Résumé du livre "Mars et Vénus font la paix : savoir résoudre les conflits pour une vie de couple harmonieuse" de John Gray : la suite du grand classique de John Gray "Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus" dans laquelle l'auteur poursuit ses investigations sur les couples modernes — de quoi se faire plaisir, mais aussi retrouver le goût de la vie ensemble !
De John Gray, 2016, 416 pages.
Titre original : Men, Women and Relationships, Making Peace with the Opposite Sex (2014)
Chronique et résumé de "Mars et Vénus font la paix" de John Gray
Introduction
Une relation épanouie repose sur un équilibre entre effort et plaisir. Les femmes comprennent instinctivement que l’amour demande du travail émotionnel, tandis que les hommes, influencés par leur passé de pourvoyeurs, réservent souvent leur énergie à la sphère professionnelle. Cette différence de perception crée des malentendus, surtout quand un homme se retire dans sa « caverne » pour se détendre et que sa compagne y voit un désintérêt affectif.
Comme dans son premier livre, le psychologue John Gray explique dans Mars et Vénus font la paix que les hommes et les femmes fonctionnent comme s’ils venaient de planètes différentes : Mars et Vénus. Les hommes valorisent l’efficacité, les femmes privilégient l’échange émotionnel. Lorsqu’une femme parle de ses problèmes, elle cherche une écoute, pas une solution. Et lorsque l’homme se tait, il ne fuit pas : il se régénère. Respecter ces différences, c’est éviter les conflits inutiles.
La clé d’une relation réussie, c’est de ne pas chercher à changer l’autre, mais à le comprendre. Cela demande du temps, de la bienveillance et une communication adaptée à chacun. En apprenant à respecter les besoins et les rythmes de l’autre, les partenaires créent un espace de confiance où chacun peut s’épanouir pleinement, sans renier sa nature.
Chapitre 1 – Aimer un être différent de soi est un Art
L’auteur insiste d’abord sur une vérité essentielle mais souvent négligée : nous sommes tous différents. Pourtant, dans la vie de couple, nous cherchons souvent à faire changer l’autre, à le modeler selon nos attentes. Nous rejetons ses différences, surtout lorsqu’elles ne correspondent pas à notre manière de penser ou de ressentir. Ce rejet bloque l’amour véritable, qui ne peut exister sans acceptation inconditionnelle. Aimer vraiment, c’est respecter l’autre pour ce qu’il est, sans chercher à le transformer. En cessant de croire que l’autre doit nous ressembler, nous ouvrons la voie à une relation plus riche et plus profonde.
Cette prise de conscience s’accompagne d’une exploration des nombreuses manières dont les humains ont tenté de classer les personnalités : typologies psychologiques, astrologie, ennéagramme, ou encore modèles comportementaux utilisés en entreprise. Même si ces outils peuvent sembler réducteurs, ils aident à mieux comprendre que nos différences ne sont pas des défauts, mais des expressions variées de l’humanité. Ce n’est pas la différence qui blesse, mais notre jugement sur elle. Apprendre à apprécier l’autre tel qu’il est constitue le premier pas vers une relation harmonieuse.
Le psychologue illustre ces écarts à travers des couples fictifs : Kathy, qui veut parler à Tom de sa journée, se heurte à son besoin de silence ; Alise, qui surinvestit son couple, provoque sans le vouloir la passivité d’Henry ; Patrick, qui donne des conseils à Jennifer au lieu de l’écouter, nie ses émotions. Dans chaque cas, les intentions sont bonnes, mais mal comprises parce qu’elles s’appuient sur des codes opposés. La femme attend un échange émotionnel ; l’homme croit devoir apporter une solution ou prendre du recul.
Cette dynamique repose sur des tendances générales : les femmes ont besoin de partager, de parler, d’être écoutées, tandis que les hommes ont besoin d’espace, de solitude, de sentir leur compétence reconnue.
Quand ces besoins sont ignorés ou incompris, chacun se sent blessé. L’homme pense qu’on le critique ou qu’on l’étouffe ; la femme croit qu’on la rejette ou qu’on la méprise. L’un se tait, l’autre insiste, et les conflits s’enchaînent.
L’image de la « caverne » permet d’illustrer le repli masculin en cas de stress. C’est un besoin naturel de retrait, non un signe d’indifférence. Les femmes, elles, ressentent souvent le besoin de parler immédiatement. Cette opposition produit des malentendus, parfois très douloureux. Mais dès lors que l’on comprend ces mécanismes, le respect des besoins de chacun redevient possible.
En somme, les conflits naissent souvent de la fausse idée que notre partenaire doit penser et réagir comme nous. Reconnaitre que l’autre vient d’une autre “planète”, comme le propose l’auteur de Mars et Vénus font la paix avec humour, aide à cultiver la tolérance, la patience et l’émerveillement. En acceptant cette altérité, l’amour peut s’épanouir. C’est dans la complémentarité, et non dans la fusion, que naît la richesse d’un couple.
Chapitre 2 – Construire une relation amoureuse
Une relation gratifiante repose sur quatre piliers :
Communiquer avec bienveillance ;
Faire preuve d’ouverture ;
Ne pas juger ;
Assumer ses responsabilités.
Ces principes simples mais puissants permettent aux couples de mieux se comprendre, de s’aimer durablement et de se soutenir mutuellement.
John Gray commence par rappeler que la communication doit naître d’une intention sincère : comprendre et se faire comprendre. Quand elle est guidée par la peur, la colère ou la manipulation, elle devient toxique. Une anecdote au restaurant montre comment une question mal formulée peut créer un conflit inutile.
Lorsqu’il change sa manière d’interroger le serveur, John Gray obtient enfin une réponse claire et retrouve sa sérénité. Il réalise que ce n’était pas le fait d’attendre qui le rendait furieux, mais l’incompréhension. Dès qu’il obtient une explication, il redevient calme et aimant. Une bonne communication apaise, même dans des situations tendues.
Mais la communication seule ne suffit pas. Il faut aussi de l’ouverture d’esprit. Beaucoup de malentendus naissent de fausses interprétations. Chacun projette ses propres intentions sur l’autre, sans vérifier leur validité. Un geste, une expression, une parole peuvent être mal compris et créer un malaise durable.
L’auteur de Mars et Vénus font la paix évoque un couple, Martha et Joe. Elle croit que son mari la méprise alors qu’il se sent simplement impuissant. En réalité, ils s’aiment, mais ne se comprennent pas. Leur échange le montre : dès que leurs émotions sont reformulées avec justesse, la tension retombe.
Cette ouverture mène naturellement à une réduction des jugements. En cessant de vouloir avoir raison ou de cataloguer l’autre, on se rend plus disponible. On se libère aussi de ses propres critiques intérieures. Quand on se juge sévèrement, on finit par juger les autres. À l’inverse, quand on apprend à aimer les autres avec leurs défauts, on s’autorise à s’aimer soi-même avec plus de douceur. Cette dynamique vertueuse enrichit toutes les relations.
Mais pour que ces changements soient durables, il faut sortir du rôle de victime. John Gray insiste : assumer ses responsabilités est essentiel. Cela ne veut pas dire se blâmer, mais reconnaître que nos pensées, nos émotions et nos gestes influencent les réactions de l’autre. Même des sentiments refoulés, comme une rancune silencieuse, se font sentir et provoquent un rejet.
L’exemple de Linda montre qu’une femme peut vouloir bien faire tout en transmettant un malaise profond. Son mari, sans comprendre pourquoi, s’éloigne. Quand elle prend conscience de sa propre amertume et accepte de la transformer, leur relation renaît.
Les ressentiments cachés détruisent lentement le lien amoureux. Ils se traduisent par des gestes secs, une voix tendue, une absence d’élan. Même quand les intentions sont bonnes, ils bloquent l’amour. À l’inverse, quand on comprend que nos pensées peuvent influencer l’autre, on devient plus prudent, plus humble. On cesse de penser que l’autre devrait deviner ce qu’on ressent. On apprend à parler avec justesse, à demander sans reprocher, à aimer sans exiger.
Ces quatre piliers sont les fondations d’une relation épanouissante. Ils permettent d’aimer mieux, de s’aimer soi-même, et de construire une union forte, faite de respect, de compréhension et de tendresse partagée.
Chapitre 3 – Les différences fondamentales entre les hommes et les femmes
John Gray rappelle que les différences entre les sexes ne se limitent pas aux organes reproducteurs. Les caractéristiques physiques, comme la peau, la voix ou la masse musculaire, sont autant d’éléments biologiques qui distinguent les hommes des femmes. Ces distinctions préparent à comprendre les différences psychologiques, elles aussi marquées et complémentaires.
Les femmes sont plus intuitives et centrées sur les relations, tandis que les hommes sont plus rationnels et centrés sur l’action. Ces différences ne sont pas de simples constructions sociales. Elles sont biologiquement fondées mais influencées par l’environnement. Le problème survient quand l’un rejette sa nature profonde pour développer l’autre polarité. Ainsi, un homme sensible qui sacrifie sa virilité perd son équilibre. De même, une femme indépendante qui rejette sa vulnérabilité compromet son épanouissement affectif.
La complémentarité homme-femme repose sur deux forces : centrifuge (féminine) et centripète (masculine). La femme se tourne naturellement vers les autres, l’homme se recentre sur lui-même. Sous stress, ces traits s’exacerbent. Cela explique pourquoi les femmes se sentent ignorées et les hommes accablés. Les styles de communication contrastés aggravent l’incompréhension : la femme explore ses pensées à voix haute, l’homme résume sa réflexion par une conclusion directe.
La passion naît de l’attirance entre forces opposées. Chacun projette sur l’autre un aspect refoulé de lui-même. L’homme froid est attiré par la chaleur d’une femme, la femme dominante par un homme doux. Cette alchimie active un processus de réalisation de soi. Mais si chacun essaie de changer l’autre ou se conforme pour être aimé, le désir s’éteint.
L’auteur identifie quatre profils de résistance à l’équilibre :
Le macho (masculinité rigide) ;
La martyre (féminité soumise) ;
L’homme sensible (féminité dominante) ;
La femme indépendante (masculinité dominante).
Chacun projette ses jugements intérieurs sur le partenaire, générant conflits et incompréhension. La reconnaissance de cette dynamique est essentielle pour désamorcer les tensions.
Retrouver l’harmonie passe par l’accueil des deux polarités en soi. L’homme doit développer sa douceur sans renier sa force ; la femme, sa force sans renier sa douceur. Ce travail permet de préserver l’attirance, la complicité et l’amour durable. En somme, respecter les différences, c’est non seulement aimer l’autre tel qu’il est, mais aussi apprendre à s’aimer soi-même.
Chapitre 4 – Les hommes et les femmes n’ont pas la même vision du monde
Les hommes et les femmes perçoivent le monde à travers des formes de conscience différentes : ciblée pour les hommes, large pour les femmes. Les hommes avancent vers un but, séquencent les données, et concentrent leur attention sur un seul problème à la fois. Les femmes, quant à elles, adoptent une vue d’ensemble, perçoivent l’environnement global et naviguent parmi les détails en les reliant à un contexte émotionnel.
Cette divergence se manifeste dans les tâches quotidiennes. Une femme anticipe les besoins à venir, un homme reste focalisé sur l’objectif immédiat. Elle remplit son sac pour parer à toute éventualité ; lui garde l’essentiel sur lui. Au téléphone, elle peut écouter, cuisiner et consoler en même temps ; lui ne supporte pas qu’on le dérange. Elle explore un centre commercial pour le plaisir ; lui y va pour acheter un objet précis.
Sous stress, l’homme se replie, focalise encore davantage et devient émotionnellement absent. La femme, au contraire, s’éparpille, se sent submergée, veut parler. Ce besoin de verbaliser, souvent mal compris, vise simplement à réduire la charge mentale. L’homme croit devoir proposer des solutions alors qu’elle attend une écoute empathique. À l’inverse, lorsqu’il cherche de l’aide, il veut une réponse directe, pas une analyse émotionnelle.
Cette méconnaissance réciproque des attentes entraîne tensions et malentendus. L’homme se sent critiqué, la femme jugée. Pourtant, chacun cherche simplement du soutien. Connaître ces différences, c’est apprendre à mieux aimer, à mieux écouter, à préserver l’équilibre dans la relation.
Les conflits de couple surgissent souvent à cause de malentendus émotionnels. Lorsqu'une femme exprime ses besoins ou critiques, elle l’a déjà fait en interne. L’homme pense qu’elle l’accuse à tort, alors qu’elle a longuement réfléchi à sa propre implication.
En cas de tension, les femmes ont tendance à s’autoaccuser avant d’envisager que l’autre ait une part de responsabilité. Les hommes, eux, blâment d’abord leur entourage. Cette différence de perspective crée un déséquilibre dans la gestion des conflits.
Un homme qui manque d’estime de soi se montre souvent moralisateur. Plus il doute de lui-même, plus il critique les autres. La femme, dans la même situation, retournera plutôt ses reproches contre elle.
Quand une femme fait des remarques, l’homme croit souvent qu’elle ne s’est pas remise en question. En réalité, elle l’a déjà fait avant de parler. Ce décalage de perception empêche l’homme de comprendre la légitimité de ses demandes.
Pour éviter les conflits, il faut apprendre à écouter sans juger. L’homme doit comprendre que l’expression des besoins féminins n’est pas une attaque. La femme, de son côté, gagnera à ne pas interpréter l’accusation masculine comme un verdict définitif.
Chapitre 5 – Comment les hommes et les femmes réagissent-ils au stress ?
Face au stress, les hommes et les femmes réagissent selon des schémas opposés. L’homme tend à prendre du recul, à analyser objectivement la situation, et à chercher des solutions dans l’action ou le changement extérieur. La femme, elle, se tourne vers son monde intérieur, traverse d’abord une vague émotionnelle, puis tente de rétablir son équilibre en modifiant son état d’esprit. Ces deux démarches sont complémentaires, mais sources de malentendus si elles ne sont pas reconnues comme telles.
Un homme stressé peut devenir irritable, critique, voire destructeur s’il perd son objectivité. Il se coupe alors de sa force intérieure, ne parvient plus à se contrôler et laisse éclater une colère souvent démesurée. À l’inverse, une femme peut perdre sa clarté émotionnelle si elle ignore ses ressentis. En se forçant à être rationnelle sans avoir d’abord exploré ses émotions, elle devient exigeante, fermée, voire manipulatrice.
Lorsqu’une dispute éclate, ces différences se heurtent violemment. L’homme, croyant se soulager en parlant avec rudesse, blesse sa compagne qui n’oubliera ni les mots ni la douleur. La femme, en tentant de raisonner ou de critiquer, pousse l’homme à se refermer et à se taire. Chacun agit selon sa logique propre, sans comprendre que l’autre fonctionne autrement.
Sous pression, une femme cherchera d’abord à se transformer intérieurement. Elle tentera d’être plus tolérante, patiente, bienveillante pour apaiser ses tensions. L’homme, de son côté, préférera agir sur les causes extérieures du stress. Il changera de comportement, éliminera les obstacles, ou tentera de maîtriser son environnement pour retrouver son calme.
Quand leurs efforts n’aboutissent pas, chacun risque de basculer dans son « côté obscur ». La femme devient manipulatrice ou accusatrice, l’homme se montre dur ou indifférent. Ces dérives naissent du sentiment d’impuissance : elle n’est pas entendue, il se sent inefficace. Pour éviter ces impasses, il est crucial que chacun puisse exprimer ses besoins dans un climat d’écoute et de respect.
La violence, qu’elle soit physique, verbale ou passive, est souvent le signe d’une douleur non exprimée. Chez l’homme, elle peut naître d’un besoin de vengeance ou d’une incapacité à mettre des mots sur sa souffrance. Chez la femme, elle prend la forme de culpabilisation ou d’auto-dévalorisation, parce qu’elle n’a pas pu partager ses émotions en sécurité.
Pour retrouver l’harmonie, chacun doit apprendre à guérir par l’écoute, la parole et la compassion. L’homme doit reconnaître sa peine et la verbaliser avant qu’elle ne se transforme en colère. La femme doit oser dire sa tristesse sans s’enfermer dans un rôle de victime. C’est par cette reconnaissance des émotions que la paix intérieure – et conjugale – devient possible.
Chapitre 6 – Les symptômes du stress
Les hommes réagissent au stress par le retrait, l’irritabilité ou un repli total sur eux-mêmes. Ces réactions sont souvent mal interprétées par leur compagne, qui les perçoit comme du désamour ou de l’indifférence. En réalité, elles traduisent une stratégie masculine pour gérer l’accablement émotionnel sans s’effondrer.
Le retrait est la première réponse masculine. L’homme cesse de parler, se détache émotionnellement et devient insensible aux besoins de sa partenaire. Celle-ci se sent rejetée alors qu’il tente simplement de reprendre le contrôle en se coupant de ses émotions.
Lorsque la tension persiste, l’homme devient grincheux. Il grogne, oppose une résistance passive à toute demande, mais cette mauvaise humeur cache une volonté de rester centré sur ce qui le préoccupe. Les femmes, capables de passer facilement d’une tâche à l’autre, interprètent mal ce comportement qu’elles jugent injustifié.
En phase de stress aigu, l’homme opère un repli total. Il devient froid et silencieux, non par vengeance ou rejet, mais parce que ses émotions sont trop envahissantes pour être traitées. Comme les femmes se referment par choix, elles perçoivent ce mécanisme masculin comme une punition.
La femme, de son côté, réagit au stress en se sentant dépassée. Son attention se disperse sur une multitude de tâches perçues comme toutes urgentes. Elle donne encore plus qu’à l’accoutumée, néglige ses propres besoins et se retrouve à bout de souffle sans oser demander d’aide.
En s’enlisant, elle peut se montrer excessive, dramatisant des détails et reportant ses tensions sur son compagnon. Ce dernier, croyant à des reproches, se met sur la défensive et s’éloigne, ce qui augmente encore la détresse de sa compagne. Il ne comprend pas que cette intensité émotionnelle est issue d’un cumul de stress.
Finalement, la femme peut craquer et sombrer dans un épuisement nerveux. Elle pleure, se sent impuissante et perd tout espoir. L’homme, désemparé, croit qu’il ne pourra jamais satisfaire sa partenaire, alors qu’il suffirait souvent de prendre en charge quelques tâches simples pour alléger son fardeau.
Les hommes doivent comprendre que leur rôle n’est pas de résoudre les problèmes évoqués par leur compagne, mais de l’écouter avec bienveillance. Des phrases comme « Et quoi d’autre ? » ou « Continue… » l’aident à exprimer son ressenti et à retrouver son équilibre émotionnel.
Les femmes, elles, doivent apprendre à demander de l’aide sans exiger ni culpabiliser leur partenaire. Un homme grogne souvent non par refus, mais parce qu’il a besoin de temps pour quitter ce qui mobilise son attention.
Dans une relation équilibrée, chacun accepte de ne pas toujours être en mesure de soutenir l’autre. L’amour véritable n’exige pas que l’autre comble tous nos besoins, mais qu’il nous accompagne quand nous en faisons la demande, avec respect et liberté.
]]>Résumé de "Walden ou la vie dans les bois" de Henry David Thoreau : dans une Amérique secouée par la révolution industrielle, Henry David Thoreau fait un choix radical : il décide de partir vivre seul, pendant près de deux ans, dans les bois, dans une cabane qu’il construit lui-même au bord de l’étang de Walden. Son but ? Se libérer des contraintes sociales, faire l'expérience d'une existence sobre et autosuffisante, et se reconnecter à l’essentiel, au rythme paisible de la nature.
Par Henry David Thoreau, 1854 (réédition 2017), 156 pages.
Titre original : "Walden", 1854, 330 pages.
Chronique et résumé de "Walden ou la vie dans les bois" de Henry David Thoreau
Chapitre 1 - Économie
Dans le premier chapitre de "Walden ou la vie dans les bois", l'auteur, Henry David Thoreau nous plonge directement dans son expérience de vie solitaire, en marge de la société, près de l'étang de Walden.
Il pose le décor et présente les circonstances de son installation : "Je vivais seul, dans les bois, à un mille de tout voisinage, en une maison que j'avais bâtie moi-même, au bord de l'Étang de Walden, à Concord, Massachusetts, et ne devais ma vie qu'au travail de mes mains. J'habitai là deux ans et deux mois."
Thoreau explique que s'il écrit à la première personne, contrairement à l'usage courant dans la littérature de l'époque, c'est parce qu'il souhaite partager son expérience personnelle de manière sincère. Il estime d'ailleurs que tout écrivain devrait se raconter lui-même en livrant un récit authentique de sa propre vie plutôt que de simplement rapporter la vie des autres.
Ce témoignage, il le destine avant tout à celles et ceux qui se sentent insatisfaits, enfermés, dans une vie qui ne leur ressemble pas, ou qui peinent à gagner leur vie.
Il décrit, avec un regard critique, ses concitoyens autour de lui, à Concord, semblables à des pénitents modernes. Leurs existences laborieuses, usantes et répétitives, lui rappellent les austérités des brahmines de l’Inde. Pour lui, ces hommes s’épuisent dans des tâches bien plus rudes que les douze travaux d’Hercule, sans jamais en voir la fin.
1.1 - La servitude moderne
L'héritage empoisonné : devenir esclaves de ses biens
Henry David Thoreau dépeint avec acuité le sort des jeunes fermiers de son époque : bien loin d'être une chance, hériter d'une terre, d'une maison ou de quelques bêtes est, selon lui, un piège. Car ces derniers se retrouvent alors esclaves de leurs possessions. Il relate à leur propos : "Je vois des jeunes gens, mes concitoyens, dont c'est le malheur d'avoir hérité de fermes, maisons, granges, bétail, et matériel agricole ; attendu qu'on acquiert ces choses plus facilement qu'on ne s'en débarrasse."
Ainsi, selon lui, ces héritages, censés représenter une sécurité, deviennent un fardeau qui les empêche de mener une vie d'homme véritable.
Le travail aliénant : l'homme réduit à une machine
L'auteur dénonce aussi ici le poids du travail excessif et incessant qui grignote le temps, l’énergie et l’âme. À force de trimer sans relâche, l'homme perd la capacité de cultiver "les plus nobles relations d'homme à homme". Son labeur constant le transforme en simple machine. Il devient une mécanique, un rouage de plus dans une société lui laissant à peine le temps pour ce qu’il a de plus fin : ces qualités humaines qui, comme une fleur sur un fruit, ne peut éclore que dans la délicatesse et l'attention.
L'endettement et l'auto-asservissement : une servitude invisible
Thoreau s'attarde ensuite sur la pauvreté et l'endettement qui affligent nombre de ses contemporains.
Il décrit avec compassion mais sans complaisance cette "vie basse et rampante" menée par ceux qui vivent à crédit, toujours au bord du gouffre, luttant pour survivre, ceux qui sont constamment, selon ses termes "sur les limites, tâchant d'entrer dans une affaire et tâchant de sortir de dette".
Prises dans les dettes (que Thoreau nomme "æs alienum", qui signifie littéralement "l'airain d'autrui"), ces personnes, poursuit l'auteur, consacrent finalement leur existence à des manœuvres souvent dégradantes pour s'en sortir, s’épuisent dans des combines et des compromis qui les rabaissent.
Pour Henry David Thoreau, l'esclavage ne se limite pas à celui des Noirs dans les champs de coton du Sud. Il existe, dit-il, une forme bien plus sournoise d’asservissement qui touche tous les hommes, y compris ceux du Nord : celle qu’on s’impose à soi-même.
Il l'écrit sans détour : "Il est dur d'avoir un surveillant du sud ; il est pire d'en avoir un du nord ; mais le pis de tout, c'est d'être le commandeur d'esclaves de vous-même."
Dans ce monde moderne, l’existence de la plupart des hommes, selon Henry David Thoreau, est faite de "tranquille désespoir" : une vie de résignation, où l’on s’habitue au renoncement jusqu’à le confondre avec la normalité. Et ce mal, loin d’être marginal, traverse les villes comme les campagnes, sans distinction de classe.
1.2 - Les fondements d'une vie authentique
L'essentiel à vivre : la vie ramenée à ses besoins primaires
Pour Henry David Thoreau, "le nécessaire de la vie" se limite au "Vivre, Couvert, Vêtement et Combustible". En d'autres termes, les vrais besoins de l’homme tiennent en quatre mots : se nourrir, se loger, se vêtir et se chauffer.
L'auteur examine ici ces nécessités de base sous l'angle de la "chaleur vitale" qui, selon lui, constitue l'essence même de la vie animale. Il développe une analogie entre le corps humain, qu'il compare à un fourneau, et la nourriture qui serait le combustible entretenant cette chaleur.
Le confort moderne : une illusion qui étouffe l'esprit et affaiblit l'âme
Puis Thoreau s’attaque au luxe et au confort superflu, qu’il juge non seulement inutiles, mais nuisibles à l’âme. Il rappelle que "les anciens philosophes, chinois, hindous, persans et grecs" vivaient tous avec moins que les pauvres de son époque, tout en rayonnant d’une richesse intérieure que nul bien matériel ne saurait égaler.
Pour lui, seule une personne qui choisit délibérément une certaine forme de pauvreté peut réellement observer la vie humaine avec justesse et lucidité :
"Nul ne peut se dire impartial ou prudent observateur de la vie humaine, qui ne se place sur le terrain avantageux de ce que nous appelons la pauvreté volontaire."
Besoins réels Vs désirs fabriqués : choisir la voie de l'élévation
Henry David Thoreau établit enfin une distinction claire entre les besoins réels et les désirs artificiels créés par la société.
Il soutient qu'une fois satisfaits les besoins fondamentaux, l'homme devrait aspirer à s'élever spirituellement plutôt que de continuer à accumuler des biens matériels :
"Lorsqu'un homme est chauffé (...) que lui faut-il ensuite ? Assurément nul surcroît de chaleur du même genre (...). Une fois qu'il s'est procuré les choses nécessaires à l'existence, s'offre une autre alternative que de se procurer les superfluités ; et c'est de se laisser aller maintenant à l'aventure sur le vaisseau de la vie."
1.3 - L'expérience personnelle de Thoreau
Décidé à mener une expérience de vie autonome, Henry David Thoreau se lance, en mars 1845, dans une aventure concrète : il emprunte une hache en mars, part abattre quelques pins et construit lui-même une maison au bord de l’étang de Walden.
Il raconte alors ici, avec précision, son travail de charpentier : les journées passées dans la forêt à couper, tailler et assembler le bois, emportant avec lui simplement du pain et du beurre pour son repas de midi.
Dès la mi-avril, l'ossature de sa maison est en place. Pour finir l’ouvrage, Thoreau achète une vieille cabane appartenant à un Irlandais, James Collins, récupère les planches et les transporte à la main jusqu’à l'étang.
Il creuse ensuite une cave dans le flanc d’une colline, dresse la charpente avec l’aide de quelques connaissances, et emménage le 4 juillet, jour symbolique d’indépendance. Sa maison, à ce moment-là, est encore rudimentaire : un toit, des murs de planches, mais pas de cheminée. Celle-ci ne sera construite qu’à l’automne.
1.4 - Le coût réel de l'existence
Henry David Thoreau présente ensuite un compte-rendu minutieux des dépenses qu'il a engagées pour sa maison et sa vie à Walden.
Les planches lui coûtèrent 8 dollars et 3 cents, les bardeaux 4 dollars, et l'ensemble des matériaux pour sa maison s'éleva à 28 dollars et 12 cents. Il détaille également ses dépenses alimentaires pour 8 mois (riz, mélasse, farine de seigle, etc.) qui s'élèvent à 8 dollars et 74 cents. Au total, en incluant vêtements et autres menus achats, il dépensa 61 dollars et 99 cents sur cette période.
L'auteur tire de cette expérience un enseignement essentiel : vivre simplement est non seulement possible, mais étonnamment accessible. Il confie :
"J'appris de mes deux années d'expérience qu'il en coûterait incroyablement peu de peine de se procurer sa nourriture nécessaire même sous cette latitude ; qu'un homme peut suivre un régime aussi simple que font les animaux, tout en conservant santé et force."
Thoreau raconte, en effet, avoir vécu de manière presque frugale (s'être nourri, par exemple, parfois simplement d'un plat de pourpier cueilli dans son champ, ou de maïs bouilli avec un peu de sel), mais avoir, pour autant, gardé santé et énergie intactes.
1.5 - Réflexions sur le vêtement
Henry David Thoreau consacre une réflexion entière au vêtement, qu'il considère principalement sous l'angle pratique de la conservation de la chaleur vitale.
Il raille ceux qui s'inquiètent excessivement de leur apparence vestimentaire. Jamais un homme n’a perdu son estime pour avoir un vêtement rapiécé, affirme-t-il. Un accroc non raccommodé ? Cela ne révèle rien d’autre, au pire, qu’un brin d’"imprévoyance".
L'auteur pousse plus loin sa pensée en développant une métaphore : nos vêtements sont comme l’écorce d’un arbre. Les habits extérieurs ne sont qu’une fine pellicule, une sorte d'épiderme. Les vêtements plus épais, eux, correspondent au tissu cellulaire. Et nos chemises, enfin, sont comme le liber, cette couche vivante qui protège le tronc.
Pour Thoreau, l’homme devrait s’habiller avec sobriété de manière à rester toujours prêt à "poser la main sur lui-même (même) dans les ténèbres". Autrement dit, à vivre dans un état d’authenticité et de préparation permanent.
1.6 - Le logement et l'architecture
L'auteur propose aussi une réflexion profonde sur l'habitat. Il considère que la vraie question n'est pas l'apparence extérieure des maisons mais leur raison d'être fondamentale.
Il invite à réfléchir plus sérieusement à l'agencement de l'habitat : "Il vaudrait la peine de construire avec plus encore de mûre réflexion (...) en se demandant, par exemple, où une porte, une fenêtre, une cave, un galetas, trouvent leur base dans la nature de l'homme."
Henry David Thoreau critique l'architecture de son temps, trop soucieuse d’apparence et de fioritures. À ses yeux, la véritable beauté d'une maison provient de la simplicité dictée par les nécessités réelles et la personnalité de celui qui l'habite, non des décorations et ornements superflus. Il va jusqu’à comparer les maisons modernes à des tombeaux, dans lesquels les hommes "fixés sur la terre ont oublié le ciel".
1.7 - La philanthropie remise en question
Pour terminer le premier chapitre de "Walden ou la vie dans les bois", Thoreau aborde la question de la philanthropie.
Il avoue sans détours n'avoir jamais pris part aux "entreprises philanthropiques" et se montre sceptique face à ceux qui s'y engagent sans avoir réglé leurs propres problèmes : "Je n'ai jamais entendu parler de réunion philanthropique où l'on ait sincèrement proposé de me faire du bien, à moi ou à mes semblables" ironise-t-il.
Pour lui, il y a une grande différence entre la vraie charité et sa simple mise en scène. Il affirme ne pas se satisfaire de la "droiture" ou de la "bienveillance" chez un homme, qu’il compare à la tige et aux feuilles d’une plante. Ce qu’il recherche avant tout, c’est "la fleur et le fruit de l’homme", autrement dit ce qui naît d’une intégrité profonde, authentique, vécue dans la cohérence.
Il conclut avec une image empruntée au "Goulistan", un recueil persan de sagesse : celle du cyprès, arbre toujours vert, qui ne porte pas de fruits mais reste toujours florissant. Il en fait le symbole des esprits libres, détachés des dogmes religieux comme des obligations sociales imposées.
À travers le premier chapitre de "Walden ou la vie dans les bois", dense et riche en réflexions, Henry David Thoreau pose les fondements philosophiques de son expérience à Walden. Il y développe sa critique de la société industrielle naissante et présente son alternative : une vie simple, autonome et délibérément vécue, où la richesse se mesure en temps et en liberté plutôt qu'en possessions matérielles.
Chapitre 2 - Où je vécus, et ce pourquoi je vécus
2.1 - La quête d'un lieu idéal
Dans le second chapitre de "Walden ou la vie dans les bois", Henry David Thoreau Thoreau nous raconte comment il a choisi l’endroit où établir sa retraite, et surtout, pourquoi il a fait ce choix. Il ne s'agit pas seulement d'un lieu, mais d'une intention profonde : vivre autrement.
L'auteur commence par décrire comment, à certaines périodes de sa vie, il contemplait tout endroit comme un site potentiel pour une maison.
Il parcourait alors mentalement les terres des fermiers environnants, les estimait, non pour en faire l’acquisition réelle, mais pour en apprécier les possibilités, rêver à ce qu’elles pourraient offrir. Il imaginait chaque ferme alentour comme un éventuel lieu de vie : "en imagination j’ai acheté toutes les fermes successivement, car toutes étaient à acheter, et je sus leur prix" écrit-il. Cette habitude lui valut d'être considéré comme une sorte de courtier en immeubles par ses amis, bien qu'il ne concrétisât jamais ces acquisitions.
La seule fois où il frôla la propriété, ce fut avec la ferme de Hollowell. Il s'y voyait déjà, et alors qu'il avait déjà commencé à faire des préparatifs pour s'y installer, l'épouse du propriétaire changea d'avis. Loin d'en être contrarié, Thoreau trouva cette expérience enrichissante : "Je découvris par là que j'avais été riche sans nul dommage pour ma pauvreté".
2.2 - L'installation à Walden : un refuge choisi, un acte volontaire de recentrage
C’est finalement au bord du petit étang de Walden qu’Henry David Thoreau s’installe. Il décrit ce lieu paisible, à une courte distance de Concord et du fameux champ de bataille qui a marqué l’histoire de la région.
La première semaine, l'étang lui apparait comme suspendu en l'air, tel un lac de montagne. Henry David Thoreau souligne que son isolement, loin de l'oppresser, lui procurait au contraire un sentiment de liberté et d'appartenance à l'univers entier.
C’est là que Thoreau nous révèle le cœur de sa démarche, les motivations profondes de son installation dans les bois :
"Je gagnai les bois parce que je voulais vivre suivant mûre réflexion, n'affronter que les actes essentiels de la vie, et voir si je ne pourrais apprendre ce qu'elle avait à enseigner, non pas, quand je viendrais à mourir, découvrir que je n'avais pas vécu".
2.3 - La simplicité contre le tumulte du monde
Henry David Thoreau appelle alors à une vie authentique et délibérée. Il critique la précipitation et la complexité de la vie moderne.
Selon lui, la simplicité constitue la clé d'une existence éveillée : "De la simplicité, de la simplicité, de la simplicité !" s'exclame-t-il, en nous exhortant de réduire nos affaires à l'essentiel.
Pour le philosophe, la vie américaine ressemble à une Confédération germanique "faite de tout petits États, aux bornes à jamais flottantes", fragmentée et confuse.
Enfin, Thoreau conteste l'agitation perpétuelle de ses contemporains, leur obsession pour les nouvelles et leur incapacité à distinguer l'essentiel de l'accessoire. Pour lui, ce que la plupart appellent "la vie" n’est souvent qu’un reflet superficiel, un masque posé sur une réalité plus vaste, plus discrète.
Le chapitre s'achève sur une métaphore :
"Le temps n'est que le ruisseau dans lequel je vais pêchant. J'y bois ; mais tout en buvant j'en vois le fond de sable et découvre le peu de profondeur. Son faible courant passe, mais l'éternité demeure".
Chapitre 3 - Lecture
Dans le troisième chapitre de "Walden ou la vie dans les bois", Henry David Thoreau médite sur la valeur des livres et l'art de la lecture authentique.
3.1 - Lire, c'est toucher à l'éternel
Pour Thoreau, lire les grands textes et y découvrir une forme de vérité, c’est "dialoguer avec l’éternité" :
"En accumulant la propriété pour nous-mêmes ou pour notre postérité, en fondant une famille ou un État, ou même en acquérant la renommée, nous sommes mortels ; mais en traitant avec la vérité, nous sommes immortels, et n’avons lieu de craindre changement plus qu’accident.
Dans un long passage après cet extrait, Henry David Thoreau suggère, en gros, que la sagesse contenue dans les œuvres classiques transcende les siècles et garde "intacte sa lumière".
3.2 - Lire vraiment, une discipline exigeante
Installé à Walden, Thoreau pensait avoir trouvé l’environnement idéal pour la lecture profonde. Mais, admet-il, le premier été fut avant tout consacré aux tâches manuelles : "Je ne lus pas de livres le premier été ; je sarclai des haricots." Il garda toutefois l'"Iliade" d'Homère sur sa table, même s'il ne la feuilletait que rarement.
Pour Henry David Thoreau, les livres héroïques, c'est-à-dire ceux qui élèvent l’âme, méritent une lecture à la hauteur de leur exigence, à la hauteur de la noblesse des œuvres elles-mêmes.
Le philosophe distingue le langage parlé, "quelque chose de bestial" que l'on acquiert sans effort, inconsciemment, du langage écrit qui représente "notre langue paternelle", plus élaborée et significative, qui demande patience et rigueur. Cette distinction explique pourquoi les grands textes classiques demeurent difficiles d'accès pour le commun des mortels.
Henry David Thoreau critique vivement les lectures faciles et la paresse intellectuelle de la plupart de ses contemporains. Il déplore :
"La plupart des hommes sont satisfaits s'ils lisent ou entendent lire, et ont eu la chance de se trouver convaincus par la sagesse d'un seul bon livre, la Bible, pour le reste de leur vie végéter et dissiper leurs facultés dans ce qu'on appelle les lectures faciles."
Il méprise particulièrement les romans populaires et superficiels qui abondent à son époque.
3.3 - Pour une vie entière d'apprentissage
Enfin, dans un long passage amer, l'auteur partage son désenchantement et son inquiétude face au peu d'intérêt que montrent ses concitoyens pour les grands livres.
Il confie rêver d'un monde où les villages seraient des lieux d'apprentissage, des universités, et où les habitants continueraient à s'instruire tout au long de leur vie, à cultiver leur esprit avec autant d'ardeur que leur terre :
"Nous dépensons plus pour presque n’importe quel article d’alimentation destiné à faire la joie sinon la douleur de notre ventre que pour notre alimentation mentale. Il est temps que nous ayons des écoles non communes, que nous ne renoncions pas à notre éducation lorsque nous commençons à devenir hommes et femmes. Il est temps que les villages soient des universités, et les aînés de leurs habitants les "fellows" d’universités, avec loisir - s’ils sont en effet si bien à leur affaire - de poursuivre des études libérales le reste de leur vie."
Chapitre 4 – Bruits
Dans le chapitre 4 de "Walden ou la vie dans les bois", Henry David Thoreau nous rappelle qu’à force de rester le nez dans les livres, nous risquons d’oublier un autre langage, plus ancien, plus immédiat : le langage fondamental que parle la nature, sans détour, sans métaphore.
4.1 – La musique du rail et de l’étang : une symphonie de sons sauvages et modernes
Il nous invite donc à tendre l’oreille à ce que les choses et les événements murmurent à qui sait écouter.
Depuis sa cabane, il décrit avec lyrisme la symphonie des sons qui l’environnent : le vol silencieux des busards, les battements d’ailes des pigeons sauvages, le chant des oiseaux, et, au loin, le grondement régulier du train. Ce dernier bruit, "le roulement des wagons" sur les rails, lui rappelle que la civilisation n’est jamais bien loin.
Henry David Thoreau brosse un portrait très vivant du chemin de fer, comparant la locomotive tantôt à "un cheval de fer", tantôt à "un dragon jeteur de feu". Malgré la critique qu'il fait de la modernité, il trouve une certaine poésie dans cette machine. "Je guette le passage des wagons du matin dans le même sentiment que je fais le lever du soleil, à peine plus régulier" écrit-il, fasciné par sa ponctualité et la vaillance des hommes qui entretiennent ce système par tous les temps.
Mais ce sont les sons de la nature qui occupent une place privilégiée dans son univers sonore. Le chant grave et lancinant des "whip-pour-wills" qui entonnent "leurs vêpres durant une demi-heure" accompagne ses soirées comme un office religieux. Les hiboux, avec leur cri profond, donnent à ses nuits ce qu'il appelle "un chant de cimetière on ne peut plus solennel." Et les grenouilles de l'étang, joyeuses et bruyantes, lui évoquent "d'anciens buveurs et fêtards" qui célèbrent la tombée du jour sur les rives de l'étang de leurs croassements rythmés.
Chez lui, aucun bruit domestique : pas de chien, de chat, de vache, de cochon, ni de poule, "de sorte que cela vous eût paru manquer de bruits domestiques" note-t-il avec humour. Mais cette absence est compensée, poursuit-il, par la richesse des sons naturels : "La libre Nature venant battre à votre seuil même."
4.2 - La plénitude par la double écoute : culture et nature en harmonie
Notons que ce chapitre, en écho au précédent sur la lecture, incarne parfaitement l’équilibre que cherche Henry David Thoreau : entre culture et nature.
D’un côté, il vénère les grands livres classiques comme des sources de sagesse éternelle ; de l’autre, il trouve une profonde satisfaction dans la contemplation du monde vivant. Il ne rejette pas la modernité et la civilisation en bloc - sa fascination pour le chemin de fer en témoigne - mais il appelle à rétablir une relation plus directe, plus consciente, avec la nature et les grandes œuvres humaines.
C’est dans cette double écoute (aux livres et aux bruits) que, selon lui, l’homme trouve sa plénitude : en prêtant attention à la fois à la voix des plus grands esprits humains et à celle, plus discrète mais tout aussi primordiale, de la terre.
Chapitre 5 – Solitude
Dans le 5ème chapitre de son ouvrage, Henry David Thoreau partage ses réflexions sur la solitude qu’il vit au bord de l’étang de Walden : non comme un isolement pesant, mais comme une communion profonde avec la nature.
5.1 - Un avec le paysage : la solitude habitée, fusion avec la nature
Loin de se sentir seul, il évoque en effet ces moments où "le corps entier n'est plus qu'un sens", entièrement absorbé par la beauté de son environnement. Lorsqu’il se promène le long de la rive caillouteuse, il ne se perçoit plus comme un être séparé, mais comme une partie vivante du paysage. Il ressent une connexion profonde avec les éléments qui l'entourent.
5.2 - Quand l’absence devient présence : la nature comme compagne
Bien qu’il vive à un mille de tout voisinage, le philosophe remarque que son espace n’est jamais totalement fermé, et reste traversé de lumière et d’horizons : "l’horizon n’est jamais tout à fait à nos coudes" écrit-il. Sa cabane, reculée dans les bois, voit rarement passer un voyageur la nuit, et pourtant, cette absence de présence humaine ne lui pèse pas. Il confie même : "Je ne me suis jamais senti solitaire, ou tout au moins oppressé par un sentiment de solitude", à une exception près, survenue quelques semaines après son arrivée.
Mais même ce moment de doute s’est finalement dissipé sous la bienveillance infinie de la nature qui lui a révélé "une société si douce et si généreuse" qu’elle a rendu insignifiants les avantages du voisinage humain. Plus qu'un simple cadre de vie, la nature est devenue une présence familière et rassurante qui lui a ainsi fait comprendre à quel point la présence humaine pouvait être secondaire, parfois même superflue, face à la richesse du vivant.
5.3 – Loin des hommes, proche du monde : une solitude intérieure féconde et peuplée
Henry David Thoreau va plus loin encore en partageant une réflexion sur la dualité humaine.
Il affirme alors que nous avons la capacité, grâce à la pensée, de nous tenir à distance de nous-mêmes : une distance intérieure "saine", féconde, qui nous permet de mieux nous observer, de nous approfondir. Cette relation intérieure, selon lui, peut être plus enrichissante que la proximité avec ses semblables et bien des interactions sociales.
Pour illustrer son propos, il se compare aux éléments qui l’entourent : "Je ne suis pas plus solitaire que le plongeon dans l'étang, que l'étang de Walden lui-même". Ainsi, pour l’auteur, la nature devient miroir, sœur, confidente. Et lorsque l’hiver s’installe, son imagination peuple ses soirées d’étranges visiteurs : un vieux colon et une vieille femme, figures mystérieuses et poétiques, personnifications des forces anciennes de la forêt.
Chapitre 6 - Visiteurs
6.1 - Une cabane pour trois : solitude, amitié, société
Bien qu’il ait choisi une vie retirée, Henry David Thoreau confie son goût pour la compagnie des autres : "je crois que tout autant que la plupart j'aime la société" admet-il.
Il illustre cet intérêt pour la relation humaine en décrivant avec humour l'agencement symbolique de sa maison : sa cabane contient trois chaises. Chacune représente un degré de socialisation : "une pour la solitude, deux pour l'amitié, trois pour la société."
6.2 – Loin du raffinement : l’hospitalité en forêt
L’auteur en profite pour égratigner les demeures démesurées de son époque, où les habitants, dit-il, finissent par ressembler à "la vermine qui les infeste".
À l’inverse, sa modeste cabane, exiguë, impose une proximité immédiate. Il fait d’ailleurs remarquer que cette promiscuité peut aussi entraver et gêner les conversations profondes. Il observe, en effet, que "le parler réservé, réfléchi, demande plus de distance entre les interlocuteurs". Cela a même conduit parfois, à ce que lui et ses visiteurs, doivent écarter leurs sièges jusqu'aux coins opposés de la pièce pour mieux échanger.
Pour les occasions spéciales, il préfère de loin son "salon de choix" : la clairière de pins qui s’étend derrière sa maison. Là, au cœur de la nature, il accueille ses visiteurs sans protocole. Il s’amuse d’ailleurs du décalage entre ses habitudes d’hospitalité et les conventions sociales. Chez lui, pas de festin : "l'abstinence" est selon lui "le plus convenable et sage des procédés".
6.3 – Dans la peau du vivant ou la sagesse des corps
Parmi les visiteurs marquants qu’il reçoit, Henry David Thoreau s’arrête sur la figure d’Alexandre Thérien, un bûcheron canadien. Sans grande instruction, Thérien incarne, pour lui, une sagesse brute enracinée dans le corps et la terre, dépourvue d'éducation formelle mais emplie de contentement. "En lui c'était l'homme animal surtout qui se trouvait développé" lance le philosophe, admiratif de sa robustesse et de sa joie de vivre simple. Cet homme au rire franc, dont le corps est "coulé dans le moule le plus grossier" possède une authenticité qui force le respect de l’auteur.
6.4 - Pèlerins et passants : Walden comme lieu d’appel intérieur
Henry David Thoreau conclut ce chapitre en distinguant les badauds curieux superficiels des "honnêtes pèlerins", ces visiteurs venus aux bois non par simple curiosité, mais "en quête de liberté" : enfants, ouvriers du chemin de fer, pêcheurs, chasseurs, poètes….
Chapitre 7 - Le champ de haricots
Henry David Thoreau nous plonge ici au cœur de son quotidien de cultivateur, où les haricots occupent une place presque symbolique. Ses rangs, alignés sur près de sept mille cumulés et attendant impatiemment le sarcloir, sont devenus les compagnons fidèles de son été à Walden.
7.1 - Sarcler pour exister : le travail comme quête de sens
L'auteur s'interroge sur le sens profond de cette activité agricole qu’il qualifie de "petit travail d'Hercule" : à mesure qu’il sarcle, Thoreau découvre des pointes de flèches enfouies dans la terre, traces d'un "peuple éteint" amérindien. Ainsi, il réalise que ce geste humble du jardinage le relie à une mémoire plus vaste, à un sol cultivé bien avant lui. Son champ devient un trait d’union entre le sauvage et le civilisé, "un chaînon reliant les champs sauvages aux champs cultivés".
7.2 - La terre : mémoire et présence, communion avec le vivant et les anciens
Mais l’expérience est aussi sensorielle, presque mystique. Tandis qu’il travaille, la grive-brune chante, les chordeilles planent, les buses majestueuses décrivent leurs cercles dans le ciel. Ces présences transforment son travail manuel en expérience contemplative. "Ce n'était plus des haricots que je sarclais ni moi qui sarclais des haricots" murmure-t-il. Pour Thoreau, c’est un peu comme une transcendance de l'activité physique : comme s’il n’était plus un simple homme des champs, mais un être pleinement présent au monde.
7.3 - Contre l’avidité : retrouver le sacré de la terre
L’auteur finit ce chapitre en détaillant minutieusement les chiffres de son entreprise agricole : 14,72 dollars de dépenses pour 23,44 dollars de recettes. Mais cette comptabilité ne l’enthousiasme guère. Ce qu’il questionne, en réalité, c’est la manière dont l’agriculture s’est vidée de son caractère sacré, dégradée par l'avarice et transformée en simple activité de profit. Il dénonce ainsi la logique utilitariste de l’agriculture moderne, et appelle à un rapport désintéressé, respectueux et universel du sol. À ses yeux, "le loyal agriculteur" devrait renoncer à toute revendication sur les fruits de son sol, et accepter que la terre ne nourrisse pas l’homme seul, mais toutes les créatures.
Chapitre 8 - Le village
8.1 - Le village, théâtre des mœurs humaines
Après une matinée passée à lire ou à travailler dans son champ, Henry David Thoreau aimait se rendre de temps à autre au village voisin. Il y allait pour le plaisir d’entendre "un peu des commérages qui là sans cesse vont leur train", lesquels, pris "en doses homéopathiques", se révélaient rafraîchissants à leur manière.
Avec humour, il compare sa façon d’observer les villageois avec celle dont il étudie les animaux sauvages : "De même que je me promenais dans les bois pour voir les oiseaux et les écureuils, ainsi me promenais-je dans le village pour voir les hommes et les gamins."
Aux yeux de l’auteur, le village est comme une grande salle de nouvelles où certains habitants semblent uniquement occupés à absorber et diffuser rumeurs et racontars. Ces personnages, qu'il observe souvent "assis sur une échelle" ou "appuyés contre une grange" et qu’il surnomme "les moulins rudimentaires", commencent par concasser grossièrement les ragots, explique-t-il, avant de les relayer.
8.2 - Naviguer dans le monde pour revenir à soi
Errer entre les pièges sociaux du village demande, selon le philosophe, autant d’agilité que manœuvrer un bateau dans une mer changeante. Thoreau se compare ici à un marin quittant un salon brillant pour retrouver "son bon petit port dans les bois", à travers des "nuits noires et tempétueuses".
Ces moments d’errance et d’égarement au village et pour rentrer, loin d’être négatifs, lui inspirent une réflexion plus profonde. Il s’agit, pour lui, d’un miroir de l’égarement existentiel : "Ce n'est que lorsque nous sommes perdus... que nous commençons à nous retrouver". Se perdre physiquement dans le monde, en somme, peut ouvrir un chemin vers soi, un chemin spirituel.
8.3 - Simplicité et confiance : une autre société possible
Henry David Thoreau relate enfin brièvement son arrestation (pour avoir refusé de payer l’impôt) et sa nuit passée en prison, sujet qu’il développera davantage ailleurs.
Il clôt le chapitre par une observation sur sa cabane, qui, bien que jamais fermée à clé même en son absence, ne fut jamais cambriolée. À ses yeux, cette simplicité volontaire éloigne naturellement le crime : "si tout le monde devait vivre aussi simplement qu'alors je faisais, le vol et la rapine seraient inconnus" assure-t-il.
Chapitre 9 - Les étangs
Dans ce long chapitre contemplatif, Henry David Thoreau célèbre la beauté et la pureté des étangs qui bordent sa retraite, Walden en particulier, joyau silencieux de son quotidien.
9.1 - Les eaux de Walden comme refuge du monde
L'auteur commence par décrire ses échappées "vers des bois nouveaux et des pâtures neuves" après avoir "usé jusqu'à la corde tous [ses] amis du village". Il évoque ses expériences de pêche nocturne et ses promenades en barque sur les eaux tranquilles de l'étang, moments de paix profonde et privilégiés pour contempler et communier avec la nature.
L'écrivain peint un portrait de l'étang de Walden avec un soin quasi scientifique, mêlé d’une sensibilité poétique rare. Il décrit sa profondeur remarquable et sa pureté cristalline. "C'est un puits clair et vert foncé", observe-t-il, dont l'eau est si transparente qu'on peut "aisément distinguer le fond à vingt-cinq ou trente pieds de profondeur."
Cette transparence permet à Thoreau de développer une méditation sur la perception et les couleurs que prend l'eau selon différentes conditions de lumière.
9.2 - Pour une toponymie vivante
Le philosophe s’insurge ensuite contre le pouvoir qu’ont les propriétaires terriens de baptiser les lieux naturels selon leur bon vouloir. Il s’indigne que l’Étang de Flint porte le nom d’un "fermier immonde et stupide" plutôt que celui d’un animal, comme celui des "poissons qui nagent dedans, des oiseaux... qui le fréquentent, des fleurs sauvages qui croissent sur ses rives".
En somme, il plaide pour une toponymie poétique et respectueuse, en lien avec les forces vives du lieu.
9.3 - Permanence des lacs de lumière, impermanence de l’homme
Au fil des pages, l'auteur évoque aussi d’autres étangs voisins : l'Étang Blanc, jumeau plus petit de Walden, l'Étang de la Oie et Fair-Haven, qu'il appelle affectueusement "ma région des lacs".
Malgré les changements causés par les activités humaines autour de Walden (les bûcherons l’ont entamé, le chemin de fer l’a traversé), il admire sa permanence essentielle : "il demeure, lui, immuable, telle eau sur laquelle tombèrent les yeux de ma jeunesse ; tout le changement est en moi."
Le chapitre se termine sur une métaphore lumineuse : l’auteur compare ces étangs à "de grands cristaux à la surface de la terre, des Lacs de Lumière" dont la pureté transcende toute valeur marchande : "ils sont trop purs pour avoir une valeur marchande, ils ne renferment pas de fumier" lance l’auteur, opposant ainsi leur clarté intemporelle aux logiques utilitaires de la société.
Chapitre 10 - La ferme Baker
Dans le chapitre 10 de "Walden ou la vie dans les bois", Henry David Thoreau nous emmène dans ses promenades solitaires dans la nature, dans ses excursions à la recherche de lieux secrets de la forêt, dans ses déambulations comme autant de pèlerinages mystiques. Il y reçoit des visions et signes spirituels.
10.1 – Dans les bois, le sacré se manifeste en silence
Le philosophe y raconte comment ses pas le portaient souvent vers "des bouquets de pins, dressés comme des temples", vers des bois de cèdre où les baies givrent en hiver, ou encore vers des marais où l'usnée pendait en guirlandes. Plus que des savants, ce sont les arbres qu'il visitait - le bouleau noir, le hêtre, le tilleul - comme autant de temples naturels majestueux méritant respect et vénération.
L'écrivain partage une expérience mystique : un jour, il se retrouve "juste dans l'arc-boutant d'un arc-en-ciel", baigné dans un véritable "lac de lumière". Dans cette splendeur céleste, un visiteur qui le croise ce jour-là lui déclare que les ombres des autres hommes ne portent pas de halo autour d’eux : une remarque que Thoreau reçoit comme un signe silencieux d’élection spirituelle, de proximité avec quelque chose de plus grand que lui.
10.2 - Sous l’orage, deux mondes se rencontrent : vivre libre ou vivre dur
Thoreau raconte aussi comment un après-midi, parti pêcher dans les environs de la Prairie Plaisante, près de la Ferme Baker, il est alors surpris par un orage. Cherchant refuge dans une cabane abandonnée, il y trouve une famille irlandaise installée : John Field, sa femme et leurs enfants.
Touché par leur pauvreté, l’auteur décrit leur lutte et leurs efforts laborieux pour subsister avec une certaine tendresse teintée de lucidité. Il tente alors, le temps d’un échange, de leur transmettre sa philosophie : vivre simplement pour vivre libre. Il leur explique ainsi comment en réduisant ses besoins, il peut vivre plus librement :
"je ne consommais thé, café, beurre, lait, ni viande fraîche, et qu'ainsi je n'avais pas à travailler pour me les procurer" partage-t-il.
Mais ses paroles semblent glisser sur eux. John Field, malgré toute sa bonne volonté, reste prisonnier d’un mode de vie qu’il n’imagine même pas pouvoir remettre en question. Henry David Thoreau note avec tristesse :
"ils luttent avec un écrasant désavantage, - vivant, John Field, hélas ! sans arithmétique, et manquant ainsi le but". Pour le philosophe, ce manque de recul, d’analyse, d’audace, maintient cet homme dans ses chaînes invisibles.
10.3 – Le message du “Bon Génie” : foi, audace et liberté
Mais alors que l’orage s’éloigne et qu’il regagne les bois, Henry David Thoreau croit entendre la voix de son "Bon Génie" : "Jouis de la terre, mais ne la possède pas". Et ce murmure de continuer : "C'est par défaut de hardiesse et de foi que les hommes sont où ils sont, achetant et vendant, et passant leur vie comme des serfs." En d’autres termes : si les hommes vivent enfermés dans une vie de peine et de commerce, c’est par manque de foi et de courage. Ils achètent, vendent, peinent et végètent comme des esclaves, alors qu’il suffirait parfois d’oser vivre autrement pour être libre.
Chapitre 11 - Considérations plus hautes
11.1 - Une dualité intérieure entre instincts et élévation
Un jour, en rentrant de sa pêche, Henry David Thoreau est saisi d'une impulsion animale à la vue d'une marmotte : "J'étais sur le point de m'en saisir pour la dévorer crue" s’étonne-t-il.
Cette expérience le confronte à sa double nature : l'une aspirant à une"vie plus élevée" spirituelle, l'autre enracinée dans une"vie sauvage, pleine de vigueur primitive". L'auteur admet vénérer l’un comme l’autre de ces deux instincts qui coexistent en son être.
11.2 - L’instinct végétarien comme évolution intérieure et comme destinée humaine
Henry David Thoreau revient ensuite sur son passé de chasseur et de pêcheur, activités qu’il a pratiquées dans sa jeunesse.
Ces expériences, explique-t-il, ont forgé, chez lui, un lien intime avec la nature. "Les pêcheurs, chasseurs, bûcherons, et autres, qui passent leur vie dans les champs et les bois... se trouvent souvent en meilleure disposition pour l'observer" affirme-t-il. Pourtant, avec le temps, l’auteur réalise qu’il se détache peu à peu de ces activités : "chaque année me trouve-t-elle de moins en moins pêcheur".
Une transformation intérieure s’opère, une forme de désintoxication du besoin de tuer.
Cette réflexion le conduit à aborder la question du végétarisme, qu’il considère comme une étape naturelle de l’évolution humaine. Il est convaincu que l’humanité, dans son développement, renoncera un jour à se nourrir d’animaux, tout comme les peuples primitifs ont abandonné l’anthropophagie :
"Je ne doute pas que la race humaine, en son graduel développement, n'ait entre autres destinées celle de renoncer à manger des animaux, aussi sûrement que les tribus sauvages ont renoncé à s'entre-manger."
À ses yeux, le rejet de la viande n’est pas une posture morale acquise, mais un instinct profond, encore enfoui chez beaucoup : "la répugnance à la nourriture animale est non pas l'effet de l'expérience, mais un instinct".
11.3 - Nourrir le corps, élever l’âme
Henry David Thoreau en profite enfin pour critiquer le luxe culinaire, qu’il associe à un appauvrissement de l’esprit. Il défend une nourriture simple, en accord avec la nature et les besoins véritables du corps. La simplicité alimentaire, selon lui, nourrit aussi la clarté morale.
Le chapitre s’achève sur une méditation : la pureté de l’âme, déclare l’auteur, s’épanouit comme une fleur. "La chasteté est la fleuraison de l'homme" et les grandes vertus "génie, héroïsme, sainteté, et le reste, n'est que les fruits variés qui s'ensuivent." Ainsi, l’éveil spirituel, comme celui d’une plante, naît d’un enracinement profond, d’un travail invisible, jusqu’à éclore dans la lumière.
Chapitre 12 - Voisins inférieurs
Dans ce nouveau chapitre, Henry David Thoreau nous fait découvrir la communauté animale qui l'entoure, ses "voisins inférieurs" avec lesquels il entretient une relation privilégiée.
12.1 - Les compagnons discrets d’une vie silencieuse
Ces animaux sauvages partagent son quotidien, non par la parole, mais par une forme de présence silencieuse et attentive. Il évoque, par exemple, un vieux compagnon de pêche, sourd et mutique, avec qui il prend ses repas dans une "harmonie continue, beaucoup plus plaisante à se rappeler que si c'eût été la parole qui l'eût entretenue".
Aussi, dans sa cabane, l’écrivain scrute les souris qui viennent lui rendre visite. L’une d’elles, particulièrement audacieuse, devient presque familière : elle grimpe sur ses chaussures, explore ses vêtements, et vient même manger dans sa main.
Il décrit également les oiseaux qui nichent autour de lui - un moucherolle, un merle, une gelinotte et sa couvée - et s’émerveille de leur comportement. Il observe, fasciné, comment les petits de la gelinotte se dissimulent au sol, la tête enfouie sous une feuille, dans un camouflage parfait dicté par l’instinct.
12.2 - Épopées minuscules : les fourmis en guerre
Le récit le plus saisissant de ce chapitre est la description d'une guerre miniature éclatant entre deux espèces de fourmis : les rouges et les noires.
Henry David Thoreau la contemple, fasciné, comme un chroniqueur antique relatant une bataille épique : "les légions de ces Myrmidons couvraient collines et vallées de mon chantier", écrit-il,"et le sol était déjà jonché des mourants et des morts". Cette bataille sauvage, conclut-il, sans trêve ni stratégie, surpasse en intensité et en courage, la Bataille de Concord de l'histoire américaine dans ses plus infimes manifestations.
12.3 - Cache-cache sur l’étang : la malice du vivant
Le chapitre se clôt sur un épisode à la fois ludique et symbolique : un jeu de cache-cache entre Thoreau et un plongeon sur l’étang.
L’oiseau, rusé et insaisissable, échappe sans cesse à Thoreau, plongeant et réapparaissant toujours là où on ne l’attend pas. Malgré son "rire presque démoniaque" qui trahit sa présence, il garde toujours une longueur d’avance : "Si longue était son haleine, si inlassable lui-même, qu'aussi loin qu'il eût nagé, il replongeait cependant immédiatement ; et alors nul génie n'eût su deviner le tracé de la course."
À travers cette galerie d’animaux familiers ou farouches, l’auteur célèbre la vitalité, la ruse et l’héroïsme discret du monde naturel. Une vie intense, à hauteur de fourmi comme de plongeon, palpite à chaque recoin de Walden.
Chapitre 13 - Pendaison de crémaillère
13.1 - L’automne et l’auto-suffisance joyeuse
À l’arrivée de l’automne, Henry David Thoreau se prépare à affronter l’hiver.
Il décrit ses récoltes de provisions simples : canneberges des marais, pommes sauvages, châtaignes qu’il ramasse en forêt, "sac sur l'épaule" avec "dans la main un bâton pour ouvrir les bogues".
Il découvre aussi la noix de terre (Apios tuberosa), surnommée "la pomme de terre des aborigènes", un cadeau discret de la nature qui, selon lui, pourvoit généreusement aux besoins humains sans qu’il soit nécessaire de l’exploiter.
13.2 - La cabane comme cœur, le foyer comme preuve de vie
L’auteur héberge brièvement un poète. Il se réjouit de voir la suie s’accumuler au fond de l’âtre et de voir s’édifier ce foyer qui devient le cœur de sa maison, comme une preuve vivante de la maison qui prend vie :
"J'avais un couple de vieux chenets pour tenir le bois au-dessus du foyer, et rien ne me sembla bon comme de voir la suie se former au dos de la cheminée que j'avais construite."
Cette construction inspire au philosophe une réflexion sur l'essence de la maison idéale : non pas un espace fragmenté en diverses pièces froides et spécialisées, mais un lieu unique, brut et chaleureux : "un hall primitif, vaste, grossier, solide, sans plafond ni plâtrage" où "le voyageur fatigué peut se laver, manger, causer, dormir", bref vivre pleinement, explique-t-il.
L’auteur critique ici l’architecture moderne, qui éloigne les individus les uns des autres, et ironise : "L'hospitalité est l'art de vous tenir à la plus grande distance."
13.3 - Le feu, l’hiver, et la chaleur intérieure
Le chapitre s’achève alors que l’étang commence à geler.
L’auteur observe avec fascination la glace se former, les bulles d’air emprisonnées dans l’épaisseur translucide. L'arrivée de l'hiver l'incite à se réfugier davantage dans sa cabane, où il entretient un bon feu à la fois tant dans son foyer que dans son cœur ("bon feu dans ma maison comme dans ma poitrine" écrit-il).
Il va chercher du bois mort en forêt, considérant ce feu comme un véritable compagnon. Plus tard, lorsqu’il remplacera d’ailleurs la cheminée par un fourneau plus pratique, il s’en désolera : celui-ci "dissimulait le feu, et c'était comme si j'eusse perdu un compagnon" s’attriste-t-il.
Dans cette relation intime avec les éléments, Henry David Thoreau résume sa philosophie : une vie simple, enracinée, et fidèle aux rythmes naturels. Même le feu, pour lui, ne se réduit pas à une source de chaleur : c’est une présence, un lien, un rappel que vivre pleinement, c’est vivre en relation avec ce qui nous entoure.
Chapitre 14 - Premiers habitants et visiteurs d'hiver
14.1 - L’hiver comme célébration sauvage et silencieuse
L’hiver, rude, s’installe autour de l’étang de Walden, mais Henry David Thoreau, loin de s’en plaindre, savoure les tempêtes de neige comme de joyeuses fêtes sauvages, et les soirées au coin du feu comme des bénédictions heureuses et silencieuses.
Même lorsque les chemins disparaissent sous la neige, il continue de s’aventurer dans les bois. Il se fraye alors un passage à travers "la plus épaisse neige des bois", parfois aidé par le vent qui pousse des feuilles de chêne dans ses traces.
14.2 - Mémoire des oubliés : les anciens habitants de Walden
Dans cette blancheur silencieuse, le philosophe se tourne vers l’histoire des lieux.
En véritable archéologue des mémoires humaines, il reconstitue la vie de ceux qui ont précédé la sienne sur ces terres.
Il évoque Caton Ingraham, esclave affranchi qui vécut près de son champ de haricots. Puis Zilpha, femme de couleur, dont la maison fut brûlée durant la guerre de 1812, et dont un ancien habitant se rappelait qu'elle murmurait tristement au-dessus de sa marmite : "Vous n'êtes que des os, des os !"
Plus bas sur la route, il se souvient de Brister Freeman, "un nègre adroit", jadis esclave, dont les pommiers qu'il planta continuent de produire des fruits. Sur sa tombe, dans le cimetière, Thoreau lit son épitaphe : Sippio Brister. Il parle aussi de son épouse Fenda, diseuse de bonne aventure, décrite comme une femme "forte, ronde, noire, plus noire que nul des enfants de la nuit".
L’écrivain s'attarde sur d'autres anciens occupants : la famille Stratton, le malheureux Breed, victime de "l'æs alienum" (le rhum bon marché de la Nouvelle-Angleterre), Wyman le potier, et enfin Hugh Quoil, ancien soldat à Waterloo, mort sur la route selon la rumeur, peu après l'arrivée de Thoreau dans les bois.
De tous ces habitants et habitations, il ne reste plus que des pierres, quelques empreintes dans la terre et des lilas vivaces qui continuent de fleurir "comme au premier printemps". Ces vestiges poussent Thoreau à s'interroger : pourquoi ce petit village a-t-il décliné alors que Concord a perduré ? N’avait-il pas l’étang de Walden, la source de Brister, et le souffle du vent pour lui ?
14.3 - La saison des rencontres et des pensées partagées
Malgré le froid et l'épaisseur de la neige, Henry David Thoreau reçoit quelques visiteurs dans sa cabane durant son hivernage. Un poète vient partager avec lui de longues veillées de conversation.
Mais c'est surtout sa rencontre avec Bronson Alcott, philosophe venu du Connecticut, qui marque l'esprit de l'auteur. Thoreau le décrit comme "une Immortalité", un homme drapé de bleu, "ayant pour toit véritable le ciel". Leurs conversations, s’amuse à dire l’auteur, ont élargi et même fini par faire craquer les murs de la cabane, tant l’espace lui-même peinait à contenir la grandeur de leurs idées.
L'auteur évoque également un autre visiteur, Ralph Waldo Emerson, avec qui il passa de "solides moments".
Et enfin, celui qu’il appelle "le Visiteur qui ne vint jamais", attendu avec une patience presque sacrée, comme le recommanda le "Purana de Vichnou". Une attente pleine de foi, offerte au silence comme on tend les bras vers l’invisible.
Chapitre 15 - Animaux d'hiver
15.1 - L’étang gelé, nouveau territoire de contemplation
Avec l’arrivée du grand froid, les étangs figés sous la glace deviennent pour Henry David Thoreau de nouveaux chemins et offrent alors des perspectives inédites.
En traversant l’étang de Flint, le philosophe contemple les monts Lincoln qui se dressent autour de lui "à l'extrémité d'une plaine de neige". Le paysage familier s’est transformé en terrain d'exploration silencieux. Walden est devenu sa "cour" d’hiver, son domaine glacé.
15.2 – Les chants du gel et la symphonie du sauvage
L'écrivain naturaliste observe une colonie de rats musqués dans l'Étang de l'Oie. Il s’émerveille des sons nocturnes mystérieux qui peuplent ses longues nuits d’hiver. Le cri désolé mais mélodieux d’un duc résonne comme la "lingua vernacula du Bois de Walden".
Une nuit, il surprend une scène sauvage : un grand-duc accueille une oie sauvage, venue probablement de la baie d’Hudson, d’une formidable "voix discordante", un cri rauque et menaçant, comme pour chasser cet intrus de son territoire glacé.
Les sons de l’hiver composent une symphonie étrange : la glace qui gémit doucement dans son sommeil, le sol qui craque sous l’effet de la gelée, les aboiements "âpres et démoniaques" des renards dans leurs courses nocturnes. Ces derniers, écrit-il, lui apparaissent comme des "hommes rudimentaires", des créatures primitives, tapies dans leurs terriers, à la lisière de l’évolution.
15.3 - Farandole d’animaux et réflexions sur l’appartenance au monde
Chaque matin, un écureuil rouge vient réveiller Henry David Thoreau. L’auteur le guette avec amusement, notant ses manœuvres comiques pour venir chercher les grains de maïs jetés près de sa porte. Il décrit avec humour et minutie les déplacements saccadés du petit animal "fantasque" : "il n'en ai jamais vu aller au pas", dit-il, rapportant comment l'écureuil avance par à-coups, fait des pirouettes, s'arrête soudainement, puis repart avec son épi de maïs plus grand que lui dans une parade burlesque.
Les geais, les mésanges et diverses souris des champs complètent cette joyeuse ménagerie hivernale à ses côtés.
Les lapins aussi viennent visiter la cabane. Ils inspirent alors au philosophe une réflexion presque métaphysique : "Qu’est-ce qu’un pays sans lapins ni gelinottes ?" questionne-t-il. Car pour lui, ces êtres simples et farouches sont les véritables enfants de la terre, aussi enracinés dans l’Antiquité que dans le monde moderne. Et ils incarnent une nature pure, intacte, toujours présente malgré le passage du temps.
Chapitre 16 - L'étang en hiver
16.1 - Le silence du monde comme réponse à l’âme
Un matin d’hiver, Henry David Thoreau s’éveille avec l’étrange impression qu’une question existentielle lui a été posée pendant son sommeil. La réponse, silencieuse mais éclatante, lui apparaît à travers la fenêtre : l’étang, gelé, devient miroir du ciel et de l’esprit. Et c’est la Nature elle-même, paisible et sereine, "en qui vivent toutes les créatures" qui lui renvoie, "sans nulle question sur ses lèvres", l’image d’un monde plein et suffisant.
L'auteur décrit ensuite sa démarche quasi rituelle pour se procurer de l'eau en hiver. Il doit percer la glace qui recouvre l'étang sur "un pied ou un pied et demi" d'épaisseur. En s'agenouillant pour boire, il plonge alors le regard dans ce qu'il appelle "le tranquille salon des poissons" et découvre un miroir inversé du ciel : "le ciel est sous nos pieds tout autant que sur nos têtes".
16.2 - L’étang mesuré, sondé, compris
Avec une précision scientifique, il raconte comment il a entrepris de sonder l'étang pour en déterminer la profondeur exacte. Il réfute ainsi les légendes locales prétendant que Walden n'aurait pas de fond.
Grâce à une méthode rigoureuse, il mesure une profondeur maximale de cent deux pieds : une donnée qui confirme qu'il s'agit bien d'un étang "profond et pur en manière de symbole".
Il observe aussi les pêcheurs qui viennent braver le froid, installés sur la glace avec leurs lignes et un maigre casse-croûte. Leur connaissance intuitive des éléments l’impressionne : "leur vie elle-même passe plus profondément dans la Nature que n'y pénètrent les études du naturaliste".
16.3 - La futilité des efforts humains face au cycle inaltérable de la nature
Mais l’événement majeur de la vie hivernale de l’étang, c’est la grande récolte de glace. Une centaine d’ouvriers venus de Cambridge, principalement Irlandais, sous la supervision de contremaîtres Yankees, viennent extraire l’eau solidifiée de Walden, transformant ainsi l’eau de l’étang en marchandise. Ils découpent la glace en blocs massifs et édifient une gigantesque "pile de trente-cinq pieds de haut".
Cette structure, d'abord semblable à "un puissant fort bleu ou Walhalla" de glace, prend, avec le temps, l'apparence d'une "vénérable ruine, chenue, bâtie de marbre azuré" couverte de mousse et empreinte d’une étrange majesté.
Cette récolte suscite chez Thoreau une réflexion sur la nature éphémère de l'entreprise humaine et la vanité de l’effort humain.
Malgré le travail acharné, les charrettes, les cris, les outils, le tas de glace ne finira par fondre complètement qu'en septembre 1848, retournant ainsi à l'étang la plus grande part de ce qui lui avait été pris. Sans lutte, sans plainte et dans le calme inflexible du cycle de la Nature.
Chapitre 17 - Le printemps
17.1 - La glace se fissure, la terre s’éveille
Le dernier chapitre de "Walden ou la vie dans les bois" s’ouvre sur une renaissance : l’hiver cède doucement la place au printemps, et Thoreau, témoin attentif de cette métamorphose, décrit avec une précision presque amoureuse la fonte progressive de la glace. Il observe l’étang se criblant d’alvéoles, se fissurant lentement avant de libérer ses eaux. D’année en année, il note la date exacte de cette débâcle, remarquant que Walden, plus profond et immobile que ses voisins, se libère toujours plus tard.
17.2 - Beauté fractale de la nature et principes de vie
Mais c’est un phénomène plus subtil encore qui l’émerveille : les motifs que dessinent le sable et l’argile en ruisselant sur les talus dégelés. À ses yeux, ce ne sont pas de simples écoulements, mais une véritable "végétation" minérale, produisant des "feuilles ou pampres gonflés de sève" et "des ramilles pulpeuses". La matière semble soudain animée par un souffle créateur. "Ce n'était plus des haricots que je sarclais ni moi qui sarclais des haricots", écrit-il, rappelant que dans chaque geste ou phénomène naturel peut se révéler un principe supérieur.
Ces figures de sable l’amènent à méditer sur les formes organiques. Il perçoit des analogies profondes entre les nervures d’une feuille et la structure du corps humain, entre les plis du monde minéral et l’anatomie du vivant, voyant dans ces écoulements de sable les mêmes principes organiques qui façonnent la vie.
"La feuille suspendue là-haut voit ici son prototype", affirme-t-il, suggérant que même le globe terrestre, dans sa rotation, "se surpasse et se transforme, se fait ailé en son orbite".
17.3 – Une renaissance
Avec les premiers chants d’oiseaux, le retour de l’eau vive qui ruisselle et les bourgeons qui s’ouvrent, le printemps devient, chez Henry David Thoreau, bien plus qu’une saison : c’est une régénération morale. Le 29 avril, il aperçoit un faucon dont le vol lui évoque la noblesse ancienne de la fauconnerie, toute de grâce et de poésie.
Ce renouveau est aussi intérieur : dans un "riant matin de printemps tous les péchés des hommes sont pardonnés", écrit-il. Cette saison représente "la création du Cosmos sorti du Chaos", où même le voisin connu hier comme "un voleur, un ivrogne, ou un sensuel" apparaît transformé, travaillant sereinement sous le soleil nouveau.
17.4 - L’appel à une vie sauvage pour un éveil authentique
En refermant ce dernier chapitre, Henry David Thoreau élargit sa réflexion à l’ensemble de la société. L’existence au village, dit-il, "croupirait sans les forêts et les prairies inexplorées" qui l'entourent. Il nous faut, soutient-il, une vie enracinée dans "le tonique de la nature inculte", une vie rythmée par ses forces brutes et ses mystères féconds. La nature "abonde en vie", et c’est à son contact que l’homme se régénère.
Ainsi s’achève le séjour de l’écrivain de deux ans à Walden, qu’il finit par quitter le 6 septembre 1847.
Mais l’essentiel est ailleurs : "Walden" n’est pas tant le récit d’une retraite que celui d’un éveil. Un rappel que la liberté véritable ne se trouve ni dans les possessions ni dans le confort, mais dans une vie délibérément choisie, en lien profond avec la nature, et avec soi-même.
Conclusion
Dans cette méditation finale, Henry David Thoreau nous invite à regarder au-delà des limites que nous nous imposons.
Il compare notre tendance à rester confinés dans nos habitudes à la domestication de notre esprit :
"On prétend que si sur nos fermes on abat les clôtures de bois pour empiler des murs de pierre, voilà des bornes désormais fixées à nos existences, et nos destins arrêtés."
Derrière cette image, il nous alerte, en fait, sur les dangers de la routine et de la conformité.
Plutôt que de courir vers des horizons lointains, Henry David Thoreau nous exhorte à explorer notre monde intérieur.
Pour souligner cette idée, il cite : "Direct your eye right inward, and you'll find at thousand regions in your mind yet undiscovered. Travel them, and be Expert in home-cosmography". Ce qui signifie, en français :
"Dirige ton œil droit en toi, et vois mille régions en ton âme encore à découvrir. Parcours-les, et sois expert en cosmographie-du-chez-soi."
L’auteur affirme que les royaumes intérieurs que nous portons en nous sont plus vastes que l'empire terrestre du Czar, et que la véritable exploration commence par une plongée dans l’inconnu de soi-même.
Il explique avoir quitté les bois pour les mêmes raisons qui l’y avaient conduit : sentir qu'il avait "plusieurs vies à vivre". Sentir le départ du moment venu. Sa crainte était, ajoute-t-il, de tracer un sentier trop battu, là où il avait cherché à s’affranchir des ornières de la tradition : "que doivent être usées autant que poudreuses donc les grand'routes du monde" écrit-il, dénonçant les sillons profonds de l’habitude et du conformisme.
Mais finalement, de son séjour à Walden, le philosophe tire et partage une leçon essentielle :
"Si l'on avance hardiment dans la direction de ses rêves, et s'efforce de vivre la vie qu'on s'est imaginée, on sera payé de succès inattendu."
Et s’il nous arrive de bâtir des châteaux en l’air, qu’importe :
"Si vous avez bâti des châteaux dans les airs, votre travail n'aura pas à se trouver perdu ; c'est là qu'ils devaient être. Maintenant posez les fondations dessous."
Henry David Thoreau termine "Walden ou la vie dans les bois"par un plaidoyer pour l'authenticité et l'humilité. Ainsi, nous ne devons pas nous effrayer de la pauvreté, assure-t-il, car "la pureté qu'aime les hommes ressemble aux brouillards qui enveloppent la terre, non pas à l'éther azuré qui est au-delà".
Il nous laisse sur une note d'espoir, comparant notre humanité à une cigale qui attend d'éclore. Le monde est encore à vivre, et l’aurore est devant nous : "Le soleil n'est qu'une étoile du matin."
Conclusion de "Walden ou la vie dans les bois" de Henry David Thoreau
Quatre idées clés du livre "Walden ou la vie dans les bois" qu'il faut retenir
Idée clé n°1 : La simplicité volontaire libère l'homme des chaînes du matérialisme moderne
Henry David Thoreau démontre que réduire ses besoins au strict nécessaire - se nourrir, se loger, se vêtir, se chauffer - permet d'échapper à l'esclavage du travail excessif et de l'endettement.
Son expérience concrète à Walden, où il dépense seulement 61 dollars en deux ans, prouve qu'une existence frugale peut procurer plus de liberté que l'accumulation de biens.
Cette sobriété choisie devient ainsi un acte de résistance face au consumérisme naissant et une voie vers l'indépendance véritable.
Idée clé n°2 : La nature apporte une sagesse supérieure à celle de la civilisation industrielle
L'auteur révèle comment la contemplation quotidienne de l'étang, des saisons et des animaux nourrit l'âme humaine bien mieux que les distractions sociales.
Thoreau trouve dans les cycles naturels, les sons de la forêt et l'observation des "voisins inférieurs" une source inépuisable d'enseignements. Cette communion avec la nature lui permet de retrouver son rythme authentique, loin de l'agitation perpétuelle du village et de ses conventions artificielles.
Idée clé n°3 : L'introspection et la solitude révèlent notre véritable nature
Le philosophe découvre que la solitude n'isole pas mais connecte à l'essentiel.
Dans sa cabane, il développe cette capacité à "se tenir à distance de soi-même" qui permet l'auto-observation et la croissance intérieure. Cette retraite volontaire devient un laboratoire d'expérimentation de soi, où chaque geste quotidien - sarcler, lire, contempler - participe d'une quête de sens profonde.
Idée clé n°4 : Vivre délibérément signifie choisir ses priorités plutôt que subir celles imposées par la société
Henry David Thoreau prône une existence délibérément choisie plutôt que subie.
Il s'agit de "n'affronter que les actes essentiels de la vie" pour éviter de découvrir, au moment de mourir, qu'on "n'avait pas vécu".
Cette philosophie de l'authenticité implique d'avoir le courage de suivre ses propres convictions, même si cela signifie s'écarter des sentiers battus du conformisme social.
Qu'est-ce que la lecture de "Walden ou la vie dans les bois" vous apportera ?
"Walden ou la vie dans les bois" est une lecture qui vous amènera à repenser votre rapport au temps, au travail et au bonheur.
Henry David Thoreau vous montre comment distinguer vos besoins réels de vos désirs fabriqués par la société, et vous invite par-là, à simplifier votre existence pour gagner en liberté intérieure.
Vous découvrirez aussi comment la nature peut devenir votre alliée pour retrouver sérénité et perspective face aux tensions du monde moderne.
Enfin, ce témoignage vous encourage à oser l'expérimentation : comme Thoreau l'a fait avec sa cabane, vous pouvez tester de nouveaux modes de vie, explorer vos propres "régions intérieures" et construire votre propre définition du succès.
Pourquoi lire "Walden ou la vie dans les bois" d'Henry David Thoreau
"Walden ou la vie dans les bois" est un livre qui transformera votre regard sur ce qui constitue véritablement la richesse et qui vous encourage à poursuivre vos rêves les plus audacieux.
Il reste d'une actualité saisissante face aux questionnements contemporains sur le minimalisme, l'écologie et la recherche de sens.
D'abord, parce que Thoreau partage un modèle concret d'alternative au mode de vie consumériste, prouvant par l'exemple qu'il est possible de vivre mieux avec moins. Ensuite, parce que sa philosophie de l'authenticité résonne particulièrement aujourd'hui, dans une époque où beaucoup cherchent à échapper aux injonctions sociales pour retrouver leur propre voie.
Points forts :
Le témoignage authentique d'une expérience de vie alternative concrète et reproductible.
La philosophie intemporelle sur la simplicité volontaire et l'authenticité.
Le style poétique et contemplatif qui allie profondeur et beauté littéraire.
La critique pertinente du matérialisme qui résonne encore aujourd'hui.
Points faibles :
Certains passages philosophiques peuvent paraître abstraits ou trop métaphoriques.
Le contexte historique du XIXe siècle rend parfois les exemples moins directement transposables.
L’écriture employée n’est pas toujours très facile d’accès.
Ma note :
★★★★★
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            	            	         ]]>Résumé de "L’Art de se créer de beaux souvenirs" de Meik Wiking : dans cet ouvrage aussi intime que scientifique, Meik Wiking, expert du bonheur, partage huit clés essentielles pour transformer consciemment nos instants ordinaires en souvenirs mémorables. Il nous montre que notre mémoire autobiographique ne se limite pas à un simple coffre-fort de souvenirs : elle façonne notre identité et agit comme un véritable moteur de bien-être. En apprenant à cultiver une nostalgie positive, nous pouvons non seulement nous reconnecter à nos plus beaux moments, mais aussi enrichir notre présent et nourrir notre bonheur sur le long terme.
Par Meik Wiking, 2019, 288 pages.
Titre original : "The Art of Making Memories: How to Create and Remember Happy Moments", 2019, 218 pages.
Chronique et résumé de "L’Art de se créer de beaux souvenirs" de Meik Wiking
Introduction
À l'aube de ses 40 ans, Meik Wiking, auteur de ce livre, prend conscience qu'il a statistiquement vécu la moitié de son existence.
Aussi, à l’heure des bilans, il s’interroge : parmi les 14 610 jours qu’il a vécu jusque-là, lesquels ont marqué sa mémoire ? Certains jours ont filé sans laisser la moindre empreinte, alors que d’autres sont devenus des souvenirs gravés à jamais. Pourquoi ?
Face à cette question et en tant que chercheur à l'Institut de recherche sur le bonheur de Copenhague, l’auteur se dit intéressé par ce qui fait qu’un moment s’ancre en nous ou s'évapore dans l’oubli. Il aimerait en effet comprendre, par exemple, pourquoi nos souvenirs les plus intenses sont liés à des moments parfois simples, mais profondément marquants. Ou encore pourquoi certains jours ordinaires s’effacent alors que d’autres restent gravés en nous ?
"Je me souviens de mon premier baiser – mais j’ai du mal à me rappeler du moindre événement qui se soit produit en mars 2007. Je me souviens de la première fois où j’ai goûté une mangue, mais j’ai oublié tous les repas de l’année de mes 10 ans. Je me souviens de l’odeur de l’herbe coupée dans les champs quand j’étais petit, mais j’ai du mal à retrouver le nom des enfants avec qui j’y jouais. Alors, de quoi sont faits nos souvenirs ? Pourquoi une chanson, un parfum, un goût peuvent-ils faire renaître un passé oublié ? Comment nous créer de beaux souvenirs et comment les retenir ?"
La science, ajoute Meik Wiking, a démontré qu'une vision nostalgique et positive du passé contribuait à notre bonheur.
Le chercheur s’est alors mis en quête de ses propres souvenirs :
"Je voulais les retrouver parce qu’ils sont la pierre angulaire de notre identité ; ce sont eux qui relient ce que nous vivons et comprenons comme une seule et même personne. Ils sont notre superpouvoir, car ils nous permettent de voyager dans le temps et d’échapper au présent ; ils conditionnent ce que nous sommes, ce que nous faisons. Ils influent sur notre humeur et nous aident à rêver l’avenir."
1 000 beaux souvenirs
En 2018, l'Institut de recherche sur le bonheur a mené l'étude "Happy Memory". Pour cela, elle a collecté plus de mille souvenirs heureux provenant de soixante-quinze pays.
Ces 1 000 récits de bonheur ont été passés au crible. Les résultats montrent des points communs surprenants :
23 % des souvenirs évoquent des expériences extraordinaires,
37 % sont liés à des événements marquants comme des mariages,
62 % mobilisent plusieurs sens (une odeur, une mélodie, un goût...).
Ce qui frappe Meik Wiking, c’est que malgré la diversité des cultures, ces souvenirs suivent les mêmes schémas et partagent des caractéristiques universelles.
Ils racontent aussi bien des moments exceptionnels que des instants quotidiens, des aventures insolites que des victoires personnelles ou connexions avec la nature. Ensemble, ces fragments de mémoire forment un puzzle émotionnel, et révèlent les ingrédients essentiels de ce qui constitue les beaux souvenirs.
Manifeste de la mémoire - Les 8 ingrédients pour se fabriquer de beaux souvenirs
Meik Wiking identifie 8 ingrédients essentiels pour graver durablement nos moments heureux dans notre mémoire :
Vivre des "premières fois" stimulantes.
Faire appel à tous nos sens, en associant des odeurs, des sons ou des saveurs aux expériences.
Être pleinement attentif aux instants vécus.
Créer des expériences significatives en leur donnant du sens.
Nourrir nos émotions.
Célébrer nos victoires et défis surmontés.
Partager nos souvenirs pour mieux les ancrer et éviter l’oubli.
Les conserver sur divers supports, comme des photos, des objets ou des écrits.
D'humeur changeante
L'Institut de recherche sur le bonheur a étudié l’impact des souvenirs heureux sur notre humeur.
À l’aide d’une échelle de satisfaction de vie de 1 à 10, ils ont mesuré comment la réminiscence influence notre état d’esprit. Verdict ? Une corrélation intéressante : plus une personne revisite ses souvenirs, plus elle se sent heureuse dans le présent.
Meik Wiking confie avec humour qu’il n’a pas pu déterminer si les gens bavards sont plus heureux ou si c’est le fait de parler de leurs souvenirs qui les rend joyeux.
Petite anecdote amusante : dans les récits collectés, 17 personnes mentionnaient leur chien... contre seulement 2 leur chat !
Mémoire épisodique
Meik Wiking évoque ici une distinction établie par Endel Tulving en 1972, qui divise notre mémoire en plusieurs catégories. Ainsi, dans notre mémoire, nous pouvons notamment différencier :
La mémoire sémantique = nos connaissances générales, détachées de toute expérience personnelle.
La mémoire épisodique = nos souvenirs vécus, riches en émotions et sensations.
Meik Wiking souligne que la mémoire épisodique fonctionne en fait comme un "sixième sens" et qu’elle nous permet ainsi de voyager mentalement dans le temps. Il précise que cette dernière est chargée de souvenirs riches en sensations (odeurs, goûts, images, sons), contrairement à la mémoire sémantique qui, elle, reste impersonnelle.
L’auteur mentionne également la mémoire procédurale, qui nous permet d'accomplir des tâches apprises sans y penser, comme faire du vélo ou se brosser les dents.
Les beaux souvenirs, c'est bon pour la santé
Meik Wiking partage une observation qu’il a faite dans le cadre de son travail : les personnes dépressives sont non seulement incapables d’éprouver de la joie, mais elles peinent aussi à se remémorer des moments où elles en ont ressenti.
Aussi, pour les aider, il est possible d’utiliser une technique issue des travaux du Dr Tim Dalgleish, psychologue à l’université de Cambridge : la "méthode des loci" (= "lieux" en latin).
Cette méthode ancienne, appelée aussi la technique du "palais de la mémoire", consiste à associer des souvenirs à des lieux familiers et à créer des images mentales vivantes, souvent extravagantes pour être plus mémorables.
L’auteur raconte comment il utilise lui-même cette astuce mnémotechnique pour mémoriser l’ordre d’un jeu de cartes en six minutes. Il raconte d’ailleurs avec autodérision comment, trop concentré sur cette technique de mémorisation lors d'un vol vers le Canada, il a ironiquement... oublié son ordinateur dans l'avion.
La nostalgie n'est plus ce qu'elle était
Dans cette partie de "L'Art de se créer de beaux souvenirs", Meik Wiking commence par évoquer une scène culte de la série "Mad Men". On y voit Don Draper, charismatique publicitaire, déclarer que la nostalgie est bien plus qu’un simple souvenir, mais une émotion subtile et puissante.
À travers cet exemple, Meik Wiking met en avant le levier émotionnel qu’est la nostalgie dans le marketing. Exploitée avec habileté, cette émotion influence notre attention et notre perception sur les marques. C’est pourquoi elle est omniprésente dans la publicité, la mode, la musique et même la politique.
Le concept de nostalgie remonte à 1688. Il a été créé par un médecin suisse, Johannes Hofer, qui l’a décrite à l’époque comme une maladie neurologique affectant principalement les soldats loin de chez eux, de leurs montagnes. À ce moment-là, on croyait qu’elle provoquait des troubles physiques !
Aujourd'hui, les recherches scientifiques démontrent que ce sentiment est universel et produit des effets positifs : la nostalgie améliore l'estime de soi, renforce le sentiment d'être aimé et réduit la solitude.
Meik Wiking conclut que notre joie de vivre dépend, en partie, de notre capacité à créer un récit positif de notre existence : une raison supplémentaire d'apprendre à fabriquer et préserver nos beaux souvenirs.
Chapitre 1 - Maîtriser la force des premières fois
1.1 - Le pic de réminiscence
Dans le premier chapitre du livre "L'Art de se créer de beaux souvenirs", Meik Wiking introduit le concept de "pic de réminiscence", ce phénomène qui fait que les personnes âgées se souviennent principalement d'événements survenus entre leurs 15 et 30 ans.
L’auteur restitue la méthode et les résultats d’une étude qui a été menée auprès de centenaires. Celle-ci confirme que leurs souvenirs culminent autour de 25 ans et montre bien que nous conservons davantage de souvenirs de notre jeunesse adulte que de toute autre période de notre vie.
L’auteur illustre ce phénomène avec ses propres souvenirs : il se rappelle avec une précision étonnante ses voyages à Paris et en Andalousie, jusqu'aux goûts et odeurs, ses lectures et ses rencontres à 25 ans. En revanche, de son année de 31 ans, il ne garde qu’une blague sur Hamlet échangée avec le président du GIEC.
Pour Meik Wiking, cette "tyrannie du pic de réminiscence" s'explique selon deux théories principales :
Cette période forge notre identité.
Elle est remplie de premières fois : premier baiser, premier job, premier appartement…
1.2 - Créer des souvenirs inoubliables
Les recherches de l’Institut du bonheur révèlent que 23 % des souvenirs durables concernent des expériences nouvelles ou extraordinaires.
Des études menées par Cohen et Faulkner montrent que 73 % des souvenirs marquants sont liés à des premières fois ou à des moments uniques, car notre cerveau leur accorde un "encodage" mental plus élaboré.
Meik Wiking suggère que c’est pourquoi, avec l’âge, le temps semble s’accélérer : nous vivons, en tant qu’adultes, moins de premières fois et changeons moins souvent d’environnement que les jeunes. Une étude de l’université du New Hampshire confirme que nous retenons davantage les débuts : par exemple, 40 % des souvenirs universitaires se concentrent sur le mois de septembre, le premier de l’année académique.
1.3 - Astuces pour ralentir le temps et enrichir sa mémoire
L'auteur partage plusieurs astuces pour créer des souvenirs marquants :
Visiter chaque année un nouveau lieu, même proche de chez soi, comme cette escapade aux falaises de Møns Klint qu'il a découvertes à deux heures de Copenhague.
Rechercher de nouvelles expériences gustatives, comme lorsqu’il a goûté sa première mangue à 16 ans, un souvenir resté intact.
Transformer l'ordinaire en extraordinaire en changeant nos routines et en cherchant à vivre l’ordinaire autrement.
1.4 - L’effet Von Restorff
Le chercheur explique également l'effet Von Restorff (ou effet d'isolation) : dans une série d'éléments, nous retenons celui qui se démarque par sa différence.
C'est pourquoi il conseille, avec humour, d'apporter un ananas lors d'une conférence pour être mémorable : plutôt que d’être "le type qui parle de bonheur", on deviendra "le gars à l'ananas" !
1.5 - Savourer plusieurs fois le même émerveillement
Enfin, Meik Wiking partage une anecdote sur un colibri aperçu au Mexique. Il pensait le voir pour la première fois… avant de réaliser qu’il en avait déjà vu enfant lors d’un voyage aux États-Unis. Un souvenir oublié, mais qui confirme cette citation de Nietzsche : "L'avantage de la mauvaise mémoire, c'est qu'on jouit plusieurs fois des bonnes choses pour la première fois."
Chapitre 2 - Dans tous les sens
2.1 - Le goût des souvenirs
Wiking commence ce 2ème chapitre en racontant l'histoire de Modesta, la grand-mère de son éditrice espagnole. À la fin de sa vie, celle-ci réclamait souvent des "estrellas de hojaldre" de La Mallorquina, pâtisseries emblématiques d’une boulangerie madrilène qu’elle fréquentait dans sa jeunesse.
L'auteur se demande si, à travers ces pâtisseries, elle ne cherchait pas à retrouver un peu de sa jeunesse et de sa liberté. Ce n'est pas tant le goût des gâteaux qui compte, mais ce qu'il nous rappelle.
Cette idée est confirmée par l’étude "Happy Memory" : 62 % des souvenirs recueillis comportent une dimension multisensorielle.
Meik Wiking rapporte plusieurs témoignages qui reflètent bien cette réalité : un Américain se souvient des s’mores partagés avec son équipe d'athlétisme, tandis qu’un autre évoque sa mère faisant griller des poivrons.
Chacun d’entre nous a déjà ressenti ce pouvoir évocateur des sens : un limoncello nous ramène en Toscane, une chanson nous replonge dans un instant précis, un parfum réveille des souvenirs oubliés…
2.2 – L’art de se créer des "madeleines de Proust"
Meik Wiking revient sur la célèbre "madeleine de Proust", référence littéraire incontournable devenue symbole du lien puissant entre goût et mémoire. Il souligne avec humour que Winnie l'Ourson exprime la même idée, mais de façon plus concise !
Pour mieux ancrer nos moments heureux dans notre mémoire et ainsi nous fabriquer des "déclencheurs à souvenirs", l’auteur insiste sur l’importance de les vivre pleinement, en utilisant consciemment tous nos sens.
Il nous invite à prêter attention aux éléments sensoriels et à ce qui est unique dans ces moments de bonheur, et les y associer à nos expériences :
"Quand, par exemple, je sens l’odeur du café, je l’apprécie beaucoup ; mais je l’ai sentie si souvent dans ma vie qu’elle n’est pas associée à un souvenir unique qu’elle ferait renaître dans ma mémoire. Mais si en revanche je perçois une odeur d’algues séchées, je me retrouve instantanément en ce beau jour de juillet où j’étais parti pratiquer la pêche sous-marine ; (…) Je me reposais sur un rocher au soleil, face à la mer. Ma respiration était détendue et profonde, je me sentais heureux et calme. J’ai voulu garder ce moment pour m’en souvenir plus tard ; pour cela, j’ai respiré le parfum étrange d’une poignée d’algues que les flots avaient déposées près de moi."
2.3 - L’odorat, la clé des souvenirs les plus puissants
Certaines entreprises ont compris ce pouvoir et l’exploitent à des fins commerciales.
Meik Wiking évoque ici les parfums d’ambiance créés par Air Aroma, utilisés dans les hôtels et boutiques pour marquer inconsciemment les esprits.
Il parle aussi de la fascination d’Andy Warhol pour les parfums qu’il collectionnait de manière obsessionnelle (son "musée des Odeurs"). L’artiste changeait régulièrement de fragrance, afin que chacune reste associée à une période précise de sa vie. Il confie, en parlant de ses parfums : "Si j’en ai porté un pendant trois mois, je me force à l’abandonner, même si j’ai envie de le garder. Ainsi, chaque fois que je le sens, il me rappelle ces trois mois. Je ne le réutilise plus jamais : il entre dans ma collection permanente d’odeurs…".
Selon Warhol, aucun sens n'est aussi puissant que l'odorat pour déclencher un souvenir particulier.
2.4 – La musique, une machine à remonter le temps
La musique possède, elle aussi, un pouvoir unique : elle nous transporte instantanément vers des époques passées.
L’économiste Seth Stephens-Davidowitz a analysé les données de Spotify et découvert un phénomène fascinant : les chansons qui nous marquent à l’adolescence restent celles que nous préférons toute notre vie.
Les graphiques des résultats de son étude sont partagés dans le livre. Ils montrent que les femmes sont attachées aux chansons qu'elles ont découvertes entre 11 et 14 ans, tandis que pour les hommes, cette période se situe entre 14 et 16 ans.
Ceci prouve que nos années de formation musicale conditionnent nos goûts à long terme :
"En d’autres termes : on n’oublie jamais les tubes de son adolescence. Une info somme toute intéressante quand on veut faire danser les gens, ou leur proposer d’évoquer leurs souvenirs de jeunesse. Autre intérêt : on peut préparer à l’avance la playlist de ses meilleurs souvenirs…"
2.5 – On retient mieux les images que les mots
Notre mémoire visuelle est particulièrement puissante.
C’est d’ailleurs ce que démontre le paradoxe Boulanger/boulanger : nous retenons plus facilement la profession boulanger que le nom de famille Boulanger, car nous pouvons visualiser un artisan en train de faire du pain.
Pour illustrer cette idée, Meik Wiking partage une astuce mnémotechnique personnelle : il se rappelle du nom de l’ambassadeur danois Ruge (qui signifie "couver" en danois) en imaginant ses amis assis sur des œufs.
Cette "supériorité de la mémoire visuelle", précise l’auteur, a été scientifiquement prouvée par le professeur de psychologie Lionel Standing : dans un dictionnaire par exemple, nous retenons 77 % des images que nous voyons, contre 62 % des mots que nous lisons.
Conclusion :
"On retient mieux les images que les mots – et, par extension, peut-être mieux les visages que les noms. Si par exemple on vous présente une Pénélope, vous retiendrez peut-être mieux son prénom en vous imaginant Penelope Cruz à côté d’elle."
Autre constat intéressant : "plus l’image est étrange (comme mes amis perchés sur des œufs) plus elle est mémorable. Et par "étrange", il faut comprendre drôle, percutante ou "limite"."
2.7- Les faux souvenirs, une illusion qui nous influence
Mais attention, notre mémoire n’est pas infaillible.
Meik Wiking restitue les recherches d’Elizabeth Loftus sur les faux souvenirs pour montrer que l’on peut manipuler la mémoire et influencer nos comportements et nos goûts en implantant des souvenirs erronés.
Dans une étude, des participants à qui l’on avait suggéré qu’ils aimaient les asperges dans leur enfance se montraient plus enclins à en acheter…
2.8 - Créer des souvenirs sensoriels : les astuces pratiques de Meik Wiking
Meik Wiking termine ce chapitre en partageant plusieurs idées concrètes pour mieux graver nos souvenirs heureux :
Créer des "plats-souvenirs" en associant un plat à un moment marquant. C’est ainsi que lui et sa petite amie ont baptisé une recette liée à un souvenir précis : "Lune sur la maison de Dieu".
Revisiter les lieux de nos souvenirs heureux pour réveiller les émotions passées.
Tenir un journal sensoriel, où l’on note les odeurs, sons et sensations associés à un moment marquant. C’est ce que l’auteur a fait lors de son séjour sur l’île Hornby au Canada, pour capturer chaque détail et s’en souvenir longtemps.
En somme, nos souvenirs les plus intenses ne sont pas seulement des images figées dans notre tête, mais des expériences riches en sensations. Plus nous sollicitons nos cinq sens, plus nous avons de chances de fixer nos moments heureux et de pouvoir les revivre encore et encore.
Chapitre 3 - Prêter attention
3.1 - Voir ou observer ? La différence cruciale
Meik Wiking ouvre le chapitre 3 de "L'Art de se créer de beaux souvenirs" en citant Sherlock Holmes qui, dans "Une étude en rouge", compare le cerveau humain à un grenier où la place est comptée : "on peut le remplir avec les meubles de son choix, mais l’espace est limité. Ainsi, pour y caser un souvenir ou un savoir, il faut qu’un autre s’en aille."
Le célèbre détective y explique aussi la différence entre voir et observer : "Vous voyez, mais vous n’observez pas" dit-il au Dr Watson, qui bien qu’ayant vu des centaines de fois l’escalier qui monte à leur appartement, s’avère incapable de se rappeler le nombre exact de marches qui y mènent.
Selon Sherlock Holmes, l'observation implique de l'attention, sans laquelle nous ne pouvons ni remarquer ni mémoriser.
3.2 - L’expérience du gorille invisible : ce que nous ne voyons pas
Pour illustrer ce phénomène, l'auteur évoque une expérience connue : le test du "gorille invisible"
Réalisée en 1999 par Daniel Simons et Christopher Chabris, cette étude demandait à des participants de compter, dans une vidéo, les passes d’un ballon entre joueurs. Pris dans leur tâche, près de la moitié d’entre eux ne remarquèrent même pas un homme en costume de gorille traverser l’écran !
Ce test prouve que nous ne percevons qu’une infime partie de notre environnement, notre cerveau filtrant en permanence les informations reçues par nos sens.
3.3 - L’attention, ingrédient indispensable aux souvenirs
Meik Wiking explique ensuite que nous pratiquons tous un "filtrage sélectif" permanent.
Dans l'étude "Happy Memory", 100 % des souvenirs rapportés et analysés provenaient de moments où les personnes avaient prêté attention, observé, remarqué quelque chose.
En somme, sans observation active, nos expériences passent inaperçues et s’évaporent dans l’oubli. L'ingrédient "attention" est donc clairement indispensable dans la recette de nos bons souvenirs.
Mais le chercheur s’inquiète de la façon dont notre attention est devenue une valeur marchande convoitée. En effet, dans notre monde ultra-connecté, nous sommes sans cesse sollicités. Nos smartphones, qu’il surnomme "armes de distraction massive", nous font consulter nos écrans toutes les douze minutes en moyenne.
Une méta-analyse publiée en 2018 nous apprend que le multitâche n’améliore jamais la mémoire. Pire, dans la moitié des études, il la détériore même significativement.
Notre cerveau n’est pas conçu pour jongler avec plusieurs tâches en simultané. En cherchant à tout faire à la fois, nous fragmentons notre attention et diminuons notre capacité à créer des souvenirs durables.
3.4 - L’hippocampe : chef d’orchestre des souvenirs
L'auteur décrit ensuite le rôle majeur de l'hippocampe dans la formation des souvenirs. Pour fixer un souvenir, notre cerveau, explique-t-il, mobilise plusieurs zones clés :
L’hippocampe : ce petit organe en forme d’hippocampe joue le rôle de réalisateur. Il coordonne les sensations, les émotions et les détails de chaque expérience.
L’amygdale : elle ajoute la charge émotionnelle à nos souvenirs.
3.5 - Pourquoi franchir une porte nous fait oublier ?
Meik Wiking évoque aussi un phénomène intrigant : l’effet porte. Qui n’a jamais oublié pourquoi il s’était déplacé d’une pièce à l’autre ? Le simple fait de changer de pièce peut, en effet, nous faire oublier pourquoi nous nous sommes déplacés. Eh bien, le chercheur Gabriel Radvansky a découvert que franchir un seuil signale au cerveau qu'une nouvelle "scène" commence, et qu'il peut alors se débarrasser des souvenirs de la précédente.
Une autre étude menée par Godden et Baddeley sur des plongeurs prouve que nous restituons mieux nos souvenirs dans un contexte similaire à celui où ils ont été créés. C’est pourquoi un parfum, un son ou un lieu précis peut faire resurgir des souvenirs oubliés.
3.6 - Comment améliorer notre attention et créer des souvenirs vivants
Pour renforcer notre mémoire et capturer pleinement nos expériences, Meik Wiking propose plusieurs stratégies :
Faire des "détox numériques" pour échapper aux distractions constantes.
Désactiver les notifications sur nos appareils.
Prêter attention aux détails sensoriels des moments heureux.
Traiter nos souvenirs comme des êtres aimés, en leur accordant toute notre attention.
3.7 - L’art de l’attention : le secret d’une mémoire forte
Meik Wiking conclut ce chapitre en citant Samuel Johnson : "L’art véritable de la mémoire, c’est l’art de l’attention."
Il nous invite à observer nos expériences avec la même intensité que lors d’un premier rendez-vous amoureux, en capturant chaque détail pour donner à notre hippocampe toutes les pièces du puzzle nécessaires à la création de souvenirs vibrants et inoubliables.
Chapitre 4 - Se créer des instants mémorables
4.1 - Pourquoi certains souvenirs restent gravés
Dans ce quatrième chapitre, Meik Wiking nous rappelle un principe fondamental : nous gardons en mémoire ce qui retient notre attention, et nous prêtons attention à ce qui fait sens pour nous. Si quelque chose n'a pas d'importance particulière, comme le nombre de lignes sur notre paume, nous ne le retiendrons probablement pas, même après l'avoir vu des centaines de fois.
L’étude "Happy Memory" révèle que 37 % des souvenirs analysés concernent des "grandes occasions" - ces moments qui marquent un cap dans notre existence. L'auteur cite plusieurs exemples : mariages, naissances, promenades spéciales avec un être cher, ou moments de transmission entre générations comme le rapporte Meik Wiking dans le témoignage touchant d'une femme qui se souvient avoir marché sur la plage avec sa nièce le jour de l'enterrement de sa grand-mère.
4.2 - Les souvenirs les plus précieux sont liés aux autres
Même les personnes les plus fortunées du Danemark, lorsqu'elles sont interrogées sur leurs meilleurs souvenirs, évoquent principalement leurs connexions avec les autres et les moments qui ont donné du sens à leur vie. L’argent ne crée pas de souvenirs mémorables : ce sont les relations humaines qui en sont la clé.
Meik Wiking cite plusieurs témoignages qui l'illustrent parfaitement : un câlin matinal avec son conjoint, un moment de complicité entre collègues, ou encore le partage d'un simple Coca-Cola entre amis dans les rues de Bogotá.
Le chercheur appelle cela "les atomes de nos relations" : ces petits instants du quotidien qui, en réalité, construisent les souvenirs les plus durables.
4.3 - La nostalgie, une émotion qui nous répare
L’auteur explique ici que la nostalgie agit comme un mécanisme naturel de régulation émotionnelle.
Des chercheurs de l’université de Southampton ont, en effet, découvert que les personnes tristes ou se sentant seules sont plus enclines à évoquer des souvenirs nostalgiques… et que ceci améliorerait leur état d’esprit.
Ainsi, cette nostalgie (comme dans le film "Casablanca" où Rick dit à Ilsa "Nous aurons toujours Paris") peut simultanément blesser et réconforter.
4.4 - La nature et les moments d’accomplissement personnel : deux sources de souvenirs importants
Au-delà des connexions humaines, deux autres éléments reviennent souvent dans les souvenirs mémorables :
Le lien avec la nature et notre corps : baignades dans un lac, randonnées en montagne, levers de soleil, balades à cheval. L’auteur cite l'exemple d'une femme danoise qui se souvient comment un simple après-midi d’été dans une prairie avec sa sœur est devenu un moment de "bonheur pur", où elle s’est sentie profondément connectée à la nature et à sa famille.
Les moments où nous accomplissons quelque chose d'important, où nous devenons ce que nous rêvons d'être : réussir un examen difficile, terminer un marathon, être admis à l'université. L'auteur évoque plusieurs exemples : un jeune Irakien qui a pu s'acheter un jouet avec son propre argent à 11 ans, une femme admise à l'université à 38 ans, ou encore une personne qui se souvient de son premier traitement à la testostérone lors de sa transition. Nous nous souvenons profondément des moments où nous devenons ce que nous aspirons à être.
4.5 - L’importance du sens dans la construction du bonheur
En tant que chercheur en bonheur, Meik Wiking a observé que nous nous sentons réellement heureux lorsque s'alignent trois visions :
L’image que nous avons de nous-mêmes,
La personne que nous voulons devenir,
La perception que les autres ont de nous.
Il souligne l'importance du "sens de la vie" dans les études sur le bonheur, si reconnue que l'Office national des statistiques anglais pose chaque année dans son rapport annuel cette question clé : "Avez-vous l'impression que ce que vous faites dans votre vie en vaut la peine ?"
4.6 - Comment fonctionne la mémoire ?
L'auteur explique ici le fonctionnement de la mémoire à travers trois processus : l'encodage (recevoir l'information), le stockage-consolidation (la conserver) et la restitution (la retrouver).
Il précise que notre mémoire à court terme est limitée selon la "loi de Miller" : nous pouvons retenir en moyenne 7 informations différentes (plus ou moins deux) pendant 20 à 30 secondes.
Pour qu'un souvenir soit transféré vers notre mémoire à long terme, l'information doit être importante pour nous. Le chercheur compare avec humour nos souvenirs au Père Noël : "un événement disparaît si on cesse de penser à lui", tout en ajoutant que "plus on pense à un événement, plus il a de chances d'être conservé".
4.7 - Créer des rituels pour fabriquer des souvenirs marquants
Meik Wiking conclut ce chapitre de "L'Art de se créer de beaux souvenirs" avec une astuce pratique inspirée du film "Diamants sur canapé" : créer et célébrer de nouveaux caps dans notre vie.
Le chercheur nous encourage ainsi à identifier les événements marquants que nous souhaitons commémorer, qu'ils soient grands ou petits, et à prévoir la façon de les célébrer. À ce sujet, il revient sur un exemple personnel : un rêve qu’il a réalisé en dédicaçant son livre à la bibliothèque de New York.
Puis, l’auteur mentionne avec fierté comment il a offert à chaque employé de l'Institut de recherche sur le bonheur deux bouteilles de mousseux, en leur demandant de noter pour quelle réussite future ils les ouvriraient.
L’idée, indique-t-il, est ici de transformer des accomplissements en souvenirs mémorables.
Chapitre 5 - Le stabilo des émotions
5.1 - Quand le malaise devient inoubliable
Meik Wiking ouvre ce chapitre avec une anecdote aussi gênante qu’instructive. Lors d’une émission télévisée britannique, un malentendu linguistique l’a fait complimenter, malgré lui, le présentateur sur sa connaissance du "porno danois", alors qu’il parlait simplement de séries télé danoises.Un souvenir embarrassant qui, des années plus tard, le hante encore et reste aussi vif que le jour où il s’est produit. Pourquoi ? Parce que les émotions fortes agissent comme un surligneur sur nos souvenirs, elles les marquent d’une encre indélébile.
5.2 - Les émotions, moteurs de notre mémoire
L'auteur explique que nos émotions sont traitées par l’amygdale, une petite zone du cerveau chargée d’amplifier l’importance d’un événement pour que nous puissions en tirer des leçons.
L’Institut de recherche sur le bonheur a constaté que 56 % des souvenirs heureux recueillis dans l’étude “Happy Memory” étaient des expériences fortement chargées en émotions : mariages, naissances, premiers baisers… Ces moments nous marquent profondément parce qu’ils nous touchent intensément.
5.3 - L’humeur mondiale, mesurée en temps réel
Meik Wiking présente ici l'Hédonomètre, un outil conçu par des chercheurs de l'université du Vermont qui analyse les termes utilisés sur Twitter pour mesurer le "bonheur" quotidien.
Résultat : les pics de bonheur coïncident avec Noël ou la fête des Mères, tandis que les creux surviennent lors de drames collectifs comme des attentats ou des décès de célébrités.
Le chercheur note que nous nous souvenons davantage des jours émotionnellement chargés, qu'ils soient heureux ou tristes.
5.4 - Les souvenirs flash : quand le cerveau photographie l’instant
Apparu dans les travaux de Brown et Kulik en 1977, le terme de “souvenirs flash” désigne ces images mentales instantanées créées lors d’événements marquants.Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, une étude réalisée auprès d'étudiants américains révèle que seulement 3 % de ces souvenirs concernent des événements nationaux ou internationaux. En réalité, la grande majorité de nos souvenirs les plus vifs sont liés à des expériences personnelles, stipule l’auteur.
5.5 - Quand l’Histoire devient intime
Des chercheurs danois ont interrogé des personnes âgées sur l’occupation nazie en 1940 et la Libération en 1945. Ils ont constaté que les anciens résistants, plus impliqués émotionnellement, conservaient des souvenirs bien plus précis que les autres.Plus nous sommes personnellement investis dans un événement, plus il s’ancre dans notre mémoire.
Meik Wiking raconte que des chercheurs danois ont étudié les souvenirs de personnes âgées concernant l'invasion nazie en 1940 et la Libération en 1945. Ceux-ci ont noté que les anciens résistants conservaient des souvenirs plus précis et détaillés que les autres, probablement en raison de leur implication émotionnelle plus forte.
Cette étude et d’autres montrent que plus nous sommes personnellement investis dans un événement, plus il s’ancre dans notre mémoire.
5.6 - La bibliothèque des émotions
Le témoignage de Wendy Mitchell, atteinte d’un Alzheimer précoce, illustre de façon bouleversante l’importance des émotions dans la préservation de nos souvenirs.
Pour lutter contre l’oubli et la maladie, Wendy a créé une “chambre des souvenirs” avec des photos étiquetées. Elle confie : “Nous ne perdons jamais nos émotions… On peut oublier qui sont les gens que l’on aime, mais on garde l’impression de cet attachement.”
Preuve que les émotions forment le cœur de notre mémoire identitaire.
5.7 - Sortir de sa zone de confort pour mieux se souvenir
Meik Wiking partage ensuite quelques "astuces souvenirs" pratiques pour graver nos souvenirs dans notre mémoire, notamment :
Sortir de sa zone de confort comme lui l'a fait en apprenant le tango.
Appliquer le "test des dix ans" pour choisir des activités mémorables : est-ce que je m’en souviendrai encore dans 10 ans ?
Transformer la gêne ou la honte en anecdotes amusantes à raconter.
Il parle aussi d’une école danoise innovante qui utilise des jeux de rôle grandeur nature pour aider les élèves à mieux retenir leurs leçons d’histoire ou de langues étrangères : en activant l’émotion, les apprentissages deviennent des souvenirs vivants.
5.8 - Rire de ses ratés pour mieux les digérer
Meik Wiking conclut sur la puissance libératrice du partage. Même les souvenirs les plus gênants peuvent devenir des outils de connexion humaine s’ils sont partagés ouvertement et avec sincérité. L’auteur lui-même nous dit souvent raconter ses mésaventures lors de conférences. Et pour lui, loin de nous enfermer dans la honte, les moments d’embarras deviennent alors des passerelles vers les autres, à condition bien sûr de les regarder avec humour et bienveillance.
Chapitre 6 - Pics et combats
6.1 - Et si vous deviez tout oublier après vos vacances ?
Meik Wiking débute ce chapitre par une question déroutante : Que ferions-nous différemment pendant nos vacances si nous devions tout oublier à notre retour ?
Une invitation à réfléchir à ce qui fait vraiment la valeur d’une expérience : est-ce le moment vécu ou le souvenir qu’il en reste ?
Meik Wiking explore la façon dont notre mémoire est façonnée par les moments culminants et les fins d'expériences.
6.2 - La règle du pic-fin
Meik Wiking présente les travaux du prix Nobel Daniel Kahneman, qu’il surnomme avec humour "le Beyoncé de l’économie comportementale". Kahneman distingue deux versions de nous-mêmes :
Le moi expérimental, qui vit les choses en temps réel.
Le moi mémoriel, qui les reconstruit une fois qu’elles sont passées.
Ce dernier ne retient ni la durée ni la moyenne de l’expérience, mais le moment le plus intense (le pic) et la fin. C’est ce qu’on appelle la règle pic-fin.
Pour illustrer cette théorie, Meik Wiking décrit une expérience où des participants devaient plonger leur main dans l'eau froide selon deux scénarios. La majorité a préféré la version plus longue mais qui se terminait moins douloureusement.
La règle pic-fin s’applique à toutes sortes d’expériences aussi bien positives que négatives.
L'auteur cite plusieurs études qui le confirment, comme celle des bonbons d'Halloween : lors de cette étude, les enfants qui recevaient une barre chocolatée suivie d'un chewing-gum étaient moins satisfaits que ceux qui n'avaient reçu qu'une barre chocolatée. Même recevoir deux barres chocolatées ne rendait pas plus heureux qu'une seule.
Ainsi, ce n’est pas la quantité qui compte, mais l’intensité du moment et la manière dont il se termine.
6.3 - Souvenirs de luttes et trésors cachés
Meik Wiking partage ensuite l’aventure rocambolesque qu’il a vécue à Rome pour dénicher une statue antique de la déesse Felicitas, destinée au futur musée du bonheur de Copenhague. Après plusieurs tentatives infructueuses et une course effrénée dans les rues romaines, il trouve enfin son trésor.
Cette anecdote illustre parfaitement l’idée que ce n’est pas la réussite qui rend le souvenir si vivant, mais l’épreuve, la quête, l’effort pour y parvenir.
D’ailleurs, dans l'étude "Happy Memory", 22 % des souvenirs recueillis impliquent un pic ou une lutte ; parfois, l'épreuve elle-même constitue le cœur du souvenir. "Nous fêtons le fait d'avoir surmonté une difficulté ; il n'y a pas de sommet sans ascension", explique l’auteur.
6.4 - Joies surprises, défaites marquantes
Le chercheur évoque ensuite une étude sur le football qui analyse comment les résultats des matchs affectent le bonheur des fans.
L'étude révèle que les défaites ont un impact négatif jusqu'à quatre fois plus important que l'effet positif des victoires.
C’est l’illustration parfaite de ce que les psychologues appellent l’aversion à la perte, ce biais psychologique qui nous pousse à ressentir les pertes plus fortement que les gains.
Plus intéressant encore, les victoires quand elles sont inattendues procurent une joie encore plus intense.
6.5 - La guerre silencieuse des corvées
Meik Wiking termine par une réflexion sur "l'effet week-end" et la "guerre des tâches ménagères".
Il rapporte une étude où hommes et femmes revendiquent chacun faire plus de 50 % des tâches domestiques, pour un total dépassant largement 100 %. Cette distorsion s'explique à la fois par le "biais de désirabilité sociale" (on veut bien paraître) et par le fait que nous nous souvenons davantage des efforts que nous avons fournis que de ceux des autres.
6.6 - Ce que ce chapitre nous apprend vraiment
Le message essentiel de ce chapitre est que pour créer des souvenirs durables, il faut cultiver les moments culminants et soigner particulièrement les conclusions de nos expériences, tout en acceptant que certaines difficultés puissent paradoxalement renforcer la mémorabilité d'un événement.
Chapitre 7 - Des histoires pour anticiper la courbe de l'oubli
7.1 - Les récits qui nous relient
Meik Wiking démarre le chapitre 7 de "L'Art de se créer de beaux souvenirs" avec l'histoire d'une famille anglaise savourant un petit-déjeuner raté sur une plage venteuse. Ce moment imparfait est pourtant devenu un souvenir précieux, parce qu’il a été raconté, partagé, inscrit dans une histoire commune.
Ce moment imparfait illustre parfaitement sa thèse : ce sont les histoires que nous partageons qui constituent le ciment de nos relations.
En effet, pour Meik Wiking, notre bien-être dépend en grande partie de notre capacité à créer un récit positif de notre vie. Le psychologue Dan McAdams parle de “récits de rédemption”, ces histoires où tout commence mal, mais finit bien. Ce sont souvent les plus fortes.
7.2 - Parler, c’est renforcer la mémoire
Pour le chercheur danois, raconter une expérience est plus qu’un simple partage : c’est un moyen de consolider nos souvenirs. En parlant d’un moment vécu, on renforce les connexions neuronales qui y sont liées, ce qui le rend plus vivant et donc plus mémorable.
Pour cette raison, l’auteur nous encourage à entourer notre quotidien d’objets qui racontent notre histoire personnelle. Sur son bureau à lui, par exemple, chaque bibelot a une valeur sentimentale, chacun est porteur d'une anecdote significative, comme cette photo de l'appareil photo que son grand-père a offert à son père en 1958.
7.3 - Quand les souvenirs se mélangent
Mais attention : notre mémoire est loin d’être parfaite. Il existe ce que Meik Wiking appelle les “souvenirs discordants” : ces souvenirs que plusieurs personnes pensent avoir vécu et revendiquent donc comme les leurs. Une étude menée auprès de jumeaux révèle que 14 paires sur 20 se disputent au moins un souvenir.
Selon le chercheur, ce phénomène s’explique par le "problème de la mémoire-source" : à force d’entendre une histoire bien racontée, on finit par l’intégrer comme si elle était à nous, comme si nous l’avions vécue personnellement.
Ce mécanisme touche aussi les faux souvenirs collectifs comme "l'effet Mandela". Exemple : la célèbre réplique de Dark Vador "Je suis ton père, Luke" qui n’a jamais été dite ainsi, en réalité, il dit simplement "Non, je suis ton père".
Ces faux souvenirs sont également à l’œuvre pour des événements marquants. Même des figures publiques s’y laissent prendre : George W. Bush était convaincu d’avoir vu le premier avion percuter les tours du World Trade Center en direct le 11 septembre, ce qui est impossible puisque les images n’étaient pas encore disponibles à ce moment-là.
7.4 - La courbe de l’oubli : comment lutter contre l’érosion des souvenirs
Une des parties les plus instructives du chapitre concerne la fameuse "courbe de l'oubli" découverte par Hermann Ebbinghaus.
Ses expériences montrent qu’en fait, on oublie environ 40 % des informations après 20 minutes et 70 % au bout d'une journée.
Mais il existe une parade efficace, nous dit Meik Wiking : la "répétition espacée". En réévoquant les souvenirs à intervalles de plus en plus longs, on les fixe durablement.
Pour les parents souhaitant aider leurs enfants à conserver de beaux souvenirs, l'auteur conseille de raconter ces beaux moments vécus avec eux le soir même, puis une semaine après, un mois plus tard, etc. Chaque répétition ancre un peu plus le souvenir.
7.5 - Les premiers souvenirs : entre langage et lieux marquants
Concernant nos souvenirs d'enfance, Meik Wiking rapporte qu'ils commencent en moyenne à l'âge de 3 ans et demi, et sont fortement liés à nos capacités linguistiques. En somme, à cet âge, le langage devient assez développé pour enregistrer les événements.
Une étude britannique montre que nous retenons davantage de détails des souvenirs positifs (4,84 détails sur 9 possibles) que des négatifs (4,56), et que les lieux sont les éléments les plus mémorisés (présents dans 85 % des cas).
7.6 - Créer sa carte émotionnelle
Pour finir, Meik Wiking partage une astuce ingénieuse qui associe mémoire spatiale et autobiographique : rebaptiser les lieux en fonction des souvenirs qu’ils évoquent chez nous.
Il raconte comment, sur l'île de Bornholm où il passe ses étés, il a créé sa propre cartographie émotionnelle avec la "forêt des Cerises sauvages", "Château-Framboise" ou encore "la mare des Tout-nus". À chaque nom, une histoire. À chaque endroit, une émotion.
En résumé, ce chapitre nous enseigne ce que nous pouvons faire pour garder vivants nos souvenirs :
Les raconter, encore et encore,
Créer des objets-mémoires autour de nous,
Répéter, espacer, ancrer,
Faire de nos lieux de vie un atlas de souvenirs.
Chapitre 8 - Externaliser ses souvenirs
8.1 - Que sauveriez-vous si votre maison brûlait ?
Meik Wiking commence le dernier chapitre de son livre "L'Art de se créer de beaux souvenirs" avec cette question : que prendriez-vous avec vous si votre maison partait en fumée ?Sur le site The Burning House, les réponses sont multiples… mais un objet revient systématiquement : les albums photos.
L'auteur se reconnaît dans cette tendance et pour lui, les photos sont "la clé du coffre-fort de la mémoire". Elles ont ce pouvoir unique de raviver une cascade de souvenirs en une fraction de seconde, même lorsqu’elles sont floues, vieillies ou mal cadrées.
Après la mort de sa mère, Meik Wiking raconte avoir feuillette de vieux albums retrouvés dans une boîte. À chaque page, une émotion, une scène oubliée revenait en surface.
Il comprend alors pourquoi il aime tant la photographie : elle capture ces instants éphémères où l’on se sent pleinement vivant, ces petits éclats de bonheur pris sur le vif – "le bonheur au 250e de seconde."
8.2 – Quand la mémoire se perd dans le cloud
L’étude "Happy Memory" confirme ce rôle central des photos dans nos souvenirs : 7 % des souvenirs marquants sont rattachés à un objet, et dans la grande majorité des cas, il s’agit… d’une photo.
Aujourd’hui, nous prenons plus d’un billion de photos par an, mais la plupart dorment dans le cloud, oubliées, jamais imprimées. Ce réflexe de tout stocker en ligne a un effet pervers : plusieurs études démontrent que lorsqu’on pense qu’on pourra retrouver l’information plus tard (ici en ligne), on cesse de l’enregistrer mentalement. Un phénomène que l'auteur nomme "amnésie numérique".
Meik Wiking en a fait l’amère expérience : il raconte comment il a vu s’envoler, un jour, toutes les photos d’un mariage à Sienne, après un vol d’ordinateur et la casse de son appareil. Alors que ses vieux albums papier, eux, étaient toujours là, intacts, 20 ans plus tard. Cette fragilité des supports numériques l'a convaincu d'imprimer les photos des moments importants.
8.3 - La mémoire : artiste ou archiviste ?
Notre mémoire n’est pas un disque dur. Elle est vivante, malléable, imparfaite. Nos souvenirs sont des processus dynamiques.
Pendant trente ans, Meik Wiking était persuadé qu’il avait monté un âne noir lors d’un voyage en Yougoslavie. Jusqu’au jour où une photo lui montre qu’il s’agissait en réalité d’un… poney blanc.
C’est là toute la beauté (et la fragilité) de notre esprit. Notre mémoire, observe l’auteur, "n'est pas seulement le conservateur d'un musée : elle est aussi l'artiste exposé". Elle reconstruit sans cesse les souvenirs, les embellit, les déforme parfois.
8.4 - #makingmemories : ce que les photos disent de nous
Meik Wiking présente ici l'analyse que son Institut a réalisé sur les posts Instagram avec le hashtag #makingmemories.
Conclusion ? Quatre grandes thématiques de souvenirs partagés dominent :
La vie de famille,
Les jours de fête,
L'amour,
Et surtout les voyages et aventures.
Ces résultats, les souvenirs que nous choisissons de partager montrent que "ce qui compte vraiment, ce n'est pas la richesse, mais les moments qu'on garde avec soi".
8.5 - Des souvenirs à garder autrement que par l’image
Et si on allait plus loin que les photos ? Meik Wiking propose ici d’autres façons originales d’externaliser ses souvenirs :
Créer une playlist chaque mois, comme le fait son éditrice Emily.
Associer un parfum à un moment spécifique, à la manière d’Andy Warhol.
Enregistrer les sons des moments heureux.
Tenir un journal quotidien, comme le fait son collègue Alejandro qui note chaque journée sur une échelle de 1 à 10
Autant de façons de s’ancrer dans le présent tout en laissant une trace pour demain.
8.6 - Un dernier outil : les phrases mnémotechniques
Enfin, Meik Wiking rappelle une méthode mnémotechnique classique pour se souvenir d’une liste : inventer des phrases dont les initiales correspondent aux éléments à mémoriser. Par exemple, la phrase suivante - "Mes Meilleurs Souvenirs des Vacances Passées" – aide l’auteur à se rappeler des villes côtières visitées.
Conclusion – Le passé a de l’avenir
Partager ses souvenirs, c’est créer du lien
Dans la conclusion de son livre "L'Art de se créer de beaux souvenirs", Meik Wiking commence par faire référence aux 36 questions du professeur Arthur Aron conçues pour créer de l'intimité entre deux étrangers.
Parmi elles, plusieurs concernent les souvenirs, comme : "Quel est votre souvenir préféré ?" ou "Racontez votre vie en quatre minutes".
L'auteur note que partager ses souvenirs, des histoires personnelles, c’est ouvrir une porte à l’autre. C’est une façon puissante de créer des liens avec autrui, de nous montrer vulnérables et donc plus proches.
Meik Wiking souligne d’ailleurs que cette connexion née du partage des souvenirs transcende les cultures et les frontières : "Sur la question du bonheur et de ce qui fait les beaux souvenirs, nous sommes des humains avant d'être danois, britanniques, américains ou chinois."
Quand la mémoire devient trop lourde
Mais tous les souvenirs ne sont pas légers. L’auteur évoque le revers de la médaille avec le cas de Jill Price, par exemple, l'une des rares personnes atteintes d’hypermnésie, une mémoire exceptionnelle qui lui permet de se rappeler chaque jour de sa vie depuis ses 14 ans.
Un superpouvoir ? Pas tout à fait. Cette capacité peut vite devenir une prison, comme dans la nouvelle de Borges "Funes ou la mémoire".
L'auteur conclut que "notre bonheur dépend peut-être non seulement de ce dont nous nous souvenons, mais aussi de ce que nous parvenons à oublier."
L’optimisme, c’est aussi de la mémoire
Le chercheur danois nous parle ensuite d'optimisme.
Car loin d’être tournée uniquement vers le passé, la mémoire est aussi un tremplin vers l’avenir.Une étude menée par Angus Deaton sur 1,7 million de personnes dans 166 pays montre que la majorité d’entre nous s’imagine plus heureux dans cinq ans qu’aujourd’hui.
Mais ce n’est pas un hasard : cette projection vers un avenir meilleur, souligne Meik Wiking, active les mêmes zones cérébrales que celles utilisées pour se souvenir du passé. Comme l'explique Daniel Schacter, psychologue à Harvard : "Le cerveau est fondamentalement un organe de prospective qui utilise les données du passé et du présent pour générer des prédictions pour le futur."
Un calendrier pour créer de beaux souvenirs toute l’année
La partie la plus pratique de cette conclusion est un calendrier d'activités pour se créer de beaux souvenirs au fil des mois :
Janvier : Profiter des journées mondiales pour créer des associations mémorables.
Février : Affronter ses peurs pour activer le "stabylo des émotions".
Mars : Renforcer les liens avec ses proches.
Avril : Porter attention à ce qui nous rend heureux, sens par sens.
Mai : Planifier concrètement ses rêves pour l'année à venir.
Juin : Organiser des "promenades aux souvenirs" dans des lieux significatifs, chargés de souvenirs.
Juillet : Tenter de nouvelles expériences gustatives lors d'un pique-nique.
Août : Briser ses routines pour ralentir le temps.
Septembre : Se lancer un défi physique ou vivre une "lutte" mémorable.
Octobre : Vivre des expériences sensorielles fortes.
Novembre : Lister de nouvelles choses à essayer.
Décembre : Imprimer ses meilleures photos de l'année.
Revenir là où tout a commencé
Meik Wiking termine sa conclusion par le récit de sa visite à Haderslev, la ville de son enfance. En arpentant ses rues, il retrouve le souvenir de cette preuve de confiance que sa mère lui avait accordée 20 ans plus tôt.
Ce voyage intime dans le temps illustre parfaitement le fil rouge de "L’Art de se créer de beaux souvenirs". Une réflexion que l’on retrouve tout à la fin de l’ouvrage :
"Un jour, votre vie défilera devant vos yeux, assurez-vous qu'elle en vaille la peine."
À propos de l'auteur
Meik Wiking est le fondateur de l'Institut de recherche sur le bonheur de Copenhague. Décrit par le Times comme "l'homme le plus heureux du monde", il conseille gouvernements, ONG et entreprises sur les politiques du bonheur.
Diplômé en commerce et en science politique, il est également l'auteur des best-sellers internationaux "Le Livre du Hygge" et "Le Livre du Lykke".
Conclusion de "L’Art de se créer de beaux souvenirs" de Meik Wiking
Les 4 idées clés à retenir du livre "L'Art de se créer de beaux souvenirs"
Idée clé n°1 : Nos souvenirs façonnent notre bonheur et notre identité plus que notre réalité quotidienne
Dans "L’Art de se créer de beaux souvenirs", Meik Wiking remet en question l'idée que notre bonheur dépend uniquement des circonstances présentes.
Il s'appuie en effet sur de nombreuses études pour démontrer que notre relation avec notre passé influence considérablement notre bien-être émotionnel.
Ce n'est pas tant ce que nous vivons qui compte, mais ce dont nous nous souvenons et comment nous interprétons ces souvenirs.
Notre mémoire autobiographique agit comme un filtre émotionnel : elle façonne notre identité, influence notre humeur et renforce ou affaiblit notre satisfaction de vie.Apprendre à raconter son passé comme une histoire positive, même en transformant les épreuves en récits de rédemption, peut ainsi devenir une véritable stratégie pour vivre mieux.
Cette perspective nous invite alors à considérer nos souvenirs non comme de simples traces du passé, mais comme un matériau malléable que nous pouvons activement façonner.
Idée clé n°2 : Créer des souvenirs durables, ça s’apprend !
Loin d’être passive, la mémoire peut se cultiver activement.
À travers son "Manifeste de la mémoire", Meiking Wiking partage huit ingrédients spécifiques que nous pouvons délibérément cultiver pour ancrer des souvenirs dans la durée :
Vivre des premières fois,
Activer tous nos sens,
Prêter attention,
Créer des expériences qui ont du sens,
Nourrir nos émotions,
Célébrer victoires et défis,
Partager nos histoires,
Conserver physiquement nos souvenirs (photos, objets, etc.).
Cette approche nous apprend alors à fabriquer, avec des moments ordinaires, des souvenirs impérissables. Plutôt que de subir le flux continu d'expériences quotidiennes, nous pouvons alors adopter une démarche intentionnelle et créative et sélectionner, amplifier et ancrer les moments qui méritent de rester.
Idée clé n°3 : Les souvenirs suivent des schémas psychologiques précis que nous pouvons exploiter à notre avantage
Meik Wiking s'appuie sur des recherches en psychologie cognitive pour décoder les mécanismes de notre mémoire.
Il décrypte notamment la "règle pic-fin" de Kahneman selon laquelle nos souvenirs d'une expérience sont principalement déterminés par son moment culminant et sa conclusion, plutôt que par sa durée totale.
De même, il met en lumière un autre phénomène : le "pic de réminiscence", qui explique pourquoi nous gardons davantage de souvenirs de notre jeunesse adulte.
Comprendre ces dynamiques nous aide à structurer sciemment nos expériences pour mieux nous en rappeler ensuite. Cette connaissance nous permet aussi de ralentir cette sensation que le temps file avec l’âge ainsi que nous créer une vie subjectivement plus riche et plus longue.
Idée clé n°4 : L’attention consciente et multisensorielle représente le socle fondamental de tout souvenir durable
Au cœur des découvertes de Meik Wiking se trouve ce constat essentiel : nous ne nous souvenons que de ce à quoi nous avons vraiment prêté attention.
Dans notre monde saturé de distractions numériques qui nous happent en permanence, l'auteur nous invite à redécouvrir l'art de l'observation attentive.
Plus encore, il souligne l'importance d'engager consciemment tous nos sens - ces "portes d'entrée" vers notre mémoire. Une odeur particulière, une saveur distinctive ou une musique spécifique peuvent devenir des "déclencheurs" intenses, capables de nous reconnecter instantanément à des moments de bonheur.
Ainsi, en mobilisant nos sens de manière intentionnelle, nous donnons du relief à notre quotidien. Nous pouvons transformer des instants ordinaires en expériences mémorables, enrichir considérablement notre palette de souvenirs et multiplier les chances de nous souvenir de ce qui compte vraiment.
Trois raisons de lire "L’Art de se créer de beaux souvenirs"
L'Art de se créer de beaux souvenirs est un guide inspirant pour ceux qui veulent non seulement se souvenir, mais aussi mieux vivre chaque instant.
Raison n°1 : pour redécouvrir le plaisir du temps qui ne file plus entre les doigts
Vous avez l’impression que les années filent à toute vitesse et ne pas les vivre pleinement ? Alors "L'Art de se créer de beaux souvenirs" a de grandes chances de vous intéresser. Ce livre partage, en effet, beaucoup de clés pour transformer consciemment votre perception du temps qui passe.
Pour ralentir cette perception subjective du temps qui s'accélère avec l'âge, Meik Wiking vous apprend comment vous pouvez, par exemple, multiplier les "premières fois", sortir des automatismes quotidiens et davantage vous émerveiller.
En agissant ainsi, le temps ne s’accélère plus autant et devient une succession d’expériences marquantes et mémorables.
Raison n°2 : pour mieux comprendre et ancrer de beaux souvenirs dans votre mémoire
Meik Wiking ne se contente pas d’une réflexion théorique : il propose huit clés pratiques pour transformer vos moments ordinaires en souvenirs inoubliables.
Grâce à son calendrier annuel, vous pourrez intégrer ces astuces concrètes mois après mois sans bouleverser votre quotidien et enrichir votre mémoire de façon intentionnelle.
Vous comprendrez également pourquoi certains souvenirs restent vivaces tandis que d'autres s'estompent, grâce aux explications accessibles sur les mécanismes cérébraux de la mémoire.
Raison n°3 : pour créer plus de moments marquants dans votre quotidien et enrichir votre présent
En transformant consciemment nos journées en souvenirs qui nous accompagneront des années durant, nous nous façonnons une mémoire positive. Or, Meik Wiking nous montre que nos souvenirs déterminent notre sentiment de bonheur présent.
De plus, les techniques proposées pour ancrer nos souvenirs nous amènent naturellement à vivre plus intensément le présent.
Dans un monde où l'attention est constamment fragmentée, ce livre vous invite à reconquérir votre capacité d'émerveillement, de pleine présence et d'observation : des compétences essentielles tant pour votre bonheur que pour votre sentiment d'accomplissement personnel.
Pourquoi je recommande la lecture de "L’Art de se créer de beaux souvenirs" de Meik Wiking ?
"L'Art de se créer de beaux souvenirs" fait partie de ces livres qui, au premier abord, parait traiter d’un sujet assez anodin, mais qui, pourtant, une fois ouvert est une expérience de lecture absolument passionnante !
Meik Wiking arrive à transposer une recherche scientifique pointue en conseils accessibles et immédiatement applicables. Au fil des pages, il nous rappelle finalement que nous sommes les architectes actifs de notre propre mémoire, et non de simples spectateurs passifs de notre histoire.
Il nous équipe d'outils concrets pour nous construire une vie subjectivement plus riche, plus longue et plus significative, même sans circonstances exceptionnelles.
Un ouvrage au sujet original, peu traité, au contenu riche et captivant, qu’on referme avec un regard différent et plus conscient sur nos moments de vie, nos souvenirs et le temps qui passe.
Bref, une lecture coup de cœur que je recommande vivement !
Points forts :
Une approche unique qui combine rigueur scientifique et conseils pratiques accessibles sur un sujet passionnant rarement traité : notre relation avec nos souvenirs.
Des anecdotes personnelles touchantes et souvent humoristiques qui illustrent parfaitement les concepts présentés.
Un équilibre parfait entre théorie et pratique, avec des exercices concrets pour chaque mois de l'année.
Un regard rafraîchissant sur le bonheur qui nous libère de la tyrannie du présent et valorise notre histoire personnelle.
Les illustrations et photos, qui rendent la lecture agréable et esthétique !
Points faibles :
Certaines techniques de mémorisation présentées sont classiques et pourraient déjà être connues des lecteurs familiers avec le développement personnel.
L'accent mis sur la création active de souvenirs peut parfois sembler trop intentionnel, risquant de transformer des expériences spontanées en "projets" calculés.
Ma note :
★★★★★
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            	            	         ]]>Résumé de "Pourquoi personne ne m'en a parlé avant ?" de Julie Smith : un ouvrage de psychologie accessible pour mieux comprendre les ressorts du stress, de la déprime et du manque de motivation, notamment, et apprendre à les surmonter pour retrouver énergie, calme et joie de vivre — par l'une des influenceuses "psy" les plus en vue du moment !
De Julie Smith, 2023, 352 pages.
Titre original : Why has nobody told me this before (2022).
Chronique et résumé de "Pourquoi personne ne m'en a parlé avant ?" de Julie Smith
Introduction
Julie Smith était une jeune femme autrefois anxieuse ; aujourd'hui, elle se dit confiante et capable de surmonter les difficultés. Ce changement est-il magique ? Pas du tout ! Il vient de l’apprentissage d’outils simples et accessibles à tous.
Trop de gens ignorent le fonctionnement de leur esprit. Pour y remédier, l’autrice se met à publier des vidéos, sur TikTok notamment, puis se décide à écrire ce livre.
Son but ? Transmettre des compétences essentielles pour mieux vivre. Ces outils, utilisés régulièrement, renforcent la résilience et la conscience de soi. Cet ouvrage est donc comme une boîte à outils, qui vous aidera à affronter la vie avec clarté et force.
Partie 1 - Sur la vie en gris
1 - Comprendre les raisons d'un moral en berne
Julie Smith constate que tout le monde connaît des phases de déprime, mais que beaucoup les cachent par peur du jugement. Les personnes pensent souvent que le bonheur est un trait de personnalité ou que leur mal-être vient uniquement de leur cerveau, ce qui renforce leur sentiment d’impuissance.
Pourtant, l’humeur, comme la température corporelle, est influencée par des facteurs internes et externes. Manque de sommeil, stress ou déshydratation peuvent altérer l’état émotionnel. La psychologue montre qu’en comprenant ces influences, il devient possible d’agir.
Elle explique que pensées, sensations physiques, émotions et comportements sont liés. Ce cercle peut entretenir la déprime, mais aussi aider à en sortir. Il faut donc apprendre à repérer les signes, puis à utiliser des outils concrets pour modifier ses habitudes et ses réactions.
Le livre propose d’adopter une posture d’exploration : observer ce que l’on ressent, penser, faire, et en tirer des enseignements. Ces habiletés sont simples, accessibles, et efficaces, même hors d’une thérapie. Ce sont des leviers puissants pour reprendre la main sur sa santé mentale.
2 - Les pièges à éviter en matière de moral
Julie Smith explique que face à la déprime, beaucoup recherchent un soulagement immédiat : écrans, nourriture, alcool… Ces réactions, bien qu’efficaces à court terme, aggravent l’état émotionnel sur le long terme. Comprendre cette dynamique aide à choisir des stratégies plus saines.
Elle décrit aussi plusieurs biais de pensée qui renforcent la déprime, tels que :
Deviner les pensées d’autrui ;
Surgénéraliser ;
Raisonner avec ses émotions ;
Se fixer des injonctions irréalistes ;
Adopter un raisonnement tout ou rien ;
Etc.
Ces schémas, bien que fréquents, amplifient le mal-être. Il importe de repérer ces biais et de s’y entraîner régulièrement, par l’écriture, la discussion ou la pleine conscience. Il ne s’agit pas de supprimer les pensées, mais d’en prendre conscience et d’envisager d’autres interprétations plus nuancées.
Grâce à cette pratique, chacun peut éviter qu’un simple agacement devienne une journée de morosité. Cela demande de la patience, mais ces outils rendent la vie émotionnelle plus stable et plus libre.
3 - Les mesures utiles
Lorsque la déprime s’installe, les pensées négatives s’imposent comme un masque : elles parasitent la perception et influencent le comportement. Julie Smith montre que se distancier de ces pensées est essentiel. Grâce à la métacognition, chacun peut apprendre à les observer sans s’y identifier.
Ce recul passe par l’attention. Plutôt que lutter contre les pensées, il s’agit de choisir consciemment où diriger son projecteur mental. Trop souvent, l’esprit reste focalisé sur ce que l’on rejette, au lieu de s’orienter vers ce que l’on souhaite. L’attention, bien utilisée, redonne un cap.
Les pensées ruminées à répétition alimentent la spirale dépressive. Plus elles sont récurrentes, plus elles s’ancrent. Pour y remédier, des actions simples, comme bouger, changer de posture ou se poser la question suivante permet de rompre le cycle :
« Que ferait mon moi en forme ? »
Le lien humain aide aussi à sortir de cette boucle mentale. Un ami ou un thérapeute offre un miroir extérieur, recentre et éclaire. Parler, c’est déjà transformer la pensée.
La pleine conscience aide également à développer ce recul. Elle s’exerce comme un muscle : méditation guidée, observation sans jugement, recentrage volontaire. Plus on la pratique, plus on apprend à choisir comment réagir aux émotions et pensées.
Enfin, la gratitude renforce l’attention positive. Noter chaque jour trois éléments plaisants, même infimes, habitue l’esprit à chercher ce qui apaise. Cette pratique quotidienne renforce la stabilité émotionnelle et le sentiment de bien-être.
4 - Rendre les mauvais jours meilleurs
Lorsque la déprime s’installe, prendre une décision simple peut devenir épuisant. Le cerveau pousse vers des choix qui soulagent à court terme mais aggravent l’état général. Julie Smith recommande de viser des bonnes décisions, pas parfaites. Même minimes, elles créent un mouvement salutaire.
Plutôt que d’agir selon son humeur, il est utile de s’ancrer dans ses valeurs personnelles. Se demander ce qui est important pour sa santé mentale aide à agir avec cohérence. Il suffit parfois d’un petit pas répété chaque jour pour construire un changement durable.
La déprime amplifie souvent l’autocritique. On se juge durement, sans appliquer la compassion qu’on aurait pour un proche. L’autocompassion n’est pas de la complaisance, mais une posture honnête et encourageante, semblable à celle d’un bon coach.
Se demander comment on aimerait se sentir permet de ne plus seulement fuir la souffrance mais de choisir une direction. En remplissant un schéma basé sur les bons jours, on identifie les comportements et pensées à cultiver pour s’en rapprocher.
Enfin, imaginer un miracle où les problèmes disparaissent révèle ce qui compte vraiment. Ces indices éclairent les premiers petits gestes à poser au quotidien. Même si les difficultés persistent, il est possible d’avancer vers plus de clarté, d’équilibre et de sens.
5 - Maîtriser l'essentiel
Quand la santé mentale vacille, on néglige souvent les fondamentaux :
Sommeil ;
Alimentation ;
Exercice ;
Routine ;
Lien social.
Julie Smith les compare à des défenseurs dans une équipe : discrets mais décisifs. Sans eux, même une bonne attaque ne tient pas !
L’exercice physique agit comme antidépresseur naturel. Il augmente la dopamine, améliore l’humeur et favorise la résilience. Il n’a pas besoin d’être intense : une marche, une danse ou du yoga suffisent. L’essentiel est de commencer petit, avec plaisir, et de répéter.
Le sommeil régule l’humeur et renforce la capacité à faire face. Créer des conditions propices à l’endormissement – lumière naturelle le matin, calme le soir, apaisement mental – favorise un repos de qualité. Le sommeil ne se force pas : il se prépare.
L’alimentation influence directement le moral. Pas besoin d’un régime parfait, mais privilégier les aliments simples, complets et non transformés. Une amélioration progressive des choix alimentaires suffit à soutenir durablement l’équilibre émotionnel.
Une routine quotidienne prévisible stabilise l’esprit. Même minimes, des habitudes ancrées rétablissent un rythme et évitent les dérives. Elle permet aussi de se recentrer dès que l’on s’en éloigne, comme un point d’ancrage régulier.
Enfin, les relations humaines jouent un rôle clé dans la résilience. Même sans parler, être entouré apaise. Aller vers les autres avant d’en ressentir l’envie brise le cercle de l’isolement. Le lien, même simple, restaure un sentiment de sécurité intérieure.
]]>Résumé de "La vie sans principe" de Henry David Thoreau : cet essai philosophique partage une critique incisive de la société américaine du XIXe siècle. Il dénonce l'obsession pour le travail et l'argent et nous appelle alors à repenser notre rapport au travail, à l'argent et au temps. Il propose une réflexion profonde sur l'art de vivre, la nécessité d’embrasser une vie authentique et de préserver notre liberté morale face aux pressions de la société mercantile.
Par Henry David Thoreau, écrit en 1854, 1ère édition en 1863 (après la mort de Thoreau), cette réédition proposée est de 2018, 128 pages.
Titre original : "Life Without Principle"
Note : L'introduction, la postface et la partie "Repères chronologiques" de cet ouvrage n'ont pas été écrites par Henry David Thoreau mais par Michel Granger. Professeur de littérature américaine, Michel Granger est un spécialiste et traducteur français particulièrement connu pour son travail autour de Henry David Thoreau. Il est ainsi à l'origine des traductions en français de plusieurs œuvres majeures de Thoreau (comme "La vie sans principe" ici résumé ou encore "Marcher") et de leur contextualisation.
Chronique et résumé de "La vie sans principe" de Henry David Thoreau
Dans l’introduction de l’ouvrage, rédigée par Michel Granger (voir note plus haut), nous apprenons d’abord que "La vie sans principe" est un essai majeur de Henry David Thoreau initialement conçu comme une conférence qu'il a donnée entre 1854 et 1862. Pour Michel Granger, ce texte, malgré sa pertinence remarquable, n'a pas reçu l'attention qu'il méritait à son époque.
L’auteur de l’introduction retrace ensuite l'évolution de cet essai à travers ses différents titres.
D'abord intitulé "Gagner sa vie" en 1854, puis "Le lien entre l'emploi d'un homme et sa vie élevée", il devient "Quel sera le profit ?" : une référence biblique interrogeant le sens de gagner le monde au prix de son âme.
Face à une réception mitigée, Henry David Thoreau le renomme "Une vie gaspillée" en 1859, avant d'opter pour "La loi plus élevée". Finalement, peu avant sa mort en 1862, il choisit "La vie sans principe" sur suggestion de son éditeur.
1.1 - Résister au "tyran économique"
Michel Granger souligne qu’avec cet essai, Henry David Thoreau adopte une posture résolument critique face à la société américaine du XIXe siècle.
En effet, l’essayiste philosophe y dénonce l'envahissement du monde des affaires, la tyrannie du commerce, l'inhumanité du capitalisme industriel et l'obsession de l'accumulation. Il prend notamment l'exemple de la ruée vers l'or en Californie pour illustrer cette "fièvre délirante" de l'enrichissement.
L’auteur nous fait remarquer que cette critique reste étonnamment actuelle au XXIe siècle.
1.2 - Un "professeur de morale"
Au cœur de cet essai se trouve une question fondamentale : comment mener une vie honorable sans renoncer à ses principes moraux ? Michel Granger explique que Henry David Thoreau y développe son "art de vivre", une véritable économie de l'existence basée sur l'autonomie et la recherche d'une vie juste, loin des sentiers battus.
Regrettant l’absence de véritables professeurs d'éthique dans la société, Henry David Thoreau endosse ainsi, dans "La vie sans principe", le rôle de guide moral.
Finalement, son message, nous dit Granger, vise à encourager la réflexion autonome plutôt que la conformité aveugle. S'inspirant autant de la philosophie grecque que des textes orientaux, Henry David Thoreau recherche, en fait, une "vérité dure comme le granit", écrit-il.
1.3 - Contre l’insignifiance
Enfin, Michel Granger met en lumière l'importance que Henry David Thoreau accorde à la vie intellectuelle intense.
Il nous montre comment l'auteur valorise la quête de sens plutôt que l'accumulation matérielle. Pour Henry David Thoreau, "la vie bonne" consiste à "creuser en soi à la poursuite de sa propre richesse". Cette démarche nécessite solitude et autonomie, loin des conversations creuses et des distractions futiles de la société.
Cette introduction nous révèle ainsi la profondeur de la pensée de Henry David Thoreau, qui propose une véritable philosophie de vie en opposition au matérialisme de son époque.
En résumé, l'introduction écrite par Michel Granger, nous permet de comprendre que l'œuvre de Henry David Thoreau, fruit d'une longue maturation intellectuelle, propose une réflexion profonde sur la manière de vivre en accord avec des principes élevés, sans céder aux pressions d'une société obsédée par le profit matériel.
2.1 - L'essence d'une vie authentique
Henry David Thoreau débute son essai par une réflexion sur l’authenticité. Il commence par relater une de ses expériences en tant que conférencier pour montrer combien il est important de parler de ses expériences personnelles plutôt que de sujets superficiels.
"Le plus grand compliment que j’aie jamais reçu", confie-t-il, "a été le jour où quelqu’un m’a demandé ce que je pensais et a prêté grande attention à ma réponse."
L’auteur de "La vie sans principe" poursuit en déplorant que la plupart des gens ne s’intéressent qu’aux aspects pratiques de sa profession d’arpenteur, sans chercher à connaître sa véritable nature et profondeur.
Dans cette même idée, il raconte avoir refusé une invitation à donner une conférence sur l’esclavage quand il a compris que ses hôtes voulaient en fait contrôler la majeure partie de son discours.
2.2 - La tyrannie du travail et des affaires
L’auteur de "La vie sans principe" dénonce ensuite avec véhémence l’obsession pour le travail et les affaires de la société dans laquelle il vit.
Il décrit ainsi un monde où "rien d’autre ne prime que le travail, encore le travail, toujours le travail". Henry David Thoreau s’insurge contre cette vision réductrice qui considère comme un drame qu’une personne soit inapte au travail, plutôt que de s’inquiéter de son bonheur ou de son épanouissement.
À travers l’histoire d’un homme transportant une pierre pour un riche voisin, l’essayiste montre comment un travail apparemment noble peut perdre toute dignité quand il sert de simples fins futiles. Même la nature, fait-il remarquer, est jugée uniquement sous l'angle de sa valeur productive : "On croirait qu’une ville ne s’intéresse à ses forêts que pour les abattre !", s’exclame alors l’auteur pour souligner cette obsession destructrice du profit.
2.3 – L’argent contre la vraie valeur
Pour Henry David Thoreau, gagner de l'argent conduit presque invariablement à une forme de corruption morale.
L’essayiste s’en prend ici aux moyens conventionnels de gagner sa vie : selon lui, les services les mieux rémunérés par la société sont souvent les plus dégradants. Et "si vous voulez faire de l'argent comme écrivain ou comme conférencier", observe-t-il, "il faut être populaire, ce qui signifie tomber en chute libre."
L'auteur insiste sur le fait qu'un homme ne devrait pas travailler simplement pour gagner sa vie, mais pour réaliser une œuvre qui ait du sens et qui contribue au bien commun.
Il met enfin en garde contre la tentation de sacrifier ses principes pour des gains matériels, évoquant l’histoire biblique d’Ésaü qui vend son "droit d'aînesse pour un plat de lentilles".
2.4 - La désastreuse ruée vers l'or Vs l’or véritable d’une vie simple, en harmonie avec la nature
Henry David Thoreau consacre ensuite une partie de son essai à critiquer la ruée vers l'or en Californie, qu'il considère comme le symptôme d'une société malade.
Il compare cette quête désespérée à une loterie immorale et décrit avec effroi les ravages physiques et moraux qu'elle provoque. Il raconte notamment avoir été hanté par les images de vallées défigurées par les chercheurs d'or, de puits fétides et d'hommes réduits à l’état de "véritables démons".
"Le chercheur d'or qui prospecte dans les ravines de montagne est autant joueur que son collègue qui fréquente les bars", affirme-t-il, soulignant que cette frénésie pour une richesse facile détruit non seulement l'environnement mais aussi l'âme humaine.
Pour Thoreau, cette recherche effrénée de richesse rapide représente l'antithèse d'une vie bien vécue. Le véritable or, confie-t-il, se trouve dans notre terre natale, et dans la simplicité d'une vie en harmonie avec la nature.
2.5 - Le rôle des éducateurs et de la morale
Le philosophe déplore aussi vivement l'absence de véritables professeurs de morale dans la société.
Il reproche aux prédicateurs d’enseigner la résignation plutôt que l'élévation morale, et s'inquiète de voir que la conversation ordinaire est devenue "creuse et vaine", dépourvue de toute profondeur spirituelle.
Aussi, pour Henry David Thoreau, préserver la "chasteté intellectuelle" et protéger l'esprit des influences triviales est capital. Il compare l'esprit à un temple qui devrait être préservé des intrusions vulgaires et des distractions insignifiantes.
2.6 - Politique et presse : arène publique et miroir des futilités
Henry David Thoreau expose ici sa vision négative de la politique et de la presse.
En effet, l’auteur de "La vie sans principe" considère la politique comme "superficielle et inhumaine". Pour lui, les institutions politiques sont des "bogues de châtaigne qui contiennent des fruits abortifs".
L’essayiste dénonce également les journaux qui remplissent l'esprit de nouvelles futiles. "Je ne sais pas pourquoi", écrit-il, "mais c'est trop pour moi de lire un journal par semaine."
Il nous alerte sur le risque de laisser notre esprit devenir une "arène publique" où circulent les commérages et les informations insignifiantes.
Il condamne particulièrement la façon dont la presse traite les affaires d'État en faisant des questions sérieuses un divertissement superficiel.
2.7 - La liberté véritable et ses implications
Un passage du livre est ensuite consacré à une analyse sur la nature de la liberté.
Henry David Thoreau fait remarquer que si l'Amérique s'est libérée politiquement, pour autant, ses citoyens restent "esclaves d'un tyran économique et moral".
Il pose une question essentielle : "Que signifie être né libre et ne pas vivre libre ?" Selon lui, la liberté politique n'a de sens que si elle permet d'accéder à une véritable liberté morale. Le philosophe fustige la société américaine qui se targue d'être libre mais reste enchaînée aux préjugés et aux conventions sociales.
2.8 - L'appel à une vie plus élevée
Pour conclure, Henry David Thoreau plaide pour une vie guidée par des principes plus élevés.
Nous devons, assure-t-il, cultiver notre humanité plutôt que de nous consacrer exclusivement aux affaires et au commerce. Pour l’essayiste, la vraie richesse d'une nation réside dans sa capacité à produire des "héros, saints, poètes, philosophes et rédempteurs" plutôt que des marchandises.
Ainsi, l’auteur de "La vie sans principe" nous appelle à rechercher la vérité plutôt que le profit, à cultiver notre esprit plutôt que nos champs, et à vivre une vie authentique plutôt que de suivre aveuglément les conventions sociales.
2.9 – La superficialité de la politique
Enfin, Henry David Thoreau termine en critiquant la superficialité et l'inhumanité de la politique, qu'il considère comme une nuisance qui émousse le sens moral, et rejette l'idée que cela puisse le concerner. Il refuse ainsi même de lire les journaux ou de s'engager avec les doléances des gouvernements :
"Ce qu’on appelle la politique est une chose comparativement si superficielle et inhumaine que je n’ai, pour ainsi dire, jamais honnêtement reconnu que cela me concerne en quoi que ce soit. Je me rends compte que les journaux ouvrent gratuitement certaines de leurs colonnes tout particulièrement à la politique ou au gouvernement ; c’est bien là tout ce qui les sauve, pourrait-on dire. Cependant, comme j’aime la littérature et, dans une certaine mesure, également la vérité, je ne lis jamais ces colonnes, de toute façon. Je ne tiens pas à émousser à ce point mon sens moral. N’ayant jamais lu un seul message présidentiel, je n’ai pas à m’en porter garant. C’est une bien étrange époque que celle où les empires, les royaumes et les républiques viennent mendier à la porte d’un simple particulier et s’installer à ses côtés pour débiter leurs doléances. Je ne peux pas prendre un journal sans trouver quelque lamentable gouvernement, aux abois et en fin de course, qui vient intercéder auprès de moi, lecteur, afin que je vote pour lui qui m’importune autant qu’un mendiant italien."
Thoreau qualifie la politique de "dyspepsie" sociale, un trouble qui empêche, selon lui, une société de fonctionner harmonieusement. Lui, nous invite alors davantage à nous féliciter mutuellement - tels des "eupeptiques" - de "l’éternelle et resplendissante beauté du matin", symbole de renouveau et de clarté, plutôt que de nous attarder sur nos "mauvais rêves" collectifs.
L’auteur fait aussi remarquer que la liberté politique conquise en Amérique n’a pas permis d’atteindre une véritable liberté morale. Vraie liberté qui, selon lui, consiste à vivre pleinement en accord avec ses principes, loin des distractions et des préoccupations futiles et superficielles que nous impose la société.
Dans cette postface, Michel Granger (présenté au début de ce résumé) nous propose une analyse détaillée de la pensée et de l'œuvre de Henry David Thoreau.
3.1 - Un écrivain émancipateur
Michel Granger commence cette postface en expliquant que Henry David Thoreau était avant tout un écrivain passionné. Ce dernier, indique-t-il, a scrupuleusement tenu un journal quotidien de 1837 à 1861 "afin de cueillir" cite-il, "le fruit de chaque jour qui passe".
Par ailleurs, sa littérature n'était pas destinée au simple divertissement mais visait à éduquer et émanciper l'individu. Henry David Thoreau considérait, en effet, ses contemporains comme "prisonniers d'habitudes, d'interdits intériorisés ou de traditions mutilantes". Son rôle d'écrivain était donc d'aider ses lecteurs à "mieux penser, à percevoir le monde de façon plus juste". Michel Granger souligne que cette approche s'inscrivait dans le contexte d'une littérature américaine encore naissante, qui cherchait à établir une culture lettrée distincte.
3.2 - Un intellectuel de Nouvelle-Angleterre
Contrairement à l'image d'ermite qu'on lui attribue souvent, Henry David Thoreau était profondément ancré dans le milieu intellectuel de son époque. Michel Granger rappelle qu'il était diplômé de Harvard et ami proche de l’essayiste et poète Ralph Waldo Emerson, qui lui permit d’accéder à sa bibliothèque.
L'auteur met aussi en lumière la position particulière de Henry David Thoreau : coincée entre une société américaine peu cultivée et une Europe dont il devait se distancer pour nourrir sa propre créativité.
Après ses études, Thoreau retourne à Concord, où il exerce divers métiers, celui notamment d'instituteur et d'arpenteur, tout en menant une intense activité intellectuelle. Finalement, cette situation particulière lui a apporté une double perspective : observer et critiquer la société tout en restant enraciné dans sa communauté.
3.3 - Le philosophe et l'art de vivre
Michel Granger met également en évidence la quête constante de Henry David Thoreau pour une vie authentique. Son approche philosophique reposait sur l'importance de "bien voir" et d'avoir un solide "point d'appui" dans le réel.
L'auteur explique que Henry David Thoreau cherchait à réformer l'éthique individuelle plutôt que la société dans son ensemble. Cette philosophie de vie impliquait un certain ascétisme, un rejet du superflu et une recherche constante de vérité. Cette quête se manifestait alors dans tous les aspects de la vie de Henry David Thoreau, de son expérience à Walden à ses longues marches contemplatives.
3.4 - D'objecteur de conscience à résistant actif
Cette partie aborde l'évolution significative de la pensée politique de Henry David Thoreau, de l'objection de conscience à une résistance plus active.
Si Henry David Thoreau privilégiait l'approche individuelle, il fut progressivement poussé à s'engager plus directement dans le débat public, notamment sur la question de l'esclavage.
Michel Granger montre, en effet, comment la situation politique des années 1850, et plus particulièrement la loi sur les esclaves fugitifs, a conduit Henry David Thoreau à dépasser sa position initiale de retrait pour adopter une posture plus militante. Cette évolution culmine avec son soutien à John Brown, un abolitionniste américain qui appela à l'insurrection armée pour abolir l'esclavage. Ce soutien marque ainsi le passage d'une résistance passive à l'acceptation d'une certaine forme de violence pour défendre ses principes.
3.5 - Le visionnaire de la nature : entre littérature et science
Enfin, Michel Granger revient sur la relation complexe et multifacette de Henry David Thoreau avec la nature.
Il montre comment celui-ci combinait observation scientifique rigoureuse et sensibilité poétique. Henry David Thoreau, affirme-t-il, développa une approche unique, mêlant documentation précise des phénomènes naturels (faits) et recherche d'une signification plus profonde (philosophie). Son projet d'établir un "almanach" de Concord témoigne notamment de cette volonté d'allier science et poésie.
Par ailleurs, selon Michel Granger, Henry David Thoreau a joué un rôle précurseur dans la préservation de l'environnement. Il note, en effet, sa conscience précoce de l'impact destructeur de la civilisation sur la nature.
3.6 – Conclusion de la postface
En conclusion, Michel Granger évoque combien la pensée de Henry David Thoreau est encore actuelle. Bien que certains aspects de sa philosophie puissent sembler à contre-courant de notre époque consumériste, ses questionnements sur la liberté, la justice et la conscience individuelle restent,en effet, étonnamment pertinents.
L'auteur nous invite ainsi à voir en Henry David Thoreau non pas simplement un moraliste intransigeant, mais un penseur dont la voix critique et la passion pour la nature peuvent encore nous aider à réfléchir sur notre rapport au monde contemporain.
4 - Repères chronologiques
La dernière partie de l’ouvrage est dédiée à une chronologie de la vie de Henry David Thoreau. En voici une synthèse.
Né en 1817 à Concord, dans le Massachusetts aux États-Unis, Henry David Thoreau fait ses études à Harvard jusqu'en 1837. Cette même année, il commence son Journal sur les conseils de l’essayiste et poète Ralph Waldo Emerson et modifie l'ordre de ses prénoms pour devenir Henry David. Après une expérience d'enseignement avec son frère John, il devient l'assistant d'Emerson en 1841 et collabore à la revue transcendantaliste Dial.
Le tournant majeur de sa vie survient en 1845 lorsqu'il s'installe dans une cabane près du lac Walden. Cette expérience durera jusqu'en 1847 et donnera naissance à son œuvre majeure "Walden", publiée en 1854 après plusieurs réécritures. Entre-temps, il publie "Une semaine sur les rivières Concord et Merrimack" (1849).
Les dernières années de sa vie sont marquées par une intense activité d'écriture et de conférences, son soutien à John Brown (un homme d’action américain qui luttait pour l’abolition de l’esclavage, mort par pendaison en 1859) et la préparation de ses manuscrits avec sa sœur Sophia.
Henry David Thoreau meurt de la tuberculose à Concord, sa ville natale, en 1862.
Conclusion de "La vie sans principe" de Henry David Thoreau
4 idées clés développées par Thoreau dans son livre "La vie sans principe"
Idée clé n°1 : La société mercantile nous prive de notre humanité
Henry David Thoreau critique vivement la domination et la tyrannie de l'économie et du travail sur la vie humaine. Il dénonce une société obsédée par l'enrichissement matériel, où "rien d'autre ne prime que le travail, encore le travail, toujours le travail".
Idée clé n°2 : Vivre une vie authentique selon ses principes exige de rompre avec les conventions
Pour Henry David Thoreau, la véritable richesse ne se trouve pas dans l’accumulation de biens matériels, mais dans la culture de soi. Il nous invite alors à préserver notre "chasteté intellectuelle" face aux distractions futiles et inutiles, et à orienter notre existence vers des principes moraux élevés, plutôt que vers la poursuite aveugle du profit.
Idée clé n°3 : L'individu doit reconquérir sa liberté morale
L'auteur se positionne en véritable professeur de morale, en nous encourageant à développer notre réflexion autonome plutôt qu’à nous conformer aveuglément aux conventions sociales. Comme un appel à l’éveil des consciences, il plaide en faveur d’une liberté véritable, qui ne se limite pas à l’indépendance politique, mais qui englobe également une pleine émancipation morale.
Idée clé n°4 : La nature nous enseigne une sagesse supérieure à celle du profit
Face à la frénésie de l’or et du commerce, Henry David Thoreau propose une toute autre forme de richesse : celle offerte par la nature.
Pour lui, "le véritable or" ne réside pas dans les mines de Californie, mais dans notre terre natale et dans une vie simple, en harmonie avec le monde naturel. Cette connexion à la nature constitue un antidote à la corruption morale engendrée par la société mercantile. Elle ouvre la voie à une existence plus authentique et alignée avec des valeurs profondes.
Pourquoi lire "La vie sans principe" ?
"La vie sans principe" propose une réflexion audacieuse sur le sens du travail et de la réussite.
Dès lors, à travers une prose incisive, la lecture de "La vie sans principe" vous amènera probablement à questionner vos choix de vie et à réfléchir à ce qui constitue, pour vous, une existence véritablement riche.
Le message de cet essai sur la nécessité de préserver notre intégrité morale face aux pressions économiques résonne avec une actualité saisissante dans notre monde contemporain.
Je vous invite alors à lire cet ouvrage de Thoreau pour son analyse percutante de notre rapport à l’argent et au travail. Mais surtout parce qu’il provoque naturellement une réflexion et une introspection profonde sur nos priorités et nos aspirations. La pensée de Thoreau, à la fois radicale et humaniste, fournit des pistes de réflexion particulièrement intéressantes pour repenser notre rapport au monde moderne. Elle est, malgré son époque, étonnamment criante d'actualité !
Points forts :
Une critique lucide et intemporelle de la société matérialiste.
Une réflexion profonde sur l'art de vivre et les valeurs essentielles.
Un appel enthousiaste et convaincant à l'autonomie intellectuelle et morale.
Points faibles :
Le ton que l’on peut trouver parfois moralisateur.
Une vision individualiste qui néglige parfois les solutions collectives.
Ma note :
★★★★★
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            	            	         ]]>Résumé de "Good vibes good life | La vie, c’est juste une question de vibrations" de Vex King : dans cet ouvrage, Vex King nous montre comment la pensée positive, la maîtrise de nos vibrations énergétiques et un mindset harmonieux attirent naturellement le succès, la joie et une vie pleinement épanouie, et peut ainsi transformer durablement notre quotidien.
Par Vex King, 2020, 243 pages.
Titre original : "Good vibes, good life |How Self-Love Is the Key to Unlocking Your Greatness", 2018, 320 pages.
Chronique et résumé de "Good vibes good life" de Vex King
Introduction
Dans les premières pages de "Good Vibes, Good Life", Vex King nous plonge dans son enfance marquée par la précarité.
Sans domicile fixe pendant trois ans, il raconte le séjour angoissant de sa famille dans un foyer d'hébergement, où le sang sur les murs et les cris nocturnes terrorisaient le petit garçon de quatre ans qu'il était.
L'auteur confie qu'adolescent, il aurait voulu effacer ces souvenirs douloureux, mais qu’aujourd'hui, il les accepte entièrement :
"Je me rends compte que les événements positifs, négatifs et même terribles ont tous contribué à créer la personne que je suis devenue" écrit-il.
Dans son livre "Good Vibes, Good Life", Vex King explique alors vouloir partager les enseignements tirés de son parcours afin d’aider chacun à vivre une vie plus alignée, "plus accomplie". Et pour lui, cela passe avant tout par le dépassement des limites invisibles que l’on se crée soi-même et qui nous enferment. Il ne se prétend ni philosophe ni psychologue, mais simplement quelqu’un de curieux, animé par l’envie d’apprendre et de transmettre ce qui l’a aidé à avancer.
Pour Vex King, une vie pleinement vécue ne se mesure ni à l’argent, ni aux possessions matérielles, ni à la reconnaissance sociale. Le vrai accomplissement se joue ailleurs, dans quelque chose de plus profond : une combinaison d’engagement, d’amour, de bienveillance, d’humilité, de gratitude… et de joie.Un des messages de "Good Vibes, Good Life", poursuit l’auteur, est le suivant :
Chaque jour est une nouvelle chance de progresser vers la meilleure version de soi-même, avec un objectif quotidien simple, écrit-il : "Être meilleur que la personne que j'étais hier."
Qu'est-ce que s'aimer soi-même ?
Pour Vex King, l'amour de soi repose sur l'équilibre entre deux aspects fondamentaux : s'accepter inconditionnellement et admettre que l’on mérite mieux.
Le premier aspect est un état d'esprit : s'apprécier tel qu'on est, indépendamment des transformations qu'on pourrait souhaiter.
Le second concerne l'action : s'améliorer et améliorer sa vie, reconnaissant ainsi qu'on mérite mieux que la médiocrité.
L'amour de soi, à l'image de l'amour inconditionnel qu'on porte à un partenaire, c'est avoir son propre intérêt à cœur. C'est cet équilibre harmonieux qui élève notre vibration.
PARTIE 1 - Une question de vibrations
Dans la première partie de "Good Vibes, Good Life", Vex King raconte comment, étudiant fauché, il a découvert le livre "Le Secret" qui explique la loi de l'attraction. En quelques mots, celle-ci postule que nous attirons ce à quoi nous pensons. Sceptique, mais désespéré de partir en vacances avec ses amis, Vex décide d'appliquer cette méthode pour attirer 500 livres.
Quelque temps plus tard, le jeune homme reçoit un courrier des impôts l’informant d’un possible remboursement. Les semaines passent, teintées d’impatience et de doute. Il commence à se faire à l’idée que rien ne viendra… jusqu’au jour où, à sa grande surprise, il reçoit un chèque de 800 livres : un montant bien supérieur à ce qu’il espérait.
Les vacances qu’il s’offre alors avec cette somme sont merveilleuses. Mais plus que tout, cet épisode le convainc du pouvoir de la loi de l’attraction.
1.1 - Ce qui manque dans la loi de l'attraction
Sous ses airs simples, la loi de l’attraction cache une difficulté majeure : rester positif en toutes circonstances n’a rien d’évident.
Vex King en a fait l’expérience lors de sa dernière année d’université. Un projet de groupe qui tourne mal le fait sombrer dans le désespoir. Submergé par la colère et la frustration, il envisage même d'abandonner ses études.
C'est lors du mariage de sa sœur, à Goa, qu'un changement s'opère en lui. Le cadre apaisant réveille en lui un sentiment de gratitude profond qui persiste à son retour. Remotivé, il se plonge dans son travail avec une nouvelle détermination, et termine finalement ses études avec d'excellentes notes.
Cette expérience lui ouvre les yeux : un élément essentiel manque dans sa façon de comprendre la loi de l’attraction.
1.2 - La loi de la vibration
Plutôt que de s’en tenir à la seule loi de l’attraction, Vex King y introduit alors une notion plus subtile et fondamentale : la loi de la vibration.
S'appuyant sur les travaux de Napoleon Hill et d'autres penseurs, il rappelle que tout dans l'univers, nous y compris, est constitué d'atomes en perpétuel mouvement, en vibration.
En conséquence, chaque chose émet une fréquence. Aussi, pour attirer ce que l’on souhaite dans notre vie, il ne suffit pas de le vouloir : il faut vibrer sur la même longueur d’onde. Comme deux diapasons qui résonnent à l’unisson ou une radio parfaitement calée sur la bonne fréquence, nous attirons ce qui est en harmonie avec notre propre énergie.
1.3 - De bonnes vibrations uniquement
Pour Vex King, les "bonnes vibrations" ne sont pas un simple slogan : elles désignent un état vibratoire plus élevé. Il fait référence à la cymatique, une science qui observe les effets visuels du son, pour illustrer son propos : les sons de haute fréquence génèrent des formes plus harmonieuses que les basses fréquences.
Le principe est donc le suivant : pour recevoir de bonnes vibrations, il faut émettre de bonnes vibrations. En d’autres termes, pour recevoir de belles énergies, il faut commencer par en émettre.
Contrairement à ce que l’on croit souvent, nous n'avons pas besoin d'attendre d'obtenir ce que nous voulons pour nous sentir bien : nous pouvons choisir de nous sentir bien dès maintenant, adopter un état d’esprit positif, et ceci attirera naturellement plus d'expériences qui résonnent avec cette énergie, c’est-à-dire positives.
L’amour de soi, conclut Vex King, est intimement lié à cette élévation vibratoire :
"Aimez-vous vous-même et vous vivrez une vie que vous aimez."
PARTIE 2 - Des habitudes de vie positives
Pour Vex King, plus notre niveau vibratoire est élevé, mieux nous nous sentons, et plus nous attirons des expériences positives dans notre vie.
Dans cette partie de "Good Vibes, Good Life", il liste alors un ensemble d’habitudes de vie, capables d’élever notre niveau vibratoire.
L’auteur distingue deux types de pratiques :
Celles qui procurent un bien-être immédiat mais temporaire, comme passer du temps avec des proches ou écouter de la musique.
Celles, qui modifient en profondeur notre état mental avec des effets durables, comme la méditation.
Vex King souligne que certaines pratiques quotidiennes, bien qu'ayant un effet immédiat limité, peuvent devenir des habitudes générant des résultats durables lorsqu'elles sont répétées.
2.1 - S'entourer de gens positifs
Vex King nous conseille de côtoyer des personnes dont les vibrations sont supérieures aux nôtres, car l’énergie, dit-il, est contagieuse. Il compare ce phénomène à l'algue verte Chlamydomonas reinhardtii, qui puise son énergie dans d'autres plantes.
Ces personnes positives, soutient l’auteur, ont un pouvoir : elles atténuent notre sentiment d'impuissance face aux problèmes et nous transmettent un état d’esprit plus optimiste.
À force de passer du temps avec elles, leur vision des choses finit par déteindre sur nous. Nous adoptons progressivement leur mode de pensée et, selon la loi de la vibration, nous attirons de plus en plus de gens ainsi, puisque nous attirons davantage d’individus qui vibrent à la même fréquence que nous.
2.2 - Agir sur son langage corporel
Selon une étude de Schnall et Laird menée en 2003, le simple fait de se forcer à sourire libère des endorphines qui donnent l’illusion au cerveau que nous sommes heureux.
Vex King s’appuie ainsi sur ce constat pour dire que notre physiologie a la capacité d'influencer nos pensées et nos ressentis. Notre corps ne se contente pas de refléter nos émotions : il peut aussi les façonner.
L’auteur cite également les travaux de la psychosociologue Amy Cuddy qui mettent en évidence l’impact de certaines "postures de pouvoir" : pratiquer ces postures ouvertes et assurées seulement deux minutes par jour, suffisent à augmenter notre taux de testostérone (hormone de la confiance) et faire baisser celui du cortisol (hormone du stress).
En clair, adopter l’attitude d’une personne qui se sent bien n’est pas qu’un jeu d’apparences : cela modifie en profondeur notre état intérieur et élève notre niveau vibratoire.
2.3 - Prendre du temps pour soi
L'auteur rappelle ensuite l'importance de prendre le temps de se reposer, de s’accorder des pauses, quand on se sent submergé. À ce propos, il décrit l'engentado, mot espagnol mexicain qui désigne le besoin presque viscéral d'être seul après avoir passé trop de temps avec des gens.
Pour se ressourcer, rien de tel alors que le contact avec la nature qui a un effet régénérateur sur le corps.
Une étude de 1991 a démontré qu'un environnement naturel favorise un état émotionnel positif et un bien-être psychologique. Et pas besoin de grandes expéditions pour cela : des activités simples comme se balader, jardiner ou simplement contempler les étoiles peuvent suffire à nous recharger.
2.4 - Trouver de l'inspiration
Après l’échec de sa marque de tee-shirts à messages positifs, Vex King raconte avoir traversé une période de doute. Mais diverses sources d’inspiration l’ont aidé à retrouver petit à petit confiance en lui : livres audio, vidéos en ligne et discussions avec d'autres entrepreneurs.
Ces récits lui ont montré que les revers ne sont pas irréversibles et que tous ceux qui réussissent ont affronté des revers, des défis d'envergure.
Ce ne sont pas les échecs qui définissent une trajectoire, mais la façon dont on y réagit.
2.5 - Rester à l'écart des histoires et des commérages
L'auteur de "Good Vibes, Good Life" nous met ici en garde contre les commérages qui, même s'ils procurent un plaisir momentané, sont motivés par l'ego et contribuent à diminuer notre vibration.
En Ayurveda, on considère que ces commérages affectent nos centres énergétiques (chakras) et entravent notre ascension vers des états vibratoires supérieurs.
Vex King explique que l'ego, cette image de soi créée en pensée, cherche constamment la validation et craint de perdre son identité. Notre ego veut se sentir important, être aimé et être plus puissant que les autres. C’est ce qui nous pousse parfois à acheter des choses inutiles juste pour impressionner des gens dont, au fond, on n’a rien à faire. S’éloigner de cette dynamique, c’est s’offrir un espace plus sain pour grandir intérieurement.
2.6 - S'hydrater et s'alimenter correctement
Pour Vex King, ce que nous ingérons ne nourrit pas seulement notre corps : cela influence aussi notre énergie.
Il rapporte ici les travaux d'André Simoneton, chercheur français en électromagnétisme, qui a classé les aliments selon leur taux vibratoire, mesuré en angströms.
Ainsi, les aliments vivants comme les fruits frais, les légumes crus ou les céréales complètes ont une vibration élevée, tandis que les produits transformés, l’alcool et les conserves émettent une énergie très basse. L’eau, elle aussi, joue un rôle crucial : représentant entre 60 et 70 % de notre corps, elle aide à éliminer les toxines et à maintenir un équilibre énergétique essentiel.
2.7 - Faire preuve de gratitude
Parmi toutes les habitudes qui élèvent notre vibration, la reconnaissance est décrite comme l'une des plus simples mais aussi comme l’une des plus puissantes par l’auteur.
Pour que cette gratitude soit véritablement authentique, fait observer Vex King, il faut imaginer comment serait notre vie sans les choses pour lesquelles nous sommes reconnaissants.
Il illustre ce point par l'histoire d'un de ses clients, Will, qui a réalisé combien sa voiture lui était précieuse en visualisant les conséquences que son absence aurait sur sa vie de famille. Vex King partage également comment sa propre pratique de la gratitude a transformé une relation conflictuelle avec son supérieur au travail.
2.8 - Considérer ses émotions
Au lieu de réprimer nos émotions négatives, Vex King nous encourage à les écouter et à les transformer. Il propose une méthode en cinq étapes pour y parvenir :
Identifier clairement l'émotion ressentie.
S'interroger sur sa cause.
Comprendre sa signification profonde.
Remplacer les pensées négatives par des pensées positives.
Visualiser comment nous pourrions mieux réagir à cette émotion dans le futur.
2.9 - Prendre conscience du présent
Absorbés par le tourbillon des écrans et des obligations, nous en oublions souvent notre environnement. Nous ratons ce qui se produit sous nos yeux, le simple fait d’être là. Vex King nous fait remarquer que nous passons notre temps à courir après un futur qui n’existe que dans notre imagination, en négligeant ce qui se passe ici et maintenant.
Il rappelle que le présent est tout ce que nous avons vraiment. Ce moment, celui que l’on vit maintenant, est irremplaçable. Rien n'est alors plus précieux, car on ne peut jamais le retrouver. Pour l’auteur, c’est en l’habitant pleinement que nous élevons notre énergie.
2.10 - Méditer
Vex King raconte enfin comment la méditation a transformé sa vie : après un an de pratique quotidienne de quinze minutes, il se sent moins colérique, plus serein face au chaos et plus joyeux.
Contrairement aux idées reçues, il précise un point souvent mal compris : méditer, ce n’est pas "faire le vide" mais plutôt focaliser son attention, être présent à soi.
L’auteur partage un guide pas à pas pour une méditation simple :
Commencer par évaluer son niveau d’énergie.
Prendre conscience de sa respiration et de ses sensations.
Terminer par une nouvelle évaluation, pour observer l’effet de l’exercice et constater l'élévation de sa vibration.
Vex King conclut que méditer peut être aussi simple que respirer en pleine conscience. Et qu’au fond, toute activité, si elle est vécue dans l’instant présent ou réalisée dans un état de pleine conscience peut devenir une forme de méditation.
PARTIE 3 - S'accorder la priorité
Dans la 3ème partie de "Good Vibes, Good Life", Vex King aborde une notion souvent mal comprise : celle de s'accorder la priorité.
Il affirme que prendre soin de soi, fixer des limites ou s’éloigner de personnes qui tirent notre énergie vers le bas, ce n’est ni de l’égoïsme ni de la faiblesse. C’est une nécessité.
Et tout est question d’équilibre, déclare l’auteur : il est possible d’être généreux sans se sacrifier. Car au fond, la relation la plus importante et la plus durable de notre vie, c’est celle que nous entretenons avec nous-mêmes.
Bien que l'idéal serait d'aimer inconditionnellement comme les maîtres spirituels, la plupart d'entre nous n'en sont pas encore capables. Les interactions prolongées avec des personnes toxiques finissent par consumer notre énergie et nous épuiser.
3.1 - Vérifier son propre comportement
Avant de pointer du doigt la toxicité des autres, Vex King nous invite à examiner d’abord nos propres comportements toxiques.
Pour accompagner son propos, il partage une anecdote personnelle : ses citations inspirantes circulent souvent sur les réseaux sans que soit mentionné son nom. Ceci révèle que paradoxalement, ce sont parfois ceux qui prêchent le plus la positivité et l'amour sont les premiers à se montrer injustes ou irrespectueux.
L'auteur souligne enfin l'importance de reconnaître la souffrance d'autrui, même quand nous ne la comprenons pas. Nous devons l’écouter : "si quelqu'un affirme être blessé par vos actes, il faut le croire : ce n'est pas à vous de décider s'il se sent ou non blessé."
En d’autres termes, ce n’est pas à nous de décider si cette douleur est légitime ou non.
3.2 - Bien choisir son partenaire
Dans les relations amoureuses, l’insécurité peut vite devenir un poison. Elle pousse parfois à manipuler, à accuser, à projeter ses peurs sur l’autre. Vex King montre comment ces mécanismes créent des situations conflictuelles destructrices et sabotent la relation.
Pour lui, un lien amoureux sain repose sur le respect, le soutien mutuel, une communication constante et honnête, ainsi qu’une grande dose de compréhension, même quand les fragilités sont là.
L'auteur encourage alors chacun à faire preuve de courage :
"Ne restez pas dans une relation dans l’unique intérêt d’être en couple. S’il est temps de partir, soyez courageux et faites-le. Cela peut être douloureux sur le moment, mais ce ne peut être que le point de départ de jours meilleurs."
3.3 - Préférer de véritables amitiés
Vex King raconte ici l'histoire d'une adolescente déprimée, rabaissée en permanence par ses "amis" qui la traitaient de laide et stupide. Ces paroles négatives, répétées au fil du temps, avaient fini par façonner l’image qu’elle avait d’elle-même. Dès qu'elle a osé s’éloigner de ces personnes pour se faire de nouveaux amis, sa perception de la vie s'est améliorée.
L'auteur observe, par ailleurs, qu’avec les réseaux sociaux, le terme "ami" s'est vidé de sa substance.
Vex King nous invite également à simplifier notre cercle d’amis : garder les personnes qui nourrissent notre énergie et laisser partir les autres : "Conservez ceux qui apportent de la valeur à votre vie ; retirez les autres. Privilégiez la qualité à la quantité" écrit-il.
Il distingue enfin les amitiés superficielles - basées sur des intérêts communs - des vraies amitiés, celles qui nous veulent du bien, vraiment. Parfois aussi, termine l’auteur, certains amis souhaitent notre réussite… mais pas notre épanouissement complet, de peur d’être laissés pour compte.
"De véritables amis souhaitent le meilleur pour vous. Ils partagent vos succès. Ils ne deviennent pas amers quand vous allez mieux : ils vous aident à remonter la pente et s’assurent que l’amertume ne vous gagne pas !"
Mais tout ça, ce n’est pas grave : chaque ami a son rôle à jouer dans notre vie. Certains ne sont que de passage, d’autres sont là pour durer.
3.4 – Différencier loyauté et limites dans ses rapports familiaux
Vex King rappelle ici que les liens biologiques ne garantissent pas toujours de bonnes intentions et ne sont pas toujours synonymes de bienveillance.
Si un membre de notre famille agit de manière toxique, la première étape consiste à essayer de dialoguer. Car "s’ils comprennent qu’ils vous blessent, il est fort probable qu’ils modifient leur comportement", affirme l’auteur.
Vex King illustre cette idée avec l’histoire d’un ami dont les parents ne cessaient de critiquer son projet d’entreprise en ligne. Leur hostilité ne venait pas de la méchanceté, mais d’un regard dépassé sur le monde du travail. Pour obtenir leur soutien, cet ami a choisi de les impliquer dans son projet, dissipant peu à peu leurs craintes.
Ainsi, résume l’auteur :
"Si vous voulez leur soutien, il faut gagner leur confiance. (…) Soyez ouvert : parlez-leur et expliquez ce que vous ressentez. Impliquez-les dans votre projet en leur donnant davantage d’informations ou en leur exposant votre manière de voir. Rassurez-les en leur montrant que vous avez pensé aux conséquences si vous échouiez. Apaisez leurs craintes pour augmenter leur confiance."
Attention parfois, certains comportements extrêmes dépassent les limites du supportable. Or, "nous ne sommes pas sur Terre pour être le souffre-douleur de quelqu'un", estime Vex King, même s'il s'agit de notre propre famille.
3.5 - Être présent pour les autres
Vex King partage, dans cette partie, un moment difficile de sa vie étudiante : en soutenant un ami suicidaire qui le sollicitait jour et nuit, il a, à force d’absorber sa douleur, senti son propre moral chuter drastiquement.
Cette situation lui a enseigné une leçon précieuse :
"Avant d'essayer d'augmenter la vibration de quelqu'un, veillez à ce que cela n'abaisse pas la vôtre. Protégez d'abord votre propre énergie."
Ceci est, en effet, vital, surtout dans l’aide que l’on apporte aux autres.
Vex King explique qu'aujourd'hui, grâce à son parcours de développement personnel, il parvient à soutenir sans se laisser aspirer. À maintenir un niveau vibratoire stable même face à des personnes en souffrance, tout en restant attentif à préserver cet équilibre.
3.6 - Gérer les personnes négatives
La négativité des autres fait partie de la vie, elle est inévitable. Et Vex King veut nous rassurer : ce n’est pas un échec personnel si elle nous atteint parfois.
L’auteur partage 5 clés de lecture pour garder notre paix intérieure face aux jugements :
Certaines personnes se consolent avec le malheur des autres => en rabaissant les autres, elles tentent de se valoriser.
Les gens s'opposent au progrès => le changement dérange : notre réussite peut déclencher la jalousie ou réveiller de l’insécurité chez ceux qui se sentent menacés.
Les personnes blessées sont enclines à blesser les autres => leurs actions et comportements négatifs reflètent leur monde intérieur (une douleur intérieure).
La haine de la différence => nous sommes attirés par la similitude et méfiants (rejet, incompréhension) envers ce qui sort de la norme ou de notre cadre habituel.
Ce que les gens disent de nous en dit plus sur eux que sur nous => leurs jugements révèlent leurs propres insécurités, leur propre état d’esprit, bien plus que notre valeur.
3.7 - Essayer de contenter tout le monde
À force de recevoir des centaines de demandes d’aide chaque semaine, Vex King a pris conscience d’une vérité dure mais salutaire : on ne peut pas contenter tout le monde.
"Si vous vous évertuez à satisfaire tout le monde, vous ne tiendrez pas. Au final, vous ne contenterez ni les autres, ni vous-même" écrit-il.
L’auteur évoque, par ailleurs, comment son enfance dans une communauté prompte au jugement l'a longtemps poussé à rechercher l'approbation. Mais il a appris, avec le temps, à faire la différence entre une opinion constructive qui aide à grandir… et une remarque ou critique qui ne fait que rabaisser.
3.8 - Laisser nos bonnes vibrations nous protéger
Lorsque Vex King a commencé à vivre de manière plus positive, certaines personnes de son entourage n'ont pas apprécié ce changement. Il a remarqué que sa nouvelle attitude éloignait naturellement les personnes négatives, sans qu'il ait besoin d'intervenir. Il a compris que la loi de la vibration agissait comme un filtre naturel dans nos relations : "il y a des gens négatifs allergiques à l'optimisme. Soyez si optimiste qu'ils ne supporteront pas votre présence" termine l’auteur.
3.9 - Oser quitter un emploi néfaste
L'auteur partage un tournant décisif de sa vie : malgré les incertitudes financières, il raconte avoir quitté un emploi toxique pour poursuivre sa passion d'aider les autres. Cette décision courageuse, aussi risquée soit-elle, lui a apporté quelque chose de bien plus précieux qu’un salaire : une paix intérieure inestimable.
Vex King reconnaît que quitter un job est intimidant, surtout quand la sécurité financière semble en jeu. Mais il soulève un point que beaucoup oublient : aucun emploi n’est réellement synonyme de sécurité. Et rester dans un environnement toxique par peur du manque revient à sacrifier son bien-être au quotidien.
Pour l’auteur, "personne n'est censé conserver un emploi qu'il déteste jusqu'à la fin de ses jours". C’est pourquoi, il nous invite à réévaluer en face nos choix professionnels à l'aune de notre bien-être et de notre épanouissement. Et à oser changer si nous prenons conscience que nous méritons mieux que notre environnement actuel, même si cela implique des sacrifices temporaires.
PARTIE 4 - S'accepter soi-même
Vex King commence la partie 4 de "Good Vibes, Good Life" par une question surprenante : "Si je vous demandais de citer toutes les choses que vous aimez, à quel moment citeriez-vous votre propre nom ?"
Puis il met en lumière un constat troublant : nous sommes conditionnés à nous soucier davantage de l'opinion des autres que de notre propre regard sur nous-mêmes. Résultat ? Nous tentons d’impressionner les autres pour être aimés à tout prix, oubliant de nous aimer nous-mêmes.
Cette quête perpétuelle d’approbation nous pousse à en faire toujours plus : changer d’apparence, faire des achats superflus, jouer des rôles pour coller aux attentes sociales.
Pourtant, rappelle Vex King, l’amour de soi est le socle sur lequel reposent toutes relations solides. Il illustre ce propos à travers l’histoire de Karen, dont l’insécurité constante a fini par fragiliser, puis briser, sa relation avec Thomas.
4.1 - Apprécier sa beauté physique
L'auteur rappelle d’abord que la beauté telle que nous la percevons est une fabrication : elle est construite par la culture, les médias, les tendances du moment. En réalité, la beauté ne répond à aucune règle, insiste-t-il. Et nous devrions accepter nos imperfections comme ce qui nous rend uniques.
Il partage l'histoire d'une influenceuse qui, après avoir essuyé des critiques sur son apparence, a eu recours à la chirurgie esthétique… pour finalement continuer à être critiquée.
La leçon ? Peu importe ce que nous changeons, nous ne plairons jamais à tout le monde. Mieux vaut apprendre à se plaire à soi-même.
4.2 - Ne se comparer qu'avec soi-même
Le fait de se comparer est, selon Vex King, l'une des principales causes de tristesse.
L’auteur confie qu’enfant, par exemple, il avait honte d’inviter des amis chez lui, complexé par la petite taille et l'état de sa maison.
Il décrit comment les réseaux sociaux aggravent ce problème en affichant des versions idéalisées et fictives de la vie des autres. "Comparer sa vie à ce que l'on voit sur internet est un gaspillage d'énergie", affirme-t-il, puisque les gens ne partagent que les moments où ils sont beaux, heureux et gagnants.
Son conseil : nous concentrer sur notre propre chemin. Il ne s’agit pas d’être meilleur que les autres, mais simplement de progresser un peu chaque jour :
"La compétition est en vous. Votre tâche quotidienne consiste à vous dépasser vous-même."
4.3 - Apprécier sa beauté intérieure
Vex King déplore que la beauté soit trop souvent réduite à l'apparence physique et néglige les qualités de cœur et d'esprit.
Pour lui, une personne belle uniquement à l'extérieur ne sert à rien, comme une voiture de sport sans moteur. La beauté véritable réside dans ce que l’on dégage, dans notre gentillesse, notre sincérité, notre énergie :
"La beauté doit être plus profonde que ce qui est simplement visible. Le corps peut changer, mais la beauté intérieure peut demeurer toute la vie durant. C’est là que réside votre valeur et c’est pour cette raison qu’il est si important de travailler sur votre caractère. En effet, vous pouvez toujours vous faire refaire le nez, mais pas vous acheter une nouvelle personnalité. Votre apparence attirera peut-être un grand nombre de gens, mais si vous rencontrez quelqu’un de bien, vous ne le retiendrez qu’avec ce qui est en vous."
4.4 - Célébrer ses réussites
Trop souvent, nous sommes trop durs avec nous-mêmes : nous passons sous silence nos réussites alors que nous nous rappelons avec précision chacun de nos faux pas.
Vex King nous encourage à inverser la tendance : reconnaître nos accomplissements personnels, nos progrès, aussi discrets soient-ils, est essentiel pour renforcer l’estime de soi. Prendre le temps de célébrer nos victoires, même les petites, c’est cultiver un regard plus doux et plus juste sur notre parcours.
4.5 - Respecter le fait d'être unique
Pendant notre enfance, on nous encourage à être nous-mêmes enfants. Puis, en grandissant, on restreint progressivement notre individualité et on nous apprend à rentrer dans le moule.
Vex King dénonce ce paradoxe social et alerte sur le piège de la "preuve sociale", cette pression silencieuse qui nous pousse à suivre la majorité pour être validés.
"Que vous viviez votre vie comme vous l'entendez ou comme les autres le désirent, dans tous les cas, vous serez jugé", déclare-t-il. Alors autant être fidèle à nous-même. Osons être authentiques.
L’auteur dresse ensuite une liste d’étiquettes négatives que la société colle sur nos comportements. En voici un extrait :
"Vous vous passionnez pour ce que vous aimez : on vous dit obsédé. (...) Vous vous respectez vous-même : on vous dit arrogant. Vous n’êtes pas extraverti : on vous dit ennuyeux. Vous avez d’autres croyances : on dit que vous avez tort. Vous n’aimez pas parler de tout et de rien : on vous dit timide. Vous ne suivez pas les tendances : on vous trouve bizarre. Vous vous efforcez de rester positif : on vous trouve faux. Vous appréciez de rester seul : on vous reproche d’être solitaire. Vous ne suivez pas la même route que tout le monde : on vous dit perdu. Vous aimez apprendre : on vous dit intello. Vous ne ressemblez pas aux célébrités : on vous dit laid."
Pour lui, la conclusion est simple : "Laissez les gens dire ! Rien ne vous oblige à jouer le rôle qu'ils veulent vous faire endosser."
4.6 - Se pardonner à soi-même
Vex King conclut la quatrième partie de "Good Vibes, Good Life" en soulignant combien il est important d’apprendre à se pardonner soi-même.
L’autocritique permanente est un poison lent. Il nous exhorte alors à transformer notre dialogue intérieur pour qu'il soit bienveillant plutôt que critique.
"Vous flageller ne changera pas la situation", rappelle l’auteur, en ajoutant que chaque erreur peut nous aider à devenir meilleurs si nous consentons à la laisser passer et à en tirer des leçons.
PARTIE 5 - Réaliser ses objectifs : le travail mental
Vex King ouvre la 5ème partie de son livre "Good Vibes, Good Life" en citant Napoleon Hill : "Tout ce que l'esprit humain peut concevoir et croire, il peut le réaliser."
En d’autres termes, nous dit l’auteur : pour atteindre nos objectifs, nous devons maintenir une vibration élevée et maîtriser nos croyances.
5.1 - Réaliser l'importance de la pensée positive
La pensée positive n’est pas une simple posture optimiste : c’est un choix conscient de cultiver des idées qui nous rendent plus forts, qui nous portent, plutôt que des idées qui nous limitent.
Vex King illustre ce principe avec l'exemple d'un joueur de basket à quelques secondes de la fin du match. On y voit qu’une pensée positive comme "je peux y arriver" crée une possibilité de réussite, tandis qu'une pensée négative comme "je n’y arriverai pas" l'élimine d'emblée.
Il partage aussi sa propre histoire. Malgré un départ difficile dans la vie, il a choisi de s’inspirer de ceux ayant accompli de grandes choses en partant de situations similaires. En observant comment ces personnes avaient transformé l’adversité en force, il a changé de perspective : il s’est concentré sur ce qui était possible plutôt que sur ce qui ne l'était pas.
5.2 - Choisir les contours de sa réalité
L'auteur s'appuie ensuite sur la philosophie d'Emmanuel Kant pour expliquer que la réalité n’est pas absolue : elle naît de notre perception individuelle. Ainsi, ce que nous croyons devient vrai… pour nous.
Vex King souligne :
"Votre mentalité façonne votre réalité. La prochaine fois que quelqu'un vous dit que vos objectifs sont irréalistes et qu'il faut revenir sur Terre, prenez conscience qu'il ne parle que de sa réalité à lui et non de la vôtre."
Nos croyances sont nos vérités personnelles qui façonnent notre expérience du monde. Et c’est à nous d’en choisir les contours.
5.3 - Comprendre le subconscient
Vex King compare ici notre esprit à un jardin : le conscient est le jardinier, le subconscient, une terre fertile qui accepte tout ce que l’on y plante : les graines (croyances et pensées) du succès ou de l'échec.
Le subconscient n’analyse pas, il absorbe. Et au fil du temps, ce que l’on sème devient notre réalité. C’est pourquoi il est essentiel d’en prendre soin, d’y planter des intentions alignées avec nos aspirations profondes.
5.4 - Répondre consciemment au lieu de réagir automatiquement
Vex King revient sur son enfance, pendant laquelle il a été confronté au racisme. Il explique comment il réagissait automatiquement par la violence, conditionné par ses expériences passées, sans remettre en question ses réactions.
L’auteur nous rappelle alors que nous ne sommes pas nos pensées. Nous sommes le témoin de ces pensées. Nous sommes ceux qui les observent.
En développant cette conscience, notamment via la méditation, nous pouvons choisir notre réponse au lieu de réagir mécaniquement. Selon l’auteur, ce pouvoir de réponse consciente est l’une des clés de la transformation intérieure.
5.5 - Une pensée suffit
Vex King s'appuie ici sur la théorie du chaos et l'effet papillon pour démontrer qu'une seule pensée positive peut changer notre perception du monde entier.
Comme un canon dont on modifie légèrement l'angle, une infime variation intérieure suffit à transformer complètement l'issue de notre vie.
Alors si nous ne pouvons pas tout contrôler, choisir nos pensées est en notre pouvoir.
5.6 - Modifier ses croyances
"Nos croyances sont une lentille à travers laquelle nous voyons la vie ; nous voyons la vérité dont nous nous sommes convaincus" écrit Vex King.
Les changer commence alors par la lucidité : pour nous libérer de nos croyances limitantes, il faut d’abord les identifier, puis remonter à leur origine.
L’auteur partage ici sa propre expérience : il raconte comment il a remis en question sa conviction qu'il ne pourrait jamais changer son avenir.
Aussi, pour installer de nouvelles croyances, il conseille de rassembler des preuves concrètes qui les rendent crédibles :
"La clé, si vous souhaitez modifier votre croyance, consiste à détricoter votre croyance actuelle en trouvant suffisamment de preuves pour étayer la nouvelle croyance à laquelle vous aspirez."
Les histoires de ceux qui ont transformé leur vie malgré les obstacles peuvent être particulièrement utiles dans ce processus. Ainsi, lire ou écouter des témoignages de parcours inspirants comme l’a fait l’auteur par exemple, peut nourrir cette transition intérieure.
5.7 - Répéter des affirmations
Les affirmations sont des phrases positives formulées au présent décrivant ce que nous désirons réaliser. En les répétant avec conviction, nous ancrons dans notre subconscient la croyance qu'elles sont vraies.
Mais leur efficacité dépend de la sincérité qu’on y met. Réciter des affirmations auxquelles nous ne croyons pas ne suffit pas, prévient l’auteur. Il faut d'abord trouver des preuves qui remettent en question nos anciennes croyances avant de formuler de nouvelles affirmations.
5.8 - Être vigilant au pouvoir des mots
Vex King rapporte ici les expériences du Dr Masaru Emoto qui a démontré l'impact des mots sur la structure des cristaux d'eau.
Ainsi, des mots bienveillants génèrent des formes harmonieuses, tandis que des paroles négatives provoquent des structures chaotiques.
Sachant que notre corps est principalement constitué d'eau, l’auteur souligne à quel point nos paroles peuvent nous affecter.
5.9 - Clarifier son but
"Si vous n'êtes pas sûr de ce que vous voulez, vous vous retrouverez avec beaucoup de choses incertaines", signale Vex King. Il insiste ici sur l’importance de la clarté de nos objectifs.
Par ailleurs, il souligne que nos objectifs doivent refléter nos désirs authentiques, et non pas ce que nous pensons devoir désirer pour impressionner les autres ou se conformer.
La confusion sur nos buts reflète souvent une confusion sur nos valeurs. D’où l’importance de revenir à soi.
5.10 - Rédiger ses objectifs
L'auteur partage sa méthode pour rédiger ses objectifs :
Les écrire à la main, pour renforcer l’ancrage mental,
Être totalement honnête et sans limites (ne pas s’autocensurer),
Formuler les phrases au présent, comme si l’objectif était déjà atteint,
Adopter un ton, un point de vue positif,
Utiliser ses propres mots, ceux qui vibrent vraiment pour soi
Être aussi précis que possible dans les détails.
5.11 - Imaginer ses objectifs pour les atteindre
La visualisation consiste à créer mentalement une expérience avant de la vivre réellement, c’est-à-dire, à imaginer en détail ce que l’on souhaite concrétiser. De nombreux athlètes de haut niveau comme Arnold Schwarzenegger, Michael Jordan et Roger Federer utilisent cette technique.
En fait, Vex King explique que le cerveau et le système nerveux ne font pas la différence entre ce qui est imaginé et ce qui est vécu.
Pour une visualisation efficace, précise l’auteur, il faut impliquer tous nos sens (ce que l’on voit, entend, sent, ressent) et créer des scènes détaillées qui suscitent des émotions positives. Renforcer ainsi l’impact émotionnel va donner de la force à notre vision.
5.12 - L'Univers est avec vous
Pour finir, Vex King rappelle que ce n’est pas à nous de tout contrôler. Vouloir absolument savoir comment les choses vont se dérouler, c’est déjà se mettre des barrières.
"Ne vous souciez pas de la manière dont vous atteindrez vos buts, sinon vous vous créerez des limites. Soyez simplement certain de ce que vous voulez et tout l’Univers se rangera de votre côté. Quelle que soit la route sur laquelle vous vous trouvez actuellement, il vous soutiendra. Il vous indiquera comment vous rendre à votre destination."
En effet, l’Univers, selon l’auteur, nous guide à travers des signes, des intuitions, des rencontres. Après, il nous appartient d'y répondre par des actions concrètes :
"Une intention non suivie d’action reste un vœu pieux. On n’atteint son but que si l’on décide d’avancer dans sa direction. L’Univers est à vos côtés, mais vous devez accepter d’accomplir votre part du travail dans ce processus."
PARTIE 6 - Réaliser ses objectifs : agir
Dans la 6ème partie de "Good Vibes, Good Life", Vex King se présente comme un "partisan de l'action", convaincu que même les plus petits pas créent un élan vers nos objectifs.
Pour lui, ce n’est pas le manque de temps, d’argent ou de ressources qui freine la réussite, mais l’inaction. En bougeant, on finit toujours par trouver un moyen :
"Ce qu’il faut, c’est un regard tourné vers l’avenir, y croire et s’y employer pleinement. Si vous agissez, vous trouverez les moyens de réussir. "
L'auteur cite l'exemple de Richard Branson qui, malgré sa dyslexie et l'abandon de ses études à 16 ans, a fondé l'empire Virgin.
Ce n’est ni la chance ni les circonstances idéales qui mènent au succès, mais une profonde croyance en ses rêves, accompagnée d’actions concrètes.
6.1 - Agir pour changer
Vex King commence par partager un épisode révélateur de sa vie : alors qu’il devait rembourser une dette, il s’est contenté de travailler sur son énergie et sa vibration… sans passer à l’action. Ironie du sort, à la même époque, il remporte une montre dans un concours mais ne pense même pas à la vendre pour se sortir de sa situation.
Pour lui, c’est une leçon : parfois, les opportunités ne ressemblent pas à ce qu’on attend. Il faut savoir les reconnaître et les saisir. Espérer un changement sans rien changer à sa routine, c’est comme faire la même tarte aux pommes chaque jour… en attendant qu’elle devienne une tarte aux poires. Ça n’arrivera pas.
6.2 – Éviter la voie de la facilité
Vex King observe ici que beaucoup de gens savent ce qu'ils doivent faire mais ne le font pas. Ils préfèrent chercher des raccourcis plutôt que de fournir l’effort nécessaire au changement. L'exemple de la perte de poids illustre cette tendance : plutôt que de modifier leur alimentation ou de faire du sport, ils recherchent des "pilules magiques".
Ainsi, par peur de l’échec ou par confort, nous restons immobiles. Pourtant, aucun progrès durable ne naît dans la facilité. Grandir, c’est sortir de sa zone de confort et affronter ses résistances avec courage :
"Sortez de votre zone de confort et confrontez-vous à vos peurs. On grandit en se mettant au défi, pas en restant les bras croisés."
6.3 – Rester régulier
Vex King souligne ensuite l'importance de la régularité dans nos actions.
Se référant à Aristote qui affirmait que "l'excellence n'est pas une action, mais une habitude", il prend l’exemple de David Beckham : son talent n’est pas tombé du ciel. Il n'est pas devenu un joueur exceptionnel d'un coup, mais jour après jour, grâce à un entraînement régulier, persévérant et acharné.
L’auteur enfonce le clou : le manque de temps n’est pas un obstacle réel. Ce n’est qu’une excuse. Quand quelque chose compte vraiment pour nous, que c’est une priorité, nous trouvons toujours un moment à lui consacrer.
6.4 – Rester concentré et persévérer
La différence entre les gens ordinaires et ceux qui réalisent l’extraordinaire ? Ce n’est pas une question de talent ou de chance, mais d’engagement.
Les gens extraordinaires, selon Vex King, "agissent même lorsqu’ils n’en ont pas envie, parce qu’ils s’investissent pleinement dans leur objectif" écrit-il. Ils sont prêts à faire ce qui est nécessaire, pas seulement ce qui est facile.
Alors certes, la motivation est fluctuante, reconnaît l’auteur. D’ailleurs, même dans la rédaction de ce livre, certaines tâches lui ont paru fastidieuses. Mais il est resté concentré sur le résultat final. C’est cette persévérance qui transforme une idée en réalité.
6.5 – Vaincre la procrastination qui retarde la réalisation de ses rêves
Vex King définit la procrastination comme l'habitude de repousser les tâches qui semblent insurmontables. C’est un réflexe courant… mais dangereux. Car, pour l’auteur, la procrastination est un poison lent qui éloigne nos rêves.
En guise d’illustration, il partage l’histoire de Malcolm, qui avait un projet d’entreprise mais, par peur de l’échec, a sans cesse retardé sa mise en route. Ce n’est qu’après un licenciement brutal qui l’a contraint à agir qu’il s’est enfin lancé, pour finalement réussir.
Pour vaincre cette habitude, l'auteur recommande alors de décomposer les objectifs ambitieux en étapes plus accessibles, en petites actions concrètes. Chaque petite étape franchie libèrera de la dopamine, cette molécule de la motivation, qui nous donnera le courage de continuer.
6.6 – Résister parfois aux solutions instantanées
Dans une époque où "nous pouvons tout obtenir en un clin d’œil", des livraisons Amazon Prime au visionnage de film sur Netflix, Vex King nous rappelle l'importance de la patience.
Nous abandonnons souvent nos objectifs trop tôt, lance-t-il, faute de résultats rapides, sans comprendre que la plupart des choses précieuses nécessitent des efforts et du temps.
"La plupart du temps, ce ne sont pas vos objectifs qui vous échappent, c’est que vous n’y avez pas consacré les efforts nécessaires ou que vous espérez que les résultats se produisent instantanément. "
Il faut, insiste l’auteur, savoir résister à la tentation du "tout, tout de suite".
6.7 - Troquer les plaisirs immédiats pour des bénéfices durables
Vex King partage ensuite comment, dans la vingtaine, il vivait uniquement pour les week-ends, dépensant son salaire en sorties. Il se plaignait de manquer d'argent pour réaliser ses rêves tout en gaspillant ses revenus en loisirs éphémères.
Il fait d’ailleurs une observation : "Dans certains clubs, un verre coûte plus cher qu'un livre. Lequel des deux est le plus susceptible de changer votre vie ?" interroge-t-il.
Il souligne par-là que beaucoup financent inconsciemment les rêves d'autrui au lieu d'investir dans les leurs.
Vex King ne prône pas l'austérité totale mais encourage à trouver un juste milieu entre plaisir présent et investissement futur. Refuser de sacrifier quelques gratifications immédiates peut avoir des répercussions importantes sur notre avenir.
L'auteur conclut :
"Vous êtes libre de faire vos propres choix, mais ne pouvez pas échapper à leurs conséquences. Il convient parfois de sacrifier de petites choses pour toucher du doigt les plus grandes bénédictions de la vie. Je ne dis pas que vous devez ignorer toutes vos envies ou ne plus vous amuser. Visez un juste milieu entre travail et plaisir, tout en choisissant judicieusement à quoi vous consacrez votre temps et votre énergie."
6.8 – Remplacer la peur par la confiance
La peur et la confiance ont un point commun : elles reposent toutes deux sur l’invisible. Mais là où la peur nous paralyse, la confiance nous donne l’élan d’agir. Là où la peur nous cantonne à une vie médiocre et étriquée, la confiance, elle, ne rend pas forcément les choses plus faciles, mais elle les rend possibles. Elle ne garantit pas la réussite, mais elle nous ouvre la voie :
"Remplacer la peur par la confiance nous encourage à faire l’impensable, nous aide à explorer les frontières du possible. La confiance ne rend pas forcément les choses plus faciles, mais elle les rend effectivement possibles. Dans la poursuite de vos objectifs, faites preuve d’une confiance à toute épreuve face aux opinions venimeuses ou aux aléas du destin. Cette confiance dont je parle, elle vous chuchote "je vais gagner" quand vous ne voyez que des échecs se profiler."
6.9 – Laisser l'Univers faire les choses
En conclusion de cette partie, Vex King invite à lâcher prise.
Il faut, juge-t-il, accepter que les choses se produisent en leur temps et parfois d'une manière inattendue. Forcer les choses, c’est souvent créer de la résistance.
Et si parfois les plans échouent, ce n’est pas parce qu’ils étaient mauvais, mais sans doute parce qu’une meilleure option nous attendait. En effet, pour l’auteur, un échec n’est pas la fin du chemin, ce n’est qu'une bifurcation vers une meilleure destination. Une occasion de rectifier nos projets et d'en tirer des leçons précieuses.
En somme, pour Vex King, l’Univers nous guide. Les signes sont là… et c’est à nous d’y répondre en restant attentifs, ouverts, et prêts à ajuster notre trajectoire :
"Accueillez les bonnes vibrations et laissez venir les choses. Inutile de les forcer. Une fois que vous serez en harmonie avec l’Univers, ce qui doit venir à vous viendra. "
PARTIE 7 - Douleur et détermination
Vex King commence le dernier chapitre de "Good Vibes, Good Life" avec une perspective intéressante :
"La vie ne vous met pas au défi parce que vous êtes faible, mais parce que vous êtes fort. Si elle vous fait souffrir, c’est pour que vous preniez conscience de votre pouvoir."
Ainsi, plutôt que de considérer une expérience négative comme une punition, une fatalité ou un simple moment de souffrance, l’auteur nous invite à la voir comme une occasion de nous accomplir.
Et même si le sens, la raison d’une épreuve nous échappe, nous est difficile à discerner, nous avons toujours le pouvoir de changer notre façon de la percevoir : "ce n’est pas parce que vous ne voyez pas comment une épreuve difficile pourrait s’expliquer qu’elle arrive sans raison" affirme l’auteur.
Car si nous ne pouvons pas changer le passé, nous pouvons effectivement modifier notre perception des événements.
7.1 - La douleur change les gens
Les plus belles métamorphoses naissent souvent des périodes les plus sombres, soutient ici Vex King.
Selon lui, nos meilleurs changements de vie font effectivement suite aux expériences les plus douloureuses, car nos blessures nous apportent la sagesse nécessaire pour savourer pleinement la joie et les moments de bonheur.
L’auteur nous montre ici comment chaque choix mène à d'autres choix, créant une chaîne d'événements interconnectés. Un incident malheureux peut finalement ouvrir la voie à de nouvelles opportunités inattendues et conduire à des expériences merveilleuses que nous n'aurions jamais connues autrement.
En fait, "tout est lié", lance l’auteur :
"Considérez les événements de votre vie et commencez à relier les points. Chaque événement a sans doute une raison. En observant attentivement cet ensemble, vous verrez peut-être qu’il commence à faire sens. Vous vous convaincrez alors que tout événement à venir, qu’il apporte souffrance ou plaisir, a une raison d’être."
7.2 - Les leçons se répètent
L'auteur compare la vie à un enseignant qui nous teste sur des leçons que nous n'avons pas entièrement assimilées.
Mais attention, "simplement affirmer que vous avez retenu la leçon ne suffit pas toujours - il faut le démontrer" souligne Vex King. Il faut l’incarner. Car, tant que nous n'avons pas intégré l'enseignement d'une expérience difficile, la vie continuera de nous présenter des situations éprouvantes similaires, et souvent même avec plus d’intensité, assure l’auteur. À nous de rompre le cycle.
7.3 - Remarquer les signes d'avertissement
Parfois, les signes sont là, clairs, insistants, mais on choisit de les ignorer.
Vex King nous encourage alors à vraiment prêter attention aux avertissements que la vie nous envoie.
"Si vous continuez de grignoter le gâteau qui vous a rendu malade, vous n'êtes plus une victime, mais un volontaire affamé" termine-t-il. Une façon métaphorique de nous faire prendre conscience que les mêmes erreurs répétées ne sont plus des erreurs mais des choix.
7.4 - Votre but ultime
Pour Vex King, chacun a une raison d'être sur Terre. C’est ce sentiment profond d'avoir un but qui confère un sens à notre existence et nous permet de nous sentir accomplis.
Mais l’auteur explique que si nous nous investissons dans des rôles qui ne correspondent pas à notre objectif profond, la satisfaction est minime et rarement durable. Il nous encourage alors à suivre ce qui nous enthousiasme véritablement. Sans trop réfléchir, sans s’inquiéter de la prochaine étape, sans penser forcément grand et sans rien attendre en retour :
"Les choses qui vous attirent naturellement ne viennent pas du hasard. Elles vous choisissent de la même manière que vous les poursuivez. (…). Gardez à l’esprit le fait que si vous montrez votre enthousiasme à l’Univers, il vous apportera davantage de sujets d’enthousiasme. De merveilleuses opportunités se présenteront et vous aideront à découvrir votre chemin. (…) Il y a un but à votre existence. Quand vous aurez découvert ce qu’il est, non seulement vous changerez la dynamique du monde, mais vous connaîtrez aussi l’abondance dans tous les domaines de votre vie. "
7.5 - Argent et avarice
Vex King décrit l’argent comme une forme d’énergie neutre : "ni bonne ni mauvaise". Ce qui détermine son impact et donc notre réalité financière, affirme-t-il, c’est l’interprétation qu’on en fait et notre relation à lui.
Pour l’auteur :
"L’argent est accessible à tout un chacun ; la distance qui vous en sépare n’est déterminée que par votre attitude à son égard."
Par ailleurs, l’auteur remet en cause la croyance selon laquelle les ressources seraient limitées : "On nous fait croire qu'il n'existe qu'une quantité limitée de ce que nous désirons, alors que l'Univers fournit tout en infinie abondance."
Cette limitation, qui n’est qu’un produit de notre esprit, nous rend avare. On commence, en effet, à avoir peur de perdre de l’argent, si bien qu’on le maintient sous bonne garde. Ensuite, nous avons peur de le dépenser, parce que nous ne sommes pas certain d’en gagner de nouveau.
Vex King nous rappelle enfin que l'argent peut faciliter notre vie, améliorer notre confort mais ne donne pas de sens à notre vie :
"L'argent ne sera qu’une aide et non un accomplissement. (…) Vous n’apporterez pas de valeur au monde et ne servirez pas autrui en accumulant les richesses. Il faut avoir le désir de créer la différence."
7.6 - Le vrai bonheur
Pour clore son ouvrage, Vex King revient à l'essence de sa philosophie : le bonheur authentique et durable ne dépend pas de facteurs extérieurs. Il ne dépend ni des gens, ni des lieux, ni des possessions. Il vient de l’intérieur.
Si le bonheur relatif fluctue selon les circonstances et "peut disparaître en une seconde si les conditions extérieures changent", le bonheur véritable et profond, lui, ne vacille pas. Il se manifeste lorsque nous vibrons à la plus haute fréquence, quoi qu'il se passe, en surface, dans notre vie. Car il naît d’un lien aligné avec soi, ici et maintenant.
"Conserver ce bonheur nécessite un travail de maîtrise de soi. C’est un voyage intérieur qui requiert un développement spirituel substantiel. Opter pour des pensées positives et non handicapantes doit devenir une habitude : voir le bon côté des choses et laisser le passé derrière vous, cesser de vivre dans le futur pour apprécier le moment présent, ce que vous êtes et ce que vous possédez aujourd’hui, ne plus vous comparer et aimer, sans condition. Accueillez le monde tel qu’il est. Soyez heureux."
Un dernier mot
Dans une dernière petite section, l'auteur nous rappelle, en guise de conclusion, que chaque revers contient une leçon et que le chemin de l'accomplissement commence par s'aimer soi-même.
Conclusion de "Good vibes good life" de Vex King
Les 4 idées clés à retenir du livre "Good vibes good life"
Idée clé n°1 : Ce ne sont pas nos pensées, mais nos vibrations qui façonnent notre réalité
Dans "Good vibes good life", Vex King nous explique qu’au-delà de la célèbre loi de l’attraction, la clé d'une vie réussie réside dans la compréhension de la loi de la vibration.
L’univers, dit-il, ne répond pas simplement à ce que nous pensons, mais à ce que nous ressentons profondément. Il "répond à nos vibrations en nous renvoyant l’énergie que nous diffusons"
Ainsi, notre énergie émotionnelle agit comme un aimant : elle attire ce qui vibre sur la même fréquence. Cultiver des émotions positives, élever son état intérieur : voilà alors, selon l’auteur de "Good vibes good life", le véritable levier pour transformer sa vie.
Idée clé n°2 : S’aimer soi-même est le socle incontournable d’une vie heureuse et accomplie
L’amour de soi est, selon Vex King, un concept souvent mal compris.
Selon lui, s'aimer ne signifie pas se résigner ou juste accepter ce que nous sommes aujourd’hui. S’aimer, lance-t-il, c’est reconnaître que nous méritons mieux. C’est l’engagement à évoluer.
Et cette combinaison d’acceptation et de volonté constante de progresser constitue, selon Vex King, ce qui nous rend capables de construire une vie authentique, saine et épanouie.
Idée clé n°3 : Des habitudes positives quotidiennes élèvent notre énergie intérieure et transforment notre vie
Vex King défend l’idée que de petites actions simples, répétées régulièrement, telles que la gratitude, la méditation ou encore le fait de s’entourer de personnes positives, sont fondamentales.
En agissant chaque jour pour élever consciemment nos vibrations, nous créons progressivement un environnement propice à l’épanouissement personnel, au succès et à l’abondance.
Idée clé n°4 : La réussite durable repose sur l’équilibre entre patience/lâcher-prise et action consciente
Agir sans relâche n’est pas toujours la voie. Attendre que tout tombe du ciel, non plus.
"Good vibes good life" nous apprend, en effet, que pour atteindre une vie équilibrée et riche de sens, il est essentiel de savoir doser entre l’attente patiente et l’action déterminée. Vex King nous conseille ainsi d’avancer activement, tout en acceptant que certaines choses prennent du temps, autrement dit, sans céder à l’impatience ou à la frustration.
Cet équilibre entre discipline et patience nous permet d’atteindre nos objectifs en conservant une attitude sereine et positive.
Ce que la lecture de "Good vibes good life" vous apportera
"Good vibes good life" est une invitation à transformer votre état intérieur pour créer une vie plus alignée, plus apaisée, plus joyeuse. Si vous avez le sentiment de stagner, de tourner en rond ou d’aspirer à une existence avec davantage de sens, cette lecture vous apportera des outils concrets et accessibles pour enclencher un changement.
Vex King partage des pratiques simples, applicables au quotidien - gratitude, amour de soi, gestion de l’énergie, visualisation, action alignée - pour vous aider à "élever votre vibration" et à sortir d’un mode de vie subi.
Page après page, "Good vibes good life" est un livre qui vous aide à vous recentrer sur l’essentiel : vous-même, votre paix intérieure, vos élans profonds.
À qui je recommande le livre "Good vibes, Good life"?
"Good vibes good life" est une lecture idéale si vous souhaitez initier une transformation en douceur mais durable, en suivant une approche qui s’articule sur l’amour de soi et vos vibrations énergétiques. La grande force de ce livre réside notamment dans sa capacité à expliquer clairement comment les petits changements quotidiens peuvent radicalement améliorer votre bien-être mental et émotionnel.
Son approche est accessible à tous, que vous soyez en quête de mieux-être, en période de remise en question, ou simplement curieux de mieux comprendre comment votre énergie influence votre vie. Il vous donnera envie de prendre soin de vous et d’oser être pleinement vous-même.
Points forts :
L’approche est très pratique et facile à mettre en œuvre dans le quotidien.
Les propos clarifient avec pertinence le concept de vibrations, complétant efficacement la loi de l’attraction.
Les exemples personnels et authentiques de l’auteur sont inspirants.
Le livre est accessible à tous, y compris à ceux débutant en développement personnel.
Points faibles :
Certaines idées ou pratiques peuvent sembler familières pour les lecteurs expérimentés en développement personnel.
Quelques passages auraient pu être davantage approfondis pour mieux satisfaire les lecteurs plus exigeants.
Ma note :
★★★★★
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            	            	         ]]>Résumé de "Apprendre l'optimisme. Le pouvoir de la confiance en soi et en la vie" de Martin Seligman : le père de la psychologie positive révèle ici tous les secrets d'une vie épanouie et joyeuse — un ouvrage classique rempli de références scientifiques et de ressources pratiques pour vous aider à transformer la perception que vous avez de votre propre existence.
Par Martin Seligman, 2008, 378 pages.
Titre original : Learned Optimism (1990).
Chronique et résumé de "Apprendre l'optimisme. Le pouvoir de la confiance en soi et en la vie" de Martin Seligman
Partie I. En route vers une vision de la vie : qui frappe à votre porte ? Ami ou ennemi ? Une prise de conscience
1 — Tout va bien ! Rien ne va plus ! Une question de regard sur la vie ?
Un père observe sa fille endormie dans son berceau et s’inquiète de son manque de réaction aux bruits. Il pense qu’elle est sourde. La mère lui explique que l’enfant est encore en train de se développer. Le pédiatre finit par rassurer le père après un test. Que se passe-t-il ?
Ce récit montre deux attitudes différentes face aux difficultés. Le père imagine toujours le pire et se laisse envahir par la peur. La mère, quant à elle, reste sereine et voit les événements comme temporaires. Chacun réagit selon son style de pensée (appelé aussi "mode d'explication").
Les études scientifiques citées dans l'ouvrage démontrent que les pessimistes se découragent rapidement. Ils voient l’échec comme définitif et se blâment eux-mêmes. Les optimistes, pour leur part, considèrent les revers comme passagers. Ils réussissent mieux à l’école, au travail et dans leur vie sociale.
La psychologie moderne explique ces différences par le contrôle personnel. Les pessimistes se sentent impuissants et s’enferment dans leur malheur. Les optimistes, en revanche, se sentent capables d’agir et de changer les choses. Ce contrôle personnel joue un rôle crucial dans la réussite et la santé.
Martin Seligman remet en question les théories traditionnelles de la dépression. La dépression est ici conçue non pas comme une fatalité, mais comme le résultat d’interprétations négatives des événements. Grâce à cet ouvrage, vous allez découvrir qu’il est possible d’apprendre à penser autrement.
En fait, des compétences cognitives permettent de transformer la douleur en énergie positive. C'est la "science de l’optimisme" proposée par le célèbre psychologue. Celle-ci montre que chacun peut changer son mode de pensée. Les pessimistes peuvent apprendre à modifier leur manière d’interpréter les échecs. Ils peuvent ainsi réduire leur sentiment d’impuissance et améliorer leur bien-être.
2 — Se sentir impuissant, un sentiment qui n'est pas rare
À 13 ans, Martin Seligman comprend qu’un séjour chez son ami Jeffrey signifie un problème sérieux à la maison. Cette fois, son père, d’ordinaire solide et stable, semble troublé. Il s’effondre peu après, victime de plusieurs AVC, et devient physiquement et émotionnellement dépendant. Ce choc marque Seligman à vie.
Adolescent, il s’intéresse à Freud, séduit d’abord par la justesse apparente de ses interprétations. Mais avec le temps, il rejette ses méthodes et se tourne vers la psychologie expérimentale. À 21 ans, il rejoint le laboratoire de Richard Solomon, où il assiste à une scène inattendue : des chiens, incapables d’échapper à une décharge, finissent par abandonner, même lorsqu’une issue s’offre à eux.
Seligman comprend que ces chiens ont appris à être impuissants. Ce sera le point de départ de sa théorie de la learned helplessness (impuissance acquise). Avec Steven Maier, il conçoit des expériences prouvant que, lorsqu’un animal comprend qu’aucune action ne peut soulager sa souffrance, il cesse d’agir.
Ce constat remet en question le dogme du behaviorisme, qui exclut la pensée des causes du comportement. Seligman et Maier montrent que les attentes et croyances jouent un rôle décisif.
Ils découvrent aussi que cette impuissance peut être prévenue ou guérie. Chez l’humain, les expériences de Donald Hiroto le confirment : certaines personnes résistent à l’impuissance. Ce pouvoir d’agir face aux épreuves n’est pas inné, il peut s’apprendre. Pour le psychologue, cette découverte ouvre un espoir immense contre la dépression.
3 — Comment affrontez-vous la vie et ses vicissitudes ? Comment expliquez-vous ce qui vous arrive ?
En 1975, Martin Seligman présente sa théorie de l’impuissance apprise devant les plus grands chercheurs d’Oxford. Mais à la fin de sa conférence, un certain John Teasdale le met au défi : pourquoi certaines personnes deviennent-elles impuissantes et d’autres pas, même face aux mêmes épreuves ? Cette critique bouscule Seligman, qui décide de retravailler sa théorie.
Avec Teasdale, puis avec les chercheuses Lyn Abramson et Judy Garber, il élabore un concept clé : le style explicatif. Ce style correspond à la manière dont chacun interprète les causes des échecs et des réussites.
Trois dimensions le composent :
La permanence (est-ce que le problème durera ?) ;
La globalité (touche-t-il tous les aspects de ma vie ?) ;
La personnalisation (est-ce ma faute ou celle de facteurs extérieurs ?).
Les personnes optimistes pensent que les échecs sont temporaires, limités à un domaine précis, et ne remettent pas en cause leur valeur personnelle. À l’inverse, les pessimistes voient les problèmes comme durables, globaux et causés par leurs propres faiblesses. Ces croyances influencent profondément la santé mentale, la réussite et même l’immunité.
Seligman conçoit alors un test sur l'optimisme permettant de déterminer le style explicatif d’une personne. Les résultats révèlent à quel point l’individu est susceptible de développer un état de découragement, voire de dépression.
Bonne nouvelle 1 : ce style n’est pas figé. Grâce à certaines techniques, il est possible de transformer une vision pessimiste du monde en une perspective plus souple et pleine d’espoir.
Bonne nouvelle 2 : Vous pouvez réaliser ce test dans l'ouvrage (voir pages 49-57) !
4 — Degré de pessimisme, mélancolie et dépression
La dépression, selon Martin Seligman, est une version amplifiée du pessimisme. Étudier ses mécanismes permet de mieux comprendre les pensées négatives qui nous traversent lors d’un échec. Il distingue trois formes : la dépression normale (temporaire et courante), la dépression unipolaire (sans phase maniaque) et la dépression bipolaire (avec épisodes maniaques). Si cette dernière est clairement biologique et traitée par médicament, la majorité des cas unipolaires trouvent leur origine dans des problèmes de vie et une manière pessimiste de penser.
À travers de nombreuses études, Seligman montre que la dépression partage huit des neuf symptômes de l’impuissance apprise, dont :
Perte d’énergie ;
Repli ;
Troubles du sommeil ;
Manque d’intérêt ;
Pensées négatives ;
Etc.
Chez les humains comme chez les animaux, les individus exposés à des situations qu’ils ne peuvent pas contrôler cessent progressivement d’agir. Cette passivité se prolonge, même lorsque de nouvelles opportunités apparaissent.
Les chiffres sont alarmants. Deux grandes enquêtes ont révélé qu’au fil du siècle, les cas de dépression sévère ont été multipliés par dix, notamment chez les jeunes adultes. Et les premières dépressions frappent aujourd’hui dix ans plus tôt qu’avant.
La cause ? Seligman avance que notre manière d’expliquer les échecs joue un rôle déterminant. Si l’on pense que nos actions sont vaines, on se condamne à l’impuissance. À l’inverse, ceux qui croient que leurs efforts peuvent changer les choses restent actifs. Cette idée ouvre une piste précieuse : en changeant notre style explicatif, on peut apprendre à résister à la dépression.
5 — Ce que je pense, je le ressens
Dans les années 1980, la compréhension et le traitement de la dépression évoluent radicalement grâce à deux pionniers : Albert Ellis et Aaron Beck. Ils montrent que la dépression n’est pas un trouble mystérieux, mais le fruit de pensées négatives conscientes et répétées. Leur approche, connue sous le nom de thérapie cognitive, repose sur un postulat simple : changer la manière dont on explique ses échecs permet de sortir de la dépression.
Selon Martin Seligman, la combinaison d’un style explicatif pessimiste (causes internes, permanentes et globales) et de la rumination (rejouer sans cesse les pensées négatives) est le terreau de la dépression. À l’inverse, les optimistes ou les personnes orientées vers l’action résistent mieux aux coups durs.
La thérapie cognitive aide les patients à identifier leurs pensées automatiques, les remettre en question, les remplacer par des pensées plus nuancées, et à interrompre la rumination. Contrairement aux antidépresseurs, qui soulagent temporairement, cette méthode permet une transformation durable du mode de pensée, réduisant les risques de rechute.
"Après un échec, chacun éprouve des sentiments passagers d'impuissance. On sombre dans la tristesse, l'énergie physique fait défaut, l'avenir est sombre et fournir le moindre effort présente des difficultés insurmontables. Certains récupèrent presque immédiatement et voient tous leurs symptômes d'impuissance acquise se dissiper en l'espace de quelques heures. D'autres, au contraire, restent dans un état d'impuissance pendant des semaines ou, si l'échec est grave, des mois, voire plus longtemps." (Apprendre l'optimisme, Chapitre 5)
Des études confirment que le pessimisme précède et prédit la dépression, y compris chez les enfants. L’épidémie actuelle touche particulièrement les femmes, en partie parce qu’elles ont tendance à ruminer davantage que les hommes.
Seligman conclut que, tout comme on peut changer son corps, on peut rééduquer son esprit. La dépression n’est pas une fatalité, et la clé du changement repose sur la capacité à modifier notre dialogue intérieur.
]]>Résumé de "Slow productivity : retrouver efficacité, équilibre et goût du travail dans un monde d’excès" de Cal Newport : ce livre déconstruit le mythe de l’hyperactivité et notre relation moderne au travail pour proposer, à la place, une philosophie baptisée "Slow Productivity". Cette approche, fondée sur trois principes fondamentaux - en faire moins, respecter un rythme naturel et faire de la qualité une obsession - permet d’accomplir davantage en ralentissant consciemment et en se concentrant sur l’essentiel.
Par Cal Newport, 2024, 285 pages.
Titre original : "Slow Productivity : The Lost Art of Accomplishment Without Burnout", 2024, 240 pages.
Chronique et résumé de "Slow productivity : retrouver efficacité, équilibre et goût du travail dans un monde d’excès" de Cal Newport
Introduction
Dans l'introduction de "Slow Productivity", l’auteur, Cal Newport raconte l’histoire de John McPhee, rédacteur au New Yorker qui, en 1966, passa deux semaines allongé sur une table de jardin à fixer les branches d'un frêne, avant de trouver comment structurer un article complexe. Cette anecdote va servir à l’auteur de point de départ à une réflexion plus large sur notre relation au travail.
L'auteur relate ensuite comment, durant la pandémie, un malaise croissant envers la productivité s'est manifesté chez les travailleurs du savoir. Ce sentiment s'est matérialisé dans plusieurs livres critiques publiés entre 2020 et 2021, ainsi que dans des phénomènes sociaux comme la "Grande Démission" et le "quiet quitting".
Cal Newport avance qu’en fait, le problème n'est pas la productivité elle-même, mais sa définition moderne erronée. La surcharge qui nous épuise provient, dit-il, de "la croyance selon laquelle le 'bon' travail implique une suractivité débordante".
Face à ce constat, il propose une alternative qu'il nomme "Slow Productivity". Cette approche se fonde sur trois principes fondamentaux :
En faire moins,
Respecter un rythme naturel,
Faire de la qualité une obsession.
L’ambition de l’auteur n'est pas simplement de rendre le travail moins épuisant, mais de "proposer une toute nouvelle façon de réfléchir à ce que signifie 'être efficace'" afin de rendre les métiers du savoir plus humains et soutenables.
Première partie – Origines
Chapitre 1 – L'essor et le déclin de la pseudo-productivité
1.1 - Une anecdote révélatrice : le bureau vide du vendredi
Cal Newport ouvre le premier chapitre de son livre "Slow productivity" avec une histoire : celle de Leslie Moonves, directeur du divertissement chez CBS, qui, en 1995, envoie une note cinglante à ses employés après avoir constaté que plusieurs bureaux étaient vides un vendredi après-midi.
Pour l’auteur, cette anecdote illustre parfaitement la conception dominante de la productivité dans les professions du savoir : plus d'heures visibles au bureau équivaut à plus de travail accompli.
1.2 - Une définition floue de la productivité
L'auteur relate ensuite comment, en sondant ses lecteurs, il a découvert un fait troublant : la majorité des travailleurs du savoir n'ont pas de définition claire de la productivité. La plupart se contentent de lister leurs tâches sans mentionner d'objectifs précis ni de mesures de performance. Cette absence de clarté s'étend même aux travaux universitaires sur le sujet, comme le note Tom Davenport, expert en management : "Le plus souvent, nous ne mesurons pas la productivité des travailleurs du savoir. Et quand nous le faisons, nous le faisons d'une manière vraiment stupide."
1.3 - Le travail intellectuel est plus dur à mesurer
Cal Newport souligne également le fossé qui existe avec d'autres secteurs économiques où la productivité est clairement définie et quantifiable.
Les agriculteurs mesurent les rendements par acre. Les usines quantifient les unités produites par heure. Toute l’histoire de la croissance économique moderne repose sur cette logique productiviste.
Alors pourquoi est-elle si peu appliquée aux métiers intellectuels ?
Parce que, répond Newport, les métiers du savoir sont fondamentalement différents : ils sont complexes, irréguliers, évolutifs. Impossible d’y appliquer la mesure d’un rendement standard. De plus, comme l'affirmait Peter Drucker : "Le travailleur du savoir ne peut pas être supervisé de près ou en détail. On peut l'aider, mais il doit se superviser tout seul."
1.4 - La pseudo-productivité : l’illusion de l’efficacité
Faute de mieux, on a donc cherché des indicateurs visibles : une présence physique ou numérique, des réponses rapides aux mails, des réunions à gogo, etc. Cette illusion d’efficacité, Cal Newport la nomme la pseudo-productivité", qu'il définit comme "l'utilisation de l'activité visible comme principal moyen d'évaluer l'effort productif réel."
Le problème s’est encore aggravé avec la montée en puissance des technologies numériques dans les années 1990. Aujourd’hui, on consulte ses mails toutes les six minutes en moyenne. Résultat : une spirale d’hyperactivité qui épuise plus qu’elle n’accomplit. Les témoignages recueillis par Cal Newport décrivent une surcharge mentale constante, où la quantité écrase la qualité.
1.5 - Une alternative existe : l’exemple d’Anthony Zuiker
En revanche, il termine le chapitre par l’histoire inspirante d’Anthony Zuiker, le créateur de la série "Les Experts". Grâce à trois années de travail lent, patient et obstiné sur sa vision, Zuiker finit par propulser CBS au sommet. Une preuve, selon Cal Newport, qu’il existe une autre voie : ralentir, oui, mais pour mieux produire et orienter son travail vers la qualité plutôt que l'agitation perpétuelle.
Chapitre 2 – Le choix de la lenteur
2.1 - Slow Food : une réponse créative à l’accélération
Le chapitre 2 de "Slow productivity" s'ouvre sur la genèse du mouvement Slow Food.
En 1986, face à l'ouverture d'un McDonald's sur la place d'Espagne à Rome, Carlo Petrini lance cette initiative pour défendre une alimentation plus lente et plus respectueuse des traditions. Cal Newport souligne que ce mouvement repose sur deux idées novatrices : proposer des alternatives séduisantes (plutôt que simplement critiquer) et s'inspirer d'innovations culturelles éprouvées par le temps.
2.2 - Une philosophie qui se propage à d’autres sphères
L'auteur explique comment cette philosophie s'est étendue à d'autres domaines. Elle a ainsi donné naissance aux mouvements Cittaslow (villes lentes), Slow Medicine, Slow Schooling et Slow Media.
Il observe que tous partagent une approche similaire : offrir un choix de modernité plus lent et plus supportable en puisant dans une sagesse traditionnelle.
2.3 - Le monde du travail à la croisée des chemins
Cal Newport établit ensuite un parallèle avec le monde du travail post-pandémie, où une opportunité de transformation s'est présentée. Il évoque les débats sur le retour au bureau chez Apple et l'intérêt croissant pour la semaine de quatre jours. Toutefois, selon l’auteur, ces initiatives ne font qu'atténuer les symptômes sans s'attaquer aux causes profondes de la pseudo-productivité.
2.4 - S’inspirer des anciens métiers du savoir
Pour trouver des alternatives inspirantes, l'auteur élargit ici la définition des "professions du savoir" pour y inclure des métiers cognitifs plus anciens, tels que les écrivains, philosophes et artistes. Il décrit comment ces professions traditionnelles ont développé des approches plus durables du travail intellectuel, citant Isaac Newton, Anna Rubincam et divers écrivains.
2.5 - Les fondations de la slow productivity
Cal Newport conclut en présentant sa philosophie de slow productivity, fondée sur trois principes essentiels (comme mentionné en introduction) :
En faire moins — mais mieux.
Respecter un rythme naturel — celui du corps, de l’esprit, du projet.
Faire de la qualité une obsession — car c’est elle qui crée la valeur, pas la vitesse.
Il précise : adopter cette approche ne signifie pas renoncer à l’ambition. C’est au contraire choisir un chemin plus viable pour aller loin. Et il conclut en rappelant cette phrase inspirante à propos de Newton : "la valeur des idées perdure, la lenteur à laquelle elles ont été produites est vite oubliée."
Deuxième partie – Principes
Chapitre 3 – En faire moins
3.1 - Principe n°1 de la slow productivity : en faire moins
Le mythe de Jane Austen brisé : libérée des corvées pour créer
Cal Newport commence le troisième chapitre de son livre "Slow productivity" en démystifiant l'histoire de Jane Austen.
Il explique que contrairement au mythe populaire selon lequel l'écrivaine aurait écrit ses chefs-d'œuvre en cachette entre deux obligations sociales, la réalité est bien différente. Après une analyse approfondie de sa biographie, l'auteur révèle que c'est précisément quand Austen fut libérée de la plupart de ses obligations domestiques et sociales qu'elle put réellement produire ses romans remarquables.
C’est en effet une fois dans le cottage de Chawton, exempte de la majorité des tâches ménagères, que l’écrivaine put enfin se consacrer à finaliser "Raison et sentiments", "Orgueil et préjugés", puis écrire "Mansfield Park" et "Emma".
Ainsi, l’idée selon laquelle "en faire moins permet de faire mieux" constitue le premier principe fondamental de la slow productivity.
En faire moins : le paradoxe de la productivité accrue
Pour Cal Newport, le premier principe - en faire moins – consiste, en fait, à "s'efforcer de réduire ses obligations jusqu'à aisément imaginer pouvoir les accomplir avec du temps libre".
Il s’agit alors de "tirer parti de cette charge allégée pour s'investir davantage dans le petit nombre de projets qui comptent le plus et ainsi les faire avancer".
L'art de la simplification créative
Cal Newport reconnaît que ce principe peut toutefois sembler plus facile à énoncer qu'à mettre en pratique. Et nous sommes effectivement légitime de poser la question : dans un environnement professionnel où la suractivité semble inévitable, comment alléger sa charge de travail ?
À cette question, l’auteur répond que cette vision ambitieuse de simplicité aménagée est en fait possible dans la plupart des contextes professionnels modernes, à condition d'être créatif et parfois radical dans sa façon d'organiser ses tâches.
3.2 - Pourquoi les travailleurs du savoir devraient en faire moins
Le piège invisible des coûts indirects
Pour illustrer la pertinence actuelle de ce principe, Cal Newport raconte l'histoire de Jonathan Frostick, cadre chez HSBC qui, après une crise cardiaque en 2021, prit la résolution de ne plus passer toutes ses journées sur Zoom.
Cette situation révèle un problème majeur dans les professions intellectuelles contemporaines, lance l’auteur : celle de l'accumulation excessive de "coûts indirects".
L'auteur explique que chaque tâche ou projet accepté s'accompagne, en effet, de coûts indirects administratifs (emails, réunions, etc.). Ces derniers s'accumulent jusqu'à atteindre un "seuil critique" au-delà duquel il devient impossible de gérer efficacement son travail.
C’est ce qui explique le phénomène que Cal Newport surnomme "l'Apocalypse Zoom" qui a eu lieu pendant la pandémie : l'augmentation même modeste des coûts indirects a suffi à faire basculer de nombreux travailleurs au-delà de ce seuil critique.
Le paradoxe productif : moins pour faire plus
À travers un exemple chiffré, Cal Newport démontre ici que faire moins de choses à la fois permet paradoxalement de produire davantage.
En plus d'accroître la quantité produite, cette approche améliore également la qualité du travail, car "notre cerveau fonctionne mieux lorsque nous ne sommes pas pressés."
Le stress comme mauvais conseiller
L'auteur s'attaque ensuite à une question fondamentale : pourquoi tant de travailleurs du savoir se retrouvent-ils constamment au bord de la surcharge ?
Sa réponse est révélatrice : nous utilisons le stress comme heuristique pour modérer notre charge de travail. Nous ne refusons de nouvelles tâches que lorsque nous ressentons suffisamment de détresse personnelle pour justifier le coût social de ce refus.
Des pionniers de la simplification
Pour illustrer qu'une autre approche est possible, Cal Newport partage plusieurs témoignages de personnes ayant réussi à simplifier leur vie professionnelle : une coach qui a réduit ses offres à quelques services clés, un professeur de droit qui s'est concentré sur une seule affaire importante, une enseignante qui a arrêté tout travail non rémunéré, un consultant dont l'entreprise a mis en place des heures non facturables, et un ingénieur qui a réduit son temps de travail.
3.3 - Proposition n°1 : Limitez les gros projets
Pour mettre en œuvre ce premier principe, Cal Newport s'inspire d'abord d'Andrew Wiles, le mathématicien qui résolut le dernier théorème de Fermat. Après avoir décidé de se consacrer à ce projet, Wiles prit des mesures concrètes pour réduire drastiquement ses engagements : il renonça aux conférences, évita les distractions universitaires, et mit au point un "stratagème" pour maintenir une apparence de productivité tout en travaillant sur son objectif principal.
Cal Newport recommande de suivre cet exemple en limitant systématiquement le nombre de projets professionnels importants à trois échelles différentes :
Moins de missions
Cal Newport considère qu'idéalement, on ne devrait pas dépasser trois missions principales, ces objectifs professionnels majeurs qui déterminent notre attention. Il raconte comment son amie Jenny Blake a réduit ses sources de revenus de plus de dix à seulement quelques-unes, ce qui lui a permis de réduire son temps de travail à vingt heures par semaine.
Moins de projets
Pour limiter ses projets en cours, Cal Newport conseille d'utiliser la réalité concrète de son temps disponible comme argument. Il suggère d'estimer le temps nécessaire pour chaque nouveau projet et de le programmer dans son calendrier. Si on ne trouve pas assez de plages horaires, c'est qu'on n'a pas le temps de gérer ce projet et qu'il faut soit le refuser, soit en annuler un autre.
Moins d'objectifs quotidiens
À l'échelle de la journée, Cal Newport recommande de travailler sur un seul projet important par jour maximum. Il explique avoir appris cette approche de sa directrice de thèse au MIT, qui préférait se concentrer intensément sur un seul projet à la fois plutôt que de jongler entre plusieurs. Ce rythme peut sembler lent, mais sur le long terme, les résultats s'accumulent remarquablement.
3.4 - Proposition n°2 : Contenez les petites tâches
Cal Newport évoque ensuite Benjamin Franklin, qui contrairement à sa réputation de travailleur infatigable, avait compris l'importance de se libérer des petites tâches administratives.
À 48 ans, Franklin promut son employé David Hall au rang d'associé, lui confiant toute la gestion de son imprimerie pour se consacrer à ses recherches sur l'électricité et à d'autres projets plus significatifs.
L'auteur observe que de nombreux créateurs ont développé des stratégies similaires pour se protéger des petites tâches perturbantes : Ian Rankin s'isole dans une maison en Écosse, Edith Wharton avait une routine matinale stricte, etc. Reconnaissant que ces solutions ne sont pas à la portée de tous, Cal Newport propose plusieurs stratégies plus accessibles :
Passez en pilotage automatique
Créez un "calendrier de pilotage automatique" en réservant des créneaux horaires spécifiques pour effectuer des tâches récurrentes dans des catégories spécifiques. Associez ces tâches à des lieux et rituels spécifiques pour maximiser leur efficacité.
Synchronisez
Cal Newport explique que la surcharge collaborative peut être réduite en remplaçant la communication asynchrone par des conversations en temps réel.
Il propose deux méthodes :
Organiser des "permanences" quotidiennes dédiées aux discussions rapides.
Mettre en place des "réunions de déblayage" hebdomadaires pour traiter les tâches en suspens avec toute l'équipe.
Déléguez !
L'auteur suggère plusieurs techniques pour réduire l'asymétrie dans l'attribution des tâches :
La "liste de tâches inversée" : créer des listes partagées où les autres doivent ajouter eux-mêmes les tâches qu'ils vous demandent d'accomplir.
Mettre en place des processus qui obligent les autres à effectuer une partie du travail.
Ne pas hésiter à utiliser ces stratégies, car "les gens sont souvent trop focalisés sur leurs propres problèmes pour se préoccuper de la façon dont vous résolvez les vôtres".
Évitez les "machines à tâches"
Cal Newport recommande d'évaluer les nouveaux projets non seulement en fonction de leur difficulté ou du temps qu'ils prendront, mais aussi en fonction du nombre de petites tâches qu'ils généreront.
Il donne l'exemple d'un directeur des ventes qui devrait choisir la rédaction d'un rapport plutôt que l'organisation d'une conférence, car cette dernière est une véritable "machine à tâches".
Dépensez de l'argent
S'inspirant de son amie Jenny Blake qui dépense environ 2400 euros mensuellement en services logiciels professionnels, Cal Newport soutient que dépenser de l'argent pour réduire sa liste de tâches est un investissement judicieux.
Il suggère également d'embaucher des personnes pour déléguer des tâches ou de faire appel à des prestataires de services professionnels.
3.5 - Interlude : qu'en est-il des parents débordés ?
Dans un interlude plus personnel, Cal Newport aborde la situation particulièrement difficile des parents qui travaillent.
Il cite Brigid Schulte, journaliste et mère de deux enfants, et décrit son quotidien chaotique : préparer des cupcakes jusqu'à 2h du matin, finir des articles à 4h, faire des interviews dans la salle d'attente du dentiste de son fils...
L'auteur observe que la pseudo-productivité oblige les individus à gérer seuls les tensions entre vie professionnelle et vie privée, sans cadre clair pour négocier ces compromis.
Il élargit cette réflexion à tous ceux qui font face à des défis personnels (maladie, parents âgés, etc.) et rappelle comment la pandémie a exacerbé ces tensions.
Cal Newport conclut cet interlude en soulignant que "être débordé n'est pas seulement inefficace ; cela peut devenir, pour beaucoup, purement et simplement inhumain." Le premier principe de la slow productivity n'est donc pas qu'une question d'efficacité professionnelle, mais aussi "une réponse pour ceux qui ont le sentiment que leur emploi empiète sur tous les autres domaines de leur vie."
3.6 – Proposition n°3 : Ne poussez plus, tirez !
Push vs Pull : deux philosophies opposées
Dans sa dernière proposition, Cal Newport s'inspire du Broad Institute, un centre de recherche génomique qui a transformé son processus de séquençage génétique en passant d'une stratégie "push" (pousser) à une stratégie "pull" (tirer).
L'auteur explique alors la distinction fondamentale entre ces deux stratégies :
Dans un processus "push", à chaque étape terminée, la tâche passe automatiquement à l'étape suivante.
Dans un processus "pull", chaque étape tire vers elle la nouvelle tâche uniquement lorsqu'elle est prête à le faire.
Cette transition, indique l’auteur, a permis au Broad Institute de réduire le temps de traitement des échantillons de 85 % et d'améliorer considérablement son efficacité. Un groupe de développement technologique de l'institut a également adopté cette approche avec succès, et grâce à elle, réduit le nombre de projets en cours de 50 % tout en augmentant leur taux d'achèvement.
Le système pull pour tous : une méthode en trois temps
Pour les personnes qui n'ont pas le pouvoir de transformer complètement leur environnement de travail, Cal Newport propose une stratégie en trois étapes pour simuler un système "pull" :
Créez des listes "en attente" et "en cours"
Limitez votre liste "en cours" à trois projets maximum et concentrez votre attention uniquement sur ces projets. Lorsqu'un projet est terminé, tirez-en un nouveau depuis la liste "en attente".
Envoyez un accusé de réception
Pour chaque nouveau projet, envoyez un message qui officialise votre engagement mais inclut : les informations supplémentaires dont vous avez besoin, le nombre de projets déjà sur vos listes, et une estimation de délai réaliste.
Cal Newport souligne que la transparence est ici cruciale et que souvent, ce type de message conduit le demandeur à retirer son projet.
Mettez à jour vos listes hebdomadairement
Revoyez les échéances, donnez la priorité à ce qui doit être bouclé rapidement, et n'hésitez pas à demander à être libéré des projets que vous ne cessez de repousser ou qui sont devenus obsolètes.
Chapitre 4 – Respecter un rythme naturel
4.1 - Principe n°2 de la slow productivity : respecter un rythme naturel
Cal Newport démarre le chapitre 4 de son livre "Slow productivity" avec une révélation qui l'a frappé durant l'été 2021 alors qu'il lisait "The Scientists" de John Gribbin.
Il a observé que les grands scientifiques de l'histoire, bien que remarquablement productifs, travaillaient à un rythme qui, selon nos standards actuels, semblerait étonnamment lent et irrégulier.
L'auteur illustre cette idée avec plusieurs exemples frappants :
Copernic mit plus de 30 ans à publier ses théories révolutionnaires sur le mouvement des planètes après sa première ébauche.
Galilée commença à réfléchir au mouvement du pendule en 1584, mais n'entreprit ses expériences formelles qu'en 1602.
Newton développa sa théorie de la gravitation sur une période de plus de 15 ans.
Même Marie Curie, au beau milieu de ses recherches majeures sur la radioactivité, partit en vacances prolongées à la campagne avec sa famille.
Ces observations ont conduit Cal Newport à réaliser que l'échelle de temps est essentielle à notre compréhension de la productivité. À l'échelle rapide des jours et des semaines, ces scientifiques semblaient travailler lentement, mais à l'échelle des années et des décennies, leurs efforts étaient indéniablement fructueux.
D’où le deuxième principe de la slow productivity : respecter un rythme naturel.
Autrement dit : "n'effectuez pas votre travail le plus important au pas de charge. Laissez-le se réaliser selon une chronologie soutenable, incluant des variations d'intensité, dans un cadre favorisant l'intelligence".
4.2 - Pourquoi les travailleurs du savoir devraient renouer avec un rythme plus naturel
Cal Newport s'appuie sur les recherches anthropologiques, notamment celles de Richard Lee sur les Ju/hoansi du désert du Kalahari, pour démontrer que le rythme de travail constant et intense qui caractérise notre époque est fondamentalement contraire à notre nature humaine.
En effet, l'auteur explique que pendant environ 290 000 des 300 000 années d'existence de notre espèce, les humains ont vécu comme chasseurs-cueilleurs. Leurs efforts quotidiens pour se nourrir étaient caractérisés par une alternance naturelle entre périodes d'activité et périodes de repos. Les études de Mark Dyble sur les Agta des Philippines confirment cette tendance : les chasseurs-cueilleurs consacraient 40 à 50 % de leur journée au loisir, avec des rythmes de travail très variables.
Cette variabilité fut bouleversée par la révolution néolithique et l'avènement de l'agriculture, qui imposa un travail plus monotone. Toutefois, l'agriculture maintenait encore une certaine saisonnalité : l'intense activité des semailles et des récoltes alternant avec des périodes plus calmes. La Révolution industrielle effaça ces dernières variations, transformant chaque jour en "jour de récolte".
Cal Newport affirme que l'avènement des professions du savoir aurait pu renverser cette tendance, mais la pseudo-productivité a au contraire poussé à une aliénation encore plus profonde par rapport à nos rythmes naturels. Contrairement au secteur industriel, où des lois et des syndicats établirent des limites, les professions intellectuelles ne disposent d'aucune protection similaire.
L'ironie, souligne l'auteur, est que les travailleurs du savoir traditionnels qui jouissaient d'une grande liberté - comme les scientifiques mentionnés au début du chapitre - revenaient naturellement à des rythmes de travail plus variés. Ce n'est pas par hasard : notre physiologie est programmée pour cette alternance.
4.3 - Proposition n°1 : prenez plus de temps
Pour illustrer l'avantage de prendre son temps, Cal Newport raconte l'histoire de Lin-Manuel Miranda et de sa comédie musicale "In the Heights". Contrairement à la croyance selon laquelle il aurait créé ce chef-d'œuvre en un éclair de génie pendant ses études, Miranda a en réalité travaillé sur ce projet pendant sept ans, l'améliorant progressivement tout en poursuivant d'autres activités.
L'auteur propose trois stratégies concrètes pour allonger ses délais :
Concevez un plan sur cinq ans
Cal Newport partage sa propre expérience lorsqu'il commença son doctorat au MIT tout en souhaitant poursuivre sa carrière d'écrivain. Ce plan à long terme lui a permis de traverser des périodes où l'écriture passait au second plan, sans jamais abandonner son objectif global.
Doublez vos délais
Reconnaissant notre tendance à sous-estimer le temps nécessaire aux projets cognitifs, l'auteur suggère de déterminer un délai qui semble raisonnable, puis de le multiplier par deux. Cette "police d'assurance" contrecarre notre optimisme instinctif et permet un rythme plus paisible.
Simplifiez votre journée
Cal Newport recommande de réduire de 25 à 50 % les tâches prévues quotidiennement et de s'assurer que les réunions n'occupent pas plus de la moitié de notre journée de travail. Il propose la stratégie "une heure pour toi, une heure pour moi" qui consiste à protéger une durée équivalente à chaque nouvelle réunion programmée.
L'auteur conclut cette proposition en soulignant l'importance de se pardonner lorsque nos tentatives de prendre plus de temps échouent : "La clé d'un travail ayant du sens est de décider de revenir encore et toujours à ce qui vous paraît important. Pas de parvenir à tout bien faire tout le temps."
4.4 - Proposition n°2 : respectez la saisonnalité
Cal Newport s’intéresse ensuite à la vie de Georgia O'Keeffe qui, après des années frénétiques d'enseignement dans différentes institutions, trouva son rythme dans une propriété au bord du lac George. Entre 1918 et 1934, travaillant souvent en plein air, elle produisit plus de 200 tableaux, alternant entre des étés créatifs dans cette retraite et des automnes plus trépidants à New York.
L'auteur souligne que cette approche saisonnière du travail, où l'intensité des efforts varie au fil de l'année, est naturelle mais devenue rare dans notre société.
Il propose plusieurs stratégies pour réintroduire cette saisonnalité :
Programmez des saisons lentes
S'inspirant du concept de "quiet quitting", Cal Newport suggère de ralentir délibérément pendant une ou deux saisons par an, en bouclant les projets importants avant cette période et en repoussant les nouveaux jusqu'à son terme.
Raccourcissez votre année de travail
L'auteur raconte comment Ian Fleming négocia de ne travailler que dix mois par an pour passer les deux autres mois dans sa maison jamaïcaine, où il écrivit ses romans "James Bond".
Cal Newport cite également des exemples contemporains comme Jenny Blake et Andrew Sullivan qui s'accordent plusieurs semaines de pause chaque année.
Optez pour les "petites variations saisonnières"
Pour ceux qui ne peuvent pas prendre des mois entiers, l'auteur propose quatre micro-stratégies :
Pas de réunion le lundi (ou un autre jour fixe),
Une séance de cinéma ou autre activité en journée une fois par mois,
Programmer des projets de loisirs pour équilibrer chaque grand projet professionnel,
Travailler par cycles d'intensité variée, à l'image de l'entreprise Basecamp.
4.5 - Interlude : Jack Kerouac n'a-t-il pas écrit "Sur la route" en trois semaines ?
Dans un bref interlude, Cal Newport aborde l'objection évidente que certains travaux créatifs semblent avoir été produits dans des sursauts frénétiques plutôt qu'à un rythme lent.
Il démystifie l'histoire de Jack Kerouac, qui prétendait avoir écrit "Sur la route" en trois semaines, alors qu'en réalité il avait travaillé sur ce livre pendant six ans, tenant des journaux détaillés et rédigeant six versions différentes après le premier jet.
Comme le conclut l'auteur : ""Sur la route" se lit vite, mais le rythme auquel le livre a été écrit, comme pour la plupart des œuvres qui résistent à l'épreuve du temps, fut en réalité assez lent."
4.6 - Proposition n°3 : travaillez poétiquement
La dernière proposition du chapitre concerne le contexte dans lequel nous accomplissons notre travail.
Cal Newport s'inspire de Mary Oliver, poétesse lauréate du Pulitzer, qui composait ses poèmes lors de longues marches dans les bois. Il suggère que le cadre dans lequel nous effectuons notre travail peut transformer notre expérience cognitive, rendant nos efforts plus vivants et plus naturels.
L'auteur propose trois approches pour travailler "poétiquement" :
Accordez l'espace à votre travail
Créez un environnement physique qui résonne avec ce que vous essayez d'accomplir, comme le fit Lin-Manuel Miranda en écrivant "Hamilton" dans une maison historique liée à George Washington, ou encore Neil Gaiman en rédigeant dans une cabane octogonale en forêt.
Étrange plutôt que stylé
Cal Newport cite des écrivains comme Peter Benchley qui écrivit "Les Dents de la mer" dans l'arrière-boutique d'un atelier de réparation de hauts-fourneaux, ainsi que Maya Angelou qui louait des chambres d'hôtel dépouillées pour travailler.
Il explique que l'environnement familier du domicile piège notre attention et qu'un cadre étrange, même laid, peut être plus propice à la concentration.
Des rituels remarquables
S'inspirant des mystères de la Grèce antique, Cal Newport souligne que des rituels suffisamment remarquables peuvent modifier notre état mental dans une direction favorable à la réalisation de nos objectifs. Il cite David Lynch qui commandait un énorme milkshake au chocolat pour stimuler sa créativité, ou N.C. Wyeth qui coupait du bois pendant une heure avant de travailler.
En conclusion, Cal Newport réaffirme que le deuxième principe de la slow productivity nous invite à rejeter "les gratifications performatives de l'urgence perpétuelle" pour accorder à nos efforts professionnels "l'espace et le respect nécessaires afin qu'ils s'intègrent dans une vie bien vécue, au lieu d'y faire obstacle."
Chapitre 5 – Faire de la qualité une obsession
5.1 - Le principe n°3 de la slow productivity : faire de la qualité une obsession
Dans le cinquième chapitre de son ouvrage "Slow productivity", Cal Newport partage d’abord l'histoire de Jewel, une jeune chanteuse qui vivait dans sa voiture à San Diego dans les années 1990. Malgré sa situation précaire, elle parvint à attirer l'attention du public lors de ses performances à l'Inner Change Coffeehouse. Son talent brut et authentique finit par séduire les maisons de disques et aboutit à une offre d'un million de dollars à la signature.
Mais ce qui rend cette histoire particulièrement pertinente, précise l’auteur, c'est que Jewel refusa cette somme colossale. Cal Newport explique que la chanteuse avait, en fait, compris qu'accepter un tel montant la forcerait à vendre énormément de disques très rapidement pour que le label récupère son investissement. Au lieu de cela, elle choisit alors de rester "bon marché" pour sa maison de disques, se donnant ainsi le temps nécessaire pour développer sa musique et son art. Elle résuma cette philosophie par une maxime : "Le bois dur pousse lentement."
Cette histoire illustre parfaitement le troisième et dernier principe de la slow productivity que Cal Newport formule ainsi :
Soyez obsédé par la qualité de ce que vous produisez, même si cela veut dire rater des opportunités à court terme. Tirez parti des résultats obtenus pour gagner toujours plus de liberté de travail sur le long terme.
L'auteur souligne que ce principe n'est pas placé en dernier par hasard : en effet, il constitue le ciment de la slow productivity. Sans cette obsession de la qualité, les deux premiers principes (en faire moins et respecter un rythme naturel) risqueraient de transformer le travail en simple contrainte à gérer, plutôt qu'en source d'accomplissement.
5.2 - Pourquoi les travailleurs du savoir devraient être obsédés par la qualité
Cal Newport reconnaît que le lien entre qualité et succès est évident pour les artistes comme Jewel, mais peut sembler moins direct dans les professions intellectuelles.
En tant qu'enseignant-chercheur, il jongle lui-même entre multiples tâches : enseignement, demandes de subventions, supervision d'étudiants, comités, articles scientifiques...
Pourtant, il affirme que même dans les métiers du savoir, certaines activités clés déterminent véritablement notre succès. Pour un professeur d'université, ce sont les publications majeures ; pour un graphiste, ce sont ses réalisations visuelles ; pour un commercial, ce sont ses ventes.
Le troisième principe invite à privilégier la qualité de ces activités essentielles non seulement pour exceller, mais aussi parce que cette qualité entretient des liens inattendus avec le désir de ralentir.
Cal Newport illustre ce lien à travers deux dynamiques complémentaires :
La qualité exige de ralentir
Pour produire un travail vraiment bon, on doit nécessairement prendre son temps. Il cite l'exemple de Steve Jobs qui, de retour chez Apple en 1997, réduisit drastiquement les lignes de produits pour se concentrer sur quatre ordinateurs seulement. Cette simplification permit de travailler sur la qualité et l'innovation et par là même, transformer rapidement les pertes en profits.
La qualité permet de ralentir
Le succès basé sur l'excellence donne une plus grande liberté.
L'auteur raconte comment Jewel, après le succès de son album "Spirit", refusa de s'installer à Los Angeles pour poursuivre une carrière frénétique. Elle préféra s'établir dans un ranch au Texas avec son petit ami :
"Je n'avais pas besoin d'être plus riche ou plus célèbre", expliqua-t-elle.
Pour illustrer plus concrètement cette seconde dynamique, Cal Newport présente Paul Jarvis, auteur de "Company of One", qui vit dans une maison isolée sur l'île de Vancouver. Jarvis préconise d'exploiter ses compétences non pas pour agrandir son entreprise, mais pour gagner en liberté. Par exemple, un concepteur web facturant 50€/heure pourrait, une fois sa réputation établie, passer à 100€/heure et travailler moitié moins tout en maintenant le même revenu.
Cal Newport conclut que nous avons été tellement habitués à considérer que le perfectionnement de nos compétences ne doit servir qu'à augmenter nos revenus et responsabilités, que nous oublions qu'il peut aussi nous offrir un mode de vie plus soutenable.
5.3 - Proposition n°1 : affinez votre goût
La première proposition concrète de ce chapitre s'inspire d'une déclaration d'Ira Glass, créateur de l'émission "This American Life". Glass souligne qu'en matière de création, il existe souvent un fossé entre ce que notre goût reconnaît comme bon et ce que nos compétences nous permettent de produire. C'est la frustration de ce décalage qui nous pousse à nous améliorer.
Toutefois, Cal Newport remarque qu’un élément primordial est souvent négligé : la nécessité d'affiner d'abord notre goût. Il est impossible de produire un travail exceptionnel sans comprendre ce qu'est l'excellence dans notre domaine.
Il propose alors trois approches pour développer ce discernement :
Devenez cinéphile (ou expert dans un autre domaine)
Cal Newport raconte comment l'étude du cinéma l'a aidé à améliorer son écriture. Il suggère que l'exploration d'un art différent du nôtre peut nous inspirer sans nous intimider.
Fondez votre propre club
S'inspirant du cercle des "Inklings" qui réunissait C.S. Lewis et J.R.R. Tolkien à Oxford, l'auteur encourage la création de groupes où des pairs peuvent échanger sur leurs travaux. Le goût collectif est généralement supérieur au goût individuel.
Achetez un carnet à 50 euros
Cal Newport partage comment l'achat d'un carnet de laboratoire haut de gamme durant son post-doctorat au MIT a transformé sa façon de travailler. Il soutient que des outils de qualité nous poussent à produire un travail de qualité.
5.4 - Interlude : et le perfectionnisme dans tout ça ?
Face à une lectrice inquiète que l'obsession de la qualité puisse mener au perfectionnisme paralysant, Cal Newport nuance son propos.
Il prend l'exemple des Beatles qui, après avoir abandonné les tournées en 1966, passèrent près de 700 heures en studio pour produire "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band", un album révolutionnaire dans l'histoire de la musique pop. Si ce chef-d'œuvre démontre les bénéfices de l'obsession de la qualité, l'auteur reconnaît que cette tendance a également conduit de nombreux groupes à s'enliser dans un "perfectionnisme solitaire" stérile.
Pour éviter ce piège, Cal Newport conseille de se donner suffisamment de temps pour produire quelque chose de brillant, mais pas un temps illimité.
5.5 – Proposition n°2 : misez sur vous-même
La seconde proposition nous invite à prendre des risques calculés dans le but d’améliorer la qualité de son travail.
Cal Newport illustre cette idée avec l'histoire d'Alanis Morissette qui, après un succès dans la pop commerciale au Canada, fut abandonnée par sa maison de disques lorsqu'elle voulut explorer un style plus personnel. Ce pari risqué la conduisit finalement à créer "Jagged Little Pill", un album qui s'est vendu à 33 millions d'exemplaires.
L'auteur propose plusieurs approches pour mettre en œuvre cette stratégie :
Écrivez "quand les gosses sont couchés"
S’inspirant de figures comme Stephenie Meyer (Twilight), Clive Cussler ou John Grisham, Cal Newport suggère d’utiliser une partie de son temps libre pour se consacrer temporairement à un projet qui compte vraiment.
Réduisez vos revenus
Pas question de tout lâcher sur un coup de tête ! Cal Newport recommande d’agir prudemment avant de quitter son emploi, même s'il reconnaît que parfois, la pression financière peut stimuler la créativité. L’essentiel : s’assurer que le projet a un vrai potentiel avant de sauter le pas.
Annoncez vos délais
Communiquer publiquement sur un projet crée des attentes sociales qui motivent à l'excellence.
Attirez un investisseur
L'auteur raconte comment John Carpenter réalisa "Halloween" avec un budget modeste fourni par Moustapha Akkad. Dans cet exemple, on voit bien que la volonté de ne pas décevoir ceux qui nous font confiance peut nous pousser au-delà de nos limites habituelles.
En résumé, faire de la qualité une priorité n’est pas juste une posture professionnelle. C’est un choix stratégique. Un levier pour reprendre la main sur son temps, sa carrière, sa liberté. En produisant moins mais mieux, on gagne paradoxalement plus : plus d’impact, plus d’autonomie, et plus d’équilibre.
Conclusion de Cal Newport
John McPhee, figure du travail lent et méthodique
Cal Newport clôt son livre en revenant sur l’histoire de John McPhee, évoquée en introduction.
Il décrit plus en détail la méthode rigoureuse que ce grand écrivain a affinée au fil des années : d’abord taper ses notes pendant des semaines, puis découper chaque idée en blocs cohérents, les classer dans des dossiers thématiques, avant de disposer ces fragments sur un panneau pour en dégager la structure parfaite… Seulement à partir de cette étape commence l’écriture.
Une leçon de fond : ralentir pour mieux avancer
Cette évolution incarne à merveille le message central de l’ouvrage : ralentir n’est pas un simple appel à lever le pied, c’est une stratégie de fond pour mieux travailler. Car Cal Newport insiste : "ralentir ne se résume pas à s'élever contre le travail. Il s'agit plutôt de trouver une meilleure manière de travailler", repenser notre façon de l’aborder.
Echapper à la pseudo-productivité et repenser le travail
Cal Newport explique ensuite les deux ambitions qui ont guidé l’écriture de ce livre :
D’un côté, aider concrètement les travailleurs du savoir à échapper à la pseudo-productivité, en s’appuyant sur les trois principes-clés énoncés au fil des chapitres.
De l’autre, contribuer à une réflexion plus large sur la manière dont le travail intellectuel est structuré aujourd’hui.
Cal Newport conclut en citant McPhee qui s'étonnait d'être perçu comme prolifique : "Si vous versez chaque jour une goutte d'eau dans un seau, au bout de 365 jours, il y a une certaine quantité d'eau". Ce qui compte vraiment, rappelle l'auteur, ce n'est pas la vitesse mais l'endroit où l'on arrive.
Conclusion de "Slow productivity : retrouver efficacité, équilibre et goût du travail dans un monde d’excès" de Cal Newport
Les 4 idées clés à retenir du livre "Slow productivity"
Idée clé n°1 : La pseudo-productivité nous épuise… sans rien produire de vraiment utile
Dans "Slow productivity", Cal Newport remet en question notre conception moderne de la productivité qui confond activité constante et véritable efficacité.
Ce qu’il appelle "pseudo-productivité", c’est cette tendance à utiliser l'activité visible comme indicateur de travail performant. C'est cette illusion selon laquelle être toujours occupé, toujours joignable, et enchaîner les mails et les réunions, serait la preuve d’un travail bien fait.
En réalité, ce modèle repose sur des signes extérieurs d'effort, mais ne produit que peu de résultats concrets, surtout dans les métiers intellectuels, où la valeur produite n'est pas proportionnelle au temps passé devant un écran.
Dès lors, Cal Newport montre comment cette logique, renforcée par les outils numériques et technologies connectées, est devenue un piège : on consulte nos mails en moyenne toutes les 6 minutes, on saute d’une tâche à l’autre sans jamais aller au fond des choses, et on termine nos journées épuisés, mais sans sentiment d’avancer vraiment.
Résultat : un cycle d’hyperactivité vide de sens, où l’on confond "être occupé" avec "créer de la valeur".
Idée clé n°2 : Faire moins permet paradoxalement d'accomplir davantage
Cette idée est l’un des grands paradoxes de la slow productivity que Cal Newport défend avec force : réduire délibérément nos engagements nous rend plus efficaces, pas moins.
Plutôt que de multiplier les tâches et les projets - au risque de nous disperser – Cal Newport propose une approche sélective et intentionnelle. En limitant notre charge mentale à ce que l’on peut réellement traiter avec attention et profondeur, on libère de l’espace pour produire un travail de qualité.
Il illustre ce principe avec l’exemple de Jane Austen, qui ne put écrire ses chefs-d'œuvre qu’une fois soulagée de ses contraintes domestiques. Son génie créatif a émergé quand elle a retrouvé du temps libre, non fragmenté.
Cal Newport introduit ici la logique des systèmes "pull" (on choisit quand et comment on tire une nouvelle tâche) face aux systèmes "push" (les tâches nous arrivent sans fin, sans filtre). Selon lui, cette approche réduit les "coûts indirects" - échanges, suivis, frictions - qui s’accumulent silencieusement jusqu’à atteindre ce "seuil critique" au-delà duquel notre efficacité s'effondre.
En bref, en en faisant moins, mais mieux, on évite la surcharge… et on accomplit davantage.
Idée clé n°3 : Notre corps (et notre cerveau) ne sont pas faits pour travailler à plein régime toute l’année
Un autre principe clé de la slow productivity repose sur une vérité souvent négligée : notre physiologie a besoin de rythme, de variation, de respiration.
Cal Newport s’appuie sur des observations anthropologiques pour montrer que pendant la quasi-totalité de l’histoire humaine (sur 290 000 années des 300 000 ans d'existence de notre espèce), nos ancêtres ont travaillé selon des cycles irréguliers, influencés par les saisons, les ressources disponibles et les besoins du moment. L’intensité constante est une invention moderne… et profondément contre-nature.
Même les plus grands esprits de l’histoire - chercheurs, artistes, inventeurs - travaillaient à des cadences lentes, alternant entre des phases de concentration intense et de longs temps de recul. Et pourtant, leur impact est immense.
Cal Newport plaide donc pour un retour à cette saisonnalité naturelle du travail perdue, que ce soit par :
Des périodes plus calmes dans l’année, propices au repos ou à la réflexion,
Des environnements de travail inspirants, qui nourrissent plutôt que d’épuiser,
Des délais plus réalistes, parfois doublés, pour sortir de la pression permanente.
Alors, travailler intensément, oui — mais pas tout le temps. L’alternance est essentielle pour préserver notre énergie, notre créativité et notre santé mentale.
Idée clé n°4 : L'obsession de la qualité devient un levier pour gagner en liberté professionnelle
Le troisième principe de la slow productivity révèle que viser l’excellence ne signifie pas en faire plus… mais mieux, avec plus de sens et plus de liberté à la clé.
À travers des histoires marquantes - comme celle de la chanteuse Jewel qui refuse un contrat d’un million de dollars pour rester fidèle à son art, ou celle de Paul Jarvis, designer qui choisit une vie simple sur l’île de Vancouver - Cal Newport montre que la vraie réussite n’est pas toujours dans l’accumulation de projets ou de responsabilités, mais dans la qualité de ce qu’on crée… et la liberté qu’on en tire.
Pour cela, il faut d’abord développer un goût exigeant, apprendre à reconnaître ce qui est réellement bon, ce qui a de la valeur. Puis, oser miser sur soi, prendre des risques calculés qui nous poussent à donner le meilleur de nous-mêmes.
Cette quête d’excellence, loin d’être un piège perfectionniste, devient un levier puissant pour créer une carrière à notre image : plus sobre, plus alignée, plus libre.
En somme, plus on s’approche de la maîtrise, plus on peut choisir notre manière de travailler - et de vivre.
Ce que la lecture de "Slow Productivity" vous apportera
Lire "Slow Productivity", c’est certes découvrir une nouvelle méthode de travail, mais c’est surtout changer de perspective sur la productivité elle-même.
Dans cet ouvrage, Cal Newport propose en effet un regard radicalement différent du travail intellectuel que l’on se fait habituellement : il partage une vision libérée des diktats de l’urgence, de l’hyper-disponibilité et du “toujours plus”.
Mais le livre ne se limite pas à un constat : il offre des stratégies concrètes, applicables dès aujourd’hui, pour transformer votre relation au travail. Vous y découvrirez notamment comment, au travail :
Réduire vos engagements sans culpabiliser,
Retrouver un rythme plus humain et plus naturel,
Miser sur la qualité plutôt que sur la quantité de vos réalisations,
Faire le tri entre l’essentiel et le superflu, identifier ces activités qui, dans votre métier, produisent véritablement de la valeur, et éliminer progressivement ce qui vous épuise sans rien apporter.
Et réinventer votre rapport au travail, sans sacrifier votre bien-être.
Plus qu’un simple guide de productivité, Slow Productivity est une philosophie complète, qui replace l’exigence de qualité, la sérénité et le plaisir du travail bien fait, à un rythme soutenable sans les sacrifices imposés par notre culture de l'urgence perpétuelle.
Enfin une lecture qui réconcilie efficacité durable et équilibre personnel !
Pourquoi lire "Slow productivity" de Cal Newport ?
"Slow Productivity" ne vous apprendra pas simplement à mieux vous organiser : il vous apprendra à mieux vivre votre travail.
En effet, dans cet ouvrage, Cal Newport ne propose pas une nouvelle méthode miracle de gestion du temps, mais une approche profondément humaine et durable du travail intellectuel. Il nous rappelle une vérité que notre époque a reléguée au second plan : Travailler moins, mais mieux, ce n’est pas une utopie. C’est une nécessité.
Que vous soyez cadre surmené, entrepreneur débordé, freelance créatif sous pression ou universitaire au bord de la saturation, ce livre vous partage des principes simples, libérateurs et adaptés à votre réalité pour :
Retrouver du sens dans ce que vous faites,
Protéger votre santé mentale,
Préserver votre énergie,
Et renouer avec ce qui compte vraiment : la joie de créer, de penser, d’agir - sans vous épuiser.
"Slow Productivity" n’est pas un outil de plus. C’est un tournant.
Points forts :
Une critique fondamentale et nécessaire de la pseudo-productivité qui domine le monde professionnel moderne.
Des principes ancrés dans la réalité anthropologique et physiologique de l'être humain.
De nombreux exemples concrets et historiques qui illustrent parfaitement les concepts présentés.
Des propositions pratiques applicables immédiatement pour transformer sa vie professionnelle.
Points faibles :
Une philosophie qui peut être difficile à mettre en œuvre dans certains environnements professionnels très contraignants.
Certaines stratégies proposées - comme le retrait saisonnier du travail - semblent plus accessibles aux professions intellectuelles indépendantes qu'aux salariés traditionnels.
Ma note :
★★★★★
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            	            	         ]]>Résumé de "Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus" de John Gray : un phénomène de librairie dès sa sortie, et jamais démenti depuis ! Ce livre vous aidera à mieux vivre votre relation de couple (ou toute autre relation homme-femme) en comprenant les spécificités de chacun.
Par John Gray, 1997, 346 pages.
Titre original : Men Are From Mars, Women Are From Venus (1994).
Chronique et résumé de "Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus" de John Gray
Introduction
John Gray raconte un moment marquant de son mariage avec sa femme Bonnie, une semaine après la naissance de leur fille. Épuisée et en souffrance, Bonnie se sent abandonnée. Lorsqu'il rentre à la maison, une dispute éclate, mais elle l'implore de rester et de simplement l'enlacer. Cet instant change sa perception de l’amour, lui faisant comprendre l’importance de l’écoute et du soutien inconditionnel.
Il réalise que les hommes et les femmes communiquent différemment et que leur méconnaissance mutuelle est souvent à l’origine des conflits. Son expérience personnelle l’incite à approfondir ces différences, aboutissant à sept années de recherche et à la rédaction de son livre. Il observe que de nombreux couples souffrent de frustrations similaires et que comprendre ces dissemblances transforme radicalement leurs relations.
Son séminaire aide des couples au bord du divorce, comme Susan et Jim, qui découvrent que leurs différences sont naturelles et prévisibles. Grâce à ces enseignements, ils ravivent leur amour et renforcent leur relation. John Gray souligne que les hommes et les femmes pensent, ressentent et agissent différemment. Accepter ces écarts permet d’améliorer la communication et d’éviter tensions et rancœurs.
Il insiste sur l’importance d’une approche concrète et bienveillante pour bâtir des relations durables. Bien que les origines des différences entre sexes soient complexes, leur reconnaissance permet d’accroître amour et compréhension mutuelle. Il espère que ses découvertes aideront chacun à développer des relations plus harmonieuses et épanouissantes.
Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus
John Gray imagine une métaphore où les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus. Un jour, les Martiens découvrent les Vénusiennes et tombent amoureux. Leur passion les pousse à inventer les voyages interplanétaires pour rejoindre ces êtres fascinants. Les Vénusiennes les accueillent avec enthousiasme, donnant naissance à un amour magique et harmonieux. Ils apprécient leurs différences et vivent en parfaite entente.
Mais lorsqu’ils émigrent sur Terre, l’atmosphère terrestre provoque chez eux une amnésie sélective. Du jour au lendemain, ils oublient qu’ils viennent de mondes différents et cessent de comprendre leurs dissemblances. Cette perte de mémoire engendre incompréhensions et conflits entre hommes et femmes.
Depuis, leurs relations sont marquées par des tensions qu’une meilleure connaissance de leurs différences pourrait apaiser.
Nous rappeler nos différences
Lorsqu’ils oublient leurs différences, les hommes et les femmes entrent en conflit. Chacun s’attend à ce que l’autre ressente et réagisse comme lui. On suppose que s’il nous aime, il exprimera son amour de la même manière. Cette illusion engendre frustration et déception, empêchant une communication bienveillante.
"Nous supposons à tort que dès lors que notre partenaire nous aime, il aura les réactions et le comportement qui sont les nôtres lorsque nous aimons quelqu'un." (Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, Chapitre 1)
Les hommes croient que les femmes pensent et agissent comme eux, tandis que les femmes font la même erreur. Or, leurs modes de communication et de fonctionnement diffèrent profondément. Ces malentendus sont à l’origine de tensions inutiles.
Reconnaître et respecter ces différences transforme les relations de couple. Il faut toujours garder à l’esprit que les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus.
Un rapide survol de nos principales différences
Dans ce livre, chaque chapitre explore les différences fondamentales entre hommes et femmes.
Le chapitre 2 aborde les valeurs opposées des deux sexes. Les hommes ont tendance à proposer des solutions sans tenir compte des émotions, tandis que les femmes donnent des conseils non sollicités. Comprendre ces erreurs courantes permet d’améliorer la communication.
Le chapitre 3 traite des réactions face au stress : les hommes préfèrent s’isoler, tandis que les femmes ressentent le besoin de parler. De nouvelles méthodes de communication seront proposées.
Le chapitre 4 explique comment motiver le sexe opposé. Les hommes se sentent valorisés en étant utiles, tandis que les femmes ont besoin de se sentir aimées. Des conseils aideront chacun à dépasser ses réticences à donner ou recevoir de l’amour.
Le chapitre 5 révèle les différences de langage et propose un dictionnaire martien-vénusien. Il aide les hommes à mieux écouter et les femmes à comprendre le silence masculin.
Le chapitre 6 détaille les besoins d’intimité : après un rapprochement, un homme ressent le besoin de s’éloigner temporairement. Les femmes apprendront à gérer cette dynamique sans crainte ni frustration.
Le chapitre 7 explique pourquoi les émotions féminines suivent un rythme cyclique. Les hommes apprendront à identifier les moments où leur partenaire a le plus besoin d’eux.
Le chapitre 8 montre comment chacun donne l’amour qu’il aimerait recevoir plutôt que celui dont son partenaire a besoin. Les hommes recherchent confiance et admiration, tandis que les femmes privilégient tendresse et compréhension.
Le chapitre 9 donne des clés pour éviter les disputes. Les hommes apprendront à ne pas invalider les émotions de leur compagne, et les femmes comprendront pourquoi leur désaccord peut être perçu comme une critique.
Le chapitre 10 explique que les hommes et les femmes ne comptent pas les points de la même façon. Un homme mise sur un grand geste, alors qu’une femme valorise chaque petite attention. Une liste de 101 idées aidera les hommes à multiplier ces gestes d’amour.
Le chapitre 11 enseigne l’art de communiquer dans les moments difficiles. Une méthode de lettre d’amour permettra d’exprimer ses émotions sans blesser l’autre.
Le chapitre 12 aide les femmes à mieux formuler leurs demandes, en évitant des expressions qui rebutent les hommes, tout en encourageant ces derniers à donner davantage d’eux-mêmes.
Le chapitre 13 explore les quatre saisons de l’amour et l’évolution naturelle des relations. Il explique comment les expériences passées influencent la dynamique du couple et propose des outils pour préserver la passion.
Chaque chapitre de Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus offre des conseils concrets pour bâtir une relation épanouie et durable.
Les bonnes intentions ne suffisent pas
Tomber amoureux semble magique et éternel. On croit naïvement que notre amour échappera aux problèmes des autres couples. Pourtant, avec le temps, la routine s’installe et les différences apparaissent. Les hommes attendent des femmes qu’elles réagissent comme eux, et inversement. Sans compréhension mutuelle, l’exigence et l’intolérance prennent le dessus, entraînant jugements et rancœurs.
Progressivement, malgré les bonnes intentions, l’amour s’efface. La communication se brise, la méfiance s’installe et le rejet finit par remplacer l’affection. On se demande alors pourquoi et comment cela a pu arriver. Malgré des théories complexes, le même schéma se répète, et l’amour meurt trop souvent.
Chaque année, des millions de couples se forment puis se séparent. La moitié des mariages échoue, et parmi ceux qui durent, beaucoup ne sont pas épanouis. Seuls ceux qui apprennent à se respecter et à accepter leurs différences parviennent à préserver leur amour.
Comprendre ces différences permet d’aimer plus justement et de mieux recevoir l’amour de l’autre. En les acceptant, on trouve des solutions adaptées aux besoins de chacun. L’amour peut durer, à condition de se rappeler ce qui distingue hommes et femmes.
Monsieur Réponse-à-tout et le comité d'amélioration du foyer
Les femmes reprochent aux hommes de ne pas les écouter. Plutôt que d’accueillir leurs paroles avec compréhension, ils interrompent pour proposer des solutions, persuadés d’aider. Ils ne saisissent pas que leur compagne attend une écoute bienveillante, et non des conseils.
Les hommes, de leur côté, reprochent aux femmes de vouloir les changer. Lorsqu’elles aiment, elles tentent d’améliorer leur partenaire, pensant l’aider à progresser. Mais lui perçoit cela comme du contrôle et préférerait être accepté tel qu’il est.
Pourquoi les hommes cherchent-ils à résoudre les problèmes et les femmes à perfectionner leur compagnon ? Un retour sur Mars et Vénus avant leur rencontre pourrait éclairer ces comportements.
La vie sur Mars
Sur Mars, pouvoir, compétence et réussite sont les valeurs essentielles. Un homme mesure sa valeur à ses résultats et tire fierté de ses succès.
Les Martiens s’intéressent davantage aux objectifs qu’aux émotions. Ils valorisent leur autonomie et refusent qu’on leur dicte leur conduite. Recevoir un conseil non sollicité est perçu comme une remise en question de leur capacité à réussir seul.
"Donner à un homme un conseil qu'il n'a pas sollicité équivaut à présumer qu'il ne sait pas ce qu'il faut faire, ou qu'il est incapable de le faire par lui-même." (Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, Chapitre 2)
Les hommes parlent rarement de leurs problèmes, sauf en quête d’un avis spécialisé. Sur Mars, demander de l’aide est une preuve de sagesse seulement si cela est indispensable. Quand une femme exprime ses soucis, l’homme suppose qu’elle cherche une solution. Il endosse alors le rôle de monsieur Réponse-à-tout, pensant lui témoigner son amour.
Ce comportement crée un malentendu : il ne réalise pas qu’elle souhaite avant tout être écoutée et soutenue, sans attendre de solution immédiate.
La vie sur Vénus
Sur Vénus, l’amour, la communication et les relations humaines sont primordiaux. Les femmes mesurent leur valeur à la qualité de leurs sentiments et de leurs liens avec les autres.
Les Vénusiennes privilégient l’harmonie et l’échange, bien plus que la réussite ou l’efficacité. Leur monde est donc très différent de celui des Martiens. Elles aiment exprimer leurs émotions et valorisent les conversations profondes, qui leur apportent autant de satisfaction qu’un succès matériel pour un Martien.
Elles ont une forte intuition, développée par des siècles d’anticipation des besoins d’autrui. Offrir de l’aide, sans qu’elle soit demandée, est un geste naturel et affectueux.
Sur Mars, en revanche, un homme perçoit ces conseils comme un manque de confiance en lui. Il pense qu’il est jugé incompétent, là où une femme voit une simple marque d’attention. Cette différence explique pourquoi un homme rejette souvent les suggestions de sa compagne, alors qu’elle croit simplement l’aider à s’améliorer.
Arrêter les conseils
Une femme peut blesser son compagnon sans le vouloir, simplement en lui donnant un conseil non sollicité.
L’histoire de Mary illustre bien ce point. Son mari, Tom, s’était perdu en voiture. Lorsqu’elle lui suggéra de demander son chemin, il se braqua. Pour elle, c’était une marque d’affection. Pour lui, c’était une remise en question de sa compétence.
Sur Mars, offrir un conseil sans demande préalable est perçu comme un manque de respect. Un homme préfère prouver qu’il peut atteindre son objectif seul, même s’il s’agit d’une tâche simple. S’il sent que sa femme doute de lui sur un détail, il extrapole et pense qu’elle ne lui ferait pas confiance pour des enjeux plus importants.
Mary, en comprenant cette dynamique, a appris à soutenir Tom en restant silencieuse. Lorsqu’ils se sont de nouveau perdus, elle l’a laissé gérer la situation, ce qui a renforcé leur complicité.
Apprendre à écouter
Un homme peut offenser involontairement sa compagne en cherchant à l’aider plutôt qu’à l’écouter.
Mary, après une journée éprouvante, partage ses soucis avec Tom, qui lui propose immédiatement des solutions. Elle se sent incomprise, tandis que lui ne comprend pas pourquoi ses conseils sont rejetés. Sur Vénus, écouter sans interrompre est une marque de respect et de soutien.
Tom apprend alors à simplement écouter Mary. Lorsqu’elle exprime son stress, il valide ses émotions sans chercher à résoudre ses problèmes. Cette approche transforme leur relation et apaise leurs tensions.
À la défense de monsieur Réponse-à-tout et du comité d'amélioration du foyer
Ces comportements ne sont pas mauvais en soi, mais leur moment et leur méthode sont souvent inadaptés.
Un homme peut proposer des solutions, mais pas lorsque sa compagne est bouleversée. Elle attend seulement une écoute et du réconfort.
De même, un homme accepte mieux les conseils s’il les sollicite. Sinon, il les perçoit comme une remise en cause de ses capacités. Lorsqu’il se sent pleinement accepté, il devient plus réceptif. Comprendre ces différences permet d’éviter tensions et malentendus en ajustant son approche.
Quand une femme rejette les solutions proposées par son mari
Lorsqu’une femme résiste aux suggestions de son mari, il le vit comme une remise en question de sa compétence. Il pense qu’elle ne lui fait pas confiance et devient moins attentif. Pourtant, elle attend simplement de l’écoute et du réconfort, pas une solution immédiate.
Les hommes commettent souvent l’erreur de minimiser les émotions de leur compagne en répondant par des phrases comme "Tu ne devrais pas t'en faire autant" ou "Ça ne s'est pas du tout passé comme ça". Ces remarques nient ses sentiments et cherchent à régler le problème trop vite.
Apprendre à écouter sans interrompre ni proposer de solutions immédiates améliore la communication. Un homme qui comprend que c’est le moment et la façon dont il présente ses idées qui posent problème, et non ses suggestions en elles-mêmes, vivra mieux les réticences de sa partenaire. Avec le temps, il verra qu’elle apprécie davantage ses efforts.
Quand un homme résiste au comité d'amélioration du foyer
Lorsqu’un homme rejette les conseils de sa compagne, elle pense qu’il ne l’aime pas ou ignore ses besoins. Cela crée chez elle un sentiment d’abandon. Pourtant, il ne refuse pas l’aide en soi, mais la manière dont elle est formulée.
Les critiques et remarques anodines, comme "Tu devrais appeler un plombier" ou "Ta chemise ne va pas avec ton pantalon", peuvent sembler inoffensives mais sont perçues comme des ordres ou des reproches.
En apprenant à exprimer ses besoins sans jugement, une femme obtiendra plus de coopération. Si elle accepte son mari tel qu’il est et formule ses demandes différemment, il sera plus réceptif aux changements.
Un exercice simple :
Les femmes : éviter conseils et critiques pendant une semaine pour observer une réaction plus positive des hommes.
Les hommes : écouter attentivement sans proposer de solution immédiate pour améliorer la communication.
Les hommes s'enferment dans leur caverne et les femmes bavardent
Les hommes et les femmes gèrent le stress de manière opposée : les hommes se referment, tandis que les femmes expriment leurs émotions. Lui a besoin de solitude pour résoudre ses problèmes, elle ressent le besoin d’en parler.
Quand Tom rentre du travail, il veut se détendre en lisant. Mary, au contraire, souhaite discuter pour évacuer sa journée. Tom trouve qu’elle parle trop et l’écoute distraitement, ce qui la frustre. Cette incompréhension génère rancœur et distance dans le couple.
Même si l’amour est fort, ils ne pourront s’harmoniser qu’en comprenant leurs différences. Tom doit reconnaître que Mary a réellement besoin d’exprimer ses soucis, et Mary doit accepter que Tom se replie pour gérer son stress.
Pour mieux comprendre ces comportements, il faut revenir aux origines martiennes et vénusiennes des hommes et des femmes.
Gestion du stress sur Mars et sur Vénus
Quand un Martien est stressé, il se retire dans sa caverne pour réfléchir seul à son problème. Il n’en parle que s’il a besoin d’aide. Si aucune solution ne lui vient, il se distrait avec des activités comme la lecture ou le sport intense.
Les Vénusiennes, elles, cherchent du réconfort en parlant de leurs soucis avec une personne de confiance. Pour elles, partager leurs émotions est un signe d’amour et de confiance, et non une faiblesse.
Un homme trouve satisfaction en réglant seul ses difficultés, tandis qu’une femme se sent bien lorsqu’elle peut les exprimer et échanger. Aujourd’hui encore, ces différences influencent les relations de couple.
La caverne dispensatrice de soulagement
Lorsqu’un homme est stressé, il se replie dans sa caverne pour se concentrer sur la résolution de son problème principal. Cette préoccupation l’absorbe totalement, le rendant distant et distrait avec sa partenaire.
Physiquement présent, il n’est mentalement disponible qu’à 5 %, le reste de son esprit étant accaparé par sa réflexion. Plus son souci est sérieux, plus il semble indifférent à sa relation de couple. Une fois la solution trouvée, il redevient pleinement attentif.
Pour se vider l’esprit, il se tourne vers des activités déconnectées, comme lire le journal, regarder un match ou faire du sport. Ces distractions lui permettent d’évacuer la pression et de retrouver une nouvelle impulsion mentale.
Les femmes et la caverne
Les femmes ne comprennent pas toujours ce besoin masculin de se replier. Elles aimeraient qu’il exprime ses difficultés, comme elles le font. Lorsqu’il semble plus attentif à la télévision ou au sport qu’à elles, elles se sentent blessées.
Mais attendre qu’un homme sous pression soit immédiatement tendre et disponible est aussi irréaliste que demander à une femme bouleversée de se calmer en un instant.
Si elle se rappelle que les hommes viennent de Mars, une femme comprendra que cette attitude n’a rien à voir avec l’amour. Inversement, un homme conscient de cette différence pourra rassurer sa compagne lorsqu’elle se sent négligée.
Les conflits naissent souvent d’un malentendu. Voici des réactions courantes :
"Tu ne m’écoutes pas !" – Lui pense qu’écouter signifie entendre, elle veut une attention totale.
"J’ai l’impression que tu n’es pas là." – Il est physiquement présent, mais mentalement ailleurs.
"Tu ne tiens pas à moi." – Il pense prouver son amour en trouvant une solution, mais elle préfère de l’affection directe.
Pour éviter les tensions, chacun doit comprendre et accepter les besoins de l’autre. Un homme doit reconnaître la légitimité des sentiments de sa compagne, et elle doit accepter qu’il ait parfois besoin de se retirer.
Comment une femme gère le stress
Lorsqu’une femme est stressée, elle ressent un besoin instinctif de parler de tout ce qui la préoccupe, sans établir de priorité entre les problèmes. Elle ne cherche pas forcément une solution, mais un interlocuteur compréhensif.
Contrairement à l’homme, qui se concentre sur un souci précis, elle perçoit tous ses problèmes comme un ensemble pesant. En les exprimant librement, elle se sent progressivement soulagée et comprend mieux ses émotions.
Si elle se sent incomprise, son stress s’accentue et de nouvelles inquiétudes apparaissent. Elle peut alors détourner son attention vers les soucis d’amis, de proches ou même d’inconnus, car discuter reste pour elle une réaction naturelle face au stress.
Les hommes et le besoin qu’ont les femmes de parler
Lorsqu’une femme parle de ses problèmes, un homme croit souvent qu’elle lui en fait le reproche ou qu’elle attend une solution. Il se défend ou propose des réponses rapides, ce qui ne fait qu’aggraver le malentendu.
"Tout comme l'homme tire satisfaction de l'élaboration d'une solution parfaite jusque dans ses moindres détails, la femme s'épanouit en relatant ses soucis avec une précision quasi chirurgicale." (Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, Chapitre 3)
Les hommes ne réalisent pas que leur compagne ne cherche pas de réponse, mais simplement à partager ses émotions. Plus elle donne de détails, plus il s’impatiente, cherchant une logique et une conclusion qui n’existent pas.
Les femmes peuvent faciliter l’écoute de leur partenaire en annonçant d’abord la conclusion, puis en développant. Rassurer un homme en précisant qu’aucune solution n’est attendue l’aide aussi à écouter sans frustration. Avec le temps, il comprendra que prêter attention suffit à soulager sa compagne.
Ce que les Martiens ont appris
Les hommes ont découvert que les reproches et critiques des femmes étaient temporaires et disparaissaient une fois qu’elles se sentaient écoutées. Ils ont compris que leur besoin de parler n’était pas une attaque mais un moyen de se soulager.
Beaucoup d’hommes ignorent à quel point une femme peut retrouver le sourire simplement en se sentant comprise. En revanche, ils ont souvent vu des femmes qui, faute d’écoute, ressassent sans fin leurs soucis. Ce n’est pas leur tendance à parler qui pose problème, mais le manque d’attention et de soutien.
Enfin, les hommes ont découvert qu'écouter leur compagne pouvait être aussi apaisant que regarder les nouvelles ou lire un journal. Toutefois, en période de stress intense, ils continuent à privilégier leurs distractions habituelles pour se ressourcer.
Ce que les Vénusiennes ont appris
Les Vénusiennes ont compris que l’entrée d’un homme dans sa caverne n’était pas un signe de désamour. Elles ont appris à être plus tolérantes et à ne plus s’offusquer de son comportement distant en période de stress.
Plutôt que de se vexer lorsqu’un homme semble distrait, elles attendent patiemment qu’il retrouve son attention avant de continuer à parler. Cette approche donne de meilleurs résultats que les plaintes ou reproches.
Elles ont aussi accepté ses moments de retrait et en profitent pour passer du temps avec leurs amies. Cette attitude apaise la relation, et les Martiens, se sentant aimés et compris, ressortent plus vite de leur isolement.
]]>Résumé de "Marcher" de Henry David Thoreau : chef-d'œuvre de la littérature naturaliste, "Marcher" est une méditation philosophique dans laquelle l’auteur élève la simple promenade au rang d’art spirituel en proposant la reconnexion avec la nature comme antidote à la civilisation moderne. Cet essai est également un plaidoyer passionné pour la marche en pleine nature comme acte de liberté et de résistance au conformisme, essentiel à la régénération de l'humanité et à la préservation du monde sauvage.
Par Henry David Thoreau, écrit en 1851, 1ère édition en 1862, cette réédition date de 2018, 123 pages.
Titre original : "Walking"
Note : L'introduction, la postface et la partie "Repères chronologiques" de cet ouvrage n'ont pas été écrites par Henry David Thoreau mais par Michel Granger. Professeur de littérature américaine, Michel Granger est un spécialiste et traducteur français particulièrement connu pour son travail autour de Henry David Thoreau. Il est ainsi à l'origine des traductions en français de plusieurs œuvres majeures de Thoreau (comme "La vie sans principe" ou encore "Marcher" ici résumé) et de leur contextualisation.
Chronique et résumé de "Marcher" de Henry David Thoreau
1- Introduction de "Marcher" par Michel Granger
L'introduction de "Marcher" nous plonge dans la vie et la philosophie d'Henry David Thoreau, à travers sa conférence donnée au Lycée de Concord en avril 1851.
1.1 - Éloge de la flânerie
Dans une Amérique du XIXe siècle dominée par l'éthique protestante du travail, Henry David Thoreau fait figure de provocateur. Ancien étudiant de Harvard devenu sans emploi régulier, Michel Granger le décrit comme passant toutes ses journées à se promener dans la nature.
Pour Henry David Thoreau, précise Michel Granger, la marche n'est pas un simple loisir. C’est une activité essentielle à sa liberté et à son art de vivre, dont il a besoin de consacrer plusieurs heures par jour.
Henry David Thoreau revendique alors le droit à cette activité apparemment improductive, car il la considère comme vitale pour régénérer l'humanité.
1.2 - Marcher pour se libérer de l’aliénation sociale
Aussi, l'auteur nous présente un Henry David Thoreau résolument oppositionnel, qui utilise la marche comme moyen d'échapper aux contraintes sociales.
Pour le philosophe, marcher possède, en effet une vertu curative : marcher lui permet de se libérer de l'aliénation sociale, de l'artificialité de la vie urbaine, et de renouer avec ses sens au contact direct de la nature. Dans sa quête d’une "vie naturelle", Henry David Thoreau pratique une observation minutieuse de son environnement, s’effaçant progressivement pour devenir une partie intégrante de la nature elle-même.
1.3 - L'esprit sauvage et la marche pour se régénérer, réfléchir et relativiser
Pour Henry David Thoreau, la civilisation doit se régénérer par le "sauvage". Il ne s’agit pas d’une sauvagerie destructrice, mais d’un état primitif non domestiqué, indique-t-il.
Dans cette optique, la marche devient alors un déclencheur de pensée, un catalyseur de réflexion, une quête spirituelle comparable à une croisade en Terre Sainte. Elle permet, selon lui, de relativiser les activités humaines tout en maintenant un équilibre avec la civilisation.
1.4 – La vision de l’Ouest de Henry David Thoreau et sa relation avec la nature
Michel Granger explique ensuite que, dans sa réflexion, Henry David Thoreau associe le monde sauvage à l'Ouest américain. Il y voit un nouvel Éden. Paradoxalement, l’auteur de "Marcher" n'a jamais quitté sa région, car il préfère, confie Michel Granger, voyager à Concord.
Le philosophe naturaliste vit à la lisière de la nature : il y fait des incursions quotidiennes tout en restant connecté avec la vie intellectuelle. Sa vision de l'Ouest diffère de l'idéologie dominante : plutôt que de considérer cette région comme une frontière à conquérir, il y voit une opportunité de contact avec l'esprit sauvage permettant de régénérer la civilisation.
2 - Marcher
2.1 - L'art de la marche et la quête spirituelle
Henry David Thoreau commence son essai en se présentant comme l'avocat de la nature et de la liberté absolue.
Il explique que très peu de personnes comprennent véritablement l'art de la marche. Lui, l’associe au terme "sauntering" ("saunter" = flâner), un terme dérivé, nous apprend-il, des pèlerins médiévaux en route vers la Terre Sainte.
Ainsi, pour l'auteur, chaque promenade est "une sorte de croisade, prêchée par quelque Pierre l'Hermite caché en nous, pour nous exhorter à partir à la reconquête de la Terre Sainte". Henry David Thoreau approfondit cette métaphore en soutenant que le véritable marcheur, comme le pèlerin, doit être prêt à abandonner ses attaches terrestres pour entreprendre son voyage spirituel.
2.2 - La liberté et le privilège de marcher
Par ailleurs, l'auteur considère la marche comme un privilège rare : celle-ci nécessite, en effet, temps et liberté.
Il affirme que quatre heures de marche quotidienne sont nécessaires à sa santé et son bonheur. Mais cette pratique, observe-t-il, n'est pas accessible à tous, car "aucune richesse ne peut acheter le loisir, la liberté et l'indépendance nécessaires qui constituent le capital de cette profession".
Ici, Henry David Thoreau critique sévèrement ceux qui restent enfermés toute la journée dans leurs boutiques et leurs bureaux. Il considère leur sédentarité comme contre-nature. Il s'étonne d’ailleurs de leur capacité à supporter cet enfermement, notant avec ironie qu'ils ont "bien du mérite de ne pas s'être suicidés depuis longtemps". Car pour le philosophe, la marche n'est pas qu’un simple exercice physique. C’est aussi une véritable aventure spirituelle qui exige une liberté totale d'esprit et de corps.
2.3 - L'appel de l'Ouest
Henry David Thoreau décrit avec une passion particulière comment ses pas le portent invariablement vers l'ouest.
À travers cette tendance naturelle à marcher vers l'ouest plutôt que vers l'est, l’essayiste fait un parallèle avec le mouvement de la civilisation. En effet, cette direction n'est pas choisie au hasard : pour lui, l'est représente le passé et l'histoire, tandis que l'ouest symbolise l'avenir et l'aventure. "C'est vers l'ouest que l'étoile de l'empire suit sa route", cite-t-il.
Ainsi, pour l’auteur de "Marcher", l'Ouest représente non seulement une direction géographique, mais aussi un état d'esprit, une promesse de renouveau et de liberté.
2.4 - La nature comme refuge
L'auteur confie ensuite privilégier résolument les chemins peu fréquentés aux routes principales. Il décrit avec émerveillement comment il peut marcher pendant des kilomètres sans croiser âme qui vive ni voir aucune habitation.
Dans ces moments de solitude parfaite, il réalise alors que les préoccupations humaines - l'Église, l'État, le commerce - occupent peu de place dans le paysage. Pour lui, la politique devient alors un simple "champ étroit", une préoccupation mineure face à l'immensité de la nature.
Ainsi, Henry David Thoreau trouve dans ces espaces sauvages un refuge contre les contraintes de la civilisation, un lieu où l'esprit peut véritablement s'épanouir.
2.5 - L'éloge du sauvage
Henry David Thoreau développe ensuite longuement sa vision du "sauvage" comme force régénératrice essentielle. Pour lui, c’est, en effet, dans la nature sauvage que réside la préservation du monde. Cette affirmation forte est au cœur de sa philosophie.
L'auteur compare aussi ici la littérature domestiquée à la littérature sauvage, préférant cette dernière qu'il juge plus authentique et vivifiante. Il regrette que la littérature anglaise soit trop apprivoisée, trop éloignée de la véritable nature sauvage qu'il cherche à célébrer. Pour Henry David Thoreau, le sauvage n'est pas synonyme de brutalité mais de vitalité pure et d'authenticité.
2.6 - La valeur de l'ignorance utile
Pour Henry David Thoreau, une certaine forme d'ignorance peut être plus précieuse qu'un savoir conventionnel. Il développe cette idée provocante en critiquant la Société pour la Diffusion des Connaissances Utiles. Et selon lui, une "Société pour la Diffusion de l'Ignorance Utile" serait tout aussi nécessaire.
En fait, l'auteur soutient que l'ignorance consciente - celle qui reconnaît ses limites - peut être plus belle et plus utile qu'un savoir superficiel qui nous fait croire que nous savons tout. Il ajoute que "le stade le plus élevé qu'on puisse atteindre n'est pas la connaissance, mais la sympathie intelligente". Cette approche humble du savoir permet, selon lui, une ouverture d'esprit plus authentique.
2.7 - L'homme face à la nature
Henry David Thoreau continue en observant avec regret que peu d'hommes entretiennent une relation authentique avec la nature.
Il déplore ainsi que la plupart des hommes soient inférieurs aux animaux dans leur rapport à l'environnement naturel. Lui-même, confie-t-il, se sent vivre en "lisière" de la nature, car il n'y fait finalement que des incursions passagères.
Il nous décrit alors des moments de contemplation qu’il a vécus, des instants où la nature lui est apparue dans toute sa splendeur, comme cette fois lors d’une escapade dans une pinède au coucher du soleil. Pour lui, ces retours à la nature mettent en lumière la superficialité de notre rapport habituel avec la nature. Ils rappellent à quel point il est nécessaire de construire, avec elle, une relation plus profonde, plus intime.
2.8 - La pensée sauvage et la créativité
L'essayiste établit un lien fondamental entre la nature sauvage et la pensée créative.
Il regrette que nos pensées se fassent de plus en plus rares à mesure que nous défrichons, dit-il, nos "forêts mentales". Il élargit cette métaphore avec celles des pigeons voyageurs pour partager une conviction : la domestication de la nature va de pair avec un appauvrissement de notre capacité à penser.
Henry David Thoreau plaide pour une pensée plus libre et plus sauvage, capable de transcender les conventions et les limites imposées par la société. Il voit dans cette "pensée sauvage" une source de renouveau créatif et spirituel.
2.9 - L'importance du présent
L'auteur insiste avec force sur la nécessité de vivre dans le présent.
Pour lui, "celui qui ne perd aucun instant de la vie qui s'écoule à se souvenir du passé" est véritablement béni. Henry David Thoreau utilise la métaphore évocatrice du chant du coq pour illustrer cette philosophie du présent, symbole d'un renouveau constant et d'une vitalité pure.
Cette attention au moment présent n'est pas, pour lui, une simple attitude mentale. C’est aussi une véritable pratique spirituelle qui permet de vivre en harmonie avec les rythmes naturels.
2.10 - La beauté naturelle et l'épanouissement humain
Pour conclure, Henry David Thoreau évoque la beauté transcendante de la nature, à travers notamment la description détaillée d'un coucher de soleil extraordinaire. Cette beauté peut "nourrir l’âme humaine", souligne-t-il, et elle est à la portée de tous, même dans les endroits les plus reculés.
L'auteur décrit ensuite avec émotion comment une lumière dorée peut métamorphoser le paysage le plus ordinaire en un spectacle sublime, et offrir une expérience quasi mystique.
Il termine en comparant les marcheurs à des pèlerins en quête de lumière spirituelle, mettant ainsi en avant la dimension sacrée de la marche en pleine nature.
2.11 – Conclusion de "Marcher"
Dans cet essai profondément personnel et philosophique, Henry David Thoreau partage sa vision de la marche. Cette vision qui dépasse largement le simple exercice physique : sous la plume du philosophe, "marcher" devient, en effet, une pratique spirituelle grâce à laquelle il est possible de se reconnecter avec la nature sauvage et avec soi-même.
"Marcher" est alors un plaidoyer passionné pour la préservation des espaces sauvages et pour une vie plus authentique, libérée des contraintes de la civilisation. C’est un texte qui nous invite à reconsidérer notre rapport à la nature et à redécouvrir la dimension sacrée de notre environnement naturel.
3 - Henry David Thoreau essayiste | Postface de Michel Granger
Par Benjamin D. Maxham active 1848 - 1858
3.1 - Un écrivain émancipateur
Michel Granger présente Henry David Thoreau avant tout comme un écrivain dévoué à son art, qui a tenu un journal quotidien sans interruption de 1837 à 1861.
Son objectif, déclare-t-il, n'était pas l'art pour l'art, mais la création d'un outil intellectuel émancipateur.
En effet, l'auteur explique que Henry David Thoreau considérait la littérature comme un moyen d'éveiller les consciences et de libérer les individus du conformisme. Sa mission, précise-t-il, était d'aider ses contemporains à penser par eux-mêmes, à travers des essais et conférences visant à déclencher une réflexion indépendante. Son style, souvent proche du sermon, privilégiait les formules brèves et percutantes pour marquer les esprits.
3.2 - Un intellectuel de Nouvelle-Angleterre
Bien que solitaire et excentrique, Henry David Thoreau était profondément ancré dans son époque et son milieu.
En effet, Michel Granger souligne qu’il n’était pas qu’un simple "philosophe dans les bois". Il était aussi un intellectuel formé à Harvard qui entretenait des relations avec un cercle d'intellectuels.
Après ses études, ajoute l’auteur, Henry David Thoreau est retourné à Concord où il a exercé divers métiers, tout en se consacrant à l'écriture et aux longues promenades. Michel Granger note enfin que la vie de Thoreau, ponctuée de publications d'articles et d'essais, a été marquée par des actes symboliques comme son refus de payer un impôt, qui lui valut une nuit de prison en 1846.
3.3 - Le philosophe et l’art de vivre
Michel Granger expose ici la philosophie de vie que partage Henry David Thoreau dans ses essais.
Ainsi, au cœur de sa pensée, se trouve la nécessité d’une réforme individuelle, fondée sur le dépouillement matériel et une immersion profonde dans la nature.
L'auteur insiste également sur l'importance du retrait solitaire dans la démarche d’Henry David Thoreau, incarnée par son séjour au bord du lac Walden.
Enfin, il explique que le philosophe préconisait une solution individualiste aux maux de la société, privilégiant le développement personnel à l'action collective.
Sa philosophie reposait sur une perception directe du réel, affranchie des illusions de la civilisation, et prônait une réforme éthique pour que chacun puisse se réapproprier une morale confisquée par les institutions.
3.4 - L’objecteur de conscience et le résistant
Michel Granger raconte ensuite comment Henry David Thoreau est passé de l'objection de conscience à la résistance active.
Nous apprenons ainsi que, dans le contexte troublé de l'Amérique d'avant la guerre de Sécession, la question de l'esclavage a joué un rôle déterminant dans son engagement politique. L'auteur montre comment la loi de 1850, obligeant les citoyens du Nord à collaborer à la capture des esclaves fugitifs, a radicalisé la position de Henry David Thoreau.
Dans "Résistance au gouvernement civil" (1848-1849), ce dernier défend une position principalement morale et individuelle, fondée sur le fait que chaque personne doit agir en accord avec sa conscience, même si cela implique de désobéir aux lois ou aux autorités en place.
Cependant, Michel Granger souligne que face à l'inefficacité de cette approche individuelle, Henry David Thoreau finit par accepter l'idée d'une résistance plus active, notamment en soutenant l'abolitionniste John Brown. L'auteur note toutefois que la pensée politique de Henry David Thoreau reste centrée sur l'individu, négligeant souvent les dimensions collectives et sociales des problèmes.
3.5 - Le visionnaire de la nature : entre littérature et science
Michel Granger présente Henry David Thoreau comme un observateur passionné de la nature, à la fois poète et naturaliste. Ce dernier combine une approche scientifique rigoureuse avec une sensibilité littéraire unique, fait-il remarquer.
L'auteur revient enfin sur la façon dont Henry David Thoreau a minutieusement documenté la vie naturelle autour de Concord, en consignant ses observations nombreuses et détaillées dans son Journal. Ses écrits sur la nature répondaient à un véritable engouement du public de l'époque pour les sciences naturelles.
Cependant, Michel Granger insiste sur le fait que, pour Thoreau, la nature allait bien au-delà de l'observation scientifique. Elle représentait une source d'inspiration spirituelle et métaphorique essentielle : un moyen d'affirmer sa singularité et sa rébellion, un remède à la société dominée par le commerce, et un chemin personnel vers une spiritualité qu’il construisait à son image. Elle était en effet, pour reprendre ses mots, à la fois "un stimulant pour son excentricité rebelle, un antidote à la civilisation mercantile, un chemin d'accès à la spiritualité qu'il se façonne".
3.6 – Conclusion de la postface
En conclusion, Michel Granger nous présente l'héritage complexe de Henry David Thoreau. S'il peut paraître en décalage avec certaines valeurs contemporaines par son austérité et son élitisme, son œuvre garde toute sa pertinence par :
Sa passion contagieuse pour la nature,
Sa capacité à vivre dans la solitude et la contemplation,
Sa distance critique face aux comportements grégaires,
Ses questionnements toujours actuels sur la liberté, la justice et la conscience individuelle,
Et surtout, sa capacité à provoquer la réflexion.
4 - Repères chronologiques
La dernière partie de l’ouvrage est dédiée à une chronologie de la vie de Henry David Thoreau. En voici une synthèse.
Né en 1817 à Concord, dans le Massachusetts, aux États-Unis, Henry David Thoreau fait ses études à Harvard jusqu'en 1837, année où il commence son Journal sur les conseils de l’essayiste et poète Ralph Waldo Emerson.
Sa vie est marquée par plusieurs moments clés : son expérience d'enseignant (1838-1841), sa collaboration avec Emerson (1841-1843), et surtout son séjour dans une cabane près du lac Walden (1845-1847). Une nuit en prison en 1846 inspire sa réflexion sur la désobéissance civile.
En 1849, Henry David Thoreau publie "Une semaine sur les rivières Concord et Merrimack", puis "Walden" en 1854, fruit de multiples réécritures.
Se consacrant à l'arpentage et aux conférences, il continue d'écrire dans son Journal jusqu'à ce que la tuberculose l'emporte en 1862 à Concord, sa ville natale.
Conclusion de "Marcher" de Henry David Thoreau
Trois points clés que partage Henry David Thoreau dans son essai "Marcher"
Point clé n°1 : Marcher est un acte de libération spirituelle
Henry David Thoreau nous présente la marche non pas comme un simple exercice physique, mais comme une véritable pratique spirituelle. L'auteur de "Marcher" défend cette activité comme essentielle à notre liberté et à notre épanouissement.Selon lui, plusieurs heures quotidiennes de marche sont nécessaires pour nous reconnecter avec notre nature profonde et ainsi transformer une simple promenade en quête spirituelle.
Point clé n°2 : La nature sauvage devient une source de refuge et de régénération pour l’homme moderne
À travers sa vision du "sauvage", Henry David Thoreau développe une philosophie dans laquelle la nature devient un antidote aux maux de la civilisation moderne. Pour lui, c'est dans les espaces préservés de l'influence humaine que réside la possibilité d'une régénération tant individuelle que collective. Le retour aux espaces sauvages permet en somme de guérir l'homme moderne de son aliénation.
Point clé n°3 : L'ignorance consciente ouvre la voie à une pensée plus libre et authentique que le savoir conventionnel.
Le philosophe prône une approche unique de la connaissance, selon laquelle une certaine forme d'ignorance consciente peut s'avérer plus précieuse qu'un savoir conventionnel. Il nous encourage alors à adopter une pensée plus libre, capable de transcender les normes et conventions sociales.
Pourquoi devriez-vous lire "Marcher"?
Lire "Marcher", c’est découvrir une philosophie de vie profondément transformatrice.
Cet ouvrage révèle comment une activité aussi simple que la marche peut devenir un puissant levier de développement personnel et de reconnexion avec la nature. Il vous invite à repenser votre rapport au temps, à l’espace et à votre environnement, tout en proposant une critique stimulante des contraintes de la société moderne.
Je recommande donc cette lecture pour deux raisons principales :
"Marcher" est un guide philosophique utile pour quiconque aspire à mener une vie plus authentique, en harmonie avec la nature.
L’œuvre partage une vision radicale de la liberté individuelle et défend passionnément la préservation du monde sauvage, une réflexion particulièrement pertinente face aux enjeux environnementaux et sociétaux de notre époque.
Points forts :
Une réflexion profonde et intemporelle sur le lien entre l'homme et la nature.
Un style d'écriture riche qui mêle brillamment philosophie, poésie et observations naturalistes.
Une vision radicale et inspirante de la liberté individuelle.
Un manifeste écologique avant-gardiste pour son époque.
Points faibles :
Un ton parfois moralisateur qui peut paraître élitiste.
Une vision très individualiste qui semble négliger les dimensions collectives des problèmes sociaux.
Ma note :
★★★★★
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            	            	         ]]>Résumé de "Sauvage par nature | De Sibérie en Australie, 3 ans de marche extrême en solitaire" de Sarah Marquis : ce récit d’aventure retrace l'extraordinaire odyssée de Sarah Marquis qui, durant trois ans, a traversé seule, à pied, six pays d'Asie jusqu'en Australie. Une marche solitaire de 20 000 kilomètres à travers steppes, déserts et jungles où chacun des pas de la voyageuse, confrontée aux dangers extrêmes de la nature et des hommes, devient une véritable leçon de survie. Une reconnexion avec la vie sauvage qui nous enseigne aussi comment l'instinct primitif peut renaître chez l'humain moderne quand il est livré à lui-même.
Par Sarah Marquis, 2015, 264 pages.
Titre de l’édition anglophone : "Wild by Nature: From Siberia to Australia, Three Years Alone in the Wilderness on Foot", 2016, 272 pages.
Chronique et résumé de "Sauvage par nature | De Sibérie en Australie, 3 ans de marche extrême en solitaire" de Sarah Marquis
Introduction
Dans l’introduction de son livre "Sauvage par nature", l’auteure, Sarah Marquis nous plonge dans ses souvenirs d'enfance. Elle évoque avec tendresse une petite fille déjà différente des autres.
Elle raconte comment, dès l'âge de 8 ans, elle passait des heures avec les animaux plutôt qu'avec des poupées, et développait une soif insatiable d'aventures et de découvertes. L'aventurière nous décrit cette sensation devenue "évidence" qui l'a poussée vers l'exploration du monde.
"Ma vie était alors une aventure presque journalière. J’étais la plus heureuse des petites sauvageonnes du coin, même si beaucoup de choses me chiffonnaient. Je voulais comprendre. Plus encore, je voulais tout découvrir sans devoir choisir, sans but, sans préférences. Juste "tout". (…) Je rêvais éveillée d’autres contrées, d’autres arbres, d’autres animaux, d’un ailleurs où des oiseaux aux couleurs chatoyantes virevoltent dans les airs, où l’on rencontre des animaux qu’on appelle des bêtes… sauvages. (…) Ce que j’éprouvais au fond de moi était une sensation – si forte – qu’elle en était devenue "une évidence". J’allais devenir une découvreuse… Plus communément appelée une aventurière."
Sarah Marquis partage ainsi sa vision unique : "Plus je m'éloigne, plus je vois", explique-t-elle, tout en soulignant que sa vie a été faite de choix audacieux.
Elle conclut en dédiant son récit aux femmes du monde entier, pour celles "qui luttent encore pour leur liberté et pour celles qui l’ont obtenue mais qui ne l’utilisent pas". Elle nous invite ainsi à la suivre dans son extraordinaire périple : "Mettez vos chaussures. On part marcher."
Chapitre 1. Préparation
Dans le premier chapitre du livre "Sauvage par nature", Sarah Marquis est de retour dans les Alpes suisses après trois ans d'aventures.
Elle partage comment les traces de son périple sont indélébiles : ses instincts de survie persistent dans ses gestes quotidiens, comme un tatouage invisible gravé dans son corps et son âme.
1.1 - Avant un départ...
Puis, l'aventurière revient sur la genèse de son expédition singulière baptisée eXplorAsia : une traversée de six pays d’Asie, seule, à pied.
Elle se souvient :
"Une sensation indescriptible grandissait en moi jusqu’au moment où le départ se présenta à moi comme l’unique option. Je savais tout au fond de mon cœur que ce départ était alors la seule façon d’être fidèle à ce feu qui brûlait en mon for intérieur. Je le sentais faiblir, la flamme était moindre… il était temps de partir à la recherche du bois qui me permettrait de retrouver ma flamme de vie."
Deux années de préparation minutieuse furent nécessaires pour organiser cette expédition, souligne l’auteure.
Sarah Marquis détaille notamment la manière dont elle s’y est pris pour constituer une équipe fiable en vue de ce projet, avec un nouveau chef d'expédition - son frère Joël, qui l'avait accompagnée lors de ses précédentes explorations, ayant pris un autre chemin professionnel.
1.2 - Vevey-Suisse, juin 2010, une semaine avant le départ
À une semaine du départ, Sarah Marquis nous fait part de sa tristesse de devoir laisser D'Joe, son fidèle compagnon canin rencontré lors de son périple australien en 2002-2003.
Elle décrit également l'organisation méthodique de son matériel, avec notamment le choix crucial de ses chaussures - huit paires de la marque Sportiva, sa marque habituelle Raichle ayant cessé la production.
1.3 - Une femme en Mongolie (préparation)
La baroudeuse souligne ici combien il est important de comprendre la culture locale. Elle relate avec franchise les défis particuliers auxquels elle a dû faire face, notamment les comportements déconcertants des nomades mongols qu'elle a appris à interpréter sans jugement. "Ce n'est pas parce que je ne comprends pas une attitude que je dois la condamner", rappelle-t-elle sagement.
Sarah Marquis conclut le chapitre 1 de son livre "Sauvage par nature" en évoquant les risques sanitaires du pays et sa décision de ne faire que le vaccin contre le tétanos, faute de temps pour compléter le protocole contre la rage.
Épuisée par ces deux années de préparation, elle s'endort dans l'avion avant même le décollage, siège 24B, direction la Mongolie.
Chapitre 2. Mongolie, mes débuts…
Au début des deuxième, troisième, quatrième, cinquième et septième chapitres de "Sauvage par nature", une carte détaillée montre l'itinéraire de Sarah Marquis à travers la Mongolie, depuis Suhhbaatar jusqu'au désert du Gobi, en passant par différents points de ravitaillement.
2.1 - Retour en Mongolie...
Sarah Marquis entame son périple péniblement sous une chaleur accablante de 40°C. Dès les premiers jours, elle ressent beaucoup de fatigue et prend une insolation.
C’est une rencontre inattendue avec un chevreuil dans une forêt dense de bouleaux qui va alors lui redonner l'énergie nécessaire pour poursuivre sa route. Ce moment magique lui rappelle une expérience similaire vécue en 2002 sur le Pacific Crest Trail, où elle avait observé un cerf majestueux traverser une rivière.
L'aventurière décrit ensuite sa progression difficile avec sa charrette de 50 kg et son sac de 17 kg. Son corps, insuffisamment préparé cette fois-ci par manque de temps, s'adapte lentement à l'effort.
2.2 - Eau, où es-tu ?
Face au défi de trouver de l'eau dans ces steppes arides, elle partage trois techniques de survie essentielles :
La condensation dans un trou creusé au sol et recouvert d'un plastique,
La récupération de la transpiration des feuilles,
La recherche d'eau sous le lit asséché des rivières.
Mais la meilleure façon de trouver de l’eau, finit-elle, est de "vider son sac des a priori, des théories" car "seule compte votre capacité à lire le décor".
Un souvenir de 2006 dans les Andes lui a appris une leçon fondamentale à ce propos : la sensibilité prime sur la logique pour lire un paysage. Sarah raconte en effet comment sa recherche obsessionnelle de végétation pour récolter de l’eau l'avait, en fait, empêchée de repérer une rivière pourtant très visible.
2.3 - Ce premier jour en Mongolie (suite)...
Le récit se poursuit sur la première rencontre de Sarah Marquis avec un nomade mongol, vêtu d'une tunique vert bouteille. Dans un échange silencieux mais riche en gestes, l'homme lui dessine une carte dans la poussière pour lui indiquer un point d'eau.
Cette rencontre authentique se termine sur une mélodie portée par le vent, tandis que le nomade s'éloigne à cheval.
2.4 - Le temple, le géant et le nourrisson
Sarah Marquis narre sa progression à travers une forêt de mélèzes détrempée, où elle croise un "ovoo", un cairn sacré traditionnel mongol de 5 mètres de haut. Par respect pour les croyances animistes locales, elle évite ce lieu d'offrandes et poursuit sa route vers un temple.
En chemin, l'aventurière est invitée dans une yourte par un couple de nomades. Elle y découvre avec émerveillement un nouveau-né, tout en s'initiant au "suutei tsaï", le traditionnel thé au lait salé. Cette scène paisible est interrompue par l'arrivée d'autres visiteurs, dont une jeune femme qui expose ses seins devant l'assemblée, provoquant le malaise de la jeune mère.
Après cet épisode déconcertant, Sarah Marquis se dirige vers le temple aux palissades rouge terre, où elle aperçoit un homme d'une taille exceptionnelle travaillant au sol. Le géant, intimidé, s'enfuit à son approche. Trouvant le temple en ruines, elle poursuit sa route jusqu'à un camp touristique composé d'une trentaine de yourtes alignées.
L'aventurière relate avec humour ses interactions avec les jeunes femmes du camp, marquées par des différences culturelles saisissantes : leur expression stoïque, leur curiosité pour son statut matrimonial, et leur réaction face à ses "grands yeux". Elle savoure enfin un moment de répit dans sa yourte, où elle peut se laver et manger un repas chaud.
Ce passage se termine sur une note dramatique, alors qu'un violent orage approche. "Le ciel s'est métamorphosé en un énorme nuage noir, boursouflé", écrit-elle, tandis qu'une jeune fille du camp vient démonter sa cheminée par précaution.
2.5 - Des semaines plus tard…
La fatigue et la peur s'accumulent pour Sarah Marquis, harcelée chaque nuit par des cavaliers qui rôdent autour de son camp. Épuisée, elle trouve refuge dans un abri à moutons où elle s'endort profondément.
C'est là que se produit une rencontre magique : elle observe, émue aux larmes, une huppe fasciée, cet oiseau qui la fascinait enfant et qu'elle n'avait jamais réussi à voir malgré des années de patience. "Des larmes coulent sur mes joues, des larmes de joie", confie l'aventurière.
Chapitre 3. Mongolie centrale
3.1 - Stratégie de survie, dangers et moments de contemplation
Sarah Marquis nous fait découvrir son arrivée dans un village fantôme de Mongolie centrale, guidée par le vol de grands rapaces au-dessus d'un col. Ce village de 200 âmes, qui en comptera plus de 5000 en hiver avec le retour des nomades, devient le théâtre d'une quête vitale : trouver de l'eau pour les 100 prochains kilomètres.
La baroudeuse partage sa rencontre musclée avec les habitants d'un bar local : une femme hostile et deux hommes ivres qui tentent de voler son équipement. Face à cette situation périlleuse, elle fait preuve de persévérance et de stratégie, jusqu'à ce qu'apparaisse un mystérieux "protecteur" qui l'aide silencieusement à remplir ses réservoirs d'eau.
Une fois le village quitté, Sarah Marquis affronte les éléments hostiles : "Le vent déshydrate, brûle. Associé à une température de 40°C (104°F), il peut être fatal".
Sa route prend un tournant dramatique lorsque les deux hommes ivres la poursuivent à cheval. Elle raconte comment elle parvient à les repousser grâce à une ruse audacieuse, qui va effrayer leurs chevaux et ainsi les déstabiliser.
L'aventurière termine cette journée éprouvante en trouvant un abri rocheux pour la nuit. Elle prend soin d'effacer ses traces sur le sol durci. Le lendemain matin, elle partage avec nous un moment de paix rare : "Ce moment est mien, il est magique, indescriptible". Elle révèle aussi un détail touchant de son quotidien : ses habits de nuit colorés et féminins contrastent avec sa tenue de jour masculine et couleur sable, nécessaire à sa sécurité.
3.2 - Ce même jour...
L'aventurière rapporte ensuite sa rencontre pour le moins tendue avec deux motards, dont l'un tente de lui vendre de la marijuana. Face à cette situation menaçante, elle applique sa stratégie d'évitement : "Ne jamais donner d'importance aux gens ou animaux dont vous ne désirez pas attirer l'attention".
Alors qu'elle traverse une plaine désertique pendant cinq jours, Sarah Marquis aperçoit des chèvres mongoles, connues pour leur précieux cachemire. Elle explique comment les nomades récoltent ce duvet fin au printemps, produisant "environ 2 700 tonnes par an".
3.3 - Fibre naturelle sinon rien
Cette observation lui rappelle son expérience lors de son expédition en Amérique du Sud, où elle a découvert les vertus des fibres naturelles. L'aventurière raconte y avoir troqué ses vêtements techniques contre de la laine d'alpaga pour mieux résister au froid intense.
En Mongolie, elle teste différentes laines locales :
La laine de yak, chaude mais qui gratte,
La laine de chameau, confortable pour les chaussettes de nuit,
Le cachemire, particulièrement adapté à l'effort physique.
Sarah Marquis apprécie particulièrement cette approche durable de l'élevage qui permet aux nomades de vivre de leur bétail sans tuer les animaux. "J'aime l'idée que via une simple tonte à la main ou un brossage, ces gens arrivent à vivre de leur bétail sans devoir tuer l'animal", confie-t-elle.
3.4 - Prince ou crapaud
Sarah Marquis nous plonge ici dans une traversée éprouvante d'une plaine d'argile sous une chaleur écrasante de 40°C.
Épuisée par les visites nocturnes de cavaliers, elle s'encourage à voix haute pour avancer, se dédoublant presque pour maintenir son moral : "Allez, Sarah Marquis ! Allez, Sarah Marquis, allez...". Elle segmente sa marche en intervalles de plus en plus courts, luttant contre l'épuisement physique et mental.
Une tempête spectaculaire la surprend alors qu'elle monte son camp. Luttant contre un déluge de grêle et une coulée de boue, elle parvient à sauver in extremis sa charrette et son équipement. "Je hurle : 'Mongolie ! Tu ne m'auras pas !'", s'exclame-t-elle, célébrant cette petite victoire face aux éléments déchaînés.
Le destin lui envoie alors de l'aide sous la forme d'un nomade à cheval qui la guide vers sa yourte, de l'autre côté d'une rivière en crue. La traversée périlleuse s'effectue grâce à l'intervention d'un jeune cavalier qui la hisse sur sa monture, alors que le niveau de l'eau monte dangereusement. Dans la yourte, l'aventurière observe la stricte division des tâches entre hommes et femmes, notamment lorsque la maîtresse de maison nettoie seule, pendant plus d'une heure, la boue qui a envahi leur habitat.
La nuit qui suit est particulièrement mémorable. Sarah Marquis se retrouve dans une situation tragicomique, coincée entre les avances insistantes d'un jeune homme d'un côté, et un énorme crapaud de l'autre. Elle choisit avec humour la compagnie du batracien, après avoir repoussé fermement son voisin trop entreprenant. L'arrivée tardive de voyageurs bruyants et leurs festivités jusqu'à l'aube parachèvent cette nuit surréaliste.
Son périple prend un nouveau tournant quand les inondations l'obligent à modifier son itinéraire. Un ami mongol francophone lui vient en aide, établissant un nouveau tracé et la conduisant en voiture jusqu'à un col situé à 78 km à l'ouest. Bien que ce détour rallonge son parcours de 50 km, c'est sa seule option pour éviter d'être bloquée pendant des mois.
Dans la steppe déserte qui suit, elle affronte des conditions extrêmes. Le vent incessant devient son principal adversaire, l'obligeant à passer ses nuits à maintenir sa tente au sol. L'aventurière trouve du réconfort dans la présence des chevaux sauvages qui l'accompagnent parfois sur des kilomètres, la faisant rêver de "galoper sans limites dans ces steppes ouvertes, sans charrette ni sac à dos".
Une nouvelle tempête apocalyptique la frappe alors, combinant pluie, sable et foudre dans un spectacle aussi terrifiant que grandiose. Après avoir retrouvé son réchaud et sa casserole projetés à 500 mètres, elle trouve refuge dans la yourte d'une famille de "vrais nomades". Elle y passe une nuit intense, partageant l'inquiétude d'une femme pour son mari parti surveiller le bétail dans l'orage. L'authenticité et la dignité de ces nomades la touchent profondément, particulièrement lors des retrouvailles silencieuses mais éloquentes du couple à l'aube.
Les jours suivants, Sarah Marquis développe de nouvelles stratégies de survie, apprenant à repérer les abris à bétail pour se protéger des orages quotidiens. Elle atteint finalement Khakhorin, épuisée et affamée, s'étant rationnée à un simple bol de riz quotidien divisé en deux repas. Dans un camp touristique, elle trouve enfin le repos dans une yourte, prenant le temps de méditer sur cette habitation traditionnelle qui l'a tant fascinée tout au long de son périple.
L'aventurière conclut ce passage en évoquant sa découverte progressive de la vie nomade, notamment à travers l'observation de gestes quotidiens comme la collecte d'excréments séchés pour le feu.
"J'ai aimé découvrir la vie des nomades de cette manière. En les regardant, en essayant d'interpréter leurs gestes. En découvrant un peu plus d'indices jour après jour", confie-t-elle, tout en soulignant l'importance de cette immersion progressive dans la culture mongole.
3.5 - La douche enfin…
Dans un bâtiment délabré de Khakhorin, Sarah Marquis savoure enfin une douche tant attendue. Avec ingéniosité, elle utilise sa casserole en titane pour mélanger l'eau bouillante à l'eau froide. Ce moment de grâce lui permet de retrouver la femme sous les couches de sueur accumulées. Épuisée, elle dort ensuite pendant 24 heures d'affilée.
3.6 - Steppe, tu ne m’auras pas…
L'aventurière reprend sa route vers le sud-ouest, admirant les paysages changeants de la steppe qu'elle compare à "un gâteau multicouche". Elle trouve une solution ingénieuse pour ses nuits anxiogènes : dormir dans les tuyaux d'évacuation sous les pistes. Même si ces abris sont peu confortables et parfois occupés par des carcasses d'animaux, ils lui offrent enfin des nuits paisibles.
Arrivée à Khujirt, elle fait une rencontre marquante avec une cuisinière qui, malgré l'hostilité apparente des autres villageois, lui offre secrètement un deuxième bol de riz avec un œuf.
Cette expérience lui rappelle la solidarité universelle entre femmes qu'elle a rencontrée tout au long de son périple : "La faim n'a pas besoin de traduction, la faim s'exprime dans un langage universel", conclut-elle avec gratitude.
Chapitre 4. Désert du Gobi
Dans le chapitre 4 de "Sauvage par nature", Sarah Marquis entame sa traversée du désert du Gobi, en suivant les lignes électriques qui pointent vers le sud.
4.1 - Des aventures dès le début de la traversée du désert de Gobi
L'aventurière savoure la perspective de 150 km sans contact humain, retrouvant enfin sa solitude tant appréciée.
Cette quiétude est brièvement interrompue par un arrêt dans un village poussiéreux, où elle fait face à l'hostilité d'une épicière au visage marqué par la violence. L'intervention d'un homme bienveillant lui permet finalement d'obtenir des provisions, bien qu'à prix majoré. L'atmosphère du village est pesante, marquée par des actes de violence gratuite entre adolescents à la station-service.
Elle trouve refuge pour la nuit chez une vieille dame malicieuse, mais son repos est perturbé par plusieurs incidents inquiétants : la visite impromptue de deux hommes en noir qui fouillent ses affaires, les cris d'un homme manifestement perturbé, et la présence d'un chien enchaîné qu'elle convainc la propriétaire de libérer pour la nuit.
Quittant ce "lieu de misère" aux premières lueurs de l'aube, Sarah Marquis s'enfonce dans le désert. Le sable devient progressivement son principal obstacle, engloutissant les roues de sa charrette. Elle rencontre des géologues qui la mettent en garde contre les "ninjas", des chercheurs d'or clandestins qui opèrent la nuit.
L'aventurière trouve finalement sa paix dans la solitude du désert, où elle découvre une vie discrète mais fascinante : des traces d'animaux dans le sable, un scorpion translucide, des chameaux qui broutent autour de sa tente. "Je suis au bon endroit au bon moment, c'est tout. Je le sens, je le sais...", livre-t-elle.
Cette sérénité est brutalement interrompue par une violente tempête. Face aux éléments déchaînés, Sarah Marquis vit une expérience mystique inattendue : "quelque chose se produit, je n'arrive pas à l'expliquer, c'est comme si mon corps ne m'appartenait plus, que j'étais la foudre, le sol, les nuages et le reste". Cette expérience transformatrice lui fait comprendre que sa destination n'est pas tant un point géographique qu'un état d'être, une connexion profonde avec l'environnement.
Cette partie se termine sur sa contemplation du désert, où elle réfléchit sur le vide qui l'entoure et son adaptation constante à cet environnement hostile. Pour elle, c'est peut-être là la clé pour maintenir vivant son feu intérieur : éviter les habitudes et rester en perpétuelle adaptation.
4.2 - Horloge interne
Sarah Marquis révèle sa capacité innée à s'orienter sans instruments, arrivant à positionner naturellement les points cardinaux.
Elle souligne aussi combien il est important de comprendre et respecter son corps, notamment à travers le sommeil naturel, synchronisé avec les rythmes de la nature.
L'aventurière partage sa philosophie du bien-être basée sur l'équilibre et la connexion avec l'environnement. Elle encourage à faire des petits changements quotidiens : marcher consciemment, observer les nuages, toucher les arbres. "Le seul luxe que je vois est du 'temps'", note-elle.
Cette approche, elle l'a perfectionnée lors de son expédition australienne de 2002-2003, où pendant 17 mois, elle a survécu dans l'Outback, poussant les limites de ses capacités physiques et mentales. Pour elle, le mouvement est essentiel : "je ne pense pas, je vis !"
4.3 - Ma première rencontre avec Canis lupus chanco
Sarah Marquis évoque le rapport complexe des Mongols avec le loup (Canis lupus chanco), à la fois respecté et redouté.
Elle raconte comment elle brouille délibérément les pistes lorsque les nomades l'interrogent sur ses rencontres avec les loups, consciente que ces animaux sont traqués pour leurs organes, prisés en médecine traditionnelle.
4.4 - Ils hurlent
L'aventurière nous fait ensuite vivre une nuit magique près d'une formation rocheuse mystérieuse dans le désert. Réveillée à 4 heures du matin par des hurlements de loups autour de sa tente, elle savoure cet instant privilégié : "Je suis si chanceuse de vivre ce moment... Merci, merci". Elle découvre leur refuge dans ces rochers et décide de garder secrète sa localisation pour protéger ces "survivants" de la cupidité humaine.
4.5 - La longue nuit de Mandal-Oovo
Après dix jours dans le désert, Sarah Marquis fait halte dans un village où elle trouve un hébergement précaire. Une nuit terrifiante l'attend : des hommes ivres tentent d'enfoncer sa porte, tandis qu'elle se barricade avec une commode, son spray au poivre à portée de main. "La peur au ventre, je ne ferme pas l'œil de la nuit", confesse-t-elle.
4.6 - 80ème jour d’expédition
Au 80ème d'expédition, épuisée par les épreuves - attaques nocturnes, sable, manque de sommeil - elle atteint enfin son point de ravitaillement.
Malgré sa fatigue, elle savoure un dernier moment de contemplation du désert avant de retrouver Gregory, son chef d'expédition.
4.7 - Une dent plus tard…
Après un ravitaillement réconfortant avec Gregory, une infection dentaire fulgurante force Sarah Marquis à être évacuée.
Grâce au soutien de ses sponsors, elle se rend à Tokyo pour se faire soigner. "La douleur me mange le dessous des chaussettes", écrit-elle.
Le traitement s'étend sur six semaines, durant lesquelles elle fait la navette entre un chalet à Hakuba et la clinique. Ses sponsors lui apportent un soutien indéfectible face aux complications et aux extrapolations médiatiques. Au bout de ces six semaines, elle repart avec une seule obsession : reprendre sa marche.
Chapitre 5. Désert du Gobi - 2ème tentative
De retour en Mongolie après son traitement au Japon, Sarah Marquis prépare sa deuxième tentative de traversée du Gobi, cette fois en plein hiver avec des températures de -33°C.
Au marché local, elle s'équipe pour affronter le froid extrême : théière en aluminium pour faire fondre la neige, pétards contre les loups et peaux de mouton.
Elle fait fabriquer des guêtres spéciales dans un atelier de couture de la banlieue d'Ulaan Baatar, et reçoit sa nouvelle tente après des semaines d'attente et une taxe douanière conséquente.
L'aventurière repart du camp touristique où la beauté du désert hivernal la fascine : "J'étais déjà tombée amoureuse du Gobi en été mais là, ma préférence va à l'hiver". Cependant, les conditions s'avèrent rapidement extrêmes, avec des températures nocturnes atteignant -40°C. Face à ces conditions qui menacent sa tente, elle doit prendre une décision difficile : interrompre sa tentative.
Face à l'échec de sa deuxième tentative, Sarah Marquis adapte son parcours aux conditions climatiques. Elle décide de réorienter son expédition vers le sud de la Chine, prévoyant de remonter le pays au lieu de le descendre.
Pendant une nuit intense de préparation, elle coordonne ce changement avec son équipe en Suisse.
Chapitre 6. Chine
Au début du 6ème chapitre du livre "Sauvage par nature", une carte schématique illustre l'itinéraire de Sarah Marquis depuis Kunming jusqu'au Sichuan, en passant par la réserve des pandas et traversant le fleuve Yangtsé.
6.1 - Kunming – Yunnan, janvier 2011
À Kunming, ville bouillonnante de 3 millions d'habitants, Sarah Marquis retrouve par hasard Mathias et Véronique, un couple de cyclistes rencontré précédemment en Mongolie. Ces derniers partagent leur expérience de la traversée de la Chine et lui procurent de précieuses cartes routières avant de poursuivre leur route vers le sud.
6.2 - Chinoiseries, cochonneries… C’est le nouvel an !
L'aventurière s'enfonce dans la campagne chinoise, découvrant un monde rural fascinant mais profondément différent de la Mongolie. Elle apprend à communiquer par gestes avec les locaux et à se repérer sans cartes topographiques, interdites en Chine. "Je laisse les regards se poser sur moi, les chiens me renifler, les hommes silencieux et maigres me dévisager avec suspicion", raconte-t-elle.
Sa progression la mène à travers des villages où elle assiste aux célébrations sanglantes du Nouvel An chinois : partout, des cochons sont sacrifiés dans une atmosphère festive mais brutale. Poursuivant sa route, elle atteint le fleuve Yangtsé le 3 février 2011, jour du Nouvel An, franchissant un impressionnant pont suspendu qui marque son entrée dans la province du Sichuan.
6.3 - Noire est sa peau, long est son nez…
Après dix jours dans les montagnes du Sichuan, Sarah Marquis découvre un passage spectaculaire taillé dans la roche, qu'elle emprunte avec sa charrette malgré les difficultés. De l'autre côté, elle arrive dans un village où sa présence provoque une panique générale : femmes et enfants s'enfuient en hurlant.
Le soir, alors qu'elle installe son camp, elle reçoit la visite d'un groupe mené par un chef à l'apparence singulière : "sa peau est si foncée qu'elle s'approche d'un noir marron" et son nez long et effilé évoque plus les traits africains qu'asiatiques. Après un face-à-face silencieux, le groupe repart, mais utilise la fumée d'un feu de bois vert pour la forcer à déguerpir dans la nuit.
Cette expérience l'amène à découvrir la richesse des 56 minorités ethniques qui peuplent ces montagnes (Yi, Lisus, Dais, Bais, Miaos...). Au fil des semaines, elle établit des liens particuliers avec les femmes de ces communautés, appréciant leur élégance naturelle et leur authenticité. "D'un seul regard et sans jugement, elles m'ont toujours identifiée avec le dénominateur qui nous unit : nous les 'femmes'", observe-t-elle.
Lors d'un marché dans son dernier village d'altitude, Sarah s'immerge dans l'atmosphère colorée des costumes traditionnels, observant notamment une jeune femme aux longs cheveux noirs préparée comme une princesse.
L'aventurière partage aussi ses réflexions sur son rapport à la nourriture, développant une approche en "trois dimensions" (avant, pendant, après) et évoquant ses expériences de la faim qui l'ont amenée à des hallucinations olfactives pendant ses expéditions.
6.4 – Une Chine hostile
Arrivée à Nina, Sarah Marquis découvre une Chine Han hostile, où une femme seule est considérée comme une prostituée. Elle est constamment surveillée et photographiée par des inconnus.
La marcheuse est bouleversée par la pollution extrême et la cruauté envers les animaux qu'elle observe quotidiennement : "Les cris de douleur de ces animaux à l'agonie me hantent encore", déclare-t-elle.
Un soir, elle fait une rencontre qui semble d'abord positive avec des écoliers souriants, mais qui se termine par le vol de son BlackBerry. Plus tard dans la nuit, deux hommes lui rapportent mystérieusement son téléphone, prétendant être des professeurs. Le lendemain, elle découvre qu'il s'agissait en réalité de paysans et que toutes ses photos de Chine ont été effacées de l'appareil, ne laissant que celles de Mongolie. Cette expérience révèle la surveillance subtile mais omniprésente exercée sur les étrangers dans cette région.
6.5 - Des schlurps et des splash…
Sarah Marquis décrit avec un humour grinçant les habitudes quotidiennes des Chinois dans les provinces reculées : leurs rituels matinaux bruyants, leurs crachats expressifs (qui, sur les murs des restaurants, signifient paradoxalement l'appréciation du repas), et le fameux "schlurp" qui accompagne la consommation de leurs bouillons.
L'aventurière compare les différences culturelles entre l'Amérique du Sud, où la corruption se réglait avec simplicité et chaleur humaine, et l'Asie, caractérisée par le principe de "garder la face". Elle développe une théorie intéressante sur la difficulté des Chinois à comprendre ses gestes mimés : leur écriture en caractères représentant des scènes complètes les empêcherait de percevoir des gestes isolés.
En voyage vers une réserve de pandas, elle vit une mésaventure avec une vieille femme qui inonde délibérément sa tente en détournant un canal d'irrigation. Forcée de continuer avec un équipement trempé par des températures négatives, elle trouve refuge dans une forêt de pins à 2500m d'altitude. Cette pause lui permet de sécher ses affaires et de réparer son réchaud, retrouvant un moment de paix.
Dans la réserve, elle fait une rencontre exceptionnelle avec un panda roux mais se trouve rapidement sous surveillance. Des agents spéciaux inspectent son campement, et elle est finalement arrêtée par des hommes en blouson noir. La voyageuse apprend plus tard que son arrestation était liée à l'immolation d'un moine dans un temple proche, les autorités voulant éviter la présence de témoins occidentaux.
Sarah Marquis est expulsée de Chine : elle a cinq jours pour quitter le pays. Dans une course contre la montre, elle rejoint Beijing via Chengdu, obtient un visa pour la Mongolie grâce à une coordination minutieuse entre son équipe et l'ambassade suisse, et s'envole pour Ulaan-Baator. "J'apprendrai plus tard que mon arrestation était d'ordre préventif", indique-t-elle, en révélant la tension politique sous-jacente dans cette région où "les moines s'immolent depuis des années en signe de protestation contre l'oppression du régime".
Chapitre 7. Désert du Gobi – 3ème tentative
7.1 - Début mai 2011 – Je repars
De retour dans le désert du Gobi pour sa troisième tentative, Sarah Marquis retrouve Degi, une employée du camp touristique qui l'accueille selon les traditions d'hospitalité mongoles. Dans ce pays le moins peuplé au monde (1,8 habitant/km²), l'hospitalité est une question de survie, à la bonne fortune des voyageurs qui n’ont alors aucun mal à trouver un refuge chaque soir.
Les deux femmes partagent un long moment de complicité autour d'un thé. L'aventurière apprécie particulièrement de pouvoir avoir une conversation approfondie en anglais, qui pour une fois dépasse les habituelles questions sur son âge et son statut marital. Degi devient sa "conseillère culturelle" et l'aide à décoder certaines mésaventures, comme l'incident du "fantôme" : un automobiliste terrifié à sa vue, la prenant pour le spectre d'une femme blanche errante selon une légende locale.
Sarah Marquis reprend ensuite sa route vers le sud, en direction du Parc national du Gobi Gurvan Saikhan. Dans ce paysage lunaire de dunes dures, elle fait une rencontre insolite avec un loup au pelage d'hiver gris souris, qui joue à cache-cache avec elle. Le climat devient plus rude, avec de la neige sur les montagnes et un vent violent qui l'oblige à chercher des dépressions dans le terrain pour s'abriter.
La marcheuse relate aussi sa rencontre cocasse avec un nomade malade qui lui fait des avances, avant de tenter de récupérer son chien qu'elle avait pris en amitié. Dans sa quête d'eau, elle découvre des trésors cachés : pétroglyphes, gazelles, mouflons et une riche biodiversité qui la fascine, malgré les conditions physiques éprouvantes.
7.2 - Un Kindle sans les mots…
Sarah Marquis raconte ensuite avec humour la mésaventure de son cadeau d'anniversaire : un Kindle vide de tout livre que son chef d'expédition lui apporte, et qui finira par fondre sous les températures extrêmes du désert. "À chaque fois que j'ai essayé d'améliorer ma vie de nomade, cela n'a pas fonctionné", constate-t-elle avec philosophie.
7.3 - Les pieds au chaud…
Mieux équipée pour cette troisième tentative, l’exploratrice affronte les célèbres dunes chantantes du Gobi, hautes de 300 mètres, dont le sable produit un vrombissement caractéristique au contact du vent. Il lui faut cinq jours pour les franchir, tirant sa charrette dans le sable profond, tout en admirant les chameaux qui trottinent avec aisance sur ces mêmes dunes.
Sarah fait de nouvelles rencontres variées : un immense nid de vautours, des géologues chinois en exploration clandestine, et les scientifiques d'un centre de recherche sur les léopards des neiges, avec qui elle participe à la pose de caméras. Elle vit aussi une brève tension avec des gardes-frontières, alertés par un mystérieux informateur local.
La traversée se termine par la partie la plus sauvage de son expédition, où elle endure des températures de 50°C et une déshydratation constante.
"Ce désert qui s'était refusé à moi par deux fois déjà... il acceptera mes pas à la troisième", lâche-t-elle en atteignant enfin Ekhiin Gol, sous le regard stupéfait des habitants.
Chapitre 8. Sibérie
Au début du 8ème chapitre du livre "Sauvage par nature", une carte montre l'itinéraire de Sarah Marquis en Sibérie, du lac Baïkal jusqu'à la frontière mongole, avec mention de la mort de son chien D'Joe le 28 octobre 2011.
Après avoir obtenu son visa russe, Sarah Marquis arrive à Irkoutsk où elle déjoue avec humour une tentative d'extorsion à la douane.
8.1 - Le 1er août 2011, Port Baïkal
Au bord du lac Baïkal, elle entame une progression périlleuse le long des voies ferrées, traversant 39 tunnels et 248 ponts. Elle découvre une nature majestueuse peuplée de phoques d'eau douce uniques au monde, les nerpas.
8.2 - Je sors d'un mauvais pas...
À Slyudyanka, elle fait face à une réalité plus sombre : pollution, pauvreté et danger. Grâce à l'aide de Natalia, son contact local, elle échappe à une tentative de vol et apprend à traverser rapidement les villages pour se réfugier dans la taïga. Cette forêt dense devient son refuge, malgré les nuées de moustiques et la présence d'ours.
8.3 - Mon D’Joe…
Sarah Marquis reçoit un SMS bouleversant concernant D'Joe, son chien resté en Suisse.
La santé de son fidèle compagnon s'est brutalement dégradée. Dans sa tente au cœur de la taïga, elle passe une nuit à sangloter avant de percevoir mystérieusement l'odeur caractéristique de son chien. D'Joe s'éteint moins d'une semaine plus tard.
La marcheuse atteint finalement Kyakhta, ville-frontière avec la Mongolie, jadis prospère grâce au commerce des fourrures et du thé. "Mission accomplie, la Sibérie est derrière moi", conclut-elle, avant de poursuivre son expédition vers le Laos.
Chapitre 9. Laos
Au début du 9ème chapitre du livre "Sauvage par nature", une carte retrace l'itinéraire de Sarah Marquis au Laos, de Botten à Packbeng, le long du fleuve Mekong. L’illustration indique deux incidents majeurs : une infection "dengue" lors de son trajet en canoë et une attaque nocturne par des trafiquants de drogue dans la jungle dense.
9.1 - Changement de décor et d'ambiance
En quittant la Chine pour le Laos, Sarah Marquis voit un changement radical.
L'atmosphère chaleureuse et accueillante du pays la frappe immédiatement : des visages souriants, des gestes discrets et bienveillants qui réchauffent son cœur éprouvé par son expérience chinoise. Elle observe la prédominance du bambou dans la culture locale, utilisé pour tout construire, des huttes aux outils.
Face à une jungle impénétrable, elle remarque que chaque habitant porte une machette à la ceinture et des tongs aux pieds. Sa première expérience culinaire laotienne la charme : on lui sert du riz cuit enveloppé dans une feuille de bananier, qu'elle savoure au bord de la route.
À Luang Namtha, ne voulant pas se contenter de marcher sur les routes, elle cherche une alternative pour explorer la jungle. Elle parvient à convaincre les locaux de lui louer un canoë en solo. Ce sera le début d'une nouvelle aventure sur la rivière Namtha.
9.2 - Les femmes aux pipes d’argent
Sarah Marquis rencontre les peuples des brumes, des tribus montagnardes vivant sur les crêtes. Elle découvre leur mode de vie authentique : femmes âgées fumant des pipes d'argent, cueillette de plantes sauvages et culture sur brûlis.
Ces rencontres sont empreintes d’une hospitalité touchante, malgré les différences culturelles évidentes.
9.3 - Un clic ou pas de clic !
La voyageuse fait le choix éthique de ne pas photographier ces peuples isolés, préférant garder une image mentale de ces moments authentiques.
Elle quitte finalement les montagnes pour rejoindre la route principale, en évitant habilement une zone interdite aux étrangers, avant d'atteindre le Mekong qui délimite la frontière avec la Thaïlande.
Chapitre 10. Thaïlande
Au début du chapitre 10 de "Sauvage par nature", une carte illustre le trajet effectué par Sarah Marquis à travers la Thaïlande, du Mekong jusqu'à Bangkok, en longeant la frontière birmane et passant par plusieurs villes importantes dont Chiang Mai.
10.1 - Accueil, convivialité et... infection parasitaire
À nouveau, la Thaïlande offre à Sarah Marquis un contexte totalement différent de ses expériences précédentes.
Elle découvre un pays accueillant où la convivialité et la générosité sont omniprésentes. Dans les montagnes, elle est fascinée par les temples et leurs bouddhas dorés, ainsi que par les moines méditant dans la forêt.
Épuisée, elle fait une halte à Chiang Mai où un diagnostic médical révèle une infestation parasitaire nécessitant un traitement intensif.
10.2 - Le riz à mes côtés
L'aventurière observe avec émerveillement le cycle complet du riz à travers son périple : de la plantation en Chine jusqu'au labourage en Thaïlande.
Elle décrit poétiquement les rizières en terrasses, où les buffles d'eau travaillent la terre boueuse. Ces paisibles créatures lui rappellent les vaches de son village natal :
"Ces scènes me rappellent le va-et-vient des vaches de mon village qui avaient le même horaire de sortie que les pendulaires encore endormis au volant de leur voiture. Ceux-ci pestant contre ces douces et lentes créatures que le bâton du fermier n’a jamais fait avancer plus vite… Ma mère a toujours trouvé cela rassurant, et à chaque fois que l’on était bloqués par les divers troupeaux qui traversaient notre petit village de cinq cents habitants, elle les observait avec émerveillement, comme si c’étaient des animaux exotiques. Pendant ce temps, à travers elle, j’apprenais peu à peu à voir au-delà des apparences."
10.3 - Ayutthaya-Wat Phu Khao Thong, le 6 mai 2012
Arrivant dans une région marquée par les inondations de 2011, Sarah Marquis atteint enfin le temple Phu Khao Thong.
Face à ce monument majestueux, elle laisse couler ses larmes d'émotion, réalisant qu'elle vient de traverser l'Asie à pied.
10.4 - Cargo, seule femme à bord
Seule femme parmi 22 membres d'équipage, Sarah rejoint l'Australie par cargo durant 13 jours de navigation. Un voyage symbolique qui lui rappelle tous ces migrants qui ont fait la traversée avant elle.
Chapitre 11. Australie du Nord
Une carte illustre l'itinéraire de Sarah Marquis en Australie du Nord, de Cairns à Darwin en passant par Alice Springs. Elle mentionne son arrivée par cargo à Brisbane après 13 jours en mer.
11.1 - Des larmes à l’odeur de café…
Le 28 mai 2012, Sarah Marquis débarque du cargo au port de Brisbane, aidée par un matelot philippin pour descendre ses lourds sacs qui contiennent sa charrette démontée.
Après avoir déposé ses affaires dans une pension, elle s'empresse de réaliser un rituel tant attendu : savourer enfin un véritable coffee latte. Pendant cinq heures, elle observe la foule depuis la terrasse d'un café, réalisant qu'elle peut enfin se fondre dans la masse, elle qui a passé deux ans à être dévisagée en Asie. "Je respire à nouveau, je suis parmi les miens" ressent-elle. Et pour la première fois en vingt ans, la voyageuse prend pleinement conscience de son appartenance à l'ethnie dite caucasienne.
À la banque, elle provoque l'incrédulité d'un jeune employé en lui annonçant son projet de marcher jusqu'à Darwin. Puis elle rejoint Cairns où elle prépare minutieusement son départ : nouveaux réservoirs d'eau, séances d'ostéopathie et massages pour son corps éprouvé.
L'accueil chaleureux des Australiens la touche profondément, en particulier celui de Rosy, la patronne de son hébergement qui accepte de garder une partie de son matériel, et de Georges, un chauffeur aborigène Yirrganydji qui la dépose à son point de départ en lui confiant que le bush la protégera.
Dès ses premiers pas dans cette nature familière, l'émotion la submerge : elle se sent enfin chez elle après deux ans en territoire hostile. La première nuit, exténuée tant physiquement qu'émotionnellement, elle fait un rêve prémonitoire de D'Joe, son chien décédé, sous forme d'un rapace prêt à s'envoler - ce sera la dernière fois qu'elle rêvera de lui.
Son parcours la mène dans des paysages variés où elle retrouve une solitude apaisante. Sur les hauteurs du Tablelands, elle vit une rencontre nocturne exceptionnelle avec un cassowary, le "roi de la rainforest", dont le cri puissant résonne dans la nuit. Dans les Misty Mountains, elle affronte l'humidité oppressante de la forêt tropicale, dormant chaque nuit au milieu de créatures invisibles, de sangsues et de serpents.
À Ravenshoe, sa quête pour retrouver un vieux chercheur d'or rencontré dix ans plus tôt la conduit dans des conversations animées avec les locaux. Une rencontre inattendue au bord d'un ruisseau avec un séduisant inconnu aux yeux bleus la confronte soudain à sa féminité longtemps mise en veille, provoquant un trouble qu'elle n'avait pas ressenti depuis des mois.
Le passage se termine sur son harmonie profonde avec la nature : ses journées deviennent une douce répétition où elle observe la faune, les termites, les fourmis. Cette immersion totale la conduit à une transformation intérieure : "la nature est rentrée en moi... Je suis elle, elle fait partie de moi". Cette connexion intense avec l'environnement marque l'aboutissement de ses deux années de marche.
11.2 - Queensland, le 16 juillet 2012
Sarah Marquis nous transporte ensuite au cœur du Queensland. Nous sommes en juillet 2012 quand Sarah trouve refuge sous un vieux pont. En s’installant alors dans le lit asséché de Crystal Creek, l'aventurière nous fait partager un moment de poésie : les grains de sable deviennent les narrateurs d'une histoire, lui murmurant les souvenirs d'une eau émeraude qui coulait autrefois.
Au fil des jours, l'exploratrice affronte des défis techniques et humains. Elle raconte comment sa charrette subit une avarie majeure, tous les rayons d'une roue se détendant simultanément. Une rencontre avec des chasseurs de cochons sauvages - qu'elle classe parmi les personnages les plus dangereux du bush - se transforme étonnamment en aide providentielle lorsqu'ils lui prêtent une clé à molette.
Cette panne la force à un détour imprévu par Normanton, où elle doit commander de nouvelles roues en Suisse. Sarah Marquis revient avec humour sur son retour temporaire à la civilisation à Cairns, "mes guêtres encore aux pieds, sans m'être lavée depuis des semaines".
De retour dans le bush, elle fait une rencontre surprenante avec Jonas, un jeune cycliste suisse qu'elle avait conseillé par mail avant son départ.
11.3 - Petits plaisirs et grande peur
L'aventurière nous dévoile ensuite ses petits plaisirs du quotidien, comme la dégustation minutieuse du nectar des fleurs de grevillea.
Cette partie de "Sauvage par nature" se termine sur une note qui fait froid dans le dos : des tirs mystérieux dans la nuit l’obligent à rester immobile jusqu'à l'aube. Le lendemain, elle découvre un campement de chasseurs de cochons sauvages, ce qui confirme ses craintes sur leur dangerosité : "Je vous l'avais bien dit, ils sont dangereux ces gars-là !" conclut-elle, avant de parcourir 33 kilomètres pour atteindre les chutes de Leichhardt.
11.4 - Serpent, poussière…
Dans cette dernière partie du chapitre 11 de "Sauvage par nature", Sarah Marquis nous plonge dans son périple à travers le Territoire du Nord australien. Quittant Burketown, la randonneuse s'engage dans une traversée exigeante de 483 kilomètres jusqu'à la prochaine communauté aborigène, soit plus de 16 jours de marche. Elle organise minutieusement ses ravitaillements, et demande à une amie de déposer un paquet de nourriture à mi-chemin, à Hells Gate.
Un matin du 29 août 2012, elle fait une rencontre stupéfiante : celle avec un python olive de près de 4 mètres. L'auteure décrit avec émerveillement la façon dont le serpent se dresse en forme de "Z", palpant l'air de sa langue. "Étrangement, je tombe en amour pour cette créature mystérieuse qui défie les lois du mouvement", écrit-elle, en se rappelant une fascination similaire lors de son expédition dix ans plus tôt.
Sarah Marquis poursuit sa route en territoire aborigène. Elle évite la communauté de Doomadgee. Une nuit, dissimulée sous un eucalyptus, elle entend des chevaux sauvages galoper avec frénésie et des aborigènes se bagarrer.
Sa solitude est interrompue par la rencontre d'un cow-boy au visage serein qui s'étonne de la voir seule dans le bush. Leur conversation révèle la sensibilité particulière de l'aventurière pour les détails infimes de la nature, comme sa curiosité envers un minuscule insecte gris jouant au mort.
Le long de sa route, elle doit relever des challenges quotidiens : trouver des points d'eau, éviter les serpents, supporter des températures avoisinant les 40°C. Un jour, elle découvre un green tree snake, actif en journée contrairement aux autres serpents australiens. Cette mésaventure lui rappelle l'importance d'être vigilante près des points d'eau, où la présence de grenouilles attire les serpents, qui à leur tour attirent les crocodiles.
11.5 - Le Nord sauvage
L'aventurière atteint les chutes de Leichhardt, un lieu impressionnant où se côtoient crocodiles marins et requins atteignant parfois 3,5 mètres. Elle y fait une rencontre touchante avec un chien noir portant un collier où il est écrit "Floraville". Ce moment de tendresse lui rappelle les massages qu'elle prodiguait à son fidèle D'Joe.
Dans sa progression à travers le Territoire du Nord, Sarah Marquis doit franchir des gués en restant vigilante. Elle dépeint comment les cow-boys d'autrefois utilisaient leurs fouets pour éloigner les crocodiles lors des traversées de rivières avec le bétail, une technique qui sauvait régulièrement des bêtes d'une mort certaine.
Son parcours la mène à Burketown, petit village de 200 habitants coincé entre les rivières Nicholson et Albert. C'est là qu'elle fait la connaissance de Peggy, une pêcheuse aveugle de 78 ans dont le courage et la joie de vivre l'inspirent profondément. Cette femme au corps fatigué mais aux yeux pleins d'étincelles de vie incarne pour l'auteure la résilience face aux épreuves.
Ce village isolé, menacé par les cyclones pendant la saison des pluies, devient le symbole d'une Australie en mutation : "L'Australie a tellement changé", observe Sarah Marquis, "il y a dix ans, on me considérait avec dégoût et incrédulité. Aujourd'hui on ne dit plus 'c'est impossible' à chaque fois que je raconte mon parcours... L'Australien s'est ouvert au monde pour le meilleur et pour le pire".
Chapitre 12. Australie du Sud
Une carte illustre le dernier tronçon du périple de Sarah Marquis en Australie, dessinant son parcours depuis Perth jusqu'à son "petit arbre" situé dans la plaine de Nullarbor, avec les coordonnées GPS précises de son point d'arrivée.
12.1 - Je passe par la case "docteur"
Bloquée à Perth par les pluies, Sarah Marquis fait face à un épuisement physique intense. Des analyses révèlent une carence en fer et une fatigue généralisée après deux ans et demi d'effort. Elle met en place un plan de récupération rigoureux : ostéopathie, massages et nutrition ciblée.
12.2 - Bibbulmun Track me revoilà
Après cet épisode de récupération, l'aventurière décide de repartir en suivant le Bibbulmun Track, un sentier de 1000 km qu'elle connaît bien.
"Je me réveille tôt, vers les 4 heures du matin, bien avant que le bush s’anime ; cela me permet de voir les kangourous qui s’extasient devant le lever du soleil, de surprendre dans les fourrés le blue wren. C’est un petit oiseau au pelage bleu turquoise. Je ne me lasse pas de voir, ou encore, plus important pour moi, de sentir la nature se réveiller. J’y puise l’énergie qui soigne mes blessures invisibles. Je veille à ce que ma marche s’accompagne de magnifiques rencontres animales. Ce qu’on néglige souvent, c’est l’aspect psychologique des choses, le lien entre le corps et l’esprit. Alors mes rencontres et la communion que j’ai avec la nature me nourrissent de manière différente. Soigner mon corps inclut aussi le psychique. (…) À toutes et à tous, je souhaite de faire un jour le Bibbulmun Track. Il n’y a pas de plus belle façon de découvrir ce pays."
12.3 - Un serpent et une plage turquoise
Un soir, elle rencontre un homme qui vit sur ce sentier. Il ne quitte ce sentier que pour voir son père et se ravitailler.
L'homme du sentier lui raconte une histoire étonnante : celle d'un serpent tigre occidental venimeux qu'il avait transporté à son insu dans son sac pendant trois jours après une nuit sur la plage de William Bay. Depuis, il ne dort plus qu'en tente.
Sarah poursuit son chemin jusqu'à Albany, où l'attend une surprise émouvante : la visite de sa mère, qu'elle n'a pas vue depuis plus de deux ans. Ensemble, elles partagent des moments précieux, ponctuées d'aventures cocasses comme le vol des biscuits de sa mère par un kangourou.
12.4 - Deux pieds, un manche…
En ce début d'hiver austral, Sarah Marquis brave des conditions météorologiques difficiles sur la côte sud.
Les pluies incessantes et le froid marin mettent son corps à rude épreuve et provoquent des crampes dues à l'humidité. La situation s'aggrave quand le manche de sa charrette se brise. Elle est forcée de poursuivre avec un seul manche sur près de 250 kilomètres.
À Esperance, épuisée, elle trouve refuge dans un motel où elle se remet pendant deux jours. L'aventurière fait ensuite réparer sa charrette par un soudeur, mais la modification des manches perturbe sa posture habituelle, ce qui lui cause des douleurs musculaires intenses : "J'ai l'impression que j'ai été passée à tabac", souffle-t-elle.
Le retour du soleil lui apporte un réconfort inespéré, dévoilant une explosion de couleurs dans le bush. Sarah retrouve avec émotion les eucalyptus salmonophloia, ces arbres au tronc cuivré qu'elle avait découverts dix ans plus tôt. Malgré ses muscles douloureux, elle persévère et s'encourage chaque matin : "Je vais y arriver ! Je vais y arriver !"
Les derniers kilomètres sont particulièrement éprouvants. Un cow-boy rencontré plus tôt dans son périple la retrouve et l'aide à terminer son parcours en lui apportant nourriture et soutien.
Dans un final intense, Sarah atteint enfin son "petit arbre", celui sous lequel elle avait dormi lors de son expédition de 2002-2003 avec son chien D'Joe. "Je suis de retour, darling", murmure-t-elle en touchant l'écorce, laissant couler ses larmes d'émotion.
L'aventurière conclut son récit par une réflexion touchante : "Dire qu'un jour j'ai juste osé rêver de ce moment !"
Cette phrase finale résume toute la portée de son extraordinaire voyage de trois ans à travers l'Asie et l'Australie.
Cahier photos
En fin d'ouvrage, Sarah Marquis partage un recueil de clichés capturés tout au long de son périple.
Ces photographies témoignent des paysages extraordinaires, des rencontres authentiques et des moments clés qui ont jalonné sa traversée de la Mongolie, du désert de Gobi, de la Chine, de la Sibérie, du Laos, de la Thaïlande et de l'Australie.
Elles nous font ainsi revivre le récit de l’aventure hors norme de Sarah Marquis et constituent une véritable mémoire visuelle de cette folle traversée en solo de l’Asie en marchant.
Conclusion de "Sauvage par nature | De Sibérie en Australie, 3 ans de marche extrême en solitaire" de Sarah Marquis
Les quatre leçons clés qu'il faut retenir du livre "Sauvage par nature"
Leçon n°1 : La solitude choisie est une porte d’accès formidable vers la liberté intérieure et la redécouverte de soi
Dans son périple extrême, Sarah Marquis fait de la solitude non pas une épreuve mais une alliée précieuse.
L'exploratrice décrit, en effet, comment, loin de la frénésie sociale, elle a progressivement atteint un état de connexion profonde avec elle-même. Cette solitude délibérée lui permet de développer une acuité sensorielle hors du commun, d'entendre à nouveau sa voix intérieure et de renouer avec ses instincts primitifs.
Ne confie-t-elle pas "Plus je m'éloigne, plus je vois" en introduction ? Une phrase qui résume à merveille comment la distance avec le monde civilisé lui apporte paradoxalement une vision plus claire de l’essentiel.
Idée clé n°2 : La nature nous enseigne l'adaptation constante comme clé de survie et d'épanouissement
À travers ses innombrables défis - des tempêtes apocalyptiques du désert de Gobi aux forêts tropicales du Laos - Sarah Marquis fait face à l’imprévu à chaque instant. Mais plutôt que de subir, elle s’adapte. Et nous montre finalement que l'adaptation permanente est sans doute la meilleure réponse à l'adversité.
Qu’il s’agisse de trouver de l'eau dans des steppes arides, de dormir dans des tuyaux d'évacuation pour se protéger, ou de modifier complètement son itinéraire face aux conditions climatiques extrêmes, chaque difficulté devient une leçon, un obstacle, que l'aventurière transforme en opportunité d'apprentissage.
Mais pour elle, cette capacité d’adaptation constante est bien plus qu’une simple nécessité de survie : c’est un état d’esprit. "La clé pour maintenir vivant son feu intérieur", dit-elle. Une philosophie qui dépasse largement le cadre de l’aventure extrême mais résonne aussi avec nos propres défis du quotidien.
Idée clé n°3 : Notre corps recèle de capacités insoupçonnées qui ne demandent qu'à être éveillées
Le récit de Sarah Marquis révèle comment le corps humain, soumis à des conditions extrêmes, peut développer des capacités extraordinaires. L'aventurière raconte sa faculté innée à s'orienter sans instruments, sa résistance progressive aux températures extrêmes (de -40°C en Mongolie à +50°C dans le désert australien), et sa capacité à reconnaître instinctivement les plantes comestibles ou médicinales. Ce réveil des facultés primitives s'accompagne d'une transformation profonde : "La nature est rentrée en moi... Je suis elle, elle fait partie de moi", affirme-t-elle, décrivant une fusion qui transcende la simple adaptation physique.
Idée clé n°4 : Le dépassement de soi n'est pas une destination mais un voyage continu
Tout au long de son périple, Sarah Marquis nous montre finalement que le véritable accomplissement ne réside pas dans l'atteinte d'un objectif final mais plutôt dans la persévérance quotidienne face aux épreuves. Que l’exploit ne réside pas dans l’arrivée, mais dans chaque pas qui y mène.
S’encourager à voix haute pour traverser une plaine d’argile sous 40°C, recommencer après deux échecs dans le désert du Gobi, finir son périple avec un manche de charrette cassé... autant d’exemples où la force mentale triomphe de l’épuisement physique.
Son mantra, "Je vais y arriver ! Je vais y arriver !" devient un cri de résilience applicable à toutes les épreuves de la vie.
Qu'est-ce que la lecture de "Sauvage par nature" vous apportera ?
"Sauvage par nature" va au-delà du simple récit d'aventure : c'est une véritable plongée dans l'essence même de notre humanité.
En effet, en suivant les pas de Sarah Marquis, vous redécouvrirez les capacités insoupçonnées que nous portons tous en nous, mais que la vie moderne a endormies. Ce livre vous inspirera à reconsidérer votre rapport au temps, à l'effort et à la nature. Vous apprendrez à reconnaître la valeur du silence, de la lenteur et de l'observation pour mieux faire face aux défis quotidiens.
À travers les difficultés surmontées par l'auteure, vous développerez une nouvelle perspective sur vos propres obstacles. Sarah Marquis vous transmet ses techniques de survie physique et mentale qui, transposées dans votre vie quotidienne, deviendront de précieux outils de résilience. Ce récit vous rappellera aussi l'importance d'écouter vos instincts et de faire confiance à votre corps, dans un monde où nous sommes souvent déconnectés de nos sensations premières.
Pourquoi lire "Sauvage par nature" de Sarah Marquis ?
"Sauvage par nature" est un récit d’aventure captivant, immersif, un concentré d’adrénaline, d’émotions brutes et de liberté !
Au fil des pages, vous embarquez aux côtés de Sarah Marquis pour un voyage hors normes : des milliers de kilomètres à pied, en solo, au cœur des paysages les plus reculés de la planète. Mais au-delà de l’exploit physique, c’est une expérience intérieure puissante que vous vivrez à ses côtés.
Car ce livre ne se contente pas de raconter un périple. Il agit comme un miroir de nos aspirations les plus profondes, de nos propres désirs d’évasion, de simplicité, de retour à l’essentiel. Il éveille en nous des questions profondes, parfois oubliées : qu’est-ce que la vraie liberté ? Jusqu’où suis-je capable d’aller ? Quelle est ma vraie place dans ce monde ?
En partageant son incroyable périple et son cheminement, Sarah Marquis nous inspire aussi à adopter une relation plus consciente et harmonieuse avec notre environnement. À réapprendre à écouter la nature, à renouer avec nos instincts, à ralentir, à observer… et à nous recentrer.
Je recommande particulièrement ce livre à ceux qui :
Cherchent un souffle d'inspiration pour dépasser leurs propres limites, qu'elles soient géographiques ou mentales.
Ressentent le besoin de renouer avec la nature sauvage qui sommeille en eux, de se reconnecter à eux-mêmes, à l’essentiel.
Sentent au fond d’eux un appel à la liberté, à l’aventure, à l’authenticité.
"Sauvage par nature" est un livre qu’on ne lit pas seulement. On le vit. Et il continue de marcher avec nous, longtemps après avoir tourné la dernière page.
Points forts :
Un témoignage brut et authentique d'une aventure extrême à travers des territoires rarement explorés.
Une réflexion profonde et inspirante sur la relation entre l'humain moderne et son environnement naturel.
Des leçons de survie et d'adaptation qui peuvent s'appliquer dans notre quotidien.
Une écriture immersive qui nous fait vivre chaque étape du périple avec une intensité rare.
Points faibles :
Certains passages peuvent paraître un peu répétitifs, notamment dans la description des difficultés quotidiennes.
L'aspect technique de la préparation et de l'équipement aurait pu être davantage développé pour les lecteurs intéressés par la pratique de la randonnée extrême.
Ma note :
★★★★★
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            	            	         ]]>Résumé de "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari : un livre accueillant et attachant pour comprendre quelles sont nos émotions, qui nous sommes et mieux agir au quotidien en acceptant nos sentiments et toutes ces bizarreries qui font que nous sommes tous humains.
Par Llaria Gaspari, 2023, 243 pages.
Titre original : Vita segreta delle emozioni (2021).
Chronique et résumé de "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari
Qui est Llaria Gaspari ?
Llaria Gaspari est une philosophe et écrivaine italienne, née en 1986 à Milan. Après avoir étudié la philosophie à l’École normale supérieure de Pise, elle poursuit ses recherches à l’Université Panthéon-Sorbonne de Paris, où elle se spécialise dans l’étude des passions et de la pensée du XVIᵉ siècle. Cette formation académique rigoureuse se retrouve dans son œuvre, qui mêle habilement réflexion philosophique et exploration des émotions humaines.
Son premier roman, Etica dell'acquario (2015), marque l’entrée de Llaria Gaspari dans le monde littéraire. Ce livre allie philosophie et intrigue policière, une combinaison originale qui interroge les rapports entre éthique et comportement humain. Elle enchaîne avec Lezioni di felicità (2019), une œuvre où elle aborde la quête du bonheur avec une perspective humoristique et une analyse philosophique fine, tout en plaçant l’humain au cœur de ses réflexions. En 2021, dans Vita segreta delle emozioni, elle s’intéresse davantage aux émotions, leur influence sur nos vies et comment elles façonnent notre existence.
Loin d'être une simple réflexion académique, son écriture se veut accessible à tous, cherchant à établir un lien entre la philosophie et les préoccupations quotidiennes. Son dernier ouvrage, Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs (2022), traduit parfaitement cette démarche. Elle y explore les subtilités des émotions humaines et offre des clés pour comprendre et apprivoiser ses propres sentiments dans un monde de plus en plus complexe.
Aujourd'hui, Llaria Gaspari divise son temps entre Rome et Paris, où elle enseigne la philosophie et l'écriture créative, tout en continuant à publier des ouvrages qui interpellent et nourrissent la réflexion des lecteurs modernes.
Nostalgie - L'émotion au passé morbide
"Le passé est une terre étrangère : on y fait les choses autrement qu’ici." (Leslie P. Hartley, citée dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)
Le terme "nostalgie" trouve son origine dans un contexte médical. Johannes Hofer, un médecin alsacien, l'utilise pour décrire une pathologie chez des jeunes soldats suisses qui, après avoir quitté leur patrie, développent une tristesse liée à leur éloignement. La nostalgie, un désir ardent de retour chez soi, est différente du simple mal du pays. Le terme implique un désir inaccessibile, un souhait de retour dénué de possibilité, une souffrance émotionnelle liée à l'impossibilité de revenir.
L'autrice évoque une période de sa jeunesse lorsqu'elle se rend en Allemagne pour poursuivre ses études. Au début de son séjour, elle fait l'expérience de la solitude ; un mois passé sans interaction, où seule la compagnie d'un étudiant coréen lui permet de sortir de l'isolement. Ce mois d'attente, au milieu de paysages monotones et d'un quotidien ennuyeux, fait naître en elle un fort désir de retour, un besoin désespéré de retrouver sa maison et ses proches. Cet appel du passé est pour elle une forme de nostalgie, qu'elle décrit comme une émotion déchirante et réconfortante à la fois.
Malgré ses difficultés initiales, Llaria Gaspari finit par s'adapter à la vie allemande, par apprendre la langue et par trouver une forme de bonheur. Cependant, l'ombre de cette nostalgie, liée au désir de retourner chez elle, ne la quitte jamais complètement. Elle se souvient de ses soirées solitaires, pleurant sur la mer et la distance. Ces moments d'isolement sont devenus pour elle une référence de la nostalgie pure, une souffrance qui rend tout souvenir encore plus précieux.
Llaria Gaspari établit un lien entre la nostalgie et les mythes antiques, en particulier celui d'Ulysse, dont le désir de retourner chez lui, à Ithaque, est une figure de la nostalgie par excellence. Même sur une île enchantée, entouré de confort et d'immortalité avec la nymphe Calypso, Ulysse ressent une douleur profonde, un besoin irrésistible de revenir à sa terre natale. Cette idée de la nostalgie comme une quête impossible mais nécessaire pour l'intégrité humaine est au cœur de la réflexion sur cette émotion.
La nostalgie est une maladie à la fois moderne et ancienne. Elle existe depuis longtemps et a été explorée par des écrivains et des philosophes à travers l'histoire. Elle peut être une souffrance intime, incommunicable, car chacun la vit différemment.
Regret et remords, ou : j'avoue que j'ai vécu
Llaria Gaspari évoque ensuite son trouble neurologique, l’amusie, qui l'empêche de pleinement ressentir la musique. Ce handicap influence son lien avec les mots et la poésie. Son désir de comprendre la musique se heurte à cette incapacité de saisir et de mémoriser les mélodies.
Elle raconte aussi un souvenir d'enfance où, à 9 ans, elle apprend un poème de Giuseppe Ungaretti sur Mohammed Scheab, un jeune homme solitaire et apatride. Ce poème, qu'elle mémorise, évoque des thèmes de solitude, de regret et de perte, des émotions qu'elle commence à comprendre avec le temps.
Le regret, selon la philosophe, est une émotion liée à la prise de conscience du temps qui passe et des occasions perdues. Il diffère de la nostalgie, qui est associée à la perte de lieux, tandis que le regret concerne les choix manqués et les erreurs commises.
Pour ressentir le regret pleinement, il faut avoir vécu et avoir perdu, car cette émotion naît de la confrontation avec des décisions non prises et les conséquences des choix passés. Le regret, contrairement au remords, est lié à l'acceptation de la perte, alors que le remords reflète la volonté de réparer une faute.
Llaria Gaspari explique comment le regret se transforme à mesure qu'on vieillit, et comment la jeunesse, protégée par son insouciance, ignore cette douleur. Elle raconte une expérience personnelle d'enfance où elle pleure dans le confessionnal, mais sans encore éprouver de remords, ce qui lui semble étrange aujourd'hui.
Elle illustre son propos avec l'exemple de son dernier amour perdu, où le regret de ce qui n'a pas été vécu émerge. Llaria Gaspari reconnaît que la vie implique des choix qui se font au détriment d'autres possibles, et que le regret est une conséquence inévitable de ce processus.
Elle conclut en expliquant que la littérature, la philosophie et l'humanisme trouvent leur origine dans cette recherche de sens autour des émotions humaines universelles, telles que le regret et le remords. Ces émotions, bien que profondément intimes et solitaires, révèlent notre humanité partagée.
L'angoisse est une question
"L’homme ne sait pas se mesurer ; ses miroirs sont déformants ; Ses Arcadies les plus vertes pullulent de spectres, Ses utopies cherchent la jeunesse éternelle, Ou l’autodestruction." (H. W. Auden, cité dans Petit manuel philosophique à destination des grands émotifs)
Dans ce chapitre, Llaria Gaspari partage son expérience de l’angoisse, un trouble qu’elle vit depuis l’enfance et qui a profondément affecté sa vie, notamment son incapacité à passer l'examen du permis de conduire malgré plusieurs tentatives.
L’angoisse, pour elle, est un compagnon constant, et cette émotion s'est manifestée dès ses cinq ans sous la forme d’une douleur thoracique inexpliquée. Ce premier épisode marquera le début d’une relation intime et conflictuelle avec l’angoisse. L'autrice admet que cette émotion, bien qu'incommodante, lui a aussi permis de faire face à des situations difficiles.
Elle décrit comment l’angoisse se traduit physiquement par des symptômes comme la sensation d’étouffement et une peur intense sans objet précis. L’angoisse est différente de la peur, qui est une réaction immédiate à un danger réel. L’angoisse, elle, est diffuse, constante et envahit l’esprit, devenant un fardeau invisible que l’on porte constamment, tout en étant difficile à comprendre pour ceux qui ne la vivent pas.
Cette réalité est partagée par les héros tragiques comme Électre, qui, dans la tragédie de Sophocle, incarne parfaitement le poids de l’angoisse par ses lamentations incessantes et ses tourments intérieurs.
L'écrivaine fait également référence à d'autres symptômes tels que l’insomnie et les palpitations. Elle relie l’angoisse à un conflit intérieur. Le chœur d’Électre, par ses reproches, rappelle l’incompréhension sociale face à l’angoisse, une émotion qui reste souvent invisible et incomprise.
Llaria Gaspari continue en explorant les racines historiques de l'angoisse. Les anciens pensaient déjà que l’anxiété était liée à un excès d’imagination ou de mélancolie. À travers les siècles, l’angoisse a été traitée de différentes manières, depuis les remèdes antiques comme l’opium et la mandragore, jusqu'aux découvertes modernes en psychiatrie.
Freud, qui a reconnu l’angoisse comme un symptôme lié à des conflits inconscients, a souligné l’importance de comprendre et d’accepter ces émotions pour mieux les traiter. L’autrice lui rend hommage en soulignant que l’angoisse, bien que difficile à vivre, a aussi joué un rôle catalyseur dans sa vie, la poussant à écrire et à se confronter à ses propres peurs.
Elle finit par réfléchir à la manière dont la société moderne traite l’angoisse, souvent en cherchant à la supprimer plutôt qu’à l’écouter. Selon elle, il est crucial de prendre au sérieux cette émotion et de comprendre ce qu’elle cherche à nous dire. Il est capital, notamment, d'accepter notre propre imperfection et d’écouter notre anxiété pour mieux la comprendre, plutôt que de chercher immédiatement à la neutraliser.
Pour Llaria Gaspari, la véritable guérison passe par l'acceptation de cette émotion, en la transformant en un moyen de grandir et de mieux comprendre le monde. L'écriture devient ainsi un moyen d’exorciser l’angoisse, de lui donner une forme et une voix, pour mieux coexister avec elle et se réinventer.
Compassion, ou : se découvrir humains
La philosophe explore maintenant l'expérience de la compassion. C'est une émotion complexe qui n'est pas nécessairement altruiste. Pour illustrer sa pensée, elle raconte une nouvelle expérience personnelle vécue en 2016 lors d'un tremblement de terre en Italie, après lequel elle décide de donner son sang en signe de solidarité, alors que la vue du sang la bouleverse profondément.
Cette action est motivée par la proximité d’une tragédie, mais elle commence à se demander si son geste était vraiment empreint de compassion ou si c’était simplement une manière de se sentir impliquée sans comprendre véritablement la souffrance des autres…
Llaria Gaspari revient sur l’étymologie du mot "compassion", qui signifie "souffrir avec". Elle note que la souffrance semble plus facilement partagée que la joie, et se demande si cet acte d'ajouter sa propre douleur à celle d'autrui permet vraiment d’alléger la souffrance ou s'il s'agit plutôt d'une appropriation narcissique de la douleur d’un autre.
Cette réflexion la mène à une analyse plus profonde sur la nature de la compassion. Selon elle, celle-ci peut être une émotion égoïste qui cherche à se libérer de l'angoisse personnelle en projetant cette souffrance sur autrui.
L’autrice évoque aussi le philosophe Voltaire, qui, après le tremblement de terre de Lisbonne, critique l'optimisme théologique en questionnant la bonté d’un monde où de telles tragédies se produisent. Elle mentionne également Lucrèce, qui compare la compassion à l'observation d'un naufrage, soulignant combien il est facile de contempler la souffrance d’autrui sans y participer activement. La compassion, dans ce sens, est une réaction complexe et parfois paradoxale, entre détachement et implication.
Mais un tournant dans sa pensée se produit lorsqu'elle rencontre une jeune femme pendant un atelier d’écriture. Celle-ci garde une paire de chaussures qu'elle a portées lors de l'événement tragique. Cette image de la souffrance vécue en première personne la touche profondément. C'est à ce moment qu'elle ressent véritablement de la compassion, non comme un acte superflu ou égoïste, mais comme une reconnaissance sincère de la douleur de l'autre.
Elle conclut que la compassion, bien qu’elle ait des aspects difficiles et parfois égoïstes, est un moyen de reconnaître notre vulnérabilité commune. Elle cite Spinoza et d'autres philosophes pour montrer que cette émotion, loin d'être pure, est liée à la conscience de notre propre fragilité humaine, et qu’elle peut nous rapprocher de l’autre, dans un geste de solidarité véritable.
Antipathie, l'émotion inconfessable
"Nos expériences nous marquent ; nos antipathies nous précèdent." (Leo Longanesi, cité dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)
La notion d'antipathie est comparée à la façon dont les chiens interagissent entre eux. Lors de ses promenades avec son chien, elle observe comment les chiens se rencontrent, se reniflent et déterminent instantanément s'ils s'apprécient ou se détestent, sans aucune ambiguïté.
Ces rencontres canines, simples et directes, contrastent avec la complexité des relations humaines où l'antipathie, souvent perçue comme un défaut, est difficile à accepter. Elle souligne qu'en tant qu'humains, nous devons composer avec des émotions plus nuancées, comme la culpabilité, lorsque nous ressentons de l'antipathie envers quelqu'un, et que cette émotion est difficile à accepter ou à justifier.
L'autrice confesse qu'elle éprouve de l'antipathie envers certaines personnes, souvent dès la première rencontre, et qu'elle se sent coupable de ces jugements instantanés. Plutôt que de simplement accepter cette antipathie, elle tente de la réprimer en compensant par une gentillesse excessive, ce qui entraîne des déceptions.
Mais elle remarque que l'antipathie, lorsqu'elle est ignorée ou réprimée, peut devenir plus forte et contre-productive. Elle en vient alors à la conclusion qu'il est plus sain de reconnaître et d'accepter l'antipathie, sans chercher à la justifier ni à la réprimer. L'autrice plaide pour un rapport plus conscient avec cette émotion : il faut prendre le temps de comprendre pourquoi certaines personnes provoquent en nous de l'antipathie, sans chercher à se convaincre que c'est injustifié.
Elle s'appuie sur les travaux de Spinoza, qui affirme que les émotions ne se soumettent pas à la raison, et explique que l'antipathie est une émotion "naturelle", immédiate et instinctive. Llaria Gaspari cite également l'Encyclopédie, où d'Alembert parle de l'antipathie comme d'une "inimitié naturelle" et mentionne des exemples d'animaux ou de phénomènes naturels, comme l'aversion instinctive entre certains animaux.
Elle souligne que l'antipathie est souvent inévitable et qu'elle peut être projetée sur tout et tout le monde, indépendamment des actions ou comportements de l'autre.
L'autrice conclut que l'antipathie n'est pas nécessairement négative et peut être un moteur pour la fiction. Elle évoque la littérature, qui nous permet de vivre les antipathies sans conséquences sociales, en nous offrant une catharsis. Les personnages de romans, même antipathiques, sont une invitation à accepter cette émotion et à comprendre nos propres défauts humains.
Enfin, elle suggère que l'antipathie, loin de signifier un échec, peut nous enseigner à mieux comprendre la nature humaine et à accepter nos propres faiblesses sans chercher à les cacher. Accepter la possibilité de paraître antipathique est, selon elle, un signe de maturité, et elle l'attribue en partie à son expérience de l'écriture et de la littérature.
Colère funeste ou colère importune ?
Llaria Gaspari rappelle la célèbre colère d'Achille dans L'Iliade. Elle commence par la description de la colère comme premier mot de la littérature grecque, soulignant son rôle central dans le récit homérique. Achille, le héros de l’Iliade, incarne une colère primordiale qui se déclenche lorsqu’Agamemnon lui prend Briséis, son trésor de guerre et esclave préférée. Cette colère, démesurée et obstinée, refuse de se laisser dompter par la raison.
Pour Achille, sa rage est justifiée par l’honneur personnel. Il refuse de reprendre les armes, peu importe les conséquences. Cette « colère juste » relève d’une société antique fondée sur la honte, où l’honneur se gagne et se défend publiquement, à travers la reconnaissance des autres, et non par la culpabilité intérieure qui caractérise nos sociétés modernes.
L’autrice compare la colère d’Achille à d’autres exemples dans la littérature et la culture. Par exemple l'Ajax de Sophocle, qui incarne une rage incontrôlable et irrationnelle. Ajax, privé des armes d’Achille, sombre dans la folie et massacre un troupeau de brebis, croyant tuer ses ennemis. Sa colère le conduit à un acte irrationnel et grotesque, illustrant le côté destructeur de celle-ci quand elle se tourne en folie. Ce thème apparaît également dans la Bible, où même Dieu, dans l'Ancien Testament, est pris de colère.
L'expression moderne de la colère est différente. Freud, par exemple, analyse la colère à travers la statue de Moïse de Michel-Ange, soulignant l'effort intérieur de maîtriser cette émotion. Ce contrôle de soi est vu comme un combat pour ne pas laisser exploser la rage. C'est d'ailleurs un thème qui résonne dans la réflexion de Sénèque sur la colère et la manière de la réprimer dans sa philosophie stoïque.
En parallèle, l’autrice relate ses propres expériences de colère, montrant comment elle peine à l’exprimer de manière appropriée. Elle compare sa propre incapacité à se mettre en colère avec l’expérience d’Achille, soulignant sa difficulté à faire valoir ses droits et à se défendre face à l’injustice.
Elle décrit des situations où sa colère aurait été justifiée, comme face à des agressions sexuelles ou des comportements inappropriés, mais où elle a préféré la réprimer. Cela montre une difficulté profonde à accepter l’expression de la colère, souvent liée à la honte et à la peur du jugement social. Elle évoque un événement où, en défendant une amie accusée à tort, elle a finalement manifesté sa rage, mais de manière maladroite.
Llaria Gaspari conclut en se demandant si elle pourra un jour pleinement s'autoriser à exprimer sa colère. Elle reconnaît que sa tendance à réprimer cette émotion se fait au détriment de son bien-être. Elle se questionne sur sa propre incapacité à s'emporter et considère qu'elle est liée à un manque de confiance en elle et à une peur intérieure. Elle ajoute que la société réprime généralement davantage la colère des femmes que celle des hommes.
Envie : l'œil et le mauvais œil
L'écrivaine évoque son enfance, qui était marquée par une peur étrange et irrationnelle de l'envie, qu'elle associait à un malheur imminent. Aujourd'hui, elle note que cette crainte reproduisait l'histoire d'Andromède, enchaînée à un rocher par les dieux, après que sa mère se soit vantée de sa beauté.
De même, Llaria Gaspari, enfant, croyait que les compliments pouvaient attirer l'envie divine et avait créé une sorte de superstition autour de cette émotion. Sa peur de l'envie se manifestait par une réticence à accepter les compliments, qu'elle percevait comme une menace.
Bien qu'elle soit consciente de son propre comportement névrosé et superstitieux, elle explique que l'envie est souvent liée à un désir de nuire à autrui pour des raisons personnelles et inconscientes. Ce regard porté sur l'autre, parfois déguisé en admiration, doit être considéré avec méfiance. Dans La Belle au bois dormant, par exemple, la faute des parents de la princesse, qui négligent d'inviter la méchante fée, leur coûte cher.
Le mot envie provient du latin "invidere", signifiant "regarder avec animosité". Ce regard, rempli de désir et de haine, est comparé à une forme de magie, qui a le pouvoir de détruire par l'acte d'observer. D'ailleurs, ce concept se retrouve dans de nombreuses cultures sous la forme du "mauvais œil".
Elle souligne également que l'envie est l'opposée de la félicité : alors que la félicité est fertile, expansive et bienveillante, l'envie est asséchante et destructrice. Elle crée une souffrance gratuite chez l'envieux, qui se compare constamment aux autres et se voit comme une victime injustement exclue de certains privilèges. En outre, cette souffrance est inutile, car même si l'envieux obtenait ce qu'il désirait, il resterait insatisfait, pris dans un cycle d'auto-dénigrement et de ressentiment.
Mais quel est son propre rapport à l'envie ? Elle se souvient de son enfance, où elle se sentait différente, exclue des jeux et des plaisirs de ses camarades en raison de la manière dont elle avait été éduquée. Elle décrit un paradoxe dans sa vie : bien qu'elle ait été épargnée de nombreux désirs matérialistes, une part d'elle-même était secrètement envieuse.
Cette dualité, entre son orgueil et ses désirs réprimés, l'a conduite à ne pas comprendre l'envie chez les autres, mais aussi à rejeter l'idée de l'éprouver elle-même. C'est seulement en rencontrant les écrits de Melanie Klein, psychanalyste qui a étudié l'envie chez les enfants, qu'elle a pris conscience de l'aspect humain et universel de l'envie.
Klein explique que l'envie n'est pas un péché ou une défaillance, mais une émotion naturelle. Cette reconnaissance de l'envie comme une partie intégrante de l'expérience humaine permet à Llaria Gaspari de comprendre que l'envie est partagée par tous, y compris par ceux qui la refoulent ou la projettent. En grandissant, elle a appris que l'envie ne venait pas seulement de la comparaison, mais aussi du manque de confiance en soi, un aspect qui, paradoxalement, alimentait cette émotion.
Jalousie, paradoxe et supplice
"La mémoire est la tourmenteuse des jaloux." (Victor Hugo, cité dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)
Llaria Gaspari admet d’abord qu’elle a menti pendant des années en niant sa jalousie. Cette émotion, qu’elle réprouvait profondément, est pourtant au cœur de son récit. Lors d’une interview, elle évoque un souvenir d’enfance marquant : un caprice lié à sa fourrure rose, symbole de son désir d’être aimée et de son besoin de se faire remarquer.
Ce souvenir révèle un moment où elle a cherché à imposer sa volonté contre l’ordre des adultes, un comportement enfantin dicté par un orgueil démesuré, mais aussi par l’émotion de la jalousie, née du changement dans sa vie après la naissance de sa sœur.
Elle remarque que ce souvenir de la fourrure rose symbolise un sentiment de jalousie, un besoin d’attirer l’attention dans un contexte où l’autonomie et l’amour étaient désormais partagés avec sa sœur. Ce caprice, bien que comique et anodin, est perçu par l'autrice comme une réaction jalouse face à l’arrivée d'un rival, une forme de possession infantile et possessive.
La souffrance du jaloux est liée à une idée de l’insécurité et de l’incertitude quant à l’amour de l’autre. Elle cite le personnage d’Othello, dont la jalousie, exacerbée par les manipulations de Lago, le conduit à tuer sa femme, Desdémone, malgré son amour sincère. La jalousie, en effet, fait naître des doutes constants et des souffrances profondes, alimentées par des soupçons et des failles émotionnelles.
Cette émotion est souvent exacerbée par l’idée de la perte d’affection, ainsi que par la peur de l’abandon. Elle est alimentée par des fantasmes et des peurs irrationnelles.
Llaria Gaspari évoque aussi la "jalousie rétrospective", une forme de jalousie basée sur des spéculations sur le passé amoureux, nourrie par des doutes et des inquiétudes sans fondement concret.
Le philosophe Spinoza affirme que la vertu elle-même est une forme de béatitude, et que la véritable récompense ne réside pas dans l’attente d’une validation extérieure, mais dans l’acceptation des émotions humaines, y compris la jalousie.
La clé pour surmonter cette émotion est donc de la reconnaître, d’accepter nos faiblesses et de se tourner vers la gratitude et l’émerveillement, afin de s’ouvrir à une vie plus pleine et moins dominée par les passions négatives. La jalousie, comme d’autres émotions, est humaine et inévitable, mais elle ne doit pas définir notre relation à soi et aux autres.
Émerveillement, ici naît la philosophie
Llaria Gaspari se questionne sur l'impact de la technologie : amenuise-t-elle notre capacité à éprouver de l'émerveillement ? En grandissant dans les années 90, elle a vécu une époque où la communication était marquée par des surprises, comme les appels téléphoniques inattendus ou les photos argentiques qui prenaient plusieurs jours à être développées. Souvent, cette attente provoquait l'émerveillement.
Aujourd'hui, avec la domination des smartphones et des applications, ces moments de surprise se sont raréfiés. Les téléphones mobiles, par exemple, ont transformé la manière dont nous communiquons, au point que les appels impromptus sont presque devenus inexistants.
Ce changement a aussi engendré ce que l'on appelle la "ringxiety" (contraction de ring, sonner, et anxiety, angoisse), une angoisse d'entendre son téléphone sonner, même quand il est en mode silencieux !
Tout comme pour les appels téléphoniques, la photographie a évolué. À l'époque analogique, l'attente de découvrir les photos prises offrait un moment de surprise, où l’on découvrait des détails et des perspectives inconnues sur soi-même et les autres. Aujourd'hui, avec la photographie numérique, nous avons instantanément accès à l'image, sans surprise, et nous avons la possibilité de supprimer les photos qui ne nous conviennent pas.
Ce contrôle sur notre image nous éloigne également de l'émerveillement, car nous avons perdu la spontanéité du moment capturé. Les selfies, en particulier, montrent notre désir de maîtriser la perception qu'ont les autres de nous et d’éliminer tout ce qui pourrait être inattendu.
La technologie, en apportant des solutions pratiques et une immédiateté d'accès à l'information et à la communication, a donc modifié notre rapport à la surprise et à l'émerveillement. Toutefois, malgré ces changements, la capacité à s'émerveiller reste essentielle à notre bien-être et à notre développement intellectuel et émotionnel.
Elle évoque en particulier Descartes, qui considérait l'émerveillement comme la première des passions, celle qui pousse à la recherche et à la philosophie, et qui nourrit la curiosité humaine.
L’autrice cite également Aristote et Platon, pour qui l’émerveillement était la source de la philosophie, la force motrice de la quête de compréhension du monde. Cette notion est renforcée par Schopenhauer, qui souligne que seul l'homme, parmi tous les êtres vivants, éprouve une forme de stupeur face à sa propre existence, un processus qui mène à la réflexion métaphysique.
L'émerveillement est un retour à l'étonnement enfantin, un regard neuf sur le monde, et une ouverture à l'inconnu. Pour préserver l'émerveillement, il est crucial de rester vulnérable et ouvert à l'inattendu. L’émerveillement, loin d’être une naïveté, est un état essentiel pour la philosophie, la réflexion, et la vie elle-même.
« Bonheur atteint, par toi / On marche sur le fil d'une lame »
Llaria Gaspari raconte qu'elle a passé une nuit seule dans un hôtel de sa propre ville, un luxe qu'elle s'accorde rarement. Elle décrit ce moment comme un moyen de se retirer du monde et de réfléchir sur le bonheur.
Alors qu’elle écrit sur ce thème, elle se remémore la pandémie qui a paralysé le monde et éveillé en elle un sentiment de culpabilité, comme si penser au bonheur était égoïste en période de souffrance collective. Mais elle finit par se libérer de cette culpabilité et accepte l'idée que le bonheur n'est pas un privilège à expier mais une vocation humaine, une quête légitime.
Elle évoque le bonheur selon les Grecs. Ceux-ci le définissaient comme une vertu, une quête d’autonomie et de connaissance de soi. Le bonheur n'est pas un moment fugace mais un parcours qui inclut aussi les souffrances.
Elle cite Épicure et Socrate qui soulignaient que le bonheur demande de rester fidèle à soi-même, de ne pas se trahir, et de se connaître. Elle fait également référence aux travaux de Jean Rouch et Edgar Morin, qui en 1960 ont filmé des Parisiens en leur posant la question "Êtes-vous heureux ?", pour immortaliser un instant de bonheur.
Le bonheur, selon la philosophe, n'est pas un idéal abstrait ou un moment figé, mais une expérience qui se construit au fil du temps. Elle critique la tendance moderne à associer le bonheur à des moments parfaits et à les immortaliser sur les réseaux sociaux, soulignant que ce processus peut, en réalité, nous en éloigner.
Elle fait le parallèle avec sa propre enfance, où elle a cherché à capturer chaque instant parfait avec un appareil photo, mais où elle a également compris que les souvenirs ne sont pas simplement des images, mais des expériences vécues et ressenties profondément.
Llaria Gaspari conclut que le bonheur n’est pas un caprice ou une illusion, mais une forme de sagesse qui repose sur la compréhension de soi et de la vie. Elle souligne l'importance de vivre pleinement chaque moment, sans chercher à tout contrôler ni à le retenir, mais en appréciant ce que la vie a à offrir, y compris les moments de tristesse, car ils font aussi partie du voyage vers le bonheur.
Gratitude, la sensation d'être au monde
"Bienfaiteur : personne qui entreprend d’acquérir de grandes quantités d’ingratitude, sans se soucier réellement du prix, lequel reste néanmoins à la portée de chacun." (Ambrose Bierce, cité dans Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs)
Durant son enfance, l'écrivaine avait un rêve : recevoir un chien en cadeau. Ce désir, inspiré d'une scène de La Belle et le Clochard, l'a poursuivi pendant des années. Puis, à sept ans, lors de vacances dans les Apennins, elle rencontre un chien errant qui la fascine. Il est soigné par son père, et, touchée par cette scène de bonté, elle espère l’adopter.
Mais, après un court moment de bonheur, le chien disparaît, et son rêve se brise. Les années passent, et bien que ses parents lui offrent d’autres animaux, le désir d’un chien reste intact. Cependant, elle se résigne progressivement à l’idée que ce rêve ne se réalisera jamais.
Beaucoup plus tard, elle décide de franchir le pas et d’adopter un chien. Avec l’aide de son fiancé, elle se rend dans un chenil à Rome, où elle rencontre un chien nommé Stanislao, un petit chien blond au regard triste. Ils l’adoptent, et le chien, bien qu’effrayé par le passé, commence à leur accorder sa confiance.
Touchée par ce chien maltraité, Llaria Gaspari comprend la différence entre le fantasme d’un chien idéal et la réalité d’une adoption pleine d’incertitudes et de peurs.
Rebaptisé Emilio, ce chien devient une métaphore de l’amour et de la gratitude. Au début, Emilio craint tout : les balais, les bruits, l’isolement. Mais peu à peu, il se laisse apprivoiser et, avec patience et amour, il développe une relation de confiance avec l’autrice et son fiancé. L’expérience lui enseigne à accepter l’amour sans réserve, à dépasser ses peurs et à accepter ce qu’il reçoit sans culpabilité.
Il n'est pas toujours facile d’accepter l’aide des autres et de reconnaître les bienfaits qu’on reçoit. Llaria Gaspari elle-même cesse peu à peu de se sentir indigne d’être aimée et apprend à recevoir sans culpabilité. Elle cite plusieurs philosophes pour souligner que la gratitude est la clé d’une relation authentique, basée sur l’échange, la reconnaissance mutuelle et la compréhension de soi-même.
Llaria Gaspari termine en affirmant que la gratitude et l’amour, bien que complexes et souvent entravés par des barrières intérieures, sont essentiels à l’épanouissement humain. Elle réalise que la véritable relation est celle qui se nourrit de confiance et d’acceptation.
L’amour véritable ne se mesure pas, ne se négocie pas, mais se vit pleinement.
Conclusion sur "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari :
Ce qu'il faut retenir de "Petit manuel de philosophie à l'intention des grands émotifs" de Llaria Gaspari :
Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs de Llaria Gaspari est un véritable guide pour ceux qui cherchent à comprendre, maîtriser et apprécier la richesse des émotions humaines. Dans cet ouvrage, l’autrice nous invite à un voyage à la fois intellectuel et introspectif, en explorant avec finesse les concepts de la philosophie des émotions tout en apportant des réponses concrètes aux défis quotidiens que posent nos sentiments.
À travers des réflexions inspirées des grands penseurs de l’histoire, Llaria Gaspari aborde la complexité des émotions, telles que la tristesse, la joie, la colère ou l’angoisse, en les démystifiant et en les inscrivant dans un cadre philosophique accessible. Ce manuel se distingue par sa capacité à rendre les idées philosophiques à la fois claires et appliquées, tout en utilisant des exemples simples tirés de la vie quotidienne pour illustrer ses propos.
La philosophe nous propose des outils pour mieux gérer nos sentiments et les intégrer de manière constructive dans nos vies. Elle nous pousse à cultiver une forme de sagesse émotionnelle, qui permet de mieux comprendre nos réactions et d’apprendre à vivre avec elles de façon harmonieuse.
Bref, ce livre est donc un véritable petit trésor pour ceux et celles qui souhaitent allier philosophie et développement personnel. Que vous soyez en quête de sérénité, de compréhension ou simplement d’un éclairage philosophique sur vos émotions, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs est une lecture indispensable.
Avec son style clair et engageant, il permet à chacun de mieux se connaître et de naviguer avec plus de sagesse dans le monde des émotions. Un ouvrage à mettre absolument entre les mains de tous ceux et celles qui souhaitent vivre plus pleinement et sereinement !
Points forts :
Llaria Gaspari explique des concepts philosophiques complexes de manière simple et claire ;
Le livre offre des outils pratiques pour mieux comprendre et gérer ses émotions ;
Il encourage une gestion sage des émotions pour vivre plus harmonieusement ;
Le livre est fluide et facile à lire, même pour ceux qui ne sont pas familiers avec la philosophie.
Points faibles :
Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs est un très beau livre. Je n’ai pas trouvé de défauts !
Ma note :
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            	            	         ]]>Résumé de "La désobéissance civile" de Henry David Thoreau : dans ce manifeste qui traite des rapports entre l'individu et l'État, le philosophe naturaliste Henry David Thoreau pose les fondements de la désobéissance civile comme acte de résistance morale face à un gouvernement injuste. Il défend ainsi le droit et le devoir de désobéir aux lois infondées ou abusives au nom de la liberté de conscience.
Par Henry David Thoreau, 1ère édition 1849 (sous le titre original "Resistance to Civil Government"), cette réédition date de 2022, 60 pages.
Titre original : "On the Duty of Civil Disobedience"
Chronique et résumé de "La désobéissance civile" de Henry David Thoreau
"La désobéissance civile" est un court essai philosophique et politique du philosophe américain Henry David Thoreau. Dans cet ouvrage, l’auteur partage sa réflexion sur le rapport entre l'individu et l'État, notamment à travers le prisme de la désobéissance civile comme acte moral face à un gouvernement injuste.
L’ouvrage ne comporte ni chapitre ni partie, mais pour le résumer, nous le découperons en 5 sections. Ce découpage suit la progression logique de l'argumentation d’Henry David Thoreau, depuis sa vision critique du gouvernement jusqu'à celle d'un État idéal.
Dans la première partie de "La désobéissance civile", Henry David Thoreau expose sa vision critique du gouvernement et imagine un État idéal.
Il commence par affirmer son adhésion à la maxime selon laquelle "le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins", allant même jusqu'à suggérer qu'un gouvernement qui ne gouvernerait pas du tout serait l'idéal. Pour lui, le gouvernement n'est qu'un outil, une simple "utilité" qu’il juge souvent inefficace.
Henry David Thoreau émet trois critiques majeures à l’encontre des gouvernements :
L'abus de pouvoir : le gouvernement, censé être un intermédiaire au service du peuple, est, selon lui, facilement détourné de sa mission (Thoreau prend pour exemple la guerre du Mexique, qu’il considère comme une dérive autoritaire).
Le manque d'initiative : le philosophe reproche au gouvernement de ne jamais être à l’origine du progrès, se contentant de réagir au lieu d’agir.
L'obstruction au progrès : enfin, selon Henry David Thoreau, le gouvernement met souvent des "bâtons dans les roues" au développement naturel en imposant des obstacles inutiles.
Néanmoins, Henry David Thoreau ne se revendique pas anarchiste. En effet, il ne réclame pas la disparition du gouvernement, mais plaide plutôt pour "un meilleur gouvernement"., plus juste et en harmonie avec les principes moraux.
Le philosophe termine en appelant chaque citoyen à réfléchir au type de gouvernement qui mérite véritablement son respect. Il incite ainsi à une participation active et réfléchie à la vie civique.
2.1 - Discussion sur le devoir de l'individu envers sa conscience vs envers l'État
Dans la suite de son argumentaire, Henry David Thoreau approfondit la relation entre l'individu et l'État, en particulier sur la question de la conscience morale face à l'autorité.
L'auteur commence par remettre en question le principe de la règle de la majorité. Selon lui, ce système n'est pas fondé sur la justice mais sur la simple force du nombre. La vraie question, écrit-il, est de savoir s’il ne pourrait pas plutôt exister un gouvernement dans lequel "ce ne seraient pas les majorités qui trancheraient du bien ou du mal, mais la conscience".
Car Henry David Thoreau croit en un principe qu’il juge fondamental : l'homme doit être guidé par sa conscience même si cela implique de s’opposer à l’autorité établie. Pour lui, cette responsabilité morale prime sur toute obligation envers l’État.
2.2 - Critique de la soumission aveugle à l'autorité
Pour illustrer sa réflexion quant au devoir de chacun qui devrait être guidé par sa conscience plutôt que par l’État, l’auteur de "La désobéissance civile" critique vivement le comportement des militaires qui agissent contre leur conscience. Il les assimile à des "machines avec leur corps".
Aussi, le philosophe distingue trois types de serviteurs de l'État :
Ceux qui servent avec leur corps (soldats, policiers).
Ceux qui servent avec leur intellect (législateurs, fonctionnaires).
Une élite qui sert avec sa conscience et finit souvent par résister à l'État.
Il conclut en observant que paradoxalement, "celui qui se voue corps et âme à ses semblables passe à leurs yeux pour un bon à rien, un égoïste, mais celui qui ne leur voue qu’une parcelle de lui-même est salué des titres de bienfaiteur et philanthrope."
Dans la suite de son ouvrage "La désobéissance civile", Henry David Thoreau développe une réflexion sur la résistance face à l'injustice, particulièrement dans le contexte de l'esclavage et de la guerre du Mexique, deux enjeux majeurs de son époque.
3.1 - La nécessité de se dissocier d'un gouvernement injuste
L'auteur affirme qu’il est moralement impossible de s’associer à un gouvernement qui tolère l’injustice, qualifiant au passage le gouvernement américain de "gouvernement de l’esclave".
Il reconnaît donc le droit universel à la révolution, c’est-à-dire "le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et le droit de lui résister quand sa tyrannie ou son incapacité sont notoires et intolérables".
Pour appuyer son propos, Henry David Thoreau compare la situation de son époque à celle de la Révolution américaine de 1775. Il souligne qu’à cette époque, l'esclavage d'une partie de la population et la guerre injuste contre le Mexique étaient des maux bien plus graves que les simples taxes sur les marchandises qui avaient provoqué la révolte contre l’Angleterre.
3.2 - La critique de l'opportunisme moral
Henry David Thoreau s'oppose vigoureusement à l’approche opportuniste défendue par Paley, selon laquelle l’obéissance civile devrait être basée sur un calcul coût-bénéfice. Pour Thoreau, certains principes moraux sont absolus et ne peuvent être compromis.
Il illustre son point de vue avec l’exemple d’une planche injustement arrachée à un homme qui se noie : rendre justice doit ici primer, même si cela implique de risquer sa propre vie, lance-t-il.
Dans cette même idée, Thoreau déclare avec force que "un peuple doit cesser de maintenir l’esclavage et de mener la guerre au Mexique, même au prix de son existence nationale".
Il critique ensuite particulièrement le Massachusetts, qu’il accuse de privilégier le commerce au détriment de l’humanité, mettant ainsi en lumière le conflit entre intérêts économiques et valeurs morales.
3.3 - L'action contre l'inaction
L'auteur pointe du doigt l'hypocrisie de ceux qui s'opposent en principe à l'esclavage mais n'agissent pas concrètement. Il observe qu'"il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux".
Henry David Thoreau critique particulièrement :
La passivité des citoyens qui se contentent de voter sans agir véritablement.
L'inefficacité du système démocratique traditionnel où le vote devient un simple jeu sans réel impact.
La subordination des questions morales aux intérêts économiques et au libre-échange.
L'attitude des "Membres Affiliés" qui préfèrent préserver leur sécurité personnelle plutôt que de défendre la justice.
3.4 - L'appel à la désobéissance active
Henry David Thoreau plaide avec ferveur pour une résistance active et immédiate face aux lois injustes.
Il rejette catégoriquement l'idée d'attendre que la majorité soit convaincue, arguant que "seul peut hâter l'abolition de l'esclavage celui qui, par son vote, affirme sa propre liberté".
Pour lui, toute action fondée sur un principe moral est, par essence, révolutionnaire. Elle ne se limite pas à transformer les institutions : elle modifie également les relations humaines et l’individu lui-même.
Thoreau critique sévèrement ceux qui dénoncent verbalement l’injustice tout en la soutenant indirectement, en payant des impôts par exemple, ou en obéissant passivement aux lois qu’ils réprouvent.
3.5 - La prison comme lieu de résistance
L'auteur conclut cette partie en développant plusieurs idées.
Ainsi, Henry David Thoreau :
Affirme que "sous un gouvernement qui emprisonne quiconque injustement, la véritable place d'un homme juste est aussi en prison".
Prône une forme de révolution pacifique pour s’opposer aux lois injustes à travers le refus de payer les impôts et la désobéissance civile active.
Soutient qu’un seul individu agissant en accord avec sa conscience peut avoir un impact bien plus grand qu’une majorité passive. Cette conviction culmine dans cette déclaration provocante qu’il adresse aux fonctionnaires complices du système : "Si vous voulez vraiment faire quelque chose, démissionnez !"
Partage une note profondément morale, dénonçant une "effusion de sang" non physique mais morale : "quand la conscience est blessée" écrit Thoreau. Une telle blessure, poursuit-il, tue "la dignité et l’immortalité véritable de l’être humain". Elle représente la plus grave des violences. Et c'est bien ce type de sang que l'essayiste dit voir couler dans la société de son époque.
4.1 - La valeur morale de la pauvreté
Dans ce passage, Henry David Thoreau partage ses idées sur la relation entre richesse et vertu morale.
L'auteur explique d’abord pourquoi, lui, préfère l'emprisonnement à la saisie de ses biens. Puis, il fait observer que les véritables opposants moraux à l'État sont souvent les plus pauvres, car ils ne consacrent pas leur vie à l'accumulation de richesses.
Selon lui, "plus on a d'argent, moins on a de vertu". Et l’argent corrompt de deux façons principales :
Il permet d’échapper aux vraies questions morales.
Il crée une dépendance vis-à-vis de l’État, qui soutient cet enrichissement.
L'auteur de "La désobéissance civile" fait enfin référence à l'enseignement du Christ sur l'impôt, qui suggère que ceux qui bénéficient du système de Jules César doivent aussi en accepter ses obligations. l'impôt, qui suggère que ceux qui profitent du système de Jules César doivent aussi en accepter ses obligations.
4.2 - Le conflit avec l'État et ses institutions
Dans cette partie de "La désobéissance civile", Henry David Thoreau analyse les tensions entre l'individu et les institutions étatiques.
Le philosophe fait d’abord remarquer que même ses concitoyens les plus "libres" restent enchaînés à l'État par deux grandes craintes :
La peur de perdre la protection gouvernementale.
La peur des conséquences matérielles de la désobéissance.
Il partage ensuite ses propres expériences de désobéissance civile :
Son acte de désobéissance face à la taxe d'Église qu’il a refusé de payer pour un pasteur dont il ne suivait pas les sermons.
"Voici quelques années, l’État vint me requérir au nom de l’Église de payer une certaine somme pour l’entretien d’un pasteur dont, au contraire de mon père, je ne suivais jamais les sermons. "Payez, disait-il, ou vous êtes sous les verrous." Je refusai de payer. Malheureusement, quelqu’un d’autre crut bon de le faire pour moi. Je ne voyais pas pourquoi on devait imposer au maître d’école l’entretien du prêtre et pas au prêtre, celui du maître d’école, car je n’étais pas payé par l’État. Je gagnais ma vie par cotisations volontaires. Je ne voyais pas pourquoi mon établissement ne présenterait pas aussi sa feuille d’impôts en faisant appuyer ses exigences par l’État à l’imitation de l’Église."
Cette expérience le conduisit à une déclaration formelle de non-appartenance à cette institution à laquelle il n'a pas choisi d'adhérer :
"À la prière du Conseil Municipal, je voulus bien condescendre à coucher par écrit la déclaration suivante : "Par le présent acte, je, soussigné Henry Thoreau, déclare ne pas vouloir être tenu pour membre d’une société constituée à laquelle je n’ai pas adhéré." Je confiai cette lettre au greffier qui l’a toujours ; l’État ainsi informé que je ne souhaitais pas être tenu pour membre de cette Église, n’a jamais depuis lors réitéré semblables exigences, tout en insistant quand même sur la validité de sa présomption initiale. Si j’avais pu nommer toutes les Sociétés, j’aurais signé mon retrait de chacune d’elles, là où je n’avais jamais signé mon adhésion, mais je ne savais où me procurer une liste complète."
Son refus de payer la capitation qui lui valut son emprisonnement pour non-paiement d'impôts
Henry David Thoreau insiste sur l’importance de l’autonomie morale. Il lance : "Il m'en coûte moins d'encourir la sanction de désobéissance à l'État qu'il ne m'en coûterait de lui obéir". Ainsi, pour lui, la liberté de conscience vaut plus que le confort matériel.
Enfin, le philosophe cite Confucius pour soutenir que la richesse devient honteuse sous un gouvernement injuste et ainsi renforcer son appel à la résistance contre les institutions oppressives.
4.3 - La méditation en prison
Dans ce passage introspectif, Henry David Thoreau transforme son emprisonnement pour non-paiement d'impôt en une réflexion profonde sur la nature du pouvoir et de la liberté.
Face aux murs épais de sa cellule, l'auteur s'indigne de la bêtise d'une institution qui réduit l'homme à sa simple dimension physique. Il écrit ce qu’il pensait alors : "si un rempart de pierre s'élevait entre moi et mes concitoyens, il s'en élevait un autre, bien plus difficile à escalader ou à percer, entre eux et la liberté".
Mais le penseur renverse la situation en affirmant que l'emprisonnement du corps ne peut rien contre la liberté de l'esprit.
Il termine par une critique acerbe de l’État, qu’il dépeint comme une entité peureuse et maladroite. Incapable d’atteindre les pensées de l’homme, l’État ne peut alors que s’en prendre à son corps.
4.4 - La dignité face à la contrainte physique
Henry David Thoreau affirme ensuite la supériorité de la conscience individuelle sur la force brute de l'État. Il déclare : "Je ne suis pas né pour qu'on me force. Je veux respirer à ma guise". Aussi, pour lui, l'État ne possède qu'une supériorité physique, aucune autorité morale ou intellectuelle.
Pour faire comprendre son idée, l’auteur de "La désobéissance civile" compare l'homme à une plante qui doit suivre sa propre nature pour prospérer : comme le gland et la châtaigne qui poussent selon leurs propres lois, chaque individu doit vivre selon sa conscience, même face à la contrainte sociale. Il refuse catégoriquement d'être "responsable du bon fonctionnement de la machine sociale". La dignité de l’homme réside dans son autonomie morale et intellectuelle.
4.5 - Le récit de la nuit en prison d'Henry David Thoreau
Cette partie du livre "La désobéissance civile" nous livre un témoignage vivant du séjour d’Henry David Thoreau en prison. Pour le philosophe, cette incarcération s’est transformé en une expérience d'observation sociale et de réflexion intérieure.
L'atmosphère de la prison est dépeinte par l’auteur avec un mélange de curiosité et de détachement. Il décrit la routine carcérale, ses codétenus, et particulièrement son compagnon de cellule, accusé d'avoir accidentellement incendié une grange. Il note avec ironie que ce dernier "se sentait chez lui et, satisfait d'être nourri et logé gratis, il s'estimait fort bien traité".
Aussi, Henry David Thoreau découvre, dans la prison, une micro-société avec ses traditions bien à elle, comprenant :
Des tentatives d'évasion minutieusement planifiées.
Des poèmes composés par les prisonniers.
Des histoires qui ne franchissent jamais les murs.
La nuit passée en prison, quant à elle, devient une expérience presque onirique : "c'était voyager dans un lointain pays" confie-t-il. Cette expérience carcérale lui montre sa ville natale sous un jour nouveau et "moyenâgeux".
De ces observations, l'auteur conclut que la prison dévoile, en fait, une face cachée des institutions de sa société : elle révèle leur fonctionnement à la fois oppressant et marqué par les inégalités et les absurdités de la société.
4.6 - Les leçons de l'emprisonnement
Pour finir, Henry David Thoreau décrit comment cette brève incarcération a profondément modifié la perception qu’il avait de sa communauté.
L'auteur commence par quelques observations sur la routine carcérale : le petit-déjeuner servi dans des gamelles, les conseils de son compagnon de cellule sur la conservation du pain, le travail aux champs des prisonniers.
Mais la véritable transformation se produit après sa libération. Le philosophe réalise alors que ses concitoyens vivent dans une autre forme d'emprisonnement : une prison morale.
Il pointe les points suivants :
Leur amitié est superficielle, "que pour la belle saison".
Ces derniers sont prisonniers de "leurs préjugés et leurs superstitions".
Ils se contentent d'une adhésion de façade à la morale, une "observance de surface" dit-il.
Le récit se termine sur une note d'ironie : lorsqu’il retrouve sa liberté, Henry David Thoreau reprend sa vie normale. Et alors qu’il cueille des airelles sur une colline, il remarque avec humour qu’"on ne voit l'État nulle part". Il suggère ainsi que la vraie liberté existe en dehors des structures étatiques.
Dans cette conclusion, Henry David Thoreau expose sa vision d’un État idéal tout en revenant sur sa position personnelle à propos de la désobéissance civile. Il dresse alors une synthèse brillante de sa philosophie politique.
5.1 - La nuance dans la résistance
Henry David Thoreau commence ici par clarifier qu'il ne refuse pas tous les impôts. Il accepte de payer la taxe de voirie et de contribuer à l'éducation, car son but n'est pas une opposition systématique mais une désobéissance réfléchie et ciblée.
Comme il le précise : "Je désire simplement refuser obéissance à l'État, me retirer et m'en désolidariser d'une manière effective". Pour lui, ce n'est pas tant l'argent qui pose problème que l'usage qui en est fait et surtout, les implications morales de l'obéissance qu'il symbolise.
Sa démarche n’est donc pas une simple révolte, mais un acte profondément ancré dans une éthique personnelle et une réflexion sur la justice.
5.2 - La réflexion sur la résistance collective
L’auteur de "La désobéissance civile" analyse ensuite en détail les différentes réactions face à la désobéissance civile.
Il s’en prend aux individus qui paient leurs impôts par solidarité avec l’État ou par un souci mal placé pour le contribuable.
Selon lui, la force du nombre ne justifie pas l'injustice, même quand elle s'exprime sans hostilité.
Thoreau met en garde contre la tentation de céder à la pression sociale, qu’il compare à des phénomènes naturels tels que "la soif et la faim, les vents et les marées". Cependant, il insiste sur le fait qu’à la différence des forces naturelles, la pression sociale, elle, peut être résistée car elle émane d'êtres humains dotés de raison et capables de réflexion morale.
5.3 - La critique des institutions et des réformateurs
L'auteur de "La désobéissance civile" fustige ici les institutions et leurs défenseurs, particulièrement Webster, qu'il décrit comme un simple "Défenseur de la Constitution" plutôt qu'un véritable penseur.
L’essayiste déplore l'absence, en Amérique, d'un "homme doué d'un génie de législateur", capable de transcender les enjeux purement politiques pour aborder les véritables questions morales.
Thoreau cible également les réformateurs, qu’il accuse de manquer de perspective. Selon lui, ils sont si profondément enracinés dans les structures qu’ils cherchent à changer qu’ils ne parviennent pas à les analyser objectivement. Il les décrit, en effet, comme "si bien enfermés dans leurs institutions", qu'ils sont incapables de penser au-delà du système qu’ils tentent de réformer.
5.4 - La vision d'un État idéal
Henry David Thoreau conclut en esquissant sa vision d'un État véritablement libre et éclairé. Pour lui, trois conditions essentielles doivent être remplies :
La reconnaissance d'un pouvoir individuel supérieur à celui de l'État.
Le respect de l'individu comme base du gouvernement.
L'acceptation que certains citoyens puissent "vivre en marge, sans se mêler des affaires du gouvernement".
L’auteur voit l'évolution historique du gouvernement - de la monarchie absolue à la démocratie - comme un progrès vers un plus grand respect de l'individu.
Cependant, il ne considère pas la démocratie comme l'aboutissement final de cette évolution, mais comme une étape vers un État plus parfait.
Il termine sur une note d'espoir, imaginant un système étatique dans lequel la liberté individuelle serait pleinement respectée tout en maintenant les liens sociaux essentiels. Pour Henry David Thoreau, c'est dans cette direction que doit évoluer la démocratie : vers une reconnaissance toujours plus grande des droits individuels.
Ainsi, cette conclusion résonne comme un manifeste pour une nouvelle forme de gouvernement qui ne serait pas fondée sur la contrainte mais sur le respect mutuel entre l'État et les citoyens, chacun conservant son autonomie morale.
Conclusion de "La désobéissance civile" de Henry David Thoreau
Trois grandes idées à retenir de "La Désobéissance civile" d’Henry David Thoreau
Idée n°1 : La conscience individuelle prime sur l'autorité de l'État
Henry David Thoreau affirme que l’obéissance aux lois injustes est moralement inacceptable. Il soutient que la conscience individuelle doit guider l’action politique, au-delà même des principes démocratiques de la règle majoritaire.
Idée n°2 : La résistance non-violente constitue une arme politique efficace capable de transformer la société
À travers son expérience d'emprisonnement, Henry David Thoreau démontre comment le refus pacifique d'obéir aux lois injustes peut ébranler les fondements d'un système oppressif. En renonçant à payer ses impôts, il prouve qu'une action individuelle fondée sur des principes moraux peut avoir un impact significatif sur la société.
Idée n°3 : L'État doit reconnaître la primauté des droits individuels
La vision de Thoreau d'un État idéal, dans lequel le pouvoir individuel serait reconnu comme supérieur à celui du gouvernement, préfigure les évolutions modernes tendant vers une plus grande protection des libertés individuelles.
Pourquoi lire "La désobéissance civile" ?
"La désobéissance civile" est ouvrage philosophique qui vous invite à repenser votre rapport à l'autorité et vos responsabilités en tant que citoyen.
Aussi, ce livre vous aidera à développer une réflexion critique sur les institutions et fera découvrir des outils concrets pour résister pacifiquement à l’injustice.
Les arguments de Thoreau, d’une clarté et d’une force remarquables, résonnent particulièrement aujourd’hui, à une époque où les questions de justice sociale et de responsabilité individuelle sont au cœur des débats contemporains.
Je recommande vivement la lecture de "La désobéissance civile" pour son impact intellectuel, mais aussi pour son influence considérable sur les mouvements de résistance pacifique qui ont façonné notre monde moderne.
Points forts :
Une réflexion philosophique passionnante sur la relation entre morale individuelle et autorité étatique.
Un témoignage personnel qui donne corps aux principes théoriques.
L'influence historique majeure du concept de désobéissance civile de Thoreau sur les mouvements de résistance non-violente.
Une pertinence intacte pour les enjeux contemporains.
Points faibles :
Une vision parfois radicale du rôle de l'État qui peut paraître utopique.
Un contexte historique (esclavage, guerre du Mexique) qui peut sembler daté.
Ma note :
★★★★★
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            	            	         ]]>Résumé de "Braver sa nature sauvage" de Brené Brown : un livre sur l'appartenance et l'estime de soi par l'une des auteures de développement personnel les plus plébiscitées de ces dernières années — L'idée principale ? Ne changez rien, mais soyez enfin qui vous êtes !
Brené Brown, 2018, 162 pages.
Titre original : Braving the Wilderness (2017).
Chronique et résumé de "Braver sa nature sauvage" de Brené Brown
Chapitre 1 : Partout et nulle part
Quand Brené Brown écrit, la peur l’envahit. Elle doute de sa légitimité, surtout quand ses recherches bousculent les idées reçues. Elle se demande si elle a le droit de choquer ou de remettre en cause des croyances établies. Dans ces moments, elle s’entoure mentalement de figures courageuses qui l’inspirent.
Elle pense à J.K. Rowling, Bell Hooks, Shonda Rhimes, Oprah Winfrey, Maya Angelou. Ces voix l’aident à garder le cap, à ne pas céder à la peur ou à l’autocensure. Brené Brown rejette aujourd’hui l’ancienne méthode consistant à satisfaire les critiques et les cyniques. Cette approche étouffait son authenticité.
Son lien avec Maya Angelou reste profond. La poétesse la guide depuis ses années universitaires. Pourtant, une citation la déstabilise : « Vous êtes libre quand vous comprenez que vous n’êtes de nulle part. » Pendant des années, l’auteure rejette cette idée.
Pour Brené Brown, ne pas appartenir représente une douleur ancienne et viscérale. Dès l’enfance, elle vit l’exclusion. À l’école, son prénom complet, Casandra Brené Brown, la fait passer pour afro-américaine. Dans une Louisiane encore marquée par la ségrégation, cela suffit à l’écarter des fêtes et des cercles sociaux.
L’apprentissage de la solitude
Elle vit les rejets des deux côtés, sans comprendre pourquoi elle dérange. Sa différence devient un obstacle. Elle cherche désespérément une place, un groupe, une reconnaissance. Chaque déménagement rend cette quête plus difficile.
Son grand espoir réside dans l’équipe des Bearkadettes (sorte de danse chorégraphiée nommée "meneuses de claque"). Elle s’entraîne intensément, suit un régime strict, et croit en ses chances. Mais son numéro n’apparaît pas sur la liste. Ses parents gardent le silence. Ce rejet, couplé à l’absence de réconfort familial, devient fondateur.
Convaincue de ne pas mériter l’amour ni l’appartenance, elle apprend à se conformer. Elle lit les attentes des autres, s’adapte, joue des rôles. Elle devient caméléon, mais s’éloigne d’elle-même. Plus tard, elle choisit l’observation des comportements comme mode de survie.
En analysant les autres, elle développe des compétences qui l’amènent à la recherche. Pourtant, elle reste coupée de son authenticité. À 21 ans, elle est perdue, en fuite. Puis, elle rencontre Steve, qui la voit vraiment. Leur relation lui offre un espace de réparation.
Peu après, elle entame un parcours vers la sobriété. Elle teste plusieurs groupes, sans trouver sa place. Elle comprend que sa vraie dépendance est une fuite constante de la vulnérabilité. Elle commence alors à s’écrire des permissions pour vivre pleinement.
Retrouver sa voix
Lors d’un tournage avec Oprah Winfrey, elle se sent nerveuse, peu présente. Un collègue lui rappelle de vivre l’instant au lieu de l’analyser. Ce conseil provoque un déclic. Elle s’écrit une permission d’être joyeuse et gauche.
Cette journée devient un moment fondateur. Elle rencontre Maya Angelou, qui lui dit : « Ne te laisse pas ébranler. » Ces mots résonnent comme une bénédiction. Brené Brown comprend qu’elle doit s’ancrer pleinement en elle-même.
Plus tard, à une conférence, elle refuse de se déguiser en femme d’affaires. Elle choisit de s’habiller comme elle est vraiment. Elle refuse aussi de censurer sa foi ou son langage. Elle veut rester fidèle aux histoires qu’on lui confie.
Elle partage ses doutes avec Steve, qui l’écoute sans jugement. Il lui rappelle qu’elle appartient à leur foyer, à leurs enfants. Ce soutien lui permet de saisir enfin le sens des mots de Maya Angelou. Elle comprend que la véritable appartenance commence par soi-même.
En relisant l’entrevue complète de la citation qui la gênait, elle découvre que Maya Angelou affirme s’appartenir à elle-même. Cette révélation transforme le récit fondateur de sa douleur. Elle n’a plus besoin d’un groupe pour exister. Elle accepte enfin de ne pas s’ébranler.
Chapitre 2 : La quête de la véritable appartenance
Brené Brown explore la notion de véritable appartenance, ce besoin humain profond d’être accepté pour ce que nous sommes réellement. Elle distingue l’appartenance authentique de la conformité ou de la quête d’approbation, qui, loin d’y mener, en sont les ennemis.
Présenter son moi imparfait au monde exige une acceptation de soi complète. Mais cette définition évolue. La véritable appartenance ne dépend pas des autres : elle réside en nous. Elle nécessite parfois de rester seul, debout dans la vulnérabilité, l’incertitude et la critique.
Dans un monde divisé, s’appartenir devient un acte de courage. Il ne s’agit pas de rejoindre un groupe ou d’adhérer à une idéologie, mais de se relier à quelque chose de plus grand : l’amour et l’esprit humain. Même isolés, nous restons connectés. La véritable appartenance commence donc par une foi profonde en soi et la capacité de rester fidèle à son identité dans un monde incertain.
Définition de la véritable appartenance
Dans le cadre d’une recherche en théorie ancrée qualitative, Brené Brown explore la préoccupation majeure liée à l’appartenance. Les participants souhaitent appartenir à un groupe sans renoncer à leur authenticité, leur liberté ou leur pouvoir. Ils dénoncent une culture polarisée du « nous contre eux », source de déconnexion spirituelle.
Beaucoup redoutent que la peur et le mépris aient remplacé l’humanité partagée, l’amour et la compassion. Cette crise d’appartenance apparaît surtout spirituelle, non religieuse, traduisant un besoin profond de se sentir connectés aux autres sans se conformer.
Brené Brown pose quatre questions pour comprendre comment certains développent une véritable appartenance enracinée en eux. Les réponses dégagent quatre éléments clés, ancrés dans le monde actuel et réel. Ces éléments sont au centre des chapitres suivants :
Les gens sont difficiles à haïr de près. Rapprochez-vous.
Contrez les conneries avec la vérité. Soyez poli.
Tenez-vous la main. Avec des étrangers.
Dos fort. Devant doux. Cœur sauvage.
Sa démarche ne suit donc pas une idée préconçue : elle suit les données, même lorsqu’elles révèlent un monde chaotique.
La nature sauvage
Brené Brown compare la véritable appartenance à une nature sauvage : un lieu solitaire, indompté et exigeant, à la fois redouté et recherché. Appartenir pleinement à soi-même nécessite de braver cette nature, de quitter ses refuges idéologiques et d’oser la vulnérabilité.
Ce chemin, imprévisible, ne peut être dicté par autrui. Il implique de s’ouvrir aux autres sans renier son identité, de dialoguer malgré les divergences. La véritable appartenance est active, pas passive. Elle demande du courage, de l’inconfort, et un engagement sincère envers l’authenticité, même dans l’adversité. C’est une pratique personnelle et spirituelle, non une simple adhésion sociale.
Aptitudes à la bravoure
Brené Brown affirme que pour s’aventurer dans la nature sauvage de la véritable appartenance — cet espace de solitude, de courage et d’authenticité — un élément est essentiel : la confiance. Elle s’appuie sur la définition de Charles Feltman, qui voit la confiance comme le choix de rendre quelque chose de précieux vulnérable aux actions d’autrui. La méfiance, au contraire, suppose que ce qui compte n’est pas en sécurité avec l’autre.
Pour clarifier ce concept complexe, Brené Brown développe l’acronyme BRAVING, une grille qui s’applique autant à la confiance en soi qu’en les autres :
Faire confiance aux autres :
Boundaries (limites) : respect des limites, capacité à dire non.
Reliability (fiabilité) : tenir ses engagements, connaître ses limites.
Accountability (responsabilité) : reconnaître ses erreurs et réparer.
Vault (coffre-fort) : préserver la confidentialité des confidences.
Integrity (intégrité) : choisir le courage, l’éthique, et vivre ses valeurs.
Nonjudgment (impartialité) : exprimer ses besoins sans crainte d’être jugé.
Generosity (générosité) : interpréter les intentions d’autrui avec bienveillance. (Braver sa nature sauvage, Chapitre 2)
Faire confiance à soi-même implique de se poser ces mêmes questions avec les pronoms personnels :
B — Ai-je respecté mes propres limites ?
R — Ai-je été fiable ?
A — Me suis-je tenu responsable ?
V — Ai-je respecté la confidentialité et partagé de façon appropriée?
I — Ai-je agi avec intégrité ?
N — Ai-je demandé de l’aide sans me juger ?
G — Ai-je été généreux envers moi-même ? (Braver sa nature sauvage, Chapitre 2)
Ce chemin vers la reconnaissance est paradoxal. Il semble absurde d’appartenir partout et nulle part, mais c’est pourtant vrai. Carl Jung et Maya Angelou affirment tous deux la valeur de cette vérité profonde : elle est exigeante, mais sa récompense est immense.
« La véritable appartenance est la pratique spirituelle de croire et d’appartenir à vous-même si profondément que vous pouvez partager votre moi le plus authentique avec le monde et trouver le sacré à la fois dans le fait de faire partie de quelque chose et de vous tenir debout seul dans la nature sauvage. La véritable appartenance n’exige pas de changer qui vous êtes, mais d’être qui vous êtes. » (Braver sa nature sauvage, Chapitre 2)
Chapitre 3 : Grande solitude : une crise spirituelle
Brené Brown évoque le « high lonesome », un cri musical du bluegrass, symbole d’une douleur profonde transformée en expérience partagée. L’art a ce pouvoir : il donne forme à la solitude et au chagrin pour qu’ils deviennent sources de connexion. Aujourd’hui, au lieu de partager nos blessures par la musique ou les récits, nous crions, nous nous replions, nous nous opposons.
Pour l'autrice, le monde traverse une crise spirituelle collective. Nous avons rompu notre lien d’humanité partagée. Cynisme, peur et méfiance dominent. Nous nous divisons selon nos idéologies, oubliant notre interconnexion essentielle, ancrée dans l’amour et la compassion.
Braver cette crise exige un courage immense. Se taire ou se battre ne fait qu’amplifier la solitude. Peu cherchent à bâtir des ponts entre les différences. Or, la véritable appartenance repose sur cette humanité commune. Pour la retrouver, il faudra oser sortir des lignes et affronter la nature sauvage relationnelle.
Nous répartir
Brené Brown s’appuie sur les travaux de Bill Bishop pour montrer comment la société américaine s’est idéologiquement et géographiquement fragmentée. En cherchant le confort de l’homogénéité, les gens se regroupent avec ceux qui partagent leurs idées, ce qui accroît l’extrémisme, étouffe la dissidence et renforce les stéréotypes.
Cette polarisation crée une solitude croissante, même au sein des familles. Malgré des divergences profondes, beaucoup refusent de couper les liens avec leurs proches. La société valorise pourtant les factions au détriment des relations humaines.
Brené Brown constate que cette répartition n’a pas nourri le sentiment d’appartenance, mais a provoqué isolement, méfiance et repli. Les comtés deviennent idéologiquement uniformes, tandis que les taux de solitude doublent. Le paradoxe est clair : plus les gens vivent entre semblables, plus ils se sentent seuls. Comprendre la nature de cette épidémie de solitude devient crucial pour restaurer le lien humain et la véritable appartenance.
Regard de l'extérieur
La solitude, définie par John Cacioppo comme un isolement social perçu, survient lorsque nous nous sentons déconnectés des autres. Contrairement au fait d’être seul, qui peut être réparateur, la solitude signale un manque de liens significatifs : famille, amis, communauté. Elle affecte même notre perception des lieux, qui peuvent parfois « vibrer de déconnexion ».
Espèce sociale, l’humain a biologiquement besoin de connexion pour s’épanouir. Cacioppo explique que notre cerveau envoie des signaux – comme la faim ou la soif – pour signaler ce besoin vital. Mais la solitude est stigmatisée, associée à la faiblesse ou à l’anormalité. Cette honte nous pousse à nier notre solitude, même lorsqu’elle résulte de pertes ou de deuils.
Le danger est réel : le cerveau solitaire entre en mode autoprotection, réduisant l’empathie et renforçant la défensive. Ce cercle vicieux aggrave l’isolement. Il faut d’abord reconnaître la solitude comme un avertissement, puis rechercher des connexions de qualité, non de quantité.
Selon une méta-analyse, la solitude augmente de 45 % le risque de mort précoce, un taux supérieur à ceux liés à l’obésité ou à l’alcool. La connexion humaine n’est donc pas un luxe, mais une nécessité biologique.
La peur nous a menés ici
La peur est identifiée comme le moteur principal de la fragmentation sociale et de la déconnexion. Alimentée par le terrorisme, les violences et les discours polarisants, elle pousse les individus à se retrancher dans des bunkers idéologiques. Ces refuges promettent sécurité, mais renforcent solitude et isolement. Les vraies conversations, vulnérables et inconfortables, sont évitées.
Pourtant, la véritable appartenance exige de braver cette nature sauvage intérieure, en quittant le confort pour la connexion. L’espoir repose sur une masse critique de personnes prêtes à écouter, ressentir et se relier, au-delà des différences. C’est ainsi que la peur cesse de gagner.
"Je viendrais vers toiJe traverserais les mers Pour soulager ta peine." (Town Van Sandt, cité dans Braver sa nature sauvage, Chapitre 3)
Chapitre 4 : Les gens sont difficiles à haïr de près. Rapprochez-vous
Dans un monde saturé de haine, de polarisation politique et de jugements instantanés, Brené Brown invite à passer du regard global à l’expérience personnelle. En zoomant sur nos vies, nous découvrons que la haine généralisée s’effondre face à des relations humaines réelles et nuancées.
Face à la douleur, beaucoup choisissent la colère comme refuge, mais s’y accrocher nous ronge. La colère, si elle est transformée, devient un catalyseur de courage, de justice et de connexion. Refuser de haïr, comme l’illustre la lettre d’Antoine Leiris après la mort de sa femme au Bataclan, devient un acte radical de résistance.
Reconnaître notre souffrance et celle des autres est essentiel pour guérir. La haine dissimule souvent une peine non reconnue. Pour bâtir un monde plus humain, nous devons transformer notre douleur, briser les cercles de l’égoïsme et reconnecter par la compassion. La haine coûte trop cher. La vraie force est dans la vulnérabilité et l’amour.
Il y a toujours des limites, même dans la nature sauvage
Se rapprocher des autres implique d’affronter des conflits réels, parfois douloureux, surtout au sein de la famille. Pour maintenir une véritable appartenance, il faut définir des limites claires. Les participants à la recherche insistent sur deux formes de sécurité indispensables à la vulnérabilité : la sécurité physique et la sécurité émotionnelle. Cette dernière ne signifie pas fuir le désaccord, mais refuser le langage déshumanisant.
La déshumanisation transforme l’autre en ennemi, en être « moins que », rendant acceptable l’exclusion morale. Elle commence par des mots et se poursuit par des images. Dans l’histoire, elle a justifié des génocides, l’esclavage et les violences extrêmes.
Le langage inhumain est le premier signe. Une fois les gens réduits à des caricatures ou à des menaces, l’empathie disparaît, et le conflit se fige dans une opposition bien/mal. Tous les humains sont vulnérables à ce processus. Reconnaître ce glissement est essentiel pour préserver notre humanité partagée et résister à l’exclusion morale.
Le courage d'étreindre notre humanité
La déshumanisation commence souvent par des mots et des images qui excluent certaines personnes. Ce processus, largement alimenté par les réseaux sociaux, pousse à rejeter sans nuance ceux avec qui nous sommes en désaccord. Pourtant, cette tendance nuit autant à ceux qu’elle vise qu’à ceux qui y participent. La véritable appartenance exige de tracer une ligne claire fondée sur le respect de la dignité humaine.
Voici cinq principes à retenir selon Brené Brown :
Si des insultes sexistes vous choquent envers certaines femmes, elles devraient vous déranger dans tous les cas, peu importe leur camp politique.
Si un propos vous a blessé parce qu’il vous visait, soyez attentif aux paroles similaires dirigées contre d’autres.
Le langage dégradant, d’où qu’il vienne, doit être dénoncé, même s’il vise un adversaire politique.
Traiter des personnes comme des bêtes ou des objets est un signal d’alerte : cela facilite l’exclusion morale.
Si des images haineuses vous offensent selon leur cible, elles doivent toutes vous inquiéter, quel que soit leur auteur.
Déshumaniser n’est pas tenir responsable. Cela ne favorise ni la justice ni le changement. L'auteure appelle à dépasser les faux choix entre loyauté et responsabilité. Aimer un groupe, c’est aussi le rendre meilleur en nommant les abus. Refuser les espaces où la dignité est bafouée, ce n’est pas chercher le confort émotionnel, c’est refuser la violence symbolique. La véritable appartenance commence par le courage de réhumaniser.
Transformation des conflits
Pour mieux naviguer les conflits, la Dre Michelle Buck — interrogée par Brené Brown pour le livre — propose une approche qui transforme la confrontation en connexion. Plutôt que de fuir ou de «convenir de ne pas être d’accord», elle suggère d’explorer les intentions sous-jacentes de chacun. Cela permet de dépasser les malentendus et de renforcer la relation.
Elle recommande aussi de déplacer la conversation du passé vers un avenir commun à construire ensemble. Pour elle, il ne s’agit pas de «résoudre» mais de transformer le conflit, en créant de nouvelles perspectives et une compréhension mutuelle plus profonde. Enfin, elle insiste sur l’importance de ralentir, de poser des questions comme «Dites-m’en davantage» et surtout d’écouter pour comprendre, pas pour répondre.
]]>Résumé de "Réparer le futur : du numérique à l'écologie" de Inès Leonarduzzi : un essai audacieux sur les conséquences négatives du numérique et sur les moyens d'y faire face, par la fondatrice de Digital For the Planet, spécialiste en développement durable et en stratégie numérique.
De Inès Leonarduzzi, 2021, 222 pages.
Chronique et résumé de "Réparer le futur : du numérique à l'écologie" de Inès Leonarduzzi
Introduction
Inès Leonarduzzi est une entrepreneure digitale dans l'âme. Dès son enfance, elle se passionne pour Internet, qui vient d'apparaître au grand public. Elle est directement fascinée par les univers numériques. Jeune adulte, elle fonde avec deux amis Rouge Moon, une entreprise combinant art et numérique installée à Hong Kong.
Ensuite, elle entreprend une carrière nomade, travaillant à travers le monde en tant que consultante en numérique. Mais l'auteure réalise alors que les technologies, bien que porteuses de progrès, ne sont pas toujours utilisées de manière responsable.
Cette prise de conscience la mène à fonder Digital For The Planet, un mouvement prônant l'écologie numérique. Son objectif est de promouvoir un usage raisonné et juste des technologies, au service du bien commun.
L'écologie numérique
Contrairement à l'approche occidentale traditionnelle, qui traite les problèmes de manière isolée, Inès Leonarduzzi prône une vision globale, inspirée de la pensée orientale. Selon ce point de vue, l'écologie numérique ne s'adresse pas seulement à la question de la protection de l'environnement. Elle implique aussi des actions sociales, économiques et législatives pour protéger l'humain.
Inspirée par plusieurs penseurs de l'écologie, l'auteur cherche à souligner les liens entre pollutions numériques environnementale, intellectuelle et sociale. Son but est de reprogrammer les imaginaires et inventer de nouveaux langages pour faire face à ces enjeux.
"Je définis l’écologie numérique (ou digital ecology) comme l’étude des interrelations entre l’humain, la machine et l’environnement. Elle [l'écologie numérique] préconise des actions à la fois sociales, économiques et législatives, avec pour objectif la protection de l’humain et de l’environnement. Mais il s’agit aussi et avant tout d’un état d’esprit, nécessaire à la bascule d’une société numérique impondérée à un numérique résilient." (Réparer le futur, Introduction)
Digital For the Planet, la grande aventure
En quatre ans, le mouvement Digital For The Planet a accompli de grandes choses. Ce livre en est le témoignage ; il compile des études sur les impacts du numérique et rend hommage à tous ceux et celles qui œuvrent pour un monde numérique plus responsable.
Désormais dans la trentaine et devenue mère, Inès Leonarduzzi dit aussi avoir écrit ce livre pour son fils et pour tous ceux qui sont les plus vulnérables. Elle cherche moins à convaincre qu'à inspirer et à défendre la liberté et la beauté du monde.
Partie 1 — La pollution numérique environnementale
Autrefois perçu comme une solution propre et écoresponsable, le numérique révèle aujourd'hui sa face sombre et polluante. Il a en réalité un impact environnemental considérable. Loin de dépolluer, il contribue aux problèmes environnementaux de façon croissante.
En 2018, le numérique représente plus de 10 % de la consommation électrique mondiale, avec une croissance de 9 % par an. Les centres de données, essentiels au numérique, pourraient devenir plus énergivores que les autres secteurs industriels d'ici 2035.
Chapitre 1 — La fabrication des appareils
1 — Les coulisses du smartphone
En 2020, plus de 14 milliards de smartphones sont en circulation dans le monde, soit plus que le nombre d'humains. À Noida, en Inde, en 2018, Samsung inaugure une usine produisant 330 000 smartphones par jour. Cela montre l'énorme croissance de la production de ces appareils.
Cependant, cette expansion a un coût environnemental élevé. La fabrication d'un smartphone nécessite une grande quantité de matériaux rares et précieux, dont l'extraction contribue à la déforestation, à la pollution et à la dégradation des écosystèmes.
En effet, l'extraction de ces métaux rares requiert des procédés polluants et énergivores. L'auteure donne l'exemple de Baotou en Chine, un site dont la contamination radioactive est très préoccupante.
Il importe de se rendre compte que le numérique, malgré toutes ses qualités, repose sur l'exploitation de ressources limitées. Ce qui menace l'équilibre de la planète.
2 — Le lithium bolivien, au détriment du sel et des lamas
Le lithium, surnommé « or blanc », est un métal rare essentiel à la fabrication de batteries, notamment pour les voitures électriques. En Bolivie, dans le Salar de Uyuni, une vaste réserve de lithium est exploitée au détriment de l'écosystème local et au mépris des droits des travailleurs.
Ainsi, l'usage du lithium est ambigu. D'un côté, il offre des avantages environnementaux, notamment via la production de véhicules électriques sans émission de carbone. D'un autre côté, il pose des problèmes écologiques graves liés à son extraction (contamination des eaux et de la terre, déforestation, etc.).
L'auteure montre ensuite comment les ambitions économiques d'un pays, comme celles du président Evo Morales en Bolivie, intensifient la dégradation des terres et l'exploitation des personnes. Les communautés locales se sentent dépourvues face à des promesses politiques non tenues.
3 — Quelques grammes de Congo
En 2018, au Mali, Inès Leonarduzzi rencontre un homme engagé dans la protection des enfants travaillant dans les mines en République démocratique du Congo (RDC). Le Congo, qui abrite 60 % des réserves mondiales de coltan, est au cœur de l'industrie électronique mondiale.
L'exploitation des minerais est souvent réalisée par des enfants, dans des conditions de travail épouvantables et sans protection sanitaire.
Par ailleurs, les conflits armés autour de ces métaux entraînent une tension et des violences extrêmes, qui touchent aussi bien les humains que la faune et la flore. Les législations, bien qu'existantes, sont souvent insuffisantes pour protéger les travailleurs et l'environnement.
Elle plaide pour plus de transparence dans la chaîne d'approvisionnement des appareils électroniques. Selon elle, des lois plus rigoureuses sont nécessaires afin de minimiser les dommages humains et écologiques liés à l'industrie numérique.
La fabrication de nos appareils électroniques — et en premier lieu des smartphones — représente une part importante de la pollution numérique. Toutefois, d'autres défis se posent une fois ces appareils en circulation. C'est l'objet des chapitres suivants.
Chapitre 2 — Nos usages quotidiens
1 — L'Homo digitalis est un nouveau riche
Notre consommation numérique a explosé en une décennie. Le trafic internet mondial a triplé en cinq ans. Chaque jour, six personnes sur dix se connectent à Internet, ce qui génère 2,5 trillions d'octets de données, avec un impact environnemental équivalent à celui du transport aérien.
Cette dépendance au numérique illustre ce que l'auteure appelle le « syndrome du nouveau riche numérique ». Chaque action en ligne, comme l'envoi d'un selfie, consomme une quantité significative d'énergie. Nous utilisons quotidiennement Internet pour des tâches banales et souvent futiles, sans nous préoccuper des conséquences de nos actes.
Cela dit, la consultante en numérique rappelle que les technologies ne sont pas le problème en soi. En réalité, c'est plutôt l'absence d'alternatives énergétiques durables et l'utilisation excessive et mal informée des ressources qui doivent être mises en cause.
Elle plaide notamment pour une prise de conscience collective de la valeur de l'énergie. De la même manière que l'on apprend à gérer l'argent, nous devons apprendre à gérer nos usages numériques, gourmands en énergie.
Nous devons réfléchir aux sacrifices écologiques qui permettent notre confort numérique afin de chercher des moyens plus durables d'agir.
2 — Internet : une pieuvre de métal gourmande en électricité
Internet repose sur un réseau complexe de câbles en fibre optique — principalement enterrés sous les sols marins — qui assurent 95 % des communications mondiales. Ces câbles, longs de plus de 1,2 million de kilomètres, permettent le flux constant de données nécessaires pour maintenir la connectivité mondiale.
Le "cloud" n'a donc rien d'un espace virtuel au-dessus de nos têtes ! Il est en réalité constitué de centres de données physiques, dont la plupart se trouvent sur terre, et de câbles sous-marins enterrés dans les océans.
Historiquement, ces câbles suivent les mêmes routes que celles utilisées par le télégraphe et le téléphone. Aujourd'hui, ce sont les géants du numérique, comme Google et le reste des GAFAM, qui possèdent, gèrent et transforment à leur avantage ces infrastructures.
Les centres de données, où sont stockées toutes les informations numériques, consomment des quantités massives d'énergie. En 2020, leur consommation mondiale était estimée à 650 térawattheures, principalement pour alimenter les serveurs et refroidir les équipements.
Ces centres, nous dit-on, fonctionnent de plus en plus avec des énergies renouvelables. Mais c'est très insuffisant, selon Inès Leonarduzzi. Ils restent de grands consommateurs d'électricité et nécessitent également d'énormes quantités d'eau pour les besoins de refroidissement.
3 — Internet ne consomme pas que de l'électricité
En effet, Internet consomme une énorme quantité d'eau pour fonctionner, principalement pour refroidir les serveurs dans les centres de données. Ces centres utilisent de l'eau traitée dans des systèmes de climatisation pour éviter la surchauffe des machines.
Par exemple, les 800 data centers de Californie consomment autant d'eau que 158 000 piscines olympiques chaque année. L'eau est souvent évacuée après usage, ce qui contribue au gaspillage de ressources précieuses.
Bien sûr, des ingénieurs cherchent à réduire cette consommation. Le système de "free cooling" utilise l'air frais naturel pour refroidir les machines. D'autres techniques permettent de refroidir les serveurs par immersion dans l'huile ou l'eau.
Des entreprises comme Microsoft avec le projet Natick — qui vise à immerger des serveurs sous l'océan pour les refroidir naturellement— cherchent des alternatives. Cependant, même ces méthodes suscitent des questions quant à leur impact environnemental à long terme.
Par exemple, l'implantation de centres de données dans des régions froides comme la Norvège ou le cercle polaire soulève des questions sur l'équilibre thermique de ces régions. En effet, la chaleur des machines pourrait contribuer au réchauffement de ces zones géographiques.
En réalité, ces stratégies sont souvent motivées avant tout par des considérations financières, même si elles se présentent comme "écologiques".
4 — Les énergies vertes parfois grises
Les énergies renouvelables, comme le photovoltaïque et l'éolien, sont souvent considérées comme des solutions écologiques.
Cependant, leur production et leur infrastructure nécessitent des ressources non renouvelables, notamment des métaux rares, dont l'extraction et le traitement ont un impact environnemental significatif. Le transport, l'installation et le recyclage de ces technologies émettent également des gaz à effet de serre.
De plus, ces installations peuvent perturber les écosystèmes. La faune, comme les oiseaux et les poissons, sont touchés. Par ailleurs, l'auteure constate également des problèmes d'érosion des sols et d'inondation des vallées. Bien que ces énergies émettent peu de CO2, elles ne sont donc pas sans conséquences écologiques.
Nous voyons donc, grâce à ces exemples, que l'engouement pour les technologies "vertes" comme les voitures électriques et les énergies renouvelables doit être accompagné d'une réflexion sur leur véritable impact environnemental tout au long de leur cycle de vie.
En fait, nous devons non seulement améliorer ces techniques, mais aussi repenser nos modes de vie. Comment les rendre plus respectueux de l'environnement ?
5 — Réduire notre impact
Pour traiter cet aspect, Inès Leonarduzzi se remémore une jeune fille solitaire qu'elle croisait chaque matin dans le car scolaire. La disparition soudaine de cette jeune fille, qui souffrait de boulimie, l'a amenée à réfléchir sur la surconsommation numérique, qu'elle compare à un comportement compulsif similaire.
Elle souligne que la surconsommation est l'un des maux les plus préoccupants de notre époque. Le numérique représente 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ce n'est pas rien. Pouvons-nous nous désintoxiquer ?
L'auteure prône un changement de comportement progressif et adapté, plutôt qu'une approche radicale. Parmi les actions simples à adopter, elle recommande à minima de :
Conserver ses appareils le plus longtemps possible ;
Privilégier le wifi plutôt que la 4G pour économiser de l'énergie ;
Éteindre sa box internet lorsqu'elle n'est pas utilisée.
Ces gestes simples permettent de réduire l'empreinte numérique tout en réalisant des économies financières et en conservant le confort technologique auquel nous sommes habitués.
Chapitre 3 — Le recyclage
1 — Agbogbloshie
Le bidonville d’Agbogbloshie au Ghana est devenu un cimetière pour les déchets électroniques, principalement expédiés illégalement depuis l'Europe et les États-Unis. Bien que la Convention de Bâle interdise l'exportation de ces déchets vers des pays en développement, ces appareils sont souvent déclarés comme "destinés à la réutilisation".
Sur place, des enfants et adolescents brûlent les appareils pour en extraire des métaux précieux, ce qui est à la fois nocif pour leur santé et l'environnement. Les substances dangereuses comme le plomb, le cadmium et le mercure contaminent les sols, les cours d'eau et l'air, avant de pénétrer dans les organismes vivants.
Malgré quelques initiatives positives — comme la création d'objets d'art à partir de déchets électroniques et des projets de recyclage respectueux de l'environnement —, la situation reste critique.
Alors, que faire ? La consultante en numérique aborde surtout la question de la responsabilité financière des fabricants concernant le recyclage, l'écoconception des appareils et l'amélioration du taux de recyclage.
Pour endiguer ce problème, il est également nécessaire, pour l'auteure, de mesurer et gérer plus efficacement la quantité de déchets électroniques, en promouvant une économie circulaire et en protégeant les travailleurs vulnérables.
2 — Des déchets ou des rejets ?
L'auteure considère que le langage influence notre perception du monde et notre responsabilité,-. Des termes comme "crise" et "déchet", par exemple, portent à confusion. Avec le mot "déchet", par exemple, nous avons l'impression que certains objets sont hors d'usage, alors qu'ils ont encore de la valeur.
Or, dans certaines cultures, rien ne se jette, tout se réemploie. Contrairement à la mentalité occidentale basée sur l'économie de la consommation, ces cultures font preuve d'imagination et d'humilité. Contre notre propension à extraire toujours plus de matériaux, Inès Leonarduzzi plaide ici pour une revalorisation des matériaux existants.
3 — L'économie des flux : et si les déchets créaient de la richesse ?
Notre société continue de valoriser la production de flux, comme en témoigne notre usage du plastique. En France, 5,5 milliards de bouteilles d'eau en plastique sont vendues chaque année. Ce phénomène enrichit les industries pétrochimiques tout en dégradant l'environnement.
Concernant les appareils électroniques, leur durée de vie peut être prolongée par des gestes simples. Nous pouvons, par exemple, remplacer les batteries de nos appareils plutôt que de les jeter.
Trop souvent, les consommateurs changent de téléphone ou d'ordinateur pour des raisons de performance ou sous l'influence de la mode, alors que la plupart de ces appareils fonctionnent encore bien.
La réparation et le recyclage sont des alternatives essentielles pour réduire l'impact environnemental. Consommer avec mesure, en étant conscient de l'impact sur la planète, devient aujourd'hui un signe de modernité.
4 — Le manque d'imagination et de volonté
Pour moins polluer, il faut non seulement réduire notre consommation d’appareils connectés, mais aussi mieux les produire. Cela implique de lutter contre l’obsolescence programmée et de prolonger la durée de vie des appareils en reconditionnant ou en réutilisant leurs composants.
Des initiatives comme les médailles des Jeux Olympiques de Tokyo, fabriquées à partir de déchets électroniques, montrent qu’il est possible de valoriser nos déchets.
Cependant, l'auteure considère que l’obstacle principal à cette transition reste notre manque d’imagination et notre excès d'ego, qui nous poussent à croire que l'économie et l'écologie sont incompatibles.
L'avenir, selon elle, dépendra de notre capacité à adopter une économie circulaire et à mobiliser les citoyens dans ce changement.
5 — S'inspirer des anciens
Pour avancer vers un futur plus durable, il est essentiel de s'inspirer de la nature. Après tout, cette "ingénieure" a bien fait les choses et a des milliards d'années d'expérience !
Le biomimétisme, c'est-à-dire l'innovation inspirée des écosystèmes naturels, offre des solutions ingénieuses qui s'appliquent à tous les domaines industriels, de la construction à l'aéronautique.
Cette approche est encore trop peu explorée. Pourtant, elle montre que la nature fonctionne en cycles sans produire de déchets ni consommer excessivement. L'exemple de la thermorégulation des ours en hibernation illustre comment nous pourrions repenser nos technologies pour qu'elles respectent ces principes naturels d'efficacité énergétique.
Inès Leonarduzzi raconte l'histoire de son grand-père, un homme analphabète mais doté d'une grande sagesse. Il lui avait enseigné que tout ce dont l'humanité a besoin pour résoudre ses problèmes existe déjà, si l'on a les yeux pour le voir et le cœur pour le partager.
Cette leçon rejoint les réflexions des chercheurs modernes qui affirment que nous disposons déjà des ressources nécessaires pour résoudre les grandes crises mondiales, à condition que nous apprenions à mieux les utiliser et les répartir.
Finalement, le biomimétisme n'est pas simplement une approche scientifique, c'est aussi une philosophie de vie qui nous invite à revoir notre rapport au monde et à utiliser les solutions que la nature nous offre tous les jours.
Partie 2 — La pollution numérique intellectuelle
Au-delà de l'impact environnemental du numérique, il existe des formes de "pollutions" numériques moins visibles mais tout aussi préoccupantes. L'illectronisme, ou l'incapacité à utiliser les outils numériques, par exemple, engendre de nouvelles inégalités dans une société de plus en plus dépendante du numérique.
Par ailleurs, l'usage excessif des technologies peut perturber nos capacités cognitives, altérer notre sommeil ou conduire à des dépendances préoccupantes. Ces formes de pollution intellectuelle sont subtiles mais omniprésentes, et elles affectent les individus sans qu'ils en soient toujours conscients.
Pour un numérique véritablement durable, il est crucial de prendre conscience de ces dangers et de développer des stratégies pour s'en prémunir. Comment ? En optimisant l'usage des technologies plutôt qu'en les rejetant.
Pour Inès Leonarduzzi, le défi est d'apprendre à utiliser ces outils de manière intelligente, en renforçant nos capacités cognitives plutôt qu'en les affaiblissant.
Chapitre 1 — L'illectronisme, l'illettrisme électronique
1 — Les laissés-pour-compte du numérique
L’illectronisme, ou l’incapacité à utiliser les outils numériques, touche un nombre croissant de personnes en France, jeunes et personnes âgées. Bien que la majorité des Français possèdent un équipement informatique, beaucoup rencontrent des difficultés avec des tâches simples comme envoyer un e-mail ou remplir des démarches administratives en ligne.
Cette situation est exacerbée par la fermeture progressive des centres administratifs, laissant des milliers de personnes dans l'incapacité d'exercer leurs droits fondamentaux.
Les personnes vulnérables, comme les allocataires de minima sociaux et les demandeurs d’asile, sont particulièrement touchées, car elles peinent à naviguer dans un monde de plus en plus dématérialisé.
L’illectronisme met en lumière une fracture numérique qui transforme le numérique en un outil discriminatoire. Parce qu'ils sont dans l'incapacité d'acquérir ou de se servir des outils numériques, certaines personnes sont privées de leurs droits.
2 — Pourquoi est-ce essentiel de lutter contre l'illectronisme ?
Selon Inès Leonarduzzi, délaisser une partie de la population face à la transition numérique n’est pas seulement une question sociale, c'est aussi une question économique.
En effet, lutter contre l’illectronisme pourrait générer un bénéfice annuel de 1,6 milliard d’euros, notamment via l'optimisation des téléprocédures. Selon l'auteure, l'administration publique pourrait économiser jusqu'à 450 millions d'euros par an.
De plus, les citoyens gagneraient un temps précieux au quotidien, par exemple en simplifiant la prise de rendez-vous médicaux ou les courses en ligne.
Mais pour l'auteure, le véritable problème va au-delà des aspects économiques. Les illectronés, souvent désireux d’apprendre, voient dans le numérique un moyen de rester connectés avec leurs proches.
Mais le déploiement des outils et des formations reste insuffisant. Il faudrait aussi convaincre les réfractaires des avantages qu'ils peuvent tirer de ces outils.
Inès Leonarduzzi souligne enfin que le numérique semble privilégier les populations urbanisées et actives. Pour ceux qui ne souhaitent pas s'équiper d'ordinateurs ou de smartphones, accéder à leurs droits devient un véritable parcours du combattant, ce qui exacerbe le sentiment d'exclusion et de frustration.
Une fracture numérique se creuse, créant ce que la consultante en numérique nomme une "France sans contact", divisée entre les privilégiés et ceux qui sont laissés pour compte dans cette révolution technologique.
Chapitre 2 — L'intelligence humaine à l'épreuve du quotidien
1 — Les enfants : la chair à canon numérique
En tant que mère, Inès Leonarduzzi s'est rapidement interrogée sur l'impact des écrans sur les enfants. Elle souligne que cette question n'a cessé de la préoccuper, même avant sa grossesse.
Lors de ses recherches, elle a découvert que les enfants sont naturellement attirés par les écrans en raison de leur lumière et de leur mouvement. Mais est-ce sans risque ?
Selon Leonarduzzi, les écrans peuvent être à la fois bénéfiques et dangereux pour les enfants.
D'un côté, ils peuvent servir d'outils d'apprentissage, aider les enfants souffrant de troubles d'apprentissage, et même développer certaines compétences cognitives.
Cependant, une exposition excessive peut entraîner des retards de langage, des troubles de l'attention et des difficultés à établir des relations sociales.
Il importe donc d'encadrer strictement l'utilisation des écrans chez les enfants, en adoptant une approche équilibrée qui alterne entre expériences réelles et virtuelles.
Pour aider les parents, Inès Leonarduzzi propose la méthode « EQE » basée sur trois valeurs :
L'équilibre, ;
La qualité ;
L'échange.
Cette méthode encourage les parents à alterner les activités numériques et non numériques, à veiller à la qualité des contenus visionnés par les enfants et à discuter avec eux de leurs expériences en ligne.
Inès Leonarduzzi critique également la réticence des autorités françaises à adopter des mesures de protection plus strictes. À Taïwan, par exemple, l'exposition excessive des jeunes enfants aux écrans est considérée comme une forme de maltraitance.
En France, des efforts sont réalisés pour sensibiliser les parents, mais il reste encore beaucoup à faire pour protéger les plus petits des effets potentiellement nocifs des écrans.
2 — Dors, tu n'es pas un robot !
Une enquête menée en 2016 révèle que plus de 90 % des personnes dormant près de leur téléphone consultent leurs messages la nuit, et 79 % y répondent immédiatement. Ces habitudes, courantes chez les adolescents, ont des effets préoccupants sur la santé.
En activant les récepteurs photosensibles de la rétine, la lumière bleue perturbe le rythme circadien et entraîne des troubles du sommeil, voire des maladies comme l’obésité ou le diabète.
Pour l'auteure, le sommeil devrait être un moment de déconnexion totale. Les adolescents sont particulièrement vulnérables, car le sommeil est crucial pour leur croissance. Des études montrent que les enfants possédant un smartphone dorment moins que ceux qui n'en ont pas, ce qui contribue à un phénomène inquiétant de « dette de sommeil ».
Inès Leonarduzzi souligne l'importance de sensibiliser davantage sur ce sujet, en particulier auprès des jeunes. Elle plaide pour une utilisation plus exigeante et consciente du numérique.
Elle insiste tout particulièrement sur la nécessité d'éduquer les jeunes aux effets néfastes des écrans sur le sommeil et rappelle que peu d'initiatives institutionnelles ou technologiques existent actuellement pour protéger les utilisateurs.
3 — L'hyperconnexion, cette amie toxique
Dans ce chapitre, Inès Leonarduzzi partage son expérience personnelle de stress numérique. Elle raconte comment la surcharge de travail et l'usage intensif de ses smartphones l'ont conduit à une fatigue extrême à un âge précoce.
À 26 ans, la pression constante d'être connectée et disponible en permanence l'a conduit à un épuisement professionnel ou "blurring" — un état où les frontières entre vie personnelle et professionnelle s'effacent complètement.
Pour l'auteure, cette pression est exacerbée par la culture actuelle de l'e-mail, qui est passée d'un mode de communication asynchrone à une exigence de réponse immédiate.
Les employés passent désormais une part significative de leur journée à gérer leurs e-mails, ce qui entraîne non seulement une augmentation du stress, mais aussi une baisse de la productivité.
Cette hyper-connectivité a donné naissance à de nouvelles formes de stress, comme la nomophobie et l'hypovibrochondrie. Ces termes neufs sont révélateurs de l'impact du numérique sur la santé mentale.
Inès Leonarduzzi propose finalement des stratégies concrètes pour réduire le stress numérique, telles que :
Fixer des créneaux horaires pour vérifier les e-mails ;
Désactiver les notifications et organiser ses messages ;
Limiter l'usage du téléphone le soir.
Chapitre 3 — Les algorithmes de l'addiction
1 — L'économie de l'attention
En 2014, Banksy, connu pour ses œuvres politiquement engagées, se détourne brièvement de la politique pour aborder l'addiction aux écrans à travers sa peinture murale Mobile Lovers. L'œuvre montre un couple enlacé, mais chacun est absorbé par son smartphone, ignorant l'autre.
Plus tard cette même année, une autre œuvre de Banksy représente un smartphone prenant racine dans une main, symbolisant son intégration profonde dans nos vies.
Ces deux œuvres illustrent la difficulté de réguler l'utilisation des écrans : nous serions "addicts" ou presque. Pourquoi ?
Selon Inès Leonarduzzi, il est essentiel de comprendre son origine. Elle se réfère, pour cela, à plusieurs chercheurs en sciences sociales. Tout d'abord, elle se réfère à Herbet Simon pour affirmer que nous vivons désormais dans des sociétés riches en information.
Par ailleurs, elle se tourne vers Yves Citton qui explique que l'attention des individus est devenue un enjeu économique crucial.
L'auteure illustre ce dernier point en affirmant que TF1 et Facebook sont avant tout des régies publicitaires, avant même d'être des chaînes de télévision ou des réseaux sociaux ! En effet, ces entreprises captent notre attention pour vendre des espaces publicitaires.
Pour l'auteure, cette course à l'attention mène une forme de pollution numérique intellectuelle. L'omniprésence des écrans, alimentée par ces modèles économiques, conduit à un déclin intellectuel marqué par l'augmentation des troubles de l'attention et de la concentration.
2 — Ceux qui nous piègent depuis la Silicon Valley
Dans la Silicon Valley, l'objectif principal des entreprises technologiques est de créer des applications qui captent le plus grand nombre d'utilisateurs. Comment ? En utilisant des stratégies qui exploitent les biais cognitifs pour encourager l'addiction aux écrans.
Notre attachement aux outils numériques n'est donc pas un simple effet secondaire. C'est une stratégie délibérée conçue par des experts en « expérience utilisateur » (UX designers), souvent formés en sciences cognitives.
Leur mission ? Concevoir des interfaces qui incitent les utilisateurs à réaliser des actions malgré eux, à travers des techniques appelées dark patterns.
Ces dark patterns incluent des mécanismes comme le fil d'actualité infini sur les réseaux sociaux ou les notifications répétitives. Ces techniques créent des habitudes addictives similaires à celles des machines à sous.
L'université de Stanford, par exemple, a été pionnière dans l'enseignement de ces techniques à travers son Persuasive Tech Lab, où des étudiants apprennent à manipuler les comportements des utilisateurs.
Mais l'avenir n'est pas si sombre. Heureusement, Inès Leonarduzzi souligne qu'une nouvelle génération de « designers éthiques » émerge. Ceux-ci cherchent à créer des interfaces qui respectent et aident les utilisateurs et non à les manipuler.
Encore une fois, pour elle, l'enjeu n'est pas de rejeter le numérique, mais de participer à la construction d'un futur numérique plus responsable.
]]>Résumé de « Faire plus avec moins » de Vicky Payeur : la créatrice du blog Vivre avec moins nous propose ici un condensé de son savoir et de ses conseils pour « redécouvrir l’abondance grâce à la frugalité » et apprendre à vivre mieux au jour le jour.
Vicky Payeur, 2022, 204 pages.
Chronique et résumé de "Faire plus avec moins" de Vicky Payeur
Avant-propos
Connaissez-vous le frugalisme ? Il s'agit de cette tendance à rechercher l'indépendance financière hors travail le plus tôt possible dans son existence. Autrement dit, prendre sa retraite dès 30 ou 40 ans ! Mais est-ce vraiment réalisable ?
Au Québec — pays de Vicky Payeur — comme ailleurs, la réponse est oui. À condition, bien sûr, de respecter certains principes de vie et d'avoir mis suffisamment d'argent de côté pendant les années de labeur.
Le mouvement FIRE, pour Financial Independence Retire Early est pionnier et particulièrement représentatif de cette tendance de fond des sociétés contemporaines. Il a émergé aux États-Unis dans les années 2010, quand des blogueurs ont publié leurs idées concernant l'épargne et la retraite précoce.
Vicky Payeur dit s'inspirer de tous ces auteurs du mouvement FIRE. Mais elle voudrait répondre à une question restée selon elle largement sans réponse : "comment vivre la frugalité au quotidien ?" C'est-à-dire concrètement (p. 8-9) :
« Comment faire augmenter la valeur de ses placements ?
Quelles stratégies utiliser pour réduire les impôts à payer ?
Comment travailler davantage ou gagner plus d'argent ?
Quelles dépenses est-il nécessaire d'enlever de son budget pour peut-être espérer vivre librement un jour ?
Comment épargner un peu plus chaque mois ? » (Faire plus avec moins, Avant-propos)
L'autrice s'est posé ces questions dans sa propre existence : en 2015, elle est passée d'un mode de vie hyperconsommateur à une existence frugale, principalement pour rembourser ses dettes. Aujourd'hui, elle est très heureuse de son choix et veut partager ses bons plans avec vous. Sympa, non ?
Si vous voulez en savoir plus, rendez-vous sur son blog Vivre Avec Moins.
Introduction
"Frugalité est un mot que j'entends bien rarement. Probablement parce qu'il est souvent associé péjorativement à l'avarice ou, comme on dit, au fait d'être cheap. Personne ne souhaite être perçu ainsi dans une société où l'étalage des richesses et la démonstration d'exploits professionnels sont valorisés ! Cependant, il y a une nuance importante entre frugalité et avarice."
Quelle est-elle ?
L'avare ne veut pas se séparer de son argent ; il veut même en accumuler toujours plus, sans raison.
La personne frugale (ou le "frugaliste") est sobre, oui, économe, encore, mais elle n'est pas attachée à l'argent et pourra se montrer généreuse ou s'octroyer des plaisirs de temps à autre.
La frugalité ne date pas d'hier
En un sens, la frugalité est une habitude de grand-mère. Rappelez-vous ses petits plats et sa manie à "tout" réparer ou à tout garder. Eh bien, c'est l'inverse de notre mode de vie actuel et, pourtant, c'est vers cela que nous pouvons aller si nous le voulons.
Oui, penser sa consommation est (re)devenu essentiel ! Oui, penser, réfléchir à ce qui est utile et à ce qui ne l'est pas. Commençons petit à petit et voyons comment amplifier peu à peu cette attitude dans notre existence de tous les jours. L'enjeu est économique, mais aussi environnemental.
Oser devenir libre
"En consommant moins, mais mieux, on peut transformer notre budget en entier", dit l'auteur. Épargner : voilà la clé. Et ce livre est justement conçu pour vous aider à le faire de manière efficace. Certaines propositions peuvent paraître "extrêmes", mais c'est parce qu'elles visent à "atteindre des objectifs ambitieux".
C'est possible. Par ailleurs, être frugal ne veut pas dire arrêter complètement de travailler. Vous pouvez vous consacrer à des projets qui ont du sens pour vous, mais vous ne dépendez plus d'un emploi qui ne vous plaît pas.
À vous de définir exactement votre idée de la liberté financière. À vous, aussi, de laisser de côté les conseils qui vous plairont le moins pour adapter la méthode en fonction de vos aspirations profondes.
Partie 1 — L'heure des bilans
Au Québec, un tiers de la population environ vit d'une paie à l'autre sans pouvoir épargner ou en épargnant très peu. Pour Vicky Payeur, c'était la même chose. Jusqu'au jour où elle s'est mise en tête d'étudier les dépenses de son compte bancaire.
Elle donne ce premier conseil :
"Prenez le temps d'analyser votre situation financière en toute franchise et posez-vous la question suivante : "où va mon argent ?"." (Faire plus avec moins, Chapitre 1)
Posez-vous des questions telles que :
Combien est-ce que je dépense en… (restaurant, vêtements, etc.) ?
Quand ai-je réalisé ma dernière grosse dépense ?
Combien est-ce que j'épargne par mois ?
Jusqu'à quand pourrais-je survivre si je perdais mon travail demain ?
En fait, nous pensons souvent agir plus vertueusement que nous ne le faisons en réalité. Lorsque nous nous imposons cette petite analyse, nous voyons mieux où le bât blesse et ce que nous pouvons faire pour corriger le tir. Et cela vaut à 20 ans comme à 50 !
Nous ne sommes pas les victimes. L'état de nos finances dépend de nous. Bien sûr, nous avons diverses obligations, mais il est toujours possible de revenir à la question : "qui a choisi de contracter ce prêt ?", etc.
Commençons donc par nous dire que c'est possible. Et que nous avons la responsabilité de gérer correctement notre argent. Chacun, en fonction de sa situation propre, peut faire un premier pas.
Quels sont les postes de dépenses que vous pouvez revoir ?
Les déplacements
Si vous avez besoin d'une voiture, interrogez-vous sur l'utilité réelle (et non symbolique) d'avoir une voiture neuve, en location (leasing) ou achetée avec un prêt, par exemple. Ne vaut-il pas mieux opter pour une voiture d'occasion ?
Et si vous ne possédiez pas de voiture ? Le quotidien deviendrait-il impossible ? Si la réponse est non, alors interrogez-vous sur le caractère nécessaire de cet achat et envisagez les autres options en comparant l'aspect financier (autobus, train, etc.).
L'hypothèque
Les prix des logements montent, grimpent, volent ! Vous voulez acheter ? Avez-vous les reins assez solides pour vous embarquer dans une hypothèque à long terme ?
Vicky Payeur met surtout en garde au niveau de la tentation de voir trop grand. Pensez votre logement en fonctions, ici encore, de vos besoins réels. Selon le nombre de personnes dans votre famille, vous aurez certes besoin d'une maison ou d'un appartement plus petit ou plus grand, mais à quoi bon vouloir un palace difficile à chauffer ?
Le ratio des dépenses mensuelles liées au logement devrait être d'un tiers (30 %) et idéalement d'un cinquième (20 %). Dans beaucoup d'endroits, il est difficile de tenir ce ratio, mais vous pouvez agir à d'autres endroits.
"En réduisant le coût obligatoire associé à votre habitation, vous aurez plus de marge de manœuvre pour les autres postes de dépenses et, par le fait même, pourrez épargner davantage." (Faire plus avec moins, Chapitre 2)
Les sorties au restaurant
Nous aimons tous aller au restaurant. Mais nous avons aussi tendance à y aller… beaucoup. Surtout lorsque nous travaillons à l'extérieur. Petit-déjeuner, déjeuner et dîner : parfois les trois repas y passent !
Faites le compte. Cela revient vite cher, vous verrez. Nous verrons dans la suite de l'ouvrage (partie 2) comment mettre en place une alimentation plus frugale et plus saine — sans pour autant nous priver du restaurant lors des occasions spéciales !
Les achats impulsifs
Les trois postes de dépenses précédents (voiture, logement, nourriture) sont souvent les plus gourmands et ceux qui nous empêchent d'épargner. Il faut y ajouter tous ces achats impulsifs qui allègent grandement notre portefeuille.
À quoi pensez-vous ? À la télévision que vous venez d'acheter ? Au cafe latte de 16 h ou à cette dernière paire de chaussures commandée en ligne ? Pas besoin de vous faire un dessin ; vous voyez certainement de quoi Vicky Payeur veut parler !
"Tous ces achats que vous faites parfois sans réfléchir ont un effet direct sur votre liberté. Plus vous dépensez, plus vous devrez travailler pour payer ces abonnements mensuels et ces achats spontanés. Chaque fois que vous utilisez votre carte bancaire, vous venez de retarder l'heure, le jour et l'année de l'atteinte de votre liberté." (Faire plus avec moins, Chapitre 2)
Cette dernière phrase peut faire réfléchir, pas vrai ? Gardez-la à l'esprit au moment de sortir votre carte bleue plus vite que Zorro.
Choisir sa vie
Bien entendu, personne ne vous demande de vivre une vie qui ne vous conviendrait pas. Vous avez le contrôle. Si, pour vous, cette vie plus dépensière vous satisfait et que vous pouvez vous l'offrir (même si c'est à crédit sur votre retraite anticipée), alors pourquoi pas !
Mais si vous avez l'ambition de moins travailler et/ou de vous consacrer davantage à ce que vous aimez vraiment, bref si votre vie ne vous convient pas en l'état, alors pensez-y…"Prenez quelques minutes pour analyser votre mode de vie actuel et les frais occasionnés", dit l'autrice. "Où aimeriez-vous habiter ? Quelle vie aimeriez-vous mener ?".
Le changement est aussi psychologique et social. Nous avons l'habitude d'écouter certains discours qui nous poussent à la consommation. Mais correspondent-ils à nos valeurs et à nos aspirations ? Pas vraiment, ou rarement.
Changer dans le sens du frugalisme, c'est donc aussi ouvrir son esprit à d'autres manières de voir le monde et d'agir en son sein.
Par ailleurs, la motivation à vous limiter aujourd'hui peut être boostée par votre volonté à atteindre un objectif précis. C'est aujourd'hui que commence ce projet, et pas demain ! Établissez dès que possible votre pourquoi (votre objectif) et votre comment (les moyens pour y parvenir).
Progressez à votre rythme
"Ne vous inquiétez pas, je ne vous suggère pas de devenir un ermite dans le fond des bois, loin de la consommation de notre société capitaliste (bien que je trouve ce mode de vie inspirant !). Il suffit de modifier quelques-uns des gestes que vous accomplissez quotidiennement au profit d'une option plus économique." (Faire plus avec moins, Chapitre 3)
Autre point central qui est même la "règle d'or" selon Vicky Payeur : y aller à son rythme. Sans quoi, vous risquez fort bien d'abandonner rapidement.
Par ailleurs, utilisez ce que vous avez déjà. Prenons un exemple. Terminez tous vos produits de ménage habituels afin de penser à en acheter d'autres qui seront plus économiques et écologiques (par exemple en vrac).
Selon Vicky Payeur, la durée de "mise en route" d'un mode de vie frugal peut fortement varier selon les personnes. Dans son cas, cela lui a pris un an et demi pour "atteindre un niveau satisfaisant". "Il ne faut pas devenir fou et rechercher la perfection", dit-elle encore pour nous rassurer.
L'important, c'est d'être curieux et de tester les astuces. D'en faire de petites habitudes à intégrer dans votre quotidien progressivement. Laissez de côté celles qui ne vous correspondent pas et adoptez les autres !
Cherchez l'inspiration
Vous trouverez sur Internet différentes inspirations, des plus radicales (comme Mark Boyle et son livre L'homme sans argent) au plus softs.
Vous pouvez aussi trouver l'inspiration plus directement autour de vous. Nous avons parlé plus tôt de la grand-mère, mais cela peut être un cousin ou un oncle. Qui sait ! Demandez-leur comment ils font et ils partageront certainement leurs astuces frugales avec vous.
Mais Vicky Payeur ne veut pas s'arrêter là. Selon elle, vous pouvez devenir votre propre source d'inspiration. Comment ça ?
En fait, vous pouvez rapidement devenir "accro" à ce petit jeu de l'épargne. Dès que notre focale se concentre sur la liberté financière, vous avez envie d'éliminer les dépenses superflues. cela devient un jeu !
Persévérez
Comment tenir bon, même dans les moments difficiles ? L'autrice rapporte ici sa propre expérience et donne des dates précises :
2015-2016 : elle freine sa surconsommation et met de l'ordre dans ses finances.
2016-2018 : elle commence à voir son endettement se réduire peu à peu. En un peu moins de deux ans, elle rembourse 16 000 $.
2018-2019 : elle se constitue un fonds d'urgence pour "assurer sa sécurité financière". Elle décide de quitter son emploi au bout d'un an d'épargne.
2019-2020 : ce n'est pas toujours facile d'être complètement à son compte. Mais elle a réussi à ne pas s'endetter à nouveau et à vivre modestement, mais correctement.
2020-2021 : elle achète un bien immobilier avec son compagnon, beaucoup de dépenses en une fois, mais un investissement rendu possible par les efforts réalisés jusque-là !
"Parfois, il faut mettre la main à la pâte pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, pour changer son quotidien." (...) Le chemin le plus facile pour y arriver, c'est celui de la frugalité." (Faire plus avec moins, Chapitre 3)
Petit à petit, vous pouvez voir le ciel s'éclaircir et penser non seulement à l'épargne, mais aux investissements financiers tels que la bourse ou l'immobilier.
"Êtes-vous obligé de parler de vos nouvelles motivations, de votre changement de vie ou de vos prises de conscience ? La réponse est non." (Faire plus avec moins, Chapitre 4)
Parfois, nous pouvons percevoir notre entourage comme un frein dans la réalisation de nos objectifs. À d'autres moments, ils sont une grande source d'inspiration et de motivation. À vous, donc, de voir quand et avec qui vous voulez partager votre nouveau goût pour la simplicité.
Vicky Payeur, pour sa part, a décidé d'ouvrir complètement les vannes, puisqu'elle a créé un blog dans lequel elle s'est mise à raconter son parcours, depuis ses erreurs jusqu'à ses réussites. Elle partage au quotidien avec son audience des trucs et astuces et répond aux questions qui lui sont adressées.
☀️ En véritable infopreneuse, elle propose aujourd'hui des ateliers et des formations pour aider celles et ceux qui le souhaitent à prendre le chemin de la frugalité. Bref, à sa manière, elle suit la méthode des rebelles intelligents proposée dans votre livre gratuit Vivez la vie de vos rêves grâce à votre blog !
Le jugement des autres
Le jugement des autres peut avoir une influence négative sur vous. Certaines personnes peuvent être fermées à ce mode de vie. D'autres peuvent (parfois même les mêmes) ressentir de la jalousie. Savoir s'y préparer permet de mieux affronter ce problème.
Comment faire ? En ne parlant pas quand vous n'en sentez pas le désir et en ignorant ceux et celles qui vous critiquent ou vous envient. Malgré ses activités de blogueuse, Vicky Payeur prône plutôt la voie du "en dire moins, c'est souvent mieux'.
Surtout lorsqu'il s'agit de parler de ce que vous arrivez à mettre de côté ! En effet, ce n'est pas la même chose de parler de ses difficultés et de trucs et astuces pour les surmonter que d'exposer ses objectifs et ses revenus réels.
La prudence est donc de mise. Mais dans tous les cas, vous restez maître de vos prises de parole.
Une histoire de collègues
Au travail, vous pourrez faire face à des collègues qui sont eux aussi dans des situations d'endettement ou de difficultés financières, mais qui refuseront (voire se moqueront) de vos objectifs frugaux. C'est ce qu'a vécu Vicky Payeur. Comme elle, laissez vos chemins se séparer.
Focalisez-vous sur votre propre réussite et adoptez la pensée positive.
"Aujourd'hui, je sais pertinemment qu'adopter la pensée positive dans mes différentes actions du quotidien a été la clef de ma réussite." (Faire plus avec moins, Chapitre 4)
La force des amitiés
À côté des personnes qui vous tirent vers le bas, il y — aussi ! — toutes celles qui vous aident dans votre parcours. Les vrais amis sont ceux qui accepteront de ne plus sortir au restaurant comme avant mais vous aimeront toujours autant.
Redécouvrez ensemble des activités que vous aviez perdues de vue, par exemple. Pourquoi ne pas se retrouver chez soi plutôt que d'aller dans un bar ? Aller se promener ou jouer aux cartes… Ce ne sont que quelques illustrations.
Vous pouvez également adapter certaines activités pour les rendre plus frugales. Par exemple : les vacances. Vous pouvez épargner tout au long de l'année dans l'optique de ces vacances entre amis que vous avez l'habitude de faire.
"Croire qu'on ne peut pas adopter de nouvelles habitudes par crainte de l'avis de ses amis ou d'autrui, c'est s'enfermer dans une cage sans même avoir essayé d'en sortir. Essayez de nouvelles choses, osez, puis vous verrez ce qui en découlera !" (Faire moins avec plus, Chapitre 4)
Partie 2 — Comment se vit la frugalité ?
Revenons encore une fois à nos grands-parents. Non pas pour nier les progrès dont nous profitons aujourd'hui, mais pour éclairer de leur perspective notre tendance à l'hyperconsommation.
Ils avaient l'habitude de recycler et d'entretenir les choses ; nous jetons sans même prendre le temps de réparer. Qui a raison ? Prenons-les en exemple, soutient Vicky Payeur.
S'inspirer de la Grande Dépression
La grande crise qui fit suite au Krash boursier de 1929 intéresse beaucoup l'autrice. Selon elle, il y a même "7 astuces économes" à retenir en particulier :
« Cuisiner à partir de rien ;
Réparer avant de remplacer ;
Se divertir dans le confort de son foyer ;
Faire soi-même ;
Faire du troc ;
Dépenser seulement l'argent qu'on a ;
Réutiliser. » (Faire plus avec moins, Chapitre 5)
Retourner à la base
Nos ancêtres avaient beaucoup d'imagination pour vivre de peu ! En allant fouiller pour nous dans les savoirs de nos aïeux, la blogueuse retrouve plein de trucs et astuces qu'elle partage dans cet ouvrage.
Parmi les conseils supplémentaires, très pratico-pratiques, qu'elle donne à la suite du chapitre pour concrétiser les "7 astuces économes", vous trouverez :
Faire son bouillon (alimentation) ;
Sécher les poches de thé (alimentation) ;
Entretenir un potager (alimentation) ;
Réutiliser les vieux tissus (textile) ;
Raccommoder les vêtements (textile) ;
Revaloriser les emballages alimentaires (organisation) ;
Prendre des notes sur des vieilles enveloppes (organisation) ;
Etc.
À vous de consulter l'ouvrage afin de voir quels sont les trucs qui vous plaisent et vous paraissent réalisables chez vous ;). Maintenant, entrons dans le détail des propositions de Vicky Payeur.
"Il faut arrêter de consommer en mode automatique et commencer à se poser les bonnes questions qui nous rapprocheront un peu plus de notre liberté financière. L'argent qu'on évite de gaspiller aujourd'hui est peut-être ce qui fera la différence entre une retraite à 45, 50 ou 55 ans, plutôt qu'à la mi-soixantaine !" (Faire plus avec moins, Chapitre 6)
La cuisine est sans doute l'un des endroits où nous pouvons agir le plus efficacement pour réduire nos dépenses et mettre en pratique le frugalisme. Voyons comment.
L'évolution de mon panier
Vicky Payeur raconte comment elle est passée d'un panier d'achat de 120 $ à 50 $ par semaine (et même à 20 $ lorsqu'elle remboursait ses dettes !). Plusieurs actions sont à mettre en place, comme utiliser ce que vous avez dans vos tiroirs et n'acheter que ce dont vous avez besoin.
Progressivement, vous pouvez également changer durablement vos habitudes alimentaires. Manger moins de viande est économique et écologique, sans compter que c'est également bon pour votre santé.
Autre astuce : être attentif aux aubaines : réductions en tout genre dans les magasins ou via des applications dédiées, par exemple.
Viser l'équilibre, pas les extrêmes
Il est important de continuer à s'alimenter correctement. Manger des pâtes au beurre tous les jours n'est pas la solution… Votre santé est plus précieuse que vos économies !
Manger frugal
Manger frugal, c'est donc manger des produits frais et variés. Bref, c'est manger sainement et économiquement en suivant ces 9 règles d'or de l'alimentation frugale (p. 83) :
« Ne rien gaspiller ;
Cuisiner ce que l'on a ;
Utiliser des techniques de conservation adaptées ;
Planifier ses repas ;
Connaître les prix ;
Adopter la semaine sans épicerie ;
Mettre en place un système anti-gaspillage ;
Faire pousser des aliments ;
Manger principalement des repas maison." (Faire plus avec moins, Chapitre 6)
L'autrice présente en détail ces 9 points et vous donne encore plus de conseils dans les pages qui suivent. Mais passons à la suite.
Les fameux gadgets de cuisine
Minimalisme et frugalisme vont de pair. Pas besoin d'avoir les nouveaux robots ménagers à la mode ou les ustensiles hyperspécialisés qui vous serviront trois fois dans l'année. Débarrassez-vous de tous ces gadgets inutiles, encombrants. Et surtout : ne les achetez pas ! Ou bien si vraiment c'est indispensable, achetez en promotion…
N'oubliez pas : les produits dits "révolutionnaires" censés vous "simplifier la vie" ne sont souvent que des machins compliqués qui, au final, ne vous font pas gagner une seule minute — et encore moins un centime.
Économiser un dollar à la fois
En apprenant la simplicité et le recyclage en matière d'alimentation, vous pouvez vraiment commencer à voir la différence dans votre portemonnaie et votre compte en banque. C'est l'un des domaines où vous pouvez être le plus créatif et le plus rapidement efficace.
"Imaginez : chaque jour, le tiers de votre temps passé au travail ne sert qu'à mettre un toit sur votre tête. Réduire sa mensualité pour se loger est donc, sans surprise, une piste de solution majeure pour réduire vos dépenses de manière générale et alléger votre budget." (Faire plus avec moins, Chapitre 7)
Ne partons pas du principe que c'est impossible ; se loger à coût raisonnable est parfaitement faisable. Il y a des solutions plus radicales, telles que vivre en yourte ou sur un bateau, par exemple, et d'autres qui le sont moins. Explorons-les ensemble.
Les pièges à éviter
La première erreur est peut-être… de choisir une propriété "qui utilise le maximum de notre capacité d'emprunt pour l'hypothèque". À quoi bon ? Le plus important n'est-il pas de bien vivre au quotidien, sans se créer (trop) de stress supplémentaire ?
La modestie peut ici vous éviter de gros ennuis plus tard, lorsque vous devrez rembourser mensuellement votre prêt.
Autre écueil (lié au premier) : éviter de faire le "voisin gonflable", c'est-à-dire celui qui a tendance à gonfler son importance de biens trop chers pour lui, jusqu'à l'endettement insupportable.
Nous avons toujours tous tendance à nous comparer aux autres et à vouloir ce qu'ils ont (voire mieux). C'est la base sociologique de ce phénomène problématique.
Mais nous pouvons y résister. Au lieu d'agir de façon impulsive, attendez deux semaines ou un mois avant d'agir. "Il y a de fortes chances que vous ayez déjà oublié ce désir et que vous soyez rendu à autre chose", prédit Vicky Payeur !
Les autres frais
Il existe des dépenses plus essentielles que d'autres. Parmi celles-ci, bien sûr, le paiement de l'hypothèque ou du loyer, ainsi que les assurances diverses et les frais fixes (abonnements à l'électricité, internet, eau, gaz) qui nous permettent de vivre confortablement et en sécurité au jour le jour.
Par contre, réfléchissez aux dépenses qui sont accessoires. Cela dépend de chacun, mais voici quelques exemples :
Femme de ménage ;
Entretien paysager ;
Télévision câblée (ou abonnement Netflix) ;
Etc.
Se loger à petit prix
Dans cette section, l'autrice vous donne quelques idées pour vivre de façon moins conventionnelle et plus économique — voire plus rentable :
Opter pour un petit logement (genre tiny house, yourte, etc.) ;
Vivre en colocation ;
Habiter avec ses parents ;
Déménager dans une autre région ;
Louer une partie de son bien immobilier ;
Vivre en van ;
Faire du "home sitting" (gardiennage de maison) ou du WWOOFing (travail contre logement) ;
Etc.
Les solutions sont nombreuses et très variées !
Vivre de façon alternative, même avec des enfants
Peut-être pensez-vous que ces solutions sont réservées à des jeunes gens. Impossible d'agir de la sorte quand on a une famille ! Et pourquoi pas ? L'autrice rapporte plusieurs anecdotes de parents vivant frugalement et différemment en ayant un ou plusieurs enfants.
Hypothèque ou location ?
Impossible à dire de façon générale. "Pour savoir si vous gagnez à louer ou à acheter une propriété, il vous faudra sortir la calculatrice", prévient Vicky Payeur. Toutefois, il est possible de mettre en évidence quelques avantages et inconvénients de chaque situation.
Pour la location :
Prix fixe chaque mois (+) ;
Mais possibilité de hausse du prix du loyer au renouvellement du contrat, voire d'expulsion (-) ;
Moins de frais liés à l'entretien (+) ;
Mais moins de liberté d'action (-).
Pour l'achat/hypothèque :
Marge de manœuvre accrue (+) ;
Mais frais "surprises" (-) ;
Épargne "forcée" qui nous permet de constituer un capital (+).
"Plutôt que de dépenser votre argent en biens matériels, dépensez-le en nouveaux apprentissages. Le savoir est la seule chose que personne ne pourra jamais vous retirer." (Dominique Loreau, L'art de la simplicité, Cité dans Faire plus avec moins, Chapitre 8)
Nous avons plus de loisirs aujourd'hui qu'avant, mais souvent nous passons notre temps libre à passer d'une activité payante à une autre. Pourtant, il est tout à fait possible de profiter du quotidien sans en faire des tonnes.
Vivre plutôt que consommer
Les émotions que nous ressentons lorsque nous achetons quelque chose (bien ou service) ne durent généralement pas. En revanche, celles qui nous prennent lorsque nous vivons quelque chose de fort, fortuit et gratuit, celles la restent ancrées en nous.
Ces expériences peuvent être de différentes natures : bénévolat ou simple jardinage, il y a le choix ! L'idée consiste à se détourner des possessions et du matériel pour insister sur le moment passé ensemble.
Le coût des loisirs
Vous pouvez limiter les dépenses et mieux profiter de l'existence. Comment ? En réfléchissant à vos achats de "gadgets". Encore une fois, il tient à vous seul de savoir ce qu'est, pour vous, une dépense légitime et une dépense superflue.
Si vous faites un sport, par exemple, certaines dépenses seront nécessaires. Mais comment les gérer ? Vicky Payeur vous propose de mettre tout cela par écrit et de faire le point.
Quelle est l'enveloppe budgétaire que vous avez consacrée en un an à votre loisir principal (sport, activité culturelle) ? Êtes-vous heureux du résultat et souhaitez-vous continuer ainsi ?
Et les autres activités ?
Lesquelles vous semblent pertinentes et satisfaisantes ? Lesquelles pourraient être supprimées ou limitées ?
Les modes
Les stigmatisations vont bon train. Pour les sports, on vous reprochera de ne pas avoir le matériel dernier cri. Pour la musique, par exemple, certains vous demanderont pourquoi vous n'avez "que" la version freemium…
Nous l'avons déjà dit : nous sommes influencés par nos pairs. Cela vaut dans le domaine de l'alimentation et du logement comme du loisir. Mais vivre sobrement, c'est penser différemment et c'est donc "arrêter de faire… comme tout le monde" !
Les activités déjà payées à même les taxes
Eh oui, chaque année, nous payons en impôts et en taxes des infrastructures et des institutions de loisirs dont nous aurions bien tort de nous priver. Par exemple ?
Au niveau du sport :
Chemins de randonnée publics et gratuits ;
Parcs municipaux et infrastructures sportives qui y sont installés ;
Sentiers, trottoirs et pistes cyclables pour courir ou faire du vélo ;
Groupes d'entraide et de création d'événements gratuits ;
Piscines municipales (moins chères) ;
Etc.
Au niveau culturel :
Musées (parfois gratuits) ;
Festivals et spectacles gratuits l'été ;
Bibliothèques ;
Conférences et cours gratuits ;
Quartiers et villages proches ;
Groupes et associations locales ;
Etc.
En outre, vous pouvez vous divertir en restant chez vous. Recréez, par exemple, l'ambiance cinéma à la maison… Ou profitez de votre temps libre pour écrire sur des thématiques qui vous intéressent ou jouer de la musique en autodidacte…
Des loisirs modestes
Vicky Payeur a plein d'idées ! Elle propose de noter les activités en fonction de leur coût ($$$, $$, $ ou 0) et à voir ce que vous pouvez changer par des loisirs gratuits et "modestes". Il y en a pour tous les goûts :
Au niveau du sport (utiliser les infrastructures gratuites pour courir, faire du vélo, jouer au ping-pong, etc.) ;
Ou des activités culturelles (depuis les visites gratuites, jusqu'aux conférences citées plus haut, etc.) ;
Et des activités domestiques (comme le jardinage, la construction/restauration de meubles, etc.) ;
Ou sociales (bénévolat, organisation de dîner partagé ou de pique-nique, chez soi ou dans la nature) ;
Etc.
L'autrice donne une foule d'idées impossible à reproduire ici. Consultez l'ouvrage pour vous faire une meilleure idée !
Voyager léger
Faire le tour du monde sans argent ? C’est ce qu’ont fait Muammer Yilmaz et Milan Bihlmann pour démontrer que c’était possible. Vous ne souhaitez pas aller jusque là ? C’est compréhensible.
Voyons donc les solutions qui s’offrent à vous. :
Être flexible (si vous travaillez de chez vous en freelance, par exemple, c'est plus facile de voyager les jours "creux") ;
Faire du couchsurfing ;
Prendre le bus de ville et acheter vos propres aliments au lieu d'aller au resto tous les jours ;
Aller dans des pays où vous avez un meilleur pouvoir d'achat (en Asie, notamment).
La frugalité et les loisirs dans la vraie vie
Il y a un équilibre à trouver entre le souhait d'épargner et l'envie de vivre le moment présent. L'important consiste à ne pas devenir avare. Sachez dépenser votre argent, mais dépensez-le sagement !
"La frugalité n'est pas la privation", répète Vicky Payeur. "C'est économiser là où d'autres dépensent tout leur argent et le faire de manière intelligente et réfléchie", conclut-elle.
Combien dépensez-vous par mois en vêtements et soins personnels ? Pour un Canadien, c'était en moyenne 400 $ par mois en 2019. Si cela vous semble beaucoup, faites votre propre compte. Vous aurez peut-être des surprises !
La différence entre besoin — quelque chose de nécessaire à notre bien-être — et désir — plus proche du caprice inutile — est ici importante.
Moins, c'est mieux !
Vicky Payeur prête beaucoup d'attention à son physique, mais elle le fait de façon minimaliste et frugaliste.
Elle a fait le vide et n'a gardé que 20 % de sa garde-robe ; ce qu'elle porte vraiment. Elle a aussi modifié son style pour qu'il soit plus simple et que ses vêtements soient plus faciles à assembler au quotidien.
"La confiance en soi est probablement le plus bel accessoire", dit encore Vicky Payeur. Plus besoin de chercher le dernier sac à la mode, contentez-vous d'être bien dans vos baskets !
Les vêtements
Réduire ses achats vestimentaires passe par :
Un tri de sa garde-robe et par l'appréciation de ce qu'on a déjà ;
De petites retouches par-ci par-là pour garder ses vêtements plus longtemps ;
Des achats de seconde main, des friperies ou des échanges, etc. ;
Via de petites (e-)boutiques ou des sites/applications de petites annonces ;
Des achats de qualité !
L’autrice recommande d’éviter certains tissus qui se dégradent plus rapidement comme l’acrylique et la viscose et privilégier des matières organiques comme le lin ou le coton.
Les cheveux
Parfois, nous dépensons des sommes folles chez le coiffeur. Et nous pensons qu'avoir du shampoing chez soi est tout simplement évident. Mais il y a des alternatives…
Au menu de cette section :
La méthode no-poo à base de bicarbonate de soude et de vinaigre de cidre de pomme ;
Du savon ;
La réduction des produits utilisés (surtout pour mesdames).
Pour le coiffeur ? À vous de voir. Vous pouvez aussi apprendre à couper les cheveux de vos proches.
Le corps
Vicky Payeur relate avoir ressenti un mal-être physique très jeune, alors qu'elle avait à peine 24-25 ans. Elle s'est rendu compte qu'elle bougeait peu et ne mangeait pas toujours bien. Pas besoin pour autant de dépenser une centaine de dollars en abonnement à la salle de gym ou en équipement.
Vous pouvez suivre les conseils déjà donnés plus haut (chapitre 8 sur les loisirs). Quant à l'autrice, voici sa routine santé quotidienne :
Faire une balade dehors de 30 minutes au moins ou faire une activité sportive ;
Boire de l'eau tout au long de la journée ;
Soupe et salade au moins une fois par jour ;
Bien dormir !
J'achète, donc je suis
La pression sociale peut être forte : nous voulons être beaux et belles pour apparaître parmi nos collègues et nos amis. Alors, nous recourons aux moyens les plus aisés… mais souvent les plus coûteux.
Et pourquoi ne pas se simplifier la vie ? Cela ne signifie certainement pas arrêter de prendre soin de soi. Au contraire ! En consommant de façon réfléchie, vous vous sentirez mieux et cela se verra.
"Avoir des enfants, ça coûte de l'argent." (Faire plus avec moins, Chapitre 10)
Certes. Et même beaucoup. Et pourtant, là encore, il est possible d'économiser. Il n'est pas question de parler ici de l'éducation proprement dite. Simplement de faire un petit arrêt sur image pour se demander ce que nous faisons et se rappeler ce que nous aimions quand nous étions enfants.
Êtes-vous influençable ?
Nous voulons être de bons parents. Alors, nous écoutons les publicitaires nous raconter que ce produit est essentiel au bien-être de notre bambin (ou de nous-mêmes). Nous capitulons devant leurs arguments. Bref, nous nous montrons influençables.
Si vous remarquez ce ciblage marketing, prenez vos distances. Interrogez toujours le caractère "nécessaire" et "essentiel" de ce produit ou de ce service. Cache-t-il un vrai besoin ou seulement un désir ?
Réduire le rythme
Autre point : voulons-nous que nos enfants aient des horaires de ministres ? Pas nécessairement. Ralentir le rythme est à la fois sain pour eux et pour la vie financière de la famille.
Leur créativité n'en sera pas abîmée, détrompez-vous ! Un peu de temps, un peu d'ennui est plus que nécessaire au développement des aptitudes créatrices des petits comme des grands.
Les objets de seconde main
Vos familles et vos amis vous donnent de vieux vêtements et des objets de leurs précédents enfants ? Quel bonheur ! Si ce n'est pas le cas, tournez-vous vers du seconde main dès que c'est possible. Surtout pour les vêtements, qui ont souvent la vie courte.
Bien sûr, la sécurité doit avoir votre priorité : un siège-auto ou ce genre de choses devront être adaptés à votre environnement et devront donc peut-être être achetés neufs.
Emprunter et échanger plutôt qu'acheter ?
Aujourd'hui, il existe de nombreux groupes, notamment sur Facebook, pour s'échanger des objets en tout genre ou emprunter ce dont nous avons besoin. Cela vaut aussi pour les jouets et autres objets infantiles. Pourquoi ne pas essayer ?
La nature comme terrain de jeux
Nous l'avons dit plus haut : le monde autour de nous recèle d'espaces où découvrir le monde et où faire ses premiers pas et ses premières expériences. Il suffit souvent de quelques kilomètres pour trouver un parc ou un espace naturel où faire évoluer son enfant en toute liberté.
"Laisser à un enfant du temps de jeu libre et actif en nature lui apporte de nombreux avantages qui lui rendront service tout au long de sa vie." (Faire plus avec moins, Chapitre 10)
Les trois cadeaux
La frugalité en famille repose également sur l'apprentissage d'autres voies possibles à côté de la surconsommation. Les cadeaux sont souvent l'occasion d'un excès. Mais pourquoi ne pas en faire un rituel vertueux ?
Vicky Payeur propose d'offrir 3 cadeaux (à se répartir entre parents et grands-parents, par exemple) :
Quelque chose que l'enfant veut vraiment ;
Une chose dont il a vraiment besoin ;
Un livre.
Voici une autre idée : offrir quelque chose de commun pour la famille. Par exemple : une activité à pratiquer tous ensemble.
Conclusion sur "Faire plus avec moins" de Vicky Payeur :
Ce qu'il faut retenir de "Faire plus avec moins" de Vicky Payeur :
"Adopter des habitudes frugales au quotidien est LA façon viable pour atteindre ses objectifs de devenir libre financièrement et de prendre sa retraire hâtivement." (Faire plus avec moins, Conclusion)
Selon Vicky Payeur, il est souvent difficile de faire jouer son salaire. Nous ne savons pas avec certitude si nous gagnerons plus dans 5 ou 10 ans. Il est donc préférable de commencer dès maintenant à épargner, petit à petit.
Certes, cela demande du travail et quelques efforts. Mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. Tant d'un point de vue économique qu'éthique. Finalement, c'est la porte d'entrée vers vos objectifs de vie !
Points forts :
Un manuel très clairement présenté ;
Plein de conseils pour commencer à épargner tout de suite ;
Une belle mise en page ;
Une annexe avec des recommandations de lectures utiles ;
Des résumés à la fin de chaque chapitre.
Point faible :
L'aspect blogging (qui permet d'augmenter ses revenus en faisant quelque chose qu'on aime) est peu abordé, ainsi que les façons plus proactives (placements en bourse, investissements) de développer son capital financier.
Ma note :
★★★★★
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            	            	         ]]>Résumé de "La magie du j’en ai rien à foutre" de Sarah Knight : ce livre libérateur partage, avec humour et pragmatisme, une méthode simple mais radicale pour nous débarrasser des prises de tête inutiles et sources de contrariétés dans nos vies. Fini le temps, l'énergie et l'argent gaspillés pour ce qui ne compte pas, place à une vie plus épanouie dans laquelle il est enfin possible de suivre uniquement nos envies profondes !
Par Sarah Knight, 2015, 219 pages.
Titre original : "The Life-Changing Magic of Not Giving a Fuck".
Chronique et résumé de "La magie du j’en ai rien à foutre" de Sarah Knight
Introduction de "La magie du j'en ai rien à foutre" de Sarah Knight
Dans l'introduction de son livre "La magie du j'en ai rien à foutre", l’auteure, Sarah Knight confie avoir longtemps été écartelée et stressée par le poids des obligations du quotidien, avant de réaliser qu'il était possible de "se foutre" de bien des choses.
Ce livre, "La magie du j'en ai rien à foutre", est alors le condensé de tout ce qu'elle a appris pour se libérer des prises de tête paralysantes et pour mener une vie plus épanouie.
La prise de conscience de l’auteure Sarah Knight
S'inspirant du best-seller "La magie du rangement" de Marie Kondo sur le désencombrement de son intérieur, Sarah Knight propose ici, par analogie, de faire le tri dans son "tiroir à prises de tête".
"J’admire Marie Kondo. Sa façon de ranger est une révolution, surtout quand on pense que le but est d’apporter plus de joie aux gens. Ça a marché pour moi, et il ne fait pas de doute que ça fonctionne aussi pour des millions de personnes partout dans le monde. Mais comme elle l’écrit dans son livre : "la vie commence après avoir fait du tri." Eh bien, j’ai fait du tri. La vraie vie a commencé quand je me suis concentrée sur ce qui me pourrissait la vie."
Après avoir démissionné pour devenir auteure freelance, elle a pu expérimenter tous les bienfaits de ne plus se soucier des réunions, des codes vestimentaires, de plaire à tout prix ou encore de ses jours de congés comptés "comme un prisonnier grave sur les murs de sa cellule ceux qu'il a passés derrière les barreaux".
Et en rangeant sa maison à la manière de Marie Kondo, elle a, un jour, réalisé où se situait le vrai problème. Celui-ci se trouvait dans le fatras cérébral et les trop nombreuses obligations qui l'empêchaient de se consacrer aux gens et activités qui la rendaient heureuse.
"Je me sentais apaisée, confiante, rien qu’à contempler ma maison nickel chrome. J’aime les surfaces nettes et les meubles de cuisine bien organisés. Mais ce qui me mettait réellement en joie, c’était ce sentiment de liberté après avoir quitté un boulot dans lequel je n’étais pas heureuse – et de refaire de la place dans ma vie pour des gens, des choses, des événements et des activités qui, eux, me rendaient heureuse. Tout cela, je l’avais perdu de vue, non pas à cause de vingt-deux paires de chaussettes en boule, mais de trop nombreuses obligations et d’un fatras cérébral trop important."
La méthode "MêmePasDésolé" de Sarah Knight
Sarah Knight a développé une méthode en deux étapes baptisée "MêmePasDésolé". Celle-ci vise à identifier et éliminer les sources de contrariété :
D'abord décider de ce dont on n'a rien à foutre,
Puis ne plus rien avoir à foutre de ces choses, sans culpabilité.
L'objectif est de dépenser moins de temps, d'énergie et d'argent pour ce qui nous ennuie. Et d'en avoir plus pour ce qui nous fait vibrer.
Une philosophie de vie libératrice
Avec humour et franchise, ce livre promet d'apprendre à ne plus se soucier de l'opinion des autres, à prioriser ses centres d'intérêt, à dire non poliment mais fermement sans se comporter comme un "trouduc"...
Bref, à atteindre cet état d'esprit libérateur où l'on n'a enfin plus "rien à foutre" de ce qui nous pollue la vie.
Partie 1 - En avoir quelque chose à foutre ou pas
Dans la première partie de "La magie du j'en ai rien à foutre", l’auteure, Sarah Knight aborde les fondements de sa méthode pour cesser de se préoccuper de choses inutiles.
Si nous nous sentons stressé, surbooké ou fatigué de la vie, c'est probablement parce que nous accordons trop d'importance à des choses qui ne le méritent pas, suppose-t-elle.
Aussi, sa méthode intitulée "MêmePasDésolé" vise justement à réduire au minimum le temps, l'énergie et l'argent consacrés à des personnes et activités qui nous ennuient, pour les redéployer vers ce qui nous rend heureux.
"Ce qui compte, si vous suivez ma méthode MêmePasDésolé, c’est que vous aurez l’esprit plus léger, votre agenda sera moins chargé et vous consacrerez votre temps et votre énergie uniquement à des choses et à des gens que vous appréciez. Ça change la vie. Promis. Juré."
Voici 7 points clés que Sarah Knight développe dans la partie 1 de "La magie du j'en ai rien à foutre" pour nous éclairer à ce sujet.
1.1 - N'en avoir rien à foutre : les fondamentaux
Notre intérêt et notre attention sont des ressources limitées et précieuses, souligne Sarah Knight. Et les gaspiller en s'intéressant à tout conduit à l'anxiété et au stress.
Avant de dire "oui" à quelque chose, nous devrions donc nous demander : est-ce que ça m'intéresse vraiment ? Est-ce digne de figurer dans mon "putain de budget" en temps, énergie et argent ?
"Plutôt que de toujours répondre aveuglément Oui, OUI, OUI !!! à toutes les personnes et choses qui pompent votre temps, votre énergie et/ou votre argent (y compris acheter et lire ce livre), la première question à laquelle vous devriez répondre avant de proférer ce sale petit mot de trois lettres est : est-ce que ça m’intéresse vraiment ? (...) Montrez-vous intéressé si quelque chose – que cela soit un être humain, un objet ou un concept – ne vous prend pas la tête et vous rend heureux."
Se poser ces questions avant de se lancer, d’accepter, de faire quelque chose aide à se concentrer sur ce qui nous impacte positivement.
En fait, n'en avoir rien à foutre, poursuit l'auteure, c'est penser à soi d'abord, oser dire non, s'affranchir de la culpabilité associée et arrêter de faire des choses par obligation.
Cela libère du temps et de l'espace mental pour apprécier ce qui compte. C'est à la fois égoïste et bénéfique pour l'entourage, car on devient plus épanoui et agréable.
1.2 - Qui sont ces personnes légendaires qui n'en ont rien à foutre ?
Selon Sarah Knight, il existe 3 catégories de personnes qui n'en ont rien à foutre :
Les enfants, car ils n'ont pas encore intégré les contraintes du monde. Leur esprit est libre.
Les "trouducs", qui sont génétiquement programmés pour faire passer leurs désirs avant tout, peu importe les dégâts. Mais ils ne sont ni respectés ni aimés.
Les "esprits éclairés" qui ont retrouvé la légèreté de l'enfance avec la conscience de l'âge adulte. Ils savent choisir leurs priorités.
1.3 - Comment entrer dans l'une de ces catégories de personnes ?
L'auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" explique vouloir nous aider à atteindre l'éveil dans l'art d'en avoir quelque chose à foutre (ou pas), en évitant les propres erreurs qu’elle a elle-même commises.
Ainsi, sa méthode s'appuie sur un mélange de franchise et de politesse. De cette façon, nous nous libérons sans pour autant devenir un "trouduc". Cette démarche, précise-t-elle, demande aussi d'apprendre à nous foutre de l'opinion des autres.
1.4 - Arrêter d'en avoir quelque chose à foutre de ce que pensent les autres
Pour Sarah Knight, ne pas se soucier du regard des autres concernant nos choix est la clé pour décider d'en avoir rien à foutre (étape 1) et passer à l'acte (étape 2).
Nous n’avons aucun contrôle sur les pensées d'autrui, rappelle l’auteure.
"Quand il s’agit de la façon dont vos centres d’intérêt impactent les autres, la seule chose que vous pouvez maîtriser, c’est votre comportement face à leurs sentiments et non leur opinion."
Elle raconte ici que lorsqu’elle a elle-même démissionné pour devenir freelance, elle s'inquiétait des jugements des autres quant à sa décision. C’est alors qu’elle a réalisé qu’en fait, seul comptait ce qu'elle pouvait maîtriser. À savoir : son bonheur et son nouvel équilibre de vie.
1.5 - Sentiments vs Opinions
En fait, ajoute Sarah Knight, nous nous préoccupons de l'avis des autres parce que nous ne voulons pas être ou paraître comme quelqu'un de mauvais.
Or, dans le fait de ne pas se soucier de ce que vont penser les autres, il faut bien faire la différence entre deux conséquences et agir en conséquence :
Blesser les sentiments d'autrui : qu’il faut éviter,
Diverger d'opinion : qui est légitime et défendable.
À ce propos, Sarah Knight donne l'exemple d'une amie qui vendrait du beurre de cacahuète bio. Si elle n'aime pas ça, dit-elle, elle peut poliment décliner d'en acheter sans attaquer les valeurs de son amie. C'est juste une question de goûts personnels.
De même, avec des parents par exemple, nous pouvons très bien invoquer le concept d'opinion pour clore un débat houleux sur la parentalité. Et cela sans vexer : se contenter de dire calmement, en haussant les épaules : "Je sais, je sais, chacun son opinion". Puis "changer de sujet pour glisser sur un terrain neutre". L'important est d'être franc et poli.
1.6 - Établissez un "Putain de Budget"
Sarah Knight recommande d'établir un "budget de son intérêt" comme nous le ferions avec notre argent.
Ainsi, avant de dire "oui" à une activité, nous devrions évaluer son "coût" en temps, énergie et argent vs le bénéfice en bonheur. Il vaut mieux, par exemple, refuser une invitation à un weekend ennuyeux que de s'en rendre compte trop tard.
L’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" conseille d'appliquer ce filtre budgétaire à toute demande. En s’interrogeant à chaque fois : vaut-elle vraiment la dépense d'intérêt ?
1.7 - Résumé de la partie 1 du livre "La magie du j'en ai rien à foutre"
Résumons les fondamentaux à intégrer pour décider si on en a à foutre de quelque chose dans les termes de Sarah Knight :
Déterminer l'impact qu’il aura sur soi et sur les autres.
Différencier opinions et sentiments.
Consulter son "Putain de Budget" en temps, énergie, argent.
Être franc et poli.
Ne pas être un "trouduc".
C'est un processus qui demande de la pratique, prévient l’auteure, mais qui permet d'atteindre plus de légèreté et de bonheur.
Aussi, Sarah Knight propose de nous guider, pas à pas, dans les étapes pour y parvenir.
Partie 2 - Décider de n’en avoir rien à foutre
Dans la deuxième partie de son livre "La magie du j'en ai rien à foutre", Sarah Knight nous invite à faire le tri dans notre "fatras mental" pour décider de ce qui mérite vraiment notre intérêt.
2.1 - La méthode "MêmePasDésolé" de Sarah Knight
Pour commencer ce travail d'introspection, Sarah Knight nous encourage à visualiser notre esprit comme un vaste hangar. Nous pouvons alors imaginer ce hangar encombré d'innombrables choses. De choses que l'on exige de nous. De choses dont on attend de nous que nous en ayons quelque chose à foutre, et ce, que nous le voulions ou pas.
Il va alors falloir, indique l’auteure, nous aventurer au fin fond de ce hangar mental. Nous allons ainsi tout passer en revue et faire l'inventaire de :
Ce qui nous rend heureux,
Ce qui nous contrarie.
C'est en osant affronter cette "overdose de prises de tête" que nous pourrons mesurer combien certaines choses nous pompent du temps, de l'énergie et de l'argent. Et que nous pourrons trouver la motivation pour faire le tri.
Sarah Knight promet qu'en dressant cette liste une bonne fois pour toutes, nous serons ensuite armé d'une méthode pour rester libéré de ce fatras. Et ce même quand les attentes extérieures changent avec le temps. Le principe est de tout lister, le bon comme le mauvais, car nos vraies priorités sont souvent noyées sous un tas de prises de tête futiles.
Et même si c'est inconfortable, il faut aller jusqu'au bout de cet état des lieux avant d'espérer faire de l'ordre. Comme disait Einstein, mieux vaut passer 55 minutes à bien cerner un problème et 5 minutes à trouver la solution, que l'inverse. En prenant le temps d'explorer ce bazar intérieur, les réponses sur ce qui compte et ne compte pas apparaîtront d'elles-mêmes.
Pour faciliter ce tri, Sarah Knight nous propose sa méthode qu’elle a appelée la Méthode "MêmePasDésolé". L’idée est de classer ces préoccupations potentielles en quatre catégories :
Les Choses,
Le Travail,
Les Amis/Connaissances/Inconnus,
La Famille.
Il est recommandé de suivre cet ordre précis.
En commençant par les "Choses", des éléments inanimés qui ne risquent pas de protester, puis en passant au "Travail", grand pourvoyeur de contrariétés pour beaucoup d’entre nous, nous prenons nos marques avant d'aborder les sujets plus sensibles que sont les relations amicales et familiales.
L'auteure nous met d’ailleurs en garde contre la tentation de commencer par la Famille. Celle-ci représente un véritable champ de mines en termes de culpabilité et de sens du devoir. Il vaut donc mieux avoir déjà travaillé sur sa capacité à "n'en avoir rien à foutre" dans les autres domaines avant de s'y frotter.
2.2 - Les Choses
La catégorie des "Choses" englobe les objets, concepts et activités.
Certains éléments peuvent recouper d'autres catégories (des personnes considérées comme des "choses", des inconnus). Il suffit alors de les classer là où ça fait le plus sens pour nous.
Pour identifier ce dont on pourrait se foutre parmi les "Choses", Sarah Knight nous invite à noter ce qui provoque chez nous un soupir de contentement ou au contraire une sensation de malaise, façon "fourchette coincée dans le broyeur de l’évier".
Elle partage sa propre liste de 10 choses dont elle se fout désormais. Celle-ci englobe les avis des autres, son allure en bikini, le basket, les matins, Taylor Swift, l'Islande, le calcul infinitésimal, faire semblant d'être sincère, Google + ... Une sélection éclectique qui montre bien que chacun a ses propres priorités et lubies.
L'invitation est donc lancée de dresser notre propre liste sans filtre.
Si cette permission de "n'en avoir rien à foutre" a quelque chose de grisant, il peut être utile, pour un débutant dans la méthode, de voir aussi une liste de ce qui compte pour nous.
L’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" partage ici la sienne et comment elle y consacre plus de ressources. Cette liste va des grands enjeux (le climat plutôt que le nucléaire iranien) aux choix lifestyle (le houmous plutôt que le yaourt grec, préférer dormir que d'aller au sport, regarder Game of Thrones plutôt que les Jeux Olympiques).
Derrière leur apparente futilité, ces exemples représentent, en réalité, un vrai gain quantifiable de temps, d'énergie et d'argent.
En parcourant ainsi ces 4 catégories, chacun va pouvoir identifier ce qui l'agace vraiment et ce qui lui plaît, sans se soucier du regard extérieur. C'est déjà un changement libérateur, lâche l’auteure.Aussi, se fixer de tels objectifs de lâcher-prise est essentiel pour Sarah Knight. Et plutôt que de ressasser ce que l'on "devrait" faire, il est temps, lance-t-elle, de lister noir sur blanc ce qui nous pourrit la vie et ce qui l'enchante vraiment.
Ça tombe bien, Sarah Knight a laissé quelques colonnes vierges dans cette partie du livre "La magie du j'en ai rien à foutre" dans le but de coucher ce premier jet d'inventaire.
Un pas décisif vers une vie allégée et plus heureuse !
2.3 - Le travail
Dans cette partie, Sarah Knight nous explique comment appliquer la magie du "je n'en ai rien à foutre" à notre vie professionnelle et ainsi devenir des employés épanouis et respectés.
Elle nous encourage globalement à nous libérer des contraintes et des attentes inutiles. L'objectif étant de nous concentrer sur ce qui compte vraiment, autrement dit faire du bon boulot tout en préservant notre énergie et notre bien-être.
"Vous pouvez contrôler à quel point vous êtes BON dans votre boulot, et COMBIEN de temps et d’énergie vous y consacrez ; le tout afin de minimiser l’ennui et de maximiser le plaisir."
Sarah Knight n'y va pas par quatre chemins : les réunions inutiles et les téléconférences sont une plaie pour notre efficacité au travail.
L’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" nous incite alors à décliner poliment ce genre d'invitations quand c'est possible. Quitte à laisser d'autres volontaires y aller à notre place.
Sarah Knight remarque avec humour que même lorsqu'on ne peut y couper, rien ne nous oblige à prendre des notes ou à suivre religieusement les PowerPoint soporifiques. Profitons-en plutôt pour avancer sur des tâches plus gratifiantes !
Sarah Knight nous met également en garde contre le piège de vouloir absolument être apprécié de ses collègues et supérieurs. Elle souligne qu'il vaut mieux viser le respect par son travail de qualité.
À ce propos, l'auteure nous alerte sur la "spirale infernale du je veux qu'on m'aime". Celle-ci, dit-elle, nous fait accepter des tâches ingrates et chronophages juste pour bien se faire voir. Son conseil : concentrons-nous sur nos missions et "fuck" le reste !
Avec son ton décalé habituel, Sarah Knight s'attaque aux codes vestimentaires aussi stricts qu'absurdes.
Évidemment, si notre tenue excentrique risque de nous faire virer, il est temps de revoir nos priorités... Mais dans la plupart des cas, elle constate que personne "ne pipe mot" si on troque ses escarpins inconfortables pour des sandales mignonnes.
L'essentiel est de faire du bon boulot, le reste n'est que détails !
"Je l’ai déjà dit et le redirai : il est très dur de se faire virer quand on bosse bien. Compte tenu de la quantité de choses auxquelles vous accordez de l’importance quand vous êtes au boulot, il doit bien en avoir trois ou quatre dont vous pouvez vous foutre, et améliorer ainsi votre vie quotidienne. Le code vestimentaire est l’une d’entre elles."
Vous savez, tous ces rapports que personne ne lit, ces notes qui partent directement de notre bureau à la poubelle... Sarah Knight nous conseille de tester par nous-même leur utilité. La prochaine fois, "oublions" donc de les remplir et observons ce qui se passe. Si aucun cataclysme n'éclate, c'est que nous pouvons définitivement les bannir de notre to-do list.
Après tout, notre temps et notre énergie sont trop précieux pour les gâcher dans des tâches inutiles !
Entre la collecte pour le dernier marathon caritatif de Gail et l'anniversaire de Tim au karaoké, difficile de trouver du temps pour soi.
Sarah Knight nous rassure : il est possible de décliner poliment ce genre d'invitations sans passer pour un ours mal léché. Inutile de nous forcer si le cœur n'y est pas. Réservons notre précieuse énergie pour les causes et les gens qui nous tiennent vraiment à cœur !
Au final, Sarah Knight nous rassure : en appliquant la méthode "Je n'en ai rien à foutre" avec discernement, on ne nuit pas à sa réputation professionnelle, bien au contraire !
Elle insiste sur l'importance de bien choisir ses "battles" en fonction de ses priorités (son "Putain de Budget" dans le langage coloré de l'auteure).
Finalement, ce qui compte est de se concentrer sur la qualité de son travail. Pour le reste, osons le "Je n'en ai rien à foutre" libérateur !
2.4 - Les amis, connaissances et inconnus
Dans cette 3ème catégorie à passer au crible du "j'en ai rien à foutre" de Sarah Knight, les choses se corsent.
Si on aime ses amis, les relations humaines restent complexes. En cela, les amis aussi peuvent nous taper sur les nerfs, comme lorsqu’ils sont sous l'effet de l'alcool par exemple. Il est donc crucial de savoir prendre du recul et en n’avoir rien à foutre, faire preuve de tact pour ne pas ruiner une amitié.
Notre fatras mental est encombré par ce que les autres y ont déposé, que ce soit des sujets de préoccupation temporaires ou des prises de tête qui moisissent là depuis des années. Mais au fond, si tout cela a atterri dans notre esprit, c'est bien qu'on les y a laissé entrer ! s’exclame l’auteure.
Pour se blinder face aux contrariétés induites par les relations, Sarah Knight conseille alors d'établir un périmètre de sécurité autour de notre "hangar à pensées". Cela peut prendre la forme de :
Limites invisibles : s'arranger pour ne pas se retrouver dans une situation qu'on sait stressante.
Barrières plus explicites : dire directement à des amis qu'on n'aime pas une activité et qu'on n'y participera plus).
En guise d’illustration, l'auteure évoque ici l'exemple de soirées quiz auxquelles elle était sans cesse conviée. Plutôt que de décliner avec des excuses bancales, elle a fini par annoncer clairement à ses amis qu'elle détestait ce concept et ce lieu, et qu'elle ne viendrait plus. Ainsi, en étant franche mais polie, elle dit avoir posé sa limite sans froisser personne.
Sarah Knight nous conseille de commencer à nous entraîner à ces refus directs avec de simples connaissances avant de nous attaquer aux proches.
L’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" poursuit avec un autre sujet épineux : les demandes de dons qui affluent via les réseaux sociaux, par mail ou de vive voix. Même avec les meilleures intentions du monde, impossible de répondre favorablement à toutes, sous peine de faire sauter notre budget !
Sarah Knight explique, elle, classer ces sollicitations par ordre croissant de proximité émotionnelle : les demandes de parfaits inconnus qui ont eu notre contact, celles de connaissances, et enfin celles de proches qui nous tiennent à cœur.
Pour les premières, inutile de culpabiliser. On peut les refuser poliment sans risque de représailles. Pour les connaissances, on peut aussi décliner en invoquant un désaccord d'opinion sur la cause en question, sans que cela ne nous retombe dessus.
C'est avec les amis proches que cela se corse. Si leur projet ne nous emballe pas mais que nous craignons de les froisser, il faut faire preuve de psychologie. Par exemple, leur signifier qu'on est content pour eux même si on ne donne pas. Ou absorber leur énergie contrariée en répondant du tac au tac sur un ton badin.
Quand on sent qu'un refus risque vraiment de blesser, une parade très efficace est d'invoquer des "principes personnels" informe l’auteure. Cela consiste à expliquer qu'on a pour règle de ne jamais donner pour tel type de projet, sinon on devrait le faire pour tous.
Personne ne peut contester ce genre de position de principe sans passer pour un goujat. C'est une prise imparable, à utiliser avec parcimonie pour ne pas éveiller les soupçons. On peut l'appliquer aux mariages, aux conseils pro gratuits, aux séances de lecture publique, etc.
L'auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" termine sur le sujet en listant les choses auxquelles nous pourrions opposer des principes personnels. Elle mentionne alors les enterrements de vie de garçon/ jeune fille pour un remariage, offrir gratuitement un conseil professionnel, les petits déjeuners d'affaires, un aller-retour de 4 heures en voiture dans la même journée, les karaokés, les "dîners pot commun", etc.
Pour illustrer la puissance des principes personnels, Sarah Knight prend l'exemple d'une invitation à un vernissage par un ami artiste susceptible. Plutôt que d'avouer qu'elle a horreur de ces événements, elle préfère prétendre que quelque chose de traumatisant lui est arrivé dans ce contexte et qu'elle a fait le serment de ne plus jamais y aller. L'ami n'osera pas insister.
Bien sûr, cela ne fonctionne que si on en n'a vraiment rien à faire de l'activité en question. Sinon, on s'expose à devoir constamment esquiver et mentir, ce qui est contre-productif.
Dernier sujet sensible de cette catégorie : les enfants des autres.
Quand on n'est pas parent soi-même, il peut être délicat d'admettre qu' "on n'en a rien à cirer" des bambins d'amis ou de connaissances, vu l'attachement viscéral qu'ils suscitent chez leurs géniteurs.
Pourtant, l'auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" a découvert en interrogeant des parents que même eux avouent, après quelques verres, n'avoir rien à faire de la marmaille des autres !
Pour Sarah Knight, la clé est alors de se concentrer sur les interactions qui nous rendent heureux - jouer, lire ou cuisiner avec son propre enfant par exemple - et non sur celles qui nous ennuient (les couches et les détails de garderie des enfants d'amis).
De plus, Sarah Knight met en évidence, par divers exemples, les avantages d’avoir des enfants en ce qui concerne sa méthode.
Par exemple, une mère confie qu'elle essaie d'apprendre à sa progéniture à faire le tri dans ce à quoi ils accordent de l'importance, sans se soucier du regard des autres. Un père confirme que devenir parent aide paradoxalement à hiérarchiser ses priorités dans d'autres domaines comme le boulot, et à poser des limites.
"Avoir un enfant peut, en réalité, servir à déterminer et prioriser ce dont on a (ou pas) à foutre dans les autres aspects de la vie, comme le travail. Le bien-être de ce petit être humain tout neuf est parfois le catalyseur qui permet de n’avoir enfin rien à foutre de rester plus tard au bureau, d’accepter des responsabilités supplémentaires et d’entrer dans l’équipe de foot (au sens propre ou au sens figuré) de la boîte. Cela peut aider à tracer des frontières nettes aussi bien avec ses supérieurs qu’avec les employés et à se montrer franc et ferme sur ce que l’on est capable de supporter au quotidien. En d’autres termes, cette précieuse créature pourrait être l’élément déclencheur de l’application de la méthode MêmePasDésolé, catégorie 2 : le Travail. Bam !"
Être un bon parent implique donc aussi de cultiver son propre éveil au "j'en ai rien à foutre" !
L'auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" termine sur le sujet en listant les choses dont même les parents n’ont rien à foutre. Ainsi, contrairement à ce qu’on imagine, la majorité des parents n’en ont en rien à faire de "par où est sorti notre bébé", si nous allaitons ou pas, de "ce que disent les spécialistes", "de quand, où, comment et dans quelles circonstances" notre enfant a acquis la propreté, de ses plannings de sieste, etc.
Enfin, Sarah Knight avoue que parfois, pour avoir une vie meilleure, il faut accepter de potentiellement heurter les sentiments des inconnus.
Pas question d'être volontairement méchant, mais l'auteure liste, avec humour, quelques situations où on peut s'autoriser à choquer un peu : face à des gens qui veulent nous convertir, des indécis qui retardent la file d'attente, des comiques ratés, des femmes qui urinent sur la cuvette des toilettes ou encore des passagers sans gêne dans l'avion.
Elle conclut que tout l'enjeu est, encore une fois, de se concentrer sur ce qui compte vraiment pour nous.
2.5 - La famille
La famille, dernier bastion de ce dont on pense devoir se préoccuper... et pourtant !
Comme un impôt supplémentaire qui viendrait grever notre budget, les attentes familiales pèsent souvent plus lourd que tout le reste réuni. Le moteur ? La culpabilité.
"La culpabilité n’est pas un sentiment positif. Elle ressemble plus à une envie soudaine et douloureuse de vous gratter l’entrejambe alors que vous êtes en société et qu’il vous est impossible de passer à l’acte. Et, bien évidemment, vous mourez d’envie d’apaiser cette démangeaison. Voilà, la culpabilité, c’est ça."
Or, culpabiliser signifie justement qu'on a échoué à appliquer la méthode "MêmePasDésolé". Sarah Knight nous exhorte alors à employer tous les outils présentés jusque-là pour désactiver la culpabilité avant qu'elle ne nous engloutisse, au risque d'être broyés.
Certes, les liens familiaux rendent plus délicate la frontière entre "devoir" et "plaisir". Mais il est faux de croire qu'on doit se préoccuper de quelqu'un juste parce qu'on partage ses gènes. Encore une fois, c'est une question de choix, pas d'obligation.
L'auteure illustre ce dilemme avec l'exemple de notre mère qui tiendrait à nous refiler le vieux service à thé en porcelaine de sa propre mère, notre grand-mère. Dire non, même de façon polie, ce serait la froisser. Mais accepter par culpabilité, c'est gâcher de la place et de l'énergie pour quelque chose dont on n'a rien à faire.
La seule issue est de faire primer ses propres sentiments et opinions de façon diplomate. Et c'est ce que l'auteure souhaite nous apprendre dans ce chapitre du livre "La magie du j’en ai rien à foutre".
Un sondage mené par Sarah Knight révèle que, dans le domaine familial, les gens n’en ont massivement rien à foutre :
Des divergences politiques et religieuses (ex-aequo),
Des traditions ringardes et fêtes qui tournent au malaise,
De ces vieilles rancunes et rivalités qui monopolisent les discussions,
Des photos de famille obligatoires et mal orchestrées,
De devoir "apprécier" tout le monde juste au nom des liens du sang,
Qu'on utilise ces liens pour les forcer à faire des choses.
Qu'on partage ces avis ou pas, il est réconfortant de voir que nous ne sommes pas seul à trouver certains aspects familiaux pesants.
La religion est typiquement un sujet explosif en famille. Pourtant, chacun a le droit d'avoir sa propre foi, sans avoir à en débattre.
Pour Sarah Knight, il faut savoir couper court, sans agressivité mais avec fermeté, aux tentatives de prosélytisme d'une tante "grenouille de bénitier" par exemple. Si elle est vexée, ce n'est pas notre faute. Aussi :
"La prochaine fois que Tante Jennifer fait une allusion pas-si-subtile-que-ça à votre inclination à vivre dans le péché, contentez-vous d’essuyer la coulure d’œuf Bénédicte sur votre menton et de déclarer : "Je respecte ton opinion, Tatie, mais je préférerais ne pas avoir de conversation sur nos différentes conceptions de la religion ici, pendant le brunch du soixantième anniversaire de mariage de Mamounette et Papounet." C’était franc et poli, non ? Vous êtes, dans ce cas précis, tout sauf un trouduc."
Mieux vaut donc jouer la carte de la franchise, quitte à froisser, que de perdre un temps et une énergie folle à louvoyer pour esquiver le débat. Sachant que :
"Le pouvoir de la franchise est tout sauf exagéré. Sincèrement, la perte de temps et d’énergie que représente le fait de tourner autour du pot est inimaginable. En fait, la simple idée de le faire est épuisante."
En guise d’illustration, Sarah Knight relate un dîner de famille où la conversation a dévié sur les polémiques de naissance autour du président de l'époque. Avant que cela ne s'envenime, elle a calmement mais fermement déclaré à ses proches qu'elle les aimait mais que la discussion était close. Résultat : le reste du repas s'est déroulé dans la bonne humeur, préservant l'essentiel.
Culpabiliser de ne pas se conformer aux attentes familiales, c'est porter le poids de la honte, en solitaire. S'en libérer est justement le but de la méthode "MêmePasDésolé".
Les sondages montrent que nous sommes nombreux à partager ce fardeau. S'appuyer sur ce consensus aide à assumer ses choix avec plus d'assurance.
Aussi, si l’on applique la méthode de Sarah Knight avec bonne foi, en respectant certains principes comme la franchise et la politesse, les risques de conflit ouvert ou de rupture sont faibles. C’est plutôt une façon d’entrer dans une forme d'apaisement et de respect mutuel, assure l’auteure. Et si d'aventure notre tribu est peuplée d'hystériques, est-ce si grave de ne plus être invité ?
Pour illustrer la puissance des "principes personnels" en famille cette fois-ci, Sarah Knight explique le système qu'elle a instauré avec son mari pour Thanksgiving. Finis les casse-têtes pour contenter tout le monde. Un programme de rotation sur 3 ans a été établi, sans dérogation possible. Quitte à paraître rigide, personne n'est vexé et tout le monde est traité équitablement.
"Sachez-le, en vous mariant, vous avez doublé d’un seul coup vos "dépenses" familiales. C’est un peu comme quand vous avez une prime au boulot, que vous faites des bonds partout ("trop génial !") et puis que les impôts vous en taxent 50 %… WTF ?" s'amuse l'auteure.
La belle-famille est une donnée avec laquelle il faut aussi composer. Et là encore, il est possible de moduler subtilement son investissement pour limiter les prises de tête et optimiser les bons moments, sans froisser.
La clé est de se mettre d'accord en couple sur un "Putain de Budget" commun et un partage équitable des corvées belle-familiales (cadeaux, visites etc). L’idée est ici aussi de déclencher un cercle vertueux qui profite à tous.
Dernière exploration en date de notre hangar mental, la famille est sans doute la partie la plus ingrate. Pourquoi ? Car profondément enfouie sous des années de non-dits et de ressentiment. Mais ce grand déballage une fois fait, le plus dur est derrière nous !
Il ne reste plus qu'à dresser la liste définitive de ce dont on peut vraiment se foutre dans cette catégorie. Et à s'y tenir.
L'étape 1 - "décider de ce dont on n'a rien à foutre" - est enfin bouclée. Place à la libération de l'étape 2 !
Partie 3 - N’en avoir rien à foutre
Nous voilà arrivés au moment tant attendu de l'étape 2 de la méthode "MêmePasDésolé". C'est-à-dire arrêter concrètement d'avoir quelque chose à foutre des éléments identifiés dans les listes de l'étape 1.
3.1 - La foutue Sainte Trinité : temps, énergie et argent
Pour nous motiver à passer à l'action, Sarah Knight nous invite à visualiser tout ce que nous avons à y gagner en termes de temps, d'énergie et d'argent.
Ne plus aller à un barbecue vegan ennuyeux, c'est gagner une heure pour un bon bain relaxant. Sécher un dîner tardif un mardi soir, c'est être en forme le lendemain matin pour aller à la salle de sport. Zapper le mariage d'une vague connaissance, c'est s'offrir des vacances de rêve dans les Caraïbes. Les exemples ne manquent pas !
L'auteure nous invite à placer les éléments de nos listes sur un "diagramme de Venn temps-énergie-argent". Ceci afin de bien identifier ce qui nous coûte le plus.
Elle partage son propre diagramme en exemple. Elle y révèle que le temps est sa ressource la plus précieuse car non renouvelable, contrairement à l'énergie et l'argent dans une certaine mesure.
L'auteure décrit aussi ce que ce tri salvateur dans ses priorités lui a personnellement apporté. À savoir : des grasses matinées, des week-ends câlins, des congés déconnectés, une culture web pointue, des apéros détente, une confiance décuplée... La récolte est alléchante.
3.2 - À petits pas
Pour faciliter le passage à l'étape 2 et ne pas perdre la motivation gagnée à l'étape 1, Sarah Knight suggère de procéder graduellement, en douceur.
D'abord en s'attaquant aux points de nos listes qui n'impliquent et n’affectent que nous. Pas besoin d'être poli, juste honnête avec soi-même. Raccrocher au nez d'un télévendeur, se faire porter pâle le jour de son anniversaire, ou ouvrir au plombier en pyjama plutôt que de se pomponner à l'aube… voilà de bons débuts dans l'art de ne plus en avoir rien à faire ! Et ces petites révolutions ne dépendent que de nous, inutile de se justifier.
Ensuite, classer les autres points sur une échelle de complexité :
Facile (niveau jaune) : se désabonner du drame Facebook d'un ami, arrêter de s'acharner contre les rides, admettre son incompréhension des marchés financiers...
Moyen (niveau orange) : refuser poliment d'aider un pote à déménager en prétextant le boulot, ne pas se forcer à "faire de la synergie" au bureau...
Difficile (niveau rouge) : sécher le mariage d'un cousin éloigné malgré le carton d'invitation, instaurer des limites avec les enfants envahissants de ses amis...
Plus la situation est délicate, plus elle nécessite de diplomatie pour ne froisser personne. L'idée est d'avancer en douceur pour ne pas se décourager, en appliquant les principes de franchise et de politesse. La maîtrise vient avec la pratique !
3.3 - La soirée à laquelle personne ne veut aller
Sarah Knight aborde, dans cette partie du livre, des situations courantes où il peut être difficile, mais libérateur, de n'en avoir rien à foutre.
La soirée d'entreprise à laquelle personne ne veut aller en est un bon exemple. L'auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre" nous rassure : si nous décidons de ne pas y aller, pas de panique si le lendemain, on se sent un peu mal à l'aise. C'est juste la liberté qui s'installe, pas de la honte ! Il ne faut pas confondre ce sentiment inhabituel avec du regret.
3.4 - À propos du degré de franchise : quand une franchise totale n’est peut-être pas la meilleure règle à adopter
Ensuite, Sarah Knight nuance son propos sur la franchise à tout prix.
"Si vous avez le pressentiment qu’une franchise totale N’EST PAS, en réalité, la meilleure règle à adopter, vous pouvez légèrement la distordre."
Certes, l'honnêteté est la meilleure politique pour ne rien avoir à foutre de quelque chose. Mais parfois, une franchise totale n'est pas la meilleure approche. Notamment quand il s'agit des talents culinaires de quelqu'un, de l'emploi du temps, de la santé mentale, du Père Noël, des femmes enceintes ou encore des belles-mères (voire des belles-mères enceintes !).
Pour l’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre", un peu de filtre peut, dès lors, s’avérer judicieux !
3.5 - Intérêts différents, même principe
L'auteure propose ensuite des exemples concrets de choses dont les gens n'ont rien à faire. Ceux-ci sont issus d'un sondage. Et sont classées en 3 catégories selon le niveau de difficulté à ne plus s'en soucier : débutant, intermédiaire, confirmé.
Dans la catégorie "Choses", on retrouve des sujets comme les célébrités, le recyclage, la radio publique NPR, la paternité réelle des œuvres de Shakespeare, Game of Thrones ou encore les réseaux sociaux. L’auteure partage des stratégies adaptées à chaque niveau pour affirmer qu'on n'en a rien à faire, sans vexer son entourage.
La catégorie "Travail" regroupe les classiques mails non sollicités, ragots, séminaires de cohésion, léchage de bottes, évaluations annuelles. Là encore, des conseils malins permettent de se libérer du superflu, du niveau débutant (partir en vacances le jour du séminaire) au niveau confirmé (imaginer son boss en maillot de bain ridicule pendant l'évaluation).
Enfin, l'auteure aborde le domaine des relations (amis, connaissances, inconnus), plus subtil car les interactions y sont variées et fréquentes. En nous préparant mentalement, nous pouvons néanmoins, assure l’auteure, réussir à ne plus accorder d'importance à ce qui nous pèse, sans froisser les gens. Le mariage illustre bien ce défi relationnel : merveilleux au début, il peut devenir pesant quand les invitations s'accumulent. On a le droit de décliner, si le budget, l'emploi du temps ou le degré de proximité ne le permettent pas.
L'enjeu est toujours d'assumer ses choix pour préserver son bien-être.
3.6 - Le cas d’étude parfait : les mariages
Sarah Knight développe ensuite l'exemple des mariages.
Le mariage est un cas d'étude parfait, observe l'auteure. Il illustre très bien l'art délicat d’en avoir rien à foutre dans la catégorie des relations (amis, connaissances et inconnus tout à la fois). Il implique, en effet, toute une gamme de personnes, du cercle proche aux parfaits étrangers. Et englobe une multitude d'attentes en termes de temps, d'énergie et d'argent :
"Il n’y a aucune honte à admettre que tous les mariages auxquels vous serez invités jusqu’à la fin des temps ne sont pas des mariages auxquels vous devez vous rendre. Vous faites souvent, et avec plaisir, des sacrifices pour participer aux événements exceptionnels qui jalonnent la vie de vos amis (ou des enfants de vos amis). Mais, parfois… Parfois, il se peut que la destination choisie ne soit pas dans vos moyens. Ou que vous ayez envie de vous rendre au mariage, mais ne puissiez faire entrer dans votre calendrier les seize autres soirées qui l’accompagnent. Ou encore que vous ne connaissiez pas très bien ces gens. Vous pouvez même ne pas vouloir ou être dans l’incapacité d’y assister pour tout un tas de raisons parfaitement justifiables."
L'auteure poursuit :
"On en est tous passés par là, même si je suis la seule à l’avouer noir sur blanc. Les mariages sont là où se rendent les Esprits éclairés pour descendre des shots tièdes de bonne vodka et rendre les armes dans les bras d’une demoiselle d’honneur bien disposée."
L'enjeu, poursuit l'auteure de "La magie du j’en ai rien à foutre", est alors de trouver le juste équilibre entre préserver son bien-être et éviter de froisser les mariés ou leur entourage.
Bref, les mariages sont un concentré de défis pour le "j'en ai rien à foutre".
L'auteure détaille 4 scénarios typiques où le naturel reviendrait au galop de vouloir en faire moins, voire sécher carrément :
Le mariage programmé pendant un week-end habituellement réservé à une escapade ou une réunion de famille.
L'enterrement de vie de garçon/jeune fille qui s'ajoute au mariage, avec surcoût financier et de congés.
Le mariage aux mille activités qui gâcherait un séjour de rêve au spa.
Le brunch du lendemain alors qu'on décuve et qu'on veut juste dormir.
Pour chacune de ces situations, Sarah Knight propose un "diagramme Franchise et Politesse". Ce diagramme aide à visualiser le curseur du "j'en ai rien à faire" entre honnêteté absolue et diplomatie. L'idée est de trouver sa zone de confort. Tout en évitant le territoire du "trouduc" où on enverrait tout balader sans égards pour les autres.
Et si malgré tous les efforts, l'envie de fuir reste forte face aux sollicitations, l'auteure suggère un recours aux "principes personnels". Clamer par exemple qu'on a pour règle de ne jamais voyager pour un enterrement de vie de garçon. Bien dosée et utilisée avec parcimonie, cette astuce peut être un atout décisif.
3.7 - Le sujet épineux de l'héritage familial
Dans la catégorie des relations familiales, Sarah Knight aborde le délicat sujet de l'héritage et de l'énergie folle dépensée en marchandages et plaintes sur le partage des biens.
Beaucoup affirment s'en moquer, mais peinent en réalité à mettre en pratique le "j'en ai rien à foutre" face à leurs proches sur ce terrain sensible.
Pourtant, en s'alignant vraiment sur cette position de détachement, nous pourrions davantage profiter des moments en famille au lieu de nous déchirer.
3.8 - S'offrir des compensations
Parfois, malgré toute notre bonne volonté, certaines obligations familiales resteront incontournables.
L'auteure propose alors de nous octroyer des "primes de rendement" pour passer la pilule. Par exemple : un massage le lendemain d'une fête de famille barbante, un vol en classe affaires au retour d'une réunion éreintante ou encore un Percocet subtilisé à notre mère avant un déjeuner Rotary interminable. Et si une photo de groupe est imposée, rien ne nous empêche de porter en douce une lingerie décalée sous nos vêtements, s’amuse l’auteure !
3.9 - FAQ (Foutoir Aux Questions)
Pour finir, Sarah Knight répond aux interrogations fréquentes sur la mise en pratique de sa méthode. Celles-ci vont de la peur de devenir apathique à la difficulté d'expliquer tout ça à sa mère.
L'essentiel est de garder en tête l'objectif : non pas basculer dans le "je m'en foutisme" généralisé, mais nous libérer du superflu pour nous consacrer à ce qui nous épanouit vraiment.
C'est, en effet, tout l’intérêt de cette philosophie de vie subtile mais puissante, au potentiel libérateur immense, précise l’auteure.
Partie 4 - Quand la magie du j’en ai rien à foutre change radicalement votre vie
Nous voici arrivé au terme de notre initiation à la méthode "MêmePasDésolé".
Nous avons appris à identifier ce qui compte vraiment pour nous et à nous libérer du reste. Il est temps, annonce l’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre", de faire le bilan des gains obtenus. Puis, d'explorer de nouveaux horizons de joie.
4.1 - Vous gagnez à ne pas vous disperser
Ne plus accorder plus de temps, d'énergie et d'argent à ce qui ne nous épanouit pas nous amène à récupérer des ressources précieuses.
L'auteure nous invite donc à quantifier précisément ces gains : combien d'heures, de peps et d'euros avons-nous économisés ?
Dresser la liste de ces bénéfices concrets est motivant et très satisfaisant ! soutient l’auteure.
4.2 - Épargnez votre corps, votre esprit et votre âme
Mais, poursuit Sarah Knight, les bienfaits de cette démarche vont au-delà de ces aspects matériels.
En arrêtant de nous inquiéter pour des broutilles, nous avons aussi gagné en connaissance de nous-même, en confiance et en enthousiasme pour la vie.
Sarah Knight aborde également avec humour les conséquences physiques d'accorder trop d'importance à des choses futiles. Elle raconte comment, en voulant absolument finir une partie de Scrabble en ligne, elle a raté son train et s'est tordu la cheville. Depuis, "courir pour attraper un train" figure sur sa liste des choses dont elle n'a rien à faire !
L'autrice souligne enfin les bénéfices mentaux et spirituels du "j'en ai rien à foutre". En arrêtant de se préoccuper de obligations pesantes, on gagne en sérénité et en liberté intérieure. C'est ce qu'elle appelle avec un brin de provocation "l'affirmation de l'âme".
Ce sont donc à la fois notre corps, notre esprit et notre âme qui se portent mieux.
4.3 - Une autre manière de n’en avoir rien à foutre
Parfois, ajoute Sarah Knight, n'en avoir rien à faire prend une forme plus passive.
Face à un interlocuteur pénible qu'on ne peut éviter (un patron, un opérateur téléphonique...), plutôt que de s'agacer, on peut se répéter en boucle "ça n'en vaut pas la peine", et passer à autre chose.
Ce mantra est une autre façon de lâcher prise qui soulage aussi à coup sûr.
4.4 - Un monde meilleur ou l'art de devenir un agent du changement
Pour Sarah Knight, en goûtant aux joies de cette philosophie, nous devenons naturellement un ambassadeur du "j'en ai rien à foutre" dans notre entourage. Or, aider les autres à y parvenir procure encore plus de satisfaction que sa propre libération, pense-t-elle.
"Si nous en avions tous moins à foutre et étions exponentiellement plus heureux et en meilleure santé, le monde s’en porterait bien mieux" clame l’auteure. À nous donc d'y contribuer !
4.5 - Ce dont vous devriez avoir davantage quelque chose à foutre
Pour l’auteure de "La magie du j'en ai rien à foutre", nous pouvons, une fois dans la dynamique, aller encore plus loin. Interrogeons-nous : quelles sont les choses auxquelles on devrait accorder plus d'importance, une attention nouvelle ?
En s'inspirant des regrets les plus courants des personnes en fin de vie, elle cite des pistes : voyager davantage, prendre plus soin de sa santé, apprendre une langue, préparer sa retraite, cultiver un talent... L'idée est de voir plus grand, au-delà des petites victoires du quotidien. Et la clé, conclut l’auteure, reste surtout de suivre sa propre voie.
Pour autant, il ne s'agit pas de nous infliger de nouvelles injonctions. Juste d'une invitation à réfléchir à nos priorités profondes. De même, on a le droit de changer d'avis en cours de route. L'essentiel est de rester à l'écoute de ses désirs et de ce qui nous fait vibrer. Et ce, envers et contre les "haineux" déconcertés par nos choix.
4.6 - Atteindre l’éveil
Au terme de son livre, Sarah Knight nous interpelle : sommes-nous décidé à embrasser pleinement la magie du "j'en ai rien à foutre" ?
La balle est dans notre camp, ajoute-t-elle. Et une chose est sûre, c’est que cette lecture n'était qu'un début.
"Elle [cette lecture] peut vous permettre de vous sortir la tête du nœud coulant mais, mieux encore, empêcher que vous n’en arriviez jamais à ce stade."
À nous donc de déployer à notre façon le meilleur de la méthode dans notre vie pour rejoindre les rangs des Esprits éclairés !
Conclusion de "La magie du j’en ai rien à foutre" de Sarah Knight
Les 3 idées clés du livre "La magie du j’en ai rien à foutre"
Sarah Knight nous offre, dans "La magie du j'en ai rien à foutre", une véritable boîte à outils pour faire le tri dans nos prises de tête.
Sa méthode "MêmePasDésolé" en deux étapes nous apprend à cibler ce qui nous pourrit la vie, puis à nous en libérer concrètement. L'auteure nous aide à visualiser notre esprit comme un vaste hangar encombré. Hangar qu'il nous faut nécessairement passer au crible, avant d'oser affirmer nos choix sans culpabilité. Un processus cathartique et salvateur !
Au-delà de l'inventaire mental, Sarah Knight nous invite à chiffrer précisément le coût des choses dont on n'a rien à faire : le temps, l'énergie et l'argent qu'elles dévorent.
Grâce à son "diagramme de Venn temps-énergie-argent", on visualise mieux où passe notre précieux "budget d'intérêt". Et les bénéfices concrets de la méthode "MêmePasDésolé" n'en ressortent que plus clairement : des heures, du peps et des euros récupérés pour ce qui compte vraiment !
Sarah Knight ne s'arrête pas à notre épanouissement personnel. Pour elle, en goûtant aux joies du "j'en ai rien à foutre", on devient naturellement un ambassadeur de cette philosophie libératrice. Tel un "agent du changement", on aide alors nos proches à s'alléger eux aussi du superflu. Car l'auteure est convaincue : si nous étions tous plus détachés et heureux, le monde s'en porterait bien mieux. Bref, un cercle vertueux inspirant !
Qu’est-ce que vous apportera la lecture de "La magie du j’en ai rien à foutre"
En refermant ce livre, vous aurez en main de nombreuses clés pour enfin lâcher prise. Avec "La magie du j'en ai rien à foutre", Sarah Knight propose un art de vivre tourné vers l'essentiel, et nous apprend à le mettre en place concrètement dans nos vies.
Finalement, que vous souhaitiez vous libérer des conventions, affirmer vos envies, préserver votre énergie ou rayonner autour de vous, son programme s'adapte à toutes vos aspirations.
Pourquoi lire "La magie du j’en ai rien à foutre" ?
Je recommande la lecture de cet ouvrage pour deux raisons principales :
D'abord parce que Sarah Knight aborde avec un humour décapant un sujet ô combien sérieux : comment cesser de se prendre la tête avec des choses qui n'en valent pas la peine.
Ensuite, parce que sa méthode "MêmePasDésolé", ultra pratique et bien rodée, nous guide pas à pas vers un quotidien enfin centré sur nos priorités profondes.
En somme, de quoi entamer une vraie révolution intérieure et devenir, à votre tour, un "esprit éclairé" épanoui !
Points forts :
Une méthode accessible et assez "fun" à lire pour se libérer du superflu.
Des conseils pragmatiques applicables à tous les domaines (travail, relations, famille...).
L'humour décapant de l'auteure qui dédramatise un sujet de développement personnel essentiel et, dans le même temps, le traite de façon sérieuse.
Point faible :
Le ton et langage familier (voire très familier) peuvent ne pas plaire à tous.
Ma note :
★★★★☆
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            	            	         ]]>Résumé de "Le Livre du lagom | L’art suédois du ni trop, ni trop peu" d’Anne Thoumieux : cet ouvrage nous initie à la philosophie suédoise du "ni trop, ni trop peu". Il nous fait découvrir un art de vivre équilibré, épuré et ancré dans la nature, dont le socle est une consommation raisonnée, l'authenticité, le vivre ensemble, le respect de l'environnement et la quête d'un bonheur simple au quotidien.
Par Anne Thoumieux, 2017, 228 pages.
Chronique et résumé de "Le Livre du lagom | L’art suédois du ni trop, ni trop peu" d’Anne Thoumieux
Introduction
Dans l'introduction de son ouvrage intitulé "Le Livre du lagom", Anne Thoumieux, l'auteure nous présente le concept suédois de lagom, une philosophie de vie axée sur la modération et l'équilibre.
"Alors que les Italiens ont la dolce vita et les Danois le désormais incontournable hygge, les Suédois ont le lagom (prononcer LAR - GOM), une approche de la vie reposant sur une recherche de l’équilibre personnel par la pondération."
Ainsi, le terme, difficile à traduire, incarne l'idée de "juste assez", promouvant une vie simple et satisfaite sans excès ni manque.
Fascinée par cette approche peu connue hors de Suède, Anne Thoumieux explique avoir rencontré des Suédois experts dans divers domaines pour démêler cette notion profondément ancrée dans la culture suédoise.
À travers ses découvertes, elle révèle comment le lagom, opposé à notre société de surconsommation, enseigne la satisfaction de ce que l'on a. Elle montre comment le lagom encourage la modestie, la gratitude, une consommation réduite, le respect de l'environnement et l'appréciation des plaisirs simples, et conduit ainsi à une plus grande joie de vivre et au bonheur.
Chapitre 1 – Intraduisible lagom kézako ?
1.1 - Lagom : un mot suédois difficile à traduire mais utilisé à toutes les sauces
Le chapitre 1 du "Livre du lagom" d'Anne Thoumieux décrypte le concept de lagom.
On l’a vu, ce petit mot suédois échappe aux tentatives de traduction. "Ni trop, ni trop peu", "juste ce qu'il faut", "ce qui convient" ou encore "ce qui est juste" : autant d'expressions pour en parler sans vraiment percer le secret de ce concept aux mille facettes.
En fait, selon l’auteure, les Suédois en usent (et en abusent !) à toutes les sauces. Ce terme sert aussi bien à dire "c'est assez" quand on les sert, qu'à qualifier ce qui est parfaitement dosé, pile-poil comme il faut.
1.2 – Le lagom, une philosophie de vie qui prône l’équilibre et la juste mesure
Le lagom, c'est l'art de la juste mesure, l'équilibre subtil entre quantité et qualité. Une philosophie de vie basée sur le contentement et la pleine conscience de ce que l'on a, sans céder à la tentation du toujours plus.
En somme, ce principe, profondément ancré dans la culture suédoise, se manifeste dans divers aspects de la vie pour encourager à vivre de manière équilibrée, à valoriser la communauté, et à agir de façon écologiquement responsable.
"En Suède, il est de bon ton de consommer lagom, comprendre : consommer sans excès, ne pas acheter plus que nécessaire, faire ses choix en pensant à la planète. Exit la fièvre acheteuse et l’excentricité que l’on valorise parfois sous nos latitudes. En Suède, la norme c’est… la norme. On se veut réfléchi, on pèse le pour et le contre, on achète "ni trop, ni trop peu", ni trop cher, ni trop cheap. Bref, une philosophie éco et écolo positive qui s’inscrit dans la tendance slow qui valorise une consommation sage et respectueuse de l’environnement. Alors que les Français veulent "apprendre à ralentir" leur rythme de vie, à désamorcer une pression toujours plus forte qui fait oublier l’essentiel, les Suédois, eux, n’ont pas besoin de cours pour se souvenir de ce qui est fondamental."
1.3 – Des origines "viking"
Selon la légende, le lagom puiserait ses racines au temps des Vikings, où l'on faisait tourner la corne d'hydromel pour que chacun en ait juste assez. De "laget om" - le tour du groupe - serait né "lagom".
Issu de cette pratique ancienne, le lagom symbolise aujourd’hui la cohésion et le juste partage au sein du groupe.
1.4 - L’art de renouer avec l’essentiel et de savourer les choses simples
Mais le lagom ne se résume pas à une simple modération. Il est aussi fait de minimalisme, d'éthique, de bon sens. Un concept qui arrive à point nommé pour nous reconnecter à nous-mêmes dans un monde en perte de repères.
Alors, pour Anne Thoumieux, pas question de réduire le lagom à une dimension ennuyeuse et moralisatrice ! Loin des diktats de notre société de consommation effrénée et valorisant l’excès, le lagom est une invitation à renouer avec l'essentiel, à savourer les plaisirs simples de la vie :
"Si cette pondération peut nous paraître ennuyeuse, c’est parce que nous voyons cela d’un œil qui n’est pas habitué au civisme, aux tempéraments altruistes et à une vie tendant vers la simplicité. Chez nous, l’excès est souvent valorisé et considéré comme une qualité : manger avec appétit, c’est convivial ; boire beaucoup, c’est être un bon vivant ; avoir un intérieur surchargé, un signe de personnalité ; avoir un couple explosif, c’est être passionné, etc. Passer en mode lagom nous demande donc un véritable ajustement de cette perception."
1.5 - Le lagom lifestyle n’est pas réducteur mais au contraire libérateur
Pour l’auteure, le lagom est un vent de fraîcheur et de liberté venu du Nord pour nous aider à retrouver plus qu’un équilibre, mais notre propre équilibre :
"Alléger sa penderie, partir du travail le soir avec le sentiment du devoir accompli et non une culpabilité écrasante, refaire sa déco sans se ruiner et avec la certitude ne pas avoir contribué un peu plus à épuiser les ressources de la planète, c’est assez jubilatoire. Tout comme de parler gentiment à son voisin dans le métro, à venir sans effort vestimentaire particulier à un anniversaire ou encore partir en vacances pas loin de chez soi.
Quel soulagement soudain de vivre sainement et simplement. De faire fi de codes sociaux exigeants au profit de plus de spontanéité. D’apprendre à apprécier ce que l’on a déjà, en arrêtant de vouloir toujours plus, toujours mieux. De se faire plaisir au quotidien par une multitude de petites satisfactions ressenties en conscience. Ou encore d’aller simplement marcher chaque week-end ou de faire du yoga pour garder la forme et non de s’imposer un régime drastique ponctué de séances de torture running alors que l’on déteste ça. C’est tout ça vivre lagom, ou vivre tout court, peut-être."
Chapitre 2 – Une consommation raisonnée pour des consommateurs raisonnés
Dans le chapitre 2 du "Livre du lagom", Anne Thoumieux commence par nous proposer un petit test pour savoir si nous sommes "lagom".
Puis 5 grandes idées sont développées pour mieux comprendre ce qu’est de consommer "lagom".
2.1 – Le principe de moins mais mieux
Au pays du lagom, la frénésie de consommation n'a pas droit de cité. Ici, on prend le temps de réfléchir avant d'acheter, guidé par une volonté culturelle de dépenser intelligemment.
En fait, le shopping à la suédoise, c'est l'art de trouver le juste équilibre entre envies et besoins, explique l’auteure dans le chapitre 2 du "Livre du lagom" : on privilégie la qualité à la quantité, on attend un peu pour s'offrir quelque chose mais on en profite d'autant plus longtemps.
Et le plaisir d'acheter est décuplé par le temps pris pour choisir l'objet qui nous correspond vraiment.
2.2 - Le rapport qualité prix avant tout
Acheter lagom, c’est rechercher une juste proportion entre la qualité et le coût des choses :
Ni trop, ni trop peu : le Suédois choisit rarement l’objet le plus cher de la gamme… mais pas le moins cher non plus. Il choisira un bon rapport qualité prix la plupart du temps, celui du milieu, guidé par une volonté culturelle nationale de dépenser intelligemment.
2.3 – On n’étale pas sa richesse !
Dans cette quête de modération, le luxe ostentatoire n'a pas sa place, lance l’auteure du "Livre du lagom".
Étaler sa réussite et son argent est même considéré comme de mauvais goût.
L’auteure décrit, à ce propos, le Jantelagen (ou "loi de Jante") dont est imprégnée la société suédoise : un code de conduite nordique prônant l'humilité et le respect d'autrui, qui invite à rester dans la moyenne, à ne pas froisser son prochain en affichant des signes extérieurs de richesse. Autrement dit, une culture qui rejette l'ostentation au profit du bien-être collectif.
Cette mentalité se reflète également dans les choix de consommation, privilégiant des biens qui ne sont pas destinés à afficher le statut social mais à répondre de manière pragmatique aux besoins de la vie quotidienne, dans le respect de l’environnement et des principes éthiques.
2.4 – L’impact sur l’environnement de sa consommation
Autres maîtres-mots de la consommation à la suédoise : durabilité et écologie.
"En réfléchissant "global", l’acte d’achat devient, de fait, un acte citoyen et une manière de montrer que l’on a à cœur (et en tête) les enjeux environnementaux actuels."
Ainsi, en mettant systématiquement dans la balance l'impact environnemental d'un achat, le consommateur agit en citoyen responsable. Repeindre son escalier plutôt que d'en racheter un, opter pour des ampoules LED, faire réparer ses bottes chez le cordonnier... Autant de choix guidés par une conscience écologique très ancrée. Car "s’il peut s’éviter d’acheter et faire réparer à la place", le Suédois n’hésite pas.
Les initiatives gouvernementales suédoises, comme la réduction de la TVA sur les réparations, témoignent d'un engagement à promouvoir cette économie circulaire et à lutter contre l'obsolescence programmée.
2.5 – Le sens de la communauté
Cette attention portée à l'environnement est en fait profondément liée à un fort sens de la communauté. Penser d'abord au collectif s'avère, au final, bénéfique pour chacun. En limitant le gaspillage et la pollution, on œuvre pour une société meilleure, où les ressources sont utilisées avec parcimonie et sagesse.
2.6 – Les 5 grands principes du "Livre du lagom" pour résister aux sirènes de la surconsommation
Anne Thoumieux termine ce chapitre du "Livre du lagom" en partageant une multitude de conseils pratiques autour de 5 grands principes pour adopter un mode de consommation plus lagom : réduire sa facture d'énergie, mieux gérer son budget, recycler, privilégier le made in local (des produits locaux et durables), troquer plutôt que jeter, acheter au jour le jour et éviter les stocks de produits qui encombrent nos placards... Bref, de quoi alléger à la fois sa vie, son porte-monnaie et son empreinte carbone !
Pour résumé, la consommation "lagom" n'est pas synonyme de privation, mais d'un juste milieu qui équilibre besoins et désirs, générant satisfaction et durabilité. Car pour les Suédois, le bonheur se trouve dans cette simplicité volontaire, cet art de se contenter de ce que l'on a, de consommer moins mais mieux. Une philosophie aussi bénéfique pour soi que pour la planète !
Chapitre 3 – Mode consciente : minimalisme et écologie
La mode à la suédoise est l'incarnation parfaite du lagom, observe l’auteure dans ce troisième chapitre du "Livre du lagom".
En effet, là encore, point d'extravagance ou de démesure : on mise sur un style épuré, intemporel mais toujours élégant.
3.1 - Le "normcore", un style simple, fonctionnel et discrètement élégant
Selon Anne Thoumieux, l'élégance à la suédoise se niche dans les détails, subtilement trendy sans jamais être tape-à-l'œil. Voici comment elle décrit la mode suédoise :
"L’équilibre parfait entre une allure low profile et pourtant parfaite. Juste. Ni trop ceci, ni pas assez cela. Ni luxe, ni négligée, elle est pointue grâce à des créateurs revendiquant des coupes tendances sans pour autant avoir besoin de se faire remarquer."
Mais attention : ce look minimal, souligne l’auteure, "n’est pas plus facile à concevoir qu’un look excentrique". Derrière son apparent refus de la tendance, ce style appelé "normcore" est en réalité tout un art : il "repose sur un savant goût des associations afin de n’être ni fade ni passe-partout".
Dès lors, avec ses couleurs neutres, ses coupes étudiées et ses basiques de haute qualité mais non ostentatoires, le "normcore" règne en maître dans les dressings scandinaves :
"La mode suédoise possède donc cette incroyable capacité à offrir ce que nous pourrions appeler des basiques qui se révèlent d’un style fou, une fois portés. Bien loin des pièces hors de prix de créateurs, chacun possède ici le goût du lagom pour choisir ses vêtements et se faire un style propre… dans tous les sens du terme ! Ou propret serait-on tenté de dire. Assez sage, peut-être, mais au tombé toujours parfait qui permet de se fondre gentiment dans la masse. Attention, n’allez pas croire que c’est un point négatif, au contraire ! Vous l’aurez compris, c’est précisément le but recherché."
3.2 – Des marques accessibles et ultra branchées à la fois
Les marques suédoises excellent tellement dans cette "normalité" si désirable qu'elle en devient pointue, voire iconique.
Porter leurs créations, c'est arborer ce "je-ne-sais-quoi" de décontracté chic, ce naturel savamment travaillé qui semble couler de source, confie Anne Thoumieux. Une allure à la fois accessible et furieusement tendance, à mille lieues de la course effrénée aux it-bags et aux must-have des capitales de la mode.
"De Filippa K à Acne en passant par COS, les marques qui se sont fait connaître au-delà des frontières suédoises par cette maîtrise de la "normalité" sont tellement branchées qu’elles ne parlent qu’aux hipsters chez nous alors qu’en Suède, elles sont le quotidien du plus grand nombre. C’est en rejetant la différence au profit d’une normalisation maîtrisée et en abandonnant la quête de singularité vestimentaire que les Suédois, paradoxalement, se distinguent ! Vraiment trop fort !"
3.3 – L’essor de la slow fashion ou mode durable
Des créateurs responsables et engagés
Mais la mode lagom ne se résume pas à une question de style.
Elle embrasse une philosophie bien plus vaste, fait remarquer l’auteure du "Livre du Lagom" : celle de la "slow fashion", en opposition totale avec les diktats frénétiques de l'industrie actuelle.
"Pour avoir les faveurs des Suédois, les enseignes doivent afficher une réelle éthique tout au long de leur processus de production, depuis les conditions de travail de la main-d’œuvre, même à l’étranger, jusqu’aux matériaux utilisés qui doivent être "propres", en passant par des points de vente éco-conçus."
Les marques suédoises citées dans le chapitre, comme Velour, Sandqvist, Filippa K, Acne Studios, et Cheap Monday, illustrent cet engagement envers des produits de qualité, conçus dans le respect de l'environnement et des principes sociaux équitables.
Elles privilégient les petites séries. Les créateurs prennent le temps, eux, de concevoir des pièces durables et bien pensées. Les consommateurs achètent moins mais mieux, en se laissant guider par des critères éthiques autant qu'esthétiques.
"Les marques n’ont pas pour ambition de dominer le monde, alors elles produisent des collections souvent courtes et des quantités "justes suffisantes" pour éviter les stocks et le gâchis. C’est aussi le règne des éditions limitées, des séries capsules qui mettent en avant un styliste ou un savoir-faire."
Par ailleurs, les marques s’engagent en soutenant des causes via les ventes :
"Le Suédois a donc non seulement la conscience écologique tranquille quand il achète un pull dont il a vérifié auparavant que la laine était obtenue sans mauvais traitements des moutons, mais aussi la satisfaction de faire de son achat une bonne action puisqu’il sait qu’une partie sera par exemple reversée à une association."
Des consommateurs éthiques
Car, pour les Suédois, s'habiller est un acte engagé. Hors de question de contribuer à l'exploitation des travailleurs du textile ou de porter des vêtements gourmands en eau et en pesticides.
Les fashionistas nordiques sont de véritables "consomm'acteurs", qui mettent un point d'honneur à choisir des marques transparentes sur leurs pratiques. Quitte à payer un peu plus cher pour s'offrir un basique en coton bio ou en fibres recyclées, fabriqué dans des conditions décentes.
"Tout doit être transparent et peut être un motif d’achat ou de désamour : tissu en coton bio ou fibres de bambou éco-produites ou soutenant le commerce équitable, utilisation de colorants et teintures propres et non toxiques, emballages issus de produits recyclés… l’impact sociologique et économique des vêtements est scruté à la loupe, car il en découle son propre impact personnel et le Suédois vivrait mal d’avoir contribué à la pollution d’un cours d’eau en achetant du made in China qui, en plus de polluer, déteindra à la première lessive."
"Il faut participer à "rendre" ce que l’on prend en donnant en retour"
Cette exigence écolo va jusqu'au bout du cycle de vie des vêtements. On n'hésite pas à troquer, revendre ou donner ce dont on ne veut plus, pour offrir une seconde jeunesse à nos tenues. Une manière de boucler la boucle, dans une logique d'économie circulaire si chère au lagom.
"Les penderies lagom ne sont pas surchargées, au contraire […] On privilégie la qualité à la quantité, "ni trop, ni trop peu". On réfléchit avant de passer à la caisse et on ne sort sa carte bleue que si la marque répond à nos critères esthétiques mais aussi éthiques. On choisit des intemporels qui pourront durer d’une saison à l’autre. On se questionne "Ai-je vraiment besoin de ce tee-shirt ?".
Et dans cette même philosophie, les Suédois pratiquent abondamment le recyclage : les habits sont souvent achetés d’occasion. Quand on s’en est lassés et qu’ils sont encore en bon état, ils sont vendus ou échangés.
3.4 - Le potentiel créatif de ces contraintes
La créativité peut-elle s'épanouir dans un tel carcan éthique ? Assurément oui. En témoignent chaque saison les créateurs suédois tels que Hope ou Cheap Monday.
Chez eux, le respect de l'environnement et des hommes est un moteur et non un frein, soutient Anne Thoumieux : la contrainte devient source d'inventivité, permettant l'éclosion de collections toujours plus innovantes et responsables.
Chapitre 4 – Beauté et bien-être naturels : réunir le corps et l’esprit
Selon la philosophie du lagom, la beauté se conjugue au naturel.
Ainsi, dans le chapitre 4 du "Livre du lagom", nous apprenons qu’il n’est surtout pas question de s'acharner à effacer les rides ou collectionner les produits "miracle". Non… l'objectif ? Obtenir une peau saine et lumineuse, en misant sur des soins simples mais efficaces.
"Hommes et femmes prennent ainsi soin de leur peau tout en acceptant de vieillir : la beauté en mode lagom […] ne cherche pas à arrêter ou remonter le temps, mais à protéger et accompagner la peau avec bienveillance sur le principe de la slow beauty, hérité de la tendance slow life qui préconise, comme pour la mode, une approche plus sereine, plus tolérante et plus simple des choses."
Entre cosmétiques green, gymnastique douce, escapades au grand air et rituels bien-être millénaires, l’art de prendre soin de soi version nordique s’inspire des préceptes authentiques du lagom.
4.1 – L’approche naturelle et minimaliste de la beauté
Les routines beauté des Suédoises sont minimalistes, adaptées à leur type de peau, avec des formules choisies avec soin. Les salles de bain et les produits sont fonctionnels et efficaces. On achète juste les soins qu’il nous faut, et on les teste pendant au moins un cycle de renouvellement cutané pour en constater les effets, observe Anne Thoumieux.
"Le lagom […], c’est acheter les produits dont on a besoin au quotidien, pas tout le rayon maquillage, et en utiliser peu : réduire sa routine au minimum, aller au plus simple mais avec des produits de grande qualité. Et bien sûr, les choisir de préférence bio et écoresponsable."
4.2 - Le "no make-up look" ou l’art de parfaitement équilibrer fraîcheur et sophistication
Côté maquillage, le "no make-up look" et le "make-up nude" règnent en maître.
Incarné à merveille par les beautés scandinaves, ce style mise sur un teint glowy, comme illuminé de l'intérieur, souligné par quelques touches de couleur savamment distillées. Le secret d'une mise en beauté réussie à la suédoise ? Sublimer sa carnation avec un soupçon de blush, une ombre pastel sur les paupières, un voile de mascara et une bouche glossy. Autrement dit : l'équilibre parfait entre fraîcheur et sophistication, sans jamais tomber dans l'excès.
4.3 - L’importance des rituels comme le sauna dans une vision holistique du bien-être
Mais la beauté lagom, ce n’est pas uniquement avoir une jolie peau ou à un trait d'eyeliner maîtrisé.
Non, la beauté selon le concept du lagom, est indissociable d'une approche holistique du bien-être, où l'on prend soin de soi dans sa globalité. Et pour les Suédois, adeptes de la slow life, cela passe avant tout par des rituels profondément ancrés dans leur culture, à l'image du sauna.
Alternance de chaleur intense et de bains froids vivifiants, moment de détox et de relaxation... Le sauna est une véritable ode au corps et à l'esprit, qui permet de se reconnecter à soi et à la nature.
4.4 - Le lien fort entre beauté et mode de vie sain
C’est bien là que réside le secret de la beauté à la scandinave : dans cette symbiose entre mode de vie sain, contact avec les éléments et conscience de soi.
Aussi, pratiquer la fameuse gym suédoise, prendre l'air, s'écouter, traiter son corps avec douceur, ne pas braver la nature mais vivre en harmonie avec elle... sont autant de préceptes qui façonnent les habitudes healthy des Suédois.
Chapitre 5 – Maison lagom : une déco design qui respire
Le 5ème chapitre du "Livre du lagom" dresse un portrait global du lagom appliqué à l'habitat, à notre "déco". En gros, il s’agit de se rapprocher, par son intérieur et divers éléments clés (ambiance, matériaux, couleurs, éco-conception...) d'un mode de vie plus serein et authentique.
5.1 – Less is more : l'esthétique épurée, fonctionnelle et naturelle de la déco suédoise
La décoration selon le style de vie lagom est apaisante et moderne. Les intérieurs scandinaves célèbrent la pureté des lignes et rendent hommage à la nature environnante.
On y ose le minimalisme, sans pour autant sombrer dans l'austérité : les Suédois excellent dans cet art d'épurer leur déco, pour ne garder que l'essentiel, le sens, l'utile.
Dès lors, pas d'accumulation ni de fioritures : l'espace est savamment pensé, chaque objet méticuleusement choisi, pour créer une atmosphère zen et chaleureuse à la fois. Un style "pur avec rendu intimiste" écrit l’auteure.
La qualité prime sur la quantité, avec des meubles et accessoires beaux et durables, dont on profitera longtemps.
L'aménagement aussi se veut à l'image du mode de vie lagom : fonctionnel, compact, optimisé. On multiplie les rangements malins, on joue sur les volumes pour gagner en praticité sans sacrifier le style. Même dans les petites surfaces, l'organisation est reine, sublimée par un design épuré qui respire.
5.2 – L’art du détail, de l’équilibre et minimalisme chaleureux
Côté ambiance, place à la douceur et au cocooning :
"La déco lagom se construit dans la recherche d’une ambiance recherchée, mais pas sophistiquée. Objectif : se sentir bien chez soi."
Les lignes souples apportent une touche de rondeur, comme un écho apaisant aux courbes gracieuses de la nature scandinave.
Coussins moelleux, plaids en laine, voilages de coton... Les matières invitent à la détente et créent un cocon ouaté, explique l’auteure. Celles-ci doivent être nobles et naturelles. Surtout, on bannit au maximum le plastique.
Autre must : la lumière, une denrée si précieuse sous ces latitudes ! On la fait entrer à flots le jour, et on compense son manque le soir venu avec une ribambelle de bougies, de guirlandes et de leds savamment disposées.
Les teintes, elles, se font l'écho des paysages enneigés et des forêts profondes. Camaïeux de blanc, de gris, de beige... Les tons se déclinent dans une palette minérale et naturelle.
Le bois, matériau roi du style nordique, réchauffe l'ensemble de sa douceur organique. Clair ou foncé, il s'invite sous toutes ses formes, du parquet aux meubles iconiques des années 50.
Enfin, la maison lagom a une déco en harmonie parfaite avec la nature, jusque dans ses partis pris écoresponsables et l'usage de matériaux recyclés, observe l’auteure.
Accessoires cocooning, végétaux luxuriants, objets chinés, touches de couleurs subtiles... Quelques clins d'œil bien choisis suffisent à personnaliser cet univers feutré et épuré, sans le surcharger, note Anne Thoumieux : l'art de l'équilibre et du détail, tout en nuances et en délicatesse.
5.3 – Un espace désencombré, organisé et harmonieux
Dans les intérieurs lagom, l’espace est désencombré et savamment optimisé. Les étagères ne supportent que quelques objets choisis. Le reste est rangé pour ne pas polluer la vue.
"Comme les intérieurs ne sont pas toujours spacieux mais plutôt intermédiaires (ni trop petit ni trop grand, hein...), ils sont pensés pour être utilisés dans toutes leurs ressources", souligne Anne Thoumieux : "un placard sous l’escalier, une penderie dissimulée derrière un rideau, de jolies boîtes casées dans les renfoncements visibles…"
5.4 - La quête d'harmonie et d'équilibre
L’auteur du "Livre du lagom" termine ce chapitre en partageant les interviews de deux designers suédoises de renom : Marie-Louise Hellgren et Nathalie Dackelid.
Pour elles, concevoir un intérieur ou un objet, c'est rechercher l'harmonie parfaite avec son environnement et ses usages. Une approche éminemment lagom, qui place le bien-être et le respect de la planète au cœur du processus créatif.
Quelques mots pour résumer le home sweet home du lagom : lignes pures, harmonieuses, matériaux authentiques, naturels, teintes sobres, touches de chaleur et de lumière, un intérieur qui respire et qui rassemble en mode cosy !
Chapitre 6 – Loisirs et vacances, la nature à l’honneur
Le 6ème chapitre du "Livre du lagom" partage avec nous la recette suédoise des vacances parfaites. Nous apprenons que les vacances selon le concept du lagom sont synonymes d'équilibre et d'authenticité au plus près des éléments.
6.1 - La symbiose profonde des Suédois avec la nature
Quand on pense à la Suède, on imagine souvent de vastes étendues sauvages, des lacs à perte de vue, des forêts profondes... Et pour cause : la nature est au cœur du mode de vie lagom !
"En Suède, la nature est absolument centrale dans la vie de chacun. Sans doute parce que le climat est rude, la nature semble toujours proche, même en ville."
Omniprésente jusque dans la Constitution, qui garantit à chacun un droit d'accès total aux espaces naturels, elle rythme ainsi le quotidien et les loisirs des Suédois.
6.2 - Le goût pour les activités outdoor en toutes saisons
Aussi, été comme hiver, qu'il vente ou qu'il neige, impossible pour les Suédois de résister à l'appel du grand air.
Randonnée, vélo, cueillette, pêche ou encore pique-nique au bord d'un lac... Les activités outdoor sont légion, et se pratiquent en toute saison, rapporte l’auteure de "Livre du lagom". L'objectif ? Se ressourcer au contact des éléments, se reconnecter à soi et aux autres, loin du tumulte de la ville.
6.3 - L'institution de la "stuga" et le tourisme vert et responsable
Et pour prolonger ces parenthèses nature, quoi de mieux qu'un séjour dans sa "stuga" ?
Véritable institution en Suède, ces petites maisons de campagne au charme rustique (souvent en bois rouge, sommaire, nichée au cœur de grands espaces et sans barrière autour) sont le point de chute idéal pour des week-ends en famille ou entre amis. Feu de cheminée, cueillette de baies sauvages, balade en forêt au crépuscule... On y savoure une vie simple et authentique, en harmonie avec son environnement.
Car le lagom, c'est aussi cela : faire le choix d'un tourisme doux et responsable, respectueux des écosystèmes et des communautés locales.
Les Suédois en sont des adeptes convaincus, privilégiant des expériences au plus près du terrain. Du camping sur un radeau façonné de ses mains à une immersion en pleine taïga, en passant par des croisières écologiques le long des fjords, les possibilités ne manquent pas pour des vacances 100 % nature et éthiques.
6.4 - La soif de voyages et de découvertes en tribu...
Cette quête d'authenticité se double d'une soif d'ailleurs, qui pousse les Suédois à s'envoler vers des contrées lointaines. Habités par leur légendaire sens du collectif, ils n'hésitent pas à partir en tribu pour des échappées exotiques placées sous le signe du ressourcement. L'occasion de découvrir d'autres cultures, de s'enrichir au contact de l'autre, tout en cultivant la cohésion familiale, lance l’auteure.
6.5 – Les fêtes suédoises
En Suède, les fêtes rythment la vie au fil des saisons. Cette partie du "Livre du lagom" liste et décrit les plus populaires :
Walpurgis Eve, qui célèbre le printemps autour de feux de joie.
Midsummer Eve, où l’on danse couronné de fleurs.
La Toussaint, un moment de recueillement lumineux.
La Sainte-Lucie, où la "reine de lumière" est élue lors d'un défilé enchanteur.
6.6 - Les activités suédoises les plus lagom
Le vélo, le tennis et le golf
En Suède, le vélo est roi ! Tout le monde en fait, que ce soit pour aller travailler, faire les courses ou se balader. De même, pour le tennis et le golf, rendus accessibles à tous grâce à de très nombreux terrains publics et des tarifs abordables.
Les activités : des expériences uniques et nature avant tout
Anne Thoumieux partage ici des idées d’activités parmi les plus lagom : randos en patin à glace, parcours gastronomique en raquettes, traîneau à chiens, balade en bateau, camping sur un radeau fait main ou encore une nuit dans la taïga sur les traces des Sâmes.
Finalement, la philosophie des loisirs et des vacances se résume en un mot : équilibre.
Équilibre entre aventure et contemplation, entre évasion et ancrage local, entre dépassement de soi et cocooning... Autant d'expériences pour nourrir corps et esprit, et se reconnecter à l'essentiel et qui soit, le moins possible, lié à la consommation.
Chapitre 7 – Gastronomie : des traditions et un plaisir qui commencent en cuisine
Dans le chapitre 7 du "Livre du lagom" dédié à l'art de vivre gourmand et épicurien en Suède, Anne Thoumieux nous montre comment la gastronomie y rime à la fois avec simplicité, convivialité et respect des produits de saison.
Une philosophie culinaire qui n'est pas sans rappeler le mouvement slow food, prônant une alimentation de qualité, éthique et durable.
Et au pays du lagom, on met les petits plats dans les grands, sans pour autant passer des heures en cuisine.
7.1 - La slow food ou l'amour des Suédois pour les produits locaux et de saison
Pour les Suédois, manger local et de saison est une évidence. Leur immense territoire regorge de trésors à portée de main, qu'ils prennent plaisir à cueillir ou pêcher eux-mêmes. Baies sauvages, champignons, poissons fraîchement pêchés...
Autant de mets savoureux qui passeront directement de la forêt ou du lac à l'assiette, sans intermédiaire. Une manière de renouer avec les cycles naturels et de redécouvrir les saveurs authentiques.
Comme les hivers suédois sont longs et qu’on aime manger frais, il faut alors faire des réserves en conservant ses aliments de plein de manières possibles : confitures, congélations, légumes dans du vinaigre, viandes et poissons fumés, salés ou marinés…
7.2 - Le goût pour le fait-maison et les plats peu transformés
Selon Anne Thoumieux, cette quête de fraîcheur se double d'un goût prononcé pour les produits bruts, peu transformés.
Le lagom, c'est aussi cela, déclare l’auteure : privilégier le fait-maison aux plats préparés et la qualité à la quantité. Quitte à passer un peu de temps en cuisine pour mitonner des petits plats sains et goûteux.
7.3 – Cuisiner ensemble : l'importance du partage et de la transmission en cuisine
D'ailleurs, cuisiner est avant tout un moment de partage et de convivialité pour les familles suédoises.
Petits et grands mettent la main à la pâte, dans une ambiance chaleureuse et décontractée. On épluche, on émince, on remue les casseroles, on goûte... Autant de gestes simples pour créer du lien et transmettre les traditions culinaires. Le tout, sans prise de tête : ici, on mise sur des recettes familiales, généreuses et faciles à réaliser.
7.4 - Le sens de la mesure allié à la gourmandise
Le lagom, c'est aussi savoir se faire plaisir sans tomber dans l'excès, poursuit l’auteure du "Livre du lagom". Les Suédois raffolent des douceurs, qu'ils dégustent volontiers à l'heure du "fika", cette pause-café gourmande typiquement scandinave. Mais pas question de grignoter n'importe quoi, n'importe quand ! Là encore, l'équilibre est de mise, jusque dans le choix des en-cas.
7.5 – L’attachement aux fêtes traditionnelles et aux mets emblématiques...
Selon Anne Thoumieux, cet art de vivre frugal et épicurien trouve son apothéose lors des fêtes traditionnelles, qui rythment le calendrier suédois.
Écrevisses, harengs, brioches à la cannelle, gaufres... Chaque occasion a ses mets emblématiques, souvent liés aux saisons et aux produits du terroir.
Cette partie du "Livre du lagom" liste quelques-unes de ces fêtes dédiées à la célébration d’un aliment en particulier :
Le premier dimanche de l'Avent, les Suédois se détendent entre amis en buvant du glögg, un vin blanc chaud épicé, accompagné de biscuits au gingembre.
Le 4 octobre, c'est la fête de la kanelbullar (Kanelbullens dag), la célèbre brioche roulée à la cannelle que les Suédois dégustent à tout moment de la journée.
Pour Mardi gras, lors de la Fettisdagen, les Suédois savourent des semla, des pains au lait à la cardamome fourrés à la pâte d'amande et recouverts de crème fouettée à la vanille.
Le 25 mars, c’est Våffeldagen : place aux gaufres accompagnées de confiture et de crème fouettée, que tout le pays mange sans culpabilité.
Au mois d'août, les Suédois se réunissent entre amis pour déguster des écrevisses cuites à l'eau de mer avec de l'aneth, souvent importées mais toujours délicieuses.
Fin août, les plus courageux se lancent dans la dégustation du surströmming, un hareng fermenté à l'odeur pestilentielle, servi en sandwich avec des pommes de terre et des oignons.
Tous ces rituels savoureux célèbrent le plaisir d'être ensemble autour d'une table bien garnie.
7.6 - Petit déj’, alcool, fika et restaurants
Le petit déjeuner suédois
En Suède, contrairement à de nombreux pays, le petit déjeuner reste un vrai repas chaud et cuisiné, qu’on prend le temps de savourer assis, lors d'une vraie pause. Que ce soit à l'école où les élèves bénéficient d'un repas gratuit et d'options végétariennes, ou en entreprise où les Suédois apportent souvent leur déjeuner préparé à l'avance, le déjeuner sur le pouce devant l'ordinateur n'est pas dans les habitudes.
L’alcool avec modération… et régulation
En Suède, l'État régule rigoureusement la vente d'alcool grâce à un monopole d'État et des règles strictes (horaires limités, interdiction aux moins de 20 ans, pas de promotion). Mais ce système initialement conçu pour réduire la consommation a parfois l'effet inverse, poussant les Suédois à faire des stocks importants avant le week-end ou à s'approvisionner dans les pays voisins.
L’emblématique fika
En Suède, le fika, est bien plus qu'une simple pause-café : c'est un véritable rituel convivial et gourmand du quotidien, que ce soit au travail, entre amis ou en famille, avec toujours de bons petits gâteaux à partager !
Chapitre 8 – Bonheur au travail : un équilibre qui va de soi
Le chapitre 8 du "Livre du lagom" apporte des clés concrètes pour "travailler à la suédoise".
Miser sur la confiance et l'autonomie, cultiver la flexibilité et le dialogue, mettre l'humain au cœur des priorités... font partie des idées qui y sont développées par Anne Thoumieux pour réinventer le travail version "lagom" et selon l’auteure, redonner du sens et de la sérénité à notre vie professionnelle.
8.1 – Des entreprises "family friendly" : la conciliation vie pro/vie perso et le rejet du présentéisme au profit de l'efficacité
Au pays du lagom, concilier vie pro et vie perso n'est pas un vain mot. C'est une évidence, un équilibre qui coule de source, ancré dans l'ADN même des entreprises.
Ici, assure l’auteure, nous pouvons quitter le bureau à 17h sans culpabilité, pour passer du temps avec sa famille. Un credo qui profite à tous, poursuit-elle : les salariés sont plus épanouis, donc plus productifs, et les employeurs y gagnent en performance.
Bref, une équation gagnant-gagnant, à mille lieues de la culture du présentéisme qui sévit sous d'autres latitudes.
"Alors qu’en France on attend parfois que le patron parte pour ne pas avoir l’air d’un tire-au-flanc en partant avant lui, en Suède les employés prennent leur travail très au sérieux et le quittent à 17 heures pour être avec leur famille avec le sentiment positif du travail accompli. Bien sûr, personne ne vous tiendra rigueur si vous êtes absent du bureau parce que votre enfant est malade et le congé parental ne saurait déboucher sur une mise au placard à votre retour. Au contraire, vous pourrez demander à travailler moins, l’employeur ne peut pas le refuser, et ce, jusqu’aux 8 ans de l’enfant !"
8.2 - La confiance et la souplesse accordées aux salariés
D’ailleurs en Suède, rester tard au bureau est vu comme un aveu d'inefficacité. Mieux vaut miser sur un travail de qualité, réalisé dans le temps imparti, que sur des heures sup' à rallonge. Une philosophie qui va de pair avec une grande confiance accordée aux collaborateurs.
Télétravail, temps partiel pour s'occuper des enfants, congés parentaux prolongés... Tout est fait pour faciliter la vie des salariés, sans jamais remettre en cause leurs compétences.
8.3 - Un management bienveillant, coopératif et un fonctionnement collégial
Cette approche bienveillante se retrouve jusque dans le management.
Selon Anne Thoumieux, les chefs se veulent proches de leurs équipes, dans une logique de coaching plus que de contrôle. Accessibles et à l'écoute, ils font confiance à leurs collaborateurs pour s'organiser et prendre des initiatives. Un mode de fonctionnement horizontal et collégial, aux antipodes des hiérarchies pyramidales.
La communication, elle aussi, se veut fluide et transparente, note l’auteure.
L'information circule librement, sans rétention ni jeux de pouvoir. Chacun est impliqué dans les décisions, consulté selon son expertise plutôt que son rang.
"En Suède, on estime que les décisions doivent être prises en consultant la personne la mieux placée pour répondre, c’est-à-dire celle qui connaît le mieux le sujet, quelle que soit sa position hiérarchique. Dans son processus de décision, le chef recueille les avis et les opinions des concernés, rendant ainsi l’application des mesures plus réaliste et donc plus efficace puisque souvent inspirée par les employés sur le terrain."
Autrement dit, une culture du dialogue et du consensus, garante d'un climat apaisé et constructif, assure Anne Thoumieux.
8.4 - Des valeurs fortes comme socle...
Enfin, au cœur de ce modèle : des valeurs profondément ancrées, comme l'égalité, l'honnêteté, la modération, l’éthique qui impliquent d’être vrai. Autant de principes qui guident les Suédois au quotidien, dans leur façon d'être et de travailler. Avec en fil rouge, cette quête d'harmonie et de juste milieu si chère au lagom.
8.5 – Travailler à la suédoise
Anne Thoumieux énonce ici 10 règles faciles à suivre pour travailler comme les Suédois.
Puis, elle partage un interview avec Per Hällerstam, un chef d’entreprise suédois. Lorsqu’il décrit son milieu professionnel, il est facile de retrouver l’influence du "lagom", à travers notamment :
La mentalité égalitaire au travail,
La hiérarchie plus plate et l'accessibilité des dirigeants,
Le bon équilibre vie pro/perso : télétravail, pauses café en commun, départs tôt pour s'occuper des enfants…
Les décisions prises en consensus, sans confrontation directe,
Les désaccords qui s'expriment plutôt à l'écrit,
L'exécution rapide.
Enfin, en tant que directeur, il explique laisser beaucoup de liberté et d'initiative à ses employés. Il dit se positionner comme un support pour les aider à être performants, tel un coach fixant des objectifs.
Chapitre 9 – Société : politesse et fluidité avant tout
9.1 – L'équilibre subtil entre réserve et convivialité
La société suédoise est un savant dosage de retenue et de consensus, commence par nous expliquer Anne Thoumieux.
On y cultive l'art de la modération en toutes circonstances. Pas de débordements en public, de coups de klaxon rageurs ou de soupirs exaspérés dans les files d'attente. Les Suédois sont les champions de la maîtrise de soi, même dans les situations les plus irritantes.
Une sagesse du juste milieu qui n'exclut pas pour autant le dynamisme et la répartie, mais toujours avec mesure et humour, souligne l’auteure.
9.2 – Sorties : simplicité et authenticité
D’après l’auteur du "Livre du lagom", cet équilibre subtil se retrouve jusque dans l'art de recevoir à la suédoise. Oubliez les dîners guindés et les réceptions tape-à-l'œil ! La société lagom aime la simplicité et la convivialité, dans une ambiance casual chic.
Question dîner, chacun fait ce qu'il veut, du moment que c'est "lagom", indique l’auteure. En effet, gare à celui qui en ferait trop : un repas trop gastronomique pourrait mettre mal à l'aise les convives, sommés de rendre la pareille. Mieux vaut miser sur des agapes sans chichis, pour que tout le monde se sente bien.
9.3 - Le sens du collectif, du respect d'autrui et de la ponctualité
Autre "must" des soirées suédoises ? Des invités chaussons aux pieds, pour ne pas salir l'intérieur impeccable de leurs hôtes. Un détail qui en dit long sur le sens du pratique et du respect de l'autre, si chers aux Scandinaves.
De même, la ponctualité élevée au rang d'art de vivre, est une évidence. Ici, on n'arrive pas à l'heure, mais à l'heure pile. Un retard, même minime, est perçu comme un affront.
9.4 - Le côté ultra-connecté et innovant
Cela dit, le lagom n’est pas qu’une affaire de bienséance, prévient l’auteure. C'est aussi un état d'esprit résolument tourné vers l'innovation et la connexion.
Ultra-connectés, les Suédois expérimentent les dernières technologies avec un temps d'avance : paiement mobile, rendez-vous médicaux en ligne, administration 2.0... Le tout, avec ce souci constant de sécurité et de bien-être qui les caractérise.
9.5 - L'engagement écologique
Dans le domaine de l’innovation justement, l'écologie est un autre pilier de ce modèle de société exemplaire, termine l’auteure. Pionnière en matière de développement durable, la Suède regorge d'initiatives inspirantes.
En effet, écoquartiers, villes zéro carbone, énergies vertes... les exemples abondent, portés par une conscience environnementale chevillée au corps.
9.6 – Parité, codes sociaux et poésie…
Le neuvième chapitre du "Livre du lagom" se termine par différents petits encarts dans lesquels Anne Thoumieux liste "5 trucs lagom rigolos", "5 choses que les Suédois aiment faire pendant leur temps libre", "5 choses que les Suédois ne feraient jamais", la façon dont la famille royale essaie d’être "comme tout le monde" et autres anecdotes sur la société suédoise.
Elle évoque aussi "Midsummer", la fête traditionnelle la plus importante en Suède. Celle-ci est célébrée avec des repas, des danses et deux traditions florales poétiques : la confection de couronnes de fleurs et un rituel pour les femmes non mariées, qui crée une ambiance colorée et festive jusque tard dans les jardins.
Chapitre 10 – La famille : un pilier fondateur
La recette suédoise de la famille épanouie ? Cultiver des rituels simples, placer l'enfant au cœur des priorités, miser sur une éducation positive, réinventer sa vie de couple...
Dans ce chapitre du "Livre du lagom" dédié à l'art d'être parent version lagom, Anne Thoumieux partage quelques pistes inspirantes pour insuffler un vent de lagom dans sa tribu.
10.1 - La place centrale de la famille dans la société suédoise
En Suède, la famille est reine.
Véritable pilier de la société, elle est au cœur de toutes les attentions et de tous les aménagements. Des horaires de travail adaptés aux congés parentaux généreux, en passant par des modes de garde accessibles et des espaces publics pensés pour les poussettes...
Tout est fait pour faciliter la vie des parents et le bien-être des enfants, observe l’auteure du "Livre du lagom" dans cet avant-dernier chapitre de l’ouvrage.
"Dehors, tout est fait pour faciliter la vie avec une poussette […]. Magasins, banques ou encore administrations, […] les Suédois accueillent partout les enfants avec le sourire, là où habituellement en France on serait regardé de travers et on s’efforcerait de faire taire le bambin à tout prix. En tant que parents, on ne se demande pas si "on gêne" en Suède !
Les centres commerciaux mais aussi les bibliothèques disposent d’espaces dédiés aux enfants, de tables à langer et souvent de parking à poussettes et landaus, tandis que les restaurants sont tous pourvus de chaises hautes… Le paradis des parents, n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas fini : dans certaines villes, les bus équipés de larges portes centrales pour faciliter leur montée sont gratuits pour les parents accompagnés d’un jeune enfant pour leur éviter d’avoir à laisser la poussette pour aller payer leur ticket à l’avant ! La société suédoise étant ainsi "calibrée" pour la famille, c’est sans surprise que les traditions perdurent et que les liens familiaux sont renforcés."
10.2 - L'implication des pères
Cette politique volontariste se double d'une répartition équitable des rôles au sein du couple.
Ici, les papas s'impliquent autant que les mamans, sans craindre le regard des autres, souligne Anne Thoumieux. Ainsi, il est courant de les voir pouponner en écharpe au parc ou donner le goûter en terrasse. Un équilibre rendu possible par des congés paternité conséquents (chaque parent a droit à 3 mois de congé paternité et maternité) et une culture de la parité bien ancrée.
10.3 - L'importance des moments partagés et la priorité donnée au bien-être de l'enfant
Pour Anne Thoumieux, cet environnement bienveillant permet aux liens familiaux de s'épanouir en toute sérénité.
Les week-ends à la campagne et les vacances au vert sont autant d'occasions de se retrouver, de partager des moments simples et authentiques. Cueillette de champignons, balades en forêt, jeux au grand air, longues soirées devant la cheminée... Des rituels qui se transmettent de génération en génération, pour le plus grand bonheur de tous.
Car ici, le bien-être de l'enfant est une priorité absolue, ajoute l’auteure du "Livre du lagom". Dès son plus jeune âge, il est placé au cœur d'un système tourné vers son épanouissement. Crèches accessibles, pédagogie positive, activités d'éveil... Tout est pensé pour favoriser son développement harmonieux, dans le respect de ses besoins et de sa personnalité.
10.4 - La philosophie éducative bienveillante au cœur de la parentalité et de la scolarité
Anne Thoumieux explique ensuite que cet art d'être parent à la suédoise se nourrit d'une philosophie éducative résolument bienveillante et tournée vers l'autonomie. Pas de fessée ni de punition, mais une écoute attentive et des encouragements constants. L'enfant est considéré comme une personne à part entière, dont on cultive la confiance et la créativité.
L'école, dans la droite ligne de ces principes, mise sur l'épanouissement plus que sur la performance. Notation tardive, apprentissages ludiques, proximité avec la nature, encouragements, développement de la créativité, jeux en plein air... L'objectif est de former des citoyens libres et responsables, heureux d'apprendre et de grandir.
10.5 - La redéfinition des codes du couple
Cette approche globale du bien-être familial ne serait pas complète sans une redéfinition des codes amoureux, note l’auteure.
Dans la lignée du lagom, les rendez-vous se font "à la cool", autour d'un café et l'addition est partagée. Quant à la vie de couple, elle laisse une large place aux amis, aux enfants et au temps pour soi. Un équilibre subtil, à mi-chemin entre complicité et indépendance.
10.6 – L’enfance suédoise
Ulrika Dezé est la créatrice du concept Yogamini, qui propose des ateliers de yoga pour enfants dans une approche ludique et respectueuse de la nature.
À la fin de ce chapitre du "Livre du lagom", Anne Thoumieux partage son témoignage. Dans celui-ci, elle raconte ce qu’est une enfance à la suédoise. En voici un petit résumé :
L’enfant suédois est au cœur de la vie familiale : à la maison, les tâches sont partagées entre lui/elle et ses parents.
L'école encourage le jeu et les apprentissages sensoriels plutôt que la compétition.
L'éducation est permissive, les punitions corporelles interdites depuis les années 70.
Les familles suédoises vivent dans l'ouverture, sans clôtures ni barrières.
La nature occupe une place centrale, presque sacrée. Les enfants grandissent libres, jouant dehors par tous les temps.
Les conflits sont gérés de manière apaisée, avec l'aide de médiateurs si besoin.
Chapitre 11 – Prêt pour la vie lagom ?
Le dernier chapitre du "Livre du lagom" est court : il met en lumière, sous forme de 10 commandements, les valeurs clés du lagom, tout en invitant à un bilan personnel à travers l'exemple de l'auteure. L'objectif est de susciter une réflexion chez nous, lecteurs, sur nos propres habitudes.
Ainsi, les 10 commandements du lagom énoncés par Anne Thoumieux invitent à cultiver :
L'altruisme,
La gratitude,
Le respect de la nature,
La modération,
Le soin de soi,
Les liens familiaux,
Les plaisirs simples,
L'équilibre travail-vie,
La sobriété
L'humilité.
En somme, le condensé inspirant de cette philosophie de vie qu’est le lagom !
Et entre astuces déjà adoptées et résolutions à prendre, chacun peut faire son "bilan lagom personnel". De petits pas vers un quotidien plus serein et plus conscient, à la suédoise ! termine l’auteure.
Conclusion
Au terme de cette immersion au cœur du lagom, l’auteure du "Livre du lagom" partage avec nous, en guise de conclusion, combien son envie de tester grandeur nature cet art de vivre à la suédoise se fait pressante.
Car vivre le lagom est pour elle, au-delà d'un simple voyage et des frontières scandinaves, une véritable quête d'équilibre et de justesse qui résonne comme un appel universel au bonheur du quotidien, confie-t-elle.
Pour Anne Thoumieux, le "ni trop, ni trop peu" prôné par le lagom s'offre en fait à nous comme une boussole nous indiquant un cap à suivre pour évoluer sereinement dans un monde en perte de repères.
Il ne tient alors plus qu’à nous de l'adopter, pour cultiver la voie du milieu... et du bonheur !
Conclusion de "Le Livre du lagom | L’art suédois du ni trop, ni trop peu" d’Anne Thoumieux
1/ Les 3 grandes idées clés à retenir du livre "Le Livre du lagom" d'Anne Thoumieux
Idée n°1 : Le lagom, une philosophie holistique pour une vie épanouie
La première grande idée du "Livre du lagom" est que le lagom est bien plus qu'un simple précepte prônant la modération.
C'est, selon Anne Thoumieux, une véritable philosophie de vie qui s'est ancrée via les traditions nordiques et qui nous invite à cultiver un art de vivre respectueux de soi, des autres et de l'environnement. Une approche holistique où tout est lié : notre manière de consommer, de nous nourrir, de nous vêtir, de nous loger, de nous divertir et même de travailler.
Idée n°2 : Une quête d'équilibre et d'authenticité, en harmonie avec la nature
Bousculant les diktats de notre société de surconsommation et de gaspillage, le lagom nous appelle aussi à retrouver l'essentiel, les vrais plaisirs de l'existence. En privilégiant le local, le durable, le naturel. En redécouvrant les joies simples d'une randonnée, d'un pique-nique ou d'un feu de cheminée en famille. Bref, en nous reconnectant à ce qui fait sens, dans le respect de notre environnement.
Idée n°3 : La voie du "juste milieu" comme recette du bonheur
Loin des extrêmes de la démesure ou de la privation, le lagom célèbre enfin ce que nous pourrions appeler la "voie du milieu". Ni trop, ni trop peu, mais "ce qu'il faut", suffisamment pour être pleinement satisfait. Une quête d'équilibre permanent, en somme, entre nos besoins et nos désirs.
Au lieu de l'excès "tape à l'œil" ou du manque frustrant, "Le Livre du lagom" prône une modération rassasiante pour goûter aux petits bonheurs du quotidien et atteindre une réelle sérénité.
2/ Ce que cette lecture va vous apporter
"Le Livre du lagom" est une lecture qui va vous immerger dans le mode de vie suédois. Elle vous invite à retrouver l'essentiel, à consommer de façon plus responsable et à apprécier les joies simples et authentiques, loin de l'agitation stressante de notre monde.
Que vous soyez entrepreneurs en quête d'un meilleur équilibre, parents souhaitant transmettre des valeurs responsables à vos enfants, ou simplement citoyens désireux d'allier bien-être et respect de la planète, les préceptes du lagom vous proposent de ralentir, de savourer chaque moment, chaque geste, dans un esprit de pleine conscience et de gratitude.
C'est donc une lecture que je recommande à tous ceux qui aspirent à une autre façon d'aborder la vie, avec plus de plénitude et d'équilibre au quotidien. En somme, "Le Livre du lagom" est un ouvrage inspirant et instructif qui vous aidera à réinventer votre vie dans le respect de vos valeurs personnelles et des enjeux écologiques actuels.
Points forts :
Les illustrations, les photos et la mise en page qui en font une lecture très agréable.
La présentation complète et holistique de cette philosophie suédoise qu'est le "lagom" (tous les aspects du mode de vie sont couverts : consommation, habitat, loisirs, travail, famille, etc.).
Les encarts, témoignages, petites listes et exemples pour illustrer les principes.
Les valeurs du "ni trop ni trop peu" de cet art de vivre équilibré, authentique et respectueux de l'environnement.
Le style d'écriture fluide et bienveillant.
Point faible :
Certains pourront trouver ce mode de vie trop sobre/ minimaliste à leur goût.
Ma note : ★★★★☆
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            	            	         ]]>Résumé de "Le Livre du hygge" de Meik Wiking : cet ouvrage nous invite à découvrir le concept danois qu’est le "hygge", un art de vivre basé sur la convivialité, la simplicité, le partage, la lumière ou encore la chaleur. Il partage des conseils et astuces pour créer cette ambiance cosy qui constituerait pour l’auteur, chercheur à l’Institut de bonheur de Copenhague, la clé du bonheur.
Par Meik Wiking, 2016, 334 pages.
Edition anglaise : "The Little Book of Hygge: The Danish Way to Live Well"
Chronique et résumé de "Le Livre du hygge" de Meik Wiking
Introduction - Comprendre le concept du hygge
L'auteur, Meik Wiking, chargé d'étudier le bonheur au sein d'un institut de recherche à Copenhague, développe 4 idées dans l’introduction de son "Livre du hygge" :
Meik Wiking explique d’abord que le hygge est un concept difficile à définir précisément.
"Écrire et prononcer "hygge", c’est encore la partie la plus facile. Expliquer exactement ce dont il s’agit, c’est nettement plus compliqué. Le hygge a été défini de tant de manières, depuis "l’art de créer de l’intimité" jusqu’au "réconfort de l’âme", en passant par "l’absence de contrariété", "prendre plaisir à la présence d’objets apaisants", ou encore "être ensemble tranquillement", et mon préféré : "un chocolat chaud à la lueur d’une bougie"."
Ainsi, il s'agit avant tout, indique-t-il, d'un état d'esprit, d'une ambiance, plus que d'éléments matériels : le hygge renvoie, en effet, au fait de se sentir en sécurité, entouré des gens qu'on aime.
"Le hygge parle d’ambiance et d’expérience, plutôt que de choses tangibles : c’est être avec les personnes que l’on aime. Le sentiment d’être à sa place, comme à la maison. La sensation d’être en sécurité, protégé du monde extérieur, et de pouvoir enfin baisser la garde."
Voici un autre extrait du livre particulièrement parlant pour comprendre ce qu’est le hygge :
"Un jour, en décembre, juste avant Noël, je passais un week-end dans un vieux chalet à la montagne, entouré d’amis. Le jour le plus court de l’année se réfléchissait sur la couverture de neige blanche du paysage environnant."
Une fois le soleil couché, vers 16 heures, alors que nous ne le reverrions pas avant dix-sept heures, nous sommes rentrés pour allumer un feu.
"Nous étions tous fatigués après une randonnée, à moitié endormis, assis en demi-cercle autour de la cheminée, emmitouflés dans de gros pulls et des chaussettes en laine. Les seuls bruits audibles étaient le ragoût qui mijotait, les étincelles du feu et les gorgées de vin chaud que l’un d’entre nous avalait.
C’est alors qu’un de mes amis a brisé ce silence.
"Est-ce que ce moment pourrait être encore plus hygge ?" a-t-il demandé, sans attendre de réponse.
– "Oui, a répondu une des filles au bout d’un moment. Si une tempête de neige faisait rage dehors."
Et nous avons tous hoché la tête."
Selon Meik Wiking, le concept de hygge est probablement un ingrédient clé dans le haut niveau de bien-être observé au Danemark, pays qui arrive dans le top 3 du classement des pays les plus heureux du monde.
Il fait remarquer, à ce propos, que les Danois passent beaucoup de temps avec leurs proches et font partie des populations les plus pacifiques sur la planète.
Enfin, partout dans le monde, on observe un intérêt grandissant pour ce concept typiquement danois, observe l’auteur.
De nombreux journalistes et chercheurs tentent de plus en plus à percer ses secrets. Le hygge inspire de nouveaux commerces et est même enseigné dans certaines universités.
Meik Wiking termine cette introduction en nous informant sur le contenu du "Livre du hygge".
Ainsi, il mentionne vouloir :
Explorer les liens entre le hygge, le bien-être et le bonheur,
Définir plus précisément ce concept,
Partager des clés pour que nous puissions nous-même créer une atmosphère hygge.
Chapitre 1 – La lumière
1.1 - Le hygge instantané : les bougies
Selon "Le Livre du hygge", les bougies sont essentielles pour créer une ambiance hygge.
D’ailleurs, Meik Wiking, l’auteur, nous apprend que 85 % des Danois les associent avant tout au hygge. Et que le Danemark est le plus gros consommateur de bougies en Europe : chaque Danois en brûle 6 kg par an ! Cette consommation augmente par trois durant les mois de décembre avec la fameuse tradition danoise de la "bougie de l'Avent".
"L’ambassadeur américain au Danemark Rufus Gifford a dit un jour, parlant de l’histoire d’amour entre les Danois et les bougies : "Ce n’est pas juste dans le salon, c’est partout. Dans les classes à l’école, dans les salles de réunion. En tant qu’Américain, je ne peux m’empêcher de penser : “Au feu ! Comment est-il possible d’allumer une flamme dans une école ?” Les bougies créent un sentiment de bonheur et de confort"."
Petite mise en garde de l’auteur tout de même : allumer des bougies libère énormément de particules toxiques dans l'air.
1.2 - Les lampes
Au-delà des bougies, les Danois accordent une grande importance à la lumière en général. Le but est de créer une atmosphère chaleureuse, observe Meik Wiking.
À ce propos, l’auteur confie avoir, un jour, "marché deux heures dans Rome avec sa [ma] petite amie de l’époque afin de trouver un restaurant qui ait un éclairage hygge".
Ainsi, les Danois choisissent minutieusement leurs lampes, souvent issues du design danois (comme celles du fameux Poul Henningsen). Ils les placent stratégiquement. La règle est la suivante : plus la température de la lumière est basse, plus elle est propice au hygge.
Pour l’auteur "Livre du hygge", cette obsession danoise pour la lumière vient du manque de luminosité naturelle dans le pays pendant une grande partie de l'année.
1.3 - Trois types de lampes danoises cultes
Dans cette partie du "Livre du hygge", Meik Wiking nous présente trois créateurs de lampes emblématiques au Danemark :
Poul Henningsen qui a consacré sa carrière à apprivoiser la lumière électrique pour qu'elle soit plus douce, avec sa lampe PH.
La famille Klint et ses abat-jours plissés.
Verner Panton et son arche fluorescente diffuse, la VP Globe.
1.4 - Mieux que Photoshop
L'auteur fait ensuite le parallèle entre le goût danois prononcé pour la lumière et celui des photographes. Il explique que la lumière de "l'heure dorée" (golden hour) au lever et coucher du soleil est la plus flatteuse. C'est ce type d'éclairage chaleureux qu'il faut tenter de reproduire à l'intérieur pour un sentiment hygge.
1.5 - Astuce hygge : créer un éclairage hygge
Pour conclure ce premier chapitre du "Livre du hygge", Meik Wiking livre des conseils pour créer facilement une ambiance lumineuse propice au hygge chez soi. Il suggère notamment d’utiliser des bougies en prenant garde à l'aération. Ou des petites lampes d'appoint disséminées en formant comme des "puits de lumière".
Chapitre 2 – Et si on parlait du hygge
2.1 - Le syndrome de la Tourette
Weik Wiking se permet ici une touche d’humour. Il explique, en effet, que les Danois utilisent tellement les mots "hygge" et "hyggelig" dans leur langage quotidien, pour qualifier à peu près tout, qu'ils donnent l'impression aux étrangers de souffrir d'une forme de syndrome de Gilles de la Tourette !
Il ajoute également que le hygge sert d'instrument de mesure à la plupart des événements sociaux au Danemark et qu'il sert aussi d’argument de vente pour les cafés et restaurants.
2.2 - Qu'y a-t-il dans un nom ?
Dans cette partie du "Livre du hygge", l'auteur explique réfuter l'idée que le hygge soit intraduisible et purement danois.
En effet, d'autres cultures, assure-t-il, ont des concepts similaires.
L'auteur passe ici en revue divers termes étrangers qui se rapprochent du hygge : le "gezelligheid" plus social des Néerlandais, le "koselig" norvégien associé à la chaleur et l'intimité, le "Gemütlichkeit" allemand lié à la bière et aux rassemblements ou encore le "hominess" au Canada.
Cependant, admet-il, seuls les Danois l'utilisent comme verbe et lui accordent une telle importance dans leur identité nationale.
2.3 - Du hygge pour tout le monde
Pour Meik Wiking, ces différents concepts retrouvés dans d'autres cultures prouvent que le hygge n'est pas l'apanage des Danois. S'il prend des formes variées selon les communautés, le sentiment de réconfort et de convivialité qu'il véhicule est universel.
L’auteur du "Livre du hygge" observe d’ailleurs que les pays où ce type de concept est très intégré, comme le Danemark et les Pays-Bas, figurent parmi les plus heureux au monde, note l’auteur.
Deux encarts sont ici consacrés aux expressions danoises et dans le monde autour de ce concept.
2.4 - D'où vient le mot hygge ?
Le mot "hygge" tire son origine du norvégien, où il signifiait à l'époque "bien-être", indique Meik Wiking.
Cette partie du "Livre du hygge" décrit les liens étymologiques du mot "hygge" avec différents termes évoquant le réconfort, les câlins, la considération.
2.5 - Une conversation mondiale autour du hygge
L'auteur Meik Wiking termine le chapitre 2 de son ouvrage "Le Livre du hygge" en constatant que le hygge suscite aujourd'hui un intérêt grandissant à travers le monde. En témoigne, en effet, un foisonnement d'articles, d'ouvrages, de commerces et de formations liés à ce concept.
Chapitre 3 – Être ensemble
3.1 - Comme un câlin sans se toucher
Pour Meik Wiking, le meilleur moment de ses vacances au ski reste, plus que la descente, celui où tout le monde se retrouve autour d'un café sur le balcon du chalet, fatigués mais heureux.
Cette scène que l’auteur nous décrit illustre l'importance des relations sociales pour le bonheur au Danemark. Constat, souligne-t-il, confirmé par de nombreuses études. Sans surprise, le hygge s’inscrit dans cette valeur si chère aux danois : il permet de recréer ce sentiment de plénitude d'être ensemble.
"Quand je fais des conférences autour de la recherche sur le bonheur, je demande toujours aux auditeurs de fermer les yeux et de repenser à la dernière fois où ils se sont sentis vraiment heureux. […]. Lorsque je leur demande de lever la main pour dire si, dans leur souvenir, ils étaient entourés d’autres personnes, en général neuf sur dix le font."
3.2 - Qu'est-ce que l'amour a à voir là-dedans ? Une question d’ocytocine
Meik Wiking met ici en évidence que les interactions sociales, lors d'un moment hygge, libèrent de l'ocytocine, hormone du bonheur et de l'attachement qui renforce les liens.
En ce sens, le hygge procure amour, chaleur et sécurité : les 3 ingrédients de base de cette neurohormone.
3.3 - Heureux ensemble
L’auteur expose ici de nombreuses études qui ont démontré l’idée que : plus on est satisfait de ses relations sociales, plus on a tendance à se dire heureux dans l'ensemble.
À ce sujet, il écrit :
"Être avec d’autres personnes est un élément clé du hygge, mais en tant que chercheur sur la question du bonheur, je peux aussi affirmer que ces liens sociaux sont probablement l’ingrédient le plus important du bonheur. Il est largement admis parmi les scientifiques et chercheurs qui étudient la question que les relations sociales sont essentielles au bonheur."
Puis, il poursuit :
"Selon le Rapport mondial sur le bonheur commandé par les Nations unies : "Si un niveau de vie minimum est essentiel au bonheur, une fois que ces besoins de base sont comblés, le bonheur varie davantage selon la qualité des relations humaines que selon le revenu"."
Alors, bien sûr, toutes ces recherches ne nous apprennent rien de vraiment surprenant. Toutefois, elles procurent des chiffres, des données et des preuves. Et ces conclusions utiles, "nous pouvons et devons les utiliser pour modeler nos décisions politiques, nos sociétés et nos vies" soutient l’auteur.
3.4 – Le besoin d’appartenance
Meik Wiking parle aussi ici de "l’hypothèse de l’appartenance". Celle-ci entend que "nous avons tous le besoin fondamental de nous sentir liés les uns aux autres".
La preuve en est que :
"Les êtres humains, où qu’ils soient dans le monde, naissent avec la capacité et l’envie de créer des relations solides, qu’ils sont réticents à couper des liens tissés, et que les couples mariés ou les personnes en cohabitation vivent plus longtemps que les personnes seules (bien que ce soit en partie également lié à un système immunitaire plus fort)."
L’auteur du "Livre du hygge" précise que :
"Les relations sociales les plus importantes sont les relations avec des proches, qui permettent de vivre des choses ensemble, de se sentir compris, de partager des pensées et sentiments, et de donner et recevoir du soutien. En un mot : hygge."
Par conséquent, le hygge, basé sur le partage et la connivence en petit comité, répond à ce besoin fondamental d'appartenance. Et c’est peut-être pour cette raison que les Danois ont une préférence pour des groupes restreints (4 personnes en moyenne).
3.5 - Le côté obscur du hygge
Si le hygge solidifie les liens au sein d'un groupe soudé, le revers de la médaille, confie Meik Wiking, est qu'il est très difficile pour un étranger de s'intégrer dans ces cercles sociaux déjà établis.
Mais :
"La bonne nouvelle, comme dit mon ami Jon : "Une fois que t’es dedans, t’es dedans". Une fois que vous avez fait votre place, vous pouvez être sûr que ces relations dureront toute la vie."
3.6 - Hygge : des relations sociales pour les introvertis
L’auteur termine le chapitre 3 du "Livre du hygge" en partageant une anecdote : un jour, une étudiante américaine lui a fait remarquer que le hygge était un cadeau pour les introvertis, car il était une façon d'avoir une vie sociale sans épuisement.
"Ce qu’elle voulait dire, c’est qu’aux États-Unis, elle avait l’habitude de participer à des événements avec beaucoup de monde, beaucoup de réseautage rapide, d’enthousiasme mondain. En gros, elle vivait au royaume des extravertis. Au Danemark, elle a découvert que la façon dont les activités sociales étaient organisées lui correspondait bien plus […] C’était une façon d’avoir une vie sociale sans peine."
En effet, les petits groupes et les conversations détendues du hygge conviennent bien mieux aux introvertis que les grands événements mondains.
"Le hygge est un moyen de fréquenter les autres qui convient aux introvertis : ils peuvent passer une soirée détendue, à l’aise avec quelques amis, sans devoir inclure un grand nombre de convives ni beaucoup d’activités. Un introverti préférera peut-être rester à la maison plutôt que de se rendre à une grande fête d’anniversaire où sont invités beaucoup d’inconnus, et le hygge offre une solution intermédiaire entre voir du monde et se relaxer. Il permet à deux mondes de cohabiter."
3.7 - Astuce hygge : comment se fabriquer des souvenirs
Meik Wiking nous suggère de lancer une nouvelle tradition avec nos proches. Cela peut être une soirée "jeux de société" mensuelle ou une célébration annuelle du solstice d'été au bord de la mer. Ces moments, choisis autour d’une activité significative pour nous, soudent nos liens tout en créant des souvenirs précieux qui se perpétueront au fil des ans.
Chapitre 4 – Manger et boire
4.1 - Vous êtes ce que vous mangez
Le chapitre 4 du "Livre du hygge" commence par expliquer que l'alimentation typiquement danoise, riche en viande, sucreries et café, est intrinsèquement liée au hygge. Et que faire plaisir à ses papilles, se réconforter, partager un bol de pop-corn, sont autant d'éléments hyggelig.
4.2 - Vivons ensemble dans le péché
Les Danois sont de gros consommateurs de bonbons, qu'ils associent beaucoup au hygge, signale l’auteur.
Il relate une anecdote amusante à ce propos :
"Il y a deux ans, je rendais visite à un ami et à sa famille. Sa fille avait alors quatre ans et, pendant le dîner, elle s’est tournée vers moi et m’a demandé :
"C’est quoi, ton travail ?"
"J’essaie de découvrir ce qui rend les gens heureux", ai-je répondu.
Elle a haussé les épaules : "C’est facile, ça. Les bonbons."
Quand on parle de bonheur, je ne suis pas sûr que la réponse soit aussi simple, mais je pense qu’elle a mis le doigt sur un élément du hygge."
4.3 - Les pâtisseries
Il en va de même pour les gâteaux, omniprésents dans les bureaux et salons de thé danois.
Des figures comme le "gâteaumann", bonhomme en pain d'épice des anniversaires, ou des pâtisseries typiques comme le "kringle" sont également très hyggelig.
"Kringle est une pâtisserie danoise traditionnelle, et bon signifie facture. Le principe du bon-kringle est le suivant : lorsque vous avez acheté des gâteaux ou pâtisseries pour un montant de 1 000 couronnes (environ 130 euros) chez le pâtissier du coin, si vous lui présentez les factures, il vous offre un kringle gratuit. C’est un peu comme la carte de fidélité de la pâtisserie, mais sans la carte."
En fait, plus c’est rustique, plus c’est hygge. De même, plus c’est "fait maison", plus c’est hygge.
D’ailleurs :
"Se salir les mains pour pâtisser à la maison est une activité hyggelig que vous pouvez pratiquer seul, ou bien avec des amis ou de la famille. Peu de choses contribuent autant au hygge que l’odeur de gâteaux qui sortent du four."
4.4 - Les boissons chaudes
86 % des Danois lient les boissons chaudes au hygge. Le pays fait partie des plus gros buveurs de café au monde. Un "kaffehygge", ou café hygge, est toujours apprécié. Le thé, le chocolat et le vin chaud participent aussi à l'atmosphère hygge.
4.5 - Accro au hygge ?
L'auteur du "Livre du hygge" montre ici, recherches à l'appui, que notre attirance pour le sucré est liée à la libération de dopamine, l'hormone du plaisir, et à notre instinct de survie.
Si le hygge invite certes à la gourmandise et au réconfort, Meik Wiking souligne que le concept nous invite à nous faire plaisir avec modération à ce niveau-là.
4.6 - Le cousin rondouillard des plats mijotés
Plus un plat demande du temps à préparer, plus il sera hyggelig, annonce Meik Wiking.
Ainsi, cuisiner un ragoût qui mijote des heures est l'archétype de l'activité hygge car on prend plaisir au processus lent.
Pour terminer le quatrième chapitre du "Livre du Hygge", plusieurs recettes traditionnelles danoises sont proposées. Nous retrouvons, par exemple, parmi celles-ci : le plat de marin "skipperlabskovs" ou encore le vin chaud "gløgg" de Noël.
4.7 - Astuce hygge : mettre en place un atelier de cuisine
Meik Wiking raconte avoir créé, il y a quelques années, un atelier de cuisine entre amis dans le but de les voir régulièrement.
Lors de ces soirées, chacun apporte des ingrédients sur un thème défini et tous cuisinent ensemble dans une ambiance détendue et égalitaire, propice au hygge. Même si le résultat n’est pas toujours à la hauteur, plaisante l’auteur, cette activité très hyggelig n’a fait que renforcer leurs liens au fil du temps.
Chapitre 5 – S’habiller
5.1 - Décontracté, c’est la clé
Dans le chapitre 5 du "Livre du hygge", Meik Wiking nous parle du style vestimentaire danois. Celui-ci se veut décontracté, minimaliste, élégant mais peu varié. Il s'inscrit entre "hygge" et "design fonctionnel" informe-t-il. Par ailleurs, les Danois privilégient les superpositions de lainages ou encore les écharpes épaisses, nous dit-il.
5.2 - Comment s'habiller comme un Danois
Quelques conseils sont ensuite partagés pour adopter le look danois "hygge".
En voici quelques-uns :
Portez une écharpe : la règle d’or étant que "plus elle est épaisse, mieux c’est.
Misez sur les teintes sombres comme le noir,
Optez pour des matières épaisses et chaudes en hiver,
Utilisez le principe des couches pour s'adapter à tous les temps,
Arborez une coupe de cheveux décontractée.
5.3 - Le pull à la Sarah Lund
L'auteur clôt le cinquième chapitre du "Livre du hygge" en évoquant le célèbre pull en laine porté par le personnage de Sarah Lund dans la série "The Killing". Celui-ci, indique-t-il, est devenu extrêmement populaire auprès des Danois et symbole d'une mode à la fois tendance et hyper-décontractée.
5.4 - Astuce hygge : comment acheter
Meik Wiking nous invite ici à associer ses achats à des moments importants de notre vie.
Il raconte avoir lui-même attendu la publication de son premier livre pour s'offrir une chaise. Cette chaise qui lui rappelle aujourd’hui cet accomplissement. De même, il nous suggère d'acquérir un vêtement à un moment hyggelig : ainsi, nous nous en souviendrons plus tard, à chaque fois que nous le porterons.
Chapitre 6 – À la maison
6.1 - Le quartier général du hygge
Selon Meik Wiking, le foyer est le cœur du hygge pour les Danois. Ils passent, en effet, plus de temps chez eux qu'à l'extérieur. Ils accordent beaucoup d'importance à la décoration intérieure, d'où le succès de ces séries danoises montrant de superbes intérieurs.
Les Danois disposent de l'espace de vie par habitant le plus grand d'Europe.
L'auteur illustre aussi leur obsession du design à travers l'anecdote du "Vasegate" : le 25 août 2014, plus de 16 000 Danois ont tenté d'acheter en ligne un vase Kähler en édition limitée, créant une rupture de stock immédiate et une hystérie collective pour un simple vase aux rayures cuivrées de 20 cm de haut.
6.2 - La liste de souhaits hygge : 10 choses pour rendre votre maison plus hyggelig
L'auteur propose 10 conseils pour créer un intérieur propice au hygge. Les voici résumés :
Aménagez un "hyggekrog", petit coin douillet pour lire ou se détendre.
Installez une cheminée au cœur de votre intérieur, pour vous y reposer tranquillement devant, ressentir la chaleur et le confort et passer du temps convivial avec vos proches.
Disposez des bougies un peu partout.
Intégrez des objets en bois évoquant la nature.
Faire entrer les éléments naturels via peaux, branchages, etc.
Créez-vous une bibliothèque pleine d’étagères de livres bien épais.
Ajoutez de la vaisselle et des poteries.
Jouez sur les matières et les textures.
Chinez du mobilier vintage.
Multipliez couvertures douillettes et coussins moelleux.
6.3 - Le kit de secours hygge : les indispensables
Enfin, Meik Wiking termine le chapitre 4 du "Livre du hygge" en proposant 14 éléments à toujours avoir sous la main pour plonger instantanément dans une ambiance hygge.
"Vous pouvez vous préparer un kit de secours hygge à mettre de côté pour les soirs où vous êtes fatigué, n'avez rien de prévu et avez envie de rester tranquillement à la maison pour profiter d'un peu de temps pour vous. Faites-vous une boîte, un placard ou une valise remplie des indispensables du hygge."
À savoir :
Des bougies,
Du bon chocolat,
Notre thé préféré,
Un livre qu’on aime,
Un film ou une série qu’on adore regarder,
De la confiture,
Des chaussettes en laine,
D’anciennes lettres manuscrites que nous affectionnons,
Un pull chaud,
Un joli carnet,
Une belle couverture,
De la musique,
Un album photo,
Du papier et un stylo.
Chapitre 7 – Le hygge en dehors du foyer
7.1 - En pleine nature
Bien que la maison soit le cœur du hygge, il est tout à fait possible de vivre des moments hyggelig à l'extérieur, stipule Meik Wiking. Et ce le sera d’autant plus dans des lieux comme les chalets ou au contact de la nature.
Certains facteurs y favorisent le hygge, ajoute l’auteur :
La bonne compagnie,
La décontraction,
La proximité de la nature,
Le fait d'être pleinement dans l'instant présent.
"Le hygge est rempli de cette forte présence et de cet investissement dans l’expérience du moment présent et dans le plaisir qu’il procure" écrit l'auteur du "Livre du hygge".
En effet, passer du temps avec d'autres dans un cadre informel, se relaxer sans chichis, savourer la simplicité d'un paysage naturel, et se connecter au moment présent sont des leviers puissants pour faire naître le hygge, assure ici l’auteur.
Aussi, qu'il s'agisse d'un dîner au coin du feu lors d'un camping ou d'un coucher de soleil sur le pont d'un voilier, les expériences hyggelig ont pour point commun d'être vécues pleinement, sans distraction.
7.2 - Être dans l'instant présent
Ce passage du "Livre du hygge" reflète bien ce que peut être le hygge en dehors de la maison :
"Mes plus beaux souvenirs d’enfance tournent autour de ce petit chalet d’été que ma famille possédait à seulement dix kilomètres de la ville, et où nous restions de mai à septembre. À cette période de l’année, quand même la nuit ne connaît pas l’obscurité, mon frère et moi profitions de ces journées d’été sans fin.
Nous grimpions dans les arbres, attrapions des poissons, jouions au football, faisions du vélo, explorions des tunnels, dormions dans des cabanes dans les arbres, nous cachions sous les bateaux sur la plage, construisions des barrages et des châteaux forts, tirions à l’arc, et partions en forêt chercher des baies et l’or caché des nazis."
Meik Wiking poursuit :
"Le chalet ne faisait que le tiers de la surface de notre maison en ville, les meubles étaient vieillots, la télé en noir et blanc avait un écran 35 cm et une antenne assez capricieuse. Mais c’est bien là que nous vivions le plus de hygge. À bien des égards, j’ai connu alors mes moments les plus heureux, et les plus hyggelige. C’est sans doute parce que, de façon générale, le chalet comprenait tous les facteurs du hygge : les odeurs, les bruits et la simplicité.
Quand on habite dans un chalet, on est plus proche de la nature et de l’autre. Un chalet oblige à vivre plus simplement et plus lentement. À sortir. À être ensemble. À profiter de l’instant présent."
7.3 - Le hygge pendant les heures de travail
Les Danois estiment que le hygge a aussi sa place au bureau.
"Le Livre du hygge" partage alors quelques conseils pour introduire plus de hygge au travail.
Par exemple : multipliez les pauses gâteaux, favorisez un environnement décontracté plutôt que formel, apportez des bougies, installez des canapés pour lire ou tenir des réunions informelles. L’auteur lui-même préfère mener ses interviews installé confortablement dans un canapé plutôt qu'assis de façon guindée de part et d'autre d'une table, confie-t-il.
Chapitre 8 – Du hygge toute l’année
Dans le chapitre 8 de son ouvrage "Le Livre du hygge", Meik Wiking explique que même si le hygge est surtout associé à Noël au Danemark, il est, en fait, possible de cultiver cette atmosphère conviviale tout au long de l'année.
Voici quelques-unes des suggestions qu’il conseille pour cela :
Janvier : proposer une soirée cinéma à la maison entre amis, chacun apportant à grignoter.
Février : partir au ski en groupe et profiter de moments de détente hyggelig ensemble au chalet.
Mars : préparer nos futures vacances en explorant le pays de destination choisi (cuisine, musique, langue...).
Avril : faire une randonnée avec nuit à la belle étoile et repas au coin du feu.
Mai : initier la saison des barbecues hyggelig en se concoctant un week-end à la campagne.
Juin : cueillir des fleurs de sureau pour en faire une limonade parfumée rappelant l'été, et célébrer la Saint-Jean.
Juillet : organiser un grand pique-nique estival avec voisins et amis.
Août : observer la pluie de météores des Perséides, couché dans l'herbe.
Septembre : ramasser des champignons en forêt en famille ou entre amis (accompagné d'un expert si besoin pour éviter tout risque d'intoxication).
Octobre : cueillir des châtaignes avec les enfants pour fabriquer des figurines, ou les déguster grillées, accompagnées de mandarines et d'un bon livre.
Novembre : organiser un concours de soupes entre amis ou en famille, chacun apportant des ingrédients pour concocter une soupe originale que tous pourront goûter.
Décembre : préparer du gløgg (vin chaud épicé) et des æbleskiver (petites crêpes en forme de chou) pour un après-midi ou une soirée hyggelig avec ses proches.
Chapitre 9 – Le hygge sans se ruiner
9.1 – Les meilleures choses dans la vie sont gratuites
Le chapitre 9 du "Livre du hygge" rappelle que le hygge est fait de choses simples, modestes et peu coûteuses. Les expériences de luxe comme le champagne et les huîtres, par exemple, sont à l'opposé de cet esprit.
"Le hygge est humble et lent. C’est choisir le rustique au lieu du neuf, le simple au lieu du raffiné, et l’ambiance plutôt que l’excitation. De manière générale, le hygge est la version danoise d’un mode de vie lent et simple. Le hygge, c’est regarder Le Seigneur des Anneaux en pyjama la veille de Noël, c’est s’asseoir sur le rebord de la fenêtre et regarder le ciel dehors, en savourant une tasse de son thé préféré, c’est regarder le feu de joie d’un solstice d’été, entouré de ses amis et sa famille, pendant que votre baguette enroulée cuit lentement."
Meik Wiking explique aussi, études à l'appui, que le bonheur dépend plus de la qualité des relations sociales que du niveau de revenus. De même, le hygge repose sur le partage d'un moment de bien-être, non sur l'argent dépensé.
L'auteur cite ensuite un poème danois sur notre capacité à apprécier les plaisirs simples de l'existence. Cet état d'esprit correspond, selon lui, à la philosophie du hygge.
9.2 – Dix activités "hygge" avec un petit budget
Meik Wiking propose enfin 10 activités permettant de cultiver une atmosphère hygge avec un petit budget :
Jouer à des jeux de société.
Faire une petite fête en cuisine.
Organiser des soirées télé entre amis.
Créer une mini-bibliothèque dans son immeuble ou son quartier.
Jouer à la pétanque.
Faire un feu de camp.
Aller à des séances de cinéma en plein air.
Organiser une fête de troc d'objets.
Faire de la luge.
Jouer pour le simple plaisir de jouer.
L'auteur conclut qu'oublier un peu le sérieux de l'âge adulte pour retrouver son âme d'enfant est une des clés du hygge.
Chapitre 10 – Visite guidée "Hygge de Copenhague"
Dans ce chapitre du "Livre du hygge", Meik Wiking propose quelques lieux emblématiques de Copenhague pour vivre l'esprit hygge lors d'un séjour dans la capitale danoise.
Il suggère notamment de flâner dans le quartier pittoresque de Nyhavn, de s'offrir des douceurs dans la plus ancienne pâtisserie du pays "La Glace", ou encore d'arpenter les allées du parc Tivoli sous les lumières de Noël.
Faire une balade en barque dans les canaux de Christianshavn, déambuler dans les ruelles historiques telles que Gråbrødre Torv ou Værnedamsvej, et déguster des tartines à la danoise dans un restaurant typique sont quelques-unes des autres expériences hyggelig proposées.
Ainsi, en suivant ce mini-guide, le visiteur pourra facilement découvrir certains des endroits les plus propices pour saisir l'esprit du hygge à Copenhague.
Chapitre 11 – Noël
11.1 – Noël, la période la plus hyggelig de l’année
La période de Noël est considérée par les Danois comme la plus propice pour cultiver l'atmosphère hygge, souligne Meik Wiking. Ils utilisent d'ailleurs, pour en parler, un mot composé spécifique : le "julehygge", qui veut dire "hygge de Noël". Pour eux, si le hygge n'est pas au rendez-vous à Noël, la fête est ruinée !
11.2 - La famille et les amis
L’auteur du "Livre du hygge" explique ensuite que réunir ses proches pour partager un moment privilégié est la base d'un Noël réussi. C’est le cas aussi ailleurs, indique-t-il, mais seuls les Danois diront "c'est hyggelig !" pour savourer pleinement cet instant.
11.3 - Les traditions
Ensuite, Meik Wiking partage certains rituels typiques et selon lui, indispensables au hygge de Noël. Il évoque alors la préparation de plats traditionnels danois très caloriques dont l’élément principal est la viande (rôti de porc ou canard).
Il décrit aussi ce qu’est le "délicieux risalamande", un dessert de crème fouettée et de riz cuit, recouvert d’amandes effilées et de coulis de cerises chaud. Servi dans un grand saladier, on y dissimule une amande entière :
"Celui qui la trouve dans son bol gagne un cadeau […] Le but pour celui qui a trouvé l’amande est de la cacher et de nier l’avoir trouvée afin de tromper les autres et de les pousser à manger tout le contenu de leur bol : cela se transforme en un championnat de dégustation un peu tordu."
11.4 - Les décorations
"Aucun Noël hyggelig n’est vraiment complet sans ses décorations" fait remarquer l’auteur.
Il s’agit d’un riche décor intégrant, entre autres, les fameuses figurines de nisse (elfe ou gnome) et "cœurs tressés" en papier brillant.
Mais aussi, bien entendu, des bougies…
Une version spécifiquement danoise de la bougie de Noël est la bougie de l’Avent :
"Décorée comme une toise murale avec les dates allant du 1er au 24 décembre, de haut en bas. Chaque jour, le bout de bougie correspondant à la journée est brûlé et fond. Néanmoins, personne n’allume ce calendrier tout seul. On fait plutôt cela soit le matin, à l’heure où les parents essaient désespérément de préparer tout le monde pour l’école et le travail, soit le soir, quand la nuit s’est installée et que toute la famille est attablée pour le dîner. Cette lumière en forme de calendrier est littéralement le centre de la famille. Naturellement, tout le monde se rassemble autour d’elle, le temps qu’elle brûle. Et puis, elle nourrit l’obsession danoise du compte à rebours jusqu’à Noël."
11.5 - Le compte à rebours jusqu'au hygge
Cette partie du "Livre du hygge" nous fait ensuite découvrir différents objets qui ponctuent l'attente fébrile de Noël et entretiennent le hygge : la bougie de l’Avent, le calendrier de l'Avent, les petites cases à ouvrir chaque jour ou encore des programmes télévisés rituels pour enfants (qui proposent une activité hyggelig chaque jour ou une petite histoire de Noël).
11.6 – Les préparatifs pour mieux profiter du hygge à Noël
Paradoxalement, confie l’auteur, tous les préparatifs plutôt stressants d’avant Noël sont nécessaires. Car grâce à eux, nous pourrons, ensuite, mieux savourer l'atmosphère apaisée du hygge, poursuit Meik Wiking.
Aussi, pour les adeptes du hygge, Noël doit permettre de faire une pause dans les tracas du quotidien. L'esprit se veut alors resté égalitaire, sans démonstration de pouvoir.
Enfin, l'auteur termine ce chapitre du "Livre du hygge" en partageant :
La recette d’une douceur traditionnellement consommée à Noël au Danemark : les "æbleskiver", sorte de crêpes.
Un tuto pour fabriquer les "cœurs tressés" en papiers décoratifs pliés, une coutume devenue populaire notamment parce qu’elle participe à la motricité fine des enfants.
Chapitre 12 – Le hygge estival
Au chapitre 12, l'auteur du "Livre du hygge" décrit comment le hygge a aussi sa place en été. Certes sans cheminée ni plaid. Mais il prend alors d'autres formes tout aussi conviviales et simples.
Voici 5 idées partagées par l’auteur du "Livre du hygge" :
Le verger : une cueillette de fruits entre amis fait partie des activités "hyggelig" par excellence. On peut ensuite transformer ses récoltes en confitures ou autres préparations.
Le barbecue avec ses proches : réunir sa famille et/ou ses amis autour de grillades est un classique estival, propice au partage d'instant précieux.
Les jardins partagés : s'occuper d'un potager collectif permet de se rassembler avec des voisins dans une ambiance villageoise au cœur de la ville. C'est à la fois hyggelig et créateur de lien social.
Les pique-niques sur la plage : partir en balade à la mer avec un panier garni de victuailles est une façon simple et agréable de passer du temps de qualité ensemble.
Les balades en vélo cargo : se promener en ville sur un vélo équipé d'une remorque, entre amis ou en couple, rend n'importe quelle virée ludique avec son lot de moments privilégiés.
L'auteur termine en abordant les bienfaits du vélo sur le bonheur et le bien-être collectif. Il présente différentes études montrant que l'usage du deux-roues pour les trajets quotidiens est bon pour la santé et favorise le lien social.
Chapitre 13 – Les 5 dimensions du hygge
Dans l’avant-dernier chapitre du "Livre du hygge", Meik Wiking explore le hygge à travers nos sens.
Le goût du hygge
Les saveurs associées au hygge sont familières, douces et réconfortantes : miel, chocolat, crème, vin... En fait, tout ingrédient accentuant le côté douillet d'un plat ou d'une boisson les rend plus hyggelig.
Le son du hygge
Le crépitement d'un feu de cheminée est probablement le son le plus typique du hygge. Plus largement, les bruits apaisants d'un environnement sécurisant en sont la bande originale : bruissement du vent et de la pluie, craquement du plancher...
L'odeur du hygge
Les senteurs rappelant la sécurité et le réconfort, souvent teintées de nostalgie, sont propices au hygge. Elles invitent, en effet, à lâcher prise, souffle l’auteur. Et chacun y associera ses propres expériences personnelles.
Les sensations tactiles du hygge
Toucher du bois, de la laine, de la céramique... est plus hyggelig que le contact avec des matières modernes comme l'acier ou le verre. De même, les petits objets artisanaux ont plus de potentiel hygge que des créations industrielles, poursuit Meik Wiking.
Voir le hygge
Visuellement, le hygge s'incarne dans des mouvements lents, des lumières tamisées, des couleurs naturelles. Toute silhouette trop graphique ou aseptisée lui est étrangère.
Le sixième sens du hygge
Au-delà des sens, le hygge se ressent dans la confiance et le bien-être procurés par un moment. L'auteur conclut qu'au fond, il s'apparente au bonheur.
Chapitre 14 – Le hygge et le bonheur
14.1 - Les heureux Danois
Dans ce dernier chapitre du "Livre du hygge", Meik Wiking rappelle que le Danemark arrive systématiquement dans les premiers des classements internationaux sur le bonheur.
Il expose alors les raisons pour lesquelles le pays se situe au premier rang : l'État providence qui réduit les sources de stress, un bon équilibre vie privée/vie professionnelle, la confiance interpersonnelle...
Mais il souligne qu’en encourageant le bien-être au quotidien, le hygge jouerait aussi un rôle non négligeable dans ce phénomène.
Et ce, grâce à au moins 3 constats…
14.2 - Le hygge est facteur de tissu social
De nombreuses études placent la qualité des relations sociales comme premier facteur de bonheur. Or, la culture du hygge pousse les Danois à accorder beaucoup de temps à leurs proches pour tisser des liens solides.
14.3 - L’appréciation et gratitude sont des éléments piliers du hygge
Le hygge apprend à savourer l'instant présent et les plaisirs simples.
Or, la recherche montre que la gratitude envers ces petits plaisirs de l'existence accroît le bien-être. De plus, se remémorer des moments hyggelig génère de la nostalgie positive, soutient l’auteur.
14.4 - Le hygge favorise le bonheur au quotidien
Meik Wiking nous parle ensuite de son travail. Il se questionne et évoque le scepticisme de certaines personnes à l’idée qu’on puisse mesurer le bonheur.
Au cours de cette réflexion, il distingue trois dimensions du bonheur qui s’entremêlent :
La satisfaction qu’on a de la vie d’une façon générale,
La dimension affective ou hédonique : autrement dit, les émotions positives que l’on ressent au quotidien,
Le sentiment que notre existence a un sens.
Selon l’auteur, le hygge stimulerait surtout la deuxième : ainsi, en permettant de goûter le bien-être au quotidien, il devient un moteur durable de bonheur.
Il écrit :
"En faisant des recherches pour écrire ce livre, je me suis aperçu que le hygge peut devenir un moteur du bonheur dans la vie quotidienne. Le hygge nous donne les mots, l’objectif et les méthodes pour prévoir et préserver le bonheur – et pour en vivre un peu chaque jour. Le hygge est peut-être ce qui se rapproche le plus du bonheur quand nous rentrons à la maison après une longue journée de travail, un jour pluvieux de janvier."
Et, soyons-en bien conscients, c’est là que la plus grande partie de nos vies se joue. Pas les jours pluvieux de janvier, non, mais chaque jour. Une fois par an – ou plus, si nous avons de la chance – nous pouvons nous retrouver sur une plage dans un pays exotique, et nous pourrions tout à fait éprouver hygge et bonheur dans ces contrées lointaines. Mais le hygge, c’est tirer le meilleur de ce que nous avons en abondance : le quotidien. C’est peut-être Benjamin Franklin qui en parle le mieux : "Le bonheur n’est pas tant le produit des grands coups de bonne fortune qui arrivent rarement, que celui des petits avantages et plaisirs qui ont lieu tous les jours"."
Conclusion de "Le Livre du hygge" de Meik Wiking
Les idées clés du "Livre du hygge" de Meik Wiking
Au fil des chapitres de son ouvrage "Le Livre du hygge", Meik Wiking a exploré les multiples facettes du concept danois du "hygge" et nous a livré de précieux conseils pour l'intégrer dans notre quotidien.
Voici les 3 idées clés à retenir :
Le hygge est une atmosphère chaleureuse propice au bien-être
Le hygge se définit avant tout comme une ambiance, un état d'esprit tourné vers la convivialité, le partage et la douceur de vivre. Il s'agit de créer un cocon de bien-être où l'on se sent en sécurité, entouré de ses proches.
Le hygge fait appel à tous nos sens : la lumière tamisée des bougies, le crépitement du feu de cheminée, le goût réconfortant d'un plat mijoté, l'odeur de gâteau qui embaume la maison, la sensation d'un plaid douillet.
Le hygge comme art de vivre au quotidien, facteur de bonheur durable
Plus qu'un simple concept, le hygge est un véritable art de vivre qui encourage à prendre le temps d'apprécier les petits plaisirs du quotidien. Partager un moment de qualité avec ses proches, savourer sa tasse de thé au coin du feu, se promener dans la nature, cuisiner un gâteau...
Le hygge nous invite aussi à cultiver la gratitude et la pleine conscience. D'ailleurs, Meik Wiking explique que cette capacité à ressentir du bien-être dans les gestes simples de tous les jours serait l'une des clés du bonheur durable des Danois.
Le hygge, un état d'esprit à adopter tout au long de l'année
Si le hygge est souvent associé à l'hiver et aux fêtes de Noël, Meik Wiking souligne qu'il peut se vivre à chaque saison. Cueillette de fruits entre amis, dîner au coin du feu lors d'un camping, séance de cinéma en plein air, atelier cuisine... L'auteur multiplie les suggestions d'activités accessibles pour insuffler une dose de hygge chaque mois. Le secret ? Favoriser les plaisirs simples, le partage et la convivialité.
Que vous apportera la lecture "Le Livre du hygge" de Meik Wiking ?
En refermant "Le Livre du hygge", vous aurez toutes les clés en main pour développer votre propre art de vivre "hygge".
Grâce aux conseils de Meik Wiking, vous saurez comment créer une atmosphère chaleureuse et réconfortante chez vous. Vous aurez aussi plein d'idées d'activités propices aux liens et à la déconnexion. Surtout, vous réaliserez que le bonheur se niche dans une multitude de petits gestes simples à portée de tous.
Le "Livre du hygge" est un livre que je recommande à ceux et celles qui sont en quête d’inspiration pour adopter un mode de vie plus serein, convivial et porteur de sens. Agréablement illustré d’images et de dessins hygge, cette lecture est une véritable bouffée de douceur et de bien-être. Nul doute qu'il vous donnera envie d'allumer quelques bougies, de servir une tasse de thé fumante et de prendre le temps d'un moment "hygge"...
Points forts :
C'est un beau livre, joliment illustré.
Un concept très inspirant pour développer son bien-être au quotidien.
Les conseils pratiques et accessibles pour créer une atmosphère "hygge".
De nombreuses anecdotes agréables à lire.
Point faible :
Certains conseils pourraient paraître évidents ou superficiels pour certains lecteurs.
Ma note :
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 ]]>
            	            	         ]]>La philosophie antique fascine. Et pour cause ! Près de 2000 ans après leur rédaction, certains textes fondateurs résonnent encore étrangement juste à notre époque. C'est le cas des "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle, des "Lettres à Lucilius" de Sénèque ou encore du "Gorgias" de Platon.
Derrière ces noms illustres se cachent des trésors de sagesse intemporelle et de réflexions profondes sur des thèmes qui continuent d'alimenter notre quête contemporaine de sens.
Le bonheur, la maîtrise de soi, la juste utilisation de la rhétorique sont ainsi quelques-unes des grandes interrogations humaines auxquelles ces monuments de la philosophie antique tentent d'apporter des réponses nuancées.
Dans cet article, je vous invite à (re) découvrir, au travers de ce panorama, le message universel de trois œuvres majeures qui méritent plus que jamais une lecture.
Par Marc Aurèle, 170-180 apr. J.-C., 176 pages.
Résumé du livre "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle
"Pensées pour moi-même" est un recueil de notes personnelles de l'empereur romain Marc Aurèle, qui a vécu au 2ème siècle apr. J.-C.
Issu d'une noble famille, Marc Aurèle a été adopté par l'empereur Antonin et formé très tôt à la philosophie, notamment au stoïcisme. Devenu empereur à son tour, il a dû faire face à de nombreuses guerres aux frontières de l'Empire ainsi qu'à des catastrophes naturelles et des épidémies.
Malgré ses lourdes responsabilités, Marc Aurèle prenait le temps chaque jour de méditer et de consigner ses réflexions personnelles dans ces notes retrouvées après sa mort. Sans surprise, le livre est fortement influencé par le stoïcisme. Il traite de thèmes comme l'acceptation de son destin, le contrôle de ses passions, le détachement face à la mort ou encore le retour à la nature après la mort.
Dans "Pensées pour moi-même", Marc Aurèle insiste aussi sur l'importance de cultiver notre "génie intérieur", c'est-à-dire la "faculté rationnelle de notre âme", parcelle de ce qu’il appelle la "Raison universelle divine". Et en vivant ainsi selon les principes de la vertu et de la raison, nous pouvons, selon lui, espérer atteindre le bonheur et une forme de sagesse.
Points clés du livre "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle
Message clé de Marc Aurèle dans "Pensées pour moi-même" :
Pour Platon, le bonheur authentique ne peut être trouvé que dans un mode de vie "vertueux", en accord avec les "lois universelles de la raison" qui régissent l'ordre du monde.
Vivre de manière vertueuse signifie faire preuve de maîtrise de soi, cultiver la tempérance face aux désirs effrénés et aux passions, tout en agissant avec justice et bienveillance.Aussi, selon le philosophe, c'est en dirigeant nos facultés rationnelles vers la "contemplation sereine du cosmos" et l'acceptation de notre destinée que nous pouvons espérer approcher un état de plénitude. Le bonheur émane alors naturellement de l'harmonie ainsi créée "entre notre âme individuelle et l'Âme du monde".
Voici 5 points clés de la pensée stoïcienne de Marc Aurèle issus de ce livre :
Nous faisons tous partie d'un grand Tout harmonieux qu'est l'univers : notre destin individuel y est lié.
La mort n'est pas à craindre car notre âme retourne au "Tout" dont elle provient.
Nos troubles viennent de nos jugements erronés sur les événements : nous devons apprendre à les contrôler.
La partie rationnelle de notre âme est divine : en la cultivant par la philosophie, nous pouvons espérer atteindre le bonheur.
L'instant présent est le seul temps sur lequel nous avons prise : il faut cesser de regretter le passé ou de craindre l'avenir.
En quoi la philosophie antique de Marc Aurèle est-elle encore résolument moderne et intemporelle ?
Malgré les 19 siècles qui nous séparent de Marc Aurèle, ses réflexions font pleinement écho aux questionnements intemporels de l'être humain : Comment trouver le bonheur ? Comment surmonter l'adversité ? Comment accepter sa condition mortelle ? Etc.
Le stoïcisme prôné par Marc Aurèle apporte des réponses nuancées à ces interrogations universelles.
L'idée que nos troubles viennent de nos opinions mal fondées, et non des événements eux-mêmes, est d'une étonnante modernité. Tout comme l'importance accordée au présent, aux petits plaisirs simples de l'existence. Par ailleurs, en prônant un idéal de tempérance, de justice et de recherche de la vérité, Marc Aurèle éclaire notre quête contemporaine de sens.
Enfin, sa conception vertueuse du bonheur, fondée sur la raison, la maîtrise de soi et l'acceptation de notre condition, garde toute sa pertinence au 21e siècle.
Mon avis sur le livre "Pensées pour soi-même" de Marc Aurèle
Je recommande vivement la lecture des "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle à quiconque s'intéresse à la philosophie antique ou au développement personnel. Malgré son grand âge, ce petit livre regorge de maximes fortes dont la portée universelle demeure intacte. Sa lecture apporte réconfort et sagesse.
Les points forts et points faibles du livre "Pensées pour soi-même" de Marc Aurèle
Points forts :
Le style ciselé, les phrases mémorables.
Un grand classique de la littérature universelle, mais très accessible et agréable à lire, même près de 2000 ans après son écriture.
Le message intemporel et la personnalité attachante de Marc Aurèle.
Points faibles :
Le contenu peu structuré car ce sont des notes personnelles.
Une pensée jugée parfois trop conformiste et austère.
Ma note :
★★★★★
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Par Sénèque, 65 après J.-C., 112 pages (édition réduite).
Résumé du livre "Lettres à Lucilius" de Sénèque
"Lettres à Lucilius" est un recueil de 124 lettres que Sénèque, un des pères de la philosophie antique, a écrites à son ami Lucilius entre 62 et 65 après J.-C., peu avant d'être contraint au suicide par l'empereur Néron.
Conseiller de Néron et figure politique importante à Rome, Sénèque tombe en disgrâce auprès de l'empereur en 62. Bien qu'il demande à se retirer de la vie politique, on lui ordonne de rester à Rome. En 65, suite à un complot contre Néron auquel Sénèque est accusé d'être lié, l'empereur exige qu'il se suicide.
C'est dans ce contexte que Sénèque rédige ces lettres à Lucilius, homme de pouvoir d'origine modeste qui aspire à mener une vie philosophique. Son but est de lui transmettre les enseignements du stoïcisme pour l'aider à cultiver un bonheur intérieur, indépendamment des aléas de l'existence et du bon vouloir du sort.
Au fil des lettres, Sénèque invite Lucilius à mieux utiliser son temps, à résister à l'influence néfaste de la foule, à bien choisir ses amis, à se libérer de ses passions pour accéder au véritable bonheur. Il l'encourage à une discipline quotidienne pour progresser sur le chemin de la sagesse, clef de la tranquillité de l'âme.
Sénèque partage ses réflexions sur des sujets comme l'amitié, la vieillesse, la mort, le suicide. Sa pensée est empreinte de simplicité et de bon sens pratique. Le sage, selon lui, se suffit à lui-même et accepte son destin avec sérénité.
Finalement, à travers des anecdotes et exemples concrets, Sénèque rend ses lettres vivantes et inspirantes. Et son style direct permet d'intégrer facilement ses préceptes au quotidien.
Points clés du livre "Lettres à Lucilius" de Sénèque
Message clé de Sénèque dans "Lettres à Lucilius" :
Le bonheur est en nous-même. Il s'obtient par un travail philosophique quotidien pour dompter nos passions et accéder à la tranquillité de l'âme.
Voici 5 points clés des "Lettres à Lucilius"de Sénèque :
Maîtriser l'usage de son temps est vital : tout retard est une portion de vie perdue. Mieux vaut agir que de remettre à plus tard.
La fréquentation des foules et la poursuite des faux biens comme l'argent ou le prestige rendent esclave. Le sage fuit ces pièges.
L'amitié véritable procure un immense réconfort. Un ami fidèle vaut tous les trésors. Mais il est rare : il faut le choisir avec soin et tout partager avec lui.
La constance et la discipline mènent à la sagesse. Celle-ci s'acquiert par un patient travail sur soi visant à reconnaître puis éliminer ses défauts.
Se préparer à bien mourir, c'est se prémunir contre la peur de mal vivre. La philosophie apprend à accepter la mort avec sérénité quand elle devient inévitable.
En quoi la philosophie antique de Sénèque est-elle encore résolument moderne et intemporelle ?
Parues il y a 2000 ans, les "Lettres à Lucilius"de Sénèque n'ont rien perdu de leur pertinence.
La quête de sens, de sérénité intérieure et de maîtrise de soi que nous retrouvons au cœur de ces lettres résonnent fortement avec les aspirations contemporaines. À l'ère du stress, des sollicitations permanentes et de l'infobésité, la philosophie pratique de Sénèque est une bouffée d'air frais.
En effet, son invitation à se recentrer sur l'essentiel, à prendre le temps de réfléchir plutôt que de réagir à chaud, à dompter nos émotions pour éviter qu'elles ne nous submergent se trouve au cœur de sa philosophie, invitation que l’on retrouve aussi très souvent dans la littérature de développement personnel actuelle. Même chose pour les mises en garde contre la pression sociale et la course aux faux-semblants.
Par ailleurs, la recherche du bonheur, le rapport au temps, à la mort, à la souffrance sont des thèmes restés intemporels, et sur lesquels Sénèque apporte un éclairage simple mais profond.
Enfin, sa conception d'une vie "bonne", fondée sur la vertu, le courage et l'acceptation de notre condition mortelle garde là aussi toute sa pertinence aujourd’hui.
Mon avis sur le livre "Lettres à Lucilius" de Sénèque
Accessibles et inspirantes, ces lettres de la philosophie antique sont une mine de sagesse intemporelle.
Sénèque y distille des conseils pratiques applicables au quotidien avec beaucoup de bon sens et d'humilité. Sa pensée aide à cultiver sérénité et résilience face aux aléas de l'existence.
Je recommande vivement la lecture de cet ouvrage fondateur à quiconque aspire à plus de maîtrise de soi, de résilience et de bonheur durable.
Les points forts et points faibles du livre "Lettres à Lucilius" de Sénèque
Points forts :
Le style simple, concis et percutant.
Le format de lettres très courtes qui offre au lecteur une liberté de lecture à son rythme, en le parcourant au gré de ces envies.
Les préceptes partagés par Sénèque concrets et directement applicables.
Le message de Sénèque d’une lucidité inouïe et la sagesse intemporelle de l’ouvrage toujours aussi pertinente après presque 2000 ans.
Les formules éloquentes et inspirantes propres à Sénèque.
Points faibles :
Quelques longueurs et redites inhérentes au format épistolaire.
Des références érudites au stoïcisme parfois obscures pour le novice.
Ma note :
★★★★★
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Par Platon (428-348 av. J.-C.), 2018, 384 pages.
Résumé du livre "Gorgias" de Platon
Le livre "Georgias" de Platon, célèbre philosophe grec ayant vécu entre 428 et 348 avant J.-C., est un dialogue entre Socrate et plusieurs sophistes sur le thème de l'art oratoire.
Ainsi, au travers d'une discussion animée entre cinq protagonistes principaux - Socrate, Chéréphon, Gorgias, Pôlos et Calliclès - Platon nous invite à réfléchir sur le pouvoir des mots, et leur utilisation à des fins personnelles ou altruistes.
Il commence par une confrontation entre Socrate et Gorgias sur la définition de la rhétorique.
Pour Gorgias, personnage clé et maître de l'art oratoire, la rhétorique est l'art de la persuasion par le discours, notamment en politique.
Mais cette vision de la rhétorique, perçue comme un moyen de dominer les foules par le discours, est remise en question par Socrate. Ce dernier dénonce alors, plus globalement, l'usage dévoyé de cet art par les orateurs sophistes, qui l’utilisent pour tromper et manipuler.
Selon lui, un bon orateur devrait être juste et utiliser la parole de façon éthique, et non pour des intérêts égoïstes. Il distingue ainsi les vrais philosophes, qui argumentent avec logique, et les sophistes charlatans.
S'ensuit alors une analyse en profondeur de la rhétorique.
Plus loin, Socrate définit la notion de pouvoir : le vrai pouvoir n'appartient pas à celui qui fait ce qu'il veut mais à celui qui agit avec sagesse et autorité légitime, affirme-t-il. D’ailleurs, ce pouvoir doit s'exercer dans le but de rendre les gens meilleurs et plus heureux.
Points clés du livre "Gorgias" de Platon
Message clé de Platon dans "Gorgias" :
La rhétorique, ou l’art de bien parler, est une technique puissante de persuasion. Mais elle peut être utilisée à mauvais escient par des orateurs malhonnêtes. Ces derniers y ont recours, en effet, pour tromper ou pour servir des intérêts personnels sans aucune considération éthique.
Aussi, le vrai pouvoir et le bonheur, selon Platon, résident dans une vie juste. Une vie fondée sur la maîtrise de soi et le service du bien commun, et non l'assouvissement égoïste des passions.
Voici 4 points clés issus du livre "Gorgias"de Platon :
L'art oratoire : l’ouvrage détaille l'importance de la rhétorique, perçue comme un outil puissant de persuasion, une "arme au service des idées" extrêmement puissante pour convaincre et influencer, notamment en politique. Cette vision est incarnée par le personnage de Gorgias, qui la voit comme un moyen de dominer les autres par la parole.
L’éthique de la rhétorique : le livre partage un débat animé entre Socrate et Gorgias sur l'emploi éthique de la rhétorique. Socrate y voit une forme de flatterie, une technique qui sert à faire le mal, tandis que Gorgias y voit un art noble.
Le pouvoir des mots : Platon, à travers cet ouvrage de philosophie antique, nous invite à réfléchir sur le pouvoir des mots et sur la responsabilité qui incombe à celui qui les manie. Selon lui, le vrai pouvoir appartient à celui qui agit avec sagesse, autorité légitime et pour servir le bien commun. Un bon orateur devrait ainsi utiliser son art pour rendre les gens meilleurs et plus heureux. Un sujet ici toujours d'actualité, particulièrement en cette ère de communication de masse.
Le bonheur : il ne consiste pas à assouvir toutes ses passions égoïstes qui sont insatiables, mais à les maîtriser par une conduite raisonnable et juste. Une vie éthique fondée sur cette maîtrise de soi permet d'atteindre la paix intérieure. Le parallèle est donc fait avec l'art oratoire qui devrait servir cet idéal de vie droite et non les intérêts personnels.
En quoi la philosophie antique de Platon est-elle encore résolument moderne et intemporelle ?
Bien qu'écrite il y a plus de 2000 ans, l'analyse que fait Platon de la rhétorique et de son pouvoir de persuasion est encore criante d'actualité.
À l'ère des fake news, des théories du complot et de la manipulation de l'opinion publique sur les réseaux sociaux ou chaines télévisuelles, les mises en garde de Platon contre les dérapages de l'art oratoire résonnent plus que jamais. Ses réflexions sur les notions de pouvoir, de bonheur, de maîtrise de soi et d'éthique parleront donc beaucoup au lecteur contemporain en quête de sens.
En décrivant avec finesse les travers de la démagogie au service d'intérêts égoïstes et immoraux, Platon met le doigt sur des dérives politiques que nous observons encore fréquemment.
Enfin, le plaidoyer de Platon - d'un idéal de vie juste et d'une conduite raisonnable au service du bien commun - apporte des clés intemporelles à ceux qui ont à cœur de donner un sens éthique à la parole et à la persuasion.
Tout cela fait la force toujours actuelle de cette œuvre magistrale.
Mon avis sur le livre "Gorgias" de Platon
J'ai beaucoup apprécié la finesse avec laquelle Platon analyse l'art oratoire et met en garde contre ses dérives potentielles.
Ses réflexions sur le bonheur, le pouvoir et la justice sont également très inspirantes.
Ce classique de la philosophie antique apporte des arguments pertinents pour défendre un idéal de vie fondé sur l'éthique et le service du bien commun.
Si le style d’écriture (traduction du grec ancien) et la densité de son contenu ne vous fait pas peur, "Gorgias" est un livre que je recommande vivement. La confrontation d’idées qu’on y trouve est un voyage intellectuel dans le monde de philosophique de la rhétorique et de l’éthique qui vous captivera !
Les points forts et points faibles du livre "Gorgias" de Platon
Points forts :
L’analyse approfondie et magistrale de la rhétorique, que Platon présente comme une "arme au service des idées".
La dénonciation fine des dérives de la rhétorique aux enjeux très actuels dans notre société contemporaine.
Des solutions pragmatiques proposées pour corriger les mauvais usages de la prise de parole en public et l'art oratoire, présentées à travers un idéal de vie juste.
La forme, à savoir le recours au dialogue, qui dynamise le texte et permet d'exposer clairement chaque point de vue.
Une œuvre de Platon très actuelle qui continue d’alimenter la réflexion contemporaine.
Points faibles :
La traduction du grec ancien et l’extrême densité du texte peuvent rendre la lecture difficile d’accès.
La condamnation excessive de la rhétorique : Platon a tendance à suraccentuer les aspects négatifs de la rhétorique, négligeant ainsi ses possibles bienfaits quand elle est utilisée de manière éthique et judicieuse.
La dernière partie sur les questions métaphysiques : le manque de cohérence et la part de fantasmes concernant l'après-vie et de la responsabilité, peut être perçue comme moins convaincante.
Ma note :
★★★★☆
Pour aller plus loin :
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Marc Aurèle, Sénèque et Platon vous ont-ils inspiré dans votre quête de sens ? Si oui, vous pouvez poursuivre cette découverte avec d’autres œuvres majeures de la philosophie antique : "Les vies parallèles des hommes illustres" de Plutarque par exemple.
Et n'hésitez pas à nous faire part de vos réactions et impressions dans les commentaires ci-dessous.
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