Le blog de Benoit et Geoffrey : Bonne Gueule Transcription texte de l’interview :
Olivier Roland : Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de blogueur Pro. Je suis actuellement avec Benoit et Geoffrey du blog "Bonne gueule". J’ai voulu vous interviewer car j’ai eu des échos indiquant que votre blog marchait vraiment très bien. Ce qui m’intriguait c’est que vous êtes deux blogueurs, ce n’est pas une configuration que l’on voit beaucoup sur le web français. Et cela pourrait intéresser les blogueurs de voir ce que l’on peut faire quand on est à deux. On peut se diviser le travail et fonctionner en partenariat. Est-ce que vous pouvez vous présenter rapidement et présenter "Bonne gueule" pour ceux qui ne vous connaissent pas? Benoit : Moi je suis Benoit. J’ai 24 ans. "Bonne gueule", ça fait 5 ans que ça existe. Le premier article a été publié en juillet 2007. J’étais avec une autre personne qui est rentrée en prépa, donc pendant 4 ans j’ai tenu le blog tout seul, avec quelques articles invités de la part des copains. Pendant ce temps, j’étais en école de commerce et donc je m’occupais du blog en parallèle avec mes études. Olivier Roland : Tu avais quel âge quand tu as commencé? Benoit : J’avais 19 ans. Cela nous a beaucoup favorisés, car notre nom de domaine était assez vu et Google donne un bon coup de pouce aux vieux sites qui publient du contenu régulièrement, au niveau du référencement. J’étais seul jusqu’à il y a un an et demi où j’ai voulu le monétiser de manière un peu plus sérieuse. J’ai toujours été contre la pub et l’affiliation, je n’ai jamais eu l’esprit entrepreneur. Dans mon école je faisais plutôt partie de la masse silencieuse. Donc j’ai fait appel à Geoffrey. Olivier Roland : Quel était ton objectif à l’époque? Tu t’intéressais à la mode? Benoit : Mes copains m’appelaient souvent pour aller faire du shopping, et moi j’ai toujours aimé écrire et je me suis dit que les conseils que je donnais à mes copains, je pourrais les donner sur un blog. C’est là que l’aventure a débuté. J’étais à Montréal pendant 9 mois, pendant ce temps Geoffrey a quitté son job et s’est mis à travailler à "Bonne gueule". Quand je suis rentré d’un voyage aux États-Unis, j’ai pu me mettre à plein temps sur "Bonne gueule". Maintenant nous sommes tous deux à plein temps. Olivier Roland : Si je comprends bien, tu avais ton blog depuis 4 ans, qui ne fonctionnait pas trop mal mais… Benoit : …qui était très artisanal. Olivier Roland : Avec déjà un bon trafic ou pas? Benoit : Il y avait environ 500 visiteurs par jour. Olivier Roland : Donc tu étais à moins de 30 000 visiteurs par mois. Benoit : À l’époque je ne regardais pas trop mes statistiques, donc les bons jours c’était 500-600 visiteurs par jour à peu près. C’était un petit blog… Olivier Roland : C’était un petit blog sympa dont tu aimais bien t’occuper. Benoit : Exactement. Olivier Roland : À un moment donné, tu t’es dit que tu voulais passer à la vitesse supérieure mais tu ne pouvais pas le faire tout seul. Benoit : Je me voyais mal le faire tout seul, car je manquais peut-être un peu de confiance. Cela me paraissait trop impressionnant, c’est pourquoi j’ai fait appel à Geoffrey pour qu’il me rejoigne dans cette belle aventure. Olivier Roland : Bien. Quel est le trafic et le chiffre d’affaires de votre blog aujourd’hui? Benoit : Je laisse Geoffrey répondre à cette question. Geoffrey : Benoit s’occupe plus du côté créatif, produit, alors que moi je suis plus côté gestionnaire, commercial, partenariat. Dans Google, "Bonne gueule" tournait autour de 500 visites. Nous l’avons fait passer à 3500-4000 visites par jour. Nous dépassons les 500 000 à l’année. Olivier Roland : Et au niveau du CA? Benoit : En moyenne 5000€ par mois, parfois plus. Olivier Roland : Pendant 4 ans le trafic était de 500 visites par jour. En un an, il est passé à 4000 visites par jour. C’est quand même impressionnant. Benoit : Moi, même si j’étais dans le commerce, j’étais plus dans mon produit. Geoffrey, lui, a vu les effets de levier que l’on pouvait trouver pour acquérir de l’audience. C’est lui qui a développé tout ce qui est articles invités, en les mettant à un autre niveau. Il n’hésitait pas à payer des copains pour avoir des articles invités. C’était un cercle vertueux pour tout le monde. Nous, on avait des articles invités de qualité, et les copains pouvaient écrire sur des sujets qui leur plaisaient et être rémunérés pour cela. Olivier Roland : Geoffrey, tu avais déjà un blog à l’époque, pourquoi tu n’as pas appliqué ces stratégies pour ton propre blog? Geoffrey : Parce que je ne les connaissais pas tellement. Je le voyais plus comme une carte de visite pour tenter de travailler dans la mode masculine mais cela n’a pas fonctionné. C’est vrai que le fait de voir fonctionner aussi bien le "Bonne gueule book" dès le début, cela m’a donné des idées. En fait pour tout dire, le jour où j’ai lancé avec Benoit le livre, c’était un dimanche. Le lundi matin, j’étais face à une gestionnaire RH d’un cabinet de conseil parisien qui me disait que mes augmentations seraient de 3% par an, que je devais payer mon assurance vie emploi…et mon téléphone portable n’arrêtait pas de sonner dans ma poche " 27 euros…27euros…27 euros". Donc tu te doutes bien qu’après pendant 7 mois j’étais un employé assez horrible, car j’avais beau essayer de m’intéresser à ce travail, à côté de cela j’avais une perspective énorme qui s’ouvrait en travaillant avec Benoit. Tous les soirs, jusqu’à 4h du matin, j’envoyais encore des mails, je préparais la suite, les parutions, la SEO etc…Je ne faisais que préparer la sortie de mon boulot. À un moment donné, je ne pouvais plus faire les deux. Mon travail s’était dégradé et je ne me sentais pas du tout à l’aise dans le cabinet. Je me suis dit qu’il fallait faire le grand saut et cela a été un énorme soulagement. Olivier Roland : Donc maintenant, tu es à temps plein sur "Bonne gueule"? Geoffrey : J’ai bossé pendant 4-5 mois à temps plein pour préparer l’arrivée de Benoit qui finissait encore ses études. On a deux ans de différence en termes de promotion. Benoit est arrivé en Avril, puis on a fait le voyage aux USA. Maintenant, nous sommes tous les deux à plein temps. Olivier Roland : Alors premier produit "le Bonne gueule Book". C’est ce qui vous a lancé finalement. Vous faisiez combien de chiffre d’affaires à ce moment-là? Benoit : Moins que Laurent Breillat, c’est sûr. Mais pendant les 3 jours où on a atteint la barre des 1 000€ par jour, ma première réaction c’était que je n’aurais pas besoin de faire un job d’été. Geoffrey : Moi j’étais à -5000€, je devais payer GDF, je n’avais pas payé la facture car j’avais payé les graphistes. J’avais encore un emprunt, donc ma réaction c’était que j’allais pouvoir payer mes dettes. Benoit : On a eu beaucoup de chance. Olivier Roland : On revient à ce côté complémentarité entre vous. Toi tu es plus créatif, toi tu es plutôt vente, marketing, et toutes les stratégies pour amener du trafic sur le blog. Bravo pour la compétence. Qui crée les articles aujourd’hui? Benoit : Nous sommes en pleine création de produit, donc c’est Geoffrey et moi-même. Il n’y a pas d’articles invités en ce moment. Olivier Roland : Donc vous avez en partie externalisé la création de contenu sur votre blog. Geoffrey : Le vrai contenu prend valeur dans tes conseils. Il est très dur à faire produire par quelqu’un, mais c’est vrai que par exemple dans les articles test, on propose à nos lecteurs fidèles de faire le test d’un vêtement, d’une paire de chaussure ou autre, généralement ils l’ont en cadeau et ils s’engagent à nous faire un bel article. C’est un échange où tout le monde est content. Benoit : Nous sommes quand même assez réputés pour nos tests. On ne fait pas des articles de 300 mots. Cela nous permet de monter un peu plus haut et d’avoir de super tests. Olivier Roland : Un partenariat dans son entreprise, cela peut avoir beaucoup d’avantages mais aussi pas mal d’inconvénients. Qu’est-ce qui est difficile de travailler à deux au quotidien? Benoit : Le plus visible c’est les profits qui sont partagés en deux. En même temps je me demande si ma qualité de vie en serait meilleure en gagnant deux fois plus. Geoffrey : Pour moi, il y a des tâches que je n’aime pas faire, des tâches que Benoit n’aime pas faire, des tâches où l’un ou l’autre n’est pas bon. Donc cela permet de se concentrer sur ce que l’on sait faire de mieux. Par exemple, Benoit ne sera pas très à l’aise dans le côté partenariat avec d’autres acteurs, par contre moi je suis, avec mon passif de commercial, commercialement un peu plus "agressif". Je fais cela plus naturellement. Olivier Roland : Qu’est-ce qui se passe lorsque vous avez des tâches que vous ne voulez pas faire l’un et l’autre? Geoffrey : On externalise. Très rapidement on a trouvé des personnes pour externaliser. On a de très bons Freelance. On a une très bonne traductrice Freelance. On voulait quand même faire un produit en anglais car on avait identifié des partenaires qui avaient un éditorial proche. Il n’y avait plus qu’à leur expliquer comment faire un lancement, le genre de choses que tu expliques très bien à tes lecteurs et tes clients. C’est un lancement qui marche bien. Aujourd’hui on gagne environ 60€ en chiffre d’affaires par jour sur le web anglo-saxon. Olivier Roland : Donc ce sont des partenaires…. Geoffrey : On leur fait juste un produit. On a quand même des velléités internationales qui ne sont pas à l’ordre du jour aujourd’hui, mais dans un an et demi on va beaucoup y penser. Olivier Roland : ….Vous avez beaucoup de concurrence aussi…. Benoit : Pas tant que ça. Les informations sur le look en anglais soit sont très cheap, soit inexistantes…. Geoffrey : Elles viennent souvent de dating coaches. Les mecs souvent ne s’y connaissent pas. Et à côté, il y a un côté séduction qui peut paraitre un peu rédhibitoire pour certaines personnes. J’ai des amis qui sont coach dans la séduction, c’est un business comme un autre, mais c’est vrai que le public ne le voit pas toujours du même œil et le fait d’être un acteur qui est uniquement LOOK, c’est en soi un gros avantage. Olivier Roland : Il y a aussi la French touch à jouer sur l’international. Benoit : Objectivement, on avait aussi une qualité de contenu assez élevée puisqu’on était relookeur aussi. Cela faisait 5 ans que j’étais sur le sujet. On n’a pas trouvé d’équivalent américain. Évidemment il y a des gens qui sont très pointus sur la mode masculine mais aucun n’avait une vraie pédagogie derrière en fait. Geoffrey : Ce qui manque dans tous les domaines que ce soit en France ou à l’étranger, ce sont des vulgarisateurs. Ce ne sont pas les gens pointus qui vont s’adresser à des gens pointus. Ce ne sont pas des gens qui ne connaissent pas grand-chose qui font de l’article de masse. Ce sont des gens qui arrivent à faire la navette entre des choses qui peuvent être vues comme compliquées, et qui arrivent à les expliquer en des termes simples à des gens qui n’ont pas forcément le contexte autour pour passer directement au premier étage. Nous sommes en quelques sorte les escaliers. Benoit : C’est exactement ce que tu fais avec ton blog "Des livres pour changer" quand tu expliques simplement le business. Olivier Roland : Effectivement, c’est là où il y a un gros marché pour tous ceux qui veulent se lancer. Benoit : Laurent Breillat est aussi un exemple parlant. Olivier Roland : Vous avez de quoi faire. On va suivre avec attention votre ascension sur le marché anglo-saxon, car il n’y a pas beaucoup de blogueurs en France qui s’attaquent à ça. Geoffrey : Finalement cela ne coûte pas très cher. Tu prends un mec qui fait du développement commercial, tu rachètes un blog qui a déjà une audience. Une fois que c’est fait. Il faut juste traduire un flux et le brancher… tu peux customiser un peu le produit…il y a quand même beaucoup moins de travail. Nous connaissons déjà la recette. Olivier Roland : Voilà la recette est donnée, nous attendons vos retours sur BlogueurPro et nous suivrons cela avec attention. Vous avez pas mal de projets pour l’avenir. Ce qui est intéressant, c’est qu’au-delà des produits d’information que vous vendez, que finalement la plupart des blogueurs français de la nouvelle vague vendent aussi, vous faites également des produits physiques. Benoit : On en a fait deux pour l’instant. Le premier c’était un jean qui a très bien marché. Pour la petite histoire, c’est un jean assez épais, qui coûtait quand même 157€. Pour le commun des mortels c’est du haut de gamme, mais les gens qui s’y connaissent c’est du moyen/haut de gamme. Nos amis qui travaillent dans le e-commerce nous ont dit de sortir le champagne si on arrivait à en vendre 75 la première semaine. Dans les faits, moi j’ai fait une grosse erreur car tout le monde me demandait s’il pouvait réserver le jean, donc j’ai décidé de faire une page de précommande et d’envoyer un e-mail à toute ma liste pour leur dire que les précommandes sont ouvertes. Le stock de 150 jeans est parti en 4 heures. C’était le stock pour deux mois. Geoffrey : Moi j’avais parié que l’on vendrait 60 jeans en une semaine. Olivier Roland : Je pense que ce qui est extrêmement intéressant ici c’est que l’on voit le pouvoir d’un blog qui est non seulement de générer plus de trafic, mais aussi de développer la relation et l’autorité. Ce sont les trois piliers dont je parle dans mon livre. Une boutique e-commerce qui n’a pas ces piliers-là, ne va pas avoir cette aura-là auprès de ses prospects, elle n’aura pas cette relation qui fait que ses prospects l’apprécient, et voient tout de suite la différence d’efficacité. Benoit : Je n’arrête pas de dire arrêtez d’envoyer que des newsletters à vos prospects. Arrêtez d’envoyer des promotions. Olivier Roland : Il faut une relation humaine avec tout cela. Ce sont des lecteurs qui sont là qui adorent ce que vous faites…. Benoit : Et surtout moi j’ai l’impression qu’il y a des gens qui font de l’e-commerce qui sont incapables de se mettre à la place de leurs prospects. Ils se disent quand la personne va recevoir un email avec la newsletter, elle va être curieuse et va venir. Geoffrey : Dans beaucoup de cas, le meilleur marketing est de ne pas avoir de marketing. Je pense que l’économie est arrivée à un stade où il faut créer beaucoup plus de personnalisation, plus de confiance et tout cela se fait plus facilement en étant spontané, véridique, transparent. Olivier Roland : Je pense que c’est du marketing quand même, mais de proximité. Geoffrey : Nous avons un marketing centré sur la transparence et la proximité. Par exemple toi avec tes lecteurs, tes auditeurs…. Benoit : Je n’ai pas hésité à dire que le jean avait du retard, que Paypal nous a bloqué notre compte, ce qui a entrainé pas mal de problèmes. J’ai choisi de dire clairement les choses sans les camoufler. Olivier Roland : Vous avez tellement gagné d’argent, que Paypal a bloqué votre compte. Geoffrey : Nous ne pouvions pas payer le transporteur. En gros, le business était gelé, nous ne pouvions rien faire. Olivier Roland : Alors comment avez-vous communiqué avec vos prospects? Benoit : En fait j’ai reçu des e-mails de remerciement qui me disaient que c’était vraiment rare que l’on les informe. J’ai aussi proposé un remboursement. Geoffrey : Nous avons un lectorat formidable. Nous faisons de plus en plus de choses pour être à leur écoute. Benoit : C’est la puissance d’une liste de personnes qui nous soutiennent, qui croient en nous et qui aiment ce que l’on fait. Olivier Roland : Vous avez dans cette étude de cas un résumé de tous les avantages que peut apporter un blog parfois à un site e-commerce ou a tout autre site. Benoit : Pour le T-shirt c’était pareil. Geoffrey : Le problème qui se posait c’est qu’on utilisait Paypal qui n’est pas adapté pour les ventes Flash. C’est très difficile d’arrêter le bouton Paypal en temps réel quand il n’y a plus de disponibilité. Olivier Roland : Vous avez dû effectuer des remboursements… Geoffrey : C’est pour cela que l’on prépare une infrastructure un peu plus professionnelle qui permet de mieux mettre en valeur le produit, une meilleure gestion du stock et des réservations. Olivier Roland : En tout cas cela montre que lorsqu’on est blogueur on peut vendre des produits physiques et que cela fonctionne. Benoit : Il y a des synergies qui peuvent être colossales pour un propriétaire de e-commerce. Mais eux, ils raisonnent toujours en termes de taux de rebond, de pages lues, de positionnement clé…à aucun moment, je vois la relation humaine. C’est à dire comment je fais pour créer de la confiance, pour les rassurer, leur montrer que je les comprends, que je tiens à eux? Toutes ces questions finalement sont balayées car ils se cachent derrière le fait que c’est du commerce de masse et donc cela ne s’applique pas chez eux. Geoffrey : C’est toujours des e-commerces qui existent qui se lancent en se disant qu’ils vont mettre du communautaire, c’est la grande mode. Mais on n’a jamais un éditorial qui est suffisamment touchant, percutant, parce que c’est trop informel. Ce sont des gens qui sont payés pour écrire. La bonne approche c’est de créer une communauté, d’apporter de la valeur, de fédérer une communauté derrière un idéal de société de consommation et ensuite de se demander de quoi a besoin cette communauté afin de créer des vêtements ou des produits qu’elle veut. C’est vraiment le problème pris à l’inverse. Benoit : Pour eux la relation client, c’est répondre aux gens sur la page FaceBook et à faire du Tweeter. Pour moi il faut aller au-delà. Olivier Roland : Il faut apporter de la valeur, il faut savoir montrer que l’on est un expert, que les produits que l’on propose, on les a bien sélectionnés ou créés soi-même et avoir une véritable relation humaine avec ces prospects… Benoit : Il faut sortir un peu de tout ce qui est statistique et passer à une approche beaucoup plus qualitative. J’ai l’impression que c’est difficile à apprendre. Olivier Roland : Tant mieux pour vous. Vous avez d’autres projets comme ça de produits physiques? Geoffrey : Benoit ce sera plus des produits en version numérique, pédagogique finalement, moi ce sera plus la partie vêtement, la partie infrastructure pour vendre les vêtements, le système de réservation… Benoit fera la partie formations avec plein d’experts, on va les enrichir à chaque relancement. Une fois que l’on a tout cela, on transposera sur un modèle anglo-saxon pour vraiment toucher un public plus grand. Olivier Roland : Cela fait plaisir. Geoffrey : Et finalement ce n’est si compliqué que ça à mettre en place. C’est plus la partie française qui prend le plus de temps, après ce n’est que de la traduction. Olivier Roland : Ce sera intéressant pour ceux qui nous regarderont dans un an d’aller sur le web pour voir si vous êtes présent sur le web anglo-saxon. En tout cas bravo. Car comme je vous le disais ce sont des choses que l’on voit rarement sur la blogosphère française, donc félicitations. Alors comme à tous les blogueurs que je rencontre, je vais vous demander combien de temps de travail par semaine vous consacrez à votre blog? Geoffrey : 6j/7 et 7-8h mais comme tu le dis souvent c’est compliqué de savoir où est la limite entre ce que tu dois faire et ce que tu aimes faire. Benoit : Par exemple toute la journée je suis sur ‘’Bonne gueule’’, ensuite vers 20h je sors dîner avec un ami. Je reviens à 23h. Je vais prendre mes mails, ou je regarde un blog….En fait moi je ne suis pas capable de répondre vraiment à cette question. C’est sûr on n’est pas en mode "semaine des 4 heures". Olivier Roland : Est-ce que vous faites partie de ceux qui travaillent 70 heures par semaine? Benoit : Non. Si je dois aller à une soirée j’y vais, le soir je ne m’interdis pas d’aller au cinéma…on fait du Beach volley Ball… Olivier Roland : Vous travaillez un peu le weekend? Benoit : Moi cela m’arrive un peu dans le train… Geoffrey : De toute façon si tu travailles 70h par semaine, tu perds l’équilibre au niveau de ta santé, du sport, de ta copine… Si tu n’es pas heureux dans un aspect de ta vie, cela va forcément mettre un gros burn sur ta capacité à développer ton business. Benoit : Moi j’ai toujours besoin d’être créatif, si je suis trop la tête dans le guidon, je ne peux plus avoir de créativité. Olivier Roland : Vous avez l’impression aujourd’hui d’avoir un équilibre entre votre vie professionnelle et personnelle? Benoit : Oui. Olivier Roland : Ceux qui n’est pas le cas de beaucoup d’entrepreneurs, en tout cas ceux qui démarrent leur entreprise. Benoit : Je pense que pour eux c’est différent. Ils ont une énorme pression. Une entreprise classique nécessite des investisseurs. Alors que nous on était rentable dès le deuxième jour. Olivier Roland : C’est vrai, cela ne vous a pas demandé un grand investissement? Benoit : 7 000€, ce qui est négligeable. Olivier Roland : Pourquoi 7 000€ ? Benoit : Au niveau du graphisme, cela nous a coûté 2 500€ pour la mise en page de l’e-book. Je ne voulais pas que les gens pensent que j’ai juste pris un fichier Word pour l’exporter en PDF. On a payé 500€ pour la customisation de la page de vente. Olivier Roland : Vous n’avez pas hésité à investir pour avoir un beau produit pour donner à vos lecteurs une bonne qualité. Benoit : C’est surtout Geoffrey qui a avancé pas mal d’argent. Olivier Roland : Tu as donné 5000€ d’un coup. Geoffrey : Tout est tombé en même temps : Impôts, gaz, graphisme etc… Olivier Roland : C’est une stratégie intelligente dans le sens où il ne faut pas décevoir ses clients. Mais on peut aussi démarrer avec un petit produit sans mettre trop d’investissement. Vous avez préféré investir mais vous auriez pu démarrer l’e-book moins cher. Benoit : Bien sûr pour le blogueur débutant, je ne lui conseille pas de dépenser 2 500€ dans le graphisme. Pour moi le fait de perdre de l’argent n’était pas concevable. Vu l’audience que l’on avait, on était plutôt confiant. De plus le graphiste nous a accordé pas mal de facilité de paiement, donc nous le remercions. Olivier Roland : Avoir son entreprise sur internet, cela vous permet aussi de voyager. Est-ce que vous en profitez un petit peu? Benoit : Par rapport à cela, il y a toujours un mythe (business internet = vous pouvez voyager). On a pu partir un mois aux USA, Joffrey est parti en Thaïlande cet été. Moi je vais repartir à Montréal pour 3 semaines. Dans une entreprise classique, j’aurais déjà grillé tous mes jours de congé. Olivier Roland : Toi Geoffrey, tu as été en Thaïlande pendant un mois c’est cela? Geoffrey : Oui. C’est vrai que l’on prend quand même 2 mois de voyages dans l’année. Olivier Roland : C’est énorme par rapport à un salarié classique. Geoffrey : Il ne faut pas du tout penser qu’un business sur un blog est entièrement virtuel. Quand tu veux nouer des partenariats avec d’autres partenaires web (par exemple nous en ce moment, on crée des partenariats avec "Mensup") qui sont des grosses publications dans notre secteur, quand il faut créer une relation de confiance avec le créateur de vêtements qui met sa marque entre tes mains le temps d’une collaboration. Cela c’est des poignées de mains, ce n’est pas des échanges de mails. Benoit : On a quand même une qualité de vie qui est enviable pour beaucoup de personnes. Moi je suis toujours très souple par rapport aux sorties avec mes amis. Olivier Roland : Pour donner un peu mon avis par rapport à mon expérience personnelle, au début quand j’ai sorti ma première formation d’"Agir et réussir", tous les partenaires qui ont promu la formation, je les avais uniquement contactés par e-mail. J’ai ensuite rencontré la plupart d’entre eux à un moment donné. Je ne dirais pas que c’est indispensable pour démarrer une collaboration, mais cela dépend évidemment de la complexité du partenariat. Mais de toute façon, une rencontre, cela vaut des milliers de mails. Il faut rencontrer les personnes humaines car c’est plaisant et cela renforce les liens. C’est les limites du web. D’ailleurs c’est pareil pour les clients, j’ai organisé une rencontre récemment avec les clients de BlogueurPro. C’est très plaisant de voir les personnes avec qui tu échanges depuis parfois des mois. Ils en ont besoin, ça leur fait plaisir. Quand on suit une formation à distance, on reste physiquement tout seul derrière son ordinateur. Il ne faut donc pas négliger cet aspect rencontre qui est très important. Mais pour démarrer ce n’est pas indispensable. Benoit : Nous avec des produits physiques à gérer, des prestations, avec pas mal de rendez-vous pour les bons acteurs…il faut être là. D’ailleurs si tu es à Paris pour 3 mois, c’est aussi un peu pour cela. Olivier Roland : C’est vrai, cela fait un mois que je suis à Paris et j’en ai profité pour rencontrer pas mal de personnes, notamment celles avec qui je travaille depuis parfois des années que je n’avais jamais rencontrées. On a un bon aperçu de votre blog, de votre business. Pour terminer, quels sont les conseils que vous donneriez aux blogueurs qui veulent se lancer? Benoit : La première chose importante pour moi c’est de voir les choses de manière très légère. Commencez très simplement un blog de base, ne perdez pas de temps à faire des schémas. Publiez des articles et après vous faites le design. Et surtout, réfléchissez à un contenu de qualité pour vos lecteurs, ça c’est fondamental. Il faut se demander ce que les lecteurs veulent, mettre l’accent sur la relation, aller à l’essentiel et ne pas perdre de temps dès le début. Il faut installer Aweber, préparer ses séquences email, les articles "coup de poing"…le design n’est pas très important. Je conseille de commencer par un petit produit. Olivier Roland : Pour la monétisation, une fois que tout est mûr, le blog, la liste etc…il faut lancer si possible une formation. On peut aussi démarrer par un produit plus petit qui permet de gagner de l’expérience. Benoit : …Qui permet d’être motivé. Dans le pire des cas on a gagné 400€, et cela nous motive. Olivier Roland : C’est vrai que même les premières dizaines, centaines d’euros gagnées constituent déjà une super motivation. Benoit : Il faut savoir qu’il existe de très bons marketeurs américains qui vendent des formations par mail très chères. Si vous avez peur de vous lancer dans la grande formation, il y a des tas de possibilités qui existent…des formations en duo… Il ne faut pas avoir peur de réinvestir ce que l’on a gagné. Tout ce qui est SEO il faut l’externaliser. On se démotive très vite à faire des choses que l’on n’a pas vraiment envie de faire. Donc ne pas hésiter à réinvestir ses revenus mais aussi à se faire plaisir avec. Olivier Roland : Je trouve que ce sont là d’excellents conseils. Est-ce que tu en as à rajouter? Geoffrey : J’en ai deux. Le premier c’est qu’il ne faut pas se leurrer, c’est beaucoup de travail. Si on ne transpire pas un peu, on n’a pas grand-chose. Olivier Roland : Tu as quand même démarré en ayant quelque chose à côté. C’était quand même à temps partiel au début. Benoit : C’était une passion. Faire du contenu sur quelque chose qui ne nous passionne pas c’est une torture. Olivier Roland : On voit là un très bon exemple. Le cœur du succès, c’est d’avoir l’intersection entre la passion, le marché économique évidemment et les compétences. Dans votre cas, vous êtes compétents dans le domaine, vous êtes passionnés et il y a un vrai marché dans votre domaine. Donc la passion vous a permis de beaucoup travailler dessus. Moi j’ai beaucoup insisté sur le fait que l’on peut démarrer un blog à temps partiel. Il faut travailler beaucoup, mais il ne faut pas non plus y consacrer 70h par semaine. Geoffrey : Oui mais il y a des sacrifices aussi à faire. Moi je me souviens d’avoir fait beaucoup de nuits blanches sur les périodes de pré-lancement. Il y a une part de risques financiers, c’est aussi un petit sacrifice. Benoit : À notre échelle c’est normal, mais pour un blogueur débutant, s’il lance un petit produit, il a une petite liste…cela peut rester très léger. C’est vrai que Geoffrey parle quand même d’une échelle un peu différente pour gagner plusieurs milliers d’euros par mois avec le blog. Mais au tout début, en supprimant la télé, Facebook et Youtube… Olivier Roland : Des gens ont gagné énormément d’argent. Geoffrey : En essayant de supprimer tous les loisirs inutiles. Finalement est-ce que cela vous apporte plus de rester oisif devant une série télévisée que de lire un livre sur votre thématique. Moi j’ai la chance d’aimer les livres sur le marketing. Benoit : C’est pour ça que moi je ne regarde plus de séries télé, le fameux Zone interdite du dimanche soir…. Geoffrey : Il faut couper la télé. Olivier Roland : Effectivement, des sacrifices qui une fois que l’on est habitué, sont plutôt des cadeaux que l’on se fait. Ce sont des distractions qui ne vous apportent rien. À la place, vous pouvez construire quelque chose de beau et qui vous fait vibrer, qui vous apporte aussi des revenus. Il faut savoir aller au-delà de la gratification du petit plaisir à l’instant T. Geoffrey : Organisez un tournoi de paintball avec vos amis, économisez un peu pour partir en vacances avec votre femme… Benoit : C’est MJ DeMarco, l’auteur de l’Autoroute du Millionaire qui disait qu’il y avait une différence entre un process et un événement. Les gens de l’extérieur voient l’événement " C’est cool, il part 3 semaines à Montréal", alors que derrière il y a eu un énorme effort pour permettre cela. Donc le bon conseil c’est de voir tout le process et pas seulement l’événement. Olivier Roland : Geoffrey, tu es l’homme qui a transformé " Bonne gueule" qui est passé de 500 à 3000 visiteurs par jour. Quels sont tes conseils au niveau du trafic pour un blogueur débutant? Quelle a été l’action la plus efficace que tu as entreprise? Geoffrey : Les articles invités sur un autre blog. D’ailleurs il faut des articles de contenu aussi bon que les vôtres. Il faut faire les choses proprement pour que le partenariat dure avec quelqu’un qui vous offre la chance de publier chez lui. Donc il faut faire les choses comme si c’était pour votre blog. Quand on va chez quelqu’un à dîner, on s’essuie les pieds et on ne pourrit pas le tapis. Lorsque vous écrivez un article pour un autre blog, essayez de créer de la valeur pour lui aussi. Dans les secteurs déjà moins professionnalisés, il faut voir les gens en vrai sur le long terme. Benoit : Il faut aussi externaliser la SEO. Olivier Roland : C’est à dire confier le référencement SEO à un référenceur. Benoit : Pour un blogueur débutant, il n’y a pas grand-chose à faire à part faire de très bons articles invités. Olivier Roland : C’est bon pour un blog d’avoir des liens d’un blog qui a plus d’autorité que vous. Benoit : C’est vraiment la méthode que les blogueurs débutant devraient suivre. Geoffrey : Il ne faut pas oublier les réseaux sociaux, mais plus dans le sens social que réseau. Je pensais au forums. Si on apporte de la valeur à un forum, après plusieurs articles on peut demander la permission de promouvoir ses produits au propriétaire du forum. Olivier Roland : Voilà c’est très important, il faut toujours apporter de la valeur avant de promouvoir ses produits en particulier sur les forums. Si vous vous inscrivez pour juste dire d’aller voir votre produit, vous allez vous faire expulser très vite. Geoffrey : Vous faites des bons posts, et ensuite vous demandez l’autorisation de mettre votre lien en signature. Et continuez à apporter de la valeur. Olivier Roland : Donnez pour recevoir. Geoffrey : Mon deuxième conseil, c’est sur l’innovation. Moi au début, j’avais tendance à être un peu anxieux en regardant ce qui se passait à droite et à gauche sur les autres blogs. Avec le recul, ce n’est pas utile, car en fait à trop regarder sur le côté on perd sa vision à long terme. Visionnaire, c’est un grand mot, mais je pense qu’on doit savoir ce qu’on veut dans 5 ans, ce qui nous rendrait le plus fier, qu’est-ce qui apporte de la valeur concrète à mes lecteurs, quitte à aller parfois dans le sens inverse de ce que veulent certaines parties du lectorat. Il faut imposer sa vision si on pense que c’est la bonne. Et tout cela on le perd, si on se concentre à épier ce que fait le concurrent pour le copier. Non seulement on se limite à de la copie mais en plus en copiant on a une longueur de retard, le temps d’adapter ce que lui met en place. La meilleure position que vous pouvez atteindre c’est d’être numéro 2, c’est assez triste de se borner à ça. Benoit : Le standard c’est l’attente du client pas la concurrence en fait. Olivier Roland : Voilà un super conseil pour conclure cette interview. Il y a eu énormément de bon contenu pour ceux qui s’intéressent au blogging professionnel. Merci de l’avoir accepté. On va suivre avec attention votre réussite sur le web anglo-saxon. Geoffrey : Merci, à bientôt. Merci Olivier. Olivier Roland : Merci et au revoir.