base de la thérapie cognitive est le suivant : nous réagissons selon notre interprétation des évènements plutôt que les évènements à proprement parler. C’est pourquoi un même facteur déclenche des réponses variées selon les individus.

Évènement (génère) à Pensée (suscite) à Émotion

Le but de ce type de thérapie est de "restaurer chez le sujet une perception réaliste du milieu". En effet, la réaction émotive entraîne des pensées biaisées et irrationnelles qui conduisent à une réponse affective disproportionnelle.

L’auteur nous présente la méthode du PRP, la plus utile qu’il ait trouvée pour affronter les émotions désagréables liées à l’échec. Elle s’illustre ainsi : "je me donne la permission d’être humain, je procède à la reconstruction de la situation et j’y gagne une plus vaste perspective".

Permission : pour faire face de manière constructive à une émotion, il faut avant tout accepter sa réalité. Au-delà de l’émotion, c’est la réalité de l’évènement à l’origine qu’il faut accepter. Deux conseils pour accepter ses émotions : les écrire et se concentrer sur leurs manifestations physiques.

Reconstruction : passer d’une vision négative et inutile de la situation à une vision positive et utile. La reconstruction aboutit à la réinterprétation d’une épreuve en une aventure, d’une menace en un enjeu, d’une obligation en un privilège…

Perspective : replacer la situation dans un contexte plus large facilite la diminution des inquiétudes et des déceptions. La perspective permet de prendre du recul pour extraire les bons côtés d’un évènement négatif.

Exercice de fin de chapitre :

Appliquer la méthode PRP à un évènement perturbateur récent. Répéter souvent l’exercice sur des évènements passés, pour peu à peu l’appliquer sur des évènements présents.

Chapitre 10 – Troisième méditation : l’imperfection des conseils

Il nous arrive très souvent, lorsqu’un proche nous demande un conseil, que nous répondions avec notre propre expérience et nos conseils. Mais, ce ne sont pas des solutions que notre proche recherche, ce qu’il veut, c’est de l’écoute. C’est pourquoi le rôle d’un thérapeute est de créer un contexte où le patient se sente "l’objet d’une attention positive quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse". La compassion et l’empathie sont indispensables pour se mettre à la place de l’autre et véritablement saisir ses besoins. Les perfectionnistes sont naturellement disposés à prodiguer des conseils, mais peu enclins à en demander pour eux-mêmes. Avoir un comportement optimaliste, c'est être capable d'admettre ses faiblesses.

Exercice de fin de chapitre :

"Les enseignements d’autrui" : choisir une personne qui aide ou a aidé dans un moment difficile de la vie. En décrivant la situation, tirer des enseignements sur sa façon de parler ou d’agir.

Chapitre 11 – Quatrième méditation : le meilleur des mondes

Notre obsession de la recherche de la perfection nous pousse à croire que pour vivre heureux il ne faut jamais éprouver de sentiments négatifs. Or, Tal Ben-Shahar écrit que lorsqu’il ressent une grande tristesse, qu’il se sent dépassé ou désespéré, c’est souvent parce qu’il est allé au bout de lui-même. Les sensations négatives permettent de réaliser qu’il est temps de ralentir ou de lâcher prise, c’est un signe de l’esprit à ne pas ignorer.

Exercice de fin de chapitre :

"Focalisation interprétative" : le but de l'exercice présenté est de nous permettre de changer notre façon d'interpréter les faits, et donc nos réactions affectives. l'exercice se présente sous la forme d'un tableau à 3 colonnes : un événement qui a provoqué une réaction affective douloureuse, L'interprétation perfectionniste que l'on a pu faire à ce moment-là, et l'interprétation optimaliste appropriée que l’on ferait maintenant. Voici un exemple donné par l’auteur dans le livre :

Évènement Interprétation perfectionniste Interprétation optimaliste

J'ai raté un examen. Je ne suis bon à rien, je n'arriverai jamais à rien. Ce n'est qu'un examen, et la prochaine fois je fournirai de plus gros efforts.

Chapitre 12 – Cinquième méditation : le rôle de la souffrance

Aux premiers abords, entamer un parcours vers l’optimalisme peut sembler être l’éradication de toutes douleurs ou souffrances, ce qui n’est pas possible. L’auteur nous démontre que la souffrance est accompagnée de bienfaits, qui permettent de mieux l’accepter :

La sagesse : on ne pose pas de questions quand on va bien, c’est dans les moments plus difficiles qu’une réflexion apparaît.

L’endurance : traverser des épreuves permet de forger le caractère.

La compassion : accepter et accueillir la souffrance des autres est possible seulement si on s’autorise à la ressentir nous-même.

Un profond respect de la réalité : le malheur rappelle les limites et les contraintes de la réalité qui sont souvent oubliées quand tout va bien.

Exercice de fin de chapitre :

"Réfléchir sur le rôle de la souffrance" : consacrer au moins 20 minutes à l’évocation d’une époque de souffrance de notre vie. Décrire les impacts de cette expérience et les leçons tirées pour en retenir des enseignements et extraire l’évolution positive qu’elle a permise.

Chapitre 13 – Sixième méditation : la règle d’or du juste milieu

On a tendance à ne pas exiger des autres qu’ils soient parfaits, alors que nous l’exigeons de nous-même. L’auteur nous invite à appliquer sa règle d’or "ne pas se faire à soi-même ce qu’on ne ferait pas aux autres". Il faut être capable d’autocompassion et d’autoestime aussi envers soi-même.

Exercice de fin de chapitre :

"Phrases à compléter" : nouvelle série de phrases à compléter. Voici deux exemples pour ce chapitre :

"Pour augmenter mon autoestime…" ;

"Pour devenir cinq pour cent plus compatissant envers les autres…"

Chapitre 14 – Septième méditation : oui, mais…

L’auteur souligne la présence du "oui, mais…" dans les conversations sur des personnalités, qui apparaît souvent lorsqu’un point positif est évoqué, comme un couperet qui tombe. Les phrases avec "oui, mais…" sont souvent des phrases assassines qui vont par exemple dévaloriser des personnes pourtant hors du commun. C’est un réflexe perfectionniste : on a du mal à admettre que ces "héros" sont avant tout des êtres humains. Pour l’auteur, soulever plutôt les points positifs que négatifs ou inversement, détermine ce que nous voyons chez nous-mêmes et chez les autres. Se focaliser sur les aspects négatifs (focalisation négative) est typique d’un "perfectionniste tatillon", au contraire, l’optimalisme est conscient du côté positif des choses (focalisation positive). Avec cette vision, les optimalistes ne craignent pas d’agir car ils acceptent les erreurs. Les perfectionnistes se retiennent d’agir car ils craignent de se tromper, d’avoir un "oui, mais…"

Exercice de fin de chapitre :

"Rendre le monde meilleur" : que pouvons-nous faire pour rendre le monde un peu meilleur ? L’auteur nous invite à nous engager à agir avec une ou deux actions précises destinées à apporter quelque chose aux autres, et pourquoi pas, en retirer des bénéfices personnels.

Chapitre 15 – Huitième méditation : l’industrie pro-âge

D’après une étude américaine présentée par l’auteur, nous apprenons qu’avoir une vision positive de la vieillesse augmente la durée de vie. Les croyances et la perception de la vieillesse affectent les individus sur leur santé physique et mentale. L’auteur encourage à accepter, une fois de plus, la réalité telle qu’elle est (nous vieillissons), pour vivre plus heureux.

Exercice de fin de chapitre :

"Écouter les anciens" : discuter avec une personne plus âgée et qui a de l’expérience dans un domaine que l’on souhaite approfondir. Mettre l’accent sur son vécu, ses victoires et ses erreurs.

Chapitre 16 – Neuvième méditation : la grande illusion

Pour l’auteur, bien que les mœurs aient évoluées au fil des âges, l’humain demeure un être affectivement prude. On retrouve chez les perfectionnistes cette tendance : il essaie de paraître heureux, cache à tout prix son malaise affectif. Mentir sur ses sentiments est éprouvant, c’est le "stress du refoulement affectif". Il n’est pas non plus nécessaire de parler constamment à cœur ouvert, mais il est possible de trouver un juste milieu entre tout dissimuler et tout révéler. Finalement, dévoiler ce que l’on ressent peut aider les autres : ils se sentent rassurer car ils ne sont pas les seuls à ressentir de la tristesse "derrière le masque".

Exercice de fin de chapitre :

"Phrases à compléter" : encore une fois, l’auteur nous met au défi de compléter des phrases en y trouvant six fins possibles. Après examen des réponses, il nous encourage à prendre des engagements. Exemples de phrases à compléter :

"Quand je cache ce que je ressens…" ;

"Si je suis plus sincère par rapport à ce que je ressens…"

Chapitre 17 – Dixième méditation : savoir et ne pas savoir

Naturellement, la peur de l’inconnu nous pousse à vouloir tout savoir. Cette crainte de l’inconnu peut générer des angoisses. La solution serait "d’accepter l’évidence" : parfois on ne peut pas savoir. Il s’agit du réalisme : assumer aussi bien le fait de savoir que de ne pas savoir.

Exercice de fin de chapitre :

"Marcher, c’est tout" : le but de cet exercice est d’aller marcher sans but précis, mais en prenant le temps de savourer et d’apprécier ce moment. L’auteur nous encourage à instaurer un rituel de marche, leçon qu’un professeur lui a enseignée.

Conclusion de Tal Ben-Shahar

L’auteur conclut cet ouvrage en indiquant qu’accepter son perfectionnisme fut pour lui une libération. Il démarre d’ailleurs sa conclusion par "Je m’appelle Tal, et je suis perfectionniste". Il ajoute également qu’admettre que le perfectionnisme ne disparaît jamais vraiment, l’aide à avancer vers l’optimalisme.

Les traits de caractère optimaliste et perfectionniste ne sont pas distincts, mais coexistent en chacun d’entre nous. Ce que nous pouvons faire, c’est évoluer vers l’un ou l’autre état. Symboliquement, Tal Ben-Shahar termine le livre par "Je suis Tal, et je suis aussi un optimaliste".

Conclusion de "L’apprentissage de l’imperfection" de Tal Ben-Shahar

Le message principal à retenir de ce livre est que pour vivre heureux, il faut accepter de vivre imparfaitement. Tout au long du livre, l’auteur confronte les concepts de perfectionnisme et d’optimalisme au travers d’exemples pour démontrer comment un changement de comportements vis-à-vis de situations peut contribuer à un meilleur bien être. Autre point important pour l’auteur : personne n’est complètement perfectionniste ou optimaliste, nous sommes tous un savant mélange entre ces états.

Ce livre se lit et se relit pour intégrer les concepts et conseils.

Points forts :

Présence de petits encarts pause qui proposent une réflexion au lecteur ;

Les propos proviennent toujours de psychologues, psychothérapeutes ou philosophes dont les travaux sont cités si les lecteurs sont intéressés pour approfondir le sujet ;

Exemples concrets donnés, inspirés de son vécu ;

Ajout de nombreux exercices pour appliquer les concepts exposés par l'auteur.

Point faible :

 Pour le lecteur francophone, certaines références peuvent être inconnues, et il y a parfois un léger décalage culturel.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 05 Jan 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12202/Lapprentissage-de-limperfection
Kintsugi – L’art de la résilience http://www.olivier-roland.fr/items/view/11945/Kintsugi-Lart-de-la-rsilience

Résumé de « Kintsugi. L’art de la résilience » : Céline Santini partage dans ce livre étonnant et énergique, les épreuves qui l’ont amené à adapter les étapes du kintsugi – technique japonaise de réparation des céramiques – à sa propre vie, en sublimant ses cicatrices.

Par Céline Santini, 2019, éd. First, 253 pages. Note : Cette chronique est une chronique invitée, écrite par Sophie Guillou, du blog  Je déménage au Japon. Chronique et résumé de « Kintsugi. L’art de la résilience » de Céline Santini : Introduction : « découvrez » Céline Santini introduit son ouvrage en définissant le kintsugi, mot japonais formé des deux kanjis « kin » - l’or – et « tsugi » - la jointure. Le kintsugi existe depuis le XVème siècle au Japon. Il aurait, selon la légende, été créé à la demande du shogun Ashikaga Yoshimasa (1435 – 1490) qui utilisait toujours le même bol lors de la cérémonie du thé. Un jour, le bol tomba et se brisa. Le Shogun fit renvoyer le bol en Chine - où il avait été fabriqué- pour le faire réparer, mais le bol revint fixé par des agraphes disgracieuses, et surtout, il n’était plus étanche ! Le shogun renvoya une seconde fois le bol et intima aux artisans qui avaient façonné le bol, de trouver une autre solution… Le kintsugi était né. Le kintsugi est une technique délicate et précise, qui permet de réparer un objet – à l’origine il s’agissait de céramique - qui a été brisé, à l’aide d’une succession de couches de laque et de peinture à l’or. Ce processus de « raccommodage » peut prendre de plusieurs semaines à une année. Céline Santini tisse tout son ouvrage autour de cette pratique, qui est non seulement un acte de réparation mais aussi de transformation, de sublimation de l’objet. Le kintsugi est une pratique qui s’inscrit totalement dans la notion de « wabi sabi » japonaise (« wabi signifiant « humilité face aux phénomènes naturels » et « sabi », ce que l’on ressent face au travail du temps ou des hommes »), c’est-à-dire la contemplation de la beauté présente dans les choses simples et imparfaites. Passant de l’objet à l’être, l’autrice invite lectrices et lecteurs au fil de son livre, à engager ce même processus de kintsugi quand nous rencontrons des épreuves dans notre vie. Un processus de résilience qu’elle nous propose en six étapes : la cassure, l’assemblage, la patience, la réparation, la révélation et la sublimation.

Etape 1 « Brisez » Et la voilà, l’épreuve, cette épreuve tellement difficile que nous avons l’impression que nous ne nous en relèverons pas, un deuil, une rupture, une crise familiale, un échec professionnel. Cette épreuve qui vous fait penser que vous ne serez plus jamais le même qu’avant. Selon Céline Santini, qui raconte comment son premier divorce a été un cataclysme pour elle qui était wedding planner depuis 10 ans, cela ne peut être que pour le meilleur. L’épreuve est une source immense pour se transformer en un meilleur soi-même. Sceptique ? « Après tout, jusqu’ici vous avez survécu à 100 % de vos pires épreuves » rassure-t’elle ! Céline Santini nous invite dans chacun de ses chapitres à « passer à l’action » en effectuant un certain nombre d’ateliers réflexifs ou créatifs. Un premier exercice consiste ici à prendre le temps de se poser afin de lister toutes les épreuves que nous avons déjà traversées, pour réaliser combien elles ont pu être initiatiques. Pour Céline Santini, il faut accepter sa douleur, la reconnaître pour pouvoir mieux la dépasser. A ce stade, il s’agit de percevoir le joyau brisé qui est en nous et qui mérite non pas d’être jeté, mais d’être réparé à l’or fin. Afin de mieux appréhender quelle personne de valeur chacune et chacun d’entre nous est, Céline Santini nous propose ensuite de lister sans se censurer, l’ensemble de nos réussites, en s’appuyant sur nos proches si nous sommes bloqués. La phase suivante consiste en un repérage des techniques de « réparation » disponibles autour de nous. Céline Santini liste ainsi un certain nombre de voies possibles afin de se faire aider, dans le domaine du développement personnel : champ physique, émotionnel, sensoriel, énergétique ou artistique. Imaginer, Visualiser Pour imaginer son moi d’après, il faut avec le kintsugi faire un pas de côté, pour non pas tenter de dissimuler ses failles mais bien vivre avec et les magnifier, en pensant différemment et en essayant de ne pas toujours reproduire les mêmes erreurs. Vous êtes bloqué ? Plusieurs pistes sont données par Céline Santini tels que la méthode S.C.A.M.M.P.E.R.R. (méthode de brainstorming créatif) ou la carte mentale, que personnellement j’utilise très souvent. La première méthode désigne une série d’actions à entreprendre pour envisager les situations sous un autre angle : Substituer, Combiner, Adapter, Magnifier, Modifier, Produire, Éliminer, Réorganiser, Renverser. La carte mentale est quant à elle une technique de créativité efficace qui consiste à écrire au centre d’une feuille votre problématique principale et à construire autour, des « branches », en classant vos idées. Vous commencez à visualiser ce qui vous tient à coeur ? Ce que vous souhaitez changer ? Avant de débuter le processus de réparation, le maître en kintsugi commence par visualiser la forme de l’objet futur. La méthode de la visualisation qu’elle soit réaliste ou symbolique, peut avoir de réels effets pour accompagner une guérison par exemple. Deux techniques sont proposées ici : le cinéma mental ou le tableau de visualisation. Le cinéma mental consiste à vous représenter en pensée dans des situations positives, de réussite : plus vous répéterez ces scénarii et plus votre cerveau les enregistrera. Le tableau de visualisation ou vision board consiste quant à lui, à réaliser un collage avec des images et mots inspirants que vous découperez dans des magazines. Vous accrocherez ensuite ce collage dans un espace que vous fréquentez au quotidien pour vous en imprégner. Etape 2 « Assemblez » Le maître kintsugi qui débute une réparation prend le temps de visualiser son objet réparé on l’a dit, mais il prend aussi le temps de s’y préparer en rassemblant matériaux et outils. Céline Santini nous invite à faire de même. Prendre du recul, ne pas se précipiter, sortir du « 200 à l’heure » du quotidien. Après avoir divorcé une seconde fois, eu un accident de voiture et perdu sa maman, Céline Santini  s’est imposée de prendre le temps, de ralentir, de suivre le précepte zen « quand tu manges, mange. Quand tu marches, marche ». La méditation de pleine conscience peut être d’une grande utilité en cela selon elle. Cette technique de méditation consiste à vous concentrer, durant un temps donné, sur le présent en observant ce que vous ressentez et ce que vous pensez. Il est temps désormais d’assembler le puzzle de sa vie en repérant les schémas qui nous gouvernent, les croyances qui nous empêchent d’avancer. Céline Santini nous propose un nouvel exercice pratique en réalisant - réellement - deux puzzles : sur le premier (qui peut être acheté dans le commerce) nous listerons, au dos vierge de chaque pièce, des mots qui spontanément sont importants pour nous, sur le deuxième, nous ne garderons que les mots que nous souhaitons conserver pour se défaire des schémas encombrants. Le maître kintsugi utilise pour réparer la céramique, la résine du laquier – urushi - qui est très irritante. Et vous, quels sont vos démons, les habitudes qui vous empêchent d’avancer ? demande Céline Santini. Tentez la « transformation alchimique de votre poison » en listant d’abord ce qui vous perd, puis en changeant un petit détail au début de cette mauvaise habitude. « Renouer avec sa promesse initiale » Le temps de recoller les pièces à l’aide d’un mélange de farine et de laque (murugi urushi) est venu pour le maître kintsugi. De la même façon il est temps comme le propose Céline Santini, de réassembler les morceaux de son âme, ceux qui ont pu s’estomper ou disparaître au fil des années… Il s’agit de « renouer avec sa promesse initiale » pour se sentir ancré, unifié, aligné : listez ce qui vous enthousiasmait, ce qui vous enthousiasme aujourd’hui et renouez avec ces pratiques qui vous reconnectent à votre vibration originelle. Vous percevez des manques dans votre puzzle de vie  ? Tel le maître kintsugi qui va combler les vides dans une céramique, tentez d’établir vos besoins fondamentaux. Pour cela, la liste établie par Marshall Rosenberg, le père de la Communication Non Violente (CNV) peut être d’une aide précieuse. Parmi tous ces besoins – autonomie, sécurité émotionnelle, harmonie,… - lesquels sont comblés aujourd’hui dans votre vie, lesquels ne le sont pas encore ? Et pourquoi ne pas afin de combler ce ou ces manques, s’inspirer du yobi tsugi : quand le maître en kintsugidécide d’ajouter une pièce rapportée, un morceau extérieur à la pièce d’origine, à la céramique en cours de réparation. Il s’agit d’une métaphore pour évoquer selon Céline Santini, tout ce que l’Autre, l’inexploré peut nous apporter, le fait de sortir de sa zone de confort, s’ouvrir à de nouvelles possibilités. Besoin d’idées ? Céline Santini liste quelques pistes pour se laisser «surprendre et emporter » dans son quotidien : aller voir un film qui ne nous tente pas ou tester un nouveau restaurant par exemple.

Etape 3 « Patientez » A ce stade le maître kintsugi retire la matière superflue et nettoie la surface de la céramique. Il s’agit d’une étape essentielle tout comme celle qui veut que nous nous débarrassions à notre niveau, du superflu, pour y voir plus clair et se fixer des priorités. Allez à la chasse au « trop » : trop d’affaires accumulées, d’obligations ou de responsabilités ! Céline Santini invite à l’épure, à l’« essence-ciel ». Et vous qu’est-ce qui vous pèse ? Listez toutes ces choses dont vous voulez vous débarrasser et passer à l’action ! Les premiers objectifs doivent être à votre portée dans un premier temps, petit pas par petit pas. Les pièces de la céramique doivent désormais être maintenues solidement ensemble. Les bonnes habitudes doivent ainsi ne pas être toutes prises ensemble au risque de s’épuiser mais pratiquées une à la fois, durant un mois a minima pour véritablement s’ancrer en nous, selon l’autrice. Tout est possible quand on sait que notre cerveau est une merveille de neuroplasticité et que son activité change en fonction de nos apprentissages ! Respirer, nettoyer son esprit La laque pour sécher doit maintenant respirer à l’air libre. De la même façon, Céline Santini rappelle combien la respiration est centrale dans une démarche de guérison, que ce soit la cohérence cardiaque, la sophrologie ou d’autres techniques approchantes. Le temps est venu de nouveau de prendre du temps pour soi en adoptant des rituels réconfortants au quotidien. A chaque étape de la réparation, le maître kintsugi nettoie avec minutie l’outil utilisé. Effectuez vous aussi ce «kokoro no sentaku » ou « lavage de vie ». Les Japonais fréquentent très régulièrement les bains chauds – onsen – pour nettoyer leur corps mais aussi leur esprit. Sans aller aussi loin (en avion;)), Céline Santini nous invite de la même façon, à procéder à un nettoyage corporel, émotionnel ou énergétique tout près de chez nous. La céramique doit désormais être laissée à sécher de 7 à 14 jours. Apprenez vous aussi comme l’indique Céline Santini, à ralentir votre rythme en découvrant les bienfaits de la marche zen ou du qi gong. Etape 4 «  Réparez »

« Nanakorobi yaoki » : comme le dit le proverbe japonais qui inaugure ce chapitre, « telle est la vie : tomber sept fois, se relever huit ».

La céramique est désormais sèche, il faut la polir pour en lisser la surface. Céline Santini propose ici de poncer à notre tour, avec douceur et tendresse, nos pensées, nos sentiments pour retrouver le coeur de notre être, sans masque. La surface de l’objet est-elle totalement lisse ? Pour cela il faut le toucher… Et se laisser toucher invite Céline Santini, en évoquant les bienfaits du contact. Faites-vous masser ou faites des câlins à vos proches ! La céramique reçoit désormais sur ses fissures un trait de laque noire qui prépare la suite. Un premier pas déterminant qui pour Céline Santini doit aussi nous inciter à nous lancer, à agir plutôt que de remettre au jour suivant. Agir aujourd’hui Pourquoi ne pas essayer la technique du Miracle morning, un plan d’actions ultra efficace décrit par Hal Elrod dans son ouvrage, qui incite à effectuer dès le matin les tâches essentielles de sa journée (En savoir plus ici : Miracle Morning). Avec l’esprit frais du matin, il semble beaucoup plus simple de débuter sa journée par la tâche que l’on repousse habituellement... Le trait de laque noir doit être le plus fin possible avant de repartir au séchage deux semaines.  La pose de cette laque demande une grande concentration, tout comme pour Céline Santini, il est bon de se focaliser sur une seule chose à la fois – le do ou la voie - afin d’y consacrer toute son énergie vitale – le qi. La céramique est polie de nouveau et une 2ème couche de laque rouge est appliquée sur la cicatrice : la guérison de votre vie est en cours ! C’est le temps de dire oui à vos « en-vies », de vibrer, de remettre de la vie dans votre vie.

Etape 5 « Révélez » La laque encore collante doit accueillir désormais la fine poussière d’or saupoudrée par le maître kintsugi. Tout comme la céramique, cette étape doit normalement nous permettre d’étinceler de nouveau ! Céline Santini raconte à ce stade s’être tournée vers le yoga du rire pour retrouver la petite fille rieuse et pétillante qu’elle avait été avant de traverser toutes ces épreuves. « Je ne ris pas parce que je suis heureux, je suis heureux parce que je ris » écrit le fondateur du yoga du rire, Madan Kataria. L’objectif de cette pratique est de se reconnecter à son enfant intérieur pour retrouver de la légèreté au quotidien. A l’aide d’un pinceau, le maître en kintsugi récolte désormais la poudre d’or en excédent et met l’objet à sécher de nouveau. Pour Céline Santini, de la même façon qu’il est important de récupérer l’or en excédent pour de futurs usages, il faut savoir « être prévoyant et faire l’inventaire de chaque petite parcelle de notre vie ». L’objectif est de prendre conscience de la chance que nous avons, en notant par exemple chaque jour comme Céline Santini le fait depuis dix ans, les petites joies et les réussites. La formulation est importante ici pour « reprogrammer » notre cerveau de façon positive, tout autant que pour garder la trace de nos plus jolis souvenirs. Se féliciter A ce stade il est souhaitable selon Céline Santini de se créer un « kit anti prochain coup de blues » en rassemblant tous les petits trésors de notre existence et qui nous font du bien : un livre qu’on adore relire, une bougie qui nous apaise, une playlist pour l’occasion, un cahier pour dessiner… Le maître kintsugi passe ensuite une boule de soie sur l’objet afin d’enlever l’excédent de poudre d’or et révéler les cicatrices : l’objet a mué en un autre plus beau, métamorphosé… Cette étape mérite d’être fêtée, pourquoi ne pas se faire un cadeau comme l’y invite Céline Santini ? Un nouveau vêtement, du parfum, un livre… Faites-vous du bien en vous préservant de la morosité – actualités, personnes toxiques,… - qui pourraient vous faire rechuter. Apprenez à dire non ! A l’image des Japonais shintoïstes, pourquoi ne pas aller même jusqu’à installer un petit autel chez soi – il peut comporter des bougies, des objets qui nous sont chers, des photos - pour s’entourer d’un halo d’énergie vertueuse au quotidien. L’objet doit être maintenant poncé. Le choix de l’outil est variable et dépendra de chaque maître kintsugi selon son ressenti et son instinct. De la même façon, Céline Santini nous invite à nous écouter d’abord, à ne pas hésiter à sortir des sentiers battus, assumer ses différences pour mieux resplendir ! Étape 6 «  Sublimez » La tempête est passée ? Céline Santini nous invite à prendre du recul sur cette dernière étape de guérison. Seul de préférence, elle nous propose de contempler cette nouvelle personne, plus forte, que nous sommes devenus. Une retraite silencieuse, un stage de méditation ou simplement le fait de rester chez soi peuvent aider à ce stade. Profitez-en pour réaliser cet exercice de « la ligne de vie » : l’objectif est de matérialiser sur une feuille blanche, l’ensemble des épreuves que nous avons vécues, de noter quel a été notre ressenti sur chacune de ces épreuves en le notant de 1 à 10, afin de saisir toute la singularité de notre parcours. Désormais, il faut, fort de ses cicatrices - qui sont autant d’indices que l’on a survécu - laisser partir ce qui doit l’être, invite Céline Santini et penser que « le meilleur est avenir:) ». Reprenez votre ligne de vie et soulignez la d’un trait de feutre ou de peinture dorée… Cela vous fait penser à quelque chose;) ? Le kintsugi de la renaissance Guéris et aguerris… L’ensemble des étapes que vous avez parcourues sur cette voie de guérison, issues de la pratique du kintsugi, permettra d’acquérir une grande force intérieure et de la consolider. Céline Santini fait ici un parallèle avec l’art, japonais encore, du bois brûlé, le shou-sugi-ban : le bois après avoir été brûlé et enduit d’huile résiste mieux… aux incendies. Pour être pleinement connecté à cette nouvelle énergie qui est vôtre, Céline Santini invite à méditer ou à pratiquer la « hug tree thérapie » en forêt en adoptant son arbre à soi. Céline Santini propose enfin, en guise d’exercice final, de réaliser « le kintsugi de la renaissance » : il s’agit de choisir un objet qui fasse sens pour soi, symbolique, qu’on le possède déjà ou qu’on le réalise soi-même (en argile par exemple). Enveloppez le d’un tissu, avant de le briser avec un marteau, pour pouvoir ensuite vous-même, le réparer en suivant les étapes du kintsugi telles que décrites dans cet ouvrage. La technique pourra être traditionnelle ou moderne (colle et peinture dorée acrylique par exemple) selon vos possibilités. Exposez cet objet et partagez avec les autres, vos proches, cette réalisation et tout ce qui l’a amenée. Les exemples d’artistes ayant transcendé leur douleur dans la création pour l’offrir au monde sont extrêmement nombreuses. Peut-être aurez-vous envie vous aussi de témoigner de votre expérience en animant un blog sur le sujet, en écrivant une chanson ou un livre… ? 

Conclusion « Ouvrez » Céline Santini conclue son ouvrage avec ce très beau proverbe japonais : « la vie est une lumière de bougie avant le vent » (jinsei wa fuuzen no tomoshibi). Elle nous appelle à accepter notre imperfection, l’impermanence des choses… Comment prévoir ce qui va nous arriver ? Pour Céline Santini, arrêtons d’avoir peur de briser nos « trésors », profitons de la vie quitte à devoir ensuite s’ils se brisent, les réparer d’un trait d’or ! Laissez-vous emprunter la voie du kintsugi... Le petit plus : Céline Santini propose à la fin de son essai deux bonus :

Une playlist de titres qu’elle a sélectionnées et qui selon elle, présentent toutes un esprit de résilience. A découvrir pour s’imprégner plus encore de son univers si vous le souhaitez, et à ajouter de suite à votre « kit pour les futurs coups de blues;) ». Un lexique récapitulatif des termes employés dans le champ lexical du kintsugi ou plus largement de la culture japonaise.

Conclusion sur « Kintsugi. L’art de la résilience » de Céline Santini : Intéressée par la culture japonaise, en particulier son art, son artisanat, ses croyances, ses pratiques spirituelles, j’étais déjà sensible à la technique du kintsugi que je trouve d’un point de vue esthétique et symbolique, d’une grande beauté. Alors quand j’ai découvert dans la bibliothèque de ma sœur cet ouvrage de Céline Santini, j’ai été happée et j’ai eu très envie d’en savoir plus sur la façon dont elle pouvait passer d’une technique de réparation des céramiques à celle d’un raccommodage des cicatrices de l’âme… L’ouvrage est bien structuré en six chapitres et sous-chapitres ce qui le rend dynamique, aisé à lire et facile d’accès. Il m’a permis tout à la fois de mieux connaître la technique du kintsugi, tout en découvrant comment avec justesse Céline Santini l’extrapole aux maux, aux épreuves, aux cicatrices qui peuvent être les nôtres. Céline Santini partage les gros coups durs de son existence, en se livrant avec indulgence, humour, tendresse, nous invitant à porter sur nous-même, dans toute notre singularité, un regard d’amour. L’essai « Le kintsugi, l’art de la résilience » fourmille d’exercices pratiques qui nous permettent d’avancer dans notre réflexion et notre processus de résilience. Il donne également de nombreuses pistes pour approfondir sa réflexion et propose un grand nombre d’ouvertures vers d’autres techniques et champs du développement personnel. Enfin, les amoureux de la culture japonaise pourront y trouver de nombreuses références - citations, ouvrages - que Céline Santini distille avec à propos. Sophie Guillou, Directrice d’un réseau de médiathèques, artiste plasticienne mais aussi animatrice du blog Je déménage au Japon dans lequel elle propose astuces, conseils, portraits d’expatriés, aux francophones souhaitant partir vivre au Japon. Points forts :

Un livre dans lequel Céline Santini se livre avec authenticité, et dans lequel on peut retrouver un peu de ces épreuves que nous avons, nous aussi, traversées ; Une structuration en six chapitres dynamiques et qui s’appuient parfaitement sur les étapes du kintsugien tant que technique artisanale ; Des exercices pratiques, à faire dans chaque chapitre, intitulés « Passez à l’action » que Céline Santini nous propose également d’approfondir avec les étapes « Allez encore plus loin » ; L’occasion d’en savoir plus sur la culture japonaise, ses traditions, ses techniques, ses légendes.

Points faibles :

Un système de listes à dresser dans les exercices pratiques, qui a parfois tendance à être répétitif ; Quelques passages redondants puisque Céline Santini suit le processus réel de la réparation des céramiques, pour laquelle certaines étapes sont répétées plusieurs fois (séchage, polissage,…).

Ma note :

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Thu, 30 Jun 2022 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/11945/Kintsugi-Lart-de-la-rsilience
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Résumé de "Créez la vie qui vous ressemble" d'Anne-Marie Jobin : ce livre nous invite à créez une vie qui nous ressemble en réveillant ce qui est à la source de nos rêves les plus profonds : notre créativité. L'auteure nous aide à réactiver notre énergie créatrice et à travailler sur les freins et atouts qui ponctuent le processus créateur via des réflexions et exercices ludiques à réaliser dans ce qu'elle appelle "un journal créatif". Par Anne-Marie Jobin, 2018, 232 pages. Chronique et résumé de "Créez la vie qui vous ressemble" d'Anne-Marie Jobin

Avant-Propos

La vie qui vous ressemble

Dans son avant-propos, l’auteure Anne-Marie Jobin, définit ce qu’elle entend dans l’expression du titre de son ouvrage "une vie qui nous ressemble". Ainsi, elle indique qu’une "vie qui nous ressemble" ou encore, dit-elle, "une vie faite à la main" est, en fait, une vie qui reflète le plus possible notre vraie nature. Plus précisément : "C’est le contraire d’une vie préfabriquée, où nous agirions selon des modes ou des rôles prescrits de l’extérieur. […] C’est une vie qui vibre, où nos passions et nos appels les plus fondamentaux se manifestent de façon concrète dans notre quotidien. Au lieu de rester à l’état de rêves, ils s’incarnent, devenant peu à peu réalité."

Le pouvoir guérisseur du processus créateur

Anne-Marie Jobin revient ensuite sur son parcours. Elle nous raconte les difficultés qu’elle a elle-même connues pour trouver une voie qui résonne profondément en elle. Elle explique que c'est en une combinaison d’inspirations, de "moments de grâce", de travail régulier et d’activités créatives, qui a fini par l’amener à l’art-thérapie qui fonde aujourd’hui sa pratique. En l’autorisant à s’exprimer pleinement et librement, le processus créatif l’a, par ailleurs, beaucoup apaisée. Il l’a aidée à prendre conscience de ses blocages, de ses "monstres enfouis" et lui a finalement permis de remonter à "sa source".

Le journal créatif comme fil conducteur

Anne-Marie Jobin relate ensuite ses questionnements et le changement qui en a résulté ce parcours. Ainsi, elle explique s'être interrogé sur ce qui liait sa vie, ce qui y mettait du sens, et ce qu’elle voulait vraiment au fond de son cœur, pour identifier son fil conducteur : à savoir "le journal créatif". "Le changement qui suivit cette révélation fut des plus fulgurants" confie l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble". "Je me découvrais enfin alignée sur mon centre vital, et ma vie devenait de plus en plus une création, quelque chose de vivant qui naissait de la rencontre entre mes élans créateurs et le monde. Si cette traversée fut longue, j’y ai appris beaucoup, et c’est de tout cela que ce livre témoigne."

L’objectif du livre "Créez la vie qui vous ressemble"

Dans cet ouvrage, Anne-Marie Jobin ne prétend pas apporter de recette miracle pour créer une vie qui nous ressemble ou réaliser ses rêves. Elle propose de partager ses réflexions accompagnées d’exercices concrets pour "remettre en branle l’énergie créatrice". Car c’est ainsi, une fois cette énergie réactivée, que naturellement se lèveront les blocages, qu’émergeront nos élans les plus fondamentaux pour se concrétiser en projets. En résumé, termine l’auteure : "J’espère vous transmettre des méthodes concrètes pour aligner votre vie sur cette énergie créatrice que vous portez et qui cherche à manifester de façon tangible votre nature véritable. J’aimerais que ce livre soit une inspiration à vivre selon les appels de votre cœur et de votre âme, et non selon des modèles prescrits de l’extérieur ; que mes propos vous incitent à sortir de votre coquille, à ne plus avoir peur d’être qui vous êtes. […] Vous serez nourri profondément et toute la communauté en bénéficiera." Introduction - Le pouvoir de l’art Anne-Marie Jobin en est convaincue : les arts et l’écriture sont des leviers formidables pour stimuler notre créativité générale (pas uniquement artistique) et contribuer à la réalisation de nos rêves.

Le journal créatif pour réveiller notre créativité : une combinaison d'écriture, de dessin et de collage

Les exercices créatifs et ludiques proposés par Anne-Marie Jobin tout au long du livre "Créez la vie qui vous ressemble" font partie d'un concept qu'elle appelle "le journal créatif". Le journal créatif est "une approche dynamique du journal intime" qui combine les domaines de l’art-thérapie, de la psychologie, de l’écriture créative et de la créativité, indique Anne-Marie Jobin. Le but est de créer un "espace d’exploration et de création libre de tout jugement". Il ne demande aucun "talent" particulier. Aussi, les activités créatives de la méthode du "journal créatif" à réaliser en fin de chaque chapitre nous montreront comment l'expression artistique peut vraiment se répercuter positivement dans notre vie et notre créativité. Ces exercices :

Ont pour objectif de nous aider à savoir où nous en sommes dans notre vie, à aligner nos actions sur ce qui nous interpelle, à stimuler notre énergie et à contrer les blocages liés à votre créativité.

Privilégient l’écriture, le dessin et le collage : trois langages/ médiums qui s’entrecroisent et permettent une riche combinaisons de possibilités.

Se fondent sur trois principes clés :

La spontanéité ⇒ la création est approchée de façon plus intuitive et ressentie que rationnelle : nous réfléchirons le moins possible. Le non-jugement ⇒ le jugement est tout le contraire de la spontanéité ; il paralyse l'expression : au lieu de juger ce qui émerge de nos créations, nous ferons preuve d'ouverture et de curiosité envers elles. Le processus plus que le produit ⇒ l'objectif est de se connecter à soi-même, pas de faire un journal d'artiste. Si nos créations nous plaisent, tant mieux, mais ce n'est pas ce qui compte.

Les quatre raisons principales qui expliquent les effets bénéfiques du journal créatif proposé dans "Créez la vie qui vous ressemble"

Le relâchement de l’énergie

Créer quelque chose par le moyen d’images, de mots, de symboles, de gestes, fait office d'exutoire pour libérer toute l’énergie contenue en nous. Elle sert en quelques sorte de "soupape de sécurité" quand la charge intérieure est trop intense.

La distanciation

"Dans l’expression artistique, des fragments de la vie intérieure prennent une forme tangible" écrit Anne-Marie Jobin. "Le fait d’avoir devant vous un produit issu du monde intérieur crée une distance avec l’aspect de vous qui s’est exprimé" complète-t-elle. Nous nous retrouvons ainsi dans la position d'un témoin qui observe les vagues passer, sans pour autant être submergé.

L’effet miroir

Nos créations constituent un reflet de ce qui se passe en nous car elles mettent en lumière ce qui échappe à notre conscience. Les observer attentivement révèle alors de nouvelles informations sur soi.

Le contact accru avec ce que l'auteure appelle "le plus vaste"

Grâce à l'effet miroir, nous nous sentons nourri par notre inconscient, comme accompagné, soutenu par quelque chose qui nous dépasse. Nous gagnons ainsi en confiance et en fluidité créative, et cela se ressent à toutes les étapes du processus créateur.

Créer son propre journal créatif

Anne-Marie recommande de réaliser les exercices proposés tout au long des chapitres du livre "Créez la vie qui vous ressemble" dans un journal créatif. Pour cela, le lecteur doit se munir d'un grand cahier à pages blanches, de ciseaux, colle, crayons de couleur, pastels et magazines à découper. Les exercices n'ont pas à s'appliquer nécessairement dans l'ordre proposé, ni à tous être accomplis. Ce sont des invitations, des points de départ, pas un procédé à suivre au pied de la lettre.

Chapitre 1- La créativité Dans le premier chapitre de "Créez la vie qui vous ressemble", Anne-Marie Jobin nous explique ce qu’est l’énergie créatrice et d’où elle provient. Elle commence par définir le mot "créativité" : un terme qui ne se limite pas qu'aux arts ou à la science mais qui s’inscrit en fait dans tous nos actes quotidiens, tous nos projets quelque que soit son domaine. La créativité, c’est donc, résume-t-elle, "un processus par lequel une idée est amenée à sa matérialisation". C’est ainsi "la capacité de manifester ce qui nous anime en formes tangibles dans le monde". 1.1 - L’énergie créatrice L’énergie créatrice :

Est notre énergie de vie, invisible donc, qui prend une forme visible : des envies de faire quelque chose, des idées, des inspirations, des projets qui deviennent des activités, objets, créations diverses. En fait, "l’esprit prend forme dans la matière, un peu comme si on le mettait au monde".

Existe chez tout le monde et s’exprime dans tous les domaines et de toutes les manières. Il arrive que, notre énergie créatrice soit "bloquée" ou "déformée", ou que nous ne sachions plus comment y accéder. Mais elle se trouve bien au fond de chacun d’entre nous.

Se montre particulièrement abondante et fluide chez le petit enfant, qui voit, en grandissant, cette énergie se rétrécir. En effet, au fil du temps, nous nous conformons aux rôles plus ou moins étroits que l’on nous propose, aux règles et codes sociaux ; nous rentrons dans les rangs et apprenons à retenir nos élans de vie plutôt que de les embrasser. Si bien que nous sommes nombreux à arriver à l’âge adulte en ayant perdu l’accès à notre énergie créatrice. Il devient alors très difficile de distinguer ce qui relève de notre nature profonde (ce que nous voulons, aimons, ce qui a du sens pour nous) de ce qui relève de notre socialisation. Et nous fondons alors nos choix de vie sur des choses extérieures.

Mais pour Anne-Marie Jobin, il n’est jamais trop tard pour "remettre en branle" notre énergie créatrice. Il suffit, assure-t-elle, de très peu de choses : une simple petite poussée est nécessaire "pour que la source s’éveille et que le flot redémarre". Pour cela, autorisons-nous à suivre ce qui émerge spontanément de nos élans... 1.2 - Le droit de créer Il y a beaucoup de personnes qui ne s’autorisent pas à créer, à manifester leurs élans dans le monde, prétextant toutes formes de raisons : "je n’ai pas le temps…", "à ma retraite je…", "ma sœur, elle, avait du talent…",  "il est trop tard pour moi…", "quand j’aurai de l’argent, un studio, une voiture…", etc. Pour Anne-Marie Jobin, il est crucial de s’accorder ce droit de créer. Au risque sinon de vivre selon des modèles attribués par l’extérieur, complètement détaché de ce qui nourrit notre âme. Elle précise que faire vibrer notre créativité ne demande pas nécessairement d’obéir à de grands critères d’excellence. "Il suffit d’être qui vous êtes et de manifester votre cœur, à votre façon, dans le monde" affirme l’auteure. 1.3 – "La vie faite à la main" "Faire sa vie à la main, c’est créer notre vie à partir de nos élans intérieurs, c’est voir se manifester de façon concrète, dans notre quotidien, ce qui nous tient le plus à cœur." Selon l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble", la raison principale qui fait que nous ne parvenons plus à nous connecter à ces élans intérieurs est la "domestication de notre nature instinctive". En nous socialisant, "nous rencontrons cette énergie de conformisme et nous perdons graduellement le lien, partiellement ou complètement, avec la possibilité de faire notre vie à la main". Quand nous tentons alors de retrouver le fil perdu, nous nous laissons entraîner dans toutes sortes d’illusions de bonheur. De cette "course aux illusions", course absurde, grisante, ensorcelante, nous nous réveillons un jour brutalement. Pour éviter d'en arriver là, il faut, selon l’auteure, absolument commencer par cesser de courir et de vouloir tout contrôler. Ainsi, nous pourrons ressentir profondément qui nous sommes. Cette étape nous effraie - nos identités, nos habitudes, notre agitation nous sécurisent – mais elle est indispensable. Concrètement, cela signifie que : "Avant de s’engager dans des projets, on s’assure qu’ils sont en lien avec ses élans fondamentaux. Dans le cours de l’action, on maintient le contact avec soi-même tout en étant réceptif aux mouvements de la vie extérieure. Dans ce va-et-vient entre soi et le monde, il se peut que les projets changent de forme et que des choses inattendues surviennent. Ce qui caractérise ce processus, c’est qu’il est tout à fait vivant, fluide et changeant, jamais domestiqué." En fait : "L’énergie créatrice a quelque chose de sauvage qui ne supporte pas les carcans. Elle peut être canalisée mais non subordonnée, et il vaut mieux en suivre le flot que de tenter d’en contrôler le cours." 1.4 - "Le plus vaste"

La métaphore de l'iceberg pour décrire "inconscient" et "conscient"

Pour Anne-Marie Jobin, notre énergie créatrice provient essentiellement de notre inconscient. Pour mieux saisir de quoi il relève exactement, l’auteure compare l’inconscient à la partie immergée d’un iceberg, le conscient étant donc sa partie émergée. Cette image nous permet de comprendre que "l’inconscient est beaucoup plus vaste que le conscient et, si l’on tient compte de la mer où l’iceberg baigne, on peut aussi prétendre qu’il y a quelque chose d’encore plus grand qui contient l’inconscient individuel". Cet espace est ce que Carl Jung appelait "l'inconscient collectif", et ce qu’Anne-Marie Jobin propose d’appeler "le plus vaste". Pour l’auteure, il s’agit d’une "source de vie plus spacieuse que celui qui nous vient du monde limité du conscient", une espèce de "réservoir d’images et d’expériences que tous les humains ont en commun", un espace opérant à l’arrière-plan de notre vie, où nous pouvons puiser à l’infini, lorsque nous nous trouvons dans un état particulier (l’état méditatif ou la relaxation par exemple, mais aussi l’acte créatif quand on s’abandonne au processus). "En d’autres mots, en prêtant attention à ce qui émerge du monde plus vaste de nos profondeurs, nous sommes guidés, nourris et inspirés par une vision plus riche que celle qui nous vient de notre conscient."

Entrer en contact avec "le plus vaste"

Pour Anne-Marie Jobin, c’est dans cet espace intérieur que se trouvent nos inspirations instinctives, nos vrais appels, les réponses à nos problèmes. Dans la partie émergée qui représente le conscient et l’ego, nous nous limitons au rationnel et tangible. Pour vivre une vie qui reflète notre vraie nature, l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble" invite le lecteur alors à :

"Relâcher les rênes" pour se connecter avec "le plus vaste". Tout ce qui favorise la présence l’y aidera grandement (relaxation, méditation, etc.).

"Jeter des ponts" entre "le plus vaste" et le conscient afin de pouvoir faire des allers et retours régulièrement. Et ainsi "nous abreuver dans le mystère des profondeurs, puis revenir mener notre vie, pas à pas, guidés par cette vision plus large".

1.5 - Le cycle de l’énergie créatrice Pour terminer ce chapitre de "Créez la vie qui vous ressemble", Anne-Marie Jobin évoque un élément qu’elle dit essentiel dans l’acte de créer : le cycle naturel de l’énergie créatrice. L’auteure nous explique ici que puisqu'elle s’incarne dans la matière, l’énergie créatrice suit inévitablement le rythme du monde physique. Anne-Marie Jobin s'appuie sur les travaux de Pinkola Estés pour décrire ce rythme qui correspond pour ainsi dire au cycle de vie et de mort, cycle tout à fait naturel qui peut facilement être représenté de façon circulaire. "De la même façon que le monde naturel suit ce mouvement organique, l’énergie créatrice s’allume, naît, monte, stagne, redescend et meurt, puis incube avant de s’éveiller de nouveau. Travailler en suivant ce rythme implique donc de suivre patiemment un flot naturel plutôt que de pousser pour atteindre un but. Concrètement, cela veut dire que lorsque nous sentons la poussée de l’inspiration, nous démarrons, nous travaillons assidûment, et quand l’énergie redescend, nous nous arrêtons pour nous reposer." L'auteure souligne que, dans notre société actuelle, ce rythme est en général très difficilement respecté : soit nous poussons les choses, soit nous les freinons.

Rechercher toujours plus de productivité

La plupart du temps, plutôt que de suivre le flot, "nous tirons sur nos projets pour qu’ils avancent, nous poussons et renâclons, nous pestons contre les obstacles ou contre notre énergie qui ne suit pas". Bref, nous recherchons toujours à être plus productif pour finaliser plus vite nos projets. L'auteure résume très bien ce phénomène ici : "Si nous savons qu’il est absurde de tirer sur une plante pour la faire pousser plus vite, nous ne semblons pas comprendre ou accepter que notre travail ait besoin de temps pour sa gestation, sa germination et son mûrissement avant de pouvoir offrir ses fruits. Parce que la récolte nous plaît souvent davantage que le patient travail de désherbage ou de compostage, nous tentons d’accélérer le processus." Elle poursuit : "De même que lorsque nous engraissons artificiellement la terre à outrance, les légumes perdent en saveur et gagnent en toxicité, lorsque nous nous obstinons à hâter le processus de croissance de nos projets, nous finissons avec une création immature ou sans profondeur."

Résister à l’action

À l’inverse, à cause de nos croyances ou de nos peurs (de ne pas être à la hauteur, de nous laisser emporter trop loin, ou à l’inverse, pas assez loin, de sortir de notre zone de confort, de nous "noyer dans cette belle énergie sauvage") nous pouvons avoir tendance à freiner les montées d’énergie et à repousser les actions allant dans le sens de nos visions, niant nos élans intérieurs. Finalement, "au lieu de canaliser la force de notre énergie créatrice, nous l’éparpillons ou meublons le temps d’activités variées sans rapport avec nos élans fondamentaux" prévient l’auteure.

Lâcher prise pour suivre le rythme naturel de la créativité

Plutôt que de pousser ou de bloquer cette énergie de vie, plutôt que de lutter contre le rythme naturel du processus créateur, l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble" nous encourage vivement à lâcher prise et à embrasser ce rythme sans chercher à ne rien contrôler. Mais "cela implique une grande présence aux mouvements naturels de notre énergie vitale, une écoute sensible des vagues montantes et descendantes du cycle" termine Anne-Marie Jobin. Chapitre 2 - Le processus créateur Dans le deuxième chapitre de son ouvrage "Créez la vie qui vous ressemble", Anne-Marie Jobin étudie le processus créateur. Elle commence alors par en donner une définition : "Le processus créateur, c’est en quelque sorte un trajet entre une première idée et sa réalisation, un voyage entre l’esprit, d’où émane la première idée, et la matière, où cette idée s’incarnera."

Anne-Marie Jobin dit s’être inspiré du travail de Pinkola Estés, qu’elle a adapté à sa façon, pour nous décrire le processus créateur. Voici les 5 grandes étapes qu’elle propose de développer dans cette partie, accompagnées, pour chacune d’entre elles, d’exercices créatifs :

L’inspiration, La concentration, L’organisation de l’action, La réalisation du projet, La réflexion sur l’action, le suivi et/ ou le soutien au projet.

L'auteure souligne que la prise de conscience de ce parcours - entre rêves et réalisation - lui a permis de :

Concevoir que physiquement, il ne lui était pas possible de donner suite à toutes ses idées, à toutes ses visions et ce qu'elle imaginait dans ses rêves. S'ouvrir aux changements, mieux comprendre ses égarements et comment rectifier son chemin. Créer un équilibre entre "rêves" et "action" :

"Pour créer votre vie, vous saurez que vous devez à la fois savoir rêver et savoir agir. En écoutant attentivement ce qui bouillonne au fond de vous et en concentrant votre énergie dans un choix, vous arriverez à endiguer l’action dans la direction souhaitée. Vous saurez également vous arrêter pour vous reposer et vous régénérer, mais aussi pour contempler le chemin parcouru et savourer les fruits de votre persévérance." 2.1 – Les deux étapes préalables au processus créateur Avant de traverser les cinq étapes du processus créatif, l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble" décrit deux autres étapes, essentielles, pour s’engager dans le cœur de la création. Ces deux étapes aideront les personnes en manque d’inspiration, celles qui n’arrivent pas à savoir ce qu’elles veulent et ne ressentent aucune étincelle.

Faire le point

Faire le point, "c’est entrer en soi-même pour y sentir ce qui s’y passe vraiment". C’est prendre le temps d’aller à notre propre rencontre avec ouverture et acceptation afin de :

Identifier où nous en sommes et ce que nous souhaitons réellement. Nous assurer "d’être bien aligné sur ses élans fondamentaux", c'est-à-dire être certain que nos inspirations et nos rêves sont bien les nôtres et non ceux des autres.

Pour réaliser cette pré-étape, l’auteure suggère de :

Y dédier un temps précis : bloquer 15 minutes, une heure, plusieurs jours, le temps d’une retraite ou plusieurs semaines quand on est embourbé, peu importe le temps... Recourir au mode qui nous convient le mieux : la réflexion, l’écriture, la visualisation, la création artistique, discuter avec des amis, un conseiller, un thérapeute.

Faire de l’espace

"Faire de l’espace, c’est pousser momentanément de côté ses préoccupations et ses problèmes afin de créer un vide d’où émergeront les inspirations, les directions et les solutions requises à cette étape du voyage. C’est faire silence à l’intérieur et à l’extérieur afin de pouvoir mieux entendre la voix parfois subtile de sa créativité. En dégageant de l’espace, on s’assure que ce qui est fondamental a la chance d’être entendu. Faire de l’espace, c’est donc se libérer graduellement de tous les bruits du quotidien pour pouvoir se calmer et recevoir ensuite des sensations, des intuitions et des réponses qui viennent d’un endroit plus vaste que la personnalité habituelle." Il y a plusieurs manières de faire de l’espace. Anne-Marie Jobin en partage ici quelques-unes :

Cesser les activités de routine et favoriser le calme dans notre mental et nos émotions. S’offrir régulièrement des créneaux de temps libre pour se relaxer, méditer, marcher en silence. Faire du ménage dans notre environnement (c’est un moyen symbolique). Passer des moments à ne rien faire de "productif" (ne pas sous-estimer l’importance de ces moments dans l’épanouissement de notre créativité).

2.2 – Les 5 grandes étapes du processus créateur

Étape 1 : L’inspiration

L'inspiration arrive après des périodes plus ou moins longues de réflexion ou d’incubation. Il s’agit, en somme, d’un appel prenant la forme d’idées, d’intuitions, de visions, etc. C’est une phase grisante car "on voit dans son esprit les projets déjà réalisés, on y rêve et cela est souvent agréable". "Il s’agit de sentir vos élans créateurs, c’est-à-dire ce qui vous pousse par en dessous, ou ce qui vous allume assez pour vous donner envie d’en manifester une forme dans la vie concrète. C’est l’étape où l’on rêve… Ah ! que j’aimerais ouvrir un restaurant, suivre un cours d’italien, aller au Pérou, faire un gâteau, écrire un roman ! C’est l’énergie de l’esprit qui est à l’œuvre - elle est naturellement pétillante et n’est pas ralentie par les problèmes rencontrés dans la matière." Cette étape permet :

Quand nous avons plein d’idées, de valider si ces envies sont bien authentiques, reliées à ce qui est essentiel pour nous. Quand nous ne sentons pas ou plus nos appels intérieurs, de retrouver leur trace. L’auteure suggère pour cela de passer par l'étape précédente qui est de faire de l’espace (une retraite de quelques jours, avec le moins de stimulations possible par exemple).

Nos élans n’ont pas à être compliqués. Ils ne sont pas non plus forcément de grandes missions. Nous devons juste être attentif à ce qui nous fait vibrer, ce qui nous apporte du plaisir, ce que nous aimons, bref "ces petites choses qui nous remplissent le cœur".

Étape 2 : La concentration

À ce moment-là, l’énergie créatrice se focalise au lieu de se disperser. Cette étape aide à accepter de ne pas faire tout ce qu’on aimerait faire afin de ne pas s’éparpiller. Ainsi, des priorités se dessinent et nos choix se précisent pour s’enraciner "dans un canevas concret" qui correspond à la troisième étape.

Étape 3 : L’organisation

Cette étape vise à établir minutieusement un plan précis et détaillé de ce que nous allons faire : on "tisse le lien entre l’esprit et la matière puisqu’on amène l’énergie évanescente de l’inspiration dans un plan d’action concret". Ce plan peut être amené à changer en cours de route. Peu importe. Une planification souple et structurée à la fois :

Canalise l’énergie créatrice et encadre sa réalisation en offrant des assises et une ligne directrice au projet. Permet de rester aligné à notre vision d’origine, de stimuler l'action et tenir le cap lors des moments moins inspirés ou challengeants, de rester concentré face aux distractions, etc. Évite de se sentir découragé devant l'ampleur de ses visions ou d'un projet ou la lenteur de la réalisation : "on décortique l’action en étapes mesurables et réalisables, et ainsi on peut approcher son projet une bouchée à la fois".

Nous pouvons planifier nos actions en listant les choses à faire à chaque étape. Mais la planification peut se faire de multiples autres façons. Par exemple, l’auteure fait part d'un outil très visuel et stimulant qu’elle aime particulièrement utiliser : le diagramme. Celui-ci peut prendre différentes formes : tarte ou camembert (pour mieux visualiser les proportions et le temps à consacré à chaque étape), en colonnes, ou combiné à la carte mentale. Enfin, Anne-Marie Jobin termine sur cette étape par deux conseils :

Nos actions devront être sans cesse réajustées en fonction de l'évolution du projet. La planification ne doit pas nous enchaîner. Pour autant, il faut être vigilant à ne pas passer plus de temps à planifier et re-planifier qu’à agir.

Étape 4 : La réalisation du projet

Il s’agit ici de la mise en œuvre du plan d’action. Autrement dit, "l’énergie invisible et fluide de l’esprit se confronte à l’énergie dense de la matière". Concrètement, on se met au travail (démarches, contacts, appels téléphoniques, publicité, réunions, administration, locations, recherche d'outils, création, etc.). "Ce n’est plus le temps de rêver, mais d’agir" indique Anne-Marie Jobin. Et le fait de voir nos rêves se matérialiser rend cette période particulièrement satisfaisante. C’est généralement une phase où alternent des moments de grande fluidité à d'autres plus difficiles liés aux obstacles rencontrés, ce qui demande une grande adaptation. Selon l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble", il y a quatre phases majeures dans la réalisation :

Phase 1 : Se réchauffer 

L’auteure suggère trois excellentes façons selon elle de "se réchauffer" :

La mise au point, qui consiste à nous remettre là où nous en étions la dernière fois que nous avons travaillé sur notre projet (relecture de notes, plan de la journée, contemplation d’un chantier…). Le jeu : par exemple, dessiner une carte mentale des points à travailler en les regardant sous un autre angle, danser quelques minutes… Des exercices pour se recentrer : méditation, relaxation, visualisation, yoga…

Phase 2 : Avancer

Il s'agit ici de s'engager dans l'action. Nous retiendrons deux idées à ce sujet :

Le simple fait de commencer est suffisant pour insuffler l’énergie nécessaire à la poursuite du travail :

"L’action agit comme moteur de l’énergie créatrice. C’est une des façons les plus efficaces de dépasser les blocages liés à la procrastination ou aux peurs de toutes sortes".

Le "petit pas" est infaillible quand nous rencontrons des résistances et que nous n'arrivons pas à avancer :

"Le fait de ne vous demander qu’une petite tâche vous permettra de redémarrer et ensuite le mouvement vous entraînera. Vous ne vous laisserez alors plus alourdir par les pensées qui anticipaient tout ce qu’il y avait à faire. Les autres étapes s’enchaîneront avec moins d’effort."

Phase 3 : Naviguer 

Durant cette phase, nous avons l'impression de naviguer sur des vagues :

Tantôt en crêtes : il s'agit des moments au sommet où :

"On se sent totalement absorbé et transporté par ce qu’on est en train de faire. On est concentré, l’énergie monte et atteint un niveau où soudain il y a une fluidité incroyable dans l’action, comme si on se fondait complètement dans son activité. L’énergie est limpide, le temps disparaît, le travail est tout simplement grisant. [...] Les idées sont claires, l’inspiration déferle et le plaisir est entier."

Tantôt en creux : il s'agit des passages à vide, des moments d’incubation ou de panne sèche, où l'inspiration est en berne et le découragement pointe son nez. Ces moments sont inconfortables et frustrants mais nécessaires car ils permettent à la vague de rassembler son énergie pour remonter.

L'auteure explique qu'idéalement, nous devrions naviguer sur les flots en "savourant les montées" des vagues ascendantes et en "se laissant redescendre en douceur" sur les vagues descendantes. Mais très souvent, nous forçons le travail pour rester en haut de la vague, ce qui a pour conséquence de bloquer le flot naturel de la création, créer de l'épuisement ou des descentes trop intenses. C'est pourquoi, Anne-Marie Jobin insiste : nous devrions vraiment essayer de nous synchroniser et d'apprivoiser les vagues de notre créativité en prenant plaisir sur les sommets et en se relaxant dans les creux.

Phase 4 : Redescendre

Cette phase correspond au "moment où l’énergie faiblit et décroît". Ce n'est pas juste une vague en creux mais bien la fin de l'étape 4, l'étape productive d'un travail. Parfois, nous négligeons cette phase. D'autres fois, le travail a été si intense qu'il nous est difficile de "redescendre". Nous pouvons en ressentir le besoin, mais cela peut demander un certain temps avant d'y arriver. Pour Anne-Marie Jobin, il est clair qu'en écoutant notre corps et en respectant cette phase de redescente (en y consacrant 20 minutes, par exemple, avant de retourner à notre vie quotidienne), nous serons "plus équilibré" et "plus heureux". De plus, notre entourage aura pour modèle "une personne vivante et comblée, et non un bourreau de travail ou un artiste obsessif…"

Étape 5 : La réflexion sur l’action, le suivi et/ ou le soutien au projet

La réflexion

Cette phase consiste à réfléchir au chemin parcouru, en milieu ou en fin de parcours, dans le but de mieux rebondir. La réflexion permet de :

Faire le bilan de ses résultats, en tirer des conclusions pour clore ou réajuster la suite (noter les forces et faiblesses de notre projet, les problèmes à résoudre, les apprentissages, les indications pour la suite, faire une réunion d’évaluation, récolter un feed-back...).

Stimuler de nouvelles inspirations qui relanceront un nouveau cycle de création, "une nouvelle vague d’action".

Le suivi

Il permet de s’assurer que "rien ne reste en suspens", que "les boucles sont bien bouclées" (démarches de promotion, classement du matériel, envoi des remerciements, etc.). Il est possible de rendre le processus d'évaluation moins conventionnel en recourant à des outils moins traditionnels : pensée intuitive, visualisations, relaxations ou créations spontanées. Attention toutefois à ne pas tomber dans certains travers fréquents durant cette phase. Ainsi, veillons à :

Nous laisser suffisamment de temps, lors de cette phase, et même si cela est inconfortable, pour "digérer" et prendre du repos. Ne pas passer outre cette étape juste dans le but "rester dans l’aspect grisant de l’action et éviter de se poser des questions".

Et d'une manière générale, il faudra éviter de "sur-intellectualiser le processus", en consacrant notamment trop de temps à la planification et à l’évaluation de chaque détail. 2.3 – Le compostage Une fois l'évaluation et le suivi terminés, soudain, c'est le vide ! L'auteure appelle ces périodes "les hivers de la vie créatrice", "les périodes d’attente et de compostage". Capitales pour régénérer l'énergie, ces périodes creuses signent le temps de se reposer. Il est donc crucial d'en profiter pour se ressourcer avec confiance et patience, ou pour alimenter notre passion comme nous le conseille ici l'auteure : "Il ne sert à rien de piétiner et de s’énerver durant les périodes creuses, cela ne crée qu’une agitation inutile et nous perdons de l’énergie au lieu d’en gagner en nous reposant. [...] Ne cédez pas aux pressions des autres ou à vos pressions internes pour accélérer les choses. Prenez le temps de ne rien faire, de contempler la nature, de faire des promenades méditatives en respirant tranquillement. [...] Vous pouvez profiter de vos hivers pour faire ce qui vous fait du bien, pour nourrir votre passion ou votre projet. Vous pouvez lire sur le sujet, prendre des cours, discuter avec des gens de ce domaine, etc. Toutes ces démarches alimentent le sol de votre projet, participent à l’incubation de ce qui naîtra plus tard. Il s’agit de ne pas retomber dans l’agitation ou l’impatience, mais d’avoir conscience que l’on profite d’un temps creux pour nourrir la terre, tout simplement." Veillons, cela dit, à ne pas confondre "procrastination" et "période de compostage", avise l'auteure. Chapitre 3 - Les difficultés pour créer une vie qui nous ressemble Tout au long du "chemin de la vie faite à la main", nous rencontrons inévitablement des obstacles. Mais pour Anne-Marie Jobin, ces obstacles possèdent un "énorme potentiel de transformation" : quand nous les prenons avec curiosité et compassion, ils peuvent, en réalité, devenir de véritables catalyseurs. Ce troisième chapitre de "Créez la vie qui vous ressemble" étudie 20 points de blocage à notre créativité.

3.1 - L’ego L’ego, construit par-dessus notre vraie nature, est à l'origine de nos peurs et désirs. En ce sens, l'égo nous maintient loin de ce qui nous trouble et nous amène à nous accrocher à nos convoitises. La conséquence est que nous nous retrouvons à lutter, à pousser ou tirer. Ceci entrave le flot naturel de notre énergie créatrice. L’auteure nous presse alors de considérer l’ego comme ce qu’il est, rien de plus, à savoir un simple déguisement. Puis, elle nous suggère diverses pratiques (méditation ou exercices dans le livre) pour nous libérer de l’emprise des jeux de l’ego. 3.2 - L’énergie de lutte Parfois, les choses, nos projets ne se déroulent pas comme nous le voulons. "Cette distance entre ce qui est et ce que nous désirons crée une tension qui rend la vie plus difficile, parce que nous sommes constamment en train de lutter pour changer quelque chose" lance l’auteure. "Nous sommes en guerre contre ce qui est et contre qui nous sommes". Jamais satisfaits et incapables de voir ce que nous avons déjà, nous nous faisons violence. Il en résulte toujours du stress, de l’épuisement. Notre société favorise cette énergie de lutte en créant de "fausses motivations" qui nous conduisent à ne pas respecter notre rythme naturel ou nos élans fondamentaux. Finalement, nous tombons parfois malades ou nous retrouvons perdus, en quête de sens. Au lieu de nous régénérer d’énergie, nous nous vidons. L’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble" nous invite à prendre la vie davantage comme une "danse" plutôt qu’un "combat déchirant". Autrement dit, elle nous encourage à "répondre simplement à ce que la vie apporte, tout en employant notre énergie à créer ce qui est important pour nous". 3.3 - Les vieilles blessures Les charges négatives, non résolues, que nous portons de notre histoire de vie, impacte le processus de création. S’il n’est pas nécessaire de se guérir de toutes nos blessures passées, l’auteure explique que "la vie créatrice trouvera à s’épanouir davantage si le chemin est libre d’entraves". Le plus important, précise-t-elle, est alors la relation que nous entretenons avec nos vieilles blessures. Celles-ci "peuvent nous paralyser, nous pousser à l’agitation, brouiller les messages que nous recevons, nous vider de notre énergie ; mais elles peuvent aussi nous montrer le chemin de la guérison". Pour qu’elles ne constituent pas un obstacle dans le processus créatif et gagner en fluidité, la meilleure option est d’accueillir ces blessures avec soin et compassion, sans les nier ni s’y accrocher. En les écoutant, nous saurons ce dont nous avons besoin pour cela : juste exprimer quelque chose, agir, régler un conflit ancien, poser des limites à une situation… 3.4 - La perte de vision La vision est primordiale dans le processus créateur. Car c’est elle qui :

Nous permet d’être aligné à ce qui est essentiel à nos yeux : grâce à elle, nous nous sentons à notre place. Apporte du sens à nos actions. Nous aide à continuer dans les périodes de travail dur et d’adversité.

Aussi, sans elle, nous ne savons plus dans quelle direction aller. Nous avançons à tâtons dans notre vie, "faisant souvent n’importe quoi, jusqu’à nous confronter à des culs-de-sac prenant la forme de crises de vie, d’épuisement professionnel, de maladies, etc.". Pour faire émerger notre mission de vie, Anne-Marie Jobin nous invite à :

Rechercher ce qui a servi de "fil conducteur" dans notre vie

Le fil conducteur est cette "sorte de moteur souterrain" qui a traversé toute notre existence : l’amour de quelque chose, une passion, une activité qui nous remplit, nous enchante. Selon l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble", cette dernière démarche demande d’être vigilant "aux illusions et aux discours de l’ego". Notre fil conducteur n’a aucun rapport avec ces rêves ou désirs que nous nous créons pour compenser nos blessures. Non, "il s’agit de vos rêves fondamentaux, de vos désirs les plus profonds et les plus vrais, ceux dont la matérialisation donnerait un véritable sens à votre vie" insiste l’auteure.

Nous armer de patience, ne pas forcer

Inutile de forcer cette vision à apparaître, elle germera au bon moment. Et : "Quand elle viendra, vous le saurez. Il vous restera à ajuster vos activités en fonction de cette vision profonde, et graduellement votre vie prendra des formes qui ressembleront à cet amour que vous portez." 3.5 - Les doutes Les doutes se manifestent par :

De l’agitation, de l’ambition, De l’hésitation ou de la procrastination.

Ils peuvent concerner :

Soi-même : "on doute de sa valeur, de ses décisions ou de ses compétences". Ses projets : "on doute de leur bien-fondé, de leur déroulement ou de leurs chances de succès". Autrui : on projette nos doutes sur les autres.

Selon Anne-Marie Jobin, pour surmonter ces doutes, il faut réapprendre à croire en soi et retrouver la foi inébranlable "dans le fait que nous avons droit à notre part de bonheur, et ce, même si on nous a fait croire le contraire". Par contre, il ne sert à rien d’attendre de croire entièrement en soi pour commencer à créer. Car ce cheminement peut se faire via le processus même de la création : "rien ne vous soignera mieux que de voir émerger de vous-même des créations uniques et vibrantes de vitalité". 3.6 - L’énergie de l’habitude L’énergie de l’habitude, ou le mode "pilotage automatique" (nous faisons les choses automatiquement sans prendre le temps de ressentir ce qui se passe vraiment) enferme l’énergie créatrice dans des règles et schémas répétitifs : penser avoir besoin d’alcool ou de café pour créer par exemple. C’est, selon Anne-Marie Jobin, en faisant les choses de façon inhabituelle que nous contrerons le mieux l’énergie de l’habitude. Agir ainsi "allège le processus, ouvre des horizons nouveaux et stimule énormément l’énergie créatrice et le plaisir de créer". Elle propose, par exemple, de créer à un autre moment de la journée, peindre avec les doigts au lieu d’utiliser des pinceaux, écrire avec son autre main, accomplir sa routine à l’envers, danser les yeux bandés, démarrer sa journée avec un sujet amusant plutôt qu’urgent… 3.7 - La peur de l’inconnu "Le processus créateur implique des sauts répétés dans l’inconnu." La peur de l’inconnu, qui sous-entend d’autres peurs comme celle du changement, de perdre le contrôle, d’être déstabilisé ou encore de devoir faire face à nos refoulements, s’avère souvent paralysante dans l’acte de créer. Dans nos projets, cette peur se matérialise, par exemple, par une résistance aux changements, aux visions brillantes mais nouvelles, à la prise de risques, à l'utilisation d'un matériel performant mais non familier. Ou encore lorsque nous nous accrochons à une collaboration qui ne nous satisfait pas par peur de ne pas en trouver une autre, quand nous évitons de creuser un problème par crainte d’avoir à changer ses façons de faire, etc. Pour dépasser cette peur, il est indispensable de développer une sécurité intérieure et une confiance dans le processus créateur. Cela implique de prendre les choses telles qu’elles sont, en osant explorer ses intuitions et tester du nouveau(elles) matériel/ actions. "En d’autres mots, c’est seulement en osant aborder les espaces méconnus de votre psyché que vous bénéficierez de toute l’énergie de vie qui est à votre disposition." 3.8 - La peur de l’échec Nous sommes nombreux à craindre que notre projet ne fonctionne pas, que personne n’adhère à l’activité que nous proposons ou n’achète notre produit. Or, en réalité, "penser en termes d’échec ou de réussite nuit considérablement au flot naturel de notre énergie, parce que nous sommes sous tension, centrés sur le résultat de nos actions plutôt que sur le processus présent" affirme Anne-Marie Jobin. Aussi, pour que l’énergie de vie circule en nous, il faut, selon l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble", absolument remettre tout cela en perspective, et donc :

Toujours garder en tête que "nos projets ne sont pas nous-mêmes". "Apprendre à courir le risque que nos plans ne fonctionnent pas comme prévu". Voir les échecs en termes d’apprentissages plutôt que de chercher nos fautes.

3.9 - La peur du succès La peur du succès, c’est la peur de tout ce qui pourrait arriver si nos projets réussissaient : cela pourrait chambouler notre vie, notre entourage, une relation, notre organisation familiale ou encore même la perception qu’on a de soi. Elle provient souvent d’une mauvaise estime de soi, de croyances négatives sur la vie et sur soi ou d’une peur inconsciente de "dépasser" notre milieu, nos parents, nos pairs, etc. Cette peur génère des hésitations qui nous empêchent d’aller au bout de nos élans, de rayonner, de nous ouvrir aux opportunités de la vie. Selon l’auteure, pour transcender cette peur, il est nécessaire de se questionner en permanence sur le sens de nos actions. 3.10 - La peur de la critique La peur de la critique, comme les autres peurs, "est liée à l’ego qui tente de puiser sa valeur dans le regard des autres ou dans ses succès".

Cette peur :

Peut concerner la critique extérieure (le regard des autres) ou la critique intérieure (qui vient de soi). Avoir peur de la critique positive paralyse, avoir peur de la critique négative détruit.

Se manifeste par des hésitations (liés à un sentiment d’insécurité), un haut perfectionnisme, l'absence de prise de risque, des décisions "ménageant la chèvre et le chou". Elle revêt souvent "une voix interne qui sans cesse dénigre ou sabote le travail, mettant l’accent sur ce qui manque et nous faisant sentir inadéquats".

Nous sommes particulièrement vulnérable à la critique lorsque nous nous identifions aux résultats de nos actions. Nous nous sentons en effet nous-mêmes critiqués ou attaqués, "comme si c’était notre valeur qui était remise en question" indique Anne-Marie Jobin. L’auteure liste plusieurs outils concrets pour nous protéger des critiques destructrices :

Toujours garder en tête que notre valeur ne réside pas dans nos actions, mais dans notre nature profonde. Personnifier notre petite voix critique interne (imaginer, par exemple, un corbeau noir sur notre épaule, un militaire intransigeant à l’intérieur de nous…) pour entrer en relation avec elle au lieu d’en être la victime. Jouer, expérimenter, nous autoriser à l’erreur, nous "abandonner au processus de création en oubliant pour un temps le produit qui émerge de ses explorations". Fixer des limites clairement, voire éviter certaines personnes ou certaines situations.

L’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble" termine en nous rappelant de rester, par contre, ouvert(e) à la critique constructive, qui elle, peut s’avérer très utile. 3.11 - La peur du vide Notre société agitée et stimulante nous a déshabitués au vide. Si bien que celui-ci nous fait peur. Nous cherchons à le combler avec n’importe quoi (télévision/ radio continuellement allumée, surconsommation, grignotage…). Cette peur du vide se traduit pour beaucoup par une angoisse : celle de la mort, observe Anne-Marie Jobin. Dans le processus créateur, les passages à vide sont nécessaires. Pourtant là aussi, nous cherchons à remplir ces périodes en nous agitant, plutôt que nous mettre en mode réceptif et d’en profiter pour écouter notre monde intérieur. Aussi, pour l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble", il est crucial de comprendre déjà que ces moments sont naturels et précieux. Ensuite, qu’ils sont l’opportunité de laisser apparaître de nombreuses opportunités. Il faut, pour cela, s’ouvrir afin d'accéder à ce qui émerge quand notre mental s’apaise. En résumé, nous devons réapprendre à "être" au lieu de "faire". 3.12 - Le perfectionnisme "Être perfectionniste, c’est avoir de très hauts standards de qualité pour ses projets et/ ou pour soi-même." Le problème, c'est que lorsqu'il est obsessif, le perfectionnisme freine considérablement l’expression et la création. À l’origine du perfectionnisme, l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble" observe souvent d’anciennes blessures liées à l’amour de soi. L'enfant perfectionniste n’a pas forcément été reconnu pour son essence. Il peut avoir grandi dans un contexte de grande exigence de propreté, de performance, sans trop d’occasions pour jouer, explorer et s’exprimer. Ayant souvent "l’impression que l’amour qu’on leur porte ou la valeur qu’on leur donne dépend de leur degré de réussite et de performance", les enfants devenus perfectionnistes ont ainsi appris à considérer leur valeur selon les éléments extérieurs. Nous devenons alors des adultes complètement centrés sur le résultat à atteindre, et donc continuellement sous tension. Finalement, comme nous ne sommes jamais vraiment satisfait ou que nos projets ne sont finalement pas à la hauteur de nos exigences, nous nous décourageons avant d’aller au bout de nos élans. Et tous ces projets inaccomplis ont pour conséquence de miner notre confiance. Aussi, pour l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble", ce qui peut vraiment nous libérer du perfectionnisme, c’est l’amour de soi. Pour cela, autorisons-nous à être imparfaits, et rappelons-nous, termine Anne-Marie Jobin, que "notre valeur fondamentale n’a rien à voir avec nos réalisations sociales ou matérielles". 3.13 - La procrastination Le fait de procrastiner consiste à "tout remettre au lendemain", à "éviter l’action". Cela se traduit soit par une inactivité, soit par une agitation. Dans ce dernier cas, nous paraissons très occupé, mais, en réalité, nous ne cessons de remettre à plus tard le "vrai" travail à réaliser, celui qui s’inscrit dans nos appels fondamentaux. Voici, par exemple, des comportements de procrastination. Le mode :

"Victime" : passer sa journée à se plaindre, à traîner des pieds. "Je m’en fous" : préférer une activité passive (télé, jeu vidéo…) alors que nous aspirons à autre chose. "Agité" : faire du ménage alors que nous avions planifié de la peinture. "Impuissant" : trouver de multiples excuses afin de ne pas passer à l’action.

L’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble" partage plusieurs antidotes à la procrastination :

Passer à l’action, avec un rythme régulier de phases de création. S’écarter de nos sources de distraction. Commencer par ce qui nous tient le plus à cœur.

Il est aussi nécessaire de nous entrainer à différencier un besoin de repos d’un comportement d’évitement. 3.14 - L’agitation L’agitation engendre éparpillement et manque de concentration. Pour y faire face et réussir à mieux se concentrer, Anne-Marie Jobin suggère de :

Organiser notre travail selon le rythme naturel de notre énergie. Faire preuve de discipline : une "discipline aimante", qui offre "une sorte de fidélité à soi-même". Rester régulier. Apprendre à traverser les émotions pénibles.

3.15 - Les pensées polluantes Les pensées polluantes sont créées par notre mental et influencées par nos émotions. Elles apparaissent sous ce type de croyances : "c’est trop long, trop gros, je n’y arriverai jamais", "je ne suis pas bon, pas capable, pas assez…", "ça ne ressemble pas à ce que j’imagine dans ma tête, ce n’est pas assez bien", "il faut que ce soit un best-seller, il faut que…", "personne ne va s’intéresser à mon projet", etc. Elles ont des conséquences très néfastes sur notre créativité : elles nous freinent, nous plongent dans des blessures passées "en nous faisant saboter nos plus beaux élans ou en tuant le plaisir de créer". Pour enrayer ces pensées, l’auteure préconise plusieurs étapes. Tout d’abord, elle invite à prendre conscience de ses pensées, à les entendre plutôt que de s’y laisser piéger. Ensuite, une fois identifiées, Anne-Marie Jobin propose que nous travaillions avec ces pensées. Pour cela, elle décrit plusieurs méthodes :

Celle tirée du "Travail" de Byron Katie, qui consiste à "retourner" la pensée pour démontrer l’inverse et ainsi démanteler la croyance. Revenir en permanence à ce que nous sommes en train d’accomplir, au présent. Reformuler ses pensées polluantes en affirmations positives ("ce n’est pas assez bon" deviendra par exemple "j’ai le droit d’expérimenter").

3.16 - Les désirs Certes, les désirs stimulent l’action. Toutefois, ils peuvent aussi la rendre plus difficile. Pourquoi ? Parce que quand les désirs incombent à l’ego ou quand plus que seuls les résultats comptent, "le processus se transforme en lutte". Les désirs vont alors créer :

Du manque, de la tension et une ingratitude face à ce que nous avons déjà. Car ces désirs insinuent que "ce que nous sommes ou ce que nous avons est incomplet".

De l’éparpillement : ces désirs "vont dans toutes les directions et n’ont pas de réelle substance", et "dès qu’ils sont satisfaits, un nouveau désir apparaît, créant une agitation qui nous éparpille".

De la douleur : lorsqu’ensuite nous avons ce que nous désirons, nous nous y accrochons pour le faire durer ou ne pas le perdre.

C’est pourquoi il est capital, souligne Anne-Marie Jobin, d’apprendre à distinguer nos désirs ordinaires de nos élans fondamentaux. Mais nous devons aussi faire attention à nos "véritables" désirs : ils nous guident, nous  inspirent, "comme des étoiles sur lesquelles on s’aligne pour orienter ses projets" ; cependant, "malgré leur grandeur", ceux-là peuvent renfermer les mêmes pièges que nos désirs "ordinaires" : garder "les yeux trop rivés sur notre étoile" peut générer beaucoup de frustration et de souffrance inutile. "Obsédé par notre vision, si belle soit-elle, nous pouvons en arriver à ne plus savourer notre vie" déclare l'auteure. C'est alors seulement à force de rechercher un équilibre (se laisser porter par ses élans/ relâcher ses désirs) que nous apprenons à créer moins de charge émotionnelle et mentale autour de nos désirs. 3.17 - La recherche de l’illumination Anne-Marie Jobin explique que la recherche de l’illumination se traduit par "le désir de manifester sa lumière en rayonnant pleinement, en réalisant tout son potentiel ou en changeant le monde". Ce sont ici de "nobles désirs" continue-t-elle. Mais ils peuvent, comme tout autre désir, être source de tensions et nous "empêcher d’être totalement présents à ce qui est". En somme, clarifie l’auteure : "Ce n’est pas la lumière qui est un problème pour la créativité, mais le désir de la posséder." Et c’est, conclut-elle, un paradoxe : "si je veux rayonner davantage, je dois relâcher le désir de rayonner". 3.18 - Le manque de ressources et de temps

C'est notre attitude devant les contraintes qui fait la différence

Parfois, des contraintes extérieures et indépendantes de notre volonté peuvent s’inviter sur notre chemin créatif. Il peut s’agir d’entraves financières, matérielles, en lien avec le temps, l’espace ou encore nos compétences (manque d’argent, délais imprévus, maladies, etc.). Ce qu’il faut retenir, selon Anne-Marie Jobin, c’est que c’est notre relation à ces limites qui va déterminer notre rapport à la création. "Dans les périodes où il n’y a pas d’abondance sur ce plan, c’est l’attitude et le regard qui feront la différence entre simplement rencontrer une limite de façon réaliste et créative, ou s’engloutir dans le rôle de victime et perpétuer le problème." L’auteure fait, en effet, remarquer, que ces obstacles sont souvent utilisées comme "une manœuvre inconsciente pour contrer le malaise qui apparaît quand on tente de suivre les appels de la vie créatrice". Nous justifions alors notre inaction avec ce genre d’excuses : "je n’ai pas les moyens", "je ne peux pas me permettre de prendre ce risque", "je suis trop vieux…", "l’an prochain, quand j’aurai de l’argent", "à ma retraite…" Au final,  nous ne créons pas une vie qui nous ressemble, nous envions les autres et nous sentons déprimés.

Un pas à la fois

Ce que recommande alors Anne-Marie Jobin, c'est de se fixer des objectifs adaptés à la réalité de nos ressources et de notre temps et de s'engager dans l'action, fermement mais un pas à la fois. Selon l'auteure, il est possible de faire des choses surprenantes avec peu de moyens. Et quand vraiment, nous traversons une période de notre vie telle que nous pouvons difficilement faire mieux que de mettre un pied devant l'autre, alors il faut se rappeler que se donner des espaces de création nous apportera de l'énergie plutôt que de nous en enlever. En effet : "Dans les périodes où tenter de survivre est tout ce que nous pouvons faire, créer de petits espaces pour s’adonner à une activité qui nous nourrit vraiment et qui est en lien avec le cœur nous sustentera profondément et nous empêchera peut-être de sombrer dans le désespoir." 3.19 - Les erreurs Les erreurs sont incontournables. Dans le processus créateur, elles génèrent souvent des doutes sur soi, de la frustration, du découragement. L’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble" note pourtant leur utilité dans nos apprentissages. En effet, la plupart du temps, les erreurs sont aussi, précise-t-elle "des capteurs d’attention, des révélateurs, des occasions de reconsidérer les choses et de prendre de nouvelles décisions". De fait, si nous savons y être attentif, elles :

Stimulent, Ouvrent de nouvelles perspectives, Enseignent la patience et l’humilité, Nous rendent plus forts par les apprentissages que nous en tirons, même s’il faut parfois du temps avant de trouver ce qu’elles nous ont apporté.

3.20 - Les bâtons dans les roues

Notre relation aux obstacles est plus déterminante que la difficulté en elle-même

Il s’agit ici des problèmes extérieurs, imprévus et agaçants, à petite ou grande échelle, qui surviennent dans le déroulé de nos projets : des incidents techniques, logistiques, la remise en cause d’un financement, des ennuis de santé nous concernant ou concernant nos enfants, des soucis personnels… Alors que "nous sommes immergés dans le flot de nos inspirations ou de notre travail, tout à coup, quelque chose coupe le courant". Nos projets sont ralentis, stoppés, remis en question. Nous doutons alors de nos compétences, de nos appels. Nous maugréons contre les circonstances, les autres, la vie ou nous-mêmes. Et nous en venons à confirmer certaines croyances négatives : "je savais que ça ne fonctionnerait pas !", "mon père avait bien raison, je suis un rêveur", "je ne ferai plus confiance à personne !", etc. Or, pour Anne-Marie Jobin, "ces obstacles peuvent être transformés en outils d’apprentissage" et devenir de véritables tremplins. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que c’est notre relation à la difficulté qui est plus problématique que la difficulté elle-même : "Que nous baissions les bras et déprimions ou que nous nous acharnions contre elle et nous épuisions, le résultat est le même : nous paralysons ou polluons notre énergie au lieu de prendre le temps de sentir ce qui est requis dans les circonstances."

Se détacher de l'obstacle et le concevoir comme une opportunité 

En réalité, nous devrions, conseille l’auteure, considérer les obstacles comme des opportunités de transition : c'est l'occasion d'observer attentivement la situation et de s'interroger sur une autre façon de travailler sur un projet. Cette forme de détachement réduit nettement la charge émotionnelle et mentale. Elle crée un "calme intérieur" qui favorise une meilleure vision et prise de décisions. Les obstacles deviennent alors des tremplins de réflexion et des stimulants pour la créativité. Quand ces obstacles sont insurmontables car trop importants ou que trop se sont accumulés, l'auteure propose de les envisager comme des occasions de reprendre contact avec le centre de soi-même. Et de cela, découle parfois un retour à ce qui nous est fondamental. Chapitre 4 - Les alliés Ce qu’Anne-Marie Jobin nomme les "alliés" à la créativité sont des attitudes et pratiques qui "aident à traverser les difficultés" et améliorent la fluidité de l’énergie créatrice. En cela, ils sont de "puissants agents de transformation de la vie".

4.1 - L’amour et la compassion Pour Anne-Marie Jobin, l’amour est le plus puissant allié qui soit à la créativité. Il apporte la paix intérieure qui permet à l’énergie créatrice de s’épanouir, sans tensions ni blocages. Quand des difficultés se présentent (peurs, doutes, etc.), l’amour nous permet en effet de les accueillir avec compassion, plutôt qu’avec découragement et énervement, sans créer de résistance, ni stress ou agitation. Ces obstacles s’adoucissent naturellement, notre vision s’éclaircit et nos réponses sont, de fait, plus adéquates. L’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble" partage ici une technique pour favoriser cette énergie d’amour et ainsi ne pas se durcir devant les difficultés. Cette technique consiste à dire "oui" aux épreuves au lieu de les combattre, à "leur envoyer une énergie aimante au lieu de les maudire". L’imaginaire peut grandement nous aider à cet exercice s’il demeure trop difficile : l’auteure propose, par exemple, de faire appel à des figures aimantes, de sagesse ou de guérison (Jésus, Bouddha, mère Teresa, Gandhi, un ange gardien, un grand-père, un arbre, peu importe, pourvu que nous nous sentions bien avec notre personnage) et de les imaginer encercler nos problèmes d’une énergie aimante. 4.2 - La présence Le processus créateur - et le respect de son rythme - implique que nous soyons pleinement présent dans le présent. Anne-Marie Jobin explique que si nous passons parfois beaucoup de temps à refaire notre vie dans notre tête ou à rêver à nos projets plutôt qu’à agir c’est parce que "l’ego tente d’éviter le présent". "Il y est mal à l’aise, surtout lorsque surviennent des problèmes ou des zones d’inconfort" explique l’auteure. Pour rester connecter au présent, la clé est l’attention. De multiples pratiques - comme la pleine conscience, la méditation ou certains exercices du livre - contribuent à intégrer cette présence dans notre vie quotidienne. 4.3 - L’attention Être attentif, c’est avoir "une qualité et une acuité de présence", indique Anne-Marie Jobin. Au cours de nos actions, "l’attention agit comme un radar interne qui capte les mouvements subtils de la vie intérieure et extérieure". Ainsi, en nous rendant conscient de ce qui se passe en dedans et en dehors de soi, l’attention nous permet d’agir de façon appropriée, sans nous laisser embarquer "dans une danse de réactions inconscientes". Ce travail d’attention est subtil parce qu’il demande d’écouter ses intuitions, ses ressentis corporels, ses malaises, ses émotions, tout en prêtant attention à ce qui provient des évènements extérieurs et des autres. 4.4 - Le corps Selon Anne-Marie Jobin, "plus nous vivons en accord avec le corps et ses rythmes naturels, plus l’énergie créatrice est fluide, régulière, constante". Pour habiter vraiment son corps et mieux percevoir ses signaux sous le brouhaha du mental, l’auteure nous encourage vivement à "pratiquer la présence au corps". Cette pratique consiste à diriger le plus régulièrement possible notre attention sur notre corps et ce qui le traverse (nœuds, sensations, impressions subtiles). Le but est "d’accueillir les sensations sans les juger, sans les repousser, simplement pour ce qu’elles sont", stipule Anne-Marie Jobin. Ainsi : "En cours de création, s’arrêter pour respirer, s’étirer, ralentir la cadence, prêter attention à chaque geste ou prendre des pauses pour aller s’oxygéner sont autant de façons de revenir au corps." 4.5 - L’authenticité Anne-Marie Jobin nous donne la définition suivante de l’authenticité : "Être authentique, c’est être vrai, fidèle à soi-même, en lien avec sa vraie nature. C’est sentir et exprimer ses instincts et ses élans fondamentaux." Beaucoup d’entre nous ont perdu le lien avec leurs instincts. Leur créativité en souffre beaucoup. L’authenticité fluidifie notre énergie créatrice. Il faut donc la cultiver. Pour cela, l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble", nous invite à la non-action. "Étrangement, la première chose à faire est de ne rien faire" écrit l’auteure. Cesser de s’agiter dans tous les sens, se recentrer, n’est peut-être pas une pratique facile et populaire de nos jours et cela peut sembler paradoxal (l’action émergeant de la non-action). Mais c’est pourtant bien ce qui ravivera nos instincts "ensevelis sous des années de poussière", assure-t-elle. Parallèlement à certaines pratiques renforçant notre présence (méditation, approches corporelles, rituels, contemplation de la nature…), l’auteure nous recommande alors de ne rien faire, mais aussi de simplifier nos vies pour nous laisser de l’espace et du temps à "sentir ce qui veut émerger naturellement ". Car "on ne peut pas sentir cela si on est constamment dans le feu roulant de la longue liste de choses à faire", souligne l’auteure. 4.6 - La confiance "Avoir confiance suppose une croyance de base selon laquelle une force positive est à l’œuvre en arrière-plan de notre vie, de la vie. […] Il ne s’agit pas simplement de croire que le résultat de nos actions sera positif (j’ai confiance que ça va marcher, que je suis compétent, etc.), mais plutôt de sentir profondément qu’il y a une sagesse intrinsèque à l’œuvre derrière nos vies et que même les difficultés ont un sens. Ainsi, parce que nous avons la conviction que quelque chose de plus grand que nous est en jeu, nous arrivons à nous y abandonner, à nous relaxer dans le processus et à accueillir les difficultés comme des occasions d’apprendre." En adoptant cette attitude qui suppose d’accepter que tout ne repose pas sur nos épaules (à l’opposé de la peur et du doute), nous allons :

Relâcher la tension, Accepter les changements de parcours, Conserver un regard curieux et positif devant problèmes et imprévus, Être détendu dans les moments d’incertitude ou de stagnation.

Sans faire confiance aveuglément à tout et n’importe qui et quoi, nous pouvons, selon Anne-Marie Jobin, développer cette capacité de confiance en observant le calme, l’absence de tensions et l’ouverture qui émane quand nous cessons de vouloir changer quoi que ce soit à ce que nous sommes. 4.7 - Le lâcher-prise Le lâcher-prise, c'est quand, au lieu de lutter, nous adoptons une approche détendue face aux évènements. Il résulte de la confiance : "quand nous avons confiance, nous pouvons relâcher notre contrôle trop serré sur le travail". Être dans le contrôle rassure, mais cela nous coupe de l'énergie créatrice, affirme l'auteure. Lâcher prise possède, par ailleurs, de nombreux bénéfices. Il permet de :

Relâcher le stress, Amplifier la fluidité de notre énergie, Maintenir un équilibre entre nos désirs et le monde de la matière (visions claires et détaillées de nos projets, mais pas rigides).

Pour passer du contrôle au lâcher-prise, l'auteure propose de :

Observer attentivement la tension engendrée par nos tentatives de contrôle sur les choses : cette observation devrait déjà naturellement nous inciter à lâcher prise. S'entrainer à rester relâché, détendu (en s'aidant par exemple de la respiration ou de tout autre pratique corporelle favorisant le relâchement) en présence de choses qui nous agacent, ou lorsque nous nous sentons stressé, fatigué, convaincu de notre idée. Activer l’intention de lâcher prise en l’écrivant ou en la dessinant. Réaliser les exercices proposés dans le livre.

"Lâchez. Lâchez vos ambitions, vos rêves, vos points de vue, vos attentes. Abandonnez-vous, encore et encore, à la force de Vie qui dépasse les petites manœuvres de contrôle de l’ego. Vous acquerrez une sorte de détachement face aux résultats de votre travail, ce qui, paradoxalement, permettra parfois des résultats plus inspirés." 4.8 - Les yeux du voyageur Anne-Marie Jobin appelle les yeux du voyageur "la capacité à voir vraiment ce qui est devant soi". Dans un endroit étranger, les yeux du voyageur découvrent avec ouverture et soif d’exploration tout ce qui l’entoure (nourriture, habitants, architecture, paysages, etc.). Parce que ses expériences sont éphémères, le voyageur les vit avec plus de textures et d’intensité. Sa conscience s’éveille. Ainsi, ce n’est pas tant le voyage en soi qui rend le voyage plus vivant, mais le regard du voyageur, sa capacité de présence et d’aventure liée à l’impermanence de la situation. Pour insuffler le regard du voyageur, l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble" propose de :

Songer "que nous sommes en voyage et qu’un jour il faudra bien quitter tout cela". Regarder avec attention les détails de son quotidien, "honorer profondément l’ordinaire". Faire les choses différemment : changer de perspectives, "explorer son médium de façon inhabituelle". Se dégager des temps de jeu, d’exploration, d’improvisation : le jeu, sans rechercher de résultat, n’a pas d’autre objectif que se faire plaisir. Il stimule l’énergie créatrice, apporte du dynamisme et facilite le passage à l’action. Jouer nous obligera à laisser notre travail de côté pendant un moment pour essayer de nouvelles manières de faire et lâcher prise.

En somme : "Donnez-vous le droit de causer du désordre et de sortir de vos sentiers tracés d’avance pour explorer en toute liberté. Et, si vous n’y arrivez pas, refaite connaissance avec l’enfant que vous étiez, il aura bien quelques idées pour vous." 4.9 - La pratique "Le talent ne suffit pas" affirme l’auteure. C’est, en effet, en pratiquant, jour après jour, que nous acquérons la maitrise de notre médium et le tonus nécessaire pour aller au bout de nos projets. De la même façon qu’un entraînement physique, la pratique implique régularité et persistance (on fait ce qu’il y a à faire même quand on n’en a pas envie). Grâce à elle, "l’énergie créatrice est gardée en mouvement, on ne perd pas le fil du travail". Aussi, pour maintenir un rythme de pratique dans nos quotidiens chargés, Anne-Marie Jobin nous invite à simplement instaurer et respecter une routine, comme nous le ferions pour nous mettre à faire de l’exercice. L’auteure souligne qu’il n’est toutefois pas question "de se fouetter à l’ouvrage ni de se faire violence d’aucune façon". Notre motivation doit plutôt être nourrie de l’amour qu’on porte à notre projet de création et à notre médium. 4.10 - La patience Selon l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble", la patience est déterminante pour tenir un rythme de pratique. Celle-ci demande de savoir attendre, ne pas hâter le processus naturel des choses dans l’idée de voir le fruit de notre travail le plus rapidement possible. Il faut juste continuer paisiblement à agir sur la croissance de ses projets : "De même que le jardinier prend soin de ses fleurs sans tirer dessus pour qu’elles poussent, la patience permet au créateur de se remettre jour après jour au travail, sans nécessairement en voir tout de suite la floraison." Il n'existe pas de technique particulière pour pallier un manque de patience. L’auteure suggère quand même quelques astuces qui peuvent aider :

Comprendre que "c’est l’obsession du résultat qui crée l’impatience, qui, à son tour, bloque le cours de l’énergie naturelle". Pratiquer encore et toujours. Écrire, se dire et afficher des affirmations.

4.11 - La lenteur Selon Anne-Marie Jobin, prendre son temps quand nous travaillons :

Nous rend plus présent dans chacun de nos gestes et est ainsi source de saveur, de plaisir. Empêche l’éparpillement et donc favorise la concentration. Nous préserve du stress et de l’épuisement. Permet aux projets de mûrir tranquillement "avant leur sortie au monde".

L’auteure suggère plusieurs pistes pour ne pas se laisser embarquer par l’appel de la vitesse et ralentir :

Réduire la cadence et simplifier son planning et ses horaires. Moins consommer de stimulants. Pratiquer la relaxation ou la méditation : 5 ou 10 minutes dans la journée (que nous pouvons répartir en 3 ou 4 fois) suffisent pour se recentrer et améliorer la qualité de son énergie. Faire les choses lentement : marcher, couper ses carottes, etc. Ne faire qu’une seule chose à la fois. S'arrêter totalement : en participant à une retraite de groupe ou solo par exemple (dans l'idée de faire le vide, pas de récupérer son retard au travail ni d'une remise en forme).

Tout cela est simple et pourtant difficile en même temps, car cela peut générer encore plus d’anxiété ou d’agitation physique. L’auteure nous fait d'ailleurs remarquer l’ironie de la situation : prendre son temps peut provoquer de la nervosité ! Mais, cela ne dure qu'un temps : avec la pratique de la lenteur, cette agitation diminue largement. 4.12 - La simplicité

Revenir à l'essentiel

"La simplicité, c’est revenir à l’essentiel, c’est se centrer sur ce qui est vraiment important afin d’avoir le temps et l’espace d’en jouir. Elle implique donc de faire du ménage, de l’élagage, des mises au point régulières afin de s’assurer que son énergie n’est pas perdue dans ce qui est superflu." L’auteure de "Créez la qui vous ressemble" explique que la principale raison à notre encombrement est que nous ne savons pas distinguer nos besoins de nos désirs. À cause de cela, "nous nous retrouvons débordés", "épuisés", "en manque de sens". Notre vision est brouillée et notre énergie s’éparpille. En fait, l’abondance de possibilités nous amène à vouloir entreprendre beaucoup trop de projets alors que la plupart d’entre eux ne sont pas essentiels.

La simplicité concrètement

Soyons donc attentif à nous en tenir à nos élans de fond, "au lieu de suivre toutes les inspirations passagères", conseille l’auteure. Concrètement, cela consiste à :

Simplifier son mode de vie en s’interrogeant sur ce qui est important pour soi : réduire ce qui nous fait courir maladivement, consommer moins, modérer nos achats et nos activités, trier nos armoires…

Épurer les inspirations éparses qui nous déconcentrent, autrement dit :

Commencer par le projet le plus important à nos yeux et le mener jusqu’au bout. Abandonner les idées, activités, projets qui nous vident ou ne nous enthousiasment plus, oxygéner l’espace en triant tout le matériel accumulé pour tous ces projets jamais terminés.

Ne garder dans notre liste que l’essentiel ; ceci aura deux bénéfices :

L’espace créé ⇒ nous pouvons respirer et laisser circuler notre énergie créatrice sans nous "empêtrer dans une complexité de projets ou une montagne d’objets empilés". Le processus satisfaisant ⇒ car nous irons ainsi au bout de nos projets importants.

En cas de difficulté à faire ce grand ménage, repérer si cela ne cache pas une peur : "s’éparpiller peut parfois être une manœuvre d’évitement pour ne pas se mesurer à ses appels", et aller à bout de la réalisation de ses rêves.

"Surtout, n’allez pas inscrire la créativité sur votre longue liste de choses à faire, en plus de devoir être en forme, réussir au travail et en amour, avoir ceci, cela… Rappelez-vous qu’être créatif, ce n’est pas vous inscrire à un cours de plus ou multiplier les originalités. Être créatif requiert simplement une écoute attentive de ce qui émane de votre vie intérieure et un lent travail de mise en œuvre de vos rêves."

4.13 - L’affirmation ultime L’affirmation ultime est un outil concret, très simple mais très puissant, affirme l’auteure de "Créez la vie qui vous ressemble". C’est, dit-elle, un antidote à la négativité, capable d’éliminer immédiatement les tensions et de nous sortir de notre rôle de victime. Cette technique consiste, en fait, à accueillir "joyeusement" ses difficultés : "on arrête la guerre contre ce qui est, on dit oui au présent, quel qu’il soit". Elle oblige à changer de regard et provoque un incontestable revirement de perception. Anne-Marie Jobin nous conseille de commencer à pratiquer l’affirmation ultime en douceur quand nous rencontrons de petites difficultés, des émotions négatives, dans nos projets de création "plutôt qu’avec de gros défis de vie". Par exemple : "Dites oui à vos blocages, à vos dossiers perdus, à vos collègues peu coopératifs. Dites oui à vos colères et à vos irritations, à vos journées gâchées par la procrastination." 4.14 - La gratitude

Selon Anne-Marie Jobin : "La gratitude est un élan du cœur exprimant le contentement. Peu importe à qui ou à quoi l’on s’adresse, le cœur s’ouvre devant ce que la vie offre et il dit merci."

Les bienfaits de la gratitude

La gratitude :

Est source de paix avec ce qui est :

"Au lieu d’approcher sa vie et sa création avec un esprit de manque, on y insuffle le contentement intérieur. [...]  Au lieu de traîner notre frustration de ne pas avoir ceci ou cela, nous apprécions chaque petite chose et rayonnons du plaisir d’être en vie."

Apporte une impression d'abondance : quand nous remercions la vie pour toutes les petites choses qu’elle nous offre, nous prenons conscience du "saisissant miracle de la vie dans ses moindres manifestations" et "chaque moment a le potentiel d’être une source de joie et de célébration".

Nous fait ressentir la joie d’être en vie : "on prend le temps de savourer ce qu’on a avant de partir en quête d’autre chose".

Dans le processus créateur, la gratitude ôte la pression pour ne laisser la place qu'au plaisir de créer et de savourer ce que nous avons, en tout simplicité. "Au lieu de contempler nos projets avec un sentiment de pauvreté, nous voyons nos ressources et les utilisons sans attendre que les conditions soient meilleures ou idéales. Même si nous avons peu, nous en percevons la richesse. Nous nous sentons appuyés par la vie au lieu d’en être les victimes."

Pratiquer la gratitude

Pour bénéficier de tous les bienfaits de la gratitude, Anne-Marie Jobin propose de :

Dire merci aussi souvent que nous le pouvons

"Merci pour ce bol de céréales, merci pour le vent, merci pour mes chaussures confortables, merci pour l’érable à ma fenêtre, même si ce n’est qu’une respiration. Merci… je suis vivante."

Recourir à "l’exercice des trois mercis"

Cet exercice consiste à mentionner 3 choses dont nous sommes reconnaissants lors des moments clés de notre journée (coucher, souper, retour d’une activité…). Pratiqué en famille, précise Anne-Marie Jobin,  l'exercice des trois mercis génère "une belle énergie d’abondance". L’auteure présente ensuite des variantes de cet exercice.

Inventer nos propres rituels

L'auteure recommande enfin de nous approprier nos propres façons de faire pour pratiquer la gratitude quotidiennement. 4.15 - La prière Anne-Marie Jobin propose plusieurs variantes pour définir la prière, variantes que chacun devra adapter, dit-elle, selon ses croyances. Globalement, retenons que "la prière est un mouvement du plus petit vers le plus grand, du limité vers l’illimité, du fini vers l’infini". L’auteure explique ensuite que quand nous faisons une "prière de demande", l’ego cesse de vouloir tout contrôler et se met à l’écoute des appels intérieurs, des signes et intuitions susceptibles de lui indiquer une voie à suivre. D’actif, il devient réceptif. "Ce lâcher-prise du contrôle, cette position d’humilité en face de ce qui nous dépasse" apporte une énergie plus élevée à nos actions dans le processus créateur. Selon Anne-Marie Jobin, la confiance accordée à nos voix profondes est beaucoup plus féconde que "la voix de notre petit ego apeuré ou ambitieux". Le relâchement et soutien invisible qui s’opère par le simple fait de demander et de nous abandonner à cette force qui nous dépasse est extrêmement bénéfique. Il est possible d'introduire la prière dans notre travail de création de nombreuses façons. Nous pouvons notamment :

Prendre un moment d’arrêt et de silence (pas forcément plus de 5 minutes) quand nous nous sentons bloqué ou confus. Exprimer ses demandes par écrit (dans son journal ou des carnets dédiés). Afficher ses demandes de façon à les relire souvent. Utiliser sa voix et son corps pour prier. S’isoler dans la nature pour prier.

Conclusion de l’auteure, Anne-Marie Jobin En conclusion de son ouvrage "Créez la vie qui vous ressemble", Anne-Marie Jobin :

Nous invite à toujours faire preuve de compassion pour nous-même dans la mise en pratique de ses propositions. Souligne l’importance de respecter notre rythme créatif naturel, sans négliger les nécessaires et "longs moments d’immobilité et de silence". Rappelle que vouloir créer une vie qui nous ressemble est une démarche "à contre-courant" et que "le chemin n’est jamais tracé d’avance". Insiste sur le fait que le processus créateur ne requiert pas d’effort : "Il n’y a pas de course ni de but à atteindre. […] Ce que créer une vie qui nous ressemble réclame par-dessus tout, c’est que nous nous abandonnions à ce qui nous dépasse".

En fin d’ouvrage, une annexe rassemble toutes les techniques présentées au fil des chapitres. Conclusion de "Créez la vie qui vous ressemble" d'Anne-Marie Jobin Les idées clés à retenir de l'ouvrage "Créez la vie qui vous ressemble"

L’énergie créatrice est le terreau invisible de nos rêves les plus profonds

L’énergie créatrice :

Se traduit par nos aspirations de vie, des envies profondes qui forment ce qu'on appelle notre "mission de vie". En ce sens, elle nous guide, nous nourrit. Existe en chacun de nous : chez certains, elle demande d’être réveillée car la société tend à domestiquer notre nature intuitive et à gommer notre énergie créatrice. Pour cela, nous devons nous autoriser à créer, cesser de courir et de vouloir tout contrôler. S’inspire de ce que l’auteure nomme "le plus vaste", qui correspond à ce qu'on nomme en psychologie "l’inconscient collectif". Pour remettre en branle notre énergie créatrice, il est donc indispensable de  se connecter à ce "plus vaste", d'apprendre à jeter des ponts entre celui-ci et le conscient. Se compose de phases cycliques qu’il est essentiel de connaître et de respecter, en cessant de forcer les choses. Au lieu de résister (en reléguant toujours nos aspirations à plus tard) ou, à l'inverse, de vouloir accélérer les choses (en recherchant toujours plus de productivité), il faut juste lâcher-prise.

Le processus créateur incarne nos idées et les matérialise en projets selon plusieurs étapes, avec des obstacles et des alliés

Nous retiendrons que dans le processus créateur, il y a :

Six étapes :

L’inspiration : qui correspond à un appel qui, après une phase de réflexion et d'incubation, se manifeste sous forme d’idées, d’intuitions, de visions, etc. C’est le moment grisant où l'on rêve de réaliser nos projets. La concentration : c'est la phase où nous faisons des priorités, des choix pour se concentrer sur certains de nos rêves seulement. L’organisation de l’action : notre vision s'enracine dans un canevas concret. Nous dressons un plan détaillé de nos actions à venir, de façon à transposer nos rêves (notre esprit) dans la matière (le plan d'action de notre projet). La réalisation du projet : c'est le moment de mettre notre plan d'action à exécution. C'est donc une période de travail où on ne rêve plus, on agit ! Le rythme de création se déroule alors en quatre temps : nous allons d'abord nous réchauffer, puis avancer, naviguer et enfin redescendre. La réflexion sur l’action et le suivi du projet : nous faisons le bilan (intermédiaire ou final) du chemin parcouru. Cette dernière étape permet d'être certain d'avoir tout finalisé correctement et de pouvoir ainsi bien repartir.

Deux pré-étapes :

Faire le point : il s'agit, plus précisément, de s'intérioriser pour vraiment identifier ce qui se passe en nous. Faire de l’espace : en d'autres termes, créer un vide pour laisser l'inspiration naître, et faire silence, se libérer des bruits du quotidien, pour pour mieux percevoir nos sensations, nos intuitions, la voix de notre créativité.

Des obstacles, qui freinent ou bloquent la créativité et nous éloignent de nos envies profondes :

L’ego, et toutes ses luttes, Les blessures du passé et ses charges négatives, La perte de vision ou de direction, Les doutes, Les habitudes, Les peurs de l’inconnu, de l’échec, de la critique, du vide, Le perfectionnisme, La procrastination, L'agitation, Les pensées nuisibles, Les désirs, y compris celui de faire rayonner pleinement son potentiel pour changer positivement le monde, Les contraintes extérieures et indépendantes de notre volonté comme le manque de temps et d’argent, les imprévus.

Des alliés, qui boostent l'énergie créatrice et constituent un soutien dans l'adversité : 

L'amour et la compassion, La présence, dont celle particulièrement qualitative que constitue l'attention, Le corps et le respect de son rythme naturel, L'authenticité, La confiance, et le lâcher prise qui va avec, Les yeux du voyageur, la façon de regarder les choses avec une conscience éveillée, une capacité de présence, d'ouverture, d'exploration, La pratique, qui agit sur le tonus de la créativité, La patience et la lenteur, La simplicité, L'accueil des épreuves avec joie que l'auteure appelle "l'affirmation ultime", La gratitude, le fait de dire merci à la vie, pratiqué régulièrement, La prière.

En fin de chaque chapitre, l’auteure propose des exercices créatifs pour dépasser ces difficultés et développer ces atouts. Ce que vous apportera le livre "Créez la vie qui vous ressemble"

Un travail de développement personnel par le biais de la créativité

"Créez la vie qui vous ressemble" est un ouvrage qui invite le lecteur à dépasser ses blocages et à déployer ses meilleures ressources pour remettre en branle sa créativité et faire émerger ses élans intérieurs. Les réflexions de l'auteure et les exercices qu'elle propose participent donc au réveil de notre créativité. Mais par le biais d'activités créatives, agréables et très ludiques, le lecteur va, en réalité, bien au-delà : il réalise un véritable travail sur lui-même. Au fur et à mesure des chapitres, presque sans s'en rendre compte, il avance sur le chemin d'une vie à l'image de ses aspirations profondes.

Motivation, détente et sérénité

Le contenu de l'ouvrage a un côté très motivant. La "méthode" proposée est souple, les activités sont récréatives, sans perdre en puissance. Les propos sont empreints de sérénité. Tous ces ingrédients en font une lecture agréable, profonde et apaisante.

Une invitation à la fois à l'introspection et à l'action

Certains apprécieront, d'autres moins, le ton introspectif d'Anne-Marie Jobin. Mais à mon sens, l'auteure propose justement un équilibre intéressant entre un contenu très pratique (son médium est parfaitement matériel : dessin, collage et écriture) et des propos plus "initiatiques". "Créez la vie qui vous ressemble" est un ouvrage que je conseille vivement à tous les lecteurs créatifs ou ceux qui rêvent de retrouver leur créativité pour cheminer vers une vie qui leur ressemble davantage. Points forts :

Les exercices proposés en fin de chaque chapitre qui nous engagent dans une exploration de soi et un travail de développement personnel de façon très concrète, ludique et créative. La sagesse et la sérénité qui se dégagent des propos. L’invitation à la réalisation de ses rêves via la création.

Point faible :

Le ton un peu "initiatique", "introspectif" ne conviendra peut-être pas à tous les lecteurs, même si l'ouvrage n'en reste pas moins très concret.

Ma note :                                           Avez-vous lu "Créez la vie qui vous ressemble" d'Anne-Marie Jobin ? Combien le notez-vous ? [ratings] Visitez Amazon afin de lire plus de commentaires sur le livre d'Anne-Marie Jobin "Créez la vie qui vous ressemble" Visitez Amazon afin d'acheter le livre d'Anne-Marie Jobin "Créez la vie qui vous ressemble"

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Thu, 05 May 2022 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/11890/Crez-la-vie-qui-vous-ressemble
Et un jour… j’ai décidé de faire la tortue http://www.olivier-roland.fr/items/view/11856/Et-un-jour-jai-dcid-de-faire-la-tortue

Résumé de « Et un jour… j’ai décidé de faire la tortue » : Ce livre romancé nous invite à suivre le cheminement personnel de Pauline, journaliste trentenaire et mère de deux enfants, vers une vie moins stressante et plus épanouissante pour elle et pour ses enfants : une vie slow. Par Nathalie Desanti, 2019, 159 pages. Note : Cette chronique est une chronique invitée, écrite par Chloé Teil, du blog Ralentir en Famille. Chronique du livre « Et un jour… j’ai décidé de faire la tortue » de Nathalie Desanti

Chapitre 1 : Tu danses le slow ? En introduction, Nathalie Desanti nous ramène dans les années 1990. Pauline est une jeune collégienne. A cette époque, le slow, c’est la danse qu’elle et ses copines attendent avec impatience lors des boums. Des années plus tard, elle se remémore ces instants de séduction où le temps se suspendait. Comment ont-ils pu se volatiliser lorsqu’elle est devenue adulte ? Plus tard, plus vite Pauline est aujourd’hui une trentenaire parisienne très active, maman de deux jeunes garçons. Journaliste freelance, elle écrit des articles sur le bien-être, la santé et l’éducation des enfants pour des magazines féminins, un métier qu’elle adore. Ses journées ressemblent à un marathon sur talons hauts, elle vit à cent à l’heure. Un jour, alors qu’elle est en retard pour récupérer ses enfants à la garderie après l’école, une phrase prononcée par l’un d’eux provoque un électrochoc : « Tu nous as oubliés ? Dis, un jour tu nous oublieras pour toujours et on mourra ici ? ». Cette prise de conscience marque le début d’une nouvelle vie pour Pauline, qui décide de mettre un coup de frein sérieux à ce rythme fou qu’elle impose à sa progéniture et à elle-même. Le lendemain, elle annule tous ses rendez-vous et passe une journée cocooning à la maison avec ses fils, à profiter de petits bonheurs simples de la vie : pique-nique sur une couverture au milieu du salon, promenade, dessins animés sous la couette et chocolat chaud. Le slow quoi ? Il y a plusieurs années déjà, Pauline avait lu un article sur le « slow ». Rien à voir avec sa danse de collégienne. Il s’agissait d’un phénomène nouveau né en Italie : la slow food. Manger de bons produits, sains et locaux, en opposition au fast food. Une tendance qui s’est ensuite déclinée en slow travel, slow money, slow fashion, et tout simplement slow life. Un peu plus tard, Pauline entend également parler de slow parenting, grâce à une interview de Catherine Gueguen sur l’éducation bienveillante, à la radio. Le slow, c’est simplement être dans l’instant présent. Ralentir pour prendre soin de soi et des autres. Pour en savoir plus, vous voudrez peut-être lire mon article : Qu’est-ce que le mouvement “slow” ? Plus vite, petite tortue ! Pour l’aider à ralentir, Pauline prend contact avec un thérapeute. Il commence par lui expliquer le langage des oiseaux : dans notre société, quelqu’un qui ne fait rien est un fainéant (fait-néant). Pauline se souvient alors que dès l’école primaire, la lenteur était vue comme un défaut. On lui reprochait d’être lente, un traumatisme qui est resté gravé en elle, elle qui avait été élevée jusque-là dans un cocon familial doux et bienveillant. Chapitre 2 : Moins vite, tu peux toi ? Accompagnée par son thérapeute, Pauline poursuit son chemin. Les premières semaines, elle dévore articles, livres, conférences, podcasts et formations sur les thèmes du mode de vie slow et de la parentalité bienveillante. Mais elle réalise qu’elle retombe dans ses travers dans cette frénésie d’informations. En fait, elle éprouve une vraie difficulté à ralentir. Pour sortir de ce schéma, son thérapeute l’invite à chercher quels bénéfices elle en retire. Après réflexion, il s’agirait de se faire plaindre et de recevoir de l’aide sans même la demander. Ses parents, par exemple, lui proposent de garder ses enfants ou de lui préparer de bons petits plats pour la soulager. Elle aime qu’on dise d’elle qu’elle est toujours prête à se plier en quatre pour être sur tous les fronts. On casse le schéma, vite ! Mais pour changer, il faut accepter de faire le deuil de ce personnage qu’on a créé, et de la reconnaissance sociale qui y est attachée. De même, la loyauté envers nos parents et grands-parents nous pousse à suivre une voie que nous n’avons pas forcément choisie consciemment, à reproduire des schémas pour ne pas décevoir. Grâce à la psychogénéalogie, par exemple, il est possible de revisiter l’histoire familiale et de dénouer des blocages qui ne nous appartiennent pas, afin d’éviter certains troubles et systèmes de fonctionnement répétitifs (échecs, maladies, etc...). Pauline prend ainsi conscience que plusieurs générations de ses ancêtres ont travaillé très durement toute leur vie, ont connu la guerre, les mines… Prendre le temps de se reposer était considéré comme une faiblesse. Par loyauté pour ses aïeux, elle ne s’autorise pas à ralentir. Au-delà de la prise de conscience, il est nécessaire de passer par une phase d’acceptation : notre vie est plus agréable que la leur, et tant mieux ! Ils en seraient fiers et heureux pour nous. A nous donc d’en profiter pour nous, et pour eux. Il est temps pour Pauline de rendre à ses aïeux ce qui leur appartient et de les remercier pour ce qu’ils ont accompli. Mais qui peut ralentir ? Chacun a son propre rythme, l’important est de s’écouter. Ce qui ne signifie pas seulement écouter notre cerveau, mais aussi et surtout notre coeur et… notre intestin. Ce dernier, pourvu de plusieurs centaines de millions de neurones, nous envoie des signaux qu’il nous appartient d’écouter. Est-ce que l’évocation de notre journée du lendemain crée une envolée de papillons dans notre ventre, ou bien est-ce qu’au contraire il se serre ? Pauline tombe sur une opportunité très alléchante d’un organisateur de conférences en développement personnel. Enthousiaste, elle réserve vingt-trois évènements sur les quatre mois suivants. Le lendemain, elle se sent lourde, le ventre serré. Pour la première fois, elle prête attention au message que son corps lui envoie et annule une bonne partie de ses réservations. Chapitre 3 : Ces mots qui empoisonnent “Dépêche-toi !” est une phrase bien trop souvent employée par les parents d’aujourd’hui pour tenter de faire suivre à leurs enfants le même rythme que celui qu’ils s’imposent à eux-mêmes. Des injonctions souvent accompagnées de menaces, chantage, voire mensonges, qui sont un poison pour l’enfant. Demande à tes cellules Pauline découvre la notion de mémoire cellulaire, sur laquelle sont basés la kinésiologie et le reiki. Il s’agit de la capacité de nos cellules à garder des informations issues de notre histoire familiale ou de l’histoire collective. Sur les conseils d’une amie, elle consulte une thérapeuthe en ARC (Analyse et Réinformation Cellulaire), pour qui son besoin d’aller vite en permanence peut effectivement provenir d’une transmission intergénérationnelle. La thérapie “classique” lui a permis de comprendre intellectuellement ce qui se joue, tandis que l’ARC devrait lui permettre de transmettre cette information à son corps. Elle aborde également avec Pauline la notion de double contrainte, une révélation pour elle. Par exemple : partir pour quelques jours de déconnexion dans la nature et poster des photos régulièrement sur Instagram, en suivant le nombre de “likes”. On ne peut pas tout faire, et choisir, c’est renoncer. Dans les jours qui suivent, Pauline ressent une amélioration : due à la séance ou effet placebo ? Difficile à dire…

Je renonce, donc je suis ! A l’époque de l’hyperconnexion, nous sommes sursollicités : loisirs, divertissements, achats… tout est à portée de clic. Pour contrer cette frénésie, les offres de séjours de déconnexion, retraites de yoga, jeûne, … se multiplient. Quitte à tomber dans cette fameuse double contrainte. Pour sortir du cercle vicieux, il est nécessaire de nous reconnecter avec ce qui est le plus important pour nous. Quand plusieurs propositions se télescopent, laissons nos choix être guidés par nos besoins profonds, plutôt que de vouloir tout faire, de peur de décevoir. A vouloir trop en faire, nous faisons tout à moitié, sans être pleinement présents. Je ferai ça plus tard Pauline aborde avec son thérapeute la question de la procrastination : si le manque de temps est un problème, trop en avoir nous joue également des tours. Paradoxalement, les personnes qui viennent consulter pour des problèmes de stress, voire de burn-out sont souvent les mêmes que celles qui procrastinent. Quand on a tendance à trop remettre au lendemain, on se retrouve à devoir tout faire dans l’urgence, ce qui donne l’impression d’être débordé et crée un stress important. Le thérapeute explique à Pauline que la procrastination peut être une stratégie d’évitement, quand on a peur de ne pas arriver à accomplir une tâche, par exemple. Certaines personnes se fixent même systématiquement des objectifs inatteignables pour ne même pas essayer de les atteindre et ainsi se conforter dans l’idée qu’ils sont nuls. De son côté, Pauline réalise aussi qu’elle a tendance à être trop optimiste sur le temps qu’il lui faut pour réaliser certaines tâches, comme par exemple aller à son cours de yoga. Elle sait qu’en marchant tranquillement, il lui faut une vingtaine de minutes. Mais elle trouve toujours quelque chose à faire à la dernière minute et part moins de quinze minutes avant l'heure. Résultat, elle se retrouve à courir pour ne pas arriver en retard. De plus, le thérapeute sensibilise Pauline au fait que nous sommes sans arrêt interrompus par des distracteurs qui nous empêchent d’être efficaces. Ceux-ci peuvent être externes, comme les notifications d’emails, de messageries instantanées, ou simplement un environnement trop bruyant. Ils peuvent aussi être internes, comme la faim ou l’anxiété. Et en occupant la région du cerveau liée à la mémoire immédiate, l’anxiété nous empêche de nous concentrer. Le thérapeute demande à Pauline de venir la fois suivante avec sa “to-do list”, priorisée en fonction de l’urgence des tâches et avec un nombre de croix correspondant à l’effort à fournir pour les réaliser. Il lui apprend à découper les tâches les plus longues et/ou difficiles en sous-tâches, puis de se fixer un temps de dix-quinze minutes pendant lequel elle doit rester concentrée sur cette mission. Une fois la tâche accomplie, il lui recommande de s’offrir une récompense pour fêter ça. Chapitre 4 : Une fabuleuse histoire de chimie et de cerveau Pauline participe à un stage de parentalité sur le thème du fonctionnement du cerveau de l’enfant. Elle apprend d’abord que le cerveau de l’enfant est immature. Il n’est pas capable de gérer les émotions, d’où des réactions sans filtre, parfois très fortes et incompréhensibles autant pour les adultes que pour l’enfant lui-même. Ensuite, elle apprend que le cerveau est très schématiquement divisé en trois parties :

Le cerveau reptilien ou archaïque, qui gère les fonctions physiologiques et les réflexes nécessaires à notre survie, comme l’augmentation du rythme cardiaque en cas de danger pour permettre la fuite ou la défense. Le cerveau limbique gère les émotions. Il a un rôle important dans la mémoire et les apprentissages. C’est pourquoi, pour bien apprendre, il est indispensable qu’il y ait de la confiance et du plaisir. Le néocortex est quant-à lui dédié à la réflexion, au langage, à la conscience, à l'imagination, à l’empathie…

A la base, le stress est indispensable à notre survie : il nous permet de nous adapter à l’environnement et de nous protéger en cas de danger en entraînant la sécrétion de cortisol, d’adrénaline et de noradrénaline. Cependant, quand il est trop important ou trop répété, le stress devient un poison : le cortisol altère le développement du cerveau, l’adrénaline et la noradrénaline génèrent angoisses, peur et colère. Même “pas” peur ? Pauline prend conscience lors de ce stage qu’elle s’était accoutumée au stress, comme s’il était devenu indispensable et indissociable de son mode de vie “moderne”, de son job “intellectuel”. Le stress comme symbole de réussite. Une question lui vient : peur et stress, est-ce la même chose ? Le stress s’attaque à l'hippocampe, siège de la mémoire, de l'apprentissage, mais aussi de la vie relationnelle et de l’humeur. C’est pourquoi apprendre dans le stress, sous la menace ou la peur est quasiment impossible. La peur et les autres émotions primitives siègent, elles, dans l’amygdale. Contrairement à l’hippocampe, l’amygdale est mature dès la naissance. C’est elle qui nous fait réagir immédiatement en cas de menace. Elle permet aussi de reconnaître les émotions. Pour la formatrice, l’antidote au stress chez l’enfant réside dans un mode de parentalité slow (slow parenting, en anglais), fondé sur la bientraitance et la pleine conscience. Attention, il ne s’agit pas de devenir passif et de se désinvestir de son rôle de parent ou d’éducateur. Prenez-moi vite cet antidote ! Pauline culpabilise d’avoir infligé tant de stress à ses enfants, maintenant qu’elle a pris conscience des effets délétères sur leur cerveau. Elle est bien décidée à tout faire pour rectifier le tir. La formatrice aborde l’importance de l’ocytocine, hormone de l’amour et de l’attachement. Les mammifères, y compris les humains, naissent incapables de se débrouiller tout seuls. En l’absence de soins de leur mère, ils ne peuvent survivre. C’est grâce à l’ocytocine, sécrétée en grande quantité pendant la grossesse, l’accouchement et les semaines qui suivent la naissance, que la mère va prendre soin de son petit et assurer sa survie. Elle agit notamment sur les contractions utérines, la lactation et l’attachement, c'est-à-dire le lien qui se crée entre un parent et son enfant. Pour en savoir plus sur les semaines qui suivent la naissance et comment créer un lien d’attachement récure avec votre enfant, je vous invite à lire « Le mois d’or, un postpartum slow ». Un moment joyeux de partage avec son enfant, en pleine présence et en toute bienveillance déclenche la sécrétion d’ocytocine, tout comme un câlin. A contrario, le stress, les cris, les menaces, entraînent une sécrétion de cortisol (hormone du stress), qui empêche la production d’ocytocine, et des autres hormones du bonheur : dopamine, sérotonine, endorphines. Ainsi, partager des moment slow et zen avec ses enfants permet d’améliorer le bien-être de toute la famille. Le slow, pour mieux se lier La formatrice insiste sur le fait que l’attachement est un besoin physiologique primaire universel. Le lien qui unit le parent à son enfant est unique, durable et non interchangeable : il peut être compensé, mais pas remplacé.

Un enfant qui a construit un lien d’attachement “sécure” se sent en sécurité pour aller vers les autres et se séparer de son parent le moment venu. A l’inverse, un enfant dont le lien d’attachement est “insécure”, mettra toute son énergie dans sa vigilance et sa sécurité et n’en que très peu pour la curiosité et la découverte. Or, cet attachement solide se crée lorsque le parent répond de façon adaptée aux besoins de l’enfant. Pauline réalise que pour compenser son mode de vie à cent à l’heure, elle a tendance à tout donner à ses enfants avant même qu’il n’aient exprimé un besoin, ce qui a pour effet de "doper" leurs besoins. Elle se sent coupable et se demande si elle peut encore rattraper le coup. Chapitre 5 : Ensemble, c’est tout ! Le stage sur la parentalité se poursuit. Et si le slow parenting, c'était avant tout passer du temps de qualité ensemble, sans chercher à tout prix la performance, le résultat ? Avec juste l'intention de partager, de créer du lien. Si vous cherchez des idées pour passer de bons moments en famille, vous voudrez peut-être lire mon article : 18 activités nature en famille, simples et (presque) gratuites La formatrice laisse place à un intervenant, praticien en EMDR (Eye Movement Desensitization Reprocessing), une thérapie d'intégration neuro-émotionnelle basée sur des mouvements oculaires. Il aborde le thème du "caregiving", qui passe d'abord par une vraie écoute de l'enfant, de ses besoins et de ses ressentis. Il conseille par exemple d'éviter de dire "Ce n'est rien, ne pleure pas" quand l'enfant s'est fait mal, ou "N'aies pas peur" s'il est face à une situation qui l'effraie. Accueillir et mettre des mots sur les émotions, plutôt que de les nier, les étouffer. Il n'est jamais trop tard pour changer sa façon de faire et prendre soin de son enfant. Si on n'était pas très tactile jusque là, on peut recréer un contact physique petit à petit, en tenant compte de l'âge de l'enfant. Par exemple, on peut dire qu'on a entendu à la radio que le massage de la tête avait de nombreux bienfaits et proposer d'essayer ! Rire devant un one man show ou en faisant une bataille de polochons, discuter de nos passions et des leurs, aller au cinéma et au théâtre, parler de la pièce ou du film en sortant, inviter des amis à la maison... Tous ces petits bonheurs du quotidien remontent les réserves de dopamine, d'ocytocine et de sérotonine, préservent la joie de vivre et donnent envie de grandir ! Le thérapeute invite les stagiaires à être pleinement présents lors des moments partagés avec les enfants. Un adulte qui regarde son smartphone en jouant avec son enfant lui envoie le message qu'il est moins important que le téléphone... Il est urgent de ralentir, mais sans culpabiliser. Le slow parenting, c'est prendre le temps mais aussi accepter d'être un parent imparfait. Je m'ennuie ! Tant mieux... Les prises de conscience sont nombreuses pour Pauline lors de ce stage. Il est difficile pour elle de ne pas culpabiliser. La thématique suivante, sur l'ennui, lui apporte un peu de réconfort. Comme tous les parents, elle laisse parfois ses enfants s'ennuyer. Elle était loin de se douter que cela était à ce point bénéfique pour eux. Là encore, il s'agit de trouver le bon équilibre entre les activités et les moments de jeu libre (ou d'ennui). Il y a longtemps, peu après la naissance de son premier enfant, la pédiatre l'avait pourtant déjà rassurée : pas besoin de mille activités d'éveil pour les tout petits, il vaut mieux privilégier ce qui nous fait plaisir et le faire en étant vraiment présent pour l'enfant. Et surtout, se faire confiance plutôt que de se comparer avec les copines ! Plus tard, une très bonne amie de Pauline avait même carrément écrit un livre entier sur l'ennui. S'il paraît parfois inconfortable, voire désagréable, il développe la créativité, l'imagination, nous aide à cerner nos désirs... Pauline se souvient qu'enfant, elle se plaignait parfois de s'ennuyer auprès de sa mère. Celle-ci lui avait alors mis entre les mains son ancienne machine à écrire. Quelle source de fierté ! Pauline réalise que si elle aime autant écrire aujourd'hui, c'est en grande partie grâce à ces moments d'ennui, où sa mère tapait à la machine et où elle s'est mise à faire de même. C'était pour elle un jeu. Cela lui fait penser à un livre d'André Stern(1) dans lequel il invite à prendre au sérieux le jeu des enfants afin de préserver leur enthousiasme, leurs facilités d'apprentissage, leur altruisme, leur créativité et leur ouverture. Une série sinon rien ? Qui n'a jamais senti un certain mal-être après plusieurs heures passées devant la télé à zapper d'une émission à l'autre sans être vraiment intéressé par aucun programme ? La télé nous prive de ces moments de vide qui sont source d'inspiration. Elle nous charge en ions positifs générateurs de stress (comme tous les écrans d'ailleurs), c'est pourquoi il est nécessaire de compenser avec des activités apaisantes, qui rechargent en ions négatifs, comme marcher en forêt ou près d'une rivière. Ceci dit, regarder un bon film ou une série en famille est aussi une façon de passer du temps ensemble. Tout est une question de dose ! Pauline garde un souvenir très doux de ces dimanches après-midi pluvieux où elle regardait l'École des fans avec son frère et ses parents, ou encore des épisodes de Ma sorcière bien-aimée, qu'elle attendait avec impatience. C'était un vrai rituel familial : tout le monde s'installait confortablement avec un chocolat chaud autour d'un plateau de gourmandises pour passer un moment cocooning en famille devant l'épisode de la semaine.

Avec ses enfants, Pauline avait jusque là un sentiment contradictoire par rapport à la télé. D'un côté, elle souhaitait éviter au maximum qu'ils ne la regardent, et en même temps, elle souhaitait retrouver la magie de certaines séries qu'elle suivait dans son enfance. Après son stage, elle décide de renouer avec le grand plateau dominical garni de chocolat chaud, brioches ou crêpes, pour un moment suspendu avant de commencer une nouvelle semaine. Cette tradition se rapproche du Hygge, l’art de vivre à la danoise. Le piège réside dans les plateformes de streaming qui offrent un contenu inépuisable, de séries à la chaîne. Plus d'attente, ni de rituels... et un véritable défi pour les parents d'ados ! Tendresse en cuisine Enfant, Pauline a passé beaucoup de temps à cuisiner avec sa maman. Notamment les fameuses gourmandises du plateau-télé du dimanche, piochées dans leur livre de recettes favorites. Lorsque Pauline a eu ses enfants, sa maman lui a offert ce livre, taché sur les pages de leurs recettes préférées et imprégné de ses souvenirs d'enfance. Pauline a ainsi pu, à son tour, initier ses enfants à la préparation de recettes gourmandes, pour son plus grand bonheur. Ces derniers garderont également des souvenirs tendres des petites vacances chez leurs grands-parents, où, un saladier entre les jambes, ils mélangeaient la préparation qui allait devenir leur goûter. Cuisiner ensemble, pour le plaisir et sans pression, est une excellente façon d'apprendre à ralentir. D'ailleurs, cela rappelle à Pauline que son métier de journaliste l'avait amenée une fois à réaliser un reportage sur un atelier de pâtisserie destiné aux enfants dans un grand palace parisien. Fils ou filles de ministres, d'ambassadeurs ou de grands patrons, chaque enfant devait préparer un fraisier à ramener chez lui. Et pour une fois, Pauline avait amené avec elle ses deux enfants pour qu'ils participent à l'atelier. Mais ces derniers ont été très déçus : ce chef cuisinier n'était vraiment pas drôle, c'était beaucoup trop sérieux ! Rien à voir avec les bons moments passés à cuisiner avec Mamie ou Maman ! Chapitre 6 : Tous en rythme ? Ce fameux “rythme”, quelle en est la définition à la base ? En réalité, elles sont multiples : “Retour, à intervalles réguliers dans le temps, d’un fait, d’un phénomène” ou bien, en version moins rigide : “Succession de temps forts et de temps faibles, mouvements dans une œuvre littéraire, un film, etc…”. Nous utilisons aujourd’hui beaucoup ce terme pour décrire la façon dont s'enchaînent les temps marquants de nos journées : repas, travail, transports, activités, école, tâches ménagères, vie sociale, sommeil… Nous avons cependant tendance à oublier que chacun a un rythme qui lui est propre, et qu’a fortiori, adultes et enfants n’ont pas les mêmes. Pour approfondir ce sujet, Pauline lit un livre de Marc Schwob (2), psychiatre et chronobiologiste. Ce dernier explique la coexistence de deux horloges bien distinctes :

Notre horloge biologique, qui est liée à l’alternance jour-nuit et aux saisons. Elle est régulée par des hormones qui influent sur notre métabolisme. L’horloge “sociale” : l’heure à laquelle on doit se lever pour aller travailler ou aller à l’école, l’heure de la pause pour le repas, les vacances aux dates imposées…

Nous sommes contraints d’essayer de caler nos rythmes biologiques sur les rythmes sociaux, au mépris de notre bien-être. Par exemple, historiquement, les vacances d’été ont été créées pour que les enfants de paysans puissent aider leurs parents aux champs pendant la belle saison. Cet héritage fait qu’aujourd’hui, l’été est une période de repos et de farniente, tandis que l’hiver est dédié au travail. Pourtant, c’est en été, avec les jours longs et l’ensoleillement, que notre organisme est le plus en forme. En hiver, nous avons plus besoin de repos et de cocooning. Tout est inversé ! Chrono en miettes Avec son thérapeute, Pauline évoque la nécessité de ne pas se laisser happer par le flot d’informations en continu auquel nous sommes soumis aujourd’hui, notamment avec Internet et les smartphones. Il est possible de reprendre le pouvoir en choisissant ce qu’on veut voir. Par exemple, ne regarder qu’un seul épisode d’une série par semaine au lieu d’en ingurgiter quatre de suite, et en faire un petit rituel familial. Au niveau professionnel (et aussi personnel), on peut couper les notifications sur son téléphone et ne regarder ses emails que deux fois par jour. Ainsi, nous décidons quand nous souhaitons avoir une information, plutôt qu’elle vienne à nous sans que nous n’ayons rien demandé. Et cela change tout. Rien que d’avoir son téléphone dans son champ de vision est une source de distraction. Une étude de l’Université de Virginie a d’ailleurs montré que le simple fait d’avoir un smartphone à proximité diminue la qualité des échanges entre deux personnes ! D’où l’importance de mettre nos téléphones hors de portée lorsque nous sommes avec nos enfants, pour être pleinement présents à ce qui se passe. Ainsi, il devient aussi plus facile d'identifier leurs besoins. La thérapeute propose à Pauline d’essayer, lors des prochaines vacances, d’être plus à l’écoute du rythme de son corps et de celui de ses enfants. Chacun son tempo ! Pauline récapitule :

Le rythme des enfants est différent de celui des adultes. En particulier, les enfants n’ont pas du tout la même notion du temps que nous. Les enfants ont besoin de s’ennuyer. L’ennui est propice à l’imagination et à la créativité. Inutile de leur remplir des agendas de ministres. Les enfants ont des petites jambes. A nous de caler nos pas sur les leurs. Accepter que les arrêts multiples pour observer des petites bêtes font partie intégrante de la promenade. Eviter d’utiliser le “on” impersonnel, qui n’implique pas les enfants Prévoir de la marge dans le timing. Si c’est la course pour nous, ça l’est pour eux aussi, ce qui engendre du stress. Leur laisser du temps pour finir leur activité. Par exemple, au lieu de dire “A table !”, on peut dire “On mange dans un quart d’heure”. Le slow parenting est un changement de rythme, en aucun cas une suppression du “cadre”

Jamais sans mon cadre Un matin, Pauline écoute une chronique de Claude Halmos, une psychanalyste. Son ventre se noue de culpabilité lorsque celle-ci évoque la notion de cadre. En effet, depuis son divorce, Pauline a tendance à céder sur beaucoup de choses pour faire plaisir à ses enfants, pour les réconforter, les aider à passer le cap. Selon Claude Halmos, les addictions chez les jeunes proviennent du fait qu'ils ne savent pas où poser leurs propres limites. Or, pour elle, cette capacité provient de l'éducation. A la base, un enfant ne suit que son plaisir : il serait capable de manger une tablette de chocolat en entier, voire même deux. Grâce aux limites posées par les parents, l'enfant va intégrer petit à petit que le rôle de celles-ci est de le protéger. Il va aussi apprendre à trouver du plaisir sans aller dans l'excès. Sans limites imposées, il n'apprend pas à maîtriser ses pulsions, et reste un éternel insatisfait, à la recherche du "toujours plus". Ce qui dégrade son estime de lui-même et peut poser des problèmes pour sa vie sociale. La psy s'inquiète d'un paradoxe : d'un côté, on se plaint des problèmes des jeunes : incivilités, addictions... Et d'un autre côté, on valide les théories éducatives selon lesquelles l'autorité est une violence. Pauline se reconnaît (trop) dans le portrait dressé par la psychanalyste : ses "non", font toujours l'objet de négociations avec ses enfants, qui se terminent par "bon, d'accord, mais juste un peu". Elle avait déjà abordé la question du cadre avec sa thérapeute, d'ailleurs. Elle lui avait conseillé de poser les limites qui lui paraissaient justes, correspondant à son mode de vie, sans céder à la mode de l'ultra-bienveillance qui laisse la place à une renégociation permanente. C'est ce cadre qui permettrait à ses enfants de grandir avec un sentiment de sécurité et de bien vivre avec les autres. Chapitre 7 : Et l'école dans tout ça ? Un jour, alors qu'elle était en classe de CE1, Pauline a reçu une gifle de son institutrice pour avoir posé une question lors d'une leçon de mathématiques. Cette dernière considérait que, puisque Pauline était une petite fille intelligente, si elle n'avait pas compris, c'est qu'elle n'avait pas bien écouté. Malgré l'intervention de sa mère auprès de l'enseignante, à partir de ce jour-là, Pauline a commencé à avoir des difficultés en maths. Ses parents ont eu beau dépenser des fortunes en cours de soutien, impossible pour elle de se remettre à flot. Je sais... enfin, je crois ! Le stage de parentalité permet à Pauline de comprendre ce qu'il s'était passé. Pour se protéger d'une possible deuxième gifle, elle s'était auto-sabotée en maths, de façon à être elle-même convaincue d'être nulle. Personne ne pourrait alors lui reprocher de n'avoir pas assez écouté si elle faisait une erreur. Elle s'est enfermée dans cette croyance limitante malgré tous ses efforts et ceux de ses parents pour la faire progresser dans cette matière. Pauline se souvient d'un autre exemple de croyance limitante très marquant. Lorsqu'elle avait organisé l'anniversaire de son fils dans un parc aquatique, l'un des petits invités n'osait pas faire du toboggan avec les autres : sa maman, qui avait très peur qu'il se fasse mal, lui avait dit qu'il avait une malformation cardiaque et qu'il ne fallait pas qu'il fasse trop d'efforts dans l'eau. Le petit garçon, après avoir fait seulement quelques brasses, était venu voir Pauline en disant que son cœur lui faisait mal et qu'il n'arrivait plus à respirer... Claire, la coach en psycho-parentalité, leur avait donné des exemples de phrases typiques montrant l'existence de croyances limitantes : "Je suis trop...", "On m'a toujours dit que...", etc... A force de penser et dire ces choses là, elles finissent par se réaliser. Pour les contrer, elle parle de la puissance de la pensée positive, découverte par le pharmacien français Emile Coué dans les années 1910-1920. C'est le même principe que l'effet placebo. Pauline imagine ce que serait sa vie aujourd'hui si elle n'avait pas eu ce blocage avec les maths. Peut-être qu'elle exercerait un métier complètement différent ? Sa psy l'invite à ne pas se laisser envahir par les regrets, mais à y voir plutôt de nouvelles opportunités pour l'avenir. Elle lui propose de s'imaginer dans des situations où elle est à l'aise avec les chiffres, d'oser, d'expérimenter et de voir ses erreurs comme des sources d'apprentissage, sans avoir peur de décevoir les autres, car il s'agit de leur ressenti à eux. C'est en ayant cette philosophie elle-même qu'elle la transmettra à ses enfants. Prends ta loupe et regarde l'école Depuis plusieurs années, Pauline est "parent délégué" dans l'école de ses enfants. Elle souhaite comprendre et aider comme elle le peut, tout en gardant sa place de parent. Elle entend parfois des phrases étiquettes qui lui font froid dans le dos comme "Son frère était tellement plus doué qu'elle !", ou "Il mérite des claques !". Un soir, Pauline assiste à une conférence du psycho-pédagogue belge Bruno Humbeeck, auteur du livre "Aider son enfant à bien vivre l'école", qui lui paraît très pertinente. Selon lui, le bien-être à l'école est impossible pour plusieurs raisons. Les parents d'aujourd'hui sont dans le contrôle et l'hyper-parentalité. Ils ont du mal à accepter de ne pas avoir la main sur ce qui se passe à l'école. D'un autre côté, l'école n'a toujours pas réussi aujourd'hui à mettre en place des outils efficaces pour gérer les conflits et lutter contre le harcèlement. Au milieu, les enfants, n'osent pas toujours parler de leurs difficultés à leurs parents. Il se crée alors un environnement de peur et de stress, peu propice aux apprentissages. Les parents essayent de compenser en faisant travailler l'enfant à la maison, mais rarement dans des conditions émotionnelles favorables. C'est le début d'un cercle vicieux vers l'échec scolaire. Bruno Humbeeck aime dire qu'on doit apprendre par et avec plaisir. Le jeu est la meilleure des sources d'apprentissages. Sans notes, sans enjeux, les apprentissages se font naturellement et de manière pérenne.

Intéressée depuis quelque temps par les neurosciences, la psychopédagogie et l'éducation positive, Pauline s'était aussi rapprochée de l'association la Fabrique Spinoza, qui a pour but d'accroître le niveau de bonheur citoyen : dans l'éducation, le travail... L'école de nos rêves Pauline assiste au spectacle de fin d'année de l'école de théâtre de sa petite nièce de sept ans. Elle est émerveillée par la façon dont la prof de théâtre a su mettre en pratique toutes les valeurs "slow" qui lui tiennent à cœur. Sur le programme distribué à l'entrée, elle a très bien su choisir les mots pour montrer le cheminement parcouru avec sa petite troupe tout au long de l'année, dans le respect, la bienveillance et l'encouragement de chaque enfant, afin qu'il s'épanouisse dans l'activité... et dans sa vie future. La pièce s'appelle "L'école de nos rêves" et a été entièrement imaginée par les enfants. Cathy, une amie d’enfance de Pauline avait monté une petite école de peinture à San Francisco. Elle avait compris que c’est en étant complètement à l’aise dans leur environnement que les enfants donnaient le meilleur d’eux-mêmes. Ainsi, dès le premier cours, elle leur disait qu’ils n’étaient pas des élèves, mais des artistes. Et en tant qu’artistes, ils pouvaient demander l’avis des autres artistes. Par contre, il n’était pas permis de se moquer du travail d’un autre. Cathy avait raconté à Pauline l’histoire d’une de ses petites artistes, que son père avait inscrite au cours car “ses dessins, c’est vraiment n’importe quoi !” La pauvre, convaincue d’être nulle, ne laissait même pas Cathy regarder ses créations. Petit à petit, en la laissant évoluer à son rythme tout au long de l’année, et en l’entourant de toute sa bienveillance, Cathy avait réussi à redonner confiance en ses capacités à cette petite fille. Si seulement l’école pouvait fonctionner de la même manière, en respectant le rythme et les envies de chaque enfant, sous un regard positif et encourageant, se dit Pauline... Motivé, motivé, motivé Pauline s’intéresse maintenant au sujet de la motivation, grâce aux livres de Michèle Mazeau et Alain Pouet (3), tous deux médecins de rééducation. Selon ces auteurs, il existe plusieurs types de motivation. La motivation intrinsèque est celle que l’enfant possède en lui-même, sans intervention extérieure. Le but de l’adulte est de soutenir cette motivation en aidant l’enfant à trouver du sens dans les étapes qui mènent à son but. On réussit mieux quand on est convaincu d’être capable d’y arriver ! D’où l’importance d’éviter les phrases comme “Tu vas tomber !” ou “C’est trop dur pour toi”, qui vont couper l’envie d’essayer, de peur d’échouer. Il faut féliciter chaque petit pas accompli, mettre l’accent sur les réussites plutôt que sur les échecs. La motivation extrinsèque est celle apportée aux enfants par leur entourage. Elle intervient par le biais de récompenses, qui doivent être utilisées avec parcimonie. En effet, les récompenses auront tendance à couper la motivation intrinsèque, en sous-entendant que la tâche est une contrainte. Si elle est utilisée, la récompense doit respecter certains critères :

“Elle doit être modérée et en lien avec l’effort demandé, qui doit être atteignable” “Les délais pour juger des efforts doivent être assez courts (une semaine maximum)” “Les promesses doivent être rigoureusement tenues et non différées." Mais si les objectifs n’ont pas été atteints, la récompense ne doit pas être accordée.

La punition est à proscrire complètement : l’enfant ne produira rien de bon sous la contrainte et restera marqué par cette pratique. L’erreur devrait être valorisée comme une opportunité d’apprentissage, et non pas comme une faute, qui induit de la culpabilité. Selon Michèle Mazeau et Alain Pouet, “lorsque l’erreur est traitée de façon positive, elle permet que la réflexion qui l’accompagne fixe durablement la notion correcte en mémoire”. Et si tout cela était l’avènement d’une relation plus horizontale dans l'éducation ? Une relation où chacun se respecte, s’écoute et peut avancer à son rythme dans la bienveillance ? Comme le dit si bien le dictionnaire, éduquer, “c’est donner à quelqu’un, spécialement à un enfant ou à un adolescent, tous les soins nécessaires à la formation et à l’épanouissement de sa personnalité”. C’est être à la fois le tuteur, le soleil et l’eau qui permettront à nos enfants, comme des plantes, de s’élever vers le haut. Épilogue Seize ans plus tard, les enfants de Pauline sont de jeunes adultes. Elle a succombé un peu malgré elle à une proposition pour un poste de rédactrice en chef, dans lequel elle s'éclate... mais qui lui fait vivre un rythme infernal. Elle se rend compte qu'elle a repris l'autoroute qu'elle avait quittée plusieurs années auparavant. En parallèle, elle suit tout de même une formation de coach : une vraie soupape pour elle. Elle réalise à quel point c'est l'humain qui l'anime. Avant de sombrer complètement, elle quitte son job, renoue avec son statut de freelance et lance son activité de coach et autrice... et prend à nouveau le temps pour une séance de yoga ou de Qi Gong entre deux rendez-vous ! Conclusion sur “Et un jour… j’ai décidé de faire la tortue” de Nathalie Desanti Ce livre romancé “Et un jour… j’ai décidé de faire la tortue” se lit très facilement et permet d’aborder de nombreuses notions de développement personnel et de parentalité, en les rendant très accessibles. La contrepartie de ce contenu riche, c’est qu’on a parfois l’impression de sauter du coq à l’âne, malgré le fil conducteur. Cependant, les sujets abordés sont très concrets, illustrés par de nombreux exemples. Les différents encarts de “Mamie Zen” et “Papi Sage”, ainsi que “Les petits carnets de Pauline” apportent des idées et astuces complémentaires pour mettre en pratique la slow life au quotidien dans sa famille. Je me suis beaucoup retrouvée dans la vie de Pauline et son cheminement. Ce livre m’a amenée à me poser des questions sur ma vie de maman que je ne m’étais jamais posées auparavant, et à mettre en place de nouvelles habitudes pour revenir à l’essentiel et ralentir en famille. A noter que j’ai été un peu surprise du choix de l’autrice de présenter les théories éducatives “à l’ancienne” de la psychanalyste Claude Halmos, qui me semblent assez opposées aux idées des autres sources citées, comme André Stern ou Catherine Gueguen. Je recommande cependant très vivement “Et un jour… j’ai décidé de faire la tortue”, à toutes les mamans qui veulent arrêter de vivre une course contre la montre perpétuelle et remettre du sens dans leur quotidien. Chloé Teil, du blog Ralentir en Famille Points forts :

Un contenu riche, qui explore beaucoup d’aspects liés au mode de vie et à la parentalité slow, qui nous amène à des questionnements et des prises de conscience sur notre propre vie Une forme romancée très accessible Des idées concrètes avec “Les conseils de Mamie Zen” et “Les petits carnets de Pauline” De nombreuses sources citées, auxquelles le lecteur pourra se référer pour approfondir le sujet s’il le souhaite

Points faibles :

Le récit est parfois un peu décousu Certaines théories abordées ne sont pas vraiment compatibles entre elles

Ma note :

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Références bibliographiques

(1) André Stern. Jouer, Faisons confiance à nos enfants, Actes Sud Editions, 2017. (2) Marc Schwob. Les rythmes du corps, Odile Jacob, 2007. (3) Michèle Mazeau et Alain Pouet. Bien apprendre à l’école, Horay, 2018.

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Thu, 10 Mar 2022 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/11856/Et-un-jour-jai-dcid-de-faire-la-tortue
La PNL pour les Nuls http://www.olivier-roland.fr/items/view/11840/La-PNL-pour-les-Nuls

Résumé de « La PNL pour les nuls » de Romilla Ready et Kate Burton : cet ouvrage d'introduction écrit par deux expertes états-uniennes vous emmènera dans le monde de la PNL (programmation neuro-linguistique) et vous guidera parmi ses concepts et ses méthodes. Par Romilla Ready et Kate Burton, 2020 (traduction française), 313 pages. Titre original : « Neuro-Linguistic Programming for Dummies ».

Chronique et résumé de "La PNL pour les nuls" de Romilla Ready et Kate Burton : Introduction « Cet ouvrage vise à combler tous ceux qui sont fascinés par les relations humaines. Grâce à son approche expérimentale, la PNL encourage les personnes à agir pour façonner leur vie. Elle attire ceux qui osent et sont prêts à découvrir de nouveaux horizons. […] L’approche de la PNL consiste d’abord à se lancer, à mettre de côté votre incrédulité, puis à comprendre l’apprentissage. » (La PNL pour les nuls, p. 2) Le ton est donné : vive l’expérimentation sur soi — et sur les autres ! Bien sûr, tout cela s’opère dans la bienveillance, la convivialité et un esprit pragmatique de progrès. C’est bien pourquoi la PNL est devenue l’une des ressources privilégiées de développement personnel. Elle offre en effet mille et une techniques plus ou moins simples pour s’améliorer soi-même et ses modes de communication avec autrui. Même si elle peut parfois sembler ésotérique ou farfelue (notamment parce qu’elle fait beaucoup appel à l’imagination), la PNL dispose de bases scientifiques suffisamment solides. Ses principes sont issus de travaux académiques menés dans des universités américaines, principalement en Californie, dès les années 1970. Elle s’est aujourd’hui répandue et fait l’objet de recherches continues dans le monde entier. Êtes-vous prêt à découvrir le sens et la puissance de ces trois lettres ? Partie 1 — Bienvenue dans un monde idéal Chapitre 1 — Destination PNL 1. Qu’est-ce que la PNL ? La PNL — pour programmation neuro-linguistique (adjectif écrit avec un tiret dans l’ouvrage) — est une méthode qui vise à améliorer ses façons de penser et sa communication.

Le terme « programmation » fait référence à la théorie de l’apprentissage et à l’idée selon laquelle nos représentations mentales des expériences sont le fruit d’un codage particulier — un processus que nous pouvons apprendre à maîtriser. « Neuro » concerne le système neurologique et renvoie en premier lieu à l’idée que les sens sont les premiers vecteurs de l’expérience : les informations sensorielles génèrent les pensées qui activent le système neurologique. Le terme « linguistique » est quant à lui utilisé afin de marquer que le langage est la manière privilégiée par laquelle les êtres humains s’approprient l’expérience et la communiquent. Les mots ont des conséquences sur notre façon d’expérimenter le monde.

Cette méthode a été développée par Richard Bandler et John Grinder à l’université de Santa Cruz en Californie, dans les années 1970. Elle s’appuie sur des entretiens réalisés auprès de personnalités particulièrement douées dans les domaines de la communication et du changement. Elle s’est largement développée depuis et compte aujourd’hui de nombreux praticiens de par le monde. 2. Les piliers de la PNL La PNL repose sur 4 piliers :

Le rapport désigne la façon de se relier à soi et aux autres. Il importe de savoir être intègre et de parler-vrai, même (et peut-être surtout) lorsqu’il s’agit de dire « non ». La représentation sensorielle concerne les sens : la vue, le toucher, l’ouïe, le goût et l’odorat nous permettent d’avoir accès à un univers riche de sensations. La pensée en termes de résultats se caractérise par une pensée positive orientée vers les objectifs à atteindre. La flexibilité comportementale désigne, dans la PNL, la capacité à se transformer et donc à changer de perspective sur le monde quand cela est nécessaire.

Pour atteindre un bon rapport (avec vous-même ou avec quelqu’un), vous devrez faire appel à vos sens pour entendre le message venu de l’extérieur, et avec clairement à l’idée le résultat souhaité. Par ailleurs, vous devrez peut-être faire preuve de flexibilité afin d’adapter le résultat s’il ne peut être atteint tel quel. 3. Les modèles et le modelage « La PNL s’attache à modéliser l’excellence dans tous les domaines. Le principe est le suivant : si vous trouvez quelqu’un de bon dans un domaine, vous pouvez alors modéliser sa stratégie et apprendre de lui. Cela signifie que vous pouvez apprendre à modéliser quiconque vous admirez […]. » (La PNL pour les nuls, p. 18) Sur quoi repose la modélisation ? D’abord, sur l’idée — que l’on retrouve également dans la philosophie stoïcienne — selon laquelle nous interprétons le monde de façon différente et que, donc, nos représentations (nos « cartes du monde ») diffèrent. 4. Des conseils pour rendre la PNL plus efficace Par ailleurs, la PNL considère que l’apprentissage (ou le remodelage de nos représentations à partir d’un modèle d’excellence) se fait progressivement, c’est-à-dire étape par étape. Inutile de vouloir se transformer en une seule fois… Allons-y pas à pas ! Il faut également avoir une attitude ouverte et penser qu’un changement est possible (sinon dans le monde entier, au moins en vous). Adopter une telle attitude est déjà un changement positif qui permet de se reconnecter autrement et de changer de vie. N’hésitez donc pas à partir à l’aventure : restez curieux et n’ayez pas peur d’être confus quelquefois. En fait, c’est un bon signe et c’est de cette manière que vous avancerez. Enfin, prenez la responsabilité du changement. C’est à vous d’expérimenter, de prendre des notes, de partager et de transmettre vos expériences. Vous pouvez réaliser ce travail de façon ludique et enjouée. Chapitre 2 — Hypothèses de base sur la PNL 1. Les présuppositions de la PNL Comme toute méthode ou théorie, la PNL part d’une série de postulats ou généralisations sur le monde. Quels sont-ils ? Voici la liste des plus importants :

« La carte n’est pas le territoire » (Korzybski), vos représentations ne sont pas le monde ; Chaque personne agit ou réagit à partir de sa propre carte ; Vous n’échouez pas, vous recevez un feedback (un retour sur expérience) ; Les conséquences de la communication importent plus que l’intention — faites donc attention à la façon dont vous communiquez, car c’est le résultat de l’échange qui compte ; Adoptez d’autres façons de faire si celle que vous utilisez ne fonctionne pas ; Vous communiquez avec votre corps autant qu’avec vos mots ; Vous disposez des ressources nécessaires pour atteindre les résultats souhaités ; Tout comportement, même négatif, vise une fin positive (se faire accepter, être aimé, etc.) ; Le comportement ne dit pas tout d’une personne, il convient également de prendre en compte l’environnement, les capacités et les compétences à un moment donné, les valeurs et les croyances, l’identité ; Il n’y a pas de séparation nette du corps et de l’esprit, mais un continuum — l’un influençant constamment l’autre ; Un changement est toujours concevable, même lorsqu’il est difficile à imaginer ou à accepter ; Prendre exemple sur des modèles est une excellente façon de progresser.

  1. Conclusions sur les présuppositions : Lancez-vous ! « Testez-les sur vous en faisant comme si les généralisations étaient vraies. Pratiquez celles que vous trouvez particulièrement utiles jusqu’à ce qu’elles deviennent une seconde nature. Lorsque vous essayez les présuppositions de la PNL, dressez-en une liste et choisissez-en une par jour. Vous découvrirez soudain que vous vivez ces présuppositions et que “la vie est plus simple” ! » (La PNL pour les nuls, p. 37) Chapitre 3 — Prendre votre vie en main
  2. Contrôler votre mémoire Les souvenirs sont codés en représentations sensorielles (sons, images, sensations diverses). Vous pouvez maîtriser vos souvenirs en accentuant l’état agréable des souvenirs positifs et diminuant la peine liée aux souvenirs négatifs. Comment ? En revivant le souvenir tout en vous focalisant progressivement sur ces sensations, puis en les modifiant mentalement (voir le chapitre 10 pour plus de détails).
  3. Sens et croyance Ce qu’on pense du monde et des autres est lié à nos filtres de perception. Pour en changer, il faut être capable de prendre la responsabilité de nos pensées et accepter de les modifier. Une façon efficace d’entreprendre un changement de croyance consiste à se focaliser sur les résultats, plutôt que sur le problème. C’est-à-dire ? Le danger de penser à partir du problème est qu’il peut nous pousser à chercher des coupables et nous mettre sur la défensive. Prendre appui sur une question visant la finalité de l’action, telle que « quel était le but de mon action ? », permet d’y voir plus clair et d’avancer de façon plus constructive.
  4. La voie de l’excellence Définir ce que vous voulez : tel est le premier pas. Connaissant l’objectif, le cerveau va se mettre en branle naturellement, et refuser de continuer dans la spirale épuisante et sans fin des pensées négatives. En sachant ce que vous voulez, vous canalisez votre énergie et vos ressources à bon escient. Un conseil : imaginez-vous âgé, en train de raconter votre vie. Ou même plus : écrivez votre nécrologie et dressez le bilan de votre héritage au monde pour dégager plus clairement ce que vous souhaitez obtenir comme résultats dans votre vie. Une fois que vous avez un objectif en tête, pensez SMART (spécifique, mesurable, approprié, réaliste et temporel) — ou, plus précisément, posez-vous les questions suivantes, qui vous permettront d’affiner encore sa formulation :

« L’objectif est-il énoncé de façon positive ?

Émane-t-il d’une initiative personnelle, est-il bien établi et sous mon contrôle ?

Décrit-il la procédure de vérification ?

Le contexte est-il clairement défini ?

Les ressources nécessaires sont-elles identifiées ?

Ai-je évalué son caractère écologique ?

Identifie-t-il la première mesure à prendre ? » (La PNL pour les nuls, p. 47)

  1. La formule du succès en 4 points Vous pouvez appliquer la méthode SMART (améliorée) pour chaque objectif spécifique de votre vie. Plus largement, rappelez-vous aussi de ces quatre points, qu'il faut avoir à l'esprit tout au long de sa vie :

Connaître le résultat souhaité (en le formulant bien) ; Passer à l’action ; Utiliser son système de représentation sensorielle ; Faire preuve de flexibilité comportementale.

On pourrait ajouter un point : tenir un journal des rêves liés à vos objectifs. Noter vos objectifs vous permettra de ne pas les oublier en cours de route et de programmer votre cerveau (et votre inconscient) à suivre la route indiquée. Imaginez que votre objectif est un rendez-vous avec vous-même. Vous pouvez aussi privilégier un carnet muni de pages ou d’intercalaires de couleurs différentes. Vous noterez alors les objectifs par domaine de votre choix (par exemple : vie sociale, travail, sports, etc.). Indiquez des objectifs liés ces domaines, puis classez-les par ordre chronologique (objectif à court, moyen ou long terme). Assurez-vous que ces objectifs soient bien formulés (smart) et jetez-y un coup d’œil régulièrement.

Partie 2 – Le Code de la route de votre cerveau Chapitre 4 — Qui est au volant ? 1. Comment nos peurs peuvent nous conduire dans la mauvaise direction L’inconscient agit de façon souterraine en contrôlant notre corps, nos émotions, nos comportements. Pour agir efficacement, il faut impérativement placer le conscient et l’inconscient en phase l’un avec l’autre. Pour ce faire, il est bon de connaître les fonctions respectives de chacun. Le conscient se concentre par exemple sur le langage verbal et la logique, tandis que l’inconscient s’occupe davantage du langage corporel et de la créativité. Observons certaines autres spécificités de ce dernier.

Incapacité à traiter des informations négatives (d’où l’importance de formuler ses objectifs de façon positive) ; Besoin d’orientation (la méditation est un excellent moyen d’ouvrir la communication avec votre inconscient et d’apprendre à le maîtriser) ; Traitement des souvenirs (dont le refoulement de ceux comportant des émotions négatives non résolues) ; Apprentissage en continu (l’inconscient n’aime pas s’ennuyer, il a besoin de stimulations) ; Moralité (votre inconscient vous fait agir en fonction de certains codes moraux que vous avez appris).

  1. La formation réticulée : votre système de suivi Afin de catégoriser toutes les informations sensorielles qui nous arrivent à chaque moment de notre vie, un système de neurones fonctionne à plein régime — la PNL l’appelle « formation réticulée ». Quels sont ces critères de sélection ? Comment choisit-elle de conserver ou de rejeter l’information ?

Importance pour la survie ; Nouveauté (une chose à laquelle vous n’êtes pas habitué va davantage retenir votre attention) ; Investissement émotionnel fort (pour un proche, par exemple).

La formation réticulée vous aidera à remarquer les éléments en rapport avec vos objectifs, tout en vous permettant de vivre votre vie quotidienne sans être constamment assailli par les sensations. Notez que vos croyances influencent la formation réticulée : celles-ci peuvent empêcher (ou au contraire stimuler) vos perceptions. 3. Les croyances et les valeurs font toute la différence « Tout le monde a des valeurs, celles-ci varient simplement d’un individu et d’un groupe à l’autre. Vos valeurs et vos croyances sont des filtres inconscients que vous utilisez pour décider quels fragments de données perçus par vos sens vous allez laisser entrer ou empêcher d’entrer. » (La PNL pour les nuls, p. 73) Autrement dit, ces valeurs et croyances vous font prendre des décisions inconsciemment. Elles sont le fruit de vos expériences passées et vous portent à avoir confiance (ou non) en certaines de vos capacités. On parle de croyances limitantes quand celles-ci vous poussent à vous sentir incapable de faire telle ou telle chose. D’autre part, les croyances des autres peuvent également nous aider ou nous nuire. Si d’autres (en particulier les figures éducatives, professionnelles, les amis et la famille) nous pensent incapables, nous aurons tendance à le devenir… Heureusement, il existe des moyens de contourner ce problème (voir le chapitre 7 sur l’exploration des modes de perception). Vous pouvez encore choisir de transformer vos propres croyances et valeurs, en agissant sur les modalités sensorielles (sons, images, sensations) qui leur sont associées — un peu comme pour les souvenirs. 4. Imaginez votre réalité future L’imagination n’est pas un défaut ! Au contraire, cela peut vous aider à établir vos objectifs de façon plus efficace. Voici les conseils de Romilla Ready et Kate Burton à ce sujet :

« Dressez une liste des éléments importants concernant votre objectif, des raisons pour lesquelles vous voulez l’atteindre, puis classez-les par ordre d’importance. Vos valeurs vous surprennent ? Vous êtes-vous rendu compte que des choses que vous jugiez importantes ne l’étaient pas tant que cela après tout ? Avez-vous pensé à une valeur qui manquait au départ ?

Maintenant, toujours éveillé, imaginez-vous en train de flotter en dehors de votre corps et projetez-vous dans l’avenir, à l’époque où vous pourriez avoir atteint l’objectif fixé.

Prêtez attention aux images, sons et sensations et modifiez-les. Parvenez-vous à les rendre plus puissants, vibrants, éclatants, et à aller encore au-delà ?

Depuis l’avenir, retournez-vous sur le présent et laissez votre inconscient identifier ce qu’il a besoin de savoir et vous aider à en prendre conscience, pour vous permettre d’atteindre votre objectif. N’oubliez pas de noter quelle serait la première mesure à prendre !

Une fois le rêve bien savouré, revenez à la réalité et prenez cette première mesure ! » (La PNL pour les nuls, p. 84-85)

Chapitre 5 — Appuyer sur les boutons de la communication 1. Le modèle de la communication de la PNL La psychologie cognitive de Bandler et Grinder propose un modèle de communication particulier. Celui-ci est constitué de quatre notions importantes :

Le comportement extérieur = la manière dont quelqu’un agit visiblement vis-à-vis des autres ; La réponse intérieure = la réaction qui se produit à l’intérieur de la personne ; Le processus interne = le dialogue qui se met en place lors de la réponse intérieure ; L’état interne = les sensations qui submergent la personne à l’occasion de la réponse intérieure.

Lorsque, par exemple, deux personnes communiquent, l’une agit d’une certaine façon (comportement extérieur), ce qui permet à l’autre de formuler une réponse intérieure, puis un comportement extérieur répondant à celui de son interlocuteur. Bien sûr, ce comportement extérieur produit à son tour une réponse intérieure de la première personne. Ce cycle se poursuit ainsi jusqu’à ce que cesse la communication. Soit la communication peut partir « en vrille », soit elle peut réussir et être harmonieuse. 2. Comprendre le processus de la communication Grinder et Bandler ont remarqué que les bons communicants possèdent au moins trois caractéristiques :

Savoir ce qui est attendu de la communication ; Être à l’écoute des réponses et savoir les identifier précisément ; Se montrer flexible pour obtenir, au moins progressivement, ce qui est attendu.

Nous ne sommes pas capables de tout entendre de l’autre. La communication dépend notamment de trois processus : les omissions, les distorsions et les généralisations que nous pouvons faire vis-à-vis de l’information transmise par autrui (ou par le milieu). Par ailleurs, nos réactions varient en fonction de plusieurs caractéristiques qui font notre singularité : notre métaprogramme (est-il plutôt introverti ou extraverti, par exemple), nos croyances et valeurs, nos attitudes, nos souvenirs, nos décisions. 3. Essayer la communication efficace Pour améliorer sa communication, mieux vaut apprendre à vivre avec toutes ces dimensions inconscientes. Il est possible de créer une communication harmonieuse avec autrui en se montrant déterminé (en sachant ce que l’on veut obtenir de la discussion) et patient (c’est-à-dire flexible). La communication non violente repose sur des bases similaires d’échange et de conscientisation des objectifs et des freins de la communication (désirs, peurs, etc.). Apprendre à bien communiquer, c’est apprendre à devenir pleinement responsable de ses paroles, c’est-à-dire des conséquences de nos actes langagiers. Partie 3 — Se faire des amis… En influençant les autres Chapitre 6 — Voir, entendre et sentir à votre manière pour mieux communiquer 1. Trois lettres pour des modalités : VAK Nous avons appelé "modalités" les impressions des sens qui restent présents à l’esprit lorsque nous pensons. Par exemple, si nous pensons à un plat, nous pensons à des images, des saveurs, un contact chaud ou froid, etc. Ces modalités imprègnent littéralement le processus de la pensée. VAK est un acronyme pour visuel, auditif et kinesthésique (lié aux sensations du corps). De ce dernier, on peut distinguer les informations olfactives et gustatives (on obtient alors l’acronyme VAKOG). Certaines personnes ont certains sens plus développés que d’autres — ce qui signifie qu’ils captent plus d’information par ce biais. Sachant cela, vous pouvez également commencer à entraîner vos sens pour les rendre plus aiguisés et ainsi recueillir des informations plus variées sur le monde qui vous entoure. Vous découvrirez peut-être de meilleures façons d’apprendre ou de pratiquer une activité, sportive ou artistique par exemple. 2. Écouter le monde des mots Les mots que vous utilisez peuvent vous donner des indices sur votre système de représentation sensorielle privilégié (plutôt visuel, auditif ou kinesthésique). Vous pouvez aussi deviner celui des autres. Par exemple, vous direz des propos de quelqu’un qu’ils sont clairs ou lumineux (visuel), qu’ils résonnent ou qu’ils sont forts (auditif), ou bien qu’ils sont solides ou excitants… Lorsque les mots sont neutres, sans référence aux sens, la PNL parle de langage digital. Les contrats et documents d’assurance en sont de parfaits exemples. 3. Tout dans les yeux Il en va de même avec le langage corporel, qui dit beaucoup, lui aussi, de votre système de représentations sensorielles préféré. En particulier, le mouvement des yeux permettrait de connaître ces préférences. C’est ce que la PNL appelle les clés d’accès visuelles :

Haut à droite = visuel créé (imagination) ; Haut à gauche = visuel évoqué (images connues) ; Droit devant = visuel (voir quelque chose de nouveau, d’important) ; Latéralement à droite = auditif créé (entendre de nouveaux sons) ; Latéralement à gauche = auditif évoqué (souvenir de sons) ; Bas à gauche = auditif dialogue intérieur (se parler à soi-même) ; Bas à droite = kinesthésique (sensations, émotions, toucher, goût, odorat).

En fait, l’étude du mouvement oculaire peut vous aider à cerner l’état d’esprit de quelqu’un. De cette façon, vous vous rendez capable de mieux communiquer avec lui. 4. Utiliser le système VAK La connaissance de ce système peut vous aider dans bien des domaines de votre vie quotidienne, depuis la gestion des réunions professionnelles jusqu’à la mentalisation de vos objectifs, en passant par le développement d’une écriture plus puissante. N’hésitez pas à travailler un sens par jour, en cherchant à explorer ce qui se passe en vous et, éventuellement, en apprenant à mettre des mots sur vos impressions.

Chapitre 7 — Établir le rapport 1. Pourquoi le rapport est-il important ? « Le rapport est au cœur de la PNL et constitue un de ses piliers, aboutissant à une communication satisfaisante entre deux individus ou groupes de personnes. Vous n’avez pas besoin d’aimer quelqu’un pour établir un rapport avec lui. Il s’agit d’une manière de se comporter avec les autres fondée sur le respect mutuel et d’échanger à tout moment. » (La PNL pour les nuls, p. 127) Le rapport est important, car il permet d’établir des relations bilatérales avec n’importe quelle personne, en établissant un contexte positif de réciprocité et d’écoute. Il importe de pouvoir identifier les rapports réussis et les comparer à ceux qui sont mal engagés ou carrément inexistants. Si vous souhaitez établir des rapports avec de nouvelles personnes ou en améliorer certains, posez-vous ces questions en veillant à répondre par écrit :

Quelle est la relation que j’entretiens avec cette personne ? Quel changement souhaiterais-je apporter ? En quoi cela m’impacterait-il ? Et pour autrui, quelles en seraient les conséquences ? Est-ce que je tiens vraiment à y dépenser du temps et de l’énergie ? Quelles sont les pressions vécues par la personne ? Qu’est-ce qui compte le plus pour elle actuellement ? Pourrais-je apprendre quelque chose de quelqu’un qui a une bonne relation avec cette personne ? Ai-je besoin d’une aide pour améliorer le rapport ? Quelles sont mes idées pour faire évoluer la relation ? Quelle serait la première chose à mettre en place ?

  1. Techniques de base pour établir le rapport Créer un rapport avec quelqu’un passe par l’environnement, les valeurs et les buts (partagés ou non), les croyances et les compétences acquises au long de la vie, et bien sûr par les manières d’être, de parler et d’agir. La PNL parle de synchronisation et de mimétisme comportemental lorsque les deux partenaires d’un rapport se sont mis totalement en phase. Lorsqu’ils ne le sont pas, la PNL parle de désaccord. Pour faciliter ou accélérer la mise en rapport, vous pouvez aussi adopter la même perspective sur la vie et le même rythme que l’autre personne (y compris le rythme de respiration). Apprenez à vous mouler dans ses intentions, mais aussi dans ses façons d’apprendre et de vivre au quotidien. Lorsque vous parlez, assurez-vous d’être en harmonie avec vous-même : mots, images et sons doivent fournir le même message à votre interlocuteur. Connectez-vous à autrui en démontrant votre confiance en vous-même et votre sincérité. Pour convaincre une personne (ou un groupe) et la « conduire » dans le sens voulu, commencez par vous mettre en phase avec elle. Plutôt que de vous opposer, écoutez et partez de la perspective de l’autre pour le faire doucement dériver vers la direction souhaitée.
  2. Comment rompre un rapport et pourquoi Vous pouvez avoir envie ou besoin de rompre le rapport provisoirement ou définitivement, c’est-à-dire de vous désynchroniser, pour plusieurs raisons : l’affaire est conclue, vous êtes fatigué ou vous vous ennuyez, vous êtes occupé, etc. Comment faire ? Modifiez la position de votre corps dans l’espace, changez le ton ou le volume de votre voix ou utilisez des mots clairs. Prêtez attention à certains gestes (haussement des sourcils, par exemple) et à certaines paroles (le connecteur « mais » peut modifier la perception du message par votre interlocuteur, en ne lui faisant se souvenir que de la moitié négative de votre message). Bien sûr, il est préférable de rester courtois et diplomate. Mais n’hésitez pas à exprimer votre refus — surtout si vous avez l’habitude d’en faire trop pour les autres.
  3. Comprendre les autres points de vue « Les personnes qui ont du succès affichent la flexibilité nécessaire pour percevoir le monde de différentes manières. Elles prennent plusieurs perspectives, ce qui leur permet d’explorer de nouvelles idées. » (La PNL pour les nuls, p. 142) Vous pouvez vous entraîner à prendre trois points de vue au moins, que la PNL nomme positions perceptuelles :

La vôtre, celle qui vous est naturelle ; Celle de l’autre, qui vous amène à imaginer ce qu’il vit ; Une position neutre, d’observateur désintéressé.

Pour vous familiariser avec les différentes perspectives sur le monde, vous pouvez aussi utiliser le métamiroir. Il s’agit d’un exercice proposé par Robert Dilts. Il permet de vous préparer à un échange compliqué. Comment faire ? Dessinez au sol quatre positions et suivez la procédure suivante :

Se placer en première position et se demander : « qu’est-ce que je vis, je pense et je ressens lorsque je regarde cette personne ? » Se placer dans la seconde position et se demander la même chose — mais en se mettant à la place de l’autre personne. Occuper la troisième position — neutre — et se questionner sur soi en première position : qu’est-ce que je pense de « moi », vu de l’extérieur ? Occuper la quatrième position, avec plus de distance encore. Là, comparer les pensées de la troisième position et celles de la première et les permuter (faire de l’image de soi reçue en position n° 3 la position n° 1 en première personne). Revenir dans la seconde position et se demander : « en quoi est-ce différent maintenant, qu’est-ce qui a changé ? » Revenir dans la première position et se poser la même question : « en quoi est-ce différent, qu’est-ce qui a changé ? »

Chapitre 8 — Comprendre pour être compris : les métaprogrammes 1. Les notions de base d’un métaprogramme « On appelle métaprogrammes les filtres inconscients qui orientent vers l’objet de votre attention la façon dont vous traitez n’importe quelle information reçue puis dont vous la communiquez. » (La PNL pour les nuls, p. 147) Ces métaprogrammes résultent de vos expériences, principalement celles vécues pendant l’enfance. Il en existe beaucoup, mais Romilla Ready et Kate Burton ont choisi de se focaliser sur six paires (en plus de l’introversion et de l’extraversion, évoquée au chapitre 5) qui peuvent être particulièrement utiles pour se motiver soi-même ou faciliter le rapport avec autrui. Souvenez-vous : il s’agit de caractérisations mobiles et évolutives. Elles peuvent d'ailleurs se combiner. Surtout, elles ne visent pas à juger ou à cataloguer, mais à comprendre, interpréter et éventuellement imiter (ou se synchroniser à) une situation de communication ou une personne. 2. Proactif/Réactif Le proactif a plutôt tendance à passer à l’action. Il veut que les choses avancent et il est prêt à agir pour faire évoluer la situation. Il trouve des solutions, même dans l’urgence. « Oser ! », « Allons-y ! », « Il faut s’y mettre », telles sont quelques-unes des expressions qu’il pourra utiliser au quotidien. Le réactif cherche plutôt à faire le point et à comprendre ce qui se passe avant de prendre une décision. Il attendra éventuellement que d’autres prennent l’initiative. « Réfléchissons-y », « étudions les données », « pesons le pour et le contre », dira sans doute le réactif. 3. Rapprochement/Éloignement Les personnes qui se rapprochent (du plaisir ou de valeurs positives) souhaitent avancer et le font souvent grâce aux bénéfices espérés. Elles sont capables de rester calmes et concentrées. « Accomplir », « Obtenir », « inclure » fait partie des verbes qu’elles aiment employer. Les personnes qui s’éloignent (de la douleur ou de valeurs négatives) cherchent plutôt à prendre leurs distances vis-à-vis de risques ou de dangers perçus. Elles gèrent les crises et se montrent critiques. Elles préfèrent les verbes « enlever », « éviter », « solutionner ». 4. Options/Procédures L’individu orienté « options » aimera découvrir de nouvelles façons de faire et optera pour la diversité. Il aime commencer des projets (mais pas nécessairement les terminer). « Essayer autrement », « improviser le moment venu » : voilà ce qui fait frémir la personne options. L’individu orienté « procédures » privilégiera les méthodologies déjà usitées, même s’il n’est pas toujours capable de les mettre en place lui-même. « Suivre les étapes », « un pas après l’autre » : le must de la personne procédures. 5. Interne/Externe L’interne aura confiance en lui-même : il n’aura pas besoin de l’avis des autres pour savoir qu’il a pris la bonne décision. Il s’appuie sur ses propres ressources. Pour influencer un interne, utilisez des termes tels que « c’est à vous de décider » ou « voyez vous-même ». L’externe éprouvera le besoin de se raccrocher à l’opinion d’autrui pour s’assurer qu’il a agi de la bonne manière. Il cherche des renforts à l’extérieur. Si vous voulez obtenir davantage d’un externe, employez plutôt des expressions comme « les statistiques montrent que… », « je sais que vous pouvez le faire », « ça se fait… ». 6. Global/Spécifique Quelqu’un manifestant un métaprogramme plutôt global découpera les tâches en plus gros morceaux. Il aime aussi les vues d’ensemble, les connexions latérales et les concepts. « En un mot », « généralement », seront des signes tangibles de globalité. Une personnalité plus spécifique découpera ses tâches en plus petites parties. Elle entrera directement dans le détail, utilisera des exemples et avancera de façon plus séquentielle. « Particulièrement », « avant/après », vous feront reconnaître la spécificité. 7. Similitude/Similitude avec différence/différence Trois profils se dégagent ici :

Renvoyer la nouveauté au connu (similitude) ; Remarquer la similitude, puis les différences (similitude avec différence) ; Se focaliser sur les modifications (différence).

Le premier usera le vocabulaire du « commun », du « statique », de l’« inchangé » ; le deuxième dira que « c’est pareil, sauf que » ou que « ça augmente/diminue » ; le troisième trouvera que « c’est le jour et la nuit », que « ça n’a rien à voir » ou que c’est « transformé ». 8. Combiner plusieurs métaprogrammes « Lorsque vous êtes dans votre zone de confort, vous préférez adopter une certaine combinaison de métaprogrammes. Vous devriez essayer d’avoir à l’esprit que cette combinaison peut changer en fonction des circonstances que vous rencontrez. […] Il est également important de se rendre compte que certaines combinaisons conviennent mieux que d’autres à certaines professions et que bien d’autres métaprogrammes peuvent vous être utiles. » (La PNL pour les nuls, p. 168) 9. Développer vos métaprogrammes Pensez-y : êtes-vous capable de repérer vos métaprogrammes, dans les différentes sphères de votre vie ? Êtes-vous capable de cerner ceux des autres au cours d’une interaction et d’agir en conséquence ? Progressivement, mettez-vous à l’écoute de vous-même et des autres, afin d’améliorer vos chances d’accomplir vos objectifs et d’avoir des rapports sereins avec autrui.

Partie 4 — Ouvrir la boîte à outils Chapitre 9 — Jeter l’ancre 1. Commencer par les ancres Vous pouvez avoir l’impression d’être submergé par vos sentiments — positifs comme négatifs. Vous perdez le contrôle et réagissez de manière disproportionnée. Ce qui peut avoir des conséquences dans divers aspects de votre vie. Pour maîtriser vos états, c’est-à-dire la manière dont vous vous sentez à un instant T, la PNL dispose d’outils appelés techniques d’ancrage. Une ancre, c’est un stimulus venu de l’extérieur qui va déclencher une réponse en vous et un état intérieur. Vous pouvez apprendre à définir des ancres. L’une des méthodes est la suivante :

Connaître l’état positif dans lequel on souhaite se trouver ; Trouver un souvenir correspondant ; Revivre le souvenir en y associant les sons, images, sensations ; Choisir une ancre — un son, un mouvement ou une image ; Mobiliser l’ancre mentalement (ou en faisant un geste) lorsque le besoin s’en fait sentir.

Sans le vouloir, nous créons tous des ancres négatives. Mais nous pouvons apprendre à les repérer. Nous pouvons aussi apprendre à calibrer nos relations en utilisant les expressions ou attitudes d’autrui comme des ancres. Enfin, grâce notamment à la procédure évoquée plus haut, nous pouvons créer nous-mêmes une palette d’ancres qui nous permette d’augmenter nos expériences positives et de diminuer les expériences négatives. 2. À la découverte des émotions : les états séquentiels Les états se transforment : nous passons tous d’un état à un autre. Et nous recherchons aussi parfois activement cette modification, pour nous-mêmes ou pour les autres. Les ancres permettent de (faire) changer d’état. Vous pouvez utiliser la musique comme ancre, et tout spécialement la musique baroque (Bach, Mozart, Haendel, Vivaldi) ! Mais pas seulement : élargissez vos goûts, tout en faisant confiance à votre intuition, variez les rythmes et les styles et voyez quels états chaque morceau provoque en vous. Progressivement, trouvez la meilleure musique qui convient à une situation problématique et vous permet de vous ressourcer. Une autre façon d’apprendre à changer d’état consiste à imiter un modèle positif. Pas seulement au niveau des métaprogrammes, mais en adoptant sa démarche même ou certains de ses mouvements corporels. Par exemple, si vous êtes petit, prenez de l’assurance en agissant comme une personne plus grande ! 3. Approfondir les techniques d’ancrage Les ancres peuvent nous aider à évoluer positivement. Vous pouvez modifier vos ancres négatives en vous désensibilisant, en la neutralisant, en allongeant la chaîne des ancres, c’est-à-dire en passant par des états successifs qui vont du plus négatif au plus positif (en passant de la colère à l’inquiétude, puis de l’inquiétude à la curiosité et enfin de cette dernière à la détente, par exemple). Pour prendre parole en public, vous pouvez utiliser le cercle d’excellence, qui vise à améliorer la confiance en soi au moment de passer à l’action. Cette technique nécessite un partenaire et s’appuie, à nouveau, sur le ressouvenir d’une expérience positive. Vous pourriez peut-être aussi avoir besoin de l’ancrage spatial, lorsque vous devez monter sur scène par exemple. Dans ce cas, vous veillerez à délivrer tel type d’information à un endroit précis de la salle, afin d’habituer vos interlocuteurs à l’idée que tel endroit (ou tel geste) signale un type d’information en particulier. 4. Une dernière chose sur les ancres « Les ancres ne marchent pas forcément au premier essai. Comme avec tous les outils présentés dans ce livre, votre apprentissage sera plus rapide si vous suivez une formation en PNL et travaillez avec un praticien chevronné. Quelle que soit la méthode choisie pour développer vos compétences, c’est-à-dire seul ou avec l’aide d’autres personnes, lancez-vous. Nous vous encourageons à persévérer même si l’expérience vous semble étrange au départ. Une fois que vous contrôlez votre état, vous élargissez l’éventail des choix qui s’offrent à vous et le jeu en vaut la chandelle. » (La PNL pour les nuls, p. 193) Chapitre 10 — Actionner les commandes 1. Sous-modalités : comment nous enregistrons nos expériences En PNL, les sens sont nommés modalités. Les sous-modalités, ce sont les caractéristiques secondaires liées, par exemple, aux sons (à l’ouïe) ou aux images (la vue) : le rythme, le timbre, le volume ou bien encore la couleur, la luminosité, la taille, etc. 2. Informations de base ou ce qu’il faut savoir avant de commencer Modifier les sous-modalités des sensations liées au souvenir d’une expérience peut transformer ces sensations (passer de la peine à l’indifférence ou au plaisir, plus ou moins intense) et donc le souvenir lui-même. Lorsque vous vous remémorez un souvenir, vous pouvez soit être dans l’image en tant qu’acteur — la PNL nomme cela association — ou en-dehors, tel un observateur — on parle alors de dissociation. Il s’agit d’une sous-modalité importante et qu’il faut pouvoir utiliser à bon escient pour s’éloigner ou se rapprocher de nos émotions. La modification des souvenirs peut vous libérer de peurs et d’inhibitions acquises dans votre existence. Par exemple, si un professeur vous a traité d’incapable en math un jour, vous pouvez revenir à ce souvenir et en transformer les modalités (vous rendez le professeur tout petit, avec une voix ridicule, vous diminuez le son, etc.) afin de faire passer l’émotion qui lui est associée de triste à absurde, voire rigolote. Ce faisant, votre sentiment d’incapacité à effectuer une tâche mathématique se dissipe. Chaque personne sera sensible à certaines sous-modalités plutôt qu’à d’autres. Testez-vous en utilisant un souvenir positif et en en modifiant les sous-modalités auditives, visuelles et kinesthésiques. Quelles sont les modifications qui vous affectent le plus ? Ces sous-modalités seront vos sous-modalités critiques. 3. Effectuer des changements pour de vrai « Imaginez un peu. Vous pouvez programmer votre esprit assis dans le train, dans les embouteillages ou même au cours d’un repas ennuyeux avec vos beaux-parents. Et souvenez-vous, l’entraînement conduit à l’excellence, alors entraînez-vous, avec la certitude de ne pas être arrêté pour avoir joué avec vos sous-modalités, même en public. » (La PNL pour les nuls, p. 205) Vous pourrez ainsi :

Atténuer la portée d’une expérience ; Modifier une croyance limitante ; Créer une croyance dynamisante ; Vous débarrasser de sensations désagréables (maux de dos, etc.).

Utilisez également le bruissement. C’est-à-dire ? Utiliser le processus d’une (mauvaise) habitude pour la transformer. Quel est l’élément déclencheur qui vous fait, par exemple, vous ronger les ongles ? Trouvez-le et interrompez le processus à l’aide du processus suivant proposé par Romilla Ready et Kate Burton : « Identifiez le comportement indésirable :

Vérifiez que vous êtes prêt à procéder au changement. Dites-vous simplement “prêt ?”.

Identifiez l’élément déclencheur à l’origine du comportement indésirable et créez une image associée. Il s’agit de l’image du signal.

Exploitez l’image afin de découvrir la ou les deux sous-modalités critiques.

Interrompez le processus. Cela signifie que vous sortez de l’état dans lequel vous étiez. […]

Pensez à l’image désirée. Créez une image de vous-même en train d’avoir un comportement que vous aimez ou vous tenant d’une certaine façon, en mode dissocié.

Interrompez le processus.

Rappelez-vous l’image du signal. Faites-en sorte d’y être associé, puis placez un cadre autour.

Créez une image du résultat souhaité.

Faites entrer l’image désirée dans un minuscule point noir et placez celui-ci dans le coin inférieur gauche de l’image du signal.

D’un bruissement (Fffffff), propulsez le point noir dans la grande image pour qu’il explose sur l’image du signal.

Interrompez le processus.

Répétez l’exercice plusieurs fois. » (La PNL pour les nuls, p. 211)

Chapitre 11 — Changer via les niveaux logiques 1. Quelle est votre perspective ? Pensez-vous qu’il soit impossible de changer ? Mais le monde — le territoire — se modifie constamment autour de vous. Alors, pourquoi pas vous et votre carte du territoire ? S’adapter, modifier sa perspective est une composante essentielle d’une existence réussie. Les niveaux logiques nous aident à comprendre le changement et à mettre en place des stratégies de transformation pour soi-même ou pour des groupes. Comment ? D’abord, en séquençant chaque étape de la modification et, ensuite, en avançant avec confiance vers le but poursuivi. 2. Comprendre les niveaux logiques Les niveaux logiques (aussi nommés niveaux neurologiques) se présentent différemment, soit de façon hiérarchique (sous forme de pyramide), soit de façon réticulaire (sous forme de réseau de relations) par exemple. Peu importe : l’important est de concevoir les relations entre chacun d’entre eux. Voici les six niveaux logiques du changement :

Environnement (où, quand et avec qui) ; Comportement (quoi) ; Capacités et compétences (comment) ; Croyances et valeurs (pourquoi) ; Identité (qui) ; But (dans quel but, pour qui).

Il est plus facile de modifier un point de l’environnement maîtrisé (repeindre les murs de sa maison) que de changer de comportement, mais il est sans doute plus aisé de changer de comportement que de modifier ses capacités et ses compétences ; et ainsi de suite. Vous comprenez que de 1 à 5, le niveau de difficulté augmente. Par ailleurs, le niveau inférieur influe sur le niveau supérieur. De plus, pour être bien dans sa peau ou dans un état de congruence, les différents niveaux doivent être alignés. Vous pouvez apprendre à identifier où se situent les problèmes (chez vous ou ailleurs), et tenter de réaligner le niveau logique désaligné. Utilisez les questions liées à chaque niveau pour repérer où « ça » coince et amorcer un travail. Pour agir sur un niveau, assurez-vous d’utiliser les ressources issues des niveaux supérieurs. 3. Trouver le levier adapté au changement Pour changer, il est nécessaire de vouloir changer, de savoir comment procéder et d’avoir l’occasion de mettre le changement en œuvre. Demandez-vous comment rendre la transformation plus aisée. Pour chaque niveau, posez-vous les questions suivantes. Au niveau environnemental, demandez-vous :

Où est-ce que je suis le mieux pour travailler ou vivre ? Avec qui est-ce que j’aime être ? Qui me fatigue ? Quand suis-je au mieux de ma forme ?

Au niveau comportemental, interrogez-vous de la sorte :

Puis-je atteindre mes objectifs en agissant de cette façon ? Mon attitude correspond-elle à ce que je veux être et à la façon dont je veux vivre ? Est-ce que j’utilise souvent certaines expressions ou certains tics de langage ? Quel est votre langage corporel, à différentes occasions ?

Pour questionner vos compétences et vos capacités, posez-vous par exemple ces questions :

De quelles compétences suis-je fier ? Comment les ai-je acquises ? Selon moi, mais aussi selon les autres, dans quels domaines suis-je bon ? Quelles sont les personnes qui pourraient m’inspirer ? Qu’aimerais-je apprendre ?

Au sujet des croyances et des valeurs, ne faites pas l’impasse sur les éléments suivants :

Pourquoi agir ainsi ? Qu’est qui m’importe ? Qu’est-ce que je considère bien et mal ? Quand dis-je « je devrais » et « je ne devrais pas » ?

Pour modifier votre identité, il vous faudra notamment questionner ces différents points :

En quoi ce que je vis exprime ce que je suis ? Quel type de personne suis-je ? De quelle façon me décrirais-je ? Comment est-ce que je caractérise les autres ? Comment les autres me décrivent-ils ? Est-ce que cette description me convient ? Quels images, sons et sensations est-ce que j’associe à moi-même ?

Un changement quant au but implique un questionnement autour de points tels que :

Pourquoi suis-je ici ? Qu’est-ce que je voudrais apporter aux autres et au monde ? Quel souvenir voudrais-je laisser après ma mort ?

Ces questions vous aideront à naviguer dans les niveaux logiques. Chapitre 12 – Vos habitudes : découvrir vos programmes secrets 1. L’évolution des stratégies Pour créer un modèle valide, la PNL s’est appuyée sur les études de psychologues antérieurs comme Pavlov, qui a découvert le système stimulus-réponse, et Miller, Galanter et Pribram qui ont pris le relais en créant le modèle TOTE (test déclencheur, opération/intervention, test comparatif, exit/sortie). La PNL reprend ce dernier modèle en lui ajoutant les systèmes de représentation sensorielle.

Test D = élément déclencheur d’une stratégie (c’est-à-dire d’une habitude) ; Operate (intervention) = moment où vous recueillez les éléments pour agir et où vous appliquer votre stratégie ; Test C = moment où vous comparez les données et la situation avec l’objectif qui était poursuivi ; Exit (sortie) = sortie du processus.

  1. Tout dans les yeux : identifier la stratégie d’une personne « Une fois la stratégie incorporée dans votre cerveau, vous avez très peu, voire pas du tout, conscience des étapes qui la composent. Mais, si vous savez sur quoi prêter votre attention, vous pouvez découvrir la stratégie d’une personne. Votre attention doit se tourner vers le mouvement des yeux. » (La PNL pour les nuls, p. 241) Pour cela, souvenez-vous des éléments du chapitre 6.
  2. Contracter les muscles stratégiques Les stratégies sont liées à différents niveaux logiques. Par exemple, au niveau des capacités et des compétences, vous pouvez décider de modifier votre façon de vous présenter en public en modifiant votre stratégie d’approche (en vous présentant, puis en posant des questions, tout en gardant votre objectif à l’esprit). Au niveau du comportement, vous pouvez également modifier une stratégie qui vous déplait. Vous êtes agressif en voiture ? Lorsque quelqu’un vous double (test D), au lieu de commencer à vociférer, pensez à l’absurdité de la situation et souriez (operate). Cela fonctionne-t-il ? Si oui (exit), continuez ce que vous avez à faire tranquillement — et sinon, entraînez-vous en recommençant le processus !
  3. Utiliser les stratégies de la PNL pour l’amour et la réussite Lorsque vous séduisez une personne, vous mettez toutes les modalités de votre côté : du parfum au look, en passant pour les mouvements, vous essayez de tout contrôler. Lorsque, avec le temps, la fusion avec l’autre se dissipe, la PNL peut vous aider à recréer une stratégie ou à observer les stratégies du conjoint pour être aimé. Comment ? Posez-lui la question : « tu sais que je t’aime, n’est-ce pas ? » et « qu’est-ce que je pourrais faire pour que tu te sentes plus aimé(e) ? » et regardez-le (ou la) dans les yeux. Observez ce qu’il s’y passe afin de découvrir comment le (ou la) satisfaire ! Il en va de même pour motiver quelqu’un : grâce à l’observation de ses yeux lorsque vous lui poser, par exemple, une question du type : « comment fais-tu pour t’entraîner d’habitude ? », vous comprendrez sa stratégie et vous pourrez l’appliquer à un autre domaine (par exemple, du football vers l’étude des mathématiques). Pour vous-même, demandez-vous dans quel domaine vous réussissez et quelles sont les stratégies mises en place. Tentez de les transposer au nouveau domaine souhaité. Chapitre 13 — Voyage dans le temps
  4. L’organisation de vos souvenirs Les souvenirs sont organisés comme un « collier de perles » (William James) : ils forment une chaîne qui va du passé au présent. Pour le futur, vous utilisez des images qui vous permettent de prévoir ce qu’il va vous arriver. Chaque souvenir est associé à des modalités sensorielles et à leurs sous-modalités. Il arrive que certains événements soient reliés entre eux : vous vivez quelque chose et cela vous renvoie à un souvenir. Ce dernier sera considéré comme la cause première des sensations vécues à l’occasion du second. Grâce à la PNL et au contrôle des modalités, vous pourrez agir sur ce processus.
  5. Découvrir votre ligne de temps Votre ligne de temps relie le passé, le présent et le futur. Vous pouvez vous l’imaginer de la façon suivante :

« Pensez à un événement que vous avez vécu récemment.

Respirez profondément et détendez-vous au maximum.

Imaginez-vous en train de flotter au-dessus de votre présent et de partir au-dessus des nuages, dans la stratosphère.

Créez une image de votre ligne de temps bien au-dessous de vous, comme un ruban, et représentez-vous sur cette ligne.

Maintenant, remontez votre ligne de temps jusqu’à ce que vous vous situiez juste au-dessus de l’événement récemment vécu.

Vous flottez à cet endroit aussi longtemps que vous le souhaitez jusqu’à ce que vous décidiez de revenir, toujours en planant, jusque vers le présent, puis de redescendre dans votre corps. » (La PNL pour les nuls, p. 259)

  1. Modifier la ligne de temps Vous pouvez vouloir être plus ou moins associé ou dissocié au temps. Cela signifie que vous pouvez souhaiter être davantage conscient de la valeur du temps et orienté vers les buts, ponctuel et rationnel (dissociation) ou bien plutôt créatif et multitâche, émotif et dans l’instant présent (association). Pour vous dissocier, sortez de votre ligne du temps et flottez au-dessus de sorte à voir passé, présent ou positionnez-vous de telle sorte à la voir clairement devant vous. Pour vous associer, voyez votre ligne de temps devant vous et marchez dessus tel un équilibriste, ou laissez-la vous traverser le corps. Ces exercices demandent de la pratique et il est préférable de les réaliser couché, car ils peuvent être déstabilisants.
  2. Voyager sur votre ligne de temps vers plus de bonheur En pratiquant des exercices liés à la ligne de temps, vous pourrez :

Libérer les émotions négatives et les décisions limitantes ; Réconforter la jeune personne que vous étiez ; Vous débarrasser de l’anxiété ; Vous concocter un meilleur avenir.

Plusieurs procédures sont proposées par Romilla Ready et Kate Burton. Voici l’une d’elles, qui concerne le traitement de l’anxiété, c’est-à-dire une sensation négative associée à un événement futur.

« Trouvez un endroit calme pour vous détendre et pensez à un événement qui vous rend anxieux. Demandez maintenant à votre inconscient si vous êtes prêt à vous débarrasser de l’anxiété.

Maintenant, élevez-vous au-dessus de votre ligne de temps de façon à voir votre passé et votre avenir devant vous.

Toujours au-dessus de votre ligne de temps, planez jusqu’à ce que vous soyez au-dessus de l’événement qui vous rend anxieux.

Demandez à votre inconscient de tirer la leçon de l’événement afin de libérer rapidement et sans difficulté l’anxiété.

Une fois les informations recueillies, planez plus loin dans le futur jusqu’à ce que vous vous trouviez 15 minutes après la conclusion heureuse de l’événement à l’origine de votre anxiété.

Retournez-vous, regardez vers le présent et remarquez comme vous êtes calme et plus du tout anxieux.

Lorsque vous êtes prêt, planez vers le présent.

Faites un simple test. Allez dans le futur, vers l’événement qui vous rendait anxieux et confirmer que l’anxiété a disparu. » (La PNL pour les nuls, p. 269)

Chapitre 14 — RAS dans la salle des machines 1. Une hiérarchie des conflits Nous sommes tous en proie aux conflits intérieurs. Dans ces cas-là, deux représentations du monde s’affrontent en nous. Le plus souvent, l’une est consciente et l’autre est plus souterraine, cachée dans l’inconscient. « Je veux ceci, mais en même temps… » ou encore « Je ne sais pas ce qui m’a pris » sont des révélateurs langagiers de ces luttes. Un conflit peut apparaître aux différents niveaux logiques (voir le chapitre 11). Il importe de pouvoir identifier à quel niveau il se situe. Voici quelques exemples.

Identité : les rôles sociaux que vous jouez peuvent entrer en conflit. Être un « bon parent » et un « bon employé » ne vont pas toujours de pair. Valeurs et croyances : certaines sont difficiles à accorder ou vous jouent des tours. Ainsi, vous pouvez chercher le bonheur, tout en croyant fermement (inconsciemment) que vous ne le méritez pas. Capacités et compétences : comment allier vos compétences sociales avec vos aptitudes créatrices ? Cela mène parfois à des choix de carrières difficiles. Comportement : un conflit surgit lorsque vous adoptez le comportement opposé à celui qui vous mènerait vers la réalisation de vos objectifs. Environnement : où voulez-vous vivre réellement ? Et qui voulez-vous fréquenter ? Faites-vous les choses au bon moment ?

  1. Du tout aux parties Chaque souvenir important déclenche une réponse émotionnelle qui forme une partie de vous, cachée dans votre inconscient et agissant à votre insu. Vous avez ainsi des intentions qui vous échappent. Elles sont positives en elles-mêmes (voir le chapitre 2), mais peuvent ne pas rencontrer leur but. Par exemple, vous pouvez boire parce que vous avez besoin d’amour ; pourtant, l’alcool ne vous apportera pas ce que vous recherchez. Il importe donc de trouver quel est le besoin réel, sous-jacent au comportement problématique. Vous devrez donc aller fouiller votre inconscient pour y découvrir ce qui « coince », seul ou à l’aide d’un spécialiste.
  2. Au secours ! Je suis en conflit avec moi-même « L’autosabotage est l’un des symptômes dont vous pouvez souffrir lorsque plusieurs parties de votre esprit sont en conflit. Votre tentative d’accomplissement d’un objectif étant annihilée par une de ces parties. » (La PNL pour les nuls, p. 277) Pour y mettre fin, il faudra commencer par écouter votre inconscient et remplacer le comportement inadéquat par un autre, plus positif. Ou vous pouvez aussi « choisir votre camp », c’est-à-dire décider quelle partie de vous-même vous souhaitez éliminer.
  3. Devenir un tout… en intégrant vos parties L’idéal est d’aspirer à devenir un tout harmonieux, dont les parties sont en accord les unes avec les autres. Pour ce faire, la PNL a inventé deux techniques : le squash visuel et le recadrage. Dans le premier exercice, il faut au préalable avoir identifié les parties en conflit et leurs intentions positives respectives, et ensuite visualiser — via la personnification — les parties en conflit et imaginer un débat constructif entre elles, afin de dégager les ressources utiles pour atteindre un but positif commun. Dans le deuxième cas, vous cherchez davantage à modifier le contexte d’une expérience et à trouver, par là, ce qui ne va pas. Il s’agit de « faire comme si » vous aviez réglé un problème, ou comme si vous étiez une autre personne que vous admirez, ou comme si vous disposiez de toutes les informations pour prendre une décision, ou comme si une bonne fée pouvait changer un élément qui ne convient pas.
  4. Les conflits plus importants Les propos ci-dessus visaient surtout les conflits intrapersonnels. Mais comment faire lorsqu’il s’agit de conflits entre des personnes ou des groupes (voire entre des nations) ? Vous pouvez, là aussi, utiliser les ressources des outils cités, en les adaptant. Par exemple, vous pourriez avoir besoin des deux méthodes en agissant de cette façon :

Agir en tant que négociateur ; Interroger les parties sur les intentions positives et les besoins qu’elles sous-tendent ; Proposer aux parties de trouver des points communs et un but commun ; Explorer des solutions de rechange grâce au « comme si » ; Décider des ressources que chaque partie peut apporter à la solution du problème ; Mettre en place une action avec le but commun en vue.

Partie 5 – Les dix commandements Chapitre 15 — Dix applications de la PNL Pour terminer, voici dix domaines dans lesquels la PNL pourra vous être utile :

Assurer votre développement personnel Gérer vos relations personnelles et professionnelles Négocier une solution qui contente tout le monde Atteindre des objectifs commerciaux Créer des présentations convaincantes Gérer votre temps et vos précieuses ressources Prendre un coach pour connaître le succès Vous servir de la PNL pour votre santé Être en phase avec votre auditoire : conseils aux formateurs et aux éducateurs Décrocher un emploi

Conclusion sur « La PNL pour les Nuls » de Romilla Ready et Kate Burton  : Un manuel à utiliser pour expérimenter En plus des explications théoriques et des guides pour passer à l’action, cet ouvrage propose une liste de dix ouvrages de référence et d’autres ressources bien pratiques. Vous pourrez utiliser le livre pour évoluer dans la PNL, le crayonner, choisir les exercices qui vous conviennent le mieux, etc. Un crédo : l’expérimentation ! Ce qu’il faut retenir de « La PNL pour les Nuls » : La PNL a développé ses bases théoriques dans le courant des années 1970 et a sans cesse été renouvelée depuis. Elle s’appuie sur des sources diverses, depuis la psychologie comportementale jusqu’aux travaux de Carl Jung. Son principal intérêt pratique, aujourd’hui, est de fournir une sorte de boite à outils de méthodes et d’instruments à employer pour mieux se connaître soi-même ou aider à débloquer les situations de communication houleuses. Elle est basée sur un présupposé majeur : il est toujours possible de transformer les personnes et les relations, à condition d’utiliser son imagination et de faire preuve d’une certaine dose de motivation. Points forts :

Une présentation didactique des concepts ; Des références et des ressources utiles ; De nombreux exercices clairement expliqués.

Points faibles :

Quelques redites, mais celles-ci sont parfois nécessaires.

Ma note :                  Avez-vous lu le livre de Romilla Ready et Kate Burton « La PNL pour les Nuls » ? Combien le notez-vous ? [ratings] Visitez Amazon afin de lire plus de commentaires sur le livre de Romilla Ready et Kate Burton « La PNL pour les Nuls » Visitez Amazon afin d’acheter le livre de Romilla Ready et Kate Burton « La PNL pour les Nuls »

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Thu, 10 Feb 2022 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/11840/La-PNL-pour-les-Nuls