Résumé de "Apprendre l'optimisme. Le pouvoir de la confiance en soi et en la vie" de Martin Seligman : le père de la psychologie positive révèle ici tous les secrets d'une vie épanouie et joyeuse — un ouvrage classique rempli de références scientifiques et de ressources pratiques pour vous aider à transformer la perception que vous avez de votre propre existence.
Par Martin Seligman, 2008, 378 pages.
Titre original : Learned Optimism (1990).
Chronique et résumé de "Apprendre l'optimisme. Le pouvoir de la confiance en soi et en la vie" de Martin Seligman
Partie I. En route vers une vision de la vie : qui frappe à votre porte ? Ami ou ennemi ? Une prise de conscience
1 — Tout va bien ! Rien ne va plus ! Une question de regard sur la vie ?
Un père observe sa fille endormie dans son berceau et s’inquiète de son manque de réaction aux bruits. Il pense qu’elle est sourde. La mère lui explique que l’enfant est encore en train de se développer. Le pédiatre finit par rassurer le père après un test. Que se passe-t-il ?
Ce récit montre deux attitudes différentes face aux difficultés. Le père imagine toujours le pire et se laisse envahir par la peur. La mère, quant à elle, reste sereine et voit les événements comme temporaires. Chacun réagit selon son style de pensée (appelé aussi "mode d'explication").
Les études scientifiques citées dans l'ouvrage démontrent que les pessimistes se découragent rapidement. Ils voient l’échec comme définitif et se blâment eux-mêmes. Les optimistes, pour leur part, considèrent les revers comme passagers. Ils réussissent mieux à l’école, au travail et dans leur vie sociale.
La psychologie moderne explique ces différences par le contrôle personnel. Les pessimistes se sentent impuissants et s’enferment dans leur malheur. Les optimistes, en revanche, se sentent capables d’agir et de changer les choses. Ce contrôle personnel joue un rôle crucial dans la réussite et la santé.
Martin Seligman remet en question les théories traditionnelles de la dépression. La dépression est ici conçue non pas comme une fatalité, mais comme le résultat d’interprétations négatives des événements. Grâce à cet ouvrage, vous allez découvrir qu’il est possible d’apprendre à penser autrement.
En fait, des compétences cognitives permettent de transformer la douleur en énergie positive. C'est la "science de l’optimisme" proposée par le célèbre psychologue. Celle-ci montre que chacun peut changer son mode de pensée. Les pessimistes peuvent apprendre à modifier leur manière d’interpréter les échecs. Ils peuvent ainsi réduire leur sentiment d’impuissance et améliorer leur bien-être.
2 — Se sentir impuissant, un sentiment qui n'est pas rare
À 13 ans, Martin Seligman comprend qu’un séjour chez son ami Jeffrey signifie un problème sérieux à la maison. Cette fois, son père, d’ordinaire solide et stable, semble troublé. Il s’effondre peu après, victime de plusieurs AVC, et devient physiquement et émotionnellement dépendant. Ce choc marque Seligman à vie.
Adolescent, il s’intéresse à Freud, séduit d’abord par la justesse apparente de ses interprétations. Mais avec le temps, il rejette ses méthodes et se tourne vers la psychologie expérimentale. À 21 ans, il rejoint le laboratoire de Richard Solomon, où il assiste à une scène inattendue : des chiens, incapables d’échapper à une décharge, finissent par abandonner, même lorsqu’une issue s’offre à eux.
Seligman comprend que ces chiens ont appris à être impuissants. Ce sera le point de départ de sa théorie de la learned helplessness (impuissance acquise). Avec Steven Maier, il conçoit des expériences prouvant que, lorsqu’un animal comprend qu’aucune action ne peut soulager sa souffrance, il cesse d’agir.
Ce constat remet en question le dogme du behaviorisme, qui exclut la pensée des causes du comportement. Seligman et Maier montrent que les attentes et croyances jouent un rôle décisif.
Ils découvrent aussi que cette impuissance peut être prévenue ou guérie. Chez l’humain, les expériences de Donald Hiroto le confirment : certaines personnes résistent à l’impuissance. Ce pouvoir d’agir face aux épreuves n’est pas inné, il peut s’apprendre. Pour le psychologue, cette découverte ouvre un espoir immense contre la dépression.
3 — Comment affrontez-vous la vie et ses vicissitudes ? Comment expliquez-vous ce qui vous arrive ?
En 1975, Martin Seligman présente sa théorie de l’impuissance apprise devant les plus grands chercheurs d’Oxford. Mais à la fin de sa conférence, un certain John Teasdale le met au défi : pourquoi certaines personnes deviennent-elles impuissantes et d’autres pas, même face aux mêmes épreuves ? Cette critique bouscule Seligman, qui décide de retravailler sa théorie.
Avec Teasdale, puis avec les chercheuses Lyn Abramson et Judy Garber, il élabore un concept clé : le style explicatif. Ce style correspond à la manière dont chacun interprète les causes des échecs et des réussites.
Trois dimensions le composent :
La permanence (est-ce que le problème durera ?) ;
La globalité (touche-t-il tous les aspects de ma vie ?) ;
La personnalisation (est-ce ma faute ou celle de facteurs extérieurs ?).
Les personnes optimistes pensent que les échecs sont temporaires, limités à un domaine précis, et ne remettent pas en cause leur valeur personnelle. À l’inverse, les pessimistes voient les problèmes comme durables, globaux et causés par leurs propres faiblesses. Ces croyances influencent profondément la santé mentale, la réussite et même l’immunité.
Seligman conçoit alors un test sur l'optimisme permettant de déterminer le style explicatif d’une personne. Les résultats révèlent à quel point l’individu est susceptible de développer un état de découragement, voire de dépression.
Bonne nouvelle 1 : ce style n’est pas figé. Grâce à certaines techniques, il est possible de transformer une vision pessimiste du monde en une perspective plus souple et pleine d’espoir.
Bonne nouvelle 2 : Vous pouvez réaliser ce test dans l'ouvrage (voir pages 49-57) !
4 — Degré de pessimisme, mélancolie et dépression
La dépression, selon Martin Seligman, est une version amplifiée du pessimisme. Étudier ses mécanismes permet de mieux comprendre les pensées négatives qui nous traversent lors d’un échec. Il distingue trois formes : la dépression normale (temporaire et courante), la dépression unipolaire (sans phase maniaque) et la dépression bipolaire (avec épisodes maniaques). Si cette dernière est clairement biologique et traitée par médicament, la majorité des cas unipolaires trouvent leur origine dans des problèmes de vie et une manière pessimiste de penser.
À travers de nombreuses études, Seligman montre que la dépression partage huit des neuf symptômes de l’impuissance apprise, dont :
Perte d’énergie ;
Repli ;
Troubles du sommeil ;
Manque d’intérêt ;
Pensées négatives ;
Etc.
Chez les humains comme chez les animaux, les individus exposés à des situations qu’ils ne peuvent pas contrôler cessent progressivement d’agir. Cette passivité se prolonge, même lorsque de nouvelles opportunités apparaissent.
Les chiffres sont alarmants. Deux grandes enquêtes ont révélé qu’au fil du siècle, les cas de dépression sévère ont été multipliés par dix, notamment chez les jeunes adultes. Et les premières dépressions frappent aujourd’hui dix ans plus tôt qu’avant.
La cause ? Seligman avance que notre manière d’expliquer les échecs joue un rôle déterminant. Si l’on pense que nos actions sont vaines, on se condamne à l’impuissance. À l’inverse, ceux qui croient que leurs efforts peuvent changer les choses restent actifs. Cette idée ouvre une piste précieuse : en changeant notre style explicatif, on peut apprendre à résister à la dépression.
5 — Ce que je pense, je le ressens
Dans les années 1980, la compréhension et le traitement de la dépression évoluent radicalement grâce à deux pionniers : Albert Ellis et Aaron Beck. Ils montrent que la dépression n’est pas un trouble mystérieux, mais le fruit de pensées négatives conscientes et répétées. Leur approche, connue sous le nom de thérapie cognitive, repose sur un postulat simple : changer la manière dont on explique ses échecs permet de sortir de la dépression.
Selon Martin Seligman, la combinaison d’un style explicatif pessimiste (causes internes, permanentes et globales) et de la rumination (rejouer sans cesse les pensées négatives) est le terreau de la dépression. À l’inverse, les optimistes ou les personnes orientées vers l’action résistent mieux aux coups durs.
La thérapie cognitive aide les patients à identifier leurs pensées automatiques, les remettre en question, les remplacer par des pensées plus nuancées, et à interrompre la rumination. Contrairement aux antidépresseurs, qui soulagent temporairement, cette méthode permet une transformation durable du mode de pensée, réduisant les risques de rechute.
"Après un échec, chacun éprouve des sentiments passagers d'impuissance. On sombre dans la tristesse, l'énergie physique fait défaut, l'avenir est sombre et fournir le moindre effort présente des difficultés insurmontables. Certains récupèrent presque immédiatement et voient tous leurs symptômes d'impuissance acquise se dissiper en l'espace de quelques heures. D'autres, au contraire, restent dans un état d'impuissance pendant des semaines ou, si l'échec est grave, des mois, voire plus longtemps." (Apprendre l'optimisme, Chapitre 5)
Des études confirment que le pessimisme précède et prédit la dépression, y compris chez les enfants. L’épidémie actuelle touche particulièrement les femmes, en partie parce qu’elles ont tendance à ruminer davantage que les hommes.
Seligman conclut que, tout comme on peut changer son corps, on peut rééduquer son esprit. La dépression n’est pas une fatalité, et la clé du changement repose sur la capacité à modifier notre dialogue intérieur.
]]>Résumé de "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari : un livre accueillant et attachant pour comprendre quelles sont nos émotions, qui nous sommes et mieux agir au quotidien en acceptant nos sentiments et toutes ces bizarreries qui font que nous sommes tous humains.
Par Llaria Gaspari, 2023, 243 pages.
Titre original : Vita segreta delle emozioni (2021).
Chronique et résumé de "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari
Qui est Llaria Gaspari ?
Llaria Gaspari est une philosophe et écrivaine italienne, née en 1986 à Milan. Après avoir étudié la philosophie à l’École normale supérieure de Pise, elle poursuit ses recherches à l’Université Panthéon-Sorbonne de Paris, où elle se spécialise dans l’étude des passions et de la pensée du XVIᵉ siècle. Cette formation académique rigoureuse se retrouve dans son œuvre, qui mêle habilement réflexion philosophique et exploration des émotions humaines.
Son premier roman, Etica dell'acquario (2015), marque l’entrée de Llaria Gaspari dans le monde littéraire. Ce livre allie philosophie et intrigue policière, une combinaison originale qui interroge les rapports entre éthique et comportement humain. Elle enchaîne avec Lezioni di felicità (2019), une œuvre où elle aborde la quête du bonheur avec une perspective humoristique et une analyse philosophique fine, tout en plaçant l’humain au cœur de ses réflexions. En 2021, dans Vita segreta delle emozioni, elle s’intéresse davantage aux émotions, leur influence sur nos vies et comment elles façonnent notre existence.
Loin d'être une simple réflexion académique, son écriture se veut accessible à tous, cherchant à établir un lien entre la philosophie et les préoccupations quotidiennes. Son dernier ouvrage, Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs (2022), traduit parfaitement cette démarche. Elle y explore les subtilités des émotions humaines et offre des clés pour comprendre et apprivoiser ses propres sentiments dans un monde de plus en plus complexe.
Aujourd'hui, Llaria Gaspari divise son temps entre Rome et Paris, où elle enseigne la philosophie et l'écriture créative, tout en continuant à publier des ouvrages qui interpellent et nourrissent la réflexion des lecteurs modernes.
Nostalgie - L'émotion au passé morbide
"Le passé est une terre étrangère : on y fait les choses autrement qu’ici." (Leslie P. Hartley, citée dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)
Le terme "nostalgie" trouve son origine dans un contexte médical. Johannes Hofer, un médecin alsacien, l'utilise pour décrire une pathologie chez des jeunes soldats suisses qui, après avoir quitté leur patrie, développent une tristesse liée à leur éloignement. La nostalgie, un désir ardent de retour chez soi, est différente du simple mal du pays. Le terme implique un désir inaccessibile, un souhait de retour dénué de possibilité, une souffrance émotionnelle liée à l'impossibilité de revenir.
L'autrice évoque une période de sa jeunesse lorsqu'elle se rend en Allemagne pour poursuivre ses études. Au début de son séjour, elle fait l'expérience de la solitude ; un mois passé sans interaction, où seule la compagnie d'un étudiant coréen lui permet de sortir de l'isolement. Ce mois d'attente, au milieu de paysages monotones et d'un quotidien ennuyeux, fait naître en elle un fort désir de retour, un besoin désespéré de retrouver sa maison et ses proches. Cet appel du passé est pour elle une forme de nostalgie, qu'elle décrit comme une émotion déchirante et réconfortante à la fois.
Malgré ses difficultés initiales, Llaria Gaspari finit par s'adapter à la vie allemande, par apprendre la langue et par trouver une forme de bonheur. Cependant, l'ombre de cette nostalgie, liée au désir de retourner chez elle, ne la quitte jamais complètement. Elle se souvient de ses soirées solitaires, pleurant sur la mer et la distance. Ces moments d'isolement sont devenus pour elle une référence de la nostalgie pure, une souffrance qui rend tout souvenir encore plus précieux.
Llaria Gaspari établit un lien entre la nostalgie et les mythes antiques, en particulier celui d'Ulysse, dont le désir de retourner chez lui, à Ithaque, est une figure de la nostalgie par excellence. Même sur une île enchantée, entouré de confort et d'immortalité avec la nymphe Calypso, Ulysse ressent une douleur profonde, un besoin irrésistible de revenir à sa terre natale. Cette idée de la nostalgie comme une quête impossible mais nécessaire pour l'intégrité humaine est au cœur de la réflexion sur cette émotion.
La nostalgie est une maladie à la fois moderne et ancienne. Elle existe depuis longtemps et a été explorée par des écrivains et des philosophes à travers l'histoire. Elle peut être une souffrance intime, incommunicable, car chacun la vit différemment.
Regret et remords, ou : j'avoue que j'ai vécu
Llaria Gaspari évoque ensuite son trouble neurologique, l’amusie, qui l'empêche de pleinement ressentir la musique. Ce handicap influence son lien avec les mots et la poésie. Son désir de comprendre la musique se heurte à cette incapacité de saisir et de mémoriser les mélodies.
Elle raconte aussi un souvenir d'enfance où, à 9 ans, elle apprend un poème de Giuseppe Ungaretti sur Mohammed Scheab, un jeune homme solitaire et apatride. Ce poème, qu'elle mémorise, évoque des thèmes de solitude, de regret et de perte, des émotions qu'elle commence à comprendre avec le temps.
Le regret, selon la philosophe, est une émotion liée à la prise de conscience du temps qui passe et des occasions perdues. Il diffère de la nostalgie, qui est associée à la perte de lieux, tandis que le regret concerne les choix manqués et les erreurs commises.
Pour ressentir le regret pleinement, il faut avoir vécu et avoir perdu, car cette émotion naît de la confrontation avec des décisions non prises et les conséquences des choix passés. Le regret, contrairement au remords, est lié à l'acceptation de la perte, alors que le remords reflète la volonté de réparer une faute.
Llaria Gaspari explique comment le regret se transforme à mesure qu'on vieillit, et comment la jeunesse, protégée par son insouciance, ignore cette douleur. Elle raconte une expérience personnelle d'enfance où elle pleure dans le confessionnal, mais sans encore éprouver de remords, ce qui lui semble étrange aujourd'hui.
Elle illustre son propos avec l'exemple de son dernier amour perdu, où le regret de ce qui n'a pas été vécu émerge. Llaria Gaspari reconnaît que la vie implique des choix qui se font au détriment d'autres possibles, et que le regret est une conséquence inévitable de ce processus.
Elle conclut en expliquant que la littérature, la philosophie et l'humanisme trouvent leur origine dans cette recherche de sens autour des émotions humaines universelles, telles que le regret et le remords. Ces émotions, bien que profondément intimes et solitaires, révèlent notre humanité partagée.
L'angoisse est une question
"L’homme ne sait pas se mesurer ; ses miroirs sont déformants ; Ses Arcadies les plus vertes pullulent de spectres, Ses utopies cherchent la jeunesse éternelle, Ou l’autodestruction." (H. W. Auden, cité dans Petit manuel philosophique à destination des grands émotifs)
Dans ce chapitre, Llaria Gaspari partage son expérience de l’angoisse, un trouble qu’elle vit depuis l’enfance et qui a profondément affecté sa vie, notamment son incapacité à passer l'examen du permis de conduire malgré plusieurs tentatives.
L’angoisse, pour elle, est un compagnon constant, et cette émotion s'est manifestée dès ses cinq ans sous la forme d’une douleur thoracique inexpliquée. Ce premier épisode marquera le début d’une relation intime et conflictuelle avec l’angoisse. L'autrice admet que cette émotion, bien qu'incommodante, lui a aussi permis de faire face à des situations difficiles.
Elle décrit comment l’angoisse se traduit physiquement par des symptômes comme la sensation d’étouffement et une peur intense sans objet précis. L’angoisse est différente de la peur, qui est une réaction immédiate à un danger réel. L’angoisse, elle, est diffuse, constante et envahit l’esprit, devenant un fardeau invisible que l’on porte constamment, tout en étant difficile à comprendre pour ceux qui ne la vivent pas.
Cette réalité est partagée par les héros tragiques comme Électre, qui, dans la tragédie de Sophocle, incarne parfaitement le poids de l’angoisse par ses lamentations incessantes et ses tourments intérieurs.
L'écrivaine fait également référence à d'autres symptômes tels que l’insomnie et les palpitations. Elle relie l’angoisse à un conflit intérieur. Le chœur d’Électre, par ses reproches, rappelle l’incompréhension sociale face à l’angoisse, une émotion qui reste souvent invisible et incomprise.
Llaria Gaspari continue en explorant les racines historiques de l'angoisse. Les anciens pensaient déjà que l’anxiété était liée à un excès d’imagination ou de mélancolie. À travers les siècles, l’angoisse a été traitée de différentes manières, depuis les remèdes antiques comme l’opium et la mandragore, jusqu'aux découvertes modernes en psychiatrie.
Freud, qui a reconnu l’angoisse comme un symptôme lié à des conflits inconscients, a souligné l’importance de comprendre et d’accepter ces émotions pour mieux les traiter. L’autrice lui rend hommage en soulignant que l’angoisse, bien que difficile à vivre, a aussi joué un rôle catalyseur dans sa vie, la poussant à écrire et à se confronter à ses propres peurs.
Elle finit par réfléchir à la manière dont la société moderne traite l’angoisse, souvent en cherchant à la supprimer plutôt qu’à l’écouter. Selon elle, il est crucial de prendre au sérieux cette émotion et de comprendre ce qu’elle cherche à nous dire. Il est capital, notamment, d'accepter notre propre imperfection et d’écouter notre anxiété pour mieux la comprendre, plutôt que de chercher immédiatement à la neutraliser.
Pour Llaria Gaspari, la véritable guérison passe par l'acceptation de cette émotion, en la transformant en un moyen de grandir et de mieux comprendre le monde. L'écriture devient ainsi un moyen d’exorciser l’angoisse, de lui donner une forme et une voix, pour mieux coexister avec elle et se réinventer.
Compassion, ou : se découvrir humains
La philosophe explore maintenant l'expérience de la compassion. C'est une émotion complexe qui n'est pas nécessairement altruiste. Pour illustrer sa pensée, elle raconte une nouvelle expérience personnelle vécue en 2016 lors d'un tremblement de terre en Italie, après lequel elle décide de donner son sang en signe de solidarité, alors que la vue du sang la bouleverse profondément.
Cette action est motivée par la proximité d’une tragédie, mais elle commence à se demander si son geste était vraiment empreint de compassion ou si c’était simplement une manière de se sentir impliquée sans comprendre véritablement la souffrance des autres…
Llaria Gaspari revient sur l’étymologie du mot "compassion", qui signifie "souffrir avec". Elle note que la souffrance semble plus facilement partagée que la joie, et se demande si cet acte d'ajouter sa propre douleur à celle d'autrui permet vraiment d’alléger la souffrance ou s'il s'agit plutôt d'une appropriation narcissique de la douleur d’un autre.
Cette réflexion la mène à une analyse plus profonde sur la nature de la compassion. Selon elle, celle-ci peut être une émotion égoïste qui cherche à se libérer de l'angoisse personnelle en projetant cette souffrance sur autrui.
L’autrice évoque aussi le philosophe Voltaire, qui, après le tremblement de terre de Lisbonne, critique l'optimisme théologique en questionnant la bonté d’un monde où de telles tragédies se produisent. Elle mentionne également Lucrèce, qui compare la compassion à l'observation d'un naufrage, soulignant combien il est facile de contempler la souffrance d’autrui sans y participer activement. La compassion, dans ce sens, est une réaction complexe et parfois paradoxale, entre détachement et implication.
Mais un tournant dans sa pensée se produit lorsqu'elle rencontre une jeune femme pendant un atelier d’écriture. Celle-ci garde une paire de chaussures qu'elle a portées lors de l'événement tragique. Cette image de la souffrance vécue en première personne la touche profondément. C'est à ce moment qu'elle ressent véritablement de la compassion, non comme un acte superflu ou égoïste, mais comme une reconnaissance sincère de la douleur de l'autre.
Elle conclut que la compassion, bien qu’elle ait des aspects difficiles et parfois égoïstes, est un moyen de reconnaître notre vulnérabilité commune. Elle cite Spinoza et d'autres philosophes pour montrer que cette émotion, loin d'être pure, est liée à la conscience de notre propre fragilité humaine, et qu’elle peut nous rapprocher de l’autre, dans un geste de solidarité véritable.
Antipathie, l'émotion inconfessable
"Nos expériences nous marquent ; nos antipathies nous précèdent." (Leo Longanesi, cité dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)
La notion d'antipathie est comparée à la façon dont les chiens interagissent entre eux. Lors de ses promenades avec son chien, elle observe comment les chiens se rencontrent, se reniflent et déterminent instantanément s'ils s'apprécient ou se détestent, sans aucune ambiguïté.
Ces rencontres canines, simples et directes, contrastent avec la complexité des relations humaines où l'antipathie, souvent perçue comme un défaut, est difficile à accepter. Elle souligne qu'en tant qu'humains, nous devons composer avec des émotions plus nuancées, comme la culpabilité, lorsque nous ressentons de l'antipathie envers quelqu'un, et que cette émotion est difficile à accepter ou à justifier.
L'autrice confesse qu'elle éprouve de l'antipathie envers certaines personnes, souvent dès la première rencontre, et qu'elle se sent coupable de ces jugements instantanés. Plutôt que de simplement accepter cette antipathie, elle tente de la réprimer en compensant par une gentillesse excessive, ce qui entraîne des déceptions.
Mais elle remarque que l'antipathie, lorsqu'elle est ignorée ou réprimée, peut devenir plus forte et contre-productive. Elle en vient alors à la conclusion qu'il est plus sain de reconnaître et d'accepter l'antipathie, sans chercher à la justifier ni à la réprimer. L'autrice plaide pour un rapport plus conscient avec cette émotion : il faut prendre le temps de comprendre pourquoi certaines personnes provoquent en nous de l'antipathie, sans chercher à se convaincre que c'est injustifié.
Elle s'appuie sur les travaux de Spinoza, qui affirme que les émotions ne se soumettent pas à la raison, et explique que l'antipathie est une émotion "naturelle", immédiate et instinctive. Llaria Gaspari cite également l'Encyclopédie, où d'Alembert parle de l'antipathie comme d'une "inimitié naturelle" et mentionne des exemples d'animaux ou de phénomènes naturels, comme l'aversion instinctive entre certains animaux.
Elle souligne que l'antipathie est souvent inévitable et qu'elle peut être projetée sur tout et tout le monde, indépendamment des actions ou comportements de l'autre.
L'autrice conclut que l'antipathie n'est pas nécessairement négative et peut être un moteur pour la fiction. Elle évoque la littérature, qui nous permet de vivre les antipathies sans conséquences sociales, en nous offrant une catharsis. Les personnages de romans, même antipathiques, sont une invitation à accepter cette émotion et à comprendre nos propres défauts humains.
Enfin, elle suggère que l'antipathie, loin de signifier un échec, peut nous enseigner à mieux comprendre la nature humaine et à accepter nos propres faiblesses sans chercher à les cacher. Accepter la possibilité de paraître antipathique est, selon elle, un signe de maturité, et elle l'attribue en partie à son expérience de l'écriture et de la littérature.
Colère funeste ou colère importune ?
Llaria Gaspari rappelle la célèbre colère d'Achille dans L'Iliade. Elle commence par la description de la colère comme premier mot de la littérature grecque, soulignant son rôle central dans le récit homérique. Achille, le héros de l’Iliade, incarne une colère primordiale qui se déclenche lorsqu’Agamemnon lui prend Briséis, son trésor de guerre et esclave préférée. Cette colère, démesurée et obstinée, refuse de se laisser dompter par la raison.
Pour Achille, sa rage est justifiée par l’honneur personnel. Il refuse de reprendre les armes, peu importe les conséquences. Cette « colère juste » relève d’une société antique fondée sur la honte, où l’honneur se gagne et se défend publiquement, à travers la reconnaissance des autres, et non par la culpabilité intérieure qui caractérise nos sociétés modernes.
L’autrice compare la colère d’Achille à d’autres exemples dans la littérature et la culture. Par exemple l'Ajax de Sophocle, qui incarne une rage incontrôlable et irrationnelle. Ajax, privé des armes d’Achille, sombre dans la folie et massacre un troupeau de brebis, croyant tuer ses ennemis. Sa colère le conduit à un acte irrationnel et grotesque, illustrant le côté destructeur de celle-ci quand elle se tourne en folie. Ce thème apparaît également dans la Bible, où même Dieu, dans l'Ancien Testament, est pris de colère.
L'expression moderne de la colère est différente. Freud, par exemple, analyse la colère à travers la statue de Moïse de Michel-Ange, soulignant l'effort intérieur de maîtriser cette émotion. Ce contrôle de soi est vu comme un combat pour ne pas laisser exploser la rage. C'est d'ailleurs un thème qui résonne dans la réflexion de Sénèque sur la colère et la manière de la réprimer dans sa philosophie stoïque.
En parallèle, l’autrice relate ses propres expériences de colère, montrant comment elle peine à l’exprimer de manière appropriée. Elle compare sa propre incapacité à se mettre en colère avec l’expérience d’Achille, soulignant sa difficulté à faire valoir ses droits et à se défendre face à l’injustice.
Elle décrit des situations où sa colère aurait été justifiée, comme face à des agressions sexuelles ou des comportements inappropriés, mais où elle a préféré la réprimer. Cela montre une difficulté profonde à accepter l’expression de la colère, souvent liée à la honte et à la peur du jugement social. Elle évoque un événement où, en défendant une amie accusée à tort, elle a finalement manifesté sa rage, mais de manière maladroite.
Llaria Gaspari conclut en se demandant si elle pourra un jour pleinement s'autoriser à exprimer sa colère. Elle reconnaît que sa tendance à réprimer cette émotion se fait au détriment de son bien-être. Elle se questionne sur sa propre incapacité à s'emporter et considère qu'elle est liée à un manque de confiance en elle et à une peur intérieure. Elle ajoute que la société réprime généralement davantage la colère des femmes que celle des hommes.
Envie : l'œil et le mauvais œil
L'écrivaine évoque son enfance, qui était marquée par une peur étrange et irrationnelle de l'envie, qu'elle associait à un malheur imminent. Aujourd'hui, elle note que cette crainte reproduisait l'histoire d'Andromède, enchaînée à un rocher par les dieux, après que sa mère se soit vantée de sa beauté.
De même, Llaria Gaspari, enfant, croyait que les compliments pouvaient attirer l'envie divine et avait créé une sorte de superstition autour de cette émotion. Sa peur de l'envie se manifestait par une réticence à accepter les compliments, qu'elle percevait comme une menace.
Bien qu'elle soit consciente de son propre comportement névrosé et superstitieux, elle explique que l'envie est souvent liée à un désir de nuire à autrui pour des raisons personnelles et inconscientes. Ce regard porté sur l'autre, parfois déguisé en admiration, doit être considéré avec méfiance. Dans La Belle au bois dormant, par exemple, la faute des parents de la princesse, qui négligent d'inviter la méchante fée, leur coûte cher.
Le mot envie provient du latin "invidere", signifiant "regarder avec animosité". Ce regard, rempli de désir et de haine, est comparé à une forme de magie, qui a le pouvoir de détruire par l'acte d'observer. D'ailleurs, ce concept se retrouve dans de nombreuses cultures sous la forme du "mauvais œil".
Elle souligne également que l'envie est l'opposée de la félicité : alors que la félicité est fertile, expansive et bienveillante, l'envie est asséchante et destructrice. Elle crée une souffrance gratuite chez l'envieux, qui se compare constamment aux autres et se voit comme une victime injustement exclue de certains privilèges. En outre, cette souffrance est inutile, car même si l'envieux obtenait ce qu'il désirait, il resterait insatisfait, pris dans un cycle d'auto-dénigrement et de ressentiment.
Mais quel est son propre rapport à l'envie ? Elle se souvient de son enfance, où elle se sentait différente, exclue des jeux et des plaisirs de ses camarades en raison de la manière dont elle avait été éduquée. Elle décrit un paradoxe dans sa vie : bien qu'elle ait été épargnée de nombreux désirs matérialistes, une part d'elle-même était secrètement envieuse.
Cette dualité, entre son orgueil et ses désirs réprimés, l'a conduite à ne pas comprendre l'envie chez les autres, mais aussi à rejeter l'idée de l'éprouver elle-même. C'est seulement en rencontrant les écrits de Melanie Klein, psychanalyste qui a étudié l'envie chez les enfants, qu'elle a pris conscience de l'aspect humain et universel de l'envie.
Klein explique que l'envie n'est pas un péché ou une défaillance, mais une émotion naturelle. Cette reconnaissance de l'envie comme une partie intégrante de l'expérience humaine permet à Llaria Gaspari de comprendre que l'envie est partagée par tous, y compris par ceux qui la refoulent ou la projettent. En grandissant, elle a appris que l'envie ne venait pas seulement de la comparaison, mais aussi du manque de confiance en soi, un aspect qui, paradoxalement, alimentait cette émotion.
Jalousie, paradoxe et supplice
"La mémoire est la tourmenteuse des jaloux." (Victor Hugo, cité dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)
Llaria Gaspari admet d’abord qu’elle a menti pendant des années en niant sa jalousie. Cette émotion, qu’elle réprouvait profondément, est pourtant au cœur de son récit. Lors d’une interview, elle évoque un souvenir d’enfance marquant : un caprice lié à sa fourrure rose, symbole de son désir d’être aimée et de son besoin de se faire remarquer.
Ce souvenir révèle un moment où elle a cherché à imposer sa volonté contre l’ordre des adultes, un comportement enfantin dicté par un orgueil démesuré, mais aussi par l’émotion de la jalousie, née du changement dans sa vie après la naissance de sa sœur.
Elle remarque que ce souvenir de la fourrure rose symbolise un sentiment de jalousie, un besoin d’attirer l’attention dans un contexte où l’autonomie et l’amour étaient désormais partagés avec sa sœur. Ce caprice, bien que comique et anodin, est perçu par l'autrice comme une réaction jalouse face à l’arrivée d'un rival, une forme de possession infantile et possessive.
La souffrance du jaloux est liée à une idée de l’insécurité et de l’incertitude quant à l’amour de l’autre. Elle cite le personnage d’Othello, dont la jalousie, exacerbée par les manipulations de Lago, le conduit à tuer sa femme, Desdémone, malgré son amour sincère. La jalousie, en effet, fait naître des doutes constants et des souffrances profondes, alimentées par des soupçons et des failles émotionnelles.
Cette émotion est souvent exacerbée par l’idée de la perte d’affection, ainsi que par la peur de l’abandon. Elle est alimentée par des fantasmes et des peurs irrationnelles.
Llaria Gaspari évoque aussi la "jalousie rétrospective", une forme de jalousie basée sur des spéculations sur le passé amoureux, nourrie par des doutes et des inquiétudes sans fondement concret.
Le philosophe Spinoza affirme que la vertu elle-même est une forme de béatitude, et que la véritable récompense ne réside pas dans l’attente d’une validation extérieure, mais dans l’acceptation des émotions humaines, y compris la jalousie.
La clé pour surmonter cette émotion est donc de la reconnaître, d’accepter nos faiblesses et de se tourner vers la gratitude et l’émerveillement, afin de s’ouvrir à une vie plus pleine et moins dominée par les passions négatives. La jalousie, comme d’autres émotions, est humaine et inévitable, mais elle ne doit pas définir notre relation à soi et aux autres.
Émerveillement, ici naît la philosophie
Llaria Gaspari se questionne sur l'impact de la technologie : amenuise-t-elle notre capacité à éprouver de l'émerveillement ? En grandissant dans les années 90, elle a vécu une époque où la communication était marquée par des surprises, comme les appels téléphoniques inattendus ou les photos argentiques qui prenaient plusieurs jours à être développées. Souvent, cette attente provoquait l'émerveillement.
Aujourd'hui, avec la domination des smartphones et des applications, ces moments de surprise se sont raréfiés. Les téléphones mobiles, par exemple, ont transformé la manière dont nous communiquons, au point que les appels impromptus sont presque devenus inexistants.
Ce changement a aussi engendré ce que l'on appelle la "ringxiety" (contraction de ring, sonner, et anxiety, angoisse), une angoisse d'entendre son téléphone sonner, même quand il est en mode silencieux !
Tout comme pour les appels téléphoniques, la photographie a évolué. À l'époque analogique, l'attente de découvrir les photos prises offrait un moment de surprise, où l’on découvrait des détails et des perspectives inconnues sur soi-même et les autres. Aujourd'hui, avec la photographie numérique, nous avons instantanément accès à l'image, sans surprise, et nous avons la possibilité de supprimer les photos qui ne nous conviennent pas.
Ce contrôle sur notre image nous éloigne également de l'émerveillement, car nous avons perdu la spontanéité du moment capturé. Les selfies, en particulier, montrent notre désir de maîtriser la perception qu'ont les autres de nous et d’éliminer tout ce qui pourrait être inattendu.
La technologie, en apportant des solutions pratiques et une immédiateté d'accès à l'information et à la communication, a donc modifié notre rapport à la surprise et à l'émerveillement. Toutefois, malgré ces changements, la capacité à s'émerveiller reste essentielle à notre bien-être et à notre développement intellectuel et émotionnel.
Elle évoque en particulier Descartes, qui considérait l'émerveillement comme la première des passions, celle qui pousse à la recherche et à la philosophie, et qui nourrit la curiosité humaine.
L’autrice cite également Aristote et Platon, pour qui l’émerveillement était la source de la philosophie, la force motrice de la quête de compréhension du monde. Cette notion est renforcée par Schopenhauer, qui souligne que seul l'homme, parmi tous les êtres vivants, éprouve une forme de stupeur face à sa propre existence, un processus qui mène à la réflexion métaphysique.
L'émerveillement est un retour à l'étonnement enfantin, un regard neuf sur le monde, et une ouverture à l'inconnu. Pour préserver l'émerveillement, il est crucial de rester vulnérable et ouvert à l'inattendu. L’émerveillement, loin d’être une naïveté, est un état essentiel pour la philosophie, la réflexion, et la vie elle-même.
« Bonheur atteint, par toi / On marche sur le fil d'une lame »
Llaria Gaspari raconte qu'elle a passé une nuit seule dans un hôtel de sa propre ville, un luxe qu'elle s'accorde rarement. Elle décrit ce moment comme un moyen de se retirer du monde et de réfléchir sur le bonheur.
Alors qu’elle écrit sur ce thème, elle se remémore la pandémie qui a paralysé le monde et éveillé en elle un sentiment de culpabilité, comme si penser au bonheur était égoïste en période de souffrance collective. Mais elle finit par se libérer de cette culpabilité et accepte l'idée que le bonheur n'est pas un privilège à expier mais une vocation humaine, une quête légitime.
Elle évoque le bonheur selon les Grecs. Ceux-ci le définissaient comme une vertu, une quête d’autonomie et de connaissance de soi. Le bonheur n'est pas un moment fugace mais un parcours qui inclut aussi les souffrances.
Elle cite Épicure et Socrate qui soulignaient que le bonheur demande de rester fidèle à soi-même, de ne pas se trahir, et de se connaître. Elle fait également référence aux travaux de Jean Rouch et Edgar Morin, qui en 1960 ont filmé des Parisiens en leur posant la question "Êtes-vous heureux ?", pour immortaliser un instant de bonheur.
Le bonheur, selon la philosophe, n'est pas un idéal abstrait ou un moment figé, mais une expérience qui se construit au fil du temps. Elle critique la tendance moderne à associer le bonheur à des moments parfaits et à les immortaliser sur les réseaux sociaux, soulignant que ce processus peut, en réalité, nous en éloigner.
Elle fait le parallèle avec sa propre enfance, où elle a cherché à capturer chaque instant parfait avec un appareil photo, mais où elle a également compris que les souvenirs ne sont pas simplement des images, mais des expériences vécues et ressenties profondément.
Llaria Gaspari conclut que le bonheur n’est pas un caprice ou une illusion, mais une forme de sagesse qui repose sur la compréhension de soi et de la vie. Elle souligne l'importance de vivre pleinement chaque moment, sans chercher à tout contrôler ni à le retenir, mais en appréciant ce que la vie a à offrir, y compris les moments de tristesse, car ils font aussi partie du voyage vers le bonheur.
Gratitude, la sensation d'être au monde
"Bienfaiteur : personne qui entreprend d’acquérir de grandes quantités d’ingratitude, sans se soucier réellement du prix, lequel reste néanmoins à la portée de chacun." (Ambrose Bierce, cité dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)
Durant son enfance, l'écrivaine avait un rêve : recevoir un chien en cadeau. Ce désir, inspiré d'une scène de La Belle et le Clochard, l'a poursuivi pendant des années. Puis, à sept ans, lors de vacances dans les Apennins, elle rencontre un chien errant qui la fascine. Il est soigné par son père, et, touchée par cette scène de bonté, elle espère l’adopter.
Mais, après un court moment de bonheur, le chien disparaît, et son rêve se brise. Les années passent, et bien que ses parents lui offrent d’autres animaux, le désir d’un chien reste intact. Cependant, elle se résigne progressivement à l’idée que ce rêve ne se réalisera jamais.
Beaucoup plus tard, elle décide de franchir le pas et d’adopter un chien. Avec l’aide de son fiancé, elle se rend dans un chenil à Rome, où elle rencontre un chien nommé Stanislao, un petit chien blond au regard triste. Ils l’adoptent, et le chien, bien qu’effrayé par le passé, commence à leur accorder sa confiance.
Touchée par ce chien maltraité, Llaria Gaspari comprend la différence entre le fantasme d’un chien idéal et la réalité d’une adoption pleine d’incertitudes et de peurs.
Rebaptisé Emilio, ce chien devient une métaphore de l’amour et de la gratitude. Au début, Emilio craint tout : les balais, les bruits, l’isolement. Mais peu à peu, il se laisse apprivoiser et, avec patience et amour, il développe une relation de confiance avec l’autrice et son fiancé. L’expérience lui enseigne à accepter l’amour sans réserve, à dépasser ses peurs et à accepter ce qu’il reçoit sans culpabilité.
Il n'est pas toujours facile d’accepter l’aide des autres et de reconnaître les bienfaits qu’on reçoit. Llaria Gaspari elle-même cesse peu à peu de se sentir indigne d’être aimée et apprend à recevoir sans culpabilité. Elle cite plusieurs philosophes pour souligner que la gratitude est la clé d’une relation authentique, basée sur l’échange, la reconnaissance mutuelle et la compréhension de soi-même.
Llaria Gaspari termine en affirmant que la gratitude et l’amour, bien que complexes et souvent entravés par des barrières intérieures, sont essentiels à l’épanouissement humain. Elle réalise que la véritable relation est celle qui se nourrit de confiance et d’acceptation.
L’amour véritable ne se mesure pas, ne se négocie pas, mais se vit pleinement.
Conclusion sur "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari :
Ce qu'il faut retenir de "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari :
Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs de Llaria Gaspari est un véritable guide pour ceux qui cherchent à comprendre, maîtriser et apprécier la richesse des émotions humaines. Dans cet ouvrage, l’autrice nous invite à un voyage à la fois intellectuel et introspectif, en explorant avec finesse les concepts de la philosophie des émotions tout en apportant des réponses concrètes aux défis quotidiens que posent nos sentiments.
À travers des réflexions inspirées des grands penseurs de l’histoire, Llaria Gaspari aborde la complexité des émotions, telles que la tristesse, la joie, la colère ou l’angoisse, en les démystifiant et en les inscrivant dans un cadre philosophique accessible. Ce manuel se distingue par sa capacité à rendre les idées philosophiques à la fois claires et appliquées, tout en utilisant des exemples simples tirés de la vie quotidienne pour illustrer ses propos.
La philosophe nous propose des outils pour mieux gérer nos sentiments et les intégrer de manière constructive dans nos vies. Elle nous pousse à cultiver une forme de sagesse émotionnelle, qui permet de mieux comprendre nos réactions et d’apprendre à vivre avec elles de façon harmonieuse.
Bref, ce livre est donc un véritable petit trésor pour ceux et celles qui souhaitent allier philosophie et développement personnel. Que vous soyez en quête de sérénité, de compréhension ou simplement d’un éclairage philosophique sur vos émotions, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs est une lecture indispensable.
Avec son style clair et engageant, il permet à chacun de mieux se connaître et de naviguer avec plus de sagesse dans le monde des émotions. Un ouvrage à mettre absolument entre les mains de tous ceux et celles qui souhaitent vivre plus pleinement et sereinement !
Points forts :
Llaria Gaspari explique des concepts philosophiques complexes de manière simple et claire ;
Le livre offre des outils pratiques pour mieux comprendre et gérer ses émotions ;
Il encourage une gestion sage des émotions pour vivre plus harmonieusement ;
Le livre est fluide et facile à lire, même pour ceux qui ne sont pas familiers avec la philosophie.
Points faibles :
Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs est un très beau livre. Je n’ai pas trouvé de défauts !
Ma note :
★★★★★
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Résumé de “Mourir avec zéro” de Bill Perkins : "Mourir avec zéro" propose de repenser notre façon de gérer l’argent et le temps pour vivre un maximum d’expériences pendant qu’on le peut, en choisissant consciemment comment utiliser nos ressources — argent, temps, santé — au lieu de simplement accumuler de l’épargne sans but.
Titre original : Die With Zero : Getting All You Can from Your Money and Your Life
Par Bill Perkins, 2021, 240 pages.
Note : Cette chronique est une chronique invitée écrite par Julien Loboda du blog Automatiser Son Business.
Chronique et résumé du livre “Mourir avec zéro” de Bill Perkins :
Imaginez un instant… Vous êtes allongé sur votre lit de mort, à la fin de votre vie. Votre compte en banque est plein à craquer, mais votre cœur, lui, est vide. Pas de souvenirs, juste des regrets. Rien à quoi vous raccrocher, rien qui vous fasse sourire une dernière fois.
C’est pour éviter cette fin amère que Bill Perkins a écrit Mourir avec zéro. Entrepreneur, investisseur, joueur de poker aguerri, il signe ici un manifeste percutant : utiliser son argent pour vivre plus, plutôt que mourir riche et frustré.
Dans un monde obsédé par l’épargne et la possession, ce livre fait figure de coup de tonnerre. Perkins nous pousse à reconsidérer notre rapport au temps, à l’argent et au bonheur, avec une idée simple : planifier sa vie pour créer tôt des souvenirs forts, profiter pleinement de chaque étape, et transmettre en conscience, de son vivant.
Nourri par sa propre trajectoire et une observation fine des autres, il remet en cause un dogme bien ancré : épargner sans fin n’est pas toujours une vertu — c’est parfois du gâchis. Chapitre après chapitre, il déroule une méthode claire pour apprendre à vivre... avant qu’il ne soit trop tard.
Dans cette chronique, je vous emmène à travers les idées majeures du livre, je partage avec vous mon ressenti, j’en décortique les points forts, les limites, et vous explique pourquoi, à mes yeux, Mourir avec zéro va bien au-delà d’un simple livre sur l’argent : c’est un vrai guide de vie.
Chapitre 1 : optimiser sa vie
Dès le départ, Mourir avec zéro pose un principe clair et dérangeant : la vie n’a pas pour but d’amasser de l’argent, mais de collectionner des expériences positives. Trop souvent, on économise machinalement, par habitude, comme si le temps dont nous disposions était infini. Pourtant, chaque jour grignote notre capital temps.
L'argent comme moyen, pas comme fin
Dès les premières pages, Perkins insiste : l’argent n’a de valeur que lorsqu’il est converti en expériences vécues. Stocker de l’argent pour un futur vague, c’est courir le risque de laisser filer sa vie sans jamais vraiment en profiter.
Il illustre cette idée avec l’histoire d’Erin et John, un couple rattrapé brutalement par la maladie. Confrontés à l’urgence vitale, ils font le choix radical d’arrêter de travailler pour partager des moments ensemble. Une décision courageuse, qui souligne une vérité souvent ignorée : le temps est une ressource bien plus rare et précieuse que l’argent. Alors que l’argent dépensé peut être gagné à nouveau, le temps perdu, quant à lui, l’est de façon définitive.
Le piège de l'illusion du temps infini
L’auteur nous rappelle que nous vivons souvent comme si la vie n’avait pas de fin. Nous reportons nos projets, pensant qu’il sera toujours temps plus tard de voyager, d’aimer, d’apprendre ou d’explorer.
Mais ce "plus tard" n'arrive pas toujours. Optimiser sa vie, c’est donc reconnaître qu’il existe un moment pour chaque chose — et que certaines expériences sont éphémères. Escalader une montagne, faire le tour du monde en sac à dos, danser jusqu’à l’aube... ces aventures ont une fenêtre d'opportunité qui se referme avec le temps et le déclin physique.
Une approche réaliste et humaniste de la vie
Perkins ne prône pas l’imprudence ni l’insouciance totale. Il plaide pour un équilibre conscient : vivre pleinement aujourd'hui tout en préparant demain.
Son message est profondément humaniste : le but n’est pas de mourir riche, mais de vivre richement. Chaque dollar économisé doit être vu comme une opportunité d’achat de moments de vie, et non comme une victoire en soi.
En planifiant nos dépenses intelligemment selon nos âges et nos capacités, nous pouvons transformer notre argent en souvenirs inoubliables, au lieu de laisser ces potentiels rêves s’éteindre dans l'attente d'un hypothétique "meilleur moment".
Chapitre 2 : investir dans les expériences
Après avoir posé les bases de son raisonnement, Bill Perkins enfonce le clou avec une idée puissante : il faut investir tôt dans les expériences, comme on investirait tôt dans un portefeuille financier.
Plus vite nous vivons des expériences marquantes, plus elles nous rapportent en bonheur, et plus longtemps nous bénéficions de leur "dividende-mémoire".
Les souvenirs, un actif qui se valorise
Contrairement à une croyance répandue, les expériences ne sont pas des dépenses éphémères. Perkins les considère comme de véritables investissements à haut rendement émotionnel.
Chaque voyage, chaque rencontre, chaque aventure vécue enrichit notre capital de souvenirs. Et, particularité magique : ces souvenirs prennent de la valeur avec le temps. Ils se remémorent, se racontent, se chérissent; générant à chaque évocation une nouvelle vague de plaisir.
C’est ce que l’auteur appelle le "memory dividend" : un souvenir continue de rapporter du bonheur bien après que l'expérience initiale soit terminée.
Pourquoi il faut commencer tôt
Le timing est essentiel. Plus vous investissez dans des expériences jeunes, plus vous capitalisez longtemps sur votre dividende-mémoire.
À 20 ou 30 ans, votre énergie, votre santé et votre soif d’aventure vous permettent de vivre des expériences que vous ne pourrez plus reproduire de la même manière à 60 ou 70 ans.
Perkins illustre cette idée par l’exemple d’un ami qui avait emprunté de l’argent à un prêteur douteux pour partir en voyage en Europe en sac à dos, pendant un an, alors qu’il venait de finir ses études. À l’époque, ce choix semblait fou. Mais des années plus tard, le souvenir de ce périple restait vivace et inestimable, tout en ayant transformé son ami.
L’expérience vécue était devenue bien plus précieuse que l'argent emprunté.
Ce que coûte vraiment la procrastination
Repousser l'investissement dans les expériences à « plus tard » peut sembler raisonnable, mais ce "plus tard" arrive souvent trop tard.
Le risque ? Se retrouver avec beaucoup d'argent... et peu d’énergie, ou pire, des regrets. Car certaines activités (voyager en sac à dos, gravir des montagnes, découvrir des cultures de manière immersive) sont des opportunités qui périment avec le temps.
Perkins encourage donc à consommer stratégiquement sa vie, en semant des expériences riches au bon moment, plutôt que d’attendre un hypothétique « meilleur instant » qui ne viendra peut-être jamais.
Chapitre 3 : pourquoi mourir avec zéro ?
Au cœur du message de Mourir avec zéro se trouve une idée radicale : votre objectif financier ultime ne devrait pas être de mourir riche, mais de mourir avec zéro.
Cela ne signifie pas vivre dans la pauvreté ou l'insécurité, mais utiliser votre argent au maximum de son potentiel pendant votre vie, pour vous-même et pour les autres.
L'illusion de la richesse éternelle
Dans nos sociétés modernes, épargner est vu comme une vertu absolue. Nous travaillons sans relâche, économisons sans cesse, parfois jusqu’à en oublier pourquoi nous le faisons.
Bill Perkins nous alerte : accumuler des millions que nous ne pourrons jamais dépenser n’est pas un succès, c’est un immense gaspillage de vie. Chaque dollar non utilisé pour créer des expériences est un fragment d’énergie vitale dilapidé. En effet, en partant du principe que nous avons travaillé (et donc donné une partie de notre temps) pour gagner notre argent, refuser de le dépenser revient, selon lui, à avoir gaspillé une partie de notre temps.
L’auteur partage notamment l’histoire de son ami John Arnold, devenu milliardaire à 38 ans. Malgré cette réussite financière fulgurante, Arnold n’a pas pleinement profité de sa jeunesse. Il a gagné bien plus qu’il ne pouvait raisonnablement dépenser, et a sacrifié des années précieuses à travailler, par simple habitude. Lorsqu’il s’est rendu compte que ses milliards ne lui permettraient pas de revivre sa jeunesse passée, il s’est mis à voir les choses différemment.
L'inutilité de l'épargne posthume
Beaucoup pensent :
"Si je ne dépense pas mon argent, au moins mes enfants en hériteront."
Perkins répond à cette idée avec lucidité :
D’une part, vos enfants auraient sans doute préféré bénéficier de votre soutien financier pendant qu'ils en avaient vraiment besoin, et pas à 60 ans.
D’autre part, vous sacrifiez vos propres rêves et votre potentiel de bonheur au nom d'un héritage futur incertain.
Mourir avec un compte en banque bien garni n'est pas une réussite. C'est un aveu d'opportunités manquées : voyages annulés, passions inexplorées, souvenirs jamais créés.
Un appel à vivre intensément et consciemment
Mourir avec zéro, c’est refuser de vivre sur le mode automatique. C’est planifier activement sa vie pour répartir son argent sur les moments où il aura le plus d’impact émotionnel.
Cela implique parfois de dépenser sans culpabilité quand les opportunités se présentent. Mais ça exige aussi de résister à la tentation du toujours plus; ce réflexe qui pousse à accumuler encore, même lorsque l’essentiel est déjà largement atteint.
En suivant cette philosophie, nous apprenons à aligner nos dépenses sur nos désirs profonds et à faire de notre existence une collection riche de souvenirs inestimables, pas un solde bancaire inutilement élevé.
Chapitre 4 : comment bien dépenser son argent
Dans Mourir avec zéro, Bill Perkins ne se contente pas de critiquer l'accumulation excessive d’argent. Il nous propose une véritable méthode pour dépenser de façon intelligente, c’est-à-dire en maximisant notre bonheur sans tomber dans l’imprudence financière.
Planifier la consommation, pas seulement l’épargne
Le grand tort de notre éducation financière traditionnelle est de nous apprendre à épargner sans jamais nous enseigner à dépenser sciemment et intelligemment.
Perkins renverse cette logique : il invite à planifier sa consommation aussi soigneusement que son épargne.
Cela signifie répartir consciemment l’utilisation de son argent tout au long de la vie, en tenant compte :
De nos envies,
De notre état de santé,
De nos projets personnels,
Et surtout, de la fenêtre temporelle optimale pour certaines expériences.
Le but est clair : aligner son argent sur son niveau de vitalité et ses rêves réels, pas sur un chiffre abstrait.
Éviter le double piège : la peur et l’insouciance
Bien dépenser son argent implique de trouver un équilibre subtil entre deux écueils :
La peur : conserver son argent par crainte d'en manquer un jour.
L’insouciance : tout dépenser sans aucune prévoyance.
L’auteur propose une approche rationnelle pour calculer les dépenses optimales à chaque étape de sa vie. Il recommande par exemple d'utiliser des outils financiers (comme les assurances ou les rentes) pour se protéger contre les risques extrêmes, tout en libérant le reste de son capital pour vivre pleinement.
L’idée n’est pas de flamber, mais d’optimiser : dépenser intelligemment aujourd’hui pour profiter de ce que demain pourrait ne plus permettre.
Dépenser selon son "capital énergie"
Un autre concept fondamental de Perkins est celui du capital énergie.
Notre capacité à profiter d’expériences n’est pas linéaire : elle décroît avec l’âge. À 30 ans, un voyage d’aventure est enthousiasmant ; à 70 ans, il devient pénible, voire impossible.
Par conséquent, chaque dépense doit être pensée en fonction de son niveau d’énergie actuel :
Profiter des activités physiques tant qu'on est jeune,
Miser sur des plaisirs plus contemplatifs ou familiaux à mesure que l'on vieillit.
Cette approche permet de valoriser pleinement chaque euro investi, au lieu de repousser sans cesse au risque de manquer son moment.
Chapitre 5 : que faire pour ses enfants ?
Un des chapitres les plus sensibles de Mourir avec zéro est consacré à une question délicate : quel est le meilleur moment pour transmettre son argent à ses enfants ?
Bill Perkins défend ici une position contre-intuitive mais puissante : il est plus utile de donner à ses enfants de son vivant, quand ils peuvent vraiment en profiter, plutôt que de leur laisser un héritage après sa mort.
Hériter tard : un cadeau inutile ?
Selon l’auteur, l’âge moyen auquel on hérite est de 60 ans.
À cet âge-là, la plupart des gens :
Ont déjà leur carrière bien avancée (voire terminée),
Ont acheté leur maison,
Ont élevé leurs propres enfants,
Et n'ont plus vraiment besoin d’un coup de pouce financier.
Résultat : l’héritage arrive trop tard pour avoir un impact significatif sur leur qualité de vie ou leur trajectoire personnelle.
Perkins affirme qu’un dollar donné à 30 ans est infiniment plus précieux qu'un dollar donné à 60. À 30 ans, l’argent peut aider à acheter une première maison, créer une entreprise, élever des enfants dans de meilleures conditions… À 60 ans, il sert souvent à renforcer un patrimoine déjà constitué, sans véritable effet transformateur.
Donner quand l'impact est maximal
Plutôt que d’attendre la fin de sa vie pour léguer son patrimoine, l’auteur conseille de programmer des dons importants au moment où ils auront le plus de valeur émotionnelle et pratique.
Il propose même une règle simple :
Transmettez votre argent autour de 30 ans pour vos enfants.
Cela permet :
D’aider vos enfants à construire leur vie,
De voir concrètement les effets positifs de votre aide,
De partager des moments de gratitude et de reconnaissance de votre vivant.
C’est une approche vivante et joyeuse de la transmission, loin des successions froides et bureaucratiques.
Préserver l’équilibre entre donner et vivre
Évidemment, donner tôt ne signifie pas tout donner sans discernement. Il faut conserver suffisamment d’argent pour vivre pleinement soi-même, sans devenir dépendant de quelqu’un d’autre.
Perkins insiste sur l'importance d'une planification rigoureuse :
Évaluer ses besoins futurs,
Calculer ce qu’on peut transmettre sans se priver,
Et répartir ces dons sur des moments-clés de la vie de ses enfants.
Ainsi, chacun profite au maximum de l’argent au bon moment, sans sacrifier son autonomie ni son plaisir personnel.
Ne sacrifiez pas vos rêves les plus chers au profit d’un héritage incertain et tardif pour vos enfants.
Chapitre 6 : trouver l’équilibre de vie
Au fil des pages de Mourir avec zéro (Die with zero), Bill Perkins martèle une conviction forte : vivre pleinement demande un savant équilibre. Pas une course folle à la consommation, ni une frilosité paralysante, mais un art délicat de la mesure, où le temps, l'argent et l'énergie sont alignés.
Le triangle temps-argent-énergie
Perkins nous pousse à penser notre vie comme un jeu de ressources limitées :
Le temps : il s’écoule irréversiblement, et il est impossible de revenir en arrière.
L’énergie : elle décline progressivement.
L’argent : il fluctue, mais il est inutile si mal utilisé.
L'erreur commune ? Croire que l’argent est la ressource clé. En réalité, c’est l'interaction entre ces trois dimensions qui conditionne la réussite d'une vie pleinement vécue.
Par exemple :
Avoir beaucoup d'argent mais plus d'énergie pour voyager est frustrant.
Avoir du temps mais aucun moyen financier pour vivre des expériences est tout aussi limitant.
Trouver l’équilibre, c’est donc planifier ses choix en fonction du moment où ces trois ressources sont encore présentes en quantité suffisante. De plus, contrairement à une idée reçue, vous n’avez pas forcément besoin de travailler comme un forcené, 80 heures par semaine, pour vous offrir les expériences de vie qui vous intéressent.
La courbe décroissante de l'énergie
Un concept puissant introduit par Perkins est celui de la courbe de décroissance de l'énergie.
Il nous rappelle que nos capacités physiques et mentales déclinent inexorablement avec l’âge. Même avec des moyens financiers importants, certaines activités (escalader le Machu Picchu, faire un trek en Patagonie, pratiquer le surf) deviendront peu à peu inaccessibles.
C'est pourquoi chaque âge a ses expériences optimales, qu’il est crucial de vivre avant qu’elles ne deviennent impossibles.
L’auteur nous incite donc à prioriser les expériences exigeantes physiquement tant que c’est encore possible, au lieu de les reporter à une retraite hypothétique.
Savoir dire stop à l'accumulation
Un autre message fort de Perkins est l’importance de savoir stopper l’accumulation au bon moment.
Trop souvent, nous continuons à travailler ou à économiser par inertie, dépassant de loin le niveau de richesse nécessaire pour vivre heureux.
Or, l'argent au-delà de nos besoins réels n'ajoute aucune valeur à notre existence, surtout s'il est amassé au détriment du temps et de l'énergie disponibles pour en profiter.
Trouver l’équilibre, c’est aussi avoir le courage :
D'arrêter de courir après le toujours plus,
De savourer ce que l'on a,
Et de convertir ses ressources en souvenirs tangibles, avant qu’il ne soit trop tard.
Chapitre 7 : les "Time Buckets"
L'un des concepts les plus marquants de Mourir avec zéro (Die With Zero) est celui des "Time Buckets", littéralement, des "seaux temporels". Bill Perkins propose ici un outil simple mais puissant pour structurer sa vie autour des expériences que l'on veut absolument vivre, à différents âges.
Découper sa vie en périodes
Le principe des Time Buckets est de diviser sa vie en tranches temporelles de 5 à 10 ans chacune :
20-30 ans
30-40 ans
40-50 ans
etc.
Dans chaque "bucket", on inscrit les expériences que l'on souhaite vivre absolument durant cette période spécifique.
Cela peut être :
Faire un tour du monde à 25 ans
Lancer une entreprise à 35 ans
Gravir le Kilimandjaro à 40 ans
Apprendre à jouer du piano à 50 ans
L'idée est d'assortir chaque envie au moment de vie où elle sera la plus réaliste et la plus agréable.
Adapter ses rêves à la réalité du temps
Ce système oblige à réfléchir sérieusement à l'alignement entre nos projets et nos capacités physiques, émotionnelles et financières.
Par exemple, vouloir traverser l'Amazonie à 70 ans est beaucoup plus difficile qu’à 30 ans. Vouloir apprendre à coder un nouveau langage informatique à 80 ans est possible, mais sera plus lent et moins gratifiant qu’à 40 ans.
Avec les Time Buckets, on anticipe ces réalités et on adapte nos rêves à l'évolution naturelle de notre corps, de notre énergie et de nos envies.
Ce processus pousse aussi à faire des choix clairs : tout ne peut pas être repoussé au "plus tard", car tout n’est pas réalisable à n’importe quel âge.
Planifier pour mieux agir
Créer ses Time Buckets, c’est aussi s’obliger à passer à l’action.
En visualisant ce que l’on veut vivre,
En s'engageant sur des échéances concrètes,
En évitant la procrastination mortifère du "un jour peut-être".
Bill Perkins insiste : chaque expérience ratée faute d’anticipation est une perte définitive. Avec une vie organisée autour des Time Buckets, nous nous assurons de répartir harmonieusement notre capital temps, énergie et argent sur l’ensemble de notre existence.
En fin de compte, le but n’est pas de tout cocher dans une liste, mais de maximiser son épanouissement et ses souvenirs, période après période, sans regret.
Certaines activités ou expériences ont une date de péremption, après laquelle vous ne pourrez plus les vivre.
Chapitre 8 : connaître son pic d’activité
Dans Mourir avec zéro (Die With Zero), Bill Perkins nous invite à identifier notre "pic d’activité", c’est-à-dire le moment précis de notre vie où nos capacités physiques, mentales et émotionnelles atteignent leur apogée.
Pourquoi ? Parce que c’est à ce moment-là qu’il faut maximiser les expériences les plus intenses et mémorables.
Comprendre la courbe de performance de la vie
Notre vie suit une courbe naturelle de performance :
Dans l’enfance, notre énergie grandit ;
À l’âge adulte, elle atteint un sommet ;
Puis, progressivement, elle décline.
Le pic d’activité ne dépend pas uniquement de l'âge biologique. Il est aussi influencé par notre santé, notre style de vie, nos priorités personnelles.
Pour certains, le pic peut être à 30 ans ; pour d’autres, à 40 ou 45 ans. L'essentiel est de prendre conscience que ce sommet existe, pour l’exploiter intelligemment au lieu de le laisser passer dans l’inconscience.
Faire les expériences au bon moment
Certaines expériences nécessitent une pleine forme physique ou mentale :
Faire un marathon,
Gravir une montagne,
Fonder une start-up exigeante,
Faire le tour du monde en sac à dos,
Si nous attendons trop longtemps pour réaliser ces projets, même avec de l’argent disponible, nous n’aurons plus l’énergie ni la motivation nécessaires.
Perkins insiste : chaque expérience doit être placée au moment optimal de votre vie; pas seulement en fonction de votre compte bancaire, mais surtout en fonction de vos capacités réelles.
Anticiper son déclin avec lucidité
Parler de "déclin" peut sembler pessimiste. Mais en réalité, c’est un formidable moteur d’action.
En acceptant que notre énergie diminue avec le temps :
Nous devenons plus stratégiques dans nos choix,
Nous osons vivre nos rêves au bon moment,
Nous évitons le regret amer de l’opportunité manquée.
Plutôt que de nier cette réalité, Perkins nous invite à l’embrasser avec courage. Connaître son pic d’activité, c’est se donner le pouvoir de vivre intensément, en toute conscience de ses ressources.
Chapitre 9 : être audacieux sans être imprudent
Dans le livre Mourir avec zéro - Die With Zero, Bill Perkins nous pousse à vivre pleinement, mais jamais sans discernement.
Il fait une distinction essentielle entre être audacieux et être imprudent : l’audace réfléchie est source de richesse intérieure, tandis que l’imprudence mène souvent au chaos.
Oser sortir de sa zone de confort
La vie la plus riche est rarement celle qui se déroule dans une routine figée. Oser prendre des risques calculés(changer de carrière, voyager loin, lancer un projet personnel, etc) est souvent le secret pour accumuler des expériences mémorables.
Perkins invite à :
Briser l'inertie,
Affronter ses peurs raisonnables,
Aller chercher activement les expériences que l'on désire.
Rester trop longtemps dans le confort apparent, selon lui, c’est s’exposer au regret de ne jamais avoir vraiment vécu.
Calculer intelligemment ses risques
Audace ne signifie pas imprudence.
Prendre des risques doit toujours être réfléchi et proportionné :
Peser les gains possibles contre les pertes envisageables,
Prévoir des plans de repli,
S'assurer de ne jamais mettre en danger irrémédiablement sa santé, sa famille ou sa stabilité essentielle.
Bill Perkins propose une approche presque "ingénieur" de la prise de risque : minimiser les risques de ruine, tout en maximisant les gains en souvenirs et en satisfaction personnelle.
En clair, prendre des risques, oui, mais des risques "intelligemment asymétriques", où le potentiel de bonheur dépasse largement la possibilité de perte.
Vivre avec panache, mais avec prudence
La plus grande erreur, selon Perkins, serait :
Soit de vivre trop prudemment, en ratant toutes les occasions d’intensité,
Soit de se précipiter inconsidérément, en ruinant sa santé, son argent ou ses relations.
L’idéal est entre les deux : être audacieux avec méthode.
C’est dans cet esprit que l'on peut :
Multiplier les voyages,
Se lancer dans de nouveaux apprentissages,
Aimer intensément,
Et construire une vie pleine de souvenirs riches et d’aventures inoubliables — sans jamais compromettre ses fondations essentielles.
Vivre avec audace, oui, mais vivre intelligemment : voilà l’un des plus beaux enseignements du livre.
Conclusion sur "Mourir avec zéro" de Bill Perkins : un objectif impossible, mais digne d’être poursuivi
À la fin du livre "Mourir avec zéro", Bill Perkins reconnaît une vérité humble mais essentielle : atteindre parfaitement l’objectif de mourir avec zéro est pratiquement impossible. En effet, nul ne peut prédire exactement la durée de sa vie, ni anticiper tous les imprévus financiers ou de santé.
Mais, et c'est là tout l'esprit du livre, l'important n'est pas la perfection : c'est la direction.
Viser le maximum de vie, pas le maximum de fortune
Le message ultime de l’auteur est clair : il vaut mieux viser activement à vivre pleinement que de mourir passivement avec des regrets et des économies inutilisées.
Même si nous n'atteignons jamais le "zéro" absolu, la quête d'optimisation de notre vie à travers nos expériencesnous permet :
De savourer davantage le présent,
De créer des souvenirs impérissables,
De donner du sens à notre trajectoire personnelle,
De transmettre de la valeur et non seulement de l'argent.
C’est cette dynamique d’action consciente et d'engagement dans sa propre vie qui fait toute la beauté de sa philosophie.
Apprendre à accepter l’imperfection
Perkins nous invite aussi à lâcher prise sur l'obsession du contrôle parfait.
La vie est, par nature, imprévisible :
Certaines opportunités se présenteront,
D'autres disparaîtront,
Nos envies évolueront avec le temps.
Ce n’est pas grave. Ce qui compte, c’est d’avoir essayé de maximiser chaque période de notre existence, avec audace, intelligence, et amour.
Plutôt que de juger notre succès à la somme laissée sur un compte bancaire, il nous propose de mesurer notre réussite à l'intensité de nos souvenirs, à la richesse de nos relations et à la plénitude de notre vécu.
Une philosophie de vie, plus qu'une stratégie financière
En refermant le livre Mourir avec zéro (Die With Zero), on comprend qu'il va bien au-delà d’un simple guide sur la gestion de l’argent.
C’est :
Un manifeste pour oser vivre pleinement,
Une invitation à reprendre le contrôle de son temps,
Et un appel vibrant à mettre nos ressources au service de notre bonheur et de celui des autres, tant que nous en avons la capacité.
Poursuivre l'objectif de "mourir avec zéro", même sans jamais l’atteindre parfaitement, c’est embrasser la vie dans toute son intensité et sa beauté éphémère.
Osez vivre pleinement pour ne pas avoir de regrets lorsque la fin arrivera.
Mon ressenti personnel sur Mourir avec zéro (Die With Zero)
La lecture de Mourir avec zéro (titre original : Die With Zero) a profondément résonné en moi. En tant qu'investisseur et entrepreneur, j'ai été élevé dans une culture où l'accumulation financière était perçue comme la plus grande preuve de réussite.
Tout dans mon parcours m'avait conditionné à viser :
Une croissance constante du patrimoine,
Une épargne toujours plus conséquente,
Une sécurité financière sans faille.
À travers ses pages, Bill Perkins est venu bousculer ces certitudes.
Son message est simple mais puissant :
L’argent n’a de sens que s’il est transformé en expériences vécues. Accumuler pour accumuler est un non-sens si cela se fait au détriment de la vie elle-même.
En lisant ce livre, j’ai eu la sensation que l’auteur s’adressait directement à moi. Chaque exemple, chaque principe résonnait avec mes propres choix passés, avec cette tendance naturelle à repousser les expériences au profit d’une sécurisation toujours plus grande de l'avenir.
Pour autant, et c’est là toute la complexité, être convaincu par le message de Perkins ne signifie pas qu’il est facile de l’appliquer.
Le poids de notre éducation financière est immense. Depuis l’enfance, on nous enseigne que la prudence, l’épargne, et la préparation du futur sont les piliers d’une vie réussie. Changer cette perspective ne se fait pas du jour au lendemain. Même en adhérant pleinement aux idées de Die With Zero, j’ai ressenti une résistance intérieure forte, presque instinctive, au moment de modifier mes comportements.
C’est une lutte subtile mais constante :
Entre la peur de manquer, profondément ancrée,
Et l’envie de vivre plus pleinement, comme le préconise l’auteur.
Ce livre m'a fait comprendre que la transition vers une vie réellement optimisée pour l'expérience est un cheminement, pas un simple déclic. Il m’a donné l’élan pour amorcer ce changement, mais aussi la lucidité nécessaire pour reconnaître qu’il demande du temps, de la réflexion, et une véritable reprogrammation mentale.
Aujourd’hui, je suis encore en chemin :
J’accorde plus de place aux expériences,
Je questionne davantage mes réflexes d'accumulation,
Je planifie plus consciemment l'utilisation de mes ressources.
Die With Zero n’est pas un livre que l’on referme en ayant tout changé instantanément. C’est un livre qui sème une graine, une idée puissante, qui pousse lentement mais sûrement dans l’esprit de ceux qui l’accueillent avec honnêteté.
Et pour moi, cette graine est appelée à transformer durablement ma façon de concevoir le succès, la richesse, et surtout… la vie.
Points forts et points faibles de Die With Zero
Points forts
Un concept radicalement rafraîchissant. Bill Perkins propose une approche totalement différente de l’argent et du succès, en mettant l'accent sur l'expérience plutôt que sur l'accumulation. Son message est simple, puissant et profondément contre-culturel.
Une lecture accessible et fluide. Le style de Perkins est direct, sans jargon inutile. Il sait captiver son lecteur avec des anecdotes personnelles, des exemples concrets et des arguments percutants.
Des outils pratiques pour passer à l’action. Avec des concepts comme les Time Buckets ou l’idée de planifier activement sa consommation, le livre ne se contente pas de donner une philosophie : il fournit de vrais leviers concrets pour changer sa vie.
Un équilibre entre émotion et raison. L’auteur sait toucher à la fois la dimension émotionnelle (le regret, le souvenir, la mémoire) et la dimension rationnelle (calcul du risque, optimisation de la dépense), ce qui rend son propos très convaincant pour des profils variés.
Un livre qui reste en tête longtemps après sa lecture. Contrairement à de nombreux ouvrages de développement personnel, Die With Zero ne se limite pas à l'inspiration du moment. Il provoque une véritable remise en question durable, une transformation profonde dans la manière de concevoir sa vie et ses priorités.
Points faibles
Un modèle difficile à appliquer immédiatement. Même si le message est séduisant, le poids des habitudes éducatives et culturelles liées à l’épargne rend la mise en pratique complexe. Beaucoup de lecteurs auront besoin de temps pour intégrer pleinement ces principes.
Un manque de prise en compte de certaines réalités socio-économiques. Le livre suppose souvent que le lecteur a une marge de manœuvre financière suffisante pour planifier ses expériences. Ceux qui luttent pour satisfaire leurs besoins de base pourraient trouver le discours moins pertinent.
La répétition excessive de certains concepts. Certaines idées fortes (comme celle du "Memory Dividend") sont martelées à plusieurs reprises. Si cela renforce le message pour certains, d'autres lecteurs pourraient trouver cela légèrement redondant.
Peu d’accompagnement psychologique sur la peur de manquer. Si Perkins évoque cette peur, il ne propose pas toujours d'outils concrets pour la surmonter en profondeur, alors qu’elle constitue l’un des principaux freins à l’application de ses conseils.
Ma note sur 5 :
★★★★★
Je choisis de donner à Die With Zero la note maximale, 5 étoiles sur 5, et cela pour plusieurs raisons fondamentales.
Tout d’abord, l’impact transformateur du livre est réel. Bill Perkins ne se contente pas de livrer une énième méthode pour "réussir sa vie financière". Il propose une remise en question profonde de nos priorités de vie, en replaçant l'expérience humaine et le souvenir au cœur de notre quête personnelle. C’est une démarche rare, précieuse, et à mes yeux, indispensable.
Ensuite, la pertinence du message est universelle. Que l’on soit investisseur, entrepreneur, salarié ou étudiant, nous sommes tous confrontés à cette tension entre épargner pour demain et vivre aujourd’hui. Perkins parvient à toucher chacun avec simplicité et humanité, en utilisant des exemples concrets et des concepts accessibles.
Certes, la mise en application peut être difficile. Changer des décennies de conditionnements culturels liés à l'épargne demande du temps, de la réflexion et parfois du courage. Mais la puissance d'un livre ne se mesure pas à la facilité d'exécution de ses conseils : elle se mesure à la clarté de son message, à l'authenticité de sa vision, et à la profondeur de son impact.
Enfin, Die With Zero a cette rare capacité à laisser une empreinte durable. Longtemps après avoir refermé le livre, son message continue de résonner : dans chaque choix de dépenses, dans chaque projet de voyage, dans chaque réflexion sur la valeur réelle de notre temps.
Pour toutes ces raisons, je considère que ce livre mérite pleinement un 5/5. Non parce qu’il est parfait — aucun livre ne l’est — mais parce qu’il apporte une boussole essentielle dans un monde qui glorifie trop souvent l'accumulation au détriment de l'expérience vécue.
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Résumé de "Braver sa nature sauvage" de Brené Brown : un livre sur l'appartenance et l'estime de soi par l'une des auteures de développement personnel les plus plébiscitées de ces dernières années — L'idée principale ? Ne changez rien, mais soyez enfin qui vous êtes !
Brené Brown, 2018, 162 pages.
Titre original : Braving the Wilderness (2017).
Chronique et résumé de "Braver sa nature sauvage" de Brené Brown
Chapitre 1 : Partout et nulle part
Quand Brené Brown écrit, la peur l’envahit. Elle doute de sa légitimité, surtout quand ses recherches bousculent les idées reçues. Elle se demande si elle a le droit de choquer ou de remettre en cause des croyances établies. Dans ces moments, elle s’entoure mentalement de figures courageuses qui l’inspirent.
Elle pense à J.K. Rowling, Bell Hooks, Shonda Rhimes, Oprah Winfrey, Maya Angelou. Ces voix l’aident à garder le cap, à ne pas céder à la peur ou à l’autocensure. Brené Brown rejette aujourd’hui l’ancienne méthode consistant à satisfaire les critiques et les cyniques. Cette approche étouffait son authenticité.
Son lien avec Maya Angelou reste profond. La poétesse la guide depuis ses années universitaires. Pourtant, une citation la déstabilise : « Vous êtes libre quand vous comprenez que vous n’êtes de nulle part. » Pendant des années, l’auteure rejette cette idée.
Pour Brené Brown, ne pas appartenir représente une douleur ancienne et viscérale. Dès l’enfance, elle vit l’exclusion. À l’école, son prénom complet, Casandra Brené Brown, la fait passer pour afro-américaine. Dans une Louisiane encore marquée par la ségrégation, cela suffit à l’écarter des fêtes et des cercles sociaux.
L’apprentissage de la solitude
Elle vit les rejets des deux côtés, sans comprendre pourquoi elle dérange. Sa différence devient un obstacle. Elle cherche désespérément une place, un groupe, une reconnaissance. Chaque déménagement rend cette quête plus difficile.
Son grand espoir réside dans l’équipe des Bearkadettes (sorte de danse chorégraphiée nommée "meneuses de claque"). Elle s’entraîne intensément, suit un régime strict, et croit en ses chances. Mais son numéro n’apparaît pas sur la liste. Ses parents gardent le silence. Ce rejet, couplé à l’absence de réconfort familial, devient fondateur.
Convaincue de ne pas mériter l’amour ni l’appartenance, elle apprend à se conformer. Elle lit les attentes des autres, s’adapte, joue des rôles. Elle devient caméléon, mais s’éloigne d’elle-même. Plus tard, elle choisit l’observation des comportements comme mode de survie.
En analysant les autres, elle développe des compétences qui l’amènent à la recherche. Pourtant, elle reste coupée de son authenticité. À 21 ans, elle est perdue, en fuite. Puis, elle rencontre Steve, qui la voit vraiment. Leur relation lui offre un espace de réparation.
Peu après, elle entame un parcours vers la sobriété. Elle teste plusieurs groupes, sans trouver sa place. Elle comprend que sa vraie dépendance est une fuite constante de la vulnérabilité. Elle commence alors à s’écrire des permissions pour vivre pleinement.
Retrouver sa voix
Lors d’un tournage avec Oprah Winfrey, elle se sent nerveuse, peu présente. Un collègue lui rappelle de vivre l’instant au lieu de l’analyser. Ce conseil provoque un déclic. Elle s’écrit une permission d’être joyeuse et gauche.
Cette journée devient un moment fondateur. Elle rencontre Maya Angelou, qui lui dit : « Ne te laisse pas ébranler. » Ces mots résonnent comme une bénédiction. Brené Brown comprend qu’elle doit s’ancrer pleinement en elle-même.
Plus tard, à une conférence, elle refuse de se déguiser en femme d’affaires. Elle choisit de s’habiller comme elle est vraiment. Elle refuse aussi de censurer sa foi ou son langage. Elle veut rester fidèle aux histoires qu’on lui confie.
Elle partage ses doutes avec Steve, qui l’écoute sans jugement. Il lui rappelle qu’elle appartient à leur foyer, à leurs enfants. Ce soutien lui permet de saisir enfin le sens des mots de Maya Angelou. Elle comprend que la véritable appartenance commence par soi-même.
En relisant l’entrevue complète de la citation qui la gênait, elle découvre que Maya Angelou affirme s’appartenir à elle-même. Cette révélation transforme le récit fondateur de sa douleur. Elle n’a plus besoin d’un groupe pour exister. Elle accepte enfin de ne pas s’ébranler.
Chapitre 2 : La quête de la véritable appartenance
Brené Brown explore la notion de véritable appartenance, ce besoin humain profond d’être accepté pour ce que nous sommes réellement. Elle distingue l’appartenance authentique de la conformité ou de la quête d’approbation, qui, loin d’y mener, en sont les ennemis.
Présenter son moi imparfait au monde exige une acceptation de soi complète. Mais cette définition évolue. La véritable appartenance ne dépend pas des autres : elle réside en nous. Elle nécessite parfois de rester seul, debout dans la vulnérabilité, l’incertitude et la critique.
Dans un monde divisé, s’appartenir devient un acte de courage. Il ne s’agit pas de rejoindre un groupe ou d’adhérer à une idéologie, mais de se relier à quelque chose de plus grand : l’amour et l’esprit humain. Même isolés, nous restons connectés. La véritable appartenance commence donc par une foi profonde en soi et la capacité de rester fidèle à son identité dans un monde incertain.
Définition de la véritable appartenance
Dans le cadre d’une recherche en théorie ancrée qualitative, Brené Brown explore la préoccupation majeure liée à l’appartenance. Les participants souhaitent appartenir à un groupe sans renoncer à leur authenticité, leur liberté ou leur pouvoir. Ils dénoncent une culture polarisée du « nous contre eux », source de déconnexion spirituelle.
Beaucoup redoutent que la peur et le mépris aient remplacé l’humanité partagée, l’amour et la compassion. Cette crise d’appartenance apparaît surtout spirituelle, non religieuse, traduisant un besoin profond de se sentir connectés aux autres sans se conformer.
Brené Brown pose quatre questions pour comprendre comment certains développent une véritable appartenance enracinée en eux. Les réponses dégagent quatre éléments clés, ancrés dans le monde actuel et réel. Ces éléments sont au centre des chapitres suivants :
Les gens sont difficiles à haïr de près. Rapprochez-vous.
Contrez les conneries avec la vérité. Soyez poli.
Tenez-vous la main. Avec des étrangers.
Dos fort. Devant doux. Cœur sauvage.
Sa démarche ne suit donc pas une idée préconçue : elle suit les données, même lorsqu’elles révèlent un monde chaotique.
La nature sauvage
Brené Brown compare la véritable appartenance à une nature sauvage : un lieu solitaire, indompté et exigeant, à la fois redouté et recherché. Appartenir pleinement à soi-même nécessite de braver cette nature, de quitter ses refuges idéologiques et d’oser la vulnérabilité.
Ce chemin, imprévisible, ne peut être dicté par autrui. Il implique de s’ouvrir aux autres sans renier son identité, de dialoguer malgré les divergences. La véritable appartenance est active, pas passive. Elle demande du courage, de l’inconfort, et un engagement sincère envers l’authenticité, même dans l’adversité. C’est une pratique personnelle et spirituelle, non une simple adhésion sociale.
Aptitudes à la bravoure
Brené Brown affirme que pour s’aventurer dans la nature sauvage de la véritable appartenance — cet espace de solitude, de courage et d’authenticité — un élément est essentiel : la confiance. Elle s’appuie sur la définition de Charles Feltman, qui voit la confiance comme le choix de rendre quelque chose de précieux vulnérable aux actions d’autrui. La méfiance, au contraire, suppose que ce qui compte n’est pas en sécurité avec l’autre.
Pour clarifier ce concept complexe, Brené Brown développe l’acronyme BRAVING, une grille qui s’applique autant à la confiance en soi qu’en les autres :
Faire confiance aux autres :
Boundaries (limites) : respect des limites, capacité à dire non.
Reliability (fiabilité) : tenir ses engagements, connaître ses limites.
Accountability (responsabilité) : reconnaître ses erreurs et réparer.
Vault (coffre-fort) : préserver la confidentialité des confidences.
Integrity (intégrité) : choisir le courage, l’éthique, et vivre ses valeurs.
Nonjudgment (impartialité) : exprimer ses besoins sans crainte d’être jugé.
Generosity (générosité) : interpréter les intentions d’autrui avec bienveillance. (Braver sa nature sauvage, Chapitre 2)
Faire confiance à soi-même implique de se poser ces mêmes questions avec les pronoms personnels :
B — Ai-je respecté mes propres limites ?
R — Ai-je été fiable ?
A — Me suis-je tenu responsable ?
V — Ai-je respecté la confidentialité et partagé de façon appropriée?
I — Ai-je agi avec intégrité ?
N — Ai-je demandé de l’aide sans me juger ?
G — Ai-je été généreux envers moi-même ? (Braver sa nature sauvage, Chapitre 2)
Ce chemin vers la reconnaissance est paradoxal. Il semble absurde d’appartenir partout et nulle part, mais c’est pourtant vrai. Carl Jung et Maya Angelou affirment tous deux la valeur de cette vérité profonde : elle est exigeante, mais sa récompense est immense.
« La véritable appartenance est la pratique spirituelle de croire et d’appartenir à vous-même si profondément que vous pouvez partager votre moi le plus authentique avec le monde et trouver le sacré à la fois dans le fait de faire partie de quelque chose et de vous tenir debout seul dans la nature sauvage. La véritable appartenance n’exige pas de changer qui vous êtes, mais d’être qui vous êtes. » (Braver sa nature sauvage, Chapitre 2)
Chapitre 3 : Grande solitude : une crise spirituelle
Brené Brown évoque le « high lonesome », un cri musical du bluegrass, symbole d’une douleur profonde transformée en expérience partagée. L’art a ce pouvoir : il donne forme à la solitude et au chagrin pour qu’ils deviennent sources de connexion. Aujourd’hui, au lieu de partager nos blessures par la musique ou les récits, nous crions, nous nous replions, nous nous opposons.
Pour l'autrice, le monde traverse une crise spirituelle collective. Nous avons rompu notre lien d’humanité partagée. Cynisme, peur et méfiance dominent. Nous nous divisons selon nos idéologies, oubliant notre interconnexion essentielle, ancrée dans l’amour et la compassion.
Braver cette crise exige un courage immense. Se taire ou se battre ne fait qu’amplifier la solitude. Peu cherchent à bâtir des ponts entre les différences. Or, la véritable appartenance repose sur cette humanité commune. Pour la retrouver, il faudra oser sortir des lignes et affronter la nature sauvage relationnelle.
Nous répartir
Brené Brown s’appuie sur les travaux de Bill Bishop pour montrer comment la société américaine s’est idéologiquement et géographiquement fragmentée. En cherchant le confort de l’homogénéité, les gens se regroupent avec ceux qui partagent leurs idées, ce qui accroît l’extrémisme, étouffe la dissidence et renforce les stéréotypes.
Cette polarisation crée une solitude croissante, même au sein des familles. Malgré des divergences profondes, beaucoup refusent de couper les liens avec leurs proches. La société valorise pourtant les factions au détriment des relations humaines.
Brené Brown constate que cette répartition n’a pas nourri le sentiment d’appartenance, mais a provoqué isolement, méfiance et repli. Les comtés deviennent idéologiquement uniformes, tandis que les taux de solitude doublent. Le paradoxe est clair : plus les gens vivent entre semblables, plus ils se sentent seuls. Comprendre la nature de cette épidémie de solitude devient crucial pour restaurer le lien humain et la véritable appartenance.
Regard de l'extérieur
La solitude, définie par John Cacioppo comme un isolement social perçu, survient lorsque nous nous sentons déconnectés des autres. Contrairement au fait d’être seul, qui peut être réparateur, la solitude signale un manque de liens significatifs : famille, amis, communauté. Elle affecte même notre perception des lieux, qui peuvent parfois « vibrer de déconnexion ».
Espèce sociale, l’humain a biologiquement besoin de connexion pour s’épanouir. Cacioppo explique que notre cerveau envoie des signaux – comme la faim ou la soif – pour signaler ce besoin vital. Mais la solitude est stigmatisée, associée à la faiblesse ou à l’anormalité. Cette honte nous pousse à nier notre solitude, même lorsqu’elle résulte de pertes ou de deuils.
Le danger est réel : le cerveau solitaire entre en mode autoprotection, réduisant l’empathie et renforçant la défensive. Ce cercle vicieux aggrave l’isolement. Il faut d’abord reconnaître la solitude comme un avertissement, puis rechercher des connexions de qualité, non de quantité.
Selon une méta-analyse, la solitude augmente de 45 % le risque de mort précoce, un taux supérieur à ceux liés à l’obésité ou à l’alcool. La connexion humaine n’est donc pas un luxe, mais une nécessité biologique.
La peur nous a menés ici
La peur est identifiée comme le moteur principal de la fragmentation sociale et de la déconnexion. Alimentée par le terrorisme, les violences et les discours polarisants, elle pousse les individus à se retrancher dans des bunkers idéologiques. Ces refuges promettent sécurité, mais renforcent solitude et isolement. Les vraies conversations, vulnérables et inconfortables, sont évitées.
Pourtant, la véritable appartenance exige de braver cette nature sauvage intérieure, en quittant le confort pour la connexion. L’espoir repose sur une masse critique de personnes prêtes à écouter, ressentir et se relier, au-delà des différences. C’est ainsi que la peur cesse de gagner.
"Je viendrais vers toiJe traverserais les mers Pour soulager ta peine." (Town Van Sandt, cité dans Braver sa nature sauvage, Chapitre 3)
Chapitre 4 : Les gens sont difficiles à haïr de près. Rapprochez-vous
Dans un monde saturé de haine, de polarisation politique et de jugements instantanés, Brené Brown invite à passer du regard global à l’expérience personnelle. En zoomant sur nos vies, nous découvrons que la haine généralisée s’effondre face à des relations humaines réelles et nuancées.
Face à la douleur, beaucoup choisissent la colère comme refuge, mais s’y accrocher nous ronge. La colère, si elle est transformée, devient un catalyseur de courage, de justice et de connexion. Refuser de haïr, comme l’illustre la lettre d’Antoine Leiris après la mort de sa femme au Bataclan, devient un acte radical de résistance.
Reconnaître notre souffrance et celle des autres est essentiel pour guérir. La haine dissimule souvent une peine non reconnue. Pour bâtir un monde plus humain, nous devons transformer notre douleur, briser les cercles de l’égoïsme et reconnecter par la compassion. La haine coûte trop cher. La vraie force est dans la vulnérabilité et l’amour.
Il y a toujours des limites, même dans la nature sauvage
Se rapprocher des autres implique d’affronter des conflits réels, parfois douloureux, surtout au sein de la famille. Pour maintenir une véritable appartenance, il faut définir des limites claires. Les participants à la recherche insistent sur deux formes de sécurité indispensables à la vulnérabilité : la sécurité physique et la sécurité émotionnelle. Cette dernière ne signifie pas fuir le désaccord, mais refuser le langage déshumanisant.
La déshumanisation transforme l’autre en ennemi, en être « moins que », rendant acceptable l’exclusion morale. Elle commence par des mots et se poursuit par des images. Dans l’histoire, elle a justifié des génocides, l’esclavage et les violences extrêmes.
Le langage inhumain est le premier signe. Une fois les gens réduits à des caricatures ou à des menaces, l’empathie disparaît, et le conflit se fige dans une opposition bien/mal. Tous les humains sont vulnérables à ce processus. Reconnaître ce glissement est essentiel pour préserver notre humanité partagée et résister à l’exclusion morale.
Le courage d'étreindre notre humanité
La déshumanisation commence souvent par des mots et des images qui excluent certaines personnes. Ce processus, largement alimenté par les réseaux sociaux, pousse à rejeter sans nuance ceux avec qui nous sommes en désaccord. Pourtant, cette tendance nuit autant à ceux qu’elle vise qu’à ceux qui y participent. La véritable appartenance exige de tracer une ligne claire fondée sur le respect de la dignité humaine.
Voici cinq principes à retenir selon Brené Brown :
Si des insultes sexistes vous choquent envers certaines femmes, elles devraient vous déranger dans tous les cas, peu importe leur camp politique.
Si un propos vous a blessé parce qu’il vous visait, soyez attentif aux paroles similaires dirigées contre d’autres.
Le langage dégradant, d’où qu’il vienne, doit être dénoncé, même s’il vise un adversaire politique.
Traiter des personnes comme des bêtes ou des objets est un signal d’alerte : cela facilite l’exclusion morale.
Si des images haineuses vous offensent selon leur cible, elles doivent toutes vous inquiéter, quel que soit leur auteur.
Déshumaniser n’est pas tenir responsable. Cela ne favorise ni la justice ni le changement. L'auteure appelle à dépasser les faux choix entre loyauté et responsabilité. Aimer un groupe, c’est aussi le rendre meilleur en nommant les abus. Refuser les espaces où la dignité est bafouée, ce n’est pas chercher le confort émotionnel, c’est refuser la violence symbolique. La véritable appartenance commence par le courage de réhumaniser.
Transformation des conflits
Pour mieux naviguer les conflits, la Dre Michelle Buck — interrogée par Brené Brown pour le livre — propose une approche qui transforme la confrontation en connexion. Plutôt que de fuir ou de «convenir de ne pas être d’accord», elle suggère d’explorer les intentions sous-jacentes de chacun. Cela permet de dépasser les malentendus et de renforcer la relation.
Elle recommande aussi de déplacer la conversation du passé vers un avenir commun à construire ensemble. Pour elle, il ne s’agit pas de «résoudre» mais de transformer le conflit, en créant de nouvelles perspectives et une compréhension mutuelle plus profonde. Enfin, elle insiste sur l’importance de ralentir, de poser des questions comme «Dites-m’en davantage» et surtout d’écouter pour comprendre, pas pour répondre.
]]>Résumé de "Steve Jobs" de Walter Isaacson : la biographie autorisée de l'un des entrepreneurs les plus doués du XXe siècle, qui a changé notre rapport aux technologies numériques — un best seller du New York Time ayant donné lieu à un film avec Michael Fassbender en vedette.
Walter Isaacson, 2011, 453 pages.
Titre original : Steve Jobs (2011).
Chronique et résumé de "Steve Jobs" de Walter Isaacson
Introduction — La genèse de ce livre
Walter Isaacson raconte que Jobs l'a appelé en 2004, en lui demandant d'écrire sa biographie. Au départ, l'écrivain refuse. Selon lui, la personnalité de Steve Jobs fait controverse et sa carrière n'est pas encore complètement établie.
Toutefois, lorsque Steve Jobs tombe malade du cancer pour la deuxième fois, Walter Isaacson accepte la mission en se disant que c'est maintenant ou jamais. En deux ans, il réalise une quarantaine d'entretiens et de conversations — avec le principal intéressé, bien sûr, mais aussi avec son entourage (amis, famille, collègue).
Selon l'auteur, ce livre est une biographie qui peut inspirer chacun d'entre nous, car elle "est pleine de leçons sur l'innovation, le caractère, le leadership et les valeurs".
1 — L'enfance : abandonné puis choisi
Steve Jobs a été adopté lorsqu'il était enfant.
Ses parents biologiques, Joanne Schieble et Abdulfattah Jandali, préfèrent l'abandonner car ils vivent une situation familiale compliquée. Ils ne sont pas mariés et le père de Joanne désapprouve fortement leur relation. Lorsque celle-ci tombe enceinte, la décision de se séparer de l'enfant est prise.
Mais le couple pose une condition : que les parents adoptifs aient étudié à l'université.
Bien que ce ne soit pas le de Clara et Paul Jobs, le petit Steve entre dans cette nouvelle famille. Ce sont des travailleurs et, surtout, ils promettent de s'investir complètement dans la vie de leur fils adoptif.
Dès son enfance, Steve Job sait qu'il est adopté : Clara et Paul lui disent même qu'il est, en fait, un enfant spécial parce qu'ils l'ont choisi. Ce sentiment d'élection est un puissant moteur de confiance en soi.
À l'école, l'enfant s'ennuie. Il trouve peu de sollicitations.
C'est en dehors de l'école, dans la Silicon Valley, qu'il découvre ses premiers hobbies. Il apprend les rudiments de mécanique avec son père, Paul, qui répare des voitures. Il se passionne aussi pour l'électronique au sein du Hewlett-Packard Explorers Club voisin.
Vivant au cœur de la révolution informatique, au moment même où les premiers ordinateurs y sont assemblés (par Hewlett-Packard, justement), Il tourne naturellement toute son attention vers ce nouveau domaine en plein boom.
2 — Un couple improbable : les deux Steve
Dans ce chapitre, Walter Isaacson relate la rencontre entre Steve Jobs et Steve Wosniak. Celui-ci a cinq ans de plus que l'autre Steve. Pourtant, ils font connaissance autour d'intérêts communs (l'électronique et l'informatique). Steve Wosniak est déjà à l'université mais Steve Jobs, lui, est toujours au lycée.
Un jour, les deux amis veulent répondre à une annonce trouvée dans un journal. Il s'agit de créer un dispositif permettant de passer des appels interurbains gratuitement. Au départ, ils voient cela comme une blague et comme un passe-temps. Mais ils réussissent pourtant à créer des "Blue Box" (boîtes bleues), puis à les vendre (pour 150 $/pièce).
C'est le début d'une fructueuse — et tumultueuse — relation d'affaires.
D'un côté, Steve Jobs, assez manipulateur et très ambitieux, plutôt tourné vers le design et le marketing (comme cela apparaîtra plus tard) ;
De l'autre, Steve Wosniak, plus calme, profondément geek et s'intéressant avant tout à la conception technique.
Un soir, dans une pizzeria de Sunnyvale, quelqu'un leur vole une Blue Box en les menaçant avec une arme à feu. C'est un choc. Mais cela ne décourage pas les amis de continuer à travailler ensemble et à développer d'autres projets.
Pour Steve Jobs :
« Sans les Blue Boxes, il n'y aurait pas eu de pomme. » (Steve Jobs, Chapitre 2)
3 — Tout lâcher : harmonie, ouverture, détachement…
À la fin de ses études secondaires, Steve Jobs se met en couple avec Chrisann Brennan, une jeune fille cool, artiste peintre. Ensemble, ils explorent les trips d'acide (LSD) et leur sexualité. Ils partagent même, durant tout un été, un petit studio, où ils expérimentent la vie commune.
Lorsque Steve Jobs entre à l'université, il est conscient de réaliser le souhait de sa mère biologique, qui souhaitait ardemment le voir faire des études supérieures. Pourtant, il s'ennuie vite et son caractère, qui devient de plus en plus affirmé, dérange.
Il quitte le Reed College (son université) rapidement. Il a l'impression de ne rien apprendre. Cela dit, il se consacre à quelques cours en élève libre, tels que la calligraphie. C'est également à cette époque qu'il se lie d'amitié (de courte durée) avec un adepte des spiritualités orientales et, notamment, de l'hindouisme.
4 — Atari et l'Inde : du zen et de l'art de concevoir des jeux
Après cette expérience universitaire, Jobs revient chez ses parents à Los Altos. En cherchant son premier emploi, il s'intéresse à la société de jeux vidéo Atari. Sa personnalité fait le reste : il convainc l'ingénieur en chef Al Alcorn qui lui offre un poste de technicien.
Steve Jobs est ainsi l'un des cinquante premiers employés d'Atari.
Mais ses excentricités ne font pas l'unanimité. Au niveau social, les manières du jeune homme ne laissent pas indifférent. Hippie, son comportement et son hygiène détonnent dans l'entreprise…
Après quelques mois seulement, il décide de partir pour l'Inde. Il veut y rejoindre un ami : Daniel Kottke.
À son retour, le chef d'Atari, Nolan Bushnell, le met au défi de développer une version solo du célèbre jeu de l'entreprise : Pong. Il recevra même un bonus, lui dit son supérieur, s'il peut minimiser les puces informatiques utilisées.
C'est là que Steve Jobs va faire appel à son vieux camarade, Steve Wosniak.
À l'époque, celui-ci travaille chez Hewlett Packard (également dans la Silicon Valley). En quatre jours seulement, les deux Steve créent le programme et parviennent à miniaturiser les puces !
Dans un entretien réalisé par Walter Isaacson, Steve Wosniak se souvient que Steve Jobs ne l'a pas rémunéré justement. En fait, alors qu'il avait reçu le bonus promis par Atari, il ne l'a pas partagé avec son ami. Toutefois, cela ne compromet pas leur collaboration.
5 — L'Apple I : allumage, démarrage, connexion
Dans ce chapitre, Walter Isaacson raconte l'histoire de la naissance d'Apple.
Il rappelle que la Silicon Valley est alors électrisée entièrement par le projet de développer et de démocratiser les ordinateurs qui sont encore, à l'époque, des machines réservées à quelques élites et passionnés.
Steve Wozniak est particulièrement fasciné par l'arrivée des microprocesseurs sur le marché. Il observe des amateurs créer leurs propres ordinateurs à partir de ces nouveaux composants et veut faire de même. C'est en y travaillant qu'il a l'idée de créer un ordinateur personnel qui pourrait être utilisé par tous.
C'est l'origine d'Apple I, l'ordinateur.
Steve Wozniak le construit avec l'intention d'en donner les plans de fabrication gratuitement, en s'inspirant de l'éthique des hackers. Toutefois, Steve Jobs parvient à convaincre Steve Wosniak qu'il sera plus profitable de les vendre.
C'est l'origine d'Apple Computers, l'entreprise.
Selon l'histoire racontée ici, le nom Apple aurait été donné tout simplement à la suite d'une visite de Steve Jobs dans une ferme de production de pommes.
L'entreprise est un succès ! En 30 jours seulement, Apple fait des bénéfices substantiels qui lui permettront de développer son activité de façon exponentielle.
6 — L'Apple II : l'aube d'une ère nouvelle
L'enthousiasme du succès initial doit maintenant faire place à une vision rationnelle et pragmatique. Bref, l'entreprise doit se solidifier de façon durable autour de produits phares.
Steve Jobs est ici à la manœuvre. Il se rend compte que le prochain ordinateur, l'Apple II, doit "être emballé dans un produit de consommation entièrement intégré". En somme, il faut que le client achète un produit complet, facile d'accès et au packaging attrayant.
Pour l'aider dans cette tâche, le jeune entrepreneur embauche Mike Markkula.
Cette approche s'avère être un grand succès, puisque l'Apple II se vend à plus de six millions d'unités dans le monde. L'entreprise à la pomme décolle pour de bon !
Selon Walter Isaacson :
"Plus que toute autre machine, [l'Apple II] a lancé l'industrie de l'ordinateur personnel;"
Encore une fois, la paire des deux Steve fonctionne.
Steve Wozniak fournit le talent et l'expertise techniques ;
Steve Jobs tient les rennes de l'entreprise et apporte ses idées sur l'expérience du consommateur et le design des produits.
7 — Chrisann et Lisa : celui qui a abandonné…
Retour sur l'histoire personnelle. La petite amie de Steve Jobs, Chrisann, tombe enceinte.
Le jeune homme, complètement tourné vers sa réussite professionnelle, refuse toute implication. Il va même jusqu'à refuser de reconnaître la paternité de la petite Lisa et accuser l'un de ses amis d'être le père.
Cette réaction met un terme à la relation entre les deux amants.
Plus tard, Chrisann réalise un test qui démontre la paternité de Steve Jobs. À partir de ce moment, celui-ci se décide à payer une pension alimentaire. Mais il agit contraint par les événements et ne s'implique toujours pas dans la relation avec sa fille.
Plus tard, Steve Jobs exprimera des remords face à la façon dont il s'est comporté pendant cette période. Comme pour se racheter, il concevra même un ordinateur du nom de sa fille…
8 — Xerox et Lisa : les interfaces graphiques
Après ce nouveau succès entrepreneurial, Steve Jobs est persuadé qu'il doit développer un produit qui portera sa griffe, son nom. En effet, dans le monde informatique et dans l'entreprise elle-même, il est clair que c'est d'abord Steve Wosniak qui est crédité pour le résultat final de l'Apple II.
De nouveaux projets voient le jour :
L'Apple III ;
Lisa, un nouvel ordinateur personnel doté d'une interface graphique (GUI pour graphic user interface) et d'une souris.
Ces deux nouveaux modèles d'ordinateurs sont des échecs commerciaux.
Pourtant, il est indéniable que les idées de Steve Jobs se révèlent porteuses. En effet, c'est grâce à lui que se forme peu à peu l'environnement bureautique et numérique que nous connaissons aujourd'hui.
Mais l'entrepreneur ambitieux et capricieux devra attendre son heure. Malgré tous ses efforts, la direction d'Apple décide de sanctionner ces échecs et le dépossède de ses fonctions exécutives ; il n'a plus la main sur la conception des ordinateurs.
Il s'en sent très frustré. C'est, de son point de vue, la première trahison professionnelle qu'il subira.
9 — Passer en Bourse : vers la gloire et la fortune…
Apple entre en bourse moins de quatre ans après sa création. Un exploit !
À la fin des années 1980, l'entreprise est évaluée à 1,79 milliard de dollars. Pour Steve Jobs, qui n'a que 25 ans, cela signifie une fortune de 256 millions de dollars…
Comment appréhender cette richesse quand vous êtes un jeune hippie intéressé aux spiritualités orientales ? Dans ce chapitre intéressant, Walter Isaacson étudie la relation de l'entrepreneur à la pomme avec la richesse.
D'un côté, Steve Jobs a une vision du monde anti-matérialiste. Mais de l'autre, il aime profondément certains objets de consommation haut de gamme, tels que les Porsche, les couteaux Henckels ou les pianos Bösendorfer. Il cherche avant tout la beauté dans des objets de luxe ; c'est un esthète.
Qui peut aussi être un requin. Lors de l'entrée en bourse d'Apple, Steve Jobs interdit à de nombreux employés de la première heure d'acheter des options. Il se les réserve.
À l'inverse, Steve Wozniak offre généreusement un nombre important de ses propres actions pour compenser le comportement égoïste de son compagnon.
10 — Le Mac est né : vous vouliez une révolution
Le Macintosh ou Mac est certainement l'ordinateur le plus connu de sa génération. Vous le connaissez sans doute mieux que les Apple I et II. Le voilà, le premier grand succès commercial véritablement signé Steve Jobs !
Pourtant, en réalité, ce projet était initialement dirigé par Jeff Raskin. Ce spécialiste talentueux des relations homme-machine, d'abord embauché pour écrire un manuel pour l'Apple II, avait fait son chemin dans la hiérarchie, au point d'être aux commandes du projet.
D'ailleurs, c'est lui qui donna son nom au Macintosh, qui est en fait sa variété de pomme préférée !
Mais Steve Jobs, grâce à ses qualités rhétoriques et à son ambition, reprend peu à peu le contrôle et met toutes les cartes de son côté pour faire du Mac une véritable "révolution technologique".
11 — Le champ de distorsion de la réalité : imposer ses propres règles du jeu
Walter Isaacson décrit en effet un phénomène intéressant concernant Steve Jobs. Celui-ci est capable, selon ses propres collègues, de créer un "champ de distorsion de la réalité" grâce auquel il parvient à convaincre les gens et à les faire travailler à son avantage.
Selon l'auteur :
« À l'origine de la distorsion de la réalité se tenait la croyance de Jobs que les règles ne s'appliquaient pas à lui. »
D'où lui vient ce pouvoir et cette croyance ? Sans doute de son enfance. À force de lui avoir répété qu'il était spécial et "élu" par ses parents, Steve Jobs avait l'impression d'avoir à accomplir un destin hors norme.
En bref, le jeune entrepreneur veut être le nouvel Einstein ou Ghandi et pense pouvoir y parvenir !
Ce caractère charismatique a ses avantages et ses inconvénients.
Côté inconvénients : ses collègues se plaignent de sa vision du monde étriquée où vous êtes soit un génie, soit un abruti. Par ailleurs, Steve Jobs n'a pas peur de s'approprier les idées des autres sans leur en reconnaître le mérite.
Côté avantages : chef né, il parvient à créer des équipes talentueuses et motivées, qui veulent absolument faire partie de l'aventure Apple — malgré les désavantages !
12 — Le design : les vrais artistes simplifient
Steve Jobs a une ambition : trouver le design parfait. C'est là sa "patte" spécifique et ce qu'il espère infuser dans tous les aspects du projet Macintosh. Le Mac doit être un objet parfait et total.
"La simplicité de la conception devrait être liée à la facilité d'utilisation des produits." (Steve Jobs, Chapitre 12)
L'entrepreneur veut que les produits Apple soient intuitifs. L'expérience utilisateur doit être aisée. C'est notamment pourquoi, selon lui, il insiste sur le caractère fermé des ordinateurs Apple (impossible à modifier et incompatibles avec d'autres marques).
Mais plus important encore, Steve Jobs veut que ses ingénieurs se perçoivent comme des artistes ou des artisans à l'ancienne. Pour lui, créer un Mac est du domaine de l'art avant d'être uniquement un produit technologique.
Pour symboliser cette vision, il demande à tous les membres de l'équipe Macintosh de graver leurs noms dans chaque Macintosh, tout comme le feraient des artistes pour leur œuvre.
13 — Fabriquer un Mac : le voyage est la récompense
Pour Walter Isaacson, une autre caractéristique importante de la personnalité de Steve Jobs est sa compétitivité. Même au sein de l'entreprise, il cherche à gagner sur tous les fronts.
C'est ce qui se passe avec les projets Macintosh et Lisa. Comme il a été évincé du projet Lisa, il reporte toute son attention sur le projet Macintosh et fait tout pour que celui-ci soit sur le marché avant l'autre.
C'est pourtant le Lisa qui sera mis sur le marché avant… et qui connaîtra un échec (voir le chapitre 8).
Tous les regards se tournent déjà vers le Macintosh qui est, de fait, bien plus avancé que le Lisa. Et Steve Job en est bien plus fier.
L'anticipation est telle que le magazine Time décide de publier un article sur les coulisses du projet. L'ambitieux entrepreneur pensait devenir « l'homme de l'année » en 1982, mais, à la place, c'est le Mac lui-même qui est élu « Machine de l'année » !
14 — Entrée en scène de Sculley : le défi Pepsi
Dans le même temps, Steve Jobs recrute John Sculley, ancien président de PepsiCo, pour assumer le rôle de PDG d'Apple. Encore une fois, l'entrepreneur doit user de ses compétences rhétoriques pour le convaincre d'accepter.
Une fois en place, John Sculley et Steve Jobs deviennent très proches. Ils s'entendent si bien dans les premiers temps que la compréhension est totale. Cela dit, des querelles vont apparaître au fil du temps.
Leur premier désaccord majeur porte sur le coût du Mac.
Steve Jobs prévoit un prix à 1 995 $.
John Sculley, quant à lui, souhaite le pousser à 2 495 $, pour prendre en compte le coût des campagnes marketing.
Finalement, c'est le PDG John Sculley qui l'emporte. Steve Jobs regrettera cette décision, car elle a permis à Microsoft, selon lui, de dominer le marché pendant plus longtemps (au niveau des logiciels installés dans les ordinateurs, voir le chapitre 16).
15 — Le lancement : changer le monde
Un autre concurrent attire l'attention de Steve Jobs et de ses collègues. En effet, IBM commence à dépasser Apple sur le marché des ordinateurs personnels.
Pour résoudre ce problème, Steve Jobs décide de faire appel à la publicité. Il souhaite créer une publicité mémorable qui retienne l'attention des consommateurs comme jamais.
Pour ce faire, il en appelle au célèbre directeur Ridley Scott (réalisateur d'Alien, entre autres). Apple dépense 750 000 $ pour créer la campagne publicitaire la plus célèbre des années 1980 et peut-être du XXe siècle.
C'est la désormais mythhique publicité télévisée "1984". Celle-ci met en scène le Mac comme étant l'ordinateur anti-establishment, le moyen de contrer un pouvoir dystopique de type orwellien. Qui est la cible ? Les jeunes rebelles créatifs qui veulent se libérer de toutes les contraintes.
La publicité est diffusée au Super Bowl de 1984. C'est un événement. Considérée par certains comme la plus grande publicité télévisée de tous les temps, elle fait son effet : c'est en partie grâce à elle que le Mac devient un succès planétaire.
16 — Gates et Jobs : quand deux orbites se croisent
Revenons à Microsoft, l'autre grand concurrent de Apple. La rivalité est personnelle : Bill Gates est presque l'antithèse — sur le papier au moins — de Steve Jobs. Excepté le fait qu'ils travaillent tous dans le secteur de la tech et qu'ils sont nés en 1955, tout les sépare !
Steve Jobs est un ancien hippie à la spiritualité orientale. Il est intuitif, avec un caractère fort et désinhibé.
Bill Gates est le fils d'un riche avocat de Seattle, chrétien. Il est rationnel, doué pour le codage informatique et timide.
Au départ, la relation d'affaires officielle est bonne. Microsoft (Gates) écrit des logiciels pour le Macintosh ; essentiellement des programmes de traitement de texte et de feuilles de calcul (Word et Excel, aujourd'hui).
Cette collaboration fructueuse se grippe lorsque Bill Gates (qui est aussi un ambitieux) annonce le lancement de Windows, qui concurrence directement le système d'exploitation Mac.
Pour Bill Gates, Steve Jobs a, comme lui, pris son inspiration chez une troisième entreprise : Xerox. Il considère donc qu'il n'a rien volé à la firme à la pomme. Mais pour Steve Jobs, c'est une nouvelle trahison.
17 — Icare : à monter trop haut…
Le lancement du Mac est un véritable événement et un succès. Pour autant, les ventes se tassent après un petit temps.
L'ordinateur a en effet ses limites. Malgré son caractère novateur et son design attractif pour l'époque, il est lent et peu puissant.
Ces mauvaises performances amènent Steve Jobs sur une mauvaise pente. Il commence à être particulièrement désagréable, voire agressif avec les propres membres de son équipe. Au point que certaines personnes décident de quitter l'entreprise par sa faute.
Ces problèmes internes vont si loin que ce sera finalement lui qui sera mis à la porte !
En effet, John Sculley, pourtant ami et PDG de Apple, décide — avec l'aval du conseil d'administration — de virer Steve Jobs. Évincé de son propre business, l'entrepreneur se sent à nouveau trahi.
18 — NeXT : Prométhée délivré
Mais celui-ci rebondit. Il crée "NeXT" en finançant lui-même l'entreprise et en embauchant d'anciens employés d'Apple. Son objectif : vendre des ordinateurs et des dispositifs numériques aux écoles et aux universités.
Steve Jobs veut absolument soigner l'apparence et l'expérience utilisateur. Pour lui, du logo jusqu'au design de l'objet, les éléments esthétiques sont primordiaux.
Mais les prouesses techniques ne sont pas au rendez-vous. L'ordinateur de NeXT est un échec car ses performances ne sont pas la hauteur de ses concurrents.
19 — Pixar : quand la technologie rencontre l'art
C'est toutefois pendant cette périodre que Steve Jobs va trouver à se diversifier. Il s'intéresse de près à la division d'animation de la société de George Lucas, Lucasfilm : Pixar. Steve jobs achète 70 % de l'entreprise pour la bagatelle de 10 millions de dollars.
Au départ, l'entrepreneur n'a pas pour souhait de promouvoir le contenu animé. Il s'intéresse avant tout à la technologie qu'il pourrait exploiter et vendre. Mais c'est un nouvel échec.
Pourtant, il décide de ne pas abandonner. Lorsqu'il voit ce que les employés de Pixar sont capables de faire au niveau de l'animation, il décide tout de même de continuer à investir pour la réalisation de films.
En 1988, après avoir investi 50 millions de dollars dans la société, Pixar sort un court-métrage, Tin Toy, qui remportera l'Oscar du meilleur court métrage d'animation.
20 — Un homme comme les autres : Love is a four letter word
La vie personnelle de Jobs est également mouvementée . Plusieurs relations amoureuses marquent sa vie à cette époque :
Avec Joan Baez (la chanteuse) ;
Et Jennifer Egan (la romancière).
Après la mort de sa mère adoptive, il cherche aussi à renouer avec sa mère biologique. Il la rencontre finalement et découvre qu'il a également une demi-sœur, Mona, qui écrit et vit à Manhattan.
Steve Jobs cherche aussi à entretenir de meilleures relations avec sa fille Lisa. Mais celles-ci sont très instables. Ils se disputent, puis renouent avant de se disputer à nouveau. Il arrive qu'ils ne se parlent plus pendant des mois.
En 1989, Jobs rencontre sa future épouse : Laurene Powell. Laurene Powell est étudiante en MBA (Master of business affairs) à la Stanford Business School, où Steve Jobs est invité à prononcer un discours. C'est la rencontre.
Laurene tombe enceinte lors de leurs premières vacances en couple à Kona Village, Hawaï. Ils se marient en 1991 et organisent une cérémonie intime dans le parc national de Yosemite. Trois enfants naitront de ce mariage : Reed, Erin et Eve.
Lisa, la fille de Steve Jobs, emménagera un temps avec la famille avant d'aller à l'université de Harvard.
21 — Toy Story : Buzz et Woody à la rescousse
Dans ce chapitre, Walter Isaacson raconte comment Pixar et Disney se sont associés pour créer Toy Story, qui a été le point de départ d'un succès massif de Pixar dans l'industrie du divertissement.
C'est le PDG de Pixar, John Lasseter, qui présente l'idée du film à Disney pour que cette entreprise le distribue. L'idée est simple : c'est un film de copains sur des jouets… vivants. La plus grande crainte de ceux-ci consistant à être rejeté par leur propriétaire au profit de nouveaux jouets.
Le succès de Toy Story a donné lieu à un accord entre Disney et Steve Jobs qui durera plusieurs années.
22 — La Seconde Venue : le loup dans la bergerie
Selon Walter Isaacson :
"Au milieu des années 1990, Jobs trouvait du plaisir dans sa nouvelle vie de famille et son triomphe étonnant dans l'industrie du cinéma, mais il désespérait de l'industrie des ordinateurs personnels." (Steve Jobs, Chapitre 22)
Or, le temps du retour en grâce ne se fait plus attendre très longtemps. Chez Apple, le cours des actions est en baisse et John Sculley quitte le navire. Un nouveau PDG, Gil Amelio, le remplace. Et il fait appel à Steve Jobs en tant que consultant. Son rôle : insuffler une nouvelle dynamique à la multinationale.
Onze ans après son départ spectaculaire en 1985, Steve Jobs est nommé conseiller du PDG. Son entreprise, NeXT, est rachetée par Apple. Désormais, l'entrepreneur a les cartes en main pour jouer un nouveau coup de poker.
23 — La restauration : car le perdant d'aujourd'hui sera le gagnant de demain
Jobs commence par placer ses collègues les plus fidèles de NeXT à des postes de de direction chez Apple.
D'un autre côté, Steve Jobs s'assure des soutiens à l'extérieur. Le célèbre fondateur d'Oracle, Larry Ellison, lui déclare qu'il est disposé à acheter Apple et à l'installer à sa tête.
Steve Jobs refuse toutefois l'offre. Comme il refuse d'ailleurs de prendre les rennes en tant que PDG lorsque le conseil d'administration d'Apple l'invite à remplacer Gil Amelio. Il attend un moment plus favorable et plus sûr.
Mais l'entrepreneur exerce bel et bien son influence. Grâce à son statut, il conclut un accord historique avec Microsoft. Pour encourager la collaboration, Microsoft continuera à développer des logiciels pour le Mac. En échange, l'entreprise de Bill Gates recevra des actions Apple.
Ce pacte a mis fin à une bataille de longue haleine entre les deux géants de l'informatique et a instantanément augmenté la valeur d'Apple en tant qu'entreprise sur les marchés boursiers.
24 — Think Different : Jobs, iPDG
Steve Jobs va plus loin. Face à la crise que connait l'entreprise, il décide qu'il est temps de galvaniser à nouveau les foules grâce à une nouvelle campagne publicitaire audacieuse.
Le résultat ? La campagne publicitaire — elle aussi désormais légendaire — de "Think Different". À nouveau, Apple se positionne comme une entreprise pour les rebelles qui souhaitent exprimer leur créativité en s'opposant aux normes en place.
Steve Jobs choisit aussi de réorienter la production. Moins de nouveaux projets et de produits, mais plus de conception de produits de grande qualité.
Pour l'auteur, Walter Isaacson :
« Cette capacité à se concentrer a sauvé Apple. ».
Finalement, les efforts de Steve Jobs se révèlent payants. Un nouvel élan commercial en faveur d'Apple voit le jour et l'entreprise commence progressivement à retrouver sa valeur sur le plan financier.
25 — Principes de design : le duo Jobs et Ive
Comme auparavant, les principes esthétiques sont fondamentaux pour Steve Jobs. Celui-ci veut des produits faciles d'usage et beaux comme des œuvres d'art.
C'est pour cette raison qu'il embauche Jony Ive, un designer talentueux qui va l'aider à définir encore davantage l'essence des produits Apple. Leur collaboration durera de nombreuses années.
Obsédés par la valeur d'un design parfait et simple, ils prennent divers brevets de conception pour les produits Apple. Tout est pensé : même des choses aussi simples que l'emballage des produits sont conçues avec soin dans le but d'augmenter l'engagement des consommateurs pour le produit..
26 — L'iMac : hello (again)
Apple renaît. Grâce à la collaboration de Steve Jobs avec Jony Ive, de nouvelles idées émergent. L'iMac fait son apparition : un boîtier bleu translucide où l'on devine la mécanique de la machine, sans pouvoir y accéder.
Chaque détail a été pensé intelligemment. Faut-il un lecteur CD avec boîtier ou non ? Encore une fois, Apple cherche la précision et la perfection.
Son prix ? Environ 1 200 $. Conçu pour les utilisateurs de tous les jours. Et c'est un phénomène commercial, tout le monde en veut un à l'époque.
Lors de sa sortie en 1998, l'iMac devient l'ordinateur le plus vendu de toute l'histoire d'Apple.
27 — JOBS P-DG : toujours aussi fou malgré les années
Après le succès de l'iMac et de la campagne publicitaire "Think Different", Steve Jobs revient définitivement aux commandes d'Apple en tant que PDG.
Il n'exige qu'un salaire symbolique de 1 $, mais ne se laisse pas aller pour autant : avec 20 millions d'options d'achat d'actions en compensation, il a de quoi voir venir.
Entre-temps, Apple est devenu une entreprise globale qui a des fans dévoués dans le monde entier. Cette Apple mania, comme on le sait, n'est pas près de s'éteindre.
Bref, Steve Jobs prouve, à l'aube des années 2000, qu'il peut être à la fois un visionnaire d'affaires et un génie créatif. Et ce n'est, d'une certaine manière, que le début !
28 — Les Apple Store : genius bar et grès de Florence
Obsédé par l'expérience client, Steve Jobs envisage un espace de vente au détail où seuls les produits Apple seraient vendus. Et il le fait !
Après la construction d'un prototype en 2001 en Virginie, des magasins Apple commencent à émerger partout dans le monde. Souvent situés dans des endroits stratégiques et prestigieux, ils accueillent, dès 2004, plus de 5 000 visiteurs par semaine en moyenne.
Conçus de façon minimaliste et luxueuse, ces espaces de vente sont les premiers magasins de détail technologiques du genre. Ils sont organisés pour mettre en évidence le caractère unique des produits Apple.
À nouveau, Steve Jobs fait mouche. Il a cette capacité fascinante d'offrir à ses clients des expériences nouvelles et de créer de nouveaux désirs.
29 — Le foyer numérique : de l'iTunes à l'iPod
Et l'entrepreneur ne s'arrête désormais plus. Alors que tout le monde se met à télécharger de la musique en ligne et à la graver sur des compact-discs, lui voit plus loin.
Convaincu que la musique sera une fonction essentielle des outils numériques, il cherche le moyen de "disrupter" le secteur. C'est comme ça qu'il développe en parallèle :
iTunes, la plateforme pour télécharger de la musique en ligne de façon légale ;
l'iPod, à savoir le baladeur audio qui permet d'écouter la musique téléchargée.
C'est là, véritablement, le début de l'hégémonie d'Apple dans le domaine technologique. L'entreprise a une longueur d'avance sur tous ses concurrents.
Et l'entrepreneur pense connexion entre les appareils. C'est-à-dire : connexion entre les outils Apple. En effet, la logique commerciale est claire : si les utilisateurs peuvent transférer leur musique de l'iPod vers leur iMac (et vice-versa), il y a de bonnes chances pour que ceux-ci achètent l'ordinateur qui leur permettra de le faire.
30 — L'iTunes Store : je suis le joueur de flûte
Alors que l'iPod est devenu un énorme succès commercial, Jobs a vu le besoin de l'iTunes Store, qui contournerait le processus d'achat de musique, ajoutant ainsi à la fois légitimité et commodité à l'expérience client.
Les dirigeants de grandes maisons de disques ont eu du mal à lutter contre le piratage et les téléchargements illégaux, ils étaient donc venus chez Apple - à Jobs - pour obtenir de l'aide.
La proposition de Jobs était une plate-forme plus transparente et intégrée pour l'achat de musique, qui comprenait des téléchargements de 99 cents pour des chansons individuelles. iTunes a changé la donne pour l'industrie de la musique et, à bien des égards, a contribué à la sauver du piratage.
Au cours de sa première année d'existence, l'iTunes Store a vendu 70 millions de chansons.
31 — Music Man : la bande-son de sa vie
Dans ce chapitre, Walter Isaacson parle de l'amour de Steve Jobs pour la musique. En particulier, l'entrepreneur, ancien hippie, est un inconditionnel de :
Bob Dylan ;
Les Beatles.
Obsédé par le catalogue musical de ces artistes, il cherche à les rendre disponibles sur sa plateforme. Et il y réussit.
Pour Bob Dylan, cela s'avère plutôt facile. L'utilisateur peut s'offrir toutes les chansons du chanteur rebelle pour 199 $ seulement. Le célèbre parolier apparaît même dans une publicité pour l'iPod à l'occasion de son dernier album, Modern Times.
Pour les Beatles, c'est plus compliqué. Il faudra attendre quelques années — jusqu'en 2010 — avant de pouvoir télécharger leur musique via iTunes.
Par ailleurs, U2, le célèbre groupe de rock irlandais, s'associe à Apple pour promouvoir :
Leur album How to Dismantle an Atomic Bomb ;
La sortie d'un iPod spécial.
Enfin, l'auteur mentionne la passion de Steve Jobs pour un autre artiste, plus classique : Jo-jo Ma. Ce violoncelliste virtuose jouera aux obsèques de l'entrepreneur quelques années plus tard.
32 — Les amis de Pixar : … et ses ennemis
Steve Jobs, qui possède Pixar, veut conclure un accord avec Disney. Dans ce nouvel accord :
Disney achète Pixar ;
Mais Pixar conserve sa propre identité indépendante.
Après la conclusion de l'accord, Jobs a déclaré :
"mon objectif a toujours été non seulement de fabriquer d'excellents produits, mais aussi de construire de grandes entreprises […] nous avons gardé Pixar comme une grande entreprise et avons aidé Disney à le rester aussi." (Steve Jobs, Chapitre 32)
33 — Le Mac du XXI siècle : Apple se démarque
Alors que de nombreuses marques se contentent de copier des designs ou de fabriquer des ordinateurs sans aucune originalité, Apple cherche constamment à se renouveler et aller au-delà de ce que l'entreprise a déjà fait. Quitte, parfois, à échouer à nouveau.
Dans les années 2000, Apple sort un ordinateur portable grand public, ainsi que le Power Mac G4 Cube. C'est un échec, mais l'ordinateur sera tout de même exposé au Musée d'art moderne de Californie.
C'est le caractère entrepreneurial profond de Steve Jobs. Oser échouer et expérimenter sa créativité.
34 — Premier round : memento mori
Mais tous les hommes sont mortels. Et même Steve Jobs.
Celui-ci apprend qu'il a un cancer du pancréas lors d'un examen urologique de routine en octobre 2003. Il refuse la chirurgie pendant neuf mois. À la place, il a recours à des médecines alternatives et suit un régime strict.
Mais cela ne fonctionne pas. Ses médecins lui intiment de se faire opérer, sans quoi — lui prédisent-ils — il mourra.
Il subit donc une opération en juillet 2004. Mais il découvre dans le même temps que le cancer s'est propagé, gagnant d'autres parties du corps. Une chimiothérapie est nécessaire.
En juin 2005, il prononce son célèbre discours d'ouverture à l'université Stanford. Aaron Sorkin, ami et célèbre scénariste, l'aide dans la rédaction.
Steve Jobs réfléchit bien sûr à sa mortalité. Il cherche à faire amende honorable pour certaines erreurs du passé. Il se demande, aussi, si son travail acharné pour Apple et Pixar ne l'ont pas conduit à développer ce mal qui le ronge.
Le coût de son génie serait-il ce mal physique ?
35 — L'iPhone : trois produits révolutionnaires en un
L'entrepreneur charismatique va pourtant aller encore plus loin. Après le succès de l'iPod, Steve Jobs entrevoit la suite : un téléphone avec écran tactile et, comme toujours, un design élégant et minimaliste.
La recherche est complexe. Il faut trouver les matériaux adéquats et réussir à tout assembler. L'équipe en charge du projet doit s'y reprendre à deux fois. Mais finalement, le premier iPhone est mis en vente en juin 2007.
En 2010, comme le note Walter Isaacson :
"Apple avait vendu quatre-vingt-dix millions d'iPhones, et elle a récolté plus de la moitié des bénéfices totaux générés sur le marché mondial des téléphones cellulaires."
C'est indéniable : le smartphone a changé nos existences, tout autant — voire peut-être plus — que les ordinateurs personnels.
36 — Deuxième round : la récidive
Désormais, les épisodes de rechutes s'accélèrent. En 2008, le cancer de Jobs refait surface. Il doit subir une opération de transplantation du foie en 2009.
Durant de longs mois, il ne divulgue pas ses problèmes de santé. Mais le secret, peu à peu, s'évente.
Affaibli par la greffe du foie, il revient néanmoins à la charge et retrouve son caractère combatif et novateur. Il a déjà eu de nombreux succès ? Qu'à cela ne tienne ! Un nouveau défi l'attend…
37 — L'iPad : l'ère post-PC
L'iPad a reçu le surnom de « tablette Jésus » lorsqu'elle a été présentée au grand public en 2010. C'est, en effet, un petit objet miraculeux qui permet de se passer de l'ordinateur pour bien des tâches. Une sorte d'hybride entre un téléphone et un ordinateur.
C'était d'ailleurs un projet que Steve Jobs avait depuis longtemps, mais qu'il avait mis en pause afin de sortir l'iPhone d'abord.
Apple vend plus d'un million d'iPads au cours du premier mois, puis quinze millions au cours des neuf premiers mois de son existence, ce qui en fait "le lancement de produits de consommation le plus réussi de l'histoire".
Isaacson note :
« avec l'iPod, Jobs avait transformé l'industrie de la musique. Avec l'iPad et son App Store, il a commencé à transformer tous les médias, de l'édition au journalisme en passant par la télévision et les films » (503).
Encore une fois, Steve Jobs réussit à surpasser tout le monde. Les autres entreprises suivront, plus tard, en créant des tablettes en tous genres.
38 — Nouvelles batailles : un écho des anciennes
Quelques jours seulement après la révélation de l'iPad au public, Steve Jobs s'en prend au système Android de Google, qui, selon lui, est une copie du système d'exploitation d'Apple.
À nouveau, l'entrepreneur vit cette concurrence comme une trahison personnelle. Pourquoi ? Car, au départ, Larry Page et Sergey Brin, les fondateurs de Google, avaient manifesté leur respect pour lui.
Steve Jobs intente une action en justice, en invoquant une violation du droit d'auteur.
Au milieu de cette bataille, Jobs est resté attaché à l'idée d'un système fermé, compatible uniquement avec d'autres appareils Apple afin de fournir aux consommateurs une expérience optimisée et simplifiée.
Pourtant, même en insistant sur des notions qui déconcertaient souvent les autres, Jobs est resté profondément passionné par les choses qui lui tenaient vraiment à cœur, y compris enfin l'introduction des Beatles sur iTunes, ce qui s'est produit à l'été 2010.
39 — Le nuage, le vaisseau spatial, et au-delà
Après avoir mis sur le marché l'iPad 2, Steve Jobs donne la priorité à deux autres projets :
l'iCloud ;
Le nouveau siège social d'Apple, avec ses douze mille employés, et son allure de "vaisseau spatial".
Épuisé mais convaincu par ces projets, l'entrepreneur se donne corps et âme pour les mener à bien. Mais la maladie le rattrape encore et, cette fois, il doit faire face à la dure réalité.
40 — Troisième round : dernier combat au crépuscule
En 2010, Steve Jobs souhaite à tout prix assister à la cérémonie de remise des diplômes d'études secondaires de son fils, Reed. Ce jour-là, il écrit à Walter Isaacson que c'est "l'un des jours les plus heureux de sa vie".
À la même période, Steve Jobs rencontre le président Barack Obama pour parler d'éducation, et en particulier sur la formation d'ingénieurs, trop peu mise en avant lors des cursus scolaires.
Selon lui, c'est la raison pour laquelle Apple, et tant d'autres entreprises mondiales, font fabriquer leurs dispositifs électroniques dans d'autres pays.
Les derniers mois de Steve Jobs sont consacrés à sa vie intime. Il ne participe plus à de grandes réunions ou à des lancements historiques. Il cherche à se ménager et à ménager ses proches, à qui il doit faire ses adieux.
Il se retire également de la direction d'Apple en août 2011. Tim Cook, l'un de ses collaborateurs passionnés, prend le relais en tant que PDG.
41 — Héritage : "Jusqu'au ciel le plus brillant de l'invention"
Quel est l'héritage de Steve Jobs ? Selon Walter Isaacson :
"Steve Jobs est devenu le plus grand dirigeant d'entreprise de notre époque, celui dont on se souviendra le plus certainement dans un siècle. (...) L'histoire le placera dans le panthéon juste à côté d'Edison et Ford » (566). (Steve Jobs, Chapitre 41)
Pour autant, l'auteur ne cache pas les difficultés. L'entrepreneur a été, bien souvent, un être à l'ambition démesurée. Pour parvenir à ses fins, il s'est montré parfois calculateur, désagréable et même manipulateur.
Il n'en reste pas moins que son impact sur le monde est durable et évident.
C'est pourquoi, à côté de ses défauts, il faut ajouter sa vision. Steve Jobs rêvait de l'impossible et il avait la force de le réaliser. Il souhaitait allier l'art à la technologie et mettait la créativité et l'innovation au cœur de toute sa démarche.
Isaacson cite ensuite les propres mots de Steve Jobs pour conclure le livre :
"Nous essayons d'utiliser les talents que nous avons pour exprimer nos sentiments profonds, pour montrer notre appréciation de toutes les contributions qui nous ont précédés et pour ajouter quelque chose à ce flux. C'est ce qui m'a motivé. » (Steve Jobs, Chapitre 41)
Conclusion sur "Steve Jobs" de Walter Isaacson :
Ce qu'il faut retenir de "Steve Jobs" de Walter Isaacson :
J'avais déjà donné mon avis sur ce livre dans une vidéo et un court article. Mais l'ouvrage valait bien un compte rendu complet, tant il est important ! Alors, voilà : je vous conseille vivement la lecture de Steve Jobs si vous ne l'avez pas encore lu.
C'est tout simplement une biographie de référence sur cet entrepreneur d'exception aux multiples visages. Et c'est, surtout, une mine d'idées inspirantes pour vous aider à vous lancer, vous aussi, dans l'aventure de l'entrepreneuriat — ou de l'infopreneuriat.
Par ailleurs, si vous voulez continuer à explorer ce thème, je vous conseille la lecture de :
Les secrets de présentation de Steve Jobs ;
Les 65 meilleures citations de Steve Jobs ;
Bill Gates et la saga Microsoft.
Points forts :
Ce livre est très bien écrit, c'est un "page turner" ;
Il vous fera entrer dans l'aventure entrepreneuriale la plus saisissante de notre temps, à la charnière entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle ;
Vous apprendrez à comprendre la personnalité complexe de Steve Jobs ;
Et vous pourrez utiliser sa pensée pour avancer dans vos propres projets.
Point faible :
Je n'en ai pas trouvé.
Ma note :
★★★★★
Avez-vous lu le livre de Walter Isaacson, « Steve Jobs » ? Combien le notez-vous ?
[ratings]
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Résumé de "Seuls ensemble" de Sherry Turkle : une psychologue reconnue se demande si nous vivons dans un monde avec "de plus en plus de technologies" et de "moins en moins de relations humaines" et elle en vient à la conclusion qu'il faudrait peut-être repenser notre façon d'être ensemble en société — un livre événement par l'une des spécialistes de sciences humaines les plus en vue du moment.
Sherry Turkle, 2015, 523 pages.
Titre original : Alone together (2011).
Chronique et résumé de "Seuls ensemble" de Sherry Turkle
Préface — Trois tournants
Sherry Turkle a une longue expérience en tant que psychologue et anthropologue. Étudiante à Paris, elle est ensuite partie faire carrière au célèbre Massachussetts Institute of Technology (MIT) pour y étudier "les cultures informatiques". Plus précisément, elle s'intéresse aux rapports intimes que nous entretenons avec le monde numérique.
Au cours des 40 dernières années, elle a écrit trois livres importants :
The Second Self (1984) ;
Life on the Screen (1995) ;
Alone together (2011) (traduit par Seuls ensemble) ;
Reclaiming Conversation (2015) (traduit par Les yeux dans les yeux).
Introduction — Seuls ensemble
« La technologie se présente comme l'architecte de nos intimités. » (Seuls ensemble, Introduction)
Toute la technologie dite "numérique" — depuis l'utopie virtuelle de Second Life aux hamsters de compagnie Zhu Zhu — nous est présentée comme une série d'améliorations artificielles de la réalité. Mais ces "améliorations" sont-elles réelles ? Et sont-elles sans risque ?
Pour l'auteure, il y a un inconvénient majeur à cette promesse de l'hyperconnexion numérique, à savoir la possibilité de la perte des relations humaines directes. Elle le montre bien en citant l'histoire d'une jeune fille qui envoie des textos à son amie alors qu'elles sont dans la même maison !
Sur la base de ce constat, Sherry Turkle propose de demander :
« comment en sommes-nous arrivés là — et sommes-nous contents d'y être ? » (Seuls ensemble, Introduction)
Sherry Turkle utilise plusieurs anecdotes et arguments pour présenter son propos.
Par exemple, alors qu'elle emmène sa fille au New York Museum of Natural History, celle-ci lui dit que le musée aurait dû utiliser des robots à la place des tortues Galápagos, au lieu d'emprisonner des créatures vivantes. Selon l'autrice, beaucoup d'autres enfants réagissent de la même façon, et cela l'inquiète.
Elle critique également le livre d'un expert en intelligence artificielle, David Levy, qui promeut les relations romantiques avec les robots. Elle craint qu'une interaction avec un objet inanimé "comme s'il" était vivant puisse, d'une manière ou d'une autre, nous faire "perdre" une dimension essentielle de notre humanité.
La technologie moderne promet de nous rapprocher. Ce qui est sûr, c'est qu'elle s'appuie sur nos "vulnérabilités humaines" — à savoir, en premier lieu, le besoin d'intimité avec autrui et de connexion sociale. Mais nous aide-t-elle vraiment à combler ce besoin, ou nous fait-elle courir de nouveaux risques ? Telle est toute la question de cet ouvrage.
Première partie — Le moment robotique : nouvelles solitudes, nouvelles intimités
Chapitre 1 — Nos plus proches voisins
Quelles sont nos relations aux robots domestiques qui peuplent déjà nos quotidiens ? L'auteure a mené de nombreuses études pour tenter de répondre à cette interrogation.
Tout d'abord, en tant qu'étudiante du MIT dans les années 1970, elle a fait l'expérience d'ELIZA, un programme informatique de base qui avait pour propriété essentielle de mimer un dialogue avec un psychothérapeute.
En réalité, ELIZA se contentait souvent de reformuler (éventuellement sous forme de questions) ou de paraphraser les propos de l'utilisateur. Mais la plupart des personnes l'ayant utilisé étaient prises au jeu et lui révélaient leurs secrets.
Pour Sherry Turkle, les participants ne pensent en rien qu'ils parlent à une véritable intelligence, mais ils "jouent le jeu", en quelque sorte. Autrement dit, ils sont complices du programme et utilisent les capacités du programme pour provoquer ce qu'ils attendent, à savoir des réponses réalistes d'ELIZA.
Il en va sensiblement de même pour les enfants avec les Furbies, ces peluches animées qui peuvent interagir avec leurs propriétaires. À travers les interviews qu'elle a menées durant de longues années, Sherry Turkle découvre que les petits considèrent les Furbies comme vivants, tout en sachant qu'ils ne sont pas "biologiquement vivants".
En fait, les enfants n'ont pas peur de brouiller les catégories : ils voient leur Furby à la fois comme une machine et comme un être vivant. Wilson, un petit garçon interrogé par l'auteure, affirme qu'il peut "toujours entendre la machine à l'intérieur".
D'un autre côté, dans ses études sur l'usage des Tamagotchis par les enfants, Sherry Turkle a remarqué que certains d'entre eux pleurent la mort de leurs petits animaux de compagnie électroniques. Elle donne ainsi l'exemple d'une petite fille qui refuse d'appuyer sur reset après la "mort" de son Tamagotchi.
Selon l'auteure, la pensée de ces enfants est directement liée à leurs interactions — c'est une pensée pragmatique, orientée vers l'action. Ils se prennent au jeu, comme si les Tamagotchis étaient en vie, et se demandent : que veut-il ? Quelles sont les expériences significatives que j'ai eues avec lui ?
Chapitre 2 — Assez vivants
Sherry Turkle amène avec elle huit Furbies dans une école primaire au printemps 1999. Directement, les enfants essaient de se connecter avec les jouets en leur parlant. Ils remarquent que les Furbies ont beaucoup en commun avec eux :
Ils ont des besoins ;
Ils sont distincts les uns des autres ;
Enfin, ils ont besoin d'être nourris.
Étrangement, certains enfants utilisent le vocabulaire des êtres vivants pour parler des machines, et parfois s'appliquent à eux-mêmes le vocabulaire des machines pour parler d'eux-mêmes. Un flou se crée. Pour l'auteure :
« [Les Furbies] promettent la réciprocité parce que, contrairement aux poupées traditionnelles, elles ne sont pas passives. Ils font des exigences. Ils se présentent comme ayant leurs propres besoins et leur vie intérieure. » (Seuls ensemble, Chapitre 2)
Autre expérience : le « test à l'envers ». Ici, des adultes tiennent trois "choses" à l'envers :
Une Barbie ;
Une gerbille (sorte de hamster) ;
Et enfin un Furby.
Apparemment, les gens sont plus réticents à laisser le Furby à l'envers trop longtemps. Pourquoi ? Car celui-ci, contrairement aux deux autres, est capable de dire "J'ai peur" (langage programmé dans la machine). Ils savent que c'est un robot, et pourtant c'est plus fort qu'eux, ces paroles les touchent.
Sherry Turkle raconte encore les opinions de deux garçons sur les robots, à vingt-cinq ans d'intervalle.
En 1983, l'auteure parle à Bruce, un garçon qui pense que, bien qu'un robot puisse faire moins d'erreurs, les défauts des humains sont ce qui les rend spéciaux.
En 2008, elle s'entretient avec Howard, qui voit quant à lui l'infaillibilité d'un robot comme un avantage. Il pense qu'un robot est susceptible de donner de meilleurs conseils qu'un humain, car il a accumulé davantage de connaissances.
Dans le cas de Bruce, c'est l'humanité et sa singularité qui sont mises en avant. La réponse de Howard, quant à elle, est typique de l'optimisme qui caractérise les constructeurs de technologies numériques et de robots. Mais celle-ci, pour Sherry Turkle, comporte le risque de se satisfaire des relations robotiques.
En d'autres termes, l'auteure craint que nos interactions répétées avec des robots sociables ne mènent à une réduction de ce que nous considérons comme "la vie", et tout particulièrement la vie humaine, avec les liens sociaux complexes qui la caractérisent.
Chapitre 3 — De vrais compagnons
C'est ce qu'elle cherche à exemplifier à partir d'un autre cas : la relation entre les robots AIBO — les chiens robots — et leurs propriétaires. Est-ce un véritable animal de compagnie ? Et plus important : est-ce que le fait de faire "comme si" il s'agissait d'un vrai chien peut amener ces personnes à se suffire de ce type de relation, somme toute limitée ?
Que leur manquent-ils ? Pour Sherry Turkle, la réponse est claire : l'altérité, à savoir la capacité de voir le monde à travers les yeux d'un autre.
Pour l'auteure, comme le robot n'est pas vivant, il devient simplement une prothèse ou une extension de la personne qui le possède. Lorsque nous interagissons avec des êtres humains, nous avons l'habitude de considérer l'altérité. Ne pas le faire est même le signe certain d'un problème psychologique (personnalité narcissique, manipulatrice, etc.).
Dans leurs relations avec AIBO, les enfants sont à nouveau pragmatiques. Ils le considèrent "comme si" il était un animal de compagnie normal et agissent en fonction. Toutefois, une jeune fille interviewée par l'auteure dit que l'AIBO est plus facile que les animaux de compagnie à certains égards parce qu'elle peut l'éteindre, à la différence d'un "vrai" animal vivant.
Sherry Turkle appelle cela un « attachement sans responsabilité ». Selon elle, s'habituer à ce type d'interaction peut être risqué dès lors qu'il influence nos rapports avec les autres personnes.
Bien sûr, il y a des nuances à faire. Les personnes n'interagissent pas de la même manière avec ces robots et ces interactions ne disent pas la même chose de notre façon d'agir avec les autres. À la fin du chapitre, l'auteure présente plusieurs exemples qui permettent de nuancer le propos.
Chapitre 4 — Enchantement
My Real Baby est une poupée robotique sortie en 2000. C'est un robot sociable légèrement plus avancé que le Furby. Il mûrit et devient plus indépendant. Sa "personnalité" est peu à peu façonnée par la façon dont il est traité par son propriétaire.
Sherry Turkle étudie les interactions entre My Real Baby et les enfants âgés de 5 à 14 ans. Elle remarque tout d'abord qu'ils voient les robots sous un jour positif, à la manière dont ils sont présentés dans les blockbusters hollywoodiens (R2D2 dans Star Wars ou Wall-e, par exemple).
L'auteure s'intéresse à la question de savoir si les enfants pensent que les robots pourraient, à l'avenir, prendre soin d'eux ou de leurs proches (enfants ou personnes âgées). Elle récolte des réponses — et des questions — intéressantes.
Certains se demandent concrètement si les robots ont de l'empathie pour eux. Selon Sherry Turkle, c'est une idée particulièrement courante chez ceux qui ont des parents absents. Un enfant nommé Kevin, âgé de 12 ans et particulièrement précoce, demande à l'auteure :
« Si les robots ne ressentent pas de douleur, comment pourraient-ils vous réconforter ? »
Mais d'autre part, Sherry Turkle remarque aussi que le comportement pragmatiste de bon nombre d'entre eux ne change pas : ils se satisfont de l'action simulée du robot et s'inquiètent seulement du fait qu'il pourrait tomber en panne.
Lorsqu'elle les interroge sur l'utilisation des robots pour aider leurs grands-parents, certains enfants affirment qu'ils pourraient être utilisés pour intervenir en cas de problème (chute, mort, etc.) ou de les aider à se sentir moins seuls. Mais certains enfants craignent aussi que leurs grands-parents en viennent à aimer le robot plus qu'eux !
Sherry Turkle termine ce chapitre par deux autres illustrations intéressantes.
Elle donne d'abord l'exemple de Callie, une jeune fille de 10 ans qui a une relation forte avec son jouet My Real Baby. Comme son père est souvent absent, la présence du robot la réconforte et lui fait "se sentir plus aimée". Investie d'un sentiment de responsabilité, elle se considère même comme la mère du bébé.
Tucker, un enfant de sept ans, est atteint d'une maladie grave. Il utilise AIBO pour exprimer ses sentiments sur la mort, sur son corps et sa propre peur de mourir. Il compare AIBO à son chien, mais considère que l'AIBO "fait mieux". Selon Sherry Turkle, il identifie le robot à « un être qui peut résister à la mort par la technologie ».
Chapitre 5 — Complicités
Sherry Turkle fait la découverte du robot Cog pour la première fois en 1994, au MIT. Cog est un robot assez évolué qui apprend de son environnement et cherche à créer du lien social.
Lors de nouvelles expériences avec des enfants, Sherry Turkle présente deux robots — Cog et Kismet (un autre robot "sociable") — à un groupe d'enfants. Ceux-ci, naturellement curieux, interagissent avec les robots et cherchent à faire connaissance.
Ils essaient de plaire aux robots et se font les complices de l'effort des concepteurs pour rendre les robots plus humains qu'ils ne le sont vraiment. Ils parlent et ils dansent avec eux ; bref, ils cherchent à attirer leur attention et à créer du lien social.
Même lorsque les concepteurs expliquent à certains enfants le mécanisme qui se cache derrière ces robots, ou bien lorsque ceux-ci tombent en panne, les élèves interrogés continuent de trouver des justifications et des explications pour conserver cet aspect "vivant".
Pour aller plus loin, Sherry Turkle raconte notamment l'histoire d'une petite fille de 11 ans qui, en raison de ses origines indiennes, a quelques difficultés à s'intégrer dans le groupe.
Elle n'aime pas la façon dont les filles qu'elle fréquente font semblant d'être ses amies, puis se moquent de son accent. Par contraste, elle aime la "fiabilité" de Cog. Selon Sherry Turkle, la petite fille s'assure ainsi d'être aimée, sans risquer le rejet d'autrui.
Une autre petite fille, à l'inverse, considère que c'est de sa faute si le robot ne parle pas suffisamment. Elle se demande pourquoi il n'est pas très bavard et s'en impute la responsabilité. Ici, c'est un sentiment d'échec qui est fabriqué par la relation avec la machine.
L'auteure donne de nombreux autres exemples très parlants. À chaque fois, elle pose la question du sens de créer des robots sociables. Quelles sont les implications éthiques de ce type de technologie et sommes-nous capables de les assumer ?
"Voulons-nous vraiment être dans le business de la fabrication d'amis qui ne pourront jamais être des amis ?" (Seuls ensemble, Chapitre 5)
L'amitié avec les robots ne pourra jamais être réciproque. Ce sera toujours une projection de nos propres sentiments sur un être finalement indifférent. Autrement dit, l'amitié véritable nécessite l'altérité.
Chapitre 6 — L'amour au chômage
Connaissez-vous Paro ? C'est un robot thérapeutique introduit dans certaines cliniques à partir du printemps 2009. Sa cible : les personnes âgées et, avant tout, les résidents des maisons de retraite. C'est l'occasion, pour Sherry Turkle, de revenir sur ses réflexions et ses observations auprès de ce groupe d'individus.
Sherry Turkle raconte d'abord les expériences qu'elle a menées avec My Real Baby. Elle explique que le robot est bien accepté, même si, de façon générale, elle remarque que les personnes âgées cherchent surtout à interagir avec les personnes humaines réelles qui organisent l'étude ou prodiguent les soins.
L'auteure raconte ensuite son incursion auprès des chercheurs en robotique. En 2005, elle assiste à un symposium intitulé « Caring Machines [machines de soin] : l'intelligence artificielle dans les soins aux personnes âgées ». Elle questionne notamment les participants au sujet du titre du symposium lui-même : veut-on vraiment que les machines prennent soin de nos ainés ?
Selon elle, prendre soin est ce qu'elle nomme "le travail de l'amour". Il s'agit avant tout d'une activité fondamentalement humaine.
Plus tard, toutefois, elle parle avec Tim, un homme d'âge moyen qui affirme que le robot Paro améliore la vie de sa mère. Celle-ci, selon lui, semble plus vivante grâce à la compagnie du robot. Mais est-elle pour autant moins seule qu'auparavant ? Telle est l'inquiétude de l'auteure.
Voici quelques autres exemples donnés par Sherry Turkle :
Une personne âgée nommée Andy devient très attachée à un My Real Baby et en vient à lui parler comme à son ex-femme.
Johnathan, un autre résident, ancien ingénieur, est plus terre-à-terre. Il démonte My Real Baby et trouve une puce informatique dont il ignore la composition.
Une femme âgée nommée Edna préfère le jouet à sa véritable arrière-petite-fille de 2 ans parce qu'elle peut jouer avec elle sans aucun risque. Le robot la détend.
Les robots comme Paro ou encore Nursebot (un autre robot de ce genre) commencent à intégrer les maisons de repos. Ils peuvent aider dans certaines tâches, comme la prise de médicaments. Mais nous devons faire attention aux conséquences inattendues de ces technologies sur les liens sociaux et, en particulier, sur la façon dont nous prodiguons l'amour et les soins.
Chapitre 7 — Communion
Sherry Turkle relate une série d''études visant à tester les compétences du robot Kismet dans la conversation entre adultes. Rich, jeune homme de vingt-six ans, participe à cette expérience.
Il commence par activer ce que l'auteure a appelé dès le premier chapitre "l'effet ELIZA". C'est-à-dire qu'il cherche activement à faciliter la relation avec le robot afin de créer l'illusion de son caractère "vivant". Peu à peu, un rapport se crée et Rich se prend au jeu — au point d'oublier que le lien est factice !
Avec Domo, une version améliorée de Kismet pensée pour l'aide ménagère, les effets sont semblables. Selon son concepteur, peu importe de savoir que le robot n'as pas de sentiments ; ce qui compte, c'est ce que nous ressentons lorsqu'un robot, par exemple, nous tient la main.
Mais Sherry Turkle n'est pas d'accord avec ce point de vue. Elle considère que, derrière ce "fantasme de communion", se cache en réalité "l'indifférence ultime" du robot. Et que cette indifférence n'est pas sans conséquences.
Selon le psychologue Clifford Nass, les personnes tendent à éviter les conflits ou à blesser les "sentiments" de l'ordinateur, même s'ils savent, au fond d'eux, que l'ordinateur n'en a pas. C'est toute la thématique de l'"informatique affective", une discipline inventée par Rosalind Picart dont parle l'auteure à la fin de ce chapitre.
Deuxième partie — En réseau : dans l'intimité, de nouvelles solitudes
Chapitre 8 — Toujours connectés
Sherry Turkle se souvient d'un groupe de personnes surnommées « les cyborgs » au MIT, dans les années 90. "Errant dans et hors du réel physique", ils étaient les premiers passionnés des jeux en ligne.
Leur attachement à l'espace virtuel semblait bizarre et marginal dans ces années-là. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? L'auteure souligne que beaucoup d'entre nous vivent comme cela désormais, que ce soit par le biais des réseaux sociaux ou des jeux en ligne comme Second Life.
Pour Sherry Turkle, notre vrai moi, notre moi physique, se confond peu à peu avec notre moi virtuel. Ou, à tout le moins, l'un et l'autre se transforment mutuellement. La psychologue-anthropologue prend plusieurs exemples tirés de ses recherches plus récentes.
En voici un. Pete est un homme d'âge moyen qui vit un mariage malheureux. Mais il a une femme virtuelle dans Second Life. Selon lui, cette relation en ligne aide effectivement son mariage dans la vie réelle à perdurer.
Pourquoi ? Car elle lui donne un exutoire. Dans le jeu, il peut aborder des sujets que sa femme refuse d'entendre. Les moments où il se sent le plus "lui-même", c'est dans le jeu, dit-il encore.
Sherry Turkle s'intéresse aussi au multitâche et à ses implications. Elle rappelle des études ayant montré les effets plutôt négatifs, en terme d'efficacité d'apprentissage, notamment, de ce mode de travail.
Par ailleurs, l'auteure remarque que la patience des gens diminue à mesure que les technologies de communication nous offrent des services toujours plus rapides. Les nuances se perdent aussi. Dans un monde où les réponses instantanées deviennent la norme, il faut faire court et direct.
Sherry Turkle voit ainsi une « symétrie effrayante » émerger : à mesure que les robots sont promus au rang d'être (quasi-) vivants, les personnes qui communiquent en ligne sont rétrogradées au stade de « machines maximisantes », sommées d'être toujours plus efficaces.
Finalement, Sherry Turkle observe un lien fort entre la robotique et les réseaux sociaux. Nous sommes profondément séduits par les deux technologies.
Les robots sociaux attirent les utilisateurs avec leurs besoins artificiels et créent une réponse positive chez les utilisateurs, qui se mettent à "jouer le jeu".
Les réseaux sociaux exigent de nous un engagement de plus en plus intense. Nous nous sentons obligés, ici aussi, d'entrer dans le jeu et de répondre le plus rapidement possible aux notifications et aux messages qui nous sont envoyés.
Chapitre 9 — Grandir constamment reliés
Depuis l'apparition des smartphones, de nombreux adolescents (et adultes) sont "scotchés" à leurs écrans. Quitte, parfois, à les utiliser lorsqu'ils conduisent ou quand ils savent que cela est dangereux.
La génération native d'Internet pense que la connexion via les réseaux sociaux est quelque chose d'acquis, de déjà-là et de premier. Mais, selon l'auteure, cette attitude peut nuire à l'auto-réflexion, qui passe par l'intimité et la solitude.
Par ailleurs, le médium lui-même, à savoir la forme des messages que nous envoyons, encadre la façon dont nous pensons et réagissons. L'auteure craint que le caractère rapide, court et direct des messages déposés sur les réseaux sociaux empêche les adolescents d'exprimer et de ressentir complètement leurs sentiments.
Aujourd'hui, une étudiante qui envoie des messages 15 fois par jour n'est pas considérée comme "anormale". Mais pensez-y. Était-ce ainsi il y a dix ans ? Pas du tout. À cette époque, vous auriez sans doute trouvé cela "bizarre". Les codes sociaux et culturels changent.
Sherry Turkle utilise de nombreux entretiens qu'elle a elle-même réalisés afin de montrer comment les jeunes se "créent des identités" en ligne et comment celles-ci peuvent causer des troubles intérieurs ou participer à réparer (partiellement ou artificiellement) des blessures dans la vie réelle.
Trish, par exemple, est une jeune fille de 13 ans qui est maltraitée physiquement. Dans les Sims Online, elle se crée une famille respectueuse et aimante.
Katherine, 16 ans, expérimente diverses personnalités dans ce même jeu.
Mona et un autre lycéen s'inquiètent de la relation de conséquence entre la création de leur profil sur Facebook et les opportunités qu'ils peuvent avoir dans la vie réelle. Leur profil virtuel peut avoir des conséquences importantes sur leur bien-être et leur avenir.
Sherry Turkle montre qu'un certain nombre d'étudiants sont fatigués de cet "audit" constant et de cette simplification de soi-même qu'implique l'univers des réseaux sociaux.
En résumé :
« Les réseaux sociaux nous demandent de nous représenter sur un mode très simplifié. Et devant notre public, nous nous sentons ensuite tenus de nous conformer à ces représentations simplificatrices. » (Seuls ensemble, Chapitre 9)
Chapitre 10 — Plus la peine de passer un coup de fil
Dans ce chapitre, Sherry Turkle continue son investigation sur les réseaux sociaux et la communication en ligne de façon plus générale.
Elle donne l'exemple d'Elaine, 17 ans, qui préfère envoyer des textos plutôt qu'appeler. Pourquoi ? Car cela lui donne le temps de construire ses pensées sans pression et souvent pendant qu'elle est seule. Ici, le message écrit peut aider la réflexion.
Audrey, 16 ans, est quant à elle timide. Elle préfère envoyer des textos, plutôt que de parler. Mais c'est surtout parce qu'elle n'aime pas mettre fin aux appels. Ses parents sont divorcés et ses frères sont souvent occupés ; dès lors, elle ressent chaque fin d'appel comme un rejet. Avec les textos, c'est plus simple, dit-elle.
Cela dit, elle avoue que, lorsqu'elle a déménagé, elle aurait aimé dire au revoir à l'un de ses amis par téléphone ou en personne, plutôt que par message écrit.
D'ailleurs, les adolescents ne sont pas les seuls à préférer les textos. L'auteure cite une femme adulte qui cherche à convertir son mari à ce mode de communication. Lui qui préfère téléphoner se voit contraint d'écrire afin d'être "plus efficace".
Sherry Turkle utilise de nombreux autres exemples en relation aux textos. À chaque fois, elle montre bien l'ambiguïté de ce médium. En effet, celui-ci peut aider à l'expression. Mais il contraint également énormément les échanges.
Et — comme nous avons toujours le mobile à côté de nous — il ne permet plus que rarement les moments de solitude et de remise en question.
Chapitre 11 — Réduction et trahison
Sherry Turkle se prête ici au jeu et crée un personnage de Second Life nommé Rachel. Elle affirme que "quand nous jouons à recréer notre vie via un avatar, nous exprimons nos espoirs, nos forces et nos fragilités".
À nouveau, l'auteure n'est pas contre la technologie. Elle reconnaît même qu'un tel « jeu » peut avoir des effets thérapeutiques ou éducatifs sur la vie réelle d'une personne.
Les psychologues distinguent deux processus mentaux que Sherry Turkle propose d'utiliser pour penser les formes de vie en ligne :
Le « retour du refoulé » ;
Le « travail sur les problèmes ».
Le « retour du refoulé » désigne ici le fait de rester bloqué au sein des mêmes conflits intérieurs, sans pouvoir avancer et trouver une solution. Votre présence en ligne ne vous aide pas à grandir, mais plutôt à vous cacher.
Par contraste, en « travaillant sur les problèmes », vous utilisez l'univers virtuel pour explorer de nouveaux comportement et mettre un terme à vos soucis.
Par exemple, Joel, un programmeur informatique à succès, utilise Second Life pour « explorer son potentiel d'artiste et de leader ». Son avatar est un éléphant miniature nommé Rashi qui organise et construit de grands projets artistiques et bâtiments dans le jeu et qui est respecté pour cela.
La vie en ligne de Joel "rejaillit" de façon positive sur sa vie hors ligne.
En revanche, Adam a plutôt tendance à s'enfermer dans le virtuel et à "laisser tomber" sa vie réelle. Il est insatisfait de sa vie hors ligne et en particulier de son travail. Mais il aime sa vie virtuelle dans Quake, un jeu de tir à la première personne auquel il joue seul ou avec des amis. Il aime aussi Civilization, un jeu dans lequel il peut construire des univers entiers.
« Tel est le secret de la simulation : elle offre l'exaltation de la créativité sans la pression, l'excitation de l'exploration sans le risque. » (Seuls ensemble, Chapitre 11)
Cette caractéristique peut être mise à profit pour évoluer dans la vie, ou simplement nous divertir. Mais elle peut aussi susciter des phénomènes d'addiction et la perte des repères avec le monde réel.
Chapitre 12 — De vraies confessions
Sur un site appelé PostSecret, les gens envoient des cartes postales manuscrites confessant quelque chose, et ces confessions de cartes postales sont ensuite mises en ligne. Il existe plusieurs sites de ce genre où l'idée est, à chaque fois, de faire part aux autres internautes de ses questionnements les plus intimes.
Sherry Turkle remarque qu'il est plus facile de se confesser de cette façon. En effet, nous pouvons rester plus évasifs et nous nous dévoilons sous couvert d'anonymat. Mais c'est aussi moins efficace, car nous ne confrontons pas à une relation directe (avec un ami ou un membre de la famille, par exemple).
En fait, ces confessions en ligne sont, dans un sens, semblables à ces compagnons robots analysés dans la première partie. Comme avec eux, nous n'avons plus à traiter avec de vraies personnes ; nous pouvons juste nous satisfaire de faire "comme si" nous nous excusions vraiment, ou comme si nous réparions vraiment nos erreurs.
Par ailleurs, confesser ses problèmes en ligne augmente le nombre de réponses auxquelles nous pouvons nous attendre. Or, ce ne sont pas toujours des réponses bienveillantes ou justifiées, loin de là. La "cruauté" des internautes peut rendre l'expérience vraiment pénible.
Enfin, ces messages peuvent avoir pour effet de limiter l'empathie de ceux qui les lisent. Nous doutons de l'aspect "réel" et sincère de la confession. Et comme nous estimons qu'il pourrait s'agir d'une "performance", nous nous lassons des messages.
Chapitre 13 — Angoisses
Autre phénomène analysé par Sherry Turkle : le stress et l'anxiété. L'anxiété est monnaie courante à l'ère du numérique. Nous avons peur de manquer une information ou un bon plan (le fameux FOMO pour fear of missing out) et nous avons le sentiment simultané que tout est disponible et de devoir toujours être accessible.
Pour l'auteure, c'est d'ailleurs à partir des attentats du 11 septembre que les mobiles sont devenus "des symboles de sécurité physique et émotionnelle". En l'ayant toujours avec nous, nous nous sentons davantage protégés. Même si ceux-ci nous stressent aussi d'un autre côté.
À la fin du chapitre, Sherry Turkle aborde la question délicate du harcèlement sur Facebook et celle de la surveillance généralisée qu'impliquent les réseaux sociaux. Elle rappelle l'importance cruciale de la vie privée pour la démocratie.
Chapitre 14 — La nostalgie des jeunes
Finalement, Sherry Turkle note que de nombreux jeunes aspirent à une connexion plus profonde et en face à face. Ils se sentent enfermés dans le cercle vicieux créé par la technologie numérique. Envoyer des textos, par exemple, crée « une promesse qui génère sa propre demande ».
La promesse est que vous pouvez envoyer un SMS et demander à un ami de le recevoir en quelques secondes, ;
La demande est que l'ami soit obligé de répondre.
Robin, une jeune journaliste ambitieuse de 26 ans, se sent par exemple obligée de garder son BlackBerry avec elle à tout moment. Elle se sent même anxieuse et presque malade lorsqu'il n'est pas à bout de bras.
Pourquoi cet attachement si fort aux mobiles ? Parmi ses arguments, Sherry Turkle fait valoir que l'une des raisons pour lesquelles les enfants d'aujourd'hui souhaitent être connectés est qu'ils ont grandi en concurrence avec les téléphones pour attirer l'attention de leurs parents.
Conclusion — Des débats nécessaires
La psychologue et anthropologue démontre que les ordinateurs nous "utilisent" — et nous façonnent — autant que nous les façonnons. Nous inventons de nouvelles technologies pour nous aider à vivre et à travailler au quotidien, mais celles-ci nous transforment profondément !
L'un de ses amis et collègues handicapés, Richard, lui raconte comment il valorise l'aide que lui apportent les personnes humaines. Selon lui, un robot ne pourrait pas agir vis-à-vis de lui de cette façon. L'être humain, dit-il, surtout quand il est fragile, a besoin d'être raccroché à son histoire et à des liens concrets de fraternité. C'est ce qui lui donne sa dignité.
Non, la seule "performance du sentiment" ne suffit pas. Bien sûr, nous pouvons être tentés par cette solution, car nous contrôlons (ou pensons mieux contrôler) les rapports que nous entretenons avec les robots. Mais nous nous exposons moins à l'altérité.
Par ailleurs, nous risquons de ne plus supporter la solitude, pourtant essentielle à la création de nouvelles idées. Constamment aux prises avec cette performance du sentiment (aussi bien avec les robots qu'avec les autres virtuels), nous en oublions de nous retrouver avec nous-même pour nous poser ou réfléchir.
Au final, Sherry Turkle voit bien que certaines générations ressentent davantage le besoin de se mettre au vert et de concevoir d'autres formes de connectivité — c'est d'ailleurs tout l'objet du cyberminimalisme.
Que ce soit avec les robots ou les réseaux sociaux, nous pouvons créer des limites. Les robots, par exemple, peuvent très bien nous aider dans certaines tâches, mais nous ne devrions pas nous laisser avoir par l'illusion de l'amour robotique — dans le domaine des soins, surtout.
En somme, c'est à nous de reprendre le contrôle des usages acceptables et indésirables !
Épilogue — La lettre
Sherry Turkle raconte ici une anecdote personnelle. Elle envoie un texto à sa fille, qui prend une année sabbatique à Dublin avant l'université. Mais elle est insatisfaite : elle se souvient avec nostalgie des lettres qu'elle envoyait et recevait de sa propre mère alors qu'elle était à l'université.
Elle se rappelle que ces lettres étaient longues, sincères et pleines d'émotions. Bien qu'elle apprécie les échanges écrits et les visioconférences par Skype avec sa fille, quelque chose lui manque. Et elle remarque aussi que d'autres mères sont dans la même situation.
Alors, que faire ? Sherry Turkle évoque différentes méthodes pour « capturer la vie ». Il y a l'art et la science, bien sûr. Mais aussi la volonté, pour certaines personnes, d'archiver leur vie complète en écrivant des mémoires — ou en consignant chaque petit moment sur Instagram ou sur Facebook !
Pourtant, au quotidien, comment échanger de façon à la fois simple et plus profonde ? Sherry Turkle propose à sa fille de s'écrire des lettres, comme elle le faisait quand elle était elle-même plus jeune. Une correspondance à l'ancienne, pourquoi pas !
Conclusion sur "Seuls ensemble" de Sherry Turkle :
Ce qu'il faut retenir de "Seuls ensemble" de Sherry Turkle :
Ce livre se lit presque comme un roman. Pourtant, il repose sur un nombre impressionnants d'études et d'expériences réalisées par l'auteure et ses collègues pendant plus de quatre décennies. Grâce à sa force narrative et sa rigueur scientifique, l'ouvrage est devenu un classique à la fois dans les universités et en dehors.
Ses deux champs d'expérimentation sont :
La conception et la commercialisation de robots domestiques et en particulier de robots sociaux (jouets, robots domestiques, de compagnie, de soin, etc.) ;
L'apparition, grâce à Internet, de mondes en ligne divers (jeux, réseaux sociaux, etc.) et d'une connexion accrue (via les messageries, les textos, etc.).
Elle remarque une similitude entre ces deux domaines. En effet, à chaque fois, les êtres humains, jeunes ou vieux, se prêtent au jeu de la simulation et en oublient qu'ils deviennent, à leur tour, les jouets de réactions préprogrammées.
Or, ce qui l'intéresse plus que tout, c'est de voir comment ces relations à sens unique affectent notre sens de l'intimité, de la solitude et des relations humaines.
Et sa contribution principale consiste à documenter avec précision les difficultés auxquelles nous sommes confrontés avec les technologies actuelles issues de la robotique et d'Internet. À savoir :
Le risque de se couper de l'altérité et de l'imprévisibilité ;
La tentation de préférer des émotions artificielles aux joies et aux peines concrètes ;
Le manque de solitude nécessaire à la constitution du soi et des relations humaines.
Pour autant, Sherry Turkle, qui est une fine psychologue et anthropologue, ne considère pas qu'il faille — comme on dit — jeter le bébé avec l'eau du bain. Selon elle, il existe des usages positifs de la robotique ainsi que des réseaux sociaux et des jeux en ligne. Mais ce n'est qu'en les pratiquant avec conscience et réflexion que nous pouvons en tirer le meilleur.
Points forts :
Un style personnel qui permet d'entrer dans l'étude comme s'il s'agissait d'un roman ;
De très, très, très nombreux exemples issus de toutes ses études de terrain et entretiens ;
Un effort théorique solide ;
Une bibliographie et des annexes intéressantes.
Point faible :
C'est un livre peu ardu, mais qui en vaut la peine.
Ma note :
★★★★★
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Résumé de « Faire plus avec moins » de Vicky Payeur : la créatrice du blog Vivre avec moins nous propose ici un condensé de son savoir et de ses conseils pour « redécouvrir l’abondance grâce à la frugalité » et apprendre à vivre mieux au jour le jour.
Vicky Payeur, 2022, 204 pages.
Chronique et résumé de "Faire plus avec moins" de Vicky Payeur
Avant-propos
Connaissez-vous le frugalisme ? Il s'agit de cette tendance à rechercher l'indépendance financière hors travail le plus tôt possible dans son existence. Autrement dit, prendre sa retraite dès 30 ou 40 ans ! Mais est-ce vraiment réalisable ?
Au Québec — pays de Vicky Payeur — comme ailleurs, la réponse est oui. À condition, bien sûr, de respecter certains principes de vie et d'avoir mis suffisamment d'argent de côté pendant les années de labeur.
Le mouvement FIRE, pour Financial Independence Retire Early est pionnier et particulièrement représentatif de cette tendance de fond des sociétés contemporaines. Il a émergé aux États-Unis dans les années 2010, quand des blogueurs ont publié leurs idées concernant l'épargne et la retraite précoce.
Vicky Payeur dit s'inspirer de tous ces auteurs du mouvement FIRE. Mais elle voudrait répondre à une question restée selon elle largement sans réponse : "comment vivre la frugalité au quotidien ?" C'est-à-dire concrètement (p. 8-9) :
« Comment faire augmenter la valeur de ses placements ?
Quelles stratégies utiliser pour réduire les impôts à payer ?
Comment travailler davantage ou gagner plus d'argent ?
Quelles dépenses est-il nécessaire d'enlever de son budget pour peut-être espérer vivre librement un jour ?
Comment épargner un peu plus chaque mois ? » (Faire plus avec moins, Avant-propos)
L'autrice s'est posé ces questions dans sa propre existence : en 2015, elle est passée d'un mode de vie hyperconsommateur à une existence frugale, principalement pour rembourser ses dettes. Aujourd'hui, elle est très heureuse de son choix et veut partager ses bons plans avec vous. Sympa, non ?
Si vous voulez en savoir plus, rendez-vous sur son blog Vivre Avec Moins.
Introduction
"Frugalité est un mot que j'entends bien rarement. Probablement parce qu'il est souvent associé péjorativement à l'avarice ou, comme on dit, au fait d'être cheap. Personne ne souhaite être perçu ainsi dans une société où l'étalage des richesses et la démonstration d'exploits professionnels sont valorisés ! Cependant, il y a une nuance importante entre frugalité et avarice."
Quelle est-elle ?
L'avare ne veut pas se séparer de son argent ; il veut même en accumuler toujours plus, sans raison.
La personne frugale (ou le "frugaliste") est sobre, oui, économe, encore, mais elle n'est pas attachée à l'argent et pourra se montrer généreuse ou s'octroyer des plaisirs de temps à autre.
La frugalité ne date pas d'hier
En un sens, la frugalité est une habitude de grand-mère. Rappelez-vous ses petits plats et sa manie à "tout" réparer ou à tout garder. Eh bien, c'est l'inverse de notre mode de vie actuel et, pourtant, c'est vers cela que nous pouvons aller si nous le voulons.
Oui, penser sa consommation est (re)devenu essentiel ! Oui, penser, réfléchir à ce qui est utile et à ce qui ne l'est pas. Commençons petit à petit et voyons comment amplifier peu à peu cette attitude dans notre existence de tous les jours. L'enjeu est économique, mais aussi environnemental.
Oser devenir libre
"En consommant moins, mais mieux, on peut transformer notre budget en entier", dit l'auteur. Épargner : voilà la clé. Et ce livre est justement conçu pour vous aider à le faire de manière efficace. Certaines propositions peuvent paraître "extrêmes", mais c'est parce qu'elles visent à "atteindre des objectifs ambitieux".
C'est possible. Par ailleurs, être frugal ne veut pas dire arrêter complètement de travailler. Vous pouvez vous consacrer à des projets qui ont du sens pour vous, mais vous ne dépendez plus d'un emploi qui ne vous plaît pas.
À vous de définir exactement votre idée de la liberté financière. À vous, aussi, de laisser de côté les conseils qui vous plairont le moins pour adapter la méthode en fonction de vos aspirations profondes.
Partie 1 — L'heure des bilans
Au Québec, un tiers de la population environ vit d'une paie à l'autre sans pouvoir épargner ou en épargnant très peu. Pour Vicky Payeur, c'était la même chose. Jusqu'au jour où elle s'est mise en tête d'étudier les dépenses de son compte bancaire.
Elle donne ce premier conseil :
"Prenez le temps d'analyser votre situation financière en toute franchise et posez-vous la question suivante : "où va mon argent ?"." (Faire plus avec moins, Chapitre 1)
Posez-vous des questions telles que :
Combien est-ce que je dépense en… (restaurant, vêtements, etc.) ?
Quand ai-je réalisé ma dernière grosse dépense ?
Combien est-ce que j'épargne par mois ?
Jusqu'à quand pourrais-je survivre si je perdais mon travail demain ?
En fait, nous pensons souvent agir plus vertueusement que nous ne le faisons en réalité. Lorsque nous nous imposons cette petite analyse, nous voyons mieux où le bât blesse et ce que nous pouvons faire pour corriger le tir. Et cela vaut à 20 ans comme à 50 !
Nous ne sommes pas les victimes. L'état de nos finances dépend de nous. Bien sûr, nous avons diverses obligations, mais il est toujours possible de revenir à la question : "qui a choisi de contracter ce prêt ?", etc.
Commençons donc par nous dire que c'est possible. Et que nous avons la responsabilité de gérer correctement notre argent. Chacun, en fonction de sa situation propre, peut faire un premier pas.
Quels sont les postes de dépenses que vous pouvez revoir ?
Les déplacements
Si vous avez besoin d'une voiture, interrogez-vous sur l'utilité réelle (et non symbolique) d'avoir une voiture neuve, en location (leasing) ou achetée avec un prêt, par exemple. Ne vaut-il pas mieux opter pour une voiture d'occasion ?
Et si vous ne possédiez pas de voiture ? Le quotidien deviendrait-il impossible ? Si la réponse est non, alors interrogez-vous sur le caractère nécessaire de cet achat et envisagez les autres options en comparant l'aspect financier (autobus, train, etc.).
L'hypothèque
Les prix des logements montent, grimpent, volent ! Vous voulez acheter ? Avez-vous les reins assez solides pour vous embarquer dans une hypothèque à long terme ?
Vicky Payeur met surtout en garde au niveau de la tentation de voir trop grand. Pensez votre logement en fonctions, ici encore, de vos besoins réels. Selon le nombre de personnes dans votre famille, vous aurez certes besoin d'une maison ou d'un appartement plus petit ou plus grand, mais à quoi bon vouloir un palace difficile à chauffer ?
Le ratio des dépenses mensuelles liées au logement devrait être d'un tiers (30 %) et idéalement d'un cinquième (20 %). Dans beaucoup d'endroits, il est difficile de tenir ce ratio, mais vous pouvez agir à d'autres endroits.
"En réduisant le coût obligatoire associé à votre habitation, vous aurez plus de marge de manœuvre pour les autres postes de dépenses et, par le fait même, pourrez épargner davantage." (Faire plus avec moins, Chapitre 2)
Les sorties au restaurant
Nous aimons tous aller au restaurant. Mais nous avons aussi tendance à y aller… beaucoup. Surtout lorsque nous travaillons à l'extérieur. Petit-déjeuner, déjeuner et dîner : parfois les trois repas y passent !
Faites le compte. Cela revient vite cher, vous verrez. Nous verrons dans la suite de l'ouvrage (partie 2) comment mettre en place une alimentation plus frugale et plus saine — sans pour autant nous priver du restaurant lors des occasions spéciales !
Les achats impulsifs
Les trois postes de dépenses précédents (voiture, logement, nourriture) sont souvent les plus gourmands et ceux qui nous empêchent d'épargner. Il faut y ajouter tous ces achats impulsifs qui allègent grandement notre portefeuille.
À quoi pensez-vous ? À la télévision que vous venez d'acheter ? Au cafe latte de 16 h ou à cette dernière paire de chaussures commandée en ligne ? Pas besoin de vous faire un dessin ; vous voyez certainement de quoi Vicky Payeur veut parler !
"Tous ces achats que vous faites parfois sans réfléchir ont un effet direct sur votre liberté. Plus vous dépensez, plus vous devrez travailler pour payer ces abonnements mensuels et ces achats spontanés. Chaque fois que vous utilisez votre carte bancaire, vous venez de retarder l'heure, le jour et l'année de l'atteinte de votre liberté." (Faire plus avec moins, Chapitre 2)
Cette dernière phrase peut faire réfléchir, pas vrai ? Gardez-la à l'esprit au moment de sortir votre carte bleue plus vite que Zorro.
Choisir sa vie
Bien entendu, personne ne vous demande de vivre une vie qui ne vous conviendrait pas. Vous avez le contrôle. Si, pour vous, cette vie plus dépensière vous satisfait et que vous pouvez vous l'offrir (même si c'est à crédit sur votre retraite anticipée), alors pourquoi pas !
Mais si vous avez l'ambition de moins travailler et/ou de vous consacrer davantage à ce que vous aimez vraiment, bref si votre vie ne vous convient pas en l'état, alors pensez-y…"Prenez quelques minutes pour analyser votre mode de vie actuel et les frais occasionnés", dit l'autrice. "Où aimeriez-vous habiter ? Quelle vie aimeriez-vous mener ?".
Le changement est aussi psychologique et social. Nous avons l'habitude d'écouter certains discours qui nous poussent à la consommation. Mais correspondent-ils à nos valeurs et à nos aspirations ? Pas vraiment, ou rarement.
Changer dans le sens du frugalisme, c'est donc aussi ouvrir son esprit à d'autres manières de voir le monde et d'agir en son sein.
Par ailleurs, la motivation à vous limiter aujourd'hui peut être boostée par votre volonté à atteindre un objectif précis. C'est aujourd'hui que commence ce projet, et pas demain ! Établissez dès que possible votre pourquoi (votre objectif) et votre comment (les moyens pour y parvenir).
Progressez à votre rythme
"Ne vous inquiétez pas, je ne vous suggère pas de devenir un ermite dans le fond des bois, loin de la consommation de notre société capitaliste (bien que je trouve ce mode de vie inspirant !). Il suffit de modifier quelques-uns des gestes que vous accomplissez quotidiennement au profit d'une option plus économique." (Faire plus avec moins, Chapitre 3)
Autre point central qui est même la "règle d'or" selon Vicky Payeur : y aller à son rythme. Sans quoi, vous risquez fort bien d'abandonner rapidement.
Par ailleurs, utilisez ce que vous avez déjà. Prenons un exemple. Terminez tous vos produits de ménage habituels afin de penser à en acheter d'autres qui seront plus économiques et écologiques (par exemple en vrac).
Selon Vicky Payeur, la durée de "mise en route" d'un mode de vie frugal peut fortement varier selon les personnes. Dans son cas, cela lui a pris un an et demi pour "atteindre un niveau satisfaisant". "Il ne faut pas devenir fou et rechercher la perfection", dit-elle encore pour nous rassurer.
L'important, c'est d'être curieux et de tester les astuces. D'en faire de petites habitudes à intégrer dans votre quotidien progressivement. Laissez de côté celles qui ne vous correspondent pas et adoptez les autres !
Cherchez l'inspiration
Vous trouverez sur Internet différentes inspirations, des plus radicales (comme Mark Boyle et son livre L'homme sans argent) au plus softs.
Vous pouvez aussi trouver l'inspiration plus directement autour de vous. Nous avons parlé plus tôt de la grand-mère, mais cela peut être un cousin ou un oncle. Qui sait ! Demandez-leur comment ils font et ils partageront certainement leurs astuces frugales avec vous.
Mais Vicky Payeur ne veut pas s'arrêter là. Selon elle, vous pouvez devenir votre propre source d'inspiration. Comment ça ?
En fait, vous pouvez rapidement devenir "accro" à ce petit jeu de l'épargne. Dès que notre focale se concentre sur la liberté financière, vous avez envie d'éliminer les dépenses superflues. cela devient un jeu !
Persévérez
Comment tenir bon, même dans les moments difficiles ? L'autrice rapporte ici sa propre expérience et donne des dates précises :
2015-2016 : elle freine sa surconsommation et met de l'ordre dans ses finances.
2016-2018 : elle commence à voir son endettement se réduire peu à peu. En un peu moins de deux ans, elle rembourse 16 000 $.
2018-2019 : elle se constitue un fonds d'urgence pour "assurer sa sécurité financière". Elle décide de quitter son emploi au bout d'un an d'épargne.
2019-2020 : ce n'est pas toujours facile d'être complètement à son compte. Mais elle a réussi à ne pas s'endetter à nouveau et à vivre modestement, mais correctement.
2020-2021 : elle achète un bien immobilier avec son compagnon, beaucoup de dépenses en une fois, mais un investissement rendu possible par les efforts réalisés jusque-là !
"Parfois, il faut mettre la main à la pâte pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, pour changer son quotidien." (...) Le chemin le plus facile pour y arriver, c'est celui de la frugalité." (Faire plus avec moins, Chapitre 3)
Petit à petit, vous pouvez voir le ciel s'éclaircir et penser non seulement à l'épargne, mais aux investissements financiers tels que la bourse ou l'immobilier.
"Êtes-vous obligé de parler de vos nouvelles motivations, de votre changement de vie ou de vos prises de conscience ? La réponse est non." (Faire plus avec moins, Chapitre 4)
Parfois, nous pouvons percevoir notre entourage comme un frein dans la réalisation de nos objectifs. À d'autres moments, ils sont une grande source d'inspiration et de motivation. À vous, donc, de voir quand et avec qui vous voulez partager votre nouveau goût pour la simplicité.
Vicky Payeur, pour sa part, a décidé d'ouvrir complètement les vannes, puisqu'elle a créé un blog dans lequel elle s'est mise à raconter son parcours, depuis ses erreurs jusqu'à ses réussites. Elle partage au quotidien avec son audience des trucs et astuces et répond aux questions qui lui sont adressées.
☀️ En véritable infopreneuse, elle propose aujourd'hui des ateliers et des formations pour aider celles et ceux qui le souhaitent à prendre le chemin de la frugalité. Bref, à sa manière, elle suit la méthode des rebelles intelligents proposée dans votre livre gratuit Vivez la vie de vos rêves grâce à votre blog !
Le jugement des autres
Le jugement des autres peut avoir une influence négative sur vous. Certaines personnes peuvent être fermées à ce mode de vie. D'autres peuvent (parfois même les mêmes) ressentir de la jalousie. Savoir s'y préparer permet de mieux affronter ce problème.
Comment faire ? En ne parlant pas quand vous n'en sentez pas le désir et en ignorant ceux et celles qui vous critiquent ou vous envient. Malgré ses activités de blogueuse, Vicky Payeur prône plutôt la voie du "en dire moins, c'est souvent mieux'.
Surtout lorsqu'il s'agit de parler de ce que vous arrivez à mettre de côté ! En effet, ce n'est pas la même chose de parler de ses difficultés et de trucs et astuces pour les surmonter que d'exposer ses objectifs et ses revenus réels.
La prudence est donc de mise. Mais dans tous les cas, vous restez maître de vos prises de parole.
Une histoire de collègues
Au travail, vous pourrez faire face à des collègues qui sont eux aussi dans des situations d'endettement ou de difficultés financières, mais qui refuseront (voire se moqueront) de vos objectifs frugaux. C'est ce qu'a vécu Vicky Payeur. Comme elle, laissez vos chemins se séparer.
Focalisez-vous sur votre propre réussite et adoptez la pensée positive.
"Aujourd'hui, je sais pertinemment qu'adopter la pensée positive dans mes différentes actions du quotidien a été la clef de ma réussite." (Faire plus avec moins, Chapitre 4)
La force des amitiés
À côté des personnes qui vous tirent vers le bas, il y — aussi ! — toutes celles qui vous aident dans votre parcours. Les vrais amis sont ceux qui accepteront de ne plus sortir au restaurant comme avant mais vous aimeront toujours autant.
Redécouvrez ensemble des activités que vous aviez perdues de vue, par exemple. Pourquoi ne pas se retrouver chez soi plutôt que d'aller dans un bar ? Aller se promener ou jouer aux cartes… Ce ne sont que quelques illustrations.
Vous pouvez également adapter certaines activités pour les rendre plus frugales. Par exemple : les vacances. Vous pouvez épargner tout au long de l'année dans l'optique de ces vacances entre amis que vous avez l'habitude de faire.
"Croire qu'on ne peut pas adopter de nouvelles habitudes par crainte de l'avis de ses amis ou d'autrui, c'est s'enfermer dans une cage sans même avoir essayé d'en sortir. Essayez de nouvelles choses, osez, puis vous verrez ce qui en découlera !" (Faire moins avec plus, Chapitre 4)
Partie 2 — Comment se vit la frugalité ?
Revenons encore une fois à nos grands-parents. Non pas pour nier les progrès dont nous profitons aujourd'hui, mais pour éclairer de leur perspective notre tendance à l'hyperconsommation.
Ils avaient l'habitude de recycler et d'entretenir les choses ; nous jetons sans même prendre le temps de réparer. Qui a raison ? Prenons-les en exemple, soutient Vicky Payeur.
S'inspirer de la Grande Dépression
La grande crise qui fit suite au Krash boursier de 1929 intéresse beaucoup l'autrice. Selon elle, il y a même "7 astuces économes" à retenir en particulier :
« Cuisiner à partir de rien ;
Réparer avant de remplacer ;
Se divertir dans le confort de son foyer ;
Faire soi-même ;
Faire du troc ;
Dépenser seulement l'argent qu'on a ;
Réutiliser. » (Faire plus avec moins, Chapitre 5)
Retourner à la base
Nos ancêtres avaient beaucoup d'imagination pour vivre de peu ! En allant fouiller pour nous dans les savoirs de nos aïeux, la blogueuse retrouve plein de trucs et astuces qu'elle partage dans cet ouvrage.
Parmi les conseils supplémentaires, très pratico-pratiques, qu'elle donne à la suite du chapitre pour concrétiser les "7 astuces économes", vous trouverez :
Faire son bouillon (alimentation) ;
Sécher les poches de thé (alimentation) ;
Entretenir un potager (alimentation) ;
Réutiliser les vieux tissus (textile) ;
Raccommoder les vêtements (textile) ;
Revaloriser les emballages alimentaires (organisation) ;
Prendre des notes sur des vieilles enveloppes (organisation) ;
Etc.
À vous de consulter l'ouvrage afin de voir quels sont les trucs qui vous plaisent et vous paraissent réalisables chez vous ;). Maintenant, entrons dans le détail des propositions de Vicky Payeur.
"Il faut arrêter de consommer en mode automatique et commencer à se poser les bonnes questions qui nous rapprocheront un peu plus de notre liberté financière. L'argent qu'on évite de gaspiller aujourd'hui est peut-être ce qui fera la différence entre une retraite à 45, 50 ou 55 ans, plutôt qu'à la mi-soixantaine !" (Faire plus avec moins, Chapitre 6)
La cuisine est sans doute l'un des endroits où nous pouvons agir le plus efficacement pour réduire nos dépenses et mettre en pratique le frugalisme. Voyons comment.
L'évolution de mon panier
Vicky Payeur raconte comment elle est passée d'un panier d'achat de 120 $ à 50 $ par semaine (et même à 20 $ lorsqu'elle remboursait ses dettes !). Plusieurs actions sont à mettre en place, comme utiliser ce que vous avez dans vos tiroirs et n'acheter que ce dont vous avez besoin.
Progressivement, vous pouvez également changer durablement vos habitudes alimentaires. Manger moins de viande est économique et écologique, sans compter que c'est également bon pour votre santé.
Autre astuce : être attentif aux aubaines : réductions en tout genre dans les magasins ou via des applications dédiées, par exemple.
Viser l'équilibre, pas les extrêmes
Il est important de continuer à s'alimenter correctement. Manger des pâtes au beurre tous les jours n'est pas la solution… Votre santé est plus précieuse que vos économies !
Manger frugal
Manger frugal, c'est donc manger des produits frais et variés. Bref, c'est manger sainement et économiquement en suivant ces 9 règles d'or de l'alimentation frugale (p. 83) :
« Ne rien gaspiller ;
Cuisiner ce que l'on a ;
Utiliser des techniques de conservation adaptées ;
Planifier ses repas ;
Connaître les prix ;
Adopter la semaine sans épicerie ;
Mettre en place un système anti-gaspillage ;
Faire pousser des aliments ;
Manger principalement des repas maison." (Faire plus avec moins, Chapitre 6)
L'autrice présente en détail ces 9 points et vous donne encore plus de conseils dans les pages qui suivent. Mais passons à la suite.
Les fameux gadgets de cuisine
Minimalisme et frugalisme vont de pair. Pas besoin d'avoir les nouveaux robots ménagers à la mode ou les ustensiles hyperspécialisés qui vous serviront trois fois dans l'année. Débarrassez-vous de tous ces gadgets inutiles, encombrants. Et surtout : ne les achetez pas ! Ou bien si vraiment c'est indispensable, achetez en promotion…
N'oubliez pas : les produits dits "révolutionnaires" censés vous "simplifier la vie" ne sont souvent que des machins compliqués qui, au final, ne vous font pas gagner une seule minute — et encore moins un centime.
Économiser un dollar à la fois
En apprenant la simplicité et le recyclage en matière d'alimentation, vous pouvez vraiment commencer à voir la différence dans votre portemonnaie et votre compte en banque. C'est l'un des domaines où vous pouvez être le plus créatif et le plus rapidement efficace.
"Imaginez : chaque jour, le tiers de votre temps passé au travail ne sert qu'à mettre un toit sur votre tête. Réduire sa mensualité pour se loger est donc, sans surprise, une piste de solution majeure pour réduire vos dépenses de manière générale et alléger votre budget." (Faire plus avec moins, Chapitre 7)
Ne partons pas du principe que c'est impossible ; se loger à coût raisonnable est parfaitement faisable. Il y a des solutions plus radicales, telles que vivre en yourte ou sur un bateau, par exemple, et d'autres qui le sont moins. Explorons-les ensemble.
Les pièges à éviter
La première erreur est peut-être… de choisir une propriété "qui utilise le maximum de notre capacité d'emprunt pour l'hypothèque". À quoi bon ? Le plus important n'est-il pas de bien vivre au quotidien, sans se créer (trop) de stress supplémentaire ?
La modestie peut ici vous éviter de gros ennuis plus tard, lorsque vous devrez rembourser mensuellement votre prêt.
Autre écueil (lié au premier) : éviter de faire le "voisin gonflable", c'est-à-dire celui qui a tendance à gonfler son importance de biens trop chers pour lui, jusqu'à l'endettement insupportable.
Nous avons toujours tous tendance à nous comparer aux autres et à vouloir ce qu'ils ont (voire mieux). C'est la base sociologique de ce phénomène problématique.
Mais nous pouvons y résister. Au lieu d'agir de façon impulsive, attendez deux semaines ou un mois avant d'agir. "Il y a de fortes chances que vous ayez déjà oublié ce désir et que vous soyez rendu à autre chose", prédit Vicky Payeur !
Les autres frais
Il existe des dépenses plus essentielles que d'autres. Parmi celles-ci, bien sûr, le paiement de l'hypothèque ou du loyer, ainsi que les assurances diverses et les frais fixes (abonnements à l'électricité, internet, eau, gaz) qui nous permettent de vivre confortablement et en sécurité au jour le jour.
Par contre, réfléchissez aux dépenses qui sont accessoires. Cela dépend de chacun, mais voici quelques exemples :
Femme de ménage ;
Entretien paysager ;
Télévision câblée (ou abonnement Netflix) ;
Etc.
Se loger à petit prix
Dans cette section, l'autrice vous donne quelques idées pour vivre de façon moins conventionnelle et plus économique — voire plus rentable :
Opter pour un petit logement (genre tiny house, yourte, etc.) ;
Vivre en colocation ;
Habiter avec ses parents ;
Déménager dans une autre région ;
Louer une partie de son bien immobilier ;
Vivre en van ;
Faire du "home sitting" (gardiennage de maison) ou du WWOOFing (travail contre logement) ;
Etc.
Les solutions sont nombreuses et très variées !
Vivre de façon alternative, même avec des enfants
Peut-être pensez-vous que ces solutions sont réservées à des jeunes gens. Impossible d'agir de la sorte quand on a une famille ! Et pourquoi pas ? L'autrice rapporte plusieurs anecdotes de parents vivant frugalement et différemment en ayant un ou plusieurs enfants.
Hypothèque ou location ?
Impossible à dire de façon générale. "Pour savoir si vous gagnez à louer ou à acheter une propriété, il vous faudra sortir la calculatrice", prévient Vicky Payeur. Toutefois, il est possible de mettre en évidence quelques avantages et inconvénients de chaque situation.
Pour la location :
Prix fixe chaque mois (+) ;
Mais possibilité de hausse du prix du loyer au renouvellement du contrat, voire d'expulsion (-) ;
Moins de frais liés à l'entretien (+) ;
Mais moins de liberté d'action (-).
Pour l'achat/hypothèque :
Marge de manœuvre accrue (+) ;
Mais frais "surprises" (-) ;
Épargne "forcée" qui nous permet de constituer un capital (+).
"Plutôt que de dépenser votre argent en biens matériels, dépensez-le en nouveaux apprentissages. Le savoir est la seule chose que personne ne pourra jamais vous retirer." (Dominique Loreau, L'art de la simplicité, Cité dans Faire plus avec moins, Chapitre 8)
Nous avons plus de loisirs aujourd'hui qu'avant, mais souvent nous passons notre temps libre à passer d'une activité payante à une autre. Pourtant, il est tout à fait possible de profiter du quotidien sans en faire des tonnes.
Vivre plutôt que consommer
Les émotions que nous ressentons lorsque nous achetons quelque chose (bien ou service) ne durent généralement pas. En revanche, celles qui nous prennent lorsque nous vivons quelque chose de fort, fortuit et gratuit, celles la restent ancrées en nous.
Ces expériences peuvent être de différentes natures : bénévolat ou simple jardinage, il y a le choix ! L'idée consiste à se détourner des possessions et du matériel pour insister sur le moment passé ensemble.
Le coût des loisirs
Vous pouvez limiter les dépenses et mieux profiter de l'existence. Comment ? En réfléchissant à vos achats de "gadgets". Encore une fois, il tient à vous seul de savoir ce qu'est, pour vous, une dépense légitime et une dépense superflue.
Si vous faites un sport, par exemple, certaines dépenses seront nécessaires. Mais comment les gérer ? Vicky Payeur vous propose de mettre tout cela par écrit et de faire le point.
Quelle est l'enveloppe budgétaire que vous avez consacrée en un an à votre loisir principal (sport, activité culturelle) ? Êtes-vous heureux du résultat et souhaitez-vous continuer ainsi ?
Et les autres activités ?
Lesquelles vous semblent pertinentes et satisfaisantes ? Lesquelles pourraient être supprimées ou limitées ?
Les modes
Les stigmatisations vont bon train. Pour les sports, on vous reprochera de ne pas avoir le matériel dernier cri. Pour la musique, par exemple, certains vous demanderont pourquoi vous n'avez "que" la version freemium…
Nous l'avons déjà dit : nous sommes influencés par nos pairs. Cela vaut dans le domaine de l'alimentation et du logement comme du loisir. Mais vivre sobrement, c'est penser différemment et c'est donc "arrêter de faire… comme tout le monde" !
Les activités déjà payées à même les taxes
Eh oui, chaque année, nous payons en impôts et en taxes des infrastructures et des institutions de loisirs dont nous aurions bien tort de nous priver. Par exemple ?
Au niveau du sport :
Chemins de randonnée publics et gratuits ;
Parcs municipaux et infrastructures sportives qui y sont installés ;
Sentiers, trottoirs et pistes cyclables pour courir ou faire du vélo ;
Groupes d'entraide et de création d'événements gratuits ;
Piscines municipales (moins chères) ;
Etc.
Au niveau culturel :
Musées (parfois gratuits) ;
Festivals et spectacles gratuits l'été ;
Bibliothèques ;
Conférences et cours gratuits ;
Quartiers et villages proches ;
Groupes et associations locales ;
Etc.
En outre, vous pouvez vous divertir en restant chez vous. Recréez, par exemple, l'ambiance cinéma à la maison… Ou profitez de votre temps libre pour écrire sur des thématiques qui vous intéressent ou jouer de la musique en autodidacte…
Des loisirs modestes
Vicky Payeur a plein d'idées ! Elle propose de noter les activités en fonction de leur coût ($$$, $$, $ ou 0) et à voir ce que vous pouvez changer par des loisirs gratuits et "modestes". Il y en a pour tous les goûts :
Au niveau du sport (utiliser les infrastructures gratuites pour courir, faire du vélo, jouer au ping-pong, etc.) ;
Ou des activités culturelles (depuis les visites gratuites, jusqu'aux conférences citées plus haut, etc.) ;
Et des activités domestiques (comme le jardinage, la construction/restauration de meubles, etc.) ;
Ou sociales (bénévolat, organisation de dîner partagé ou de pique-nique, chez soi ou dans la nature) ;
Etc.
L'autrice donne une foule d'idées impossible à reproduire ici. Consultez l'ouvrage pour vous faire une meilleure idée !
Voyager léger
Faire le tour du monde sans argent ? C’est ce qu’ont fait Muammer Yilmaz et Milan Bihlmann pour démontrer que c’était possible. Vous ne souhaitez pas aller jusque là ? C’est compréhensible.
Voyons donc les solutions qui s’offrent à vous. :
Être flexible (si vous travaillez de chez vous en freelance, par exemple, c'est plus facile de voyager les jours "creux") ;
Faire du couchsurfing ;
Prendre le bus de ville et acheter vos propres aliments au lieu d'aller au resto tous les jours ;
Aller dans des pays où vous avez un meilleur pouvoir d'achat (en Asie, notamment).
La frugalité et les loisirs dans la vraie vie
Il y a un équilibre à trouver entre le souhait d'épargner et l'envie de vivre le moment présent. L'important consiste à ne pas devenir avare. Sachez dépenser votre argent, mais dépensez-le sagement !
"La frugalité n'est pas la privation", répète Vicky Payeur. "C'est économiser là où d'autres dépensent tout leur argent et le faire de manière intelligente et réfléchie", conclut-elle.
Combien dépensez-vous par mois en vêtements et soins personnels ? Pour un Canadien, c'était en moyenne 400 $ par mois en 2019. Si cela vous semble beaucoup, faites votre propre compte. Vous aurez peut-être des surprises !
La différence entre besoin — quelque chose de nécessaire à notre bien-être — et désir — plus proche du caprice inutile — est ici importante.
Moins, c'est mieux !
Vicky Payeur prête beaucoup d'attention à son physique, mais elle le fait de façon minimaliste et frugaliste.
Elle a fait le vide et n'a gardé que 20 % de sa garde-robe ; ce qu'elle porte vraiment. Elle a aussi modifié son style pour qu'il soit plus simple et que ses vêtements soient plus faciles à assembler au quotidien.
"La confiance en soi est probablement le plus bel accessoire", dit encore Vicky Payeur. Plus besoin de chercher le dernier sac à la mode, contentez-vous d'être bien dans vos baskets !
Les vêtements
Réduire ses achats vestimentaires passe par :
Un tri de sa garde-robe et par l'appréciation de ce qu'on a déjà ;
De petites retouches par-ci par-là pour garder ses vêtements plus longtemps ;
Des achats de seconde main, des friperies ou des échanges, etc. ;
Via de petites (e-)boutiques ou des sites/applications de petites annonces ;
Des achats de qualité !
L’autrice recommande d’éviter certains tissus qui se dégradent plus rapidement comme l’acrylique et la viscose et privilégier des matières organiques comme le lin ou le coton.
Les cheveux
Parfois, nous dépensons des sommes folles chez le coiffeur. Et nous pensons qu'avoir du shampoing chez soi est tout simplement évident. Mais il y a des alternatives…
Au menu de cette section :
La méthode no-poo à base de bicarbonate de soude et de vinaigre de cidre de pomme ;
Du savon ;
La réduction des produits utilisés (surtout pour mesdames).
Pour le coiffeur ? À vous de voir. Vous pouvez aussi apprendre à couper les cheveux de vos proches.
Le corps
Vicky Payeur relate avoir ressenti un mal-être physique très jeune, alors qu'elle avait à peine 24-25 ans. Elle s'est rendu compte qu'elle bougeait peu et ne mangeait pas toujours bien. Pas besoin pour autant de dépenser une centaine de dollars en abonnement à la salle de gym ou en équipement.
Vous pouvez suivre les conseils déjà donnés plus haut (chapitre 8 sur les loisirs). Quant à l'autrice, voici sa routine santé quotidienne :
Faire une balade dehors de 30 minutes au moins ou faire une activité sportive ;
Boire de l'eau tout au long de la journée ;
Soupe et salade au moins une fois par jour ;
Bien dormir !
J'achète, donc je suis
La pression sociale peut être forte : nous voulons être beaux et belles pour apparaître parmi nos collègues et nos amis. Alors, nous recourons aux moyens les plus aisés… mais souvent les plus coûteux.
Et pourquoi ne pas se simplifier la vie ? Cela ne signifie certainement pas arrêter de prendre soin de soi. Au contraire ! En consommant de façon réfléchie, vous vous sentirez mieux et cela se verra.
"Avoir des enfants, ça coûte de l'argent." (Faire plus avec moins, Chapitre 10)
Certes. Et même beaucoup. Et pourtant, là encore, il est possible d'économiser. Il n'est pas question de parler ici de l'éducation proprement dite. Simplement de faire un petit arrêt sur image pour se demander ce que nous faisons et se rappeler ce que nous aimions quand nous étions enfants.
Êtes-vous influençable ?
Nous voulons être de bons parents. Alors, nous écoutons les publicitaires nous raconter que ce produit est essentiel au bien-être de notre bambin (ou de nous-mêmes). Nous capitulons devant leurs arguments. Bref, nous nous montrons influençables.
Si vous remarquez ce ciblage marketing, prenez vos distances. Interrogez toujours le caractère "nécessaire" et "essentiel" de ce produit ou de ce service. Cache-t-il un vrai besoin ou seulement un désir ?
Réduire le rythme
Autre point : voulons-nous que nos enfants aient des horaires de ministres ? Pas nécessairement. Ralentir le rythme est à la fois sain pour eux et pour la vie financière de la famille.
Leur créativité n'en sera pas abîmée, détrompez-vous ! Un peu de temps, un peu d'ennui est plus que nécessaire au développement des aptitudes créatrices des petits comme des grands.
Les objets de seconde main
Vos familles et vos amis vous donnent de vieux vêtements et des objets de leurs précédents enfants ? Quel bonheur ! Si ce n'est pas le cas, tournez-vous vers du seconde main dès que c'est possible. Surtout pour les vêtements, qui ont souvent la vie courte.
Bien sûr, la sécurité doit avoir votre priorité : un siège-auto ou ce genre de choses devront être adaptés à votre environnement et devront donc peut-être être achetés neufs.
Emprunter et échanger plutôt qu'acheter ?
Aujourd'hui, il existe de nombreux groupes, notamment sur Facebook, pour s'échanger des objets en tout genre ou emprunter ce dont nous avons besoin. Cela vaut aussi pour les jouets et autres objets infantiles. Pourquoi ne pas essayer ?
La nature comme terrain de jeux
Nous l'avons dit plus haut : le monde autour de nous recèle d'espaces où découvrir le monde et où faire ses premiers pas et ses premières expériences. Il suffit souvent de quelques kilomètres pour trouver un parc ou un espace naturel où faire évoluer son enfant en toute liberté.
"Laisser à un enfant du temps de jeu libre et actif en nature lui apporte de nombreux avantages qui lui rendront service tout au long de sa vie." (Faire plus avec moins, Chapitre 10)
Les trois cadeaux
La frugalité en famille repose également sur l'apprentissage d'autres voies possibles à côté de la surconsommation. Les cadeaux sont souvent l'occasion d'un excès. Mais pourquoi ne pas en faire un rituel vertueux ?
Vicky Payeur propose d'offrir 3 cadeaux (à se répartir entre parents et grands-parents, par exemple) :
Quelque chose que l'enfant veut vraiment ;
Une chose dont il a vraiment besoin ;
Un livre.
Voici une autre idée : offrir quelque chose de commun pour la famille. Par exemple : une activité à pratiquer tous ensemble.
Conclusion sur "Faire plus avec moins" de Vicky Payeur :
Ce qu'il faut retenir de "Faire plus avec moins" de Vicky Payeur :
"Adopter des habitudes frugales au quotidien est LA façon viable pour atteindre ses objectifs de devenir libre financièrement et de prendre sa retraire hâtivement." (Faire plus avec moins, Conclusion)
Selon Vicky Payeur, il est souvent difficile de faire jouer son salaire. Nous ne savons pas avec certitude si nous gagnerons plus dans 5 ou 10 ans. Il est donc préférable de commencer dès maintenant à épargner, petit à petit.
Certes, cela demande du travail et quelques efforts. Mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. Tant d'un point de vue économique qu'éthique. Finalement, c'est la porte d'entrée vers vos objectifs de vie !
Points forts :
Un manuel très clairement présenté ;
Plein de conseils pour commencer à épargner tout de suite ;
Une belle mise en page ;
Une annexe avec des recommandations de lectures utiles ;
Des résumés à la fin de chaque chapitre.
Point faible :
L'aspect blogging (qui permet d'augmenter ses revenus en faisant quelque chose qu'on aime) est peu abordé, ainsi que les façons plus proactives (placements en bourse, investissements) de développer son capital financier.
Ma note :
★★★★★
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Résumé de "Le grand saut" de Gay Hendricks : ce psychologue vous montre comment retrouver un surplus de confiance en vous et découvrir que tout ce que vous voulez entreprendre est réellement possible — un best-seller du New York Time lors de sa sortie aux États-Unis.
Gay Hendricks, 2010, 284 pages.
Titre original : The Big Leap (2009).
Chronique et résumé de "Le grand saut" de Gay Hendricks
Introduction - Supprimez le dernier obstacle à la réussite ultime en amour, au travail et en santé
Le seul problème qui vous retient
Pour Gay Hendricks, ce problème a un nom : c'est le problème de la limite supérieure. Lorsque vous êtes déjà une personne motivée et avec du succès, il se peut que vous perdiez confiance au moment d'atteindre vos objectifs ultimes. Ou que vous les pensiez impossibles.
C'est ça, le problème de la limite supérieure : la difficulté à "franchir les derniers kilomètres". Pour le résoudre, une chose est à accomplir : apprendre à apprendre ou, si vous voulez, être ouvert à l'apprentissage. Telles sont la question et la thèse principales de l'auteur.
Comment atteindre votre zone de génie ? Telle est une autre formulation de cette même interrogation. Cela dit, pour être heureux, il ne suffit pas de réussir dans les affaires. L'important est de parvenir au meilleur de soi-même dans tous les domaines de l'existence.
Pour vous aider à réaliser ce potentiel que vous sentez en vous, Gay Hendricks choisit de s'adresser à vous simplement et directement, à partir de sa propre expérience personnelle et comme thérapeute.
Le moment de la découverte
L'auteur raconte comment lui est venue l'idée principale de sa méthode. C'est alors qu'il s'inquiétait inutilement pour sa fille (qui était en sécurité dans un camp de vacances) qu'il a pris conscience que son inquiétude était générée à cause de bien-être antérieur. Comment ? Cela mérite une explication !
"Une partie de moi craignait de jouir d'une énergie positive pour une période prolongée de temps. Lorsque j'atteignais ma limite supérieure, quant à la quantité de sentiments positifs que je pouvais gérer, je créais une série de pensées désagréables pour me dégonfler." (Le grand saut, Introduction)
Ce schéma fonctionne dans tous les domaines :
Vous mangez sainement puis vous "craquez" ;
Ou bien vous vous disputez après une période de couple harmonieuse ;
Etc.
Les pensées ou attitudes négatives seraient donc un moyen — mis en place de façon inconsciente ou presque inconsciente — pour stopper net une avancée positive. Pourquoi ? Car, ainsi, nous restons dans notre zone de confort, c'est-à-dire dans ce que nous connaissons déjà.
D'où une première question pratique : "Comment puis-je augmenter les périodes de contentement dans ma vie ?" Suivie de trois autres :
"Si je peux éliminer les comportements qui interrompent le flot d'énergie positive, puis-je apprendre comment me sentir bien tout le temps ?
"Puis-je permettre aux choses d'aller bien dans ma vie en tout temps ? Dans mes relations, puis-je vivre en harmonie et en intimité tout le temps ?"
" Notre espèce peut-elle vivre des périodes plus longues de paix et de prospérité, libres du schéma où nous chamboulons tout lorsque les choses vont bien ? » (Le grand saut, Introduction)
Chapitre 1 - Vous préparer pour le grand saut
Comment commencer
Dans ce chapitre, tout l'enjeu consiste à identifier le problème et la façon de le résoudre. Commencez par vous demander si vous êtes prêt à être mieux au quotidien. Cela peut paraître stupide (tout le monde a envie de répondre "oui !"), mais ne l'est pas.
"Se sentir bien", pour Gay Hendricks, c'est avant tout ressentir un "sentiment profond et naturel de bien-être qui ne dépend pas de facteurs extérieurs".
Prenez un peu de temps chaque jour pour rechercher ce sentiment. Puis, vous pourriez progressivement vous demander si vous voulez étendre ce bien-être à votre "vie tout entière" (dans tous les aspects de votre existence) et, finalement, si vous voulez vous sentir bien absolument "tout le temps".
Ici encore, la réponse évidente semble être positive. Mais quand nous y pensons un peu, nous voyons qu'en fait, nous nous mettons des bâtons dans les roues ou, plutôt, nous nous imposons des limites. Or, celles-ci n'ont pas lieu d'être ; elles sont simplement issues de croyances restrictives et erronées.
En fait, répondre par oui à ces questions est un acte courageux. Il vous prépare au "grand saut" !
Le grand saut de Maynard
Maynard Webb est l'une des personnes qui ont permis à la plateforme eBay de connaître un grand succès dans les années 2000-2010. Dans cette compagnie, il était dans sa zone d'excellence, selon Gay Hendricks, mais pas dans sa zone de génie. Il pouvait — et souhaitait — faire mieux.
Il s'est finalement décidé à entrer dans une autre compagnie et a connu un succès retentissant.
Autre exemple. Le Dr Jordan a lui reculé au dernier moment, lorsqu'une grande entreprise a voulu racheter sa petite compagnie. Il a tellement créé de difficultés que les acheteurs se sont enfuis. Mais cela lui a permis d'apprendre la leçon et il est devenu un adepte du grand saut.
Vous concentrer sur vous-même
"Une fois que vous vous engagez à vivre votre plein potentiel, votre ego est soudainement menacé d'extinction. Il a fabriqué des excuses pour vous tout le long de votre vie. Si votre engagement à faire votre grand saut est sincère, vous devrez montrer la porte à votre ego. Mais à moins que vous ayez de la chance, votre ego ne partira pas calmement. Il a toute une carrière derrière lui." (Le grand saut, Chapitre 1)
Que veut dire ce passage ? Eh bien que nous nous faisons un cinéma intérieur et que le projectionniste n'est autre que notre ego, qui cherche à nous protéger contre une perte d'estime de nous-même en préférant se bercer d'illusions.
Le chemin à parcourir
En fait, c'est de la peur. La peur est ce brouillard qui vous empêche d'avancer et de trouver votre chemin hors de votre zone de confort (le cinéma intérieur). Pourtant, la crainte peut être maîtrisée et mise à profit comme un carburant. À condition de "respirer".
En fait, la peur est de l'excitation "sclérosée".
Pour lui redonner vie, il faut respirer, c'est-à-dire prendre concrètement des bouffées d'air pour donner de l'espace à cette émotion et la contrôler. C'est ce que font de nombreux acteurs et actrices quand ils ont le trac, par exemple !
Si votre envie d'atteindre votre zone de génie est sincère, la méthode qui sera exposée dans les lignes qui suivent vous sera d'un secours précieux.
Comment fonctionne le problème de la limite supérieure
Selon l'auteur, nous sommes dotés d'un "thermostat" qui nous indique les limites d'amour, de réussite professionnelle, etc. que nous pouvons tolérer. Ces mesures ont été arrêtées, pour la plupart, dans l'enfance. Autrement dit, nous avons appris à limiter les hausses "dangereuses" du thermostat.
La culpabilité joue un rôle particulièrement important dans ce processus :
"La culpabilité est un moyen dont dispose notre esprit pour presser douloureusement sur le conduit où circulent nos sentiments positifs." (Le grand saut, Chapitre 1)
Une idée radicale
Pour Gay Hendricks, tout l'enjeu consiste à dissiper ces sentiments négatifs en prenant appui sur la réserve de bien-être intérieur que nous pouvons retrouver à chaque instant en nous.
Souvent, nous pensons que, pour être heureux, vous devez avoir réussi, être en bonne santé, etc., c'est l'inverse qui est vrai. Retrouvez cette source de bien-être et faites-la grandir progressivement : c'est là que vous serez en bonne voie pour vous accomplir dans tous les domaines !
Cette idée est radicale car elle s'oppose à ce qui est communément cru. Vous n'avez besoin de rien pour commencer à être heureux, sinon d'une pensée positive qui vous aide au quotidien dans vos réalisations.
Apprenons à ne pas saboter notre capacité à vivre mieux en "enclenchant le commutateur de la limite supérieure", c'est-à-dire en nous créant des problèmes inutiles (et parfois graves). Trouvons le moyen de retrouver notre énergie positive.
Le thermostat de la limite supérieure des personnes à succès
Gay Hendricks prend plusieurs exemples de personnalités qui achoppent au moment même où ils réussissent. Certains, en effet, se "tirent une balle dans le pied" parce qu'ils ne supportent pas avoir autant de succès. L'auteur prend les exemples de :
Christian Bale ;
John Belushi ;
Bill Clinton.
Il montre aussi comment la chanteuse Bonnie Raitt est parvenue à entrer dans sa zone de génie et à accomplir ses plus grands espoirs musicaux.
Résoudre un problème et vous libérer
"Par sa nature, le problème de la limite supérieur est impossible à résoudre dans votre état de conscience ordinaire. Si cette résolution avait été possible, il y a déjà longtemps que vous l'auriez faite. Le problème de la limite supérieure ne se résout que par un bon dans la conscience." (Le grand saut, Chapitre 1)
Impossible, ici, de recueillir des informations, puis de faire le choix adéquat. Il faut purement et simplement "dissoudre" le problème, en une seule fois.
Pour bien faire comprendre de quoi il s'agit, le psychologue rappelle les quatre "zones" d'interaction efficace avec le monde :
Incompétence (nous ne savons pas comment agir) ;
Compétence (nous pouvons résoudre des problèmes donnés) ;
Excellence (nous avons la maîtrise de notre environnement et sommes reconnus pour notre travail) ;
Génie (nous créons sans aucune difficulté et c'est notre don qui est mis en avant).
Souvent, c’est autour de 40 ans que notre « génie naturel » nous envoie des alarmes pour se rappeler à nous. Nous avons souvent évolué en faisant taire les petites voix qui nous appelaient, mais celles-ci se font de plus en plus pressantes.
Chapitre 2 - Faire le saut
Souvent, les problèmes et les réussites s'emmêlent. Une réussite dans la sphère du travail peut vous procurer un problème côté "cœur". Et vice-versa : les gâchis dans un domaine se répercutent ou peuvent se répercuter dans un autre.
Le déclenchement du problème de la limite supérieure
Selon Gay Hendricks, il y a quatre croyances limitantes qui nous empêchent d'accéder à notre plein potentiel. La plupart du temps, après un effort, nous sommes capables d'en reconnaître au moins deux ou trois. Il est plus rare d'arriver à quatre.
Avant de les présenter, l'auteur montre que ces barrières intérieures se manifestent sous la forme de mantras négatifs du type :
"Je ne peux développer mon plein potentiel parce que (...)" ;
"Je suis incapable de vivre des relations sereines parce que (...) ;
Etc.
Barrière cachée numéro 1 : se sentir fondamentalement imparfait
Souvent, nous pensons que quelque chose manque en nous. Ce défaut nous empêcherait d'atteindre nos objectifs professionnels ou de développer notre créativité, par exemple. Mais est-ce si sûr ?
Si vous réussissez, alors vous entrez en contradiction avec ce mantra négatif. Il y a "dissonance cognitive", c'est-à-dire conflit intérieur entre vos valeurs ou croyances (limitantes) et vos actions (réussite).
Pour résoudre cette tension intérieure, votre thermostat cherche à se remettre à la normale et à évacuer la réussite gênante par un nouveau problème ! Mais il y a une autre voie : vous pouvez mettre fin à cette croyance fausse et limitante, que l'auteur compare à un "bug" de notre cerveau.
Barrière cachée numéro 2 : déloyauté et abandon
Une autre façon de s'interdire de faire les choses est de considérer que vous souffrirez d'abandon ("je serai seul") ou que vous trahirez vos origines ("je ne peux pas lui/leur faire ça") en cas de réussite.
Souvent, vous vous inquiétez pour votre famille (vos parents). "Vais-je réussir à combler les attentes de mes proches ?" Telle est l'une des questions que vous vous posez. Vous vous sentez coupable et n'osez pas avancer.
Souvent, une bonne conversation permet de mettre les choses à plat et d'éteindre ces peurs inutiles. Celle-ci demande du courage, mais vous soulage d'un poids immense ensuite. L'auteur donne l'exemple d'un couple nouvellement marié qui a dû en passer par là pour vivre pleinement la relation.
Barrière cachée numéro 3 : croire qu'un plus grand succès entraîne un plus grand fardeau
Vous pouvez penser que vous serez un plus grand fardeau pour vous-même ou pour les autres si vous réussissez. Ce type de croyance peut vous poser problème depuis votre plus jeune âge, selon les messages que votre entourage familial vous a transmis inconsciemment ou implicitement.
Gay Hendricks raconte une histoire liée à sa propre enfance. Selon lui, sa mère et son frère l'ont toujours vu comme un fardeau, alors qu'il était une bénédiction pour ses grands-parents. Heureusement, il a fini par le comprendre et à voir que sa culpabilité reposait sur une faute imaginaire.
Barrière cachée numéro 4 : le crime d'éclipser les autres
Parfois, nous nous sentons retenu dans nos actions par la peur de faire du tort aux autres — souvent un proche. Nous ne voulons pas qu'il se sente exclu ou éclipsé par nos réussites. C'est un phénomène qui se produit régulièrement avec les enfants doués et talentueux.
Demandez-vous si vous avez peur d'éclipser quelqu'un en exprimant qui vous êtes et ce que vous faites de mieux. Peut-être que la dissolution de votre limite supérieure est liée à cet interdit qui vous a été imposé un jour…
Aller de l'avant
Ces 4 barrières cachées forment des mantras négatifs qui, répétés au fil des jours, peuvent vous limiter considérablement. Apprenez à les repérer par une réflexion honnête ; peut-être aussi à l'occasion de discussions avec des proches ou des professionnels de psychologie.
Une fois identifiés, vous serez capable d'aller de l'avant… C'est-à-dire de faire le grand saut !
Chapitre 3 - Pour être plus précis
Voyons maintenant de façon plus précise comment détecter le problème de la limite supérieure dans la vie quotidienne. Autrement dit, entrons dans encore plus de détails ; cette enquête nous aidera à nous préparer au changement.
Modèles typiques où nous atteignons notre limite supérieure
Voici les cinq modèles typiques de limite supérieure que Gay Henricks développe dans ce chapitre :
L'inquiétude ;
Le blâme et la critique ;
La "déviation" ;
Les disputes ;
Le fait de tomber malade ou de se blesser.
Pourquoi survient l'inquiétude ? Souvent, elle survient… pour rien, c'est-à-dire pour rien d'important. Elle est alors la manifestation évidente de notre limite intérieure. Bien sûr, il y a des inquiétudes légitimes, mais elles ne sont pas en cause ici. Pour dissocier l'une de l'autre, demandez-vous :
Si elle est liée à une possibilité réelle (et non imaginée) ;
S'il y a quelque chose que vous pouvez mettre en œuvre ici et maintenant pour créer une différence positive (pour résoudre le problème).
Si ce n'est pas le cas, alors c'est sans doute que l'inquiétude ne mérite pas toute cette énergie mentale de votre part. L'auteur prévient qu'il n'est pas si aisé de se déprendre de ses inquiétudes inutiles. En quelque sorte, nous y tenons. Le psychologue donne néanmoins un plan en 7 étapes pour parvenir à la maîtriser (voir pages 98-99).
Souvent, la critique a aussi peu avoir avec la réalité que l'anxiété.
"En d'autres termes, lorsque nous critiquons quelque chose, cela n'a habituellement rien à voir avec la chose que nous critiquons. Quand nous blâmons quelqu'un — ou quelque chose — nous le faisons parce que nous avons atteint notre limite supérieure et que nous essayons de retarder le flot d'énergie positive." (Le grand saut, Chapitre 3)
Souvent, nous sommes accro au blâme et à la critique. Nous nous en prenons à l'autre (ou aux choses ou aux autres de façon générale) de façon répétée et, en fait, nous ne pouvons nous arrêter. Faites l'expérience : cessez de critiquer ou blâmer pendant une journée et voyez si vous avez des difficultés.
Il en va de même lorsque vous vous critiquez vous-même. C'est le même processus. Souvenez-vous : la critique et le blâme ne visent jamais à parvenir à des résultats tangibles. Ils ont juste pour objet de vous mettre des bâtons dans les roues.
Apprenez donc à vous observer très attentivement pour reconnaître les moments où vous jouez le rôle du critique et de l'accusateur. Ici encore, apprenez à trier entre celles qui sont véritablement méritées et demandent une action concrète ici et maintenant — puis celles qui sont véritablement inefficaces et destructrices.
"Faire dévier" signifie ici minimiser ou se refuser à profiter de l'énergie positive qui émane de nos actions. Concrètement, vous refusez par exemple de recevoir une critique positive ou un compliment sur votre travail.
Ce faisant, vous ne pouvez mettre en place une véritable scène de reconnaissance, où chacun des interlocuteurs estime l'autre. C'est dommage, puisque cela nuit à votre propre énergie. Nous restons dans notre zone de compétence, peut-être, mais nous refusons l'excellence et le génie.
Dans ce cas-ci, apprenez à distinguer la louange honnête et méritée (de la flatterie sans intérêt) et à la recevoir comme il se doit. De cette façon, vous vous mettrez au défi d'aller encore plus loin !
Gay Hendricks aborde la question à la fois sur le plan personnel du couple et sur celui, international, des conflits entre pays ou confessions religieuses et politiques. Selon lui, c'est à chaque fois le même scénario : quelqu'un revendique le statut de victime et veut rendre l'autre partie responsable.
Comment sortir de ces engrenages ? En affirmant à 100 % sa propre responsabilité à la fois dans la création du conflit et dans sa volonté à le résoudre. Chacun, bien sûr, doit s'engager de la même façon. En fait, il n'y a pas 100 % à diviser, mais 100 % à additionner de part et d'autre !
Gay Hendricks affirme que certaines — pas toutes, bien sûr ! — affections ou accidents peuvent survenir de façon à créer un problème de limite supérieure. Et, dans tous les cas, cela ne doit pas vous empêcher de le traiter avec des médecins compétents.
Simplement, demandez-vous si ce problème de santé survient à un moment particulièrement "inadéquat", lorsque vous venez tout juste de réussir quelque chose ou que vous vous apprêtiez à faire le grand saut, par exemple.
Pour savoir si vos douleurs peuvent être liées à un problème de limite supérieure, utilisez la technique suivante.
Les trois P
Que sont les trois P ? Ils sont comme une carte. Les trois P signifient :
Punition ;
Prévention ;
Protection.
La punition peut survenir lorsque vous faites quelque chose manière irrationnelle et que votre corps vous "punit" pour vous signaler un souci. L'auteur prend l'exemple d'une personne ayant des migraines affreuses après des ébats amoureux hors mariage.
Selon Gay Hendricks, voilà un signe que cette personne se châtie de son comportement irrationnel et ne s'autorise pas, en fin de compte, d'explorer sa zone de génie. Solution ? Reconnaître que les "sensations délicieuses" qu'il expérimente avec sa maîtresse pourraient être libérées de façon plus saine, sans tricher.
Quant à la prévention et la protection, elles surviennent souvent ensemble. Ce peut être dû à une tentative de votre corps et de votre subconscient de vous éviter de faire quelque chose que vous n'avez pas totalement (ou du tout, en fait) envie de faire.
Atteinte à l'intégrité
"Poser une atteinte à votre intégrité est l'un des moyens les plus rapides pour vous rabaisser après une excursion au-delà de votre limite supérieure. Les atteintes à l'intégrité les plus répandues sont les mensonges, le non-respect d'un accord, et les vérités cachées." (Le grand saut, Chapitre 3)
Nous sommes souvent des experts au petit jeu de nous cacher ce que nous pensons vraiment. Nous évitons d'être honnêtes avec nous-mêmes et avec les autres pour ne pas dépasser notre limite supérieure, mais nous nous imaginons que ce sont d'autres raisons qui nous y poussent.
Le psychologue prend de nombreux exemples, dont celui de Bill Clinton à nouveau, pour illustrer ce phénomène. Il suggère aussi de considérer l'intégrité moins comme un problème moral (même si c'en est un) que comme un problème physique : le manque de sincérité, par exemple, "bouche" les relations et les rend moins fluides.
En reconnaissant que nous n’avons pas été sincères, nous pouvons enlever le caillou et laisser le flux de la communication se rétablir naturellement. De ce fait, nous pouvons, dans nos interactions quotidiennes, atteindre de bien meilleurs niveaux de succès et de bien-être.
L'auteur propose de faire le point en acceptant de prendre en considération le fait que le mensonge ou le manque d'intégrité soit lié à une peur d'évoluer positivement (pour soi-même ou au sein d'une relation).
La première étape vers la plénitude : découvrir votre histoire
Pour découvrir ce qui empêche la plénitude d'être restaurée, il importe de se pencher sur son histoire. Posez-vous les questions suivantes :
"À quel moment est-ce que je sens que je ne suis plus intègre face à moi-même ?"
"Qu'est-ce qui m'empêche de me sentir complet et entier ?"
"Quels sont les sentiments importants que je ne laisse pas apparaître dans ma conscience ?"
"Y a-t-il un aspect de ma vie où je ne révèle pas toute la vérité ?"
"Y a-t-il un aspect de ma vie où je n'ai pas tenu mes promesses ?"
"Dans ma relation avec (...), qu'ai-je besoin de dire ou de faire pour me sentir complet et entier ?"
Ces interrogations vous aideront à "déprogrammer" votre histoire et à vous reconnecter à votre zone de génie.
L'attitude
Ces exercices peuvent paraître longs et fastidieux. Mais Gay Hendricks se veut rassurant : recherchez des choses déterminées (un sentiment de tristesse ou de peur, par exemple) et cherchez à l'analyser.
Important : agissez avec une tonalité de remerciement et d'émerveillement, plutôt que sur le mode du blâme ! Rechercher la vérité est une activité qui s'exerce préférablement dans une atmosphère ludique.
Actions requises
En ayant cette attitude à l'esprit, commencez vos recherches de "problèmes de limite supérieure", ce que l'auteur résume par ULPs (pour upper limit problem, en anglais). Chaque fois que vous constatez que votre problème est lié à un ULP, cherchez à le dissoudre en utilisant l'une des techniques citées plus haut.
Cherchez aussi consciemment à accroître l'épanouissement, l'amour et le succès dans votre corps et votre esprit. Savourez les sensations corporelles qui sont liées au bien-être et à la plénitude intérieure.
Enfin, mettez-vous à la recherche d’une histoire de vous-même qui soit en lien avec votre zone de génie. Créez votre propre récit positif afin de reconnaître votre plein potentiel et accepter de le partager.
Chapitre 4 - Construire un nouveau nid dans votre zone de génie
"Ceux et celles qui ont le courage de découvrir et de faire naître leur génie font une percée vers des hauteurs sans précédent de productivité et de satisfaction." (Le grand saut, Chapitre 4)
La plupart du temps, nous "sautillons" dans notre zone de compétence, mais nous n'osons pas franchir le pas, faire le grand saut — le seul qui compte vraiment. Notre tâche consiste à repérer les moments où nous n'avançons plus en raison du problème de la limite supérieure afin de déverrouiller ce plafond de verre.
De façon régulière, les personnes souhaitent réaliser un projet créatif, mais n'y parviennent pas. Le grand saut consiste à passer le cap et à se donner les cartes en main. Les histoires que nous construisons et que nous racontons pour justifier notre maintien dans la zone de compétence ne peuvent pas durer éternellement !
Votre engagement au génie
Dans cette partie, Gay Hendricks cherche à vous faire passer le précipice ; bref, il veut que vous vous engagiez à sauter. Pour vous faire à l'idée, il vous propose de commencer par la répétition de cette phrase :
"Je m'engage à vivre dans ma zone de génie, maintenant et pour toujours." (Le grand saut, Chapitre 4)
En répétant plusieurs fois cette phrase et en étant attentif à ce qu'elle provoque en vous, vous ancrerez cette nouvelle croyance positive et vous serez prêt à changer.
Les questions géniales
Voici une série de questions à vous poser pour identifier votre zone de génie et ne pas la laisser s'échapper :
"Qu'est-ce que j'aime le plus faire ?"
"Quel est le travail que je fais sans sentir que c'est du travail ?"
"Dans mon travail, qu'est-ce qui produit le ratio le plus élevé de rentabilité et de satisfaction par rapport au temps consacré ?"
"Quelle est mon habilité unique ?"
L'auteur explicite chacune de ces questions pour que vous puissiez y répondre de façon précise. À noter : c'est aussi la méthode employée dans Vivre la vie de ses rêves grâce à son blog !
Articuler votre habileté unique
Il n'est pas si aisé de la rencontrer. Il faut souvent défaire "les poupées russes" qui la cachent. Par exemple, ce n'est pas "animer les réunions" qui sera, peut-être, l'habilité de quelqu'un. Mais plutôt : la capacité à sentir des changements d'humeur dans les groupes et à les canaliser.
Trouvez une affirmation simple et précise commençant par :
"J'excelle dans…"
Selon Gay Hendricks :
« Vous saurez que vous approchez de votre habileté unique quand vous ressentirez une lueur intérieure d’émerveillement et d’excitation. » (Le grand saut, Chapitre 4)
Chapitre 5 - Vivre dans votre zone de génie
Sortez de votre boîte et engagez-vous dans la spirale
La zone de génie n'est pas tellement stable : en fait, c'est plutôt une spirale d'ascension permanente. Une fois passée la limite supérieure, il n'y a plus de limites selon Gay Hendricks. Du moins, comparé à l'état très restreint dans lequel vous étiez avant, à savoir bloqué dans des "boîtes" et des croyances erronées.
Le mantra de la réussite suprême : une intention directrice centrale
Le mantra de la réussite suprême (ou appelez-le autrement si vous préférez) est une sorte de méta-programme à installer au cœur ou à la racine de vous-même.
Il s'agit d'un mantra dans la mesure où c'est "un son ou une idée que vous employez comme point de focalisation dans la méditation". Souvent, le mantra est simplement l'attention à la répétition. Mais il existe aussi d'autres techniques où vous pouvez focaliser votre attention sur une phrase précise.
L'important est d'y revenir à chaque fois, comme à un "port d'attache". Il est normal que vos idées vagabondent vers le passé ou l'avenir ; l'enjeu, c'est de les laisser filer et de revenir à l'instant présent.
Votre mantra de la réussite suprême
Dans la suite de l'ouvrage, l'auteur utilise l'acronyme MRS pour en parler. Il vous permet de garder l'intention centrale de votre zone de génie à l'esprit. Le voici :
"Je me développe chaque jour dans l'épanouissement, le succès et l'amour, et j'inspire ceux et celles qui m'entourent à faire de même." (Le grand saut, Chapitre 5)
Commencez par le dire à voix basse plusieurs fois. Puis tentez à voix haute. Ressentez son action en vous. Pour le psychologue Gay Hendricks, il s'agit de la meilleure méthode pour tenir à distance le problème de la limite supérieure et parvenir à vous installer durablement dans votre zone de génie.
Comment utiliser le MRS
Deux voies complémentaires sont préconisées par l'auteur :
Formellement, c'est-à-dire dans le cadre de méditations régulières ;
Informellement, dans la vie quotidienne, lorsque vous en avez l'occasion.
Pour la méditation, Gay Hendricks propose d'alterner des répétitions toutes les 15-20 secondes.
Ce à quoi vous pouvez vous attendre
En fait, se répéter ce mantra dans le cadre d'une méditation n'ira pas sans difficulté. Comme l'auteur le signale, il est fort probable — et même souhaité — que vous esprit riposte à cette phrase nouvelle.
En effet, l'objectif est de "recabler" le conscient et le subconscient. Mais le cerveau, lui, préfèrerait garder ses bonnes vieilles habitudes ! Il va donc vous faire penser (en boucle) à tout le contraire. Par exemple : "Je ne suis pas assez bon pour inspirer qui que ce soit", etc.
Mais persévérez et vous verrez un changement. Ces ripostes sont un bon signe. Elles cesseront quand votre subconscient et votre conscient auront assimilé le nouveau programme.
Un important raccourci : le refus éclairé
Il importe de savoir dire non ou, pour le dire avec un livre célèbre : cessez d'être gentil et soyez vrai ! Le refus n'est pas mauvais en soi, au contraire. Il vous permet de rester focaliser sur ce qui vous intéresse et vous profite le plus.
Les refus éclairés et motivés honnêtement vous offriront même de bonnes surprises. L'auteur raconte comment il a lui-même réussi à obtenir des avantages et des opportunités grâce à sa capacité à dire non.
Un autre raccourci : renouveler et raffiner votre engagement
S'engager est le point de départ de tout projet : amoureux comme professionnel. Mais il ne se suffit pas à lui-même. En réalité, il faut souvent renouveler l'engagement pris à l'égard d'autrui. Il en va de même avec vous-même et votre MRS.
En prenant soin de votre engagement pour la zone de génie, vous donnerez l'exemple autour de vous. C'est ce qu'affirme Gay Hendricks dans ce passage :
"L'un des sentiments les plus savoureux au monde, c'est de voir que votre engagement à vivre dans votre zone de génie inspire d'autres personnes à faire de même. Non seulement inspirer les autres leur fera du bien, mais vous vous sentirez aussi merveilleusement bien." (Le grand saut, Chapitre 5)
Chapitre 6 - Le temps selon Einstein
Pour bénéficier d'une existence plus harmonieuse, vous devez comprendre que le temps n'est pas linéaire et objectif, mais avant tout subjectif. Nous pouvons le "créer". Oui, pour Gay Hendricks — qui s'inspire ici assez librement de la théorie de la relativité d'Einstein — vous pouvez maîtriser le temps !
Le problème et la solution
Pour l'auteur, qui cite ici David Allen (son voisin !), nous avons tous un problème avec le temps. Nous n'arrivons pas à "caser" tout ce que nous voulons ou devons faire dans le temps qui nous est "imparti".
Il y a bien des méthodes, dont celle de David Allen justement, mais celles-ci sont souvent compliquées et nous les laissons tomber en partie ou complètement après quelques essais. En tout cas, c'est l'expérience qu'en a faite Gay Hendricks.
Pour celui-ci, le vrai secret réside dans le fait de se donner une autre conception du temps. C'est ce qu'il appelle le paradigme Einstein, en opposition à l'ancien paradigme, celui de Newton.
Une fois adopté le temps selon Einstein, vous pourrez augmenter le temps disponible pour vos activités créatrices et productives. Comment ? Voyons d'abord en quoi consiste la différence entre les deux formes de temps.
L'ancien paradigme et le piège du temps newtonien en détail
Pour résumer, le temps newtonien est un temps fini, puisqu'il existe une quantité limitée de temps. Du coup, nous sommes toujours dans un état de pénurie. Toujours à le chercher pour réaliser la moindre activité.
En fait, nous sommes pris dans un piège, selon lequel il existe d'un côté le temps comme réalité matérielle et physique, indubitable, et de l'autre nous-mêmes, qui subissons sa pression. Nous sommes pris dans un dualisme où nous sommes les esclaves du maître-temps !
Notre problème de temps : un problème d'espace
Le changement de conception du temps va de pair avec un changement de conception de l'espace. Dans l'ancien paradigme, l'espace est lui aussi fixe. Dans la version d'Einstein, l'espace peut se contracter ou s'élargir — comme le temps justement !
La phrase clé du célèbre physicien contemporain est la suivante :
"Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez-vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité." (Albert Einstein)
Gay Hendricks interprète cette remarque en disant que notre conscience s'étend dans l'espace lorsque nous sommes bien, alors qu'elle se rétrécit le plus possible quand nous sommes en mauvaise posture.
La vérité à propos du temps et toutes ces choses que vous ne voulez pas vraiment faire
"Pour arriver à vivre dans le temps selon Einstein, il vous faut effectuer une importante transformation, et c'est un concept qui est tellement inconcevable que j'ai effectivement vu des adultes avoir le souffle coupé d'étonnement lorsque je leur ai présenté comment procéder." (Le grand saut, Chapitre 6)
Êtes-vous prêt à essayer ?
En fait, vous avez besoin de déprogrammer votre persona du temps. Qu'est-ce que c'est que ça ? Le persona, ici, désigne "un modèle d'action et de sentiments qui sont apparus dans notre vie à un certain moment en réaction à certaines conditions".
En fait, persona signifie masque en latin. Mais laissons les complications aux universitaires, dit l'auteur, et entrons dans le concret.
Ce que vous avez vraiment besoin de savoir au sujet de votre persona
Nous avons plusieurs persona, au moins deux ou trois le plus souvent. Ceux-ci se sont développés durant notre enfance. À l'âge adulte, l'un des enjeux consiste à les repérer et à "supprimer" ceux qui nous sont devenus inutiles ou néfastes.
Pour Gay Hendricks, nous agissons également avec le temps en fonction d'un persona. Le plus souvent, nous agissons par exemple comme des "policiers du temps", recadrant la moindre personne en retard. Mais nous pouvons adopter en profondeur une autre personnalité relative au temps.
Le temps selon Einstein
Devenir maître de son temps, c'est refuser le dualisme et considérer que vous êtes la source du temps. Le temps vous appartient ; vous avez prise sur lui. Ce n'est pas une ruse, selon le psychologue. Vous pouvez générer davantage de temps. Commencez par vous dire :
"Où dans ma vie je n'assume pas ma pleine responsabilité ?" ou "Qu'est-ce que j'essaie de nier ?" ou encore "Où dans ma vie dois-je assumer ma pleine responsabilité ?" (Le grand saut, Chapitre 6)
Prendre ses responsabilités aiderait-il à mieux gérer son temps ? C'est ce que prétend l'auteur. En fait, prendre en main le stress permet aussi de prendre en main le temps. Regardons comment.
Comment commencer
Une première action pourrait être de cesser de vous plaindre du temps — ou plutôt de votre manque de temps. Les phrases du genre "Je n'ai pas le temps" doivent disparaître de votre vocabulaire.
Imaginez un peu : si votre enfant veut jouer avec vous, vous pourriez être tenté de lui répondre que "vous n'avez pas le temps maintenant". Mais qu'en serait-il s'il se coupait en jouant seul et que vous deviez l'amener à l'hôpital ?
Dans un cas, vous avez le temps mais pas dans l'autre. Cela n'est pas une bonne manière de prendre ses responsabilités. Vous êtes la source du temps que vous prenez et que vous accordez aux autres.
La sensation de la pression du temps
Cette pression que nous ressentons lorsque nous sommes pressés, en retard et stressés, vous l'avez déjà sûrement expérimentée. En fait, vous pouvez modifier cet état corporel. Et il en va de même avec l'ennui que vous ressentez peut-être comme un vide.
Rendez-vous compte que, en réalité, ces sensations proviennent de vous-même et d'un "ferment créateur" en vous. Vous pouvez maîtriser cet élan créateur et le diriger là où il vous semble bon d'agir.
Une invitation
Créez donc suffisamment de temps pour apprendre sur vous-même et mettre en œuvre ces principes !
"Ce qu'il faut principalement, c'est une attention enthousiaste. Surveillez constamment les plaintes qui sortent de votre bouche ou circulent dans votre esprit à propos du temps. En les détectant pour les éliminer une par une, vous deviendrez de moins en moins occupé tout en en accomplissant beaucoup plus." (Le grand saut, Chapitre 6)
Chapitre 7 - Résoudre les problèmes relationnels
Souvent — nous dit l'auteur qui s'appuie ici sur une étude scientifique de John Cuber et Peggy Harroff —, les personnes qui réussissent ont des relations conjugales décevantes. Pourquoi ? En fait, avant d'en venir à cette question, il convient de voir quels sont les types de relations dites décevantes :
Celles qui sont dépourvues de vitalité, c'est-à-dire d'envie de partager et de libido.
Il y a aussi celles qui sont passives-agréables, c'est-à-dire où l'amour est sans passion (et ne l'a peut-être jamais été). Peu d'attente, peu de disputes, mais pas de véritable harmonie profonde.
Enfin, il y a les relations où le conflit est prédominant.
Alors maintenant, revenons sur les raisons. Selon Gay Hendricks, il en existe deux :
Parce qu'ils ont du succès (nous l'avons dit) ;
Mais qu'ils ne connaissent pas le fonctionnement de la limite supérieure.
Dès lors, ces couples se créent des noises sans savoir pourquoi. Les personnes inconscientes de ce qu'elles croient et de ce qu'elles projettent sur l'autre ne peuvent pas rétablir leurs relations.
La projection survient quand vous vous rendez compte que vous attribuez à l'autre vos propres sentiments. Ces projections sont souvent nocives et nuisent à l'énergie et à l'équilibre du couple.
Pour apprendre à prendre vos responsabilités au sein du couple lorsque vous avez déjà du succès, l'auteur donne quelques conseils :
Prenez du temps en suffisance sans votre partenaire ;
Exprimez vos émotions et vos vérités de façon simple ;
Permettez-vous de vivre les sentiments (les vôtres et ceux de l'autre) ;
Soyez affectueux ;
Apprenez à relâcher l'intimité autrement que par la dispute ;
Cherchez des amitiés avec lesquelles réaliser des projets communs.
Conclusion sur « Le grand saut » de Gay Hendricks :
Que faut-il retenir du livre "Le grand saut" de Gay Hendricks :
Ce manuel typique de développement personnel vous apprendra à ne plus vous auto-saboter et à réaliser le meilleur de vous-même. Bien entendu, cela demande des efforts. L'enquête sur ses propres croyances limitantes, par exemple, est un processus délicat ; mais vous pouvez la mener à bien !
Dans la conclusion du livre, Gay Hendricks insiste sur le fait qu'il s'agit d'une trajectoire ascendante continue. Les moments où nous nous libérons d'une limite supérieure sont les moments du grand saut.
"Voici ce que je vous souhaite : un voyage de toute une vie béni de plusieurs moments de découverte de ce genre. À mesure que vous avancez sur votre chemin puisse chaque jour être rempli d'autant de magie pratique et miracles quotidiens." (Le grand saut, Conclusion)
Points forts :
Un livre pour aller encore plus loin dans le succès, dans tous les domaines ;
De grandes séquences autobiographiques ;
Des concepts expliqués clairement ;
Une méthode pas à pas pour le changement ;
Des annexes avec encore plus d'anecdotes.
Point faible :
On peut regretter l'absence d'un bibliographie avec des sources scientifiques.
Ma note :
★★★★★
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Résumé de "Les personnes ultra-transformées: Pourquoi nous mangeons tous des choses qui ne sont pas de la nourriture… Et pourquoi nous n’arrivons pas à nous arrêter ? » de Chris van Tulleken : un livre événement sur la nourriture, véritable best-seller à sa sortie, qui expose les techniques douteuses de l’industrie alimentaire pour produire ce que nous mangeons tous les jours — et nous inciter à en consommer plus.
Chris van Tulleken, 2023, 376 pages.
Titre original : Ultra-Processed People: Why Do We All Eat Stuff That Isn't Food… and Why Can't We Stop? (2023).
Chronique et résumé de "Les personnes ultra-transformées (Ultra-Processed People): Pourquoi nous mangeons tous des choses qui ne sont pas de la nourriture… Et pourquoi nous n'arrivons pas à nous arrêter ?" de Chris van Tulleken
Introduction
Notre corps ressemble davantage à un écosystème complexe qu'à une machine. Chris van Tulleken dit avoir été impressionné par un article de 2014 sur les virus dormants où il est démontré que ceux-ci co-évoluent avec nous depuis des millénaires.
En fait, nos interactions avec l'environnement sont multiples et subtiles. Et cela s'applique tout particulièrement, bien sûr, à la façon dont nous nous nourrissons. Tout au long de l'évolution biologique, notre corps a développé des relations complexes avec les sources alimentaires qui lui permettent de se maintenir en vie.
Pourtant, au cours des 150 dernières années, ces relations ont été profondément modifiées. Pourquoi ? Car « nous avons commencé à manger des substances artificielles et à utiliser des processus jamais rencontrés auparavant dans notre histoire évolutive », soutient l'auteur.
Il s'agit notamment de l'utilisation et de l'ingestion de/d' :
amidons modifiés ;
émulsifiants synthétiques ;
gommes stabilisatrices ;
colorants et de composés aromatisants.
Les processus utilisés sont par exemple le raffinage, le blanchiment et l'hydrogénation. Ces aliments ultratransformés sont nommés UPF (ultra-processed food). Or, ceux-ci risquent de bouleverser l'équilibre complexe entre les aliments, notre corps et — surtout — notre santé.
Quelle est l'origine de cette transformation ? En grande partie la tendance de nos sociétés industrielles et commerciales à chercher toujours les options les moins coûteuses. L'utilisation des UPF a vu le jour avec l'industrialisation de la production alimentaire et elle est en passe de supplanter les régimes traditionnels (comme le régime méditerranéen, par exemple).
À titre d'illustration, la nourriture ultratransformée (pour traduire UPF en français) constitue aujourd'hui 60 % de l'alimentation moyenne au Royaume-Uni et aux États-Unis !
Pour Chris van Tulleken, cette augmentation est liée à l'apparition de plusieurs problèmes de santé contemporains et c'est précisément ce qu'il veut démontrer dans ce livre. Voici quelques maladies ou problèmes de santé dont l'augmentation est, selon lui, directement ou indirectement liée à l'usage d'UPF :
Obésité ;
Taux de cancer ;
Maladies métaboliques ;
Maladies mentales ;
Risques de démence ;
Maladies inflammatoires.
Par ailleurs, l'auteur considère que l'alimentation ultratransformée est corrélée à des problèmes sociaux et écologiques plus larges. Il rappelle en effet que l'industrie agroalimentaire est « le deuxième plus grand contributeur » aux émissions de gaz à effet de serre.
Enfin, le spécialiste en maladies infectieuses affirme que les UPF créent de profondes addictions. Pour sentir véritablement ses effets au-delà du simple argument théorique, l'auteur invite à répéter une expérience qu'il a lui-même réalisée : consommer un régime composé de 80 % d'UPF pendant un mois. Selon lui, si vous suivez ce "régime", vous sentirez nettement ses effets négatifs et son potentiel addictif.
Prêt à essayer ? Pas sûr ! Mais commençons déjà par développer les arguments de l'auteur pour voir de quoi il en retourne.
Première partie — Non mais attends, qu'est-ce que je suis en train de manger, là ?
1 — Pourquoi y a-t-il de la bave de bactérie dans ma crème glacée ?
Chris Van Tulleken utilise l'exemple d'une crème glacée produite en série par une marque appelée Hackney Gelato. Il souhaite exposer la façon dont l'UPF est fabriquée et quelle est la logique économique qui se cache derrière ce processus.
La liste des ingrédients nous renseigne déjà :
Stabilisateurs ;
Émulsifiants ;
Gommes ;
Différentes huiles.
Rien de très courant dans nos cuisines ! Et justement, l'auteur donne un critère très simple pour savoir si vous consommez des UPF : ce sont des aliments que vous ne retrouveriez normalement pas dans votre propre cuisine.
Mais quelle est la logique économique là derrière ? Ne serait-il pas plus simple et plus économique d'utiliser des aliments habituels ? En fait, non. En s'appuyant sur plusieurs entretiens avec un professionnel de l'industrie, l'auteur montre que l'utilisation de ces ingrédients UPF a pour but d'économiser de l'argent.
Comment ? Car les ingrédients de l'UPF garantissent un stockage et une distribution plus efficaces des produits. Dans le cas de la crème glacée, les émulsifiants et les gommes permettent à la crème glacée de voyager en tolérant des différences de chaleur. Ce qui permet de gagner de l'argent et de l'exporter plus loin.
Les facilités logistiques ne sont pas la seule raison économique. L'autre raison est que ses ingrédients artificiels sont moins chers à produire (ou à récolter) que les aliments traditionnels. Les UPF sont ainsi des "fac-similés", des copies à bas coût d'aliments existants.
Reprenons l'exemple de la glace. Traditionnellement, celle-ci est composée de :
Lait ;
Crème ;
Jaunes d'œufs.
Ces ingrédients sont chers car ils nécessitent l'élevage d'animaux de ferme. En utilisant des UPF, l'industrie se passe de cette étape. Elle utilise des produits végétaux qu'elle modifie pour recréer l'apparence et la texture que nous connaissons, mais sans utiliser ces produits classiques.
2 — Je préfère plutôt manger cinq bols de Choco Pops : la découverte de l'UPF
Chris Van Tulleken examine ensuite les origines du concept d'alimentation ultratransformée ou UPF. Un scientifique en est à l'origine : Carlos Monteiro, nutritionniste et statisticien brésilien. Ses recherches portent sur l'explosion des problèmes d'obésité au Brésil à partir de la fin du XXe siècle.
Dans ce cadre, il a montré que le souci ne résidait pas tant dans les changements alimentaires (augmentation de la consommation de sucre et de graisse, notamment) que dans le passage de régimes traditionnels à des régimes non traditionnels.
Que contiennent ces nouveaux régimes alimentaires ? Beaucoup d'aliments transformés comme les :
Boissons gazeuses ;
Céréales et biscuits.
En 2010, Carlos Monteiro a proposé une nouvelle typologie d'aliments : le système NOVA. Selon ce système, les aliments sont divisés en quatre groupes en fonction de la nature et de l'étendue de leur transformation.
Aliments bruts ou peu transformés tels que les fruits, la viande et les légumes.
Ingrédients directement issus de matières brutes comme l'huile, le beurre et le sel — des ingrédients de base qui nécessitent une certaine transformation non industrielle.
Aliments transformés (combinaisons des groupes 1 et 2) pour la conservation, comme les viandes et les poissons fumés ou séchés, les fromages, les confitures ou encore le pain.
Aliments ultratransformés comme les sodas, les biscuits industriels et les repas préparés.
Contrairement aux autres groupes, les aliments du groupe NOVA 4 ne sont pas réalisables sans des technologies industrielles complexes. C'est pourquoi le critère de "je peux le faire à la maison" est si utile !
En bon scientifique, Chris van Tulleken reste toutefois prudent. En effet, les travaux de Carlos Monteiro ne suffisent pas à prouver définitivement que la consommation d'aliments du groupe 4 est la cause principale de l'obésité. Néanmoins, l'auteur s'appuie sur de nombreuses études citées dans l'ouvrage pour montrer qu'il existe une forte corrélation entre les deux.
3 — Oui d'accord, la nourriture ultratransformée, ça ne donne pas envie, mais est-ce vraiment un problème ?
Chris Van Tulleken relate notamment l'étude de Kevin Hall, scientifique et nutritionniste britannique. En 2019, celui-ci a conçu une expérience pour invalider la thèse de Carlos Monteiro. Toutefois, cette étude a plutôt eu l'effet inverse ! En effet, l'étude a montré une nette corrélation entre prise de poids et consommation d'UPF.
L'expérience réunissait 20 hommes et femmes, dont :
La moitié suivait un régime de 80 % d'UPF.
L'autre moitié ne consommait aucun aliment du groupe NOVA 4.
Chaque régime contenait la même quantité de sel, de sucre, de graisse et de fibres. Après un mois (en fait, deux semaines, car l'expérience prévoyait un échange de régime après deux semaines), ceux qui suivaient le régime UPF avaient consommé 500 calories supplémentaires par jour et avaient pris du poids en conséquence. En revanche, ceux qui suivent le régime non-UPF ont perdu du poids.
Cette étude a été capitale pour démontrer que l'UPF provoque bel et bien une prise de poids. D'ailleurs, elle a aidé à la reconnaissance de l'hypothèse de Carlos Monteiro sur la scène internationale.
Pour Chris van Tulleken, il faudrait en outre prendre en considération le marketing lié, notamment, à l'emballage des produits. Ces techniques de vente provoquent une consommation excessive des produits et cela devrait être pris en compte dans d'autres études.
L'auteur rapporte par ailleurs d'autres études venant corroborer les conclusions de Carlos Monteiro et Kevin Hall. Ainsi, une expérience publiée dans le British Medical Journal a montré qu'une augmentation de 10 % de la consommation d'UPF était associée à une augmentation de 10 % du risque de cancer.
4 — (Je ne peux pas croire que ce ne soit pas le cas du) beurre de charbon : l'UPF ultime
Le médecin raconte ensuite l'histoire — assez répugnante — de la première graisse comestible synthétique. Celle-ci fut produite à l'origine à partir de rebuts de carburant liquide !
Tout commence en 1912, quand l'Allemagne inventa le lignite, un pétrole de piètre qualité ayant pour but de remplacer le pétrole venu de l'étranger. À la fin des années 1930, cette technique tournait à plein régime, mais créait de grandes quantités de déchets. Or, à cette époque, le pays était aussi à court de graisse comestible…
Un industriel et un homme politique trouvent une solution en 1938. Ils combinèrent de la glycérine à la slackwax pour en faire une graisse (prétendument) comestible, la speisefett. Combinée avec de la diacétyle, il se trouva que cette graisse prenait le goût du beurre.
Ainsi naquit le « beurre de charbon », autrement dit « le premier aliment totalement synthétique ».
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les soldats allemands furent nourris avec cet ancêtre de l'UPF. Il fut découvert, plus tard, que plusieurs tests avaient montré — dès cette époque — que cet aliment provoquait de graves problèmes rénaux chez les animaux.
Deuxième partie — Mais je ne peux pas simplement contrôler ce que je mange ?
5 — Les trois âges de l'alimentation
Dans ce chapitre, Chris van Tulleken cherche à démontrer l'importance historique de cette modification de régime alimentaire à l'ère industrielle. Il propose, pour ce faire, une division en trois « âges de l'alimentation ».
En résumé :
Premier âge = les bactéries consomment des matériaux inorganiques comme le fer pour produire de l'énergie.
Deuxième âge = évolution vers des régimes plus complexes à partir de matériaux organiques (plantes, autres animaux). Les besoins alimentaires se complexifient en même temps que les espèces animales.
Troisième âge = consommation de molécules que l'on ne trouve pas dans la nature, mais créées artificiellement par des processus industriels.
L'auteur montre patiemment comment se produit le passage d'un âge à un autre en insistant toujours sur les modifications de relations entre le vivant et son milieu.
Par exemple, il explique comment les espèces peuvent cohabiter dans des formes de symbioses. Il cite, notamment l'importance du microbiome intestinal qui se "nourrit" de notre alimentation tout en nous protégeant de diverses affections.
Il aborde aussi la question de la cuisson des aliments, qui nous a donné un grand avantage évolutif sur les autres prédateurs. En effet, en cuisant nos aliments, nous tuons plus de parasites et nous extrayons davantage d'énergie de la nourriture, ce qui favorise le développement de l'espèce.
Enfin, il date l'apparition du troisième âge de l'alimentation à 1879, avec l'invention de la saccharine (sucre de synthèse).
6 — Comment nos corps gèrent réellement les calories
En tant que médecin et spécialiste en maladies infectieuses, l'auteur pense qu'il y a un lien entre UPF et perturbation des mécanismes profonds qui régissent le sentiment de satiété (le fait de ne plus avoir envie de manger, de se sentir "repus").
Selon lui, nous avons peu à peu développé, tout au long de l'évolution, un système de régulation interne très fin de notre rapport aux aliments. Nous savons intuitivement et sentons presque instantanément lorsque notre apport en calories et en nutriments est atteint. Par ailleurs, notre corps sait très bien stocker ces calories en tant que matières grasses.
Tout ce système complexe implique non seulement nos microbiomes (notamment intestinaux), mais aussi nos organes et nos tissus adipeux. Par ailleurs, il régule également les hormones qui nous avertissent de la faim, mais aussi du sentiment de satiété et de ce que nous devrions manger.
Bref tout cela est — normalement — bien huilé ! Mais les UPF, selon le docteur Chris Van Tulleken, détraquent cette horlogerie de précision. En effet, l'alimentation ultratransformée, en raison de ces caractéristiques propres, parvient à pervertir la régulation normale de l'appétit et du stockage des graisses.
Concernant la transformation des sucres en graisse et l'utilisation du jeûne pour limiter les problèmes d'obésité, vous pouvez également lire Le guide complet du jeûne.
7 — Pourquoi ce n'est pas à cause du sucre…
Dans la suite de cette partie, Chris van Tulleken cherche à démonter les principaux arguments habituellement utilisés pour justifier l'augmentation de l'obésité dans le monde, à savoir :
Augmentation de la consommation de sucre ;
Diminution de l'exercice sportif ;
Perte de la volonté de faire des efforts.
Concernant le sucre, l'auteur s'appuie sur une étude célèbre du nutritionniste américain Gary Taubes publiée en 2002. Celui-ci avait montré que ce n'était pas tant la graisse que le sucre qui provoquait des problèmes de santé. Selon cette étude, les sucres augmenteraient la sensation de faim et seraient à blâmer en priorité.
Pour Chris Van Tulleken, il y a de graves défauts dans cette hypothèse. En fait, nous mangeons depuis les années 1970 à la fois plus de graisses et plus de sucres. Or, il est difficile de montrer une corrélation stable entre l'augmentation des lipides ou des glucides et la prise de poids.
Une étude de la Nutrition Science Initiative (2012) montre que, sur une période de deux semaines, il n'y a pas de différence de prise de poids entre des personnes qui suivent un régime riche en glucides et ceux qui n'en suivent pas.
Ni les graisses ni les sucres ne peuvent donc, en eux-mêmes, être les responsables de l'épidémie d'obésité qui s'observe depuis la seconde moitié du XXe siècle, selon l'auteur.
8 — Ni de l'exercice
Chris Van Tulleken discute un autre argument : l'augmentation de la sédentarité et le manque d'exercice. Nous avons tous entendu que nous devions manger plus équilibré et faire plus de sport. Mais est-ce si sûr ?
Cela paraît logique de prime abord : nous brûlons moins de calories et, dans le même temps, nous mangeons plus de sucres et de graisses. Nous stockons donc davantage de graisses, bref, nous grossissons ! Et pourtant, il n'est pas si certain que l'argument tienne la route…
L'auteur montre par exemple, en s'appuyant sur des études scientifiques, que :
Le nombre de calories brûlées par des indigènes réputés "sportifs" (car vivants dans la nature et devant utiliser beaucoup d'énergie pour se procurer de la nourriture) et les populations occidentales était sensiblement identique ;
Chimpanzés captifs et sauvages brûlent le même nombre de calories par jour.
Qu'en conclure ? Eh bien, notre corps s'adapte. Lorsque nous ne faisons pas d'effort physique, nous avons besoin de plus d'énergie pour certaines tâches essentielles comme la protection du système endocrinien ou la réduction du stress, etc. À l'inverse, lorsque nous faisons de l'exercice, nous dépensons moins d'énergie pour gérer ces processus biologiques.
Autrement dit, le corps maintient un niveau relativement constant de dépense calorique ! Conclusion de l'auteur : le manque d'exercice n'est pas responsable de la crise de l'obésité, car il ne provoque pas, en soi, de perte de poids.
9 — Ni même de la volonté
Il existe un autre mythe au sujet de l'obésité. Celui-ci est d'ailleurs lié à l'exercice. Il suffirait d'avoir de la volonté pour se mettre à bouger et à contrôler son alimentation. Bien sûr, selon cette thèse, il existerait aussi une influence des gènes sur le comportement alimentaire. Mais est-ce si simple ?
Chris Van Tulleken considère que non. Il n'y a pas que les gènes et la volonté qui influencent notre comportement alimentaire. Il y a aussi l'environnement ou plutôt ce qu'il nomme les « environnements alimentaires ». Ceux-ci comprennent les « contextes physiques, économiques, politiques, sociaux et culturels » qui jouent un rôle sur ce que nous consommons au quotidien.
Si nous grandissons dans un environnement pauvre, où l'alimentation principale à notre disposition est de mauvaise qualité, nous aurons beaucoup de difficultés pour modifier nos habitudes alimentaires. En fait, certains "mauvais" gènes peuvent être activés en raison de ce contexte détérioré et nous mener à l'obésité.
En somme, la théorie actuelle, dite "de l'abondance" (plus d'aliments riches en sucre et en graisse versus moins d'exercice physique et de volonté), ne rend pas du tout compte des inégalités en matière d'obésité.
Ainsi, au Royaume-Uni par exemple, « naître dans un ménage à faible revenu peut doubler le risque d'obésité », rappelle l'auteur. En fait, si l'hypothèse de l'abondance était correcte, ce serait plutôt l'inverse qui devrait se produire, puisque les pauvres ont moins d'argent pour se nourrir et sont habituellement plus susceptibles d'effectuer des travaux physiques durs (autrement dit, font plus d'exercice).
Bref, pour Chris van Tulleken, il est clair que l'obésité n'est pas causée par le manque de volonté, mais bien par des facteurs complexes en relation avec notre environnement. C'est la thèse à suivre dans le chapitre suivant.
10 — Comment l'UPF bidouille nos cerveaux
Lorsqu'il a testé le régime à 80 % d'alimentation ultratransformée, le médecin s'est soumis à une IRM pour voir ce que les UPF produisaient sur son cerveau et d'autres parties de son corps (notamment via le système hormonal).
Pour l'auteur, les résultats de ces analyses montrent qu'il devenait de plus en plus dépendant aux substances ingérées. En effet, les scanners ont révélé un lien plus fort entre :
Les zones du cerveau impliquant le contrôle hormonal de l'apport alimentaire ;
Celles impliquées dans le désir et la récompense.
Il raconte d'ailleurs qu'il ressentait de plus en plus fort ce sentiment de manque et cette difficulté à contrôler sa consommation au jour le jour. Selon lui, son expérience personnelle (faute d'études encore définitives sur le sujet) montre que les UPF induisent une forte dépendance.
Habituellement, lorsque nous consommons des aliments des groupes 1 à 3, notre corps régule de lui-même les excès de calories, même en période d'abondance. Or, pour Chris van Tulleken, ce n'est plus le cas avec les aliments du groupe 4.
Si cette hypothèse est valide, alors les UPF pourraient être responsables de l'obésité, car ils interfèrent avec les systèmes complexes qui gèrent la satiété. L'auteur nous demande d'ailleurs de réfléchir à notre propre expérience : n'avons-nous pas parfois la sensation d'être incapables d'arrêter de manger ? Apprenons à y être attentifs et à voir lorsque celle-ci se produit.
L'affirmation du médecin a une conséquence importante. En effet, elle fait passer l'obésité du côté d'une maladie causée par l'ingestion de « substances comestibles addictives » et non d'un problème lié à la responsabilité des individus. Ce faisant, la responsabilité est d'abord à trouver du côté des industries qui produisent l'alimentation ultratransformée, et non des personnes.
Troisième partie — Ah, donc c'est pour ça que je suis anxieux et que j'ai mal au ventre !
11 — L'UPF est pré-mâchée
À partir de ce chapitre, Chris van Tulleken examine les raisons qui font que la nourriture ultratransformée est si problématique. La première est celle-ci : l'UPF est pré-mâchée ou "douce" (soft, dans le texte anglais).
En fait, c'est une question de texture. L'aliment ultratransformé nous paraît agréable et facile à manger. Dès la première bouchée, vous en voulez une autre. Or, cela a des conséquences fâcheuses, puisque nous sommes entraînés à consommer plus, avant même que nos hormones de satiété se mettent à fonctionner.
C'est ce que l'auteur appelle "l'hypertraitement". Un produit doux se vend mieux, mais quels sont véritablement ses effets sur la santé ? La texture plus "dure" et la résistance des aliments nous obligent à manger plus lentement et à sécréter les bonnes substances digestives.
L'auteur met en doute certaines propositions des industriels visant à supprimer cette douceur pour redonner une texture plus dure aux aliments. Selon lui, ce n'est pas en faisant confiance aux mêmes compagnies que nous allons régler les problèmes qu'elles ont créés. Autant se tourner vers d'autres solutions.
12 — L'UPF a une drôle d'odeur
C'est l'odorat et sa relation aux arômes artificiels, notamment, qui est ici analysé par Chris van Tulleken.
Avec les aliments des groupes NOVA 1 à 3, les odeurs jouent un rôle de détection des nutriments. Autrement dit, ce que nous sentons nous renseigne sur la teneur nutritive (ou le danger) de tel ou tel aliment.
Mais avec les aliments du groupe NOVA 4, les choses changent. En effet, l'ultratraitement de l'UPF à partir d'amidons et d'huiles de base supprime en grande partie ou totalement les nutriments et les odeurs qui leur sont naturellement associées. Il est donc nécessaire d'ajouter des arômes dans un second temps pour rendre ce qui est fade appétissant.
En somme, nous mangeons des aliments pauvres en nutriments tout en ayant l'impression, grâce aux arômes, de consommer de "bons" aliments. Or, cela conduit également à la surconsommation, dans la mesure où nous continuer à chercher dans les aliments les nutriments manquants.
Les suppléments de vitamines peuvent-ils nous aider ? Pour l'auteur, c'est non. La valeur des vitamines ne se déploie que dans le cadre d'une alimentation saine, comportant une majorité d'aliments non ou peu transformés.
13 — L'UPF a un goût étrange
Chris van Tulleken passe ensuite au goût et se concentre surtout sur les boissons gazeuses type sodas.
Son argument principal est le suivant : l'acidité (acide phosphorique) et l'amertume (caféine ou autre énergisant), combinées à l'effervescence et au sentiment de froid, nous donnent une plus grande tolérance au sucre.
Pour le dire autrement, ces boissons ne nous plairaient pas sans cette combinaison de saveurs, car elles sont beaucoup trop sucrées. En fait, nous rejetterions naturellement ces boissons. Mais l'amertume et l'acidité créent un effet d'équilibre qui introduit cette grande quantité de sucre "en contrebande" dans notre palais, pour reprendre l'expression de l'auteur.
Par ailleurs, l'auteur met aussi en garde contre les édulcorants artificiels. En réalité, ceux-ci ne diminuent pas le risque d'obésité. Cela peut même être le contraire, lorsqu'ils sont consommés avec d'autres types d'aliments ultratransformés ou en combinaison avec du sucre.
Le marketing et la chimie s'associent pour créer des relations intimes et profondes entre nous et une marque. Comment ? En passant par le goût. Nous avons par exemple l'impression de manger un jambon traditionnel "au feu de bois" alors que nous ingérons des colorants et des arômes. Autre cas : nous devenons accros à l'odeur de certaines pâtes à tartiner qui nous rappellent — c'est l'argument marketing — notre enfance…
Pourtant, ces aliments (et surtout les marques qui sont derrière) ne nous veulent pas du bien. Elles veulent seulement s'enrichir.
14 — Anxiété générée par les additifs
Existe-t-il des risques au-delà du risque physique d'obésité ? Plusieurs études (exposées dans l'ouvrage) démontrent que c'est bien le cas.
Chris van Tulleken explore par exemple l'effet des émulsifiants. Cet additif, utilisé pour lier différentes substances dans les aliments, nuit au microbiome intestinal qui assure une bonne digestion et protège l'intestin contre certaines bactéries nocives.
Ces deux fonctions sont perturbées par les émulsifiants. Or, ces dommages pourraient être responsables, selon l'auteur, de l'augmentation des maladies auto-immunes et inflammatoires — ainsi que de l'augmentation des maladies métaboliques comme le diabète de type 2.
Le diabète de type 2 est également au centre des réflexions sur le jeûne. Pour un exemple de livre et de recettes liées à cette pratique, voir Faites votre Glucose Revolution de Ingrid Inchaupsé.
Quatrième partie — Mais j'ai déjà payé pour ça !
15 — Des organismes dérégulés
Dans cette avant-dernière partie, Chris Van Tulleken se penche sur le cadre institutionnel qui permet de réguler la diffusion de ces aliments sur le marché.
Il prend l'exemple de l'huile de maïs de la société Corn Oil ONE. La compagnie souhaite produire et distribuer une nouvelle huile dérivée de la purée de maïs utilisée pour produire du biocarburant. Pour faire valider ce nouveau produit comme apte à la consommation humaine, la société peut opter pour :
Une demande d'examen complet du produit par la Food and Drug Administration (FDA), l'organisme fédéral de réglementation des additifs alimentaires. Si cet examen réussit, l'huile de maïs peut être considérée comme additif alimentaire approuvé. Problème : c'est complexe et peu sûr.
Une demande spécifique, plus souple, qui vise à reconnaître que l'additif peut être « généralement reconnu comme sûr ». Là encore, des données doivent être envoyées. La FDA fait de son mieux pour traiter ces demandes, mais avec des effectifs réduits. C'est l'option choisie par la Corn Oil ONE.
L'autodétermination, à savoir la décision libre, de la part d'un industriel, d'utiliser un nouvel additif alimentaire dans un produit. Cette règle a été mise en place à la fin des années 1990 pour faire face à un retard dans les demandes spécifiques (numéro 2).
L'auteur donne un chiffre : depuis les années 2 000, seulement 10 demandes d'examen (options 1 et 2) ont été réalisées auprès de la FDA, pour 786 nouveaux additifs alimentaires introduits sur le marché. Soit 98,7 % d'autodétermination.
L'auteur cherche ici à démontrer que la mise sur le marché de ces substances est dramatiquement sous-réglementée. Pire, cela produit un résultat néfaste, à savoir que c'est à la société civile (aux consommateurs) de prouver que le produit leur cause du tort.
16 — L'UPF détruit les régimes traditionnels
Dans ce chapitre, Chris Van Tulleken explore le phénomène de remplacement des régimes traditionnels par un régime à base d'aliments ultratransformés. Comme c'est déjà une réalité en Occident, il observe le phénomène dans les pays en voie de développement.
Premier exemple : Nestlé et son activité dans le bassin amazonien, au Brésil. En 2010, une sorte de supermarché Nestlé flottant a descendu le fleuve Amazonie. Objectif ? Vendre ses produits aux villes et villages alentours.
Les populations ont été séduites par cette alimentation peu chère et nouvelle, apparemment riche en saveurs. Peu à peu, ils ont réduit leur consommation d'aliments directement recueillis (ou chassés) dans la forêt. En peu de temps, ces populations brésiliennes passèrent d'un régime traditionnel à un régime UPF.
Dans la ville de Fruteira Pomar, qui borde l'Amazonie, les supermarchés locaux proposent désormais de nombreux produits de grandes entreprises de type Nestlé. Désormais, ce sont les clients eux-mêmes qui réclament ces produits.
Autre phénomène inquiétant : la transformation de produits locaux en produits UPF. En effet, la cuisine locale est "transformée", imitée, voire absorbée par des versions ultratransformées.
L'exemple le plus parlant de Chris Van Tulleken ? Le poulet frit, qui était une tradition locale de la population noire des États-Unis. Les grandes chaînes de restauration rapide du type KFC ont pris la main sur ce marché et ont complètement modifié la recette traditionnelle.
Ce phénomène de remplacement d'un régime par un autre peut avoir des effets dévastateurs. Pour l'auteur, ce n'est pas un hasard si le taux d'obésité a augmenté de 550 % au Mali entre 1980 et 2015 !
Outre l'obésité, ce sont les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2 qui grimpent en flèche. Or, ces pays ne disposent pas toujours des infrastructures sanitaires adaptées, ce qui rend d'autant plus difficile le traitement de ces maladies.
17 — Le vrai coût des Pringles
Ici, Chris van Tulleken aborde une série d'autres problèmes qui sont plus ou moins directement liés à la production industrielle d'alimentation ultratransformée :
L'évasion fiscale et les coûts juridiques ;
Les dommages environnementaux (utilisation de combustibles fossiles et déforestation, notamment) ;
Le problème de la résistance aux antibiotiques (qui a des conséquences environnementales et sanitaires) ;
L'utilisation abusive de plastiques pour emballer ou mettre en bouteille les produits ultratransformés.
Attention au greenwashing ! Lorsque vous regardez les sites web ou les publicités des entreprises productrices d'UPF, vous pourriez croire qu'ils cherchent à protéger l'environnement (et votre santé, accessoirement).
Or, c'est un leurre. La production d'aliments ultratransformés est très gourmande en énergie et en ressources — elle exige beaucoup plus de la terre que les régimes alimentaires plus traditionnels.
Pour découvrir des alternatives à la surconsommation et à l'agriculture intensive, lisez le livre Un million de révolutions tranquilles. Partout, il y a des initiatives qui montrent d'autres voies possibles !
Cinquième partie — Que diable dois-je donc faire alors ?
18 — L'UPF est faite pour être sur-consommée
Résumons :
D'un côté, la saveur et la texture des aliments ultratransformés nous invitent à manger toujours plus et finissent même par nous rendre accros.
D'un autre côté, l'alimentation UPF remplace des aliments entiers et nutritifs par des aliments pauvres en nutriments, ce qui peut à son tour provoquer une consommation excessive (pour pallier le manque de nutriments).
Par ailleurs, les additifs alimentaires causent des dommages tels que des inflammations (pour n'en citer qu'un) et dérèglent les systèmes hormonaux de contrôle de la satiété.
Enfin, les méthodes de production de cette industrie alimentaire génèrent des coûts sanitaires, sociaux et environnementaux importants qui sont supportés par la société.
Face à ces défis, l'industrie alimentaire est-elle capable de jouer les bons pères de famille et de se réguler elle-même afin de résoudre — au moins une partie — de ces problèmes ? Nous avons vu avec l'exemple de l'autodétermination que ce n'était vraisemblablement pas le cas.
Chris van Tulleken apporte deux arguments supplémentaires à sa thèse :
Premièrement, il a déjà été demandé aux entreprises de faire des efforts, et cela depuis 40 ans. Les gouvernements ont demandé de réduire le taux de graisse des aliments ultratransformés, mais les modifications apportées n'ont pas modifié les coordonnées principales du problème.
Deuxièmement, et plus fondamentalement, il faut rappeler que ces entreprises sont motivées en premier lieu par le profit — et non par la santé des populations ou le respect de l’environnement.
De façon générale, l’auteur ne croit pas en la capacité des entreprises à se réguler elles-mêmes pour gérer les problèmes qu’elles génèrent, précisément en raison de l’opposition entre leurs buts intrinsèques et ceux de la société.
19 — Ce que nous pourrions demander aux gouvernements de faire
C'est bien pourquoi Chris Van Tulleken préfère imaginer ce qui pourrait être fait d'un point de vue politique.
Mais, à cette fin, il prend un nouvel exemple assez glaçant. Dans les années 1970, Nestlé a cherché à commercialiser des préparations pour nourrissons dans plusieurs pays pauvres. Ce faisant, la compagnie cherchait concrètement à remplacer l'utilisation du lait maternel par des substituts produits industriellement.
Pour réaliser son objectif, Nestlé ne reculait devant rien. Des représentants commerciaux malhonnêtement déguisés en infirmiers conseillaient les jeunes mamans sur les avantages de leur produit. Après avoir reçu un échantillon gratuit, les mères devaient payer le prix plein si elles voulaient continuer à nourrir leur petit avec du lait maternisé labellisé Nestlé. Le tour était joué.
Or, cette préparation pour nourrissons a eu des effets désastreux sur la santé des bébés, entraînant des milliers de décès. Chris van Tulleken évoque quatre raisons.
La préparation du lait maternisé avec de l'eau propre est susceptible d'endommager le microbiome.
L'impossibilité d'utiliser de l'eau propre et de stériliser la bouteille conduit les nourrissons à boire des préparations contaminées par des bactéries.
L'augmentation des prix accroit la pauvreté et le phénomène de malnutrition.
La dilution des préparations (pour raisons économiques), qui crée un trop faible apport en nutriments pour l'enfant et donc la malnutrition.
L'Organisation mondiale de la santé s'est emparée de ce problème et a créé un "code" pour éviter qu'un drame de ce type ne se reproduise. Mais il est toujours possible que ces réglementations soient "infiltrées" par les intérêts des industriels.
Pour l'auteur, il est donc d'une importance capitale que :
Les politiciens ne soient pas financés par l'industrie alimentaire qu'ils sont censés réguler.
L'information doit être rendue disponible et le marketing trompeur doit être interdit.
Les enfants sont souvent les premières cibles des dégâts liés aux aliments ultratransformés. Il est donc particulièrement important de les protéger en premier lieu. L'auteur évoque la possibilité d'interdire certains produits dans les écoles, comme cela a été fait au Chili à partir de 2016, par exemple.
20 — Que faire si vous voulez arrêter de manger de l'UPF
Il est également possible et souhaitable, bien sûr, d'agir directement au niveau individuel. Tout d'abord, nous pouvons tester notre degré d'addiction aux aliments ultratransformés. Par exemple en réalisant l'expérience proposée en début d'ouvrage par l'auteur.
Pour ceux qui expérimentent déjà une relation addictive avec l'UPF, il importe de s'informer et de comprendre les enjeux liés à ce phénomène pour se donner de bonnes raisons de le combattre.
Ensuite, sur la longue durée, il faudrait réapprendre à cuisiner et à apprécier des aliments peu ou pas transformés. Il existe des solutions pour se nourrir bien à des prix tout à fait abordables. À titre d'exemple, Chris van Tulleken recommande la lecture de Allegra McEvedy et Jack Monroe.
]]>Résumé de « Autobiographie d'un yogi » de Paramahansa Yogananda : le témoignage unique et fabuleux du yogi qui a exporté le yoga de l'Inde vers les États-Unis au début du vingtième siècle.
Par Paramahansa Yogananda, 2022, 769 pages.
Titre original : Autobiography of a yogi, 2012.
Chronique et résumé de "Autobiographie d'un yogi" de Paramahansa Yogananda
1 - Mes parents et mes premières années
Né dans l'Uttar Pradesh (Inde) en 1893, Mukunda Lal Ghosh était le quatrième enfant d'une famille de huit personnes. Ses parents étaient des disciples du maître spirituel Lahiri Mahasaya, qui leur enseigna le Kriya Yoga.
À 8 ans, Mukunda est atteint du choléra asiatique. Il a alors une vision de saints dans des grottes de montagne. Il découvre également sa capacité à prédire certains événements.
Lorsqu'il est encore enfant, sa famille déménage à Lahore, au Pendjab. À cette époque, le jeune garçon vénère tout particulièrement la déesse Kali.
2 - La mort de ma mère et l'amulette mystique
À 11 ans, Ananta, le frère de Mukunda, se fiance. Malheureusement, sa mère meurt la même année, sans que celui-ci ait le temps de la revoir une dernière fois.
Ananta donne à Mukunda un message de leur mère, révélant qu'un moine lui a confié qu'il est destiné à devenir yogi. En héritage, elle lui transmet une amulette en argent, symbole de sa vocation nouvelle.
3 - Le saint aux deux corps
A 12 ans, Mukunda visite la ville de Banaras. À cette occasion, son père lui demande de donner une lettre à son ami Kedar Nath Babu. Grâce à l'intervention d'un tiers, le garçon parvient à localiser la personne et à le rencontrer pour lui remettre le document.
L'ami de son père, Kedar, arrive au rendez-vous après s'être baigné dans le Gange, puis disparait subitement dans la foule. Il semble à Mukunda que ce personnage saint parvient à se trouver simultanément à deux endroits !
4 - Ma fugue vers l'Himalaya est interrompue
Mukunda et ses amis prévoient de fuir Calcutta vers l'Himalaya. Ils se déguisent en Européens afin d'éviter que son grand frère, Ananta, ne les retrouvent.
C'est une véritable aventure mystique qui s'enclenche. L'un de ses amis disparaît à Burdwan, tandis que les autres continuent vers Hardwar. Ils sont interrogés par un responsable des chemins de fer, mais parviennent à s'échapper. À Hardwar, ils sont arrêtés par la police et c'est la fin de l'expérience.
Suite à cet épisode, Ananta emmène Mukunda à Banaras pour rencontrer un érudit hindou, dans l'espoir de le décourager de devenir sannyasi (initié, "prétendant" moine hindou). Cependant, leur mission échoue et ils retournent à Calcutta.
Le père de Mukunda fait alors en sorte que Swami Kebalananda, un moine disciple de Lahiri Mahasaya, lui enseigne le sanskrit. Cet apprentissage renforce encore davantage sa vocation.
5 - Le saint aux parfums et ses prodiges
Mukunda rencontre Gandha Baba, le « Saint des parfums », qui prétend notamment avoir le pouvoir de redonner aux fleurs fanées leur parfum. Mukunda remet en question ces prétentions en considérant qu'il est aisé de se procurer du parfum.
Pourtant, celui-ci est mis à l'épreuve et Mukunda est finalement convaincu par le pouvoir du moine (swami). Bien plus tard, il comprendra que les expériences sensorielles sont le résultat de variations vibratoires des électrons et des protons. Selon lui, Gandha Baba utilise des pratiques yogiques pour modifier la structure des représentations sensorielles et créer les effets souhaités.
6 - Le swami aux tigres
Mukunda rend visite à un autre swami, dit le Swami aux tigres. Ce saint lui raconte son histoire. Plus jeune, il était connu pour combattre les tigres à mains nues. Selon lui, ces animaux ne sont pas plus redoutables que les chats domestiques — il faut simplement de la force pour les maîtriser !
Après une blessure infligée lors d'une bataille mémorable avec un tigre, l'homme est blessé. Durant plusieurs mois, il lutte pour recouvrer la santé. Il décide alors, suivant les prédictions d'un prêtre, de se tourner vers la voie spiriturelle.
Celui-ci lui avait dit :
« Je t'apprendrai à maîtriser les bêtes de l'ignorance qui errent dans les jungles de l'esprit humain » (Autobiographie d'un yogi, Chapitre 6)
C'est comme ça que l'homme est devenu le "Swami aux tigres".
7 - Le saint aux lévitations
L'ami de Mukunda, Upendra Mohun Chowdhury, rapporte avoir vu un saint nommé Bhaduri Mahasaya léviter au-dessus du sol.
Ils finissent, là aussi, par se rencontrer. Bhaduri Mahasaya et Mukunda discutent de la pratique du yoga et le premier convainc le second qu'il devrait être pratiqué à la fois en Orient et en Occident.
Bhaduri Mahasaya devient un maître important pour Mukunda. C'est lui qui le convaincra de se rendre pour la première fois aux États-Unis pour y enseigner le yoga.
8 - Jagadis Chandra Bose, grand scientifique de l'Inde
Mukunda découvre les inventions du scientifique indien Jagadi Chandra Bose, notamment le crescographe, qui mesure la croissance des plantes. J. C. Bose admire la méthode scientifique occidentale et considère qu'il peut, grâce à elle, révéler la vie émotionnelle des plantes.
Pendant tout un temps, Mukunda fréquente l'Institut Bose de Calcutta. Il y apprend les lois physiques de la matière organique et inorganique. Les réalisations du laboratoire influencent, à cette époque, des domaines ausi variés que :
La physique ;
Mais aussi la physiologie ;
La médecine ;
Et même l'agriculture.
Mukunda observe les nombreux instruments inventés ou perfectionnés par J. C. Bose, comme le "cardiographe résonant", qui mesure les pulsations infinitésimales des structures végétales, animales et humaines.
9 - Le bienheureux fidèle et son amour cosmique
Alors jeune homme, Mukunda ressent un manque. Il pleure la perte de sa mère et se sent seul. Il demande de l'aide auprès d'un maître hindou qui le guide vers le Temple de Kali, célèbre déesse que Mukunda honorait déjà lorsqu'il était plus jeune.
C'est pour lui une nouvelle révélation. Toute cette période est marquée par une sensation de profonde plénitude et de dévotion à l'égard de Kali.
10 - Je rencontre mon maître, Sri Yukteswar
Mukunda ayant réussi ses examens de lycée, il rejoint un ermitage de Bénarès (aujourd’hui Vanarasi) avec son ami Jitentra. Au départ, il a du mal à s'adapter à la vie à l'ermitage ; d'autant plus qu'il découvre que son amulette a disparu (celle que lui avait confiée sa mère).
Il prie Kali pour l'aider et c'est à ce moment qu'il rencontre Sri Yukteswar Giri, son futur maître (guru ou gourou, en français). Il le suit jusqu'à Serampore, où ce dernier a sa résidence, et y passe plusieurs jours.
La fin du séjour se passe dans la discorde, car le gourou n'est pas content du refus de Mukunda de retourner auprès de sa famille. Il le met en garde : son enseignement futur n'est pas garanti. Mukunda devra à nouveau convaincre le maître de lui faire confiance.
11 - Deux garçons sans argent à Brindaban
Le frère de Mukunda, Ananta, envoie Mukunda et Jitendra à Brindaban pour le décourager de suivre sa vocation religieuse. Ils sont accompagnés de deux inconnus qui leur offrent de la nourriture, un abri et un repas luxueux.
Lors de leur périple, ils visitent aussi un temple et apprennent le Kriya Yoga auprès d'un jeune homme. Ananta lui-même est impressionné et demande à Mukunda de lui apprendre cette pratique.
Après le départ de son frère, Mukunda se rend à Serampore pour rencontrer son maître, qu'il avait connu quatre semaines plus tôt.
12 - Les années à l'ermitage de mon Maître
Sri Yukteswar demande à Mukunda de fréquenter l'université de Calcutta et est ensuite initié au Kriya Yoga. Il apprend de son maître ce qu'est la force vitale créatrice et comment elle peut le rendre plus sain et plus fort.
Il voit son gourou guérir des maux et apprend à discipliner son esprit. Le progrès spirituel de Mukunda dépend du traitement strict que lui réserve son maître.
Lors de la visite d'un érudit à l'ashram (ermitage), Sri Yukteswar se rebelle contre la lecture par cœur que celui-ci propose des Écritures saintes. Il lui demande comment il a véritablement appris de ces écritures à partir de sa propre expérience directe.
L'érudit, déstabilisé par ce questionnement, doit reconnaître qu'il n'a aucun sentiment profond et intérieur du divin. Plus tard, Sri Yukteswar soulignera encore que l’apprentissage des livres n’est pas nécessaire à la réalisation spirituelle. Le plus important, c'est la pratique.
13 - Le saint qui ne dort jamais
Après six mois passés à l'ashram de Sri Yukteswar, Mukunda rend visite à Ram Gopal Muzumdar, le "saint sans sommeil", dans l'Himalaya.
Après des débuts un peu houleux, Ram Gopal se montre plus amical et partage ses 25 années de pratique du yoga. Il prédit que Mukunda finira lui aussi par perdre le sommeil.
Cette visite fait beaucoup de bien à Mukunda, y compris sur un plan physique.
14 - L'expérience de la conscience cosmique
De retour à l'ashram, Sri Yukteswar lui indique que les montagnes himalayennes ne peuvent lui offrir ce qu'il cherche vraiment, à savoir la conscience cosmique.
Le secret est de vivre de manière équilibrée, en expérimentant l’infini sans affecter les tâches quotidiennes. En apprenant à calmer toujours davantage ses pensées, Mukunda pourra provoquer ce qu'il souhaite obtenir.
Celui-ci y parvient finalement. Il fait l'expérience de l'illumination divine, de la vision omnisciente et de la joie.
15 - Le vol du chou-fleur
Mukunda passe ses vacances d'été à Puri, à 310 milles au sud de Calcutta. À cette occasion, son gourou lui joue un tour pour le punir de son étourderie (il avait oublié de fermer la porte de l'ashram avant de partir). Il fait en sorte qu'un paysan vole un chou-fleur que Mukunda lui avait offert.
16 - Comment déjouer les astres
Mukunda est initié à l'influence des astres par Sri Yukteswar. Selon le gourou, il est possible de protéger de leur influence néfaste en portant certains objets sur soi. C'est ce que fait Mukunda et il en est satisfait.
Par ailleurs, Sri Yukteswar propose une interprétation intéressante de l'histoire d'Adam et Ève. Pour lui, l'arbre représente le corps humain et le serpent est son énergie sexuelle vitale.
17 - Sasi et les trois saphirs
L'un des amis d'université de Mukunda, Sasi, souffre de tuberculose. Son état s'améliore suite à sa visite à l'ashram et à l'intervention du gourou Sri Yukteswar.
Mukunda néglige ses études universitaires au profit de sa vie à l’ashram. Toutefois, il réussit ses examens et obtient un diplôme intermédiaire. Sri Yukteswar lui conseille de quitter Calcutta et de poursuivre le reste de ses études à Serampore.
18 - Le faiseur de miracles musulman
Sri Yukteswar raconte à Mukunda l'histoire étonnante d'un "faiseur de miracles" musulman qui prétendait pouvoir faire disparaître et faire apparaître n'importe quel objet.
Le gourou explique à son élève que cette magie était tournée vers l'égoïsme et qu'elle n'aide personne. Finalement, le faiseur de miracles se repentit et décida d'entrer dans une véritable réflexion sur le sens de la spiritualité.
19 - Mon Maître, en visite à Calcutta, m'apparaît à Serampore
Mukunda emmène l'un de ses amis d'université nommé Dijen à l'ashram, car celui-ci doute de l'existence de Dieu et des miracles. Toutefois, Sri Yukteswar a dû s'absenter à Calcutta.
Mukunda reçoit une carte postale de sa part indiquant qu'il arrivera en train à Serampore à 9h00 mercredi. Mais Mukunda a l'intuition que son maître n'aura pas pu prendre ce train et ne se rend donc pas à la gare.
Dijen va quant à lui à la rencontre du train, mais revient déçu. Plus ou moins au même moment, Sri Yukteswar "apparaît" à Mukunda pour lui annoncer son heure d'arrivée. Dijen n'en croit pas ses yeux lorsque la prédiction se réalise !
Il se rend alors compte que ses connaissances universitaires sont bien insuffisantes pour appréhender tout cet univers.
20 - Nous n'allons pas au Cachermire
Mukunda prévoit un voyage au Cachemire avec son maître et plusieurs amis. Cependant, Sri Yukteswar persuade Mukunda de rester avec lui un peu plus longtemps, pendant que ses amis prennent déjà le train pour Calcutta.
Après leur départ, Mukunda commence à éprouver les symptômes très douloureux du choléra asiatique. Sri Yukteswar avait pressenti le danger et cherche à protéger son élève. Finalement, celui-ci récupère plus vite que prévu et peut penser à partir.
21 - Nous allons au Cachemire
Une fois Mukunda rétabli, Sri Yukteswar accepte de se rendre au Cachemire. Le groupe de six personnes se rend d'abord à Rawalpindi puis à Srinagar, capitale du Cachemire. Ils visitent un ancien temple. Mukunda monte à cheval pour la première fois et aperçoit l'Himalaya.
Après trois semaines de voyage, Mukunda retourne au Bengale, tandis que Sri Yukteswar reste quelque temps à Srinagar. Celui-ci laisse entendre qu'il aura bientôt des problèmes de santé et qu'il pourrait même en mourir.
De fait, Sri Yukteswar tombe à son tour dangereusement malade, mais récupère cependant en quelques jours. Lorsque le maître revient à Serampore deux semaines plus tard, Mukunda constate qu'il a perdu beaucoup de poids.
22 - Le cœur d'une statue de pierre
Roma, la sœur de Mukunda, demande son aide. Son mari, Satish Chandra Bose, est trop matérialiste et elle souhaite qu'il se développe spirituellement. Mukunda fait en sorte qu'ils visitent tous les trois le temple de Kali, dans l'espoir qu'il ressentira la présence divine.
Au cours du voyage, Satish se montre cynique et sans respect vis-à-vis des saints et des prêtres. Le matin, Mukunda prie et demande à Kali de changer le cœur dur de son beau-frère.
Après la fermeture du temple, Satish se plaint de n'avoir pas déjeuné. Mukunda lui dit de ne pas s'en faire et que Dieu y pourvoira. Finalement, un déjeuner est servi par un prêtre du temple, alors que cela est normalement interdit après la fermeture. Voilà le signe attendu.
Sur le chemin du retour, Satish adoucit son attitude et décide de voir comment il pourrait poursuivre une vie plus spirituelle.
23 - J'obtiens mon diplôme universitaire
Mukunda passe beaucoup plus de temps à l'ashram qu'à l'université. Si bien que les étudiants du Serampore College l’appellent « Mad Monk » !
Il sait qu'il n'est pas prêt pour les examens finaux qui concluront ses quatre années d'études. Pourtant, son gourou insiste pour qu'il trouve une solution. Mukunda demande à son ami Romesh de l'aider.
Grâce à cela, Mukunda réussit tous ses examens et obtient son diplôme de l'Université de Calcutta en 1915.
24 - Je deviens moine de l'Ordre des Sawmis
Un mois plus tard, Sri Yukteswar initie Mukunda à l'Ordre Swami. Le maître l'invite à choisir un nouveau nom et Mukunda choisit Yogananda. Le nom signifie « félicité (ananda) par l'union divine (yoga) ».
Un swami appartient à un ancien ordre monastique qui a été réorganisé il y a plusieurs siècles par Shankaracharya. Les moines font vœu de pauvreté, de chasteté et d'obéissance et se consacrent au service de l'humanité.
Par ailleurs, Yogananda définit le yogi comme toute personne qui pratique une technique afin de se mettre au contact du divin. Selon lui :
« [Le yoga] est une méthode pour contenir les turbulences naturelles des pensées qui, autrement, empêchent les gens d’entrevoir leur véritable nature de l’esprit » (Autobiographie d'un yogi, Chapitre 24).
25 - Mon frère Ananta et ma sœur Nalini
Ananta tombe malade et meurt alors que Yogananda est en Chine.
Événement troublant : le jeune moine achète un cadeau pour Ananta, mais le laisse tomber. Le cadeau casse et Yogananda en déduit que cela présage une mauvaise nouvelle pour son frère. À son retour en Inde, son plus jeune frère Bishnu confirme qu'Ananta est morte le jour même où Yogananda a acheté le présent.
Sa sœur Nalini, quant à elle, s'est toujours plainte d'être trop maigre. Grâce à un régime végétarien suivi selon les conseils de Yogananda, elle parvient à reprendre du poids. Atteinte, plus tard, d'une fièvre thyroïde, elle parvient à s'en tirer, là aussi, en suivant les conseils de son frère.
26 - La science du Kriya Yoga
Cette technique contemplative de yoga a été popularisée en Occident par l'auteur. Son enseignement ne peut toutefois pas être divulgué dans un livre, car il s'agit avant tout d'une pratique qui doit être enseignée sous l'égide d'un professeur reconnu.
Yogananda affirme notamment dans ce chapitre que :
Il s'agit d'une technique de maîtrise de la respiration qui permet de recharger le sang en oxygène ;
Cette méthode — ou une autre très similaire — fut utilisée par des personnalités religieuses de tous horizons, y compris Jésus !
27 - Création d'une école de yoga à Ranchi
Yogananda fonde une école de garçons en 1917. Celle-ci dispense des cours classiques, notamment liés à l'agriculture, ainsi que des cours de préparation physique et mentale appelés "yogoda". L'école peut accueillir 100 élèves en résidence, et le succès est au rendez-vous.
28 - Kashi, réincarné et retrouvé
L'un de ses élèves du nom de Kashi lui demande, lors d'une randonnée en groupe, quel sera son destin. Yogananda lui annonce qu'il risque de mourir et lui conseille de rester à l'école. Mais ses parents l'emmènent à Calcutta et il périt effectivement du choléra.
Le jeune homme lui avait demandé de le retrouver s'il se réincarnait. C'est ce que fait son professeur : il retrouve un bébé dans une maison de Calcutta et un lien s'établit entre eux. Son nom est également Kashi. Il le suivra durant plusieurs années et le jeune garçon entrera dans une école grâce à son aide.
29 - Radindranath Tagore et moi comparons nos systèmes d'éducation
Radindranath Tagore est un écrivain indien qui reçoit le prix Nobel de littérature en 1913. Peu après, il invite Yogananda à venir visiter l'école qu'il a lui-même fondée.
Les systèmes éducatifs sont assez semblables. Mais, dans l'école de R. Tagore, l'enseignement de la littérature et de la poésie est davantage poussé, ainsi qu'en musique. À l'inverse, le yoga n'est pas enseigné.
Le prix Nobel insiste sur l'importance, pour les étudiants, de trouver la sagesse par eux-mêmes.
30 - La loi des miracles
Pour les hindous, la nature profonde du monde est l'unité. Même si nous divisons les choses en corps/esprit, notamment, et même si nous voyons de la multiplicité partout, le monde est "Un".
Selon Yogananda, la physique de son époque, et en particulier les travaux d'Albert Einstein, va dans le sens de cette croyance. La théorie de la relativité unifiée permet de penser l'univers de façon cohérente avec la philosophie hindouiste.
Pour l'auteur, c'est ce qui permet aux yogis véritablement expérimentés de réaliser des "miracles". C'est parce qu'il maîtrise sa propre structure et qu'il est relié au tout de l'univers que le maître de yoga peut réaliser des choses étonnantes.
31 - Un entretien avec la vénérable mère
L'auteur rend visite à Srimati Kashi Moni, la femme de l'un des plus grands yogis de tous les temps : Lahiri Mahasaya. Elle lui raconte sa vie avec son mari et gourou, ainsi que les miracles qu'il a, selon elle, accomplis.
Yogananda relate ces exploits. Il parle aussi d'un homme qui aurait vécu 300 ans et dont l'existence était remplie de choses extraordinaires.
32 - Rama ressuscité des morts
L'histoire suivante est encore plus troublante (et même si nous n'y croyons pas, il est important de l'écouter comme un témoignage de la culture de l'époque).
L'auteur rapporte que Lahiri Mahasaya, qui était le maître de son propre maître, Sri Yukteswar, parvint à soigner et "ressusciter" l'un des compagnons de ce dernier, que tout le monde — médecins y compris — pensait mort.
33 - Babaji, un yogi-Christ de l'Inde moderne
Il est intéressant de constater comment les yogis font référence à leurs maîtres : il y a une chaîne de transmission du yoga qui est racontée tout au long du livre.
Dans ce chapitre, l'auteur parle de Babaji, le maître de Lahiri Mahasaya. Il est dit que celui-ci aurait vécu plusieurs siècles, mais il existe peu d'informations sur sa vie (date de naissance, etc.). Yogananda reçoit des témoignages de plusieurs personnes et les rapporte dans Autobiographie d’un yogi.
Ici encore, l'auteur raconte les miracles et péripéties de ce personnage, parvenu, semble-t-il, à un degré éminent de sagesse et de maîtrise de son propre corps.
34 - La matérialisation d'un palais dans l'Himalaya
Son professeur de sanskrit lui raconte une autre histoire sur Babaji, qu'il a entendue de Lahiri Mahasaya. Selon cette légende, Lahiri Mahasaya rencontra Babaji dans l'Himalaya et celui-là l'emmena dans sa grotte. Mais en lieu et place de ce logement sommaire, Babaji donne l'illusion qu'il s'agit d'un véritable palais !
Pourquoi ? Car Lahiri Mahasaya avait exprimé le désir de visiter un tel édifice somptueux. En le manifestant sous ses yeux, Babaji permet en fait à son élève de se libérer de ce désir.
35 - La vie christique de Lahiri Mahasaya
L'auteur fait souvent référence à Jésus et il pense qu'il y a de nombreux points communs entre les deux religions (christianisme et hindouisme).
En l'occurrence, il fait ici remarquer le rôle joué par Lahiri Mahasaya face aux autorités de la religion hindoue traditionnelle. Comme Jésus qui s'opposa aux structures religieuses de son temps, le célèbre yogi chercha à se défaire des codes et à enseigner la pratique du yoga à un plus vaste public.
36 - Babaji montre son intérêt pour l'Occident
Le maître Babaji considérait déjà que l'Orient et l'Ouest devaient établir un chemin intermédiaire qui combine le développement matériel et scientifique à la spiritualité et à la sagesse hindoue.
Très longtemps avant que Yogananda ne devienne moine, il dit qu'il enverra à Sri Yukteswar un disciple qu'il pourrait former en vue de répandre le yoga en Occident.
Cette prédiction s'est réalisée sous les traits de l'auteur de ce livre, qui accomplit précisément ce projet !
37 - Je vais en Amérique
Yogananda se rend en Amérique, où il a été invité à servir en tant que délégué à un Congrès international des libéraux religieux à Boston. Anxieux au sujet du voyage, Yogananda prie pour obtenir des conseils divins — et Babaji apparaît à sa porte ! Il rassure Yogananda sur sa mission et lui donne des instructions pour la mener à bien, puis s'en va.
Le 6 octobre 1920, il s'adresse au congrès des États-Unis et c'est un succès. Pendant trois ans, Yogananda vit à Boston pour y donner des conférences et des cours.
En 1924, il accomplit un voyage dans tout le pays, donnant des conférences dans de nombreuses villes.
À la fin de 1925, il établit un premier quartier général à Los Angeles. Entre 1920 à 1930, les cours de yoga se développent à grande vitesse et accueillent des dizaines de milliers d'étudiants.
38 - Luther Burbank, un saint au milieu des roses
L'auteur se lie d'amitié avec un botaniste californien du nom de Luther Burbank, qui a conçu des variétés hybrides de plantes et a aussi écrit un livre sur l'éducation (The Training of the Human Plant).
Le botaniste se met à la pratique du Kriya Yoga avec passion. Luther Burbank publie aussi un article dans le premier numéro du magazine créé par Yogananda, nommé East-West.
39 - Thérèse Neumann, la catholique stigmatisée
En méditation, Yogananda entend la voix de son maître, Sri Yukteswar, lui demandant de rentrer chez lui. Après 15 ans en Amérique, Yogananda part en juin 1935.
Après une brève visite en Angleterre et en Écosse, il se rend en Allemagne pour rencontrer une mystique catholique, Thérèse Neumann de Konnersreuth. Il est très intéressé par le récit de son expérience et partage plusieurs jours avec elle, se faisant le témoin de son ascèse et de ses expériences de transe.
Finalement, il passe par la Palestine et l'Égypte avant de retourner en Inde.
40 - Mon retour en Inde
Yogananda arrive à Bombay (aujourd'hui Mumbai) en octobre 1935. Il se rend à Calcutta avec son secrétaire Richard Wright, et de grandes foules le saluent. À Serampore, il retrouve son père et Sri Yukteswar.
Ensuite, il retourne à Calcutta et travaille dur pour venir à bout des difficultés financières que connaît l'école de Ranchi qu'il avait fondée des années plus tôt. Bientôt, la situation s'améliore.
Les élèves y pratiquent quotidiennement leurs exercices spirituels et apprennent les valeurs morales liées à la pratique du yoga.
41 - Voyage idyllique dans l'Inde du sud
En novembre 1935, Yogananda se rend dans l'État de Mysore, dans le sud de l'Inde. Il y donne des conférences qui rassemblent parfois plusieurs milliers de personnes.
Il en profite également pour visiter certains sites archéologiques et en apprendre davantage sur l'histoire des villes qu'il visite. L'auteur s'intéresse également aux écrits de la Grèce antique qui ont mis en avant et valorisé la culture indienne.
Finalement, Yogananda et son secrétaire font un pèlerinage pour rencontrer le sage Sri Ramana Maharishi, dans son ashram près de Tiruvannamalai.
42 - Les derniers jours de mon guru
Lors d'une célébration d'hiver, le maître de Yogananda confie à son élève qu'il n'en a plus pour très longtemps. Celui-ci devra prendre la charge de l'ashram dans lequel il a reçu son éducation.
Lors d'un périple en janvier, l'auteur a l'opportunité de voir le Taj Mahal. Il visite également un autre yogi qui lui remet un message de Babaji.
Peu après, alors qu'il est de retour à Calcutta, il apprend que son gourou est dans une autre ville, à plus de 3 000 miles de là. Il s'y rend, mais celui-ci meurt avant qu'il n'arrive. Yogananda présidera la cérémonie funéraire.
43 - La résurrection de Sri Yukteswar
Plusieurs mois plus tard, en juin 1936, Yogananda est dans une chambre d'hôtel à Bombay lorsqu'il a une vision de Sri Yukteswar.
Sri Yukteswar explique à son ancien élève ce qu'est le "monde astral", sorte de paradis pour les yogi ayant achevé le cycle de leurs réincarnations. L'auteur en profite pour expliquer la théorie de l'âme typique de la religion hindoue.
44 - En visite chez le Mahatma Gandhi
Yogananda rend visite au Mahatma Gandhi à son ashram en août 1935. C'est le jour de silence de Gandhi, et il les accueille avec une note écrite. À 8 heures, il sort du silence. Il interroge Yogananda sur l'Amérique et l'Europe, et ils discutent de l'Inde et des affaires mondiales.
L'après-midi suivant, Yogananda visite l'ashram de Gandhi pour les petites filles. Lorsqu'il retourne à l'ashram de Gandhi, il observe à quel point la vie de l'homme est simple, dépourvue de pièges matériels.
Yogananda demande à Gandhi sa définition de la non-violence, et le Mahatma répond :
« Éviter de nuire à toute créature vivante dans la pensée ou l'acte. » (Autobiographie d'un yogi, Chapitre 44)
Réfléchissant plus tard à l'action de Gandhi, Yogananda écrit que sa méthode de non-violence s'est avérée extrêmement efficace. Il observe que la force ne résout pas les problèmes humains et en appelle tà préférer la vie plutôt que sur la mort et la destruction.
45 - Ma Ananda Moyi, la "Mère rayonnante de joie"
Le moine rend également visite à une sainte, Ananda Moyi Ma, à Calcutta. Elle est sur le point de partir avec ses disciples, mais retarde son départ pour Yogananda.
Cette sainte hindoue voyage beaucoup en Inde et est responsable de beaucoup de réformes sociales. Yogananda l'invite à l'école Ranchi dont il est le responsable pour qu'ils échangent sur ces sujets.
Lorsqu'elle lui rend visite, elle confie à Yogananda qu'elle ne s'est jamais identifiée à son corps physique, même dans son enfance. Elle s'est toujours sentie "enveloppée dans l'éternel". Yogananda admire son dévouement.
46 - La femme-yogi qui ne mange jamais
En mai 1936, Yogananda, accompagné de son secrétaire et de quelques amis, rend visite à Giri Bala, une sainte qui pratique une technique de yoga très spéciale, qui lui permet de ne (presque) pas manger.
Giri Bala les accueille à la porte de sa maison. Yogananda est frappé par son apparence spirituelle. Elle raconte son histoire étonnante à ses invités.
47 - De retour en Occident
À la fin de 1936, Yogananda se rend à nouveau en Angleterre, puis retourne en Amérique. Il célèbre Noël au centre de la Self-Realization Fellowship, l'institution qu'il a créée pour promouvoir le yoga en Occident.
À cette occasion, Yogananda offre de nombreux cadeaux à ses amis et à ses disciples, y compris une tasse en argent à un disciple de longue date, M. Dickinson.
Celui-ci se montre étonné et avoue qu'il a attendu 43 ans pour ce cadeau. En 1893, il avait rencontré un moine qui lui avait dit que son professeur viendrait à lui en lui donnant une coupe d'argent !
48 - À Encinitas, en Californie
Pendant que Yogananda était à l'étranger, ses disciples ont construit un ashram pour lui à Encinitas, en Californie. C'est un immense domaine financé par l'un des disciples de Yogananda, James J. Lynn, homme d'affaires américain.
Quelques mois plus tard, Yogananda organise un service de Pâques au lever du soleil sur la pelouse de l'ashram. Toute cette année en Californie est décrite comme heureuse. En 1937, il fonde une succursale du Self-Realization Center à Encinitas.
49 - Les années 1940 - 1950
Plusieurs réalisations de la Self-Realization Fellowship voient le jour dans les années qui suivent :
En 1942 à Hollywood ;
À San Diego en 1943 ;
Ainsi qu'à Long Beach en 1947 :
Et à Los Angeles en 1949.
Yogananda est à l'ogirine de tous ces centres. Pour lui, c'est un devoir que Babaji et Sri Yukteswar lui avaient confié.
Au cours de ces années, l'auteur passe du temps à interpréter le Nouveau Testament et à traduire la Bhagavad Gita.
Il considère toujours que le Kriya Yoga est une pratique éminemment puissante qui permet de conduire une personne à la vérité spirituelle, "simplement" à partir d'une une compréhension juste de la respiration.
Il termine l'ouvrage en soulignant que les humains ne comprendront peut-être jamais tous les secrets de l'univers et de la vie. Mais peu importe : leur tâche est de rechercher la sagesse et d'apprendre à comprendre leur vraie nature.
Conclusion sur « Autobiographie d’un yogi » de Paramahansa Yogananda :
Ce qu'il faut retenir de "Autobiographie d'un yogi" de Paramahansa Yogananda :
Que vous croyiez ou non aux affirmations de Paramahansa Yogananda, et de façon plus générale à l'existence des miracles dans la tradition hindou, vous apprécierez ce livre pour une raison essentielle : c'est l'histoire d'un homme qui exporta le yoga des terres lointaines de l'Inde vers le monde occidental.
Ce livre est un témoignage précieux sur les modes de pensées et les pratiques du tout début du XXe siècle en Inde. Il est fascinant de voir comment le yoga s'est transformé au cours de toutes ces années. Aujourd'hui vécu surtout comme une pratique sportive et une hygiène de vie, il était alors complètement lié à la spiritualité.
Cette Autobiographie d’un yogi est sans doute un peu longue (près de 1 000 pages !) ; c'est le seul reproche qui peut lui être fait. Mais si vous voulez vous immerger complètement dans cette culture pour plusieurs jours (ou même semaines), alors c'est exactement le livre qu'il vous faut !
Vous voulez vous initier à la méditation, consultez cette chronique sur la méditation de pleine conscience.
Points forts :
Une plongée fascinante dans l'Inde du début du XXe siècle et des croyances hindoues.
De nombreuses anecdotes personnelles de l'auteur ;
Une histoire du yoga et de son arrivée en Occident ;
Un outil de réflexion pour penser le développement personnel.
Point faible :
Sa longueur, mais c'est assez subjectif.
Ma note :
★★★★★
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Résumé de « Changer d’état d’esprit » de Carol S. Dweck : un ouvrage fascinant dans lequel l'auteure partage sa longue expérience de chercheuse en psychologie pour nous aider à mieux faire face aux défis de la vie et à trouver un état d'esprit propice à notre développement personnel.
Par Carol S. Dweck, 2010 (réédité en 2020).
Titre original : « Mindset », 2006 (2007 pour la version révisée).
Chronique et résumé de « Changer d'état d'esprit » de Carol S. Dweck
Avant-propos
Carol S. Dweck raconte comment elle a décidé d’écrire ce livre à partir de la sollicitation de ses étudiants. Ceux-ci l’ont poussée à rédiger l’ouvrage pour partager les connaissances qu’elle leur délivrait dans ses cours. Elle en a donc fait une priorité.
Comme nous allons le voir, Changer d'état d'esprit tourne autour d'une thèse principale : nous cultivons — la plupart d'entre nous — un état d'esprit qui formate notre personnalité dans un sens très précis. Or, il est possible d'en changer et de tendre plus facilement vers la réussite.
Chapitre 1 — Les états d'esprit
C'est lors de ces expériences auprès d'enfants que Carol S. Dweck s'est rendu compte d'une chose. Certains d'entre eux relevaient avec plaisir les défis qu'elle leur proposait. Ils n'étaient pas mal à l'aise face à la possibilité de l'échec. Au contraire… Ils aimaient plutôt ça !
"Ils savaient que les qualités humaines, telles que les compétences intellectuelles, pouvaient être cultivées par l'effort. (...) Non seulement ils n'étaient pas découragés par l'échec, mais ils ne pensaient même pas qu'ils étaient en train d'échouer. Ils pensaient qu'ils apprenaient." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 1)
Pourquoi les gens sont-ils différents les uns des autres ?
Il existe deux points de vue généraux et classiques à propos de cette question :
Ceux qui pensent qu'il y a des bases physiques immuables à l'intelligence et que, donc, celle-ci ne peut pas évoluer (phrénologie, craniologie).
Ceux qui pensent que les différences viennent plutôt des origines, des expériences, de la formation et des manières d'apprendre (la théorie de Binet sur le QI en est un exemple étonnant, car souvent incompris).
Aujourd'hui, "la plupart des experts conviennent que ce n'est pas soit les uns soit les autres". En fait, ce serait plutôt "un peu des deux" : l'environnement et les gènes fonctionnent ensemble pour développer (ou faire régresser) l'intelligence.
C'est dans cette troisième catégorie qu'il faut ranger, par exemple, la théorie du neurologiste Gilbert Gottlieb ou encore celle du spécialiste de l'intelligence Robert Sternberg.
Qu'est-ce que tout ceci implique pour vous ? Les deux états d'esprit
Pour Carol S. Dweck, il importe de prendre un élément supplémentaire. C'est même là le cœur de son propos et de ses études :
"Pendant vingt ans, ma recherche a montré que le point de vue que vous adoptez sur vous-même affecte profondément la manière dont vous conduisez votre vie. Elle peut déterminer si vous devenez la personne que vous voulez être et si vous accomplissez les choses qui comptent pour vous." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 1)
Ce postulat permet de rendre les théories vues plus haut plus concrètes. En fait, vous pouvez penser que :
Vous avez une intelligence (ou un caractère ou une personnalité) déterminée à jamais — c'est l'état d'esprit fixe ;
Ou bien que vous êtes en train de la développer en agissant — c'est l'état d'esprit de développement.
Ce sont deux états d'esprit différents — et pas seulement des théories inventées par des experts. Les personnes avec le deuxième état d'esprit ne pensent pas que chacun de nous peut être n'importe qui, mais "ils croient que le vrai potentiel d'une personne est inconnu (et qu'il est impossible de le connaître)", précise l'auteure.
Un point de vue différent selon l'état d'esprit
Imaginons que vous ayez passé une mauvaise journée. Vous avez reçu une mauvaise note, reçu une contravention et vous n'avez pas réussi à avoir une discussion satisfaisante avec votre ami.
Que pensez-vous ? Que vous êtes nul et que votre vie est sans intérêt ? C'est une réaction que peuvent avoir beaucoup de gens. Ils réagissent à l'échec de cette façon, car il pense que celui-ci leur donne la mesure de leur intelligence (ou de leur chance dans la vie, ou de leur caractère, etc.).
Ils auront également tendance à ne pas vouloir agir et à se replier sur eux-mêmes. À l'inverse, les personnes avec un état d'esprit de développement ne s'offusqueront pas outre mesure du mauvais pas et affirmeront qu'ils doivent "travailler plus dur" ou "faire plus attention".
Le plus important consiste à ne pas se mettre une "étiquette négative sur le front" et à ne pas baisser les bras.
Ainsi, bien qu’elles se soient senties affligées, les personnes avec un état d'esprit de développement “étaient prêtes à prendre des risques, à affronter les défis, et à poursuivre le travail pour les relever", soutient l'auteure.
Alors, quoi de neuf ?
De nombreux ouvrages de développement personnel traitent de la confiance en soi et du goût de l'effort. Mais peu font des liens scientifiques entre tous les conseils qu'ils donnent.
Dans cet ouvrage, Carol S. Dweck cherche quant à elle à démontrer les relations de cause à effet entre la prise de risque et l'état d'esprit de développement. Elle va plus loin que les recettes habituelles.
D'ailleurs, ses lecteurs le lui rendent bien. Elle a reçu de nombreuses lettres de remerciements pour son travail. Selon elle, c'est bien parce que celui-ci permet de voir les choses autrement et offre la possibilité à certaines personnes de se reconnaître et d'évoluer positivement.
La connaissance de soi : qui a une vision exacte de ses potentiels et de ses limites ?
La psychologie cognitive a montré que nous avons une connaissance très limitée et insatisfaisante de nos propres aptitudes intellectuelles et de nos capacités.
Par ailleurs, Howard Gardner, le théoricien des intelligences multiples, a montré que les personnalités exceptionnelles avaient "un talent spécial pour identifier leurs propres forces et faiblesses".
En bref, cela corrobore les découvertes de Carol S. Dweck. Selon elle, les personnes avec un état d'esprit en développement sont plus lucides quant à leurs capacités que celles avec un état d'esprit fixe. Ce qui semble logique, puisqu'elles sont plus ouvertes au changement.
Ce qu'il y a en magasin
Il en va de même avec la créativité. Plus les personnes sont créatives, et plus elles sont résilientes et persévérantes. Or, c'est précisément ce dont font preuve les individus dotés de l'état d'esprit de développement.
Dans la suite de l'ouvrage, l'auteure va montrer en détail comment il est possible de modifier son état d'esprit et comment celui-ci influe dans de nombreux domaines de l'existence.
Chapitre 2 — Au cœur des états d'esprit
Carol S. Dweck raconte une expérience personnelle. Elle décrit les différentes attitudes que ses camarades de classe manifestaient à l'école. Certains voulaient prouver leurs capacités, quand d'autres cherchaient simplement à apprendre.
Au départ, elle considérait qu'il s'agissait simplement de deux types de capacités, mais ses recherches l'ont convaincue qu'il fallait aller plus loin. En fait, il s'agit de deux types d'états d'esprit qui conduisent à des manières d'être et de se comporter dans tous les aspects de la vie d'une personne.
En bref, les états d'esprit fixes et "de changement" impliquent des façons de voir le monde.
Le succès est-il lié à l'apprentissage — ou au fait de prouver que vous êtes intelligent(e) ?
Les personnes avec un état d'esprit de changement donnent la priorité au développement personnel. Les personnes ayant un état d'esprit fixe donnent quant à elles plutôt la priorité à la réussite individuelle. Explorons ces différences de plus près.
La croyance en des traits fixes amène ceux qui ont un état d'esprit fixe à éviter les défis. En effet, les gens qui pensent avoir des qualités innées ne considèrent pas qu'il soit possible de les améliorer. Les défis et l'apprentissage, dans ce cadre, ne servent pas à grand-chose.
Nous pouvons aussi comprendre que, dans cette perspective, le fait d'avoir à faire des efforts indique simplement que ceux qui les font manquent de telle ou telle capacité innée.
En fait, étrangement, elles considèrent l'effort comme le signe d'un manque d'intelligence. Mais, si nous suivons leur raisonnement, elles estiment plus ou moins explicitement que ces efforts sont vains. Les personnes moins dotées naturellement peuvent faire ce qu'elles veulent, in fine, elles réussiront toujours moins bien.
Bref, cette façon de voir le monde ne laisse aucune place aux mesures correctives. Mais cela a un effet pervers, car ces personnes n'apprennent pas à changer ou à utiliser de nouvelles stratégies.
D'un autre côté, ceux qui ont un état d'esprit de changement croient que les capacités naissent de l'effort et de l'apprentissage. Dans ce cadre, l'effort et le travail acharnés ne sont pas associés à la honte ou à une diminution de l'estime de soi, comme ils le sont dans un état d'esprit fixe.
À ce propos, Carol S. Dweck fait une observation sociale intéressante. Elle observe que les personnes avec un état d'esprit de changement commencent souvent à une échelle sociale modeste.
Toutefois, dans la mesure où elles considèrent l'échec comme temporaire et croient que l'effort et l'apprentissage augmentent leur capacité, elles ont tendance à dépasser les attentes.
À l'inverse, nous voyons souvent des personnes avec un état d'esprit fixe commencer au sommet dans un domaine, puis dégringoler ou péricliter plus ou moins rapidement. Cela s'explique par le fait que ces personnes cessent de chercher à apprendre et à se mettre en danger.
Comme elles croient que leurs capacités viennent de leur réserve naturelle et non de l'effort, elles jugent indigne de relever des défis — et, en fait, ont peur de risquer l'échec.
Les états d'esprit changent la signification de l'échec
L'état d'esprit d'une personne change complètement la définition du succès et de l'échec. En ce qui concerne la santé mentale, les enjeux de l'échec sont beaucoup plus élevés pour ceux qui ont un état d'esprit fixe.
En effet, leur psychologie exige le succès immédiat — et même la perfection — comme preuve de leurs capacités. Rappelez-vous : pour eux, la réussite est la mesure directe de leur intelligence !
Pour quelqu'un qui a un état d'esprit fixe, le fait d'être admis dans une institution de haut niveau, comme Harvard par exemple, est simplement une confirmation de leurs talents innés. Ils ont donc tendance à naturaliser les différences sociales et à lier prestige et supériorité.
En revanche, une personne ayant un état d'esprit de changement cherchera à étudier dans des programmes reconnus afin de bénéficier de l'expérience et de l'éducation des meilleurs mentors. Ici, le renom de l'institution n'est pas une fin en soi, mais simplement un moyen pour progresser.
Les états d'esprit changent la signification de l'effort
L'auteure résume à nouveau ses recherches en établissant plusieurs distinctions entre ceux qui manifestent un état d'esprit fixe et ceux qui manifestent un état d'esprit de changement.
Celles et ceux qui ont un état d'esprit fixe sont plus susceptibles d'éviter complètement le défi et l'effort, mais aussi de :
Blâmer, plutôt que de réfléchir à ses propres erreurs ;
Croire en la supériorité et à l'infériorité innée des capacités ;
Créer un sentiment de "droit naturel" à telle ou telle chose (propriété, argent, succès) ;
Tricher avec plus de facilité afin de réussir au plus vite, au lieu d'essayer et de recommencer, sur un mode plus expérimental.
Elle note également que les impacts négatifs de la dépression sont plus prononcés chez les personnes avec un état d'esprit fixe. Pourquoi ? Car elles sont davantage réactives et passives, c'est-à-dire qu'elles se contentent de subir leur diagnostic en développant des émotions négatives.
Par contraste, les personnes avec un état d'esprit de changement gèrent leurs symptômes de manière plus proactive. Cela leur permet de rebondir plus rapidement et — notamment — les empêche de prendre du retard dans leurs travaux scolaires.
Pour Carol S. Dweck, la solution consiste le plus souvent à enseigner aux personnes avec l'état d'esprit fixe qu'ils peuvent modifier leur comportement et adopter une attitude plus souple, tournée vers l'apprentissage.
Questions et réponses
Carol S. Dweck prend soin de répondre aux mauvaises interprétations du livre dans une section "Questions et réponses" (ajoutée à la version révisée du livre en anglais en 2007).
Elle assure aux lecteurs que les mentalités peuvent changer et que la plupart des gens mélangent en réalité les deux états d'esprit. Elle affirme également que les gens ont des talents innés, et que l'effort seul ne garantit pas le succès ou n'empêche pas l'échec.
De plus, le problème de l'état d'esprit fixe n'est pas tant une question d'avoir ou de perdre la confiance en soi. Le souci se situe plutôt dans la réaction que les gens ont lorsque leur confiance est menacée.
Chapitre 3 — La vérité sur la capacité et le talent
Carol S. Dweck commence par nous rappeler que les plus grands esprits ne sont pas toujours les personnes que nous croyons de prime abord. Elle utilise trois exemples :
Thomas Edison ;
Charles Darwin ;
Wolfgang Amadeus Mozart.
Elle raconte comment, loin d'être des génies innés, ils ont subi des échecs et ont dû travailler avec acharnement pour venir à bout de leurs idées et réaliser leurs œuvres (techniques, scientifiques ou artistiques).
Par ailleurs, elle note que ce ne sont en général pas des solitaires, travaillant seuls dans leur coin. En fait, ils s'entourent d'autres personnes pour expérimenter et mettre leurs travaux à l'épreuve.
État d'esprit et réussite scolaire
Ensuite, l'auteure cherche à nous montrer la relation entre l'état d'esprit et la réussite. Pour ce faire, elle décrit deux expériences :
L'une menée avec des étudiants qui viennent d'entrer au lycée ;
L'autre avec des étudiants en classe préparatoire pour entrer en médecine.
Dans les deux cas, la chercheuse a mesuré leur état d'esprit au début de l'année en leur demandant s'ils étaient d'accord ou en désaccord avec un ensemble de déclarations.
Elle et son équipe ont ensuite suivi les progrès des étudiants tout au long du semestre, en cherchant à mesurer l'impact de leur état d'esprit sur leur réussite grâce à des questionnaires.
Pour chaque population étudiée, les états d'esprit fixes réussissaient avec des notes plus faibles au fil du temps, tandis que les personnes manifestant un état d'esprit de changement évoluaient dans le sens opposé : leurs notes augmentaient au cours de l'année académique.
Ils arrivaient aussi à mieux maintenir leur motivation dans le temps.
À nouveau, ces résultats nous montrent que l'apprentissage et le goût de l'effort priment sur les talents naturels (même si, bien sûr, ceux-ci existent et jouent un rôle jusqu'à un certain point).
En fait, nous sommes tous capables de bien faire ! C'est ce que Carol S. Dweck prend le temps de montrer dans les sections suivantes en utilisant plusieurs exemples de personnes considérées comme "surdouées" ou considérées au contraire comme "en retard".
La capacité artistique est-elle un don ?
Les capacités artistiques semblent être étrangement "plus" innées que les autres. Lorsque nous traitons d'art, nous envisageons plus volontiers les personnes comme ayant un "don" ou du "génie" naturel. Mais est-ce si sûr ?
Pour nous convaincre du contraire, Carol S. Dweck (qui reconnaît qu'elle-même pensait la même chose au début) se rapporte à d'autres études. Elle montre, exemple à l'appui, les progrès qui ont pu être réalisés rapidement par des élèves de Betty Edwards, une dessinatrice.
Voici un constat important à retenir :
"Ce n'est pas parce que certains peuvent faire quelque chose avec peu ou pas d'entraînement que d'autres ne peuvent pas le faire (et parfois encore mieux) avec de l'entrainement. C'est très important, parce qu'énormément de gens avec l'état d'esprit fixe pensent que la performance précoce de quelqu'un vous dit tout ce que vous devez savoir de son talent et de son futur." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 3, Phase en italique dans le texte)
Finalement, l'auteure donne l'exemple de l'artiste peintre Jason Pollock. Selon elle, la clef est le dévouement. Grâce à son envie et à sa curiosité, il a reçu le soutien des autres et a appris à transmettre ses émotions de façon originale et convaincante.
Le danger de l'éloge et des étiquettes positives
Faut-il vanter les capacités de vos progénitures pour les aider à prendre confiance en leur potentiel ? En un sens, cela semble logique. Pourtant, il faut y prendre garde. Pour voir cela de plus près, Carol S. Dweck a mené l'enquête.
Dans un cas, elle a complimenté des enfants sur leur "don" ; dans l'autre, sur leur "travail". Les premiers ont plongé dans l'état d'esprit fixe et les seconds dans l'état d'esprit de développement. Ceux-ci voulaient à nouveau passer des épreuves, alors que les premiers rechignaient à la tâche. Pourquoi ? Car, pour eux, échouer signifiait "ne pas être intelligent".
Et cela peut même aller plus loin. L'auteure rapporte que certains élèves à qui un état d'esprit fixe a été "inculqué" ont commencé à mentir sur les résultats de leurs tests, car ils avaient honte de se trouver moins intelligents.
"Ainsi, dire à des enfants qu'ils sont intelligents a fini par les amener à se sentir plus bêtes et à agir plus stupidement, tout en prétendant qu'ils étaient plus intelligents; Je ne pense pas que ce soit ce que nous visons quand nous donnons des étiquettes positives — "doué", "talentueux", "brillant" — à des gens. Nous n'avons pas l'intention de leur enlever le goût du défi et leurs recettes du succès. Mais le danger existe bel et bien." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 3)
Les étiquettes négatives et leur fonctionnement
Nous savons tous que les étiquettes négatives sont mauvaises. Carol S. Dweck raconte même sa propre expérience au sujet des maths. Mais savons-nous pourquoi elles le sont ?
C'est ce que permettent de découvrir les recherches de Claude Steele et Joshua Aronson. Ceux-ci ont constaté que le simple fait de s'identifier à un groupe stéréotypé (race ou sexe) en cochant des cases peut conduire à des scores inférieurs.
Présentant ensuite sa propre étude, influencée par leur travail, Carol S. Dweck explique que les étudiants ayant un état d'esprit fixe sont plus enclins à voir leurs performances perturbées par des stéréotypes.
Selon elle, c'est parce que "l'état d'esprit de développement arrache les dents du stéréotype et rend les gens plus aptes à s'en défendre". Comme "ils ne croient pas à l'infériorité permanente", ils n'ont pas peur que leur performance soit une preuve en faveur de la véracité des stéréotypes.
De plus, ceux qui ont un état d'esprit de développement ne croient pas qu'un stéréotype signifie qu'ils n'ont pas leur place dans certains contextes — celui d'une femme dans une classe de mathématiques avancées, par exemple (cas choisi par Carol S. Dweck).
Finalement, l'auteure porte un regard critique sur l'éducation lorsqu'elle affirme :
« L'état d'esprit fixe, plus le stéréotype, plus la confiance des femmes dans les évaluations des autres : je pense que nous pouvons commencer à comprendre pourquoi il y a un écart entre les genres en maths et en sciences. » (Changer d'état d'esprit, Chapitre 3)
Pour l'auteure, "les maths et les sciences doivent devenir des endroits plus hospitaliers pour les femmes".
Chapitre 4 — Sport : l’état d’esprit d’un champion
Pour illustrer sa théorie du mindset (état d'esprit), Carol S. Dweck plonge d'abord dans le monde du sport. Elle utilise les deux types (fixe et de développement) pour expliquer pourquoi certains champions réussissent plus rapidement que d'autres, et pourquoi certains deviennent des légendes du sport à la fin de leur carrière.
L'idée du talent inné
Quand il s'agit de sport, tout le monde croit au talent :
Les présentateurs sportifs ;
Analystes ;
Entraîneurs ;
Fans ;
Et les joueurs eux-mêmes.
Carol S. Dweck observe aussi que le "don physique" et les réalisations sportives sont davantage visibles et mesurables que dans le domaine intellectuel. Pourtant, nous voyons des personnes avec des défauts physiques réussir de grands exploits. L'auteure donne plusieurs exemples, dont Larry Bird et Mohamed Ali.
Nous avons tendance à croire rétrospectivement que le physique de ces sportifs était parfait et qu'ils avaient un don inné. En réalité, ils s'entraînaient et avaient un mental d'acier.
La chercheuse se penche ensuite sur le cas de Michael Jordan. "(Il) n'était pas non plus un athlète né, mais il a sans doute été l'athlète le plus travailleur de toute l'histoire du sport", dit-elle. Mais aussi de :
Babe Ruth (un joueur de baseball) ;
Wilma Rudolph (coureuse) ;
Jackie Joyner-Kersee (coureuse également) ;
Tiger Woods (golfeur) ;
Maurice Wills (joueur de baseball).
À chaque fois, ces personnalités n'avaient pas le "physique requis". Et pourtant, à force de travail, elles sont parvenues à s'imposer dans leur discipline. Cela devrait se voir, car c'est tellement évident. Et pourtant, nous continuons de croire en un "don inné" !
Le "tempérament"
Certains se laissent avoir au jeu de l'état d'esprit fixe par le fait d'éloges qu'ils reçoivent souvent assez tôt dans leurs carrières. C'est le cas de Billy Beane (décathlon) et de John McEnroe (tennis), par exemple.
Pour parvenir à contrecarrer ce "mauvais sort", il faut un sacré tempérament. Le tempérament, dit l'auteure, c'est "la capacité à puiser en vous et à trouver la force même lorsque les choses sont contre vous". Ce n'est pas une impulsion incontrôlable, mais bien une force de caractère qui peut s'apprendre et s'entraîner.
Pour illustrer cette vision positive du tempérament, l'auteure raconte les histoires de :
Peter Sampras (joueur de tennis) ;
Jackie Joyner-Kersee (coureuse).
La marque d'un champion, c'est la capacité à gagner quand les éléments sont contre soi. Cette force intérieure qu'est le tempérament est "ce qui nous permet d'atteindre des sommets et d'y rester".
Qu'est-ce que la réussite ?
"Découverte n° 1 : Ceux avec l'état d'esprit de développement ont réussi en faisant de leur mieux, en apprenant et en s'améliorant. Et c'est exactement ce que nous trouvons chez les champions." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 4)
La réussite, pour un état d'esprit fixe, c'est établir de façon indubitable sa supériorité sur autrui. Dans un état d'esprit de développement, c'est plutôt être capable de "faire de son mieux" et de se dépasser soi-même.
Qu'est-ce que l'échec ?
"Découverte n° 2 : Ceux avec l'état d'esprit de développement ont trouvé les revers motivants. Les échecs sont instructifs. Ils sont un appel à se secouer." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 4)
Carol S. Dweck prend de nombreux exemples, dans le basketball, notamment, pour montrer que les joueurs ayant un état d'esprit de développement utilisent les échecs pour développer de nouvelles compétences et s'entraîner de plus belle.
À l'inverse, John McEnroe a souvent eu un penchant pour la nervosité et l'état d'esprit fixe. Face à l'échec, par exemple de son service, il a un jour déclaré "C'est fini, je ne jouerai plus jamais. Je ne peux pas supporter ça".
Prendre la réussite en main
"Découverte n°3 : Les gens avec l'état d'esprit de développement en sport (comme en prépa de médecine) ont pris en main les processus qui mènent à la réussite — et qui la maintiennent." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 4)
Les sportifs qui prennent de l'âge peuvent rester à un haut niveau de jeu grâce au travail régulier de leurs compétences. L'auteure cite Michael Jordan et Tiger Woods comme exemples de joueurs ayant pris en main leur développement tout au long de leur carrière.
Être une star, qu'est-ce que ça veut dire ?
Pour Carol S. Dweck, être une star peut avoir plusieurs significations. Dans l'état d'esprit fixe, cela signifie valider son talent inné. Tout le monde, dans ce cas, doit se plier aux volontés ou aux caprices de cet ego surdimensionné.
En revanche, dans une optique de développement, la star est celle qui s'intègre parfaitement à l'équipe et qui reconnaît le caractère collectif de leur sport. Car, en fait, l'auteur considère que "tout sport est un sport d'équipe". Même au golf ou au tennis, vous ne gagnez pas seul.
Vous avez, derrière vous (ou à côté), ces entraîneurs, des concurrents, des mentors, etc. qui vous soutiennent et vous permettent d'aller plus loin.
Entendre les états d'esprit
Il est possible de reconnaître les différents états d'esprit assez tôt dans les carrières. Aux États-Unis, les joueurs universitaires sont le vivier du sport professionnel national.
Carol S. Dweck évoque le "syndrome quelqu'un — personne" qui paralyse certains joueurs (ou joueuses). L'idée est la suivante : "si je gagne, je suis quelqu'un — si je perds, je ne suis personne". Cette façon de penser est très dommageable et relève d'un état d'esprit fixe.
Bien sûr, tous les sportifs aiment la compétition. Bien sûr, ils veulent être les meilleurs. Mais "la grandeur ne vient pas de l'ego", dit l'auteure. Elle vient du tempérament et du courage. Voilà l'esprit du champion !
Ces propos convergent avec ceux du classique Le jeu intérieur du tennis.
Chapitre 5 — Les affaires : état d'esprit et leadership
Enron et l'état d'esprit du talent
"Tout comme les équipes de sports signent d'énormes chèques pour engager des talents colossaux, les sociétés devraient également ne pas regarder à la dépense quand elles recrutent le talent, car c'est l'arme secrète, la clef pour combattre la concurrence." 'Changer d'état d'esprit, Chapitre 5)
Pensez-vous que c'est l'avis de Carol S. Dweck ? Bien sûr que non ! Elle décrit plutôt l'idéologie du talent qui sévit dans le monde de l'entreprise et des consultants. Cet "état d'esprit du talent" est le nouveau credo ; celui qui a propulsé l'entreprise Enron au sommet pour un temps — avant qu'elle ne tombe en faillite.
Là où le bât blesse, pour l'auteure, c'est que les employés — dit talentueux — se sont vus obligés d'agir comme s'ils étaient de véritables génies, naturellement doués. Bref, cet environnement les a poussés à entretenir un état d'esprit fixe.
Résultat : ils n'ont pas osé remettre leur image (si flatteuse) en question ; ils ne sont pas mouillés, n'ont pris aucun risque et ne sont pas autocorrigé chemin faisant. Là est la vraie raison de la faillite pour Carol S. Dweck.
Des organisations qui se développent
L'auteure cite les travaux de Jim Collins, résumés dans l'ouvrage De la performance à l'excellence. Celui-ci a étudié plusieurs entreprises et s'est intéressé sur les critères qui les mènent d'un niveau "bon" à un niveau "excellent".
Ici encore, plus que le talent, ce sont l'écoute et l'apprentissage qui apparaissent comme des ressources clefs. Les leaders "en développement" ne se réfèrent pas sans cesse à la hiérarchie et au mérite personnel. Au contraire, ils s'entourent de personnes capables et cherchent à comprendre ce qu'ils peuvent améliorer.
Une étude de l'état d'esprit et des décisions de gestion
Carol S. Dweck cite ensuite une étude de Robert Wood et Albert Bandura menée auprès d'étudiants de gestion. Il était demandé à ceux-ci de prendre en main une entreprise fictive.
Les chercheurs ont créé deux groupes et ont "insufflé" un état d'esprit différent dans chaque groupe. Devinez-vous les résultats ? Oui, le groupe avec l'état d'esprit de développement a mieux réussi l'épreuve.
Le leadership et l'état d'esprit fixe
Le problème de l'état d'esprit fixe est que — comme son nom l'indique — il stabilise les qualités et les relations. La hiérarchie y est la reine. Selon cette perspective, certaines personnes sont supérieures et d'autres inférieures.
Or, le plus souvent, les leaders "fixes" se réservent la plus belle part du gâteau. Ils se considèrent comme le haut de l'échelle et veulent tous les avantages de la grandeur.
Et c'est là où les ennuis concrets commencent vraiment. Ils refusent souvent de déléguer et de constituer des équipes sur qui compter. Ou bien ils veulent être les seuls gros poissons dans l'océan et refusent toute concurrence, au point de faire des erreurs stupides.
Les leaders à l'état d'esprit fixe en action
Pour illustrer ces propos, Carol S. Dweck passe en revue la trajectoire de plusieurs grands patrons :
Henri Ford II (petit-fils d'Henry Ford), surnommé Iacocca ;
Albert Dunlap ;
Ken Lay ;
Steve Case et Jerry Levin.
Pour l'auteure, l'état d'esprit fixe en entreprise, s'il n'est pas tempéré, peut conduire à la création de passe-droits et à la brutalité de la part des managers.
Les leaders à l'état d'esprit de développement en action
Pour illustrer l'état d'esprit de développement, l'auteure s'appuie sur les expériences de :
Andrew Carnegie ;
Jack Welch ;
Lou Gerstner ;
Anne Mulcahy.
Carol S. Dweck termine par une réflexion sur le devenir féminin de la direction d'entreprise.
Une étude de processus de groupe
Elle fait ensuite référence à une autre étude menée par son collègue Robert Wood. Cette étude était reliée à celle dont nous avons parlé plus haut, sur la gestion d'une entreprise fictive. Mais ici, l'analyse se focalisait sur la façon dont les interactions avaient lieu entre les membres de l'équipe.
Résultat : la parole circulait beaucoup plus librement dans les groupes avec un état d'esprit de développement que dans ceux avec un état d'esprit fixe.
Pensée de groupe ou penser ensemble
La pensée de groupe se produit lorsque tous les membres d'un groupe commencent à penser la même chose. Elle peut survenir lorsque nous faisons trop confiance à un leader charismatique.
Dans ce cas, nous n'osons plus dire ce que nous pensons individuellement et nous nous conformons à la pensée de groupe. Cela peut se répercuter sur le leader, qui sera amené à prendre de mauvaises décisions, car personne ne l'a contredit.
Au lieu de cela, il est préférable de laisser la place à la diffusion et à la discussion des idées dissidentes. Cette façon de faire assure une meilleure transmission de l'information et une prise de décision améliorée. C'est ce que l'auteure entend par "penser ensemble".
Être leader, inné ou acquis ?
"La leçon est : créez une organisation qui attache beaucoup d'importance au développement des capacités — et observez les leaders émerger." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 5)
Pour conclure, Carol S. Dweck affirme que le leadership est une capacité acquise par l'expérience et le travail. Cela ne signifie pas que tout le monde deviendra leader, mais que tout le monde peut le devenir — et que ceux qui le sont peuvent aussi cesser de l'être (en se transformant en patron "fixiste", par exemple).
Vous pourrez trouver une approche similaire à celle développée dans ce chapitre dans Reinventing Organizations.
Chapitre 6 — Les relations : les états d'esprit amoureux… ou pas
L'auteure et son équipe ont contacté plus de 100 personnes et leur ont demandé de raconter une rupture difficile. Les chercheurs ont également posé les questions suivantes :
Qu'est-ce que cela signifiait pour vous ?
Comment l'avez-vous géré ?
Qu'espériez-vous ?
Ils ont découvert ici encore différents états d'esprit vis-à-vis de la rupture. Dans un cas, les personnes cherchent à se venger et gardent un sentiment amer bien des années plus tard. Ils ne se sentent tout simplement pas "aimables" et cela les touche au plus haut point.
D'un autre côté, ils trouvent des réactions moins brutales, faites de compréhension, de pardon et de nouveaux départs. Cela ne signifie pas que l'expérience de la rupture ait été moins blessante. Mais les personnes réagissant de cette façon refusent d'en faire une blessure permanente.
Les relations sont différentes
Dans ce domaine de la vie, nous ne pensons pas que les personnes sont particulièrement "douées". En tout cas, plus rarement. Pourtant, il existe aussi des compétences socioémotionnelles qui peuvent être travaillées et doivent reconnues à leur juste valeur.
Un couple qui fonctionne bien est une création qui mérite d'être prise en exemple. Demandons-nous maintenant ce que la théorie des états d'esprit apporte à cette analyse.
Quand les états d'esprit tombent amoureux
Ici, la théorie des états d'esprit se complique puisque vous pouvez appliquer l'état d'esprit fixe/de développement aussi bien à :
Vous-même ;
Votre partenaire ;
Et à la relation elle-même.
Un état d'esprit fixe a tendance à figer l'ensemble dans l'éternité de l'amour absolu. Un état d'esprit de développement pensera plutôt que ces trois aspects sont amenés à évoluer sans cesse.
Plus précisément, le problème avec le point de vue fixiste est la croyance que :
"Si vous devez y travailler, c'est que ce n'est pas naturel" ;
"Les problèmes indiquent des défauts de caractère".
Le partenaire comme ennemi
"Avec l'état d'esprit fixe, votre partenaire peut être la lumière de votre vie à un instant donné, et votre adversaire à l'instant suivant", affirme Carol S. Dweck. Mais pourquoi cela ? Car reprocher quelque chose à autrui — lui jeter la faute — nous permet de nous sentir moins idiots.
L'auteure raconte l'histoire touchante de sa relation difficile à sa mère pour illustrer ce point.
Concurrence : qui est le meilleur ?
Dans un état d'esprit fixe, il est aisé d'entrer en concurrence avec votre partenaire dans la mesure où vous cherchez constamment à valider/prouver votre compétence. La chercheuse raconte deux histoires pour illustrer ce phénomène :
Celle de Susan qui voulait être plus sociable que son petit ami ;
Celle de Cynthia qui faisait tout pour surpasser les compétences de ses conjoints.
Se développer dans les relations
"Quand les gens s'embarquent dans une relation, ils rencontrent un partenaire qui est différent d'eux, et ils n'ont pas appris comment gérer ces différences. Dans une bonne relation, les gens développent ces compétences et, ce faisant, les deux partenaires se développent et la relation s'approfondit. Mais, pour que cela se produise, les gens ont besoin de sentir qu'ils sont dans le même camp." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 6)
Pour créer ce sentiment d'appartenance au sein de la relation, l'empathie et l'écoute sont des instruments essentiels. L'encouragement réciproque fait également partie des formes de communication qui fondent la confiance et le respect mutuel.
L'amitié
Comme dans les relations amoureuses, les relations amicales peuvent être le lieu d'un développement mutuel : nous aidons l'autre à se développer dans les visées qui sont les siennes. Et celui-ci nous rend la pareille.
Mais ces relations amicales peuvent aussi mal tourner. Dès que le besoin de prouver ce que nous valons se fait sentir, c'est que la relation perd son équilibre. Le pire est atteint lorsque la mentalité suivante prend le dessus : Plus tu es faible, mieux je me porte.
L'auteure insiste également sur le danger du besoin de validation. Lorsque nous avons besoin de "fixer" notre personnalité, nous recourons aux autres pour qu'ils valident ce que nous sommes. Mais, ce faisant, nous risquons de les utiliser sans nous intéresser à eux.
La timidité
La timidité est souvent liée à la peur d'être rabaissé en public ou dans les relations sociales. Elle peut nous empêcher de nous faire des amis ou d'avoir des partenaires amoureux.
Une étude de Jennifer Beer a montré que les personnes avec un état d'esprit fixe sont plus enclines à la timidité. Pourquoi ? Car elles sont davantage préoccupées par le jugement des autres.
Cela dit, il y avait aussi de nombreuses personnes timides parmi les états d'esprit "de développement". Mais celle-ci ne leur nuisait pas autant, car elles voient les relations sociales comme des défis. Elles surpassent l'anxiété initiale et finissent par se sentir à l'aise.
Tyrans et victimes : la vengeance revisitée
Finalement, l'auteure se penche sur le phénomène de l'intimidation et des mauvais traitements. Carol S. Dweck est claire sur ce point : les intimidateurs ou "tyrans" ressentent le besoin de s'élever au-dessus des autres et ont donc plutôt un état d'esprit fixe.
La prolifération du harcèlement dans une école, par exemple, peut être le résultat de la culture même de cette école. Si celle-ci promeut un état d'esprit fixe, les personnes se sentiront autorisées à s'en prendre à ceux considérés comme plus faibles.
Mais les personnes, comme les institutions, peuvent changer.
Selon Carol S. Dweck, les programmes axés sur le développement à l'échelle de l'école font des merveilles (elle cite le modèle développé par Stan Davis). En voici les deux caractéristiques principales :
Enseigner à tous les élèves les compétences nécessaires pour défendre les autres.
Faire un travail sur les intimidateurs, non pas en leur faisant honte, mais en les accueillant et en louant leurs efforts pour changer.
Par ailleurs, l'auteure affirme aussi que les victimes des intimidateurs avec un état d'esprit fixe peuvent également devenir un danger.
Citant l'une de ses propres études, elle explique que les victimes ayant un état d'esprit fixe sont plus susceptibles d'intérioriser les mauvais traitements comme un signe de leurs propres défauts. Conséquence ? Ils chercheront, plus tard, à se venger.
Chapitre 7 — Parents, enseignants et entraîneurs : d'où viennent les états d'esprit ?
Nous ne voulons pas porter préjudice à nos enfants, à nos élèves ou aux athlètes que nous coachons. Pourtant, certaines paroles peuvent, malgré nous, porter à confusion et faire plus de tort que de bien.
Les parents (et les enseignants) : les messages à propos de la réussite et de l'échec
Il y a des messages sur la réussite à éviter, tels que :
"Tu as appris ça si vite ! Tu es si intelligent !" Celui-ci devient : "Si je n'apprends pas quelque chose rapidement, je ne suis pas intelligent."
"Regarde ce dessin. Martha, serait-il le nouveau Picasso ?" Qui devient : "Je ne devrais jamais faire d'effort quand je dessine, sinon ils verront que je ne suis pas un Picasso."
Carol S. Dweck se base sur ses nombreuses études pour affirmer la chose suivante : "vanter l'intelligence des enfants fait du tort à leur motivation et fait du tort à leur performance". Mais que faire, alors ?
Il est préférable d'envoyer des messages positifs liés au processus d'apprentissage et au développement. Nous pouvons par exemple complimenter nos enfants pour le travail qu'ils ont réalisé, l'attention et les efforts qu'ils ont fournis.
Par exemple :
"Ce devoir était très long et très compliqué. J'admire vraiment la façon dont tu t'es concentré et l'as terminé."
"Ce dessin a beaucoup de belles couleurs. Dis-m'en plus."
En bref, le compliment ne concerne pas les qualités, mais les réalisations et les efforts. Cette remarque vaut pour les parents comme pour les enseignants.
Carol S. Dweck donne beaucoup d'autres exemples de ce type pour nous aider à mieux contrôler nos paroles d'encouragement lors des moments importants que vivent nos enfants ou nos élèves : examens, compétitions, etc.
L'auteure étudie aussi en profondeur les effets néfastes ou positifs des messages que les adultes envoient aux enfants, et comment ceux-ci répondent en développant tel ou tel état d'esprit.
Les enseignants (et les parents) : qu'est-ce qui fait un bon enseignant (ou un bon parent) ?
Carol S. Dweck affirme que les enseignants à l'état d'esprit fixe ne croient pas que les enfants peuvent s'améliorer. En conséquence, ils passent moins de temps avec eux. Résultat : leurs prédictions tendant à se confirmer !
En revanche, la scientifique observe que les enseignants et les entraîneurs axés sur le développement instaurent une culture de confiance. Ils mettent l'accent sur l'effort et luttent contre les stéréotypes.
Cela dit, il importe de ne pas baisser les exigences. Les enseignants à l’état d’esprit de développement peuvent parfaitement maintenir des normes élevées. Pour aider leurs élèves, ils fournissent un cadre serein et des stratégies efficaces, mais aussi une vision appropriée de l’échec.
Carol S. Dweck reconnaît que certains professeurs ou autres types d'éducateurs ont utilisé sa théorie de l'état d'esprit de manière problématique. Elle met en garde contre le « faux état d'esprit de développement » qui découlent d'une mauvaise compréhension de ses propos.
Selon elle, avoir un tel état d’esprit ne signifie pas simplement avoir un « état d’esprit ouvert » et abaisser les exigences pour que tout le monde réussisse. Ni à valoriser l’effort coûte que coûte, par exemple lorsque nous voulons consoler quelqu’un qui a échoué, alors qu’il n’a véritablement fourni aucun travail.
Promouvoir un état d'esprit de développement dans l'éducation va bel et bien de pair avec le maintien d'une culture du travail et de l'exigence. L'enseignant est là pour aider l'élève à acquérir les ressources et les compétences nécessaires pour atteindre leurs objectifs de façon proactive.
Les entraîneurs : gagner par l'état d'esprit
L'entraîneur avec un état d'esprit fixe cherchera à faire faire à ses pupilles un sans-faute. Il jouera de toutes les émotions pour les motiver, et notamment la peur ou l'intimidation.
À l'inverse, l'entraîneur avec un état d'esprit de développement mettra en avant la préparation. Il traitera ses joueurs sur pied d'égalité et les motivera dans le respect.
L'ennemi, ce n'est pas l'échec. Bien entendu, la réussite est agréable et souhaitée. Mais prêtez-y attention, car elle peut vous "enfoncer dans un état d'esprit fixe", dit l'auteure. Lorsque vous gagnez, souvenez-vous que cela est dû à votre travail et à vos efforts.
Pour conclure ce chapitre, Carol S. Dweck évoque l'héritage que peuvent laisser les entraîneurs, les enseignants et les parents :
« En tant que parents, enseignants et entraîneurs, nous avons la charge des vies d’autres personnes. Ils sont notre responsabilité et notre héritage. Nous savons maintenant que l’état d’esprit de développement a un rôle clé à jouer pour nous aider à réaliser notre mission et pour les aider à réaliser leur potentiel. » (Changer d'état d'esprit, Chapitre 7)
Chapitre 8 — Un atelier pour changer les états d'esprit
La nature du changement
Le créateur de thérapie cognitive, Aaron Beck, pensait que de nombreux problèmes viennent des croyances que les personnes ont sur elles-mêmes. Selon lui, il convenait donc d'apprendre aux patients à reconnaître ces croyances chaque fois qu'elles se présentent et à utiliser le raisonnement pour les neutraliser.
Carol S. Dweck prétend faire un pas de plus. Pour elle, il ne suffit pas de remplacer des jugements faux (croyances) par des jugements "vrais" ou "raisonnables". En fait, il faut parvenir à modifier l'état d'esprit de base d'une personne.
Pourquoi ? Car c'est le véritable lieu où se façonnent nos interprétations, c'est-à-dire nos jugements (croyances) sur nous-mêmes, les autres et le monde. En d'autres termes, c'est tout notre "logiciel" de départ qu'elle propose de modifier, et non seulement les croyances une par une.
Le simple fait d'apprendre qu'il existe différents états d'esprit et que nous pouvons les modifier autorise les personnes à modifier la façon dont ils se rapportent à eux-mêmes. Elles peuvent être plus attentives à l'état d'esprit de développement. Ce faisant, elles seront aussi moins tournées vers le jugement et davantage vers l'apprentissage.
À noter également : nous pouvons certes changer, mais ce n'est pas pour autant que nos anciennes croyances s'évanouiront complètement. Comme le dit Carol S. Dweck, changer d'état d'esprit, ce n'est pas de la chirurgie physique.
"Les nouvelles croyances prennent plutôt leur place à côté des anciennes", affirme Carol S. Dweck. C'est d'ailleurs pourquoi nous pouvons ressentir, même après des années, des émotions qui ne nous ressemblent plus.
Pour autant, nous pouvons être confiants dans le fait que, si nous persévérons, notre nouvel état d'esprit s'ancrera plus profondément en nous et les croyances positives qu'il générera deviendront chaque jour plus vigoureuses, c'est-à-dire plus aptes à transformer nos vies.
Les cours sur l'état d'esprit
Ces cours sont destinés aux étudiants de premier cycle universitaire. L'auteure rapporte des lettres d'étudiants spécialisés dans la littérature ou dans le sport. Ils racontent comment ils ont transformé leurs pratiques grâce aux conseils de Carol S. Dweck.
Voici comment l'auteure résume les avantages de ce cours et ses effets sur les étudiants :
"Évidemment, ces personnes subiront des revers et des déceptions, et rester fidèle à l'état d'esprit de développement peut ne pas toujours être facile. Mais le simple fait d'en prendre connaissance leur a donné une autre façon d'exister. Au lieu d'être prisonniers d'un fantasme intimidant de la Grande Écrivaine, du Grand Athlète, ou du Grand Génie, l'état d'esprit de développement leur a donné le courage d'embrasser leurs propres buts et leurs propres rêves. En outre, et c'est plus important encore, il leur a donné une façon de travailler à devenir réels." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 8)
Un atelier sur l'état d'esprit
En plus de ses cours, la chercheuse a développé un atelier spécial sur les états d'esprit destiné aux adolescents. Elle se rendait, avec d'autres tuteurs, dans les écoles pour exposer ces théories sur le cerveau et discuter avec les élèves. Les enseignants ont constaté les résultats et ont communiqué leurs impressions à Carol S. Dweck.
Brainology
Brainology est un programme télévisuel conçu par Carol S. Dweck et son équipe. Son but ? Remplacer l'atelier en présentiel qui exigeait beaucoup de ressources. Mais surtout, bien sûr, permettre aux enfants d'être éduqués aux principes des états d'esprit.
L'auteure reproduit plusieurs passages de lettres qu'elle a reçues pour la remercier de la mise en place de ce programme dans les écoles.
Plus de détails sur le changement
Changer n'est pas facile. Parfois, il impose même de renoncer, pour un temps au moins, à la source même de son estime de soi. Eh oui, nous devons accepter de laisser de côté certains traits de notre personnalité que nous croyions immuables.
"Le changement d'état d'esprit demande aux gens de renoncer à cela. Comme vous pouvez l'imaginer, ce n'est pas facile de se contenter de laisser partir quelque chose qui vous a semblé être votre "moi" pendant plusieurs années et vous a permis d'avoir confiance en vous. Et ce n'est particulièrement pas facile de le remplacer par un état d'esprit qui vous dit d'embrasser toutes les choses qui vous ont semblé menaçantes : le défi, la lutte, la critique, les revers." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 8)
Vous découvrirez pourtant que ce pas de côté vous aidera à devenir "davantage vous-même, et pas moins", rassure l'auteure. Toutes les personnes qui réussissent grâce à cet état d'esprit se sentent plus en adéquation à elles-mêmes et à leur potentiel.
Faire le premier pas : un atelier conçu pour vous
Dans la suite du livre, Carole S. Dweck cherche à mettre en pratique sa théorie en posant des questions aux lecteurs et en les incitant à effectuer quelques exercices. Pour ce faire, elle présente des "dilemmes" ou des problèmes.
Voici par exemple le premier auquel elle propose de réfléchir :
"Imaginez que vous ayez posé votre candidature dans une école doctorale. Vous ne vous êtes adressé(e) qu'à un seul endroit, celui sur lequel vous aviez jeté votre dévolu. Et vous étiez confiant(e) dans le fait que vous seriez accepté(e), puisque beaucoup de gens considèrent votre travail dans votre champ comme original et stimulant. Mais vous avez été rejeté(e)." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 8)
L'idée est de réfléchir à ce que vous feriez : comment réagiriez-vous ? L'auteur propose deux réponses types : l'une selon une mentalité fixe et l'autre de développement. Si vous voulez connaître les "réponses" de l'auteure, vous devrez consulter directement l'ouvrage !
Les gens qui ne veulent pas changer
L'auteure analyse deux cas :
Les personnes qui se sentent dans leur droit et qui pensent que "le monde leur doit beaucoup" ;
Celles qui sont dans le déni et qui estiment que "leur vie est parfaite".
Pour chaque situation, elle observe d'abord le dilemme (ou le problème), puis étudie quelle serait la réaction avec un état d'esprit fixe et celle avec un état d'esprit de développement.
Changer l'état d'esprit de votre enfant
Carol S. Dweck étudie, ici encore, deux cas :
L'enfant à l'état d'esprit fixe précoce ;
Lorsqu'un effort tourne mal.
Comme dans la section précédente, la chercheuse commence par détailler l'enjeu, puis les façons de réagir, afin de donner des conseils menant vers un état d'esprit de changement.
État d'esprit et volonté
La volonté peut nous aider à modifier des comportements précis, tels que faire du sport, fumer ou gérer notre colère. Mais elle ne suffit généralement pas à faire durer le changement dans le temps. En fait, l'état d'esprit fixe et la volonté peuvent faire bon ménage, mais à court terme seulement.
À l'inverse, l'état d'esprit de développement peut nous aider à mettre en pratique des stratégies qui vont ancrer plus durablement les changements désirés. Par exemple, nous pouvons planifier la modification de comportement et supprimer (ou ajouter) des éléments dans notre environnement.
En outre, un tel état d'esprit nous aide à mieux accueillir l'échec et la rechute. Nous savons que nous ne sommes pas parfaits, mais qu'à force d'efforts, nous pourrions y arriver. "Toute défaillance ne voue pas à l'échec", dit Carol S. Dweck.
Maintenir le changement
Nous pouvons partir du bon pied et nous perdre en chemin. Ou simplement oublier d'entretenir notre nouvelle routine. En d'autres termes, il n'est pas facile de maintenir le changement. "C'est la raison pour laquelle le changement d'état d'esprit n'équivaut pas à amasser quelques trucs et astuces", affirme l'auteure.
Cela vaut pour nos relations. Si nous arrêtons d'entretenir nos relations dans le sens du développement, elles risquent bien de se figer à nouveau. Carol S. Dweck donne l'exemple éclairant d'un père et de son fils, ainsi que d'un couple habitué aux disputes conjugales.
Pour apprendre à voir les choses de façon différente, il faut beaucoup d'engagements, du temps, de l'effort et du soutien mutuel. Bref, c'est en pratiquant le développement au quotidien que nous obtiendrons un état d'esprit de développement dans tous les domaines.
La route continue
"C'est à vous de décider si c'est le bon moment pour changer. Peut-être est-ce le cas, peut-être pas. Mais en tout cas, gardez l'état d'esprit de développement dans vos pensées. Ainsi, quand vous butez contre des obstacles, vous pouvez vous tourner vers lui. Il sera toujours là pour vous, prêt à vous indiquer la voie à suivre." (Changer d'état d'esprit, Chapitre 8)
Ce sont les derniers mots de l'ouvrage. Carol S. Dweck ne nie pas que le changement puisse être difficile. Mais elle y incite malgré tout, car elle sait qu'il en vaut la peine. Elle-même a dû faire la transition ; dans bien des situations, elle agissait avec un état d'esprit fixe.
Le changement a-t-il réglé tous ses soucis ? Certainement pas ! Mais, dit-elle, "je sais que j'ai une vie différente grâce à cela — une vie plus riche". Et vous, où en êtes-vous ? Allez-vous sauter le pas ? C'est à vous de poursuivre l'aventure !
Conclusion sur « Changer d'état d'esprit » de Carol S. Dweck :
Ce qu’il faut retenir de « Changer d'état d'esprit » de Carol S. Dweck :
Nous pouvons changer et acquérir un état d'esprit plus positif à l'encontre de l'échec ! Tel est le message principal de ce livre.
Contrairement aux idées reçues, nous ne sommes pas "figés" dans une personnalité ; nous évoluons au cours de notre existence et les échecs nous aident à développer notre potentiel.
Pour nous convaincre de cette thèse, Carol S. Dweck déploie de nombreuses études, dont la plupart ont été conduites par sa propre équipe. Elle cherche à aller plus loin que la théorie cognitive classique en montrant que ce ne sont pas seulement nos croyances, une par une, que nous devons changer, mais bien l'ensemble de notre état d'esprit.
Retenez que l'auteure en dégage deux :
L'état d'esprit "fixe" ;
L'état d'esprit "de développement".
En réalité, nous oscillons de l'un à l'autre au cours de notre existence. Le premier nous amène à percevoir le monde selon des catégories rigides qui peuvent nous blesser. Soit nous sommes intelligents si nous réussissons, soit nous sommes bêtes si nous échouons. Voici un exemple de raisonnement que nous portons sur nous-mêmes lorsque nous sommes pris dans un état d'esprit fixe.
Par contraste, nous pouvons nous diriger vers un état d'esprit de développement. Celui-ci ne nous enferme pas dans des cases, mais nous dit : si tu considères l'effort et l'échec comme des épreuves positives, alors tu pourras te développer et devenir la meilleure version de toi-même.
Pour nous guider dans cette voie, Carol S. Dweck fournit des séries d’exercices à la fin de chaque chapitre. Chaque lecteur peut ainsi réfléchir à son propre état d’esprit et trouver des alternatives lorsqu'il remarque que sa façon de penser est limitante.
Points forts :
Un livre qui s'appuie sur de nombreuses études de psychologie, menées en grande partie par l'auteure ou ses collègues ;
Des conseils à la fin de chaque chapitre pour mieux se comprendre et parvenir à changer d'état d'esprit ;
Une écriture simple, très claire ;
De nombreux exemples, notamment issus de l'expérience personnelle de l'auteure.
Point faible :
Je n'en ai pas trouvé.
Ma note :
★★★★★
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Résumé de « 4 000 semaines : la gestion du temps pour les mortels » de Oliver Burkeman : un livre qui questionne les ouvrages de développement personnel et pose la question de la gestion du temps de façon plus philosophique et personnelle — à lire pour tous ceux qui veulent en finir avec les excès de la productivité et de la flexibilité !
Par Oliver Burkeman, 2021.
Titre original : « Four Thousand Weeks: Time Management for Mortals », 2021.
Chronique et résumé de « 4 000 semaines : la gestion du temps pour les mortels » de Oliver Burkeman
Introduction : sur la longue durée, nous sommes tous morts
Le croyez-vous ? Un être humain vit environ 4 000 semaines. Eh oui, si nous avons la chance de vivre jusqu’à 80 ans, c’est bien le nombre juste.
Cela vous semble peu ? À Oliver Burkeman aussi. Pour lui, cette durée est « effroyablement et outrageusement courte ».
Ce thème de la brièveté de la vie est un classique de la philosophie, de la spiritualité et de l’art. Depuis l’Antiquité, de nombreux intellectuels et artistes se sont intéressés à ce paradoxe : nous avons tant à faire, et pourtant si peu de temps pour réaliser tout ce que nous souhaiterions.
Le développement personnel, si en vogue aujourd'hui, peut-il contribuer à nous aider ? Après tout, un grand nombre d'entre eux abordent précisément cette question de la gestion du temps, et au-delà de la productivité.
Oliver Burkeman cite d'ailleurs un livre célèbre de développement personnel sur la gestion du temps : Getting things done (S'organiser pour réussir) de David Allen. Pourtant, l'auteur de 4 000 semaines entreprend aussi de le critiquer.
En effet, Oliver Burkeman considère que ce type d'ouvrages de self-help (nom du développement personnel en anglais) se trompent globalement. Pour lui, le livre de David Allen, comme d'autres, se concentre généralement sur les aspects les plus superficiels du problème, tels que :
Les routines matinales ;
La préparation de repas (batchcooking) ;
Le rangement ;
La création ou la tenue d'un agenda ;
Etc.
En résumé, selon eux, l'enjeu est l'organisation parfaite. Mais pour Olivier Burkerman, il faut aller plus loin. Notamment en s'intéressant de plus près à la philosophie et aux disciplines qui ont traditionnellement proposé des solutions à ce problème.
En fait, il faut placer la brièveté de l'existence humaine au cœur du sujet. Or, cela implique de questionner aussi le véritable sens de la vie. Comment agir, quelles actions privilégier, face à ce manque cruel de temps qui est notre lot commun ?
Voici la question que veut poser l’auteur et qui va, selon lui, au-delà du développement personnel classique.
La vie du côté passager
Profitons-nous vraiment du « temps libre » dégagé par la pléthore d’outils et d’applications qui nous promettent de nous faire gagner du temps ?
Et le gagnons-nous vraiment ? Certes, nous n'avons plus à laver la vaisselle (seulement à la ranger) et nous pouvons faire nos comptes beaucoup plus rapidement (à l'aide de programmes de gestion comptable, par exemple). Mais quelle est véritablement la qualité de ce temps "gagné" sur ces activités habituellement considérées comme inutiles et chronophages ?
En fait, nous ne profitons peut-être pas autant de cette liberté que nous le croyons. Peut-être même que nous ne nous sentons pas "plus libres" que les personnes qui vivaient au Moyen-Âge ou dans l'Antiquité… Selon l'auteur, cela est dû au fait que la vie s'est considérablement accélérée.
En fait, nous sommes confrontés à l'obligation sociale d'intégrer des quantités croissantes de tâches à réaliser dans un délai limité — le même que celui de tout individu depuis des générations. C'est même pire : plus nous en faisons, et plus nous avons le sentiment que nous devons en faire plus. Telle est notre "condition moderne".
Être occupé (rappelons que business signifie littéralement être occupé, to be busy, en anglais) est devenu une valeur en soi ; quelque chose de positivement valorisé. Plus la société moderne augmente la richesse des populations, et plus des activités nouvelles voient le jour. Pris dans ce paysage, chacun de nous a beaucoup de mal à ralentir.
Nous vivons comme des passagers de nous-mêmes, conduits par des forces qui, elles, vont à tout allure. Mais où allons-nous, précisément ?
S'organiser pour réussir les mauvaises choses
Souvent, nos tentatives pour nous organiser échouent, car elles nous font faire de plus en plus de traces que nous ne voulons pas vraiment ou qui nous fatiguent encore plus. Nous pensons que le temps gagné doit avant tout être utilisé de façon productive au sens "rentable" du terme.
En réalité, nous téléchargeons des applications qui nous offrent quelques menus services, puis nous nous rendons compte que nous en faisons un usage qui nous "enferme" encore plus dans la répétition de cette logique. Nous passons ainsi nos journées, mais faisons-nous vraiment ce qui importe à nos yeux ?
Par exemple :
Passer du temps avec nos proches ;
Nous consacrer à une cause sociale ;
Développer un art ou une discipline qui nous tient vraiment à cœur ;
Etc.
Si nous voulons vraiment parvenir à agir en ce sens, alors il ne faut plus tourner autour du pot. Il faut accepter que la question de la gestion du temps s'étende bien au-delà de celle de la productivité.
Il faut prendre pleinement conscience que nous avons peu de temps et tourner cette connaissance difficile à notre avantage. Comment ? La suite de l'ouvrage nous le dira.
Citons donc ici la dernière phrase de l'introduction :
"Commençons par admettre la défaite : [L'organisation parfaite] n'arrivera jamais. Mais vous savez quoi ? C'est une excellente nouvelle." (4 000 semaines, Introduction)
Partie 1 — Choisir de choisir
Chapitre 1 — Une vie qui embrasse ses propres limites
Durant de longues périodes de l’histoire, la sensation du temps était liée aux récoltes et aux tâches agricoles. Une fois la tâche terminée, la saison arrivée à son terme, venait le temps du repos. Les éléments naturels, dont le lever et le coucher du soleil, rythmaient la vie des gens.
Autrement dit, le temps était perçu à partir des tâches à accomplir et de l'environnement. Aujourd'hui, c'est l'horloge, au temps homogène, qui dirige les activités. Nous ne nous préoccupons plus des saisons ni de la durée interne d'un travail ; nous rapportons tout aux secondes, aux minutes et aux heures.
Auparavant, temps et vie allaient de pair. Une activité donnée, par exemple traire des vaches ou récolter des cultures, s'exerçait au "bon moment", c'est-à-dire quand il le fallait pour survivre. Cette façon de penser le temps et la vie permet de vivre dans l'instant présent.
Cela est plus difficile aujourd'hui, car nous pensons avoir un temps sans limites. Le temps des horloges passe que nous soyons là ou non. Nous avons le sentiment de courir après lui et nous avons souvent la sensation d'être "submergé" par lui.
Le temps avant les calendriers
Bien sûr, l'expérience médiévale et agricole du temps a ses limites. Dans les villes, notamment, nous devons pouvoir nous coordonner les uns aux autres. Nous devons nous accorder sur une mesure commune pour agir de concert.
Ce sont d'ailleurs les moines du Moyen-Âge qui ont inventé les premières horloges mécaniques pour organiser le culte dans leurs monastères. Ce faisant, ils ont aussi créé une notion de temps selon laquelle il est "une chose abstraite avec une existence indépendante, distincte des activités spécifiques" que nous exerçons.
La fin de l'éternité
Dans 4 000 semaines, Oliver Burkeman continue cette fresque historique en montrant que la vision du temps se modifie encore davantage à partir de la Révolution industrielle. Peu à peu, le temps est découpé de façon encore plus générale et uniformisée.
La semaine de six jours (plus une de repos) et la notion d'heures de travail fixes commencent à dominer l'expérience des gens. À partir des Temps modernes, le temps devient une ressource comme une autre, qu'il faut "employer" à bon escient et éviter de gaspiller.
Pour l'auteur, c'est là le début de l'anxiété que nous vivons encore aujourd'hui. Chaque moment devient une opportunité, et il nous appartient à nous seuls de savoir la saisir. C'est une responsabilité immense qui entraîne aussi beaucoup d'angoisse.
Nous ne pouvons nous empêcher de nous projeter et d'organiser notre temps de la façon la plus efficace possible. Nous voulons profiter de chaque "parcelle" de temps dont nous disposons. Malheureusement, cette approche nous enferme dans le futur et nous empêche de simplement profiter de l'instant présent.
Confessions d'un geek de la productivité
Ne vous trompez pas ! Oliver Burkeman ne pense pas être au-dessus des autres sur ces sujets. Dans cette section, il avoue avoir lui-même passé des années à essayer de maîtriser son temps. Il a même tenu une chronique de journal dans laquelle il s’est évertué à « tester » chaque nouvelle mode en matière de gestion du temps.
Mais il a remarqué quelque chose : il devenait de plus en plus stressé ! Il voulait accomplir toujours plus. Et c'est là que lui est venue sa "révélation" : un jour, il s'est rendu compte que cela lui serait impossible. Il a donc décidé de changer son fusil d'épaule et de trouver une autre voie, plus sereine.
Être sans cesse occupé ne nous aide pas à avoir une vie bonne et heureuse. Nous évitons constamment la question de nos limites. Nous croyons, au contraire, que "tout est possible". Mais c'est faux. Nous devons apprendre à nous défaire de ce désir de contrôle permanent.
Pour le dire autrement : nous nous noyons dans le travail pour échapper aux questions existentielles qui nous travaillent presque malgré nous. Pourtant, nier la réalité ne fonctionne pas, ou du moins pas très longtemps.
Un souffle glacé de réalité
Oliver Burkeman en tire une maxime ou plutôt ce qu'il appelle le « paradoxe de la limitation » qui dit que :
Plus nous essayons de tout adapter à l'objectif de la maîtrise du temps ;
Plus nos vies deviennent insatisfaites.
Être capable de prendre du recul et d'accepter ce paradoxe nous aide à changer de voie. Non, nous n'aurons jamais le temps de faire tout ce que nous voulons ! Oui, nous devons faire des choix difficiles au sujet du temps que nous allons allouer pour chaque chose !
Et ce sentiment de réalité n'est pas négatif. En fait, choisir une voie en conscience, en sachant que nous allons perdre d'autres choses, nous permet de valoriser le chemin que nous avons choisi à sa pleine valeur.
Cette façon de penser les choses nous oblige à penser à ce que nous voulons vraiment et ce qui est le plus précieux à nos yeux.
Chapitre 2 — Le piège de l'efficacité
Être constamment occupé : voilà bien une affliction moderne qui affecte tout le monde, et cela dans toutes les classes socio-économiques ! Du ministre au coursier Uber, tout le monde se sent désespérément "tenu" par le temps.
Chacun d'entre nous refuse pourtant d'admettre la vérité énoncée plu haut. À la place, nous cherchons à optimiser notre temps en dégageant du temps pour faire tout ce que nous souhaitons faire. Nous dégageons du temps pour apprendre l'espagnol dans notre salle de bain ou écouter des podcasts dans notre voiture, etc.
Nous voulons tout faire !
Et nous pensons qu'il suffit de trouver plus de temps pour accomplir toutes ces choses auxquelles nous aspirons. C'est là le piège de l'efficacité qui nous empêche, encore une fois, de nous mettre face à notre humaine — et mortelle — condition.
La boîte mail de Sisyphe
L'un des premiers livres de gestion du temps a été Comment vivre 24 heures par jour (How to Live on 24 Hours a Day) de l'écrivain anglais Arnold Bennet (1908). Comme certains spécialistes du développement personnel aujourd'hui, Arnold Bennet incitait ses lecteurs à tirer le meilleur parti de leur quota quotidien de 24 heures en arrêtant de procrastiner ou de se plaindre.
Suffit-il de trouver des stratégies pour faire tout ce que nous voulons ? Nous l'avons compris, pour Oliver Burkeman, la réponse est non. Non seulement car cela nous donne la sensation d'avoir toujours plus à faire, mais aussi parce qu'il y a plein de choses qu'au fond, nous ne voulons pas vraiment, nous ne ferons pas et n'avons pas à faire.
Plutôt que de tourner en rond de façon absurde en cherchant sans cesse la meilleure manière d'optimiser la gestion de notre boîte mail (exemple donné par l'auteur), préférons une bonne réflexion sur ce que nous voulons vraiment.
La to-do list sans fond
La seule façon d'être libre n'est pas de trouver de bonnes stratégies, mais d'accepter que nous devions faire des choix difficiles sur la façon de passer notre temps. Bien sûr, ce sens du sacrifice ne cadre pas vraiment avec le mantra moderne de l'acquisition et de la consommation effrénée.
Les technologies modernes telles qu'Internet nous promettent de prendre le contrôle sur nos tâches, mais elles augmentent aussi le nombre de tâches que nous devons accomplir. Pourquoi ? Parce qu'elles nous donnent l'impression que nous pouvons toujours "ajouter" une tâche supplémentaire dans un créneau de temps libre.
Cela crée une to-do list sans fond.
Il est intéressant de comparer, à ce titre, l'expérience moderne à l'expérience dite "prémoderne" du Moyen-Âge ou de l'Antiquité. Les philosophes stoïciens, par exemple, imaginaient le temps comme un éternel retour. Dans ce cadre, pas besoin de courir ; il importe bien davantage de savoir quelle est notre place dans ce monde.
Pourquoi vous devriez arrêter de parer au plus pressé
Une autre idée courante parmi les auteurs de développement personnel est que nous devrions parer aux tâches les plus urgentes en premier lieu, puis nous occuper de ce qui compte le plus pour nous.
C'est une erreur ! De cette façon, vous êtes sûr de ne jamais parvenir à réaliser les activités qui sont vraiment significatives pour vous. Vous êtes sans cesse pris dans cette liste interminable ou ce travail de Sisyphe absurde.
Quelle est réellement la tâche que vous devriez effectuer en premier lieu ? Traiter ce mail ou aller voir votre frère malade (pour ne donner qu'un exemple) ? Oliver Burkeman adopte une approche originale et nous incite à réorganiser nos activités à partir de ce qui a le plus de valeur à nos yeux.
Les écueils du confort
Nous pensons "économiser" du temps et gagner en confort. De nombreuses applications vendent d'ailleurs leurs services de cette façon : plus vous utilisez notre (magnifique) produit, plus vous gagnerez du temps pour ce qui a du sens et de l'intérêt. Mais est-ce le cas ?
D'une part, il importe de se rendre compte que ces façons de nous faire gagner du temps posent problème au niveau social. Par exemple, utiliser les services d'Uber implique de souscrire à son modèle de rémunération précaire.
Autre cas : envoyer une carte d'anniversaire électronique peut sembler anodin. Pourtant, vous évitez de ce fait de soutenir les libraires locaux et de prendre du temps pour écrire quelques mots vous-même. Quel est le geste qui est le plus dénué de sens, ici ?
Voulons-nous vraiment que tout soit "facile" ? Voulons-nous réellement vivre des vies entièrement "confortables" ? Quel est le prix du confort ? Ce sont ces questions que nous devrions nous poser.
La culture du confort peut nous conduire là où nous ne voudrions pas forcément être. Pensez à Netflix. Il est facile de rester dans son canapé. Mais ne préférons-nous pas aller au cinéma entre amis ?
La réponse n'est pas nécessairement facile à donner à chaque fois, mais nous devrions à minima penser à nous poser la question le plus souvent possible.
Chapitre 3 — Faire face à la finitude
Dans 4 000 semaines, l'auteur cherche des ressources dans la philosophie contemporaine. Il introduit rapidement à la pensée du philosophe allemand Martin Heidegger. Dans son livre majeur, Être et Temps (1927), celui-ci affirme que le temps doit devenir la dimension essentielle de la vie humaine.
Jetés dans le temps
Martin Heidegger considère que nous « sommes un temps limité ». En d'autres termes, nous ne possédons pas le temps comme une ressource, mais nous sommes des êtres temporels. Cet état nous définit comme êtres vivants et humains.
Cette perspective heideggerienne sur le temps a l’avantage de nous faire prendre conscience de nos limites. C'est parce que nous avons un terme, une limite donnée — bref que nous sommes des êtres temporellement limités — que nous devons réfléchir à la question du sens de notre existence.
La plupart du temps, nous optons pour une myriade de distractions, mais est-ce là un choix "authentique" ? Telle est l'un des problèmes que pose Martin Heidegger.
Devenir concret
Oliver Burkeman poursuit son argumentation à partir du livre This Life (2019), du philosophe suédois Martin Hägglund. Celui-ci soutient que la finitude de la vie est ce qui lui donne son sens.
En fait, si nous pensions que rien ne finirait jamais, alors rien ne pourrait vraiment avoir d'importance.
Les personnes qui croient en la vie éternelle et ceux qui pensent qu'ils peuvent organiser leur vie parfaitement sont "dans le déni". Rien n'est véritablement en jeu pour eux.
Pour devenir concrets, nous avons besoin d'accepter la certitude de notre mort. C'est ce que disent aussi les stoïciens et certains psychologues comme le psychologue espagnol Rafael Santandreu, d'ailleurs.
Nous n'avons que du temps prêté
À ce sujet, le cas des expériences de mort imminente est particulièrement troublant. Oliver Burkeman soutient que les personnes ayant vécu ce type d'événement développent une relation plus authentique et plus précieuse avec le temps. En prenant conscience de leur fragilité, ils apprécient chaque moment et apprennent à donner la priorité aux choses qui comptent le plus.
Toutes ces réflexions nous mènent vers une conclusion : la vie et le temps ne nous appartiennent pas. Nous sommes en vie pour un temps donné ou, plus exactement, « prêté » — puisque celui-ci nous sera enlevé à un certain moment.
Cela doit-il nous rendre insatisfaits ? Non, car nous pourrions tout aussi bien, à la place, ressentir de la gratitude pour le fait que nous ayons reçu ce temps à vivre. En un sens, l'existence a quelque chose de miraculeux. Nous pouvons donc affirmer notre vie avec joie même si celle-ci est fragile et limitée.
Chapitre 4 — Devenir un meilleur procrastinateur
Pour résumer, Oliver Burkeman soutient que la gestion de notre temps ne concerne pas seulement ce que nous devons faire, mais aussi — et surtout — ce que nous devons laisser de côté.
Oliver Burkeman attire l'attention sur le livre de Stephen Covey de 1994, Priorité aux priorités (First Things First). Celui-ci enseigne qu'il faut faire les tâches les plus importantes en premier, puis les plus triviales.
Mais comment faire quand, comme aujourd'hui, nous sommes faces à une foule d'actions importantes à mener en parallèle ? C'est impossible.
En fait, dit Oliver Burkeman, la solution de Stephen Covey ne fonctionne pas. Le vrai problème de la gestion du temps est de se rendre capable de décider entre ce qui sera fait et ce qui ne le sera pas.
L'art de la négligence créative
Oliver Burkeman commence par citer quelques stratégies de remplacement.
Jessica Abel, par exemple, conseille simplement de prendre le temps, au début de la journée, pour accomplir le projet qui vous tient le plus à cœur, même si cela signifie négliger d'autres tâches importantes.
Il fait également valoir que nous devrions limiter la prise en charge de plusieurs projets. Souvent, nous nous investissons dans trop de projets et nous n'en finissons aucun (ou aucun de manière véritablement satisfaisante).
Au lieu de cela, nous devrions nous tenir à la leçon suivante : terminer le projet en cours avant d'en entamer un autre. C'est aussi l'occasion de réapprendre une chose : notre capacité de travail est limitée.
Perfection et paralysie
Les bons procrastinateurs acceptent qu'ils n'accomplissent jamais tout. Ils savent qu'ils doivent faire des choix. Les mauvais procrastinateurs, quant à eux, ils sont paralysés par l'idée d'abandonner quoi que ce soit, parce que cela signifierait faire face à leurs limites.
Ce type de procrastination apparaît dans toutes les sphères de la vie quotidienne :
Professionnelle ;
Amoureuse ;
Sociale ;
Etc.
Henri Bergson, le célèbre philosophe français du début du XXe siècle, donne une réponse à la question du procrastinateur : pourquoi reportons-nous les choses à demain ? Selon lui, c'est parce que nous aimons plus que tout imaginer un avenir luxuriant où tous nos rêves restent possibles.
Pour sortir de ce perfectionnisme et de cette paralysie, il importe d'oser agir et de faire des choix, en ayant conscience que ceux-ci impliquent des sacrifices.
L'inévitable enracinement
Prenons un exemple en matière d'amour. Vous pouvez chercher infiniment à trouver le partenaire parfait. Vous sauterez de relation en relation sans vous attacher jamais. Pour vous, c'est comme si la vie n'avait pas de fin et que vous aviez l’éternité pour trouver chaussure à votre pied.
Mais est-ce bien la solution ? N'est-ce pas là être obsédé par des chimères ?
Dans le domaine des relations de couple, il importe aussi d'accepter les défauts de son partenaire et de reconnaître nos limites réciproques. Celui qui a peur de l'engagement préfère rester dans l'idéalisation.
Nous pouvons passer des années à hésiter sur le chemin à prendre. Pourtant, une fois la décision prise, la plupart d'entre nous éprouvent un soulagement et découvrent qu'ils aiment finalement s'engager et s'enraciner quelque part.
Selon Oliver Burkeman, c'est parce que :
"Lorsque vous ne pouvez plus revenir en arrière, l'anxiété disparaît parce que, désormais, il n'y a qu'une seule direction à prendre : aller de l'avant en faisant face aux conséquences de votre choix." (4 000 semaines, Chapitre 4)
Chapitre 5 — Le problème de la pastèque
Un autre problème très actuel lié à la gestion du temps est celui de la distraction. L'auteur prend l'exemple d'une vidéo absurde sur BuzzFeed où une pastèque explose : 3 millions de vues !
Comment expliquer qu'autant de personnes perdent leur temps à regarder de tels contenus ridicules ?
Prenons d'abord le temps d'une définition. La distraction peut être définie comme le fait de consacrer notre temps et notre attention limités à des activités dans lesquelles nous n'avons jamais eu l'intention de nous engager — par opposition à nos passions.
L'avènement d'Internet et des médias sociaux a placé la distraction au premier plan. Et, en fait, c'est bien là un enjeu de taille. La personne qui regarde une pastèque exploser choisit-elle vraiment de regarder cela plutôt qu'un documentaire ou faire quelque chose de plus intéressant ?
La réponse est en grande partie non. Nous sommes aujourd'hui happés par des mécanismes savamment construits pour détourner notre attention.
Auparavant, nous pensions globalement que la personne distraite pouvait choisir sa distraction. Par exemple, je peux choisir de prendre un bain de soleil au lieu de me plonger dans mon travail.
Mais avec les réseaux sociaux, l'attention devient une ressource dont les entreprises cherchent à tirer profit. Plus nous nous distrayons, et plus elles gagnent de l'argent en glissant, par-ci par-là, des publicités sous nos yeux.
Une machine peut faire mauvais usage de votre vie
Comment ? En personnalisant sans cesse le contenu et en nous maintenant en état d'alerte grâce aux notifications.
En surface, nous pouvons croire que la solution consiste à se doter d'outils ou de techniques permettant de minimiser la distraction en ligne. Par exemple :
Mise en pause des notifications :
Applications de blocage des publicités (ad blockers) ;
Ou même la méditation.
Cependant, ces solutions ne vont pas à la racine du problème. En réalité, la maîtrise complète de l'attention d'une personne est impossible.
Pourquoi ? Car nous sommes programmés par l'évolution biologique pour répondre aux signaux d'alerte. Et c'est très bien ainsi ! Nous ne pouvons négliger que le bus est sur le point d'arriver ou qu'un enfant crie au secours.
Par ailleurs, la distraction offre de beaux moments. Nous sommes parfois surpris par un beau coucher de soleil ou par le regard mystérieux et sympathique d'un ou d'une inconnue. En soi, toute distraction n'est donc pas à empêcher.
Toutefois, il est important de noter les conséquences de la distraction en ligne. Celles-ci ne se limitent pas à une heure perdue de temps en temps. En fait, les capacités de prédiction des algorithmes entraînent des effets plus graves et plus directement politiques.
Par exemple, la tendance à suivre des contenus de plus en plus filtrés et choquants sur certains thèmes nous conduit à adopter des positions extrêmes. Nous devenons de plus en plus irritables et pouvons nous fâcher avec notre famille, nos amis, voire — plus inquiétant — prendre en grippe la société tout entière.
Si ce thème vous intéresse, vous pourriez aussi aimer la chronique du livre de Sébastien Bohler, Le bug humain ou celui de Pascal Bronner, Apocalypse cognitive.
Chapitre 6 — L'interrupteur intime
Dans 4 000 semaines, Oliver Burkeman insiste sur le courage de faire face au présent. L'auteur soutient que la distraction est un moyen de fuir cet inconfort ressenti avec le moment présent tel qu'il est.
Si les réseaux sociaux cherchent à nous manipuler et à gagner notre attention, nous collaborons avec eux souvent de bonne grâce. Oui, une partie interne de nous-mêmes nous éloigne des tâches que nous voulons accomplir. Pourquoi ? Car nous aimons la facilité !
Et c'est un paradoxe important :
Lorsque nous sommes engagés dans une tâche significative qui ajoute une réelle valeur à nos vies ;
Nous éprouvons en même temps un sentiment d'ennui parfois si désagréables que nous ferions presque tout pour que celui-ci disparaisse.
Or cet ennui est capital, car il signale nos limites. Si nous nous ennuyons, c'est peut-être parce que nous sommes face à de l'incertitude et à notre propre fragilité : allons-nous réussir ? Comment allons-nous surmonter cette difficulté, cet obstacle qui se dresse devant notre désir ?
L'inconfort de ce qui compte
En "succombant" à la distraction, nous évacuons d'un trait ces peurs et ces angoisses que révèle l'ennui. En vaquant à des occupations sans importance, nous nous redonnons l'illusion de l'infini et de la compétence. Nous retournons dans notre zone de confort.
La solution n'est pas aisée. Elle passe par une reconnaissance de l'inconfort lié à l'ennui. Pour Olivier Burkeman, nous devons :
Faire face et tourner notre attention consciemment vers ce qui nous pose problème dans le moment présent, afin de chercher à résoudre la tension.
En même temps, reconnaître que nous ne pouvons pas déterminer complètement le résultat des événements. Nous agissons au mieux, mais sans garantie de succès.
Cette attitude permet d'avancer dans l'inconfort et dans l'incertitude.
Partie 2 — Au-delà du contrôle
Chapitre 7 — Nous n'avons jamais réellement le temps
Le spécialiste de la cognition Douglas Hofstader a établi une loi simple : chaque tâche prend plus de temps que prévu. Oliver Burkeman abonde dans ce sens. Pour lui, c'est le signe que le temps ne peut pas être complètement contrôlé.
Tout peut arriver
L'auteur raconte des anecdotes de famille. Il vient, dit-il, d'une famille de planificateurs obsessionnels ! Chaque membre de sa famille aime ressentir ce sentiment de contrôle sur l'avenir.
Pour lui, l’origine de cette tendance comportementale familiale est liée à la Seconde Guerre mondiale, lorsque sa grand-mère parvint à fuir l’Allemagne avant les premières grandes déportations organisées par le gouvernement nazi.
L'anxiété profonde de sa grand-mère devant ce qui pourrait se passer a été transmise de génération en génération. Pour elle, l'important était de prédire ce qui allait se passer et de maîtriser sa destinée dans un moment crucial.
Même si, aujourd'hui, le danger n'est plus mortel, la crainte et le besoin de contrôle demeurent. C'est le cas de sa grand-mère, mais aussi de ses parents et du reste de sa famille.
S'occuper de ses affaires
"Le planificateur obsessionnel […] exige que des gages de sécurité lui soient donnés au sujet de l'avenir — mais l'avenir n'est justement pas le genre d'objet qui peut lui fournir l'assurance dont il a envie !" (4 000 semaines, Chapitre 7)
Pourquoi ? Car l'avenir est par nature incertain. C'est d'ailleurs également ce que dit le célèbre statisticien Nicholas Nassim Taleb dans ses livres, que ce soit Le Cygne noir ou Antifragile.
Êtes-vous inquiet ? Pensez-vous que c'est en prédisant quelque chose que vous éviterez que cela se passe mal ? C'est une erreur logique. Vous ne pouvez pas contrôler l'avenir en établissant des plans. L'imprévu fait intégralement partie de la vie.
Il faut en tirer une conclusion : il n'y a aucune garantie que nous serons en mesure d'utiliser le temps comme nous l'avions prévu. Et il se peut que nous ayons beaucoup moins à vivre que les 4 000 semaines annoncées au début du livre.
Si nous examinons nos vies rétrospectivement, nous pouvons nous rendre compte du côté absurde de la prévision. Posez-vous la question : votre vie s'est-elle déroulée telle que vous l'aviez prévue ? La réponse est sans doute non !
Notre existence est le fruit de circonstances que nous n'avions pas prévues et d'occasions fortuites. Certes, nous avons pris des décisions, mais toujours sur la base de ce "terrain mouvant".
Y a-t-il de quoi être rassuré, alors ?
Bien sûr, car l’acceptation de l’incertitude nous dégage de l’obligation de tout contrôler et, donc, de l’anxiété qui lui est liée. Qui plus est, il n’est pas question de ne faire aucun plan, mais simplement de se rappeler que ceux-ci sont des aide-mémoires, susceptibles de changement.
Chapitre 8 — Vous êtes ici
La catastrophe causale
Nous instrumentalisons le temps en le considérant comme ce qui nous mène vers une plus grande récompense, un plus grand succès, etc.
« Vous vous concentrez sur l'endroit où vous vous dirigez, au détriment de vous concentrer sur l'endroit où vous êtes ». (4 000 semaines, Chapitre 8)
Cette "instrumentalisation" perpétue l'illusion dommageable d'une satisfaction à venir et d'un contrôle total. Ce faisant, nous estimons que le présent n'est jamais satisfaisant et nous propulsons l'épanouissement personnel dans un avenir idéalisé.
La dernière fois
Oliver Burkeman s'est rendu compte qu'il vivait lui-même selon cet état d'esprit orienté vers l'avenir lorsqu'il est devenu père. Il a constaté que les manuels qu'il lisait sur le sujet tombaient tous sous le coup de cette façon de voir le monde.
En effet, les manuels destinés aux parents considèrent que le présent du nourrisson doit être utilisé comme un tremplin vers leur avenir. Objectif : donner la priorité à la formation de l'enfant pour qu'il soit un adulte prospère.
Mais ce n'est pas l'avis de l'auteur. Pour lui, il est préférable de vivre chaque instant avec son enfant. Les expériences que celui-ci vit sont une découverte constante. L'enfant est "pure présence" et non une projection vers l'avenir.
Présent, mais absent
L'orientation vers l'avenir au détriment du présent ne se produit pas seulement au niveau individuel, mais aussi au niveau sociétal. À force de rechercher le profit ou la perfection, nous nous "absentons" de l'instant présent.
Pour certains spécialistes du développement personnel, la méditation de pleine conscience semble être la solution pour enfin "savourer le moment". Pour Oliver Burkeman, c'est un peu plus compliqué.
En fait, il arrive souvent que nous recherchions désespérément à nous concentrer pour accomplir les exigences de la méditation. Dans ces cas-là, tout ce que nous réussissons à faire est à créer un fossé entre le vécu réel et ce que nous voulons vivre dans le présent.
L'auteur propose une option à la fois plus simple et plus directe, mais peut-être pas moins aisée : accepter simplement que nous vivons dans le présent, que cela nous plaise ou non.
Chapitre 9 — Redécouvrir le repos
Le déclin du plaisir
Les philosophes de l'Antiquité pensaient bien différemment. Il est vrai que pour eux, le travail était dévalorisé ; il s'agissait d'une dégradation. Avoir du temps libre (et être libre) signifiait se dédier entièrement à l'étude de soi et du monde. C'est ce qu'ils nommaient la contemplation.
À l'époque médiévale, le rythme de l'existence était en grande partie dicté par la religion : le dimanche, les jours fériés, etc. sont en partie des reliques de cette époque. Certaines périodes étaient dédiées au jeûne, d'autres à l'engagement communautaire, d'autres encore à la prière. Bref, le temps libre était prescrit et faisait sens de façon collective.
Et aujourd'hui ?
Même notre temps libre doit faire l'objet d'un contrôle accru. C'est étrange, mais nous organisons de plus en plus notre temps hors travail comme le temps de travail lui-même. Il existe une pression sociale à "rentabiliser" individuellement ce temps disponible du mieux possible.
Résultat : stress, stress et encore stress au bout du compte ! Ce qui devait être un temps de loisir et de plaisir devient une sorte de corvée. Paradoxal, non ?
La productivité pathologique
Avec l'industrialisation et la quantification du temps (comptabilisé à partir des horloges), le temps libre devient un "temps utile". L'ouvrier veut faire ce qu'il veut quand il n'est pas soumis à la loi du patron. Mais ce qu'il veut, bien souvent, c'est s'améliorer (ou améliorer ses biens).
Cette tendance à prendre le temps libre pour un temps où l'individu doit s'occuper de lui-même, de sa famille et de ses biens est typique de la modernité. Mais il engendre une forme de "productivité pathologique".
Dans 4 000 semaines, Oliver Burkeman soutient en effet que si nous ne nous permettons pas de perdre du temps et d'être inactifs, alors nous ne nous permettons pas du tout de nous libérer. Nous sommes juste pris dans une forme stressante de développement personnel.
D'où vient ce phénomène ? En partie dans ce que le célèbre sociologue allemand Max Weber a nommé dans l'un de ces livres célèbres « l'éthique de travail protestante ». Qu'est-ce que c'est ?
En résumé, il s'agit d'une manière de voir le monde qui a émergé dans les cercles calvinistes d'Europe du Nord. Parmi ceux-ci, beaucoup ont immigré aux États-Unis. L'idée de base est la suivante : travailler dur et accumuler des biens est le signe de la moralité et de l'élection divine. Au jour du Jugement dernier, seuls ceux qui auront travaillé dur seront sauvés !
Bien que nous ne nous reconnaissions pas nécessairement dans cet esprit religieux, notre mentalité a été construite à partir de telles idées, qui sont passées dans la culture populaire (via des romans et des films, notamment).
Nous pensons malgré nous que si nous optimisons constamment notre temps, nous ne ressentirons pas le besoin de justifier notre existence ; nous nous sentirons valorisés, reconnus et aimés par nos proches.
Règles pour le repos
Alors, comment retrouver le repos ? Premier point mis en avant par l'auteur : se rappeler que l'avenir est incertain (voir le chapitre précédent). En conséquence : cesser de le surinvestir et profiter du temps présent tel qu'il se donne, là, maintenant.
Oliver Burkeman conseille aussi de se reposer sans attendre d'être "tout à fait" bien. Lorsque nous cherchons le bon moment, la bonne position, etc., nous revenons à ce petit démon de la perfection. Sentons-nous plutôt maladroits, avec quelques douleurs, mais sentons-nous bien malgré tout, dit l'auteur.
Oliver Buckerman dit aussi qu'il adore randonner. Il propose de s'adonner à cette activité comme une fin en soi. C'est-à-dire ? Eh bien comme une activité que vous faites sans autre but que marcher et explorer le monde.
Rod Steward, radical
L'auteur prend également l'exemple du célèbre rockeur. Dans son temps libre, celui-ci assemble un train miniature. Et il se passionne pour cette activité depuis des années ! Pas très sexy, pour une rock star ? Il s'en fiche et avoue même n'être pas très bon à cela !
Voici donc un conseil qui prolonge ce qui précède : jouer ou plutôt prendre plaisir à des passe-temps non productifs où nous ne ressentons pas l'obligation d'exceller. Dans une société fondée sur le perfectionnisme et l'abstraction d'un avenir parfait, agir par pur plaisir devient un luxe presque inconcevable !
Pourquoi ? Car cela nous oblige à nous concentrer sur l'existence réelle et ses processus, plutôt que sur les bénéfices attendus qui sont toujours reportés à… demain.
Chapitre 10 — La spirale de l'impatience
Échapper à la vitesse
Voilà un nouveau constat ironique :
La technologie moderne réduit les temps d'attente (voyage, communications, etc.).
Et pourtant, nous sommes plus impatients que jamais !
Nous sommes frustrés par notre incapacité à accomplir des tâches difficiles dans le temps que nous nous donnons. Pourquoi ? Peut-être parce que nous éprouvons comme désagréable le fait de ne pas avoir un contrôle total des événements, malgré les technologies toujours plus "efficaces" qui sont mises à notre disposition.
La société dans son ensemble devient de plus en plus impatiente et rapide. Les attentes en matière d'efficacité dans des domaines tels que le travail ont augmenté. La pression augmente sur les employés.
Vous devez arrêter, mais vous ne pouvez pas vous arrêter
La lecture est l'un des domaines qui souffrent le plus de cette impatience contemporaine généralisée. De nombreuses personnes se plaignent de ne pas avoir le temps de lire. Pourtant, ils sont rapidement frustrés quand ils se mettent à lire, car ils se rendent compte qu'un texte "prend du temps".
Oui, chaque texte a sa propre durée. Pour le saisir pleinement, nous devons abandonner nos propres attentes de satisfaction instantanée et nous plonger dedans avec attention.
Fait intéressant : la psychothérapeute de la Silicon Valley Stephanie Brown a découvert que de nombreux patients à elle souffraient d'une dépendance à la vitesse. Tout comme un alcoolique utilise l'alcool pour évacuer des sentiments difficiles, les accros à la vitesse cherchent à éviter la douleur émotionnelle en se ruant sur de nombreuses activités.
Dans une certaine mesure, c'est ce que nous faisons tous. Nous avons trop peur de perdre le rythme et de nous laisser distancer. Pour gérer ce sentiment désagréable, nous cherchons à reprendre le contrôle et à faire toujours mieux.
Malheureusement, cela génère une spirale addictive qui peut avoir un impact négatif aussi bien sur nos relations que sur notre santé. Contrairement à l'alcoolisme, cette dépendance à la vitesse est socialement acceptée et valorisée, ce qui la rend encore plus compliquée à gérer.
Pour se rétablir, Oliver Burkeman préconise :
Accepter la vérité selon laquelle les tâches prennent plus de temps que ce que vous ne pensez ou souhaiteriez ;
Reconnaitre que vous aurez toujours besoin de courir plus vite une fois que vous commencez à entrer dans cette spirale infernale.
L'anxiété face aux tâches chronophages diminue considérablement lorsque vous acceptez le processus qu'elles impliquent. C'est alors que vous pourrez acquérir ce "superpouvoir" mal aimé… la patience !
Chapitre 11 — Rester dans le bus
Regarder et attendre
Voilà bien une qualité sous-estimée dans la société occidentale. La patience semble impliquer la passivité, voire la fainéantise. Nous cherchons au contraire à forcer les événements pour obtenir ce que nous voulons. C'est cette attitude proactive qui est valorisée.
Pourtant, Oliver Burkeman affirme dans 4 000 semaines que "la patience devient une forme de pouvoir". Ceux qui prennent le temps dont ils ont besoin pour faire un travail significatif obtiennent une satisfaction plus durable aussi bien pendant la réalisation du projet qu'une fois le résultat accompli.
L'auteur donne l'exemple de Jennifer Roberts, professeure d'histoire de l'art à Harvard. Celle-ci confie à ses étudiants la tâche ardue de regarder le même tableau pendant trois heures d'affilée.
Pourquoi ? Car cette tâche encourage les jeunes gens à regarder la peinture et à s'imprégner de son atmosphère. Ils remarqueront des éléments nouveaux qu'ils n'auraient pas pris en compte autrement.
Le psychothérapeute M. Scott Peck observe quant à lui notre inconfort face à l'attente. Il affirme que :
"Nous sommes tellement mal à l'aise avec l'expérience du déroulement naturel de la réalité que lorsque nous sommes confrontés à un problème, nous courons au plus vite vers une résolution — n'importe quelle solution, pourvu que nous puissions nous dire que nous y faisons "face", et ainsi avoir le sentiment de l'avoir sous contrôle." (Scott Peck dans The Road Less Travelled [1978], cité dans 4000 semaines, Chapitre 11)
Trois principes de patience
La première solution proposée par Oliver Burkeman consiste à "développer le goût des problèmes". Plutôt que de nous précipiter vers la sortie, nous ferions mieux d'accepter le fait que la douleur, le mystère et les énigmes à résoudre font partie de la condition humaine.
Deuxième proposition : l'incrémentalisme radical. C'est-à-dire ? Avancer par petits pas quotidiens, sans en faire trop en une fois. Habituez-vous à attendre jusqu'à demain pour continuer votre tâche. Cela vous permet de ne pas forcer et de laisser advenir naturellement la créativité.
Enfin, l'auteur rapporte le principe du photographe finno-américain Arno Minkkinen. Celui-ci suggère de "rester dans le bus". Qu'entend-il par là ? Dans le domaine de la création, rester dans le bus signifie accepter la période où notre production sera médiocre et dérivée, et cheminer à travers cela jusqu'à parvenir au point d'originalité souhaité.
Chapitre 12 — La solitude du digital nomad
Synchronisation et désynchronisation
Aujourd'hui, de nombreux conseils de spécialistes du numérique prônent le fonctionnement asynchrone. En soi, il est tout à fait positif de pouvoir choisir ses horaires. Mais cela pose néanmoins quelques problèmes.
Pour Oliver Burkeman, l'un des dangers du digital nomadism (nomadisme numérique en bon français) et du travail asynchrone est la solitude. Il met en avant le fait que certaines des activités les plus importantes de la vie sociale nécessitent la synchronisation :
Se faire des amis ;
Élever des enfants ;
S'engager politiquement ;
ET même faire du business.
Tout ne peut donc pas être "asynchrone". Nous devons pouvoir nous coordonner avec autrui, échanger en direct, etc.
Dans les sociétés prémodernes, l'ostracisation — le fait d'être forcé de rester à l'écart de la communauté — était l'une des plus grandes punitions. Aujourd'hui, la société moderne célèbre cette atomisation des relations et la distanciation de chacun vis-à-vis de chacun. Nous ne créons plus de rythmes communs.
La figure du nomade numérique est exemplaire de ces transformations, puisque celui-ci peut théoriquement choisir son emploi du temps en fonction de ses caprices et travailler à partir de n'importe quel endroit dans le monde.
L'auteur souligne pour terminer que le terme « nomade numérique » est trompeur. En effet, les nomades d'origine n'étaient pas des vagabonds solitaires. Ils voyageaient en groupe.
Nous pouvons constater que les relations professionnelles et personnelles souffrent d'un manque de « rythmes partagés ». Pourquoi est-ce important ? Car c'est ainsi que se constituent des relations plus profondes.
Rester unis dans le temps
Oliver Burkeman cite plusieurs études qui montrent que le partage du temps, la coordination, améliore le sentiment de bien-être des individus. Par exemple, l'étude de 2013 du chercheur suédois Terry Hartig montre que — contrairement à ce que pensent les gourous de la productivité — le bonheur des gens est lié à la "régulation sociale du temps".
Les périodes de repos socialement prescrites sont essentielles pour permettre aux gens de coordonner plus facilement leurs temps de loisirs avec ceux de leurs proches. Cela stimule les relations personnelles, qui sont elles-mêmes propices au bonheur.
Nous avons également l'impression de nous sentir plus réels et d'avoir des expériences plus vivantes lorsque nous sommes synchronisés avec les autres. En tant qu'êtres sociaux, nous avons besoin d'agir de concert dans un but donné.
La liberté de ne jamais voir ses amis
En fin de compte, nous devons évaluer avec attention ce que nous voulons faire :
Profiter de la flexibilité des horaires, au risque de voir le travail s'infiltrer dans tous les aspects de notre vie ;
Nous engager dans des activités en commun, avec une gestion sociale du temps, mais aussi des temps d'arrêt mieux marqués.
En tant qu'individus, nous pouvons privilégier l'un ou l'autre. Pour Oliver Burkeman, il est préférable de perdre un peu de son indépendance pour retrouver un sens du temps "en commun". Mais peut-être y a-t-il moyen de concilier les deux ? De décider de ses horaires tout en préservant des temps précieux pour les siens et sa communauté ?
Chapitre 13 — La thérapie de l'insignifiance cosmique
La Grande Pause
Nombreuses sont les personnes qui pensent qu'elles pourraient vivre des expériences plus enrichissantes et significatives. Nous voulons profiter de la vie dans le temps qui nous est octroyé.
En soi, ce désir est très positif. Il atteste que nous voulons jouir de l'existence dans le présent et que nous sommes prêts à nous poser les bonnes questions sur la manière de mener sa vie.
Durant la pandémie mondiale de COVID-19, nous nous sommes collectivement posé cette question ! Beaucoup de personnes ont (re)découvert la valeur du voisinage ; ils ont utilisé leur temps et leurs ressources pour faire tout leur possible pour aider ceux qui vivaient autour d'eux. Ils ont cherché à faire ce qui compte le plus.
Ce n'est pas qu'ils ne se souciaient pas des autres avant la pandémie, mais c'est simplement qu'ils pensaient qu'ils n'avaient pas le temps. Dans le contexte de la crise sanitaire mondiale, ils changèrent de point de vue et se mirent à agir différemment.
Cette "Grande Pause" qu'a été le Covid a été pour certains l'occasion d'un véritable changement d'attitude à l'égard du temps et de la vie de tous les jours.
Une modeste vie qui a du sens
Quelle est cette thérapie de l'insignifiance cognitive ? Elle part du principe que nous nous donnons trop d'importance, en tant qu'individu et en tant que société. Nous croyons être importants, ou être la meilleure civilisation qui n'ait jamais existé.
Mais redescendons sur terre. L'humanité, dans son ensemble, n'a que 6 000 ans, ce qui est très jeune par comparaison avec l'âge du monde lui-même. N'est-il pas étonnant de penser que l'époque des pharaons égyptiens ne remonte qu'à 35 vies en arrière de la nôtre !
Conséquence logique : notre propre vie n'est qu'une infime goutte d'eau dans cet océan de personnes ayant vécu jusqu'ici. Et notre temps sur Terre est bel et bien court, très court ; "un minuscule petit scintillement de presque rien dans le schéma des choses".
Ce constat de notre « insignifiance cosmique » peut être assez désagréable. Pourtant, il peut aussi nous libérer de l'enfermement dans nos problèmes et nos obsessions quotidiens (210). Plutôt que d'en avoir peur, nous pourrions nous servir de cette sagesse pour profiter plus raisonnablement de la vie quotidienne.
Comment ? En trouvant plus de sens dans les tâches que nous faisons déjà. À l'inverse, la surévaluation de notre existence nous amène à rejeter nos limites et à nous égarer dans des rêves impossibles.
Chapitre 14 — La maladie humaine
La vie provisoire
Notre lutte contre le temps découle de la tentative de le maîtriser et de sentir ainsi que nous avons un pouvoir sur notre propre condition mortelle. Nous cherchons à être productifs et proactifs, à réaliser tous nos objectifs. À l'inverse, nous nous épuisons et nous retardons les échéances.
Ces attitudes sont liées au fait que nous oublions le fait essentiel : le temps ne se laisse pas ainsi attraper. Il déborde de nos projets, nos désirs. Et il nous pousse malgré nous jusqu'à nos limites, que nous le voulions ou non. Cette vie nous est prêtée dans le temps, "pour" un temps.
Abandonner l'espoir de cette relation de maîtrise par rapport au temps peut nous libérer. Cela signifie accepter qu'il y ait toujours plus de choses à faire que ce que nous pouvons effectivement faire. Cela implique aussi que nous devrons prendre des décisions difficiles sur la meilleure vie à mener.
5 questions
Pour terminer ce chapitre de 4 000 semaines, Oliver Burkeman préconise que nous nous posions cinq questions importantes sur la façon dont nous passons notre temps.
Où, dans votre vie ou votre travail, recherchez-vous actuellement le confort, alors que ce qui est demandé est un peu d'inconfort ?
Vous tenez-vous et vous jugez-vous par des normes de productivité ou de performance qui sont impossibles à atteindre ?
Avez-vous accepté le fait que vous êtes qui vous êtes, et non la personne que vous pensez que vous devriez être ?
Dans quels domaines de l'existence pensez-vous que vous n'êtes pas encore tout à fait prêt à passer à l'action ?
Comment passeriez-vous vos journées si vous ne vous souciiez pas de voir vos actions se concrétiser ?
La dernière chose la plus importante
Dernier conseil d'Oliver Burkeman : ne pas se laisser submerger par les idées (et les outils) sur la gestion du temps. Prenons simplement une seule mesure, la plus significative pour nous. Acceptons nos limites. C'est ainsi que nous travaillerons réellement à un monde meilleur.
Conclusion — Au-delà de l'espoir
Dans le dernier chapitre et dans la conclusion, Oliver Burkeman montre que la question du temps importe politiquement. Nous sommes à une époque de grands changements. Bien agir, dans le temps qui nous est imparti, peut avoir de grandes conséquences.
Abandonner l'espoir signifie que nous avons, aujourd'hui, dans le moment présent, le pouvoir de changer les choses. Nous n'espérons pas un monde meilleur ; nous le bâtissons, dans les limites qui sont les nôtres.
Concentrons-nous sur les causes qui comptent à nos yeux et acceptons que nous ferons de notre mieux, sans garantie ni contrôle absolus.
Conclusion sur « 4 000 semaines : la gestion du temps pour les mortels » de Oliver Burkeman :
Ce qu’il faut retenir de « 4 000 semaines : la gestion du temps pour les mortels » de Oliver Burkeman :
Voici dix conseils rassemblés en fin d'ouvrage par Oliver Burkeman pour vivre une vie épanouie tout en respectant nos limites temporelles.
Adopter une approche de la productivité à "volume fixe".
Sérialiser, c'est-à-dire se concentrer sur un seul grand projet à la fois.
Décider à l'avance où l'on veut échouer/ne pas exceller.
Tenir une liste des choses « terminées » afin de contrer l'impression d'avoir trop de choses à faire.
Être bienveillant et choisir une cause humanitaire tout en étant conscient de ce qu'on peut lui donner.
Adopter une technologie ennuyeuse et à usage unique qui ne distraie pas.
Chercher la nouveauté dans le banal, travailler sa patience.
Expérimenter dans les relations, notamment en cherchant à comprendre véritablement autrui.
Agir dans le moment présent (par exemple, remercier un collègue ou aider quelqu'un) plutôt que de privilégier son emploi du temps.
Pratiquer l'art de ne rien faire en se laissant le temps d'accepter la réalité et le temps qui passe.
Ce livre d'Oliver Burkeman est original car il casse certains codes du développement personnel. Il ouvre des portes pour penser autrement notre gestion du temps et plus généralement notre rapport au monde.
Points forts :
Une écriture vivante et facile ;
Une introduction claire et pédagogique à des ouvrages de philosophie et à des études scientifiques sur la gestion du temps :
De nombreux exemples issus de la vie personnelle de l'auteur.
Point faible :
Je n’en ai pas trouvé.
Ma note :
★★★★★
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Résumé de « 12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l’ordre » de Jordan B. Peterson : le dernier ouvrage de l’un des penseurs les plus influents du développement personnel et de la psychologie outre-Atlantique — à ne mettre dans vos mains que si vous avez vraiment envie de vivre pleinement votre vie !
Par Jordan B. Peterson, 2021.
Titre original : « Beyond Odrer: 12 More Rules for Life », 2020.
Chronique et résumé de « 12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l'ordre » de Jordan B. Peterson
Introduction
Contrairement à son précédent livre, 12 Règles pour une vie : un antidote au chaos, Jordan B. Peterson propose ici de réfléchir à ce que le désordre (le chaos) peut avoir de bon et de positif dans nos existences quotidiennes.
Son premier livre était une partie du chemin : une méthode pour vivre mieux en s'organisant le plus efficacement possible. Mais ici, il nous fait faire un pas de plus et découvrir comment accepter la part de désordre et d'incertitude pour rester ouvert à la nouveauté et à la créativité.
L’auteur commence par raconter sa descente aux enfers après la publication de son premier ouvrage. Sa femme et sa fille ont connu des problèmes de santé assez graves. En outre, lui-même s’est retrouvé face à une addiction aux benzodiazépines qu’il n’a réussi à traiter que très difficilement, au cours de longs mois de souffrance.
Pour Jordan B. Peterson, ces expériences sont compliquées et douloureuses, et il ne s’agit pas de les nier. Mais il n’est pas non plus opportun de se couper de ce qu’il y a de fort en nous ; ce qu’il nomme notre « part héroïque ».
"Tous ces malheurs ne forment que la moitié sombre de l'histoire de l'existence et ne tiennent aucun compte de l'élément héroïque de la rédemption ni de la noblesse de l'esprit humain qui requiert qu'on lui confie un minimum de responsabilités. C'est à nos dépens que nous méprisons cette partie de l'histoire, car la vie est si difficile que le fait de perdre de vue cette partie héroïque de l'existence pourrait nous coûter très cher." (12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l’ordre, Introduction)
Règle 1 — Évitez de constamment dénigrer la créativité et les institutions sociales
Solitude et chaos
Parler avec autrui est capital pour mettre de l'ordre dans ses idées. C'est une leçon que l'auteur a clairement perçue grâce à l'un de ces patients. Lors des premières séances de psychothérapie avec Jordan B. Peterson, il était dépressif, très solitaire. Il ne parlait que de ce qui l'ennuyait.
Au fil des années, il a pourtant complètement changé. Il a fait de nombreux efforts, dans sa vie de tous les jours, pour se tourner davantage vers les autres. Il a peu à peu remis de l'ordre dans son existence grâce à la discussion qu'il menait avec eux et grâce au fait de les laisser voir ses talents.
La santé mentale comme institution sociale
La santé mentale ne vient pas seulement de l'harmonisation de nos différentes personnalités. Nous sommes ouverts sur le monde extérieur, que nous le voulions ou non. Autrement dit, la communauté a un grand rôle à jouer dans notre sentiment de bien-être au quotidien.
L'éducation :
Les loisirs ;
Les projets ;
Nos proches ;
Nos amours ;
Etc.
Voici des dimensions sociales de nos existences. Et tout cet « entourage » nous permet, d’une manière ou d’une autre, de rester en bonne santé mentale. En fait, les autres nous rappellent constamment quel est le « droit chemin » et celui à éviter. Comment ? Via du langage verbal et non verbal au cours de nos interactions avec eux.
De l'intérêt de désigner
Nous cherchons tous à attirer l'attention des autres. Lorsque nous désignons quelque chose (comme un bébé pourrait le faire), nous cherchons en même temps à attirer l'attention sur l'objet et sur nous-mêmes qui le montrons.
Les bébés — comme la petite-fille de l'auteur qui est prise pour exemple — ont besoin de montrer ce qui les intéresse pour recevoir une validation d'autrui.
"Si vous ne communiquez pas sur ce qui pourrait intéresser d'autres personnes, alors, la valeur de votre communication — voire la valeur de votre présence — risque d'être réduite au néant." (12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l’ordre, Chapitre 1)
La parole est une forme plus complexe de désignation. Pour attirer l'attention de nos semblables, il y a peu de choses plus efficaces ! C'est d'ailleurs ce que savent très bien les copywriters…
Que devrions-nous désigner ?
Le langage exprime ce qui est acceptable ou non ; des valeurs sont déjà présentes dans les mots que nous employons. Souvent, nous ne nous en rendons pas compte. Nous cherchons à exprimer et à subvenir à nos besoins de façon correcte pour nous et pour les autres, au sein de la société dans laquelle nous vivons.
Nous coopérons les uns avec les autres pour ce faire. Mais nous sommes aussi en concurrence pour certains biens. C'est toute une organisation sociale qui en découle. Dans l'idéal d'une société bien organisée, chacun intervient là où il a plus de talent.
La hiérarchie qui découle de la structuration des besoins au sein d'une société est une institution sociale "qui rend en même temps possibles le progrès et la paix", dit Jordan B. Peterson.
De bas en haut
Nous intégrons tous progressivement le langage et, avec lui, les règles propres à une société. Nous entrons dans le jeu de la concurrence et de la compétition, d'abord avec les gestes, puis avec la parole.
Le jeu est un véritable microcosme social où nous expérimentons les règles. Au final, la vie et les sociétés elles-mêmes ressemblent à de grands jeux que nous jouons constamment.
L’objectif de tout joueur (ici, de tout être humain, donc) est de se rendre capable de participer au plus grand nombre de jeux possible. Ou plus exactement « d’être invité par le plus grand nombre à participer à une série de jeux ».
De l'utilité de l'Idiot
Il est tout à fait bienvenu d'être un "débutant". Nous devons tous en passer par là. Nous sommes tous, à un moment donné au moins, au bas de l'échelle. Cela peut nous apprendre l'humilité et la gratitude.
Les plus grands héros de nos mythes et fictions, de Harry Potter à Pinocchio en passant par Jésus Christ, ont tous commencé dans de piètres conditions et ont été exposés au danger. Mais c'est comme cela, à chaque fois, qu'ils apprennent à la fois qui ils sont et comment changer (ou s'adapter) au monde.
De la nécessité d'avoir des égaux
C'est parmi nos pairs que nous parlons le plus librement et que l'information circule le mieux. Entre supérieurs et inférieurs, il y a toujours du bruit ou des résistances à s'écouter l'un l'autre.
Parler entre amis, c'est-à-dire en égaux, est une chose essentielle dans l'existence. Et celle-ci implique le partage, qui s'apprend lui aussi au cours de l'enfance, comme le relate Jordan B. Peterson.
Recevoir et surtout donner son soutien sont des éléments positifs de la santé mentale (et ceux-ci influenceraient même sur la longévité). Éprouver les sentiments d'amitié renforce notre sentiment de sécurité et de sens, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle.
Qui c'est le patron ?
Être une autorité dans son domaine n'a rien d'une honte. Au contraire ! Avoir de la "supériorité" dans une hiérarchie ne doit pas être considéré non plus avec mépris. Parfois, c'est le cas. Pourtant, savoir être un bon supérieur ou une autorité pour d'autres est quelque chose de très positif.
Ceux qui le cherchent ont de l'ambition, ce qui n'est pas la même chose que la "soif de pouvoir". Un bon patron ou supérieur hiérarchique se fonde sur l'autorité, c'est-à-dire sa compétence, et non sur le pouvoir (c'est-à-dire la force).
Bien sûr, les deux peuvent être mêlés, et parfois avec raison, mais il convient de les distinguer.
Les institutions sociales sont nécessaires… mais insuffisantes
Les institutions sociales et les hiérarchies sont essentielles pour grandir. Cela dit, il y a un paradoxe : les problèmes de la société changent et, parfois, les réponses apportées hier ne fonctionnent plus pour ceux-ci. Dans ce cas, que faire ?
C’est là où interviennent les esprits créatifs, qui valorisent le changement sur le statu quo. Ces personnes, souvent plus jeunes, viennent bouleverser les codes sociaux, les normes (et même parfois le langage).
« Comment établir un équilibre entre un conservatisme raisonnable et une créativité revitalisante ? », demande Jordan B. Peterson dans 12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l’ordre.
De la nécessité d'un équilibre
Ni la créativité ni la discipline ne sont suffisantes. Les deux entretiennent une relation d'interdépendance que nous oublions trop souvent, en mettant uniquement l'accent sur l'une ou l'autre.
Pour être créatifs, nous avons besoin de suivre d'abord des règles, d'apprendre, justement, une "discipline" (que ce soit le piano, le tennis ou les mathématiques). Par ailleurs, la créativité a le grand mérite de venir renouveler l'efficacité des réponses habituellement apportées. Il nous faut les deux !
La personnalité en tant que hiérarchie… et capacité de transformation
"À quoi ressemble, alors, la personnalité qui permet d'établir un équilibre entre le respect pour les institutions sociales et la transformation créatrice ? Compte tenu de la complexité du problème, ce n'est pas facile de le déterminer. Pour cette raison, on préfère se tourner vers les histoires." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 1)
Plusieurs histoires sont mises en avant par l'auteur pour nous faire sentir la "personnalité idéale" qui parvient à joindre conservatisme et créativité. Notamment :
Harry Potter ;
Pocahontas ;
Jésus-Christ.
À chaque fois, les institutions sociales sont à la fois respectées et bafouées, mais toujours en vue de créer un monde meilleur, plus juste, plus sain et plus vivant.
Règle 2 — Imaginez qui vous pourriez devenir, et visez résolument cet objectif
Qui êtes-vous, et qui pourriez-vous devenir ?
Que serions-nous si nous n’avions pas eu cet accident, ce problème, etc. ? Nous avons tous le sentiment d’avoir du « potentiel » largement inexploité en nous. Mais comment le débloquer, et comment se donner une idée claire de ce que nous pourrions devenir ?
Jordan B. Peterson pense que cela est lié à deux choses, qui sont spécifiquement humaines.
Premièrement, nous nous racontons collectivement des histoires dans lesquelles nous mettons en scène des héros et des situations qui montrent ce dont nous sommes capables (ou des "nous" idéalisés).
Deuxièmement, nous sommes susceptibles d'apprendre toujours plus et de nous inspirer du passé pour développer nos propres luttes, nos propres combats (intérieurs ou collectifs).
Grâce à ces qualités, nous sommes en mesure d'avoir des guides pour notre développement personnel et social.
La naissance de l’inoubliable
"Une histoire inoubliable capte la quintessence de l'humanité et la condense, la transmet et la clarifie, mettant en lumière ce que nous sommes et ce que nous devrions devenir. Elle nous parle, attirant notre attention et nous poussant à l'imiter. Nous apprenons à voir et à nous conduire de la même manière que les héros de ces récits qui nous ont tant captivés." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 2)
Toutes ces histoires sont le fond dans lequel nous pouvons puiser pour comprendre comment agir au mieux et transformer ce chaos de sensations que nous éprouvons en force active et positive.
C'est pourquoi l'auteur utilise tant d'histoires et d'exemples tirés de la fiction dans les sections et les chapitres qui suivent.
Qui vous pourriez devenir 1 : Materia prima
La "matière première" est ce que les alchimistes utilisaient pour créer de l'or ou des métaux précieux (du moins essayaient-ils). Il existe toute une symbolique de l'alchimie et de la sorcellerie (que Jordan B. Peterson reprend via la saga Harry Potter, notamment) qui est utilisée par l'auteur pour expliquer le processus de transformation du potentiel.
Nous parvenons à transformer notre potentiel en une personnalité épanouie si nous réussissons à poursuivre de façon "franche et courageuse" ce qui est "à la fois significatif, dangereux et prometteur" en nous.
Qui vous pourriez devenir II : Le polythéisme dans le monothéisme, et l'apparition du héros vertueux
Jordan B. Peterson reprend plusieurs histoires, depuis le temps des mythes antiques et polythéistes jusqu'aux plus récents films, en passant par les paraboles et histoires religieuses des religions monothéistes.
Un exemple. Dans cette section, il passe de :
Enuma Elish (mythe mésopotamien) ;
Le mythe d'Horus en Égypte ;
L'histoire de Saint-Georges (christianisme) ;
Les récits de la Saint-Patrick (idem) ;
Le Hobbit de J.R. Tolkien ;
Avengers, le film de Marvel.
"Tous ces héros interprètent ce qui a sans doute été la plus grande découverte jamais faite par les ancêtres primordiaux de l'homme : si vous avez la vision et le courage (et un bâton solide, en cas de nécessité), vous pouvez chasser les pires serpents." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 2)
Qui vous pourriez devenir III : Héros, dragon, mort et résurrection
Ici, l'auteur revient sur l'histoire de Harry Potter — sa rencontre et sa bataille avec le Basilic — pour montrer tout l'intérêt de ce type d'histoire. Que nous apprend-elle, si nous suivons les symboles ?
Eh bien qu'au-delà de la bataille avec le serpent (le dragon ou le basilic, qui sont tous des reptiles), il y a une renaissance : nous devenons différents, plus forts qu'auparavant.
Comment passer à l'action
Nous passons à l'action le plus souvent sans nous en rendre compte. Lorsque nous sommes enfants, nous apprenons à agir à partir du jeu d'imitation que nous développons naturellement. Nous faisons "comme si".
Devenus adultes, nous utilisons le théâtre, mais aussi la littérature. Dans ce dernier cas, l'imitation ne passe plus par le corps directement, mais par l'imagination seule et les mots. Nous pouvons apprendre à imiter les modèles que nous imaginons grâce aux œuvres de fiction que nous lisons (et regardons sur nos écrans).
En l'occurrence, ceux-ci nous apprennent la chose suivante :
"Fixez-vous des objectifs. Choisissez la meilleure cible que vous soyez en mesure de concevoir. Approchez-vous-en tant bien que mal. Tout au long du chemin, relevez vos erreurs et vos idées fausses, affrontez-les et rectifiez-les. Soyez cohérent. Le passé, le présent, l'avenir… ils sont tous importants. Il vous faut organiser votre chemin. Vous devez savoir où vous êtes, afin d'éviter de reproduire vos erreurs passées." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 2)
C'est ce que font les héros qui se fixent un objectif ultime et cherchent à l'atteindre constamment, tout en restant modestes et ouverts quant à leurs compétences.
Règle 3 — Évitez de cacher dans le brouillard ce dont vous ne voulez pas
Ces fichues assiettes
Ne prenez pas l'habitude d'accepter les petites choses qui vous ennuient. Elles se répètent et peuvent rendre votre vie insupportable, voire mettre fin à de belles histoires. Mieux vaut les prendre à temps et accepter de se confronter à l'autre — de façon non violente et positive — lorsque cela est nécessaire.
Ça ne mérite pas que je me batte pour ça
Pour accepter de se confronter à ces proches et de s'affirmer dans la vie de tous les jours, encore faut-il savoir ce que nous voulons. L'auteur reprend l'histoire réelle d'une de ses patientes qui ne parvenait pas à se sentir chez elle dans sa propre maison.
En cause ? Elle avait laissé son mari tout décider et, pourtant, n'aimait pas ce qu'il avait choisi en termes de décoration. Peu à peu, cela lui avait rendu la vie impossible et elle ne se sentait pas heureuse, comme "prise au piège".
Mieux vaut donc parler en ayant un objectif clairement à l'esprit !
Corruption : action et omission
Nous nous aveuglons sur ce qui compte ou pas. Nous laissons souvent les choses aller, sans prendre le temps d'y réfléchir de façon plus profonde, ni d'agir en conséquence. Mais nous détournons également les soucis qui nous concernent de bien des manières. Freud, par exemple, en a souvent parlé comme des formes plus actives de "refoulement".
Et cela, pour une part, se comprend. Lorsque nous sommes mis face à de telles situations désagréables, nous avons une tendance naturelle à les évacuer. En outre, elles sont souvent enchevêtrées dans le reste de l'existence, et leur trouver une "solution claire" au problème peut être un exercice assez, voire très complexe.
Qu'est-ce que le brouillard ?
Certaines personnes peuvent avoir très peur de définir ce qu'elles veulent. Pourquoi ? Car elles ont peur d'elles-mêmes et de l'échec. Souvent pour de bonnes raisons, qui sont liées à des expériences passées.
Si c'est votre cas, vous êtes dans le "brouillard". Vous vous dissimulez vos émotions aussi bien que vos motivations et vous refusez catégoriquement d'y avoir accès. Pourtant, les émotions nous renseignent sur ce que nous voulons.
Accepter ses sentiments est difficile, mais mène à une vie plus dense et plus sereine. Vous ne vous laisserez pas prendre par l'optimisme béat (tout le monde est gentil) ou par le pessimisme noir (tout le monde va me tromper, et moi en premier lieu).
Prendre la responsabilité de ses émotions et les manifester conduit à une forme de confiance, fondée sur le courage. Vous savez qu'il est possible de se tromper (et d'être trompé), mais vous décidez malgré tout de vous engager — en vous réservant le droit de dire ce que vous ressentez.
Événements et souvenirs
Sortir de la confusion pour étudier consciemment les événements et les souvenirs que nous avons est l'une des choses les plus courageuses que nous puissions faire. Nous avons mille raisons de rester dans le "brouillard", mais cela ne nous aidera pas d'un pouce à avancer vers un mieux-être.
"Grâce à une recherche minutieuse et une attention soutenue, vous pourriez suffisamment faire pencher la balance vers l'opportunité et contre l'obstacle pour que votre existence, en dépit de sa fragilité et de la souffrance qu'elle vous procure, mérite réellement d'être vécue." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 3)
Règle 4 — Retenez que l'opportunité se cache là où l'on a démissionné de ses responsabilités
Devenez indispensable
Il est essentiel pour la santé mentale de trouver des choses importantes à faire. Cela peut être dans le travail ou dans d'autres secteurs de la vie (associative, par exemple).
Nous apprécions aussi être reconnus pour nos actions. Cela nous donne un sentiment d'être à notre place dans le monde.
Pour y parvenir, il importe d'oser entreprendre et exécuter des tâches qui nous semblent parfois difficiles à réaliser. Oser prendre sa place sur un lieu de travail ou dans une communauté, en surmontant la peur que cet engagement et ce travail impliquent.
Responsabilité et sens
Nous pouvons rester confortablement dans l'idée de la potentialité. Nous pouvons tout, comme Peter Pan. Mais quand nous nous engageons dans l'action, nous assumons des choix. En d'autres termes, nous réduisons nos potentialités.
Refuser de grandir, comme Peter Pan, cache quelque chose de noir, voire de suicidaire (voir p. 128). Se lancer dans l'aventure de la vie est bien plus positif. Même à un âge avancé, comme c'est le cas dans le récit biblique d'Abraham que relate également Jordan B. Peterson.
Sauvez votre père : Osiris et Horus
L'histoire d'Osiris et Horus, dieux de la mythologie égyptienne, est contée par l'auteur pour exposer le problème de la transmission et de la transformation. Horus, fils d'Osiris, est amené à régner. Mais il doit pour cela affronter son oncle, Seth, dieu des enfers.
La leçon qu'en tire le psychologue est ici ce qui nous intéresse le plus :
"Il n'est pas dans la nature de l'humanité de se recroqueviller, ni de se figer telle une proie sans défense ni de retourner sa veste et d'œuvrer pour le mal, mais d'affronter le lion dans sa tanière. C'est la nature de nos ancêtres : des chasseurs, défenseurs, bergers, voyageurs, inventeurs, guerriers et fondateurs de cités et de pays extrêmement courageux. C'est le père que vous pourriez secourir ; l'ancêtre que vous pourriez devenir. Vous le découvrirez au plus profond de vous." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 4)
Et qui cela pourrait-il bien être ?
Pour bien agir, il nous faut prendre en compte la répétition de notre action dans le temps. Cela peut être formulé de la façon suivante : si je répète ce comportement toute ma vie, serais-je heureux — et rendrais-je les autres autour de moi heureux ?
L'auteur montre que nous ne pouvons pas être très longtemps des êtres égoïstes agissant uniquement selon nos désirs du moment. Ça ne fonctionne tout simplement pas !
Prendre soin de soi, c'est au minimum être capable de prévoir cette répétition dans le temps et agir pour que notre "moi" futur vive dans de bonnes conditions. Il en va de même lorsque nous pensons à notre couple à la communauté tout entière.
Bonheur et responsabilité
Bien sûr, nous pourrions simplement chercher à répéter inlassablement des moments de plaisir (nourriture, sexualité, etc.). Ces délices de la vie s'en vont et reviennent avec une ardeur implacable. Mais ce court-termisme fait-il de nous des êtres heureux ?
Jordan B. Peterson ne le pense pas. Pourquoi ? Car nous savons que notre vie a une fin — la mort — et que nous voulons lui opposer des émotions positives plus durables, un sens de l'accomplissement qui soit plus profond que la fugacité des sensations agréables.
Cette façon d'envisager le bonheur passe par la responsabilité. C'est en assumant un objectif clair et à long terme que nous construirons une vie plus heureuse, au sens fort du terme. Prendre sa vie en main, voilà un geste responsable.
Acceptez un excédent de poids
"Votre existence commence à prendre du sens, dans les mêmes proportions que les responsabilités que vous acceptez d'assumer. C'est dû en grande partie au fait que vous vous efforcez désormais sincèrement de mieux faire les choses. Vous réduisez au minimum les souffrances inutiles. Vous encouragez vos proches, que ce soit par l'exemple ou la parole. Vous limitez la malveillance dans votre cœur comme dans celui des autres." (12 Nouvelles règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 4)
Jordan B. Peterson n’explique pas vraiment le titre de cette section. Mais nous pouvons l’expliquer par la responsabilité. Celle-ci est un poids, mais c’est elle qui nous mène sur le chemin de l’aventure, celle de notre vie ! Alors, acceptons ce poids et mettons-nous en marche.
Règle 5 — Ne faites pas ce qui ne vous plaît pas
L'ordre pathologique au quotidien
Parfois, les systèmes hiérarchiques sont porteurs de mal-être, voire de domination et de manipulation. Ces ordres sont alors « pathologiques ». Pour y résister, que ce soit en entreprise ou dans la vie privée, il faut du courage et de la ténacité.
Jordan B. Peterson raconte comment l'une de ses patientes est parvenue à se défaire de relations toxiques au sein de la grande entreprise où elle travaillait. Plus tard, elle s'est même battue, en tant que journaliste, pour défendre ses idées sociales et politiques.
Notre conscience — dans le sens, ici, du sentiment moral et intellectuel que quelque chose ne va pas et que nous devrions le changer — nous oblige d'agir. Même si, trop souvent, nous nous résignons. Pourtant, seul le courage de mener à bien ces combats nous aide à rester dignes et confiants en nous-mêmes.
Renforcez votre position
C'est dans ce sens qu'il faut refuser de faire ce que nous ne voulez pas faire. Vous pouvez accepter de faire plus de travail si vous pensez que cela mènera à plus de reconnaissance. Mais ne faites pas des choses dont vous auriez honte et qui vont à l'encontre de votre sens moral.
Renforcer sa position au sein de l'entreprise (thème privilégié de ce chapitre) peut passer par la force du refus :
"Si, au travail, ce qu'on vous demande de faire vous pousse à vous mépriser, à vous sentir faible et honteux, à vous en prendre à ceux que vous aimez, à refuser de vous montrer productif, et à avoir l'impression que votre existence vous écœure, il est possible qu'il soit temps de méditer, de réfléchir, de mettre en place une stratégie et de vous mettre en situation de dire "non"." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 5)
Aspects pratiques
Une autre solution pourrait être de vous reconvertir ou de changer d'emploi dans le même secteur. Si vous pensez que vous pourriez vous faire renvoyer, c'est certainement une bonne stratégie.
Avez-vous peur de partir ? Demandez-vous quelle en est la cause… Et puis, souvenez-vous, tout choix comporte sa dose de risque. La lumière est peut-être au bout du tunnel !
Vous pensez que personne ne voudra de vous ailleurs ? Les conditions de recrutement sont dures. Mais vous ne devez pas prendre cela personnellement. Cela ne remet pas en cause votre valeur intrinsèque.
Ce sera peut-être l'occasion de faire le point sur vos compétences et de vous engager sur un nouveau chemin d'apprentissage.
Règle 6 — Renoncez à l'idéologie
Les mauvais endroits
La responsabilité est un thème qui fait mouche dans toutes les conférences données par Jordan B. Peterson. Il serait facile de penser le contraire. Ce n'est pas un thème facile. Et pourtant, il intéresse particulièrement le public. Pourquoi cela ?
Parce que les gens ont besoin de retrouver ce sens, cette capacité à être responsables. Ils le savent sans nécessairement pouvoir articuler leur pensée.
Peut-être est-il simplement endormi
Notre sens de la responsabilité s'est peut-être endormi. Nous avons réclamé des droits sans nous interroger sur nos devoirs. Nous avons critiqué toutes les hiérarchies, sans nous demander ce que nous pouvions (et devions) faire. Bref, nous n'avons fait que la moitié du chemin.
Le sens des responsabilités nous pousse à faire l'autre moitié. Mais pour cela, nous devons sortir de notre tendance à l'idéologie (endoctrinement dogmatique) et au nihilisme (désespoir de celui qui ne croit en rien).
L'attrait fatal de la fausse idole
Jordan B. Peterson met en garde contre ce qui lui apparaît comme de fausses idoles actuelles (souvent, des mots en "-isme"). Pour lui, le plus important est de ne pas se laisser abuser par des intellectuels qui construisent des théories réductrices.
Celles-ci considèrent en général qu'il y a un "grand méchant" qu'il faut combattre et que tous nos maux viennent de là.
Ressentiment
Avoir du ressentiment, c'est mettre la faute de nos ratés sur les épaules de ces "grands méchants" (patriarcat, économie, etc.). En fait, c'est se laisser influencer par l'idéologie, qui nous évite d'avoir à regarder en nous-mêmes.
Au lieu de cela, il est préférable d'avoir un peu d'humilité et de commencer par prendre soin de soi en se dotant d'objectifs à sa mesure. Si vous voulez, progressivement, lutter pour une cause qui vous dépasse, cela sera un bienfait pour tout le monde.
Mais ne commencez pas par dire que vous n'y pouvez rien "à cause du grand méchant".
Règle 7 — Travaillez aussi dur que possible dans au moins un domaine, et voyez ce qui se produit
La valeur de la température et de la pression
La température et la pression du sol transforment le charbon en diamant. Il en va de même, métaphoriquement parlant, avec les personnes. Si nous parvenons à unifier notre personnalité, grâce notamment à un environnement propice, nous pouvons devenir des êtres conscients et "lumineux".
La psychanalyse nous apprend que l'esprit est multiple et que l'unification n'est pas chose aisée. Lorsque nous sommes pris, surtout enfants, par de grosses émotions telles que la colère, ou encore lorsque nous ne parvenons pas à nous décider, nous échouons à présenter au monde un moi clair et unifié.
Pour Jordan B. Peterson, la solution consiste encore une fois en l'établissement d'objectifs que nous désignons comme tels :
"Avoir des objectifs clairs limite et simplifie le monde tout en réduisant l'incertitude, l'angoisse, la honte et les forces psychologiques autodévorantes libérées par le stress." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 7)
La pire des décisions
Quelle est la pire des décisions ? C'est de n'en prendre aucune. C'est de continuer à croire que tout est possible ou de devenir cynique en croyant, à l'inverse, que rien ne l'est.
Souvent, les personnes échouent ou abandonnent par manque de détermination. Certes, il y a parfois de réelles incompatibilités entre une personne et ses ambitions, ou encore un individu et un autre, par exemple.
Voici quelques domaines qui demandent de la détermination :
Le couple ;
La famille ;
Les amis ;
Le travail.
Pour Jordan B. Peterson, plus vous irez au bout des choses dans ces domaines, mieux vous vous sentirez.
Discipline et unité
La discipline équivaut à la pression et à la température dont nous parlions plus tôt dans le cas du diamant. Nous avons besoin, en tant qu'êtres humains, de discipline pour nous mener vers l'intégration psychique et sociale.
La discipline n'est donc pas en soi répressive ou négative. Bien au contraire. Lorsqu'un enfant joue, il s'autodiscipline en apprenant et en suivant des règles. Lorsqu'un adulte veut apprendre un métier, il doit faire de même.
La communauté familiale et amicale, pour l'enfant, ou la communauté professionnelle, pour l'adulte, sont là pour guider le débutant et s'assurer que l'apprentissage se réalise correctement.
Le dogme et l'esprit
"Si vous travaillez aussi dur que possible sur une tâche, vous changerez. Vous commencerez aussi à devenir une seule chose, au lieu de la multitude vociférante que vous étiez jadis." (12 Nouvelles Règle pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 7)
N'ayez donc pas peur d'apprendre et de vous mêler à une tradition déjà existante. Apprendre des règles, suivre des règles, tout cela n'est pas contraire à la créativité et à la nouveauté. Au contraire, c'est en vous ordonnant vous-même que vous serez capable de faire advenir du nouveau dans le monde.
Règle 8 — Chez vous, essayez de décorer du mieux possible au moins une pièce
Il ne suffit pas de nettoyer sa chambre
Jordan B. Peterson est connu pour ses conseils sur le rangement. Dans son précédent ouvrage, il incitait les jeunes gens à ranger leur chambre avant de vouloir changer le monde. Et il réitère ici, mais va un cran plus loin.
Pour lui, il est essentiel de se connecter au beau et donc, à l'art. Il ne suffirait donc pas de nettoyer sa chambre, ou sa maison ; il faudrait aussi chercher à l'embellir.
Le territoire que vous connaissez, celui que vous ne connaissez pas et celui que vous n'imaginez même pas
Les artistes apprennent (et nous apprennent) à reconnaître ce que nous avons oublié de notre enfance, la façon dont nous voyions le monde à ce moment-là, pleine de mystères et de détails. Ils nous ouvrent aussi l'horizon vers d'autres territoires, ceux que nous ne connaissons pas (ou plus), et ceux que nous n'imaginerions même pas.
Et c'est pourquoi il est si important de leur réserver une place dans notre vie. Ils nous aident à voir plus loin, à oser là où nous n'osons pas. En cela, ils sont les "agents civilisateurs" du monde moderne. À l'avant-garde, les artistes et les innovateurs balisent le chemin que suivront, ensuite, les personnes plus conservatrices.
Une pièce
Le psychologue raconte des anecdotes sur sa maison, son goût pour la peinture impressionniste réaliste soviétique (oui, oui !), et ses tentatives de rénover son bureau à l'université.
Mais pour lui, une chose importe par-dessus tous ces exemples : ayez le courage de rendre au moins l'une de vos pièces de vie plus belle, plus travaillée que les autres. Et même si cela vous attire des ennuis ou des moqueries !
Pas de la décoration
L'art n'est pas de la décoration, mais une "exploration". C'est la raison pour laquelle certains artistes ne cherchent pas à faire du beau, mais à choquer, à repousser les limites, même (et volontairement) en suscitant des émotions négatives.
Ne vous trompez donc pas : il n'y a pas que la beauté de type impressionniste — esthétique que nous avons presque tous adoptée comme modèle du beau aujourd'hui — qui vaut le coup d'œil ! Choisissez des œuvres qui vous parlent et vous transportent au-delà de vous-même.
Règle 9 — Si de vieux souvenirs continuent à vous hanter, notez-les soigneusement, en intégralité
En avez-vous réellement terminé avec le passé ?
Nous avons tous, peu ou prou, été prédateur ou victime. Nous avons souffert et fait souffrir. Ces erreurs, voire ces horreurs, nous reviennent régulièrement en mémoire. Nous ressentons de la peur, de la honte ou encore de la culpabilité.
Il n'est pas facile de se dépêtrer de tels souvenirs. Mais nous devons pourtant faire quelque chose de ces expériences. Nous devons en apprendre quelque chose ; nous devons en tirer une leçon, une morale, afin de ne plus nous laisser aller à de tels agissements.
Évitez de répéter les mêmes erreurs
L'auteur relate l'histoire de l'une de ses patientes qui avait été maltraitée par son grand frère. Elle avait 4 ans et celui-ci 6. Elle voyait pourtant son frère comme une personne menaçante et forte et le considérait comme l'agresseur.
Le travail de Jordan B. Peterson fut (en une seule séance) de dévier le raisonnement en montrant que son grand frère était un enfant, comme elle. Ce qui était en cause était plutôt le manque de surveillance des parents (momentané ou récurrent).
En imaginant la scène de façon différente, la patiente put se libérer de son statut de victime qui l'encombrait et passer à autre chose.
Possédé par des fantômes
Jordan B. Peterson raconte ensuite l'histoire d'une autre patiente qui pensait être possédée par des fantômes. Elle parvint, grâce à l'aide du psychologue et à l'hypnose, à se libérer de ces démons du passé qui la hantaient.
Voici ce que relate l'auteur au sujet de sa guérison :
"Désormais, elle comprenait et admettait suffisamment les dangers potentiels qui l'entouraient pour se frayer un chemin dans la vie en toute sécurité. Il n'était plus nécessaire que ce qu'elle avait appris, mais refusait d'admettre, s'impose à elle de manière incarnée et spectaculaire. Elle avait compris que cela faisait partie de sa personnalité — de la carte qui la guiderait désormais dans ses actions —, et s'était libérée des fantômes qui la possédaient." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 9)
Malveillance incompréhensible
Un autre jeune homme suivi par Jordan B. Peterson avait été la victime de malveillance venue d'autres élèves. Il avait développé des symptômes psychotiques qui l'empêchaient de poursuivre sa scolarité.
Le fait de reprendre son histoire et de la raconter à quelqu'un (son psychologue) lui permit d'en comprendre mieux les ressorts et de tirer les leçons pour que cela ne se reproduise plus. Il reprit confiance en lui et décrocha son bac.
Réaliser son potentiel
Réaliser son potentiel passe par le fait de faire des choix. Et cela nous inquiète. Au quotidien, nous pouvons nous trouver perdus devant la montagne de questions et d'incertitudes qui nous attendent dans l'avenir. Face à cela, comment — et que — choisir ?
Ce libre arbitre humain, c'est-à-dire cette capacité de choisir ce que nous avons à faire, est essentiel. Nous nous l'attribuons à nous-mêmes et aux autres, lorsque nous considérons qu'ils sont responsables de leurs actes. À chacun de réaliser son potentiel en utilisant le libre arbitre de sa volonté.
Le verbe sauveur
L'auteur répète ici l'une de ses thèses centrales : la mise en récit de nos aventures nous aide considérablement à avancer dans la vie.
Que nous racontions ou que nous écoutions des histoires, celles-ci nous aident à structurer notre existence et à faire des choix (ou à les accepter, s’ils sont déjà faits) !
Règle 10 — Organisez-vous et appliquez-vous pour que votre relation reste romantique
Le rendez-vous romantique insupportable
L’auteur prévient : il n’est pas spécialiste des relations de couples. Mais il lui est arrivé de traiter ce problème lorsque cela était une demande expresse d’un patient et que c’était lié à sa thérapie.
Jordan B. Peterson insiste ici sur un point : en tant qu'adultes conscients, cherchant à vivre des relations longues et sereines, nous pouvons à tout moment tomber dans l'habitude, voire le ressentiment.
Pour éviter de nous laisser entraîner dans des relations négatives, nous devons travailler sur nous-mêmes et sur la relation. Quand bien même nous n'aimons pas les dîners romantiques, nous devrions peut-être nous efforcer d'apprendre à les vivre avec plaisir.
L'idée, assez connue, est la suivante : en y accordant du temps et de la patience, nous pouvons continuer à voir en l'autre des choses nouvelles :
"Avec un peu d'attention, il se peut que vous continuiez à découvrir, chez la personne que vous avez choisie, suffisamment de mystères pour maintenir l'esprit qui vous avait réunis au départ. Avec un peu d'attention, vous pourrez éviter chacun d'enfermer l'autre dans une boîte, le châtiment à portée de main s'il faisait mine d'en sortir, le mépris pour la prévisibilité qui en résulte et vous guette tous les deux." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 10)
Le ciment
Vous avez sans doute entendu la phrase : "le sexe est le ciment du couple". Mais pour l'auteur, le ciment du couple n'est pas le sexe. Les situations sont trop diverses pour que nous puissions affirmer une chose pareille.
Par contre, ce qui compte plus que tout est la confiance. En ayant confiance l'un dans l'autre, nous pourrons nous aider dans les moments les plus difficiles de nos existences respectives.
Le Christ dans le cierge
Ne nous leurrons pas : lorsque nous nous engageons dans un couple, via le serment du mariage notamment, nous ne le faisons pas en considérant que nous avons déjà trouvé la meilleure personne possible — et que, à partir de là, tout ira bien !
En réalité, il y a bien d'autres personnes qui auraient pu faire l'affaire. Et ce n'est même pas la question. Lorsque nous nous engageons, nous acceptons de construire une relation avec quelqu'un en sachant que cela va être dur, parce que nous sommes différents et pleins de défauts.
Comment s'en sortir ? En négociant de bonne foi, à propos de vos objectifs propres et communs.
Négociation, tyrannie et esclavage
Le psychologue résume les trois positions possibles (interchangeables) :
Le tyran = tu fais ce que je veux ;
L'esclave = je fais ce que tu veux ;
La négociation = cherchons un consensus sur ce que nous voulons.
Pour atteindre la négociation, il faut dépasser les "je ne sais pas ce que je veux", les larmes et, bien sûr, les insultes. La négociation n'est pas une partie de plaisir à court terme, mais c'est la voie la plus durable.
La gestion du ménage
L'auteur donne ici quelques conseils pratiques qui peuvent sembler éloignés du romantisme et qui, pourtant, lui permettent de perdurer.
Décider de questions prosaïques du quotidien comme "qui fait le lit et comment” (pour ne pas avoir à entrer dans des discussions interminables tous les jours sur ces sujets).
Choisir quelle est la carrière à faire passer en priorité.
Être clair sur les choix éducatifs des enfants.
Etc.
Pensez également à parler au moins une fois par semaine des sujets qui préoccupent votre partenaire, comme son travail, sa relation aux enfants ou ce que vous pourriez faire pour l'aider, etc.
Enfin, le romantisme
Tel est bien l'objet final de ce chapitre ! Retrouver le romantisme et le plaisir de vivre à deux. Jordan B. Peterson est fier de son ménage : plus de 30 ans de mariage, ce n'est pas rien.
Sur la base de cette expérience et de son métier, il propose en plus des conseils et réflexions ci-dessus de se consacrer au thème du romantisme de façon pragmatique. Au moins deux fois par semaine, cherchez à trouver un intermède romantique où vous pourrez surprendre ou séduire votre partenaire.
Il aborde aussi la question du célibat. Sa réponse est assez simple : organisez-vous pour trouver du temps pour vous et pour des rendez-vous galants. Préparez-vous et soyez à l'écoute. Trouver quelqu'un peut prendre du temps, mais c'est possible !
Vous voulez en lire plus sur l'amour et ses mystères ? Consultez par exemple notre chronique de L'art d'aimer d'Erich Fromm.
Règle 11 — Interdisez-vous la tromperie, l'arrogance ou le ressentiment
Le plus important, ce sont les histoires
Comment se prémunir contre la part obscure qui nous habite et que nous rencontrerons à plusieurs reprises dans notre existence ? Comment faire face, en particulier, à ce triptyque maléfique ?
La tromperie, c'est le fait de cacher des choses aux autres, de tricher, y compris avec soi-même.
L'arrogance, c'est le fait de considérer les autres avec mépris et de refuser tout apprentissage.
Le ressentiment, c'est le fait d'en vouloir aux autres, voire à la vie tout entière, pour ce que nous sommes.
Eh bien, c'est ici encore grâce aux histoires. C'est ce que Jordan B. Peterson nomme "l'histoire du théâtre humain" qui peut — si nous l'écoutons — nous renseigner sur ces attitudes et nous prémunir contre elles.
Les personnages éternels du théâtre humain
Voici quelques personnages (ou composantes) qui reviennent constamment dans les histoires. Ceux-ci font partie de notre histoire essentielle à tous :
Le dragon du chaos = la baleine dans Pinocchio, le cachot dans La Belle au bois dormant et bien d'autres… C'est l'endroit des possibles encore indéterminés, bons comme mauvais.
Nature : création et destruction = cette dynamique sans fin se retrouve partout et nous devons être initiés à la possibilité de la destruction assez tôt dans notre vie pour pouvoir y être préparés.
Culture : sécurité et tyrannie = les structures sociales et hiérarchiques qui apportent stabilité, communauté et sécurité, mais aussi risque d'étranglement et de folie destructrice.
L'individu : héros et adversaire = Caïn et Abel, et bien d'autres, représentent la division constante, dans les histoires, entre des figures positives et négatives.
Le ressentiment
"Vous éprouvez du ressentiment à cause de l'inconnu et de ses terreurs, parce que la nature conspire contre vous, parce que vous êtes victime de l'aspect tyrannique de la culture, et à cause de votre malveillance et de celle des autres." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre)
C'est bien assez ! Le temps, la nature et la culture nous accablent, aussi bien que nous-mêmes et nos semblables. Comment, dans ces conditions, ne pas sombrer dans le ressentiment ? Mais, nous pouvons résister à cet état émotionnel.
Ce n'est pas simple, bien sûr. Mais cela passe par le courage (et les encouragements) et la sincérité.
La tromperie et l'arrogance
Nous pouvons tromper par :
Action, lorsque nous agissons expressément dans le but de tromper ;
Omission, lorsque nous nous abstenons de faire une action qui conduirait à la vérité.
La tromperie et l'arrogance ont plusieurs sources possibles. L'une d'entre elles est le manque de confiance en soi et de façon plus générale en l'humanité (pessimisme, voire cynisme).
Le risque existentiel de l'arrogance et de la tromperie
La tromperie et l'arrogance (qui lui est liée, puisqu'il s'agit de se tromper sur soi-même en se considérant à tort comme supérieur) créent un cercle vicieux. En fait, c'est une forme de dépendance, d'addiction.
"Lorsque vous vous livrez habituellement à la tromperie, vous construisez une structure qui ressemble beaucoup à celle qui prolonge la dépendance, surtout si vous vous en tirez, ne serait-ce que momentanément. La réussite du mensonge est gratifiante. Et si les risques étaient élevés et que vous ne vous êtes pas laissé prendre au dépourvu, cette récompense peut se révéler intense." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre)
À votre place
Il n'y a pas d'autres alternatives que de se tourner vers les faces positives de l'individu, de la culture, de la nature et du temps. La confiance et le courage sont deux attitudes fondamentales que les héros de nos histoires favorites arborent et ce sont elles que nous devons travailler pour corriger nos défauts.
Règle 12 — Soyez reconnaissant malgré vos souffrances
Le bas peut permettre de définir le haut
Ce n'est bien souvent qu'après avoir fait l'expérience du mal (subi ou créé) que nous pouvons nous relever et véritablement prendre la mesure de l'existence. C'est l'expérience parfois terrifiante de la vie qui — si elle est comprise et courageusement surmontée — nous rend meilleurs.
L'esprit méphistophélique
Cet esprit, c'est celui qui nie et nous empêche de devenir qui nous voulons être explicitement. Il y a quelque chose en nous — des "démons" intérieurs — qui s'invite et déjoue nos plans. Nous procrastinons, nous changeons d'idée, etc. Et voilà que nos projets tombent à l'eau !
Plus profondément, nous avons en nous une tendance nihiliste à vouloir nier l'existence au profit du "rien". Plus de souffrance, mais plus non plus de joie, etc.
L'auteur insiste pourtant sur un point : même quand nous sommes face à la mort, en particulier d'un proche, il vaut la peine de rester fort et en vie. À la fois pour soi, pour les autres et celui qui part…
Et il en va finalement de même pour soi : malgré votre propre mortalité, apprenez à être fort et à affirmer la vie avec gratitude et reconnaissance.
Le courage et, au-dessus, l'amour
« C’est dans le cadre de cette entreprise impossible — cette décision d’aimer — que le courage se manifeste, permettant à ceux qui font de façon courageuse le choix de la difficulté, nécessaire pour agir pour le bien, même dans les pires moments. Si vous décidez d’exprimer les deux vertus de l’amour et du courage — simultanément et sciemment —, vous faites le choix de travailler à l’amélioration des choses et non à leur aggravation, même pour vous, même si vous savez qu’à cause de vos erreurs et de vos omissions, vous êtes déjà perdu aux trois quarts. » (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 12)
Apprendre à aimer les autres dans toute leur complexité et leur fragilité sera l’un de vos plus beaux trésors. Et sera une part de votre antidote pour affronter les difficultés de la vie.
Conclusion sur « 12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l'ordre » de Jordan B. Peterson :
Ce qu'il faut retenir de « 12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre » de Jordan B. Peterson :
Voilà un livre de développement personnel qui va, pour ainsi dire, "au-delà" du pur manuel de trucs et astuces pour apprendre à mieux vivre et à s'organiser.
Il s’agit presque d’un livre de philosophie. Si vous aimez réfléchir en compagnie d’un auteur, c’est le livre idéal. Vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec toutes les idées, mais vous pourrez essayer de les comprendre et de voir comment elles s’accordent (ou pas).
Autre "plus" de ce livre : la référence aux films et aux nombreuses histoires et contes de notre enfance. Cet ancrage dans la fiction aide considérablement à rendre le propos plus vivant et nous fait, d'ailleurs, mieux comprendre son rôle également.
Vous n'avez pas besoin d'avoir lu 12 règles pour une vie : un antidote au chaos, pour vous lancer dans ce deuxième volume. Toutefois, cela ne peut pas faire de mal de savoir ce qu'il en avait déjà dit auparavant !
Points forts :
Une pensée originale et forte, qui donne envie de penser ;
De nombreux exemples de sa vie personnelle et professionnelle (avec ses patients) ;
Des analyses passionnantes de nombreux récits de fiction, mythes et histoires bibliques.
Points faibles :
Si vous cherchez un manuel de développement personnel clé en main et facile à lire, ce n'est sans doute pas le meilleur choix.
Ma note :
★★★★★
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Résumé de « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar : la biographie de John Forbes Nash, l'un des plus célèbres mathématiciens du XXe siècle, est un véritable best-seller — ayant donné lieu au film bien connu avec Russel Crowe en tête d'affiche — et un livre à lire pour toute personne qui souhaite entrer dans la peau d'un génie et en comprendre les conflits internes.
Par Sylvia Nasar, 2002.
Titre original : « A beautiful Mind », 2002.
Note : Le livre a d'abord été traduit "Un cerveau d'exception", mais après le succès du film (tiré du livre), les nouvelles éditions ont privilégié le titre Un homme d'exception.
Chronique et résumé de « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar
Prologue
L’histoire de John Nash est celle des relations entre créativité, rationalité et schizophrénie. Cet homme a réussi à inventer de nouvelles façons de voir le monde et de l’étudier, grâce aux mathématiques principalement. Mais il a aussi dû faire face à la maladie psychique et à l’exclusion sociale.
Sylvia Nasar évoque plusieurs anecdotes significatives dans le prologue. Par exemple, lorsque l'un de ses collègues mathématiciens lui demande : « Comment avez-vous pu, vous, un mathématicien, un homme voué à la raison et aux preuves logiques… comment avez-vous pu croire que des extraterrestres vous envoyaient des messages ? Que vous avez été recruté par des êtres venus du fin fond de l'espace pour sauver le monde ? Comment…? », John Nash lui répond :
«Parce que mes idées sur ces êtres surnaturels me sont venues de la même manière que mes idées de mathématiques. Je les ai donc prises au sérieux. »
Cette courte histoire montre que, pour lui, il n'y avait pas de frontière claire entre son génie mathématique — qui consiste à créer des idées mathématiques neuves, c'est-à-dire à faire des liens originaux et pertinents qui surprennent et soient utiles à ses collègues — et sa folie.
Entrons maintenant, si vous êtes prêt, dans le détail de son existence…
Première partie — Un cerveau d'exception
Université de Princeton, États-Unis.
Bluefield (1928-1945)
En 1924, John Nash Sr. et Virginia Martin se marient dans le salon de leur maison à Bluefield, en Virginie-Occidentale.
John, conservateur, sérieux et profondément préoccupé par les apparences, souhaite que tout soit très correct. Ingénieur électricien, il aime la science et la technologie et a un esprit vif.
Virginia, une femme vitale avec un esprit moins rigide que son mari réservé, avait autrefois été une enseignante passionnée, quittant sa profession pour épouser John.
Le 13 juin 1928 naît leur premier enfant, John Nash Jr. Solitaire et introverti dès son plus jeune âge, John Nash évite la compagnie des autres enfants, préférant lire et expérimenter dans sa chambre.
Ses parents encouragent ses études mais veulent aussi qu'il soit plus sociable, le poussant autant socialement qu'académiquement.
À l'école, bien qu'intelligent, Nash refuse les méthodes préférées de l'enseignant en mathématiques, démontrant souvent des solutions élégantes en quelques étapes. Peu populaire parmi ses camarades, il est perçu comme étrange, arrogant et distant.
Obsédé par l'invention de codes secrets, il aime aussi faire des farces parfois cruelles. Après le lycée, le jeune garçon obtient une bourse pour étudier au Carnegie Institute of Technology, dans l'intention de devenir ingénieur comme son père.
Au Carnegie Institute of Technology (Juin 1945 — juin 1948)
À Carnegie, le désir de John Nash de devenir ingénieur cède rapidement la place à un intérêt croissant pour les mathématiques. Au cours de son premier semestre, il abandonne l'ingénierie pour se concentrer sur la chimie, mais il éprouve des difficultés en raison du manque de rigueur dans les cours de mathématiques.
Ses professeurs reconnaissent son immense potentiel en mathématiques et le persuadent de se spécialiser dans ce domaine.
Bien qu'excellent dans ses études, le jeune homme reste impopulaire et socialement maladroit. Après avoir révélé son attirance pour les hommes, cela s'aggrave et il devient la cible de remarques homophobes.
Bien qu'il échoue à une compétition nationale de mathématiques, Nash est accepté à Princeton, mais son inadaptation sociale devient singulièrement visible et problématique lors d'un job d'été qu'il effectue à la marine en 1948.
Le centre de l'univers (Princeton, automne 1948)
Fondée en 1746, Princeton n'était pas considérée comme une institution académique particulièrement respectable au début du XXe siècle. Sa réputation demeurait limitée et elle manquait surtout de talents scientifiques reconnus.
Cela reflétait la défaillance générale des universités américaines de l'époque, à la traîne par rapport aux universités européennes et à leurs progrès révolutionnaires en mathématiques et en physique, portés par des figures comme Albert Einstein et David Hilbert.
Cependant, d'importants dons des Rockefeller et des Bambergers allaient bientôt changer la donne. Grâce à l'argent de ces mécènes venus du monde industriel, Princeton (et d'autres) peuvent établir des chaires de recherche pour attirer des talents européens.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des financements gouvernementaux et militaires affluent également. L'armée et le gouvernement reconnaissent le rôle décisif des mathématiques dans la planification tactique et le développement de la bombe atomique.
Le conflit mondial, en d'autres termes, a "enrichi et revitalisé les mathématiques américaines".
À l'arrivée de John Nash à Princeton en 1948, il découvre un centre des mathématiques américaines, imprégné d'optimisme et où les étudiants se considèrent comme faisant partie d'une "grande révolution intellectuelle".
L'école du génie (Princeton, automne 1948)
À Princeton, le jeune mathématicien et ses camarades rencontrent le président du département de mathématiques, Solomon Lefshetz. Il affirme qu'ils devront travailler dur pour répondre aux exigences de l'université, décrivant Princeton comme un endroit "où de vrais mathématiciens font de vraies mathématiques".
Il insiste sur l'apparence en déclarant: "Il est important de bien s'habiller" et exige qu'ils se fassent couper les cheveux chez un coiffeur de Princeton. Malgré son accent sur les apparences, le directeur valorise "la pensée indépendante et l'originalité par-dessus tout".
Au lieu des démonstrations rigoureuses et des calculs, les étincelles d'ingéniosité sont valorisées et considérées comme bien plus significatives. Cela convient parfaitement à John Nash, car cela colle exactement à son "tempérament et style en tant que mathématicien".
Autour d'un thé formel dans le Fine Hall de Princeton, étudiants et professeurs se rencontrent pour débattre, discuter d'idées, faire des potins et analyser les mathématiques. Dans une atmosphère à la fois compétitive et amicale, les idées circulent et de nouvelles théories s'épanouissent.
C'est une "serre mathématique" qui donnera bientôt à Nash le "contexte émotionnel et intellectuel dont il avait tant besoin pour s'exprimer".
Génies (Princeton, 1948-1949)
À Princeton, John Nash prospère, bénéficiant d'un environnement qui lui permet de s'engager dans les mathématiques à sa manière, avec ses propres méthodes.
Un après-midi en 1948, Kai Lai Chung, un instructeur de mathématiques, regarde par la porte habituellement verrouillée de la salle des professeurs et voit Nash étendu sur le dos sur une grande table en désordre, "parfaitement détendu, immobile, visiblement perdu dans ses pensées, les bras repliés derrière la tête".
Un tel comportement est loin d'être inhabituel pour John Nash, qui passe "la plupart de son temps, semble-t-il, simplement à réfléchir. Il se couche sur les bureaux, glisse dans les couloirs avec "l'épaule fermement pressée contre le mur", emprunte parfois des vélos et les fait tourner en "cercles concentriques de plus en plus petits". La plupart du temps, il marmonne ou siffle distraitement.
Ce n'est pas seulement l'approche immersive et absente de John Nash qui le distingue, mais toute son approche des mathématiques est originale et stimulante. Il trouve toujours des solutions par ses propres chemins, évitant les méthodes habituelles pour se fier à son intuition.
Pour maintenir son indépendance intellectuelle, John Nash :
Ne lit pas beaucoup (pour ne pas être trop influencé) ;
Ne s'attache pas à des cours ou des professeurs trop longtemps ;
Récupère des informations et les reconstruit "à sa manière".
Même ses camarades, pourtant eux-mêmes excentriques, le considèrent comme étrange et distant. Certains membres du corps enseignant acceptent sa bizarrerie, tandis que d'autres le trouvent insupportablement obtus et précoce.
Jeux (Princeton, printemps 1949)
John von Neumann, un brillant polymathe et conférencier à Princeton, entre dans la salle commune de mathématiques et voit deux étudiants jouer à un jeu avec des pions placés dans des emplacements hexagonaux sur un plateau de jeu en losange.
Lorsqu'il demande aux étudiants ce qu'ils font, ils lui disent qu'ils jouent à "Nash". Dans les années 1930, les professeurs européens introduisent la tradition de jouer à des jeux à Princeton, tels que Kriegspiel et Go, très populaires parmi les étudiants lors de la première année de John Nash.
John Nash y participe souvent avec une approche "exceptionnellement agressive", révélant sa "compétitivité naturelle et son esprit de surenchère". Il ne se contente pas de jouer, mais invente un jeu appelé 'Nash', un jeu à somme nulle pour deux personnes, sans hasard, basé uniquement sur la stratégie.
Le jeu devient très populaire et est régulièrement pratiqué dans la salle commune.
John Von Neumann (Princeton, 1948-1949)
Là où de nombreux mathématiciens remarquables de l'époque sont retirés et maladroits, John von Neumann est perçu comme plutôt séduisant. En fait, il est "universellement considéré comme le mathématicien le plus cosmopolite, polyvalent et intelligent" du XXe siècle.
La carrière de von Neumann comprend de nombreux rôles, tels que "physicien, économiste, expert en armes et visionnaire de l'informatique". Ses capacités de mémoire, de calcul mental et de connaissances générales, associées à sa manière parfois froide et directe, ont conduit les gens à plaisanter en disant qu'il est "vraiment un extraterrestre qui a appris à imiter parfaitement un humain".
Pendant la guerre, John von Neumann a co-écrit le texte très significatif "The Theory of Games and Economic Behavior" et a proposé une méthode pour déclencher la bombe atomique, créditée d'avoir raccourci le temps nécessaire au développement de la bombe d'environ un an. En 1948, il est un chercheur respecté à l'Institute for Advanced Studies de Princeton.
La théorie des jeux
En 1928, John von Neumann rédige un article sur "la théorie des jeux", suggérant que l'étude des jeux pourrait offrir des éclairages en économie. En 1938, avec le professeur Oskar Morgenstern, il développe cette théorie dans l'ouvrage novateur The Theory of Games and Economic Behavior.
Le livre attire l'attention du public et reçoit même une critique dans le New York Times. Beaucoup d'étudiants de Princeton le surnomment "la bible". Toutefois, les économistes professionnels gardent leurs distances, estimant que le livre ne tient pas ses promesses audacieuses.
Bien qu'il reconnaisse son "innovation mathématique", John Nash critique également les mérites du livre. Il remarque qu'une grande partie de la théorie "semble avoir peu d'applicabilité en sciences sociales", car elle se concentre sur des "jeux de conflit total" qui ne se produisent pas souvent dans des scénarios économiques réels.
Le jeune étudiant montre également que la discussion des jeux à plus de deux joueurs ne "prouve pas qu'une solution existe pour tous ces jeux" et que l'analyse des jeux à somme non nulle — où les gains et les pertes de chaque joueur ne sont pas équilibrés exactement par les gains et les pertes des autres joueurs —, est également incomplète. Il commence rapidement à réfléchir à des solutions à ces lacunes.
Le problème de la négociation (Princeton, printemps 1949)
Dans son deuxième trimestre à Princeton, John Nash rédige son premier article académique, intitulé "The Bargaining Problem" ("Le problème de la négociation"). Malgré une formation limitée en économie, il parvient à offrir une perspective remarquablement originale et significative dans ce domaine.
L'"idée d'échange" ou la "négociation un à un" y est centrale. Pourtant, aucune théorie n'a encore pu fournir une véritable compréhension de la façon dont les personnes engagées dans un échange se comporteront ou comment une négociation se déroulera.
Le problème central réside dans le fait que les gens ne "se comportent pas de manière purement compétitive" tout le temps. Autrement dit, ils collaborent parfois. Mais comment le prédire ? John Nash trouve une solution élégante à ce problème.
En outre, son originalité réside dans le fait qu'il a eu l'idée bien avant d'être exposé au travail de John von Neumann ou aux mathématiques avancées de Princeton. En fait, l'idée lui était d'abord venue lorsqu'il suivait son premier (et seul) cours d'économie de premier cycle à l'université Carnegie.
Non-coopération (Princeton, 1949-1950)
À l'été 1949, John Nash se plonge davantage dans la théorie des jeux. Mais avant cela, il doit consacrer l'été à préparer son examen général de fin d'études.
Une fois l'examen réussi, il retourne avec ardeur à la théorie des jeux et approche le mathématicien John von Neumann avec les prémices d'une nouvelle théorie. Lors de sa présentation, ce dernier l'interrompt. Il considère que la proposition d'un équilibre dans les jeux à plus de deux joueurs (l'apport majeur de John Nash) est "triviale".
Toutefois, tout le monde n'est pas aussi catégorique que John von Neumann. L'analyste de la théorie des jeux, David Gale, est particulièrement enthousiaste. La théorie lui semble applicable à une large classe de problèmes et les mathématiques utilisées lui semblent "très belles".
Pourtant, même le jeune mathématicien ne reconnaît pas immédiatement la véritable importance de sa théorie. C'est elle, pourtant, qui deviendra "l'un des paradigmes de base en sciences sociales et en biologie" et qui finira par lui valoir un prix Nobel en économie.
Lloyd Shapley (Princeton, 1950)
En 1950, John Nash cherche à établir des liens émotionnels. C'est à ce moment que naît son amitié avec Lloyd Shapley, un brillant mathématicien travaillant à la RAND Corporation.
John Nash exprime son admiration pour Lloyd Shapley de manière enfantine. Et parfois, cela ne passe pas. Ses blagues, notamment devant les amis de ce dernier, sont peu appréciées.
Par ailleurs, des différences de points de vue théoriques les éloignent, et leur amitié prend fin.
La guerre des têtes pensantes (RAND, été 1950)
À l'été 1950, John Nash commence à travailler à la RAND Corporation, un think tank financé par l'Air Force. L'institution a pour mission d'analyser et de résoudre le problème de l'utilisation des nouvelles armes nucléaires. L'enjeu est de prévenir la guerre avec la Russie — ou de la remporter, si la dissuasion échoue.
La théorie des jeux devient cruciale dans cette mission, propulsant cette discipline dans la pensée économique d'après-guerre grâce à la recherche de la RAND.
Bien que la paranoïa de la guerre froide soit palpable, la RAND reste étonnamment informelle, favorisant un environnement décontracté et propice à l'originalité. John Nash s'y intègre parfaitement : il déambule sans contrainte dans les couloirs, perdu dans ses pensées, souvent avec un gobelet de café vide à la main.
Toutefois, il n'est pas très populaire auprès de certains collègues qui le trouvent "absurde et enfantin", déplorant son goût pour "les blagues adolescentes" et son sifflement distrait qui agacent profondément.
La théorie des jeux à la RAND
Le travail de John Nash sur la théorie des jeux attire l'attention de la RAND. Jusqu'ici, le think thank travaillait avec l'hypothèse de John Von Neumann. Les jeux à somme nulle avec deux joueurs de ce dernier étaient réinterprétés à l'aune du "conflit total entre deux superpuissances".
Pourtant, le conflit nucléaire est loin d'être un jeu à somme nulle. La compétition doit s'allier à la coopération. John Nash introduit sa théorie de l'équilibre dans ce contexte et fournit "un cadre pour poser les bonnes questions".
L'équilibre de Nash inspire également le célèbre "dilemme du prisonnier", qui fut inventé à la RAND peu avant son arrivée. Selon cette théorie, les individus rationnels ont intérêt à collaborer plutôt qu'à rechercher leur intérêt personnel.
Ces recherches innovantes feront le succès de la théorie des jeux et la postérité de John Nash. Cependant, à la mi-1950, l'intérêt pour cette théorie diminue à la RAND.
Service militaire (Princeton, 1950-1951)
Par ailleurs, travailler dans le cadre d'un programme militaire dérange John Nash. Il se trouve engoncé, limité par les obligations liées à sa fonction. Il souhaite plutôt "avoir la liberté de se promener dans tous les domaines des mathématiques".
Pour ce faire, il décide de chercher un poste universitaire. Dans l'intervalle, il accepte un intérim à Princeton sur un projet de recherche pour la Marine.
Mais d'autres obligations l'appellent. À l'été 1950, la Corée du Nord envahit la Corée du Sud et les États-Unis promettent leur soutien. John Nash craint de devoir partir à la guerre.
Ses efforts pour éviter l'enrôlement sont au moins partiellement couronnés de succès, mais il doit néanmoins réaliser son service militaire pendant plusieurs mois.
Un très beau théorème (Princeton, 1950-1951)
John Nash doit se faire une place au sein des cercles académiques. Pour se faire connaître et accroître sa réputation, il entreprend d'écrire un article visant à le faire reconnaître en tant que mathématicien pur.
Son texte est effectivement une réussite ; ses calculs sont considérés comme des mathématiques élégantes et pures. Cet article lui permet donc d'être reconnu comme un véritable mathématicien de premier plan.
Pourtant, malgré ce succès, il n'obtient pas de poste à Princeton. La raison en est sans doute que beaucoup de ses collègues le trouvent dérangeant, voire arrogant.
Finalement, John Nash accepte plutôt un poste au Massachusetts Institute of Technology, le célèbre MIT.
MIT
Le MIT est une institution historiquement dédiée à l'ingénierie. Elle a moins bonne réputation que les grandes universités où se pratiquent la physique théorique ou les mathématiques pures, par exemple. C'est pourquoi Nash se perçoit parfois comme "un cygne parmi les canards".
Néanmoins, sa présence contribue au changement de l'Institut et, grâce à lui, les mathématiques deviennent un département majeur de l'école.
Des personnalités de premier plan comme Norbert Wiener — pionnier de la cybernétique et de l'informatique, entre autres choses — et Norman Levinson, un mathématicien, l'accueillent avec bienveillance.
Garnements
Au MIT, John Nash enseigne de façon peu conventionnelle. Il adopte un style excentrique et fait beaucoup de jeux d'esprit. Ses cours, plus proches de l'association libre que de l'exposition planifiée, incluent des énigmes et des farces.
Cette originalité est valorisée dans ce milieu et permet à John Nash de se trouver des amis.John Nash ne cesse d'expérimenter et de rencontrer de nouvelles personnes. Toutefois, son caractère hautain et parfois explicitement méprisant (notamment envers les juifs) le rend détestable aux yeux de certains.
Expériences (RAND, été 1952)
À l'été 1952, John Nash fait un road trip de Bluefield à Santa Monica avec John Milnor, un étudiant diplômé en mathématiques. La bande de jeunes comprend également la sœur du mathématicien, Martha, et Ruth Hincks, une étudiante en journalisme. Le voyage prend fin quand John Nash se dispute avec cette dernière.
Les deux hommes, qui partagent un appartement temporaire près du RAND, se concentrent principalement sur leurs projets individuels. Ils expérimentent autour de la théorie des jeux et notamment des règles de coalition et de collaboration.
La relation devient toutefois tendue après que Nash a déclaré sa flamme à John Milnor.
Géométrie
Au début des années 1950, la paranoïa de la guerre froide donne lieu au maccarthysme : l'ère du soupçon à l'encontre des "espions" communistes bat son plein.
Plusieurs mathématiciens du MIT, dont Norman Levinson, sont accusés et forcés de témoigner. Ce dernier avait été membre du Parti communiste dans sa jeunesse, mais nie être resté proche de cette pensée politique.
Bien que le MIT soutienne ses employés, cet événement rappelle à tous les universitaires, y compris à John Nash, que le contrôle fait désormais partie de la vie quotidienne et que le monde qu'ils ont connu avant la guerre s'est transformé.
Deuxième partie — Vies séparées
Le poker a inspiré la théorie des jeux de Von Newman et de Nash
Singularité
Au cours de son passage au MIT, John Nash devient plus sociable et sort de sa pensée pour se frotter aux relations interpersonnelles. Comme nous allons le voir plus en détail dans les sections suivantes, il s'engage émotionnellement de façon diverse en ayant notamment :
Des relations homosexuelles ou des amitiés masculines fortes et ambigües ;
Un enfant avec une première compagne du nom d'Eleonor, qu'il abandonnera ensuite ;
Une autre compagne avec laquelle il se mariera et aura un autre enfant.
John Nash peine toutefois à répondre aux demandes d'autrui. Il comble ses propres besoins émotionnels et sexuels, mais néglige souvent ceux des autres. Orgueilleux, il estime souvent que son génie devrait suffire à les satisfaire.
Une amitié particulière (Santa Monica, été 1952)
À la fin de l'été 1952, John Nash vit l'une de ses "amitiés particulières" avec un autre homme, Ervin Thomson, âgé de trente ans et secrètement homosexuel. À l'heure du maccartisme, il est préférable de ne pas avouer trop publiquement ses orientations sexuelles.
Peu d'informations sont disponibles sur leur relation. Toutefois, elle semble significative pour John Nash, car elle marque son premier pas vers la réciprocité et l'intelligence émotionnelle. Cette relation lui permet de sortir de son isolement.
Eleanor
Lors d'une visite de routine à l'hôpital, le jeune homme rencontre une infirmière "jolie et brune" nommée Eleanor. Bien que timide et inexpérimentée sur le plan sexuel, elle est désarmée par la douceur et le charme maladroit du professeur du MIT.
Les deux amants gardent d'abord leur relation sexuelle secrète. Toutefois, lorsqu'Eleanor annonce sa grossesse, John Nash doit prendre une décision. Au départ, il semble plutôt heureux, mais cette joie est de courte durée.
La relation se détériore rapidement : Eleonor s'inquiète de l'avenir, mais le mathématicien montre peu d'intérêt pour sa situation. Malgré la naissance de leur fils, il ne la demande pas en mariage ni ne lui fournit d'aide financière.
Lorsque, finalement, John Nash suggère qu'Eleanor donne leur enfant en adoption, celle-ci se détourne de lui définitivement.
Jack
À l'automne 1952 (c'est-à-dire durant sa relation avec Eleonor), John Nash rencontre un jeune étudiant diplômé, Jack Bricker, dans la salle commune du MIT. Bien qu'habituellement dédaigneux envers les esprits moins brillants, Nash est attiré par Bricker, tandis que ce dernier est fasciné par l'intelligence et la beauté de Nash.
Leur relation, bien qu'ouverte et affectueuse, ne sera toutefois pas particulièrement heureuse. En effet, le jeune génie des maths est obsédé par son autonomie et rechigne à s'engager émotionnellement. En plus, il ridiculise son compagnon en public, puis lui avoue sa relation avec Eleanor.
La relation se détériore au point que Jack Bricker décide d'abandonner ses études supérieures.
L'arrestation (RAND, été 1954)
En 1954, John Nash passe un autre été à la RAND. Suivant ses méthodes habituelles, il passe beaucoup de temps à réfléchir à ses recherches en marchant le long de la plage ou dans le parc Palisades — souvent jusqu'à très tard dans la nuit.
Un jour, la police signale à la sécurité de RAND l'arrestation du jeune homme pour "exhibition indécente" dans ce parc — où il ne faisait pas que penser, mais pratiquait aussi le cruising (rencontre avec d'autres hommes en extérieur)…
Cela entraîne une rupture de contrat. À cette époque, l'homosexualité est vue comme obscène et dangereuse. Le climat paranoïaque de la guerre froide n'aide en rien.
Nash ne semble pas initialement perturbé par cet incident. Toutefois, celui-ci révèle la vulnérabilité de sa vie privée et l'existence de pressions extérieures.
Alicia
De retour au MIT, Nash trouve un soulagement dans ses visites à la bibliothèque musicale, où il rencontre Alicia Larde. Cette ancienne étudiante est séduite par sa combinaison de génie, de statut et de beauté naturelle. Intelligente et curieuse, elle imite ses intérêts pour attirer son attention.
Fascinée par son nouveau compagnon, Alicia décide de renoncer à ses ambitions scientifiques et vise le mariage avec lui. Mais ce dernier ne sait pas encore que faire. Il est face à de nombreux choix, tant personnels que professionnels.
Manœuvres d'approche
John Nash envisage le mariage avec une femme comme une solution possible à ses propres problèmes avec les hommes et les risques qu'il encourt. C'est avec Alicia, rencontrée au moment opportun, qu'il décide de se lancer.
Le chercheur est attiré par la jeune femme car celle-ci est intelligente, mais aussi parce qu'elle s'intéresse à lui et l'aime tel qu'il est. Mais il n'est pas très doué pour la monogamie… En effet, pendant qu'il entame cette relation, il continue à voir Eleanor et Jack Bricker (en fait, tout se passe à la même période !).
Seattle (été 1956)
Nash quitte le MIT pour assister à une école d'été à l'Université de Washington. Il espère être au centre de l'attention. Malheureusement, l'annonce de la preuve de l'existence de sphères exotiques par un autre mathématicien lui vole complètement la vedette. John Nash se sent alors petit, tout petit…
C'est néanmoins à cette occasion qu'il rencontre Amasa Forrester, un ancien camarade de Princeton, ouvertement homosexuel et très sympathique. Ils sortent un temps ensemble et John Nash garde un bon souvenir de cette relation.
Plus tard, lorsque le mathématicien est mis devant ses responsabilités de père, il accorde une pension alimentaire à Eleonor. En fait, il semble que ce soit Jack Bricker qui l'ait convaincu d'agir de la sorte pour éviter un scandale préjudiciable à sa carrière.
Décès et mariage (1956-1957)
John Nash aime la vie new-yorkaise et s'installe à New York. Il aime la vie bohème et veut vivre différemment. Toutefois, le décès de son père le confronte à nouveau à des responsabilités et à des règles qu'il méprise et rejette.
D'un autre côté, sa mère fait pression pour qu'il se marie. John Nash et Alicia se fiancent donc et organisent une petite cérémonie de mariage familiale en février 1957.
Troisième partie — Comme un feu qui couve sous la cendre
La schizophrénie de John Nash lui crée de nombreux problèmes dans la vie quotidienne.
Olden Lane et Washington Square (1956-1957)
Comme il vit à New York, John Nash visite fréquemment l'Institut Courant des sciences mathématiques de l'Université de New York. Il aime ce lieu et finit par y passer autant de temps qu'à l'Institute of Advanced Study (ISA).
Malgré l'atmosphère conviviale et les défis stimulants qu'il trouve dans ces institutions, John Nash considère avoir échoué dans ses recherches à cette époque. Il découvre qu'un mathématicien italien, Ennio de Giorgi, a prouvé un théorème sur lequel il travaillait quelques mois plus tôt.
Les méthodes non conventionnelles de Nash connaissent un certain succès. Mais il devient aussi de plus en plus obsédé par la révision de la théorie quantique ; un effort qui se révèle vain et qu'il considérera plus tard comme potentiellement lié à l'apparition de sa schizophrénie.
La fabrique de bombes
Le couple trouve, non sans difficultés, un appartement à Cambridge et commence à mener une vie conjugale classique. Malgré cette bonne nouvelle, le mathématicien reste insatisfait. Il voudrait être davantage reconnu et il s'inquiète de ne pas encore avoir une position permanente à MIT.
Il se plaint également de ne pas obtenir la prestigieuse Médaille Fields. Son travail devient pourtant de plus en plus reconnu. En réalité, il se met une pression énorme sur les épaules pour réussir ; une pression, comme nous allons le voir, sans doute excessive.
Secrets (Été 1958)
John Nash a presque 30 ans. Il est anxieux, notamment en raison de la croyance selon laquelle les meilleures découvertes mathématiques surviennent avant cet âge.
Avec cette idée en tête, il décide de se confronter à l'Hypothèse de Riemann, un problème mathématique encore irrésolu. Il passe alors fréquemment du doute et de la perte de confiance en soi à l'exaltation la plus complète.
En parallèle, John Nash développe une passion pour les marchés boursiers et l'argent. Il cherche à décoder un supposé "secret" du marché. Il demande un prêt à sa mère et commence à réaliser des investissements de plus en plus risqués.
Durant l'été, John Nash et Alicia voyagent en Europe pour leur lune de miel. Le jeune homme offre une bague trop chère à sa compagne, mais à part ça le couple est néanmoins heureux.
Des plans sur la comète (Automne 1958)
De retour à Cambridge, Alicia annonce sa grossesse. Le mathématicien se sent à la fois heureux et inquiet. Il ne sait que faire, notamment au niveau de son avenir professionnel. Il reçoit des offres de postes très intéressantes, mais préfère prendre un congé sabbatique.
À cette époque, il partage son temps entre l'IAS et l'Institut des hautes études scientifiques à Paris.
Mais il ne parvient pas à gagner en stabilité. Financièrement, il perd l'argent investi en bourse et doit rembourser sa mère. Au niveau personnel, il s'engage dans une relation ambiguë avec Paul Cohen, un homme ambitieux qui attire le mathématicien.
Certains témoins et commentateurs prétendent que c'est la relation déçue et la compétition entre Paul Cohen et John Nash qui a été la cause de son effondrement psychique.
L'empereur de l'Antarctique
Nouvel An 1958. John Nash se déguise en bébé, ce qui étonne son entourage. Mais ce n'est pas le seul événement étrange :
Il se lance dans des monologues confus ;
Fait état de croyances irrationnelles ;
Rédige des lettres insensées à des ambassadeurs ;
N'arrive plus à suivre le fil de son exposé lors de ses conférences ;
Etc.
Indubitablement, ce sont les premiers signes de la maladie mentale qui se manifestent. Comme nous allons le voir, sa santé décline rapidement et va le conduire d'hôpital en hôpital à la recherche d'un traitement.
Dans l'œil du cyclone (printemps 1959)
Alicia suspecte depuis un moment que John Nash présente des signes de détresse mentale. Il est incohérent et paranoïaque. Au début, elle attribue ces comportements au stress du travail et à la perspective d'une paternité imminente, mais les symptômes de Nash deviennent plus inquiétants.
Parmi ses comportements étranges, il menace de vider ses comptes bancaires et écrit des lettres bizarres à des institutions internationales.
Hésitant à révéler la situation par crainte des conséquences professionnelles pour son mari, elle quitte son emploi pour le surveiller. Les conseils contradictoires de psychiatres et un incident alarmant conduisent finalement Alicia à reconnaître la gravité de la situation.
Elle prend alors une décision que John Nash lui reprochera longtemps : demander son internement.
Le jour se lève à Bowditch Hall (Hôpital McLean, avril-mai 1959)
John Nash prétend être le leader d'un mouvement mondial pour la paix sous le nom de "Prince de la paix". Après une brève évaluation à l'hôpital McLean où l'emmènent des policiers, il est finalement bel et bien interné. Un diagnostic est établi : schizophrénie paranoïaque.
Sa mère, Virginia, est bouleversée. Toutefois, elle se montre incapable de soutenir Alicia. Il semble normal lorsqu'elle le visite et ne comprend pas véritablement le problème. Traité avec des médicaments et une psychothérapie intensive, il se comporte en "patient modèle".
Cependant, certains psychiatres doutent de la sincérité de son rétablissement. Finalement, l'hôpital le libère après qu'il ait fait appel à un avocat et que sa femme se soit prononcée contre un nouvel internement.
Un thé chez le chapelier fou (Mai-juin 1959)
La vie de sa compagne, Alicia, n'est pas facile.
John Nash étant à l'hôpital, elle décide de s'installer chez son amie Emma. Elle doit se défendre d'avoir fait interner son mari. Mais aussi faire face à ce dernier, qui menace de divorcer en représailles de son geste.
Bien qu'elle soit enceinte, elle met toute son énergie dans la défense de son compagnon :
"Toute son attention [est] focalisée sur une seule tâche — non pas celle d'accoucher, mais celle de sauver John Nash." (Un homme d'exception, Troisième partie)
Une fois sorti de l'hôpital, John Nash — toujours fâché contre sa femme et en proie à ses théories délirantes — décide de s'enfuir et de partir vivre en Europe.
Quatrième partie — Les années perdues
Citoyen du monde (Paris et Genève, 1959-1960)
À Paris, John Nash cherche à rompre avec son ancienne vie américaine. Il tente de renoncer à sa citoyenneté américaine, mais un fonctionnaire de l'ambassade l'en dissuade. Malgré cela, il persiste et demande le statut de réfugié en Suisse.
Après des mois de lutte et d'échecs, il est finalement expulsé d'Allemagne de l'Est et renvoyé aux États-Unis. Durant cette période, ses comportements étranges et ses idées délirantes continuent de surprendre.
Zéro absolu (Princeton, 1960)
De retour aux États-Unis, John Nash séjourne brièvement à Princeton, puis emménage avec Alicia, mais les ennuis ne tardent pas à apparaître.
Il souhaite retourner en France et prétend être lié à des affaires internationales ; il parle de paix mondiale et de gouvernement mondial. Sa femme, Alicia, réalise qu'il devra probablement être interné à nouveau.
Finalement, la police doit intervenir. Sa santé mentale exige un internement. Étrangement (ou logiquement ?), deux jours plus tôt, John Nash prédit qu'il sera emmené par les policiers.
Tour de silence (Trenton State Hospital, 1961)
Avec peu d'argent, le couple ne peut pas faire grand-chose. John Nash est placé à l'hôpital d'État de Trenton. Il dira plus tard que le traitement à l'insuline qu'il y reçoit alors a été une "torture". En outre, il vit en grande promiscuité avec d'autres patients.
Il y reste six mois. Puis il est transféré au sein de l'aile de réadaptation après que le traitement ait montré des signes de succès. Il peut enfin travailler à un article académique important et est "libéré" de l'hôpital à la fin de l'été.
Un intermède de rationalité imposée (Juillet 1961 - avril 1963)
Bien que sa récupération mentale soit considérée comme une issue positive par son entourage, John Nash ressent "un sentiment de diminution et de perte". Pourquoi ? Car il considère qu'il n'a plus accès à ce qu'il considère comme des "visions cosmiques, voire divines".
Dépendant à nouveau de la gentillesse de ses amis et collègues, John Nash obtient un modeste poste de recherche à l'IAS. Bien qu'Alicia et lui vivent à nouveau ensemble, la relation demeure tendue.
Lorsque la santé mentale du mathématicien décline à nouveau, Alicia décide d'entamer à contrecœur une procédure de divorce. Elle lui impose également de se rendre dans une clinique pour être soigné.
Le problème de l'extension (Princeton et clinique Carrier, 1963-1965)
John Nash est admis dans une clinique privée qui pratique les électrochocs et les traitements pharmaceutiques : la Carrier Clinic. Sa femme refuse qu'il reçoive davantage d'électrochocs. Il y a passé plusieurs mois.
Une fois sorti, le mathématicien vit seul et reprend son travail. Mais son comportement étrange persiste. Malgré des apparences positives, il se considère comme une "figure religieuse secrète". Après un séjour en Europe, il est réadmis à la Carrier Clinic, puis s'installe à Boston une fois le traitement terminé.
Solitude (Boston, 1965-1967)
John Nash se sent seul sans sa femme et son fils. Il voit un psychiatre et décide de prendre des médicaments, ce qui ne lui plaît guère. En effet, les médicaments nuisent à sa créativité scientifique.
Il connaît ainsi des hauts et des bas entre productivité et reprise des crises. Au printemps 1967, il devient maniaque, incohérent, paranoïaque et délirant ; il est obsédé par des nombres magiques et des conspirations internationales.
Il rencontre sa première femme avec leur fils. Mais les relations sont mauvaises, en raison de son instabilité psychologique et de son irritation face aux résultats scolaires de son fils.
Un homme seul dans un monde étrange (Roanoke, 1967-1970)
À quarante ans, John Nash paraît déjà "vieux". Il vit à Roanoke avec sa mère, erre en ville, en sifflant parfois. La plupart du temps, il reste à la maison et y tourne — littéralement — en rond. Il est complètement obnubilé par la politique et fomente des théories du complot. Il crée des codes secrets.
Terrifié à l'idée d'être hospitalisé à nouveau, John Nash est pris de colère lorsque sa sœur décide de le faire interner à nouveau après la mort de sa mère. Il rompt tout lien avec elle pendant de longues années.
Le fantôme de Fine Hall (Princeton, années soixante-dix)
John Nash est surnommé "le Fantôme" à Princeton. L'air absent, les yeux enfoncés dans des cernes creusées, il sillonne les couloirs et donne cours de façon cryptique. Lors de ceux-ci, il mélange chiffres, codes, politique, philosophie et religion. Les étudiants sont désarçonnés par un tel enseignement, qui laisse parfois à désirer, mais qui est aussi, par moment, très stimulant.
Malgré sa maladie, John Nash espère toujours rester en contact avec sa communauté. Son écriture codée pourrait être le moyen qu'il trouve, à cette époque, pour ne pas perdre pied complètement. Par ailleurs, il se sent bien dans les couloirs de l'université. Princeton est un "endroit calme et sûr" pour lui. Il peut s'y exprimer sans crainte de rejet.
En 1978, il reçoit le prestigieux prix John Von Neumann, mais n'est pas invité à la cérémonie de remise des prix.
Une vie paisible (Princeton, 1970-1990)
Dans les années 1970, Alicia et John Nash vivent ensemble tant bien que mal, malgré la maladie mentale. La santé de John Nash reste instable, mais il cherche à passer du temps avec sa femme et leur fils Johnny.
Ce dernier, doué en mathématiques, montre toutefois — lui aussi — des signes de schizophrénie. Il est hospitalisé à plusieurs reprises, mais parvient à étudier les mathématiques et obtient même un doctorat en 1985.
Cinquième partie — Le plus digne
John Nash reçoit le prix Nobel d'économie en 1994.
Rémission
John Nash retrouve un équilibre mental à partir des années 1970 et 1980. Bien qu'ils ne disparaissent jamais complètement, les symptômes de la schizophrénie diminuent progressivement durant ces années.
Cette victoire sur la maladie est liée à sa propre capacité à tenir à distance les pensées délirantes qui l'assaillent. Il parvient à se raisonner et à entretenir des relations plus saines avec cette partie de sa psyché qui lui joue des tours.
Cette amélioration lui permet de retrouver une certaine normalité dans ses interactions. Il reprend également ses recherches et se forme à l'utilisation de l'informatique.
Pendant ce temps, sa célébrité s'accroît ; il est de plus en plus cité dans des articles universitaires, principalement en économie. Mais, si son nom circule, la plupart des chercheurs pensent qu'il est mort ou en institution !
Nouveau signe important de reconnaissance : John Nash est élu membre de la Société d'économétrie.
Le prix
John Nash n'a pas fait l'unanimité ! Lorsqu'il est proposé comme candidat au prix Nobel d'économie, les membres du comité hésitent en raison de sa santé mentale. Ils enverront même un émissaire, Jörgen Weibull, pour évaluer sa personnalité.
Le comité débat par deux fois de son inclusion en tant que candidat au prix. Certains s'y opposent vigoureusement, tandis que d'autres sont ses défenseurs passionnés. D'un côté, il y a ceux qui ont connu le mathématicien dans ses pires moments ; de l'autre, il y a ceux qui considèrent avant tout ses mérites scientifiques.
Finalement, John Nash est informé qu'il reçoit le prix Nobel vers la fin de l'année 1994.
La plus grande vente aux enchères de tous les temps (Washington DC, décembre 1994)
Au même moment, Al Gore inaugure "la plus grande vente aux enchères de tous les temps" liée aux télécommunications. La particularité de cet événement est qu'il s'appuie sur la théorie des jeux et, notamment, sur l'analyse de la rivalité et de la coopération entre un petit nombre de joueurs rationnels.
C'est la preuve que les concepts développés par John Nash deviennent de plus en plus acceptés et utilisés par les mathématiciens et les économistes (qui organisent la vente aux enchères). C'est un autre type de reconnaissance : après de longues "décennies de résistance", il voit enfin sa théorie appliquée largement.
De nouveau au monde (Princeton, 1995-1997)
La vie de John Nash s'améliore financièrement après la réception du prix Nobel. Il continue à travailler à Princeton, mais ses préoccupations s'orientent toujours davantage vers sa famille ; il s'inquiète en particulier pour la santé de son fils, Johnny.
Par ailleurs, John Nash cherche également à améliorer sa relation de couple avec sa femme et l'idée d'un remariage est même évoquée.
Épilogue
Et c'est bien ce qui se produit ! Les époux Nash se remarient après 40 de mariage. John Nash se sent stable et ne craint plus les rechutes.
Le prix Nobel travaille à divers projets :
Il donne des conférences dans lesquelles il aborde, notamment, la question des troubles mentaux et de la stigmatisation des personnes qui en souffrent.
Il continue à faire des mathématiques.
Ses relations sociales s'améliorent nettement, tant avec ses collègues qu'avec ses amis et sa famille. Et finalement, l'idée que quelqu'un rédige une biographie sur lui semble lui plaire — alors qu'il la trouvait auparavant saugrenue.
Conclusion sur « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar :
Ce qu’il faut retenir de « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar :
Tout l'intérêt de ce livre consiste à nous faire entrer dans la peau de John Nash. Non seulement dans ses grands moments créatifs, mais aussi dans ses périodes de trouble social et psychologique. Nous apprenons beaucoup d’éléments sur sa personnalité complexe et nous nous faisons une meilleure idée de sa façon d’engendrer des idées nouvelles.
Le célèbre mathématicien qui a mis en forme une bonne partie de la théorie des jeux a bien failli ne jamais obtenir le prix Nobel en raison de ses problèmes "psy". Pourtant, comme le montre à merveille le livre, il est parvenu à se stabiliser et à devenir une personne plus vivable pour ses proches.
Sylvia Nasar parvient parfaitement à nous plonger dans cette histoire, ainsi que dans cette époque des États-Unis de l'après-guerre.
Points forts :
Une écriture brillante qui fait de cette biographie un véritable "page turner" ;
De nombreuses anecdotes qui nous permettent de comprendre les relations entre génie et folie ;
Un témoignage exceptionnel de la vie de l'un des plus grands mathématiciens contemporains ;
Si vous avez aimé le film (ou que vous ne l'avez pas encore vu), lisez le livre pour comparer !
Point faible :
C'est un livre passionnant… Donc je n'en ai pas trouvé !
Ma note :
★★★★★
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Résumé de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg : le livre à lire si vous voulez baser votre changement de comportement sur des sources solides et une méthode éprouvée — le tout, en agissant petit à petit et sans se culpabiliser !
Par BJ Fogg, 2022.
Titre original : « Tiny Habits : The Small Changes that Changes Everything », 2019.
Chronique et résumé de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg
Introduction — Changer, ça peut être facile (et amusant)…
Petit mais costaud
BJ Fogg commence par un double message encourageant :
D'abord, défaites-vous du sentiment de culpabilité face au changement (celui-ci nous vient d'une pression sociale et de l'impression de ne jamais y arriver) ;
Ensuite, prenez confiance dans le fait que changer n'est pas si difficile qu'on ne le pense habituellement (c'est tout l'objet du livre de le démontrer).
Souvent, nous nous y prenons mal, et nous nous attribuons la faute. Mais l'erreur vient des mauvais conseils que nous avons reçus.
"Voyez plutôt les choses ainsi : si vous essayiez de monter une commode avec un mode d'emploi erroné et des morceaux manquants, vous seriez sûrement frustré, mais vous ne vous sentiriez pas coupable, si ? Vous rejetteriez la faute sur le fabricant. En ce qui concerne nos tentatives de changement avortées, nous ne nous prenons jamais au "fabricant", mais toujours à nous-même." (Changer sa vie, Introduction)
Au lieu de nous culpabiliser, prenons plutôt le temps de découvrir une méthode efficace. BJ Fogg la résume en trois choses :
Arrêter de se juger ;
Décortiquer ses désirs et en faire des actes ;
Considérer les erreurs comme des découvertes et s'en servir pour aller de l'avant.
Pour l'auteur, c'est même une aventure amusante qui vous attend ; c'est un "voyage exaltant à la découverte de soi". Pour légitimer son approche, le psychologue du comportement de Stanford en appelle à une expérience solide — plus de 40 000 personnes ayant testé le procédé, dit-il — et à l'influence qu'il a eu sur le cofondateur d'Instagram, Kevin Systrom.
Façonner son comportement
BJ Fogg parle de "conception comportementale". C'est un domaine qu'il a beaucoup investigué, d'abord en commençant par lui-même, en utilisant sans relâche une méthode d'essais/erreurs expérimentale dans sa vie de tous les jours.
À partir de 2011, lorsqu'il a repéré des résultats vraiment positifs sur lui-même, il a commencé à enseigner sa méthode à l'université.
Mais il ne suffit pas de transmettre l'information. Le savoir n'amène pas naturellement au changement. C'est le défaut (l'auteur l'appelle "sophisme de l'information/action") de beaucoup d'ouvrages et de discours d'experts.
Pour changer, il faut nécessairement :
Avoir une révélation ;
Ou changer son environnement ;
Ou bien enfin modifier légèrement ses habitudes.
Comme la première est rare et peu contrôlable, il faut plutôt agir sur les deux autres, et commencer par la troisième.
Petit, mais rapide
"Grâce à la méthode des Petites Habitudes, vous vous concentrerez sur des actions qui prennent moins de trente secondes. Vous apprendrez à assimiler rapidement les nouvelles habitudes qui vous viendront naturellement. En commençant petit, vous pourrez faire de gros changements sans vous soucier du temps que ça prend." (Changer sa vie, Introduction)
Moins de 30 secondes : la promesse est tentante ! Ne voyez pas trop grand, affirme l'auteur ; commencez petit. D'ailleurs — tellement nous sommes occupés et stressés — c'est souvent la seule option réelle que nous ayons !
Petit, c'est maintenant
Bien que l'auteur ne souhaite pas donner de conseils quant au contenu des habitudes en particulier, il fait ici une exception. Il propose de mettre en place une première petite habitude, qu'il nomme le rituel Maui.
Dès que je me réveille et que je pose le pied par terre ;
Je dis : "Je vais passer une très bonne journée."
Et pour ancrer cette habitude dans mon cerveau, je souris.
Comme vous le verrez tout au long du livre, le modèle de base des petites habitudes est à chaque fois le même :
"Dès que je…" ;
"Je dis/fais..." ;
Plus petit, plus prudent
Il n'y a pas beaucoup de risques à agir petit ; et c'est là un avantage, selon BJ Fogg. En effet, vous pouvez vous tromper sans que cela n'ait de conséquences graves sur vous ou votre environnement. Vous recommencerez et trouverez la bonne habitude.
Par ailleurs, "personne ne pourra vous mettre des bâtons dans les roues" et vous serez donc moins stressés.
"Puisque les habitudes sont toutes petites et le programme très flexible, vous ne prenez aucun risque sur le plan émotionnel. On ne peut pas vraiment échouer avec les Petites Habitudes. On peut trébucher, mais on se relève, ce n'est pas un échec : c'est une habitude qui rentre." (Changer sa vie, Introduction)
Petite habitude deviendra grande
Souvent, nous grandissons avec l'impression que nous devons "tout donner". C'est une erreur. L'auteur compare deux attitudes de personnes voulant se lancer dans l'entrepreneuriat :
La première veut tout faire en même temps et se sent débordée par les tâches ;
La seconde se note une tâche à la fois, sur un post-it, à accomplir rapidement.
La seconde solution fonctionne mieux, car elle habitue à la réussite. Même petit, le succès nous rassure et nous donne envie de continuer. Et cela nous aide à prendre l'élan pour aller encore plus loin. "Sans même vous en rendre compte, vous aurez dévoré la baleine entière", dit BJ Fogg.
Volonté et motivation ne font pas tout
Eh non ! L'exemple de Juni, une personne à haut risque de diabète 2, est utilisé pour illustrer ce point précis. Plutôt que de se focaliser sur la volonté et la motivation, il est préférable de commencer par de petites actions qui enclencheront le changement.
De petits changements permettent de grandes choses
Changer pas à pas peut nous mener loin et nous aider à aller vraiment mieux dans notre vie de tous les jours. L'auteur le montre grâce à plusieurs personnes ayant suivi son programme des Petites Habitudes. Par ailleurs, il explique davantage "l'anatomie des Petites Habitudes".
Chaque petite habitude est composée de 3 choses (voir un peu plus haut pour la formulation "concrète") :
Moment d'ancrage (profiter d'une routine existante ou d'un moment pour agir) ;
Nouvelle petite habitude (à effectuer directement après le moment d'ancrage) ;
Moment de célébration (créer une émotion positive après l'action nouvelle).
La clé pour commencer petit
L'auteur renvoie vers son site internet TinyHabits pour y trouver davantage de ressources. En fin d'introduction, il donne également trois exercices pour commencer à agir.
Utiliser le fil dentaire (p. 26-27) ;
Démarrer rapidement (p. 27-28) ;
Se rappeler que se sentir bien aide à mieux changer (p. 29).
1 — Les éléments du comportement
C = MAI
C'est la formule "secrète" de toute la pratique, la connaissance qui sert de base au programme des Petites Habitudes.
"Le comportement se produit quand la motivation, l'aptitude et l'impulsion convergent au même moment." (Changer sa vie, Chapitre 1)
Un comportement, c'est une façon d'agir dans le monde. Voyons de plus près les 3 éléments clés qui permettent de le modifier ou de l'enclencher :
La motivation, c'est le désir, le souhait de faire quelque chose.
L'aptitude, c'est votre capacité à agir.
L'impulsion, c'est le stimulus qui vous incite à réaliser le comportement.
C = MAI s'applique à tous les comportements humains
Pour l'auteur, cela ne fait aucun doute : tous les comportements fonctionnent sur cette base qui est, somme toute, relativement simple. La conception comportementale consiste à agir sur ces trois leviers.
BJ fogg prend l'exemple de deux comportements d'une même personne, Katie. D'un côté, celle-ci range son bureau tous les jours et cela lui donne de l'énergie pour faire correctement son travail. De l'autre, elle se laisse prendre par Facebook et en oublie de faire sa séance de sport quotidienne.
Pour qu'un comportement se transforme en habitude (quel qu'il soit, bon ou mauvais), il faut que la motivation soit forte et qu'il soit facile de le faire (que vous ayez une aptitude aisée à l'accomplir). L'impulsion doit également être présente. Pour résumer :
Plus vous êtes motivé à accomplir une tâche, plus vous avez de la chance de la faire ;
Plus une tâche est dure, moins vous aurez de chance de l'accomplir ;
La motivation et l'aptitude travaillent ensemble main dans la main ;
Aucun comportement n'arrive sans impulsion.
L'impulsion fonctionnera lorsque la motivation (envie) et l'aptitude (facilité) iront de pair. Si vous n'êtes pas motivé et/ou que l'action à réaliser est top complexe, l'impulsion sera inefficace.
Utiliser le modèle comportemental pour se défaire d'une habitude
Pour abandonner une mauvaise habitude (par exemple : consulter trop souvent les réseaux sociaux le soir), vous pouvez jouer sur l'aptitude.
Dans l'exemple de Katie, BJ Fogg relate comment celle-ci a choisi de s'acheter un réveil-matin classique et de laisser son téléphone mobile dans la cuisine avant d'aller se coucher. De cette façon, elle a joué sur l'aptitude : elle a rendu Facebook "difficile d'accès", sans pour autant aller jusqu'à supprimer l'application.
À noter : c'est aussi un conseil donné par le minimalisme digital.
Trois étapes pour résoudre les problèmes comportementaux
Pour modifier un comportement — le sien ou un autre — il faut suivre l'ordre suivant :
"Vérifier s'il existe une impulsion pour déclencher le comportement.
Déterminer si la personne est capable de faire le comportement.
Déterminer si la personne est motivée pour faire le comportement." (p. 51)
Souvent, en entreprise, les managers jouent uniquement sur la motivation. Or, c'est justement le dernier levier à activer ! Vous pouvez chercher à appliquer cet ordre de priorité dans tous les domaines de votre vie et vous amuser à travailler sur vos comportements et ceux d'autrui, éventuellement.
Voir le monde à travers le prisme du modèle comportemental
BJ Fogg raconte l'exemple de Jennifer, une jeune graphiste et maman qui n'arrive plus à maintenir une routine sportive. En s'aidant de la formule C = MAI, elle analyse son comportement et comprend où elle peut agir.
En fait, nous pouvons tous le faire ! Il s'agit de se regarder soi-même "avec une certaine curiosité et un recul objectif". Voici ce que dit encore l'auteur sur la posture qu'il vous invite à tenir :
"Je veux que vous traitiez votre vie comme un "laboratoire de changement" personnel, un endroit où expérimenter sur la personne que vous voulez devenir. Un endroit où vous vous sentirez en sécurité, où tout est possible." (Changer sa vie, Chapitre 1)
Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :
Explorer les différentes manières de se défaire d'une habitude (p. 58) ;
Apprendre le modèle comportemental de Fogg en l'enseignant à quelqu'un d'autre (p. 59).
2 — La motivation : trouver ce qui vous correspond
La motivation est une donnée imprévisible
Lorsque nous voulons changer de comportement, nous agissons souvent en pensant que seule la motivation compte. C'est une erreur. "La motivation, c'est comme un ami fêtard", dit l'auteur : "super pour sortir le soir, mais il ne vaut mieux pas compter dessus pour venir nous chercher à l'aéroport".
1 — La motivation est complexe
De façon originale et peu orthodoxe, BJ Fogg considère que la différence entre motivation interne et externe n'est pas très utile "dans le monde réel". Il préfère distinguer trois types de motivation :
Celle qui dépend de vous-même ;
Un avantage ou une punition liés à l'action ;
Le contexte direct de l'action.
L'auteur donne de nombreux exemples pour comprendre sa théorie et propose également un schéma nommé "le bonhomme PAC" pour personne/action/contexte.
BJ Fogg traite également des motivations concurrentes. Par exemple :
Je veux travailler ;
Mais je veux aussi me reposer.
Comment gérer ce conflit intérieur ? Et que faire lorsque nous n'avons même pas conscience de l'origine de mes désirs ? Comment faire face à la frustration, quand nous échouons à contrôler nos impulsions ?
2 — La vague de motivation
C'est le moment où vous vous sentez capable de tout : vous venez, par exemple, d'acheter une maison et vous êtes motivé pour tout rénover (et vous en faites effectivement beaucoup pendant les premières semaines).
Mais la motivation ne dure pas. En tout cas, elle est instable. Pourtant, nous avons tous tendance à surestimer notre motivation future. Nous sommes souvent trop ambitieux et nous nous créons des pièges à nous-mêmes.
3 — Les fluctuations de motivation
Nous ne pouvons pas prendre le contrôle total de notre motivation. De nombreux éléments (venus du contexte, de nous-mêmes ou d'actions que nous avons effectuées entre temps) peuvent la perturber et la faire retomber à zéro.
Mais il y a aussi des moments où nous pouvons faire l'expérience d'une motivation durable.
"Imaginez une grand-mère qui a toujours envie de passer du temps avec ses petits-enfants, ou une adolescente qui veut toujours avoir l'air présentable devant ses amies. J'appelle ces motivations durables des aspirations (...)." (Changer sa vie, Chapitre 2)
4 — La motivation vers un but abstrait ne donne pas de bons résultats
L'auteur prend l'exemple des campagnes de santé publique autour de la nutrition. "Mangez de toutes les couleurs" : voilà une aspiration et même un commandement pour manger des légumes.
Mais comment faire concrètement ? Ce type de messages est trop abstrait ! Résultat : il ne vous aidera certainement pas à garder votre motivation très longtemps.
Pour changer vos idées sur les campagnes de politiques publiques, lisez ce livre sur le nudging et le marketing social.
5 — La motivation n'est pas un ticket gagnant pour le changement à long terme
Quand nous nous basons seulement sur la motivation et que nous nous donnons des objectifs abstraits à atteindre, nous risquons davantage d'échouer. Et de rejeter la faute sur notre incapacité à tenir nos engagements. Mais c'est encore une erreur.
Comme nous allons le voir, il est important d'apprendre à la jouer fine avec la motivation. Si nous ne tenons pas nos engagements, ce n'est pas parce que nous sommes "nuls" ou "sans volonté", mais parce que nous nous y prenons mal. N'est-ce pas une bonne nouvelle ?
Se montrer plus rusé que la motivation
BJ Fogg y insiste : il n'est pas question de renoncer à nos rêves, certainement pas ! Mais il faut le faire correctement. Commençons par rappeler la distinction entre :
L'aspiration (ce que je veux, vers quoi je tends) ;
Le résultat (ce que j'obtiens effectivement) ;
Le comportement (ce que je mets en place pour obtenir ce que je veux).
Le comportement, vous pouvez le modifier tout de suite. Mais, par contraste, "vous ne pouvez pas réaliser une aspiration ou atteindre un résultat quand vous voulez". Pourtant, nous confondons souvent ces trois concepts.
Un comportement engage une action spécifique. Cela signifie aussi réorienter le questionnement du "pourquoi" vers le "comment". Ne vous demandez pas pourquoi "manger mieux", par exemple, mais "comment" !
Voici les 3 étapes préconisées par la conception comportementale de BJ Fogg :
Mettre ses aspirations au clair ;
Explorer les options comportementales ;
Choisir des comportements spécifiques adaptés.
Dans un premier temps, prenez le temps de savoir ce que vous voulez changer (par exemple, réduire votre taux de stress). Dans un deuxième temps, brainstormez autour des manières de modifier votre comportement (par exemple : jardiner, faire du yoga, etc.).
Pour la troisième étape, voici ce qu'il convient de faire.
Comment trouver la meilleure nouvelle habitude ?
Nous avons souvent de mauvaises méthodes pour changer d'habitudes. Nous y allons soit :
Au pif, sans méthode ;
En cherchant l'inspiration sur Internet ;
En suivant le conseil d'un ami ou ce qui a fonctionné pour lui.
Il est préférable de voir ce qui est véritablement adapté à notre situation. Lorsque nous avons exploré les options possibles, nous pouvons sélectionner celle qui conviendra le mieux à notre situation présente — autrement dit, celle qui sera la plus facile à mettre en place.
BJ Fogg donne le nom de "comportement en or" aux "associations comportementales" les plus efficaces (celles qui rencontrent le mieux vos objectifs, votre aptitude et votre situation actuelle).
Plan ciblé
C'est le nom donné par l'auteur à sa méthode pour trouver des "comportements en or". Elle est composée de plusieurs "rounds" et elle se joue avec des cartes à placer sur un graphe composé de deux axes :
OUI/NON j'arrive/n'arrive pas à adopter ce comportement ;
Comportement à forte/faible incidence (très ou peu efficace).
Tous les comportements trouvés à l'étape 2 de conception comportementale trouveront leur place dans ce graphe (chacun d'entre eux étant représenté par une carte ou un post-it). C'est le premier round.
Dans le deuxième round, vous devez réfléchir à la faisabilité de chaque option. Est-ce que vous êtes prêt à vous "forcer" à faire l'action requise ? Il faut bien y réfléchir, notamment en prenant en compte votre aptitude à faire la chose souhaitée.
Pour résumer :
"Le but du plan ciblé, c'est de trouver les tâches faciles qui vous correspondent, que vous avez déjà envie de faire et qui sont efficaces pour atteindre vos aspirations." (Changer sa vie, Chapitre 2)
Petits exercices d'entraînement à la conception comportementale
Trouver un raccourci dans l'association comportementale ;
Trouver ses comportements en or à l'aide d'un plan ciblé.
3 — L'aptitude : privilégier la facilité
Avancer en "risquant tout" peut paraître plus efficace, mais cela ne l'est pas nécessairement. Certes, des actes radicaux, voire héroïques, sont parfois nécessaires. Mais la méthode des Petites Habitudes, elle, fonctionne très bien au quotidien. En fait, commencer petit est à la fois plus stable et plus durable.
Créer des habitudes en fonction des aptitudes
Faire 20 pompes tous les matins, cela n'est pas facile. En faire 2, en revanche, semble faisable. Alors, pourquoi ne pas commencer par là ? Cette action a beaucoup plus de chances de devenir une habitude.
"Quand on cherche à prendre une nouvelle habitude, on cherche avant tout la régularité. Pour atteindre ce résultat, la simplicité est essentielle ; où, selon la formule que j'enseigne à mes étudiants : c'est la simplicité qui change le comportement." (Changer sa vie, Chapitre 3)
Certains éléments déterminent l'aptitude (la capacité à faire quelque chose) :
Le temps ;
L'argent ;
Le physique ;
L'énergie mentale ou créative ;
La routine préexistante.
L'ensemble de ces caractéristiques forme ce que BJ Fogg nomme la "chaîne d'aptitude". Or, cette chaîne ne tient bon que par son maillon le plus faible.
Lorsque vous vous demandez si ce comportement sera difficile à faire pour vous (c'est ce que l'auteur nomme "la question initiale"), décomposez la chaîne d'aptitude et interrogez-vous sur la partie la plus compliquée pour vous (le maillon le plus faible).
Ensuite, demandez-vous ("question avancée") : "comment puis-je rendre la chose plus facile ?". Il n'existe que trois réponses possibles à cette question :
Accroître ses compétences (personne) ;
Rendre la tâche plus petite (action) ;
Obtenir des outils et des ressources (contexte).
Concevoir vos propres Petites Habitudes
Concevoir de Petites Habitudes passe par un mélange de ces trois ingrédients. Ceux-ci vous permettront de solidifier votre aptitude à agir et donc à changer. L'auteur explique comment il a réussi à faire 20 pompes par jour… en commençant par en faire seulement 2 !
Pour rendre un comportement plus facile, posez-vous les questions suivantes :
Êtes-vous suffisamment motivé pour apprendre de nouvelles compétences ?
Êtes-vous suffisamment motivé pour vous procurer les bons outils et ressources ?
Pouvez-vous revoir les choses à la baisse pour rendre votre comportement plus petit ?
Êtes-vous capable de trouver une première étape à votre comportement ?
Pour que vos bonnes habitudes durent, il faut qu'elles soient faciles. Et qu'elles ne mènent pas tout droit à la culpabilité. Ce n'est pas la perfection qui est ici recherchée, mais la régularité.
Le modèle gagnant : changer de comportement grâce à la simplicité
BJ Fogg remarque que les grandes entreprises du numérique — Google, Amazon, Slack ou Instagram — ont commencé en proposant quelque chose de très simple à leurs clients. Ce n'est qu'une fois que leur application était entrée dans les mœurs qu'ils ont ajouté des fonctionnalités.
Faites de même dans votre vie ! Ne compliquez l'habitude qu'une fois qu'elle sera intégrée à votre routine quotidienne.
À noter : pour le cas des choses importantes à faire, mais qui impressionnent (et pour lesquelles vous procrastinez), pensez à amorcer la première étape, rien de plus. Vous devez faire des examens médicaux ? Commencez par noter le numéro du médecin à contacter et à le garder près de vous.
Vous voulez en savoir plus sur le concept de procrastination, lisez En finir avec la procrastination !
Petits exercices pour rendre une habitude plus facile à faire
Il s'agit d'un exercice en deux parties :
Analyse d'une habitude difficile ;
Conception d'un moyen de rendre l'habitude plus facile.
4 — Les impulsions : le pouvoir de l'après
Souvent, nous agissons sans y penser. Ce sont les impulsions (en partie) qui sont à la manœuvre ! Sans elles, nous n'agissons pas. Mais il faut que ces impulsions soient combinées à l'aptitude et à la motivation.
Cela nous amène à la cinquième étape de la conception comportementale : trouver une bonne impulsion.
Celle-ci est un élément absolument crucial. À la différence des deux autres (aptitude et motivation), l'impulsion fonctionne en mode "on/off". Soit elle est là, soit elle n'est pas là. Il n'y a pas de degrés.
Une approche systématique aux impulsions
Ne laissons pas les impulsions au hasard. Pour créer des impulsions efficaces, revoyons le bonhomme PAC.
Personne = l'impulsion vient de nous (par exemple, les besoins naturels).
Contexte = elle vient de quelque chose dans l'environnement (par exemple un son, etc.).
Action = l'impulsion vient d'une routine préexistante.
L'auteur recommande de choisir un "point d'ancrage" pour enclencher la nouvelle habitude. Par exemple :
La portière de la voiture claque lorsque votre fille sort de la voiture pour partir à l'école (point d'ancrage dans une routine et dans le contexte) ; dès ce moment, vous vous garez quelque part et notez sur un post-it une action clé à accomplir pour votre projet (petite action).
Vous allez faire pipi tous les matins (point d'ancrage dans une routine existante et un besoin naturel) ; directement après, vous faites 2 pompes (petite action).
C'est la recette des Petites Habitudes ! Pour en savoir plus et découvrir de nouveaux exemples, consultez le site du livre, TinyHabits.com.
Identifier ses points d'ancrage
Nous avons tous des habitudes, quelle que soit la vie que nous menons. Souvent, nous avons plus de routines installées le matin. C'est donc un bon moment pour en ancrer une nouvelle.
Par exemple, ce pourrait être :
"Dès que j'ai posé le pied par terre, je…"
"Dès que j'ai ouvert le robinet de douche, je…"
Ou encore "Dès que j'ai lancé la cafetière, je…"
"Dès que j'ai vidé ma boîte mail, je…"
Etc.
Voici maintenant une série d'exemples de routines du soir qui pourraient vous servir :
"Dès que j'ai passé la porte en rentrant du travail, je…"
"Dès que je me suis assis pour manger, je…"
Ou bien "Dès que j'ai posé la tête sur l'oreiller, je…"
Etc.
À quel moment puis-je insérer ma nouvelle habitude dans ma journée ?
Pour ce faire, vous devrez penser à :
L'endroit qui convient ;
La fréquence ;
Le thème/but (calme, boulot, etc.).
L'ensemble ancrage - nouvelle action doit correspondre au niveau de ces trois données. Si votre point d'ancrage est à la cuisine, vous devez pouvoir y faire votre nouvelle action. Pour une Petite Habitude quotidienne, choisissez un point d'ancrage qui a lieu tous les jours.
Enfin, évitez de créer une trop grande différence entre les deux actions au niveau de leur but. L'unité ne doit pas être parfaite, mais elle doit faire sens pour vous. Par exemple, si le café stimule votre imagination, utilisez votre première tasse comme point d'ancrage pour noter vos idées, etc.
Il est bon d'expérimenter ! Retenez qu'il s'agit bien de "recettes". Prenez donc le temps de voir ce qui fonctionne pour vous et adaptez vos Petites Habitudes à votre situation personnelle.
Peaufiner son point d'ancrage avec la méthode du bord de fuite
Qu'est-ce que c'est que le "bord de fuite" ? C'est simplement le moment le plus précis que vous puissiez trouver pour créer votre point d'ancrage. Plutôt que de dire "quand je rentre du travail", dites "dès que j'ai enlevé ma veste et mes chaussures", par exemple. Vous voyez l'idée ?
Cette méthode a pour but d'aider celles et ceux qui ont des difficultés à démarrer leur action. De cette façon, vous avez un moment très précis sur lequel vous pouvez focaliser votre attention.
Technique avancée : commencer par le point d'ancrage
Vous pouvez également fonctionner à l'inverse de ce que nous avons vu en vous posant la question suivante : Que puis-je faire après une habitude existante ? Quelle Petite Habitude puis-je ajouter à la chaîne ?
Pour ce faire, demandez-vous simplement quelle est l'habitude qui pourrait venir se greffer le plus naturellement à un point d'ancrage.
Les habitudes "en attendant"
Pendant que vous attendez quelque chose (que l'eau chauffe, que le bus arrive, etc.), vous pouvez également placer de Petites Habitudes.
La particularité de ces habitudes est qu'elles resteront petites (elles n'auront pas vocation à évoluer vers des routines plus développées), puisque ce sont souvent de très courtes plages horaires. Mais petit ne veut pas dire faible ou impuissant… Au contraire, ces micro-habitudes peuvent réellement faire la différence.
Les meilleures impulsions pour vos clients
Ces techniques d'ancrage peuvent être utilisées en marketing (social ou non) pour créer des habitudes. À l'heure actuelle, ce sont surtout les impulsions de contexte ou de personnes qui sont employées.
Mais BJ Fogg prédit que les impulsions d'action vont devenir de plus en plus déterminantes. Pour cela, vous devrez interroger vos clients et analyser les résultats pour trouver les points d'ancrage les plus utilisés pour utiliser votre produit/service.
Les habitudes nacrées : faire du beau avec ce qui nous agace
Vous pouvez également utiliser un point d'ancrage "énervant" et le transformer en une bonne habitude. Un bruit vous dérange, mais vous ne pouvez rien y faire (ou il sera compliqué de le modifier) ? Pourquoi ne pas le transformer en point d'ancrage pour une habitude ?
Prenons l'exemple de l'auteur : chaque nuit, il se réveille au bruit de "clic" de l'air conditionné. Son idée : à chaque "clic", détendre son visage et son cou pour faciliter son sommeil. Résultat : ce qui était énervant devient le prétexte à autre chose, à savoir une aide pour dormir.
Petits exercices pour trouver des points d'ancrage à vos nouvelles habitudes
Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :
Trouver ses points d'ancrage ;
Créer des recettes de petites habitudes à partir d'une liste d'habitudes préexistantes ;
Créer des habitudes nacrées pour gérer les éléments irritants de votre vie.
5 — De l'émotion naissent les habitudes
Nous en arrivons à l'étape 6 de la conception comportementale : celle de la célébration. ressentir une émotion positive à l'issue de la réalisation d'une nouvelle action va considérablement aider à la stabiliser.
"Quand on célèbre pour de vrai, on active la partie du cerveau qui gère la récompense. En se sentant bien au bon moment, on pousse son cerveau à reconnaître et encoder la séquence comportementale qu'on vient de réaliser. En d'autres termes, on peut pirater son cerveau pour qu'il crée une habitude en célébrant et en s'autostimulant." (Changer sa vie, Chapitre 5)
Les expériences positives renforcent les habitudes
Lorsque vous parvenez à faire quelque chose, vous en ressentez une satisfaction. Cela vous amène à vouloir reproduire cette sensation ou cette émotion agréable. Ce mécanisme est décisif pour créer des habitudes.
Les émotions engendrent de nouvelles habitudes
Si les émotions sont positives, les habitudes peuvent s'ancrer très vite. "En fait, certaines habitudes semblent prendre instantanément", affirme même BJ Fogg. Donnez un téléphone mobile à un adolescent et vous verrez qu'il ne faudra pas s'y reprendre à deux fois !
La décision et l'habitude s'opposent sur ce point. Lorsque vous décidez, vous délibérez. Quand vous prenez une habitude, vous "n'y pensez plus" ; c'est l'émotion qui a pris le contrôle et qui vous dicte votre conduite.
L'auteur propose un schéma qu'il nomme le "spectre de l'automaticité". Est-ce que vos actions/comportements sont plus ou moins automatiques ? Plutôt du côté des habitudes intégrées une fois pour toute, ou des décisions à reprendre chaque matin ?
BJ Fogg donne de nombreux exemples et insiste sur le fait que nous ne sommes pas impuissants face à la chimie de notre cerveau (et à nos mauvaises habitudes). Nous pouvons la détourner à notre profit.
Pourquoi la célébration est la meilleure méthode pour bâtir une habitude
"La célébration reste le meilleur moyen de créer un sentiment positif qui permet d'enraciner de nouvelles habitudes. C'est gratuit, rapide, et accessible à toutes les personnes, indifféremment de leur couleur de peau, taille, forme, revenu ou personnalité. De plus, la célébration nous apprend à être gentils envers nous-même ; une compétence qui rapporte gros." (Changer sa vie, Chapitre 5)
BJ Fogg préfère parler de célébration plutôt que de récompense, un mot selon lui trop galvaudé. Pour l'auteur, il importe que la célébration ait lieu directement après l'action nouvelle (et pas plus tard, comme beaucoup de récompenses). Plus nous prendrons l'habitude de le faire, et plus nous améliorerons notre confiance en nous-mêmes de façon générale.
Deuxième maxime de Fogg
La première maxime de Fogg était : "Aidez les gens à faire ce qu'ils ont déjà envie de faire." Voici la seconde :
"Aidez les gens à obtenir un sentiment de réussite." (Changer sa vie, Chapitre 5)
Cela vaut surtout pour les coachs de vie formés à la conception comportementale. Mais si vous pratiquez la méthode des Petites Habitudes par vous-même, vous pouvez, de votre propre chef, vous aider à obtenir ce sentiment de réussite.
Comment célébrer à la manière des Petites Habitudes
Selon la méthode prônée par l'auteur, la célébration doit avoir lieu immédiatement après l'action. Elle doit aussi être suffisamment intense ou authentique pour vous convaincre. Par exemple, dire "Génial !" en fermant les poings après avoir réalisé deux pompes peut suffire.
Mais certains trouvent cela stupide ou gênant. Si c'est votre cas, il vous faudra expérimenter d'autres options. Peut-être qu'une validation tacite, discrète, suffira (pour peu qu'elle soit sincère). Explorez ! Trouvez vos manières de célébrer vos réussites.
Trouvez ce qui sonne "juste" pour vous. Comment le savoir ? Grâce à ce sentiment de "rayonnement" qui émanera de vous, cette fierté que vous avez déjà ressentie, par exemple, lorsque vous avez réussi un examen ou cuisiné un plat excellent.
Un moyen rapide d'éprouver la réussite
Souvent, nous sommes très exigeants envers nous-mêmes — trop. En conséquence, nous considérons que nous n'avons pas à nous congratuler pour de petites choses. C'est une grave erreur pour BJ Fogg.
Selon lui, nous devrions revoir nos attentes à la baisse et accepter que la célébration soit une compétence qui se travaille, et que nos efforts — mêmes petits — méritent bel et bien d'être choyés.
Parmi les nombreux conseils qu'il donne, voici quelques astuces pour arriver plus facilement à se célébrer :
Faire participer un enfant (ils sont naturellement doués pour vous faire ressentir une émotion sincère) ;
Effectuer un geste physique (sourire, poing levé, etc.) ;
À l'instant de la célébration, imaginer que vous encouragez quelqu'un que vous aimez, un proche.
Une solution surprise à deux problèmes d'habitudes
Voici deux questions souvent posées :
Comment ancrer l'habitude rapidement dans le cerveau ?
Comment faire pour ne pas oublier d'effectuer une tâche ?
La réponse de BJ Fogg : répéter la séquence comportementale (la nouvelle habitude) avec la célébration entre 7 et 10 fois. Et répétez cela plusieurs fois si nécessaire. "C'est en forgeant qu'on devient forgeron", dit le proverbe. Il en va de même pour nos habitudes !
La célébration est un pont qui mène des Petites Habitudes au grand changement
L'auteur n'y va pas pas quatre chemins :
"La célébration sera un jour classée, au même titre que la pleine conscience et la gratitude, comme une des pratiques quotidiennes qui contribuent le plus à notre bonheur et notre bien-être." (Changer sa vie, Chapitre 5)
Comme la pratique de la gratitude ou de la pleine conscience, la célébration de vos réussites peut mener à de profonds changements dans votre existence. C'est ce que BJ Fogg raconte avec l'exemple de Linda (à retrouver dans la dernière partie du chapitre).
Petits exercices pour ressentir le rayonnement
Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :
Trouver différents modes de célébration ;
Essayer la méthode des célébrations en rafales ;
Se rappeler qu'on change lorsqu'on se sent bien.
6 — Cultiver ses habitudes : d'un changement minuscule à profond
Nous ne pouvons pas changer complètement du jour au lendemain (ou très rarement). Il faut plutôt envisager le changement comme un processus qui requiert du soin et de la patience.
Grandir et proliférer
BJ Fogg distingue entre deux types de développement d'habitudes. Il y a selon lui les habitudes qui grandissent et celles qui prolifèrent.
Grandir signifie ici prendre en intensité : vous méditez 30 minutes et non plus 3, vous rangez toute la cuisine au lieu de vous concentrer sur le plan de travail, etc.
Proliférer désigne créer des répercussions en chaîne : le rituel Maui (par exemple) vous donne de l'énergie pour réaliser une deuxième action, et ainsi de suite.
Nous avons tous, dans notre "jardin", des habitudes qui grandissent et d'autres qui prolifèrent. À partir d'une seule aspiration (par exemple courir un marathon), vous allez développer des habitudes grandissantes (marcher tous les jours) et proliférantes (mieux manger).
La dynamique de la croissance
La réussite entraîne la réussite, nous l'avons vu plus haut. Même de petites réussites peuvent nous mener vers les sommets, car c'est le sentiment en lui-même qui compte. C'est ce que BJ Fogg nomme l'"élan de la réussite". Ici, l'important, c'est la fréquence, pas la taille.
Comment créer ce changement à long terme auquel vous aspirez ? L'une des premières techniques consiste naturellement à évacuer les éléments démotivants. La peur est l'un d'eux et celle-ci grandit quand nous avons l'impression de "mal" effectuer une action (diriger une réunion, par exemple).
Les compétences du changement
Il est possible d'apprendre à changer, c'est-à-dire d'acquérir les compétences nécessaires pour provoquer vous-même les modifications que vous souhaitez dans votre existence.
BJ Fogg en distingue 5 ou plutôt 5 ensembles de compétences essentielles au changement :
Création comportementale = être capable de distinguer, de "designer" et d'organiser des habitudes ;
Connaissance de soi = savoir ce que nous voulons vraiment.
Traitement de l'information = reconnaître le bon moment pour faire évoluer une habitude ;
Gestion du contexte = redéfinir son environnement pour faciliter le développement des habitudes.
Mentalité = l'attitude face au changement.
Ne vous contentez pas de lire ce livre : mettez en pratique les compétences du changement
Il n'est pas nécessaire de maîtriser toutes les compétences citées par BJ Fogg pour aller de l'avant. Vous pouvez très bien commencer avec celles que vous avez et développer les autres petit à petit.
Un coach de vie, de préférence formé à la conception comportementale, peut également vous aider à progresser plus rapidement, puisqu'il maîtrisera des compétences dont vous ne disposez pas encore et les mettra à votre service. Mais cela n'a rien d'obligatoire !
Exercices liés aux compétences du changement
Voici les exercices liés à ce chapitre :
Apprendre des compétences que l'on maîtrise déjà ;
S'entraîner à la création comportementale ;
Développer une compétence liée au contexte ;
Développer une compétence liée au traitement de l'information ;
Faire croître une compétence en lien avec la mentalité ;
Faire croître une compétence en lien avec la connaissance de soi.
7 — Se défaire des mauvaises habitudes : une approche systématique
Pour explorer la question des mauvaises habitudes, BJ Fogg utilise l'exemple d'une personne accro au sucre. Il montre comment, touche après touche, celle-ci a réussi à faire sa "glucose révolution", comme dirait Ingrid Inchaupsé.
Le plan directeur du changement comportemental
Le plan proposé par l'auteur se découpe en 3 phases :
Se concentrer sur la création de nouvelles habitudes ;
Puis se concentrer sur l'arrêt de l'ancienne habitude (la mauvaise) ;
Enfin, si nécessaire, remplacer l'ancienne habitude par une nouvelle.
Cela paraît simple et un peu "bâteau" dit comme ça, mais ce n'est pourtant pas ce que nous faisons … d'habitude ! En règle générale, lorsque nous voulons supprimer une mauvaise habitude, nous commençons par la supprimer purement et simplement.
Mais cela crée un vide et de l'angoisse qui vont nous ramener illico presto vers le comportement problématique ! Créer de nouvelles habitudes saines avant permet de remplacer les mauvaises en douceur et sans sentiment de perte.
Vous voulez en savoir plus ? L'auteur détaille chaque phase en détail. Par exemple, pour la phase 2, il montre qu'il importe d'être précis en distinguant l'habitude générale des habitudes spécifiques qui viennent "entourer" celle-là. Illustrons le propos :
Habitude générale : vous mangez trop de cochonneries.
Habitudes spécifiques : vous achetez votre petit déjeuner à la station-service, vous mangez des chips en regardant la télé le soir, vous buvez du soda au déjeuner, etc.
À partir de cette liste, vous commencerez par la chose la plus facile à supprimer, puis vous continuerez jusqu'à avoir une alimentation saine, peu à peu, un pas à la fois, quand vous prendrez progressivement confiance en vous.
Se focaliser sur l'impulsion pour se défaire d'une habitude
Pour supprimer une mauvaise habitude, vous pouvez chercher à évacuer l'impulsion qui la maintient présente à votre esprit.
L'exemple type est celui du smartphone. Si vous voulez arrêter de le consulter au travail ou avant d'aller dormir, éloignez-le, ou, à minima, éteignez les notifications ou mettez-le en mode avion.
Redéfinir l'aptitude afin de se défaire d'une habitude
Il est également possible de jouer sur l'aptitude. Comment ? En jouant sur la chaîne d'aptitude (voir le chapitre 3), c'est-à-dire en augmentant un ou plusieurs de ces facteurs :
Le temps nécessaire pour réaliser votre mauvaise habitude ;
L'argent dont vous avez besoin (l'État pratique cette technique en jouant sur le prix des cigarettes, par exemple) ;
Le niveau d'effort physique nécessaire ;
L'effort mental requis ;
Ou en faisant en sorte que votre mauvaise habitude entre en conflit avec une routine existante.
Ajuster la motivation pour se défaire d'une habitude
Nous voulons souvent commencer par là. Pourtant, ce n'est pas le plus simple — et cela peut même être très compliqué.
"C'est pourquoi on essaye de ne pas toucher à la motivation quand on peut régler le problème via l'impulsion ou l'aptitude. On ne s'en occupe que lorsque les étapes précédentes n'ont pas fonctionné." (Changer sa vie, Chapitre 7)
Première option : réduire sa motivation en passant par d'autres trucs. Perdre la motivation à boire le soir en méditant quelques minutes avant de rentrer à la maison ou en écoutant de la musique calme, par exemple.
Deuxième option : ajouter un élément démotivant pour se défaire d'une habitude. Ce n'est pas la voie que recommande BJ Fogg, car cela donne des sentiments négatifs et crée un sentiment de pression.
Revoir le changement à la baisse
C'est la dernière méthode pour supprimer une mauvaise habitude. Si les autres n'ont pas fonctionné, ne vous torturez pas. Diminuez progressivement le temps passé à faire l'action et/ou diminuez-en l'intensité.
Tout ce qui précède concerne la phase 2 de l'arrêt d'une mauvaise habitude. Dans la suite du chapitre, BJ Fogg traite de la question du remplacement de la mauvaise habitude par une bonne habitude (phase 3).
Si rien n'a fonctionné jusque-là…
Enfin, il insiste encore une fois sur le fait qu'il ne sert à rien de se culpabiliser. Il est normal de devoir expérimenter pour trouver la méthode qui fonctionne pour nous. Si vous n'êtes pas parvenu à mettre en œuvre le changement, modifiez vos habitudes de substitution et faites des tests.
Considérez aussi ce que BJ Fogg nomme "la beauté du chamboulement". Tout d'abord, c'est une joie de voir que nous avons réussi à transformer nos vies et à ouvrir de nouveaux créneaux dans nos horaires pour des routines plus saines.
Ensuite, voyez plus grand. Prenez en compte l'aspect social du chamboulement. En modifiant vos habitudes, vous participez à améliorer la vie de votre famille et même, peut-être, de votre communauté.
"La conception comportementale n'est pas une quête solitaire. Chaque comportement que l'on façonne, chaque changement que l'on entreprend, est une goutte de plus qui vient se propager à la surface de l'étang. On façonne par la même occasion nos familles, nos communautés et notre société à travers nos actions, et elles nous le rendent bien. Les habitudes que nous prenons et que nous perpétuons ont une importance." (Changer sa vie, Chapitre 7)
Petits exercices pour s'entraîner à supprimer ou remplacer une habitude
Quels exercices pouvez-vous faire ? Voici les derniers conseils de BJ Fogg :
S'entraîner à créer un essaim de comportements pour se défaire d'une mauvaise habitude ;
S'entraîner à supprimer une impulsion pendant une journée ;
Enfin, s'entraîner à remplacer une habitude et célébrer pour ancrer la nouvelle.
8 — Comment changer ensemble
BJ Fogg prend l'exemple d'une famille dans laquelle l'un des enfants pose problème. À 21 ans, il vit chez ses parents et ne fait rien. Rien ne semble le motiver et il paraît complètement indifférent aux besoins des autres membres de la famille.
Pourtant, l'auteur montre que la conception comportementale a aidé le père, Mike, à trouver des façons de changer les choses, peu à peu. Progressivement, son fils, Chris, a repris sa vie en main, permettant ainsi à la famille de retrouver son équilibre.
Concevoir le changement en groupe
La méthode des Petites Habitudes fonctionne pour transformer les familles, les équipes de travail ou tout autre type de groupe. Pour commencer, souvenez-vous de la première maxime de BJ Fogg : "aidez les gens à faire ce dont ils ont déjà envie".
Demandez-vous quels sont les objectifs de votre fils, de votre conjoint ou de vos collègues. C'est par là que vous devrez commencer. En s'ouvrant à un premier changement qui leur plaît, ils mettront en marche un mécanisme plus général de modification du comportement et seront prêts à vous écouter.
Autrement dit, vous aurez appliqué la seconde maxime : "Aidez les gens à obtenir un sentiment de réussite". C'est par là que vous pourrez les convaincre d'en faire un peu plus pour vos propres objectifs (et non pas en les culpabilisant).
Comment changer ensemble
L'auteur présente deux façons de changer en groupe et utilise deux figures pour ce faire :
Le meneur y va franchement et propose de suivre la méthode des Petites Habitudes ;
Le ninja s'y prend plus subtilement en appliquant la méthode sans que les autres ne le sachent.
Processus de conception pour un changement collectif
Voici le résumé de la méthode proposée par BJ Fogg :
Clarifier ses aspirations ensemble ;
Explorer les options comportementales ensemble ;
Choisir des comportements spécifiques adaptés à son groupe ;
Rendre le comportement en or facile à faire pour tout le monde ;
Trouver une bonne impulsion au comportement en or ;
Célébrer la réussite pour ancrer l'habitude ;
Résoudre les problèmes et répéter ensemble.
Vous le voyez, c'est toute la méthode des Petites Habitudes qui peut être adaptée à la dynamique de groupe. BJ Fogg expose, pour chaque étape, comment agir en tant que meneur ou en tant que ninja.
Il illustre ensuite sa méthode au travers de 2 récits inspirants :
Changement familial et troubles de l'apprentissage ;
Baisser le niveau de stress à l'hôpital.
Petits exercices pour améliorer les compétences du changement d'un groupe
Voici enfin les exercices supplémentaires proposés en fin de chapitre :
Partager les bases de la conception comportementale ;
Résoudre un problème ensemble à l'aide de la conception comportementale ;
Mettre tout le monde d'accord sur le comportement à changer.
Conclusion — Les petits changements qui changent tout
"Les petits ruisseaux font les grandes rivières" : ce dicton connu s'adapte parfaitement à la conclusion de ce livre. BJ Fogg montre qu'il voit grand et qu'il voudrait diffuser au maximum sa méthode.
Celle-ci permet de réaliser de grands changements au niveau individuel, mais aussi, pense-t-il, au niveau social. Pour le démontrer, il utilise plusieurs histoires personnelles, dont certaines très touchantes à propos de son neveu, décédé trop jeune.
Serez-vous prêt à le suivre et à mettre en place la conception comportementale dans votre vie quotidienne, à rêver grand, tout en commençant petit ?
Conclusion sur « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg :
Ce qu’il faut retenir de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg :
Ce livre est un véritable manuel indispensable pour toute personne intéressée à la mécanique du changement de comportement. Il est non seulement très bien écrit, mais beaucoup plus poussé que les autres ouvrages sur le sujet.
Retenez les 7 étapes de la conception comportementale, c'est-à-dire le cœur de la méthode des Petites Habitudes de BJ Fogg :
Clarifier ses aspirations ;
Explorer les options comportementales ;
Choisir des comportements spécifiques adaptés ;
Commencer petit ;
Trouver une bonne impulsion ;
Célébrer sa réussite ;
Analyser les problèmes, itérer et se développer.
Les trois premières étapes concernent le choix (1-3), tandis que les deux suivantes (4 et 5) concernent la conception proprement dite et l'implémentation (6 et 7) des nouvelles habitudes.
Points forts :
Un auteur professeur d'université à Stanford ;
Des théories et expériences à l'appui de la méthode proposée ;
De nombreux exemples issus de la vie personnelle et professionnelle de l'auteur ;
Un livre de chevet à garder avec soi dans toutes les étapes de son changement !
Point faible :
Je n’en ai pas trouvé.
Ma note :
★★★★★
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Résumé de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty : un manuel de sagesse en matière d'amour pour tous ceux et celles qui souhaitent ardemment trouver l’amour, mais aussi tout faire pour le garder et même parvenir à surmonter les ruptures — en s’acceptant davantage et en s’ouvrant au monde !
Par Jay Shetty, 2023, 368 pages.
Titre original : « 8 Rules of Love », 2023
Chronique et résumé de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty
Qui est Jay Shetty ?
Né en 1987 à Londres, Jay Shetty a bénéficié d'une éducation de classe moyenne. Bien que ses parents soient d'origine indienne, il n'a pas été élevé dans la religion hindoue. À l'âge de 18 ans, il a intégré la Cass Business School de Londres pour se consacrer à des études de gestion et de sciences du comportement.
Il délaisse toutefois la carrière dans le monde des affaires pour embrasser la vie monastique en tant que moine hindou. Entre 2010 et 2013, il réside dans un ashram, un monastère hindou situé à Mumbai, en Inde.
Durant cette période, il se plonge dans l'étude approfondie des textes sacrés hindous — en particulier dans les Védas (écrits anciens pratiques). Même après avoir quitté l'ashram, Jay Shetty persévère dans ses études et accumule de cette façon une profonde connaissance de ce domaine.
Cette conversion vers la vie monastique et l'hindouisme est en grande partie due à sa rencontre avec Gauranga Das, un moine hindou, alors qu'il était encore à l'université. Plus tard, à Mumbai, celui-ci le convainc qu'"il serait de plus grande valeur et de plus grand service s'[il] quittait l'ashram et partageait ce que [il avait] appris avec le monde".
Il décide donc de quitter l'ashram et de réorienter sa carrière de coach vers l'enseignement pratique de la pleine conscience et de la sagesse hindoue et orientale.
Son premier livre, Think Like a Monk: Train Your Mind for Peace and Purpose Every Day, décrit la transition qui s'est produite dans sa pensée lorsqu'il souhaitait « s'immerger dans l'état d'esprit du moine » (Shetty, Jay. Pensez comme un moine, Guy Trédaniel Éditions, 2020).
Désormais, Jay Shetty est coach de vie. Mais pas seulement ! Depuis 2019, il anime également le podcast On Purpose. Ses livres, ses vidéos en ligne et ses cours ont beaucoup de succès et il forme même, désormais, d'autres coaches aux techniques orientales qu'il a apprises lorsqu'il était moine.
L'auteur s'est marié en 2016. Il fait régulièrement référence à cette relation tout au long du livre que nous allons lire maintenant.
Introduction
Commençons par une analogie. Imaginons un dialogue entre un enseignant et un élève au sujet du soin d'une fleur. L'attraction physique ressemble à une fleur coupée et placée dans un vase. Par contraste, l'amour ressemble à une fleur dans le sol, qui reçoit de l'eau et des nutriments grâce à ses racines.
La fleur dans le vase va rapidement se faner. Mais celle qui vit en pleine terre est fragile elle aussi. Il lui faut des soins et une attention constante pour se maintenir vivace.
Mettre l'amour en pratique
Jay Shetty a décidé d'écrire Les 8 lois de l'amour pour aider les gens à apprendre à aimer grâce aux idées contenues dans les Védas. Mais ce n'est pas tout : comme nous le verrons, l'auteur appuie également ses propos sur des études scientifiques et en particulier sur la recherche contemporaine en psychologie.
Alors, qu'ont à nous dire les enseignements des Védas sur le lien amoureux ? C'est ce que l'auteur se propose d'explorer. Pour lui, il importe d'abord de comprendre que l'amour est avant tout une pratique.
Nous pourrions dire aussi, comme le soutient Erich Fromm, que l'amour est un art. Dans les deux cas, l'idée est la même : l'amour requiert des gestes, des rituels, une attention et des obligations aussi. Rien ne sert "d'attendre" l'amour, il faut le construire et l'entretenir, comme si vous étiez un jardinier !
Les 4 ashrams
Il explique que les Védas caractérisent le cheminement de la vie en général à partir de 4 phases ou étapes :
Brahmacharya ashram (vie étudiante) ;
Grhastha ashram (vie du ménage) ;
Vanaprastha ashram (vie à la retraite) ;
Sannyasa ashram (vie renoncée).
Dans les 8 lois de l'amour, l'auteur applique ces principes aux domaines de l'amour. Pour lui, il y a 4 phases ou ashrams (classe ou étude).
Ces 4 ashrams sont :
Se préparer à l'amour ;
Pratiquer l'amour ;
Protéger l'amour ;
Perfectionner l'amour.
Chaque partie du livre sera liée à l'un de ces thèmes. Selon Jay Shetty, les gens traversent souvent ces étapes sans y penser, ce qui est dommage et cause bien des ennuis. L'objectif de ce livre est d'aider le lecteur à devenir pleinement conscient de ce qu'il vit. De cette façon, il aura de meilleures chances de "pratiquer l'amour" avec plus de sagesse.
Partie 1 — La solitude
La partie 1 est en corrélation avec l'ashram Brahmacharya, c'est-à-dire le stade de la vie étudiante dans les stades de la vie védique. Ici, dans Les 8 lois de l'amour, il s'agit de se préparer à la relation amoureuse.
Loi 1 : Redécouvrez la solitude
La solitude est la première étape pour apprendre à aimer. Étonnant ? Pas tellement… Souvent, la peur d'être sans partenaire nous amène à faire de mauvais choix dans notre vie romantique. En fait, "pratiquer" le fait d'être permet non seulement d'améliorer certaines compétences, mais nous aide aussi à améliorer nos relations.
La peur de la solitude
Nous pouvons nous acclimater à la solitude assez rapidement (voir les exercices "À essayer" répertoriés en fin de chaque résumé de chapitre). De nombreuses études scientifiques citées dans le livre font état des avantages de la solitude.
Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, par exemple, a montré que les adolescents qui ne développent pas de compétences créatives sont aussi ceux qui craignent le plus être seuls.
La solitude est l'antidote à l'isolement
Jay Shetty considère la solitude comme l'antidote à l'isolement. Qu'est-ce que cela signifie ? Premièrement que la solitude est une pratique choisie, qui nous permet de nous concentrer sur nous-mêmes, alors que l'isolement est une situation subie. En pratiquant la solitude, nous pouvons réapprendre à nous mettre en rapport avec autrui et, de cette façon, rompre le mauvais charme de l'isolement.
Passer de l'isolement à la solitude
Selon l'auteur, il faudrait passer par trois phases principales afin d'aller de l'un à l'autre :
Présence ;
Mal-être ;
Confiance.
Expliquons un peu ces termes.
Dans la première étape, les individus sont invités à explorer leurs attitudes et leurs croyances. L'idée est de s'assurer qu'un potentiel partenaire puisse reconnaître et apprécier ces aspects essentiels de leur personnalité.
La deuxième phase encourage à développer une aisance à être seul en testant de nouvelles activités, telles que le voyage en solitaire, par exemple. Ce processus favorise une meilleure connaissance de soi et renforce la confiance personnelle — des éléments qui contribueront à des relations amoureuses plus épanouissantes.
Enfin, la troisième étape vise à accroître la confiance personnelle dans divers domaines tels que la personnalité, la santé émotionnelle et physique, mais aussi les relations et les finances. Un exercice "À essayer" est proposé pour faire le point sur ces questions.
Les bienfaits de la solitude
Shetty souligne l'importance de la solitude dans le renforcement de l'identité. Cette force permet d'éviter la dépendance trop forte à autrui. L'auteur affirme que la solitude nous aide à prendre de bonnes décisions et à éviter des décisions trop rapides.
La solitude nous donne la force de choisir ce qui est bon pour nous-mêmes, sans nous laisser influencer, voire manipuler par autrui.
En bref, nous acquérons :
Un seul mental (moins dispersé) ;
Plus de maîtrise de soi et de patience ;
Un sentiment de complétude.
Les exercices "À essayer" de ce chapitre
Pour mettre en pratique ses conseils, l'auteur donne plusieurs exercices du type "À essayer" (voir plus haut). En voici les intitulés :
"Bilan" à propos de la solitude (p. 28-30) ;
"Apprenez à connaître vos valeurs" (p. 35-36) ;
"Tirez parti du temps passé seul" (p. 37-39) ;
"Identifiez le domaine dans lequel vous avez le plus envie d'évoluer" (p. 41-44).
Loi 2 : N'ignorez pas votre karma
Dans la tradition hindoue, le karma est lié à la conséquence de nos attitudes et de nos comportements. Si nous agissons de façon correcte, la réponse qui nous sera envoyée aura plus de chance d'être elle-même positive. À l'inverse, si nous agissons mal, nous risquons d'entrer dans un cercle vicieux d'actions et de réactions négatives.
Le cycle karmique
L'auteur développe l'idée d'un cycle karmique. C'est-à-dire ? Celui-ci est composé d'événements ou des idées reçues de l'enfance. Ces « impressions » ou samskaras ont un impact sur nos décisions à l'âge adulte.
À leur tour, nos choix ont des résultats positifs ou négatifs en nous et autour de nous. Cela dit, nous pouvons modifier ces événements et ces idées pour améliorer nos décisions et nos comportements actuels — et les effets qui en résultent.
Pour ce faire, nous avons d'abord besoin de comprendre et de reconnaître ces impressions et leur influence négative sur nous. "Les mêmes impressions conduisent aux mêmes choix", c'est cela le cycle karmique. Tout l'enjeu consiste à en modifier le signe : du négatif vers le positif.
Les cadeaux et failles des parents
Les samskaras, qu'on pourrait également traduire par croyances, se forment pendant l'enfance et la jeunesse, grâce (ou à cause) de l'influence des parents, bien sûr, mais aussi des films et des premières relations. Ensuite, nous avons tendance à reproduire ces modèles relationnels, sans nous en rendre compte.
Chaque famille dépose aux pieds de ses enfants des cadeaux, mais aussi des "failles". Plus tard dans notre existence, nous pouvons par exemple rechercher des partenaires qui comblent ces failles, au risque d'entrer dans une forme de dépendance affective.
Les cadeaux — valeurs positives et idéaux relationnels — sont positifs, bien sûr. Mais ils sont également susceptibles de poser problème, dans la mesure où ils peuvent nous conduire à exiger beaucoup trop d'une personne. Il faut donc être prudent et, surtout, conscient de ces forces et de ces faiblesses, pour mieux agir au quotidien et nous préparer à rencontrer l'amour.
Jay Shetty propose plusieurs exercices "à essayer" sur ces différentes thématiques (voir la liste plus bas).
La magie des films
Les films — et les chansons populaires — jouent également un rôle dans nos croyances relationnelles. L'auteur propose un exercice amusant et intéressant en vue d'identifier l'impact des films et des chansons d'amour sur nos pensées et nos façons d'agir.
Le premier amour
Il discute également de nos façons de rencontrer l'amour à l'heure actuelle. Lorsque nous sommes jeunes et que notre cerveau n'est pas encore complètement formé et stabilisé (pas avant l'âge de 25 ans environ), nous pouvons plus facilement nous comporter de façon impulsive et choisir des partenaires sur de mauvaises bases.
En s'appuyant sur les stéréotypes de la pop culture, l'auteur développe les "caractères" suivants, typiques selon lui des premiers amours difficiles :
Rebelle (celui ou celle qui casse les codes et nous emmène en dehors de notre routine) :
Indisponible (celui ou celle qui nous rejette) :
Projet (qui a besoin d'être sauvé) :
Coureur de jupons (qui ne vous sera pas fidèle bien longtemps) :
Riche (celui ou celle qui fait briller nos yeux pour d'autres raisons que lui ou elle-même, que ce soit son argent ou sa célébrité).
Il est tout aussi important d'identifier son propre rôle dans les relations passées : êtes-vous plutôt un sauveur, un dépendant ou un soutien ? N'hésitez pas à consulter également à ce sujet notre chronique sur l'analyse transactionnelle.
Pour pratiquer ces questions, l'auteur fournit un exercice de réflexion pour comprendre nos relations passées (ce que nous projetions de nous-mêmes, notamment).
Vous attirez ce dont vous vous servez pour impressionner
Jay Shetty discute ensuite de la façon dont les gens attirent ce qu'ils projettent dans le monde. Ainsi, si nous mettons en avant nos richesses ou notre beauté, par exemple, nous prenons le risque de n'être reconnus que par ces aspects-là. Ce qui est dommage, car nous sommes plus que cela.
"Nous nous vendons aux autres en mettant en avant nos richesses, mais cela n'est pas bénéfique sur le long terme. Il vaut mieux afficher notre personnalité, nos valeurs et nos objectifs véritables, afin d'être aimés pour ce qui compte le plus pour nous." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 2)
Donnez-vous ce que vous attendez d'autrui
Finalement, Jay Shetty nous rappelle que nous ne devrions pas utiliser nos partenaires pour répondre à un besoin émotionnel, mais que nous devrions y répondre nous-mêmes au préalable. Plusieurs anecdotes et exercices permettent de comprendre et d'appliquer ce point important.
Faites le point
L'auteur suggère par exemple de faire le point 3 minutes en début de journée et en fin de journée, tous les jours. C'est à ces moments clés que vous pouvez tenter de mettre en place de nouvelles routines, qui répondent mieux à vos besoins émotionnels.
Faire croître l'amour
"C'est la pratique qui fait croître l'amour. Il n'y a pas d'autre moyen." (Eknath Easwaran, cité dans Les 8 lois de l'amour, Chapitre 2)
C'est ainsi que se clôt la première partie de l'ouvrage : nous sommes invités à pratiquer tous ces exercices pour nous préparer à l'amour et continuer notre chemin.
Les exercices "À essayer" de ce chapitre
"Méditez sur votre moi jeune" (p. 59-60) ;
"Identifiez les cadeaux et les failles de vos parents" (p. 66-68) ;
"L'amour au cinéma" (p. 73) ;
"Vos rôles en couple" (p. 78-80) ;
"Réfléchir et tirer les leçons d'une relation amoureuse passée" (p. 83-84) ;
"Ce que vous mettez en avant" (p. 88) ;
"Donnez-vous ce que vous voulez recevoir" (p. 91-92).
Écrivez-vous une lettre d'amour
À la fin de chaque partie, Jay Shetty propose également une lettre d'amour particulière, ainsi qu'une suggestion de méditation guidée.
À l'issue de cette première partie, il nous invite à rédiger une lettre d'amour à nous-mêmes, afin de nous "aider à établir un dialogue avec (nous-mêmes)".
Voici les 3 autres lettres que l'auteur suggère d'écrire :
À votre partenaire (partie 2) ;
À vous-même dans les moments difficiles, comme si vous vous adressiez à un ami (partie 3) ;
Au monde (partie 4)/
Méditation pour redécouvrir la solitude
Découvrez la méditation proposée spécialement pour cette partie : la méditation de gratitude".
Et voici les 3 autres méditations proposées en fin de partie :
Renforcer la compatibilité ;
Guérir grâce à l'amour ;
Reliance.
Partie 2 — La compatibilité
Sommes-nous faits l'un pour l'autre ? Voilà la question qui préoccupe bien des couples (et des agences matrimoniales) ! Il s'agit de la question de la compatibilité des partenaires. Celle-ci est traitée à travers le lien à l'ashram de Grhastha, ou deuxième étape des étapes de la vie védique, qui implique la vie familiale ou conjugale — et qui est réinterprétée dans le livre comme l'étape de la création de la relation.
Loi 3 : Définissez l'amour avant de le penser, de le ressentir ou de l'exprimer
Cette règle souligne l'importance de savoir ce qu'est (pour vous) l'amour et de communiquer cette définition à votre partenaire. Jay Shetty raconte plusieurs anecdotes au sujet de personnes qui se sont manquées par faute d'avoir compris leurs définitions respectives de l'amour.
Ces différentes définitions peuvent être reliées à des phases amoureuses. Peut-être que vous définissez l'amour en fonction de l'une de ces phases.
Les quatre phases de l'amour
Ces 4 phases sont :
Attirance ;
Rêves ;
Difficultés et maturation ;
Confiance.
L'auteur les récupère de la tradition Bhakti et les adapte à son propos. Comme nous allons le voir, il s'agit bien de phases puisqu'il est question de passer de l'attraction initiale à la confiance, en passant par la lutte contre les rêves irréalistes et la création d'attentes réalistes.
L'attirance — Jay Shetty suggère d'utiliser la fameuse « règle des trois rendez-vous » (vue dans de nombreux films romantiques et séries américaines) pour évaluer la compatibilité d'une personne avec votre personnalité, vos valeurs et vos objectifs. Ces trois rendez-vous vous permettront de poser des questions et de vous faire une idée de la personne à qui vous avez affaire.
Les rêves — La notion d'idéalisation est également beaucoup utilisée pour caractériser cette phase. Si vous avez été amoureux ou amoureuse, vous le savez : c'est cette période où vous imaginez l'autre sous son meilleur jour et où vous forgez des ambitions irréalistes pour le couple.
Pour évacuer ces attentes erronées et partir sur de bonnes bases, il faut se donner les moyens de créer des attentes réalistes, basées sur les personnalités réelles de l'un et l'autre. Le rythme et l'habitude jouent ici un rôle essentiel. En effet, les routines et les horaires offrent la possibilité de se rencontrer autrement.
Dans le couple, nous devons discuter de nos attentes et accepter les désaccords : « la manière dont vous gérez vos différences est plus importante que la découverte de vos points communs », soutient l'auteur.
Et si vous suiviez la suggestion du psychologue clinicien Seth Meyers de ne vous voir qu'une fois par semaine au cours du premier mois de fréquentation ? Cela vous permettrait peut-être de mieux prendre le temps de le connaître avant de vous engager plus complètement. Pensez également à distribuer équitablement le temps entre amis et celui dédié à votre relation amoureuse.
Difficultés et maturation — Dans cette troisième étape des quatre phases de l'amour, les couples apprennent à grandir à partir de leurs différences. Jay Shetty utilise plusieurs anecdotes personnelles pour nous introduire plus concrètement à ce moment.
C'est à ce moment que nous nous rendons compte s'il y a des éléments de la relation qui sont trop importants et des choses qui, fondamentalement, "ne passent pas". Dans ce cas, la rupture est peut-être la meilleure solution. Mais c'est aussi la phase où les couples se solidifient, s'ils parviennent à trouver des solutions créatives à leurs différends.
Confiance — Les couples construisent la confiance à partir de leur développement commun. Celle-ci doit commencer par nous-mêmes : "nous devons être dignes de confiance", affirme Jay Shetty. Par ailleurs, nous devons la donner à notre partenaire via une saine communication et par l'intermédiaire de nos actions.
L'auteur évoque trois types de confiance.
Physique : celle-ci se produit lorsque les couples se sentent en sécurité les uns avec les autres et savent que leur partenaire est présent, aimant et a une présence positive.
Mentale : elle implique de faire confiance à leur esprit, à leurs idées et à leur prise de décision.
Émotionnelle : cette forme de confiance se produit en faisant confiance à leurs valeurs et à leur identité.
Les problèmes, s'ils sont surpassés positivement, renforcent la confiance mutuelle. Nous avons tous nos points faibles. Le fait de nous accepter et d'accepter l'autre tel qu'il est, un grand stimulateur amoureux.
Les exercices "À essayer" de ce chapitre
"Préparez-vous pour le premier rendez-vous" (p. 111) ;
"Programmez votre emploi du temps" (p. 120) ;
"La confiance au quotidien" (p. 127) ;
"Construire des rêves réalistes à deux" (p. 128-129).
Loi 4 : Votre partenaire amoureux est votre guru
Nous apprenons énormément les uns des autres dans nos relations amoureuses. Bien sûr, cela est vrai de toutes les relations.
D'ailleurs, le terme "guru" renvoie d'abord à la relation de maître à élève que Jay Shetty a forgé avec son maître lorsqu'il était moine (par ailleurs, si nous sommes des observateurs attentifs, nous pouvons aussi apprendre d'autres personnes, même quand celles-ci ne sont pas particulièrement sages).
Par contraste avec le rapport guru/élève, la spécificité de la relation amoureuse consiste dans le fait que les deux personnes jouent les deux rôles (guru/élève) en même temps. Mais elles se ressemblent par la révérence, le respect que chacun des membres de la relation éprouve pour l'autre.
Les relations amoureuses nous font grandir
Le psychologue Jeremy Dean a étudié la façon dont les gens se perçoivent et comment ils peuvent mieux se comprendre à travers le point de vue de leur partenaire. Comment agir au mieux ? Nous pouvons nous inspirer de la pratique du maître hindou : « orientation sans jugement, sagesse sans ego, amour sans attente ».
Jay Shetty soutient que les amis, la famille et les autres personnes de notre entourage ne peuvent que très difficilement faire preuve de ces trois qualités en raison de leur perspective partielle et partiale. L'amoureux, selon lui, pourrait en revanche y parvenir, car il nous connaît plus complètement.
L'auteur parle également de la « théorie de l'amélioration de soi » d'Arthur et d'Elaine Aron. Celle-ci considère que les relations améliorent l'identité personnelle en nous permettant de découvrir des choses (compétences, perspectives, traits de personnalité) qui nous font défaut.
"Notre partenaire amoureux élargit notre perception de nous-mêmes, car il nous permet d'accéder à des ressources plus grandes." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 4)
Devenir un meilleur guru
Quelles sont les qualités d'un bon guru et d'un bon disciple ? C'est l'objet du livre The Guru and Disciple Book de Kripamoya Das (l'ancien maître de Jay Shetty).
Voici les 4 conseils/caractéristiques que l'auteur donne pour être un bon guru :
Ne pas diriger, mais servir ;
Donner l'exemple ;
Soutenez ses objectifs, et pas les vôtres ;
Ni critique, ni jugement, ni insultes.
Il propose ensuite plusieurs anecdotes et un grand nombre d'exercices "à essayer" pour devenir un meilleur guru et aider, par exemple, notre partenaire à trouver ses objectifs. Le chapitre comprend aussi des analyses théoriques et des histoires sur les moines japonais afin de démontrer la nécessité de soutenir son partenaire dans son propre apprentissage.
Devenir un meilleur élève
Voici maintenant les règles à suivre pour s'améliorer en tant qu'élève. Vous devrez être… :
Ouvert d'esprit et curieux ;
Humble ;
Bon traducteur ;
Reconnaissant ;
Capable de rester vous-même !
Le dernier point est particulièrement important : l'auteur y souligne que l'amour n'est pas une relation de soumission à autrui. Il est particulièrement important de reconnaître les abus et de mettre fin à une relation de ce type. C'est notamment l'objet du livre Se libérer de l'emprise émotionnelle.
Le plus beau cadeau du guru
Jay Shetty termine ce chapitre par ces mots :
"Deux partenaires qui s'épanouissent ensemble s'aident, lentement mais sûrement, à observer, à apprendre et à grandir dans différents domaines. Le mal-être provoqué par le changement est compensé par le plaisir d'une compréhension partagée." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 4)
Les exercices "À essayer" de ce chapitre
"Bilan : pouvez-vous apprendre et grandir auprès de votre partenaire ?" (p. 137-140) ;
"Aidez votre partenaire à découvrir ses objectifs" (p. 145) ;
"Identifiez le mode d'apprentissage de votre partenaire" (p. 146-147) ;
"Appréciez le savoir de votre partenaire" (p. 154) ;
"Présentez une nouvelle idée" (p. 155-157) ;
"Reconnaissez les compétences de votre guru" (p. 158-159).
Loi 5 : Le but de la vie avant tout
Dans un couple, est-ce que chacun doit avoir son but ? Ou bien l'objectif est-il, comme le disait Antoine de Saint-Exupéry, de "regarder dans la même direction" ? Et si les deux choses n'étaient pas nécessairement contradictoires ? Ce sont les questions qui sont explorées dans ce dernier chapitre de la deuxième partie.
En fait, pour l'auteur, les choses sont claires : pour que la relation s'épanouisse au mieux, il est important que chacun donne la meilleure version de lui-même. Or, pour ce faire, il doit être capable de son propre but.
Le dharma : votre boussole
Dans l'hindouisme, le but se dit dharma. En réalité, la notion désigne un mélange "de passion, d'expertise et de dévouement". Jay Shetty expose différents types de buts comme avoir un emploi satisfaisant, une passion, devenir parent ou bénévole dans une association, etc.
Le Dharma ne s'identifie à aucun d'eux ; il n'est pas une activité spécifique, mais la raison pour laquelle les gens font cette activité, que ce soit « pour créer quelque chose, pour connecter les gens, pour partager ce que vous avez appris, pour servir les autres ou le monde ».
L'auteur explore en détail ces différents points en citant les recherches du professeur de développement humain Anthony Burrow sur la relation entre satisfaction, objectifs et réseaux sociaux. Il relate également les débats philosophiques autour de l'hédonisme (bonheur par le plaisir) et de l'eudaimonia (bonheur de l'épanouissement personnel) et raconte une histoire bouddhiste sur le fait de se donner la priorité à soi-même.
Il propose également un schéma issu des Védas. Ceux-ci énumèrent quatre « grandes quêtes » qui forment un cycle :
Dharma (connaître le but de votre vie permet à vous-même et à votre partenaire de savoir clairement quelles sont vos valeurs et vos priorités) ;
Artha (chercher à créer une stabilité dans les domaines de la finance, de la santé et du développement personnel) ;
Kama (plaisir et lien. Il s'agit de vos relations avec autrui) ;
Moksha (se libérer du monde matériel en se reliant à l'Esprit).
Comment donner la priorité à votre dharma (la pyramide de la raison d'être)
Après avoir étudié ce point, Jay Shetty propose une « pyramide de la raison d'être » plus complexe qui a pour vocation à montrer comment nous parvenons à construire une raison d'être solide (si ce n'est déjà fait).
La pyramide de la raison d'être est composée de 5 étages :
Apprendre ;
Expérimenter ;
S'épanouir ;
Gérer ;
Gagner.
Les individus commencent en général par en apprendre davantage sur un sujet d'intérêt (1), puis ils expérimentent cette connaissance en faisant beaucoup d'essais et d'erreurs (2). S'ils persévèrent et surmontent les obstacles, ils s'épanouissent dans leur activité (3) ; cependant, pour être pleinement en possession de sa raison d'être et célébrer ses réussites (5), il faut encore être patient et gérer les surprises du quotidien (4).
Aidez votre partenaire à donner la priorité à sa raison d'être
Jay Shetty raconte plusieurs histoires visant à nous montrer comment nous pouvons soutenir notre partenaire dans sa recherche d'un objectif, puis dans son accomplissement. Il montre aussi qu'il n'est pas toujours facile d'équilibrer les différents aspects de sa vie. Brigid Schulte, une journaliste, ainsi que le pilote de voiture de course Lewis Hamilton, sont pris en exemples.
Jay Shetty insiste sur l'importance de laisser de la place à chacun dans la relation. Au cours de l'existence, les occasions de déséquilibre ne manquent pas : changement de situation professionnelle, enfants, etc. Pourtant, nous pouvons trouver les moyens de rééquilibrer la relation et de trouver des objectifs communs qui transcendent les objectifs de chacun (voir les exercices "À essayer").
Quand deux raisons d'être s'opposent
Même en faisant de notre mieux, il n'est pas toujours facile de composer avec les objectifs de l'autre, surtout quand ceux-ci s'opposent directement aux nôtres (ou les nôtres à ceux de notre partenaire). Que faire dans ces cas-là ?
L'auteur donne une série de conseils pour parvenir à un accord. Il suggère, par exemple, de donner la priorité à un objectif, puis à l'autre. L'organisation du temps est ici particulièrement importante. En cas de déséquilibre majeur, vous pouvez chercher à "rééquilibrer les dharmas" au sein du couple.
Les exercices "À essayer" de ce chapitre
"Découvrir votre raison d'être" (p. 171-173) ;
"Rencontrez un mentor" (p. 174-176) ;
"Bilan : réorganisez votre temps libre" (p. 176-178) ;
"Fixez-vous des objectifs ensemble" (p. 184-185) ;
"Régler un déséquilibre des dharmas" (p. 201-202) ;
"Échangez votre temps" (p. 205).
Partie 3 — La guérison
Dans cette partie, Jay Shetty se penche sur l'ashram de Vanaprastha. Les thèmes privilégiés sont la dispute, le pardon et la rupture.
Loi 6 : Gagnez ou perdez ensemble
Le conflit est nécessaire à un couple. Même s'il a généralement mauvaise presse, il joue en fait un rôle important. Comme l'exprime cette citation, les disputes permettent de mieux connaître l'autre.
"Les partenaires qui évitent les conflits ne comprennent pas les priorités, les valeurs ou les difficultés de l'autre. Tous les couples se disputent, ou tout du moins le devraient-ils. » (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 6)
Beaucoup de gens pensent qu'une relation "parfaite" signifie ne pas se disputer du tout, mais c'est une erreur. Nous devrions nous disputer quand cela est nécessaire, afin que les problèmes ne s'aggravent pas.
Nous devrions même aborder les conflits comme des problèmes communs. La communication non violente, dont Jay Shetty cite des exemples, est une ressource précieuse pour venir à bout des disputes de couples. En fait, l'objectif n'est pas de se vaincre l'un l'autre, mais bien de trouver une solution commune au problème.
Dans une courte section, l'auteur évoque également l'importance de ne pas confondre conflit et maltraitance. Il propose un tableau très utile pour bien différencier les deux (p. 219).
L'origine d'une dispute
Il s'intéresse ensuite à l'origine de nos disputes. Selon le Bhagavad-Gita, un texte hindou sacré, il y a trois énergies sacrées :
Celle liée à l'ignorance (tamas) ;
Puis celle liée à l'impulsivité (rajas) ;
Et enfin celle qui est liée à la bonté (sattva).
Pour Jay Shetty, ces trois énergies créent trois types de conflits :
Disputes vaines = s'emporter de manière irréfléchie, ne rien résoudre.
Rapports de force = avoir envie de l'emporter sur l'autre, la guerre des égos.
Disputes productives = chercher à comprendre, trouver une solution.
Nous n'avons pas besoin de changer ou d'assumer aucune responsabilité » (176). Un désir d'avoir raison ne résoudra pas le problème, de sorte que le chapitre comprend un exercice pour trouver l'ego et la passion dans une dispute et souligne la nécessité pour les deux personnes de voir les malentendus qui se sont produits et leur rôle en eux.
Comment avoir des disputes productives
Nous pouvons réussir à avoir des disputes plus productives si nous avons véritablement "le désir de faire équipe". Voici les conseils donnés dans cette section.
Purifier l'ego = accepter que vous soyez peut-être dans l'erreur et vous ouvrir aux raisons de l'autre ;
Diagnostiquer le fond du problème = il existe plusieurs types de conflits (intérieur, social, interpersonnel) et il importe de cerner de quel type il s'agit.
Découvrir sa forme de dispute = certains préfèrent vider leur sac, d'autres se cachent et d'autres encore explosent... Il faut le savoir et "agir" en conséquence.
Gagner ensemble
Jay Shetty propose ensuite un acronyme pour aller plus loin dans son analyse. Il propose de résoudre ensemble les conflits en utilisant les "5 E" :
Endroit et moment ;
Expression ;
Évacuation de la colère ;
Engagement ;
Évolution.
Premièrement, choisissez un endroit sûr et un moment optimal pour vous disputer. Pas toujours facile quand nous "explosons", direz-vous ! Mais c'est possible. L'auteur expose les recherches d'Art Markman, neuroscientifique, sur l'expression saine de la colère pour nous montrer comment tenter le coup.
Le terme « Expression » signifie considérer attentivement les mots dits et utiliser le mot « nous » lorsque vous abordez un problème, afin de désigner clairement sa nature commune.
La phase d'évacuation de la colère a pour objectif d'atteindre cet état d'ouverture et d'empathie sans lequel aucune résolution saine du conflit n'est possible.
L'engagement implique un accord vers le changement et la création de propositions.
Enfin, l'évolution signifie que le couple grandit du conflit en s'excusant et en assumant leurs responsabilités respectives. Cette dernière étape implique trois sous-étapes : l'acceptation, la verbalisation et l'action.
À noter : la dispute peut devenir une vraie habitude et même une sorte de cercle vicieux dans le couple. Les psychiatres Phillip Lee et Diane Rudolph montrent en effet que certains ménages peuvent devenir accros au conflit et s'enfermer dans ce schéma, sans jamais trouver de solution concrète à leurs problèmes.
Les exercices "À essayer" de ce chapitre
"Passer d'une dispute à un objectif commun" (p. 217-218) ;
"Identifiez l'ego et la passion dans le conflit" (p. 225-226) ;
"Identifiez la forme de dispute de votre partenaire et la vôtre" (p. 232) ;
"Passez un accord au sujet de votre prochaine dispute" (p. 239-240) ;
"Discuter des problèmes complexes" (p. 243-244) ;
"Écrire une lettre pour s'excuser" (p. 249-250).
Loi 7 : Lors d'une rupture, ce n'est pas vous qui vous écroulez
Jay Shetty utilise une analogie connue : la maison. Une relation amoureuse qui prend fin est comme une maison dont les murs s'effritent, puis s'écroulent. Nous avons tous des défauts, là n'est pas la question. Ce qui importe, ainsi que nous l'avons vu au chapitre antérieur, est de savoir résoudre les conflits pour qu'ils ne s'enveniment pas.
Les signes de problème
L'auteur met en exergue trois problèmes qui sont souvent la cause des ruptures :
L'infidélité ;
La perte d'intérêt ;
Le manque d'intimité (au sens large).
Jay Shetty y insiste à nouveau : la violence et toute forme de maltraitance doivent être combattues. Une personne qui subit une telle situation doit rompre le plus rapidement possible, pour son propre bien.
Nourrir l'intimité
La perte d'intimité est souvent le fruit d'un manque d'énergie mise dans la relation. Pourtant, il y a des façons de combler ce manque de connexion et de communication. D'abord, Jay Shetty conseille de faire des choses par soi-même. En parler à l'autre ajoute à la conversation ; en plus de vous nourrir vous-même, cela nourrit le couple.
D'autre part, créer ou participer à des activités communes peut également créer un sentiment d'intimité et de fierté de couple. Pourquoi ne pas prendre des cours de danse, par exemple ? Trouver des lieux où échanger renforce considérablement la relation.
L'auteur aborde en particulier trois types d'activités :
Le divertissement (aller voir un film ensemble, par exemple) ;
L'expérience (faire un voyage et en parler à son conjoint, faire du bénévolat, etc.) ;
L'éducation (reprendre des études).
Jay Shetty rapporte comment sa femme et lui cultivent leur intimité via des amitiés nouvelles et des expériences partagées. Nous pouvons également développer notre intimité en reconnaissant nos valeurs respectives et en éprouvant de la gratitude les uns pour les autres.
S'élever ou se séparer
Lorsque la décision de rester ensemble ou de rompre se fait insistante, il faut y répondre de la façon la plus sage possible. Jay Shetty propose un canevas en 5 étapes pour nous aider à nous décider. Il l'appelle la "voie de l'élévation".
Intolérance ;
Tolérance ;
Compréhension ;
Acceptation ;
Appréciation.
Lors de ses séances de coaching de vie ou de couple, Jay Shetty conduit les personnes qu'il reçoit à se demander si leur problème est totalement intolérable ou s'il peut être toléré, voire compris et accepté. Lorsqu'il est apprécié, nous reconnaissons que le problème fait partie intégrante de notre partenaire.
En fonction de notre capacité commune à évaluer le ou les problèmes selon cette échelle, nous pouvons décider en conscience de continuer ou de rompre.
Rompre en conscience
Si la rupture a lieu, il importe au plus haut point de faire le point sur sa peur d'être seul. Toute rupture crée un changement radical, mais mieux vaut s'en aller que de maintenir une relation malsaine à tout prix.
Lorsque nous nous retrouvons seuls, le cerveau se met en branle et nous pouvons nous sentir particulièrement fragiles. Pourtant, l'auteur rappelle à partir de textes indiens que "l'âme ne se rompt pas". Quoi qu'il en soit, la rupture sera plus facile si vous avez suivi les règles énoncées dans les sections précédentes.
Il décrit le processus de rupture et donne des conseils pour les deux situations :
Lorsque c'est vous qui rompez ;
Quand c'est l'autre qui prend la décision.
Jay Shetty souligne l'importance de se raconter. des histoires pour donner du sens à nos aventures amoureuses. Il expose des théories scientifiques pour nous montrer qu'il est plus facile d'aller de l'avant lorsque nous créons ce sens.
Tirez les leçons karmiques de vos erreurs
Chaque relation — et chaque rupture — nous apprend quelque chose. Nous pouvons donc tirer les leçons « karmiques » de nos erreurs. Cea peut prendre du temps, et c'est entre autres pourquoi il vaut mieux ne pas se jeter à corps perdu dans une nouvelle relation trop vite.
Certains amis reviennent dans nos vies après une rupture. La solitude est également le moment pour se retrouver et réfléchir, voire renforcer son estime de soi.
Les exercices "À essayer" de ce chapitre
"Bilan : pour quelles raisons partez-vous ?" (p. 261) ;
"S'entourer de soutien" (p. 275-276) ;
"Faire son deuil" (p. 293-294) ;
"Prises de conscience" (p. 297-298) ;
"Check-list : êtes-vous prêt à ressortir avec quelqu'un ?" (p. 303-304).
Partie 4 — La reliance
L'amour peut être élargi au-delà de la relation amoureuse et des rapports familiaux. L'objet de cette dernière partie est de comprendre cette forme de l'amour que l'auteur nomme "reliance". Celle-ci s'élance vers la famille, les amis, mais aussi, au-delà, vers nos connaissances, nos collègues, les étrangers et finalement la Terre tout entière.
Loi 8 : Aimez encore et toujours
La quatrième étape de la vie selon les Védas, l'ashram Sannyasa, implique la notion de service aux autres et à ce qui nous relie tous : le monde ou, pour la religion, le divin. Dans la philosophie hindoue, cette dernière étape implique de renoncer aux « désirs matériels » et de se concentrer sur la spiritualité.
Attendre l'amour ou l'expérimenter
Jay Shetty revisite cette dernière étape de la sagesse des Védas pour aborder la question de l'amour d'autrui et, surtout, la façon dont nous pouvons diffuser l'amour, au lieu de le recevoir.
"Au lieu d'attendre l'amour, à nous de trouver des façons de l'exprimer." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 8)
Comment donner de l'amour
Il n'est pas toujours facile d'avoir de l'empathie pour les choses qui nous sont lointaines. Nous avons une préférence naturelle pour ce qui nous est proche. Jay Shetty cite Jamil Zaki, professeur de psychologie à Stanford, pour appuyer ses arguments.
Pourtant, à force de travail, nous pouvons peut-être parvenir à étendre notre conception de l'amour et à embrasser un maximum d'êtres. C'est vers cela que nous devrions au moins tendre.
Aimez les personnes qui vous sont les plus proches
Cela dit, nous sommes face à une difficulté, car souvent, nous avons du mal à aimer correctement même les personnes qui nous sont les plus proches. Nous leur en voulons pour ceci ou pour cela. L'auteur commence donc par trouver des voies pour nous aider à aimer notre famille et nos amis pour ce qu'ils sont, et non pour leurs uniques comportements extérieurs.
Dans l'un des exercices "À essayer", Jay Shetty recommande d'organiser ses contacts en différents groupes en fonction de la proximité, puis de décider du temps que nous allons donner aux personnes d'une certaine catégorie (famille, amis, collègues, etc.). L'objectif de cet exercice est de donner la priorité à ceux avec qui nous voulons maintenir les liens les plus proches, tout en n'oubliant pas les personnes que nous ne voyons pas souvent.
Appréciez vos collègues
Nous voulons tous être appréciés dans notre travail. D'autant plus que nous y passons souvent beaucoup de temps. Les sentiments d'amitié et de respect y ont une importance cruciale, au point que de nombreuses personnes accepteraient de changer de travail si elles se sentaient plus reconnues et appréciées dans le nouveau.
Nous pouvons apprendre à donner de nous-mêmes pour créer des environnements plus chaleureux, par exemple en :
nous donnant à fond pour des projets qui tiennent à cœur à l'équipe ;
offrant nos compétences aux plus jeunes et en leur servant de mentors ;
donnant des feedbacks constructifs et en encourageant nos collègues ;
respectant et en accueillant les recommandations de personnes plus expérimentées que nous.
L'auteur raconte toutefois une parabole : celle du crocodile et du singe. Lorsque nous sommes faces à des "crocodiles", évitons de "faire le singe". Parfois, la gentillesse n'est pas de mise. Si vous êtes pris dans des rapports de force potentiellement destructeurs, il convient de savoir se défendre et agir — sans devenir soi-même un prédateur.
Être une source d'inspiration pour les inconnus
Jay Shetty consacre une courte section à la protection des uns et des autres au sein de sa communauté (voisins, etc.). Puis, il évoque l'importance de devenir un exemple pour autrui. Il relate l'histoire d'un policier qui a offert des chaussures à un sans-abri qui marchait pieds nus dans la rue en plein hiver.
Dans la courte section suivante, Jay Shetty invite tout un chacun à aider les associations et à faire du bénévolat.
Au contact de la Terre
Pour terminer, Jay Shetty propose un schéma qu'il nomme "les cercles de l'affection". Ceux-ci s'imbriquent de façon concentrique :
Famille ;
Amis ;
Collègues ;
Entourage ;
Inconnus ;
Associations ;
La Terre.
Pour résumer, le concept de service est la clé de cette étape de la vie. Cette règle élargit l'amour pour y inclure celui que nous portons à tous, de nos amis à des associations qui viennent en aide à des inconnus. Jay Shetty souligne aussi que l'argent, pour utile qu'il soit, n'est pas le seul moyen de soutenir des causes importantes.
S'impliquer personnellement est une meilleure façon de pratiquer l'amour. Il prend l'exemple de plusieurs associations, notamment au service des animaux. En effet, l'enjeu est d'élargir notre sollicitude aux êtres qui ne sont pas humains, et finalement à la Terre, qui fait face au changement climatique.
Nous avons souvent des difficultés à sentir cet aspect de l'amour, car cet enjeu nous paraît vaste et lointain. Pourtant, Jay Shetty croit que nous sommes capables de travailler sur nous-mêmes pour répondre à ces enjeux de façon positive.
Les exercices "À essayer" de ce chapitre
"Aider un proche difficile à trouver de l'affection autour de lui" (p. 324) ;
"Structurez la liste de vos proches" (p. 326-327) ;
"Exprimer son affection au travail" (p. 329-330)
Conclusion sur « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty :
Ce qu’il faut retenir de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty :
Jay Shetty propose un livre pratique, un manuel même, au sujet de l'amour. Il applique et réinterprète bon nombre de sagesses indiennes en les mélangeant avec des ouvrages de développement personnel et des études de psychologie sociale ou de neurosciences.
L'ensemble est cohérent et se lit facilement. Nous passons de la création de la relation amoureuse à sa solidification, puis à la rupture ou — à minima — aux difficultés. L'ouvrage se termine finalement sur la question de l'amour pour autrui, dans nos relations familiales, professionnelles, sociales et même "écologiques" — c'est-à-dire avec des êtres non humains.
Que retenir, finalement ? Que cela vaut la peine d'"aimer encore et toujours", à condition d'apprendre cet art d'aimer si bien connu des sagesses anciennes — et que nous avons un peu perdu. Eh oui, l'amour se travaille et c'est surtout en le donnant que nous le pratiquerons et que nous nous améliorerons !
Points forts :
Un ouvrage qui combine développement personnel et érudition indienne ;
De nombreux exercices à essayer ;
Des exemples de lettres à écrire et de méditations à réaliser.
Point faible :
Je n’en ai pas trouvé.
Ma note :
★★★★★
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Résumé de « À nous d’écrire l’avenir » d’Eric Schmidt et Jared Cohen : un essai sur l'avenir du numérique qui a marqué les esprits, rédigé par deux spécialistes internationalement reconnus, tous deux anciens cadres supérieurs de Google.
Par Eric Schmidt et Jared Cohen, 2014.
Titre original : « The New Digital Age », 2013.
Chronique et résumé de « À nous d’écrire l’avenir : Comment les nouvelles technologies bouleversent le monde » d’Eric Schmidt et Jared Cohen
Présentation d’Eric Schmidt, de Jared Cohen et de leur ouvrage The New Digital Age
Eric Schmidt a été Président directeur général de Google dans les années 2000, puis a siégé à son conseil d’administration. Il a notamment été proche de l’administration de Barack Obama quand celui-ci était au pouvoir. Ses conférences et ses analyses connaissent un grand succès dans le monde entier.
Jared Cohen a notamment été conseiller d’Hillary Clinton quand celle-ci était au département d’État. Il a pensé et mis en œuvre le concept de « diplomatie numérique ». Durant les années 2010, lorsque ce livre a été écrit, Jared Cohen était le directeur du think thank de Google, Google Ideas.
The New Digital Age, traduit en français sous le titre À nous d’écrire l’avenir, a été un véritable phénomène éditorial outre-Atlantique lors de sa parution en 2013.
Pour l’essentiel, c’est un livre qui s’appuie sur l’énorme expérience de ses deux auteurs, ainsi que sur des entretiens réalisés avec de nombreux dirigeants, activistes et même terroristes de par le monde.
Son intention est de décrire la façon dont le numérique modifie les rapports entre individus, États et société civile. Plus précisément, l’ouvrage explore l’avenir en s’efforçant de proposer des prédictions sur de nombreux aspects des relations humaines et sociales.
Important : en rédigeant cette chronique, nous avons choisi de discuter, lorsque cela était nécessaire, les propositions principales des auteurs.
Par moments, nous montrons toute la justesse de leurs évaluations en donnant des exemples de ce que nous vivons aujourd’hui.
À d’autres moments, nous tempérons leurs propos, en montrant que leurs prédictions ne se sont pas réalisées.
Introduction
Internet est à la fois grisant et terrifiant. Cette technologie nous ouvre des possibilités inédites en termes de communication, mais pas seulement. C’est l’ensemble des rapports humains et sociaux qui s’en trouve modifié.
Voici ce qu’ils affirment d’entrée de jeu :
« Ceci n’est pas un livre sur les gadgets, les applis pour smartphone ou l’intelligence artificielle […]. C’est un livre sur la technologie, mais plus encore sur l’homme, sur sa façon d’interagir, d’adopter la technologie, de s’y adapter et de l’exploiter dans son milieu, aujourd’hui et demain, partout dans le monde. Surtout, c’est un livre sur l’importance du fait qu’une main humaine conduise l’avènement du nouvel âge numérique. Car toutes les possibilités que représentent les technologies de la communication, leur bon ou leur mauvais usage, ne dépendent que des individus. Oubliez ce qu’on raconte sur la prise du pouvoir par les machines. Ce qu’il adviendra ne dépend que de vous. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 22)
Les défis sont de taille. Sans régulation, nous trouvons absolument de tout sur le Net. Le meilleur comme le pire ; pensons par exemple aux arnaques en ligne ou aux forums terroristes.
La prolifération rapide des technologies numériques est un aspect majeur du phénomène, ainsi que l’accroissement régulier de leur puissance ou efficacité. Plus de monde disposant d’appareils toujours plus performants : tel est le paysage qui se dessine pour les auteurs.
Les deux mondes, physique et numérique, vont s’entrelacer et parfois aussi s’entrechoquer. Nos institutions devront s’adapter. Nous ne pouvons encore connaître le résultat final de ce processus qui vient juste de commencer. Globalement, vivrons-nous mieux ou moins bien ?
Eric Schmidt et Jared Cohen cherchent, dans cet ouvrage, à apporter quelques clés d’analyse pour penser le développement technologique et ces implications sociales et culturelles. Voyons avec eux ce qu’ils en pensent !
1 — Notre avenir personnel
Les auteurs nomment « connectivité » ou « connectivité numérique » le fait majeur que l’humanité dans son ensemble soit en passe de pouvoir communiquer en ligne via des téléphones mobiles. Quels sont ses avantages et ses inconvénients pour notre vie individuelle ?
Efficacité accrue
La connectivité — via les smartphones essentiellement — est capable d’aider de nombreuses personnes dans de nombreuses régions du monde. Y compris dans les pays moins développés et les zones les plus rurales, les changements se font sentir durablement.
Au-delà de l’utilisation du mobile pour diverses situations, c’est l’usage des données qui prend une importance massive. En connaissant mieux ses consommateurs, une entreprise peut lui fournir des services plus adaptés à ses besoins.
Autre progrès à garder à l’œil : les imprimantes 3D. Celles-ci révolutionnent la façon de produire les objets. En plaçant le processus de fabrication d’objets complexes à portée de tout un chacun ou presque, ce type de technologie facilite grandement la diffusion des innovations.
Les auteurs abordent aussi la question de l’intelligence artificielle et de la robotique. Si les robots à formes humaines seront sans doute réservés à une élite, une foule d’objets intégreront bientôt — ou intègrent déjà — des éléments de l’une ou l’autre de ces technologies.
Erich Schmidt et Jared Cohen abordent enfin trois types de « reconnaissance » :
Vocale (que nous utilisons pour nos recherches ou pour la domotique) ;
Gestuelle (que nous trouvons par exemple sur les consoles de jeu, mais aussi ailleurs) ;
Mentale ou par la pensée (déjà utilisé pour des prothèses et membres artificiels, par exemple).
Plus d’innovation, plus d’opportunités
Bien sûr, les technologies numériques offrent la possibilité de communiquer plus rapidement, quelles que soient les distances géographiques. Les entreprises profitent et profiteront encore davantage à l’avenir de la possibilité de travailler de façon décentralisée.
Le travail à distance est amené à devenir une chose de plus en plus commune. Chacun d’entre nous pourra proposer des services à d’autres personnes à l’autre bout du monde. À l’inverse, nous pourrons nous adresser à des professionnels de notre choix, sans nous soucier qu’ils soient proches ou loin.
Tous ces flux de communications intensifient la mondialisation et le niveau d’innovation globale et les opportunités d’affaires.
À côté de ces deux aspects, il faut aussi penser à l’éducation. Les auteurs affirment que la démocratisation des technologies d’information et de communication vont permettre à un plus grand nombre d’enfants d’être éduqués — et mieux éduqués.
En effet, selon eux, l’enseignement à distance et par moyens numériques autorise une plus grande modularité. Par ailleurs, les systèmes de création collective de connaissances, tels que Wikipédia, génèrent des compétences importantes tels que l’esprit critique et la résolution de problèmes.
Attention : sur ces derniers points, il importe de noter que les prévisions des auteurs ne se sont pas vraiment confirmées. En effet, les MOOCs et autres types d’enseignement à distance n’ont pas vraiment connu le succès attendu. Par ailleurs, à en croire certains experts, il n’est pas sûr qu’Internet et les outils numériques améliorent véritablement la qualité de l’éducation.
Une meilleure qualité de vie
Une prédiction tout à fait juste d’Erich Schmidt et Jared Cohen (parmi beaucoup d’autres) est la suivante : « Vous seul, et pas le programme de télévision, déciderez quoi regarder sur vos écrans ». En effet, nous avons désormais Netflix — notamment !
Au-delà des gadgets, de réelles améliorations de vie découlent et découleront de la révolution numérique, pour les auteurs. Dans le domaine de la sécurité, bien sûr. Mais aussi de la santé.
Par exemple, nous aurons de plus en plus de capteurs sur nos dispositifs portables. Ceux-ci prendront des mesures de notre corps en temps réel et nous avertiront de notre état de façon régulière. Ceux qui ont des smartphones et des montres connectées le savent déjà !
C’est ce qui est nommé le « soi quantifié » (quantified self), dont parle aussi — pour le critiquer cette fois — Yuval Noah Harari dans Homo Deus. Mais pensez aux bénéfices que cela peut avoir pour les personnes avec des maladies chroniques…
De façon générale, la médecine devient chaque jour plus mobile et plus personnalisée. Et cela passe par les smartphones des personnes. Certes, les auteurs sont conscients que cela ne remplace pas des systèmes de soins performants. Mais ils considèrent néanmoins que c’est un progrès souhaitable.
La frange supérieure
« La connectivité profitera à tout le monde. Ceux qui n’en disposent pas du tout en disposeront un peu, et ceux qui en disposent déjà en auront encore plus », annoncent Erich Schmidt et Jared Cohen.
Les plus aisés pourront bénéficier d’une domotique complètement intégrée à leur smartphone ou à un simple dispositif de contrôle vocal, par exemple. Ils contrôleront toute leur maison d’un son ou d’un geste.
Les auteurs annoncent également que les voitures sans conducteur seront une réalité. À noter : en 2023, elles le sont presque (pensons notamment aux Tesla qui incorporent des fonctionnalités avancées) mais ce n’est pas encore complètement une réalité quotidienne, même pour les plus riches d’entre nous !
2 — L’avenir de l’identité, de la citoyenneté et du journalisme de reportage
Les auteurs affirment que la population virtuelle devient plus importante que celle de la Terre. Qu’est-ce que cela signifie ?
En un mot, que chacun d’entre nous a plusieurs identités en ligne. Autrement dit, si la Terre entière est connectée, eh bien il y a mécaniquement « plus » de « personnes » dans le monde virtuel. Pourquoi ? Eh bien justement car chaque individu « réel » a plusieurs « personnalités » virtuelles.
La révolution des données
Le plus important dans tout cela est sans doute la révolution des données. Nous laissons de plus en plus de traces de nous (nos personnalités virtuelles, nos comptes de ceci ou cela, nos mouvements d’achat, etc.) en ligne.
Ce que nous nommons aujourd’hui le Big Data est bel et bien une réalité. Les entreprises et les États captent de plus de plus d’informations nous concernant. Souvent, pour améliorer nos expériences de consommation ou pour nous permettre d’accéder à des services publics.
Les flux constants de données et la possibilité de les utiliser dans un sens ou dans un autre vont créer, selon les auteurs, une « ère de la pensée critique ». Plus de lanceurs d’alerte, plus de contrôle des propos, plus de transparence.
À noter : il faudrait tempérer ce propos. Nous voyons aujourd’hui abonder les fake news et autres dénonciations en ligne. Contrairement à l’esprit critique, celles-ci font plutôt proliférer une « ère du complot et du soupçon généralisé ».
Les traces dureront dans le temps et autoriseront certaines personnes à en juger d’autres. Il faudra donc faire de plus en plus attention à ce que nous publions sur le Net. Cette préoccupation est bel et bien présente dans nos quotidiens, aujourd’hui.
De nouveaux métiers vont apparaître, tôt ou tard :
Entreprises consacrées à la confidentialité et à la réputation (elles existent) ;
Assurances proposant d’assurer nos identités en ligne contre le vol ou le piratage.
Les auteurs continuent le chapitre en discutant des activités de WikiLeaks. Ils ont interviewé Julian Assange et mentionnent quelques extraits de leurs discussions. Les pratiques d’Alexeï Navalny sont aussi discutées.
La crise du journalisme
Le journalisme est devenu du journalisme web. Le journalisme se transforme chaque jour à plusieurs niveaux (que nous pouvons encore observer en 2023) :
Rapidité et nouveaux canaux de distribution de l’information (réseaux sociaux) ;
Restructuration des grandes entreprises d’information ;
Diversification des tâches du journaliste et formes plus collaboratives ;
Apparition de nouveaux types d’informateurs (non seulement locaux, mais en ligne) ;
Interférences entre « journalisme » et « marque personnelle » de certaines célébrités ;
Plus grande difficulté des gouvernements autoritaires à museler la presse, via la création d’une presse indépendante en ligne.
Reconsidérer la confidentialité — différentes implications pour différents citoyens
« La sécurité et la confidentialité relèvent d’une responsabilité que se partagent les entreprises, les usagers et les institutions qui nous entourent », rappellent les auteurs.
En effet, nous attendons des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) qu’elles protègent nos données. Par ailleurs, nous devons y veiller nous-mêmes et la puissance publique doit aussi prendre des mesures en ce sens.
Il importe par exemple de rappeler que, depuis la rédaction de cet ouvrage, l’Union européenne a adopté le Règlement général de protection des données (RGPD) censé réguler les échanges de données entre entreprises et citoyens.
Chacun de nous sera de plus en plus confronté au jugement d’autrui et à une forme d’évaluation constante. Et de fait ! N’est-ce pas une chose à laquelle nous nous sommes déjà habitués avec toutes les évaluations et recommandations que nous envoyons/recevons sur les différentes plateformes… ?
Cette vigilance accrue de chacun vis-à-vis de chacun pourra créer des tensions, mais améliorera globalement la transparence. Un faux expert ou un politicien corrompu peut désormais se cacher moins longtemps.
Les auteurs traitent des conséquences de la connectivité dans plusieurs types de régimes, des plus démocratiques aux plus autoritaires. Ils montrent que les États seront souvent tentés d’utiliser ces techniques pour augmenter le niveau de contrôle sur leurs ressortissants.
Pensons par exemple à la Chine aujourd’hui et à son utilisation des réseaux sociaux…
Stratégies d’adaptation
Quatre grandes stratégies d’adaptation à la « révolution des données » voient le jour et continuent de se développer aujourd’hui :
Les entreprises doivent inventer des dispositifs pour assurer la confidentialité et la sécurité des données ;
Le droit est un moyen efficace d’obliger les entreprises à agir dans le sens voulu par les citoyens d’un pays ou d’une région (c’est le cas avec le RGPD) ;
La société civile se lève aussi régulièrement pour dénoncer et mener des campagnes de sensibilisation aux enjeux du Big Data (nous pouvons penser, entre autres, à la création du parti pirate) ;
Les citoyens peuvent également choisir d’interagir directement entre eux sans passer par une tierce partie sur Internet, via des dispositifs PeerToPeer (P2P) et chiffrés.
État policier 2.0
Un jeu de chat et de la souris s’installe entre les États autoritaires et les individus cherchant à y échapper ou à renverser le pouvoir. Les technologies numériques servent aux premiers à créer une surveillance plus subtile et accrue. Mais elles sont également utilisées par les seconds pour lui résister !
La récolte de données en ligne et l’usage de logiciels de reconnaissance faciale à grande échelle sont déjà des réalités dans de nombreux pays. Les données biométriques (traits du visage, empreintes digitales, etc.) sont particulièrement recherchées par les administrations.
Dans les États démocratiques, il importe que des débats aient lieu pour décider de ce qui pourra être fait de ces données.
3 — L’avenir des États
Les États ne peuvent pas contrôler tous les flux d’informations qui circulent et s’amplifient constamment sur Internet. Mais ils ont un pouvoir sur l’infrastructure matérielle qui le rend possible.
N’oublions pas, en effet, qu’Internet n’existe que par l’entremise d’un gigantesque réseau de machines connectées entre elles, notamment par de la fibre optique.
Mais il y a d’autres problèmes qui surgissent. Comment évoluent les relations entre États dans le monde virtuel ? C’est l’une des questions intéressantes posées par les auteurs Eric Schmidt et Jared Cohen.
La balkanisation d’Internet
Chaque État tente de former un Internet à son image. Par exemple, chaque pays filtre ce qui est permis ou non. Il agit en fonction de normes qui lui sont propres. Les infrastructures diffèrent également.
Le grand réseau d’Internet se fractionne donc en réseaux régionaux ou nationaux. C’est une vérité aujourd’hui, puisque les services, les sites et les possibilités qu’offrent aujourd’hui Internet en Chine, en Russie, en Afrique ou en Europe sont bel et bien différents.
Les auteurs abordent plus en détail les cas de :
La Chine ;
L’Allemagne ;
La Malaisie.
Mais ils parlent aussi de l’Arabie Saoudite, de l’Iran et de bien d’autres pays.
Selon Eric Schmidt et Jared Cohen, en tant que consommateurs, nous ne nous rendons pas vraiment compte de ce phénomène de « balkanisation » (fragmentation) d’Internet.
Multilatéralisme virtuel
Cette fragmentation n’empêche pas la collaboration entre États. Celle-ci se fait sur base d’affinités politiques ou idéologiques. Les États-Unis et l’Europe partagent par exemple un grand nombre de services.
Cette réalité vaut également pour les pays autoritaires, qui s’échangent leurs savoirs et savoir-faire. Les auteurs rapportent par exemple comment Huawei, géant chinois des télécommunications, a proposé son aide à l’Iran en matière de censure.
Des accords multilatéraux sont également constamment établis afin de protéger les droits de propriété intellectuelle liés aux nouvelles technologies. Ceux-ci permettent à la fois de créer des alliances commerciales et de se protéger de concurrents indésirables.
Indépendance virtuelle
Eric Schmidt et Jared Cohen évoquent la possibilité que certaines communautés, comme les Kurdes par exemple, utilisent le monde numérique pour réclamer leurs droits.
Il est en effet possible d’imaginer des « déclarations d’indépendance virtuelles », lorsque celles-ci sont impossibles à créer dans le monde physique.
À noter : en 2023, il ne semble pas que ce type d’événement se soit produit.
Provocation numérique et cyberguerre
« Ceux qui sous-estiment la menace de la cyberguerre le font à leurs risques et périls. Le phénomène ne mérite peut-être pas tant de battage, mais le danger est bien réel. Les cyberattaques sont chaque année plus fréquentes et plus précises. Plus nous enchevêtrons notre existence avec les systèmes d’information numérique, plus nous devenons vulnérables. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 155)
En 2023, nous savons que de nombreuses cyberattaques ont lieu. Elles sont organisées par les États eux-mêmes — la Russie, par exemple, qui affectionne ce moyen d’action. Parfois aussi par des groupes plus ou moins bien intentionnés.
Les entreprises et les individus peuvent être tantôt victimes, tantôt à la source de cyberattaques ou de piratages informatiques. Qui n’a pas eu affaire à au moins une tentative d’hameçonnage frauduleux pour récupérer ses données bancaires ?
Pour en revenir au niveau des États, les auteurs citent l’importance cruciale des fabricants de matériel de télécommunications. Les accords commerciaux qui se créent entre les États et ces firmes peuvent poser des questions de sécurité.
Un exemple récent, datant de 2020 : la controverse qui a explosé en Europe et aux États-Unis autour de l’implantation de la 5G par l’entreprise Huawei.
La guerre des codes
Cette section traite en particulier de l’espionnage industriel. Les auteurs insistent tout particulièrement sur le caractère volontariste des autorités (et entreprises) chinoises en ce domaine. Mais les États-Unis et les pays occidentaux ne sont pas en reste.
C’est une véritable guerre économique qui se passe en sous-main, sans que les consommateurs que nous sommes se rendent compte de grand-chose au quotidien !
4 — L’avenir de la révolution
C’est aujourd’hui un fait connu : les nouvelles technologies d’information et de communication ont joué un rôle certain dans les révolutions du Printemps arabe.
De fait, la société civile est amenée à être de plus en plus active avec les réseaux sociaux et les moyens techniques mis à sa disposition. Toutefois, tous les soubresauts révolutionnaires n’aboutiront sans doute pas. C’est ce que les auteurs analysent dans ce chapitre.
Facile au début…
Eric Schmidt et Jared Cohen se montrent particulièrement optimistes quant à l’émergence de nouveaux leaders d’opinion et de mouvement sociaux grâce au Web 2.0 et aux nouvelles formes de connectivité.
« Ces nouveaux mouvements révolutionnaires comprendront plus de participants occasionnels ou anonymes qu’aujourd’hui, pour la simple raison que le citoyen aura une plus grande maîtrise du moment et de la forme de son action », selon les auteurs.
La structure classique des mouvements militants est appelée à se modifier. De nouvelles formes d’organisation émergent et se solidifient grâce aux moyens numériques. Le crowdsourcing permet par exemple d’obtenir du soutien en ligne.
Une manifestation contemporaine de ceci est le nombre de pétitions qui circulent en ligne. En avez-vous déjà signé certaines ? Ou avez-vous, par exemple, contribué à récolter des fonds lors d’une campagne éclair sur Facebook. ?
Les auteurs affirment également que les personnes se tiendront au courant des manifestations dans le monde entier et ils prévoient l’éclosion encore plus marquée d’un « tourisme de la révolution ».
Il est certain que les réseaux sociaux offrent la possibilité de se tenir au courant et de se réunir beaucoup plus facilement qu’auparavant. Aujourd’hui, vous pouvez suivre les déplacements de Greta Thunberg (presque) en direct et la rejoindre dans ses actions si le cœur vous en dit !
… mais plus difficile à conclure
Toutefois, ces technologies ont des pouvoirs limités. Ces pouvoirs ne sont pas suffisants pour créer le changement décisif qui fait basculer un mouvement du soulèvement à la révolution réussie. Mais ces technologies peuvent assurément jouer un rôle important, comme les printemps arabes l’ont démontré.
Les auteurs reviennent sur certains événements de 2010-2012 en Lybie et en Tunisie. Mais ils abordent aussi le cas des troubles en Afrique du Sud. Plus généralement, ils traitent d’une question centrale : l’importance de ne pas laisser les mouvements de résistance aux mains de quelques célébrités.
Or, cette tendance est accrue par les réseaux sociaux. Par ailleurs, les mouvements peuvent prendre plus de « place » dans le monde virtuel qu’ils n’en prennent dans le monde physique. Cela crée des « dégonflements » de mouvements ou de « faux départs ».
Répression et endiguement virtuels
Les États autoritaires cherchent aussi à faire taire activement ces groupes. Pour cela, ils peuvent « couper » la connexion ou tenter de le faire. Ils peuvent également agir par la violence ou trouver des moyens plus subtils de « tuer dans l’œuf » les tentatives de rébellion.
Répression virtuelle et physique vont maintenant de pair. Des « infiltrés » des gouvernements en place peuvent contribuer à semer le trouble dans les mouvements qui se constituent en ligne, par exemple.
Ou même encore plus subtil : offrir des espaces virtuels de « défoulement » où les personnes peuvent clamer leur rage et leur mécontentement… Sans jamais passer à l’action.
Ces stratégies font partie de ce que Erich Schmidt et Jared Cohen nomment des stratégies d’« endiguement virtuel ».
Plus de « printemps »
Le cas du Printemps arabe est particulier pour plusieurs raisons. En effet, les auteurs analysent que :
Le monde arabe se distingue par son identité régionale (histoire, langue, culture) ;
Les réseaux religieux organisés jouent le rôle d’une société civile organisée.
Toutes les régions du monde n’ont pas ces caractéristiques et certains pays sont plus isolés, moins organisés que d’autres. La révolution ne peut donc éclore partout où les régimes autoritaires existent, même avec l’aide des technologies numériques.
Un problème de taille émerge également, que les auteurs évoquent en citant l’ancien Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong :
« Le danger auquel nous risquons d’être confrontés à l’avenir, c’est qu’il sera beaucoup plus facile d’être opposé à quelque chose qu’en faveur. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 217-218)
Cette prédiction se retrouve aujourd’hui dans nombre des comportements visibles sur Internet. De nombreux experts ont analysé, depuis plus de dix ans, l’évolution de campagnes de haine contre tel ou tel phénomène. Oui, il est plus facile d’être « contre » que « pour » quelque chose.
Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, lisez la suite du chapitre où les auteurs décortiquent un cas cocasse, mais fascinant : celui du « currygate » qui a explosé au Singapour en 2010.
5 — L’avenir du terrorisme
Les auteurs craignent l’alliance mortifère entre terrorisme et numérique.
Nous le savons aujourd’hui : comme tous les autres mouvements, les groupes terroristes recrutent sur Internet (via des sites ou des chaînes YouTube) et communiquent via des moyens numériques.
Nouvelle porte, nouveaux risques
Par ailleurs, Internet permet également d’apporter des connaissances autrement impossibles à acquérir. Les personnes mal intentionnées peuvent, à tout moment, trouver sur le Net comment fabriquer une bombe ou autre.
Par ailleurs, comme nous l’avons déjà évoqué, les terroristes peuvent opérer directement dans le monde virtuel et, par ce biais, endommager des infrastructures ou créer des dommages bien réels. Ce sont les cyberattaques.
À l’heure actuelle, les terroristes ambitieux doivent se rendre maîtres des médias. Même les plus antimodernes et antioccidentaux n’ont pas le choix : s’ils veulent que leur action soit plus efficace, ils sont contraints d’exceller dans ces technologies.
En fait, c’est même le « marketing numérique », comme disent les auteurs, qu’ils doivent maîtriser.
Eric Schmidt et Jared Cohen abordent aussi la question des prisons. Documents à l’appui, ils remarquent que les prisonniers parviennent à se munir de matériel informatique même dans les régions les plus reculées de la planète. Ils discutent également d'une mesure radicale : geler l’identité virtuelle des détenus.
L’avènement des hackers terroristes
Une information importante est à retenir ici : à l’heure des pirates et des hackers, il n’est pas besoin d’être très nombreux pour avoir un impact significatif dans l’espace virtuel.
« En fait, il n’y a pas de masse critique à atteindre — un seul individu doué peut faire agir des milliers d’ordinateurs à sa volonté », rappellent les auteurs, qui donnent plusieurs exemples édifiants.
De l’autre côté, les États et leurs forces militaires cherchent eux aussi à débaucher des hackers afin de les faire travailler avec eux. Les petits génies turbulents de l’informatique deviennent des talents hautement recherchés !
Le talon d’Achille des terroristes
« Le revers de la médaille du cyberterrorisme, c’est qu’elle réduira la marge d’erreur de ses adeptes », disent Eric Schmidt et Jared Cohen. Oui, car toute connexion signifie potentiellement une possibilité de découverte. Or les terroristes doivent rester cachés.
À l’heure d’Internet, une seule petite erreur et ce peut être la fin d’un terroriste. Et il n’y a pas de raison de penser que ceux-ci ne feront pas d’erreurs, de temps à autre. Comme tout un chacun, ils deviennent eux aussi accrocs aux smartphones et ne prendront pas toujours les bonnes décisions.
Par ailleurs, attraper un ou plusieurs terroristes signifie aussi mettre la main sur le réseau qu’ils utilisent. Cette mine d’information peut conduire à d’autres arrestations, etc.
Interdit aux gens cachés
Les auteurs font ici une prédiction étonnante. Selon eux, certains gouvernements — y compris qualifiés de démocratiques comme les États-Unis — pourraient bien imposer aux personnes d’être connectées.
« Les gouvernements en viendront peut-être à considérer, par exemple, qu’il est trop risqué de laisser des citoyens “hors-circuit”, totalement déconnectés de l’écosystème numérique. Il ne fait aucun doute qu’à l’avenir, comme aujourd’hui, certains individus résisteront à l’adoption et à l’utilisation de la technologie […] Pourtant, il est fort probable que les autorités soupçonneront quiconque choisira la disparition totale d’avoir quelque chose à cacher […] » (À nous d’écrire l’avenir, p. 256-257)
Cette prédiction fait un peu peur. N’aurons-nous plus la possibilité de choisir notre mode de vie, avec ou sans moyens numériques ? Heureusement, pour l’instant et à notre connaissance, aucune mesure radicale de ce genre n’a été prise dans les pays occidentaux.
Par contre, ce qui a bel et bien créé l’inquiétude des pays occidentaux, c’est la machine de guerre du renseignement qui a été mis en place par les États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. Les auteurs en parlent pendant de longues pages.
Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, vous pouvez aussi lire l’autobiographie d’Edward Snowden, Mémoires vives.
La conquête des cœurs et des esprits gagne le monde virtuel
Google Ideas est une branche de Google qui étudie notamment le phénomène de la radicalisation. Les études qui y sont menées montrent que les causes de celle-ci sont à chercher dans les sentiments d’abandon ou de recherche de sens ressentis par les jeunes gens.
Eric Schmidt et Jared Cohen montrent qu’il est possible d’enrayer ce phénomène en créant des opportunités et des distractions liées au numérique. Oui, pour les auteurs, la lutte contre la radicalisation passe par la technologie.
En résumé, « la clé consiste simplement à laisser les gens s’adapter aux produits selon leurs besoins et sans que cela demande trop d’expertise technologique ». Il suffit de mettre à disposition des personnes désœuvrées les moyens de bricoler par eux-mêmes des dispositifs techniques qui donnent un peu plus de sens à leur existence.
Bien sûr, le terrorisme ne sera pas exterminé de cette façon. Il est même plus que probable qu’il ne le soit jamais complètement, quels que soient les moyens employés. Mais ce qui est sûr, c’est que les entreprises technologiques sont appelées à jouer un rôle toujours plus important dans l’effort pour en maîtriser le développement.
6 — L’avenir du conflit, du combat et de l’ingérence
« Jamais dans le passé nous n’avons été aussi conscients des nombreux conflits en cours dans le monde […] Mais la presse se nourrit d’images sanglantes. Et ce qui a changé, ce n’est pas le nombre des conflits, c’est leur visibilité. En vérité, nous vivons des temps plus pacifiques que jamais. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 271)
C’est aussi ce que dit un auteur comme Hans Rosling dans son livre Factfulness.
Pour autant, les conflits, plus ou moins importants, ne sont pas près de disparaître complètement (et nous en avons des preuves supplémentaires en 2023).
Moins de génocides, plus de harcèlement
Les auteurs étudient ici les mouvements de répression à l’encontre de minorités dans plusieurs pays. Cette répression peut s’exercer de façon plus ou moins forte et trouver des moyens de s’exprimer en ligne.
Par exemple, un gouvernement peut prendre des mesures discriminatoires pour que certaines parties de sa population n’aient pas accès aux services numériques de base. Il a aussi les moyens de les « harceler » en lui barrant l’accès à des ressources données ou en créant des campagnes diffamatoires.
Cette discrimination virtuelle est dangereuse, car le Web permet — comme nous l’avons déjà souligné — un anonymat et donc une forme de libération de la haine et de déshumanisation des rapports humains.
Conflit multidimensionnel
Dans les conflits armés, les « bons » se distinguent parfois difficilement des « méchants ». Les deux camps d’une guerre commettent des actes horribles.
En fait, c’est aussi pourquoi ils se livrent à une intense « guerre de communication », chacun essayant de justifier ses actions et de mettre l’accent sur les atrocités de l’autre partie.
Avec la venue des fake news — et depuis quelques années seulement des deep fakes —, la question de la manipulation des informations se fait encore plus pressante et complexe.
Le rôle des analyses et de l’esprit critique n’en devient que plus capital. C’est ce que les auteurs nomment la « vérification numérique ». Celle-ci revient aux journalistes, bien sûr, mais pas seulement. Les gouvernements doivent également être capables de distinguer le vrai du faux pour savoir comment agir.
Une proposition des auteurs mérite d’être signalée : envoyer des équipes internationales de « vérification numérique » sur les conflits, considérées comme intervenants neutres (comme la Croix-Rouge par exemple).
La guerre automatisée
Dans cette section, les auteurs se penchent sur la possibilité que les robots remplacent les guerres entre humains. Il y a déjà bien des formes robotiques qui sont utilisées dans les guerres (des missiles à tête chercheuse aux drones, etc.). Mais la guerre peut-elle être totalement automatisée ?
Eric Schmidt et Jared Cohen détaillent les différents projets en cours (en 2012) pour doter les soldats de plus grands moyens ou pour les remplacer dans certains cas. Ils terminent par évoquer les nombreuses questions qui se posent, telles que les capacités de discernement ou la responsabilité pénale du robot, par exemple.
Nouvelles ingérences
Les coalitions d’États qui voudront intervenir dans les conflits seront amenées à unir leurs forces pour créer des zones sécurisées en matière de communication, notamment.
7 — L’avenir de la reconstruction
Après un conflit ou une catastrophe, les technologies de communications numériques jouent un rôle important pour la reconstruction. Elles ne peuvent pas tout faire, bien sûr. Leur rôle est même limité. Mais elles importent dans la mesure où elles facilitent les relations entre parties prenantes.
Les communications d’abord
Les auteurs plaident ici pour la priorisation de la reconstruction du secteur des télécommunications. « Le remise en service et la modernisation des réseaux de communication sont déjà le ciment des méthodes de reconstruction actuelles », rappellent les auteurs. Il faudra, selon eux, amplifier encore cette approche.
Les auteurs donnent différents exemples de reconstructions passées :
En Irak après la chute de Saddam Hussein ;
En Afghanistan après la chute des talibans ;
À Haïti, après le tremblement de terre de 2010 ;
Après le Printemps arabe.
Les États et les institutions qui aident à la reconstruction devraient privilégier la mise en place d’infrastructures de télécommunication de pointe. C’est un atout pour la coordination du travail. Mais aussi pour la reprise économique.
« Dans l’idéal, les efforts de reconstruction ne se bornent pas à recréer ce qui existait auparavant, mais, dans la mesure du possible, à améliorer la situation d’origine et à développer des pratiques et des institutions qui réduisent le risque de répétition des catastrophes. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 333)
Or, pour les auteurs, les technologies numériques peuvent améliorer considérablement la situation d’origine en créant une sorte de filet de sécurité virtuel pour les institutions physiques, voire pour le gouvernement lui-même.
En cas de nouvelle catastrophe, les institutions virtuelles pourront prendre le relai et les données d’un État pourront être sauvegardées.
Opportunisme et exploitation
Dans les moments qui suivent une catastrophe naturelle ou un conflit, de nombreux acteurs interviennent et certains d’entre eux cherchent à tirer profit de la situation. L’égoïsme se tient côte à côte des gestes d’altruisme.
Au-delà de ce problème, la connectivité rend possible l’action d’un plus grand nombre de personnes et d’institutions à la reconstruction. Notamment par les plateformes de collecte de fonds en ligne ou la mobilisation plus rapide d’équipes d’urgence.
Les organisations non gouvernementales (ONG) utilisent désormais les méthodes du marketing numérique. C’est ce qui est aussi appelé marketing social. Toutes les ressources offertes par les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont mises à profit par les associations caritatives et la société civile.
L’un des problèmes, selon les auteurs, est que nous risquons de nous retrouver « bombardés » par les demandes d’aides ou d’intervention. Il y aura une grande concurrence pour attirer l’attention du citoyen aisé occidental vers tel ou tel problème.
Finalement, c’est tout le secteur des ONG et de l’aide humanitaire qui devra se recomposer à partir de l’intrusion du marketing numérique.
Faire place à l’innovation
Eric Schmidt et Jared Cohen donnent des exemples d’innovations créées après une crise pour aider les populations à reconstruire leurs infrastructures et leurs institutions. Ou à sauver des vies !
Plus que jamais, le téléphone portable, muni d’applications spécialisées, devient un outil multifonctionnel qui pourra être utilisé positivement. Pourquoi ? Car il accroît la possibilité d’agir de chaque personne. Grâce à nos smartphones, nous pouvons :
Téléphoner pour prévenir de quelque chose (bien sûr !), mais aussi ;
Envoyer une photo (en cas d’agression ou de vol, par exemple) ;
Participer à des campagnes de fonds ;
Aider à géolocaliser tel individu, etc. ;
Témoigner sur les réseaux sociaux et créer des groupes ;
Et bien d’autres choses encore, car un grand nombre d’applications peuvent être créées pour soutenir la reconstruction.
Les auteurs abordent également la question de la traçabilité des armes ou des biens de première nécessité grâce aux puces RFID (radio frequency identification).
Ils évoquent également les innovations créées lors de différents processus de reconstruction, au Rwanda, en Colombie et en Irak, notamment.
Et ils terminent par cette note positive :
« De tous les sujets que nous avons abordés, l’avenir de la reconstruction est peut-être celui qui prête le plus à l’optimisme. Peu de choses sont aussi destructrices qu’une catastrophe naturelle ou la guerre, voire les deux, mais il apparaît nettement que les processus de transition suivant une crise tendent à devenir plus brefs et plus satisfaisants. Pour une fois en matière de géopolitique, le monde semble disposé à tirer les enseignements de chaque cas de reconstruction, à retenir ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et ce qui mérite perfectionnement. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 368)
Conclusion
Le numérique n’en est qu’à ses débuts. Une nouvelle révolution industrielle est en cours et il sera — selon les auteurs — impossible de l’arrêter. Le rythme de croissance est tel que, bientôt, tout le monde sera équipé. De nouvelles technologies, plus performantes, ne cesseront de voir le jour.
Telle est la vision positive et volontariste d’Eric Schmidt et Jared Cohen. Selon eux, même si elle n’est pas la panacée, la technologie informatique est néanmoins une formidable opportunité pour l’humanité.
Pour terminer les auteurs évoquent 4 grandes lignes de bouleversements en cours :
L’alliance de plus en plus forte de la machine et de l’humain ;
L’intrication de plus en plus forte des mondes virtuel et physique ;
Le doublement du travail des États, obligés d’intervenir dans ces deux mondes ;
Le rapport à nos données et à la vie privée.
En 2023, nous sommes toujours aux prises avec ces questions — et nous le sommes sans doute pour quelque temps encore ! Elles deviennent, de jour en jour, d’une actualité plus brûlante.
Conclusion sur « À nous d’écrire l’avenir : Comment les nouvelles technologies bouleversent le monde » d’Eric Schmidt et Jared Cohen :
Ce qu’il faut retenir de « À nous d’écrire l’avenir : Comment les nouvelles technologies bouleversent le monde » d’Eric Schmidt et Jared Cohen :
Ce livre est un plaidoyer pour « plus » de numérique, dans tous les aspects de nos relations sociales et humaines. Les auteurs ne nient pas les dangers et l’instabilité qui peut découler de l’adoption de nouvelles technologies. Mais ils pensent que les gains dépasseront les pertes.
Surtout, ils invitent tout un chacun à se saisir des opportunités offertes par cette nouvelle « connectivité » numérique. Chacun d’entre nous peut, à son échelle, créer une différence. En partageant des informations, en créant des applications ou par bien d’autres actions encore…
« Combien d’idées, de perspectives et de créations va produire la véritable inclusion technologique mondiale, et à quelle vitesse leur effet se fera-t-il sentir ? L’arrivée de nouveaux participants dans le monde virtuel est une bonne nouvelle pour eux, mais aussi pour nous. Le bénéfice collectif du partage du savoir et de la créativité des humains se multiplie de façon exponentielle. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 370)
Progressivement, l’humanité toute entière se dotera d’outils numériques. Même les zones reculées pourront participer à l’évolution du monde virtuel et en profiter. Finalement, c’est là le fer de lance d’Eric Schmidt et Jared Cohen (qui, ne l’oublions pas, prêchent pour leur chapelle) : diffuser les technologies numériques le plus largement possible dans le monde.
Points forts :
Une pensée originale, ambitieuse et stimulante ;
Des exemples à la fois personnels et issus des plus importantes personnalités du monde ;
Un style tout à fait simple et accessible, sans (trop de) jargon technique.
Point faible :
Il faut être conscient que c’est le point de vue de cadres dirigeants de Google. Leur vision n’est donc pas « neutre », mais naturellement dirigée dans le sens d’un optimisme technologique (comme c’est le cas pour les ouvrages de Bill Gates, tel que Climat, par exemple).
Ma note :
★★★★★
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Résumé de « Une année avec les stoïciens : 365 enseignements pour déployer son potentiel » de Ryan Holiday et Stephen Hanselman : un manuel original qui croise philosophie stoïcienne et développement personnel et qui vous donnera matière à penser et à agir durant une année entière !
Par Ryan Holiday et Stephen Hanselman, 2013.
Titre original : « The Daily Stoïc: 366 Meditations on Wisdom, Perseverance, and the Art of Living », 2016
Chronique et résumé de « Être stoïque au quotidien » de Ryan Holiday et Stephen Hanselman
Les auteurs
Ryan Holiday est un écrivain spécialiste du développement personnel et de marketing.
Ces ouvrages les plus connus de développement personnel sont :
L’obstacle est le chemin, 2018 (The Obstacle is the Way, 2015) ;
L’Ego est l’ennemi, 2020 (Ego is the Enemy, 2016) ;
Le calme est la clé, 2019 (Stillness is the Key, 2019)
Le choix du courage, 2022 (Courage is calling, 2021).
Parmi ses livres de marketing, vous trouverez :
Faites-moi confiance, je mens, 2013 (Trust Me, I’m Lying, non traduit) ;
Growth Hacker Marketing, 2014 (non traduit);
Le vendeur persistant, 2017 (Perennial Seller, non traduit).
Formé à la philosophie à Harvard, Stephen Hanselman a aidé l’auteur pour les traductions des grands classiques du stoïcisme. Il est éditeur, auteur et fondateur de LevelFiveMedia, une agence littéraire qui accueille notamment des stars du développement personnel telles que Tim Ferriss.
Le livre Une année avec les stoïciens : 365 enseignements pour déployer son potentiel a fait l’objet d’une suite (non traduite) intitulée The Daily Stoïc Journal : 366 Days of Writing and Reflection on the Art of Living, paru en 2017. Retrouvez plus d'information sur le site Daily Stoïc !
Le livre est organisé de façon originale. Pour chaque jour de l’année, le livre propose un titre, une citation (traduite par Stephen Hanselman) et un commentaire de Ryan Holiday, l’auteur principal.
Avant d’entrer dans le détail des enseignements, voyons d’abord ce que dit l’introduction !
Introduction
De la Grèce à aujourd’hui, en passant par Rome
En Grèce
Zénon de Kition est un philosophe d’origine phénicienne. Il a fondé l’école de pensée connue sous le nom de stoïcisme vers 300 av. J.-C. à Athènes, en Grèce. Zénon était influencé par les philosophes athéniens tels que Socrate et Platon, et Aristote (qu’il critiqua néanmoins).
À l’origine, le stoïcisme grec était une « philosophie complète » qui comprenait plusieurs disciplines et notamment une cosmologie, une physique et une logique.
À Rome
Lorsque les penseurs romains adoptent le stoïcisme quelques siècles plus tard, ils le transforment. Cette philosophie devient plus pratique. Elle se centre davantage qu’auparavant sur l’éthique.
Vous connaissez certainement des stoïciens romains célèbres, tels que :
Sénèque, écrivain et homme d’État du premier siècle après J.-C. ;
Épictète, philosophe du deuxième siècle après J.-C.
Ces deux auteurs ont souhaité que le stoïcisme apporte des « réponses réelles et exploitables » à la question de savoir comment vivre une vie vertueuse et épanouissante.
Un siècle plus tard, l’empereur Marc Aurèle se tourne lui aussi vers les principes stoïques. Son livre le plus connu, Pensées pour moi-même, a fait de lui l’un des plus illustres représentants de cette philosophie.
Dans cet ouvrage, Marc Aurèle fait lui aussi l’éloge d’une approche pragmatique et éthique du stoïcisme. C’est avant tout cette tradition qu’entend prolonger Ryan Holiday dans le livre Une année avec les stoïciens.
De la fin de l'Antiquité jusqu’à nos jours
La popularité du stoïcisme a connu des variations au cours de l’histoire. Toutefois, certains historiens et analystes pensent que le Moyen-Âge chrétien s’est largement inspiré de cette philosophie.
Durant la Renaissance, puis au cours des siècles suivants, de nombreux philosophes européens ont ravivé la pensée stoïque. C’est le cas du philosophe flamand Juste Lipse et d’Érasme au XVIe siècle, par exemple. Mais aussi de Spinoza ou de Francis Bacon au XVIIe siècle !
Encore aujourd’hui, de nombreux universitaires étudient la philosophie stoïcienne et elle continue d’inspirer la pensée des philosophes contemporains.
Et pour Ryan Holiday, il est clair que les stoïciens sont plus pertinents que jamais ! C’est ce que nous allons voir maintenant.
Un livre de philosophie pour une vie philosophique
En fait, l’auteur estime que le stoïcisme reste tout à fait applicable à la vie moderne. Selon lui, leur philosophie offre la possibilité à toutes les personnes, aujourd’hui, de retrouver la sérénité et de vivre mieux au quotidien.
Comment ? Car les stoïciens accordent une grande importance à notre capacité à maîtriser nos émotions et nos réactions. Lorsque nous pouvons contrôler notre façon d’être grâce à notre raison, nous en profitons — et les autres aussi !
En nous concentrant sur notre capacité d’action personnelle et en ne blâmant pas les autres, nous pouvons trouver de nouvelles solutions à nos problèmes. Que ceux-ci surgissent dans notre vie privée ou dans le cadre des relations professionnelles.
Comme nous allons bientôt l’apprendre, les stoïciens pensent qu’il est important d’identifier les événements qui sont en dehors de ce que Ryan Holiday nomme le « cercle de contrôle ».
L’une des leçons les plus importantes consiste à apprendre à ne pas réagir émotionnellement à de tels événements, car ils sont impossibles à changer. Or, la première étape consiste à les « percevoir » correctement.
Partie 1. La discipline de la perception
Selon Ryan Holiday (qui interprète librement les écrits des philosophes stoïques), les stoïciens romains auraient établi trois disciplines, centrées sur trois capacités :
La perception ;
La volonté ;
L’action.
Le stoïcisme affirme que les perceptions — la façon dont le monde nous apparaît — peuvent nous causer de profonds problèmes. Pourquoi ? Car les sens (vue, ouïe, odorat, toucher, goût) peuvent nous tromper.
Le monde qui nous entoure peut nous paraître confus, car nous recevons des perceptions différentes venues des sens. Nous ne savons pas maîtriser ce flux incessant d’impressions.
Plus profondément, nous nous faisons des idées fausses sur le monde à partir de ce que nous voyons, entendons, etc. Nous élaborons des représentations fausses sur le monde et ces croyances nous nuisent.
Pour éviter cela, les stoïciens préconisent la « clarté mentale ». Mais pour y parvenir, il est essentiel de remettre en question son propre point de vue sur le monde.
Par exemple, si un événement malheureux se produit, le stoïcisme exhorte l’observateur (et même à celui qui vit le malheur) à ne pas lui attacher d’émotion ou de sens négatif. En fait, il doit, dans l’idéal, élargir son état d’esprit. Il doit accepter ce problème comme faisant partie de la vie elle-même.
Janvier — Clarté
Ryan Holiday propose de nommer « cercle de contrôle » la façon dont les stoïciens se réfèrent aux choses qu’ils peuvent changer ou influencer. L’auteur explique que les stoïciens croient que la seule chose que l’on peut contrôler pleinement est son propre esprit.
En vérité, même notre propre corps ne se trouve pas dans notre cercle de contrôle. En effet, nous pouvons tomber malades. Nous pouvons également être emprisonnés et empêchés d’aller où bon nous semble.
Les discours d’Épictète, par exemple, enseignent que les gens ne peuvent contrôler que leur « choix raisonné et tous les actes qui dépendent de cette volonté morale ». Comment faire ?
En se débarrassant des « fausses conceptions » (oiesis). Celles-ci résultent du fait de céder aux premières impressions. Aujourd’hui, nous parlerions peut-être de croyances limitantes ou de biais cognitifs.
Pour les contrer, Ryan Holiday soutient que tout le monde devrait développer un objectif clair et précis. Celui-ci doit nous aider à diriger nos actions. Dans ce cas, nous devenons capables de faire des choix rationnels qui soutiennent notre objectif final.
Sans cette clarté, nous devenons plus vulnérables aux oiesis, nous nous sentons désordonnés ou dysfonctionnels. Nous travaillons sans but et nous faisons plus d’erreurs.
L’auteur ajoute autre chose. Pour Ryan Holiday il est recommandé de pratiquer la neutralité. Il s’agit d’adopter un point de vue extérieur à soi, celui de la vie elle-même. Cet exercice mental est destiné à aider les gens à :
Éviter de s’énerver pour un rien ;
Cesser de ruminer des événements qu’ils ne peuvent pas contrôler ;
Garder leur clarté mentale et leur pouvoir de décision.
Enfin, Ryan Holiday nous invite à la réflexion et à l’analyse de nos désirs et de nos modèles intérieurs. En identifiant et en canalisant nos croyances limitantes ou nos biais cognitifs, nous pouvons retrouver la « souveraineté » de nos actions.
Les jours du mois de janvier
Contrôle et choix
L’éducation c’est la liberté
Soyez intraitable envers les choses sans importance
Les trois grands
Clarifiez vos intentions
Où, qui, quoi, et pourquoi
7 fonctions claires de l’âme
Identifions vos addictions
Ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas
Si vous cherchez la stabilité
Si vous cherchez l’instabilité
L’unique voie qui mène à la sérénité
Sphère d’influence
Coupez les ficelles qui manipulent votre esprit
Suivez votre cap pour trouver la tranquillité
N’agissez pas par habitude
Remettez-vous au travail
Regardez le monde avec les yeux d’un poète et d’un artiste
Où que vous alliez, c’est là qu’est votre choix
Ranimez vos pensées
Un rituel matinal
Passez la journée en revue
La vérité sur l’argent
Ne vous arrêtez pas à la surface
Le seul prix
Le pouvoir d’un mantra
Les trois domaines d’apprentissage
Observez les sages
Restez simple
Vous n’avez pas besoin de tout savoir
La philosophie est la médecine de l’âme
Février — Passions et émotions
Pour Marc Aurèle et Épictète, le calme et le contrôle sont les plus grandes forces que nous devons posséder. C’est ainsi que nous pouvons désamorcer les situations négatives tout en conservant notre dignité.
Ryan Holiday nous montre aussi que l’émotion de la colère n’est pas un signe de force. En fait, les personnes qui perdent leur sang-froid se montrent faibles, tant au niveau de leur volonté que de la gestion de leurs émotions.
Dans ce chapitre, l’auteur explique aussi que la vie de luxe peut créer de l’instabilité. Pourquoi ? Car nous craignons alors de perdre ce que nous avons. Nous nous sentons en détresse dès que le risque de ne plus posséder telle ou telle chose se manifeste.
Une approche radicale du stoïcisme consiste à vivre de manière frugale et à se sentir satisfait avec le minimum. Ce choix permet d’éviter le « vertige émotionnel » qui peut survenir lorsque nous ne maîtrisons pas les choses que nous possédons.
Les jours du mois de février
Pour l’homme colérique
Un bon état d’esprit
L’origine de notre anxiété
Soyez invincible
Calmez vos pulsions
Ne cherchez pas la bagarre
La peur est une prophétie autoréalisatrice
Vous êtes-vous senti mieux ?
Il n’est pas indispensable d’avoir une opinion
La colère est un mauvais carburant
Héros ou tyran ?
Protégez votre tranquillité d’esprit
Le plaisir peut devenir une punition
Pensez avant d’agir
Seulement des mauvais rêves
Ne rendez pas les choses plus compliquées que nécessaire
L’ennemi du bonheur
Préparez-vous avant la tempête
Le banquet de la vie
La grande parade du désir
Ne désire rien, ne veux rien
Toute vérité n’est pas bonne à dire
Les circonstances ne se soucient pas de nos sentiments
La véritable cause du préjudice
La fumée et la cendre de la légende
À chacun ses affaires
Cultiver l’indifférence quand d’autres se montrent passionnés
Quand vous perdez le contrôle
On ne peut pas toujours obtenir ce que l’on veut
Mars — Prise de conscience
Nous nous sentons souvent anxieux vis-à-vis du futur. Nous nous fâchons souvent contre nous-mêmes en imaginant le pire à venir. Pourtant, Marc Aurèle nous avertit : notre esprit est façonné par nos pensées récurrentes. Pire, nous pouvons faire advenir ce que nous redoutons.
C’est pourquoi il est si important d’être conscient de ses pensées. Et cela avant qu’elles ne deviennent des modèles négatifs qui nous empoisonnent la vie !
En fait, nous pouvons même aller plus loin. Attendre que le bonheur frappe à la porte dans un avenir incertain — ou une fois que nous aurons réalisé telle ou telle chose — est un simple gaspillage du moment présent. Nous pouvons être heureux dès maintenant…
Pour y parvenir, les stoïciens enseignent l’importance de « faire attention », qui est proche de l’idée de « pleine conscience ». Cette « ressource critique », comme l’appelle Ryan Holiday, devient capitale à l’heure des distractions numériques.
Les jours du mois de mars
Là où commence la philosophie
Autoanalyse sans fard
(Dés) intégration
Être conscient c’est être libre
Éliminez ce qui vous coûte
Ne vous racontez pas d’histoires
Vos sens sont trompeurs
Ne renoncez pas par inadvertance à votre liberté
Choisissez vos fréquentations
Trouvez-vous un Caton
Vivre sans entraves
Mettez-vous à la place du fautif
Un jour vous comprendrez
L’aveuglement votre ennemi
Le présent est tout ce que nous possédons
Cette part de vous qui est sacrée
La beauté du choix
Impossible sans votre consentement
Sagesse intemporelle
Prêt et à la maison
Le meilleur refuge est à ici, pas là-bas
Le signe d’une véritable éducation
L’âme encamisolée
Il y a de la philosophie en toute chose
La richesse et la liberté sont libres
Qu’est-ce qui dirige votre âme dirigeante ?
Payez ce que les choses valent
La lâcheté est un problème de conception
Pourquoi avez-vous encore besoin d’impressionner ces gens ?
De la raison en toutes choses
Vous êtes le produit de votre éducation
Avril — Pensée objective
Nous devrions souvent ralentir pour réfléchir. Pourquoi ? Car, la plupart du temps, nous n’agissons pas. Nous réagissons. Nous nous laissons aller par la vitesse de l’esprit et par nos premières impressions.
Pire, nous prenons de mauvaises habitudes. Nous nous « verrouillons » dans des réactions impulsives et nous les valorisons. Pour éviter cela, nous devons absolument identifier nos préjugés et reconnaître que nous ne comprenons ni ne savons pas tout.
« S’il y a un enseignement de base au cœur de cette philosophie, c’est que nous ne sommes pas aussi intelligents et aussi sages que nous aimerions le penser. Si jamais nous voulons devenir sages, nous devons nous questionner et être humbles », rappelle Ryan Holiday à la suite des stoïciens.
Cette humilité s’étend à la possibilité de changer d’avis après avoir appris de nouvelles informations.
Tout en réalisant ce travail sur nous-mêmes, nous devons reconnaître que nous sommes à l’origine de nos émotions. Nous ne contrôlons pas ce que les autres font, mais nous pouvons apprendre à maîtriser nos propres sentiments et ressentis.
Les jours du mois d’avril
La couleur de vos pensées
Méfiez-vous de ce que vous laissez entrer
Abusé et divisé
Que cela ne vous monte pas à la tête
Faites confiance, mais vérifiez
Préparez-vous au pire
Attendez-vous à changer d’opinion
Le coût d’accepter des contrefaçons
Vérifiez vos impressions
Les jugements provoquent des troubles
Si vous voulez apprendre, soyez humble
Refusez les cadeaux tentants
Qui peut le plus peut le moins
Devenez un expert dans ce qui est important
Payez vos impôts
Observez les causes et les effets
Ni préjudice ni faute
À chacun ses opinions
Notre sphère d’influence
Le bien véritable est simple
Ne relâchez pas votre attention
Les propriétés d’une personne rationnelle
Votre esprit est véritablement vôtre
Un usage productif du mépris
Il n’y a rien de mal à avoir tort
Il se passe des choses par l’entraînement
Retournez-le sur l’envers
Vos désirs vous asservissent
Purifiez-vous des souillures de la vie
Qu’est-ce qui est en accord avec votre dignité personnelle ?
Partie 2. La discipline de l’action
La discipline d’action demande aux gens de tenir compte de leurs actions et des motivations qui les sous-tendent, ainsi que des conséquences possibles de leurs actions.
Les stoïciens enseignent que pour se comporter correctement, les gens doivent s’éduquer, développer une conscience de soi et incarner des vertus stoïques. Holiday explique que les stoïciens croient que cette approche aidera à rendre leurs actions « efficaces ».
Mai — Bonne action
Il est vrai que le stoïcisme met l’accent sur une discipline stricte. Cette philosophie promeut également un idéal de vie élevé : vivre selon la raison. Pour autant, Ryan Holiday souligne que cette philosophie n’est pas ascétique ou mortifère.
Les penseurs stoïciens ne s’attardent pas sur les sentiments de honte ou de culpabilité. Ils ne cherchent pas à créer des rituels de pénitence ou de châtiment. Au lieu de cela, ils cherchent constamment à rendre leurs actions présentes et futures plus vertueuses.
Ryan Holiday nous encourage à adopter la même approche dans notre relation à nous-mêmes. Plutôt que de nous punir, nous devrions apprendre à agir mieux et autrement.
Autrement dit, le plus important consiste à vivre selon des valeurs fermes et à montrer l’exemple. Il ne s’agit ni de prêcher ni de se culpabiliser, mais de bien agir au quotidien et de progresser constamment.
Les jours du mois de mai
Affirmez votre personnalité
Soyez la personne que vous voulez être
Montrez, au lieu de dire ce que vous savez
Qui est vraiment remarquable ?
Vous êtes le projet
La vertu est belle
Comment passer une bonne journée
Bien ou mal ? Quels sont vos choix ?
Carpe diem
Ne soyez pas inspiré, soyez inspirant
La culpabilité est pire que la prison
La bienveillance est toujours la bonne réponse
Alimentez le bûcher des habitudes
Notre bien-être réside dans nos actions
Estimez-vous heureux
La méthode de la chaîne
Être stoïcien est un apprentissage permanent
Notre façon de faire est toujours la même
Apprendre, pratiquer, s’entraîner
Préférez la qualité à la quantité
Quel type de boxeur êtes-vous ?
C’est aujourd’hui le grand jour
Montrez-moi comment vivre
Œuvrez à votre propre bonne fortune
Où trouver la joie
Arrêtez de vous soucier de ce que les autres pensent
Inquiétez-vous de broutilles
Les deux premières choses à faire avant d’agir
Le travail, c’est la santé
Travailler bien ou travailler peu ?
Nous n’avons qu’une seule obligation
Juin — Résolution de problèmes
Nous trouvons souvent normal de passer beaucoup de temps à suivre les nouvelles. Nous voulons être des « personnes informées ». Mais est-ce une si bonne idée ? Cette habitude de consommation médiatique, si typique du monde contemporain, est-elle bonne ?
Ryan Holiday la remet en question. Si l’on en croit la philosophie stoïque, il est impossible d’exercer une influence durable en dehors de notre esprit. Comment en avoir une sur une telle myriade d’événements !
Ceux-ci, au fond, ne font que créer une distraction épuisante. C’est pourquoi l’auteur demande : « De combien de temps, d’énergie et de cerveaux purs bénéficieriez-vous si vous réduisiez drastiquement votre consommation de médias ? ».
C’est la même chose qui se passe que lorsque nous nous inquiétons d’événements qui ne se sont pas encore produits. Ryan Holiday invite plutôt à suivre le conseil de Sénèque qui invitait à résister à l’anxiété liée à l’attente et aux ruminations.
Dans ce chapitre, vous trouverez un grand nombre de réflexions et de propositions d’actions qui vous aideront à résoudre ce type de problème.
Les jours du mois de juin
Ayez toujours une clause de réserve mentale
Pensée de Platon
C’est bien d’être flexible
C’est pour cela que nous sommes là
Mouchez-vous
Faut-il persévérer ou vaut-il mieux abandonner ?
Trouver les bons mentors
Brique à brique
Il faut résoudre les problèmes au plus vite
Vous pouvez le faire
N’empirez pas les choses
Un esprit entraîné vaut mieux que n’importe quel scénario
La vie est un combat
Essayez l’autre anse
En écoutant, on accomplit plus de choses qu’en parlant
Il n’y a pas de honte à avoir besoin d’aide
Offense ou défense ?
Prêt et déterminé
Restez focalisé sur le présent
Le calme est contagieux
Promenez-vous
La définition de l’insanité
Le long chemin
Les gens bien éduqués ne se disputent pas
Les sages n’ont pas de « problèmes »
Tentez le contraire
L’adversité lève le voile
Inutile de s’autoflageller
Pas d’excuses
L’obstacle est le chemin
Juillet — Devoir
Être fier et heureux d’exercer son métier — quel qu’il soit — nous conduit naturellement à perfectionner nos savoirs et nos compétences. Dans ce cas, nous faisons notre travail du mieux que nous pouvons, sans (trop) nous soucier du jugement extérieur.
En revanche, si notre satisfaction au travail dépend (trop) de la validation des autres, cela risque de nous rendre malheureux. Dans ce cas, nous sommes comme des acteurs déçus lorsque leur performance est critiquée par les spectateurs !
Mais nous ne maîtrisons pas la réaction des autres. Il vaut donc mieux se concentrer sur le fait de faire de son mieux. C’est en ayant confiance en nos propres décisions que nous pouvons acquérir « satisfaction et résilience ».
Marc Aurèle considère que c’est de cette façon que nous pouvons avancer sereinement et avec succès. Néanmoins, il dit également que nous devrions toujours être prêts à accepter le rejet et à faire de nouveaux choix si nécessaire.
Quel est, parmi tous, le meilleur choix, la meilleure décision ? C’est celle, simplement, d’« être un bon être humain ». Or, il est important de le souligner : nous avons toujours la possibilité de nous tourner vers cette option.
Bien sûr, cette décision peut être plus difficile à prendre dans certaines situations. Par moments, choisir d’être une personne moralement responsable nécessite beaucoup de courage et de discipline. Mais c’est pourtant la meilleure voie, celle qui nous conduit à la sérénité et au bonheur.
Les jours du mois de juillet
Faites votre travail
Sur le devoir et les circonstances
Transformer le devoir en pouvoir
Protégez la flamme
Personne n’a dit que ce serait facile
Debout !
Notre devoir d’apprendre
Arrêtez ces singeries !
Le roi philosophe
Aimez l’art humble
La start-up de vous-même
Quelques règles simples
Un leader dirige
Faites preuve d’humilité
Il suffit de bien faire
Progrès de l’âme
N’abandonnez pas les autres… où vous-même
Chacun est capitaine de son propre navire
Pardonnez-leur parce qu’ils sont ignorants
Fait pour la justice
Fait pour travailler ensemble
Personne n’a posé un pistolet sur votre tempe
Recevez les honneurs et les affronts exactement de la même façon
Quelqu’un est en train de mourir quelque part
Qu’est-ce qui est gravé sur votre tombe ?
L’inaction des gens de bien
Où y a-t-il quelque chose de meilleur ?
Vérifiez vos privilèges
Sa propre guérison
Joie stoïcienne
Votre carrière n’est pas une condamnation à vie
Août — Pragmatisme
Les philosophes stoïciens n’étaient pas des moines ou des ermites ! Ils étaient avant tout des hommes du monde. Certains ont vécu des vies d’artistes, de soldats ou d’hommes d’affaires. Bref, ils cherchaient à vivre dans le monde de leur époque et à « traiter avec le monde réel ».
Avec Sénèque, Ryan Holiday rappelle que « la philosophie n’est pas un truc amusant. C’est pour l’usage — pour la vie ». En d’autres termes, la philosophie s’apparente à un guide en vue de se construire une meilleure personnalité et une vie meilleure.
Le stoïcisme appelle avant tout à un engagement proactif dans le monde. Il s’agit de tirer le meilleur parti de chaque jour et d’avancer dans l’existence, quels que soient les défis qui surgissent.
Nous pouvons nous laisser distraire, nous tromper. Nous pouvons nous laisser manipuler par les gens ou tergiverser durant des heures au lieu d’agir. Et nous pouvons encore procrastiner plus ou moins intelligemment. Nous pouvons aussi en rester à l’état de rêveur.
Ryan Holiday insiste grandement sur ce point : si nous attendons les conditions parfaites pour agir, rien ne se passera jamais. Ce genre de tendances perfectionnistes mène à la « dépression et à la frustration ». « Mieux vaut fait que parfait », diraient d’autres !
Cette approche pragmatique et expérimentale du stoïcisme rend le progrès possible. En valorisant même les petits pas, nous sommes sûrs d’avancer dans la bonne direction.
Les jours du mois d'août
Ne cherchez pas la perfection
Quoi qu’il arrive, nous pouvons travailler
La vie bonne est possible partout
N’accusez personne, ressaisissez-vous
Le silence est une force
Il y a toujours plus de marge de manœuvre qu’on ne le croit
Pragmatique et plein de principes
Commencez avec le monde tel qu’il est
Tenez-vous-en aux faits
La perfection est l’ennemie de l’action
Inutile de perdre son temps avec la théorie, seuls les résultats comptent
Appropriez-vous les paroles
Prenez-vous en main et finissez-en
Ce n’est pas pour s’amuser, c’est pour la vie
La cour suprême de votre esprit
Tout peut-être un avantage
Prenez vos responsabilités
Seuls les imbéciles se précipitent
Débarrassez-vous du superflu
Où cela compte
Ne soyez pas malheureux à l’avance
Ne vous inquiétez pas pour un rien
C’est dans votre propre intérêt
Pillage de toutes les sources
Respectez le passé, mais soyez ouvert à l’avenir
Renflouez les épaves
Vous riez ou vous pleurez ?
Le stoïcien opulent
Ne rien vouloir = tout avoir
Quand vous avez la flemme
Considérez aussi vos défauts
Partie III — La discipline de la volonté
La discipline de la volonté régit la vie intérieure d’un stoïcien. En la suivant, nous pouvons apprendre à accepter des événements que nous ne pouvons pas changer. Nous pouvons aussi mieux comprendre quelle est notre place dans la société.
Septembre — Force d’âme et résilience
Le thème de la « citadelle intérieure » est particulièrement important pour les philosophes stoïciens, Épictète et Marc Aurèle en particulier. Cette métaphore désigne la force d’un esprit discipliné et protégé qui ne peut pas être détruit par des forces ou des événements extérieurs.
Ryan Holiday explique qu’il est de notre responsabilité de renforcer notre propre citadelle intérieure. Nous devons rester vigilants à nos pensées (partie 1) et à nos actions (partie 2). C’est par la volonté, et par elle seule, que nous pouvons maintenir la raison et le calme dans notre esprit.
Les jours du mois de septembre
Mieux vaut avoir de la force d’âme que de la chance
L’école du philosophe est un hôpital
D’abord, les exercices d’hiver
Comment pouvez-vous savoir si vous n’avez jamais été mis à l’épreuve ?
Focalisez-vous sur ce qui dépend uniquement de vous
Ils peuvent vous enchaîner, mais…
Notre pouvoir caché
Ne vous laissez pas tromper par la fortune
Rien à craindre sauf la peur elle-même
Préparez-vous au pire
Habituez-vous à moins
Gardez les pieds sur terre au risque de tomber
Protéger votre citadelle intérieure contre la peur
Une autre façon de prier
Un jardin, ce n’est pas pour la galerie
Tout le monde peut avoir de la chance, mais tout le monde n’est pas persévérant
Affrontez la haine
Affrontez la douleur
La flexibilité de la volonté
La vie n’est pas une danse
Gardez votre calme, gardez le contrôle
On n’a rien sans rien
La citadelle imprenable
Ça n’arrive pas qu’aux autres
La vulnérabilité de la dépendance
À quoi sert le temps libre ?
Que révélera la prospérité ?
Vous détenez la carte maîtresse
Vos besoins réels sont dérisoires
Vous ne pouvez pas m’atteindre
Octobre — Vertu et bonté
Les stoïciens utilisent le terme de sympathie pour désigner l’interconnexion et l’interdépendance de toutes les formes de vie sur terre.
La plupart des penseurs stoïciens considèrent que les gens devraient agir pour le bien de leur communauté et que les résultats pour l’individu et le groupe sont intrinsèquement liés.
« Ce qui n’est pas bon pour la ruche n’est pas bon pour l’abeille », dit Marc Aurèle de façon claire et imagée. Autrement dit, en agissant pour le plus grand bien de notre communauté, nous en bénéficions également.
Les jours du mois d'octobre
Que brille la vertu
L’atout le plus précieux
Un mantra d’interdépendance mutuelle
Un pour tous, tous pour un
Ce qui est dit est dit
Veillons les uns sur les autres
Une raison égoïste d’être bon
Un plus grand plaisir
Établissez des normes et utilisez-les
Sainteté et justice
Honnête par défaut
Aimez toujours
La revanche est un plat qu’il vaut mieux ne pas servir
Ne vous fâchez pas, aidez
Accordez aux autres le bénéfice du doute
Répandez la bonne parole
Les bienfaits de la gentillesse
Faux amis
Les bonnes habitudes chassent les mauvaises
Signes d’une bonne vie
Héros, ici et maintenant
C’est facile de s’améliorer, mais dans quel domaine ?
Montrez les qualités qui dépendent de vous
La fontaine de la bonté
Deux tâches
Trois parties, un but
On récolte ce qu’on sème
Nous étions faits l’un pour l’autre
Le caractère d’un homme fait son destin
Qui a la part du lion ?
L’homme est bon de naissance
Novembre — Assentiment/Amor fati
Épictète est l’un des stoïciens qui insiste le plus sur le fait de lâcher prise face aux événements qui sont hors de notre cercle de contrôle. Notre situation, la place que nous avons dans la société est quelque chose que nous n’avons pas choisi.
Il compare par exemple la vie à une pièce de théâtre. Il suggère que chaque individu accepte le rôle qu’une puissance supérieure lui a attribué et qu’il essaie de jouer ce rôle aussi bien qu’il le peut.
Dans ce chapitre, Ryan Holiday relie ce conseil à l’histoire de Marc Aurèle. Celui-ci n’a pas cherché à devenir empereur. Pourtant, cette position lui a été imposée par sa famille et d’autres que lui. Mais il a accepté ce sort et a essayé de faire du mieux qu’il pouvait.
Les jours du mois de novembre
Accepter ce qui est
Lier nos vœux à ce qui adviendra
Obéissez aux ordres du médecin
Ni bon ni mauvais
Une puissance supérieure
Quelqu’un d’autre tire les ficelles
Comment devenir puissant
Acteurs de comédie
Tout est fluide
Toujours pareil
L’important n’est pas la chose elle-même, mais ce que nous en faisons
Le fort accepte ses responsabilités
Ne vous plaignez jamais, ne vous justifiez pas davantage
Vous choisissez l’issue
Tout est changement
L’espoir et la peur sont semblables
Ne juge pas, car…
Quatre habitudes d’un esprit stoïcien
Maximes de trois sages
Regardez le présent comme l’éternité
Un instant suffit, un instant pour l’éternité
Le verre est déjà cassé
L’attachement est notre ennemi
Entraînez-vous à lâcher prise sur ce qui n’est pas à vous
Les choses prennent une drôle de tournure
L’autel de l’absence de différence
Le plaisir d’effacer ce qui est négatif
Ce n’est pas leur faute, c’est la vôtre
Tout va bien se passer
Suivez le logos
Décembre — Méditation sur la mortalité
Les stoïciens nous exhortent à agir comme une « personne en train de mourir ». Tous, nous allons mourir tôt ou tard. Intégrer cette réalité dans notre vie quotidienne nous aidera à mieux décider et mieux agir.
Nous pouvons nous habituer à ce savoir. Plutôt que de vivre dans la peur de la mort, nous pouvons utiliser la connaissance de sa certitude pour nous motiver et nous pousser à l’action.
Un exemple : que voudriez-vous qu’il soit écrit sur votre pierre tombale ? Penser à cela donne un objectif et des raisons de bien agir dans la vie de tous les jours.
Par ailleurs, lorsque nous embrassons cette inévitabilité de la mort, nous nous rendons compte que le temps est la chose la plus précieuse de l’existence.
Enfin, cette attitude va de pair avec une forme de relativisation. Après tout, si nous allons mourir, les problèmes ne sont pas si graves. Nous pouvons nous concentrer sur le plus important : notre âme. Ce qui signifie non pas la vie après la mort, mais la bonne existence pendant la vie.
Les jours du mois de décembre
Faites comme si aujourd’hui était votre dernier jour
Ne vous occupez pas de moi, je meurs à petit feu
Le philosophe est un artisan de la vie et de la mort
Cela ne vous appartient pas
Les avantages de la réflexion
L’épée est suspendue au-dessus de votre tête
Les cartes qui nous ont été distribuées
Ne vous voilez pas la face
Méfiez-vous des passe-temps chronophages
Ne vous bradez pas
Dignité et bravoure
La vie continue
C’est juste un chiffre
Ce que nous devrions savoir au final
Une façon simple de mesurer les jours
Éternelle bonne santé
Connaissez-vous vous-même — avant qu’il ne soit trop tard
Ce qui nous arrive à tous
Échelle humaine
Craignez la peur de la mort
Qu’avez-vous fait de toutes ces années ?
Affirmez-vous
Qu’avez-vous tellement peur de perdre ?
Insignifiant… comme un bon vin
Ne brûlez pas la chandelle par les deux bouts
La vie est longue — si vous savez vous en servir
Ne laissez pas votre âme partir la première
Le souvenir qu’on laisse
Montrez-vous reconnaissant
Enlevez le mordant
Participez activement à votre propre sauvetage
Conclusion — Rester stoïcien
L’une des pensées phares de Ryan Holiday est le « cercle de contrôle ». Il s’agit de l’idée que les gens ne peuvent vraiment affecter qu’une très petite sphère autour d’eux. Les stoïciens soutiennent en effet que la seule chose qui se trouve pleinement dans le cercle de contrôle d’une personne est son esprit.
D’autres éléments tels que la profession, la famille, les amis et d’autres activités se trouvent partiellement à l’intérieur du cercle, mais jamais complètement. En fait, la meilleure manière d’agir sur ces choses est de donner l’exemple d’une vie bonne.
Ryan Holiday déplore la quantité de temps et d’énergie que nous perdons en émotions et en actions inutiles. Lorsque nous cherchons à agir en dehors de notre cercle de contrôle, nous nous heurtons au malheur.
Plutôt que d’aller dans cette voie de la distraction, mieux vaut se concentrer sur les choix sous son contrôle. Cela contribue généralement à établir le calme mental et le bien-être. Ryan Holiday utilise une métaphore pour faire comprendre ce point : la stratégie d’entraînement dans le football appelée « Le processus ».
« Le processus » exige que les joueurs se concentrent sur le perfectionnement des détails après chaque match. Ils doivent se concentrer sur ces détails sans penser à leurs objectifs plus larges, tels que remporter des tournois ou recevoir des récompenses.
Holiday croit que cette approche fonctionne, car les objectifs à long terme ne peuvent être atteints qu’en prenant les bonnes actions dans le moment présent. C’est maintenant que vous agissez pour votre objectif final, et c’est sur cet instant que vous devez vous concentrer.
Ce type de pensée à petite échelle encourage l’action cohérente. Corrélativement, elle décourage la rumination des blessures du passé ou des inquiétudes sur l’avenir.
Autrement dit, cette méthode permet de « surmonter les obstacles et se frayer un chemin vers le sommet sans jamais s’être concentré directement sur les obstacles ».
Conclusion sur « Une année avec les stoïciens » de Ryan Holiday et Stephen Hanselman :
Ce qu’il faut retenir de « Une année avec les stoïciens » de Ryan Holiday et Stephen Hanselman :
Une année avec les stoïciens est un livre de développement personnel original qui rassemble pas moins de 365 citations de philosophes stoïciens traduites par Stephen Hanselman.
Mais ce n’est pas tout : Ryan Holiday commente et actualise cette pensée afin de la rendre accessible à nos mentalités contemporaines.
L’auteur met souvent l’accent sur cette possibilité d’appliquer du stoïcisme à la vie moderne. Il loue les thèmes majeurs de cette philosophie, tels que :
Le soin de soi ;
L’autodiscipline ;
La clarté émotionnelle ;
La neutralité ;
Le travail bien fait.
Il invite tout un chacun à mettre les conseils des stoïciens en pratique dans leur vie quotidienne. En effet, ceux-ci sont d’abord censés être vécus, et non seulement étudiés.
Points forts :
Une façon très originale de réaliser un ouvrage qui combine développement personnel et érudition sur la philosophie stoïcienne ;
365 citations de philosophes à lire chaque jour ;
De nombreux exemples contemporains qui permettent de comprendre les citations et, surtout, d’agir ;
Un livre de chevet à garder avec soi toute l’année !
Point faible :
Je n’en ai pas trouvé.
Ma note :
★★★★★
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Résumé de « Comment faire voler un cheval : l’histoire secrète de la création, l’invention et la découverte » de Kevin Ashton : un livre à la fois théorique et pratique qui vous emmène dans les coulisses des plus grands créateurs afin de vous donner les clés pour être plus créatif au quotidien.
Par Kevin Ashton, 2018.
Titre original : « How to Fly a Horse: The Secret History of Creation, Invention and Discovery », 2015
Chronique et résumé de « Comment faire voler un cheval » de Kevin Ashton
Qui est Kevin Ashton ?
Kevin Ashton a participé à la création des réseaux RFID (de radio-identification). C'est lui qui est à l'origine du terme "Internet of Things" (lnternet des Objets), devenu commun aujourd'hui. Il est le co-fondateur du Centre Auto-ID au Massachusetts Institute of Technology (MIT).
Avant-propos — Le mythe
Un journal allemand publia un jour une lettre attribuée à Mozart. Dans celle-ci, le compositeur de génie affirmait que la musique lui venait "toute faite" dans son esprit, et qu'il n'avait plus qu'à la coucher sur le papier.
En fait, cette lettre était un faux. Et il en va de même pour ce qu'elle décrit : l'idée d'un flash de génie immédiat, venant comme par magie. Selon Kevin Ashton, cette façon d'expliquer la création relève plutôt du "mythe".
Au contraire, la création demande du travail et du "bidouillage", de la débrouille et du temps. C'est ce qu'il a constaté en inventant les puces RFID et ce qui deviendrait peu de temps plus tard l'Internet des objets.
"La création, ce n'est pas de la magie, c'est du travail", dit-il en conclusion de cet avant-propos. C'est également la thèse d'un autre ouvrage important sur la créativité : Laissez courir les éléphants !
Chapitre 1 — Créer, un acte ordinaire
Tout le monde peut créer et crée effectivement, à plus ou moins grande échelle. C'est inné et commun.
Avant le 14e siècle, la société ne créditait pas les inventeurs et les créateurs. À partir de la Renaissance, en revanche, la société met à l'honneur les individus et célèbre le génie en sélectionnant certaines personnes.
C'est aussi à partir de cette époque, et plus précisément à partir du XVIIIe siècle, que des brevets (des droits de propriété liés aux inventions techniques) et des droits d'auteur (pour les œuvres d'art) sont octroyés aux individus.
Pourtant, si nous y regardons de près, ce ne sont pas moins de six millions d'individus qui ont reçu au moins un brevet entre 1790 et 2011 ! Pour l'auteur, ceci est une preuve que "créer n'est pas une affaire d'élite" et n'est pas prêt de l'être.
En fait, nous devrions plutôt apprendre à trouver la créativité dans les moindres détails de la vie de tous les jours. D'ailleurs, c'est ce que nous enseigne la psychologie cognitive. Des chercheurs tels que Allen Newell et Robert Weisberg l'ont bien montré.
En fait, pour l'auteur, même l'intelligence n'est pas identique à la créativité. Il le montre en citant une étude sur le sujet. Celle-ci mit en évidence que la créativité ne requiert pas d'aptitudes spéciales, seulement présentes chez quelques individus.
Non, la créativité est potentiellement la même chez chacun. Il s'agit en fait d'un processus expérimental, étape par étape, qui demande beaucoup de travail. Et que tout le monde peut mettre en œuvre !
Chapitre 2 — Réfléchir, c'est mettre un pied devant l'autre
Pour mettre en évidence ce fait initial, Kevin Ashton utilise la métaphore de la marche. En fait, marcher et créer reposent sur le même processus : la pensée progressive.
Voici comment il la décrit plus loin dans le chapitre, après avoir rapporté une expérience menée par des chercheurs dans les années 1930 (et renouvelée dans les années 1970) :
"Il n'y a pas de changement brutal de perception (quand nous créons ou inventons). Nous passons du connu au nouveau par petites étapes. Dans tous les cas, le scénario est le même : on commence par quelque chose de familier, on l'évalue, on résout ce qu'on peut, et on recommence jusqu'à trouver une solution satisfaisante." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 2)
L'un des scientifiques auquel fait référence Kevin Ashton, Karl Duncker, considérait que la créativité commence à partir du moment où nous nous posons la question "Pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas (ou plus) ?" ou "Que puis-je faire pour que cela fonctionne (à nouveau) ?".
Bien sûr, parfois, il n'est pas évident de voir ce qui ne fonctionne pas. Et c'est là où se trouve l'intérêt : dans la curiosité et l'insatisfaction que manifestent certaines personnes et qui les poussent à se poser cette question.
Mais avoir une idée n'est pas la même chose que créer. Dans le dernier cas, nous agissons, alors que dans le premier, nous pouvons très bien rester les bras croisés. Prenons l'exemple du vol : beaucoup de personnes étaient certaines qu'il était possible de voler. Elles en avaient l'idée… Mais seuls les frères Wright ont créé le premier avion fonctionnel !
Chapitre 3 — Des obstacles à venir
Avancer étape par étape, cela signifie nécessairement échouer de temps en temps. Et même souvent !
C'est le thème de ce chapitre. En fait, il n'y est pas seulement question d'échec, mais aussi de rejets. Lorsque nous créons quelque chose, cela peut être refusé, rejeté par les autres. Kevin Ashton prend l'exemple de l'invention d'une nouvelle thérapie contre le cancer par Judah Folkman.
Il vaut mieux s'attendre au rejet. Et cela est plus sain, car les personnes qui acceptent trop vite vos idées sont régulièrement celles qui veulent quelque chose de vous ou vous aiment trop pour avoir un bon recul critique.
Faire face aux réactions négatives et aux échecs nécessite d'avoir confiance en soi et en ses idées. Lorsque nous créons, c'est comme si nous étions dans un labyrinthe : si nous perdons confiance et que nous arrêtons de marcher, nous n'en trouvons jamais la sortie.
Bien sûr, la foi en elle-même ne suffit pas. L'auteur prend un exemple étonnant de cela : un ingénieur français était si sûr de son nouveau modèle de parachute qu'il se jeta du haut de la tour Eiffel — et en mourut !
Voici la chose à ne pas faire : avoir confiance en soi et ses idées, mais ignorer les faits, les données et les critiques qui nous sont formulées.
Chapitre 4 — Ce que voient nos yeux
Pour le dire en deux mots, la sérendipité est l'art de trouver ce que nous ne cherchons pas. Mais cela demande de la préparation. En fait, nous habituons notre regard à voir les choses d'une certaine façon. Nous sommes parfois volontairement aveugles à certaines choses, et particulièrement attentifs à d'autres.
C'est ainsi que nous sélectionnons les éléments du réel qui font sens pour nous. De cette façon, nous pouvons "voir" et "découvrir" des choses qui demeurent inaperçues à d'autres. Voilà ce qu'il s'est passé, par exemple, pour la découverte de la bactérie H. Pylori par Robin Warren.
"L'acte créatif, c'est de l'attention. C'est voir de nouveaux problèmes, remarquer ce qui ne l'avait pas été jusque-là, découvrir les points aveugles de l'inattention. Si, après coup, une découverte ou une invention nous paraît si évidente qu'il nous semble qu'elle était visible tout du long, c'est probablement le cas. La réponse à la question "pourquoi n'y ai-je pas pensé ?", voilà "l'esprit neuf"." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 4)
Ce phénomène d'attention sélective est bien connu aujourd'hui et a été étudié de nombreuses fois. Il fait également partie de ces "biais" étudiés par Daniel Kahneman dans Système 1/Système 2.
En fait, tout ceci est lié à l'expertise et au travail accumulé durant plusieurs années. C'est parce que nous nous entraînons à voir d'une certaine manière que nous devenons effectivement capables de remarquer certaines choses plus rapidement que d'autres. Notre expertise se traduit en vitesse d'exécution.
Pour autant, les meilleurs experts sont aussi capables de renouveler leurs façons d'envisager des problèmes. C'est ce que Kevin Ashton nomme "l'esprit du débutant". Autrement dit, la création se cache à la fois dans l'ouverture et la fermeture, dans l'étonnement et la préparation.
Dans tous les cas, "considérez la certitude comme une ennemie et le doute comme un allié. Quand on peut changer d'avis, on peut tout changer", dit l'auteur pour clore le chapitre.
Chapitre 5 — À qui revient le mérite
Bien sûr, il nous faut ensuite tester notre idée. Nous l'avons dit, le flash de génie est un mythe. Pour être sûr que notre idée est valable — qu'elle est une bonne idée, qui va "tenir la route" —, il va falloir expérimenter, étape par étape.
Or, ce travail est souvent collectif. C'est en tout cas le cas pour les sciences. Le travail des uns s'appuie sur celui des autres. C'est ainsi que se créent les grandes découvertes. Mais alors, à qui en reviennent le crédit et le mérite ? N'est-il pas problématique d'attribuer l'émergence du neuf à un seul individu ?
Kevin Ashton prend l'exemple de la découverte de la structure de l'ADN par James Watson, Fancis Crick et Maurice Wilkins. En fait, il s'appuie notamment sur les recherches de Rosalind Franklin, une scientifique qui étudia les cristaux, les virus et découvrit la structure de l'ARN.
En fait, nous ne sommes pas vraiment assis "sur les épaules des géants", comme l'a dit Isaac Newton. Nous sommes plutôt assis à la suite de générations entières de personnes qui ont pensé et agi avant nous.
Rosalind Franklin elle-même put réaliser ses recherches parce que d'autres avaient mené la science de son époque à cette étape de son évolution :
"Rosalind Franklin, maîtresse en cristallographie, était juchée sur une tour de générations lorsqu'elle devint la première personne à observer le secret de la vie." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 5)
Chapitre 6 — Comment tout s'enchaîne
Connaissez-vous le luddisme ? C'est un mouvement anti-technologie (ou technophobe) du XIXe siècle. Les promoteurs de ce mouvement firent scandale en détruisant des métiers à tisser industriels. Ceux-ci avaient peur d'être remplacés par des machines qui feraient le travail à leur place.
Ce processus de mécanisation de l'industrie s'amplifia tout au long du XIXe et du XXe siècle. Et de nombreuses craintes l'accompagnèrent. Pour remplacer les emplois perdus, les États occidentaux choisirent de miser sur l'éducation : seuls les emplois qualifiés étaient "hors machine".
En fait, les conséquences de l'introduction de nouvelles technologies sont souvent difficiles à prévoir totalement. Les inventions s'enchaînent les unes aux autres, menant à d'autres problèmes et à d'autres découvertes, dans un cycle infini.
Kevin Ashton prend l'exemple d'une canette de Coca-Cola. Celle-ci est le fruit de multiples petites créations qui remontent — si nous y regardons bien — aux temps les plus reculés de l'humanité. Par ailleurs, la consommation de cette boisson a aujourd'hui des conséquences plus ou moins dramatiques, sur le plan sanitaire et environnemental, notamment.
Toutefois, ce n'est pas en refusant l'invention que nous résoudrons les problèmes que la technique pose. Pour l'auteur, la réponse est claire : il nous faut plus d'innovation scientifique et technique. En cela, il se rapproche des visions optimistes de la science et des techniques (approche technophile) prônées par Bill Gates ou Elon Musk, par exemple.
"Les outils en chaîne provoquent des conséquences en chaîne. En tant que créateurs, on peut en anticiper certaines et, si elles sont mauvaises, on devrait bien sûr prendre des mesures pour les éviter, même si cela va jusqu'à inventer autre chose à la place. Ce que nous ne pouvons pas faire, c'est cesser de créer (...). La réponse aux problèmes de l'invention n'est pas moins d'invention, mais davantage. L'invention est un acte d'itération infinie et imparfaite. Les nouvelles solutions engendrent de nouveaux problèmes, qui engendrent de nouvelles solutions. Tel est le cycle de notre espèce." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 6)
Le "cycle de notre espèce", voilà comment Kevin Ashton caractérise ce processus cyclique de création. Selon lui, elle concerne l'humanité tout entière.
Chapitre 7 — Ce qui nous meut
Ce chapitre est consacré à la motivation. Qu'est-ce qui nous meut ? Kevin Ashton commence par prendre l'exemple de Woody Allen. Celui-ci n'aime pas aller aux Oscars, malgré les multiples récompenses qui lui ont été proposées. Pourquoi ? Car, selon lui, recevoir des prix ne l'aide en rien à faire du bon travail.
Ce serait peut-être même le contraire. En fait, nous nous soumettons au jugement d'autrui et entrons dans une logique compétitive. Cela standardise et affaiblit notre travail — c'est, en tout cas, l'avis du réalisateur étatsunien. Mais pas seulement !
La psychologiste de Harvard Teresa Amabile a étudié les relations entre motivation et création. Elle montre que l'évaluation a un effet néfaste sur la création. Et de nombreuses études, notamment réalisées sur des animaux, vont dans le même sens.
Ces recherches vont dans la direction suivante : la motivation la plus forte est intrinsèque. Les motivations extrinsèques (récompenses, punitions, etc.) ne sont pas aussi efficaces.
Pour poursuivre son argument, Kevin Ashton parle du phénomène littéraire bien connu de crampe de l'écrivain ou d'"angoisse de la page blanche". Mais pour lui, c'est un faux problème ! En fait, ce qui nous arrive lorsque nous sommes bloqués devant notre écran d'ordinateur ou notre bloc de feuilles, ce n'est pas une simple impuissance ou un manque d'inspiration.
Que se passe-t-il, alors ? Nous nous figeons, car nous avons peur de ne pas être à la hauteur de nos propres attentes. C'est ce que Kevin Ashton nomme "le syndrome de la page mal remplie" :
"La victime d'un blocage n'est pas incapable d'écrire. Elle peut toujours tenir un stylo, taper sur les touches d'une machine à écrire, faire fonctionner son traitement de texte. La seule chose qu'elle est incapable d'écrire, c'est quelque chose qu'elle trouve bien. Ce n'est pas le syndrome de la page blanche, c'est le syndrome de la page mal remplie. Le remède va de soi : écrire quelque chose qu'on trouve mauvais." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 7)
Le plus important, c'est d'écrire ou de travailler, quelle que soit la tâche. Nous ne pouvons atteindre le maximum à chaque fois. Celui-ci est par définition exceptionnel. Surtout, continuons à écrire, si telle est notre passion.
En fait, c'est le mot le plus important : la passion. C'est elle qui vous aide à créer et à maintenir votre confiance durant le processus difficile d'essais et d'erreurs. La mise en place d'un rituel, d'une routine créative pourra peut-être vous aider. Toutefois, le plus important, c'est la constance.
Comme le disait Igo Strabinsky, "c'est le travail qui apporte l'inspiration lorsque celle-ci n'est pas perceptible au démarrage".
Chapitre 8 — La création en bande organisée
Nous faisons souvent l'expérience de la création lorsque nous sommes seuls. Ou nous croyons que les grands génies créent lorsqu’ils sont isolés. Mais il faut pourtant se demander comment des groupes peuvent être créatifs. Et plus encore : "Comment pouvons-nous construire des organisations où les gens créent ?".
Kevin Ashton prend l'exemple de la conception d'un avion de combat de l'armée américaine. L'ingénieur en chef — Kelly Johnson — a gagné la confiance de l'entreprise chargée de la tâche, Lockheed Corporation. Celle-ci a décidé de lui faire confiance malgré ses idées farfelues, tout en lui demandant de faire ses preuves.
Le lien créé par le secret ou par le partage d'un même espace peut aussi favoriser la création. Réunies autour d'un même projet, les personnes font équipe. Mais ici, deux éléments supplémentaires sont cruciaux pour l'auteur :
Il importe que les personnes soient mises sur un pied d'égalité ;
L'action doit primer sur la discussion.
C'est ce qu'il illustre avec une expérience intéressante, impliquant des enfants et des adultes travaillant dans différents domaines (droit, business, cadres, etc.). Celle-ci consistait à demander à ces différents groupes de personnes de réaliser une construction stable à partir de pâtes, de cordes et de papier collant, afin de faire tenir un marshmallow sur le dessus.
Simple ? En apparence ! En fait, ce sont les enfants qui s'en sont sorti le mieux. Pourquoi ? Selon les résultats, rapportés par l'auteur de Comment faire voler un cheval, ce serait parce que les enfants n'ont pas discuté et ne sont pas entrés dans des "jeux de pouvoir". Ils ont agi et n'ont utilisé le langage que pour agir.
Ce "test du marshmallow" met bien en avant les deux points cités ci-dessus. Or, dans les entreprises, ils sont souvent peu respectés. Les réunions s'éternisent ; les discussions prennent le pas sur l'action. Les hiérarchies tuent l'initiative. Résultat : les employés se désengagent et ne font plus d'efforts pour porter les valeurs et les idées de l'organisation.
La solution pour rendre nos organisations créatives passe donc par la mise en place de rituels d'action et par des relations plus horizontales.
Chapitre 9 — Bye-bye, génie
Au XIXe siècle, l'eugéniste Francis Galton écrivit un livre intitulé Hereditary Genius. Selon lui, seuls quelques-uns possèdent d'exceptionnelles capacités créatives. Ce sont les génies. Pour cet auteur, il conviendrait de privilégier la reproduction de certains groupes humains — et en particulier, donc, des génies — pour le bien de l'humanité.
En opposition à cette vision, Kevin Ashton plaide pour l'universalité de la créativité. En utilisant l'étymologie, il montre que "génie" signifiait "esprit". Or, cet esprit fait partie de chacun d'entre nous.
Nous avons besoin de créativité pour évoluer en tant qu'humains. Nous avons tous besoin de résoudre des problèmes et d'inventer de nouveaux chemins. Or, la situation actuelle — entre surpopulation et surconsommation — exige de nous des initiatives originales (nous pourrions aussi dire : des révolutions tranquilles).
Les craintes liées à la surpopulation ne sont toutefois pas nouvelles. Au XIXe siècle encore, Thomas Malthus fut le premier à alerter sur ce phénomène. Il fut à la fois célébré et critiqué. Il avait raison : la population humaine s'accroît énormément.
Pourtant, il n'a pas vu autre chose : avec l'accroissement de la population vient l'augmentation de la créativité. Or c'est précisément, selon lui, ce qui nous sauve au quotidien.
"Quand la population augmente, notre capacité à créer augmente encore plus vite. Il y a plus de gens qui créent, donc plus de gens avec qui se connecter. (...) Nous prenons le dessus sur le changement grâce au changement." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 9)
Conclusion sur « Comment faire voler un cheval ? » de Kevin Ashton :
Ce qu’il faut retenir de « Comment faire voler un cheval ? » de Kevin Ashton :
Ce livre est rempli d'anecdotes plus intéressantes les unes que les autres sur la création dans les domaines des arts, des sciences et des techniques — mais pas seulement. Kevin Ashton regarde la créativité comme une qualité intrinsèquement présente dans de nombreux actes du quotidien.
C'est un ouvrage optimiste et joyeux : il vous donnera vraiment envie de vous lancer dans votre aventure personnelle en explorant vos capacités créatives. Voulez-vous écrire ? Ou créer votre propre entreprise ? C'est possible ! Il suffit de se lancer, d'agir et d'accepter les erreurs.
Pour autant, vous ne lirez donc pas seulement un manuel de créativité. Il y a aussi, dans cet ouvrage, un côté philosophique et une réflexion sur l'avenir de l'humanité. C'est ce qui ressort bien, d'ailleurs, des dernières lignes du texte :
"La chaîne de la création est faite de nombreux maillons et chacun d'eux — c'est-à-dire chaque personne qui crée — est essentiel. Toutes les histoires des créateurs réaffirment les mêmes vérités : l'acte créatif est extraordinaire, mais les créateurs sont humains ; tout ce qu'il y a de bon en nous peut réparer ce qu'il y a de mauvais en nous ; le progrès n'est pas une conséquence inévitable, mais un choix individuel. La création ne naît pas d'un besoin : elle vient de nous." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 9)
Vous pouvez méditer ces lignes tranquillement ! Par ailleurs, l'auteur propose une large bibliographie qui vous aidera à faire connaissance avec quelques-uns des classiques de la recherche contemporaine sur la créativité dans les différents domaines de l'existence.
En bref, ce livre est une réussite ! C'est un excellent livre de vulgarisation qui vous incitera à agir pour vous et pour les autres, tout en vous donnant les clés pour comprendre d'où vient cette force en nous que nous nommons "créativité".
Points forts :
Une pensée claire et une présentation didactique ;
De nombreuses références à des travaux classiques sur la créativité en philosophie, en sociologie, en psychologie et en histoire ;
Des exemples dans tous les domaines de l'existence ;
Une belle expérience de lecture et de réflexion.
Point faible :
Certes, la thèse de la créativité ordinaire n'est pas nouvelle. Beaucoup d'autres livres partent du même point de départ en critiquant, comme Kevin Ashton, la théorie du "flash du génie". Pourtant, le livre n'en demeure pas moins très intéressant et original. Et, en fait, il forme un excellent complément de Laissez courir les éléphants, qui est davantage axé sur les techniques concrètes à mettre en place pour agir au quotidien !
Ma note :
★★★★★
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Résumé de « La montagne, c’est toi » de Brianna Wiest : un livre pour « se libérer de l’autosabotage » en 7 leçons claires et efficaces — à mettre entre les mains de toutes les personnes souffrant du syndrome de l’imposteur ou de ses dérivés (perfectionnisme, etc.).
Brianna Wiest, 2023, 213 pages.
Titre original : « The Mountain is You » (2020)
Chronique et résumé de « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest
Chapitre 1 — La montagne est en vous
L'autosabotage est un mécanisme de défense
Le plus souvent, l'autosabotage est un mécanisme d'adaptation inconscient qui inhibe notre potentiel. Carl Jung, le célèbre psychanalyste et élève dissident de Freud, le dit très bien. En fait, sa propre expérience nous montre que l'autosabotage est un phénomène psychologique qui est lié à :
Des besoins émotionnels non résolus ;
Des peurs irrationnelles ;
et des associations négatives.
L'autosabotage n'est pas nécessairement un échec de notre volonté. En fait, il faut chercher plus profondément, c'est-à-dire dans nos conditionnements inconscients. Nous pouvons avoir une mauvaise estime de nous-mêmes pour une raison ou une autre. Ou bien nous pouvons avoir été socialisés dans la peur de l'étranger…
Sortir du déni
Ces limitations nous font malheureusement beaucoup de tort. Nos chances de succès et d'être heureux s'amenuisent. Pour mettre un terme à ce cercle vicieux, nous devons identifier les besoins et les peurs sous-jacentes qui nous ont marqués. Puis, nous devons faire face à ces croyances limitantes et ces associations inconscientes afin de les combattre.
En faisant cela, nous devenons capables de mieux aligner nos désirs et nos objectifs à nos actions concrètes.
Nous le remarquons donc dès à présent : l'autosabotage est intrinsèquement lié à nos systèmes de croyances. Nous avons tous des principes, des valeurs et des croyances qui donnent forme à la façon dont nous voyons le monde, les autres et — bien sûr — nous-mêmes.
Quels sont, dans ce cas, les premiers pas pour vaincre l'autosabotage ? Brianna Wiest en évoque deux pour commencer :
Cultiver la conscience de soi ;
Se rendre responsable à l'égard de notre situation actuelle.
Bien sûr, plusieurs autres conseils sont donnés dans le livre, ainsi que plusieurs recommandations précises et pratiques (voir les chapitres suivants). Mais pour l'immédiat, suivons la recommandation concrète suivante : écrivons !
Se préparer au changement radical
Eh oui, l'écriture aide à mettre les problèmes à distance et, donc, à cultiver la conscience de soi et la responsabilité. Lorsque nous écrivons ce qui ne va pas, nous reconnaissons le problème et nous le rendons tangible, manipulable. Cette "preuve écrite" servira ensuite de feuille de route pour l'action.
L'échec, nous le savons, est un catalyseur de changement. C'est lorsque les personnes atteignent leur niveau le plus bas qu'ils acceptent finalement de reconnaître l'origine interne de leurs soucis et qu'elles sont prêtes à évoluer.
En prenant conscience que la cause du problème est intérieure — autrement dit, que la montagne est en nous —, nous devenons capables de rejeter les justifications a posteriori ("J'agis mal parce que ceci ou cela d'extérieur à moi m'en empêche") et de nous concentrer sur nos propres forces de changement.
Toutefois, changer de croyances et de vie a un coût que nous devons impérativement accepter de payer. Quel est-il ? Cela dépend du problème ! En tout cas, ce qui est perdu (le plus souvent, une forme de sécurité) est compensé par les gains de cette nouvelle vie plus centrée et ancrée.
Avant d'aller plus loin, retenez ceci :
"La plus belle preuve d'amour que vous puissiez vous offrir est de refuser une vie qui vous rend malheureux. Le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire est d'enfin mettre des mots sur ce qui ne va pas." (La montagne, c'est vous, Chapitre 1)
Chapitre 2 — L'autosabotage existe-t-il vraiment ?
Brianna Wiest ne pense pas que l'autosabotage soit un acte volontaire. Nous ne faisons pas mal délibérément. Ces comportements destructifs sont plutôt le fruit de notre subconscient, comme nous l'avons vu plus haut.
L'autosabotage n'est pas non plus un indice de manque de volonté ou d'incapacité intellectuelle. En fait, il est la manifestation de notre complexité intérieure, de nos conflits émotionnels, qui restent le plus souvent cachés et ignorés.
Types d'autosabotage et comment y remédier
L'auteure passe en revue un grand nombre de types d'autosabotage :
La résistance, par exemple, est un état où nous échouons à nous engager dans de nouvelles opportunités ou relations, particulièrement lorsque la vie semble aller bien ou mieux. Cette forme d'autosabotage indique la peur de l'échec ou de la honte.
La limite supérieure est l'acte de s'imposer à soi-même une limite à ne pas dépasser, une forme de plafond de verre professionnel ou personnel. Au-delà, nous nous refusons le bonheur ou le succès. Et nous enclenchons une série de comportements autodestructeurs pour nous maintenir dans ces limites imaginaires.
La bougeotte est le fait de chercher sans cesse de nouveaux commencements, comme changer de travail sans arrêt ou entrer dans de nombreuses relations amoureuses. Pourquoi ? Pour éviter d'avoir à affronter certains problèmes sous-jacents.
Le perfectionnisme peut nous inhiber au point de nous faire échouer… par peur de l'échec. "Être perfectionniste ne se résume pas à vouloir bien faire : c'est se fixer des attentes irréalistes concernant ce que l'on est capables de faire ou de vivre", rappelle Brianna Wiest.
La mauvaise gestion des émotions nous empêche d'accéder à notre plein potentiel et à "devenir prisonnier" des sentiments négatifs. Nous devons être capables de gérer le chagrin ou la colère pour être pleinement présents à nous-mêmes.
Etc.
Brianna Wiest propose d'autres descriptions de phénomènes d'autosabotage et, pour chaque section, suggère des moyens de remédier au problème. Voici, par exemple, ce qu'elle préconise pour l'autosabotage nommé "manque d'organisation" :
"Comme pour tout, vous devrez procéder pas à pas pour désencombrer et réorganiser votre environnement. Commencez par vous concentrer sur une pièce uniquement ou, si c'est trop, sur un coin de cette pièce, un placard ou un tiroir. Ne dispersez pas vos efforts, consacrez-vous à cette zone et créez-vous une routine pour la maintenir en ordre. (...) Donnez-vous le temps de vous habituer à travailler à un bureau bien rangé et cela finira par devenir naturel. Vous serez peu à peu moins stressé et aurez le sentiment de mieux maîtriser votre vie. Il est extrêmement difficile d'incarner la personne qu'on rêve de devenir dans un environnement qui ne nous ressemble pas." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)
Comment savoir si vous vous autosabotez ?
Brianna Wiest dresse une nouvelle liste, plus facile à prendre en main, afin de vous aider à repérer des comportements problématiques (p. 56-59). Faites attention si vous… :
"Avez plus conscience de ce que vous ne voulez pas que de ce que vous voulez ;
Passez plus de temps à impressionner ceux qui ne vous apprécient pas qu'à chérir ceux qui vous aiment ;
Faites l'autruche ;
Vous souciez plus de paraître heureux que de l'être réellement ;
Recherchez l'approbation des autres avant votre bonheur ;
Refusez d'affronter vos émotions par peur de ce que vous allez découvrir ;
Courez après des objectifs sans vous demander si vous y tenez vraiment ;
Voyez vos mécanismes de défense comme la cause et non la conséquence de votre mal-être ;
Faites passer vos doutes avant votre potentiel ;
Voulez tout faire ;
Attendez qu'on vous ouvre la voie, qu'on vous tende la main ou qu'on vous offre sur un plateau la vie dont vous rêvez ;
Ne voyez pas tout ce que vous avez réussi à accomplir." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)
Identifiez vos engagements inconscients
Les comportements d'autosabotage, nous l'avons vu, sont causés par des conflits inconscients qui nous font agir malgré nous. Ces "engagements profonds" révèlent des besoins, des croyances et des valeurs qui nous animent sans que nous en ayons conscience. Par exemple, lorsque nous voulons tout contrôler, c'est peut-être parce que nous avons profondément peur de faire confiance, etc.
Tant que ces besoins ne sont pas résolus, ils créeront des effets d'autosabotage. Faire face à ce qui est caché n'est pas, la plupart du temps, très confortable. Pourtant, c'est indéniablement comme cela que nous pouvons progresser, selon Brianna Wiest.
Autrement dit, vous devez prendre le temps de distinguer, avec honnêteté, quelles sont les formes d'autosabotage qui vous concernent. Celles-ci sont des symptômes. Ce travail préliminaire vous permettra ensuite de retrouver les besoins sous-jacents — qui sont, eux, la véritable cause du problème.
Dissociez vos actions de vos émotions
La résistance au changement est quelque chose de connu et de normal, jusqu'à un certain point. Pour lever les freins vers votre progrès, vous devrez distinguer les émotions des actions. Les émotions peuvent être valides et légitimes, mais les actions qui en découlent, non.
L'objectif n'est pas seulement de comprendre ce qu'est l'autosabotage, mais d'en analyser les causes et de parvenir à vivre une vie plus entière et satisfaisante.
"Il est crucial d'apprendre à agir avant d'en avoir envie. Passer à l'acte crée un élan et suscite la motivation. Cette dernière ne viendra pas d'elle-même, vous devez la provoquer. Vous devez vous inspirer vous-même, vous mettre en mouvement. Vous devez vous lancer, tout simplement, et laisser votre vie et votre énergie se réaiguiller vers les comportements qui vous porteront vers l'avant, pas vers ceux qui vous retiennent en arrière." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)
Chapitre 3 — Vos émotions sont la clef de votre liberté
Les émotions sont comme des déclencheurs de l'action. Elles sont précieuses pour reconnaître ce qui vous anime. Elles révèlent des douleurs irrésolues, mais aussi vos besoins profonds et ce que vous désirez véritablement. En conséquence, elles peuvent être utilisées pour réaligner votre vie avec celui ou celle que vous êtes vraiment.
Comment interpréter vos émotions négatives ?
Les émotions négatives comme la colère, la tristesse et la culpabilité vous donnent des indices sur ce qui mérite un travail de votre part. Ce sont des messages que vous devez apprendre à interpréter pour améliorer votre existence.
Par exemple :
La colère nous montre des limites ou des injustices que nous chercherons à réparer.
La tristesse, quant à elle, constitue le plus souvent une réponse naturelle à la perte. Dans ce cas, elle vous indique qu'un travail de deuil sain est nécessaire.
Le sentiment de culpabilité nous renvoie à l'impression d'être un fardeau ; pour se débarrasser de cette émotion, un exercice de remémoration est souvent indispensable.
La honte est le sentiment qui intervient lorsqu'on a "conscience d'avoir agi à l'encontre de ses valeurs".
Etc.
Les murmures et les cris de votre voix intérieure
Nous avons tous ce petit dialogue intérieur qui nous avertit des dangers que nous courrons et qui nous met en alerte. Apprenons à écouter ce que nous dit cette "voix intérieure". "Si vous n'agissez pas, ses alertes se feront de plus en plus fortes, et si vous n'apprenez pas à l'écouter, elle finira par tout contrôler", prévient l'auteure.
Nous l'avons dit plus haut : les besoins et les émotions sont légitimes. Par exemple, il est légitime de vouloir être désiré ou de vouloir se sentir en sécurité. Ces besoins sont en vous et ne doivent pas être masqués. Ce ne sont pas des faiblesses à cacher. Au contraire, vous devez les accepter et trouver le moyen de les combler de façon saine et satisfaisante.
Comment suivre son instinct sans redouter l'avenir
L'instinct joue un rôle important pour nous guider. À la différence des réactions émotionnelles ou des projections liées à nos anxiétés passées ou futures, l'instinct est immédiat et tombe — souvent — juste. Il est focalisé sur l'ici et le maintenant. Nous pouvons donc nous fier à cette intuition pour prendre de bonnes décisions.
En fait, notre instinct ou intuition vient de l'intestin (ce que les anglais nomment gut feelings). Cet organe plié et complexe est souvent considéré comme notre "deuxième cerveau". Il nous renseigne sur nos états intérieurs et nos insatisfactions. Bien sûr, il ne doit pas remplacer complètement le raisonnement venu du cerveau lui-même. Mais il ne doit certainement pas être ignoré !
Il importe également d'apprendre à distinguer entre les émotions (notamment la peur) et l'intuition. Ainsi qu'entre l'instinct et les pensées parasites. L'intuition nous donne un sentiment de calme et de rationalité ; nous savons comment nous comporter sans nécessairement savoir directement pourquoi. Les émotions négatives et les pensées parasites nous laissent quant à elles plutôt dans un état de stress et d'incertitude.
Comment réellement combler ses besoins ?
Le concept de self-care (soin de soi) est remis en valeur et est aujourd'hui à la mode. Brianna Wiest suggère qu'il faut aller au-delà de cette tendance et retrouver la signification profonde de ce terme.
Selon elle, nous devrions nous focaliser en premier lieu sur les besoins physiologiques essentiels tels que le sommeil, la nourriture et le bien-être émotionnel. En fait, en cherchant à y subvenir de façon attentive, nous pouvons déjà supprimer bon nombre de comportements d'autosabotage.
"Nous avons tous besoin, pour bien vivre, de nous sentir en sécurité, de nous nourrir, de dormir, d'évoluer dans un environnement sain, de pouvoir nous vêtir et de nous autoriser à vivre nos émotions sans les juger ni les refouler. (...) Comprendre vos besoins, satisfaire ceux que vous avez les moyens de combler et vous ouvrir au monde pour que vos proches, à leur tour, vous aident à combler les autres — voilà comment briser la spirale de l'autosabotage pour vous bâtir une vie plus saine, équilibrée et épanouissante." (La montagne, c'est toi, Chapitre 3)
Chapitre 4 — Développer son intelligence émotionnelle
L'autosabotage est intimement lié au manque d'intelligence émotionnelle. Cette compétence est cruciale pour comprendre, interpréter et répondre aux émotions des autres et de nous-mêmes.
Votre cerveau est programmé pour résister à ce que vous désirez vraiment
Les neurosciences nous ont appris le rôle de la dopamine dans le cerveau. Celle-ci a un rôle à jouer dans nos tendances autodestructrices. Comment ? En nous poussant à "vouloir toujours plus".
D'un côté, c'est positif, puisque cette substance nous aide à conserver de l'ambition. Nous ressentons du plaisir lorsque nous accomplissons de nouveaux objectifs. Mais de l'autre, la dopamine peut nous jouer des tours en nous empêchant d'être content des victoires déjà remportées. Cela peut conduire à l'épuisement émotionnel et à l'autosabotage.
Les associations inconscientes contribuent au problème. Nous nous fermons des porte sans le savoir ! Par exemple, un échec dans un domaine — en amour, par exemple —, peut engendrer une réponse émotionnelle disproportionnée. Celle-ci va s'étendre au-delà de son milieu d'origine et nous faire perdre le contrôle à d'autres niveaux (au travail, notamment).
Votre corps n'aspire qu'à l'homéostasie
Nos biais cognitifs nous jouent également des tours : le biais de confirmation, notamment, qui nous incite à ne voir et à n'apprendre que ce que nous savons déjà. Nous recherchons avant tout notre zone de confort et nous rechignons à nous analyser en profondeur.
En fait, plus largement, c'est tout notre corps qui vise à demeurer dans un état d'équilibre, aussi bien au niveau de la température corporelle que du poids, ou encore de la régularité des battements du cœur, etc. C'est ce que les scientifiques nomment l'homéostasie ou l'"impulsion homéostatique".
"L'enseignement à retenir ici est que tout processus de changement ou de guérison nécessite une période d'adaptation, le temps que notre corps se fasse à la nouvelle norme que nous lui imposons", prévient Brianna Wiest.
Changement et choc d'ajustement
Il faut aussi prendre en compte ce que l'auteure appelle le "choc d'ajustement". Lorsque nous changeons, notre corps et notre esprit prennent un certain temps à s'adapter à la nouvelle configuration. Or, il se peut que, dans les premiers temps, nous n'en soyons pas satisfaits — même si ce changement est largement positif !
Pour que le changement devienne acquis, il faut qu'il devienne familier. Tant qu'il ne l'est pas, des phénomènes d'anxiété, de peur ou de vigilance extrême peuvent survenir face aux changements en cours.
Brianna Wiest promeut une approche "antifragile" de l'esprit et du changement (p. 105-107). Pour elle, l'adversité et le risque font complètement partie de l'aventure et doivent être assumés positivement.
Par ailleurs, elle place la notion de principe au centre de ses réflexions. L'enthousiasme ne suffit pas. Changer, c'est se mettre en conformité avec ses valeurs et ses principes profonds. Ces modifications ne se font pas en un jour. Nous l'avons déjà vu, c'est par une politique des petits pas que nous arriverons à de grandes transformations (ce que l'auteure nomme des "microrévolutions").
"Ce que nous désirons le plus ardemment est souvent ce à quoi nous résistons le plus fortement", assure-t-elle. Dans ces conditions, pas facile d'obtenir ce que nous voulons vraiment ! Mais pas impossible pour autant…
Vous n'êtes pas devin…
Pour y parvenir, il faut allier la résilience et l'expérimentation à la raison. En d'autres termes, il faut aussi arrêter de penser que nous pouvons tout prévoir — aussi bien les émotions d'autrui que les événements futurs. Ces "pensées divinatrices" produisent en nous des émotions fausses qui nous font mal agir (ou risquent de le faire).
En fait, ces pensées sont souvent des biais cognitifs (comme le biais de confirmation) et l'action juste consiste à s'en défaire par le recours à la logique et à la rationalité.
L'inquiétude est le moins stable des systèmes de défense
Quand bien même la préoccupation et la rumination auraient un lien avec la créativité, elles ne sont pas de bonnes conseillères pour le changement, ni même de bons systèmes de défense, soutient Brianna Wiest. Pourquoi ? Simplement car "s'accrocher aux expériences passées" nous maintient dans la spirale infernale de l'autosabotage.
Bien sûr, il est plus facile de dire "arrête de t'inquiéter" que de le faire véritablement ! Il faut donc mettre en place des stratégies alternatives. Les techniques du self-care et du raisonnement logique font partie de votre boîte à outils pour neutraliser l'anxiété et passer à autre chose.
Chapitre 5 — Se libérer du passé
"La vie est une perpétuelle réinvention de soi." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)
Le concept de "laisser aller" ou "lâcher prise" est souvent réduit à une simple décision. Mais en réalité, il n'est pas facile de changer d'anciennes habitudes et de s'élancer vers le nouveau. Lâcher prise (vis-à-vis de nos douleurs et de nos traumatismes passés, notamment) demande du temps : c'est un processus complexe, nuancé et personnel.
Tourner la page
Brianna Wiest propose un exercice à ceux qui veulent se libérer des fantômes de leur passé : se rappeler de vieux souvenirs et entrer en conversation avec son soi d'autrefois. De cette façon, nous pouvons "injecter" notre sagesse présente à notre plus jeune Moi et réorienter notre énergie vers le présent et l'avenir.
Il existe des pressions sociales pour tourner la page rapidement. Nous sommes parfois contraints de nous adapter très vite, ce qui laisse peu de place à l'analyse et à l'intelligence émotionnelle. Pourtant, comme nous l'avons dit plus haut, le temps compte. In fine, l'objectif est d'intégrer progressivement les expériences du passé dans notre identité présente, afin de créer un continuum cohérent et qui laisse la place à la nouveauté.
Se défaire des attentes irréalistes
"Si vous n'êtes capable de trouver le bonheur et la paix qu'après avoir gommé tous les défauts et écarté tous les problèmes de votre existence afin de vivre dans une illusion policée, c'est que vous n'avez pas réellement résolu vos difficultés." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)
Le vrai problème, ce n'est pas les conditions extérieures ou les marques conventionnelles du succès. Ce à quoi vous devez faire face, ce sont à vos conflits intérieurs.
Le développement personnel — tel que le conçoit Brianna Wiest — ne préconise pas que vous deveniez une version idéalisée de vous-même ou de l'individu en général. Il vous invite plutôt à embrasser qui vous êtes vraiment. La guérison commence lorsque nous acceptons l'imperfection.
Se remettre d'un traumatisme émotionnel
Les traumatismes sont des événements au cours desquels nous perdons notre sentiment de sécurité. Leurs répercussions sont psychologiques et physiques. Au plan psychique, nous demeurons dans un état de vigilance accrue, en "mode combat".
Par ailleurs, les régions de l'amygdale, de l'hippocampe et du cortex préfrontal, qui gèrent notamment le stress et la mémoire, sont mises à rude épreuve après un traumatisme. Nous n'arrivons plus (ou plus totalement) à :
Traiter les souvenirs de façon complète ;
Nous sentir en sécurité ;
Gérer nos émotions ;
Planifier et envisager notre avenir.
Pour nous en sortir, nous devons apprendre à nous libérer des émotions refoulées. Celles-ci ne sont pas facultatives ! Elles assurent notre bien-être et nous devons apprendre à les maîtriser autrement qu'en surcompensant ou en nous enivrant (pour ne prendre que deux exemples d'habitudes malsaines).
En fait, les émotions sont physiologiques et — si nous prêtons attention au langage — nous nous rendons compte qu'elles sont intimement liées au corps. Nous disons que nous "en avons plein le dos", quand nous sommes angoissés. Ou encore que nous avons "la peur au ventre", etc.
Ici, la méditation et la respiration peuvent aider en profondeur. Méditer, c'est d'abord apprendre à ressentir. La respiration aide à sentir où se situent les zones de tension. Pensez aussi à vous mouvoir dans l'espace et à laisser votre corps s'exprimer par des manifestations spontanées, telles que des tremblements, des pleurs, etc.
Guérir son esprit
Nous l'avons vu, l'intelligence émotionnelle est un prérequis essentiel pour retrouver la sérénité et se préparer au changement. Cela passe par un certain lâcher-prise : lâcher prise face à toutes ces peurs et émotions négatives qui ne nous servent pas.
"Guérir, c'est refuser de voir le changement comme un désagrément pour ne plus subir, une seconde de plus, la médiocrité. On ne peut pas échapper à l'inconfort du changement, il nous mettra toujours mal à l'aise. Mais on peut choisir de vivre cet inconfort en dépassant les limites que l'on s'est imposées, en brisant les codes et en devenant la personne que l'on rêve d'être, au lieu d'endurer en restant sur place à ruminer des peurs inventées pour justifier notre inaction." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)
Chapitre 6 — Se bâtir un nouvel avenir
Adopter une perspective tournée vers le présent et l'avenir est essentiel pour devenir la meilleure version de vous-même et adopter des principes qui vous mèneront là où vous avez toujours voulu être.
À la rencontre de la personne que vous pourriez devenir
Pour ce faire, nous avons vu qu'il importe au plus haut point de se libérer des fantômes du passé. Mais pas seulement ! Vous devez littéralement créer votre nouvel horizon. L'un des exercices les plus connus pour cela est la visualisation (pratiquée notamment par les spécialistes de la programmation neurolinguistique).
Brianna Wiest retravaille ce concept en proposant au lecteur de converser non plus avec son Moi plus jeune, mais avec son "meilleur Moi possible".
Lorsque vous pratiquerez cet exercice, vous devrez vous focaliser sur les nuances de votre apparence et de votre comportement. Comment serez-vous ? Comment agirez-vous ? Quelles seront les différences, par rapport à celui que vous êtes aujourd'hui ?
En visualisant ces détails, vous obtiendrez des indices sur les étapes à suivre pour devenir celui ou celle que vous voulez être.
Mais l'auteure va plus loin et vous propose un cheminement en 4 étapes :
Vaincre la peur ;
Observer son futur moi ;
Lui demander conseil ;
Imaginer recevoir les "clefs" de sa nouvelle vie.
Devenir la version la plus puissante de soi
Plutôt que de vous laisser aller à de vagues idées sur vous-même et le monde, prenez les choses en main et explorez votre futur Moi de façon raisonnée. Pour devenir la version la plus puissante de vous-même, fondez toutes vos décisions et actions dans le moment présent, avec conscience et responsabilité.
Voici quelques conseils supplémentaires explorés par Brianna Wiest dans La montagne, c'est toi (p. 16'-168) :
Demandez-vous ce que ferait votre "meilleur Moi possible" ;
Prenez conscience de vos faiblesses ;
Tenez-vous prêt à ne pas être aimé ;
Agissez délibérément ;
Travaillez sur vous-même.
Pour l'auteure, vous devez agir comme une petite entreprise en laissant l'image de votre meilleur Moi possible guider vos actions :
"Faites de cette version de vous le PDG de votre vie. Désormais, c'est elle qui prendra les décisions et gérera tout. Elle sera rédactrice en chef, la mère supérieure, le chef de famille… Bref, mettez-vous à ses ordres." (La montagne, c'est toi, Chapitre 6)
Apprendre à valider ses émotions
L'intelligence émotionnelle, associée à une pratique de la validation équilibrée, est d'un grand secours pour évoluer positivement.
La validation peut être néfaste lorsqu'elle devient la recherche compulsive du regard d'autrui. En revanche, elle est diablement utile et bienvenue quand nous devenons capables de valider nos propres émotions.
D'ailleurs, nous nous en rendons davantage compte quand nous le pratiquons avec autrui. Avez-vous remarqué le bien que procure un simple mouvement d'empathie ? Lorsque, par exemple, vous dites à une personne triste : "Je comprends ta tristesse, cela ne doit pas être facile". Ou lorsque vous recevez une remarque de ce genre, plutôt qu'un conseil…
La validation fait du bien. Mais comme nous venons de le dire, elle ne doit pas devenir compulsive. C'est pourquoi nous devons apprendre à valider nous-mêmes nos émotions. Comment ? En reconnaissant votre émotion et en vous disant que vous avez le droit d'être en colère, ou stressé, etc.
Suivre ses principes
Brianna Wiest oppose le fait de suivre des principes avec celui de se laisser uniquement guider par son inspiration. Les principes sont peut-être ennuyeux, mais ils nous mènent à bon port. L'inspiration, quant à elle, n'est basée que sur l'imaginaire : elle virevolte mais ne nous mène — concrètement — nulle part.
Les principes sont des relations de cause à effet. Ils peuvent être des normes sociales, des lois naturelles, ou encore des guides éthiques. En bref, ils apportent un cadre solide à l'action. En basant vos décisions et vos actions sur des principes, vous avez toutes les chances de parvenir à des résultats plus tangibles.
L'auteure aborde également la question de la raison d'être. Quelle est votre raison d'être ? En réalité, celle-ci change au cours du temps. Mais la plupart du temps, nous associons raison d'être et travail. Dans ce cas, autant passer le plus de temps à faire ce que vous aimez vraiment !
"Votre raison d'être se trouve là où se recoupent vos compétences, vos centres d'intérêt et les besoins du monde." (La montagne, c'est toi, Chapitre 6)
Que faire de votre vie ?
Voici plusieurs questions à vous poser pour vous aider à trouver votre raison d'être (p. 181-183) :
Pour qui et pour quoi êtes-vous prêt à souffrir ?
Fermez les yeux et imaginez la meilleure version de vous-même. À quoi ressemble-t-elle ?
Si les réseaux sociaux n'existaient pas, que feriez-vous sincèrement ?
Qu'est-ce qui vous vient le plus naturellement ?
Quelle serait votre routine idéale ?
Qu'aimeriez-vous laisser derrière vous ?
Chapitre 7 — De l’autosabotage à la maîtrise de soi
Passer de l'autosabotage à la maîtrise de soi n'est pas exceptionnel ou particulièrement compliqué. En fait, cela sera la conséquence naturelle d'un seul premier pas dans la bonne direction.
Contrôler ses émotions au lieu de les réprimer
Brianna Wiest s'inspire des enseignements du bouddhisme et de la pratique de la méditation. Mais aussi de la psychothérapie. Selon ces pratiques spirituelles, il importe de libérer ses émotions en "lâchant prise" ou en s'autorisant à s'exprimer.
Souvent, nous réprimons nos émotions de façon inconsciente. Mais nous pouvons reprendre le contrôle de façon consciente. Pour ce faire, prenez acte de l'émotion ressentie, puis décidez clairement de la réponse à apporter. Agissez donc en deux temps, sans vous jeter sur la première réaction qui vous vient spontanément.
Réapprendre à se faire confiance
En agissant de la sorte, il est possible de trouver la paix intérieure et de se faire à nouveau confiance.
Quelle que soit la situation, considérez-là calmement, en gardant à l'esprit que, au fond de vous-même, tout va bien. D'ailleurs, c'est un enseignement que vous pouvez aussi retrouver chez les penseurs stoïciens comme Marc Aurèle.
Trouver sa propre paix
La paix intérieure est une aspiration qui dépasse celle du bonheur éphémère. Pour l'atteindre, il faut se reconnecter avec l'enfant qui demeure toujours en nous — la part de vulnérabilité et de pureté qui nous habite toute notre vie.
C'est, au fond, tout ce que nous possédons, car c'est la seule chose que nous pouvons contrôler. Pour y parvenir, il importe — encore une fois — de ne pas confondre les émotions et les actes. Il faut briser le cercle de l'anxiété qui se nourrit d'elle-même.
Brianna Wiest donne quelques conseils supplémentaires pour nous aider à atteindre la force mentale. Selon elle, il ne s'agit pas d'une qualité stable, obtenue pour toujours. Nous avons à entretenir notre paix intérieure de façon quotidienne. Notamment en :
Restant humble (le monde ne tourne pas autour de nous) ;
Reconnaissant les limites de nos connaissances ;
Demandant de l'aide, lorsque nous en avons besoin ;
Faisant des plans pour guider nos actions ;
Assumant la responsabilité de nos actes et de nos décisions ;
Gérant les émotions complexes.
Se rendre maître de soi
La maîtrise de soi est la prise de responsabilité ou de contrôle sur sa vie — y compris en acceptant les choses que nous ne pouvons, justement, pas maîtriser. Les défis sont des montagnes qui vous élèvent.
Au final, il ne s'agit pas d'un parcours solitaire, mais d'une pratique qui contribue au bien-être collectif. En gravissant vos propres montagnes, vous affirmez non seulement vos capacités, mais contribuez à rendre le monde meilleur.
"Soyez la personne que vous aspirez à devenir. Créez-la. Travaillez sur vous, et votre évolution se répercutera sur les autres. Si nous voulons changer le monde, nous devons d'abord changer nous-mêmes. (...) Si nous voulons escalader les montagnes s'élevant sur notre route, nous devons aborder le chemin d'une nouvelle façon. Une fois arrivé au plus haut sommet de votre vie (quel qu'il soit), vous vous rendrez compte que chaque pas en valait la chandelle." (La montagne, c'est toi, Chapitre 7)
Conclusion sur « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest :
Ce qu’il faut retenir de « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest :
Brianna Wiest est une créatrice de contenus très active sur les réseaux sociaux — en particulier, sur Instagram, Facebook et Pinterest. Elle s'intéresse tout particulièrement à la santé mentale et au développement personnel.
En plus de La montagne, c'est toi, elle a écrit plusieurs ouvrages, dont :
100 Essays that Change the Way You Think ;
The Pivot Year.
Dans La montagne, c'est toi, elle s'intéresse tout particulièrement au phénomène de l'autosabotage. Ses sources d'inspiration pour résoudre sa problématique sont multiples : auteurs de self-help, psychothérapie contemporaine et bouddhisme.
Que retenir de l'ouvrage ? Peut-être cette citation qui se trouve mise en exergue de l'introduction :
"Votre montagne se dresse entre vous et la vie à laquelle vous aspirez. Il n'y a qu'en la gravissant que vous pourrez vous épanouir. Si vous êtes aujourd'hui à son pied, c'est qu'un événement a révélé en vous une blessure enfouie. Cette blessure vous montrera la voie à suivre, et cette voie vous guidera vers votre destin." (La montagne, c'est toi, Introduction)
Points forts :
Un petit livre clair et bien structuré ;
Des exemples dans les domaines personnel et professionnel ;
Une bibliographie à la fin de l'ouvrage ;
Des conseils pour avancer.
Point faible :
Un peu trop de répétitions.
Ma note :
★★★★☆
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