Résumé de « Je pense mieux » de Christel Petitcollin : la suite attendue du best-seller Je pense trop, qui contient de nombreux conseils pour apprendre à gérer vos états émotionnels et votre pensée bouillonnante !
Par Christel Petitcollin, 2022 (8me édition), 238 pages.
Chronique et résumé de « Je pense mieux » de Christel Petitcollin
Introduction
Ce livre est une réponse et une suite à Je pense trop, le précédent best-seller de Christel Petitcollin.
Suite à ce premier ouvrage, l’autrice a reçu de nombreux mails, lettres, messages de remerciements… et de questions aussi.
Lors de ses consultations en tant que coach ou formatrice, elle a aussi pu tester la fécondité pratique de ses analyses.
Quelle est sa légitimité pour aborder le sujet de la surefficience ? « Rassurez-vous : aucune ! » Dit-elle sans rougir. Mais elle poursuit :
« Et c’est sans doute grâce à cela que j’ai pu aborder le sujet de manière différente. Ma spécialité, c’est la communication et le développement personnel. C’est à travers vos interactions et sans rien “pathologiser” que je vous ai étudié. Le travail que j’ai fourni pour Je pense trop est avant tout un travail d’écoute, d’observation, de document, puis d’analyse, de regroupement et de recoupement des données et pour finir de synthèse (…). En fait, c’est vous qui avez écrit Je pense trop et c’est pour cela que vous vous y êtes si bien reconnus de la première à la dernière page. » (Je pense trop, Introduction)
C’est grâce à son activité professionnelle qu’elle a pu recueillir autant de témoignages. Je pense mieux continue ce travail et espère étonner le lecteur en lui proposant de nouvelles pistes de réflexion.
Chapitre 1 — Analyse de votre courrier
Dans ce premier chapitre, Christel Petitcollin met en scène et prend le temps de répondre à certaines des lettres les plus représentatives qu’elle a reçues à la suite de Je pense trop.
Elle commence par un long email d’une certaine Amélie, qui la remercie d’avoir mis des mots sur ce qu’elle ressentait depuis des années. Dans ce courrier, la jeune femme de 24 ans dit également qu’elle a parfois eu du mal à parler du livre à ses proches.
D’autres courriers témoignent d’une profonde reconnaissance, notamment pour avoir osé traiter de sujets moins conventionnels, comme les expériences extrasensorielles. La plupart du temps, les personnes se sont reconnues totalement dans les descriptions proposées dans l’ouvrage.
Mais il y a aussi quelques critiques qui sont formulées, notamment :
Le choix du terme « normo-pensant » pour désigner les personnes qui ne sont pas surefficientes. Pour ceux qui voudraient le remplacer, Christel Petitcollin propose aussi de parler de « neuro-typique », un terme qui vient de l’autisme.
L’analyse des manipulateurs et des pervers narcissiques (PN). Celle-ci serait trop dure, selon certaines lectrices. Or, l’autrice confirme ici son appréciation : pour avoir travaillé longtemps avec des victimes d’emprise, elle considère en effet que les manipulateurs et PN peuvent faire beaucoup de mal et ne changent d’attitude que très rarement.
Chapitre 2 — Chouchoutez votre hyperesthésie
L’hyperesthésie est sans doute la caractéristique principale à prendre en compte. Mais qu’est-ce que c’est ? Eh bien simplement le développement aigu des sens.
Ce phénomène peut engendrer des douleurs et des problèmes. C’est le cas des personnes hypersensibles au bruit ou aux ondes électromagnétiques, par exemple.
« Chaque stimulation sensorielle peut devenir une micro-agression », résume l’autrice. Cela peut aussi conduire à des comportements inhabituels, comme le refus de consommer des aliments transformés, etc.
Avec ce chapitre, elle vous invite donc à prendre du recul et à analyser vos sens. Êtes-vous « hyperesthésique » ? Si c’est le cas, « chouchoutez-la » !
Bichonnez vos yeux
Certaines personnes sont très sensibles aux couleurs, aux tonalités, aux ambiances lumineuses. C’est votre cas ? Alors cherchez à composer votre environnement de façon harmonieuse pour « bichonner vos yeux ».
Par exemple, Liane Holliday Willey, une écrivaine citée par Christel Petitcollin, affirme qu’elle a beaucoup de mal avec les couleurs pastel et les formes arrondies. Dans ces conditions, mieux vaut s’entourer d’objets aux bords et aux couleurs nets !
Si vous aimez les couleurs et les lumières chaudes, arrangez-vous pour trouver des ampoules adéquates pour vos lampes et lampadaires. « Ne vous infligez pas de subir stoïquement des couleurs agressantes pour votre système sensoriel », conseille-t-elle encore.
Qu’en est-il du mouvement et de l’agitation ? Si celui-ci détourne votre attention et vous procure, par exemple, le tournis, essayez de vous poser dans des endroits calmes, surtout pour travailler.
Pourquoi faire tout cela ? Car la lumière, les couleurs, les formes peuvent avoir un effet important sur votre humeur. D’autant plus — c’est bien le sujet ici — pour les personnes surefficientes.
Dorlotez vos oreilles
Les bruits de fond envahissent les conversations ? C’est un trait de l’hyperesthésie. Pour vous, écouter attentivement un interlocuteur quand il y a un fond sonore perturbateur peut vite devenir une torture.
Par ailleurs, vous vous focalisez souvent sur la texture de la voix, sur l’accent et le ton. Le rythme vient ensuite et les mots… en dernier.
Certains sons — l’aspirateur, le sèche-cheveux, la voiture — peuvent étonnamment vous relaxer. Pourquoi pas ! Il n’y a pas que la musique douce qui fonctionne.
Pensez d’ailleurs à choisir vos appareils domestiques (réveil, sonnette, appareils électroménagers) avec soin à ce niveau-là également.
Lorsque vous êtes face à des bruits crispants, testez ce truc : cherchez à trouver une autre source de relaxation dans l’environnement. Un son vous dérange ? Y a-t-il un autre son qui vous plaît et sur lequel vous pouvez synchroniser votre attention ? Ou bien une autre sensation agréable pour compenser le bruit ?
Choyez vos ressentis
L’odeur, la texture, le goût, la sensation de froid ou de chaud… Toutes ces sensations peuvent modifier votre humeur. « Ça vaut le coup d’éliminer toutes ces sources d’inconfort », dit Christel Petitcollin.
Encore une fois, prenez le temps d’opter pour les meilleurs produits. En triant et en améliorant déjà tout ce que vous pouvez améliorer par vous-même, vous gagnerez déjà en aisance.
Pensez également à votre corps et aux mouvements qu’il « attend » de vous. Quand vous travaillez assis, n’oubliez pas de vous étirer de temps à autre, de bailler, de respirer profondément.
Voici quelques autres conseils issus, notamment, des lettres reçues par l’autrice :
Avoir ses lunettes de soleil, bouchons d’oreilles (et autres) toujours à portée de main ;
Focaliser son attention sur son système sensoriel au moins une fois dans la journée ;
S’isoler régulièrement ;
Faire le plein de « bonnes » sensations, qui vous plaisent et vous revigorent ;
Pratiquer un art qui mette en avant votre perception du monde (comme la photo, par exemple).
Hyperesthésie et troubles du voisinage
La vie peut être difficile avec les voisins. SI vous êtes sujet à l’hyperesthésie, vous aurez peut-être tendance à vouloir que vos voisins respectent des règles de courtoisie assez pointues… ce qu’ils ne sont peut-être pas prêts à vous accorder.
En effet, ce qui apparaît comme une nuisance pour l’un peut ne pas l’être (du tout) pour l’autre. Difficile, dans ces conditions, de trouver un terrain d’entente. Pire, vous pourriez commencer à les énerver sérieusement.
C’est ce qu’il s’est passé à deux reprises, malheureusement, pour Aline. Incapable de se faire comprendre, elle a dû déménager deux fois, car elle ne supportait plus ses voisins (et eux non plus ne la supportaient plus, d’ailleurs…).
La ville est souvent un lieu de compromis et il vous sera peut-être impossible de faire entendre raison à votre entourage direct. La solution consistera donc peut-être, comme Aline, à trouver une petite maison individuelle sans murs mitoyens.
À l’inverse, Joëlle est très résistante : malgré son hyperesthésie, elle supporte bruits et odeurs des appartements d’à côté avec beaucoup de flegme. Si vous arrivez à gérer ces désagréments impossibles à contrôler, c’est une chance !
Chapitre 3 — Apaisez votre hypersensibilité
À côté des sensations fortes, il y a les émotions fortes… Comment les gérer ? Comment maintenir les qualités — l’empathie, l’enthousiasme, l’émerveillement — sans gonfler les défauts — incapacité à soutenir la critique, indignations trop fréquentes, etc. ?
C’est ce que nous allons explorer dans ce chapitre.
Fuyez les balanciers
Chaque situation ou groupe social implique des individus « utilisés » (positivement ou négativement) pour une cause ou une autre. Plus de gens se sentiront attirés (positivement ou non) par la cause, et plus la situation ou le groupe prendra de l’importance.
C’est ce que l’autrice nomme, après Vadim Zeland, un balancier. Elle donne l’explication et l’exemple suivants :
« Pour mieux se faire connaître, le balancier mettra sur un piédestal un de ses membres, voué à la gloire (…). Un acteur célèbre deviendra la bannière de l’industrie du cinéma. Le cinéma existera sans lui, mais lui ne peut exister que grâce au cinéma (à moins d’épouser la cause d’un autre balancier en guise de reconversion). La mort, pour un balancier, c’est l’indifférence des foules. Si vous n’êtes plus acheteur, vous neutralisez le vendeur. » (Je pense mieux, Ch. 3)
Plus vous êtes émotionnel, et plus vous donnez du grain à moudre aux balanciers. Que vous soyez charmé ou indigné, vous allez contribuer à le faire « grossir ».
Apprenez donc à prendre un peu de recul pour ne pas nourrir inconsciemment ces groupes ou ces situations. La cause vous importe-t-elle vraiment ? N’essaie-t-on pas de vous entraîner dans un jeu » victime, bourreau, sauveur », typique de l’analyse transactionnelle ?
Lorsque vous y tenez vraiment, cherchez la manière la plus intelligente et performante de répondre à la cause qui vous tient à cœur.
Dégonflez l’importance
Donner trop d’importance à un événement, c’est s’obliger à un dangereux exercice d’équilibriste. Pourquoi ? Car nous avons l’impression d’y jouer notre vie. Or, cela n’en vaut peut-être pas la peine.
« Savoir donner l’importance juste aux choses (ni trop ni pas assez), c’est le travail de toute une vie », rappelle Christel Petitcollin.
Stressé, vous pouvez avoir aussi bien peur de rater que de réussir. Vous vous immobilisez face à l’issue possible de votre projet en cours. Vous avez même plutôt envie d’échouer, car c’est plus facile.
Mais si vous dégonflez le problème, vous aurez plus de confiance en vous pour le résoudre avec succès. Pour ce faire, revenez au présent et pensez à un plan B. Autrement dit, relativisez. Il y a plein d’autres opportunités qui vous seront offertes.
Un peu de linguistique
Les mots sont des étiquettes que nous mettons sur les choses. Or, nous plaçons diverses choses sous diverses étiquettes en fonction de notre expérience, de notre vécu.
Tout le monde n’entend donc pas exactement la même chose par le même mot !
Pourtant, vous avez parfois tendance à mettre trop de puissance dans vos mots, comme si tout le monde devait instantanément comprendre tout ce que vous y avez caché.
À l’inverse des manipulateurs, qui utilisent les mots comme des boites vides, vous avez tendance à les remplir jusqu’à ras bord. Pour vous les mots ont du sens — et même beaucoup de sens.
Pour débusquer les phrases vides, tentez de les reformuler au négatif. Par exemple :
« Je veux le bien de mes enfants et de mon épouse » ;
Devient : « Je veux pourrir la vie de ma compagne et nuire à mes enfants ».
N’est-il pas évident que personne ne dira la seconde phrase ? Dans ce cas, c’est que la phrase numéro 1 est vide. Elle n’apporte aucune information.
En conclusion à ce chapitre, pensez que l’émotion doit être canalisée par la raison :
« Ce que vous perdez en spontanéité, vous le gagnerez en authenticité. Vos feux de paille deviendront de vrais foyers, réchauffés d’une bonne bûche à la combustion certes plus lente, mais tellement plus puissante. » (Je pense mieux, Ch. 3)
Chapitre 4 — Votre déficit d’égo
« Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur. Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toute limite. C’est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraie le plus. Nous posons la question : qui suis-je moi pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux ? » (Nelson Mandela, cité par Christel Petitcollin, Ch. 4)
Et si nous reprenions confiance en nous et que nous arrêtions de châtier notre égo à la moindre occasion ?
L’autrice prend l’exemple d’une femme diplômée de médecine qui n’arrêtait pas de se dévaloriser. En fait, la confiance en soi naît — ou s’entretient — grâce à la prise en compte et à l’affirmation de votre valeur.
La modestie mal placée vous étouffe et devient même insupportable pour autrui. En plus, vous aimez souvent faire des compliments aux autres — alors pourquoi refuser de les recevoir ? Lorsque quelqu’un veut dire du bien de vous (ou simplement vous dire « merci »), acceptez-le.
C’est bien plus simple ! Et cela nourrit l’égo, qui est votre point faible (plus que la confiance), et vous permet d’activer votre puissance personnelle.
Ego n’est pas un gros mot
Il faut d’abord revaloriser le mot. Ego, cela ne signifie pas égoïsme, encore moins égocentrisme ou « faux-self », du moins pas nécessairement. C’est d’abord et avant tout « votre empreinte », le « cœur de votre identité ».
« Moi, je suis la personne la plus importante pour moi », affirme Christel Petitcollin pour expliquer le concept. Inutile de le nier : il vaut mieux l’accepter. C’est une vérité biologique et elle a toutes ses raisons d’être là.
Souvent, vous laissez l’amour des autres l’emporter sur l’amour de vous-même. C’est une erreur. Cela vous conduit à ne pas savoir prendre soin de vous et à rejeter les marques d’affection.
Souvent, vous utilisez une phrase magique pour nier votre égo : « C’est pas grave ! ». Vous cachez votre colère, votre fatigue, vos chagrins sous ces quelques mots. Votre compassion doit vous inclure vous-même, pour paraphraser Bouddha.
Ne donnez pas votre pouvoir aux autres
Nous pensons que les gourous, c’est l’affaire des autres. Mais lorsque vous donnez trop de pouvoir à vos collègues, à votre amant, à vos enfants, vous êtes vous aussi pris dans une dynamique de ce type.
Vous attendez leur permission pour agir, et même pour « valider ce que vous êtes ». Ce faisant, vous les accablez d’une responsabilité qu’ils n’ont sans doute pas recherchée (ils ne souhaitent pas être votre gourou !).
Bien sûr, vous avez des doutes sur vous-même. Mais est-ce aux autres de les prendre en charge ? N’entretenez-vous pas un climat d’insécurité qui nuit à votre entourage ? Ces questions méritent d’être posées.
Une personne mature doit être capable de maintenir son égo en bon état de marche quotidien.
Remplissez le culbuto
Les personnes qui ont peu confiance en elles-mêmes (et donc peu d’égo) sont comme un culbuto sans plomb à leur base. Ils oscillent infiniment dès qu’un petit événement les déstabilise.
À l’inverse, il y a certaines personnes qui campent sur leurs positions et ne bougent pas d’un pouce. Leur égo et leur confiance en eux-mêmes semblent inébranlables. Parfois, vous les admirez.
C’est d’ailleurs aussi le cas, notez-le, des imbéciles et des intégristes. Ils en savent peut-être peu (ou se focalisent sur un seul type de « savoir »), mais ne doutent pas ; vous pouvez leur dire ce que vous voulez, ils ne bougeront pas. Leur culbuto à eux est rempli de plomb.
Rassurez-vous : l’objectif n’est pas d’aller jusqu’à ces extrêmes !
Mais il serait néanmoins utile d’alimenter régulièrement votre égo pour que la jauge ne baisse pas trop. Car oui, la confiance en soi s’évapore si on ne l’entretient pas !
Pour ce faire (voir p. 68-75 pour le détail) :
« Validez toutes vos réussites… Sans “Oui, mais…”. »
Considérez dès aujourd’hui que « vous êtes quelqu’un de bien et de capable… et vous n’avez pas à le prouver ! »
« Soyez votre meilleur ami… Embauchez un coaching intérieur positif et enthousiaste. »
« Prenez soin du prince (ou de la princesse)… en vous. »
Chapitre 5 — Le monde autistique du bisounours
Qui sont les surefficients ?
Analysez-vous avec honnêteté. D’accord, mais au fait : de qui parlons-nous, quand nous disons « surefficients » ?
Il y a tellement d’étiquettes aujourd’hui (des troubles « dys » à l’autisme, en passant par les « sur » et les « hyper ») qu’il est difficile de savoir à quel saint se vouer.
L’autrice en appelle au jugement individuel et à une approche plus souple du problème, en dehors de la pathologisation.
Voyons donc maintenant dans le détail comment s’y prendre pour y voir un peu plus clair.
Une pensée différente et complexe
Et si nous commencions par substituer le terme « pensée » à celui d’ « intelligence », qui a soulevé bien des interrogations lors de la parution de Je pense trop ?
Au lieu d’affirmer que vous êtes plus ou moins intelligent, l’idée de Christel Petitcollin est donc simplement de dire que vous êtes doté « d’un système de pensée différent, complexe et fonctionnant en réseau ».
La notion de « pensée complexe » va plus loin que celle de pensée en arborescence, car elle prend en compte les connexions « rétroactives et transversales » et s’éloigne donc davantage encore du modèle linéaire de pensée.
Selon l’autrice, un déficit d’attention peut être lié à un manque d’intérêt. Il est alors une conséquence de l’ennui face à un mode de pensée non complexe.
Le surefficient a besoin de stimulation intellectuelle, d’intensité, au point même… d’aller parfois chercher trop loin ! Ce qui est souvent le cas lorsque vous ne comprenez pas (c’est moins parce que vous êtes incapable que parce que vous avez fait trop de liens).
La pathologisation des états d’âme
La psychiatrie a fait des progrès, mais elle a aussi tendance à vouloir tout classer. Elle veut faire entrer tous les troubles dans des cases « maladie ».
C’est ce que démontrent les dérives du DSM (Diagnostic & Statistical Manuel of Mental Disorders), un manuel qui fait référence dans le monde médical.
Aujourd’hui, par exemple, le deuil est considéré comme une dépression après 15 jours seulement. Ce qui autorise à prescrire des médicaments à une personne endeuillée après cette période. L’autrice donne d’autres exemples.
Le problème, c’est que nous en venons à donner aux personnes — et notamment aux enfants — des médicaments à la moindre occasion. Une différence est-elle nécessairement l’occasion d’une pathologisation et d’une médicalisation ? Non !
Attention aussi à l’amplification de certains mots dans le discours.
Sommes-nous tous bipolaires ? Non ! En déficit d’attention ? Non plus… La responsabilité de la « volatilité » et de la généralisation de ces étiquettes vient aussi des médias et du public qui s’empare de certains termes au point de les vider de toute substance.
Être différent sans être déficient
Qu’en est-il de l’autisme ? Après la lecture de Je pense trop, certains lecteurs sont revenus vers Christel Petitcollin avec la certitude qu’ils étaient autistes Asperger (« Aspies »).
Certains traits peuvent en effet se retrouver :
Hyperesthésie ;
Passions dévorantes pour un sujet ;
Difficultés alimentaires ;
Et décalage social, notamment.
Tout d’abord, il convient de remarquer qu’il n’y a pas de consensus clair en matière d’autisme. D’ailleurs, le syndrome d’Asperger ne fait plus partie du DSM-5 (la dernière version du manuel cité plus haut) et a été remplacé par la notion de « spectre de l’autisme ».
Autisme, l’exception psychanalytique française
L’autrice prend ici position contre le traitement de l’autisme par la psychanalyse. C’était une situation spécifique à la France qui a perduré jusqu’aux années 2010.
Toutefois, depuis 2013 et le documentaire Le Cerveau d’Hugo, des mesures ont été prises pour empêcher que la psychanalyse soit considérée comme un traitement efficace.
Pour Christel Petitcollin, cette liaison entre psychanalyse et autisme a rendu la notion d’autisme inaudible ou mal comprise. Ce qui, selon elle, est dommageable pour les surefficients. Elle se propose donc de dégager certaines idées qui pourraient s’avérer utiles.
Ce qu’il faut retenir de l’autisme
Premièrement, il faut s’inspirer des autistes qui revendiquent leur différence, sans accepter l’idée de « déficience ». Selon eux, l’autisme est un état et non une pathologie. Ce mouvement se nomme « neurodiversité ».
Selon l’expérience et les réflexions de l’autrice, il y aurait plus de femmes autistes « Aspie » qu’on ne le pense généralement. Pourquoi ? Car, pour des raisons sociales, les filles et les femmes adultes seraient plus difficiles à détecter.
Pour se faire une idée mieux informée de l’autisme, mieux vaut regarder la série The Big Bang Theory que le film Rain Man. Les personnages vous montreront une palette de comportements intéressants que vous retrouverez chez les surefficients et les autistes Asperger.
L’autisme ne se manifeste pas toujours par des stéréotypies très marquées comme le balancement, le rejet du regard dans les yeux, etc. Elles peuvent s’exprimer de façon plus diffuse, via des rituels ou des gestes spécifiques (l’enroulement mécanique et répété d’une mèche de cheveu, par exemple).
L’autrice et coach, formée à la PNL, s’intéresse également à la signification des regards.
Parfois, les regards des surefficients sont très profonds et déstabilisateurs. À d’autres moments, ils réfléchissent et coupent le contact visuel pendant plusieurs minutes. Ce qui peut aussi provoquer un malaise de l’interlocuteur.
Christel Petitcollin se penche également sur le présumé manque d’empathie et d’émotion.
Dans le cas des surefficients, cela pourrait être dû non pas à un dysfonctionnement neuronal (qui n’a pas pu être prouvé chez les autistes non plus, d’ailleurs), mais plutôt à une forme de sincérité radicale et à une inadaptation aux normes sociales.
Il existe deux formes d’empathie :
Cognitive (reconnaître les émotions d’autrui) ;
Émotionnelle (partager les émotions d’autrui).
Les autistes ne manquent pas d’empathie émotionnelle, mais ils sont parfois incapables de l’exprimer, car ils rationalisent trop vite.
Enfin, les autistes ne sont pas nécessairement incapables de communication et de vie sociale. Certains d’entre eux y arrivent très bien. C’est le cas, par exemple, de Daniel Tammet. Mais cela leur « coûte » souvent. Ils ont souvent besoin de recharger les batteries ensuite.
Les fonctions exécutives
Pour Christel Peticollin, vous l’aurez compris, les troubles autistiques peuvent aider les surefficients à comprendre leurs propres attitudes.
Or il se trouve que les autistes ont une incapacité neurologique à sortir d’un comportement prévu. Ils ne peuvent réagir de façon forte à un brusque changement de situation. C’est un dysfonctionnement des fonctions exécutives.
Dans certaines circonstances, cela peut avoir de tristes conséquences. Par exemple, lorsque vous êtes l’objet d’une manipulation ou de la méchanceté de quelqu’un (ou d’un groupe).
Vous pouvez alors être tenté de rationaliser et de trouver des réponses morales à votre comportement, mais la vérité est peut-être à chercher du côté neurologique.
Le besoin de clôture cognitive
Autre point qui pourrait intéresser les surefficients : le besoin de terminer les tâches, d’aller au bout d’un processus ou d’avoir une réponse à une question.
Les activités qui sont d’éternels recommencements (routines de toilette, de propreté) peuvent être pénibles. Créer des rituels pour les accomplir « est un moyen de se résigner à cette impermanence et de fixer une clôture cognitive », note Christel Petitcollin.
Certains d’entre vous auront aussi des difficultés à faire plusieurs choses à la fois (comme aller à la piscine à midi, sachant que vous travaillez ensuite, par exemple).
Et que dire du mensonge ? Un mensonge ne permet pas d’avoir de « repères sensoriels ». À l’inverse, une vérité est close sur elle-même, puisqu’elle est « validée » par vos sensations, etc. C’est peut-être pourquoi de nombreux surefficients n’aiment pas (ou ne savent pas) mentir !
Chose plus inquiétante : vous pouvez avoir des difficultés à clore des relations avec certaines personnes, même quand celles-ci sont nocives pour vous. Par exemple, vous avez besoin de comprendre avant de pouvoir tourner la page.
En conclusion de ce chapitre, Christel Petitcollin veut réaffirmer son engagement en faveur de la différence et de la non pathologisation. « Pour moi, les caractéristiques autistiques que je vous ai décrites font simplement partie d’un câblage neurologique différent », dit-elle.
Et si nous étions tous, à la naissance, « autistes » ? C’est une piste à creuser, offerte par le documentaire Le Cerveau d’Hugo, déjà cité. Mais pour l’heure, allons voir du côté des mémoires biologiques et de ce qu’elles peuvent nous apprendre…
Chapitre 6 — La surefficience est-elle une mémoire ?
Une mémoire de danger ?
Christophe André, que cite Christel Petitcollin, dit ceci à propos de la peur :
« De lointains ancêtres ont légué leurs peurs à notre espèce. Comme tous ces héritages, ces peurs sont en même temps une chance, pour notre survie, et un poids pour notre qualité de vie. Dès notre premier jour, nous sommes “calés pour la peur”. Mais ce qui rend nos peurs excessives arrive ensuite : traumatismes, éducation, culture. Chaque peur a son histoire, que l’on croit connaître, ou qui parfois reste mystérieuse. » (Christophe André dans Psychologie de la peur, cité dans Je pense mieux, Ch. 6)
La peur est une façon de répondre au danger. Et la surefficience ? N’est-ce pas une réponse à une situation hors norme, où l’individu est obligé d’inventer de nouvelles formes de vie pour survivre ?
La mémoire d’un jumeau perdu ?
Les jumeaux fascinent, pour leur ressemblance, ainsi que pour les relations qu’ils entretiennent. Nous savons bien qu’ils sont deux individus uniques, singuliers. Et pourtant, nous cherchons ce qui les unit.
En fait, les jumeaux ne sont pas des clones, mais forment un véritable couple, une paire ou encore une « microsociété » où chacun joue un rôle.
Mais ce qui intéresse le plus Christel Petitcollin est le phénomène des grossesses gémellaires qui n’arrivent pas à terme. « 12 à 15 % des grossesses commenceraient par être gémellaires, mais il n’y a que 2 % de naissances effectives de jumeaux », rappelle-t-elle.
Or, si la perte du jumeau mort passe le plus souvent inaperçue, cette cohabitation primitive pourrait avoir, via la « mémoire inconsciente » du jumeau survivant, « un impact considérable sur la vie ».
La personne développerait des caractéristiques très spécifiques, que nous pouvons résumer par cette liste (voir, toutefois, la description complète de l’autrice p. 112-114) :
Autopunition ;
Peur de l’attachement ;
Solitude intense ;
Vide intérieur ;
Sentiment de culpabilité lancinant ;
Hypersensibilité ;
Volonté d’indépendance ;
Communication et relations fusionnelles ;
Sensation de ne pas être entier ;
Dépression.
Il existe d’autres traits de personnalités, tels que la tendance à avoir un double imaginaire ou à acheter des choses en double. Christel Petitcollin s’y intéresse surtout afin de repérer les similitudes avec les surefficients.
Le chamanisme, votre héritage spirituel ?
Le thème de la spiritualité doit-il rester tabou ? Nous parlons sans problème de méditation de pleine conscience. Pourquoi ne pas s’aventurer un peu plus loin, juste un moment ?
« Le chamanisme existe sur tous les continents, depuis la nuit des temps », rappelle l’autrice. S’inspirant des valeurs que ce mouvement transmet, elle pose des questions aux surefficients. Si le thème vous intéresse, allez jeter un coup d’œil dans l’ouvrage !
Des physiciens quantiques qui s’ignorent ?
L’autrice termine ce chapitre plus spéculatif par une très brève incursion dans les théories quantiques et leurs développements plus récents, notamment via la théorie descordes du physicien théorique Juan Maldacena.
Chapitre 7 — Comprendre la société et ses individus
Il n’est pas toujours facile de comprendre les attitudes des gens qui nous entourent ! Leurs actes, quand ils sont empreints de malveillance, de cruauté ou d’injustice, peuvent nous laisser abasourdis.
Les surefficients peuvent se sentir complètement « à côté de la plaque », parfois. Ne pas se sentir de ce monde… Il importe pourtant de décortiquer un peu tout cela et de se frotter à certaines réalités.
Les trois formes d’aliénation
Selon François Sigaut, nous sommes mis face à 3 types d’aliénation :
Mentale (quand vous êtes incapable de voir la réalité comme les autres la voient) ;
Culturelle (quand ce sont des groupes entiers qui voient la réalité par le prisme d’une idéologie ou de principes fournis par une culture) ;
Sociale (quand vous êtes le seul à voir une réalité que d’autres ne voient pas, et qu’il vous est difficile de leur en faire prendre conscience).
Il importe de comprendre en particulier l’aliénation culturelle, qui concerne surtout ceux que l’autrice appelle les « normo-pensants ». Néanmoins, cerner ce point vous permettra — si vous êtes surefficient — de mieux appréhender les deux autres formes d’aliénation.
Savoir à qui vous avez affaire : l’individu
Vous avez tendance à « signer des chèques en blanc relationnels », c’est-à-dire que vous faites confiance rapidement à n’importe qui et vous lui attribuez en général des capacités hors norme. Le tout sans avoir pris le temps de vérifier !
« Pire, vous êtes persuadé que puisque vous lui donnez votre confiance, la personne se sentira tenue d’en être digne », ce qui est une grosse erreur. En fait, c’est rarement le cas. Et c’est souvent une source d’amères déceptions.
Pour vous aider à cerner un peu mieux les individus avec qui vous entrez en relation, Christel Petitcollin vous propose de vous fier à une version simplifiée du modèle de développement moral de Lawrence Kohlberg, un célèbre psychologue états-unien influencé par (le non moins célèbre) Jean Piaget.
Nous trouvons dans l’ordre :
Les stades reconventionnels au cours desquels l’enfant pense avant tout à son intérêt personnel (ou « self-interest »). Il cherche avant tout à éviter la punition (stade 1, de 2 à 6 ans) et rechercher les récompenses (stade 2, de 5 à 7 ans).
Les stades conventionnels où l’individu apprend à obéir à des règles. De 7 à 12 ans (stade 3 des relations interpersonnelles et de la conformité), l’enfant se met à respecter les règles de son groupe restreint parce qu’il veut recevoir de l’amour en échange. De 10 à 15 ans (stade 4 de l’autorité et du maintien de l’ordre social), il intériorise les lois et se fait fort de les respecter pour elles-mêmes.
Les stades postconventionnels qui valorisent des idéaux abstraits qui peuvent éventuellement aller contre la loi et l’obéissance. Le stade 5 (entre 20 et 30 ans) est celui du contrat social et des droits individuels. L’individu est engagé dans sa communauté et cherche à bien agir. Le stade 6 (principes éthiques et droits universels) est le stade de la maturité où le sujet tente de s’approprier des valeurs universelles qu’il met en application dans son existence tout entière.
Selon Kohlberg, seuls 13 % des personnes atteignent le stade 6. En donnant un tel crédit à la majorité des personnes que vous rencontrez, vous risquez donc fort bien de vous tromper. L’autrice propose finalement la classification suivante :
Manipulateurs = stades préconventionnels ;
Normo-pensants = stades conventionnels ;
Surefficients = stades postconventionnels.
La société dite civilisée
Qu’est-ce qu’une civilisation ?
C’est une société ayant acquis les traits suivants :
Une population sédentaire (c’est-à-dire des villes) ;
Des travaux spécialisés exercés à plein temps (c’est-à-dire un système de métiers) ;
Des produits en suffisance et concentrés à certains endroits (donc des stocks) ;
Une structure sociale de classe (hiérarchie) ;
Et une organisation fonctionnelle et stable (un État).
Pour l’autrice, qui reprend ici les propos de Dominique Dupagne dans La revanche du rameur, la civilisation est le prolongement de l’organisation paléolithique. Toutefois, elle apporte quelques nouveautés notables, comme la monnaie, la stabilité et la sécurité.
La hiérarchie des chimpanzés
Christel Petitcollin rapporte une expérience scientifique menée sur des rats. Celle-ci montre que c’est essentiellement la peur qui crée et maintient les hiérarchies sociales.
Quoi qu’il en soit, ces relations de pouvoir sont incrustées dans nos comportements et nos relations. Elles découlent de la biologie elle-même. Difficile, dans ses conditions, de maintenir des régimes égalitaires — comme la démocratie — en place.
C’est « naturellement » que chacun cherchera à la contourner. Premièrement, par la corruption. Celle-ci ne se manifeste pas seulement par les pots-de-vin, mais aussi par les rapports de domination qui s’immiscent au cœur des relations professionnelles.
En second lieu, nous retrouvons les relations de pouvoir dans les normes. Cela peut paraître paradoxal, mais ça ne l’est que superficiellement. En fait, les lois peuvent servir non à établir l’égalité, mais à soumettre et contraindre la majorité.
Les cimenteurs humanistes et altruistes
À un bout de la chaîne des humains, il y a les « cimenteurs » (terme donné par Dominique Démange, déjà cité). Ceux-ci aident à maintenir le groupe en vie en incarnant ses valeurs et en renouvelant les liens. À l’autre bout, il y a les profiteurs, qui agissent de façon égoïste et favorisent la dissolution du groupe.
L’autrice rapproche encore les « cimenteurs » des surefficients et des stades postconventionnels. Mais attention : elle note que ceux-ci doivent composer avec la volonté de pouvoir des dominants. Ceux-ci chercheront à récolter les lauriers des actions bénéfiques des altruistes.
Le monde 2.0, un espoir pour l’humanité ?
De prime abord, nous pouvons constater tous les défauts de l’Internet 2.0. Christel Petitcollin croit cependant que cette technologie pourrait nous aider à évoluer dans le bon sens.
Comment ? Grâce à la démocratisation de l’information qu’il permet. « Grâce au Web 2.0 », dit-elle, « l’individu développe son pouvoir personnel » et ne dépend plus autant des institutions classiques.
Le fonctionnement d’Internet répond au besoin de pensée complexe du surefficient et à son dégoût de la hiérarchie. D’ailleurs, c’est le lieu où une véritable intelligence collective et égalitaire peut voir le jour.
Chapitre 8 — Le monde du travail
Votre « naïveté » à l’égard du respect des normes et des principes de la vie en commun se retrouve mise à mal dans le monde du travail. Parfois, vous ne savez plus si c’est vous (aliénation mentale) ou si ce sont les autres (aliénation sociale) qui sont fous !
Un rameur très candide
En entreprise, vous apparaissez comme un « rameur » très candide. Oui, vous ramez pour rester au niveau des autres ! Vous allez toujours trop vite ou trop lentement.
Mais rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul à ramer : en fait, vos chefs ou supérieurs sont souvent dépassés par leurs tâches. C’est ce qui est nommé le « principe de Peter ». Lorsque nous montons dans la hiérarchie, nous nous arrêtons là où nous ne pouvons plus monter ; c’est-à-dire à notre « niveau d’incompétence » !
Et rappelez-vous : les relations de pouvoir ont une importance énorme. Nous avons évoqué l’importance de rester dans la norme et de suivre les dominants pour ne pas se faire remarquer. C’est ce qui « marche » en entreprise.
Dans ce type de dynamique, les hypercompétents détonnent et se font vite remarquer. « Votre candide insistance à signaler tout ce qui dysfonctionne est perçue comme un plan diabolique pour torpiller les carrières », signale Christel Petitcollin.
La démarche Qualité avec un gros Q
Le malheur, c’est que le manque de confiance en soi des surefficients les conduit souvent à occuper des postes moins qualifiés que ce qu’ils pourraient généralement faire. Ils n’ont plus, alors, qu’à observer avec un ennui consterné le petit manège des relations de pouvoir au travail.
L’autrice relate les témoignages de Francine, ingénieure, et Nicole, informaticienne. La première a refusé de monter en grade pour conserver son rôle de technicienne plutôt que de « politicienne ». La seconde se retrouve harcelée par ses collègues, qui la jalousent et l’accablent de travail.
Bien sûr, des entreprises font des efforts pour diminuer la souffrance au travail et trouver des solutions. Christel Petitcollin explore certaines voies à suivre à la fin de cette section (p. 164-165).
Votre rapport à l’argent
« J’ai eu cent fois l’occasion de le constater, les surefficients en général ont un vrai problème avec l’argent : ils s’en fichent complètement », affirme l’autrice.
L’intention est belle et compréhensible. Mais elle peut parfois vous conduire, si vous l’êtes, à la pauvreté. Ne serait-il pas plus sain de rééquilibrer votre rapport à l’argent ?
Certes, l’argent ne peut pas tout acheter, et il a ses limites. Mais est-il bien raisonnable de refuser de compter ? Ne vous faites-vous pas flouer ?
Les témoignages de Julien, prof de théâtre bénévole, et de Lucie, prof bénévole d’allemand, en sont des exemples frappants. Rappelez-vous, « la misère n’est pas une vertu ».
En tant qu’adulte, dans la société actuelle, il est normal et sain de « gagner sa vie ». Surtout lorsqu’on a charge de famille. La tendance à refuser l’argent est une tendance à en faire un fétiche.
Considérez-le simplement comme une énergie dont vous avez besoin pour vivre votre vie comme vous le souhaitez. Ni plus ni moins.
Au-delà, vous pourriez suivre ces 5 règles de l’analyse transactionnelle. Il faut savoir :
Donner ;
Mais aussi recevoir ;
Demander ;
Refuser ;
Et s’autodonner.
Cette règle vaut pour l’amour, le temps, le travail, les compliments… mais aussi, pourquoi pas, l’argent !
Chapitre 9 — Améliorer votre relationnel
Analysons maintenant le domaine des relations interpersonnelles. « Beaucoup d’entre vous me l’ont confié : les relations sont décevantes et compliquées », dit l’autrice. Alors, comment les améliorer ? Commençons par faire l’inventaire de vos propres erreurs.
Inventaire de vos erreurs en communication
Tout d’abord, un petit rappel. N’oubliez pas que tout le monde n’est pas focalisé sur :
Le lien égalitaire et profond (non, c’est souvent la hiérarchie et le superficiel qui comptent) ;
La bonne volonté et la collaboration (eh non, vous rencontrez des profiteurs et des égoïstes) ;
L’évolution personnelle, l’humanisme et l’intelligence (encore non !).
Par ailleurs, vous devriez faire attention à :
Votre propension à ne pas juger (apprenez à cerner de plus près les gens qui vous entourent pour découvrir qu’ils ne fonctionnent pas nécessairement comme vous) ;
Votre tendance à annoncer la mauvaise nouvelle ou le dysfonctionnement (qui peut froisser et créer des frictions) ;
N’en faites pas trop (vous voulez souvent devenir encore plus altruiste alors que vous l’êtes déjà suffisamment) ;
Votre manque d’ego (lorsque vous êtes trop dans la fusion, et pas assez dans l’échange) ;
Votre envie d’approfondir et d’avoir des relations très intenses (qui peuvent ennuyer ou porter à confusion).
Trouver et prendre votre place
Revenons à l’analyse transactionnelle. Celle-ci a mis en place un cadran des « positions de vie ». L’objectif est d’être dans le cadran de l’authenticité où tout le monde se sent bien et respecté.
Quels sont les 3 autres cadrans ?
Honte, admiration (vous êtes moins bien que l’autre) ;
Désespoir, destruction (les deux sont au plus mal) ;
Mépris, pitié (vous êtes bien, tandis que l’autre est mal).
L’idée est d’équilibrer votre estime de soi avec l’estime que vous portez à l’autre. Votre position de vie peut évoluer et changer en fonction des situations.
Vous devrez parfois faire profil bas pour ne pas embarrasser autrui, sans pour autant renoncer à votre estime personnelle. Autre exemple donné par l’autrice : en contexte de compétition, évitez de chercher absolument du lien, cela passerait pour de la faiblesse.
« Prenez le temps de vous comparer objectivement aux autres et de mesurer vos compétences. Il faut vraiment le faire. Vous y trouverez confort et sécurité. Votre confiance en vous en sera renforcée. » (Je pense mieux, Ch. 9)
Comprendre les normo-pensants et s’adapter
Les surefficients peuvent être la victime de manipulateurs, pour les raisons que nous avons évoquées (confiance aveugle en l’autre, besoin de fusion, besoin de comprendre, etc.).
Mais il arrive aussi que les surefficients soient maltraitants envers les normo-pensants. Souvent, le désir qu’ils changent est encore à la manette. Mais c’est une erreur, car vous devriez plutôt les accepter tels qu’ils sont.
Ne cherchez pas non plus à les humilier en les mettant constamment face à leurs erreurs. « Il existe une règle relationnelle fondamentale pour les normé-pensants, que vous transgressez sans cesse : il ne faut jamais faire perdre la face à quelqu’un », rappelle Christel Petitcollin.
Ne plus jamais être victime des manipulateurs
Ici, l’autrice fait une confidence : après tant d’années de consultation et d’écoute des victimes, elle se sent fatiguée de ce sujet. Non pas parce qu’il n’a pas d’importance. Au contraire : sa pratique lui en apprend encore tous les jours à ce sujet.
Mais elle sent bien qu’il y a un fossé entre sa conviction que ces personnes ne changent pas et votre volonté de les faire changer (si vous êtes surefficient). Pour Christel Petitcollin, il est manifeste que ces personnes savent ce qu’elles font.
Pour en savoir plus à ce sujet, elle vous conseille de lire ses autres ouvrages. Mais vous pourriez aussi vouloir consulter la chronique de Les manipulateurs sont parmi nous !
Quelques règles de communication
Voici quelques règles de communication qui vous aideront à être encore plus à l’aise dans vos relations avec les autres :
Ayez un objectif quand vous communiquez ;
Calez-vous sur l’énergie et le ton d’autrui ;
Écoutez avant de parler ;
Clarifiez vos demandes ;
Réglez vos différends rapidement ;
Ne donnez pas à excès (restez dans l’échange égalitaire) ;
Ne vous excusez qu’une seule fois et, à l’inverse, n’acceptez qu’une seule fois des excuses.
Chapitre 10 — Votre vie amoureuse
Il existe deux piliers de la vie moderne : l’amour et le travail. Dans les deux cas, vous pouvez agir en amateur ou en pro. Vivre en amateur, c’est lorsque vous fuyez les réalités qui vous dérangent et que vous vous contentez de vivre une existence factice. Mais alors, comment devenir pro ?
Paramétrés en amateurs losers
L’amour est-il un « incendie spontané » ? Non. Ce n’est pas non plus un sentiment qui vous ballote d’une mer à l’autre. L’amour est un acte, voire un art (pour le psychanalyste états-unien Erich Fromm).
Ce qui vous fait basculer du côté « amateur » de l’amour, c’est votre tendance à faire fructifier les échanges inégalitaires. Vous… :
Choisissez des personnes qui ne vous correspondent pas, par manque de confiance en vous ;
Débordez trop vite de gratitude lorsqu’on vous témoigne de l’affection ;
Donnez trop, au point de devenir le « psy » de votre conjoint.
Minimisez les faits et vous mentez à vous-même (le fameux « C’est pas grave »).
Passez en mode pro
Pour ce faire, il faudra admettre que certaines personnes ne méritent pas/plus votre amour. Et que vous ne devriez pas en attendre en retour, car vous ne feriez que récolter du vent.
Voici 2 principes à garder à l’esprit afin d’évoluer positivement dans vos relations amoureuses :
L’amour ne doit pas faire souffrir (ce serait alors de la dépendance affective) ;
L’amour implique la franchise et le respect mutuel.
Bien sûr, cela commence par vous-même : vous éviterez de faire souffrir, de mentir et de manquer de respect à votre conjoint. Mais vous n’en attendrez pas moins !
Comment piloter votre vie amoureuse ?
Entrons dans les détails pratiques. Christel Petitcollin fait le point sur les critères à garder à l’esprit tout au long du voyage amoureux :
Prenez la responsabilité de votre sécurité affective en vous engageant en conscience ;
Choisissez avec soin votre partenaire ;
Travaillez en amont vos lacunes et ne lui demandez pas de combler vos vides ou de devenir votre psy ;
Gardez l’œil sur l’évolution de la relation et faites les ajustements nécessaires grâce à la communication ;
Sentez-vous libre de changer de cap ou de ralentir quand vous estimez que la relation prend un mauvais tournant ;
Faites une liste des prérequis de sécurité avant le « décollage » et vérifiez que les critères sont respectés tout au long du vol.
On épouse son travail sur soi
Si le conjoint « coche toutes les cases », vous pourrez être rassuré. Mais ne laissez pas votre « enfant intérieur » reprendre le contrôle de la relation. Bref : apprenez à aimer votre travail sur vous-même !
Bien sûr, les conflits sont inévitables et même sains, dans une certaine mesure. Mais n’acceptez pas de discussions envenimées ou de disputes qui vont trop loin dans l’énervement. « Coupez tout », dit l’autrice.
Mieux vaut attendre que l’émotion retombe. Si votre partenaire est digne de confiance, cherchez à reprendre le contrôle de vos sentiments et reconnectez-vous à l’amour de l’autre. Utilisez la pour vous aider.
Gardez du recul et de l’objectivité
Parfois, l’œil neutre d’un ami ou d’un coach peut vous aider à déterminer la valeur de votre relation. Celle-ci est-elle de qualité ?
Sans l’aide d’un tiers, demandez-vous ce que votre meilleur ami ferait s’il était dans la même situation. Et quels conseils lui donneriez-vous ?
Explorons maintenant comment améliorer le deuxième pilier de votre existence : la vie professionnelle.
Chapitre 11 — Votre mission professionnelle
Dans la vie de tous les jours, nous pouvons nous comporter en amateurs et refuser de faire les choses bien. Mais que faisons-nous, alors, sinon ajouter au désordre du monde ?
Qu’en est-il de la carrière ? Malheureusement, beaucoup de surefficient n’optent pas pour la carrière de leur rêve (nous avons déjà parlé du problème plus haut). Travail rime régulièrement, pour eux, avec ennui et frustration.
Quelle est votre compétence exclusive ?
Pour tenter de remédier à ce problème, vous pouvez vous appuyer sur les 4 « zones de compétences » :
La zone d’incompétence est celle où vous n’êtes décidément pas le meilleur ;
Votre zone de compétence est ce que vous pouvez faire à l’égal des autres ;
Celle d’excellence est celle, en revanche, qui vous distingue particulièrement aux yeux des autres (mais qui peut vous amener à une réussite factice, qui ne vous convient pas) ;
La zone de génie, enfin, est celle où vous êtes 100 où vous-même et unique.
Si vous réalisez des activités qui font « chanter votre cœur (et votre âme », alors vous êtes dans votre zone de génie. Ce sont elles que vous devriez cultiver.
Laissez chanter votre âme
Pas facile d’y accéder, car notre ennemi intérieur va souvent nous chercher à nous convaincre que nous n’avons pas la stature nécessaire pour nous accomplir dans ce type d’activité.
Une solution : ouvrir un dialogue sincère avec soi-même, de façon complète :
Interrogez votre corps, où logent les peurs, et demandez-vous comment mettre un projet qui respecte votre rythme naturel ;
Questionnez votre esprit, qui vous aidera à identifier les valeurs et croyances qui vous limitent et à les déverrouiller une à une) ;
Demandez à votre cœur de vous consoler de ne pas vivre la vie que vous vouliez vivre. Reconnectez-vous à vos émotions et à vos ressentis.
Enfin, laissez votre âme vous guider pour avancer. Elle sait où elle va.
Trouver votre mission de vie
Quelques qualités contradictoires sont requises pour effectuer ce chemin.
L’humilité est nécessaire, mais pas seulement. Vous devrez aussi oser entreprendre et donc être ambitieux.
La lucidité est essentielle, car elle vous fait voir le monde avec objectivité. Mais sans illumination, sans intuition vous n’irez pas non plus très loin. Elle sera votre boussole.
Soyez adulte afin de traduire vos rêves d’enfant. Vous vouliez être ceci ou cela ? Que faut-il mettre en place aujourd’hui pour que cela se réalise — quitte à ce que ce soit au prix de quelques modifications.
Pensez de façon inclusive, en réunissant les éléments en un tout homogène. Ne laissez pas les composantes du projet se faire compétition. Mais sachez néanmoins mettre un pas devant l’autre, réalisez une tâche après l’autre.
Enfin :
« Quand vous serez connecté à votre mission de vie, la procrastination dont vous vous plaignez tant disparaîtra comme par magie. L’autodiscipline se mettra en place d’elle-même. » (Je pense mieux, Ch. 11)
Insérer cette mission de vie dans un cadre professionnel
Cette mission de vie doit trouver sa place dans un cadre réaliste. Allez-vous travailler seul ou en groupe ? Freelance ou en entreprise ? Ces questions se poseront et trouveront leur réponse naturellement.
Peut-être que le travail en libéral/freelance conviendra mieux aux surefficients. C’est à vous de voir. Si vous avez déjà eu une expérience en entreprise, vous pourrez mieux cerner votre adéquation à ce monde.
Vous vous sentez la force d’un meneur ? Peut-être, alors, qu’un travail en groupe vous sera bénéfique. Vous êtes désormais capable de faire face aux jeux de pouvoir et de prendre votre place, de façon originale et respectueuse.
Conclusion sur « Je pense mieux » de Christel Petitcollin :
Ce qu’il faut retenir de « Je pense mieux » de Christel Petitcollin :
Ce livre est la suite de Je pense trop. Il répond aux questions restées en suspens dans ce présent ouvrage et cherche à explorer de nouvelles pistes pour aider les « surefficients » à vivre mieux.
L’autrice s’appuie sur sa longue pratique de coach pour préciser la manière dont elle voit les « surefficients ». Selon elle, il convient de regarder ce phénomène de façon transversale, en allant de l’hypersensibilité à l’autisme.
Par ailleurs, elle refuse toute pathologisation. Elle plaide pour une acceptation pleine et entière de la différence cognitive et émotionnelle. En fait, elle va même plus loin, puisqu’elle suggère à plusieurs reprises, de façon explicite, que les surefficients ont de nombreux avantages sur les autres (qu’elles qualifient de « normo-pensants »).
Il leur faut toutefois apprendre à accepter et à canaliser leur potentiel extraordinaire.
En particulier, ce sont les relations amoureuses et le travail qui sont en jeu, ces deux « piliers » de nos existences contemporaines. En nous aidant à comprendre les relations de pouvoir au travail et les tensions au sein du couple, elle nous met face à la possibilité du changement.
Les techniques de coaching et de développement personnel qui sont présentées nous aident à faire le reste, à savoir nous emparer des clés du changement et reprendre le pouvoir sur nos vies !
Points forts :
Un style alerte, drôle, très personnel aussi ;
Des références et une bibliographie intéressantes ;
Une construction claire.
Point faible :
Comme certains lecteurs le lui ont fait remarquer, il peut être un peu risqué de catégoriser les personnes en trois catégories « figées » : les surefficients, les normo-pensants et les manipulateurs.
Ma note :
★★★★☆
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