Olivier Roland - tagged with Psychologie-et-Communication http://www.olivier-roland.fr/feed en-us http://blogs.law.harvard.edu/tech/rss Sweetcron [email protected] Les 8 lois de l’amour http://www.olivier-roland.fr/items/view/12810/Les-8-lois-de-lamour

Résumé de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty : un manuel de sagesse en matière d'amour pour tous ceux et celles qui souhaitent ardemment trouver l’amour, mais aussi tout faire pour le garder et même parvenir à surmonter les ruptures — en s’acceptant davantage et en s’ouvrant au monde !

Par Jay Shetty, 2023, 368 pages.

Titre original : « 8 Rules of Love  », 2023

Chronique et résumé de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty

Qui est Jay Shetty ?

Né en 1987 à Londres, Jay Shetty a bénéficié d'une éducation de classe moyenne. Bien que ses parents soient d'origine indienne, il n'a pas été élevé dans la religion hindoue. À l'âge de 18 ans, il a intégré la Cass Business School de Londres pour se consacrer à des études de gestion et de sciences du comportement.

Il délaisse toutefois la carrière dans le monde des affaires pour embrasser la vie monastique en tant que moine hindou. Entre 2010 et 2013, il réside dans un ashram, un monastère hindou situé à Mumbai, en Inde.

Durant cette période, il se plonge dans l'étude approfondie des textes sacrés hindous — en particulier dans les Védas (écrits anciens pratiques). Même après avoir quitté l'ashram, Jay Shetty persévère dans ses études et accumule de cette façon une profonde connaissance de ce domaine.

Cette conversion vers la vie monastique et l'hindouisme est en grande partie due à sa rencontre avec Gauranga Das, un moine hindou, alors qu'il était encore à l'université. Plus tard, à Mumbai, celui-ci le convainc qu'"il serait de plus grande valeur et de plus grand service s'[il] quittait l'ashram et partageait ce que [il avait] appris avec le monde".

Il décide donc de quitter l'ashram et de réorienter sa carrière de coach vers l'enseignement pratique de la pleine conscience et de la sagesse hindoue et orientale.

Son premier livre, Think Like a Monk: Train Your Mind for Peace and Purpose Every Day, décrit la transition qui s'est produite dans sa pensée lorsqu'il souhaitait « s'immerger dans l'état d'esprit du moine » (Shetty, Jay. Pensez comme un moine, Guy Trédaniel Éditions, 2020).

Désormais, Jay Shetty est coach de vie. Mais pas seulement ! Depuis 2019, il anime également le podcast On Purpose. Ses livres, ses vidéos en ligne et ses cours ont beaucoup de succès et il forme même, désormais, d'autres coaches aux techniques orientales qu'il a apprises lorsqu'il était moine.

L'auteur s'est marié en 2016. Il fait régulièrement référence à cette relation tout au long du livre que nous allons lire maintenant.

Introduction

Commençons par une analogie. Imaginons un dialogue entre un enseignant et un élève au sujet du soin d'une fleur. L'attraction physique ressemble à une fleur coupée et placée dans un vase. Par contraste, l'amour ressemble à une fleur dans le sol, qui reçoit de l'eau et des nutriments grâce à ses racines.

La fleur dans le vase va rapidement se faner. Mais celle qui vit en pleine terre est fragile elle aussi. Il lui faut des soins et une attention constante pour se maintenir vivace.

Mettre l'amour en pratique

Jay Shetty a décidé d'écrire Les 8 lois de l'amour pour aider les gens à apprendre à aimer grâce aux idées contenues dans les Védas. Mais ce n'est pas tout : comme nous le verrons, l'auteur appuie également ses propos sur des études scientifiques et en particulier sur la recherche contemporaine en psychologie.

Alors, qu'ont à nous dire les enseignements des Védas sur le lien amoureux ? C'est ce que l'auteur se propose d'explorer. Pour lui, il importe d'abord de comprendre que l'amour est avant tout une pratique.

Nous pourrions dire aussi, comme le soutient Erich Fromm, que l'amour est un art. Dans les deux cas, l'idée est la même : l'amour requiert des gestes, des rituels, une attention et des obligations aussi. Rien ne sert "d'attendre" l'amour, il faut le construire et l'entretenir, comme si vous étiez un jardinier !

Les 4 ashrams

Il explique que les Védas caractérisent le cheminement de la vie en général à partir de 4 phases ou étapes :

Brahmacharya ashram (vie étudiante) ;

Grhastha ashram (vie du ménage) ;

Vanaprastha ashram (vie à la retraite) ;

Sannyasa ashram (vie renoncée).

Dans les 8 lois de l'amour, l'auteur applique ces principes aux domaines de l'amour. Pour lui, il y a 4 phases ou ashrams (classe ou étude).

Ces 4 ashrams sont :

Se préparer à l'amour ;

Pratiquer l'amour ;

Protéger l'amour ;

Perfectionner l'amour.

Chaque partie du livre sera liée à l'un de ces thèmes. Selon Jay Shetty, les gens traversent souvent ces étapes sans y penser, ce qui est dommage et cause bien des ennuis. L'objectif de ce livre est d'aider le lecteur à devenir pleinement conscient de ce qu'il vit. De cette façon, il aura de meilleures chances de "pratiquer l'amour" avec plus de sagesse.

Partie 1 — La solitude

La partie 1 est en corrélation avec l'ashram Brahmacharya, c'est-à-dire le stade de la vie étudiante dans les stades de la vie védique. Ici, dans Les 8 lois de l'amour, il s'agit de se préparer à la relation amoureuse.

Loi 1 : Redécouvrez la solitude

La solitude est la première étape pour apprendre à aimer. Étonnant ? Pas tellement… Souvent, la peur d'être sans partenaire nous amène à faire de mauvais choix dans notre vie romantique. En fait, "pratiquer" le fait d'être permet non seulement d'améliorer certaines compétences, mais nous aide aussi à améliorer nos relations.

La peur de la solitude

Nous pouvons nous acclimater à la solitude assez rapidement (voir les exercices "À essayer" répertoriés en fin de chaque résumé de chapitre). De nombreuses études scientifiques citées dans le livre font état des avantages de la solitude.

Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, par exemple, a montré que les adolescents qui ne développent pas de compétences créatives sont aussi ceux qui craignent le plus être seuls.

La solitude est l'antidote à l'isolement

Jay Shetty considère la solitude comme l'antidote à l'isolement. Qu'est-ce que cela signifie ? Premièrement que la solitude est une pratique choisie, qui nous permet de nous concentrer sur nous-mêmes, alors que l'isolement est une situation subie. En pratiquant la solitude, nous pouvons réapprendre à nous mettre en rapport avec autrui et, de cette façon, rompre le mauvais charme de l'isolement.

Passer de l'isolement à la solitude

Selon l'auteur, il faudrait passer par trois phases principales afin d'aller de l'un à l'autre :

Présence ;

Mal-être ;

Confiance.

Expliquons un peu ces termes.

Dans la première étape, les individus sont invités à explorer leurs attitudes et leurs croyances. L'idée est de s'assurer qu'un potentiel partenaire puisse reconnaître et apprécier ces aspects essentiels de leur personnalité.

La deuxième phase encourage à développer une aisance à être seul en testant de nouvelles activités, telles que le voyage en solitaire, par exemple. Ce processus favorise une meilleure connaissance de soi et renforce la confiance personnelle — des éléments qui contribueront à des relations amoureuses plus épanouissantes.

Enfin, la troisième étape vise à accroître la confiance personnelle dans divers domaines tels que la personnalité, la santé émotionnelle et physique, mais aussi les relations et les finances. Un exercice "À essayer" est proposé pour faire le point sur ces questions.

Les bienfaits de la solitude

Shetty souligne l'importance de la solitude dans le renforcement de l'identité. Cette force permet d'éviter la dépendance trop forte à autrui. L'auteur affirme que la solitude nous aide à prendre de bonnes décisions et à éviter des décisions trop rapides.

La solitude nous donne la force de choisir ce qui est bon pour nous-mêmes, sans nous laisser influencer, voire manipuler par autrui.

En bref, nous acquérons :

Un seul mental (moins dispersé) ;

Plus de maîtrise de soi et de patience ;

Un sentiment de complétude.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

Pour mettre en pratique ses conseils, l'auteur donne plusieurs exercices du type "À essayer" (voir plus haut). En voici les intitulés :

"Bilan" à propos de la solitude (p. 28-30) ;

"Apprenez à connaître vos valeurs" (p. 35-36) ;

"Tirez parti du temps passé seul" (p. 37-39) ;

"Identifiez le domaine dans lequel vous avez le plus envie d'évoluer" (p. 41-44).

Loi 2 : N'ignorez pas votre karma

Dans la tradition hindoue, le karma est lié à la conséquence de nos attitudes et de nos comportements. Si nous agissons de façon correcte, la réponse qui nous sera envoyée aura plus de chance d'être elle-même positive. À l'inverse, si nous agissons mal, nous risquons d'entrer dans un cercle vicieux d'actions et de réactions négatives.

Le cycle karmique

L'auteur développe l'idée d'un cycle karmique. C'est-à-dire ? Celui-ci est composé d'événements ou des idées reçues de l'enfance. Ces « impressions » ou samskaras ont un impact sur nos décisions à l'âge adulte.

À leur tour, nos choix ont des résultats positifs ou négatifs en nous et autour de nous. Cela dit, nous pouvons modifier ces événements et ces idées pour améliorer nos décisions et nos comportements actuels — et les effets qui en résultent.

Pour ce faire, nous avons d'abord besoin de comprendre et de reconnaître ces impressions et leur influence négative sur nous. "Les mêmes impressions conduisent aux mêmes choix", c'est cela le cycle karmique. Tout l'enjeu consiste à en modifier le signe : du négatif vers le positif.

Les cadeaux et failles des parents

Les samskaras, qu'on pourrait également traduire par croyances, se forment pendant l'enfance et la jeunesse, grâce (ou à cause) de l'influence des parents, bien sûr, mais aussi des films et des premières relations. Ensuite, nous avons tendance à reproduire ces modèles relationnels, sans nous en rendre compte.

Chaque famille dépose aux pieds de ses enfants des cadeaux, mais aussi des "failles". Plus tard dans notre existence, nous pouvons par exemple rechercher des partenaires qui comblent ces failles, au risque d'entrer dans une forme de dépendance affective.

Les cadeaux — valeurs positives et idéaux relationnels — sont positifs, bien sûr. Mais ils sont également susceptibles de poser problème, dans la mesure où ils peuvent nous conduire à exiger beaucoup trop d'une personne. Il faut donc être prudent et, surtout, conscient de ces forces et de ces faiblesses, pour mieux agir au quotidien et nous préparer à rencontrer l'amour.

Jay Shetty propose plusieurs exercices "à essayer" sur ces différentes thématiques (voir la liste plus bas).

La magie des films

Les films — et les chansons populaires — jouent également un rôle dans nos croyances relationnelles. L'auteur propose un exercice amusant et intéressant en vue d'identifier l'impact des films et des chansons d'amour sur nos pensées et nos façons d'agir.

Le premier amour

Il discute également de nos façons de rencontrer l'amour à l'heure actuelle. Lorsque nous sommes jeunes et que notre cerveau n'est pas encore complètement formé et stabilisé (pas avant l'âge de 25 ans environ), nous pouvons plus facilement nous comporter de façon impulsive et choisir des partenaires sur de mauvaises bases.

En s'appuyant sur les stéréotypes de la pop culture, l'auteur développe les "caractères" suivants, typiques selon lui des premiers amours difficiles :

Rebelle (celui ou celle qui casse les codes et nous emmène en dehors de notre routine) :

Indisponible (celui ou celle qui nous rejette) :

Projet (qui a besoin d'être sauvé) :

Coureur de jupons (qui ne vous sera pas fidèle bien longtemps) :

Riche (celui ou celle qui fait briller nos yeux pour d'autres raisons que lui ou elle-même, que ce soit son argent ou sa célébrité).

Il est tout aussi important d'identifier son propre rôle dans les relations passées : êtes-vous plutôt un sauveur, un dépendant ou un soutien ? N'hésitez pas à consulter également à ce sujet notre chronique sur l'analyse transactionnelle.

Pour pratiquer ces questions, l'auteur fournit un exercice de réflexion pour comprendre nos relations passées (ce que nous projetions de nous-mêmes, notamment).

Vous attirez ce dont vous vous servez pour impressionner

Jay Shetty discute ensuite de la façon dont les gens attirent ce qu'ils projettent dans le monde. Ainsi, si nous mettons en avant nos richesses ou notre beauté, par exemple, nous prenons le risque de n'être reconnus que par ces aspects-là. Ce qui est dommage, car nous sommes plus que cela.

"Nous nous vendons aux autres en mettant en avant nos richesses, mais cela n'est pas bénéfique sur le long terme. Il vaut mieux afficher notre personnalité, nos valeurs et nos objectifs véritables, afin d'être aimés pour ce qui compte le plus pour nous." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 2)

Donnez-vous ce que vous attendez d'autrui

Finalement, Jay Shetty nous rappelle que nous ne devrions pas utiliser nos partenaires pour répondre à un besoin émotionnel, mais que nous devrions y répondre nous-mêmes au préalable. Plusieurs anecdotes et exercices permettent de comprendre et d'appliquer ce point important.

Faites le point

L'auteur suggère par exemple de faire le point 3 minutes en début de journée et en fin de journée, tous les jours. C'est à ces moments clés que vous pouvez tenter de mettre en place de nouvelles routines, qui répondent mieux à vos besoins émotionnels.

Faire croître l'amour

"C'est la pratique qui fait croître l'amour. Il n'y a pas d'autre moyen." (Eknath Easwaran, cité dans Les 8 lois de l'amour, Chapitre 2)

C'est ainsi que se clôt la première partie de l'ouvrage : nous sommes invités à pratiquer tous ces exercices pour nous préparer à l'amour et continuer notre chemin.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Méditez sur votre moi jeune" (p. 59-60) ;

"Identifiez les cadeaux et les failles de vos parents" (p. 66-68) ;

"L'amour au cinéma" (p. 73) ;

"Vos rôles en couple" (p. 78-80) ;

"Réfléchir et tirer les leçons d'une relation amoureuse passée" (p. 83-84) ;

"Ce que vous mettez en avant" (p. 88) ;

"Donnez-vous ce que vous voulez recevoir" (p. 91-92).

Écrivez-vous une lettre d'amour

À la fin de chaque partie, Jay Shetty propose également une lettre d'amour particulière, ainsi qu'une suggestion de méditation guidée.

À l'issue de cette première partie, il nous invite à rédiger une lettre d'amour à nous-mêmes, afin de nous "aider à établir un dialogue avec (nous-mêmes)".

Voici les 3 autres lettres que l'auteur suggère d'écrire :

À votre partenaire (partie 2) ;

À vous-même dans les moments difficiles, comme si vous vous adressiez à un ami (partie 3) ;

Au monde (partie 4)/

Méditation pour redécouvrir la solitude

Découvrez la méditation proposée spécialement pour cette partie : la méditation de gratitude".

Et voici les 3 autres méditations proposées en fin de partie :

Renforcer la compatibilité ;

Guérir grâce à l'amour ;

Reliance.

Partie 2 — La compatibilité

Sommes-nous faits l'un pour l'autre ? Voilà la question qui préoccupe bien des couples (et des agences matrimoniales) ! Il s'agit de la question de la compatibilité des partenaires. Celle-ci est traitée à travers le lien à l'ashram de Grhastha, ou deuxième étape des étapes de la vie védique, qui implique la vie familiale ou conjugale — et qui est réinterprétée dans le livre comme l'étape de la création de la relation.

Loi 3 : Définissez l'amour avant de le penser, de le ressentir ou de l'exprimer

Cette règle souligne l'importance de savoir ce qu'est (pour vous) l'amour et de communiquer cette définition à votre partenaire. Jay Shetty raconte plusieurs anecdotes au sujet de personnes qui se sont manquées par faute d'avoir compris leurs définitions respectives de l'amour.

Ces différentes définitions peuvent être reliées à des phases amoureuses. Peut-être que vous définissez l'amour en fonction de l'une de ces phases.

Les quatre phases de l'amour

Ces 4 phases sont :

Attirance ;

Rêves ;

Difficultés et maturation ;

Confiance.

L'auteur les récupère de la tradition Bhakti et les adapte à son propos. Comme nous allons le voir, il s'agit bien de phases puisqu'il est question de passer de l'attraction initiale à la confiance, en passant par la lutte contre les rêves irréalistes et la création d'attentes réalistes.

L'attirance — Jay Shetty suggère d'utiliser la fameuse « règle des trois rendez-vous » (vue dans de nombreux films romantiques et séries américaines) pour évaluer la compatibilité d'une personne avec votre personnalité, vos valeurs et vos objectifs. Ces trois rendez-vous vous permettront de poser des questions et de vous faire une idée de la personne à qui vous avez affaire.

Les rêves — La notion d'idéalisation est également beaucoup utilisée pour caractériser cette phase. Si vous avez été amoureux ou amoureuse, vous le savez : c'est cette période où vous imaginez l'autre sous son meilleur jour et où vous forgez des ambitions irréalistes pour le couple.

Pour évacuer ces attentes erronées et partir sur de bonnes bases, il faut se donner les moyens de créer des attentes réalistes, basées sur les personnalités réelles de l'un et l'autre. Le rythme et l'habitude jouent ici un rôle essentiel. En effet, les routines et les horaires offrent la possibilité de se rencontrer autrement.

Dans le couple, nous devons discuter de nos attentes et accepter les désaccords : « la manière dont vous gérez vos différences est plus importante que la découverte de vos points communs », soutient l'auteur.

Et si vous suiviez la suggestion du psychologue clinicien Seth Meyers de ne vous voir qu'une fois par semaine au cours du premier mois de fréquentation ? Cela vous permettrait peut-être de mieux prendre le temps de le connaître avant de vous engager plus complètement. Pensez également à distribuer équitablement le temps entre amis et celui dédié à votre relation amoureuse.

Difficultés et maturation — Dans cette troisième étape des quatre phases de l'amour, les couples apprennent à grandir à partir de leurs différences. Jay Shetty utilise plusieurs anecdotes personnelles pour nous introduire plus concrètement à ce moment.

C'est à ce moment que nous nous rendons compte s'il y a des éléments de la relation qui sont trop importants et des choses qui, fondamentalement, "ne passent pas". Dans ce cas, la rupture est peut-être la meilleure solution. Mais c'est aussi la phase où les couples se solidifient, s'ils parviennent à trouver des solutions créatives à leurs différends.

Confiance — Les couples construisent la confiance à partir de leur développement commun. Celle-ci doit commencer par nous-mêmes : "nous devons être dignes de confiance", affirme Jay Shetty. Par ailleurs, nous devons la donner à notre partenaire via une saine communication et par l'intermédiaire de nos actions.

L'auteur évoque trois types de confiance.

Physique : celle-ci se produit lorsque les couples se sentent en sécurité les uns avec les autres et savent que leur partenaire est présent, aimant et a une présence positive.

Mentale : elle implique de faire confiance à leur esprit, à leurs idées et à leur prise de décision.

Émotionnelle : cette forme de confiance se produit en faisant confiance à leurs valeurs et à leur identité.

Les problèmes, s'ils sont surpassés positivement, renforcent la confiance mutuelle. Nous avons tous nos points faibles. Le fait de nous accepter et d'accepter l'autre tel qu'il est, un grand stimulateur amoureux.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Préparez-vous pour le premier rendez-vous" (p. 111) ;

"Programmez votre emploi du temps" (p. 120) ;

"La confiance au quotidien" (p. 127) ;

"Construire des rêves réalistes à deux" (p. 128-129).

Loi 4 : Votre partenaire amoureux est votre guru

Nous apprenons énormément les uns des autres dans nos relations amoureuses. Bien sûr, cela est vrai de toutes les relations.

D'ailleurs, le terme "guru" renvoie d'abord à la relation de maître à élève que Jay Shetty a forgé avec son maître lorsqu'il était moine (par ailleurs, si nous sommes des observateurs attentifs, nous pouvons aussi apprendre d'autres personnes, même quand celles-ci ne sont pas particulièrement sages).

Par contraste avec le rapport guru/élève, la spécificité de la relation amoureuse consiste dans le fait que les deux personnes jouent les deux rôles (guru/élève) en même temps. Mais elles se ressemblent par la révérence, le respect que chacun des membres de la relation éprouve pour l'autre.

Les relations amoureuses nous font grandir

Le psychologue Jeremy Dean a étudié la façon dont les gens se perçoivent et comment ils peuvent mieux se comprendre à travers le point de vue de leur partenaire. Comment agir au mieux ? Nous pouvons nous inspirer de la pratique du maître hindou : « orientation sans jugement, sagesse sans ego, amour sans attente ».

Jay Shetty soutient que les amis, la famille et les autres personnes de notre entourage ne peuvent que très difficilement faire preuve de ces trois qualités en raison de leur perspective partielle et partiale. L'amoureux, selon lui, pourrait en revanche y parvenir, car il nous connaît plus complètement.

L'auteur parle également de la « théorie de l'amélioration de soi » d'Arthur et d'Elaine Aron. Celle-ci considère que les relations améliorent l'identité personnelle en nous permettant de découvrir des choses (compétences, perspectives, traits de personnalité) qui nous font défaut.

"Notre partenaire amoureux élargit notre perception de nous-mêmes, car il nous permet d'accéder à des ressources plus grandes." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 4)

Devenir un meilleur guru

Quelles sont les qualités d'un bon guru et d'un bon disciple ? C'est l'objet du livre The Guru and Disciple Book de Kripamoya Das (l'ancien maître de Jay Shetty).

Voici les 4 conseils/caractéristiques que l'auteur donne pour être un bon guru :

Ne pas diriger, mais servir ;

Donner l'exemple ;

Soutenez ses objectifs, et pas les vôtres ;

Ni critique, ni jugement, ni insultes.

Il propose ensuite plusieurs anecdotes et un grand nombre d'exercices "à essayer" pour devenir un meilleur guru et aider, par exemple, notre partenaire à trouver ses objectifs. Le chapitre comprend aussi des analyses théoriques et des histoires sur les moines japonais afin de démontrer la nécessité de soutenir son partenaire dans son propre apprentissage.

Devenir un meilleur élève

Voici maintenant les règles à suivre pour s'améliorer en tant qu'élève. Vous devrez être… :

Ouvert d'esprit et curieux ;

Humble ;

Bon traducteur ;

Reconnaissant ;

Capable de rester vous-même !

Le dernier point est particulièrement important : l'auteur y souligne que l'amour n'est pas une relation de soumission à autrui. Il est particulièrement important de reconnaître les abus et de mettre fin à une relation de ce type. C'est notamment l'objet du livre Se libérer de l'emprise émotionnelle.

Le plus beau cadeau du guru

Jay Shetty termine ce chapitre par ces mots :

"Deux partenaires qui s'épanouissent ensemble s'aident, lentement mais sûrement, à observer, à apprendre et à grandir dans différents domaines. Le mal-être provoqué par le changement est compensé par le plaisir d'une compréhension partagée." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 4)

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Bilan : pouvez-vous apprendre et grandir auprès de votre partenaire ?" (p. 137-140) ;

"Aidez votre partenaire à découvrir ses objectifs" (p. 145) ;

"Identifiez le mode d'apprentissage de votre partenaire" (p. 146-147) ;

"Appréciez le savoir de votre partenaire" (p. 154) ;

"Présentez une nouvelle idée" (p. 155-157) ;

"Reconnaissez les compétences de votre guru" (p. 158-159).

Loi 5 : Le but de la vie avant tout

Dans un couple, est-ce que chacun doit avoir son but ? Ou bien l'objectif est-il, comme le disait Antoine de Saint-Exupéry, de "regarder dans la même direction" ? Et si les deux choses n'étaient pas nécessairement contradictoires ? Ce sont les questions qui sont explorées dans ce dernier chapitre de la deuxième partie.

En fait, pour l'auteur, les choses sont claires : pour que la relation s'épanouisse au mieux, il est important que chacun donne la meilleure version de lui-même. Or, pour ce faire, il doit être capable de son propre but.

Le dharma : votre boussole

Dans l'hindouisme, le but se dit dharma. En réalité, la notion désigne un mélange "de passion, d'expertise et de dévouement". Jay Shetty expose différents types de buts comme avoir un emploi satisfaisant, une passion, devenir parent ou bénévole dans une association, etc.

Le Dharma ne s'identifie à aucun d'eux ; il n'est pas une activité spécifique, mais la raison pour laquelle les gens font cette activité, que ce soit « pour créer quelque chose, pour connecter les gens, pour partager ce que vous avez appris, pour servir les autres ou le monde ».

L'auteur explore en détail ces différents points en citant les recherches du professeur de développement humain Anthony Burrow sur la relation entre satisfaction, objectifs et réseaux sociaux. Il relate également les débats philosophiques autour de l'hédonisme (bonheur par le plaisir) et de l'eudaimonia (bonheur de l'épanouissement personnel) et raconte une histoire bouddhiste sur le fait de se donner la priorité à soi-même.

Il propose également un schéma issu des Védas. Ceux-ci énumèrent quatre « grandes quêtes » qui forment un cycle :

Dharma (connaître le but de votre vie permet à vous-même et à votre partenaire de savoir clairement quelles sont vos valeurs et vos priorités) ;

Artha (chercher à créer une stabilité dans les domaines de la finance, de la santé et du développement personnel) ;

Kama (plaisir et lien. Il s'agit de vos relations avec autrui) ;

Moksha (se libérer du monde matériel en se reliant à l'Esprit).

Comment donner la priorité à votre dharma (la pyramide de la raison d'être)

Après avoir étudié ce point, Jay Shetty propose une « pyramide de la raison d'être » plus complexe qui a pour vocation à montrer comment nous parvenons à construire une raison d'être solide (si ce n'est déjà fait).

La pyramide de la raison d'être est composée de 5 étages :

Apprendre ;

Expérimenter ;

S'épanouir ;

Gérer ;

Gagner.

Les individus commencent en général par en apprendre davantage sur un sujet d'intérêt (1), puis ils expérimentent cette connaissance en faisant beaucoup d'essais et d'erreurs (2). S'ils persévèrent et surmontent les obstacles, ils s'épanouissent dans leur activité (3) ; cependant, pour être pleinement en possession de sa raison d'être et célébrer ses réussites (5), il faut encore être patient et gérer les surprises du quotidien (4).

Aidez votre partenaire à donner la priorité à sa raison d'être

Jay Shetty raconte plusieurs histoires visant à nous montrer comment nous pouvons soutenir notre partenaire dans sa recherche d'un objectif, puis dans son accomplissement. Il montre aussi qu'il n'est pas toujours facile d'équilibrer les différents aspects de sa vie. Brigid Schulte, une journaliste, ainsi que le pilote de voiture de course Lewis Hamilton, sont pris en exemples.

Jay Shetty insiste sur l'importance de laisser de la place à chacun dans la relation. Au cours de l'existence, les occasions de déséquilibre ne manquent pas : changement de situation professionnelle, enfants, etc. Pourtant, nous pouvons trouver les moyens de rééquilibrer la relation et de trouver des objectifs communs qui transcendent les objectifs de chacun (voir les exercices "À essayer").

Quand deux raisons d'être s'opposent

Même en faisant de notre mieux, il n'est pas toujours facile de composer avec les objectifs de l'autre, surtout quand ceux-ci s'opposent directement aux nôtres (ou les nôtres à ceux de notre partenaire). Que faire dans ces cas-là ?

L'auteur donne une série de conseils pour parvenir à un accord. Il suggère, par exemple, de donner la priorité à un objectif, puis à l'autre. L'organisation du temps est ici particulièrement importante. En cas de déséquilibre majeur, vous pouvez chercher à "rééquilibrer les dharmas" au sein du couple.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Découvrir votre raison d'être" (p. 171-173) ;

"Rencontrez un mentor" (p. 174-176) ;

"Bilan : réorganisez votre temps libre" (p. 176-178) ;

"Fixez-vous des objectifs ensemble" (p. 184-185) ;

"Régler un déséquilibre des dharmas" (p. 201-202) ;

"Échangez votre temps" (p. 205).

Partie 3 — La guérison

Dans cette partie, Jay Shetty se penche sur l'ashram de Vanaprastha. Les thèmes privilégiés sont la dispute, le pardon et la rupture.

Loi 6 : Gagnez ou perdez ensemble

Le conflit est nécessaire à un couple. Même s'il a généralement mauvaise presse, il joue en fait un rôle important. Comme l'exprime cette citation, les disputes permettent de mieux connaître l'autre.

"Les partenaires qui évitent les conflits ne comprennent pas les priorités, les valeurs ou les difficultés de l'autre. Tous les couples se disputent, ou tout du moins le devraient-ils. » (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 6)

Beaucoup de gens pensent qu'une relation "parfaite" signifie ne pas se disputer du tout, mais c'est une erreur. Nous devrions nous disputer quand cela est nécessaire, afin que les problèmes ne s'aggravent pas.

Nous devrions même aborder les conflits comme des problèmes communs. La communication non violente, dont Jay Shetty cite des exemples, est une ressource précieuse pour venir à bout des disputes de couples. En fait, l'objectif n'est pas de se vaincre l'un l'autre, mais bien de trouver une solution commune au problème.

Dans une courte section, l'auteur évoque également l'importance de ne pas confondre conflit et maltraitance. Il propose un tableau très utile pour bien différencier les deux (p. 219).

L'origine d'une dispute

Il s'intéresse ensuite à l'origine de nos disputes. Selon le Bhagavad-Gita, un texte hindou sacré, il y a trois énergies sacrées :

Celle liée à l'ignorance (tamas) ;

Puis celle liée à l'impulsivité (rajas) ;

Et enfin celle qui est liée à la bonté (sattva).

Pour Jay Shetty, ces trois énergies créent trois types de conflits :

Disputes vaines = s'emporter de manière irréfléchie, ne rien résoudre.

Rapports de force = avoir envie de l'emporter sur l'autre, la guerre des égos.

Disputes productives = chercher à comprendre, trouver une solution.

Nous n'avons pas besoin de changer ou d'assumer aucune responsabilité » (176). Un désir d'avoir raison ne résoudra pas le problème, de sorte que le chapitre comprend un exercice pour trouver l'ego et la passion dans une dispute et souligne la nécessité pour les deux personnes de voir les malentendus qui se sont produits et leur rôle en eux.

Comment avoir des disputes productives

Nous pouvons réussir à avoir des disputes plus productives si nous avons véritablement "le désir de faire équipe". Voici les conseils donnés dans cette section.

Purifier l'ego = accepter que vous soyez peut-être dans l'erreur et vous ouvrir aux raisons de l'autre ;

Diagnostiquer le fond du problème = il existe plusieurs types de conflits (intérieur, social, interpersonnel) et il importe de cerner de quel type il s'agit.

Découvrir sa forme de dispute = certains préfèrent vider leur sac, d'autres se cachent et d'autres encore explosent... Il faut le savoir et "agir" en conséquence.

Gagner ensemble

Jay Shetty propose ensuite un acronyme pour aller plus loin dans son analyse. Il propose de résoudre ensemble les conflits en utilisant les "5 E" :

Endroit et moment ;

Expression ;

Évacuation de la colère ;

Engagement ;

Évolution.

Premièrement, choisissez un endroit sûr et un moment optimal pour vous disputer. Pas toujours facile quand nous "explosons", direz-vous ! Mais c'est possible. L'auteur expose les recherches d'Art Markman, neuroscientifique, sur l'expression saine de la colère pour nous montrer comment tenter le coup.

Le terme « Expression » signifie considérer attentivement les mots dits et utiliser le mot « nous » lorsque vous abordez un problème, afin de désigner clairement sa nature commune.

La phase d'évacuation de la colère a pour objectif d'atteindre cet état d'ouverture et d'empathie sans lequel aucune résolution saine du conflit n'est possible.

L'engagement implique un accord vers le changement et la création de propositions.

Enfin, l'évolution signifie que le couple grandit du conflit en s'excusant et en assumant leurs responsabilités respectives. Cette dernière étape implique trois sous-étapes : l'acceptation, la verbalisation et l'action.

À noter : la dispute peut devenir une vraie habitude et même une sorte de cercle vicieux dans le couple. Les psychiatres Phillip Lee et Diane Rudolph montrent en effet que certains ménages peuvent devenir accros au conflit et s'enfermer dans ce schéma, sans jamais trouver de solution concrète à leurs problèmes.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Passer d'une dispute à un objectif commun" (p. 217-218) ;

"Identifiez l'ego et la passion dans le conflit" (p. 225-226) ;

"Identifiez la forme de dispute de votre partenaire et la vôtre" (p. 232) ;

"Passez un accord au sujet de votre prochaine dispute" (p. 239-240) ;

"Discuter des problèmes complexes" (p. 243-244) ;

"Écrire une lettre pour s'excuser" (p. 249-250).

Loi 7 : Lors d'une rupture, ce n'est pas vous qui vous écroulez

Jay Shetty utilise une analogie connue : la maison. Une relation amoureuse qui prend fin est comme une maison dont les murs s'effritent, puis s'écroulent. Nous avons tous des défauts, là n'est pas la question. Ce qui importe, ainsi que nous l'avons vu au chapitre antérieur, est de savoir résoudre les conflits pour qu'ils ne s'enveniment pas.

Les signes de problème

L'auteur met en exergue trois problèmes qui sont souvent la cause des ruptures :

L'infidélité ;

La perte d'intérêt ;

Le manque d'intimité (au sens large).

Jay Shetty y insiste à nouveau : la violence et toute forme de maltraitance doivent être combattues. Une personne qui subit une telle situation doit rompre le plus rapidement possible, pour son propre bien.

Nourrir l'intimité

La perte d'intimité est souvent le fruit d'un manque d'énergie mise dans la relation. Pourtant, il y a des façons de combler ce manque de connexion et de communication. D'abord, Jay Shetty conseille de faire des choses par soi-même. En parler à l'autre ajoute à la conversation ; en plus de vous nourrir vous-même, cela nourrit le couple.

D'autre part, créer ou participer à des activités communes peut également créer un sentiment d'intimité et de fierté de couple. Pourquoi ne pas prendre des cours de danse, par exemple ? Trouver des lieux où échanger renforce considérablement la relation.

L'auteur aborde en particulier trois types d'activités :

Le divertissement (aller voir un film ensemble, par exemple) ;

L'expérience (faire un voyage et en parler à son conjoint, faire du bénévolat, etc.) ;

L'éducation (reprendre des études).

Jay Shetty rapporte comment sa femme et lui cultivent leur intimité via des amitiés nouvelles et des expériences partagées. Nous pouvons également développer notre intimité en reconnaissant nos valeurs respectives et en éprouvant de la gratitude les uns pour les autres.

S'élever ou se séparer

Lorsque la décision de rester ensemble ou de rompre se fait insistante, il faut y répondre de la façon la plus sage possible. Jay Shetty propose un canevas en 5 étapes pour nous aider à nous décider. Il l'appelle la "voie de l'élévation".

Intolérance ;

Tolérance ;

Compréhension ;

Acceptation ;

Appréciation.

Lors de ses séances de coaching de vie ou de couple, Jay Shetty conduit les personnes qu'il reçoit à se demander si leur problème est totalement intolérable ou s'il peut être toléré, voire compris et accepté. Lorsqu'il est apprécié, nous reconnaissons que le problème fait partie intégrante de notre partenaire.

En fonction de notre capacité commune à évaluer le ou les problèmes selon cette échelle, nous pouvons décider en conscience de continuer ou de rompre.

Rompre en conscience

Si la rupture a lieu, il importe au plus haut point de faire le point sur sa peur d'être seul. Toute rupture crée un changement radical, mais mieux vaut s'en aller que de maintenir une relation malsaine à tout prix.

Lorsque nous nous retrouvons seuls, le cerveau se met en branle et nous pouvons nous sentir particulièrement fragiles. Pourtant, l'auteur rappelle à partir de textes indiens que "l'âme ne se rompt pas". Quoi qu'il en soit, la rupture sera plus facile si vous avez suivi les règles énoncées dans les sections précédentes.

Il décrit le processus de rupture et donne des conseils pour les deux situations :

Lorsque c'est vous qui rompez ;

Quand c'est l'autre qui prend la décision.

Jay Shetty souligne l'importance de se raconter. des histoires pour donner du sens à nos aventures amoureuses. Il expose des théories scientifiques pour nous montrer qu'il est plus facile d'aller de l'avant lorsque nous créons ce sens.

Tirez les leçons karmiques de vos erreurs

Chaque relation — et chaque rupture — nous apprend quelque chose. Nous pouvons donc tirer les leçons « karmiques » de nos erreurs. Cea peut prendre du temps, et c'est entre autres pourquoi il vaut mieux ne pas se jeter à corps perdu dans une nouvelle relation trop vite.

Certains amis reviennent dans nos vies après une rupture. La solitude est également le moment pour se retrouver et réfléchir, voire renforcer son estime de soi.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Bilan : pour quelles raisons partez-vous ?" (p. 261) ;

"S'entourer de soutien" (p. 275-276) ;

"Faire son deuil" (p. 293-294) ;

"Prises de conscience" (p. 297-298) ;

"Check-list : êtes-vous prêt à ressortir avec quelqu'un ?" (p. 303-304).

Partie 4 — La reliance

L'amour peut être élargi au-delà de la relation amoureuse et des rapports familiaux. L'objet de cette dernière partie est de comprendre cette forme de l'amour que l'auteur nomme "reliance". Celle-ci s'élance vers la famille, les amis, mais aussi, au-delà, vers nos connaissances, nos collègues, les étrangers et finalement la Terre tout entière.

Loi 8 : Aimez encore et toujours

La quatrième étape de la vie selon les Védas, l'ashram Sannyasa, implique la notion de service aux autres et à ce qui nous relie tous : le monde ou, pour la religion, le divin. Dans la philosophie hindoue, cette dernière étape implique de renoncer aux « désirs matériels » et de se concentrer sur la spiritualité.

Attendre l'amour ou l'expérimenter

Jay Shetty revisite cette dernière étape de la sagesse des Védas pour aborder la question de l'amour d'autrui et, surtout, la façon dont nous pouvons diffuser l'amour, au lieu de le recevoir.

"Au lieu d'attendre l'amour, à nous de trouver des façons de l'exprimer." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 8)

Comment donner de l'amour

Il n'est pas toujours facile d'avoir de l'empathie pour les choses qui nous sont lointaines. Nous avons une préférence naturelle pour ce qui nous est proche. Jay Shetty cite Jamil Zaki, professeur de psychologie à Stanford, pour appuyer ses arguments.

Pourtant, à force de travail, nous pouvons peut-être parvenir à étendre notre conception de l'amour et à embrasser un maximum d'êtres. C'est vers cela que nous devrions au moins tendre.

Aimez les personnes qui vous sont les plus proches

Cela dit, nous sommes face à une difficulté, car souvent, nous avons du mal à aimer correctement même les personnes qui nous sont les plus proches. Nous leur en voulons pour ceci ou pour cela. L'auteur commence donc par trouver des voies pour nous aider à aimer notre famille et nos amis pour ce qu'ils sont, et non pour leurs uniques comportements extérieurs.

Dans l'un des exercices "À essayer", Jay Shetty recommande d'organiser ses contacts en différents groupes en fonction de la proximité, puis de décider du temps que nous allons donner aux personnes d'une certaine catégorie (famille, amis, collègues, etc.). L'objectif de cet exercice est de donner la priorité à ceux avec qui nous voulons maintenir les liens les plus proches, tout en n'oubliant pas les personnes que nous ne voyons pas souvent.

Appréciez vos collègues

Nous voulons tous être appréciés dans notre travail. D'autant plus que nous y passons souvent beaucoup de temps. Les sentiments d'amitié et de respect y ont une importance cruciale, au point que de nombreuses personnes accepteraient de changer de travail si elles se sentaient plus reconnues et appréciées dans le nouveau.

Nous pouvons apprendre à donner de nous-mêmes pour créer des environnements plus chaleureux, par exemple en :

nous donnant à fond pour des projets qui tiennent à cœur à l'équipe ;

offrant nos compétences aux plus jeunes et en leur servant de mentors ;

donnant des feedbacks constructifs et en encourageant nos collègues ;

respectant et en accueillant les recommandations de personnes plus expérimentées que nous.

L'auteur raconte toutefois une parabole : celle du crocodile et du singe. Lorsque nous sommes faces à des "crocodiles", évitons de "faire le singe". Parfois, la gentillesse n'est pas de mise. Si vous êtes pris dans des rapports de force potentiellement destructeurs, il convient de savoir se défendre et agir — sans devenir soi-même un prédateur.

Être une source d'inspiration pour les inconnus

Jay Shetty consacre une courte section à la protection des uns et des autres au sein de sa communauté (voisins, etc.). Puis, il évoque l'importance de devenir un exemple pour autrui. Il relate l'histoire d'un policier qui a offert des chaussures à un sans-abri qui marchait pieds nus dans la rue en plein hiver.

Dans la courte section suivante, Jay Shetty invite tout un chacun à aider les associations et à faire du bénévolat.

Au contact de la Terre

Pour terminer, Jay Shetty propose un schéma qu'il nomme "les cercles de l'affection". Ceux-ci s'imbriquent de façon concentrique :

Famille ;

Amis ;

Collègues ;

Entourage ;

Inconnus ;

Associations ;

La Terre.

Pour résumer, le concept de service est la clé de cette étape de la vie. Cette règle élargit l'amour pour y inclure celui que nous portons à tous, de nos amis à des associations qui viennent en aide à des inconnus. Jay Shetty souligne aussi que l'argent, pour utile qu'il soit, n'est pas le seul moyen de soutenir des causes importantes.

S'impliquer personnellement est une meilleure façon de pratiquer l'amour. Il prend l'exemple de plusieurs associations, notamment au service des animaux. En effet, l'enjeu est d'élargir notre sollicitude aux êtres qui ne sont pas humains, et finalement à la Terre, qui fait face au changement climatique.

Nous avons souvent des difficultés à sentir cet aspect de l'amour, car cet enjeu nous paraît vaste et lointain. Pourtant, Jay Shetty croit que nous sommes capables de travailler sur nous-mêmes pour répondre à ces enjeux de façon positive.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Aider un proche difficile à trouver de l'affection autour de lui" (p. 324) ;

"Structurez la liste de vos proches" (p. 326-327) ;

"Exprimer son affection au travail" (p. 329-330)

Conclusion sur « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty :

Ce qu’il faut retenir de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty :

Jay Shetty propose un livre pratique, un manuel même, au sujet de l'amour. Il applique et réinterprète bon nombre de sagesses indiennes en les mélangeant avec des ouvrages de développement personnel et des études de psychologie sociale ou de neurosciences.

L'ensemble est cohérent et se lit facilement. Nous passons de la création de la relation amoureuse à sa solidification, puis à la rupture ou — à minima — aux difficultés. L'ouvrage se termine finalement sur la question de l'amour pour autrui, dans nos relations familiales, professionnelles, sociales et même "écologiques" — c'est-à-dire avec des êtres non humains.

Que retenir, finalement ? Que cela vaut la peine d'"aimer encore et toujours", à condition d'apprendre cet art d'aimer si bien connu des sagesses anciennes — et que nous avons un peu perdu. Eh oui, l'amour se travaille et c'est surtout en le donnant que nous le pratiquerons et que nous nous améliorerons !

Points forts :

Un ouvrage qui combine développement personnel et érudition indienne ;

De nombreux exercices à essayer ;

Des exemples de lettres à écrire et de méditations à réaliser.

Point faible :

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Ma note :

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Vous n’êtes pas si malin http://www.olivier-roland.fr/items/view/12689/Vous-ntes-pas-si-malin

Résumé de "Vous n'êtes pas si malin" de David McRaney : un best-seller qui explore les fondamentaux de la psychologie cognitive pour vous aider à repérer les biais que chacun de nous possède et vous permettre de mieux réfléchir et agir au quotidien — un livre de vulgarisation scientifique qui a fait événement à sa sortie.

Par David McRaney, 2012, 302 pages.

Titre original : "You are not so smart".

Chronique et résumé de "Vous n'êtes pas si malin" de David McRaney

Un mot sur l'auteur : David McRaney

"You are not so smart" signifie "vous n'êtes pas si malin". Ce n'est pas le seul ouvrage à la fois accessible et provocateur que l'auteur consacre à ce thème. Il y a aussi :

"Now you are less dumb" ("Maintenant, vous êtes moins bête") (2013) ;

Ou encore "You can beat your brain" ("Vous pouvez battre votre cerveau") (2013) ;

Et tout récemment "How minds change" ("Comment les esprits changent") (2022).

Mais c'est avec ce premier livre — aujourd'hui traduit en 17 langues — qu'il a connu un succès national puis mondial à partir de 2012.

Pourtant, David McRaney n'est pas un scientifique. C'est avant tout un journaliste scientifique états-unien qui propose de la vulgarisation en neurosciences et psychologie cognitive. Comme il le dit sur son site personnel, il est passionné de "cerveau, d'esprit et de culture".

Avant de se lancer dans l'écriture de l'ouvrage que nous allons chroniquer, David McRaney a tenu un blog du même nom — You are not so smart — qui lui a donné la matière pour son livre imprimé et créer un podcast à succès (disponible sur le blog).

Introduction — Vous

"L'erreur : vous êtes un être rationnel et logique qui voit le monde tel qu'il est.

La vérité : vous êtes aussi illusionné que le reste d'entre nous — mais c'est OK, car cela vous maintient en bonne santé." (Vous n'êtes pas si malin, Introduction)

Nous pensons souvent tout savoir sur nous-même et être de bons analystes de nos décisions et actions. Mais est-ce si sûr ? 

Dans You Are Not So Smart, David McRaney nous montre que ce n’est pas nécessairement le cas.

Deux objectifs le guident :

Nous faire réfléchir en nous introduisant aux grands principes des sciences cognitives et de la psychologie cognitive (ainsi que de l’économie comportementale, notamment) ;

Nous aider à mieux comprendre qui nous sommes et ce que nous faisons afin de changer d’attitude. 

Pour atteindre son but, l’auteur dresse un panorama des biais, erreurs de jugement et autres raccourcis mentaux que nous utilisons au quotidien pour penser et agir. Il en répertorie pas moins de 48 !

David McRaney décline 3 types de problèmes :

Biais cognitifs = schémas de pensée et de comportement prévisibles qui nous amènent à tirer des conclusions erronées.

Sophismes logiques (ou erreurs de jugement) = problèmes impliquant le langage. Nous sautons une étape ou nous oublions un élément du problème sans nous en rendre compte.

Heuristiques = raccourcis mentaux que vous utilisez pour résoudre des problèmes courants.

Examinons maintenant dans le détail ces 48 zones inconscientes et voyons comment nous pouvons apprendre à les repérer afin de penser et agir de façon plus intelligente.

Chapitre 1 — Amorçage

"L'erreur : vous savez quand vous êtes influencé et comment cela affecte votre comportement.

La vérité : vous êtes inconscient des incitations constantes d'idées formées dans votre esprit inconscient." (Vous n'êtes pas si malin, Ch. 1)

La plupart du temps, nous ignorons que nous sommes dans l’erreur ou que nous sommes conditionnés.

Nous pensons et agissons à partir de stimulus passés (d’impressions qui ont marqué notre mémoire). Ceux-ci affectent la façon dont nous nous comportons et pensons. Et aussi la façon dont nous percevons de nouveaux stimulus.

Cet amorçage fonctionne mieux lorsque nous sommes en pilote automatique. Lorsque nous n’essayons pas de faire une introspection consciente avant de choisir notre comportement, nous faisons confiance à ce que les psychologues appellent “l’inconscient adaptatif”. 

Toutefois, nous pouvons parfois en reprendre le contrôle. Quand ? Lorsque notre régulateur de vitesse mental est activé ou lorsque nous nous trouvons dans des circonstances peu familières.

Chapitre 2 — Confabulation

"L'erreur : vous savez quand vous vous mentez à vous-même. La vérité : vous êtes souvent ignorant de vos motivations et vous créez des histoires fictionnelles pour justifier vos décisions, vos émotions et votre histoire, sans vous en rendre compte." (Vous n'êtes pas si malin, Ch. 2)

La confabulation décrit notre tendance à ignorer nos motivations réelles.

À la place, nous créons des récits fictifs qui expliquent et justifient nos décisions, nos émotions et notre histoire. Le tout sans même nous en rendre compte !

Chapitre 3 — Le biais de confirmation

« L’erreur : Vos opinions sont le résultat d’années d’analyse objective, rationnelle.

La vérité : Vos opinions sont le résultat d’années au cours desquelles vous avez prêté attention à des informations qui confirmaient ce que vous croyiez, pendant que vous ignoriez les informations qui mettaient en doute vos préconceptions. » (Vous n'êtes pas si malin, Ch. 3)

Le biais de confirmation est le mode par défaut de notre recherche d’informations : sans le vouloir, nous avons plutôt tendance à rechercher ce que nous savons déjà). 

Nous introduisons un filtre entre le monde et notre esprit et nous accueillons les informations de manière sélective. 

Bien sûr, cela a un sens au niveau de l’évolution humaine (sélectionner les bonnes informations dans l’environnement pour agir au mieux).

Mais cela peut aussi conduire à des attitudes “braquées”. Typiquement, nous voulons avoir raison sur la façon dont nous voyons le monde et nous évitons les preuves et les opinions contradictoires.

Ou pour le dire avec l’auteur en une phrase simple : "Les gens aiment qu’on leur dise ce qu’ils savent déjà".

Pour éviter le biais de confirmation, nous pouvons nous imposer des lectures qui contredisent nos penchants naturels, prendre l’habitude aux débats et aux recherches de preuves.

Chapitre 4 — Le biais rétrospectif

« L’erreur : Après avoir appris quelque chose de nouveau, vous vous souvenez à quel point vous étiez autrefois ignorant ou à quel point vous aviez tort.

La vérité : Vous regardez souvent en arrière sur les choses que vous venez d’apprendre et supposez que vous les connaissiez ou que vous les croyiez depuis le début. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 4)

Nous regardons souvent les choses que nous venons d’apprendre comme si nous les savions déjà — ou comme si cela nous paraissait évident. 

C’est le cas, par exemple, avec l’innovation. Maintenant que le smartphone a été inventé, cela ne vous paraît-il pas évident ? Pourtant, si vous remontez le fil du temps, il est probable que vous vous rendiez compte que vous n’aviez jamais pensé à tenir ce type d’appareil dans vos mains un jour !

Mais l’auteur s’intéresse surtout aux conséquences que le biais rétrospectif a au niveau existentiel. En intégrant le nouveau comme évident et connu, nous avons la sensation de ne pas bouger — ou du moins, pas trop. 

En bref, nous avons ainsi l’impression d’être toujours en phase avec nous-même, cohérents dans nos idées et nos actions.

Chapitre 5 — L’erreur du tireur d’élite du Texas

« L’erreur : Vous prenez en compte le hasard lorsque vous déterminez la cause et l’effet.

La vérité : Vous avez tendance à ignorer le hasard lorsque les résultats semblent significatifs ou lorsque vous voulez qu’un événement aléatoire ait une cause significative. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 5)

Voici un bon mélange du biais rétrospectif (chapitre 3) et du biais de confirmation (chapitre 4) !

De quoi s’agit-il ? 

Souvent, nous rassemblons des coïncidences en un tout afin de donner du sens à ce qui n’en a pas nécessairement (ou qui en a un autre que nous ne pouvons deviner).

Cette erreur apparaît lorsque nous cherchons du sens. Autrement dit… Tout le temps ou presque ! Nous cherchons à théoriser, à modéliser, à expliquer. 

Pourquoi ? Afin d’être rassuré et, plus fondamentalement, afin de trouver notre place dans la société et dans le monde.

Chapitre 6 — La procrastination

« L’erreur : Vous procrastinez parce que vous êtes paresseux et que vous ne pouvez pas bien gérer votre temps.

La vérité : La procrastination est alimentée par la faiblesse vis-à-vis de nos impulsions et par une incapacité à raisonner nos pensées. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 6)

Face à deux récompenses possibles, l’une immédiate et l’autre reportée, nous sommes plus susceptibles de choisir celle dont nous pouvons profiter maintenant que celle dont nous pourrons profiter plus tard. 

Et cela même si — et c’est un point capital — la récompense ultérieure est bien plus importante !

C’est la fameuse étude des bonbons menée auprès de nombreux enfants en bas âge (voir le chapitre pour le rappel ou l’explication complète). 

Lorsque nous prenons conscience que nous avons procrastiné, nous nous sentons faibles et honteux. Nous savons que nous avons succombé au plaisir présent. 

Comment résister ? 

En nous rappelant que c’est maintenant que nous faisons advenir le futur. En fait, le bénéfice à long terme (étudier pour réussir ses études) a souvent bien plus d’avantages que le bénéfice à court terme (prendre plaisir à regarder un match de tennis à la télévision).

Pour arrêter de procrastiner, il faut également arrêter d’être idéaliste. Deux exemples d’idéalisme :

Penser que nous pouvons travailler dur au dernier moment ;

Croire que nous pouvons gérer correctement notre temps alors que ce n’est manifestement pas le cas.

Chapitre 7 — Le biais de normalité

« L’erreur : Vos instincts de combat ou de fuite entrent en jeu et vous paniquez lorsque la catastrophe survient.

La vérité : Lors d’une crise, vous devenez souvent anormalement calme et vous prétendez que tout est normal. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 7)

Peu importe les problèmes que nous rencontrons dans la vie, notre première analyse de toute situation est de la voir dans le contexte de ce qui est normal pour nous.

Pour cette raison, nous avons tendance à interpréter les situations étranges et alarmantes comme si elles faisaient partie des affaires courantes. Nous refusons de nous en préoccuper.

Un navire coule ? Un gigantesque brasier ravage votre maison ? Dans certaines situations vraiment angoissantes, nous sommes parfois submergés par le flot d’informations ambiguës. Résultat : nous nous figeons et devenons incapables d’agir.

Plus prosaïquement, le biais de normalité consiste en fait à gagner du temps et à prétendre que tout continuera à aller aussi bien qu’auparavant. De cette façon, nous laissons à notre esprit le temps de s’adapter en douceur (parfois trop !).

Chapitre 8 — Introspection

« L’erreur : Vous savez pourquoi vous aimez les choses que vous aimez et ressentez ce que vous ressentez.

La vérité : L’origine de certains états émotionnels vous demeure cachée, et lorsque vous êtes pressé de les expliquer, vous allez juste inventer quelque chose. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 8)

L’origine de certains états émotionnels nous échappe et, lorsque quelqu’un nous demande de les expliquer, nous inventons quelque chose.

Chapitre 9 — L’heuristique de la disponibilité

« L’erreur : Avec l’arrivée des médias de masse, vous comprenez comment le monde fonctionne sur la base de statistiques et de faits tirés de nombreux exemples.

La vérité : Vous êtes beaucoup plus susceptible de croire que quelque chose est un lieu commun si vous pouvez en trouver un seul exemple, et vous êtes beaucoup moins susceptible de croire en quelque chose que vous n’avez jamais vu ou dont vous n’avez jamais entendu parler auparavant. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 9)

L’heuristique de disponibilité décrit notre tendance à réagir plus rapidement et plus fortement lorsque nous rencontrons des informations qui nous sont déjà familières.

Concrètement, cela signifie qu’il est plus facile de croire à quelque chose lorsqu’une personne nous présente des exemples. Ceux-ci nous renvoie en effet vers quelque chose de connu. 

En revanche, si cette personne nous présente une réalité de façon abstraite, typiquement sous forme de chiffres ou de graphes, nous le rejetterons plus facilement, car nous n’y retrouverons pas d’emblée des motifs connus (à moins, peut-être, d’être un statisticien aguerri).

Autrement dit, comme Saint Thomas, nous avons besoin de “voir pour croire”.

Chapitre 10 — L’effet témoin

« L’erreur : Quand quelqu’un est blessé, les gens se précipitent à son aide.

La vérité : Plus il y a de personnes qui sont témoins d’une personne en détresse, moins il est probable qu’une seule personne aide. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 10)

En fait, plus il y a de personnes qui assistent à la détresse d’une personne, et moins il y a de chances qu’une seule d’entre elles lui vienne en aide.

Cela apparaît dans plusieurs situations. L’auteur donne les exemples suivants :

Donner son sang ;

Aider quelqu’un à changer un pneu ;

Donner de l’argent à un artiste de rue ;

Mettre fin à une bagarre.

Dans la plupart des cas, les gens se précipitent pour aider lorsqu’ils voient une autre personne donner l’exemple. Ils se sentent alors “prêts” à faire un geste. Étrange, non ?

Chapitre 11 — L’effet Dunning-Kruger

« L’erreur : Vous pouvez prédire à quel point vous vous comporteriez dans n’importe quelle situation.

La vérité : Vous êtes généralement assez mauvais pour estimer votre compétence et la difficulté des tâches complexes. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 11)

La plupart du temps, nous ne pouvons pas anticiper notre façon d’agir dans des domaines pour lesquels nous n’avons pas d’expérience.

C’est seulement en cherchant à nous améliorer dans un domaine que nous commençons à mieux comprendre les points sur lesquels nous devons travailler. Nous cernons mieux la complexité et les nuances. Nous découvrons aussi des maîtres dans notre domaine et nous nous comparons à eux pour voir où nous avons des lacunes. 

D’où l’importance de s’ouvrir à la critique. Si nous voulons exceller dans quelque chose, nous devons nous entraîner et nous devons être capables de goûter au travail des personnes plus expertes que nous. 

Lorsqu’elles nous critiquent, elles mettent en évidence des points aveugles pour nous, et cela nous aide à progresser.

Chapitre 12 — L’apophénie

« L’erreur : Certaines coïncidences sont si ridicules qu’elles doivent avoir un sens.

La vérité : Les coïncidences font partie des routines de la vie, même lorsqu’elles semblent miraculeuses. Toute signification qui leur est appliquée vient de votre esprit. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 12)

Les coïncidences font partie de la vie, même celles qui semblent miraculeuses. Le sens qu’on leur donne vient de l’esprit. C’est ce que l’on appelle une apophénie.

Souvent, l’apophénie est le résultat d’un autre biais : le biais de confirmation (chapitre 2). Nous voyons ce que nous avons envie de voir et nous oublions le reste. Si nous voulons voir du sens quelque part, nous allons ignorez plus ou moins inconsciemment tout ce qui est absurde ou ne “colle pas” à notre interprétation. 

L’apophénie ne signifie pas simplement mettre de l’ordre dans le chaos, mais c’est croire que nous sommes destinés à découvrir ce sens “caché”. C’est croire qu’il y a des miracles rares qui arrivent et que nous pouvons en prendre conscience et les comprendre. 

Chapitre 13 — La loyauté de marque

« L’erreur : Vous préférez ce que vous possédez aux choses que vous ne possédez pas parce que vous avez fait des choix rationnels lorsque vous les avez achetés.

La vérité : Vous préférez les choses que vous possédez parce que vous rationalisez vos choix passés pour protéger votre sens de soi. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 13)

Lorsque nous débattons avec quelqu’un sur la prétendue supériorité d’une marque sur une autre, nous ne cherchons pas tant à convaincre l’autre personne qu’à nous rassurer nous-même. 

Nous avons besoin de nous mettre en conformité avec nos propres choix en les justifiant à postériori.

Cette façon de penser est liée à l’erreur du coût irrécupérable. 

Même si nous payons trop cher quelque chose, ou que nous nous rendons compte que nous avons payé pour quelque chose de mauvaise qualité, nous consommerons tout de même le produit, parce que nous estimerons avoir à rentabiliser l’argent ou le temps que nous avons investi pour l’obtenir.

Chapitre 14 — L’argument d’autorité

« L’erreur : Vous êtes plus préoccupé par la validité de l’information que par la personne qui la livre.

La vérité : Le statut et les références d’une personne influencent grandement votre perception du message délivré par cette personne. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 14)

Nous regardons souvent les personnes qui ont du pouvoir comme si elles avaient quelque chose de spécial qui nous manquent : connaissances, compétences, etc. Dès lors, nous sommes portés à croire plus facilement ce qu’ils nous proposent. 

C’est d’ailleurs un argument marketing très utilisé dans la publicité !

Lors des controverses, il existe plusieurs autorités, plusieurs experts qui se disputent autour d’une question. Dans ce cas, nous devons — ou plutôt devrions — nous intéresser aux arguments de chaque partie et aux preuves qu’elles apportent. 

Chapitre 15 — L’argument d’ignorance

« L’erreur : Lorsque vous ne pouvez pas expliquer quelque chose, vous vous concentrez sur ce que vous pouvez prouver.

La vérité : Lorsque vous n’êtes pas sûr de quelque chose, vous êtes plus susceptible d’accepter des explications étranges. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 15)

L’argument de l’ignorance est celui qui consiste à décider que quelque chose est vrai ou faux parce qu’on ne trouve pas de preuve du contraire.

Nous ne savons pas quelle est la vérité, alors nous supposons que n’importe quelle explication est aussi bonne qu’une autre.

Le problème, c’est que lorsque ce type d’argument est poussé à bout, il peut aboutir, notamment, aux théories du complot. Typiquement, les complotistes demandent toujours plus de preuves, alors même qu’il y en a déjà beaucoup (pour prouver la rotondité de la Terre, par exemple).

Rappelons-nous : un manque de preuves ne peut ni confirmer ni nier une proposition. Mais dans tous les cas, nous pouvons nous demander si la balance des preuves ne penche pas plus d’un côté que de l’autre.

Chapitre 16 — L’erreur de l’homme de paille

« L’erreur : Lorsque vous vous disputez, vous essayez de vous en tenir aux faits.

La vérité : Dans toute dispute, la colère vous incitera à recadrer la position de votre adversaire. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 16)

Lorsque nous nous disputons à propos de quelque chose de personnel ou de quelque chose de plus public et abstrait, nous avons parfois recours à la construction d’un personnage fictif.

Pourquoi ? Car, de cette façon, nous détournons la position de notre adversaire afin de la rendre plus facile à réfuter. C’est l’un des rouages de la rhétorique.

Chaque fois que quelqu’un commence une attaque par :

« Alors vous dites que nous devrions tout simplement… » ;

« Tout le monde sait que… » ;

“Les scientifiques disent que…”.

Avez-vous remarqué l’usage d’hommes de paille dans vos conversations ? 

Chapitre 17 — L’erreur ad hominem

« L’erreur : Si vous ne pouvez pas faire confiance à quelqu’un, vous devriez ignorer les affirmations de cette personne.

La vérité : Ce que dit quelqu’un et pourquoi il le dit devraient être jugés séparément. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 17)

Lorsque nous supposons qu’une personne est dans le faux en raison de son identité ou du groupe auquel elle appartient, nous commettons un sophisme ad hominem.

Il s’agit aussi d’un argument : quand vous cherchez à réfuter quelqu’un sur la base de son appartenance communautaire ou de son identité, vous construisez un argument ad hominem. Vous détournez l’attaque sur la personne sans vous en prendre à l’argument lui-même.

Bien sûr, nous n’agissons pas comme cela sans raison. 

En fait, nous avons besoin d’avoir confiance en une personne pour croire en ses arguments. Nous recherchons donc l’intégrité et nous nous servons de nos capacités à juger quelqu’un pour juger de ce qu’il dit. 

Toutefois, cela peut nous jouer des tours. Pour contrer la manœuvre, nous devrions aussi apprendre à juger ce qu’une personne dit de façon autonome, grâce à l’analyse des preuves et au caractère logique de son raisonnement.

Chapitre 18 — L’erreur du Monde-Juste

« L’erreur : Les gens qui perdent au jeu de la vie doivent avoir fait quelque chose pour le mériter.

La vérité : Les bénéficiaires de la bonne fortune ne font souvent rien pour la gagner, et les mauvaises personnes s’en tirent souvent sans problèmes. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 18)

Lorsque nous entendons parler d’une situation qui, nous l’espérons, ne nous arrivera jamais, nous avons tendance à blâmer la victime.

Pourquoi ? Non pas parce que nous sommes une personne horrible et sans sentiments, mais tout simplement parce que nous voulons croire que nous sommes assez intelligents pour nous éviter le même sort.

Par ailleurs, nous voulons croire que la justice domine le monde. Nous le voyons dans la fiction : il est courant que les méchants perdent et que les gentils gagnent. 

C’est ainsi que nous aimons voir le monde. « Vous voulez que le monde soit juste, alors vous prétendez qu’il l’est », résume David McRaney.

Chapitre 19 — Le jeu des biens publics

« L’erreur : Nous aurions pu créer un système sans réglementation où tout le monde contribuerait au bien de la société, où tout le monde en bénéficierait et où tout le monde serait heureux.

La vérité : Sans une certaine forme de réglementation, les fainéants et les tricheurs saborderont les systèmes économiques parce que les gens ne veulent pas passer pour des pigeons. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 19)

Le jeu des biens publics suggère que la réglementation par la sanction décourage les négligents.

L’auteur insiste sur le fait qu'il n'est pas question de refuser catégoriquement d’aider, ou bien de rejeter toute forme de mise en commun. En fait, il s’agit plutôt de refuser de venir en aide au menteur ou de faire plus de travail que le négligent. 

Chapitre 20 — Le jeu de l’ultimatum

« L’erreur : Vous choisissez d’accepter ou de refuser une offre en fonction de la logique.

La vérité : Lorsqu’il s’agit de conclure un accord, vous basez votre décision sur votre statut. » (Vous n'êtes pas si malin, Ch. 20)

La place que nous occupons dans la société — ou celle que nous pensons avoir — a une importance majeure sur nos jugements. 

Si vous estimez être important, vous voudrez une part plus grande que la moyenne. 

Dans le cas contraire, vous vous contenterez de moins.

David McRaney rapporte une expérimentation qui met en scène ce phénomène. Et il conclut que nous faisons tous attention à notre statut lorsque nous proposons quelque chose à quelqu’un ou qu’une offre nous est faite.

Pour nous, la justice dépend souvent de qui nous sommes (ou percevons être) dans la société.

Chapitre 21 — Validation subjective

« L’erreur : Vous êtes sceptique quant aux liens généraux.

La vérité : Vous êtes enclin à croire que les affirmations et les prédictions sont vraies, surtout si elles sont positives et qu’elles vous concernent personnellement. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 21)

La tendance à croire des déclarations vagues conçues pour plaire à n’importe qui s’appelle l’effet Forer, et les psychologues évoquent ce phénomène pour expliquer pourquoi les gens se laissent séduire par des pseudosciences.

L’effet Forer fait partie d’un phénomène plus large que les psychologues appellent la validation subjective, une façon élégante de dire que nous sommes beaucoup plus vulnérables aux suggestions lorsque le sujet de la conversation nous concerne de près.

Chapitre 22 — Endoctrinement dans une secte

« L’erreur : Vous êtes trop intelligent pour rejoindre une secte.

La vérité : Les sectes sont peuplées de gens comme vous. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 22)

Les recherches sur les sectes suggèrent que l’on n’y adhère généralement pas pour une raison particulière ; on y tombe en quelque sorte comme on tombe dans n’importe quel groupe social.

Lorsque nous sommes “fan” de quelqu’un, nous sommes au premier niveau de l’endoctrinement. Nous ferions volontiers ce que cette personne, que nous admirons, nous demande de faire.

Ceux que nous appelons les leaders charismatiques utilisent également cette même force d’attraction. La différence entre Charles Manson et Mohandas Gandhi est que l’un agit dans le sens de ses intérêts et de ses pulsions cruelles lorsque l’autre agit pour le bien de toute une communauté.

Chapitre 23 — Pensée de groupe

« L’erreur : Les problèmes sont plus faciles à résoudre lorsqu’un groupe de personnes se réunit pour discuter de solutions.

La vérité : Le désir de parvenir à un consensus et d’éviter la confrontation entrave le progrès. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 23)

Le désir de parvenir à un consensus et d’éviter la confrontation entrave le progrès.

En effet, lorsque des groupes se réunissent pour prendre une décision, une illusion d’invulnérabilité peut émerger.  

Dans ce cas, nous commençons à rationaliser les idées des autres sans reconsidérer les nôtres. Nous voulons défendre la cohésion du groupe contre toute atteinte, alors nous supprimons les doutes, nous n’argumentons pas et nous ne proposons pas d’alternatives.

Puisque tout le monde fait la même chose, le leader du groupe suppose à tort que tout le monde est d’accord et que le consensus est atteint, alors que c’est faux.

Pour qu’un groupe prenne de bonnes décisions, il doit permettre la dissidence et convaincre chacun qu’il est libre de dire ce qu’il pense sans risquer d’être puni.

La véritable pensée de groupe dépend de 3 conditions : 

L’appréciation mutuelle ; 

L’isolement ;

Une date limite décidée.

Chapitre 24 — Les vendeurs super normaux 

« L’erreur : Les hommes qui ont des relations sexuelles avec de jeunes lolitas sont fous, et les femmes qui épousent des milliardaires de quatre-vingts ans sont intéressées.

La vérité : Les jeunes lolitas et les milliardaires âgés sont tous deux des libérateurs supernormaux. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 24)

Un stimulant supernormal est une version exagérée d’un stimulus pour lequel il existe une tendance de réponse, ou tout stimulus qui suscite une réponse plus forte que le stimulus pour lequel il a évolué.

L’auteur prend l’exemple de scarabées mâles attirés par des bouteilles de bière ressemblant “en mieux” — c’est-à-dire avec des formes exagérées — aux femelles avec qui ils ont l’habitude de s’accoupler. 

Dans une situation de rareté des ressources, il est normal que nous soyons, en tant qu’animaux ayant besoin de survivre, attirés par quelque chose de plus “gros” et “appétissant” que d’habitude. 

C’est un truc utilisé tous les jours par les chaînes de restauration rapide qui vous promettent des “maxi-menus” à des prix attractifs. C’est aussi ce qui crée l’attraction pour les femmes ou les hommes aux caractéristiques sexuelles exacerbés.  

Chapitre 25 — L’heuristique de l’affect

« L’erreur : Vous calculez ce qui est risqué ou gratifiant et choisissez toujours de maximiser les gains tout en minimisant les pertes.

La vérité : Vous dépendez des émotions lorsque vous devez savoir si une chose est bonne ou mauvaise, vous surestimez considérablement les récompenses et vous avez tendance à vous en tenir à vos premières impressions. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 25)

L’heuristique de l’affect est l’un des moyens par lesquels nous arrivons rapidement à une conclusion à propos d’une nouvelle information. Le plus souvent, cela se passe “à l’instinct”. C’est l’intuition qui parle.

Celle-ci peut être utile, mais gardons à l’esprit que nous pouvons nous tromper et que nous avons tendance à entendre positivement ce qui nous satisfait (et négativement ce qui nous déplaît). 

Chapitre 26 — Le nombre de Dunbar

« L’erreur : Il y a un trombinoscope dans votre esprit avec les noms et les visages de chaque personne que vous connaissez.

La vérité : Vous pouvez maintenir des relations et garder le contact avec seulement 150 personnes à la fois. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 26)

Ce nombre est issu d’une expérience célèbre d’un anthropologue, Robin Dunbar. Celui-ci a remarqué que dans de nombreuses sociétés, le nombre de connexions ou de connaissances d’un individu ne dépassait pas 150. 

Si certaines amitiés viennent à disparaître, d’autres peuvent les remplacer, mais toujours dans cette limite virtuelle des 150 personnes. 

Il existe des explications cognitives et évolutionnistes à ce nombre : le cerveau ne peut traiter plus d’information et interagir avec un plus grand nombre de contacts deviendrait contreproductif pour l’individu. 

D’où la conclusion de David McRaney : si vous utilisez votre nombre d’amis sur Facebook comme un indicateur de votre statut social, vous vous trompez.

Au final, vous pouvez avoir 1 000 amis sur les réseaux sociaux et n’être en contact réel ou intense qu’avec 150 d’entre eux maximum, comme tout le monde !

Chapitre 27 — La vente

« L’erreur : À la fois le consumérisme et le capitalisme sont soutenus par les entreprises et la publicité.

La vérité : À la fois le consumérisme et le capitalisme sont dirigés par la compétition entre les consommateurs pour le statut. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 27)

Le système capitaliste reprend toute rébellion à son compte et en fait un produit à vendre. La contreculture y devient rapidement une niche à exploiter, voire le nouveau conformisme à la mode. 

Ce phénomène met en évidence le fait suivant : ce sont les consommateurs et les vendeurs qui créent éternellement les nouvelles modes et les nouveaux produits à acheter. C’est par la compétition constante des uns avec les autres que se construisent le consumérisme et le capitalisme.

David McRaney résume de la façon suivante les façons d’être en compétition, en fonction de la classe sociale :

Les pauvres sont en concurrence avec les ressources. 

La classe moyenne est en concurrence avec la sélection. 

Les riches sont en concurrence avec leurs possessions.

Chapitre 28 — Le biais de l’autoservice

« L’erreur : Vous vous évaluez vous-même sur la base de vos réussites et de vos échecs passés.

La vérité : Vous excusez vos échecs et vous vous voyez vous-même comme ayant plus de succès, étant plus intelligent et plus compétent que vous êtes vraiment. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 28)

Quand tout va bien pour nous, nous attribuons tout à nos incroyables compétences, mais une fois que le vent tourne, nous cherchons des facteurs externes ayant empêché à notre génie de briller.

Par ailleurs, nous ne croyons pas être une personne moyenne, alors que nous croyons que tout le monde l’est. Cette tendance, qui découle d’un préjugé égocentrique, s’appelle l’effet de supériorité illusoire.

Chapitre 29 — L’effet du projecteur

« L’erreur : Quand vous êtes entourés d’autres personnes, vous vous sentez comme si chacun notait chaque aspect de votre apparence et de votre comportement.

La vérité : Les gens attachent peu d’importance à vous à moins qu’ils soient incités à le faire. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 29)

La recherche montre que les autres, lorsqu’ils sont en groupe, ne prêtent pas tant attention à vous qu’à eux-mêmes. Si nous n’attirons pas l’attention sur nous, nos petits écarts (positifs comme négatifs) passent en général inaperçus. 

Cela change, en revanche, si nous commençons à nous exhiber volontairement, pour le meilleur comme pour le pire. Ainsi, si vous êtes particulièrement éloquent ou, au contraire, que vous vous excusez trop lourdement d’avoir commis une erreur, vous serez remarqué à coup sûr !

Chapitre 30 — L’effet de la troisième personne

« L’erreur : Vous croyez que vos opinions et vos décisions sont basées sur l’expérience et les faits, alors que ceux qui ne sont pas d’accord avec vous succombent aux mensonges et à la propagande de sources auxquelles vous, vous ne vous fiez pas.

La vérité : Chaque personne croit que les gens qui ne sont pas d’accord avec elle sont crédules, et chaque personne pense qu’elle est moins susceptible de persuasion qu’elle ne l’est vraiment. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 30)

Il y a des personnes qui considèrent une information comme dangereuse non pas parce qu’elle les affecte en propre, mais parce qu’elles pensent qu’elle pourrait affecter les pensées et les opinions d’un tiers imaginaire.

Cet « effet de la troisième personne » est une version du biais d’égocentrisme ou d’auto service. Nous nous considérons comme plus performants, plus intelligents et plus compétents que nous ne le sommes. 

En revanche, nous avons peur pour autrui, car nous le pensons plus vulnérable que nous.

Chapitre 31 — La catharsis

« L’erreur : Évacuer votre colère est un moyen efficace de réduire le stress et d’éviter de s’en prendre à vos amis et à votre famille.

La vérité : L’expression libre de la colère augmente le comportement agressif au fil du temps. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 31)

Pour le dire en un mot : le défoulement augmente le comportement agressif au fil du temps.

Nous pensons souvent que la catharsis (défoulement salutaire en cas de crise) est une bonne chose. Pourtant, si nous agissons régulièrement ainsi, nous serons plus susceptibles de la rechercher systématiquement lorsque nous serons en colère. 

En conséquence, nous serons aussi plus susceptibles de continuer à faire des choses agressives pour pouvoir continuer à nous défouler. Bref, c’est un cercle vicieux.

Chapitre 32 — L’effet de la mauvaise information

« L’erreur : Les souvenirs sont joués comme des enregistrements dans notre esprit.

La vérité : Les souvenirs sont construits à nouveau à chaque fois en fonction des informations qui sont disponibles, ce qui les rend très perméables aux influences venues du présent. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 32)

La mémoire est une faculté imparfaite. Notre mémoire est perméable, malléable et en changement permanent. 

Nous filtrons tous les informations que nous y conservons et nous nous laissons tous « infecter » par des informations venues de notre entourage ou de notre environnement. 

Ces caractéristiques de la mémoire impliquent que nous ne conservons pas les souvenirs à la manière d’un appareil photo. En réalité, nous nous construisons des histoires qui évoluent au fil du temps. 

Se raconter des histoires est d’ailleurs un excellent moyen d’apprendre ! Pour en savoir plus, retrouvez la chronique de Mémoire, vous avez le pouvoir !

Chapitre 33 — La conformité

« L’erreur : Vous êtes un individu fort et vous ne vous conformez que sous la contrainte.

La vérité : une figure d’autorité ou la pression sociale peuvent facilement vous faire obéir, parce que la conformité est un instinct de survie. » (Vous n'êtes pas si malin, Ch. 33)

Le conformisme est notre « position par défaut » à tous. C’est de là que nous partons : nos expériences antérieures, notre statut social, notre savoir accumulé nous conduisent à nous comporter d’une certaine manière.

Mais nous avons le pouvoir de « casser les règles » et d’enfreindre les normes de temps à autre. 

Dans des situations quotidiennes, nous pouvons nous opposer à l’autorité ou à l’habitude. Qu’il s’agisse de répondre à une question ou d’agir avec courage face à une injustice.

Chapitre 34 — L’extinction

« L’erreur : Si vous arrêtez de contracter une mauvaise habitude, celle-ci diminuera peu à peu jusqu’à disparaître de votre vie.

La vérité : À chaque fois que vous quittez quelque chose de façon abrupte, votre cerveau fera des efforts récurrents pour retourner à votre ancienne habitude. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 34)

Le cerveau n’a pas évolué dans un environnement où la nourriture était abondante. 

Dès que nous trouvons une source de nourriture riche en calories, en graisses et en sodium, nous avons naturellement tendance à en manger beaucoup et à y revenir encore et encore. 

Si nous supprimions une telle récompense, notre cerveau piquerait une crise !

Chapitre 35 — La flemmardise sociale

« L’erreur : Lorsque vous êtes joints par des autres dans une tâche, vous travaillez plus dur et devenez plus accompli.

La vérité : Une fois que vous faites partie d’un groupe, vous avez tendance à faire moins d’efforts parce que vous savez que votre travail sera réuni avec celui des autres. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 35)

Cette tendance est également appelée l’effet Ringelmann, du nom d’un ingénieur français qui le découvrit en 1913. Sa découverte fut reproduite expérimentalement grâce aux travaux d’Alan Ingham en 1974.

Aujourd’hui, de nombreuses organisations connaissent ce phénomène et nous demandent de travailler aussi dur que si nous travaillions seuls. 

Chapitre 36 — L’illusion de transparence

« L’erreur : Lorsque vos émotions sont fortes, les gens peuvent vous regarder et dire ce que vous êtes en train de penser ou de sentir.

La vérité : Votre expérience subjective n’est pas observable, et vous surestimez la manière dont vous exprimez vos pensées intimes et vos émotions. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 36)

Nous avons l’impression de savoir ce que nous ressentons et pensons. Or, nous avons aussi tendance à croire que ces pensées et ces émotions s’échappent de nous et sont visibles, qu’elles sont clairement perceptibles à l’extérieur de nous.

Mais c’est faux. Le plus souvent, nos expériences intimes sont indéchiffrables pour d’autres personnes. 

À l’inverse, lorsque nos émotions prennent le dessus et que notre état mental devient le centre de notre attention, notre propre capacité à évaluer ce que les autres ressentent et pensent est réduite à néant.

Autrement dit, pour analyser le langage du corps et deviner ce que pense ou ressent quelqu’un, il est nécessaire d’être attentif à cette personne et se concentrer. 

Chapitre 37 — L’impuissance apprise

« L’erreur : Si vous êtes dans une mauvaise situation, vous ferez tout pour vous en échapper.

La vérité : Si vous vous sentez comme si vous n’avez pas le contrôle de votre destinée, vous abandonnerez et vous accepterez la situation, quelle qu’elle soit. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 37)

Si, au cours de notre vie, nous avons connu des défaites écrasantes, des mauvais traitements ou une perte de contrôle, nous nous convainquons avec le temps qu’il n’y a pas d’issue.

Même si une issue nous est offerte, nous n’agirons pas. Pourquoi ? Car nous deviendrons des nihilistes et nous préférerons nous conformer à ce que nous croyons avoir compris du monde, plutôt que de changer d’opinion.

Avez-vous déjà vu l’image de cet éléphant, attaché à un maigre poteau et qui reste là sans bouger, alors qu’il pourrait se détacher d’un simple coup de patte ?

Chapitre 38 — Cognition incarnée

« L’erreur : Vos opinions des gens et des événements sont basés sur une évaluation objective.

La vérité : Vous traduisez votre monde physique en mots, et vous croyez à ces mots. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 38)

Nous sommes loin d’être des cerveaux déconnectés, froids et uniquement rationnels. Nous sommes d’abord constitués de sensations, qui s’établissent par l’entremise de nos corps. 

En fait, nos sens nous « disent » des choses que nous nous empressons souvent de tenir pour vraies. Et cela avant même que notre cerveau ait commencé à réfléchir ! 

Autrement dit, vos émotions — qui peuvent être provoquées par des textures ou des odeurs, par exemple — vont vous faire « dire » des choses qui, après coup, vous feront penser d’une manière ou d’une autre.

Deux exemples : 

Une sensation de froid sur votre poitrine (due à un stéthoscope) vous mettra peut-être de mauvais poil et vous serez plus enclin à être désagréable ou à penser du mal de votre docteur ;

En revanche, si votre coiffeur vous offre une tasse de café bien chaude, cette agréable sensation déclenchera sans doute des mots doux, ou en tout cas des pensées sympathiques et une appréhension positives de cette personne.

Chapitre 39 — L’effet d’ancrage

« L’erreur : vous analysez rationnellement tous les facteurs avant de prendre une décision ou de déterminer la valeur de quelque chose.

La vérité : Vos premières impressions s’attardent dans votre esprit et affectent les perceptions plus tardives et vos décisions. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 39)

Vous connaissez l’adage qui veut que la première impression soit décisive. Et, de fait : notre première perception reste ancrée dans notre esprit. Elle influencera nos perceptions et nos décisions ultérieures.

Nous dépendons de l’ancrage tous les jours :

Pour prédire l’issue des événements ;

Estimer le temps que prendra une chose ;

L’argent qu’elle vous coûtera ;

Etc.

Lorsque nous devons choisir entre plusieurs options ou estimer la valeur d’une chose ou d’une personne, nous avons besoin d’un point d’appui. La première impression (ou la première expérience d’une chose ou d’une personne) nous sert de guide pour les fois suivantes.

Chapitre 40 — L’attention

« L’erreur : Vous voyez tout ce qui se passe devant vos yeux, incorporant toute l’information comme le ferait une caméra.

La vérité : Vous n’êtes conscient que d’un petit nombre de données prises en compte par vos yeux, et même une plus petite partie seulement est traitée par votre esprit conscient, puis mémorisée. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 40)

Les psychologues parlent de « cécité d’inattention » pour désigner le fait de ne pas voir l’information au premier coup d’œil.

Notre attention est comme un projecteur, et seules les parties éclairées du monde apparaissent dans notre perception.

Notre perception est construite à partir de ce à quoi nous prêtons attention.

Le problème avec la cécité d’inattention, ce n’est pas qu’elle se produise souvent, mais plutôt que nous pensons qu’elle ne se produit pas.

Le jumeau de la cécité d’inattention est la cécité au changement. 

Le cerveau ne peut pas suivre la quantité totale d’informations provenant de nos yeux, et notre expérience d’un moment à l’autre est donc modifiée pour plus de simplicité.

Plus notre attention est sollicitée dans un sens et moins nous nous attendons à ce que quelque chose sorte de l’ordinaire. 

De ce fait, lorsqu’un événement surprenant survient, nous sommes aussi moins enclins à le voir, et cela même lorsque des vies sont en jeu !

Chapitre 41 — L’autohandicap

« L’erreur : Dans tout ce que vous faites, vous cherchez le succès.

La vérité : Vous créez souvent les conditions de l’échec à l’avance pour protéger votre ego. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 41)

L’autohandicap est une négociation de la réalité, une manipulation inconsciente de nos perceptions et de celles des autres. Nous l’utilisons pour protéger notre ego.

Les comportements d’autohandicap sont des investissements dans une réalité future dans laquelle nous pouvons attribuer notre échec à autre chose qu’à nos capacités.

À noter : selon les études rapportées par l’auteur, les hommes auraient davantage recours à l’autohandicap que les femmes pour apaiser leur peur de l’échec.

Chapitre 42 — La prophétie autoréalisatrice

« L’erreur : Les prédictions sont sujettes à des forces qui sont en dehors de votre contrôle.

La vérité : Le simple fait de croire qu’un événement futur arrivera peut le causer si l’événement dépend du comportement humain. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 42)

Le simple fait de croire qu’un événement futur se produira peut entraîner sa réalisation, à condition que l’événement en question dépende du comportement humain.

Si nous voulons améliorer notre vie dans un sens ou dans un autre, nous devons agir comme si la chose que nous attendions de l’autre personne était déjà sur votre chemin. C’est ce qu’enseigne également la programmation neurolinguistique.

Une vision négative conduira à des prédictions négatives, et nous commencerons à manipuler inconsciemment notre environnement pour réaliser ces prédictions.

Chapitre 43 — Le Moment

« L’erreur : Vous êtes une personne unique, et votre bonheur dépend de votre capacité à être content de votre propre vie.

La vérité : Vous avez de multiples vous-mêmes, et le bonheur est plutôt basé sur votre capacité à satisfaire toutes ces différentes parties. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 43)

Nous souhaitons tous atteindre des objectifs pour être heureux. Pourtant, une fois que nous avons effectivement réalisé l’un d’entre eux, l’expérience se termine. Et il faut recommencer (comme avec les achats impulsifs).

Une solution à ce problème consiste d’abord à remarquer que nous avons des désirs contradictoires. À partir de ce constat, nous sommes en mesure de créer des objectifs qui ne se nuisent pas les uns par rapport aux autres et qui apportent des satisfactions plus durables.

Vous souhaitez économiser pour vous acheter une belle maison ? Très bien, mais que diriez-vous de ne pas sacrifier votre vie présente pour y parvenir ? Trouvez le moyen de satisfaire à la fois votre besoin de sens au travail et votre besoin d’argent.

Chapitre 44 — Le biais de cohérence

« L’erreur : Vous savez comment vos opinions ont changé au cours du temps.

La vérité : À moins que vous n’ayez consciencieusement gardé la trace de vos progrès, vous affirmez que la façon dont vous sentez (ou pensiez) aujourd’hui est identique à la façon dont vous sentiez (ou pensiez) hier. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 44)

Le biais de cohérence a pour cause la volonté de réduire l’inconfort de la dissonance cognitive. 

Pour rappel, la dissonance cognitive survient lorsque nous constatons que nous sommes en désaccord avec nous-mêmes sur une question. Cela provoque un malaise que nous cherchons à résoudre.

C’est une chose qui arrive régulièrement au cours d’une vie : nous changeons d’idée, au point que nous affirmons aujourd’hui ce que nous niions hier. 

Pour échapper à ce malaise de l’incohérence personnelle, nous préférons réécrire notre biographie en prétendant que nous avons toujours pensé telle ou telle chose. 

Ou de façon atténuée : nous avons tendance à croire que si nous avions su ce que nous savons aujourd’hui (en vieillissant), les choses auraient été différentes. 

En fait, ce n’est pas le cas. Nous étions une autre personne et nous avons agi de la seule façon qu’il nous était donné d’agir, et même si nous avions eu une autre information en notre possession, il est fort probable que nous ayons agi identiquement.

Chapitre 45 — L’heuristique de la représentativité 

« L’erreur : Connaître l’histoire d’une personne permet de déterminer plus facilement quel genre de personne elle est.

La vérité : Vous tirez des conclusions hâtives en "rangeant" la personne dans un type de personnalité préconçu. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 45)

Nous tirons des conclusions hâtives en nous basant sur la représentativité d’une personne par rapport à un type de caractère préconçu.

Lorsqu’il s’agit d’inconnus, notre premier réflexe est de les faire entrer dans des archétypes afin de déterminer rapidement leur valeur ou leur menace.

L’heuristique de la représentativité contribue à alimenter plusieurs autres erreurs cognitives, comme le sophisme de la conjonction.

Le sophisme de la conjonction dit ceci : plus nous entendons parler de choses qui correspondent à nos modèles mentaux, plus elles nous paraissent probables.

Les heuristiques de représentativité sont utiles, mais aussi dangereuses. Elles peuvent nous aider à éviter le danger et à chercher de l’aide, mais elles peuvent aussi conduire à des généralisations et à des préjugés.

Chapitre 46 — Les attentes

« L’erreur : Le vin est un élixir complexe, plein de saveurs subtiles qu’un expert seul peut vraiment distinguer, et les dégustateurs éclairés sont imperméables à la tromperie.

La vérité : Les œnologues et les consommateurs avertis peuvent être trompés en altérant leurs attentes. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 46)

C’est une chose bien connue : le packaging, mais aussi les avis que vous lisez au sujet d’un produit, d’un service ou d’une œuvre (cinématographique, par exemple), vous influence.

Tout ce qui tourne autour des objets modifie vos attentes à leur égard. 

Mais plus que tout : votre expérience sera déterminée en grande partie par ces attentes que vous avez formées. Exemple : ce film vous paraîtra moyen, car vous aviez lu des critiques négatives, etc. 

Chapitre 47 — L’illusion de contrôle

« L’erreur : Vous savez évaluer votre contrôle sur votre environnement.

La vérité : Vous croyez souvent avoir du contrôle sur des résultats qui sont en réalité ou aléatoires ou trop complexes pour être prévisibles. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 47)

C’est l’erreur du joueur, qui pense pouvoir déterminer en pensée le mouvement de la bille à la roulette. Vous croyez que cela ne vous arrive pas ? Détrompez-vous.

Nous avons tous l’impression, à certains moments de nos existences, de contrôler notre destinée. Nous pensons être aux manettes. Mais avons-nous bien conscience de toutes les choses qui pourraient nous arriver ?

Cela ne doit pas nous empêcher d’agir, bien sûr. Simplement, prévoyez une place… Pour l’imprévu. Cherchez à contrôler les petites choses, mais accueillez le hasard dans la globalité de votre existence.

Chapitre 48 — L’attribution fondamentale de l’erreur

« L’erreur : Le comportement des autres personnes est le reflet de leur personnalité.

La vérité : Le comportement des autres est plutôt le résultat des situations que de leurs dispositions. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 48)

Lorsque nous ne savons pas grand-chose d’une personne, lorsque nous n’avons pas eu l’occasion de la connaître, nous avons tendance à en faire un personnage, une invention. 

Nous attribuons alors leurs comportements au personnage que nous avons créé, tout en nous formant une idée plus précise de sa personnalité (car nous pensons que son comportement est le reflet de sa personnalité).

Pourtant, nous commettons une erreur d’attribution fondamentale en croyant que les actions d’une personne découlent seulement de sa personnalité et n’ont rien à voir avec le contexte.

Cela se passe même avec les gens que nous côtoyons tous les jours et pensons bien connaître. 

Lorsque nous interprétons la froideur de notre conjoint comme une indifférence de sa part à nos désirs et à nos besoins, nous commettons peut-être une faute d’attribution de l’erreur. 

Pourquoi ? Car la réponse est peut-être tout autre : un stress lié au travail ou d’autres problèmes dont nous ne savons rien l’empêchent peut-être d’être pleinement attentif à nos besoins.

Conclusion sur "Vous n'êtes pas si malin" de David McRaney :

Ce qu'il faut retenir de "Vous n'êtes pas si malin" de David McRaney :

Eh oui, le cerveau est une machine complexe ; notre raison, loin d’être accessible, fonctionne à la manière d’une boîte noire. Nous pensons être raisonnables ou rationnels, mais nous sommes dirigés par des mécanismes et des habitudes inconscientes.

Et cela, peu importe que nous nous considérions comme peu ou très intelligents ! En fait, notre cerveau est préprogrammé pour se mentir à lui-même de façon assez régulière. 

La plupart du temps, il s’agit d’un mécanisme de survie, mais cela est parfois dû au fait que le cerveau n’est pas parfait.

Les travaux de psychologie et des sciences cognitives montrent que nous n’avons souvent aucune idée de la raison pour laquelle nous agissons comme nous le faisons, choisissons les choses que choisissons, ou pensons ce que nous pensons. 

Par contre, nous sommes devenus des as de la construction de récits, de petites histoires pour justifier nos actions ou nos décisions. Ces fictions s’appuient sur des biais cognitifs, des sophismes logiques ou encore des heuristiques. Il est bon de les connaître afin de ne pas tomber dans nos propres panneaux — ou dans la manipulation d'autrui.

Points forts :

Une introduction fort utile aux biais cognitifs ;

De nombreux exemples d'études scientifiques ;

Une écriture pédagogique et plutôt drôle ;

Des chapitres courts.

Points faibles : 

Quelques répétitions ;

Le livre n'est actuellement pas disponible en français !

Ma note :

★★★★★

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Mon, 11 Dec 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12689/Vous-ntes-pas-si-malin
Se libérer de l’emprise émotionnelle http://www.olivier-roland.fr/items/view/12685/Se-librer-de-lemprise-motionnelle

Résumé de « Se libérer de l’emprise émotionnelle » de Sylvie Tenenbaum : un livre qui vous aidera à reprendre votre vie en main en vous aidant à repérer le phénomène d’emprise émotionnelle et à briser le cercle vicieux dans lequel il peut vous enfermer.

Par Sylvie Tenenbaum, 2023, 269 pages.

Chronique et résumé de « Se libérer de l’emprise émotionnelle » de Sylvie Tenenbaum

Introduction. L’emprise est banale

« L’emprise est banale. Sa force vient de cette banalité, de ce qui quotidiennement émousse notre regard, notre écoute, nos sensations vis-à-vis de tous les systèmes abusifs que nous pouvons regrouper sous le terme d’emprise. » (Saverio Tomasella et Barbara Ann Hubert, L’Emprise affective, cité dans Se libérer de l’emprise émotionnelle, Introduction)

L’emprise peut prendre plusieurs noms autour de nous :

Maltraitance ;

Violence physique ;

Violence psychologique ;

Domination ;

Sexisme ;

Etc.

Nous la retrouvons — comme nous allons le voir au chapitre 1 — dans toutes les sphères de la vie, depuis la famille jusqu’au milieu médical. Toutes les institutions sont concernées. 

Il en existe des formes plus ou moins complexes, qui vont des luttes de pouvoir explicites (relativement simples) aux supplices mentaux les plus subtils (et complexes).

Selon Sylvie Tenenbaum, nous pouvons même être notre propre bourreau. Nous avons, parfois, un « prédateur intérieur » qui nous maltraite et fait de notre monde comme le disait Oscar Wilde (cité par l’auteure), « un enfer ».

Sous ce phénomène, il y a une volonté de contrôle et de soumission. Pour les victimes, cette pression se traduit par une résignation et, dans les cas les plus graves, à la dépression ou aux tentatives de suicide.

Par la description des prédateurs et de leurs « types », nous pouvons aider à une prise de conscience. C’est ce que nous verrons au chapitre 2. Nous verrons que l’emprise s’immisce de façon inconsciente dans la relation, à partir de modes de communications dégradés et malsains.

Le chapitre 3, lui, se penchera sur la description des victimes et sur le traumatisme qu’elles subissent. Nous chercherons à comprendre les mécanismes qui les maintiennent dans le giron de ceux ou celles qui leur nuisent. 

Nous verrons enfin qu’il est possible — heureusement — de percevoir les signes de l’emprise et de s’en dégager (chapitre 4). Cet acte de libération ne se fait pas sans mal ni sans effort, mais il en vaut la peine.

« Il est possible de se retrouver soi-même dès lors que l’on dirige ses doutes et ses accusations sur le prédateur et non plus sur soi », dit l’auteure. Mais surtout :

« Notre vie nous appartient, ne donnons à personne un droit de regard sur nos pensées, la possibilité de nous dominer et de nous contrôler par la force, de nous voler notre existence. » (Se libérer de l’emprise émotionnelle, Introduction)

Chapitre 1. L’emprise dans tous ses états

L’emprise touche toutes les relations humaines. Elle consiste en une « effraction psychique » qui s’étend dans la durée et conduit à un rapport de domination toxique qui peut conduire à la destruction psychique du dominé. 

Au quotidien, l’emprise est faite de manipulations plus ou moins cachées, plus ou moins douces, et d’une série de stratégies visant à obtenir ou à renforcer l’influence perverse de l’un sur l’autre.

Ses effets peuvent être dévastateurs : perte d’estime de soi, de confiance en soi, érosion des fondements de l’identité. Depuis 2010, il existe un délit de violence psychologique dans la loi française. Les peines peuvent aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende.

L’emprise en famille

Au sein de cette partie, nous pouvons dissocier différents types d’emprise en fonction de la relation qu’elle dégrade :

Parents — enfant ;

Couple ;

Autre relation (fraternelle, par exemple).

— L’emprise parentale 

L’emprise parentale est sans doute l’une des plus nocives qui soit, car elle s’enracine dès l’enfance et génère une profonde empreinte sur la personnalité.

Sylvie Tenenbaum fournit plusieurs exemples d’adultes en ayant souffert :

Marie, 45 ans, toujours ébranlée par les critiques de son père ;

Paul, 62 ans, incapable de se remettre des humiliations maternelles ;

Delphine, 33 ans, qui a été victime du syndrome de Münchhausen par procuration (SMPP) de sa mère (conduisant celle-ci à faire faire une foule d’examens médicaux sans raison à sa fille… au point de la rendre véritablement malade) ;

Frédéric, 44 ans, dont les deux parents étaient abusifs ;

Vincent, 40 ans, père de famille qui n’arrive pas à se dépêtrer de l’emprise de sa compagne et voit avec effroi sa fille subir le même sort (cas d’aliénation parentale) ;

Solène, 14 ans, qui s’est donné la mort à cause d’un cyberharcèlement qui impliquait sa famille.

L’enfant victime d’un prédateur (ou d’une prédatrice) ne peut se développer normalement. 

Il doit se suradapter constamment aux désidératas du parent dysfonctionnel, voire le prendre en charge en endossant le rôle d’un adulte. 

En revanche, il ne peut pas avoir d’exigence propre. La satisfaction de ses propres besoins est secondaire, voire refusée. En conséquence, il en vient souvent à les refouler plus ou moins complètement. 

Les violences, physiques et/ou mentales, accompagnent le mécanisme et le renforcent. L’une des formes les plus graves étant la maltraitance sexuelle et d’inceste. 

— L’emprise dans le couple

Ici encore, les témoignages ont la priorité :

Fabrice, 31 ans, se fait malmener par Laura, qui devient de plus en agressive ;

Brigitte, 46 ans, mariée avec deux enfants, a un mari qui la rejette ainsi que leurs enfants ;

Julien, 38 ans, est retenu financièrement par sa compagne, qui l’empêche de partir.

La personne persécutrice va jouer sur l’amour de l’autre pour le manipuler et parvenir à ses fins. En prodiguant tantôt caresse, tantôt écoute, elle croit pouvoir se donner le droit de devenir autoritaire et despotique. 

Et surtout, elle pense (souvent avec raison, malheureusement) que ces gestes ou cette empathie suffiront à faire oublier ses comportements toxiques.

— L’emprise entre membres d’une famille

D’autres cas sont possibles, bien sûr. Toutes les relations intrafamiliales sont potentiellement concernées. Voici encore quelques témoignages :

Asmita, 30 ans, abusée sexuellement par son oncle, puis par un autre membre de sa famille ;

Yasmina, 27 ans, humiliée de façon constante par son grand-père ;

Maud, 58 ans, malmenée par sa grande sœur et incapable d’obtenir l’amour de sa mère ;

Laurent, 31 ans, sous le joug de sa sœur ainée avec qui il vit depuis le décès de leurs parents.

N’oublions pas non plus les personnes âgées. Fragilisées, elles peuvent facilement devenir l’objet de mauvais traitements.

L’emprise en amitié

L’amitié est une relation d’égalité et d’affection entre deux personnes. Mais il arrive qu’elle se détraque et mène à l’emprise. Cela peut commencer par de la rivalité, voire de la compétition, et prendre un mauvais pli.

C’est ce dont rend compte Estelle, 42 ans, qui n’a pas réussi à se défaire de son lien avec Séverine, son amie d’enfance, alors que celle-ci ne cesse de la critiquer et de la diminuer.

L’emprise dans l’entreprise

L’emprise en entreprise prend souvent place entre un supérieur hiérarchique et un employé de rang inférieur. Mais pas seulement. Le harcèlement moral (mobbing) n’en est qu’une phase ; il peut mener à une réelle malveillance et même au renvoi de la personne sous emprise.

Voici quelques exemples :

Virginie, 34 ans, sous antidépresseurs et sous l’emprise de sa cheffe ;

Arnaud, 37 ans, subit le harcèlement répété d’une collègue, qui le prend pour son « homme à tout faire ».

L’emprise religieuse et politique

Les fanatismes de tout poil lient religion et politique. Leurs adeptes sont des persécuteurs en ce qu’ils cherchent à dominer autrui, c’est-à-dire à lui faire « rendre raison » à tout prix.

Sylvie Tenenbaum relate l’histoire des enfants de Tiam, une ville d’Irlande. Entre 1925 et 1961, des enfants nés hors mariage ont été maltraités par toute une communauté. Le scandale n’a éclaté qu’en 2014.

L’emprise sectaire

C’est l’un des phénomènes d’emprise les plus connus et étudiés. 

Selon la définition de l’Association de défense des familles et de l’individu (ADFI) reprise par l’auteure, une secte est « un groupe dans lequel on pratique une manipulation mentale qui entraîne : endoctrinement, contrôle de la pensée, viol psychique ».

L’entrée dans une secte se fait en plusieurs étapes (approche, séduction et persuasion). La technique d’amorçage donne une impression de liberté qui facilite l’adhésion. 

Ce n’est qu’ensuite, peu à peu, que les menaces plus ou moins voilées et la coercition entrent en jeu. 

L’emprise en psychothérapie

Nous pensons tout d’abord à « l’œuvre » de charlatans, plus avides que soucieux du bien d’autrui. Ceux qui cherchent à nous vendre « la » solution miracle à vos problèmes. 

Mais ce ne sont pas seulement eux. Des personnes convaincues de leur bien-fondé et manipulatrices peuvent nous prendre dans des raisonnements dangereux. 

À la suite de Guy Rouquet, créateur de Psychologie Vigilance, nous pouvons les appeler des « dérapeutes », autoproclamés psychothérapeutes, qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas.

Narcissiques, ils sont parfois convaincus qu’ils peuvent vous aider. Pourtant, ils sont incapables d’empathie réelle. Ce qu’ils aiment faire, c’est se prendre pour Dieu en vous promettant la guérison qu’ils sont incapables de vous donner.

Vous les trouverez généralement dans diverses disciplines farfelues, qui s’éloignent de toute rigueur scientifique. Eh oui, il est plus facile pour eux de se prétendre ceci ou cela que de faire l’effort réel de se former à des pratiques reconnues.

L’emprise médicale

Cela dit, de vrais médecins peuvent aussi nuire. Le risque zéro n’existe pas. La frontière entre charlatanisme et exercice sécurisé de la médecine n’est pas toujours bien tracée. Elle n’est pas non plus claire dans l’esprit de tout le monde.

« Qu’il s’agisse de psychothérapies ou de pratiques médicales douteuses, il est important d’insister sur les trop nombreuses impostures intellectuelles », rappelle Sylvie Tenenbaum. 

L’emprise du prédateur intérieur

Nous pouvons être nos pires ennemis. Cette voix intérieure qui nous oblige à agir de telle ou telle façon nous domine. Elle nous rabaisse aussi en nous convainquant que nous ne sommes pas à la hauteur. 

Si ces critiques ou ces ordres venaient d’un autre, nous ne les accepterions sans doute pas. Alors pourquoi nous laisserions-nous faire, lorsqu’il s’agit de nous-mêmes ? 

Cela n’arrive pas à tout le monde. Notre dialogue interne peut être plus apaisé. Toutefois, nous pouvons parler d’emprise du prédateur intérieur lorsque cette voix intérieure nous empêche manifestement d’aller là où nous le souhaitons et de mener à bien nos projets.

L’auteure rapporte le témoignage de Marie-Claude, 60 ans, qui a découvert au cours de sa psychothérapie qu’elle se faisait beaucoup de mal à elle-même. Son juge intérieur l’a « contrainte au culte du sacrifice pour les autres », dit-elle notamment.

Chapitre 2. Les prédateurs…

Il n’existe pas une seule forme de personnalité qui mène à l’emprise. Cette notion est large et s’applique à différents types de « prédateurs ». Nous allons donc faire un tour d’horizon de différentes personnalités problématiques, afin d’aider tout un chacun à mieux se repérer.

Portraits de prédateurs

Les portraits qui suivent avancent par ordre de gravité. Tous les « empreneurs » ou « empreneuses », comme les appelle Sylvie Tenenbaum, sont des manipulateurs. Par contre, ils ne sont pas tous des bourreaux. Seuls les pires le sont.

— Le manipulateur

Nous pouvons tous avoir des moments de manipulation, surtout quand nous sommes mal dans notre peau. Nous avons besoin d’affection et avons alors parfois tendance à manipuler, plus ou moins consciemment, notre entourage.

Mais rappelez-vous : le manipulateur « consommé » est celui qui vous nuit pour en tirer un profit déterminé. Et il sait très bien ce qu’il fait. Son besoin de l’autre est vital pour obtenir ce qu’il veut. Cependant, il avancera masqué.

Comme le remarque également Isabelle Nazare-Aga, l’autrice de Les manipulateurs sont parmi nous, les manipulateurs sont immatures affectivement, et compensent souvent un complexe d’infériorité par une volonté de domination. Ils sont dépendants d’autrui et se sentent vides sans la présence de l’autre.

Le manipulateur est très souvent égoïste ou égocentrique, même s’il sait faire mine d’écouter pour récolter des informations sur vous qui lui seront utiles ensuite. Il sait également se faire valoir et remarquer en société (manipulateur histrionique).

— Le manipulateur narcissique et le pervers

Le narcissique est un égocentrique qui a besoin d’être constamment valorisé, flatté, mis en avant. Il aime — et veut — que les autres l’admirent. 

Le pervers (à distinguer des perversions sexuelles) apprécie faire du tort à autrui, en le soumettant à « ses » propres lois, qui s’identifient à ses propres désirs. Il jouit de cet effet de tyrannie exercé sur autrui. Au fond, il n’aime personne : ni les autres ni lui-même.

— Le prédateur pervers narcissique

Il regroupe les traits du manipulateur narcissique et du pervers. Son but : se grandir. Ses moyens : vous humilier et, parfois, vous anéantir. Sylvie Tenenbaum vous propose une liste d’indicateurs pour vous protéger p. 98-99. 

Voici quelques traits trouvés dans la liste :

Le PN (pervers narcissique) vous vide de votre énergie ;

Il n’est jamais content ;

Le PN vous isole ;

Il joue le rôle de la victime ;

Il dit une chose et son contraire pour vous confondre ;

Etc.

Nous pouvons ici parler de bourreau dans la mesure où il « jouit (très consciemment) des tortures qu’il inflige ». 

— Le prédateur paranoïaque 

La personnalité paranoïaque va faire des inférences erronées, des déductions fausses. Elle doute, se sent trahie ; en fait, elle a peur et, pour se défendre, prend la fuite ou attaque. Elle est constamment en mode défensif.

Ce type de personnalité est sujet à la rancœur tenace et à la jalousie. Il fait payer aux autres ce qu’il pense être des injustices subies (peu importe que celles-ci soient ou non imaginaires).

L’auteure donne l’exemple d’un couple : Pierre et Solange. Cette dernière a vécu un enfer sous sa coupe (p. 107-108).

— Le prédateur psychopathe

Les psychopathes sont des malades mentaux qui peuvent aller très loin dans l’horreur. Sylvie Tenenbaum donne l’exemple de Hannibal Lecter dans Le Silence des agneaux. 

Ces personnes peuvent être très charismatiques. Mais au fond, elles sont profondément antisociales et dangereuses.

Les comportements du prédateur

Quels sont les procédés utilisés par ces « empreneurs » pour acquérir de l’emprise sur vous ? L’auteure analyse deux moyens : la séduction et la disqualification.

— La séduction

Le charme ne leur manque pas. Ils savent également s’exprimer avec aisance et montrer de l’assurance en eux-mêmes. Lorsque cela l’intéresse, il peut vous écouter aussi, nous l’avons déjà signalé. 

Il sait jouer la perfection, l’intensité, la complicité et l’insouciance. Il peut même se montrer généreux. Mais en fait, il ment et imite ; il joue plus qu’il n’est sincère. Et surtout, ces comportements ne sont pour lui qu’une manière de vous entraîner vers lui pour vous faire agir à ses fins.

Découvrez les autres caractéristiques de ces jeux de séduction p. 116-117. Pour l’auteure, le but de la séduction est de fasciner sa proie.

— La disqualification

Ce versant du comportement des prédateurs émotionnels est explicitement plus agressif. Ici, la personne va chercher à vous rabaisser par tous les moyens. 

De petites phrases peuvent très bien y parvenir, telles que :

« Là, tu es nulle, non ? »

« Tu fais n’importe quoi. »

« Tu t’es regardée ? »

« Non, tu ne penses pas ce que tu dis, non tu n’as pas envie de voir tes amis, etc. »

« Ma pauvre ! »

Etc.

Il est aussi le pro de la culpabilisation : « Regarde ce que tu m’as fait faire ! ». Voici l’une des phrases qui lui permet de rejeter la faute sur vous. 

Il fait du chantage affectif ou génère la zizanie et la confusion à son propre profit. Par exemple en parlant mal de quelqu’un devant vous, ou en parlant mal de vous à quelqu’un d’autre !

Une communication pervertie

La communication verbale et non verbale est le terrain privilégié de la malveillance. La personne prédatrice ne communique pas pour dire qui elle est ou ce qu’elle ressent, mais pour se montrer sous un jour qui lui convient et qui lui permettra d’affirmer sa supériorité. 

— Les armes verbales de l’ « impostueur »

Pour prendre le pouvoir sur votre psychisme, le prédateur va bien sûr chercher à utiliser la parole. 

Voici quelques techniques évoquées (plus en détail) dans le livre :

La persuasion à tout prix ;

Le mensonge ;

L’injonction paradoxale ;

Les faux bons conseils ;

La confusion ;

Le brouillage des niveaux de communication ;

Les phrases non terminées ;

L’excès de détails inutiles ;

Les silences agressifs ou inappropriés ;

Le cynisme et la dérision ;

La critique excessive de l’autre, des proches ;

Le pessimisme ;

Le désintérêt pour les propos d’autrui (voire le dénigrement) ;

Etc.

Ce type de personne peut également très bien ne pas tenir ses promesses et ne pas en avoir cure. La promesse lui sert à un moment X pour obtenir ce qu’il veut, puis il l’oublie aussi vite que sa dernière paire de chaussettes. Sa parole n’a pas de valeur.

Il sait aussi très bien jouer des rôles (cela va de pair avec le mensonge). Plusieurs « jeux » sont présentés :

Le larmoyant ;

Le fuyant ;

L’ordinateur ;

Les lectures de pensée ;

Le chantage ;

L’exagération ;

L’art d’avoir toujours raison.

— les armes non verbales

Les personnalités manipulatrices peuvent et savent souvent jouer des aspects non verbaux de la communication. 

Ils joueront l’indifférence ou moduleront leur voix pour vous faire comprendre qu’ils n’ont cure de ce que vous dites, par exemple… Ils peuvent aussi lever les yeux au ciel, bâiller, etc.

Autre attitude gênante et destructrice : leur imprévisibilité. Ils peuvent générer une tension à tout moment dans la conversation, de façon parfois presque imperceptible. 

Bien sûr, la violence fait également partie de leurs outils : bris de verre, jets divers, volonté de faire mal et surtout d’apeurer la personne qui lui fait face.

Chapitre 3. … Et leurs proies

Sylvie Tenenbaum affirme qu’il n’existe pas de « portrait type » de victime. Elle décide donc de se limiter à des témoignages de personnes qui sont tombées aux mains d’une secte, qui ont connu des violences de couple ou qui ont fait l’objet de maltraitance infantile.

Qui sont les victimes des prédateurs ?

Elle dresse néanmoins une liste de « points communs entre les victimes » qui offre la possibilité de s’orienter un peu. Pour retrouver ces traits de personnalités, rendez-vous p. 142-146.

Puis, l’auteure commence par évoquer le sort des enfants. Elle fait part de plusieurs histoires. Notamment, celle de :

Frédéric, 44 ans, qui « se réveille » après la mort de son père ;

Caroline, 40 ans, qui a reproduit avec son mari ce que sa mère lui faisait subir ;

Nicole, 63 ans, qui avoue ne pas « savoir vivre » ;

François, 51 ans, qui n’ose toujours pas avouer à ses parents qu’il va divorcer ;

Etc.

Sylvie Tenenbaum dresse également un tableau des symptômes des enfants sous emprise. Il y a, d’après sa présentation, une différence à faire selon que l’enfant a 7 ans ou moins. 

Voici les symptômes des enfants de moins de 7 ans :

Comportements modifiés et négatifs tels que tristesse, agitation ou repli sur soi ;

Trouble anxieux ;

Trouble du comportement alimentaire ;

Manifestations (par le jeu ou autre) de violence ;

Régressions dans le développement (au niveau de la propreté ou du langage, par exemple) ;

Psychosomatisations (douleurs corporelles) telles que des nausées, des migraines, etc.

Sur un plan plus théorique, il est utile d’analyser le mythe de la famille parfaite et de comprendre toute l’importance du rôle de l’amour pour les enfants. C’est pour eux une question de survie.

Si l’amour est conditionné à du chantage ou d’autres attitudes négatives, la construction de soi devient beaucoup plus difficile et toutes sortes de problèmes ou pathologies psychiques peuvent en découler.

L’auteure évoque enfin l’École de Palo Alto et son analyse systémique. Dans une famille, un individu peut devenir un « patient désigné », c’est-à-dire un être qui va jouer le rôle de thermostat ou de régulateur familial. 

Dans une famille dysfonctionnelle, l’enfant peut être amené à jouer ce rôle et il est très difficile de s’en défaire, même à l’âge adulte.

Comment devient-on adepte d’une secte ?

« Ils sont encore trop nombreux ceux qui subissent les ravages des sectes, malgré tous les drames médiatisés. Les personnes embrigadées ne sont pas moins intelligentes que vous et moi. » (Se libérer de l’emprise émotionnelle, Ch. 3)

Selon la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (la Miviludes), il existe trois types de victimes de secte :

Tout d’abord, les adeptes eux-mêmes, qui ne reconnaissent pas leur statut de victime, car ils sont fascinés par le gourou et pris dans la communauté ;

Ensuite, les anciens adeptes qui demeurent fragiles de longues années après leur endoctrinement et craignent parfois des représailles ;

Enfin, les familles des victimes elles-mêmes, qui se sentent démunies et perdues face à ce phénomène.

L’endoctrinement à une secte fonctionne selon le principe de soumission à l’autorité. Sylvie Tenenbaum rappelle la célèbre expérience de Stanley Milgram. 

Celui-ci montra dans les années 1960 qu’un grand pourcentage de personnes (90 %) était susceptible de se soumettre à l’obéissance d’un tiers autoritaire sans exposer de résistance, même quand cette obéissance pouvait entraîner un mal pour autrui.

Tout au long du chapitre (et même du livre), l’auteure prend aussi l’exemple du film La secte de Waco (réalisé par Dick Lowry, sorti en 1993). Dans ce film, un faux prophète du nom de David fait preuve d’un grand pouvoir de séduction pour convaincre des personnes — et notamment Jason — de le rejoindre. Pour ce faire, il lui promet qu’il trouvera dans la communauté la famille aimante qu’il n’a jamais eue.

L’enfer au cœur de l’alcôve

Venons-en aux relations de couple. Ici encore, il n’y a pas de profil type. La vie amoureuse peut prendre une tournure inattendue sans que nous y soyons préparés ou « prédestinés ». 

Or, une fois à l’intérieur d’une relation toxique, il peut être très difficile d’en sortir. La violence psychique et/ou physique conduit à la solitude, à la soumission totale et à l’adaptation aux désirs d’autrui.

Les victimes peuvent connaître les symptômes suivants :

Une profonde souffrance psychique et affective ;

Des conduites addictives ;

Un état de sidération ;

Des difficultés à communiquer ;

Une baisse d’énergie ;

Un affaiblissement de l’estime de soi ;

De la somatisation ;

Etc. 

Attention : ces symptômes (dont la liste est plus longue) ne sont pas tous visibles chez les victimes et peuvent avoir des intensités variables.

Souvent, les victimes conservent également l’espoir que les choses finiront par s’arranger et que la personne maltraitante redeviendra gentille, censée. Cet espoir est lié à une peur de l’abandon et de la solitude.

Pour ne rien arranger, les victimes sont régulièrement dans le déni et sous l’illusion du biais de confirmation. Elles sélectionnent les faits qui les arrangent et oblitèrent les autres. Pour plus d’informations sur ce type de biais, lisez Système 1 / Système 2 de Daniel Kahneman.

À l’inverse, cela peut aussi arriver aux proches. Ceux-ci peuvent croire le manipulateur davantage que la victime. Également pris dans les filets rhétoriques de la personne prédatrice, ils utiliseront les faits qu’ils connaissent pour mettre en doute la parole de celui ou celle qui souffre.

Par exemple :

« Elle est vraiment agréable, je l’ai vue récemment, tu as de la chance de l’avoir rencontrée. »

« C’est l’homme le plus gentil que je connaisse. »

Il n’est alors vraiment pas facile de s’en sortir. Et il peut être complexe de prouver les maltraitantes vécues.

« Comme les victimes, les prédateurs ont souvent une faille narcissique qu’ils repèrent très vite car ils la reconnaissent : c’est par là qu’ils entrent pour en prendre possession (…). Ainsi un prédateur saura repérer une personne dépendante qui se sentira en sécurité devant son assurance. La séduction s’opère déjà à cet instant : chacun répondant au désir/besoin de l’autre. La suite est prévisible : le jeu de dupes peut s’installer, l’un ne pensant qu’à donner, l’autre à prendre et à assurer son ascendant. » (Se libérer de l’emprise relationnelle, Ch. 3)

Vous pourrez découvrir plusieurs témoignages en fin de chapitre :

Arthur, 35 ans, qui ne peut s’occuper de ses enfants sans subir les foudres de sa femme ;

Daniel, 45 ans, dont la relation amoureuse difficile a déteint sur son travail ;

Pascale, 36 ans, qui fait les frais professionnels d’un refus de relation avec un collègue ;

Françoise, 60 ans, étouffée par l’amour et le culte maternels.

Chapitre 4. En finir avec l’emprise

Les chapitres précédents ont permis de se familiariser avec les mécanismes de l’emprise. Il ne s’agit pas de dire que « cela se passe partout ». Au contraire, il est important de pouvoir discerner les relations qui sont nocives et toxiques de celles qui ne le sont pas.

Nous avons également vu que le changement est difficile. Il l’est pour la victime, qui peut vivre dans le déni ou rester fascinée par la personne dominatrice. Mais il l’est surtout pour le manipulateur lui-même qui, à vrai dire, aurait trop à y perdre.

Dans ces circonstances, une solution s’impose : ne plus chercher à faire vivre ce lien néfaste. Si cela vous arrive, vous devez fuir et vous reconstruire.

Éviter de devenir une victime

Mais avant d’en arriver là, vous pourriez — et devriez — ouvrir l’œil. Nous avons vu que ce type de relation dysfonctionnelle peut apparaître dans bien des secteurs de la vie personnelle et professionnelle.

Il est donc particulièrement important de cultiver son esprit critique. Soyez particulièrement vigilant lorsqu’un médecin, officiel ou non, vous promet monts et merveilles en matière de guérison. 

Agissez de même avec des professionnels de la relation tels que les coachs. Le coaching de vie, par exemple, peut être d’une grande aide. Cependant, il y a, comme partout, des charlatans.

Voici 4 bonnes pratiques pour éviter la crédulité face à ce type de situation :

De préférence, optez pour un professionnel reconnu, dont vous pouvez vérifier les références ;

Si possible, ne participez pas à de longs séminaires (plus d’une journée) si vous ne connaissez pas les animateurs ;

Ne faites pas confiance aux personnes qui vous assurent que vous pouvez, comme eux, devenir professionnel « en X » après quelques heures seulement de formation ;

De façon générale, prenez toujours des renseignements (et pourquoi pas des avis complémentaires) avant tout engagement.

Dans les relations interpersonnelles, il est capital d’apprendre à reconnaître une personne sous emprise, mais aussi repérer le phénomène d’emprise sur vous-même et, bien sûr, à reconnaître les comportements toxiques d’autrui. 

En plus des chapitres précédents, Sylvie Tenenbaum propose quelques listes d’attitudes à tenir à l’œil (comme elles répètent partiellement le propos, nous ne les reproduisons pas ici. Vous pouvez consultez p. 195-201).

L’auteure propose également une liste de stratégies à éviter, car elles risqueraient d’approfondir l’emprise. Les voici :

Perdre son sang-froid ;

Lutter verbalement ;

Faire preuve d’empathie ;

Faire la leçon ;

Être encore plus dévoué ;

Vouloir comprendre à tout prix ;

Baisser les bras.

À la place, vous aurez plutôt intérêt à :

Noter précisément ce que vous subissez ;

Rechercher des personnes de confiance ;

Refuser de vous justifier ;

Savoir dire non ;

Etc. (plus de stratégies p. 215-216).

Sortir de l’emprise

Cela demandera de l’effort et engendrera, peut-être, de la tristesse. Mais n’oubliez pas que vous le faites pour vous sauver vous-même.

Le premier pas consiste souvent à avertir un proche et/ou à accepter l’aide qui est proposée. Cela signifie que vous avez déjà pris conscience et êtes sorti du déni.

Au travail, mieux vaut agir rapidement. Si vous avez pris des notes, que vous avez des témoins et des preuves (tels que des mails envoyés), ces documents vous seront très utiles — que vous décidiez de porter l’affaire devant la justice ou non (vous pouvez vous contenter d’une menace).

Deux cas nous montrent l’importance de parler rapidement :

Virginie, 34 ans, a eu le courage de solliciter le médecin du travail et sa DRH ;

Arnaud, 37 ans, a parlé de sa relation difficile avec sa collègue auprès de sa famille, qui l’a aidé à entamer des démarches officielles.

Bien sûr, si vous ne voyez pas vers qui vous tourner directement autour de vous, vous pouvez aussi vous adresser à des organismes spécialisés, tels que :

Fédération nationale solidarité femmes (FNSF) ;

Violences conjugales ;

Institut de victimologie ;

Association de défense contre le harcèlement moral (ADCHM) ;

Miviludes ;

Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (UNADFI) ;

Maltraitance des enfants et des mineurs (composez le 119) ;

La police (appel 17 ou 112) ;

Violence Femmes Info (appelez le 3919) ;

SOS anti-manipulateurs ;

Etc.

Se reconstruire

Décider de s’aimer soi-même ; considérer que commencer à vivre est mieux, que c'est un devoir envers soi-même. Voilà de profonds changements d’attitude, préludes à la libération.

« Si l’on ne met pas tout en œuvre pour parvenir à vivre mieux, en prendre la décision n’est pas suffisant. Quelle que soit la situation d’emprise vécue, il est fondamental de se sentir soutenu, guidé. C’est le rôle des proches, avec l’aide du thérapeute (pas un coach, donc ce n’est pas le métier). » (Se libérer de l’emprise émotionnelle, Ch. 4)

Parfois, vivre auprès de ses proches durant une durée déterminée pourra aider à « sortir de la terreur », surtout si des risques de représailles sont probables.

Le thérapeute aidera en posant des questions claires et en faisant preuve de patience. Il aidera le patient à sortir de sa pudeur et de la minimisation, voire du déni ou de la mémoire traumatique. 

Parfois, le travail psychologique devra aller creuser dans l’enfance pour trouver la trace d’anciennes relations toxiques. Cet exercice aidera le patient à sortir plus durablement de l’emprise plus récente.

Ici encore, quelques témoignages sont mis en avant par Sylvie Tenenbaum :

Océane, 40 ans, a fait un long travail pour comprendre pourquoi elle avait entretenu une relation toxique avec son mari et comment en sortir ;

Anastasia, 47 ans, éprouve des difficultés à se séparer de son compagnon, mais elle sait que c’est le seul véritable choix possible ; 

Fabrice, 31 ans, s’est senti profondément trahi par Laura — et pourtant, elle lui manque encore. Mais il est bien décidé à changer de vie et à se prendre en main.

Ces exemples montrent que « le processus d’emprise peut psychiquement perdurer après la sortie de la relation ». Pour Sylvie Tennebaum, qui s’oppose ici à l’avis d’autres thérapeutes, le pardon ne peut aider à mettre fin à ces réminiscences. Au contraire : ce serait comme une double peine pour la victime.

Comme il ne peut généralement rester seul très longtemps, l’ « empreneur » aura souvent retrouvé quelqu’un d’autre rapidement. Quand cela arrive, c’est une chance pour l’ex-victime, car cela lui évite le risque de « rechute ».

Dernier point : comment sortir de l’emprise du prédateur intérieur ? Nous parlons ici d’une figure d’autorité qui veut faire la loi dans notre tête et réguler nos moindres faits et gestes.

Selon l’auteure, « suivre son intuition, ses antennes, peu importe le nom, est l’antidote ». Votre instinct est votre meilleur guide pour vous y opposer.

Peu à peu, vous gagnerez en force en ne lui répondant plus par la positive. Il ne disparaîtra sans doute jamais complètement, mais il se fera plus faible à mesure que vous aurez retrouvé votre « fil rouge » intérieur.

Conclusion. L’emprise n’est pas une fatalité

Sortir d’une situation d’emprise est un acte de résilience. 

« Les ailes brisées se réparent : recouvrer l’idée de sa dignité autorise la sortie de la cage. Car il ne s’agit pas d’abandonner un abri sûr, un amour sincère, une amitié loyale, une relation de qualité, mais des illusions. Il faut savoir laisser derrière soi ce qui fait souffrir. » (Se libérer de l’emprise émotionnelle, Conclusion)

Se défaire du joug de l’emprise est un geste de libération existentielle. Une fois réalisé, ce geste vous redonne les clés de votre vie. Vous pouvez enfin vous demander le sens que vous voulez lui donner et œuvrer librement à reconstruire votre existence.

Conclusion sur « Se libérer de l’emprise émotionnelle » de Sylvie Tenenbaum :

Ce qu’il faut retenir de « Se libérer de l’emprise émotionnelle » de Sylvie Tenenbaum :

Ce livre aide à se souvenir de plusieurs choses :

Nous pouvons tous « tomber » sous l’emprise d’un manipulateur ;

Il convient d’être prudent, à la fois dans les domaines de la vie professionnelle et personnelle ;

Heureusement, nous pouvons repérer certains traits afin de reconnaître les personnes nocives ;

Et nous pouvons également rester attentifs aux victimes et à leurs symptômes, afin de les aider si nécessaire ;

La sortie de l’emprise est un processus souvent long et difficile ;

Mais ce n’est pas une fatalité — Il est possible de se protéger et de retrouver sa liberté !

Points forts :

Une présentation soignée et claire ;

De nombreux témoignages de patients ;

Une explication simple des concepts issus de la psychologie ;

Des listes de traits caractéristiques ou de symptômes.

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 07 Dec 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12685/Se-librer-de-lemprise-motionnelle
L’intelligence émotionnelle 2 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12567/Lintelligence-motionnelle-2

Résumé de « L’intelligence émotionnelle 2 — Cultiver ses émotions pour s’épanouir dans son travail » de Daniel Goleman : un best-seller qui utilise les principaux résultats des études sur l’intelligence émotionnelle (notamment publiées dans le Tome 1) pour les appliquer au monde du travail et chercher de nouvelles voies pour améliorer le bien-être et la performance en situation professionnelle. 

Par Daniel Goleman, 1999, 383 pages.

Titre original : « Working With Emotional Intelligence » (1998)

Vous ne connaissez pas encore cet auteur ou le concept ? Alors, commencez par lire L'intelligence émotionnelle Tome1 !

Chronique et résumé de « L’intelligence émotionnelle 2 — Cultiver ses émotions pour s’épanouir dans son travail » de Daniel Goleman

Partie 1 — Intelligence Émotionnelle 2 : Au-delà de l’expertise

Chapitre 1 — Le nouvel étalon

Les règles du travail changent. Nous sommes jugés par une nouvelle mesure : non plus seulement par notre intelligence ou par notre formation et notre expertise, mais aussi par la façon dont nous nous traitons les uns les autres. 

Ce critère est de plus en plus utilisé :

Lors de l’embauche de nouvelles recrues dans une entreprise ;

Ou lorsqu’un dirigeant décide de se séparer de ses collaborateurs ;

Ou bien encore quand il est question d’attribuer ou non une promotion. 

De nombreuses recherches permettent d’établir des règles pour connaître et prévoir les performances des meilleurs collaborateurs (ceux que Daniel Goleman nomme les « star performers »). 

Quel que soit le domaine dans lequel vous travailliez ou vouliez travailler, il est donc utile d’apprendre ces nouvelles règles afin d’en tirer profit pour votre carrière ou votre avenir professionnel.

Les nouvelles normes

En fait, les nouvelles normes n’ont pas grand-chose à voir avec ce que nous apprenons à l’école ; oubliez ici les compétences scolaires et les réussites académiques !

Au contraire, ce nouveau type d’évaluation tient pour acquis que vous avez suffisamment de capacités intellectuelles et de savoir-faire technique pour faire votre travail. 

Mais alors, quel est le point important ? Eh bien, elle se concentre plutôt sur les qualités personnelles, telles que l’initiative et l’empathie, l’adaptabilité ou encore la persuasion. 

La recherche contemporaine en psychologie nous permet de savoir quelles sont les qualités essentielles à développer pour réussir professionnellement — et au-delà. 

Elle nous apprend aussi à manier ces ingrédients de l’excellence au travail pour améliorer notre capacité à la direction — c’est-à-dire notre leadership.

Historiquement, plusieurs noms ont été donnés à ces qualités : le « caractère » ou la « personnalité ». Plus récemment, certains les ont appelés soft skills ou compétences générales/transversales, ou encore « talents humains ». 

Daniel Goleman propose une nouvelle appellation pour unir toutes ces facettes : celle d’intelligence émotionnelle.

Chapitre 2 — Les compétences des meilleurs 

Il n’y a pas d’opposition entre compétences en intelligence émotionnelle et compétences cognitives, mais plutôt « synergie » (renforcement commun). D’ailleurs, les plus performants possèdent les deux à un haut niveau. 

Plus le travail est complexe, plus l’intelligence émotionnelle est importante — ne serait-ce que parce qu’une déficience de ces capacités peut entraver l’utilisation de l’expertise technique ou de l’intellect d’un être.

Daniel Goleman prend exemple : un cadre qui est embauché pour diriger une entreprise familiale à succès. C’est le premier président de l’entreprise qui vient de l’extérieur de l’entreprise. 

Peu après son embauche, un chercheur utilise une méthode d’entretien pour évaluer la capacité du nouveau cadre à gérer la complexité cognitive, et détermine que sa capacité est la plus élevée — un « niveau 6″, autrement dit quelqu’un de suffisamment intelligent pour pouvoir être, théoriquement, PDG d’une entreprise mondiale ou dirigeant d’un pays. 

Au cours de l’entrevue, la conversation se dirige vers la raison pour laquelle il a dû quitter son emploi précédent. Or, il se trouve qu’il avait été licencié parce qu’il n’avait pas réussi à faire face à ses subordonnés. 

Voici ce que raconte le chercheur ayant mené l’étude :

« C’était un déclencheur émotionnel pour lui. Son visage est devenu rouge et rouge, il a commencé à agiter les mains — il était clairement agité. Il s’est avéré que son nouveau patron — le propriétaire de l’entreprise — l’avait critiqué ce matin-là pour la même chose, et il a continué à dire à quel point il était difficile pour lui de faire des remontrances à des employés peu performants, surtout lorsqu’ils étaient dans l’entreprise depuis longtemps. (…) Alors qu’il était si contrarié, sa capacité à gérer la complexité cognitive — à la raison — s’est effondrée. » (L'intelligence émotionnelle 2, Chapitre 2)

Que faut-il en retenir ? Que les émotions incontrôlables peuvent rendre les gens intelligents stupides ! 

Ou comme l’a déclaré Doug Lennick, vice-président chez American Express Financial Advisors :

« Les aptitudes dont vous avez besoin pour réussir commencent par la puissance intellectuelle — mais les gens ont aussi besoin de talents émotionnels pour obtenir le plein potentiel de leurs talents. La raison pour laquelle vous n’obtenez pas le plein potentiel des gens est l’incompétence émotionnelle. » (L'intelligence émotionnelle 2, Chapitre 3)

Le cadre de la compétence émotionnelle

Le grand fossé des compétences se situe entre l’esprit et le cœur ou, plus techniquement, entre la cognition et l’émotion. 

Certaines compétences sont purement cognitives, telles que le raisonnement analytique ou l’expertise technique. 

D’autres combinent la pensée et le sentiment ; on peut appeler ces « compétences émotionnelles ».

Une compétence émotionnelle est une capacité apprise basée sur l’intelligence émotionnelle qui se traduit par une performance exceptionnelle au travail. Il y a de nombreux chemins vers l’excellence. 

Compétences personnelles

Il existe 25 compétences émotionnelles de base qui se divisent en 5 catégories. 

Les 3 premières catégories contiennent des compétences personnelles, qui déterminent la façon dont nous nous gérons :

Conscience de soi : connaître ses états internes, ses préférences, ses ressources et ses intuitions. Les compétences de conscience de soi comprennent la conscience émotionnelle, l’auto-évaluation précise et la confiance en soi.

Autorégulation : gérer ses états internes, ses impulsions et ses ressources. Cette catégorie comprend la maîtrise de soi, la fiabilité, la conscience, l’adaptabilité et l’innovation.

Motivation : tendances émotionnelles qui guident ou facilitent l’atteinte des objectifs. Les compétences en matière de motivation comprennent la motivation, l’engagement, l’initiative et l’optimisme.

Compétences sociales

Les deux dernières catégories contiennent des compétences sociales, qui déterminent la façon dont nous gérons les relations : 

Empathie : Prise de conscience des sentiments, des besoins et des préoccupations des autres. Les compétences en matière d’empathie comprennent la compréhension des autres, le développement des autres, une orientation vers le service, l’exploitation de la diversité et de la conscience politique.

Aptitudes sociales : aptitude à induire des réponses souhaitables chez les autres. Cette catégorie comprend l’influence, la communication, la gestion des conflits, le leadership, le catalyseur de changement, la création de liens, la collaboration et la coopération, et les capacités d’équipe.

Chapitre 3 — Vive les compétences douces

Une étude citée par l’auteur évalue l’importance des compétences émotionnelles pour les postes de cadres et de direction dans les entreprises. La recherche est menée auprès de15 entreprises mondiales — dont IBM, Pepsico et Volvo — et les résultats ont été époustouflants.

Une seule capacité cognitive distingue les stars performers de la moyenne : la reconnaissance des modèles, à savoir la pensée « vue d’ensemble » qui permet aux dirigeants de synthétiser efficacement une foule d’informations et d’anticiper avec succès les tendances. Mais à cette exception près, la supériorité intellectuelle ou technique n’a joué aucun rôle dans le succès du leadership. 

Au plus haut niveau de la direction, tout le monde a besoin de compétences cognitives, dans une certaine mesure, mais être le meilleur — techniquement parlant — dans leur domaine ne fait pas d’eux un cadre ou un dirigeant hors pair.

C’est plutôt la compétence émotionnelle qui fait la différence cruciale entre les dirigeants médiocres et ceux qui sont excellents. 

Les star performers montrent de plus grandes forces au niveau des compétences émotionnelles, parmi lesquelles :

L’influence ;

Le leadership d’équipe ;

La conscience politique ;

La confiance en soi ;

La motivation pour la réussite. 

En moyenne, près de 90 % de leur succès en leadership était attribuable à l’intelligence émotionnelle.

En résumé : quel que soit le domaine considéré, la performance des cadres et des dirigeants dépend d’abord et avant tout des compétences émotionnelles. Pour exceller dans ces positions, elles sont indispensables.

Partie 2 — Intelligence Emotionnelle 2 : La maîtrise de soi

Chapitre 4 — Le gouvernail intérieur

La capacité à lire dans les sentiments d’autrui (et en soi-même) a des racines évolutives gravées dans l’histoire de l’espèce. 

Les zones du cerveau impliquées dans ces « intuitions » sont en fait beaucoup plus anciennes que les minces couches du néocortex, qui sont les centres de la pensée rationnelle qui se trouvent au sommet du crâne.

Ces sentiments « instinctifs » font partie des centres émotionnels qui se trouvent physiquement dans la partie supérieure de la moelle épinière et en particulier dans l’amygdale, une structure en forme d’amande composée de nombreux circuits neuronaux. 

Ce réseau complet, parfois appelé « amygdale étendue », s’étend jusqu’au centre d’exécution des tâches du cerveau caché au sein des lobes préfrontaux, juste derrière le front.

Le cerveau stocke différents aspects d’une expérience dans différentes zones — l’origine d’un souvenir est codée dans une zone, les images, les sons et les odeurs dans d’autres zones, et ainsi de suite. 

L’amygdale est le lieu où les émotions provoquées par ou associées à une expérience sont stockées. Chaque expérience à laquelle nous associons une réaction émotionnelle, aussi subtile soit-elle, sera « codée » dans l’amygdale.

Pour aller plus loin sur ce thème et avoir un point de vue opposé sur le rôle de l'amygdale, voir Le Bug humain.

La source des impressions

En tant que « base de données » contenant tout ce que nous ressentons au sujet de tout ce que nous vivons, l’amygdale nous fournit de nombreuses informations quand nous en avons besoin. 

Chaque fois que nous avons une préférence de quelque nature que ce soit — que ce soit pour commander du risotto plutôt que le bar spécial — ou un sentiment intérieur — par exemple si nous pensons intuitivement que nous devrions prendre ce billet d’avion —, c’est un message de l’amygdale. 

Grâce aux circuits qui sont « branchés » à l’amygdale, et en particulier les voies nerveuses qui courent de l’amygdale jusque dans les viscères, nous pouvons avoir une réponse somatique. 

Autrement dit, nous pouvons sentir, dans notre corps même, les choix auxquels nous sommes confrontés. L’intuition se sent physiquement dans l’estomac ou dans notre « for intérieur ».

Or Daniel Goleman nous donne une bonne nouvelle : cette capacité, dit-il, peut se renforcer avec l’accumulation d’expériences que la vie nous apporte. Le terme classique pour ce renforcement de notre sensibilité directrice est sagesse. 

Comme vous le savez sans doute, les gens qui ignorent ou négligent les messages de ce dépôt de la sagesse de la vie le font à leurs périls.

Conscience de soi — Compétences 

L’intuition ou ce sentiment intime et profond (que les anglophones nomment « gut feelings » c’est-à-dire, littéralement, « sentiments intestinaux ») utilise ce réservoir interne de mémoire émotionnelle caché dans notre amygdale. 

Cette capacité à sentir ce qui se passe en nous est au cœur de la conscience de soi, et celle-ci est la compétence de base vitale pour 3 autres compétences émotionnelles, plus précises :

Conscience émotionnelle : la reconnaissance de la façon dont nos émotions affectent notre performance et la capacité d’utiliser nos valeurs pour guider la prise de décision. 

Auto-évaluation précise : une idée franche de nos forces et de nos limites personnelles, une vision claire de l’endroit où nous devons nous améliorer et la capacité d’apprendre de l’expérience.

Confiance en soi : le courage qui vient de la certitude de nos capacités, de nos valeurs et de nos objectifs.

Chapitre 5 — Le self-control

La conclusion la plus frappante des études sur le cerveau de personnes stressées est que le cerveau émotionnel peut saper le fonctionnement du centre exécutif du cerveau, c’est-à-dire les lobes préfrontaux, situés juste derrière le front. 

La zone préfrontale est le site de la « mémoire de travail », la capacité à prêter attention et à garder à l’esprit toute information qui est importante. La mémoire de travail est vitale pour :

La compréhension ; 

L’analyse ;

La planification ;

La prise de décision ;

Le raisonnement ;

L’apprentissage.

Lorsque l’esprit revient au calme, la mémoire de travail fonctionne mieux. Mais lorsqu’il fait face à une urgence, le cerveau se protège. Ce faisant, il « vole » les ressources de la mémoire de travail et les dirige vers d’autres sites cérébraux afin de garder les sens en alerte. En d’autres termes, il se met en mode « survie ».

Lors d’une situation de stress, le cerveau s’appuie donc sur des routines et des réponses simples et très familières. Il met de côté la pensée complexe, la perspicacité créative et la planification à long terme. L’accent est mis sur le présent à gérer ou sur la crise du moment. 

Ce fonctionnement est vieux de plusieurs millions d’années ! Mais nous continuons à en faire l’expérience aujourd’hui sous la forme d’émotions troublantes, telles que : 

Les soucis ;

L’anxiété ;

La panique ;

Les sentiments de frustration et d’irritation ;

La colère, voire la rage.

Gérer les émotions

La notion de maîtrise de soi émotionnelle ne signifie pas nier ou réprimer ses sentiments réels. En fait, même nos « mauvaises » humeurs ont leur utilité, d’un point de vue biologique.

La colère, la tristesse et la peur peuvent devenir des sources de créativité, d’énergie et de connectivité :

La colère peut être une source intense de motivation, en particulier lorsqu’elle découle de l’envie de redresser une injustice ou une iniquité. 

La tristesse partagée peut tisser les gens ensemble. 

L’urgence née de l’anxiété — si elle n’est pas écrasante — peut propulser l’esprit créatif.

Mais attention ! La maîtrise de soi émotionnelle ne signifie pas « surcontrôle », c’est-à-dire l’étouffement de tous les sentiments et de toute spontanéité. En fait, il y a un coût physique et mental à cette forme de contrainte excessive. 

Les personnes qui étouffent leurs sentiments, et en particulier les sentiments négatifs forts, augmentent leur tension et leur fréquence cardiaque. 

Lorsqu’un tel « couvercle émotionnel » est placé sur les sentiments de façon chronique, celui-ci peut altérer les performances intellectuelles et diminuer la fluidité des interactions sociales. Tout devient alors très compliqué ! 

Par contraste, la compétence émotionnelle implique d’avoir le choix de la façon dont nous exprimons nos sentiments. 

Dans des contextes de travail multiculturels, avec de nombreuses sensibilités différentes, il est particulièrement important de savoir contrôler ses émotions. Une sagesse que les stoïques nous apprenaient déjà…

L’autorégulation — Compétences 

L’autorégulation est la gestion des impulsions ainsi que des sentiments de détresse. 

Elle dépend du fonctionnement des centres émotionnels en tandem avec les centres exécutifs du cerveau dans les domaines préfrontaliers. 

Ces deux compétences primordiales — gérer les impulsions et faire face aux bouleversements — sont au cœur de 5 compétences émotionnelles plus particulières :

Maîtrise de soi : gérer efficacement les émotions et les impulsions perturbatrices.

Fiabilité : faire preuve d’honnêteté et d’intégrité.

Conscience : fiabilité et responsabilité dans l’exécution des obligations.

Adaptabilité : Flexibilité dans la gestion du changement et des défis.

Innovation : être ouvert à de nouvelles idées, approches et nouvelles informations.

Chapitre 6 — Ce qui nous meut 

Les gens qui trouvent leur travail exaltant donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Le Flow 

La clé de cette exaltation n’est pas la tâche elle-même, mais l’état d’esprit spécial créé pendant que nous travaillons, un état appelé « flux » (‘flow “en anglais). Celui-ci pousse les gens à faire de leur mieux, quel que soit le travail qu’ils font.

Cet état s’épanouit lorsque nos compétences sont pleinement engagées — par exemple par un projet de travail qui nous stimule et nous plaît. Le défi nous absorbe tellement que nous ne pensons plus au temps et nous devenons hyperconcentrés. 

Dans cet état, nous semblons tout gérer sans effort et nous nous adaptons avec agilité. Le flux est lui-même un état de plaisir ; c’est pourquoi c’est le facteur de motivation ultime. 

Les activités que nous aimons nous attirent parce que nous entrons dans le flux au fur et à mesure que nous les poursuivons. Lorsque nous travaillons dans cet état, la motivation est intégrée et le travail devient un plaisir en soi.

Le « flow » offre une alternative radicale aux idées largement répandues sur ce qui motive les gens au travail. 

Bien sûr, cela ne signifie pas pour autant que les incitations n’ont pas d’importance. Il y a de la valeur dans les critiques et les promotions, ou encore les primes. Mais les facteurs de motivation externes ne sont pas les plus puissants et ne sont pas suffisants.

Daniel Goleman rapporte une expérience : lorsque des scientifiques demandent de tenir un journal d’activité à des employés pour noter ce qu’ils ressentent, il ressort clairement de cette étude que le bien-être ressenti est lié au plaisir pris à la tâche. 

Les incitations traditionnelles passent donc à côté de l’essentiel lorsqu’il s’agit d’amener les gens à donner le meilleur d’eux-mêmes. Pour atteindre ce niveau, les gens doivent aimer ce qu’ils font et trouver du plaisir à le faire.

Motivation — Compétences 

3 compétences de motivation caractérisent les stars performers : 

Motivation pour les réalisations : s’efforcer d’améliorer ou atteindre un niveau d’excellence.

Engagement : adopter la vision et les objectifs de l’organisation ou du groupe.

Initiative et optimisme : saisir les opportunités et être capable de résilience.

Partie 3 — Intelligence Émotionnelle 2 : Les compétences sociales

Chapitre 7 — Le radar social

Sentir ce que les autres ressentent sans le dire, voilà l’essence de l’empathie. Les personnes nous disent rarement avec des mots ce qu’ils ressentent ; au lieu de cela, ils nous l’indiquent dans le ton de leur voix, dans leur expression faciale et via d’autres expressions non verbales. 

La capacité à détecter ces signaux subtils s’appuie sur des compétences plus élémentaires, en particulier la conscience de soi et la maîtrise de soi. 

En effet, sans la capacité de sentir nos propres sentiments — ou les empêcher de nous submerger — nous serions désespérément hors de contact avec les humeurs des autres.

L’empathie est notre radar social. En l’absence d’une telle sensibilité, les gens sont « absents ». Être émotionnellement sourd conduit à la maladresse sociale, que ce soit à travers une mauvaise interprétation des sentiments d’autrui ou par un manque de tact. 

L’empathie nécessite d’être capable de lire les émotions d’autrui. À un niveau supérieur, elle implique de détecter et de répondre aux préoccupations ou aux sentiments tacites d’une personne. 

Au plus haut niveau, l’empathie consiste à comprendre les problèmes ou les préoccupations qui se cachent derrière les sentiments d’autrui.

Empathie — Compétences 

L’empathie représente la compétence de base pour toutes les compétences sociales importantes dans le milieu professionnel. 

Il s’agit notamment de :

Comprendre les autres : sentir les sentiments et les points de vue des autres et s’intéresser activement à leurs préoccupations. 

Être orienté « service » : anticiper, reconnaître et répondre aux besoins des clients. 

Tirer parti de la diversité : cultiver les opportunités en rencontrant des personnes différentes. 

Être sensibilisé politiquement : être capable de « décoder » les courants politiques et sociaux au sein d’une organisation.

Chapitre 8 — L’art de l’influence 

Influencer l’état émotionnel d’une autre personne est parfaitement naturel ; nous le faisons constamment, soit en « atténuant » soit en « augmentant » les émotions des autres. Ces influences réciproques sont une sorte de virus social qui s’exerce pour le meilleur comme pour le pire.

Cet échange émotionnel constitue une économie interpersonnelle invisible qui fait partie de toute interaction humaine. Toutefois, elle est généralement trop subtile pour être remarquée. 

L’économie émotionnelle est la somme totale des échanges des sentiments au sein de relations déterminées (couple, groupe, société). 

De manière plus ou moins fine, nous nous sentons tous un peu mieux (ou pire) après une interaction. Autrement dit, chaque rencontre peut être pondérée le long d’une échelle allant de l’émotion toxique au sentiment de plénitude. 

Bien que son fonctionnement soit en grande partie invisible, cette économie peut avoir d’immenses avantages pour une entreprise ou pour le ton de la vie organisationnelle.

Quelle que soit l’entreprise, les éléments émotionnels jouent un rôle crucial et l’influence y est bel et bien présente au quotidien. La compétence émotionnelle nécessite d’être capable de se mouvoir aisément dans ses sous-courants émotionnels. 

Les personnes les plus efficaces dans les organisations utilisent naturellement leur radar social pour détecter comment les autres réagissent, et elles affineront leur propre réponse afin de diriger l’interaction dans la meilleure direction.

Aptitudes sociales — Compétences

Ces compétences sociales se divisent en 5 sous-compétences ou aptitudes : 

Influence : connaître et pratiquer des tactiques efficaces de persuasion. 

Communication : envoyer des messages clairs et convaincants. 

Gestion des conflits : négocier et résoudre les désaccords. 

Leadership : inspirer et guider. 

Catalyseur du changement : initier, promouvoir ou gérer le changement.

Chapitre 9 — Collaboration, équipes et le QI de groupe

Qu’est-ce qui fait qu’une équipe est plus performante que la meilleure personne de l’équipe ? 

Cette question est essentielle. Lorsqu’une équipe fonctionne bien, elle augmente le « QI du groupe », c’est-à-dire la somme totale des meilleurs talents de chaque membre de ladite équipe. 

Autrement dit, les résultats ne sont pas simplement additifs mais multiplicatifs, et les meilleurs talents d’une personne se démultiplient pour produire des résultats bien au-delà de ce qu’elle aurait normalement pu faire (ou cru pouvoir faire). 

L’explication de ce phénomène exceptionnel réside dans les relations tissées entre les membres — ou si vous préférez, dans la chimie qui se crée entre les membres.

Daniel Goleman rapporte en effet une étude menée auprès de 60 équipes de travail dans une grande entreprise américaine de services financiers. 

Cette investigation a révélé que le bon fonctionnement d’une équipe était lié à plusieurs facteurs, mais que la dimension qui comptait le plus était l’élément humain — c’est-à-dire la façon dont les membres interagissaient les uns avec les autres et les autres personnes avec lesquelles l’équipe se connectait.

Coordination sociale — Compétences 

Plusieurs compétences des star performers sont enracinées dans les talents humains de base de la coordination sociale : 

Construire des liens : nourrir des relations qui ont du sens. 

Collaboration et coopération : travailler avec les autres pour atteindre des objectifs partagés.

Esprit d’équipe : créer une synergie dans la réalisation des objectifs du groupe.

Partie 4 — Intelligence Émotionnelle 2 : Un nouveau modèle d’apprentissage

Chapitre 10 — L’erreur à 10 milliards de dollars

Aujourd’hui, des millions et des millions de dollars sont gaspillés dans des programmes de formation qui n’ont pas d’impact durable — ou pas d’effet du tout — sur la construction de la capacité émotionnelle. Cela équivaut à une erreur de 10 milliards de dollars. 

La culture de la compétence émotionnelle nécessite une compréhension des principes fondamentaux du changement de comportement. Ce qui n’est malheureusement pas le cas, la plupart du temps. 

Lorsque des chercheurs ont demandé aux entreprises de Fortune 500 pour quelles raisons leurs programmes étaient difficiles à évaluer, la plainte la plus courante était la difficulté à mesurer les compétences transversales telles que les compétences émotionnelles. 

Pour aider à changer cela, le Consortium for Research on Emotional Intelligence in Organizations a été mis en place. Cofondé par Daniel Goleman, il se compose de chercheurs et de praticiens d’écoles de commerce, du gouvernement fédéral, de sociétés de conseil et d’entreprises. 

Le Consortium a étudié la littérature scientifique sur le changement de comportement et a disséqué des programmes de formation particulièrement réussis afin de dégager des lignes directrices. 

Leur but ? Créer de meilleures pratiques en matière d’enseignement des compétences basées sur l’intelligence émotionnelle.

Voici les 14 lignes directrices qui ont été proposées : 

Évaluer le travail. La formation devrait se concentrer sur les compétences les plus nécessaires à l’excellence dans un emploi ou un rôle donné.

Évaluer l’individu. Le profil des forces et des limites de la personne doit être évalué afin d’identifier ce qui doit être amélioré. 

Promettre des évaluations avec soin. La rétroaction sur les forces et les faiblesses d’une personne comporte une charge émotionnelle. 

Mesure de la préparation. Les gens sont à différents niveaux de préparation.

Motiver. Les gens apprennent dans la mesure où ils sont motivés et font de la compétence un objectif personnel pour le changement. 

Rendre le changement autogéré. Lorsque les gens dirigent leur programme d’apprentissage, en l’adaptant à leurs besoins, à leurs circonstances et à leur motivation, l’apprentissage est plus efficace.

Concentrez-vous sur des objectifs clairs et gérables. Les gens ont besoin de clarté sur ce qu’est la compétence et les étapes nécessaires pour l’améliorer.

Prévenir les rechutes. Les habitudes changent lentement, les rechutes et les glissades n’ont pas besoin de signaler une défaite.

Donnez votre avis sur les performances. Les commentaires continus encouragent et aident à diriger le changement. 

Encourager la pratique. Un changement durable nécessite une pratique soutenue à la fois au travail et en dehors. 

Organiser le soutien. Les personnes partageant les mêmes idées qui essaient également d’apporter des changements similaires peuvent offrir un soutien continu crucial. • Fournir des modèles. Les personnes de haut niveau et très efficaces qui incarnent la compétence peuvent être des modèles qui inspirent le changement. 

Encourager. Le changement sera plus grand si l’environnement de l’organisation soutient le changement, valorise la compétence et offre une atmosphère sûre pour l’expérimentation. 

Renforcer le changement. Les gens ont besoin de reconnaissance — pour sentir que leurs efforts de changement comptent. 

Évaluer. Établir des moyens d’évaluer l’effort de développement pour voir s’il a des effets durables.

Chapitre 11 — Meilleures pratiques 

Bien que presque tous les programmes de développement de l’intelligence émotionnelle comprennent au moins quelques-unes de ces « bonnes pratiques », l’auteur note qu’elles bénéficient d’une plus grande puissance lorsqu’elles sont utilisées en combinaison.

Ces 14 lignes directrices offrent un plan précis pour l’enseignement — et l’apprentissage — de l’intelligence émotionnelle. 

Les 14 lignes directrices de l'intelligence émotionnelle en détail

Évaluer le travail. Une question de base doit être posée avant toute formation : que faut-il pour faire ce travail de façon excellente ? 

Évaluer l’individu. L’évaluation idéale doit se faire à 360 degrés (plusieurs perspectives). 

Réaliser les évaluations avec soin. Faire preuve d’empathie, de sensibilité et de délicatesse lors des évaluations. 

Mesurer la préparation. Attendre que les personnes soient prêtes au changement pour les faire agir effectivement. 

Motiver. Plus les gens sont motivés pour apprendre, plus la formation est efficace pour eux. 

Rendre le changement autogéré. Aligner le plan d’apprentissage aux vies, aux intérêts, aux ressources et aux objectifs de ceux qui apprennent.

Se concentrer sur des objectifs clairs et réalisables. Décomposer les objectifs en étapes plus petites offre des défis plus concrets et des succès plus faciles. 

Prévenir les rechutes. Les gens doivent être avertis au début de la formation qu’ils sont susceptibles de vivre de mauvais jours lorsqu’ils reviennent à leurs mauvaises habitudes. Il faut alors leur montrer comment tirer parti de ces rechutes. 

Donner son avis sur les performances. Permettre à chacun de donner son sentiment sur l’apprentissage et de dire où il en est avec lui-même. 

Encourager la pratique. Privilégier la répétition ; refaire, encore et encore. 

Organiser le soutien. Le mentorat peut servir de base pour renforcer la compétence émotionnelle. 

Fournir des modèles. L’imitation va de pair avec la répétition ; c’est en imitant que nous apprenons le mieux. 

Encourager et renforcer. Créer des incitations qui donnent envie d’acquérir les compétences. 

Évaluer. Mesurer de façon objective les avancées et inclure des mesures de rendement au travail.

Partie 5 — Intelligence Émotionnelle 2 : L’organisation émotionnellement intelligente 

Chapitre 12 — Prendre le pouls de l’organisation

Une organisation émotionnellement intelligente doit accepter de se diriger vers des valeurs. La clarté sur les valeurs, l’esprit et la mission d’une organisation conduit à une confiance en soi décisive qui facilite le processus de prise de décision de l’entreprise. 

Autrement dit, un énoncé de mission organisationnelle remplit une fonction émotionnelle : articuler l’idée et donner le sentiment concret que ce que nous faisons ensemble en vaut la peine. 

Par ailleurs, travailler pour une entreprise qui mesure son succès à l’aune de la conformité à ses valeurs — et pas seulement à partir de ses revenus — constitue, pour chaque employé, un facteur d’augmentation d’énergie et d’investissement.

Bien gérer les émotions 

Il peut être très utile de connaître les sentiments de vos collaborateurs. Pourquoi ? Car leurs états émotionnels disent quelque chose de l’état de santé de votre organisation. 

Prenons un exemple : envisagez une division de centrale à gaz chez Petro-Canada, la plus grande entreprise de raffinage de pétrole et de gaz du pays. Il se trouve qu’une vague d’accident eut lieu là-bas durant une époque. 

Voici, après analyse, la conclusion du chercheur :

« J’ai découvert que dans la culture macho de l’industrie pétrochimique, les gars ne reconnaissaient jamais leurs sentiments. Si quelqu’un venait au travail avec la gueule de bois, préoccupé par un enfant malade ou contrarié par une querelle avec sa femme, ses collègues de travail ne lui demandaient jamais comment il allait ce jour-là ou s’il était assez en forme pour être bon au travail. Le résultat est que le gars risque d’être inattentif et de causer un accident. »

En d’autres termes, l’ignorance des émotions au travail a un coût humain. 

En l’occurrence, l’entreprise a lancé une série d’ateliers pour les équipes « afin de leur faire voir que ce qu’ils ressentent a des conséquences — et que c’est important. Ils ont vu qu’ils devaient prendre soin les uns des autres et qu’ils se rendaient service à eux-mêmes en vérifiant comment ils allaient ». 

Suite à ces ateliers, quelques règles ont été mises en place et leur bilan de sécurité s’est amélioré.

Chapitre 13 — Le cœur de la performance

L’argument le plus fort en faveur de l’avantage économique de l’intelligence émotionnelle dans les organisations a été fourni par le chercheur Jac Fitz-Enz, de l’Institut Saratoga, dans le cadre d’un projet parrainé par la Society for Human Resource Management. 

Depuis 1986, l’Institut a recueilli des données auprès de près de 600 entreprises de plus de 20 industries, détaillant les politiques et les pratiques.

Ils ont analysé les meilleures entreprises. Celles-ci ont été sélectionnées en fonction de leur rentabilité, de leurs cycles de ventes, de leur volume et d’autres indices de performance pertinents.

Les 8 pratiques suivantes de gestion des ressources humaines ont été identifiées comme socle commun :

Équilibre entre les aspects humain et financier de l’agenda de l’entreprise.

Engagement clair et stratégie à long terme.

Initiative visant à stimuler l’amélioration des performances.

Communication ouverte et renforcement de la confiance entre les différentes parties prenantes.

Relations ouvertes entre l’intérieur et l’extérieur de l’entreprise 

Collaboration, soutien et partage des ressources.

Innovation, prise de risques et dynamique d’apprentissage collectif.

Passion pour la compétition et l’amélioration continue.

Cette liste est intrigante en raison des similitudes évidentes entre ces pratiques organisationnelles et les compétences émotionnelles qui caractérisent les individus hautement performants.

Toutefois, ces capacités concernent ici l’observation des entreprises les plus performantes et non les individus eux-mêmes. 

Il est donc possible d’en conclure que, tout comme pour les individus, les compétences émotionnelles sont essentielles aux organisations. 

Le succès de toute entreprise repose donc au moins sur la réussite au niveau de 3 domaines : 

Cognitif, dans le sens de bien gérer les connaissances ; 

Technique, c’est-à-dire avoir l’expertise nécessaire dans son champ d’action ; 

Humain, à savoir la mobilisation des compétences sociales et émotionnelles.

Conclusion — Quelques remarques/pensées finales

Il est possible d’enseigner et d’apprendre l’intelligence émotionnelle. Individuellement, nous pouvons ajouter ces compétences à notre trousse de survie au travail. Et c’est plus que jamais nécessaire aujourd’hui ! 

Pour les entreprises de toutes sortes, le fait que les compétences émotionnelles puissent être évaluées et améliorées suggère aussi autre chose : à savoir que la performance — et donc la compétitivité — peut être améliorée. 

L’augmentation du niveau de compétence émotionnelle de la société passe par 3 phases :

Au niveau individuel, chacun peut identifier, améliorer et évaluer son intelligence émotionnelle. 

Du point de vue du groupe, il est possible de générer des dynamiques interpersonnelles qui favorisent l’intelligence émotionnelle collective. 

Au niveau de l’organisation, l’intelligence émotionnelle peut devenir une priorité tant au niveau de l’embauche, de la formation, de l’évaluation des performances et des promotions.

Bien sûr, l’intelligence émotionnelle n’est pas une solution miracle. L’écologie d’une société est extraordinairement complexe et aucune intervention ne peut résoudre tous les problèmes en une seule fois. 

Mais une chose est sûre : si l’ingrédient humain est ignoré, alors il est sûr que les choses ne fonctionneront pas, ou iront de pis en pis. 

Conclusion sur « L’intelligence émotionnelle 2 — Cultiver ses émotions pour s’épanouir dans son travail » de Daniel Goleman :

Ce qu’il faut retenir de « L’intelligence émotionnelle 2 — Cultiver ses émotions pour s’épanouir dans son travail » de Daniel Goleman :

Le secret du succès n’est pas ce que vous avez appris à l’école ! 

Ce qui compte le plus, ce n’est pas l’excellence académique, ni un diplôme d’école de commerce, ni même un savoir-faire technique ou une dizaine d’années d’expérience. 

Ce qui distingue les star performers des autres, c’est l’intelligence émotionnelle. 

Bonne nouvelle ! 

L’intelligence émotionnelle est constituée d’un ensemble de compétences que tout le monde peut acquérir. 

Dans ce livre qui se lit comme un guide pratique, Daniel Goleman identifie une à une ces compétences clés, expose leur importance et montre comment elles peuvent être encouragées. 

Avant d'aller plus loin, retenez donc ceci : plus la position sociale d’une personne est élevée et plus il est probable que l’intelligence émotionnelle soit présente — surtout lorsque les positions requièrent du leadership.

De façon individuelle, c’est l’ingrédient indispensable pour progresser dans n’importe quel domaine, et cela même dans les carrières de haute technologie. 

Mais c'est aussi vrai au niveau collectif : les organisations qui apprennent à fonctionner de manière émotionnellement intelligente sont celles qui resteront en première position sur le marché, aujourd’hui comme demain.

En lisant cet ouvrage, vous comprendrez plus précisément comment fonctionne l’intelligence émotionnelle et pourquoi elle peut être cruciale pour votre carrière. 

Et si vous voulez aller encore plus loin, vous pourrez aussi consulter les nombreuses annexes présentes à la fin du livre !

Points forts :

Un document complet et très bien structuré,

Des pistes d’actions claires pour les individus comme pour les entreprises ;

De nombreuses sources et des explications sur la méthodologie de recherche (dans les annexes, notamment).

Point faible :

Ce n’est pas vraiment un point faible, mais plutôt une impression : si vous pouvez lire l’anglais, lisez plutôt cette version. C’est toujours mieux de consulter le document original !

Ma note :

★★★★★

Le petit guide pratique du livre L’intelligence émotionnelle 2 de Daniel Goleman

Les trois catégories des compétences personnelles :

Conscience de soi : connaître ses états internes, ses préférences, ses ressources et ses intuitions. Les compétences de conscience de soi comprennent la conscience émotionnelle, l’auto-évaluation précise et la confiance en soi.

Autorégulation : gérer ses états internes, ses impulsions et ses ressources. Cette catégorie comprend la maîtrise de soi, la fiabilité, la conscience, l’adaptabilité et l’innovation.

Motivation : tendances émotionnelles qui guident ou facilitent l’atteinte des objectifs. Les compétences en matière de motivation comprennent la motivation, l’engagement, l’initiative et l’optimisme.

Foire Aux Questions (FAQ) du livre L’intelligence émotionnelle 2 de Daniel Goleman

  1. Comment le public a accueilli le livre L’intelligence émotionnelle 2 de Daniel Goleman ?

Ce livre comme le tome 1a été très bien accueilli par le public de par son grand succès. Il devient aussi un peu plus tard un best-seller.

  1. Quel fut l’impact du livre L’intelligence émotionnelle 2 de Daniel Goleman ?

Ce livre a permis à une multitude de personnes d'apprendre à mieux se connaitre et mieux appréhender leurs relations avec les autres conjoints, mais, enfants, collaborateurs.

  1. À qui s’adresse le livre L’intelligence émotionnelle 2 de Daniel Goleman ?

Ce livre s’adresse au commun des mortels.

  1. Quels sont les trois niveaux de réussite sur lesquels repose le succès de toute entreprise ?

Cognitif, dans le sens de bien gérer les connaissances ; 

Technique, c’est-à-dire avoir l’expertise nécessaire dans son champ d’action ; 

Humain, à savoir la mobilisation des compétences sociales et émotionnelles.

  1. Quelles sont les 3 phases de l’augmentation du niveau de compétence émotionnelle de la société ?

Au niveau individuel, chacun peut identifier, améliorer et évaluer son intelligence émotionnelle. 

Du point de vue du groupe, il est possible de générer des dynamiques interpersonnelles qui favorisent l’intelligence émotionnelle collective. 

Au niveau de l’organisation, l’intelligence émotionnelle peut devenir une priorité tant au niveau de l’embauche, de la formation, de l’évaluation des performances et des promotions.

Compétences émotionnelles plus particulières vs Compétences sociales

Compétences émotionnelles plus particulières Compétences sociales

Maîtrise de soi : gérer efficacement les émotions et les impulsions perturbatrices. Influence : connaître et pratiquer des tactiques efficaces de persuasion.

Fiabilité : faire preuve d’honnêteté et d’intégrité. Communication : envoyer des messages clairs et convaincants.

Conscience : fiabilité et responsabilité dans l’exécution des obligations. Gestion des conflits : négocier et résoudre les désaccords.

Adaptabilité : Flexibilité dans la gestion du changement et des défis. Leadership : inspirer et guider.

Innovation : être ouvert à de nouvelles idées, approches et nouvelles informations. Catalyseur du changement : initier, promouvoir ou gérer le changement.

Qui est Daniel Goleman ?

Né à Stockton, en Californie, Daniel Goleman est diplômé du Amherst College. Il a également étudié à Harvard et obtenu un doctorat en psychologie clinique et en développement de la personnalité. C'est là qu'il a rencontré le professeur David Mc Clelland, qui l'a encouragé à écrire sur le QI. Depuis, il est devenu l'un des plus grands experts mondiaux de l'intelligence émotionnelle et donne des conférences dans le monde entier. Il a également voyagé en Inde, où il a appris la méditation, et est membre de l'Institut Mind and Life, qui favorise les rencontres entre la science et le bouddhisme. Il a tenu pendant plusieurs années une chronique scientifique dans le New York Times et a enseigné à Harvard. Son travail souligne l'importance de l'autodiscipline et de la persévérance. Il vit aujourd'hui dans le Massachusetts avec sa femme, la psychothérapeute Tara Bennett-Goleman, et leurs deux enfants.

Avez-vous lu le livre de Daniel Goleman « L’intelligence émotionnelle 2 — Cultiver ses émotions pour s’épanouir dans son travail » ? Combien le notez-vous ?

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Thu, 14 Sep 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12567/Lintelligence-motionnelle-2
Pilotez votre communication : évaluation, indicateurs et tableaux de bord http://www.olivier-roland.fr/items/view/12558/Pilotez-votre-communication-valuation-indicateurs-et-tableaux-de-bord

Résumé de « Pilotez votre communication : évaluation, indicateurs et tableaux de bord » de Thierry Libaert et Jacques Suart : un manuel exhaustif pour savoir comment mesurer vos actions de communication et trouver les indicateurs pertinents dans le nouveau monde numérique.

Thierry Libaert et Jacques Suart, 2019, 194 pages.

Chronique et résumé de « Pilotez votre communication : évaluation, indicateurs et tableaux de bord » de Thierry Libaert et Jacques Suart

Chapitre 1 : Pilotez votre communication - le nouvel environnement de la communication

Les auteurs choisissent de retenir 20 tendances actuelles dans le livre Pilotez votre communication. Parfois contradictoires, qui jouent un rôle dans les politiques de communication des entreprises :

Perte de confiance dans les organisations et pessimisme de la population française ;

Demande de transparence du public vis-à-vis des organisations ;

Poids trop important de la mesure des outils de communication, plutôt que de la mesure des objectifs finaux ;

Spécialisation de la fonction « communication » des entreprises et création d’un domaine d’expertise propre ;

Changement du rôle du « responsable communication » d’une entreprise, davantage intégré à la réflexion sur la stratégie et les résultats de l’organisation ;

Importance nouvelle de la communication de crise, qui devient presque « quotidienne » ;

Modification des identités visuelles des marques, vers plus de simplicité, de rondeurs et d’ouverture ;

Rapprochement de la communication, insistance sur le lien créé avec le client ;

Numérisation des supports et création de nouvelles compétences liées au digital ;

Révolution dans le domaine de la communication financière ;

Augmentation du recours au droit et aux normes dans la communication ;

« Révolution Internet » de la communication et invention d’une nouvelle manière de communiquer ;

Accélération de la communication, réactivité accrue ;

Nouveautés économiques, notamment liées à l’économie circulaire et collaborative ;

Responsabilité nouvelle, recherche de solutions authentiques en dehors du greenwashing ;

Diminution forte des budgets pour l’événementiel et le mécénat ;

Remise en question des fondamentaux de la communication interne ;

Fusions et transformations des services « com » des entreprises ;

Personnalisation de la publicité via l’intermédiaire de la gestion de données ;

Internationalisation de la communication d’entreprise.

  1. L’accélération du temps

Constat

C’est d’abord un constat : les professionnels de la communication — les communicants — considèrent leur métier comme « stressant » et ont l’impression d’exercer un métier de « pompier », courant toujours derrière la dernière crise.

Désormais, les plans de communication ne se font plus sur 5 ans mais annuellement. Le temps leur manque aussi pour simplement planifier correctement leurs actions.

« Le cercle devient donc totalement vicieux. Les communicants n’ont pas le temps de se projeter dans un long terme qui faciliterait leur prise de décision autour d’axes stratégiques délimités. La stratégie cède alors le pas à la tactique, l’instantanéité et la réactivité deviennent les objectifs centraux et, en conséquence, la qualité première exigée du communicant est l’agilité. » (Pilotez votre communication, p. 10)

Assez logiquement, la diffusion des messages va, elle aussi, de plus en plus vite. Nous sommes pris dans une sorte de « zapping communicationnel ». Il faut toutefois noter la stabilité de certains messages de grandes entreprises, telles que :

Coca-Cola et le plaisir ;

McDonalds et la simplicité ;

Danone et la santé par l’alimentation.

Toutefois, beaucoup d’entreprises font trop souvent varier leur message. Il faut y voir une forme de « frénésie de communication » qui est due, notamment, à la généralisation du big data. 

Compréhension

Ce phénomène est structurel, c’est-à-dire qu’il touche l’ensemble du secteur et s’appuie sur des causes profondes de changement. Pour répondre à cette accélération et à cette perte de vue à long terme, les communicants ont développé de nouveaux outils nommés « tableaux de bord de pilotage », qui permet de visualiser un certain nombre d’indicateurs.

Dès qu’un indicateur (par exemple, l’indicateur « responsabilité sociale ») chute, les communicants s’empressent de créer une communication appropriée pour revaloriser cette valeur auprès du public. Et ainsi de suite, sans véritable stratégie rigoureuse derrière.

Internet joue un rôle important dans ce phénomène d’accélération. L’évaluation de la communication peut se faire en temps réel, mais pas seulement. Les bad buzz (critiques de la marque) obligent les professionnels à réagir très vite. La conversation avec le public — sur un maximum de réseaux sociaux — est désormais permanente. D’autres facteurs sont indiqués par les auteurs p. 13-14.

Conséquences

Deux conséquences négatives en termes de réputation peuvent être signalées :

Fragilisation de l’image de marque par la succession de signes et messages différents ;

Perte de visibilité dans le flux constant des messages.

Finalement :

« Il y a un paradoxe actuel dans le décalage entre une communication des organisations qui est à un niveau élevé de professionnalisation et le constat d’une absence majeure de crédibilité de ses discours. » (Pilotez votre communication, p. 15)

Autrement dit, les professionnels de la communication sont de plus en plus nombreux et qualifiés, mais leurs actions ont de moins en moins de valeur et d’intérêt !

Tendances

Les auteurs plaident pour une slow communication. Selon eux, cette approche — qui met en avant la nécessité de retrouver le temps long de la stratégie, notamment pour aborder les questions de responsabilité sociale des entreprises (RSE) — est la plus efficace. 

La slow communication se focalise moins sur la réputation que sur la relation, en cherchant notamment à co-construire le sens et les objectifs pérennes de l’organisation.

La transformation permanente

Face à la transformation permanente des entreprises et des contextes mouvants dans lesquels elles évoluent, la nécessité d’indicateurs de pilotage devient chaque jour plus grande. Les communicants doivent engager des actions de façon précise, en associant le temps court (instantanéité) et le temps long (croissance, pérennité de l’entreprise).

  1. L’impact de l’écosystème

Mettre le client au centre

« Dans le nouvel écosystème, le client occupe la place centrale. La méthode du Net Promoter Score mesure la satisfaction du client (impact, mémorisation, agrément) et l’organisation des directions de communication prend en compte dans chacun de ses grands domaines (…) cet impératif. » (Pilotez votre communication, p. 19)

Fred Reichheld, auteur de The Ultimate Question, est le créateur de cette méthodologie. L’idée est d’évaluer la volonté du client de recommander le produit/service de l’entreprise en lui posant la question suivante, la plupart du temps par mail :

« Quelle est la probabilité que vous recommandiez la marque à un ami ou à un collègue ? »

3 catégories d’utilisateurs peuvent être créées (à partir des réponses de 0 à 10) :

Promoteurs ;

Passifs ;

Détracteurs.

Gérer la complexité

Certains considèrent que cet outil est trop simple. Des entreprises, telles que BNP Paribas, cherchent à aller plus loin en justifiant leur activité devant le public et en cherchant à évaluer l’opinion que celui-ci se fait de la « raison d’être » de l’entreprise. C’est un travail plus complexe qui exige d’autres fonctions, telles que celle de « Directeur de l’engagement ».

Rendre ses audiences actives

La multitude des canaux de communication et la vitesse de propagation des messages (bons ou mauvais) obligent les communicants à faire usage de tableaux de bord pour piloter leur communication. Certains nouveaux indicateurs voient le jour, tels que :

La mesure d’engagement ;

Le taux d’usage réel et de pénétration de l’intranet ;

Le nombre de journalistes qui suivent l’entreprise.

S’ouvrir aux acquis de la recherche

Malheureusement, les travaux universitaires restent globalement imperméables au monde « pratique » de la communication d’entreprise. Pour les auteurs, c’est particulièrement dommageable, car ceux-là pourraient aider ceux-ci, en leur fournissant des informations et des hypothèses établies grâce à des méthodes scientifiques.

  1. La création de valeur au cœur du métier

La création de valeur, notamment via la création de contenu, est au cœur du métier de communicant aujourd’hui. Les consommateurs veulent partager leur avis ; ce qui est logique, puisqu’ils deviennent de plus en plus sollicités pour le faire.

La solution pour communiquer efficacement n’est pas simple, mais elle passe par :

Un ancrage fort, des convictions, du sens (vision, mission, ambition) ;

Une capacité à répondre rapidement et de façon « agile ».

« Il faut communiquer pour croître, se développer et réussir », rappellent les auteurs. Or, cela passe par l’attention au client. La focalisation de certaines directions sur le « process » (gestion, discipline, optimisation des coûts) ne doit pas être l’alpha et l’oméga de la logique entrepreneuriale. 

« Si la conformité aux règles est nécessaire, elle doit également laisser la place à l’imagination et à la créativité. » (Pilotez votre communication, p. 22)

Chapitre 2 : Pilotez votre communication - les nouveaux enjeux

  1. Transformer le lien en relation durable

En réalité, le lien n’est pas seulement le « like » des réseaux sociaux. Celles et ceux qui se bornent à cet indicateur ont la vue trop courte. Cela dit, la multiplication des canaux de communication (réseaux sociaux, blogs, etc.) oblige l’entreprise à travailler avec soin la cohérence de son image et à évacuer aussi vite que possible les « mauvais » messages.

  1. Intégrer les risques

Aujourd’hui, la communication de crise est devenue le pain quotidien des communicants. Mais il faut encore distinguer entre le management des risques et le risque de communication. C’est-à-dire ?

Le management des risques

Nous vivons de manière générale dans une société de plus en plus risquée. Ce « risque croissant » prend forme en communication avec la méfiance croissante du public et la diffusion des fake news, mais aussi avec les dangers liés à la cybersécurité ou les coupes budgétaires qui réduisent les moyens financiers, notamment. Tous ces éléments concourent à accroître le risque d’une communication « ratée ».

Il faut donc apprendre à piloter le risque lorsque vous communiquez. Que vous soyez en train de penser à la cohérence à long terme de la marque ou que vous réagissiez aux derniers inputs des réseaux sociaux, vous devez le prendre en compte.

Bien sûr, il y a des intensités de crise différentes. Et il faut aussi savoir reconnaître les véritables feux de forêt lorsqu’ils apparaissent, afin de sélectionner judicieusement vos interventions. Un bad buzz peut avoir moins d’importance, même s’il prend une tournure virale étonnante, que quelques lignes dans un journal national prestigieux.

C’est notamment au niveau de la responsabilité sociale de l’entreprise que les organisations sont le plus lourdement critiquées. Les ONG environnementales, entre autres, exercent une lourde pression. D’autant plus que celles-ci manient bien l’outil numérique.

En gestion des risques, vous devrez être attentif à ces indicateurs (fournis par Entreprises & Médias) :

Nombre de messages négatifs et portée ;

Poids des contenus négatifs diffusés par les influenceurs ;

Volume et évolution des réclamations ;

Indicateurs RH (taux d’absentéisme, grèves, etc.) ;

Indicateurs RSE ;

Taux de confiance des publics externes et collaborateurs (voir l’encadré dans Pilotez votre communication, p. 32)

Le risque de communication

« La communication en elle-même est devenue une activité à risque », affirme l’auteur. La communication sensible cherche à répondre à ce problème. Il s’agit de prendre en compte les effets potentiellement dévastateurs d’erreurs en apparence anecdotiques. 

Il faut, par exemple, être très attentif à ne pas véhiculer de stéréotypes sexistes. Un simple choix de couleurs rose/bleu (rose pour les filles, bleu pour les garçons) peut soulever une tempête d’indignation et endommager durablement la réputation d’une entreprise.

Pour naviguer dans ces eaux, il faut d’abord chercher à comprendre le contexte dans lequel vous diffusez votre message. Vous pouvez aussi chercher à créer le « choc » ou le « scandale », mais cette approche peut très vite se retourner contre vous.

Pour évaluer la « dangerosité » de votre communication, vous devrez faire des tests. Trois moyens sont mentionnés par les auteurs :

Le prétest, quantitatif ou qualitatif (visant à demander l’avis des consommateurs eux-mêmes — classique, mais onéreux) ;

L’avis des parties prenantes (sous-traitants, etc.) ;

Le test du naïf (avis d’un collaborateur étranger à la campagne de communication — la solution meilleur marché).

  1. Le rôle stratégique et opérationnel de la fonction

La communication est une fonction qui a toute sa place auprès des dirigeants de l’entreprise. La particularité de ce « discours stratégique » est qu’il met en évidence que l’entreprise ou l’organisation est en « transformation permanente ».

Chaque fois qu’un changement s’opère, la communication intervient pour créer la continuité et expliquer, rassurer le public et les parties prenantes. C’est aussi la raison pour laquelle il est compliqué de sous-traiter la communication d’une entreprise ou d’une organisation.

Chapitre 3 : Pilotez votre communication - Les indicateurs de pilotage

Il existe aujourd’hui un grand nombre d’indicateurs de pilotage et le communicant a, en cette matière, plutôt l’embarras du choix. Encore faut-il bien choisir ! 

  1. Une intégration progressive

Mais commençons par voir ce qui a mené à cette situation.

Besoin, pour les communicants d’entreprise, de se justifier en exhibant des résultats concrets, chiffrables ;

Comparaison avec les autres secteurs de l’entreprise, comme le marketing, qui évalue plus efficacement le retour sur investissement ;

Demande forte, de la part de la Direction, de pouvoir agir vite sur la base de données stables ;

Contrôle interne des départements de communication ; 

Évaluation des collaborateurs et création de critères objectifs de rémunération ;

Nécessité de construire des indicateurs innovants, différents de ceux du marketing ou de la presse classique ;

Focalisation sur les résultats obtenus par rapport aux cibles précises visées ;

Demande d’information sur l’état des lieux de la communication en continu.

Face à ces pressions de toutes sortes, les communicants ont développé leurs propres indicateurs, plus ou moins inspirés d’autres disciplines. Le choix d’un indicateur précis dépend bien sûr de plusieurs facteurs et doit évidemment répondre au besoin précis d’évaluation à un moment X. 

Pour se repérer, retenons qu’il existe 4 grands axes à prendre en compte :

Pilotage (évaluer la conduite d’un programme en cours) ;

Anticipation (créer ou adapter une stratégie en fonction de prévisions) ;

Résultat (faire le point sur la réussite ou l’échec d’un programme lorsque celui-ci s’achève) ;

Performance (juger de la qualité et de l’efficience des moyens mis en œuvre.

Les auteurs font état d’une autre manière de distinguer les indicateurs en fonction du type de mesure souhaité. Vous distinguerez alors entre les :

Inputs ;

Outputs ;

Outtakes ;

Outcomes ;

Outflows [voir p. 48).

Dans la fiche pratique proposée p. 49, les auteurs proposent une mesure des objectifs qui ressemble fort à la méthode des objectifs SMART [pour en savoir plus sur cette méthode, voir par exemple la chronique de Le coaching avec la PNL pour les Nuls].

  1. Gérer la complexité

Pour faire face au nombre grandissant d’indicateurs, le communicant doit faire usage de sa raison et bien choisir. Il est préférable d’avoir un nombre restreint d’indicateurs clés [KPI]. Les auteurs conseillent en particulier :

Le Net Promoter Score ;

Le taux d’engagement ;

La contribution à la chaîne de valeur.

Éventuellement complétés avec le :

Pourcentage de couverture média positive ;

Taux de notoriété ;

Taux de notoriété qualifiée parmi les cibles principales ;

Et enfin taux de satisfaction des utilisateurs du site web et des comptes numériques [p. 52].

  1. L’évaluation en question

Il est important de souligner les progrès qui ont été faits en matière d’évaluation des actions de communication depuis une quinzaine d’années. C’est un point positif qui aide les communicants à se professionnaliser et à trouver leur place au sein de l’entreprise.

L’intégration progressive de l’évaluation

Quelles sont les dates clés de la transformation de la communication vers la prise en compte de l’évaluation et des indicateurs ?

1977 : Conférence de James Grunig, l’un des fondateurs des relations publiques modernes, mettant en avant l’importance de l’évaluation.

1993 : Publication d’une feuille de route par Lindenman [société allemande de relations publiques] qui fait référence.

1994 : Publication du Gold paper on evaluation de l’Association internationale des relations publiques.

1996 : Développement d’un modèle original intégrant le retour sur investissement par la Société suédoise des relations publiques.

2010 : Déclaration de Barcelone élaborée par 16 organisations internationales de relations publiques.

L’évaluation, un outil faillible

Pour qu’il soit opérationnel, un indicateur doit d’abord définir clairement son objet. C’est une remarque moins évidente qu’il n’y paraît. En effet, certains critères peuvent s’entendre différemment et il est parfois difficile d’établir clairement ce qui est évalué.

En matière de communication, le retour sur investissement [ROI] est difficilement calculable. Pourquoi ? Notamment car les actions des relations publiques ne rapportent « rien », financièrement parlant, dans l’immédiat. 

Il est donc difficile d’établir un ROI monétaire. Une alternative a été proposée : le Social ROI [SROI] :

« En clair, il s’agit d’estimer la valeur des changements effectués à la suite d’actions de communication. Ainsi, une campagne visant une meilleure alimentation peut déboucher sur des bénéfices en termes de réduction des dépenses de santé. » [Pilotez votre communication, p. 56]

Toutefois, même ces tentatives sont critiquées par certains spécialistes, qui considèrent qu’il est difficile d’estimer objectivement le rapport coûts/bénéfices.

Peut-on croire le palmarès de réputation ?

Les directions d’entreprises sont souvent tentées de se référer à ces mesures que sont les palmarès de réputation. Le baromètre Posternak-La Matrice est l’un des plus connus en France et répertorie, depuis 1990, les 30 plus grandes entreprises françaises.

Les auteurs formulent toutefois 5 critiques :

Variation des classements [parfois grande] en fonction des sources et des données ;

Difficulté à évaluer concrètement, en termes financiers, les valeurs d’image des entreprises ;

Incapacité de ces classements à prendre en compte le secteur des entreprises ;

Prise en compte difficile de l’actualité ;

Existence d’autres facteurs que la communication dans l’image d’une entreprise.

Les obstacles et dérives potentielles

Pour continuer leur analyse, Thierry Libaert et Jacques Suart dressent une liste de 7 erreurs à ne pas commettre si vous voulez utiliser des indicateurs pour mesurer votre communication :

L’indicateur ne doit pas se substituer à l’objectif de la communication ;

Le tableau de bord ne doit pas freiner la créativité en devenant un « carcan réducteur d’innovation et de prise de risques » [p. 59] ;

La volonté de tout chiffrer est inefficace et ne permet pas de rendre compte de certains traits [il est parfois préférable, par exemple, d’utiliser d’autres formes de représentations comme le mapping] ;

Une segmentation trop importante des cibles ;

Le manque de réflexion [souvent par manque de temps] sur les meilleurs outils à employer ;

L’absence de critique sur le tableau de bord et les indicateurs ;

Ne pas voir que le tableau de bord est un objet social à utiliser avec prudence dans ses relations.

Le choix des indicateurs

Le tableau de bord est un « outil de dialogue avec le management et les équipes [qui] permet le reporting pour l’action » [p. 63]. Il est donc important de bien choisir ses indicateurs afin de donner les bons signaux, créer des priorités et donner des pistes pour l’action.

Pour les sélectionner, vous veillerez à réfléchir à ceux qui sont compréhensibles pour votre audience. Ils doivent permettre d’engager la conversation plutôt que de se justifier. Les auteurs conseillent de prendre en compte les 3 éléments les plus critiques de la stratégie d’entreprise pour vous décider.

La présentation du tableau de bord

L’évaluation se faisant omniprésente, les indicateurs concernent chaque phase d’action de communication et non pas seulement le début [conception] et la fin [résultats]. 

Par ailleurs, il faut voir que le tableau de bord s’inscrit lui-même dans un processus en 5 phases :

Plan de communication ;

Choix des indicateurs ;

Mise en œuvre de l’évaluation ;

Synthèse dans le tableau de bord ;

Management de la communication.

Désormais — les auteurs y insistent —, l’évaluation est conçue comme un processus « permanent », « itératif » et « opérationnel ». 

Voici 10 principes pour construire son tableau de bord [Pilotez votre communication, p. 70] :

Intégration au plan de communication ;

Clarté ;

Consistance et exhaustivité [au niveau des champs stratégiques pertinents] ;

Visée opérationnelle ;

Stabilité des indicateurs dans la durée ;

Il doit faire l’objet d’une négociation hiérarchique ;

Et il doit être testé ;

Chaque objectif doit avoir au moins un indicateur de mesure ;

Il doit servir le management et l’analyse des performances individuelles ;

Choix d’indicateurs adaptés.

La présentation en tant que telle

Nous l’avons dit, les tableaux de bord efficaces sont exhaustifs d’un point de vue stratégique [c’est-à-dire n’exclure aucune composante majeure de la stratégie de communication], temporellement définis [avec un passage clair entre avant, pendant et après] et opérationnels [utilisables pour des actions].

Pour rendre cela en termes de visualisation, vous avez plusieurs possibilités. Les auteurs donnent un exemple de tableau constitué de 5 parties p. 73. Ils invitent à faire un usage raisonné des émojis, et des pictogrammes. Ils montrent aussi quelques exemples d’histogrammes et de graphiques :

Camembert ou secteurs ;

Radar ;

Mapping.

Chapitre 4 : Pilotez votre communication - le tableau de bord par grands domaines

  1. Réputation, image et marque

La réputation est l’affaire de tous et pas seulement du département « communication » de l’entreprise. En effet, il est difficile de la mesurer exactement. Celle-ci dépend en premier lieu du produit/service proposé et des valeurs dégagées par l’entreprise, mais aussi de ce qu’en disent vos collaborateurs, les publics, les journalistes, etc.

La marque a une valeur financière qui peut être calculée et qui fait même l’objet de normes (Norme ISO NF 10668). Il est possible d’établir des palmarès des valeurs de marques, comme le fait Interbrand, société spécialisée du domaine. 

  1. L’influence digitale

3 axes doivent être pris en compte :

Évaluation du site Internet ;

Des blogs ;

Et enfin des réseaux sociaux.

L’évaluation des sites Internet

Il faut ici considérer :

les mesures de fréquentation (comptage des visites, notamment) ;

et celles d’audience (avis sur le site, etc.).

Au niveau des mesures quantitatives de fréquentation du web, les hébergeurs offrent gratuitement une série de données brutes qui peuvent déjà se révéler très utiles. Toutefois, vous aurez besoin d’analyses plus fines de votre audience, notamment au sujet de la représentation géographique.

Les mesures qualitatives d’analyse de l’audience servent aux communicants pour savoir quel est le profil des personnes qui visitent le site. Sur ce point vous pouvez, par exemple, vous tournez vers le baromètre e-corporate® de crmmetrix.

L’évaluation des blogs

Les blogs deviennent de véritables sources d’information qui dépassent parfois en nombre de visiteurs les médias classiques. Les entreprises auraient tort de ne pas s’en inspirer et de leur tourner le dos. 

Des doutes sur la façon de construire un business à partir d’un blog ? Découvrez Tout le monde n’a pas eu la chance de réussir ses études !

L’évaluation des réseaux sociaux

Faire votre veille sur les réseaux sociaux peut vous aider à être en prise avec les sujets qui font l’actualité. Sur Twitter, par exemple, une recherche par hashtags vous aidera à trier les sujets qui vous intéressent.

Les réseaux sociaux ne sont pas tous identiques et ne permettent pas d’effectuer les mêmes mesures. Selon le sociologue Dominique Cardon, il faudrait prendre en compte 4 axes d’évaluation en matière de communication numérique :

Popularité (nombre de clics) ;

Autorité (Page rank de Google) ;

Réputation (viralité et retweet) ;

Prédictibilité (données récupérées par les cookies et autres).

  1. La relation presse

Les outils de pilotage de la presse

« Aujourd’hui, l’analyse des retombées presse reste le premier moyen d’évaluation des actions de communication », affirment les auteurs (p. 98). Ils dégagent 3 grands domaines d’étude des médias :

Baromètres récurrents ;

Études ad hoc sur un produit ou un événement précis, ou lorsqu’il y a une crise ;

Veille médiatique.

Il existe différents outils pour étudier, soit les messages diffusés directement par l’entreprise, soit les retombées indirectes (messages non diffusés par l’entreprise elle-même). Ces analyses peuvent être menées de façon qualitative ou quantitative.

Concernant les données quantitatives, Thierry Libaert et Jacques Suart mentionnent les recherches au sujet de :

L’origine de l’émission du message (lorsque celui-ci ne provient pas de l’entreprise ou de l’organisation, il peut être le fait de syndicats, d’associations, d’actionnaires, de journalistes, etc.).

Les données relatives aux articles publiés (type de support, lectorat, rubrique, taille de l’article, impact visuel, titre, nombre de mentions de l’entreprise/organisation dans l’article, etc.).

Les données qualitatives

Quant aux données qualitatives, les auteurs signalent qu’il est possible d’analyser :

La tonalité (plutôt négative ou positive, détectable à partir d’un travail lexicographique réalisé par ordinateur) ;

La tonalité selon les supports, selon les thématiques (finance, commercial, innovation, etc.) ou encore selon les émetteurs (actionnaires, pouvoirs publics, etc.).

Ces données peuvent être compilées et analysées sur plusieurs mois, afin de fournir un graphique de l’image de l’entreprise dans la presse, par exemple (les auteurs fournissent un exemple de graphique de ce genre, p. 105).

En dehors de l’analyse de la tonalité, vous pouvez aussi étudier les données qualitatives suivantes :

Type de support ;

Délivrance des messages ;

Contenu des messages ;

Thèmes des messages.

Vous pouvez également établir un tableau de bord pour vos relations presse. C’est un outil pour les entreprises ou les organisations les plus avancées. Le gouvernement français, par exemple, analyse de la sorte les différents journaux télévisés afin de suivre en temps réel ce qui est dit de ses politiques.

Vous trouverez plusieurs figures et tableaux utiles pour prendre en main ces techniques p. 107-111.

Limites des études médias

Celles-ci sont utilisées très différemment selon les entreprises et les organisations. Quoi qu’il en soit, vous veillerez à ne pas confondre des indices type ODV (occasion de voir) ou UBM (unité de bruit médiatique) avec l’indice GRP (gross rating point), car ce sont des indices différents. Les uns sont utilisés dans le cadre d’un travail journalistique (UBM) et l’autre dans une visée publicitaire (GRP).

Par ailleurs, n’oubliez pas de relativiser le poids des médias dans la construction de l’opinion publique.

  1. La publicité

Deux types de publicités doivent être distingués :

La publicité produit ou service, qui vise à vendre un produit ou un service ;

La publicité institutionnelle, qui vise à « vendre » l’image d’une entreprise ou d’une organisation.

Les méthodes d’évaluation des résultats de ces deux types de campagnes diffèrent.

Les prétests

Ils interviennent en amont de la campagne pour voir si le message est construit correctement, s’il est clair et compréhensible. Il en existe de deux types : qualitatifs et quantitatifs. Sont également vérifiées à cette occasion les qualités techniques de la campagne, ainsi que l’adéquation du spot publicitaire (ou autre) aux objectifs communication globaux de l’entreprise ou de l’organisation.

« Médiascopie » : une méthode originale de prétest

Inventée en 1985, cette méthode permet de savoir en temps réel l’impact d’une communication directe (publicité TV, conférence de presse, etc.). Elle s’appuie sur un échantillonnage de téléspectateurs ou auditeurs qui doivent signaler leur réaction au message qui leur est proposé via une petite télécommande avec un curseur.

En utilisant cette étude dès le prétest, vous pouvez adapter votre message pour le rendre plus performant. 

Les mesures en fin de campagne

Les auteurs parlent de 3 types d’évaluation en fin de campagne, c’est-à-dire en aval de l’effort de communication. Vous pouvez évaluer :

Les résultats obtenus par rapport aux objectifs communication fixés ;

L’audience estimée de la campagne ;

L’aspect technique de la campagne (différents « scores » comptabilisés les uns aux autres).

Les mesures d’audience selon les médias

Les auteurs détaillent ici tout le lexique utile pour comprendre les mesures d’audience utilisées dans la/le :

Presse écrite ;

Télévision ;

Radio ;

Cinéma ;

Affichage ;

Internet.

Thierry Libaert et Jacques Suart abordent également la méthode des trackings, qui permettent de suivre l’évolution de l’opinion beaucoup plus finement, mais à un coût plus élevé.

L’évolution du paysage publicitaire rend la mesure plus délicate

Face à l’explosion des supports, des chaînes, blogs, podcasts, SMS, etc., il devient de plus en plus difficile de suivre en temps réel l’avis positif ou négatif des publics cibles visés par les opérations de communication. 

Comme cela a déjà été dit, il faut aussi être capable de tenir ensemble la personnalisation du message et la cohérence d’ensemble du message. Pas facile, dans ces conditions, de mesurer ses actions avec précision !

  1. La communication interne

Un domaine en pleine évolution

La communication interne, c’est-à-dire dirigée vers les membres de l’organisation ou de l’entreprise (employés, cadres, etc.), a souvent été le parent pauvre de la communication. Tantôt laissée aux ressources humaines, tantôt placées dans les mains des communicants, elle a historiquement peu trouvé les moyens de se développer.

Pourtant, il n’en est plus de même aujourd’hui. La communication interne connaît un nouveau souffle. Parmi les objectifs : créer de l’engagement, améliorer le fonctionnement et satisfaire les attentes du personnel.

Les actions à évaluer

Elles doivent prendre place en fonction des objectifs cités plus haut.

Contribution au bon fonctionnement de l’entreprise : le salarié connaît-il les activités, les objectifs, etc. de l’entreprise ? Les cadres sont-ils en mesure de faire remonter rapidement les informations ?

Répondre aux attentes des collaborateurs : le salarié connaît-il son rôle ? Se sent-il entendu, consulté, respecté ?

Prise en compte des différents acteurs : des dirigeants aux syndicats, quels sont les relations et les réseaux de communication informels ?

Les baromètres d’opinion internes

Ceux-ci sont un classique de la communication interne. Ils peuvent servir à différentes fins : identifier les attentes du personnel, analyser le climat interne, etc. Dans tous les cas, ils doivent :

Être annoncés (les collaborateurs doivent être informés de sa tenue) ;

Être engageants (confidentialité des données, publication des résultats et informations sur les décisions prises en fonction des résultats).

L’étude doit commencer par une phase qualitative avec des entretiens de groupe, puis s’élargir à l’ensemble de l’entreprise via l’émission d’un questionnaire qui sera rempli, de préférence, « au cours d’une réunion consacrée à cet effet pendant les heures de travail » (p. 129).

Si cette solution n’est pas possible, vous pouvez agir :

Par téléphone ;

En réalisant des entretiens face à face ;

Via des e-sondages (par courriel, par exemple).

Chaque solution a ses avantages et ses inconvénients, qui sont détaillés dans l’ouvrage. 

L’analyse du comportement des salariés

Pour que votre analyse soit fine, vous devrez prendre en compte les subtilités des attitudes des personnes. Comme Thierry Libaert et Jacques Suart le soulignent :

« Lorsque l’on arrive dans son entreprise le matin après s’être levé tôt et avoir marché sous la pluie à cause d’une grève ou d’un accident de transport en commun (…), l’esprit n’est pas tout à fait neutre à l’égard des informations de sa propre entreprise. Il convient d’en tenir compte lors des évaluations internes. » (Pilotez votre communication, p. 134)

Typologie des salariés

L’heure n’est plus à la segmentation hiérarchique (cadres, employés, etc.). Désormais, l’évaluation cherche davantage à cerner les différences en termes d’âge, d’ancienneté, de formation ou encore d’attitude.

L’évaluation des performances des outils de communication

Ce type d’évaluation est de plus en plus recherché et se décompose en deux types d’audits :

Audit des médias internes ;

Analyse du lectorat 

L’évaluation des réunions est aussi importante. L’information passe-t-elle bien ? Les participants sont-ils assidus ? Etc.

Vous pouvez aussi mesurer les consultations de l’Intranet. Quelles sont les pages les plus lues ? Qui consulte quoi, et combien ?

Accompagner le changement

Les auteurs citent des audits importants de changement réalisés dans des organismes publics (ou privatisés) tels que :

SNCF ;

RATP ;

La Poste.

Ce sont des études de longue haleine qui font appel à diverses compétences académiques : sociologie, psychologie, etc.

Autres évaluations spécifiques

Voici un tour d’horizon d’autres évaluations qui peuvent être menées au niveau de la communication interne :

Évaluation du réseau de correspondants communication ;

Audit de culture interne postfusion ;

Analyse (et renversement) d’un phénomène de démobilisation.

Utiliser les indicateurs existants

Pour réaliser vos audits internes, vous pouvez utiliser des données ou des indicateurs déjà travaillés par d’autres directions de votre entreprise ou de votre organisation. 

  1. Le mécénat et le sponsoring

Faut-il exclure le mécénat et le sponsoring de la sphère de l’évaluation ? Sont-ce des actions « gratuites », ou tout au moins sans résultat immédiat et clairement évaluable ? Les auteurs ont modifié leur position par rapport à la première publication de l’ouvrage en 2006.

Désormais, ils introduisent le mécénat et le sponsoring dans la sphère de la mesure, en donnant quelques exemples pertinents à l’appui (Institut Pasteur ou sponsoring sportif). 

Dans la suite du chapitre, les auteurs étudient 5 types d’indicateurs ou d’études à effectuer à ce niveau :

Équivalence achat d’espace ;

Notoriété ;

Identité et/ou attractivité ;

Indicateurs économiques ;

Attribution et mémorisation.

  1. L’événementiel

Salons, foires, etc. : un classique qu’il ne faudrait pas oublier à l’heure du tout numérique ! Comment évaluer ces prestations ? Thierry Liebart et Jacques Suart proposent un tableau de bord spécifique pour l’analyse de ces événements (p. 155), ainsi qu’un référentiel de base (p. 156).

  1. La communication de crise

Évaluer l’intensité de la crise afin de la diminuer, voire de revenir à la normale, est fondamental. Les entreprises doivent être attentives au contexte, afin de ne pas investir des ressources si cela n’est pas nécessaire.

Par exemple, certaines communications de crise ratées n’ont pas fait baisser le chiffre d’affaires de certaines entreprises (c’est le cas de Total, après le naufrage de l’Erika, en 1999).

La méthodologie

Si une communication de crise doit être mise en place, alors son tableau de bord devra se dessiner à partir de 3 axes :

Anticipation de la communication de crise (veille stratégique, recensement des crises potentielles) ;

Gestion de la communication de crise (pilotage matériel, pilotage stratégique) ;

Post-crise (retour d’expérience).

La construction du tableau de bord de communication de crise

Les auteurs proposent un tableau exhaustif des stratégies de reconquête de l’opinion (p. 165) qui s’appuie sur 3 objectifs :

Renforcer la proximité avec les élus ;

Répondre aux inquiétudes de l’opinion ;

Retrouver la confiance des parties prenantes.

Conclusion et perspectives

« La nouvelle étape à franchir dans la démarche de professionnalisme de la communication est, sans aucun doute, celle de la maîtrise des méthodes et des techniques d’évaluation de ses performances et de ses résultats. » (Pilotez votre communication, p. 171)

Quelles sont les pistes pour l’avenir ou les enjeux à creuser pour améliorer la pratique des communicants ? Voici les dernières recommandations ou réflexions des auteurs dans Pilotez votre communication :

Appuyer chaque campagne de communication sur l’écoute et la compréhension des autres ;

Intégration des nouvelles technologies de l’information et réflexion sur les changements qu’ils génèrent ;

Permettre le recoupement des informations afin d’améliorer la compréhension des événements ;

Prendre garde aux limites et aux excès en matière d’évaluation dans la communication ;

Mutualiser les études entre entreprises pour faire baisser les coûts de production et obtenir de meilleurs résultats.

Conclusion sur « Pilotez votre communication : évaluation, indicateurs et tableaux de bord » de Thierry Libaert et Jacques Suart :

Ce qu’il faut retenir de « Pilotez votre communication : évaluation, indicateurs et tableaux de bord » de Thierry Libaert et Jacques Suart :

Le message central de Pilotez votre communication est simple : l’évaluation peut entrer dans les directions des communications des entreprises et des organisations de toutes les tailles. Les résultats des campagnes de communication peuvent se mesurer, même si ce n’est pas toujours simple et qu’il faut donc être prudent.

L’ouvrage s’adresse à des professionnels de la communication et vise à les initier à ces questions d’évaluation en leur proposant un cadre théorique et pratique. Même si le propos est général, les exemples et les entretiens qui parsèment le document montrent que la cible est davantage la grande entreprise ou la grande organisation.

Les auteurs n’ont pas reculé devant l’ampleur de la tâche, puisqu’ils traitent de tous les aspects de la communication, depuis la presse écrite jusqu’au numérique, en passant par l’affichage. Il est possible de regretter le manque de précision sur les méthodes de communication digitale, mais la base y est. Difficile de tout intégrer quand on veut aborder autant de sujets !

Points forts :

Un bon équilibre entre la théorie et la pratique ;

Des entretiens avec des experts du domaine ;

De nombreuses adresses utiles et des références de qualité ;

Un lexique pour prendre en main les concepts de base.

Points faibles :

Un livre qui s’adresse plutôt à un public déjà spécialisé ;

Quelques passages redondants.

Ma note :

★★★★

Le petit guide pratique du livre Pilotez votre communication de Thierry Libaert et Jacques Suart

Les deux grands apports du livre Pilotez votre communication :

Savoir comment mesurer vos actions de communication

Trouver les indicateurs pertinents dans le nouveau monde numérique

Foire Aux Questions (FAQ) du livre Pilotez votre communication de Thierry Libaert et Jacques Suart

  1. Comment le public a accueilli le livre Pilotez votre communication de Thierry Libaert et Jacques Suart ?

Ce livre a été très bien accueilli par le public de par son grand succès. Ainsi, il devient un best-seller et un classique indispensable toutes les tailles d’entreprises.

  1. Quel fut l’impact du livre Pilotez votre communication de Thierry Libaert et Jacques Suart ?

Le livre Pilotez votre communication a permis à une multitude de personnes d’avoir un regard beaucoup plus lucide et posé sur la communication et ses axes et surtout comment mieux la piloter.

  1. À qui s’adresse le livre Pilotez votre communication de Thierry Libaert et Jacques Suart ?

Ce livre s’adresse aux marketeurs, aux entreprises et à ceux qui aspirent à faire carrière dans la communication.

  1. Quels sont les deux types de publicités distinctes selon les auteurs ?

La publicité produit ou service visant à vendre un produit ou u service

La publicité institutionnelle visant à vendre l’image d’une entreprise ou d’une organisation

  1. Quels sont les mesures d’audience selon les médias d’après les auteurs ?

Selon les auteurs il y a six mesures d’audience selon les médias

La presse écrite

La télévision

La radio

Le cinéma

L’affichage

L’internet

La présentation du tableau de bord vs Les types d’indicateurs ou d’études

La présentation du tableau de bord Les types d’indicateurs ou d’études

Plan de communication Équivalence achat d’espace

Choix des indicateurs   Notoriété

Mise en œuvre de l’évaluation Identité et/ou attractivité

Synthèse dans le tableau de bord Indicateurs économiques

Management de la communication Attribution et mémorisation

Qui est Thierry Libaert ?

Thierry Libaert, expert français en communication des organisations, est né à Lille en 1959. Il enseigne les sciences de l'information et de la communication à l'Institut d'études politiques de Paris, à l'Université Paris-IV (CELSA), à l'Université de La Réunion et à l'Université catholique de Louvain, où il préside le Laboratoire d'Analyse des Systèmes de la Communication d'Organisation (Lasco). Il est également actif dans divers domaines, notamment en tant que membre du Comité économique et social européen, du conseil d'administration de l'Agence française de normalisation (AFNOR) et en tant que président du comité scientifique de l'association « Communication & Entreprise ». Thierry Libaert a également exercé des responsabilités dans le domaine de la réglementation professionnelle, de la publicité et de la surveillance de l'environnement. Il est également directeur scientifique de l'Observatoire international des crises.

Qui est Jacques Suart ?

Jacques SUART, né le 15 février 1951, est un consultant spécialisé dans la stratégie de communication, la communication de crise et l'image de marque. Il est actuellement président de la société Suart Conseil, fondée en 2016. Bien que le chiffre d'affaires de la société ne soit pas divulgué, Jacques SUART accompagne les entreprises et les organisations dans leurs besoins de communication.

Il a 30 ans d'expérience dans le secteur de la communication, ayant travaillé en tant que directeur de la communication dans de grandes organisations ainsi qu'en agence. Son expérience lui permet d'aider les organisations à développer des stratégies de communication efficaces, à gérer des situations de crise et à renforcer leur image de marque.

Avez-vous lu le livre de Thierry Libaert et Jacques Suart « Pilotez votre communication : évaluation, indicateurs et tableaux de bord » ? Combien le notez-vous ?

Où trouver le livre « Pilotez votre communication : évaluation, indicateurs et tableaux de bord » ?

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Thu, 07 Sep 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12558/Pilotez-votre-communication-valuation-indicateurs-et-tableaux-de-bord
Maîtrisez vos émotions http://www.olivier-roland.fr/items/view/12553/Matrisez-vos-motions

Résumé de « Maîtrisez vos émotions. Guide pratique pour vaincre la négativité et mieux gérer vos émotions » de Thibaut Meurisse : un manuel riche en enseignements sur nos émotions, comment mieux en prendre conscience et les gérer.

Par Thibaut Meurisse, 2021, 260 pages.

Chronique et résumé de « Maîtrisez vos émotions : Guide pratique pour vaincre la négativité et mieux gérer vos émotions » de Thibaut Meurisse

Maîtrisez vos émotions - Introduction

Personne ne nous apprend réellement comment fonctionnent nos émotions, ni nos professeurs, ni nos parents. La société nous enjoint à les réprimer, notamment les émotions négatives. Pourtant, les émotions sont au centre de notre vie et de notre bonheur.

À travers ce livre Maîtrisez vos émotions, l’auteur, Thibaut Meurisse affirme qu’il « vous aidera à :

comprendre la nature des émotions et la façon dont elles affectent votre vie ;

identifier les émotions négatives qui contrôlent votre vie et à apprendre à les surmonter ;

changer votre récit pour mieux contrôler votre vie et vous créer un meilleur avenir ;

reprogrammer votre esprit pour ressentir plus d’émotions positives. » (Maîtrisez vos émotions, p. xii)

L’auteur conseille de lire Maîtrisez vos émotions dans son ensemble au moins une fois puis de revenir et de se concentrer sur les sections que l’on souhaite approfondir. Des exercices sont inclus dans chaque section et vous trouverez également des exercices complémentaires dans la partie annexe. 

Partie 1 – Maîtrisez vos émotions : Définir les émotions

  1. Votre mécanisme de survie

Un penchant pour la négativité

Au début de l’histoire de l’humanité, les êtres humains vivaient en petits groupes nomades. Par la suite, lorsqu’ils ont commencé à devenir de plus en plus sédentaires, ils ont continué à vivre dans des systèmes communautaires où les liens de parenté et de solidarité étaient très forts. 

Ils vivaient le plus souvent dans des environnements très hostiles où ils étaient confrontés à la menace de prédateurs. Face à ces dangers, le cerveau des humains a développé des réflexes de survie presque automatiques. Le stress ressenti dans une telle situation permettait de se protéger en provoquant des réactions comme la fuite ou l’attaque. 

Le groupe ou la communauté assuraient une protection essentielle face aux dangers. Être exclu du groupe signifiait se retrouver seul face aux prédateurs et la mort presque assurée.

Ainsi le cerveau humain associe l’inclusion dans un groupe à la protection et le rejet à un danger. 

Bien que nous vivions aujourd’hui dans des sociétés plus sécurisées et plus individualistes, nous continuons à associer le rejet ou la critique à un risque d’exclusion et donc de mort. L’auteur donne l’exemple de personnes qui se focalisent sur une critique négative – par exemple une critique du patron – alors qu’elles ont reçu un grand nombre de compliments par ailleurs. La peur d’être rejeté prend alors le pas sur les évaluations positives.

Mais Thibaut Meurisse précise que :

« La fonction principale de votre cerveau n’est pas de vous rendre heureux, mais d’assurer votre survie. Ainsi, si vous voulez être heureux, vous devez apprendre à contrôler vos émotions au lieu d’espérer que le bonheur vienne à vous naturellement. » (Maîtrisez vos émotions, p. 5)

La dopamine peut nuire à votre bonheur

Lorsque nous effectuons certaines actions qui ont un lien avec notre survie (nous alimenter, faire l’amour, etc.) et la survie de l’espèce, de la dopamine est libérée dans certaines zones du cerveau. Nous ressentons alors du plaisir, parfois intense. Cette sensation nous amène à chercher à renouveler l’action associée au plaisir et donc à continuer à nous alimenter et à tenter de nous reproduire par exemple.

Dans nos sociétés modernes, les spécialistes du marketing et de la psychologie utilisent ce système de récompense de la dopamine. Ils créent des contenus qui stimulent certaines zones de notre cerveau et nous amènent à libérer de la dopamine et donc à ressentir du plaisir.

C’est ainsi que certains deviennent « accros » aux notifications, aux « likes », à leurs smartphones, à la pornographie, etc. Ces addictions peuvent être très dangereuses, notamment lorsqu’elles amènent certains à s’éloigner de besoins essentiels comme boire et manger.

L’adaptation hédonique

Il est faux de croire qu’en réalisant ses rêves, on sera heureux pour toujours. Une fois l’excitation et l’euphorie passées, on cherchera à passer à une nouvelle chose « excitante » (p. 7). 

L’auteur cite une étude très intéressante, réalisée en 1978, sur deux groupes ayant connu un grand changement de vie un an auparavant.

Un groupe était constitué de personnes qui venaient de gagner au loto.

L’autre groupe était constitué de personnes qui étaient devenues paraplégiques. 

Un an après ce changement, tous les participants étaient aussi heureux ou malheureux qu’avant. Cette étude montre que les évènements extérieurs n’ont que peu d’effet sur notre niveau de bonheur.

L’auteur cite les travaux de Sonja Lyubomirsky et selon qui :

50% de notre bonheur est déterminé par la génétique ;

40% par des facteurs internes ;

10% par des facteurs externes.

« Ainsi, l’influence des facteurs externes est probablement bien moindre que vous ne le pensiez. Voici ce qu’il en ressort : c’est votre attitude face à la vie qui dicte votre bonheur, pas ce qui vous arrive. » (Maîtrisez vos émotions, p. 8)

  1. L’ego et son fonctionnement

Alors, qu’est-ce que l’ego ?

L’auteur choisit de désigner l’ego comme « l’identité » ou « l’histoire » d’une personne. L’ego se réfère à la perception que chacun a de lui-même. Cette conscience de soi se définit à travers ce que nous ressentons au contact des évènements de notre vie et des jugements que les autres portent à notre égard. 

L’ego se construit dans la comparaison aux autres et il crée de la dépendance aux autres. De plus, l’ego n’est jamais satisfait et cherche à s’alimenter toujours plus. 

Alors, nous pouvons ressentir des émotions négatives lorsque des éléments qui composent notre identité – et auxquels nous sommes attachés – sont critiqués. Il est important de prendre conscience de notre ego afin de ne pas nous soumettre entièrement à nos croyances. Nous pouvons alors éviter de grandes souffrances. 

Le besoin d’identité de votre ego

L’auteur identifie que l’ego a un fonctionnement similaire à celui du cerveau : il cherche à survivre mais aussi à s’accroître ! Pour cela, il a besoin de s’alimenter. C’est ainsi que certaines personnes cherchent à réaliser des actions uniquement dans le but d’obtenir un maximum de reconnaissance et de satisfaire ainsi leur ego. 

L’auteur identifie plusieurs éléments qui alimentent l’ego.

Les possessions matérielles : le capitalisme et le marketing développent beaucoup de techniques pour nous amener à croire que les objets en tout genre que nous possédons (vêtements, voiture, montres, etc.) jouent un grand rôle sur l’image que nous renvoyons aux autres. Si nous en venons à penser que les objets peuvent faire notre bonheur, ceci est problème.

Le corps : les sociétés modernes véhiculent des images stéréotypées des corps considérés comme beaux et séduisants. Ceci nous pousse à croire qu’un beau corps est essentiel au bonheur. Non ! Nous dit l’auteur. Il est possible d’observer son corps avec bienveillance, indépendamment des normes fabriquées par le marketing.

Les relations avec les autres : nous cherchons souvent, à travers nos actions, à obtenir la reconnaissance des autres. Nous utilisons ainsi les autres, d’une certaine manière, pour renforcer notre identité. Cela vaut pour les relations avec les amis et les connaissances, mais aussi, parfois, dans les relations parents-enfants. Certains parents se comportent comme s’ils possédaient leurs enfants et cherchent à renforcer leur ego à travers eux. On peut observer aussi des mécanismes similaires dans les couples.

Les croyances : elles peuvent être de différents types (religieuses, politiques ou métaphysiques). L’attachement à des croyances peut mener certains à être prêts à mourir pour les défendre, ou pire, à tuer ceux qui les contredisent !

Thibaut Meurisse mentionne aussi d’autres objets d’identification tels que la culture, la nationalité, l’âge, l’emploi, le statut social, etc.

Le besoin de l’ego de se sentir supérieur

Pour alimenter son ego, une personne en vient à développer des comportements dérangeants en société tels que :

« colporter des commérages », des critiques négatives sur d’autres, car cela permet de se sentir différent, « meilleur » en quelque sorte ;

chercher à avoir toujours raison, ce qui permet d’affirmer son existence ;

se plaindre, ce qui permet de se donner raison et de donner tort aux autres ;

attirer l’attention sur soi, quitte à commettre des actes répréhensibles.

L’impact de votre ego sur vos émotions

Pourquoi est-il si important de comprendre notre ego ? Et bien, parce que notre ego est à l’origine de beaucoup des émotions négatives que nous ressentons. 

« En remplaçant votre histoire actuelle par une histoire plus valorisante, tout en renonçant à un attachement excessif aux choses, aux personnes ou aux idées, vous pourrez vivre des émotions plus positives. » (Maîtrisez vos émotions, p. 12)

  1. Maîtrisez vos émotions : La nature des émotions

Les émotions que nous ressentons n’ont pas vocation à rester durablement en nous. Elles peuvent apparaître, puis disparaître après nous avoir habités pendant des temps variables. Plusieurs émotions peuvent également cohabiter. L’important est de réussir à les accepter sans se juger et de ne pas s’identifier à elles. Ne nous laissons pas définir par nos émotions !

L’utilité des émotions négatives

Ce ne sont pas les émotions elles-mêmes qui créent de la souffrance, mais la manière dont nous les critiquons.

Considérons plutôt le côté positif des émotions négatives. Elles agissent comme des signaux qui nous permettent de détecter une souffrance, un problème à analyser, des changements à amorcer. 

L’auteur cite les exemples d’Elon Musk et d’Abraham Lincoln qui ont vécu de profonds moments de dépression et de tristesse ce qui ne les a pas empêchés de se retrouver ensuite sur des rails positives ! Les émotions négatives n’ont pas vocation à rester en nous. Un jour, elles disparaissent et votre personnalité peut « briller de nouveau » (p.22).

Cependant Thibaut Meurisse conseille aux personnes souffrant de dépression chronique grave d’aller consulter un spécialiste.

Le côté perfide des émotions

Les émotions qui nous habitent à un moment donné de notre vie colorent toutes les expériences que nous vivons. 

Si nous nous sentons heureux, nous avons tendance à vivre tout ce qui nous arrive de manière positive, y compris des expériences que nous aurions pu ressentir comme désagréables à d’autres moments. 

À l’inverse, si nous nous sentons malheureux, les évènements de notre vie sont teintés d’émotions négatives comme la tristesse, la colère, le ressentiment, l’angoisse, l’exaspération, ou encore la frustration.

« Efforcez-vous de remarquer lorsque de tels évènements se produisent et commencez à déjouer les ruses de vos émotions. Vous pouvez également aller plus loin et noter ces évènements dans un journal. Ce faisant, vous comprendrez mieux le fonctionnement des émotions, et par conséquent, vous serez mieux équipé pour les gérer. » (Maîtrisez vos émotions, p. 23)

Le pouvoir maléfique des émotions

Selon Thibaut Meurisse, les émotions négatives agissent « comme un sort » (p.24), c’est-à-dire qu’elles nous envahissent subitement sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. 

Le problème est que les émotions prennent alors le pas sur la raison. Nous avons beau tenter de nous raisonner, rien n’y fait et nous restons habités par ce ressenti négatif. Ce mécanisme est amplifié quand l’image que nous nous faisons de nous-mêmes est atteinte. Par exemple, une personne qui manque de confiance en elle se sentira vite touchée par une petite critique. 

C’est ainsi que des cercles vicieux d’émotions et de pensées négatives se mettent en place, une émotion en entraînant une autre de la même nature.

Le pouvoir filtrant des émotions

Quels sont les aspects de la vie qui sont atteints par les émotions ? 

Ils sont nombreux, il s’agit notamment de la capacité à :

entreprendre, être créatif, avoir des idées ; 

persévérer ; affronter les obstacles ; sortir de sa zone de confort.

Briser le pouvoir magnétique des émotions

Nous avons vu que les émotions négatives peuvent être un signal intéressant pour nous amener à analyser les causes de notre mal-être et chercher des solutions. Ainsi, les émotions négatives vont et viennent au milieu d’émotions positives et ce processus reste naturel et sain. 

Toutefois, lorsque nous restons prisonniers trop longtemps de cercles vicieux d’émotions négatives, nous devons essayer de briser ce que l’auteur appelle leur « pouvoir magnétique ». Comment faire ?

Thibaut Meurisse conseille de « compartimenter les problèmes et ne pas regrouper des problèmes sans rapport les uns avec les autres » (p.28).  De plus, en examinant précisément ce qui a déclenché une émotion négative, nous pouvons commencer à identifier certains schémas de causes à effets qui se mettent en place. 

Votre point d’équilibre émotionnel

Thibaut Meurisse cite ici deux autres auteurs, Esther et Jerry Hicks, qui ont développé un modèle dans leur ouvrage Demandez et vous recevrez pour expliquer le passage d’émotions négatives à positives. 

Ils distinguent des échelles d’émotions. Ainsi, les émotions qui nous empêchent de passer à l’action, comme la dépression ou le désespoir, sont au bas de l’échelle. Puis la colère signifie un regain d’énergie et d’action. Elle peut être utilisée comme un moteur pour se mettre en marche et créer une dynamique. 

« Chaque fois que vous ressentez des émotions négatives, recherchez des émotions revigorantes. (…) si la colère vous fait du bien, acceptez-la. » (Maîtrisez vos émotions, p. 30)

Émotions et souffrance mentale

Lorsque nous sommes confrontés à un problème dans notre vie, il est contre-productif de lui associer un ensemble de questionnements angoissants et négatifs. Non seulement ils ne nous permettent pas de trouver des solutions, mais en plus, ils créent de la souffrance mentale. 

Et cette souffrance mentale consomme beaucoup d’énergie. Par exemple, lorsque l’on procrastine face à une tâche qui nous semble difficile, la souffrance mentale générée consomme en réalité plus d’énergie que la réalisation de la tâche elle-même. Et nous nous rendons finalement souvent compte que la tâche n’était pas si difficile que cela. Ce qui est problématique, c’est donc la souffrance que nous avons générée à partir de cette tâche à faire.

En réalité, les problèmes n’existent pas

Nous devons arrêter de créer de faux problèmes qui n’existent que dans notre esprit ou pour lesquels nous ne devons pas perdre de temps, car nous ne pouvons pas changer le passé ni prévoir l’avenir.

Partie 2 – Maîtrisez vos émotions : Ce qui affecte vos émotions

Thibaut Meurisse débute cette partie en soulignant la complexité des émotions et des différents facteurs qui les influencent. 

Il distingue deux types d’émotions :

Les émotions naturelles spontanées qui sont liées à nos mécanismes de survie (par exemple la peur qui peut mener à la fuite ou à l’attaque pour se défendre) ;

Les émotions sur lesquelles nous pouvons agir, car elles proviennent de la façon dont nous interprétons ce qui nous arrive, mais aussi d’autres facteurs comme l’alimentation, l’activité physique et cognitive ou encore le sommeil, etc. 

  1. L’impact du sommeil sur votre humeur

Des études ont montré que la quantité et la qualité du sommeil influencent la manière dont nous gérons nos émotions, notre capacité de concentration, notre vigilance et même notre espérance de vie.

Voici quelques conseils donnés par Thibaut Meurisse pour améliorer notre sommeil (p. 38-39) :

faire le noir complet dans sa chambre ;

ne pas utiliser d’appareils électroniques ou alors avec une protection anti-lumière bleue ;

détendre son esprit par exemple par l’écoute d’une musique apaisante ou la lecture d’un livre papier ;

ne pas boire d’eau dans les deux heures précédant le coucher pour éviter d’aller aux toilettes pendant la nuit ;

adopter un rituel du soir qui nous aidera aussi à avoir un rituel du matin.

  1. L’influence du corps sur vos émotions

Langage et posture corporels

Thibaut Meurisse cite les travaux d’Amy Cuddy, psychologue sociale à Harvard Business School. Elle a mené une expérience où elle mesurait les hormones produites par des hommes qui adoptaient certaines postures corporelles.

Les hommes qui adoptent une attitude de puissance produisent des hormones qui augmentent leur vitalité, leur bien-être et leur acceptation du risque. 

À l’inverse, les hommes qui adoptent une attitude de faible puissance produisent moins d’hormones entraînant des sensations de bonheur et sont plus averses au risque.

L’auteur conseille donc de s’efforcer d’adopter des postures corporelles qui génèrent des émotions positives comme sourire, se tenir droit, ou encore manifester une certaine énergie dans ses mouvements.

Les bienfaits de l’exercice physique

De même, des études ont montré que la pratique d’un exercice physique régulier permet de soigner des dépressions avec autant d’efficacité que des antidépresseurs. De manière générale, faire un peu de sport régulièrement peut aussi contribuer à augmenter l’espérance de vie.

Et pas besoin de courir dix kilomètres par jour ! Trente minutes de marche cinq jours par semaine contribuent déjà de manière significative à une amélioration de l’humeur. 

  1. Maîtrisez vos émotions : L’influence des pensées sur vos émotions

La méditation et la visualisation sont des pratiques qui peuvent vous aider à améliorer significativement votre humeur.

À travers la méditation, vous observez les pensées qui surgissent dans votre esprit et vous apprenez à les mettre à distance de manière à diminuer l’impact émotionnel qu’elles ont sur vous. 

À travers la visualisation, vous pouvez visualiser des expériences qui vous amènent des émotions positives.

  1. L’influence des paroles sur vos émotions

Prêtez attention à la manière dont vous vous parlez à vous-mêmes, dont vous exprimez vos souhaits et vos intentions. 

Dites : « je veux », « je le ferai », « absolument », « bien sûr », « aucun problème ». Utilisez des formes positives.

Ne dites pas : « j’espère », « je vais essayer », « je souhaite », « peut-être », « si tout va bien ». N’utilisez pas de formules négatives.

« Les affirmations positives sont des phrases que vous répétez régulièrement jusqu’à ce que votre subconscient les accepte comme vraies. Au fil du temps, elles conditionnent votre esprit à éprouver des émotions positives telles que la confiance ou la gratitude. » (Maîtrisez vos émotions, p. 48)

  1. L’influence de la respiration sur vos émotions

La respiration est absolument essentielle à la vie. Si vous arrêtez de respirer, vous mourez en quelques minutes. 

En pratiquant certaines techniques de respiration, vous pouvez influencer grandement votre humeur et la gestion de vos émotions.

Ralentir la respiration permet de :

soulager le stress ;

augmenter sa conscience et sa sensibilité ;

diminuer l’anxiété et la peur.

Pratiquer une respiration rapide permet de :

se libérer du stress ;

avoir plus d’énergie.

  1. Maîtrisez vos émotions : L’influence de l’environnement sur vos émotions

Que nous le voulions ou non, le contact avec ce qui nous entoure provoque des émotions, que ce soit le contact avec d’autres êtres humains, des animaux, des végétaux, un paysage, des bruits, etc. 

Pour essayer d’améliorer notre bien-être, essayons de maintenir de bonnes relations avec les autres et de vivre dans un environnement agréable et bien organisé. L’auteur indique qu’il développera davantage ces points dans le chapitre 16.

  1. L’influence de la musique sur vos émotions

Des études ont montré que l’écoute de musique contribue à améliorer l’humeur en quelques minutes seulement. La musique peut aussi aider à mieux communiquer et améliorer la qualité de vie en général. 

Thibaut Meurisse précise que chacun est différent. Il nous invite à observer les liens entre différents types de musique et les émotions que nous ressentons. Il nous conseille alors de créer des playlists adaptées à chacune des émotions que nous recherchons : repos, détente, méditation, énergie, etc.

Partie 3 – Maîtrisez vos émotions : Changer vos émotions

Au début de cette troisième partie de l’ouvrage, l’auteur annonce les trois thèmes principaux qu’il traitera :

l’origine des émotions ;

les bienfaits de la pensée positive ;

les limites de la pensée positive et les compléments à apporter pour améliorer la gestion des émotions négatives.

  1. La naissance des émotions

Comment naissent les émotions que nous ressentons ? 

Thibaut Meurisse rappelle la distinction qu’il a déjà faite entre deux types d’émotions négatives.

Tout d’abord, on trouve les émotions négatives spontanées qui sont essentielles à notre survie puisqu’elles conditionnent des réactions qui visent à nous maintenir en vie. Il s’agit par exemple de la peur que nous éprouvons face à un danger. L’auteur ne s’attarde pas sur ces émotions essentielles.

En second lieu, on peut distinguer les émotions négatives que nous créons dans notre esprit. 

L’enjeu ici est de répondre à la question suivante : à travers quel processus générons-nous des émotions négatives qui peuvent nous envahir durablement ?

L’auteur distingue trois mécanismes qui s’enchaînent.

L’interprétation qui est très souvent liée à l’histoire personnelle de chacun et aux attentes créées à un moment donné. Face à un même évènement, deux personnes peuvent réagir très différemment. Par exemple, la pluie fera le bonheur d’un agriculteur et le malheur d’une famille qui prévoyait de se baigner. 

L’identification qui consiste à se définir à travers une émotion que l’on ressent à un moment donné. Or, l’auteur le rappelle, les émotions ont vocation à être passagères et à se modifier ! Ce n’est pas parce que vous vous sentez envahi par la tristesse à un moment donné que vous êtes triste en permanence.

La répétition qui consiste à s’accrocher à une émotion négative, par exemple le ressentiment que l’on éprouve envers un ami. Essayez de lâcher prise de cette émotion négative dès le début, ne la laissez pas vous habiter !

La combinaison et l’enchaînement de ces trois mécanismes (interprétation, identification, répétition) créent une émotion négative intense, durable et envahissante.

Pour réduire le pouvoir des émotions négatives, essayez d’identifier, à chaque étape, les mécanismes à l’œuvre.

Quels sont les évènements qui ont eu lieu et quelles ont été vos pensées ? 

Quelle a été votre réaction face à ces pensées ?

Avez-vous répété ces pensées à différents moments ?

  1. Maîtrisez vos émotions : Changer votre interprétation

La manière dont nous interprétons des évènements est étroitement liée à notre histoire de vie personnelle. Notre culture d’origine, notre famille, la société dans laquelle nous évoluons ou encore nos fréquentations influencent grandement nos opinions et nos manières de voir le monde.

Ainsi pour comprendre les interprétations que nous réalisons, Thibaut Meurisse nous conseille d’analyser nos points de vue. Quels sont-ils et sont-ils si immuables que nous le croyons ? Notre bonheur passe-t-il vraiment par le respect de toutes ces normes que nous énonçons au sujet par exemple du mariage, de la bonne santé, ou encore de l’argent ? 

En examinant attentivement ces normes que nous avons tendance à ne jamais questionner, nous nous rendrons compte que certaines ne nous correspondent pas et que nous pouvons les revisiter ou les voir autrement. Nous serons ainsi mieux armés pour faire face aux nécessaires aléas de la vie qui surgiront et pour y répondre. Nous pourrons alors saisir ces imprévus comme des opportunités pour avancer plutôt que de créer des blocages.

  1. Se libérer des émotions

L’éducation nous apprend le plus souvent à réprimer nos émotions négatives telles que la colère, la peur, la frustration ou la tristesse. Cependant, en faisant cela, nous bloquons ces énergies délétères à l’intérieur de nous-mêmes. 

Que se passe-t-il alors ? Nous continuons à entretenir le sentiment de ne pas être performant ou compétent par exemple, de ne pas « être assez bien » pour satisfaire certaines exigences sociales.

Comment nous libérer de nos émotions négatives ? 

Thibaut Meurisse nous conseille de suivre différentes étapes.

Observez les cycles émotions/pensées/interprétations avec détachement. Pour cela, prêtez attention aux signaux que votre corps vous envoie, prenez le temps de les ressentir et de les accepter. 

Caractérisez vos émotions avec précision. Plutôt que de dire « je suis triste », dites plutôt quelque chose comme « je me sens triste en ce moment et cela est certainement lié à tel évènement ».

Libérez-vous des émotions néfastes et des croyances qui y sont attachées, par exemple l’idée qu’il faut travailler beaucoup pour se sentir fier et être performant ou encore l’idée qu’il faut contrôler le résultat de ses actions.

« J’avais régulièrement l’impression de ne pas être assez performant. Par conséquent, je pensais que je devais travailler plus dur. Cette conviction m’a conduit à créer des listes d’objectifs quotidiens impossibles à atteindre, même en travaillant du matin au soir. Je n’atteignais pas souvent mes objectifs, ce qui renforçait la conviction que je n’étais pas assez doué. En réalisant que ce n’était qu’une histoire, j’ai commencé à abandonner cette croyance. Après ça, j’ai remarqué que j’étais presque aussi productif, mais sans avoir besoin de lutter et de me sentir stressé. C’est un problème sur lequel je travaille toujours, mais ce processus m’a beaucoup aidé. » (Maîtrisez vos émotions, p. 78)

Pour finir, Thibaut Meurisse expose le principe de la Méthode Sedona de Hale Dwoskin qui préconise trois façons de se libérer de ses émotions : les laisser partir ; les autoriser à exister ; les accueillir. 

  1. Conditionner l’esprit pour générer des émotions positives

Pour rappel, les émotions et les pensées se font écho et s’alimentent mutuellement à l’intérieur de cycles. Par exemple, le fait de croire que l’on est incompétent génère des émotions négatives comme la honte et la culpabilité, qui, à leur tour, attireront des pensées qui renforceront ces émotions et ainsi de suite. Ainsi, vous vous souviendrez régulièrement d’échecs passés et vous vous focaliserez sur les choses pour lesquelles vous vous croyez incompétent. 

Ces cycles d’émotions et de pensées créent à leur tour des blocages qui empêchent de passer à l’action pour améliorer sa vie. Et voilà comment, en vous croyant incompétent à tort, vous ne demanderez pas de promotion. 

En vous concentrant sur ce que vous voulez et en cherchant des moyens pour générer des énergies positives (enthousiasme, excitation, passion), vous arriverez à réaliser beaucoup plus de choses que ce que vous croyez !

Pour faire le plein de pensées positives :

célébrez quotidiennement vos petites victoires ;

traitez-vous avec compassion et respect ;

reconnaissez vos points forts.

Pour vous entraîner à éprouver plus d’émotions positives, vous pouvez utiliser le même schéma d’identification des émotions négatives déjà présenté : interprétation + identification + répétition = émotion puissante.

Thibaut Meurisse apporte alors quelques exemples de stratégies à réfléchir et à mettre en place pour éprouver certaines émotions comme la gratitude, l’enthousiasme, la confiance/certitude, l’estime de soi ou encore l’esprit de décision.

Mais attention à ne pas vouloir mettre en œuvre trop de changements à la fois ! Commencez petit et allez-y progressivement. « N’oubliez pas que la maîtrise de vos émotions est un travail de longue haleine » (p. 92).

  1. Maîtrisez vos émotions : Changer vos émotions en modifiant votre comportement

Thibaut Meurisse nous prévient. Il n’est pas toujours aisé de substituer une émotion négative par une positive, notamment lorsqu’il s’agit d’émotions liées à des chocs profonds comme une dépression sévère ou le deuil d’un être cher. 

Toutefois, il existe encore un autre biais pour changer ses émotions : votre comportement. Le changement peut alors opérer très rapidement, comme dans le cas d’une colère légère que l’on calme en se concentrant sur une tâche précise. 

Ce processus de transformation des émotions par le comportement peut aussi prendre des mois, voire des années, s’il s’agit d’émotions qui vous habitent plus durablement. Persistez, vous finirez par voir les résultats !

  1. Changer vos émotions en modifiant votre environnement

Votre environnement est constitué notamment par les activités dans lesquelles vous investissez du temps et les personnes qui vous entourent, notamment celles avec lesquelles vous avez le plus d’interactions. 

Observez et analysez les éléments qui composent votre environnement. Lorsque vous êtes en contact avec eux, comment vous sentez-vous ? Est-ce vous ressentez un regain ou, au contraire, une baisse d’énergie ?

En réalisant ce travail, vous pourrez choisir de vous concentrer davantage sur ce qui vous procure du bien-être et laisser de côté, voire carrément, vous séparer des personnes et des habitudes qui vous tirent vers le bas.

Thibaut Meurisse cite quelques exemples d’habitudes souvent toxiques. C’est notamment le temps passé :

devant la télévision ou des vidéos, car ce sont des activités passives ;

sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter, etc.), car ils risquent d’accroître la dépendance au jugement des autres pour l’estime de soi ;

avec des personnes négatives et qui se plaignent fréquemment.

Le fait de laisser des projets inachevés est aussi une source d’angoisse. Votre esprit se trouve alors comme « encombré » par trop « d’onglets ouverts » (p. 99). 

  1. Des solutions à court et à long terme pour gérer vos émotions

Dans cette partie, l’auteur, Thibaut Meurisse, fournit « un ensemble d’exercices et de techniques pour mieux gérer vos émotions » (p. 100).

Parmi les solutions à court terme, voici quelques exemples.

Modifier son état émotionnel : se distraire ; bouger ; écouter de la musique ; crier ; agir pour faire ce que l’on doit faire (que l’on en ait envie ou non).

Prêter attention à ses émotions : écrire – avec précision – ses préoccupations et les évènements qui ont généré une émotion ; recueillir un point de vue extérieur en discutant avec un ami.

Se détendre : se reposer ; utiliser des techniques de respiration ; relâcher ses muscles ; voir les problèmes comme des signaux pour chercher des solutions et aller mieux.

Voici des exemples de solutions à long terme.

Analyser ses émotions négatives : identifier « l’histoire » qui se trame derrière les émotions ressenties ; pratiquer la méditation ; se concentrer complètement en réalisant une activité.

S’éloigner de la négativité : changer d’environnement ; supprimer les activités qui ne sont pas productives, qui n’apportent rien.

Conditionner son esprit : créer des rituels ; faire du sport.

Augmenter son énergie : mieux dormir ; mieux manger.

Demander de l’aide : pour surmonter des problèmes profonds comme une dépression.

Partie 4 : Maîtrisez vos émotions : Utiliser vos émotions pour vous épanouir

Dans cette quatrième et dernière partie, Thibaut Meurisse expose la manière dont on peut s’appuyer sur ses émotions pour son développement personnel. Rappelez-vous que les émotions négatives n’ont pas vocation à durer et à vous habiter en permanence. Elles vont et viennent et vous pouvez aussi agir sur ce flux.

  1. Maîtrisez vos émotions : Laisser vos émotions vous guider

Prêtez attention à vos émotions le plus possible. Les émotions agissent comme des signaux qui vous indiquent une marche à suivre. Si les émotions sont négatives, analysez ce que vous devez changer pour aller mieux. 

Si vous ignorez les émotions négatives, le problème qui les cause va s’amplifier et deviendra encore plus difficile à gérer. Vous pourriez même rencontrer de graves problèmes de santé comme un épuisement professionnel (burn-out) ou une dépression.

C’est par exemple le cas lorsque vous rencontrez des problèmes avec votre conjoint ou un ami et que vous ne parvenez pas à en parler, ce qui accroît votre mal-être. La même situation peut se produire sur le plan professionnel. 

Améliorer sa conscience de soi est un outil puissant pour mieux gérer ses émotions.

« La conscience de soi est votre capacité à analyser objectivement vos pensées, vos émotions et vos comportements, sans y ajouter votre propre interprétation ou histoire. » (Maîtrisez vos émotions, p. 110) 

Une bonne conscience de soi augmente la curiosité, l’écoute, la prise de responsabilité, la remise en question des croyances.

  1. Écrire vos émotions

Thibaut Meurisse vous invite ici à réaliser l’exercice simple. Prenez quelques instants chaque jour pour noter vos émotions et sentiments en leur attribuant une note sur une échelle de 1 à 10 (1 étant la pire émotion et 10 la meilleure). 

À la fin de la semaine, faites un bilan. 

Analysez les émotions négatives ressenties et les faits concrets auxquels elles étaient liées (évènements extérieurs, manque de sommeil, etc.). 

Observez également comment vous avez interprété les faits et quelles croyances ancrées en vous vous ont amené à ce ressenti. 

Demandez-vous comment vous avez réussi à quitter un état émotionnel délétère pour revenir à un état neutre. 

Et enfin, « qu’auriez-vous pu faire pour éviter ou réduire ces émotions négatives ? »

  1. Ne pas être à la hauteur

Les sentiments de « n’être pas assez + adjectif (intéressant, inspirant, intelligent, etc.) » ou « de ne pas + verbe (travailler, produire, réfléchir, etc.) + assez » sont néfastes pour l’estime de soi et ont dû tuer dans l’œuf beaucoup de rêves. 

Vous n’êtes pas incompétent. En réalité, vous faites même la plupart des choses que vous entreprenez plutôt bien. Mais vous pensez souvent que vous n’êtes pas légitime pour réaliser une action. Vous avez alors tendance à vous focaliser sur vos échecs et vos difficultés au lieu de voir ce que vous faites bien. Cela peut vous rassurer, car vous vous dites que vous n’avez pas besoin « d’être à la hauteur ». Mais cela entretient aussi en vous un sentiment de mal-être.

« Même si le manque d’expérience, d’intérêt ou de talent peut expliquer pourquoi vous ne réussissez pas aussi bien que vous le souhaiteriez dans certains domaines, cela n’a rien à voir avec le fait que vous n’êtes pas suffisamment ‘compétent’. »  (Maîtrisez vos émotions, p. 122) 

Afin de surmonter le sentiment d’incompétence :

identifiez ce qui déclenche en vous vos sentiments d’incompétence ;

gardez une trace de vos réussites, par exemple en créant un « journal de réussites » et en notant tous les compliments que vous recevez ;

apprenez à recevoir les compliments et à les accepter.

Apprenez à prendre confiance en vous !

  1. Maîtrisez vos émotions : Être sur la défensive

Vous êtes sur la défensive lorsque vous ressentez le besoin de vous justifier en permanence ou que vous vous sentez offensé rapidement. Vous vous sentez vite en danger et vous vous voulez protéger votre ego. 

Thibaut Meurisse avance trois raisons pour lesquelles vous éprouvez le besoin de vous défendre.

Ce qu’on vous dit est en partie vrai et vous avez des difficultés à le reconnaître. Cela « déclenche en vous des réactions émotionnelles telles que la colère, le déni ou l’autocritique » (p. 132).

Ce qu’on vous dit sur vous n’est pas vrai, mais vous le croyez à tort et cela vient renforcer l’image dévalorisante que vous avez déjà de vous.

Une de vos croyances fondamentales est attaquée.

L’auteur conseille de chercher à comprendre ce qui nous amène à adopter une posture défensive. Pouvez-vous lâcher prise sur certaines de vos croyances ?

  1. Le stress et l’inquiétude

Le stress peut avoir de très graves répercussions sur la santé et il est à la source de milliers de décès chaque année dans le monde. 

Comment se sentir moins stressé ? 

En évitant les situations stressantes ;

En améliorant sa gestion des situations stressantes.

Comme pour les autres émotions négatives déjà abordées, Thibaut Meurisse conseille de prendre le temps de s’arrêter pour comprendre dans quelles situations naît le stress. Observez les interprétations et les croyances que vous associez à ces situations et demandez-vous si la situation est réellement stressante en soi. 

L’inquiétude, quant à elle, naît du souvenir ou de l’anticipation de situations stressantes. Pour diminuer vos inquiétudes, essayez de les lister. Elles peuvent être liées par exemple à la santé, la situation financière, le travail, les relations, la famille, etc.

Pour mieux gérer le stress, Thibaut Meurisse conseille de répartir les soucis en trois catégories distinctes ce:

que vous contrôlez ;

que vous contrôlez partiellement ;

sur quoi vous n’avez absolument aucun contrôle.

  1. Se soucier du regard des autres

Rappelez-vous que vous êtes la personne la plus importante au monde dont vous devez vous soucier en priorité. C’est avec vous-même en effet que vous vivez en permanence quoiqu’il arrive. « Il est donc normal de vous préoccuper de votre bien-être mental et physique » (p. 142).

Vous avez souvent tendance à surestimer le temps que les autres passent à penser à vous. En réalité, non ils ne pensent pas tant que ça à vous. Tout simplement parce qu’ils sont déjà très occupés à gérer leurs propres problèmes. 

Si vous cherchez à tout prix à obtenir l’approbation des autres et à être aimé du plus grand nombre, vous risquez d’oublier de vous occuper de vos besoins essentiels et de passer à côté de ce qui vous plaît vraiment à vous. 

« Vous n’êtes pas responsable des pensées des autres. En fait, ce que les gens pensent de vous ne vous regarde pas. Votre rôle est d’exprimer votre personnalité de la meilleure façon possible, tout en ayant l’intention la plus authentique. En bref, votre responsabilité est de faire de votre mieux pour être pleinement vous-mêmes. Ensuite, les gens peuvent vous aimer ou non, et c’est très bien ainsi. N’oubliez pas que les personnes les plus influentes telles que les présidents et les hommes et femmes d’État sont souvent détestées par des millions de personnes. » (Maîtrisez vos émotions, p. 144) 

  1. Maîtrisez vos émotions : Le ressentiment

Le ressentiment surgit lorsqu’une personne nous blesse et que nous ne parvenons pas à le lui dire. Nous avons alors tendance à attendre, par exemple, que cette personne comprenne par elle-même ce qu’elle a fait et reconnaisse le tort qu’elle nous a causé. 

Le ressentiment peut aussi apparaître, même après avoir exprimé ses besoins envers l’autre, lorsque l’on ne parvient pas à pardonner et à tourner la page. Nous continuons à penser à ce qui nous a blessé ce qui alimente la blessure en nous. C’est ainsi qu’un cercle vicieux se met en place.

En réalité, Thibaut Meurisse encourage à se débarrasser de cette amertume. La tranquillité d’esprit est plus importante que le besoin d’avoir raison et de se venger ! Pardonner, faire preuve de compassion envers autrui, réévaluer son interprétation peut aider à lâcher prise. 

  1. La jalousie

Nous ressentons de la jalousie lorsque nous aimerions avoir ce que quelqu’un d’autre a et que nous n’avons pas. Encore une fois, il s’agit certainement d’une interprétation erronée de la réalité. Entre ce que nous projetons et ce que nous croyons, il est même possible que nous ayons déjà ce que l’autre a ! 

Mais le sentiment de jalousie souligne avant tout nos manques et notre problème d’estime et de confiance en nous. Si nous analysons précisément ce qui déclenche ce sentiment, nous pouvons aussi agir pour lui faire face. Thibaut Meurisse cite son exemple. En comprenant pourquoi il était jaloux d’une personne qui rencontrait du succès dans le développement personnel, il a compris son propre désir de développer une activité dans ce domaine et il s’est lancé !

L’auteur nous invite à penser plutôt en termes de coopération et de soutien mutuel et nous propose de cesser de nous comparer aux autres. Après tout, nous ne connaissons jamais tous les aspects de la vie d’une personne. Pendant que vous vous concentrez sur les aspects positifs de la vie d’une personne, vous oubliez que cette personne rencontre certainement aussi des difficultés dans certains domaines. Mais surtout, vous oubliez de vous concentrer sur vous-mêmes.

  1. La dépression

L’auteur précise ici qu’il aborde la dépression « non-clinique ». Il distingue trois grands axes selon lesquels elle peut apparaître :

soudainement à la suite d’un choc émotionnel brutal et violent (lié par exemple à un deuil ou une séparation) ;

progressivement dans la dégradation de plusieurs aspects de votre vie (conditions de vie, perte d’un travail, couple, dettes, etc.),

sans raison apparente, mais parce que vous vous rappelez de manière répétitive et incessante les aspects que vous jugez négatifs dans votre vie et les craintes que vous avez concernant votre avenir.

La dépression est souvent créée par les pensées négatives que vous accumulez. Elle conduit à un sentiment de désespoir et d’impuissance : rien ne va plus et rien n’est plus possible.

Mais ne vous culpabilisez pas pour les émotions que vous ressentez. Ne réfléchissez pas trop, essayez plutôt d’agir ! En sortant de chez vous, en faisant des activités, en rencontrant des gens. Vous pouvez aussi faire du sport et méditer. En étant actif ainsi, même sans y réfléchir, vous allez percevoir petit à petit que vous vous reconnecterez davantage à vous-mêmes, à vos émotions, aux autres et à la réalité.

« La dépression est un signe que vous devez vous éloigner de votre esprit – en laissant de côté vos soucis concernant le passé/l’avenir ou votre interprétation de la situation actuelle – et vous reconnecter au moment présent. C’est une invitation puissante à vous détacher de l’identité à laquelle vous vous accrochez depuis tant d’années. C’est cette identité qui vous a amené à céder à la pression sociale : gagner une somme d’argent particulière, adopter un style de vie spécifique ou développer un certain statut social. La dépression vous invite à vous reconnecter à votre corps et à vos émotions tout en sortant de votre tête. » (Maîtrisez vos émotions, p. 165) 

  1. La peur de prendre des risques

Nous avons plus tendance à chercher à nous sécuriser et à rester dans notre zone de confort qu’à prendre des risques. Beaucoup de peurs plus ou moins conscientes nous empêchent alors de vivre pleinement notre vie. Par exemple, c’est par peur que nous n’allons pas vers des personnes qui nous attirent et qui nous correspondent ou encore que nous restons dans un poste de travail qui nous ennuie profondément. 

Comme pour les autres émotions, si nous écoutons et reconnaissons pourquoi et de quoi nous avons peur, cela peut nous donner la clé pour avancer dans notre vie et prendre les bonnes décisions. 

Nous avons tous, et même à l’âge adulte, une grande capacité à apprendre. Il suffit d’accepter de sortir de sa zone de confort de temps en temps. Cela ouvre des portes pour gagner confiance en soi et avancer dans le chemin qui nous correspond le mieux.

« Pour sortir de votre zone de confort, demandez-vous : ‘Quelle est la chose que je devrais faire, mais que je repousse constamment par peur ?’ Une fois que vous aurez fait cette chose, vous éprouverez probablement un sentiment de fierté et vous vous sentirez pleinement vivant. » (Maîtrisez vos émotions, p. 172) 

  1. La procrastination

La procrastination correspond à l’action de retarder la réalisation d’une action prévue, de la remettre à plus tard. Derrière la tendance à procrastiner se cache souvent un problème de gestion de ses émotions comme la peur d’échouer, le manque de confiance en soi et d’estime de soi. Le fait de ne pas être à sa place, de se sentir contraint de réaliser des tâches ennuyeuses peut aussi expliquer cette tendance.

La procrastination est coûteuse émotionnellement. Elle génère stress, angoisse et inquiétude. Lorsque nous procrastinons, nous avons l’impression de gérer en permanence une multitude de fenêtres ouvertes et de ne jamais rien terminer. 

L’auteur affirme également que la procrastination « peut vous conduire à :

ne pas vivre la vie que vous voulez ;

ne pas réaliser vos rêves ;

avoir une faible estime de vous et vous sentir coupable et malheureux. » (p. 174)

Thibaut Meurisse vous propose alors un processus en 16 étapes pour surmonter la procrastination parmi lesquelles on trouve notamment :

comprendre et analyser ce qui se cache derrière la procrastination, identifier les raisons ;

garder à l’esprit le coût de la procrastination ;

identifier ses techniques de distraction ;

noter précisément ce que l’on fait et le temps passé à chaque tâche ;

préparer son environnement pour les tâches planifiées ;

fractionner les tâches avec des objectifs réalisables et concentrez-vous sur des actions à impact positif rapide ;

agir, se lancer !

cultiver de bonnes habitudes quotidiennes.

  1. Le manque de motivation 

La passion rime avec la motivation. Si vous n’êtes pas motivé, c’est que vous avez le sentiment de ne rien faire de passionnant. Prenez le temps d’analyser pourquoi et d’explorer votre personnalité. Quels sont vos points forts et vos valeurs et quels types d’activités pourraient vous permettre de les déployer et de les valoriser ?

Vous pourriez aussi manquer de motivation, car vous ne définissez pas vos objectifs et votre vision personnelle d’une manière qui vous touche émotionnellement, et donc qui vous inspire. 

Gardez en tête qu’il est tout à fait normal de ne pas se sentir motivé et inspiré en permanence. La motivation va et vient. Pour vous aider à agir lorsque la motivation vient à manquer, instaurez une routine et gardez bien en tête vos objectifs. La discipline et l’organisation vous permettront de réaliser les choses qui doivent être faites même si vous n’en avez pas envie. 

Cependant, ne vous culpabilisez pas si vous n’arrivez pas à faire tout ce que vous pensez devoir faire ! Réévaluez vos objectifs et réorganisez la liste des tâches et des priorités.

Lorsque vous êtes bloqué, concentrez-vous pour terminer des cycles de tâches que vous aviez laissé ouverts les uns après les autres. Vous vous sentirez alors soulagé et vous pourrez enclencher une dynamique positive ! 

Conclusion

Thibaut Meurisse conclut son ouvrage Maîtrisez vos émotions en rappelant son message central.

Vos émotions ne vous définissent pas, elles vont et viennent. Vous n’êtes pas une personne « triste » ou « en colère » pour toujours.

Vous continuerez à éprouver des émotions négatives tout au long de votre vie et c’est normal.

Mais vous avez le pouvoir de vous changer et de changer votre environnement pour entrer dans une dynamique globale qui vous amènera à ressentir plus d’émotions positives.

Conclusion sur « Maîtrisez vos émotions : Guide pratique pour vaincre la négativité et mieux gérer vos émotions » de Thibaut Meurisse : 

Un manuel riche en enseignements sur nos émotions :

Voici un guide stimulant, limpide et facile à lire qui nous amène à comprendre et à réfléchir à ce qui déclenche et alimente des émotions négatives en nous et qui nous incite aussi à agir pour faire face à ce phénomène. Les émotions vont et viennent et ne sont pas destinées à rester durablement en nous. Nous pouvons aussi agir pour favoriser des émotions positives !

L’ouvrage est structuré en quatre parties qui offrent une progression depuis la compréhension jusqu’à l’action. Des citations de penseurs ou hommes et femmes célèbres ouvrent ou agrémentent chacune des sous-parties. Puis l’auteur expose une idée générale qu’il accompagne ensuite d’exemples clairs et d’exercices qu’il a concoctés. Un grand cahier d’exercices final est également proposé à la fin de l’ouvrage. Des références à d’autres auteurs de développement personnel sont aussi mobilisées.

Ce qu’il faut retenir de « Maîtrisez vos émotions : Guide pratique pour vaincre la négativité et mieux gérer vos émotions » de Thibaut Meurisse :

L’auteur propose dans Maîtrisez vos émotions, une formule frappante qui nous permet de saisir rapidement comment des émotions négatives fortes peuvent venir nous habiter durablement. Il résume cette formule ainsi : interprétation + identification + répétitions = émotions puissantes. 

Tout au long de l’ouvrage, cette formule est rappelée. L’auteur montre comment elle agit en arrière-plan de différentes situations pour expliquer le surgissement des émotions.

Cette formule permet aussi de comprendre comment on peut faire face à ses émotions négatives. Ainsi, en étant attentif aux différentes étapes qui mènent à leur surgissement, en décrivant les contextes dans lesquels elles apparaissent, il est possible d’en relativiser un grand nombre. Discuter avec quelqu’un de confiance, méditer, écrire, faire du sport sont aussi d’autres moyens – parmi les nombreux proposés par l’auteur – de prendre de la distance vis-à-vis de ses ressentis négatifs. 

Ainsi, on libère de la place pour plus d’émotions positives, augmenter son bien-être, sa vitalité et son envie d’agir !

Les points forts et les points faibles du livre Maîtrisez vos émotions

Maîtrisez vos émotions - Points forts :

Une écriture claire et efficace qui permet une prise en main rapide de l’ouvrage ;

Des éléments proposés très pertinents à la fois pour réfléchir et pour agir en rapport à nos émotions ;

De nombreux exemples et des exercices proposés au fil de l’ouvrage, mais aussi dans la partie annexe.

Maîtrisez vos émotions - Point faible :

Quelques répétitions, mais qui sont aussi utiles pour bien comprendre les liens de cause à effet entre les différentes idées exposées.

Ma note :

★★★★★

Le petit guide pratique du livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse

Autour de quoi s’accentue le livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse ?

Le but de l’auteur à travers son livre est d’aider les lecteurs à

Comprendre la nature des émotions et la façon dont elles affectent leur vie

Identifier les émotions négatives qui contrôlent leur vie et à apprendre à les surmonter

Changer leur récit pour mieux contrôler leur vie et leur créer un meilleur avenir

Reprogrammer leur esprit pour ressentir plus d’émotions positives

Foire Aux Questions (FAQ) du livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse

  1. Comment le public a accueilli le livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse ?

Maitrisez vos émotions a été bien accueilli par le public, car c’est un sujet d’intérêt commun pour de nombreuses personnes.

  1. Quel fut l’impact du livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse ?

Le livre a influencé l'approche d’une vie plus positive et a permis d’apprendre à gérer efficacement les émotions.

  1. À qui s’adresse le livre Maitrisez vos émotions de Thibaut Meurisse ?

Le livre est recommandé à tous ceux qui cherchent à surmonter les sentiments négatifs et à prendre le contrôle de leur état émotionnel.

  1. Qu’est-ce que l’égo ?

L’auteur désigne l’ego comme « l’identité » ou « l’histoire » d’une personne. L’ego se réfère à la perception que chacun a de lui-même.

  1. Quels sont les aspects de la vie qui sont atteints par les émotions ?

Être entreprenant, créatif, avoir des idées

Être persévérant ; affronter les obstacles ; sortir de sa zone de confort.

Conseils pour améliorer le sommeil vs Les solutions à long terme pour gérer les émotions

Les conseils pour améliorer le sommeil Les solutions à long terme pour gérer les émotions

Faites-en sorte que votre chambre à coucher soit complètement obscure Analyser ses émotions négatives

N’utilisez pas d'appareils électroniques ou utilisez-les avec une protection contre la lumière bleue S'éloigner de la négativité

Détendez votre esprit, par exemple en écoutant de la musique apaisante ou en lisant un livre de poche Conditionner son esprit

Ne buvez pas d'eau deux heures avant de vous coucher pour éviter d'aller aux toilettes la nuit Augmenter son énergie

Adopter un rituel du soir pour nous aider dans notre rituel du matin Demander de l'aide

Qui est Thibaut Meurisse ?

Thibaut Meurisse est un auteur, blogueur et coach en développement personnel français. Il est connu pour ses livres et ses articles qui donnent des conseils pratiques pour augmenter la productivité, la motivation et l'autodiscipline.

Thibaut Meurisse est l'auteur de plusieurs livres populaires, dont Gérer son temps, gérer sa vie, développer sa confiance en soi et L'art de l'autodiscipline. Ses livres traitent de sujets tels que la gestion du temps, la motivation, la résolution de problèmes, la confiance en soi et la maîtrise des émotions.

Avez-vous lu le livre de Thibaut Meurisse « Maîtrisez vos émotions : Guide pratique pour vaincre la négativité et mieux gérer vos émotions. » Combien le notez-vous ?

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Mon, 04 Sep 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12553/Matrisez-vos-motions
La boîte à outils pour prendre la parole en public http://www.olivier-roland.fr/items/view/12545/La-bote-outils-pour-prendre-la-parole-en-public

Résumé de « La boîte à outils pour prendre la parole en public » de Annie Leibovitz : un manuel exhaustif pour savoir comment mesurer vos actions de communication et trouver les indicateurs pertinents dans le nouveau monde numérique.

Par Annie Leibovitz, 2023, 194 pages.

Chronique et résumé de « La boîte à outils pour prendre la parole en public » de Annie Leibovitz 

Préface d’Oscar Sisto

Pour parler en public, il n’est pas seulement nécessaire de bien connaître son sujet, il faut aussi se connaître soi-même. Convaincre sans savoir qui vous êtes et ce que vous voulez ? Impossible !

Pas de solution miracle ; seulement de la pratique, de l’entraînement. Vous excellerez si vous vous exercez. L’art de communiquer s’acquiert avec le temps ; heureusement, il existe des méthodes sérieuses et accessibles pour nous aider à gravir la montagne.

Ce livre en est un parfait exemple.

Prendre la parole en public - Avant-propos

« Pouvons-nous, dans notre monde actuel, échapper à la prise de parole en public ? », demande Annie Leibovitz. Il semble bien que non. Nous sommes toutes et tous des acteurs ou des actrices à un moment donné au moins de notre existence professionnelle ou privée.

Pour oser nous avancer sur la scène de la vie sociale et jouer notre rôle, nous devons vaincre certaines peurs profondément ancrées.

« La peur de parler en public est une des phobies les plus répandues avec 55 % de la population qui se disent concernés. » (Extrait de la revue Science Humaine de mars 2019, cité dans Prendre la parole en public, Avant-propos)

Le remède est en quelque sorte identique au mal : plus vous oserez vous exposer aux regards et vous exprimer en public, et plus votre peur sera maîtrisée. Plus vous vous transformerez et vous étonnerez vous-même !

Pour réussir dans cet exercice, il faut compter non seulement avec la mémoire, mais aussi avec l’ensemble du corps. Prendre la parole en public est un sport… Êtes-vous prêt à vous lancer ?

Dossier 1 : Prendre la parole en public - Quel type d’intervention ?

Vous êtes en « représentation », et cela quel que soit le type d’intervention :

Vidéo YouTube ;

Workshop;

Discours officiel ;

Etc.

Tout d’abord, Annie Leitbovits insiste sur 2 prérequis de base pour interpréter son rôle :

La réflexion (vous devez réfléchir à ce que vous allez dire, comment, etc.) ;

La création de lien avec le public (votre but est d’intégrer le public comme s’il était une personne qui vous est proche).

Outil 1 — Le discours

Ce terme est très général, puisqu’il désigne toutes « les paroles prononcées avec une certaine méthode, un but déterminé, et adressées à une assemblée » (Prendre la parole en public, Outil 1). Il peut s’agir d’une remise de prix, d’un discours politique, d’un cours magistral, etc.

Il vise à faire passer un message, une information à une assemblée relativement captive. Comment s’y prendre ? Tout d’abord, vous devrez vous poser des questions du genre :

Qu’est-ce que je veux transmettre ?

Est-ce que je veux motiver, rassurer, convaincre, faire agir, etc. (objectif) ?

Si le public devait retenir une seule phrase de mon discours, quelle serait-elle ?

Que sait le public de ce que je vais lui raconter ?

Comment organiser ma pensée ?

Etc.

Pensez aux éléments qui cadrent votre discours, comme le temps disponible, par exemple. À partir de ces informations, vous pouvez commencer à rédiger votre intervention.

Les métaphores (outil 48) pourront vous aider à donner de la couleur et à imager votre propos. C’est un élément particulièrement important pour se faire comprendre et permettre à l’auditoire de mémoriser le message.

Outil 2 — La conférence

Ici, nous sommes clairement dans le discours d’expert. Vous transmettez votre savoir à un auditoire qui est également expert ou qui, a minima, est intéressé par le sujet.

Vous êtes en position de surplomb puisque vous délivrez votre message avec autorité, en vous tenant sur une estrade ou un pupitre. Toutefois, un temps de questions/réponses peut être prévu, ce qui crée une dimension plus horizontale et participative.

Les conférences TED sont un bon exemple de ce type d’intervention. À nouveau, vous devrez réfléchir aux raisons qui vous amènent à prendre la parole, ainsi qu’au fil rouge que vous voulez développer. L’orateur doit sécuriser le cheminement de son intervention, pour lui et pour son public.

Vous pouvez, par exemple, rédiger votre conclusion dès que vous commencez à rédiger. Cela vous permettra de savoir où vous allez. Utilisez également le storytelling pour donner vie à votre récit.

Outil 3 — L’exposé

Celui-ci se rapproche des deux premiers, mais en diffère sur plusieurs points :

Ici, vous passez le plus souvent d’un travail écrit (un travail universitaire, par exemple) à une présentation orale, où vous allez hiérarchiser l’information à conserver et à délivrer selon ce mode de transmission ;

L’assistance est souvent plus restreinte que dans les deux premiers cas.

Il vise à informer, expliciter, voire à argumenter afin de convaincre votre public ou à l’amener à prendre une position par rapport à ce que vous dites.

Attention au hors-sujet : votre exposé doit être clairement lié au thème de la réunion (ou du séminaire, par exemple). Veillez également à indiquer vos sources et à exposer clairement ce qui relève des faits et ce qui relève de vos opinions ou de vos hypothèses.

Pour aller plus loin, consultez le tableau étape par étape proposé par l’auteure à la fin de cette section.

Outil 4 — Le workshop

« Un workshop est un atelier à la fois convivial et professionnel lors duquel un travail collectif est mené sur un sujet. » (Prendre la parole en public, Outil 4)

Ce format est plus participatif que les autres, puisque vous intervenez ici chacun à tour de rôle. En général, les workshops ont une fonction créative (trouver de nouvelles idées sur un thème donné) et impliquent une dimension ludique qui est absente ou quasi absente des autres types d’intervention.

Le workshop peut également servir à former des personnes en les faisant participer activement au processus de formation. Il s’agit d’un véritable travail de groupe et de co-construction de l’apprentissage.

Pour le mettre en place, vous veillerez à :

En définir les objectifs ;

Déterminer la cible et le nombre de participants.

Soignez le début du workshop, puisqu’il s’agit d’un moment clé de prise de contact où vous allez réchauffer l’atmosphère et mettre tout le monde en confiance. Annie Leibovitz propose un exercice « icebreaker » (pour briser la glace) : le bâton d’hélium.

Dossier 2 : Prendre la parole en public - Préparer son intervention

Dans ce dossier, nous allons construire peu à peu les fondations de votre prise de parole, en abordant chaque point important l’un après l’autre. Il n’y a pas de succès sans petit progrès : avancez pas à pas en suivant ces conseils et vous commencerez à mettre toutes les chances de votre côté pour faire mouche lors de votre prochaine intervention orale !

Outil 5 — Déterminer son objectif et ses intentions

« Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va ! » (Sénèque, cité dans Prendre la parole en public, Outil 5)

C’est le b.a.-ba de la prise de parole en public. Sans but, sans volonté de vous exprimer, à quoi bon le faire ? Si vous ne savez pas clairement pourquoi vous parlez, autant vous taire ! L’intervention publique, quelle qu’elle soit, diffère ici fondamentalement d’une simple conversation privée, au cours de laquelle on « parle » sans savoir précisément où l’on va en le faisant.

En bornant clairement votre prise de parole, en lui donnant une finalité clairement exprimée, vous rassurerez votre auditoire et l’inciterez à vous suivre.

Pour ce faire, réfléchissez à votre objectif. Voulez-vous :

Convaincre ?

Informer ?

Sensibiliser ?

Persuader ?

Entraîner à l’action ?

Attention : Si vous n’êtes pas vous-même habité par votre parole, vous aurez beaucoup plus de mal à faire passer votre message. Ce n’est certes pas impossible, mais plus compliqué.

Outil 6 — Structurer son intervention

Une fois l’objectif établi, vous devrez construire votre intervention en vous appuyant sur les contraintes qui vous sont données (en particulier de temps). Il n’y a pas de plan tout fait, mais il existe quelques « points de passage obligés » et quelques modèles qui peuvent vous aider à structurer vos idées.

Les points de passage obligés sont l’introduction et la conclusion. Vous ne pouvez y échapper. Pourquoi ? Parce qu’ils vous permettent de créer le fil rouge de toute votre prise de parole et de le rappeler à la mémoire de votre public.

Le développement suit quant à lui des chemins variés, mais doit toujours être construit de façon cohérente en fonction de vos différentes idées (dans l’idéal, pas plus de trois). Vous pourrez préparer un argumentaire précis grâce à l’outil 42. Les visuels, les citations et les métaphores renforcent votre point de vue et clarifient votre propos tout au long du développement.

À la fin de cette section, Annie Leibovitz fournit une « fiche conducteur » ou « synopsis » très utile qui reprend et détaille, en un seul tableau exhaustif, les trois parties de votre intervention :

Introduction ;

Développement ;

Conclusion.

Outil 7 — Éviter les pièges de langage

Attention à la « propreté » de votre langage ! Vous ne voulez pas créer des réflexes négatifs qui nuisent à la transmission de votre message. Adapter son langage, créer un discours dynamique et aéré : voilà une bonne manière de fluidifier l’échange.

Commencez donc par supprimer les mots inutiles de votre intervention, tels que les habituels :

« Pour le coup » ou « du coup' (très à la mode) ;

« En fait » ;

« Voilà » ;

« Genre » ;

« En vrai » ;

« Après » ;

Etc.

Mais aussi les expressions négatives et les mots malheureux, tels que (pêle-mêle) :

« Pas du tout » ;

« Vous n’y êtes pas » ;

« Vous n’avez pas d’autres questions ? » (et toutes les interrogations négatives) ;

« Toujours/Jamais/Ils sont tous… » ;

« On » (manque d’affirmation de soi).

Pour nettoyer vos propos et ne pas retomber dans l’erreur, pensez à vous entraîner en répétant les mots les plus importants de votre intervention.

Souvent, l’usage de la première personne du pluriel (« nous ») est également indiqué pour créer un sentiment de proximité avec le public ; utilisez le « vous » lorsque vous voulez vous adresser directement à l’auditoire.

De façon générale, visez plutôt :

La compréhension et la tolérance ;

L’optimisme ;

L’adaptation et la personnalisation des propos ;

La valorisation et l’affirmation ;

La confiance en vous ;

L’effet de certitude ;

La concision et le concret.

Outil 8 — Anticiper la logistique

Les détails d’organisation ne doivent pas être laissés pour la fin. L’anticipation des contraintes est essentiel pour ne pas être perdu et surpris en dernière minute. Vous serez plus confiant si vous avez pris le temps de vous adapter aux conditions particulières de votre prise de parole publique.

Par exemple, il est bon de pouvoir visiter la salle où vous allez vous exprimer. Il est également utile de vous assurer que les dispositifs numériques ou autres que vous utiliserez pour prendre la parole sont en bon état de marche. Le son est-il correct ? Vérifiez ce point si possible également.

Enfin, configurez les sièges et réfléchissez votre position dans l’espace en fonction du type d’intervention.

Outil 9 — Façonner sa mémoire

Il est possible d’améliorer sa mémoire. Et c’est fondamental pour prendre la parole en public ! Pourquoi ? Car cela vous garantit :

Une meilleure transmission de l’information ;

Une baisse du niveau de stress ;

L’augmentation de votre confiance en vous.

Il existe différentes méthodes d’apprentissage et de mémorisation. L’auteure propose une méthode 8 temps. La voici !

Se détendre et se concentrer ;

Réfléchir à son objectif et aux idées clés ;

Recopier son texte ;

Se déplacer dans l’espace au moment de le mémoriser ;

Répéter, répéter… et répéter encore ;

Enregistrer son texte et l’écouter de temps à autre ;

Visualiser votre performance en mode « réussite » (la PNL aide beaucoup pour cela) ;

S’autoriser à improviser (voir l’outil 44).

Dossier 3 : Apprivoiser son trac

Le trac est « un sentiment d’insécurité qui résulte de la prise de conscience d’une situation inconnue, ressentie comme dangereuse » (cité dans Prendre la parole en public, Dossier 3). Bref, dans ces moments, peur et incertitude nous étreignent.

Il y a toutefois des outils pour le contrôler et maîtriser ses effets. Sachez toutefois que vous ne vous en libérerez pas complètement. En fait, il est beaucoup plus utile de « vivre avec » et de le transformer en énergie positive.

Eh oui, le trac peut vous servir, puisqu’il vous procure l’énergie intellectuelle et physique dont vous avez justement besoin !

Avant la prestation

Outil 10 — L’acceptation de soi

Être soi-même, c’est-à-dire être conscient de qui vous êtes, vous aidera à aller de l’avant. Regardez-vous avec honnêteté et bienveillance. C’est le meilleur moyen de vous calmer et de reprendre confiance en vous.

Pour vous accepter, pensez à :

Avoir conscience de votre insatisfaction et la ressentir ;

Apprendre à dire « oui, c’est OK » ;

Se focaliser sur l’instant présent ;

Apprivoiser le pire ;

Vous détacher du poids du passé (d’après Christophe André, repris dans Prendre la parole en public, Outil 10)

Pour aller plus loin sur le chemin de la bienveillance, Annie Leibovitz vous propose une auto-évaluation en fin de section.

Outil 11 — Les leviers de motivation

Repérer ce qui vous motive à prendre la parole en public va vous aider à fournir une meilleure prestation. Il y a, quelque part, quelque chose qui vous « fait envie » dans le fait de prendre la parole. Quel est votre besoin ? Trouvez-le !

Pour partir à la recherche de votre motivation :

Lancez-vous des défis et fixez-vous des objectifs ;

Positivez ;

Allez-y étape par étape, sans procrastiner ;

Échangez avec d’autres au sujet de vos doutes.

La motivation est intrinsèquement liée à l’idée que nous sommes capables de faire les choses et que nous avons prise sur elles. En sachant que nous pouvons agir, nous retrouvons le plaisir de nous développer et de nous mouvoir dans le monde.

Outil 12 — Relativiser

La pensée positive invite les individus à modifier leurs « croyances » ou leur « système de pensées » pour renouveler leur monde intérieur. Nous pouvons changer de regard sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure.

L’auteure propose plusieurs pistes pour y parvenir. Si ce thème vous intéresse, il serait également très pertinent de vous reportez à la chronique de ce guide pratique : Exercices de PNL pour les Nuls, un ouvrage beaucoup plus complet sur le sujet.

Outil 13 — Éviter le scénario « catastrophe »

Le scénario catastrophe est l’enchaînement de pensées négatives qui vous place dans une situation d’échec prévisible. C’est comme une boule de neige… Ou une prophétie autoréalisatrice.

Pour y échapper, la pensée positive et la relativisation sont nécessaires (outil 12). Annie Leibovitz suggère aussi de pratiquer le dessin projectif, qui consiste à travailler la partie droite du cerveau (créativité, symbole, etc.) afin d’ouvrir votre imagination vers le futur en parcourant différents possibles.

Une méthode de dessin projectif est proposée dans la section. L’auteure prévient : si vous vous trouvez ridicule au début, c’est normal ! Mais ne perdez pas patience ni espoir : « plus vous pratiquerez, plus cela vous paraîtra naturel et efficace », rassure-t-elle.

À la fin du chapitre, vous retrouverez également l’expérience de Florence, Cheffe de projet informatique, professeure d’université et infopreneuse, qui a réussi à vaincre sa peur « catastrophique » de parler en public grâce à un travail sur ses émotions.

Outil 14 — Visualiser son succès

Cette technique largement utilisée par les sportifs de haut niveau et par les artistes peut vous aider à vaincre l’immobilité causée par le trac. Elle vous permet d’améliorer vos chances de réussite et de mémorisation grâce à la projection — via l’imagination — de ce qui va se passer.

« La visualisation est une présence à soi dans un espace-temps riche en “possibles”. Lorsque vous visualisez, votre inconscient vous envoie vers ce que vous imaginez et reçoit cette vision comme une réalité, comme si vous l’aviez vécue, avec tous vos sens, et que vous aviez créé des images positives de réussite. » (Prendre la parole en public, Outil 14)

Vous pouvez pratiquer la visualisation plusieurs fois avant la prise de parole en public. Pensez également à écrire ce que vous imaginez durant les sessions, afin de l’ancrer encore davantage dans la mémoire.

Un exercice vous est proposé en fin de section : « Inventer le film de sa victoire ». Une présentation stressante ? Une audition pour le job de vos rêves ? Passez-vous le film de votre intervention en mode « réussite » pour gagner en confiance !

Outil 15 — Ses points forts et ses ressources

Être honnête envers soi-même et s’accepter (outil 10), cela passe aussi par la reconnaissance et l’acceptation de ses points forts et de ses ressources internes. Vous avez des qualités, des compétences, des talents qui vous rendent unique et capable de réaliser vos objectifs.

Commencez par en faire une liste. Quelles sont vos 10 réussites majeures en matière de vie personnelle et professionnelle ? Fiez-vous à votre jugement et aux émotions positives ressenties et vécues lors de ces événements.

Ensuite, prenez le temps de créer des phrases affirmatives qui vous correspondent. Par exemple : « Je suis déterminée (parce que + expérience passée) ».

Vous pouvez aussi recueillir les opinions de personnes proches et de confiance. Mais surtout, évitez à tout prix les manipulateurs pour ce genre d’exercice !

Outil 16 — Apprivoiser ses émotions

« Les émotions sont des indicateurs qui servent notre intérêt, même si elles nous procurent parfois un sentiment désagréable. » (Prendre la parole en public, Outil 16)

Pour apprendre à apprivoiser les émotions, vous devez d’abord apprendre à les reconnaître dans leur singularité. La peur n’est pas la colère, et la joie — bien sûr — n’est pas la tristesse. Ces deux-là s’opposent plutôt et, pourtant, elles sont toutes nécessaires à notre bon fonctionnement.

Vous pouvez autoévaluer vos émotions en vous immergeant dans une situation passée et en analysant les causes de l’émotion, souvent cachées dans des besoins non satisfaits et des pensées/croyances particulières.

Outil 17 — Dépasser ses peurs

« J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité à la vaincre. » (Nelson Mandela, cité dans Prendre la parole en public, Outil 17)

À nouveau, le meilleur conseil à donner face à la peur de parler en public est de comprendre le mécanisme de cette émotion et d’apprendre à l’accueillir (et à la dépasser) avec bienveillance, patience et curiosité.

Voici les étapes proposées par Annie Leibovitz pour en finir avec la peur (de monter sur scène, par exemple !) :

Accepter la peur ;

La vivre en pleine conscience ;

Engendrer des émotions positives ;

Imaginer physiquement la peur et — surtout — son contraire pour que cette nouvelle émotion remplace la précédente.

Outil 18 — Faire face au syndrome de l’imposteur

Le syndrome de l’imposteur se décompose en 3 impressions principales :

Incapacité à s’attribuer sa réussite ;

Sentiment de tromper son entourage ;

Peur d’être démasqué.

Voici quelques exemples de pensées parasites qui signalent la présence du syndrome de l’imposteur :

« Suis-je vraiment légitime pour accomplir ce travail ? »

« Je ne vais pas y arriver, ça me stresse ! »

« Tout le monde va se rendre compte que je suis plein de vide… »

« Il va falloir que je renonce à faire autre chose en ce moment, il faut d’abord que je termine ce travail à tout prix… »

« J’ai vraiment eu de la chance. »

« Finalement, j’ai réussi, mais je ne sais vraiment pas comment j’ai fait ! »

Etc.

Pour vaincre ce dérangeant complexe, il est utile de dissocier la réalité objective et vos impressions. Il est également utile de travailler sur ses points forts (outil 15) et, pourquoi pas, tenir un « journal des attributions » (voir p. 75).

Outil 19 — Expérimenter un nouveau « soi » !

Sortir de sa zone de confort est un grand thème du développement personnel qui peut être utile ici encore. En effet, prendre la parole en public est souvent synonyme de grand saut dans l’inconnu pour beaucoup d’entre nous.

La routine a, bien sûr, de grandes qualités. Mais en sortir aussi ! Tester de nouvelles choses est certes plus risqué que de ne rien faire, mais cela a aussi l’avantage de :

Faire grandir la liste de vos succès ;

Découvrir de nouvelles facettes de vous-même ;

Changer d’habitudes, si nécessaire.

Relever des défis, puis passer à l’action, sont les premières étapes pour sortir de sa zone de confort. Une fois l’action passée, il sera également utile de réaliser un feedback pour voir ce que vous avez appris. Est-ce que vous avez le sentiment d’avoir échoué ? Rappelez-vous, dans ce cas, qu’il n’y a pas d’échec, mais seulement un apprentissage. Ce n’est pas grave, vous ferez mieux la prochaine fois !

Outil 20 — L’assertivité 

L’assertivité est l’autre nom de l’affirmation de soi. Ici, il s’agit d’oser dire ce que vous pensez ou, plus généralement, de prendre votre place au sein de l’environnement extérieur. L’assertivité :

Garantit une meilleure santé mentale ;

Favorise les rapports francs ;

Réduit le niveau d’anxiété.

Il n’est pas question de marcher sur les pieds des autres, mais simplement de défendre ses droits et sa présence de façon honnête et courageuse, en restant toujours dans le dialogue.

Une liste de 60 questions vous est proposée en fin de section pour mesurer votre niveau d’assertivité. Faites le test !

Outil 21 — Les fiches mémo

« Avant une présentation, vous pouvez parfois avoir l’impression que vous ne savez plus rien. Il vous faut alors un moyen rapide et efficace de vous guider en quelques secondes vers la réussite. » (Prendre la parole en public, Outil 21)

Les fiches mémo sont là pour ça. Elles vous aideront à mémoriser et vous apporteront un sentiment de sécurité bienvenu. Par ailleurs, elles vous soulageront d’un poids. Une fois le contenu connu et reproduit dans vos fiches, vous pourrez en effet vous concentrer sur toutes les autres dimensions de votre intervention : posture, gestuelle, intonation, etc.

L’auteure vous propose d’ailleurs quelques fiches mémo utiles pour mémoriser certains éléments de la prise de parole en public :

Mettre en valeur une idée et faire des silences ;

Donner du rythme ;

Articuler ;

Regarder ;

Susciter l’intérêt.

Ces points seront développés dans la quatrième et la cinquième parties. Un exercice d’échauffement est également proposé à la fin de cette section.

Pendant la prestation

Outil 22 — La posture du leadership personnel

Si l’esprit influence le corps, l’inverse est également vrai. Une posture particulière peut influencer votre état d’esprit : c’est le concept de Power Posture développé par Amy Cuddy.

En vous plaçant, par exemple, dans la posture de Wonder Woman, bras légèrement pliés fermement appuyés sur les hanches, vous augmenterez votre énergie et votre confiance en vous.

Lors d’une intervention publique, veillez notamment à assurer votre posture de leadership personnel en :

Souriant ;

Vous ancrant au sol ;

Ayant des gestes « ouverts » (voir outil 40) ;

Respirant calmement.

Vous pouvez pratiquer ces exercices au quotidien. Le corps retient les gestes et les postures que vous lui faites faire et saura, par lui-même, les reproduire au moment le plus opportun.

Outil 23 — Voix et corps en cohérence avec le discours

« Une incohérence peut parfois advenir entre ce que nous ressentons et les actions que nous menons, les idées que nous avons et les paroles que nous formulons. Ce décalage entre l’interne (notre vie intérieure) et l’externe (ce que nous montrons à l’extérieur) revient à se sentir “débordé(e)”. » (Prendre la parole en public, Outil 23)

À l’inverse, nous nous sentons centrés ou alignés lorsque nos actions sont en phase avec nos paroles et nos pensées (ainsi que nos émotions et notre personnalité profonde). Cet état à un nom : la congruence.

Lorsque vous prenez la parole en public, cette congruence — ou son absence — se sent. Pour « incarner votre personnage » de façon la plus authentique qui soit, vous devrez notamment travailler votre posture (Outil 22 et outils des dossiers 4 et 5).

Dossier 4 : Prendre la parole en public - Se décontracter et s’entraîner

Dans les deux dossiers qui viennent (dossier 4 et dossier 5), nous allons approfondir les notions vues dans le dossier précédent en nous concentrant tout particulièrement sur les façons de préparer le corps — gestes, posture, rythme cardiaque, respiration, voix — et le mental à la prise de parole en public.

Outil 24 — Préparer son mental comme un(e) sportif (-ve)

Pour surmonter la peur du regard d’autrui, il faut apprendre à « muscler son mental ». C’est également ce que tout sportif ou toute sportive doit faire, ainsi que d’autres personnalités qui sont constamment « sur scène » (politiciens, acteurs, etc.).

La technique des ancres, tirée elle aussi de la programmation neurolinguistique (PNL), peut être utile à ce type d’entraînement.

Pour vous relaxez tout en apprenant à faire confiance à votre corps, fiez-vous également aux enseignements du Jeu intérieur du tennis, le best-seller du coaching sportif.

Outil 25 — Préparer son physique comme un(e) sportif (-ve)

Se préparer physiquement est tout aussi important que se préparer mentalement, car vous engagez tout votre corps dans votre présentation publique. Au moment de parler, vous devez avoir confiance en votre corps et être suffisamment détendu, malgré le trac. Pas de panique, cela se prépare !

Commencez par réduire les tensions en jouant avec une balle de tennis quelques minutes, en la plaçant simplement sous un pied, puis sous l’autre. Faites-la rouler pour détendre toute la chaîne musculaire.

Pour aller encore plus loin, faites des exercices de relaxation en contractant, puis en décontractant le haut du corps, plusieurs fois d’affilée.

Instaurez un rituel de « rassemblement » de vous-même qui fait suite aux exercices précédents : prenez le temps de respirer, de vous retrouver, de répéter éventuellement la première phrase de votre intervention que vous connaissez par cœur.

En plus de ces exercices, veillez bien sûr à entretenir votre physique de façon régulière, à vous hydrater, à manger et à dormir correctement.

Outil 26 — Gérer le stress

Pour éviter le surmenage et le stress face à la préparation de votre allocution, prenez le temps de vous organiser. Pour ce faire, apprenez à repérer votre rythme et à hiérarchiser les tâches en fonction de leur complexité ou de leur urgence. Une chose à la fois ! Les tâches plus difficiles seront faites aux heures où vous êtes le plus productif.

Encore une fois, veillez également à bien vous reposer : c’est essentiel pour votre mémoire et votre corps tout entier. Un sommeil « réparateur » vous protège du stress et vous rend plus résistant en cas d’attaque de panique.

De façon générale, l’amélioration de la résistance au stress vient aussi de :

Notre capacité à relativiser (outil 12) ;

La qualité de vie (voir l’outil précédent) ;

L’équilibre vie privée et vie professionnelle (ainsi que les relations sociales).

Annie Leibovitz vous invite également à faire la distinction entre :

La pression interne qu’on se donne à soi-même ;

Celle, externe, qui nous est transmise par les autres.

Analysez d’où viennent vos tensions et mettez en place des solutions là où vous le pouvez.

Outil 27 — La relaxation

La relaxation ou la connexion à soi vient de :

La posture ;

La respiration ;

L’énergie.

Un exercice de relaxation connu consiste à se coucher sur le sol (ou un tapis de yoga) et de sentir sa connexion au sol, en cherchant à peser le plus lourd possible. Vous contractez chaque partie du corps une à une, puis vous la laissez se « fondre » complètement dans le sol, en ne faisant plus qu’un avec lui.

Outil 28 — La respiration

La respiration n’est pas seulement nécessaire à la vie, elle est utile dans la vie de tous les jours pour modifier nos états de conscience : grâce à la respiration, nous pouvons devenir plus énergiques ou plus relaxés, par exemple.

Cette « prise de conscience du souffle » est essentielle lors de toute bonne préparation de prise de parole en public. Vous pouvez expérimenter la respiration abdominale 5 à 10 minutes par jour (voir p. 107-108).

Outil 29 — La cohérence cardiaque

La cohérence cardiaque permet de faire le lien entre le cœur et le cerveau par la respiration. Vous pouvez pratiquer 2 types d’exercices :

Respiration cohérente ;

Récupération des ressources.

Le principe est un peu semblable à la récupération après un effort : vous cherchez à mettre au diapason votre respiration et votre rythme cardiaque. Lorsque nous subissons une émotion forte (le trac, par exemple), notre cœur bat plus vite et notre respiration devient incohérente. L’objectif de ces exercices : retrouver la sérénité simplement en utilisant la respiration pour remettre la cohérence au niveau cardiaque.

Outil 30 — Se connecter à soi-même au quotidien

La méditation est une pratique qui a fait ses preuves. Après 2 ou 3 semaines de pratique régulière, vous devriez commencer à en ressentir les bienfaits. Est-il compliqué de commencer ? Pas du tout. Au fond, la méditation est un « rappel à soi » et une attention guidée par la respiration (outil 28).

Vous pouvez méditer partout où vous le souhaitez une fois que la technique de base est apprise. Avec un peu d’entraînement, la pleine conscience (ou mindfulness) est accessible non seulement dans les endroits de calme, mais aussi dans des situations plus troublées. Découvrez les exercices proposés dans le livre et dans les nombreuses autres chroniques du blog !

Outil 31 — Répéter, répéter, répéter

Vous pensiez que les grands orateurs avaient ça dans le sang et débitaient de longs discours sans en avoir répété un traître mot ? Détrompez-vous : s’ils sont si bons, c’est parce qu’ils savent ce qu’ils ont à dire sur le bout des doigts !

Il a été démontré que la répétition et l’imitation jouent un rôle au niveau neuronal : certaines connexions se consolident, fortifiant notre mémoire et notre aisance à parler en public.

Bien sûr, vous allez d’abord apprendre votre texte. Mais pas seulement. Vous pouvez également vous entraîner en répétant vos postures, vos intonations, vos silences, etc. Lorsque vous vous sentez prêt, demandez à quelqu’un de confiance de vous écouter et de vous faire un feedback honnête et bienveillant.

En fait, en répétant, vous allez vous corriger, mais aussi penser à de nouvelles choses et constamment améliorer votre prestation. Répéter, ce n’est donc jamais dire (ou faire) deux fois la même chose !

Dossier 5 : Prendre la parole en public - Se mettre en scène

Outil 32 — Éviter les mauvaises habitudes

Une habitude est une action que nous effectuons régulièrement de façon presque mécanique, sans y penser. Pour en changer, il faut un effort conscient. Il faut une vingtaine de jours pour modifier une mauvaise habitude, à condition de répéter la nouvelle action (la bonne habitude) et de l’ancrer pour que celle-ci remplace définitivement celle-là.

Voici certaines mauvaises habitudes de prise de parole en public que vous pouvez modifier grâce aux outils proposés dans ce manuel :

Absence de préparation du texte (structure, etc.) ;

Absence de répétition ;

Gestes parasites ;

Caractère brouillon de l’entrée en scène ;

Etc.

Outil 33 — L’« entrée en scène »

« L’entrée en scène, c’est marquer les esprits dès le début ! Réussir une intervention, un exposé, une conférence, c’est intéresser vos auditeurs et laisser une trace durable dans leur mémoire. » (Prendre la parole en public, Outil 33)

Pour créer cet effet sur votre auditoire, vous devez le capter dès le début. Or, le contenu ne fait pas tout. Prendre la parole au bon moment, avec la bonne intonation et les bons gestes : voilà le secret pour envouter celles et ceux qui vous écoutent !

Voici 3 conseils d’Annie Leibovitz :

Prendre place et accueillir l’auditoire (attendre quelques secondes avant de parler, être souriant, etc.) ;

Jouer votre rôle dès le début (en fonction d’un personnage que vous vous serez choisi) ;

Créer du suspens grâce à un effet visuel (image, slide), une métaphore ou une question (utilisez le silence à votre avantage).

Outil 34 — Le lien avec l’auditoire

Nous avons dit qu’il faut jouer un personnage. Mais ce personnage doit coller avec votre personnalité. Autrement dit : vous recherchez le naturel et l’authenticité tout en vous préparant du mieux possible. C’est comme cela qu’un lien solide s’établira avec votre auditoire.

Pour approfondir ce lien, vous pourrez, selon les circonstances :

Vous adresser directement au public ;

Parier sur l’effet « miroir » (regarder dans les yeux pour transmettre les émotions) ;

Raconter des anecdotes ;

Faire vibrer la corde sensible ;

Vous exprimer avec enthousiasme.

Outil 35 — Trouver sa voix

Votre voix est « l’ambassadrice de votre état » émotionnel. Nous avons vu plus haut des techniques pour contrôler vos émotions, via la respiration notamment. La voix se travaille aussi pour elle-même, par une sorte de gymnastique musicale. Pensez à votre voix comme à une « palette de couleurs » avec laquelle vous pouvez peindre votre intervention dans les tons de votre choix.

Le timbre (ou spectre vocal) ne varie pas et vous caractérise en tant qu’individu. Il rend votre voix unique. Vous pouvez par contre en modifier :

L’intensité ou volume ;

L’intonation (du grave à l’aigu) ;

Le débit (rapidité) ;

Le rythme (silences, succession de phrases courtes et longues, etc.) ;

L’articulation (clarté des sons).

Anne Leibovitz vous propose quelques exercices pratiques en fin de section pour soigner votre articulation et jouer avec les « résonateurs ».

Outil 36 — Le rythme et la mélodie

Le rythme et la mélodie vous aideront à garder votre auditoire attentif. À éviter : le ton monocorde qui endort tout le monde ! Donner de la vie et du relief à vos messages est possible en jouant sur :

Le phrasé (découpage du discours) ;

La bonne vitesse ;

La ponctuation (écrite et orale) ;

L’utilisation du silence ;

La répétition ;

Le découpage des mots ;

Etc.

Outil 37 — Les silences

Les silences vous permettent de respirer, mais aussi de donner du rythme à votre intervention ou à insister sur une idée. Contrairement à ce que l’on croit souvent, il n’y a donc aucune raison de les bannir !

Lorsque vous inspirez, n’ayez pas peur de prendre 3 secondes de pause. Cela permet à votre public d’intégrer l’information que vous venez de lui transmettre.

Choisissez aussi des silences plus longs lorsque vous voulez créer une rupture ou insister sur une idée. Pensez enfin à garder un bref moment de silence après une question du public, si ce que vous allez répondre vous semble particulièrement important.

Et souvenez-vous :

« Le but n’est pas de remplir l’espace par des mots mais d’établir un lien, d’intéresser et de convaincre vos auditeurs. » (Prendre la parole en public, Outil 37)

Outil 38 — L’impact par le regard

Regarder son public permet d’en faire un partenaire : la parole devient plus interactive et empathique. De plus, en vous mettant au contact des autres, vous pouvez « prendre le pouls » de la situation en direct.

À contrario, ne pas regarder peut être mal interprété par votre auditoire : manque de confiance, indifférence, absence de préparation, etc.).

Agissez en ce sens dès le début de votre intervention : regardez de façon bienveillante et souriante pour souhaiter la bienvenue. Au moment de parler, trouvez une personne accessible et regardez-la. Mais pas trop longtemps ! Changez en alternant les distances (premier rang, troisième, etc.).

Si la salle est grande, alors décomposez le public en 3 parties que vous considérerez comme trois personnes :

Côté droit ;

Milieu ;

Côté gauche.

Apprenez également à manier le regard avec le silence (outil 37), par exemple lorsque vous changez de sujet ou que vous voulez marquer une idée forte.

Outil 39 — La posture et l’espace

Pour soigner votre posture et maîtriser l’espace, vous devrez être ancré dans le sol et ne pas avoir peur d’occuper les lieux. Pour vous enraciner, imaginez un arbre et descendez votre centre de gravité. Le haut du corps doit être souple pour laisser passer le souffle.

Vos pieds seront légèrement espacés l’un de l’autre pour vous donner de la stabilité. Si vous devez vous déplacer, veillez à conserver tout l’auditoire dans votre champ de vision. Conservez également le pouvoir sur votre corps en anticipant le mouvement. Pour cela, utilisez le regard et le silence.

Un test d’auto-évaluation vous est proposé en fin de section : 12 questions vous aideront à déceler les axes d’amélioration de votre posture.

Outil 40 — La gestuelle

Pour compléter l’outil précédent, vous devrez apprendre à contrôler vos gestes. Les mains, surtout, disent beaucoup ! Et les bras suivront, si vous les laissez faire…

Il n’y a pas vraiment de règles précises, même s’il existe quelques codes ou types de gestes :

Énumératif : vos doigts indiquent le chiffre ou le nombre que vous évoquez ;

Indicatif : lorsque vous voulez montrer quelque chose au public (via un visuel, notamment) ;

Métaphorique : quand vous voulez donner de la force à une idée (en ouvrant les bras).

Les gestes dits « parasites » manifestent un blocage. Ils doivent être évités au maximum. Souvenez-vous : donnez la liberté au haut du corps, tout en vous ancrant avec vos pieds dans le sol. Progressivement, vous apprendrez à doser vos gestes de façon naturelle. Le tour sera joué !

Dossier 6 : Vitaliser sa communication

Dans ce dossier, l’auteure nous donne une foule d’astuces pour donner encore plus de cachet à nos prestations orales. Elle décompose ses conseils en 2 temps :

Ceux qui concernent la structure de la prestation ;

Ceux qui concernent le déroulé de notre intervention.

La structure

Outil 41 — Planter le décor

La rédaction de l’introduction compte, mais ce n’est pas tout. Vous devez au préalable gérer votre entrée en scène (voir plus haut) afin de donner le ton de votre intervention et en poser le cadre. C’est cela, planter le décor : faire savoir à votre public que vous êtes là, confiant et enthousiaste, et que vous allez commencer.

Il conviendra peut-être de commencer par quelques mots de bienvenue ou de remerciement, avant de vous présenter (cela dépend du contexte).

Vous devrez ensuite veiller à présenter votre sujet de façon claire, avec une phrase d’accroche qui l’interpelle, tout en expliquant ce qui vous a amené à parler de ce thème : c’est l’introduction. Vous la terminerez en présentant les éléments que vous allez développer dans la suite en titillant leur curiosité.

Pour être plus efficace, vous pouvez utiliser un visuel de type slide, vidéo ou même un objet que vous transportez avec vous. Plus le visuel est fort et en rapport avec le sujet, plus il accrochera l’intérêt de votre auditoire.

Dans les situations de réunions en groupes restreints de 20 à 30 personnes environ, vous pourrez jouer sur les effets d’annonce pour créer un fil rouge et ainsi aider les participants à s’y retrouver et à rester concentrés.

De nombreux exemples d’accroches sont proposés à la fin de la section.

Outil 42 — Développer son sujet

Lorsque vous développez votre sujet, vous avez tout intérêt à faire usage de la rhétorique. Pourquoi ? Pour argumenter de façon percutante et mettre toutes les chances de votre côté. Parmi les conseils donnés par Annie Leibovitz au sujet des arguments, retenez en particulier :

Qu’il vaut (beaucoup) mieux peu de bons arguments qu’une litanie d’arguments faibles, ou pire, inutiles ;

Que vous devez toujours viser la clarté ;

Et le plus important, que vos arguments soient sélectionnés en fonction de votre auditoire.

Vous gagnerez notamment à transformer les caractéristiques techniques de votre argumentation en avantages pour votre public. Il doit ressentir ce que vous lui proposez comme un bénéfice. C’est, en tout cas, une marche à suivre si vous voulez emporter son adhésion.

Outil 43 — Répondre aux questions de l’assemblée

C’est souvent un moment redouté. Vous avez peur de tomber dans un piège, de manquer de répartie ou de vous emberlificoter les pinceaux. Comment se sortir de l’épreuve des questions posées par le public ?

Rappelez-vous les 5 C de la performance réussie :

Calme ;

Concentration ;

Confiance ;

Créativité ;

Combativité.

Concrètement, il y a plusieurs façons de procéder. Vous pouvez par exemple répondre aux questions une à une ou répertorier toutes les questions par thèmes, puis répondre en une fois. Cela dépend souvent de la situation (conférence de presse, défense de thèse, etc.).

Veillez à laisser la personne poser sa question jusqu’au bout et incitez-le même à vous en dire davantage si nécessaire. Ensuite, dirigez votre réponse à l’ensemble du public.

Dans tous les cas, montrez-vous confiant et n’hésitez pas à reformuler une question ou à demander un éclaircissement lorsque vous ne comprenez pas ce qui vous est demandé.

Outil 44 — Gérer les imprévus et improviser

« Et si gérer les imprévus était… un jeu ? Accepter de ne pas tout contrôler et de laisser cette place à l’imprévu, c’est déjà ne pas résister et être prêt(e) à l’affronter. » (Prendre la parole en public, Outil 44)

Étrangement, l’improvisation nécessite beaucoup de préparation. C’est comme pour la sérendipité. Il faut mettre en place les conditions propices à l’étonnement et à la créativité.

En fait, ce sont vos connaissances, de vos expériences et vos compétences qui, associées à de petites astuces, vous permettront de faire mouche !

Vous pouvez donc vous exercer à l’improvisation. Comment ? En profitant de chaque occasion de la vie quotidienne pour prendre la parole et expérimenter ce qui se passe de façon ouverte, curieuse. Tentez des recettes proposées dans ce manuel et voyez ce que ça donne !

Annie Leibovitz vous propose également quelques jeux d’improvisation en fin de section et dans les annexes de l’ouvrage.

Outil 45 — La sortie de scène

La conclusion est « le » moment où vous pouvez marquer durablement les esprits et apparaître comme un bon (voire un excellent) orateur. Cette partie — elle — ne s’improvise donc pas ! Pour une prise de parole en public, apprenez-la par cœur.

Marquez par votre gestuelle, votre posture et un silence que vous allez conclure. Au niveau du contenu, revenez sur les points principaux et incitez votre audience à l’action. Enfin, pensez également à remercier votre auditoire.

À éviter :

Traîner en longueur ;

Utiliser des phrases négatives ou passéistes ;

Douter ;

Faire un « plat » (« voilà ») ;

Remercier de façon personnelle (si cela doit être fait, ce sera au début) ;

Oublier le timing de l’intervention et devoir écourter votre conclusion.

Outil 46 — Analyser sa prestation

« Pour progresser, capitaliser sur ses acquis et avoir conscience de ses ressources est indispensable. Évoluer, c’est à la fois s’entraîner et analyser puis évaluer sa prestation, avec des critères objectifs, c’est-à-dire prendre de la distance avec le rôle joué en prise de parole. » (Prendre la parole en public, Outil 46)

Pour vous aider à progresser, l’auteure propose une check list pour s’autoanalyser et préparer ses prochaines interventions. Celle-ci comprend tous les éléments (outils) vus jusqu’à présent et les regroupe en un tableau très utile.

Un point important : ne restez pas insatisfait de vos performances passées ; servez-vous vraiment de ces analyses pour orienter de futures interventions en vous focalisation sur des objectifs clairs et précis.

Le déroulé

Outil 47 — L’accroche narrative

Le storytelling sert la prise de parole. En mettant l’émotion au service de votre message, vous augmentez vos chances de succès. Pour raconter une histoire percutante à l’oral, pensez à :

Entrer dans le vif du sujet ;

Parler au présent ;

Tirer une leçon qui élève le débat ;

Inciter à l’action.

Votre histoire doit être crédible, cohérente avec le reste de votre intervention et bien préparée. Faites des essais et des répétitions pour la connaître sur le bout des doigts et la raconter en y mettant toute l’émotion, comme si vous y étiez.

Outil 48 — Les métaphores

Il en va à peu près de même avec les métaphores ou les analogies. Elles servent votre propos en créant des images qui « parlent » d’elles-mêmes à votre public. La métaphore crée du lien en dehors du raisonnement logique et s’adresse directement à nos émotions.

Pour trouver une métaphore qui corresponde à votre concept, commencez par écrire toutes les options qui vous viennent à l’esprit, puis prenez le temps de laisser aller votre créativité pour trouver des liens inattendus.

La métaphore adéquate est celle qui « résonne » dans l’imaginaire collectif que vous partagez avec votre auditoire. Sans cela, elle tombera à plat.

Outil 49 — Oser interpréter

Si nous avons peur de monter sur scène, nous avons encore plus souvent peur de « jouer un personnage ». Pourquoi ? Eh bien, car le paradoxe du jeu d’acteur est que mettre un masque nous met à nu !

Pourtant, cet exercice peut vraiment faire la différence dans une intervention orale. Entre un interlocuteur complètement cérébral et un acteur qui donne vie à ce qu’il raconte, il y a tout un monde. L’engagement du corps, surtout, est complètement différent. Et l’impact sur le public est bien plus grand.

Ici encore, gardez à l’esprit que rien n’est donné à l’avance. Vous devrez sans doute vous y reprendre plusieurs fois pour trouver le rôle qui vous convient ou la manière d’aborder un personnage précis. Il n’est par ailleurs pas question de vous transformer en comédien ! Simplement de faire passer votre vérité à un instant T.

Outil 50 — Transformer un monologue en lecture vivante

« Lire en public est tout un art. Une lecture vivante demande à jouer sur les rythmes, la voix, l’interprétation… Nous sommes nombreux à avoir tendance à nous “accrocher” au texte et parler à notre feuille plutôt qu’à notre public. » (Prendre la parole en public, Outil 50)

Il existe un code de ponctuation spécial pour la lecture vivante qui permet de savoir quand faire des pauses, élever la voix ou accélérer le rythme. Ces signes principaux sont présentés dans la section.

Si vous avez à lire un texte en public, prenez le temps de vous entraîner à voix haute en utilisant ce code.

Gardez toujours à l’esprit qu’un monologue doit être pensé comme un dialogue : agissez comme si vous vouliez discuter avec l’auditoire, afin de lui faire une confidence.

Dossier 7 : Prendre la parole en public - Gérer un workshop

Dans ce dernier dossier, Annie Leibovitz s’intéresse aux animateurs et aux animatrices de workshops. C’est un exercice particulier qui requiert une bonne connaissance du fonctionnement des groupes. Voici quelques clés pour commencer à agir.

Outil 51 — Le rôle d’animateur(-trice) workshop

L’animateur(-trice) de workshop doit être vigilant(e) à :

Ses propres attitudes ;

La dynamique du groupe ;

Les conditions de réussite du workshop ;

Les personnes dans le groupe ;

Et enfin les objectifs.

Si vous êtes animateur(-trice), vous devrez guider l’atelier en suivant une série d’étapes que vous aurez préparées à l’avance. En général, on distingue les phases suivantes :

Introduction (accueil, explications et règles) ;

Production (stimulation du groupe, prises de parole, etc.) ;

Conclusion (« débriefer » et délivrer la synthèse des travaux).

Après (envoi de la synthèse, d’un questionnaire de satisfaction).

Dans la suite de la section, l’auteure évoque une technique d’animation assez connue : la méthode Post-it.

Outil 52 — Le fonctionnement d’un groupe

Un groupe a son rythme, son existence propre. Les raisonnements qui sont tenus en groupe ne sont pas les mêmes que ceux qui sont tenus individuellement. L’individu en groupe, par ailleurs, doit être plus rapidement stimulé, sous peine de voir chuter sa créativité et son implication.

Le groupe se compose peu à peu à force des échanges et du temps passé ensemble. Le groupe s’organise à partir des premières prises de parole, et devient de plus en plus productif au fur et à mesure que le workshop se développe (si tout se passe bien).

L’animateur(-trice) supervise le travail pour s’assurer que l’énergie du groupe va dans le bon sens (bienveillance et réalisation des objectifs, notamment). Pour cela, il fait usage de techniques différentes et joue avec les contrastes : moments ludiques et moments sérieux, moments intenses et moments plus calmes, moments d’action en mouvement et moments assis, etc.

Outil 53 — Faire face aux situations critiques

Certains participants peuvent devenir agressifs, ou certains peuvent parler trop. Il faut encore compter avec les apartés qui nuisent à l’ambiance et cassent l’effet de groupe, ou encore avec les perturbations diverses qui font que vous avez un trou, que vous perdez le fil et que le workshop se disloque.

Mais il ne faut pas céder devant ces difficultés ! Relativisation, objectivation et réactivité seront vos meilleures amies pour faire face aux situations difficiles.

Faites le silence pendant au moins 3 secondes pour mettre un peu de distance avec ce qui vient de se passer et répondre calmement. Rappelez-vous aussi que vous n’êtes pas attaqué(e) en tant que personne. C’est le rôle que vous jouez qui sert de défouloir à la personne !

Conclusion sur « La boîte à outils pour prendre la parole en public » de Annie Leibovitz

Ce qu’il faut retenir de « La boîte à outils pour prendre la parole en public » de Annie Leibovitz :

 Ce livre de la collection « La boîte à outils » répond à sa promesse : donner de nombreuses pistes pour améliorer sa prise de parole en public. L’acquéreur de l’ouvrage ne sera donc pas déçu, car il y a vraiment de quoi s’amuser et travailler en parcourant les pages et les dossiers qui le composent !

Si vous n'êtes pas familier du développement personnel et de la PNL, vous découvrirez aussi certains de leurs concepts essentiels (congruence, assertivité, visualisation, etc.). Toutefois, il sera préférable de compléter votre apprentissage par d'autres lectures pour avoir une compréhension plus globale de ces domaines.

Annie Leibovitz les applique avec beaucoup de justesse pour vous aider à prendre la parole en public et devenir plus confiant lors de vos interventions. Par ailleurs, elle s’intéresse de près à la forme du discours en empruntant à d’autres courants, tels que la rhétorique, le copywriting ou le storytelling.

Finalement, c'est votre identité et votre créativité qui trouvent, dans l'exercice du discours ou de la conférence, par exemple, une manière de s'exprimer. Ne laissez pas ces occasions vous échapper… Vous n'en serez que plus fort et plus fier, une fois le moment de trac passé !

Les points fort et les points faibles du livre

Points forts :

Une foule d’outils pour vaincre sa peur et commencer à pratiquer la prise de parole  ;

Des exemples, des tableaux, des schémas pour compléter l'information  ;

De nombreuses annexes.

Points faibles :

Le livre n'aborde pas la spécificité de la prise de parole publique en « virtuel » (webinaires, vidéos YouTube, etc.). Toutefois, lire l'ouvrage ne pourra pas faire de tort à celles et ceux qui voudraient se lancer dans ce type d'aventure.

Ma note :

★★★★★

Le petit guide pratique du livre La boîte à outils pour prendre la parole en public de Annie Leibovitz

Ce qu’il faut essentiellement pour bien parler en public dans le livre La boîte à outils pour prendre la parole en public :

Se connaître soi-même

La pratique et l’entraînement au quotidien

Foire Aux Questions (FAQ) du livre La boîte à outils pour prendre la parole en public de Annie Leibovitz

  1. Comment le public a accueilli le livre La boîte à outils pour prendre la parole en public de Annie Leibovitz ?

Le livre a été très bien accueilli par le public. Car, il s’est rapidement imposé comme la collection business numéro des ventes avec plus d’un million d’exemplaires

  1. Quel fut l’impact du livre La boîte à outils pour prendre la parole en public de Annie Leibovitz ?

Le livre La boîte à outils pour prendre la parole en public livre des outils concrets, explicites et applicables tout de suite, Il s’agit d’un condensé de concept simple pour permettre à tous de prendre la parole en public

  1. À qui s’adresse le livre La boîte à outils pour prendre la parole en public de Annie Leibovitz ?

Ce livre s’adresse à tout le monde sans exception, tout le monde peut être confronté à la prise de parole en public.

  1. Quels sont les avantages de l’assertivité ?

Garantit une meilleure santé mentale

Favorise les rapports francs

Réduit le niveau d’anxiété

  1. Quel est le rôle de la cohérence cardiaque ?

La cohérence cardiaque permet de faire le lien entre le cœur et le cerveau par la respiration

Les 5 C de la performance réussie vs Le rôle d’animateur workshop

Les 5 C de la performance réussie Le rôle d’animateur workshop

Calme Ses propres attitudes

Concentration La dynamique du groupe

Confiance Les conditions de réussite du workshop

Créativité Les personnes dans le groupe 

Combativité Les objectifs

Qui est Annie Leibovitz ?

Annie Leibovitz, auteur, photographe américaine contemporaine, est connue pour ses photos de célébrités. Ses photos capturent la personnalité et la vie privée de ses sujets avec un mélange de comédie et d'expressivité. Elles représentent des célébrités nues dans de somptueuses robes, recouvertes de peinture, dans des réservoirs d'eau ou des bains de lait. Elle a commencé sa carrière dans les années 1970 avec Rolling Stone et continue à contribuer régulièrement à des magazines prestigieux tels que Vanity Fair et Vogue. Influencée par Richard Avedon et Henri Cartier-Bresson, ses premières expériences photographiques pendant les vacances de son enfance ont éveillé son intérêt pour la photographie. Leibovitz, née le 2 octobre 1949 à Waterbury dans le Connecticut, a pris la dernière photo de John Lennon et Yoko Ono avant leur mort.

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La fabrique du crétin digital http://www.olivier-roland.fr/items/view/12495/La-fabrique-du-crtin-digital

Chronique et résumé de « La fabrique du crétin digital » de Michel Desmurget : ce scientifique nous alerte sur les dangers des écrans pour nos enfants et nos adolescents — un vrai succès de librairie qui nous donne des clés pour comprendre ce qu'il se passe et agir afin de protéger nos proches.

Michel Desmurget, 2019, 186 pages.

Chronique et résumé de « La fabrique du crétin digital » de Michel Desmurget

Un mot sur l'auteur et le livre La fabrique du crétin digital

Docteur en neurosciences cognitives, Michel Desmurget est Directeur de Recherche à l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM).

La fabrique du crétin digital a reçu une mention spéciale lors de la remise du prix Femina fin 2019.

Prologue

Nos enfants passent de plus en plus de temps sur les écrans. Le plus souvent, pour jouer ou se divertir. Pourtant, il existe un nombre toujours croissant d'études scientifiques qui démontrent la nocivité de cette exposition. 

"La consommation du numérique sous toutes ses formes – smartphones, tablettes, télévision, etc. – par les nouvelles générations est astronomique. Dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d’écran. Entre 8 et 12 ans, ils passent à près de 4 h 45. Entre 13 et 18 ans, ils frôlent les 6 h 45. En cumuls annuels, ces usages représentent autour de 1 000 heures pour un élève de maternelle (soit davantage que le volume horaire d’une année scolaire), 1 700 heures pour un écolier de cours moyen (2 années scolaires) et 2 400 heures pour un lycéen du secondaire (2,5 années scolaires)." (La fabrique du crétin digital, p.9)

Malheureusement, le traitement médiatique de la situation n'est pas à la hauteur. Bien au contraire ! Souvent, les médias s'emparent de la dernière étude à la mode — mais pas nécessairement la meilleure — pour inventer des gros titres qui ne correspondent en rien à la réalité des faits.

Pour nous aider à y voir plus clair, Michel Desmurget s'est donc efforcé de synthétiser et de vulgariser cet immense corpus de littérature scientifique trop souvent passé sous silence ou mal interprété.

Grâce à ce livre, vous entrerez donc dans le vif du sujet : au-delà des mythes, vous constaterez les véritables conséquences du numérique sur la santé, l’intelligence et les émotions de la jeune génération !

L'« enfant mutant » des armées propagandistes

L'auteur commence alors par passer en revue les discours d'un certain nombre de personnalités (médiatiques, politiques ou académiques) vantant les mérites du numérique et ses effets sur l'humanité. Pour résumer, ces auteurs estiment que :

Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de l'humanité ;

Nos cerveaux sont en train d'évoluer rapidement ;

Les enfants deviennent plus intelligents.

En particulier, les jeunes de la génération numérique (qu'on les nomme millinals, digital natives ou autres) développeraient de nouvelles compétences, inconnues ou sous-développées jusqu'alors.

Par ailleurs, d'autres (ou les mêmes) spécialistes insistent sur :

les bénéfices des jeux vidéo, même violents, sur les jeunes ;

Ou, de façon plus générale — sur les bénéfices des outils digitaux pour l'éducation.

Mais est-ce si sûr ?

Les voix de la discorde

La réponse de Michel Desmurget est clairement non. De nombreux experts vont dans le sens opposé aux discours de glorification. Pour eux, c'est bien tout le contraire qui se passe. Parmi les exemples qu'il prend, le plus caractéristique et intrigant est le cas de certains fondateurs de la Silicon Valley qui refusent de laisser leurs enfants utiliser les écrans et les placent dans des écoles privées garanties "sans technologies numériques".

La stratégie du doute

Selon l'auteur, le discours de glorification des outils numériques a largement pris le dessus dans la sphère publique et le citoyen a bien du mal à se faire une idée claire de ce qu'il en retourne vraiment.

Pourquoi ? Car la littérature scientifique qui en dévoile les dangers est chère, majoritairement en anglais, immense et plutôt ardue.

Au-delà, il y a une tendance, parmi les médias notamment, à se satisfaire des sources les plus facilement accessibles et à les répéter telles quelles. Bien sûr, les bons médias révèlent également des scandales et font un formidable travail.

Le problème est aussi que même les publications les plus officielles ne citent pas forcément leurs sources. Elles laissent leurs affirmations planer dans la vie et le citoyen n'a plus qu'à les croire sur parole.

Science et opinion ne se valent pas

Tous, nous avons des opinions, c'est-à-dire des idées ou croyances issues de nos expériences antérieures. Pour autant, ces opinions n'équivalent pas à des savoirs, rappelle Michel Desmurget. 

Il y a de ce fait tromperie lorsque l'opinion se fait passer pour de l'expertise, c'est-à-dire lorsqu'une croyance se fait passer pour une connaissance vérifiée. Tout l'enjeu consiste donc à débusquer ces "faux experts" et à mettre en lumière les véritables expertises, cachées dans les revues scientifiques.

Trop, c'est trop !

"Alors oui, j'en ai assez de ces spécialistes autoproclamés qui saturent l'espace médiatique de leur verbiage inepte. J'en ai assez de ces lobbyistes abjects, déguisés en experts, qui nieraient jusqu'à la sphéricité de la Terre si cela pouvait servir leur carrière et engraisser leurs intérêts." (La fabrique du crétin digital, p. 30)

Michel Desmurget est en colère contre la propagation de ces discours dans les médias, car ils servent avant tout des intérêts économiques et pas ceux de nos enfants.

Alors que faire ? L'option de ce livre est d'informer, ni plus ni moins.

L'auteur ne plaide pas pour des mesures coercitives : il veut donner aux gens la possibilité de se faire leur propre idée en s'appuyant sur des études scientifiques rigoureuses qu'il se propose de compiler, de résumer et d'analyser.

Première partie — La fabrique du crétin digital - Homo mediaticus. La construction d'un mythe

1 — Contes et légendes

« Une génération différente »

Michel Desmurget commence par passer en revue de façon plus précise les affirmations de l'industrie du numérique et de ses experts, afin d'en montrer la faible validité, voire le caractère tout simplement mensonger.

Premier "mythe" auquel il s'attaque : l'idée que les jeunes seraient vraiment différents (et meilleurs). Il se concentre sur 3 postulats :

"L'omniprésence des écrans a créé une nouvelle génération d'êtres humains, totalement différente de la précédente ;

Les membres de cette génération sont experts dans le maniement et la compréhension des outils numériques ;

Pour garder quelque efficacité (et crédibilité), le système scolaire doit impérativement s'adapter à cette révolution." (La fabrique du crétin digital, p. 43)

À y regarder de plus près, il n'y a en fait aucune preuve convaincante de ces affirmations.

Premièrement, la nouvelle génération vantée dans les médias est hétéroclite, elle n'a pas d'unité. Autrement dit, "elle n'existe pas". Les différences sont très importantes en fonction du statut social, du sexe, de l'âge, etc.

Deuxièmement, parmi ces jeunes, bien peu sont des petits génies de l'informatique. Certes, la majorité d'entre eux peut utiliser les réseaux sociaux et télécharger des applications, mais c'est à la portée de tous. Il est même démontré que beaucoup ont de véritables inaptitudes techniques et un manque de culture numérique.

Troisièmement, il y a dans ces discours une étrange tendance à positiver des caractéristiques auparavant considérées comme plutôt négatives (zapping, impatience, etc.) et à dévaloriser les générations antérieures.

« Un cerveau plus développé »

Autre affirmation à mettre en doute : l'idée que le cerveau des joueurs de jeu vidéo serait plus épais par endroits et, donc, que ceux-ci deviendraient plus intelligents ou capables d'une meilleure mémorisation.

Pour l'auteur, c'est non seulement inexact, mais potentiellement dangereux. Pourquoi ?

Car s'il est vrai que le cerveau (partie préfrontale) s'épaissit lorsque vous jouez au jeu vidéo, c'est aussi vrai de bien d'autres activités ;

Parce qu'épaisseur et augmentation des facultés ne vont pas forcément de pair ;

Car l'augmentation du volume du cerveau pourrait plutôt signaler un problème d'addiction (stimulation des circuits de récompense) ;

Parce qu'il y a donc tout lieu de s'en inquiéter, d'autant plus au moment de l'adolescence, période où le cerveau est fragile et en construction.

Par ailleurs, les études récentes montrent qu'il n'y a aucun "transfert depuis les jeux vidéo vers la "vraie vie"". C'est-à-dire ? Eh bien, les compétences éventuellement acquises lors d'un jeu vidéo ne sont pas nécessairement transférables ensuite, lorsque vous devez résoudre des problèmes du monde réel.

« Les écrans, c'est formidable ! »

L'auteur s'en prend ici à plusieurs idées trompeuses.

Il attaque d'abord l'idée que les ordinateurs ou les tablettes vont permettre aux enfants des pays pauvres d'apprendre seuls efficacement (programme One laptop per child). En fait, les résultats de ce programme se sont avérés négatifs.

Il revient ensuite sur la mauvaise interprétation de certains résultats scientifiques concernant les bénéfices du jeu vidéo sur la dyslexie. En réalité, comme l'auteur l'explique très bien, les journalistes ont souvent tendance à généraliser là où il n'y a aucune certitude établie.

Ce faisant, ils créent de fausses croyances chez les personnes (en l'occurrence l'idée que jouer aux jeux vidéo pourrait aider ces enfants, alors que cela n'a rien d'établi, bien au contraire).

En conclusion

"L'enfant mutant du numérique, que son aptitude à taquiner le smartphone aurait transformé en omnipraticien génial des nouvelles technologies les plus complexes ; que Google Search aurait rendu infiniment plus curieux, agile et compétent que n'importe lequel de ses enseignants pré-digitaux ; qui grâce aux jeux vidéo aurait vu son cerveau prendre force et volume ; qui grâce aux filtres Snapchat ou Instagram aurait élevé sa créativité jusqu'aux plus hauts sommets ; etc. ; cet enfant n'est qu'une légende. Il n'est nulle part dans la littérature scientifique." (La fabrique du crétin digital, p. 67)

2 — Paroles d'experts

Les médias sont face à un problème de taille : les secteurs industriels qui cherchent à cacher des vérités qui les dérangent (comme l'industrie du tabac ou du sucre, par exemple) embauchent ce que l'auteur nomme des "experts "maison"".

En fait, ce sont des faux experts qui ne font que répéter le discours de l'industrie en question pour semer le doute et faire croire qu'il y a débat au sein de la communauté scientifique.

Les médias, comme les citoyens, doivent donc se poser très sérieusement la question de la crédibilité des experts. Pour Michel Desmurget, la crédibilité passe par :

La connaissance du sujet (littérature scientifique) ;

La constance (ne pas changer son discours en fonction du public) ;

L'honnêteté (l'absence de conflits d'intérêts ou, à minima, la reconnaissance publique des liens qui peuvent exister).

De l'art d'ignorer les conflits d'intérêts

Les médias ne devraient pas être si tolérants vis-à-vis des conflits d'intérêts. Il se trouve pourtant que ces informations sont souvent aisément disponibles, comme le montre l'auteur à partir de plusieurs exemples.

Les sources, comme les experts, doivent être passées au crible fin. Certaines références sont présentées comme des articles scientifiques, alors qu'elles n'en sont pas.

Même les organismes d'État, comme le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) n'est pas épargné. Souvent, ses experts sont d'anciens professionnels des médias ayant travaillé de longues années dans le secteur privé. Besoin d'une preuve ? L'auteur prend l'exemple du lien entre publicité et obésité infantile.

De l'art du verbiage creux et des réponses fumeuses

La rhétorique est menée de main de maître par celles et ceux qui veulent parler de tout sans savoir de quoi ils parlent vraiment. Elle sert alors à manipuler, plus qu'à simplement convaincre.

Michel Desmurget montre comment la généralisation ou l'appel au bon sens et à la mesure font partie de stratégies discursives employées par des "omnispécialistes" qui soit ne connaissent pas les faits, soit refusent de les prendre en compte.

L'ironie est également l'une des armes redoutables employées par les experts généralistes qui cherchent à décrédibiliser les discours sérieux et factuels. L'exemple des publicités cachées dans les films est ici mis en avant par l'auteur.

Au-delà de ces trucs rhétoriques, l'auteur se dresse contre des arguments du genre : "Il faut bien mourir de quelque chose", qui tendent à relativiser la gravité des problèmes liés à l'alcoolisme, au tabagisme ou à l'obésité. Il invite le lecteur à être plus malin et à réfléchir en termes statistiques.

Finalement, ce qui le chagrine le plus, c'est que la plupart du temps, les études scientifiques elles-mêmes ne sont jamais vraiment analysées, regardées en détail et discutées. Les pseudo-spécialistes et les médias tournent autour, le plus souvent pour les détruire, mais jamais pour les interpréter soigneusement.

De l'art des opinions mouvantes

Certains experts ayant pignon sur rue dans les médias ne sont visiblement pas capables de transmettre correctement les informations contenues dans les études scientifiques. Est-ce par simple erreur ? Est-ce une volonté de limiter, voire d'étouffer le problème ? C'est difficile à dire.

Quoi qu'il en soit, Michel Desmurget tient à recadrer les faits. Il s'intéresse en particulier aux raccourcis opérés par un expert au sujet de l'influence de la télévision (et des écrans) sur le sommeil chez les enfants.

Les investigations démontrent clairement un effet délétère, comme le rappelle l'auteur. Pourquoi, dans ce cas, minimiser ces faits dans des journaux et des programmes d'importance nationale ?

L'auteur prend plusieurs pages pour démonter les avis trop "généreux" des spécialistes à grande audience et préciser la réalité des faits quant aux nuisances des écrans chez les plus jeunes.

De l'art de trier les cerises

Cherry picking, en anglais, désigne une pratique de sélection des études afin d'avancer une thèse plutôt qu'une autre. Ce n'est pas une pratique très recommandable, puisqu'elle biaise la vérité scientifique en la soumettant à une opinion déterminée.

C'est pourtant ce qui se fait dans plusieurs domaines, comme celui du changement climatique et du numérique. Problème : déconstruire ce type de construction fumeuse prend du temps et demande que le lecteur s'intéresse aux chiffres.

Michel Desmurget s'en prend en particulier à un avis sur les jeux vidéo délivrés par l'Académie des sciences. Cet avis s'appuie bien sur de sérieuses études scientifiques. Le problème, c'est qu'elle picore les faits, plutôt qu'elle ne les relate avec exactitude et complétude.

En analysant plus finement l'étude, il met ainsi en doute les propos de cet "Avis", qui prétendait que les joueurs seraient :

Plus créatifs ;

Meilleurs pour collaborer ;

Plus attentifs et rapides ;

Mieux concentrés.

Selon lui (à l'appui de l'étude qu'il analyse), ces affirmations sont tout simplement fausses ou surévaluées. En outre, il conviendrait de poser plus clairement la question de l'addiction à ces jeux.

De l'art de cultiver le doute en terres de consensus

Il importe de voir que peu de doutes subsistent quant à la dangerosité des écrans pour les plus jeunes ou au sujet des effets délétères des jeux vidéo.

Pourtant, médias et industrie s'allient souvent pour faire valoir des avis "divergents", censés "enrichir le débat" là où il devrait être clos (et l'est, de fait, dans la communauté scientifique).

Comment ? En faisant "entrer en scène" une autre figure du discours pseudo-expert : l'Iconoclaste. C'est la personne bardée de diplômes, au discours original et à contre-courant, qui va affaiblir le consensus scientifique.

Michel Desmurget prend à nouveau, en l'étendant aux États-Unis, le cas de la corrélation entre jeux vidéo et violence.

En conclusion

Michel Desmurget veut ici prévenir sur le manque de fiabilité de l'information diffusée dans les médias :

"Dans le champ du numérique, l'information offerte au grand public manque souvent cruellement de fiabilité. En ce domaine, nombre d'experts médiatiques, parmi les plus importants, présentent une stupéfiante capacité à collectionner les âneries, sornettes, revirements, approximations et contrevérités." (La fabrique du crétin digital, p. 148)

L'auteur invite les journalistes à être plus scrupuleux dans le choix de leurs experts. Surtout, ils devraient faire un travail de médiation, entre la science, l'industrie et le public, pour montrer qui est digne ou non de confiance.

3 — Études boiteuses

« Les loisirs numériques n'affectent pas les performances scolaires »

Bien trop souvent, les médias relaient, sans véritable esprit critique, des études scientifiques peu fiables. En fait, toutes les publications scientifiques ne se valent pas : certaines revues ont des critères de sélection plus durs que d'autres. Et, dans tous les cas, une véritable étude scientifique doit avoir été validée par les pairs (d'autres scientifiques) afin d'être considérée comme fiable.

"L'ennui, c'est que ces notions de hiérarchie et de crédibilité des sources semblent étrangères à nombre de médias généralistes. N'importe quel travail, aussi inepte soit-il, peut ainsi se retrouver en "une", pour peu qu'il soit suffisamment tape à l'œil et apte à faire le buzz." (La fabrique du crétin digital, p. 155)

C'est ce que démontre le cas des loisirs numériques et de leurs effets délétères sur les performances scolaires. L'auteur relate la manière dont une étude peu fiable a fait l'objet d'une couverture médiatique indue.

C'est de cette façon que des contre-vérités circulent et que le doute s'installe dans les esprits des parents, qui ne savent plus comment agir avec leurs enfants.

« Jouer aux jeux vidéo améliore les résultats scolaires »

Michel Desmurget met ensuite en question une autre étude qui affirmait un lien positif entre jeu vidéo et amélioration des résultats scolaires.

Selon lui, cette étude est insatisfaisante, car problématique du point de vue des statistiques utilisées et de la façon dont les résultats sont interprétés. Cette recherche va même jusqu'à affirmer que :

Il est préférable de jouer aux jeux vidéo plutôt que faire ses devoirs ;

Manquer les cours et travailler sur Internet ;

Les élèves des classes défavorisées apprennent mieux que les plus privilégiés.

Pour l'auteur, ces affirmations sont complètement extravagantes et dénuées de fondement.

Michel Desmurget poursuit en montrant que les données elles-mêmes sur lesquelles se fondent cette étude et d'autres du même acabit sont trompeuses et peu fiables.

« Moins de crimes grâce aux jeux vidéo violents »

De nombreuses erreurs de jugement, telles que la "corrélation sophistique" (p. 173), donnent lieu à des titres de journaux abusifs.

Pour se faire comprendre, l'auteur passe par l'exemple de l'obésité infantile et de la publicité alimentaire. Les affirmations des lobbyistes (et de certains politiques) tombent sous le coup du non-sens : contrairement à ce qu'ils affirment, le lien entre publicité et obésité est bel et bien prouvé chez les enfants (études à l'appui indiquées dans le livre).

Il faut donc à tout prix se méfier des corrélations simplistes qui font prendre des chaudrons pour des lanternes. Dire que les jeux vidéo ne sont pas liés à la criminalité, voire qu'ils la diminuent, c'est ne rien comprendre aux statistiques. Pourquoi ? Car il faut prendre en compte de nombreux autres critères dans la diminution de la criminalité.

Par ailleurs, lorsque vous souhaitez mettre en évidence un lien de causalité entre un jeu en particulier et la hausse de la criminalité, vous devriez prendre en considération le fait que des jeux du même genre sortent tous les mois. Sans cela, ne pas constater de lien n'a rien d'étonnant.

Ce que propose l'auteur

Pour Michel Desmurget, il y a ici une relation nocive entre des études scientifiques de peu de fiabilité, un lobbyisme industriel et des médias qui relaient sans trop se poser de questions. Il donne une astuce pour faire face à ce genre de fausses informations :

"Une règle simple permet cependant de se protéger contre ce genre de manœuvre : si l'on vous dit que deux phénomènes sont indépendants parce que leurs variations ne sont apparemment pas corrélées, soyez outrageusement circonspect. Demandez-vous toujours si ces phénomènes sont déterminés par plusieurs causes. Lorsque c'est le cas ( et c'est presque toujours le cas), demandez-vous si ces causes sont prises en compte dans le modèle statistique. Lorsque la réponse est négative, c'est sans doute le signe que ce qui vient de vous être affirmé relève moins de la fière science que de la triste fumisterie." (La fabrique du crétin digital, p. 185)

« Pas de preuves de dangerosité des écrans pour le développement des jeunes enfants »

C'est faux. Il y a des études sérieuses qui montrent le contraire. Certes, ces études sont complexes, mais cela ne signifie pas que nous devions baisser les bras devant leurs résultats. Il y a bien une corrélation forte (et probablement un lien de causalité) entre écran et développement linguistique et social des enfants.

Simplement, il faut prendre le temps de comprendre la littérature scientifique et en reproduire fidèlement les conclusions.

En conclusion

Ici encore, Michel Desmurget nous met en garde et nous exhorte à développer notre esprit critique, même vis-à-vis des médias nationaux réputés "sérieux" et de leurs services de vérification de l'information. Pour ce faire, quelques astuces (en plus de la règle évoquée un peu plus haut) :

Douter des conclusions "trop belles" ;

Vérifier la qualité des sources ;

Être circonspect face à un résultat unique qui contredit de nombreuses autres études.

Deuxième partie — La fabrique du crétin digital - Homo numericus. La réalité d'une intelligence entravée et d'une santé menacée

En préambule

Maintenant que les mythes et les opinions ont été écartés, nous pouvons nous centrer sur l'analyse des discours prétendant à la validité scientifique. Quels sont les faits concernant l'homo numericus en devenir ?

Avant d'aller plus loin, il faut nuancer le propos en soulignant que :

Les technologies numériques ont apporté des progrès incontestables (automatisation, calcul, conception), mais beaucoup de ses usages dits "récréatifs" posent problème, surtout pour les plus jeunes. Il n'est donc pas question de critiquer "Le" numérique dans son ensemble.

Il existe différents types d'effets négatifs, qui touchent les "quatre piliers de l'identité" : le cognitif, l'émotionnel, le social et le sanitaire.  L'enjeu consiste à en dresser un tableau clair et obtenir un "bilan global" qui donne une idée juste des problèmes à affronter.

4 — Des usages abusifs (trop) répandus

Il importe en particulier de se poser les trois questions suivantes :

Quoi (quels écrans, quels usages) ;

Combien (de temps passé devant les écrans) ;

Qui (sexe, catégorie sociale, âge, etc.).

Des estimations forcément approximatives

Malgré la qualité des études produites par de nombreux chercheurs, il faut reconnaître que les estimations sont approximatives. Pourquoi ? Car les données sont difficiles à récolter (notamment via les sondages et les interviews, les deux techniques les plus couramment utilisées).

Toutefois, les analyses présentées dans cette seconde partie sont dignes d'intérêt et de confiance, car elles reposent sur des protocoles de recherche sérieux.

La plupart des résultats sont d'abord valables pour les États-Unis (ou les enquêtes ont été conduites), mais une comparaison avec les études (moins nombreuses) d'autres pays montre une forte convergence.

Enfance : l'imprégnation

L'auteur passe en revue les temps d'écrans, les types d'usage et les différences (entre sexes, catégories sociales) chez :

les 0-1 an ;

2-8 ans.

Entre 0 et 1 an, c'est en moyenne 50 minutes par jour qui sont passés devant les écrans. De 2 à 4 ans, c'est 2 h 45 par jour, puis 3 heures jusqu'à 8 ans. Pour l'auteur, ces chiffres sont colossaux, surtout lorsqu'il est précisé que ce temps d'écran n'est pas lié à une interaction parentale et ne donne pas lieu à un apprentissage réel.

Préadolescence : l'amplification

Entre 8 et 12 ans, c'est environ 4 h 40 de temps journalier consacré aux écrans, soit près d'un tiers du temps de veille. Les activités "créatives" (création graphique, écriture, etc.) sont peu nombreuses comparées aux autres usages (jeux vidéo, télévision, réseaux sociaux).

Qu'en est-il des plus jeunes qui ne sont pas exposés aux dispositifs digitaux ? Eh bien, contrairement à l'idée toute faite selon laquelle ils risqueraient de devenir des "parias" sociaux, il semble qu'ils se portent mieux !

Adolescence : la submersion

Ici, on monte à 6 h 40 de temps de consommation numérique (en moyenne) !

"Autrement dit, sur une simple année, les écrans absorbent autant de temps qu'il y a d'heures cumulées d'enseignement du français, des maths et des SVT durant tout le secondaire." (La fabrique du crétin digital, p. 223)

Les usages sont sensiblement les mêmes que chez les pré-ados, avec toutefois une utilisation beaucoup plus imposante des réseaux sociaux. Ici encore, les différences entre foyers aisés et défavorisés jouent un rôle important, puisque les moins bien lotis "consacrent chaque jour 2 h 30 de plus aux écrans que leurs homologues plus privilégiés" (p. 224).

Environnement familial : des facteurs aggravants

Le milieu familial joue bien sûr un grand rôle dans la modération ou l'exagération de ces tendances. Si vous placez une télé dans la chambre de votre enfant ou que vous lui offrez un téléphone mobile dès son plus jeune âge, il est bien certain que sa consommation augmentera.

Par ailleurs, plus les parents seront de gros consommateurs et plus les enfants suivront les habitudes parentales — et moins les parents considéreront la consommation de leurs enfants comme problématique.

Établir des règles claires aide les plus jeunes à avoir des comportements moins nocifs pour leur santé. Cela a également été démontré. À long terme, nous gagnons à "réorienter les activités" (de la télévision vers la lecture, par exemple), pour le bien de l'enfant et celui de la famille.

Quelles limites à l'usage des écrans ?

Souvent, les limitations sont énoncées de façon trop vague dans les médias, ainsi que les dommages causés. Il convient d'être plus factuel et plus clair. Quels critères choisir ?

Les frontières de l'excès doivent être placées selon l'âge. Comme "les expériences précoces (en matière d'apprentissage) sont d'une importance primordiale", il importe par-dessus tout de ne pas gaspiller ce potentiel.

C'est la première idée à garder fermement à l'esprit et qui se traduit chez l'auteur par : "Pas d'écran avant (au moins) 6 ans !" (p. 235).

Pour les plus de 6 ans, Michel Desmurget conseille (études à l'appui) d'autoriser moins d'une heure par jour — et plutôt aux alentours de 30 minutes, en privilégiant des contenus adaptés et non violents.

En conclusion

Voici les trois points à retenir de ce chapitre :

Les plus jeunes passent trop de temps devant les écrans et en particulier aux activités récréatives numériques.

Il est possible de poser des règles claires, justifiées simplement à l'enfant.

Il faut s'en tenir à des limites basses, en suivant la littérature scientifique disponible, soit rien avant 6 ans et moins d'une heure par jour ensuite.

5 — Réussite scolaire : attention, danger !

Écrans domestiques et résultats scolaires ne font pas bon ménage

Par écrans domestiques, l'auteur réfère à "tous les écrans accessibles en dehors de l'école, que ceux-ci soient "personnels" (smartphones, télé dans la chambre, console de jeu, ordinateur, etc.) ou "familiaux" (télé dans le salon, tablette commune, ordinateur partagé, etc.)" (p. 245).

D'après plusieurs études générales de qualité menées en Angleterre et en Allemagne notamment, il apparaît que ce type d'écrans est délétère pour les résultats scolaires. Bien sûr, il s'agit de données moyennes qui ne rendent pas bien compte des spécificités individuelles, mais elles signalent une tendance générale.

Ces résultats suivent une tendance déjà remarquée dans le cas particulier — et connu de longue date — de la télévision. Il s'avère qu'un usage régulier de la télé nuit aux performances académiques et professionnelles (pour les détails des chiffres, voir p. 248-250).

Quant aux jeux vidéo, il n'y a pas non plus de grande surprise. L'auteur expose les résultats de recherche menés aux États-Unis afin de montrer, ici encore, qu'il vaut mieux se passer de console si vous voulez réussir à l'école.

Le smartphone n'échappe pas non plus à l'œil avisé de l'enquêteur et des scientifiques dont il expose les investigations. Voici comment il résume l'état de la recherche :

"L'impact négatif du smartphone s'exprime avec clarté sur la réussite scolaire : plus la consommation augmente, plus les résultats chutent." (La fabrique du crétin digital, p. 253)

Il en va enfin de même avec les ordinateurs. Pourquoi ? Car, malheureusement, "c'est toujours, toujours, les usages abêtissants qui gagnent". Autrement dit, les écrans servent avant tout à nous distraire et non à nous éduquer.

Le monde merveilleux du numérique à l'école

Il faut d'abord distinguer entre l'apprentissage "du" numérique et l'apprentissage "par" le numérique. Le premier est nécessaire — au moins, de façon basique — au second, mais il est utile de bien différencier ces problématiques.

Apprentissage "du" numérique : Quand apprendre à se servir des outils numériques ? Et qu'apprendre (les logiciels de bureautique, la programmation, etc.) ? Cette question doit être pensée à fond, par-delà toute "technofrénésie" idiote.

Apprentissage "par" le numérique : Est-ce que ces apprentissages offrent une réelle plus-value à l'apprenant ? C'est encore loin d'être démontré. En fait, les résultats sont plutôt très décevants.

L'auteur analyse en détail plusieurs études et rapports officiels. Ceux-ci montrent une absence de relation directe entre infrastructures numériques à l'école et progrès de l'enseignement.

À nouveau, l'auteur souligne :

Le détournement "récréatif" de ces infrastructures (notamment par les étudiants des universités qui utilisent les ressources numériques académiques à d'autres fins que l'étude) ;

La prépondérance de la logique économique (faire entrer le numérique à l'école, c'est faire gagner beaucoup d'argent à cette industrie) sur la logique éducative (le développement intellectuel).

Qu'en est-il des MOOC (Massive Open Online Course), réputés géniaux ? Michel Demurget rappelle de nombreux chiffres et ne semble pas convaincu. "La bulle se dégonfle", conclut-il.

Enfin, il émet de sérieux doutes sur les supposées capacités des jeunes à utiliser Internet à des fins documentaires. En réalité, soupeser l'information est une action complexe, qui requiert des savoirs précis dont ne disposent pas la plupart des jeunes qui effectuent des recherches sur la Toile.

En conclusion

Retenez deux points de ce chapitre :

Les écrans domestiques entraînent une utilisation "récréative" défavorable à la formation ;

"Plus les élèves investissent dans les TICE (technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement), plus la performance des élèves chute." (p. 285)

6 — Développement : l'intelligence, première victime

Des interactions humaines mutilées

Le bébé arrive au monde avec un bagage de compétences qui ne demandent qu'à croître. En particulier, le nourrisson est très attiré par tout ce qui touche aux relations humaines (voix, présence physique, etc.). Plus l'entourage s'occupe de lui et prend le temps d'être avec lui, et plus l'enfant grandit favorablement.

Les écrans ne reproduisent que très imparfaitement la présence humaine. Un être en chair et en os sera beaucoup mieux perçu, senti et compris qu'un être apparaissant en mode "vidéo".

Par ailleurs, l'augmentation du temps d'écran diminue logiquement le temps d'échanges et de partages qui sont essentiels au développement de l'enfant et de ses capacités sociales. Plus l'attention de l'adulte ou de l'enfant (ou des deux) est captée par les écrans, plus l'échange s'amenuise et plus les frustrations, voire le mal-être, augmente.

Un langage amputé

Le langage est fondamental à notre humanité et est directement lié à notre intelligence. L'apprentissage du vocabulaire et de l'orthographe sont des compétences de base qui sont de moins en moins maîtrisées. Le numérique, bien sûr, n'est pas seul en cause : les réformes scolaires, notamment, sont pointées du doigt par Michel Desmurget.

"L'enfant a besoin qu'on lui parle !", clame l'auteur, en se référant à de très nombreuses études. C'est — de loin — la meilleure manière de lui faire apprendre de nouveaux mots et de lui faire saisir les subtilités de la langue.

Qu'en est-il des programmes éducatifs ? L'auteur s'est déjà penché sur la question à plusieurs reprises dans l'ouvrage, mais va davantage dans le détail ici. Il montre, toujours recherches à l'appui, que les résultats de ces programmes sont très faibles en matière d'acquisition des compétences langagières de base.

"Bref, en matière de langage, l'inefficacité des programmes audiovisuels éducatifs est non seulement expérimentalement avérée, mais aussi théoriquement inéluctable." (La fabrique du crétin digital, p. 310)

L'auteur insiste finalement sur l'importance des livres pour l'enrichissement du vocabulaire et la compréhension. Nous comprenons mieux un contenu écrit dans un livre que sur un écran.

Une attention saccagée

Il existe différents types d'attention :

Distribuée, extrinsèquement stimulée (depuis l'extérieur) et ouverte sur le monde ;

Focalisée, intrinsèquement maintenue (depuis la volonté intérieure) et peu perméable aux agitations extérieures.

La première est celle offerte par les jeux vidéo ou les écrans en général. La seconde est celle qui est requise pour la résolution d'un problème mathématique ou l'écriture, par exemple.

Contrairement à une opinion répandue, il n'y a donc pas de différence entre écrans non interactifs "préjudiciables" (télé, DVD) et écrans interactifs "bienfaisants" (jeux vidéo, ordinateur, tablette, etc.). Les deux sont tout aussi nocifs.

Nous avons de plus en plus de mal à rester concentrer longtemps et à résister aux tentations liées aux écrans. Ces phénomènes sont liés : nous mobilisons davantage nos circuits d'attention exogènes, mais sommes de plus en plus incapables de mobiliser ceux qui sont liés à l'attention endogène.

Les notifications et autres usages mobiles "kidnappent" notre attention et nous "déroutent" de notre écoute (lorsque nous écoutons un conférencier par exemple), de nos pensées (lorsque nous effectuons une tâche intellectuelle) et de notre nécessaire vigilance (lorsque nous conduisons, par exemple).

Qu'en est-il de cette fameuse aptitude au "multitasking", cette capacité à jongler avec plusieurs tâches à la fois, alors ? Eh bien, cette compétence requiert une énergie mentale très conséquente, accroît les possibilités d'erreurs et diminue les capacités de mémorisation.

L'auteur tire la sonnette d'alarme en rappelant que les réseaux sociaux ont été conçus pour dévorer notre attention. Michel Desmurget rapporte enfin que l'excès de stimulation pourrait être lié aux troubles de déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH).

En conclusion

Les écrans créent de véritables problèmes de fond pour le développement des enfants :

Au niveau des interactions humaines ;

Sur le plan du langage ;

Enfin, au niveau de la concentration.

7 — Santé : une agression silencieuse

Mais ce n'est pas tout ! Le physique lui-même est atteint. Il y a pléthore d'articles qui le montrent. Parmi celles-ci, l'auteur se concentre sur trois dangers de taille :

Les troubles de sommeil ;

La sédentarité ;

Les contenus "à risque".

Un sommeil brutalement mis à mal

Le thème est sous-traité dans les médias et alerte assez peu les parents eux-mêmes. Pourtant, c'est l'un des effets les plus dangereux des écrans.

Pourquoi ? Car le cerveau s'active pendant que nous dormons. Le sommeil est, comme dit l'expression courante, "réparateur", et cela aussi bien sur le plan intellectuel et émotionnel que physique.

Il est prouvé que les écrans :

Retardent l'heure du coucher ,

Augmentent la latence d'endormissement (le temps entre la mise au lit et le fait de dormir) ;

Excitent, plus qu'ils ne calment.

"Depuis quelques années maintenant, les études s'accumulent pour montrer l'existence d'un lien étroit, au sein des jeunes générations, entre consommation numérique et souffrance psychique (dépression, anxiété, mal-être, suicide, etc.). L'impact des écrans sur le sommeil fournit une base explicative directe et solide à ce désastre." (La fabrique du crétin digital, p. 346)

Une sédentarité dévastatrice

"Absence prolongée d'activité physique", voilà comment se définit la sédentarité. L'auteur apporte un correctif à la suite d'autres scientifiques : il est possible d'être sédentaire tout en étant actif, c'est-à-dire de travailler en journée et de s'affaler dans le divan toute la soirée ensuite.

De façon générale, rester assis dégrade la santé. Michel Desmurget le rappelle à l'aide de nombreux travaux anciens et récents. Par ailleurs, rester devant les écrans diminue la propension à réaliser une activité physique (un sport, par exemple).

Marcher, s'activer est essentiel à la santé humaine, ainsi qu'au contrôle des émotions et au bien-être psychologique. Tout comme dormir.

Bien sûr, cela n'est pas seulement dû aux écrans récréatifs. Mais ceux-ci y jouent un rôle indéniable.

L'influence des contenus numériques

Loin d'être seulement un réservoir à souvenirs, la mémoire est une véritable "machine à créer des liens" : c'est une intelligence en soi, qui s'active lorsque nous en avons besoin.

Certes, elle n'est pas parfaite et crée parfois des liens étranges, par simple "contiguïté temporelle"; Ce principe est utilisé par les maîtres du marketing pour nous pousser à associer des éléments entre eux (un goût avec une marque, etc.). Il est aussi à la base de certains stéréotypes tenaces.

L'auteur se penche ensuite sur le marché juteux du placement de produits dans les films et jeux vidéo. Cette forme subtile de publicité est utilisée entre autres par l'industrie du :

Tabac ;

Alcool ;

Alimentaire.

De nombreuses études montrent que le tabagisme, l'alcoolisme et l'obésité peuvent être fortement corrélés aux campagnes publicitaires diffusées sur nos écrans récréatifs.

Le poids inquiétant des normes

"Au fond, les éléments précédents ne font que refléter la capacité générale des contenus audiovisuels de masse à formater nos représentations sociales. YouTube, les séries, les films, les clips musicaux, les jeux vidéo sont de véritables machines à fabriquer des normes, c'est-à-dire des règles, souvent implicites, de conduite, d'apparence ou d'expectation." (La fabrique du crétin digital, p. 375)

Nous ne faisons pas qu'observer nos "alter ego numériques" sur les écrans ; nous voulons leur ressembler. Or, cette tendance à vouloir être toujours plus en phase avec cette perfection artificielle engendre des comportements pathologiques, notamment au niveau de la :

Perception du corps ;

Sexualité ;

Violence/agressivité.

Épilogue

Michel Desmurget n'y va pas avec le dos de la cuillère. Il affirme qu'au cours de l'écriture de ce livre, son exaspération s'est muée en colère. Voici ce qu'il affirme :

"Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l'histoire de l'humanité, une telle expérience de décérébration n'avait été conduite à aussi grande échelle." (La fabrique du crétin digital, p. 385)

Cela n'est pas mépriser les jeunes que de le dire. Au contraire, c'est parce qu'il se préoccupe de leur sort qu'il préfère ne pas se taire.

Que retenir ?

L'auteur propose 4 conclusions à retenir :

Le manque de fiabilité de l'information fournie au grand public.

Le caractère exorbitant de la consommation numérique des plus jeunes.

La dangerosité des écrans récréatifs pour les enfants et les adolescents.

L'inadaptation de notre cerveau aux mondes numériques.

Que faire ?

Il propose également 2 grandes lignes d'action :

Prendre nos responsabilités en tant que parents afin de résister à cette déferlante.

Établir des règles précises de consommation (c'est l'objet du point suivant).

Sept règles essentielles

Voici les règles mises en place et suggérées par l'auteur suite à sa revue de la littérature scientifique :

Pas d'écrans avant 6 ans ;

Après 6 ans, pas plus de 30 minutes/jour ;

Hors de la chambre ;

Avec des contenus adaptés ;

Pas le matin avant l'école ;

Ni le soir avant le coucher ;

Et un écran à la fois.

Moins d'écrans, c'est plus de vie

Les heures gagnées pourront bénéficier à la vie familiale et au développement de l'enfant. Certes, cela peut être compliqué au début, mais il y a des méthodes pour y parvenir. Et n'oubliez pas : ils vous remercieront quand ils seront grands !

Une lueur d'espoir ?

Michel Desmurget remarque que la vague numérique s'estompe et que les critiques se font plus audibles. Il voit que de nombreux praticiens s'interrogent sur les effets délétères des écrans récréatifs et il estime que c'est un signe positif. "Une salutaire prise de conscience semble se dessiner", affirme-t-il.

Postface

Dans sa postface rédigée en 2020, un an après la parution de La fabrique du crétin digital, Michel Desmurget dit son étonnement face au succès du livre. Et sa joie, aussi, de voir le thème des dangers du numérique pour nos enfants enfin mis sur le devant de la scène !

Il cherche d'abord à comprendre les raisons de cet engouement, puis analyse en détail les principales critiques qui lui ont été formulées, avant d'aborder la question de la Covid-19 et de ce que nous a appris le confinement en matière de numérique.

Conclusion sur « La fabrique du crétin digital » de Michel Desmurget :

Ce qu’il faut retenir de « La fabrique du crétin digital » de Michel Desmurget :

Voilà un livre écrit à la fois avec la tête et le cœur. La passion de Michel Desmurget pour son sujet se sent à chaque page. Ce qui domine est un sentiment puissant de colère face à la logique économique qui, par seul appât du gain, "siphonne" le cerveau des plus jeunes.

Pour résister à cette vague sans précédent, l'auteur se propose de rassembler, synthétiser et vulgariser les nombreuses études portant sur le thème de la consommation numérique chez les enfants et les adolescents. Leur connaissance doit nous aider à y voir plus clair et à protéger les plus vulnérables.

C'est donc bien un livre "coup de poing" que vous lirez. Peut-être le trouverez-vous excessif par endroits, mais l'auteur s'en explique à chaque fois. Alarmiste ? Peut-être, mais il y a des raisons. Méprisant ? Non, simplement inquiet. À vrai dire, Michel Desmurget répond de façon plutôt convaincante à toutes les critiques qui lui sont (ou pourraient lui être) adressées.

Cet ouvrage est fait pour vous si vous constatez que vos enfants exagèrent avec les écrans récréatifs. Il vous aidera à faire le point sur les risques encourus et à établir des limites claires, arguments scientifiques à l'appui.

Points forts :

Un travail de synthèse impressionnant ;

Une présentation en deux parties qui aide à trier le bon grain de l'ivraie ;

Une écriture virevoltante et incisive ;

Des recommandations claires et nettes.

Points faibles :

L'écriture virevoltante et incisive pourra aussi être considérée comme un défaut, si vous ne supportez pas bien l'ironie !

Ma note :

★★★★★

Le petit guide pratique du livre La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget

Pour Michel Desmurget, la crédibilité passe par :

La connaissance du sujet (littérature scientifique) ;

La constance (ne pas changer son discours en fonction du public) ;

L'honnêteté (l'absence de conflits d'intérêts ou, à minima, la reconnaissance publique des liens qui peuvent exister).

Foire Aux Questions (FAQ) du livre La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget

1.Comment le public a accueilli le livre La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget ?

Edité par SEUIL, La fabrique du crétin digital est un vrai succès de librairie. Il a été très vite adapté par le public grâce à la richesse des informations et à la pertinence des analyses contenues dans le livre.

  1. Quel fut l’impact du livre La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget ?

Ce livre nous alerte sur les dangers des écrans pour nos enfants et nos adolescents, et nous donne les clés pour comprendre ce qui se passe et agir pour protéger ceux qui nous entourent.

  1. À qui s’adresse le livre La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget ?

Ce livre s’adresse à tous les parents et au personnel de la petite enfance.

  1. Quels sont les différents types d’attention ?

Distribuée, extrinsèquement stimulée (depuis l'extérieur) et ouverte sur le monde

Focalisée, intrinsèquement maintenue (depuis la volonté intérieure) et peu perméable aux agitations extérieures.

  1. À quoi est lié l’excès de stimulation selon l’auteur ?

Michel Desmurget rapporte que l'excès de stimulation pourrait être lié aux troubles de déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH).

Conséquences des écrans sur le plan intellectuel vs Conséquences des écrans sur le plan émotionnel

Conséquences des écrans sur le plan intellectuel Conséquences des écrans sur le plan émotionnel

Les troubles de sommeil Retardent l'heure du coucher  

La sédentarité Augmentent la latence d'endormissement (le temps entre la mise au lit et le fait de dormir)

Les contenus "à risque" Excitent, plus qu'ils ne calment

Qui est Michel Desmurget ?

Michel Desmurget est un chercheur français spécialisé dans les neurosciences cognitives. Né d'un père français et d'une mère allemande, Michel Desmurget est titulaire d'un doctorat en neurosciences et chercheur au CNRS au Centre de neurosciences cognitives de Lyon. Il a vécu près de huit ans aux États-Unis, où il a travaillé pour plusieurs universités américaines, dont le MIT, l'université Emory et l'université de Californie à San Francisco. En 2011, il est nommé directeur de recherche à l'INSERM. Lors de l'émission "La Tête au carré" de France Inter du 12 mai 2011, sur le thème "L'influence de la télévision", il a déclaré que "la science se construit sur les cendres du bon sens". Il a écrit le livre TV Lobotomy - la vérité scientifique sur les effets de la télévision (2011), qui dénonce les effets néfastes de la télévision sur la santé et le développement cognitif, notamment chez les enfants. Il a également mené des recherches sur les effets de différents régimes amaigrissants sur l'organisme et relate ses expériences dans son livre L'Anti-régime, maigrir pour de bon (2015).

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L’art de bien agir http://www.olivier-roland.fr/items/view/12489/Lart-de-bien-agir

Résumé de "L’art de bien agir - 52 voies sans issue qu'il vaut mieux laisser aux autres" de Rolf Dobelli : Dans  "L’art de bien agir", l’auteur partage 52 erreurs courantes que nous commettons tous dans notre vie professionnelle et personnelle et propose des conseils pour les éviter.

Par Rolf Dobelli, 2013, 246 pages.

Titre original allemand : "Die Kunst des klugen Handelns – 52 Irrwege die Sie besser anderen überlassen"

Titre english version : "The art of Thinking Clearly"

Chronique et résumé de "L'art de bien agir - 52 voies sans issue qu'il vaut mieux laisser aux autres" de Rolf Dobelli

  1. Pourquoi de mauvaises raisons suffisent souvent - La justification de la motivation

Dans le premier chapitre de son livre "L'art de bien agir", Rolf Dobelli s'intéresse à la question de la motivation. Il montre le rôle majeur que jouent la communication et la justification de nos actions et décisions pour faire accepter des situations difficiles aux gens.

Rolf Dobelli partage deux anecdotes dans lesquelles il se retrouve "bloqué", dans un contexte d'attente. La première a lieu sur l’autoroute, l’autre, à l'aéroport de Francfort.

Dans les deux cas, l’auteur de "L’art de bien agir" partage son énervement face au manque d'informations sur la cause du retard.

Il compare alors cette réaction à une expérience menée par Ellen Langer, psychologue à l’université d’Harvard. La psychologue a en effet étudié les comportements d'étudiants dans la file d’attente d’une bibliothèque. Elle a mis en évidence que les gens acceptaient une demande plus facilement si elle était accompagnée d'une justification, même absurde.

Autrement dit, le simple fait de donner une raison apaise les nerfs et les frustrations.

Pourquoi ? Parce que, selon Rolf Dobelli, nous avons tous un "besoin maladif" de justification. Et cela s'applique continuellement, y compris dans nos activités professionnelles. Les employés ont besoin de raisons claires et motivantes pour se sentir engagés et impliqués dans leurs actions et dans la poursuite des objectifs de l’entreprise.

En somme, la première erreur décrite du livre "L’art de bien agir" affirme que les gens sont plus disposés à accepter et à tolérer les situations pénibles s'ils en connaissent la raison.

"Moralité : le "parce que" a sa raison d'être. Cette locution conjonctive, qui ne paie pas de mine, est le lubrifiant indispensable des relations interpersonnelles. Alors usez-en et abusez-en."

  1. Pourquoi vous décidez mieux quand vous décidez moins – La fatigue décisionnelle. L'art de bien agir

Le deuxième chapitre du livre "L’art de bien agir" traite de la fatigue décisionnelle. Ce type de fatigue correspond au fait que prendre des décisions épuise notre capacité de concentration et de maîtrise personnelle.

Rolf Dobelli cite une étude du psychologue Roy Baumeister. Celle-ci compare la force de volonté et d’autodiscipline entre "décideurs" et "non décideurs". Les résultats des expériences réalisées ont montré que les personnes qui prennent des décisions sont plus susceptibles de manquer de volonté par la suite.

L’auteur poursuit en expliquant que la fatigue décisionnelle peut nous être préjudiciable car elle nous rend plus disposés à succomber aux messages publicitaires et à prendre des décisions impulsives.

De la même façon qu’une batterie se vide, la volonté s’épuise. Elle doit être rechargée par le repos, la relaxation, l’alimentation, etc. L'auteur donne l'exemple des magasins Ikea qui ont placé des restaurants au milieu de leurs allées. Cette configuration permet aux clients de manger et ainsi recharger leur énergie. Ces derniers peuvent alors poursuivre leurs achats avec plus de capacité de décision.

L'exemple de l'auteur

Enfin, Rolf Dobelli termine avec l'exemple de quatre détenus d’une prison israélienne. Tous ont demandé une libération anticipée pour des délits différents. La décision des juges a été prise à des heures différentes (avant et après avoir mangé). Les juges se sont montrés plus "courageux" en ce qui concerne les verdicts des cas du début de journée. Les derniers cas ont, quant à eux, été traités davantage selon le statu quo. Ce dernier exemple révèle que les décisions de justice peuvent également être affectées par la fatigue décisionnelle.

Pour ne pas subir les effets de la fatigue décisionnelle, l’auteur de "L’art de bien agir " nous invite ici à :

Nous rappeler que la prise de décision est fatigante et impacte nos décisions.

Limiter le nombre de décisions à prendre chaque jour.

Nous concentrer sur les choix importants plutôt que de nous disperser dans d’autres choix mineurs.

Apprendre à récupérer de l’énergie mentale.

  1. Pourquoi vous ne porteriez pas le pull d’Hitler – Le biais de contamination ? l'art de bien agir.

Le troisième biais décrit dans "L’art de bien agir" porte sur les liens émotionnels existant entre les personnes et les choses. Ces choses peuvent être matérielles ou immatérielles. Elles peuvent faire partie d’un lointain passé.

Rolf Dobelli présente plusieurs exemples pour illustrer ce phénomène appelé "biais de contamination".

Il évoque notamment l'idée qu’a eu, un jour, l'évêque d'Auvergne. À savoir, celle de réunir des nobles en présence d’ossements, de lambeaux d’étoffes et d’objets maculés de sang appartenant à des saints. Le but étant de persuader les princes et chevaliers de renoncer à la violence.

La peur et le respect des hommes du Moyen-Âge pour les saints et leurs reliques étaient tellement forts qu'ils cessèrent la guerre. L’histoire montre que cette tactique, qui se répandit ensuite dans de nombreux pays, a conduit à l'établissement de la paix dans toute l’Europe.

D’autres expériences réalisées à notre époque montrent comment cette crainte de l’invisible peut affecter les actions des gens. Les liens émotionnels alors créés avec certains objets, des personnes ou même des événements s’avèrent très puissants.

Des exemples plus explicites

Voici quelques exemples bien parlants :

Lors d’une expérimentation, il a été demandé à des gens d’endommager des photos de leurs proches. Bien qu’il s’agisse d’un simple jeu, l’auteur décrit leur difficulté, leur malaise et les scrupules ressentis à ce moment-là.

Par l’exemple d'un pull ayant appartenu à un criminel de guerre comme Adolf Hitler, l’auteur montre comment une chose inoffensive comme un vêtement peut devenir répugnante simplement en raison de son association avec une personne ou une idéologie néfaste.

Rolf Dobelli nous raconte l’histoire personnelle d'une amie de l’auteur, correspondante de guerre qui a, un jour, servi du vin à ses invités dans des verres plaqués or. Tous s’extasiaient devant ces objets si luxueux. L’auteur décrit comment l’extase s’est mutée en profond dégoût et rejet quand son amie leur a révélé qu’elle avait dérobé ces verres dans la salle à manger de Saddam Hussein quelques heures après que les Américains eurent pris d’assaut son palais gouvernemental.

L’auteur de "L’art de bien agir" conclut en expliquant comment les émotions peuvent :

Se transmettre, même sans contact direct,

Continuer à influencer les actions et les pensées des gens bien longtemps après que l'événement initial ait eu lieu.

  1. Pourquoi l’adjectif "moyen" peut être trompeur – La problématique de la moyenne. L'art de bien agir

La quatrième partie du livre "L’art de bien agir" met en évidence l'inadéquation de l'utilisation de la moyenne pour décrire les données dans un monde de plus en plus complexe.

En effet, selon Rolf Dobelli, la moyenne peut être trompeuse. Les deux exemples qu’il cite illustrent parfaitement bien cette idée.

L'auteur prend d’abord l'exemple d'un bus dans lequel monte la personne la plus lourde du pays. Si l’on calcule le poids moyen des passagers après que cette personne soit montée, alors on constate qu’il a augmenté de 4 à 5 %. Mais imaginons une autre situation. S’il vient à monter l’individu le plus riche du pays, alors la fortune moyenne des passagers se met vraiment exploser.

Pour bien comprendre, Rolf Dobelli nous propose de chiffrer cette situation de façon réaliste. Si chacun des 50 passagers du bus possède une fortune de 54 000 € et que l’homme le plus riche du pays possède 25 milliards d’euros, alors la fortune moyenne des passagers du bus s’évalue à 500 millions d’euros chacun. Elle augmente d’un million de pourcent !

Cet exemple montre très bien comment le poids de certaines valeurs extrêmes dans la prise en compte de la moyenne peut rendre les données complètement absurdes. "Il suffit d’un cas exceptionnel pour venir bouleverser la donne et la notion de "moyenne" n’a plus aucun sens", affirme l’auteur. Elle peut alors masquer des biais ou erreurs dans des données et procurer une fausse impression de la réalité. Les scientifiques parlent de "loi de puissance".

Inadéquation de la moyenne selon l'auteur

Selon Rolf Dobelli, cette inadéquation de la moyenne est encore plus flagrante dans notre monde de plus en plus dominé par des extrêmes. L’auteur cite de multiples exemples de domaines soumis à des extrêmes et pour lesquels se fier à la moyenne n’a aucun sens : la moyenne des statistiques de visite d'un site Web, celle des salaires dans le secteur du cinéma, etc.

Par conséquent, Rolf Dobelli nous encourage à la vigilance. Il nous invite à ne pas baser notre compréhension de la réalité uniquement sur les moyennes mais recourir à d'autres indicateurs pour prendre des décisions judicieuses. Il écrit :

"Lorsque quelqu'un prononce le mot "moyenne", dressez l'oreille. Essayez de creuser la distribution qui se cache derrière. Dans les domaines où un seul cas extrême n'a quasiment aucune influence sur la moyenne, comme dans le premier exemple du bus, le concept de moyenne tient debout. Mais dans ceux où un seul cas extrême domine, comme dans le second exemple, supprimez le mot "moyenne" de votre vocabulaire (et conseillez aux journalistes d'en faire autant)."

  1. L'art de bien agir, Comment démotiver à coup de primes – L’effet d’éviction de la motivation

Dans cette partie du livre "L'art de bien agir", Rolf Dobelli revient sur le"phénomène d'éviction de la motivation intrinsèque par la motivation extrinsèque". Ce phénomène a pour effet de dissuader des personnes de faire quelque chose en contrepartie d’une récompense financière.

Trois situations énoncées par Rolf Dobelli dans L'art de bien agir

Pour illustrer ce phénomène, l’auteur raconte trois situations. Les trois contextes sont radicalement différents.

Tout d'abord, l'auteur parle d’un service qu’il a proposé à son ami : quand, pour le remercier, son ami lui a fait parvenir une somme d'argent, l’auteur a ressenti que son ami avait, par cette offre, porté atteinte à leur amitié en dépréciant son geste initial.

Ensuite, un second exemple évoque un sondage dans lequel des citoyens suisses ont été interrogés : il s’agissait de leur demander s’ils accepteraient l’implantation d’un site d'enfouissement de déchets radioactifs sur leur commune. La majorité des gens a accepté, mais lorsque la question a été assortie d'un dédommagement financier, le nombre de participants favorables a considérablement diminué. Les citadins ont ressenti cette prime comme une tentative de corruption, ou, en tout cas, elle a contribué à diminuer leur esprit civique et leur motivation à œuvrer pour l’intérêt général.

Enfin, l’auteur de "L’art de bien agir" cite l’exemple des crèches qui ont mis en place un système d’amende pour les parents en retard au moment de venir chercher leurs enfants. Le but était de les motiver à arriver à l’heure, mais à l’inverse, l'amende a entrainé une augmentation plutôt qu'une diminution des retards : le retard devenait légitime puisqu’on payait pour. Les rapports au départ humains entre parents et employés de crèches sont devenus mercantiles.

Par ces exemples, Rolf Dobelli explique que l'argent n'est pas toujours une motivation efficace. Il est, en effet, parfois considéré comme dévaluant notre contribution. Il peut nous détourner de notre mission plus globale.

Dans un contexte professionnel, et encore plus concernant les salariés d’une entreprise à but non lucratif, recourir à des incitations financières peut non seulement réduire l’engagement des individus, mais aussi la créativité et la qualité du travail.

  1. Si vous n’avez rien à dire, ne dites rien – La tendance au verbiage, l'art de bien agir

L’auteur de "L’art de bien agir" aborde, dans ce sixième chapitre, le phénomène du verbiage. Celui-ci se caractérise par des discours creux et des propos sans fondement.

Les "discours verbeux" sont souvent employés pour cacher un manque de substance, de pensée profonde, une ignorance, remplir des silences ou pour impressionner les autres par des mots et des concepts complexes.

Le verbiage touche divers milieux. On le retrouve notamment :

Chez les universitaires : en ce qui concerne les prévisions économistes par exemple,

Dans les entreprises : pour cacher une faillite notamment,

Dans le sport : utilisé par les journalistes sportifs pour garder l’antenne.

Rolf Dobelli mentionne plusieurs cas de verbiage pour mieux comprendre.

Le cas d’une "miss" qui répond de manière confuse à une question simple lors de la finale de Miss Teen America.

Celui du philosophe Jürgen Habermas, dont les discours sont difficilement compréhensibles.

L’auteur lui-même reconnaît avoir été fasciné par les propos verbeux du philosophe Jacques Derrida dans sa jeunesse : il réalise, à présent, que cela n'avait aucun sens.

Ainsi, pour communiquer efficacement, l’auteur recommande de tout simplement ne rien dire si l’on n’a rien à dire. Sinon, de bien réfléchir avant de parler. De s'assurer que l'information est pertinente et de l’exprimer de manière claire et concise pour éviter la confusion et faciliter la compréhension.

Il termine en écrivant :

"La simplicité est le point d’arrivée d’un chemin long et pénible, et non son point de départ."

  1. L'art de bien agir Comment afficher de meilleurs résultats sans améliorer la performance – Le phénomène de Will Roger

L’erreur n°7 de "L'art de bien agir" a trait à ce qu’on appelle le "phénomène de Will Rogers" (ou "stage migration" en anglais, qui signifie "migration de stade").

Ce phénomène se produit lorsque les résultats sont améliorés sans pour autant qu’il y ait d’amélioration de la performance moyenne. En fait, on crée cet effet paradoxal quand on déplace des éléments aux caractéristiques inférieures d’un groupe, vers un autre groupe. Cela augmente automatiquement les résultats moyens du premier groupe.

Par exemple, si vous dirigez deux chaînes de télévision, A et B, avec une audience élevée et faible respectivement, vous pouvez déplacer une émission qui tire légèrement vers le bas l'audimat moyen de la chaîne A vers la chaîne B, ce qui augmente l'audimat moyen de la chaîne B et améliore les deux chaînes.

D’autres exemples sont cités dans :

La vente automobile => pour mieux répartir les résultats commerciaux dans plusieurs succursales,

Le domaine médical => pour augmenter les statistiques de l’espérance de vie d’un stade de maladie,

La gestion de fonds d'investissement privés => où un gestionnaire peut vendre certaines participations du fonds à un autre fonds pour améliorer les résultats moyens des deux fonds.

En somme, le phénomène de Will Rogers est trompeurpuisqu’il n'augmente pas les performances réelles des groupes : il améliore artificiellement les résultats moyens en manipulant les éléments dans les groupes.

Pour éviter d’être manipulé, soyons donc attentif quand nous analysons des statistiques et des données.

  1. Si vous avez un ennemi, submergez-le de données – Le biais d’information, l'art de bien agir

Dans la huitième partie de "L’art de bien agir", Rolf Dobelli étudie le biais d'information.

Ce biais cognitif, dit d’information, consiste à penser qu'un supplément d'informations mène forcément à une meilleure décision. Il se trouve que non.

L'auteur donne des exemples de situations où ce biais peut causer des problèmes.

Dans une première anecdote, l'auteur recherche un hôtel à Berlin. Bien qu’il ait déjà présélectionné son hébergement, Rolf Dobelli va passer deux heures à rechercher encore plus d'informations sur les différentes options disponibles. Finalement, il choisit l'hôtel qui l'avait attiré dès le départ.

Dans un autre exemple, des médecins sont interrogés sur le choix de traitement pour un patient. Le patient peut être atteint de trois maladies graves. Un test diagnostique est proposé, mais il ne s'avère utile que dans un cas. Et bien la plupart des médecins vont recommander malgré tout de passer ce test.

Rolf Dobelli souligne que les banques, gouvernements et laboratoires d’idées sont également sujets à ce biais. Ils peuvent commander de multiples rapports économiques pour une même question, même s'ils connaissent déjà les informations essentielles, et même si les études ne sont pas très pertinentes.

Le problème, selon l’auteur, est que se retrouver ainsi submergés d’informations est source d’erreurs de jugement et de décisions préjudiciables. Pour lui, "ce qu'on n'a pas besoin de savoir ne sert à rien, même si on le sait".

En somme, restons vigilant face à l'excès d'informations : une quantité importante de données n'est pas nécessairement gage de qualité de décision.

  1. l'art de bien agir, Pourquoi vous voyez un visage dans la pleine lune – L’illusion des séries

La neuvième erreur du livre "L’art de bien agir" est celle de "l’illusion des séries". Elle se produit lorsque nous percevons une relation ou un schéma là où il n'en existe pas réellement.

Rolf Dobelli commence par relater plusieurs faits divers sur des personnes qui ont :

Entendu des messages de l’au-delà sur des bandes-son.

Vu apparaître des "signaux" dans des objets du quotidien : des silhouettes d’animaux, le visage de la Sainte Vierge, celui du Christ, dans des aliments et dans la roche.

Puis, il cite une anecdote sur un ami. Ce dernier a perdu tout son argent en spéculant sur les marchés financiers. Il pensait, en effet, avoir trouvé une logique de gains implacable après avoir interprété des chiffres.

Enfin, l’auteur partage l’expérience d’un psychologue qui pensait avoir découvert une loi cachée dans une série de lettres aléatoires.

Pour l’auteur de "L'art de bien agir", toutes ces histoires montrent combien les illusions et perceptions trompeuses sont courantes dans notre vie.

Selon lui, le cerveau humain est naturellement enclin à chercher de l'ordre et de la signification dans le monde. Il va alors vouloir trouver un sens, une logique à des séries d’évènements aléatoires. Il va créer des modèles, des schémas et des règles même là où il n'y en a pas.

Rolf Dobelli nous encourage à toujours essayer de reconnaître ces illusions. Assurons-nous que nos interprétations se fondent sur des preuves solides. Qu'elles se basent sur des données objectives, pas sur des perceptions subjectives ou modèles inventés.

  1. L'art de bien agir : Pourquoi vous aimez ce pour quoi vous avez souffert – La justification de l’effort

La dixième partie du livre "L’art de bien agir" traite de la"justification de l’effort".

La "justification de l'effort" est un concept qui explique notre tendance à surestimer la valeur d’une réalisation pour laquelle nous avons investi beaucoup d'efforts.

Rolf Dobelli cite plusieurs exemples tels que :

John, un soldat qui attache plus d’importance à son insigne de parachutiste que toutes ses autres décorations en raison de la souffrance qu'il a endurée pour l'obtenir.

Marc, qui valorise la moto qu'il a restaurée jusqu’à mettre en péril son couple pendant des années,  au point de la considérer comme irremplaçable.

L’auteur examine aussi la façon dont les fabricants utilisent parfois la justification de l’effort pour vendre leurs produits. Il parle de "l'effet IKEA", par exemple, comme une forme atténuée de justification de l'effort : nous accordons plus de valeur à un meuble que nous avons monté nous-mêmes qu'à un autre similaire que nous avons simplement acheté.

Finalement, la justification de l'effort est un biais cognitif qui nous aveugle. Il peut avoir certains avantages quand nous voulons renforcer la cohésion de groupe et la motivation personnelle (via des rituels d’initiation par exemple, le passage d’épreuves difficiles). Mais il est primordial de garder à l'esprit que la valeur que nous attribuons à une réalisation peut être biaisée par notre propre perception de l'effort que nous y avons consacré.

  1. Pourquoi les petites succursales sortent du lot – La loi des petits nombres, l'art de bien agir.

Ce chapitre de "L’art de bien agir" montre l'importance de comprendre la loi des petits nombres avant de prendre des décisions. Cette loi se produit lorsque nous tirons des conclusions erronées à partir d'échantillons de taille réduite.

Rolf Dobelli illustre cette idée en nous racontant la décision précipitée d'un directeur financier d'une entreprise de distribution.

Il explique que ce directeur financier souhaite faire installer des systèmes de sécurité dans ses magasins afin de réduire les vols.

Pour prendre sa décision, ce dernier se base sur une étude. Celle-ci révèle que le taux de vols à l’étalage est plus élevé dans les boutiques situées en zones rurales. Le directeur choisit donc de prioriser la mise en place des installations de sécurité dans les magasins des zones rurales.

Mais après plus d’investigations, le directeur financier réalise qu’il s’agit-là d’un biais lié à la loi des petits nombres. En effet, les magasins de campagne sont aussi les plus petits. Or, il sait que la fluctuation des taux de vol pèse bien plus lourdement dans les magasins de petite taille. Ces données ne sont donc pas comparables entre elles compte tenu des tailles différentes entre succursales.  

Nous comprenons donc que travailler avec des petits échantillons peut générer des résultats très différents de la réalité.

  1. L'art de bien agir : Pourquoi ce à quoi vous vous attendez influence la réalité – L’effet des attentes.

Le chapitre n°12 du livre "L’art de bien agir" de Rolf Dobelli décrit "l’effet des attentes". Autrement dit, la manière dont les attentes peuvent influencer notre perception de la réalité, nos comportements et les résultats.

L’auteur commence par raconter comment Google a été victime de l’effet des attentes en 2006. Après avoir publié des résultats financiers impressionnants, l’entreprise a subi une baisse importante de son cours en bourse. Selon lui, cette baisse est liée au fait que les analystes attendaient des résultats encore meilleurs.

Google est l’exemple parfait d’un autre constat que fait ici Rolf Dobelli. Selon lui, les entreprises voulant satisfaire les attentes des analystes financiers, publient parfois leurs propres prévisions de résultats. Cette démarche est maladroite, déclare-t-il, car les entreprises ne font alors que renforcer les attentes et donc les critiques en cas d'échec.

Deux effets relatifs à l'effet des attentes dans L'art de bien agir

Rolf Dobelli revient enfin sur deux effets que nous connaissons probablement, relatif à l’effet des attentes :

L'effet Pygmalion : l’auteur décrit comment les attentes d'un enseignant envers un élève, par exemple, peuvent influencer ses résultats scolaires, souvent de manière inconsciente.

L'effet placebo : nous connaissons cet effet qui atteste que les attentes peuvent avoir un effet sur la biochimie du cerveau et, par conséquent, sur les résultats d'un traitement médical.

Ainsi, pour Rolf Dobelli, les attentes ont un impact bien réel sur les évènements. "Elles ont le pouvoir de transformer la réalité" lance l’auteur.

Et comme nous ne pouvons pas nous soustraire aux attentes ni vivre sans en avoir, Rolf Dobelli nous invite alors à les manier avec précaution : 

"Ayez des attentes plus élevées à votre égard et à l'égard des personnes qui vous sont chères. Ainsi, vous augmenterez votre propre motivation et la leur. En même temps, diminuez vos attentes à l'égard de tout ce que vous ne pouvez pas contrôler - le marché boursier, par exemple. "

Puis, l’auteur conclut :

"Paradoxalement, le meilleur moyen de se protéger des mauvaises surprises est justement de s'attendre à des surprises"

  1. L'art de bien agir : Ne croyez pas toutes les bêtises qui vous viennent spontanément à l’esprit – L’illusion du "c’est logique !" 

Le treizième principe de "L’art de bien agir" porte sur notre tendance à croire des idées ou des arguments qui nous semblent logiques mais qui sont, en réalité, faux ou trompeurs.

Pour mieux comprendre, Rolf Dobelli partage les résultats du "Test de réflexion cognitive" (Cognitive Reflection Test ou CRT en anglais). Ce test a été soumis à des milliers d’étudiants de trois universités différentes. Il consiste à répondre à trois questions. Chacune des questions possède une réponse intuitive fausse et une réponse juste.

Les résultats indiquent que :

La pensée rationnelle est plus fatigante que l'intuition.

Les individus qui font confiance à leur intuition sont moins enclins à remettre en question leurs croyances.

Nous devrions rester sceptiques vis-à-vis des questions de logique les plus simples. Car selon l’auteur, "tout ce qui semble plausible n’est pas vrai".

  1. L'art de bien agir : Comment démasquer un charlatan – L’effet Forer

Dans cette partie du livre "L’art de bien agir", il est question de l'effet Forer ou effet Barnum.

L’effet Forer se produit lorsqu’une personne considère qu’on a su faire une description très pertinente de sa personnalité, alors qu’en réalité, cette description correspond à la majorité des gens. C’est à cause de l’effet Forer que les pseudosciences (astrologie, graphologie, chiromancie, tarologie...) fonctionnent si bien.

Les charlatans, consultants et analystes escrocs utilisent cet effet. Ils dévoilent des généralités vagues qui s’appliquent au plus grand nombre, tout en donnant l'impression que les informations sont précises et spécifiques.

L'auteur rend compte ensuite de l’expérience du psychologue américain Bertram Forer qui a donné son nom à ce phénomène. Ce dernier a extrait une description de personnalité de la rubrique "astrologie" de divers magasines. Puis, il l’a communiquée à ses étudiants comme étant la leur. Les étudiants ont évalué la pertinence de cette description de leur personnalité à 4,3 sur 5 (soit 86 %). L'expérience a été répétée plusieurs fois au fil des décennies suivantes, avec des résultats pratiquement identiques.

Enfin, Rolf Dobelli liste 4 éléments qui ont contribué à ce que ces descriptions conviennent à tout le monde :

Les descriptions très générales, qui "marchent à tous les coups".

Des traits flatteurs spécifiques, qu’on a tendance à accepter même s’ils ne nous correspondent pas,

"L’effet de la caractéristique positive" qui n'emploie jamais d'affirmations négatives.

" Le biais de confirmation", qui joue un rôle majeur dans la manière dont nous percevons ces descriptions.

  1. L'art de bien agir : Pourquoi les actions caritatives, c’est bon pour les stars – La folie du bénévolat.

Pour exposer ce nouveau principe, l'auteur du livre "L’art de bien agir" commence par dépeindre la vie de Jacques. Jacques est un photographe qui travaille pour des magazines de mode. Il est réputé dans le milieu et gagnant 500€ de l'heure.

Bien que sa vie soit enviable, Jacques commence à se poser des questions sur la valeur de son travail. Il aspire à une activité porteuse de sens. Un jour, un ancien camarade de classe, président d'une association locale de protection de l'avifaune, l'appelle. Il lui propose de participer à une journée pour confectionner des abris pour oiseaux.

Jacques - qui veut vraiment contribuer à améliorer le monde - doit décider s'il y participera ou non. Pour Rolf Dobelli, Jacques devrait refuser la proposition de son ami.

En effet, selon l’auteur, il serait plus intéressant pour tout le monde que Jacques travaille une heure supplémentaire ce jour-là en tant que photographe. Et qu’il donne la somme d’argent perçue à l'association.

Plus explicitement

Son bénévolat n'aurait du sens que s'il pouvait y investir ses compétences techniques, comme prendre une photo professionnelle pour l'association. Mais ce n’est pas ce que son ami lui demande.

Ainsi - en travaillant plus pour faire don d'une partie de l'argent gagné, Jacques :

Créerait du travail à un artisan que l’association pourrait rémunérer pour construire les abris,

Pourrait également, avec le reste de l’argent, participer au financement de l’association.

À travers cet argumentaire, l'auteur soulève la question de l'altruisme. Il est bon, dit-il, de s’interroger sur nos activités bénévoles : les fait-on de façon vraiment désintéressée ? Ou nous procurent-elles des avantages personnels ?

Car notre engagement caritatif n’est pas forcément lié à des raisons altruistes. Il peut être motivé par le désir de se sentir bien avec soi-même, d'améliorer son image publique ou d'obtenir des avantages professionnels. C’est notamment le cas des célébrités. Bien que ces dernières soient justement souvent des exceptions, puisque le simple fait de s’afficher pour une cause contribue à son retentissement international.

Par conséquent, Jacques devrait, selon Rolf Dobelli, porter un regard honnête sur lui-même. Est-il vraiment une star ou se prend-il pour une star ? Et si nous voulons vraiment agir de manière efficace, nous devrions faire la même chose :

"Tant que les gens ne nous courent pas après dans la rue, nous devrions refuser le bénévolat et nous contenter de faire des dons d'argent."

  1. Pourquoi vous êtes le jouet de vos sentiments – L’heuristique d’affect

Dans cette partie du livre "L’art de bien agir ", il est question de l'heuristique d'affect. Ce phénomène se produit lorsque nos émotions et nos sentiments influencent notre prise de décision de manière irrationnelle.

Rolf Dobelli explique que, lorsque nous devons nous exprimer sur un sujet délicat ou faire un choix, la théorie voudrait que nous utilisions un processus décisionnel rationnel.

Nous pourrions ainsi lister les avantages et les inconvénients d'une situation. Puis, les corréler avec leur probabilité d’arriver et leurs conséquences pour obtenir une évaluation rationnelle.

Pourtant, personne ne prend de décisions de cette façon.

L’auteur développe diverses raisons à cela. Mais la principale raison, selon lui, est liée aux "heuristiques cognitives", et plus particulièrement  à l’"heuristique d’affect".

Rolf Dobelli rapporte plusieurs exemples qui montrent comment nos émotions momentanées affectent nos décisions. Il cite des exemples avec les technologies, les aliments, nos activités, etc. Nos affects peuvent se former en moins d'un centième de seconde, simplement en regardant un visage souriant, mécontent ou neutre. À cause d’eux, nous allons ainsi aimer ou détester quelque chose sans tenir compte des risques et des avantages réels.

  1. Pourquoi vous devriez vous remettre en question plus souvent – L’illusion d’introspection, l'art de bien agir.

Dans ce nouveau chapitre, Rolf Dobelli examine l’illusion d’introspection.

Il explique que nous croyons avoir une compréhension profonde de nos motivations et de nos comportements mais qu'en réalité, nous nous trompons souvent. En d’autres termes, lorsque nous évaluons nos propres convictions, nous pensons que notre introspection est impartiale. Mais cette conviction est souvent fausse.

Rolf Dobelli mentionne l'exemple de Bruno, un fabricant de comprimés vitaminés. À travers son histoire, l'auteur démontre que nos croyances sont souvent influencées par des facteurs extérieurs. Comme l'intérêt financier ou la tradition familiale par exemple.

L’auteur de "L’art de bien agir" explique également que les gens ont tendance à réagir de trois façons différentes lorsqu'ils rencontrent une opinion différente de la leur (qu’il pense être la plus valable) :

La première réaction est l'hypothèse d'ignorance => nous pensons que l'autre ne possède pas toutes les informations nécessaires pour comprendre notre point de vue.

La deuxième réaction est l'hypothèse d'idiotie => nous pensons que l'autre possède les informations nécessaires, mais est incapable de comprendre la situation.

La troisième réaction est l'hypothèse de méchanceté => nous pensons que l'autre a compris la situation, mais choisit délibérément de ne pas être d'accord avec nous.

En conclusion, Rolf Dobelli nous invite à la remise en question. Car la capacité humaine à connaître la vérité sur nos propres convictions est limitée. Les croyances peuvent être influencées par des facteurs extérieurs, et l'introspection peut être biaisée.

"Soyez d'autant plus critique envers vous-même que vos convictions sont fortes" termine l’auteur.

  1. Pourquoi vous devriez brûler tous vos vaisseaux - L’incapacité à fermer des portes

Dans le chapitre n° 18 de "L'art de bien agir", Rolf Dobelli évoque notre incapacité à fermer des portes.

Cette incapacité est due à deux éléments :

Notre peur de perdre des opportunités,

Notre difficulté à abandonner des options ou des projets même lorsque ceux-ci ne sont plus pertinents ou rentables.

Rolf Dobelli partage plusieurs exemples de ce comportement :

Ceux, comme lui, qui lisent plusieurs livres en même temps et qui finalement n’en terminent pas beaucoup.

Les étudiants qui suivent plusieurs filières universitaires en même temps.

L'auteur fait également référence à des situations historiques où des dirigeants militaires ont enlevé toutes les options de repli à leurs troupes pour les obliger à se concentrer sur un seul objectif.

Ensuite, l’auteur de "L’art de bien agir" décrit une expérience réalisée par Dan Ariely et Jiwoong Shin. Ces professeurs de psychologie ont testé des joueurs de jeu vidéo. Les résultats mettent en évidence la préférence flagrante des joueurs à se laisser toutes les options ouvertes alors même qu'ils perdent en efficacité et productivité.

Le problème, selon l'auteur, c’est que nous ne nous en rendons pas forcément compte, mais cette attitude à se laisser toutes les options ouvertes, peut coûter de l’énergie mentale, un temps précieux et réduire nos performances.

Par conséquent, si l’on veut maximiser notre efficacité et atteindre nos objectifs plus rapidement, il est préférable, affirme l’auteur, de :

Se débarrasser des projets qui ne sont plus pertinents ou rentables pour ne focaliser que sur ceux qui le sont.

Se concentrer sur une seule option à la fois, quitte à "brûler ses vaisseaux derrière soi".

Apprendre à décider rapidement et de façon définitive.

  1. Pourquoi vous troquer ce qui est bien contre ce qui est nouveau – La néomanie

L’auteur du livre "L’art de bien agir" nous rappelle comment, il y a 50 ans, les individus visualisaient notre présent. Ils imaginaient un monde avec des voitures volantes, des villes de cristal, des habitations en plastique, des cités sous-marines, des vacances sur la Lune et une nourriture sous forme de pilules.

Pourtant, fait-il remarquer, aujourd'hui, nous nous servons encore d'objets inventés il y a des milliers d'années. Nous utilisons quotidiennement des chaises, pantalons, chaussures, lunettes. Nous mangeons comme nos ancêtres, des morceaux d'animaux et de végétaux à une table en bois avec une fourchette.

En fait :

"L'ancien résiste au temps, il possède une logique inhérente – même si nous ne la comprenons pas toujours. Si quelque chose traverse les siècles, ce n'est pas pour rien. Il y a forcément une raison. Toute société qui s'imagine son avenir accorde beaucoup trop de poids aux inventions les plus excitantes du moment […]. Et toute société sous-estime le rôle des techniques traditionnelles."

Cette tendance est due à ce que le philosophe Nassim Taleb appelle le biais de néomanie (ou "manie de la nouveauté").

Selon ce philosophe, les technologies ayant résisté à l'innovation pendant des siècles continueront à le faire dans le futur. Les technologies plus récentes, elles, seront éliminées.

Et même si la société surestime souvent le rôle des inventions les plus excitantes du moment, notre quotidien dans cinquante ans, ne sera, en fin de compte, pas si différent de celui d'aujourd'hui, et ce, même si de nouveaux gadgets apparaissent.

  1. Pourquoi la propagande fonctionne à retardement – L’effet d’assoupissement

Dans ce chapitre, l’auteur de "L'art de bien agir" examine l’effet d’assouplissement. Cette notion désigne que la force de persuasion d’un message - comme la publicité et la propagande – s’accroît avec le temps.

Rolf Dobelli commence par parler des films de propagande produits en masse pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces films avaient pour but de renforcer le patriotisme et d'encourager les soldats à se battre pour leur pays.

Des études américaines ont montré que les films de propagande n’accroissaient pas l'enthousiasme patriotique des spectateurs immédiatement après leur projection. Les spectateurs savaient qu'il s'agissait de propagande, ce qui discréditaient les informations avant même qu'on les projette.

Par contre, neuf semaines après avoir vu un film, les soldats manifestaient une sympathie beaucoup plus grande à l'égard de la guerre que ceux qui n'en avaient pas vu.

À l'heure actuelle, la meilleure explication à cet effet est la suivante : le cerveau oublie relativement vite la provenance des informations, mais beaucoup moins vite les informations elles-mêmes. C'est la raison pour laquelle des informations issues d'une source peu crédible gagnent en crédibilité avec le temps.

L’auteur de "L’art de bien agir" décrit ensuite comment l'effet d'assoupissement fonctionne aussi très bien avec les spots publicitaires agressifs régulièrement diffusés en période d’élections, et notamment auprès des électeurs indécis. La source des données est oubliée, mais les arguments les plus agressifs sont durablement mémorisés.

Rolf Dobelli conclut par trois conseils pour se prémunir de l'effet d'assoupissement.

D’abord, il conseille de ne pas accepter de conseils non sollicités, aussi bien intentionnés soient-ils.

Ensuite, de se tenir à l'écart de toute source contaminée par la publicité.

Enfin, d’essayer de nous souvenir de la source de tous les arguments que nous avons lus ou entendus.

  1. Pourquoi vous êtes souvent aveugle à une meilleure solution – La cécité aux alternatives

Ce chapitre de "L'art de bien agir" de Rolf Dobelli met en lumière les biais cognitifs qui nous empêchent de considérer toutes les alternatives avant de prendre une décision.

L'auteur prends l'exemple d'un prospectus publicitaire pour un programme de MBA qui nous fait miroiter un gain financier important. Rolf Dobelli montre d'abord comment nous sommes enclins à ne pas évaluer correctement le coût réel du MBA. Ensuite, il souligne notre tendance à oublier systématiquement de comparer une proposition à la deuxième meilleure possibilité. C’est ce que l’auteur appelle "la cécité aux alternatives".

Rolf Dobelli mentionne également un cas dans le domaine financier. Dans cette situation, un banquier propose un placement d’épargne à ses clients. Pour les convaincre, il vante ce type de placement en le comparant à un autre peu favorable. Pour prendre notre décision, nous devrions, selon l’auteur, le comparer à d’autres solutions de placement. Pas simplement à celui qui sert de point de comparaison au banquier. Car ce dernier est, en réalité, le pire taux de placement qui soit.

C'est d'ailleurs ainsi que Warren Buffett fonctionne : il évalue chaque opération par rapport à la deuxième meilleure option possible.

Enfin, l'auteur souligne que les politiques sont souvent victimes de "cécité aux alternatives". Quand ils ne comparent pas une proposition avec toutes les autres options possibles notamment. Il illustre ses propos en rapportant l’exemple de la construction d'un complexe sportif. La municipalité a accepté le projet car elle préférait le gymnase au terrain vague qui s'y trouvait. Mais elle ne l'a pas comparé à tout ce qu'elle aurait pu bâtir à la place.

Par conséquent, nous ne devrions pas nous contenter de comparer une proposition avec une seule autre option. Nous devrions toujours considérer minutieusement chacune des options possibles avant de prendre une décision.

  1. Pourquoi vous dites du mal des ambitieux – Le biais de comparaison sociale

Dans cette partie de "L'art de bien agir", Rolf Dobelli examine le "biais de comparaison sociale". Ce phénomène pousse les individus à refuser de recommander d'autres personnes susceptibles de prendre leur place, même si cela leur fait du tort à long terme.

L’auteur nous dit avoir expérimenté ce biais quand un jour, il a beaucoup hésité à écrire un témoignage positif au dos du livre d’un auteur pouvant potentiellement devenir son concurrent.

Mais ce biais peut avoir des conséquences plus graves. Dans le monde scientifique par exemple. En effet, les chercheurs ont pour objectif de publier un maximum d'articles dans les revues spécialisées les plus réputées. Aussi, les jeunes chercheurs qui remettent en question les connaissances établies sont parfois fustigés par les grands pontes du domaine. C’est aussi à cause du biais de comparaison sociale que certaines équipes de chercheurs ont du mal à se maintenir au top pendant plusieurs années. Car, comme dans le monde des startups, le biais de comparaison sociale entraine le processus suivant, décrit par Guy Kawasaki :

"Des joueurs A (de premier plan) embauchent des joueurs A+, c'est- à-dire des collaborateurs encore meilleurs qu'eux. En revanche, les joueurs B recrutent des joueurs C, c'est-à-dire des collaborateurs moins bons qu'eux, les joueurs C des joueurs D, encore moins bons qu'eux, les joueurs D des joueurs E, et ainsi de suite jusqu’à ce que l'entreprise, au bout de quelques années, ne soit plus constituée que de joueurs Z. Alors un bon conseil : recrutez des meilleurs candidats que vous, sinon votre boîte sera bientôt pleine de losers."

Ce qu'il faudrait retenir

À long terme, le biais de comparaison sociale peut donc vraiment nuire à notre carrière ou à notre entreprise. C’est pourquoi :

Les individus doivent apprendre à recommander des personnes compétentes, même si elles sont susceptibles de prendre leur place.

Les entreprises doivent également embaucher des candidats meilleurs qu'eux pour éviter que leur entreprise ne soit constituée que de joueurs Z.

Enfin, rappelons-nous que le succès ne se mesure pas seulement à sa position dans la hiérarchie. Il se mesure aussi à la réussite de l'équipe. Il est important de travailler ensemble pour atteindre les objectifs communs, plutôt que de se battre pour obtenir la première place.

  1. Pourquoi la première impression n’est pas la bonne – L’effet de primauté et l’effet de récence

Le 23ème chapitre de l’ouvrage "L'art de bien agir" étudie examine les"effets de primauté et de récence".

L'effet de primauté est un phénomène psychologique qui fait que la première impression que l'on a d'une personne influence notre jugement général sur elle. Et ce, même lorsque nous savons qu'il y a d'autres informations ultérieures à prendre en compte.

L’effet de primauté peut conduire à des erreurs de jugement, à une mauvaise évaluation des personnes et des situations et donc à des décisions inadéquates. Par exemple :

En tant que recruteur, nous pouvons être tenté de sélectionner le candidat qui nous a fait la meilleure première impression lors des entretiens individuels, au lieu de choisir le plus qualifié. L’auteur recommande alors, pour éviter cet effet, de faire venir tous les candidats en même temps et de les faire répondre aux mêmes questions les uns après les autres.

Dans les réunions : la première opinion exprimée sur une question est souvent déterminante pour le jugement général qui sera porté. Pour éviter que le premier à parler ait trop de poids, l’auteur conseille de solliciter les avis des participants à tour de rôle et de manière aléatoire.

L’auteur indique toutefois que l'effet de primauté peut se contrebalancer avec l'effet de récence.

L'effet de récence, quant à lui, se produit lorsque les dernières informations sont plus prégnantes dans notre mémoire.

En effet, avec une capacité de stockage très limitée, notre mémoire à court terme doit constamment faire de la place pour de nouvelles informations. Ainsi, si les impressions sont anciennes et que l'on doit agir immédiatement, l'effet de récence peut prendre le pas sur l'effet de primauté.

  1. Pourquoi vous n’avez pas l’intuition de ce que vous ignorez – L’effet de saignée

Dans le chapitre 24 de "L'art de bien agir", Rolf Dobelli explique que nous avons tendance à nous accrocher à une théorie, même si celle-ci est fausse, jusqu'à ce qu'une autre, apparemment meilleure, apparaisse. Cette tendance irrationnelle est appelée "effet de saignée".

L'auteur partage l'exemple de la théorie des quatre humeurs du corps. Cette théorie a dominé la médecine pendant plus de 2000 ans, malgré son inexactitude. Elle a conduit à la pratique de la saignée, qui a souvent empiré la condition des patients plutôt que de les guérir.

Mais Rolf Dobelli explique que cette tendance existe, en fait, dans tous les systèmes complexes. Par exemple : les êtres humains, la bourse, les guerres, les villes, les écosystèmes et les entreprises.

L’auteur de "L’art de bien agir" souligne également que nous avons du mal à admettre notre ignorance, à reconnaître que nous ne savons pas. Nous devrions, au contraire – et les décideurs encore plus- être prêts à remettre en question les théories établies, même si cela peut être inconfortable.

  1. Pourquoi le "fait maison" est meilleur – Le syndrome du Not Invented Here

Dans ce chapitre de "L'art de bien agir", Rolf Dobelli décrit le syndrome du "Not Invented Here" (NIH). Ce syndrome, c'est la tendance à se méfier de toute idée qui n’est pas développée en interne.

Il s'applique à tout.

L’auteur constate, par exemple, que les entreprises sont portées à penser que leurs idées internes sont plus remarquables et importantes que celles des prestataires ou des fournisseurs externes. Et ce, même si objectivement, ces dernières sont meilleures.

Selon l’auteur, ce syndrome est responsable de la prospérité de certaines entreprises, mais aussi de la majorité des échecs de start-ups.

En effet, les personnes qui travaillent en équipe pour trouver des solutions sont susceptibles de développer le syndrome du NIH. Chacun a tendance à penser que son idée est la meilleure. Pour y remédier, l’auteur suggère de diviser l'équipe en deux groupes. Un groupe qui génère des idées et un autre qui les évalue. Puis, d'inverser les rôles.

Le syndrome du NIH peut même s'appliquer à la cuisine. L’auteur partage une expérience personnelle à ce sujet. Un jour, l’auteur invente une sauce pour les soles qu'il est en train de cuisiner. Mais sa femme n’aime pas la sauce. Deux semaines plus tard, c’est au tour de sa femme de préparer une sauce similaire. Cette fois, c’est l'auteur qui trouve sa sauce détestable. Pourtant, après le repas, l’épouse de l’auteur lui révèle que la sauce proposée était en fait celle qu’il avait réalisée deux semaines plus tôt. Elle avait voulu le tester pour voir s'il avait le syndrome du NIH.

  1. Comment vous pouvez mettre à profit l’impensable – Le cygne noir

Le chapitre 26 du livre "L'art de bien agir" de Rolf Dobelli traite de l'importance de prendre en compte les événements imprévus, appelés "cygnes noirs", dans les décisions que nous prenons.

Le concept de "cygne noir", introduit par Nassim Taleb, décrit un événement rare et imprévisible qui impacte significativement la vie de ceux qui en sont témoins.

Cet événement peut être positif ou négatif. L'auteur cite plusieurs exemples, tels que la découverte de l'or en Californie, la chute de Moubarak en Égypte, ou encore ce genre de rencontre qui bouleverse complètement une vie.

Pour l’auteur de "L’art de bien agir", le concept de cygne noir est capital car notre monde est de plus en plus imprévisible. Aujourd'hui, nos vies peuvent prendre des tournures totalement inattendues. Les cygnes noirs surviennent de plus en plus souvent. Et notre cerveau est mal équipé pour y faire face. Il est donc nécessaire, pointe l’auteur, de nous y préparer mentalement. Pour cela, nous devons adopter une approche anti-fragile. C’est-à-dire que nous devons apprendre à :

Transformer les coups du sort en opportunités de croissance.

Tirer des leçons des imprévus pour mieux nous adapter et nous renforcer.

  1. Pourquoi votre savoir n’est pas transposable – La dépendance au domaine

L'auteur du livre "L'art de bien agir" explique pourquoi notre savoir ne se transpose pas facilement à d'autres domaines. Cette difficulté de transposer les connaissances s'appelle "la dépendance au domaine".

L'auteur raconte deux anecdotes personnelles pour illustrer cette difficulté :

Lors d’un congrès médical, il explique avoir lui-même utilisé un exemple tiré de la médecine pour faire référence à l'oubli de la fréquence de base à son audience. Les médecins présents ont alors immédiatement compris. Cependant, lorsqu'il a eu recours à un exemple analogue mais tiré du domaine économique, la plupart des médecins n’ont pas réussi l’exercice proposé.

De même, lorsque l’auteur a tenu un discours face à des investisseurs : ces derniers ont très vite saisi les exemples financiers, mais pas les exemples biologiques.

Rolf Dobelli fait état du constat du philosophe Nassim Taleb concernant les joueurs d'échecs . En général, ceux-ci ne sont compétents que pour résoudre des problèmes d'échecs. Il leur est difficile de transposer leurs compétences à un autre domaine.

Enfin, l’auteur de "L'art de bien agir " mentionne un exemple célèbre de dépendance au domaine. Celui d'Harry Markowitz, lauréat du prix Nobel d'économie en 1990 pour sa théorie du choix des portefeuilles. Bien qu'il ait développé une théorie sophistiquée, Markowitz était incapable de l'appliquer à son propre portefeuille.

  1. Pourquoi vous pensez que les autres pensent comme vous – L’effet de faux consensus

Dans la 28ème partie de "L'art de bien agir ", Rolf Dobelli traite de l'effet de faux consensus. Celui-ci consiste à penser que les autres sont d'accord avec nous alors qu'ils ne le sont pas forcément.

L’effet de faux consensus a été mis en évidence par le psychologue Lee Ross. C'était en 1977, suite à une expérience réalisée avec des étudiants. Le psychologue a montré comment nous avons tendance à généraliser notre opinion personnelle à la majorité de la population. Et à croire que les autres pensent et ressentent les choses comme nous.

L'effet de faux consensus se manifeste particulièrement :

Dans les groupes de pression et les groupuscules politiques : ceux-ci surestiment systématiquement l'importance du thème qui les préoccupe.

Chez les politiciens, qui surévaluent régulièrement leurs chances électorales.

Chez les artistes qui s'attendent souvent à une réussite plus grande que celle qu'ils connaîtront au cours de leur vie.

Au sein des entreprises : le fait qu’un service soit convaincu par un produit ne signifie pas que les consommateurs le seront également.

Parmi les "bidouilleurs géniaux" : amoureux de leurs gadgets ultra sophistiqués ou de leurs appareils aux fonctionnalités illimitées, ces derniers croient, souvent à tort, que les consommateurs seront séduits par leur produit.

L'effet de faux consensus entraine une autre tendance : celle de qualifier de "pas tout à fait normaux" les gens qui ne sont pas de notre avis.

  1. Pourquoi vous êtes convaincu d’avoir toujours raison – La falsification de l’histoire

Au chapitre n°29 de son livre "L'art de bien agir", Rolf Dobelli aborde le phénomène de la falsification de l'histoire.

L'auteur explique comment les individus tendent à réécrire leur propre histoire personnelle pour se convaincre qu'ils ont toujours eu raison dans leurs décisions passées. Cette pratique est particulièrement présente lorsque les décisions ont eu des conséquences négatives. Les individus cherchent alors à se protéger de la culpabilité ou de la honte.

Ce phénomène est courant au sein des gouvernements. Il les aide à maintenir leur pouvoir absolu en créant l'illusion d'une infaillibilité totale.

Mais il se produit également dans notre cerveau :

Inconsciemment, nos souvenirs s’adaptent à nos opinions actuelles pour devenir obsolètes et erronés : nous sommes alors convaincus que nous avons toujours eu raison ; nous pensons que nos opinions actuelles sont identiques à celles que nous avions dans le passé. Or, cela peut s’avérer bien loin de la réalité.

Nos souvenirs "flash" sont des souvenirs construits à partir d'éléments sélectionnés et intégrés dans notre mémoire, plutôt qu'un enregistrement fidèle de ce qui s'est passé. L’auteur évoque des études réalisées qui montrent que ces souvenirs flash sont la plupart du temps altérés.

En conclusion, l’auteur souligne que nous devons être conscients de la manière dont notre cerveau révise nos souvenirs et opinions passés. Nous devons accepter notre faillibilité et être prêts à remettre en question nos croyances passées. Accepeter que nous puissions nous tromper nous rend plus ouverts aux autres perspectives. Et plus enclins à accepter de nouvelles idées.

  1. Pourquoi vous vous identifiez à votre équipe de foot – Le biais endogroupe/exogroupe

Le 30ème biais évoqué par Rolf Dobelli dans son livre "L'art de bien agir" est celui de l'effet endogroupe/exogroupe. Ce biais psychologique pousse les individus à se sentir :

Plus proches de ceux qui leur sont similaires, comme les membres de leur propre groupe,

Et plus distants de ceux qui sont différents.

L’auteur parle alors d’un phénomène d'identification au groupe.

Celui-ci, indique-t-il, est particulièrement présent au sein des équipes sportives. Rolf Dobelli s’interroge alors : pourquoi nous identifions-nous à des équipes que nous ne connaissons pas et composées de personnes avec qui nous n'avons aucun lien de parenté ?

L’auteur de "L'art de bien agir" considère que l'identification à un groupe est un biais endogroupe/ exogroupe qui s'est développé au cours de l'évolution de l'humanité. En effet, l'appartenance à un groupe était vitale pour nos ancêtres. Elle leur permettait de trouver de la nourriture et de se protéger contre les attaques. Aujourd'hui, les groupes peuvent se former sur la base de critères communs minimes, comme celui de notre lieu de naissance ou de notre entreprise.

Rolf Dobelli fait ensuite référence aux travaux du psychologue britannique Henry Tajfel. Ceux-ci ont montré que les membres d’un groupe formé sur des critères complètement aléatoires se trouvaient plus sympathiques les uns aux autres qu’ils ne trouvaient sympathiques les membres des autres groupes.

L’auteur évoque également le biais d'homogénéité de l'exogroupe. Celui-ci nous conduit à émettre des préjugés, des avis stéréotypés envers les membres d'autres groupes, voire même à déformer leurs opinions.

Rolf Dobelli conclut en nous invitant à réfléchir à notre propre identification à des groupes. Il nous encourage à prendre conscience de ces biais pour :

Ne pas nous fermer aux autres groupes,

Éviter d’adopter dans des comportements discriminatoires.

  1. Pourquoi vous préférez le risque à l’incertitude – L’intolérance à l’ambiguïté

Cette partie met en évidence notre tendance à préférer les situations risquées - mais connues - plutôt que les situations incertaines.

Il s’agit plus précisément du paradoxe d'Ellsberg, ou de l'intolérance à l'ambiguïté.

Parce que nous préférons les probabilités connues à celles inconnues, nous préférons prendre des risques plutôt que de faire face à l'incertitude. Dans le risque, les probabilités sont connues et l'on peut décider si l'on souhaite ou non prendre ce risque. En revanche, dans l'incertitude, les probabilités sont inconnues : il est impossible de prendre une décision rationnelle basée sur les risques.

Selon Rolf Dobelli, risque et incertitude sont souvent confondus. Mais ces deux notions doivent être différenciées.

  1. Pourquoi le statu quo, c’est sacré – L’effet du choix par défaut

Ce chapitre du livre "L'art de bien agir" de Rolf Dobelli explique comment les gens ont tendance à s'accrocher au statu quo, même s'il n'est pas dans leur intérêt. Il appelle cela l'effet du choix par défaut ou le biais du statu quo.

En fait, lorsqu'un choix par défaut est proposé, la plupart des gens ont tendance à le choisir. Par confort et par manque d'information quant aux autres options possibles.

Cela peut être observé et utilisé dans divers domaines :

Dans le choix d'une assurance automobile ou d'une couleur de voiture par exemple.

Par les gouvernements pour influencer les choix des individus : en proposant un choix par défaut, le gouvernement peut orienter les citoyens vers une décision qu'il juge souhaitable, sans pour autant les contraindre.

L'auteur de "L’art de bien agir" souligne, que même en l'absence de choix par défaut, les individus préférent le statu quo. Ils sont réticents au changement. Cela peut s'expliquer par une aversion au risque et une préférence pour ce qui est familier.

  1. Pourquoi vous dire que c’est votre dernière chance vous fait perdre le nord – La peur des regrets

Dans ce chapitre de "L'art de bien agir", Rolf Dobelli décrit comment la peur des regrets peut nous pousser à prendre des décisions irrationnelles.

L’auteur relate deux histoires. Celles-ci racontent comment deux hommes ont mal investi leur argent :

Paul n'a pas vendu ses actions de la société A pour acheter des actions de la société B et a perdu de l'argent,

Michel a vendu ses actions de la société B pour acheter des actions de la société A et a également perdu de l'argent.

Les deux ont commis une erreur. Pourtant, les sondages montrent que, pour les gens, celui qui doit éprouver le plus de regret est Michel. Pour Rolf Dobelli, ce qui ressort du sondage est dû au fait que Paul a été passif, tandis que Michel a été actif. Et qu'il a pris une décision différente de ce qu’aurait fait la majorité des gens.

Rolf Dobelli fait part de nombreux autres exemples liées à la peur des regrets. Il mentionne la tendance des traders à vendre des actions exotiques avant la fin de l'année pour éviter les pertes. Ou encore la difficulté à se débarrasser de choses inutiles par crainte de regretter de les avoir jetées plus tard.

Ces exemples mettent aussi en évidence les décisions parfois stupides que la peur des regrets futurs engendrent. Et d'autant plus lorsque celle-ci est combinée au concept de "dernière chance". Nous pouvons alors avoir des réactions très conventionnelles, nous limiter ou encore nous empêcher de vivre pleinement.

Selon l’auteur du livre "L'art de bien agir", nous devrions plutôt apprendre à accepter les erreurs et les regrets comme faisant partie de notre expérience de vie et à en tirer des leçons pour avancer.

  1. Pourquoi ce qui saute aux yeux n’est pas le plus important – L’effet de saillance

Dans ce chapitre de "L'art de bien agir", Rolf Dobelli évoque l'effet de saillance. Il s'agit d'un phénomène psychologique qui nous pousse à accorder une importance disproportionnée aux caractéristiques les plus visibles d'une situation, au détriment de tous les autres éléments.

D’après l’auteur, ce phénomène est très répandu. Il peut largement influencer notre perception du monde et de notre entourage.

L'auteur cite plusieurs exemples :

La marijuana : même si elle n'a aucun lien avec la conduite automobile, si elle est trouvée dans une voiture accidentée, elle peut être présentée comme une cause possible de l'accident. Juste parce que c'est le sujet principal du moment dans les médias.

De même, lorsqu'une femme est promue à un poste élevé, cette promotion peut être attribuée à son sexe plutôt qu'à ses compétences, car il s’agit de la caractéristique la plus visible.

Un viol commis par un étranger pourra être attribué à sa nationalité plutôt qu'à d'autres facteurs. Cela conduit à une perception négative des étrangers en général. L'effet de saillance agit ici sur les préjugés.

Enfin, selon Rolf Dobelli, l'effet de saillance peut également influencer nos prévisions, comme dans le cas des élections. Les candidats avec des caractéristiques saillantes, comme une forte personnalité ou un charisme, peuvent être surévalués par rapport à leurs compétences réelles.

  1. Pourquoi faire l’expérience est plus important qu’étudier – L’illusion du savoir livresque

Dans ce chapitre, l'auteur de "L'art de bien agir" soutient l’importance de l’expérience par rapport à la connaissance livresque.

Pour mieux nous rendre compte, Rolf Dobelli nous invite à nous poser cette question : préférerions-nous être opéré par un médecin qui a lu des milliers de livres de médecine mais qui n'a pas pratiqué une seule opération, ou par un médecin qui n'a lu aucun livre de médecine mais qui a effectué des milliers d'opérations ?"

Pour l'auteur, expérimenter, essayer, se tromper sont plus utiles à la création de nouveaux produits/ idées que la simple connaissance des théories existantes.

Il prend l'exemple des frères Wright qui ont réussi le premier vol motorisé sans étudier de rapports scientifiques préalables. Ou encore celui de Malcom McLean, qui a inventé les conteneurs pour le transport des marchandises sans avoir lu aucun livre sur le sujet. Ces deux innovations sont beaucoup plus le fruit d'essais et d'imitations que de lectures et de réflexions.

Rolf Dobelli conclut en déclarant que nous accordons une trop grande importance à la connaissance livresque dans notre société. Inversement, nous sous-estimons la pratique qui est pourtant la meilleure manière de comprendre les nuances de la réalité. Pour lui, ce ne sont pas les universités qui créent les sociétés prospères. Ce sont les sociétés prospères qui entretiennent les universités parce qu'elles peuvent se le permettre.

  1. Pourquoi l’argent n’est pas neutre – L’effet de l’argent de la maison

Le sujet consacré à cette partie du livre "L’art de bien agir" est celui de l'argent. 

Rolf Dobelli affirme que l’argent n’est pas neutre : nous ne le traitons pas de manière égale selon sa provenance.

L’auteur commence par nous faire constater que nos comportements en matière de dépenses diffèrent selon que l'argent est gagné à la sueur de notre front, trouvé ou hérité. L'économiste Richard Thaler appelle cela "l'effet de l'argent de la maison" (house money effect).

Rolf Dobelli affirme que les gens sont plus disposés à prendre des risques avec des gains réalisés en jouant ou en spéculant plutôt qu'avec l'argent gagné à la sueur de leur front. Cela peut d’ailleurs expliquer pourquoi les gagnants du loto sont souvent plus pauvres après avoir empoché la super cagnotte qu'avant, continue l’auteur.

Pour illustrer l’idée que notre façon de dépenser l’argent varie selon la façon dont il a été acquis, l’auteur de "L'art de bien agir" partage les réponses des gens à la question suivante :

Si vous gagnez 20 000 euros à la fin de l'année, que faites-vous ?

a) vous les laissez sur votre compte bancaire,

b) vous les investissez,

c) vous les utilisez pour des dépenses nécessaires

d) vous vous offrez une croisière de luxe.

La plupart des gens optent pour l'une des solutions a, b ou c. Cependant, si vous avez gagné 20 000 euros au loto, la plupart des gens choisissent les solutions c ou d. Ils commettent ainsi une erreur de jugement : 20 000 euros sont 20 000 euros, peu importe leur provenance.

  1. Pourquoi les bonnes résolutions du Nouvel An ne fonctionnent pas – La procrastination

Dans cette partie de "L'art de bien agir", Rolf Dobelli traite de la procrastination. Autrement dit, notre tendance à remettre au lendemain ce qui peut être fait aujourd'hui.

L’auteur commence par préciser que la procrastination est irrationnelle. Nous savons, en effet, ce qui est bon pour nous, mais nous ne le faisons pas. Pourquoi ? À cause du fossé temporel entre l'investissement et le rendement qui nécessite une certaine force mentale. D’ailleurs, si nous ignorons les bonnes résolutions du Nouvel An, c’est à cause de cette habitude, indique l’auteur.

Rolf Dobelli revient ensuite sur une expérience du psychologue Roy Baumeister réalisée avec des étudiants.

Roy Baumeister a offert aux étudiants des radis et des cookies, mais il leur a interdit de manger les cookies pendant une demi-heure. Ensuite, il leur a demandé de résoudre un problème mathématique difficile. Les étudiants qui n'avaient pas mangé de cookies ont abandonné l'exercice deux fois plus vite que les autres. Selon l’auteur, leur autocontrôle leur avait, en fait, pris beaucoup d'énergie mentale. Elle leur avait alors manqué pour résoudre le problème.

Cet exemple montre que la volonté fonctionne comme une batterie à court terme : quand la volonté est épuisée, il manque de l'énergie pour relever les défis ultérieurs.

Pour lutter contre la procrastination, l’auteur fait trois suggestions :

Se reposer et se détendre de temps en temps pour recharger ses batteries : il est impossible de maintenir un autocontrôle vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Adopter des stratégies ou des astuces pour éviter de se laisser trop distraire : lorsqu'il écrit un roman, Rolf Dobelli, par exemple, indique couper sa connexion Internet pour éviter d'être tenté de surfer sur le web.

Se fixer des délais.

  1. Pourquoi vous avez besoin de régner dans votre propre royaume – Le piège de l’envie

Dans ce 38ème chapitre, l’auteur de "L'art de bien agir" traite de l’envie et de ses méfaits.

Rolf Dobelli développe plusieurs idées. Selon lui, l’envie :

Représente la plus stupide de toutes les émotions, car contrairement à la colère, à la tristesse ou à la peur, elle est facilement évitable.

Ne procure aucun plaisir, seulement de la souffrance.

Est suscitée par différents éléments, tels que la possession matérielle, le statut social, la santé, la jeunesse, le talent, la popularité et la beauté.

Se confond souvent avec la jalousie car les réactions physiologiques sont les mêmes. Mais contrairement à cette dernière, l’envie n’a besoin que de deux individus alors que la jalousie en réclame trois :"Pierre est jaloux de Luc parce que la jolie voisine sonne chez Luc et pas chez lui".

Peut conduire à une chaîne de comportements néfastes allant de l’inaction à la destruction de biens matériels et au sabotage des projets d’autrui. Le texte illustre ce propos avec l’histoire d’un paysan qui demande à un génie de faire mourir la vache de son voisin, simplement parce qu’il n’en a pas lui-même.

Pour éviter l’envie, l’auteur conseille de :

Cesser de se comparer aux autres : la comparaison sociale est non seulement source de stress mais peut entraîner une envie perpétuelle, car il y aura toujours quelqu’un de mieux.

Se concentrer sur ses propres objectifs, pas sur ceux des autres.

Avoir une image réaliste de soi-même.

  1. Pourquoi vous préférez les romans aux statistiques – La personnification

Ce chapitre de "L'art de bien agir" de Rolf Dobelli étudie pourquoi les statistiques ne sont pas aussi efficaces que les histoires pour susciter de l'empathie chez les gens.

L’auteur explique que les histoires permettent de personnifier les informations, de les rendre concrètes et plus faciles à comprendre. Avec leurs personnages, leurs défis et leurs épreuves, elles mettent en scène une empathie.

Dès lors, une histoire aura toujours un impact émotionnel plus fort sur nous que n’importe quelle statistique. Car si les statistiques peuvent révéler des chiffres choquants sur les pertes humaines dans les guerres ou les enfants sous-alimentés en Afrique, ces dernières ne touchent pas les émotions des gens.

Les photos sont également intéressantes car elles permettent de personnaliser une situation en mettant un visage sur une situation.

L’auteur explique alors que c’est à cause de cet effet de personnification que les journalistes cherchent toujours à inclure des photos et des histoires dans leurs contenus. De cette façon, ils peuvent humaniser des événements (guerres ou catastrophes). Et ainsi faire en sorte que les gens s'identifient et se soucient des personnes touchées.

Les recherches de l'auteur Rolf Dobelli sur la compassion dans L'art de bien agir

Enfin, Rolf Dobelli partage des recherches sur la compassion. Celles-ci montrent que :

Les gens sont plus susceptibles de donner de l'argent à un enfant affamé qu'à une cause abstraite, telle que la faim en Afrique.

La compassion est un comportement humain complexe qui ne peut être réduit à un simple chiffre.

"Moralité : soyez prudent lorsqu'on vous sert des destins individuels. Si l'on vous sollicite, posez des questions sur la réalité des faits et les statistiques qui se cachent derrière. Le sort des individus ne vous laissera pas insensible, mais vous pourrez le replacer dans son contexte. En revanche, si c'est vous qui sollicitez les autres et voulez motiver, surprendre ou faire sortir les gens de leur léthargie, veillez à jouer sur la corde sensible - la corde de l'humain."

  1. Pourquoi les crises sont rarement des opportunités – L’illusion du "ce qui ne me tue pas me rend plus fort"

Ce chapitre du livre "L'art de bien agir" explique pourquoi les crises ne sont pas toujours des opportunités. Il revient sur l'illusion que "ce qui ne me tue pas me rend plus fort".

En effet, pour Rolf Dobelli, les crises peuvent causer un stress énorme et nous laisser mentalement et physiquement épuisé. Ainsi, contrairement à l'idée populaire selon laquelle elles peuvent nous rendre plus forts, elles auraient plutôt tendance à nous affaiblir.

Pour illustrer son point de vue, l'auteur relate plusieurs exemples. Il évoque notamment celui d'une femme atteinte d'un cancer et celui d'un chef d'entreprise confronté à la concurrence.

Rolf Dobelli développe ensuite deux idées principales à ce sujet :

La plupart des entreprises ne survivent pas à une crise économique, et que celles qui y parviennent, par chance, ne sont pas nécessairement renforcées par l'expérience.

Les gens ont tendance à justifier leur expérience de crise en prétendant qu’elle les a renforcés. Mais ceux-ci pourraient tout aussi bien apprendre les leçons qu'ils ont tirées de leur expérience de crise sans avoir à subir l'expérience elle-même.

  1. Pourquoi vous devriez de temps en temps regarder sur le côté – L’illusion d’attention

Dans le chapitre 41 de "L'art de bien agir ", Rolf Dobelli nous aide à comprendre et à prendre conscience d’un phénomène appelé "l’illusion d’attention".

L'illusion d'attention est le fait que nous croyons rien manquer de ce qui se passe dans notre champ de vision, alors qu'en réalité, nous avons tendance à voir uniquement ce à quoi nous prêtons une attention soutenue.

L’auteur partage une expérience classique de psychologie cognitive. Dans celle-ci, des volontaires regardent une vidéo d'un match de basket, sans remarquer qu'un individu déguisé en gorille traverse l'écran.

D’autres exemples sont relatés, comme :

L'expansion de Swissair qui n'a pas vu ses liquidités fondre,

La gestion défectueuse du bloc de l'Est qui a entraîné la chute du mur de Berlin,

Les risques qui sautaient aux yeux dans les bilans des banques, mais qui sont pourtant passés inaperçus jusqu'à la crise financière de 2008.

L’auteur de "L’art de bien agir" conclut en rappelant combien il est capital de :

Rester constamment attentif.

Se rappeler que ce à quoi nous prêtons attention n'est qu'une partie de ce qui se passe réellement autour de nous.

Ceci peut nous éviter des accidents, des manquements professionnels ou encore des prises de décisions mal éclairées.

  1. Pourquoi les belles paroles et les beaux projets sont convaincants – Les fausses déclarations stratégiques

Le 42ème chapitre du livre "L'art de bien agir" explique pourquoi les belles paroles et les beaux projets peuvent être convaincants, mais peuvent aussi cacher des fausses déclarations stratégiques.

L’auteur décrit les fausses déclarations stratégiques comme des mensonges délibérés, utilisés pour persuader les gens de faire des choses qu'ils ne feraient pas autrement.

Selon lui, celles-ci sont couramment employées quand les enjeux sont élevés, comme lors d'un entretien d'embauche ou lors d'une négociation. Dans ces situations, les gens sont plus susceptibles d'être convaincus par des promesses audacieuses et des projections optimistes.

Les projets colossaux sont aussi particulièrement vulnérables aux fausses déclarations stratégiques. Les gouvernements et les entreprises ont tendance à financer les projets les plus impressionnants sur papier, plutôt que les projets qui ont la meilleure chance de réussir.

En réalité, les promoteurs de ces projets ambitieux surestiment leur capacité à atteindre les objectifs et minimisent les risques. Au final, les projets se retrouvent souvent retardés et nécessitent des coûts supplémentaires.

Enfin, Rolf Dobelli signale que la plupart des gens utilisent les fausses déclarations stratégiques, autrement dit, de grossiers mensonges, tous les jours. Que ce soit pour obtenir un emploi, signer un contrat ou simplement impressionner quelqu'un.

L’auteur termine en insistant sur le fait que si les fausses déclarations stratégiques sont un moyen efficace de persuader les gens, elles peuvent également causer des dommages très négatifs à long terme.

  1. Pourquoi vous devriez parfois éteindre votre cerveau – L’excès de pensée

Dans le chapitre n°43 de "L'art de bien agir", Rolf Dobelli explore le concept de l'excès de réflexion. Il insiste sur l'importance de savoir éteindre son cerveau de temps en temps.

L'auteur commence ici par raconter une histoire : celle d’un mille-pattes intelligent qui se perd dans ses réflexions pour trouver la meilleure façon de se rendre jusqu’à un petit grain de sucre sur une table, et qui finit par mourir de faim.

Rolf Dobelli se penche ensuite sur des exemples de situations montrant pourquoi une réflexion excessive peut s’avérer très néfaste et peut conduire à de mauvaises décisions. Il relate notamment l'histoire de Jean Van de Velde. Ce golfeur a perdu le British Open de golf en 1999 parce qu’il s’est mis une pression excessive pour gagner.

Enfin, l’auteur du livre "L'art de bien agir" explique pourquoi il est parfois préférable de s'appuyer sur son intuition. C’est le cas dans les situations où nous avons acquis des compétences motrices ou des habitudes de réflexion, telles que choisir des aliments ou des amis. L’essentiel est alors de trouver un équilibre entre la réflexion et l'instinct. Puis, de comprendre quand il est préférable d'utiliser l'un ou l'autre.

  1. Pourquoi vous prévoyez beaucoup trop de choses – L’erreur de planification

Le 44ème phénomène expliqué dans le livre "L'art de bien agir" de Rolf Dobelli aborde"l'erreur de planification". Ce biais cognitif conduit les gens à surestimer leur capacité à réaliser une certaine quantité de travail dans un temps donné.

L’auteur commence par souligner que, d’une façon générale, nous avons tendance à établir des to-do-list irréalistes. Nous sommes enclins à surplanifier en quelque sorte.

Cette erreur de planification s’observe dans différentes situations, y compris dans le cadre de projets économiques ou politiques. Les avantages d'un projet sont souvent surévalués, tandis que le temps de travail, les coûts et les risques sont sous-estimés.

Rolf Dobelli revient sur les raisons qui nous rendent incapables de planifier correctement :

D’abord, nous avons une prédisposition à nous faire des illusions et à prendre nos désirs pour des réalités.

Ensuite, nous nous focalisons trop sur le projet en question et occultons les facteurs extérieurs susceptibles de l'influencer.

L’auteur partage enfin les conclusions de plusieurs études menées auprès d'étudiants. Celles-ci montrent que :

Seulement 30 % d'entre eux ont réussi à tenir leur délai de mémoire soi-disant réaliste.

En moyenne, il leur a fallu presque deux fois plus de temps de temps que dans le pire des scénarios.

  1. Pourquoi l’homme qui a un marteau dans la tête voit tout en forme de clou – La déformation professionnelle

Ce chapitre de "L'art de bien agir" de Rolf Dobelli traite de la déformation professionnelle. Celle-ci désigne la tendance des individus à voir tout à travers le prisme de leur profession ou de leur expertise.

En d’autres termes, les personnes formées dans un domaine particulier sont portées à utiliser les modèles de pensée de leur spécialité professionnelle pour résoudre tous les problèmes qu'ils rencontrent, même ceux qui n'ont rien à voir avec leur domaine de compétence.

L’auteur partage plusieurs exemples pour illustrer ce phénomène :

Le chirurgien qui souhaite intervenir pour résoudre la quasi-totalité des problèmes médicaux, alors que le patient pourrait être traité par une méthode moins invasive.

L'ingénieur du bâtiment qui pense à des solutions de génie civil pour résoudre des problèmes qui ne nécessitent pas de telles solutions.

Rolf Dobelli termine en soulignant que la déformation professionnelle peut s’avérer dangereuse. C'est le cas quand elle concerne des domaines où les méthodes propres à une spécialité particulière n'ont pas leur place.

  1. Pourquoi vous oubliez rarement une tâche qui n’est pas terminée – L’effet Zeigarnik

L’auteur du livre "L'art de bien agir" nous explique ici ce qu’est l’effet Zeigarnik. Il s’agit, nous dit-il, d’un phénomène qui se caractérise par le fait que les tâches non terminées sont souvent mémorisées et rappelées, alors que les tâches achevées sont oubliées.

Ce sont les psychologues Zeigarnik et Lewin qui ont commencé à étudier ce comportement après avoir observé un serveur dans un restaurant. Ils ont remarqué que ce dernier retenait toutes les commandes jusqu'à leur exécution.

L’auteur fait ressortir, à l’aide d’exemples, plusieurs points à retenir concernant l’effet Zeigarnik.  

Il s'interroge d'abord : si les tâches non terminées restent dans notre tête tant qu'elles ne sont pas réalisées, comment font les personnes qui ne se laissent pas déborder par les tâches en cours ?

Et bien, des études menées par Roy Baumeister à l'université de Floride ont montré qu'en réalité, les tâches ne nous obsèdent que jusqu'à ce que nous voyions clairement comment nous allons les accomplir. Pour ne pas ressentir de stress lié aux tâches en cours, il suffit donc de se concentrer sur la façon dont nous allons les réaliser - avec un programme bien pensé par exemple - plutôt que de simplement chercher à les terminer.

  1. Le bateau dans lequel vous êtes assis compte plus que la force avec laquelle vous ramez – L’illusion de compétence

Dans ce chapitre de "L'art de bien agir", Rolf Dobelli expose toute une réflexion sur "l’illusion de la compétence à travers laquelle il soutient les idées suivantes :

L'auteur s'interroge d’abord sur les raisons pour lesquelles il existe si peu d'entrepreneurs en série, c'est-à-dire des personnes ayant créé plusieurs entreprises à succès. Selon lui, c’est parce que la chance joue un rôle plus important que les compétences dans la réussite d'une entreprise.

Ensuite, pour Rolf Dobelli, si les compétences et le travail acharné sont certes nécessaires au succès, ils ne sont pas suffisants pour le garantir. L’auteur explique en effet que la réussite durable d'un individu n'est déterminante que s'il réussit mieux et plus longtemps que d'autres moins compétents que lui.

À travers une étude, l'auteur montre également que les traits de personnalité des PDG d’entreprise ne sont pas, non plus, des critères déterminants.

Enfin, l'auteur souligne que, dans certains domaines, les compétences ne jouent aucun rôle dans la réussite. Il cite notamment le cas d'une société de gestion de patrimoine, où les performances des conseillers ont été établies sur la base d'un classement sans prendre en compte leurs compétences.

L'auteur nous invite alors à réfléchir à :

L'illusion de la compétence,

L'importance de la chance dans la réussite d'une entreprise,

La pertinence du culte du PDG dans le monde de l'entreprise.

  1. Pourquoi les listes de vérification rendent aveugle – L’effet de la caractéristique positive

Le 48ème phénomène expliqué par Rolf Dobelli dans "L'art de bien agir" est l’effet de la caractéristique positive. Ce dernier se produit lorsque les gens ont une réaction plus forte à quelque chose qui est présent plutôt qu'à quelque chose qui est absent.

L’auteur partage plusieurs exemples qui montrent qu’en général, nous attribuons plus de poids à ce qui est présent qu’à ce qui est absent. Il est, par exemple, plus facile de reconnaître la présence de certains chiffres dans une série de nombres que l’absence de chiffres. Ou encore penser à l'absence de douleur demande une certaine énergie.

Selon Rolf Dobelli, c’est à cause de cet effet que les listes de vérification peuvent être trompeuses.

Les gens ont en effet tendance à se concentrer sur les éléments qui sont inclus dans la liste plutôt que sur ceux qui ne le sont pas. Par conséquent, si quelque chose est omis de la liste, il peut être facilement manqué ou ignoré. L'auteur attire notre attention sur le fait que, dans certains cas, cela peut être vraiment problématique : quand il s’agit de fraude financière ou de la teneur en cholestérol d'un produit alimentaire par exemple.

L'auteur suggère que, pour éviter cette "cécité aux omissions", les listes de vérification soient construites en incluant des éléments spécifiques qui pourraient être manquants. Il nous invite également à prendre conscience des omissions potentielles afin d'éviter de manquer des éléments importants.

  1. Pourquoi vous voulez peindre la cible autour de la flèche – Le parti pris informationnel

Dans cette partie de "L'art de bien agir", Rolf Dobelli expose les conséquences de ce qu’il nomme le "parti pris informationnel".

Le "parti pris informationnel" est, en fait, une technique qui consiste à ne présenter que les aspects positifs d'un produit ou d'un service et d’en cacher les aspects négatifs.

Nous la retrouvons, par exemple :

Sur les sites Web des hôtels qui ne montrent que les photos les plus flatteuses,

Sur les brochures commerciales qui ne vantent que les meilleurs produits,

Ou encore dans les rapports d'activité des entreprises qui ne mettent en avant que les objectifs atteints.

Le "parti pris informationnel" touche toutes les industries et tous les secteurs d’activité. Mais, selon Rolf Dobelli, le domaine de la recherche universitaire est particulièrement concerné. En effet, les chercheurs sont souvent récompensés pour ce qu'ils ont fait, mais sont rarement reconnus pour ce qu'ils n'ont pas fait. Les scientifiques de la recherche sur les médicaments antibiotiques, par exemple, sont plus souvent mis en avant que les héros obscurs de la lutte antitabac.

Pour conclure, l’auteur nous invite à prendre du recul. Pour contrer le parti pris informationnel, nous devons être attentifs à ne pas nous laisser entraîner par les anecdotes ou les histoires qui renforcent ce biais. Les chefs d'entreprise doivent, eux, faire preuve de transparence et d’honnêteté sur les défis qu’ils ont à relever et les objectifs qu'ils n'ont pas atteints, tout en mettant en avant les avantages qu'ils ont apportés.

  1. La sempiternelle chasse aux boucs émissaires – Le biais de la cause unique

Le 50ᵉ biais mis en lumière par l'auteur de "L'art de bien agir" est celui de la cause unique. Autrement dit, de la tendance à réduire une situation complexe ou à attribuer les échecs ou les problèmes à une seule cause, plutôt qu'à un ensemble de causes.

Nous le retrouvons notamment lorsque des journalistes posent des questions telles que "Quelle est la raison de cette guerre ?" ou "Pourquoi avons-nous envahi l'Irak?". 

Or, Rolf Dobelli nous fait remarquer que, dans la plupart des cas, il y a plusieurs facteurs à l’origine d’une situation donnée. Il est donc dangereux de se concentrer sur une seule d’entre elles. L’auteur mentionne, en guise d’exemple, la crise financière de 2008 causée par une combinaison de politiques monétaires, de modèles de risque et de notation erronés, etc.

La simplification excessive de la causalité est un biais qui peut avoir des conséquences néfastes sur les décisions, les politiques et nos attitudes. Par exemple, dans le cas de la criminalité, le biais de la cause unique peut nous amener à nous concentrer sur une seule cause, comme la pauvreté ou l'immigration, sans tenir compte des nombreux autres facteurs qui y contribuent pourtant aussi.

Enfin, l’auteur de "L'art de bien agir" souligne que la simplification excessive de la causalité est aussi préjudiciable quand elle est utilisée pour justifier des actions ou des politiques non efficaces ou aux effets négatifs.

  1. Pourquoi les chauffards apparaissent comme des conducteurs moins dangereux – Le biais de l’intention de traiter, l'art de bien agir.

L’avant-dernier chapitre du livre "L'art de bien agir" nous met en garde vis-à-vis du "biais de l'intention de traiter". Ce biais cognitif conduit à des résultats trompeurs dans l'analyse des données.

Il peut se manifester lorsque nous comparons des groupes de personnes selon des critères préétablis (ex. : leur comportement ou leur performance).

Ce biais n'est pas facile à reconnaître. L'auteur montre comment ce biais explique pourquoi :

Les conducteurs les plus rapides semblent être les moins dangereux,

Les entreprises endettées ont une meilleure rentabilité que les entreprises non endettées,

Un médicament peut sembler efficace alors qu'il ne l'est pas réellement.

Dans tous ces cas, le biais est dû à la sélection des données et à l'exclusion de certains individus qui auraient dû être inclus dans l'analyse.

Pour éviter les conclusions erronées, Rolf Dobelli nous invite à rester sur nos gardes :

"Vérifiez immédiatement si l'objet de l'étude - automobilistes responsables d'accidents, entreprises en faillite, patients gravement malades - fait toujours partie de l'échantillon ou l'a quitté sans crier gare, pour quelque raison que ce soit. Dans ce dernier cas, vous pouvez mettre votre étude à la poubelle."

  1. Pourquoi trop d’info tue l’info – L’illusion des nouvelles

Dans le dernier chapitre de "L'art de bien agir", Rolf Dobelli nous fait part d’une dernière tendance qu’il appelle "l'illusion des nouvelles". Celle-ci consiste à croire que plus nous avons d'informations, mieux nous sommes informé.

L’auteur commence par expliquer que les "news" sont toxiques pour notre esprit.

Selon lui, les informations que nous recevons quotidiennement sont beaucoup trop abondantes pour que notre cerveau parvienne à bien les assimiler.

Finalement, ce sont les "news" sensationnelles et scandaleuses qui vont le plus attirer notre attention car elles captent notre cerveau avec une multitude de stimuli bruyants, choquants et changeants sans cesse. Alors que les informations abstraites, complexes et nécessitant une explication sont ignorées. Nous sommes, de cette façon, très mal informés.

Rolf Dobelli confie avoir personnellement décidé de ne plus consommer de nouvelles pendant trois ans. Pour cela, il a résilié tous ses abonnements à des journaux, magazines. Il a éliminé la télévision et la radio. Il a supprimé les applications de news de son téléphone et détourné le regard quand il voyait un journal à côté de lui. L'auteur affirme que cette expérience lui a permis d'avoir une pensée plus claire, des points de vue de plus grande valeur. Il a aussi gagné beaucoup de temps libre. Quant à ses décisions, elles étaient, déclare-t-il, bien meilleures. Il précise, à ce propos, que parmi les 10 000 informations brèves que nous lisons environ tous les ans, il est très rare qu'une seule d'entre elles soit suffisamment pertinente pour nous aider à prendre une décision importante.

Conclusion de "L'art de bien agir : 52 voies sans issue qu'il vaut mieux laisser aux autres" de Rolf Dobelli

C’est pourquoi la consommation de nouvelles est, pour Rolf Dobelli, un véritable désavantage concurrentiel et une perte de temps. Nous devrions la limiter considérablement et nous créer un "vrai" réseau social d'amis et de connaissances en chair et en os pour filtrer les nouvelles importantes.

"L'art de bien agir" de Rolf Dobelli est un ouvrage exhaustif. Il offre un tour d'horizon des erreurs que nous pouvons faire au quotidien sans nous en rendre compte.

Sa lecture nous permet alors de :

Prendre conscience et de comprendre quelles sont exactement ces 52 erreurs courantes que nous commettons tous sans le savoir

Ces erreurs sont liées aux biais cognitifs et aux illusions mentales. Elles concernent tous les domaines de notre vie personnelle et professionnelle. Les très nombreux exemples et les études évoqués dans l'ouvrage rendent leur compréhension très accessible.

Prendre les mesures qu'il faut pour éviter de tomber à nouveau dans ces pièges et reprendre le contrôle dans nos prises de décisions

En mettant en évidence ces erreurs et en nous aidant à comprendre comment nous fonctionnons avec nos biais, "L'art de bien agir" nous aide à reprendre le pouvoir sur nos décisions et nos actions. Nous avons des clés pour ne plus (ou moins) être manipulé.

L’auteur décrit ces erreurs en s'inspirant de ses propres expériences. Il illustre ses propos avec de nombreux travaux de psychologues, de sociologues et de chercheurs en économie. Toutes ces données et anecdotes viennent enrichir le propos et rendre la lecture agréable.

Les points forts et les points faibles de L'art de bien agir de Rolf Dobelli

Points forts :

L’alternance entre le contenu théorique et le narratif permet de bien saisir les informations.

Les multiples exemples, histoires, études qui servent d’illustrations rendent la lecture agréable et viennent contrebalancer la monotonie de la structure des chapitres.

Le contenu est exhaustif, il aborde une grande variété de sujets dans sa thématique.

Points faibles :

Les conseils et certains propos pourraient être davantage étayés.

Le livre est structuré mais presque trop. Il en devient un peu rébarbatif. Les chapitres, qui font tous 3 pages, s’enchainent tous de la même manière, comme dans un catalogue, rendant sa lecture linéaire monotone.

Ma note :

★★★★

Le petit guide pratique du livre L’art de bien agir de Rolf Dobelli

4 éléments qui ont contribué à ce que les descriptions conviennent à tout le monde :

Les descriptions très générales, qui "marchent à tous les coups".

Des traits flatteurs spécifiques, qu’on a tendance à accepter même s’ils ne nous correspondent pas,

"L’effet de la caractéristique positive" qui n'emploie jamais d'affirmations négatives.

" Le biais de confirmation", qui joue un rôle majeur dans la manière dont nous percevons ces descriptions.

Foire Aux Questions (FAQ) du livre L’art de bien agir de Rolf Dobelli

  1. Comment le public a accueilli le livre L’art de bien agir de Rolf Dobelli ?

Ce livre a été très bien accueilli par le public avec son mérite de format catalogue.

  1. Quel fut l’impact du livre L’art de bien agir de Rolf Dobelli ?

Ce livre nous donne des conseils pertinents pour éviter les multiples erreurs de réflexion quotidiennes que nous commettons tant dans nos vies personnelles que professionnelles.

  1. À qui s’adresse le livre L’art de bien agir de Rolf Dobelli ?

Ce livre s’adresse à tout le monde sans exception.

  1. Comment ne pas subir les effets de la fatigue décisionnelle selon l’auteur ?

Nous rappeler que la prise de décision est fatigante et impacte nos décisions.

Limiter le nombre de décisions à prendre chaque jour.

Nous concentrer sur les choix importants plutôt que de nous disperser dans d’autres choix mineurs.

Apprendre à récupérer de l’énergie mentale.

  1. Quels sont les deux effets relatifs à l’effet des attentes ?

On a l’effet pygmalion et l’effet placebo.

Les milieux du verbiage vs les cas de verbiage

Les milieux du verbiage Les cas de verbiage

Chez les universitaires : en ce qui concerne les prévisions économistes par exemple Le cas d’une "miss" qui répond de manière confuse à une question simple lors de la finale de Miss Teen America

Dans les entreprises : pour cacher une faillite notamment Celui du philosophe Jürgen Habermas, dont les discours sont difficilement compréhensibles

Dans le sport : utilisé par les journalistes sportifs pour garder l’antenne L’auteur lui-même reconnaît avoir été fasciné par les propos verbeux du philosophe Jacques Derrida dans sa jeunesse : il réalise, à présent, que cela n'avait aucun sens

Qui est Rolf Dobelli ?

Rolf Dobelli est écrivain, économiste et entrepreneur. Il est le fondateur de Zurich Minds, une communauté internationale de personnalités du monde des affaires, de la culture et de la science, et a cofondé getAbstract, un important détaillant en ligne de livres abrégés sur les affaires, basé à Lucerne. Il a coécrit avec Nassim Nicholas Taleb le livre The Black Swan (Le cygne noir).

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Mon, 31 Jul 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12489/Lart-de-bien-agir
Système 1 / Système 2 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12480/Systme-1-Systme-2

Résumé de « Système 1 / Système 2 : les deux vitesses de la pensée » de Daniel Kahneman : le livre événement qui a ouvert la voie à de nouveaux développements en psychologie cognitive et en économie comportementale — un ouvrage à ne pas manquer !

Par Daniel Kahneman, 2012 (2016), 706 pages.

Titre original : Thinking, Fast and Slow (2011).

Chronique et résumé de « Système 1 / Système 2 : les deux vitesses de la pensée » de Daniel Kahneman

Première partie. Deux systèmes de pensée

1 — Les personnages de l'histoire

Selon Daniel Kahneman, il est possible de distinguer deux grands modes de raisonnement : le Système 1 et le Système 2.

Le Système 1 a les caractéristiques suivantes :

automatique ;

involontaire ;

intuitif ;

rapide ;

demandant peu d'effort ;

peu coûteux en énergie ;

créatif (en lien avec l'intuition).

Nous nous servons du Système 1 lorsque nous reconnaissons instantanément le sentiment de colère chez quelqu'un, par exemple.

Le système 2 n'est pas assimilable à la "pensée" en général, mais bien à la pensée analytique. Il se distingue par :

Ia concentration et l'attention dont l'individu doit faire preuve ;

la résolution de problèmes complexes ;

sa lenteur ;

sa gourmandise en énergie.

Il intervient en général quand le système 1 bloque sur une donnée inconnue. Lorsque nous remplissons notre déclaration d'impôts, nous sollicitons le Système 2.

Pour l'auteur, cette distinction doit être comprise comme une allégorie qui facilite la transmission de ses recherches. Ce qui importe avant tout à Daniel Kahneman est de présenter au lecteur un certain nombre de biais cognitifs.

Même si cela ne suffit pas complètement à s'en prémunir, en avoir conscience est un premier pas. C'est en discutant avec autrui et en s'exerçant que les individus pourront améliorer leurs capacités de jugement et de prise de décision.

Le Système 1 et le Système 2 en bref :

"Il avait une impression, mais parfois, ses impressions sont des illusions."

"C'est une réaction typique du Système 1. Elle a réagi à la menace avant même de l'avoir identifiée."

"Là, c'est ton Système 1 qui parle. Calme-toi et laisse ton Système 2 prendre les commandes." (Système 1 / Système 2, Chapitre 1)

2 — L'attention et l'effort

Un signe physique, étudié par l'auteur, permet de déceler lorsque l'individu "passe" du Système 1 au Système 2 : la dilatation des pupilles. Lorsque vous devez réaliser une tâche difficile, qui exige de la concentration, vos pupilles se dilateront certainement.

Daniel Kahneman propose un modèle en V inversé : plus le niveau de difficulté est important, c'est-à-dire plus la concentration est grande, et plus les pupilles se dilatent. Le point maximal de dilatation correspond aux limites du Système 2. Au-delà, les pupilles rétrécissent. 

Le chercheur montre ainsi que le Système 2 est relativement peu actif, par exemple lorsque nous bavardons. Il montre aussi que nous sommes tous dotés de capacités différentes et que nous pouvons oblitérer des informations si nous avons atteint un seuil maximal de concentration. 

L'attention et l'effort en bref :

"Je ne vais pas tenter de résoudre ça en conduisant. C'est une tâche à se dilater la pupille. Elle nécessite un effort mental !"

"C'est la loi du moindre effort qui est à l'œuvre ici. Il va penser aussi peu que possible."

"Elle n'a pas oublié la réunion. Elle était complètement concentrée sur autre chose quand l'heure du rendez-vous a été établie et elle ne vous a tout simplement pas entendu."

"Ce qui m'est venu rapidement à l'esprit était une intuition du Système 1. Il va falloir que je recommence et que je cherche activement dans ma mémoire." (Système 1 / Système 2, Chapitre 2)

3 — Le contrôleur paresseux

Comme nous avons chacun des seuils différents de concentration, nous pouvons nous ennuyer ou être plus vite fatigués que d'autres lorsque nous exécutons certaines tâches. À l'inverse, nous pouvons n'atteindrons pas tous des états de « flow » (ou de flux, en français), c'est-à-dire de concentration maximale, aux mêmes occasions.

Parfois, nous pouvons épuiser notre Système 2 à une tâche. C'est ce que l'auteur nomme « épuisement du moi ». Dans ce cas, la volonté s'épuise et nous devenons plus impulsifs. Le glucose nous aide à rester concentré et à reprendre le contrôle. C'est la "nourriture" du cerveau et en particulier du Système 2, qui mobilise notre volonté et nos capacités d'analyse. 

Par économie (pour aller plus vite, pour consommer moins d'énergie), nous nous fions le plus souvent au Système 1. Mais notre capacité à l'action rationnelle dépend du contrôle effectué par le Système 2 sur le Système 1. Certains d'entre nous ont moins l'habitude d'exercer ce contrôle que d'autres.

Le contrôle en bref :

"Elle n'a pas eu de mal à se concentrer pendant des heures sur sa tâche. Elle était dans un état de flux."

"Au bout d'une longue journée de réunions, son ego était épuisé. Il a donc opté pour des procédures standard au lieu de réfléchir au problème."

"Il ne s'est pas donné la peine de vérifier si ce qu'il disait tenait debout. Son Système 2 est-il toujours paresseux ou était-il plus fatigué que d'habitude ?" (Système 1 / Système 2, Chapitre 3)

4 - La machine associative

Le système 1. fonctionne par associations mentales. Nous n'en sommes pas conscients. Pourtant, ces associations influencent nos comportements et nos pensées.

Le phénomène dit d'"amorçage" est lié à cette capacité du Système 1. Par exemple :

Vous pensez à la vieillesse et vous agissez inconsciemment plus lentement ;

À l'inverse, vous agissez lentement et, soudainement, vous vous mettez à penser à des mots relatifs à la vieillesse ;

Vous vous amusez et donc vous souriez ;

Mais le simple fait de sourire pourrait aussi vous procurer un certain amusement !

Ainsi, penser à quelque chose peut nous amener à agir d'une certaine manière. Et inversement. Cela peut avoir de lourdes implications, tant en matière de bien-être individuel, de politique ou d'économie.

Cela montre notamment qu'il peut être assez aisé d'influencer les individus en leur suggérant des actions via des mots bien choisis, par exemple.

L'amorçage en bref :

"La vue de tous ces gens en uniforme n'amorce pas la créativité."

"Le monde n'est pas aussi logique que vous le pensez. Sa cohérence vient essentiellement de la façon qu'a votre esprit de fonctionner."

"Ils étaient amorcés pour trouver des défauts, et c'est exactement ce qu'ils ont trouvé."

"Son Système 1 a construit une histoire, et son Système 2 l'a cru. Ça nous arrive à tous." (Système 1 / Système 2, Chapitre 4)

5 - L'aisance cognitive

L'aisance cognitive intervient dans le passage d'un Système à l'autre. Le concept désigne une impression de facilité, de bien-être, de confiance ou de vérité.

Ses sources sont multiples :

L'exposition répétée ;

La bonne humeur ;

Une présentation claire ;

Un amorçage.

L'aisance cognitive nous maintient dans le Système 1 et peut nous tromper.

Par exemple, vous pouvez penser qu'un discours clair est vrai ou que vous l'avez déjà entendu par le passé.

Autre cas : à l'écrit, une taille et une police de caractères peuvent vous donner plus confiance qu'une autre, plus petite et difficile à lire. Indépendamment du contenu, vous êtes ainsi incité à vous faire une opinion à partir de la seule forme.

Le Système 1 aime l'aisance cognitive : pour lui, sont vrais les contenus faciles à traiter. Le système 2 apparaît lorsque l'aisance cognitive diminue (et avec elle, la sympathie, la bonne humeur, la clarté, etc.).

D'autre part, plus vous avez vu quelque chose par le passé, et plus cette chose vous paraitra inoffensive et donc sympathique. Autrement dit, la répétition peut vous amener à basculer dans un état d'aisance cognitive et donc à croire quelque chose simplement parce qu'elle est répétée.

Enfin, votre humeur peut vous induire en erreur. Si vous êtes content, vous serez moins alerte, vous aurez davantage tendance à prendre pour acquises certaines affirmations. 

L'aisance cognitive en bref :

"Ne rejetons pas leur projet pour la simple raison que la police le rend difficile à lire."

"Nous avons tendance à y croire parce que cela a été dit et redit, mais prenons malgré tout le temps d'y réfléchir."

"Je suis de très bonne humeur aujourd'hui, et mon Système 2 est plus faible que d'habitude. Raison de plus pour redoubler de prudence." (Système 1 / Système 2, Chapitre 5)

6 - Normes, surprises et causes

Le système 1 est intrinsèquement lié au concept de normalité. En d'autres termes, nous sommes habitués à reconnaître des choses comme "normales" grâce au Système 1.

Des normes découlent des attentes. Soit une attente active, lorsque vous espérez volontairement qu'un événement survienne, soit une attente passive quand, sans vous attendre consciemment à quoi que ce soit, vous n'êtes pourtant pas surpris de ce que vous voyez ou entendez.

Par exemple, si vous écoutez un homme dire, dans une conversation banale, « J'ai mes règles », vous serez sans doute surpris. Le Système 1 évalue le caractère "normal" d'une assertion à partir de vos catégories et de vos représentations.

Le Système 1 cherche des causes et des corrélations. Toutefois, ce type de raisonnement n'est pas toujours le plus approprié. Souvent, l'intervention du système 2, qui agit davantage par raisonnement statistique, serait plus appropriée. Mais il nécessite une formation particulière que trop peu de personnes possèdent, selon l'auteur.

Les normes et les causes en bref :

"Quand j'ai vu que le deuxième candidat était lui aussi un vieil ami, je n'ai pas été tout à fait aussi surpris. Une nouvelle expérience n'a pas besoin d'être répétée souvent pour donner une impression de normalité !"

"Quand nous étudierons les réactions à ces produits, veillons bien à ne pas nous concentrer exclusivement sur la moyenne. Nous devrions prendre en considération toute la gamme des réactions normales."

"Elle ne peut pas accepter qu'elle n'ait simplement pas eu de chance ; il lui faut une histoire causale. Elle va finir par penser que quelqu'un a saboté intentionnellement son travail." (Système 1 / Système 2, Chapitre 6)

7 - La machine à tirer des conclusions hâtives

Le Système 1 traite les informations rapidement et tire — souvent trop — rapidement des conclusions. En outre, pour lui, toute nouvelle information est vraie à priori. Cela signifie que si nous laissons s'engourdir notre Système 2 — ou si celui-ci est absorbé par une autre tâche ou est épuisé —, alors nous suivrons la pente (erronée) du Système 1.

Le Système 1 cherche la cohérence et des indices qui confortent ses représentations du monde. Une nouvelle information sera traitée à partir de ce que nous savons déjà et sera ramenée à quelque chose de connu. L'effet de halo consiste à interpréter quelqu'un ou quelque chose de façon sélective en fonction d'une première impression antérieure.

Les conclusions hâtives en bref :

"Elle ne sait rien des compétences de cette personne en matière de gestion. Elle s'appuie seulement sur l'effet de halo d'une bonne présentation."

"Décorrélons les erreurs en obtenant des jugements distincts sur la question avant d'en discuter. Des évaluations indépendantes nous fourniront davantage d'informations."

"Ils ne tenaient pas à avoir d'autres informations susceptibles de gâcher leur histoire." (Système 1 / Système 2, Chapitre 7)

8 - La mécanique des jugements

Cohérence et réduction des informations vont de pair. Le Système 1 tire des conclusions hâtives parce que, pour lui, « seul compte, ce qui est connu » (« WYSIATI - What you see is all there is »). Un Système 2 paresseux (ou épuisé, ou occupé ailleurs) s'empressera de valider ces conclusions.

Voici des biais qui en découlent :

Excès de confiance ;

Biais d'exposition ;

Oubli de la fréquence de base.

L'analogie et la comparaison sont des instruments privilégiés du Système 1. Celui-ci transpose une conclusion tirée dans un domaine vers un autre. Et il le fait très rapidement ! Pourquoi ? Car, pour se défendre, il a besoin de juger rapidement du degré de menace ou des intentions d'autrui.

Nous sommes pris dans cette évolution biologique sans nous en rendre compte. Par exemple, nous sommes plutôt enclins à voter pour les candidats qui suscitent en nous le plus d'émotions positives (lorsque nous les regardons à la télévision, par exemple), indépendamment de leurs compétences.

Notre Système 1 est bon pour faire des moyennes, mais pas très doué pour effectuer des additions. Il peut aussi s'arrêter sur des éléments secondaires des phénomènes, alors que ceux-ci ne devraient pas être pris en compte dans un jugement rationnel (du type analytique / Système 2).

La mécanique des jugements en bref

"Évaluer les gens pour savoir s'ils sont séduisants ou non est une évaluation primaire. Vous le faites automatiquement, que vous le vouliez ou non, et ça vous influence."

"Il y a des circuits dans le cerveau qui évaluent la tendance à dominer à partir de la forme du visage. Il a tout l'air d'être un meneur né."

"Le châtiment ne semblera juste que si son intensité équivaut au délit. Tout comme on peut faire correspondre l'intensité d'un son à l'intensité d'une lumière."

"C'est un cas évident de chevrotine mentale. On lui avait demandé s'il pensait que cette société était solide financièrement, mais il n'a pas su mettre de côté qu'il appréciait beaucoup ses produits." (Système 1 / Système 2, Chapitre 8)

9 - Réponde à une question facile

Sans que nous le sachions, le Système 1 peut remplacer une question difficile par une question facile. Il cherche ainsi à nous simplifier la vie. Si cela peut en effet aider dans certains cas, ce n'est toutefois pas très utile si cela se fait de façon inconsciente, et ça l'est encore moins lorsque le Système 1 se trompe.

En fait, ces réponses sont infondées. Bien sûr, le Système 2 est là pour contrôler les conclusions hâtives du Système 1. Mais parfois il se laisse prendre à son propre jeu et laisse proliférer les erreurs.

Les substitutions et l'heuristique en bref :

"Avons-nous encore en tête la question à laquelle nous essayons de répondre ? Ou lui en avons-nous substitué une autre plus facile ?"

"La question est de savoir si cette candidate peut l'emporter. Or, nous sommes apparemment en train de répondre à la question de savoir si elle se tire bien des interviews. Ne substituons pas."

"Il aime le projet, donc il pense que ses coûts sont faibles et que ses bénéfices sont importants. Un bel exemple d'heuristique de l'affect."

"Nous nous servons des résultats de l'an dernier pour prédire la valeur de la société dans plusieurs années. Cette heuristique est-elle suffisamment valide ? De quelles autres informations avons-nous besoin ?" (Système 1 / Système 2, Chapitre 9)

Deuxième partie. Les grands biais cognitifs

10 - La loi des petits nombres

Dans la vie quotidienne, nous sommes enclins à penser « jamais deux sans trois » : si un événement survient deux années de suite, nous estimons qu'il surviendra l'année suivante également. À l’inverse, si rien ne se passe pendant un ou deux ans, nous pensons qu'il ne se passera rien ensuite.

Erreur ! En raisonnant comme cela, nous utilisons ce que Daniel Kahneman appelle la "loi des petits nombres", qui s'oppose à la "loi des grands nombres" utilisée par les casinos et les organismes d'assurance.

La loi des petits nombres en bref :

"Oui, le studio a produit trois grands succès depuis l'arrivée du nouveau PDG. Mais il est trop tôt pour affirmer qu'il a la main magique."

"Je ne croirai pas au génie du nouveau trader avant d'avoir consulté un statisticien capable d'évaluer si sa série de succès n'est pas due à la chance."

"L'échantillon est trop petit pour se livrer à des déductions. Ne suivons pas la loi des petits nombres."

"Je prévois de garder secrets les résultats de l'expérience jusqu'à ce que nous disposions d'un échantillon suffisamment important. Sinon, nous risquons d'être poussés à en tirer des conclusions prématurées." (Système 1 / Système 2, Chapitre 10)

11 - Les ancres

Lorsque nous voyons un chiffre ou un nombre, puis que nous devons estimer quelque chose, la vue préalable du numéro peut nous induire en erreur.

En fait, ce numéro agit comme une ancre. S'il est en forme, le Système 2 va chercher à contre-balancer cette ancre en en cherchant d'autres et en avançant dans son estimation par tâtonnements successifs. Mais s'il est fatigué, il abandonne et se réfère à ce qu'il a vu en premier lieu.

Daniel Kahneman montre que :

Le Système 1 intervient d'abord dans l'évaluation ;

N'importe quel nombre, même sans relation directe avec le nombre final à estimer, peut servir d'ancre.

Et — comme le montrent les exemples ci-dessous — même les experts se font avoir et doivent donc être prudents !

Les ancres en bref :

"La société que nous souhaitons acquérir nous a envoyé son business plan, avec les revenus que nous espérions. Mettez ce nombre de côté, il ne faut pas qu'il influence notre réflexion."

"Les plans sont des scénarios optimistes. Évitons de nous ancrer sur des plans quand nous prévoyons les résultats réels. Un des moyens d'y parvenir est d'envisager comment le plan pourrait échouer."

"Notre objectif, dans la négociation, est de les ancrer sur ce nombre."

"Faisons-leur clairement comprendre que si c'est cela leur proposition, les négociations sont terminées. Ce n'est pas comme cela que nous voulons commencer."

"Les avocats de la défense ont fait une référence absurde à un dédommagement ridiculement faible, et ils ont réussi à ancrer le juge sur ce montant !" (Système 1 / Système 2, Chapitre 11)

12 - La science de la disponibilité

L'heuristique de disponibilité est l'"outil" mental utilisé pour estimer la fréquence d'un événement ou "la proportion d'une catégorie relative à d'autres catégories" (gagner à tel ou tel jeu, par exemple).

Pour nous décider, nous essayons naturellement de trouver des exemples. Or, notre Système 1 considère d'abord le nombre d'exemples qu'il a sous la main (qui sont disponibles). Puis il juge — la fréquence d'un événement ou la taille de la catégorie — en fonction de la facilité qu'il a eu à en trouver.

Le système 2 peut intervenir dans le processus afin de relativiser ce premier jugement. Si l'évaluation nous touche particulièrement (si nous devons calculer la probabilité d'avoir un infarctus, par exemple), alors nous nous concentrerons davantage sur le nombre d'exemples trouvés et moins sur la facilité ou la difficulté que nous avons eu à nous les remettre en mémoire.

Des erreurs peuvent découler de cette tendance du Système 1. Par exemple, s'il nous est demandé de trouver un grand nombre d'exemples, nous allons nous fatiguer rapidement et nous allons donc sous-estimer la chose à évaluer.

Ce biais sera renforcé par les "inhibiteurs" du Système 2 que nous avons aperçus plus haut :

Bonne humeur ;

Forte confiance en ses intuitions ;

Épuisement ou surmenage du système 2 ;

Sentiment de pouvoir;

Manque de connaissances dans le domaine.

La disponibilité en bref

"À cause de la coïncidence de deux accidents d'avion le mois dernier, maintenant, elle préfère prendre le train. C'est idiot. Le risque n'a pas vraiment changé : c'est un biais de la disponibilité."

"Il sous-estime les risques de la pollution en milieu fermé parce que les médias en parlent peu. C'est un effet de disponibilité. Il devrait s'intéresser aux statistiques."

"Ces derniers temps, elle a regardé trop de films d'espionnage, donc elle voit des complots partout."

"La PDG a remporté plusieurs succès d'affiliée, par conséquent l'échec ne lui vient pas facilement à l'esprit. Le biais de la disponibilité fait qu'elle a une trop grande confiance en elle." (Système 1 / Système 2, Chapitre 12)

13 - Disponibilité, émotion et risque

Souvent, nous estimons mal les risques. Pourquoi ? En raison des biais de l'heuristique de disponibilité. Nous donnons un poids plus grand aux événements les plus marquants car ce sont ceux qui nous viennent le plus aisément à l'esprit. En fait, ce sont ceux qui nous ont le plus touchés émotionnellement.

En d'autres termes, l'émotion peut détourner notre attention de problématiques importantes au détriment d'enjeux mineurs.

Daniel Kahneman rappelle deux grandes théories du risque.

La première met en doute le calcul expert basé sur le calcul numérique (calcul en nombre de vies humaines ou en année de vie). Elle met plutôt en évidence la pertinence de l'analyse qualitative des risques réalisée par les "profanes" (qui distinguent, par exemple, entre de "bons" accidents, dus au hasard, et les "mauvais" qui sont dus à la négligence).

La seconde va dans le sens opposé. Elle considère que les "profanes" surestiment certains risques en raison de leur caractère émotionnel, qui renforce l'heuristique de la disponibilité. Cela conduit à un mauvais usage des ressources publiques (qui devraient être allouées en fonction d'un calcul d'expert).

Les cascades de disponibilité en bref :

"Elle est emballée par une innovation qui a de gros avantages et aucun inconvénient. Je soupçonne l'heuristique de l'affect."

"C'est une cascade de disponibilité : un non-événement est grossi par les médias et le public jusqu'à ce qu'il remplisse nos écrans de télé et soit sur toutes les lèvres." (Système 1 / Système 2, Chapitre 13)

14 - La spécialité de Tom W

Gare à l'erreur de conjonction ! Celle-ci nous prend lorsque nous nous basons sur des stéréotypes, au détriment des données statistiques. Daniel Kahneman affirme qu'il est difficile de se prémunir contre ce biais. Il suggère au lecteur d'être vigilant aux deux points suivants :

Les taux de base (aussi appelée fréquence de base) ;

La validité des informations fournies.

Pour découvrir toute l'histoire de Tom W (un test réalisé par l'auteur mettant en scène un étudiant au profil "typique" d'informaticien, rendez-vous au chapitre 14 ;)).

La représentativité en bref :

"La pelouse est bien tondue, le réceptionniste a l'air compétent, et le mobilier est séduisant, mais cela ne veut pas dire que cette entreprise est bien gérée. J'espère que la direction ne se focalise pas sur la représentativité."

"Cette start-up donne l'impression qu'elle ne va pas plonger, mais le taux de base de réussite dans le secteur est extrêmement faible. Comment savoir que cette société est différente ?" (Système 1 / Système 2, Chapitre 14)

15 - Linda : moins, c'est plus

Autre erreur de conjonction : violer les règles de la logique en jugeant "une conjonction entre deux événements (ici, employée de banque et féministe) est plus probable qu'un seul événement (employée de banque) dans une comparaison directe".

Voici le résumé du célèbre exemple (fictif) : Kahneman fait lire un texte qui dit que Linda est une jeune femme engagée. Puis il pose une question : est-il plus probable qu'elle travaille dans une banque et qu'elle s'engage pour le féminisme ou qu'elle soit une simple employée de banque ?

La plupart des gens répondent qu'il est plus probable qu'elle soit et l'un et l'autre, alors que les probabilités sont équivalentes. Lisez le chapitre pour en savoir plus !

« Moins, c'est plus  » en bref :

"Ils ont bâti un scénario très compliqué et soutiennent qu'il est tout à fait probable. Il ne l'est pas — ce n'est qu'une histoire plausible."

"Ils ont ajouté un cadeau bon marché à leur produit hors de prix, et leur offre a du coup perdu de son attrait. Dans ce cas, moins, c'est plus."

"Dans la plupart des situations, une comparaison directe oblige les gens à faire preuve de davantage de prudence et de logique. Mais pas toujours. Parfois, l'intuition bat la logique même quand on a la bonne réponse sous le nez." (Système 1 / Système 2, Chapitre 15)

16 - Quand les causes écrasent les statistiques

Dans certains cas, les stéréotypes permettent de mieux penser. Pas toujours, évidemment ! Pour l'auteur, la société a raison de combattre les préjugés et les stéréotypes, mais elle devrait aussi prendre en compte le fait que certains d'entre eux sont utiles.

Nous avons plus de facilité à induire (passer du particulier au général) qu'à déduire (passer du général au particulier). Cela est lié au fait que nous avons besoin de vivre les choses pour les comprendre. L'enseignement de la psychologie doit prendre ce fait en compte pour aider les gens à mieux penser.

Les causes et les statistiques en bref :

"Nous ne pouvons pas partir du principe qu'ils vont vraiment apprendre quelque chose de simples statistiques. Montrons-leur un ou deux cas individuels représentatifs pour influencer leur Système 1."

"Pas la peine de se demander si cette information statistique va être ignorée. Au contraire, elle va immédiatement servir à alimenter un stéréotype." (Système 1 / Système 2, Chapitre 16)

17 - Régression vers la moyenne

Il s'agit d'un phénomène commun. Pourtant, c'est une erreur dont nous ne sommes pas souvent conscients.

De quoi s'agit-il ? Pour résumer, il s'agit du biais qui consiste à ramener une rupture dans une suite d'événements à une cause erronée. En fait, l'explication devrait être statistique et non causale.

Soit l'exemple suivant : un officier de l'armée de l'air qui sermonnait ses soldats parce qu'ils avaient de mauvaises performances et qui considérait que ses critiques les aidaient à s'améliorer.

À y regarder de près, pourtant, il est manifeste que la détérioration des performances des soldats était simplement due à la malchance au cours d'une session d'entraînement. Il est, en fait, fort probable que celle-ci les quitte et qu'ils retrouvent tous leurs moyens à la session suivante.

La régression vers la moyenne en bref :

"La critique est plus efficace que les félicitations, a-t-elle appris de l'expérience. Mais ce qu'elle ne comprend pas, c'est que tout est dû à la régression vers la moyenne."

"Peut-être son deuxième entretien a-t-il été moins impressionnant que le premier parce qu'il avait peur de nous décevoir, mais il est plus probable que son premier entretien était inhabituellement bon."

"Notre procédure de sélection est bonne, mais elle n'est pas parfaite, donc, nous devrions anticiper la régression. Nous ne devrions pas être surpris que les meilleurs candidats ne répondent souvent pas à nos attentes." (Système 1 / Système 2, Chapitre 17)

18 - Apprivoiser les prédictions intuitives

En général, nous ne sommes pas très doués pour les prédictions. Pourquoi ? Car nous avons tendance à donner trop de poids aux intuitions du Système 1, qui nous emmènent souvent vers les cas extrêmes.

Pour éviter ce biais, Daniel Kahneman nous invite à agir de la façon suivante :

Considérer les informations de base et faire la moyenne (à condition qu'aucune information subsidiaire ne soit disponible).

Évaluer l'influence maximale des informations à disposition et évacuer les informations au poids trop faible.

Effectuer des corrections en fonction de la perfection de la corrélation et de la fiabilité des informations.

Cette régression vers la moyenne est très utile. Toutefois, elle ne vous aidera pas à prédire les événements particulièrement rares.

Les prédictions intuitives en bref :

"Cette start-up a remarquablement imposé son concept, mais nous devrions nous attendre à ce qu'elle ne fasse pas aussi bien à l'avenir. Elle est très loin d'avoir conquis le marché et il y a encore beaucoup de place pour une régression."

"Notre prédiction intuitive est très favorable, mais elle est probablement trop élevée. Tenons compte de la robustesse de nos preuves et faisons régresser la prédiction vers la moyenne."

"Cet investissement est peut-être une bonne idée, même si, selon nos meilleures estimations, il va échouer. N'allons pas prétendre que nous savons vraiment qui est le prochain Google." (Système 1 / Système 2, Chapitre 18)

Troisième partie. L'excès de confiance en soi

19 - L'illusion de compréhension

Nous avons tendance à penser que quelque chose est évident dès lors que nous l'avons sous les yeux. C'est une illusion de compréhension. En fait, nous nous forgeons une histoire cohérente à postériori, mais nous oublions la foule d'éléments — et la part de hasard — qui interviennent dans la création d'une chose ou la survenue d'un événement.

Cette façon de penser peut engendrer des risques et avoir des effets pervers qui sont bien indiqués dans le livre.

Pour l'auteur, nous ne pouvons négliger le rôle du hasard. C'est pourquoi, par exemple, nous devons nous méfier des "livres de recettes du succès". Ils nous donnent l'impression de comprendre, mais ne font que nous donner une histoire claire et plausible, rien de plus.

Le biais rétrospectif en bref :

"Cette erreur a l'air évidente, mais ce n'est qu'un biais rétrospectif. Vous ne pouviez pas le savoir à l'avance."

"Il se réfère trop à cette histoire de réussite, trop parfaite. Il est sous le coup d'une erreur de narration."

"Rien ne lui permet de dire que la société est mal gérée. Tout ce qu'elle sait, c'est que son action a plongé. C'est un biais de résultat, en partie un effet de biais rétrospectif, en partie un effet de halo."

"Ne cédons pas au biais du résultat. C'était une décision stupide, même si elle a bien marché." (Système 1 / Système 2, Chapitre 19)

20 - L'illusion de validité

Nous devons avoir une attitude modeste face à l'incertitude. Cela implique de ne pas surestimer nos capacités prédictives. Pourtant, nous avons beaucoup de difficultés à agir de la sorte et à nous confronter à cette réalité.

Même les experts se font avoir ! Si vous demandez à un expert de prévoir la direction que prendra son champ de recherche, il a autant, voire plus de chances de se tromper que si nous laissons la réponse émerger du hasard.

Le talent illusoire en bref :

"Elle a une bonne histoire cohérente qui explique tout ce qu'elle sait, et grâce à cette cohérence, elle se sent bien."

"Qu'est-ce qui lui permet de croire qu'il est plus malin que le marché ? Serait-ce une illusion de talent ?"

"Elle, c'est un hérisson. Elle a une théorie qui explique tout, et cela lui donne l'illusion qu'elle comprend le monde."

"La question n'est pas de savoir si ces experts sont bien formés. Elle est plutôt de savoir si le monde est prévisible." (Système 1 / Système 2, Chapitre 20)

21 - Les intuitions contre les formules

Kahneman continue en affirmant (après le psychologue Paul Meehl) que les experts prédisent moins bien qu'un algorithme ou qu'une simple formule tirée des enseignements statistiques.

Cela dit, nous ne sommes pas prêts à renoncer à nos intuitions et à nos prédictions si facilement. Mais il n'est pas dit que cela en vienne à évoluer dans un monde de plus en plus gouverné par l'intelligence artificielle.

Bien sûr, l'intuition ne doit pas pour autant être complètement évacuée. Daniel Kahneman donne notamment des conseils en matière de recrutement afin d'allier outil statistique (formules) et prédictions (intuitions).

Les jugements et les formules en bref :

"Chaque fois qu'il est possible de remplacer le jugement humain par une formule, nous devrions au moins l'envisager."

"Il pense que ses jugements sont complexes et subtils, mais une simple combinaison de notes fonctionnerait sans doute mieux."

"Décidons par avant quel poids accorder aux données dont nous disposons sur les performances passées des candidats. Sinon, nous donnerons trop d'importance à l'impression que nous laisseront les entretiens." (Système 1 / Système 2, Chapitre 21)

22 - L'intuition des experts : quand lui faire confiance ?

Cela ne signifie pas que les experts ont toujours tort ! Loin de là. Au cours de son parcours, l'auteur a été amené à relativiser sa position (au départ assez critique) vis-à-vis de l'expertise.

Finalement, il considère que le jugement de l'expert est justifié lorsque le contexte est stable et lorsqu'il est possible de recevoir un feedback immédiat et clair (lorsque vous jouez une partie d'échecs, par exemple).

En revanche, le jugement humain (de l'expert comme du profane) n'est pas fiable lorsque les situations sont trop complexes. Même si nous lui faisons confiance, cela ne change rien.

L'intuition des experts en bref :

"Quel est son degré d'expertise pour cette tâche particulière ? A-t-elle beaucoup de pratique ?"

"Croit-il vraiment que l'environnement des start-up est assez régulier pour justifier une intuition qui va à l'encontre des taux de base ?"

"Elle est très confiante dans sa décision, mais la confiance subjective est un piètre indicateur de l'exactitude d'un jugement." "A-t-il vraiment eu la possibilité d'apprendre ? À quel point le retour dont il a bénéficié sur ses jugements a-t-il été rapide et clair ?" (Système 1 / Système 2, Chapitre 22)

23 - La vision externe

Lorsque nous avons un projet et voulons le mener à bien, nous développons un plan et nous estimons les coûts et les délais. Cependant, nous ne basons bien souvent que sur de maigres informations. Et nous oublions régulièrement de prendre appui sur d'autres expériences similaires.

En fait, nous sommes trop optimistes ! Nous ne nous arrêtons pas suffisamment sur les difficultés prévisibles et sur les « inconnues inconnues » (les difficultés complètement imprévisibles).

Pour avoir une meilleure appréhension du projet, nous devrions :

Étudier les projets similaires existants ;

Tenter d'estimer les aléas et leurs coûts ;

Corriger notre estimation du projet en prenant en considération ses caractéristiques singulières.

La vision externe en bref :

"Il adopte une vision externe. Il devrait oublier son propre cas et s'intéresser à ce qui s'est passé dans d'autres cas."

"Elle est victime d'une erreur de prévision. Elle se fonde sur un scénario ultra-optimiste, mais le plan pourrait échouer de bien des façons, et elle ne peut pas toutes les prévoir."

"Nous procédons à une rallonge budgétaire parce que nous ne voulons pas reconnaître notre échec. C'est un cas de sophisme des coûts irrécupérables." (Système 1 / Système 2, Chapitre 23)

24 - Le moteur du capitalisme

Ce sont souvent les optimistes qui prennent les rênes du changement et font avancer l'économie capitaliste, basée sur l'initiative des entrepreneurs. Mais l'optimisme est-il toujours un bon guide ? Pas si sûr, d'après ce que nous venons de lire.

En fait, les entrepreneurs optimistes se concentrent surtout sur les facteurs de succès et négligent les facteurs d'échec. En outre, ils préfèrent arborer une fière confiance en eux-mêmes, plutôt que de reconnaître l'incertitude. Enfin, ils surévaluent souvent leurs propres capacités, dès lors qu'ils les trouvent suffisamment bonnes.

Daniel Kahneman ne dit pas que c'est une mauvaise chose. Il croit que cela bénéficie à la société, mais il insiste pour que nous n'oubliions pas tous ceux qui vont échouer par excès d'optimisme.

Pour minimiser les risques, l'auteur propose de suivre la méthode de Gary Klein, dite « méthode pre-mortem ». Pour la mettre en place :

Réunissez un petit groupe de personnes très convaincues (par un projet ou une décision) ;

Demandez-leur d'imaginer que la décision ou le projet, une fois concrétisé, s'est transformé en échec total ;

invitez-les à créer un récit rendant compte de cet échec.

L'optimisme en bref :

"Ils ont une illusion de contrôle. Ils sous-estiment gravement les obstacles."

"C'est un cas d'excès de confiance. Ils semblent croire qu'ils en savent plus qu'en réalité."

"Ils souffrent apparemment d'un cas aigu de négligence de la concurrence."

"Nous devrions procéder à une séance de pre-mortem. Quelqu'un pourrait identifier un danger que nous avons négligé." (Système 1 / Système 2, Chapitre 24)

Quatrième partie. Faire le bon choix

25 - Les erreurs de Bernouilli

En situation d'incertitude, les personnes réelles ne prennent pas toujours leurs décisions de la manière la plus rationnelle qui soit. C'est pourtant ce que la majorité des théories économiques dominantes affirment.

En fait, nous prenons des risques — ou les rejetons — en fonction de critères multiples, et pas seulement selon la simple balance coût/bénéfice. Par exemple :

Nous sommes averses au risque même lorsqu'un gain est assuré ;

Nous prenons des risques alors que nous sommes déjà en situation de perte.

Pour découvrir plus en détail la théorie dite "de l'utilité espérée" de Daniel Bernoulli, grand mathématicien du XVIIIe siècle, rendez-vous au chapitre 25.

Les erreurs de Bernouilli en bref :

"Il a été très heureux de toucher une prime de 20 000 euros il y a trois ans, mais son salaire a augmenté de 20 % depuis, donc il lui faudra désormais une prime plus importante pour obtenir la même utilité."

"Les deux candidats sont prêts à accepter le salaire que nous leur proposons, mais ils ne seront pas satisfaits de la même façon parce que leurs points de référence sont différents. Actuellement, elle touche un salaire beaucoup plus élevé."

"Elle l'attaque en justice pour la pension alimentaire. En fait, elle serait disposée à un arrangement, mais lui préfère aller devant les tribunaux. Ce n'est pas étonnant — elle ne peut que gagner, donc elle fait preuve d'aversion au risque. Alors que lui est confronté à des choix qui sont tous mauvais, donc, il préfère prendre le risque." (Système 1 / Système 2, Chapitre 25)

26 - La théorie des perspectives

Cette théorie a été mise au point par l'auteur et son collègue de toujours, Amos Tversky. Elle complète la théorie traditionnelle de la décision en lui adjoignant 3 grands principes liés au Système 1.

Nous nous appuyons sur un niveau de référence pour nos décisions, qui correspond, le plus souvent, à une situation similaire et récente que nous avons vécue. C'est à partir d'elle que nous calculerons les pertes et les gains.

L'avantage ou le désavantage à perdre/gagner décroît de façon marginale. Par exemple : la différence entre perdre/gagner 10 ou 20 euros nous paraît plus importante que celle entre 110 et 120 euros.

Psychologiquement, nous considérons que les pertes sont plus importantes que les gains.

L'auteur reconnaît qu'il y a des manques à cette théorie, et notamment :

L'incapacité à expliquer le phénomène de déception en cas de perte ;

Même si elle est valide, l'utilité pratique de cette théorie est moindre, dans beaucoup de cas, à celle de la théorie traditionnelle, qui est plus simple.

La théorie des perspectives en bref :

"Il souffre d'une aversion extrême à la perte, qui le pousse à refuser des occasions très favorables.

"Compte tenu de son immense richesse, sa réaction émotionnelle à des gains et pertes mineurs n'a aucun sens."

"Il accorde deux fois plus de poids aux pertes qu'aux gains, ce qui est normal." (Système 1 / Système 2, Chapitre 26)

27 - L'effet de dotation

En suivant la théorie des perspectives, nous pouvons considérer que nous n'aimons pas être dépossédés d'un bien, quand bien même le gain postérieur serait équivalent à la perte.

Si nous consentons à perdre quelque chose (un bien, un avantage, etc.), nous voulons en récupérer "plus", car nous considérons que les pertes valent davantage que les gains (règle 3 mentionnée ci-dessus).

Toutefois, ce n'est pas valable à chaque fois : notre impression et nos exigences vont dépendre du bien échangé. Échanger un billet de 5 euros pour un autre ne nous fera ni chaud ni froid. Par contre, si nous avons besoin de ce bien (une maison par exemple), alors il devient important et l'échange ne nous est plus du tout indifférent.

Autre nuance : nous ne sommes pas tous pareils. Par exemple, si vous avez l'habitude des transactions, vous serez normalement plus indifférent qu'une autre personne.

Selon Daniel Kahneman, d'autres facteurs peuvent encore jouer et la théorie mérite donc d'être affinée.

L'effet de dotation en bref :

"Peu lui important quel serait son bureau, mais le lendemain de l'attribution, elle n'a plus voulu échanger. Effet de dotation !"

"Ces négociations ne mènent nulle part parce que les deux parties ont du mal à faire des concessions, même si elles peuvent obtenir quelque chose en retour. Les pertes pèsent plus que les gains."

"Quand ils ont augmenté leurs prix, la demande s'est tarie."

"Il est avare : pour lui, le moindre sou dépensé est une perte." (Système 1 / Système 2, Chapitre 27)

28 - Événements négatifs

Parce qu'ils sont utiles à notre survie, l'évolution nous a amenés à être particulièrement attentifs aux signaux et expériences négatifs. C'est pourquoi ceux-ci ont plus de poids dans nos jugements.

C'est notamment pour cela que :

Les golfeurs mettent plus ou moins de concentration dans certains coups (le bogey et le birdie) ;

Les négociateurs ne prennent pas les concessions à leur juste valeur ;

La difficulté à mettre en place des réformes.

Si nous avons le sentiment de subir une perte, nous ne jugerons pas une situation comme juste. Sera jugée équitable la décision qui ne nous occasionnera pas de pertes, à moins que cette décision nous permette de nous préserver d'autres pertes.

L'aversion à la perte en bref :

"Cette réforme ne passera pas. Ceux qui risquent d'y perdre se battront avec plus d'acharnement que ceux qui pourraient en tirer parti."

"Chacun d'entre eux pense que les concessions de l'autre sont bien moins douloureuses. Ils ont tort tous les deux, bien sûr. C'est juste l'asymétrie des pertes."

"Ils auraient moins de mal à renégocier l'accord s'ils comprenaient que le gâteau à partager est en réalité en expansion. Il ne s'agit pas de répartir les pertes, mais les gains." (Système 1 / Système, Chapitre 28)

29 - Le schéma quadrangulaire

Daniel Kahneman développe d'autres conséquences de ses observations et de ses théories.

Pour résumer, le schéma quadrangulaire propose quatre situations.

1 — Si la probabilité d'un événement est grande :

Si nous y gagnons, nous préférons un gain certain mais plus petit à un gain possible plus élevé ;

Par contre, si nous perdons, nous préférons courir le risque de tout perdre.

2 — Quand la probabilité d'un événement est faible :

En cas de gain, nous préférons tenter notre chance de gagner, même si celle-ci est faible ;

Si nous risquons de perdre, nous préférons diminuer le plus possible cette probabilité, même si elle est faible.

Le schéma quadrangulaire en bref :

"Il est tenté d'accepter un arrangement pour mettre un terme à cette poursuite fantaisiste et éviter une perte catastrophique bien qu'improbable. C'est ce qu'on appelle surestimer une faible probabilité. Sachant qu'il a de fortes chances d'être confronté à ce problème de manière récurrente, il ferait mieux de ne pas céder."

"Pour nos vacances, nous ne comptons jamais sur une offre de dernière minute. Nous sommes prêts à payer cher la certitude."

"Ils n'accepteront pas de reconnaître leurs pertes tant qu'ils auront une chance de se refaire. C'est la prise de risque en situation de perte."

"Ils savent que les risques d'explosion au gaz sont minimes mais ils veulent les éliminer. C'est l'effet de possibilité, ils veulent pouvoir être tranquilles." (Système 1 / Système 2, Chapitre 29)

30 - Les événements rares

Nous évaluons mal la probabilité des événements rares. Soit nous les surestimons, soit nous les sous-estimons.

Pourquoi les surestimons-nous ? Parce que notre imagination nous joue des tours ! En outre, l'expression de la probabilité à partir des cas possibles (1 sur 1 000, par exemple, plutôt que 0,001) nous rend plus sensibles au fait que c'est… possible (alors que la probabilité est très faible).

Et les sous-estimations, alors ? Ici, c'est notre expérience qui prend le dessus. Nous nous formons une image générale des événements que nous connaissons et nous sommes moins enclins à percevoir la possibilité d'un changement brusque.

Les événements rares en bref :

"Les tsunamis sont très rares au Japon, mais sils suscitent des images tellement frappantes que les touristes sont obligés de surestimer leur probabilité."

"C'est un cercle vicieux bien connu. Il commence par l'exagération puis la surévaluation avant de céder la place à la négligence."

"Nous ne devrions pas nous focaliser sur un seul scénario car nous risquons d'en surestimer la probabilité. Imaginons les autres solutions possibles de manière à parvenir à un total de probabilités de 100 %."

"Ils veulent que les gens aient peur du risque. C'est pour ça qu'ils parlent d'un mort pour 1 000. Ils jouent sur la négligence du dénominateur." (Système 1 / Système 2, Chapitre 30)

31 - Quelle politique en matière de risque ?

Dans ce chapitre, Daniel Kahneman montre que nous nous trompons souvent en matière de décisions en situation de risque. En fait, nous le verrions si nous mettions bout à bout toutes les décisions que nous avons prises. Mais comme nous agissons une décision à la fois, nous répétons nos erreurs.

L'auteur se fait pédagogue et même éducateur : il veut que ses lecteurs prennent leurs décisions en étant initiés au savoir statistique. Sans cela, pense-t-il, nous retomberons constamment dans nos travers.

Nous pouvons apprendre à naviguer entre la prise inconsidérée de risques et l'aversion complète à la perte en :

Utilisant des analyses des probabilités ;

En les mettant en lien avec des situations similaires ;

Et en suivant une stratégie de prise de risques globale.

Les politiques en matière de risque, en bref :

"Dites-lui de penser en trader ! Vous gagnez peu, vous perdez peu."

"J'ai décidé de n'évaluer mon portefeuille qu'une fois par trimestre. Je répugne trop aux pertes pour prendre des décisions sensées face aux fluctuations quotidiennes des prix."

"Ils ne prennent jamais les garanties supplémentaires. C'est leur politique en matière de risque."

"Chacun de nos cadres fuit les pertes dans son domaine. C'est parfaitement naturel, mais le résultat, c'est que l'entreprise ne prend pas assez de risques." (Système 1 / Système 2, Chapitre 31)

32 - À l'heure des comptes

L'auteur utilise un concept de Richard Thaler : l'idée de "comptes mentaux hermétiques", c'est-à-dire de façons de calculer différentes selon les situations.

Si vous êtes fan de sport et que vous voulez aller voir un match de votre équipe préférée, vous serez davantage motivé pour y aller, même en pleine tornade, si vous avez payé le billet que si vous l'avez reçu gratuitement. Si vous n'avez rien payé, vous ne serez peut-être pas prêt à affronter le risque de la tempête.

Parfois, aussi, nous prenons des décisions conventionnelles que nous regrettons ensuite. Ici, le risque aurait été bon à prendre et nous aurait amené plus loin.

Mais dans tous les cas, mieux vaut — nous dit l'auteur — ne pas trop s'appesantir sur le passé lorsque nous avons pris une mauvaise décision. Et il vaut également mieux ne pas trop surévaluer nos regrets à venir, car leur appréhension est souvent d'une intensité plus forte que ce qu'il serait réellement.

La tenue des comptes en bref :

"Il tient des comptes mentaux séparés pour les achats liquides et par carte de crédit. Je lui rappelle constamment que l'argent, c'est de l'argent."

"Nous nous accrochons à ce titre simplement pour éviter de clôturer notre compte mental sur une perte. C'est l'effet de disposition."

"Nous avons découvert un excellent plat dans ce restaurant et nous n'essayons jamais rien d'autre, pour éviter de regretter."

"Le vendeur m'a présenté le siège auto le plus cher en me disant que c'était le plus sûr et je n'ai pu me résoudre à acheter le modèle le moins cher. Cela ressemblait à un compromis tabou." (Système 1 / Système 2, Chapitre 32)

33 - Les renversements de préférence

Nous avons aussi plus de chances de commettre un impair lorsque nous nous focalisons sur le seul cas présent. En d'autres termes, oublier de comparer avec des cas antérieurs laisse plus de champ libre au Système 1 et à ses conclusions hâtives.

Le renversement de préférence en bref :

"Les BTU (British Thermal Unit) ne m'évoquaient rien jusqu'à ce que je me rende compte à quel point les caractéristiques d'un climatiseur peuvent varier d'un modèle à l'autre. L'évaluation conjointe est essentielle."

"Vous dites que c'était un discours exceptionnel parce que vous le comparez à ses autres discours. Mais comparée aux autres intervenants, elle restait à un niveau inférieur."

"Souvent, lorsque l'on élargit le cadre, on prend des décisions plus raisonnables."

"Lorsque vous considérez des cas isolés, il y a des chances que vous soyez guidés par une réaction émotionnelle du Système 1." (Système 1 / Système 2, Chapitre 33)

34 - Les cadres et la réalité

Pour résumer, le cadrage, c'est la façon dont quelqu'un (ou vous-même) vous présente une situation, l'"encadre" (en vous proposant, par exemple, une alternative). L'effet de cadrage a lieu lorsque cette présentation suffit à vous faire agir d'une certaine manière.

Certains énoncés ont force de cadrage ; d'autres non. Par ailleurs, les personnes plus émotives seraient plus sujettes aux effets de cadrage. Mais nous sommes tous touchés, d'une façon ou d'une autre.

Bien sûr, tous les cadrages ne se valent pas. Certains énoncés nous aideront à prendre de bonnes décisions, tandis que d'autres nous conduiront sur la mauvaise voie.

Les cadres et la réalité en bref :

"Ils accepteront mieux ce qui s'est passé s'ils parviennent à envisager le résultat sous un angle différent : ce qu'il leur reste plutôt que ce qu'ils ont perdu."

"Maintenant reformulons le problème en modifiant le point de référence. Imaginez que cela ne nous appartenait pas ; à combien l'estimerions-nous désormais ?"

"Assignez cette perte à votre compte mental des "recettes générales" — vous vous sentirez mieux !"

"Ils vous demandent de cocher une case pour vous désabonner de leur liste de diffusion. Cette liste serait bien plus courte s'ils vous demandaient de cocher une case pour s'abonner !" (Système 1 / Système 2, Chapitre 34)

Cinquième partie. Les deux facettes du moi

35 - Les deux facettes du moi

Daniel Kahneman montre tout au long de cet ouvrage que nous ne nous décidons pas seulement en fonction de notre expérience du moment, en pesant le pour et le contre, mais que nous utilisons nos souvenirs, nos expériences passées pour nous orienter dans la pensée.

En d'autres termes, l'auteur interroge les fondements de la théorie utilitariste (vous en découvrirez plus à ce sujet dans l'ouvrage).

Selon lui, il existe un conflit entre ce qui est ressenti réellement sur le moment (douleur/plaisir) et le souvenir que nous en gardons. Bien souvent, nous prenons l'un pour l'autre (le souvenir pour la réalité).

Les deux facettes du moi en bref :

"Vous pensez à l'échec de votre mariage uniquement du point de vue du moi mémoriel. Un divorce est comme une symphonie se terminant par un son discordant — le fait qu'il est mal terminé ne signifie pas qu'il a été entièrement négatif."

"C'est un cas grave de négligence de la durée. Vous accordez un poids égal à la bonne et à la mauvaise partie de votre expérience, alors que la bonne partie a duré dix fois plus que l'autre." (Système 1 / Système 2, Chapitre 35)

36 - La vie est une histoire

Lorsque nous voulons faire le point sur notre vie et sa "réussite", nous nous concentrons souvent plutôt sur l'évolution globale et sur les derniers instants.

Or, il en va de même quand nous partons en vacances ! Nous partons davantage en vacances pour acquérir un souvenir et en retenir une expérience que pour vivre l'expérience telle qu'elle se donne.

En fait, de ce point de vue, nous sommes comme des étrangers à nous-mêmes. Nous avons beaucoup de difficultés à vivre le moment présent sans le référer à un souvenir (passé ou en construction).

La vie est une histoire en bref :

"Il tente désespérément de protéger le récit d'une vie d'intégrité, menacée par le dernier épisode en date."

"Ce qu'il était prêt à faire pour une rencontre d'un soir est un signe de négligence totale de la durée."

"Vous avez l'air de consacrer toutes vos vacances à la fabrication de souvenirs. Peut-être devriez-vous poser votre appareil photo et profiter de l'instant, même s'il n'a rien de très mémorable ?"

"Elle est atteinte d'Alzheimer. Elle ne parvient plus à faire le récit de sa vie, mais son moi expérimentant est toujours sensible à la beauté et à la douceur." (Système 1 / Système 2, Chapitre 36)

37 - Le bien-être expérimenté

Dans ce cas, comment évaluer le bonheur vécu ?

Daniel Kahneman et ses collègues proposent le test ou le protocole suivant : recomposer (à l'écrit) le déroulement d'une journée (ou de plusieurs) et noter votre humeur lors de la réalisation des activités.

Ce que nous ressentons sur le moment et ce que nous évaluons être une "bonne vie", bien vécue, sont de très différentes choses. Ainsi, par exemple, les personnes éduquées peuvent ressentir un niveau de satisfaction globale plus grand, mais ont plus de difficultés à apprécier l'instant présent.

Par ailleurs, l'auteur montre que la richesse — au-delà, selon lui, de 75 000 dollars par an — n'augmente plus le bien-être global des individus, mais seulement la satisfaction éphémère. Et encore, vous risqueriez de ne plus profiter des bonheurs les plus simples.

Le bien-être expérimenté en bref :

"Cette politique devrait avoir pour objectif de limiter les souffrances humaines. Nous tendons vers un indice U plus faible dans la société. Nous devrions avoir pour priorité de lutter contre la dépression et la grande pauvreté."

"La façon la plus facile d'accroître votre bonheur est de contrôler l'utilisation que vous faites de votre temps. Pouvez-vous consacrer plus de temps aux choses que vous aimez faire ?"

"Au-delà d'un certain niveau de revenus, vous pouvez vous payer davantage d'expériences agréables, mais vous perdrez une partie de votre capacité à jouir des moins chères." (Système 1 / Système 2, Chapitre 37)

38 - Penser à la vie

Mais au final, selon l'auteur, le bonheur dépend en grande partie de prédispositions génétiques. Certains d'entre nous sont plus susceptibles de trouver leur vie satisfaisante que d'autres.

Pour la satisfaction plus immédiate, cela peut dépendre des objectifs que nous nous sommes fixés. Nos objectifs nous mènent vers la réussie et, ce faisant, vers la satisfaction.

Nous avons tendance à surestimer ou à sous-estimer le bonheur ou le malheur lorsque nous nous focalisons sur un seul élément objectif, tel qu'un climat agréable (positif) ou la paraplégie (négatif).

En fait, selon Daniel Kahneman, une fois que nous nous sommes habitués à une situation (plutôt bonne ou plutôt mauvaise), nous nous y habituons et ressentons un bien-être similaire à celui de la moyenne.

Pas de bonheur facile, donc ! C'est un concept flou et difficile à cerner, parce qu'il dépend non seulement de l'expérience réelle, mais aussi du souvenir que nous en avons.

Penser à la vie en bref :

"Elle pensait qu'acheter une belle voiture la rendrait plus heureuse, mais en fait, c'était une erreur de prévision affective."

"Sa voiture est tombée en panne ce matin sur le chemin du travail, et il est de mauvaise humeur. Ce n'est pas le moment de lui demander s'il est satisfait de son emploi !"

"La plupart du temps, elle a l'air de très bonne humeur, mais quand on lui demande, elle répond qu'elle est très malheureuse. La question doit lui rappeler son récent divorce."

"Ce n'est pas parce que nous achèterons une maison plus grande que nous serons plus heureux à long terme. Nous pourrions souffrir d'une illusion de concentration."

"Il a choisi de répartir son temps entre deux villes. Probablement un cas grave de miswanting." (Système 1 / Système 2, Chapitre 38)

Conclusion sur « Système 1 / Système 2 : les deux vitesses de la pensée » de Daniel Kahneman :

Ce qu’il faut retenir de « Système 1 / Système 2 : les deux vitesses de la pensée » de Daniel Kahneman :

C'est un livre événement qui a fait connaître Daniel Kahneman bien au-delà des cercles académiques universitaires. L'influence de la théorie qu'il a dégagée tout au long de sa carrière est énorme ! Et ce n'est pas pour rien qu'il a reçu le Prix Nobel d'économie en 2002.

Que faut-il en retenir ? Il serait présomptueux de résumer en quelques phrases toute une vie de recherches. Mais l'introduction et la conclusion du livre sont particulièrement intéressantes, ainsi que les parties "en bref", que nous avons citées dans ce résumé.

Pourquoi ? Parce que nous y voyons la volonté de l'auteur de faire passer sa théorie dans le langage courant. Il le dit dès le début : il voudrait que nous usions des concepts qu'il a développés à la machine à café, lorsque nous hésitons devant un projet ou un candidat. Mais aussi à la maison, lorsque nous nous demandons si nous avons bien fait d'agir de telle ou telle manière.

Est-il possible de "muscler" notre Système 2 afin qu'il contrôle plus efficacement notre Système 1 ? Est-il possible de juger ou décider plus rationnellement en évitant le piège des biais cognitifs ? Certainement ! Mais cela demande de l'entraînement. L'auteur plaide en faveur d'un enseignement plus intense des statistiques et des probabilités.

Êtes-vous prêts à prendre de meilleures décisions ?

Points forts :

Un livre fondateur ;

De nombreux exemples ;

Les parties "en bref" qui permettent de concrétiser les propos ;

La pédagogie et l'humour de l’auteur !

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé, sinon une certaine difficulté par endroits, mais cela fait partie du livre et de son intérêt !

Ma note :

★★★★★

Le petit guide pratique du livre Système 1 Système 2 de Daniel Kahneman

Autour de quoi s’accentue le livre Système 1 Système 2 de Daniel Kahneman ?

Système 1 Système 2 se concentre sur les processus mentaux qui déterminent les décisions, les actions et les interactions de l’être humain avec le monde qui l’entoure.

Foire Aux Questions (FAQ) du livre Système 1 Système 2 de Daniel Kahneman

  1. Comment le public a accueilli le livre Système 1 Système 2 de Daniel Kahneman ?

Système 1 Système 2, a été très bien accueilli par le public. Il a attiré de nombreux lecteurs à la fois pour sa clarté et pour son importance dans la compréhension de la pensée humaine.

  1. Quel fut l’impact du livre Système 1 Système 2 de Daniel Kahneman ?

Le livre contribue à sensibiliser le public aux processus cognitifs qui influencent leurs choix et leurs décisions. Il a encouragé les gens à réfléchir plus profondément au raisonnement humain, qui influence de nombreux domaines. Il a aussi contribué à faire progresser la compréhension du cerveau et du comportement.

  1. À qui s’adresse le livre Système 1 Système 2 de Daniel Kahneman ?

System 1 System 2 s'adresse à un large éventail de lecteurs, des profanes aux professionnels, désireux de comprendre le fonctionnement de l’esprit et les implications pratiques de cette compréhension dans divers domaines.

  1. Qu’est-ce que l’aisance cognitive ?

L'aisance cognitive intervient dans le passage d'un Système à l'autre. Le concept désigne une impression de facilité, de bien-être, de confiance ou de vérité.

  1. Quels sont les biais qui découlent du mécanisme de jugement ?

Excès de confiance

Biais d'exposition

Oubli de la fréquence de base

Système 1 vs Système 2

Système 1 Système 2

Automatique, involontaire La concentration et l'attention dont l'individu doit faire preuve

Intuitif La résolution de problèmes complexes

Rapide, demandant peu d'effort Sa lenteur

Peu coûteux en énergie Sa gourmandise en énergie

Qui est Daniel Kahneman ?

Daniel Kahneman est né à Tel Aviv, en Israël, en 1934. Il a étudié les mathématiques et la psychologie à l'université hébraïque de Jérusalem, mais n'a obtenu son doctorat en psychologie qu'en 1961 à l'université de Californie à Berkeley. Il a enseigné à l'université de Jérusalem jusqu'en 1978. Puis à l'université Columbia à Vancouver (Colombie-Britannique) de 1978 à 1986 ; il a enseigné à Berkeley sept ans plus tard ; et il est professeur de psychologie à l'université de Princeton (New Jersey) depuis 1993. Il enseigne également la politique publique à la Woodrow Wilson School.

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Thu, 27 Jul 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12480/Systme-1-Systme-2
Je sais que vous mentez http://www.olivier-roland.fr/items/view/12439/Je-sais-que-vous-mentez

Résumé de « Je sais que vous mentez - L’art de détecter les menteurs et les manipulateurs » : Et si Chamberlain, premier ministre britannique, avait détecté les mensonges d’Hitler lors de leur première entrevue, la Seconde Guerre mondiale se serait-elle déroulée de la même manière ? Paul Ekman, psychologue et spécialiste des émotions, décrypte les caractéristiques du mensonge dans ce livre à mi-chemin entre le manuel universitaire, truffé de connaissances théoriques, et le roman historique, agrémentant ses concepts d’anecdotes politiques croustillantes. Et vous, si vous aviez pu démasquer certains mensonges, qu’est ce qui serait différent dans votre vie aujourd’hui ?

Par Paul Ekman, 1985, 220 pages.

Titre original : Telling Lies

Note : Cet article invité a été écrit par Sébastien Joumel, fondateur de l’Institut Français de Formation en Thérapies Brèves (I2FTB), formateur en Hypnose, PNL et Thérapies Brèves et également formateur en Lecture Rapide et Techniques de Mémorisation.

Chronique et résumé de "Je sais que vous mentez" de Paul Ekman :

Contexte 

Et si Chamberlain, premier ministre britannique, avait détecté les mensonges d’Hitler lors de leur première entrevue, la Seconde Guerre mondiale se serait-elle déroulée de la même manière ?

L’auteur commence fort, en posant le contexte des conséquences de certains mensonges en prenant l’exemple d’Hitler qui ment sur ses intentions d’envahissement de la Tchécoslovaquie auprès de Chamberlain. Il illustre également son propos en racontant l’histoire de Mary, une patiente psychiatrique, qui ment aux médecins sur ses intentions de suicide.

Certains mensonges n’ont définitivement pas le même poids, ni les mêmes conséquences. La question que tout le monde se pose est donc : “Comment détecter les mensonges, et comment détecter les menteurs ?” 

Répondre à cette question peut évidemment avoir un impact fort dans différents domaines : le renseignement, la politique, la justice, la thérapie, et même dans la vie quotidienne. 

Selon l’auteur, il est plus facile de déceler le mensonge chez un patient que chez un agent double, un espion ou un politicien (qui n'aura souvent pas de culpabilité à atteindre son dessein). L’objectif est d’apporter au lecteur le maximum d’informations fiables, afin de détecter les mensonges. 

"Mentir est une caractéristique si centrale de l'existence que mieux la comprendre éclaire presque toutes les affaires humaines".

Avant de poursuivre ce résumé, précisons que l'auteur ne considère pas le mensonge comme répréhensible, et ne conseille pas de démasquer tous les mensonges : toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre.

Mais si vous cherchiez à tout prix à connaître la vérité, il vous faudrait détecter tous les indices laissés consciemment - ou inconsciemment - sur le chemin du mensonge. 

Chapitre 1 - Mensonge, fuite, indice de tromperie

Définition du mensonge

Pour introduire ce chapitre, Paul Ekman explique que pour lui, il n’y a pas de différence entre mensonge et dissimulation. 

Pour lui, le mensonge correspond au fait de : 

dire des choses fausses,

et également de masquer des choses vraies.

Pour lui, on ne parle pas de mensonge lorsque la personne croit ce qu’elle dit comme étant vrai, même si cela ne l’est pas. 

Exemples

Une patiente psychotique qui se prend pour Marie Madeleine ne ment pas car elle croit ce qu'elle dit.

Idem pour quelqu'un qui donne un mauvais conseil en investissement (sauf s'il sait qu'il donne un mauvais conseil)

Selon Paul Ekman, "un menteur peut décider de ne pas mentir. Fourvoyer la victime est délibéré : le menteur a l’intention de l'induire en erreur". Et l'individu qui choisit de mentir connait la différence entre mensonge et vérité.

Il exclut les menteurs dits "pathologiques". 

Un menteur qui répète ses mensonges peut finir par y croire et ses mensonges ne seront plus détectables.

Un exemple de mensonge qui coûte cher…

Mussolini a surestimé volontairement ses troupes (pour effrayer les ennemis potentiels)... et a fini par y croire, jusqu’à faire des erreurs de calcul sur les répartitions des troupes et sur l’équipement de son armée !  Il a fait des erreurs de calcul.

Les 2 formes de mensonge

L’auteur fait la distinction entre : 

dissimuler (cacher des informations sans pour autant dire des choses fausses),

feindre (une étape supplémentaire est ici franchie : non seulement le menteur garde des informations vraies, mais il fait semblant et présente comme vraies des informations fausses)

Assez souvent, le menteur a besoin des 2 stratagèmes pour réaliser une tromperie, et parfois seule la dissimulation suffit. 

Pour Ekman, “Si le médecin ne dit pas à son patient qu’il souffre d’une maladie au stade terminal, si le mari ne dit pas qu’il a passé sa pause déjeuner dans un hôtel avec sa maîtresse, si le policier ne dit pas au suspect qu’un micro caché capte sa conversation avec son avocat, aucune information fausse n’a été transmise, pourtant chacun de ces exemples entre dans ma définition du mensonge.”

Il est souvent plus facile et plus acceptable de mentir par dissimulation, aux yeux de la société, comme si la dissimulation était plus noble que la feinte. 

Comment dissimuler le mensonge ?

La stratégie de Nixon, la perte de mémoire

Une des stratégies utilisées pour dissimuler, et notamment utilisées par Nixon est de dire que, malheureusement, on a oublié les informations : “J'ai oublié, je voulais en parler plus tard, je ne savais pas…”

Pourtant la perte de mémoire ne peut fonctionner que sur des questions mineures et pas majeures.

Dès lors, comment dénicher les mensonges, qu’ils soient dissimulations ou feintes ?

"Plus l'émotion est intense, plus il est probable qu'un signe plus ou moins visible fuite, malgré tous les efforts du menteur pour la dissimuler"

Et plus l'émotion impliquée dans le mensonge est intense, plus le nombre d'émotions différentes est élevé, plus le mensonge risque d'être trahi par une "fuite" comportementale. 

Comment masquer les fuites ?

Le menteur doit donc masquer ce que l’auteur appelle les “fuites”. Et le détecteur de mensonges se doit lui, de les dénicher, sans se laisser embarquer dans de faux indices. 

La stratégie du masque

Selon l’auteur, le meilleur moyen de cacher un signe qui trahit une émotion est la stratégie du masque : il s’agit de mettre sa main sur son visage ou de détourner le visage. C'est la meilleure option après le fait de rester impassible, ce qui est très rare, ou pour les individus très entraînés comme les diplomates, politiques, espions etc. 

Camoufler une émotion

Il existe une autre stratégie pour dissimuler un mensonge : camoufler une émotion. 

Par exemple 

Une femme demande à son mari s'il est infidèle (et il l'est réellement). 

Alors son mari peut recourir à la surprise ou à la colère afin de dissimuler la gêne, la honte et la culpabilité. 

" Quoi ??? Moi ??? Je ne comprends pas la question"

"Nan mais tu te fous de moi ?! Tu me penses vraiment capable de ce genre de choses. Je ne pensais pas que tu pouvais être aussi cruelle..."

Les joueurs de poker cherchent aussi à diffuser des mensonges aux airs de vérité et inversement pour brouiller les pistes, à sur-jouer et gesticuler pour rendre les autres joueurs anxieux et perdre des ressources cognitives à surveiller des faux gestes et rater les micro-expressions qui pourraient les trahir. Le rôle du détecteur de mensonges dans ce contexte est donc très complexe.

Personne ne peut se targuer de n’avoir jamais menti. Certains mensonges sont même très fréquents…

Exemple 

“Comment allez-vous ?”

“Ça va”, répond-il, avec un sourire de convenance, (même si cela ne va pas bien). 

Pour la majorité des gens, les émotions négatives sont les plus difficiles à feindre. Il est très difficile de maîtriser les micro-expressions et les muscles mis en jeu lors de peurs ou de détresse.

Il existe évidemment quelques exceptions, comme Hitler, qui feignait d'être en colère durant certaines entrevues avec des chefs d'État étrangers, pour les déstabiliser et déstabiliser leurs gouvernements. 

Transformer la raison de l’émotion

Il existe une autre technique de mensonge efficace : il ne s’agit pas ici de dissimuler son émotion, mais au contraire, de la reconnaître, et transformer la cause de cette émotion. Cela revient à dire la vérité faussement. 

Exemple 

Une femme demande à son mari s’il la trompe sur l’heure du midi. 

Il peut ressentir de la honte et lui dire qu’il est honteux car en réalité, il joue à des jeux vidéo pour adolescents et n’assume pas. 

Exagérer la réalité 

L’auteur met en avant une tout autre technique de mensonge : dire la vérité tout en l'exagérant afin que la personne ne nous croie pas. 

Exemple

“Chérie, il faut que je te demande… est-ce que tu as quelqu’un d’autre dans ta vie ?”

“Oui bien sûr je fais l'amour chaque soir à mon amant. Enfin, non d’ailleurs, je mens, je fais l’amour chaque semaine avec des amants différents”. 

Cette stratégie a pour objectif de tourner en ridicule les propos de son interlocuteur et l'humilier indirectement (humilier son propos). 

Ne dire qu’une vérité partielle

Ekman appelle ce stratagème la “demi-dissimulation”. Il s’agit de ne dire qu'une vérité partielle. 

Exemple 

Une femme qui suspecte son mari de la tromper lui demande : “que faisais-tu ce midi ?”

Et son mari lui répond “j’ai mangé au restau avec une collègue” (sans préciser qu’ils ont été dans une chambre d’hôtel ensuite…)

Stratégie de l'esquive 

L’idée, ici, est de se soustraire à la question avec une réponse évasive, floue, imprécise.

Exemple 

“Comment trouves-tu mon plat ?”

“Les mots me manquent” (cela peut signifier que le plat est délicieux… ou abominable).

Comment déceler la vérité ?

Pour déceler la vérité, vous pouvez trouver 2 indices de tromperie : 

Le menteur peut révéler la vérité par mégarde (ce que l’auteur appelle “fuite”),

Le menteur peut révéler le mensonge (sans connaître la vérité). 

La question qui se pose est la suivante : y a-t-il besoin de connaître la vérité ou juste que la personne ment ? 

La réponse n'est pas la même en fonction du contexte (tribunal, commissariat, ou un employeur). Et en fonction de ce contexte, les preuves à apporter ne sont pas les mêmes non plus. 

Chapitre 2 - Pourquoi le mensonge peut échouer

On peut découvrir la vérité de tout un tas de manières, mais ce qui intéresse l'auteur, ce sont les petits indices laissés par le menteur. 

Mauvaise réplique

La mauvaise réplique correspond à une erreur dans le scénario qui ne correspond pas à ce qui a été décrit précédemment. 

Ce sont “2 versions non concordantes" comme disent les enquêteurs. 

Le menteur peut se démasquer lui-même, à cause du stress, par exemple. Cela peut aussi se produire lorsque le menteur a des difficultés à se rappeler du mensonge de départ.

Remarque : une réplique trop parfaite peut être une réplique préparée et le signe d'un mensonge. Certains escrocs sont conscients de cela et commettent sciemment des petites erreurs.

Se faire trahir par ses émotions 

(Voix qui change, teint de la peau)

Dissimuler une émotion (surtout intense) n'est pas chose aisée, tout comme feindre une émotion.

La peur d'être démasqué

Cela revient un peu au point précédent. On peut détecter la peur que le sujet ne parvient pas à dissimuler 

Les signes physiologiques 

Attention, de nombreuses personnes pensent que certains signes physiologiques tels que la transpiration, les mains moites, des rougeurs, certaines micro-expressions, le cœur qui bat plus vite, le rythme respiratoire qui s’accélère aussi, sont des signes, des preuves d’un mensonge. Ces signes physiologiques ne sont pas des signes de mensonge, simplement les signes d’une émotion (stress, doute, peur, colère ?).

Pour tester ses hypothèses, Ekman explique qu'il a conduit des études sur des infirmières qui devaient s'entraîner à cacher leurs émotions aux patients afin de les rassurer.

D’ailleurs, il a obtenu des résultats très hétérogènes, qui peuvent s’expliquer par le fait que certains individus sont parfaitement capables de masquer leurs émotions et d'autres en sont complètement incapables.  

En fait, on peut observer 2 grandes aptitudes chez les trompeurs : 

La capacité à créer une stratégie de tromperie (plus ou moins rapidement, les meilleurs menteurs parviennent à créer un tissu de mensonges extrêmement rapidement),

La capacité à “tenir le cap du mensonge” durant une certaine durée, et durant des entretiens en tête à tête (notamment dans le cas des interrogatoires de police ou au tribunal lors des échanges avec les avocats et les victimes). 

Pour l'auteur, celui qui est capable de mentir dans un domaine sera aussi capable de mentir dans un domaine différent. 

Exemple 

Une personne capable de mentir sur le fait qu’il trompe son conjoint ou sa conjointe a aussi la capacité à mentir dans d’autres domaines, par exemple le domaine professionnel.

Déterminer l’enjeu du mensonge

L’un des problèmes des menteurs c’est que plus l'enjeu du mensonge est élevé, plus il est compliqué de ne pas se faire démasquer. Se pose alors le problème de l'enjeu, qui n'est parfois pas connu...

Là encore, il existe 2 grandes formes de tromperie : 

La tromperie pour gagner (par exemple, lorsque vous détournez des fonds),

La tromperie pour éviter de perdre et éviter de se faire démasquer (cacher des preuves du détournement de fonds, faire pression sur des tierces personnes, créer de faux documents, etc.). 

Une tromperie pour gagner amène souvent derrière de nombreuses tromperies pour ne pas perdre. C’est le serpent qui se mord la queue…

Attention : parfois, certaines situations incitent à mentir. 

Exemple 

Un enfant dont les parents sont “sévères” et lui imposent des punitions aura de grandes chances de mentir. 

D’ailleurs pour l’auteur, plus les punitions sont "dures", et plus on conditionne l'enfant à mentir. 

Autre exemple 

Prenons le cas d'un mari qui trompe son épouse : dire la vérité lui causera une punition immédiate et certaine, alors que le mensonge préserve la possibilité d'éviter tout châtiment. 

Pour savoir si un individu vous ment, vous pouvez avoir une approche “bénéfices-risques” :

Qu'est-ce que :

gagne ou peut gagner le menteur à mentir (et à me faire croire son mensonge) ?

le menteur perd ou peut perdre s’il ne ment pas ? 

le menteur perd ou peut perdre s’il ment ? 

vous gagnez à croire le mensonge ? 

vous gagnez à ne pas croire le mensonge ? 

croire le mensonge vous fait perdre ? 

ne pas croire le mensonge vous fait perdre ?

Identifier des indices de culpabilité de tromperie 

L’auteur explique dans cette partie la différence entre culpabilité et honte : “La honte est un sentiment proche de la culpabilité, mais avec une différence qualitative clé. Pour être éprouvée, la culpabilité n’a pas besoin d’un « public », il n’est pas nécessaire qu’un tiers soit au courant, car celui qui se sent coupable est son propre juge. Il n’en est pas de même pour la honte. L’humiliation de la honte nécessite la réprobation ou la moquerie de tiers. Si personne n’apprend le méfait, il n’y aura pas de honte, mais il peut y avoir encore de la culpabilité. Bien sûr, il peut y avoir les deux”. 

Remarque : la culpabilité de tromperie n’est pas toujours présente chez les menteurs, et surtout chez les menteurs entraînés. 

Remarque bis : l’incapacité de se sentir honteux ou coupable de méfaits est caractéristique des psychopathes.

Autre point important : si le menteur ne partage pas de valeurs communes avec sa victime, et qu'il le considère de façon négative (stupide, bon à rien, exécrable...) Alors il aura tendance à ressentir beaucoup moins de culpabilité et de honte (voire pas du tout) : c’est le cas d’un terroriste qui fait ce qui lui semble juste pour une cause qu’il juge “noble”, par exemple. 

Chapitre 3 - Détection de la tromperie dans les paroles, la voix ou les indices corporels

En fonction du contexte, mentir est parfois autorisé voire conseillé : par exemple en médecine, avec l'effet placebo. 

D’ailleurs, Ekman explique que le serment d’Hippocrate n'impose pas de ne pas mentir au patient : le médecin doit faire ce qui aide le patient.

Autre point : si un menteur pense qu'il ne gagne rien à son mensonge, alors il n'éprouvera probablement pas de culpabilité.

Il explique que le mensonge est autorisé dans d’autres domaines, et qu’implicitement, le menteur et la “victime” en sont parfaitement conscients : 

Exemples 

En vente : "c'est ma dernière offre"

En poker, où le bluff est roi.

Dans ces exemples, il n'y a pas de culpabilité de tromperie. Pour l'auteur, la culpabilité de tromperie est plus probable quand le mensonge est interdit.  

Détecter le plaisir de duper

Le mensonge peut être agréable lorsqu'il comporte un certain risque. 

Le plaisir de duper est grand quand la cible représente un défi, à la réputation d'être difficile à manipuler et berner, ou quand il y a la récompense.

Les indices du mensonge

Il n'existe aucun signe de tromperie franc, tel que le nez de Pinocchio qui s’allonge. 

Le problème de celui qui doit détecter le mensonge c'est le bombardement d'informations :

mots, 

pauses, 

respiration, 

intonation, 

regard, 

micro expressions, 

macro expressions, 

timbre de voix, 

hauteur de la voix,

teint de peau, 

sudation, 

dilatation des pupilles, 

salivation, 

etc.

En se fiant aux mauvaises informations, il est possible de complètement se tromper : 

Par exemple en croyant un mensonge, 

En ne croyant pas la vérité. 

Les mots sont souvent le bouclier du menteur qui y prête une grande attention pour ne pas avoir de preuve consciente du mensonge (en donnant 2 versions contradictoires, ce qui trahirait son mensonge).

D’ailleurs, sans preuve consciente et factuelle de mensonge, bon nombre de personnes accepteront l'idée qu'ils se trompent peut-être en imaginant un mensonge, et accordent alors le bénéfice du doute au menteur...

Le menteur cherche à contrôler ses mots et son visage qui sont les éléments les plus scrutés.

Identifier les réactions non contrôlées du menteur

Quand une émotion apparaît, les muscles du visage réagissent involontairement. 

C'est l'écart entre le message verbal et non verbal qui trahit souvent un mensonge (intonation, gestuelle, visage). 

L’auteur explique donc que les menteurs doivent : 

Être vigilants aux lapsus,

Faire attention aux tirades (long discours dans lequel ils finissent par révéler involontairement la vérité), 

Maîtriser le risque “Brokaw” (des réponses évasives ou louches), 

Maîtriser sa voix (changement d'intonation, de tonalité, trémolo, voix qui monte, bégaiement, oubli…) 

Durant son expérience avec les infirmières, il a pu remarquer que la voix devient plus aiguë lors des mensonges (pour les individus qui ne savent pas mentir). L'auteur suppose que c'est en lien avec la peur. 

Toutefois une voix aiguë n'est pas un indice de mensonge universel. 

Un mensonge est souvent signifié par un changement d'intonation mais l'inverse n'est pas vrai.

L'absence d'émotion n'est pas non plus un gage de sincérité et de véracité dans les propos. 

L’auteur recommande aussi de faire attention aux emblèmes, qui sont des signes universels partagés dans l’inconscient collectif, tels que le doigt d'honneur ou le hochement d'épaules. Les emblèmes sont des lapsus du corps.

Comment détecter un emblème ?

Pour détecter un emblème, il est important de connaître les caractéristiques importantes d’un emblème.

Une partie seulement de l'emblème a fuité (une lèvre seulement qui tressaute) : on parle alors d’emblème partiel 

L’emblème se présente souvent en dehors du champ de vision de l'interlocuteur (une jambe, etc.) : on parle alors d’emblème extérieur.  

Tous les menteurs ne font pas des emblèmes mais l'auteur précise que dès qu'il y a un emblème : c'est le signe d'un mensonge (au sens défini auparavant c'est à dire réalité masquée ou déformée). 

La diminution des “illustrants”

Un autre indice de tromperie correspond à la diminution du nombre d'illustrants, qui sont selon l'auteur, les gestes qu'on adjoint à la parole. 

Cela peut traduire un manque d'investissement émotionnel, ou une forme de contrôle et de prudence. 

Lors du mensonge, les illustrants diminuent alors que les emblèmes augmentent.

Prendre en compte les “manipulatoires” : bonne ou mauvaise idée ? 

Ce qu’Ekman appelle les manipulatoires, ce sont en fait les gestes que l’on considère parfois comme “parasites” : 

le fait de se gratter le nez, 

se gratter la tête, 

se recoiffer, 

jouer avec un crayon,

se toucher la barbe, 

se frotter le menton, 

“triturer” un collier ou un bracelet,

se mordiller la lèvre, 

jouer avec sa montre,

etc.

Les manipulatoires ne sont pas des indices de tromperie, et ne sont pas fiables car ils peuvent indiquer des états émotionnels contraires : malaise ou détente. 

Mais… Puisque tout le monde pense que les manipulatoires sont des signes de tromperie, un menteur avéré cherchera souvent à les camoufler. Ce qui signifie qu’une absence marquée de manipulatoires peut être un indice de mensonge. 

Les indices du système nerveux autonome

Une situation de stress active automatiquement le système nerveux sympathique, ce qui engendre des réactions physiologiques comme : 

Une respiration plus rapide, 

La fréquence cardiaque qui augmente… 

Est-ce que chaque émotion est "typée" dans le système nerveux autonome ? 

Est-ce que chaque émotion laisse une “trace” dans ce système nerveux autonome, que l’on pourrait déchiffrer ? 

En d’autres termes, existe–t-il une “empreinte digitale” de l’émotion ? 

Selon les études citées par l'auteur ce n’est pas le cas… Mais pour lui, si !

Du moins, chaque émotion entraîne des réactions spécifiques du système nerveux autonome.

Exemple

La fréquence cardiaque augmente pour la colère et la peur. 

Mais la température de la peau augmente avec la colère et diminue avec la peur.

De cette manière, on peut distinguer physiologiquement la colère de la peur.

En résumé, il existe plusieurs indices comportementaux d'un mensonge 

les lapsus verbaux,

les longues tirades (on parle aussi de logorrhée verbale),

la voix qui monte subitement dans les aiguës, 

une diminution des illustrants (qui peut indiquer une tentative de contrôle),

des erreurs de langage, des pauses curieuses, l’utilisation de discours indirect, 

des modifications physiologiques (sudation, rythme cardiaque, déglutition fréquente etc.). 

 Plus il y a d’indices, et plus il est probable qu’il s’agisse d’un mensonge.

Chapitre 4 - Les indices faciaux de tromperie

Pour détecter un mensonge, vous devez observer, scruter, analyser attentivement le visage du menteur. Mais, sachez également que c’est ce que le menteur va chercher à contrôler le plus également. 

En fait, le visage du menteur montre à la fois :

Ce qu'il veut montrer,

Et ce qu'il veut dissimuler.

Les émotions authentiques surviennent lors de contraction des muscles du visage de façon involontaire. 

Sur le visage on ainsi peut lire :

Quelle émotion est ressentie,

S’il y a plusieurs émotions,

L’intensité de l'émotion. 

Détecter les micro-expressions

Pour déceler le mensonge, il faut être attentif aux micro-expressions : ce sont les expressions émotionnelles qui s’expriment au niveau du visage et qui ne durent qu'une fraction de seconde.

Les expressions coupées

On parle d’expression coupée lorsqu’une expression apparaît, que l'individu en prend conscience puis l’interrompt. Cela peut montrer une gêne, un malaise. 

Attention : là encore, une absence de micro-expressions ou d’expression coupée n'est pas un gage de vérité. Un menteur avéré peut très bien maîtriser ces réactions et ne pas couper ses expressions.

Muscles faciaux fiables

Certains muscles ne sont contrôlés que par environ 10% de la population de façon consciente, et l’idée est d’observer leurs mouvements. 

Attention aussi à l’interprétation des émotions : un suspect peut être effrayé que l'on ne croit pas son discours durant un interrogatoire d'être considéré comme coupable, alors qu'il dit la vérité, mais cette même personne peut être effrayée qu'on découvre son mensonge 

De la même manière, une personne peut être sereine et tranquille car elle dit la vérité ou bien car il s'agit d'un menteur entraîné.

Il y a aussi des exceptions : on peut citer Woody Allen qui a un mouvement de sourcil relié notamment à la tristesse, et qu’il utilise en fait pour souligner un mot de son interlocuteur. 

Cela pose aussi un problème pour les menteurs aguerris qui utilisent la technique des actors studio : repenser à un certain moment pour créer une vraie émotion. 

Et puis, les menteurs qui finissent par croire à leur mensonge sont indétectables. 

Les indices au niveau des yeux

Les yeux peuvent rapidement trahir un menteur. Si vous suspectez un mensonge, vous pouvez vous intéresser à différents paramètres : 

la direction du regard est particulièrement liée aux émotions (mais aussi très facilement contrôlable donc souvent peu pertinent) 

le clignement des yeux (facilement contrôlable)

les larmes

mais aussi les indices du système nerveux autonome, dont nous avons déjà parlé (rougeur, dilatation de la pupille…)

les expressions asymétriques (les expressions symétriques sont souvent produites lors d'émotions sincères). L‘asymétrie se produit lorsqu'une expression veut être provoquée consciemment. 

L'asymétrie n'est pas non plus une preuve irréfutable de mensonge. 

Chapitre 5 - Dangers et précautions

Tout le monde peut être dupe : un parent peut croire le mensonge d’un enfant de 5 ans.

Mais un parent peut aussi avoir envie de croire au mensonge de son enfant, et de ne pas imaginer que son enfant puisse délibérément lui mentir. 

Les 2 erreurs principales 

Il existe 2 grosses erreurs : 

ne pas croire la vérité (npcv), 

croire le mensonge (clm).

Exemple

Lors du débarquement en Normandie, les alliés ont envoyé des informations comme quoi le débarquement aurait lieu à Calais. Puis des contre-informations comme quoi il aurait finalement lieu en Normandie (pour faire semblant de masquer la vraie stratégie de débarquer à Calais). Cette véritable opération d’information/contre-information, a permis aux alliés de surprendre les Allemands et de prendre un avantage important. Les Allemands ont commis l’erreur de croire le mensonge.

Le détecteur doit donc toujours évaluer l'impact de la vérité, l'impact du mensonge, et qu’est ce qui est le plus pertinent à croire. 

Remarque : l'absence de signe de tromperie n'est pas gage de vérité.  

Réduire les erreurs d’appréciation

Pour réduire les erreurs d'appréciation, Ekman explique qu’il faut comparer le comportement normal et le comportement lorsque la personne est soupçonnée, ce que l’on appelle la calibration en Programmation Neuro-Linguistique (PNL). 

Soyez vigilants également à “l’erreur d’Othello”: considérer une personne sincère et stressée comme un menteur. 

Conseil de Schopenhauer : si vous pensez qu'un individu vous ment, faites comme si vous buviez ses paroles et il va finir par se trahir.

Chapitre 6 - Vérifier le mensonge

Beaucoup de mensonges réussissent car peu de personnes se donnent la peine de chercher. L'auteur nous invite à faire preuve d'esprit critique, à questionner, à interroger. En annexe, il propose d’ailleurs une liste de 37 questions pour nous aider à y voir plus clair, et à détecter le mensonge.   

Plus le mensonge est difficile, plus il risque d'y avoir des erreurs, et plus il est important de se poser ces questions. Mais les réponses à ces questions peuvent aussi être influencées par notre avis initial, et il est possible de tomber dans un biais de confirmation. Toutes ces questions peuvent aussi créer de la confusion chez celui qui tente de détecter le mensonge.

L'auteur soulève aussi la question de la capacité à mentir des dirigeants au peuple, parfois pour de bonnes raisons. 

Exemple

Cacher la vérité lorsqu’un gouvernement obtient des informations sur un potentiel attentat peut être pertinent pour : 

déjouer l’attentat en question, 

éviter un vent de panique et une vague d’insécurité.

Chez les chefs d'État, certains mensonges peuvent entraîner de graves conséquences (conflits, guerre, embargo etc.) mais ils sont souvent entraînés et habitués.

Chapitre 7 - Les mensonges dans la vie publique

Détecter le mensonge : une nécessité dans certains métiers

Pour certaines professions, l'étude du mensonge n'est pas un loisir ou un plaisir mais une nécessité : par exemple, les juges, les avocats, les policiers, les enquêteurs, ou encore les agents spéciaux...).

“Un agent des Services secrets me confia combien il était difficile de déterminer si un individu qui a proféré des menaces contre le président ment quand il prétend qu’elles n’étaient pas sérieuses et juste destinées à se faire mousser auprès d’amis. Je vis sur son visage une expression terrible quand il me raconta comment ses collègues et lui avaient décidé que Sarah Jane Moore était une « cinglée » et non une vraie meurtrière, et la relâchèrent quelques heures seulement avant qu’elle n’ouvre le feu – sans l’atteindre – sur le président Gerald Ford le 22 septembre 1975. Je lui annonçai que l’atelier que je proposais pouvait lui apporter un très léger avantage, peut-être 1 % seulement d’efficacité. « Génial, me répondit-il. Allons-y ! »”.

Suite aux travaux d’Ekman, plusieurs juges de certains États américains ont modifié la configuration de leur salle d'audience pour voir le visage des suspects, plutôt que leur nuque comme c’était le cas précédemment. 

Des résultats d’études… surprenants

Voici quelques résultats d’études effectuées par Ekman et ses équipes

Seuls les agents des services secrets ont obtenu des résultats supérieurs au hasard 

Un peu plus de la moitié ont obtenu plus de 70 % d’exactitude, 

Un tiers environ ont obtenu 80 % d'exactitude et plus. 

(L’auteur émet l’hypothèse que c’est parce qu’ils avaient l’expérience de la protection rapprochée, qui consiste à observer dans la foule tout individu qui peut menacer la personne protégée) 

Tous les autres groupes professionnels concernés par le mensonge – juges, avocats, policiers, opérateurs de décodeurs de mensonges de la CIA, du FBI, de la NASA, de l’armée, et experts judiciaires psychiatres ont obtenu de piètres résultats. Plus intéressant encore : ils n’étaient donc pas capables de détecter la tromperie dans le comportement mais surestimaient en plus leur capacité à le faire (ce que l’on appelle aussi le biais d’autocomplaisance, en lien aussi avec l’effet Duning Kruger). 

Chapitre 8 - Nouvelles découvertes et idées sur le mensonge et sa détection

Les autres formes de mensonge

Dans ce chapitre, l’auteur évoque les autres formes de mensonge, et notamment : 

le secret, 

la promesse, 

et l’incapacité de se rappeler.

Dans ce chapitre, comme dans le chapitre suivant, on retrouve encore une fois beaucoup d’anecdotes pour illustrer les propos de l’auteur. 

Les 9 mobiles d’un mensonge

Il met aussi en avant les 9 mobiles d’un mensonge pour : 

Éviter d’être puni. C’est le mobile le plus fréquemment mentionné par les enfants ou les adultes. Il peut s’agir du châtiment d’un méfait ou d’une erreur involontaire.

Obtenir une récompense impossible à obtenir autrement.

Protéger quelqu’un d’un châtiment.

Se protéger d’une menace physique. La menace est différente du châtiment, car elle n’est pas la punition d’un méfait. Un exemple de ce mobile serait l’enfant qui dit à un inconnu frappant chez lui que son père dort et qu’il faut revenir plus tard.

Gagner l’admiration d’autrui.

Échapper à une situation sociale gênante. Par exemple, invoquer des problèmes de baby-sitter pour pouvoir quitter une soirée ennuyeuse ou mettre fin à une conversation téléphonique en prétextant que quelqu’un sonne à la porte.

Éviter une gêne. L’enfant qui prétend que sa culotte est mouillée parce qu’il a renversé de l’eau et non parce qu’il s’est oublié en est un exemple, si l’enfant ne redoute pas le châtiment mais seulement la gêne.

Pour garder une certaine intimité, sans faire de mise en garde préalable de l’intention de conserver certaines informations comme privées.

Pour exercer un pouvoir sur autrui en contrôlant l’information dont bénéficie la cible.

Ekman nous met encore une fois en garde sur les difficultés de la détection de mensonges.

Chapitre 9 - Macro-expressions faciales, expressions subtiles et expressions dangereuse

“Ceux qui choisissent d’enfreindre une règle et de mentir ont confiance dans leur capacité à réussir impunément. Ceux qui ne sont pas assurés ne transgressent pas la règle parce qu’ils s’attendent à être démasqués s’ils essaient de couvrir leurs méfaits par des mensonges. 

Macro-expressions

Le terme «macro-expression» est utilisé ici pour décrire les expressions faciales qui durent suffisamment longtemps pour être facilement observées et interprétées, généralement entre une demi-seconde et plusieurs secondes. 

La capacité à repérer et comprendre ces macro-expressions est innée chez la plupart des individus, à moins qu'ils ne souffrent d'un handicap mental (autisme, schizophrénie, etc.) 

Cependant, il semble que la plupart des gens ont tendance à ignorer les expressions faciales qui contredisent les paroles prononcées. Il n'est pas clair si ces individus ne remarquent pas littéralement ces expressions faciales ou s'ils les remarquent mais ne leur accordent aucune importance lors de leurs jugements. En général, les gens sont principalement influencés par les mots et ne tiennent pas compte des comportements non verbaux qui vont à l'encontre de ces mots.

Expressions subtiles 

Les expressions subtiles sont de petites expressions qui se manifestent soit sur une partie spécifique du visage, soit sur l'ensemble du visage, mais de manière très légère. 

Elles surviennent pour différentes raisons. Il peut s'agir d'une émotion très légèrement ressentie. Elles peuvent également apparaître au début d'une émotion et s'intensifier à mesure qu'elle devient plus intense. Enfin, elles peuvent se manifester lorsque des émotions intenses sont ressenties mais activement réprimées, ne laissant filtrer qu'une fraction de l'émotion. 

Nous ne savons pas s'il est possible de déterminer uniquement à partir de l'expression elle-même la raison pour laquelle elle s'est produite (émotion légère, début d'émotion ou fuite d'une émotion intense).

Expressions dangereuses

Les expressions dangereuses sont les expressions qui se produisent juste avant un comportement dangereux. L’auteur a effectué un travail d’analyse en travaillant avec des acteurs, en leur demandant de repenser à des situations dans lesquelles ils se sont mis en colère et ont eu des comportements dangereux. 

Conclusion sur "Je sais que vous mentez" de Paul Ekman :

Si vous êtes familier de l’accompagnement, de la thérapie, du coaching, la PNL, l’hypnose, ou même d’autres domaines tels que la vente, la négociation, la communication, alors ce livre peut vous apporter des “billes” théoriques intéressantes. Après, à mon sens, rien ne vaut la réalité du terrain, et l’apprentissage en conditions réelles. Vous souhaitez apprendre à masquer vos émotions pour mieux accompagner vos patients ou vos clients ? Vous voulez déceler les menteurs parce que vous travaillez par exemple dans le domaine de la justice ? Peut-être voulez-vous masquer vos intentions dans des négociations commerciales ? Ou pour toute autre raison ? Je pense que le mieux est de s’entraîner “en vrai”, par exemple en jouant à des jeux de société de bluff (pour avoir un enjeu qui n’est pas trop élevé), ou en situation réelle.

Si vous cherchez une recette miracle pour devenir un détecteur de mensonges, ce livre n'est clairement pas fait pour vous. C'est ce que le titre de ce livre laisse présager. Il s’agit à mon sens d’un positionnement marketing qui a pour objectif de vous faire acheter le livre, avec une promesse très forte. Même si la promesse n’est pas tenue (la conclusion reste qu’il est impossible d’être sûr à 100% d’un mensonge), ce livre reste une mine d’informations. Si vous vous intéressez à la psychologie, la communication ou même la négociation, lire ce livre ou ce résumé peut vous être grandement utile.

Points forts :

Exemples historiques, anecdotes, histoires “croustillantes”

Différence entre le contexte thérapeutique et le contexte géopolitique et de la vie courante

Résumés de fin de chapitre

Style direct, explications pour démocratiser le vocabulaire scientifique

Tableau récapitulatif avec les définitions des expressions créées / utilisées, 

Tableau des indices comportements et signes physiologiques pour chaque émotion 

Liste des 37 questions de vérification du mensonge en fin de livre

Points faibles :

Beaucoup de théorie au départ, ce qui peut décourager certains lecteurs

Beaucoup d’histoires à la fin, qui auraient pu plaire à un lecteur qui s’est découragé

Raconter en premier temps les histoires, puis expliquer les concepts après, afin de faciliter la compréhension

Vocabulaire parfois trop “scientifique”

Ma note :

★★★★

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Thu, 29 Jun 2023 05:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12439/Je-sais-que-vous-mentez
Le laboureur et les mangeurs de vent http://www.olivier-roland.fr/items/view/12435/Le-laboureur-et-les-mangeurs-de-vent

Résumé de « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik. À partir de son histoire personnelle et de ses connaissances en neuropsychiatrie, Boris Cyrulnik livre une réflexion profonde et saisissante sur les processus qui peuvent mener à la liberté intérieure ou à la soumission à une idéologie meurtrière.

Par Boris Cyrulnik, 2022, 272 pages.

Chronique et résumé de « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik

  1. Le laboureur et les mangeurs de vent - Préparer les enfants à la guerre

Comment se fait-il que des millions de personnes puissent adhérer, à certaines périodes de l’histoire, à des régimes totalitaires ?

Un régime totalitaire, comme l’a été l’Allemagne nazie, est pourtant porteur des pires valeurs humaines. Classement des humains sur des critères (notamment de classe, race, genre, orientation sexuelle), humiliation, stigmatisation et meurtres de ceux qui ne sont pas considérés dignes d’appartenir à la société, etc.

Comment un être humain arrive-t-il donc à commettre des actes profondément immoraux ? Pour aborder cette question déjà traitée par de nombreux penseurs, Boris Cyrulnik prend pour point de départ la conception de l’enfant. Embryon déjà, alors qu’il est encore dans le ventre de sa mère, son cerveau se forme au contact des stimulations qu’il reçoit de son environnement.

Bébé, puis petit enfant, il a besoin d’acquérir une certaine confiance en lui. Ceci se constitue dans le rapport à ses parents et aux adultes qui prennent soin de lui. À ce moment de sa vie, il se sécurise en expliquant le monde à travers des catégories de pensée binaires transmises par la société et les adultes : gentil/méchant ; femme/homme, grand/petit ; etc. Ce n’est qu’au cours de son développement qu’il pourra donc commencer à saisir et à développer des nuances.

L'environnement qu'il faut

Mais si l’environnement familial et la société dans lesquels l’enfant évolue continuent à scander et à répéter des catégories d’explication simplistes et binaires (récits concordants), alors l’enfant, devenu adulte, en reste prisonnier sans même en avoir conscience. Il devient ainsi un fidèle serviteur au service de ce que Cyrulnik nomme « le clan ». Il ressent donc de la joie et de la fierté à le défendre. Ceci quitte à devoir commettre des actes de violence et de barbarie à l’encontre d’autres êtres humains.

À moins qu’il ne parvienne à s’y opposer, mais comment ? Soit parce que sa famille est hostile au régime totalitaire. Soit parce que lui-même s’oppose aux dogmes que prônent le régime et sa famille (récits discordants).

Boris Cyrulnik note donc qu’il peut arriver qu’un enfant admire les symboles portés par un régime totalitaire alors que ses parents s’y opposent. Dans certains cas, il arrive alors que des enfants dénoncent leurs propres parents.

  1. Le laboureur et les mangeurs de vent - Aimer un salaud

Certains enfants ont aimé leurs pères alors que ceux-ci sont considérés comme les pires bourreaux de l’histoire (des salauds) : Himmler, Staline, Mengele, etc. Comment est-ce donc possible ?

Simplement parce que l’affection se construit dans le rapport intime que l’on entretient avec son père, à l’intérieur de la maison et de l’espace familial. Un bourreau peut donner beaucoup d’amour à ses enfants. Puis l’instant d’après, quand il se remet dans son rôle public, exécuter ou faire exécuter des innocents.

L’enfant, qui ne perçoit donc son père qu’à travers la relation intime et familiale qu’il entretient avec lui, ne se rend pas compte de ce qu’il se passe à l’extérieur lorsque son père « travaille ». Il est en conséquence trop jeune pour le percevoir et ne peut pas le détester pour ces actes dont il n’a pas conscience.

À l’inverse, certains enfants ont détesté leur père qui était pourtant un personnage célèbre aimé par beaucoup d’autres. Fidel Castro, par exemple, a été détesté par son fils. Ceci, non pas en premier lieu pour les actes qu’il a commis. Mais, plutôt, parce que l’environnement familial ne parlait pas de lui, ou très mal.

En tant qu’êtres humains, nous sommes très influencés par les milieux dans lesquels nous grandissons. Parce que nous évoluons pour forger notre propre personnalité et nos opinions sur le monde. Nous le sommes d’abord par les adultes qui prennent soin de nous. C’est-à-dire nos parents et l’entourage familial ou communautaire proche.

Boris Cyrulnik distingue alors deux catégories de personnes en fonction du chemin qu’ils prennent dans leur développement à l’âge adulte :

Les extatiques, ou « mangeurs de vent », ne parviennent pas à se détacher des discours qu’ils entendent et les intériorisent sans discernement. Ils restent au stade du petit enfant qui absorbe tous les signaux provenant de la mère. Alors, ils peuvent ressentir joie et plaisir à l’énoncé d’une opinion « hors sol » complètement détachée de la réalité. Ils pensent qu'elle a un sens, mais il n’en a, en réalité, aucun. Si ce n’est, en réalité, celui de servir les intérêts d’un système qui vise à les manipuler.

Les « laboureurs » parviennent à accéder à une certaine autonomie de pensée intérieure. Ils sont capables de faire preuve de discernement et de recul critique par rapport aux discours qu’ils entendent autour d’eux. Ils forgent leurs opinions en restant connectés à la réalité du monde.

En définissant les laboureurs, Cyrulnik écrit :

« Nous sommes tous déterminés par ce que notre entourage nous raconte. Ce n’est qu’en poursuivant notre chemin vers l’autonomie que nous accédons à un degré de liberté intérieure. Alors nous pouvons juger, évaluer, intérioriser ou rejeter les récits qu’on nous propose. […] Ceux qui préfèrent continuer l’exploration par eux-mêmes et non plus par ce qu’on leur a dit adoptent la stratégie du laboureur. Ils se cognent aux cailloux, reniflent l’odeur de la glaise et se donnent un plaisir de comprendre (qui est) enraciné dans le réel. […]

Le bonheur des laboureurs élabore un savoir éprouvé sensoriellement, touché, palpé, écouté, comme le font les praticiens sur le terrain […]. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 19)

  1. Raconter l’impossible

Boris Cyrulnik revient sur son enfance. Alors qu’il est très jeune enfant, pendant la Seconde Guerre mondiale, ses deux parents sont arrêtés et déportés. Ils ne reviendront pas des camps.

Un jour avant son arrestation, la mère du jeune Boris le place dans un orphelinat. Un jour de 1944, un groupe d’hommes armés, des hommes de la Gestapo, viennent l’arrêter, alors qu’il n’a que sept ans. Il est placé dans un camp avec d’autres prisonniers. Pris par la peur, il parvient à s’enfuir. Il est recueilli ensuite par une famille d’accueil.

Longtemps, les souvenirs de cette arrestation ont hanté Cyrulnik. Il se heurtait, lorsqu’il voulait en parler, au silence des adultes qui lui disaient de « passer à autre chose ». Alors, il s’est tu et a cherché à se réfugier dans un monde imaginaire et auprès des animaux parce que ces derniers ne le jugeaient pas.

Le jeune Boris s’accroche alors à une idée forte : il veut comprendre et prouver que les nazis avaient tort. C’est pourquoi il décide de s’engager dans une carrière scientifique qui pense-t-il, lui donnera des armes pour comprendre et mener son combat.

  1. Le laboureur et les mangeurs de vent - Faire une carrière de victime ou donner sens au malheur

En grandissant, Cyrulnik se rend compte qu’« un fait scientifique ne découvre pas nécessairement la vérité ». Pourquoi ?

Le scientifique est un être humain incarné qui a une histoire, une âme et des désirs. Même s’il tente d’être le plus objectif possible. Il influence nécessairement, à de divers degrés, la méthode qu’il met en œuvre et les résultats qu’il produit. On retrouve l’idée « des mangeurs de vent » qui produisent des résultats coupés du réel.

C’est ainsi, par exemple, que des chercheurs peuvent affirmer – et influencer le débat politique sur ce sujet – que tout enfant qui a souffert de carence affective est amené à devenir un délinquant. En écoutant ces idées, Boris Cyrulnik a pensé que « pour échapper à cette malédiction », il devait se taire et cacher son enfance.

À l’âge de quatorze ans, Cyrulnik est envoyé dans une institution qui accueille de nombreux orphelins de guerre. C’est là qu’il découvre, à travers les récits des « moniteurs » du centre, qu’il appartient à une communauté juive à qui on restitue de la dignité et auprès de laquelle il peut trouver une forme de sécurité. En discutant avec les animateurs, il parvient à se forger des opinions politiques et artistiques et à se ressaisir de son enfance de manière positive. Il n’a alors plus honte d’être un enfant sans famille.

« Je pouvais être compris, il suffisait que je m’exprime pour ne plus me sentir comme un paria interdit de vivre. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 29)

Cyrulnik a alors découvert deux stratégies de survie :

« Faire une carrière de victime » qui est la voie encouragée après la guerre. On pense que les enfants sans famille ne peuvent pas se développer.

« Donner sens au malheur » par la recherche collective d’un sens, d’une compréhension de ce qu’il s’est passé pour essayer de se reconstruire et de se remettre sur le chemin de la vie.

  1. Apprendre à voir le monde

Au début du siècle jusqu’à l’avant Seconde Guerre mondiale, le centre de l’Europe ; et notamment la ville de Vienne, en Autriche, est marquée par une effervescence intellectuelle, artistique et culturelle. Ce joyeux bouillonnement est alimenté par un croisement riche de différentes cultures provenant de différentes parties de l’Europe et de la Russie (Polonais, Allemands, Hongrois, Italiens, Juifs…). De grandes figures s’y rencontrent comme Klimt, Schiele, Mozart, Beethoven ou encore Stefan Zweig.

Parmi ces figures illustres, Sigmund Freud découvre, sur les bancs de l’université, qu’il est stigmatisé pour être juif. Il ne se soumet pas et décide d’emprunter un chemin alternatif à celui de « la récitation qui mène au diplôme mais ne stimule pas la pensée » (p. 35). C’est ainsi qu’il deviendra le fondateur d’une discipline nouvelle, la psychanalyse.

Mais cette époque est aussi marquée par de sombres figures, comme Josef Mengele qui naît en Bavière en 1911. Malgré un caractère en apparence équilibré, très sociable, une enfance banale pour l’époque, dans une famille plutôt aisée, le jeune Mengele éprouve le besoin de se sentir supérieur à d’autres êtres humains. Il développe un goût prononcé pour la classification et la hiérarchisation des êtres humains en fonction de leurs caractéristiques physiques et biologiques. C’est alors qu’il adhère aux théories racistes qu’il découvre à Munich en 1930. Il se servira de sa formation scientifique, de médecin, pour développer ses théories et deviendra l’un des plus grands tortionnaires des camps nazis.  

À l’inverse, Cyrulnik, comme Freud en son temps, voit dans les différences entre les êtres humains une occasion d’explorer le monde, de s’enrichir, de s’ouvrir à d’autres cultures et mondes mentaux.

  1. Le laboureur et les mangeurs de vent - Explorer le monde ou le hiérarchiser

Charles Darwin (1809 – 1882) est un célèbre naturaliste anglais du XIXe siècle. Il a élaboré la théorie de l’évolution et de la sélection naturelle. Il n’établit pas de hiérarchie entre les êtres vivants. Selon lui, ce sont ceux qui s’adaptent le mieux aux environnements dans lesquels ils vivent qui ont le plus de chance de continuer à vivre et à se reproduire. « Ce n’est pas forcément le plus fort [qui survit] » (p. 44).

Certains scientifiques et hommes de pouvoir ont malheureusement interprété la théorie de Darwin différemment. Ils ont établi une hiérarchie et un classement entre les êtres humains en fonction de leurs supposées capacités à survivre. C’est ainsi qu’ils ont justifié le besoin « d’éliminer » de la société tous ceux qu’ils considéraient comme « ne servant à rien ». C'est le cas des personnes malades mentalement, les tziganes, les juifs, les homosexuels.

Selon Boris Cyrulnik, nous colorons le monde et les faits scientifiques à travers notre personnalité et nos affects. Il établit alors une distinction entre :

Ceux qui voient dans les différences une source de richesse pour l’humanité, qui veulent explorer le monde. Ceux-là n’attribuent pas les problèmes aux êtres humains eux-mêmes mais aux milieux dans lesquels ils vivent. Ils revendiquent alors une prise en compte des conditions de vie difficiles et la nécessité de leur amélioration.

Ceux qui éprouvent le besoin de se situer dans un rapport de force, de « dominer » et qui veulent « éliminer les faibles » (p. 46).  

  1. Affronter

Les personnes qui ont vécu de grands traumatismes (incestes, viols, violences de guerres, harcèlement, etc.) rencontrent souvent de grandes difficultés à en parler à leurs proches. Elles redoutent souvent les moments de silence et d’être confrontées à de l’incompréhension voir à des négations de ce qu’elles ont subi.

S’adresser à un étranger ou avoir recours à une médiation, comme un roman ou un film, permet de mettre davantage à distance les affects. Un espace de libération de la parole s’ouvre.

« Quand la culture s’intéresse à ces traumas non dits, elle rétablit une concordance entre les récits collectifs et ceux du blessé. Il peut enfin s’exprimer sans trouble et sans frein, ‘comme ça vient’ » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 52)

  1. Le laboureur et les mangeurs de vent - Abusive clarté

Méfions-nous donc du travail administratif bien fait. Il nous procure du plaisir parce qu’on a l’impression d’accomplir son devoir. C’est en réalisant ce type de travail qu’Adolf Eichmann a envoyé dans les camps de concentration des millions de Juifs et d’autres personnes considérées comme indésirables par le régime nazi.

Méfions-nous également des solutions qui semblent revêtir un contenu scientifique rigoureux. C’est en appliquant ce type de remèdes que des médecins, pendant quelques décennies au XXe siècle, ont lobotomisé et modifié des parties de cerveaux de personnes qui présentaient des troubles psychiatriques.

Dans certains contextes historiquement situés, des discours en apparence « moraux » justifient et encouragent la réalisation d’actes monstrueux.

Et pendant bien longtemps, les sociétés n’ont pas cherché à comprendre les victimes des stress post-traumatiques. Ceux-là qui revenaient de la guerre, qui avaient été témoins ou qui avaient subi des actes atroces. On leur attribuait la responsabilité de leur souffrance et on les punissait, alors qu’il aurait fallu, nous dit Cyrulnik, chercher à les soigner et à les aider à aller vers le chemin de la résilience.

  1. Penser par soi-même

Un enfant est bien sécurisé par sa mère, ou par une personne qui prend soin de lui, lorsqu’il peut sentir la présence d’un corps et de paroles réconfortantes. Cette première sécurisation contribue à lui donner confiance en lui et lui ouvre un accès vers l’autonomie.

Lorsqu’un enfant est peu ou mal sécurisé par son entourage, il n’a pas de repères pour accéder à une forme de stabilité et de paix intérieure. Il a alors tendance à rester habité, lorsqu’il grandit vers l’âge adulte, par des peurs et des inquiétudes. Ces angoisses le rendent plus vulnérable aux personnes et aux discours qui semblent lui offrir du réconfort.

Sans nécessairement tomber sous l’emprise de personnes manipulatrices, l’enfant qui a été mal sécurisé peut plus facilement être séduit par des discours « tout faits ». En s’attachant à des opinions ou des doctrines, il essaie de combler ses besoins de sécurisation. L’attachement affectif à des personnages, à des discours se met à occuper beaucoup d’espace et empêche l’enfant, devenu adulte, de prendre du recul et de réfléchir véritablement par lui-même.

C’est ainsi que des groupes très fermés peuvent se former. Les membres de ces groupes se rassurent et se sécurisent mutuellement. Ils partagent des styles de vie, d’habillement, des croyances et diverses habitudes. Les personnes qui sortent de la norme du groupe, en montrant d’autres manières de faire, sont vues comme des menaces.

Rester-soi

« Dans chacun de ces groupes, on reste entre soi, on récite les slogans qui tiennent lieu de vérité. Ceci dans le but d’augmenter la cohérence du récit qui fonde la fraternité du groupe. Il convient dans ce cas de se dire persécuté afin de justifier sa propre violence, en prétextant la légitime défense. Le groupe tend spontanément à évoluer vers une morale perverse où l’on se solidarise entre proches, en se coupant de ceux qui pensent autrement, en ignorant leurs souffrances, en les laissant mourir avec indifférence et parfois même en éprouvant un discret plaisir. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 67)

  1. Le laboureur et les mangeurs de vent - Aimer pour penser

La sécurisation affective joue donc un grand rôle dans le fait de réussir à « bien penser par soi-même ».

Lorsque l’enfant arrive à l’âge adulte, il éprouve, le plus souvent, des désirs qui le poussent à quitter le cocon familial. Ceci pour « tenter l’aventure sexuelle et sociale ». Le lien d’attachement avec les parents se reconfigure alors pour laisser de la place à d’autres relations affectives.

Parfois l’adulte se sent prisonnier de l’emprise qu’exercent ses parents sur lui. Il ne parvient pas à se détacher suffisamment d’eux pour aller vers sa propre vie d’adulte.

Ce besoin d’attachement affectif, qui perdure à l’âge adulte, peut mener certains à se lier très rapidement, sans aucune réflexion, à des personnes célèbres ou à des figures glorifiées par la société : chanteur, leader politique, soldat, footballeur, etc. Et c’est aussi de cette manière que de nombreuses personnes peuvent s’attacher à des dictateurs ou des tortionnaires.

  1. Délirer selon la culture

Le délire se traduit par une perte du sens de la réalité et une confusion des idées. La personne délirante peut se sentir persécutée, mise sous emprise par des personnes et des systèmes. En fonction des époques, les contenus des délires diffèrent.

Boris Cyrulnik, dans l’exercice de son métier de psychiatre, a constaté que Napoléon était présent dans les délires de nombreux patients jusqu’en mai 1968. Par la suite, le contenu des délires s’est déplacé vers « les machines et les femmes » qui ont pris plus de place dans la société.

Se sentir appartenir à un groupe et partager une croyance commune produisent des effets très puissants. Des effets à la fois nécessaires, mais dangereux. Plus le groupe se referme sur lui-même, plus il croit en une doxa. Une opinion qui l’éloigne des autres mondes et finit par le rendre intolérant à l’altérité.

« C’est ainsi que se constituent les délires logiques, cohérents et coupés des autres. C’est ainsi qu’on se prépare à la haine de ceux qui voient le monde autrement. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 75)

  1. Le laboureur et les mangeurs de vent - Croire au monde qu’on invente

Les êtres humains partagent avec beaucoup d’animaux le fait de vivre en groupe. Ce qui les différencie toutefois, c’est la capacité à communiquer par un langage articulé. Et à exprimer des raisonnements marqués par la logique.

Mais cette capacité à raisonner peut-être utilisée pour assembler des éléments qui n’ont aucun sens et aucun lien avec la réalité. Cet assemblage produit des discours, à l’apparence logique, qui peuvent être très puissants. Ces explications du monde simples, binaires, offrent un cadre sécurisant et permettent de souder les membres du groupe. Ces derniers se mettent alors « à aimer » le chef, leader charismatique, comme ils aiment ou ont aimé leur mère. Ils ne pensent pas par eux-mêmes. Ils se remettent à la parole de celui ou de ceux qu’ils considèrent comme supérieurs à eux.

Et comme les émotions se propagent lorsque les individus sont en coprésence. De grandes masses de personnes peuvent se mettre à « aimer » passionnément un chef et à « détester » un groupe identifié comme différent et inférieur.

« Quand on accepte comme une parole intouchable la vérité venue d’un chef religieux, idéologique ou scientifique, il n’y a ni évaluation, ni culpabilité : l’ordre règne. […] Le fait d’éviter de juger afin de mieux se soumettre à un récit coupé de la réalité apporte un grand bénéfice. On ne craint plus rien, on est tous ensemble et on éprouve l’illusion du bien-être. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 83 - 84)

  1. Colorer le monde qu’on perçoit

L’enfant, au cours des trois premières années de sa vie (1000 jours), associe des perceptions avec des sensations. En fonction de ses expériences et de la sécurité que les adultes lui apportent (ou non), il établit un lien :

Entre des objets, des personnes, des environnements, etc ;

Et des sentiments qui peuvent être très variés comme la joie, la tristesse, la peur, la colère.

Puis il « colore le monde qu’il perçoit » à partir de ses émotions et de ses affects.

Si les jeunes sont mal sécurisés, ils courent le risque de se sentir persécutés. Ils s’attachent alors à des slogans tout faits. Des énoncés sans preuve qui désignent un agresseur imaginaire, un bouc émissaire responsable de leurs malheurs.

« Désigner un agresseur provoque un étrange bien-être. Soit une bonne opinion de soi, soit une clarté qui n’a pas besoin de validation. Le courant qui emporte ces idées suffit à donner du bonheur aux mangeurs de vent qui se nourrissent de phrases toutes faites. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 89)

  1. Le laboureur et les mangeurs de vent - Donner forme verbale au réel et à ce qu’on sent

Lorsque des personnes finissent par associer automatiquement des sentiments à des discours simplificateurs, leurs émotions ne sont pas connectées réellement au monde réel et sensible. Elles ont recours à la rationalisation pour se convaincre que leurs énoncés sont justes et vrais.

C’est ainsi que les « mangeurs de vent » s’entraînent mutuellement à répéter des énoncés, déjà fabriqués et insensés, mais qui font appel à la rationalisation. Ils ont alors la sensation « d’éprouver la vérité au fond d’eux » et d’énoncer un fait scientifique.

Certains mangeurs de vent emploient des termes techniques. –Comme l’expression « matériel humain » – pour désigner d’autres personnes. Ainsi, ils les déshumanisent, les transforment en objets dénués d’émotions et de sensibilités.

L’écrivain Georges Orwell a montré comment des persécuteurs cherchent à masquer l’horreur des actes barbares qu’ils font subir à d’autres personnes en employant des euphémismes et des termes du langage quotidien. C'est l'un des pouvoirs de la rhétorique.

Comment retrouver alors un semblant d’humanité ? En se reconnectant au monde sensible et au réel, nous dit Boris Cyrulnik.

« Pour ne pas être totalitaire, il faudra que j’ajoute une autre composante [à ma personnalité]. Mais voilà, elle sera d’une autre nature, émotionnelle, poétique, interactive, sociale et même spirituelle. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 104)

  1. Parler pour cacher le réel

Aucune parole ne peut restituer le réel tel qu’il existe. Toute parole est déjà une interprétation des faits et cache, au moins en partie, la réalité.

Les systèmes ou régimes totalitaires construisent une explication du monde à partir de petits fragments qu’ils utilisent pour expliquer la totalité. Et ils revêtent leur explication d’une apparence rationnelle et logique qui semble offrir une certaine sécurité. La réalité est alors complètement masquée par les discours.

Mais c’est aussi la parole qui fait l’humanité et qui peut permettre de se sentir revivre. À condition que cette parole exprime :

Une sensibilité qui naît d’un rapport au monde ;

Et un usage de la raison ancrée dans la réalité.

Mettre en mot ses émotions et ses idées ouvre un espace de liberté intérieure.

« Quand un sujet n’est pas entraîné à penser, il ne peut pas trouver les mots pour exprimer ses sentiments et ses idées. Sa vie imaginaire est pauvre. Il enfile des énoncés plats comme une fiche administrative ou comme le mode d’emploi d’une machine à café. Le lyrisme est impossible quand on n’a pas d’émotion. La récitation conformiste entraîne une morne normalité. Il facilite les carrières administratives ou universitaires, mais rend impossible la poésie, le roman, ou même un témoignage empathique. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 114)

  1. Le laboureur et les mangeurs de vent - Se soumettre pour se libérer

Un enfant, au cours des trois premières années de sa vie, ne parle pas. Il construit sa perception du monde d’abord au contact du corps de sa mère qui le nourrit. Ensuite au contact du père et d’autres adultes qui prennent soin de lui. Il enregistre les émotions qu’il perçoit de ces adultes. Vers l’âge de trois ans, il développe la capacité à exprimer ses affects par des mots.

Boris Cyrulnik identifie trois niches nécessaires au bon développement de l’enfant. Ces dernières constituent ce qu’il désigne comme « son écologie » :

La sensorialité ;

L’affectivité ;

La verbalité.

Lorsqu’il évolue, l’enfant réagit aux stimulations de son environnement. Il est contraint d’incorporer les différentes contraintes du milieu et d’apprendre à les gérer. Si les transactions ne s’effectuent pas ou pas correctement. Si une des niches est défaillante, ou si l’enfant manifeste des blocages, son développement est altéré.

Ce n’est qu’une fois que l’enfant a stabilisé une manière « de voir le monde et de le penser » à travers les relations aux adultes qui prennent soin de lui qu’il peut accéder à une forme de liberté intérieure, à la capacité de penser par lui-même.

« Quand on ne peut pas juger et décider par soi-même, on éprouve un soulagement à se soumettre à celui qui pense pour nous. Quand on se sent voué au malheur, on cherche les causes de cette souffrance et on accuse un bouc émissaire, ce qui aggrave le malheur. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 118)

L'appartenance et la dépendance

Boris Cyrulnik nous invite à distinguer l’appartenance et la dépendance. Le sentiment d’appartenance à différentes entités – à la mère, à la famille, à une ou des cultures – est nécessaire au bon développement de l’enfant.

Mais l’enfant, en grandissant, n’est pas voué à rester dépendant de ces entités. Si cela se produit, « le sujet n’accède pas à sa liberté intérieure. Il continue à adorer celui qui le conduit à la servitude » (p. 119).     

L’auteur définit un style d’attachement comme une façon d’établir des relations avec les autres. Des études ont montré que tous les enfants, à dix mois, ont déjà acquis un style d’attachement (p. 120) :

Sécure qui permet de résister aux épreuves de la vie (60%) ;

Évitant, calme, distant, peu expressif (20%) ;

Ambivalent, manifestant de la joie et des reproches au contact de ceux qu’ils aiment. (15%) ;

Confus, désorienté marqué par d’importantes difficultés comportementales (5%).

Le style d’attachement qu’une personne a acquis influence les émotions et les affects qu’elle ressent au quotidien et notamment face à des évènements perturbateurs. À partir de ces émotions, la personne produit des récits, des évènements.

La parole peut ensuite créer des entités imaginaires auxquelles des personnes s’attachent. C’est ainsi que des personnes peuvent éprouver de profondes émotions à l’évocation d’idées imaginaires qui sont déconnectées de la réalité.

On comprend mieux ici comment des slogans et des explications simples, en touchant les personnes au plus profond d’elles-mêmes, en viennent à être aussi puissants et dangereux.

  1. Organiser le monde extérieur pour charpenter le monde intérieur

Diverses expériences menées après la seconde guerre mondiale auprès d’animaux et d’enfants ont mis à jour les mécanismes et l’importance centrale des processus d’attachement pour le bien-être.

Le développement physique et cognitif d’un individu dépend beaucoup des stimulations qu’il reçoit de son environnement. Notamment de l’affection qu’il reçoit.

À l’époque, ces études ont été peu prises au sérieux, car on associait l’attachement et les affects à de la sensiblerie et à de la faiblesse. Aujourd’hui, on leur accorde plus d’attention même si des progrès restent à faire.

Les enfants qui ont reçu de bonnes bases éducatives dans une famille aimante dès leur naissance ont de bonnes chances de puiser en eux la force d’aller vers un processus de résilience après un traumatisme et, ce, même après avoir perdu leur famille dans leur enfance.

C’est ainsi que des orphelins (qui peuvent être victimes de traumatismes de guerre) peuvent continuer à grandir en sécurité dans des institutions qui proposent des rencontres régulières avec des animateurs apportant de la bienveillance et des stimulations intellectuelles.

Au contraire, des enfants qui n’ont pas reçu d’affection et d’attention après leur naissance présentent, presque tous, des atrophies du développement de leurs organes, et notamment de leur cerveau, ce qui peut impacter grandement leurs capacités cognitives. Ces manquements peuvent provenir soit de familles défaillantes (famille biologique ou famille d’accueil) soit d’institutions, comme des orphelinats, qui les laissent à l’abandon la plupart du temps.

  1. Le laboureur et les mangeurs de vent - S’engager dans le sexe et la mort

Boris Cyrulnik distingue trois étapes du développement d’un être humain auxquelles correspondent trois types d’engagement dans la relation à l’autre :

Le petit enfant est nécessairement attaché à sa mère qui lui apporte les soins, l’affection et la protection dont il a besoin pour grandir.

Lorsque la puberté arrive, l’adolescent se désengage progressivement de la relation d’attachement qu’il entretient avec ses parents et les adultes qui s’occupent de lui. La composante sexuelle s’introduit dans son désir d’établir des relations avec d’autres personnes.

L’âge adulte correspond à l’acquisition d’une certaine forme de liberté et d’autonomie. L’adulte est alors libre, en théorie, de choisir les relations affectives dans lesquelles il s’engage et les personnes avec qui il se lie. Différents types de sentiments peuvent caractériser les relations établies : amour, tendresse, affection, intellectualité, sexualité, etc.

« Les ratés peuvent intervenir à tous les stades de ce processus. L’isolement sensoriel est la principale cause d’altération quand l’appauvrissement du milieu entraîne la dysfonction cérébrale de l’enfant. La puberté donne un élan joyeux vers le corps de l’autre, mais quand la fougue sexuelle n’est pas ritualisée par l’éducation et par les règles culturelles, elle se transforme en passage à l’acte pénalisable ou en inhibition angoissante. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 139)

Un adulte qui n’a pas pu accéder à l’autonomie, qui reste insécure dans ses relations au monde et aux autres, peut facilement devenir la proie de systèmes de manipulation incarnés par des slogans et des figures charismatiques, chefs et dictateurs religieux et politiques notamment.

  1. Délirer, tous ensemble

Comment le parti d’Hitler est-il parvenu au pouvoir dans les années 1930 en Allemagne ? Par « un discours planteur de haine » (p. 143) sur fond de crise économique et de chômage croissant.

Boris Cyrulnik décrit les étapes classiques qui mènent au pouvoir :

Organisation de défilés, de marche qui mettent en scène des symboles de puissance, de virilité, d’offensivité qui déclenchent des sensations fortes chez les spectateurs ;

Puis des discours qui donnent « des arguments pour légitimer l’indignation, la haine et la juste colère » (p. 144) ;

Et enfin, le passage à l’acte vers la violence politique avec la destruction de bâtiments qui représentent des institutions et la désignation d’ennemis.

C’est alors que des citoyens juifs d’une petite ville d’Allemagne, jusque-là parfaitement assimilés et intégrés, se sont vus, soudainement, désignés comme des ennemis dont il fallait boycotter l’activité professionnelle.

Les mécanismes d’emprise

Boris Cyrulnik expose ici les mécanismes d’emprise, très puissants, qui peuvent soumettre des personnes en apparence intelligentes et équilibrées. Ces soumissions peuvent s’effectuer à des échelles très variées, depuis un couple jusqu’à des millions de citoyens, en passant par un petit groupe sectaire. Dans tous les cas, les personnes soumises perdent le sens du réel et de la morale. C’est ainsi notamment que des milliers de personnes, sous la période nazie, se sont approprié les biens de juifs sans se poser de questions.

« Dans le réel : rien. Mais dans la représentation de ce réel inexistant, un discours bien charpenté par une rhétorique claire, affirmative et une mise en scène émouvante, vigoureuse et exaltante qui provoquaient une juste indignation. […] La dictature nazie n’avait plus besoin de textes écrits pour imposer sa loi puisqu’elle était appliquée au quotidien par des milliers de microdictateurs. Les ordres n’étaient plus nécessaires parce que la population était embarquée dans une soumission heureuse.

C’est ainsi qu’on peut se rendre prisonnier d’un discours, on peut y croire, comme à une évidence, quand on ressent au fond de soi l’émotion provoquée par la harangue où tout le monde partage le même sentiment. Les mots ne désignent plus rien de la réalité, et pourtant on ressent réellement une colère, un mépris, une indignation qui légitime le passage à l’acte. Ce processus où l’on se soumet à une représentation verbale coupée de la réalité pourrait s’appeler "délire logique". » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 144 - 146)

  1. Bienheureuse aliénation

Est-ce que seuls les malades mentaux en viennent à se soumettre à des idées absurdes et immorales ? Bien sûr que non nous dit Boris Cyrulnik. Il est nécessaire de mettre à jour les processus sociaux et culturels par lesquels des personnes en viennent à se plier sans discernement à l’autorité de chefs dictateurs.         

Le petit enfant est nécessairement pris dans une forme d’obéissance à l’autorité de ses parents ou des personnes qui prennent soin de lui. Il apprend ainsi l’existence de cadres et de limites construits socialement et il apprend à contrôler ses pulsions. Cet apprentissage lui sera très utile dans sa vie adulte. Selon Boris Cyrulnik, ce n’est qu’à cette condition et si l’attachement est sécurisant qu’il pourra structurer sa personnalité et accéder ensuite à des formes d’autonomie.

Si l’attachement n’a pas été sécurisant dans le foyer et si le contexte social et culturel environnant n’offre pas de refuge ou d’alternatives, l’individu se met « à errer », sans prise, sans attache, perdu, confus. Il est alors vulnérable et susceptible de se laisser prendre dans les mailles des filets de manipulateurs qui construisent des ennemis imaginaires et lui promettent des formes de protection contre ces derniers.

Boris Cyrulnik cite plusieurs exemples et notamment celui d’une famille dont une partie des membres a vécu un processus d’emprise mis en place par un homme de ménage. Pour lui, c’est le même mécanisme qui a mené des millions de personnes à être sous l’emprise de Hitler, le chef, qui promettait le bonheur après l’humiliation. Pourtant le discours nazi ne reposait sur aucun fondement réel ou scientifique.

  1. Toute-puissance du conformisme

Le petit enfant se construit nécessairement avec l’intrusion, dans son intimité, des adultes qui prennent soin de lui. Il est encouragé au conformisme, c’est-à-dire à l’imitation du comportement des adultes sur un ensemble de sujets :

Le langage ;

Le style de langue ;

Les formules de politesse ;

L’organisation de l’espace, de son temps ;

La manière de s’adresser aux autres, etc.

Par ce processus, « les autres » et la société « entrent en lui » en quelque sorte.

Le tempérament et la personnalité de l’enfant qui grandit se fabriquent alors par une transaction continue entre sa volonté et ce qui est permis par la société et par les autres.

Lorsque cette transaction ne peut plus se faire, lorsque l’emprise d’un Autre empêche l’individu de ressentir même sa propre volonté, alors il se soumet totalement et se dépersonnalise.

  1. Imiter, c’est être avec

Au début de sa vie, le petit enfant imite les comportements des autres enfants et des adultes qui se trouvent autour de lui. Il est très sensible « à ce qui vient des autres » (p. 169). À partir de l’âge de 18 – 24 mois, il commence à pouvoir garder en mémoire certains comportements qu’il a observés et il peut les reproduire à d’autres moments.

« L’enfant commence à s’autonomiser parce que dans sa mémoire il a reçu l’empreinte de l’adulte. Pour devenir soi-même, il faut avoir été imprégné par un autre ; pour mener quelqu’un à l’émancipation, il faut lui avoir tenu la main ; pour penser par soi-même, il faut avoir été avec les autres. Cela explique pourquoi les enfants non guidés ont du mal à s’émanciper, ils divaguent et se sentent mieux quand ils ressentent l’emprise d’un autre. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 170)

Des chercheurs ont montré, à travers diverses expériences, que les êtres humains sont instinctivement portés à l'imitation. La vue d’un geste précis (par exemple quelqu’un qui tend la main vers un sandwich), ou le ressenti d’une émotion d’une autre personne (par exemple le dégoût), active certaines neurones et zones de leur cerveau qui poussent à vouloir imiter ce geste ou à ressentir la même émotion. C’est le pouvoir des « neurones miroirs » qui, selon Boris Cyrulnik, explique les mécanismes d’emprise et de manipulation.

  1. Épidémies et nuages de croyances

Quel est le point commun entre des croyances et des virus ? Ils se répandent très vite, par contagion, à l’intérieur des groupes humains. Seuls quelques humains ne sont pas contaminés.

Depuis que les humains ont commencé à se sédentariser au néolithique (- 12 000 ans), ils ont accumulé des réserves de nourriture qui ont favorisé le développement des rats qui, à leur tour, ont contribué à véhiculer et à propager des épidémies, notamment la peste.

Face à ces épidémies qui tuaient des millions de personnes en un temps records, nombreux sont ceux qui ont discrédité les véritables tentatives d’explications scientifiques. Ils mettaient alors en avant des explications infondées qui attribuaient la faute de leurs malheurs aux humains eux-mêmes : leurs souffrances étaient causées par leurs propres péchés.

C’est ainsi qu’au cours de l’histoire, des milliers de personnes – notamment des Juifs mais aussi des femmes accusées de sorcellerie – ont été condamnées à subir les pires sévices pour expier les malheurs qui frappaient le plus grand nombre.

« Quelques médecins avaient compris que la contagion se faisait par "la parole" ou par le partage d’un repas avec les pestiférés. Ils ne furent pas écoutés parce qu’il est plus facile et plus grandiose de croire que la tragédie est due à l’apparition d’un astre, à une punition divine ou à un complot juif. La pensée paresseuse remporte les suffrages. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 181)

  1. Se laisser entraîner dans un crime de masse

Un petit enfant subit nécessairement l’emprise de ses parents – ou des adultes qui prennent le plus soin de lui – puisqu’il n’a pas la capacité à accéder à l’autonomie de pensée et de s’occuper de lui-même.

Si ses parents entretiennent une relation saine avec lui, il va progressivement acquérir, non seulement la capacité, mais également l’envie d’être autonome, c’est-à-dire de penser par lui-même et de réaliser ses propres choix. La relation parent-enfant va alors se reconfigurer pour une relation d’adulte à adulte.

Malheureusement, il arrive qu’un enfant, au cours de sa maturation, trouve finalement plus confortable de rester sous l’emprise, soit de ses parents, soit d’un système social plus large qui lui apporte sécurité et affection. Il se laisse alors guider dans des structures de socialisation intermédiaires qui se placent entre la famille et la société.

Un enfant qui a évolué dans un milieu pauvre en stimulation, qui a reçu peu d’affection et qui s’est toujours vu répéter les mêmes slogans éprouvera beaucoup de difficultés à accéder à une pensée autonome à l’âge adulte. Il continuera à éprouver l’envie de satisfaire les demandes de ceux qu’il considère comme supérieurs à lui et dont il recherche l’approbation. C’est ainsi que l’on fabrique un « défenseur d’idéologie identitaire » (p. 183).

« Penser par soi-même nécessite une force mentale qui aide à rester seul en échappant à l’influence de ceux qu’on aime. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 188)

  1. Publier ce qu’on désire croire

Des jeunes issus d’une même culture peuvent emprunter des voies bien différentes. Certains trouvent du plaisir à se soumettre à des idées qu’ils ne comprennent pas vraiment mais qui semblent leur donner de la valeur.

Lorsque le pays est dans une situation de guerre et que tout le tissu social est désorganisé, les frontières avec la légalité sont floues. L’attachement à des discours fanatiques et des formes d’action violentes semblent offrir une forme de libération.

« C’est très avantageux de refuser de voir et d’accepter sans réfléchir ce qu’on vous demande de croire. La servitude volontaire mène à la certitude volontaire. Pour aboutir à ce confort, il suffit de côtoyer des gens qui articulent les mêmes mots que vous. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 202)

À l’inverse, d’autres « préfèrent prendre un peu de distance afin de juger l’évènement et de préserver leur liberté intérieure » (p. 199). 

  1. Douter pour évoluer

Pour vous engager dans la vie, vous devez avoir quelques certitudes mais celles-ci doivent être évolutives pour vous permettre de vous adapter à différents contextes et évènements. Vous devez également conserver un espace pour découvrir et vous laisser surprendre.

Certaines personnes, malheureusement, acquièrent très tôt des certitudes qu’elles cherchent à toujours confirmer sans jamais les questionner. C’est ainsi que des grands criminels de guerre nazis, comme Mengele, ont cherché des maîtres à penser pour alimenter et confirmer leurs certitudes, sans jamais chercher à les confronter à la réalité.

Ces certitudes leur ont permis d’acquérir une grande confiance en eux qui les a menés jusqu’au pouvoir. Ils ont alors pu imposer leurs valeurs destructrices à un grand nombre de personnes.

  1. École et valeurs morales

Pendant longtemps, l’homme a été héroïsé dans un rôle de guerrier et la femme dans un rôle de mère au foyer. L’esprit guerrier valorisait la victoire contre un ou plusieurs ennemis, réels ou imaginaires, bien plus que la vérité.

Mais les valeurs morales se modifient au fil des époques. Aujourd’hui, penser à « se réaliser » est tout à fait accepté, voire même encouragé dans une certaine classe sociale. Chacun ou chacune, par ailleurs, peut exercer la profession de son choix.

Les certitudes évoluent avec les cultures qui les fabriquent et les véhiculent. Lorsque des certitudes s’imposent trop fortement aux membres d’une société, la pluralité des choix et des croyances diminue.

C’est ainsi que, pour continuer à pratiquer leur religion, certains doivent se cacher et inventer de nouvelles manières d’accéder à leurs rituels, tout en faisant semblant de pratiquer la religion imposée. Ainsi ils ne se soumettent qu’en apparence mais conservent leur liberté intérieure.

Les certitudes préfabriquées sont aussi bien utiles à ceux qui, incapables de penser par eux-mêmes et de prendre des décisions, s’en saisissent pour se réconforter.

« Si je fais le mauvais choix, je serai coupable des conséquences malheureuses, alors j’hésite, je piétine et je ne parviens plus à décider. Par bonheur, je suis apaisé quand quelqu’un décide pour moi. Je perds ma liberté intérieure, mais je ne souffre plus d’indécision. C’est ainsi qu’on peut aimer la servitude qui nous libère de l’angoisse du choix. […] La certitude et l’abusive clarté empêchent d’évoluer et de découvrir d’autres vérités. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 211 - 212)

  1. Choisir nos pensées

Cyrulnik cite l’exemple de Viktor Frankl qui a perdu toute sa famille dans le camp d’Auschwitz. Unique survivant, dans un moment extrêmement douloureux et difficile, il décide qu’il veut « comprendre ce qu’il s’est passé pour donner un sens à sa vie ».

Si l’on reste prisonnier d’un traumatisme, on ne peut plus rien faire d’autre que de vivre comme si l’on ressentait en permanence les émotions liées à ce traumatisme et, en réalité, on ne vit plus. On ne peut plus ni penser, ni aimer, ni travailler. On ne fait que souffrir.

En décidant de comprendre ce qu’il s’est passé, Viktor Frankl a essayé de modifier la représentation du traumatisme et d’aller vers une nouvelle vie. Contre l’avis de beaucoup, il a réussi à prendre la défense de nazis qui avaient essayé de protéger ou d’aider des Juifs. Comme Hannah Arendt, il regarde avant tout la valeur morale de la personne au lieu de la représenter à travers un préjugé.

  1. Attachement et raisons

Sous Vichy, un préfet musulman, Chérif Mécheri, décide de ne pas appliquer l’ordre qui lui a été donné d’établir la liste des Juifs habitant la région de Limoges. Il évite ainsi une rafle.

Comment expliquer que certains prennent le risque de désobéir alors que d’autres se soumettent à des ordres pouvant entraîner la mort de milliers de personnes ?

Eichmann a répété, à maintes reprises au cours de son procès, qu’il ne « faisait qu’obéir ». Mais, s'il obéissait avec autant de zèle à ces ordres, c’est – nous dit Cyrulnik. – Ceci parce qu’ils répondaient « à ses propres désirs de destruction » et à son antisémitisme. L’affectivité d’Eichmann était tellement éteinte qu’il « parlait sans émotion une langue technique comme s’il avait lu le mode d’emploi d’une machine à laver » (p. 229). Pendant son procès, il n’a établi aucun contact visuel avec les témoins.

La mise à distance de l’autre en tant qu’être humain était aussi pratiquée par les officiers qui, venant chercher des enfants en pleine nuit pour les mener vers les camps de la mort, évitaient de les regarder.

« La monstruosité serait-elle banale, sommeillant au fond de chacun d’entre nous. Et se réveillant chaque fois que notre besoin d’appartenance risque d’être déchiré ? Accepterions-nous d’obéir à des ordres monstrueux pour éviter de perdre une figure d’attachement ? Notre besoin d’affection est tellement vital que nous nous laissons convaincre par n’importe quel argument qui maintient le lien. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 235)

  1. Anomie affective et verbale

Boris Cyrulnik évoque ici les trois niches – biologique, affective, et verbale – qui constituent l’environnement de tout être humain. Ces niches peuvent se modifier tout au long de la vie, mais certains moments sont particulièrement cruciaux :

Les trois premières années de l’enfant (1000 premiers jours) ;

À l’adolescence ;

Pour les femmes, « un façonnement supplémentaire au cours de la première grossesse ».

Lorsque l’enfant évolue dans un milieu appauvri en stimulation et que les niches sont défaillantes, il manque d’estime de soi. Obéir à l’autorité lui apparaît alors, même lorsqu’il est adulte, comme un moyen pour se sécuriser. À l’inverse, une personne qui a pu se stabiliser émotionnellement sera moins dépendante de l’autorité.

Selon Cyrulnik, la plupart des tueurs ont des structures psychologiques qui se situent dans la normalité.

« Un homme normal peut tuer sans frein ni culpabilité. Lorsqu'une désorganisation sociale le vulnérabilise et le rend dépendant de l’autorité d’un autre. Les masses sont aveugles quand leur environnement mal structuré les rend vulnérables. Quand l’incertitude les trouble, elles aspirent à se soumettre à un chef, un sauveur, un héros ou un gourou. Les hommes et les femmes qui se laissent embarquer sont rarement des sadiques, des monstres ou des débiles.

Tous les niveaux intellectuels et éducatifs participent au crime de masse. Par contre, tous se soumettent à une représentation qui décrit un ennemi d’où vient le mal. Comme une souillure ou comme un cancrelat qu’il faut éliminer par hygiène. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 241)

  1. Se soumettre à l’autorité

Au tout début des années 1960, Stanley Milgram, un jeune psychosociologue, réalise une expérience qui est devenue très célèbre. Il voulait observer jusqu’à quel point des personnes ordinaires pouvaient obéir. C'est-à-dire, obéir jusqu'à commettre un meurtre sans éprouver de problème moral.

Au cours de l’expérience, des personnes incarnant des médecins empreints d’autorité demandaient aux participants d’infliger des décharges électriques à un apprenant – en réalité un comédien – lorsque celui-ci se trompait en répondant à des questions.

Le résultat fut que deux tiers des personnes (65%) infligeaient des décharges mortelles à l’apprenant. Alors que celui-ci manifestait des signes de souffrance évidente. « Ce qui expliquait cette obéissance excessive, c’était la soumission à une autorité morale. » (p. 244)  

Lorsque l’expérience a été reproduite, les résultats étaient identiques. Les obéissants étaient toujours plus nombreux que les désobéissants alors même qu’il s’agissait de faire souffrir quelqu’un.

Boris Cyrulnik explique que l’obéissance est un puissant « signe d’intégration sociale ». Alors que la désobéissance est perçue par beaucoup comme « le symptôme d’une socialisation difficile ».

  1. Glaciation affective

Boris Cyrulnik mobilise ses connaissances en neuropsychiatrie pour expliquer les réactions qui peuvent se produire dans le cerveau et le corps lorsqu’un être humain traverse certaines situations.

Lorsqu’un enfant évolue dans un contexte pauvre en stimulation affective et cognitive, il n’apprend pas à exprimer ce qu’il ressent à travers des mots et éprouve des difficultés à gérer ses émotions. Il est donc soumis à ses pulsions et peut « exploser » à tout moment.

À l’inverse, lorsque le milieu socio-culturel surstimule l’enfant tout en le contraignant à participer à des évènements collectifs exaltant l’autorité d’un chef, toutes les âmes se ressemblent. La peur et l’affectivité disparaissent ainsi que la possibilité d’une pensée autonome ; « on perd sa liberté intérieure ».

  1. Liberté intérieure

Terminons le cheminement entrepris par une citation, assez longue, mais qui définit bien le parcours de pensée de l'auteur dans ce livre.

« Le choix est clair, mais il est douloureux. Ceux qui s’engagent sur le chemin de la liberté intérieure perdront leurs amis. Ils seront haïs par ceux qu’ils aiment, comme l’a été Hannah Arendt. Penser par soi-même, c’est s’isoler : l’angoisse est le prix de la liberté […].

Par bonheur nous pouvons agir sur le milieu qui agit sur nous. Il suffit d’organiser autour des enfants un milieu sécurisant qui leur donnera le plaisir d’explorer. Plusieurs figures d’attachement leur seront proposées pour leur apprendre à aimer de diverses manières. Nous ouvrirons leur esprit en leur apprenant plusieurs langues, plusieurs manières de penser et d’explorer diverses cultures.

Nous possédons les outils pour agir sur le réel qui agit sur nous. C’est un degré de liberté donc de responsabilité. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 258)

Conclusion sur « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik :

Un ouvrage saisissant qui nous incite à trouver notre liberté intérieure :

La lecture de ce livre est bouleversante. Nous sommes mis face aux conséquences d’une idéologie totalitaire. Boris Cyrulnik explique comment il a survécu aux épreuves endurées pendant la Seconde Guerre mondiale et surmonté la perte de sa famille.

Sa formation en neuropsychiatrie, son expérience professionnelle et le dialogue avec certains grands penseurs, comme Hannah Arendt, viennent à l’appui d’une réflexion dense, vivante et frappante sur les enchaînements qui mènent certains humains à en faire souffrir des millions d’autres.

Grâce à ce livre, vous aurez donc plus de force pour échapper à l'influence et à la manipulation d'autrui et construire votre propre personnalité.

Ce qu’il faut retenir de « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik :

Boris Cyrulnik, en tant que neuropsychiatre, s’est intéressé aux mécanismes de développement de l’enfant.

Alors, il montre combien il est nécessaire, pour un enfant, d’être sécurisé par les adultes. Des adultes prennent soin de lui et de recevoir de l’affection. Il doit également recevoir des stimulations variées. Il doit être mis en relation avec différentes manières de penser et de voir le monde, différentes cultures. C’est ainsi que l’enfant aura le plus de chance d’accéder à une forme d’autonomie dans ses pensées et ses choix. C'est ce que l’auteur appelle « la liberté intérieure du laboureur ».

À l’inverse, un enfant peu sécurisé ou sursécurisé dans un milieu où tout est identique aura plus de risque de devenir un « mangeur de vent ». C’est-à-dire à se conformer à un discours, des slogans prononcés par des chefs et des manipulateurs. Il sera alors incapable de prendre le recul nécessaire pour exercer une pensée critique et affranchie du milieu ambiant. C’est ainsi que des millions de personnes peuvent se retrouver embrigadées dans une voie qui mène au malheur. Une voie totalement injuste, de millions d’autres. Ils ressentent alors des émotions exaltantes au contact d’énoncés qui n’ont pourtant aucun lien avec la réalité. Mais, qui permettent de se sentir appartenir « au groupe ».

Face au danger toujours bien présent que représentent les idéologies manipulatrices et meurtrières, il est urgent de travailler. Travailler à la prise de conscience de tous et à l’éducation des enfants. Et ceci dans des environnements sains et riches en affects et en stimulations.

Les points forts et les points faibles du livre Le laboureur et les mangeurs de vent

Points forts :

Une analyse essentielle des mécanismes qui mènent des millions de personnes à soutenir des idéologies meurtrières ;

L’évocation des expériences de vie éprouvantes de l’auteur ;

Des exemples profonds et frappants de résistance et de barbarie.

Point faible :

Des répétitions et des digressions qui nuisent à la cohérence de l'ouvrage.

Ma note :

★★★★★

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Mon, 26 Jun 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12435/Le-laboureur-et-les-mangeurs-de-vent
Nudge et marketing social http://www.olivier-roland.fr/items/view/12417/Nudge-et-marketing-social

Résumé de « Nudge et marketing social. Clés et expériences inspirantes pour changer les comportements » de Patricia Gurviez et Sandrine Raffin : un petit ouvrage rempli de cas pratiques qui montrera à ceux qui doutent du marketing que celui-ci peut être utilisé à des fins vertueuses, dans le respect de l'autonomie de l'individu.

Par Patricia Gurviez et Sandrine Raffin, 2019, 186 pages.

Chronique et résumé de « Nudge et marketing social » de Patricia Gurviez et Sandrine Raffin 

Introduction

Les risques sociaux et environnementaux ne manquent pas. Mais comment pousser à l’action les citoyens ? Est-il possible de modifier leurs comportements de façon durable ? Les gouvernements, les entreprises et les associations cherchent à le faire tous les jours, mais pas toujours avec un égal succès.

Le marketing social (ou social marketing en anglais) est le nom d’une discipline nouvelle qui vise à penser ces problèmes et faire advenir ces changements dans les sphères publique et privée.

Elle est déjà bien implantée dans de nombreux pays, notamment d’Europe du Nord et Anglo-saxons (Grande-Bretagne, États-Unis, Australie, Canada). Là-bas, le monde académique travaille main dans la main avec des acteurs sociaux et politiques pour concevoir des campagnes de mobilisation efficaces.

Le marketing social, pourquoi et pour qui ?

Au départ, l’idée était d’utiliser les ficelles du marketing classique (destiné à la vente) pour produire des changements de comportements. Certaines méthodes reconnues et fondées scientifiquement peuvent être utilisées auprès de « populations cible » avec succès.

L’une des clés d’application est la segmentation et la détermination de ces populations cible.

« C’est un des fondements de la méthode : comprendre comment sont nés et se transmettent les comportements qui posent problème, en comprendre les motivations, identifier les différents freins qui peuvent empêcher une modification des pratiques, pour ensuite segmenter la population en groupes homogènes et définir ceux qui seront ciblés par l’intervention de manière efficace. » (Nudge et marketing social, p. 3-4)

Les nudges : un outil qui tient ses promesses si on l’utilisait à bon escient

Le nudge (qui désigne en anglais un « petit coup de coude ») ou « théorie du nudge » est une « méthode douce pour inspirer la bonne décision », selon Cass Sunstein, auteur d’un livre à succès qui fit connaître cette théorie en France (La méthode douce pour inspirer la bonne décision, 2008).

Cette théorie est une application des recherches fondamentales de la psychologie comportementale sur les biais cognitifs. L’idée principale, nommée « architecture des choix », consiste à proposer une offre variée, mais à l’agencer de telle manière à orienter le choix dans un sens en particulier.

Cette méthode a fait ses preuves dans de nombreuses situations. Ce n’est sans doute pas la panacée promise par certains, mais elle est assurément utile à certaines étapes du processus de marketing social. Nous étudierons plus loin sa pertinence et son emploi.

Il est temps d’agir différemment !

Il n’est pas toujours facile de changer d’habitude, de norme ou de pratique. Souvent, les pouvoirs publics ont eu tendance à produire un discours culpabilisant et moralisateur. Le marketing social propose de rompre avec ce schéma et d’inclure les acteurs dans leur démarche de changement.

Chaque partie de ce livre se focalise sur un point important :

La connaissance de la cible ;

L’étude préalable pour créer un design d’intervention ;

La création et l’évaluation de l’intervention.

Partie 1. L’étude de la population et du contexte

Chapitre 1. Déterminer à qui on veut faire quoi

Prenons un exemple. Les déchets plastiques sont une plaie sur l’ensemble du globe. Ils polluent massivement nos océans, faisant mourir des baleines et d’autres animaux marins.

Pour lutter contre cette pollution, un parc d’attractions des Pays-Bas a mis en place une politique innovante : des poubelles parlantes disent merci aux passants qui leur « donnent à manger ». Les enfants sont amusés et vont très volontiers à la recherche de « nourriture » à lui fournir.

Plutôt que d’énoncer le fait brut (« Jetez vos déchets à la poubelle ») et d’attendre une action en retour, ce type d’intervention amène un public cible à agir dans le sens souhaité grâce à un détournement créatif de l’espace public.

Comme nous allons le voir plus en détail, le marketing social se veut orienté « consommateur » ou plus exactement « consommateur-citoyen ».

DEFRA, une méthode fondée sur une étude préalable

Le DEFRA (Department for Environment, Food & Rural Affairs du Royaume-Uni) a conçu une méthode à partir de nombreuses recherches sur le terrain. Ses deux piliers sont :

La segmentation ;

L’expérimentation à petite échelle avant généralisation.

Premièrement, le DEFRA a divisé la population britannique en 7 segments, selon différents critères (valeurs, pratiques, intérêts, etc.). Ensuite, il a établi des insights (des problèmes ou dilemmes) particuliers pour chacun d’entre eux. Par exemple : « Je sais bien qu’il faut trier, mais c’est compliqué de savoir quel emballage est recyclable ». C’est ce qu’on nomme aussi sa « vérité consommateur ».

Deuxièmement, il faut trouver le moyen d’intervenir auprès de ces populations ainsi définies. Pour cela, il est nécessaire d’imaginer le bon levier ; celui qui provoquera la modification de comportement dans le sens souhaité. Il est également possible, à ce stade, de repérer quels sont les publics qui seront plus faciles à convaincre que d’autres.

L’intervention peut jouer sur le fait que nous sommes tous enclins à imiter autrui. Si le respect de l’environnement devient une norme sociale valorisée, alors les plus réfractaires pourraient être tentés d’y adhérer eux aussi.

Cette façon de concevoir l’intervention est inspirée par la courbe d’adoption d’une innovation proposée par Everett Rogers. Celle-ci distingue :

Les innovants (très peu nombreux, 2,5 %) ;

Les adoptants précoces (un peu plus nombreux, 13,5 %) ;

La majorité précoce (34 %) ;

La majorité tardive (34 %) ;

Les retardataires (16 %).

Le DEFRA s’est appuyé sur cette théorisation pour créer des interventions adaptées à chaque population cible.

Les méthodes pour mener une étude préalable efficace

Comprendre les motivations de celles et ceux qui agissent est essentiel à la réussite d’un programme de ce type. Plus précisément, il faut cerner :

Leurs connaissances ;

Attitudes ;

Pratiques ;

Et Croyances.

Bien entendu, il faut aussi prendre en compte des facteurs contextuels (économiques, législatifs, etc.). Tous ces critères vous permettront de segmenter la population, puis de décider quel segment vous voulez toucher en premier lieu par vos actions.

Autrement dit : vous devez en priorité répondre à la question : « à qui veut-on faire quoi ? ». Cette étude préalable vous plongera dans l’existence telle qu’elle est vécue par votre cible.

Une présence sur le terrain sera nécessaire, soit via de l’observation directe, des focus groups, des entretiens ou des questionnaires, par exemple (voir p. 26-30 pour plus de détails). C’est la seule manière de trouver les insights des personnes et de vous appuyer dessus pour créer votre intervention.

À qui faire faire quoi ?

Les critères habituellement utilisés pour segmenter sont :

Les caractéristiques personnelles (âge, genre, lieu de vie, etc.) ;

Les normes (culture, religion, etc.) ;

Le comportement actuel (par rapport au comportement souhaité) ;

Les valeurs et bénéfices qui expliquent le comportement actuel.

À lire aussi (p. 23-24) : à la fin de ce chapitre, les auteures proposent un entretien de Denis Guiot, professeur à l’université Paris Dauphine, co-auteur d’une recherche sur les seniors et le tri sélectif.

Chapitre 2. L’importance du contexte et de ses influences

This Girl Can (Royaume-Uni)

Des études montrent que les femmes font moins de sport que les hommes. Bien qu’elles pensent tout à fait en être capables, elles se sentent souvent moins à l’aise face au regard d’autrui.

Comment faire pour les inciter à bouger davantage, dans l’intérêt de leur propre santé ? L’exemple du Royaume-Uni est pris par les auteures. En 2015, une campagne intitulée « This Girl Can » fit un carton en montrant — grâce aux images et slogans utilisés — un lien fort entre confiance en soi et pratique sportive.

Selon le créateur de la campagne, « près d’une femme sur deux ayant vu la campagne s’est lancée dans le sport » (Nudge et marketing social, p. 39).

Peut-on s’inspirer de This Girl Can en France ?

La réponse à cette question dépend de plusieurs facteurs. Comme nous l’avons vu plus haut, il faut s’assurer que le public français est bien le même : quelles sont les croyances, etc., des femmes françaises ? Et leurs insights ?

Il apparaît après études qu’il existe des différences notables. Les femmes françaises identifient des freins liés à leur perception d’elle-même ou à la distinction temps de loisir/temps de travail.

Les Hauts-de-France ont pris en main la situation en créant une campagne intitulée « Bouge avec Moi », à destination des femmes des classes moyennes et populaires. Les leviers d’action proposés ?

Faire du sport en tandem ;

Y aller petit à petit (politique des petits pas).

Un spot publicitaire positif et réaliste a été monté et montré sur les chaînes locales. Un site a également été créé. Il propose plus de conseils pour se mettre en mouvement progressivement. S’y trouvent aussi consignés des témoignages qui facilitent l’identification.

En outre, des micro-influenceuses régionales ont été recrutées pour diffuser le message et de nombreuses activités ont été organisées et relayées par des organisations régionales.

Après deux ans, les résultats sont positifs, mais des améliorations sont proposées, notamment afin de rendre la « marque » plus visible.

L’importance de la veille

La veille comporte deux, voire 3 versants :

Recherche documentaire ;

L’évaluation des expériences antérieures.

Depuis peu, certains y ajoutent l’observation des contenus web (réponses dans des chats, groupes Facebook, etc.).

La recherche documentaire vise à regrouper et à étudier la littérature produite par des organismes de référence sur le sujet, tant au niveau national, régional ou mondial.

L’évaluation des expériences antérieures se fait notamment à partir de documents fournis par des chercheurs universitaires ayant participé à des programmes de marketing social ou à partir d’articles parus dans la presse.

Les réseaux sociaux sont le plus souvent utilisés pour étudier les comportements de cibles particulières. Un mot est même apparu : la netnographie (contraction de « net » et d’ » ethnographie »), désignant précisément l’observation de la vie d’une communauté sur le Web.

Quelle focale choisir ?

Vous l’aurez compris : tout dépend de la cible visée. Patricia Gurviez et Sandrine Raffin distinguent trois types de focales : courte, moyenne et longue.

La focale courte ou « downstream » vise à créer un nudge concret (un escalier qui reproduit les notes et les sons d’un piano pour inciter les gens à l’utiliser plutôt que l’ascenseur, par exemple) ;

Au niveau « midstream » ou moyen, vous pouvez mettre en place un réseau de collaboration avec des associations, des organismes, etc. (comme cela a été fait dans les programmes vus précédemment) ;

La focale longue (« upstream »), quant à elle, vise à réaliser un changement institutionnel et qui touche tout le contexte de vie des individus. L’expression « marketing social critique » est parfois utilisée ici, par exemple lorsque l’ambition est de contrer le marketing de certaines firmes considérées comme nuisibles (tabac, alcool, sucre, etc.).

Les modèles socio-écologiques utilisés par le marketing social

Une « niche écologique » désigne le « réseau environnemental complexe qui interagit autour d’une personne » (p. 55). Chaque cible a la sienne. Et son étude dépend aussi de la focale adoptée.

Les niveaux de niche écologique sont souvent représentés par des cercles concentriques allant du plus proche au plus lointain (du micro au macro) :

Facteurs individuels (micro) = biologie et génétique, connaissances et croyances, image de soi, etc. ;

Environnement direct et facteurs interpersonnels (méso) = normes, offre de loisirs, voisinage, lieu de travail, etc. ;

Facteurs sociaux, politiques et législatifs (macro) = horaires de travail, industrie du sport et des loisirs, temps de loisirs, statut socio-économique, médias et presse, etc.

Chaque intervention devrait prendre en compte cet écosystème complexe.

Partie 2. Les leviers à mobiliser et l’appui des modèles théoriques

Chapitre 3. Les bons leviers pour changer les comportements

Les limites de l’approche informationnelle

L’approche classique visant à diffuser une information auprès d’une population entière ne fonctionne pas. Les gens ne sont pas en manque de connaissance, ils veulent des incitations pour changer de comportement.

De façon contreproductive, ces programmes peuvent créer des résistances au message, à savoir une volonté de se rebeller contre l’information reçue (comme les jeunes vis-à-vis des dangers du tabac).

Exemple d’échec : les bandeaux sanitaires (manger plus de fruits et légumes, etc.) en France n’ont pas créé les effets escomptés auprès des populations les plus touchées par la mauvaise alimentation.

L’utilisation des biais cognitifs pour changer les comportements

Nous agissons plus par habitude que par raisonnement conscient et réfléchi. Nous utilisons des « raccourcis » pour aller plus vite. Toutefois, ceux-ci sont parfois, sinon souvent, incorrects d’un point de vue logique. C’est ce qui est appelé les « biais cognitifs ».

Cela signifie que les informations qui font appel à la raison ne sont pas toujours la manière la plus efficace de faire passer un message. Il est souvent plus efficace d’agir directement sur les comportements en s’adressant à cette part intuitive et émotionnelle de notre cerveau.

Les stratégies pour augmenter la motivation individuelle

Deux modèles principaux existent en matière de prévention de santé, notamment, pour augmenter la motivation individuelle :

La théorie du comportement planifié ;

Le modèle des stades de changement.

La première théorie est typique de l’approche informationnelle. Elle considère qu’une meilleure connaissance du problème (ou des solutions) favorisera la prise de décision dans le sens souhaité.

Le deuxième modèle est plus complexe. Ici, le patient (dans le cas d’une démarche d’arrêt de la cigarette, par exemple) est suivi tout au long d’un chemin de stabilisation progressive du changement, au cours duquel les rechutes sont vues comme normales.

Selon cette dernière méthode, il existe donc des stades de motivation qu’il faut apprendre à accompagner. C’est un point positif. Toutefois, les deux modèles ont le défaut de ne pas dire grand-chose des relations sociales dans le processus de motivation.

La relation aux autres comme ressource motivationnelle

Il existe d’autres théories qui peuvent aider à prendre cette dimension en compte. La théorie des normes sociales, par exemple « postule que notre comportement est largement influencé par ce que les autres personnes font ou disent, ou bien les comportements qu’ils approuvent » (Nudge et marketing social, p. 70).

Cette approche a été utilisée lors de certaines interventions, et en particulier celles liées à la consommation d’alcool. La campagne de Bacardi Martini pour le « Slow Drinking » (cf. p. 71-75) s’inscrit complètement dans cette démarche.

La théorie de l’apprentissage sociale ou théorie sociale cognitive (TSC) est une autre ressource qui peut être mise à profit. L’idée principale, ici, consiste à augmenter l’auto-efficacité des personnes en les aidant à analyser leur entourage et leurs expériences passées.

Les motivations à modifier durablement son comportement

La théorie de l’auto-détermination distingue quant à elle 2 types de motivations :

Intrinsèque à l’individu.

Extrinsèque.

La motivation extrinsèque est liée à des événements extérieurs : incitations, prescriptions, punitions, etc. Elle ne dure pas longtemps, mais peut aider au changement à court terme. Typiquement, c’est le conseil du spécialiste ou la prime de fin d’année.

La motivation intrinsèque est intérieure et permet d’obtenir une motivation plus durable. L’individu a le sentiment de faire un choix et d’être capable de l’atteindre, sans avoir besoin de récompense extérieure.

Ce dernier type de motivation peut être travaillé en comblant 3 besoins :

Auto-détermination = sensation d’être à l’origine de son propre comportement ;

Compétence = sensation d’interagir efficacement et d’utiliser ses capacités ;

Relation sociale = sensation d’être connecté aux autres et d’appartenir à une communauté.

La procrastination est souvent liée à un manque de motivation interne. C’est ce que vous dévoile l’auteur d’En finir avec la procrastination.

Sam, une campagne réussie pour lutter contre l’alcool au volant des jeunes

Voilà une intervention qui s’est appuyée sur les éléments vus ci-dessus et qui a eu un succès mérité (mais limité, voir p. 80 et 83). L’objectif : faire baisser les accidents de la route liés à un abus d’alcool chez les jeunes, principale cause de mortalité de cette tranche d’âge.

L’intervention a été co-construite par les différentes parties prenantes (pouvoirs publics, associations étudiantes, professionnels de la nuit, mutuelles). Au centre de la campagne figure la volonté de trouver une alternative aux interventions culpabilisatrices et anxiogènes.

Pour concevoir l’intervention, une étude préalable des jeunes conducteurs a bien sûr été nécessaire. Ensuite, il fallait jouer sur les multiples ressources motivationnelles pour donner envie aux jeunes de conduire sans boire.

Ont été travaillées en priorité :

Le sentiment d’auto-efficacité (Sam est perçu comme une personne de confiance) ;

Le changement de norme sociale (celui qui ne boit pas est valorisé au sein du groupe) ;

L’intention de boire de manière plus responsable (solution pragmatique et concrète).

Parmi les clés du succès de l’opération Sam, on peut notamment citer :

Le processus de co-construction ;

La mobilisation de leviers de motivation intrinsèque ;

La création d’une nouvelle norme de référence ;

Le fait de donner un nom pour faciliter l’appropriation ;

L’approche multiple (combinée à des sanctions légales plus traditionnelles).

En fin de chapitre, Jean-Pascal Assailly, psychologue et chercheur spécialiste des questions liées aux conduites addictives, répond aux questions des auteures au sujet de la campagne Sam, à laquelle il a participé (cf. p. 84-86).

Chapitre 4. Engager les parties prenantes

L’obésité infantile est un problème qui doit être considéré selon une approche socio-écologique. Les forces qui peuvent aider ou bloquer le bon développement des enfants doivent être considérées comme des parties prenantes de l’opération.

Vivons en Forme un programme d’action avec les acteurs locaux

Les auteures nous donnent ici un nouvel exemple d’intervention. Le programme Vivons en Forme est particulièrement exemplaire de cette importance de prendre en compte l’ensemble des parties prenantes.

Le programme s’est développé grâce à une refonte autour de quatre points centraux :

Appui sur la définition de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) en matière de promotion de la santé et focus sur les populations les plus vulnérables ;

Processus de marketing social complet impliquant la définition des insights des publics et la mobilisation des acteurs relais ;

Test « en conditions réelles » grâce à un Living Lab (voir le chapitre 6) ;

Formation des acteurs relais ayant pour mission d’interagir avec les familles afin de les aider à atteindre l’autonomie (processus d’autonomisation).

La campagne est menée par une diversité d’acteurs :

Une association (FLVS) à taille relativement réduite, qui chapeaute le travail au niveau national ;

Des villes qui veillent au déploiement local de la mobilisation ;

Une agence privée de marketing social et de « collective impact » (LinkUp) ;

Les communes, qui interviennent pour le financement et l’animation.

Des actions thématiques sont régulièrement organisées, en vue de toucher le plus grand nombre de personnes, mais avant tout les plus vulnérables. Parmi les thèmes validés, on retrouve par exemple des ateliers sur le temps passé à table ou sur l’appréciation des saveurs.

Le concept d’échange est au cœur du processus : des astuces simples, concrètes et amusantes doivent circuler entre les participants, afin de lever les freins au changement plus aisément.

Comment repérer et mobiliser les parties prenantes ?

Cela passe par une cartographie systématique, facilitée par la prise en compte des différentes focales (micro, méso, macro). En faisant le tour de tous les acteurs intervenant dans ces différentes sphères et en les listant, vous vous donnerez une première idée du nombre de parties prenantes.

Il peut être utile de faire participer des « informateurs » aux discussions. Ceux-ci ont la charge d’ajouter des parties prenantes (souvent, des groupes) qui auraient pu être oubliées et d’identifier les porte-paroles ou « intervenants » qui participeront activement au programme.

Vous devrez également repérer l’influence et la puissance relatives, ainsi que les intérêts de chaque groupe. Ce faisant, vous serez en mesure de mieux comprendre les réactions de chacun et d’agir plus efficacement en vue de votre objectif.

Pour ce faire, vous pouvez utiliser une matrice des parties prenantes et des niveaux d’engagement (figure 4.4, p. 108). Ce tableau comparatif vous aidera à y voir plus clair dans les stratégies des acteurs. Préfèrent-ils le statu quo ? Pourquoi ? Qui est prêt à avancer rapidement ? Qui ne l’est pas ? Etc.

Partie 3. Construire, tester et évaluer une intervention

Chapitre 5. Engager les groupes cibles dans le changement des comportements

L’échange au cœur du dispositif du changement de comportement

Le changement de comportement est toujours une sorte de sacrifice : pour être en meilleure santé, vous devez arrêter de ressentir le plaisir immédiat de la cigarette, par exemple. Le bénéfice apporté par le changement se paie toujours d’une quelconque monnaie (plaisir, temps, etc.), et c’est pourquoi il est difficile à amorcer.

C’est aussi la raison pour laquelle les campagnes basées sur la seule information ne fonctionnent pas très bien. Pour accepter de payer le prix du changement, la connaissance ne suffit pas. Il est préférable d’insister sur l’envie de faire autre chose et d’impliquer un maximum d’acteurs.

Autrement dit, une intervention vise à « échanger un nouveau comportement contre une routine » (p. 115) censée bénéficier à l’individu lui-même ou à la communauté. Il faut donc étudier précisément « les bénéfices et les sacrifices perçus pour construire une proposition de valeur » (p. 116) cohérente — et alléchante — pour la cible.

La « valeur perçue » d’une proposition de changement se situe à l’intersection des bénéfices perçus et des sacrifices perçus. Ceux-ci doivent être ressentis comme inférieurs à ceux-là. La cible doit donc éprouver et penser qu’elle y gagne au change.

Ce gain peut être symbolique. Par exemple, dans une large campagne de prévention au tabagisme pour les jeunes aux États-Unis intitulée « Truth Campaign », le bénéfice perçu des adolescents était d’activer leur sens de la rébellion (très important à cet âge) face à une industrie mensongère et corrompue. Le sacrifice (ne pas se mettre à fumer) était perçu comme acceptable.

Mettre en place une stratégie d’intervention

Une fois que la cible est définie, il est nécessaire de se fixer des objectifs réalistes et pragmatiques. Dans le cas de l’intervention citée plus haut, les autorités états-uniennes avaient choisi de cibler en priorité les non-fumeurs de 12 à 17 ans (plus faciles à convaincre) et seulement ensuite les jeunes fumeurs du même âge.

Un autre point important à prendre en compte au moment de construire une stratégie d’intervention consiste à analyser la concurrence. Autrement dit, ce sont ici tous les comportements alternatifs qui pourraient freiner l’adoption du comportement désiré.

La volonté de montrer son autonomie vis-à-vis des parents ou le sentiment d’invincibilité peuvent pousser les plus jeunes à fumer. Bien sûr, l’industrie du tabac joue sur ces sentiments et est elle-même le plus grand concurrent de ce type d’opération.

Par ailleurs, l’élaboration d’une stratégie d’intervention efficace doit prendre en compte :

Le positionnement (quelles sont la place et la plus-value perçue de la proposition par rapport aux offres concurrentes) ;

L’apport de la co-création dont nous avons déjà parlé (impliquer les parties prenantes permet d’avoir de nouvelles idées d’action et d’être beaucoup plus proche du terrain).

Vous devrez également penser à établir un diagnostic stratégique. Comme dans le cas du marketing classique, vous pouvez utiliser une matrice SWOT. Celle-ci permet d’établir et de croiser les :

Forces ;

Faiblesses ;

Opportunités ;

Et enfin les risques (ou les menaces) de votre projet.

Sur la matrice SWOT et d’autres outils du même genre, vous pourrez consulter par exemple La boîte à outils de l’efficacité professionnelle.

Le mix d’intervention ou la mise en œuvre du plan d’action

Ici encore, le marketing social reprend les méthodes du marketing classique. En l’occurrence, il s’agit de préciser votre stratégie en utilisant l’outil des 4 P (Product, Price, Place, Promotion) ou, en français :

Produit = « bénéfice principal offert » ou « le comportement qu’on souhaite voir les groupes cible adopter » ;

Prix = « coût d’option d’un nouveau comportement », qui peut être, nous l’avons dit, symbolique (gêne, plaisir sacrifié, etc.) ;

Distribution = les canaux et les lieux de diffusion de tous types (physiques, virtuels, interpersonnels, etc.) ;

Consommation = « les messages envoyés, leur conception et leur réalisation » (p. 125-126).

En marketing social, un 5e élément est ajouté : les partenaires. Nous retrouvons ici l’idée d’implication des parties prenantes et de co-création.

Les nudges dans le dispositif d’un changement de comportement

« Le concept central du nudge est la mise en place d’une architecture de choix qui incite à l’adoption d’un comportement défini comme vertueux par des experts. C’est l’une des clés du succès de cette approche auprès des pouvoirs publics, car elle propose en général des solutions simples et peu coûteuses à mettre en place pour résoudre un problème, comme un chemin fléché jusqu’à une poubelle sur le trottoir pour améliorer la propreté des villes. » (Nudge et marketing social, p. 130)

Cette théorie est à la mode auprès des gouvernements occidentaux. Mais elle a aussi été rapidement critiquée. En voici quelques-unes :

Le caractère paternaliste du nudge (ce sont des experts qui disent ce qui est mieux pour la population).

Le danger de manipulation des individus (les cibles ne sont généralement pas conscientes que leur choix est « architecturé » par des experts) ;

L’évacuation de la critique sociale et de l’analyse des injustices (aucune réflexion sur les raisons structurelles d’une différence de comportement entre riches et pauvres, par exemple).

Un nudge ne dure que le temps de sa mise en place. Une fois retiré, ses effets s’annulent.

Des réponses ont été apportées à certaines de ces questions. Patricia Gurviez et Sandrine Raffin insistent surtout — avec d’autres experts — sur la nécessité de combiner le « nudging » à d’autres types d’intervention et de co-créer celles-ci.

La méthode EAST est également proposée en complément, à savoir créer une offre facile (easy), attirante (attractive), ancrée dans les relations sociales (social) et adaptée au moment opportun (timely).

Un « avis d’expert » est proposé à la fin de ce chapitre : Thibault Deschamps, conseiller technique sportif au ministère des Sports et président de l’association FLVS (programme VIF) s’exprime sur l’intérêt des nudges pour aider les plus jeunes à faire de l’exercice dans les cours de récréation.

Exemple de nudge

Chapitre 6. Le Living Lab pour tester en conditions réelles

Un Living Lab pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables

Les living labs ou laboratoires vivants sont en vogue. Ils se connectent aux idées d’innovation ouverte ou encore de co-création. Parfait, mais de quoi parle-t-on exactement ?

« Le principe de base est simple : ouvrir les barrières de l’entreprise aux idées venant de l’extérieur et co-développer des solutions, avec les utilisateurs principalement. Cela nécessite des dispositifs spécifiques pour animer un réseau d’acteurs dans un processus participatif. (…) Les laboratoires vivants ont été proposés comme intermédiaires d’innovation pour faciliter ce processus. » (Nudge et marketing social, p. 136)

Les living labs sont donc des lieux privilégiés où des solutions innovantes et participatives peuvent être expérimentées. Ce ne sont pas seulement des experts qui sont impliqués, mais également des membres de la population.

Les auteures donnent l’exemple de l’Energy Living Lab qui a permis d’adopter de nouvelles technologies d’énergies renouvelables dans un canton suisse.

Les Living Labs, des dispositifs innovants

L’usage des laboratoires vivants en marketing social est encore peu répandu, mais est prometteur, pour trois raisons au moins :

« Ils aident à co-construire le produit, le service ou le plan d’action avec les relais et les cibles » (p. 142) ;

Ils donnent l’occasion d’expérimenter l’intervention in vivo et donc de l’améliorer si nécessaire ;

Les living labs favorisent l’autonomisation en impliquant durablement les parties prenantes.

Patricia Gurviez et Sandrine Raffin interviewent Joëlle Mastelic, professeure à la HE-SO, membre du conseil du réseau européen des Living Labs, manager de l’Energy Living Lab et auteure d’une thèse sur les Living Labs. Elle y aborde entre autres la question importante de l’évaluation du succès de ce type de dispositif.

Chapitre 7. Comment évaluer une intervention de marketing social et de nudge

Les différents niveaux d’évaluation d’une campagne

Le premier résultat attendu est évidemment le changement de comportement. Pouvoir évaluer cet élément est essentiel afin de justifier l’opération, notamment au niveau des organismes financeurs.

Toutefois, le résultat comportemental n’est pas le seul élément à considérer. Les programmes de marketing social ont progressivement complexifié le système d’évaluation en élaborant les critères suivants :

Processus = il s’agit d’évaluer le déroulement de l’intervention, souvent en continu pendant l’opération elle-même. Cela permet de corriger le tir si des erreurs sont commises ou si de nouveaux éléments à prendre en compte apparaissent. Cette analyse inclut l’étude de la notoriété de la campagne, notamment.

Conséquences sur les comportements attendus = c’est le résultat comportemental. Pour le déceler, il faut établir des indicateurs permettant de mesurer les changements et de suivre l’évolution des variables (connaissances, croyances, habitudes, etc.).

Transformation du contexte = pour les interventions qui visent un niveau macro (institution) ou méso (cadre de vie) en particulier, il faut se donner les moyens de mesurer les modifications obtenues par l’opération. Des changements de ce type sont pérennes et donc singulièrement importants à évaluer.

Respect de l’éthique = dans le cadre des critiques vues plus haut (et en particulier de l’accusation possible de manipuler les comportements), il est souhaitable d’évaluer attentivement les nudges et autres dispositifs d’incitation à l’action (en observant notamment si les messages véhiculent des stéréotypes ou des discours normatifs non voulus).

Le modèle SAVE

Patricia Gurviez et Sandrine Raffin proposent un modèle original fondé sur leur expérience du marketing social. Ce modèle a un objectif de synthèse et d’aide à la construction des outils de pilotage (évaluation continue) et d’évaluation finale.

Les lettres du modèle SAVE désignent :

Systèmes = l’analyse des focales distinctes — micro, méso, macro - a-t-elle été (correctement) réalisée ?

Acteurs = Quels sont les acteurs engagés (ou à engager) dans l’intervention ? Et les acteurs relais (intermédiaires) ?

Valeur = Quelle est la valeur de la proposition ? En quoi la co-création du programme a-t-elle augmenté la valeur de l’intervention ?

Empowerment = L’autonomisation des acteurs est-elle atteinte ? L’intervention respecte-t-elle la capacité des individus à choisir et à décider par eux-mêmes de leur comportement ?

« Utilisé de manière itérative tout au long d’une intervention, le modèle SAVE permet de vérifier que celle-ci va bien dans le sens voulu et de modifier certains points critiques difficiles à anticiper. » (Nudge et marketing social, p. 159)

Les auteures proposent une méthodologie précise pour évaluer et objectiver les résultats d’une intervention de marketing social. Elles proposent notamment un schéma d’évaluation des 4 dimensions de SAVE (figure 7.1, p. 160) et un tableau de questions précises à poser pour chaque critère (tableau 7.1, p. 161).

Repérer ses réussites et ses manques pour mieux rebondir

Toute opération doit être l’objet d’un contrôle continu et final. C’est la seule manière de rectifier les erreurs et d’apprendre de ses échecs. Cela demande certes de l’énergie, mais c’est indispensable pour améliorer le processus dans son ensemble.

Pour ce faire, vous pouvez mobiliser des techniques d’enquête bien connues en marketing classique, telles que les analyses quantitatives en termes de chiffres de participation, les questionnaires de satisfaction ou les dispositifs d’achat média.

Des approches qualitatives peuvent également être utilisées (entretiens, focus groups) pour déterminer plus finement le degré d’adhésion et la satisfaction obtenue. Ces méthodes permettent également de faire évoluer l’offre et la communication en renseignant de manière précise sur les insights des participants.

Les auteures donnent l’exemple de l’évaluation d’une campagne pilote pour sauver des koalas nommée « Leave It ». Des pistes d’amélioration ont pu être proposées, telles que le recours à une pluralité de médias (et non seulement aux réseaux sociaux) ou l’augmentation de la durée de l’opération.

Conclusion sur « Nudge et marketing social » de Patricia Gurviez et Sandrine Raffin :

Un livre sur le marketing social destiné à un public assez large :

Voici un livre qui pourrait plaire à celles et ceux qui s’intéressent au marketing, mais rechignent à en utiliser les techniques pour des motifs éthiques. Pourquoi ?

D’abord, car les techniques de vente et d’adoption des produits sont ici mises au profit de thématiques sociales et écologiques.

Ensuite, parce que les auteures cherchent à mettre en avant les dimensions d’autonomie et de respect des individus, considérées comme parties prenantes au processus de changement, et non comme simples « cibles » à atteindre.

L’ouvrage intéressera aussi tous celles et ceux qui veulent promouvoir ces pratiques en France ou s’en inspirer dans leurs activités. En effet, il fournit les clés pour concevoir, mettre en œuvre et évaluer des interventions de marketing social, en donnant des exemples de ce qui a déjà été réalisé dans différents territoires.

Les professionnels du marketing social pourraient également y trouver des concepts intéressants à développer. L’apport le plus substantiel des auteures se situe au niveau de l’évaluation. Elles proposent un modèle original — le modèle SAVE — qui pourra servir à celles et ceux qui sont déjà impliqués dans des recherches et des interventions de marketing social.

Ce qu’il faut retenir de « Nudge et marketing social » de Patricia Gurviez et Sandrine Raffin :

Patricia Gurviez et Sandrine Raffin plaident pour un usage raisonné et éthique de la théorie du nudge et du marketing social. Elles souhaitent avant tout que ces techniques aident les acteurs à se prendre en main sur des sujets sanitaires, sociaux et écologiques majeurs pour les années à venir.

« (Le) marketing social apporte son expertise et son efficacité à l’engagement des citoyens pour modifier leurs propres comportements quand ceux-ci sont la cause d’une situation négative pour le bien-être individuel et collectif. Les sciences du comportement apportent des outils puissants, les nudges, qui sont d’autant plus efficaces qu’ils procèdent d’une analyse du contexte et de la situation. Ils se rapprochent ainsi de plus en plus de la méthodologie du marketing social. » (Nudge et marketing social, p. 169)

Autre point à retenir : la France a commencé à mettre en place des actions de marketing social avec la DITP (Direction interministérielle à la transformation publique) et Santé Publique France. Malgré tout, elle reste plus frileuse que les pays anglo-saxons et d’Europe du Nord, qui ont déjà acquis une solide expérience en la matière.

Points forts :

Une présentation claire et ordonnée en trois parties ;

De très nombreux exemples d’interventions en marketing social, aussi bien en France qu’aux États-Unis ou au Royaume-Uni ;

Des entretiens réalisés avec des experts de ce domaine d’études et d’action sociale ;

Une approche critique et raisonnée de la théorie du nudge ;

Des références scientifiques et une bibliographie intéressante ;

Une proposition originale d’évaluation des interventions en marketing social (le modèle SAVE).

Points faibles :

Ce livre est une excellente introduction au marketing social. Donc si vous ne connaissez pas ce domaine et que vous voulez vous y intéresser, il est fortement recommandé.

Seul bémol : vous n’apprendrez que le strict nécessaire concernant le nudging. Les auteures s’en tiennent à quelques considérations générales et à l’évocation des critiques liées à cette théorie. Toutefois, elles donnent des références bibliographiques permettant de compléter ses connaissances.

Ma note :

                

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Apocalypse cognitive http://www.olivier-roland.fr/items/view/12406/Apocalypse-cognitive

Résumé de « Apocalypse cognitive » de Gérald Bronner : écrit par un sociologue français, ce livre vous propose une plongée au cœur des questions de l’attention, des fake news et de l’avenir de la démocratie à l’heure de la révolution numérique.

Par Gérald Bronner, 2021, 386 pages.

Chronique et résumé de « Apocalypse cognitive » de Gérald Bronner 

À propos de Gérald Bronner

Gérald Bronner (1969 -) est sociologue, professeur à l’Université de Paris. Il est membre de l’Académie nationale de médecine, ainsi que de l’Académie des technologies et de l’Institut universitaire de France. Il a notamment écrit :

L’Empire de l’erreur. Éléments de sociologie cognitive (2007) ;

La Démocratie des crédules (2013) ;

Déchéance de rationalité (2019) ;

Le Cabinet de curiosités sociales (2020).

Avant-propos subjectif. Une époque formidable

Après la chute du mur de Berlin, de nombreux intellectuels et politiciens pensaient que la démocratie libérale avait définitivement vaincu non seulement le communisme, mais toutes les autres formes d’idéologies. Pourtant, quelques dizaines d’années plus tard, nous voyons au contraire une multiplication de propositions concurrentes, telles que l’islamisme ou le communisme à la chinoise.

Depuis le début des années 2000, un autre fait majeur est apparu : la « dérégulation massive du marché cognitif », c’est-à-dire :

L’affaiblissement des institutions pourvoyeuses d’information et d’idéologie (université, journalisme, etc.) ;

La montée en puissance de la concurrence intellectuelle via les nouveaux moyens techniques (au premier rang desquels Internet et les réseaux sociaux).

En d’autres termes, la connaissance établie est attaquée de toutes parts. Notamment, car chacun peut aujourd’hui énoncer son opinion comme s’il s’agissait de la vérité. Pourtant, ne pouvons-nous pas espérer que la rationalité gagne la partie ? En effet, il semblerait logique que les « meilleurs arguments » l’emportent contre les opinions et les raisonnements fallacieux.

Malheureusement, ce n’est pas si sûr. En fait, « la libre concurrence favorise souvent les produits de la crédulité » (p. 17). Pourquoi ? Car c’est souvent l’argument le plus satisfaisant — celui qui offre un contentement immédiat — qui gagne la partie au détriment de la vérité objective.

Internet a considérablement fluidifié ce « marché des idées ». Mais si nous pouvons y passer autant de temps, c’est avant tout parce que « la disponibilité de nos cerveaux est plus grande » (p. 21). Nous vivons en effet dans une société où le temps libre a pris de plus en plus de place.

Mais qu’allons-nous faire de ce temps gagné sur le travail ? Où allons-nous placer notre attention ? Succomberons-nous aux plaisirs instantanés ? Ou bien serons-nous capables, au contraire, de développer notre intelligence pour faire advenir, sur le long terme, un monde meilleur ?

Selon Gérald Bronner, c’est là un enjeu collectif qui est enraciné dans notre biologie même. Nos cerveaux sont constamment tiraillés entre la recherche du profit immédiat et la planification à plus long terme.

L’auteur espère formuler une réponse à la question du devenir de l’humanité en partant de cette « anthropologie réaliste » (étude de l’homme tel qu’il est en réalité) qu’il découvre à la fois grâce aux dernières recherches scientifiques et via nos comportements quotidiens dans les mondes numériques.

Chapitre 1. Le plus précieux de tous les trésors

Les êtres humains libérés

Au début du XXe siècle encore, il paraissait clair que la science avait un rôle important à jouer dans le développement de l’humanité. D’ailleurs, celle-ci a considérablement amélioré son sort depuis ces derniers siècles.

Difficile de le nier. Que l’on pense à la santé ou à la réduction du temps de travail, on voit bien que les progrès techniques et scientifiques ont marché main dans la main avec les progrès sociaux. 

Le travail et les tâches domestiques sont moins lourds aujourd’hui. Et ceci, en partie grâce à l’aide venue de robots de toutes sortes. Certes, nous ne sommes pas parvenus à une société délivrée du labeur. Néanmoins, nous avons libéré un grand nombre d’heures, que nous pouvons dédier aux loisirs ou à l’étude, par exemple.

Pour le dire autrement : notre « disponibilité mentale » s’est considérablement accrue. Nous pouvons nous immerger dans la contemplation de ce que nous voulons — nos projets, nos rêves, voire à des fictions de toutes sortes — bien plus longtemps que ne le pouvaient nos ancêtres.

Mais est-ce nécessairement un bien ? Ou plus exactement : qu’allons-nous produire, qu’allons-nous faire de « ce temps de cerveau disponible » ? Est-ce que ce fait, positif à priori, pourrait se retourner contre nous ? Telle est la question de Gérald Bronner dans ce livre.

Une autre histoire de l’humanité

L’auteur reprend ici à très grands traits les caractéristiques de l’évolution humaine. Pour en savoir plus à ce sujet, lisez Sapiens de Y. N. Harari. Vous pourrez y retrouver les mêmes étapes classiques, du chasseur-cueilleur animiste à l’agriculteur monothéiste et au surgissement des villes et de la politique.

L’originalité de Bronner consiste à insister sur le mouvement de « rationalisation du monde » produit par les sciences et les techniques :

« [C] e processus de rationalisation s’est déployé et a abouti par la maîtrise de nos incertitudes essentielles à libérer notre attention des impératifs de survie pour nous ouvrir à la contemplation d’objets mentaux. De surcroît, ce processus n’est pas achevé. La prochaine étape, qui a déjà commencé, est celle de l’externalisation de nombre de nos routines mentales par les intelligences artificielles ; aussi effrayante paraisse-t-elle, elle aboutira inéluctablement à une libération accrue de notre temps de cerveau. » (Apocalypse cognitive, p. 42-43)

Avec l’IA, c’est notre cerveau lui-même qui est prêt à être « rationalisé ». Mais, à nouveau, que ferons-nous du temps gagné ?

11 mai 1997

C’est le jour où une intelligence artificielle (Deep Blue) a battu Gary Kasparov aux échecs. Pour réaliser cet exploit, les ingénieurs des décennies précédentes n’ont plus cherché à imiter l’humain, comme cela se faisait avant. À la place, ils ont doté la machine d’une façon spécifique de jouer, basée sur la seule puissance de calcul et le stockage d’information.

Cet événement est important, car il marque la première défaite de l’homme face à l’ordinateur ; le jeu d’échecs étant considéré comme l’exemple type de ce que peut faire l’homme en matière d’intelligence.

La création et le développement rapide d’Internet et des moteurs de recherche ont donné un nouveau tournant au progrès informatique.

Externalisation

Désormais, les IA exercent une partie de nos tâches quotidiennes habituellement liées à nos capacités mentales. Gérald Bronner donne quelques exemples :

Recrutement (Applicant Tracking System ou encore Pymetric) ;

Aide à la décision juridique (LawGeex AI, par exemple) ;

Traduction (Quantmetry de Google et bien d’autres) ;

Etc.

Des économistes considèrent que 47 % des emplois pourraient être numérisés aux États-Unis au cours des deux décennies qui viennent.

Pourtant, nous aurions tort de croire que les deux intelligences se valent. L’IA a une puissance de calcul et de stockage d’information bien plus grande qu’un cerveau humain. Toutefois, elle est incapable d’« explorer l’univers des possibles » de façon réellement créative.

Gérald Bronner se veut optimiste. Peut-être que cette nouvelle étape dans la rationalisation va libérer notre cerveau pour de nouvelles tâches, plus intéressantes encore. Mais est-ce si sûr ?

Un trésor inestimable

Si notre matière grise est notre bien le plus précieux, celui qui nous permet de faire croître notre civilisation, il faut d’abord noter qu’il n’est pas infini. Des données démographiques (nombre de naissances, nombre d’habitants sur Terre, etc.) limitent tendanciellement ce « trésor ».

Par ailleurs, celui-ci peut aussi nous être volé. Comment ?

Jusqu’ici, tout va bien

Eh bien, avant de venir à ce point capital, l’auteur rappelle toute l’importance de l’éducation. Celle-ci consiste au contraire à faire grandir dans de bonnes conditions nos cerveaux, pour que nous devenions des citoyens responsables, critiques et créatifs.

La scolarisation des garçons et surtout des filles n’a cessé d’augmenter au XXe siècle. Nous pouvons donc nous réjouir de ce phénomène. Pourtant, il y a une ombre au tableau.

À dormir debout

Et c’est l’extension des problèmes d’insomnie qui peut nous révéler le problème. Selon des études scientifiques, un nombre croissant d’enfants et d’adolescents éprouvent des difficultés d’endormissement.

Pourquoi ? En grande partie à cause des écrans et de la peur de passer à côté d’un « événement » (notification, etc.) sur les réseaux sociaux. Cette crainte se nomme FOMO en anglais : fear of missing out (la peur de manquer quelque chose).

De plus en plus de jeunes (et nous, adultes, également) s’accrochent à leurs dispositifs mobiles ; ils attendent de ceux-ci qu’ils leur donnent des nouvelles de leurs proches, du monde, etc. Ils guettent avec toujours plus de crainte et de désir le nombre de likes qu’ils récoltent. Et ils sont devenus dépendants au point, parfois, de ne plus en dormir.

Lorsque tu regardes ton écran, ton écran te regarde

« [Les smartphones] sont devenus des monstres attentionnels. Ils dévorent notre temps de cerveau disponible plus que n’importe quel autre objet présent dans notre univers. » (Apocalypse cognitive, p. 79)

En 2019, nous passions en moyenne plus de 3 heures par jour à regarder nos téléphones mobiles !

Nous sommes constamment distraits par les notifications de nos téléphones intelligents. Les smonbies (contraction de smartphone et zombie) qui peuplent les rues des villes en sont un exemple. Ceux-ci peuvent créer des accidents.

Mais il y a plus grave : ce « siphonage » de notre attention génère aussi une perte drastique de créativité.

Pour autant, ce ne sont pas les écrans qui sont seuls en cause. Car ce qui se joue à travers les écrans, c’est une bataille de firmes privées pour capter notre attention en utilisant les plus vieilles dispositions mentales de l’humanité.

Chapitre 2. Tant de cerveaux disponibles ! 

Un « effet cocktail » mondial

 Le spécialiste de la cognition Colin Cherry a formalisé le concept d’« effet cocktail » en 1953. Il a été suivi par d’autres, qui ont bien mis en évidence les choses suivantes :

Nous traitons préférentiellement un type d’information ;

La majorité des données reçues de l’extérieur sont traitées inconsciemment.

Cela signifie aussi que nous avons une « énergie mentale » limitée. En sélectionnant les informations brutes venues de l’extérieur, le cerveau cherche à la gérer de la façon la plus optimale possible.

Mais ces études cachent une autre découverte : en fait, nous surestimons notre capacité à résister à celles et ceux qui cherchent à capter notre attention. De façon spontanée, nous réagissons au moindre signal qui nous concerne ou qui est directement lié à nos désirs profonds.

Les écrans sont des intermédiaires. Le réel enjeu, c’est le « marché cognitif » dérégulé qu’offre Internet, avec toute sa « cacophonie informationnelle ». Dans tout ce brouhaha, qu’est-ce qui retient véritablement notre attention ?

Cacher ce sein

Au cours de l’histoire, la sexualité a souvent été réprimée. Il fallait cacher ce qui se passait sous les draps ou sous les vêtements. Le mariage, par exemple, a été l’une des institutions ayant contribué à réserver la sexualité à la sphère privée et à la procréation.

Pourtant, le XXe siècle a ouvert la porte à une sexualité plus débridée : des sex shops aux chaînes câblées comme Canal Plus, en passant par le Minitel et le téléphone rose, les outils techniques sont venus au service du plaisir sexuel.

Internet n’a pas dérogé à cette règle. Les vidéos de nature pornographique sont les plus vues sur le Net. Un site comme Pornhub détient un record avec 115 millions de visites par jour. Ce marché du sexe en ligne est assurément florissant. Sans aucun doute, le sexe attire considérablement notre attention.

En outre, Internet permet ce que ne permettaient pas les autres dispositifs techniques : discrétion, rapidité d’exécution (il n’y a pas à attendre pour profiter des vidéos en ligne), choix.

À lire aussi : Sébastien Bohler propose une analyse similaire dans Le bug humain.

La peur au ventre

La peur est un autre grand capteur d’attention. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une émotion profondément ancrée dans nos cerveaux, depuis la nuit des temps.

L’évolution a sélectionné les plus peureux de nos ancêtres parce que cela avait un avantage pour la survie : les plus craintifs se laissaient moins vite manger que les autres, ils étaient davantage aux aguets et détalaient plus rapidement lorsque cela était nécessaire.

Mais nous ne vivons plus dans la jungle. Cette capacité à surévaluer les signaux liés au danger et au risque ne se retournerait-elle pas contre nous aujourd’hui ? C’est ce que pense Gérald Bronner.

Pourquoi ? Car nous sommes en proie à l’utilisation de cette peur par des personnes qui veulent attirer notre attention, qu’il s’agisse de nous faire adhérer à leurs idées (politique) ou de nous faire acheter des produits et services (commerce).

La « paranoïa positive » de nos prédécesseurs se transforme en une paranoïa parfois, voire souvent injustifiée qui fait le lit des théories des complots et des arnaqueurs en tout genre.

« Ces alertes incessantes créent un embouteillage des craintes, car les démentir prend du temps », dit encore l’auteur. Autrement dit, la peur croît plus vite que la raison, et le développement d’arguments et de preuves pour défaire la peur requiert plus d’énergie qu’il n’en faut pour créer des discours paranoïaques.

L’emprise de la peur a des effets négatifs sur nos comportements :

Nous n’allouons pas correctement les ressources où elles devraient l’être (par peur, nous faisons des choix irrationnels qui contredisent nos objectifs) ;

Nous n’osons plus agir (nous nous interdisons des possibilités d’action qui pourraient être bénéfiques pour nous ou pour le collectif) ;

Elle peut aussi nous conduire à vouloir la mise en place de pouvoirs plus autoritaires, sur le plan politique.

La lutte des clashs

Il y a un autre phénomène qui capte, sans que nous ne le recherchions nécessairement, notre attention : les conflits. Ceux-ci, petits ou grands, excitent nos sens, car ils renvoient à des schémas de notre « nature humaine ».

Les sentiments de colère et l’indignation sont liés à la lutte pour le pouvoir et au besoin de distinction ou de justice sociale. Les temps présents sont saturés par ces conflits en tout genre, des Gilets Jaunes jusqu’aux plus petits « clashs » opposant des influenceurs ou des vedettes sur les réseaux sociaux.

En raison de l’anonymat qu’il permet, le monde numérique est un environnement propice à l’explosion de ces humeurs. C’est ce que le chercheur John Suler nomme la « désinhibition numérique ».

Trois autres facteurs entrent en jeu :

Des études montrent que nous sommes naturellement portés à nous considérer comme supérieurs aux autres.

Les réseaux sociaux simplifient souvent les problèmes en favorisant des oppositions binaires entre personnes plutôt que des discussions argumentées.

Internet crée une envie irrépressible de se rendre visible, et même plus visible qu’autrui.

Pour Gérald Bronner, l’un des phénomènes corrélatifs contemporains de tout cela est ce qu’il nomme l’« hyper-conséquentialisme » et l’« épidémie de sensibilité ». L’idée centrale consiste à dire que chacun devient extrêmement sévère au sujet des actions menées par autrui et de leurs conséquences possibles. Chacun devient le juge de l’autre. Et la seule façon de s’en tirer est de se revendiquer « victime » d’une injustice.

Vous ne devinerez jamais de quoi ce chapitre va vous parler

Voilà un autre appât pour notre attention : la nouveauté. Même si nous aimons la routine et la sécurité, nous sommes aussi des êtres curieux. Et nous en voulons toujours plus. La nouveauté doit toujours être plus surprenante, plus forte, voire plus choquante.

Qui dit nouveau dit « danger », mais aussi « opportunité ». C’est dans cet entre-deux que notre curiosité se faufile et prend plaisir à se laisser happer. De façon triviale, c’est ce mécanisme qui est en jeu dans les sites et les articles dits « putaclic » (ou clickbait, en anglais).

En fait, ce genre d’articles suit un cheminement bien connu :

Intensité (une promesse forte apparaît dans le titre) ;

Impulsivité (vous cliquez) ;

Déception (le contenu de l’article est pauvre et sans intérêt).

Ce type de mécanisme est à rapprocher des mécanismes mentaux de l’addiction. Or, malheureusement, de plus en plus de médias « se laissent aller » à ce genre de pratique, selon Gérald Bronner.

Les applications de rencontres et les réseaux sociaux agissent également de la sorte. Ils ajoutent dans vos routines et vos préférences des profils ou des propositions de contenu qui ne vous correspondent pas forcément, mais qui pourraient bien attirer votre œil. Cela vous laisse éveillé et maintient votre intérêt.

L’exploration des possibles (que l’auteur distingue des récits utopiques classiques) est l’une des grandes qualités de l’humanité. C’est pourquoi nous devons prêter attention à ne pas laisser certains esprits attirés par le gain ou l’idéologie nous voler cette aptitude.

Self sévices

Les selfies tuent parfois et cela a un nom : les « selficides ». Ce sont des personnes qui, par mégarde, se tuent en voulant faire la meilleure photo possible. C’est l’un des effets de la « compulsion photographique » qui s’est emparé des sociétés et tout particulièrement des plus jeunes d’entre nous.

Certains paysages sont devenus littéralement infréquentables en raison de la masse incessante d’utilisateurs d’Instagram ou de TikTok cherchant à se faire photographier à l’endroit parfait.

Pourquoi agir ainsi ? Par souci de visibilité, certainement. Nous voulons nous montrer au meilleur de nous-mêmes — et en fait, nous recherchons la comparaison sociale et l’approbation d’autrui. Bien sûr, nous ne sommes pas tous influenceurs professionnels. Il n’empêche qu'il y a une accoutumance aux likes produits par ces photos.

La jalousie et la frustration sont des sentiments puissants qui peuvent s'amplifier par ces pratiques. Des études montrent que nombre d’entre nous pensent avoir une vie moins bonne ou intéressante que celle de nos amis ou congénères.

En fait, nous nous comparons à la fois avec ceux qui ont moins (et cela nous procure plus de bien-être) et avec ceux qui ont plus (et cela nous procure de la frustration). Nous voulons au minimum avoir la même chose que ceux qui ont plus, voire pourquoi pas davantage.

Il est fréquent que cette frustration se mue en colère sur les réseaux sociaux ou en actions politiques. L’auteur donne l’exemple du hashtag #guillotine2020 qui a touché certaines célébrités habituellement adulées. Qu’est-ce qui a indigné les gens ? Le fait qu’elles se permettent de donner des conseils lors du confinement, alors qu’elles vivaient dans des villas de luxe. Dans ce cas, leur popularité s’est retournée contre eux.

De façon plus générale, chacun cherche désormais à augmenter son « capital de visibilité » ou de notoriété pour échapper à la gêne et à la frustration. Mais contrairement aux pratiques d’hier, les réseaux sociaux d’aujourd’hui rendent possible une objectivation claire et nette de cette popularité via les likes et autres notifications reçues.

L’ancien président de Facebook ne le cache même pas : la plateforme a été conçue de telle manière à créer « une boucle sans fin de validation sociale », dit-il (cité dans Apocalypse cognitive, p. 188).

Révélation

Le terme « apocalypse » a des origines latines qui renvoient à l’idée de « révélation ». Avec le titre de cet ouvrage, Gérald Bronner ne prétend donc pas tant annoncer la fin des temps, que proposer une « révélation » sur notre condition contemporaine.

Plus exactement, il affirme que les comportements observés sur Internet et les réseaux sociaux nous révèlent clairement et distinctement une grande part de nous-mêmes. Nous nous voyons tels que nous sommes au grand jour.

C’est ce qu’il appelle une « anthropologie réaliste » de l’espèce humaine, par opposition à une anthropologie (c’est-à-dire un discours sur l’humain) « naïve », qui prendrait ses désirs (d’homme parfait, bon, etc.) pour des réalités.

Les traits énoncés dans les sections précédentes (appétit pour le sexe, la distinction sociale, la nouveauté, etc.) apparaissent de façon encore plus saillante depuis la création d’un « marché cognitif » dérégulé (la libre production et circulation d’information permise par Internet).

Nous ne pouvons pas pour autant en conclure que nous ne sommes que cela — des êtres accoutumés, drogués aux stimulations sexuelles, sociales, etc. Mais sommes bien autre chose et notre cerveau est capable de bien plus.

Il nous faut donc apprendre à regarder en face cette réalité et résister aux intérêts de ceux qui voudraient que nous nous y réduisions. 

Éditorialiser le monde

L’éditorialisation désigne le fait d’apporter un angle à un fait brut ou, pour le dire autrement, de créer un récit autour des faits eux-mêmes — c’est-à-dire une mise en relation. C’est ce que font tous les jours les journalistes et autres métiers de l’information.

Pour Gérald Bronner, l’éditorialisation du monde consiste à capter durablement l’attention via la création de récits qui nous convainquent. Il s’agit de créer des histoires dans lesquelles nous puissions nous reconnaître.

Dans un marché dérégulé de l’information, ce ne sont plus tellement les professionnels de l’information qui ont la main sur ce processus. Il se réalise notamment via les algorithmes qui proposent des posts semblables aux personnes sur leurs fils d’actualité.

Résultat ? Les gens se retrouvent dans une position d’« insularité cognitive ». En effet, ils ne consomment que ce en quoi ils croient déjà et chassent de leur vue toute diversité. Leur perception du monde s’en trouve réduite.

C’est ce qui est également nommé le biais de confirmation. Nous tenons d’abord pour vrai et pour désirable ce que nous connaissons déjà ou qui correspond à nos autres croyances.

Pourtant, la recherche de visibilité et de comparaison génère aussi un effet inverse à celui de l’insularité cognitive : l’uniformisation des contenus accompagnée, tendanciellement, par la baisse de leur qualité.

La vérité ne se défend pas toute seule

Une théorie du complot s’est développée à partir du début de la pandémie, en mars-avril 2020. Certains ont affirmé un lien de causalité entre implantation d’antennes-relais de 5G et foyers épidémiques de Covid-19.

Des cartes montrant cette « causalité » ont circulé sur Internet. Dans toute l’Europe, plusieurs groupes de personnes ont incendié des antennes-relais pour manifester leur frustration.

Or que remarque-t-on avec un peu d’attention ? Qu’il s’agit là d’un effet de corrélation et non de causalité. Il y a un troisième élément que les auteurs et les adeptes de cette théorie n’ont simplement pas vu (ou voulu voir) : foyers épidémiques et établissement de la 5-G sont liés par le fait qu’ils ont prioritairement lieu dans de grandes villes, à la densité de population importante, car :

C’est là où le virus se développe le plus vite ;

Et c’est aussi là où les tests pour le développement de la 5G sont effectués en priorité.

Ce cas donne donc l’exemple d’un type de raisonnement faux. Mais il est aussi intéressant parce qu’il s’est diffusé à grande vitesse, captant l’attention de toujours plus de personnes potentiellement intriguées par les images et les affirmations proposées.

Or, comme nous l’avons déjà indiqué un peu plus haut, démentir ce type de théorie coûte plus d’énergie et de temps qu’il n’en faut pour les créer et les diffuser. C’est pourquoi l’auteur affirme que « la vérité ne se défend pas toute seule » : face aux théories du complot, elle doit être défendue avec vigueur.

Mais pourquoi donc, sur le marché des informations, la crédulité bénéficie-t-elle d’un avantage concurrentiel sur la vérité ? Car elle se fonde sur les « mécanismes les plus intuitifs de notre esprit » tels que les préjugés (raciaux, etc.), les biais cognitifs et l’effet de surprise.

En outre, cette crédulité a tendance à se répandre encore plus rapidement lorsqu’elle est poussée au-devant de la scène par des personnalités reconnues. Et c’est encore pire lorsqu’elles ont le pouvoir. Nous l’avons tous constaté avec les allégations navrantes d’un Donald Trump ou d’un Jaïr Bolsonaro.

Chapitre 3. L’avenir ne dure pas si longtemps

La tête effroyable

Cette anthropologie réaliste — c’est-à-dire cette image de nous-mêmes en tant qu’humain — qui nous est révélée par nos usages d’Internet n’a rien de reluisant. Gérald Bronner la compare à la tête coupée de la Méduse, célèbre figure mythologique.

Que faire de cette connaissance ? Plusieurs interprétations ou façons de s’y rapporter cohabitent.

Misanthropie : cette image est bien réelle et c’est tout ce que nous pouvons attendre de l’homme. Bref, celui-ci n’est capable de rien de bon et nous ferions mieux d’abandonner l’idée de le changer.

Néo-populisme : la vérité révélée par la dérégulation du marché cognitif est bel et bien la vérité de nos démocraties. C’est la vérité du peuple ou plus exactement de la majorité, et donc celle que nous devons prendre en compte pour fonder nos politiques.

Théorie de l’homme dénaturé : Cette anthropologie peu flatteuse n’est que superficielle. Derrière se cache une anthropologie plus réelle d’un homme bon. En fait, le mal vient de l’extérieur. C’est la société et plus particulièrement le capitalisme qui dénature, qui fourvoie l’humanité.

La première position refuse toute posture politique réelle et est, très probablement, le fruit d’une déception, c’est-à-dire d’un espoir contrarié en l’homme (et en ce sens, elle peut être vue comme une conséquence ou un résultat de la troisième position).

Les deux autres postures proposent des récits plus construits et, surtout, qui jouent un rôle majeur sur l’échiquier politique contemporain. Le néo-populisme est le récit des extrêmes de droite comme de gauche, tandis que la théorie de l’homme dénaturé est brandie par les tenants du socialisme principalement.

L’auteur veut, quant à lui, affirmer une autre position. Selon lui, si nous avons bien sûr envie de contester cette anthropologie réaliste, nous devrions plutôt commencer par la reconnaître comme vraie, puis apprendre à la domestiquer afin de la dépasser.

L’homme est un être impulsif, dominé par ses besoins essentiels. Mais il n’est pas que cela. Il peut être bien autre chose — un être créatif, animé par le désir de vérité et de justice sociale — pour peu que son temps de cerveau disponible (son attention) soit utilisé à bon escient.

Pour aller un peu plus loin dans cette analyse, Gérald Bronner propose d’analyser en détail la théorie de l’homme dénaturé, puis celle du néo-populisme, avant de revenir sur ses propres conclusions.

Le goût des nôtres

 Selon l’auteur, la théorie de l’homme dénaturé affirme les deux choses suivantes :

« Si on leur en donnait l’occasion, les gens consommeraient des produits informationnels de qualité. »

« Les médias et les publicitaires créent des besoins de toutes pièces. En termes économiques, c’est l’offre (les propositions de produits) qui crée la demande (les gens apprennent à vouloir ce qui leur est proposé). »

Gérald Bronner se dresse contre ces arguments. Pour contester le premier, il se réfère à l’histoire de la télévision, des radios libres et d’Internet. Que voit-on à chaque fois ? Eh bien que les gens finissent toujours par préférer des contenus peu exigeants, même lorsqu’une offre riche et diversifiée est initialement proposée.

Autrement dit, ils vont naturellement vers des contenus informationnels qui les séduisent et les contentent rapidement. La chaîne TF1, par exemple, est le plus souvent préférée à Arte, même si les gens affirment régulièrement le contraire.

Cela mène le sociologue vers la critique du deuxième argument. Il n’est pas vrai que les besoins sont créés de toutes pièces par l’offre publicitaire et médiatique. En fait, ces besoins préexistent bel et bien à leur mise en forme. Le marché ne dénature pas l’homme, il le révèle à lui-même.

Gérald Bronner en profite pour réaffirmer et préciser sa thèse principale :

« La tête effroyable de Méduse nous est donc présentée, et nous pouvons l’observer à travers les reflets des traces multiples que nous laissons dans le monde numérique. Celles-ci ne permettent pas de dresser une image totalement fidèle de ce que nous sommes mais esquissent en creux des réalités incontournables. » (Apocalypse cognitive, p. 260)

Nous aurions tort, selon lui, de nier que nous avons des « préférences cognitives générales » qui vont dans le sens d’une distraction facile. Nous devons au contraire partir de cette réalité pour travailler à un progrès de la raison.

L’homme dénaturé

Dans cette section, l’auteur va plus loin sur le sujet en s’attaquant à certaines des théories les plus en vue en matière de critique sociologique et philosophique. Il passe en revue des auteurs importants qui, d’une manière ou d’une autre, jouent selon lui sur l’idée d’un « homme dénaturé » par le capitalisme et les médias :

La théorie présentée dans L’idéologie allemande (un livre de Marx) ;

L’École de Francfort (dite aussi Théorie critique), héritière de Marx ;

La philosophie de Guy Debord (auteur de La Société du spectacle) ;

La sociologie de Pierre Bourdieu (un important sociologue français du XXe siècle) ;

La théorie de Noam Chomsky et Edward Herman proposée dans La fabrique du consentement (Noam Chomsky est un philosophe et linguiste mondialement connu) ;

Et aussi les théories de la décroissance (mouvement théorique et militant d’écologie radicale).

Sa critique centrale est la suivante : ces récits renoueraient avec un discours religieux en supposant un état adamique de l’humanité avant la corruption. Or il s’agirait plutôt d’apprendre à faire avec nos compulsions, sans aucune garantie d’un retour à une soi-disant « pureté initiale ».

Sur un plan plus formel, Gérald Bronner conteste également :

Le lien de causalité établi par la majorité de ces auteurs entre les prétendues causes (les médias formatent nos goûts) et les prétendus effets (nous sommes incapables de vouloir autre chose que ce qui nous est proposé par ces médias).

L’idée selon laquelle les mass-médias agiraient de concert et intentionnellement dans le but de manipuler les foules.

Le prix à payer

Croire en une nature invariablement bonne de l’homme, comme le font les tenants de la théorie de l’homme dénaturé, est non seulement faux sur le plan scientifique, mais aussi dangereux sur le plan politique, selon Gérald Bronner.

Pourquoi ? Car cela porte à penser que l’avenir est entièrement ouvert à tous les possibles et en particulier à toutes les utopies. Or, l’histoire montre qu’aucune utopie concrète, parfaitement égalitaire, libérée des entraves du marché ou des distinctions sociales n’a jamais fonctionné très longtemps.

À chaque fois, ces tentatives de construire un monde meilleur ici et maintenant échouent. Notamment car elles se retrouvent invariablement aux prises avec les traits fondamentaux que nous avons vus dans les chapitres antérieurs. Les aspirations individuelles de chacun font éclater la dynamique du groupe.

Par ailleurs, la volonté de vivre sans institutions intermédiaires, comme y sont portés les anarchistes, ne fonctionne guère. Les relations interindividuelles ne peuvent se maintenir qu’en très petit comité ; au-delà, des « tiers », tels que la police, doivent être créés pour maintenir la cohésion de l’ensemble.

Mensonge privé, vérité publique

Comme le montrent nos préférences en termes d’information, nous préférons ce qui nous concerne de près à ce qui arrive au loin. Vous serez probablement plus choqué par un attentat à Bruxelles que par un acte terroriste à Beyrouth.

En fait, nous sommes souvent conduits par des intérêts égoïstes. Et même si nous avons des pensées égalitaires et que nous souhaitons combattre les injustices, nous sommes au quotidien plutôt conduits par nos désirs individuels — quitte à ce qu’ils aient des conséquences inégalitaires.

En tant qu’individus, nous agissons, dit Gérald Bronner, comme des acteurs stratégiques qui tentent de concilier leurs intérêts matériels et symboliques » (p. 291).

En d’autres termes, nous sommes souvent tiraillés, en proie à des dilemmes tels que : « Quelle action dois-je accomplir maintenant ? Dois-je me soumettre, dans un souci d’équité, au principe de la carte scolaire pour le choix de l’école de mon enfant ? Ou bien vais-je choisir de frauder pour lui offrir la meilleure éducation possible dans une autre école ? »

Il se trouve que nous choisissons souvent la deuxième option, tout en affirmant haut et fort être « pour » la première. L’auteur résume ainsi une étude menée par un chercheur italien : « nous nous imaginons souvent avoir des appétits plus nobles que ceux qui nous animent en réalité » (p. 293).

Or, nos usages des technologies de l’information ne nous permettent plus de mentir durablement sur ce point. Les traces que nous laissons de nos passages sur des sites ou des décisions que nous avons prises y sont stockées et sont accessibles aux algorithmes qui se chargent de nous aider à l’action.

Lorsque cette aide concerne les livres et l’offre culturelle (suggestions de livres à lire, par exemple), nous pouvons nous inquiéter que les algorithmes qui suivent nos traces aient tendance à nous proposer de plus en plus de contenus de faible qualité.

Mais c’est plus grave encore lorsque les algorithmes génèrent — à partir des traces que nous laissons dans le monde numérique — des inégalités ou des discriminations patentes. Dans ce cas, ceux-ci ne jouent plus leur rôle de régulateurs neutres et objectifs de nos désirs individuels ; au contraire, ils les amplifient jusqu’à l’inacceptable.

Les néo-populismes

Gérald Bronner souhaite également s’opposer à une autre théorie que celle de l’homme dénaturé. Il s’agit du néo-populisme. Selon cette conception, le peuple doit prendre le pouvoir et mettre dehors les élites corrompues.

Ce courant s’appuie sur un discours démagogique. C’est-à-dire un type de « politique par laquelle on flatte, on excite les passions des masses » (Le Robert, cité dans Apocalypse cognitive, p. 298). Les sentiments et les jugements à l’emporte-pièce sont mis en avant au détriment du raisonnement.

Donald Trump est un bon exemple d’homme politique néo-populiste. Ses prises de parole sont constamment animées par les affects et les préjugés. Autre caractéristique typique : il cherche à parler directement au « peuple » en passant par les réseaux sociaux plutôt que par les intermédiaires traditionnels.

Les néo-populismes montent en puissance dans de nombreux pays. Et ils véhiculent une image de l’humanité qui correspond à ce qui est révélé par nos usages d’Internet. Mais contrairement aux tenants de la théorie de l’homme dénaturé, ils ne la remettent pas en question. Ils l’acceptent et la revendiquent même.

« Cette logique conduit à accepter un modèle politique qui rabat peu à peu notre humanité sur des cycles addictifs, des automatismes mentaux et des réponses-réflexe qui étendent leur empire à mesure que la dérégulation du marché cognitif accroît le sien. Les néo-populistes donnent donc une légitimité aux externalités négatives du marché cognitif et, réciproquement, celles-ci alimentent leurs forces électorales. » (Apocalypse cognitive, p. 305-306)

La bataille des récits

Nous consacrons beaucoup de temps à nous plonger dans des œuvres de fiction, que ce soit par des livres ou des séries télévisées. Ce besoin de fiction est essentiel à l’humanité. Pourquoi ? Parce que nous voulons donner du sens à notre environnement et que c’est ce que les histoires font.

Gérald Bronner distingue 3 types de relations entre le réel et la fiction (ou les récits, plus largement) :

La coïncidence : lorsque la fiction anticipe des aspects de la réalité et que nous trouvons cela étonnant.

L’orientation : quand la fiction donne des idées aux scientifiques et aux ingénieurs pour créer de nouveaux objets techniques.

L’éditorialisation du monde : c’est-à-dire le phénomène par lequel un sens est donné aux événements séparés de la vie, nous fournissant un cadre d’interprétation.

Ces derniers types de récits peuvent devenir performatifs. C’est-à-dire engendrer une réalité du simple fait que les personnes croient en eux. L’auteur donne l’exemple de l’électro-sensibilité. Selon lui, les personnes sujettes à ce trouble sont tellement convaincues par l’effet néfaste des ondes magnétiques qu’elles développent des maux de tête et des gênes bien réelles.

Les récits captent notre attention et nous amènent à penser d’une certaine manière, qui peut devenir nocive si nous n’y prenons pas garde. Les récits politiques ou idéologiques ne font pas exception à la règle ; ils sont même, au contraire, de grands pourvoyeurs de sens collectif.

C’est le cas de la théorie de l’homme dénaturé et des néo-populismes. Et c’est bien pourquoi Gérald Bronner veut les mettre en question. Selon lui, « il convient de créer un espace narratif et analytique entre ces deux pentes » (Apocalypse cognitive, p. 324).

En d’autres termes, il se propose de faire valoir un troisième récit : celui du rationalisme ou du « néo-rationalisme ». Celui-ci prend sa source dans la philosophie des Lumières et doit être renouvelé à l’aune de l’apocalypse cognitive (la révélation de nos comportements par la dérégulation du marché cognitif).

Conclusion. La lutte finale

Le paradoxe de Fermi (du nom du physicien, prix Nobel de physique en 1938, qui le formula) pose la question suivante :

« Si les civilisations extraterrestres sont potentiellement si nombreuses, pourquoi ne nous ont-elles pas contactés et pourquoi n’avons-nous pas de preuves tangibles de leur existence ? » (Apocalypse cognitive, p. 332-333)

Selon le physicien italien et quelques autres chercheurs après lui, il est en effet étonnant qu’aucune intelligence extraterrestre n’ait cherché à nous contacter, car selon toutes probabilités, la vie doit avoir émergé ailleurs dans l’univers.

L’une des réponses les plus plausibles est que ces civilisations n’ont pas atteint « l’étape de maturité » suffisante pour explorer l’espace et prendre contact avec d’autres formes de vie. Les civilisations, terrestres comme extraterrestres, seraient par nature très instables.

Selon Gérald Bronner, nous pourrions bien nous-mêmes être à un tournant, dans la mesure où nous sommes à la fois :

La seule civilisation connue à explorer l’espace et à s’être doté d’institutions internationales pour réguler les guerres et les défis mondiaux ;

Mais nous sommes aussi en proie à des dangers inédits, potentiellement fatals pour l’ensemble de l’humanité (changement climatique, épuisement des ressources, armes de destruction massive, etc.).

Serons-nous capables de dépasser ce « plafond civilisationnel » en misant sur nos capacités intellectuelles ? Pour cela, il faudra que nous en prenions soin et que nous sachions les développer de manière collective.

Comme il a déjà été dit, la matière grise n’est pas une ressource illimitée. Elle l’est d’autant moins que le nombre d’hommes et de femmes sur Terre se stabilisera autour des années 2100, si l’on en croit les démographes.

C’est pourquoi nous devons à tout prix empêcher le « cambriolage attentionnel » réalisé par la dérégulation du marché cognitif et Internet. La réalité virtuelle et des initiatives comme le métavers pourraient bien amplifier le processus de « capture » de notre intelligence, de notre créativité et de notre attention.

Pour conserver ces précieux biens, nous devrons apprendre à mieux agencer nos besoins à court terme (dont se servent ceux qui veulent capturer notre attention et nous accoutumer) et nos attentes à long terme. Les premiers ne sont donc pas à bannir absolument, car également utiles à la vie. Mais, il faut contrebalancer avec des objectifs plus lointains.

Comment faire ? En mettant en œuvre des politiques qui considèrent la préservation et la fructification de ce trésor comme la priorité essentielle.

Pour une autre défense du progrès et de la rationalité, voir aussi la chronique du livre de Hans Rosling, Factfulness.

Méduse, Le Caravage, Galerie des Offices, Florence

Conclusion sur « Apocalypse cognitive » de Gérald Bronner :

Ce qu’il faut retenir de « Apocalypse cognitive » de Gérald Bronner :

Pour Gérald Bronner, l’humanité est à un tournant.

Ce qu’il appelle la dérégulation du marché cognitif — à savoir la possibilité pour chacun d’émettre et de recevoir des informations, grâce aux technologies numériques — a révélé une part encore largement cachée de notre nature. Nous voyons maintenant, sans aucun doute possible, que nous sommes fragiles et largement attirés par les contenus qui flattent nos instincts les plus bas : sexualité, conflit, etc.

Cette image ainsi révélée de nous-mêmes — qu’il nomme « apocalypse cognitive » — peut effrayer, mais ne doit pas nous laisser inactifs. Nous sommes bien cela (contrairement à ce que pensent les théoriciens de l’homme dénaturé), mais nous ne sommes pas que cela (contrairement à ce que pensent les néo-populistes).

Une attitude plus saine consiste, pour Gérald Bronner, à réaffirmer la valeur de la rationalité et de la philosophie des Lumières, qui voyait en l’Homme un être libre et intelligent, capable de construire son avenir grâce aux sciences et aux techniques, tout en se dotant d’institutions justes.

Ce projet rationaliste ou néo-rationaliste doit être revivifié afin de conjurer les dangers qui nous guettent, au premier rang desquels figure évidemment le « cambriolage attentionnel » organisé par certains géants du web, mais aussi les idéologues de tous poils.  

Pour l’auteur, donc, ce n’est qu’en pariant sur la raison que nous pourrons, peut-être, développer suffisamment la civilisation humaine afin de soigner la Terre, conquérir les étoiles et communiquer avec des êtres venus d’ailleurs.

Points forts :

Un livre ambitieux, mais qui reste assez simple à lire ;

Vous apprendrez beaucoup de choses sur les neurosciences, ainsi que sur les sciences humaines ;

Une organisation claire des chapitres ;

Un ouvrage qui fait réfléchir, quelle que soit la position (d’accord, pas d’accord, moyennement d’accord) que vous adoptiez finalement avec les thèses de l’auteur.

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé !  

Ma note :

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Thu, 01 Jun 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12406/Apocalypse-cognitive
Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ? http://www.olivier-roland.fr/items/view/12402/Notre-faon-dtre-adulte-fait-elle-sens-et-envie-pour-les-jeunes-

Résumé de "Notre façon d'être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" de Thomas d'Ansembourg : À travers un livre plein de vérité, Thomas d’Ansembourg nous offre des clés de compréhension et une réflexion passionnante quant à notre responsabilité personnelle à vivre de manière authentique et significative en tant qu’adulte pour offrir aux prochaines générations les bases d’une vie de qualité et de bien-être.

Par Thomas D'Ansembourg, 2020, 224 pages.

Chronique et résumé de "Notre façon d'être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes" de Thomas d'Ansembourg

Avant-propos

L’avant-propos de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" écrit par l’auteur Thomas d’Ansembourg est intéressant car ce dernier y partage plusieurs idées majeures avant même de démarrer son ouvrage à proprement parler.

Un début de réflexion pour démarrer cette lecture

Ces idées sont issues de son observation professionnelle et de l’accompagnement qu’il réalise auprès de nombreuses personnes, familles et groupes tant dans leur vie sociale que dans leur cheminement intérieur.

Ainsi, selon l’auteur :

Nos états intérieurs peuvent générer un bien-être profond et une gratitude envers la vie, comme susciter un sentiment de vide et une impuissance.

Le plus beau cadeau que les adultes puissent faire aux enfants est de témoigner que la vie est "un processus de connaissance et de pacific-action de soi au service de l'amour et de l’enchantement partagés".

Nous avons un pouvoir de changement sur nos vies et sur la société en général. Pour cela, nous devons nous poser régulièrement la question de savoir si nous entretenons les problèmes ou si nous faisons partie de la solution. En pensant différemment et avec les ressources dont nous disposons, nous pouvons créer les environnements que nous désirons.

Beaucoup de choses ont un sens, mais n'inspirent pas. Et beaucoup de choses inspirent, mais n'ont pas de sens. Il est essentiel de s'interroger à ce sujet, car le sens et l'inspiration sont tous deux des moteurs conséquents de la joie et de la communauté.

La responsabilité donne du pouvoir, alors que la culpabilité est débilitante.

Nous avons tout à gagner dans nos relations à être gentils et compatissants avec nous-mêmes et avec les autres. 

Soyons des adultes inspirants pour les générations futures

L'auteur précise que ce livre peut intéresser tout le monde, car tout le monde a été un enfant et a le potentiel d'être un éducateur.

Enfin, "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" nous invite à être attentifs à la façon dont nous vivons notre vie, car nous servons de modèles aux jeunes. Il appelle ainsi à nous recentrer sur notre "élan vital". À vivre selon ce qui a du sens pour nous et ce qui suscite une envie profonde chez nous. De cette façon, nous luttons contre l'abrutissement et inspirons les jeunes à devenir des adultes eux-mêmes inspirants pour les générations à venir.

Introduction

En introduction de son livre "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", Thomas d’Ansembourg explique que, pour écrire son ouvrage, il s'est appuyé sur le canevas d'une conférence qu’il anime depuis une dizaine d'années et la réflexion qui en a découlée pendant tout ce temps.

Ainsi, pour illustrer ses propos, l’auteur explique raconter, dans ce livre, les histoires, les cas et les images présentées dans ses conférences en les abordant toutefois sous un angle nouveau. Il s’adresse ici à tous ceux qui cherchent à améliorer leur vie et leurs relations, à revisiter leurs interprétations, systèmes de pensée et de croyances, leur rapport au temps, à l'avoir et à l'être, pour créer petit à petit la qualité de relation à laquelle ils tiennent.

Enfin, l'auteur indique que de plus en plus d'enfants arrivent sur terre dans une disposition de conscience nouvelle. Ces derniers ont du mal à s'adapter aux systèmes de pensée lourds et fixes ainsi qu'au peu de créativité, de vision et de sens des institutions éducatives et de la société. Beaucoup d’entre eux étouffent dans le système actuel, matérialiste, compétitif et sous-tendu par la peur.

Ces enfants "différents" ne rentrent pas dans les normes de la pédopsychiatrie. Leur manière d'être et de regarder dérange. Ils ont des besoins loin de ce que proposent les systèmes éducatifs d'aujourd'hui et sont, de fait, souvent mal accompagnés, non reconnus dans leur spécificité. On les dit alors parfois "ingérables".

Dans ce contexte, Thomas d’Ansembourg nous encourage à nous remettre en question en tant qu'adulte. Ceci dans le but de mieux comprendre les besoins des jeunes générations et de les accompagner dans leur quête de sens et de bonheur souvent désespérée.

Chapitre 1 - Nos habitudes de pensée et nos programmations créent notre monde : changeons-les et changeons le monde

Dans le premier chapitre de son ouvrage intitulé "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", Thomas d'Ansembourg, l’auteur, nous rappelle que c'est nous qui avons construit le monde dans lequel nous vivons.

Selon lui, ce sont nos façons de penser qui ont dirigé notre manière de faire et créé les différentes organisations qui nous entourent. Et ce sont celles-ci qui régentent également notre langage et notre attitude vis-à-vis du monde.

1.1 - L'impact majeur des adultes dans le processus cérébral des enfants

Thomas d'Ansembourg explique que durant nos premières années de vie, notre cerveau se forme avec les différents systèmes neuronaux qui posent les bases de l’organisation de la vie. L’enfant conservera ces connexions sympathiques toute sa vie. Elles seront très utilisées. Il s’agit ici du "processus cérébral".

Il est important de comprendre que le cerveau ne regarde pas la qualité de ce qu’il conserve ou supprime. En effet, la plasticité cérébrale de l’enfant n’est pas dotée de sens critique. Ainsi, les adultes qui sont présents autour de lui ont un impact capital dans sa construction : nos attitudes, en tant qu’adulte, préparent les leurs.

Si nous voulons obtenir autre chose de la relation à l’autre, qu’il s’agisse d’un conjoint, d’un enfant ou d’un élève, il est essentiel de faire autrement. Et selon l’auteur, la clé du changement, celle qui permettra d’améliorer nos relations avec autrui, réside dans la remise en question de notre système de pensée.

1.2 - Pourquoi nos relations ne sont-elles pas telles que nous les rêvons : vraies, profondes, fécondes et fluides ?

La majorité des hommes et des femmes rêvent d’avoir des relations vraies. Nous sommes tous fatigués des liens faux, de l’hypocrisie et de la langue de bois. Nous sommes épuisés des relations stériles qui ne génèrent ni plaisir ni apprentissage.

Ce constat commun amène l’auteur à se poser la question suivante : si personne ne veut plus de ce fonctionnement, qu’est-ce qui nous empêche alors de considérer ce travail collectif de changement comme une priorité ?

Selon l’auteur, nous nous attachons à continuer de croire en des pensées, des croyances par simple habitude et non par conscience des bénéfices. Certaines habitudes ont pu nous être utiles à une époque, et même si elles nous desservent aujourd’hui, nous continuons de les appliquer. La conséquence est que nous sommes de plus en plus nombreux à être dans un état de mal-être.

Ainsi, pour l’auteur, c'est parce que nous ne croyons pas que nous puissions réellement changer nos modes de relations que nous répétons et subissons nos automatismes tel un logiciel programmé.

1.3 - L'origine des automatismes autobloquants dans nos relations et notre évolution

Thomas d'Ansembourg a identifié cinq habitudes très largement répandues qui peuvent, dit-il, compromettre la qualité de relation et de vie que nous espérons. Elles sont tellement intégrées que nous ne les remarquons même plus.

L'auteur développe deux points à ce propos :

  • Nous sommes influencés par le langage

En apprenant notre langue maternelle, nous apprenons également une manière de penser qui va saisir la réalité. Le langage traduit la conscience.

Nous avons tous grandi dans un système qui nous a fait intégrer certaines habitudes et des automatismes dans nos relations. Ces derniers fonctionnent alors comme de véritables mécanismes autobloquants, nous empêchant toute évolution. Nous pensons être libres de penser et de parler alors même que nous sommes orientés par les mots.

  • La "normose" étouffe le vivant

Selon l’auteur, si nous voulons changer nos habitudes d’éducation et transmission, et améliorer nos relations dès l’enfance, nous devons démanteler certaines programmations.

Cette vigilance permet de contrer la "normose". Ce terme créé par le psycho-sociologue Pierre Weil affirme qu’une grande partie des attitudes sur lesquelles il y a un consensus général nous dictent ce qui est normal. Comme dans le système scolaire, par exemple, où il est établi qu’il faut être assis pendant huit heures pour apprendre.

Nous laissons "l’habituel" prendre le pas sur le "sensé". Le "normal" vient étouffer le vivant entrainant avec l’ennui comme mode de vie.

1.4 - Les 5 programmations-mécanismes autobloquants selon Thomas d'Ansembourg

1 - La culture du malheur et de la souffrance

La souffrance

L’expression "on n’est pas là pour rigoler" nous rappelle l’interdiction de croire que nous pouvons  apprendre à atteindre des paliers de bonheur plus profonds. En somme, on pense qu'il faut souffrir dans ce monde pour atteindre le bonheur.

On le remarque dans de nombreux aspects, comme notamment dans la violence éducative ordinaire.

La violence éducative ordinaire se caractérise notamment par des reproches, des critiques, des jugements. Aujourd’hui près de 85 % à  95 % des adultes la pratiquent. Il est en effet de croyance commune qu’une bonne éducation implique nécessairement la coercition et la punition. L'auteur rappelle que ne pas bien traiter l’humain que l’on est, ou l’humain qu’est l’autre, c’est le mal traiter.

Le déficit de réjouissance et de gratitude

Cette manière de penser (comme quoi la vie est faite de souffrance) nous amène à penser que le sens de la vie n’est pas la joie ou le bonheur.

Dès lors, bien que nous tendons tous vers le bonheur, nous faisons "nous-même" entrave à celui-ci.

L’auteur nous rappelle que la joie génère la gratitude. Elle est, indique-t-il, la vitamine de la relation à soi, à l’autre et à la vie. C’est d’ailleurs un puissant facteur de santé physique et relationnelle. Se réjouir des bonnes choses ainsi que le sentiment de gratitude ont un réel effet positif sur notre santé et notre bien-être.

Pour Thomas d’Ansembourg, l’apprentissage de la gratitude devrait être un enjeu de santé publique à appliquer dans la vie de tous les jours. Car nous sommes plus habitués à nous plaindre de ce qui ne va pas qu'à prendre conscience des bonnes choses qui nous entourent. Selon l’auteur, nous avons créé des sociétés dans lesquelles nous avons plus appris à compenser notre mal-être qu’à nourrir notre bien-être profond et contagieux.

Un monde désenchanté

Pour l’auteur du livre "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", le sens de la vie est l’enchantement, et non la complaisance au malheur. C’est nous qui entravons la joie que nous portons en nous. Il est essentiel aujourd’hui de quitter la culture du malheur.

2 - L’habitude des rapports de force

Le rapport de force immédiat dans les désaccords

Dès lors que, dans nos relations, un différend apparait, nous utilisons immédiatement un système basé sur le rapport de force avec la domination, la soumission ou l’agression.

L’auteur se questionne sur la raison de cette tension immédiate face au désaccord.

Selon lui, elle remonte à la violence rédemptrice où, dans le but d’améliorer les choses, il était nécessaire d’avoir une destruction. La violence est aujourd’hui un divertissement dont nous ne pouvons plus nous passer, car nous avons été éduqués ainsi.

Il est alors essentiel de démanteler cet encodage et les circuits qui en résultent. Et pour contrer cela, il faut, suggère l'auteur, effectuer un travail où nous apprenons qu’il n’est pas uniquement question d’avoir tort ou raison.

Les comportements agressifs liés à la compétition

L'auteur souligne que si la compétition compte et peut rester présente - dans le sport par exemple - il est essentiel d’éviter les comportements agressifs.

La violence des traditions

Il existe, selon Thomas d’Ansembourg, une autre violence très répandue, violente de par sa subtilité. Celle-ci se cache derrière les traditions, avec des expressions comme "il faut" ou "c’est notre devoir". Cette forme de violence se pratique dès l’école, où tous les élèves doivent suivre un rythme qui n’est pas forcément adapté à leurs besoins.

La violence non verbale

La violence s’insinue aussi dans le "non-verbal". C'est le cas dans des comportements, par exemple, comme souffler ou hausser le ton. Avec ces actions, nous poussons l’autre à se noyer dans sa détresse ou dans une quête de vengeance.

3 - L’attitude de méfiance

Lorsque des changements se profilent de manière volontaire ou involontaire, beaucoup regrettent leur zone de confort et appréhendent la nouveauté.

La première réaction face à la nouveauté est la méfiance. Celle-ci est notamment reliée à des idées fausses que nous continuons de perpétuer.

Pour l’auteur, il est essentiel de nous déshabituer de la méfiance et d’apprendre à "basculer" dans la confiance.

4 - La séparation et la division, l’éloignement de la nature et du "Nous"

Certaines études témoignent que la violence entre humains est survenue au moment de la sédentarisation durant laquelle la notion de possession et de biens à protéger est apparue.

À l’époque de la chasse et de la cueillette, le "Nous" collectif prévalait sur l’individu. Il n’existait aucune raison de rentrer en conflit. La nourriture était, en effet, suffisante pour tout le monde et il n’y avait aucune possession à protéger.

Autrement dit, la violence n’est pas inscrite dans nos gènes. Elle est la résultante de l’histoire, quand l’homme a commencé à disposer de terres et avait cette volonté d’en acquérir de nouvelles. Pour cela, un rapport de domination était nécessaire.

Selon l’auteur, nos habitudes de pensées et notre éducation nous ont entretenus dans ce sentiment de séparation et division. De même, l’abandon des campagnes pour la ville nous a ôté ce sentiment d’appartenance à une terre commune et à un vaste univers en mouvement, comme c’est le cas pour le poisson avec l’eau et l’oiseau avec l’air.

L’éducation nous pousse d’ailleurs à nous couper de pans entiers de notre être en nous focalisant uniquement sur le savoir intellectuel. Les matières comme le sport, la musique ou l’expression de la créativité sont considérées comme secondaires. Cette division se retrouve dès l’école où les filières qualifiées de "professionnelles" sont perçues comme étant pour les élèves moins doués.

5 - Faire plutôt qu’être, quitte à nous épuiser en courant contre le temps

La course pour "bien faire" nous empêche de vivre des "relations vraies". Pour l’auteur, sous l’apparence trompeuse d’une vie "pleine", nous ne faisons qu’appliquer un mécanisme compensatoire.

Si nous ajoutons de plus en plus de choses à faire dans notre vie, inévitablement, il y a de moins en moins de vie dans les choses à faire. Et pour contrer cela, nous continuons à chercher de nouvelles choses qui nous feront sentir vivant.

Pour changer nos rythmes de vie, nous devons donc comprendre et démanteler les systèmes de pensées qui leur sont rattachés.

Thomas d'Ansembourg termine le premier chapitre de son livre "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" en soulignant que c'est la combinaison de ces cinq programmations qui fait la misère de toutes nos relations.

Nous devons changer notre manière de faire et revoir ces systèmes de pensée qui n’apportent rien dans nos vies. Il existe d’autres façons de nous éduquer dans lequel l’enchantement fait partie, affirme-t-il. Pour lui, il est donc essentiel de l’apprendre aux jeunes enfants. Car cette capacité d’enchantement peut changer les générations qui nous suivent.

Chapitre 2 - Les jeunes n’écoutent pas ce que vous dites ni ce que vous faites : ils écoutent ce que vous êtes

Dans le deuxième chapitre de son livre "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", Thomas d'Ansembourg s'interroge sur notre capacité à observer les choses avec bienveillance et se questionne sur ce qui émane de nous.

Selon lui, nous avons tous rencontré une personne dans notre enfance qui nous a marqué par sa façon d’être. Dans les conférences qu’il anime, l'auteur invite alors les participants à partager à haute voix les valeurs identifiées dans le souvenir de cette personne.

Pour lui, il s’agit de sa grand-mère paternelle : il se souvient de sa gentillesse, de sa simplicité. Ce souvenir entraîne avec lui une sensation physique, une sorte d’élan qui le pousse à atteindre ces valeurs.

Pour Thomas d’Ansembourg, nous avons tous en commun un ensemble de valeurs. Et même si parfois cela ne semble pas évident en amont de certains comportements qualifiés de "scandaleux", nous pouvons tout de même identifier plusieurs besoins humains fondamentaux que nous partageons tous.

L'auteur indique ici que si une attitude semble faire sens, alors il n’hésite à pas à l’intégrer dans sa façon d’être.

2.1 - Le fil rouge, ce qui fait sens et envie à nos yeux

  • Nous recherchons tous la paix intérieure

D’après l’auteur, il existe un dénominateur commun à tous les individus. Ce dénominateur commun, c'est que nous cherchons tous, selon lui, à vivre une vie alignée sur notre fil rouge.

Ce fil rouge est composé à la fois des besoins et des valeurs qui nous meuvent et qui nous émeuvent.

Nous cherchons tous à goûter un profond contentement de tout notre être dans nos relations à nous même. Pour lui, tout ce que nous faisons au quotidien ne semble être qu’une stratégie, parfois heureuse et parfois malheureuse, pour tenter de vivre dans un état de paix intérieure, de manière indépendante des difficultés que nous pouvons rencontrer. Nous faisons des choses avec le but d’être heureux.

  • La réalité actuelle n'encourage pas à donner du sens à nos actions

Malheureusement, dans la réalité actuelle, nous ne sommes pas encouragés à rester sur notre fil rouge. Nous ne nous écoutons pas et ne nous comprenons pas. On fait les choses parce qu’il le faut, sans nous rendre compte que nous quittons notre élan de vie pour faire ce qui est demandé par l’extérieur.

Ainsi, nous ne nous posons pas de questions sur le sens de nos actions. Nous avons étouffé ce questionnement alors même qu’il est l’essence de l’humanité. En faisant cela, nous sommes coincés dans une boucle enroulée sur elle-même sans pouvoir avancer. Nous sommes pris dans des "enfer-mements", dans des habitudes et des automatismes que nous ne remettons pas en cause.

  • Nous adoptons des mécanismes compensatoires

La tension qui résulte de notre frustration entre l’appel de la vie et ce que nous avons fait d’elle nous pousse à adopter des mécanismes compensatoires.

Selon Thomas d’Ansembourg, compenser, c’est prendre soin d’un symptôme en cachant la cause. Les mécanismes compensatoires les plus courants sont censés nous apporter un bien-être sur un temps donné. C’est le cas des médicaments contre la dépression par exemple, du tabac et des drogues.

Selon l’auteur, il est important de prendre le temps de faire régulièrement le tour de nous-mêmes pour nous rencontrer et interroger nos habitudes.

2.2 - Quand créerons-nous le climat auquel nous aspirons ?

Pour l’auteur de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", les valeurs auxquelles nous aspirons sont avant tout, les ingrédients de la joie et du vivre-ensemble.

Même si au début de notre vie, certaines de nos habitudes, certains choix et engagements que nous faisons comme être en couple ou avoir des enfants sont voulus de manière consciente par les individus, à un moment, elles deviennent de simples habitudes et nous basculons en pilotage automatique.

Pour Thomas d'Ansembourg, rien ne fait moins sens et moins envie qu’une existence automatisée. Selon l'auteur, c’est en nous rappelant nos propres modèles que nous pouvons garder en nous les valeurs que nous voulons vivre et dont nous voulons en témoigner. Notre attitude doit enseigner l’écoute et l’attention à l’autre. Si vous souhaitez être respecté, veillez à en témoigner par le regard, le ton, le temps et le tact. L’auteur nous rappelle, par ailleurs, qu’un temps est nécessaire entre les semailles et la récolte.

Sans recul et sans remise en question, nous courrons le risque de partir en pilotage automatique et d’obtenir le contraire de ce que nous voulons. En effet, Thomas d'Ansembourg explique que l’imprégnation d’un modèle peut se faire dans les deux sens, du bon comme du mauvais. C'est pourquoi il est essentiel de prendre le recul nécessaire pour ne pas perpétuer l’ancien modèle. Nous devons nous discipliner à vivre en cohérence avec nos valeurs.

2.3 - Trois ingrédients pour un climat inspirant

Pour l’auteur, il existe une autre façon d’être au monde. Nous ne sommes, en effet, pas condamnés à demeurer ce que nous croyons être.

Selon Thomas d’Ansembourg, il existe trois composantes à un état de bien-être qui nous permet de rester centrés sur nos valeurs. Il y a : la chaleur de l’amour, la sécurité provenant du respect, et enfin la motivation qui nait de la clarté du sens.

Premier ingrédient : l’amour vivant

Être vraiment heureux est contagieux, mais ce n’est pas un objectif, c’est avant tout une façon de vivre et de traverser la vie dans les bons comme les mauvais moments.

Pour l’auteur, nous ne pouvons pas être vraiment heureux sans ressentir d’amour pour les êtres vivants, pour les plantes et pour la vie. Sans des rituels de paix et une hygiène de la joie qui permettent de partager et célébrer l’amour, nous ne pouvons atteindre cet état.

Nombreux sont les parents qui ne disent pas régulièrement je t’aime à leurs enfants, pensant que cela va de soi puisqu'ils font beaucoup pour leurs enfants. Mais l’auteur se pose la question de pourquoi nous mettons des enfants au monde, si ce n’est pour leur faire prendre part au festin d’amour qu’est la vie. "Faire" n’est pas l’objectif de la vie. L’objectif de la vie est avant tout l’enchantement d’être. Le "faire", selon Thomas d’Ansembourg, est "l’intendance de l’enchantement", "la logistique de l’être et l’être ensemble".

Nous devons apprendre à développer notre capacité d’amour. Notre conscience du lien entre toutes choses est un enjeu citoyen que nous devons cultiver. Nous avons perdu le sens de la relation avec ce qui n’est pas exprimé par des mots.

L’auteur de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" rappelle qu’un climat avec la bienveillance et l’empathie comme maitres-mots est essentiel pour l’établissement des connexions neuronales chez l’enfant. Il s’agit véritablement d’un enjeu sanitaire. Les êtres qui sont heureux ne sont pas agressifs, pas angoissés, pas dépendants à une addiction. Nous devons sortir de la culture du malheur et apprendre à nous réjouir ensemble.

Deuxième ingrédient : le respect ressenti

Le respect d’autrui ne se prétend pas, il se vit, se pratique et se vérifie. Certains parents n’imaginent pas que leur attitude puisse compromettre le bien-être de l’autre et de la relation. Selon Thomas d’Ansembourg nous devons développer notre capacité à écouter si nous voulons créer un climat de respect. Écouter vraiment, c’est se taire, ne pas conseiller, ne pas juger, c’est ne rien faire si ce n’est écouter et être là avec l’autre. Lorsque nous écoutons vraiment, nous sommes à ce que l’autre dit, et nous sommes dégagés de l’idée de bien faire.

La non-écoute est une violence intense, une maltraitance ordinaire. Ne pas écouter, c’est mal traiter. Nous passons notre temps à couper, à interrompre ou à terminer les phrases de l’autre sans même savoir ou il veut en venir. Pour l’auteur de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", la difficulté d’écouter est bien souvent un signe d’un manque de présence à soi-même, un signe d’une insécurité intérieur.

Troisième ingrédient : le sens bien compris

De nos jours, la question du sens profond est malmenée, laissée de côté, voire même perdue de vue. Même à l’école, les professeurs n’essaient pas de vérifier si les jeunes écoliers comprennent pourquoi ils doivent rester assis pendant huit heures et pourquoi ils apprennent telle matière plutôt qu’une autre.

Pour l’auteur, sa génération était trop ancrée dans les rapports de force, mais aujourd’hui, les jeunes générations ont tendance à vouloir qu’on leur montre le sens de ce qui leur est demandé. S’ils y adhèrent, ils l’appliqueront, sinon ils la rejetteront.

La question que nous devons nous poser selon l’auteur de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" est de savoir si nous avons accepté de bon coeur les conséquences désagréables de nos choix.

Nous sommes libres, libres d’arrêter de travailler ou de partir autour du monde avec un sac à dos. Si certains choix viennent avec des inconforts, ils restent tout de même des choix.

2.4 - Aimer Aimante

Selon Thomas D’Ansembourg, en aimant, nous aimantons.

C’est en aimant la douceur que nous attirons la douceur. En aimant l’empathie, nous attirons l’empathie. Nous avons ainsi le pouvoir de créer des climats pacifiants où les valeurs ne sont pas dites, mais sont témoignées à travers l’attention, la patience ou la responsabilité. 

Il est ainsi essentiel d'observer avec lucidité et de nous appliquer à nourrir un climat bienveillant où il existe une dynamique de fonctionnement interactive. Nous devons reconnaître notre contribution au système, et cela demande du courage et de l’humilité.

L'auteur termine le second chapitre de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" en soulignant que nous confondons souvent la bonté de notre intention avec le résultat. Or, une bonne intention ne signifie pas nécessairement que ce que nous faisons est adéquat. C'est la rencontre avec notre nature profonde, avec notre vraie personne qui nous permet d’affirmer notre bien-être.

Chapitre 3 - D’autres entraves qui nous empêchent d’être nous-mêmes et d’incarner nos valeurs

Les systèmes de pensée ont colonisé notre inconscient collectif. Ces conditionnements qui sont essentiellement sociaux peuvent paraître obscurs ou lointains. Dans ce troisième chapitre de l’ouvrage "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", Thomas d’Ansembourg propose de voir quelles sont les entraves qui rendent difficile le lien avec notre fil rouge.

3.1 - Le piège du "faire"

Pour l’auteur, notre éducation nous tire bien souvent hors de nous au lieu de nous y ancrer. Selon lui, nous n’y recevons pas les outils pour développer notre capacité de recul, recul qui nous permet un alignement à notre élan de vie.

Durant notre enfance, nous entendons souvent des phrases telles que "Tiens-toi tranquille ! " ou "Sois à l’heure". Thomas d'Ansembourg explique que ces phrases vont nous diriger vers l’opposé de notre élan de vie. Nous sommes pris dans le piège du "faire" et dans l’idée qu’il n’est pas grave de se tromper même si nous nous dirigeons dans le mauvais sens. Pour sortir de ce piège, il est impératif de prendre conscience de la situation.

Comprendre comment ces pièges se sont installés nécessite notamment que nous remontions dans notre enfance. Réaliser par exemple que derrière les formules éducatives classiques comme "Tu seras gentil de ranger ta chambre", l’enfant assimile le "je t’aime, si". Il s’agit donc pour lui d’un amour conditionnel. L’impression d’être aimé sous conditions s’est imprimée en lui, en nous.

3.2 - Maman, je ne m’appelle pas "dépêche-toi !"

L’auteur de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" raconte ici une rencontre lors d’une de ses conférences, avec une mère dont l’enfant lui avait appris deux grandes leçons de vie :

Régulièrement, cette mère de famille intimait à son enfant de se dépêcher, de ranger sa chambre et de réaliser d’autres corvées. Un jour, son fils lui a rappelé qu'il n’a pas été mis au monde pour qu’on lui apprenne à ranger ou à faire ses devoirs.

La deuxième leçon évoquée par la mère est la suivante : les adultes se sont laissé prendre dans un rapport au temps qui n’est pas le leur. Les jeunes générations sont venues pour aider l’humanité à retrouver un rythme doux.

L’auteur termine ici en précisant qu'il n’y a pas selon lui de "bonnes" mères ou de "bons" pères : il n’y a que des êtres humains qui vivent et transmettent de la joie, de l’amour et de la confiance dans la vie.

3.3 - Les pièges liés à la communication

Thomas d'Ansembourg indique qu'au-delà du piège du "faire", il existe d’autres pièges en rapport avec nos habitudes de communication. La pratique de la communication non violente nous permet de les comprendre. Et c’est en exerçant régulièrement ce type de communication que nous pourrons sortir du "jargon formaté".

  • Le piège du jugement

Un des premiers pièges de la communication est le jugement. Nous sommes habitués à juger, que ce soit positif ou négatif. Lorsque nous jugeons, nous ne sommes pas en contact avec la réalité telle qu’elle l’est, mais telle que nous la croyons être.

La communication non violente nous invite à ressentir nos sentiments et nos besoins tout en prenant en compte les sentiments de l’autre. Pour Thomas d’Ansembourg, le pouvoir principal de la non-violence est complètement ignoré, à savoir que quand nous changeons d’attitude, inévitablement l’autre est invité à changer la sienne.

  • Le piège des croyances et des préjugés

Le second piège que l’on voit souvent dans la communication et surtout avec les enfants est celui des croyances et des préjugés. Ils nous enferment dans une vision arrêtée qui n’est pas remise en question. Qu’ils proviennent du milieu socioculturel ou de pratiques religieuses, ces croyances et préjugés ont instauré des habitudes chez nous sans lien avec nos valeurs, comme en témoignent les phrases "sois parfaite" ou "un garçon ne pleure pas".

Nous prenons ces habitudes pour ce que nous sommes et nous confondons notre culture et notre nature. Les croyances sont en quelque sorte des prophéties autoréalisatrices, qui, au final, nous amènent à obtenir ce que nous craignons plutôt que ce que nous voulons. Le problème n’est pas d’avoir des croyances, le problème est que des croyances nous aient.

  • Le piège de la pensée binaire

Il s’agit ici du troisième piège qui peut rendre difficile la conversation et la relation avec l’autre. Le piège de la pensée binaire ou la dualité qui repose sur la dichotomie nous amène à nous diviser et à choisir entre telle ou telle chose. C’est soit tout noir ou tout blanc.

Pour Thomas d’Ansembourg, ce piège constitue le mécanisme le plus subtil de la violence ordinaire. On retrouve cette dualité dans certains exemples de la vie quotidienne :

Pour prendre soin d’autrui, je dois me couper de moi.

Sur le plan professionnel, si j’ai plus de sécurité d’emploi alors je perds de la liberté et inversement.

Ce piège se retrouve chez ces nombreux jeunes tiraillés entre leurs aspirations généreuses et la difficulté de l’actualiser au quotidien. Mais pour l’auteur de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", c’est en aimant la vie que je l’aimante. Selon lui, dans un état d’amour et de confiance pour la vie, l’amour et la vie se manifestent tôt ou tard.

  • Le piège des "il faut…", "je dois…"

Le langage déresponsabilisant à travers les expressions comme "tu dois" et "il faut", entraine un rapport de soumission.

En comprenant les raisons de nos choix, nous pouvons mieux saisir les conséquences de nos actions. Cela nous permet de basculer de l'obligation à un choix libre et conscient. Par exemple, "il faut que j’aille à l’école" peut se transformer par "je choisis d’aller à l’école pour apprendre de nouvelles choses, voir des amis ou ne pas aller en session de rattrapage".

Cette conscience nous permet de dissiper une grande illusion, une illusion qui fait que pour que cela soit un choix, il faut qu’il y ait uniquement des bénéfices. En effet, pour l’auteur de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", des choix libres ne signifient pas systématiquement qu’il n’y ait que des éléments positifs.

3.4 - Trois maux endémiques

Pour Thomas d’Ansembourg, faute d’apprendre à sortir de ces pièges de la communication, nous tournons en rond dans une sorte de bocal qui renferme trois maux présents dans de nombreuses familles.

  • La "stacausite" et sa complication fréquente, la "victimite"

Nous avons de plus en plus l’habitude d’utiliser certaines phrases comme "c’est à cause de toi, de mes parents, de la société…". Il s’agit ici d’une façon de nous déresponsabiliser qui nous conduit à voir la vie comme une victime.

La posture de victime qui se plaint sans se transformer ni transformer ce qui lui pèse ne nous rend pas heureux. Pour Thomas d’Ansembourg, si quelque chose ne va pas, s’en plaindre ne changera rien et n’aidera personne. Il nous invite donc à sortir de cet "enfer-mement" plutôt que de s’y complaire. Attention, il n'est pas question ici de victimes d’attaque ou d’abus. Il s'agit de celles et ceux qui sont installés dans une posture psychologique de victime et qui interprètent tout comme une attaque.

Cette attitude amène quelques bénéfices à ceux qui la pratiquent. En effet, elle apporte de l’attention de la part de l’entourage qui adopte une posture compréhensive : "tu as raison de te plaindre". Bien qu'il soit évident que se plaindre ne nous rendra pas plus heureux.

  • L'"agitatite" qui peut se compliquer en "agitatite aiguë"

Ce mal se nourrit du rapport combatif que nous avons avec le temps. Il nous amène à être en agitation perpétuelle.

L'auteur de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" nous dit que nous sommes en permanence en train de "faire quelque chose" sans jamais chercher à trouver une paix intérieure. Nous sommes plutôt en quête de gratifications en provenance de l’extérieur, comme par exemple travailler, gagner beaucoup d’argent et être reconnu par les autres.

Aussi, pour Thomas d’Ansembourg, si nous voulons un monde paisible, nous devons retrouver notre rapport au temps, qu’il soit plus doux et plus humain. Notre rapport au temps est une occasion de vérifier si notre façon d’être adulte peut être inspirante ou du moins rassurante. Nous ne pouvons pas développer de relation non violente avec qui que ce soit si nous n’avons pas commencé avec nous-mêmes.

  • L'"aquoibonite"

Nous utilisons souvent l'expression "à quoi bon". Celle-ci témoigne d’une sorte de désabusement, de dégout de la vie, une démotivation de la part de certains adultes.

Malheureusement, lorsqu’un adulte répond cela à un jeune, ce dernier qui a besoin d’aide et de discussion, se retrouve face à une personne qui ne lui témoigne pas d’empathie. De même, lorsqu’une personne nous répond "ce n’est pas grave", cela démontre un manque d’empathie qui peut pousser l’autre à ajouter une nouvelle souffrance à celle qu’il vit déjà : celle de ne pas être compris.

L’apprentissage de l’empathie active permet alors de développer une écoute méthodique et rigoureuse qui accompagne l’autre.

Chapitre 4 - L’exercice de la liberté et ses conséquences

Dans le quatrième chapitre de son livre "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", Thomas d'Ansembourg explique que nous cherchons à vivre de manière libre. Mais il souligne que chaque acte de liberté porte, avec elle, son lot de conséquences.

4.1 - La liberté implique des choix responsables

En fait, l'acte de liberté implique la responsabilité de faire des choix et donc d’abandonner également certaines options. C’est pour cette raison que nombreux sont ceux qui préfèrent ne pas être libres et rester dans un confinement mental. La liberté fait parfois plus peur que la contrainte.

Pour Thomas d’Ansembourg, à force de vivre sans choisir, on choisit finalement de ne pas vivre. Si la liberté consiste à faire des choix dont les conséquences sont parfois désagréables, cela ne signifie pas pour autant que l’on ne soit pas libre.

Pour cette liberté, il se peut en effet que, parfois, nous devions lâcher telle ou telle option. Selon l'auteur, notre liberté s’exerce ainsi uniquement si nous laissons de côté certaines choses. Et pour lui, il ne s’agit pas simplement de fermer une porte ou de tourner une page. Il faut consacrer du temps à ces moments de renoncements et de deuils dans nos propres choix.

4.2 - Le cadre, les règles et la structure au service des sens

Pour l’auteur, nous avons besoin de sens comme de pain.

Dans les conférences qu’il anime, Thomas d’Ansembourg invite les participants à rafraichir et à stimuler leur conscience de ce que signifient les mots que sont le respect, l’autorité ou l’obéissance.

Pour cela, il explore les différentes questions qui sont au coeur de la relation d’éducation :

Comment nous parler et nous écouter vraiment, sans fausse gentillesse ni agressivité ?

De quelle façon transmettre des valeurs stimulantes et motivantes sans les imposer ?

Comment établir des limites claires et éclairantes sans nous enfermer ni enfermer l’autre ?

Comment donner de la structure avec inspiration et comment rester inspiré tout en étant structurant.

Pour Thomas d’Ansembourg, nous aurons du mal à transmettre aux jeunes une attitude claire et féconde par rapport aux structures et aux limites si nous en avons une notion et une vision peu inspirante, figée ou qui vacille entre la rigidité et le laxisme.

Les jeunes ne respectent pas les règles, car ils ne les comprennent pas et cette réaction est normale, car n’importe qui aurait dû mal à appliquer une règle qui n’a pas de sens pour lui.

Avec la conscience du sens, il y a de fortes chances que nous ressentions le besoin de partager, tous ensemble, certaines règles qui sont censées nous apporter du bien-être.

La communication non violente peut nous aider à prendre conscience de notre propre pouvoir de changer et de ré-enchanter notre vie, de manière surprenante pour nous-mêmes et pour les personnes qui nous entourent.

4.3 - Récompenses et punition, la carotte et le bâton : mais qui est l’âne ?

Les règles soutiennent la vie personnelle et commune. Toutefois, si les règles ne sont pas comprises et qu’elles n’ont pas été validées en amont, essayer de les faire respecter est une perte d’énergie.

Thomas d’Ansembourg développe ici plusieurs idées autour du sens, de la responsabilité, de la confiance et de l'inclusion :

Sans un "nous" solidaire et fécond, on se tape vite l’un sur l’autre. Certains projets éducatifs ont mis en place des méthodes différentes qui ne reposent pas sur les anciens modèles mais sur ce "nous". Ainsi, dans ces projets, les jeunes contribuent, dès le plus jeune âge, à l’élaboration du programme d’apprentissage qu’ils devront suivre. Nous sommes loin du concept où les enfants se contentent de suivre. La passivité n’a pas sa place ici.

L’excès de règles étouffe le sens et sape la responsabilité.

La confiance crée la confiance et la responsabilité encoure à la conscience.

Une punition entraine un rejet et les rejettés se sentent ainsi exclus. Pour conjurer ces programmations, nous avons besoin de provoquer l’inverse et d’oeuvrer à l’inclusion. Le système de punition et de récompense semble être un tragique constat d’échec de la relation et il est le signal de l’absence d’un "Nous". Il nous bloque dans un modèle où une personne à tort et une autre a raison.

4.4 - Créer et maintenir un cadre soutenant

Thomas d’Ansembourg est le président d’honneur d’une association qui travaille auprès de parents et de professionnels de l’éducation.

Durant les réunions avec les participants, l’association établit un cadre dès le départ où chacun a sa place.

L'auteur précise ici que ce n’est pas parce qu’on rassemble des personnes que l’on forme nécessairement un groupe. Il est important de comprendre que l’individu ne s’efface pas au profit du groupe.

C’est pour cela, que dans ces groupes, chacun s’exprime à travers des échanges par deux. Chaque personne peut partager avec l’autre ce qui est important pour lui. Ce cadre permet de parler, d'être entendu et de découvrir que l’ensemble des participants aspirent tous à la même chose : l’écoute, le respect et la considération.

De même, les enseignants formés à la communication non violente élaborent un cadre de vie à leurs élèves, facilitant ainsi le respect des règles. En exprimant de la compréhension, en aidant les jeunes à trouver du sens et en les accompagnant, nous les aidons à une prise de conscience du non-respect de l’engagement, ce qui suscite la volonté de réparer.

4.5 - Sanctionner sans punir, c’est possible ?

Selon Thomas d’Ansembourg, la notion de "punir" est absurde, alors que "sanctionner" un comportement qui enfreint une valeur a du sens. C'est pourquoi, nous pouvons apprendre à sanctionner sans passer par la punition.

L'auteur du livre "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" partage plusieurs idées à ce propos :

La sanction consiste à ne pas laisser passer un comportement qui compromet ou transgresse une valeur : ainsi, à travers un échange qui permet de mettre en place la réparation, nous montrons à l’autre qu’on le considère. Tandis que la punition humilie et dégrade, la sanction rend hommage et encourage à la compréhension de la valeur.

En appliquant la punition, nous perpétuons la culture du malheur et des rapports de forces. La punition a coupé le lien social existant entre les individus. Elle pousse à l’exclusion et a lien de domination et de soumission.

De plus, punitions et récompenses sont inutiles, notamment chez les enfants. En effet, l'auteur explique que les enfants sont en capacité d'apprendre seuls, sans cela, notamment parce qu'ils créent de la dopamine qui leur procure de la joie et de l’enthousiasme. Et ce système de récompense intérieure leur donne des ailes.

La notion de punition ou de correction continue d’exister à notre époque, alors même que nous savons les impacts négatifs qu’ils peuvent avoir sur les enfants et les futurs adultes. Cette inconscience dont font preuve de nombreuses personnes les empêche de voir qu’ils perpétuent un système basé sur la violence qui cautionne la brutalité comme un élément majeur de la vie. En entretenant ce type de relation, nous activons les comportements de domination-soumission.

4.6 - Une solution de rechange : les pratiques de justice restaurative

Il est possible de gérer les crises d’une autre manière qu’en ayant recours à la punition.

Face à un conflit, la création d’un "cercle de confiance", où chacun peut s’exprimer sur l’acte qui a été commis, permet de gérer le problème à travers la médiation. Ici, chacun à la possibilité d’exister et le conflit se règle vite et sans aucune punition.

En fait, le cadre sécurisant qui s'accompagne d'une réelle écoute, permet de débuter la construction de la réparation. Cette pratique est intéressante à la fois chez les enfants, mais également chez les adultes qui peuvent prendre du recul sur les soucis qu’ils affrontent.

4.7 - Une éducation sans violence, enjeu de santé publique

Thomas d’Ansembourg nous rappelle ici qu’un climat bienveillant contribue à une enfance heureuse et donc à la possibilité d’un âge adulte heureux.

L'auteur explique que sans empathie, certaines connexions neuronales ne peuvent pas se faire dans le cerveau de l’enfant.

L’empathie n’est donc pas un simple accessoire : c’est un élément majeur de l’éducation. Pour l’auteur, elle devrait être l’essence même de toute éducation.

De nombreuses maladies psychiatriques sont dues à des modifications cérébrales causées par le stress et la maltraitance dans la petite enfance. L’absence d’empathie vis-à-vis d’un enfant a des conséquences redoutables sur l’apprentissage et leurs comportements. Plus nous montrons de l’empathie à un enfant, plus il devient empathique. Les fessées, les paroles humiliantes ou la gifle ont des conséquences désastreuses sur les neurones et peuvent modifier les structures cérébrales.

L’auteur insisite : nous devons absolument déprogrammer cette habitude de brutalité ordinaire et comprendre qu’il n’y a pas de petite maltraitance ni de petite violence. Il est capital pour les parents de comprendre qu’une situation de violence entraîne une confusion chez l’enfant qui voit la personne qu’il aime le maltraiter et le rabaisser.

4.8 - Les premières années durent toute la vie

Pour l'auteur de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", la violence subie apprendra à l’enfant à régler ses conflits par la violence et le rapport de force. Elle transmet l’idée que l’on peut frapper, blesser et humilier une personne qu’on aime.

Pourtant, nous devons faire le constat que la violence faite aux enfants est aujourd’hui banalisée.

Les jeunes qui ont connu, dans leurs premières années de vie, la violence et la maltraitance ont tendance à l’intégrer comme un processus de défense. Ces jeunes n’ont pas bénéficié de conditions éducatives et affectives leur permettant de construire une pensée suffisamment organisée pour contenir leur violence.

Pour l’auteur, il est temps d’accepter qu’un enfant dont les besoins psychiques minimaux ne sont pas satisfaits souffre également d’une maltraitance dont les conséquences négatives refont surface à l’âge adulte. Le cerveau de l’enfant est inachevé à la naissance, il se construit et arrive à maturité dans le monde réel.

C’est pourquoi les liens qu’entretiennent les parents et les enfants dans les premières années sont fondamentaux. Ils affectent l'organisation du cerveau de l’enfant, sa façon d’apprendre et sa manière de se comporter le reste de sa vie.

4.9 - Dès la conception priorité à la qualité des échanges relationnels

Selon Thomas d’Ansembourg, la qualité des échanges relationnels dans la famille doit être la priorité des dirigeants politiques, car celle-ci conditionne en grande partie la santé mentale et le bien-être des citoyens.

Pour terminer le quatrième chapitre de son ouvrage "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", l’auteur reprend la fin de son premier livre où il écrit qu’il espère rencontrer un jour des ministres visionnaires, qui seront enfin prêts à investir dans le changement durable de nos modes de relations, car ils auront pris conscience que l’on ne change rien durablement si le mouvement ne part pas de l’intérieur de l’être.

Chapitre 5 - Le Temps, l’Infini et les ressources intérieures

5.1 - Trouver la paix intérieure profonde entre vieux et nouveau monde

Le consensus social qui a longtemps existé sur la manière d’éduquer les enfants tend à disparaitre depuis Mai 68. Avant, on faisait comme on avait toujours fait et comme les autres faisaient, et cela était renforcé par la réponse collective qui offrait un appui moral. Les choses évoluent désormais. De nombreux enfants comparent l’attitude de leurs parents entre eux.

Selon l’auteur de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?", nous naviguons entre un vieux monde et un nouveau monde dont les repères ne sont pas encore très clairs. Pour que cette transition se fasse sans angoisse, nous avons besoin de développer nos ressources personnelles et trouver des repères intérieurs stables.

Thomas d’Ansembourg craint que certains jeunes parents adoptant les mêmes codes que leurs enfants ne les aident pas à trouver leur place dans le passage de l’enfance à l’âge adulte. Leur difficulté à accepter leur âge et à traverser en paix le temps, n’offre pas une vision de confiance, mais plutôt de doute au fait d’avancer dans la vie. Si nous souhaitons apporter une meilleure qualité de vie et transmettre l’amour de la vie aux futures générations, il est alors essentiel de trouver le bien-être intérieur profond. Pour l’auteur, c’est en nous consacrant du temps que nous révélons ou réveillons la dimension sacrée de notre vraie nature.

5.2 - Nous sommes un être infini coincé dans un corps fini

Thomas d’Ansembourg a la conviction que chaque être humain est "un être infini coincé dans un corps fini". Selon lui, nous avons tous des besoins infinis de justice, de solidarité, de paix et d’amour. Nous ressentons cette aspiration de notre être profond vers cet infini.

Ces moments se retrouvent dans certains instants de contemplation, de méditation ou d’émerveillement. La nature, le silence ou l’art facilitent cette expérience. Il suffit parfois d’écouter le chant d’un oiseau pour être émerveillé au plus profond de nous. Quelque chose d’extrêmement intime tressaille alors en nous face à cet infini.

Pour atteindre cet état, il n’y a rien à faire, tout simplement se concentrer à "défaire les obstacles qui entravent l’accès au puits". L’auteur nous invite à imaginer un monde où nous apprenons à maintenir en nous la conscience de ce puits de lumière. Pour lui, l’ouverture à la vie intérieure fait intégralement partie de l’éducation citoyenne et a sa place dans la scolarité des enfants.

5.3 - L’intériorité : un enjeu citoyen

Pour Thomas d’Ansembourg, nos sociétés actuelles sont enfermées dans une laïcité étouffante et stérile.

Selon lui, la laïcité n’est pas l’abandon de la vie spirituelle. Il s’agit avant tout d’une cohabitation respectueuse et féconde de toutes les pratiques philosophiques, religieuses, spirituelles non religieuses et toutes formes de vie intérieure avec l’indépendance de l’État.

La vie intérieure et la quête du bien-être sont des enjeux essentiels, mais ne sont pas considérées comme telles par nos gouvernements qui voient en ces pratiques des éléments futiles. Pourtant, ces enjeux sont pour l'auteur de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" au coeur de l’être de chacun.

5.4 - Méditant et Militant, contemplation et action

Dans cette partie, Thomas d'Ansembourg souligne deux idées :

Notre capacité à entreprendre des changements importants dans le monde à partir du moment où nous travaillons ensemble sur des projets et des actions concrètes utilisant la puissance de la collaboration en équipe ou en réseau.

Notre difficulté à connaître la vie riche et profonde sans intégrer au quotidien une dimension spirituelle.

Et pour lui, les représentations préétablies et la "révérence systématique" à ce qui a été dit, écrit ou transmis peuvent compromettre l’accès à cette conscience.

Les jeunes d’aujourd’hui cherchent à vivre dans cette conscience au quotidien, en faisant quelque chose, par l’action et la création. En élargissant nous-mêmes notre conscience spirituelle, nous créons un climat d’accueil encourageant pour les jeunes. Nous sommes sur terre pour apprendre à développer notre nature profonde qu’est la joie. Pour cela, nous devons la dégager de ce qui l’encombre, comme le fait notamment notre rapport au temps.

5.5 - "Pourquoi vite ?", pacifier notre temps

Thomas d'Ansembourg termine son ouvrage intitulé "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" en nous rappelant que le temps s’écoule depuis bien avant notre naissance et continuera de le faire après. 

Aussi, pour trouver la paix en nous-mêmes et dans nos relations avec l’autre, il nous invite à revoir notre rapport au temps.

Il est nécessaire, dit-il, d’adopter un rythme doux, paisible où la course n’est pas dominante. Nous avons besoin de vigilance, de bienveillance pour retrouver un rapport au temps fécond et fédérateur. Un temps qui nous permet de vivre avec tout l’amour et le respect dus au vivant. Car comme le disait Paul Valéry, "la véritable tradition dans les grandes choses n’est pas de refaire ce que d’autres ont fait, mais de retrouver l’esprit qui a fait ces choses et en ferait de tout autre en d’autres temps."

Conclusion de "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" de Thomas d'Ansembourg

Le livre "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" de Thomas d’Ansembourg est un ouvrage qui nous permet de comprendre comment nous pouvons réussir à retrouver une vie plus heureuse, des relations interpersonnelles de qualité, en phase avec nos valeurs.

Thomas d'Ansembourg y développe notamment quatre points à retenir de cette lecture.

Les mécanismes de transmission des émotions négatives

La lecture du livre nous aide à comprendre comment les émotions négatives telles que la colère, la tristesse et la peur peuvent être transmises de génération en génération, et comment cela affecte la façon dont les individus perçoivent et gèrent leurs propres émotions une fois adultes.

Des conseils pour une communication efficace avec les jeunes générations

À travers notamment la pratique de l'écoute active, de l'empathie et de l'assertivité. Ces techniques aident à mieux comprendre les besoins et les perspectives des autres et des jeunes en particulier, ainsi qu'à exprimer nos propres besoins de manière claire.

L'importance de la prise de responsabilité personnelle pour construire des relations saines

Thomas d'Ansembourg nous encourage à être conscients de nos actions en tant qu'adulte et de leur impact sur les jeunes, ainsi qu'à être responsables de nos émotions et de notre propre bonheur.

Une réflexion sur les normes sociales de la vie adulte

L'auteur nous invite à remettre en question les normes sociales qui définissent ce qu'est censé être un adulte. Il partage les différentes façons que nous avons de vivre de manière authentique et significative en tant qu'adulte. Enfin, il nous encourage à nous défaire des attentes sociales et à trouver notre propre chemin vers la maturité.

Après son best seller intitulé "Cessez d'être gentil, soyez vrai", Thomas d'Ansemburg nous propose un deuxième livre référence en matière de communication et d'éducation. "Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?" est définitivement un must have à mettre entre les mains de tout parent ou "éducateur" en contact avec des enfants ou adolescents. En plus de provoquer une véritable prise de conscience quant aux enjeux de la communication avec les générations futures, ce livre dépoussière avec raison nos idées sur l'éducation.

Points forts :

L'écriture fluide et facile à lire.

Les propos ponctués de citations, de témoignages et d’anecdotes personnelles de Thomas d’Ansembourg qui rendent le contenu vivant et captivant.

Les exercices proposés, à réaliser.

Le ton critique, mais toujours bienveillant.

La réflexion qui encourage à adopter une posture authentique, responsable ainsi qu'une communication non violente avec les jeunes générations.

Point faible :

Je n'en vois pas.

Ma note :

                         

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Mon, 29 May 2023 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12402/Notre-faon-dtre-adulte-fait-elle-sens-et-envie-pour-les-jeunes-
Le bug humain http://www.olivier-roland.fr/items/view/12353/Le-bug-humain

Résumé de « Le bug humain » de Sébastien Bohler : découvrez ce livre explosif qui fait une hypothèse simple et un peu effrayante — et si c’était une partie de notre cerveau qui nous poussait à piller la planète ? Serions-nous capables d’arrêter cette course folle ?

Par Sébastien Bohler, 2019, 268 pages.

Chronique et résumé de « Le bug humain » de Sébastien Bohler

Un mot sur l’auteur

Sébastien Bohler est docteur en neurosciences et journaliste scientifique. Il est le rédacteur en chef de Cerveau & Psycho, un magazine de référence en psychologie, neurosciences et développement personnel. Il a également été chroniqueur radio et télé.

Sébastien Bohler a également écrit :

La chimie des émotions (2007) ;

Sexe et cerveau (2009) ;

150 petites expériences sur la psychologie des médias (2008).

Le bug humain (2019) a reçu le Grand Prix du Livre sur le Cerveau remis par la Société Française de Neurologie en 2020.

Première partie. Dans la boîte noire du cerveau

Et si c'était le cerveau qui nous empêchait de faire face à la crise climatique ? Telle est la thèse audacieuse de Sébastien Bohler. Ou plutôt : ce sont selon lui les défaillances de notre cerveau qui nous entraînent à notre perte. Telle est l'affirmation qu'il prétend démontrer dans ce livre.

Perdre ce que l'on aime

L'île d'Yeu, où l'auteur possède une maison de famille, est menacée par la montée des océans. Plus largement, ce sont des millions d'hommes et de femmes qui devront probablement fuir leurs maisons pour cette raison.

Aujourd'hui, prévoir son avenir personnel et celui de ses enfants ou petits-enfants est devenu impossible. Pourquoi ? Parce que nous savons que le changement climatique et la destruction de la planète vont impliquer de graves transformations pour les habitats humains, mais que nous ne savons ni exactement lesquelles, ni comment agir.

Ce cerveau auquel nous devons tout

8 milliards d'êtres humains : c'est à peu près le nombre d'humains sur Terre. Il y a deux siècles, nous étions 1 milliard. Le développement exponentiel de l'humanité est dû, au moins en partie, à notre cerveau. Grâce à lui, nous avons développé les sciences et les techniques, notamment. C'est aussi lui qui soutient notre conscience, grâce à laquelle nous donnons sens à la vie.

Selon l'auteur, nous devons toutefois nous méfier, car ce succès cache une face sombre :

« [Le cerveau] a signé un pacte avec le diable, il y a fort longtemps. Ce pacte lui promettait la puissance, la domination et la maîtrise de la nature dans un premier temps, mais la ruine et la destruction dans un second. Il a réalisé la première partie de ce contrat. Aujourd'hui, il est temps de payer sa dette. » (Le bug humain, p. 16)

Le concept de dépassement

Le jour du dépassement (overshoot day) est le moment où l'humanité vit « à crédit », c'est-à-dire où elle a consommé « les ressources que la planète peut reconstituer ». Pour que l'économie soit pérenne, il faudrait que cette date tombe le 31 décembre.

Et pourtant, nous l'avons atteint au mois d'août (en 2019), voire en juillet (2022). Cette situation ne cesse d'empirer, le risque est alors celui de l'effondrement des écosystèmes, qui deviendront incapables de supporter "le poids" de l'humanité.

Une expérience bactérienne

L'auteur raconte ici une anecdote : lorsqu'il était en thèse, il perdit une colonie de bactéries parce que celles-ci se reproduisirent dans un milieu fermé, saturé et manquant de ressources nutritives.

Akkadiens disparus

On pourrait penser que les humains ne peuvent connaître le même sort. Pourtant, la chute de civilisations anciennes nous enseigne le contraire.

Même si nous sommes capables de nous projeter dans l'avenir, nous pourrions bien commettre la même erreur que les bactéries du tube à essai, qui continuèrent à manger et à se multiplier malgré l'épuisement des ressources.

Nous savons, mais nous n'agissons pas

La conscience des événements à venir — nous savons en effet très bien ce que nous sommes en train de faire à la Terre, les scientifiques nous le répètent assez désormais — ne suffit pas à insuffler le changement.

Pour l'auteur, voici ce qui se joue au fond de notre cerveau :

"La nature ne pense pas, ne prévoit pas. Elle produit des cerveaux qui réussissent temporairement en se montrant plus efficaces que les autres. Et si le plus efficace de tous finit par creuser sa propre tombe, il n'y aura personne pour l'en sortir." (Le bug humain, p. 28)

Les cinq motivations secrètes de notre cerveau

Quelles sont-elles ?

Se nourrir ;

Assurer sa progéniture ;

Devenir plus fort ;

Acquérir cette force avec un minimum d'efforts ;

Connaître le mieux possible son environnement.

Voyons maintenant comment cela fonctionne dans le détail.

Striatum et dopamine

Les organismes (tels que les rats ou les lamproies) apprennent grâce à un système de renforcement simple : le striatum, une petite structure nerveuse présente chez tous les vertébrés, située juste sous le cortex cérébral, envoie de la dopamine (hormone de la satisfaction ou du "bonheur") pour récompenser l'action bien accomplie : trouver une proie efficacement, réussir à se reproduire, etc.

Parmi les autres composants du cerveau (cortex cérébral), tels que l'amygdale, le striatum a donc une place particulière et essentielle. Il est lié à la moelle épinière et à l'aire tegmentale ventrale, où est produite la dopamine. C'est là que se "décident beaucoup de choses dans notre cerveau".

À l'intérieur de la grosse boîte

Le cerveau humain a quelques particularités par rapport à celui d'autres vertébrés tels que le rat :

Il est « verticalisé », car nous sommes bipèdes ;

L'encéphale est volumineux, environ 1400 cm, avec 100 milliards de neurones et un million de milliards de synapses (les connexions entre les neurones).

Problème : le striatum tient les commandes de ce super-engin et ne connaît aucune limite. Il n'a pas été conçu pour se réfréner. Explications.

La grande bouffe

Striatum en action

Des expériences sur des souris le démontrent : le striatum commande en nous donnant "l'envie de vivre", c'est-à-dire en nous procurant du bonheur dans les 5 activités essentielles citées plus haut.

C'est grâce à lui que vous vous sentez "incité" à agir, et parfois à agir de façon exagérée (comme lorsque vous mangez sans avoir faim).

Striatum en veille

Le striatum nous permet de nous « activer ». On le voit chez des personnes ayant souffert d'un traumatisme crânien par exemple : si le striatum est atteint, certains patients n'ont plus aucun désir ni « ressort intérieur ».

En d'autres termes, le cerveau nous incite fortement à manger, à nous reproduire, à acquérir des ressources et des informations, et à le faire rapidement, sans chercher à nous limiter. Il en va de notre survie : c'est du moins ainsi que les choses avaient commencé.

Mais selon Sébastien Bohler, cette incapacité de limiter nos désirs crée aujourd'hui une situation intenable au niveau global.

Qu'est-ce qui gêne ?

Les gènes des personnes ayant un striatum plus exigeant et plus "virulent" ont toutes les chances de survivre et donc de léguer leurs gènes aux générations futures. Tel fut sans doute le cas dans l'histoire de l'évolution humaine.

Mais alors, qu'est-ce qui pose vraiment problème aujourd'hui ? Pour l'auteur, il s'agit de l'invention de certaines technologies. Celles-ci créent un point de rupture.

La nature-usine

L'industrie agricole telle que nous la connaissons aujourd'hui, associée aux biotechnologies, permet de produire des masses énormes de nourriture en tout genre, dont nous n'avons pas vraiment besoin.

Au contraire, les Occidentaux sont aujourd'hui en surpoids, parce que nous produisons et consommons trop.

L'humanité obèse

Dans les pays industrialisés, l'obésité tue presque autant que le tabac, selon l'OMS. L'industrie des régimes essaie de freiner le phénomène, mais cela ne fonctionne pas vraiment : lorsque vous vous privez un temps, vous compensez ensuite et reprenez du poids.

"Notre cerveau est configuré pour en demander toujours plus, même quand ses besoins sont satisfaits." (Le bug humain, p. 51)

On est foutus, on mange trop

Tous, nous voulons manger encore plus. C'est inscrit dans notre patrimoine génétique, selon Sébastien Bohler. Cela ne posait pas de problèmes aux Sapiens d'alors, qui courraient toujours après la nourriture. Mais c'est dangereux aujourd'hui, car nous avons à portée de main à peu près tout ce qui se mange !

Le vrai maître du monde : le circuit de la récompense

Un rat stakhanoviste

À partir d'expériences sur le rat menées dans les années 1950, James Olds et Peter Milner ont découvert le circuit de la récompense. Celui-ci se situe dans le striatum et plus précisément dans le noyau accumbens.

Sébastien Bohler résume de la façon suivante le résultat de leurs études :

"Une fois que ces rongeurs avaient goûté à la sensation que procure la mise en route du système de récompense, ils ne désiraient plus rien d'autre. Ils cessaient même de boire et de manger." (Le bug humain, p. 56)

Striatum et nirvana

Les chercheurs purent continuer leurs recherches sur l'homme. Tous réactionnèrent comme les rats. Certains témoignèrent vivre des expériences de stimulation et de jouissance intenses.

Ces études transformèrent notre conception des motivations humaines et sont à l'origine de l'idée qui sous-tend ce livre.

Programmés pour le sexe

L'activité sexuelle titille le circuit de la récompense et le striatum qui, en retour, en demande toujours plus. En activant le striatum, il est même possible de décupler les performances sexuelles.

Autrefois, il fallait conquérir un ou une partenaire avant de pouvoir passer à l'acte. Aujourd'hui, les images et vidéos érotiques ou pornographiques donnent à chacun l'occasion de "gaver son noyau accumbens d'images incitatives, sans autre limite que celle du temps disponible".

Cerveau vs porno

La consommation de contenus pornographiques en 2D et de plus en plus, bientôt, en 3D (grâce à la réalité virtuelle), est très gourmande en énergie. L'industrie pornographique est la plus grosse industrie d'Internet et elle consomme énormément d'électricité.

Le problème n'est plus d'accéder au sexe, mais de s'arrêter : les addictions de nature sexuelle sont de plus en plus fréquentes et génèrent donc, parallèlement, une plus grande dépense énergétique nocive pour la planète.

En fait, l'auteur affirme que 35 % du trafic Internet, soit le pourcentage imputé à l'activité pornographique en ligne, implique une émission de 150 millions de tonnes de dioxydes de carbone dans l'atmosphère. Un chiffre énorme.

Striatum homme/femme mode d'emploi

D'un point de vue évolutif, les hommes ont été davantage tournés vers l'hypersexualité : plus l'homme s'accouplait, plus il avait de chances de transmettre ses gènes. Ce n'est pas pareil pour la femme, qui a davantage développé, au cours de l'histoire biologique, un attrait pour la protection des enfants.

Mais attention ! L'auteur prévient : cette explication évolutionniste est réductionniste et doit être prise avec précautions. L'enjeu de ce livre est justement de déjouer les tours que nous jouent notre cerveau et l'évolution.

Pourquoi les chats sont les stars du Net

Comme les parents préfèrent cacher leurs nourrissons de la foule, il n'y a heureusement pas d'industrie du bébé. Par contre, il y a bel et bien une industrie de la vidéo du chat qui est très, très florissante (elle arrive en deuxième position après le sexe).

Or, le chat - et surtout le chaton - active les mêmes zones du cerveau, en nous procurant du plaisir et un sentiment protecteur. Pourquoi ? En raison de la néoténie, c'est-à-dire la forme pouponne (ressemblant à un bébé) des chats et chatons.

Ici encore, la consommation effrénée de ces vidéos génère des émissions énormes de CO2.

Un entêtement fatal

Et pourtant, nous restons devant nos écrans, préférant les « shoots » instantanés de dopamine à l'action et à la prévision.

Atteindre le haut de la pyramide

L'origine des hiérarchies

Les êtres humains n'ont peut-être pas de griffes ou de cornes, mais ils savent s'organiser. Cela leur donne un avantage certain sur les autres espèces. Mais qui dit organisation, dit aussi le plus souvent hiérarchie, donc domination de certains individus sur d'autres.

Ces systèmes de domination se repèrent chez d'autres animaux sociaux et en particulier chez d'autres primates. Homo sapiens a raffiné le processus.

Singe savant

Notamment, l'évolution a favorisé l'émergence de visages très différents chez les humains. Pourquoi ? Pour pouvoir reconnaître rapidement les amis des ennemis, les subordonnés et les chefs. Comme l'homme devenait bipède, il avait besoin d'un moyen de reconnaissance rapide.

Notons que le goût de l'observation se rencontre aussi chez les primates. Certains chimpanzés peuvent passer de longues minutes à admirer le visage de leurs chefs en photo, par exemple. Ne faisons-nous pas de même avec les célébrités ?

L'essentiel, c'est de gagner

De façon analogue, nous adorons voir des compétitions et repérer qui gagne et qui perd. Cela stimule fortement notre striatum. Ce goût est essentiel à la survie (du moins il l'était), puisqu'il nous permet de situer chacun dans l'ordre social.

Mais pourquoi gagner ? Eh bien pour avoir un avantage en matière de reproduction. Des études sur des primates, des hominidés et Sapiens le montrent : plus vous êtes dominant, plus vous avez de femelles dans votre entourage et pouvez diffuser vos gènes.

Descendants de violeurs

L'auteur donne l'exemple de conquérants et de rois ayant eu jusqu'à 500 "concubines favorites". Mais c'est surtout le cas de Gengis Khan qui retient l'attention, puisqu'au cours de ses campagnes de guerre, il aurait commis tant de viols et d'actes sexuels qu'il aurait, à lui seul, engendré "environ 0,5 % de la population mondiale" d'alors, soit "une personne sur 200" aujourd'hui (p. 80) !

Un poisson qui aimait le sexe

Lorsque le Burtoni, un poisson coloré et violent, prend l'avantage sur son adversaire, ses couleurs changent et la taille de ses gonades augmente (il devient plus fertile), tandis que le perdant voit les siennes rétrécir (il devient moins fertile).

Les rapports de domination peuvent donc se marquer physiquement et engendrer des différences morphologiques. De fait, les dominants seront aussi souvent mieux lotis, niveau santé, que les dominés.

Le striatum de Harvey Weinstein

La corrélation entre statut social et nombre de partenaires reste vérifiable dans nos sociétés contemporaines. Cela prend parfois la forme d'une violence de plus en plus insupportable, comme le rappellent l'affaire Weinstein et le mouvement #Metoo.

Un cerveau conçu pour dominer

D'autres expériences scientifiques tendent à affermir la thèse du besoin "inné" de statut social. Des études sur des singes montrent par exemple que le circuit de la récompense est activé lorsqu'un singe reçoit plus qu'un autre.

L'auteur généralise en disant que l'être humain cherche toujours à être plus performant, mieux loti que son voisin. Et que tout cela se joue dans "quelques centimètres cubes de matière neuronale".

Striatum musclé

En outre, le striatum prend l'habitude du succès et en demande toujours plus. Les individus qui gagnent en veulent encore et ont besoin de doses plus fortes. Ils ont un striatum plus résistant qui génère plus de dopamine et donc de plaisir et d'envies (sexuelles, matérielles, etc.).

Piégés par le luxe et le besoin de statut

Le striatum est donc "malléable" : votre situation sociale (perçue ou réelle) va plus ou moins activer votre circuit de la récompense et "muscler" votre striatum.

Problème : tout le monde a aujourd'hui le loisir de se montrer supérieur à autrui de mille manières (photos de voyage paradisiaque, nouvelle voiture, job de rêve, etc.) et de façon plus étendue grâce aux réseaux sociaux.

Et chacun en veut toujours plus, quitte à ce que cette hyperconsommation soit néfaste pour l'ensemble de l'humanité à long terme.

Consommer pour exister

La publicité joue habilement sur ces désirs d'en vouloir toujours plus. Même les plus "dominés" peuvent jouir un temps du sentiment si agréable (c'est le circuit de la récompense !) d'être/avoir "plus" que le voisin.

Ma voiture, mon téléphone

Les voitures et les téléphones portables restent des produits particulièrement prisés et qui symbolisent plus spécifiquement que d'autres le statut social (mais c'est le cas aussi, dans une moindre mesure, pour les chaussures de marque ou le dernier sac à la mode).

Mais quel est le coût écologique de cette hyperproduction ? Telle est la question que nous ne voulons pas poser (nous préférons de loin le plaisir de consommer), mais qui nous pend au nez.

Suivez le chef !

Les politiques capitalistes menées par une bonne part des gouvernements de par le monde ne font qu'encourager ce besoin de statut social déjà ancré depuis bien des générations dans nos cerveaux.

La bénédiction du chômage

Les neurones de la paresse

Ne rien faire : voilà quelque chose qui plaît beaucoup à notre striatum. Ou plutôt, notre cerveau suit la loi du moindre effort.

L'auteur résume une étude montrant que nos neurones calculent le rapport coût/bénéfice de chaque action. Si l'effort pour aller chercher une nourriture lointaine est trop grand, l'animal (rat, singe ou humain) passera son tour.

Travailler moins pour gagner plus

Nous adorons nous fatiguer moins. C'est en partie pourquoi les robots industriels mais aussi les appareils électroménagers ont tant de succès ! Grâce au confort et à la technologie modernes, nous sommes en passe de réaliser ce rêve d'en faire le moins possible.

En fait, les progrès de l'intelligence artificielle pourraient bien se charger de nous faciliter tant la vie que nous n'ayons plus grand-chose à faire. Alors, pourquoi s'en plaindre, puisque c'est ce que notre cerveau veut ? Eh bien… C'est que nous travaillons aussi pour obtenir un rang social et une utilité.

Nouvelle donne sociale

Si la technologie nous met au chômage, comment assouvir ce besoin ? La télévision n'y parvenait pas, mais les réseaux sociaux y pourvoient très bien ! Grâce à votre profil, vous pouvez occuper une place dans le monde.

Se croire important et ne rien faire

Néanmoins, Facebook et d'autres réseaux sociaux changent la donne, car nous n'y sommes pas connectés à un groupe relativement restreint que l'on peut connaître physiquement (d'environ 150 personnes), mais à une multitude, potentiellement beaucoup plus grande, d'individus.

Or, nous pouvons passer nos journées à chercher à nous situer par rapport à tous ces gens ; "le striatum raffole de cela", dit Sébastien Bohler.

Autre problème : le syndrome FOMO (Fear Of Missing Out) qui désigne une peur de rater une bonne occasion ou une information croustillante. Cela peut conduire au stress chronique, à l'insomnie et à la dépression.

Chez les adolescents de la génération Z, cela peut prendre des formes très sévères, ce qu'ont reconnu certains cadres de Facebook.

Le tour de passe-passe d'Internet

"[Les réseaux sociaux] proposent à toute personne dotée d'une connexion Internet ou d'un téléphone d'étancher sa soif de statut social, même sans travail. De cette façon, par le double truchement de la mécanisation et d'Internet, le cerveau humain a trouvé un moyen de satisfaire deux besoins qui semblaient à première vue contradictoire : 1) ne rien faire et 2) se sentir important." (Le bug humain, p. 118)

Informé, surinformé

À côté du sexe, de l'alimentation, de la réduction de l'effort et du statut social, on trouve l'information. C'est-à-dire ? Un signal qui indique "la présence de quelque chose d'intéressant". Dans la nature, plus un organisme est capable de capter ces signaux, plus il a de chances de survivre. Et cela n'a pas changé d'un pouce !

Tant que je gagne, je joue

Certains des neurones présents dans le striatum s'activent lorsqu'ils sont placés à proximité d'une possible récompense. C'est là que se cacherait, selon les études récentes interprétées par l'auteur, notre "soif d'information". Mais comment gérer cette avidité primitive dans un monde hyperconnecté ?

L'infobésité, une boulimie d'informations

Le terme d'infobésité a été conçu pour rendre compte du parallèle entre l'avidité ressentie pour l'information et celle ressentie pour l'alimentation. Le cerveau n'a pas de "limité" pour ce type de denrée : il a été conditionné pour en vouloir toujours plus.

Connaître la météo réchauffe la météo

Nous voulons en savoir toujours plus. Pour cela, nous faisons des recherches, écoutons les informations en boucle, etc. Mais cela a un coût énergétique et écologique qui devient non négligeable. Sébastien Bohler cite des études qui le démontrent.

Se souvenir de Dostoïevski

L'auteur cite également le livre Le Joueur de Fédor Dostoïevski. Dans ce roman, le joueur palpite de plaisir au moment où la bille hésite entre l'une ou l'autre case ; ce moment d'incertitude où la roulette n'en a pas encore fini de tourner.

Selon les neuroscientifiques, cet état s'explique par l'activation des neurones et la libération de dopamine dans ces moments. Ce qui est étonnant, c'est que chez ces joueurs, ce phénomène ne se produit plus seulement au moment où un gain est constaté (ou prévisible), mais bien lorsque l'incertitude est à son comble.

Plus qu'un jeu

Or, c'est aussi ce que mettent en place les jeux vidéo aujourd'hui. Ils distribuent des récompenses de façon partiellement aléatoires à leurs joueurs pour les inciter à continuer. Lorsque la gratification (bonus ou autre) est difficile à anticiper, notre cerveau devient de plus en plus accro.

Jeu dangereux

C'est un jeu dangereux, en effet. L'addiction aux jeux vidéo fait aujourd'hui partie des troubles du comportement reconnus par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Mais c'est aussi le trouble attentionnel avec hyperactivité qui forme un risque important chez les plus jeunes. Habitués aux sollicitations constantes des écrans, certains petits ne savent plus se concentrer.

Pendant que les concepteurs de ces jeux vidéo et autres dispositifs (iPad, etc.) protègent leurs enfants des écrans et des jeux qu'ils ont conçus, la plupart des consommateurs leur font confiance les yeux fermés.

Lutter contre nous-même

"En développant notre cortex cérébral, la nature nous a dotés d'une arme surpuissante. Mais c'est toujours le striatum qui tient cette arme. Et ses buts sont toujours les mêmes, tragiquement simples et limités. Les buts d'un enfant. Mais c'est maintenant un enfant surarmé." (Le bug humain, p. 136)

Pourquoi ? Parce qu'il a les technologies à portée de main pour satisfaire tous ses besoins à l'excès et qu'il ne sait justement pas se réfréner.

Comment ? Les religions et la philosophie s'y sont essayées, mais n'ont pas vraiment réussi, car, selon Sébastien Bohler, « ce n'est pas un livre sacré ou une doctrine qui peut lutter contre un système neuronal forgé à coups de centaines de millions d'années de survie, de douleur et de plaisir. »

Deuxième partie. Le bug humain

Le règne de l'incohérence

Tous les jours, nous entendons les médias nous expliquer des choses contradictoires. Nous savons que le climat s'emballe, mais nous nous réjouissons de la vente de nouveaux avions ou de la création du bitcoin qui exige des dépenses énergétiques folles (et dont les serveurs sont enfouis dans les glaciers qui fondent à toute vitesse).

La croissance pour seul guide

La croissance (avec le progrès) : telle est l'idéologie dominante de nos sociétés occidentales (ou occidentalisées). Elle est si fortement ancrée qu'il est vraiment difficile de la modifier. En plus, elle va dans "le sens du poil" de notre striatum, qui en veut toujours plus.

Programmés pour vouloir toujours plus

En fait, le striatum et le circuit de la récompense ont une fonction supplémentaire à celles décrites jusqu'à maintenant : ils sont à la base des processus d'apprentissage. Des études menées sur des rats (encore !) montrent en effet la chose suivante :

"Mon cerveau me récompense si j'obtiens plus que la dernière fois." (Le bug humain, p. 148)

Une affaire de connexion

Ceci joue un rôle fondamental dans l'apprentissage, parce que vous prenez plaisir à voir vos capacités augmenter.

En fait, tout se joue au niveau des prévisions que vous faites.

Si vous prédisez quelque chose qui arrive effectivement (recevoir du chocolat en allant dire bonjour à grand-mère), vous allez conserver le comportement, mais serez vite lassé.

Si ce qui arrive est "mieux" que ce que vous aviez prévu (recevoir du chocolat et un cadeau), alors vous allez stabiliser ce comportement une bonne fois pour toutes (aller chez grand-mère, c'est vachement bien).

Mais si cette fois le résultat est moindre que la prévision, alors vous serez franchement déçu et voudrez changer de comportement (franchement, ça craint, je veux plus y aller) !

Donc, l'erreur de prévision est centrale dans le processus d'apprentissage ; c'est grâce à elle que nous évoluons et apprenons à nous comporter d'une manière ou d'une autre. C'est ce qu'on appelle, en machine learning notamment, la rétropropagation de l'erreur.

Augmenter les doses pour un tour de manège en plus

"Ce schéma de programmation a une conséquence dramatique : nous ne parvenons à stimuler nos circuits du plaisir qu'en augmentant les doses." (Le bug humain, p. 154)

Dans la réalité, ce problème est nettement visible (vouloir la nouvelle voiture, le nouveau téléphone, le nouveau menu "extra"). Et dans le monde virtuel, il prend des allures encore plus flagrantes.

Tous présidents !

Il en va de même au niveau du statut social : ceux et celles qui se lancent en politique, par exemple, se tirent par les cheveux pour devenir les plus grands, les plus puissants. Et ici encore, c'est dans le monde virtuel des réseaux sociaux que ce phénomène se montre avec le plus d'éclat (la recherche de likes, d'amis ou de followers).

Planète pillée

Il faut donc répéter, encore une fois, la question : que faire lorsque, dans le même temps, le monde s'alarme du réchauffement climatique et poursuit ses activités destructrices avec toujours plus d'entrain ?

Il est urgent de ne rien faire

"Tout se passe comme si nous autres êtres humains étions incapables de tirer les conséquences de nos propres observations pour décider d'actes concrets, collectifs et portant sur le long terme. Quelle est la cause de cette impuissance ? Pourquoi la pensée d'une catastrophe future ne nous conduit-elle pas à modifier nos comportements ?" (Le bug humain, p. 160)

Nous sommes prisonniers du présent

C'est un fait : nous préférons les plaisirs d'aujourd'hui que les avantages incertains de demain, surtout s'ils concernent d'autres que nous (nos descendants). C'est pourquoi nous avons tant de difficultés à nous priver. Nous sommes maintenus dans notre attitude par ce que l'auteur appelle "la force du présent".

L'expérience du marshmallow

Cette célèbre expérience menée par Walter Mischel dans les années 1950 met en évidence ce phénomène. Dans cette étude, on propose à de jeunes enfants d'avoir un marshmallow maintenant ou deux dans trois minutes.

Certains résistent, d'autres craquent. Dans d'autres expériences du même genre, on peut voir que le résultat change en fonction des conditions socioéconomiques des enquêtés (enfants ou adultes).

Pour le striatum, le futur ne compte pas

En fait, "quand l'avenir est incertain, mieux vaut se saisir de ce qui se présente à nous, tant que nous en avons l'opportunité", dit l'auteur en commentant ces études. Et cela se remarque aussi chez les animaux.

Bien sûr, les humains peuvent se projeter dans l'avenir et y trouver un intérêt : les étudiants qui sacrifient quelques années pour obtenir ensuite un meilleur emploi en sont un exemple.

Cette capacité à résister au présent grâce à des représentations sur l'avenir se joue dans le cortex frontal.

Cortex frontal et siège de la volonté

Le cortex, qui est la partie la plus développée du cerveau chez l'humain, est capable de résister au striatum en lui envoyant des signaux inhibiteurs. Mais comment activer l'un plutôt que l'autre ?

Si cela dépend partiellement des gènes, c'est surtout l'environnement socioculturel et l'éducation qui importent, répond Sébastien Bohler. Cela a été démontré expérimentalement par des études récentes.

Nous savons que l'éducation et l'apprentissage peuvent faire de nous des êtres plus "réfléchis et patients". Il reste maintenant à agir.

Action du cortex / action du striatum

L'auteur se livre ici à un très rapide survol de l'humanité, pour montrer que le striatum, bien plus vieux que le cortex, a dû "attendre son heure". Ce n'est qu'au XXe siècle que le cortex apparaît comme superflu : maintenant qu'il a inventé les pâtes prêtes en trois minutes et Internet, le striatum est à la fête !

Autrement dit, Sébastien Bohler diagnostique un risque de baisse de l'action du cortex au profit de l'action du striatum.

Le règne de l'impatience

Des études de sociologie le montrent également : les millennials (nés dans les années 1990), par exemple, sont plus impatients que les générations antérieures, parce qu'ils ont été habitués aux nouvelles technologies. De façon plus générale, plus nous nous accoutumons à la rapidité, plus nous devenons impatients.

Cerveaux incontinents

La nourriture doit être "rapide" (fast-food ou plats cuisinés), l'information doit être "courte et digeste", le statut social et les conquêtes vite atteints. Voici la conclusion de l'auteur :

« L'immense cortex d'Homo sapiens, en lui offrant un pouvoir toujours plus étendu, a mis ce pouvoir au service d'un nain ivre de pouvoir, de sexe, de nourriture, de paresse et d'ego. La grande question qui se pose à nous maintenant est : l'humanité peut-elle sérieusement se définir d'autres buts que ceux de son striatum ? » (Le bug humain, p. 185)

Troisième partie. Les voies de la sobriété

Pouvons-nous reprendre le contrôle de notre destin ?

Les morales et les religions, de l'Antiquité à nos jours, ont tenté de limiter le pouvoir du striatum à coup de valeurs et d'interdits (les 7 péchés capitaux, par exemple, que l'auteur rattache aux cinq besoins de base évoqués plus haut). Pourtant, dans l'ensemble, elles ont échoué dans leur mission.

Le striatum ordonne

Souvent, la volonté tient un moment, puis cède la place à la tentation et au "craquage" (pensez aux régimes, qui se soldent la plupart du temps par des échecs) : cela se nomme en langage savant la "déplétion de l'ego".

Pour Sébastien Bohler, la raison est simple : le striatum est aux commandes depuis plus longtemps que le cortex et c'est lui qui "valide" in fine ce que le premier entreprend. Dans une telle situation, on comprend qu'il n'est pas facile de changer !

L'auteur évoque pourtant deux options :

"Prendre le striatum à son propre jeu" ;

"Faire appel à la conscience" (p. 192).

Le striatum de Mère Teresa

Mère Teresa est considérée par le monde entier comme une icône de générosité et d'altruisme. Pourtant, elle aussi avait un striatum ! Comment expliquer cela ?

Eh bien, une expérience menée sur des hommes et des femmes permet de l'expliquer partiellement. Cette expérience montrait que, chez les femmes surtout, le partage d'une somme d'argent (et donc l'altruisme) avec un inconnu était plus fréquent et que ce geste activait les mêmes zones du striatum que l'action égoïste.

Autrement dit, certaines femmes prenaient autant de plaisir à donner l'argent qu'à le conserver pour elles.

Qu'il est bon de faire le bien…

Sébastien Bohler a interrogé le moine bouddhiste Matthieu Ricard pour savoir si une telle action (se faire du bien en étant altruiste) pouvait être considérée comme un "altruisme véritable". Et sa réponse est oui (vous trouverez la citation p. 196) !

Mais il se demande encore pourquoi ce comportement touche davantage les femmes… Est-ce pour des raisons biologiques ? C'est possible, mais insuffisant. Pour des raisons sociales et d'éducation ? Certainement que cela joue un rôle essentiel, oui.

En fait, le conditionnement social qui vise à rendre les femmes plus souples et tournées vers autrui pourrait bien, finalement (c'est-à-dire malgré la domination qui le sous-tend) jouer en leur faveur.

Finalement, et nous en avons déjà parlé, cela montre aussi que le striatum est "plastique" : il change en fonction des conditions sociales et de l'éducation.

Pavlov, Thorndike et Schultz

Ces trois scientifiques ont travaillé sur la notion de conditionnement ou, pour le dire plus positivement, d'apprentissage. Leurs études nous montrent que nous réagissons à la promesse d'une récompense et que nous pouvons associer cette récompense à des comportements bénéfiques, comme l'altruisme.

Autrement dit, nous pourrions utiliser le striatum contre lui-même pour promouvoir et renforcer des comportements plus vertueux, tels que le respect de l'environnement :

"Un jour, peut-être, le nec plus ultra du snobisme sera d'être sobre et respectueux de l'environnement, et non de posséder un 4 x 4 suréquipé. Dans cette hypothèse, dès l'instant où le statut social sera associé aux comportements respectueux de la planète, la partie sera gagnée. Le striatum sera devenu le moteur de la préservation, et non de la destruction." (Le bug humain, p. 205)

Cette option est fragile, mais elle n'est pas hors de portée. Elle pourrait être mise en place par les gouvernements et les médias à plus grande échelle.

Du dévoilement de l'esprit des droits de l'homme

L'auteur fait un pas de plus dans son analyse en suggérant que les droits de l'homme, émanation des Lumières et de la philosophie libérale, sont un "laisser-passer" pour tous les comportements primaires qui plaisent tant au stratum.

En se bornant à définir et défendre des libertés individuelles, le libéralisme du XVIIIe a certes permis des progrès scientifiques et sociaux, mais a aussi renforcé notre appétit pour le "toujours plus" et l'égoïsme.

Résultat : les individus des Lumières se retrouvent aujourd'hui perdus, car ils doivent inventer un sens par eux-mêmes et n'y parviennent souvent pas.

Murs, dénis, ego

Trois attitudes sont fréquemment observées face à cette incapacité de trouver du sens (ou cette tentative d'en construire un) :

S'enfermer dans une communauté "doctrinale" (murs) ;

Faire comme si de rien n'était et vivre sans y penser (déni) ;

S'intéresser à l'excès à ses plaisirs, à ses réussites à son "estime de soi" (ego).

Un réveil difficile

Et c'est bien souvent cette troisième voie qu'emprunte une majorité d'entre nous. Conséquence : nous donnons toujours plus de poids à notre striatum et nous troquons progressivement notre liberté chérie contre du confort vite gagné.

Alors, encore une fois, que faire ? Nous pouvons certes dévier le striatum (comme expliqué plus tôt) pour le faire agir dans un sens plus positif, mais cela ne l'empêchera pas de chercher du plaisir, toujours plus de plaisir.

La question est donc : "Comment fabriquer plus de plaisir avec moins de stimulations ?" (Le bug humain, p. 216)

Faire plus avec moins : la puissance de la conscience

Sébastien Bohler s'intéresse au phénomène suivant : comment se fait-il que, lorsque nous avons manqué de quelque chose, par exemple de nourriture, la moindre denrée avalée nous semble si délicieuse ? Pour répondre à cette question, l'auteur s'est entouré du spécialiste de la méditation Christophe André, de qui il a appris ce qu'il nomme "l'expérience du grain de raisin".

Tout le bonheur du monde dans un grain de raisin

En résumé, cette expérience simple consiste à prendre le temps d'observer et de savourer un grain de raisin quelconque, d'en remarquer les singularités, mais aussi la saveur qu'il développe pendant de longues minutes sur notre langue, etc.

En faisant cela, vous "prenez conscience" de votre geste, vous le désautomatisez. C'est tout le contraire de se goinfrer et de manger sans y penser !

Conscience, ouvre-toi !

"La conscience est une caisse de résonance pour nos perceptions, et cette caisse de résonnance peut réellement nous donner plus avec moins. C'est cela que révèle l'expérience du grain de raisin. Nous pouvons augmenter, par le pouvoir de notre esprit, un aspect du monde physique." (Le bug humain, p. 224)

Autrement dit, nous pouvons "gruger" le striatum en lui donnant plus de plaisir, tout en lui donnant moins au niveau des quantités. Pour Sébastien Bohler, cela ne fait pas de doute : grâce aux techniques de méditation de pleine conscience, il est possible de :

Développer sa concentration et son attention ;

Être en meilleure santé ;

Devenir plus épanoui.

L'un des enjeux consiste à s'extraire des injonctions offertes par la plupart des publicités qui veulent nous faire entrer dans le jeu de la compétition sociale et du "toujours plus".

Rééduquer son cerveau pour apprendre la modération

En s'appuyant sur des études auprès de personnes obèses, notamment, l'auteur montre scientifiquement l'intérêt des pratiques de méditation de pleine conscience (voir p. 227-229).

Retrouver la profondeur du temps

Comment l'effet bénéfique se produit-il ? Entre autres parce que les personnes parviennent à limiter leur impulsivité (manger tout de suite) et à privilégier les avantages à long terme (rester en bonne santé).

Croissance matérielle ou croissance mentale ?

Grâce à notre cortex, nous allons plus vite, nous avons de meilleures technologies : c'est la fonction "intelligence" qui conduit à la croissance matérielle, mais aussi, malheureusement, à la situation que nous connaissons aujourd'hui.

Mais le cortex préfrontal a une autre carte dans sa manche, et c'est justement la fonction "conscience". Celle-ci pourrait nous conduire vers une croissance mentale. Les robots sont peut-être très intelligents, mais ils n'ont pas de conscience. Et nous, comment pourrions-nous la développer ?

Une conscience à la hauteur de notre intelligence

C'est l'enjeu de ce siècle. Et la partie n'est pas gagnée, face à l'évolution des mondes virtuels et des deepfakes qui nous font prendre nos désirs pour des réalités, pour ne citer que quelques exemples.

Quand le cerveau se nourrit de connaissances

Sébastien Bohler considère qu'il est prématuré d'attendre une croissance mentale de l'humanité de façon rapide. Pourtant, nous pouvons commencer le travail. Et cela passe par le goût pour la connaissance.

Connaître et se libérer

"Quelles chances a la connaissance de s'imposer comme une valeur centrale de nos sociétés ? Il faut être réaliste. La connaissance ne constitue pas un stimulus aussi captivant ni aussi addictif que la nourriture, le sexe ou le prestige social. Pour en faire un renforceur capable de lutter à armes égales contre ces forces, il faut lui adjoindre un allié. Cet allié, nous l'avons vu, est la norme sociale. C'est à la société entière de mettre à l'honneur la connaissance et ses figures de proue, de manière à la rendre attractive et valorisante pour nos cerveaux." (Le bug humain, p. 242)

Les gouvernements, les médias, les entrepreneurs et concepteurs de nouvelles technologies en seront-ils capables ? Et nous ?

Conclusion sur « Le bug humain » de Sébastien Bohler :

Ce qu’il faut retenir de « Le bug humain » de Sébastien Bohler :

Ce livre peut déranger et il est même plus que probable que son auteur l'ait écrit dans un but explicitement polémique. C'est un ouvrage qui expose de façon assez claire une hypothèse forte : le striatum, centre de la dopamine et des besoins primaires, associé aux technologies contemporaines, nous conduit à notre perte.

Le bug humain a fait l'objet de plusieurs critiques dans les médias. Cependant, il n'en demeure pas moins très intéressant et, surtout, très documenté. L'auteur est spécialiste du domaine, puisqu'il a un doctorat en neurobiologie. En tant que journaliste scientifique, il a ensuite pris le temps de recenser et d'étudier un grand nombre d'études récentes, pendant plusieurs années. Si certains lui reprochent ses interprétations, il est en tout cas plus difficile de mettre en doute son travail de recherche.

Par ailleurs, Sébastien Bohler fait preuve de capacités de synthèse et de vulgarisation appréciables. Le livre se lit avec facilité. En bref, si vous avez aimé Sapiens de Yuval Noha Harari, vous aimerez certainement le Bug humain (les deux bouquins se recoupent et on en sent clairement l'influence du premier sur le second).

Points forts :

Le livre est parsemé d'anecdotes personnelles qui facilitent la lecture ;

L'auteur nous présente les concepts de la neurologie de façon soignée et progressive ;

Il y a une volonté de créer du suspense, à la façon d'un page turner ;

Surtout, l'ouvrage se base sur de très nombreuses références scientifiques.

Point faible :

Les critiques considèrent que ce texte verse dans le réductionnisme, c'est-à-dire une explication unilatérale (le striatum serait la cause de tous nos problèmes), de la crise climatique et de la situation actuelle en général. Ils mettent en avant la multiplicité des causalités (sociales, démographiques, politiques, etc.).

Ma note :

★★★★★

Avez-vous lu le livre de Sébastien Bohler « Le bug humain »  ? Combien le notez-vous ?

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Mon, 24 Apr 2023 05:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12353/Le-bug-humain
21 leçons pour le XXIe siècle http://www.olivier-roland.fr/items/view/12304/21-leons-pour-le-XXIe-sicle

Résumé de « 21 leçons pour le XXIe siècle » de Yuval Noah Harari : l'auteur de Sapiens et de Homo Deus revient avec un nouveau livre passionnant qui vous entraînera à réfléchir aux questions les plus brûlantes de notre monde contemporain.

Par Yuval Noah Harari, 2018, 375 pages.

Titre original : 21 Lessons for the 21st Century (2018).

Chronique et résumé de « 21 leçons pour le XXIe siècle » de Uval Noah Harari

Introduction

Ce livre est la suite de Sapiens et d’Homo deus. Alors que le premier explorait le passé et le deuxième l’avenir, celui-ci se penche sur notre présent en posant des questions et en proposant des « leçons ».

« Leur propos est de stimuler la réflexion et d’aider les lecteurs à participer à quelques-unes des grandes conversations de notre temps. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 12)

L’angle d’approche est global : ce sont de grandes questions sociales, politiques et techniques, notamment, qui sont traitées ici. Pour autant, l’auteur cherche à comprendre comment ces enjeux sont liés aux individus eux-mêmes, à leurs pensées comme à leurs émotions.

Ce livre est ambitieux, puisqu’il va jusqu’à poser la question du sens de l’existence dans les sociétés contemporaines. Mais pour Yuval Noah Harari, l’ambition est nécessaire, car il devient urgent de répondre à cette interrogation fondamentale.

Première partie — Le défi technologique

Chapitre 1 — Désillusion

Les hommes vivent grâce à des récits. Le grand récit libéral parle de la lutte du peuple contre l’oppression des rois et des religieux ; il parle de l’émancipation de l’individu, de la libéralisation des marchés, de la mondialisation. Après la chute du communisme, il est devenu le récit dominant.

Pourtant, la crise financière de 2008 a calmé certains esprits, voire a créé une véritable désillusion. En 2016, cette perte de confiance a atteint le cœur de l’Occident libéral, avec le Brexit et l’élection de Donald Trump.

En 2018, tout se passe donc comme si le grand récit libéral était mort. Le sens de l’existence s’en trouve durablement affecté et certains crient à la catastrophe.

De l’éradication des moustiques à l’élimination des pensées

Le régime libéral — c’est-à-dire plus précisément ses institutions politiques, financières, juridiques — n’est pas bien équipé face aux changements technologiques les plus récents : Internet, Intelligence Artificielle, blockchain et plus fondamentalement encore, la fusion des révolutions de l’infotech et de la biotech (sur ce point, voir Homo deus).

Le phénix libéral

Pourtant, il n’y a pas vraiment d’offre de rechange : ni les illibéraux occidentaux, ni la Chine, ni la Russie, ni l’islamisme radical n’ont de solutions crédibles à proposer. Seulement des rêves nostalgiques qui ne peuvent qu’échouer face aux défis technologiques et écologiques. Alors que faire ?

« Il nous appartient […] de créer pour le monde un récit actualisé. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 34)

Chapitre 2 — Travail

Les machines remplacent traditionnellement la force physique, mécanique, de l’homme. Avec l’Intelligence Artificielle (IA), c’est la force cognitive qui est également remplacée. Sommes-nous à l’aube d’une grande transformation dans le monde du travail ?

Rien ne semble pouvoir échapper aux algorithmes artificiels, dans la mesure où il suffit aux ingénieurs de comprendre et copier nos propres comportements, qui sont eux-mêmes considérés par la science comme des algorithmes biochimiques.

C’est ainsi que les IA peuvent désormais faire preuve d’« intuition » et prédire les comportements d’autrui. Mais il y a plus. Les IA se connectent plus facilement et sont régulièrement mises à jour. Cela leur offre un avantage sur les humains.

Mozart dans la machine

L’art, comme les soins de proximité aux personnes, semble préservé de l’automation. Et c’est partiellement vrai, mais ne le sera pas indéfiniment.

La musique pourrait bien être la première à se transformer sous l’influence des IA : d’abord, en vous proposant des musiques existantes de façon toujours plus personnalisée, puis en vous proposant, pourquoi pas, des morceaux inédits composés rien que pour vous et vos états d’âme.

Nouveaux emplois ?

De nouveaux emplois se créent parallèlement à l’automatisation : pour la maintenance des machines, pour la recherche, etc. Des associations hommes-IA pourraient bien voir le jour un peu partout. Toutefois, il faudra souvent être très qualifié pour remplir ces fonctions.

Les personnes moins qualifiées auront des difficultés à se mettre à jour et, même si elles parviennent à acquérir les nouvelles compétences demandées, se retrouveront peut-être obsolètes à nouveau 10 ans plus tard. Le temps des emplois à vie semble derrière nous.

De l’exploitation à l’insignifiance

Le communisme avait pour projet de faire des prolétaires des acteurs politiques en leur montrant leur exploitation. Mais quid si vous devenez insignifiant, inutile plutôt qu’exploité ? Vous êtes alors un simple consommateur, et encore, car même les algorithmes peuvent se charger de ce rôle.

L’État pourrait vous donner un revenu de base universel ou vous payez pour les « travaux » que vous faites à la maison. Il pourrait aussi, à l’inverse, vous offrir tous les services universels de base gratuitement (éducation, transports, etc.).

Qu’est-ce qui est universel ?

Souvent, ces programmes, lorsqu’ils ont été testés, l’ont été au niveau municipal ou national. En outre, ils ont été expérimentés dans des pays riches où le changement de compétence n’est pas un problème majeur.

Là où les personnes pourront difficilement se reconvertir, à savoir dans les pays en voie de développement disposant peu de ressources en éducation, la situation risque d’être bien pire. Privés de leurs revenus par les pays riches (qui les remplaceront par des robots), que feront-ils ?

Accepterons-nous, occidentaux, de leur fournir un « revenu de base universel » ou des « services de base universels » ? La question est rhétorique : l’auteur n’y croit pas beaucoup, pour ne pas dire pas du tout.

Qu’est-ce qui est de base ?

Il n’existe pas de définition univoque des besoins de base. En outre, les êtres humains sont d’éternels insatisfaits. Il ne sera donc pas facile de mettre en place ce type de programmes.

Mais surtout, Sapiens a besoin de sens : l’avenir est-il au retour de la communauté et de la recherche spirituelle ? Peut-être. En tout cas, nous devrions nous en préoccuper autant, voire davantage que du chômage de masse.

Chapitre 3 — Liberté

« Le récit libéral chérit la liberté humaine au point d’en faire sa valeur numéro un. Pour lui, toute autorité procède en définitive du libre arbitre des individus, tel qu’il s’exprime dans leurs sentiments, leurs désirs et leurs choix. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 62)

Dans le domaine politique, économique et personnel, la liberté a le dernier mot. Or, comment l’individu se décide-t-il et fait-il usage de sa liberté (lors des élections, de sa consommation ou des choix liés à sa vie privée) ? Par ses sentiments. Il écoute son cœur et tranche à partir de ce qu’il ressent au fond de lui.

Mais que se passerait-il si, un jour, certaines organisations devenaient capables de manipuler nos sentiments en profondeur ?

Écoute l’algorithme

Les recherches scientifiques montrent que les sentiments (peur, désir, indignation, etc.) sont des formes de calcul finalement assez semblables aux algorithmes développés artificiellement. Ce sont des algorithmes biochimiques. Seules leur rapidité d’exécution et leur complexité nous font oublier de quoi il s’agit.

Si le calcul algorithmique est au fondement de la liberté, alors c’est à lui que nous devons nous en remettre ; c’est lui qui a autorité. Et dans ce cas, les algorithmes artificiels des ordinateurs peuvent très bien se coupler avec les algorithmes biochimiques pour nous « aider » à prendre des décisions plus informées.

Le drame de la décision

Les capteurs biométriques sont capables de récolter des données sur nos sensations et nos émotions. Ils sont bien plus fiables que nos déclarations officielles. Si nous laissions des dispositifs techniques prendre et utiliser ces données, les marques qui les utilisent pourraient bien finir par décider pour nous sur beaucoup de sujets (du choix d’un film sur Netflix à des décisions plus existentielles).

La confiance en nos propres sentiments pourrait donc bien diminuer au profit de notre foi en la capacité des algorithmes à « guider » notre existence. Que se passera-t-il lorsque nous laisserons une IA nous proposer le meilleur choix d’études ou de partenaire ?

La voiture philosophe

À l’avenir, les voitures autonomes pourraient bien se charger de résoudre nos dilemmes éthiques. Yuval Noah Harari prend l’exemple suivant : en tant que conducteur, accepteriez-vous de mourir dans un accident de voiture, percuté par un camion, pour sauver deux enfants traversant la route ?

Les logiciels compliqués des automobiles du futur pourraient bien être programmés pour prendre une décision à votre place. Ou vous pourriez, au moins dans un premier temps, opter pour votre type de voiture préférée. Préférez-vous la voiture « égoïste », qui vous sauve la vie, ou la voiture « altruiste » qui sauve celle des enfants ?

Dictatures digitales

Les systèmes de voitures autonomes sont une chose. Mais que penser des systèmes d’armes autonomes ou des systèmes de surveillance autonomes ? Des gouvernements plus ou moins malveillants pourraient bien être tentés par leur exploitation massive.

Malheureusement, cette possibilité n’est pas tellement improbable. Des dirigeants peu sympathiques pourraient avoir de bien mauvaises idées. En outre, l’IA donne un avantage nouveau aux régimes dictatoriaux, parce qu’elle rend la centralisation des données beaucoup plus efficace (grâce à sa puissance de calcul).

Intelligence artificielle et bêtise naturelle

Intelligence et conscience sont deux choses différentes.

« L’intelligence est la capacité de résoudre des problèmes ; la conscience, la capacité d’éprouver de la douleur et de la joie, de l’amour et de la colère. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 87)

Chez les humains, conscience et intelligence sont souvent couplées. Mais une IA peut très bien être brillante sans en être consciente. Elle devra seulement être capable d’analyser les sentiments humains.

D’où une préconisation de l’auteur : il importe de faire avancer la conscience humaine en même temps que l’intelligence artificielle. Pour résister aux sollicitations toujours plus précises des IA (qui cherchent à nous vendre des voitures ou à nous faire voter dans tel ou tel sens), nous avons besoin de cultiver notre conscience.

Chapitre 4 — Égalité

Au cours de l’histoire de l’humanité, les inégalités se sont accrues. Sauf au XXe siècle. Au siècle précédent, de grands efforts ont en effet été réalisés pour réduire les inégalités. Mais cela n’a pas suffi. Aujourd’hui, cela pourrait même s’aggraver.

Comment ? En créant des inégalités qui ne seraient plus seulement économiques ou idéologiques, mais aussi biologiques. Grâce à l’évolution des biotechnologies, notamment, les plus riches pourraient se transformer pour devenir plus créatifs, plus intelligents, en meilleure santé plus longtemps.

Qui possède les data ?

« Si nous voulons empêcher la concentration de la richesse et du pouvoir entre les mains d’une petite élite, la clé est de réglementer la propriété des data. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 95)

Prenons le cas de la santé. Nous donnons de plus en plus d’informations à des programmes publics et privés. Mais à qui appartiennent ces données ? Sont-elles notre propriété ou celle des organisations qui les récoltent ?

À qui devons-nous nous fier ? Aux grandes entreprises ou aux États ? Il semble préférable d’opter pour la propriété personnelle des data. Mais comment penser la propriété personnelle des data, qui sont à la fois partout et nulle part ?

Deuxième partie — Le défi politique

Chapitre 5 — Communauté

Le constat d’un manque de communauté est largement partagé. C’est un fait : beaucoup d’êtres humains se sentent perdus, isolés et aliénés ; manquant de liens d’appartenance. Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, a lui-même proposé de créer des communautés grâce à l’IA de son réseau social.

Bien sûr, cette affirmation est à prendre avec précaution. En 2018, le scandale de Cambridge Analytica a montré que l’entreprise était capable de vendre nos données à qui voulait manipuler l’opinion publique.

Et pourtant, il faut prendre la proposition au sérieux, car il est assez rare de voir des institutions privées faire des déclarations idéologiques de ce type. Facebook va-t-il vraiment recréer des sentiments d’appartenance grâce aux groupes Facebook ? C’est une affaire à suivre.

En-ligne contre hors-ligne

L’un des problèmes liés à cette promesse est le fossé entre le « en-ligne » et le « hors-ligne ». Facebook imagine surtout des communautés en ligne. Son modèle économique vise à capturer toujours plus l’attention des personnes pour les faire consommer, quitte à leur enlever l’énergie de sortir de chez eux.

Sera-t-il capable de changer de modèle afin de proposer un usage plus sain des réseaux sociaux, qui encouragerait les activités (non commerciales) hors ligne plutôt que les achats en ligne ? C’est peu sûr.

Par ailleurs, il faudrait aussi qu’il revoie son modèle fiscal. Jusqu’à présent, il pratique l’évasion fiscale et il peut le justifier plus facilement parce qu’il se fait une idée dématérialisée de ses utilisateurs. Mais s’il se rendait vraiment compte que ceux-ci ont un corps hors ligne, ne devrait-il pas participer à la construction des hôpitaux, des routes et des égouts (tout ce que permet la récolte des impôts) ?

Chapitre 6 — Civilisation

Sommes-nous condamnés à subir le « choc des civilisations » ? L’Occident est-il en lutte contre l’Orient ou le monde musulman ? Ce n’est pas l’avis de Yuval Noah Harari.

Pourquoi ? Car, selon lui, cette thèse largement véhiculée du « choc des civilisations » est fausse. Pour plusieurs raisons.

D’abord, car le fondamentalisme islamique n’a rien d’un mouvement séculaire plongeant ses racines dans le Moyen-Âge musulman : c’est une idéologie toute neuve, créée par des gens ayant lu aussi bien le Coran que les grands intellectuels européens.

Ensuite, parce qu’aucune civilisation n’a d’identité fixe. Chaque société se réinvente constamment et crée son histoire en donnant sens aux transformations qu’elle subit ou provoque.

Allemands et gorilles

Contrairement aux espèces biologiques, qui se séparent sans jamais fusionner (impossible de fusionner avec nos cousins gorilles, avec qui nous partageons pourtant des ancêtres communs), les sociétés humaines ont tendance à se regrouper.

La France, par exemple, est la réunion de plusieurs peuples (les Bretons, Gascons, Provençaux, etc.). Elle est en passe de fusionner dans une identité européenne.

Certes, les fusions ne durent pas toujours (le Brexit l’a montré). Néanmoins, ce mouvement est puissant et se poursuit. La « mondialisation » crée des liens toujours plus forts entre groupes distincts et engendre une uniformisation des pratiques.

Olympiades médiévales

Faites cette expérience de pensée. Imaginez organiser des Jeux olympiques il y a 1000 ans. Impossible de savoir qui concourt contre qui (il n’y a pas d’États qui se reconnaissent comme égaux), il n’existe pas de sports communs, rien qui puisse réunir tous ces peuples.

Regardez aujourd’hui. Ce sont des centaines d’États qui participent. Tous ont des drapeaux très similaires, des hymnes qui se ressemblent. Tous se reconnaissent (à peu près) et font appel aux mêmes instances internationales.

Aujourd’hui, nous vivons dans un même paradigme politique mondial, hérité des Occidentaux (et souvent imposé par eux).

Un dollar pour les gouverner tous

Il en va de même au niveau économique et au niveau sanitaire. Le capitalisme s’est progressivement imposé dans toutes les régions du monde, à quelques nuances près. La médecine dite « moderne » également.

« Les gens que nous combattons le plus sont souvent les membres de notre famille. L’identité se définit par des conflits et des dilemmes plus que par des accords. Que signifie être européen en 2018 ? Non pas avoir la peau blanche, croire en Jésus-Christ ou défendre la liberté. C’est plutôt débattre avec véhémence de l’immigration, de l’Union européenne et des limites du capitalisme. C’est aussi se demander jusqu’à l’obsession “Qu’est-ce qui définit mon identité ?” et s’inquiéter d’une population vieillissante, du consumérisme effréné et du réchauffement climatique. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 126)

En ce sens, nous nous ressemblons de plus en plus. De plus en plus, en effet, les problèmes qui nous animent sont similaires, qu’on soit Chinois ou Péruvien.

Chapitre 7 — Nationalisme

Nous l’avons vu : aucune nation n’est gravée dans le marbre. Chaque nation est une construction historique.

Le nationalisme a quelques bons côtés, puisqu’il permet de faire passer les intérêts nationaux avant les intérêts familiaux (élargissement de l’empathie) via le système des impôts, notamment. Par contre, l’ultranationalisme pose problème, car il est une source majeure de conflits.

Face aux défis du monde contemporain, la solution nationaliste semble peu appropriée.

Le défi nucléaire

La course à l’armement nucléaire a créé une situation inédite durant la deuxième moitié du XXe siècle. L’humanité a craint pour elle-même. Finalement, un nouvel ordre mondial a vu le jour, où la paix l’a emporté.

Mais la montée des nationalismes pourrait bien rebattre les cartes et engendrer de nouvelles angoisses.

Le défi écologique

L’isolationnisme nationaliste est sans doute encore plus dangereux lorsqu’il s’agit du défi écologique et, en particulier, du réchauffement climatique. Contrairement à la menace nucléaire qui est potentielle, le changement climatique est une réalité en train de se produire.

Et il se fiche bien des frontières entre États. Les actions d’un pays rejaillissent sur d’autres. C’est pourquoi il est essentiel de s’entendre au niveau global.

Le défi technologique

À nouveau, aucune réponse nationaliste ne peut être apportée aux problèmes évoqués dans les chapitres antérieurs à propos de la dictature digitale et de la fusion des technologies de l’information et des biotechnologies.

Vaisseau spatial Terre

« Alors que nous avons désormais une écologie mondiale, une économie mondiale et une science mondiale, nous nous accrochons à la seule politique nationale. Ce décalage empêche le système politique de s’attaquer efficacement à nos grands problèmes. L’efficacité politique requiert soit de démondialiser l’écologie, l’économie et la marche de la science, soit de mondialiser notre politique. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 143)

Pour Yuval Noah Harari, cela passe surtout par une prise en compte des enjeux globaux au niveau local et national, avant même de penser à la création d’un « gouvernement mondial ».

Chapitre 8 — Religion

La religion peut-elle nous aider à régler certains problèmes ? Pour répondre à cette question, il faut distinguer entre problèmes :

Techniques ;

Politiques ;

Identitaires.

Problèmes techniques : l’agriculture chrétienne

Jadis, les peuples priaient leur Dieu (ou leurs dieux) pour faire tomber la pluie ou rétablir la santé d’un enfant malade. Aujourd’hui, la science nous donne de bien meilleurs résultats et la religion n’est plus aussi pertinente dans ce domaine.

Problèmes politiques : économie musulmane

Comme dans le cas des problèmes techniques, la religion ne joue pas de rôle prioritaire ici. En fait, elle a plutôt une fonction de « vernis » ou de justification. Après avoir pensé ou résolu les problèmes politico-économiques grâce aux théories des meilleurs auteurs contemporains, certains dirigeants religieux vont chercher des parties des Écritures (Bible, Coran ou autre) qui leur donnent raison. Mais en tant que telle, la religion n’a rien à dire sur les grands enjeux politiques de notre temps.

Problèmes d’identité : lignes dans le sable

Quand il s’agit de séparer le « nous » du « eux », en revanche, les religions ont encore quelque chose à dire. Encore de nos jours, beaucoup de personnes se reconnaissent comme faisant partie de telle ou telle communauté religieuse, à l’exception de toute autre.

Le Japon est l’exemple type du pays qui a réussi une double tâche : se moderniser (grâce à la science, au marché et aux doctrines politiques contemporaines) et créer une unité nationale grâce à une version remaniée de la religion locale, le shinto. Cela a très bien fonctionné : les Japonais sont à la fois modernes et fermement attachés à leurs coutumes et leur pays.

Les servantes du nationalisme

Malheureusement, les religions aident à maintenir l’unité nationale et créent souvent un repli identitaire, là où les enjeux du monde contemporain nécessitent des réponses globales. Il n’est donc pas certain que les religions puissent nous aider à faire face.

Chapitre 9 — Immigration

« Pour éclairer le sujet, peut-être serait-il utile de considérer l’immigration comme un accord avec trois conditions ou clauses fondamentales :

Le pays d’accueil laisse entrer les migrants [Clause 1]. En contrepartie, les immigrés doivent embrasser au moins les normes et valeurs centrales du pays d’accueil, même si cela les oblige à abandonner certaines de leurs normes et valeurs traditionnelles. Si les immigrés s’assimilent suffisamment, ils deviennent avec le temps des membres égaux et à part entière du pays d’accueil. “Eux” deviennent “Nous”. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 158)

Toutefois, chaque clause pose des problèmes spécifiques. En outre, nous confondons souvent les questions qui relèvent de l’une ou de l’autre. Dans ce chapitre, l’auteur tente d’y mettre un peu d’ordre.

Du racisme au culturisme

Par ailleurs, Yuval Noah Harari pointe deux types d’idéologies importantes pour penser l’immigration.

Le racisme, d’un côté, cherche à fonder les différences (et la hiérarchie) entre peuples sur des données biologiques (le concept de « race »).

Le « culturisme » considère en revanche ces différences comme « culturelles ». Ce qui pose aussi des problèmes.

Aujourd’hui, le culturisme prospère. Certaines données « culturelles » (par exemple, parler franchement plutôt que taire les conflits) empêchent certaines personnes d’évoluer dans le pays qui les accueille. Les individus se trouvent « catalogués » en fonction de préjugés culturels.

La question de l’immigration doit être résolue de façon démocratique, en prenant compte cette double contrainte : il est impossible de forcer un peuple à accepter l’immigration et chaque peuple a des obligations vis-à-vis des autres populations.

Troisième partie — Désespoir et espoir

Chapitre 10 — Terrorisme

Installer la terreur est une stratégie efficace. Malgré le peu de morts à mettre au compteur du terrorisme, comparativement aux dégâts du sucre sur la santé par exemple, celui-ci effraie et mène à l’irrationalité.

Si l’on calcule froidement, le terrorisme fait peu de victimes, notamment au regard des guerres traditionnelles. Mais l’espoir des terroristes est de nous faire peur, de nous rendre fous, confus et agressifs.

Rebattre les cartes

Conclusion : les terroristes sont faibles. Ils n’ont d’autre moyen que de nous terroriser. Mais ils laissent intacts nos moyens de défense et de riposte. Ce sont des « créateurs de spectacles », plutôt que des stratèges militaires.

La réponse à donner tient elle aussi du théâtre. Surtout, il importe de se souvenir que « rien de ce que font les terroristes ne peut nous vaincre ». Seule notre peur peut le faire ; il faut donc démontrer que la situation est sous contrôle et que les terroristes n’ont pas prise sur nos émotions.

Une petite pièce dans un grand pot vide

Pourtant, parfois l’État s’énerve. Pourquoi ? Parce qu’il a fondé sa légitimité sur la sécurité publique. Et comme il a pacifié, au cours des siècles, la sphère publique à l’intérieur, il craint que celle-ci soit mise en péril à partir de l’extérieur et que sa population ne se rebelle contre lui s’il n’agit pas.

Terrorisme nucléaire

Le rapport de force change effectivement si les terroristes acquièrent des capacités nucléaires, biologiques (bioterrorisme) ou informatiques (cyberterrorisme). Bien sûr, ces risques doivent être regardés avec une attention toute particulière. Mais ils ne doivent pas détourner notre regard (et nos ressources) d’enjeux plus cruciaux tels que le réchauffement climatique.

Chapitre 11 — Guerre

La guerre classique couve depuis la crise financière de 2018. Certains croient à un retour aux années 1910, lorsqu’un choc économique éclata et conduisit à la Première Guerre mondiale.

Mais la situation n’est plus la même. À l’époque, les pays savouraient les guerres victorieuses ; aujourd’hui, les pays ont le plus grand mal à vaincre et les conflits laissent désormais un goût trop amer.

Vu du Kremlin

La Russie fait figure d’exception. Elle mène une politique guerrière. Toutefois, elle vise à limiter l’étendue des conflits qu’elle crée, du moins jusqu’à présent (NB. l’auteur écrit en 2018).

Par ailleurs, l’État de Poutine n’a ni technologie « dernier cri » informatique et biotechnologique (bien qu’elle soit assez douée en matière de cyberguerre) ni idéologie susceptible de séduire un grand nombre de personnes hors Russie.

L’art perdu de gagner les guerres

Il est plus difficile — et moins intéressant — de gagner des guerres aujourd’hui, car :

La richesse d’un pays est aujourd’hui surtout immatérielle, ce qui se conquiert difficilement ;

Les risques en matière de cyberguerre et d’armes nucléaires font reculer les plus agressifs.

La marche de la folie

Yuval Noah Harari n’écarte toutefois pas le risque de la guerre. Quelle en serait la raison ? La bêtise humaine :

« La bêtise humaine est une des forces les plus importantes de l’histoire, mais nous avons tendance à en faire peu de cas. Politiciens, généraux et savants traitent le monde comme une grande partie d’échecs […]. Le problème est que le monde est bien plus compliqué qu’un échiquier et que la rationalité humaine n’a pas les moyens de le comprendre réellement. Même les dirigeants rationnels finissent donc souvent par faire des choses très idiotes. » (21 leçons pour le 21e siècle, p. 198)

Chapitre 12 — Humilité

Une bonne dose d’humilité permet d’éteindre pas mal d’idioties et d’agressivité mal placée vis-à-vis des étrangers. Tous les peuples se croient les meilleurs et les plus grands. Pourtant, rien ne vaut une petite remise à niveau ! L’auteur prend le cas des Juifs (étant Juif lui-même, il préfère critiquer les siens plutôt qu’autrui).

La mère de Freud

L’histoire des Juifs a beau être importante à leurs yeux, elle n’a pas l’importance mondiale qu’ils lui donnent souvent. Certes, la religion juive a inspiré les religions chrétiennes et musulmanes, mais celles-ci ont eu, finalement, une influence beaucoup plus capitale.

L’éthique avant la Bible

Les Juifs ont tendance à croire aussi qu’ils sont à la source de l’éthique, parce qu’Abraham et Moïse ont créé des codes moraux. Mais c’est faux. Avant eux, des groupes d’hommes avaient déjà leurs propres traditions en cette matière. Même les animaux suivent des règles éthiques que les éthologues observent chaque jour avec plus de précision.

Naissance du sectarisme

Peut-être le judaïsme a-t-il innové en matière de monothéisme ? Là aussi, l’histoire permet d’en douter. En Égypte déjà, des signes de monothéisme peuvent être attestés.

Et puis surtout, la croyance en un Dieu unique n’est peut-être pas une idée dont ils devraient avoir tant envie de se vanter, car les religions de ce type n’ont pas vraiment été des modèles d’acceptation d’autrui.

Physique juive, biologie chrétienne

Peut-être que les Juifs devraient se glorifier des grands noms qui, au cours des siècles et particulièrement des deux siècles passés, ont marqué l’histoire des sciences ? Pourtant, ces penseurs (Spinoza, Einstein ou Freud, pour ne citer que les plus connus) se sont inscrits dans des traditions qui ne venaient pas du judaïsme lui-même : la révolution scientifique, par exemple, n’a pas pris ses racines dans le monde juif.

Chapitre 13 — Dieu

Il y a le Dieu des philosophes et le Dieu des croyants. Le premier désigne une source de perplexité sur le monde ; le second un fondement pour créer des règles de vie très strictes et concrètes.

C’est une chose de s’étonner du mystère de l’existence, une autre de créer un ordre social. Souvent, un livre sacré sert aux croyants pour établir leurs coutumes. Et ils aiment donner un nom à Dieu et s’en servir. Les curieux et les philosophes n’ont pas besoin des noms ni des doctrines établies.

Éthique sans Dieu

La croyance en Dieu (ou en des dieux) peut bien sûr nous pousser à faire des choses bien. Mais il n’y a pas forcément besoin d’y croire pour agir de façon bonne. Pour l’auteur, la morale signifie avant tout « réduire la souffrance » (p. 219).

Par ailleurs, l’homme cherche aussi à prendre soin des autres. Pourquoi ? Parce que, en tant qu’animal social, c’est aussi la condition de son bien-être. Mais le souci d’autrui peut se passer de religion.

Nous pouvons prendre conscience de l’importance des autres (de nos frères jusqu’à l’étranger) par des théories plus simples.

Chapitre 14 — Laïcité

La laïcité n’est pas l’absence de religion. C’est un code éthique et un idéal social. Bien sûr, il est difficile d’être à la hauteur d’un idéal. Mais on peut chercher à le suivre du mieux que l’on peut.

L’idéal laïque

« Qu’est-ce donc que l’idéal laïque ? Les laïcs sont d’abord et avant tout attachés à la vérité, laquelle repose sur l’observation et la preuve plutôt que sur la simple foi. Les laïques s’efforcent de ne pas confondre vérité et croyance […]. De plus, les laïques ne sanctifient aucun groupe, aucune personne, ni aucun livre comme s’il était le seul gardien de la vérité. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 223)

Yuval Noah Harari cite d’autres caractéristiques :

La compassion ;

L’absence de commandements divins absolus ;

Un attachement profond à l’égalité ;

La liberté de penser, de chercher, d’expérimenter ;

La responsabilité.

Staline était-il laïque ?

Oui, si nous considérons que la laïcité se réduit à une absence de croyance en dieu. Non, si nous la regardons comme l’idéal décrit rapidement plus haut.

La doctrine des droits de l’homme peut être considérée comme le « dogme » de la laïcité. Celui-ci a certainement joué un rôle bénéfique lors des derniers siècles, mais il n’est plus sûr qu’il soit adapté.

Connaître l’ombre

La laïcité a eu ses effets pervers (dont le stalinisme et l’impérialisme occidental, entre autres). Aucun crédo, pas même celui des laïques, n’existe sans part d’ombre. D’où l’importance de la réflexivité et de l’humilité (ou de la modestie).

Mieux vaut faire confiance à ceux ou celles « qui font aveu d’ignorance » qu’à celles ou ceux « qui revendiquent l’infaillibilité » (p. 233).

Quatrième partie — Vérité

Chapitre 15 — Ignorance

Rationalité et individualité sont des mythes inventés par l’idéologie libérale. L’individu ne pense pas seul et uniquement par lui-même, pas plus qu’il ne décide en prenant toutes les options en compte. Il vit et pense en groupe. Et souvent, il est ignorant des causes et des conséquences de ses actes ou des choses qui l’entourent. Il pense savoir, mais il s’illusionne.

Le monde, par ailleurs, se complexifie. Mais est-ce par un afflux constant de données qu’on va leur faire comprendre les enjeux contemporains ? Non. C’est en racontant des histoires à des groupes.

Le trou noir du pouvoir

Les dirigeants privés et publics du monde n’en savent pas nécessairement plus. Ils sont trop occupés. Ils veulent agir vite, sur base de discours rapidement énoncés. Le pouvoir dénature la vérité. En fait, ils sont pris dans un dilemme :

Soit ils restent au centre du pouvoir et n’acquièrent qu’un savoir très déformé ;

Soit ils se risquent à la périphérie (où sont les idées originales et intéressantes) et perdent leur précieux temps.

Chapitre 16 — Justice

« La justice requiert non seulement un ensemble de valeurs abstraites, mais aussi la compréhension de relations concrètes de cause à effet. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 244)

Dans un monde qui se globalise, il est de plus en plus difficile de comprendre ces relations. Suis-je à blâmer parce que je mange de la viande ou porte tels vêtements ? D’où viennent-ils ?

Voler les rivières

Ni la morale du devoir (agir en fonction d’une règle) ni la morale conséquentialiste (agir en fonction de la conséquence de nos actes) ne fonctionne très bien aujourd’hui, car nous ne savons plus très bien ce que nous faisons réellement.

La morale de l’intention (être jugé à partir de notre volonté de bien faire) ou la morale du savoir (faire tout pour connaître une situation donnée) sont elles aussi délicates à appliquer.

Alors que les problèmes deviennent globaux, comment prendre tous les points de vue en compte et sortir de nos biais structurels ou de nos préjugés individuels ?

Réduire ou nier ?

Pour tenter de comprendre et évaluer le monde, quatre stratégies sont souvent employées :

Réduire le problème à quelque chose de plus simple ;

Proposer un récit touchant ;

Tisser des théories du complot ;

Créer un dogme qui rassure.

Comment se redonner (individuellement et collectivement) les moyens de savoir et d’évaluer ?

Chapitre 17 — Post-vérité

La propagande et la désinformation ne datent pas d’hier. Peut-être que Trump et Poutine se servent de nouveaux moyens, mais ils n’en ont certainement pas inventé le concept.

L’espèce post-vérité

Mais la fiction n’est-elle pas le propre de l’homme ? Dans Sapiens, Yuvah Noah Harari soutenait déjà cette thèse. Ce sont les fictions qui permettent aux communautés humaines de coopérer efficacement. En tant que fictions, les fake news ne sont donc pas vraiment nouvelles.

Mensonge un jour, vérité toujours

Les propagandes nazie et stalienne l’avaient déjà théorisé et en avaient fait la preuve : il suffit de répéter suffisamment un mensonge pour qu’il devienne la vérité. Leurs fictions ont généré des meurtres de masse.

Aujourd’hui, il est difficile de savoir que croire, mais il n’est pas sûr que la situation soit pire qu’auparavant. On peut espérer que les fake news diffusées sur Facebook et Tweeter ne provoqueront sans doute pas de meurtres de masse.

En fait, la vérité est toujours passée au second plan face au pouvoir et à la volonté de transformer le monde. Ce sont les fictions (et les conventions, qui leur ressemblent beaucoup) qui dirigent le monde humain.

S’extraire de la machine à laver le cerveau

« Tout cela ne veut pas dire que les fake news ne soient pas un problème grave ni que les politiciens ou les prêtres aient toute liberté de débiter des mensonges. On aurait aussi complètement tort de conclure que tout n’est que fake news, que tout effort pour découvrir la vérité est voué à l’échec, et qu’il n’y a pas la moindre différence entre le journalisme sérieux et la propagande. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 262)

Il importe de développer son esprit critique et de reconnaître les sources d’information les plus fiables.

Chapitre 18 — Science-fiction

La science-fiction peut-elle nous aider ? Comme les hommes coopèrent grâce aux fictions, mais qu’ils ont aussi besoin de savoir ce qu’il se passe dans le monde, est-ce que le genre « science-fiction » ne pourrait pas lui convenir ? De fait, il a déjà un grand succès. Mais il faudrait peut-être que les scénaristes fassent un peu mieux leur travail.

Vivre dans une bulle

Dans Matrix et The Truman Show, qui sont pourtant de bons films, les protagonistes se retrouvent dans des matrices. Le problème est qu’ils sortent de la matrice pour trouver leur vrai moi. Mais existe-t-il quelque chose comme un « vrai moi » ?

Par ailleurs, lorsqu’ils découvrent enfin le « vrai monde », il est fait de la même matière (des douleurs, des conflits, de l’amour, etc.). Il pourrait très bien être une autre matrice.

Disney perd la foi dans le libre arbitre

Le film de Pixar et Disney, Inside out (Vice-versa en français) raconte l’histoire de Riley ou plutôt de ses émotions. L’histoire est basée sur les recherches neuroscientifiques récentes et montre que l’individu est une histoire complexe et une interaction continue entre différentes émotions.

Un autre exemple est donné par l’auteur : Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Ce classique de la littérature de science-fiction est encensé par Yuval Noah Harari qui y voit une projection inquiétante.

Cinquième partie — Résilience

Chapitre 19 — Éducation

Le monde se modifie plus vite qu’il ne l’a jamais fait. Par ailleurs, nous sommes saturés d’informations. L’éducation doit donc se concentrer sur la façon de sélectionner entre les bonnes et les mauvaises informations ; elle doit donc aussi aider à créer du sens.

La pression monte

L’adulte de demain devra se réinventer plus souvent et plus rapidement qu’aucun autre être humain jusqu’à présent. Les mutations — encore inconnues, dans leur sens précis — qui vont survenir dans les années à venir vont sans doute forcer de nombreux individus à réapprendre de nouveaux métiers et à faire face à des situations complètement neuves.

Faire preuve de « souplesse mentale » et d’« équilibre émotionnel » devient donc vital. Mais ce n’est pas facile à enseigner !

Hacker les humains

Pour éviter de se faire manipuler par les nouvelles technologies et les nouvelles méthodes intrusives de marketing, il faudra apprendre à encore mieux se connaître. Oui, il faut résister à la tentative de Coca-Cola, Baidu ou Amazon (pour ne citer qu’eux) de vous hacker, c’est-à-dire de manipuler vos émotions, vos choix, vos objectifs.

Chapitre 20 — Sens

Les récits (nationalistes, religieux, romantiques, etc.) donnent sens à nos vies. Les bons récits vous captivent en vous donnant un rôle dans un scénario plus vaste. Vous ne pensez plus à demander pourquoi suivre ce récit-là et ce qui le rend si important. Vous êtes pris dans les détails de l’histoire.

Le poids de la toiture

Mettre en doute les récits bien établis est une entreprise dangereuse.

« Dès lors que des identités personnelles et des systèmes sociaux entiers sont construits sur un récit, il devient impensable d’en douter — non du fait des preuves qui l’étaieraient, mais parce que son effondrement déclencherait un cataclysme personnel et social. Dans l’histoire, la toiture a parfois plus d’importance que les fondations. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 302)

Hocus pocus et industrie de la croyance

Comment maintenir la croyance dans les récits ? Par les rituels. En investissant certains objets concrets de pouvoirs abstraits liés au récit, celles et ceux qui accomplissent le rituel donnent à voir (et à croire) l’invisible. Le vin devient sang du Christ, par exemple.

Les meilleurs rituels sont liés au sacrifice (de soi ou d’un autre). Pourquoi ? Parce qu’un sacrifice implique la souffrance, qui est quelque chose d’indubitable. « Si je souffre (ou que je fais souffrir), c’est que le récit doit être vrai. »

L’auteur donne beaucoup d’exemples éclairants pour mieux comprendre ces processus rituels. Il dit aussi que, souvent, l’exécution de rituels et de sacrifices se substitue à la poursuite de l’idéal fourni par le récit.

Le portefeuille de l’identité

L’identité de chaque individu est multiple : plusieurs récits s’y entrecroisent et, parfois, se contredisent. Mais l’esprit a la fâcheuse tendance à ne pas reconnaître ces contradictions ou à les refouler. D’où des discours parfois incohérents, mais auxquels les « fidèles » de toutes sortes croient néanmoins dur comme fer — ou font semblant d’y croire.

Le supermarché d’Elseneur

Le libéralisme est lui aussi un récit. C’est le récit selon lequel l’univers n’a pas de sens, mais moi, qui suis libre, je peux lui en donner un. Comment ? En suivant ma sensibilité, en explorant mon intériorité et en transformant le monde selon mes idées.

Il y a pourtant un problème, selon Yuval Noah Harari : le « moi », comme la « liberté », sont des chimères elles aussi. Vous n’êtes pas maître de vous-même, de vos désirs, de vos émotions.

Vous pouvez tenter de créer un récit cohérent de vous-même, de votre histoire personnelle, voire créer votre personal branding sur les réseaux sociaux, mais cela ne correspondra jamais à qui vous êtes, ni ne vous donnera un véritable contrôle sur les tempêtes émotionnelles et les douleurs qui vous traversent.

Pas un récit

Le bouddhisme affirme lui aussi que l’univers n’a pas de sens. Mais il affirme aussi qu’il n’y a pas à en créer un et que l’être humain n’est donc pas plus porteur de sens qu’un autre être. En d’autres termes, le bouddhisme refuse le récit.

Bien sûr, ce refus du récit peut lui-même devenir un récit qui servira divers intérêts (il y a pléthore d’exemples de bouddhistes qui utilisent le bouddhisme comme une histoire servant diverses fins).

L’épreuve de la réalité

Pourtant, le bouddhisme, et tout particulièrement la méditation, selon Yuval Noah Harari, met le doigt sur quelque chose d’essentiel : la simple réalité des corps.

La question essentielle n’est plus « Quel sens donner à la vie ? », mais « Comment venir à bout de la souffrance ? ». Lorsque vous vous demandez si vous êtes face à un récit ou face à la réalité, demandez-vous si cette chose peut ou non souffrir.

Chapitre 21 — Méditation

Dans ce dernier chapitre, Yuval Noah Harari raconte sa propre expérience et cherche à exposer plus clairement l’origine de ses vues sur le monde. Il raconte comment, après une adolescence difficile et des études universitaires qui le laissaient insatisfait, il fit la rencontre de la méditation grâce à un ami.

L’observation de soi que requiert la méditation le changea profondément. En méditant, il se met en contact avec le réel. Et il le dit : la clarté que lui apporte cette pratique lui a permis d’écrire ses ouvrages. Il ne dit pas que c’est la panacée, mais que ça a marché pour lui.

Creuser aux deux extrémités

Pris simplement, la méditation est l’observation de son esprit. C’est une activité très différente de celle des neurosciences qui étudient le cerveau. C’est aussi très différent de la philosophie ou des discussions théoriques.

Dans la forme que l’auteur connaît et pratique, il s’agit seulement d’« observer les sensations corporelles et les réactions mentales de manière méthodique, continue et objective, pour découvrir les configurations élémentaires de l’esprit » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 335).

Cette connaissance de soi risque de devenir de plus en plus difficile à l’avenir. Voulez-vous commencer maintenant ?

Conclusion sur « 21 leçons pour le XXIe siècle » de Yuval Noah Harari :

Ce qu’il faut retenir de « 21 leçons pour le XXIe siècle » de Yuval Noah Harari 

Mettons tout d’abord en garde contre un risque de mésinterprétation, signalée dès l’introduction par l’auteur :

« Une bonne partie du livre traite des insuffisances de la vision libérale du monde et du système démocratique. Non que je tienne la démocratie libérale pour plus problématique que d’autres : je crois plutôt qu’elle est le modèle politique le plus réussi et le plus polyvalent que les hommes aient élaboré jusqu’ici pour relever les défis du monde moderne. S’il ne convient peut-être pas à chaque société à chaque étape de son développement, il a prouvé sa valeur dans plus de sociétés et plus de situations que toutes les solutions de rechange. Quand on examine les nouveaux défis qui nous attendent, il est donc nécessaire de comprendre les limites de la démocratie libérale et de voir comment adapter et améliorer ses institutions actuelles. » (21 leçons pour le XXIe siècle, p. 16)

Il ne faut donc pas confondre le livre de Yuval Noah Harari avec un pamphlet antilibéral. Il ne l’est pas et ne veut surtout pas servir de caution aux critiques venues des régimes illibéraux. Ce qui est souhaité par l’auteur, c’est d’abord un renouvellement des institutions libérales et démocratiques. Même si, pour ce faire, celles-ci doivent être critiquées !

Mais surtout, ce que l’auteur souhaite, c’est nous faire prendre conscience des enjeux et nous initier à la pensée sur le monde et sur nous-mêmes.

Points forts :

Un livre qui prolonge Sapiens et Homo deus en explorant les questions restées en suspens ;

Une organisation claire avec un découpage en chapitres courts, traitant d’une seule question à la fois ;

De nombreux exemples passionnants (on apprend beaucoup de choses) ;

L’humour et la clarté de style typique de l’auteur !

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 16 Mar 2023 05:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12304/21-leons-pour-le-XXIe-sicle
Le grand livre de l’ennéagramme http://www.olivier-roland.fr/items/view/12296/Le-grand-livre-de-lennagramme

Résumé de « Le grand livre de l’ennéagramme » : se connaître fait partie des choses les plus importantes dans une vie. L’ennéagramme est un outil précieux pour comprendre notre fonctionnement comme celui des autres. Les auteurs ont fondé l’institut français de l’ennéagramme en 1993.

Par Fabien et Patricia Chabreuil, 397 pages.

Note : Cet article invité a été écrit par Fabien du site Epanessence

Chronique et résumé de "Le grand livre de l'ennéagramme" :

Première partie : Découvrir les neuf types de personnalité

Chapitre 1 : Les concepts de base

Dans le premier chapitre, l’auteur décrit les concepts de base nécessaires à la compréhension de l’ennéagramme, parmi lesquels :

Les niveaux d'existence de la personnalité : 

L’ennéagramme décrit trois niveaux sur lesquels se déploie notre personnalité : le corps, l’ego et l’essence. 

Notre vie nous amène à interpréter la réalité à partir de nos propres filtres. Nos biais nous font oblitérer tout un pan de la réalité.

Les Chabreuil proposent d’utiliser l’ennéagramme pour viser « l’objectivité de l’essence » qui, elle, vit dans la réalité.

Utiliser l’ennéagramme commence par cartographier son ego car c’est lui le plus visible.

Les trois centres de l'ego : 

L’humain fonctionne avec 3 centres : le centre instinctif (siège de l’action), le centre émotionnel (siège de l’émotion) et le centre mental (siège de la pensée).

Le centre instinctif nous permet de survivre par l’action (tout comme la non action par la réaction d’inhibition). Pour ce faire, il puise dans l’expérience passée. Il ne peut pas se permettre la pensée ou l’émotion, alors il agit vite et de façon binaire (ON/OFF).

Le centre émotionnel est le siège de nos réponses intérieures complexes appelées émotions. Elles ont la particularité de changer tout le temps, d’être fugaces et propres à chacun.

Le centre mental joue avec des représentations pour diverses raisons, que cela concerne un projet, prendre une décision, comprendre une situation. Il n’est pas la logique ou la rationalité. Il n’est pas plus récent que les autres dans l’histoire humaine.

Ces trois centres sont d’égale importance, ils sont différents et complémentaires, interagissent en permanence. Un être humain a besoin de ces trois dimensions.

Le centre préféré

Nous avons tous les trois centres, pour autant nous ne les utilisons pas de la même façon.

Nous surutilisons particulièrement l’un d’eux automatiquement car nous le considérons comme meilleur et plus utile. 

Attention : centre mental préféré ne veut pas dire plus intelligent, centre émotionnel préféré ne veut pas dire à l’aise avec ses émotions.

Le centre préféré est celui dont nous avons l’image la plus positive.

L’ennéagramme distingue trois types d’humains :

L’humain à préférence pour l’instinctif : toute son énergie est déployée pour assurer sa sécurité physique et psychologique, surtout à travers l’action. Il ressent en permanence de la colère qui peut être exprimée, refoulée ou réprimée. Pour faciliter l’action, il a une pensée très binaire : bien ou mal, pour ou contre.

L’humain à préférence pour l’émotionnel : sa vie et ses projets n’ont de sens que pour les émotions derrière. Les relations sont importantes pour lui, tout comme le besoin d’être aimé. Pour cela, son image est primordiale et la reconnaissance qu’il en tire conditionne son identité. Cette reconnaissance n’étant jamais suffisante, il croit qu’il y a un problème d’identité, ce qui crée un fond de tristesse et de dépression pas toujours conscient. Il a un sens de l’esthétique, est sensible et tient compte des émotions des autres.

L’humain à préférence pour le mental : sa priorité est d’accumuler des informations et les structurer. Son credo : réfléchir avant d’agir. Il aime expliquer les choses et est convaincu par les arguments logiques. Comme il n’arrive pas à tout comprendre et expliquer, cela génère une peur de l’imprévu. Les émotions, irrationnelles, le dérangent beaucoup. Il a une capacité analytique et synthétique très marquée.

Les auteurs attirent l’attention sur le « danger » de la surutilisation du centre préféré dont on croit qu’il va résoudre tous nos problèmes. C’est souvent tout le contraire qui se produit.

La direction intérieure et/ou extérieure :

Les trois centres peuvent être utilisés dans deux directions : à l’intérieur de soi ou vers le monde extérieur.

Nous possédons tous les trois centres ET la capacité à les utiliser à l’intérieur et à l’extérieur.

Quand le centre préféré est orienté vers l’intérieur, le monde intérieur est prioritaire par rapport à la réalité, ce qui crée un décalage. Il peut y avoir une volonté de changer la réalité ou de s’en distancer.

Quand le centre préféré est orienté vers l’extérieur, la tendance est de s’occuper du monde extérieur, d’agir sur lui, s’y relier ou l’analyser.

Certaines personnes cherchent à utiliser leur centre préféré à l’intérieur ET à l’extérieur. Quand elles y arrivent, tout va bien, mais quand c’est impossible, le centre préféré cesse de fonctionner et devient réprimé. 

Un aperçu des neuf ennéatypes : 

Trois centres et trois façons de les utiliser donnent 9 combinaisons, 9 profils de personnalité appelés « ennéatypes » numérotés de 1 à 9. Comme pour les centres, aucun n’est supérieur à un autre, chacun a son rôle à jouer dans la société.

Structure d'un ennéatype : 

Chaque type se caractérise par des mécanismes spécifiques.L’orientation du type est sa spécialité, ce qu’il sait faire mieux que les autres. C’est ce qu’il apporte au monde, qu’il soit dans l’ego ou dans l’essence.

Pour satisfaire l’orientation, l’ego est convaincu qu’il faut à tout prix éviter quelque chose. C’est la compulsion ou évitement compulsif. 

Quand la compulsion apparaît, l’ego active son mécanisme de défense.

Sous le joug de ces 2 mécanismes égotiques, l’ego peine à atteindre son orientation.

Tout d'abord, le centre émotionnel est dominé par une émotion principale, la passion.

Ensuite le centre mental est obsédé par une idée fixe, la fixation.

Enfin, le centre instinctif est préoccupé par les instincts de conservation, social et sexuel.

Dans l’essence, l’orientation se manifeste par la vertu (dans le centre émotionnel), par l’idée supérieure(dans le centre mental) et par un type d’intuition (dans le centre instinctif devenu intuitif).

La présence de TOUS ces mécanismes égotiques est indispensable pour valider un ennéatype. On peut aussi les manifester sans en être conscient.

La plupart des personnes qui se trompent d’ennéatype n’ont pas pris en compte ces mécanismes.

Nous pouvons tous vivre de temps en temps chaque mécanisme des 9 types. 

Ce qui fait qu’on est de tel ennéatype est l’omniprésence de ses mécanismes spécifiques, systématiquement, dans tous les domaines de vie.

L'intégration et la désintégration internes d'un ennéatype : 

Chaque individu est un savant mélange entre les caractéristiques de l’ego et de l’essence.

Quand les mécanismes égotiques prennent plus de place, on parle de désintégration.Quand ceux de l’essence sont plus visibles, on parle d’intégration.

Il y a des variations normales dans notre fonctionnement selon les événements quotidiens, qui activent les mécanismes de l’ego ou de l’essence. Ces variations se passent dans un intervalle assez étroit, autour de notre point d’équilibre.

Des variations plus importantes peuvent avoir lieu lors de circonstances particulières (thérapie, deuil, naissance, déménagement…) et modifier le point d’équilibre.

Chapitre 2 : L'ennéatype 1

Le centre préféré et l'orientation

Le type 1 a un centre préféré instinctif, tourné vers l’intérieur. Cela signifie qu’il cherche avant tout à exercer ce contrôle sur lui-même.

En bon instinctif, il croit que l’action résout tous les problèmes et cherche une porte de sortie par l’action.

L’orientation du type 1 correspond à ses idéaux élevés auxquels il va chercher à coller en toute circonstances. Il se compare et compare ses actions, celles des autres à ses idéaux.

Cela en fait une personne très dure envers elle-même avec un tyran intérieur omniprésent.

Les caractéristiques de l'ego

Comme les autres instinctifs (type 8 et 9), le 1 vit la colère de façon omniprésente. Problème : celle-ci étant la preuve manifeste d’un manque de contrôle sur lui, il fait tout pour la contenir. 

Dès que la colère monte car quelque chose dans la réalité ne colle pas à ses idéaux, il la refoule aussitôt et la tension générée se transforme en son mécanisme de défense : la formation réactionnelle, où le 1 se construit contre l’objet de sa colère.

Sa colère est alors sèche, de courte durée (vu qu’il la refoule) et se manifeste souvent par des critiques acerbes. Il accumule beaucoup de tensions physiques.

Pour atteindre ses idéaux coûte que coûte, il apporte un soin inégalé au moindre détail : c’est sa fixation de perfectionnisme.

Les caractéristiques de l'essence

Dans l’essence, le 1 accepte l’imperfection en lui et dans le monde, il se connecte à l’idée supérieure de perfection et à la vertu de patience. Il devient plus tolérant même si les autres pensent différemment.

L'intégration et la désintégration internes

Sous le joug de l’ego, le 1 a peur d’être mauvais et amoral, il est rigide et voit le monde sans la moindre nuance. Il critique les autres pour se protéger.

Quand l’essence prend de la place, le 1 est plus apaisé et connecté à une forme d’intégrité. Il devient l’exemple de ce qu’il prône, sans attendre des autres la même chose.

Chapitre 3 : L'ennéatype 2

Le centre préféré et l'orientation

Le type 2 a un centre préféré émotionnel, tourné vers l’extérieur. Cela signifie qu’il cherche avant tout à être en lien avec les autres. 

Il tire son identité des émotions suscitées par la relation à l’autre, ce qui en fait un individu très social qui fuit la solitude.

Son orientation d’amour le pousse à aider l’autre à tout prix pour recevoir de la reconnaissance et exister.

Les caractéristiques de l'ego

Dans l’ego le 2 consacre sa vie à aider et prendre soin des autres, quitte à dépérir.

Il a un radar à repérer là où il peut être utile, avec une tendance à vouloir aider même quand on ne lui a rien demandé. Il peut faire culpabiliser l’autre et l’amener à voir tout ce qu’il a fait pour lui, en se disant que l’autre a besoin de son aide (c’est sa passion d’orgueil).Le 2 est chaleureux et veut à tout prix créer le lien avec les autres.Sa fixation de flatterie le rend généreux en compliments sincères. Pour satisfaire pleinement les autres, il ne peut pas se permettre de reconnaître ses propres besoins (c’est son évitement compulsif). Il va donc réprimer ses propres besoins (mécanisme de défense).

Les caractéristiques de l'essence

Connecté à son essence, le 2 accepte que l’autre ne dépende pas de lui et accède à la vertu d’humilité. Il peut alors vivre des relations plus authentiques sans jeux de pouvoir et accède à l’idée supérieure de liberté. 

L'intégration et la désintégration internes

Sous le joug de l’ego, le 2 cherche à tout prix à rendre service et les autres se servent de lui ou le repoussent.Plus il est dans l’ego, plus il cherche à rendre les autres redevables, quitte à s’épuiser et à se créer une maladie pour attirer l’attention.

Plus il est dans l’essence, plus il aide les autres sincèrement sans rien attendre et en respectant les limites de chacun. Il y a alors plus de place pour prendre soin de lui.

Chapitre 4 : L'ennéatype 3

Le centre préféré et l'orientation

Le type 3 a un centre préféré émotionnel, tourné vers l’intérieur et vers l’extérieur.Cette double utilisation rend parfois compliquée l’utilisation de son centre émotionnel, qui devient alors réprimé. Dans ces moments, il est déconnecté de ses émotions, ce qui est un problème pour un centre émotionnel qui tire son identité de ce qu’il vit.

Le type 3 vit alors des émotions en fonction de ses accomplissements dans les deux autres centres (mental et instinctif) et son identité en découle.

Cela en fait quelqu'un prisonnier de ses succès, de son image sociale et des attentes des autres.

Les caractéristiques de l'ego

Plus le 3 réussit, plus il existe dans son ego. Il cumule donc les projets et les objectifs, quitte à s’épuiser. Rester sans rien faire est souvent source d’anxiété. Sa vie est une longue « to do list » avec des échéances. 

Il ne peut pas se permettre de vivre l’échec : c’est son évitement compulsif.

Son mécanisme de défense est l’identification (aux projets, aux objectifs, à la réussite sociale…) et lui permet de toujours rester en mouvement.

Prisonnier de cette image sociale, il se ment à lui-même sur ses émotions réelles et son identité. C’est sa passion de mensonge.

Cela fait du 3 quelqu'un d’extrêmement adaptable quel que soit son environnement.

Sa fixation de vanité induit un côté « m’as-tu vu » où il met en récit ses réussites, ce qu’il sait, qui il connaît… Pour avoir de la valeur dans le regard de l’autre.

Les caractéristiques de l'essence

Le retour à l’essence l’amène à répondre différemment à la question « qui suis-je ? ». 

Il accède alors à la vertu de vérité, il est au contact de ce qu’il ressent réellement.

Il accède à l’idée supérieure d’espérance qui induit une forme de lâcher-prise où il cesse de croire qu’il « doit » faire pour être.

L'intégration et la désintégration internes

Sous le joug de l’ego, le 3 veut être admiré, il est superficiel, compétitif et énerve les autres.

Se sentant vide, il court frénétiquement de succès en succès, d’où le terme de « vaine gloire ». Il peut aisément sacrifier sa vie personnelle et relationnelle.Relié à son essence, il est connecté à son authenticité et devient plus respectueux et empathique, il devient une source d’inspiration.

Chapitre 5 : L'ennéatype 4

Le centre préféré et l'orientation

Le type 4 a un centre préféré émotionnel, tourné vers l’intérieur.

Sa vie = ses émotions. Il veut donc tout vivre avec intensité, sans quoi il n’existe pas.

L’enchaînement d’émotions contradictoires pose problème pour son sentiment d’identité.Cette quête identitaire le suivra en général toute sa vie. Son orientation est le sens du beau.

Les caractéristiques de l'ego

Dans l’ego, le 4 vit des montagnes russes émotionnelles. Il ne peut pas se permettre de ne rien ressentir ou de ressentir comme les autres : c’est l’évitement compulsif de la banalité. Celui-ci peut se manifester dans toutes les sphères de son existence.

Le mécanisme de défense d’introjection et sublimation. Il met en lui les objets du monde pour se faire vivre des émotions fortes et éventuellement les exprimer à travers un medium quel qu’il soit (souvent par l’art).

L’omniprésence de la question identitaire l’amène à vivre un fond de tristesse et de dépression : c’est la fixation de mélancolie.

Il se compare aux autres et aimerait être comme eux, sans jamais l’être ! C’est tout le paradoxe de la passion d’envie qui nourrit le décalage.

Les caractéristiques de l'essence

Connecté à son essence, il réalise qu’il est comme les autres, différent par nature, et touche l’idée supérieure d’originalité.

L’intensité des émotions se calme et il touche la vertu d’équanimité.

L'intégration et la désintégration internes

Sous le joug de l’ego, le 4 est prisonnier de ses fantasmes qui créent des émotions sans cesse. Il peut glisser vers la haine de soi et s’autodétruire. Il croit qu’il a un problème et qu’il lui manque quelque chose.Plus il laisse de la place à l’essence, plus il sait qui il est et l’exprime simplement.

Chapitre 6 : L'ennéatype 5

Le centre préféré et l'orientation

Le type 5 a un centre préféré mental, tourné vers l’extérieur.

Il a une appétence toute particulière pour les informations et les modèles mentaux.Il essaie de comprendre le monde et de le modéliser, ce qui lui crée de la peur par manque de prévisibilité. Pour éviter cette peur, il étudie avec beaucoup d’exhaustivité ses sujets de prédilection : c’est l’orientation de connaissance et précision.

Les caractéristiques de l'ego

Les émotions sont un monde étranger pour le 5 qui peine à les comprendre et préfère les délaisser pour mettre toute son attention sur son centre mental à l’extérieur.Le vide intérieur ainsi créé doit être comblé par toujours plus de connaissances. C’est son évitement compulsif.Pour ne jamais y être confronté, il active son mécanisme de défense d’isolation où il se mure dans sa caverne et approfondit ses sujets.

Ses informations, sources d’identité pour lui, sont trop précieuses pour être partagées. 

C’est sa passion d’avarice où il peine à partager des informations sur lui : c’est surtout une avarice de soi. Il donne peu de lui, de son temps. Ce temps est plus bénéfique pour approfondir ses sujets de prédilection. Sa fixation de détachement le rend observateur du monde, il s’implique peu.

Les caractéristiques de l'essence

Dans l’essence, le 5 réalise que la valeur de son savoir réside dans le partage, il se connecte alors à la vertu de désintéressement et en fait profiter les autres.

Il saisit la limite de ses connaissances et se connecte à l’idée supérieure d’omniscience.

L'intégration et la désintégration internes

Plus il est dans l’ego, plus le 5 se retire du monde. Il en résulte quelqu'un d’asocial et d’obsédé par ses théories.

Plus il se connecte à l’essence, plus il se permet de partager ses trouvailles et révolutionne le monde à travers elles.

Chapitre 7 : L'ennéatype 6

Le centre préféré et l'orientation

Le type 6 a un centre préféré mental, tourné vers l’extérieur et vers l’intérieur.Il aime accumuler des informations, des modèles, planifier et structurer.L’orientation double crée le même problème que pour les autres types du triangle : le centre préféré bascule et devient inutilisable.Dans ces moments, il se sent paniqué et doit être loyal envers quelque chose d’extérieur pour maintenir sa stabilité. Cela décrit l’orientation de loyauté du 6 envers un cadre, qui est un objet mental extérieur à lui grâce auquel il structure sa vie (l’idée de la famille, de son travail…). Selon son « cadre », le 6 est difficile à repérer. Il est souvent peu conscient de son ou ses cadres.

Les caractéristiques de l'ego

Le « cadre » du 6 est une structure rassurante pour lui, au sein de laquelle il y a un groupe humain. Il s’efforce de respecter toutes les règles et principes de ce cadre, il peut même en être le porte-parole. Il veille à ce que chacun fasse pareil afin que tout se passe bien. Le type 6 ne peut pas se permettre de sortir du cadre (c’est trop dangereux) : son évitement compulsif est la déviance (du cadre).Le mécanisme de défense est alors la projection : il attribue aux autres les pensées, émotions, intentions, jugements, qui lui appartiennent. Il est convaincu de décrire la réalité objective alors qu’il s’agit de son seul point de vue.La répression de son centre préféré le rend peureux : il a une peur sans objet, omniprésente. C’est sa passion de peur qui peut générer un comportement phobique (de fuite) ou contre-phobique (de lutte).

Sa fixation de doute le fait douter de tout : de lui, des autres, du cadre… 

Les caractéristiques de l'essence

Dans l’essence, le 6 fait la différence entre les dangers imaginés et les dangers réels. La peur fait place à la vertu de courage.

Le doute fait place à l’idée supérieure de confiance, en lui et en les autres.

L'intégration et la désintégration internes

Sous le joug de son ego, le 6 est extrêmement suspicieux et méfiant, il craint de dévier donc il fait tout pour respecter le cadre. Il voit du danger et du mal partout, projetant sa réalité intérieure à l’extérieur, en étant aveugle à ce phénomène.Plus l’essence prend de la place, plus il devient son propre guide. Il se sent en sécurité et devient beaucoup plus détendu.

Chapitre 8 : L'ennéatype 7

Le centre préféré et l'orientation

Le type 7 a un centre préféré mental, tourné vers l’intérieur.Il est fasciné par ses propres idées et réflexions, très tourné vers le futur.Il est convaincu de tout pouvoir résoudre par sa tête en pensant positivement.Et il apporte au monde son orientation de joie et d’optimisme.

Le 7 a tendance à se croire plus intelligent et plus malin que les autres.

Les caractéristiques de l'ego

Le 7 déteste les limites qu’on cherche à lui imposer et tout ce qui remettrait en cause son orientation.Cela définit son évitement compulsif : la souffrance. Les limites sont insupportables et il fait tout pour les éliminer.Il en découle son mécanisme de défense de rationalisation où il justifie par la logique pour noyer le poisson.

Sa fixation de planification/futurisation le fait partir dans des plans futurs agréables.

En refusant de s’engager, il a l’impression d’être libre. 

Sa passion d’intempérance lui fait poursuivre des plaisirs sans limite, particulièrement la nourriture, le sexe et tout ce qui aider à fuir la souffrance.

Les caractéristiques de l'essence

Dans l’essence, le 7 accepte la souffrance et, cessant de courir après des plaisirs futiles, il découvre la vertu de tempérance.

En même temps, il accepte de s’engager dans une voie et vit alors l’idée supérieure de travail en se concentrant sur un projet plutôt que sauter d’idée en idée.

L'intégration et la désintégration internes

Sous le joug de l’ego, le 7 est prisonnier de son besoin compulsif de liberté, à la merci du « toujours plus » de plaisir. Il vit peu au présent et se projette énormément dans le futur.

Dans l’essence, il est joyeux de sa simple présence sur Terre et ne cherche plus à se stimuler à tout prix pour éviter de souffrir.

Chapitre 9 : L'ennéatype 8

Le centre préféré et l'orientation

Le type 8 a un centre préféré instinctif, tourné vers l’extérieur.Il cherche à assurer sa survie en contrôlant son monde extérieur.Cela en fait quelqu'un de franc et tranchant. Il croit que son environnement est dangereux et est prêt à se battre pour se défendre. Son orientation est la puissance et le courage.

Les caractéristiques de l'ego

Le 8 est une personnalité que l’on remarque car il ne laisse pas indifférent (et ça l’arrange).Il surestime le danger et voit des trahisons là où il n’y en a pas.Il fait tout pour éviter d’être fragile : c’est son évitement compulsif de la faiblesse.Pour éviter cela, il déclenche son mécanisme de défense de déni. La faiblesse n’existe pas, point. Il aime tester les gens pour voir ce qu’ils ont dans les tripes.S’il voit de la force, il va les respecter et les tenir en estime.S’il voit de la faiblesse, il va soit les protéger en les prenant sous son aile, soit les mépriser et les agresser.Quand quelqu'un le trahit, il exerce sa fixation de vengeance en faisant payer à l’autre pour bien montrer sa puissance.

Sa passion d’excès lui fait déployer énormément d’énergie dans tout ce qu’il entreprend. Il fait tout avec excès et c’est à ça qu’on le remarque.

Les caractéristiques de l'essence

En contact avec son essence, il cesse d’être en guerre contre les autres et de vouloir tout contrôler. Il se connecte à son idée supérieure d’altérité.

Il met la juste dose d’énergie et comprend ses limites, il se connecte à sa vertu de simplicité.

L'intégration et la désintégration internes

Sous le joug de l’ego, le 8 essaie de contrôler tout le monde, il veut les dominer voire les écraser. Il voit des ennemis et des trahisons partout, quitte à les inventer.Dans son essence, il devient un leader qui élève les autres et les pousse à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Chapitre 10 : L'ennéatype 9

Le centre préféré et l'orientation

Le type 9 a un centre préféré instinctif, tourné vers l’extérieur et vers l’intérieur.Il veut autant du contrôle sur lui que sur les autres. Cette mission très compliquée a tendance à réprimer son centre préféré, comme les autres types du triangle. Il fait alors tout pour ne pas provoquer l’agressivité des autres, ce qui décrit son orientation d’acceptation et soutien. Il les prend tels qu’ils sont, sans en attendre grand-chose, puisqu’il désire surtout être en paix et en harmonie.

Les caractéristiques de l'ego

Dans l’ego, le 9 croit que la moindre affirmation face aux autres est un danger car il risquerait de s’attirer leurs foudres.Son évitement compulsif est donc le conflit, qu’il fuit autant que possible.La colère est réprimée au point où le nombre de colères d’un 9 se compte sur les doigts d’une main. Dans ces moments, il explose et peut tout détruire sur son passage.Son mécanisme de défense est la narcotisation : tout anesthésiant est bon à prendre (alcool, nourriture, apprentissage, action…).

Le 9 vit la passion de paresse, qui est avant tout une paresse à se connaître. Moins il en sait sur qui il est, mieux c’est.

La fixation d’oubli de soi lui fait prendre en compte le point de vue de chacun (sauf le sien).

Les caractéristiques de l'essence

Dans l’essence, le 9 découvre qu’il a des envies, des besoins et se connecter à la vertu d’activité. Il exprime alors pleinement qui il est.Découvrant qui il est, il s’incarne et peut vivre l’idée supérieure d’amour de soi et des autres.

L'intégration et la désintégration internes

Sous le joug de l’ego, le 9 craint plus que tout d’être séparé, c’est pourquoi il fusionne avec les autres et perd son individualité.Il se narcotise et se fuit par tous les moyens possibles, devenant un personnage lisse qui n’est que l’ombre de lui-même, même si les autres le trouvent agréable à vivre.En contact avec son essence, le 9 s’affirme et exprime sa réalité quitte à créer du conflit. Il est dans un mouvement de vie où il s’incarne pleinement.

Chapitre 11 : Déterminer son ennéatype

Les deux ennéatypes hésitants : le 6 et le 9

Le 6 a souvent du mal à se trouver pour plusieurs raisons : la variabilité de son cadre, la variante phobique/contre-phobique et le doute perpétuel.

Le 9 a tendance à ne pas se connaître et à se reconnaître un peu dans tous les profils, ce qui peut rendre difficile son typage.

Le transformiste de l'ennéagramme : le 3

Le 3 peut tellement se mouler sur les attentes des autres, sur un rôle social, il est métamorphe. Sa frénésie d’activités, sa recherche de statut et d’évitement compulsif d’échec laissent quand même des indices.

Les faux jumeaux de l'ennéagramme

Ce sont des profils qui entraînent des hésitations par leur similitude.

Les 1 et 6 : par les « il faut » et « tu dois ».

Les 2 et 7 : par l’optimisme, l’aspect relationnel voire manipulateur.

Les 3 et 8 : le pouvoir, la recherche de statut, l’énergie.

Les 4 et 5 : la recherche intérieure et l’analyse d’eux-mêmes.

Deuxième partie : Approfondir sa compréhension de soi et des autres

Chapitre 12 : Les instincts et l'intuition

Les trois instincts principaux

Qu'est-ce qu'un instinct ?

L’instinct est un comportement inné qui pousse un être vivant à certains comportements. Il est automatique, non modifiable, déclenché par l’environnement, mis en œuvre sans apprentissage.

L’expression des instincts peut être modifiée ou bloquée par les deux autres centres. 

On en distingue 3 : conservation, social et sexuel.

Les instincts de conservation, social et sexuel

L’instinct de conservation s’occupe de la survie de l’organisme, surtout physique. C’est le premier à se mettre en place (besoins physiologiques, faim, soif, toit sur la tête, protection contre les dangers…).

L’instinct social pousse à appartenir à des groupes, à occuper une certaine place, à être accepté. Comme on dit « l’homme est un animal social ». 

L’instinct sexuel s’occupe de la recherche de partenaire (qualitative ou quantitative). Il implique une compétition et l’agressivité qui va avec. Cet instinct a été particulièrement réprimé par notre société.

La mise en place et la problématique des instincts

Tout commence par l’instinct de conservation pour survivre. Ensuite l’enfant crée une relation avec sa famille par l’instinct social. Enfin il commence à s’affirmer vers 2 ans en tant qu’individu à travers l’instinct sexuel.

Il s’agit d’une holarchie (qui transcende et inclut) plutôt qu’une hiérarchie.

La mise en place des instincts n’est jamais idéale et un instinct peut être blessé.

L’instinct blessé devient un sujet de préoccupation dans la vie d’un individu :

Un instinct de conservation blessé amène un excès de prudence ou une prise de risque.

Un instinct social blessé amène une dépendance au groupe ou un malaise dans celui-ci.

Et un instinct sexuel blessé amène une addiction au sexe ou carrément une fuite.

Il est possible qu’un même individu fluctue entre les 2 extrêmes.

Les instincts sont notés dans leur ordre d’apparition, comme suit : C, S, X.

Chaque instinct est noté avec un indicateur de son fonctionnement :

= indique que l’instinct fonctionne correctement. Ce n’est pas un sujet.

  • et – indiquent que l’instinct est sous-utilisé voire réprimé. 

  • et ++ indiquent que l’instinct est surutilisé.

Définir son profil instinctif demande beaucoup de finesse et d’observation de soi.

Les blessures des instincts peuvent être guéries en thérapie mais il est important de les traiter par ordre de leur apparition : d’abord conservation, social puis sexuel.

Les sous-types

La notion d’instinct ne vient pas de l’ennéagramme. Par contre, dans l’ennéagramme, un instinct blessé joue un rôle plus important que les autres en impactant la personnalité et s’appelle « sous-type ». Il y a le sous-type conservation, le sous-type social et le sous-type sexuel.

L'intuition

L’instinct n’est pas l’intuition.

Les centres émotionnel et mental dans l’ego font place au centre émotionnel supérieur et au centre mental supérieur dans l’essence. 

Le centre intuitif est à l’essence ce que le centre instinctif est à l’ego.

L’intuition est un mode de connaissance immédiat et sans médiation, indépendant de la raison et des émotions. Chaque type a son type d’intuition spécifique.

Les sous-types et l'intuition du 1

Quand l’instinct de conservation est blessé, le 1 est extrêmement pointilleux sur le moindre détail, chaque imperfection crée de l’anxiété et le rend très contrôlant. C’est le sous-type « Anxiété ».

Quand l’instinct social est blessé, le 1 est très pointilleux dans les groupes auxquels il appartient. Il cherche alors à les corriger mais c’est souvent mal perçu. C’est le sous-type « Inadaptation sociale ».

Quand l’instinct sexuel est blessé, le 1 a peur d’être abandonné pour ses imperfections. C’est le sous-type « Jalousie ».

Dans son essence, le 1 perçoit intuitivement la perfection potentielle d’une situation. 

Les sous-types et l'intuition du 2

Quand l’instinct de conservation est blessé, le 2 est persuadé que l’aide apportée aux autres le met en insécurité. Il estime devoir être traité avec particularité. C’est le sous-type « Privilège ».

Quand l’instinct social est blessé, le 2 cherche à avoir un statut important dans un groupe, sans être leader. Il est souvent un bras droit qui réussit par procuration. C’est le sous-type « Ambition ».

Quand l’instinct sexuel est blessé, le 2 qui veut créer une relation n’est arrêté par rien ni personne, il est très démonstratif. C’est le sous-type « Séduction agressive ».

Dans son essence, le 2 a l’intuition des émotions véritables des autres.

Les sous-types et l'intuition du 3

Quand l’instinct de conservation est blessé, le 3 assure sa survie en montrant son argent, ses réussites. Il est le plus hyperactif des 3. C’est le sous-type « Sécurité-Accumulation ».

Quand l’instinct social est blessé, le 3 veut appartenir à des groupes valorisés socialement. Il s’affaire à être un membre illustre pour être admiré. C’est le sous-type « Prestige ».

Quand l’instinct sexuel est blessé, le 3 essaie de se conformer à l’idéal sexuel de l’époque. Il est le plus compétitif. C’est le sous-type « Masculinité/Féminité ».

Dans son essence, le 3 a l’intuition des attentes véritables des gens.

Les sous-types et l'intuition du 4

Quand l’instinct de conservation est blessé, le 4 fait le contraire des autres et se met en danger inutilement pour attirer l’attention. C’est le sous-type « Intrépidité ».

Quand l’instinct social est blessé, le 4 est asocial et fuit les groupes. Il craint d’être rejeté pour sa différence, se sent honteux et peut en tirer une haine de soi. C’est le sous-type « Honte ».

Quand l’instinct sexuel est blessé, le 4 veut jouer un rôle unique dans la vie de ses proches. Il peut être très agressif voire revanchard. C’est le sous-type « Compétition ».

Dans son essence, le 4 a l’intuition de ce que les autres ressentent, surtout à son égard.

Les sous-types et l'intuition du 5

Quand l’instinct de conservation est blessé, le 5 se renferme dans un lieu protégé où les autres ne viendront pas le déranger. C’est le sous-type « Château fort ».

Quand l’instinct social est blessé, le 5 cherche des groupes en lien avec ses sujets de prédilection. Il utilise un langage complexe qui perd les non-initiés. C’est le sous-type « Jargon ».

Quand l’instinct sexuel est blessé, le 5 cherche à séduire en donnant les informations les plus précieuses qu’il possède et qu’il aurait, en temps normal, gardé pour lui. C’est le sous-type « Confidence-Confiance. »

Dans son essence, le 5 a l’intuition de sa véritable position dans une situation donnée.

Les sous-types et l'intuition du 6

Quand l’instinct de conservation est blessé, le 6 devient démesurément chaleureux avec l’autre. C’est le sous-type « Cordialité ».

Quand l’instinct social est blessé, le 6 devient l’archétype du membre du groupe en respectant toutes les règles inhérentes à celui-ci avec une grande dévotion. C’est le sous-type « Devoir ».

Quand l’instinct sexuel est blessé, le 6 a tendance à être contre-phobique, à montrer sa force pour dissuader (pour un homme) ou sa beauté (pour une femme). C’est le sous-type « Force-Beauté ».

Dans son essence, le 6 a l’intuition des intentions véritables des autres.

Les sous-types et l'intuition du 7

Quand l’instinct de conservation est blessé, le 7 s’entoure de personnes qui pensent comme lui pour vivre un maximum de plaisir. C’est le sous-type « Clan ».

Quand l’instinct social est blessé, le 7 se persuade que les contraintes du groupe ne sont que temporaires. Cela le fait basculer dans des comportements irresponsables. C’est le sous-type « Sacrifice ».

Quand l’instinct sexuel est blessé, le 7 préfère les relations courtes dans lesquelles il s’implique peu. Il fantasme sur ce qui pourrait être quitte à délaisser la relation réelle. C’est le sous-type « Imagination ».

Dans son essence, le 7 a l’intuition des connexions entre ce qu’il vit et les contextes cohérents de son existence.

Les sous-types et l'intuition du 8

Quand l’instinct de conservation est blessé, le 8 surveille et vérifie tout ce qui est autour de lui. C’est le sous-type « Survie. »

Quand l’instinct social est blessé, le 8 s’entoure avec des personnes fortes comme lui. C’est le sous-type « Protection mutuelle. »

Quand l’instinct sexuel est blessé, le 8 veut contrôler son partenaire, tout savoir de lui et se laisse volontiers aller à des aventures. C’est le sous-type « Possessivité ».

Dans son essence, le 8 a l’intuition de la force et l’énergie véritables des autres.

Les sous-types et l'intuition du 9

Quand l’instinct de conservation est blessé, le 9 consomme excessivement la nourriture, l’alcool ou autre substance. Il se remplit au prorata de son vide. C’est le sous-type « Appétit ».

Quand l’instinct social est blessé, le 9 veut appartenir à des groupes sans s’y impliquer vraiment pour éviter le conflit. C’est le sous-type « Participation périphérique ».

Quand l’instinct sexuel est blessé, le 9 fusionne avec son partenaire de façon à faire un. Il se moule sur l’autre, s’approprie ses passions et cherche à le satisfaire. C’est le sous-type « Union ».

Dans son essence, le 9 a l’intuition de ce que vivent, ressentent et pensent les autres (sans perdre sa propre réalité).

Chapitre 13 : Les variantes

La hiérarchie des centres

Les trois centres forment une hiérarchie.

Le centre de soutien est au service du centre préféré.

Le centre réprimé est dernier, nous faisons tout pour ne pas l’utiliser, cela crée des conséquences fortes dans notre fonctionnement.

La hiérarchie des centres est une préférence d’utilisation et n’a rien à voir avec leur qualité, elle se définit par l’observation.

Cela parle surtout de la facilité ou de la réticence à utiliser un centre.Le centre réprimé peut l’être à peine ou énormément.

Le centré préféré explique la majorité de notre fonctionnement.

Les ennéatypes du triangle et la co-répression

Les types du triangle sont ceux qui surutilisent leur centre préféré dans les deux directions. Cette particularité amène le centre réprimé à ne pas fonctionner par moment et devenir réprimé. À ce moment, ils ont alors 2 centres réprimés (seul le centre de soutien est visible). 

Cela rend l’identification du type difficile : chez les 3, 6 et 9, le centre le plus visible peut être le centre préféré (en temps normal) ou le centre de soutien (quand le centre préféré est réprimé).

Les deux variantes de chaque ennéatype

L’ennéatype se définissant par le centre préféré, il existe 2 variantes : αet μ.

Cela apporte des nuances à la personnalité mais les mécanismes égotiques restent les mêmes.

L'intégration et la désintégration externes d'un ennéatype

L’intégration interne se passe au sein de notre type et vise à tempérer l’usage du centre préféré. 

L’intégration externe consiste à acquérir les traits de l’essence du type d’intégration : la vertu et l’idée supérieure.

C’est le même fonctionnement avec la désintégration externe où les traits égotiques d’un autre ennéatype s’ajoutent au type de base.

Les désintégrations interne et externe peuvent avoir lieu en même temps.

Ces mouvements d’intégration et désintégration ont lieu quotidiennement et dépendent de l’activation de l’évitement compulsif.

Le symbole de l'ennéagramme

Les 9 ennéatypes sont répartis sur un cercle à égale distance pour signifier leur égalité et leur nécessité dans l’équilibre du monde. Le centre instinctif (8, 9 et 1) est au sommet, les centres émotionnels (2, 3 et 4) et mentaux (5, 6 et 7) sont de part et d’autre.Il y a une symétrie verticale mais pas horizontale.

Les lignes à l’intérieur du cercle parlent du processus d’intégration et de désintégration externes. 

Les types 3, 6 et 9 sont reliés par un triangle et sont nommés les types du triangle étant donnée leur problématique particulière du centre préféré qui devient réprimé.

Les variantes du 1

Le 1αréprime le centre mental. Il se désintègre en 4 et s’intègre en 7.

Le 1μréprime le centre émotionnel. Il se désintègre en 7 et s’intègre en 4.

Les variantes du 2

Le 2αréprime le centre mental. Il se désintègre en 8 et s’intègre en 4.

Le 2μréprime le centre instinctif. Il se désintègre en 4 et s’intègre en 8.

Les variantes du 3

Le 3αréprime le centre mental. Il se désintègre en 9 et s’intègre en 6.

Le 3μréprime le centre instinctif. Il se désintègre en 6 et s’intègre en 9.

Les variantes du 4

Le 4αréprime le centre instinctif. Il se désintègre en 2 et s’intègre en 1.

Le 4μréprime le centre mental. Il se désintègre en 1 et s’intègre en 2.

Les variantes du 5

Le 5αréprime le centre instinctif. Il se désintègre en 7 et s’intègre en 8.

Le 5μréprime le centre émotionnel. Il se désintègre en 8 et s’intègre en 7.

Les variantes du 6

Le 6αréprime le centre instinctif. Il se désintègre en 3 et s’intègre en 9.

Le 6μréprime le centre émotionnel. Il se désintègre en 9 et s’intègre en 3.

Les variantes du 7

Le 7αréprime le centre émotionnel. Il se désintègre en 1 et s’intègre en 5.

Le 7μréprime le centre instinctif. Il se désintègre en 5 et s’intègre en 1.

Les variantes du 8

Le 8αréprime le centre émotionnel. Il se désintègre en 5 et s’intègre en 2.

Le 8μréprime le centre mental. Il se désintègre en 2 et s’intègre en 5.

Les variantes du 9

Le 9αréprime le centre émotionnel. Il se désintègre en 6 et s’intègre en 3.

Le 9μréprime le centre mental. Il se désintègre en 3 et s’intègre en 6.

Chapitre 14 : Les ailes

Le déploiement des ailes

L’ennéagramme est un modèle dynamique. Même s’il y a une constance dans la personnalité (l’ennéatype), l’intégration et la désintégration amènent de grandes variations.

La dynamique du modèle passe aussi par le développement d’une aile, les ailes étant les profils situés de part et d’autre du type de base.

La première aile se déploie entre 16 et 24 ans, afin d’amener des ressources au type de base.

Une deuxième aile peut apparaître plus tard dans la vie.

Pour le type de base comme pour l’aile, c’est la motivation sous-jacente qui compte.

Les mécanismes de l’aile (passion, fixation, mécanisme de défense, vertu et idée supérieure) s’ajoutent aux mécanismes du type de base. L’aile peut avoir une énorme influence ou être très peu présente, sans jamais être plus visible que le type de base.

L'influence égotique des ailes du 1

Avec l’aile en 9, le 1 s’ignore encore plus et son énergie passe encore plus dans l’action.

Avec l’aile en 2, le 1 a conscience de sa supériorité morale et il en tire orgueil.

L'influence égotique des ailes du 2

Avec l’aile en 1, le 2 s’épuise encore plus par excès de perfectionnisme dans l’aide apportée.

Avec l’aile en 3, le 2 attend une reconnaissance sociale valorisante de son côté sauveur.

L'influence égotique des ailes du 3

Avec l’aile en 2, le 3 utilise les ressorts de la manipulation émotionnelle pour arriver à ses fins.

Avec l’aile en 4, le 3 se sent incompris et envie ceux qui réussissent mieux que lui.

L'influence égotique des ailes du 4

Avec l’aile en 3, le 4 plonge dans un rôle et il est fier de sa différence.

Avec l’aile en 5, le 4 se détache du monde et vit dans son propre monde intérieur.

L'influence égotique des ailes du 5

Avec l’aile en 4, le 5 devient envieux des autres et se sent rejeté.

Avec l’aile en 6, le 5 a encore plus peur du monde extérieur, il se méfie des autres.

L'influence égotique des ailes du 6

Avec l’aile en 5, le 6 se retire du monde pour être en sécurité, il devient plus secret.

Avec l’aile en 7, le 6 recherche activement la sécurité et multiplie les scénarios de fuite.

L'influence égotique des ailes du 7

Avec l’aile en 6, le 7 craint l’insécurité car source de souffrance et cherche à écarter les dangers.

Avec l’aile en 8, le 7 tombe dans un excès de plaisir, plaisir qu’il tire aussi de fantasmes de vengeance.

L'influence égotique des ailes du 8

Avec l’aile en 7, le 8 dilapide son énergie dans tous les domaines et surtout les plaisirs.

Avec l’aile en 9, le 8 dépense beaucoup d’énergie dans des actions futiles et déconnectées de ses besoins.

L'influence égotique des ailes du 9

Avec l’aile en 8, le 9 manifeste l’excès dans des contextes sans risque de conflit, il est plus sujet à des crises de colère.

Avec l’aile en 1, le 9 cherche la perfection dans ses actions de narcotisation et ravale encore plus sa colère, bien présente.

Chapitre 15 : La construction de l'ego

Un retour sur la structure de la personnalité

La finesse de l’ennéagramme se retrouve dans l’assemblage de 4 ou 5 ennéatypes : type de base ± 2 ailes et les types d’intégration et de désintégration. 

Le type de base domine tout le temps, les autres types amènent surtout de la nuance. 

C’est un piège de vouloir utiliser cette dynamique pour expliquer le fonctionnement de quelqu'un. Le type de base est repérable tout le temps.En parcourant l’intégration, on arrive à un niveau où on ne colle plus à un profil particulier, c’est le niveau « je suis ».

Si on enlève les caractéristiques du « je suis » et de l’identité dans le symbole de l’ennéagramme, il reste le cercle, le vide.

L’ennéagramme considère que l’être humain fonctionne sur 5 niveaux : vide, corps, ego-essence et je suis. Ces niveaux existent en simultané.

L'ennéatype est-il inné ou acquis ? Et l'ego ?

Le type de base serait inné. L’acquis représente alors les autres éléments : intégration, désintégration, répression d’un centre, aile, sous-type…

L’ego se construit suite à la conscience de la séparation avec la mère pour ne jamais revivre cette souffrance. Il est impossible de se débarrasser de l’ego.

Troisième partie : Utiliser l'Ennéagramme au quotidien

Chapitre 16 : S'entendre avec les neuf ennéatypes

Neuf ennéatypes… neuf dialectes !

Apprendre le langage de chaque type est précieux pour être compris par l’autre.

Il ne s’agit pas de manipulation, tout dépend l’intention derrière.

La communication avec un ennéatype 1

Son style de communication est appelé enseignement-sermon. Il transmet ses idéaux et sa rigueur en affirmant sa vérité instinctive.

La communication avec un ennéatype 2

Son style de communication est appelé aide-avis. Il s’intéresse à l’autre et se souvient de sa vie. Il parle de tout ce qu’il a fait pour les autres.

La communication avec un ennéatype 3

Son style de communication est appelé propagande. Il est toujours en train de vendre un truc.

La communication avec un ennéatype 4

Son style de communication est appelé drame. Il exagère ses émotions et les théâtralise, c’est important pour lui que l’autre écoute ses émotions.

La communication avec un ennéatype 5

Son style de communication est appelé traité. Il déteste la superficialité et se lance dans son sujet de prédilection si les conditions sont réunies.

La communication avec un ennéatype 6

Son style de communication est appelé limites. Il adapte sa communication à son cadre de prédilection. Il a particulièrement besoin d’être rassuré.

La communication avec un ennéatype 7

Son style de communication est appelé histoires. Il aime raconter des anecdotes, blagues ou tout ce qui amène de la légèreté.

La communication avec un ennéatype 8

Son style de communication est appelé impératifs. Il aime donner des ordres, être clair et sans détours. Avec lui, pas de faux semblants !

La communication avec un ennéatype 9

Son style de communication est appelé saga. Il raconte sa vie avec beaucoup de détails en restant sur des sujets « universels », tout en parlant peu de lui car il se connaît mal.

Chapitre 17 : Travailler avec les neuf ennéatypes

La spécificité du monde de l'entreprise et les masques

De nombreux contextes mettent des limites à l’expression de notre personnalité, le monde de l’entreprise favorise l’apparition d’un masque social qui s’exprime différemment chez chacun.

L'attitude professionnelle du 1

Pour le 1, le travail doit être bien fait, en accord avec ses idéaux. Il attend beaucoup des autres et peut être directif. Il contient sa colère qui sort par la formation réactionnelle.

L'attitude professionnelle du 2

Pour le 2, ce sont les relations qui importent le plus au travail. Il a un réseau large et connaît les gens individuellement. Il est incapable de travailler seul et a tendance à se démener pour aider les autres.

L'attitude professionnelle du 3

Le 3 nage dans le monde professionnel comme un poisson dans l’eau. C’est un gros travailleur et il peut mettre beaucoup d’énergie dans sa réussite.

L'attitude professionnelle du 4

Avec le sens du beau, le 4 n’a pas toujours l’occasion d’avoir un travail où il se sent bien. Si ce n’est pas le cas, il mènera une double vie en faisant bien la différence entre sa vie professionnelle et sa vie privée.

L'attitude professionnelle du 5

Le 5 est toujours prêt à apprendre de nouvelles informations, il est rigoureux et logique. Il est plutôt spécialiste. Il a du mal à travailler avec les autres.

L'attitude professionnelle du 6

L’orientation de loyauté du 6 est souvent présente dans son travail. Celle-ci peut être avec son équipe, avec son manager ou s’étend à toute l’entreprise. Il respecte les règles et tient à les faire respecter.

L'attitude professionnelle du 7

Le 7 a besoin de joie et d’optimisme pour travailler, sans quoi il devient improductif. Il enchaîne les idées géniales qu’il n’a pas forcément l’intention de réaliser.

L'attitude professionnelle du 8

Le 8 est surtout efficace dans les moments difficiles ou de crise. Il aime les situations compliquées pour exercer toute l’énergie de son centre instinctif. Il veut une transparence totale et est capable de travailler dur et longtemps. Le 8 est détesté ou adoré.

L'attitude professionnelle du 9

Les gens apprécient le 9 pour sa capacité d’acceptation et de soutien. Il crée un climat de bonne entente et fluidifie les rapports. Il ne s’oppose jamais frontalement quand ça ne lui convient pas mais montre une agressivité passive.

Chapitre 18 : Tenir compte de l'ennéatype des cultures

Les ennéatypes des entreprises

L’entreprise est une entité vivante qui naît, grandit et peut mourir.

Il est possible de la rapprocher d’un ennéatype selon ses valeurs, capacités, ressources et faiblesses. On retrouvera alors les mêmes mécanismes pour chaque type.

Les ennéatypes des pays

Les pays et les cultures ont aussi un ennéatype propre. Il faut alors identifier la présence des mécanismes : centre préféré, compulsion, passion, fixation…

Comme pour une personne, il s’agit d’aller au-delà des clichés des cultures pour regarder vraiment les faits.

Utiliser les ennéatypes des cultures

Connaître le type d’une entreprise ou d’un pays a 3 utilités :

Cela amène plus d’empathie envers les autres.

Cela permet d’identifier les points d’entente et les difficultés d’intégration.

Une organisation consciente de son type peut éviter une erreur de communication.

Chapitre 19 : Évaluer l'impact des conditions de vie

L’ennéagramme décrit avec précision la stabilité de notre identité (malgré la dynamique du modèle) et il gagne encore en pertinence lorsqu’il est corrélé avec la spirale dynamique.

Découvrir la spirale dynamique

La spirale dynamique considère qu’on évolue en une série de niveaux, plusieurs pouvant coexister.

Développée par Clare Graves, elle a été simplifiée et popularisée par Beck et Cowan.

La spirale dynamique décrit un processus dynamique qui explique comment les individus et les sociétés évoluent ou stagnent.

Chaque niveau d’existence :

est identifié par une couleur

émerge suivant les conditions de vie de l’individu et les modifie. 

solutionne les problèmes du niveau précédent et génère de nouveaux problèmes.

Le premier niveau est Beige. C’est le siège de la survie immédiate et correspond à l’instinct de conservation.

Puis vient Violet. La pensée est animiste et il faut appartenir à une tribu pour assurer sa sécurité. On est assujetti aux ordres des ancêtres et des esprits.

Ensuite vient Rouge avec l’égocentrisme impulsif, le pouvoir et la domination.

Avec Rouge apparaît la conscience de soi, les émotions et la volonté de toute puissance. Il n’y a ni culpabilité, ni vision long terme. 

Après apparaît Bleu et ses préoccupations de donner un sens à sa vie, se sacrifier pour une cause, avec le thème de la culpabilité. Il y a une Vérité absolue valable pour tous avec le système de carotte et de bâton. L’ordre social et la hiérarchie se complexifient.

Puis vient Orange, un niveau omniprésent aujourd'hui. Le monde est plein de ressources et on veut l’autonomie, le succès. La priorité est de gagner. La rationalité apparaît à ce niveau, tout comme le matérialisme.

Émerge alors Vert avec un retour vers le collectif qui prend en compte les besoins de chacun, la volonté d’appartenir à une communauté, vivre en harmonie. Tout le monde peut s’exprimer et on cherche le consensus.

Jaune émerge avec une baisse notable de la peur, présente aux 6 premiers niveaux. L’individu a conscience de la dynamique des systèmes, de l’interdépendance. Sa présence est déjà rare.

Ensuite vient Turquoise, un niveau encore plus rare où l’individu est vu comme une cellule d’un gigantesque organisme où tout est à sa juste place.

Distinguer ennéatype et niveaux d'existence

Lorsqu’on découvre la spirale dynamique, certains niveaux paraissent très proches de certains types de l’ennéagramme.

La tribu de Violet fait penser à la loyauté au cadre du 6.

Le pouvoir de Rouge fait penser à la volonté de contrôle du 8.

La vérité absolue de Bleu rappelle les valeurs du 1.

La recherche de statut de Orange rappelle le désir de réussite du 3.

Cheminer sur la spirale dynamique

Chacun, selon le moment de sa vie, manifeste un ou plusieurs niveaux. 

Tous les types ennéagramme peuvent accéder à tous les niveaux de la spirale.

Les types ont plus d’affinité avec des niveaux et plus d’aversion pour d’autres niveaux.

Quatrième partie : Évoluer avec l'Ennéagramme.

Chapitre 20 : Abandonner ses automatismes

L'ego vu comme une transe hypnotique

Hypnose, ego et état hypnotique

L’état hypnotique est une expérience personnelle et unique vécue par le sujet hypnotisé dans laquelle son attention est étroitement focalisée. Des modes de pensée inconscients sont privilégiés par rapport aux modes de pensée conscients.

 « État hypnotique » est remplaçable par « ego » dans la phrase précédente.

Beaucoup des événements de l’existence sont des moments de transe hypnotique.

Les phénomènes hypnotiques

Ils sont au nombre de 9, chacun constituant une déformation de la réalité, une façon de ne pas être présent.

1/ Distorsion du temps (écart important entre le temps objectif et le temps subjectif)

Contraction du temps : temps subjectif plus court que le temps objectif 

Expansion du temps : temps subjectif plus long que le temps objectif

2/ Pseudo-orientation dans le temps 

Régression en âge : voir, entendre et ressentir ce que nous avons vécu dans le passé.

Progression en âge : voir, entendre et ressentir ce que nous espérons/sommes persuadés de vivre dans le futur

3/ Changements mnésiques : modification significative de nos souvenirs

Amnésie : tout ou partie d'un moment de notre vie est oublié

Hypermnésie : se souvenir d'un moment de vie avec une multitude de détails

4/ Hallucinations visuelles et/ou auditives : considérer comme objective une expérience sensorielle ne correspondant pas à la réalité

Hallucination additive : quelque chose est vu ou entendu qui n'existe pas 

Hallucination soustractive : quelque chose qui devrait être vu ou entendu ne l'est pas

5/ Distorsion des sensations : équivalent kinesthésique des hallucinations visuelles et auditives.

Création de sensations 

Suppression de sensations

6/ Changements musculaires : 

Catalepsie : position corporelle conservée pendant un certain temps

Mouvement idéomoteur : a lieu sans décision consciente

7/ Changements de personnalité :

Dissociation : la personne a l'impression d'être séparée d'elle-même, elle s'observe de l'extérieur sans rien ressentir.

Identification : avoir l'impression d'être une autre personne, comme un acteur.

8/ Confusion : l'esprit conscient et spécialement le centre mental ne peut plus fonctionner convenablement et où la seule chose consciente est peut-être cet arrêt du conscient.

9/ Suggestions hypnotiques : consignes que l'hypnotiseur donne à son sujet de manière directe ou indirecte. Dans la vie courante nous sommes notre propre hypnotiseur en nous envoyant des suggestions sous forme d'ordres...

Les phénomènes hypnotiques préférés des neuf ennéatypes

L’identification à l’ego est la transe fondatrice, la plus difficile à dissoudre et la dernière à disparaître totalement.

Chaque type a ses mécanismes préférés.

Déconstruire les phénomènes hypnotiques

L’ennéagramme ne vise pas la disparition de l’ego. Celui-ci est indispensable pour assumer les activités quotidiennes.

Pour interrompre les phénomènes hypnotiques, on a besoin de l’observateur intérieur qui est une intégration en tant que tel. On peut pratiquer les techniques de Stephen Wolinsky consistant à déconstruire les transes sans s’y opposer.

Arrêter les pensées parasites

Nous avons tous des injonctions issues de nos parents : sois parfait, dépêche-toi, fais des efforts…

Pour déconstruire une suggestion hypnotique, il suffit de la répéter et la transformer sous 4 formes : affirmation, négation, question affirmative, question négative.

Dissoudre les illusions de l'ego

Nous faisons tous des progressions en âge qui nous coupent du moment présent. On peut alors imaginer le scénario inverse à celui proposé par notre esprit puis faire exister les deux simultanément.

Chapitre 21 : Redécouvrir son être véritable

La distinction entre travail horizontal et travail vertical

Le travail horizontal est un travail sur l’ego, on cherche à s’adapter au monde et être plus confortable dans la vie quotidienne. Il concerne les instincts.

Le travail vertical consiste à interrompre les automatismes de son type, cesser l’identification à l’ego et se connecter à l’essence et aux autres niveaux de l’être.

Les deux sont complémentaires et jamais vraiment terminés.

Le choix de la bonne technique

Il faut prendre 2 précautions : choisir les bonnes techniques et ne pas utiliser une voie au détriment de l’autre.

Il est intéressant de considérer les rapports entre l’ennéatype de la méthode et celui du client.

Les six étapes du travail vertical

Une démarche complète doit travailler sur les trois centres.

La phase mentale : connaissance de soi et des autres

L'auto-observation

C’est le prérequis indispensable à toute évolution. 

L’auto-observation est dénuée de jugement et peut commencer par tenir un journal.

Il est important de pratiquer une observation directe de tout ce qui se passe en soi.

La connaissance des autres

Elle requiert les mêmes qualités que la connaissance de soi.

Les fausses pistes de la connaissance de soi et des autres

La contrepassion fait partie de ces protections où la personne se croit intégrée. C’est en fait une lutte contre l’ego.

La phase émotionnelle : pardon et compassion

Le pardon : libération et résilience

Le pardon est pour soi avant tout. Son champ est très vaste et concerne toute situation où il y a du ressentiment. 

La compassion`

C’est la reconnaissance et la perception de la souffrance dans le monde, une manifestation de l’amour et pas de l’apitoiement.

La phase instinctive : métanoïa et service

La métanoïa

Métanoïa signifie « décider de faire différemment de ce qui était déterminé auparavant ».

Elle comprend 2 composantes :

1/ La première rééquilibre la personnalité en interrompant les transes hypnotiques de l’ego pour laisser le champ libre à l’essence.

2/ La deuxième consiste à se désidentifier de l’essence.

Le service

Le véritable service passe par l’aide juste, sans objectif égotique.

Conclusion sur « Le grand livre de l’ennéagramme » de Fabien et Patricia Chabreuil :

Ce livre est un indispensable pour toute personne qui veut se connaître et découvrir l’ennéagramme.

Il est très exhaustif et ouvre même à des liens avec d’autres modèles pertinents comme la spirale dynamique.

Pour quelqu'un qui débute dans le sujet de l’ennéagramme, ça peut le submerger car le livre est extrêmement dense.

La première lecture de ce livre en 2016 m’a laissé de nombreux points d’interrogation.

Y revenir des années plus tard, après m’être formé, m’a permis de cerner toutes les nuances et de le comprendre bien plus en profondeur.

Clairement, le grand livre de l’ennéagramme est un indispensable et il fait partie des ouvrages les plus fournis en français.

Il nécessite d’y revenir plusieurs fois pour se l’approprier et en tirer la substantifique moelle.

Les exercices proposés et les nombreux exemples le rendent plus digeste et le rendent plus vivant !

Points forts :

Complet et précis

Ouvrage de référence sur l’ennéagramme

Les nombreux exemples et exercices 

La longue expérience des auteurs sur le sujet

Points faibles :

Difficile d’accès pour un débutant

Ma note :

★★★★★

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Mon, 13 Mar 2023 05:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12296/Le-grand-livre-de-lennagramme
La nuit, j’écrirai des soleils http://www.olivier-roland.fr/items/view/12221/La-nuit-jcrirai-des-soleils

Résumé de « La nuit, j'écrirai des soleils » de Boris Cyrulnik : un essai riche en émotions qui partage les histoires de vie de grands écrivains pour nous montrer le pouvoir de l’écriture dans la résilience.

Par Boris Cyrulnik, 2019, 304 pages.

Chronique et résumé de « La nuit, j'écrirai des soleils » de Boris Cyrulnik

Chapitre 1 – Quelques mots pour tisser un lien

Un lien d’attachement sain se construit lorsqu’il est alimenté à la fois par la présence et par l’absence de la personne à qui l’on est lié.

Si deux personnes sont trop présentes l’une à l’autre, une sorte d’étouffement de l’élan vital se produit. Aucun des deux ne peut vraiment vivre pour lui-même et pour l’autre.

Boris Cyrulnik explique ensuite l’importance des mots et du langage parlé et écrit. Ces mots et ces expressions peuvent être chargés de différentes significations qui apparaissent positives ou négatives en fonction des contextes.

Il donne l’exemple du mot « collaborateur » chargé très négativement pour des survivants de la Shoah alors qu’il peut simplement signifier « travailler ensemble » pour d’autres personnes. Ou encore le mot « libération » qui évoque un souvenir douloureux pour une chanteuse dont le père a été accusé de collaboration et de la mort de milliers d’enfants juifs.

En retour, cette chanteuse a recours aux mots pour « transformer ses émotions douloureuses en expressions émouvantes, surprenantes, élégantes grâce à la poésie » (p. 12).

Chapitre 2 – Quand les mots donnent à voir

Nous ne pouvons pas saisir tous les détails de la réalité qui nous entoure. Les éléments qui la composent s’objectivent à travers des mesures scientifiques qui ne sont pas réalisables par un cerveau humain.

Ainsi, le langage parlé, les mots que nous employons et ce que nous ressentons n’expriment pas vraiment la réalité de ce qui nous entoure ou de ce que nous vivons. Ils expriment une représentation de cette réalité. Et cette représentation est influencée par nos souvenirs, les époques et les situations que nous avons traversés, ou encore ce que les autres disent de nous.

Ce que veut dire l’auteur, c’est qu’il est alors possible de modifier la représentation que l’on a de son histoire et de sa vie à travers un travail sur la mémoire et le langage utilisé pour en parler.

Boris Cyrulnik prend son propre exemple. Enfant, il ne savait pas qu’il était juif jusqu’à son arrestation à l’âge de six ans. Personne n’a voulu croire ensuite à son évasion et il n’en a plus parlé pendant 40 ans. Puis il a entrepris de reconstituer son histoire à partir d’une enquête historique sur les faits réels de cette époque. Il en a écrit un livre intitulé Sauve-toi, la vie t’appelle, publié en 2012.

À travers ce travail de reconstitution et d’écriture, il a modifié la perception qu’il se faisait de son enfance et des évènements qu’il avait traversés.

« Je sais maintenant que, grâce aux récits intimes, aux récits partagés avec quelques proches et aux récits que la culture raconte à propos de nos enfances fracassées, il est toujours possible d’écrire d’autres vies. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 16)

Chapitre 3 – Quarante voleurs en carence affective

Dans ce chapitre, Boris Cyrulnik évoque les liens que le petit enfant développe nécessairement avec l’adulte qui prend soin de lui. Cet adulte est le plus souvent sa mère qui lui apporte réconfort et affection à travers les contacts physiques et sensoriels.

Puis rapidement d’autres adultes vont aussi prendre soin du bébé et de l’enfant. Ils peuvent être de la même famille (grands-parents, tantes et oncles, cousins, etc.) ou bien membres de la même communauté ou village. Ces « tuteurs comportementaux », selon l’expression de l’auteur, orientent le développement de l’enfant.

Cyrulnik parle de « niche sensorielle » nécessaire à l’enfant pour s’épanouir et se développer dans de bonnes conditions. Cette niche sensorielle est constituée d’appuis émotionnels et cognitifs qui doivent être stables, positifs et structurants.

De nombreux éléments et évènements peuvent venir perturber cette « niche sensorielle » : guerres, maladies, pauvreté, chômage ou autres problèmes affectant l’humeur et la disponibilité des parents et des proches. Lorsque la niche sensorielle est affectée, le développement de l’enfant l’est aussi et son avenir s’assombrit.

Les niches sensorielles évoluent en même temps que l’histoire des sociétés. Les structures qui prenaient en charge collectivement l’éducation des enfants – villages et communautés – ont commencé à se désagréger au moment de la révolution industrielle du XIXème siècle.

La grande misère des conditions de vie de certains ouvriers notamment les a conduits à confier leurs enfants à des institutions comme l’assistance publique. Ces enfants souffraient alors de carences affectives et sensorielles. Certains auteurs de littérature les ont représentés dans des héros devenus célèbres comme Cosette, Oliver Twist et Gavroche.

Seule la rencontre avec des adultes aimants ou un groupe d’adultes accueillants (un mouvement politique par exemple) peut offrir une forme de soutien à ces enfants.

Chapitre 4 – L’héritage du goût du monde

Boris Cyrulnik, né deux ans avant la Seconde Guerre mondiale, a été très tôt orphelin de père et de mère. De son enfance avec ses parents, il garde quelques souvenirs associés à du réconfort affectif et à une bulle de paix dans un monde très menaçant.

Devenu neuropsychiatre, l’auteur explique en des termes scientifiques et biologiques l’influence d’une bonne niche sensorielle dans le développement ultérieur du bébé. Que se passe-t-il lorsqu’un bébé reçoit des stimulations affectives et sensorielles positives ? Certaines zones de son cerveau, qui sont relatives à la gestion des émotions, se développent.

À l’inverse pour un bébé qui n’a pas reçu ces stimulations, les mêmes zones du cerveau restent atrophiées. Dans la suite de sa vie, il peut alors rencontrer des troubles importants dans la gestion de ses émotions.

Si les carences n’ont pas été trop importantes, l’enfant, devenu adulte, peut récupérer une partie de ses capacités à gérer ses émotions lorsqu’il est au contact de stimulations positives.

Boris Cyrulnik cite les exemples de deux adolescents, adoptés lorsqu’ils étaient enfants, et qui manifestaient des comportements « trop parfaits » en apparence : « trop sage » pour l’un, « trop conformiste » pour l’autre. Pour le psychiatre, ces comportements semblent traduire une forme de torpeur, d’endormissement, comme si les enfants recherchaient un refuge contre les émotions transmises par les personnes qui les entouraient.

Un jour, les deux adolescents ont adopté des attitudes transgressives. L’un a commis un hold-up. L’autre a quitté ses beaux vêtements et a commencé à fréquenter le monde de la rue.

Le psychiatre pense qu’ils ont certainement éprouvé le besoin de se confronter à des « stimulations intenses » (p.32) provoquées par la transgression. Ainsi, ils pouvaient à nouveau être en contact avec le monde, ressentir des émotions et peut-être même accéder à une forme de liberté.

Chapitre 5 – Se cacher derrière un livre

Le refuge dans des livres ou dans la rêverie offre une protection contre l’établissement de relations interpersonnelles difficiles à vivre. L’imagination permet de s’échapper d’un monde douloureux. On peut alors accéder à des moments de bonheur. Mais cela ne règle pas le problème de fond qui subsiste.

Boris Cyrulnik cite des éléments de la vie de l’écrivain Georges Pérec dont la famille entière a disparu pendant la Seconde Guerre mondiale. Le jeune Pérec, qui a trouvé une forme d’apaisement dans la lecture, décide de devenir écrivain. En mettant des mots sur ses proches disparus, il « leur rend une dignité » (p. 38).

Chapitre 6 – La perte n’est pas le manque

Nous, êtres humains, nous nous construisons dans le rapport à d’autres humains. C’est parce que l’autre nous regarde, nous observe, nous juge et interagit avec nous que nous nous regardons et prenons conscience de notre propre identité. Le rapport à l’autre, fait d’imitations et de différenciations, est donc nécessaire à la construction de soi.

Selon Boris Cyrulnik, une vie « sans autre », une vie de solitude dépourvue d’interactions avec d’autres, est triste et morne. Il évoque un « gouffre vide ». Le rapport à l’autre, lorsqu’il est fondé sur des bases positives, nous stimule, nous nourrit, nous donne envie d’avancer, de créer.

Le manque et la tristesse se ressentent lorsqu’on perd un être à qui l’on est attaché affectivement. Une angoisse se crée alors. Pour la surmonter, certains se tournent vers la création et l’écriture. À tel point qu’ils peuvent même aller jusqu’à rechercher des conditions de vie ou des lieux alimentant l’angoisse, la solitude et le dégoût (comme la prison ou des toilettes par exemple).

En vivant dans ces conditions, ils n’ont pas d’autres choix que de se réfugier dans l’imagination alimentant ainsi la créativité et l’inspiration. L’auteur cite les écrivains et poètes comme Rimbaud et Genet.

« Alors, enfermé [Genet], il éprouvait le besoin d’écrire pour s’évader. Dans un contexte de chaleur affective, les mots, pour lui, sont sans saveur. La tombe, la prison, les égouts leur donnent une odeur. C’est dans le noir qu’on espère la lumière, c’est la nuit qu’on écrit des soleils. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 40)

Chapitre 7 – Synesthésies

La synesthésie est un phénomène qui se produit lorsqu’une personne associe des sens différents là où d’autres ne perçoivent qu’une seule sensation. C’est le cas par exemple lorsqu’on associe une note de musique avec une saveur gustative comme le chocolat. Ou bien une lettre de l’alphabet (ou un chiffre) avec une couleur.

Le psychiatre qu’est Boris Cyrulnik explique ce phénomène par le fonctionnement du cerveau depuis les premiers jours de vie jusqu’à l’âge adulte. Le cerveau du nourrisson et du petit enfant est capable d’enregistrer une multitude d’informations et de s’adapter à différents environnements.

Les circuits et connexions neuronaux sont alors en formation. À partir de l’adolescence, ils sont davantage formés et stabilisés ce qui restreint la perception du monde environnant et les apprentissages qui en découlent.

Dans le cas de certains enfants et adultes autistes, notamment Asperger, qui sont dotés d’une très grande intelligence, les capacités de perception ne se restreignent pas à l’adolescence. Leur cerveau reste capable de capturer et d’associer différents sens. Ces adultes conservent alors une capacité créative supérieure à la normale.

Pour en savoir plus sur la synesthésie, lisez Je suis né un jour bleu, l'autobiographie du génie des nombres Danniel Tammet.

Chapitre 8 – Tracer des mots pour supporter la perte

Exprimer des mots, par l’écriture ou la parole, participe à la maîtrise des émotions.

En parlant à d’autres personnes ou à un auditoire, on exprime aussi des émotions et des attitudes corporelles. La réaction de nos interlocuteurs nous influence aussi en retour. Il s’agit d’un circuit dynamique d’échange de paroles, de pensées et de gestes.

Lorsque l’on écrit, on ne reçoit pas la réponse de son ou de ses interlocuteurs immédiatement. On s’adresse donc à un auditoire imaginaire, un « ami invisible » (p. 52).

« Ce n’est pas l’acte de parole qui apaise, c’est le travail de recherche des mots et des images, l’agencement des idées qui entraîne la maîtrise des émotions. Cela explique pourquoi les traumatisés peuvent écrire des poèmes, des chansons, des romans ou des essais où ils expriment leurs souffrances, alors qu’ils sont incapables d’en parler en face à face. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 53)

Chapitre 9 – Le vol et la jouissance

Le concept et la conscience du vol n’existent pas chez l’enfant. Ce dernier prend des objets qu’il a envie de posséder. En principe, les adultes qui l’entourent et qui se chargent de son éducation manifestent une réaction de réprobation (froncement de sourcil, ton de la voix). L’enfant ressent une émotion désagréable et craint de perdre la considération de l’adulte. Cela l’amène alors à ne pas reproduire ce geste d’accaparement de ce qui ne lui appartient pas.

Dans certains cas cependant, il arrive que l’enfant devenu adulte et adolescent continue à prendre des objets qui ne lui appartiennent pas. Cela est alors un vol au sens propre du terme. Selon Boris Cyrulnik, ce vol n’est pas destiné à alimenter celui qui le commet en argent, en honneur ou en biens matériels.

Non, pour Cyrulnik, dans ces cas-là, celui qui vole le fait davantage pour ressentir la sensation de la transgression. Dans le cas de la kleptomanie, le vol correspond au besoin de satisfaire une pulsion liée certainement à une forme d’angoisse. D’ailleurs, les personnes qui volent de manière impulsive redistribuent souvent immédiatement les effets volés à d’autres personnes.

Chapitre 10 – Le pseudo, nom qui démasque

Pour des enfants ou des adultes aux parcours de vie semés de difficultés et de souffrances, le choix d’un pseudonyme peut revêtir une grande importance. Il permet de se représenter et de se donner à voir aux autres sous une nouvelle identité souvent idéalisée.

L’auteur explique qu’il a lui-même choisi de se faire appeler par le prénom « Boris » lorsqu’il avait décidé, adolescent, de devenir écrivain. Son prénom véritable désignait ses origines d’Europe Centrale. Tout en en étant fier, il a voulu garder cette partie de son histoire pour lui-même. De la même manière, il a préféré ne pas parler, pendant longtemps, de son évasion d’un centre d’enfermement nazi lorsqu’il était enfant.

Ce pseudonyme d’écrivain lui permettait alors de se présenter aux autres sous une autre face qu’il a jugée plus propice à la socialisation. Il pouvait se cacher sous cette identité, ne pas avoir à évoquer son passé. De plus, le nom de famille choisi « Aurige » évoquait un héros grec qui mettait sa force au service de la libération des esclaves ce à quoi aspirait aussi « Boris Aurige ».

Finalement à l’âge adulte, Boris Cyrulnik est devenu neuropsychiatre et psychanalyste. Il a participé à des actes de libération à travers son activité professionnelle : « l’ouverture des hôpitaux psychiatriques, les centres de soins gratuits, la suppression des entraves éducatives dans les écoles maternelles et les quartiers difficiles » (p. 65).

Chapitre 11 – Une science de l’affectivité

Un enfant qui ne reçoit pas les soins et les attentions affectifs et sensoriels appropriés peut présenter de graves troubles du développement au niveau émotionnel et cognitif.

Attention, ce n’est pas sa mère qui doit nécessairement se charger d’apporter à un enfant toute l’affection dont il a besoin. Il est aussi très important que d’autres adultes s’en chargent.

Les enfants abandonnés ou placés dans des institutions éducatives souffrent souvent de graves carences affectives et rencontrent d’importantes difficultés de socialisation. En effet, ces cadres d’éducation, qui sont le plus souvent défaillants, entravent l’apprentissage de la maîtrise des pulsions et des affects.

Toutefois, à travers des soins appropriés et des institutions qui transmettent des cadres bienveillants, les enfants, adolescents et adultes peuvent retrouver des formes de sécurisation. Ils peuvent alors aller vers plus d’autonomie et une meilleure socialisation.

« Les travaux actuels confirment que les carencés affectifs accèdent difficilement à l’indépendance, mais quand on leur propose une relation soutenante et une aide sociale, ils finissent par devenir indépendants, un peu plus tard, c’est tout. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 72)

Chapitre 12 – Les voyous littéraires

François Villon, Jean Genet, le marquis de Sade, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Romain Gary… Autant de figures célèbres, écrivains, philosophes et poètes qui partagent le fait d’avoir souffert d’une enfance carencée en attention et en affection.

Ces personnes célèbres partagent le fait d’avoir des souffrances enfouies et des conditions de vie où ils côtoient parfois l’horreur, ou bien s’adonnent à des actes de transgression. Et c’est de là qu’ils créent des œuvres où le merveilleux et le plaisir semblent transcender l’insupportable.

L’auteur développe l’exemple de Sade, un auteur qui a exprimé et représenté la perversité et le sadisme. Ces deux attitudes sont caractérisées par un manque d’empathie, c’est-à-dire de capacité à se représenter le monde de l’autre et ses émotions.

Le sadique trouve sa source dans un enfant qui était isolé, dépourvu de relations affectives avec d’autres humains. Il transforme alors l’autre en objet sans se préoccuper de ses émotions, ou même en tirant plaisir de sa souffrance.

Chapitre 13 – L’empreinte du passé donne un goût du présent

Boris Cyrulnik se souvient avec tendresse de cette minuscule chambre de bonne au mobilier très sommaire, sans eau, sans électricité, qu’il avait occupé alors qu’il était tout jeune étudiant à Paris. Il associe ce souvenir à celui de ses moments de rêverie et d’évasion au cours desquels il se représentait médecin, ce qu’il est devenu ensuite.

Il cite l’exemple d’une femme qui apprécie les mauvaises soupes pour la même raison : elles lui rappellent des bons moments passés au cours desquels elle les consommait.

À travers ces exemples, l’auteur illustre le sentiment de sécurisation qui naît lorsque l’on se retrouve en contact avec des objets, des environnements ou des personnes qui nous sont familiers. Cette sécurité constitue un refuge et un appui : on sait que l’on pourra y revenir en cas de problèmes. On part ainsi plus facilement à la rencontre de nouveaux environnements et de nouvelles personnes.

À l’inverse, des personnes peu ou mal sécurisées au cours de leur enfance auront tendance à éprouver des difficultés pour entrer en relation avec les autres. Celles-ci perçoivent que chaque nouvelle relation peut déclencher des angoisses sans possibilité de refuge et semblent alors préférer l’isolement. Elles n’expriment pas leurs besoins relationnels, ce qui aggrave leurs souffrances.

Si une personne qui a été maltraitée ou violée n’est pas ensuite correctement accompagnée dans un parcours de soins, elle risque fortement de conserver une image très dévalorisée d’elle-même. Elle peut alors ne pas se protéger de potentiels nouveaux agresseurs et subir le même type de violence.

Selon l’auteur, un chemin vers la résilience est possible. La victime doit alors recevoir de l’aide pour « se repersonnaliser ». La parole et des associations d’idées notamment peuvent l’aider à reprendre possession de son intimité qui a été détruite par l’agression.

Chapitre 14 – La mort donne sens à la vie

Les moments de malheur et la conscience de la mort nous permettent de savourer les temps de bonheur et la vie. La rencontre de différentes informations qui peuvent s’opposer crée de la tension, de l’énergie vitale. À l’inverse, la monotonie et la répétition mènent à l’engourdissement de la vie.

Lorsque l’on vieillit et que l’énergie physique s’estompe, les souvenirs de moments heureux peuvent alimenter une volonté de rester éveillé et d’aller vers les autres.

« Quand la vie ne revient pas, on dit que c’est un désastre, une étoile vient de s’éteindre. Mais quand la vie reprend après un évènement déchirant, un autre équilibre se met en place qu’on appelle résilience. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 95)

Chapitre 15 – Après la fin, le renouveau

Les grandes catastrophes naturelles (séismes, tsunami, inondations, etc.) et sociales (guerres, persécutions) mènent à d’importantes destructions : de nombreux humains et êtres vivants meurent, des installations matérielles sont détruites.

Face à ces malheurs, les humains recherchent des causes. Les causes matérielles mènent à des remèdes médicaux ou médicinaux. Les causes spirituelles attribuent le désastre à la colère divine provoquée par le péché des hommes. Des actions spirituelles sont alors entreprises pour apaiser cette colère : incantations, prières, processions, chants.

Ces destructions mènent ensuite à des moments de reconstruction et de créativité importants et à de profonds changements dans l’organisation sociale et culturelle.

Boris Cyrulnik cite notamment l’exemple de la peste noire de 1348 qui a décimé la moitié de la population européenne et notamment des enfants et des femmes jeunes. Certains hommes âgés qui ont davantage survécu ont pris du pouvoir dans la société. Peu enclins au combat, ils ont instauré de nouvelles conventions sociales glorifiées par les artistes de l’époque : ordre intérieur, maisonnée, couple.

L’auteur mentionne également l’après Première Guerre mondiale en Europe qui a vu apparaître des mouvements artistiques et culturels comme le surréalisme et le dadaïsme.

Chapitre 16 – Deuil et créativité

Au début de ce chapitre, Boris Cyrulnik retrace les étapes du développement de l’enfant. À la fin de la grossesse, lorsque l’enfant est encore dans le ventre de sa mère, il perçoit les émotions qu’elle ressent. Au début de sa vie, le bébé ne parle pas encore et n’en a pas la capacité. Il fait l’expérience du monde qui l’entoure à travers ses sens. Il ressent les émotions que les personnes qui l’entourent lui transmettent.

La perte d’un être proche peut alors profondément modifier l’environnement sensoriel de l’enfant et déstabiliser ses bases de sécurisation affective nécessaires à son bon développement.

Lorsque l’enfant grandit, il commence à reconnaître les visages de son entourage. Puis progressivement, il ressent le manque des personnes qui ne sont pas là et comprend qu’il peut désigner, à travers la parole, ce qu’il ne perçoit pas de manière visible.

À partir de l’âge de six ou huit ans, il commence à se représenter le temps qui passe. Il se souvient de ce qu’il s’est passé et peut concevoir des évènements futurs. La perte d’un être proche devient alors associée à des souvenirs douloureux.

Lorsqu’un être à qui nous étions attaché meurt, nous sommes plongés dans la tristesse et la souffrance. Nous continuons à ressentir des émotions et des affects liés au souvenir de cette personne qui n’est plus là. Pour surmonter la peine, nous inventons alors des moyens d’incarner le souvenir de cette personne : écriture, récit biographique, photos, prières… C’est ainsi que le culte des morts caractérise les sociétés humaines.

Chapitre 17 – Étrange et douloureux plaisir

Pendant longtemps dans l’histoire des sociétés humaines, le père a été une figure ambivalente pour de nombreux enfants. Il travaillait beaucoup et n’établissait pas, ou peu, de relations affectives avec ses enfants.

La mère avait l’entière responsabilité des tâches ménagères et de l’éducation des enfants.

Le père apportait une sécurité au foyer à travers les ressources qu’il tirait de son travail et en faisant appliquer des règles. Mais il était également perçu comme oppresseur car il limitait les désirs d’expression de soi des enfants.

C’est ainsi que la mort de leurs pères a été perçue comme une libération pour de nombreux écrivains et scientifiques qui se sont alors révélés. Boris Cyrulnik cite Freud, Flaubert ou encore Romain Gary.

La mort d’un enfant cependant semble insurmontable et provoque un immense sentiment de désarroi pour les parents qui vivent cette épreuve. Beaucoup d’écrivains ont également écrit de magnifiques hommages à leurs enfants morts. C’est le cas de Victor Hugo, Malraux, Dostoïevski, Faulkner notamment.

L’écriture créative, et non pas automatique ou administrative, apporte une forme d’apaisement à une douleur qui paraît insurmontable.

Chapitre 18 – Quand le manque de mots aiguise l’appétit

Chaque enfant peut vivre différemment une enfance dépourvue d’attentions parentales.

Boris Cyrulnik cite l’exemple du grand acteur Gérard Depardieu. Il a grandi dans un quartier pauvre. Ses parents s’occupaient peu de lui et lui parlaient peu. Livré à lui-même très jeune, il est allé chercher des formes de stimulations sensorielles à l’extérieur du foyer familial. Il s’est abreuvé des « mots des autres » et a trouvé des moyens d’aller au cinéma sans payer.

L’auteur cite aussi l’exemple de deux faux jumeaux. Les parents, toujours pris dans des discussions intellectuelles, les délaissaient. L’un des enfants, devenu adulte, l’interprète comme une forme de liberté qui lui a été donnée pour explorer le monde. L’autre le perçoit et le vit comme une forme d’abandon.

Il arrive que des enfants réussissent à puiser au fond d’eux-mêmes de la confiance en eux malgré des environnements défavorables (attentions défaillantes des adultes qui les entourent, confrontation à de la violence, etc.). Si cette forme de confiance en eux exacerbée peut les amener à affronter des situations difficiles, ils peuvent aussi ne pas suffisamment se protéger et prendre trop de risques.

Chapitre 19 – Le gavage affectif éteint l’attachement

L’enfant s’attache à des personnes lorsque celles-ci le sécurisent en lui transmettant un sentiment d’apaisement. Il peut aussi s’attacher à des adultes peu présents mais qui lui sont présentés comme héroïques, comme par exemple un père, mineur, qui descend au fond de la mine dans des conditions extrêmes.

Chez l’enfant, les besoins d’attachement et de sécurisation sont très liés. Pour se sécuriser, l’enfant se réfugie aux côtés d’un adulte proche à la présence rassurante. Et lorsque l’enfant ne parvient pas à trouver de sécurité, l’angoisse l’envahit rapidement au moindre évènement. L’angoisse est contagieuse et peut toucher de proche en proche un grand nombre de personnes.

Trop de marques d’affection, trop de sécurisation peuvent, à l’inverse, provoquer chez l’enfant un rejet de l’attachement. Il peut alors prendre des risques inconsidérés ou s’isoler.

Chapitre 20 – Ce n’est pas l’amour qui sécurise, c’est l’attachement

Il est faux de dire que l’amour peut tout réparer et aider à surmonter les épreuves de la vie. C’est au nom de l’amour que de nombreuses personnes, femmes et enfants notamment, subissent des maltraitances.

Boris Cyrulnik parle des épreuves qu’il a traversées. Enfant, il a réussi à retrouver des bases de sécurité après la guerre. À cause des remarques négatives qu’il a reçues, il s’est senti empêché de parler de son passé. Il s’est alors réfugié dans l’imagination et les rêveries.

Cependant il estime que l’écriture ne répare pas tout. De la même façon, il ne suffit pas « de placer autour de l’enfant blessé deux ou trois adultes pour que tout aille mieux » (p. 143). Pour se sécuriser, une connexion entre un adulte apaisant et protecteur et l’enfant doit se créer. L’enfant doit ressentir la présence réconfortante de l’adulte.

C’est ainsi que certains enfants ne parviennent pas à ressentir la présence de leur mère, qui se trouve pourtant à leurs côtés, car celle-ci est perdue dans son propre monde ou qu’une connexion ne se fait pas. Et d’autres enfants ressentent intensément la présence d’une mère absente physiquement car son image les sécurise.

Chapitre 21 – Quand on ne sait pas être heureux

De quoi a besoin une personne qui été victime de maltraitances et de négligences ? Il est important qu’elle rencontre sur son chemin des soutiens, des personnes, ou encore des institutions, qui peuvent l’aider à « enclencher un processus de résilience » (p. 150).

Si la personne victime de maltraitances ne bénéficie pas de ces appuis, elle risque d’alimenter continuellement le souvenir des évènements traumatiques. Cela peut conduire à des pathologies et des difficultés pour entrer en relation avec des proches.

« La mère se méfie de l’enfant qui se méfie de la mère. Chacun renforce l’autre sans se rendre compte qu’il participe au tissage d’un lien évitant qui empêche le plaisir de la rencontre ». (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 152)

Chapitre 22 – Nous habitons des mondes imaginés

Aucun être vivant n’est capable de percevoir tout le réel qui existe sur terre. L’être humain n’y échappe pas et pour survivre, il doit nécessairement sélectionner les informations qu’il retient. Puis il agence ces informations en fonction de différents paramètres, culturels, sociaux, psychologiques, etc. Boris Cyrulnik parle d’une nécessaire « réduction » (p. 159).

L’enfant, à l’âge de six ans, a développé la capacité de se souvenir. Il a alors besoin de mettre en mot et en récit des évènements passés et futurs. Ce sont souvent des adultes qui lui font part de récits. Ce processus se poursuit tout au long de la vie et prend des formes différentes en fonction des normes culturelles et des intentions de ceux qui font les récits.

Le problème survient lorsqu’une personne, ou plusieurs, affirment détenir une vérité unique. Or, une vérité unique n’existe pas. Il ne s’agit que d’une composition particulière de différents éléments sélectionnés dans la réalité. Mais c’est à partir de cette affirmation d’une vérité unique que certains justifient des phénomènes d’emprise, des dictatures, des massacres.

C’est pourquoi, rappelle l’auteur, la tolérance de différents récits sur la réalité est si importante pour assurer des questionnements, des réflexions et des débats nécessaires à la vie en société.

Chapitre 23 – Le théâtre des mots

Boris Cyrulnik nous invite à nous méfier des affirmations trop hâtives qui semblent se baser sur la science pour assoir leur légitimité. C’est à travers ces mécanismes que des hiérarchisations entre les humains se mettent en place.

Qu’est-ce qui caractérise un être humain ? Mais au fond qu’est-ce qu’un être humain ? Ces questions ont souvent été au centre de grands débats et d’articles scientifiques. Elles ont conduit à justifier des phénomènes de soumission, d’exploitation et d’esclavagisme ou encore à expliquer la délinquance par la génétique.

Observons plus précisément ce qui se déroule dans le monde animal non-humain. De nombreux animaux font preuve d’ingéniosité, utilisent des formes de langage, des outils, évitent l’inceste… Quel est donc le propre de l’être humain ? Cette question mérite beaucoup de précautions et d’attentions.

Chapitre 24 – Implicite idéologique des mots scientifiques

Des découvertes et avancées scientifiques ont été détournées, dans le cours de l’histoire, pour justifier des phénomènes de hiérarchisation entre les êtres humains suivant la couleur de peau, la religion, l’origine ethnique, etc.

Ainsi, les affirmations de certains auteurs ont été sorties de leur contexte et transformées sous la forme de phrases et d’expressions simples et à l’apparence logique.

Boris Cyrulnik cite des passages des œuvres du scientifique Darwin qui ont été récupérées, au cours des XIXe et XXe siècles pour expliquer des différences observées entre des êtres humains par la transmission génétique.

C’est alors que des auteurs, comme Hitler notamment, se sont servis de ces idées et les ont détournées pour affirmer leurs propres slogans racistes, xénophobes et homophobes.

Ces auteurs ont eux-mêmes inventé et décrit ce qu’ils considéraient comme « des faiblesses » chez certains êtres humains : appartenir à tel groupe religieux, avoir telle couleur de peau, être déficient physique ou mental, ne pas être hétérosexuel, etc. Et ils les ont attribuées à des causes génétiques.

Ils ont alors affirmé que la solution pour fortifier l’humanité était d’éliminer ceux qu’ils considéraient comme les plus faibles plutôt que de les accepter dans la société.

En reprenant des mots scientifiques, ils ont formulé des phrases à l’apparence logique. Pourtant si on les observe bien, ces phrases n’ont aucun sens d’un point de vue moral. Et ces phrases sont devenues des doxa et ont entraîné l’adhésion des masses. Ces phénomènes ont conduit à des dictatures, des massacres et des génocides.

Chapitre 25 – Sciences et imaginaire collectif

Il y a tant d’articles scientifiques publiés par jour que peu sont réellement lus par un grand nombre de personnes. Certains cependant apportent des découvertes qui marquent la société parce qu’ils répondent aussi à des préoccupations du moment et parce qu’ils déplacent le regard pour interroger la réalité.

Selon Boris Cyrulnik, l’imaginaire collectif constitue une source d’inspiration pour les inventeurs. Il cite plusieurs auteurs de découvertes importantes dans le domaine des soins mentaux et psychiatriques à partir de l’étude du comportement animal.

D’autres auteurs, comme Konrad Lorentz, Henri Laborit, Edgar Morin, ont permis à leurs innovations d’être diffusées culturellement « en agissant sur l’imaginaire social » (p. 189).

Chapitre 26 – Le spectacle du monde est un opéra

« Le spectacle du monde peut être assimilé à un opéra, une comédie apprise mot à mot, soulignée par la musique et encadrée par un bâtiment qui participe à la représentation. L’Opéra Garnier à Paris ou l’Opéra de Toulon, ainsi que d’autres Opéras dans le monde, nous aident à mieux comprendre comment l’architecture constitue l’écriture de ceux qui ont le pouvoir. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 193)

Au cours de l’histoire, les sociétés ont créé des hiérarchies entre les êtres humains qui ont permis de légitimer la domination d’un petit nombre sur un plus grand nombre. Et nos sociétés actuelles n’y échappent pas.

Les récits et les représentations qui peuplent les sociétés peuvent fournir des appuis à certains pour assurer leur domination sur d’autres.

Boris Cyrulnik prend l’exemple de ceux qui, en France pendant la Seconde Guerre mondiale, ont pris l’initiative de dénoncer certains de leurs collègues et voisins qui étaient Juifs alors que rien de les y contraignait.

Simplement parce qu’ils étaient influencés et encouragés par les discours ambiants et qu’ils pensaient qu’ils pourraient parvenir à faciliter leurs carrières par exemple. Ainsi des dictateurs, comme Hitler, réussissent leur entreprise d’extermination avant tout parce qu’ils parviennent à s’assurer du soutien de multiples petits dictateurs dans la société.

Chapitre 27 – Scientifiques et romanciers

Boris Cyrulnik montre la similitude qui existe entre le travail des scientifiques et celui des romanciers : ils observent le réel et formulent des hypothèses. Les scientifiques cherchent à vérifier ces hypothèses à partir d’expérimentations. Les romanciers, eux, les mettent en action par le biais de l’écriture et de l’imagination.

« Dans les deux cas, il faut manipuler le réel pour faire surgir une nouvelle vision du monde […]. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 201)

Selon l’auteur, l’écriture possède une puissance qui influence fortement les normes et les représentations qui circulent dans la société. Il cite plusieurs exemples historiques.

Chapitre 28 – Donner une forme verbale à son goût du monde

Le petit bébé construit une sorte de « filtre sensoriel » qui est préverbal (il ne peut pas encore parler) au contact du monde qui l’entoure et de ce qu’il ressent. Les perceptions ressenties lorsqu’il est en relation avec les adultes qui s’occupent de lui sont fondamentales pour la suite de son développement.

Puis, au fur et à mesure de son développement, les émotions de l’enfant sont influencées :

Par le monde et les autres personnes qui l’entourent ;

Mais aussi par son filtre sensoriel, par la mémoire de ce qu’il a déjà ressenti auparavant.

Ainsi, un même évènement, comme le retour d’un père dans le foyer familial après une longue absence, peut être perçu très différemment en fonction des liens d’attachement que l’enfant a déjà créés. Le père peut aussi bien être perçu comme une menace si l’enfant a créé un lien de sécurisation très fort uniquement avec sa mère. Il peut aussi être vu comme un héros (de retour de guerre) s’il est sécurisé auprès de plusieurs personnes.

L’auteur termine ce chapitre par une réflexion forte sur le trauma :

« Penser le trauma est radicalement différent de penser au trauma. Penser le trauma, c’est faire un travail intellectuel et affectif qui aide à transformer la représentation du malheur, afin de reprendre une nouvelle évolution (ce qui définit le processus de résilience). Alors que penser au trauma, c’est réviser sans cesse le scénario du malheur, renforcer la mémoire traumatisée, faciliter la répétition, empêcher toute évolution, se rendre prisonnier de son passé, ce qui définit le syndrome post-traumatique. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 213)

Chapitre 29 – Écrire pour sortir du tombeau

Le travail sur la mémoire d’évènements passés permet de reconstituer des éléments qui peuvent être vérifiés par d’autres sources, extérieures à nous-mêmes, comme des sources historiques. Mais ce que nous vivons aujourd’hui influence aussi la représentation que nous faisons de ce passé.

Boris Cyrulnik avance l’idée que la résilience est possible à partir du moment où l’on peut parler de son passé, ou écrire à son sujet, se le « représenter », le mettre en mot. Ainsi on peut essayer de trouver un sens aux faits et aller vers un avenir plus positif.

Si l’on reste dans un brouillard permanent, figé dans une répétition d’événements traumatiques passés, le présent et l’avenir n’en sont qu’une éternelle répétition.

« Pour se remettre à vivre quand on ne peut plus parler parce que l’émotion nous rend muet et que la société nous fait taire, il reste l’échappée de l’écriture. Dans le repli sur soi, dans la plongée intérieure, on va chercher des mots pour donner forme à quelques idées qu’on adresse aux lecteurs, amis réels ou invisibles. On se met au clair, on sort du tombeau de la non-pensée, on reprend conscience. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 220)

Chapitre 30 – L’effort d’écrire modifie l’histoire

L’écriture destinée à être partagée avec certains lecteurs permet de transformer « son trauma en ouvrage socialisant » (p. 227). Nous témoignons souvent d’une horreur vécue pour contribuer à ce qu’elle ne se reproduise pas.

Attention cependant, pour soutenir un processus de résilience, l’écriture doit élaborer des idées qui permettent de construire un sens et de projeter un avenir meilleur.

L’écriture qui n’est que répétition du trauma mène à la dépression et à l’isolement. Elle n’est qu’alimentation d’un délire qui peut devenir psychotique.

Chapitre 31 – Dans la boue, avoir des rêves dorés

Boris Cyrulnik reprend la réflexion sur son propre parcours de vie. À la sortie de la Seconde guerre mondiale, personne ne croit en son histoire. Celui-ci vit en effet sous une nouvelle identité et ses parents sont morts en déportation. Par ailleurs, il s’est échappé d’un lieu d’enfermement nazi et a été recueilli par des Justes, puis dans différentes institutions. Enfin, il est élevé par une tante moralement blessée et accuse un retard scolaire.

Il s’est alors inventé des rêves éveillés peuplés d’animaux ou de filles qui ne le jugeaient pas mais qui réagissaient avec bienveillance aux histoires extraordinaires qu’il racontait. Ainsi, il reformulait et traduisait autrement des situations et des sensations qu’il avait réellement vécues et ressenties.

Boris Cyrulnik pense que ses rêves éveillés lui ont fourni un refuge qui lui a permis de rattraper son retard scolaire. Le souvenir inconscient des émotions positives transmises par ses parents alors qu’il était tout petit enfant lui a aussi fourni un appui.

C’est alors qu’il a pu puiser la force de se projeter vers un avenir positif où il est finalement devenu ce qu’il avait décidé (médecin). Il s’est également senti attiré et encouragé par des personnes qui semblent réaliser leurs rêves les plus fous.

Chapitre 32 – Comment déguster l’horreur des œuvres d’art

Le sordide, le macabre et la souffrance sont très souvent représentés dans la société, à travers des œuvres d’art, des écrits ou encore dans les articles de presse et au journal télévisé. Les héros, ceux qui résistent ou qui se sortent de ces situations extrêmes, injustes et inhumaines suscitent l’admiration.

Pour être bien sécurisé, un enfant doit être attaché sainement à deux adultes ou deux figures différentes. S’il n’est sécurisé que par une seule personne, il risque d’être enfermé dans un seul schéma d’attachement.

Boris Cyrulnik prend l’exemple de Romain Gary qui aurait pu suivre ce chemin puisqu’ayant perdu très tôt son père, il est resté seul avec sa mère. Mais il a réussi à s’ouvrir à la différence car il a aussi été très tôt en contact avec de multiples mondes et langues différentes.

« Par bonheur, le contexte social a forcé l’enfant [Romain Gary] à s’ouvrir sur d’autres mondes. […] Ces langues éclairent mille mondes, les frontières n’existent pas quand on apprend à penser de tant de manières différentes. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 246)

Chapitre 33 – Ne sachant pas qui je suis, j’ai le plaisir de me rêver

Pour se construire, un enfant a besoin d’être ancré dans une identité. Cette identité peut être réelle, s’il connait ses deux parents et sa famille : il a alors accès, par différents biais, à l’histoire familiale et à la culture de la société dans laquelle il vit.

Si l’enfant n’a pas accès à ses origines, s’il est orphelin notamment, il a besoin de chercher à se construire une identité. Mais il a alors le choix entre plusieurs récits possibles sur sa filiation. Il peut alors imaginer ses ascendants sous différents aspects faisant varier les métiers, les traits physiques, la personnalité, la nationalité, etc.

Cela peut représenter une grande difficulté, mais aussi une chance de s’ouvrir à différents mondes et modes de pensée.

Chapitre 34 – Le bonheur dans l’hallucination

Le souvenir des personnes décédées peut rester très présent dans le monde des vivants.

Boris Cyrulnik cite l’exemple de la mère de Romain Gary qui lui a laissé un grand nombre de lettres transmises progressivement par ses amis, même longtemps après sa mort. Ainsi elle continuait à vivre dans son quotidien.

« Un tel évènement psychique n’est pas rare. Beaucoup de veuves entendent leur mari rentrer du travail, et respirer profondément la nuit, alors qu’il est mort depuis longtemps. Cette hallucination les comble puisqu’elles ont ainsi la preuve qu’il n’est pas vraiment mort. […] L’absence du mort dans le réel les pousse à combler ce manque par une hallucination qui les apaise. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 262)

Chapitre 35 – La poésie, langage du deuil

Le processus de résilience s’engage lorsque l’horreur vécue est relatée à travers des mots qui permettent de la communiquer à d’autres personnes. Ces personnes peuvent alors aider en retour le traumatisé en l’amenant vers des formes de « resocialisation ».

Beaucoup d’écrivains ou d’artistes célèbres ont été blessés ou traumatisés par certains évènements, par des pertes d’êtres chers alors qu’ils étaient tout jeunes enfants, par des deuils et des blessures affectives profondes. L’écriture et la création poétique, et souvent la représentation d’éléments autobiographiques, ont constitué des formes d’apaisement et de refuge.

Chapitre 36 – Littérature de la trace

« Un conte explique à l’enfant comment il peut métamorphoser l’horreur au moyen du symbole. Faire un récit d’horreur, c’est l’apprivoiser, maîtriser la peur de l’inconnu, combler le vide en y découvrant des trésors. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 279)

À travers la littérature, de nombreux écrivains tentent de dépasser leurs propres angoisses nées d’un sentiment de vide affectif. Cela permet de fabriquer un « récit de soi » (p. 281). Cette identité créée et affirmée, en exprimant « la trace » de ses origines, procure un sentiment d’apaisement à son auteur.

Chapitre 37 – Littérature du souvenir

Des expériences scientifiques ont montré que, parmi plusieurs types de photos, celles qui représentent des scènes horribles restaient le plus vivement ancrées dans la mémoire.

Un effort est alors nécessaire pour ne pas se laisser dominer par ses souvenirs douloureux et pour se concentrer sur les positifs.

« On peut prouver aujourd’hui qu’en parlant avec un locuteur sécurisant ou en écrivant un conte fondé sur une mémoire blessée, on s’entraîne à voir les choses autrement, on maîtrise l’émotion, on modifie la représentation de l’horreur. On se sent mieux, soulagé du poids du passé, peut-être parce qu’on a trahi le réel en modifiant la représentation. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 287)

Chapitre 38 – Concordance ou discordance des récits

Selon Boris Cyrulnik, le petit enfant, déjà dans le ventre de sa mère crée un lien avec elle et ressent les effets de l’environnement social dans lequel il va naître. Puis il est entouré par des adultes qui lui transmettent les récits d’une histoire familiale et culturelle à la fois réelle et imaginée. Il perçoit alors la place qui lui est attribuée et qu’il doit prendre.

L’enfant est également mis en contact avec des récits et des contes populaires qui présentent des figures psychologiques simplifiées (les bons et les méchants, les gentils, les naïfs, etc.). Dans ces histoires, ce sont les bons qui gagnent le plus souvent, faisant ainsi triompher de bonnes valeurs.

De même, les enfants apprennent à jouer en mettant en scène des métiers ou des rôles pensés comme vertueux : le médecin, le policier, la cuisinière, la maman, etc. Autant d’incarnations qui sauvent des vies, protègent et nourrissent.

Lorsque l’enfant est mis en contact avec des réalités qui confirment ces récits populaires vertueux, il y a concordance. À l’inverse, lorsqu’il est mis en contact avec des éléments qui contredisent ces récits, il est confronté à de la discordance. Il préfère alors se taire au contact des adultes qui lui ont raconté ces récits, de peur d’être rejeté, ce qui alimente une forme de traumatisme.

Chapitre 39 – La morale de cette histoire

La créativité est au cœur de la pensée de Boris Cyrulnik.

« Les blessures de l’existence, les manques et les pertes nous mettent en demeure de créer d’autres mondes plus habitables où nos âmes assombries seront ensoleillées par nos œuvres. Quand la créativité est fille de la souffrance, l’écriture rassemble en une seule activité les principaux mécanismes de défense : l’intellectualisation, la rêverie, la rationalisation et la sublimation. » (La nuit, j’écrirai des soleils, p. 296)

L’écriture permet de créer une émotion partageable avec d’autres. Par la constitution d’un lien avec le lecteur, elle apaise et procure de la reconnaissance. Et en se reconnectant au social, on se sent moins seul.

Conclusion sur « La nuit, j'écrirai des soleils » de Boris Cyrulnik :

Ce qu’il faut retenir de « La nuit, j'écrirai des soleils » de Boris Cyrulnik :

Voici un livre fort en idées et en émotions par lequel Boris Cyrulnik nous invite à réfléchir en profondeur à nos propres traumatismes et à ceux des autres, ainsi qu’aux moyens par lesquels nous pouvons essayer de les surmonter. Il convoque le pouvoir de l’imagination, du rêve et de l’écriture.

Le chemin vers la résilience n’est pas facile à emprunter pour une personne traumatisée. L’écriture, en sélectionnant des éléments, en les recomposant et en convoquant aussi bien le réel que l’imagination peut permettre d’emprunter ce chemin. En d'autres mots, devenir écrivain peut être une manière de pratiquer la résilience.

Boris Cyrulnik observe comment lui-même et plusieurs grands écrivains ont trouvé leur source d’inspiration et la force d’avancer dans leurs propres histoires de vie marquées dès le début par le deuil, la séparation, le manque et la perte d’êtres chers et de repères.

Points forts :

L'auteur étudie la résilience par l’écriture à partir du croisement de plusieurs sources ;

Un grand nombre de références scientifiques et littéraires ;

Des exemples nombreux et passionnants tirés de la vie de l’auteur lui-même et de celles de grands auteurs et compositeurs.

Point faible :

Par moment, l'auteur se répète et perd aussi quelque peu le fil principal du développement, mais cela ne nuit pas au plaisir de lecture ni à l'intérêt intellectuel de l'ouvrage.

Ma note :

                

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Thu, 19 Jan 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12221/La-nuit-jcrirai-des-soleils
Devenez un grand orateur TED http://www.olivier-roland.fr/items/view/12211/Devenez-un-grand-orateur-TED

Résumé de “Devenez un grand orateur TED” de Carmine Gallo : dans ce livre, l’auteur partage 9 secrets pour devenir un bon orateur, faire des présentations percutantes et inspirantes, grâce aux témoignages des personnes qui ont le plus impacté avec leur conférence TED.

Par Carmine Gallo, 2014, 303 pages,

Titre original : "Talk Like TED"

Chronique et résumé de "Devenez un grand orateur TED" de Carmine Gallo

Partie 1 : Suscitez l’émotion

Chapitre 1 : Libérez le maître qui est en vous

Dans le premier chapitre du livre "Devenez un grand orateur TED", l'auteur, Carmine Gallo, commence par nous raconter l’histoire de Aimee Mullins, connue pour s’être fait amputer les jambes sous les deux genoux juste après sa naissance à cause d’une maladie.

Parce qu’elle a refusé le statut d’handicapée, malgré ses prothèses de jambes, Mullins a participé à des courses d’athlétisme et a battu plusieurs records du monde. Elle est aussi devenue mannequin et actrice et est apparue sur la liste des 50 plus belles personnes au monde du magazine People.

Sa conférence TED en 2009 a touché le public et a permis de changer le regard de la société sur les personnes handicapées.

Secret numéro 1 : Libérez le maître qui est en vous 

Carmine Gallo partage ici son premier secret pour devenir un bon orateur : la passion.

Pour lui, il est indispensable de trouver sa passion pour toucher le cœur des gens. La passion est contagieuse et vous permettra de captiver votre auditoire, assure-t-il.  Aimee Mullins, par exemple, n’était pas passionnée de prothèses. Mais c'est sa passion pour la libération du potentiel humain qui lui a permis d’accéder à la scène d’une conférence TED et de créer un lien avec le public, car elle excelle dans son domaine.

Ainsi, le point commun des meilleurs communicants, quel que soit le domaine d’activité est la passion qu’ils ont et l’envie de la partager avec les autres. En somme, pour inspirer les autres, vous devez être inspiré.

Mais attention, votre passion n’est pas un simple hobby. Celle-ci doit :

Avoir du sens,

Être essentielle à votre identité,

Influencer vos activités quotidiennes,

S’intégrer dans la vie professionnelle,

Constituer le thème de vos communications,

Vous permettre d’inspirer réellement votre auditoire.

L’auteur explique ensuite qu’il est régulièrement amené à coacher des dirigeants d’entreprise qui souhaitent raconter l’histoire de leur marque de manière efficace et convaincante. Aussi, la première question qu’il leur pose est la suivante : “Qu’est-ce qui fait chanter votre cœur ? ”

Grâce à plusieurs exemples, Carmine Gallo montre comment Cameron Russel, Tony Hsieh, Howard Schultz, Matthieu Ricard ont réussi à captiver leur auditoire grâce à la passion qui les anime.

Il explique également que pour faire une grande carrière, votre travail doit vous passionner. En effet, si vous n’y prenez pas plaisir, il sera difficile d’être enthousiaste dans vos présentations. Et donc de devenir un bon orateur. Selon Carmine Gallo : carrière, bonheur et inspiration sont liés.

Partagez votre passion dans un état d'esprit positif

Pour illustrer ses propos, Carmine Gallo nous parle de Larry Smith, professeur d’économie et passionné par la réussite professionnelle. Dans sa conférence TED : “Pourquoi vous allez échouer à avoir une grande carrière”, il explique que les étudiants qui choisissent leur carrière en fonction de facteurs tels que l’argent ou le statut réussiront moins bien que ceux qui choisissent de faire ce qu’ils aiment. Autrement dit, les personnes dont le travail rend heureux sont souvent les meilleurs orateurs.

Dans la conférence TED de Larry Smith, ce dernier fait référence à Steve Jobs qui expliquait que faire un travail que l’on aime est la seule façon d’être vraiment satisfait. Alors, pour ceux qui n’ont pas encore trouvé ce qu’ils aiment réellement, ils doivent continuer de chercher. Cela finira par venir si vous n’abandonnez pas.

Carmine Gallo affirme enfin que pour devenir un bon orateur, il faut finalement une riche expérience et un engagement total à partager ses idées. Par ailleurs, il faut un état d’esprit positif et un choix de vouloir réussir.

Gagnez en éloquence en incarnant et en communiquant votre passion

D’après les neurosciences, la passion et l’art de parler en public sont liés. Les orateurs passionnés comme les grands dirigeants sont plus inspirants et éloquents.

La passion n’est pas facile à expliquer et à déterminer.

Mélissa Cardon, professeure d’université, a étudié comment la passion est cruciale dans le processus de réussite. Elle augmente le niveau d’énergie et d’implication. Melissa Cardon a voulu comprendre comment la passion peut se définir et quelle est son importance. Elle donne la définition suivante sur la passion :

"Un sentiment intense, positif, éprouvé pour quelque chose qui est profondément significatif pour l’individu."

Son analyse sur la passion explique que les meilleurs orateurs créent un lien avec le public, car ils parlent de sujets liés à leur identité. Selon Melissa Cardon :

"La passion est au cœur de l’être."

Carmine Gallo nous donne l’exemple de Richard Branson, fondateur de Virgin Galactic, qui illustre bien ce propos. Pour l’avoir côtoyé, l'auteur raconte que Branson parlait avec enthousiasme de ses services aux clients. Cela n'est pas étonnant : Melissa Cardon montre, grâce à ses études, que les hommes d’affaires passionnés :

Sont plus créatifs,

Ont des objectifs plus élevés,

Persévèrent plus,

Sont plus performants.

Dès lors, la passion joue un rôle important lorsqu’il s’agit de lever des fonds pour une entreprise en création et de trouver des investisseurs prêts à vous aider.

Carmine Gallo constate d'ailleurs que c’est grâce à la passion de leur dirigeant que les sociétés comme Google ou Apple ont pu lever des fonds pour se développer au début. La "passion perçue" par les investisseurs pour aider une entreprise à se développer était, dans ces exemples, un critère de choix plus important que la formation de l’entrepreneur, son style, son expérience ou son âge.

Créer une entreprise avec la seule motivation de gagner de l’argent est une erreur, d’après Melissa Cardon.

Carmine Gallo nous parle ici de la neuroanatomiste Jill Bolte Taylor qui a été victime d’un AVC. Cet évènement lui a changé la vie. Jill Bolte Taylor s’est servie de son accident pour en faire le sujet de sa conférence TED. Elle y raconte qu’elle a décidé de voir cet AVC comme une chance d’étudier son propre cerveau de l’intérieur. Cet évènement authentique, bien que très grave, est lié à sa passion pour les neurosciences. Son discours a été un véritable succès.

Cet exemple montre comment un orateur passionné par son sujet et ayant des histoires personnelles à raconter à ce propos, peut considérablement captiver et fasciner un public.

Pratiquez régulièrement

Carmino Gallo indique ensuite que le cerveau continue de se développer toute la vie. C’est la répétition d’une tâche qui crée de nouveaux réseaux neuronaux et les renforce. Les meilleurs orateurs excellent dans la prise de parole en public, car ils ont fourni plus d’efforts que les autres pour renforcer leurs compétences en communication en pratiquant de manière intensive.

Apprenez à être charismatique, soyez enthousiaste et passionné pour devenir contagieux

Carmino Gallo termine le premier chapitre de son livre "Devenez un grand orateur TED" en abordant le charisme.

Le charisme est un aspect très lié à la passion. Il joue un rôle essentiel pour devenir un bon orateur.

L'auteur nous apprend que les personnes charismatiques :

Qui expriment et ressentent des émotions positives sont capables d'influencer et de convaincre les moins charismatiques et de leur transmettre leur énergie positive.

Ont tendance à exprimer plus d’émotions positives dans la communication orale et écrite. Et la passion fait partie de ces émotions ; tout comme l’enthousiasme et l’excitation. Or, ces émotions sont contagieuses.

Les plus grands orateurs TED sont d’accord avec la théorie que la réussite n’entraine pas le bonheur, mais que le bonheur engendre la réussite. La façon dont nous pensons et notre état d’esprit impacte toute notre vie. La passion ressentie pour un sujet donne de l’énergie et se transmet aux autres.

En somme, être passionné et savoir s’entourer de gens passionnés et enthousiastes est l’une des clés de la réussite.

Chapitre 2 : Maitrisez l’art du storytelling

Dans le deuxième chapitre de son livre "Devenez un grand orateur TED", Carmine Gallo nous parle de l’histoire de Bryan Stevenson, avocat reconnu dans le domaine de la justice sociale. Lors de sa conférence TED, celui-ci touche le public grâce à son histoire et recueille 1 million de dollars pour son organisation qui aide les personnes démunies dans les affaires de justice criminelle.

Secret numéro 2 : maîtrisez l’art du storytelling

L’auteur partage ici son deuxième secret pour devenir un bon orateur, à savoir : pour toucher le cœur des gens et marquer les esprits, il faut leur raconter des histoires. Raconter une histoire stimule le cerveau de celui qui écoute et le rend plus attentif. C’est ce qu’a fait Bryan Stevenson durant sa conférence.

Mais raconter une histoire ne suffit pas, il faut qu’elle permette de se connecter émotionnellement au public. Comme le dit Stevenson :

"Vous devez amener les gens à vous faire confiance."

Vous devez parler de choses personnelles auxquelles votre auditoire pourra s’identifier.

Le storytelling pourra alors même faire changer d’avis des personnes réticentes à vos idées au début.

Suscitez des émotions 

"Pathos" est un terme créé par le philosophe grec Aristote. Il s’agit de faire appel aux émotions. L'auteur mentionne deux autres notions importantes : "l’éthos" et le "logos".

L'"éthos" représente la crédibilité de la personne dans son domaine et son expertise,

Le "logos" représente les données statistiques, la logique.

Après avoir analysé la conférence de Bryan Stevenson, Carmine Gallo nous montre que parmi les 4057 mots utilisés par Stevenson, 65 % sont liés au pathos, donc aux émotions. Ainsi, l’émotion est essentielle dans l’art de la persuasion. C'est pourquoi, avant une conférence, l'auteur conseille de préparer votre intervention afin qu’elle contienne une majorité de pathos. Cela augmentera considérablement vos chances de réussite et peut vraiment faire de vous un bon orateur.

Recourez au storytelling pour implanter des idées et des émotions dans le cerveau de vos auditeurs

Le professeur Uri Hasson a fait des expériences sur le cerveau des personnes qui écoutaient des histoires en mesurant leurs ondes cérébrales par IRMf (Imagerie par Résonance Magnétique Fonctionnelle). Il a remarqué que pendant les anecdotes personnelles, les cerveaux de l’auditeur et du narrateur sont "synchronisés". Les parties similaires du cerveau s’activent chez les deux personnes.

Retenez donc que les histoires mobilisent l’ensemble du cerveau et permettent de nous relier aux autres. Aussi, si vous avez des idées à faire passer, racontez des histoires. Nous avons tous une histoire à raconter.

Maniez ces trois types d’histoires simples et efficaces pour devenir un bon orateur

Carmine Gallo décrit ici trois types d’histoires utilisées par les plus grands communicants :

Les anecdotes personnelles : partager des histoires personnelles est un trait caractéristique des leaders authentiques. Racontez-les d’une manière la plus réaliste possible, suscitez la curiosité et donnez envie à votre public d’en savoir plus.

Les récits à propos d’autres personnes : ces histoires communiquent "une leçon" avec laquelle l’auditoire va pouvoir se relier. En guise d'exemple, l'auteur relate l'histoire de la chorégraphe Gillian Lynne : ses professeurs d’école pensaient qu’elle avait un trouble de l’apprentissage. Mais après une consultation, un spécialiste détecta chez elle un attrait pour la danse. Il conseilla à sa mère de l’inscrire à des cours de danse. Plus tard, Gillian Lynne fit carrière et participa aux plus grandes comédies musicales. Ce récit adresse ainsi un message aux auditeurs, à savoir : il faut éduquer l’être tout entier des enfants et ne pas s’arrêter aux seuls critères intellectuels comme le fait généralement l’école. L'histoire de la danse dans la vie de Gillian Lynne aide ici le public à mieux comprendre ce qu'"éduquer l’être tout entier" signifie.

Les histoires de marques : elles expliquent la réussite ou l’échec des marques. Les histoires rendent une entreprise ou une marque sans visage "humaines". Elles présentent des personnes réelles derrière les produits à vendre. Les potentiels acheteurs peuvent donc associer la marque à quelqu’un.

D'une manière générale, le storytelling permet au public de mieux comprendre la vision du monde du conteur. Si en plus vous créez un héros dans vos histoires, vous pouvez vraiment inspirer votre auditoire.

Pour Carmine Gallo, une histoire bien racontée permet de convaincre les personnes de l'utilité de votre produit ou de votre idée.

Nous oublions souvent l’aspect émotionnel lors de nos présentations, dans le monde de l’entreprise surtout. Or, les récits oraux sont généralement bien plus intéressants que les données chiffrées. Le storytelling devrait donc être la base d’un discours visant à faire passer une idée ou à convaincre.

Penser à utiliser des métaphores et analogies et à rendre vos descriptions vivantes. Éviter les expressions déjà entendues qui seront ignorées par votre auditoire. Maitriser le storytelling. Tout cela vous permettra de devenir un bon orateur.

Carmine Gallo poursuit en évoquant l’écrivain Kurt Vonnegut qui explique combien il est crucial de créer des personnages dont les gens vont se rappeler. Voici son conseil :

"Donnez au lecteur au moins un personnage qu’il puisse soutenir."

L’auteur nous parle aussi de la romancière Isabelle Allende qui, lors de sa conférence TED, a révélé la façon de créer de bons personnages :

"Il me faut des anticonformistes, des dissidents, des aventuriers, des marginaux et des rebelles, qui posent des questions, enfreignent les règles et prennent des risques. Des gens comme vous tous, dans cette salle."

Carmine Gallo termine en écrivant :

“Les idées sont la monnaie du 21ème siècle et les récits en facilitent l’échange.”

Chapitre 3 : Faites la conversation

L’idée conductrice du troisième chapitre du livre "Devenez un grand orateur TED" est la suivante : l'entrainement est la clé de la réussite.

Secret numéro 3 : faites la conversation

Carmine Gallo nous explique qu’il faut s’entrainer à prononcer son discours pour être aussi à l’aise que lors d’une conversation avec un proche.

D'autre part, le but du discours est de persuader votre auditoire. Pour cela, vous devez donc instaurer de la confiance et cela nécessite que votre langage verbal et corporel soient semblables.

Ayez un discours authentique 

L’authenticité est capitale pour devenir un bon orateur.

Carmine Gallo nous parle de la préparation d’Amanda Palmer pour sa conférence TED. Amanda Palmer est musicienne et artiste de scène. Elle s’est préparée pendant quatre mois afin d’être la plus authentique possible. L’authenticité nécessite de faire un vrai travail sur soi, de mettre les mots justes sur ses ressentis et d’avoir une communication cohérente avec le message que l’on souhaite faire passer.

Préparez votre discours en trois étapes

Parler en public de façon naturelle nécessite du temps et de l’entrainement.

Voici les trois étapes qu'Amanda Palmer a suivies pour préparer son discours :

Demander de l’aide pour la préparation

Amanda Palmer a demandé les avis des lecteurs de son blog pour avoir une vision d’ensemble.

Ajuster en fonction des feedbacks

Amanda Palmer s’est ensuite entrainée devant ses proches pour obtenir un premier feedback. Ces premiers retours permettent de modifier et de retravailler son texte. Certains discours chez Apple ont été travaillés des centaines d’heures pour le lancement d’un produit. Se filmer est aussi un bon exercice.

Répéter, répéter, répéter

La conférencière TED a continué sa préparation en s'entraînant à de nombreuses occasions devant le plus de personnes possible pour diversifier les points de vue.

Tenez compte des quatre éléments clés pour mieux vous exprimer et être écouté

Carmine Gallo liste ici les quatre éléments clés d'une expression verbale :

Le débit,

Le volume,

La tonalité,

Les pauses.

Lors d’une présentation orale, la majorité des gens ralentissent le débit, ce qui rend le discours peu naturel. Quand vous parlez en public, ne faites pas une présentation, menez une conversation.

Appliquez la théorie des 10 000 heures

La théorie des 10 000 heures de pratique pour maitriser une compétence s’applique aussi à la prise de parole. Steve Jobs l’a appliquée. Lui non plus n’était pas bon au début, mais il s'est entraîné. Steve Jobs a fini par être reconnu comme un des leaders les plus charismatiques au monde. Il a énormément travaillé pour cela.

Soyez attentif à la façon de dire les choses, pas seulement au contenu de vos idées

Carmine Gallo parle ici de Lisa Kristine et de sa conférence TED sur l’esclavage. Elle y explique que la façon de dire les choses est tout aussi fondamentale que ce que l’on dit. Vous ne devez surtout pas négliger cette compétence.

Ainsi, pour être un bon orateur TED, votre manière de vous exprimer doit être en cohérence avec le contenu de votre conférence. Vous devez mettre en scène votre histoire et l’incarner. Les orateurs qui arrivent à rendre leurs exposés divertissants et visuellement attrayants sortent du lot et réussissent à impacter le public.

Exprimez-vous verbalement et physiquement

L'auteur rappelle toutefois que l’expression verbale et la communication non verbale sont aussi importantes dans une prise de parole. Le mythe selon lequel le langage corporel aurait plus de poids que les mots pour transmettre un message est faux.

L'auteur de "Devenez un grand orateur TED" nous apprend aussi que le langage corporel sert beaucoup lors des interrogatoires de la CIA et du FBI pour savoir si quelqu’un dit la vérité ou non. Des tests réalisés sur ces interrogatoires ont alors montré que le langage corporel est plus efficace que les paroles pour déterminer si un individu ment ou non.

Sachez que ces techniques peuvent être utilisés dans d’autres contextes comme lors d’une conférence TED, et que, quand nous transmettons une information à laquelle on ne croit pas, nous avons le même comportement qu’un suspect impliqué dans une affaire criminelle.

Ayez l'assurance des grands leaders

Les grands leaders ont de l’assurance, ils s’expriment de manière précise et concise. Leurs gestes sont ouverts et leur voix porte car elle part du diaphragme. Ils ont une démarche assurée et sont souvent mieux habillés que les autres. Ils donnent l’impression qu’ils gardent le contrôle quoi qu’il se passe.

Développer ces compétences de grands leaders est nécessaire pour devenir un bon orateur mais elles sont aussi utiles dans la vie de tous les jours. En effet, nous nous vendons constamment : pour un entretien d’embauche comme pour vendre ses services quand on est entrepreneur, ou encore dans sa vie personnelle.

Parlez, marchez et présentez-vous comme un leader

Le professeur d’université David McNeil a montré que les gestes, la pensée et le langage sont reliés. Plus concrètement, la façon dont vous vous tenez modifie votre ressenti quand vous parlez en public. Et, en tant qu'orateur, votre posture et vos gestes :

Renforcent votre autorité naturelle et votre message verbal : un bon argumentaire gagne en puissance quand notre gestuelle est adaptée. Des études ont montré que des mouvements très animés, larges et ouverts, ainsi qu'une posture penchée en avant étaient plus efficaces pour vendre des produits aux clients d’un supermarché.

Donnent vie à ce que vous dites verbalement : les grands leaders, les personnes les plus charismatiques ont un langage corporel très affirmé ; ils se servent de gestes amples pour ponctuer leurs phrases.

Confèrent de la confiance à votre auditoire.

Carmine Gallo partage quatre conseils pour améliorer sa gestuelle :

Laissez vos mains s'exprimer librement.

Usez de la gestuelle avec modération : autrement dit, n'en faites pas trop, les gestes doivent rester naturels.

Recourez aux gestes aux moments clés : gardez les gestes amples pour les moments forts de la présentation ; et attention, ceux-ci doivent être en accord avec votre personnalité.

Essayez de maintenir vos gestes à l'intérieur de votre sphère de pouvoir : vous pouvez visualiser votre zone de confort entre vos yeux et votre nombril, jusqu’au bout de vos doigts quand vous tendez les mains.

L'auteur souligne enfin qu'un décalage entre le langage non verbal et le message peut nuire à l’efficacité de la présentation.

Travaillez vos problèmes de langage corporel grâce à ces trois solutions

Carmine Gallo a identifié trois problèmes que les dirigeants rencontrent lors d’une présentation :

Un corps agité, des mains qui s’occupent : remuer sans cesse montre un manque de confiance et de préparation. Veillez donc à éviter les mouvements inutiles. Se filmer permet de les repérer.

Une immobilité rigide : se tenir immobile donne une impression de rigidité, d’ennui et de manque d’implication. Il ne faut pas hésiter à marcher, bouger dans la salle.

Les mains dans les poches : sortez les mains de vos poches pour avoir l’air intéressé et impliqué.

D'une manière générale, si vous manquez de confiance, faites comme si ce n’était pas le cas et votre attitude s’améliorera. Faites-le jusqu’à ce que ça soit naturel pour vous.

Pour conclure la première partie, Carmine Gallo souligne ses deux points clés, deux idées à retenir pour devenir un bon orateur :

Une préparation physique appropriée augmentera votre niveau d’énergie et modifiera la perception que le public aura de vous.

Votre force vient de l’intérieur de vous : préparer et maitriser vos gestes vous aidera grandement, mais si vous n’avez pas la passion en vous, votre présence et votre énergie seront réduites.

Partie 2 : Apportez de la nouveauté 

Chapitre 4 : Apprenez-nous quelque chose

Carmine Gallo commence ce quatrième chapitre en évoquant la conférence TED de Robert Ballart. Dans cette conférence qui portait sur les océans, Robert Ballart a essayé d’apporter une vision nouvelle de la planète à son auditoire. Il a, en effet, amené son public à regarder le monde différemment. Pour cela, il l'a invité à observer ce qui se trouve sous les océans et lui a assuré que tout ce que nous savons aujourd’hui n’est rien par rapport à ce qu'il y a sous l’eau.

Secret numéro 4 : apprenez-nous quelque chose

Pour devenir un bon orateur, l’auteur indique ici un point clé : il faut, affirme-t-il, soit apporter de nouvelles informations au public, soit lui donner de nouvelles solutions à un problème. Car le cerveau aime la nouveauté et les éléments inattendus attirent l’attention.

Apprendre est addictif. Comme le dit John Medina dans sa conférence TED, l’être humain est un explorateur né. Il a une soif d'apprendre et de savoir. D'ailleurs, si l’homme n’avait pas été curieux, il aurait disparu. Le cerveau humain s’est adapté à tous les environnements afin de survivre.

Votre public a envie d’apprendre, et ce, même s’il n’est pas passionné par le sujet au départ. C'est pourquoi, pour l'auteur, il est capital d'établir un lien avec le public en lui apprenant quelque chose qu’il peut utiliser dans sa vie.

Augmentez le niveau de dopamine de votre audience

La professeure Martha Burns est convaincue que les neurosciences peuvent aider à mieux enseigner. Selon elle, apprendre "fait planer". Cela active les circuits neuronaux de la récompense, du jeu et de la drogue.

Si apprendre est aussi stimulant, c'est à cause, selon elle, de la dopamine, une molécule libérée dans le cerveau lorsque nous sommes confronté à la nouveauté ou à une récompense. Chez de nombreuses personnes, cette libération de dopamine leur permet de se souvenir des nouvelles informations et rend l'apprentissage addictif. Sans dopamine, on constate, à l'inverse, un manque d’intérêt pour le sujet. Pour Martha Burns, il faut donc augmenter le niveau de dopamine si l'on veut rendre une information stimulante. Et c'est ce que font les meilleurs enseignants qui trouvent toujours de nouvelles façons de transmettre leurs connaissances.

Soyez original et amusez votre public

Le statisticien Rosling surveille les tendances mondiales dans le domaine de la santé et de la pauvreté. Lors d'une conférence TED, celui-ci a présenté toutes ses données. Cela aurait pu être extrêmement ennuyeux. Mais Rosling a choisi de faire sa présentation avec un logiciel qu’il a spécialement créé pour rendre sa conférence stimulante. Son public s’est finalement amusé, a applaudi et rit.

Pour susciter l’intérêt de votre auditoire sur n’importe quel sujet, trouvez donc des informations inédites et présentez-les, vous aussi, de façon originale, inattendue. C’est une excellente façon de devenir un bon orateur.

Sortez des idées établies

Susan Cain est une personne introvertie. Lors de sa conférence, elle a démontré à son public le pouvoir de la solitude et la vision peu établie que ce ne sont pas que les personnes extraverties, sociables et expansives qui ont toutes les idées. Pour cela, Susan Cain a d'abord mis en évidence que de grands leaders ont changé l’histoire en étant introvertis. Ensuite, elle a expliqué que la solitude est cruciale pour être créatif dans une société qui met beaucoup plus souvent en avant le groupe. Selon elle, un introverti libre d’être lui-même trouvera des solutions uniques à certains problèmes.

Ce que veut nous montrer Carmine Gallo à travers cette histoire, c'est que là encore, Susan Cain nous oblige à voir le monde différemment, et cela fonctionne.

Explorez hors de votre domaine

Pour Carmine Gallo, vous devez, pour devenir un bon orateur et quelqu’un de plus intéressant, acquérir des connaissances différentes de votre domaine d’expertise.

Les plus grands innovateurs, indique-t-il, ont trouvé des idées dans différents domaines. N’hésitez donc pas à vivre de nouvelles expériences. Les neurosciences ont prouvé que c’est en bombardant le cerveau de nouveauté que l’on peut envisager les choses différemment. Et surtout partagez ces expériences à votre auditoire.

Maîtrisez l'art de la conversation : racontez quelque chose d'unique 

Pour le journaliste, intervieweur et présentateur télé Charlie Rose, une grande conversation est une discussion qui vous embarque en voyage. C'est un échange qui amène des idées nouvelles et permet de se réinventer. L'art de la conversation consiste donc à raconter quelque chose d’unique. Regardez les évènements de votre vie : s’ils vous apprennent quelque chose de valable, alors les autres auront sûrement envie de les entendre.

Éduquez et faites découvrir le monde à vos auditeurs 

Le professeur James Flynn de l’université d’Otago a réalisé des études pour comparer la jeune génération de 18 ans actuelle avec celles du même âge trente ans auparavant.

Il s’est rendu compte que le QI augmente à chaque génération. Cela vient du fait que l’accès à l’éducation est plus facile aujourd’hui grâce à internet. Les conférences TED font partie de ces contenus éducatifs en ligne : plus d’1 milliard de vues ont été enregistrées.

Le public des conférences TED est constitué d’explorateurs. Ceux-ci veulent ressentir, s’impliquer et se sentir en vie. Les conférences TED permettent aux gens de "sortir de chez eux” et d'explorer de nombreux domaines grâce aux esprits les plus brillants. Sachez répondre à cette demande : faites découvrir le monde à vos auditeurs et apportez-leur de la valeur.

Clarifiez votre message et synthétisez-le dans un titre à tweeter

L'auteur encourage les orateurs à développer leur idée - une seule grande idée - en 140 caractères maximum. Viser cette taille -autrement dit celle d'un titre à tweeter - est une excellente façon de clarifier son message. Pour cela, l'auteur conseille de :

Être vigilant de ne pas vous perdre dans les détails.

Adopter un esprit de débutant pour que l'exposé soit accessible à tout le monde.

Exposer la vision d'ensemble avant d'entrer dans le détail.

Carmine Gallo confie avoir passé en revue 1500 conférences TED sans en trouver aucune qui dépassait les 140 signes.

Chapitre 5 : Provoquez la stupéfaction

Carmine Gallo commence par expliquer, dans ce chapitre, que le cerveau ne saisit pas ce qu'il trouve ennuyeux. Il prend l’exemple de la conférence de Bill Gates sur la pauvreté dans le monde et la mortalité infantile. Gates a utilisé des propos forts pour marquer le public :

"Le paludisme, bien sûr, est transmis par les moustiques. J’en ai apporté, afin que vous puissiez vivre ça. Nous allons les laisser voler un peu dans l’auditorium. Il n’y a aucune raison que seuls les pauvres vivent cela."

Le public s’est mis à rire et à applaudir. Gates avait réussi son intervention.

Secret numéro 5 : provoquez la stupéfaction

Provoquer la stupéfaction consiste à déclencher la surprise pour attirer l’attention et toucher l’auditeur qui va alors s’en souvenir. En effet, créer un moment fort en émotion augmentera la mémorisation du public. Gates, par exemple, a parlé pendant 18 minutes, son intervention sur les moustiques n’a duré que 5 % du temps, et c’est pourtant ce dont tout le monde se rappelle. Dans le journalisme, cela correspond à l'accroche, qui sert à impressionner et convaincre.

Pour devenir un bon orateur et rendre le public attentif, vous pouvez donc susciter la surprise, et ce, de différentes façons.

Organisez un évènement à charge émotionnelle 

Ce type d’évènement reste plus longtemps dans la mémoire et est généralement restitué plus précisément que les évènements neutres. Nous nous souvenons des évènements intenses et oublions les plus ordinaires. Le cerveau se rappelle effectivement mieux du côté émotionnel d’une expérience vécue que des autres aspects.

Créez l’effet saisissant

Carmine Gallo nous donne l’exemple de Steve Jobs qui était connu pour ses présentations spectaculaires. Pour chacun de ses produits, Steve Jobs a réussi à impressionner le public.

Lors de la sortie du premier Macintosh, son intervention a été mémorable. Il avait créé une ambiance dans la pénombre avec de la musique. Puis il a fait parler le Macintosh. Cette initiative rencontra un franc succès et la vidéo a été vue des millions de fois. Son évènement était inattendu et unique. Chargé émotionnellement, il est resté dans les mémoires des personnes présentes.

Créez le moment "eurêka"

Pour Carmine Gallo, ce moment "eurêka" peut être une simple anecdote mais doit être un moment chargé émotionnellement. Ce sera ce dont l’auditeur se souviendra le plus après la conférence.

L'auteur partage cinq manières de créer un moment "eurêka" lors de votre prochaine prise de parole :

Des accessoires et démonstrations : un accessoire peut être utile pour faciliter et amplifier le message que vous voulez faire passer. L’avis d’une personne extérieure pourrait vous aider.

Des chiffres inattendus et choquants : les statistiques peuvent marquer les esprits. Si vous alliez logique et émotion, trouvez des chiffres marquants et étonnants. Trouvez la façon de rendre les données intéressantes.

Des dessins, photos, vidéos : les visuels ont un fort impact. Une image évocatrice, un clip vidéo drôle ou impactant, une démonstration saisissante sont des éléments originaux qui peuvent faire la différence.

Des titres mémorables : l’idée que vous souhaitez faire passer doit être résumée en une phrase claire et concise. Elle doit être accrocheuse et pouvoir être reprise facilement. Le futurologue Steward Brand, par exemple, a formulé une prédiction devant son public. Sa conférence portait sur le progrès rapide des biotechnologies et il a ainsi affirmé : "Nous ramènerons à la vie les mammouths laineux." Créez et formulez vous aussi ce genre de citations accrocheuses.

Des anecdotes personnelles : les plus grands orateurs sont de grands conteurs et leurs histoires créent des moments forts. Elles suscitent de l’émotion chez le public.

Le point clé à retenir de ce chapitre est la puissance, pour que votre intervention soit impactante et reste dans les esprits du public, de provoquer une émotion dans votre auditoire. Ainsi, vous créerez un évènement dont le public parlera encore le lendemain.

Chapitre 6 : Ne vous prenez pas (trop) au sérieux

La présentation TED la plus populaire de tous les temps revient à Sir Ken Robinson, qui a fait un exposé sur l’école et les raisons pour lesquelles elle tue la créativité. Le sujet est pourtant sérieux et d’autres conférenciers beaucoup plus connus n’ont pourtant pas fait autant de vues que lui. Sa popularité vient de la combinaison entre nouveauté et humour. Robinson traite en effet un sujet ancien mais de manière originale grâce à l’humour.

Secret numéro 6 : ne vous prenez pas (trop) au sérieux

Le cerveau adore l’humour. Faites donc sourire votre auditoire, lance l'auteur. Cela rendra le public plus réceptif au message et vous rendra, vous, plus sympathique.

Carmine Gallo raconte que durant sa conférence, Ken Robinson alterne entre anecdotes, histoires et humour. Cela lui a valu une standing ovation de 1200 personnes et son intervention a inspiré des millions de personnes en ligne.

Si vous voulez devenir un bon orateur, sachez que l’humour est un élément clé dans votre prise de parole. Il faut par contre l’utiliser de manière créative et naturelle. Attention à ne pas faire de blagues grossières ou salaces, cela ne vous apportera rien.

À ce propos, Carmine Gallo souligne que les meilleurs orateurs ne racontent pas de blagues. Il nous propose donc cinq alternatives légères à la blague :

Les anecdotes, observations et histoires personnelles : les meilleurs orateurs qui ont de l’humour relatent des anecdotes par rapport à eux-mêmes ou des choses qu'ils ont observées chez tout le monde. Le but n’est pas forcément de faire rire aux larmes, mais de faire sourire le public et de rendre l’orateur attachant.

Les analogies et métaphores : une analogie permet de comparer les ressemblances qui existent entre deux éléments. Analogies et métaphores sont idéalement utilisées pour expliquer un sujet complexe. Elles peuvent suffire pour faire sourire l’auditoire.

Les citations : vous pouvez citer quelque chose de drôle. Sinon, certains orateurs ajoutent une remarque humoristique à leur citation. Insérer des citations avec créativité dans une présentation offre aussi une pause mentale au public.

Des vidéos : il est rare de regarder des vidéos dans les conférences TED. C’est pourtant un bon moyen d’intégrer une touche d’humour à son exposé.

Des photos : intégrez des images amusantes à vos présentations dans le but d'atténuer le sérieux.

Carmine Gallo fait remarquer qu’il n'est pas conseillé de vouloir faire rire à tout prix. Parfois, iI suffit de mettre en évidence l’humour d’une situation pour provoquer le sourire de l’auditoire.

Utilisez l’humour dans les sujets complexes

Ne prenez pas votre sujet et ne vous prenez pas trop au sérieux.

Sachez, lors de vos interventions, associer humour parfois à des informations choquantes et à des statistiques.

Certes, faire de l’humour est risqué. Beaucoup n’oseront pas. C’est pourquoi de nombreuses présentations professionnelles sont ennuyeuses et répétitives. Pourtant, quelque chose qui vous fait rire amusera probablement vos auditeurs également. Mais pour faire preuve d'humour, il vous faut être prêt à être vulnérable, à se moquer gentiment de vous-même et ne pas avoir l’air trop sérieux.

Aussi, si vous hésitez à vouloir utiliser l’humour dans vos interventions en public, Carmine Gallo souligne que l'humour réduit la tension artérielle, renforce le système immunitaire, améliore la respiration et augmente l’énergie. Il offre aussi un autre point de vue sur la situation. Enfin, l'humour abaisse les défenses, libère de l'endorphine et vous fait alors vous sentir bien. Et si vous vous sentez bien, votre présentation n’en sera que meilleure.

Partie 3 : Marquez les mémoires pour devenir un bon orateur TED

Chapitre 7 : Respectez la règle des dix-huit minutes

Dans le septième chapitre de son livre "Devenez un grand orateur TED", Carmine Gallo nous assure qu'une prise de parole de dix-huit minutes est la durée parfaite pour faire passer un message puissant en retenant l’attention du public.

Une présentation TED ne doit donc pas dépasser ce temps.

Secret numéro 7 : respectez la règle des dix-huit minutes

Dix-huit minutes est la durée idéale d’une présentation, car une surcharge d’informations empêche la transmission des idées. C'est pourquoi, pour Chris Anderson, membre de l’organisation des conférences TED, ce format est excellent : il oblige les conférenciers à réfléchir à ce qu’ils ont vraiment envie de dire.

Comprenez que l'écoute épuise vos auditeurs

Les études du professeur Paul King de l’université du Texas sur des étudiants ont montré que plus une conférence est longue, plus la charge mentale devient importante. Cela peut même créer de l’anxiété. Écouter est fatigant.

Un discours court est plus facile à retenir 

En fait, plus le discours est long et plus il y a d’informations, plus la capacité des gens à se souvenir et à restituer les idées principales diminue. Une présentation trop longue peut même agacer votre auditoire, à moins de la rendre humoristique, avec des pauses. Un discours plus court sera donc mieux assimilé dans la mémoire.

D'ailleurs, même à l’université ou à l’école, il vaut mieux privilégier les formats courts pour favoriser l’apprentissage.

Plus il apprend et écoute, plus le cerveau est énergivore

Apprendre et écouter consomment beaucoup d’énergie. Cette énergie provient du glucose qui est le carburant du cerveau. Aussi, une longue présentation consomme beaucoup d’énergie, et l’activité du cerveau, à ce moment-là, fait baisser rapidement les réserves de glucose.

En ce sens, le format de dix-huit minutes est idéal car il laisse au public la possibilité de réfléchir à la présentation, de partager les idées et de les mettre en action.

Faites émerger votre créativité

Selon Carmine Gallo, essayer de respecter la règle des dix-huit minutes permettra à vos futures présentations d’être plus créatives.

En effet, se fixer des limites pour une présentation permet de poser un cadre. Cela oblige à se concentrer sur l’essentiel et permet également à la créativité d’émerger.

Expliquez simplement 

Albert Einstein a dit : "si vous ne pouvez pas expliquer simplement, c’est que vous ne comprenez pas assez bien."

Dès lors, devenir un bon orateur, c'est pouvoir expliquer quelque chose de complexe de façon simple. Car si vous y parvenez, c'est que vous maitrisez votre sujet. C'est pourquoi il est judicieux de s’en tenir à des présentations simples et courtes.

Appliquez la "règle des trois"

Carmine Gallo nous montre comment la règle des trois peut nous aider à condenser des informations en dix-huit minutes. Cela est dû au fait que les gens ne peuvent retenir très bien que trois informations.

L'auteur cite plusieurs exemples pour mieux comprendre :

L’exemple de Neil Pasricha qui a réalisé sa conférence TED sur les 3 A de Admirable : le premier A pour Attitude, le second pour Attention et le troisième pour Authenticité. Sa conférence était donc divisée en 3 parties, ce qui a facilité l’écoute du public. Parischa a utilisé la règle des trois intuitivement. Mais cette règle est efficace, car plus on rajoute d’éléments et moins l’être humain en retient.

Les trois droits de la déclaration d’indépendance des États-Unis : le droit à la vie, le droit à la liberté et le droit à la recherche du bonheur.

D’autres pays ont fait de même, comme la France, avec la devise : "Liberté, égalité, fraternité."

Carmine Gallo souligne également que cette règle des trois se retrouve dans tous les aspects de notre vie sociale et professionnelle :

L'histoire des "trois petits cochons" ou celle des "trois mousquetaires",

La table du dîner est composée de trois couverts,

Les trois vœux accordés à Aladin,

Les trois couleurs primaires,

Il y a trois médailles aux jeux olympiques…

Enfin, l'auteur recommande, pour devenir un bon orateur TED, de présenter son message en "trois" étapes simples :

Concevoir un titre tweetable,

Étayer son titre avec trois messages clés,

Renforcer les trois messages avec des histoires, des chiffres et des exemples.

En résumé de ce chapitre : évitez les longues présentations ennuyeuses, au risque sinon de perdre très probablement l’attention de votre public. Respectez la règle des dix-huit minutes : c'est un bon exercice pour vous discipliner mais aussi pour éviter la surcharge cognitive de votre audience.

Chapitre 8 : Proposez une expérience multisensorielle

Pour démarrer ce nouveau chapitre, Carmine Gallo revient sur la conférence TED de Michael Pritchard qui parle de l’eau potable et explique comment transformer l’eau contaminée. La présentation est composée de photographies, de statistiques et de démonstrations. Et c'est parce qu'il a réuni ces trois dimensions que Michel Pritchard a su rendre l’expérience mémorable pour l’auditoire.

Secret numéro 8 : proposez une expérience multisensorielle

Autrement dit, créez des présentations qui mobilisent plusieurs sens comme la vue, l’odorat, le toucher, le goût ou l’audition.

Le cerveau n’aime pas l’ennui et il est presque impossible de s’ennuyer lorsque plusieurs de nos sens sont sollicités. Le public ne s’en rendra peut-être pas compte, mais c’est grâce à la mobilisation des sens que vous marquerez les esprits.

Recourez à l’expérience multimédia pour renforcer l’apprentissage

Le professeur Richard Mayer de l’Université de Californie a démontré qu’il est plus facile d’expliquer des idées lorsqu'on utilise différents sens et donc plusieurs formats : du texte, des images, des films... Par ailleurs, les étudiants qui ont accès à différentes formes d’informations retiennent mieux les données que les autres. Et parmi les différents sens, le visuel est le plus efficace pour que les gens mémorisent les informations.

Pour devenir un bon orateur, réfléchissez donc comment créer des visuels stimulants dans le but de faire passer vos idées.

L'auteur indique ici que parmi les conférences TED avec les visuels les plus impactant, on trouve la présentation d’Al Gore sur le réchauffement climatique : Al Gore est un ancien vice-président des États-Unis qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2007. Lors de sa conférence TED, il a passé des diapositives célèbres sur la Terre et le réchauffement climatique. Sa prestation a eu un tel impact qu’elle a changé la vie de certaines personnes. En effet, après son discours, certains témoignages disaient :

"La présentation d’Al Gore à TED 2006 a marqué un tournant dans ma vie."

Évitez le multitâche

L'auteur souligne ici un point important : pour réussir votre conférence, n’imposez pas à votre public de vous écouter et de lire des diapositives en même temps. Dans de telles conditions, il vous sera difficile de garder l’attention de votre auditoire et de créer une connexion émotionnelle avec lui. Les neurosciences démontrent, en effet, que le cerveau n’est pas fait pour prêter attention à de nombreux éléments à la fois.

Usez de la supériorité de l’image, mais ne négligez pas les autres sens

Les scientifiques ont montré que les idées soutenues par des images sont mieux retenues que si elles sont soutenues par des mots. Retenez donc que le visuel est primordial. C'est d'ailleurs ce qu'explique le scientifique Medina qui affirme que le cerveau est conçu pour traiter de l’information visuelle avant tout, et que les images permettent de se souvenir plus facilement des notions entendues.

Si la vue est notre sens prédominant, sachez toutefois que nous retenons mieux l’information quand plusieurs sens sont sollicités en même temps. Devenir un bon orateur demande alors d'en tenir compte et notamment bien choisir ses mots. Ceux-ci, comme la tonalité que vous utilisez quand vous les prononcez, sont en effet décisifs.

Créez une image mentale sans montrer d'images

Le cerveau ne différencie pas ce qu’il voit de ce qu’il imagine.

Si la conférence TED de la skieuse de fond Janine Shepherd a totalisé plus de 1 million de vues, c'est parce qu'elle a su donner à son auditoire l'impression d'être à l'endroit décrit. Grâce à ses mots impactants, elle a réussi à embarquer son public avec elle sur la piste :

"Nous grimpions vers les spectaculaires Blue Mountains, à l’ouest de Sidney, par une journée d’automne parfaite : soleil, parfum des eucalyptus et un rêve en tête, la vie était belle. Nous roulions depuis environ cinq heures et demie quand nous sommes arrivés à la partie du parcours que j’adorais, dans les collines, parce que j’adorais les collines. J’ai commencé à pédaler dur ; quand j’aspirais l’air froid de la montagne, je pouvais le sentir brûler mes poumons…"

Mobilisez tous les sens grâce à l'imagination

Le thème de la présentation TED du pédiatre Elliot Krane était la douleur chronique. Durant son exposé, elle voulait faire partager à son public comment cette douleur est ressentie. Voici son discours :

"Imaginez que je touche votre bras avec cette plume. Je vous demande maintenant d’imaginer que je le touche avec ce chalumeau. Qu’est-ce que cela a à voir avec la douleur chronique ? Imaginez ce que serait votre vie si je vous touchais avec cette plume, mais que votre cerveau vous disait que c’est la douleur du chalumeau que vous ressentez. C’est l’expérience que je vis avec les patients souffrant de douleur chronique."

Il peut être difficile de réussir à mobiliser tous les sens, mais comme l’a fait Elliot Krane, cela est possible avec un peu d’imagination.

Ainsi, dans ce chapitre, retenez que devenir un bon orateur, c'est aider son public à ressentir. Pour cela, créez une expérience multisensorielle (réelle ou imaginaire), osez proposer quelque chose d’inattendu et de surprenant comme dans tous ces exemples. Ayez le courage de sortir du lot. Le courage touche les cœurs.

Chapitre 9 : Restez vous-même 

Dans ce dernier chapitre, l'auteur de "Devenez un grand orateur TED" encourage le lecteur à ne pas hésiter à partager honnêtement ses sentiments et ses défis à son auditoire.

Secret numéro 9 : restez vous-même 

Carmine Gallo conseille d’être ouvert, transparent et authentique lors de votre prise de parole. La majorité des gens n’aiment pas la fausseté. Pour gagner la confiance de votre public, n’essayez donc surtout pas d’être quelqu’un d’autre.

Au terme de ce livre, l’auteur demande au lecteur de laisser de côté les techniques précédentes et d’écouter son cœur. Selon lui, vous ne ferez une forte impression que si vous créez quelque chose d’unique qui vous correspond. À ce propos, l'auteur souligne que rester soi-même demande un certain courage.

De nombreux dirigeants se comportent de manière différente dans l’intimité et quand ils prennent la parole en public, confie l'auteur. Mais en fait, ils ne sont pas à l’aise avec eux-mêmes. En guise de contre-exemple, Carmine Gallo cite Richard Branson. Il explique, en effet, que Richard Branson ne joue pas un rôle, qu'il est vrai. Il est le même devant et derrière les caméras. Voici d'ailleurs quelques mots prononcés par Richard Branson que l'auteur aime beaucoup : "je n’envisage pas le travail comme du travail et le jeu comme un jeu. C’est tout simplement la vie."

Ainsi, souvenez-vous toujours que l'objectif pour devenir un bon orateur, ce n'est pas de faire une présentation. Mais c'est d’inspirer, d’émouvoir et d’encourager votre public à voir plus grand. Or, cela est impossible si vous n’inspirez pas confiance et que vous n’êtes pas sincère.

Carmine Gallo rappelle aussi que devenir un bon orateur nécessite de travailler dur. Si vous laissez parler votre cœur, votre auditoire croira en vous parce que vous dites la vérité. Mais pour réussir à faire cela, préparez-vous, c'est essentiel, car une bonne préparation vous permettra de vous détendre et de laisser votre cœur s’exprimer.

Trouvez votre voie, n'essayez pas de copier les autres

Les conférences TED sont de plus en plus populaires. Les techniques abordées dans ce livre sont utilisées par les meilleurs orateurs. Il est donc certain que celles-ci vous aideront à devenir un bon orateur vous aussi. Mais ce qui est fondamental, ajoute l'auteur, c'est que vous trouviez votre passion pour être authentique. N’essayez pas de faire comme les autres. Trouvez votre voie et restez vous-même, souffle Carmine Gallo.

Ne vous laissez pas influencer, communiquez ce qui fait chanter votre coeur

Carmine Gallo termine en rappelant que nous sommes tous capables de bien plus que nous ne le pensons. Ne laissez donc pas les jugements des autres, mais aussi les vôtres, vous dire que vous n'êtes pas capables.

Pour devenir un bon orateur et inspirer, vous avez besoin d’exemples, de techniques, de passion et d’entrainement, mais surtout de communiquer ce qui fait chanter notre cœur.

Enfin, l’auteur clôt ce livre avec une citation de Larry Smith : "Je vous souhaite de réussir."

Conclusion de "Devenez un grand orateur TED" de Carmine Gallo

Un condensé de neuf conseils précieux pour devenir un bon orateur  

Aujourd'hui, les conférences TED sont une référence en matière de prise de parole en public.

Dans son livre "Devenez un grand orateur TED", Carmine Gallo fait tout un travail de décodage et d'analyse pour retirer la substantifique moelle des présentations TED les plus brillantes et les plus populaires au monde. Le résultat est un partage de techniques et d'idées que l'auteur décline à travers neuf "secrets" pour maitriser l'art oratoire.

Agrémentés d'exemples parlants et de références captivantes, ces conseils apprennent au lecteur a faire des présentations dynamiques, convaincantes, mémorables, à partager des histoires inspirantes, à communiquer avec aisance et authenticité, à exploiter la slide:ologie sans ennuyer son auditoire, à apporter de la nouveauté et susciter des émotions pour marquer les esprits.

Un livre inspirant, qui donne envie de monter sur scène

Aussi, en partageant les "secrets" des présentations TED des plus grands orateurs, Carmine Gallo embarque le lecteur dans le monde de l'éloquence. Mais il vous lance surtout un défi exaltant : celui d'inspirer, à votre tour, les autres en réalisant des présentations de quelques minutes, percutantes, électrisantes, inoubliables.

Lui-même conférencier reconnu, conseiller en communication pour des marques prestigieuses et aussi auteur best-seller des "Secrets de présentation de Steve Jobs", Carmine Gallo vous initie à devenir un bon orateur en partageant son expérience avec beaucoup d'enthousiasme.

Des compétences utiles au-delà de l'art oratoire

Les compétences que Carmine Gallo vous propose de développer pour devenir un bon orateur s'appuient sur les plus grandes recherches en psychologie, en neurosciences et en communication.

Ces compétences vous apprendront à devenir plus talentueux dans l'art de la persuasion, dans l'art oratoire et celui de créer des instants mémorables. Elles vous seront donc précieuses dans vos prises de parole en public.

Mais bien au-delà des conférences, vous remarquerez que ces qualités sont tout aussi essentielles dans votre vie personnelle et entrepreneuriale : elles sont notamment utiles en marketing pour convaincre sincèrement mais aussi en management pour mieux inspirer et motiver vos équipes.

"Devenez un grand orateur TED" est un livre que je conseille à tous ceux qui veulent impacter des auditeurs et devenir quelqu'un de plus charismatique et de plus captivant.

Points forts :

Les conseils pertinents et parlants pour celui qui souhaite devenir un bon orateur.

Les nombreux exemples, témoignages, anecdotes, retours d'expérience, aident à comprendre concrètement les conseils, à les assimiler et rendent la lecture captivante.

Un livre inspirant qui donne envie de monter sur scène. 

Point faible :

Je n'en vois pas.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 12 Jan 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12211/Devenez-un-grand-orateur-TED