Olivier Roland - tagged with bonheur http://www.olivier-roland.fr/feed en-us http://blogs.law.harvard.edu/tech/rss Sweetcron [email protected] Un homme d’exception http://www.olivier-roland.fr/items/view/12830/Un-homme-dexception

Résumé de « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar : la biographie de John Forbes Nash, l'un des plus célèbres mathématiciens du XXe siècle, est un véritable best-seller — ayant donné lieu au film bien connu avec Russel Crowe en tête d'affiche — et un livre à lire pour toute personne qui souhaite entrer dans la peau d'un génie et en comprendre les conflits internes.

Par Sylvia Nasar, 2002.

Titre original : « A beautiful Mind », 2002.

Note : Le livre a d'abord été traduit "Un cerveau d'exception", mais après le succès du film (tiré du livre), les nouvelles éditions ont privilégié le titre Un homme d'exception.

Chronique et résumé de « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar

Prologue

L’histoire de John Nash est celle des relations entre créativité, rationalité et schizophrénie. Cet homme a réussi à inventer de nouvelles façons de voir le monde et de l’étudier, grâce aux mathématiques principalement. Mais il a aussi dû faire face à la maladie psychique et à l’exclusion sociale.

Sylvia Nasar évoque plusieurs anecdotes significatives dans le prologue. Par exemple, lorsque l'un de ses collègues mathématiciens lui demande : « Comment avez-vous pu, vous, un mathématicien, un homme voué à la raison et aux preuves logiques… comment avez-vous pu croire que des extraterrestres vous envoyaient des messages ? Que vous avez été recruté par des êtres venus du fin fond de l'espace pour sauver le monde ? Comment…? », John Nash lui répond :

«Parce que mes idées sur ces êtres surnaturels me sont venues de la même manière que mes idées de mathématiques. Je les ai donc prises au sérieux. »

Cette courte histoire montre que, pour lui, il n'y avait pas de frontière claire entre son génie mathématique — qui consiste à créer des idées mathématiques neuves, c'est-à-dire à faire des liens originaux et pertinents qui surprennent et soient utiles à ses collègues — et sa folie.

Entrons maintenant, si vous êtes prêt, dans le détail de son existence…

Première partie — Un cerveau d'exception

Université de Princeton, États-Unis.

Bluefield (1928-1945)

En 1924, John Nash Sr. et Virginia Martin se marient dans le salon de leur maison à Bluefield, en Virginie-Occidentale.

John, conservateur, sérieux et profondément préoccupé par les apparences, souhaite que tout soit très correct. Ingénieur électricien, il aime la science et la technologie et a un esprit vif.

Virginia, une femme vitale avec un esprit moins rigide que son mari réservé, avait autrefois été une enseignante passionnée, quittant sa profession pour épouser John.

Le 13 juin 1928 naît leur premier enfant, John Nash Jr. Solitaire et introverti dès son plus jeune âge, John Nash évite la compagnie des autres enfants, préférant lire et expérimenter dans sa chambre.

Ses parents encouragent ses études mais veulent aussi qu'il soit plus sociable, le poussant autant socialement qu'académiquement.

À l'école, bien qu'intelligent, Nash refuse les méthodes préférées de l'enseignant en mathématiques, démontrant souvent des solutions élégantes en quelques étapes. Peu populaire parmi ses camarades, il est perçu comme étrange, arrogant et distant.

Obsédé par l'invention de codes secrets, il aime aussi faire des farces parfois cruelles. Après le lycée, le jeune garçon obtient une bourse pour étudier au Carnegie Institute of Technology, dans l'intention de devenir ingénieur comme son père.

Au Carnegie Institute of Technology (Juin 1945 — juin 1948)

À Carnegie, le désir de John Nash de devenir ingénieur cède rapidement la place à un intérêt croissant pour les mathématiques. Au cours de son premier semestre, il abandonne l'ingénierie pour se concentrer sur la chimie, mais il éprouve des difficultés en raison du manque de rigueur dans les cours de mathématiques.

Ses professeurs reconnaissent son immense potentiel en mathématiques et le persuadent de se spécialiser dans ce domaine.

Bien qu'excellent dans ses études, le jeune homme reste impopulaire et socialement maladroit. Après avoir révélé son attirance pour les hommes, cela s'aggrave et il devient la cible de remarques homophobes.

Bien qu'il échoue à une compétition nationale de mathématiques, Nash est accepté à Princeton, mais son inadaptation sociale devient singulièrement visible et problématique lors d'un job d'été qu'il effectue à la marine en 1948.

Le centre de l'univers (Princeton, automne 1948)

Fondée en 1746, Princeton n'était pas considérée comme une institution académique particulièrement respectable au début du XXe siècle. Sa réputation demeurait limitée et elle manquait surtout de talents scientifiques reconnus.

Cela reflétait la défaillance générale des universités américaines de l'époque, à la traîne par rapport aux universités européennes et à leurs progrès révolutionnaires en mathématiques et en physique, portés par des figures comme Albert Einstein et David Hilbert.

Cependant, d'importants dons des Rockefeller et des Bambergers allaient bientôt changer la donne. Grâce à l'argent de ces mécènes venus du monde industriel, Princeton (et d'autres) peuvent établir des chaires de recherche pour attirer des talents européens.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, des financements gouvernementaux et militaires affluent également. L'armée et le gouvernement reconnaissent le rôle décisif des mathématiques dans la planification tactique et le développement de la bombe atomique.

Le conflit mondial, en d'autres termes, a "enrichi et revitalisé les mathématiques américaines".

À l'arrivée de John Nash à Princeton en 1948, il découvre un centre des mathématiques américaines, imprégné d'optimisme et où les étudiants se considèrent comme faisant partie d'une "grande révolution intellectuelle".

L'école du génie (Princeton, automne 1948)

À Princeton, le jeune mathématicien et ses camarades rencontrent le président du département de mathématiques, Solomon Lefshetz. Il affirme qu'ils devront travailler dur pour répondre aux exigences de l'université, décrivant Princeton comme un endroit "où de vrais mathématiciens font de vraies mathématiques".

Il insiste sur l'apparence en déclarant: "Il est important de bien s'habiller" et exige qu'ils se fassent couper les cheveux chez un coiffeur de Princeton. Malgré son accent sur les apparences, le directeur valorise "la pensée indépendante et l'originalité par-dessus tout".

Au lieu des démonstrations rigoureuses et des calculs, les étincelles d'ingéniosité sont valorisées et considérées comme bien plus significatives. Cela convient parfaitement à John Nash, car cela colle exactement à son "tempérament et style en tant que mathématicien".

Autour d'un thé formel dans le Fine Hall de Princeton, étudiants et professeurs se rencontrent pour débattre, discuter d'idées, faire des potins et analyser les mathématiques. Dans une atmosphère à la fois compétitive et amicale, les idées circulent et de nouvelles théories s'épanouissent.

C'est une "serre mathématique" qui donnera bientôt à Nash le "contexte émotionnel et intellectuel dont il avait tant besoin pour s'exprimer".

Génies (Princeton, 1948-1949)

À Princeton, John Nash prospère, bénéficiant d'un environnement qui lui permet de s'engager dans les mathématiques à sa manière, avec ses propres méthodes.

Un après-midi en 1948, Kai Lai Chung, un instructeur de mathématiques, regarde par la porte habituellement verrouillée de la salle des professeurs et voit Nash étendu sur le dos sur une grande table en désordre, "parfaitement détendu, immobile, visiblement perdu dans ses pensées, les bras repliés derrière la tête".

Un tel comportement est loin d'être inhabituel pour John Nash, qui passe "la plupart de son temps, semble-t-il, simplement à réfléchir. Il se couche sur les bureaux, glisse dans les couloirs avec "l'épaule fermement pressée contre le mur", emprunte parfois des vélos et les fait tourner en "cercles concentriques de plus en plus petits". La plupart du temps, il marmonne ou siffle distraitement.

Ce n'est pas seulement l'approche immersive et absente de John Nash qui le distingue, mais toute son approche des mathématiques est originale et stimulante. Il trouve toujours des solutions par ses propres chemins, évitant les méthodes habituelles pour se fier à son intuition.

Pour maintenir son indépendance intellectuelle, John Nash :

Ne lit pas beaucoup (pour ne pas être trop influencé) ;

Ne s'attache pas à des cours ou des professeurs trop longtemps ;

Récupère des informations et les reconstruit "à sa manière".

Même ses camarades, pourtant eux-mêmes excentriques, le considèrent comme étrange et distant. Certains membres du corps enseignant acceptent sa bizarrerie, tandis que d'autres le trouvent insupportablement obtus et précoce.

Jeux (Princeton, printemps 1949)

John von Neumann, un brillant polymathe et conférencier à Princeton, entre dans la salle commune de mathématiques et voit deux étudiants jouer à un jeu avec des pions placés dans des emplacements hexagonaux sur un plateau de jeu en losange.

Lorsqu'il demande aux étudiants ce qu'ils font, ils lui disent qu'ils jouent à "Nash". Dans les années 1930, les professeurs européens introduisent la tradition de jouer à des jeux à Princeton, tels que Kriegspiel et Go, très populaires parmi les étudiants lors de la première année de John Nash.

John Nash y participe souvent avec une approche "exceptionnellement agressive", révélant sa "compétitivité naturelle et son esprit de surenchère". Il ne se contente pas de jouer, mais invente un jeu appelé 'Nash', un jeu à somme nulle pour deux personnes, sans hasard, basé uniquement sur la stratégie.

Le jeu devient très populaire et est régulièrement pratiqué dans la salle commune.

John Von Neumann (Princeton, 1948-1949)

Là où de nombreux mathématiciens remarquables de l'époque sont retirés et maladroits, John von Neumann est perçu comme plutôt séduisant. En fait, il est "universellement considéré comme le mathématicien le plus cosmopolite, polyvalent et intelligent" du XXe siècle.

La carrière de von Neumann comprend de nombreux rôles, tels que "physicien, économiste, expert en armes et visionnaire de l'informatique". Ses capacités de mémoire, de calcul mental et de connaissances générales, associées à sa manière parfois froide et directe, ont conduit les gens à plaisanter en disant qu'il est "vraiment un extraterrestre qui a appris à imiter parfaitement un humain".

Pendant la guerre, John von Neumann a co-écrit le texte très significatif "The Theory of Games and Economic Behavior" et a proposé une méthode pour déclencher la bombe atomique, créditée d'avoir raccourci le temps nécessaire au développement de la bombe d'environ un an. En 1948, il est un chercheur respecté à l'Institute for Advanced Studies de Princeton.

La théorie des jeux

En 1928, John von Neumann rédige un article sur "la théorie des jeux", suggérant que l'étude des jeux pourrait offrir des éclairages en économie. En 1938, avec le professeur Oskar Morgenstern, il développe cette théorie dans l'ouvrage novateur The Theory of Games and Economic Behavior.

Le livre attire l'attention du public et reçoit même une critique dans le New York Times. Beaucoup d'étudiants de Princeton le surnomment "la bible". Toutefois, les économistes professionnels gardent leurs distances, estimant que le livre ne tient pas ses promesses audacieuses.

Bien qu'il reconnaisse son "innovation mathématique", John Nash critique également les mérites du livre. Il remarque qu'une grande partie de la théorie "semble avoir peu d'applicabilité en sciences sociales", car elle se concentre sur des "jeux de conflit total" qui ne se produisent pas souvent dans des scénarios économiques réels.

Le jeune étudiant montre également que la discussion des jeux à plus de deux joueurs ne "prouve pas qu'une solution existe pour tous ces jeux" et que l'analyse des jeux à somme non nulle — où les gains et les pertes de chaque joueur ne sont pas équilibrés exactement par les gains et les pertes des autres joueurs —, est également incomplète. Il commence rapidement à réfléchir à des solutions à ces lacunes.

Le problème de la négociation (Princeton, printemps 1949)

Dans son deuxième trimestre à Princeton, John Nash rédige son premier article académique, intitulé "The Bargaining Problem" ("Le problème de la négociation"). Malgré une formation limitée en économie, il parvient à offrir une perspective remarquablement originale et significative dans ce domaine.

L'"idée d'échange" ou la "négociation un à un" y est centrale. Pourtant, aucune théorie n'a encore pu fournir une véritable compréhension de la façon dont les personnes engagées dans un échange se comporteront ou comment une négociation se déroulera.

Le problème central réside dans le fait que les gens ne "se comportent pas de manière purement compétitive" tout le temps. Autrement dit, ils collaborent parfois. Mais comment le prédire ? John Nash trouve une solution élégante à ce problème.

En outre, son originalité réside dans le fait qu'il a eu l'idée bien avant d'être exposé au travail de John von Neumann ou aux mathématiques avancées de Princeton. En fait, l'idée lui était d'abord venue lorsqu'il suivait son premier (et seul) cours d'économie de premier cycle à l'université Carnegie.

Non-coopération (Princeton, 1949-1950)

À l'été 1949, John Nash se plonge davantage dans la théorie des jeux. Mais avant cela, il doit consacrer l'été à préparer son examen général de fin d'études.

Une fois l'examen réussi, il retourne avec ardeur à la théorie des jeux et approche le mathématicien John von Neumann avec les prémices d'une nouvelle théorie. Lors de sa présentation, ce dernier l'interrompt. Il considère que la proposition d'un équilibre dans les jeux à plus de deux joueurs (l'apport majeur de John Nash) est "triviale".

Toutefois, tout le monde n'est pas aussi catégorique que John von Neumann. L'analyste de la théorie des jeux, David Gale, est particulièrement enthousiaste. La théorie lui semble applicable à une large classe de problèmes et les mathématiques utilisées lui semblent "très belles".

Pourtant, même le jeune mathématicien ne reconnaît pas immédiatement la véritable importance de sa théorie. C'est elle, pourtant, qui deviendra "l'un des paradigmes de base en sciences sociales et en biologie" et qui finira par lui valoir un prix Nobel en économie.

Lloyd Shapley (Princeton, 1950)

En 1950, John Nash cherche à établir des liens émotionnels. C'est à ce moment que naît son amitié avec Lloyd Shapley, un brillant mathématicien travaillant à la RAND Corporation.

John Nash exprime son admiration pour Lloyd Shapley de manière enfantine. Et parfois, cela ne passe pas. Ses blagues, notamment devant les amis de ce dernier, sont peu appréciées.

Par ailleurs, des différences de points de vue théoriques les éloignent, et leur amitié prend fin.

La guerre des têtes pensantes (RAND, été 1950)

À l'été 1950, John Nash commence à travailler à la RAND Corporation, un think tank financé par l'Air Force. L'institution a pour mission d'analyser et de résoudre le problème de l'utilisation des nouvelles armes nucléaires. L'enjeu est de prévenir la guerre avec la Russie — ou de la remporter, si la dissuasion échoue.

La théorie des jeux devient cruciale dans cette mission, propulsant cette discipline dans la pensée économique d'après-guerre grâce à la recherche de la RAND.

Bien que la paranoïa de la guerre froide soit palpable, la RAND reste étonnamment informelle, favorisant un environnement décontracté et propice à l'originalité. John Nash s'y intègre parfaitement : il déambule sans contrainte dans les couloirs, perdu dans ses pensées, souvent avec un gobelet de café vide à la main.

Toutefois, il n'est pas très populaire auprès de certains collègues qui le trouvent "absurde et enfantin", déplorant son goût pour "les blagues adolescentes" et son sifflement distrait qui agacent profondément.

La théorie des jeux à la RAND

Le travail de John Nash sur la théorie des jeux attire l'attention de la RAND. Jusqu'ici, le think thank travaillait avec l'hypothèse de John Von Neumann. Les jeux à somme nulle avec deux joueurs de ce dernier étaient réinterprétés à l'aune du "conflit total entre deux superpuissances".

Pourtant, le conflit nucléaire est loin d'être un jeu à somme nulle. La compétition doit s'allier à la coopération. John Nash introduit sa théorie de l'équilibre dans ce contexte et fournit "un cadre pour poser les bonnes questions".

L'équilibre de Nash inspire également le célèbre "dilemme du prisonnier", qui fut inventé à la RAND peu avant son arrivée. Selon cette théorie, les individus rationnels ont intérêt à collaborer plutôt qu'à rechercher leur intérêt personnel.

Ces recherches innovantes feront le succès de la théorie des jeux et la postérité de John Nash. Cependant, à la mi-1950, l'intérêt pour cette théorie diminue à la RAND.

Service militaire (Princeton, 1950-1951)

Par ailleurs, travailler dans le cadre d'un programme militaire dérange John Nash. Il se trouve engoncé, limité par les obligations liées à sa fonction. Il souhaite plutôt "avoir la liberté de se promener dans tous les domaines des mathématiques".

Pour ce faire, il décide de chercher un poste universitaire. Dans l'intervalle, il accepte un intérim à Princeton sur un projet de recherche pour la Marine.

Mais d'autres obligations l'appellent. À l'été 1950, la Corée du Nord envahit la Corée du Sud et les États-Unis promettent leur soutien. John Nash craint de devoir partir à la guerre.

Ses efforts pour éviter l'enrôlement sont au moins partiellement couronnés de succès, mais il doit néanmoins réaliser son service militaire pendant plusieurs mois.

Un très beau théorème (Princeton, 1950-1951)

John Nash doit se faire une place au sein des cercles académiques. Pour se faire connaître et accroître sa réputation, il entreprend d'écrire un article visant à le faire reconnaître en tant que mathématicien pur.

Son texte est effectivement une réussite ; ses calculs sont considérés comme des mathématiques élégantes et pures. Cet article lui permet donc d'être reconnu comme un véritable mathématicien de premier plan.

Pourtant, malgré ce succès, il n'obtient pas de poste à Princeton. La raison en est sans doute que beaucoup de ses collègues le trouvent dérangeant, voire arrogant.

Finalement, John Nash accepte plutôt un poste au Massachusetts Institute of Technology, le célèbre MIT.

MIT

Le MIT est une institution historiquement dédiée à l'ingénierie. Elle a moins bonne réputation que les grandes universités où se pratiquent la physique théorique ou les mathématiques pures, par exemple. C'est pourquoi Nash se perçoit parfois comme "un cygne parmi les canards".

Néanmoins, sa présence contribue au changement de l'Institut et, grâce à lui, les mathématiques deviennent un département majeur de l'école.

Des personnalités de premier plan comme Norbert Wiener — pionnier de la cybernétique et de l'informatique, entre autres choses — et Norman Levinson, un mathématicien, l'accueillent avec bienveillance.

Garnements

Au MIT, John Nash enseigne de façon peu conventionnelle. Il adopte un style excentrique et fait beaucoup de jeux d'esprit. Ses cours, plus proches de l'association libre que de l'exposition planifiée, incluent des énigmes et des farces.

Cette originalité est valorisée dans ce milieu et permet à John Nash de se trouver des amis.John Nash ne cesse d'expérimenter et de rencontrer de nouvelles personnes. Toutefois, son caractère hautain et parfois explicitement méprisant (notamment envers les juifs) le rend détestable aux yeux de certains.

Expériences (RAND, été 1952)

À l'été 1952, John Nash fait un road trip de Bluefield à Santa Monica avec John Milnor, un étudiant diplômé en mathématiques. La bande de jeunes comprend également la sœur du mathématicien, Martha, et Ruth Hincks, une étudiante en journalisme. Le voyage prend fin quand John Nash se dispute avec cette dernière.

Les deux hommes, qui partagent un appartement temporaire près du RAND, se concentrent principalement sur leurs projets individuels. Ils expérimentent autour de la théorie des jeux et notamment des règles de coalition et de collaboration.

La relation devient toutefois tendue après que Nash a déclaré sa flamme à John Milnor.

Géométrie

Au début des années 1950, la paranoïa de la guerre froide donne lieu au maccarthysme : l'ère du soupçon à l'encontre des "espions" communistes bat son plein.

Plusieurs mathématiciens du MIT, dont Norman Levinson, sont accusés et forcés de témoigner. Ce dernier avait été membre du Parti communiste dans sa jeunesse, mais nie être resté proche de cette pensée politique.

Bien que le MIT soutienne ses employés, cet événement rappelle à tous les universitaires, y compris à John Nash, que le contrôle fait désormais partie de la vie quotidienne et que le monde qu'ils ont connu avant la guerre s'est transformé.

Deuxième partie — Vies séparées

Le poker a inspiré la théorie des jeux de Von Newman et de Nash

Singularité

Au cours de son passage au MIT, John Nash devient plus sociable et sort de sa pensée pour se frotter aux relations interpersonnelles. Comme nous allons le voir plus en détail dans les sections suivantes, il s'engage émotionnellement de façon diverse en ayant notamment :

Des relations homosexuelles ou des amitiés masculines fortes et ambigües ;

Un enfant avec une première compagne du nom d'Eleonor, qu'il abandonnera ensuite ;

Une autre compagne avec laquelle il se mariera et aura un autre enfant.

John Nash peine toutefois à répondre aux demandes d'autrui. Il comble ses propres besoins émotionnels et sexuels, mais néglige souvent ceux des autres. Orgueilleux, il estime souvent que son génie devrait suffire à les satisfaire.

Une amitié particulière (Santa Monica, été 1952)

À la fin de l'été 1952, John Nash vit l'une de ses "amitiés particulières" avec un autre homme, Ervin Thomson, âgé de trente ans et secrètement homosexuel. À l'heure du maccartisme, il est préférable de ne pas avouer trop publiquement ses orientations sexuelles.

Peu d'informations sont disponibles sur leur relation. Toutefois, elle semble significative pour John Nash, car elle marque son premier pas vers la réciprocité et l'intelligence émotionnelle. Cette relation lui permet de sortir de son isolement.

Eleanor

Lors d'une visite de routine à l'hôpital, le jeune homme rencontre une infirmière "jolie et brune" nommée Eleanor. Bien que timide et inexpérimentée sur le plan sexuel, elle est désarmée par la douceur et le charme maladroit du professeur du MIT.

Les deux amants gardent d'abord leur relation sexuelle secrète. Toutefois, lorsqu'Eleanor annonce sa grossesse, John Nash doit prendre une décision. Au départ, il semble plutôt heureux, mais cette joie est de courte durée.

La relation se détériore rapidement : Eleonor s'inquiète de l'avenir, mais le mathématicien montre peu d'intérêt pour sa situation. Malgré la naissance de leur fils, il ne la demande pas en mariage ni ne lui fournit d'aide financière.

Lorsque, finalement, John Nash suggère qu'Eleanor donne leur enfant en adoption, celle-ci se détourne de lui définitivement.

Jack

À l'automne 1952 (c'est-à-dire durant sa relation avec Eleonor), John Nash rencontre un jeune étudiant diplômé, Jack Bricker, dans la salle commune du MIT. Bien qu'habituellement dédaigneux envers les esprits moins brillants, Nash est attiré par Bricker, tandis que ce dernier est fasciné par l'intelligence et la beauté de Nash.

Leur relation, bien qu'ouverte et affectueuse, ne sera toutefois pas particulièrement heureuse. En effet, le jeune génie des maths est obsédé par son autonomie et rechigne à s'engager émotionnellement. En plus, il ridiculise son compagnon en public, puis lui avoue sa relation avec Eleanor.

La relation se détériore au point que Jack Bricker décide d'abandonner ses études supérieures.

L'arrestation (RAND, été 1954)

En 1954, John Nash passe un autre été à la RAND. Suivant ses méthodes habituelles, il passe beaucoup de temps à réfléchir à ses recherches en marchant le long de la plage ou dans le parc Palisades — souvent jusqu'à très tard dans la nuit.

Un jour, la police signale à la sécurité de RAND l'arrestation du jeune homme pour "exhibition indécente" dans ce parc — où il ne faisait pas que penser, mais pratiquait aussi le cruising (rencontre avec d'autres hommes en extérieur)…

Cela entraîne une rupture de contrat. À cette époque, l'homosexualité est vue comme obscène et dangereuse. Le climat paranoïaque de la guerre froide n'aide en rien.

Nash ne semble pas initialement perturbé par cet incident. Toutefois, celui-ci révèle la vulnérabilité de sa vie privée et l'existence de pressions extérieures.

Alicia

De retour au MIT, Nash trouve un soulagement dans ses visites à la bibliothèque musicale, où il rencontre Alicia Larde. Cette ancienne étudiante est séduite par sa combinaison de génie, de statut et de beauté naturelle. Intelligente et curieuse, elle imite ses intérêts pour attirer son attention.

Fascinée par son nouveau compagnon, Alicia décide de renoncer à ses ambitions scientifiques et vise le mariage avec lui. Mais ce dernier ne sait pas encore que faire. Il est face à de nombreux choix, tant personnels que professionnels.

Manœuvres d'approche

John Nash envisage le mariage avec une femme comme une solution possible à ses propres problèmes avec les hommes et les risques qu'il encourt. C'est avec Alicia, rencontrée au moment opportun, qu'il décide de se lancer.

Le chercheur est attiré par la jeune femme car celle-ci est intelligente, mais aussi parce qu'elle s'intéresse à lui et l'aime tel qu'il est. Mais il n'est pas très doué pour la monogamie… En effet, pendant qu'il entame cette relation, il continue à voir Eleanor et Jack Bricker (en fait, tout se passe à la même période !).

Seattle (été 1956)

Nash quitte le MIT pour assister à une école d'été à l'Université de Washington. Il espère être au centre de l'attention. Malheureusement, l'annonce de la preuve de l'existence de sphères exotiques par un autre mathématicien lui vole complètement la vedette. John Nash se sent alors petit, tout petit…

C'est néanmoins à cette occasion qu'il rencontre Amasa Forrester, un ancien camarade de Princeton, ouvertement homosexuel et très sympathique. Ils sortent un temps ensemble et John Nash garde un bon souvenir de cette relation.

Plus tard, lorsque le mathématicien est mis devant ses responsabilités de père, il accorde une pension alimentaire à Eleonor. En fait, il semble que ce soit Jack Bricker qui l'ait convaincu d'agir de la sorte pour éviter un scandale préjudiciable à sa carrière.

Décès et mariage (1956-1957)

John Nash aime la vie new-yorkaise et s'installe à New York. Il aime la vie bohème et veut vivre différemment. Toutefois, le décès de son père le confronte à nouveau à des responsabilités et à des règles qu'il méprise et rejette.

D'un autre côté, sa mère fait pression pour qu'il se marie. John Nash et Alicia se fiancent donc et organisent une petite cérémonie de mariage familiale en février 1957.

Troisième partie — Comme un feu qui couve sous la cendre

La schizophrénie de John Nash lui crée de nombreux problèmes dans la vie quotidienne.

Olden Lane et Washington Square (1956-1957)

Comme il vit à New York, John Nash visite fréquemment l'Institut Courant des sciences mathématiques de l'Université de New York. Il aime ce lieu et finit par y passer autant de temps qu'à l'Institute of Advanced Study (ISA).

Malgré l'atmosphère conviviale et les défis stimulants qu'il trouve dans ces institutions, John Nash considère avoir échoué dans ses recherches à cette époque. Il découvre qu'un mathématicien italien, Ennio de Giorgi, a prouvé un théorème sur lequel il travaillait quelques mois plus tôt.

Les méthodes non conventionnelles de Nash connaissent un certain succès. Mais il devient aussi de plus en plus obsédé par la révision de la théorie quantique ; un effort qui se révèle vain et qu'il considérera plus tard comme potentiellement lié à l'apparition de sa schizophrénie.

La fabrique de bombes

Le couple trouve, non sans difficultés, un appartement à Cambridge et commence à mener une vie conjugale classique. Malgré cette bonne nouvelle, le mathématicien reste insatisfait. Il voudrait être davantage reconnu et il s'inquiète de ne pas encore avoir une position permanente à MIT.

Il se plaint également de ne pas obtenir la prestigieuse Médaille Fields. Son travail devient pourtant de plus en plus reconnu. En réalité, il se met une pression énorme sur les épaules pour réussir ; une pression, comme nous allons le voir, sans doute excessive.

Secrets (Été 1958)

John Nash a presque 30 ans. Il est anxieux, notamment en raison de la croyance selon laquelle les meilleures découvertes mathématiques surviennent avant cet âge.

Avec cette idée en tête, il décide de se confronter à l'Hypothèse de Riemann, un problème mathématique encore irrésolu. Il passe alors fréquemment du doute et de la perte de confiance en soi à l'exaltation la plus complète.

En parallèle, John Nash développe une passion pour les marchés boursiers et l'argent. Il cherche à décoder un supposé "secret" du marché. Il demande un prêt à sa mère et commence à réaliser des investissements de plus en plus risqués.

Durant l'été, John Nash et Alicia voyagent en Europe pour leur lune de miel. Le jeune homme offre une bague trop chère à sa compagne, mais à part ça le couple est néanmoins heureux.

Des plans sur la comète (Automne 1958)

De retour à Cambridge, Alicia annonce sa grossesse. Le mathématicien se sent à la fois heureux et inquiet. Il ne sait que faire, notamment au niveau de son avenir professionnel. Il reçoit des offres de postes très intéressantes, mais préfère prendre un congé sabbatique.

À cette époque, il partage son temps entre l'IAS et l'Institut des hautes études scientifiques à Paris.

Mais il ne parvient pas à gagner en stabilité. Financièrement, il perd l'argent investi en bourse et doit rembourser sa mère. Au niveau personnel, il s'engage dans une relation ambiguë avec Paul Cohen, un homme ambitieux qui attire le mathématicien.

Certains témoins et commentateurs prétendent que c'est la relation déçue et la compétition entre Paul Cohen et John Nash qui a été la cause de son effondrement psychique.

L'empereur de l'Antarctique

Nouvel An 1958. John Nash se déguise en bébé, ce qui étonne son entourage. Mais ce n'est pas le seul événement étrange :

Il se lance dans des monologues confus ;

Fait état de croyances irrationnelles ;

Rédige des lettres insensées à des ambassadeurs ;

N'arrive plus à suivre le fil de son exposé lors de ses conférences ;

Etc.

Indubitablement, ce sont les premiers signes de la maladie mentale qui se manifestent. Comme nous allons le voir, sa santé décline rapidement et va le conduire d'hôpital en hôpital à la recherche d'un traitement.

Dans l'œil du cyclone (printemps 1959)

Alicia suspecte depuis un moment que John Nash présente des signes de détresse mentale. Il est incohérent et paranoïaque. Au début, elle attribue ces comportements au stress du travail et à la perspective d'une paternité imminente, mais les symptômes de Nash deviennent plus inquiétants.

Parmi ses comportements étranges, il menace de vider ses comptes bancaires et écrit des lettres bizarres à des institutions internationales.

Hésitant à révéler la situation par crainte des conséquences professionnelles pour son mari, elle quitte son emploi pour le surveiller. Les conseils contradictoires de psychiatres et un incident alarmant conduisent finalement Alicia à reconnaître la gravité de la situation.

Elle prend alors une décision que John Nash lui reprochera longtemps : demander son internement.

Le jour se lève à Bowditch Hall (Hôpital McLean, avril-mai 1959)

John Nash prétend être le leader d'un mouvement mondial pour la paix sous le nom de "Prince de la paix". Après une brève évaluation à l'hôpital McLean où l'emmènent des policiers, il est finalement bel et bien interné. Un diagnostic est établi : schizophrénie paranoïaque.

Sa mère, Virginia, est bouleversée. Toutefois, elle se montre incapable de soutenir Alicia. Il semble normal lorsqu'elle le visite et ne comprend pas véritablement le problème. Traité avec des médicaments et une psychothérapie intensive, il se comporte en "patient modèle".

Cependant, certains psychiatres doutent de la sincérité de son rétablissement. Finalement, l'hôpital le libère après qu'il ait fait appel à un avocat et que sa femme se soit prononcée contre un nouvel internement.

Un thé chez le chapelier fou (Mai-juin 1959)

La vie de sa compagne, Alicia, n'est pas facile.

John Nash étant à l'hôpital, elle décide de s'installer chez son amie Emma. Elle doit se défendre d'avoir fait interner son mari. Mais aussi faire face à ce dernier, qui menace de divorcer en représailles de son geste.

Bien qu'elle soit enceinte, elle met toute son énergie dans la défense de son compagnon :

"Toute son attention [est] focalisée sur une seule tâche — non pas celle d'accoucher, mais celle de sauver John Nash." (Un homme d'exception, Troisième partie)

Une fois sorti de l'hôpital, John Nash — toujours fâché contre sa femme et en proie à ses théories délirantes — décide de s'enfuir et de partir vivre en Europe.

Quatrième partie — Les années perdues

Citoyen du monde (Paris et Genève, 1959-1960)

À Paris, John Nash cherche à rompre avec son ancienne vie américaine. Il tente de renoncer à sa citoyenneté américaine, mais un fonctionnaire de l'ambassade l'en dissuade. Malgré cela, il persiste et demande le statut de réfugié en Suisse.

Après des mois de lutte et d'échecs, il est finalement expulsé d'Allemagne de l'Est et renvoyé aux États-Unis. Durant cette période, ses comportements étranges et ses idées délirantes continuent de surprendre.

Zéro absolu (Princeton, 1960)

De retour aux États-Unis, John Nash séjourne brièvement à Princeton, puis emménage avec Alicia, mais les ennuis ne tardent pas à apparaître.

Il souhaite retourner en France et prétend être lié à des affaires internationales ; il parle de paix mondiale et de gouvernement mondial. Sa femme, Alicia, réalise qu'il devra probablement être interné à nouveau.

Finalement, la police doit intervenir. Sa santé mentale exige un internement. Étrangement (ou logiquement ?), deux jours plus tôt, John Nash prédit qu'il sera emmené par les policiers.

Tour de silence (Trenton State Hospital, 1961)

Avec peu d'argent, le couple ne peut pas faire grand-chose. John Nash est placé à l'hôpital d'État de Trenton. Il dira plus tard que le traitement à l'insuline qu'il y reçoit alors a été une "torture". En outre, il vit en grande promiscuité avec d'autres patients.

Il y reste six mois. Puis il est transféré au sein de l'aile de réadaptation après que le traitement ait montré des signes de succès. Il peut enfin travailler à un article académique important et est "libéré" de l'hôpital à la fin de l'été.

Un intermède de rationalité imposée (Juillet 1961 - avril 1963)

Bien que sa récupération mentale soit considérée comme une issue positive par son entourage, John Nash ressent "un sentiment de diminution et de perte". Pourquoi ? Car il considère qu'il n'a plus accès à ce qu'il considère comme des "visions cosmiques, voire divines".

Dépendant à nouveau de la gentillesse de ses amis et collègues, John Nash obtient un modeste poste de recherche à l'IAS. Bien qu'Alicia et lui vivent à nouveau ensemble, la relation demeure tendue.

Lorsque la santé mentale du mathématicien décline à nouveau, Alicia décide d'entamer à contrecœur une procédure de divorce. Elle lui impose également de se rendre dans une clinique pour être soigné.

Le problème de l'extension (Princeton et clinique Carrier, 1963-1965)

John Nash est admis dans une clinique privée qui pratique les électrochocs et les traitements pharmaceutiques : la Carrier Clinic. Sa femme refuse qu'il reçoive davantage d'électrochocs. Il y a passé plusieurs mois.

Une fois sorti, le mathématicien vit seul et reprend son travail. Mais son comportement étrange persiste. Malgré des apparences positives, il se considère comme une "figure religieuse secrète". Après un séjour en Europe, il est réadmis à la Carrier Clinic, puis s'installe à Boston une fois le traitement terminé.

Solitude (Boston, 1965-1967)

John Nash se sent seul sans sa femme et son fils. Il voit un psychiatre et décide de prendre des médicaments, ce qui ne lui plaît guère. En effet, les médicaments nuisent à sa créativité scientifique.

Il connaît ainsi des hauts et des bas entre productivité et reprise des crises. Au printemps 1967, il devient maniaque, incohérent, paranoïaque et délirant ; il est obsédé par des nombres magiques et des conspirations internationales.

Il rencontre sa première femme avec leur fils. Mais les relations sont mauvaises, en raison de son instabilité psychologique et de son irritation face aux résultats scolaires de son fils.

Un homme seul dans un monde étrange (Roanoke, 1967-1970)

À quarante ans, John Nash paraît déjà "vieux". Il vit à Roanoke avec sa mère, erre en ville, en sifflant parfois. La plupart du temps, il reste à la maison et y tourne — littéralement — en rond. Il est complètement obnubilé par la politique et fomente des théories du complot. Il crée des codes secrets.

Terrifié à l'idée d'être hospitalisé à nouveau, John Nash est pris de colère lorsque sa sœur décide de le faire interner à nouveau après la mort de sa mère. Il rompt tout lien avec elle pendant de longues années.

Le fantôme de Fine Hall (Princeton, années soixante-dix)

John Nash est surnommé "le Fantôme" à Princeton. L'air absent, les yeux enfoncés dans des cernes creusées, il sillonne les couloirs et donne cours de façon cryptique. Lors de ceux-ci, il mélange chiffres, codes, politique, philosophie et religion. Les étudiants sont désarçonnés par un tel enseignement, qui laisse parfois à désirer, mais qui est aussi, par moment, très stimulant.

Malgré sa maladie, John Nash espère toujours rester en contact avec sa communauté. Son écriture codée pourrait être le moyen qu'il trouve, à cette époque, pour ne pas perdre pied complètement. Par ailleurs, il se sent bien dans les couloirs de l'université. Princeton est un "endroit calme et sûr" pour lui. Il peut s'y exprimer sans crainte de rejet.

En 1978, il reçoit le prestigieux prix John Von Neumann, mais n'est pas invité à la cérémonie de remise des prix.

Une vie paisible (Princeton, 1970-1990)

Dans les années 1970, Alicia et John Nash vivent ensemble tant bien que mal, malgré la maladie mentale. La santé de John Nash reste instable, mais il cherche à passer du temps avec sa femme et leur fils Johnny.

Ce dernier, doué en mathématiques, montre toutefois — lui aussi — des signes de schizophrénie. Il est hospitalisé à plusieurs reprises, mais parvient à étudier les mathématiques et obtient même un doctorat en 1985.

Cinquième partie — Le plus digne

John Nash reçoit le prix Nobel d'économie en 1994.

Rémission

John Nash retrouve un équilibre mental à partir des années 1970 et 1980. Bien qu'ils ne disparaissent jamais complètement, les symptômes de la schizophrénie diminuent progressivement durant ces années.

Cette victoire sur la maladie est liée à sa propre capacité à tenir à distance les pensées délirantes qui l'assaillent. Il parvient à se raisonner et à entretenir des relations plus saines avec cette partie de sa psyché qui lui joue des tours.

Cette amélioration lui permet de retrouver une certaine normalité dans ses interactions. Il reprend également ses recherches et se forme à l'utilisation de l'informatique.

Pendant ce temps, sa célébrité s'accroît ; il est de plus en plus cité dans des articles universitaires, principalement en économie. Mais, si son nom circule, la plupart des chercheurs pensent qu'il est mort ou en institution !

Nouveau signe important de reconnaissance : John Nash est élu membre de la Société d'économétrie.

Le prix

John Nash n'a pas fait l'unanimité ! Lorsqu'il est proposé comme candidat au prix Nobel d'économie, les membres du comité hésitent en raison de sa santé mentale. Ils enverront même un émissaire, Jörgen Weibull, pour évaluer sa personnalité.

Le comité débat par deux fois de son inclusion en tant que candidat au prix. Certains s'y opposent vigoureusement, tandis que d'autres sont ses défenseurs passionnés. D'un côté, il y a ceux qui ont connu le mathématicien dans ses pires moments ; de l'autre, il y a ceux qui considèrent avant tout ses mérites scientifiques.

Finalement, John Nash est informé qu'il reçoit le prix Nobel vers la fin de l'année 1994.

La plus grande vente aux enchères de tous les temps (Washington DC, décembre 1994)

Au même moment, Al Gore inaugure "la plus grande vente aux enchères de tous les temps" liée aux télécommunications. La particularité de cet événement est qu'il s'appuie sur la théorie des jeux et, notamment, sur l'analyse de la rivalité et de la coopération entre un petit nombre de joueurs rationnels.

C'est la preuve que les concepts développés par John Nash deviennent de plus en plus acceptés et utilisés par les mathématiciens et les économistes (qui organisent la vente aux enchères). C'est un autre type de reconnaissance : après de longues "décennies de résistance", il voit enfin sa théorie appliquée largement.

De nouveau au monde (Princeton, 1995-1997)

La vie de John Nash s'améliore financièrement après la réception du prix Nobel. Il continue à travailler à Princeton, mais ses préoccupations s'orientent toujours davantage vers sa famille ; il s'inquiète en particulier pour la santé de son fils, Johnny.

Par ailleurs, John Nash cherche également à améliorer sa relation de couple avec sa femme et l'idée d'un remariage est même évoquée.

Épilogue

Et c'est bien ce qui se produit ! Les époux Nash se remarient après 40 de mariage. John Nash se sent stable et ne craint plus les rechutes.

Le prix Nobel travaille à divers projets :

Il donne des conférences dans lesquelles il aborde, notamment, la question des troubles mentaux et de la stigmatisation des personnes qui en souffrent.

Il continue à faire des mathématiques.

Ses relations sociales s'améliorent nettement, tant avec ses collègues qu'avec ses amis et sa famille. Et finalement, l'idée que quelqu'un rédige une biographie sur lui semble lui plaire — alors qu'il la trouvait auparavant saugrenue.

Conclusion sur « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar :

Ce qu’il faut retenir de « Un homme d'exception » de Sylvia Nasar :

Tout l'intérêt de ce livre consiste à nous faire entrer dans la peau de John Nash. Non seulement dans ses grands moments créatifs, mais aussi dans ses périodes de trouble social et psychologique. Nous apprenons beaucoup d’éléments sur sa personnalité complexe et nous nous faisons une meilleure idée de sa façon d’engendrer des idées nouvelles.

Le célèbre mathématicien qui a mis en forme une bonne partie de la théorie des jeux a bien failli ne jamais obtenir le prix Nobel en raison de ses problèmes "psy". Pourtant, comme le montre à merveille le livre, il est parvenu à se stabiliser et à devenir une personne plus vivable pour ses proches.

Sylvia Nasar parvient parfaitement à nous plonger dans cette histoire, ainsi que dans cette époque des États-Unis de l'après-guerre.

Points forts :

Une écriture brillante qui fait de cette biographie un véritable "page turner" ;

De nombreuses anecdotes qui nous permettent de comprendre les relations entre génie et folie ;

Un témoignage exceptionnel de la vie de l'un des plus grands mathématiciens contemporains ;

Si vous avez aimé le film (ou que vous ne l'avez pas encore vu), lisez le livre pour comparer !

Point faible :

C'est un livre passionnant… Donc je n'en ai pas trouvé !

Ma note :

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Thu, 18 Apr 2024 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12830/Un-homme-dexception
Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes http://www.olivier-roland.fr/items/view/12819/Changer-sa-vie-la-mthode-des-Petites-Habitudes

Résumé de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg : le livre à lire si vous voulez baser votre changement de comportement sur des sources solides et une méthode éprouvée — le tout, en agissant petit à petit et sans se culpabiliser !

Par BJ Fogg, 2022.

Titre original : « Tiny Habits : The Small Changes that Changes Everything », 2019.

Chronique et résumé de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg

Introduction — Changer, ça peut être facile (et amusant)…

Petit mais costaud

BJ Fogg commence par un double message encourageant :

D'abord, défaites-vous du sentiment de culpabilité face au changement (celui-ci nous vient d'une pression sociale et de l'impression de ne jamais y arriver) ;

Ensuite, prenez confiance dans le fait que changer n'est pas si difficile qu'on ne le pense habituellement (c'est tout l'objet du livre de le démontrer).

Souvent, nous nous y prenons mal, et nous nous attribuons la faute. Mais l'erreur vient des mauvais conseils que nous avons reçus.

"Voyez plutôt les choses ainsi : si vous essayiez de monter une commode avec un mode d'emploi erroné et des morceaux manquants, vous seriez sûrement frustré, mais vous ne vous sentiriez pas coupable, si ? Vous rejetteriez la faute sur le fabricant. En ce qui concerne nos tentatives de changement avortées, nous ne nous prenons jamais au "fabricant", mais toujours à nous-même." (Changer sa vie, Introduction)

Au lieu de nous culpabiliser, prenons plutôt le temps de découvrir une méthode efficace. BJ Fogg la résume en trois choses :

Arrêter de se juger ;

Décortiquer ses désirs et en faire des actes ;

Considérer les erreurs comme des découvertes et s'en servir pour aller de l'avant.

Pour l'auteur, c'est même une aventure amusante qui vous attend ; c'est un "voyage exaltant à la découverte de soi". Pour légitimer son approche, le psychologue du comportement de Stanford en appelle à une expérience solide — plus de 40 000 personnes ayant testé le procédé, dit-il — et à l'influence qu'il a eu sur le cofondateur d'Instagram, Kevin Systrom.

Façonner son comportement

BJ Fogg parle de "conception comportementale". C'est un domaine qu'il a beaucoup investigué, d'abord en commençant par lui-même, en utilisant sans relâche une méthode d'essais/erreurs expérimentale dans sa vie de tous les jours.

À partir de 2011, lorsqu'il a repéré des résultats vraiment positifs sur lui-même, il a commencé à enseigner sa méthode à l'université.

Mais il ne suffit pas de transmettre l'information. Le savoir n'amène pas naturellement au changement. C'est le défaut (l'auteur l'appelle "sophisme de l'information/action") de beaucoup d'ouvrages et de discours d'experts.

Pour changer, il faut nécessairement :

Avoir une révélation ;

Ou changer son environnement ;

Ou bien enfin modifier légèrement ses habitudes.

Comme la première est rare et peu contrôlable, il faut plutôt agir sur les deux autres, et commencer par la troisième.

Petit, mais rapide

"Grâce à la méthode des Petites Habitudes, vous vous concentrerez sur des actions qui prennent moins de trente secondes. Vous apprendrez à assimiler rapidement les nouvelles habitudes qui vous viendront naturellement. En commençant petit, vous pourrez faire de gros changements sans vous soucier du temps que ça prend." (Changer sa vie, Introduction)

Moins de 30 secondes : la promesse est tentante ! Ne voyez pas trop grand, affirme l'auteur ; commencez petit. D'ailleurs — tellement nous sommes occupés et stressés — c'est souvent la seule option réelle que nous ayons !

Petit, c'est maintenant

Bien que l'auteur ne souhaite pas donner de conseils quant au contenu des habitudes en particulier, il fait ici une exception. Il propose de mettre en place une première petite habitude, qu'il nomme le rituel Maui.

Dès que je me réveille et que je pose le pied par terre ;

Je dis : "Je vais passer une très bonne journée."

Et pour ancrer cette habitude dans mon cerveau, je souris.

Comme vous le verrez tout au long du livre, le modèle de base des petites habitudes est à chaque fois le même :

"Dès que je…" ;

"Je dis/fais..." ;

  • attitude de célébration (sourire, par exemple).

Plus petit, plus prudent

Il n'y a pas beaucoup de risques à agir petit ; et c'est là un avantage, selon BJ Fogg. En effet, vous pouvez vous tromper sans que cela n'ait de conséquences graves sur vous ou votre environnement. Vous recommencerez et trouverez la bonne habitude.

Par ailleurs, "personne ne pourra vous mettre des bâtons dans les roues" et vous serez donc moins stressés.

"Puisque les habitudes sont toutes petites et le programme très flexible, vous ne prenez aucun risque sur le plan émotionnel. On ne peut pas vraiment échouer avec les Petites Habitudes. On peut trébucher, mais on se relève, ce n'est pas un échec : c'est une habitude qui rentre." (Changer sa vie, Introduction)

Petite habitude deviendra grande

Souvent, nous grandissons avec l'impression que nous devons "tout donner". C'est une erreur. L'auteur compare deux attitudes de personnes voulant se lancer dans l'entrepreneuriat :

La première veut tout faire en même temps et se sent débordée par les tâches ;

La seconde se note une tâche à la fois, sur un post-it, à accomplir rapidement.

La seconde solution fonctionne mieux, car elle habitue à la réussite. Même petit, le succès nous rassure et nous donne envie de continuer. Et cela nous aide à prendre l'élan pour aller encore plus loin. "Sans même vous en rendre compte, vous aurez dévoré la baleine entière", dit BJ Fogg.

Volonté et motivation ne font pas tout

Eh non ! L'exemple de Juni, une personne à haut risque de diabète 2, est utilisé pour illustrer ce point précis. Plutôt que de se focaliser sur la volonté et la motivation, il est préférable de commencer par de petites actions qui enclencheront le changement.

De petits changements permettent de grandes choses

Changer pas à pas peut nous mener loin et nous aider à aller vraiment mieux dans notre vie de tous les jours. L'auteur le montre grâce à plusieurs personnes ayant suivi son programme des Petites Habitudes. Par ailleurs, il explique davantage "l'anatomie des Petites Habitudes".

Chaque petite habitude est composée de 3 choses (voir un peu plus haut pour la formulation "concrète") :

Moment d'ancrage (profiter d'une routine existante ou d'un moment pour agir) ;

Nouvelle petite habitude (à effectuer directement après le moment d'ancrage) ;

Moment de célébration (créer une émotion positive après l'action nouvelle).

La clé pour commencer petit

L'auteur renvoie vers son site internet TinyHabits pour y trouver davantage de ressources. En fin d'introduction, il donne également trois exercices pour commencer à agir.

Utiliser le fil dentaire (p. 26-27) ;

Démarrer rapidement (p. 27-28) ;

Se rappeler que se sentir bien aide à mieux changer (p. 29).

1 — Les éléments du comportement

C = MAI

C'est la formule "secrète" de toute la pratique, la connaissance qui sert de base au programme des Petites Habitudes.

"Le comportement se produit quand la motivation, l'aptitude et l'impulsion convergent au même moment." (Changer sa vie, Chapitre 1)

Un comportement, c'est une façon d'agir dans le monde. Voyons de plus près les 3 éléments clés qui permettent de le modifier ou de l'enclencher :

La motivation, c'est le désir, le souhait de faire quelque chose.

L'aptitude, c'est votre capacité à agir.

L'impulsion, c'est le stimulus qui vous incite à réaliser le comportement.

C = MAI s'applique à tous les comportements humains

Pour l'auteur, cela ne fait aucun doute : tous les comportements fonctionnent sur cette base qui est, somme toute, relativement simple. La conception comportementale consiste à agir sur ces trois leviers.

BJ fogg prend l'exemple de deux comportements d'une même personne, Katie. D'un côté, celle-ci range son bureau tous les jours et cela lui donne de l'énergie pour faire correctement son travail. De l'autre, elle se laisse prendre par Facebook et en oublie de faire sa séance de sport quotidienne.

Pour qu'un comportement se transforme en habitude (quel qu'il soit, bon ou mauvais), il faut que la motivation soit forte et qu'il soit facile de le faire (que vous ayez une aptitude aisée à l'accomplir). L'impulsion doit également être présente. Pour résumer :

Plus vous êtes motivé à accomplir une tâche, plus vous avez de la chance de la faire ;

Plus une tâche est dure, moins vous aurez de chance de l'accomplir ;

La motivation et l'aptitude travaillent ensemble main dans la main ;

Aucun comportement n'arrive sans impulsion.

L'impulsion fonctionnera lorsque la motivation (envie) et l'aptitude (facilité) iront de pair. Si vous n'êtes pas motivé et/ou que l'action à réaliser est top complexe, l'impulsion sera inefficace.

Utiliser le modèle comportemental pour se défaire d'une habitude

Pour abandonner une mauvaise habitude (par exemple : consulter trop souvent les réseaux sociaux le soir), vous pouvez jouer sur l'aptitude.

Dans l'exemple de Katie, BJ Fogg relate comment celle-ci a choisi de s'acheter un réveil-matin classique et de laisser son téléphone mobile dans la cuisine avant d'aller se coucher. De cette façon, elle a joué sur l'aptitude : elle a rendu Facebook "difficile d'accès", sans pour autant aller jusqu'à supprimer l'application.

À noter : c'est aussi un conseil donné par le minimalisme digital.

Trois étapes pour résoudre les problèmes comportementaux

Pour modifier un comportement — le sien ou un autre — il faut suivre l'ordre suivant :

"Vérifier s'il existe une impulsion pour déclencher le comportement.

Déterminer si la personne est capable de faire le comportement.

Déterminer si la personne est motivée pour faire le comportement." (p. 51)

Souvent, en entreprise, les managers jouent uniquement sur la motivation. Or, c'est justement le dernier levier à activer ! Vous pouvez chercher à appliquer cet ordre de priorité dans tous les domaines de votre vie et vous amuser à travailler sur vos comportements et ceux d'autrui, éventuellement.

Voir le monde à travers le prisme du modèle comportemental

BJ Fogg raconte l'exemple de Jennifer, une jeune graphiste et maman qui n'arrive plus à maintenir une routine sportive. En s'aidant de la formule C = MAI, elle analyse son comportement et comprend où elle peut agir.

En fait, nous pouvons tous le faire ! Il s'agit de se regarder soi-même "avec une certaine curiosité et un recul objectif". Voici ce que dit encore l'auteur sur la posture qu'il vous invite à tenir :

"Je veux que vous traitiez votre vie comme un "laboratoire de changement" personnel, un endroit où expérimenter sur la personne que vous voulez devenir. Un endroit où vous vous sentirez en sécurité, où tout est possible." (Changer sa vie, Chapitre 1)

Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :

Explorer les différentes manières de se défaire d'une habitude (p. 58) ;

Apprendre le modèle comportemental de Fogg en l'enseignant à quelqu'un d'autre (p. 59).

2 — La motivation : trouver ce qui vous correspond

La motivation est une donnée imprévisible

Lorsque nous voulons changer de comportement, nous agissons souvent en pensant que seule la motivation compte. C'est une erreur. "La motivation, c'est comme un ami fêtard", dit l'auteur : "super pour sortir le soir, mais il ne vaut mieux pas compter dessus pour venir nous chercher à l'aéroport".

1 — La motivation est complexe

De façon originale et peu orthodoxe, BJ Fogg considère que la différence entre motivation interne et externe n'est pas très utile "dans le monde réel". Il préfère distinguer trois types de motivation :

Celle qui dépend de vous-même ;

Un avantage ou une punition liés à l'action ;

Le contexte direct de l'action.

L'auteur donne de nombreux exemples pour comprendre sa théorie et propose également un schéma nommé "le bonhomme PAC" pour personne/action/contexte.

BJ Fogg traite également des motivations concurrentes. Par exemple :

Je veux travailler ;

Mais je veux aussi me reposer.

Comment gérer ce conflit intérieur ? Et que faire lorsque nous n'avons même pas conscience de l'origine de mes désirs ? Comment faire face à la frustration, quand nous échouons à contrôler nos impulsions ?

2 — La vague de motivation

C'est le moment où vous vous sentez capable de tout : vous venez, par exemple, d'acheter une maison et vous êtes motivé pour tout rénover (et vous en faites effectivement beaucoup pendant les premières semaines).

Mais la motivation ne dure pas. En tout cas, elle est instable. Pourtant, nous avons tous tendance à surestimer notre motivation future. Nous sommes souvent trop ambitieux et nous nous créons des pièges à nous-mêmes.

3 — Les fluctuations de motivation

Nous ne pouvons pas prendre le contrôle total de notre motivation. De nombreux éléments (venus du contexte, de nous-mêmes ou d'actions que nous avons effectuées entre temps) peuvent la perturber et la faire retomber à zéro.

Mais il y a aussi des moments où nous pouvons faire l'expérience d'une motivation durable.

"Imaginez une grand-mère qui a toujours envie de passer du temps avec ses petits-enfants, ou une adolescente qui veut toujours avoir l'air présentable devant ses amies. J'appelle ces motivations durables des aspirations (...)." (Changer sa vie, Chapitre 2)

4 — La motivation vers un but abstrait ne donne pas de bons résultats

L'auteur prend l'exemple des campagnes de santé publique autour de la nutrition. "Mangez de toutes les couleurs" : voilà une aspiration et même un commandement pour manger des légumes.

Mais comment faire concrètement ? Ce type de messages est trop abstrait ! Résultat : il ne vous aidera certainement pas à garder votre motivation très longtemps.

Pour changer vos idées sur les campagnes de politiques publiques, lisez ce livre sur le nudging et le marketing social.

5 — La motivation n'est pas un ticket gagnant pour le changement à long terme

Quand nous nous basons seulement sur la motivation et que nous nous donnons des objectifs abstraits à atteindre, nous risquons davantage d'échouer. Et de rejeter la faute sur notre incapacité à tenir nos engagements. Mais c'est encore une erreur.

Comme nous allons le voir, il est important d'apprendre à la jouer fine avec la motivation. Si nous ne tenons pas nos engagements, ce n'est pas parce que nous sommes "nuls" ou "sans volonté", mais parce que nous nous y prenons mal. N'est-ce pas une bonne nouvelle ?

Se montrer plus rusé que la motivation

BJ Fogg y insiste : il n'est pas question de renoncer à nos rêves, certainement pas ! Mais il faut le faire correctement. Commençons par rappeler la distinction entre :

L'aspiration (ce que je veux, vers quoi je tends) ;

Le résultat (ce que j'obtiens effectivement) ;

Le comportement (ce que je mets en place pour obtenir ce que je veux).

Le comportement, vous pouvez le modifier tout de suite. Mais, par contraste, "vous ne pouvez pas réaliser une aspiration ou atteindre un résultat quand vous voulez". Pourtant, nous confondons souvent ces trois concepts.

Un comportement engage une action spécifique. Cela signifie aussi réorienter le questionnement du "pourquoi" vers le "comment". Ne vous demandez pas pourquoi "manger mieux", par exemple, mais "comment" !

Voici les 3 étapes préconisées par la conception comportementale de BJ Fogg :

Mettre ses aspirations au clair ;

Explorer les options comportementales ;

Choisir des comportements spécifiques adaptés.

Dans un premier temps, prenez le temps de savoir ce que vous voulez changer (par exemple, réduire votre taux de stress). Dans un deuxième temps, brainstormez autour des manières de modifier votre comportement (par exemple : jardiner, faire du yoga, etc.).

Pour la troisième étape, voici ce qu'il convient de faire.

Comment trouver la meilleure nouvelle habitude ?

Nous avons souvent de mauvaises méthodes pour changer d'habitudes. Nous y allons soit :

Au pif, sans méthode ;

En cherchant l'inspiration sur Internet ;

En suivant le conseil d'un ami ou ce qui a fonctionné pour lui.

Il est préférable de voir ce qui est véritablement adapté à notre situation. Lorsque nous avons exploré les options possibles, nous pouvons sélectionner celle qui conviendra le mieux à notre situation présente — autrement dit, celle qui sera la plus facile à mettre en place.

BJ Fogg donne le nom de "comportement en or" aux "associations comportementales" les plus efficaces (celles qui rencontrent le mieux vos objectifs, votre aptitude et votre situation actuelle).

Plan ciblé

C'est le nom donné par l'auteur à sa méthode pour trouver des "comportements en or". Elle est composée de plusieurs "rounds" et elle se joue avec des cartes à placer sur un graphe composé de deux axes :

OUI/NON j'arrive/n'arrive pas à adopter ce comportement ;

Comportement à forte/faible incidence (très ou peu efficace).

Tous les comportements trouvés à l'étape 2 de conception comportementale trouveront leur place dans ce graphe (chacun d'entre eux étant représenté par une carte ou un post-it). C'est le premier round.

Dans le deuxième round, vous devez réfléchir à la faisabilité de chaque option. Est-ce que vous êtes prêt à vous "forcer" à faire l'action requise ? Il faut bien y réfléchir, notamment en prenant en compte votre aptitude à faire la chose souhaitée.

Pour résumer :

"Le but du plan ciblé, c'est de trouver les tâches faciles qui vous correspondent, que vous avez déjà envie de faire et qui sont efficaces pour atteindre vos aspirations." (Changer sa vie, Chapitre 2)

Petits exercices d'entraînement à la conception comportementale

Trouver un raccourci dans l'association comportementale ;

Trouver ses comportements en or à l'aide d'un plan ciblé.

3 — L'aptitude : privilégier la facilité

Avancer en "risquant tout" peut paraître plus efficace, mais cela ne l'est pas nécessairement. Certes, des actes radicaux, voire héroïques, sont parfois nécessaires. Mais la méthode des Petites Habitudes, elle, fonctionne très bien au quotidien. En fait, commencer petit est à la fois plus stable et plus durable.

Créer des habitudes en fonction des aptitudes

Faire 20 pompes tous les matins, cela n'est pas facile. En faire 2, en revanche, semble faisable. Alors, pourquoi ne pas commencer par là ? Cette action a beaucoup plus de chances de devenir une habitude.

"Quand on cherche à prendre une nouvelle habitude, on cherche avant tout la régularité. Pour atteindre ce résultat, la simplicité est essentielle ; où, selon la formule que j'enseigne à mes étudiants : c'est la simplicité qui change le comportement." (Changer sa vie, Chapitre 3)

Certains éléments déterminent l'aptitude (la capacité à faire quelque chose) :

Le temps ;

L'argent ;

Le physique ;

L'énergie mentale ou créative ;

La routine préexistante.

L'ensemble de ces caractéristiques forme ce que BJ Fogg nomme la "chaîne d'aptitude". Or, cette chaîne ne tient bon que par son maillon le plus faible.

Lorsque vous vous demandez si ce comportement sera difficile à faire pour vous (c'est ce que l'auteur nomme "la question initiale"), décomposez la chaîne d'aptitude et interrogez-vous sur la partie la plus compliquée pour vous (le maillon le plus faible).

Ensuite, demandez-vous ("question avancée") : "comment puis-je rendre la chose plus facile ?". Il n'existe que trois réponses possibles à cette question :

Accroître ses compétences (personne) ;

Rendre la tâche plus petite (action) ;

Obtenir des outils et des ressources (contexte).

Concevoir vos propres Petites Habitudes

Concevoir de Petites Habitudes passe par un mélange de ces trois ingrédients. Ceux-ci vous permettront de solidifier votre aptitude à agir et donc à changer. L'auteur explique comment il a réussi à faire 20 pompes par jour… en commençant par en faire seulement 2 !

Pour rendre un comportement plus facile, posez-vous les questions suivantes :

Êtes-vous suffisamment motivé pour apprendre de nouvelles compétences ?

Êtes-vous suffisamment motivé pour vous procurer les bons outils et ressources ?

Pouvez-vous revoir les choses à la baisse pour rendre votre comportement plus petit ?

Êtes-vous capable de trouver une première étape à votre comportement ?

Pour que vos bonnes habitudes durent, il faut qu'elles soient faciles. Et qu'elles ne mènent pas tout droit à la culpabilité. Ce n'est pas la perfection qui est ici recherchée, mais la régularité.

Le modèle gagnant : changer de comportement grâce à la simplicité

BJ Fogg remarque que les grandes entreprises du numérique — Google, Amazon, Slack ou Instagram — ont commencé en proposant quelque chose de très simple à leurs clients. Ce n'est qu'une fois que leur application était entrée dans les mœurs qu'ils ont ajouté des fonctionnalités.

Faites de même dans votre vie ! Ne compliquez l'habitude qu'une fois qu'elle sera intégrée à votre routine quotidienne.

À noter : pour le cas des choses importantes à faire, mais qui impressionnent (et pour lesquelles vous procrastinez), pensez à amorcer la première étape, rien de plus. Vous devez faire des examens médicaux ? Commencez par noter le numéro du médecin à contacter et à le garder près de vous.

Vous voulez en savoir plus sur le concept de procrastination, lisez En finir avec la procrastination !

Petits exercices pour rendre une habitude plus facile à faire

Il s'agit d'un exercice en deux parties :

Analyse d'une habitude difficile ;

Conception d'un moyen de rendre l'habitude plus facile.

4 — Les impulsions : le pouvoir de l'après

Souvent, nous agissons sans y penser. Ce sont les impulsions (en partie) qui sont à la manœuvre ! Sans elles, nous n'agissons pas. Mais il faut que ces impulsions soient combinées à l'aptitude et à la motivation.

Cela nous amène à la cinquième étape de la conception comportementale : trouver une bonne impulsion.

Celle-ci est un élément absolument crucial. À la différence des deux autres (aptitude et motivation), l'impulsion fonctionne en mode "on/off". Soit elle est là, soit elle n'est pas là. Il n'y a pas de degrés.

Une approche systématique aux impulsions

Ne laissons pas les impulsions au hasard. Pour créer des impulsions efficaces, revoyons le bonhomme PAC.

Personne = l'impulsion vient de nous (par exemple, les besoins naturels).

Contexte = elle vient de quelque chose dans l'environnement (par exemple un son, etc.).

Action = l'impulsion vient d'une routine préexistante.

L'auteur recommande de choisir un "point d'ancrage" pour enclencher la nouvelle habitude. Par exemple :

La portière de la voiture claque lorsque votre fille sort de la voiture pour partir à l'école (point d'ancrage dans une routine et dans le contexte) ; dès ce moment, vous vous garez quelque part et notez sur un post-it une action clé à accomplir pour votre projet (petite action).

Vous allez faire pipi tous les matins (point d'ancrage dans une routine existante et un besoin naturel) ; directement après, vous faites 2 pompes (petite action).

C'est la recette des Petites Habitudes ! Pour en savoir plus et découvrir de nouveaux exemples, consultez le site du livre, TinyHabits.com.

Identifier ses points d'ancrage

Nous avons tous des habitudes, quelle que soit la vie que nous menons. Souvent, nous avons plus de routines installées le matin. C'est donc un bon moment pour en ancrer une nouvelle.

Par exemple, ce pourrait être :

"Dès que j'ai posé le pied par terre, je…"

"Dès que j'ai ouvert le robinet de douche, je…"

Ou encore "Dès que j'ai lancé la cafetière, je…"

"Dès que j'ai vidé ma boîte mail, je…"

Etc.

Voici maintenant une série d'exemples de routines du soir qui pourraient vous servir :

"Dès que j'ai passé la porte en rentrant du travail, je…"

"Dès que je me suis assis pour manger, je…"

Ou bien "Dès que j'ai posé la tête sur l'oreiller, je…"

Etc.

À quel moment puis-je insérer ma nouvelle habitude dans ma journée ?

Pour ce faire, vous devrez penser à :

L'endroit qui convient ;

La fréquence ;

Le thème/but (calme, boulot, etc.).

L'ensemble ancrage - nouvelle action doit correspondre au niveau de ces trois données. Si votre point d'ancrage est à la cuisine, vous devez pouvoir y faire votre nouvelle action. Pour une Petite Habitude quotidienne, choisissez un point d'ancrage qui a lieu tous les jours.

Enfin, évitez de créer une trop grande différence entre les deux actions au niveau de leur but. L'unité ne doit pas être parfaite, mais elle doit faire sens pour vous. Par exemple, si le café stimule votre imagination, utilisez votre première tasse comme point d'ancrage pour noter vos idées, etc.

Il est bon d'expérimenter ! Retenez qu'il s'agit bien de "recettes". Prenez donc le temps de voir ce qui fonctionne pour vous et adaptez vos Petites Habitudes à votre situation personnelle.

Peaufiner son point d'ancrage avec la méthode du bord de fuite

Qu'est-ce que c'est que le "bord de fuite" ? C'est simplement le moment le plus précis que vous puissiez trouver pour créer votre point d'ancrage. Plutôt que de dire "quand je rentre du travail", dites "dès que j'ai enlevé ma veste et mes chaussures", par exemple. Vous voyez l'idée ?

Cette méthode a pour but d'aider celles et ceux qui ont des difficultés à démarrer leur action. De cette façon, vous avez un moment très précis sur lequel vous pouvez focaliser votre attention.

Technique avancée : commencer par le point d'ancrage

Vous pouvez également fonctionner à l'inverse de ce que nous avons vu en vous posant la question suivante : Que puis-je faire après une habitude existante ? Quelle Petite Habitude puis-je ajouter à la chaîne ?

Pour ce faire, demandez-vous simplement quelle est l'habitude qui pourrait venir se greffer le plus naturellement à un point d'ancrage.

Les habitudes "en attendant"

Pendant que vous attendez quelque chose (que l'eau chauffe, que le bus arrive, etc.), vous pouvez également placer de Petites Habitudes.

La particularité de ces habitudes est qu'elles resteront petites (elles n'auront pas vocation à évoluer vers des routines plus développées), puisque ce sont souvent de très courtes plages horaires. Mais petit ne veut pas dire faible ou impuissant… Au contraire, ces micro-habitudes peuvent réellement faire la différence.

Les meilleures impulsions pour vos clients

Ces techniques d'ancrage peuvent être utilisées en marketing (social ou non) pour créer des habitudes. À l'heure actuelle, ce sont surtout les impulsions de contexte ou de personnes qui sont employées.

Mais BJ Fogg prédit que les impulsions d'action vont devenir de plus en plus déterminantes. Pour cela, vous devrez interroger vos clients et analyser les résultats pour trouver les points d'ancrage les plus utilisés pour utiliser votre produit/service.

Les habitudes nacrées : faire du beau avec ce qui nous agace

Vous pouvez également utiliser un point d'ancrage "énervant" et le transformer en une bonne habitude. Un bruit vous dérange, mais vous ne pouvez rien y faire (ou il sera compliqué de le modifier) ? Pourquoi ne pas le transformer en point d'ancrage pour une habitude ?

Prenons l'exemple de l'auteur : chaque nuit, il se réveille au bruit de "clic" de l'air conditionné. Son idée : à chaque "clic", détendre son visage et son cou pour faciliter son sommeil. Résultat : ce qui était énervant devient le prétexte à autre chose, à savoir une aide pour dormir.

Petits exercices pour trouver des points d'ancrage à vos nouvelles habitudes

Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :

Trouver ses points d'ancrage ;

Créer des recettes de petites habitudes à partir d'une liste d'habitudes préexistantes ;

Créer des habitudes nacrées pour gérer les éléments irritants de votre vie.

5 — De l'émotion naissent les habitudes

Nous en arrivons à l'étape 6 de la conception comportementale : celle de la célébration. ressentir une émotion positive à l'issue de la réalisation d'une nouvelle action va considérablement aider à la stabiliser.

"Quand on célèbre pour de vrai, on active la partie du cerveau qui gère la récompense. En se sentant bien au bon moment, on pousse son cerveau à reconnaître et encoder la séquence comportementale qu'on vient de réaliser. En d'autres termes, on peut pirater son cerveau pour qu'il crée une habitude en célébrant et en s'autostimulant." (Changer sa vie, Chapitre 5)

Les expériences positives renforcent les habitudes

Lorsque vous parvenez à faire quelque chose, vous en ressentez une satisfaction. Cela vous amène à vouloir reproduire cette sensation ou cette émotion agréable. Ce mécanisme est décisif pour créer des habitudes.

Les émotions engendrent de nouvelles habitudes

Si les émotions sont positives, les habitudes peuvent s'ancrer très vite. "En fait, certaines habitudes semblent prendre instantanément", affirme même BJ Fogg. Donnez un téléphone mobile à un adolescent et vous verrez qu'il ne faudra pas s'y reprendre à deux fois !

La décision et l'habitude s'opposent sur ce point. Lorsque vous décidez, vous délibérez. Quand vous prenez une habitude, vous "n'y pensez plus" ; c'est l'émotion qui a pris le contrôle et qui vous dicte votre conduite.

L'auteur propose un schéma qu'il nomme le "spectre de l'automaticité". Est-ce que vos actions/comportements sont plus ou moins automatiques ? Plutôt du côté des habitudes intégrées une fois pour toute, ou des décisions à reprendre chaque matin ?

BJ Fogg donne de nombreux exemples et insiste sur le fait que nous ne sommes pas impuissants face à la chimie de notre cerveau (et à nos mauvaises habitudes). Nous pouvons la détourner à notre profit.

Pourquoi la célébration est la meilleure méthode pour bâtir une habitude

"La célébration reste le meilleur moyen de créer un sentiment positif qui permet d'enraciner de nouvelles habitudes. C'est gratuit, rapide, et accessible à toutes les personnes, indifféremment de leur couleur de peau, taille, forme, revenu ou personnalité. De plus, la célébration nous apprend à être gentils envers nous-même ; une compétence qui rapporte gros." (Changer sa vie, Chapitre 5)

BJ Fogg préfère parler de célébration plutôt que de récompense, un mot selon lui trop galvaudé. Pour l'auteur, il importe que la célébration ait lieu directement après l'action nouvelle (et pas plus tard, comme beaucoup de récompenses). Plus nous prendrons l'habitude de le faire, et plus nous améliorerons notre confiance en nous-mêmes de façon générale.

Deuxième maxime de Fogg

La première maxime de Fogg était : "Aidez les gens à faire ce qu'ils ont déjà envie de faire." Voici la seconde :

"Aidez les gens à obtenir un sentiment de réussite." (Changer sa vie, Chapitre 5)

Cela vaut surtout pour les coachs de vie formés à la conception comportementale. Mais si vous pratiquez la méthode des Petites Habitudes par vous-même, vous pouvez, de votre propre chef, vous aider à obtenir ce sentiment de réussite.

Comment célébrer à la manière des Petites Habitudes

Selon la méthode prônée par l'auteur, la célébration doit avoir lieu immédiatement après l'action. Elle doit aussi être suffisamment intense ou authentique pour vous convaincre. Par exemple, dire "Génial !" en fermant les poings après avoir réalisé deux pompes peut suffire.

Mais certains trouvent cela stupide ou gênant. Si c'est votre cas, il vous faudra expérimenter d'autres options. Peut-être qu'une validation tacite, discrète, suffira (pour peu qu'elle soit sincère). Explorez ! Trouvez vos manières de célébrer vos réussites.

Trouvez ce qui sonne "juste" pour vous. Comment le savoir ? Grâce à ce sentiment de "rayonnement" qui émanera de vous, cette fierté que vous avez déjà ressentie, par exemple, lorsque vous avez réussi un examen ou cuisiné un plat excellent.

Un moyen rapide d'éprouver la réussite

Souvent, nous sommes très exigeants envers nous-mêmes — trop. En conséquence, nous considérons que nous n'avons pas à nous congratuler pour de petites choses. C'est une grave erreur pour BJ Fogg.

Selon lui, nous devrions revoir nos attentes à la baisse et accepter que la célébration soit une compétence qui se travaille, et que nos efforts — mêmes petits — méritent bel et bien d'être choyés.

Parmi les nombreux conseils qu'il donne, voici quelques astuces pour arriver plus facilement à se célébrer :

Faire participer un enfant (ils sont naturellement doués pour vous faire ressentir une émotion sincère) ;

Effectuer un geste physique (sourire, poing levé, etc.) ;

À l'instant de la célébration, imaginer que vous encouragez quelqu'un que vous aimez, un proche.

Une solution surprise à deux problèmes d'habitudes

Voici deux questions souvent posées :

Comment ancrer l'habitude rapidement dans le cerveau ?

Comment faire pour ne pas oublier d'effectuer une tâche ?

La réponse de BJ Fogg : répéter la séquence comportementale (la nouvelle habitude) avec la célébration entre 7 et 10 fois. Et répétez cela plusieurs fois si nécessaire. "C'est en forgeant qu'on devient forgeron", dit le proverbe. Il en va de même pour nos habitudes !

La célébration est un pont qui mène des Petites Habitudes au grand changement

L'auteur n'y va pas pas quatre chemins :

"La célébration sera un jour classée, au même titre que la pleine conscience et la gratitude, comme une des pratiques quotidiennes qui contribuent le plus à notre bonheur et notre bien-être." (Changer sa vie, Chapitre 5)

Comme la pratique de la gratitude ou de la pleine conscience, la célébration de vos réussites peut mener à de profonds changements dans votre existence. C'est ce que BJ Fogg raconte avec l'exemple de Linda (à retrouver dans la dernière partie du chapitre).

Petits exercices pour ressentir le rayonnement

Voici les exercices proposés à la fin de ce chapitre :

Trouver différents modes de célébration ;

Essayer la méthode des célébrations en rafales ;

Se rappeler qu'on change lorsqu'on se sent bien.

6 — Cultiver ses habitudes : d'un changement minuscule à profond

Nous ne pouvons pas changer complètement du jour au lendemain (ou très rarement). Il faut plutôt envisager le changement comme un processus qui requiert du soin et de la patience.

Grandir et proliférer

BJ Fogg distingue entre deux types de développement d'habitudes. Il y a selon lui les habitudes qui grandissent et celles qui prolifèrent.

Grandir signifie ici prendre en intensité : vous méditez 30 minutes et non plus 3, vous rangez toute la cuisine au lieu de vous concentrer sur le plan de travail, etc.

Proliférer désigne créer des répercussions en chaîne : le rituel Maui (par exemple) vous donne de l'énergie pour réaliser une deuxième action, et ainsi de suite.

Nous avons tous, dans notre "jardin", des habitudes qui grandissent et d'autres qui prolifèrent. À partir d'une seule aspiration (par exemple courir un marathon), vous allez développer des habitudes grandissantes (marcher tous les jours) et proliférantes (mieux manger).

La dynamique de la croissance

La réussite entraîne la réussite, nous l'avons vu plus haut. Même de petites réussites peuvent nous mener vers les sommets, car c'est le sentiment en lui-même qui compte. C'est ce que BJ Fogg nomme l'"élan de la réussite". Ici, l'important, c'est la fréquence, pas la taille.

Comment créer ce changement à long terme auquel vous aspirez ? L'une des premières techniques consiste naturellement à évacuer les éléments démotivants. La peur est l'un d'eux et celle-ci grandit quand nous avons l'impression de "mal" effectuer une action (diriger une réunion, par exemple).

Les compétences du changement

Il est possible d'apprendre à changer, c'est-à-dire d'acquérir les compétences nécessaires pour provoquer vous-même les modifications que vous souhaitez dans votre existence.

BJ Fogg en distingue 5 ou plutôt 5 ensembles de compétences essentielles au changement :

Création comportementale = être capable de distinguer, de "designer" et d'organiser des habitudes ;

Connaissance de soi = savoir ce que nous voulons vraiment.

Traitement de l'information = reconnaître le bon moment pour faire évoluer une habitude ;

Gestion du contexte = redéfinir son environnement pour faciliter le développement des habitudes.

Mentalité = l'attitude face au changement.

Ne vous contentez pas de lire ce livre : mettez en pratique les compétences du changement

Il n'est pas nécessaire de maîtriser toutes les compétences citées par BJ Fogg pour aller de l'avant. Vous pouvez très bien commencer avec celles que vous avez et développer les autres petit à petit.

Un coach de vie, de préférence formé à la conception comportementale, peut également vous aider à progresser plus rapidement, puisqu'il maîtrisera des compétences dont vous ne disposez pas encore et les mettra à votre service. Mais cela n'a rien d'obligatoire !

Exercices liés aux compétences du changement

Voici les exercices liés à ce chapitre :

Apprendre des compétences que l'on maîtrise déjà ;

S'entraîner à la création comportementale ;

Développer une compétence liée au contexte ;

Développer une compétence liée au traitement de l'information ;

Faire croître une compétence en lien avec la mentalité ;

Faire croître une compétence en lien avec la connaissance de soi.

7 — Se défaire des mauvaises habitudes : une approche systématique

Pour explorer la question des mauvaises habitudes, BJ Fogg utilise l'exemple d'une personne accro au sucre. Il montre comment, touche après touche, celle-ci a réussi à faire sa "glucose révolution", comme dirait Ingrid Inchaupsé.

Le plan directeur du changement comportemental

Le plan proposé par l'auteur se découpe en 3 phases :

Se concentrer sur la création de nouvelles habitudes ;

Puis se concentrer sur l'arrêt de l'ancienne habitude (la mauvaise) ;

Enfin, si nécessaire, remplacer l'ancienne habitude par une nouvelle.

Cela paraît simple et un peu "bâteau" dit comme ça, mais ce n'est pourtant pas ce que nous faisons … d'habitude ! En règle générale, lorsque nous voulons supprimer une mauvaise habitude, nous commençons par la supprimer purement et simplement.

Mais cela crée un vide et de l'angoisse qui vont nous ramener illico presto vers le comportement problématique ! Créer de nouvelles habitudes saines avant permet de remplacer les mauvaises en douceur et sans sentiment de perte.

Vous voulez en savoir plus ? L'auteur détaille chaque phase en détail. Par exemple, pour la phase 2, il montre qu'il importe d'être précis en distinguant l'habitude générale des habitudes spécifiques qui viennent "entourer" celle-là. Illustrons le propos :

Habitude générale : vous mangez trop de cochonneries.

Habitudes spécifiques : vous achetez votre petit déjeuner à la station-service, vous mangez des chips en regardant la télé le soir, vous buvez du soda au déjeuner, etc.

À partir de cette liste, vous commencerez par la chose la plus facile à supprimer, puis vous continuerez jusqu'à avoir une alimentation saine, peu à peu, un pas à la fois, quand vous prendrez progressivement confiance en vous.

Se focaliser sur l'impulsion pour se défaire d'une habitude

Pour supprimer une mauvaise habitude, vous pouvez chercher à évacuer l'impulsion qui la maintient présente à votre esprit.

L'exemple type est celui du smartphone. Si vous voulez arrêter de le consulter au travail ou avant d'aller dormir, éloignez-le, ou, à minima, éteignez les notifications ou mettez-le en mode avion.

Redéfinir l'aptitude afin de se défaire d'une habitude

Il est également possible de jouer sur l'aptitude. Comment ? En jouant sur la chaîne d'aptitude (voir le chapitre 3), c'est-à-dire en augmentant un ou plusieurs de ces facteurs :

Le temps nécessaire pour réaliser votre mauvaise habitude ;

L'argent dont vous avez besoin (l'État pratique cette technique en jouant sur le prix des cigarettes, par exemple) ;

Le niveau d'effort physique nécessaire ;

L'effort mental requis ;

Ou en faisant en sorte que votre mauvaise habitude entre en conflit avec une routine existante.

Ajuster la motivation pour se défaire d'une habitude

Nous voulons souvent commencer par là. Pourtant, ce n'est pas le plus simple — et cela peut même être très compliqué.

"C'est pourquoi on essaye de ne pas toucher à la motivation quand on peut régler le problème via l'impulsion ou l'aptitude. On ne s'en occupe que lorsque les étapes précédentes n'ont pas fonctionné." (Changer sa vie, Chapitre 7)

Première option : réduire sa motivation en passant par d'autres trucs. Perdre la motivation à boire le soir en méditant quelques minutes avant de rentrer à la maison ou en écoutant de la musique calme, par exemple.

Deuxième option : ajouter un élément démotivant pour se défaire d'une habitude. Ce n'est pas la voie que recommande BJ Fogg, car cela donne des sentiments négatifs et crée un sentiment de pression.

Revoir le changement à la baisse

C'est la dernière méthode pour supprimer une mauvaise habitude. Si les autres n'ont pas fonctionné, ne vous torturez pas. Diminuez progressivement le temps passé à faire l'action et/ou diminuez-en l'intensité.

Tout ce qui précède concerne la phase 2 de l'arrêt d'une mauvaise habitude. Dans la suite du chapitre, BJ Fogg traite de la question du remplacement de la mauvaise habitude par une bonne habitude (phase 3).

Si rien n'a fonctionné jusque-là…

Enfin, il insiste encore une fois sur le fait qu'il ne sert à rien de se culpabiliser. Il est normal de devoir expérimenter pour trouver la méthode qui fonctionne pour nous. Si vous n'êtes pas parvenu à mettre en œuvre le changement, modifiez vos habitudes de substitution et faites des tests.

Considérez aussi ce que BJ Fogg nomme "la beauté du chamboulement". Tout d'abord, c'est une joie de voir que nous avons réussi à transformer nos vies et à ouvrir de nouveaux créneaux dans nos horaires pour des routines plus saines.

Ensuite, voyez plus grand. Prenez en compte l'aspect social du chamboulement. En modifiant vos habitudes, vous participez à améliorer la vie de votre famille et même, peut-être, de votre communauté.

"La conception comportementale n'est pas une quête solitaire. Chaque comportement que l'on façonne, chaque changement que l'on entreprend, est une goutte de plus qui vient se propager à la surface de l'étang. On façonne par la même occasion nos familles, nos communautés et notre société à travers nos actions, et elles nous le rendent bien. Les habitudes que nous prenons et que nous perpétuons ont une importance." (Changer sa vie, Chapitre 7)

Petits exercices pour s'entraîner à supprimer ou remplacer une habitude

Quels exercices pouvez-vous faire ? Voici les derniers conseils de BJ Fogg :

S'entraîner à créer un essaim de comportements pour se défaire d'une mauvaise habitude ;

S'entraîner à supprimer une impulsion pendant une journée ;

Enfin, s'entraîner à remplacer une habitude et célébrer pour ancrer la nouvelle.

8 — Comment changer ensemble

BJ Fogg prend l'exemple d'une famille dans laquelle l'un des enfants pose problème. À 21 ans, il vit chez ses parents et ne fait rien. Rien ne semble le motiver et il paraît complètement indifférent aux besoins des autres membres de la famille.

Pourtant, l'auteur montre que la conception comportementale a aidé le père, Mike, à trouver des façons de changer les choses, peu à peu. Progressivement, son fils, Chris, a repris sa vie en main, permettant ainsi à la famille de retrouver son équilibre.

Concevoir le changement en groupe

La méthode des Petites Habitudes fonctionne pour transformer les familles, les équipes de travail ou tout autre type de groupe. Pour commencer, souvenez-vous de la première maxime de BJ Fogg : "aidez les gens à faire ce dont ils ont déjà envie".

Demandez-vous quels sont les objectifs de votre fils, de votre conjoint ou de vos collègues. C'est par là que vous devrez commencer. En s'ouvrant à un premier changement qui leur plaît, ils mettront en marche un mécanisme plus général de modification du comportement et seront prêts à vous écouter.

Autrement dit, vous aurez appliqué la seconde maxime : "Aidez les gens à obtenir un sentiment de réussite". C'est par là que vous pourrez les convaincre d'en faire un peu plus pour vos propres objectifs (et non pas en les culpabilisant).

Comment changer ensemble

L'auteur présente deux façons de changer en groupe et utilise deux figures pour ce faire :

Le meneur y va franchement et propose de suivre la méthode des Petites Habitudes ;

Le ninja s'y prend plus subtilement en appliquant la méthode sans que les autres ne le sachent.

Processus de conception pour un changement collectif

Voici le résumé de la méthode proposée par BJ Fogg :

Clarifier ses aspirations ensemble ;

Explorer les options comportementales ensemble ;

Choisir des comportements spécifiques adaptés à son groupe ;

Rendre le comportement en or facile à faire pour tout le monde ;

Trouver une bonne impulsion au comportement en or ;

Célébrer la réussite pour ancrer l'habitude ;

Résoudre les problèmes et répéter ensemble.

Vous le voyez, c'est toute la méthode des Petites Habitudes qui peut être adaptée à la dynamique de groupe. BJ Fogg expose, pour chaque étape, comment agir en tant que meneur ou en tant que ninja.

Il illustre ensuite sa méthode au travers de 2 récits inspirants :

Changement familial et troubles de l'apprentissage ;

Baisser le niveau de stress à l'hôpital.

Petits exercices pour améliorer les compétences du changement d'un groupe

Voici enfin les exercices supplémentaires proposés en fin de chapitre :

Partager les bases de la conception comportementale ;

Résoudre un problème ensemble à l'aide de la conception comportementale ;

Mettre tout le monde d'accord sur le comportement à changer.

Conclusion — Les petits changements qui changent tout

"Les petits ruisseaux font les grandes rivières" : ce dicton connu s'adapte parfaitement à la conclusion de ce livre. BJ Fogg montre qu'il voit grand et qu'il voudrait diffuser au maximum sa méthode.

Celle-ci permet de réaliser de grands changements au niveau individuel, mais aussi, pense-t-il, au niveau social. Pour le démontrer, il utilise plusieurs histoires personnelles, dont certaines très touchantes à propos de son neveu, décédé trop jeune.

Serez-vous prêt à le suivre et à mettre en place la conception comportementale dans votre vie quotidienne, à rêver grand, tout en commençant petit ?

Conclusion sur « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg :

Ce qu’il faut retenir de « Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes » de BJ Fogg :

Ce livre est un véritable manuel indispensable pour toute personne intéressée à la mécanique du changement de comportement. Il est non seulement très bien écrit, mais beaucoup plus poussé que les autres ouvrages sur le sujet.

Retenez les 7 étapes de la conception comportementale, c'est-à-dire le cœur de la méthode des Petites Habitudes de BJ Fogg :

Clarifier ses aspirations ;

Explorer les options comportementales ;

Choisir des comportements spécifiques adaptés ;

Commencer petit ;

Trouver une bonne impulsion ;

Célébrer sa réussite ;

Analyser les problèmes, itérer et se développer.

Les trois premières étapes concernent le choix (1-3), tandis que les deux suivantes (4 et 5) concernent la conception proprement dite et l'implémentation (6 et 7) des nouvelles habitudes.

Points forts :

Un auteur professeur d'université à Stanford ;

Des théories et expériences à l'appui de la méthode proposée  ;

De nombreux exemples issus de la vie personnelle et professionnelle de l'auteur ;

Un livre de chevet à garder avec soi dans toutes les étapes de son changement !

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 04 Apr 2024 17:00:00 +0200 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12819/Changer-sa-vie-la-mthode-des-Petites-Habitudes
Les 8 lois de l’amour http://www.olivier-roland.fr/items/view/12810/Les-8-lois-de-lamour

Résumé de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty : un manuel de sagesse en matière d'amour pour tous ceux et celles qui souhaitent ardemment trouver l’amour, mais aussi tout faire pour le garder et même parvenir à surmonter les ruptures — en s’acceptant davantage et en s’ouvrant au monde !

Par Jay Shetty, 2023, 368 pages.

Titre original : « 8 Rules of Love  », 2023

Chronique et résumé de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty

Qui est Jay Shetty ?

Né en 1987 à Londres, Jay Shetty a bénéficié d'une éducation de classe moyenne. Bien que ses parents soient d'origine indienne, il n'a pas été élevé dans la religion hindoue. À l'âge de 18 ans, il a intégré la Cass Business School de Londres pour se consacrer à des études de gestion et de sciences du comportement.

Il délaisse toutefois la carrière dans le monde des affaires pour embrasser la vie monastique en tant que moine hindou. Entre 2010 et 2013, il réside dans un ashram, un monastère hindou situé à Mumbai, en Inde.

Durant cette période, il se plonge dans l'étude approfondie des textes sacrés hindous — en particulier dans les Védas (écrits anciens pratiques). Même après avoir quitté l'ashram, Jay Shetty persévère dans ses études et accumule de cette façon une profonde connaissance de ce domaine.

Cette conversion vers la vie monastique et l'hindouisme est en grande partie due à sa rencontre avec Gauranga Das, un moine hindou, alors qu'il était encore à l'université. Plus tard, à Mumbai, celui-ci le convainc qu'"il serait de plus grande valeur et de plus grand service s'[il] quittait l'ashram et partageait ce que [il avait] appris avec le monde".

Il décide donc de quitter l'ashram et de réorienter sa carrière de coach vers l'enseignement pratique de la pleine conscience et de la sagesse hindoue et orientale.

Son premier livre, Think Like a Monk: Train Your Mind for Peace and Purpose Every Day, décrit la transition qui s'est produite dans sa pensée lorsqu'il souhaitait « s'immerger dans l'état d'esprit du moine » (Shetty, Jay. Pensez comme un moine, Guy Trédaniel Éditions, 2020).

Désormais, Jay Shetty est coach de vie. Mais pas seulement ! Depuis 2019, il anime également le podcast On Purpose. Ses livres, ses vidéos en ligne et ses cours ont beaucoup de succès et il forme même, désormais, d'autres coaches aux techniques orientales qu'il a apprises lorsqu'il était moine.

L'auteur s'est marié en 2016. Il fait régulièrement référence à cette relation tout au long du livre que nous allons lire maintenant.

Introduction

Commençons par une analogie. Imaginons un dialogue entre un enseignant et un élève au sujet du soin d'une fleur. L'attraction physique ressemble à une fleur coupée et placée dans un vase. Par contraste, l'amour ressemble à une fleur dans le sol, qui reçoit de l'eau et des nutriments grâce à ses racines.

La fleur dans le vase va rapidement se faner. Mais celle qui vit en pleine terre est fragile elle aussi. Il lui faut des soins et une attention constante pour se maintenir vivace.

Mettre l'amour en pratique

Jay Shetty a décidé d'écrire Les 8 lois de l'amour pour aider les gens à apprendre à aimer grâce aux idées contenues dans les Védas. Mais ce n'est pas tout : comme nous le verrons, l'auteur appuie également ses propos sur des études scientifiques et en particulier sur la recherche contemporaine en psychologie.

Alors, qu'ont à nous dire les enseignements des Védas sur le lien amoureux ? C'est ce que l'auteur se propose d'explorer. Pour lui, il importe d'abord de comprendre que l'amour est avant tout une pratique.

Nous pourrions dire aussi, comme le soutient Erich Fromm, que l'amour est un art. Dans les deux cas, l'idée est la même : l'amour requiert des gestes, des rituels, une attention et des obligations aussi. Rien ne sert "d'attendre" l'amour, il faut le construire et l'entretenir, comme si vous étiez un jardinier !

Les 4 ashrams

Il explique que les Védas caractérisent le cheminement de la vie en général à partir de 4 phases ou étapes :

Brahmacharya ashram (vie étudiante) ;

Grhastha ashram (vie du ménage) ;

Vanaprastha ashram (vie à la retraite) ;

Sannyasa ashram (vie renoncée).

Dans les 8 lois de l'amour, l'auteur applique ces principes aux domaines de l'amour. Pour lui, il y a 4 phases ou ashrams (classe ou étude).

Ces 4 ashrams sont :

Se préparer à l'amour ;

Pratiquer l'amour ;

Protéger l'amour ;

Perfectionner l'amour.

Chaque partie du livre sera liée à l'un de ces thèmes. Selon Jay Shetty, les gens traversent souvent ces étapes sans y penser, ce qui est dommage et cause bien des ennuis. L'objectif de ce livre est d'aider le lecteur à devenir pleinement conscient de ce qu'il vit. De cette façon, il aura de meilleures chances de "pratiquer l'amour" avec plus de sagesse.

Partie 1 — La solitude

La partie 1 est en corrélation avec l'ashram Brahmacharya, c'est-à-dire le stade de la vie étudiante dans les stades de la vie védique. Ici, dans Les 8 lois de l'amour, il s'agit de se préparer à la relation amoureuse.

Loi 1 : Redécouvrez la solitude

La solitude est la première étape pour apprendre à aimer. Étonnant ? Pas tellement… Souvent, la peur d'être sans partenaire nous amène à faire de mauvais choix dans notre vie romantique. En fait, "pratiquer" le fait d'être permet non seulement d'améliorer certaines compétences, mais nous aide aussi à améliorer nos relations.

La peur de la solitude

Nous pouvons nous acclimater à la solitude assez rapidement (voir les exercices "À essayer" répertoriés en fin de chaque résumé de chapitre). De nombreuses études scientifiques citées dans le livre font état des avantages de la solitude.

Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, par exemple, a montré que les adolescents qui ne développent pas de compétences créatives sont aussi ceux qui craignent le plus être seuls.

La solitude est l'antidote à l'isolement

Jay Shetty considère la solitude comme l'antidote à l'isolement. Qu'est-ce que cela signifie ? Premièrement que la solitude est une pratique choisie, qui nous permet de nous concentrer sur nous-mêmes, alors que l'isolement est une situation subie. En pratiquant la solitude, nous pouvons réapprendre à nous mettre en rapport avec autrui et, de cette façon, rompre le mauvais charme de l'isolement.

Passer de l'isolement à la solitude

Selon l'auteur, il faudrait passer par trois phases principales afin d'aller de l'un à l'autre :

Présence ;

Mal-être ;

Confiance.

Expliquons un peu ces termes.

Dans la première étape, les individus sont invités à explorer leurs attitudes et leurs croyances. L'idée est de s'assurer qu'un potentiel partenaire puisse reconnaître et apprécier ces aspects essentiels de leur personnalité.

La deuxième phase encourage à développer une aisance à être seul en testant de nouvelles activités, telles que le voyage en solitaire, par exemple. Ce processus favorise une meilleure connaissance de soi et renforce la confiance personnelle — des éléments qui contribueront à des relations amoureuses plus épanouissantes.

Enfin, la troisième étape vise à accroître la confiance personnelle dans divers domaines tels que la personnalité, la santé émotionnelle et physique, mais aussi les relations et les finances. Un exercice "À essayer" est proposé pour faire le point sur ces questions.

Les bienfaits de la solitude

Shetty souligne l'importance de la solitude dans le renforcement de l'identité. Cette force permet d'éviter la dépendance trop forte à autrui. L'auteur affirme que la solitude nous aide à prendre de bonnes décisions et à éviter des décisions trop rapides.

La solitude nous donne la force de choisir ce qui est bon pour nous-mêmes, sans nous laisser influencer, voire manipuler par autrui.

En bref, nous acquérons :

Un seul mental (moins dispersé) ;

Plus de maîtrise de soi et de patience ;

Un sentiment de complétude.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

Pour mettre en pratique ses conseils, l'auteur donne plusieurs exercices du type "À essayer" (voir plus haut). En voici les intitulés :

"Bilan" à propos de la solitude (p. 28-30) ;

"Apprenez à connaître vos valeurs" (p. 35-36) ;

"Tirez parti du temps passé seul" (p. 37-39) ;

"Identifiez le domaine dans lequel vous avez le plus envie d'évoluer" (p. 41-44).

Loi 2 : N'ignorez pas votre karma

Dans la tradition hindoue, le karma est lié à la conséquence de nos attitudes et de nos comportements. Si nous agissons de façon correcte, la réponse qui nous sera envoyée aura plus de chance d'être elle-même positive. À l'inverse, si nous agissons mal, nous risquons d'entrer dans un cercle vicieux d'actions et de réactions négatives.

Le cycle karmique

L'auteur développe l'idée d'un cycle karmique. C'est-à-dire ? Celui-ci est composé d'événements ou des idées reçues de l'enfance. Ces « impressions » ou samskaras ont un impact sur nos décisions à l'âge adulte.

À leur tour, nos choix ont des résultats positifs ou négatifs en nous et autour de nous. Cela dit, nous pouvons modifier ces événements et ces idées pour améliorer nos décisions et nos comportements actuels — et les effets qui en résultent.

Pour ce faire, nous avons d'abord besoin de comprendre et de reconnaître ces impressions et leur influence négative sur nous. "Les mêmes impressions conduisent aux mêmes choix", c'est cela le cycle karmique. Tout l'enjeu consiste à en modifier le signe : du négatif vers le positif.

Les cadeaux et failles des parents

Les samskaras, qu'on pourrait également traduire par croyances, se forment pendant l'enfance et la jeunesse, grâce (ou à cause) de l'influence des parents, bien sûr, mais aussi des films et des premières relations. Ensuite, nous avons tendance à reproduire ces modèles relationnels, sans nous en rendre compte.

Chaque famille dépose aux pieds de ses enfants des cadeaux, mais aussi des "failles". Plus tard dans notre existence, nous pouvons par exemple rechercher des partenaires qui comblent ces failles, au risque d'entrer dans une forme de dépendance affective.

Les cadeaux — valeurs positives et idéaux relationnels — sont positifs, bien sûr. Mais ils sont également susceptibles de poser problème, dans la mesure où ils peuvent nous conduire à exiger beaucoup trop d'une personne. Il faut donc être prudent et, surtout, conscient de ces forces et de ces faiblesses, pour mieux agir au quotidien et nous préparer à rencontrer l'amour.

Jay Shetty propose plusieurs exercices "à essayer" sur ces différentes thématiques (voir la liste plus bas).

La magie des films

Les films — et les chansons populaires — jouent également un rôle dans nos croyances relationnelles. L'auteur propose un exercice amusant et intéressant en vue d'identifier l'impact des films et des chansons d'amour sur nos pensées et nos façons d'agir.

Le premier amour

Il discute également de nos façons de rencontrer l'amour à l'heure actuelle. Lorsque nous sommes jeunes et que notre cerveau n'est pas encore complètement formé et stabilisé (pas avant l'âge de 25 ans environ), nous pouvons plus facilement nous comporter de façon impulsive et choisir des partenaires sur de mauvaises bases.

En s'appuyant sur les stéréotypes de la pop culture, l'auteur développe les "caractères" suivants, typiques selon lui des premiers amours difficiles :

Rebelle (celui ou celle qui casse les codes et nous emmène en dehors de notre routine) :

Indisponible (celui ou celle qui nous rejette) :

Projet (qui a besoin d'être sauvé) :

Coureur de jupons (qui ne vous sera pas fidèle bien longtemps) :

Riche (celui ou celle qui fait briller nos yeux pour d'autres raisons que lui ou elle-même, que ce soit son argent ou sa célébrité).

Il est tout aussi important d'identifier son propre rôle dans les relations passées : êtes-vous plutôt un sauveur, un dépendant ou un soutien ? N'hésitez pas à consulter également à ce sujet notre chronique sur l'analyse transactionnelle.

Pour pratiquer ces questions, l'auteur fournit un exercice de réflexion pour comprendre nos relations passées (ce que nous projetions de nous-mêmes, notamment).

Vous attirez ce dont vous vous servez pour impressionner

Jay Shetty discute ensuite de la façon dont les gens attirent ce qu'ils projettent dans le monde. Ainsi, si nous mettons en avant nos richesses ou notre beauté, par exemple, nous prenons le risque de n'être reconnus que par ces aspects-là. Ce qui est dommage, car nous sommes plus que cela.

"Nous nous vendons aux autres en mettant en avant nos richesses, mais cela n'est pas bénéfique sur le long terme. Il vaut mieux afficher notre personnalité, nos valeurs et nos objectifs véritables, afin d'être aimés pour ce qui compte le plus pour nous." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 2)

Donnez-vous ce que vous attendez d'autrui

Finalement, Jay Shetty nous rappelle que nous ne devrions pas utiliser nos partenaires pour répondre à un besoin émotionnel, mais que nous devrions y répondre nous-mêmes au préalable. Plusieurs anecdotes et exercices permettent de comprendre et d'appliquer ce point important.

Faites le point

L'auteur suggère par exemple de faire le point 3 minutes en début de journée et en fin de journée, tous les jours. C'est à ces moments clés que vous pouvez tenter de mettre en place de nouvelles routines, qui répondent mieux à vos besoins émotionnels.

Faire croître l'amour

"C'est la pratique qui fait croître l'amour. Il n'y a pas d'autre moyen." (Eknath Easwaran, cité dans Les 8 lois de l'amour, Chapitre 2)

C'est ainsi que se clôt la première partie de l'ouvrage : nous sommes invités à pratiquer tous ces exercices pour nous préparer à l'amour et continuer notre chemin.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Méditez sur votre moi jeune" (p. 59-60) ;

"Identifiez les cadeaux et les failles de vos parents" (p. 66-68) ;

"L'amour au cinéma" (p. 73) ;

"Vos rôles en couple" (p. 78-80) ;

"Réfléchir et tirer les leçons d'une relation amoureuse passée" (p. 83-84) ;

"Ce que vous mettez en avant" (p. 88) ;

"Donnez-vous ce que vous voulez recevoir" (p. 91-92).

Écrivez-vous une lettre d'amour

À la fin de chaque partie, Jay Shetty propose également une lettre d'amour particulière, ainsi qu'une suggestion de méditation guidée.

À l'issue de cette première partie, il nous invite à rédiger une lettre d'amour à nous-mêmes, afin de nous "aider à établir un dialogue avec (nous-mêmes)".

Voici les 3 autres lettres que l'auteur suggère d'écrire :

À votre partenaire (partie 2) ;

À vous-même dans les moments difficiles, comme si vous vous adressiez à un ami (partie 3) ;

Au monde (partie 4)/

Méditation pour redécouvrir la solitude

Découvrez la méditation proposée spécialement pour cette partie : la méditation de gratitude".

Et voici les 3 autres méditations proposées en fin de partie :

Renforcer la compatibilité ;

Guérir grâce à l'amour ;

Reliance.

Partie 2 — La compatibilité

Sommes-nous faits l'un pour l'autre ? Voilà la question qui préoccupe bien des couples (et des agences matrimoniales) ! Il s'agit de la question de la compatibilité des partenaires. Celle-ci est traitée à travers le lien à l'ashram de Grhastha, ou deuxième étape des étapes de la vie védique, qui implique la vie familiale ou conjugale — et qui est réinterprétée dans le livre comme l'étape de la création de la relation.

Loi 3 : Définissez l'amour avant de le penser, de le ressentir ou de l'exprimer

Cette règle souligne l'importance de savoir ce qu'est (pour vous) l'amour et de communiquer cette définition à votre partenaire. Jay Shetty raconte plusieurs anecdotes au sujet de personnes qui se sont manquées par faute d'avoir compris leurs définitions respectives de l'amour.

Ces différentes définitions peuvent être reliées à des phases amoureuses. Peut-être que vous définissez l'amour en fonction de l'une de ces phases.

Les quatre phases de l'amour

Ces 4 phases sont :

Attirance ;

Rêves ;

Difficultés et maturation ;

Confiance.

L'auteur les récupère de la tradition Bhakti et les adapte à son propos. Comme nous allons le voir, il s'agit bien de phases puisqu'il est question de passer de l'attraction initiale à la confiance, en passant par la lutte contre les rêves irréalistes et la création d'attentes réalistes.

L'attirance — Jay Shetty suggère d'utiliser la fameuse « règle des trois rendez-vous » (vue dans de nombreux films romantiques et séries américaines) pour évaluer la compatibilité d'une personne avec votre personnalité, vos valeurs et vos objectifs. Ces trois rendez-vous vous permettront de poser des questions et de vous faire une idée de la personne à qui vous avez affaire.

Les rêves — La notion d'idéalisation est également beaucoup utilisée pour caractériser cette phase. Si vous avez été amoureux ou amoureuse, vous le savez : c'est cette période où vous imaginez l'autre sous son meilleur jour et où vous forgez des ambitions irréalistes pour le couple.

Pour évacuer ces attentes erronées et partir sur de bonnes bases, il faut se donner les moyens de créer des attentes réalistes, basées sur les personnalités réelles de l'un et l'autre. Le rythme et l'habitude jouent ici un rôle essentiel. En effet, les routines et les horaires offrent la possibilité de se rencontrer autrement.

Dans le couple, nous devons discuter de nos attentes et accepter les désaccords : « la manière dont vous gérez vos différences est plus importante que la découverte de vos points communs », soutient l'auteur.

Et si vous suiviez la suggestion du psychologue clinicien Seth Meyers de ne vous voir qu'une fois par semaine au cours du premier mois de fréquentation ? Cela vous permettrait peut-être de mieux prendre le temps de le connaître avant de vous engager plus complètement. Pensez également à distribuer équitablement le temps entre amis et celui dédié à votre relation amoureuse.

Difficultés et maturation — Dans cette troisième étape des quatre phases de l'amour, les couples apprennent à grandir à partir de leurs différences. Jay Shetty utilise plusieurs anecdotes personnelles pour nous introduire plus concrètement à ce moment.

C'est à ce moment que nous nous rendons compte s'il y a des éléments de la relation qui sont trop importants et des choses qui, fondamentalement, "ne passent pas". Dans ce cas, la rupture est peut-être la meilleure solution. Mais c'est aussi la phase où les couples se solidifient, s'ils parviennent à trouver des solutions créatives à leurs différends.

Confiance — Les couples construisent la confiance à partir de leur développement commun. Celle-ci doit commencer par nous-mêmes : "nous devons être dignes de confiance", affirme Jay Shetty. Par ailleurs, nous devons la donner à notre partenaire via une saine communication et par l'intermédiaire de nos actions.

L'auteur évoque trois types de confiance.

Physique : celle-ci se produit lorsque les couples se sentent en sécurité les uns avec les autres et savent que leur partenaire est présent, aimant et a une présence positive.

Mentale : elle implique de faire confiance à leur esprit, à leurs idées et à leur prise de décision.

Émotionnelle : cette forme de confiance se produit en faisant confiance à leurs valeurs et à leur identité.

Les problèmes, s'ils sont surpassés positivement, renforcent la confiance mutuelle. Nous avons tous nos points faibles. Le fait de nous accepter et d'accepter l'autre tel qu'il est, un grand stimulateur amoureux.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Préparez-vous pour le premier rendez-vous" (p. 111) ;

"Programmez votre emploi du temps" (p. 120) ;

"La confiance au quotidien" (p. 127) ;

"Construire des rêves réalistes à deux" (p. 128-129).

Loi 4 : Votre partenaire amoureux est votre guru

Nous apprenons énormément les uns des autres dans nos relations amoureuses. Bien sûr, cela est vrai de toutes les relations.

D'ailleurs, le terme "guru" renvoie d'abord à la relation de maître à élève que Jay Shetty a forgé avec son maître lorsqu'il était moine (par ailleurs, si nous sommes des observateurs attentifs, nous pouvons aussi apprendre d'autres personnes, même quand celles-ci ne sont pas particulièrement sages).

Par contraste avec le rapport guru/élève, la spécificité de la relation amoureuse consiste dans le fait que les deux personnes jouent les deux rôles (guru/élève) en même temps. Mais elles se ressemblent par la révérence, le respect que chacun des membres de la relation éprouve pour l'autre.

Les relations amoureuses nous font grandir

Le psychologue Jeremy Dean a étudié la façon dont les gens se perçoivent et comment ils peuvent mieux se comprendre à travers le point de vue de leur partenaire. Comment agir au mieux ? Nous pouvons nous inspirer de la pratique du maître hindou : « orientation sans jugement, sagesse sans ego, amour sans attente ».

Jay Shetty soutient que les amis, la famille et les autres personnes de notre entourage ne peuvent que très difficilement faire preuve de ces trois qualités en raison de leur perspective partielle et partiale. L'amoureux, selon lui, pourrait en revanche y parvenir, car il nous connaît plus complètement.

L'auteur parle également de la « théorie de l'amélioration de soi » d'Arthur et d'Elaine Aron. Celle-ci considère que les relations améliorent l'identité personnelle en nous permettant de découvrir des choses (compétences, perspectives, traits de personnalité) qui nous font défaut.

"Notre partenaire amoureux élargit notre perception de nous-mêmes, car il nous permet d'accéder à des ressources plus grandes." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 4)

Devenir un meilleur guru

Quelles sont les qualités d'un bon guru et d'un bon disciple ? C'est l'objet du livre The Guru and Disciple Book de Kripamoya Das (l'ancien maître de Jay Shetty).

Voici les 4 conseils/caractéristiques que l'auteur donne pour être un bon guru :

Ne pas diriger, mais servir ;

Donner l'exemple ;

Soutenez ses objectifs, et pas les vôtres ;

Ni critique, ni jugement, ni insultes.

Il propose ensuite plusieurs anecdotes et un grand nombre d'exercices "à essayer" pour devenir un meilleur guru et aider, par exemple, notre partenaire à trouver ses objectifs. Le chapitre comprend aussi des analyses théoriques et des histoires sur les moines japonais afin de démontrer la nécessité de soutenir son partenaire dans son propre apprentissage.

Devenir un meilleur élève

Voici maintenant les règles à suivre pour s'améliorer en tant qu'élève. Vous devrez être… :

Ouvert d'esprit et curieux ;

Humble ;

Bon traducteur ;

Reconnaissant ;

Capable de rester vous-même !

Le dernier point est particulièrement important : l'auteur y souligne que l'amour n'est pas une relation de soumission à autrui. Il est particulièrement important de reconnaître les abus et de mettre fin à une relation de ce type. C'est notamment l'objet du livre Se libérer de l'emprise émotionnelle.

Le plus beau cadeau du guru

Jay Shetty termine ce chapitre par ces mots :

"Deux partenaires qui s'épanouissent ensemble s'aident, lentement mais sûrement, à observer, à apprendre et à grandir dans différents domaines. Le mal-être provoqué par le changement est compensé par le plaisir d'une compréhension partagée." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 4)

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Bilan : pouvez-vous apprendre et grandir auprès de votre partenaire ?" (p. 137-140) ;

"Aidez votre partenaire à découvrir ses objectifs" (p. 145) ;

"Identifiez le mode d'apprentissage de votre partenaire" (p. 146-147) ;

"Appréciez le savoir de votre partenaire" (p. 154) ;

"Présentez une nouvelle idée" (p. 155-157) ;

"Reconnaissez les compétences de votre guru" (p. 158-159).

Loi 5 : Le but de la vie avant tout

Dans un couple, est-ce que chacun doit avoir son but ? Ou bien l'objectif est-il, comme le disait Antoine de Saint-Exupéry, de "regarder dans la même direction" ? Et si les deux choses n'étaient pas nécessairement contradictoires ? Ce sont les questions qui sont explorées dans ce dernier chapitre de la deuxième partie.

En fait, pour l'auteur, les choses sont claires : pour que la relation s'épanouisse au mieux, il est important que chacun donne la meilleure version de lui-même. Or, pour ce faire, il doit être capable de son propre but.

Le dharma : votre boussole

Dans l'hindouisme, le but se dit dharma. En réalité, la notion désigne un mélange "de passion, d'expertise et de dévouement". Jay Shetty expose différents types de buts comme avoir un emploi satisfaisant, une passion, devenir parent ou bénévole dans une association, etc.

Le Dharma ne s'identifie à aucun d'eux ; il n'est pas une activité spécifique, mais la raison pour laquelle les gens font cette activité, que ce soit « pour créer quelque chose, pour connecter les gens, pour partager ce que vous avez appris, pour servir les autres ou le monde ».

L'auteur explore en détail ces différents points en citant les recherches du professeur de développement humain Anthony Burrow sur la relation entre satisfaction, objectifs et réseaux sociaux. Il relate également les débats philosophiques autour de l'hédonisme (bonheur par le plaisir) et de l'eudaimonia (bonheur de l'épanouissement personnel) et raconte une histoire bouddhiste sur le fait de se donner la priorité à soi-même.

Il propose également un schéma issu des Védas. Ceux-ci énumèrent quatre « grandes quêtes » qui forment un cycle :

Dharma (connaître le but de votre vie permet à vous-même et à votre partenaire de savoir clairement quelles sont vos valeurs et vos priorités) ;

Artha (chercher à créer une stabilité dans les domaines de la finance, de la santé et du développement personnel) ;

Kama (plaisir et lien. Il s'agit de vos relations avec autrui) ;

Moksha (se libérer du monde matériel en se reliant à l'Esprit).

Comment donner la priorité à votre dharma (la pyramide de la raison d'être)

Après avoir étudié ce point, Jay Shetty propose une « pyramide de la raison d'être » plus complexe qui a pour vocation à montrer comment nous parvenons à construire une raison d'être solide (si ce n'est déjà fait).

La pyramide de la raison d'être est composée de 5 étages :

Apprendre ;

Expérimenter ;

S'épanouir ;

Gérer ;

Gagner.

Les individus commencent en général par en apprendre davantage sur un sujet d'intérêt (1), puis ils expérimentent cette connaissance en faisant beaucoup d'essais et d'erreurs (2). S'ils persévèrent et surmontent les obstacles, ils s'épanouissent dans leur activité (3) ; cependant, pour être pleinement en possession de sa raison d'être et célébrer ses réussites (5), il faut encore être patient et gérer les surprises du quotidien (4).

Aidez votre partenaire à donner la priorité à sa raison d'être

Jay Shetty raconte plusieurs histoires visant à nous montrer comment nous pouvons soutenir notre partenaire dans sa recherche d'un objectif, puis dans son accomplissement. Il montre aussi qu'il n'est pas toujours facile d'équilibrer les différents aspects de sa vie. Brigid Schulte, une journaliste, ainsi que le pilote de voiture de course Lewis Hamilton, sont pris en exemples.

Jay Shetty insiste sur l'importance de laisser de la place à chacun dans la relation. Au cours de l'existence, les occasions de déséquilibre ne manquent pas : changement de situation professionnelle, enfants, etc. Pourtant, nous pouvons trouver les moyens de rééquilibrer la relation et de trouver des objectifs communs qui transcendent les objectifs de chacun (voir les exercices "À essayer").

Quand deux raisons d'être s'opposent

Même en faisant de notre mieux, il n'est pas toujours facile de composer avec les objectifs de l'autre, surtout quand ceux-ci s'opposent directement aux nôtres (ou les nôtres à ceux de notre partenaire). Que faire dans ces cas-là ?

L'auteur donne une série de conseils pour parvenir à un accord. Il suggère, par exemple, de donner la priorité à un objectif, puis à l'autre. L'organisation du temps est ici particulièrement importante. En cas de déséquilibre majeur, vous pouvez chercher à "rééquilibrer les dharmas" au sein du couple.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Découvrir votre raison d'être" (p. 171-173) ;

"Rencontrez un mentor" (p. 174-176) ;

"Bilan : réorganisez votre temps libre" (p. 176-178) ;

"Fixez-vous des objectifs ensemble" (p. 184-185) ;

"Régler un déséquilibre des dharmas" (p. 201-202) ;

"Échangez votre temps" (p. 205).

Partie 3 — La guérison

Dans cette partie, Jay Shetty se penche sur l'ashram de Vanaprastha. Les thèmes privilégiés sont la dispute, le pardon et la rupture.

Loi 6 : Gagnez ou perdez ensemble

Le conflit est nécessaire à un couple. Même s'il a généralement mauvaise presse, il joue en fait un rôle important. Comme l'exprime cette citation, les disputes permettent de mieux connaître l'autre.

"Les partenaires qui évitent les conflits ne comprennent pas les priorités, les valeurs ou les difficultés de l'autre. Tous les couples se disputent, ou tout du moins le devraient-ils. » (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 6)

Beaucoup de gens pensent qu'une relation "parfaite" signifie ne pas se disputer du tout, mais c'est une erreur. Nous devrions nous disputer quand cela est nécessaire, afin que les problèmes ne s'aggravent pas.

Nous devrions même aborder les conflits comme des problèmes communs. La communication non violente, dont Jay Shetty cite des exemples, est une ressource précieuse pour venir à bout des disputes de couples. En fait, l'objectif n'est pas de se vaincre l'un l'autre, mais bien de trouver une solution commune au problème.

Dans une courte section, l'auteur évoque également l'importance de ne pas confondre conflit et maltraitance. Il propose un tableau très utile pour bien différencier les deux (p. 219).

L'origine d'une dispute

Il s'intéresse ensuite à l'origine de nos disputes. Selon le Bhagavad-Gita, un texte hindou sacré, il y a trois énergies sacrées :

Celle liée à l'ignorance (tamas) ;

Puis celle liée à l'impulsivité (rajas) ;

Et enfin celle qui est liée à la bonté (sattva).

Pour Jay Shetty, ces trois énergies créent trois types de conflits :

Disputes vaines = s'emporter de manière irréfléchie, ne rien résoudre.

Rapports de force = avoir envie de l'emporter sur l'autre, la guerre des égos.

Disputes productives = chercher à comprendre, trouver une solution.

Nous n'avons pas besoin de changer ou d'assumer aucune responsabilité » (176). Un désir d'avoir raison ne résoudra pas le problème, de sorte que le chapitre comprend un exercice pour trouver l'ego et la passion dans une dispute et souligne la nécessité pour les deux personnes de voir les malentendus qui se sont produits et leur rôle en eux.

Comment avoir des disputes productives

Nous pouvons réussir à avoir des disputes plus productives si nous avons véritablement "le désir de faire équipe". Voici les conseils donnés dans cette section.

Purifier l'ego = accepter que vous soyez peut-être dans l'erreur et vous ouvrir aux raisons de l'autre ;

Diagnostiquer le fond du problème = il existe plusieurs types de conflits (intérieur, social, interpersonnel) et il importe de cerner de quel type il s'agit.

Découvrir sa forme de dispute = certains préfèrent vider leur sac, d'autres se cachent et d'autres encore explosent... Il faut le savoir et "agir" en conséquence.

Gagner ensemble

Jay Shetty propose ensuite un acronyme pour aller plus loin dans son analyse. Il propose de résoudre ensemble les conflits en utilisant les "5 E" :

Endroit et moment ;

Expression ;

Évacuation de la colère ;

Engagement ;

Évolution.

Premièrement, choisissez un endroit sûr et un moment optimal pour vous disputer. Pas toujours facile quand nous "explosons", direz-vous ! Mais c'est possible. L'auteur expose les recherches d'Art Markman, neuroscientifique, sur l'expression saine de la colère pour nous montrer comment tenter le coup.

Le terme « Expression » signifie considérer attentivement les mots dits et utiliser le mot « nous » lorsque vous abordez un problème, afin de désigner clairement sa nature commune.

La phase d'évacuation de la colère a pour objectif d'atteindre cet état d'ouverture et d'empathie sans lequel aucune résolution saine du conflit n'est possible.

L'engagement implique un accord vers le changement et la création de propositions.

Enfin, l'évolution signifie que le couple grandit du conflit en s'excusant et en assumant leurs responsabilités respectives. Cette dernière étape implique trois sous-étapes : l'acceptation, la verbalisation et l'action.

À noter : la dispute peut devenir une vraie habitude et même une sorte de cercle vicieux dans le couple. Les psychiatres Phillip Lee et Diane Rudolph montrent en effet que certains ménages peuvent devenir accros au conflit et s'enfermer dans ce schéma, sans jamais trouver de solution concrète à leurs problèmes.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Passer d'une dispute à un objectif commun" (p. 217-218) ;

"Identifiez l'ego et la passion dans le conflit" (p. 225-226) ;

"Identifiez la forme de dispute de votre partenaire et la vôtre" (p. 232) ;

"Passez un accord au sujet de votre prochaine dispute" (p. 239-240) ;

"Discuter des problèmes complexes" (p. 243-244) ;

"Écrire une lettre pour s'excuser" (p. 249-250).

Loi 7 : Lors d'une rupture, ce n'est pas vous qui vous écroulez

Jay Shetty utilise une analogie connue : la maison. Une relation amoureuse qui prend fin est comme une maison dont les murs s'effritent, puis s'écroulent. Nous avons tous des défauts, là n'est pas la question. Ce qui importe, ainsi que nous l'avons vu au chapitre antérieur, est de savoir résoudre les conflits pour qu'ils ne s'enveniment pas.

Les signes de problème

L'auteur met en exergue trois problèmes qui sont souvent la cause des ruptures :

L'infidélité ;

La perte d'intérêt ;

Le manque d'intimité (au sens large).

Jay Shetty y insiste à nouveau : la violence et toute forme de maltraitance doivent être combattues. Une personne qui subit une telle situation doit rompre le plus rapidement possible, pour son propre bien.

Nourrir l'intimité

La perte d'intimité est souvent le fruit d'un manque d'énergie mise dans la relation. Pourtant, il y a des façons de combler ce manque de connexion et de communication. D'abord, Jay Shetty conseille de faire des choses par soi-même. En parler à l'autre ajoute à la conversation ; en plus de vous nourrir vous-même, cela nourrit le couple.

D'autre part, créer ou participer à des activités communes peut également créer un sentiment d'intimité et de fierté de couple. Pourquoi ne pas prendre des cours de danse, par exemple ? Trouver des lieux où échanger renforce considérablement la relation.

L'auteur aborde en particulier trois types d'activités :

Le divertissement (aller voir un film ensemble, par exemple) ;

L'expérience (faire un voyage et en parler à son conjoint, faire du bénévolat, etc.) ;

L'éducation (reprendre des études).

Jay Shetty rapporte comment sa femme et lui cultivent leur intimité via des amitiés nouvelles et des expériences partagées. Nous pouvons également développer notre intimité en reconnaissant nos valeurs respectives et en éprouvant de la gratitude les uns pour les autres.

S'élever ou se séparer

Lorsque la décision de rester ensemble ou de rompre se fait insistante, il faut y répondre de la façon la plus sage possible. Jay Shetty propose un canevas en 5 étapes pour nous aider à nous décider. Il l'appelle la "voie de l'élévation".

Intolérance ;

Tolérance ;

Compréhension ;

Acceptation ;

Appréciation.

Lors de ses séances de coaching de vie ou de couple, Jay Shetty conduit les personnes qu'il reçoit à se demander si leur problème est totalement intolérable ou s'il peut être toléré, voire compris et accepté. Lorsqu'il est apprécié, nous reconnaissons que le problème fait partie intégrante de notre partenaire.

En fonction de notre capacité commune à évaluer le ou les problèmes selon cette échelle, nous pouvons décider en conscience de continuer ou de rompre.

Rompre en conscience

Si la rupture a lieu, il importe au plus haut point de faire le point sur sa peur d'être seul. Toute rupture crée un changement radical, mais mieux vaut s'en aller que de maintenir une relation malsaine à tout prix.

Lorsque nous nous retrouvons seuls, le cerveau se met en branle et nous pouvons nous sentir particulièrement fragiles. Pourtant, l'auteur rappelle à partir de textes indiens que "l'âme ne se rompt pas". Quoi qu'il en soit, la rupture sera plus facile si vous avez suivi les règles énoncées dans les sections précédentes.

Il décrit le processus de rupture et donne des conseils pour les deux situations :

Lorsque c'est vous qui rompez ;

Quand c'est l'autre qui prend la décision.

Jay Shetty souligne l'importance de se raconter. des histoires pour donner du sens à nos aventures amoureuses. Il expose des théories scientifiques pour nous montrer qu'il est plus facile d'aller de l'avant lorsque nous créons ce sens.

Tirez les leçons karmiques de vos erreurs

Chaque relation — et chaque rupture — nous apprend quelque chose. Nous pouvons donc tirer les leçons « karmiques » de nos erreurs. Cea peut prendre du temps, et c'est entre autres pourquoi il vaut mieux ne pas se jeter à corps perdu dans une nouvelle relation trop vite.

Certains amis reviennent dans nos vies après une rupture. La solitude est également le moment pour se retrouver et réfléchir, voire renforcer son estime de soi.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Bilan : pour quelles raisons partez-vous ?" (p. 261) ;

"S'entourer de soutien" (p. 275-276) ;

"Faire son deuil" (p. 293-294) ;

"Prises de conscience" (p. 297-298) ;

"Check-list : êtes-vous prêt à ressortir avec quelqu'un ?" (p. 303-304).

Partie 4 — La reliance

L'amour peut être élargi au-delà de la relation amoureuse et des rapports familiaux. L'objet de cette dernière partie est de comprendre cette forme de l'amour que l'auteur nomme "reliance". Celle-ci s'élance vers la famille, les amis, mais aussi, au-delà, vers nos connaissances, nos collègues, les étrangers et finalement la Terre tout entière.

Loi 8 : Aimez encore et toujours

La quatrième étape de la vie selon les Védas, l'ashram Sannyasa, implique la notion de service aux autres et à ce qui nous relie tous : le monde ou, pour la religion, le divin. Dans la philosophie hindoue, cette dernière étape implique de renoncer aux « désirs matériels » et de se concentrer sur la spiritualité.

Attendre l'amour ou l'expérimenter

Jay Shetty revisite cette dernière étape de la sagesse des Védas pour aborder la question de l'amour d'autrui et, surtout, la façon dont nous pouvons diffuser l'amour, au lieu de le recevoir.

"Au lieu d'attendre l'amour, à nous de trouver des façons de l'exprimer." (Les 8 lois de l'amour, Chapitre 8)

Comment donner de l'amour

Il n'est pas toujours facile d'avoir de l'empathie pour les choses qui nous sont lointaines. Nous avons une préférence naturelle pour ce qui nous est proche. Jay Shetty cite Jamil Zaki, professeur de psychologie à Stanford, pour appuyer ses arguments.

Pourtant, à force de travail, nous pouvons peut-être parvenir à étendre notre conception de l'amour et à embrasser un maximum d'êtres. C'est vers cela que nous devrions au moins tendre.

Aimez les personnes qui vous sont les plus proches

Cela dit, nous sommes face à une difficulté, car souvent, nous avons du mal à aimer correctement même les personnes qui nous sont les plus proches. Nous leur en voulons pour ceci ou pour cela. L'auteur commence donc par trouver des voies pour nous aider à aimer notre famille et nos amis pour ce qu'ils sont, et non pour leurs uniques comportements extérieurs.

Dans l'un des exercices "À essayer", Jay Shetty recommande d'organiser ses contacts en différents groupes en fonction de la proximité, puis de décider du temps que nous allons donner aux personnes d'une certaine catégorie (famille, amis, collègues, etc.). L'objectif de cet exercice est de donner la priorité à ceux avec qui nous voulons maintenir les liens les plus proches, tout en n'oubliant pas les personnes que nous ne voyons pas souvent.

Appréciez vos collègues

Nous voulons tous être appréciés dans notre travail. D'autant plus que nous y passons souvent beaucoup de temps. Les sentiments d'amitié et de respect y ont une importance cruciale, au point que de nombreuses personnes accepteraient de changer de travail si elles se sentaient plus reconnues et appréciées dans le nouveau.

Nous pouvons apprendre à donner de nous-mêmes pour créer des environnements plus chaleureux, par exemple en :

nous donnant à fond pour des projets qui tiennent à cœur à l'équipe ;

offrant nos compétences aux plus jeunes et en leur servant de mentors ;

donnant des feedbacks constructifs et en encourageant nos collègues ;

respectant et en accueillant les recommandations de personnes plus expérimentées que nous.

L'auteur raconte toutefois une parabole : celle du crocodile et du singe. Lorsque nous sommes faces à des "crocodiles", évitons de "faire le singe". Parfois, la gentillesse n'est pas de mise. Si vous êtes pris dans des rapports de force potentiellement destructeurs, il convient de savoir se défendre et agir — sans devenir soi-même un prédateur.

Être une source d'inspiration pour les inconnus

Jay Shetty consacre une courte section à la protection des uns et des autres au sein de sa communauté (voisins, etc.). Puis, il évoque l'importance de devenir un exemple pour autrui. Il relate l'histoire d'un policier qui a offert des chaussures à un sans-abri qui marchait pieds nus dans la rue en plein hiver.

Dans la courte section suivante, Jay Shetty invite tout un chacun à aider les associations et à faire du bénévolat.

Au contact de la Terre

Pour terminer, Jay Shetty propose un schéma qu'il nomme "les cercles de l'affection". Ceux-ci s'imbriquent de façon concentrique :

Famille ;

Amis ;

Collègues ;

Entourage ;

Inconnus ;

Associations ;

La Terre.

Pour résumer, le concept de service est la clé de cette étape de la vie. Cette règle élargit l'amour pour y inclure celui que nous portons à tous, de nos amis à des associations qui viennent en aide à des inconnus. Jay Shetty souligne aussi que l'argent, pour utile qu'il soit, n'est pas le seul moyen de soutenir des causes importantes.

S'impliquer personnellement est une meilleure façon de pratiquer l'amour. Il prend l'exemple de plusieurs associations, notamment au service des animaux. En effet, l'enjeu est d'élargir notre sollicitude aux êtres qui ne sont pas humains, et finalement à la Terre, qui fait face au changement climatique.

Nous avons souvent des difficultés à sentir cet aspect de l'amour, car cet enjeu nous paraît vaste et lointain. Pourtant, Jay Shetty croit que nous sommes capables de travailler sur nous-mêmes pour répondre à ces enjeux de façon positive.

Les exercices "À essayer" de ce chapitre

"Aider un proche difficile à trouver de l'affection autour de lui" (p. 324) ;

"Structurez la liste de vos proches" (p. 326-327) ;

"Exprimer son affection au travail" (p. 329-330)

Conclusion sur « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty :

Ce qu’il faut retenir de « Les 8 lois de l'amour » de Jay Shetty :

Jay Shetty propose un livre pratique, un manuel même, au sujet de l'amour. Il applique et réinterprète bon nombre de sagesses indiennes en les mélangeant avec des ouvrages de développement personnel et des études de psychologie sociale ou de neurosciences.

L'ensemble est cohérent et se lit facilement. Nous passons de la création de la relation amoureuse à sa solidification, puis à la rupture ou — à minima — aux difficultés. L'ouvrage se termine finalement sur la question de l'amour pour autrui, dans nos relations familiales, professionnelles, sociales et même "écologiques" — c'est-à-dire avec des êtres non humains.

Que retenir, finalement ? Que cela vaut la peine d'"aimer encore et toujours", à condition d'apprendre cet art d'aimer si bien connu des sagesses anciennes — et que nous avons un peu perdu. Eh oui, l'amour se travaille et c'est surtout en le donnant que nous le pratiquerons et que nous nous améliorerons !

Points forts :

Un ouvrage qui combine développement personnel et érudition indienne ;

De nombreux exercices à essayer ;

Des exemples de lettres à écrire et de méditations à réaliser.

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

Avez-vous lu le livre de Jay Shetty « Les 8 lois de l'amour » ? Combien le notez-vous ?

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À nous d’écrire l’avenir http://www.olivier-roland.fr/items/view/12800/-nous-dcrire-lavenir

Résumé de « À nous d’écrire l’avenir » d’Eric Schmidt et Jared Cohen : un essai sur l'avenir du numérique qui a marqué les esprits, rédigé par deux spécialistes internationalement reconnus, tous deux anciens cadres supérieurs de Google.

Par Eric Schmidt et Jared Cohen, 2014.

Titre original : « The New Digital Age », 2013.

Chronique et résumé de « À nous d’écrire l’avenir : Comment les nouvelles technologies bouleversent le monde » d’Eric Schmidt et Jared Cohen

Présentation d’Eric Schmidt, de Jared Cohen et de leur ouvrage The New Digital Age

Eric Schmidt a été Président directeur général de Google dans les années 2000, puis a siégé à son conseil d’administration. Il a notamment été proche de l’administration de Barack Obama quand celui-ci était au pouvoir. Ses conférences et ses analyses connaissent un grand succès dans le monde entier.

Jared Cohen a notamment été conseiller d’Hillary Clinton quand celle-ci était au département d’État. Il a pensé et mis en œuvre le concept de « diplomatie numérique ». Durant les années 2010, lorsque ce livre a été écrit, Jared Cohen était le directeur du think thank de Google, Google Ideas.

The New Digital Age, traduit en français sous le titre À nous d’écrire l’avenir, a été un véritable phénomène éditorial outre-Atlantique lors de sa parution en 2013.

Pour l’essentiel, c’est un livre qui s’appuie sur l’énorme expérience de ses deux auteurs, ainsi que sur des entretiens réalisés avec de nombreux dirigeants, activistes et même terroristes de par le monde.

Son intention est de décrire la façon dont le numérique modifie les rapports entre individus, États et société civile. Plus précisément, l’ouvrage explore l’avenir en s’efforçant de proposer des prédictions sur de nombreux aspects des relations humaines et sociales.

Important : en rédigeant cette chronique, nous avons choisi de discuter, lorsque cela était nécessaire, les propositions principales des auteurs.

Par moments, nous montrons toute la justesse de leurs évaluations en donnant des exemples de ce que nous vivons aujourd’hui.

À d’autres moments, nous tempérons leurs propos, en montrant que leurs prédictions ne se sont pas réalisées.

Introduction

Internet est à la fois grisant et terrifiant. Cette technologie nous ouvre des possibilités inédites en termes de communication, mais pas seulement. C’est l’ensemble des rapports humains et sociaux qui s’en trouve modifié.

Voici ce qu’ils affirment d’entrée de jeu :

« Ceci n’est pas un livre sur les gadgets, les applis pour smartphone ou l’intelligence artificielle […]. C’est un livre sur la technologie, mais plus encore sur l’homme, sur sa façon d’interagir, d’adopter la technologie, de s’y adapter et de l’exploiter dans son milieu, aujourd’hui et demain, partout dans le monde. Surtout, c’est un livre sur l’importance du fait qu’une main humaine conduise l’avènement du nouvel âge numérique. Car toutes les possibilités que représentent les technologies de la communication, leur bon ou leur mauvais usage, ne dépendent que des individus. Oubliez ce qu’on raconte sur la prise du pouvoir par les machines. Ce qu’il adviendra ne dépend que de vous. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 22)

Les défis sont de taille. Sans régulation, nous trouvons absolument de tout sur le Net. Le meilleur comme le pire ; pensons par exemple aux arnaques en ligne ou aux forums terroristes.

La prolifération rapide des technologies numériques est un aspect majeur du phénomène, ainsi que l’accroissement régulier de leur puissance ou efficacité. Plus de monde disposant d’appareils toujours plus performants : tel est le paysage qui se dessine pour les auteurs.

Les deux mondes, physique et numérique, vont s’entrelacer et parfois aussi s’entrechoquer. Nos institutions devront s’adapter. Nous ne pouvons encore connaître le résultat final de ce processus qui vient juste de commencer. Globalement, vivrons-nous mieux ou moins bien ?

Eric Schmidt et Jared Cohen cherchent, dans cet ouvrage, à apporter quelques clés d’analyse pour penser le développement technologique et ces implications sociales et culturelles. Voyons avec eux ce qu’ils en pensent !

1 — Notre avenir personnel 

Les auteurs nomment « connectivité » ou « connectivité numérique » le fait majeur que l’humanité dans son ensemble soit en passe de pouvoir communiquer en ligne via des téléphones mobiles. Quels sont ses avantages et ses inconvénients pour notre vie individuelle ?

Efficacité accrue

La connectivité — via les smartphones essentiellement — est capable d’aider de nombreuses personnes dans de nombreuses régions du monde. Y compris dans les pays moins développés et les zones les plus rurales, les changements se font sentir durablement.

Au-delà de l’utilisation du mobile pour diverses situations, c’est l’usage des données qui prend une importance massive. En connaissant mieux ses consommateurs, une entreprise peut lui fournir des services plus adaptés à ses besoins.

Autre progrès à garder à l’œil : les imprimantes 3D. Celles-ci révolutionnent la façon de produire les objets. En plaçant le processus de fabrication d’objets complexes à portée de tout un chacun ou presque, ce type de technologie facilite grandement la diffusion des innovations.

Les auteurs abordent aussi la question de l’intelligence artificielle et de la robotique. Si les robots à formes humaines seront sans doute réservés à une élite, une foule d’objets intégreront bientôt — ou intègrent déjà — des éléments de l’une ou l’autre de ces technologies.

Erich Schmidt et Jared Cohen abordent enfin trois types de « reconnaissance » :

Vocale (que nous utilisons pour nos recherches ou pour la domotique) ;

Gestuelle (que nous trouvons par exemple sur les consoles de jeu, mais aussi ailleurs) ;

Mentale ou par la pensée (déjà utilisé pour des prothèses et membres artificiels, par exemple).

Plus d’innovation, plus d’opportunités

Bien sûr, les technologies numériques offrent la possibilité de communiquer plus rapidement, quelles que soient les distances géographiques. Les entreprises profitent et profiteront encore davantage à l’avenir de la possibilité de travailler de façon décentralisée.

Le travail à distance est amené à devenir une chose de plus en plus commune. Chacun d’entre nous pourra proposer des services à d’autres personnes à l’autre bout du monde. À l’inverse, nous pourrons nous adresser à des professionnels de notre choix, sans nous soucier qu’ils soient proches ou loin.

Tous ces flux de communications intensifient la mondialisation et le niveau d’innovation globale et les opportunités d’affaires.

À côté de ces deux aspects, il faut aussi penser à l’éducation. Les auteurs affirment que la démocratisation des technologies d’information et de communication vont permettre à un plus grand nombre d’enfants d’être éduqués — et mieux éduqués.

En effet, selon eux, l’enseignement à distance et par moyens numériques autorise une plus grande modularité. Par ailleurs, les systèmes de création collective de connaissances, tels que Wikipédia, génèrent des compétences importantes tels que l’esprit critique et la résolution de problèmes.

Attention : sur ces derniers points, il importe de noter que les prévisions des auteurs ne se sont pas vraiment confirmées. En effet, les MOOCs et autres types d’enseignement à distance n’ont pas vraiment connu le succès attendu. Par ailleurs, à en croire certains experts, il n’est pas sûr qu’Internet et les outils numériques améliorent véritablement la qualité de l’éducation.

Une meilleure qualité de vie

Une prédiction tout à fait juste d’Erich Schmidt et Jared Cohen (parmi beaucoup d’autres) est la suivante : « Vous seul, et pas le programme de télévision, déciderez quoi regarder sur vos écrans ». En effet, nous avons désormais Netflix — notamment !

Au-delà des gadgets, de réelles améliorations de vie découlent et découleront de la révolution numérique, pour les auteurs. Dans le domaine de la sécurité, bien sûr. Mais aussi de la santé.

Par exemple, nous aurons de plus en plus de capteurs sur nos dispositifs portables. Ceux-ci prendront des mesures de notre corps en temps réel et nous avertiront de notre état de façon régulière. Ceux qui ont des smartphones et des montres connectées le savent déjà !

C’est ce qui est nommé le « soi quantifié » (quantified self), dont parle aussi — pour le critiquer cette fois — Yuval Noah Harari dans Homo Deus. Mais pensez aux bénéfices que cela peut avoir pour les personnes avec des maladies chroniques…

De façon générale, la médecine devient chaque jour plus mobile et plus personnalisée. Et cela passe par les smartphones des personnes. Certes, les auteurs sont conscients que cela ne remplace pas des systèmes de soins performants. Mais ils considèrent néanmoins que c’est un progrès souhaitable.

La frange supérieure

« La connectivité profitera à tout le monde. Ceux qui n’en disposent pas du tout en disposeront un peu, et ceux qui en disposent déjà en auront encore plus », annoncent Erich Schmidt et Jared Cohen.

Les plus aisés pourront bénéficier d’une domotique complètement intégrée à leur smartphone ou à un simple dispositif de contrôle vocal, par exemple. Ils contrôleront toute leur maison d’un son ou d’un geste.

Les auteurs annoncent également que les voitures sans conducteur seront une réalité. À noter : en 2023, elles le sont presque (pensons notamment aux Tesla qui incorporent des fonctionnalités avancées) mais ce n’est pas encore complètement une réalité quotidienne, même pour les plus riches d’entre nous !

2 — L’avenir de l’identité, de la citoyenneté et du journalisme de reportage

Les auteurs affirment que la population virtuelle devient plus importante que celle de la Terre. Qu’est-ce que cela signifie ?

En un mot, que chacun d’entre nous a plusieurs identités en ligne. Autrement dit, si la Terre entière est connectée, eh bien il y a mécaniquement « plus » de « personnes » dans le monde virtuel. Pourquoi ? Eh bien justement car chaque individu « réel » a plusieurs « personnalités » virtuelles.

La révolution des données

Le plus important dans tout cela est sans doute la révolution des données. Nous laissons de plus en plus de traces de nous (nos personnalités virtuelles, nos comptes de ceci ou cela, nos mouvements d’achat, etc.) en ligne.

Ce que nous nommons aujourd’hui le Big Data est bel et bien une réalité. Les entreprises et les États captent de plus de plus d’informations nous concernant. Souvent, pour améliorer nos expériences de consommation ou pour nous permettre d’accéder à des services publics.

Les flux constants de données et la possibilité de les utiliser dans un sens ou dans un autre vont créer, selon les auteurs, une « ère de la pensée critique ». Plus de lanceurs d’alerte, plus de contrôle des propos, plus de transparence.

À noter : il faudrait tempérer ce propos. Nous voyons aujourd’hui abonder les fake news et autres dénonciations en ligne. Contrairement à l’esprit critique, celles-ci font plutôt proliférer une « ère du complot et du soupçon généralisé ». 

Les traces dureront dans le temps et autoriseront certaines personnes à en juger d’autres. Il faudra donc faire de plus en plus attention à ce que nous publions sur le Net. Cette préoccupation est bel et bien présente dans nos quotidiens, aujourd’hui.

De nouveaux métiers vont apparaître, tôt ou tard :

Entreprises consacrées à la confidentialité et à la réputation (elles existent) ;

Assurances proposant d’assurer nos identités en ligne contre le vol ou le piratage.

Les auteurs continuent le chapitre en discutant des activités de WikiLeaks. Ils ont interviewé Julian Assange et mentionnent quelques extraits de leurs discussions. Les pratiques d’Alexeï Navalny sont aussi discutées.

La crise du journalisme

Le journalisme est devenu du journalisme web. Le journalisme se transforme chaque jour à plusieurs niveaux (que nous pouvons encore observer en 2023) :

Rapidité et nouveaux canaux de distribution de l’information (réseaux sociaux) ;

Restructuration des grandes entreprises d’information ;

Diversification des tâches du journaliste et formes plus collaboratives ;

Apparition de nouveaux types d’informateurs (non seulement locaux, mais en ligne) ;

Interférences entre « journalisme » et « marque personnelle » de certaines célébrités ;

Plus grande difficulté des gouvernements autoritaires à museler la presse, via la création d’une presse indépendante en ligne.

Reconsidérer la confidentialité — différentes implications pour différents citoyens

« La sécurité et la confidentialité relèvent d’une responsabilité que se partagent les entreprises, les usagers et les institutions qui nous entourent », rappellent les auteurs.

En effet, nous attendons des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) qu’elles protègent nos données. Par ailleurs, nous devons y veiller nous-mêmes et la puissance publique doit aussi prendre des mesures en ce sens.

Il importe par exemple de rappeler que, depuis la rédaction de cet ouvrage, l’Union européenne a adopté le Règlement général de protection des données (RGPD) censé réguler les échanges de données entre entreprises et citoyens.

Chacun de nous sera de plus en plus confronté au jugement d’autrui et à une forme d’évaluation constante. Et de fait ! N’est-ce pas une chose à laquelle nous nous sommes déjà habitués avec toutes les évaluations et recommandations que nous envoyons/recevons sur les différentes plateformes… ?

Cette vigilance accrue de chacun vis-à-vis de chacun pourra créer des tensions, mais améliorera globalement la transparence. Un faux expert ou un politicien corrompu peut désormais se cacher moins longtemps.

Les auteurs traitent des conséquences de la connectivité dans plusieurs types de régimes, des plus démocratiques aux plus autoritaires. Ils montrent que les États seront souvent tentés d’utiliser ces techniques pour augmenter le niveau de contrôle sur leurs ressortissants.

Pensons par exemple à la Chine aujourd’hui et à son utilisation des réseaux sociaux…

Stratégies d’adaptation

Quatre grandes stratégies d’adaptation à la « révolution des données » voient le jour et continuent de se développer aujourd’hui :

Les entreprises doivent inventer des dispositifs pour assurer la confidentialité et la sécurité des données ;

Le droit est un moyen efficace d’obliger les entreprises à agir dans le sens voulu par les citoyens d’un pays ou d’une région (c’est le cas avec le RGPD) ;

La société civile se lève aussi régulièrement pour dénoncer et mener des campagnes de sensibilisation aux enjeux du Big Data (nous pouvons penser, entre autres, à la création du parti pirate) ;

Les citoyens peuvent également choisir d’interagir directement entre eux sans passer par une tierce partie sur Internet, via des dispositifs PeerToPeer (P2P) et chiffrés.

État policier 2.0

Un jeu de chat et de la souris s’installe entre les États autoritaires et les individus cherchant à y échapper ou à renverser le pouvoir. Les technologies numériques servent aux premiers à créer une surveillance plus subtile et accrue. Mais elles sont également utilisées par les seconds pour lui résister !

La récolte de données en ligne et l’usage de logiciels de reconnaissance faciale à grande échelle sont déjà des réalités dans de nombreux pays. Les données biométriques (traits du visage, empreintes digitales, etc.) sont particulièrement recherchées par les administrations.

Dans les États démocratiques, il importe que des débats aient lieu pour décider de ce qui pourra être fait de ces données.

3 — L’avenir des États

Les États ne peuvent pas contrôler tous les flux d’informations qui circulent et s’amplifient constamment sur Internet. Mais ils ont un pouvoir sur l’infrastructure matérielle qui le rend possible.

N’oublions pas, en effet, qu’Internet n’existe que par l’entremise d’un gigantesque réseau de machines connectées entre elles, notamment par de la fibre optique.

Mais il y a d’autres problèmes qui surgissent. Comment évoluent les relations entre États dans le monde virtuel ? C’est l’une des questions intéressantes posées par les auteurs Eric Schmidt et Jared Cohen.

La balkanisation d’Internet

Chaque État tente de former un Internet à son image. Par exemple, chaque pays filtre ce qui est permis ou non. Il agit en fonction de normes qui lui sont propres. Les infrastructures diffèrent également.

Le grand réseau d’Internet se fractionne donc en réseaux régionaux ou nationaux. C’est une vérité aujourd’hui, puisque les services, les sites et les possibilités qu’offrent aujourd’hui Internet en Chine, en Russie, en Afrique ou en Europe sont bel et bien différents.

Les auteurs abordent plus en détail les cas de :

La Chine ;

L’Allemagne ;

La Malaisie.

Mais ils parlent aussi de l’Arabie Saoudite, de l’Iran et de bien d’autres pays.

Selon Eric Schmidt et Jared Cohen, en tant que consommateurs, nous ne nous rendons pas vraiment compte de ce phénomène de « balkanisation » (fragmentation) d’Internet.

Multilatéralisme virtuel

Cette fragmentation n’empêche pas la collaboration entre États. Celle-ci se fait sur base d’affinités politiques ou idéologiques. Les États-Unis et l’Europe partagent par exemple un grand nombre de services.

Cette réalité vaut également pour les pays autoritaires, qui s’échangent leurs savoirs et savoir-faire. Les auteurs rapportent par exemple comment Huawei, géant chinois des télécommunications, a proposé son aide à l’Iran en matière de censure.

Des accords multilatéraux sont également constamment établis afin de protéger les droits de propriété intellectuelle liés aux nouvelles technologies. Ceux-ci permettent à la fois de créer des alliances commerciales et de se protéger de concurrents indésirables.

Indépendance virtuelle

Eric Schmidt et Jared Cohen évoquent la possibilité que certaines communautés, comme les Kurdes par exemple, utilisent le monde numérique pour réclamer leurs droits.

Il est en effet possible d’imaginer des « déclarations d’indépendance virtuelles », lorsque celles-ci sont impossibles à créer dans le monde physique.

À noter : en 2023, il ne semble pas que ce type d’événement se soit produit.

Provocation numérique et cyberguerre

« Ceux qui sous-estiment la menace de la cyberguerre le font à leurs risques et périls. Le phénomène ne mérite peut-être pas tant de battage, mais le danger est bien réel. Les cyberattaques sont chaque année plus fréquentes et plus précises. Plus nous enchevêtrons notre existence avec les systèmes d’information numérique, plus nous devenons vulnérables. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 155)

En 2023, nous savons que de nombreuses cyberattaques ont lieu. Elles sont organisées par les États eux-mêmes — la Russie, par exemple, qui affectionne ce moyen d’action. Parfois aussi par des groupes plus ou moins bien intentionnés.

Les entreprises et les individus peuvent être tantôt victimes, tantôt à la source de cyberattaques ou de piratages informatiques. Qui n’a pas eu affaire à au moins une tentative d’hameçonnage frauduleux pour récupérer ses données bancaires ?

Pour en revenir au niveau des États, les auteurs citent l’importance cruciale des fabricants de matériel de télécommunications. Les accords commerciaux qui se créent entre les États et ces firmes peuvent poser des questions de sécurité.

Un exemple récent, datant de 2020 : la controverse qui a explosé en Europe et aux États-Unis autour de l’implantation de la 5G par l’entreprise Huawei.

La guerre des codes

Cette section traite en particulier de l’espionnage industriel. Les auteurs insistent tout particulièrement sur le caractère volontariste des autorités (et entreprises) chinoises en ce domaine. Mais les États-Unis et les pays occidentaux ne sont pas en reste.

C’est une véritable guerre économique qui se passe en sous-main, sans que les consommateurs que nous sommes se rendent compte de grand-chose au quotidien !

4 — L’avenir de la révolution

C’est aujourd’hui un fait connu : les nouvelles technologies d’information et de communication ont joué un rôle certain dans les révolutions du Printemps arabe.

De fait, la société civile est amenée à être de plus en plus active avec les réseaux sociaux et les moyens techniques mis à sa disposition. Toutefois, tous les soubresauts révolutionnaires n’aboutiront sans doute pas. C’est ce que les auteurs analysent dans ce chapitre.

Facile au début…

Eric Schmidt et Jared Cohen se montrent particulièrement optimistes quant à l’émergence de nouveaux leaders d’opinion et de mouvement sociaux grâce au Web 2.0 et aux nouvelles formes de connectivité.

« Ces nouveaux mouvements révolutionnaires comprendront plus de participants occasionnels ou anonymes qu’aujourd’hui, pour la simple raison que le citoyen aura une plus grande maîtrise du moment et de la forme de son action », selon les auteurs.

La structure classique des mouvements militants est appelée à se modifier. De nouvelles formes d’organisation émergent et se solidifient grâce aux moyens numériques. Le crowdsourcing permet par exemple d’obtenir du soutien en ligne.

Une manifestation contemporaine de ceci est le nombre de pétitions qui circulent en ligne. En avez-vous déjà signé certaines ? Ou avez-vous, par exemple, contribué à récolter des fonds lors d’une campagne éclair sur Facebook. ?

Les auteurs affirment également que les personnes se tiendront au courant des manifestations dans le monde entier et ils prévoient l’éclosion encore plus marquée d’un « tourisme de la révolution ».

Il est certain que les réseaux sociaux offrent la possibilité de se tenir au courant et de se réunir beaucoup plus facilement qu’auparavant. Aujourd’hui, vous pouvez suivre les déplacements de Greta Thunberg (presque) en direct et la rejoindre dans ses actions si le cœur vous en dit !

… mais plus difficile à conclure

Toutefois, ces technologies ont des pouvoirs limités. Ces pouvoirs ne sont pas suffisants pour créer le changement décisif qui fait basculer un mouvement du soulèvement à la révolution réussie. Mais ces technologies peuvent assurément jouer un rôle important, comme les printemps arabes l’ont démontré.

Les auteurs reviennent sur certains événements de 2010-2012 en Lybie et en Tunisie. Mais ils abordent aussi le cas des troubles en Afrique du Sud. Plus généralement, ils traitent d’une question centrale : l’importance de ne pas laisser les mouvements de résistance aux mains de quelques célébrités.

Or, cette tendance est accrue par les réseaux sociaux. Par ailleurs, les mouvements peuvent prendre plus de « place » dans le monde virtuel qu’ils n’en prennent dans le monde physique. Cela crée des « dégonflements » de mouvements ou de « faux départs ».

Répression et endiguement virtuels

Les États autoritaires cherchent aussi à faire taire activement ces groupes. Pour cela, ils peuvent « couper » la connexion ou tenter de le faire. Ils peuvent également agir par la violence ou trouver des moyens plus subtils de « tuer dans l’œuf » les tentatives de rébellion.

Répression virtuelle et physique vont maintenant de pair. Des « infiltrés » des gouvernements en place peuvent contribuer à semer le trouble dans les mouvements qui se constituent en ligne, par exemple.

Ou même encore plus subtil : offrir des espaces virtuels de « défoulement » où les personnes peuvent clamer leur rage et leur mécontentement… Sans jamais passer à l’action.

Ces stratégies font partie de ce que Erich Schmidt et Jared Cohen nomment des stratégies d’« endiguement virtuel ».

Plus de « printemps »

Le cas du Printemps arabe est particulier pour plusieurs raisons. En effet, les auteurs analysent que :

Le monde arabe se distingue par son identité régionale (histoire, langue, culture) ;

Les réseaux religieux organisés jouent le rôle d’une société civile organisée.

Toutes les régions du monde n’ont pas ces caractéristiques et certains pays sont plus isolés, moins organisés que d’autres. La révolution ne peut donc éclore partout où les régimes autoritaires existent, même avec l’aide des technologies numériques.

Un problème de taille émerge également, que les auteurs évoquent en citant l’ancien Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong :

« Le danger auquel nous risquons d’être confrontés à l’avenir, c’est qu’il sera beaucoup plus facile d’être opposé à quelque chose qu’en faveur. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 217-218)

Cette prédiction se retrouve aujourd’hui dans nombre des comportements visibles sur Internet. De nombreux experts ont analysé, depuis plus de dix ans, l’évolution de campagnes de haine contre tel ou tel phénomène. Oui, il est plus facile d’être « contre » que « pour » quelque chose.

Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, lisez la suite du chapitre où les auteurs décortiquent un cas cocasse, mais fascinant : celui du « currygate » qui a explosé au Singapour en 2010.

5 — L’avenir du terrorisme

Les auteurs craignent l’alliance mortifère entre terrorisme et numérique.

Nous le savons aujourd’hui : comme tous les autres mouvements, les groupes terroristes recrutent sur Internet (via des sites ou des chaînes YouTube) et communiquent via des moyens numériques.

Nouvelle porte, nouveaux risques

Par ailleurs, Internet permet également d’apporter des connaissances autrement impossibles à acquérir. Les personnes mal intentionnées peuvent, à tout moment, trouver sur le Net comment fabriquer une bombe ou autre.

Par ailleurs, comme nous l’avons déjà évoqué, les terroristes peuvent opérer directement dans le monde virtuel et, par ce biais, endommager des infrastructures ou créer des dommages bien réels. Ce sont les cyberattaques.

À l’heure actuelle, les terroristes ambitieux doivent se rendre maîtres des médias. Même les plus antimodernes et antioccidentaux n’ont pas le choix : s’ils veulent que leur action soit plus efficace, ils sont contraints d’exceller dans ces technologies.

En fait, c’est même le « marketing numérique », comme disent les auteurs, qu’ils doivent maîtriser.

Eric Schmidt et Jared Cohen abordent aussi la question des prisons. Documents à l’appui, ils remarquent que les prisonniers parviennent à se munir de matériel informatique même dans les régions les plus reculées de la planète. Ils discutent également d'une mesure radicale : geler l’identité virtuelle des détenus.

L’avènement des hackers terroristes

Une information importante est à retenir ici : à l’heure des pirates et des hackers, il n’est pas besoin d’être très nombreux pour avoir un impact significatif dans l’espace virtuel.

« En fait, il n’y a pas de masse critique à atteindre — un seul individu doué peut faire agir des milliers d’ordinateurs à sa volonté », rappellent les auteurs, qui donnent plusieurs exemples édifiants.

De l’autre côté, les États et leurs forces militaires cherchent eux aussi à débaucher des hackers afin de les faire travailler avec eux. Les petits génies turbulents de l’informatique deviennent des talents hautement recherchés !

Le talon d’Achille des terroristes

« Le revers de la médaille du cyberterrorisme, c’est qu’elle réduira la marge d’erreur de ses adeptes », disent Eric Schmidt et Jared Cohen. Oui, car toute connexion signifie potentiellement une possibilité de découverte. Or les terroristes doivent rester cachés.

À l’heure d’Internet, une seule petite erreur et ce peut être la fin d’un terroriste. Et il n’y a pas de raison de penser que ceux-ci ne feront pas d’erreurs, de temps à autre. Comme tout un chacun, ils deviennent eux aussi accrocs aux smartphones et ne prendront pas toujours les bonnes décisions.

Par ailleurs, attraper un ou plusieurs terroristes signifie aussi mettre la main sur le réseau qu’ils utilisent. Cette mine d’information peut conduire à d’autres arrestations, etc.

Interdit aux gens cachés

Les auteurs font ici une prédiction étonnante. Selon eux, certains gouvernements — y compris qualifiés de démocratiques comme les États-Unis — pourraient bien imposer aux personnes d’être connectées.

« Les gouvernements en viendront peut-être à considérer, par exemple, qu’il est trop risqué de laisser des citoyens “hors-circuit”, totalement déconnectés de l’écosystème numérique. Il ne fait aucun doute qu’à l’avenir, comme aujourd’hui, certains individus résisteront à l’adoption et à l’utilisation de la technologie […] Pourtant, il est fort probable que les autorités soupçonneront quiconque choisira la disparition totale d’avoir quelque chose à cacher […] » (À nous d’écrire l’avenir, p. 256-257)

Cette prédiction fait un peu peur. N’aurons-nous plus la possibilité de choisir notre mode de vie, avec ou sans moyens numériques ? Heureusement, pour l’instant et à notre connaissance, aucune mesure radicale de ce genre n’a été prise dans les pays occidentaux.

Par contre, ce qui a bel et bien créé l’inquiétude des pays occidentaux, c’est la machine de guerre du renseignement qui a été mis en place par les États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. Les auteurs en parlent pendant de longues pages.

Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, vous pouvez aussi lire l’autobiographie d’Edward Snowden, Mémoires vives.

La conquête des cœurs et des esprits gagne le monde virtuel

Google Ideas est une branche de Google qui étudie notamment le phénomène de la radicalisation. Les études qui y sont menées montrent que les causes de celle-ci sont à chercher dans les sentiments d’abandon ou de recherche de sens ressentis par les jeunes gens.

Eric Schmidt et Jared Cohen montrent qu’il est possible d’enrayer ce phénomène en créant des opportunités et des distractions liées au numérique. Oui, pour les auteurs, la lutte contre la radicalisation passe par la technologie.

En résumé, « la clé consiste simplement à laisser les gens s’adapter aux produits selon leurs besoins et sans que cela demande trop d’expertise technologique ». Il suffit de mettre à disposition des personnes désœuvrées les moyens de bricoler par eux-mêmes des dispositifs techniques qui donnent un peu plus de sens à leur existence.

Bien sûr, le terrorisme ne sera pas exterminé de cette façon. Il est même plus que probable qu’il ne le soit jamais complètement, quels que soient les moyens employés. Mais ce qui est sûr, c’est que les entreprises technologiques sont appelées à jouer un rôle toujours plus important dans l’effort pour en maîtriser le développement.

6 — L’avenir du conflit, du combat et de l’ingérence

« Jamais dans le passé nous n’avons été aussi conscients des nombreux conflits en cours dans le monde […] Mais la presse se nourrit d’images sanglantes. Et ce qui a changé, ce n’est pas le nombre des conflits, c’est leur visibilité. En vérité, nous vivons des temps plus pacifiques que jamais. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 271)

C’est aussi ce que dit un auteur comme Hans Rosling dans son livre Factfulness.

Pour autant, les conflits, plus ou moins importants, ne sont pas près de disparaître complètement (et nous en avons des preuves supplémentaires en 2023).

Moins de génocides, plus de harcèlement

Les auteurs étudient ici les mouvements de répression à l’encontre de minorités dans plusieurs pays. Cette répression peut s’exercer de façon plus ou moins forte et trouver des moyens de s’exprimer en ligne.

Par exemple, un gouvernement peut prendre des mesures discriminatoires pour que certaines parties de sa population n’aient pas accès aux services numériques de base. Il a aussi les moyens de les « harceler » en lui barrant l’accès à des ressources données ou en créant des campagnes diffamatoires.

Cette discrimination virtuelle est dangereuse, car le Web permet — comme nous l’avons déjà souligné — un anonymat et donc une forme de libération de la haine et de déshumanisation des rapports humains.

Conflit multidimensionnel

Dans les conflits armés, les « bons » se distinguent parfois difficilement des « méchants ». Les deux camps d’une guerre commettent des actes horribles.

En fait, c’est aussi pourquoi ils se livrent à une intense « guerre de communication », chacun essayant de justifier ses actions et de mettre l’accent sur les atrocités de l’autre partie.

Avec la venue des fake news — et depuis quelques années seulement des deep fakes —, la question de la manipulation des informations se fait encore plus pressante et complexe.

Le rôle des analyses et de l’esprit critique n’en devient que plus capital. C’est ce que les auteurs nomment la « vérification numérique ». Celle-ci revient aux journalistes, bien sûr, mais pas seulement. Les gouvernements doivent également être capables de distinguer le vrai du faux pour savoir comment agir.

Une proposition des auteurs mérite d’être signalée : envoyer des équipes internationales de « vérification numérique » sur les conflits, considérées comme intervenants neutres (comme la Croix-Rouge par exemple).

La guerre automatisée

Dans cette section, les auteurs se penchent sur la possibilité que les robots remplacent les guerres entre humains. Il y a déjà bien des formes robotiques qui sont utilisées dans les guerres (des missiles à tête chercheuse aux drones, etc.). Mais la guerre peut-elle être totalement automatisée ?

Eric Schmidt et Jared Cohen détaillent les différents projets en cours (en 2012) pour doter les soldats de plus grands moyens ou pour les remplacer dans certains cas. Ils terminent par évoquer les nombreuses questions qui se posent, telles que les capacités de discernement ou la responsabilité pénale du robot, par exemple.

Nouvelles ingérences

Les coalitions d’États qui voudront intervenir dans les conflits seront amenées à unir leurs forces pour créer des zones sécurisées en matière de communication, notamment.

7 — L’avenir de la reconstruction

Après un conflit ou une catastrophe, les technologies de communications numériques jouent un rôle important pour la reconstruction. Elles ne peuvent pas tout faire, bien sûr. Leur rôle est même limité. Mais elles importent dans la mesure où elles facilitent les relations entre parties prenantes.

Les communications d’abord

Les auteurs plaident ici pour la priorisation de la reconstruction du secteur des télécommunications. « Le remise en service et la modernisation des réseaux de communication sont déjà le ciment des méthodes de reconstruction actuelles », rappellent les auteurs. Il faudra, selon eux, amplifier encore cette approche. 

Les auteurs donnent différents exemples de reconstructions passées :

En Irak après la chute de Saddam Hussein ;

En Afghanistan après la chute des talibans ;

À Haïti, après le tremblement de terre de 2010 ;

Après le Printemps arabe.

Les États et les institutions qui aident à la reconstruction devraient privilégier la mise en place d’infrastructures de télécommunication de pointe. C’est un atout pour la coordination du travail. Mais aussi pour la reprise économique.

« Dans l’idéal, les efforts de reconstruction ne se bornent pas à recréer ce qui existait auparavant, mais, dans la mesure du possible, à améliorer la situation d’origine et à développer des pratiques et des institutions qui réduisent le risque de répétition des catastrophes. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 333)

Or, pour les auteurs, les technologies numériques peuvent améliorer considérablement la situation d’origine en créant une sorte de filet de sécurité virtuel pour les institutions physiques, voire pour le gouvernement lui-même.

En cas de nouvelle catastrophe, les institutions virtuelles pourront prendre le relai et les données d’un État pourront être sauvegardées.

Opportunisme et exploitation

Dans les moments qui suivent une catastrophe naturelle ou un conflit, de nombreux acteurs interviennent et certains d’entre eux cherchent à tirer profit de la situation. L’égoïsme se tient côte à côte des gestes d’altruisme.

Au-delà de ce problème, la connectivité rend possible l’action d’un plus grand nombre de personnes et d’institutions à la reconstruction. Notamment par les plateformes de collecte de fonds en ligne ou la mobilisation plus rapide d’équipes d’urgence.

Les organisations non gouvernementales (ONG) utilisent désormais les méthodes du marketing numérique. C’est ce qui est aussi appelé marketing social. Toutes les ressources offertes par les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont mises à profit par les associations caritatives et la société civile.

L’un des problèmes, selon les auteurs, est que nous risquons de nous retrouver « bombardés » par les demandes d’aides ou d’intervention. Il y aura une grande concurrence pour attirer l’attention du citoyen aisé occidental vers tel ou tel problème.

Finalement, c’est tout le secteur des ONG et de l’aide humanitaire qui devra se recomposer à partir de l’intrusion du marketing numérique.

Faire place à l’innovation

Eric Schmidt et Jared Cohen donnent des exemples d’innovations créées après une crise pour aider les populations à reconstruire leurs infrastructures et leurs institutions. Ou à sauver des vies !

Plus que jamais, le téléphone portable, muni d’applications spécialisées, devient un outil multifonctionnel qui pourra être utilisé positivement. Pourquoi ? Car il accroît la possibilité d’agir de chaque personne. Grâce à nos smartphones, nous pouvons :

Téléphoner pour prévenir de quelque chose (bien sûr !), mais aussi ;

Envoyer une photo (en cas d’agression ou de vol, par exemple) ;

Participer à des campagnes de fonds ;

Aider à géolocaliser tel individu, etc. ;

Témoigner sur les réseaux sociaux et créer des groupes ;

Et bien d’autres choses encore, car un grand nombre d’applications peuvent être créées pour soutenir la reconstruction.

Les auteurs abordent également la question de la traçabilité des armes ou des biens de première nécessité grâce aux puces RFID (radio frequency identification).

Ils évoquent également les innovations créées lors de différents processus de reconstruction, au Rwanda, en Colombie et en Irak, notamment.

Et ils terminent par cette note positive :

« De tous les sujets que nous avons abordés, l’avenir de la reconstruction est peut-être celui qui prête le plus à l’optimisme. Peu de choses sont aussi destructrices qu’une catastrophe naturelle ou la guerre, voire les deux, mais il apparaît nettement que les processus de transition suivant une crise tendent à devenir plus brefs et plus satisfaisants. Pour une fois en matière de géopolitique, le monde semble disposé à tirer les enseignements de chaque cas de reconstruction, à retenir ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et ce qui mérite perfectionnement. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 368)

Conclusion

Le numérique n’en est qu’à ses débuts. Une nouvelle révolution industrielle est en cours et il sera — selon les auteurs — impossible de l’arrêter. Le rythme de croissance est tel que, bientôt, tout le monde sera équipé. De nouvelles technologies, plus performantes, ne cesseront de voir le jour.

Telle est la vision positive et volontariste d’Eric Schmidt et Jared Cohen. Selon eux, même si elle n’est pas la panacée, la technologie informatique est néanmoins une formidable opportunité pour l’humanité.

Pour terminer les auteurs évoquent 4 grandes lignes de bouleversements en cours :

L’alliance de plus en plus forte de la machine et de l’humain ;

L’intrication de plus en plus forte des mondes virtuel et physique ;

Le doublement du travail des États, obligés d’intervenir dans ces deux mondes ;

Le rapport à nos données et à la vie privée.

En 2023, nous sommes toujours aux prises avec ces questions — et nous le sommes sans doute pour quelque temps encore ! Elles deviennent, de jour en jour, d’une actualité plus brûlante.

Conclusion sur « À nous d’écrire l’avenir : Comment les nouvelles technologies bouleversent le monde » d’Eric Schmidt et Jared Cohen :

Ce qu’il faut retenir de « À nous d’écrire l’avenir : Comment les nouvelles technologies bouleversent le monde » d’Eric Schmidt et Jared Cohen :

Ce livre est un plaidoyer pour « plus » de numérique, dans tous les aspects de nos relations sociales et humaines. Les auteurs ne nient pas les dangers et l’instabilité qui peut découler de l’adoption de nouvelles technologies. Mais ils pensent que les gains dépasseront les pertes.

Surtout, ils invitent tout un chacun à se saisir des opportunités offertes par cette nouvelle « connectivité » numérique. Chacun d’entre nous peut, à son échelle, créer une différence. En partageant des informations, en créant des applications ou par bien d’autres actions encore…

« Combien d’idées, de perspectives et de créations va produire la véritable inclusion technologique mondiale, et à quelle vitesse leur effet se fera-t-il sentir ? L’arrivée de nouveaux participants dans le monde virtuel est une bonne nouvelle pour eux, mais aussi pour nous. Le bénéfice collectif du partage du savoir et de la créativité des humains se multiplie de façon exponentielle. » (À nous d’écrire l’avenir, p. 370)

Progressivement, l’humanité toute entière se dotera d’outils numériques. Même les zones reculées pourront participer à l’évolution du monde virtuel et en profiter. Finalement, c’est là le fer de lance d’Eric Schmidt et Jared Cohen (qui, ne l’oublions pas, prêchent pour leur chapelle) : diffuser les technologies numériques le plus largement possible dans le monde.

Points forts :

Une pensée originale, ambitieuse et stimulante ;

Des exemples à la fois personnels et issus des plus importantes personnalités du monde ;

Un style tout à fait simple et accessible, sans (trop de) jargon technique.

Point faible :

Il faut être conscient que c’est le point de vue de cadres dirigeants de Google. Leur vision n’est donc pas « neutre », mais naturellement dirigée dans le sens d’un optimisme technologique (comme c’est le cas pour les ouvrages de Bill Gates, tel que Climat, par exemple).

Ma note :

★★★★★

Avez-vous lu le livre d’Eric Schmidt et Jared Cohen « À nous d’écrire l’avenir : Comment les nouvelles technologies bouleversent le monde » ? Combien le notez-vous ?

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Thu, 21 Mar 2024 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12800/-nous-dcrire-lavenir
Une année avec les stoïciens http://www.olivier-roland.fr/items/view/12797/Une-anne-avec-les-stociens

Résumé de « Une année avec les stoïciens : 365 enseignements pour déployer son potentiel » de Ryan Holiday et Stephen Hanselman : un manuel original qui croise philosophie stoïcienne et développement personnel et qui vous donnera matière à penser et à agir durant une année entière !

Par Ryan Holiday et Stephen Hanselman, 2013.

Titre original : « The Daily Stoïc: 366 Meditations on Wisdom, Perseverance, and the Art of Living », 2016

Chronique et résumé de « Être stoïque au quotidien » de Ryan Holiday et Stephen Hanselman

Les auteurs

Ryan Holiday est un écrivain spécialiste du développement personnel et de marketing.

Ces ouvrages les plus connus de développement personnel sont :

L’obstacle est le chemin, 2018 (The Obstacle is the Way, 2015) ;

L’Ego est l’ennemi, 2020 (Ego is the Enemy, 2016) ;

Le calme est la clé, 2019 (Stillness is the Key, 2019)

Le choix du courage, 2022 (Courage is calling, 2021).

Parmi ses livres de marketing, vous trouverez :

Faites-moi confiance, je mens, 2013 (Trust Me, I’m Lying, non traduit) ;

Growth Hacker Marketing, 2014 (non traduit);

Le vendeur persistant, 2017 (Perennial Seller, non traduit).

Formé à la philosophie à Harvard, Stephen Hanselman a aidé l’auteur pour les traductions des grands classiques du stoïcisme. Il est éditeur, auteur et fondateur de LevelFiveMedia, une agence littéraire qui accueille notamment des stars du développement personnel telles que Tim Ferriss.

Le livre Une année avec les stoïciens : 365 enseignements pour déployer son potentiel a fait l’objet d’une suite (non traduite) intitulée The Daily Stoïc Journal : 366 Days of Writing and Reflection on the Art of Living, paru en 2017. Retrouvez plus d'information sur le site Daily Stoïc !

Le livre est organisé de façon originale. Pour chaque jour de l’année, le livre propose un titre, une citation (traduite par Stephen Hanselman) et un commentaire de Ryan Holiday, l’auteur principal.

Avant d’entrer dans le détail des enseignements, voyons d’abord ce que dit l’introduction !

Introduction

De la Grèce à aujourd’hui, en passant par Rome

En Grèce

Zénon de Kition est un philosophe d’origine phénicienne. Il a fondé l’école de pensée connue sous le nom de stoïcisme vers 300 av. J.-C. à Athènes, en Grèce. Zénon était influencé par les philosophes athéniens tels que Socrate et Platon, et Aristote (qu’il critiqua néanmoins).

À l’origine, le stoïcisme grec était une « philosophie complète » qui comprenait plusieurs disciplines et notamment une cosmologie, une physique et une logique.

À Rome

Lorsque les penseurs romains adoptent le stoïcisme quelques siècles plus tard, ils le transforment. Cette philosophie devient plus pratique. Elle se centre davantage qu’auparavant sur l’éthique.

Vous connaissez certainement des stoïciens romains célèbres, tels que :

Sénèque, écrivain et homme d’État du premier siècle après J.-C. ;

Épictète, philosophe du deuxième siècle après J.-C.

Ces deux auteurs ont souhaité que le stoïcisme apporte des « réponses réelles et exploitables » à la question de savoir comment vivre une vie vertueuse et épanouissante.

Un siècle plus tard, l’empereur Marc Aurèle se tourne lui aussi vers les principes stoïques. Son livre le plus connu, Pensées pour moi-même, a fait de lui l’un des plus illustres représentants de cette philosophie.

Dans cet ouvrage, Marc Aurèle fait lui aussi l’éloge d’une approche pragmatique et éthique du stoïcisme. C’est avant tout cette tradition qu’entend prolonger Ryan Holiday dans le livre Une année avec les stoïciens.

De la fin de l'Antiquité jusqu’à nos jours

La popularité du stoïcisme a connu des variations au cours de l’histoire. Toutefois, certains historiens et analystes pensent que le Moyen-Âge chrétien s’est largement inspiré de cette philosophie.

Durant la Renaissance, puis au cours des siècles suivants, de nombreux philosophes européens ont ravivé la pensée stoïque. C’est le cas du philosophe flamand Juste Lipse et d’Érasme au XVIe siècle, par exemple. Mais aussi de Spinoza ou de Francis Bacon au XVIIe siècle !

Encore aujourd’hui, de nombreux universitaires étudient la philosophie stoïcienne et elle continue d’inspirer la pensée des philosophes contemporains.

Et pour Ryan Holiday, il est clair que les stoïciens sont plus pertinents que jamais ! C’est ce que nous allons voir maintenant.

Un livre de philosophie pour une vie philosophique

En fait, l’auteur estime que le stoïcisme reste tout à fait applicable à la vie moderne. Selon lui, leur philosophie offre la possibilité à toutes les personnes, aujourd’hui, de retrouver la sérénité et de vivre mieux au quotidien.

Comment ? Car les stoïciens accordent une grande importance à notre capacité à maîtriser nos émotions et nos réactions. Lorsque nous pouvons contrôler notre façon d’être grâce à notre raison, nous en profitons — et les autres aussi !

En nous concentrant sur notre capacité d’action personnelle et en ne blâmant pas les autres, nous pouvons trouver de nouvelles solutions à nos problèmes. Que ceux-ci surgissent dans notre vie privée ou dans le cadre des relations professionnelles.

Comme nous allons bientôt l’apprendre, les stoïciens pensent qu’il est important d’identifier les événements qui sont en dehors de ce que Ryan Holiday nomme le « cercle de contrôle ».

L’une des leçons les plus importantes consiste à apprendre à ne pas réagir émotionnellement à de tels événements, car ils sont impossibles à changer. Or, la première étape consiste à les « percevoir » correctement.

Partie 1. La discipline de la perception

Selon Ryan Holiday (qui interprète librement les écrits des philosophes stoïques), les stoïciens romains auraient établi trois disciplines, centrées sur trois capacités :

La perception ;

La volonté ;

L’action.

Le stoïcisme affirme que les perceptions — la façon dont le monde nous apparaît — peuvent nous causer de profonds problèmes. Pourquoi ? Car les sens (vue, ouïe, odorat, toucher, goût) peuvent nous tromper.

Le monde qui nous entoure peut nous paraître confus, car nous recevons des perceptions différentes venues des sens. Nous ne savons pas maîtriser ce flux incessant d’impressions.

Plus profondément, nous nous faisons des idées fausses sur le monde à partir de ce que nous voyons, entendons, etc. Nous élaborons des représentations fausses sur le monde et ces croyances nous nuisent.

Pour éviter cela, les stoïciens préconisent la « clarté mentale ». Mais pour y parvenir, il est essentiel de remettre en question son propre point de vue sur le monde.

Par exemple, si un événement malheureux se produit, le stoïcisme exhorte l’observateur (et même à celui qui vit le malheur) à ne pas lui attacher d’émotion ou de sens négatif. En fait, il doit, dans l’idéal, élargir son état d’esprit. Il doit accepter ce problème comme faisant partie de la vie elle-même.

Janvier — Clarté

Ryan Holiday propose de nommer « cercle de contrôle » la façon dont les stoïciens se réfèrent aux choses qu’ils peuvent changer ou influencer. L’auteur explique que les stoïciens croient que la seule chose que l’on peut contrôler pleinement est son propre esprit.

En vérité, même notre propre corps ne se trouve pas dans notre cercle de contrôle. En effet, nous pouvons tomber malades. Nous pouvons également être emprisonnés et empêchés d’aller où bon nous semble.

Les discours d’Épictète, par exemple, enseignent que les gens ne peuvent contrôler que leur « choix raisonné et tous les actes qui dépendent de cette volonté morale ». Comment faire ?

En se débarrassant des « fausses conceptions » (oiesis). Celles-ci résultent du fait de céder aux premières impressions. Aujourd’hui, nous parlerions peut-être de croyances limitantes ou de biais cognitifs.

Pour les contrer, Ryan Holiday soutient que tout le monde devrait développer un objectif clair et précis. Celui-ci doit nous aider à diriger nos actions. Dans ce cas, nous devenons capables de faire des choix rationnels qui soutiennent notre objectif final.

Sans cette clarté, nous devenons plus vulnérables aux oiesis, nous nous sentons désordonnés ou dysfonctionnels. Nous travaillons sans but et nous faisons plus d’erreurs.

L’auteur ajoute autre chose. Pour Ryan Holiday il est recommandé de pratiquer la neutralité. Il s’agit d’adopter un point de vue extérieur à soi, celui de la vie elle-même. Cet exercice mental est destiné à aider les gens à :

Éviter de s’énerver pour un rien ;

Cesser de ruminer des événements qu’ils ne peuvent pas contrôler ;

Garder leur clarté mentale et leur pouvoir de décision.

Enfin, Ryan Holiday nous invite à la réflexion et à l’analyse de nos désirs et de nos modèles intérieurs. En identifiant et en canalisant nos croyances limitantes ou nos biais cognitifs, nous pouvons retrouver la « souveraineté » de nos actions.

Les jours du mois de janvier

Contrôle et choix

L’éducation c’est la liberté

Soyez intraitable envers les choses sans importance

Les trois grands

Clarifiez vos intentions

Où, qui, quoi, et pourquoi

7 fonctions claires de l’âme

Identifions vos addictions

Ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas

Si vous cherchez la stabilité

Si vous cherchez l’instabilité

L’unique voie qui mène à la sérénité

Sphère d’influence

Coupez les ficelles qui manipulent votre esprit

Suivez votre cap pour trouver la tranquillité

N’agissez pas par habitude

Remettez-vous au travail

Regardez le monde avec les yeux d’un poète et d’un artiste

Où que vous alliez, c’est là qu’est votre choix

Ranimez vos pensées

Un rituel matinal

Passez la journée en revue

La vérité sur l’argent

Ne vous arrêtez pas à la surface

Le seul prix

Le pouvoir d’un mantra

Les trois domaines d’apprentissage

Observez les sages

Restez simple

Vous n’avez pas besoin de tout savoir

La philosophie est la médecine de l’âme

Février — Passions et émotions

Pour Marc Aurèle et Épictète, le calme et le contrôle sont les plus grandes forces que nous devons posséder. C’est ainsi que nous pouvons désamorcer les situations négatives tout en conservant notre dignité.

Ryan Holiday nous montre aussi que l’émotion de la colère n’est pas un signe de force. En fait, les personnes qui perdent leur sang-froid se montrent faibles, tant au niveau de leur volonté que de la gestion de leurs émotions.

Dans ce chapitre, l’auteur explique aussi que la vie de luxe peut créer de l’instabilité. Pourquoi ? Car nous craignons alors de perdre ce que nous avons. Nous nous sentons en détresse dès que le risque de ne plus posséder telle ou telle chose se manifeste.

Une approche radicale du stoïcisme consiste à vivre de manière frugale et à se sentir satisfait avec le minimum. Ce choix permet d’éviter le « vertige émotionnel » qui peut survenir lorsque nous ne maîtrisons pas les choses que nous possédons.

Les jours du mois de février

Pour l’homme colérique

Un bon état d’esprit

L’origine de notre anxiété

Soyez invincible

Calmez vos pulsions

Ne cherchez pas la bagarre

La peur est une prophétie autoréalisatrice

Vous êtes-vous senti mieux ?

Il n’est pas indispensable d’avoir une opinion

La colère est un mauvais carburant

Héros ou tyran ?

Protégez votre tranquillité d’esprit

Le plaisir peut devenir une punition

Pensez avant d’agir

Seulement des mauvais rêves

Ne rendez pas les choses plus compliquées que nécessaire

L’ennemi du bonheur

Préparez-vous avant la tempête

Le banquet de la vie

La grande parade du désir

Ne désire rien, ne veux rien

Toute vérité n’est pas bonne à dire

Les circonstances ne se soucient pas de nos sentiments

La véritable cause du préjudice

La fumée et la cendre de la légende

À chacun ses affaires

Cultiver l’indifférence quand d’autres se montrent passionnés

Quand vous perdez le contrôle

On ne peut pas toujours obtenir ce que l’on veut

Mars — Prise de conscience

Nous nous sentons souvent anxieux vis-à-vis du futur. Nous nous fâchons souvent contre nous-mêmes en imaginant le pire à venir. Pourtant, Marc Aurèle nous avertit : notre esprit est façonné par nos pensées récurrentes. Pire, nous pouvons faire advenir ce que nous redoutons.

C’est pourquoi il est si important d’être conscient de ses pensées. Et cela avant qu’elles ne deviennent des modèles négatifs qui nous empoisonnent la vie !

En fait, nous pouvons même aller plus loin. Attendre que le bonheur frappe à la porte dans un avenir incertain — ou une fois que nous aurons réalisé telle ou telle chose — est un simple gaspillage du moment présent. Nous pouvons être heureux dès maintenant…

Pour y parvenir, les stoïciens enseignent l’importance de « faire attention », qui est proche de l’idée de « pleine conscience ». Cette « ressource critique », comme l’appelle Ryan Holiday, devient capitale à l’heure des distractions numériques.

Les jours du mois de mars

Là où commence la philosophie

Autoanalyse sans fard

(Dés) intégration

Être conscient c’est être libre

Éliminez ce qui vous coûte

Ne vous racontez pas d’histoires

Vos sens sont trompeurs

Ne renoncez pas par inadvertance à votre liberté

Choisissez vos fréquentations

Trouvez-vous un Caton

Vivre sans entraves

Mettez-vous à la place du fautif

Un jour vous comprendrez

L’aveuglement votre ennemi

Le présent est tout ce que nous possédons

Cette part de vous qui est sacrée

La beauté du choix

Impossible sans votre consentement

Sagesse intemporelle

Prêt et à la maison

Le meilleur refuge est à ici, pas là-bas

Le signe d’une véritable éducation

L’âme encamisolée

Il y a de la philosophie en toute chose

La richesse et la liberté sont libres

Qu’est-ce qui dirige votre âme dirigeante ?

Payez ce que les choses valent

La lâcheté est un problème de conception

Pourquoi avez-vous encore besoin d’impressionner ces gens ?

De la raison en toutes choses

Vous êtes le produit de votre éducation

Avril — Pensée objective

Nous devrions souvent ralentir pour réfléchir. Pourquoi ? Car, la plupart du temps, nous n’agissons pas. Nous réagissons. Nous nous laissons aller par la vitesse de l’esprit et par nos premières impressions.

Pire, nous prenons de mauvaises habitudes. Nous nous « verrouillons » dans des réactions impulsives et nous les valorisons. Pour éviter cela, nous devons absolument identifier nos préjugés et reconnaître que nous ne comprenons ni ne savons pas tout.

« S’il y a un enseignement de base au cœur de cette philosophie, c’est que nous ne sommes pas aussi intelligents et aussi sages que nous aimerions le penser. Si jamais nous voulons devenir sages, nous devons nous questionner et être humbles », rappelle Ryan Holiday à la suite des stoïciens.

Cette humilité s’étend à la possibilité de changer d’avis après avoir appris de nouvelles informations.

Tout en réalisant ce travail sur nous-mêmes, nous devons reconnaître que nous sommes à l’origine de nos émotions. Nous ne contrôlons pas ce que les autres font, mais nous pouvons apprendre à maîtriser nos propres sentiments et ressentis.

Les jours du mois d’avril 

La couleur de vos pensées

Méfiez-vous de ce que vous laissez entrer

Abusé et divisé

Que cela ne vous monte pas à la tête

Faites confiance, mais vérifiez

Préparez-vous au pire

Attendez-vous à changer d’opinion

Le coût d’accepter des contrefaçons

Vérifiez vos impressions

Les jugements provoquent des troubles

Si vous voulez apprendre, soyez humble

Refusez les cadeaux tentants

Qui peut le plus peut le moins

Devenez un expert dans ce qui est important

Payez vos impôts

Observez les causes et les effets

Ni préjudice ni faute

À chacun ses opinions

Notre sphère d’influence

Le bien véritable est simple

Ne relâchez pas votre attention

Les propriétés d’une personne rationnelle

Votre esprit est véritablement vôtre

Un usage productif du mépris

Il n’y a rien de mal à avoir tort

Il se passe des choses par l’entraînement

Retournez-le sur l’envers

Vos désirs vous asservissent

Purifiez-vous des souillures de la vie

Qu’est-ce qui est en accord avec votre dignité personnelle ?

Partie 2. La discipline de l’action

La discipline d’action demande aux gens de tenir compte de leurs actions et des motivations qui les sous-tendent, ainsi que des conséquences possibles de leurs actions.

Les stoïciens enseignent que pour se comporter correctement, les gens doivent s’éduquer, développer une conscience de soi et incarner des vertus stoïques. Holiday explique que les stoïciens croient que cette approche aidera à rendre leurs actions « efficaces ».

Mai — Bonne action

Il est vrai que le stoïcisme met l’accent sur une discipline stricte. Cette philosophie promeut également un idéal de vie élevé : vivre selon la raison. Pour autant, Ryan Holiday souligne que cette philosophie n’est pas ascétique ou mortifère.

Les penseurs stoïciens ne s’attardent pas sur les sentiments de honte ou de culpabilité. Ils ne cherchent pas à créer des rituels de pénitence ou de châtiment. Au lieu de cela, ils cherchent constamment à rendre leurs actions présentes et futures plus vertueuses.

Ryan Holiday nous encourage à adopter la même approche dans notre relation à nous-mêmes. Plutôt que de nous punir, nous devrions apprendre à agir mieux et autrement.

Autrement dit, le plus important consiste à vivre selon des valeurs fermes et à montrer l’exemple. Il ne s’agit ni de prêcher ni de se culpabiliser, mais de bien agir au quotidien et de progresser constamment.

Les jours du mois de mai 

Affirmez votre personnalité

Soyez la personne que vous voulez être

Montrez, au lieu de dire ce que vous savez

Qui est vraiment remarquable ?

Vous êtes le projet

La vertu est belle

Comment passer une bonne journée

Bien ou mal ? Quels sont vos choix ?

Carpe diem 

Ne soyez pas inspiré, soyez inspirant

La culpabilité est pire que la prison

La bienveillance est toujours la bonne réponse

Alimentez le bûcher des habitudes

Notre bien-être réside dans nos actions

Estimez-vous heureux

La méthode de la chaîne

Être stoïcien est un apprentissage permanent

Notre façon de faire est toujours la même

Apprendre, pratiquer, s’entraîner

Préférez la qualité à la quantité

Quel type de boxeur êtes-vous ?

C’est aujourd’hui le grand jour

Montrez-moi comment vivre

Œuvrez à votre propre bonne fortune

Où trouver la joie

Arrêtez de vous soucier de ce que les autres pensent

Inquiétez-vous de broutilles

Les deux premières choses à faire avant d’agir

Le travail, c’est la santé

Travailler bien ou travailler peu ?

Nous n’avons qu’une seule obligation

Juin ­— Résolution de problèmes

Nous trouvons souvent normal de passer beaucoup de temps à suivre les nouvelles. Nous voulons être des « personnes informées ». Mais est-ce une si bonne idée ? Cette habitude de consommation médiatique, si typique du monde contemporain, est-elle bonne ?

Ryan Holiday la remet en question. Si l’on en croit la philosophie stoïque, il est impossible d’exercer une influence durable en dehors de notre esprit. Comment en avoir une sur une telle myriade d’événements !

Ceux-ci, au fond, ne font que créer une distraction épuisante. C’est pourquoi l’auteur demande : « De combien de temps, d’énergie et de cerveaux purs bénéficieriez-vous si vous réduisiez drastiquement votre consommation de médias ? ».

C’est la même chose qui se passe que lorsque nous nous inquiétons d’événements qui ne se sont pas encore produits. Ryan Holiday invite plutôt à suivre le conseil de Sénèque qui invitait à résister à l’anxiété liée à l’attente et aux ruminations.

Dans ce chapitre, vous trouverez un grand nombre de réflexions et de propositions d’actions qui vous aideront à résoudre ce type de problème.

Les jours du mois de juin 

Ayez toujours une clause de réserve mentale

Pensée de Platon

C’est bien d’être flexible

C’est pour cela que nous sommes là

Mouchez-vous

Faut-il persévérer ou vaut-il mieux abandonner ?

Trouver les bons mentors

Brique à brique

Il faut résoudre les problèmes au plus vite

Vous pouvez le faire

N’empirez pas les choses

Un esprit entraîné vaut mieux que n’importe quel scénario

La vie est un combat

Essayez l’autre anse

En écoutant, on accomplit plus de choses qu’en parlant

Il n’y a pas de honte à avoir besoin d’aide

Offense ou défense ?

Prêt et déterminé

Restez focalisé sur le présent

Le calme est contagieux

Promenez-vous

La définition de l’insanité

Le long chemin

Les gens bien éduqués ne se disputent pas

Les sages n’ont pas de « problèmes »

Tentez le contraire

L’adversité lève le voile

Inutile de s’autoflageller

Pas d’excuses

L’obstacle est le chemin

Juillet — Devoir

Être fier et heureux d’exercer son métier — quel qu’il soit — nous conduit naturellement à perfectionner nos savoirs et nos compétences. Dans ce cas, nous faisons notre travail du mieux que nous pouvons, sans (trop) nous soucier du jugement extérieur.

En revanche, si notre satisfaction au travail dépend (trop) de la validation des autres, cela risque de nous rendre malheureux. Dans ce cas, nous sommes comme des acteurs déçus lorsque leur performance est critiquée par les spectateurs !

Mais nous ne maîtrisons pas la réaction des autres. Il vaut donc mieux se concentrer sur le fait de faire de son mieux. C’est en ayant confiance en nos propres décisions que nous pouvons acquérir « satisfaction et résilience ».

Marc Aurèle considère que c’est de cette façon que nous pouvons avancer sereinement et avec succès. Néanmoins, il dit également que nous devrions toujours être prêts à accepter le rejet et à faire de nouveaux choix si nécessaire.

Quel est, parmi tous, le meilleur choix, la meilleure décision ? C’est celle, simplement, d’« être un bon être humain ». Or, il est important de le souligner : nous avons toujours la possibilité de nous tourner vers cette option.

Bien sûr, cette décision peut être plus difficile à prendre dans certaines situations. Par moments, choisir d’être une personne moralement responsable nécessite beaucoup de courage et de discipline. Mais c’est pourtant la meilleure voie, celle qui nous conduit à la sérénité et au bonheur.

Les jours du mois de juillet

Faites votre travail

Sur le devoir et les circonstances

Transformer le devoir en pouvoir

Protégez la flamme

Personne n’a dit que ce serait facile

Debout !

Notre devoir d’apprendre

Arrêtez ces singeries !

Le roi philosophe

Aimez l’art humble

La start-up de vous-même

Quelques règles simples

Un leader dirige

Faites preuve d’humilité

Il suffit de bien faire

Progrès de l’âme

N’abandonnez pas les autres… où vous-même

Chacun est capitaine de son propre navire

Pardonnez-leur parce qu’ils sont ignorants

Fait pour la justice

Fait pour travailler ensemble

Personne n’a posé un pistolet sur votre tempe

Recevez les honneurs et les affronts exactement de la même façon

Quelqu’un est en train de mourir quelque part

Qu’est-ce qui est gravé sur votre tombe ?

L’inaction des gens de bien

Où y a-t-il quelque chose de meilleur ?

Vérifiez vos privilèges

Sa propre guérison

Joie stoïcienne

Votre carrière n’est pas une condamnation à vie

Août — Pragmatisme

Les philosophes stoïciens n’étaient pas des moines ou des ermites ! Ils étaient avant tout des hommes du monde. Certains ont vécu des vies d’artistes, de soldats ou d’hommes d’affaires. Bref, ils cherchaient à vivre dans le monde de leur époque et à « traiter avec le monde réel ».

Avec Sénèque, Ryan Holiday rappelle que « la philosophie n’est pas un truc amusant. C’est pour l’usage — pour la vie ». En d’autres termes, la philosophie s’apparente à un guide en vue de se construire une meilleure personnalité et une vie meilleure.

Le stoïcisme appelle avant tout à un engagement proactif dans le monde. Il s’agit de tirer le meilleur parti de chaque jour et d’avancer dans l’existence, quels que soient les défis qui surgissent.

Nous pouvons nous laisser distraire, nous tromper. Nous pouvons nous laisser manipuler par les gens ou tergiverser durant des heures au lieu d’agir. Et nous pouvons encore procrastiner plus ou moins intelligemment. Nous pouvons aussi en rester à l’état de rêveur.

Ryan Holiday insiste grandement sur ce point : si nous attendons les conditions parfaites pour agir, rien ne se passera jamais. Ce genre de tendances perfectionnistes mène à la « dépression et à la frustration ». « Mieux vaut fait que parfait », diraient d’autres !

Cette approche pragmatique et expérimentale du stoïcisme rend le progrès possible. En valorisant même les petits pas, nous sommes sûrs d’avancer dans la bonne direction.

Les jours du mois d'août

Ne cherchez pas la perfection

Quoi qu’il arrive, nous pouvons travailler

La vie bonne est possible partout

N’accusez personne, ressaisissez-vous

Le silence est une force

Il y a toujours plus de marge de manœuvre qu’on ne le croit

Pragmatique et plein de principes

Commencez avec le monde tel qu’il est

Tenez-vous-en aux faits

La perfection est l’ennemie de l’action

Inutile de perdre son temps avec la théorie, seuls les résultats comptent

Appropriez-vous les paroles

Prenez-vous en main et finissez-en

Ce n’est pas pour s’amuser, c’est pour la vie

La cour suprême de votre esprit

Tout peut-être un avantage

Prenez vos responsabilités

Seuls les imbéciles se précipitent

Débarrassez-vous du superflu

Où cela compte

Ne soyez pas malheureux à l’avance

Ne vous inquiétez pas pour un rien

C’est dans votre propre intérêt

Pillage de toutes les sources

Respectez le passé, mais soyez ouvert à l’avenir

Renflouez les épaves

Vous riez ou vous pleurez ?

Le stoïcien opulent

Ne rien vouloir = tout avoir

Quand vous avez la flemme

Considérez aussi vos défauts

Partie III — La discipline de la volonté

La discipline de la volonté régit la vie intérieure d’un stoïcien. En la suivant, nous pouvons apprendre à accepter des événements que nous ne pouvons pas changer. Nous pouvons aussi mieux comprendre quelle est notre place dans la société.

Septembre — Force d’âme et résilience

Le thème de la « citadelle intérieure » est particulièrement important pour les philosophes stoïciens, Épictète et Marc Aurèle en particulier. Cette métaphore désigne la force d’un esprit discipliné et protégé qui ne peut pas être détruit par des forces ou des événements extérieurs.

Ryan Holiday explique qu’il est de notre responsabilité de renforcer notre propre citadelle intérieure. Nous devons rester vigilants à nos pensées (partie 1) et à nos actions (partie 2). C’est par la volonté, et par elle seule, que nous pouvons maintenir la raison et le calme dans notre esprit.

Les jours du mois de septembre

Mieux vaut avoir de la force d’âme que de la chance

L’école du philosophe est un hôpital

D’abord, les exercices d’hiver

Comment pouvez-vous savoir si vous n’avez jamais été mis à l’épreuve ?

Focalisez-vous sur ce qui dépend uniquement de vous

Ils peuvent vous enchaîner, mais…

Notre pouvoir caché

Ne vous laissez pas tromper par la fortune

Rien à craindre sauf la peur elle-même

Préparez-vous au pire

Habituez-vous à moins

Gardez les pieds sur terre au risque de tomber

Protéger votre citadelle intérieure contre la peur

Une autre façon de prier

Un jardin, ce n’est pas pour la galerie

Tout le monde peut avoir de la chance, mais tout le monde n’est pas persévérant

Affrontez la haine

Affrontez la douleur

La flexibilité de la volonté

La vie n’est pas une danse

Gardez votre calme, gardez le contrôle

On n’a rien sans rien

La citadelle imprenable

Ça n’arrive pas qu’aux autres

La vulnérabilité de la dépendance

À quoi sert le temps libre ?

Que révélera la prospérité ?

Vous détenez la carte maîtresse

Vos besoins réels sont dérisoires

Vous ne pouvez pas m’atteindre

Octobre — Vertu et bonté

Les stoïciens utilisent le terme de sympathie pour désigner l’interconnexion et l’interdépendance de toutes les formes de vie sur terre.

La plupart des penseurs stoïciens considèrent que les gens devraient agir pour le bien de leur communauté et que les résultats pour l’individu et le groupe sont intrinsèquement liés.

« Ce qui n’est pas bon pour la ruche n’est pas bon pour l’abeille », dit Marc Aurèle de façon claire et imagée. Autrement dit, en agissant pour le plus grand bien de notre communauté, nous en bénéficions également.

Les jours du mois d'octobre

Que brille la vertu

L’atout le plus précieux

Un mantra d’interdépendance mutuelle

Un pour tous, tous pour un

Ce qui est dit est dit

Veillons les uns sur les autres

Une raison égoïste d’être bon

Un plus grand plaisir

Établissez des normes et utilisez-les

Sainteté et justice

Honnête par défaut

Aimez toujours

La revanche est un plat qu’il vaut mieux ne pas servir

Ne vous fâchez pas, aidez

Accordez aux autres le bénéfice du doute

Répandez la bonne parole

Les bienfaits de la gentillesse

Faux amis

Les bonnes habitudes chassent les mauvaises

Signes d’une bonne vie

Héros, ici et maintenant

C’est facile de s’améliorer, mais dans quel domaine ?

Montrez les qualités qui dépendent de vous

La fontaine de la bonté

Deux tâches

Trois parties, un but

On récolte ce qu’on sème

Nous étions faits l’un pour l’autre

Le caractère d’un homme fait son destin

Qui a la part du lion ?

L’homme est bon de naissance

Novembre — Assentiment/Amor fati

Épictète est l’un des stoïciens qui insiste le plus sur le fait de lâcher prise face aux événements qui sont hors de notre cercle de contrôle. Notre situation, la place que nous avons dans la société est quelque chose que nous n’avons pas choisi.

Il compare par exemple la vie à une pièce de théâtre. Il suggère que chaque individu accepte le rôle qu’une puissance supérieure lui a attribué et qu’il essaie de jouer ce rôle aussi bien qu’il le peut.

Dans ce chapitre, Ryan Holiday relie ce conseil à l’histoire de Marc Aurèle. Celui-ci n’a pas cherché à devenir empereur. Pourtant, cette position lui a été imposée par sa famille et d’autres que lui. Mais il a accepté ce sort et a essayé de faire du mieux qu’il pouvait.

Les jours du mois de novembre

Accepter ce qui est

Lier nos vœux à ce qui adviendra

Obéissez aux ordres du médecin

Ni bon ni mauvais

Une puissance supérieure

Quelqu’un d’autre tire les ficelles

Comment devenir puissant

Acteurs de comédie

Tout est fluide

Toujours pareil

L’important n’est pas la chose elle-même, mais ce que nous en faisons

Le fort accepte ses responsabilités

Ne vous plaignez jamais, ne vous justifiez pas davantage

Vous choisissez l’issue

Tout est changement

L’espoir et la peur sont semblables

Ne juge pas, car…

Quatre habitudes d’un esprit stoïcien

Maximes de trois sages

Regardez le présent comme l’éternité

Un instant suffit, un instant pour l’éternité

Le verre est déjà cassé

L’attachement est notre ennemi

Entraînez-vous à lâcher prise sur ce qui n’est pas à vous

Les choses prennent une drôle de tournure

L’autel de l’absence de différence

Le plaisir d’effacer ce qui est négatif

Ce n’est pas leur faute, c’est la vôtre

Tout va bien se passer

Suivez le logos

Décembre ­— Méditation sur la mortalité

Les stoïciens nous exhortent à agir comme une « personne en train de mourir ». Tous, nous allons mourir tôt ou tard. Intégrer cette réalité dans notre vie quotidienne nous aidera à mieux décider et mieux agir.

Nous pouvons nous habituer à ce savoir. Plutôt que de vivre dans la peur de la mort, nous pouvons utiliser la connaissance de sa certitude pour nous motiver et nous pousser à l’action.

Un exemple : que voudriez-vous qu’il soit écrit sur votre pierre tombale ? Penser à cela donne un objectif et des raisons de bien agir dans la vie de tous les jours.

Par ailleurs, lorsque nous embrassons cette inévitabilité de la mort, nous nous rendons compte que le temps est la chose la plus précieuse de l’existence.

Enfin, cette attitude va de pair avec une forme de relativisation. Après tout, si nous allons mourir, les problèmes ne sont pas si graves. Nous pouvons nous concentrer sur le plus important : notre âme. Ce qui signifie non pas la vie après la mort, mais la bonne existence pendant la vie.   

Les jours du mois de décembre

Faites comme si aujourd’hui était votre dernier jour

Ne vous occupez pas de moi, je meurs à petit feu

Le philosophe est un artisan de la vie et de la mort

Cela ne vous appartient pas

Les avantages de la réflexion

L’épée est suspendue au-dessus de votre tête

Les cartes qui nous ont été distribuées

Ne vous voilez pas la face

Méfiez-vous des passe-temps chronophages

Ne vous bradez pas

Dignité et bravoure

La vie continue

C’est juste un chiffre

Ce que nous devrions savoir au final

Une façon simple de mesurer les jours

Éternelle bonne santé

Connaissez-vous vous-même — avant qu’il ne soit trop tard

Ce qui nous arrive à tous

Échelle humaine

Craignez la peur de la mort

Qu’avez-vous fait de toutes ces années ?

Affirmez-vous

Qu’avez-vous tellement peur de perdre ?

Insignifiant… comme un bon vin

Ne brûlez pas la chandelle par les deux bouts

La vie est longue — si vous savez vous en servir

Ne laissez pas votre âme partir la première

Le souvenir qu’on laisse

Montrez-vous reconnaissant

Enlevez le mordant

Participez activement à votre propre sauvetage

Conclusion — Rester stoïcien

L’une des pensées phares de Ryan Holiday est le « cercle de contrôle ». Il s’agit de l’idée que les gens ne peuvent vraiment affecter qu’une très petite sphère autour d’eux. Les stoïciens soutiennent en effet que la seule chose qui se trouve pleinement dans le cercle de contrôle d’une personne est son esprit.

D’autres éléments tels que la profession, la famille, les amis et d’autres activités se trouvent partiellement à l’intérieur du cercle, mais jamais complètement. En fait, la meilleure manière d’agir sur ces choses est de donner l’exemple d’une vie bonne.

Ryan Holiday déplore la quantité de temps et d’énergie que nous perdons en émotions et en actions inutiles. Lorsque nous cherchons à agir en dehors de notre cercle de contrôle, nous nous heurtons au malheur.

Plutôt que d’aller dans cette voie de la distraction, mieux vaut se concentrer sur les choix sous son contrôle. Cela contribue généralement à établir le calme mental et le bien-être. Ryan Holiday utilise une métaphore pour faire comprendre ce point : la stratégie d’entraînement dans le football appelée « Le processus ».

« Le processus » exige que les joueurs se concentrent sur le perfectionnement des détails après chaque match. Ils doivent se concentrer sur ces détails sans penser à leurs objectifs plus larges, tels que remporter des tournois ou recevoir des récompenses.

Holiday croit que cette approche fonctionne, car les objectifs à long terme ne peuvent être atteints qu’en prenant les bonnes actions dans le moment présent. C’est maintenant que vous agissez pour votre objectif final, et c’est sur cet instant que vous devez vous concentrer.

Ce type de pensée à petite échelle encourage l’action cohérente. Corrélativement, elle décourage la rumination des blessures du passé ou des inquiétudes sur l’avenir.

Autrement dit, cette méthode permet de « surmonter les obstacles et se frayer un chemin vers le sommet sans jamais s’être concentré directement sur les obstacles ».

Conclusion sur « Une année avec les stoïciens » de Ryan Holiday et Stephen Hanselman :

Ce qu’il faut retenir de « Une année avec les stoïciens » de Ryan Holiday et Stephen Hanselman :

Une année avec les stoïciens est un livre de développement personnel original qui rassemble pas moins de 365 citations de philosophes stoïciens traduites par Stephen Hanselman.

Mais ce n’est pas tout : Ryan Holiday commente et actualise cette pensée afin de la rendre accessible à nos mentalités contemporaines.

L’auteur met souvent l’accent sur cette possibilité d’appliquer du stoïcisme à la vie moderne. Il loue les thèmes majeurs de cette philosophie, tels que :

Le soin de soi ;

L’autodiscipline ;

La clarté émotionnelle ;

La neutralité ;

Le travail bien fait.

Il invite tout un chacun à mettre les conseils des stoïciens en pratique dans leur vie quotidienne. En effet, ceux-ci sont d’abord censés être vécus, et non seulement étudiés.

Points forts :

Une façon très originale de réaliser un ouvrage qui combine développement personnel et érudition sur la philosophie stoïcienne ;

365 citations de philosophes à lire chaque jour ;

De nombreux exemples contemporains qui permettent de comprendre les citations et, surtout, d’agir ;

Un livre de chevet à garder avec soi toute l’année !

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

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Avez-vous lu le livre de Ryan Holiday et Stephen Hanselman « Une année avec les stoïciens : 365 enseignements pour déployer son potentiel » ? Combien le notez-vous ?

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Mon, 18 Mar 2024 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12797/Une-anne-avec-les-stociens
Comment faire voler un cheval http://www.olivier-roland.fr/items/view/12795/Comment-faire-voler-un-cheval

Résumé de « Comment faire voler un cheval : l’histoire secrète de la création, l’invention et la découverte » de Kevin Ashton : un livre à la fois théorique et pratique qui vous emmène dans les coulisses des plus grands créateurs afin de vous donner les clés pour être plus créatif au quotidien.

Par Kevin Ashton, 2018.

Titre original : « How to Fly a Horse: The Secret History of Creation, Invention and Discovery », 2015

Chronique et résumé de « Comment faire voler un cheval » de Kevin Ashton

Qui est Kevin Ashton ?

Kevin Ashton a participé à la création des réseaux RFID (de radio-identification). C'est lui qui est à l'origine du terme "Internet of Things" (lnternet des Objets), devenu commun aujourd'hui. Il est le co-fondateur du Centre Auto-ID au Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Avant-propos — Le mythe

Un journal allemand publia un jour une lettre attribuée à Mozart. Dans celle-ci, le compositeur de génie affirmait que la musique lui venait "toute faite" dans son esprit, et qu'il n'avait plus qu'à la coucher sur le papier.

En fait, cette lettre était un faux. Et il en va de même pour ce qu'elle décrit : l'idée d'un flash de génie immédiat, venant comme par magie. Selon Kevin Ashton, cette façon d'expliquer la création relève plutôt du "mythe".

Au contraire, la création demande du travail et du "bidouillage", de la débrouille et du temps. C'est ce qu'il a constaté en inventant les puces RFID et ce qui deviendrait peu de temps plus tard l'Internet des objets.

"La création, ce n'est pas de la magie, c'est du travail", dit-il en conclusion de cet avant-propos. C'est également la thèse d'un autre ouvrage important sur la créativité : Laissez courir les éléphants !

Chapitre 1 — Créer, un acte ordinaire

Tout le monde peut créer et crée effectivement, à plus ou moins grande échelle. C'est inné et commun.

Avant le 14e siècle, la société ne créditait pas les inventeurs et les créateurs. À partir de la Renaissance, en revanche, la société met à l'honneur les individus et célèbre le génie en sélectionnant certaines personnes.

C'est aussi à partir de cette époque, et plus précisément à partir du XVIIIe siècle, que des brevets (des droits de propriété liés aux inventions techniques) et des droits d'auteur (pour les œuvres d'art) sont octroyés aux individus.

Pourtant, si nous y regardons de près, ce ne sont pas moins de six millions d'individus qui ont reçu au moins un brevet entre 1790 et 2011 ! Pour l'auteur, ceci est une preuve que "créer n'est pas une affaire d'élite" et n'est pas prêt de l'être.

En fait, nous devrions plutôt apprendre à trouver la créativité dans les moindres détails de la vie de tous les jours. D'ailleurs, c'est ce que nous enseigne la psychologie cognitive. Des chercheurs tels que Allen Newell et Robert Weisberg l'ont bien montré.

En fait, pour l'auteur, même l'intelligence n'est pas identique à la créativité. Il le montre en citant une étude sur le sujet. Celle-ci mit en évidence que la créativité ne requiert pas d'aptitudes spéciales, seulement présentes chez quelques individus.

Non, la créativité est potentiellement la même chez chacun. Il s'agit en fait d'un processus expérimental, étape par étape, qui demande beaucoup de travail. Et que tout le monde peut mettre en œuvre !

Chapitre 2 — Réfléchir, c'est mettre un pied devant l'autre

Pour mettre en évidence ce fait initial, Kevin Ashton utilise la métaphore de la marche. En fait, marcher et créer reposent sur le même processus : la pensée progressive.

Voici comment il la décrit plus loin dans le chapitre, après avoir rapporté une expérience menée par des chercheurs dans les années 1930 (et renouvelée dans les années 1970) :

"Il n'y a pas de changement brutal de perception (quand nous créons ou inventons). Nous passons du connu au nouveau par petites étapes. Dans tous les cas, le scénario est le même : on commence par quelque chose de familier, on l'évalue, on résout ce qu'on peut, et on recommence jusqu'à trouver une solution satisfaisante." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 2)

L'un des scientifiques auquel fait référence Kevin Ashton, Karl Duncker, considérait que la créativité commence à partir du moment où nous nous posons la question "Pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas (ou plus) ?" ou "Que puis-je faire pour que cela fonctionne (à nouveau) ?".

Bien sûr, parfois, il n'est pas évident de voir ce qui ne fonctionne pas. Et c'est là où se trouve l'intérêt : dans la curiosité et l'insatisfaction que manifestent certaines personnes et qui les poussent à se poser cette question.

Mais avoir une idée n'est pas la même chose que créer. Dans le dernier cas, nous agissons, alors que dans le premier, nous pouvons très bien rester les bras croisés. Prenons l'exemple du vol : beaucoup de personnes étaient certaines qu'il était possible de voler. Elles en avaient l'idée… Mais seuls les frères Wright ont créé le premier avion fonctionnel !

Chapitre 3 — Des obstacles à venir

Avancer étape par étape, cela signifie nécessairement échouer de temps en temps. Et même souvent !

C'est le thème de ce chapitre. En fait, il n'y est pas seulement question d'échec, mais aussi de rejets. Lorsque nous créons quelque chose, cela peut être refusé, rejeté par les autres. Kevin Ashton prend l'exemple de l'invention d'une nouvelle thérapie contre le cancer par Judah Folkman.

Il vaut mieux s'attendre au rejet. Et cela est plus sain, car les personnes qui acceptent trop vite vos idées sont régulièrement celles qui veulent quelque chose de vous ou vous aiment trop pour avoir un bon recul critique.

Faire face aux réactions négatives et aux échecs nécessite d'avoir confiance en soi et en ses idées. Lorsque nous créons, c'est comme si nous étions dans un labyrinthe : si nous perdons confiance et que nous arrêtons de marcher, nous n'en trouvons jamais la sortie.

Bien sûr, la foi en elle-même ne suffit pas. L'auteur prend un exemple étonnant de cela : un ingénieur français était si sûr de son nouveau modèle de parachute qu'il se jeta du haut de la tour Eiffel — et en mourut !

Voici la chose à ne pas faire : avoir confiance en soi et ses idées, mais ignorer les faits, les données et les critiques qui nous sont formulées.

Chapitre 4 — Ce que voient nos yeux

Pour le dire en deux mots, la sérendipité est l'art de trouver ce que nous ne cherchons pas. Mais cela demande de la préparation. En fait, nous habituons notre regard à voir les choses d'une certaine façon. Nous sommes parfois volontairement aveugles à certaines choses, et particulièrement attentifs à d'autres.

C'est ainsi que nous sélectionnons les éléments du réel qui font sens pour nous. De cette façon, nous pouvons "voir" et "découvrir" des choses qui demeurent inaperçues à d'autres. Voilà ce qu'il s'est passé, par exemple, pour la découverte de la bactérie H. Pylori par Robin Warren.

"L'acte créatif, c'est de l'attention. C'est voir de nouveaux problèmes, remarquer ce qui ne l'avait pas été jusque-là, découvrir les points aveugles de l'inattention. Si, après coup, une découverte ou une invention nous paraît si évidente qu'il nous semble qu'elle était visible tout du long, c'est probablement le cas. La réponse à la question "pourquoi n'y ai-je pas pensé ?", voilà "l'esprit neuf"." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 4)

Ce phénomène d'attention sélective est bien connu aujourd'hui et a été étudié de nombreuses fois. Il fait également partie de ces "biais" étudiés par Daniel Kahneman dans Système 1/Système 2.

En fait, tout ceci est lié à l'expertise et au travail accumulé durant plusieurs années. C'est parce que nous nous entraînons à voir d'une certaine manière que nous devenons effectivement capables de remarquer certaines choses plus rapidement que d'autres. Notre expertise se traduit en vitesse d'exécution.

Pour autant, les meilleurs experts sont aussi capables de renouveler leurs façons d'envisager des problèmes. C'est ce que Kevin Ashton nomme "l'esprit du débutant". Autrement dit, la création se cache à la fois dans l'ouverture et la fermeture, dans l'étonnement et la préparation.

Dans tous les cas, "considérez la certitude comme une ennemie et le doute comme un allié. Quand on peut changer d'avis, on peut tout changer", dit l'auteur pour clore le chapitre.

Chapitre 5 — À qui revient le mérite

Bien sûr, il nous faut ensuite tester notre idée. Nous l'avons dit, le flash de génie est un mythe. Pour être sûr que notre idée est valable — qu'elle est une bonne idée, qui va "tenir la route" —, il va falloir expérimenter, étape par étape.

Or, ce travail est souvent collectif. C'est en tout cas le cas pour les sciences. Le travail des uns s'appuie sur celui des autres. C'est ainsi que se créent les grandes découvertes. Mais alors, à qui en reviennent le crédit et le mérite ? N'est-il pas problématique d'attribuer l'émergence du neuf à un seul individu ?

Kevin Ashton prend l'exemple de la découverte de la structure de l'ADN par James Watson, Fancis Crick et Maurice Wilkins. En fait, il s'appuie notamment sur les recherches de Rosalind Franklin, une scientifique qui étudia les cristaux, les virus et découvrit la structure de l'ARN.

En fait, nous ne sommes pas vraiment assis "sur les épaules des géants", comme l'a dit Isaac Newton. Nous sommes plutôt assis à la suite de générations entières de personnes qui ont pensé et agi avant nous.

Rosalind Franklin elle-même put réaliser ses recherches parce que d'autres avaient mené la science de son époque à cette étape de son évolution :

"Rosalind Franklin, maîtresse en cristallographie, était juchée sur une tour de générations lorsqu'elle devint la première personne à observer le secret de la vie." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 5)

Chapitre 6 — Comment tout s'enchaîne

Connaissez-vous le luddisme ? C'est un mouvement anti-technologie (ou technophobe) du XIXe siècle. Les promoteurs de ce mouvement firent scandale en détruisant des métiers à tisser industriels. Ceux-ci avaient peur d'être remplacés par des machines qui feraient le travail à leur place.

Ce processus de mécanisation de l'industrie s'amplifia tout au long du XIXe et du XXe siècle. Et de nombreuses craintes l'accompagnèrent. Pour remplacer les emplois perdus, les États occidentaux choisirent de miser sur l'éducation : seuls les emplois qualifiés étaient "hors machine".

En fait, les conséquences de l'introduction de nouvelles technologies sont souvent difficiles à prévoir totalement. Les inventions s'enchaînent les unes aux autres, menant à d'autres problèmes et à d'autres découvertes, dans un cycle infini.

Kevin Ashton prend l'exemple d'une canette de Coca-Cola. Celle-ci est le fruit de multiples petites créations qui remontent — si nous y regardons bien — aux temps les plus reculés de l'humanité. Par ailleurs, la consommation de cette boisson a aujourd'hui des conséquences plus ou moins dramatiques, sur le plan sanitaire et environnemental, notamment.

Toutefois, ce n'est pas en refusant l'invention que nous résoudrons les problèmes que la technique pose. Pour l'auteur, la réponse est claire : il nous faut plus d'innovation scientifique et technique. En cela, il se rapproche des visions optimistes de la science et des techniques (approche technophile) prônées par Bill Gates ou Elon Musk, par exemple.

"Les outils en chaîne provoquent des conséquences en chaîne. En tant que créateurs, on peut en anticiper certaines et, si elles sont mauvaises, on devrait bien sûr prendre des mesures pour les éviter, même si cela va jusqu'à inventer autre chose à la place. Ce que nous ne pouvons pas faire, c'est cesser de créer (...). La réponse aux problèmes de l'invention n'est pas moins d'invention, mais davantage. L'invention est un acte d'itération infinie et imparfaite. Les nouvelles solutions engendrent de nouveaux problèmes, qui engendrent de nouvelles solutions. Tel est le cycle de notre espèce." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 6)

Le "cycle de notre espèce", voilà comment Kevin Ashton caractérise ce processus cyclique de création. Selon lui, elle concerne l'humanité tout entière.

Chapitre 7 — Ce qui nous meut

Ce chapitre est consacré à la motivation. Qu'est-ce qui nous meut ? Kevin Ashton commence par prendre l'exemple de Woody Allen. Celui-ci n'aime pas aller aux Oscars, malgré les multiples récompenses qui lui ont été proposées. Pourquoi ? Car, selon lui, recevoir des prix ne l'aide en rien à faire du bon travail.

Ce serait peut-être même le contraire. En fait, nous nous soumettons au jugement d'autrui et entrons dans une logique compétitive. Cela standardise et affaiblit notre travail — c'est, en tout cas, l'avis du réalisateur étatsunien. Mais pas seulement !

La psychologiste de Harvard Teresa Amabile a étudié les relations entre motivation et création. Elle montre que l'évaluation a un effet néfaste sur la création. Et de nombreuses études, notamment réalisées sur des animaux, vont dans le même sens.

Ces recherches vont dans la direction suivante : la motivation la plus forte est intrinsèque. Les motivations extrinsèques (récompenses, punitions, etc.) ne sont pas aussi efficaces.

Pour poursuivre son argument, Kevin Ashton parle du phénomène littéraire bien connu de crampe de l'écrivain ou d'"angoisse de la page blanche". Mais pour lui, c'est un faux problème ! En fait, ce qui nous arrive lorsque nous sommes bloqués devant notre écran d'ordinateur ou notre bloc de feuilles, ce n'est pas une simple impuissance ou un manque d'inspiration.

Que se passe-t-il, alors ? Nous nous figeons, car nous avons peur de ne pas être à la hauteur de nos propres attentes. C'est ce que Kevin Ashton nomme "le syndrome de la page mal remplie" :

"La victime d'un blocage n'est pas incapable d'écrire. Elle peut toujours tenir un stylo, taper sur les touches d'une machine à écrire, faire fonctionner son traitement de texte. La seule chose qu'elle est incapable d'écrire, c'est quelque chose qu'elle trouve bien. Ce n'est pas le syndrome de la page blanche, c'est le syndrome de la page mal remplie. Le remède va de soi : écrire quelque chose qu'on trouve mauvais." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 7)

Le plus important, c'est d'écrire ou de travailler, quelle que soit la tâche. Nous ne pouvons atteindre le maximum à chaque fois. Celui-ci est par définition exceptionnel. Surtout, continuons à écrire, si telle est notre passion.

En fait, c'est le mot le plus important : la passion. C'est elle qui vous aide à créer et à maintenir votre confiance durant le processus difficile d'essais et d'erreurs. La mise en place d'un rituel, d'une routine créative pourra peut-être vous aider. Toutefois, le plus important, c'est la constance.

Comme le disait Igo Strabinsky, "c'est le travail qui apporte l'inspiration lorsque celle-ci n'est pas perceptible au démarrage".

Chapitre 8 — La création en bande organisée

Nous faisons souvent l'expérience de la création lorsque nous sommes seuls. Ou nous croyons que les grands génies créent lorsqu’ils sont isolés. Mais il faut pourtant se demander comment des groupes peuvent être créatifs. Et plus encore : "Comment pouvons-nous construire des organisations où les gens créent ?".

Kevin Ashton prend l'exemple de la conception d'un avion de combat de l'armée américaine. L'ingénieur en chef — Kelly Johnson — a gagné la confiance de l'entreprise chargée de la tâche, Lockheed Corporation. Celle-ci a décidé de lui faire confiance malgré ses idées farfelues, tout en lui demandant de faire ses preuves.

Le lien créé par le secret ou par le partage d'un même espace peut aussi favoriser la création. Réunies autour d'un même projet, les personnes font équipe. Mais ici, deux éléments supplémentaires sont cruciaux pour l'auteur :

Il importe que les personnes soient mises sur un pied d'égalité ;

L'action doit primer sur la discussion.

C'est ce qu'il illustre avec une expérience intéressante, impliquant des enfants et des adultes travaillant dans différents domaines (droit, business, cadres, etc.). Celle-ci consistait à demander à ces différents groupes de personnes de réaliser une construction stable à partir de pâtes, de cordes et de papier collant, afin de faire tenir un marshmallow sur le dessus.

Simple ? En apparence ! En fait, ce sont les enfants qui s'en sont sorti le mieux. Pourquoi ? Selon les résultats, rapportés par l'auteur de Comment faire voler un cheval, ce serait parce que les enfants n'ont pas discuté et ne sont pas entrés dans des "jeux de pouvoir". Ils ont agi et n'ont utilisé le langage que pour agir.

Ce "test du marshmallow" met bien en avant les deux points cités ci-dessus. Or, dans les entreprises, ils sont souvent peu respectés. Les réunions s'éternisent ; les discussions prennent le pas sur l'action. Les hiérarchies tuent l'initiative. Résultat : les employés se désengagent et ne font plus d'efforts pour porter les valeurs et les idées de l'organisation.

La solution pour rendre nos organisations créatives passe donc par la mise en place de rituels d'action et par des relations plus horizontales.

Chapitre 9 — Bye-bye, génie

Au XIXe siècle, l'eugéniste Francis Galton écrivit un livre intitulé Hereditary Genius. Selon lui, seuls quelques-uns possèdent d'exceptionnelles capacités créatives. Ce sont les génies. Pour cet auteur, il conviendrait de privilégier la reproduction de certains groupes humains — et en particulier, donc, des génies — pour le bien de l'humanité.

En opposition à cette vision, Kevin Ashton plaide pour l'universalité de la créativité. En utilisant l'étymologie, il montre que "génie" signifiait "esprit". Or, cet esprit fait partie de chacun d'entre nous.

Nous avons besoin de créativité pour évoluer en tant qu'humains. Nous avons tous besoin de résoudre des problèmes et d'inventer de nouveaux chemins. Or, la situation actuelle — entre surpopulation et surconsommation — exige de nous des initiatives originales (nous pourrions aussi dire : des révolutions tranquilles).

Les craintes liées à la surpopulation ne sont toutefois pas nouvelles. Au XIXe siècle encore, Thomas Malthus fut le premier à alerter sur ce phénomène. Il fut à la fois célébré et critiqué. Il avait raison : la population humaine s'accroît énormément.

Pourtant, il n'a pas vu autre chose : avec l'accroissement de la population vient l'augmentation de la créativité. Or c'est précisément, selon lui, ce qui nous sauve au quotidien.

"Quand la population augmente, notre capacité à créer augmente encore plus vite. Il y a plus de gens qui créent, donc plus de gens avec qui se connecter. (...) Nous prenons le dessus sur le changement grâce au changement." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 9)

Conclusion sur « Comment faire voler un cheval ? » de Kevin Ashton :

Ce qu’il faut retenir de « Comment faire voler un cheval ? » de Kevin Ashton :

Ce livre est rempli d'anecdotes plus intéressantes les unes que les autres sur la création dans les domaines des arts, des sciences et des techniques — mais pas seulement. Kevin Ashton regarde la créativité comme une qualité intrinsèquement présente dans de nombreux actes du quotidien.

C'est un ouvrage optimiste et joyeux : il vous donnera vraiment envie de vous lancer dans votre aventure personnelle en explorant vos capacités créatives. Voulez-vous écrire ? Ou créer votre propre entreprise ? C'est possible ! Il suffit de se lancer, d'agir et d'accepter les erreurs.

Pour autant, vous ne lirez donc pas seulement un manuel de créativité. Il y a aussi, dans cet ouvrage, un côté philosophique et une réflexion sur l'avenir de l'humanité. C'est ce qui ressort bien, d'ailleurs, des dernières lignes du texte :

"La chaîne de la création est faite de nombreux maillons et chacun d'eux — c'est-à-dire chaque personne qui crée — est essentiel. Toutes les histoires des créateurs réaffirment les mêmes vérités : l'acte créatif est extraordinaire, mais les créateurs sont humains ; tout ce qu'il y a de bon en nous peut réparer ce qu'il y a de mauvais en nous ; le progrès n'est pas une conséquence inévitable, mais un choix individuel. La création ne naît pas d'un besoin : elle vient de nous." (Comment faire voler un cheval, Chapitre 9)

Vous pouvez méditer ces lignes tranquillement ! Par ailleurs, l'auteur propose une large bibliographie qui vous aidera à faire connaissance avec quelques-uns des classiques de la recherche contemporaine sur la créativité dans les différents domaines de l'existence.

En bref, ce livre est une réussite ! C'est un excellent livre de vulgarisation qui vous incitera à agir pour vous et pour les autres, tout en vous donnant les clés pour comprendre d'où vient cette force en nous que nous nommons "créativité".

Points forts :

Une pensée claire et une présentation didactique ;

De nombreuses références à des travaux classiques sur la créativité en philosophie, en sociologie, en psychologie et en histoire ;

Des exemples dans tous les domaines de l'existence ;

Une belle expérience de lecture et de réflexion.

Point faible :

Certes, la thèse de la créativité ordinaire n'est pas nouvelle. Beaucoup d'autres livres partent du même point de départ en critiquant, comme Kevin Ashton, la théorie du "flash du génie". Pourtant, le livre n'en demeure pas moins très intéressant et original. Et, en fait, il forme un excellent complément de Laissez courir les éléphants, qui est davantage axé sur les techniques concrètes à mettre en place pour agir au quotidien !

Ma note :

★★★★★

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Thu, 14 Mar 2024 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12795/Comment-faire-voler-un-cheval
La montagne, c’est toi http://www.olivier-roland.fr/items/view/12783/La-montagne-cest-toi

Résumé de « La montagne, c’est toi » de Brianna Wiest : un livre pour « se libérer de l’autosabotage » en 7 leçons claires et efficaces — à mettre entre les mains de toutes les personnes souffrant du syndrome de l’imposteur ou de ses dérivés (perfectionnisme, etc.).

Brianna Wiest, 2023, 213 pages.

Titre original : « The Mountain is You » (2020)

Chronique et résumé de « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest 

Chapitre 1 — La montagne est en vous

L'autosabotage est un mécanisme de défense

Le plus souvent, l'autosabotage est un mécanisme d'adaptation inconscient qui inhibe notre potentiel. Carl Jung, le célèbre psychanalyste et élève dissident de Freud, le dit très bien. En fait, sa propre expérience nous montre que l'autosabotage est un phénomène psychologique qui est lié à :

Des besoins émotionnels non résolus ;

Des peurs irrationnelles ;

et des associations négatives.

L'autosabotage n'est pas nécessairement un échec de notre volonté. En fait, il faut chercher plus profondément, c'est-à-dire dans nos conditionnements inconscients. Nous pouvons avoir une mauvaise estime de nous-mêmes pour une raison ou une autre. Ou bien nous pouvons avoir été socialisés dans la peur de l'étranger…

Sortir du déni

Ces limitations nous font malheureusement beaucoup de tort. Nos chances de succès et d'être heureux s'amenuisent. Pour mettre un terme à ce cercle vicieux, nous devons identifier les besoins et les peurs sous-jacentes qui nous ont marqués. Puis, nous devons faire face à ces croyances limitantes et ces associations inconscientes afin de les combattre.

En faisant cela, nous devenons capables de mieux aligner nos désirs et nos objectifs à nos actions concrètes.

Nous le remarquons donc dès à présent : l'autosabotage est intrinsèquement lié à nos systèmes de croyances. Nous avons tous des principes, des valeurs et des croyances qui donnent forme à la façon dont nous voyons le monde, les autres et — bien sûr — nous-mêmes.

Quels sont, dans ce cas, les premiers pas pour vaincre l'autosabotage ? Brianna Wiest en évoque deux pour commencer :

Cultiver la conscience de soi ;

Se rendre responsable à l'égard de notre situation actuelle.

Bien sûr, plusieurs autres conseils sont donnés dans le livre, ainsi que plusieurs recommandations précises et pratiques (voir les chapitres suivants). Mais pour l'immédiat, suivons la recommandation concrète suivante : écrivons !

Se préparer au changement radical

Eh oui, l'écriture aide à mettre les problèmes à distance et, donc, à cultiver la conscience de soi et la responsabilité. Lorsque nous écrivons ce qui ne va pas, nous reconnaissons le problème et nous le rendons tangible, manipulable. Cette "preuve écrite" servira ensuite de feuille de route pour l'action.

L'échec, nous le savons, est un catalyseur de changement. C'est lorsque les personnes atteignent leur niveau le plus bas qu'ils acceptent finalement de reconnaître l'origine interne de leurs soucis et qu'elles sont prêtes à évoluer.

En prenant conscience que la cause du problème est intérieure — autrement dit, que la montagne est en nous —, nous devenons capables de rejeter les justifications a posteriori ("J'agis mal parce que ceci ou cela d'extérieur à moi m'en empêche") et de nous concentrer sur nos propres forces de changement.

Toutefois, changer de croyances et de vie a un coût que nous devons impérativement accepter de payer. Quel est-il ? Cela dépend du problème ! En tout cas, ce qui est perdu (le plus souvent, une forme de sécurité) est compensé par les gains de cette nouvelle vie plus centrée et ancrée.

Avant d'aller plus loin, retenez ceci :

"La plus belle preuve d'amour que vous puissiez vous offrir est de refuser une vie qui vous rend malheureux. Le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire est d'enfin mettre des mots sur ce qui ne va pas." (La montagne, c'est vous, Chapitre 1)

Chapitre 2 — L'autosabotage existe-t-il vraiment ?

Brianna Wiest ne pense pas que l'autosabotage soit un acte volontaire. Nous ne faisons pas mal délibérément. Ces comportements destructifs sont plutôt le fruit de notre subconscient, comme nous l'avons vu plus haut.

L'autosabotage n'est pas non plus un indice de manque de volonté ou d'incapacité intellectuelle. En fait, il est la manifestation de notre complexité intérieure, de nos conflits émotionnels, qui restent le plus souvent cachés et ignorés.

Types d'autosabotage et comment y remédier

L'auteure passe en revue un grand nombre de types d'autosabotage :

La résistance, par exemple, est un état où nous échouons à nous engager dans de nouvelles opportunités ou relations, particulièrement lorsque la vie semble aller bien ou mieux. Cette forme d'autosabotage indique la peur de l'échec ou de la honte.

La limite supérieure est l'acte de s'imposer à soi-même une limite à ne pas dépasser, une forme de plafond de verre professionnel ou personnel. Au-delà, nous nous refusons le bonheur ou le succès. Et nous enclenchons une série de comportements autodestructeurs pour nous maintenir dans ces limites imaginaires.

La bougeotte est le fait de chercher sans cesse de nouveaux commencements, comme changer de travail sans arrêt ou entrer dans de nombreuses relations amoureuses. Pourquoi ? Pour éviter d'avoir à affronter certains problèmes sous-jacents.

Le perfectionnisme peut nous inhiber au point de nous faire échouer… par peur de l'échec. "Être perfectionniste ne se résume pas à vouloir bien faire : c'est se fixer des attentes irréalistes concernant ce que l'on est capables de faire ou de vivre", rappelle Brianna Wiest.

La mauvaise gestion des émotions nous empêche d'accéder à notre plein potentiel et à "devenir prisonnier" des sentiments négatifs. Nous devons être capables de gérer le chagrin ou la colère pour être pleinement présents à nous-mêmes.

Etc.

Brianna Wiest propose d'autres descriptions de phénomènes d'autosabotage et, pour chaque section, suggère des moyens de remédier au problème. Voici, par exemple, ce qu'elle préconise pour l'autosabotage nommé "manque d'organisation" :

"Comme pour tout, vous devrez procéder pas à pas pour désencombrer et réorganiser votre environnement. Commencez par vous concentrer sur une pièce uniquement ou, si c'est trop, sur un coin de cette pièce, un placard ou un tiroir. Ne dispersez pas vos efforts, consacrez-vous à cette zone et créez-vous une routine pour la maintenir en ordre. (...) Donnez-vous le temps de vous habituer à travailler à un bureau bien rangé et cela finira par devenir naturel. Vous serez peu à peu moins stressé et aurez le sentiment de mieux maîtriser votre vie. Il est extrêmement difficile d'incarner la personne qu'on rêve de devenir dans un environnement qui ne nous ressemble pas." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)

Comment savoir si vous vous autosabotez ?

Brianna Wiest dresse une nouvelle liste, plus facile à prendre en main, afin de vous aider à repérer des comportements problématiques (p. 56-59). Faites attention si vous… :

"Avez plus conscience de ce que vous ne voulez pas que de ce que vous voulez ;

Passez plus de temps à impressionner ceux qui ne vous apprécient pas qu'à chérir ceux qui vous aiment ;

Faites l'autruche ;

Vous souciez plus de paraître heureux que de l'être réellement ;

Recherchez l'approbation des autres avant votre bonheur ;

Refusez d'affronter vos émotions par peur de ce que vous allez découvrir ;

Courez après des objectifs sans vous demander si vous y tenez vraiment ;

Voyez vos mécanismes de défense comme la cause et non la conséquence de votre mal-être ;

Faites passer vos doutes avant votre potentiel ;

Voulez tout faire ;

Attendez qu'on vous ouvre la voie, qu'on vous tende la main ou qu'on vous offre sur un plateau la vie dont vous rêvez ;

Ne voyez pas tout ce que vous avez réussi à accomplir." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)

Identifiez vos engagements inconscients

Les comportements d'autosabotage, nous l'avons vu, sont causés par des conflits inconscients qui nous font agir malgré nous. Ces "engagements profonds" révèlent des besoins, des croyances et des valeurs qui nous animent sans que nous en ayons conscience. Par exemple, lorsque nous voulons tout contrôler, c'est peut-être parce que nous avons profondément peur de faire confiance, etc.

Tant que ces besoins ne sont pas résolus, ils créeront des effets d'autosabotage. Faire face à ce qui est caché n'est pas, la plupart du temps, très confortable. Pourtant, c'est indéniablement comme cela que nous pouvons progresser, selon Brianna Wiest.

Autrement dit, vous devez prendre le temps de distinguer, avec honnêteté, quelles sont les formes d'autosabotage qui vous concernent. Celles-ci sont des symptômes. Ce travail préliminaire vous permettra ensuite de retrouver les besoins sous-jacents — qui sont, eux, la véritable cause du problème.

Dissociez vos actions de vos émotions

La résistance au changement est quelque chose de connu et de normal, jusqu'à un certain point. Pour lever les freins vers votre progrès, vous devrez distinguer les émotions des actions. Les émotions peuvent être valides et légitimes, mais les actions qui en découlent, non.

L'objectif n'est pas seulement de comprendre ce qu'est l'autosabotage, mais d'en analyser les causes et de parvenir à vivre une vie plus entière et satisfaisante.

"Il est crucial d'apprendre à agir avant d'en avoir envie. Passer à l'acte crée un élan et suscite la motivation. Cette dernière ne viendra pas d'elle-même, vous devez la provoquer. Vous devez vous inspirer vous-même, vous mettre en mouvement. Vous devez vous lancer, tout simplement, et laisser votre vie et votre énergie se réaiguiller vers les comportements qui vous porteront vers l'avant, pas vers ceux qui vous retiennent en arrière." (La montagne, c'est toi, Chapitre 2)

Chapitre 3 — Vos émotions sont la clef de votre liberté

Les émotions sont comme des déclencheurs de l'action. Elles sont précieuses pour reconnaître ce qui vous anime. Elles révèlent des douleurs irrésolues, mais aussi vos besoins profonds et ce que vous désirez véritablement. En conséquence, elles peuvent être utilisées pour réaligner votre vie avec celui ou celle que vous êtes vraiment.

Comment interpréter vos émotions négatives ?

Les émotions négatives comme la colère, la tristesse et la culpabilité vous donnent des indices sur ce qui mérite un travail de votre part. Ce sont des messages que vous devez apprendre à interpréter pour améliorer votre existence.

Par exemple :

La colère nous montre des limites ou des injustices que nous chercherons à réparer.

La tristesse, quant à elle, constitue le plus souvent une réponse naturelle à la perte. Dans ce cas, elle vous indique qu'un travail de deuil sain est nécessaire.

Le sentiment de culpabilité nous renvoie à l'impression d'être un fardeau ; pour se débarrasser de cette émotion, un exercice de remémoration est souvent indispensable.

La honte est le sentiment qui intervient lorsqu'on a "conscience d'avoir agi à l'encontre de ses valeurs".

Etc.

Les murmures et les cris de votre voix intérieure

Nous avons tous ce petit dialogue intérieur qui nous avertit des dangers que nous courrons et qui nous met en alerte. Apprenons à écouter ce que nous dit cette "voix intérieure". "Si vous n'agissez pas, ses alertes se feront de plus en plus fortes, et si vous n'apprenez pas à l'écouter, elle finira par tout contrôler", prévient l'auteure.

Nous l'avons dit plus haut : les besoins et les émotions sont légitimes. Par exemple, il est légitime de vouloir être désiré ou de vouloir se sentir en sécurité. Ces besoins sont en vous et ne doivent pas être masqués. Ce ne sont pas des faiblesses à cacher. Au contraire, vous devez les accepter et trouver le moyen de les combler de façon saine et satisfaisante.

Comment suivre son instinct sans redouter l'avenir

L'instinct joue un rôle important pour nous guider. À la différence des réactions émotionnelles ou des projections liées à nos anxiétés passées ou futures, l'instinct est immédiat et tombe — souvent — juste. Il est focalisé sur l'ici et le maintenant. Nous pouvons donc nous fier à cette intuition pour prendre de bonnes décisions.

En fait, notre instinct ou intuition vient de l'intestin (ce que les anglais nomment gut feelings). Cet organe plié et complexe est souvent considéré comme notre "deuxième cerveau". Il nous renseigne sur nos états intérieurs et nos insatisfactions. Bien sûr, il ne doit pas remplacer complètement le raisonnement venu du cerveau lui-même. Mais il ne doit certainement pas être ignoré !

Il importe également d'apprendre à distinguer entre les émotions (notamment la peur) et l'intuition. Ainsi qu'entre l'instinct et les pensées parasites. L'intuition nous donne un sentiment de calme et de rationalité ; nous savons comment nous comporter sans nécessairement savoir directement pourquoi. Les émotions négatives et les pensées parasites nous laissent quant à elles plutôt dans un état de stress et d'incertitude.

Comment réellement combler ses besoins ?

Le concept de self-care (soin de soi) est remis en valeur et est aujourd'hui à la mode. Brianna Wiest suggère qu'il faut aller au-delà de cette tendance et retrouver la signification profonde de ce terme.

Selon elle, nous devrions nous focaliser en premier lieu sur les besoins physiologiques essentiels tels que le sommeil, la nourriture et le bien-être émotionnel. En fait, en cherchant à y subvenir de façon attentive, nous pouvons déjà supprimer bon nombre de comportements d'autosabotage.

"Nous avons tous besoin, pour bien vivre, de nous sentir en sécurité, de nous nourrir, de dormir, d'évoluer dans un environnement sain, de pouvoir nous vêtir et de nous autoriser à vivre nos émotions sans les juger ni les refouler. (...) Comprendre vos besoins, satisfaire ceux que vous avez les moyens de combler et vous ouvrir au monde pour que vos proches, à leur tour, vous aident à combler les autres — voilà comment briser la spirale de l'autosabotage pour vous bâtir une vie plus saine, équilibrée et épanouissante." (La montagne, c'est toi, Chapitre 3)

Chapitre 4 — Développer son intelligence émotionnelle

L'autosabotage est intimement lié au manque d'intelligence émotionnelle. Cette compétence est cruciale pour comprendre, interpréter et répondre aux émotions des autres et de nous-mêmes.

Votre cerveau est programmé pour résister à ce que vous désirez vraiment

Les neurosciences nous ont appris le rôle de la dopamine dans le cerveau. Celle-ci a un rôle à jouer dans nos tendances autodestructrices. Comment ? En nous poussant à "vouloir toujours plus".

D'un côté, c'est positif, puisque cette substance nous aide à conserver de l'ambition. Nous ressentons du plaisir lorsque nous accomplissons de nouveaux objectifs. Mais de l'autre, la dopamine peut nous jouer des tours en nous empêchant d'être content des victoires déjà remportées. Cela peut conduire à l'épuisement émotionnel et à l'autosabotage.

Les associations inconscientes contribuent au problème. Nous nous fermons des porte sans le savoir ! Par exemple, un échec dans un domaine — en amour, par exemple —, peut engendrer une réponse émotionnelle disproportionnée. Celle-ci va s'étendre au-delà de son milieu d'origine et nous faire perdre le contrôle à d'autres niveaux (au travail, notamment).

Votre corps n'aspire qu'à l'homéostasie

Nos biais cognitifs nous jouent également des tours : le biais de confirmation, notamment, qui nous incite à ne voir et à n'apprendre que ce que nous savons déjà. Nous recherchons avant tout notre zone de confort et nous rechignons à nous analyser en profondeur.

En fait, plus largement, c'est tout notre corps qui vise à demeurer dans un état d'équilibre, aussi bien au niveau de la température corporelle que du poids, ou encore de la régularité des battements du cœur, etc. C'est ce que les scientifiques nomment l'homéostasie ou l'"impulsion homéostatique".

"L'enseignement à retenir ici est que tout processus de changement ou de guérison nécessite une période d'adaptation, le temps que notre corps se fasse à la nouvelle norme que nous lui imposons", prévient Brianna Wiest.

Changement et choc d'ajustement

Il faut aussi prendre en compte ce que l'auteure appelle le "choc d'ajustement". Lorsque nous changeons, notre corps et notre esprit prennent un certain temps à s'adapter à la nouvelle configuration. Or, il se peut que, dans les premiers temps, nous n'en soyons pas satisfaits — même si ce changement est largement positif !

Pour que le changement devienne acquis, il faut qu'il devienne familier. Tant qu'il ne l'est pas, des phénomènes d'anxiété, de peur ou de vigilance extrême peuvent survenir face aux changements en cours.

Brianna Wiest promeut une approche "antifragile" de l'esprit et du changement (p. 105-107). Pour elle, l'adversité et le risque font complètement partie de l'aventure et doivent être assumés positivement.

Par ailleurs, elle place la notion de principe au centre de ses réflexions. L'enthousiasme ne suffit pas. Changer, c'est se mettre en conformité avec ses valeurs et ses principes profonds. Ces modifications ne se font pas en un jour. Nous l'avons déjà vu, c'est par une politique des petits pas que nous arriverons à de grandes transformations (ce que l'auteure nomme des "microrévolutions").

"Ce que nous désirons le plus ardemment est souvent ce à quoi nous résistons le plus fortement", assure-t-elle. Dans ces conditions, pas facile d'obtenir ce que nous voulons vraiment ! Mais pas impossible pour autant…

Vous n'êtes pas devin…

Pour y parvenir, il faut allier la résilience et l'expérimentation à la raison. En d'autres termes, il faut aussi arrêter de penser que nous pouvons tout prévoir — aussi bien les émotions d'autrui que les événements futurs. Ces "pensées divinatrices" produisent en nous des émotions fausses qui nous font mal agir (ou risquent de le faire).

En fait, ces pensées sont souvent des biais cognitifs (comme le biais de confirmation) et l'action juste consiste à s'en défaire par le recours à la logique et à la rationalité.

L'inquiétude est le moins stable des systèmes de défense

Quand bien même la préoccupation et la rumination auraient un lien avec la créativité, elles ne sont pas de bonnes conseillères pour le changement, ni même de bons systèmes de défense, soutient Brianna Wiest. Pourquoi ? Simplement car "s'accrocher aux expériences passées" nous maintient dans la spirale infernale de l'autosabotage.

Bien sûr, il est plus facile de dire "arrête de t'inquiéter" que de le faire véritablement ! Il faut donc mettre en place des stratégies alternatives. Les techniques du self-care et du raisonnement logique font partie de votre boîte à outils pour neutraliser l'anxiété et passer à autre chose.

Chapitre 5 — Se libérer du passé

"La vie est une perpétuelle réinvention de soi." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)

Le concept de "laisser aller" ou "lâcher prise" est souvent réduit à une simple décision. Mais en réalité, il n'est pas facile de changer d'anciennes habitudes et de s'élancer vers le nouveau. Lâcher prise (vis-à-vis de nos douleurs et de nos traumatismes passés, notamment) demande du temps : c'est un processus complexe, nuancé et personnel.

Tourner la page

Brianna Wiest propose un exercice à ceux qui veulent se libérer des fantômes de leur passé : se rappeler de vieux souvenirs et entrer en conversation avec son soi d'autrefois. De cette façon, nous pouvons "injecter" notre sagesse présente à notre plus jeune Moi et réorienter notre énergie vers le présent et l'avenir.

Il existe des pressions sociales pour tourner la page rapidement. Nous sommes parfois contraints de nous adapter très vite, ce qui laisse peu de place à l'analyse et à l'intelligence émotionnelle. Pourtant, comme nous l'avons dit plus haut, le temps compte. In fine, l'objectif est d'intégrer progressivement les expériences du passé dans notre identité présente, afin de créer un continuum cohérent et qui laisse la place à la nouveauté.

Se défaire des attentes irréalistes

"Si vous n'êtes capable de trouver le bonheur et la paix qu'après avoir gommé tous les défauts et écarté tous les problèmes de votre existence afin de vivre dans une illusion policée, c'est que vous n'avez pas réellement résolu vos difficultés." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)

Le vrai problème, ce n'est pas les conditions extérieures ou les marques conventionnelles du succès. Ce à quoi vous devez faire face, ce sont à vos conflits intérieurs.

Le développement personnel — tel que le conçoit Brianna Wiest — ne préconise pas que vous deveniez une version idéalisée de vous-même ou de l'individu en général. Il vous invite plutôt à embrasser qui vous êtes vraiment. La guérison commence lorsque nous acceptons l'imperfection.

Se remettre d'un traumatisme émotionnel

Les traumatismes sont des événements au cours desquels nous perdons notre sentiment de sécurité. Leurs répercussions sont psychologiques et physiques. Au plan psychique, nous demeurons dans un état de vigilance accrue, en "mode combat".

Par ailleurs, les régions de l'amygdale, de l'hippocampe et du cortex préfrontal, qui gèrent notamment le stress et la mémoire, sont mises à rude épreuve après un traumatisme. Nous n'arrivons plus (ou plus totalement) à :

Traiter les souvenirs de façon complète ;

Nous sentir en sécurité ;

Gérer nos émotions ;

Planifier et envisager notre avenir.

Pour nous en sortir, nous devons apprendre à nous libérer des émotions refoulées. Celles-ci ne sont pas facultatives ! Elles assurent notre bien-être et nous devons apprendre à les maîtriser autrement qu'en surcompensant ou en nous enivrant (pour ne prendre que deux exemples d'habitudes malsaines).

En fait, les émotions sont physiologiques et — si nous prêtons attention au langage — nous nous rendons compte qu'elles sont intimement liées au corps. Nous disons que nous "en avons plein le dos", quand nous sommes angoissés. Ou encore que nous avons "la peur au ventre", etc.

Ici, la méditation et la respiration peuvent aider en profondeur. Méditer, c'est d'abord apprendre à ressentir. La respiration aide à sentir où se situent les zones de tension. Pensez aussi à vous mouvoir dans l'espace et à laisser votre corps s'exprimer par des manifestations spontanées, telles que des tremblements, des pleurs, etc.

Guérir son esprit

Nous l'avons vu, l'intelligence émotionnelle est un prérequis essentiel pour retrouver la sérénité et se préparer au changement. Cela passe par un certain lâcher-prise : lâcher prise face à toutes ces peurs et émotions négatives qui ne nous servent pas.

"Guérir, c'est refuser de voir le changement comme un désagrément pour ne plus subir, une seconde de plus, la médiocrité. On ne peut pas échapper à l'inconfort du changement, il nous mettra toujours mal à l'aise. Mais on peut choisir de vivre cet inconfort en dépassant les limites que l'on s'est imposées, en brisant les codes et en devenant la personne que l'on rêve d'être, au lieu d'endurer en restant sur place à ruminer des peurs inventées pour justifier notre inaction." (La montagne, c'est toi, Chapitre 5)

Chapitre 6 — Se bâtir un nouvel avenir

Adopter une perspective tournée vers le présent et l'avenir est essentiel pour devenir la meilleure version de vous-même et adopter des principes qui vous mèneront là où vous avez toujours voulu être.

À la rencontre de la personne que vous pourriez devenir

Pour ce faire, nous avons vu qu'il importe au plus haut point de se libérer des fantômes du passé. Mais pas seulement ! Vous devez littéralement créer votre nouvel horizon. L'un des exercices les plus connus pour cela est la visualisation (pratiquée notamment par les spécialistes de la programmation neurolinguistique).

Brianna Wiest retravaille ce concept en proposant au lecteur de converser non plus avec son Moi plus jeune, mais avec son "meilleur Moi possible".

Lorsque vous pratiquerez cet exercice, vous devrez vous focaliser sur les nuances de votre apparence et de votre comportement. Comment serez-vous ? Comment agirez-vous ? Quelles seront les différences, par rapport à celui que vous êtes aujourd'hui ?

En visualisant ces détails, vous obtiendrez des indices sur les étapes à suivre pour devenir celui ou celle que vous voulez être.

Mais l'auteure va plus loin et vous propose un cheminement en 4 étapes :

Vaincre la peur ;

Observer son futur moi ;

Lui demander conseil ;

Imaginer recevoir les "clefs" de sa nouvelle vie.

Devenir la version la plus puissante de soi

Plutôt que de vous laisser aller à de vagues idées sur vous-même et le monde, prenez les choses en main et explorez votre futur Moi de façon raisonnée. Pour devenir la version la plus puissante de vous-même, fondez toutes vos décisions et actions dans le moment présent, avec conscience et responsabilité.

Voici quelques conseils supplémentaires explorés par Brianna Wiest dans La montagne, c'est toi (p. 16'-168) :

Demandez-vous ce que ferait votre "meilleur Moi possible" ;

Prenez conscience de vos faiblesses ;

Tenez-vous prêt à ne pas être aimé ;

Agissez délibérément ;

Travaillez sur vous-même.

Pour l'auteure, vous devez agir comme une petite entreprise en laissant l'image de votre meilleur Moi possible guider vos actions :

"Faites de cette version de vous le PDG de votre vie. Désormais, c'est elle qui prendra les décisions et gérera tout. Elle sera rédactrice en chef, la mère supérieure, le chef de famille… Bref, mettez-vous à ses ordres." (La montagne, c'est toi, Chapitre 6)

Apprendre à valider ses émotions

L'intelligence émotionnelle, associée à une pratique de la validation équilibrée, est d'un grand secours pour évoluer positivement.

La validation peut être néfaste lorsqu'elle devient la recherche compulsive du regard d'autrui. En revanche, elle est diablement utile et bienvenue quand nous devenons capables de valider nos propres émotions.

D'ailleurs, nous nous en rendons davantage compte quand nous le pratiquons avec autrui. Avez-vous remarqué le bien que procure un simple mouvement d'empathie ? Lorsque, par exemple, vous dites à une personne triste : "Je comprends ta tristesse, cela ne doit pas être facile". Ou lorsque vous recevez une remarque de ce genre, plutôt qu'un conseil…

La validation fait du bien. Mais comme nous venons de le dire, elle ne doit pas devenir compulsive. C'est pourquoi nous devons apprendre à valider nous-mêmes nos émotions. Comment ? En reconnaissant votre émotion et en vous disant que vous avez le droit d'être en colère, ou stressé, etc.

Suivre ses principes

Brianna Wiest oppose le fait de suivre des principes avec celui de se laisser uniquement guider par son inspiration. Les principes sont peut-être ennuyeux, mais ils nous mènent à bon port. L'inspiration, quant à elle, n'est basée que sur l'imaginaire : elle virevolte mais ne nous mène — concrètement — nulle part.

Les principes sont des relations de cause à effet. Ils peuvent être des normes sociales, des lois naturelles, ou encore des guides éthiques. En bref, ils apportent un cadre solide à l'action. En basant vos décisions et vos actions sur des principes, vous avez toutes les chances de parvenir à des résultats plus tangibles.

L'auteure aborde également la question de la raison d'être. Quelle est votre raison d'être ? En réalité, celle-ci change au cours du temps. Mais la plupart du temps, nous associons raison d'être et travail. Dans ce cas, autant passer le plus de temps à faire ce que vous aimez vraiment !

"Votre raison d'être se trouve là où se recoupent vos compétences, vos centres d'intérêt et les besoins du monde." (La montagne, c'est toi, Chapitre 6)

Que faire de votre vie ?

Voici plusieurs questions à vous poser pour vous aider à trouver votre raison d'être (p. 181-183) :

Pour qui et pour quoi êtes-vous prêt à souffrir ?

Fermez les yeux et imaginez la meilleure version de vous-même. À quoi ressemble-t-elle ?

Si les réseaux sociaux n'existaient pas, que feriez-vous sincèrement ?

Qu'est-ce qui vous vient le plus naturellement ?

Quelle serait votre routine idéale ?

Qu'aimeriez-vous laisser derrière vous ?

Chapitre 7 — De l’autosabotage à la maîtrise de soi

Passer de l'autosabotage à la maîtrise de soi n'est pas exceptionnel ou particulièrement compliqué. En fait, cela sera la conséquence naturelle d'un seul premier pas dans la bonne direction.

Contrôler ses émotions au lieu de les réprimer

Brianna Wiest s'inspire des enseignements du bouddhisme et de la pratique de la méditation. Mais aussi de la psychothérapie. Selon ces pratiques spirituelles, il importe de libérer ses émotions en "lâchant prise" ou en s'autorisant à s'exprimer.

Souvent, nous réprimons nos émotions de façon inconsciente. Mais nous pouvons reprendre le contrôle de façon consciente. Pour ce faire, prenez acte de l'émotion ressentie, puis décidez clairement de la réponse à apporter. Agissez donc en deux temps, sans vous jeter sur la première réaction qui vous vient spontanément.

Réapprendre à se faire confiance

En agissant de la sorte, il est possible de trouver la paix intérieure et de se faire à nouveau confiance.

Quelle que soit la situation, considérez-là calmement, en gardant à l'esprit que, au fond de vous-même, tout va bien. D'ailleurs, c'est un enseignement que vous pouvez aussi retrouver chez les penseurs stoïciens comme Marc Aurèle.

Trouver sa propre paix

La paix intérieure est une aspiration qui dépasse celle du bonheur éphémère. Pour l'atteindre, il faut se reconnecter avec l'enfant qui demeure toujours en nous — la part de vulnérabilité et de pureté qui nous habite toute notre vie.

C'est, au fond, tout ce que nous possédons, car c'est la seule chose que nous pouvons contrôler. Pour y parvenir, il importe — encore une fois — de ne pas confondre les émotions et les actes. Il faut briser le cercle de l'anxiété qui se nourrit d'elle-même.

Brianna Wiest donne quelques conseils supplémentaires pour nous aider à atteindre la force mentale. Selon elle, il ne s'agit pas d'une qualité stable, obtenue pour toujours. Nous avons à entretenir notre paix intérieure de façon quotidienne. Notamment en :

Restant humble (le monde ne tourne pas autour de nous) ;

Reconnaissant les limites de nos connaissances ;

Demandant de l'aide, lorsque nous en avons besoin ;

Faisant des plans pour guider nos actions ;

Assumant la responsabilité de nos actes et de nos décisions ;

Gérant les émotions complexes.

Se rendre maître de soi

La maîtrise de soi est la prise de responsabilité ou de contrôle sur sa vie — y compris en acceptant les choses que nous ne pouvons, justement, pas maîtriser. Les défis sont des montagnes qui vous élèvent.

Au final, il ne s'agit pas d'un parcours solitaire, mais d'une pratique qui contribue au bien-être collectif. En gravissant vos propres montagnes, vous affirmez non seulement vos capacités, mais contribuez à rendre le monde meilleur.

"Soyez la personne que vous aspirez à devenir. Créez-la. Travaillez sur vous, et votre évolution se répercutera sur les autres. Si nous voulons changer le monde, nous devons d'abord changer nous-mêmes. (...) Si nous voulons escalader les montagnes s'élevant sur notre route, nous devons aborder le chemin d'une nouvelle façon. Une fois arrivé au plus haut sommet de votre vie (quel qu'il soit), vous vous rendrez compte que chaque pas en valait la chandelle." (La montagne, c'est toi, Chapitre 7)

Conclusion sur « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest :

Ce qu’il faut retenir de « La montagne, c'est toi » de Brianna Wiest :

Brianna Wiest est une créatrice de contenus très active sur les réseaux sociaux — en particulier, sur Instagram, Facebook et Pinterest. Elle s'intéresse tout particulièrement à la santé mentale et au développement personnel.

En plus de La montagne, c'est toi, elle a écrit plusieurs ouvrages, dont :

100 Essays that Change the Way You Think ;

The Pivot Year.

Dans La montagne, c'est toi, elle s'intéresse tout particulièrement au phénomène de l'autosabotage. Ses sources d'inspiration pour résoudre sa problématique sont multiples : auteurs de self-help, psychothérapie contemporaine et bouddhisme.

Que retenir de l'ouvrage ? Peut-être cette citation qui se trouve mise en exergue de l'introduction :

"Votre montagne se dresse entre vous et la vie à laquelle vous aspirez. Il n'y a qu'en la gravissant que vous pourrez vous épanouir. Si vous êtes aujourd'hui à son pied, c'est qu'un événement a révélé en vous une blessure enfouie. Cette blessure vous montrera la voie à suivre, et cette voie vous guidera vers votre destin." (La montagne, c'est toi, Introduction)

Points forts :

Un petit livre clair et bien structuré ;

Des exemples dans les domaines personnel et professionnel ;

Une bibliographie à la fin de l'ouvrage ;

Des conseils pour avancer.

Point faible :

Un peu trop de répétitions.

Ma note :

★★★★☆

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Le guide complet du jeûne http://www.olivier-roland.fr/items/view/12775/Le-guide-complet-du-jene

Résumé de « Le guide complet du jeûne » du Dr Jason Fung : un ouvrage de référence venu des États-Unis pour tout savoir sur les bienfaits du jeûne et les meilleures techniques pour le mettre en pratique en fonction de votre situation.

Par Dr Jason Fung, 2008.

Titre original : « The Complete Guide to Fasting », 2016

Chronique et résumé de « Le guide complet du jeûne » du Dr Jason Fung

Préface de Thierry Lestrade

Le co-auteur du documentaire d’Arte « Le jeûne, une nouvelle thérapie ? » rédige cette préface. Il raconte comment son reportage a contribué à changer les mentalités en France. Il soutient aussi que le livre du Dr Jason Fung est important et même « nécessaire parce qu’il comble un manque ». Ce manque, c’est celui de la diffusion du jeûne comme méthode complètement reconnue parmi les médecins.

Ce rejet est principalement dû à la formation des médecins. Ceux-ci sont formés pour agir, quitte à proposer des traitements invasifs. À l’inverse, le jeûne consiste à « ne rien faire », ou plutôt à laisser le corps agir de lui-même.

Nous redécouvrons aujourd’hui les vertus du jeûne. Principalement pour combattre l’obésité, mais pas seulement. Comment ? En agissant directement sur l’insulinorésistance (nous verrons ce concept plus loin).

Introduction du Dr Jason Fung

Originaire de Toronto, au Canada, le Dr Jason Fung est formé à la biochimie et à la médecine occidentale. Il s’est ensuite spécialisé à la néphrologie à l’université de Californie, à Los Angeles.

La néphrologie concerne les troubles rénaux. Cela implique de traiter des patients atteints du diabète de type 2 (principal responsable des troubles rénaux). Il se trouve que la plupart de ces patients diabétiques souffrent aussi d’obésité.

La passion pour son métier l’a amené à s’intéresser aux régimes et à la nutrition. Ce sont des disciplines très peu étudiées dans le cursus de médecine.

À cette époque, deux régimes s’opposaient : le régime pauvre en graisse et celui pauvre en glucides (low carb). Une étude du prestigieux journal New England Journal of Medicine montrait la supériorité du second.

À la surprise de l’auteur, qui croyait plutôt à l’efficacité supérieure du premier !

Comprendre les causes de l’obésité

Les résultats de cette étude le poussent à faire des recherches supplémentaires. Il veut comprendre la logique qui se cache sous l’efficacité du régime low carb.

Si l’obésité ne trouve pas sa cause dans un excès calorique, d’où vient-il ? La réponse actuelle à cette question est : d’un déséquilibre hormonal. C’est la « persistance de taux d’insuline excessifs » qui génère l’obésité.

Une solution découle de ce constat : pour freiner l’obésité, ce sera donc l’insuline qu’il faudra réduire, et non les calories. Le régime cétogène et le jeûne intermittent peuvent y aider.

Insuline et diabète de type 2

Il y a un problème : les médecins considèrent que l’insuline est le traitement du diabète de type 1 et de type 2. Il y a donc contradiction. Ceux-ci donnent de l’insuline pour traiter le diabète, mais favorisent ainsi la prise de poids. Que faire ?

Le problème concerne surtout le diabète de type 2. Celui-ci est lié à une résistance du corps à l’insuline et non à un manque (comme dans le diabète de type 1). Ici, un supplément d’insuline ne fait au final qu’aggraver les choses.

Quelle est la cause de la résistance à l’insuline ? Telle est la question. Et c’est… l’insuline elle-même ! « Le corps réagit à des niveaux excessifs d’une substance, quelle qu’elle soit, en développant une résistance à cette substance », écrit le Dr Jason Fung.

De nombreux patients atteints de diabète de type 2 savaient que ce n’était pas bon pour eux et réclamaient d’autres traitements. Il voulait mettre fin au cercle vicieux de l’obésité et du diabète.

Aujourd’hui, le médecin canadien sait quelle est la solution : faire baisser le taux d’insuline. Comment, concrètement ? Il y a la chirurgie, qui est invasive. La nutrition est véritablement le remède — c’est-à-dire un changement des habitudes alimentaires.

Au départ, il décide de proposer un régime spécifique (Intensive Dietary Management Program). Mais il donne peu de résultats. Il est difficile d’éviter certains éléments et de changer de diète quand vous avez des vies bien remplies.

C’est alors que le jeûne lui est apparu comme la solution la plus simple et la plus radicale. Entrons maintenant dans la suite de l’aventure !

Tout sauf une nouvelle lubie : mon expérience du jeûne, par Jimmy Moore

Mais avant, écoutons un autre expert du domaine, Jimmy Moore. Spécialiste du régime cétogène, cet auteur de best-sellers considérait au départ que le jeûne était une plaisanterie.

Pourtant, les travaux de Dr Jason Fung et du Dr Michale Eades, auteur de Protein Power (non traduit en français), lui ont fait changer d’avis.

Il faut dire que Jimmy Moore a vécu ces problèmes de près. Obèse, il a réussi à perdre 81 kilos grâce à un régime low carb.

C’est ce succès qui lui a donné envie de s’investir encore davantage dans ce domaine et de créer un podcast et une plateforme en ligne appelée Livin’La Vida Low Carb.

Après une première tentative de jeûne infructueuse (qu’il raconte en détail dans l’ouvrage), il parvient à réaliser un jeûne intermittent et se donne de nouvelles ambitions. Jimmy Moore tente le jeûne d’une semaine.

Et il ne s’arrête pas là ! Découvrez-en plus sur son expérience et voyez comment il est possible de jeûner plus de deux semaines dans Le guide complet du jeûne.

Rencontre avec les grands noms du jeûne

Avant de commencer, l’auteur nous propose encore de faire connaissance avec les grands noms du jeûne. Voici leurs noms et une brève description :

Abel James, coach vedette d’ABC Télévision ;

Dr Bert Herring, l’un des premiers médecins à conseiller le jeûne ;

Dr Michael Ruscio, médecin au service d’athlètes et de malades chroniques ;

Megan Ramos, Chercheuse en médecine, assistante du Dr Jason Fung ;

Amy Berger, auteure du livre The Alzheimer’s Antidote, nutritionniste et clinicienne ;

Dr Thomas Seyfried, chercheur et médecin renommé aux nombreuses publications ;

Robb Wolf, chercheur en biochimie, champion de power-lifting et entraîneur sportif ;

Mark Sisson, auteur de The Primal Blueprint (Le modèle Paléo).

Première partie : Qu’est-ce que le jeûne et quels sont ses bienfaits ?

Chapitre 1 : Qu’est-ce que le jeûne ?

Le jeûne est une abstention volontaire de s’alimenter. C’est ce qui le distingue de la famine, involontaire, imposée de l’extérieur. Le jeûne implique un choix et un contrôle de son alimentation. C’est une décision qui vient de l’intérieur.

Il ne faut donc pas confondre les deux. Et le jeûne est d’ailleurs une pratique quotidienne, mais nous l’avons oublié ! « Déjeûner », c’est bien « interrompre le jeûne », dé-jeûner. En fait, nos ancêtres savaient très bien ce qu’ils faisaient.

Toutefois, notre société de consommation nous enseigne le contraire. Et nous avons pris l’habitude de croire ce que nous disent les publicitaires.

Redécouvrons donc ce simple « secret d’antan ».

La disparition du jeûne quotidien

Jusque dans les années 1970, il n’était pas rare de jeûner 14 heures. Vous vous leviez, manger à 8 h, puis à midi et à 18 h. Puis c’était tout. Pendant la soirée et la nuit, rien.

Aujourd’hui, le grignotage est encouragé. Et il n’est plus rare de manger 5 à 6 fois par jour. Nous ne jeûnons que 6 à 8 heures par jour (nuit comprise).

Que se passe-t-il quand nous mangeons ?

Nous stockons la nourriture ou plutôt l’énergie ingérée. L’insuline est l’hormone qui permet ce stockage sous forme de glucose. Plus précisément, elle a deux fonctions principales :

L’utilisation immédiate de l’énergie des aliments ;

Le stockage proprement dit.

Toutefois, le stockage sous forme de glucose (ou glycogène, quand il s’agit de longues chaînes) a des limites. Le corps transforme en graisse le glycogène qu’il ne peut stocker.

Que se passe-t-il quand nous jeûnons ?

Lorsque nous jeûnons, le processus s’inverse. Notre corps a besoin d’aller rechercher l’énergie stockée. Il commence par le glucose (pendant environ 24 h, le temps que le stock s’épuise), puis va pomper dans les réserves de graisse.

Si nous entrons dans le détail, plusieurs phases peuvent être observées :

Alimentation (stockage) ;

Phase suivant l’absorption (6 à 24 heures après le début du jeûne) ;

Néoglucogenèse (24 heures à 2 jours après le début du jeûne) ;

Cétose (2 à 3 jours après le début du jeûne) ;

Phase de conservation des protéines (5 jours après le début du jeûne).

« L’activation de ces phases n’a aucune conséquence néfaste sur la santé », dit le Dr Jason Fung. C’est un processus d’adaptation normal que nous héritons du paléolithique et des périodes de disette de nos ancêtres.

Bien sûr, il ne faut pas jeûner lorsqu’on est en situation de malnutrition. Encore une fois, le jeûne doit se faire dans un environnement contrôlé et sain.

Le taux d’insuline baisse

Toute ingestion de nourriture provoque une hausse du taux d’insuline (même lorsque nous consommons des aliments gras). Quand nous jeûnons, le taux d’insuline décroît progressivement.

« Une diminution régulière du taux d’insuline améliore la sensibilité à cette hormone — le corps y répond mieux. » (Le guide complet du jeûne, p. 58)

Garder un niveau d’insuline bas est bénéfique pour la santé. En plus, elle limite le niveau de sel et d’eau dans le corps, créant un effet de légèreté.

Les taux d’électrolytes sont stables

Tous ces minéraux nécessaires au bon fonctionnement du corps restent stables lors du jeûne. C'est le cas pour le :

Sodium et chlorure ;

Potassium, calcium, magnésium et phosphore ;

Autres vitamines et minéraux.

L'adrénaline augmente et le métabolisme accélère

Souvent, les personnes qui jeûnent se sentent plus dynamiques. Pourquoi ? En partie en raison de la hausse du niveau d'adrénaline, qui vient aider à libérer et à consommer les graisses.

L'hormone de croissance augmente

Autre facteur notable, bien étudié par les scientifiques : le taux de l'hormone de croissance augmente pendant la période de jeûne. Celui-ci peut donc aider à contrer certains effets du vieillissement, qui sont dûs, justement, à la baisse de la quantité de cette hormone dans le corps.

L'importance d'une alimentation saine

"Le jeûne ne fait pas tout : il est important d'avoir de bonnes habitudes alimentaires", précise l'auteur. Pour cela, il propose quelques conseils dans la partie suivante.

Qu'est-ce qu'une alimentation sainte ?

Les calories ne sont pas identiques entre elles. Et il en va de même pour les graisses. Certains aliments sont tout simplement meilleurs que d'autres. Il est donc néfaste de considérer simplement les chiffres et les macronutriments (nombre de calories, etc.).

Consommer des aliments complets non transformés

Les aliments ultra-transformés ne sont pas bons pour la santé, qu'il s'agisse d'aliments sucrés ou gras.

"On peut reconnaître les aliments naturels facilement : ce sont ceux qui sont identiques à ce qu'on trouve dans la terre ou qui a été vivant. Les paquets de cornflakes ne poussent pas dans les champs. Tout ce qui est préemballé dans un sac ou dans une boîte doit être évité. Il en va de même de tout ce qui porte une étiquette nutritionnelle. La vraie nourriture, qu'il s'agisse de brocoli ou de bœuf, ne porte pas d'étiquette." (Le guide complet du jeûne, p. 69)

Voici quelques autres conseils pratiques :

Réduire les sucres et les céréales raffinées ;

Consommer plus de graisses naturelles ;

Consommer moins de matières grasses artificielles ;

Alterner prise alimentaire et jeûne.

Différents types de jeûne

Nous allons découvrir les différents types de jeûne dans la suite de ce livre. Mais l'auteur signale que le jeûne absolu (sans eau ni autre boisson) n'est habituellement pas recommandé dans un contexte sanitaire. Il se pratique pour des raisons religieuses, mais doit se faire durant de courtes périodes.

Effets globaux du jeûne

Nous venons de voir les effets globaux du jeûne et d'apprendre mieux ce qu'il est, en évitant les mythes et les rumeurs qui l'entourent.

Nous allons maintenant continuer notre chemin sur cette voie en présentant les différents types de jeûne, ainsi que son histoire.

Un jeûne réussi : Samantha

Samantha est une femme de 37 ans à qui fut diagnostiqué le syndrome des ovaires polykystiques et un diabète de type 2. Elle raconte comment elle est parvenue, seule, à retrouver la santé et à maîtriser ses symptômes.

Chapitre 2 : Brève histoire du jeûne

Les bienfaits du jeûne sont connus depuis la Grèce antique. Et pas seulement : d'autres civilisations anciennes en ont fait un ingrédient essentiel de leur diète. "Le jeûne est en effet le mode traditionnel de guérison le plus ancien et le plus répandu dans le monde", dit l'auteur.

Jeûne et spiritualité

Le jeûne est une pratique répandue dans les grandes religions. Que ce soit le christianisme, l'islam ou le bouddhisme, par exemple. C'était une nécessité évolutive (il n'y avait pas toujours de nourriture au cours des premières époques de l'humanité) et les fondateurs de religion en ont fait une pratique spirituelle.

Dans l'hindouisme et la médecine ayurvédique, le jeûne est un puissant moyen de se débarrasser des toxines et de retrouver la paix de l'esprit.

Les précurseurs

Voici quelques précurseurs ayant considéré le jeûne comme une pratique positive pour la santé :

Hippocrate de Cos, père de la médecine, était un défenseur du jeûne.

Plutarque, l'écrivain romain, a dit : "Plutôt que d'avoir recours à la médecine, jeûnez un jour."

Paracelse, médecin allemand du XVe siècle, il a dit : "Jeûner est le plus grand remède, le médecin intérieur."

Benjamin Franklin, l'ingénieur de génie, a affirmé : "Les meilleures de toutes les médecines sont le jeûne et le repos."

Quant à Mark Twain, l'écrivain et philosophe étatsunien, il a écrit : "Pour la plupart des maladies, un petit jeûne peut réellement faire plus de bien que les meilleurs médicaments et les meilleurs médecins."

Le jeûne moderne

Les médecins du début du XXe siècle connaissaient le jeûne et son intérêt thérapeutique retenait leur attention. Mais il disparut de l'arsenal thérapeutique vers la fin des années 1960. Il est temps de revenir au bon sens !

Chapitre 3 : Déconstruction des mythes autour du jeûne

Aujourd'hui, le jeûne est entouré de mythes, de croyances tenaces. Ce chapitre est consacré à leur analyse et à leur réfutation.

Mythe n°1 : le jeûne déclenche le "mode famine"

Ce premier mythe vise à nous faire croire qu'il serait mauvais de sauter un repas. Nous croyons alors que le fait de ne pas manger fait baisser drastiquement notre métabolisme. Et que cela entraîne de fâcheuses conséquences.

Mais c'est faux. En fait, ce serait plutôt le cas des régimes qui réduisent l'apport calorique. L'auteur montre, chiffres à l'appui, que le jeûne provoque une réaction corporelle très spécifique. La graisse va être utilisée comme "carburant" (c'est la citose).

Il montre ainsi que "pendant le jeûne, le métabolisme de base et l'aptitude à l'effort physique restent intacts" (figure 3.1., p. 95).

Mythe n° 2 : le jeûne fait fondre la masse musculaire

L'énergie utilisée pendant le jeûne ne vient pas des muscles, mais de la graisse. Les muscles, eux, sont justement protégés par celle-ci.

"Des études réelles sur le jeûne montrent que les craintes relatives à la fonde de masse musculaire sont largement infondées. Jeûner un jour sur deux pendant 70 jours entraîne une réduction de 6 % de la masse corporelle mais de 11,4 % de la graisse corporelle, alors que la masse maigre (muscles et os) reste inchangée." (Le guide complet du jeûne, p. 97)

La stimulation de l'hormone de croissance liée au jeûne aide à préserver la masse maigre.

En plus, l'augmentation ou la fonte de la masse musculaire est essentiellement due à l'exercice physique. Ce sont deux choses bien différentes.

Mythe n°3 : le jeûne provoque l'hypoglycémie

Cette idée découle de la croyance fausse selon laquelle le glucose serait la seule source d'énergie pour le corps humain. Comme nous l'avons vu, c'est une erreur : la graisse (les cétones, en langage savant) est un formidable carburant.

Même en cas de jeûne prolongé, "le taux de glucose sanguin n'atteint jamais un niveau dangereusement bas", rassure le Dr Jason Fung.

Mythe n°4 : après un jeûne, on mange davantage

Eh bien, non ! C'est plutôt l'inverse qui serait vrai, d'après les expériences de l'auteur. "Plus le jeûne durait, plus l'appétit diminuait", a-t-il constaté.

Mythe n°5 : le jeûne prive le corps de nutriments

Les vitamines et minéraux sont les micronutriments. Les lipides, protéines et glucides sont les macronutriments. Lors de jeûnes courts, il n'y a aucun souci à se faire : le corps récupérera rapidement les micronutriments. Lors d'un jeûne prolongé, il est recommandé de prendre des vitamines.

"En conservant les nutriments essentiels au lieu de les évacuer, le corps peut en recycler un grand nombre en période de jeûne", affirme le Dr Jason Fung.

Il sera utile de suivre un régime pauvre en glucides avant et après le jeûne. De cette façon, vous augmenterez le taux de lipides et de protéines et constituerez un stock pour la période de jeûne. Les glucides, quant à eux, ne sont pas des nutriments essentiels.

Mythe n° 6 : "c'est de la folie"

C'est le dernier argument, lorsque vos interlocuteurs ne savent plus comment vous déconseiller de jeûner. Pourtant, les analyses et la science ne laissent plus de place au doute. Oui, le jeûne est bon pour la santé. Non, son efficacité ne peut pas être remise en cause.

Alors, êtes-vous prêt à continuer l'aventure ?

Chapitre 4 : Les avantages du jeûne

Les régimes sont voués à l'échec

Le Dr Jason Fung raconte ici sa propre expérience : le régime qu'il préconisait à ses patients était trop compliqué. Et c'est souvent le cas ! La plupart des régimes efficaces sont trop contraignants. Résultat : ils ne sont pas suivis. Ou mal.

Finalement, le jeûne est la méthode la plus simple. Ce n'est pas le dernier superaliment à la mode, mais bien une pratique millénaire qui a fait ses preuves. Voyons de plus près ses avantages.

Avantage n°1 : c'est simple

Rien de plus simple : ne rien manger. Pendant une période donnée. Simplement boire de l'eau, du thé, du café ou du bouillon d'os. Pendant un temps déterminé. Plus c'est simple, mieux c'est.

Avantage n°2 : c'est gratuit

Eh oui… Bien moins cher qu'un traitement — ou qu'un superaliment ! Bien sûr, mieux vaut manger sain et bio si possible, lorsque vous ne jeûnez pas. Mais en soi, le jeûne ne coûte rien. Et il vous fait même faire des économies !

Avantage n°3 : c'est pratique

En effet, vous vous simplifiez la vie. Vous pouvez vous dispenser de faire les courses ou de préparer à manger ! Bien sûr, vous ne jeûnez pas constamment. Mais avouez que c'est plutôt pratique !

Avantage n°4 : vous pouvez profiter des petits plaisirs de la vie

Le jeûne ne vous interdit pas, une fois celui-ci terminé, de succomber à une tentation de temps en temps. Contrairement aux régimes traditionnels qui vous limitent potentiellement à vie, le jeûne vous demande seulement un effort sur un temps donné.

NB. Bien sûr, il est préférable de manger sainement au quotidien. Mais vous n'êtes pas limité à une liste rabougrie d'aliments !

Avantage n°5 : c'est puissant

Le jeûne a permis à des personnes souffrant de diabète de type 2 de voir le bout du tunnel. Il peut être répété, sans que cela ne nuise au corps.

Pas de meilleure manière pour perdre du poids. Ne pas manger, logique, non ? Simple comme chou, même ! Et pourtant si puissant… "Plus vous jeûnez, plus vous avez de chances de perdre du poids — quoi qu'il en soit, cela finira toujours par arriver", conclut l'auteur sur ce point.

Avantage n°6 : c'est flexible

Il n'y a pas de durée limitée ni de restrictions au niveau des répétitions. Tant que cela est fait correctement, vous pouvez l'adapter complètement à votre style de vie.

"Encore une fois, le jeûne vous simplifie la vie, car il vous suffit de ne rien faire." (Le guide complet du jeûne, p. 117)

Avantage n°7 : c'est compatible avec tous les régimes

Quel que soit votre régime alimentaire habituel, vous pouvez l'allier au jeûne. Que vous ne mangiez pas de fruits secs ou de blé, que vous ne sachiez pas cuisiner ou que vous ayez des difficultés à mastiquer, vous pouvez jeûner !

Un jeûne réussi : Elizabeth

Elizabeth a toujours été en surpoids et a été diagnostiquée diabète de type 2. Elle était également atteinte de stéatose hépatique (accumulation de graisses dans les cellules du foie).

Elizabeth a découvert les vidéos et les interventions du docteur Fung et s'est décidée. Elle a arrêté ses injections d'insuline et s'est mise à un régime de type paléo. Elle a également commencé à faire des jeûnes. Le résultat est stupéfiant (voir les chiffres dans l'ouvrage).

Chapitre 5 : Jeûner pour perdre du poids

Les régimes traditionnels échouent. Après un temps, le poids est généralement repris. C'est le traditionnel effet yo-yo…

"Mangez moins et bougez plus" : promesses non tenues

L'auteur n'y va pas de main morte avec ce principe que nous avons tous entendu plusieurs fois dans notre existence. Pour lui, les faits sont clairs. Durant les 20 dernières années (aux États-Unis au moins) :

Les autorités nous ont sermonnés de manger moins et de bouger plus ;

L'obésité n'a cessé d'augmenter.

Première hypothèse : les gens ne suivent pas ces conseils. Mais ce n'est pas suffisant. En général, les personnes cherchent à retrouver la santé (ou à la conserver). Ils font donc ce que les experts leur demandent. Ce que montre le Dr Jason Fung grâce à des graphes.

Deuxième hypothèse : le conseil lui-même ne fonctionne pas. C'est celle que privilégie l'auteur, chiffres à l'appui. Et il utilise également comme élément de preuve les témoignages des gagnants d'un jeu de télé-réalité étatsunien : The Biggest Loser. Un jeu dans lequel s'affrontent des personnes pour perdre du poids…

Échec de l'approche "mangez moins et bougez plus" : comment notre corps utilise les calories

Le corps ne fonctionne pas comme un "lavabo" : il ne dépense pas tout ce qu'il consomme. Il stocke. C'est le rôle du glycogène et de la graisse, comme nous l'avons vu plus tôt.

C'est tout ce modèle que ne prend pas en compte l'approche "diminution des calories/augmentation de la dépense calorique". L'approche "mangez moins et bougez plus" s'imagine les choses trop simplement.

Rôle crucial de l'insuline dans la perte et la reprise du poids

"L'insuline est l'hormone qui détermine la facilité d'accès au congélateur contenant la graisse", dit l'auteur pour imager son raisonnement.

Si nous ne mangeons pas, le taux d'insuline est bas et l'accès à la graisse est aisé. C'est logiquement l'inverse quand nous mangeons (ou que nous mangeons beaucoup de glucides).

Insulinorésistance

C'est ce qui se passe pour les diabétiques de type 2, comme nous l'avons vu. Nous avons appris que c'est le corps qui crée lui-même la résistance à l'insuline pour se protéger.

Mais si nous augmentons encore le taux d'insuline (ce que les traitements médicaux classiques proposent), nous entrons dans un véritable cercle vicieux.

La solution : faire baisser drastiquement ce taux. "Puisque l'insulinorésistance est la conséquence d'un taux d'insuline constamment élevée, nous devons aménager des périodes récurrentes pendant lesquelles le taux d'insuline est très bas".

Taux d'insuline élevé + moins de calories = ralentissement du métabolisme

La solution visant à faire baisser le taux de calories (en mangeant moins) tout en conservant un taux d'insuline élevé n'est pas efficace. C'est ce que le programme "mangez moins et bougez plus" cherche à faire. C'est ce que l'émission The Biggest Loser a cherché à reproduire de façon caricaturale.

Et cela n'a pas fonctionné. En fait, la reprise de poids des participants à ce programme (et de tous ceux qui suivent ce type de conseil) est prévisible. En effet, les personnes éprouvent un ralentissement de leur métabolisme. Ils ont froid, se sentent fatigués et mal.

Et s'ils mangent à nouveau, même moins, ils retrouvent leur poids d'origine. C'est un cycle sans fin.

La solution : le jeûne

Tous les aliments augmentent le taux d'insuline. Le meilleur choix est donc le jeûne. Celui-ci peut être associé à d'autres méthodes, comme les régimes pauvres en glucides.

Alors que les régimes hypocaloriques ne peuvent combattre efficacement l'immunorésistance, le jeûne le peut.

La chirurgie bariatrique (chirurgie de l'estomac) est plus efficace que les régimes hypocaloriques. Elle fonctionne très bien sur les diabétiques de type 2. Mais pourquoi cela marche-t-il si bien ?

Parce que, pour l'auteur, "la chirurgie bariatrique est un jeûne imposé de façon chirurgicale". Il l'explique en détail — graphes à l'appui — aux p. 156-158 de l'ouvrage.

Ce que l'on peut attendre d'un jeûne motivé par la perte de poids

Les résultats varient d'une personne à l'autre. Ils dépendront de votre histoire personnelle avec l'obésité. Parfois, il faudra tenter diverses méthodes de jeûne et parfois associer le jeûne avec d'autres méthodes.

Attention : ne confondez pas perte d'eau et perte de graisse. Les premiers jours, les kilos perdus sont essentiellement dus à la perte hydrique. Mais la perte graisseuse suivra.

Chapitre 6 : Jeûner pour combattre le diabète de type 2

Tandis que le diabète de type 1 est une maladie auto-immune, le diabète de type 2 est lié au mode de vie et à l'alimentation. Comme nous l'avons vu plus haut, le phénomène spécifique du second type de diabète se nomme l'insulinorésistance.

Remèdes anciens contre le diabète

Le diabète de type 1 est une maladie connue de longue date. Avant le XXe siècle, le diabète de type 2 était peu fréquent. Plusieurs médecins ont proposé une thérapie diététique fonctionnant à peu près comme le jeûne contemporain.

Les résultats étaient prometteurs dans l'ensemble. Mais la méconnaissance de la différence entre diabète de type 1 et 2 (le régime n'est pas la solution pour les diabétiques de type 1) et des erreurs de jugement sur le traitement noircirent le tableau.

Le traitement à base d'insuline s'est imposé progressivement, contre les premières tentatives à base de régime alimentaire. Mais ici encore, la confusion entre les deux diabètes porte préjudice à certains patients (en l'occurrence, cette fois, aux diabétiques de type 2).

Aujourd'hui, le diabète de type 2 gagne du terrain. Comment freiner sa progression ?

Une sagesse oubliée : le lien entre diabète de type 2 et alimentation

Les spécialistes considèrent le diabète comme une maladie évolutive et chronique. Pourtant, la chirurgie bariatrique et le jeûne démontrent que ce n'est pas le cas.

Le Dr Jason Fung démontre que, pendant la Seconde Guerre mondiale, le diabète de type 2 chuta en raison des rationnements imposés à la population. C'est donc bien qu'il y a un lien clair entre cette maladie et le régime alimentaire.

Pourquoi le jeûne est-il efficace contre le diabète de type 2 ?

L'injection d'insuline n'est pas la solution pour les diabétiques de type 2. En effet, cela renforce le phénomène d'insulinorésistance. Or il s'agit, au contraire, de le contrer.

"Seules deux méthodes permettent d'évacuer du corps la surcharge toxique de glucose. Il faut commencer par arrêter d'en introduire. C'est possible en adoptant un régime très pauvre en glucose ou un régime cétogène. (...) Le jeûne aussi élimine les glucides — ainsi que toute autre forme d'aliments. L'organisme doit ensuite brûler l'excès de glucose. Encore une fois, le jeûne est la solution évidente. (...) Le jeûne met un terme à l'ingestion de glucose et le corps n'a d'autre choix que d'utiliser ses réserves." (Le guide complet du jeûne, p. 176)

Un suivi attentif est essentiel

Le jeûne ne doit pas se faire n'importe comment. Surtout si vous prenez des médicaments contre le diabète de type 2. Vous devrez prendre l'avis d'un médecin et contrôler régulièrement votre glycémie.

"L'objectif à long terme reste de parvenir à un sevrage de médicaments tout en ayant une glycémie normale", dit le Dr Jason Fung.

Un jeûne réussi : Megan

Megan a vu sa vie changer alors qu'elle n'avait qu'une vingtaine d'années. Elle a pris 24 kg en quelques mois. Puis a été diagnostiquée prédiabétique.

Au début, elle a eu des doutes sur le traitement à adopter. Après avoir tenté le régime hypocalorique, sans succès, elle s'est décidée à essayer le jeûne. Avec appréhension. Mais elle ne le regrette pas !

Aujourd'hui, en tant que praticienne de santé, elle applique à ses patients le programme du Dr Jason Fung.

Chapitre 7 : Jeûner pour rajeunir et doper ses neurones

Booster ses capacités mentales

Vous avez certainement fait l'expérience d'un repas trop copieux. Difficile de se sentir très performant mentalement (et physiquement d'ailleurs) dans les heures qui suivent. À l'inverse, vous avez peut-être expérimenté l'état de clairvoyance qui apparaît lorsque vous mangez peu ou pas.

L'idée consiste à reproduire cet état d'alerte intellectuelle volontairement avec le jeûne. En fait, pour des raisons évolutives, notre corps et notre cerveau se mettent en état de vigilance accrue lorsque la nourriture vient à manquer. Eh oui, sans cela, nous n'aurions plus la force ni l'intelligence de la chercher !

Ralentissement du vieillissement

"Notre corps est en perpétuel renouvellement. (...) De nouvelles cellules et de nouveaux tissus sont générés pour remplacer ceux qui ont été détruits. Le corps se renouvelle ainsi. Pour que cela fonctionne, toutefois, il doit d'abord se débarrasser des anciennes pièces." (Le guide complet du jeûne, p. 193)

Les mécanismes responsables de ce nettoyage sont nommés l'apoptose et l'autophagie. Or, trop de protéines, d'insuline ou de glucose dans le sang peuvent empêcher ces processus de fonctionner correctement.

Le jeûne est un excellent stimulus pour redonner vie à ce phénomène de nettoyage naturel du corps. Dans l'ouvrage, une explication scientifique est proposée à partir de la molécule mTOR, qui favorise l'autophagie.

Chapitre 8 : Jeûner pour améliorer sa santé cardiaque

Cholestérol et triglycérides sont des marqueurs d'un risque cardio-vasculaire ou cardiaque accru. Un régime pauvre en glucides peut aider. Mais pas dans tous les cas.

Le cholestérol alimentaire n'augmente pas le cholestérol sanguin

En fait, l'alimentation ne joue pas sur le taux de cholestérol sanguin. C'est le foie qui le produit en grande partie (80 %) et le fait de manger plus ou moins d'aliments à forte teneur en cholestérol n'y change rien.

Cette affirmation peut sembler étrange, tant nous sommes habitués à l'idée contraire. Pourtant, l'auteur démontre sa vérité en fouillant dans l'histoire des études scientifiques sur la nutrition. Il montre que certains résultats ont été laissés de côté, au profit de la doctrine du régime "pauvre en matières grasses".

Le jeûne pour lutter contre le cholestérol

Si manger moins n'a pas beaucoup d'impact, en revanche ne rien manger est efficace. Pourquoi ? Il faut le demander aux triglycérides ! "Des études démontrent que jeûner un jour sur deux pendant 65 jours peut réduire de 25 % les LDL (mauvais cholestérol)".

Chapitre 9 : Ce que vous devez savoir sur la faim

C'est dans la tête que naît la faim

La faim peut être déclenchée de multiples manières. Ces stimulus peuvent être très puissants. Nous créons ainsi des habitudes : une odeur et nous avons envie de manger, la vue d'un paquet de chips et la faim nous tenaille…

La plupart du temps, nous développons des réflexes conditionnés qui nous poussent à manger. Mais nous n'avons pas pour autant réellement faim. Autrement dit, notre corps n'a pas réellement besoin de nourriture à ce moment X.

En finir avec notre conditionnement

Le jeûne permet de se défaire de ces conditionnements. Il casse les réflexes en introduisant une dimension imprévisible (par exemple en sautant des repas de façon aléatoire).

Si vous avez de mauvaises routines tenaces dont vous voulez vous débarrasser, remplacez-les par d'autres plus saines (une tisane à la place des biscuits devant la télé le soir, par exemple).

"Lorsque l'on cherche à rompre des habitudes, un sevrage brutal produit rarement les effets escomptés. Il est préférable de remplacer une habitude par une autre moins nocive." (Le guide complet du jeûne, p. 216)

Comment gérer la faim pendant le jeûne

Le Dr Jason Fung préconise de se passer d'édulcorants. Toutefois, certains l'utilisent pendant le jeûne. En fait, il est préférable de s'éloigner de tous les stimulus qui provoquent la faim, de façon générale.

Si c'est impossible, modifiez vos routines en conservant quelque chose. Par exemple, si vous ne mangez pas au petit déjeuner, conservez tout de même la tasse de café (en en faisant un bulletproof coffee, pourquoi pas ! Voir la recette dans l'ouvrage, p. 330-331).

Autre option : travailler ou s'activer durant les heures dévolues aux repas.

Laisser mourir la vague de faim

Relativisez la faim et laissez-la s'en aller. Pour le dire avec les mots de l'auteur de L'art de ne pas vous empoisonner la vie, cessez de "terribiliser" la faim.

Buvez une boisson qui vous plaît. Cela calmera la faim.

Pour les jeûnes longs, il est fréquent d'observer une diminution de la faim après le deuxième jour.

Un jeûne réussi : Darryl

Darryl est un homme de 66 ans au taux de cholestérol élevé et d'un diabète de type 2. Comme le relate le Dr Jason Fung, un régime associé au jeûne lui a permis de faire disparaître son diabète !

Chapitre 10 : Dans quels cas ne pas jeûner

Voici les situations dans lesquelles le jeûne ne devrait pas avoir lieu :

Personnes très maigres ou souffrant de malnutrition sévère ;

Enfants de moins de 18 ans ;

Femmes enceintes ;

Femmes allaitantes.

Dans les situations suivantes, le jeûne ne devrait pas être entrepris sans l'avis d'un médecin :

Personnes souffrant de crise de goutte ;

Prise de médicaments ;

Diabète de type 1 ou 2 ;

Personnes souffrant de reflux gastro-œsophagien.

Deuxième partie : Comment jeûner ?

Chapitre 11 : Types de jeûnes et bonnes pratiques

Il existe plusieurs types de jeûne thérapeutique, selon les périodes notamment (celles-ci seront traitées aux chapitres suivants).

Le rapport aux boissons est également important.

Le jeûne classique autorise l'eau, le café, le thé, mais rejette tout le reste et en particulier le sucre.

Le jeûne hydrique n'accepte que l'eau (et le sel).

Certains jeûnes autorisent les jus (de fruits ou de légumes).

Le "jeûne gras" autorise la consommation de graisses comme l'huile de coco, la crème et le beurre (c'est le cas du bulletproof coffee).

Le "jeûne sec" n'autorise aucun liquide, à déconseiller hors des contraintes religieuses, selon l'auteur.

Le programme nutritionnel intensif

Le Dr Jason Fung a créé sa propre variante où le café, le thé, l'eau et le bouillon d'os (voir la recette p. 332-333) sont autorisés. La graisse (comme évoqué plus haut) peut faire partie du régime si la personne le souhaite.

Chapitre 12 : Jeûne intermittent

Comme nous l'avons vu, nos ancêtres avaient l'habitude (en partie par nécessité) de passer certaines périodes sans manger.

En fait, sans aller jusqu'à la famine (qui est involontaire), nous pouvons décider de nous passer de nourriture de temps à autre afin de garder les bienfaits du jeûne sans en payer les conséquences négatives.

Le jeûne intermittent est une solution simple et utile pour faire baisser le taux d'insuline et obtenir les gains (perte de poids, boost intellectuel et physique, etc.) vus plus haut.

Qu'est-ce que le jeûne intermittent ?

"Même s'il s'agit d'une notion arbitraire, on peut distinguer les jeûnes courts (moins de 24 heures), des jeûnes longs (à partir de 24 heures)", dit l'auteur.

Le Dr Jason Fung insiste : il importe de trouver son rythme et la "combinaison" jeûne/alimentation qui vous convient le mieux et qui donne les meilleurs résultats.

Le jeûne intermittent est un jeûne court qui va s'étendre sur plusieurs jours, voire devenir une habitude qui s'étend dans la durée.

Jeûnes quotidiens de courte durée

Voici quelques types de jeûnes connus :

12 heures (le jeûne classique et "naturel") ;

16 heures (vous passez le petit-déjeuner ou le dîner, par exemple) ;

20 heures (vous passez le petit-déjeuner et le déjeuner), connu sous le nom de "Régime du guerrier" (Ori Hofmekler).

Rythmes circadiens

Ce sont les rythmes de comportements et d'hormone sur 24 heures. Ceux-ci aident à la régulation de l'insuline et il faut donc les prendre en compte.

Bien qu'il y ait peu d'études à ce sujet, il semble que manger le soir ou la nuit favorise davantage la prise de poids, car la production d'insuline est plus élevée à ce moment.

Le repas le plus copieux de la journée

Il devrait être le déjeuner. Comme dans le cadre de la diète méditerranéenne. En effet, nous venons de voir qu'il n'était pas conseillé de manger le soir. Par ailleurs, nous n'avons souvent pas très faim le matin. Autant suivre ces rythmes naturels !

Chapitre 13 : Jeûnes plus longs (24 à 42 heures)

Risques et avantages liés aux jeûnes plus longs

Les jeûnes longs sont particulièrement efficaces pour traiter le diabète de type 2 et l'obésité. Mais le Dr Jason Fung prévient et met en garde. Il faut :

Demander l'avis de son médecin (surtout si vous prenez des médicaments) ;

Arrêter le jeûne si vous ne vous sentez pas bien.

Jeûne de 24 heures

Cette formule a plusieurs avantages, et notamment celle de pouvoir continuer à prendre ses médicaments sans problème.

Dans cette formule, vous jeûnez une journée entière, depuis un repas (disons le dîner) jusqu'au même repas suivant (le dîner du lendemain).

Il s'intègre facilement à la vie de tous les jours, sans perturber outre mesure le rythme familial, par exemple.

Le régime 5:2

Ici, vous mangez 5 jours de la semaine et vous abstenez les 2 restants. Vous en saurez plus en lisant l'ouvrage de Micahel Mosley, Le Régime Fast. En fait, les deux jours de jeûne peuvent inclure une dose minimale de calories.

Le jeûne alterné

Dans ce cas, vous jeûnez un jour sur deux. "Comme pour le régime 5:2, 500 à 600 calories sont autorisées les jours de jeûne, mais cette restriction calorique revenant tous les 2 jours et non deux fois par semaine, il est plus intense que le régime 5:2", rappelle l'auteur.

Jeûne de 36 heures

Vous jeûnez une journée complète et ne mangez que le surlendemain. C'est un type de jeûne utilisé dans le programme nutritionnel intensif du Dr Jason Fung.

Jeûne de 42 heures

Vous pouvez combiner un jeûne de 16 heures avec un jeûne de 36 heures au cours d'une semaine. Dans ce cas, vous aurez accompli un jeûne de 42 heures.

Un jeûne réussi : Sunny et Cherrie

Sunny est un homme d'une cinquantaine d'années qui a été soigné par le Dr Jason Fung. Sa sœur, Cherry, s'est décidée elle aussi à suivre le régime de l'auteur, au vu des résultats de son frère. Tous les deux affirment s'être sentis en forme pendant les périodes de jeûne. Et leur diabète de type 2 a disparu.

Chapitre 14 : Jeûne étendu (plus de 42 heures)

Le jeûne étendu doit souvent faire l'objet d'une préparation en amont. C'est aussi un exercice qu'il vaut mieux faire lorsque vous aurez déjà une expérience des jeûnes courts et plus longs.

Voici les jeûnes étendus évoqués dans l'ouvrage :

2 à 3 jours ;

7 à 14 jours.

L'auteur aborde aussi la question du "syndrome de renutrition inappropriée". Il s'agit d'un problème qui survient essentiellement dans les cas de malnutrition sévère.

Ce problème peut survenir chez des personnes souffrant d'anorexie, mais aussi d'alcoolisme chronique, de cancer, de diabète mal contrôlé ou d'une maladie intestinale.

Comme nous l'avons déjà signalé, dans ces cas-là, le jeûne n'est peut-être pas la solution appropriée : parlez-en toujours à votre médecin avant de vous lancer.

Dans tous les cas, ce phénomène est très rare (0,43 % des cas). Et si vous êtes en bonne santé, ces deux recommandations simples devraient suffire :

Optez pour un jeûne avec bouillon d'os ;

Continuez vos activités physiques durant le jeûne.

Chapitre 15 : Trucs, astuces et questions fréquentes

Pour commencer, ne perdez jamais de vue votre objectif et ajustez votre stratégie en fonction des résultats. C'est la base.

9 conseils incontournables

Buvez de l'eau ;

Restez occupé ;

Buvez du café ;

Surfez sur la vague ;

Ne le dites pas aux autres ;

Donnez-vous un mois ;

Mangez correctement les jours où vous ne jeûnez pas ;

Évitez les excès ;

Adaptez le jeûne à votre mode de vie (p. 294-295).

Comment rompre le jeûne ?

Un conseil : ne vous suralimentez pas après un jeûne. Reprenez en douceur (en suivant le conseil 8 ci-dessus). Le Dr Jason Fung conseille aussi de prendre un en-cas avant un vrai repas (une heure plus tard). Des fruits secs ou une salade peuvent faire l'affaire. Un bouillon ou un petit morceau de viande aussi.

Bien entendu, pensez à vous hydrater (avec de l'eau !) et prenez le temps de consommer votre en-cas.

Problèmes courants

Voici quelques problèmes qui surviennent pendant la période de jeûne. Dans l'ouvrage, l'auteur montre comment les gérer au quotidien :

La faim ;

Les maux de tête ;

La constipation ;

Les reflux gastriques ;

Les crampes musculaires.

Questions fréquentes

Voici aussi quelques questions auxquelles le Dr Jason Fung répond :

Est-ce que jeûner va me rendre irritable ?

Est-ce que je vais être fatigué ?

Le jeûne cause-t-il confusion et absences ?

Le jeûne conduit-il à la suralimentation ?

Je souffre de gargouillements permanents. Que faire ?

Je prends des médicaments pendant les repas. Comment procéder quand je jeûne ?

Que faire si je souffre du diabète ?

Puis-je faire de l'exercice pendant un jeûne ?

Soyez vigilants

Si vous avez des problèmes de santé, soyez particulièrement prudent. Outre l'avis du médecin, vous devriez monitorer votre tension artérielle et votre taux de glycémie.

Festins et jeûnes : les rythmes de la vie

Nous prenons plus de poids à certaines périodes de l'année. C'est normal ! Les fêtes nous font du bien aussi ! Mais nous avons oublié que les festins étaient suivis ou précédés de jeûne auparavant. Pourquoi ne pas nous souvenir de cette sagesse traditionnelle et la remettre au goût du jour ?

Manger à l'extérieur

Cherchez à adapter votre jeûne à votre agenda et non l'inverse. Ne vous privez pas de tout contact social. Une solution classique consiste à sauter le petit-déjeuner (plus facile). Si vous voulez éviter de déjeuner, continuez à travailler par exemple (c'est relativement simple également).

Troisième partie : Ressources

Boissons compatibles avec le jeûne

Le Dr Jason Fung dresse une liste complète des boissons recommandées et compatibles avec le jeûne. Pour chacun, il précise ce que vous pouvez ajouter ou non (voir p. 317-319) :

Eau ;

Café ;

Thé et tisanes ;

Bouillon d'os maison.

Protocoles

Plusieurs protocoles précis sont proposés en fin d'ouvrage, avec des propositions de recettes et des plages horaire jeûne/alimentation. C'est vraiment pratique ! Vous trouverez des protocoles pour le jeûne de :

24 heures ;

36 heures ;

42 heures ;

7 à 14 jours.

Quoi ? Des recettes dans un livre sur le jeûne ? Eh oui !

Voici les délicieuses recettes présentées dans l'ouvrage (p. 328-367) :

Parfait aux fruits rouges

Bulletproof coffee

Bouillon d’os

Pancakes sans céréale

Mini-frittatas

Bacon maison

Pizza de chou-fleur sans céréale

Cuisses de poulet pannées au paprika

Pilons de poulet au bacon

Poivrons farcis

Ailes de poulet aux épices

Bâtonnets de poulet panés

Fajitas de laitue au bœuf et aux poivrons

Salade de roquette au prosciutto

Frites d’avocat

Salade de roquette aux pores et pignons

Salade de fraises au chou kale

Haricots verts sauce moutarde

Salade grecque à l’avocat

Semoule de chou-fleur au four

Conclusion sur « Le guide complet du jeûne » du Dr Jason Fung :

Ce qu’il faut retenir de « Le guide complet du jeûne » du Dr Jason Fung :

Voici un livre qui vous sera utile non seulement avant de jeûner, mais aussi pendant toute la période du jeûne. Il vous accompagnera dans votre cheminement. Et si vous doutez encore, eh bien il parviendra à vous convaincre, preuves à l'appui, de l'intérêt de cette méthode.

Il faut retenir que c'est à la fois une technique ancienne, validée par les ans ET une méthode reconnue par la science la plus actuelle. Tout comme la méditation, le jeûne est une pratique millénaire redécouverte et validée par les recherches les plus récentes.

Il peut aider à soigner le diabète de type 2 et l'obésité. Bien sûr, les personnes souffrant de ces maladies ne devraient pas se lancer seules, sans avis d'un médecin.

Pour tous les autres, le jeûne peut devenir une véritable ressource de développement personnel. Celui-ci vous aidera à renforcer votre corps et votre esprit.

Pour terminer, nous pouvons citer l'auteur de la préface, Charles-Antoine Winter :

"Ne jeûnez pas dans une logique de privation, avec la peur au ventre et l'impression du sacrifice. Jeûnez avec le sentiment d'abondance, de liberté, en faisant de l'exercice physique, en profitant de vos temps de repas pour accomplir vos rêves." (Le guide complet du jeûne, p. 371)

Points forts :

Un guide vraiment complet sur tous les aspects du jeûne et les différents protocoles possibles ;

Des références scientifiques à la fin de chaque chapitre ;

De nombreux témoignages d'experts et de personnes ayant expérimenté le jeûne ;

Les ressources en fin d'ouvrage — un vrai plus !

Point faible :

Le contexte des études et des cas est surtout américain. Mais cela s'applique également à l'Europe et à tous les pays occidentaux.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 22 Feb 2024 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12775/Le-guide-complet-du-jene
Je pense mieux http://www.olivier-roland.fr/items/view/12697/Je-pense-mieux

Résumé de « Je pense mieux » de Christel Petitcollin : la suite attendue du best-seller Je pense trop, qui contient de nombreux conseils pour apprendre à gérer vos états émotionnels et votre pensée bouillonnante !

Par Christel Petitcollin, 2022 (8me édition), 238 pages.

Chronique et résumé de « Je pense mieux » de Christel Petitcollin

Introduction

Ce livre est une réponse et une suite à Je pense trop, le précédent best-seller de Christel Petitcollin. 

Suite à ce premier ouvrage, l’autrice a reçu de nombreux mails, lettres, messages de remerciements… et de questions aussi.

Lors de ses consultations en tant que coach ou formatrice, elle a aussi pu tester la fécondité pratique de ses analyses.

Quelle est sa légitimité pour aborder le sujet de la surefficience ? « Rassurez-vous : aucune ! » Dit-elle sans rougir. Mais elle poursuit :

« Et c’est sans doute grâce à cela que j’ai pu aborder le sujet de manière différente. Ma spécialité, c’est la communication et le développement personnel. C’est à travers vos interactions et sans rien “pathologiser” que je vous ai étudié. Le travail que j’ai fourni pour Je pense trop est avant tout un travail d’écoute, d’observation, de document, puis d’analyse, de regroupement et de recoupement des données et pour finir de synthèse (…). En fait, c’est vous qui avez écrit Je pense trop et c’est pour cela que vous vous y êtes si bien reconnus de la première à la dernière page. » (Je pense trop, Introduction)

C’est grâce à son activité professionnelle qu’elle a pu recueillir autant de témoignages. Je pense mieux continue ce travail et espère étonner le lecteur en lui proposant de nouvelles pistes de réflexion.

Chapitre 1 — Analyse de votre courrier

Dans ce premier chapitre, Christel Petitcollin met en scène et prend le temps de répondre à certaines des lettres les plus représentatives qu’elle a reçues à la suite de Je pense trop. 

Elle commence par un long email d’une certaine Amélie, qui la remercie d’avoir mis des mots sur ce qu’elle ressentait depuis des années. Dans ce courrier, la jeune femme de 24 ans dit également qu’elle a parfois eu du mal à parler du livre à ses proches.

D’autres courriers témoignent d’une profonde reconnaissance, notamment pour avoir osé traiter de sujets moins conventionnels, comme les expériences extrasensorielles. La plupart du temps, les personnes se sont reconnues totalement dans les descriptions proposées dans l’ouvrage.

Mais il y a aussi quelques critiques qui sont formulées, notamment :

Le choix du terme « normo-pensant » pour désigner les personnes qui ne sont pas surefficientes. Pour ceux qui voudraient le remplacer, Christel Petitcollin propose aussi de parler de « neuro-typique », un terme qui vient de l’autisme.

L’analyse des manipulateurs et des pervers narcissiques (PN). Celle-ci serait trop dure, selon certaines lectrices. Or, l’autrice confirme ici son appréciation : pour avoir travaillé longtemps avec des victimes d’emprise, elle considère en effet que les manipulateurs et PN peuvent faire beaucoup de mal et ne changent d’attitude que très rarement.

Chapitre 2 — Chouchoutez votre hyperesthésie

L’hyperesthésie est sans doute la caractéristique principale à prendre en compte. Mais qu’est-ce que c’est ? Eh bien simplement le développement aigu des sens.

Ce phénomène peut engendrer des douleurs et des problèmes. C’est le cas des personnes hypersensibles au bruit ou aux ondes électromagnétiques, par exemple. 

« Chaque stimulation sensorielle peut devenir une micro-agression », résume l’autrice. Cela peut aussi conduire à des comportements inhabituels, comme le refus de consommer des aliments transformés, etc. 

Avec ce chapitre, elle vous invite donc à prendre du recul et à analyser vos sens. Êtes-vous « hyperesthésique » ? Si c’est le cas, « chouchoutez-la » !

Bichonnez vos yeux

Certaines personnes sont très sensibles aux couleurs, aux tonalités, aux ambiances lumineuses. C’est votre cas ? Alors cherchez à composer votre environnement de façon harmonieuse pour « bichonner vos yeux ». 

Par exemple, Liane Holliday Willey, une écrivaine citée par Christel Petitcollin, affirme qu’elle a beaucoup de mal avec les couleurs pastel et les formes arrondies. Dans ces conditions, mieux vaut s’entourer d’objets aux bords et aux couleurs nets !

Si vous aimez les couleurs et les lumières chaudes, arrangez-vous pour trouver des ampoules adéquates pour vos lampes et lampadaires. « Ne vous infligez pas de subir stoïquement des couleurs agressantes pour votre système sensoriel », conseille-t-elle encore.

Qu’en est-il du mouvement et de l’agitation ? Si celui-ci détourne votre attention et vous procure, par exemple, le tournis, essayez de vous poser dans des endroits calmes, surtout pour travailler.

Pourquoi faire tout cela ? Car la lumière, les couleurs, les formes peuvent avoir un effet important sur votre humeur. D’autant plus — c’est bien le sujet ici — pour les personnes surefficientes. 

Dorlotez vos oreilles

Les bruits de fond envahissent les conversations ? C’est un trait de l’hyperesthésie. Pour vous, écouter attentivement un interlocuteur quand il y a un fond sonore perturbateur peut vite devenir une torture.

Par ailleurs, vous vous focalisez souvent sur la texture de la voix, sur l’accent et le ton. Le rythme vient ensuite et les mots… en dernier.

Certains sons — l’aspirateur, le sèche-cheveux, la voiture — peuvent étonnamment vous relaxer. Pourquoi pas ! Il n’y a pas que la musique douce qui fonctionne.

Pensez d’ailleurs à choisir vos appareils domestiques (réveil, sonnette, appareils électroménagers) avec soin à ce niveau-là également. 

Lorsque vous êtes face à des bruits crispants, testez ce truc : cherchez à trouver une autre source de relaxation dans l’environnement. Un son vous dérange ? Y a-t-il un autre son qui vous plaît et sur lequel vous pouvez synchroniser votre attention ? Ou bien une autre sensation agréable pour compenser le bruit ?

Choyez vos ressentis

L’odeur, la texture, le goût, la sensation de froid ou de chaud… Toutes ces sensations peuvent modifier votre humeur. « Ça vaut le coup d’éliminer toutes ces sources d’inconfort », dit Christel Petitcollin. 

Encore une fois, prenez le temps d’opter pour les meilleurs produits. En triant et en améliorant déjà tout ce que vous pouvez améliorer par vous-même, vous gagnerez déjà en aisance.

Pensez également à votre corps et aux mouvements qu’il « attend » de vous. Quand vous travaillez assis, n’oubliez pas de vous étirer de temps à autre, de bailler, de respirer profondément. 

Voici quelques autres conseils issus, notamment, des lettres reçues par l’autrice :

Avoir ses lunettes de soleil, bouchons d’oreilles (et autres) toujours à portée de main ;

Focaliser son attention sur son système sensoriel au moins une fois dans la journée ;

S’isoler régulièrement ;

Faire le plein de « bonnes » sensations, qui vous plaisent et vous revigorent ;

Pratiquer un art qui mette en avant votre perception du monde (comme la photo, par exemple).

Hyperesthésie et troubles du voisinage

La vie peut être difficile avec les voisins. SI vous êtes sujet à l’hyperesthésie, vous aurez peut-être tendance à vouloir que vos voisins respectent des règles de courtoisie assez pointues… ce qu’ils ne sont peut-être pas prêts à vous accorder.

En effet, ce qui apparaît comme une nuisance pour l’un peut ne pas l’être (du tout) pour l’autre. Difficile, dans ces conditions, de trouver un terrain d’entente. Pire, vous pourriez commencer à les énerver sérieusement. 

C’est ce qu’il s’est passé à deux reprises, malheureusement, pour Aline. Incapable de se faire comprendre, elle a dû déménager deux fois, car elle ne supportait plus ses voisins (et eux non plus ne la supportaient plus, d’ailleurs…).

La ville est souvent un lieu de compromis et il vous sera peut-être impossible de faire entendre raison à votre entourage direct. La solution consistera donc peut-être, comme Aline, à trouver une petite maison individuelle sans murs mitoyens.

À l’inverse, Joëlle est très résistante : malgré son hyperesthésie, elle supporte bruits et odeurs des appartements d’à côté avec beaucoup de flegme. Si vous arrivez à gérer ces désagréments impossibles à contrôler, c’est une chance !

Chapitre 3 — Apaisez votre hypersensibilité

À côté des sensations fortes, il y a les émotions fortes… Comment les gérer ? Comment maintenir les qualités — l’empathie, l’enthousiasme, l’émerveillement — sans gonfler les défauts — incapacité à soutenir la critique, indignations trop fréquentes, etc. ?

C’est ce que nous allons explorer dans ce chapitre.  

Fuyez les balanciers

Chaque situation ou groupe social implique des individus « utilisés » (positivement ou négativement) pour une cause ou une autre. Plus de gens se sentiront attirés (positivement ou non) par la cause, et plus la situation ou le groupe prendra de l’importance. 

C’est ce que l’autrice nomme, après Vadim Zeland, un balancier. Elle donne l’explication et l’exemple suivants : 

« Pour mieux se faire connaître, le balancier mettra sur un piédestal un de ses membres, voué à la gloire (…). Un acteur célèbre deviendra la bannière de l’industrie du cinéma. Le cinéma existera sans lui, mais lui ne peut exister que grâce au cinéma (à moins d’épouser la cause d’un autre balancier en guise de reconversion). La mort, pour un balancier, c’est l’indifférence des foules. Si vous n’êtes plus acheteur, vous neutralisez le vendeur. » (Je pense mieux, Ch. 3)

Plus vous êtes émotionnel, et plus vous donnez du grain à moudre aux balanciers. Que vous soyez charmé ou indigné, vous allez contribuer à le faire « grossir ». 

Apprenez donc à prendre un peu de recul pour ne pas nourrir inconsciemment ces groupes ou ces situations. La cause vous importe-t-elle vraiment ? N’essaie-t-on pas de vous entraîner dans un jeu » victime, bourreau, sauveur », typique de l’analyse transactionnelle ?

Lorsque vous y tenez vraiment, cherchez la manière la plus intelligente et performante de répondre à la cause qui vous tient à cœur.

Dégonflez l’importance

Donner trop d’importance à un événement, c’est s’obliger à un dangereux exercice d’équilibriste. Pourquoi ? Car nous avons l’impression d’y jouer notre vie. Or, cela n’en vaut peut-être pas la peine.

« Savoir donner l’importance juste aux choses (ni trop ni pas assez), c’est le travail de toute une vie », rappelle Christel Petitcollin.

Stressé, vous pouvez avoir aussi bien peur de rater que de réussir. Vous vous immobilisez face à l’issue possible de votre projet en cours. Vous avez même plutôt envie d’échouer, car c’est plus facile. 

Mais si vous dégonflez le problème, vous aurez plus de confiance en vous pour le résoudre avec succès. Pour ce faire, revenez au présent et pensez à un plan B. Autrement dit, relativisez. Il y a plein d’autres opportunités qui vous seront offertes.

Un peu de linguistique

Les mots sont des étiquettes que nous mettons sur les choses. Or, nous plaçons diverses choses sous diverses étiquettes en fonction de notre expérience, de notre vécu. 

Tout le monde n’entend donc pas exactement la même chose par le même mot ! 

Pourtant, vous avez parfois tendance à mettre trop de puissance dans vos mots, comme si tout le monde devait instantanément comprendre tout ce que vous y avez caché.

À l’inverse des manipulateurs, qui utilisent les mots comme des boites vides, vous avez tendance à les remplir jusqu’à ras bord. Pour vous les mots ont du sens — et même beaucoup de sens. 

Pour débusquer les phrases vides, tentez de les reformuler au négatif. Par exemple :

« Je veux le bien de mes enfants et de mon épouse » ;

Devient : « Je veux pourrir la vie de ma compagne et nuire à mes enfants ».

N’est-il pas évident que personne ne dira la seconde phrase ? Dans ce cas, c’est que la phrase numéro 1 est vide. Elle n’apporte aucune information.

En conclusion à ce chapitre, pensez que l’émotion doit être canalisée par la raison :

« Ce que vous perdez en spontanéité, vous le gagnerez en authenticité. Vos feux de paille deviendront de vrais foyers, réchauffés d’une bonne bûche à la combustion certes plus lente, mais tellement plus puissante. » (Je pense mieux, Ch. 3) 

Chapitre 4 — Votre déficit d’égo

« Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur. Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toute limite. C’est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraie le plus. Nous posons la question : qui suis-je moi pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux ? » (Nelson Mandela, cité par Christel Petitcollin, Ch. 4)

Et si nous reprenions confiance en nous et que nous arrêtions de châtier notre égo à la moindre occasion ? 

L’autrice prend l’exemple d’une femme diplômée de médecine qui n’arrêtait pas de se dévaloriser. En fait, la confiance en soi naît — ou s’entretient — grâce à la prise en compte et à l’affirmation de votre valeur. 

La modestie mal placée vous étouffe et devient même insupportable pour autrui. En plus, vous aimez souvent faire des compliments aux autres — alors pourquoi refuser de les recevoir ? Lorsque quelqu’un veut dire du bien de vous (ou simplement vous dire « merci »), acceptez-le. 

C’est bien plus simple ! Et cela nourrit l’égo, qui est votre point faible (plus que la confiance), et vous permet d’activer votre puissance personnelle. 

Ego n’est pas un gros mot

Il faut d’abord revaloriser le mot. Ego, cela ne signifie pas égoïsme, encore moins égocentrisme ou « faux-self », du moins pas nécessairement. C’est d’abord et avant tout « votre empreinte », le « cœur de votre identité ».

« Moi, je suis la personne la plus importante pour moi », affirme Christel Petitcollin pour expliquer le concept. Inutile de le nier : il vaut mieux l’accepter. C’est une vérité biologique et elle a toutes ses raisons d’être là.

Souvent, vous laissez l’amour des autres l’emporter sur l’amour de vous-même. C’est une erreur. Cela vous conduit à ne pas savoir prendre soin de vous et à rejeter les marques d’affection.

Souvent, vous utilisez une phrase magique pour nier votre égo : « C’est pas grave ! ». Vous cachez votre colère, votre fatigue, vos chagrins sous ces quelques mots. Votre compassion doit vous inclure vous-même, pour paraphraser Bouddha. 

Ne donnez pas votre pouvoir aux autres

Nous pensons que les gourous, c’est l’affaire des autres. Mais lorsque vous donnez trop de pouvoir à vos collègues, à votre amant, à vos enfants, vous êtes vous aussi pris dans une dynamique de ce type.

Vous attendez leur permission pour agir, et même pour « valider ce que vous êtes ». Ce faisant, vous les accablez d’une responsabilité qu’ils n’ont sans doute pas recherchée (ils ne souhaitent pas être votre gourou !). 

Bien sûr, vous avez des doutes sur vous-même. Mais est-ce aux autres de les prendre en charge ? N’entretenez-vous pas un climat d’insécurité qui nuit à votre entourage ? Ces questions méritent d’être posées. 

Une personne mature doit être capable de maintenir son égo en bon état de marche quotidien. 

Remplissez le culbuto

Les personnes qui ont peu confiance en elles-mêmes (et donc peu d’égo) sont comme un culbuto sans plomb à leur base. Ils oscillent infiniment dès qu’un petit événement les déstabilise. 

À l’inverse, il y a certaines personnes qui campent sur leurs positions et ne bougent pas d’un pouce. Leur égo et leur confiance en eux-mêmes semblent inébranlables. Parfois, vous les admirez. 

C’est d’ailleurs aussi le cas, notez-le, des imbéciles et des intégristes. Ils en savent peut-être peu (ou se focalisent sur un seul type de « savoir »), mais ne doutent pas ; vous pouvez leur dire ce que vous voulez, ils ne bougeront pas. Leur culbuto à eux est rempli de plomb.

Rassurez-vous : l’objectif n’est pas d’aller jusqu’à ces extrêmes ! 

Mais il serait néanmoins utile d’alimenter régulièrement votre égo pour que la jauge ne baisse pas trop. Car oui, la confiance en soi s’évapore si on ne l’entretient pas !

Pour ce faire (voir p. 68-75 pour le détail) :

« Validez toutes vos réussites… Sans “Oui, mais…”. »

Considérez dès aujourd’hui que « vous êtes quelqu’un de bien et de capable… et vous n’avez pas à le prouver ! »

« Soyez votre meilleur ami… Embauchez un coaching intérieur positif et enthousiaste. »

« Prenez soin du prince (ou de la princesse)… en vous. »

Chapitre 5 — Le monde autistique du bisounours

Qui sont les surefficients ?

Analysez-vous avec honnêteté. D’accord, mais au fait : de qui parlons-nous, quand nous disons « surefficients » ? 

Il y a tellement d’étiquettes aujourd’hui (des troubles « dys » à l’autisme, en passant par les « sur » et les « hyper ») qu’il est difficile de savoir à quel saint se vouer.

L’autrice en appelle au jugement individuel et à une approche plus souple du problème, en dehors de la pathologisation.  

Voyons donc maintenant dans le détail comment s’y prendre pour y voir un peu plus clair.

Une pensée différente et complexe

Et si nous commencions par substituer le terme « pensée » à celui d’ « intelligence », qui a soulevé bien des interrogations lors de la parution de Je pense trop ? 

Au lieu d’affirmer que vous êtes plus ou moins intelligent, l’idée de Christel Petitcollin est donc simplement de dire que vous êtes doté « d’un système de pensée différent, complexe et fonctionnant en réseau ». 

La notion de « pensée complexe » va plus loin que celle de pensée en arborescence, car elle prend en compte les connexions « rétroactives et transversales » et s’éloigne donc davantage encore du modèle linéaire de pensée.

Selon l’autrice, un déficit d’attention peut être lié à un manque d’intérêt. Il est alors une conséquence de l’ennui face à un mode de pensée non complexe. 

Le surefficient a besoin de stimulation intellectuelle, d’intensité, au point même… d’aller parfois chercher trop loin ! Ce qui est souvent le cas lorsque vous ne comprenez pas (c’est moins parce que vous êtes incapable que parce que vous avez fait trop de liens).

La pathologisation des états d’âme

La psychiatrie a fait des progrès, mais elle a aussi tendance à vouloir tout classer. Elle veut faire entrer tous les troubles dans des cases « maladie ». 

C’est ce que démontrent les dérives du DSM (Diagnostic & Statistical Manuel of Mental Disorders), un manuel qui fait référence dans le monde médical.

Aujourd’hui, par exemple, le deuil est considéré comme une dépression après 15 jours seulement. Ce qui autorise à prescrire des médicaments à une personne endeuillée après cette période. L’autrice donne d’autres exemples.

Le problème, c’est que nous en venons à donner aux personnes — et notamment aux enfants — des médicaments à la moindre occasion. Une différence est-elle nécessairement l’occasion d’une pathologisation et d’une médicalisation ? Non !

Attention aussi à l’amplification de certains mots dans le discours. 

Sommes-nous tous bipolaires ? Non ! En déficit d’attention ? Non plus… La responsabilité de la « volatilité » et de la généralisation de ces étiquettes vient aussi des médias et du public qui s’empare de certains termes au point de les vider de toute substance.

Être différent sans être déficient

Qu’en est-il de l’autisme ? Après la lecture de Je pense trop, certains lecteurs sont revenus vers Christel Petitcollin avec la certitude qu’ils étaient autistes Asperger (« Aspies »). 

Certains traits peuvent en effet se retrouver : 

Hyperesthésie ;

Passions dévorantes pour un sujet ;

Difficultés alimentaires ;

Et décalage social, notamment.

Tout d’abord, il convient de remarquer qu’il n’y a pas de consensus clair en matière d’autisme. D’ailleurs, le syndrome d’Asperger ne fait plus partie du DSM-5 (la dernière version du manuel cité plus haut) et a été remplacé par la notion de « spectre de l’autisme ».

Autisme, l’exception psychanalytique française

L’autrice prend ici position contre le traitement de l’autisme par la psychanalyse. C’était une situation spécifique à la France qui a perduré jusqu’aux années 2010. 

Toutefois, depuis 2013 et le documentaire Le Cerveau d’Hugo, des mesures ont été prises pour empêcher que la psychanalyse soit considérée comme un traitement efficace.

Pour Christel Petitcollin, cette liaison entre psychanalyse et autisme a rendu la notion d’autisme inaudible ou mal comprise. Ce qui, selon elle, est dommageable pour les surefficients. Elle se propose donc de dégager certaines idées qui pourraient s’avérer utiles.

Ce qu’il faut retenir de l’autisme

Premièrement, il faut s’inspirer des autistes qui revendiquent leur différence, sans accepter l’idée de « déficience ». Selon eux, l’autisme est un état et non une pathologie. Ce mouvement se nomme « neurodiversité ».

Selon l’expérience et les réflexions de l’autrice, il y aurait plus de femmes autistes « Aspie » qu’on ne le pense généralement. Pourquoi ? Car, pour des raisons sociales, les filles et les femmes adultes seraient plus difficiles à détecter.

Pour se faire une idée mieux informée de l’autisme, mieux vaut regarder la série The Big Bang Theory que le film Rain Man. Les personnages vous montreront une palette de comportements intéressants que vous retrouverez chez les surefficients et les autistes Asperger.

L’autisme ne se manifeste pas toujours par des stéréotypies très marquées comme le balancement, le rejet du regard dans les yeux, etc. Elles peuvent s’exprimer de façon plus diffuse, via des rituels ou des gestes spécifiques (l’enroulement mécanique et répété d’une mèche de cheveu, par exemple).

L’autrice et coach, formée à la PNL, s’intéresse également à la signification des regards. 

Parfois, les regards des surefficients sont très profonds et déstabilisateurs. À d’autres moments, ils réfléchissent et coupent le contact visuel pendant plusieurs minutes. Ce qui peut aussi provoquer un malaise de l’interlocuteur.

Christel Petitcollin se penche également sur le présumé manque d’empathie et d’émotion. 

Dans le cas des surefficients, cela pourrait être dû non pas à un dysfonctionnement neuronal (qui n’a pas pu être prouvé chez les autistes non plus, d’ailleurs), mais plutôt à une forme de sincérité radicale et à une inadaptation aux normes sociales.

Il existe deux formes d’empathie : 

Cognitive (reconnaître les émotions d’autrui) ;

Émotionnelle (partager les émotions d’autrui).

Les autistes ne manquent pas d’empathie émotionnelle, mais ils sont parfois incapables de l’exprimer, car ils rationalisent trop vite. 

Enfin, les autistes ne sont pas nécessairement incapables de communication et de vie sociale. Certains d’entre eux y arrivent très bien. C’est le cas, par exemple, de Daniel Tammet. Mais cela leur « coûte » souvent. Ils ont souvent besoin de recharger les batteries ensuite.

Les fonctions exécutives

Pour Christel Peticollin, vous l’aurez compris, les troubles autistiques peuvent aider les surefficients à comprendre leurs propres attitudes.

Or il se trouve que les autistes ont une incapacité neurologique à sortir d’un comportement prévu. Ils ne peuvent réagir de façon forte à un brusque changement de situation. C’est un dysfonctionnement des fonctions exécutives.

Dans certaines circonstances, cela peut avoir de tristes conséquences. Par exemple, lorsque vous êtes l’objet d’une manipulation ou de la méchanceté de quelqu’un (ou d’un groupe). 

Vous pouvez alors être tenté de rationaliser et de trouver des réponses morales à votre comportement, mais la vérité est peut-être à chercher du côté neurologique.

Le besoin de clôture cognitive

Autre point qui pourrait intéresser les surefficients : le besoin de terminer les tâches, d’aller au bout d’un processus ou d’avoir une réponse à une question.

Les activités qui sont d’éternels recommencements (routines de toilette, de propreté) peuvent être pénibles. Créer des rituels pour les accomplir « est un moyen de se résigner à cette impermanence et de fixer une clôture cognitive », note Christel Petitcollin.

Certains d’entre vous auront aussi des difficultés à faire plusieurs choses à la fois (comme aller à la piscine à midi, sachant que vous travaillez ensuite, par exemple). 

Et que dire du mensonge ? Un mensonge ne permet pas d’avoir de « repères sensoriels ». À l’inverse, une vérité est close sur elle-même, puisqu’elle est « validée » par vos sensations, etc. C’est peut-être pourquoi de nombreux surefficients n’aiment pas (ou ne savent pas) mentir !

Chose plus inquiétante : vous pouvez avoir des difficultés à clore des relations avec certaines personnes, même quand celles-ci sont nocives pour vous. Par exemple, vous avez besoin de comprendre avant de pouvoir tourner la page.

En conclusion de ce chapitre, Christel Petitcollin veut réaffirmer son engagement en faveur de la différence et de la non pathologisation. « Pour moi, les caractéristiques autistiques que je vous ai décrites font simplement partie d’un câblage neurologique différent », dit-elle.

Et si nous étions tous, à la naissance, « autistes » ? C’est une piste à creuser, offerte par le documentaire Le Cerveau d’Hugo, déjà cité. Mais pour l’heure, allons voir du côté des mémoires biologiques et de ce qu’elles peuvent nous apprendre…

Chapitre 6 — La surefficience est-elle une mémoire ?

Une mémoire de danger ?

Christophe André, que cite Christel Petitcollin, dit ceci à propos de la peur :

« De lointains ancêtres ont légué leurs peurs à notre espèce. Comme tous ces héritages, ces peurs sont en même temps une chance, pour notre survie, et un poids pour notre qualité de vie. Dès notre premier jour, nous sommes “calés pour la peur”. Mais ce qui rend nos peurs excessives arrive ensuite : traumatismes, éducation, culture. Chaque peur a son histoire, que l’on croit connaître, ou qui parfois reste mystérieuse. » (Christophe André dans Psychologie de la peur, cité dans Je pense mieux, Ch. 6)

La peur est une façon de répondre au danger. Et la surefficience ? N’est-ce pas une réponse à une situation hors norme, où l’individu est obligé d’inventer de nouvelles formes de vie pour survivre ?

La mémoire d’un jumeau perdu ?

Les jumeaux fascinent, pour leur ressemblance, ainsi que pour les relations qu’ils entretiennent. Nous savons bien qu’ils sont deux individus uniques, singuliers. Et pourtant, nous cherchons ce qui les unit.

En fait, les jumeaux ne sont pas des clones, mais forment un véritable couple, une paire ou encore une « microsociété » où chacun joue un rôle.

Mais ce qui intéresse le plus Christel Petitcollin est le phénomène des grossesses gémellaires qui n’arrivent pas à terme. « 12 à 15 % des grossesses commenceraient par être gémellaires, mais il n’y a que 2 % de naissances effectives de jumeaux », rappelle-t-elle.

Or, si la perte du jumeau mort passe le plus souvent inaperçue, cette cohabitation primitive pourrait avoir, via la « mémoire inconsciente » du jumeau survivant, « un impact considérable sur la vie ».

La personne développerait des caractéristiques très spécifiques, que nous pouvons résumer par cette liste (voir, toutefois, la description complète de l’autrice p. 112-114) :

Autopunition ;

Peur de l’attachement ;

Solitude intense ;

Vide intérieur ;

Sentiment de culpabilité lancinant ;

Hypersensibilité ;

Volonté d’indépendance ;

Communication et relations fusionnelles ;

Sensation de ne pas être entier ;

Dépression.

Il existe d’autres traits de personnalités, tels que la tendance à avoir un double imaginaire ou à acheter des choses en double. Christel Petitcollin s’y intéresse surtout afin de repérer les similitudes avec les surefficients. 

Le chamanisme, votre héritage spirituel ?

Le thème de la spiritualité doit-il rester tabou ? Nous parlons sans problème de méditation de pleine conscience. Pourquoi ne pas s’aventurer un peu plus loin, juste un moment ?

« Le chamanisme existe sur tous les continents, depuis la nuit des temps », rappelle l’autrice. S’inspirant des valeurs que ce mouvement transmet, elle pose des questions aux surefficients. Si le thème vous intéresse, allez jeter un coup d’œil dans l’ouvrage !

Des physiciens quantiques qui s’ignorent ?

L’autrice termine ce chapitre plus spéculatif par une très brève incursion dans les théories quantiques et leurs développements plus récents, notamment via la théorie descordes du physicien théorique Juan Maldacena.

Chapitre 7 — Comprendre la société et ses individus

Il n’est pas toujours facile de comprendre les attitudes des gens qui nous entourent ! Leurs actes, quand ils sont empreints de malveillance, de cruauté ou d’injustice, peuvent nous laisser abasourdis. 

Les surefficients peuvent se sentir complètement « à côté de la plaque », parfois. Ne pas se sentir de ce monde… Il importe pourtant de décortiquer un peu tout cela et de se frotter à certaines réalités.

Les trois formes d’aliénation

Selon François Sigaut, nous sommes mis face à 3 types d’aliénation :

Mentale (quand vous êtes incapable de voir la réalité comme les autres la voient) ;

Culturelle (quand ce sont des groupes entiers qui voient la réalité par le prisme d’une idéologie ou de principes fournis par une culture) ;

Sociale (quand vous êtes le seul à voir une réalité que d’autres ne voient pas, et qu’il vous est difficile de leur en faire prendre conscience).

Il importe de comprendre en particulier l’aliénation culturelle, qui concerne surtout ceux que l’autrice appelle les « normo-pensants ». Néanmoins, cerner ce point vous permettra — si vous êtes surefficient — de mieux appréhender les deux autres formes d’aliénation.

Savoir à qui vous avez affaire : l’individu

Vous avez tendance à « signer des chèques en blanc relationnels », c’est-à-dire que vous faites confiance rapidement à n’importe qui et vous lui attribuez en général des capacités hors norme. Le tout sans avoir pris le temps de vérifier !

« Pire, vous êtes persuadé que puisque vous lui donnez votre confiance, la personne se sentira tenue d’en être digne », ce qui est une grosse erreur. En fait, c’est rarement le cas. Et c’est souvent une source d’amères déceptions.

Pour vous aider à cerner un peu mieux les individus avec qui vous entrez en relation, Christel Petitcollin vous propose de vous fier à une version simplifiée du modèle de développement moral de Lawrence Kohlberg, un célèbre psychologue états-unien influencé par (le non moins célèbre) Jean Piaget.

Nous trouvons dans l’ordre :

Les stades reconventionnels au cours desquels l’enfant pense avant tout à son intérêt personnel (ou « self-interest »). Il cherche avant tout à éviter la punition (stade 1, de 2 à 6 ans) et rechercher les récompenses (stade 2, de 5 à 7 ans).

Les stades conventionnels où l’individu apprend à obéir à des règles. De 7 à 12 ans (stade 3 des relations interpersonnelles et de la conformité), l’enfant se met à respecter les règles de son groupe restreint parce qu’il veut recevoir de l’amour en échange. De 10 à 15 ans (stade 4 de l’autorité et du maintien de l’ordre social), il intériorise les lois et se fait fort de les respecter pour elles-mêmes.

Les stades postconventionnels qui valorisent des idéaux abstraits qui peuvent éventuellement aller contre la loi et l’obéissance. Le stade 5 (entre 20 et 30 ans) est celui du contrat social et des droits individuels. L’individu est engagé dans sa communauté et cherche à bien agir. Le stade 6 (principes éthiques et droits universels) est le stade de la maturité où le sujet tente de s’approprier des valeurs universelles qu’il met en application dans son existence tout entière.

Selon Kohlberg, seuls 13 % des personnes atteignent le stade 6. En donnant un tel crédit à la majorité des personnes que vous rencontrez, vous risquez donc fort bien de vous tromper. L’autrice propose finalement la classification suivante :

Manipulateurs = stades préconventionnels ;

Normo-pensants = stades conventionnels ;

Surefficients = stades postconventionnels.

La société dite civilisée

Qu’est-ce qu’une civilisation ? 

C’est une société ayant acquis les traits suivants :

Une population sédentaire (c’est-à-dire des villes) ;

Des travaux spécialisés exercés à plein temps (c’est-à-dire un système de métiers) ;

Des produits en suffisance et concentrés à certains endroits (donc des stocks) ;

Une structure sociale de classe (hiérarchie) ;

Et une organisation fonctionnelle et stable (un État).

Pour l’autrice, qui reprend ici les propos de Dominique Dupagne dans La revanche du rameur, la civilisation est le prolongement de l’organisation paléolithique. Toutefois, elle apporte quelques nouveautés notables, comme la monnaie, la stabilité et la sécurité.

La hiérarchie des chimpanzés

Christel Petitcollin rapporte une expérience scientifique menée sur des rats. Celle-ci montre que c’est essentiellement la peur qui crée et maintient les hiérarchies sociales.

Quoi qu’il en soit, ces relations de pouvoir sont incrustées dans nos comportements et nos relations. Elles découlent de la biologie elle-même. Difficile, dans ses conditions, de maintenir des régimes égalitaires — comme la démocratie — en place.

C’est « naturellement » que chacun cherchera à la contourner. Premièrement, par la corruption. Celle-ci ne se manifeste pas seulement par les pots-de-vin, mais aussi par les rapports de domination qui s’immiscent au cœur des relations professionnelles.

En second lieu, nous retrouvons les relations de pouvoir dans les normes. Cela peut paraître paradoxal, mais ça ne l’est que superficiellement. En fait, les lois peuvent servir non à établir l’égalité, mais à soumettre et contraindre la majorité.

Les cimenteurs humanistes et altruistes

À un bout de la chaîne des humains, il y a les « cimenteurs » (terme donné par Dominique Démange, déjà cité). Ceux-ci aident à maintenir le groupe en vie en incarnant ses valeurs et en renouvelant les liens. À l’autre bout, il y a les profiteurs, qui agissent de façon égoïste et favorisent la dissolution du groupe.

L’autrice rapproche encore les « cimenteurs » des surefficients et des stades postconventionnels. Mais attention : elle note que ceux-ci doivent composer avec la volonté de pouvoir des dominants. Ceux-ci chercheront à récolter les lauriers des actions bénéfiques des altruistes.

Le monde 2.0, un espoir pour l’humanité ?

De prime abord, nous pouvons constater tous les défauts de l’Internet 2.0. Christel Petitcollin croit cependant que cette technologie pourrait nous aider à évoluer dans le bon sens. 

Comment ? Grâce à la démocratisation de l’information qu’il permet. « Grâce au Web 2.0 », dit-elle, « l’individu développe son pouvoir personnel » et ne dépend plus autant des institutions classiques.

Le fonctionnement d’Internet répond au besoin de pensée complexe du surefficient et à son dégoût de la hiérarchie. D’ailleurs, c’est le lieu où une véritable intelligence collective et égalitaire peut voir le jour. 

Chapitre 8 — Le monde du travail

Votre « naïveté » à l’égard du respect des normes et des principes de la vie en commun se retrouve mise à mal dans le monde du travail. Parfois, vous ne savez plus si c’est vous (aliénation mentale) ou si ce sont les autres (aliénation sociale) qui sont fous !

Un rameur très candide

En entreprise, vous apparaissez comme un « rameur » très candide. Oui, vous ramez pour rester au niveau des autres ! Vous allez toujours trop vite ou trop lentement. 

Mais rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul à ramer : en fait, vos chefs ou supérieurs sont souvent dépassés par leurs tâches. C’est ce qui est nommé le « principe de Peter ». Lorsque nous montons dans la hiérarchie, nous nous arrêtons là où nous ne pouvons plus monter ; c’est-à-dire à notre « niveau d’incompétence » !

Et rappelez-vous : les relations de pouvoir ont une importance énorme. Nous avons évoqué l’importance de rester dans la norme et de suivre les dominants pour ne pas se faire remarquer. C’est ce qui « marche » en entreprise.

Dans ce type de dynamique, les hypercompétents détonnent et se font vite remarquer. « Votre candide insistance à signaler tout ce qui dysfonctionne est perçue comme un plan diabolique pour torpiller les carrières », signale Christel Petitcollin.

La démarche Qualité avec un gros Q

Le malheur, c’est que le manque de confiance en soi des surefficients les conduit souvent à occuper des postes moins qualifiés que ce qu’ils pourraient généralement faire. Ils n’ont plus, alors, qu’à observer avec un ennui consterné le petit manège des relations de pouvoir au travail.

L’autrice relate les témoignages de Francine, ingénieure, et Nicole, informaticienne. La première a refusé de monter en grade pour conserver son rôle de technicienne plutôt que de « politicienne ». La seconde se retrouve harcelée par ses collègues, qui la jalousent et l’accablent de travail.

Bien sûr, des entreprises font des efforts pour diminuer la souffrance au travail et trouver des solutions. Christel Petitcollin explore certaines voies à suivre à la fin de cette section (p. 164-165).

Votre rapport à l’argent

« J’ai eu cent fois l’occasion de le constater, les surefficients en général ont un vrai problème avec l’argent : ils s’en fichent complètement », affirme l’autrice.

L’intention est belle et compréhensible. Mais elle peut parfois vous conduire, si vous l’êtes, à la pauvreté. Ne serait-il pas plus sain de rééquilibrer votre rapport à l’argent ?

Certes, l’argent ne peut pas tout acheter, et il a ses limites. Mais est-il bien raisonnable de refuser de compter ? Ne vous faites-vous pas flouer ? 

Les témoignages de Julien, prof de théâtre bénévole, et de Lucie, prof bénévole d’allemand, en sont des exemples frappants. Rappelez-vous, « la misère n’est pas une vertu ». 

En tant qu’adulte, dans la société actuelle, il est normal et sain de « gagner sa vie ». Surtout lorsqu’on a charge de famille. La tendance à refuser l’argent est une tendance à en faire un fétiche.

Considérez-le simplement comme une énergie dont vous avez besoin pour vivre votre vie comme vous le souhaitez. Ni plus ni moins. 

Au-delà, vous pourriez suivre ces 5 règles de l’analyse transactionnelle. Il faut savoir :

Donner ;

Mais aussi recevoir ;

Demander ;

Refuser ;

Et s’autodonner. 

Cette règle vaut pour l’amour, le temps, le travail, les compliments… mais aussi, pourquoi pas, l’argent !

Chapitre 9 — Améliorer votre relationnel

Analysons maintenant le domaine des relations interpersonnelles. « Beaucoup d’entre vous me l’ont confié : les relations sont décevantes et compliquées », dit l’autrice. Alors, comment les améliorer ? Commençons par faire l’inventaire de vos propres erreurs.

Inventaire de vos erreurs en communication

Tout d’abord, un petit rappel. N’oubliez pas que tout le monde n’est pas focalisé sur :

Le lien égalitaire et profond (non, c’est souvent la hiérarchie et le superficiel qui comptent) ;

La bonne volonté et la collaboration (eh non, vous rencontrez des profiteurs et des égoïstes) ;

L’évolution personnelle, l’humanisme et l’intelligence (encore non !).

Par ailleurs, vous devriez faire attention à :

Votre propension à ne pas juger (apprenez à cerner de plus près les gens qui vous entourent pour découvrir qu’ils ne fonctionnent pas nécessairement comme vous) ;

Votre tendance à annoncer la mauvaise nouvelle ou le dysfonctionnement (qui peut froisser et créer des frictions) ;

N’en faites pas trop (vous voulez souvent devenir encore plus altruiste alors que vous l’êtes déjà suffisamment) ;

Votre manque d’ego (lorsque vous êtes trop dans la fusion, et pas assez dans l’échange) ;

Votre envie d’approfondir et d’avoir des relations très intenses (qui peuvent ennuyer ou porter à confusion).

Trouver et prendre votre place

Revenons à l’analyse transactionnelle. Celle-ci a mis en place un cadran des « positions de vie ». L’objectif est d’être dans le cadran de l’authenticité où tout le monde se sent bien et respecté.

Quels sont les 3 autres cadrans ?

Honte, admiration (vous êtes moins bien que l’autre) ;

Désespoir, destruction (les deux sont au plus mal) ;

Mépris, pitié (vous êtes bien, tandis que l’autre est mal).

L’idée est d’équilibrer votre estime de soi avec l’estime que vous portez à l’autre. Votre position de vie peut évoluer et changer en fonction des situations.

Vous devrez parfois faire profil bas pour ne pas embarrasser autrui, sans pour autant renoncer à votre estime personnelle. Autre exemple donné par l’autrice : en contexte de compétition, évitez de chercher absolument du lien, cela passerait pour de la faiblesse.

« Prenez le temps de vous comparer objectivement aux autres et de mesurer vos compétences. Il faut vraiment le faire. Vous y trouverez confort et sécurité. Votre confiance en vous en sera renforcée. » (Je pense mieux, Ch. 9)

Comprendre les normo-pensants et s’adapter

Les surefficients peuvent être la victime de manipulateurs, pour les raisons que nous avons évoquées (confiance aveugle en l’autre, besoin de fusion, besoin de comprendre, etc.). 

Mais il arrive aussi que les surefficients soient maltraitants envers les normo-pensants. Souvent, le désir qu’ils changent est encore à la manette. Mais c’est une erreur, car vous devriez plutôt les accepter tels qu’ils sont. 

Ne cherchez pas non plus à les humilier en les mettant constamment face à leurs erreurs. « Il existe une règle relationnelle fondamentale pour les normé-pensants, que vous transgressez sans cesse : il ne faut jamais faire perdre la face à quelqu’un », rappelle Christel Petitcollin.

Ne plus jamais être victime des manipulateurs

Ici, l’autrice fait une confidence : après tant d’années de consultation et d’écoute des victimes, elle se sent fatiguée de ce sujet. Non pas parce qu’il n’a pas d’importance. Au contraire : sa pratique lui en apprend encore tous les jours à ce sujet. 

Mais elle sent bien qu’il y a un fossé entre sa conviction que ces personnes ne changent pas et votre volonté de les faire changer (si vous êtes surefficient). Pour Christel Petitcollin, il est manifeste que ces personnes savent ce qu’elles font. 

Pour en savoir plus à ce sujet, elle vous conseille de lire ses autres ouvrages. Mais vous pourriez aussi vouloir consulter la chronique de Les manipulateurs sont parmi nous !

Quelques règles de communication

Voici quelques règles de communication qui vous aideront à être encore plus à l’aise dans vos relations avec les autres :

Ayez un objectif quand vous communiquez ;

Calez-vous sur l’énergie et le ton d’autrui ;

Écoutez avant de parler ;

Clarifiez vos demandes ;

Réglez vos différends rapidement ;

Ne donnez pas à excès (restez dans l’échange égalitaire) ;

Ne vous excusez qu’une seule fois et, à l’inverse, n’acceptez qu’une seule fois des excuses.

Chapitre 10 — Votre vie amoureuse

Il existe deux piliers de la vie moderne : l’amour et le travail. Dans les deux cas, vous pouvez agir en amateur ou en pro. Vivre en amateur, c’est lorsque vous fuyez les réalités qui vous dérangent et que vous vous contentez de vivre une existence factice. Mais alors, comment devenir pro ?

Paramétrés en amateurs losers

L’amour est-il un « incendie spontané » ? Non. Ce n’est pas non plus un sentiment qui vous ballote d’une mer à l’autre. L’amour est un acte, voire un art (pour le psychanalyste états-unien Erich Fromm). 

Ce qui vous fait basculer du côté « amateur » de l’amour, c’est votre tendance à faire fructifier les échanges inégalitaires. Vous… :

Choisissez des personnes qui ne vous correspondent pas, par manque de confiance en vous ;

Débordez trop vite de gratitude lorsqu’on vous témoigne de l’affection ;

Donnez trop, au point de devenir le « psy » de votre conjoint.

Minimisez les faits et vous mentez à vous-même (le fameux « C’est pas grave »).

Passez en mode pro

Pour ce faire, il faudra admettre que certaines personnes ne méritent pas/plus votre amour. Et que vous ne devriez pas en attendre en retour, car vous ne feriez que récolter du vent.

Voici 2 principes à garder à l’esprit afin d’évoluer positivement dans vos relations amoureuses :

L’amour ne doit pas faire souffrir (ce serait alors de la dépendance affective) ;

L’amour implique la franchise et le respect mutuel.

Bien sûr, cela commence par vous-même : vous éviterez de faire souffrir, de mentir et de manquer de respect à votre conjoint. Mais vous n’en attendrez pas moins !

Comment piloter votre vie amoureuse ?

Entrons dans les détails pratiques. Christel Petitcollin fait le point sur les critères à garder à l’esprit tout au long du voyage amoureux :

Prenez la responsabilité de votre sécurité affective en vous engageant en conscience ;

Choisissez avec soin votre partenaire ;

Travaillez en amont vos lacunes et ne lui demandez pas de combler vos vides ou de devenir votre psy ;

Gardez l’œil sur l’évolution de la relation et faites les ajustements nécessaires grâce à la communication ;

Sentez-vous libre de changer de cap ou de ralentir quand vous estimez que la relation prend un mauvais tournant ;

Faites une liste des prérequis de sécurité avant le « décollage » et vérifiez que les critères sont respectés tout au long du vol.

On épouse son travail sur soi

Si le conjoint « coche toutes les cases », vous pourrez être rassuré. Mais ne laissez pas votre « enfant intérieur » reprendre le contrôle de la relation. Bref : apprenez à aimer votre travail sur vous-même !

Bien sûr, les conflits sont inévitables et même sains, dans une certaine mesure. Mais n’acceptez pas de discussions envenimées ou de disputes qui vont trop loin dans l’énervement. « Coupez tout », dit l’autrice.

Mieux vaut attendre que l’émotion retombe. Si votre partenaire est digne de confiance, cherchez à reprendre le contrôle de vos sentiments et reconnectez-vous à l’amour de l’autre. Utilisez la pour vous aider.

Gardez du recul et de l’objectivité

Parfois, l’œil neutre d’un ami ou d’un coach peut vous aider à déterminer la valeur de votre relation. Celle-ci est-elle de qualité ? 

Sans l’aide d’un tiers, demandez-vous ce que votre meilleur ami ferait s’il était dans la même situation. Et quels conseils lui donneriez-vous ?

Explorons maintenant comment améliorer le deuxième pilier de votre existence : la vie professionnelle.

Chapitre 11 — Votre mission professionnelle

Dans la vie de tous les jours, nous pouvons nous comporter en amateurs et refuser de faire les choses bien. Mais que faisons-nous, alors, sinon ajouter au désordre du monde ?

Qu’en est-il de la carrière ? Malheureusement, beaucoup de surefficient n’optent pas pour la carrière de leur rêve (nous avons déjà parlé du problème plus haut). Travail rime régulièrement, pour eux, avec ennui et frustration.

Quelle est votre compétence exclusive ?

Pour tenter de remédier à ce problème, vous pouvez vous appuyer sur les 4 « zones de compétences » :

La zone d’incompétence est celle où vous n’êtes décidément pas le meilleur ;

Votre zone de compétence est ce que vous pouvez faire à l’égal des autres ;

Celle d’excellence est celle, en revanche, qui vous distingue particulièrement aux yeux des autres (mais qui peut vous amener à une réussite factice, qui ne vous convient pas) ;

La zone de génie, enfin, est celle où vous êtes 100 où vous-même et unique. 

Si vous réalisez des activités qui font « chanter votre cœur (et votre âme », alors vous êtes dans votre zone de génie. Ce sont elles que vous devriez cultiver.

Laissez chanter votre âme

Pas facile d’y accéder, car notre ennemi intérieur va souvent nous chercher à nous convaincre que nous n’avons pas la stature nécessaire pour nous accomplir dans ce type d’activité.

Une solution : ouvrir un dialogue sincère avec soi-même, de façon complète :

Interrogez votre corps, où logent les peurs, et demandez-vous comment mettre un projet qui respecte votre rythme naturel ;

Questionnez votre esprit, qui vous aidera à identifier les valeurs et croyances qui vous limitent et à les déverrouiller une à une) ;

Demandez à votre cœur de vous consoler de ne pas vivre la vie que vous vouliez vivre. Reconnectez-vous à vos émotions et à vos ressentis.

Enfin, laissez votre âme vous guider pour avancer. Elle sait où elle va.

Trouver votre mission de vie

Quelques qualités contradictoires sont requises pour effectuer ce chemin. 

L’humilité est nécessaire, mais pas seulement. Vous devrez aussi oser entreprendre et donc être ambitieux.

La lucidité est essentielle, car elle vous fait voir le monde avec objectivité. Mais sans illumination, sans intuition vous n’irez pas non plus très loin. Elle sera votre boussole.

Soyez adulte afin de traduire vos rêves d’enfant. Vous vouliez être ceci ou cela ? Que faut-il mettre en place aujourd’hui pour que cela se réalise — quitte à ce que ce soit au prix de quelques modifications. 

Pensez de façon inclusive, en réunissant les éléments en un tout homogène. Ne laissez pas les composantes du projet se faire compétition. Mais sachez néanmoins mettre un pas devant l’autre, réalisez une tâche après l’autre.

Enfin :

« Quand vous serez connecté à votre mission de vie, la procrastination dont vous vous plaignez tant disparaîtra comme par magie. L’autodiscipline se mettra en place d’elle-même. » (Je pense mieux, Ch. 11)

Insérer cette mission de vie dans un cadre professionnel

Cette mission de vie doit trouver sa place dans un cadre réaliste. Allez-vous travailler seul ou en groupe ? Freelance ou en entreprise ? Ces questions se poseront et trouveront leur réponse naturellement.

Peut-être que le travail en libéral/freelance conviendra mieux aux surefficients. C’est à vous de voir. Si vous avez déjà eu une expérience en entreprise, vous pourrez mieux cerner votre adéquation à ce monde.

Vous vous sentez la force d’un meneur ? Peut-être, alors, qu’un travail en groupe vous sera bénéfique. Vous êtes désormais capable de faire face aux jeux de pouvoir et de prendre votre place, de façon originale et respectueuse.

Conclusion sur « Je pense mieux » de Christel Petitcollin :

Ce qu’il faut retenir de « Je pense mieux » de Christel Petitcollin :

Ce livre est la suite de Je pense trop. Il répond aux questions restées en suspens dans ce présent ouvrage et cherche à explorer de nouvelles pistes pour aider les « surefficients » à vivre mieux.

L’autrice s’appuie sur sa longue pratique de coach pour préciser la manière dont elle voit les « surefficients ». Selon elle, il convient de regarder ce phénomène de façon transversale, en allant de l’hypersensibilité à l’autisme.

Par ailleurs, elle refuse toute pathologisation. Elle plaide pour une acceptation pleine et entière de la différence cognitive et émotionnelle. En fait, elle va même plus loin, puisqu’elle suggère à plusieurs reprises, de façon explicite, que les surefficients ont de nombreux avantages sur les autres (qu’elles qualifient de « normo-pensants »).

Il leur faut toutefois apprendre à accepter et à canaliser leur potentiel extraordinaire.

En particulier, ce sont les relations amoureuses et le travail qui sont en jeu, ces deux « piliers » de nos existences contemporaines. En nous aidant à comprendre les relations de pouvoir au travail et les tensions au sein du couple, elle nous met face à la possibilité du changement.

Les techniques de coaching et de développement personnel qui sont présentées nous aident à faire le reste, à savoir nous emparer des clés du changement et reprendre le pouvoir sur nos vies !

Points forts :

Un style alerte, drôle, très personnel aussi ;

Des références et une bibliographie intéressantes ;

Une construction claire.

Point faible :

Comme certains lecteurs le lui ont fait remarquer, il peut être un peu risqué de catégoriser les personnes en trois catégories « figées » : les surefficients, les normo-pensants et les manipulateurs.

Ma note :

★★★★☆

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Mon, 18 Dec 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12697/Je-pense-mieux
Les règles universelles de la vie http://www.olivier-roland.fr/items/view/12694/Les-rgles-universelles-de-la-vie

Résumé de « Les règles universelles de la vie » de Nabil Fanous : un livre pratique et bien construit qui vous donne 27 conseils pour vivre une vie plus forte et plus joyeuse au quotidien — sans stress, sans perte de temps et sans relations empoisonnées !

Par Nabil Fanous, 2021, 302 pages.

Titre original : « The Universal Rules of Life: 27 Secrets for Managing Time, Stress & People »

Chronique et résumé de « Les règles universelles de la vie » de Nabil Fanous

Introduction

Nabil Fanous est un praticien en chirurgie esthétique et professeur d’université au Canada. Dans la préface, il dit avoir mûri longtemps le projet de ce livre. Pour lui, il était important d’honorer les apprentissages reçus de ses mentors et de ses parents.

Les règles universelles de la vie a pour but d’adopter une philosophie de vie pratique, forte et joyeuse. 

Ses principes s’inspirent de plusieurs sources : 

Biographies ;

Livres d’histoire et de philosophie ;

Manuels de développement personnel ;

Études de psychologie.

Sans plus attendre, êtes-vous prêt à découvrir les 27 règles ? Alors c’est parti !

Règle universelle 1 — Faites-le maintenant, perfectionnez-le plus tard

Tenez-vous souvent vos bonnes résolutions ? Si ce n’est pas le cas, vous êtes comme 80 % des gens (selon le U.S. News & World Report).

Nous attendons trop souvent le moment idéal. En l’attendant, nous disons « Je vais »… :

« Je vais arrêter de consommer de l’alcool » ;

« Je vais organiser un repas » ;

Ou encore : « Je vais créer mon blog »…

Et nous ne le faisons pas !

Cela pose deux problèmes :

L’intention (au contraire de l’action) nous maintient dans notre zone de confort.

Quand les conditions sont réunies, il y a toujours un nouveau problème qui survient (et nous fait renoncer).

En bref, « on échoue parce qu’on ne commence jamais », dit l’auteur. Nous sommes pris dans le piège de la procrastination ou du perfectionnisme.

Pour vaincre ce phénomène, Nabil Fanous rapporte l’histoire de la naissance de la théorie de la gravitation par Newton. Selon l’auteur, nous pouvons utiliser cette histoire, ainsi que la première loi de la gravitation elle-même, comme base de réflexion pour vaincre la procrastination.

Voici comment il résume cette idée :

« Si l’on ne fait rien, on n’obtient rien — et on reste au point zéro. Mais dès que l’on se met à bouger, on continue à bouger — et on finit par réaliser des choses. Lancez-vous simplement dans l’action… et le reste suivra ! » (Les règles universelles de la vie, Ch. 1)

Pour vous mobiliser, bannissez le « Je vais » et adoptez le « Je le fais maintenant ». Vous verrez alors qu’agir n’est pas si compliqué.

Règle universelle 2 — demandez une fois ce que vous voulez

Cessez d’être trop poli et d’accepter sans broncher ce qui vous est donné. À la place, demandez ce que vous considérez pouvoir vous revenir. Bien sûr, il ne s’agit pas d’être impoli, mais simplement de demander — une seule fois — ce que vous souhaitez obtenir.

Selon l’auteur, vous obtiendrez ce que vous voulez une fois sur deux.

Cela peut être :

Une table au restaurant ;

Une faveur ;

Un changement de vol ;

Etc.

Rappelez-vous que vous êtes seulement en train de poser une question de façon non agressive. Et que vous n’insisterez pas. De cette façon, vous tentez votre chance et, franchement, vous n’avez vraiment rien à perdre !

Pour faire une demande qui ait du poids, pensez à :

Commencer par des mots efficaces (« puis-je », « J’aimerais », etc.) ;

Être bref ;

Et réaliste ;

Garder une attitude cordiale ;

Maintenir un contact visuel ;

Rester silencieux une fois la demande effectuée.

Bien sûr, demander est un art et vous vous améliorerez avec le temps.

Mais si la technique proposée est utile, elle a aussi ses limites. En effet, il arrive parfois qu’il faille insister. 

Dans les situations particulièrement importantes (demande d’un prêt, opération, etc.), Nabil Fanous vous invite à réitérer votre demande ou vos questions, car, dans ces cas-là, vous ne pouvez pas vous contenter du 50 %.

Règle universelle 3 — Comment toute critique commence par un compliment, et tout argument par un accord

Nous n’aimons pas beaucoup recevoir des critiques. Celles-ci peuvent nous blesser à vie. Ce sont des armes redoutables. Toutefois, si celles-ci sont constructives et bien formulées, nous les acceptons.

Afin de générer des critiques qui soient acceptables pour d’autres, vous devez d’abord prendre conscience de vos propres biais. En l’occurrence, souvenez-vous que vous avez une tendance naturelle à « voir des défauts partout », quand il s’agit d’autrui.

Cherchez ensuite à trouver le juste équilibre et — surtout — à faire précéder votre critique d’un compliment. Il y a certainement quelque chose chez l’autre que vous appréciez : dites-le en premier.

« Soyez généreux avec vos compliments — et bref avec vos critiques », précise Nabil Fanous. Allez jusqu’à chercher plus profondément les points positifs, même si votre intention de départ était de critiquer.

Vous devrez également soigner la fin de votre commentaire. Si vous terminez par une critique (qu’elle soit dure ou non), prenez soin de faire tout pour « recoller les morceaux », c’est-à-dire de faire comprendre à la personne que vous la critiquez afin de l’aider à découvrir ce qu’il y a de meilleur en elle.

Pour l’argumentation, veillez à créer des ponts, plutôt qu’à les couper. Autrement dit, ne vous enfermez pas dans des positions immuables, mais cherchez d’abord un point d’accord. 

Au minimum, manifestez de l’empathie en disant « Je comprends ce que vous voulez dire », puis avancez vos arguments avec intelligence (voir, sur ce point, Le pouvoir rhétorique). 

Au fur et à mesure de la conversation, n’ayez pas peur de laisser votre interlocuteur « gagner » dans un premier temps ; vous aurez le temps, ensuite, d’exprimer vos idées et de le convaincre.

Règle universelle 4 — Tenez-vous droit, regardez droit devant

Votre posture et votre regard peuvent créer une présence imposante, sans même que vous ayez prononcé un seul mot.

Selon plusieurs études, dont celles du Dr Alexander Todorov, la première impression s’établit très rapidement. Pour ce scientifique, la réponse est même en un dixième de seconde seulement ! Avouez-le, ça laisse peu de marge d’erreur…

« Votre langage corporel est votre carte de visite », affirme l’auteur. Si vous montrez de la confiance en vous grâce à des gestes et un regard posés, vous ferez déjà une grande partie du travail. Bannissez absolument la posture affaissée et le regard vague !

Apprendre à se tenir droit commence dès l’enfance. Elle vous apportera de nombreux bénéfices :

Sentiment de puissance ;

Et de réussite ;

Amélioration de la santé ;

Et de la sécurité (plus grande vigilance) ;

Ainsi que du tonus et de l’impression de jeunesse.

Nabil Fanous, spécialiste de chirurgie esthétique, vous donne les secrets de la posture assurée p. 52-53. Parmi eux, vous retrouverez l’importance de maintenir la tête haute et une position équilibrée, mais aussi :

L’alignement du haut du corps ;

Le balancement des bras ;

La démarche talon-pointe ;

L’expansion de soi.

Pour le regard, il doit être droit, dirigé vers votre destination ou la personne à qui vous parlez. Pour ne pas la fixer trop agressivement, une astuce consiste à chercher à deviner la couleur de ses yeux !

Règle universelle 5 — Écoutez d’abord, parlez ensuite

Vous pouvez convaincre et même hypnotiser tout type d’interlocuteur à condition d’employer les bonnes techniques. L’une d’entre elles consiste — nous l’avons déjà évoqué plus haut — à laisser parler l’autre personne en premier.

Notons que cette écoute ne doit pas être purement intéressée. L’auteur insiste sur l’importance d’écouter réellement. Il y a un art de l’écoute qui doit être retrouvé. Devenez (ou redevenez) un auditeur attentif :

Concentrez-vous sur ce qui est dit ;

Maintenez le contact visuel et une posture attentive.

« L’écoute est une force magnétique », pour reprendre les mots du psychologue Karl Menninger. 

Un conseil supplémentaire sur l’écoute : prêtez attention à ce qui n’est pas dit : intentions, attentes, personnalité de l’interlocuteur. Si vous arrivez à lire entre les lignes et à démontrer que vous avez compris les messages plus subtils que celui-ci vous lance, vous ferez mouche à coup sûr — ou serez plus à même de déjouer les mauvais tours !

Lorsque vous êtes amenés à prendre la parole dans une conversation, ne le faites qu’après avoir écouté les autres protagonistes de façon sincère et uniquement si votre intervention est nécessaire. 

Apprendre à analyser les expressions faciales de vos partenaires pourrait également vous être utile. Pour étudier ces points plus en profondeur, pensez à vous tourner vers les exercices pratiques de PNL. 

Règle universelle 6 — Éliminez-la, déléguez-la ou réduisez-la !

Voici les trois secrets de la gestion du temps pour faire ce que vous n’avez habituellement pas le temps (ni, souvent, l’envie) de faire.

Commencez donc par éliminer le superflu. Quelles sont les tâches superflues ? À coup sûr, le visionnage compulsif de nos téléphones, mails et réseaux sociaux. Il devient capital, aujourd’hui, de perdre l’habitude de consulter sans cesse son smartphone.

Nabil Fanous vous propose « 7 formules intelligentes » pour reprendre le contrôle :

Les trois créneaux de temps ;

La formule « Une minute » ;

La formule « Notifications silencieuses » ;

La sonnerie du téléphone ;

La formule « Bloquer/Désabonner » ;

La formule « Réseaux sociaux/Applications » ;

Et enfin la formule « CC/Répondre à tous » (vous trouverez le détail p. 65-66).

Parmi les autres choses à éliminer (totalement ou au moins partiellement), selon l’auteur : les comptes mails inutiles et la télévision.

Venons-en à la délégation. Vous ne pouvez pas tout faire. Déléguer certaines tâches, telles que la comptabilité, est une excellente manière de gagner du temps. 

Expliquez ce que vous voulez à vos collaborateurs ou prestataires et vérifiez leur travail. Une fois que tout est en ordre, vous avez les mains libres pour d’autres actions !

Quid, finalement, de la réduction ? C’est la troisième façon de gagner du temps. 

Mais comment faire ? Eh bien en vous obligeant par exemple à travailler plus efficacement en vous donnant une quantité donnée de minutes pour effectuer une tâche. Vous verrez que cela fonctionne très souvent : vous parviendrez à la terminer en des temps records.

Prenons le cas de la lecture et de l’écriture. Vous pouvez apprendre à lire rapidement en scannant un article (titre, introduction, intertitres, légendes et conclusion). Pour écrire, pensez à la dictée vocale !

Règle universelle 7 — Ne diluez pas votre présence… avec trop de présence

« La première cuillère de miel est un délice, la dixième est un supplice. » (Les règles universelles de la vie, Chapitre 7)

Pour conserver votre éclat et votre « rareté », n’en faites pas trop. Cette idée fonctionne avec celle de ne pas trop en dire, ou de ne parler que lorsque cela s’avère nécessaire. 

Comme la reine Elisabeth II, ne vous répandez pas en interviews, mais faites de vos apparitions des moments précieux !

Considérez-vous de la même façon. Ne vous bradez pas. Cela signifie aussi ne pas appeler trop souvent un collègue, parler avec trop d’empressement d’un problème ou rencontrer trop souvent quelqu’un. 

Surtout, ne vous imposez pas et n’abusez pas de l’hospitalité de vos hôtes…

Bien entendu, il y a des exceptions. Avec votre famille ou vos amis, vous aurez parfois envie ou besoin de vous faire entendre et, à l’inverse, il vous faudra parfois vous armer de patience pour les recevoir et les écouter. 

« Soyez difficile à obtenir », résume l’auteur.

Règle universelle 8 — Mettez vos problèmes sur papier

Il est possible de résoudre une grande partie des problèmes en 5 minutes seulement. Comment ? En les écrivant !

Premièrement, écrire permet de déléguer certaines tâches et de se libérer le cerveau. Si vous notez dans votre agenda ou dans votre smartphone les dates de rendez-vous, numéros de téléphone, etc., vous gagnerez de la place pour penser.

Deuxièmement, écrire vous aide à atténuer considérablement l’effet de tourbillon qui peut vous emporter lorsque vous êtes mis face à une importante décision ou un phénomène stressant. 

Troisièmement, et c’est là la fonction la plus notable de l’écrit : il vous permettra de rationaliser votre problème et de le transformer en projet ou, au moins, en notes.

L’auteur rappelle que de grands intellectuels, romanciers et hommes d’affaires ne peuvent se passer du stylo et de la feuille de papier. Mais quel est au juste l’effet de l’écrit et, tout particulièrement, de l’écriture à la main ?

Une étude parue dans le journal Psychological Science nous offre une réponse. Globalement, le papier permet d’améliorer l’apprentissage, car nous devons sélectionner et reformuler nos idées de façon plus concise que lorsque nous le faisons à l’ordinateur.

En d’autres termes, « la prise de note à la main favorise l’apprentissage actif ». 

Pour résoudre un problème en 5 minutes, agissez de la façon suivante :

Quel est le problème ? Notez-le précisément.

Quelles sont les solutions possibles ? Détaillez-les.

Quels sont leurs différences et points communs ? Dressez une comparaison.

Quelle est la meilleure solution ? Encerclez-la.

Comme le montre le chirurgien par son propre exemple, vous pouvez réitérer l’opération en précisant à chaque fois le problème grâce aux résultats précédents. Vous parviendrez alors à avoir une vision plus claire de vos objectifs à long terme (voir p. 90-91).

De manière générale, habituez-vous à prendre des notes et à avoir toujours auprès de vous un bloc-notes et un crayon.

Règle universelle 9 — Quel est le pire scénario ?

Penser au pire peut aider, mais aussi à ce qui est le plus probable. Ou pour le dire autrement : il importe de faire le tri dans ses problèmes.

Êtes-vous face à une « petite » ou à une « grosse » tempête ? Il est inutile de s’inquiéter pour de petits détails (une amende, un avion raté, etc.) ; les problèmes insignifiants se régleront facilement et vous les aurez oubliés dans 6 mois.

Évitez également de vivre sous la menace de scénarios catastrophes qui ne se produiront jamais. C’est là où la question de la probabilité importe : ne pensez pas seulement au pire scénario, mais aussi à celui qui a le plus de chances de se réaliser. Contrebalancez les deux et faites le tri.

Si la tempête vous paraît vraiment énorme et que vous ne parvenez pas à vous décider, mettez le problème sur papier (voir plus haut) et analysez-le calmement.

Bien sûr, cela ne doit pas vous empêcher de prendre vos problèmes au sérieux. Mais cela vous permettra de relativiser en vous faisant prendre conscience que, même en cas de gros pépin, vous pourrez la plupart du temps vous en remettre. 

C’est un enseignement que vous retrouverez également en psychologie comportementale, par exemple dans l’ouvrage L’art de ne pas s’empoisonner la vie.

Règle universelle 10 — Votre but numéro 1 dans la vie est le bonheur

Voici la définition du bonheur de Nabil Fanous :

« Selon moi, le bonheur est le sentiment prédominant que la vie est belle. On est heureux lorsque l’on éprouve une émotion durable de bien-être, un rayonnement, une joie de vivre au quotidien, et l’anticipation d’un avenir prometteur. » (Les règles universelles de la vie, p. 104)

Pour y arriver, l’auteur vous propose de découvrir — et de travailler — ses 4 « secrets incontournables » :

Travailler et rester occupé (le bonheur n’est pas dans la possession, mais dans l’action) ;

Avoir des attentes exaltantes (le bonheur est dans le chemin moins que dans la fin) ;

Rester en bonne santé (la prévention est essentielle, ainsi que la détection précoce des maladies et problèmes chroniques).

Avoir un réseau de famille et d’amis (le bonheur dépend de la connexion avec autrui).

Chaque thématique est traitée dans le détail. 

Par exemple, Nabil Fanous insiste sur le caractère positif du travail. Lorsque celui-ci est voulu et assumé, il permet de vivre dans l’instant présent et il chasse les sentiments négatifs.

Par ailleurs, il met l’accent sur l’importance de se donner à soi-même des défis, même si ceux-ci sont petits. Cette exigence envers soi-même nous garde en forme et nous donne l’envie de poursuivre notre existence.

Côté santé et vie sociale, l’auteur rappelle les classiques : faire de l’exercice, bien se nourrir, prendre du temps avec ses proches et être conscient de l’affection que ceux-ci vous apportent.

Règle universelle 11 — Quand vous ne savez pas quoi faire… ne faites rien !

« Le temps vous révélera souvent la solution. » (Les règles universelles de la vie, Chapitre 11)

Rappelez-vous que vous ne devez pas absolument agir. Personne ne vous impose l’action. Seulement vous-même, lorsque vous l’estimez judicieux. 

En général, il est préférable de faire quelque chose à ne rien faire, mais ce principe a des limites. Lorsque vous hésitez de façon trop profonde, ne vous précipitez pas. C’est peut-être qu’aucune solution n’est la bonne !

Dans ce cas, prenez patience. La confusion peut se dissiper d’elle-même ; vous pouvez recevoir une nouvelle information qui débloquera la situation. L’inconscient fait également son travail, en sous-main. 

« Faire un choix simplement parce qu’on se sent obligé de le faire est une grave erreur », dit encore le chirurgien, qui raconte à ce propos une anecdote personnelle à propos d’une offre de poste qui lui avait été faite.

Cette solution vaut lorsque la mise par écrit ne suffit pas. Elle concerne souvent les choix difficiles, comme un déménagement, une demande en mariage (exemple pris dans le chapitre) ou encore une offre d’emploi. 

Lorsque les choses se décantent, il n’est pas interdit de revenir à la solution papier-crayon. Le moment venu, vous serez en mesure d’analyser la situation et de trouver une réponse claire à votre question.

Règle universelle 12 — Quand vous ne savez pas quoi dire… ne dites rien !

Le même ordre de réflexions est valable pour la parole. Nous avons déjà évoqué l’importance de ne pas parler pour ne rien dire. Eh bien, c’est ce point que nous devons maintenant creuser.

« Le silence est souvent votre meilleure réponse. » (Les règles universelles de la vie, Chapitre 12)

Ce n’est pourtant pas intuitif. En effet, nous sommes souvent gênés face au silence et nous nous sentons obligés (comme pour l’action) de dire quelque chose. Mais nous avons tort de nous précipiter ainsi.

Ici encore, il importe de se rappeler que nous ne « devons » aucune parole, aucune réponse instantanée à qui que ce soit. 

Lorsque ce désir irrépressible de répondre vous prend, mais que vous sentez que ce n’est pas le bon moment, une solution : « plongez-vous simplement dans le silence ».

Vous pouvez aussi simplement répondre : « Je vais y réfléchir ». Au niveau du langage corporel, vous pouvez également vous limiter à manifester une attitude neutre et détendue.

Lorsque vous considérez que vous êtes face à des revendications illégitimes et qui sont hors du cadre d’un débat, il est tout à fait possible d’opter pour le silence. C’est également une tactique souhaitable lorsqu’une conversation part sur le « trio tabou » : sexe, religion et politique.

Dans tous les cas, rappelez-vous : « Il y a du pouvoir… à ne rien dire ». 

Règle universelle 13 — Ne jouez pas avec ce que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre

« La chance est capricieuse » et vous ne devriez pas jouer avec elle lorsqu’il s’agit d’éléments stables et essentiels de votre vie. 

Pour commencer, il est inutile de jouer au « tout ou rien » ou de « brûler ses navires » pour un projet. Préférez une approche plus maline et plus progressive : expérimentez en prenant des risques mesurés.

Autre cas à éviter : l’arrogance. Dans des moments de défi et de colère, nous pouvons nous croire tout permis ou supérieur et jouer notre « va-tout ». Mais c’est une grosse erreur ! Mieux vaut respirer et y penser à deux fois. 

Et que dire de l’infidélité ? Êtes-vous vraiment prêt à perdre votre partenaire ? Si vous pensez que vous pouvez tromper quelqu’un indéfiniment, vous avez tort. Si vous êtes prêt à ce type d’action, vous devez être prêt aussi à perdre l’être cher qui vous accompagne au quotidien. 

Bien sûr, il en va de même avec les jeux de hasard : ne mettez jamais en hypothèque des biens que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre. Ne jouez — ou ne vous endettez — jamais au-delà du raisonnable. 

Règle universelle 14 — Ce sentiment intérieur d’angoisse signifie — Arrêtez !

L’angoisse est un système d’alarme vieux de plusieurs millions d’années, que nous avons hérité de l’évolution. C’est un signal clair que vous devriez commencer à réfléchir. 

L’intuition, en cette matière, est souvent un bon guide. Lorsque ce sentiment d’angoisse apparaît, c’est qu’il y a quelque chose qui n’a pas été correctement pensé. Peut-être êtes-vous sur le point de prendre une mauvaise décision ou d’agir de façon inadéquate. 

C’est aussi ce qui se passe quand, dans le cours d’un projet ou de votre travail dans une entreprise, vous sentez passer l’ambiance du chaud au tiède, voire au froid. Y a-t-il quelqu’un qui change de comportement et qui menace la sécurité de l’ensemble ?

Dès que vous avez ce sentiment que quelque chose coince, arrêtez-vous et réfléchissez-y. Rappelez-vous que si vous ne le faites pas, vous risquez de vous retrouver les bras ballants avec un problème supplémentaire sur les bras.

Règle universelle 15 — Créez des habitudes intelligentes qui vous simplifient la vie

La mécanisation a du bon. Et même quelque chose d’excellent, si l’on en croit Aristote, qui disait que « l’excellence est (…) une habitude » (cité par l’auteur au début du chapitre).

Si une bonne habitude se maintient dans le temps, il y a toutes les chances qu’elle vous fasse parvenir à la réussite, et qui plus est à une réussite durable. 

Les écrivains le savent bien : ils s’obligent à écrire de façon quotidienne. Les inventeurs également. Il n’y a pas de créativité, pas de talent aussi qui ne passent par un travail continu.

De façon générale, les êtres humains sont « des créateurs d’habitude », comme le dit Nabil Fanous. Et c’est compréhensible, car celles-ci nous permettent de faire des choses de façon plus simple, (presque) sans y réfléchir.

Notre cerveau les apprécie donc d’autant plus, lui qui rechigne à dépenser son énergie. En mode « habitude », il peut agir de façon beaucoup plus économe et efficace et sans effort. 

Cherchons donc à créer des habitudes intelligentes qui nous aident à aller de l’avant. L’auteur propose de le faire en trois étapes.

Faire une proposition alléchante à son cerveau : comme il s’agit souvent de remplacer une mauvaise habitude par une bonne, il est indispensable de trouver un équilibre qui satisfasse votre cerveau à long terme.

Transformer votre proposition en action et la répéter : le but est de créer un nouvel automatisme. Normalement, au bout d’un mois environ (21 jours), votre cerveau s’accoutume à la nouvelle action.

Impliquer un tiers dans votre nouveau comportement : un ami, votre partenaire ou qui vous souhaitez. Cela vous permet de solidifier votre détermination en faisant appel à une légère pression sociale.

Règle universelle 16 — Soyez unitâche, et non pas multitâches

Réaliser une tâche à la fois permet de rester hyper-concentré et hyper-productif, tout en vous maintenant dans un état de décontraction et de pleine conscience.

Ne cédez pas au culte du « tout » : tout à la fois et tout tout de suite. C’est épuisant et… c’est un cirque qui ne mène à rien. 

Prenons un exemple concret : le déjeuner est une pause. Il ne devrait pas être une corvée. Lorsque vous vous apprêtez à manger, dans un parc ou ailleurs, ouvrez-vous à votre environnement, prenez conscience d’être là. 

Goûtez à ce que vous mangez, à ce que vous ressentez, percevez les êtres autour de vous et — le cas échéant — ne refusez pas leur compagnie. C’est tout l’intérêt de la pleine conscience.

Au travail, être multitâche signifie souvent « être très occupé… à faire très peu de choses ». Cherchez donc à vous donner des créneaux pour des tâches précises le plus souvent que vous le pouvez. N’agissez en mode « multi-tâche » que lorsque cela est vraiment nécessaire.

Dernier conseil plus incongru de Nabil Fanous : « Là où vont vos yeux… vous allez ! » Qu’est-ce que cela signifie ? Simplement un exercice de focalisation. Apprenez à combattre le multitâche en vous laissant guider par votre regard. Découvrez-en plus sur ce conseil p. 182.

Règle universelle 17 — Tournez le cadeau à l’envers… et cherchez l’étiquette de prix cachée !

« Rien n’est gratuit ». Tout a un prix, qu’il soit clairement affiché ou non… En fait, nous attendons toujours quelque chose en échange, même lorsque nous offrons un cadeau.

Eh bien, il en va de même pour les entreprises : si elles vous proposent gratuitement quelque chose, c’est qu’elles attendent de vous quelque chose en retour. Cela peut être vos données, votre attention, etc. C’est cela, « chercher l’étiquette de prix cachée » !

Vous pouvez mettre en application cette règle dans vos relations interpersonnelles ou professionnelles. 

Souvenez-vous : « Quand ça semble trop beau pour être vrai… ça l’est ! »

Règle universelle 18 — Les gens ne changent pas

Pour Nabil Fanous, les gens changent difficilement. Et même lorsqu’ils changent, c’est souvent pour revenir en arrière. Cette vision est-elle désenchantée ? Pas vraiment. Réaliste plutôt. 

L’idée est la suivante : mieux ne vaut pas trop perdre son temps à changer les personnes que nous côtoyons. Il n’y a pas de « grand saut » possible en matière de caractère et de personnalité.

Si vous n’y parvenez pas après une fois ou deux, laissez tomber. Vous risqueriez de faire pire que bien. À moins d’en avoir la volonté ferme, les individus ne changent pas. 

« Cessez de faire la même demande — à la même personne », conseille l’auteur. Cela signifie aussi : apprenez à vivre avec ce que chacun a à vous offrir et contentez-vous-en.

Règle universelle 19 — « Graine A » vous donnera « Plante A »… à chaque fois

Eh oui, si vous voulez obtenir une autre plante, il vous faudra planter une autre graine ! Comme pour les personnes, les actions « ne changent pas ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Que si vous agissez tout le temps de la même manière, vous obtiendrez toujours les mêmes résultats.

Nous l’avons vu avec l’habitude. Certes, si nous avons la volonté, alors nous pouvons modifier nos comportements. Mais cela doit venir de nous-mêmes et être suivi d’actions différentes que celles entreprises par le passé.

Pourtant, nous sommes têtus. La plupart du temps, nous rêvons. Nous pensons que nous allons miraculeusement réussir là où nous avons préalablement échoué… tout en faisant exactement la même chose !

Cela vaut pour les relations. Si vous souhaitez obtenir d’autres réactions de la part de vos proches, ne vous enlisez pas dans les mêmes habitudes. Changez de tactique, modifiez vos actions… et des réactions différentes ne se feront pas attendre.

Cette donnée est plutôt positive, car elle vous montre que la balle est dans votre camp. Vous avez le pouvoir de changer les choses, si vous changez d’abord vous-même.

Règle universelle 20 — Pensez à ce que vous avez, et non à ce que vous n’avez pas

Nous ne pouvons nous empêcher de nous comparer les uns aux autres. Mais cela nous conduit souvent à l’insatisfaction et au désespoir.

La solution consiste à renverser le rapport. Au lieu de focaliser votre attention sur ce qui vous manque, concentrez-vous plutôt sur ce que vous avez. 

À l’inverse, pensez à ce que les autres n’ont pas, plutôt qu’à ce qu’ils ont. Ce double basculement vous aidera à relativiser et à vous sentir plus en accord avec vous-même.

Pour prendre conscience de ce que vous avez, établissez une liste de gratitude. 

« Comptez vos bénédictions — et non vos peines », dit encore Nabil Fanous. Plutôt que de ressasser vos malheurs passés, souvenez-vous de ceux qui auraient pu vous arriver, mais auxquels vous avez échappé.

Cette façon de mettre l’accent sur la chance que vous avez eu dans la vie vous apportera un sentiment de plénitude. « Soyez reconnaissant de cette chance et réjouissez-vous ».

Règle universelle 21 — Apprendre de ses erreurs, c’est bien ; apprendre de celles des autres, c’est encore mieux !

À condition d’en tirer les leçons, les erreurs peuvent être vues comme bénéfiques. Grâce à la confrontation au réel, nous apprenons ce qui fonctionne, ce qui est bien et mal. C’est ainsi que nous grandissons et devenons — espérons-le — des adultes responsables.

Mais ne nous cachons pas la vérité. Faire des erreurs peut aussi être très douloureux. C’est souvent le prix à payer pour l’apprentissage reçu ! 

Alors, pourquoi ne pas développer votre sens de l’observation et apprendre des erreurs des autres ? Le prix à payer est bien moins fort, puisque vous ne faites pas les frais de l’échec vous-même.

Dans les deux cas, vous devrez associer vos observations à une solide mémoire. Car une leçon (venue d’un échec personnel ou d’une erreur d’autrui), cela se retient. 

Or, combien de fois n’oublions-nous pas nos propres remarques et résolutions ? Tout se passe comme si l’esprit, soucieux de reprendre sa position par défaut, s’empressait de nous les faire oublier !

Pour éviter que les paroles et les pensées s’envolent, une fois encore, gravez-les sur le papier (voir la règle 8). Recensez les erreurs et l’apprentissage qui lui est lié. 

Cherchez à résumer le tout en une phrase : ce seront vos propres « phrases de sagesse ».

Règle universelle 22 — Quand les autres vous font confiance, soyez honorable ; mais quand vous faites confiance aux autres, soyez vigilant !

Faire confiance, tout comme la recevoir d’autrui, est chose complexe. 

Commençons par l’attitude à adopter lorsque des personnes vous font confiance. Tout d’abord, souvenez-vous que cela est un honneur et un hommage. S’ils vous font confiance, c’est qu’ils vous estiment.

Vos actes, vos paroles et même vos pensées doivent être à la hauteur de la confiance qui vous est octroyée. 

Mais ne laissez pas nécessairement tout le monde avoir confiance en vous. Pourquoi ? Car vous ne voulez pas vous engager auprès de certaines personnes. 

Si quelqu’un que vous connaissez mal vous sollicite pour un conseil ou une faveur (ce qui est une marque de confiance à votre égard), hésitez. Si vous ne le sentez vraiment pas, optez pour le silence ou le report (souvenez-vous du « Je vais y réfléchir » vu plus haut).

Une fois la parole donnée, elle vous engage. C’est pourquoi vous devez bien choisir à qui vous la donnez. Ne faites pas de promesses que vous ne pourrez tenir et ne vous dérobez pas.

Qu’en est-il, maintenant, de la confiance que vous placez en autrui ? Contrairement à la foi, la confiance repose sur des preuves et sur l’épreuve du temps. Ne vous précipitez pas, surtout quand il s’agit d’argent, d’amour ou de santé !

Pesez, évaluez, mais sachez aussi tolérer une marge d’erreur. Aucun être humain, aucune institution n’est fiable à 100 % pour l’éternité. Nous sommes tous vulnérables. 

S’il convient de ne pas donner sa confiance trop rapidement, il serait donc tout aussi stupide de ne jamais la donner !

Règle universelle 23 — Ne vous vengez pas, soyez intelligent !

« Faites ce qui est bon pour vous, et non ce qui est bon pour votre colère », dit Nabil Fanous. Autrement dit : apprenez à dévier votre mécontentement, votre frustration. Pourquoi ?

Premièrement, car la colère est d’abord un sentiment qui vous consume vous-même, avant de faire du tort à votre ennemi. C’est vous que vous empoisonnez — et non autrui !

Ensuite — et c’est lié —, parce que vous ne serez pas calmé à long terme par un geste de vengeance. Pour obtenir un avantage d’un affront quelconque, mieux vaut utiliser son intelligence que ses émotions primaires.

Pour ce faire, concentrez-vous sur ce qui est bon pour vous. Préférez-vous vous énerver sur ce chauffard pour laisser exploser votre colère, ou rentrer chez vous sain et sauf, même si votre voiture a été touchée ?

N’ajoutez pas du mal à ce qui a déjà eu lieu. En agissant intelligemment, vous oublierez bien plus vite l’affront, car vous vous focaliserez sur un objectif positif plus important.

Règle universelle 24 — Ayez toujours un filet de sécurité — juste au cas où ! 

Nous avons beau planifier, la vie nous réserve bien des tours — et des détours ! Devez-vous donc renoncer à toute prévision, à tout objectif ? Non, certainement pas. Prévoyez plutôt un plan B…

Nabil Fanous vous invite à suivre la formule « Juste au cas où ». Juste au cas où, prévoyez un mécanisme de secours pour chaque problème auquel vous pouvez penser. 

Une autre façon d’approcher ce conseil est de rappeler le proverbe : « Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier ». De façon générale, assurez-vous de diluer le risque en ayant plusieurs cordes à votre arc, qu’il s’agisse de :

Compétences ou de possibilités d’emploi ;

Personnes ressources ou d’amis ;

Options financières ;

Etc.

En tant que chirurgien, l’auteur est particulièrement sensible à ce point. Dans la salle d’opération, par exemple, tout est prévu en double, au cas où l’un des outils ne fonctionnerait pas de façon appropriée au moment propice.

Pour résumer, « vous êtes en pleine forme si vous avez un plan B, et en grand péril si vous n’en avez pas ».

Règle universelle 25 — L’apparence compte

Votre manière d’apparaître dans le monde va influer sur la façon dont les personnes s’adresseront à vous. L’habillement et l’apparence font donc partie, en un sens, du langage corporel ou non verbal. Ils communiquent quelque chose de vous-même, de vos ambitions et de vos attentes.

Par ailleurs, votre apparence a également un grand effet sur vous-même. Elle vous met en condition d’affronter le monde avec le mindset approprié. Et remarquant l’effet que vous produisez sur les autres, vous gagnez encore en confiance.

Si vous le pouvez, étendez ce raisonnement à votre environnement direct : bureau, maison, espace de vie ou de travail, quel qu’il soit.

Nous avons tous fait, sans le savoir, le test du « miroir du matin ». Que ressentez-vous à ce moment-là ? Si le sentiment est positif, tant mieux. 

S’il est négatif, commencez par apaiser ce jugement. Nous sommes en effet souvent nos pires détracteurs. Or, cela n’aide pas.

Ensuite, demandez-vous concrètement ce que vous pourriez faire pour apparaître plus à votre avantage, chaque matin. Vous pouvez agir par petites touches, peu à peu.

Règle universelle 26 — Si vous vous sentez invincible, vous l’êtes

Nous ne sommes pas heureux constamment. Il arrive des moments où nous avons envie de baisser les bras… et la tête. 

Deux types de malheurs sont particulièrement pesants :

Les épreuves du passé ;

Et celles qui sont actuelles.

La « tache » du passé reste collée, elle ne veut pas s’en aller. Pourtant, vous pouvez l’éviter. Comment ? Voici les conseils de Nabil Fanous :

Relevez la tête (littéralement, pour redresser votre corps) ;

Tenez-vous droit et regardez fermement devant vous ;

Refusez le refrain négatif qu’essaie de reprendre à tue-tête votre esprit ;

Si vous êtes en groupe, refusez les questions indiscrètes qui vous mettraient mal à l’aise.

Pour ce qui est des « taches présentes », mordez sur votre chique. N’abandonnez pas et ayez la force de surmonter la tempête. Vous devez croire que vous êtes invincible et que vous pouvez y arriver, sans quoi vous perdrez vos forces.

Règle universelle 27 — Aujourd’hui est tout ce que vous avez !

Se concentrer sur le moment présent est l’un des apprentissages essentiels de la vie. Votre passé n’est plus (le film est fini) et votre avenir n’est pas encore (le film n’est pas encore sorti). 

« Aujourd’hui vous appartient, à vous de le façonner et d’en profiter ». Comment ? En pratiquant ces 27 règles universelles que vous venez d’acquérir !

À la fin de l’ouvrage, Nabil Fanous propose de longs témoignages de personnes qui cherchent à appliquer ces principes au quotidien en vivant leur vie sur le mode « aujourd’hui ». 

Conclusion sur « Les règles universelles de la vie » de Nabil Fanous :

Ce qu’il faut retenir de « Les règles universelles de la vie » de Nabil Fanous :

Cet ouvrage est un guide facile d’accès composé de façon logique et efficace. Le docteur Nabil Fanous, chirurgien esthétique reconnu au Canada, offre une série de réflexions pour améliorer son existence quotidienne.

La plupart de ses conseils s’appuient sur les grands principes du développement personnel et de la psychologie cognitive. 

Si vous avez apprécié cette chronique, il est probable que vous aimiez aussi Ce qu’il y a de meilleur en nous de Christophe Dejours.

Points forts :

Un livre accessible rempli de conseils sensés ;

De nombreux exemples issus de la pratique médicale (en chirurgie esthétique) de Nabil Fanous ;

Des résumés en fin de chaque chapitre.

Point faible :

Même si le livre comporte de nombreuses références à des études scientifiques ou à des ouvrages de non-fiction, il ne contient pas de bibliographie complète. C’est dommage, car cela ne permet pas de retrouver facilement les sources utilisées par l’auteur.

Ma note :

★★★★☆

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Thu, 14 Dec 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12694/Les-rgles-universelles-de-la-vie
Vous n’êtes pas si malin http://www.olivier-roland.fr/items/view/12689/Vous-ntes-pas-si-malin

Résumé de "Vous n'êtes pas si malin" de David McRaney : un best-seller qui explore les fondamentaux de la psychologie cognitive pour vous aider à repérer les biais que chacun de nous possède et vous permettre de mieux réfléchir et agir au quotidien — un livre de vulgarisation scientifique qui a fait événement à sa sortie.

Par David McRaney, 2012, 302 pages.

Titre original : "You are not so smart".

Chronique et résumé de "Vous n'êtes pas si malin" de David McRaney

Un mot sur l'auteur : David McRaney

"You are not so smart" signifie "vous n'êtes pas si malin". Ce n'est pas le seul ouvrage à la fois accessible et provocateur que l'auteur consacre à ce thème. Il y a aussi :

"Now you are less dumb" ("Maintenant, vous êtes moins bête") (2013) ;

Ou encore "You can beat your brain" ("Vous pouvez battre votre cerveau") (2013) ;

Et tout récemment "How minds change" ("Comment les esprits changent") (2022).

Mais c'est avec ce premier livre — aujourd'hui traduit en 17 langues — qu'il a connu un succès national puis mondial à partir de 2012.

Pourtant, David McRaney n'est pas un scientifique. C'est avant tout un journaliste scientifique états-unien qui propose de la vulgarisation en neurosciences et psychologie cognitive. Comme il le dit sur son site personnel, il est passionné de "cerveau, d'esprit et de culture".

Avant de se lancer dans l'écriture de l'ouvrage que nous allons chroniquer, David McRaney a tenu un blog du même nom — You are not so smart — qui lui a donné la matière pour son livre imprimé et créer un podcast à succès (disponible sur le blog).

Introduction — Vous

"L'erreur : vous êtes un être rationnel et logique qui voit le monde tel qu'il est.

La vérité : vous êtes aussi illusionné que le reste d'entre nous — mais c'est OK, car cela vous maintient en bonne santé." (Vous n'êtes pas si malin, Introduction)

Nous pensons souvent tout savoir sur nous-même et être de bons analystes de nos décisions et actions. Mais est-ce si sûr ? 

Dans You Are Not So Smart, David McRaney nous montre que ce n’est pas nécessairement le cas.

Deux objectifs le guident :

Nous faire réfléchir en nous introduisant aux grands principes des sciences cognitives et de la psychologie cognitive (ainsi que de l’économie comportementale, notamment) ;

Nous aider à mieux comprendre qui nous sommes et ce que nous faisons afin de changer d’attitude. 

Pour atteindre son but, l’auteur dresse un panorama des biais, erreurs de jugement et autres raccourcis mentaux que nous utilisons au quotidien pour penser et agir. Il en répertorie pas moins de 48 !

David McRaney décline 3 types de problèmes :

Biais cognitifs = schémas de pensée et de comportement prévisibles qui nous amènent à tirer des conclusions erronées.

Sophismes logiques (ou erreurs de jugement) = problèmes impliquant le langage. Nous sautons une étape ou nous oublions un élément du problème sans nous en rendre compte.

Heuristiques = raccourcis mentaux que vous utilisez pour résoudre des problèmes courants.

Examinons maintenant dans le détail ces 48 zones inconscientes et voyons comment nous pouvons apprendre à les repérer afin de penser et agir de façon plus intelligente.

Chapitre 1 — Amorçage

"L'erreur : vous savez quand vous êtes influencé et comment cela affecte votre comportement.

La vérité : vous êtes inconscient des incitations constantes d'idées formées dans votre esprit inconscient." (Vous n'êtes pas si malin, Ch. 1)

La plupart du temps, nous ignorons que nous sommes dans l’erreur ou que nous sommes conditionnés.

Nous pensons et agissons à partir de stimulus passés (d’impressions qui ont marqué notre mémoire). Ceux-ci affectent la façon dont nous nous comportons et pensons. Et aussi la façon dont nous percevons de nouveaux stimulus.

Cet amorçage fonctionne mieux lorsque nous sommes en pilote automatique. Lorsque nous n’essayons pas de faire une introspection consciente avant de choisir notre comportement, nous faisons confiance à ce que les psychologues appellent “l’inconscient adaptatif”. 

Toutefois, nous pouvons parfois en reprendre le contrôle. Quand ? Lorsque notre régulateur de vitesse mental est activé ou lorsque nous nous trouvons dans des circonstances peu familières.

Chapitre 2 — Confabulation

"L'erreur : vous savez quand vous vous mentez à vous-même. La vérité : vous êtes souvent ignorant de vos motivations et vous créez des histoires fictionnelles pour justifier vos décisions, vos émotions et votre histoire, sans vous en rendre compte." (Vous n'êtes pas si malin, Ch. 2)

La confabulation décrit notre tendance à ignorer nos motivations réelles.

À la place, nous créons des récits fictifs qui expliquent et justifient nos décisions, nos émotions et notre histoire. Le tout sans même nous en rendre compte !

Chapitre 3 — Le biais de confirmation

« L’erreur : Vos opinions sont le résultat d’années d’analyse objective, rationnelle.

La vérité : Vos opinions sont le résultat d’années au cours desquelles vous avez prêté attention à des informations qui confirmaient ce que vous croyiez, pendant que vous ignoriez les informations qui mettaient en doute vos préconceptions. » (Vous n'êtes pas si malin, Ch. 3)

Le biais de confirmation est le mode par défaut de notre recherche d’informations : sans le vouloir, nous avons plutôt tendance à rechercher ce que nous savons déjà). 

Nous introduisons un filtre entre le monde et notre esprit et nous accueillons les informations de manière sélective. 

Bien sûr, cela a un sens au niveau de l’évolution humaine (sélectionner les bonnes informations dans l’environnement pour agir au mieux).

Mais cela peut aussi conduire à des attitudes “braquées”. Typiquement, nous voulons avoir raison sur la façon dont nous voyons le monde et nous évitons les preuves et les opinions contradictoires.

Ou pour le dire avec l’auteur en une phrase simple : "Les gens aiment qu’on leur dise ce qu’ils savent déjà".

Pour éviter le biais de confirmation, nous pouvons nous imposer des lectures qui contredisent nos penchants naturels, prendre l’habitude aux débats et aux recherches de preuves.

Chapitre 4 — Le biais rétrospectif

« L’erreur : Après avoir appris quelque chose de nouveau, vous vous souvenez à quel point vous étiez autrefois ignorant ou à quel point vous aviez tort.

La vérité : Vous regardez souvent en arrière sur les choses que vous venez d’apprendre et supposez que vous les connaissiez ou que vous les croyiez depuis le début. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 4)

Nous regardons souvent les choses que nous venons d’apprendre comme si nous les savions déjà — ou comme si cela nous paraissait évident. 

C’est le cas, par exemple, avec l’innovation. Maintenant que le smartphone a été inventé, cela ne vous paraît-il pas évident ? Pourtant, si vous remontez le fil du temps, il est probable que vous vous rendiez compte que vous n’aviez jamais pensé à tenir ce type d’appareil dans vos mains un jour !

Mais l’auteur s’intéresse surtout aux conséquences que le biais rétrospectif a au niveau existentiel. En intégrant le nouveau comme évident et connu, nous avons la sensation de ne pas bouger — ou du moins, pas trop. 

En bref, nous avons ainsi l’impression d’être toujours en phase avec nous-même, cohérents dans nos idées et nos actions.

Chapitre 5 — L’erreur du tireur d’élite du Texas

« L’erreur : Vous prenez en compte le hasard lorsque vous déterminez la cause et l’effet.

La vérité : Vous avez tendance à ignorer le hasard lorsque les résultats semblent significatifs ou lorsque vous voulez qu’un événement aléatoire ait une cause significative. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 5)

Voici un bon mélange du biais rétrospectif (chapitre 3) et du biais de confirmation (chapitre 4) !

De quoi s’agit-il ? 

Souvent, nous rassemblons des coïncidences en un tout afin de donner du sens à ce qui n’en a pas nécessairement (ou qui en a un autre que nous ne pouvons deviner).

Cette erreur apparaît lorsque nous cherchons du sens. Autrement dit… Tout le temps ou presque ! Nous cherchons à théoriser, à modéliser, à expliquer. 

Pourquoi ? Afin d’être rassuré et, plus fondamentalement, afin de trouver notre place dans la société et dans le monde.

Chapitre 6 — La procrastination

« L’erreur : Vous procrastinez parce que vous êtes paresseux et que vous ne pouvez pas bien gérer votre temps.

La vérité : La procrastination est alimentée par la faiblesse vis-à-vis de nos impulsions et par une incapacité à raisonner nos pensées. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 6)

Face à deux récompenses possibles, l’une immédiate et l’autre reportée, nous sommes plus susceptibles de choisir celle dont nous pouvons profiter maintenant que celle dont nous pourrons profiter plus tard. 

Et cela même si — et c’est un point capital — la récompense ultérieure est bien plus importante !

C’est la fameuse étude des bonbons menée auprès de nombreux enfants en bas âge (voir le chapitre pour le rappel ou l’explication complète). 

Lorsque nous prenons conscience que nous avons procrastiné, nous nous sentons faibles et honteux. Nous savons que nous avons succombé au plaisir présent. 

Comment résister ? 

En nous rappelant que c’est maintenant que nous faisons advenir le futur. En fait, le bénéfice à long terme (étudier pour réussir ses études) a souvent bien plus d’avantages que le bénéfice à court terme (prendre plaisir à regarder un match de tennis à la télévision).

Pour arrêter de procrastiner, il faut également arrêter d’être idéaliste. Deux exemples d’idéalisme :

Penser que nous pouvons travailler dur au dernier moment ;

Croire que nous pouvons gérer correctement notre temps alors que ce n’est manifestement pas le cas.

Chapitre 7 — Le biais de normalité

« L’erreur : Vos instincts de combat ou de fuite entrent en jeu et vous paniquez lorsque la catastrophe survient.

La vérité : Lors d’une crise, vous devenez souvent anormalement calme et vous prétendez que tout est normal. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 7)

Peu importe les problèmes que nous rencontrons dans la vie, notre première analyse de toute situation est de la voir dans le contexte de ce qui est normal pour nous.

Pour cette raison, nous avons tendance à interpréter les situations étranges et alarmantes comme si elles faisaient partie des affaires courantes. Nous refusons de nous en préoccuper.

Un navire coule ? Un gigantesque brasier ravage votre maison ? Dans certaines situations vraiment angoissantes, nous sommes parfois submergés par le flot d’informations ambiguës. Résultat : nous nous figeons et devenons incapables d’agir.

Plus prosaïquement, le biais de normalité consiste en fait à gagner du temps et à prétendre que tout continuera à aller aussi bien qu’auparavant. De cette façon, nous laissons à notre esprit le temps de s’adapter en douceur (parfois trop !).

Chapitre 8 — Introspection

« L’erreur : Vous savez pourquoi vous aimez les choses que vous aimez et ressentez ce que vous ressentez.

La vérité : L’origine de certains états émotionnels vous demeure cachée, et lorsque vous êtes pressé de les expliquer, vous allez juste inventer quelque chose. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 8)

L’origine de certains états émotionnels nous échappe et, lorsque quelqu’un nous demande de les expliquer, nous inventons quelque chose.

Chapitre 9 — L’heuristique de la disponibilité

« L’erreur : Avec l’arrivée des médias de masse, vous comprenez comment le monde fonctionne sur la base de statistiques et de faits tirés de nombreux exemples.

La vérité : Vous êtes beaucoup plus susceptible de croire que quelque chose est un lieu commun si vous pouvez en trouver un seul exemple, et vous êtes beaucoup moins susceptible de croire en quelque chose que vous n’avez jamais vu ou dont vous n’avez jamais entendu parler auparavant. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 9)

L’heuristique de disponibilité décrit notre tendance à réagir plus rapidement et plus fortement lorsque nous rencontrons des informations qui nous sont déjà familières.

Concrètement, cela signifie qu’il est plus facile de croire à quelque chose lorsqu’une personne nous présente des exemples. Ceux-ci nous renvoie en effet vers quelque chose de connu. 

En revanche, si cette personne nous présente une réalité de façon abstraite, typiquement sous forme de chiffres ou de graphes, nous le rejetterons plus facilement, car nous n’y retrouverons pas d’emblée des motifs connus (à moins, peut-être, d’être un statisticien aguerri).

Autrement dit, comme Saint Thomas, nous avons besoin de “voir pour croire”.

Chapitre 10 — L’effet témoin

« L’erreur : Quand quelqu’un est blessé, les gens se précipitent à son aide.

La vérité : Plus il y a de personnes qui sont témoins d’une personne en détresse, moins il est probable qu’une seule personne aide. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 10)

En fait, plus il y a de personnes qui assistent à la détresse d’une personne, et moins il y a de chances qu’une seule d’entre elles lui vienne en aide.

Cela apparaît dans plusieurs situations. L’auteur donne les exemples suivants :

Donner son sang ;

Aider quelqu’un à changer un pneu ;

Donner de l’argent à un artiste de rue ;

Mettre fin à une bagarre.

Dans la plupart des cas, les gens se précipitent pour aider lorsqu’ils voient une autre personne donner l’exemple. Ils se sentent alors “prêts” à faire un geste. Étrange, non ?

Chapitre 11 — L’effet Dunning-Kruger

« L’erreur : Vous pouvez prédire à quel point vous vous comporteriez dans n’importe quelle situation.

La vérité : Vous êtes généralement assez mauvais pour estimer votre compétence et la difficulté des tâches complexes. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 11)

La plupart du temps, nous ne pouvons pas anticiper notre façon d’agir dans des domaines pour lesquels nous n’avons pas d’expérience.

C’est seulement en cherchant à nous améliorer dans un domaine que nous commençons à mieux comprendre les points sur lesquels nous devons travailler. Nous cernons mieux la complexité et les nuances. Nous découvrons aussi des maîtres dans notre domaine et nous nous comparons à eux pour voir où nous avons des lacunes. 

D’où l’importance de s’ouvrir à la critique. Si nous voulons exceller dans quelque chose, nous devons nous entraîner et nous devons être capables de goûter au travail des personnes plus expertes que nous. 

Lorsqu’elles nous critiquent, elles mettent en évidence des points aveugles pour nous, et cela nous aide à progresser.

Chapitre 12 — L’apophénie

« L’erreur : Certaines coïncidences sont si ridicules qu’elles doivent avoir un sens.

La vérité : Les coïncidences font partie des routines de la vie, même lorsqu’elles semblent miraculeuses. Toute signification qui leur est appliquée vient de votre esprit. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 12)

Les coïncidences font partie de la vie, même celles qui semblent miraculeuses. Le sens qu’on leur donne vient de l’esprit. C’est ce que l’on appelle une apophénie.

Souvent, l’apophénie est le résultat d’un autre biais : le biais de confirmation (chapitre 2). Nous voyons ce que nous avons envie de voir et nous oublions le reste. Si nous voulons voir du sens quelque part, nous allons ignorez plus ou moins inconsciemment tout ce qui est absurde ou ne “colle pas” à notre interprétation. 

L’apophénie ne signifie pas simplement mettre de l’ordre dans le chaos, mais c’est croire que nous sommes destinés à découvrir ce sens “caché”. C’est croire qu’il y a des miracles rares qui arrivent et que nous pouvons en prendre conscience et les comprendre. 

Chapitre 13 — La loyauté de marque

« L’erreur : Vous préférez ce que vous possédez aux choses que vous ne possédez pas parce que vous avez fait des choix rationnels lorsque vous les avez achetés.

La vérité : Vous préférez les choses que vous possédez parce que vous rationalisez vos choix passés pour protéger votre sens de soi. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 13)

Lorsque nous débattons avec quelqu’un sur la prétendue supériorité d’une marque sur une autre, nous ne cherchons pas tant à convaincre l’autre personne qu’à nous rassurer nous-même. 

Nous avons besoin de nous mettre en conformité avec nos propres choix en les justifiant à postériori.

Cette façon de penser est liée à l’erreur du coût irrécupérable. 

Même si nous payons trop cher quelque chose, ou que nous nous rendons compte que nous avons payé pour quelque chose de mauvaise qualité, nous consommerons tout de même le produit, parce que nous estimerons avoir à rentabiliser l’argent ou le temps que nous avons investi pour l’obtenir.

Chapitre 14 — L’argument d’autorité

« L’erreur : Vous êtes plus préoccupé par la validité de l’information que par la personne qui la livre.

La vérité : Le statut et les références d’une personne influencent grandement votre perception du message délivré par cette personne. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 14)

Nous regardons souvent les personnes qui ont du pouvoir comme si elles avaient quelque chose de spécial qui nous manquent : connaissances, compétences, etc. Dès lors, nous sommes portés à croire plus facilement ce qu’ils nous proposent. 

C’est d’ailleurs un argument marketing très utilisé dans la publicité !

Lors des controverses, il existe plusieurs autorités, plusieurs experts qui se disputent autour d’une question. Dans ce cas, nous devons — ou plutôt devrions — nous intéresser aux arguments de chaque partie et aux preuves qu’elles apportent. 

Chapitre 15 — L’argument d’ignorance

« L’erreur : Lorsque vous ne pouvez pas expliquer quelque chose, vous vous concentrez sur ce que vous pouvez prouver.

La vérité : Lorsque vous n’êtes pas sûr de quelque chose, vous êtes plus susceptible d’accepter des explications étranges. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 15)

L’argument de l’ignorance est celui qui consiste à décider que quelque chose est vrai ou faux parce qu’on ne trouve pas de preuve du contraire.

Nous ne savons pas quelle est la vérité, alors nous supposons que n’importe quelle explication est aussi bonne qu’une autre.

Le problème, c’est que lorsque ce type d’argument est poussé à bout, il peut aboutir, notamment, aux théories du complot. Typiquement, les complotistes demandent toujours plus de preuves, alors même qu’il y en a déjà beaucoup (pour prouver la rotondité de la Terre, par exemple).

Rappelons-nous : un manque de preuves ne peut ni confirmer ni nier une proposition. Mais dans tous les cas, nous pouvons nous demander si la balance des preuves ne penche pas plus d’un côté que de l’autre.

Chapitre 16 — L’erreur de l’homme de paille

« L’erreur : Lorsque vous vous disputez, vous essayez de vous en tenir aux faits.

La vérité : Dans toute dispute, la colère vous incitera à recadrer la position de votre adversaire. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 16)

Lorsque nous nous disputons à propos de quelque chose de personnel ou de quelque chose de plus public et abstrait, nous avons parfois recours à la construction d’un personnage fictif.

Pourquoi ? Car, de cette façon, nous détournons la position de notre adversaire afin de la rendre plus facile à réfuter. C’est l’un des rouages de la rhétorique.

Chaque fois que quelqu’un commence une attaque par :

« Alors vous dites que nous devrions tout simplement… » ;

« Tout le monde sait que… » ;

“Les scientifiques disent que…”.

Avez-vous remarqué l’usage d’hommes de paille dans vos conversations ? 

Chapitre 17 — L’erreur ad hominem

« L’erreur : Si vous ne pouvez pas faire confiance à quelqu’un, vous devriez ignorer les affirmations de cette personne.

La vérité : Ce que dit quelqu’un et pourquoi il le dit devraient être jugés séparément. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 17)

Lorsque nous supposons qu’une personne est dans le faux en raison de son identité ou du groupe auquel elle appartient, nous commettons un sophisme ad hominem.

Il s’agit aussi d’un argument : quand vous cherchez à réfuter quelqu’un sur la base de son appartenance communautaire ou de son identité, vous construisez un argument ad hominem. Vous détournez l’attaque sur la personne sans vous en prendre à l’argument lui-même.

Bien sûr, nous n’agissons pas comme cela sans raison. 

En fait, nous avons besoin d’avoir confiance en une personne pour croire en ses arguments. Nous recherchons donc l’intégrité et nous nous servons de nos capacités à juger quelqu’un pour juger de ce qu’il dit. 

Toutefois, cela peut nous jouer des tours. Pour contrer la manœuvre, nous devrions aussi apprendre à juger ce qu’une personne dit de façon autonome, grâce à l’analyse des preuves et au caractère logique de son raisonnement.

Chapitre 18 — L’erreur du Monde-Juste

« L’erreur : Les gens qui perdent au jeu de la vie doivent avoir fait quelque chose pour le mériter.

La vérité : Les bénéficiaires de la bonne fortune ne font souvent rien pour la gagner, et les mauvaises personnes s’en tirent souvent sans problèmes. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 18)

Lorsque nous entendons parler d’une situation qui, nous l’espérons, ne nous arrivera jamais, nous avons tendance à blâmer la victime.

Pourquoi ? Non pas parce que nous sommes une personne horrible et sans sentiments, mais tout simplement parce que nous voulons croire que nous sommes assez intelligents pour nous éviter le même sort.

Par ailleurs, nous voulons croire que la justice domine le monde. Nous le voyons dans la fiction : il est courant que les méchants perdent et que les gentils gagnent. 

C’est ainsi que nous aimons voir le monde. « Vous voulez que le monde soit juste, alors vous prétendez qu’il l’est », résume David McRaney.

Chapitre 19 — Le jeu des biens publics

« L’erreur : Nous aurions pu créer un système sans réglementation où tout le monde contribuerait au bien de la société, où tout le monde en bénéficierait et où tout le monde serait heureux.

La vérité : Sans une certaine forme de réglementation, les fainéants et les tricheurs saborderont les systèmes économiques parce que les gens ne veulent pas passer pour des pigeons. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 19)

Le jeu des biens publics suggère que la réglementation par la sanction décourage les négligents.

L’auteur insiste sur le fait qu'il n'est pas question de refuser catégoriquement d’aider, ou bien de rejeter toute forme de mise en commun. En fait, il s’agit plutôt de refuser de venir en aide au menteur ou de faire plus de travail que le négligent. 

Chapitre 20 — Le jeu de l’ultimatum

« L’erreur : Vous choisissez d’accepter ou de refuser une offre en fonction de la logique.

La vérité : Lorsqu’il s’agit de conclure un accord, vous basez votre décision sur votre statut. » (Vous n'êtes pas si malin, Ch. 20)

La place que nous occupons dans la société — ou celle que nous pensons avoir — a une importance majeure sur nos jugements. 

Si vous estimez être important, vous voudrez une part plus grande que la moyenne. 

Dans le cas contraire, vous vous contenterez de moins.

David McRaney rapporte une expérimentation qui met en scène ce phénomène. Et il conclut que nous faisons tous attention à notre statut lorsque nous proposons quelque chose à quelqu’un ou qu’une offre nous est faite.

Pour nous, la justice dépend souvent de qui nous sommes (ou percevons être) dans la société.

Chapitre 21 — Validation subjective

« L’erreur : Vous êtes sceptique quant aux liens généraux.

La vérité : Vous êtes enclin à croire que les affirmations et les prédictions sont vraies, surtout si elles sont positives et qu’elles vous concernent personnellement. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 21)

La tendance à croire des déclarations vagues conçues pour plaire à n’importe qui s’appelle l’effet Forer, et les psychologues évoquent ce phénomène pour expliquer pourquoi les gens se laissent séduire par des pseudosciences.

L’effet Forer fait partie d’un phénomène plus large que les psychologues appellent la validation subjective, une façon élégante de dire que nous sommes beaucoup plus vulnérables aux suggestions lorsque le sujet de la conversation nous concerne de près.

Chapitre 22 — Endoctrinement dans une secte

« L’erreur : Vous êtes trop intelligent pour rejoindre une secte.

La vérité : Les sectes sont peuplées de gens comme vous. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 22)

Les recherches sur les sectes suggèrent que l’on n’y adhère généralement pas pour une raison particulière ; on y tombe en quelque sorte comme on tombe dans n’importe quel groupe social.

Lorsque nous sommes “fan” de quelqu’un, nous sommes au premier niveau de l’endoctrinement. Nous ferions volontiers ce que cette personne, que nous admirons, nous demande de faire.

Ceux que nous appelons les leaders charismatiques utilisent également cette même force d’attraction. La différence entre Charles Manson et Mohandas Gandhi est que l’un agit dans le sens de ses intérêts et de ses pulsions cruelles lorsque l’autre agit pour le bien de toute une communauté.

Chapitre 23 — Pensée de groupe

« L’erreur : Les problèmes sont plus faciles à résoudre lorsqu’un groupe de personnes se réunit pour discuter de solutions.

La vérité : Le désir de parvenir à un consensus et d’éviter la confrontation entrave le progrès. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 23)

Le désir de parvenir à un consensus et d’éviter la confrontation entrave le progrès.

En effet, lorsque des groupes se réunissent pour prendre une décision, une illusion d’invulnérabilité peut émerger.  

Dans ce cas, nous commençons à rationaliser les idées des autres sans reconsidérer les nôtres. Nous voulons défendre la cohésion du groupe contre toute atteinte, alors nous supprimons les doutes, nous n’argumentons pas et nous ne proposons pas d’alternatives.

Puisque tout le monde fait la même chose, le leader du groupe suppose à tort que tout le monde est d’accord et que le consensus est atteint, alors que c’est faux.

Pour qu’un groupe prenne de bonnes décisions, il doit permettre la dissidence et convaincre chacun qu’il est libre de dire ce qu’il pense sans risquer d’être puni.

La véritable pensée de groupe dépend de 3 conditions : 

L’appréciation mutuelle ; 

L’isolement ;

Une date limite décidée.

Chapitre 24 — Les vendeurs super normaux 

« L’erreur : Les hommes qui ont des relations sexuelles avec de jeunes lolitas sont fous, et les femmes qui épousent des milliardaires de quatre-vingts ans sont intéressées.

La vérité : Les jeunes lolitas et les milliardaires âgés sont tous deux des libérateurs supernormaux. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 24)

Un stimulant supernormal est une version exagérée d’un stimulus pour lequel il existe une tendance de réponse, ou tout stimulus qui suscite une réponse plus forte que le stimulus pour lequel il a évolué.

L’auteur prend l’exemple de scarabées mâles attirés par des bouteilles de bière ressemblant “en mieux” — c’est-à-dire avec des formes exagérées — aux femelles avec qui ils ont l’habitude de s’accoupler. 

Dans une situation de rareté des ressources, il est normal que nous soyons, en tant qu’animaux ayant besoin de survivre, attirés par quelque chose de plus “gros” et “appétissant” que d’habitude. 

C’est un truc utilisé tous les jours par les chaînes de restauration rapide qui vous promettent des “maxi-menus” à des prix attractifs. C’est aussi ce qui crée l’attraction pour les femmes ou les hommes aux caractéristiques sexuelles exacerbés.  

Chapitre 25 — L’heuristique de l’affect

« L’erreur : Vous calculez ce qui est risqué ou gratifiant et choisissez toujours de maximiser les gains tout en minimisant les pertes.

La vérité : Vous dépendez des émotions lorsque vous devez savoir si une chose est bonne ou mauvaise, vous surestimez considérablement les récompenses et vous avez tendance à vous en tenir à vos premières impressions. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 25)

L’heuristique de l’affect est l’un des moyens par lesquels nous arrivons rapidement à une conclusion à propos d’une nouvelle information. Le plus souvent, cela se passe “à l’instinct”. C’est l’intuition qui parle.

Celle-ci peut être utile, mais gardons à l’esprit que nous pouvons nous tromper et que nous avons tendance à entendre positivement ce qui nous satisfait (et négativement ce qui nous déplaît). 

Chapitre 26 — Le nombre de Dunbar

« L’erreur : Il y a un trombinoscope dans votre esprit avec les noms et les visages de chaque personne que vous connaissez.

La vérité : Vous pouvez maintenir des relations et garder le contact avec seulement 150 personnes à la fois. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 26)

Ce nombre est issu d’une expérience célèbre d’un anthropologue, Robin Dunbar. Celui-ci a remarqué que dans de nombreuses sociétés, le nombre de connexions ou de connaissances d’un individu ne dépassait pas 150. 

Si certaines amitiés viennent à disparaître, d’autres peuvent les remplacer, mais toujours dans cette limite virtuelle des 150 personnes. 

Il existe des explications cognitives et évolutionnistes à ce nombre : le cerveau ne peut traiter plus d’information et interagir avec un plus grand nombre de contacts deviendrait contreproductif pour l’individu. 

D’où la conclusion de David McRaney : si vous utilisez votre nombre d’amis sur Facebook comme un indicateur de votre statut social, vous vous trompez.

Au final, vous pouvez avoir 1 000 amis sur les réseaux sociaux et n’être en contact réel ou intense qu’avec 150 d’entre eux maximum, comme tout le monde !

Chapitre 27 — La vente

« L’erreur : À la fois le consumérisme et le capitalisme sont soutenus par les entreprises et la publicité.

La vérité : À la fois le consumérisme et le capitalisme sont dirigés par la compétition entre les consommateurs pour le statut. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 27)

Le système capitaliste reprend toute rébellion à son compte et en fait un produit à vendre. La contreculture y devient rapidement une niche à exploiter, voire le nouveau conformisme à la mode. 

Ce phénomène met en évidence le fait suivant : ce sont les consommateurs et les vendeurs qui créent éternellement les nouvelles modes et les nouveaux produits à acheter. C’est par la compétition constante des uns avec les autres que se construisent le consumérisme et le capitalisme.

David McRaney résume de la façon suivante les façons d’être en compétition, en fonction de la classe sociale :

Les pauvres sont en concurrence avec les ressources. 

La classe moyenne est en concurrence avec la sélection. 

Les riches sont en concurrence avec leurs possessions.

Chapitre 28 — Le biais de l’autoservice

« L’erreur : Vous vous évaluez vous-même sur la base de vos réussites et de vos échecs passés.

La vérité : Vous excusez vos échecs et vous vous voyez vous-même comme ayant plus de succès, étant plus intelligent et plus compétent que vous êtes vraiment. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 28)

Quand tout va bien pour nous, nous attribuons tout à nos incroyables compétences, mais une fois que le vent tourne, nous cherchons des facteurs externes ayant empêché à notre génie de briller.

Par ailleurs, nous ne croyons pas être une personne moyenne, alors que nous croyons que tout le monde l’est. Cette tendance, qui découle d’un préjugé égocentrique, s’appelle l’effet de supériorité illusoire.

Chapitre 29 — L’effet du projecteur

« L’erreur : Quand vous êtes entourés d’autres personnes, vous vous sentez comme si chacun notait chaque aspect de votre apparence et de votre comportement.

La vérité : Les gens attachent peu d’importance à vous à moins qu’ils soient incités à le faire. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 29)

La recherche montre que les autres, lorsqu’ils sont en groupe, ne prêtent pas tant attention à vous qu’à eux-mêmes. Si nous n’attirons pas l’attention sur nous, nos petits écarts (positifs comme négatifs) passent en général inaperçus. 

Cela change, en revanche, si nous commençons à nous exhiber volontairement, pour le meilleur comme pour le pire. Ainsi, si vous êtes particulièrement éloquent ou, au contraire, que vous vous excusez trop lourdement d’avoir commis une erreur, vous serez remarqué à coup sûr !

Chapitre 30 — L’effet de la troisième personne

« L’erreur : Vous croyez que vos opinions et vos décisions sont basées sur l’expérience et les faits, alors que ceux qui ne sont pas d’accord avec vous succombent aux mensonges et à la propagande de sources auxquelles vous, vous ne vous fiez pas.

La vérité : Chaque personne croit que les gens qui ne sont pas d’accord avec elle sont crédules, et chaque personne pense qu’elle est moins susceptible de persuasion qu’elle ne l’est vraiment. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 30)

Il y a des personnes qui considèrent une information comme dangereuse non pas parce qu’elle les affecte en propre, mais parce qu’elles pensent qu’elle pourrait affecter les pensées et les opinions d’un tiers imaginaire.

Cet « effet de la troisième personne » est une version du biais d’égocentrisme ou d’auto service. Nous nous considérons comme plus performants, plus intelligents et plus compétents que nous ne le sommes. 

En revanche, nous avons peur pour autrui, car nous le pensons plus vulnérable que nous.

Chapitre 31 — La catharsis

« L’erreur : Évacuer votre colère est un moyen efficace de réduire le stress et d’éviter de s’en prendre à vos amis et à votre famille.

La vérité : L’expression libre de la colère augmente le comportement agressif au fil du temps. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 31)

Pour le dire en un mot : le défoulement augmente le comportement agressif au fil du temps.

Nous pensons souvent que la catharsis (défoulement salutaire en cas de crise) est une bonne chose. Pourtant, si nous agissons régulièrement ainsi, nous serons plus susceptibles de la rechercher systématiquement lorsque nous serons en colère. 

En conséquence, nous serons aussi plus susceptibles de continuer à faire des choses agressives pour pouvoir continuer à nous défouler. Bref, c’est un cercle vicieux.

Chapitre 32 — L’effet de la mauvaise information

« L’erreur : Les souvenirs sont joués comme des enregistrements dans notre esprit.

La vérité : Les souvenirs sont construits à nouveau à chaque fois en fonction des informations qui sont disponibles, ce qui les rend très perméables aux influences venues du présent. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 32)

La mémoire est une faculté imparfaite. Notre mémoire est perméable, malléable et en changement permanent. 

Nous filtrons tous les informations que nous y conservons et nous nous laissons tous « infecter » par des informations venues de notre entourage ou de notre environnement. 

Ces caractéristiques de la mémoire impliquent que nous ne conservons pas les souvenirs à la manière d’un appareil photo. En réalité, nous nous construisons des histoires qui évoluent au fil du temps. 

Se raconter des histoires est d’ailleurs un excellent moyen d’apprendre ! Pour en savoir plus, retrouvez la chronique de Mémoire, vous avez le pouvoir !

Chapitre 33 — La conformité

« L’erreur : Vous êtes un individu fort et vous ne vous conformez que sous la contrainte.

La vérité : une figure d’autorité ou la pression sociale peuvent facilement vous faire obéir, parce que la conformité est un instinct de survie. » (Vous n'êtes pas si malin, Ch. 33)

Le conformisme est notre « position par défaut » à tous. C’est de là que nous partons : nos expériences antérieures, notre statut social, notre savoir accumulé nous conduisent à nous comporter d’une certaine manière.

Mais nous avons le pouvoir de « casser les règles » et d’enfreindre les normes de temps à autre. 

Dans des situations quotidiennes, nous pouvons nous opposer à l’autorité ou à l’habitude. Qu’il s’agisse de répondre à une question ou d’agir avec courage face à une injustice.

Chapitre 34 — L’extinction

« L’erreur : Si vous arrêtez de contracter une mauvaise habitude, celle-ci diminuera peu à peu jusqu’à disparaître de votre vie.

La vérité : À chaque fois que vous quittez quelque chose de façon abrupte, votre cerveau fera des efforts récurrents pour retourner à votre ancienne habitude. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 34)

Le cerveau n’a pas évolué dans un environnement où la nourriture était abondante. 

Dès que nous trouvons une source de nourriture riche en calories, en graisses et en sodium, nous avons naturellement tendance à en manger beaucoup et à y revenir encore et encore. 

Si nous supprimions une telle récompense, notre cerveau piquerait une crise !

Chapitre 35 — La flemmardise sociale

« L’erreur : Lorsque vous êtes joints par des autres dans une tâche, vous travaillez plus dur et devenez plus accompli.

La vérité : Une fois que vous faites partie d’un groupe, vous avez tendance à faire moins d’efforts parce que vous savez que votre travail sera réuni avec celui des autres. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 35)

Cette tendance est également appelée l’effet Ringelmann, du nom d’un ingénieur français qui le découvrit en 1913. Sa découverte fut reproduite expérimentalement grâce aux travaux d’Alan Ingham en 1974.

Aujourd’hui, de nombreuses organisations connaissent ce phénomène et nous demandent de travailler aussi dur que si nous travaillions seuls. 

Chapitre 36 — L’illusion de transparence

« L’erreur : Lorsque vos émotions sont fortes, les gens peuvent vous regarder et dire ce que vous êtes en train de penser ou de sentir.

La vérité : Votre expérience subjective n’est pas observable, et vous surestimez la manière dont vous exprimez vos pensées intimes et vos émotions. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 36)

Nous avons l’impression de savoir ce que nous ressentons et pensons. Or, nous avons aussi tendance à croire que ces pensées et ces émotions s’échappent de nous et sont visibles, qu’elles sont clairement perceptibles à l’extérieur de nous.

Mais c’est faux. Le plus souvent, nos expériences intimes sont indéchiffrables pour d’autres personnes. 

À l’inverse, lorsque nos émotions prennent le dessus et que notre état mental devient le centre de notre attention, notre propre capacité à évaluer ce que les autres ressentent et pensent est réduite à néant.

Autrement dit, pour analyser le langage du corps et deviner ce que pense ou ressent quelqu’un, il est nécessaire d’être attentif à cette personne et se concentrer. 

Chapitre 37 — L’impuissance apprise

« L’erreur : Si vous êtes dans une mauvaise situation, vous ferez tout pour vous en échapper.

La vérité : Si vous vous sentez comme si vous n’avez pas le contrôle de votre destinée, vous abandonnerez et vous accepterez la situation, quelle qu’elle soit. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 37)

Si, au cours de notre vie, nous avons connu des défaites écrasantes, des mauvais traitements ou une perte de contrôle, nous nous convainquons avec le temps qu’il n’y a pas d’issue.

Même si une issue nous est offerte, nous n’agirons pas. Pourquoi ? Car nous deviendrons des nihilistes et nous préférerons nous conformer à ce que nous croyons avoir compris du monde, plutôt que de changer d’opinion.

Avez-vous déjà vu l’image de cet éléphant, attaché à un maigre poteau et qui reste là sans bouger, alors qu’il pourrait se détacher d’un simple coup de patte ?

Chapitre 38 — Cognition incarnée

« L’erreur : Vos opinions des gens et des événements sont basés sur une évaluation objective.

La vérité : Vous traduisez votre monde physique en mots, et vous croyez à ces mots. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 38)

Nous sommes loin d’être des cerveaux déconnectés, froids et uniquement rationnels. Nous sommes d’abord constitués de sensations, qui s’établissent par l’entremise de nos corps. 

En fait, nos sens nous « disent » des choses que nous nous empressons souvent de tenir pour vraies. Et cela avant même que notre cerveau ait commencé à réfléchir ! 

Autrement dit, vos émotions — qui peuvent être provoquées par des textures ou des odeurs, par exemple — vont vous faire « dire » des choses qui, après coup, vous feront penser d’une manière ou d’une autre.

Deux exemples : 

Une sensation de froid sur votre poitrine (due à un stéthoscope) vous mettra peut-être de mauvais poil et vous serez plus enclin à être désagréable ou à penser du mal de votre docteur ;

En revanche, si votre coiffeur vous offre une tasse de café bien chaude, cette agréable sensation déclenchera sans doute des mots doux, ou en tout cas des pensées sympathiques et une appréhension positives de cette personne.

Chapitre 39 — L’effet d’ancrage

« L’erreur : vous analysez rationnellement tous les facteurs avant de prendre une décision ou de déterminer la valeur de quelque chose.

La vérité : Vos premières impressions s’attardent dans votre esprit et affectent les perceptions plus tardives et vos décisions. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 39)

Vous connaissez l’adage qui veut que la première impression soit décisive. Et, de fait : notre première perception reste ancrée dans notre esprit. Elle influencera nos perceptions et nos décisions ultérieures.

Nous dépendons de l’ancrage tous les jours :

Pour prédire l’issue des événements ;

Estimer le temps que prendra une chose ;

L’argent qu’elle vous coûtera ;

Etc.

Lorsque nous devons choisir entre plusieurs options ou estimer la valeur d’une chose ou d’une personne, nous avons besoin d’un point d’appui. La première impression (ou la première expérience d’une chose ou d’une personne) nous sert de guide pour les fois suivantes.

Chapitre 40 — L’attention

« L’erreur : Vous voyez tout ce qui se passe devant vos yeux, incorporant toute l’information comme le ferait une caméra.

La vérité : Vous n’êtes conscient que d’un petit nombre de données prises en compte par vos yeux, et même une plus petite partie seulement est traitée par votre esprit conscient, puis mémorisée. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 40)

Les psychologues parlent de « cécité d’inattention » pour désigner le fait de ne pas voir l’information au premier coup d’œil.

Notre attention est comme un projecteur, et seules les parties éclairées du monde apparaissent dans notre perception.

Notre perception est construite à partir de ce à quoi nous prêtons attention.

Le problème avec la cécité d’inattention, ce n’est pas qu’elle se produise souvent, mais plutôt que nous pensons qu’elle ne se produit pas.

Le jumeau de la cécité d’inattention est la cécité au changement. 

Le cerveau ne peut pas suivre la quantité totale d’informations provenant de nos yeux, et notre expérience d’un moment à l’autre est donc modifiée pour plus de simplicité.

Plus notre attention est sollicitée dans un sens et moins nous nous attendons à ce que quelque chose sorte de l’ordinaire. 

De ce fait, lorsqu’un événement surprenant survient, nous sommes aussi moins enclins à le voir, et cela même lorsque des vies sont en jeu !

Chapitre 41 — L’autohandicap

« L’erreur : Dans tout ce que vous faites, vous cherchez le succès.

La vérité : Vous créez souvent les conditions de l’échec à l’avance pour protéger votre ego. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 41)

L’autohandicap est une négociation de la réalité, une manipulation inconsciente de nos perceptions et de celles des autres. Nous l’utilisons pour protéger notre ego.

Les comportements d’autohandicap sont des investissements dans une réalité future dans laquelle nous pouvons attribuer notre échec à autre chose qu’à nos capacités.

À noter : selon les études rapportées par l’auteur, les hommes auraient davantage recours à l’autohandicap que les femmes pour apaiser leur peur de l’échec.

Chapitre 42 — La prophétie autoréalisatrice

« L’erreur : Les prédictions sont sujettes à des forces qui sont en dehors de votre contrôle.

La vérité : Le simple fait de croire qu’un événement futur arrivera peut le causer si l’événement dépend du comportement humain. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 42)

Le simple fait de croire qu’un événement futur se produira peut entraîner sa réalisation, à condition que l’événement en question dépende du comportement humain.

Si nous voulons améliorer notre vie dans un sens ou dans un autre, nous devons agir comme si la chose que nous attendions de l’autre personne était déjà sur votre chemin. C’est ce qu’enseigne également la programmation neurolinguistique.

Une vision négative conduira à des prédictions négatives, et nous commencerons à manipuler inconsciemment notre environnement pour réaliser ces prédictions.

Chapitre 43 — Le Moment

« L’erreur : Vous êtes une personne unique, et votre bonheur dépend de votre capacité à être content de votre propre vie.

La vérité : Vous avez de multiples vous-mêmes, et le bonheur est plutôt basé sur votre capacité à satisfaire toutes ces différentes parties. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 43)

Nous souhaitons tous atteindre des objectifs pour être heureux. Pourtant, une fois que nous avons effectivement réalisé l’un d’entre eux, l’expérience se termine. Et il faut recommencer (comme avec les achats impulsifs).

Une solution à ce problème consiste d’abord à remarquer que nous avons des désirs contradictoires. À partir de ce constat, nous sommes en mesure de créer des objectifs qui ne se nuisent pas les uns par rapport aux autres et qui apportent des satisfactions plus durables.

Vous souhaitez économiser pour vous acheter une belle maison ? Très bien, mais que diriez-vous de ne pas sacrifier votre vie présente pour y parvenir ? Trouvez le moyen de satisfaire à la fois votre besoin de sens au travail et votre besoin d’argent.

Chapitre 44 — Le biais de cohérence

« L’erreur : Vous savez comment vos opinions ont changé au cours du temps.

La vérité : À moins que vous n’ayez consciencieusement gardé la trace de vos progrès, vous affirmez que la façon dont vous sentez (ou pensiez) aujourd’hui est identique à la façon dont vous sentiez (ou pensiez) hier. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 44)

Le biais de cohérence a pour cause la volonté de réduire l’inconfort de la dissonance cognitive. 

Pour rappel, la dissonance cognitive survient lorsque nous constatons que nous sommes en désaccord avec nous-mêmes sur une question. Cela provoque un malaise que nous cherchons à résoudre.

C’est une chose qui arrive régulièrement au cours d’une vie : nous changeons d’idée, au point que nous affirmons aujourd’hui ce que nous niions hier. 

Pour échapper à ce malaise de l’incohérence personnelle, nous préférons réécrire notre biographie en prétendant que nous avons toujours pensé telle ou telle chose. 

Ou de façon atténuée : nous avons tendance à croire que si nous avions su ce que nous savons aujourd’hui (en vieillissant), les choses auraient été différentes. 

En fait, ce n’est pas le cas. Nous étions une autre personne et nous avons agi de la seule façon qu’il nous était donné d’agir, et même si nous avions eu une autre information en notre possession, il est fort probable que nous ayons agi identiquement.

Chapitre 45 — L’heuristique de la représentativité 

« L’erreur : Connaître l’histoire d’une personne permet de déterminer plus facilement quel genre de personne elle est.

La vérité : Vous tirez des conclusions hâtives en "rangeant" la personne dans un type de personnalité préconçu. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 45)

Nous tirons des conclusions hâtives en nous basant sur la représentativité d’une personne par rapport à un type de caractère préconçu.

Lorsqu’il s’agit d’inconnus, notre premier réflexe est de les faire entrer dans des archétypes afin de déterminer rapidement leur valeur ou leur menace.

L’heuristique de la représentativité contribue à alimenter plusieurs autres erreurs cognitives, comme le sophisme de la conjonction.

Le sophisme de la conjonction dit ceci : plus nous entendons parler de choses qui correspondent à nos modèles mentaux, plus elles nous paraissent probables.

Les heuristiques de représentativité sont utiles, mais aussi dangereuses. Elles peuvent nous aider à éviter le danger et à chercher de l’aide, mais elles peuvent aussi conduire à des généralisations et à des préjugés.

Chapitre 46 — Les attentes

« L’erreur : Le vin est un élixir complexe, plein de saveurs subtiles qu’un expert seul peut vraiment distinguer, et les dégustateurs éclairés sont imperméables à la tromperie.

La vérité : Les œnologues et les consommateurs avertis peuvent être trompés en altérant leurs attentes. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 46)

C’est une chose bien connue : le packaging, mais aussi les avis que vous lisez au sujet d’un produit, d’un service ou d’une œuvre (cinématographique, par exemple), vous influence.

Tout ce qui tourne autour des objets modifie vos attentes à leur égard. 

Mais plus que tout : votre expérience sera déterminée en grande partie par ces attentes que vous avez formées. Exemple : ce film vous paraîtra moyen, car vous aviez lu des critiques négatives, etc. 

Chapitre 47 — L’illusion de contrôle

« L’erreur : Vous savez évaluer votre contrôle sur votre environnement.

La vérité : Vous croyez souvent avoir du contrôle sur des résultats qui sont en réalité ou aléatoires ou trop complexes pour être prévisibles. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 47)

C’est l’erreur du joueur, qui pense pouvoir déterminer en pensée le mouvement de la bille à la roulette. Vous croyez que cela ne vous arrive pas ? Détrompez-vous.

Nous avons tous l’impression, à certains moments de nos existences, de contrôler notre destinée. Nous pensons être aux manettes. Mais avons-nous bien conscience de toutes les choses qui pourraient nous arriver ?

Cela ne doit pas nous empêcher d’agir, bien sûr. Simplement, prévoyez une place… Pour l’imprévu. Cherchez à contrôler les petites choses, mais accueillez le hasard dans la globalité de votre existence.

Chapitre 48 — L’attribution fondamentale de l’erreur

« L’erreur : Le comportement des autres personnes est le reflet de leur personnalité.

La vérité : Le comportement des autres est plutôt le résultat des situations que de leurs dispositions. » (Vous n’êtes pas si malin, Ch. 48)

Lorsque nous ne savons pas grand-chose d’une personne, lorsque nous n’avons pas eu l’occasion de la connaître, nous avons tendance à en faire un personnage, une invention. 

Nous attribuons alors leurs comportements au personnage que nous avons créé, tout en nous formant une idée plus précise de sa personnalité (car nous pensons que son comportement est le reflet de sa personnalité).

Pourtant, nous commettons une erreur d’attribution fondamentale en croyant que les actions d’une personne découlent seulement de sa personnalité et n’ont rien à voir avec le contexte.

Cela se passe même avec les gens que nous côtoyons tous les jours et pensons bien connaître. 

Lorsque nous interprétons la froideur de notre conjoint comme une indifférence de sa part à nos désirs et à nos besoins, nous commettons peut-être une faute d’attribution de l’erreur. 

Pourquoi ? Car la réponse est peut-être tout autre : un stress lié au travail ou d’autres problèmes dont nous ne savons rien l’empêchent peut-être d’être pleinement attentif à nos besoins.

Conclusion sur "Vous n'êtes pas si malin" de David McRaney :

Ce qu'il faut retenir de "Vous n'êtes pas si malin" de David McRaney :

Eh oui, le cerveau est une machine complexe ; notre raison, loin d’être accessible, fonctionne à la manière d’une boîte noire. Nous pensons être raisonnables ou rationnels, mais nous sommes dirigés par des mécanismes et des habitudes inconscientes.

Et cela, peu importe que nous nous considérions comme peu ou très intelligents ! En fait, notre cerveau est préprogrammé pour se mentir à lui-même de façon assez régulière. 

La plupart du temps, il s’agit d’un mécanisme de survie, mais cela est parfois dû au fait que le cerveau n’est pas parfait.

Les travaux de psychologie et des sciences cognitives montrent que nous n’avons souvent aucune idée de la raison pour laquelle nous agissons comme nous le faisons, choisissons les choses que choisissons, ou pensons ce que nous pensons. 

Par contre, nous sommes devenus des as de la construction de récits, de petites histoires pour justifier nos actions ou nos décisions. Ces fictions s’appuient sur des biais cognitifs, des sophismes logiques ou encore des heuristiques. Il est bon de les connaître afin de ne pas tomber dans nos propres panneaux — ou dans la manipulation d'autrui.

Points forts :

Une introduction fort utile aux biais cognitifs ;

De nombreux exemples d'études scientifiques ;

Une écriture pédagogique et plutôt drôle ;

Des chapitres courts.

Points faibles : 

Quelques répétitions ;

Le livre n'est actuellement pas disponible en français !

Ma note :

★★★★★

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Mon, 11 Dec 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12689/Vous-ntes-pas-si-malin
Se libérer de l’emprise émotionnelle http://www.olivier-roland.fr/items/view/12685/Se-librer-de-lemprise-motionnelle

Résumé de « Se libérer de l’emprise émotionnelle » de Sylvie Tenenbaum : un livre qui vous aidera à reprendre votre vie en main en vous aidant à repérer le phénomène d’emprise émotionnelle et à briser le cercle vicieux dans lequel il peut vous enfermer.

Par Sylvie Tenenbaum, 2023, 269 pages.

Chronique et résumé de « Se libérer de l’emprise émotionnelle » de Sylvie Tenenbaum

Introduction. L’emprise est banale

« L’emprise est banale. Sa force vient de cette banalité, de ce qui quotidiennement émousse notre regard, notre écoute, nos sensations vis-à-vis de tous les systèmes abusifs que nous pouvons regrouper sous le terme d’emprise. » (Saverio Tomasella et Barbara Ann Hubert, L’Emprise affective, cité dans Se libérer de l’emprise émotionnelle, Introduction)

L’emprise peut prendre plusieurs noms autour de nous :

Maltraitance ;

Violence physique ;

Violence psychologique ;

Domination ;

Sexisme ;

Etc.

Nous la retrouvons — comme nous allons le voir au chapitre 1 — dans toutes les sphères de la vie, depuis la famille jusqu’au milieu médical. Toutes les institutions sont concernées. 

Il en existe des formes plus ou moins complexes, qui vont des luttes de pouvoir explicites (relativement simples) aux supplices mentaux les plus subtils (et complexes).

Selon Sylvie Tenenbaum, nous pouvons même être notre propre bourreau. Nous avons, parfois, un « prédateur intérieur » qui nous maltraite et fait de notre monde comme le disait Oscar Wilde (cité par l’auteure), « un enfer ».

Sous ce phénomène, il y a une volonté de contrôle et de soumission. Pour les victimes, cette pression se traduit par une résignation et, dans les cas les plus graves, à la dépression ou aux tentatives de suicide.

Par la description des prédateurs et de leurs « types », nous pouvons aider à une prise de conscience. C’est ce que nous verrons au chapitre 2. Nous verrons que l’emprise s’immisce de façon inconsciente dans la relation, à partir de modes de communications dégradés et malsains.

Le chapitre 3, lui, se penchera sur la description des victimes et sur le traumatisme qu’elles subissent. Nous chercherons à comprendre les mécanismes qui les maintiennent dans le giron de ceux ou celles qui leur nuisent. 

Nous verrons enfin qu’il est possible — heureusement — de percevoir les signes de l’emprise et de s’en dégager (chapitre 4). Cet acte de libération ne se fait pas sans mal ni sans effort, mais il en vaut la peine.

« Il est possible de se retrouver soi-même dès lors que l’on dirige ses doutes et ses accusations sur le prédateur et non plus sur soi », dit l’auteure. Mais surtout :

« Notre vie nous appartient, ne donnons à personne un droit de regard sur nos pensées, la possibilité de nous dominer et de nous contrôler par la force, de nous voler notre existence. » (Se libérer de l’emprise émotionnelle, Introduction)

Chapitre 1. L’emprise dans tous ses états

L’emprise touche toutes les relations humaines. Elle consiste en une « effraction psychique » qui s’étend dans la durée et conduit à un rapport de domination toxique qui peut conduire à la destruction psychique du dominé. 

Au quotidien, l’emprise est faite de manipulations plus ou moins cachées, plus ou moins douces, et d’une série de stratégies visant à obtenir ou à renforcer l’influence perverse de l’un sur l’autre.

Ses effets peuvent être dévastateurs : perte d’estime de soi, de confiance en soi, érosion des fondements de l’identité. Depuis 2010, il existe un délit de violence psychologique dans la loi française. Les peines peuvent aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende.

L’emprise en famille

Au sein de cette partie, nous pouvons dissocier différents types d’emprise en fonction de la relation qu’elle dégrade :

Parents — enfant ;

Couple ;

Autre relation (fraternelle, par exemple).

— L’emprise parentale 

L’emprise parentale est sans doute l’une des plus nocives qui soit, car elle s’enracine dès l’enfance et génère une profonde empreinte sur la personnalité.

Sylvie Tenenbaum fournit plusieurs exemples d’adultes en ayant souffert :

Marie, 45 ans, toujours ébranlée par les critiques de son père ;

Paul, 62 ans, incapable de se remettre des humiliations maternelles ;

Delphine, 33 ans, qui a été victime du syndrome de Münchhausen par procuration (SMPP) de sa mère (conduisant celle-ci à faire faire une foule d’examens médicaux sans raison à sa fille… au point de la rendre véritablement malade) ;

Frédéric, 44 ans, dont les deux parents étaient abusifs ;

Vincent, 40 ans, père de famille qui n’arrive pas à se dépêtrer de l’emprise de sa compagne et voit avec effroi sa fille subir le même sort (cas d’aliénation parentale) ;

Solène, 14 ans, qui s’est donné la mort à cause d’un cyberharcèlement qui impliquait sa famille.

L’enfant victime d’un prédateur (ou d’une prédatrice) ne peut se développer normalement. 

Il doit se suradapter constamment aux désidératas du parent dysfonctionnel, voire le prendre en charge en endossant le rôle d’un adulte. 

En revanche, il ne peut pas avoir d’exigence propre. La satisfaction de ses propres besoins est secondaire, voire refusée. En conséquence, il en vient souvent à les refouler plus ou moins complètement. 

Les violences, physiques et/ou mentales, accompagnent le mécanisme et le renforcent. L’une des formes les plus graves étant la maltraitance sexuelle et d’inceste. 

— L’emprise dans le couple

Ici encore, les témoignages ont la priorité :

Fabrice, 31 ans, se fait malmener par Laura, qui devient de plus en agressive ;

Brigitte, 46 ans, mariée avec deux enfants, a un mari qui la rejette ainsi que leurs enfants ;

Julien, 38 ans, est retenu financièrement par sa compagne, qui l’empêche de partir.

La personne persécutrice va jouer sur l’amour de l’autre pour le manipuler et parvenir à ses fins. En prodiguant tantôt caresse, tantôt écoute, elle croit pouvoir se donner le droit de devenir autoritaire et despotique. 

Et surtout, elle pense (souvent avec raison, malheureusement) que ces gestes ou cette empathie suffiront à faire oublier ses comportements toxiques.

— L’emprise entre membres d’une famille

D’autres cas sont possibles, bien sûr. Toutes les relations intrafamiliales sont potentiellement concernées. Voici encore quelques témoignages :

Asmita, 30 ans, abusée sexuellement par son oncle, puis par un autre membre de sa famille ;

Yasmina, 27 ans, humiliée de façon constante par son grand-père ;

Maud, 58 ans, malmenée par sa grande sœur et incapable d’obtenir l’amour de sa mère ;

Laurent, 31 ans, sous le joug de sa sœur ainée avec qui il vit depuis le décès de leurs parents.

N’oublions pas non plus les personnes âgées. Fragilisées, elles peuvent facilement devenir l’objet de mauvais traitements.

L’emprise en amitié

L’amitié est une relation d’égalité et d’affection entre deux personnes. Mais il arrive qu’elle se détraque et mène à l’emprise. Cela peut commencer par de la rivalité, voire de la compétition, et prendre un mauvais pli.

C’est ce dont rend compte Estelle, 42 ans, qui n’a pas réussi à se défaire de son lien avec Séverine, son amie d’enfance, alors que celle-ci ne cesse de la critiquer et de la diminuer.

L’emprise dans l’entreprise

L’emprise en entreprise prend souvent place entre un supérieur hiérarchique et un employé de rang inférieur. Mais pas seulement. Le harcèlement moral (mobbing) n’en est qu’une phase ; il peut mener à une réelle malveillance et même au renvoi de la personne sous emprise.

Voici quelques exemples :

Virginie, 34 ans, sous antidépresseurs et sous l’emprise de sa cheffe ;

Arnaud, 37 ans, subit le harcèlement répété d’une collègue, qui le prend pour son « homme à tout faire ».

L’emprise religieuse et politique

Les fanatismes de tout poil lient religion et politique. Leurs adeptes sont des persécuteurs en ce qu’ils cherchent à dominer autrui, c’est-à-dire à lui faire « rendre raison » à tout prix.

Sylvie Tenenbaum relate l’histoire des enfants de Tiam, une ville d’Irlande. Entre 1925 et 1961, des enfants nés hors mariage ont été maltraités par toute une communauté. Le scandale n’a éclaté qu’en 2014.

L’emprise sectaire

C’est l’un des phénomènes d’emprise les plus connus et étudiés. 

Selon la définition de l’Association de défense des familles et de l’individu (ADFI) reprise par l’auteure, une secte est « un groupe dans lequel on pratique une manipulation mentale qui entraîne : endoctrinement, contrôle de la pensée, viol psychique ».

L’entrée dans une secte se fait en plusieurs étapes (approche, séduction et persuasion). La technique d’amorçage donne une impression de liberté qui facilite l’adhésion. 

Ce n’est qu’ensuite, peu à peu, que les menaces plus ou moins voilées et la coercition entrent en jeu. 

L’emprise en psychothérapie

Nous pensons tout d’abord à « l’œuvre » de charlatans, plus avides que soucieux du bien d’autrui. Ceux qui cherchent à nous vendre « la » solution miracle à vos problèmes. 

Mais ce ne sont pas seulement eux. Des personnes convaincues de leur bien-fondé et manipulatrices peuvent nous prendre dans des raisonnements dangereux. 

À la suite de Guy Rouquet, créateur de Psychologie Vigilance, nous pouvons les appeler des « dérapeutes », autoproclamés psychothérapeutes, qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas.

Narcissiques, ils sont parfois convaincus qu’ils peuvent vous aider. Pourtant, ils sont incapables d’empathie réelle. Ce qu’ils aiment faire, c’est se prendre pour Dieu en vous promettant la guérison qu’ils sont incapables de vous donner.

Vous les trouverez généralement dans diverses disciplines farfelues, qui s’éloignent de toute rigueur scientifique. Eh oui, il est plus facile pour eux de se prétendre ceci ou cela que de faire l’effort réel de se former à des pratiques reconnues.

L’emprise médicale

Cela dit, de vrais médecins peuvent aussi nuire. Le risque zéro n’existe pas. La frontière entre charlatanisme et exercice sécurisé de la médecine n’est pas toujours bien tracée. Elle n’est pas non plus claire dans l’esprit de tout le monde.

« Qu’il s’agisse de psychothérapies ou de pratiques médicales douteuses, il est important d’insister sur les trop nombreuses impostures intellectuelles », rappelle Sylvie Tenenbaum. 

L’emprise du prédateur intérieur

Nous pouvons être nos pires ennemis. Cette voix intérieure qui nous oblige à agir de telle ou telle façon nous domine. Elle nous rabaisse aussi en nous convainquant que nous ne sommes pas à la hauteur. 

Si ces critiques ou ces ordres venaient d’un autre, nous ne les accepterions sans doute pas. Alors pourquoi nous laisserions-nous faire, lorsqu’il s’agit de nous-mêmes ? 

Cela n’arrive pas à tout le monde. Notre dialogue interne peut être plus apaisé. Toutefois, nous pouvons parler d’emprise du prédateur intérieur lorsque cette voix intérieure nous empêche manifestement d’aller là où nous le souhaitons et de mener à bien nos projets.

L’auteure rapporte le témoignage de Marie-Claude, 60 ans, qui a découvert au cours de sa psychothérapie qu’elle se faisait beaucoup de mal à elle-même. Son juge intérieur l’a « contrainte au culte du sacrifice pour les autres », dit-elle notamment.

Chapitre 2. Les prédateurs…

Il n’existe pas une seule forme de personnalité qui mène à l’emprise. Cette notion est large et s’applique à différents types de « prédateurs ». Nous allons donc faire un tour d’horizon de différentes personnalités problématiques, afin d’aider tout un chacun à mieux se repérer.

Portraits de prédateurs

Les portraits qui suivent avancent par ordre de gravité. Tous les « empreneurs » ou « empreneuses », comme les appelle Sylvie Tenenbaum, sont des manipulateurs. Par contre, ils ne sont pas tous des bourreaux. Seuls les pires le sont.

— Le manipulateur

Nous pouvons tous avoir des moments de manipulation, surtout quand nous sommes mal dans notre peau. Nous avons besoin d’affection et avons alors parfois tendance à manipuler, plus ou moins consciemment, notre entourage.

Mais rappelez-vous : le manipulateur « consommé » est celui qui vous nuit pour en tirer un profit déterminé. Et il sait très bien ce qu’il fait. Son besoin de l’autre est vital pour obtenir ce qu’il veut. Cependant, il avancera masqué.

Comme le remarque également Isabelle Nazare-Aga, l’autrice de Les manipulateurs sont parmi nous, les manipulateurs sont immatures affectivement, et compensent souvent un complexe d’infériorité par une volonté de domination. Ils sont dépendants d’autrui et se sentent vides sans la présence de l’autre.

Le manipulateur est très souvent égoïste ou égocentrique, même s’il sait faire mine d’écouter pour récolter des informations sur vous qui lui seront utiles ensuite. Il sait également se faire valoir et remarquer en société (manipulateur histrionique).

— Le manipulateur narcissique et le pervers

Le narcissique est un égocentrique qui a besoin d’être constamment valorisé, flatté, mis en avant. Il aime — et veut — que les autres l’admirent. 

Le pervers (à distinguer des perversions sexuelles) apprécie faire du tort à autrui, en le soumettant à « ses » propres lois, qui s’identifient à ses propres désirs. Il jouit de cet effet de tyrannie exercé sur autrui. Au fond, il n’aime personne : ni les autres ni lui-même.

— Le prédateur pervers narcissique

Il regroupe les traits du manipulateur narcissique et du pervers. Son but : se grandir. Ses moyens : vous humilier et, parfois, vous anéantir. Sylvie Tenenbaum vous propose une liste d’indicateurs pour vous protéger p. 98-99. 

Voici quelques traits trouvés dans la liste :

Le PN (pervers narcissique) vous vide de votre énergie ;

Il n’est jamais content ;

Le PN vous isole ;

Il joue le rôle de la victime ;

Il dit une chose et son contraire pour vous confondre ;

Etc.

Nous pouvons ici parler de bourreau dans la mesure où il « jouit (très consciemment) des tortures qu’il inflige ». 

— Le prédateur paranoïaque 

La personnalité paranoïaque va faire des inférences erronées, des déductions fausses. Elle doute, se sent trahie ; en fait, elle a peur et, pour se défendre, prend la fuite ou attaque. Elle est constamment en mode défensif.

Ce type de personnalité est sujet à la rancœur tenace et à la jalousie. Il fait payer aux autres ce qu’il pense être des injustices subies (peu importe que celles-ci soient ou non imaginaires).

L’auteure donne l’exemple d’un couple : Pierre et Solange. Cette dernière a vécu un enfer sous sa coupe (p. 107-108).

— Le prédateur psychopathe

Les psychopathes sont des malades mentaux qui peuvent aller très loin dans l’horreur. Sylvie Tenenbaum donne l’exemple de Hannibal Lecter dans Le Silence des agneaux. 

Ces personnes peuvent être très charismatiques. Mais au fond, elles sont profondément antisociales et dangereuses.

Les comportements du prédateur

Quels sont les procédés utilisés par ces « empreneurs » pour acquérir de l’emprise sur vous ? L’auteure analyse deux moyens : la séduction et la disqualification.

— La séduction

Le charme ne leur manque pas. Ils savent également s’exprimer avec aisance et montrer de l’assurance en eux-mêmes. Lorsque cela l’intéresse, il peut vous écouter aussi, nous l’avons déjà signalé. 

Il sait jouer la perfection, l’intensité, la complicité et l’insouciance. Il peut même se montrer généreux. Mais en fait, il ment et imite ; il joue plus qu’il n’est sincère. Et surtout, ces comportements ne sont pour lui qu’une manière de vous entraîner vers lui pour vous faire agir à ses fins.

Découvrez les autres caractéristiques de ces jeux de séduction p. 116-117. Pour l’auteure, le but de la séduction est de fasciner sa proie.

— La disqualification

Ce versant du comportement des prédateurs émotionnels est explicitement plus agressif. Ici, la personne va chercher à vous rabaisser par tous les moyens. 

De petites phrases peuvent très bien y parvenir, telles que :

« Là, tu es nulle, non ? »

« Tu fais n’importe quoi. »

« Tu t’es regardée ? »

« Non, tu ne penses pas ce que tu dis, non tu n’as pas envie de voir tes amis, etc. »

« Ma pauvre ! »

Etc.

Il est aussi le pro de la culpabilisation : « Regarde ce que tu m’as fait faire ! ». Voici l’une des phrases qui lui permet de rejeter la faute sur vous. 

Il fait du chantage affectif ou génère la zizanie et la confusion à son propre profit. Par exemple en parlant mal de quelqu’un devant vous, ou en parlant mal de vous à quelqu’un d’autre !

Une communication pervertie

La communication verbale et non verbale est le terrain privilégié de la malveillance. La personne prédatrice ne communique pas pour dire qui elle est ou ce qu’elle ressent, mais pour se montrer sous un jour qui lui convient et qui lui permettra d’affirmer sa supériorité. 

— Les armes verbales de l’ « impostueur »

Pour prendre le pouvoir sur votre psychisme, le prédateur va bien sûr chercher à utiliser la parole. 

Voici quelques techniques évoquées (plus en détail) dans le livre :

La persuasion à tout prix ;

Le mensonge ;

L’injonction paradoxale ;

Les faux bons conseils ;

La confusion ;

Le brouillage des niveaux de communication ;

Les phrases non terminées ;

L’excès de détails inutiles ;

Les silences agressifs ou inappropriés ;

Le cynisme et la dérision ;

La critique excessive de l’autre, des proches ;

Le pessimisme ;

Le désintérêt pour les propos d’autrui (voire le dénigrement) ;

Etc.

Ce type de personne peut également très bien ne pas tenir ses promesses et ne pas en avoir cure. La promesse lui sert à un moment X pour obtenir ce qu’il veut, puis il l’oublie aussi vite que sa dernière paire de chaussettes. Sa parole n’a pas de valeur.

Il sait aussi très bien jouer des rôles (cela va de pair avec le mensonge). Plusieurs « jeux » sont présentés :

Le larmoyant ;

Le fuyant ;

L’ordinateur ;

Les lectures de pensée ;

Le chantage ;

L’exagération ;

L’art d’avoir toujours raison.

— les armes non verbales

Les personnalités manipulatrices peuvent et savent souvent jouer des aspects non verbaux de la communication. 

Ils joueront l’indifférence ou moduleront leur voix pour vous faire comprendre qu’ils n’ont cure de ce que vous dites, par exemple… Ils peuvent aussi lever les yeux au ciel, bâiller, etc.

Autre attitude gênante et destructrice : leur imprévisibilité. Ils peuvent générer une tension à tout moment dans la conversation, de façon parfois presque imperceptible. 

Bien sûr, la violence fait également partie de leurs outils : bris de verre, jets divers, volonté de faire mal et surtout d’apeurer la personne qui lui fait face.

Chapitre 3. … Et leurs proies

Sylvie Tenenbaum affirme qu’il n’existe pas de « portrait type » de victime. Elle décide donc de se limiter à des témoignages de personnes qui sont tombées aux mains d’une secte, qui ont connu des violences de couple ou qui ont fait l’objet de maltraitance infantile.

Qui sont les victimes des prédateurs ?

Elle dresse néanmoins une liste de « points communs entre les victimes » qui offre la possibilité de s’orienter un peu. Pour retrouver ces traits de personnalités, rendez-vous p. 142-146.

Puis, l’auteure commence par évoquer le sort des enfants. Elle fait part de plusieurs histoires. Notamment, celle de :

Frédéric, 44 ans, qui « se réveille » après la mort de son père ;

Caroline, 40 ans, qui a reproduit avec son mari ce que sa mère lui faisait subir ;

Nicole, 63 ans, qui avoue ne pas « savoir vivre » ;

François, 51 ans, qui n’ose toujours pas avouer à ses parents qu’il va divorcer ;

Etc.

Sylvie Tenenbaum dresse également un tableau des symptômes des enfants sous emprise. Il y a, d’après sa présentation, une différence à faire selon que l’enfant a 7 ans ou moins. 

Voici les symptômes des enfants de moins de 7 ans :

Comportements modifiés et négatifs tels que tristesse, agitation ou repli sur soi ;

Trouble anxieux ;

Trouble du comportement alimentaire ;

Manifestations (par le jeu ou autre) de violence ;

Régressions dans le développement (au niveau de la propreté ou du langage, par exemple) ;

Psychosomatisations (douleurs corporelles) telles que des nausées, des migraines, etc.

Sur un plan plus théorique, il est utile d’analyser le mythe de la famille parfaite et de comprendre toute l’importance du rôle de l’amour pour les enfants. C’est pour eux une question de survie.

Si l’amour est conditionné à du chantage ou d’autres attitudes négatives, la construction de soi devient beaucoup plus difficile et toutes sortes de problèmes ou pathologies psychiques peuvent en découler.

L’auteure évoque enfin l’École de Palo Alto et son analyse systémique. Dans une famille, un individu peut devenir un « patient désigné », c’est-à-dire un être qui va jouer le rôle de thermostat ou de régulateur familial. 

Dans une famille dysfonctionnelle, l’enfant peut être amené à jouer ce rôle et il est très difficile de s’en défaire, même à l’âge adulte.

Comment devient-on adepte d’une secte ?

« Ils sont encore trop nombreux ceux qui subissent les ravages des sectes, malgré tous les drames médiatisés. Les personnes embrigadées ne sont pas moins intelligentes que vous et moi. » (Se libérer de l’emprise émotionnelle, Ch. 3)

Selon la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (la Miviludes), il existe trois types de victimes de secte :

Tout d’abord, les adeptes eux-mêmes, qui ne reconnaissent pas leur statut de victime, car ils sont fascinés par le gourou et pris dans la communauté ;

Ensuite, les anciens adeptes qui demeurent fragiles de longues années après leur endoctrinement et craignent parfois des représailles ;

Enfin, les familles des victimes elles-mêmes, qui se sentent démunies et perdues face à ce phénomène.

L’endoctrinement à une secte fonctionne selon le principe de soumission à l’autorité. Sylvie Tenenbaum rappelle la célèbre expérience de Stanley Milgram. 

Celui-ci montra dans les années 1960 qu’un grand pourcentage de personnes (90 %) était susceptible de se soumettre à l’obéissance d’un tiers autoritaire sans exposer de résistance, même quand cette obéissance pouvait entraîner un mal pour autrui.

Tout au long du chapitre (et même du livre), l’auteure prend aussi l’exemple du film La secte de Waco (réalisé par Dick Lowry, sorti en 1993). Dans ce film, un faux prophète du nom de David fait preuve d’un grand pouvoir de séduction pour convaincre des personnes — et notamment Jason — de le rejoindre. Pour ce faire, il lui promet qu’il trouvera dans la communauté la famille aimante qu’il n’a jamais eue.

L’enfer au cœur de l’alcôve

Venons-en aux relations de couple. Ici encore, il n’y a pas de profil type. La vie amoureuse peut prendre une tournure inattendue sans que nous y soyons préparés ou « prédestinés ». 

Or, une fois à l’intérieur d’une relation toxique, il peut être très difficile d’en sortir. La violence psychique et/ou physique conduit à la solitude, à la soumission totale et à l’adaptation aux désirs d’autrui.

Les victimes peuvent connaître les symptômes suivants :

Une profonde souffrance psychique et affective ;

Des conduites addictives ;

Un état de sidération ;

Des difficultés à communiquer ;

Une baisse d’énergie ;

Un affaiblissement de l’estime de soi ;

De la somatisation ;

Etc. 

Attention : ces symptômes (dont la liste est plus longue) ne sont pas tous visibles chez les victimes et peuvent avoir des intensités variables.

Souvent, les victimes conservent également l’espoir que les choses finiront par s’arranger et que la personne maltraitante redeviendra gentille, censée. Cet espoir est lié à une peur de l’abandon et de la solitude.

Pour ne rien arranger, les victimes sont régulièrement dans le déni et sous l’illusion du biais de confirmation. Elles sélectionnent les faits qui les arrangent et oblitèrent les autres. Pour plus d’informations sur ce type de biais, lisez Système 1 / Système 2 de Daniel Kahneman.

À l’inverse, cela peut aussi arriver aux proches. Ceux-ci peuvent croire le manipulateur davantage que la victime. Également pris dans les filets rhétoriques de la personne prédatrice, ils utiliseront les faits qu’ils connaissent pour mettre en doute la parole de celui ou celle qui souffre.

Par exemple :

« Elle est vraiment agréable, je l’ai vue récemment, tu as de la chance de l’avoir rencontrée. »

« C’est l’homme le plus gentil que je connaisse. »

Il n’est alors vraiment pas facile de s’en sortir. Et il peut être complexe de prouver les maltraitantes vécues.

« Comme les victimes, les prédateurs ont souvent une faille narcissique qu’ils repèrent très vite car ils la reconnaissent : c’est par là qu’ils entrent pour en prendre possession (…). Ainsi un prédateur saura repérer une personne dépendante qui se sentira en sécurité devant son assurance. La séduction s’opère déjà à cet instant : chacun répondant au désir/besoin de l’autre. La suite est prévisible : le jeu de dupes peut s’installer, l’un ne pensant qu’à donner, l’autre à prendre et à assurer son ascendant. » (Se libérer de l’emprise relationnelle, Ch. 3)

Vous pourrez découvrir plusieurs témoignages en fin de chapitre :

Arthur, 35 ans, qui ne peut s’occuper de ses enfants sans subir les foudres de sa femme ;

Daniel, 45 ans, dont la relation amoureuse difficile a déteint sur son travail ;

Pascale, 36 ans, qui fait les frais professionnels d’un refus de relation avec un collègue ;

Françoise, 60 ans, étouffée par l’amour et le culte maternels.

Chapitre 4. En finir avec l’emprise

Les chapitres précédents ont permis de se familiariser avec les mécanismes de l’emprise. Il ne s’agit pas de dire que « cela se passe partout ». Au contraire, il est important de pouvoir discerner les relations qui sont nocives et toxiques de celles qui ne le sont pas.

Nous avons également vu que le changement est difficile. Il l’est pour la victime, qui peut vivre dans le déni ou rester fascinée par la personne dominatrice. Mais il l’est surtout pour le manipulateur lui-même qui, à vrai dire, aurait trop à y perdre.

Dans ces circonstances, une solution s’impose : ne plus chercher à faire vivre ce lien néfaste. Si cela vous arrive, vous devez fuir et vous reconstruire.

Éviter de devenir une victime

Mais avant d’en arriver là, vous pourriez — et devriez — ouvrir l’œil. Nous avons vu que ce type de relation dysfonctionnelle peut apparaître dans bien des secteurs de la vie personnelle et professionnelle.

Il est donc particulièrement important de cultiver son esprit critique. Soyez particulièrement vigilant lorsqu’un médecin, officiel ou non, vous promet monts et merveilles en matière de guérison. 

Agissez de même avec des professionnels de la relation tels que les coachs. Le coaching de vie, par exemple, peut être d’une grande aide. Cependant, il y a, comme partout, des charlatans.

Voici 4 bonnes pratiques pour éviter la crédulité face à ce type de situation :

De préférence, optez pour un professionnel reconnu, dont vous pouvez vérifier les références ;

Si possible, ne participez pas à de longs séminaires (plus d’une journée) si vous ne connaissez pas les animateurs ;

Ne faites pas confiance aux personnes qui vous assurent que vous pouvez, comme eux, devenir professionnel « en X » après quelques heures seulement de formation ;

De façon générale, prenez toujours des renseignements (et pourquoi pas des avis complémentaires) avant tout engagement.

Dans les relations interpersonnelles, il est capital d’apprendre à reconnaître une personne sous emprise, mais aussi repérer le phénomène d’emprise sur vous-même et, bien sûr, à reconnaître les comportements toxiques d’autrui. 

En plus des chapitres précédents, Sylvie Tenenbaum propose quelques listes d’attitudes à tenir à l’œil (comme elles répètent partiellement le propos, nous ne les reproduisons pas ici. Vous pouvez consultez p. 195-201).

L’auteure propose également une liste de stratégies à éviter, car elles risqueraient d’approfondir l’emprise. Les voici :

Perdre son sang-froid ;

Lutter verbalement ;

Faire preuve d’empathie ;

Faire la leçon ;

Être encore plus dévoué ;

Vouloir comprendre à tout prix ;

Baisser les bras.

À la place, vous aurez plutôt intérêt à :

Noter précisément ce que vous subissez ;

Rechercher des personnes de confiance ;

Refuser de vous justifier ;

Savoir dire non ;

Etc. (plus de stratégies p. 215-216).

Sortir de l’emprise

Cela demandera de l’effort et engendrera, peut-être, de la tristesse. Mais n’oubliez pas que vous le faites pour vous sauver vous-même.

Le premier pas consiste souvent à avertir un proche et/ou à accepter l’aide qui est proposée. Cela signifie que vous avez déjà pris conscience et êtes sorti du déni.

Au travail, mieux vaut agir rapidement. Si vous avez pris des notes, que vous avez des témoins et des preuves (tels que des mails envoyés), ces documents vous seront très utiles — que vous décidiez de porter l’affaire devant la justice ou non (vous pouvez vous contenter d’une menace).

Deux cas nous montrent l’importance de parler rapidement :

Virginie, 34 ans, a eu le courage de solliciter le médecin du travail et sa DRH ;

Arnaud, 37 ans, a parlé de sa relation difficile avec sa collègue auprès de sa famille, qui l’a aidé à entamer des démarches officielles.

Bien sûr, si vous ne voyez pas vers qui vous tourner directement autour de vous, vous pouvez aussi vous adresser à des organismes spécialisés, tels que :

Fédération nationale solidarité femmes (FNSF) ;

Violences conjugales ;

Institut de victimologie ;

Association de défense contre le harcèlement moral (ADCHM) ;

Miviludes ;

Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (UNADFI) ;

Maltraitance des enfants et des mineurs (composez le 119) ;

La police (appel 17 ou 112) ;

Violence Femmes Info (appelez le 3919) ;

SOS anti-manipulateurs ;

Etc.

Se reconstruire

Décider de s’aimer soi-même ; considérer que commencer à vivre est mieux, que c'est un devoir envers soi-même. Voilà de profonds changements d’attitude, préludes à la libération.

« Si l’on ne met pas tout en œuvre pour parvenir à vivre mieux, en prendre la décision n’est pas suffisant. Quelle que soit la situation d’emprise vécue, il est fondamental de se sentir soutenu, guidé. C’est le rôle des proches, avec l’aide du thérapeute (pas un coach, donc ce n’est pas le métier). » (Se libérer de l’emprise émotionnelle, Ch. 4)

Parfois, vivre auprès de ses proches durant une durée déterminée pourra aider à « sortir de la terreur », surtout si des risques de représailles sont probables.

Le thérapeute aidera en posant des questions claires et en faisant preuve de patience. Il aidera le patient à sortir de sa pudeur et de la minimisation, voire du déni ou de la mémoire traumatique. 

Parfois, le travail psychologique devra aller creuser dans l’enfance pour trouver la trace d’anciennes relations toxiques. Cet exercice aidera le patient à sortir plus durablement de l’emprise plus récente.

Ici encore, quelques témoignages sont mis en avant par Sylvie Tenenbaum :

Océane, 40 ans, a fait un long travail pour comprendre pourquoi elle avait entretenu une relation toxique avec son mari et comment en sortir ;

Anastasia, 47 ans, éprouve des difficultés à se séparer de son compagnon, mais elle sait que c’est le seul véritable choix possible ; 

Fabrice, 31 ans, s’est senti profondément trahi par Laura — et pourtant, elle lui manque encore. Mais il est bien décidé à changer de vie et à se prendre en main.

Ces exemples montrent que « le processus d’emprise peut psychiquement perdurer après la sortie de la relation ». Pour Sylvie Tennebaum, qui s’oppose ici à l’avis d’autres thérapeutes, le pardon ne peut aider à mettre fin à ces réminiscences. Au contraire : ce serait comme une double peine pour la victime.

Comme il ne peut généralement rester seul très longtemps, l’ « empreneur » aura souvent retrouvé quelqu’un d’autre rapidement. Quand cela arrive, c’est une chance pour l’ex-victime, car cela lui évite le risque de « rechute ».

Dernier point : comment sortir de l’emprise du prédateur intérieur ? Nous parlons ici d’une figure d’autorité qui veut faire la loi dans notre tête et réguler nos moindres faits et gestes.

Selon l’auteure, « suivre son intuition, ses antennes, peu importe le nom, est l’antidote ». Votre instinct est votre meilleur guide pour vous y opposer.

Peu à peu, vous gagnerez en force en ne lui répondant plus par la positive. Il ne disparaîtra sans doute jamais complètement, mais il se fera plus faible à mesure que vous aurez retrouvé votre « fil rouge » intérieur.

Conclusion. L’emprise n’est pas une fatalité

Sortir d’une situation d’emprise est un acte de résilience. 

« Les ailes brisées se réparent : recouvrer l’idée de sa dignité autorise la sortie de la cage. Car il ne s’agit pas d’abandonner un abri sûr, un amour sincère, une amitié loyale, une relation de qualité, mais des illusions. Il faut savoir laisser derrière soi ce qui fait souffrir. » (Se libérer de l’emprise émotionnelle, Conclusion)

Se défaire du joug de l’emprise est un geste de libération existentielle. Une fois réalisé, ce geste vous redonne les clés de votre vie. Vous pouvez enfin vous demander le sens que vous voulez lui donner et œuvrer librement à reconstruire votre existence.

Conclusion sur « Se libérer de l’emprise émotionnelle » de Sylvie Tenenbaum :

Ce qu’il faut retenir de « Se libérer de l’emprise émotionnelle » de Sylvie Tenenbaum :

Ce livre aide à se souvenir de plusieurs choses :

Nous pouvons tous « tomber » sous l’emprise d’un manipulateur ;

Il convient d’être prudent, à la fois dans les domaines de la vie professionnelle et personnelle ;

Heureusement, nous pouvons repérer certains traits afin de reconnaître les personnes nocives ;

Et nous pouvons également rester attentifs aux victimes et à leurs symptômes, afin de les aider si nécessaire ;

La sortie de l’emprise est un processus souvent long et difficile ;

Mais ce n’est pas une fatalité — Il est possible de se protéger et de retrouver sa liberté !

Points forts :

Une présentation soignée et claire ;

De nombreux témoignages de patients ;

Une explication simple des concepts issus de la psychologie ;

Des listes de traits caractéristiques ou de symptômes.

Point faible :

Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 07 Dec 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12685/Se-librer-de-lemprise-motionnelle
Réussir (sa vie) grâce au minimalisme digital http://www.olivier-roland.fr/items/view/12683/Russir-sa-vie-grce-au-minimalisme-digital

Résumé de «  Réussir (sa vie) grâce au minimalisme digital » de Cal Newport : un guide clair et pratique qui vous dira tout ce que vous avez besoin de savoir sur les effets du glucose sur votre santé et votre bien-être et vous enseignera à modifier simplement vos habitudes pour gagner en énergie, perdre du poids et résoudre certains problèmes de santé.

Par Cal Newport, 2020, 256 pages.

Titre original : « Digital Minimalism: choosing a focusing life in a noisy world. »

Chronique et résumé de « Réussir (sa vie) grâce au minimalisme digital »

Introduction

À la suite de son premier ouvrage, le best-seller international Deep Work, de nombreuses personnes ont contacté Cal Newport. Elles s’inquiétaient de l’influence des outils numériques non seulement sur leur vie professionnelle, mais personnelle.

N’ayant pas vraiment l’habitude d’utiliser son smartphone ou les réseaux sociaux, l’auteur dut mener l’enquête pendant plusieurs mois pour se rendre compte, par lui-même, de l’ampleur du phénomène.

Comme d’autres, il constata d’abord plusieurs problèmes :

Surutilisation des outils ;

Perte d’autonomie ;

Réduction du bien-être ;

Encouragement à des comportements néfastes et émotions négatives ;

Détournement d’activités plus positives (loisirs, etc.).

Mais bien sûr, ces outils apportent aussi leur lot de bénéfices, sans quoi il ne serait pas si difficile de s’en passer. Néanmoins, globalement, les effets psychologiques sont inquiétants.

Or, pour Cal Newport, les solutions modestes — désactiver les notifications, par exemple — ne sont pas suffisantes. Alors, comment agir ?

Sa proposition est plus profonde. Pour autant, il ne suggère pas de rompre avec toute technologie ni d’en faire une critique radicale. 

Après réflexion, il conseille d’opter pour le minimalisme digital. 

Inspirée notamment par la philosophie de la sobriété de Henri David Thoreau et du stoïcisme de Marc Aurèle, cette éthique (cette façon de vivre) a pour but de nous aider à réduire notre temps en ligne au strict nécessaire.

Partie 1. Principes

Chapitre 1 : Une course aux armements déséquilibrée

Ce n’est pas ce que nous voulons

Lorsque Facebook ou l’iPhone sont devenus disponibles au grand public, personne ne s’attendait à ce que ces dispositifs modifient autant nos vies. 

Nous pensions que Facebook nous aiderait à retrouver nos vieux copains de classe et que l’iPhone nous permettrait de téléphoner et d’écouter de la musique.

Pourtant, Facebook est devenu un réseau social addictif boosté aux « J’aime » et l’iPhone est devenu un ordinateur de poche multifonctionnel rempli d’applications plus ou moins utiles.

Ces changements « nous sont tombé dessus sans que nous le voulions vraiment », dit l’auteur. Or ces dispositifs ont peu à peu modifié profondément nos comportements.

Et il faut noter un autre point important : « les gens ne succombent pas aux écrans par paresse, mais parce que des milliards de dollars ont été investis dans ce but ».

Face à cette tentative puissante de capter notre attention, nous nous sentons souvent un peu perdus. Et ce qui est en jeu, c’est bien la perte de contrôle ou — pour le dire d’un mot plus savant — la perte d’autonomie.

Producteurs de tabac en T-shirt

Les gourous de la Silicon Valley ne sont pas des anges venus aider l’humanité, comme ils aiment à se présenter.

En fait, ils ressemblent plutôt à des dealers ou à des propriétaires de casino. Comme un ancien ingénieur de Google l’a fait remarquer, votre smartphone est un peu comme une « machine à sous » fourrée dans votre poche.

Autrement dit : les milliards de dollars dépensés par les promoteurs de ces dispositifs numériques (du smartphone lui-même aux applications telles que Google, Amazon, Facebook, etc.) le sont dans un but précis : vous rendre accro. 

Cal Report ose donc le mot : les outils numériques créent de — ou plutôt des — addictions. Certes, celles-ci sont de nature « modérée », mais néanmoins préoccupante.

Pour étayer son affirmation, il se base sur les travaux du psychologue Adam Atler. 

Celui-ci montre que les entreprises citées plus haut cherchent à opérer au niveau de deux mécanismes classiques de l’addiction comportementale :

Le renforcement positif intermittent ;

Le besoin d’approbation sociale. 

Dans le livre, l’auteur prend plusieurs exemples pour expliciter ces processus psychologiques. 

Une course aux armements déséquilibrée

Face à la puissance de tir de ces firmes technologiques, les individus se sentent — nous l’avons dit — souvent impuissants. Pourtant, nous avons les moyens de résister. 

Il nous faut pour cela mettre en place une stratégie sérieuse, munie d’un plan concret d’actions. Nous allons en présenter les grandes lignes dans le chapitre qui suit.

Chapitre 2 : Le minimalisme digital

Une solution minimale

Voici comment Cal Report définit le minimalisme digital : 

« Philosophie de l’usage des technologies dans laquelle vous concentrez votre temps passé en ligne sur un petit nombre d’activités soigneusement choisies et optimisées, très propices à ce qui est important pour vous, et vous renoncez d’un cœur léger à tout le reste. » (Réussir [sa vie] grâce au minimalisme digital, p. 42)

Cette philosophie pratique requiert de mettre en place des analyses coûts/bénéfices : qu’est-ce qui m’intéresse le plus entre x et y ?

Par exemple : le soir, est-ce que je préfère passer mon temps à scroller Facebook ou raconter une histoire à ma fille ? Qu’est-ce qui, pour moi, fait le plus de différence positive ?

Cette façon de voir les choses n’implique pas de renoncer à tous les avantages offerts par le numérique. Mais elle impose un choix drastique et conscient sur la meilleure manière d’utiliser ces technologies.

L’auteur rapporte les cas de plusieurs personnes qui se sont converties au minimalisme digital. Certaines d’entre elles ont délibérément choisi de rester partiellement connectées, que ce soit pour leur travail ou pour rendre possible certaines activités de loisir, notamment.

Les principes du minimalisme digital

Voici les 3 principes mis en avant par Cal Report dans son ouvrage :

L’encombrement coûte cher : tant au niveau financier que symbolique (les inconvénients ou petits bénéfices à court terme par rapport aux bénéfices réels ou à long terme).

L’optimisation est importante : utiliser une technologie, pourquoi pas ; en faire usage de la meilleure manière possible en fonction de nos objectifs, c’est mieux.

L’intentionnalité est satisfaisante : être capable de se montrer déterminé et volontariste face au numérique apporte en soi une satisfaction et donne plus de sens à la vie quotidienne.

Un argument en faveur du principe numéro 1 : la nouvelle économie de Thoreau

Henri David Thoreau est mondialement connu pour son ouvrage Walden ou la vie dans les bois. Ce philosophe états-unien de la fin du XIXe siècle voulait expérimenter un autre type d’existence, plus simple et plus sobre.

Ce qu’il a fait en partant vivre plusieurs années dans une cabane, construite par ses soins, dans les bois de Walden Pond. 

Le récit de son expérience n’est pas seulement empreint de poésie et d’amour de la nature. Il est également riche en considérations domestiques sur la meilleure manière de gérer les ressources à sa disposition.

Henri D. Thoreau prend grand soin à comptabiliser ses dépenses et à noter, dans un carnet, le temps passé à accomplir ses activités quotidiennes.

Cette économie est basée sur un critère simple et nouveau : des « unités de vie ». Est-ce que le temps passé à faire quelque chose vous rapporte un bénéfice substantiel ou modeste ? Est-ce que ce n’est pas, tout simplement, du temps gâché ?

Cette façon de calculer amène le philosophe à refuser tout encombrement. Comme le résume Cal Newport :

« Nous sommes facilement séduits par le mince profit offert par la toute dernière appli ou le tout dernier service, mais nous oublions son coût exprimé dans la ressource la plus importante que nous possédions : les minutes de notre vie. » (Réussir [sa vie] grâce au minimalisme digital, p. 53)

Un argument en faveur du principe numéro 2 : la courbe des rendements

En économie, la loi des rendements décroissants stipule qu’arrivés à un certain stade de production, les investissements supplémentaires n’aboutiront plus à des bénéfices substantiels.

Autrement dit : il existe une limite naturelle à la production, un seuil au-delà duquel il est inutile de vouloir aller (à moins de vouloir perdre son argent et son temps).

Si nous considérons sous cet angle notre usage des technologies, nous pouvons nous rendre compte qu’il est possible de faire mieux avec moins. 

Souvent, l’accroissement de temps et (parfois) d’argent dépensés en ligne n’augmente pas les bénéfices que nous retirons de cette activité virtuelle. 

Il y a donc un espace d’optimisation à explorer. Par exemple : 

Nous pouvons choisir de passer moins de temps sur Netflix en nous limitant à un visionnage en couple ou en groupe (bénéfice accru et gain de temps) ;

Nous pouvons supprimer les applications de médias sociaux de nos téléphones et ne consulter nos comptes qu’à partir d’un navigateur internet, à des heures précises (gain de temps pour une satisfaction égale, voire supérieure).

C’est à vous d’essayer : vous arriverez à trouver votre bon dosage personnel par essais/erreurs. 

Un argument en faveur du principe numéro 3 : les leçons du pirate amish

Nous pensons souvent que les Amish vivent reclus du monde moderne et sont farouchement opposés à la technologie. 

C’est faux ! L’auteur rapporte plusieurs témoignages de personnes ayant vécu dans des communautés Amish et qui rapprochent leur usage de la technologie des makers et des hackers.

En fait, la communauté Amish cherche à éviter les effets néfastes des techniques sur les individus et l’ensemble du groupe. Le confort compte moins que l’unité et la pérennité du vivre-ensemble.

Bien sûr, cet exemple a des limites. Les restrictions peuvent être trop fortes et l’inégalité des membres de la communauté (notamment des femmes) pose problème.

Toutefois, il y a un point à en retenir d’une incursion dans les communautés Amish ou mennonites (que l’auteur évoque également) : les personnes qui assument leur choix face aux technologies en retirent un grand sentiment de bien-être et d’autonomie.

Nouveau regard sur un conseil ancien

« Moins peut signifier plus », résume Cal Newport.

Ce principe n’est pas nouveau, mais il peut être à nouveau mis à profit dans nos façons d’utiliser les technologies digitales. 

Ne succombons pas aux sirènes du technomaximalisme : plus d’informations, plus de connexions, plus d’options…

Apprenons au contraire à « faire le grand ménage » numérique !

Chapitre 3 : Le grand ménage numérique

Comment devenir (vite) minimaliste

Voici la proposition d’action numéro 1 de Cal Newport. Un grand ménage numérique en 3 temps : 

Dites stop à tous vos appareils pendant 30 jours (digital detox) ;

Pendant ce temps, redécouvrez d’autres activités qui vous plaisent ;

Une fois cette période terminée, faites le point et réintroduisez les technologies dans votre vie seulement après avoir fait le point sur leur valeur et la façon dont vous pouvez les optimiser.

L’auteur a demandé à sa communauté de faire l’expérience : 1600 personnes ont répondu présentes ! 

Il tire deux conclusions majeures de l’analyse de ces précieux témoignages :

D’abord, cela fonctionne — une large partie des participants ont affirmé que ce grand ménage avait un effet positif sur leur vie quotidienne ;

Ensuite, ce n’est pas facile — il y a eu des abandons et de mauvaises compréhensions des règles. Et c’est justement pourquoi il est nécessaire de préciser les étapes dans la suite du chapitre.

Étape numéro 1 : définissez vos règles technologiques

Il n’est pas question de se priver de toute technologie pendant 30 jours. Nous parlons ici des dispositifs numériques tels qu’Internet, les applications de réseaux sociaux, etc. Il est évident que vos ordinateurs, tablettes et smartphones sont concernés.

Par contre, nous ne parlons pas de votre four à micro-ondes ou de votre brosse à dents électrique…

Mais quid des jeux vidéos ou de la télévision (en particulier de Netflix), par exemple ? À vous de décider. Sachez toutefois que les participants à l’expérience de Cal Newport ont estimé, dans leur grande majorité, qu’elles devaient faire partie du grand nettoyage.

Une règle : ne supprimez que les technologies qui sont facultatives, c’est-à-dire qui ne mettent pas en péril votre vie personnelle ou professionnelle. 

Cela demande une réflexion préalable, car il faut distinguer dès ce stade entre le nécessaire et l’accessoire. 

Pour aller plus loin, voyez les nombreux exemples donnés par l’auteur. Vous repérerez ainsi où vous vous situez et comment vous pourriez mettre en place des stratégies pour séparer le nécessaire et le facultatif !

L’objectif est d’obtenir une liste de technologies « interdites », ainsi que des procédures opérationnelles pertinentes pour bien vivre la cure.

Étape numéro 2 : respectez trente jours de pause

La première semaine sera sans doute compliquée. La tentation sera grande d’aller jeter un œil à vos écrans, mais résistez !

Une fois ce temps passé, vous aurez la sensation d’être libéré d’une emprise. Cela vous permettra de préparer sereinement la phase 3.

Attention : il ne s’agit pas d’une simple digital detox. Autrement dit, il ne s’agit pas de se réprimer, puis de retourner aux mêmes habitudes.

Durant les 30 jours de pause, comblez le temps nouvellement acquis par des activités plus riches de sens. Faites l’effort de sortir de zone de confort, explorez de nouveaux horizons ou retrouvez des activités qui vous tenaient à cœur. 

Si vous savez quelles sont les activités qui vous nourrissent le plus, vous aurez moins de mal à acquérir cette autonomie face au numérique. Pourquoi ? Car vous saurez ce qui compte pour vous et vous apporte une satisfaction authentique.

Étape numéro 3 : réintroduisez les technologies

Ça y est : vous avez « réinitialisé votre vie numérique », comme le dit Cal Newport. Maintenant, que faire ? Eh bien, c’est le moment de reconsidérer avec soin vos usages des technologies digitales.

Pour vous décider, appliquez un filtre en trois étapes — c’est le « sélecteur de technologies minimalistes ». Pour qu’elle revienne dans votre vie, une technologie numérique doit être :

Au service de quelque chose qui a une réelle importance pour vous (et non simplement vous offrir un avantage quelconque) ;

Le meilleur moyen d’obtenir la valeur définie au point un (sinon, remplacez-la par une autre méthode) ;

Spécifiquement limitée dans son usage (à la fois au niveau du temps que vous y passerez et de la manière dont vous l’utiliserez).

« Ce processus vous aidera à cultiver une vie numérique dans laquelle les nouvelles technologies seront au service de vos valeurs profondes au lieu de les subvertir sans votre consentement. C’est lors de cette réintroduction soigneuse que vous prenez les décisions réfléchies qui feront de vous un minimaliste digital. » (Réussir [sa vie] grâce au minimalisme digital, p. 85)

Partie 2. Actions

Chapitre 4 : Passez du temps seul

Quand la solitude sauvait la Nation

Le président Lincoln, premier président des États-Unis, ne passait que 6 mois sur l’année à la Maison-Blanche.

Pourquoi ? Car il avait besoin de solitude.

À la Maison-Blanche, il était sommé de prendre des décisions rapides. Il ne pouvait pas non plus se dérober au public qui souhaitait lui rendre visite afin de lui demander telle ou telle chose.

Par contre, tranquillement installé dans son cottage, il pouvait penser à son aise. Était-ce pour se laisser aller à des pensées futiles ?

Non ! C’est sans doute grâce à ces moments cruciaux de solitude qu’il fut capable de prendre certaines des décisions les plus importantes de son mandat ; certains choix majeurs pour le pays tout entier.

Le prix de la solitude

La solitude a souvent une connotation négative. Pourtant, comme l’expliquent Raymond Kethledge et Michael Erwin dans leur livre à succès Lead Yourself First, elle recèle un grand nombre de bienfaits.

Pour ces auteurs, la solitude est avant tout un état subjectif. Peu importe l’environnement, c’est-à-dire que vous soyez effectivement isolé ou non. C’est ce qui se passe dans votre cerveau qui compte.

En fait, la solitude est un état de concentration sur vos propres pensées. Une chose que savaient déjà de nombreux artistes et intellectuels. 

Mais nous devrions redécouvrir cette vertu : se désencombrer de la surcharge cognitive infligée par d’autres pour cultiver sa propre pensée originale et créative.

À l’heure actuelle, « cette surcharge est de plus en plus auto-infligée par notre préférence pour les distractions de l’écran numérique ». 

Que perdons-nous ? Outre l’émergence de nouvelles idées et une meilleure compréhension de soi, la solitude apporte une proximité nouvelle avec les autres. C’est-à-dire ?

Eh bien, cela signifie que nous ne pouvons « goûter » (profiter, mais aussi évaluer) nos relations intimes que par contraste avec les moments de solitude.

Privation de solitude

Ce constat de manque de solitude à l’ère moderne n’est pas nouveau. Le bruit, la fureur des villes nous éloigne d’un rapport de proximité avec nous-mêmes.

Pour Cal Newport, le phénomène s’est aggravé avec l’iPod, puis le smartphone. Un simple coup d’œil à notre écran pour vérifier nos notifications (ou autre chose) nous éloigne de notre solitude.

L’auteur forge un concept pour marquer le problème. Il nomme cette incapacité à être seul « privation de solitude » et le définit de la manière suivante :

« État dans lequel le temps passé seul avec vos propres pensées sans apport d’autres esprits est presque nul. » (Réussir [sa vie] grâce au minimalisme digital, p. 102)

L’obsession de la connexion avec autrui, amplifiée par les réseaux sociaux, est une mauvaise chose. Les plus jeunes générations en souffrent. Les études en ce sens commencent à abonder. Cal Newport en résume plusieurs.

La cabane connectée

Revenons à David H. Thoreau, ce philosophe qui vécut un temps dans les bois. En fait, il ne vivait pas complètement isolé. Loin de là ! Sa cabane était visible depuis la route et il n’avait qu’à marcher une petite trentaine de minutes pour rejoindre la ville. 

Le lieu, qui plus est, était fréquenté par des randonneurs. Ses amis et sa famille venaient également lui rendre visite. L’homme était donc rarement seul. 

Pourtant, analyse Cal Newport, sa décision de vivre en ces lieux procède d’une volonté de se retrouver dans un état de solitude. La présence de la nature l’aidait à se plonger dans sa pensée et à retrouver ses capacités d’observation.

En fait, c’est l’alternance entre connexion et solitude qui importe le plus. Ce dosage rend la vie plus savoureuse et vous bénéficiez davantage à la fois de la compagnie et de la puissance de votre propre esprit. 

Les propositions d’actions qui suivent sont conçues pour vous aider à générer ce cycle connexion-solitude. À vous de les adapter comme bon vous semble.

Action : laissez votre téléphone à la maison

Vous n’avez pas votre téléphone avec vous ? Et alors ? Est-ce vraiment un drame ? Respirez, détendez-vous. Vous n’en avez pas besoin dans l’immédiat.

Et si vous alliez vous balader sans lui ? Et pourquoi pas, même, le laisser à la maison toute une journée… Au minimum, si cette solution est trop compliquée, laissez-le dans la boîte à gants de votre voiture.

Il n’est pas question de vous débarrasser de votre téléphone, non. Mais d’expérimenter de temps à autre la vie sans lui. Si vous avez 40 ans ou plus, vous vous souvenez sans doute que vous pouviez sans peine le faire il y a quelques années encore.

Action : faites de longues marches

De nombreux philosophes adorent la marche. C’est le cas de Friedrich Nietzsche, mais aussi de Jean-Jacques Rousseau, entre autres.

Vous pouvez vous promener pour différentes raisons. Cal Newport rapporte qu’il aime marcher pour profiter du beau temps ou aller à la rencontre de lieux qui lui rappellent des souvenirs. 

Elles aident à penser et à se maintenir en forme. Elles sont surtout, pour le sujet qui nous intéresse ici, une source de solitude incomparable. Marcher régulièrement améliore grandement le bien-être pour toutes ces raisons.

Action : écrivez-vous des lettres

L’auteur évoque également une autre habitude personnelle : il tient un carnet personnel. Adepte de la marque Moleskine, il rédige dans ses carnets, année après année, ses idées, projets et réflexions diverses.

Plus généralement, la « pratique de réflexion par l’écriture » est quelque chose que mettait déjà en place le président Dwight D. Eisenhower, ou Abraham Lincoln, par exemple.

Peu importe le support et le genre (épistolaire ou non) : « l’essentiel est l’acte d’écrire lui-même », affirme l’auteur. En effet, en écrivant, vous vous concentrez et rejetez temporairement au-dehors de vous toutes les sollicitations étrangères — et notamment numériques.

Chapitre 5 : Ne cliquez pas sur « J’aime »

Le plus grand duel sportif

Vous pensiez que pierre-papier-ciseaux était un jeu bête et dénué d’intérêt ? 

Détrompez-vous ! Non seulement il en existe une ligue nationale américaine, qui a ses joueurs vedettes et ses tournois, mais il apparaît également que ce « sport » est exigeant et épuisant.

Pourquoi ? Car, en réalité, ce jeu peut receler des trésors de psychologie humaine. En tout cas, les meilleurs joueurs doivent avoir de bonnes compétences en analyse des comportements et savoir communiquer de façon subtile pour influencer autrui.

Bref, ce jeu implique — mine de rien — des raisonnements sociaux complexes. Ceux-ci sont essentiels à notre existence. Nous devrions donc en prendre soin en limitant l’interférence négative des outils numériques.

L’animal social

Cal Newport rapporte les études de sciences cognitives de l’équipe du psychologue Matthew D. Lieberman. 

Les résultats sont sans appel : notre cerveau (le réseau « par défaut ») consacre une énergie importante à « comprendre l’esprit des autres, y compris leurs sensations et leurs intentions ». 

En bref, comme les joueurs professionnels de pierre-papier-ciseaux, nous cherchons sans cesse à lire les pensées d’autrui. Une conclusion s’impose : comme le disait déjà le philosophe Aristote 4 siècles avant notre ère, nous sommes des « animaux sociaux ».

Nous pourrions penser que les outils numériques favorisent cette tendance, n’est-ce pas ? Et pourtant, ce n’est pas le cas. 

En réalité, les outils de communication numériques affaiblissent les liens et les échanges d’information — là où l’évolution biologique nous a habitués à des interactions riches en face à face.

Le paradoxe des médias sociaux

Les réseaux sociaux sont-ils en cause directement ? Ses promoteurs défendent l’idée que ce qui pose problème n’est pas l’outil en soi, mais sa mauvaise utilisation. Ce n’est toutefois pas si sûr.

Cal Newport s’appuie sur plusieurs études et articles pour faire le point. Il en résulte un étrange paradoxe que l’auteur exprime en ces termes : « les médias sociaux vous donnent le sentiment d’être à la fois connecté et solitaire, heureux et triste ».

Pour l’auteur, qui cherche ici à cerner où se trouve le problème, le problème vient du fait que les réseaux sociaux peuvent contribuer à détacher les personnes des activités du monde réel, « hors réseau ». 

En bref : un « J’aime » ne vaudra jamais un café en face à face avec un ami… Pourquoi ? Car nous avons besoin, en tant qu’animaux sociaux, d’une socialité plus intense. 

Celle-ci est certes plus difficile à mettre en place, et il est souvent plus facile de choisir la version « rapide » en ligne, qui donne des résultats immédiats. Pourtant, le bénéfice à long terme d’une rencontre en chair et en os est bien plus grand.

Autre point : nous avons signalé plus haut les dangers de l’économie de l’attention. Les entreprises cherchent à utiliser notre besoin de reconnaissance et de socialité pour nous « attacher » à nos smartphones et applications. 

Les « J’aime » assurent cette fonction : vous recevez une notification pour vous prévenir que quelqu’un a mis un « J’aime » sous votre post et vous ne pouvez que difficilement vous empêcher d’y jeter un œil. Vous avez été « capté ». 

Reprenons la conversation

La conversation se distingue de la connexion. C’est ce qu’étudie Sherry Turkle dans son essai remarqué, Reclaiming Conversation. 

Dans la conversation, nous apprenons à écouter, à faire usage d’empathie ; nous utilisons le ton adapté et faisons preuve de nuance. Cela n’a pas cours dans les petites doses de connexion quotidiennes.

Selon l’auteure, il est toutefois possible de renouer avec la conversation. Certes, sa solution va globalement dans le sens du minimalisme digital. Toutefois, elle n’attire pas suffisamment l’attention sur l’importance d’un changement de comportement face à nos dispositifs numériques.

Pour aller plus loin, Cal Newport propose de parler de communication métaconversationnelle, un concept qu’il expose p. 140-143. Plus concrètement, voici les quelques actions qu’il vous propose de mener.

Action : ne cliquez pas sur « J’aime »

Le bouton « J’aime » a été inventé à l’origine par FriendFeed en 2007, puis repris par Facebook en 2009. 

Ce n’est pas seulement une façon simple de montrer son assentiment. C’est aussi et surtout une façon, pour les algorithmes mis au point par ces entreprises, de calculer précisément ce que vous préférez et de vous proposer des contenus (promotionnels ou non) en fonction de celles-ci.

Mais concentrons-nous sur l’intérêt du « J’aime » pour la communication. 

En fait, il n’apporte rien, ou vraiment pas grand-chose. Au lieu de converser et de nuancer votre propos, vous n’apportez qu’un seul bit d’information, sans saveur, à votre interlocuteur (si l’on peut encore l’appeler ainsi).

La méthode de Cal Newport est la suivante : au lieu d’y voir un moyen de saluer un ami, voyez le bouton « J’aime » comme un poison. Faites de même avec les petits commentaires inutiles du genre « Trop mignon !! ». 

Pourquoi ? Afin de préserver les relations à haute valeur ajoutée. Nous croyons pouvoir manier les deux — connexion à faible valeur et conversation à haute valeur —, mais les études montrent que ce n’est que rarement le cas.

Comment faire ? En prévenant, par exemple sur votre mur Facebook, que vous allez renoncer (au moins un temps) à ces petits gestes. Vous pouvez même expliquer pourquoi. 

Il y a de fortes chances pour que cela soit bien accueilli. Mais si certaines personnes doivent sortir de votre « orbite sociale », laissez-les s’en aller. 

Action : regroupez vos écritures

Quid des messages textuels ? Les SMS sont aujourd’hui devenus un moyen de communication privilégié. Pour un grand nombre d’entre nous, il serait difficile, voire impossible de s’en passer.

Cal Newport propose un compromis qu’il nomme le regroupement d’écritures. 

Comment le mettre en place ? 

Première étape : vous mettez votre téléphone en mode « Ne pas déranger » afin de couper l’arrivée des SMS et des notifications (il est possible de le faire tout en conservant, si vous le souhaitez, les appels urgents).

De cette façon, vous devez aller voir vous-même, quand vous le décidez, qui vous a écrit. Cette façon de faire vous libère d’avoir à regarder ou à répondre directement aux messages.

Deuxième étape : répondre à tous les messages en même temps. 

Vous serez certes moins disponibles, mais vous améliorerez la profondeur des relations. C’est un principe que vous pourrez également retrouver dans Cessez d’être gentil, soyez vrai ! 

Action : des heures ouvrables pour les conversations

Faites de même — ou presque — avec les conversations téléphoniques. Désignez des « heures ouvrables » au cours desquelles vous êtes disponible pour converser par téléphone (ou Skype, par exemple).

C’est assez simple à mettre en place et nous le faisions facilement auparavant, et pourtant nous avons presque oublié comment le faire ! Il suffit d’établir un créneau horaire pour s’appeler…

Dans l’idéal, réservez des plages fixes, afin d’aider autrui à mémoriser vos moments de disponibilité.

« La stratégie des heures ouvrables de conversation est efficace pour améliorer votre vie sociale, car elle surmonte le principal obstacle à une socialisation pleine de sens : la crainte d’ennuyer les gens en leur téléphonant. Les gens adorent les vraies conversations, mais cet écueil suffit souvent à les dissuader. Si vous l’éliminez grâce à des heures ouvrables de conversation, vous serez surpris de constater combien de contacts satisfaisants supplémentaires vous pouvez faire tenir dans une semaine normale. » Réussir [sa vie] grâce au minimalisme digital, p. 153

Chapitre 6 : Récupérez vos loisirs

Le loisir et la bonne vie

Le minimalisme est une éthique en ce sens qu’il s’intéresse à ce qu’est une « bonne vie ». Si nous suivons Aristote sur ce thème, nous découvrons que le bonheur s’obtient par la réalisation d’activités plaisantes en elles-mêmes.

Le philosophe de la Grèce antique nous apprend en effet à aimer la contemplation, car c’est une activité que nous pouvons pratiquer pour elle-même, sans qu’elle ne doive s’orienter vers un but extérieur (manger, gagner de l’argent, vaincre un ennemi, etc.).

Cal Newport généralise et actualise cette pensée : pour lui, les « loisirs de haute qualité » sont ceux que nous faisons pour eux-mêmes, simplement car il nous apporte une « joie intérieure ».

Quel rapport concret avec les technologies numériques ? Eh bien, elles nous incitent à nous satisfaire de « loisirs de basse qualité » qui ne nous rendent pas vraiment heureux. Ceux-ci nous rendent juste les problèmes et l’ennui de la vie quotidienne plus supportables.

Lorsque nous nous en passons, nous nous retrouvons face au sentiment diffus de manque. La solution consiste à prévoir à l’avance quelles seront les activités de qualité que nous feront une fois les dispositifs numériques rangés dans l’armoire.

Le Principe de Bennet

Connaissez-vous la communauté FI (Financial Independence) et en particulier le mouvement FI 2,0, qui prône la liberté financière rapide, bien avant l’âge de la retraite ? 

Les adeptes de ce mouvement cherchent à atteindre une indépendance financière complète (c’est-à-dire ne plus avoir à travailler pour subvenir à leurs besoins pendant le reste de leur vie) le plus rapidement possible.

La solution passe par la frugalité, c’est-à-dire la réduction drastique des dépenses. Mais ce qui intéresse au plus haut point Cal Newport, c’est que ces personnes s’intéressent de près à la façon de mener leur vie. Et notamment à la qualité de leurs loisirs.

Voici deux sites de personnalités FI 2,0 qui pourraient vous inspirer :

Mr. Money Mustache de Pete Aden ;

Frugalwoods de Liz Thames.

Leur point commun ? Ils passent leur journée à faire beaucoup, beaucoup de choses. Leurs loisirs ne sont pas passifs, mais actifs : ils fabriquent, rangent, composent, écrivent, tondent, récoltent, etc. Bref, ils sont friands d’activités intenses !

Celles-ci nécessitent des apprentissages et apportent des satisfactions plus durables. Et, chose étonnante : elles augmentent votre énergie pour le travail.

« Dépenser plus d’énergie dans ses loisirs (…) peut en fin de compte rendre plus énergique », affirme Cal Newport à la suite d’un célèbre auteur de développement personnel du début du XXI siècle, Dan Bennett. C’est pourquoi il l’appelle « le principe de Bennett ».

De l’artisanat à la satisfaction

L’artisanat est une excellente source de loisir créatif et de haute qualité, procurant une satisfaction intense.

Dans une société dominée par les écrans, nous avons besoin de retrouver le goût et le sens des savoir-faire manuels. Telle est la conviction de l’auteur, qui suit en cela la pensée de plusieurs intellectuels américains contemporains.

L’artisanat, c’est-à-dire le plaisir d’avoir créé quelque chose de ses propres mains, procure une satisfaction plus profonde pour au moins deux raisons. 

D’abord, nous construisons des objets qui durent dans le temps et que nous pouvons toucher.

Ensuite, ces objets peuvent devenir des sources de fierté et de reconnaissance par les pairs.

Certes, l’action numérique (écrire des articles de blog ou un programme informatique, par exemple) peut également être source de satisfaction et être rapprochée de l’artisanat. Toutefois, elle n’a pas de rapport direct avec « le monde réel ». 

Si vous travaillez déjà dans le domaine informatique, l’auteur vous conseille donc de vous en tenir à la définition plus traditionnelle de l’artisanat pour vos loisirs.

Construisez des objets réels. « Laissez une bonne trace de vous-même. Faites du bon travail », comme le dit Gary Rogowski.

Une vie sociale suralimentée

Ici, l’auteur défend l’intérêt des jeux de société. Ceux-ci permettent, selon lui, d’augmenter la vie sociale. Et de le faire hors du numérique. 

Les jeux de table créent un espace fermé, propice à la création de liens et au développement des émotions. Durant une partie, quelques heures, vous entrez dans un rôle social et vivez plus intensément.

D’un autre côté, Cal Newport évoque aussi la mouvance du fitness social, qui a pour but principal de générer un vrai sentiment d’appartenance à une communauté (plus que de faire du sport). 

Le CrossFit, si célèbre aujourd’hui, en est issu directement. L’objectif : faire du sport et créer de la camaraderie.

Ces activités ont au moins deux points communs :

Elles obligent à passer du temps avec les autres ;

Elles obligent à respecter des règles.

Ces deux éléments peuvent paraître contraignants, et pourtant ce sont eux qui améliorent notre sentiment d’appartenance à une communauté, de liberté et de joie au quotidien.

La renaissance du loisir

Il existe des loisirs de haute qualité qui sont liés à Internet. Celui-ci permet même une « renaissance du loisir » tout à fait intéressante. Il ne s’agit donc pas d’opposer de façon caricaturale loisir de faible qualité numérique et loisir de qualité non numérique.

Comment aide-t-il ? Principalement en se faisant le relais d’activités de qualité dans le monde réel :

Internet aide à trouver des communautés d’intérêts ;

Et donne accès à des informations utiles et parfois obscures.

Les blogs, ainsi que YouTube, par exemple, peuvent donc être utilisés avec un grand intérêt. Le principal est qu’ils demeurent dans un rôle de soutien aux activités « analogiques » (non numériques). 

Action : réparer ou fabriquer quelque chose chaque semaine

Retrouver de l’habilité — être capable de réparer telle ou telle chose et d’acquérir des compétences manuelles — vous apportera un sentiment de puissance, de capacité.

Voici une liste de petites choses à faire vous-même dressée par l’auteur :

Faire la vidange de votre voiture ;

Construire une tête de lit sur mesure ;

Commencer un carré potager ;

Apprendre un nouveau morceau de musique (voire un nouvel instrument, mais cela demandera plus d’effort).

Essayez d’agir de la sorte sur 6 semaines, en privilégiant une compétence par semaine.

Vous n’êtes pas obligé de commencer par des choses compliquées. Suivez d’abord des instructions pas à pas, puis, si le sujet vous plaît, lancez-vous dans des projets plus complexes.

L’objectif : vous redonner envie de vous de mettre les mains dans le cambouis !

Action : programmer vos loisirs de basse qualité

« Voici ma suggestion : réservez à l’avance le temps que vous consacrerez à des loisirs de basse qualité. C’est-à-dire, spécifiez à quels moments vous vous adonnerez au surf sur le Web, aux visites de médias sociaux et aux divertissements en streaming. Dans ces moments, tout peut faire l’affaire (…). Mais hors de ces périodes, restez hors ligne. » (Réussir [sa vie] grâce au minimalisme digital, p. 184)

Selon Cal Newport, cette stratégie est efficace car : 

Vous protégez ainsi les activités intenses des perturbations inutiles en ligne ;

Vous ne renoncez pas complètement à des moments de diversion numérique.

Action : adhérer à quelque chose

En prenant l’exemple de Benjamin Franklin, grand ingénieur et homme social, l’auteur nous invite à faire partie de sociétés ou de groupes dans lesquels nous pouvons pratiquer des activités avec autrui (la lecture, les jeux de société, une action militante ou mille autres choses).

L’essentiel est de faire le premier pas : adhérez, puis apprenez à côtoyer les autres et à vous joindre à l’ambiance de ces groupes. Il est fort probable que vous en retiriez une grande satisfaction.

Action : suivre des plans de loisirs

Ceux qui s’organisent correctement sont souvent ceux qui réussissent le mieux au niveau professionnel. Et si vous agissiez de la même façon au niveau personnel ? 

L’auteur vous propose de créer un plan saisonnier (ou trimestriel) et un plan hebdomadaire de loisirs.

Dans le plan saisonnier, vous veillerez à indiquer :

Un objectif ;

Des stratégies (pour mener à bien votre objectif) ;

Des habitudes (qui viennent en plus de l’objectif principal).

Pour établir votre plan hebdomadaire, vous utiliserez le plan saisonnier en cours. Vous indiquerez les créneaux horaires dédiés à vos loisirs, de façon claire et réaliste. Prenez le temps de vous en imprégner en début de semaine.

Si cela vous paraît nécessaire, faites également le point, chaque semaine, sur les progrès réalisés.

Cal Newport est un fervent défenseur de cette vision planificatrice. Selon lui, elle n’enlève pas la spontanéité, mais permet au contraire de prendre davantage conscience des temps que nous nous octroyons à nous-mêmes et d’en augmenter la fréquence.

Chapitre 7 : Rejoignez la Résistance de l’attention

David et Goliath 2.0

Goliath 2.0, c’est Facebook — et de façon étendue, tous les services « gratuits » d’autres firmes qui cherchent à nous maintenir « verrouillés » sur nos écrans. Pour le dire autrement, Goliath, c’est donc toute cette économie de l’attention dont nous avons parlé depuis le début de ce livre.

Vous l’aurez compris : David, c’est vous ou toute personne soucieuse d’exercer son esprit critique afin de reprendre le contrôle de son attention et, plus largement, de son existence (numérique et hors numérique).

Comme dans le mythe, la lutte n’est pas égale. Vous n’avez très probablement pas le millième des ressources (financières, mais pas que) que possèdent ces entreprises. Mais vous avez néanmoins ce pouvoir de résister au marché qui vous est proposé.

Pour Cal Newport, il s’agit d’un véritable mouvement en marche, celui de la « Résistance de l’attention ». Dans ce dernier chapitre, l’auteur vous donne quelques actions pour vous engager en faveur de ce mouvement.

Action : supprimer les médias sociaux de vos téléphones

Ne prenons que l’exemple de Facebook : ses revenus publicitaires sont générés à 88 % (en 2017) par les annonces sur mobile. 

Si vous supprimez votre application Facebook de votre téléphone, ce sera déjà un geste en faveur de la résistance à la capture de votre attention par les marques en tout genre.

« Vous n’avez pas besoin de faire une croix sur ces services, renoncez seulement à y accéder partout où vous allez », précise Cal Newport.

Action : transformer vos appareils en ordinateurs spécialisés

Cal Newport évoque une application utile pour bloquer les notifications et la connexion à Internet durant des plages horaires que vous pouvez choisir : Freedom. 

Pourquoi priver votre ordinateur de sa puissance et de sa polyvalence ? N’est-ce pas paradoxal ? « Non », répond l’auteur. 

Pour être productif, vous avez besoin de rester focaliser sur votre tâche quand vous travaillez sur ordinateur. Or, la possibilité d’alterner rapidement entre le traitement de texte et la recherche sur le Web, par exemple, peut clairement détériorer la productivité. 

Encore une fois, il n’est pas question de se couper définitivement des applications de divertissement, des réseaux sociaux ou d’Internet, mais simplement d’en mieux réguler l’usage en les bloquant à dessein durant les heures où vous n’en avez pas besoin.

Action : utiliser les médias sociaux comme un professionnel

Les spécialistes des réseaux sociaux ne les utilisent pas, en général, comme les utilisateurs moyens. Ils cherchent à en tirer le maximum dans un objectif professionnel. Nous pouvons nous inspirer de leurs stratégies.

Voici quelques conseils issus de l’analyse, par l’auteur, de la pratique d’une experte en médias sociaux :

Ne pas utiliser les réseaux sociaux comme source de divertissement passif (inscription à des groupes pour leur simple côté « fun », scroll infini du fil d’actualité, etc.) ;

Suivre un petit nombre seulement de comptes directement en lien avec ses centres d’intérêt professionnels (ou pourquoi pas, dans un cadre élargi, personnel) ;

Réserver Facebook aux contacts personnels ou familiaux et se limiter à 150 (le nombre de Dunbar) et ne l’utiliser qu’une fois ou deux par semaine ;

Utiliser Twitter comme un radar pour détecter de nouvelles idées ou tendances, en utilisant notamment la fonction de thresholding (création de seuils) disponible avec un outil tel que TweetDeck.

Action : opter pour le Slow Media

Le mouvement Slow Media est né en Allemagne dans les années 2010. Il s’inspire du mouvement Slow food créé en Italie à la fin du XXe siècle pour s’opposer à l’implantation d’un Mc Donald à Rome (et plus largement à la fast food). 

L’idée consiste essentiellement à « transformer la consommation des médias en expérience de haute qualité ».

Aux États-Unis, la tendance est plutôt à la diète : Timothy Ferriss, qui a écrit La semaine de 4 heures (entre autres), a notamment popularisé l’idée de consommer moins d’informations. 

Les deux approches ont leurs mérites et Cal Newport nous invite à tester l’approche slow. C’est-à-dire, en premier lieu, se concentrer sur les meilleures sources possibles. 

Choisissez également très bien les rédacteurs que vous suivrez. Qu’ils soient journalistes ou blogueurs, choisissez-les car ils ont fait la preuve de la qualité de leurs analyses et commentaires.

Action : abêtir votre smartphone

Vous pouvez aller jusqu’à vous munir d’un téléphone à grosses touches sans aucune connexion à Internet ou d’un Nokia 3310, mais il n’est pas obligatoire d’aller jusque là !

Si l’intérêt d’abêtir nos téléphones se fait de plus en plus sentir, nous voulons tout de même, dans la plupart des cas, pouvoir bénéficier de certains de ses avantages.

Plusieurs solutions existent. L’une d’entre elles est le Light Phone (voir p. 221). L’autre, déjà évoquée, consiste à supprimer les apps que vous ne voulez plus utiliser.

« Déclarer votre indépendance par rapport à votre smartphone est probablement le pas le plus sérieux que vous puissiez accomplir vers la résistance de l’attention. Car les smarpthones sont le cheval de Troie favori de l’économie d’attention numérique. » (Réussir [sa vie] grâce au minimalisme digital, p. 222)

Conclusion sur « Réussir (sa vie) grâce au minimalisme digital » de Cal Newport :

Ce qu’il faut retenir de « Réussir (sa vie) grâce au minimalisme digital » de Cal Newport :

Le point fort du livre est de proposer une solution de résistance simple et efficace à l'économie de l'attention qui gangrène nos vies. Du moins si nous n'y prenons pas garde.

Cal Newport cherche avant tout à nous donner des outils pour agir différemment. Sa philosophie reste simple et pratique. Néanmoins, il l'envisage comme une philosophie de vie ou comme une éthique globale.

Et en effet, le numérique s'infiltre aujourd'hui dans toutes les sphères de nos existences, aussi bien au niveau privé que professionnel.

Son propos est avant tout de nous aider à supprimer les moments inutiles ou à faible valeur ajoutée : ces instants où, par ennui ou dépit, nous consultons machinalement notre smartphone ou nous laissons aller à la procrastination.

L'auteur insiste : avant d'être une "faute" individuelle, c'est avant tout le résultat de techniques mises en place par les plateformes et plus généralement les entreprises du Web 2.0. Or, cela rend encore plus urgent de s'en libérer.

Les solutions proposées sont finalement assez simples. Au cœur du processus, vous trouverez l'idée de faire une pause numérique durant un mois afin de réorganiser votre vie autour des objectifs qui comptent vraiment pour vous.

Car ne l'oubliez pas : le numérique doit vous apporter des outils pour améliorer votre propre existence, et non vous enfermer sur vous-même tout en profitant avant tout aux géants du Web.

À lire aussi : La fabrique du crétin digital.

Points forts :

Une philosophie claire ;

Des conseils pour la mettre en œuvre ;

Une vision critique, mais pas radicale ;

Si vous êtes blogueur ou autre, vous pourrez continuer à travailler en ligne, même en devenant un minimaliste digital !

Point faible : 

Je n'en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

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L’art d’aimer http://www.olivier-roland.fr/items/view/12671/Lart-daimer

Résumé de « L’art d’aimer » de Erich Fromm : un manuel qui vous dit tout sur le métier de biographe privé ou familial, une activité qui allie écriture et relation pour celles et ceux qui veulent prendre une nouvelle voie dans leur existence.

Par Érich Fromm, 2015 (1re édition : 1956).

Titre original : « The Art of Loving ».

Chronique et résumé de « L’art d’aimer » de Erich Fromm

Erich From et L’art d’aimer

Né à Francfort, Erich Fromm (1900-1980) a fait ses études et ses premières armes intellectuelles en philosophie. Influencé par les travaux de Freud, il se forme également à la psychanalyse. 

Émigré aux États-Unis dès les années 30, il devient progressivement un psychanalyste et un penseur mondialement connu.

Il a publié de nombreux ouvrages, tous parus postérieurement en France, dont :

L’homme pour lui-même (1967) ;

Société aliénée et société saine (1969) ;

Espoir et révolution (1970) ;

Avoir ou être (1978) ;

De la désobéissance et autres essais (1982).

L’art d’aimer a paru pour la première fois en anglais (États-Unis) en 1956 et est rapidement devenu un classique, au point d’être constamment réédité jusqu’à aujourd’hui.

Dans cet ouvrage, l’auteur reprend une série de concepts qu’il a développé ailleurs dans son œuvre. Pour autant, comme il le dit lui-même dans la préface, il ne s’agit pas d’un « exercice de récapitulation ». 

Au contraire, Erich Fromm développe ici une pensée originale et articulée qui va plus loin que ses anciens travaux et qui, à partir de cette nouvelle perspective sur l’amour, projette sur eux une nouvelle lumière.

Le livre se décompose en 4 parties principales : 

Dans la première, très courte, il pose la question de l’amour comme « art ».

La seconde partie est consacrée aux théories de l’amour dans l’histoire ;

Dans la troisième partie, l’auteur analyse la façon dont nous percevons l’amour dans la société d’aujourd’hui (c’est-à-dire les États-Unis des années 1950) ;

Enfin, la quatrième et dernière partie formule une approche pratique de l’amour et nous donne plusieurs clés pour exercer cet « art d’aimer ».

Première partie — L’amour est-il un art ?

L’auteur commence par opposer deux conceptions de l’amour :

L’amour comme art (ce qui est sa thèse) ;

Et l’amour comme « sensation agréable ».

Selon Erich Fromm, c’est la seconde option qui est aujourd’hui en vogue, comme le prouvent les innombrables films, chansons et objets culturels que nous consommons.

Cette idée de l’amour comme sensation ou sentiment est liée à plusieurs prémisses. L’intellectuel en évoque 3 principales :

Nous cherchons avant tout à être aimés plutôt qu’à aimer. Dans toutes nos relations, nous cherchons avant tout à être « aimable » et développons différentes stratégies pour ce faire.

Pour nous, l’enjeu est de trouver le bon « objet » à aimer : la bonne personne, celle qui aura les qualités requises et qui est « attrayante » à un moment historique donné) et non de développer une faculté (celle d’aimer).

Nous imaginons l’amour comme une chute dans un état permanent, comme le révèlent les expressions « tomber amoureux », puis « être » amoureux. Pourtant, l’engouement initial fait vite place à l’ennui et au retour de la solitude.

Nous pensons que la difficulté est d’être aimé ; aimer, en revanche, semble aisé et naturel. Pourtant, les échecs en amour, si nombreux, témoignent du contraire. Comment, dans ce cas, changer la donne ?

« La première démarche qui s’impose est de prendre conscience que l’amour est un art, tout comme vivre est un art ; si nous voulons apprendre comment aimer, nous devons procéder de la même manière que pour apprendre n’importe quel autre art, à savoir la musique, la peinture, la charpenterie, ou l’art de la médecine ou de la mécanique. » (L’art d’aimer, Première partie)

Erich Fromm considère qu’il y a deux étapes à cet apprentissage :

L’apprentissage théorique ;

La maîtrise de la pratique.

La connaissance théorique est largement insuffisante. Elle permet de donner l’impulsion et d’éduquer le regard. Toutefois, nous devenons un maître dans un art qu’après une longue pratique. 

Le psychanalyste impose une troisième condition en plus de la théorie et de la pratique : « il importe, dit-il, que rien au monde n’ait plus d’importance que l’art ». Autrement dit, il faut être capable — ce qui n’est pas si évident à l’heure actuelle — de se dévouer à cet apprentissage. 

Êtes-vous prêt pour entrer dans cette voie ? 

Deuxième partie — La théorie de l’amour

1 — L’amour, réponse au problème de l’existence humaine

Si les animaux connaissent une forme d’amour, elle est essentiellement le fruit d’un instinct incontrôlé. Or, sur bien des points, les êtres humains (en tant qu’espèce et individu) ont coupé les ponts avec cette origine animale.

Bien sûr, nous restons sujets à des pulsions. C’est évident, une part animale nous habite toujours. Mais en tant qu’hommes, nous devons avancer dans la vie grâce à notre raison. 

Cela signifie aussi que nous nous retrouvons face à une situation indéterminée, obligés de prendre conscience de ce que nous faisons. 

En tant qu’individus pensants, nous nous sentons séparés d’autrui (et du monde) et nous aspirons à le retrouver.

— Angoisse de la séparation et besoin de la surmonter

« L’expérience de la séparation suscite l’angoisse ; elle est, à vrai dire, la source de toute angoisse », selon Erich Fromm. 

La séparation génère aussi honte et culpabilité. Le mythe biblique d’Adam et Ève, qui se trouve aux racines de notre culture occidentale, est particulièrement clair sur ce point. 

Ce n’est pas une morale de chasteté qui est en jeu dans cette histoire, mais plutôt l’idée selon laquelle nous nous trouvons démunis et honteux une fois que nous prenons conscience :

De notre situation d’isolement hors de la nature, hors de notre condition animale ; 

De la séparation des sexes en masculin et féminin.

L’amour est l’opérateur de la réunion et c’est lui qui nous donne espoir. Si nous ne croyions pas à cette possibilité d’unité par l’amour, nous sombrerions dans la folie.

Cette condition fondamentale des êtres humains est universelle, pour Erich Fromm. Au cours du temps, dans les différentes régions du monde, les hommes et les femmes ont trouvé des moyens, des rituels, des réponses diverses et variées à ce problème unique.

Il en va aussi ainsi de l’individu lui-même. Lorsqu’il est enfant, il ne répond pas de la même façon à ce besoin fondamental que lorsqu’il est adulte. Ces manières de faire évoluent. 

— Première solution partielle : les états orgiaques (abolition du moi séparé)

Les états orgiaques prennent plusieurs formes, de l’extase autoprovoquée à la prise de drogues, par exemple. L’expérience sexuelle fait également partie des rites qui permettent ce type de fusion.

Lorsqu’ils sont pratiqués au sein de rituels organisés par des groupes sociaux déterminés, ils sont socialement approuvés et les individus n’en souffrent pas.

En revanche, quand une culture donnée les abandonne et qu’ils deviennent des comportements individuels, ces comportements deviennent déviants et sources de souffrance.

Dans ce deuxième cas, la recherche d’états orgiaques peut vite devenir une tentative désespérée pour soulager un trop fort sentiment de solitude. 

La particularité de ces formes d’union est leur violence et leur aspect total (engagement du corps et de l’âme). Par ailleurs, elles sont plutôt brèves et doivent être régulièrement répétées. 

— Deuxième solution partielle : le conformisme

Le conformisme est une autre forme d’union. Celle-ci prévaut dans les sociétés démocratiques occidentales, depuis la République romaine jusqu’à nos jours.

L’union s’effectue au groupe dans son ensemble : nous voulons nous conformer à la façon d’agir et de penser d’autrui et, plus largement, de la « société » dans sa totalité. 

L’égalité a plusieurs sens. Elle pouvait signifier coexistence des différences et respect des singularités. Mais aujourd’hui, elle est plutôt devenue synonyme de « similitude » : tout le monde doit se ressembler. 

Les différences doivent s’effacer au profit d’une identité homogène, standardisée. Ce sont la routine et le calme qui caractérisent ce type d’union. Le corps reste en retrait ; c’est l’esprit qui est avant tout concerné. 

— Troisième solution partielle : le travail créateur

« Une troisième manière d’atteindre l’union réside dans l’activité créatrice, que ce soit celle de l’artiste ou celle de l’artisan. Dans toute espèce de travail créateur, la personne qui crée s’unit avec son matériau, qui représente le monde en dehors d’elle. » (L’art d’aimer, Première partie)

Cela n’est pas vrai du travail d’exécution de type administratif (employé) ou industriel (ouvrier). Là, c’est plutôt le conformisme qui joue. Pour que ce troisième type d’union ait lieu, il faut, selon Erich Fromm, qu’il y ait organisation, élaboration, contemplation du résultat du travail « fait main ».

— L’amour seule solution humaine

L’amour est un terme vague qui comprend bien des acceptations. Cela pose problème dans la mesure où nous cherchons à en construire une théorie. 

Pour Erich Fromm, l’amour est avant tout une « réponse plénière au problème de l’existence » et prend forme entre des personnes.

Toutefois, il faut aussi parler de l’amour dans d’autres sens, tel que le sens religieux par exemple. Dans la suite de l’exposé, l’auteur complète son propos en analysant d’autres formes et conceptions de ce mot.

— Les formes imparfaites de l’amour par union symbiotique

La symbiose signifie « ensemble ». Le modèle biologique de la symbiose est « la relation entre la mère enceinte et le fœtus ». Il y a interdépendance complète des deux êtres. 

Au niveau psychologique, les formes d’attachement symbiotiques peuvent se diviser en deux :

Dans sa forme passive, la symbiose est masochisme ou soumission. Celle-ci peut prendre des modalités très diverses : soumission à une personne, au destin, à un objet de culte, etc.

Dans sa forme active, les psychanalystes parlent de sadisme ou de domination. Ici, c’est le sentiment d’emprise sur l’autre qui crée la fusion : un individu « se surestime et se valorise par incorporation d’une autre personne qui lui rend un culte ». C’est l’envers du masochisme. Toutefois, il faut noter que le sadique est aussi dépendant que le masochiste.

— L’amour accompli, pouvoir actif de participation

« En contraste avec l’union symbiotique, l’amour accompli est une union qui implique la préservation de l’intégrité, de l’individualisé. L’amour est chez l’homme (comme être humain) un pouvoir actif ; un pouvoir qui démantèle les murs séparant l’homme de ses semblables, qui l’unit à autrui ; l’amour lui fait surmonter la sensation d’isolement et de séparation, tout en lui permettant d’être lui-même, de maintenir son intégrité. Le paradoxe de l’amour réside en ce que deux êtres deviennent un et cependant restent deux. » (L’art d’aimer, Deuxième partie)

Pour Erich Fromm, il importe de comprendre que l’amour est une activité, un « prendre part ». Aimer, c’est avant tout donner et non « se laisser prendre » ou recevoir.

— Signification du don

Donner n’est pas « abandonner », comme nous le croyons trop souvent. Dans une optique créative, c’est un acte de puissance et de vitalité. Et cela, aussi bien chez l’homme que chez la femme.

Nous entendons trop souvent le mot « donner » dans un sens purement matériel. Souvent, nous plaçons ce mot en relation avec l’argent ou avec les biens (immobiliers ou autres). 

Pourtant, là où il est le plus important et le plus intéressant, c’est dans la sphère des relations proprement humaines. Dans les relations authentiquement humaines, donner et recevoir vont de pair :

L’élève instruit le maître qui l’instruit ;

L’acteur stimule son public qui le stimule ;

Le patient guérit le psychanalyste qui le guérit ;

L’amant reçoit l’amour qu’il donne à l’être aimé.

— Sollicitude de l’amour

Mais ce n’est pas tout. L’amour sincère n’est pas que don. Il est aussi sollicitude. C’est parfois l’un de ces autres noms. Pour Erich Fromm :

« L’amour est une sollicitude active pour la vie et la croissance de ce que nous aimons ». Erich Fromm

Lorsque vous « vous donnez la peine » d’aider un être (une chose ou une personne) à « croître », à grandir, vous témoignez de la sollicitude et donc, d’une forme d’amour qui est liée à un effort.

— Amour et responsabilité

Ce geste de sollicitude et de souci d’autrui va de pair avec une responsabilité authentique. Non celle de « devoir imposé », mais de la capacité de répondre de ce qui, pourtant, n’est pas nous.

En vous rendant responsable d’autrui, vous créez un lien entre lui et vous.

— Amour et respect

Le respect, c’est d’abord « regarder » (de respicere en latin). Respecter, c’est donc d’abord regarder l’autre dans sa singularité et non obéir à une norme. 

« Si j’aime l’autre personne, je me sens un avec elle, mais avec elle telle qu’elle est, non telle que j’ai besoin qu’elle soit en tant qu’objet pour mon usage », rappelle encore l’auteur. 

— Amour et connaissance

Pour que le respect prenne sa vraie valeur, il est nécessaire de connaître l’autre. Le regard bienveillant vis-à-vis de l’autre implique la connaissance intime et donc, aussi, l’empathie.

Cette connaissance est aussi un désir : nous voulons souvent « percer le secret » de nous-mêmes comme des êtres qui nous entourent. Et pourtant, nous n’y arrivons jamais complètement.

La violence peut alors intervenir : la volonté de savoir se faire désir d’emprise et de destruction pour mieux pénétrer à l’intérieur de ce qui reste inconnu. C’est pourtant un acte désespéré et qui mène à la ruine des deux parties.

La meilleure manière de connaître est l’amour. Amour et connaissance authentiques s’impliquent et se nourrissent l’un l’autre. 

— Amour, réunion de l’homme total : polarité masculine et féminine

La polarité est en chaque personne. Nous avons tous un pôle masculin et féminin : cela se confirme par la physiologie (les hormones que nous avons en commun) et au niveau psychologique.

Nous la retrouvons au niveau biologique, bien sûr, puisque l’ovule et le spermatozoïde créent un nouvel être. L’union de cette polarité est source de la perpétuation de l’espèce. Elle se retrouve d’ailleurs dans toute la nature.

— Erreur de Freud

Selon Erich Fromm, Freud a échoué à comprendre la dualité homme-femme. Pris dans des schémas de pensées patriarcaux, il a considéré à tort que la sexualité et la libido étaient avant tout des attributs masculins.

De ce fait, il a complètement manqué l’idée, à la fois physique et psychologique, de l’attirance sexuelle. Celle-ci ne se réduit pas à un besoin qui doit être déchargé, mais se fonde sur le besoin plus fondamental de l’union du féminin et du masculin.

2 — L’amour entre parents et enfants

Bébé, le petit humain s’identifie complètement à sa mère. Il y a fusion et, pour le dire avec la psychanalyse, état narcissique. La réalité de l’enfant se limite à ce qui le satisfait ou le frustre.

Quand l’enfant grandit, il se détache du giron maternel et apprend à donner un nom aux choses. La réalité s’agrandit et ne correspond plus seulement à ses désirs. Cela dit, il prend pour acquis (si tout se passe bien) qu’il est aimé et en sécurité.

Ce n’est qu’après 8 à 10 ans qu’il commence à inverser aussi le rapport : désormais, il sait qu’il peut aimer. Il lui faudra longtemps avant de porter cette connaissance à maturité (parfois jamais). 

Pour résumer ce passage, Erich Fromm dit : « L’amour infantile suit le principe : “J’aime parce que je suis aimé.” L’amour parvenu à maturité suit le principe : “Je suis aimé parce que j’aime.” »

Cette évolution de la capacité d’aimer est liée à l’évolution de l’amour de la mère vers le père (considérés ici comme des « idéaux types » ou des « archétypes » et non des personnes réelles).

Alors que l’amour maternel est inconditionnel, celui du père est conditionné à la façon d’agir. Les deux s’incorporent progressivement et, dans les cas heureux, s’équilibrent.

« En fin de compte, lorsqu’elle est à maturité, la personne est devenue sa propre mère et son propre père », dit encore le psychanalyste. Autrement dit, elle a intégré harmonieusement les exigences d’amour inconditionné et conditionné.

3 — Les objets d’amour

L’amour est une attitude ou « une orientation du caractère ». Nous l’avons dit aussi : pour Erich Fromm, c’est une faculté et un pouvoir. En ce sens, il est absurde de prétendre le figer sur un seul objet. 

C’est en ce sens que l’amour se diffuse et que, lorsque j’aime authentiquement une personne, j’aime aussi le monde et la vie.

Néanmoins, il y a bien des liens (au moins historiquement) privilégiés et des « formes d’amour d’après le type d’objet qui est aimé ». Voyons lesquels.

A. L’amour fraternel

L’auteur considère qu’il s’agit là de la forme la plus « fondamentale », car c’est celle qui est reliée à la sollicitude, à la responsabilité, au respect et à la connaissance (voir plus haut). 

Le sens de l’égalité fonde cet amour ; c’est celui par lequel nous nous entraidons et nous sortons de la misère. Dans l’amour fraternel, nous aimons l’être fragile qui ne nous apporte rien, mais que nous pouvons aider à remettre sur pied, à égalité.

B. L’amour maternel

Ici, il n’y a pas égalité, car l’amour de la mère est ce qui permet au petit humain de grandir. Celui-ci dépend de celle-là. 

Au-delà de ce simple souci de préserver l’enfant, la mère lui donne à goûter à la vie ; elle est capable de lui transmettre l’amour pour la vie.

Cet amour ne finit pas dans la fusion, mais au contraire dans la séparation. La mère aimante favorise ce départ de l’enfant et continue à aimer — d’une autre manière — une fois cette épreuve passée.

C. L’amour érotique (ou conjugal)

Les deux amours évoqués ci-dessus sont généralisables : vous pouvez passer d’un objet (« J’aime mon frère ») à une multiplicité (« J’aime tous mes frères »). 

En revanche, l’amour érotique est (le plus souvent) attaché à un seul objet aimé et rejette tout élargissement. Il est exclusif.

Dans l’amour érotique, nous cherchons à fusionner par une connaissance complète de l’autre, à la fois physique et psychique. Il cherche à trouver, sous les différences, une essence unique qui joint les deux êtres.

L’auteur insiste sur un point supplémentaire : la volonté. C’est grâce à elle que le couple peut se maintenir et que l’union peut prendre une forme stable. 

D. L’amour de soi

Contrairement à une pensée répandue, Erich Fromm distingue nettement amour de soi et égoïsme, ainsi qu’amour de soi et narcissisme. 

Pour lui, l’amour de soi, loin de s’opposer à l’amour de l’autre, va de pair avec lui. D’ailleurs, le précepte biblique : « Aime ton prochain comme toi-même » ne dit pas autre chose. 

E. L’amour de Dieu

Nous avons projeté sur un être parfait, hors de nous, nos propres caractéristiques. 

En fait, cela signifie implicitement que nous avons appris à nous aimer et à nous considérer comme « la “chose” la plus digne et la plus élevée de l’univers ». 

C’est ce que nous appelons anthropomorphisme. Approfondissons quelque peu la question dans les sections qui suivent.

— Passage des religions matriarcales aux religions patriarcales

Au cours de l’histoire humaine, nous sommes passés de religions matriarcales (fondées sur l’idée d’amour inconditionnel) à des religions patriarcales (fondées sur l’amour conditionnel).

Les religions matriarcales créent une foi en l’amour complet de Dieu. « Quoi que je fasse, Dieu m’aimera comme je l’aime ». À l’inverse, les religions patriarcales impliquent une foi fondée sur la justice et le châtiment : « Je serai digne de Dieu si j’agis bien ».

— Passage du principe anthropomorphique au principe monothéiste

Le principe anthropomorphique, nous l’avons signalé, renvoie à la personnification du Dieu à partir de caractéristiques humaines. 

Que la religion soit patriarcale ou matriarcale, nous projetons des traits humains et nous nous plaçons, à rebours, dans la situation de l’enfant.

En revanche, l’auteur fait une distinction originale avec le principe monothéiste, plus authentique. 

Dans ce cadre, nous devenons religieux lorsque nous n’attendons plus rien de Dieu. Le monothéiste croit en des principes qui sont certes « représentés » par Dieu, mais qui sont plus importants que lui.

— Logique aristotélicienne et logique paradoxale

L’auteur poursuit son enquête en opposant la logique aristotélicienne ou occidentale à la logique paradoxale ou orientale.

La première se fonde sur 3 principes :

Identité (A est A) ;

Non-contradiction (A n’est pas non A) ;

Tiers exclu (A ne peut être A et non-A, ni A ou non-A).

La seconde, en revanche, brouille les cartes et considère par exemple que A peut être non A. C’est une pensée que nous retrouvons notamment dans les philosophies chinoises (notamment le taoïsme) et indiennes (notamment le brahmanisme).

Pour Erich Fromm, la logique paradoxale permet d’aller plus loin dans notre compréhension du rapport à un être divin, infiniment supérieur. Si ce point vous intéresse, vous pouvez consulter en particulier les p. 108-111.

— Implications sur le plan religieux et éthique

Quelles sont les conséquences de ces réflexions ? 

Eh bien, selon l’auteur, l’amour de Dieu est avant tout un amour de soi-même. Dans une conception mature, nous nous rendons compte que « Dieu et moi, nous sommes un », dit encore Erich Fromm en citant un célèbre théologien médiéval.

— Amour de Dieu et amour des parents

Avant la maturité, nous considérons l’amour de Dieu sur le modèle de l’amour parental. Nous serons protégés ou punis, mais nous resterons sous la tutelle du Dieu.

Avec la maturité, nous incorporons les principes d’amour et de justice et ne considérons plus Dieu que sous l’aspect du langage poétique ou symbolique. 

Ces schémas sont souvent inconscients. La structure sociale en place, si nous n’y prenons pas garde, impose sa marque sur nos façons de considérer Dieu, mais aussi de vivre l’amour.

Troisième partie — L’amour et sa désintégration dans la société occidentale contemporaine

Pour Erich Fromm, la situation actuelle (en 1956, donc) n’est pas des plus enviables. Nous aurions perdu la capacité d’aimer authentiquement. Ce qui signifie aussi que nous nous réfugions, souvent, dans des comportements enfantins.

En fait, sous couvert d’amour authentique, ce sont des « contrefaçons » qui proliféreraient à foison. Mais quelles sont-elles ? Et comment les analyser ? C’est ce que nous allons voir maintenant.

La structure du capitalisme

Le capitalisme repose sur la liberté politique (libéralisme politique) et sur le marché comme régulateur des échanges économiques et sociaux (libéralisme économique).

Dans ce système, ce sont les possédants des moyens de production (une usine, par exemple) qui sont en mesure d’acheter la force de travail des personnes et donc de dicter leurs conditions.

Aujourd’hui, le capitalisme se caractérise par un haut niveau de bureaucratie (organisation rationnelle du capital et du travail). Et la règle qui gouverne le grand nombre est le conformisme, dont nous avons évoqué les traits plus haut.

Conséquences : l’homme-marchandise

« L’homme moderne a perdu contact avec lui-même, avec autrui et avec la nature », dit l’auteur. Il s’est oublié lui-même et surmonte sa solitude dans les « divertissements » qui lui sont proposés.

La routine « métro, boulot, dodo » le maintient dans un semblant d’union avec ses semblables. De temps en temps, il éprouve la nostalgie de la fusion orgiaque et se plaît à faire la fête et à aller au spectacle.

Mais la joie n’y est plus. Et il ressemble davantage à un automate (le travailleur salarié est une forme de marchandise pour son patron) prêt à ingurgiter n’importe quelle autre marchandise.

L’amour comme relation d’équipe

Pour l’auteur, l’un des effets de cette société sur l’amour est de modifier le sens de ce mot en en faisant une « relation d’équipe ». C’est un thème qui revient souvent dans les films états-uniens. 

L’idée est, dans ce genre de couple, de fonctionner le plus efficacement possible en permettant à l’autre de réaliser ces projets et en lui offrant du confort. 

Chacun prétend y trouver un refuge, un cocon qui lui permettra d’échapper au monde.

Primat de la technique sexuelle

À partir de la Première Guerre mondiale, des spécialistes ont estimé que la maîtrise de la sexualité permettait de rendre le couple heureux et donc de fortifier l’amour. C’est une conception que nous avons conservée dans la société actuelle.

Pourtant, c’est l’inverse qui est vrai : si nous avons des problèmes d’ordre sexuel, c’est d’abord — si nous évacuons les dysfonctionnements purement physiques — en raison d’une incapacité à aimer.

Nous ne savons pas comment nous unir à l’autre ; nous en avons peur et refusons de nous abandonner à lui. C’est la reprise en main de notre capacité à aimer qui nous libère des problèmes sexuels.

Réduction de l’amour à la sexualité chez Freud

Freud et ses disciples ne sont pas pour rien dans la croyance en ce « primat de la technique sexuelle ». En effet, le père de la psychanalyse a contribué à répandre l’idée d’une réduction de l’amour au sexe.

Pourtant, Erich Fromm considère qu’il faut plutôt renverser la cause et l’effet : Freud aurait été influencé par les conceptions de son temps, c’est-à-dire par l’idéologie capitaliste et le matérialisme scientiste qui régnaient au XIXe siècle.

L’élément qui se modifie après 1918 est le suivant : désormais, l’épargne et la retenue comme preuves de réussite économique et sociale sont dévalorisées au profit de la dépense et de la consommation.

Ce renversement coïncide avec la théorie freudienne de la satisfaction plénière et non inhibée des désirs instinctuels. 

Sullivan et l’égoïsme à deux

Contrairement à Freud, le psychiatre et psychanalyste Henri Stack Sullivan établit une claire distinction entre amour et sexualité. Toutefois, ce dernier ne parvient pas à dépasser l’idée d’amour comme « relation d’équipe ».

Cette conception de l’amour est celle d’un « égoïsme à deux », c’est-à-dire d’un enfermement dans une bulle hors du monde à priori vécu comme hostile.

Dans la suite du chapitre, Erich Fromm étudie quelques formes pathologiques de l’amour dans les sociétés actuelles.

Formes d’amour névrotique d’origine familiale

Il arrive souvent que l’une des personnes au sein du couple, voire les deux, en soit restée à un stade infantile d’amour. Dans ce cas, il ou elle cherche une figure parentale à aimer sous couvert d’amour conjugal.

La forme la plus connue et peut-être la plus répandue est celle de l’amour névrotique qui unit un homme immature à une femme pensée comme une mère. Le conjoint attend de sa compagne un amour inconditionnel et une protection.

À l’inverse, certains hommes peuvent avoir été davantage influencés par la figure paternelle. Dans ce cas, ils font souvent une belle carrière, mais demeurent assez froids avec leurs partenaires féminines, ce qui déçoit celles-ci et finalement les éloigne.

Autre exemple : les conséquences d’un couple qui ne s’aime pas, mais qui « joue les apparences ». L’enfant qui vit dans cet environnement familial est susceptible de développer, adulte, un sentiment amoureux empreint de correction et d’absences.

Autres formes pathologiques de l’amour

Une autre forme d’amour pathologique est l’amour idolâtre. Celui-ci est d’office déçu, car personne n’est capable de tenir longtemps le rôle de l’idole. Face à la réalité, l’adorateur perd ses illusions et ne trouve que déception. 

L’amour sentimental en est une autre forme. Ici, l’amour se vit par procuration dans une foule d’objets culturels (films, livres, etc.). Ce type d’amour, qui peut être vécu au sein même du couple, est fait de rêveries et d’évitement. I

L’auteur traite aussi de l’amour basé sur des mécanismes projectifs. Chacun, dans ce cas, devient le miroir de l’autre. Vous accusez l’autre des défauts que vous ne voulez pas voir (et surtout accepter) chez vous. 

Si les deux partenaires agissent de la sorte, le développement devient impossible. À noter également : ce phénomène se produit souvent vers les enfants, qui se retrouvent chargés de devoir réussir la vie que l’un des parents (ou les deux) pense avoir manquée.

Autre forme problématique : penser que l’amour implique nécessairement l’absence de conflit ou de violence. Au contraire, il importe de voir que les conflits réels (non issus de mécanismes projectifs) peuvent être porteurs d’un renouveau.

Désintégration de l’amour de Dieu

La déliquescence de l’amour religieux sincère est le fruit de la société d’automates dans laquelle nous vivons. Si regain de religion il y a, c’est avant tout celui d’un amour idolâtre inauthentique.

Quatrième partie — La pratique de l’amour

Il est temps d’en venir à l’art d’aimer à proprement parler et à sa pratique. Toutefois, nous sommes face à deux problèmes, reconnaît ici Erich Fromm :

« Est-il possible d’apprendre quelque chose sur la pratique d’un art, sinon en le pratiquant ? »

« La plupart des gens (…) s’attendent à ce qu’on leur donne des recettes sur la manière de s’y prendre, ce qui signifie dans notre cas qu’on leur apprenne comment aimer. » (L’art d’aimer, Quatrième partie)

Si c’est ce à quoi vous vous attendez, vous serez déçu. Car c’est une expérience éminemment personnelle. Toutefois, nous pouvons « réfléchir sur les prémisses de l’art d’aimer », dit l’auteur. Penchons-nous donc sur ce qu’il nous propose.

Ce que requiert la pratique de tout art

Tout comme la cuisine ou la danse, l’amour a des exigences générales. La première d’entre elles est la discipline. Pour exceller en quelque chose, il faut s’y astreindre, y passer du temps.

Deuxième exigence de base : la concentration. Elle va de pair, vous le devinez, avec la discipline. Se plonger dans une activité exige une attention soutenue sur l’objet à réaliser (nous verrons ce qu’il en est dans le cas de l’amour).

Troisième exigence : la patience. Il n’est pas suffisant de se consacrer et de se concentrer. Il faut admettre, accepter que la maîtrise prend du temps. Nous avons tous envie d’aller vite. Pourtant, c’est dans la durée que s’établit l’excellence.

Enfin, le souci est une exigence générale de la pratique d’un art qui vaut pour l’amour également. Vous devrez vouloir l’excellence, et non pas en restant à un usage dilettante. Dans ces conditions, la personne doit se modeler en profondeur pour accueillir cet art.

« Pour ce qui est de l’art d’aimer, cela signifie que quiconque aspire à devenir un maître dans cet art doit commencer par pratiquer la discipline, la concentration et la patience dans chaque phase de sa vie », conclut Erich Fromm. Erich Fromm

— Pratique de la discipline

Précisons le premier point. La discipline doit devenir un style de vie plaisant que nous recherchons et non être ressenti comme une contrainte extérieure. 

Parmi les aspects pratiques de la discipline, vous trouverez par exemple l’importance du sommeil et des repas. Se lever tôt, manger peu sont des règles d’ascèse assez connues.

— Pratique de la concentration

C’est un point particulièrement difficile à mettre en place. Nous voulons être sans cesse connectés. Pourtant, la concentration demande de savoir demeurer seul avec soi-même.

« Il sera utile de pratiquer quelques exercices très simples tels que, par exemple, se tenir assis dans une position de détente (ni molle ni rigide), fermer les yeux et imaginer un écran blanc, en veillant à écarter toutes les images et pensées qui viendraient interférer ; suivre sa respiration, non point y réfléchir ou la contraindre, mais s’efforcer de la suivre, et ce faisant, de la sentir ; enfin, essayer d’avoir le sentiment de son Je ; Je = moi-même, commencer de mes forces, comme créateur de mon monde. Il faudrait, au moins, faire ces exercices de concentration chaque matin durant vingt minutes (et si possible plus longtemps) et chaque soir avant de se coucher. » (L’art d’aimer, Quatrième partie)

Cela vous fait penser à la méditation de pleine conscience ? Ce n’est pas un hasard !

— Sensibilisation à soi-même

Cette exigence est très liée à la concentration. Il ne s’agit pas de penser au sens fort de réfléchir, mais d’être dans un état d’ « écoute flottante » (comme le disent les psychanalystes).

Dans cet état, vous êtes réceptif, sans pour autant être préoccupé. Vous prenez conscience de vos états sans les rationaliser ; à la place, vous écoutez plutôt votre intuition.

Cette sensibilisation à soi-même est un souci constant pour l’amélioration de l’art d’aimer. Il est l’équivalent du champion de course qui apprend à connaître le moindre bruit bizarre de sa moto, ou du violoniste qui écoute son corps et prend soin de son instrument.

Exigences propres à l’amour : l’objectivité, remède au narcissisme 

Narcissisme et objectivité s’opposent :

Le narcissisme est l’incapacité à voir les choses telles qu’elles sont — nous préférons les voir telles qu’elles nous paraissent devoir être.

L’objectivité est la capacité à voir les choses telles qu’elles sont, même si cela contredit nos désirs.

Le psychotique est celui qui est incapable d’objectivité. Le rêveur, également, est un Narcisse endormi. 

Au quotidien, nous diffusons tous de petites doses de narcissisme. Et ce n’est pas que l’apanage des individus. Les États, par exemple, préfèrent parfois voir le monde tel qu’ils veulent — et non tel qu’il est.

Pour contrer ce phénomène, il nous faut utiliser la faculté de penser objectivement, à savoir la raison. Celle-ci est sous-tendue par un affect : l’humilité, qui implique le rejet de l’omniscience et de l’omnipotence.

Humilité, objectivité et raison doivent nous accompagner sur le chemin de l’art d’aimer. 

— Foi rationnelle et foi irrationnelle

Pour aimer, il est important d’avoir la foi. Qu’est-ce que cela signifie ? L’auteur parle-t-il ici de religion ? Non ! La foi est d’abord liée au phénomène de la croyance et aussi — plus profondément — de la confiance ou de la conviction.

C’est justement ce qui différencie foi rationnelle et foi irrationnelle selon Erich Fromm :

La première se fonde sur la « certitude et la fermeté qui marque nos convictions ».

La seconde s’appuie sur « la soumission à une autorité (idée, personne, divinité) ».

Les grands scientifiques eux-mêmes se remarquent à leur foi rationnelle. Avant d’aboutir à une nouvelle théorie, ils ont tous dû faire un saut — une hypothèse — et croire en sa portée intellectuelle, en sa fécondité. Cela leur a souvent demandé du courage.

Mais la foi rationnelle et le courage se retrouvent aussi dans l’existence ordinaire. Quand nous « avons foi » en nos frères et quand nous nous « confions » à eux, par exemple. 

Nous avons souvent peur d’aimer, dit Erich Fromm. Car « aimer signifie se compromettre sans garantie, se livrer sans réserve, en espérant que notre amour engendrera l’amour dans l’aimé », précise l’auteur. 

Or la foi et le courage nous sont ici d’un grand secours. En fait, l’amour est « un acte de foi », c’est-à-dire un saut dans l’inconnu. Et pour oser se lancer, reconnaissez qu’il faut une certaine dose de courage !

— Orientation active et productive

L’amour est activité. Pour le dire autrement : c’est se tenir dans un état d’intérêt vis-à-vis de l’être aimé et de la vie en général. Il ne peut y avoir d’amour dans la paresse et l’ennui. 

Cela dit, inutile de courir et de s’agiter en tous sens : c’est au contraire l’usage productif et créatif de nos facultés qui compte. Faites primer la qualité et l’intensité sur la quantité et la dispersion.

« Pour aimer, nous devons nous tenir dans un état d’évidé intense, de puissance vitalité, qui implique nécessairement une orientation productive et active en de nombreuses sphères de la vie. » (L’art d’aimer, Quatrième partie)

— Distinction entre amour et équité

L’amour se diffuse dans toutes nos relations, et pas seulement à l’égard d’une seule personne. Lorsqu’il devient un trait de caractère intégré, l’amour ne connaît nulle « division du travail », dit Erich Fromm.

À défaut, nous cherchons — et c’est déjà quelque chose — à être équitables. L’équité est l’absence de fraude et de triche. Faute de fraternité, nous garantissons la sécurité des échanges par l’équité.

Il y a pourtant une grande différence. Dans l’amour, nous nous sentons responsables des autres et unis à eux. Avec l’équité, nous commençons détachés les uns des autres et, une fois la transaction terminée, nous nous estimons « quittes ».

Pratique de l’amour dans la société actuelle

L’amour authentique, tel qu’il a été enseigné dans ce livre, est-il une folie ? Est-il impossible de le mettre en œuvre dans la société actuelle ? Pour l’auteur, pas complètement.

Erich Fromm soutient que, même s’ils s’opposent théoriquement, amour et travail peuvent fonctionner ensemble. Au moins dans certaines professions ; celles où le mensonge n’est pas la règle comportementale de base. 

Toutefois, il faut bien admettre que l’amour sincère ne peut rester que marginal dans une société où le travail et l’échange économique ont pris le dessus. Faire de l’amour un style de vie social et non individuel impliquerait des changements que ce livre ne peut aborder.

Pourtant, Erich Fromm veut y voir une foi rationnelle et non un désir délirant : 

« La foi dans la possibilité de l’amour comme phénomène social, est non comme phénomène individuel d’exception, est une foi rationnelle qui se fonde sur l’intuition de la véritable nature de l’homme », affirme-t-il en conclusion de son ouvrage.

Conclusion sur « L’art d’aimer » de Erich Fromm :

Ce qu’il faut retenir de « L’art d’aimer » de Erich Fromm :

Ce livre est un classique. Il se situe au croisement de la philosophie, de la psychologie et du développement personnel. 

Les analyses peuvent surprendre le lecteur distrait : il ne s’agit nullement de recevoir des conseils sur l’amour conjugal afin de « réussir sa vie de couple ». En fait, le thème est beaucoup plus large.

L’art d’aimer est un livre de réflexion sur le rôle de l’amour dans la société contemporaine et sur les façons actuelles que nous avons de le pratiquer. Il offre un regard critique sur nos attitudes contemporaines, tout en nous proposant une autre voie.

Cette voie se rapproche étonnamment des sagesses orientales et, notamment, de la méditation. Adopter une attitude de gratitude, d’humilité, d’attention consciente aux choses. Voilà des conseils généraux mais qui, à coup sûr, résonneront à vos oreilles !

Et si ce n’est pas le cas, nous vous conseillons de découvrir d’autres chroniques de ce site qui vont dans le même sens. Et pourquoi pas, par exemple, celle-ci : De l’art du bonheur ?

Points forts :

Un livre érudit par un intellectuel reconnu ;

Une argumentation très claire, malgré certaines difficultés théoriques  ;

Des exemples d’amours problématiques qui nous permettent d’analyser nos relations ;

Une réflexion plus large sur le rôle de l’amour dans les relations sociales.

Point faible : 

Je n’en ai pas trouvé, sinon que le livre est déjà ancien. Mais avec un peu d’imagination, vous trouverez très facilement comment le mettre au goût du jour ! 

Ma note :

★★★★★

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Mon, 27 Nov 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12671/Lart-daimer
Devenir biographe http://www.olivier-roland.fr/items/view/12645/Devenir-biographe

Résumé de « Devenir biographe » de Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard : un manuel qui vous dit tout sur le métier de biographe privé ou familial, une activité qui allie écriture et relation pour celles et ceux qui veulent prendre une nouvelle voie dans leur existence.

Par Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard, 2020, 238 pages.

Chronique et résumé de "Devenir biographe" de Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard

Avant-propos

Delphine Tranier-Bard et Michèle Cléach se sont rencontrées par l’écriture, après bien des péripéties — et quelques égarements — professionnels. C’est par la création de formations qu’elles se sont trouvées et qu’elles ne se sont plus quittées. 

« Notre désir de monter cette formation a rencontré celui des responsables d’Aleph-Écriture, un centre de formation pionnier des ateliers d’écriture en France dans les années 1980 et aujourd’hui une référence dans le domaine de l’accompagnement à l’écriture […] Nous avons ainsi pu monter ce dispositif de formation après avoir identifié un référentiel de compétences prenant en compte la double entrée du métier de biographe : l’écriture et la relation.” (Devenir biographe, p. 8)

Pour aller plus loin et découvrir leurs formations en ligne, vous pouvez consulter les sites suivants : 

Le dire et l’écrire ;

Aleph-Écriture.

Introduction

Aujourd’hui, l’intérêt pour la biographie est bel et bien présent dans l’espace public et s’est même fait une « place de marché » auprès d’un certain public, notamment plus âgé. 

À bien y regarder, le récit de type biographique inonde déjà nos pratiques : 

Lorsque des fonctionnaires ou travailleurs sociaux font le récit de notre vie afin de juger de tel ou tel aspect de notre existence (droit à des allocations, etc.) ;

Lorsque nous faisons notre CV ;

Quand nous utilisons le storytelling en marketing.

Toutefois, les auteures préfèrent s’en tenir à « la question du récit de vie » qui ne se réduit pas à l’une de ces facettes. Il s’agit au contraire de laisser la personne prendre la parole complètement, sans l’enfermer dans des relations de pouvoir (chercher à vendre, à obtenir un statut, un travail, etc.). 

De plus en plus de personnes ressentent le besoin de prendre la plume ou de demander à quelqu’un de le faire pour elles. C’est à ces prête-plume que l’ouvrage s’adresse. 

Ce métier est encore peu reconnu. Par ailleurs, il importe de considérer plus largement les compétences qu’il nécessite : 

En écriture et édition, bien sûr ;

Mais aussi des compétences commerciales et de gestion (pour le côté indépendant) ;

Et enfin tout l’aspect « relation » que les auteures veulent particulièrement mettre en avant.

Première partie : S’orienter dans le champ biographique

Chapitre 1 : Comment se situe la biographie dans le champ biographique ?

Il y a une foule de textes qui peuvent entrer dans le « genre biographique » : 

Autobiographie ;

Autofiction ;

Journal intime ;

Mémoires ;

Histoire de vie ;

Récit de vie ;

Témoignage ;

Autoportrait ;

Roman autobiographique ;

Biographie.

Selon le spécialiste de l’autobiographie Philippe Lejeune, l’autobiographie a 4 caractéristiques ;

La forme (récit en prose) ;

Le sujet traité (vie individuelle, histoire d’une personnalité) ;

Situation de l’auteur (identité du narrateur et de l’auteur) ;

Position du narrateur (identité du narrateur et du personnage principal).

Il insiste également sur l’importance d’un « contrat » passé avec le lecteur. Même si cela concerne l’autobiographie, nous pouvons garder ces premières idées en tête avant de continuer notre exploration de ce genre.

Du côté des sciences humaines et sociales

→ Le récit de vie

Les sciences humaines et sociales (SHS) utilisent les « récits de vie » dans leurs études qualitatives. C’est en particulier la sociologie de l’École de Chicago qui a introduit cette pratique. En France, Daniel Bertaux a beaucoup travaillé sur ce qu’il a nommé la « recherche biographique ».

→ L’histoire de vie 

Dans son acceptation précise, l’histoire de vie va un cran « plus loin » que le récit de vie, puisqu’elle propose de compléter la narration par la réflexion et un travail d’organisation plus poussé. Ce type d’exercice est en grande partie réalisé dans les formations d’adultes.

→ L’histoire de vie collective

Nous sommes ici à la frontière entre la démarche scientifique et la démarche littéraire. L’objectif est de publier un ouvrage qui recueille des informations (familiale par exemple), mais qui fasse aussi un travail sur la langue.

Du côté de la littérature

→ Le récit de vie

Ce terme s’emploie aussi dans la littérature, où il a un autre sens, qui est difficile à circonscrire. Vous trouverez sous ce vocable les différentes thématiques :

Du récit de voyage ;

Au récit d’enfance ;

Ou encore au récit de maladie, par exemple. 

→ Le journal

Le journal peut être intime, mais aussi voué à être publié (comme ce que propose le prix Nobel de littérature française 2023, Annie Ernaux). Certains journaux intimes de grands écrivains ou artistes, malgré leur caractère « secret », sont publiés après la mort de ceux-ci. 

→ Les mémoires

Les mémoires portent la trace de l’événement historique : ce sont des hommes d’État ou de quelque importance qui montrent par là comment ils ont participé aux changements du monde.

→ Le portrait

C’est souvent une partie d’un roman, lorsque l’auteur a besoin de caractériser un personnage. Mais c’est aussi un type d’article journalistique que vous pouvez retrouver dans les quotidiens et autres périodiques. 

→ L’autoportrait

Il est soit très bref, soit plus long. Lorsque c’est le cas, l’auteur s’attarde en détail sur :

Qui il est ;

Et comment il est.

Toutefois, il reste muet (ou presque) sur ce qu’il fait ou a fait dans le passé.

→ La vie brève

Ce sont de courts récits de personnes rencontrées furtivement ou bien connues. Les exemples contemporains classiques, en France, sont Vies minuscules (de Pierre Michon) et Vidas (de Christian Garcin).

→ Le roman autobiographique

Ici, nous sommes dans le genre « long ». Une personnalité raconte toute sa vie ou seulement une partie. Les grands classiques français contemporains sont notamment :

Barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras ;

Le premier homme d’Albert Camus ;

La promesse de l’aube de Romain Gary.

→ L’autofiction

Ici, l’auteur prend plus de libertés encore avec le « matériau » de sa propre vie. Il peut le modifier ou le raconter de façon non linéaire pour faire apparaître des éléments intéressants. Le créateur de ce néologisme est Serge Doubrovsky.

→ La biographie

Ici, l’auteur trouve un personnage plus ou moins célèbre et fait une sorte d’enquête, en se posant des questions du type : « Qui était vraiment Camille Claudel ? » Ou « Comment les Rolling Stones sont-ils devenus une légende ? ». Certaines sont plus romancées, d’autres plus informatives.

→ La biographie familiale

« Quand une personne fait le récit de sa vie à un biographe, récit destiné à sa proche famille qui en est seule destinataire, le biographe va traduire le récit oral en récit écrit. On dira alors qu’il a écrit une biographie familiale. » (Devenir biographe, p. 27)

C’est ce genre d’écrit qui fera l’objet plus particulier de ce manuel. En quelque sorte, il s’agit de faire une autobiographie par personne interposée, et c’est pour cela que les 4 caractéristiques de l’autobiographie données plus haut étaient intéressantes.

Le biographe « prête-plume » pourra écrire, selon la volonté de son « client », soit une biographie exhaustive, racontant l’entièreté de sa vie, soit une biographie partielle, se focalisant sur une ou plusieurs parties seulement de l’existence de celui ou celle pour qui il écrit.

Chapitre 2 : D’où vient le désir de devenir biographe ?

Le plus souvent, ce désir naît après 40 ans. D’où ? De l’histoire personnelle de chaque individu :

Un travail de deuil ; 

Un parent âgé ;

La volonté de maintenir ou renforcer les liens entre générations ;

L’envie de se reconnecter à son histoire familiale ;

Le souhait d’un travail plus « enraciné » (après un burn-out, par exemple) ;

Le souvenir de pratiques d’écritures oubliées, enfouies depuis l’enfance…

Parmi les métiers qui y amènent, le journalisme et les métiers de l’édition arrivent en tête, mais pas seulement : des professionnels de l’accompagnement ou même des ingénieurs peuvent se reconvertir en biographe !

Et puis il y a les personnes qui ne travaillent plus et qui souhaitent passer leur temps à une activité profitable, agréable et utile pour eux et pour celles et ceux qui les entourent. 

Le goût de la transmission joue aussi pour beaucoup. Et aussi avoir envie de poser la question du sens, le sens de son existence — la sienne, ainsi que celle des autres.

→ Et le désir de devenir biographe hospitalier ?

C’est Valeria Milewski qui en a fait un métier « à la mode » parmi les biographes. Mais il est important de prendre conscience que c’est une activité difficile, car elle nous confronte à des situations qui peuvent être traumatisantes. 

L’association Passeurs de mots vous en apprendra plus, si ce type d’activité vous intéresse.

Au final, nous rencontrons 5 motivations principales pour devenir biographe :

Écrire ;

Accompagner ;

Transmettre ;

Acquérir une légitimité professionnelle ;

Rencontrer l’autre. 

Chapitre 3 : Qui fait appel à un biographe ?

Les personnes qui souhaiteront faire appel à vous (si vous devenez biographe à votre tour !) le feront pour :

Transmettre (leur histoire et surtout leurs histoires plus ou moins rocambolesques) ;

Témoigner (d’une expérience étonnante, particulière, touchante, spirituelle, etc.) ;

Rétablir une vérité (sentir le besoin de donner sa propre version des faits) ;

Publier (le désir d’être reconnu pour le fait d’avoir vécu des choses passionnantes) ;

Aller mieux (volonté de faire le point sur son existence afin de se soigner) ;

Vivre encore (pour des personnes qui ont du mal à se sortir d’un handicap, par exemple).

Demandez-vous, en tant que biographe, quelles sont les motivations de vos « prospects » qui vous « conviennent » le mieux. Avec qui préféreriez-vous travailler ?

→ La question de la transmission

Cette question impose de poser celle du destinataire : à qui est destinée la biographie ? En fonction des motivations, vous pouvez le deviner, au moins à moitié. Mais n’oubliez pas de vous poser les questions suivantes :

Quelle pourrait être la demande implicite de votre client ?

Que cherche-t-il, au fond ? 

À quelle place risquez-vous de vous retrouver ?

À noter : si une personne n’a pas de destinataire précis, elle peut déposer son récit à l’APA, l’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique.

Chapitre 4 : Quel biographe voulez-vous être ?

Il y a beaucoup de possibilités… De la version coach de vie à l’ethnologue, en passant par le biographe aux talents (ou velléités) littéraires, le biographe hospitalier, etc. Vous avez le choix ! Mais à chaque fois, vous devrez vous poser les questions suivantes.

→ Cadre de travail

Vous devrez définir un cadre de travail : 

Combien de temps ?

Quelle rémunération ?

Quels objectifs ?

Quelles règles de validation et de relecture ?

Quelles limites à l’écriture ou à la divulgation des secrets ?

Etc.

→ Posture

C’est la façon concrète dont vous allez maintenir le contact : 

Les gestes ;

Les mots employés ;

Mouvements ;

Etc.

Si le cadre est bien construit, la posture s’adapte facilement. Mais si l’un et l’autre sont flottants, alors il est probable que le récit le sera aussi.

→ Éthique

C’est un point important, qui rapproche la pratique du biographe des professions de l’accompagnement. Vous vous trouvez dans une relation et vous devez donc être capable de répondre à des situations parfois tendues, où différentes possibilités s’offrent à vous.

Par exemple, vous pouvez être amené à écrire des choses désagréables pour certaines personnes de la famille qui recevra l’ouvrage : qu’allez-vous faire ? Allez-vous privilégier la vérité ou la concorde ?

Ce n’est qu’un des exemples traités dans l’ouvrage, qui vous propose de tenir un carnet de bord et de vous prêter à plusieurs simulations de situations problématiques. Comment réagirez-vous ?

Finalement :

« Même si la souplesse, la capacité d’adaptation et d’improvisation (au bon sens du terme) sont des aptitudes nécessaires au biographe, il est indispensable que chacun sache où il met les pieds, que le biographe comme le client (et/ou sa famille) sachent ce qu’ils font ensemble, quel est le cadre de travail commun et que votre posture soit en cohérence avec vos compétences et avec l’offre que vous proposez. » (Devenir biographe, p. 59)

Deuxième partie : Entrer en relation et recueillir le récit

Chapitre 5 : Comment entrer en relation ?

Il est essentiel de bien préparer cette étape. Le premier rendez-vous sera en effet déterminant pour la suite. Soyez à l’écoute de l’autre et de vous-même. Posez-vous les bonnes questions.

→ Quand le client est lui-même le biographé

Le premier entretien permettra de cerner les spécificités de la demande, de voir si vous pouvez y répondre et, éventuellement, d’aborder la question du cadre de mise en œuvre de la biographie. 

→ Quand entre le client et vous il y a un commanditaire

Cet intermédiaire se maintient la plupart du temps dans un rôle restreint lié aux modalités pratiques du travail et à la rétribution. Parfois, les demandes des uns (le ou les commanditaires) et des autres (le ou les biographés) ne sont pas identiques ; le premier rendez-vous vous permettra d’y voir plus clair.

→ Et si un ami vous demande d’écrire l’histoire de sa mère ?

Si vous connaissez les personnes (commanditaire et peut-être même la personne biographée), il ne faudrait pas pour autant penser que les choses seront plus aisées. Agissez plutôt comme dans toute autre circonstance, pour éviter toute mécompréhension.

→ Et si huit frères et sœurs vous demandent d’écrire l’histoire de leur père ?

La définition du cadre de travail sera ici encore essentiel, pour éviter toute mésentente entre les parties prenantes. Vous devrez aussi vous organiser efficacement pour recueillir l’ensemble des témoignages et les transformer en récit.

Chapitre 6 : Comment conduire les entretiens ?

Il existe plusieurs types d’entretiens en SHS, en littérature et en journalisme. Les auteures passent en revue quelques différences et citent l’exemple d’un « mauvais entretien » réalisé par André Sève avec le chanteur et poète George Brassens. Voici ce que ce dernier lui reproche :

« Tu arrives ici avec un Brassens entièrement préfabriqué dans ta petite tête et tu veux me faire entrer là-dedans. La seule chose qui t’intéresse, c’est de me faire dire ce que, d’après toi, Brassens doit dire, ce que Brassens doit être. Tu pourrais avoir le vrai Brassens, et en tout cas un Brassens inattendu. Mais tu t’es préparé au Brassens que tu veux. On attend toujours les êtres comme on les veut, on n’est pas prêt à la surprise. » (Devenir biographe, p. 67)

L’ouverture à la surprise, c’est-à-dire aussi la capacité d’écoute active, en laissant l’interviewé suivre son propre chemin de parole, être intéressé par tout ce qui est dit (et non seulement par ses propres préjugés), voilà des clés d’un entretien réussi. 

Alors, concrètement, comment allez-vous procéder ?

→ Quand le biographé est un « taiseux »

Suggérez-lui par exemple de vous montrez des photographies ou d’autres types de documents, puis de vous les raconter, etc.

→ Quand vous écrivez la biographie d’un couple

Vous êtes face à deux voix complémentaires, mais parfois discordantes. Si l’un parle plus que l’autre, cherchez à rééquilibrer l’échange. Pensez à effectuer des entretiens individuels en plus des entretiens de couple, etc.

→ Quand le biographé est gravement malade

Ici, vous devrez sans doute négocier avec le sentiment d’urgence de la personne. Préparez-vous aux aléas et au fait que vous devrez sans doute vous adapter à des circonstances de travail particulières (hospitalisations, etc.). 

→ Quand le biographé est en perte cognitive

Ici, s’ajoute l’oubli, la difficulté à décoder les propos parfois. Vous devrez vous préparer à récolter des bribes de récits, des fragments d’idées, et à construire le récit « pas à pas ».

→ Et si vous envisagez de faire la biographie d’un proche ?

À nouveau, ce n’est pas parce que vous connaissez quelqu’un que le trajet sera plus facile. Si vous n’êtes pas très bien préparé, cela peut même être le contraire. En fait, la proximité peut vous jouer des tours et créer des conflits. Soyez-en donc conscient afin d’améliorer vos chances de succès.

→ Et si vous envisagez de faire la biographie d’un proche décédé ?

Ici, vous devrez vous contenter d’archives, de photographies, d’entretiens avec les proches, etc. Les auteures proposent de consulter l’ouvrage de Delphine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit.

Chapitre 7 : Quels effets de l’entretien biographique sur le biographé et sur le biographe ?

Il arrive souvent que les personnes biographiées sentent un réel bienfait pendant ou après le processus de construction du récit biographique. Elles le disent très régulièrement. Par ailleurs, la littérature sur le sujet évoque souvent ce phénomène. 

Pourtant, il faut être au clair sur ce point : ce travail n’est pas un travail thérapeutique à proprement parler. 

Il importe aussi de rappeler que le travail biographique peut par contraste créer des tensions (souvenirs difficiles) et générer chez les personnes quelques problèmes, souvent passagers, comme la fatigue, la tristesse, des insomnies, etc. 

Il se peut aussi que la réaction des proches soit différente que celle souhaitée par le biographé. Ou que des frustrations émergent chez les uns ou les autres. Parfois, la personne qui s’est livrée ne se sent pas entendue par son entourage, et cela entraîne des effets négatifs.

→ Et que disent les biographes des effets produits sur eux par le recueil du récit de leurs clients ?

En tant que biographe, vous ne resterez sûrement pas de marbre face aux récits collectés. Voici quelques effets possibles ; 

Avoir du plaisir à écrire ;

Nouer de relations fortes ;

Ressentir de l’empathie ;

Se reconnaître dans les propos d’autrui (effet miroir) ;

Des regrets, de la nostalgie.

Même si les biographes préfèrent en général laisser la parole à autrui, il est possible et bénéfique d’échanger sur ces sujets, notamment dans le cadre d’associations, telles que l’Association pour les Histoires de Vie en Formation et pour la Recherche Biographique en Éducation. 

Chapitre 8 : Quels outils de recueil du récit oral ?

Vous avez les choix entre plusieurs options.

→ Prendre des notes…

C’est la méthode que recommandent les auteures. À condition, toutefois, de ne pas chercher à tout écrire. Pour rappel, le débit de parole fluctue entre 200 et 300 mots par minute, alors qu’une main n’est capable d’en récupérer que 70 en moyenne. 

Il y a donc beaucoup de perte. Mais ce n’est pas nécessairement un mal, car cela fait partie du travail de tri et d’assimilation.

→ … Enregistrer ? 

L’utilisation d’un magnétophone peut être une bonne solution. Mais il y a des dangers, tels que le temps passé à retranscrire, puis à organiser le matériau écrit.

→ … Vous en remettre à un logiciel qui transforme automatiquement la parole énoncée en texte saisi ?

Cette solution encore plus avancée est rendue possible par l’amélioration des outils de reconnaissance vocale comme Dragon ou Siri. Mais ce n’est pas parfait et vous aurez, comme tout outil, à le prendre en main et à l’utiliser de façon adéquate.

→ … Écrire directement le texte pendant l’entretien, donc

Il peut être une bonne idée de créer un premier jet directement, ou au moins quelques phrases intéressantes qui nous passent par la tête, durant l’entretien ou quelques instants après. Cela vous permet de capter des moments d’inspiration qui, sinon, seraient perdus.

→ … Et garder l’enregistrement en back up ?

Cet usage est intéressant : vous utilisez les enregistrements en cas de doute ou pour rechercher un détail que vous n’avez pas eu le temps de noter. Par ailleurs, l’enregistrement peut servir à installer le cadre de l’entretien, lorsque vous posez visiblement le magnétophone sur la table.

→ Écrire à l’ordinateur… Ou à la main ?

Il n’y a pas de technique miracle : chaque biographe choisira sa propre méthode, celle qui lui semble la plus efficace ou bénéfique. 

→ Témoigner de son écoute avec les doigts et les yeux

Le plus important est de montrer que vous êtes à l’écoute. Vous devrez donc équilibrer le temps de prise de notes avec les gestes et les paroles qui montrent à votre interlocuteur que vous êtes intéressé par ce qu’il raconte.

Chapitre 9 : Quel impact du mode de facturation sur la méthode de travail ? 

Les clients ont des attentes et chercheront sans doute à obtenir le maximum pour le prix demandé. Il faut donc savoir, ici aussi, trouver le bon équilibre entre :

Votre public (ses attentes, ses revenus) ;

Le tarif que vous espérez demander ;

Votre méthode de travail.

Chapitre 10 : Quelle place pour la mémoire et la vérité ?

Les auteures utilisent ici les travaux de Boris Cyrulnik pour préciser leur pensée. Selon le psychologue :

« La vérité narrative n’est pas la vérité historique, elle est le remaniement qui rend l’existence supportable […] Dans toute autobiographie, il y a un remaniement imaginaire. » (Boris Cyrulnik, Sauve-toi la vie t’appelle, cité dans Devenir biographe, p. 91)

Autrement dit, il y a une part de fiction dans tout récit de soi. D’abord, parce que celui qui raconte sa vie reformule, transforme les événements de son existence passée, mais aussi parce que le biographe crée un récit à partir de matériaux incomplets, qu’il doit interpréter.

Cette problématique devient encore plus aigüe lorsque vous rédigez une biographie de couple ou de famille. Là, les questions de la vérité et de la mémoire peuvent devenir périlleuses ou, à tout le moins, complexes.

Intermède : Le rapport à la langue — la langue orale, la langue écrire — la langue de l’autre

Il n’est pas seulement intéressant de retranscrire le contenu, le dit. Il est aussi important de donner à lire le style, la gestuelle, la langue parlée et vivante de celles et ceux dont vous faites la biographie. 

Cela est possible grâce au travail :

Du style ;

De l’organisation du texte ;

Du dispositif narratif (présence de descriptions, par exemple).

Questionnez-vous aussi sur votre propre rapport à la langue (orale et écrite) et à vos attentes en matière de littérature. 

Troisième partie : Écrire la biographie

Chapitre 11 : Quel matériau de base et quel genre pour le texte ?

« Écrire une biographie revient à transformer le matériau du récit oral (ou de la retranscription) en un texte clair, compréhensible, lisible par son destinataire. » (Devenir biographe, p. 103)

Le matériau de départ, c’est donc la parole du biographé. À partir de là, c’est à vous de composer. Premier élément à choisir, le genre : 

Récit chronologique ;

Portrait ; 

Récit de voyage ;

Recueil de fragments ;

Témoignages ;

Entretiens ; 

Nouvelles ;

Etc.

« Théoriquement, on peut tout faire en littérature », rappellent Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard. Veillez toutefois à ce que ce genre demeure pertinent et compréhensible pour celles et ceux qui le liront. 

Chapitre 12 : Sur quels outils techniques s’appuyer pour mettre en place le récit biographique ?

Dans ce chapitre technique, les auteurs s’interrogent sur les questions suivantes : Comment mettre en forme le texte, les paragraphes, les phrases ? Dans quel ordre écrire les choses pour être sûr de se faire comprendre ?

Elles proposent de se souvenir des questions suivantes, qui-quand-quoi-où-comment (qu’elles relient par des traits d’union) ou, en étant plus précis : qui-raconte-quoi-à qui-comment-depuis où ?

→ Quoi

Vous devrez choisir :

Le personnage (le biographé, les membres de la famille, etc.) ;

Le cadrage du récit (raconterez-vous l’entièreté de la vie, une époque particulière ?) ;

→ Qui

Ici, vous devrez vous rappeler certains éléments théoriques du récit, tels que les notions de :

Narrateur ;

Point de vue (externe, omniscient, interne) ;

L’usage du pronom (il, elle, je, etc.).

→ Comment

Préférerez-vous une construction ;

Tragique ?

Ou épique ?

Vous veillerez à ménager la tension narrative pour maintenir le lecteur en alerte. Pour ce faire, vous pourrez utiliser les types de tensions suivants :

La catastrophe annoncée ;

Le mystère ;

Le conflit.

Vous chercherez également à établir un fil conducteur (un angle) et à donner au texte un caractère vivant.

→ À qui

Vous pouvez adresser votre texte plus ou moins explicitement à votre destinataire. Ce choix s’exprime par le pronom employé. 

Vous pouvez éventuellement faire des choix audacieux et aborder votre récit par les pronoms « vous » ou « tu », en vous adressant directement à quelqu’un. Mais c’est un exercice délicat.

Il est également possible de rédiger une préface afin de vous adresser directement au destinataire avant qu’il entre dans le récit proprement dit. 

→ Depuis où ?

Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard exposent ici les rapports du narrateur à la temporalité du récit. Parle-t-il comme s’il était un enfant ? Ou au contraire, en regardant sa vie depuis son grand âge ?

Il existe deux options principales :

Narration ultérieure (la « chaise » du narrateur est placée en aval de l’histoire) ;

Narration simultanée au présent (le narrateur se déplace en même temps).

Chapitre 13 : Comment écrire un récit vivant ?

Pour donner une forme palpitante à l’histoire de votre client, vous n’inventerez rien, mais vous jouerez avec les événements réels et avec le style. Voici quelques conseils :

S’appuyer sur la microdramaturgie ;

Rythmer le texte ;

Singulariser une expérience particulière parmi les habitudes répétitives ;

Monter d’un cran dans les insistances répétition-variation ;

Couper.

Bref, comme un directeur de cinéma, vous créerez du suspense ou des moments de calme et d’analyse grâce à un astucieux montage des scènes.

Chapitre 14 : Comment passer de l’oral à l’écrit ?

Votre première tâche : filtrer. Cela vaut pour certaines expressions typiques du langage oral (comme les « bon », « bah », « d’accord », etc.) comme pour certains propos « off » que le biographé vous demandera de ne pas répéter.

Ensuite, vous allez construire et transposer le matériau oral. Vous pourriez être tenté d’innover à la matière de Proust ou de Céline. 

Mais attention : votre travail consiste avant tout à rendre le texte simple et accessible pour votre client et son entourage, qui seront les premiers (et peut-être les seuls) lecteurs du texte.

Comme nous l’avons déjà signalé plus haut, vous chercherez aussi à récupérer et à restituer la voix du biographé, c’est-à-dire son timbre notamment, mais pas seulement ! 

Dans la voix, il y a ici surtout l’idée de faire passer ce qui importe à l’autre. Il faut que le lecteur reconnaisse qui parle et que « ça sonne juste ».

Le vocabulaire sera simple, mais précis. À l’oral, nous utilisons moins de mots, mais nous pouvons introduire une plus grande diversité à l’écrit. 

Chapitre 15 : Et si l’on arrangeait un peu cette histoire ?

Il existe plusieurs possibilités pour donner plus de corps à votre texte. En plus des entretiens (reformulés, adaptés), vous pourriez être tenté d’introduire :

De la documentation historique ;

Des photographies ;

Des détails imaginés (ou poétiques) ;

Ou carrément des faits inventés ?

Si c’est le biographé qui vous demande l’un ou l’autre, pourquoi pas. Mais plus vous allez vers l’invention et plus le terrain sera glissant. Les deux premières options sont-elles plus sages ? Peut-être, mais vous devrez faire avec vos compétences et avec votre temps. 

Êtes-vous historien ? Ou spécialiste en montage photo ? Si ce n’est pas le cas, réussir un ouvrage de ce type vous prendra plus de temps. Sachez donc dès le départ dans quoi vous vous embarquez !

Chapitre 16 : Comment ne pas passer un temps fou à écrire une biographie privée ?

Le temps — justement, venons-y. Vous l’aurez deviné, écrire une biographie est une activité chronophage. Surtout lorsque vous commencez. Pour gagner en efficacité, veillez d’abord à faire des choix favorables, c’est-à-dire à vous simplifier la vie au niveau de la structure du récit.

Ensuite, une fois les choix techniques effectués, vous veillerez à :

Équilibrer le texte (chapitre/paragraphe/phrase) de façon « économique » et claire ;

Avancer dans le texte, c’est-à-dire dans l’histoire ;

Ouvrir et fermer les portes (si vous parlez de quelque chose, cela doit avoir un sens, un but) ;

Faire entrer et sortir les personnages (situer les personnages secondaires et faire connaître au lecteur ce qu’il advient d’eux) ;

Toujours faire simple et lisible ;

Faire la chasse au superflu.

Chapitre 17 : Comment s’y retrouver dans le texte : sommaire, chapitres, titres et arbre généalogique ?

Il est parfois utile d’introduire des sommaires, des titres et des intertitres dans vos biographies, surtout si celles-ci s’allongent. Elles vous permettront d’y voir plus clair lorsque vous rédigerez.

Vous n’êtes pas obligé de les conserver lors de la version finale du texte, mais vous le pouvez, afin de faciliter la navigation des lecteurs dans le texte. Dans ce cas, vous les travaillerez pour leur donner une forme plus littéraire et cohérente.

Comment faire état d’une famille nombreuse et citer tous les noms qui s’y rapportent ? C’est souvent un travail d’équilibriste. Mais il y a des solutions. 

Par exemple, les auteures proposent de distiller les anecdotes et les références aux aïeux tout au long du texte, plutôt que de les présenter de façon froide au début du texte.

Chapitre 18 : Comment finir l’écriture du texte ?

Il peut y avoir mille raisons de ne pas (vouloir) finir :

Perfectionnisme ;

Empêchements ;

Demandes de correction ;

Peur du jugement ;

Etc.

→ S’en remettre à la satisfaction du biographé

Il est toutefois sain de mettre un terme à son récit. Surtout qu’il s’agit ici d’écriture professionnelle, avec un commanditaire qui attend un résultat concret. Vous vous appuierez donc sur la satisfaction du biographé pour mettre un terme à votre travail. 

Il y a peut-être des éléments de cadrage (objectifs définis en début de collaboration, nombre d’allers-retours, etc.) qui peuvent vous aider à décider. 

→ Boucler la boucle

Il y a aussi un autre enjeu : la fin doit se rédiger avec une intention particulière et doit donner le sentiment au lecteur qu’il est parvenu au terme du travail. Cela se fabrique à l’aide de la structure du texte, de son rythme, ainsi que du fil conducteur.

Les auteures évoquent en particulier deux situations :

Lorsque le biographié est en vie ;

Quand il décède pendant le travail d’écriture.

→ Soigner le rendu final

Vous serez tout particulièrement attentif à :

La structure — simplicité — lisibilité ;

L’emploi cohérent des temps (y compris des participes passés) ;

La typographie (y compris la ponctuation, les majuscules, les chiffres, etc.).

Quatrième partie : Clore la traversée biographique

Chapitre 19 : Quelles suites pour le récit ?

Après la rédaction proprement dite, il reste encore 4 étapes supplémentaires :

Composition ;

Correction ;

Impression ;

Publication.

Vous pouvez vous arrêter à la rédaction, ou bien considérer que vous voulez tout faire. Mais dans ce cas, sachez que vous devrez vous former afin d’acquérir les compétences nécessaires (si vous ne les avez pas déjà).

→ Composition

C’est l’étape de mise en page du texte pour qu’il réponde aux standards du livre. C’est en général un travail laissé aux graphistes. 

Si vous ne souhaitez pas vous investir dans cette étape, vous remettrez le texte en Word à votre imprimeur (qui, souvent, propose ce service) avec les photos si besoin.

→ Correction

L’avantage du correcteur, c’est de fournir un œil neuf, là où vous ne voyez littéralement plus vos fautes. 

Un correcteur automatique ne peut suffire à repérer les erreurs de grammaire ou de syntaxe complexes, même s’il peut s’avérer très utile pour la typographie et l’orthographe. 

→ Impression

Pour les petits tirages, vous opterez probablement pour l’impression numérique, moins chère que l’impression offset. Bien sûr, tous les éléments introduits en plus (photos, etc.) impactent le coût du livre. 

Cherchez dans votre région les petits imprimeurs et demandez-leur leurs prix. Préférez des acteurs de proximité sur qui vous pourrez compter en cas de besoin urgent. 

Vous aurez à choisir : 

Format du livre ;

Couleur ou noir et blanc ;

Couverture ;

Type de papier.

→ Édition — Publication

Avec l’évolution du numérique et des plateformes de vente (type Amazon) et des réseaux sociaux, il devient de plus en plus facile de publier. 

Mais vous devrez être sur vos gardes. « Édition » n’est pas « publication ». Ce sont des types de contrats différents, comme l’expliquent les auteures p. 185.

Soyez aussi réaliste sur les gains que vous pourrez tirer d’une éventuelle publication par un véritable éditeur. En réalité, il est assez rare que les ventes dépassent 1000 exemplaires (et exceptionnel qu’elles dépassent les 2000).

Si le livre est publié et connaît un public plus large que le cadre familial strict, vous devrez aussi établir des règles pour la répartition équitable des revenus entre le biographé et vous. Habituellement, le partage se fait à égalité (50/50).

Chapitre 20 : Et après la publication ? 

« Dans la plupart des cas, les destinataires sont heureux du “cadeau” qui leur est fait. […] Cependant, certains récits peuvent avoir des conséquences désagréables, voire désastreuses. » (Devenir biographe, p. 187)

Étudions donc quelques cas d’effets potentiellement problématiques sur les destinataires :

Tout d'abord, quand un enfant est absent du récit (que faire ? Prévenir le biographé pour qu’il introduise quelques propos supplémentaires ? Cela devrait être fait avant la publication) ;

Quand un parent divorcé n’évoque pas du tout son ex-conjoint et ses années de mariage (ici encore, faut-il avertir la personne ?) ;

Quand un biographé déterre une histoire de famille (s’il en parle avec colère, allez-vous l’alerter sur le caractère explosif de l’affaire ?) ;

Ou encore, quand une mère invoque la maladie psychique de son fils, ses tentatives de suicide, etc. (Comment celui-ci va-t-il réagir ?) ;

Risque juridique (vous devrez être attentif à l’exactitude des faits et au respect de la vie privée, voir p. 189-190 pour plus de détails) ;

Avec les personnes âgées en état de faiblesse (cherchez à entrer en contact avec la famille ou l’instance de tutelle pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur vos ambitions et votre travail).

Chapitre 21 : Est-ce fini quand le livre est édité-publié ?

Le travail du biographe est un travail de la relation. Il est donc possible qu’une fois le travail terminé, le souhait de continuer la relation demeure. 

Cela est possible, mais plus sous la même forme : la remise du manuscrit signera la fin de la collaboration professionnelle. Vous pouvez le feuilleter ensemble, par exemple. C’est un rituel de fin efficace, qui permettra de clore sereinement la relation.

Intermède : Écrire pour soi, écrire pour l’autre, où en êtes-vous ?

Il peut être compliqué, au bout de plusieurs biographies rédigées, de continuer à écrire « pour » autrui. Ne voudriez-vous pas écrire pour vous ? Rédiger vos propres aventures ? Ou même écrire des fictions ? 

Ce sont des tensions internes qu’il vous faudra peut-être vivre, comme en témoigne l’une des auteures, Delphine Tranier-Brard, qui raconte comment elle a commencé à écrire pour autrui et comment, peu à peu, elle a laissé une place à l’écriture créative en mode « je ».

Cinquième partie : Exercer le métier

Chapitre 22 : Combien coûte, combien rapporte une biographie ?

→ Que coûte une biographie pour le client ?

Il y a de nombreuses différences, qui viennent de nombre de prestations et du mode de facturations. Voyons cela d’un peu plus près.

→ Tarification au forfait

Cela varie énormément : de 400 à 20 000 € ! Cela dépend — entre autres — des services (de la rédaction à la publication). 

Gardez aussi à l’esprit que travailler au forfait peut avoir des inconvénients, surtout si aucun devis précis n’est réalisé en amont. Il est souvent difficile d’établir en amont le temps que prendra le processus. 

→ Tarification à l’heure d’entretien

C’est une pratique courante des biographes pour les particuliers. Les tarifs sont de 100 à 300 €/heure. Mais il s’agit en réalité d’un mini-forfait comprenant l’heure d’entretien plus les heures d’écriture à partir de celui-ci (entre 3 et 6 heures supplémentaires).

En règle générale, entre 10 à 30 heures d’entretien seront nécessaires. Il faudra y ajouter le prix de la fabrication du livre.

Dans tous les cas, vous devrez sans doute adapter votre offre en fonction du public auquel vous vous adressez.

→ Combien rapporte-t-elle au biographe ?

Une biographie coûte donc environ 3 000€ bruts. Sur cette somme, vous devrez retirer les charges, qui peuvent varier entre 20 et 60 % en fonction du statut. 

Si nous le référons en taux horaire, cela signifie que le biographe travaillera pour 30 €/h net en moyenne (entre 16 et 48 € disent les auteures).

À noter que de nombreuses heures ne sont pas payées, notamment les heures de prospection ou de comptabilité, par exemple — ce qui est le cas pour tout travailleur indépendant.

→ Quand on vous apporte une pile de deux cents pages déjà écrites, comment travailler avec ce matériau ? Comment facturer ?

Les auteures sont assez dubitatives concernant cette pratique et conseillent plutôt — d’un point de vue financier, mais qui est aussi lié à la difficulté de la tâche — de suggérer au biographé de reprendre le travail depuis le début, en réalisant de nouveaux entretiens.

Chapitre 23 : Quel modèle économique privilégier ?

Au démarrage surtout, il faut y aller prudemment. Le passage par une structure d’accompagnement peut être une solution rassurante (type Avarap, BGE, etc.).

De toute façon, votre modèle économique dépendra de votre situation. Si vous êtes en reconversion professionnelle à 40 ans, vous n’aurez pas les mêmes besoins que si vous êtes retraité. À vous de définir vos objectifs tout en restant en phase avec le marché.

Voici quelques statuts possibles :

Autoentrepreneur ;

Entrepreneur en SARL ;

Éditeur ;

Indépendant en portage salarial ;

Auteur de biographies payées en droit d’auteur ;

Membre d’une association ;

Bénévole ;

Échangeur de services dans un Système d’échange social (Sel) ;

Etc.

Chapitre 24 : Comment trouver des clients ?

La prospection fait partie du métier. Mieux vaut avoir sa cible en tête avant de commencer. Puis, vous pourrez vous lancer !

Vous pouvez opter pour une approche directe :

Prendre un stand dans un salon ;

Démarcher directement des biographés potentiels ou des prescripteurs, notamment via la réalisation de miniconférences sur votre travail dans des endroits où votre cible se trouve ;

Activer les réseaux sociaux en postant, en proposant des offres promotionnelles et en organisant vos échanges autour de votre activité ;

Faire de la publicité de façon plus classique, en louant des espaces publicitaires.

Les principaux supports de communication pour prospecter sont :

Physiques (cartes, flyers, etc.) ;

Numériques (réseaux sociaux, newsletters, site internet, etc.).

Il est aussi possible de combiner l'approche directe avec une approche indirecte, plus proche de l'inbound marketing.

Mais attention : pour que votre site vitrine soit utile, vous devrez penser à le référencer correctement. C’est notamment le travail des rédacteurs web et des webmasters. Cela a un coût. 

Chapitre 25 : Organiser son temps de travail et son activité

Vous pouvez par exemple choisir de :

Rédiger et faire lire vos textes au fur et à mesure de leur rédaction ;

Ou effectuer tous les entretiens et rédiger ensuite ;

Mais aussi écrire une biographie à la fois ;

Ou plusieurs au même moment.

Cela dépend de vos préférences, de vos objectifs professionnels et du temps que vous avez devant vous. Ensuite, vous devrez « caser » les moments administratifs, le temps de prospection, etc. 

Chapitre 26 : Quel investissement pour créer l’activité ?

« Le métier de biographe a l’avantage de pouvoir être pratiqué avec un investissement initial minimum. » (Devenir biographe, p. 217)

En l’occurrence, vous aurez besoin impérativement d’un ordinateur (avec un bon traitement de texte) et d’une imprimante performants pour rédiger et relire vos textes. 

En outre, vous aurez peut-être besoin d’investir dans des logiciels, tels qu’Antidote, Indesign ou Photoshop. Mais cela dépendra des services que vous souhaitez offrir à vos clients. Attendez un peu (peut-être après avoir rédigé une ou deux biographies) avant d’investir.

Un smartphone ou un magnétophone (pour enregistrer), ainsi qu’une tablette pour convertir vos notes en fichiers texte, pourraient également être utiles.

Mais le plus important est sans aucun doute l’espace de travail. Assurez-vous de pouvoir travailler dans un environnement qui vous convient. Un conseil : apprenez également à taper rapidement ! 

Vous pouvez vous former gratuitement à la dactylographie (via les tutos gratuits de TypingClub, par exemple). Il n’est par ailleurs pas inutile de penser à d’autres formations, mais — encore une fois — tout cela doit être bien pensé en fonction de vos objectifs de travail. 

Chapitre 27 : Faut-il entrer dans un réseau ?

En tant qu’indépendant, il est encore plus important de faire partie d’un réseau ou d’une communauté. Pourquoi ? Car nous sommes plus seuls que dans les métiers salariés.

Les liens peuvent se créer à l’occasion d’une formation ou de la participation à une association. C’est aussi une bonne idée de vous présenter à ses confrères de la région lorsque vous commencez. 

Il existe également des réseaux payants, mais renseignez-vous bien avant afin de savoir ce que chacun d’eux propose et quelles promesses ils peuvent tenir. 

Chapitre 28 : Peut-on vivre du métier de biographe ? Qui en vit ?

Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, où les ateliers d’écriture créative sont monnaie courante, la France a construit un mythe du génie et du talent autour de la littérature. 

Pourtant, écrire est bien une pratique, un artisanat, une activité qui demande un développement constant des compétences par le travail. 

Certains biographes peuvent très bien gagner leur vie, surtout s’ils travaillent pour des maisons d’édition et travaillent pour des gens connus. 

Soyons honnêtes : ceux qui travaillent pour les inconnus éprouvent souvent plus de difficultés. Rares sont ceux qui parviennent à combiner toutes les facettes du métier de façon optimale et à gagner confortablement leur vie rien qu’avec les biographies. Mais ça existe !

La plupart du temps, les biographes cumulent des activités comme, par exemple, la biographie et la rédaction web.

Voici la liste dressée par les auteures de ce qu’il vous faut si vous voulez vivre confortablement de la biographie :

Organisation ;

Respect des dates limites ;

Rapidité et qualité d’écriture ;

Empathie, écoute, tact ;

Disponibilité mentale et physique ;

Capacités relationnelles ;

Sens du commerce, gestion et marketing ;

Posture claire (éthique) ;

Connaissance des règles juridiques de publication ;

Autonomie.

Chapitre 29 : Garder sa pratique vivante 

« On donne beaucoup dans ce métier. On donne de son temps, on écrit dans le “je” de l’autre, pour l’autre, on est au service de l’autre. Il est donc important, pour garder une pratique vivante, investie, humaine, de se nourrir, de se régénérer. » (Devenir biographe, p. 225)

Comment ?

En lisant ;

En rédigeant d’autres types de textes ;

Mais aussi en échangeant avec les autres ;

Et en s’interrogeant sur sa propre pratique.

Conclusion sur « Devenir biographe » de Michèle Léach et Delphine Tranier-Brard :

Ce qu’il faut retenir de « Devenir biographe » de Michèle Léach et Delphine Tranier-Brard :

Vous pouvez retenir avant tout qu’il s’agit d’un livre sincère et complet sur le beau métier de biographe d’inconnus ou “biographe privé”. 

Les auteures ne cachent rien des difficultés, mais aussi de grandes joies de ce travail exigeant, qui combine goût pour l’écriture et pour la relation.

À condition d’être très bien organisé, il est tout à fait possible d’exercer cette activité en complément de votre activité d’indépendant ou de salarié. 

Pour réussir, vous aurez impérativement besoin non seulement d’aimer l’écriture et la relation, mais aussi être capable de supporter la solitude et les à-côtés liés au marketing et à l’administration.

Si vous souhaitez vous orienter vers l'écriture créative, allez donc jeter un œil à ce livre de Faly Stachak, Écrire.

Points forts :

Un livre bien construit qui aborde toutes les questions importantes ;

Des témoignages qui donnent une idée précise du travail ;

Une section “Carnet de bord” à la fin de chaque chapitre, pour vous permettre de réaliser des exercices et voir si ce métier peut vous convenir.

Point faible : 

La mise en page et la typographie ne sont pas toujours optimales (beaucoup d’italique qui gêne un peu la lecture).

Ma note :

★★★★

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Thu, 09 Nov 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12645/Devenir-biographe
Cyberminimalisme http://www.olivier-roland.fr/items/view/12639/Cyberminimalisme

Résumé de « Cyberminimalisme. Face au tout numérique, reconquérir du temps, de la liberté et du bien-être » de Karine Mauvily : cet ouvrage est un véritable petit manuel qui vous guidera vers une réduction de vos usages numériques, que ce soit vis-à-vis des réseaux sociaux ou l’utilisation des moteurs de recherche, notamment.

Par Karine Mauvily, 2019, 228 pages.

Chronique et résumé de "Cyberminimalisme. Face au tout-numérique, reconquérir du temps, de la liberté et du bien-être" de Karine Mauvily

Introduction — Il n'y a pas de fatalité technologique

Un antidote à la fatalité numérique

L’auteure commence par raconter comment elle en est venue à s’intéresser au cyberminimalisme. Elle raconte deux anecdotes :

Ayant reçu un appareil photo argentique, elle se rend compte qu'elle ne sait pas l'utiliser correctement. Elle retourne au numérique, mais se dit qu'il doit y avoir un moyen pour limiter les nuisances liées à ce type d'appareil.

Après une pause de 4 ans (quand même !) sans téléphone portable ni smartphone, elle s'est dit qu'il était possible de proposer un mode de vie sain et vivable tout en réduisant nos usages des technologies numériques.

Selon Karine Mauvily, nous ne sommes donc pas sans ressources face au déferlement des innovations numériques. Nous pouvons choisir — pour nous et pour la société — de moduler notre rapport aux dispositifs digitaux (en particulier les ordinateurs et téléphones portables, mais aussi les tablettes et autres montres ou objets connectés).

Un peu partout, des prises de conscience

La discussion critique sur les technologies numériques s'étend sur plusieurs "fronts", et notamment :

Des "repentis" de l'industrie numérique elle-même (dirigeants de Facebook et autres).

Des collectifs comme Pièces et main-d'œuvre ou Oblomoff, en France.

Bien sûr, des intellectuels individuels.

Des médecins et des psychologues également, eux aussi parfois regroupés en collectifs, comme la Cose (Collectif surexposition écrans).

Des praticiens de tous les métiers touchés par la numérisation de leurs fonctions, parfois rassemblés (comme dans le collectif Écran total).

Parmi eux, des enseignants se battent contre l'échec de la numérisation à l'école (Karine Mauvily a d'ailleurs écrit un précédent livre à ce sujet : Le désastre de l'école numérique).

Des utilisateurs déçus de Google, de Facebook ou d'autres plateformes qui appellent au désabonnement.

Même certains patrons dénoncent la concurrence déloyale des géants du Web, les GAFAM (pour Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).

Qu'est-ce que le cyberminimalisme ?

Le cyberminimalisme est, selon Karine Mauvily :

"Un style de vie qui cherche à minimiser la présence du numérique dans nos vies pour nous faire gagner du temps, du bien-être et de la liberté. Il s'agit d'agrandir notre zone non numérique dès que cela est possible." (Cyberminimalisme, p. 20)

Le terme vient de "cyber-", qui a donné "cybernétique" dans les années 1940 sous l'impulsion du mathématicien Norbert Wiener. Ce terme est emprunté au Grec ancien où il signifie "piloter", "gouverner" ou "diriger".

Ne laissons pas la cybernétique gouverner nos vies ! Soyons prudents face aux sollicitations constantes des mondes numériques et reprenons la place du pilote. Telle est l'idée.

Si vous voulez en savoir plus au sujet des dangers du numérique et de l'addiction qui peut en découler, lisez la chronique du livre Le bug humain.

Les 7 principes cyberminimalistes

Pour récupérer du contrôle sur nos existences numérisées, Karine Mauvily dresse un inventaire de sept principes :

Le minimum d'objets connectés, achetés à l'occasion.

Pas de téléphone portable avant 15 ans.

Refuser de se laisser remplacer par des logiciels.

Fournir le minimum de données.

Vivre sa vie sans l’enregistrer.

Pratiquer la cyberpolitesse.

Ne pas agir seul (pour une brève explication de chaque principe, voir p. 22-27).

Les avantages du cyberminimalisme

L'auteure considère qu'il y a au moins 5 avantages à l'adoption de ce mode de vie :

Temps gagné = contrairement à ce que nous pouvons penser spontanément, nous gagnons peu de temps à utiliser les solutions clés en main proposées par les applications. Par contre, notre temps d'écran quotidien a explosé et nous fait perdre beaucoup d'heures de la journée.

Bien-être augmenté = l'addiction aux dispositifs numériques est bien documentée maintenant. Elle génère des sentiments négatifs (anxiété, solitude, etc.) dont nous pouvons nous délivrer.

Efficacité retrouvée = c'est une vérité qui se fait de plus en plus jour, nous travaillons mieux quand nous sommes déconnectés.

Liberté préservée = eh oui, les plateformes savent beaucoup, beaucoup de choses sur vous. Pourquoi leur donner toutes ces informations et leur permettre de vous tracer pour vous vendre tel ou tel produit ?

Environnement protégé = la pollution liée au numérique est de plus en plus visible. Les ressources nécessaires pour produire nos dispositifs et soutenir nos échanges en ligne sont en quantité limitée et nous devons en prendre soin.

Chapitre 1 — L’équipement cyberminimaliste

Karine Mauvily ironise : il ne s’agit pas de retourner à la bougie, mais bien de réduire sa dépendance aux outils numériques. Autrement dit, le cyberminimaliste ne nie pas leur intérêt, mais cherche à en circonscrire la portée et le nombre. Voyons comment.

Pourquoi réduire notre stock d'objets connectés ?

Parce que le "tout-numérique" (notamment via l'internet des objets) crée :

Une pression écologique insoutenable ;

Une exposition accrue au piratage ;

Des coûts économiques importants.

Au niveau écologique, d'abord :

"Un Européen aisé se débarrasse d'environ 20 kilos de déchets électriques et électroniques chaque année, n'en déposant que 7 kg en déchetterie. La biodiversité est anéantie par les sites d'extraction de minerais, les sols et rivières sont pollués dans les pays d'export des déchets. Le mot "dématérialisation" accolé aux politiques de numérisation est un mensonge pur et simple." (Cyberminimalisme, p. 37)

L'auteure s'offusque de certains discours, comme celui qui veut qu'imprimer soit moins écologique que lire sur écran. C'est faux ! Parfois, lire sur papier est moins gourmand en énergie que lire directement sur ordinateur.

De façon plus générale, la "dématérialisation" n'aura pas lieu par miracle, mais uniquement si nous réduisons le nombre de nos dispositifs numériques connectés.

Sur le plan du piratage, "chaque nouvel objet connecté qui pénètre chez nous est une porte d'entrée pour la cybercriminalité", dit Karine Mauvily. Pourtant, nous ne nous en rendons pas souvent compte.

Concernant les économies, cela paraît par contre plus évident à chacun : nous consommons aujourd'hui beaucoup plus de technologies numériques qu'il y a 10 ou 15 ans. Pour l'auteure, mieux vaut opter pour des outils d'occasion et faire preuve d'une certaine frugalité en :

Ne renouvelant pas le matériel que vous n'utilisez pas ou peu ;

Achetant d'occasion (reconditionné) ;

Évitant l'achat de gadgets ;

Groupant les achats/ne dupliquant pas le matériel informatique ;

Retardant l'équipement des enfants.

Réduire notre empreinte numérique : mode d'emploi

Commencez par tout noter — avec un calepin et un stylo ! Quoi ? Tous les dispositifs (de l'ordinateur à la bouilloire) électroniques, informatiques ou simplement mécaniques que vous avez chez vous. Pièce après pièce, faites "l'inventaire de vos machines avant réduction" (un tableau illustratif est proposé page 45) dans votre maison.

Une fois l'inventaire réalisé, faites le tri proprement dit. Supprimez :

Les doublons (une télévision, c'est largement suffisant, non ?) ;

Les appareils qui n'ont pas servi plus d'une fois dans l'année ;

Ceux qui peuvent être remplacés par une alternative manuelle.

À chaque phase, Karine Mauvily donne en exemple le cas de sa famille. Elle affirme avoir réduit 25 % du stock d'objets inutiles chez elle.

Troisième étape : la remise en circulation. Si vous le pouvez, ne jetez pas (ou à la déchetterie, au minimum). Recyclez, quand l'option vous en est offerte. Par exemple, en donnant les objets qui fonctionnent encore ou en les envoyant dans des recycleries.

Toutefois, pour l'auteure, la revente en ligne n'est pas ce qui est de plus fiable. Préférez plutôt la revente directe, comme il vient d'être indiqué (directement à la ressourcerie ou dans une recyclerie près de chez vous).

Quatrième étape : si vous devez acheter, achetez d'occasion. Ou si vous ne pouvez vraiment pas vous retenir d'acheter du neuf, cherchez à acheter du modulaire, qui permet un remplacement plus facile des composants (pour un téléphone mobile, par exemple).

Adopter le smartphone allégé

Le smartphone est un couteau suisse. Oui, mais… C'est bien ça le problème : "ses nombreuses fonctions nous ramènent à lui en permanence, au-delà du raisonnable". Pour limiter son utilisation, "allégez-le" en vous dotant :

D'une montre à poignet ;

D'une calculatrice old school ;

D'un réveil ;

D'un calepin ou agenda papier ;

D'une radio classique ;

D'un miroir ;

D'un répertoire téléphonique "papier".

En plus de cela, pensez à désinstaller les logiciels qui ne vous servent pas ou plus. Veillez tout particulièrement — si vous voulez suivre jusqu'au bout les conseils de Karine Mauvily — à supprimer tous les services Google qui vous tracent à coup sûr (nous allons revenir sur ce point plus bas).

Libérer nos appareils des géants de la Tech

C'est un autre aspect important, en effet. Vous pouvez chercher à utiliser des logiciels libres, dont "les codes sources restent ouverts, consultables et modifiables".

Mais attention : leur installation et leur utilisation peuvent parfois devenir chronophages. Cela doit donc être véritablement utile. Pour l'auteure :

"Ce sont deux zones de liberté à conquérir : la zone non numérique à agrandir, la zone numérique à libérer de ses monopoles." (Cyberminimalisme, p. 59)

Pour commencer à vous libérer des monopoles, vous pouvez opter pour un :

Système d'exploitation libre (type Linux) ;

Navigateur Internet libre (type Firefox) ;

Moteur de recherche respectueux de votre vie privée (il y en a plusieurs, tels que DuckDuckGo ou Startpage, par exemple).

Pour vos téléphones portables, c'est pareil ou presque. Le pire étant ici Android, véritable "cheval de Troie" de Google. Apple (et son système iOS) ne semblent pas tracer — pour l'instant au moins — ses utilisateurs.

Voici les 6 options à considérer pour votre mobile, de la moins à la plus cyberminimaliste :

Acheter et utiliser un téléphone Android et l'utiliser tel quel ;

Choisir un iPhone ;

Guetter les smartphones sous système d'exploitation libre (qui arriveront prochainement sur le marché) ;

Choisir un Android et feinter Google (en migrant tout ce qui est possible vers le libre, notamment via le magasin d'applications libres F-Droid) ;

Garder un téléphone portable simple (non "smart") ;

Ne pas avoir de téléphone portable (voir l’argument complet p. 65).

Chapitre 2 — Pas de téléphone portable avant 15 ans

L’auteure raconte l’histoire d’une petite voisine qui, après avoir reçu un smartphone, a perdu toute spontanéité et présence auprès des autres.

Le danger du "piratage de cerveau" (brain-hacking) est réel. L'enfant a besoin de s'ennuyer et d'inventer des jeux pour grandir normalement ; pas de téléphone. Pour Karine Mauvily, la règle "Pas de téléphone portable avant 15 ans" doit donc être suivie.

Les limites d'âge définissent l'enfance

Il y a une foule de choses que nos enfants peuvent ou ne peuvent pas faire en fonction de leur âge, dont se marier et boire de l'alcool, par exemple. Lorsque vous achetez un jouet ou que vous vous apprêtez à regarder un film avec votre bambin, vous regardez aussi quels sont les âges préconisés.

De façon plus générale, poser des limites est sain et fait partie de la construction de l'enfant. Malheureusement, ces limites sont quasi inexistantes sur Internet.

Les impacts de la connexion précoce de mieux en mieux connus

Voici quelques effets négatifs des écrans, établis par des experts, sur les plus jeunes d'entre nous :

Un fort sentiment de dépendance ;

Une exposition à la publicité (et, par ce biais, aux produits gras, sucrés, etc.) ;

De moins bons résultats scolaires ;

Une santé physique et morale en berne.

Pour en savoir plus à ce sujet, vous pourriez également être intéressé par notre chronique de La Fabrique du crétin digital.

Pas d'objets connectés personnels avant 15 ans : la mise en pratique

Pas facile tous les jours, bien entendu, de maintenir le cap ! Et, soyons clairs : pour l'auteure, cela ne signifie pas couper complètement l'enfant de l'univers numérique ou de leurs copains.

Pour ce faire, l'enfant pourra utiliser l'ordinateur familial et surfer sur Internet à cette occasion. Il est aussi recommandé de réhabiliter le téléphone fixe dans la maison pour qu'il puisse recevoir des appels privés.

Il y a plus : pour Karine Mauvily, les enfants doivent aider aux tâches ménagères et être amenés à la lecture. Par ailleurs, il est aussi souhaitable de :

Les inscrire à une activité sportive ;

Se balader en famille (sans mobile) ;

Manger en famille (sans écran).

Lorsque l'enfant a accès à un écran d'ordinateur collectif, il faut en fixer la durée et les plages horaires. Bien sûr, il est aussi important de donner soi-même l'exemple en tant que parent !

Voici quelques autres propositions de l'auteure :

Jouer à des jeux de société ;

Écouter de la musique en famille ;

Imprimer les photos de vacances et faire des albums ;

Proposer des "récompenses" sociales (fêtes d'anniversaire, invitations à dormir, etc.).

Karine Mauvily est également prudente face à la numérisation du milieu scolaire, à la fois néfaste pour les enfants et les enseignants. Ce n'est pas toujours simple, mais il faut oser résister.

Que font les pouvoirs publics ?

Malgré des études aux résultats toujours plus inquiétants, les États continuent à vouloir numériser massivement le système éducatif. Tous les Français sont de surcroît poussés à la consommation de ce type d'appareil, qui reçoit la bénédiction des pouvoirs publics (surtout s'il s'agit de French tech).

Il y a des régulations : par exemple, la "majorité numérique" stipule qu'un enfant ne peut pas ouvrir un compte seul sur un réseau social avant 15 ans. Mais c'est largement insuffisant, du moins pour Karine Mauvily.

Chapitre 3 — La communication cyberminimaliste

Connaissez-vous le phubbing (contraction de phone et snubbing, snober) ? C'est lorsque quelqu'un vous interrompt ou coupe la conversation pour répondre à une notification de son téléphone (appel ou autre).

Au-delà, comment retrouver une communication plus vivante et plus polie ?

Problème numéro 1 : le phubbing

Nous venons de le voir : c'est le phénomène d'être avec quelqu'un tout en agissant sur son téléphone en même temps. Nous pensons pouvoir rester attentifs, mais c'est faux. En outre, cela crée une gêne et un sentiment d'exclusion ou de frustration de l'autre personne.

La solution ? Ne pas utiliser son téléphone portable comme un malpropre ! Voici quelques règles de cyberpolitesse suggérées par l'auteure :

Se rendre à un rendez-vous avec un ami sans téléphone (ou, à défaut, le mettre en sourdine) ;

Terminer une conversation téléphonique avant d'entrer dans un commerce ;

Quitter sa place dans un train pour téléphoner ;

Ne rien écrire sur Internet que nous n'oserions pas dire en face (p. 112-113).

Problème numéro 2 : l'e-réputation à la dérive

Un hacker ou quelqu'un de mal intentionné peut savoir beaucoup de choses sur vous rien qu'en observant vos réseaux sociaux. Mais pas seulement ! Pensez aussi que les recruteurs sont extrêmement nombreux (93 %) à aller jeter un œil du côté d'Internet pour vérifier le profil d'un candidat.

"Retenons comme un mantra : tout ce que nous publions sur Internet devient notre CV, et dans la plupart des cas, nous ne pouvons pas l'effacer." (Cyberminimalisme, p. 114)

Les solutions sont peu nombreuses pour remédier à une mauvaise réputation sur Internet. Nous avons, en Europe, un droit à l'oubli, mais il n'est pas aisément mis en œuvre par les plateformes des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft).

Il existe d'autres bases juridiques, comme la diffamation ou l'atteinte à la vie privée. Mais vous devrez souvent vous battre pendant longtemps avant d'obtenir gain de cause.

Au-delà (ou en deçà) de ces solutions de dernier recours, il existe une formule simple : renoncer au life-log, c'est-à-dire à l'étalage (via le téléchargement) de sa vie sur Internet. Voulez-vous vraiment devenir "le rédacteur en chef de votre propre vie" ?

Ce temps d'attention que vous donnez aux réseaux sociaux est perdu. Et l'image de vous-même qui en sort n'est pas si bénéfique. Il est normal et sain de se fabriquer des identités, mais les identités numériques sont très fragiles et causent souvent de fortes doses d'anxiété.

Problème numéro 3 : trop de messages, des liens moins profonds

"C'est le paradoxe de notre époque : nous communiquons plus que nous ne l'avons jamais fait, pourtant le sentiment de connexion aux autres n'est pas réellement amélioré." (Cyberminimalisme, p. 121)

Demandons-nous quelles sont les personnes que nous voulons avoir dans notre vie et communiquons en priorité avec elles. Optons donc pour le nombre de Dunbar (le nom d'un anthropologue) : 150 relations en moyenne.

Cette "galaxie relationnelle" est composée de plusieurs "couches de relations" (des plus proches aux plus lointaines). Si elle reste constante en nombre, il est tout à fait possible, en revanche, que certains noms changent au cours du temps.

Parmi ces personnes (si vous faites la liste, comme le préconise l'auteure dans le livre, p. 124), lesquelles sont sur Facebook ? Ne gardez qu'elles et privilégiez deux réseaux sociaux maximum.

Réhabituez-vous également, si le cœur vous en dit :

À l'art des coups de fil et des visites ;

Ou à celui des lettres manuscrites !

Finalement, Karin Mauvily traite de la question des réseaux sociaux d’entreprise (souvent moins efficaces que ce qui était espéré) et de la possibilité de quitter certains réseaux comme Facebook.

Chapitre 4 — Cyberminimalisme au travail

Il existe trois enjeux pour le cyberminimalisme relativement au travail. Voyons tout de suite lesquels.

Défi numéro 1 : rester concentré

L'attention se dissipe, l'énergie s'en va… Face à tous ces écrans, nous ne savons plus où donner de la tête. Mais il existe des solutions assez simples pour s'y retrouver.

Premier conseil, classique : ne pas recevoir de notifications lorsque vous travaillez. Pour l'auteure, mieux vaut se passer du téléphone tout court (pendant les plages de labeur, mettre le téléphone dans une autre pièce, en silencieux).

Vous voulez tester votre niveau de proximité à votre smartphone ? Remplissez le tableau p. 148 !

Autres conseils pour améliorer l'attention (d'après Jean-Philippe Lachaux, cité par l'auteure) :

Fractionner ses activités de la journée en minimissions ;

Formuler très clairement son intention pour chaque mission ;

Donner à chaque mission une heure précise de fin.

Pour les mails, perdez l'habitude d'ouvrir votre boîte le matin — un conseil de Thimothy Ferris ! Consultez-les plutôt en fin de journée ou avant une pause, lorsqu'une mission est achevée.

Défi numéro 2 : déconnecter pour éviter le burn-out

Trop de connexions et la surchauffe guette ! Vous avez pensé à faire une pause en milieu de matinée ? C'est pourtant une très bonne idée, assez simple à mettre en œuvre.

Bien sûr, ce n'est pas tout — et pas suffisant, dans bien des cas. Pensez aussi à organiser des réunions sans portable et à vous déconnecter après le travail. C'est dans la loi, vous en avez le droit — ne l'oubliez pas (même si son application pose quelques problèmes qui sont mentionnés dans le livre p. 152 notamment).

Karine Mauvily plaide également pour un droit à la non-connexion. Est-il envisageable, aujourd'hui, de ne pas avoir de boîte mail ? Pas si sûr. Même pour avoir une ligne fixe, il faut désormais se connecter avec une "box". Pourtant, il est capital de penser ce droit, qui est une liberté fondamentale, pour l'auteure.

Défi numéro 3 : ne pas se laisser remplacer

Quand le débat sur la numérisation des professions aura-t-il lieu ? C'est vrai pour l'école, qui intéresse beaucoup Karine Mauvily, mais ça l'est aussi pour bien d'autres métiers.

À l'hôpital ou dans les administrations publiques, c'est pareil : de plus en plus de dispositifs numériques deviennent obligatoires, sans qu'il y ait vraiment de justification à cela. Le travail devient abrutissant, car il consiste à assister des logiciels.

La pression sociale est forte, mais il est important de voir que l'envie de numérisation n'est pas uniformément répandue dans la société. Et que cette résistante mérite d'être entendue !

D'où l'importance de ne pas agir seul (septième principe cyberminimaliste), de constituer des collectifs (ou d'en faire partie) et de créer le débat, notamment au sein des syndicats.

Chapitre 5 — Achats et loisirs cyberminimalistes

Il y a moyen de faire des achats, de passer ses vacances et ses soirées de façon sobre, numériquement parlant. Pas besoin d'être derrière un écran à la recherche de la dernière appli à la mode !

Les achats cyberminimalistes

Il nous faut prendre conscience que nous sommes environnés par les entreprises venues de Californie. "Dans le monde entier, les responsables de communication des entreprises, des services publics, des start-up, semblent confondre modernité et intérêts californiens", rappelle l'auteure.

Chaque achat numérique nous renvoie vers des conditions d'accès, contrats et autres conditions d'utilisation qui font souvent plusieurs milliers de signes et qui sont difficiles à lire. Qu'achetons-nous ? À quoi nous engageons-nous ? Nous ne le savons pas vraiment.

Autre point important : les achats en ligne. Nous participons à la destruction des petits commerces, voire de marchés entiers. Pourtant, nous aimons nous rendre dans une librairie ou dans un magasin… Alors pourquoi ne pas y retourner ?

N'oublions pas non plus de faire attention lorsque des données nous sont demandées par les commerçants (en ligne ou réels).

Les vacances cyberminimalistes

La déconnexion totale n'est pas forcément bonne, car elle crée le manque qui appelle l'obsession. Il est par contre plus intéressant de regarder comment limiter notre rapport :

Aux sites "parasites" tels que Booking ou dans une moindre mesure Airbnb ;

Aux systèmes d'évaluations réciproques ;

Ainsi qu'aux applications qui veulent (trop) nous "faciliter la vie" en vacances (comme les GPS, par exemple) ;

Et enfin aux photographies, que nous prenons en masse — mais pourquoi, au juste ?

Les soirées cyberminimalistes

Souvent, la télévision nous déprime et nous donne un sentiment d'inachèvement. "Nous rêvons d'autre chose", dit l'auteure. Comment mettre en place de nouvelles routines, plus créatives ?

Voici quelques options :

S'offrir trois soirées sans écrans par semaine (et en profiter pour commencer une activité sociale, ludique, créative, sportive, technique, etc.) ;

Varier les plaisirs numériques (en ne visionnant qu'un seul film par semaine, en allant au cinéma et en modérant notre goût pour les séries ou le sport en se fixant une consommation d'un match//épisode par semaine) ;

Surfer sur Internet de façon raisonnable et responsable (à la fois écologique et sociale).

Karine Mauvily propose un tableau (qu'elle remplit en donnant son exemple) pour "choisir ses usages de la Toile", p. 198.

Quelques défis cyberminimaliste

Voici quelques rappels de ce que l'auteure a déjà proposé durant l'ouvrage, accompagné de quelques nouveautés :

Acheter des journaux papier et s'installer pour lire à la terrasse d'un café ;

Écouter la radio ;

Imprimer ses billets de train ;

S'ennuyer dans une salle d'attente ;

Faire une cure de désinformation (ni internet, ni journaux, ni télévision) ;

Transformer tout achat projeté sur Internet en un achat en ville.

Conclusion — Que faire collectivement ?

Cyberminimalisme versus dataïsme

Le dataïsme est la religion de certains grands patrons de la Silicon Valley. Ceux-ci souhaitent vivre éternellement en téléchargeant leurs esprits dans des espaces numériques.

Lisez la chronique de Homo Deus à ce sujet ! L'intelligence artificielle se répand et avec elle les rêves d'immortalité les plus fous des transhumanistes.

Nous ne sommes jamais consultés

Un fait est là : les citoyens ne sont pas consultés sur la numérisation de la société et sur l'utilisation à grande ampleur de l'intelligence artificielle. Qui, nous dit-on pourtant, est potentiellement dangereuse !

Il semble que les entreprises qui les commercialisent aient réussi à faire passer toute cette évolution pour quelque chose de très naturel et d'irréversible.

Pourtant, nous pourrions en débattre et opter pour d'autres options, moins high-tech, plus durables, etc. Au moins, nous devrions avoir le droit d'en discuter collectivement.

Des pistes d'actions collectives

Voici quelques pistes d'actions à mettre en place au niveau collectif :

Lutter pour un droit à la non-connexion ;

Faire fleurir les boutiques de matériel d'occasion ;

Installer en ville des espaces publics numériques (où trouver de l'aide) ;

Renoncer à la numérisation de l'école ;

Se questionner sérieusement sur l'idée de machines éthiques (IA).

Karine Mauvily fait le vœu que la génération Y (nés dans les années 1980 et abreuvés de télévision) soit capable d’élever des enfants avec l’idée de modération numérique. Cette génération Alpha (enfants nés dans les années 2010) saura, espérons-le, reprendre en main le numérique.

Conclusion sur "Cyberminimalisme. Face au tout-numérique, reconquérir du temps, de la liberté et du bien-être" de Karine Mauvily :

Ce qu'il faut retenir de "Cyberminimalisme. Face au tout-numérique, reconquérir du temps, de la liberté et du bien-être" de Karine Mauvily :

Rappelons tout d'abord les 7 principes cyberminimalistes mis en avant par Karin Mauvily :

Le minimum d'objets connectés, achetés à l'occasion.

Pas de téléphone portable avant 15 ans.

Refuser de se laisser remplacer par des logiciels.

Fournir le minimum de données.

Vivre sa vie sans l'enregistrer.

Pratiquer la cyberpolitesse.

Ne pas agir seul.

Ce livre qui complète de façon très intéressante, à la fois :

Les critiques du monde numérique, telles que La fabrique du crétin digital, Le Bug humain (déjà cité) ou bien Apocalypse cognitive ;

Les ouvrages sur l'organisation et la gestion du temps, tels que Savoir s'organiser ou encore l'indémodable La semaine de 4 heures.

Vous y trouverez une recherche de juste milieu visant à accroître notre "zone non numérique", tout en prenant en main notre "zone numérique".

L'auteure ne propose pas de critique radicale de la technologie numérique. Elle cherche plutôt à rendre l'existence contemporaine plus vivable et agréable en limitant nos usages et en évitant le gaspillage.

Points forts :

Une bibliographie intéressante ;

Des tableaux et conseils pratiques ;

Une écriture simple, mais qui aide à réfléchir.

Point faible : 

Pour certains d'entre vous, il ne sera pas pertinent d'appliquer toutes les règles recommandées. En effet, cela dépend de votre goût pour l'informatique ainsi que du travail que vous effectuez. Mais le plus important est de pouvoir y penser et de choisir vos pratiques consciemment. Et en cela, aucun doute, le livre vous aidera !

Ma note :

★★★★★

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Mon, 06 Nov 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12639/Cyberminimalisme
Ce dont je suis certaine http://www.olivier-roland.fr/items/view/12636/Ce-dont-je-suis-certaine

Résumé de "Ce dont je suis certaine" d'Oprah Winfrey : un livre d'introspection et de développement personnel par l'une des personnalités les plus aimées des états-uniens, "La" productrice et présentatrice de télévision qui a interviewé les plus grands de ce monde avec bienveillance et empathie.

Par Oprah Winfrey, 2022, 224 pages.

Titre original : "What I know for sure", 2014.

Chronique et résumé de "Ce dont je suis certaine" d'Oprah Winfrey

Qui est Oprah Winfrey (en quelques mots) ?

Oprah Winfrey est née le 29 janvier 1954 à Kosciusko (Mississippi). Elle est animatrice et productrice de télévision, mais pas seulement ! Elle a aussi produit des films et joué dans plusieurs films.

Par ailleurs, elle s'occupe de presse écrite : elle travaille également comme critique littéraire et éditrice de magazines.

Elle a connu la célébrité avec son talk-show The Oprah Winfrey Show, un programme produit par sa propre société : Harpo Productions.

Dans les années 1990, elle décide de focaliser son émission autour de la littérature, du développement personnel, de la spiritualité et de la méditation. C'est un succès.

En 2011, The Oprah Winfrey Show est considéré comme le programme le plus regardé dans l'histoire de la télévision.

Elle gagne de nombreux prix (pour son show, ainsi qu'une nomination aux Oscar pour sa prestation d'actrice) et est classée comme la femme afro-américaine la plus riche du XXe siècle.

En 2006, elle soutient activement la candidature de Barack Obama à la présidence des États-Unis.

Introduction

Un jour, le critique de cinéma Gene Siskel demande à Oprah Winfrey : "Dites-moi, de quoi êtes-vous certaine ?". Cette question la perturbe et elle ne sait quoi répondre sur le moment.

Malgré son expérience des interactions à la télévision, elle n'a pas tellement l'habitude d'être dans le rôle de l'interviewée !

Toutefois, elle y pense. Et elle y pense tellement qu'elle décide d'en faire une interrogation centrale de son existence et d'en faire l'objet d'une chronique dans la revue O.

Chaque semaine, elle écrit sur ce qu'elle estime savoir de source sûre. Puis, après 14 ans, elle décide de reprendre tout ce matériau et d'en faire le livre que vous tenez entre les mains (ou plutôt, pas encore !, car c'est le résumé que vous lisez ici).

Lorsqu'elle a révisé les textes, elle a été satisfaite de constater qu'elle n'a pas dû modifier énormément d'éléments. C'est ce qu'elle exprime par ces mots :

"J'ai le bonheur de vous dire que ce que j'ai découvert en révisant l'équivalent de quatorze années de chroniques, c'est que lorsqu'on sait une chose, qu'on la sait vraiment, elle a tendance à réussir l'épreuve du temps." (Ce dont je suis certaine, Introduction)

Voyons donc, point par point, ce savoir révélé par la célèbre présentatrice télé.

La joie

Oprah Winfrey commence par raconter une anecdote à propos de Tina Turner. Elle aurait voulu suivre la rockeuse dans ses tournées et vivre sa vie. Elle ne l'a pas fait, mais elle a eu la chance de la rencontrer et de chanter avec elle, à une occasion.

Cela lui a procuré beaucoup de joie. Et elle se sent fière d'avoir réussi à laisser tomber sa timidité pour profiter de l'instant présent avec la star.

L'animatrice "prend ses plaisirs au sérieux". Mais elle se sent vite contentée, car elle a besoin de peu :

"Un rien fait mon bonheur, car je tire satisfaction de tant de choses que je fais. J'accorde plus de prix à certaines choses, bien entendu. Et comme je m'efforce de mettre en pratique ce que je prêche — vivre l'instant présent —, je suis consciente la plupart du temps de tout le plaisir que je reçois." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 1)

Le fait de connaître et surtout de se créer des expériences quatre et cinq étoiles vous donne le sentiment d'être béni. Voici quelques exemples donnés dans l'ouvrage :

Une bonne tasse de café avec une crème de noisettes parfaite = quatre étoiles.

Se promener dans les bois avec les chiens (sans les lâcher) = cinq étoiles.

Se réveiller "avec toute sa tête" et être capable de mener sa journée = cinq étoiles.

Lire le journal sous un chêne = quatre étoiles.

Lire un excellent livre = cinq étoiles.

À vous d'inventer vos expériences 4 et 5 étoiles !

Votre niveau de plaisir est déterminé par la façon dont vous considérez votre existence. Et c'est un cercle vertueux : "ce que nous donnons nous revient", dit-elle encore.

Oprah Winfrey adore le mot "délicieux" et l'applique aux expériences qui la renforcent ou la marquent. C'est le cas d'un cadeau que lui a fait une amie, le jour de son 59e anniversaire.

Autre exemple : la nourriture. Qui n'aime pas manger ! L'autrice adore ça, et surtout la cuisine authentique de Rome. Bien accompagnée, d'amis et de bon vin, un bon repas est une expérience incroyable, proprement "délicieuse".

Toutefois, son rapport à la bonne chère n'a pas toujours été facile. Oprah Winfrey a pesé plus de cent kilos et a dû changer son mode de vie pour se sentir mieux dans son corps. L'entraînement et le jardinage (ainsi que les légumes frais qui en résultaient) l'ont beaucoup aidée.

D'autres expériences sont racontées :

L'adoption de chiots ;

Le simple fait d'allumer un feu ;

Son amitié avec Gayle King ;

Ses exercices spirituels.

Elle insiste finalement sur le point central : vivre l'instant présent. Voilà ce qui permet de ressentir la joie au quotidien et d'amplifier ses expériences à tous les niveaux.

La résilience

Oprah Winfrey est née en 1953 dans le Mississippi, de parents non mariés. Sa mère n'a rien dit de sa grossesse à son entourage jusqu'au jour de l'accouchement. "Ma naissance a été marquée par le regret, la dissimulation et la honte", dit-elle.

Elle a vécu son enfance avec ses grands-parents, en se sentant énormément seule. Non pas qu'elle n'ait eu personne autour d'elle, mais elle sentait qu'elle devait se construire seule.

Guérir ce type de blessure fait partie des défis de la vie les plus importants. Il est nécessaire de comprendre ce qui s'est produit en vous, comment d'autres vous ont "programmé", afin d'apprendre à modifier cette "programmation" (via la programmation neurolinguistique, notamment).

Les problèmes que nous rencontrons sur notre chemin sont des occasions pour apprendre et nous construire une vie meilleure. Rester dans l'instant présent vous aide à ne pas surinterpréter les événements et à surmonter les obstacles lorsqu'ils se présentent.

Oprah Winfrey raconte une autre expérience traumatisante : les viols d'abord, auxquels ont succédé une grossesse non désirée et la mort de l'enfant, peu après sa naissance. Elle n'avait que 14 ans à ce moment-là (et les attouchements ont commencé lorsqu'elle avait 10 ans seulement).

L'animatrice cachait cet aspect de sa vie. Pourtant, un jour, une personne de sa famille a "vendu" l'histoire à des tabloïds. Elle en a été détruite. Mais elle a tenu bon et a été étonnée de l'empathie que son entourage personnel et professionnel a témoignée à son égard.

Elle revient ensuite sur ses débuts à la télévision. Elle dit avoir fait beaucoup d'erreurs. Notamment, elle a parfois confondu fierté personnelle et égo. Mais elle a compris petit à petit comment agir, vis-à-vis d'elle-même et des autres.

Voici quelques pratiques qu'Oprah Winfrey a mises en place pour se tranquilliser et qu'elle conseille à chacun :

Une bonne dose de calme au moins une ou deux fois par jour, 20 minutes le matin et 20 minutes le soir. Cela aide à mieux dormir et à se concentrer plus profondément, cela stimule la productivité et alimente la créativité.

La respiration est essentielle : elle est un point d'ancrage qui permet de nous centrer en cet instant précis. Chaque fois que vous faites une rencontre qui implique la moindre tension, arrêtez-vous, inspirez profondément puis relâchez l'air et la pression.

Relativiser : votre meilleur varie d'un jour à l'autre en fonction de votre état d'esprit. Peu importe, donnez le meilleur de vous-même en toute circonstance. De cette façon, vous ne créerez ni culpabilité ni honte.

Vivez de telle sorte qu'à la fin de chaque journée, vous puissiez dire : "J'ai fait de mon mieux". Voilà la grande œuvre d'une vie.

"Réfléchissez un instant à votre propre histoire — pas uniquement à l'endroit où vous êtes né ou vous avez grandi, mais aux circonstances qui vous ont amené à vous trouver ici même aujourd'hui. Quels sont, chemin faisant, les instants qui vous ont blessé ou affolé ? Selon toutes probabilités, vous en avez connu quelques-uns. Voici néanmoins ce qu'il y a de remarquable dans tout cela : vous êtes encore là, et debout." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 2)

Les relations

Nous avons tous le besoin d'être estimés, compris, aimés. Nous recherchons souvent cela dans les relations. Et, pour une part, nous avons raison. Mais cela ne peut fonctionner réellement que si nous nous aimons déjà au préalable.

Cela peut paraître étrange, mais ce besoin d'être aimé doit commencer par un amour à se donner à soi-même. Sinon, vous ne serez pas en mesure de recevoir l'estime, la reconnaissance ou l'amour d'autrui.

Pourtant, nous faisons tous des caprices pour être reconnus de nos semblables. C'est l'une des motivations principales de nos actions. Mais — l'autrice y insiste — vous devez commencer par regarder en vous-même et affirmer votre propre existence.

Oprah Winfrey aborde ensuite la question de la communication dans les relations. Elle considère que communiquer est comme une danse. Elle prône une forme de communication non violente où les mots suivants sont importants :

"Que veux-tu au juste ?"

"Je te comprends."

Elle avoue également qu'elle "n'a jamais été une personne sociable", ce qui peut étonner lorsque nous connaissons son parcours ! Et pourtant, elle affirme qu'il a été difficile pour elle de créer ou de maintenir des liens d'amitié ou d'amour pendant de longues années.

C'est grâce à un déménagement et à l'influence de son voisinage bienveillant qu'elle a recommencé à se reconnecter aux autres, à rire, à sortir.

Oprah Winfrey aborde ensuite la question de l'amour. Elle commence par affirmer que l'amour est partout. "L'amour romantique n'est pas la seule forme qui en vaut la peine", même s'il est important. L'amour existe sous bien d'autres formes dans l'univers et vous pouvez aimer et être aimé de bien des manières.

Parfois, l'auteure marche dans son jardin et sent que tous les arbres vibrent d'amour. Il est toujours disponible pour ceux qui le demandent. Ce type de manifestation est la confirmation que quelque chose de plus grand que nous est à l'œuvre.

Ce sont des miracles de la vie qui se produisent tous les jours et que nous pouvons apprendre à capter en vivant l'instant présent.

"Lorsque vous vous faites un devoir toute votre vie d'aimer les autres, il n'y a jamais de dernier chapitre, car l'histoire se poursuit. Vous prêtez votre lumière à quelqu'un d'autre, qui éclaire une autre personne et une autre, et encore une autre. Et j'ai la certitude qu'en dernière analyse — lorsque les listes de choses à faire ne tiendront plus, que la frénésie sera terminée, que notre boite de courriels sera vide —, la seule chose qui aura encore de la valeur dans notre vie sera de savoir si nous avons aimé d'autres personnes et si d'autres personnes nous ont aimés." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 3)

La gratitude

Pour la présentatrice, la gratitude constitue une priorité quotidienne. Elle cherche tous les jours des raisons d'être reconnaissante. Et elle n'est jamais déçue !

Oprah Winfrey a tenu un journal de la gratitude pendant une décennie entière, en notant chaque jour cinq choses pour lesquelles elle se sentait reconnaissante.

Voici l'exemple qu'elle donne dans son livre (à la date du 12 octobre 1996) :

"Une course autour de Fisher Island, en Floride, en profitant d'une douce brise rafraichissante.

J'ai mangé du melon bien froid, assise sur un banc au soleil.

Une longue conversation hilarante avec Gayle au sujet de son rendez-vous arrangé avec M. Patate.

Un sorbet en cornet, si savoureux que je m'en suis léché les doigts.

Maya Angelou m'a téléphoné pour me lire un nouveau poème." (Chapitre 4)

Le fait d'apprécier tout ce qui se présente à vous dans la vie change votre existence. Vous rayonnez et générez plus bien-être lorsque vous êtes conscient de tout ce que vous avez, au lieu de vous concentrez sur ce que vous n'avez pas.

Mais sa vie n'a pas toujours été ainsi. Elle se souvient aussi du temps où elle ne ressentait pas ce sentiment de gratitude. Mais peu à peu, notamment en raison de coups durs, elle s'est rendu compte de sa chance : "Mince, je suis encore là, j'ai une autre chance aujourd'hui de bien faire les choses."

Ce dont Oprah Winfrey est certaine, c'est qu'elle a besoin de s'accorder du temps et du repos — de dire merci à son corps et à son esprit, en quelque sorte.

C'et ce qu'elle fait en s'accordant un jour de congé chaque semaine, le dimanche. Elle ne fait rien, laisse son être décompresser tranquillement.

Elle note d'ailleurs que, chaque fois qu'elle a manqué un dimanche, elle a remarqué un net changement dans son humeur pour le reste de la semaine.

L'auteure insiste également sur l'importance de remercier l'univers d'avoir la possibilité de vieillir. Prendre de l'âge n'a rien d'un enlaidissement. C'est une chance.

"Vieillir est la meilleure chose qui me soit arrivée. Dès mon réveil, je vois la prière matinale de remerciement, affichée au mur de ma salle de bains, tirée du livre de Marianne Williamson intitulé Illuminata. Peu importe mon âge, je pense à toutes les personnes qui ne se sont pas rendues aussi loin. Je pense aux gens qui ont été rappelés avant de saisir toute la beauté et toute la majesté de la vie sur la terre." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 4)

Oprah Winfrey dévoile aussi dans ce chapitre plusieurs lettres qu'elle a reçues lorsqu'elle était animatrice de son Oprah Winfrey Show.

Les possibilités

"Comment puis-je exploiter mon potentiel plus à fond ? Voilà une question que je me pose encore, surtout lorsque je contemple ce que l'avenir me réserve", se demande Oprah Winfrey en ouverture de ce chapitre.

Elle se souvient qu'à chaque étape de sa carrière, elle a eu peur, mais qu'elle y est allée malgré tout, dans l'objectif de se développer et d'être fière d'elle-même.

La crainte est notre pire ennemie, c'est elle "qui détient le pouvoir" sur nous, lorsque nous n'osons pas agir. Le plus important consiste à se décider fermement à poursuivre sa route, quelles que soient les embuches. C'est là le véritable courage.

Chaque défi que nous relevons a le pouvoir de nous mettre à genoux. Mais la seule façon d'endurer un tremblement de terre personnel est d'apprendre et de modifier sa position.

L'expérience de l'échec est un cadeau, il nous donne la force de faire un pas à droite ou à gauche à la recherche d'un nouveau centre de gravité. Ne le combattez donc pas. Laissez-le plutôt vous aider à ajuster votre position.

L'animatrice traite encore de plusieurs autres questions dans ce chapitre. Notamment, de son rapport à l'argent, qu'elle considère plutôt sain, car elle sait que ce n'est pas son salaire qui fera son bonheur.

Elle traite aussi de ce qu'elle aime et de ce qu'elle n'aime pas. Par exemple, elle n'est pas du genre à se lancer dans des sports extrêmes. Elle le sait et s'adapte donc : pour elle, l'aventure est une autre chose.

En fait, "le plus grand frisson que nous puissions nous procurer consiste à mener la vie de nos rêves", dit-elle. Or, il existe des opportunités qui, de temps à autre, vous ouvrent la voie. Ayez le courage de les attraper au vol !

Ne laissez pas d'autres personnes vous voler votre pouvoir : aimez-vous d'abord vous-même et n'attendez pas que d'autres vous le manifestent. Montrez au monde ce que vous pouvez faire par vous-même. Faites vos propres choix.

Car ne l'oubliez pas : le temps file à toute allure. Mais cela ne devrait pas vous angoisser. À partir du moment où vous avez pour objectif de grandir intérieurement et de vous accomplir courageusement, tout ira bien.

"Progressez en direction de votre but avec toute la force et toute l'inspiration que vous pouvez déployer. Puis lâchez prise, cédez votre plan d'action à la Puissance qui vous surpasse et laissez votre rêve se concrétiser en tant que chef-d'œuvre indépendant." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 5)

L'émerveillement

Oprah Winfrey raconte comment elle a vécu un moment de calme et d'émerveillement alors qu'elle randonnait avec un ami. Le plus beau, c'est qu'elle avait, le matin même, médité à cette idée : l'essence même de la vie. Pour elle, ce moment de silence complet, en pleine nature, lui offrait une réponse idéale à ce questionnement.

La star du show-business ne le cache pas : elle est croyante. Et pour elle, les miracles importent. Mais ce ne sont pas des miracles comme vous pourrez en lire dans les Écritures, non. Ce sont de simples phénomènes qui nous rappellent la beauté du monde ou l'humanité et la gentillesse de nos semblables.

Pour elle, "la vie ne saurait avoir de véritable signification sans composante spirituelle". C'est quelque chose de sain et de nécessaire à l'être humain. Vous en retrouvez les traces dans les pratiques de méditation et de développement personnel.

Oprah Winfrey évoque également dans ce chapitre l'importance des livres dans son existence. Des livres de tout type, et notamment de poésie. Un poème est une "déclaration inattendue de l'âme".

Autre point important : l'importance de la quête. L'animatrice dit se voir comme une chercheuse. Elle est curieuse, ouverte au mystère de la vie et heureuse de fêter ses 60 ans (lorsqu'elle écrit l'ouvrage, en 2014).

"La plus belle réalisation à mon actif est de ne jamais avoir fermé mon cœur. Même durant les instants les plus sombres de ma vie [...], je suis restée fidèle, remplie d'espoir et disposée à voir le meilleur chez les gens, même lorsqu'ils me montraient leurs pires côtés. J'ai continué de croire que, peu importe le degré de difficulté de l'ascension, il y a toujours moyen de laisser entrer un éclat de lumière pour qu'il illumine le sentier devant soi." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 6)

La clarté

Épictète aurait dit : "Dis-toi d'abord ce que tu veux être, puis fais ce qu'il faut pour le devenir".

Voilà une façon claire de voir les choses. Mais qu'est-ce qu'elle implique ? Qu'il faut savoir dire non. Pourtant, "j'ai mis quarante ans à apprendre à dire non", se souvient Oprah Winfrey.

Pas facile de poser nos limites lorsque nous avons eu une enfance perturbée. Pourtant, il le faut. C'est en examinant nos propres intentions que nous pouvons apprendre à suivre le fil de ce qui nous importe, tout en refusant de céder à celles et ceux qui veulent nous voir suivre leur chemin, ou nous faire agir à leur guise.

Voici une autre leçon à retenir de cela : quelle que soit votre situation actuelle, vous avez joué un rôle majeur dans sa création. Avec chaque expérience, vous construisez votre vie, pensée après pensée, choix après choix, et sous chacune de ces pensées et de ces choix se cache votre intention la plus profonde.

C'est pourquoi, avant de prendre une décision, Oprah Winfrey se pose cette question essentielle — et vous invite à faire de même : "Quelle est ma véritable intention ?"

Lorsque vous ne savez pas quoi faire, ne faites rien jusqu'à ce que la clarté entre en vous. S'immobiliser, méditer, se mettre à l'écoute de sa propre voix permet d'entrer plus rapidement en contact avec cette intention qui vous anime.

Une fois que vous avez décidé ce que vous voulez, engagez-vous et donnez tout ce que vous pouvez.

Par contre, si quelqu'un vous demande de faire quelque chose qui vous rebute, c'est le signe que vous devriez vous arrêter et vous tenir tranquille jusqu'à ce que votre instinct vous donne le feu vert (pour reprendre ou arrêter complètement).

Voici quelques autres pensées et anecdotes contées par l'animatrice :

Les femmes ont été éduquées pour répondre aux besoins et elles doivent réapprendre à se saisir de leurs intentions propres ;

Elle n'est pas si stressée que les gens le pensent habituellement ;

Elle cherche à ne pas perdre son temps ;

Oui, c'est vrai, elle a beaucoup trop de chaussures !

Et voici ce qu'elle dit cependant :

"L'excès de biens matériels va beaucoup plus loin que des objets eux-mêmes. Bien que nous sachions devoir renoncer à ces choses, cela nous angoisse. Je sais toutefois que le fait de renoncer à certaines d'entre elles laisse le champ libre à d'autres choses. Et cela vaut non seulement pour notre relation avec les chaussures, mais aussi pour celle que nous entretenons avec toutes choses. Faire le ménage à la maison — tant au sens littéral que figuré — constitue un excellent moyen de repartir à neuf." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 7)

À la fin du chapitre, elle se promet de mettre un peu de minimalisme dans sa vie et de dire adieu à l'excès de chaussures !

Le pouvoir

"J'ai toujours estimé que le libre arbitre était un droit de naissance", affirme clairement et fièrement Oprah Winfrey. Pour elle, la liberté, c'est avant tout "avoir le choix".

Bien sûr, il y a des éléments que vous ne contrôlez pas, comme votre lieu de naissance. Si vous êtes né aux États-Unis ou dans un pays occidental, vous avez de la chance.

Il y a également de nombreux événements qui peuvent vous blesser, comme les mensonges racontés par les tabloïdes ou les potins qui circulent sur vous, par exemple. Mais toutes ces pensées négatives, vous pouvez les renvoyer d'où elles viennent.

Oprah Winfrey fait également une confidence : elle ne regarde pas beaucoup la télévision. Par ailleurs, elle avoue avoir fait preuve d'irresponsabilité dans les premières années de sa carrière.

Elle se souvient notamment avoir regretté d'avoir mis une femme dans le désarroi, lorsqu'elle a exhibé, sur le plateau de télévision, la tromperie de son mari.

Depuis lors, elle s'est juré de ne plus commettre de tel impair et de ne plus jamais rabaisser, embarrasser ou diminuer un autre être humain.

Quand vous choisissez de voir le monde comme une grande salle de classe ouverte sur l'extérieur, vous comprenez que toutes les expériences sont là pour vous apprendre quelque chose sur vous-même et que le voyage de votre vie consiste à devenir davantage qui vous êtes.

Les expériences les plus difficiles sont souvent celles qui nous apprennent le plus. Chaque fois que des problèmes se présentent à Oprah Winfrey, elle se demande : "De quoi s'agit-il vraiment et qu'est-ce que je suis censé apprendre de tout cela ?"

D'autres thèmes sont abordés dans ce chapitre :

L'endettement et les moyens de l'éviter ;

Le vote des femmes aux États-Unis ;

La santé et le problème de l'obésité aux USA ;

La pertinence de la richesse ou de la célébrité pour définir une personne ;

Le drame de l'ouragan Katrina en Louisiane et les leçons à en tirer ;

Le manque de confiance en soi d'Oprah Winfrey et sa relation avec l'embonpoint ;

Son besoin de "performer" et d'être la meilleure.

Ces thèmes sont liés entre eux. Ils ont le pouvoir pour point commun. Ce que nous pouvons faire pour améliorer notre situation et ne pas nous laisser dominer par la peur.

Voici ce que dit l'auteure :

"Laissez votre vie s'éveiller en vous. Quel que soit votre défi — la tendance à trop manger, à trop consommer une certaine substance ou à trop faire une même activité, ou encore le deuil d'une relation, d'une somme d'argent ou d'un poste —, permettez-lui de vous ouvrir la porte sur les révélations les plus nobles à votre sujet, de vous inviter à entrer dans ce qu'est la vie excellente pour vous." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 8)

Enfin, Oprah Winfrey rappelle l'importance d'agir de façon amicale avec les autres. Toutes nos actions tournent autour de nous "aussi surement que la Terre tourne autour du Soleil", dit-elle. L'amour que vous transmettez vous sera renvoyé d'une manière ou d'une autre. Ayez confiance en cela.

"Aujourd'hui, j'essaie de bien agir envers toutes les personnes que je rencontre et d'être bien en leur compagnie. Je veille à employer ma vie à faire le bien ; car ce dont je suis certaine, c'est que tout — ce que je pense, ce que je dis et ce que je fais — me sera rendu. Et il en va de même pour vous." (Ce dont je suis certaine, Chapitre 8)

Conclusion sur "Ce dont je suis certaine" d'Oprah Winfrey :

Ce qu'il faut retenir de "Ce dont je suis certaine" d'Oprah Winfrey :

Ce livre est composé d'une collection de chroniques qu'Oprah Winfrey a tirées de sa chronique populaire dans le magazine O. Elle y confie ses expériences et ses leçons de vie pendant 14 ans.

Dans l'ensemble, tous les thèmes se connectent et résonnent les uns avec les autres et forment, pourrions-nous dire, l'échelle des valeurs d'Oprah Winfrey :

La joie ;

La résilience ;

Les relations ;

La gratitude ;

Les possibilités ;

L'émerveillement ;

La clarté ;

Le pouvoir.

L'expérience de l'auteure, à près de 60 ans, lui permet d'avoir le recul suffisant pour analyser sa vie riche en rebondissements, en drames et en moments joyeux.

Plutôt que de se cacher derrière de grandes théories, Oprah Winfrey s'exprime honnêtement sur les tragédies de son enfance, ses échecs, ses erreurs et ses plus grandes réussites et bonheurs.

Son expérience d'intervieweuse joue un grand rôle aussi dans sa connaissance de l'âme humaine.

Enfin, Oprah Winfrey montre dans ces lignes que la méditation et le développement personnel l'aident au quotidien, ainsi que la spiritualité.

Points forts :

C'est agréable de se plonger dans la vie et l'esprit de cette célébrité ;

Il y a de nombreuses réflexions intéressantes à méditer ;

Le livre est très bien organisé, les chapitres clairs et se lit facilement.

Point faible : 

Ne vous attendez pas à une grande théorie ici ni à un manuel de savoir-vivre ou de développement personnel classique ; il s'agit simplement — mais c'est déjà beaucoup — de réflexions sur la vie.

Ma note :

★★★★★

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Thu, 02 Nov 2023 17:00:00 +0100 http://www.olivier-roland.fr/items/view/12636/Ce-dont-je-suis-certaine
De la force à la force http://www.olivier-roland.fr/items/view/12599/De-la-force-la-force

Résumé de « De la force à la force : Trouver le succès, le bonheur et un but profond dans la seconde moitié de la vie » d'Arthur Brooks : un livre de développement personnel pour les personnes de plus de 40 ans qui veulent trouver une nouvelle voie — à recommander d'urgence à toutes celles et ceux qui travaillent trop et veulent lever le pied !

Par Arthur Brooks, 2022, 272 pages.

Titre original : « From Strength to Strength: Finding Success, Happiness, and Deep Purpose in the Second Half of Life ».

Chronique et résumé de « De la force à la force : Trouver le succès, le bonheur et un but profond dans la seconde moitié de la vie » d'Arthur Brooks

Quelques mots sur Arthur Brooks

De la force à la force : Trouver le succès, le bonheur et un but profond dans la seconde moitié de la vie est un livre de non-fiction d’Arthur Brooks (2022). Il a été best-seller n° 1 du New York Times pendant plusieurs mois. 

En 2019, Arthur Brooks est devenu professeur à la Harvard Kennedy School et à la Harvard Business School. Pendant une décennie avant cela, il a été président de l’American Enterprise Institute, un groupe de réflexion à Washington, DC, qui étudie les questions d’économie, de politique et de société.

Introduction : « L’homme dans l’avion qui a changé ma vie »

Arthur Brooks s’est posé la question qui est au cœur de ce livre à la suite d’une drôle de rencontre.

À l’été 2012, alors qu’il est dans un avion, il entend la conversation d’un couple assis derrière lui. Le mari se lamente, prétend qu’il est inutile et qu’il serait mieux mort. 

Lorsque les deux personnes débarquent, il est surpris de constater que l’homme est une personnalité connue, un héros célèbre pour une chose qu’il avait réalisée dans sa jeunesse. 

Au moment de cette « rencontre », l’homme est déjà un monsieur âgé d’environ 85 ans, mais il demeure très respecté. L’auteur raconte même que le pilote le reconnaît et lui avoue son admiration. Mais il ne dit pas de qui il s’agit !

Ce qu’Arthur Brooks veut mettre en avant, c’est son sentiment : au départ, il ne peut se résoudre à croire que cet homme estimé éprouve de tels sentiments négatifs. 

Mais il ressent une certaine empathie : lui, à près de 50 ans, a certes connu une vie professionnelle réussie, mais ne se sent pas non plus complètement épanoui.  

Il écrit : 

« J’ai obtenu le désir de mon cœur, du moins tel que je l’imaginais, mais cela ne m’a pas apporté la joie que j’imaginais » (De la force à la force, Introduction). 

Son succès lui a pris tout son temps et toute son énergie. Pire : il a peur de se détacher de cette réussite, qui lui semble être tout ce qu’il a. 

Bref, il se sent « sur la même pente » que la personne dans l’avion. 

Mais il souhaite agir — et c’est pour cela qu’il décide de rédiger cet ouvrage. Il effectue de nombreuses recherches et entretiens et apprend tout ce qu’il peut sur le déclin des personnes qui ont lutté toute leur vie pour réussir. 

« Bien que ces questions soient personnelles, j’ai décidé de les aborder en tant que spécialiste des sciences sociales, en les traitant comme un projet de recherche. » (From strength to strength, Introduction)

Voici sa thèse principale : surmonter les sentiments négatifs associés au déclin nécessite une transformation et l’acquisition d’un regard neuf sur le succès, mais cela peut vous conduire à une vie plus sensée et heureuse.

Chapitre 1 : « Votre déclin professionnel arrive (beaucoup) plus tôt que vous ne le pensez »

La recherche scientifique fournit des preuves du déclin professionnel qui affecte la plupart des personnes d’âge moyen. 

Mais Arthur Brooks commence par l’histoire de Charles Darwin, dont le travail sur la théorie de l’évolution constitue le sommet de la carrière professionnelle. 

Darwin publie L’Origine des espèces — son grand livre — à l’âge de 50 ans, après y avoir travaillé 30 ans. Pourtant, 20 ans plus tard, il se sent malheureux et insatisfait :

« Dans ses dernières années, Darwin était encore très célèbre — de fait, après sa mort, il a été enterré en tant que héros national à l’abbaye de Westminster —, mais il était de plus en plus mécontent de sa vie, voyant son travail comme insatisfaisant, médiocre et peu original. » (De la force à la force, Chapitre 1)

Dans toute profession nécessitant des compétences avancées, le déclin a lieu plus tôt que les gens ne sont prêts à l’admettre. Les athlètes de classe mondiale en sont un exemple évident. Mais le déclin se produit aussi bien au niveau cognitif qu’au niveau physique.

Les recherches sur les gagnants des prix Nobel en science montrent que les plus grands accomplissements ont lieu lorsque les personnes sont dans la vingtaine ou la trentaine. En moyenne, les résultats de ces individus baissent au cours des décennies suivantes. 

Les découvertes révolutionnaires sont rares une fois que les gens entrent dans la quarantaine. La même tendance se présente, bien qu’à un âge légèrement plus avancé, pour les scientifiques qui ne sont pas lauréats du prix Nobel. 

Il en va de même pour les :

Médecins ;

Entrepreneurs ;

Employés de bureau ;

Et, en fait, à peu près tout le monde. 

Les statistiques montrent que, surtout dans les domaines créatifs, les performances de pointe sont visibles environ 20 ans après le début d’une carrière.

Ce phénomène est lié au cortex préfrontal. Le cortex préfrontal est la partie du cerveau qui se développe en dernier. Il joue un rôle important dans ce que les scientifiques appellent la fonction exécutive, qui implique notamment la :

Prise de décision ; 

Mémoire de travail ;

Maîtrise de soi ;

Création de plans et d’actions à mener.

Des études montrent que le cortex préfrontal semble également être la première zone du cerveau à décliner. Lorsque c’est le cas, nous sommes moins enclins aux activités multitâches, à la concentration et à l’analyse approfondie des choses. 

La mémoire commence également à se dégrader. Certaines personnes oublient même des noms et des faits qu’ils connaissent pourtant bien.

L’effet est encore plus grand sur celles et ceux qui sont particulièrement ambitieux ou qui se trouvent déjà au sommet de leur domaine. Ces individus ont l’habitude d’attirer l’attention ; ils savent que leur travail est significatif. Conséquence ? Ils ont encore plus peur que les autres de devenir « obsolètes ». 

Ou pour le dire simplement : plus on grimpe, plus on descend. 

Et, de fait, la recherche scientifique montre que les personnes qui réussissent plus tôt dans la vie ont tendance à être plus mal à l’âge avancé. 

Insatisfaites, frustrées, elles cherchent à en atteindre plus, alors même que leurs capacités diminuent. Souvent, elles travaillent plus — trop — pour compenser, ce qui a pour fâcheux effet de nuire à leur entourage et à leurs relations :

« Le problème du déclin est donc un double problème : nous avons besoin d’un succès toujours plus grand pour éviter l’insatisfaction, mais nos capacités à rester au même niveau diminuent. Mais non, en fait, c’est un triple coup dur, parce que comme nous essayons de rester au même niveau, nous nous retrouvons dans des modèles de comportements addictifs tels que le workaholism, qui enferme les travailleurs acharnés dans des modèles relationnels malsains, le tout au prix d’une perte de connexion profonde avec les conjoints, les enfants et les amis. » (De la force à la force, Chapitre 1)

Face à ce problème, il existe selon Arthur Brooks 3 options : 

Le déni ;

La démission ;

La transformation. 

Ce livre propose une voie pour suivre la troisième option.

La courbe de l'intelligence, Chapitre 1.

Chapitre 2 : « La deuxième courbe »

Arthur Brooks explore les aspects positifs de l’ » après 40 ans ». En fait, il révèle une seconde trajectoire qui, elle, s’améliore avec l’âge. En effet, certaines compétences continuent de progresser même si la capacité d’innovation diminue. 

Quelles sont-elles ?

Vous pourriez par exemple vous améliorer au niveau : 

Du vocabulaire ;

De la capacité à synthétiser ;

De l’utilisation et l’explication d’idées complexes. 

L’auteur discute ensuite de la façon dont le psychologue Raymond Cattell a étudié ce phénomène. Selon ce chercheur, l’intelligence peut être divisée entre « intelligence fluide » et « intelligence cristallisée » : 

La première implique la résolution de problèmes et aboutit à une pensée innovante ;

La seconde est constituée des connaissances accumulées au cours d’une vie d’apprentissage.

L’auteur résume ce travail de la façon suivante : « Quand vous êtes jeune, vous avez une intelligence brute ; quand vous êtes vieux, vous avez la sagesse » (27). Or, cette « sagesse » ou « intelligence cristallisée » peut s’avérer très utile dans certains domaines. 

Par exemple, les historiens sont environ deux fois plus performants après 40 ans. Plus généralement, l’enseignement est favorisé par l’intelligence cristallisée. Les personnes plus âgées font également de parfaits mentors pour les générations qui les suivent. 

Sur un graphique reprenant en abscisse l’âge et le niveau d’intelligence en ordonnée, vous pouvez donc vous imaginer 2 courbes : 

Celle de l’intelligence fluide, qui augmente pendant les 20 premières années d’une carrière, en moyenne, puis diminue. 

Celle de l’intelligence cristallisée qui commence plus tard, se fortifie à l’âge moyen et continue à augmenter pendant quelques décennies.

Vous l’aurez deviné, c’est cette deuxième courbe qui offre le plus d’espoir aux travailleurs de plus de 40 ans ! Le problème, c’est qu’ils doivent savoir qu’elle existe et être prêts à l’embrasser. 

Pour clore le chapitre, Arthur Brooks donne l’exemple de Johann Sebastian Bach, dont l’histoire est un contrepoint à celle de Darwin dans le chapitre précédent. 

J.S. Bach était un génie musical et un compositeur très prolifique. L’un de ses nombreux enfants, Carl Philipp Emanuel Bach, est également devenu un musicien célèbre. Au fur et à mesure que les goûts musicaux changeaient, C. P. E. Bach est devenu plus célèbre que son père.

Au lieu d’arrêter sa production ou de devenir amer, J. S. Bach a travaillé joyeusement sur la composition de L'Art de la Fugue tout au long de la dernière décennie de sa vie. Il a ainsi créé une sorte de manuel de musique baroque que les élèves du monde entier utilisent encore aujourd’hui.

Voulez-vous suivre la voie de Bach et trouver le moyen de développer votre intelligence cristallisée ? Continuez votre lecture !

« Si vous rencontrez un déclin de l’intelligence fluide — et si vous avez mon âge, c’est sûr que vous êtes dans le même cas —, alors cela ne signifie pas que vous êtes lessivé. Non, cela signifie seulement qu’il est temps de sauter de la courbe d’intelligence fluide à la courbe de l’intelligence cristallisée. » (De la force à la force, Chapitre 2)

Chapitre 3 : « Mettez fin à votre dépendance au succès »

Brooks examine ici la première des 3 forces qui empêchent les gens de « sauter » de la première à la deuxième courbe : le fait d’être accro au travail. C’est un phénomène proche de la consommation de drogues ou d’alcool. 

D’ailleurs, les problèmes s’enchaînent :

« Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la probabilité de consommation d’alcool augmente avec le niveau d’éducation et le statut socio-économique. Certains croient — et je suis d’accord, sur la base de mon travail — que les personnes occupant des emplois à haute pression ont tendance à s’automédicamenter avec de l’alcool, y compris en buvant à des niveaux dangereux, ce qui peut éteindre la sensation d’anxiété comme un changement — temporairement. » (De la force à la force, Chapitre 3)

Les personnes qui travaillent avec acharnement sont souvent accros à la gloire que leur profession peut leur apporter. Une femme travaillant dans le domaine de la finance dit à l’auteur que : « Peut-être que je préfère être spéciale plutôt qu’heureuse ». 

Pour d’autres, placer le travail au-dessus de tout est un moyen d’éviter la dépression. Abraham Lincoln et Winston Churchill, par exemple, ont combattu ce problème en s’épuisant à la tâche.

Le surmenage peut également être le résultat de l’auto-objectivation, c’est-à-dire de la tendance à « juger constamment sa propre estime de soi — pour le meilleur comme pour le pire — en fonction de la performance au travail ou de la position professionnelle ». 

La plupart d’entre nous veulent renvoyer l’image d’un être compétent, accompli et estimé par ses pairs. Toutefois, une fois que nous entrons dans ce cercle, il est difficile d’en sortir.

À force de nous comparer aux autres et de nous inquiéter de notre position dans la hiérarchie sociale et professionnelle, nous en devenons accros au travail (ou à d’autres substances). 

Bien sûr, il est naturel d’être fier du travail que nous faisons. Pourtant, cela ne devrait pas se transformer en arrogance et en ambition démesurée. 

Lorsque cela survient, il faut savoir dire stop. Pour ce faire, il faut admettre que nous avons un problème et que nous voulons changer. Un geste qui demande une certaine humilité.

Arthur Brooks rappelle : 

« Vous n’êtes pas votre travail, et moi (comme je dois me le rappeler) je ne suis pas le mien. » (De la force à la force, Chapitre 3)

Chapitre 4 : « Commencer à s'attaquer au problème »

Arthur Brooks ouvre le chapitre 4 avec une anecdote sur la visite du National Palace Museum à Taïwan. Grâce à son guide, il s’interroge sur la nature du processus artistique et de ce qui le précède. 

Dans la pensée occidentale, c’est la toile vierge qui représente le moment avant la création.

Dans la pensée orientale, c’est un bloc de jade non sculpté. 

Alors que la pensée occidentale a tendance à penser l’art en termes d’addition (ajouter de couleurs à la toile pour obtenir une peinture), la pensée orientale y voit plutôt un processus de soustraction (retirer des copeaux de jade pour faire apparaître la statue). 

Or, il en va de même pour le succès. 

Plutôt que d’accumuler des choses irréfléchies, le secret du contentement est d’enlever les choses qui ne sont pas essentielles. C’est le deuxième obstacle pour sauter en direction de la seconde courbe : se détacher des choses mondaines. 

Mais pourquoi sommes-nous tant attachés aux objets et que pouvons-nous y faire ?

Nous pouvons penser à de nombreux entrepreneurs à succès qui ne pensent qu’à l’accumulation de biens en tout genre. Et pourtant, rien de tout cela n’est très gratifiant, au bout du compte.

Pour nous aider à nous détacher de cet état d’esprit, Arthur Brooks raconte les histoires de deux hommes spirituels de l’histoire qui ont traité du problème de l’attachement aux choses : 

Thomas d’Aquin ;

Bouddha. 

Tous deux venaient de familles riches. Celles-ci leur ont donné tout ce qu’ils désiraient dès leur plus jeune âge. Et pourtant, là n’était pas leur bonheur. 

Thomas d’Aquin, venu d’Italie, préfère rejoindre l’ordre dominicain, dont les moines se consacrent à la pauvreté. Il identifie quatre choses — l’argent, le pouvoir, le plaisir et l’honneur — que les gens utilisent pour tenter de se substituer à Dieu. Mais selon lui, aucun n’est satisfaisant.

Le prince indien Siddhartha Gautama, qui est devenu le Bouddha, choisit quant à lui de rejeter sa vie de privilèges et vit une vie d’ascèse, jusqu’à ce qu’il rencontre l’illumination. Sa conclusion ? Les biens du monde ne sont pas mauvais en soi, mais notre attachement à eux peut être la cause du problème. 

Pour Brooks, suivre les étapes pour lâcher cet attachement apporte la paix et l’illumination.

Beaucoup plus récemment, des recherches scientifiques ont montré comment cette dynamique d’attachement fonctionne chez les personnes. Obtenir ce que l’on veut apporte un certain sentiment de satisfaction, mais celui-ci est éphémère. 

Dès lors, nous cherchons toujours quelque chose de nouveau pour obtenir le même sentiment. Nous entrons dans un cercle vicieux — appelé adaptation hédonique — qui s’autoalimente. 

En termes d’évolution, ce goût pour les choses du monde se justifie par le besoin d’entrer en possession de ressources limitées (partenaires, nourriture, etc.). 

En revanche, dans une société industrielle moderne où les ressources sont souvent abondantes, cette fonction atavique du cerveau nous joue des tours. Nous ressentons le besoin de posséder comme une nécessité ; l’absence de biens, comme un échec.

Il existe pourtant d’autres façons d’agir. Au lieu d’assimiler la satisfaction à des quantités toujours plus grandes de choses, Arthur Brooks conçoit cette équation : 

« Satisfaction = Ce que vous avez ÷ ce que vous voulez. » (De la force à la force, Chapitre 4)

Chaque personne peut ainsi calculer simplement ce qui la rend vraiment heureuse.

Se dépouiller des choses inutiles implique donc d’abord de vous demander ce qui vous motive vraiment. L’auteur vous invite ici à réfléchir à votre « pourquoi » — en d’autres termes, à vous demander quel est le but de votre vie. 

Ensuite, il faut travailler sur une liste de choses à faire inversée, dans laquelle on ne réduit ses désirs qu’aux choses qui apporteront le vrai bonheur et la satisfaction personnelle. 

Enfin, l’auteur propose de se concentrer sur les petites choses. Les petites choses de la vie sont ce qui compte vraiment, comme regarder un coucher de soleil avec des êtres chers et s’imprégner de ce moment.

Chapitre 5 : « Réfléchissez à votre mort »

La peur du déclin est la troisième raison pour laquelle les gens ont du mal à sauter de la première à la deuxième courbe. 

Les travailleurs acharnés ont tendance à assimiler travail et vie personnelle et pensent souvent qu’ils peuvent tout simplement continuer à aller au-delà de leurs limites indéfiniment. Ils pensent aussi que leur travail définit leur vie et imaginent que cesser de travailler revient à cesser d’exister.

Si vous voulez vous positionner sur la deuxième courbe, vous aurez en revanche besoin d’admettre que vous connaissez un déclin et que vous ne pouvez plus vous pousser à bout constamment.

Cette reconnaissance renvoie elle-même à la peur de la mort. Cette peur est compréhensible et normale. Tous les animaux ont un instinct de survie ; toutefois, seuls les humains peuvent envisager de ne pas exister et c’est souvent la source de la vraie peur. 

Certaines personnes souhaitent aussi continuer à travailler au-delà de leur apogée pour essayer de sécuriser leur héritage. Toutefois, pour Arthur Brooks, ce n’est pas raisonnable. 

Pourquoi ? Car personne ne peut contrôler l’avenir et même le meilleur héritage n’est pas une garantie de bonheur. En faisant cela, vous risquez de passe à côté du présent en vous concentrant uniquement sur l’avenir. 

Comment sortir de cette peur ?

Par exemple, vous pouvez écouter les choses que les gens disent de quelqu’un à ses funérailles. Ces paroles sont essentiellement tournées vers les qualités personnelles et non vers les réalisations professionnelles. 

Contrairement à d’autres qualités, les vertus personnelles, telles que l’intégrité et la gentillesse, ne disparaissent pas avec l’âge. 

Imaginer que vous n’avez qu’un an à vivre (et à travailler) pourrait également vous aider à vous concentrer sur les choses qui comptent le plus. Comme l’écrit Arthur Brooks : « Contempler la mort peut même rendre la vie plus significative » (105).

En somme, la meilleure façon de surmonter la peur de la mort consiste à s’exposer davantage à elle. Les psychologues suggèrent de faire face aux choses qui nous effraient afin de créer un sentiment de familiarité qui efface la peur.

L’auteur rapporte que certains moines bouddhistes affichent dans leurs chambres des photographies de corps en décomposition. Il existe également une méditation nommée maranasati au cours de laquelle ils imaginent les différentes étapes de la décomposition physique.

Pourquoi ne pas faire la même chose en pensant à son propre déclin professionnel ? Arthur Brooks nous invite à prendre conscience de notre déclin et de la vanité de notre existence, à la manière du philosophe stoïcien Marc Aurèle.

« Ce n’est que lorsque vous faites face à la vérité de votre déclin professionnel — une sorte de mort — que vous pouvez continuer à progresser vers la deuxième courbe. » (De la force à la force, Chapitre 5)

Chapitre 6 : « Cultivez votre forêt de peupliers »

Dans ce chapitre, l’accent est mis sur la création de relations qui donnent un sens à nos vies et sur lesquelles nous comptons dans nos années en déclin. 

Le problème que la plupart des travailleurs acharnés rencontrent est qu’ils mettent tellement le travail en priorité qu’ils en oublient tout le reste, y compris la famille et les amis. 

Comment ne pas laisser cela se produire ? Comment cultiver des relations saines et durables ?

Une étude révolutionnaire nommée Harvard Study of Adult Development donne un aperçu de ce que les gens trouvent significatif dans ce domaine. Commencée en 1938, l’étude a examiné une cohorte de près de 300 étudiants masculins de Harvard tout au long de leur vie. 

L’étude a été conçue pour survivre aux chercheurs originaux. Pour chaque décennie de la vie, les participants ont révélé ce qui les rendait heureux et satisfaits, et ces données ont été classées en fonction de la santé physique et mentale, ainsi que de la satisfaction générale. 

La catégorie supérieure des personnes « satisfaites » nous permet de voir qu’elles valorisent particulièrement l’exercice et l’absence d’excès, mais ce n’est pas tout. Le facteur le plus important qui est mis en évidence dans cette étude est l’amour.

Or, de nombreuses personnes très performantes sont assez seules malgré tous leurs signes extérieurs de succès ! Ils peuvent être connectés à de nombreuses personnes au quotidien, mais ils ressentent pourtant profondément l’isolement. 

Les personnes qui réussissent le mieux n’ont souvent pas la chance de nouer des amitiés de travail en raison de leur position d’autorité et de leadership. Leurs relations les plus proches, qui sont essentielles pour réduire la solitude, sont la famille et les relations amoureuses.

Sur ce dernier point, l’auteur remarque que l’amour est le plus fort entre les conjoints et « l’amour partenaire », dans lequel les partenaires sont à la fois amis et amants. D’après la recherche, l’amour monogame serait également préférable en termes de bonheur à long terme.

Il est également important d’avoir des amis proches en dehors du mariage. Non pas des amitiés superficielles de travail, mais de vrais amis avec lesquels vous pouvez discuter de sujets sérieux et vers qui vous pouvez vous tourner en cas de besoin.

L’auteur utilise la métaphore d’une forêt de peupliers. Si vous ne regardez qu’un seul d’entre eux, il vous semble qu’il tire sa force et sa résilience de lui-même. Toutefois, la vérité est que leurs racines sont connectées sous terre au sein d’un grand réseau de racines.

En fait, la forêt de peupliers est « le plus grand organisme vivant du monde ». 

« Le secret pour supporter mon déclin — non, pour en profiter — est d’être plus conscient des racines qui me lient aux autres. Si je suis connecté aux autres dans l’amour, ma diminution sera plus que compensée par des augmentations pour les autres — c’est-à-dire des augmentations pour d’autres facettes de mon vrai moi. » (De la force à la force, Chapitre 6)

De la même manière, les humains ne sont forts et puissants que lorsqu’ils sont soutenus par leurs relations interconnectées.

Les travailleurs acharnés résistent souvent à nouer des amitiés à cause de 3 causes :

Le manque de temps (ce qui est un signe clair de dépendance au travail ; 

L’absence de pratique — ne pas savoir comment faire ;

La crainte que les nouveaux amis ne leur pardonnent pas leur incompétence sociale.

Pour éviter ce problème d’enfermement dans le travail, Arthur Brooks propose une solution en 3 étapes : 

Planifiez votre temps ;

Faites votre travail de base (ce que vous pouvez fournir de manière unique dans les relations) ; 

Investissez intelligemment dans ce que vous voulez pour les personnes que vous aimez. 

La recherche a montré que les objectifs intrinsèques des relations solides fournissent le plus de satisfaction, et même tard dans la vie, elles peuvent être cultivées.

Chapitre 7 : « Commencez votre Vanaprastha »

Arthur Brooks consacre un chapitre au besoin de spiritualité. Il affirme que ce type de désir se manifeste surtout à l’âge moyen pour beaucoup de personnes. 

Il arrive même souvent que ce soient les plus sceptiques qui modifient leur jugement, une fois venue la quarantaine.

Pourquoi ? 

Eh bien, c’est en partie dû à l’expérience de la vie : à mesure que vous apprenez que la vie n’est pas propre et ordonnée, mais ambiguë et mystérieuse, vous acceptez également l’ambiguïté dans la spiritualité et la religion. 

Sur un plan scientifique, il a été démontré que les gens ressentent une plus grande satisfaction, mais aussi une meilleure santé physique, lorsque les personnes se déclarent religieuses ou spirituelles. 

Il est probable que cela soit dû aux avantages de la socialisation (aller à l’église, fréquenter une communauté, etc.). Toutefois, l’auteur insiste davantage sur un autre point : la concentration.

L’auteur relate un voyage qu’il a réalisé en Inde en 2018. Il avait entendu parler d’une philosophie de la vie que les Indiens appellent les ashramas (étapes) et voulait en savoir plus. Là-bas, il a pu rencontrer un professeur qui lui a exposé cette théorie.

Selon la philosophie des ashramas, il y a 4 grandes étapes dans l’existence :

Les premières années d’apprentissage ;

La création de la famille, la carrière et l’épargne ; 

À l’âge moyen, la prise de distance avec la carrière et l’éveil de l’intérêt spirituel ; 

L’engagement complet dans les questions spirituelles (la prière et l’étude).

Les gens ont souvent du mal à quitter leur succès mondain et à entrer dans la troisième étape, nommée vanaprastha.

Souvent, les travailleurs acharnés ne développent pas ce côté spirituel de leur vie. L’une des raisons est ce qu’Arthur Brooks appelle le « syndrome de Nicodème ». 

Dans la Bible, Nicodème faisait partie d’un groupe religieux farouchement opposé aux enseignements de Jésus, les pharisiens. Pourtant, il se sentait attiré par la parole de ce nouveau prophète et se faufilait, la nuit, pour l’écouter. Finalement, Nicodème se dévoua en cachette au christianisme.

La morale de cette histoire ? Lorsque l’envie spirituelle se manifeste tard dans notre vie, elle entre en conflit avec l’identité que nous nous sommes forgée. Nous hésitons à lui donner une seconde chance, car nous y voyons un tissu de mensonges ou de conseils inappropriés à notre situation.

Changer de point de vue n’est pas facile.

Il faut du temps et un engagement fort afin de favoriser la spiritualité. Tout le monde n’est pas prêt à entreprendre ce cheminement.

Néanmoins, si vous êtes décidé à surmonter ces obstacles, alors Arthur Brooks a un conseil pour vous : partez arpenter les chemins de Compostelle. Un pèlerinage sur le Camino de Santiago, en Espagne, vous aidera certainement à y voir plus clair. 

L’auteur raconte son expérience : pour lui, réaliser cette marche est source de contemplation, voire de méditation. Cela permet de se concentrer sur ce qui est important et d’être reconnaissant pour ce que nous possédons déjà.

Chapitre 8 : « Faites de votre faiblesse votre force »

Comment faire de nos faiblesses des forces ? C’est la question posée dans cet avant-dernier chapitre. 

Arthur Brooks raconte l’histoire de Saint Paul. Celui-ci écrit dans l’une de ses lettres : « On m’a donné une épine dans ma chair, messager de Satan, pour me tourmenter » (172). 

Il est difficile de déchiffrer le sens de cette phrase. Certains spécialistes ont suggéré qu’il souffrait d’épilepsie, car il raconte, à un autre moment, avoir été frappé par un éclair de lumière sur la route de Damas, au point d’en devenir aveugle pendant une brève période. 

Mais le plus important n’est pas là.

Dans la même lettre, Paul écrit que cette épine — sa faiblesse — est en fait sa force.

Qu’en penser ? Pour les travailleurs acharnés, qui veulent à tout prix « performer » en exhibant leurs meilleures qualités, cette affirmation sonne aux oreilles comme une hérésie. Et pourtant, n’a-t-elle pas un sens profond ? 

Selon Arthur Brooks, des liens forts peuvent être forgés par la faiblesse. 

L’auteur lui-même en a fait l’expérience lorsqu’il a relaté, dans le New York Times, son parcours non conventionnel et son chemin vers le succès. Sa faiblesse — ne pas avoir suivi le cheminement mainstream pour parvenir au succès — est devenue sa force : il a reçu beaucoup de soutien inattendu de la part de sa profession.

Prenons 3 autres exemples :

L’animateur de talk-show Stephen Colbert ;

Le survivant de l’Holocauste, Viktor Frankl ;

Le compositeur Ludwig von Beethoven. 

Stephen Colbert a perdu son père et ses deux frères dans un accident d’avion alors qu’il n’avait que 10 ans. Cet événement dramatique ne l’a pas détruit ; Stephen Colbert a su faire preuve de résilience et il est devenu reconnaissant. 

Viktor Frankl écrit dans ses mémoires qu’une « opportunité unique se trouve sur le chemin de la souffrance ».

Ludwig Van Beethoven est devenu sourd à l’âge de 30 ans. Pianiste brillant, il a d’abord été pris de rage devant cette incapacité de jouer. Mais plus tard, il s’est tourné vers la composition. Résultat ? Il a composé ses plus grandes œuvres tard dans sa vie, alors qu’il était complètement sourd. 

N’est-ce pas la surdité qui a rendu l’œuvre de Beethoven unique ? C’est ce que suggère Arthur Brooks. Quoi qu’il en soit, c’est ainsi qu’il a changé pour toujours la musique classique et qu’il est devenu le maître absolu de l’ère romantique.

« La leçon est que si vous voulez créer un lien humain profond avec quelqu’un, vos forces et vos succès mondains ne seront pas suffisants. Vous avez besoin de vos faiblesses pour cela. » (De la force à la force, Chapitre 8)

Chapitre 9 : « Élancez-vous dans la marée descendante ! »

Dans ce dernier chapitre, Arthur Brooks relate une anecdote de son enfance. 

Alors qu’il pêchait seul au bord de la mer, un vieux pêcheur est venu à sa rencontre. Le jeune homme ne savait pas très bien s’y prendre et n’avait, de fait, pécher aucun poisson. 

Alors, l’homme expérimenté dit à Brooks d’attendre la marée descendante, une fois que la mer commencerait à reculer.

Arthur Brooks était confus : est-ce que tous les poissons n’allaient pas s’en aller en même temps ? Non, le pêcheur lui expliqua que le changement de marée allait, au contraire, soulever beaucoup de petits organismes que les poissons voudraient manger. 

C’est alors qu’il pourrait faire une bonne pêche. Le garçon et le pêcheur attendirent la marée descendante et ce fut, comme il l’avait prédit, un grand succès !

Pensez-y. 

C’est exactement ce à quoi fait référence Arthur Brooks lorsqu’il veut parler de la deuxième courbe. Et c’est de cette façon que l’auteur explicite cette métaphore : 

« Je me suis souvenu de ce jour à plusieurs reprises en écrivant ce livre. Il y a une marée descendante dans la vie, la transition de l’intelligence fluide vers l’intelligence cristallisée. » (De la force à la force, Chapitre 9)

En psychologie, les spécialistes nomment « espace liminal » les transitions du milieu de vie, lorsque nous nous situons entre les rôles professionnels, les organisations, les cheminements de carrière et les étapes d’une relation ». 

Le chercheur Bruce Feiler a constaté que les transitions personnelles se produisent en moyenne tous les 18 mois. Ce sont donc des phases assez fréquentes. Or, ceux-ci ont tendance à affecter les gens plus que des événements qui changent le monde, comme les attaques terroristes du 11 septembre par exemple.

Lorsqu’un changement se produit, il peut provoquer de la douleur, mais au final, nous en retenons le plus souvent le positif. C’est en partie parce que ces moments peuvent être de véritables sources de renaissance et de créativité.  

Qu’en est-il de cette phase de transition que nous avons l’habitude d’appeler la « crise de la quarantaine » ? 

En fait, Arthur Brooks soutient que de telles transitions n’ont pas besoin d’être une « crise ». Ce terme, inventé dans les années 1960 et popularisé une décennie plus tard dans le livre Passages de Gail Sheehy, masque d’autres réalités.

L’auteur se tourne vers son propre père et son grand-père afin de prendre des exemples positifs. À l’âge de 49 ans, le grand-père de Brooks a déménagé sa famille du Nouveau-Mexique à Chicago. Celui-ci n’a pas ressenti cela comme un malheur, mais plutôt comme quelque chose qu’il ressentait le besoin de faire. 

De même, le père de Brooks était un professeur d’université en mathématiques, qui se sentait en infériorité parce qu’il n’avait pas passé son doctorat, contrairement à ses collègues. Il a décidé de rédiger une thèse après 40 ans et tout s’est bien passé !

Brooks termine ce chapitre par 4 leçons pour laisser éclore votre intelligence cristallisée.

Celles-ci vous aideront à faire le grand saut vers la quarantaine (ou la cinquantaine) heureuse.

Identifiez ce que vous voulez vraiment. Cette volonté exigera sans doute des sacrifices. Êtes-vous prêts à les réaliser ? 

Considérez le travail comme une récompense, et non comme un moyen d’atteindre une fin. Impossible ? Non : si vous faites ce que vous voulez vraiment, travailler ne sera plus une tâche, mais une activité que vous réaliserez pour elle-même, avec plaisir.

Faites la chose la plus intéressante que vous pensez pouvoir faire.

Préparez-vous au zigzag qu’implique toute reconversion professionnelle. Pour autant, ne prévoyez pas tout, ni trop. Faites le grand saut et laissez-vous porter par l’aventure !

Conclusion : « Sept mots à retenir »

La courte conclusion fournit un résumé de sept mots du livre : « Utilisez les choses. Aimer les gens. Adorez le divin » (Use things, Love people, Worship the divine). 

Arthur Brooks souligne que les biens matériels ne sont pas mauvais en soi. Toutefois, les aimer nous rend insatisfaits et frustrés. Au contraire, aimer les personnes conduites au bonheur.

« Le problème n’est pas le nom “choses”, mais le verbe “aimer”. Les choses sont à utiliser, pas à aimer. Si vous ne deviez vous souvenir que d’une seule leçon de ce livre, ce serait celle-là : l’amour est à l’épicentre de notre bonheur. » (Conclusion)

L’auteur termine en remerciant l’homme dans l’avion qui lui a donné l’idée de ce livre et de cette recherche sur le phénomène du déclin. Finalement, Arthur Brooks a eu le courage de changer le cours de sa vie, à écrire ce livre et à partager ses idées avec d’autres.

Conclusion sur « De la force à la force : Trouver le succès, le bonheur et un but profond dans la seconde moitié de la vie » d'Arthur Brooks :

Ce qu’il faut retenir de « De la force à la force : Trouver le succès, le bonheur et un but profond dans la seconde moitié de la vie » d'Arthur Brooks

Arthur Brooks propose un ouvrage à la fois scientifique et spirituel sur le passage à la quarantaine. Selon lui, il est possible de se transformer pour embrasser tous les avantages de cette étape de la vie et en profiter durablement.

Il s’appuie d’abord sur les études de Dean K. Simonton et Raymond Cattell afin de montrer que nous connaissons tous un déclin de la pensée fluide avec l’âge. 

Mais il insiste ensuite sur l’importance de ne pas se laisser aller à la morosité : ce déclin peut être largement compensé en « sautant sur la courbe » de l’intelligence cristallisée, nommée aussi sagesse.

L’auteur cherche à comprendre notre rapport au travail acharné. Pour beaucoup d’entre nous, ne plus travailler — ou ne plus travailler autant — constitue presque une « petite mort ». Cela est lié au fait que nous attachons profondément notre identité à notre profession.

Toutefois, il y a des chemins à prendre pour diminuer cette charge qui pèse sur nous et entretenir une existence plus joyeuse à partir de 40 ans. L’une d’entre elles est de se reconvertir pour exercer une activité que nous aimons vraiment. 

La spiritualité (la méditation, par exemple) est également une voie à explorer. Sans prétendre chercher à nous convaincre sur ce point, Arthur Brooks veut simplement partager son expérience. 

Finalement, ce livre nous raconte son cheminement personnel et nous livre l’enseignement qu’il en a tiré.

Points forts :

Un livre à la fois personnel et universel ;

Qui parvient à associer connaissances scientifiques, sagesses anciennes et développement personnel ;

Et vous donnera des images fortes pour prendre ce tournant de votre vie avec sérénité ;

En plus, le livre se lit très facilement, car l'auteur a une bonne plume !

Point faible :

Vous devrez lire l'anglais pour pouvoir en profiter…

Ma note :

★★★★★

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