J’ai vécu deux fois à San Francisco lors de mon séjour de 3 mois aux Etats-Unis : tout d’abord une semaine en juillet avec la jeune femme qui partage ma vie, puis deux semaines fin août, juste avant de revenir en France. Je vais donc synthétiser pour vous mon ressenti lors de ces deux séjours, afin comme d’habitude de vous faire voyager sans voyager, et pour vous permettre de découvrir cette ville, et pourquoi pas en faire votre prochaine destination . De Los Angeles à San Francisco J’ai commencé mon road-trip aux Etats-Unis en faisant le voyage en voiture de Los Angeles à San Francisco, qui vaut vraiment le détour. Mais surtout, si vous le faites aussi, prenez bien soin de prendre la route 1 qui longe la côte, c’est la moins rapide mais de loin la plus belle. On y longe une côte superbe parsemée de plages désertes, avec un paysage vallonné qui se transforme progressivement en paysage montagneux.
Un aperçu du superbe parcours côtier qui vous attend si vous prenez la route 1 Et sur le dernier tiers de la route, le paysage devient absolument sublime. La route est coincée entre la mer et les montagnes, et la brume et le soleil jouent à créer des effets de lumière absolument superbes qui donnent l’impression de vivre une poésie de la route, un moment de grâce un peu surréaliste et fugace qui semble pouvoir s’évanouir à tout instant et dont il faut profiter avant qu’il ne s’envole à jamais.
Un pâle aperçu de la sublime beauté de la route 1 et des magnifiques jeux de lumière entre le soleil et la brume Bref, à partir de Los Angeles, le voyage est déjà un spectacle en soi, avant même d’arriver à destination ! Climat
La première chose qui frappe à San Franscisco, outre son architecture particulière (j’en parle juste après), c’est son climat, très différent de celui de Los Angeles. Nous sommes à environ 500 kilomètres plus au nord, et même si cela correspond à la latitude d’Alger, la température est plus basse, et surtout la brume est omniprésente, alors que le soleil brille quasiment tout le temps à Los Angeles (c’est d’ailleurs pour cela qu’Hollywood y est né, c’est plus pratique pour y tourner des films).
Un aperçu de la chape de brume qui menace la ville presque tout le temps, et qui souvent la recouvre complètement le matin. Le Golden Gate Bridge est noyé dans la brume, et il est rare de le voir entièrement La chanson classique de Maxime Le Forestier “Une maison bleue” ne ment donc pas quand elle dit que “San Francisco s’embrume” ! Cette chape de brume presque omniprésente est d’ailleurs spectaculaire vue d’avion. J’ai fait un tour en hydravion de la baie et cette mer de nuages semble se tenir prête à bondir sur la ville pour l’engloutir à tout moment – ce qui se produit d’ailleurs souvent le matin. Elle s’accroche aux collines environnantes et semble couler de leurs sommets.
La mer de nuages s’accroche aux sommets des collines environnantes et semble en couler Il est ainsi rare de voir le célèbre Golden Gate Bridge entièrement, car il se trouve à l’entrée de la baie et est donc souvent le premier à être “pris pour cible”.
Le Golden Gate Bridge vu de la baie. Et encore, là on voit à peu près le sommet des piliers
Vivant à Lille je n’ai pas été trop dépaysé par ce temps relativement mauvais, même si je dois dire que je m’étais habitué au climat presque toujours parfait de Los Angeles . En tout cas prévoyez une petite laine si vous venez, car même en été les températures peuvent être très fraiches !
Architecture
La deuxième chose qui frappe à San Francisco, c’est évidemment son architecture, très différente de celle de Los Angeles et des autres villes américaines que j’ai pu voir. Elle est très célèbre et il est fort probable que vous l’ayez déjà vu à la télé, mais c’est tout de même quelque chose de la voir en vrai. Elle est principalement constituée de maisons colorées typiques, souvent avec un escalier de secours très visible en façade (notamment près du centre), qui se ressemblent beaucoup entre elles.
Un aperçu de l’architecture classique des maisons de San Francisco, non loin du centre-ville Evidemment, le Down-Town (centre-ville) est parsemé de gratte-ciels, et les habituelles communautés américaines se retrouvent dans San Francisco, donnant souvent une touche architecturale directement liée à leur culture dans les quartiers où elles vivent, mais ce type de maisons est toutefois très répandu et a un charme indéniable qui donne un cachet unique à la ville.
Un superbe café, tout à fait dans le style de la ville
Le quartier chinois a sa propre touche architecturale, communautarisme oblige Communautés Tout comme à Los Angeles, un fort communautarisme est présent à San Francisco, comme je suppose dans la plupart des grandes villes américaines. En particulier, les personnes d’origine Chinoise composent 30% de la population (!) et une grande partie d’entre eux vit dans le quartier Chinois, et ne parle pas forcément bien anglais. Il n’est pas rare de voir des panneaux en anglais et en chinois dans la ville (et parfois en anglais, chinois et espagnol), et dans le quartier chinois, de nombreuses inscriptions sont en chinois, sans aucune traduction anglaise.
Une des affiches entièrement en Chinois, sans aucune traduction anglaise, que l’on trouve un peu partout dans le quartier Chinois
Ceci est une… banque, sous la forme d’un temple chinois Comme pour Los Angeles, je ne sais pas si ce communautarisme est un bien ou un mal (en tout cas en France nos dirigeants politiques de tout bord le présente souvent comme un mal absolu, mais les Américains semblent très bien vivre avec) mais d’un point de vue personnel, j’ai trouvé agréable de pouvoir ainsi entrer en contact avec la culture d’un pays très différent juste en prenant ma voiture. J’ai par exemple eu la joie de pouvoir prendre un petit déjeuner chinois dans un restaurant typique du quartier, ce qui était une expérience très… intéressante ! En plus de l’exotisme de la nourriture, le dépaysement donné par le restaurant et sa clientèle était garanti : nous étions parmi les rares Occidentaux à être dans le restaurant, et tout le monde ou presque parlait chinois ! Heureusement, les serveurs se débrouillaient en anglais .
Voici un échantillon du petit-déjeuner chinois que j’ai eu l’occasion de goûter. Oui, en bas à gauche, c’est un pied de poulet ! Et ce n’est pas la nourriture la plus bizarre que nous avons mangée
Un des clients du restaurant lit son journal, entièrement en Chinois Culture Au-delà des communautés créées autour d’une origine nationale, il y a à San Francisco des communautés de culture, qui ont elles aussi leur quartier de prédilection. La plus célèbre est la communauté gay, qui se regroupe dans le quartier de Castro, et qui a une culture très forte, marquée par son histoire de première communauté gay des Etats-Unis, qui lui a valu d’avoir son martyr, le conseiller municipal Harvey Milk, assassiné en même temps que le maire en 1978 par un autre conseiller municipal homophobe.
Castro, son cinéma et son drapeau aux couleurs de la communauté gay qui flotte un peu partout Harvey Milk tenait un magasin de photographie dans la rue principale de Castro, lieu qui est à présent le siège d’une boutique de cosmétiques. Il est un héros et un martyr de cette communauté très dynamique qui influence beaucoup la vie de la ville.
Cette image en trompe-l’oeil se trouve à l’étage de la bâtisse qui accueillait le magasin de Harvey Mil De même, la communauté “hippie” a son quartier historique, Haight Ashbury, aux magasins et bars hauts en couleurs et où des groupes de musique aiment jouer spontanément dans les rues. Dans ce quartier on dirait qu’il y a une fête de la musique en permanence ! (c’est également le cas pour le centre-ville). C’est très agréable de s’y promener et de profiter de l’ambiance, même si cela est un peu gâché parfois par des hippies qui ont un peu abusé de substances légales ou moins légales et qui "pètent les plombs” en pleine rue.
Voici une des icônes de Haight-Ashbury, la célèbre paire de jambes qui sort de la fenêtre
“The Cabanis Company”, un des nombreux magasins “dans l’esprit” du quartier. Les propriétaires ont dû mettre une affiche à l’entrée qui indique qu’ils ne vendent pas de cannabis et qu’ils ne savent pas où en trouver ! (le magasin vend surtout des accessoires, des livres, etc.)
Un des nombreux groupes “hippies” du quartier qui jouent dans les rues
Les superbes peintures murales participent à l’ambiance de ce quartier Charme Au fur et à mesure de mes déambulations dans ses rues, de rencontres avec des objets, des atmosphères, des personnes impromptus, je dû me rendre à l’évidence : San Francisco possède un charme fou. Entre l’architecture singulière et colorée, les ambiances inimitables des différents quartiers, l’atmosphère excitée et excitante des bars, le désuet qui côtoie le moderne, les cable-cars qui sillonnent encore quelques rues et les vieux tramways des années 50 de la ligne F, la beauté de la baie, la finesse imposante du Golden Gate Bridge, la magnificence de ses parcs, la sérénité du jardin zen japonais, la splendeur des forêts, des iles et des montagnes qui l’entourent, le mystère délabré d’Alcatraz à quelques encablures, les otaries du Pier 39, le village sur l’eau de Sausalito, et j’en passe et des meilleures, je n’ai plus su où donner de la tête tant il y avait de belles choses à voir et à apprécier. C’est un sentiment qui nous gagne lentement, au fur et à mesure que l’on déambule dans les rues et que les différentes ambiances se découvrent une à une. C’est quelque chose que je n’ai pas ressenti à Los Angeles – alors que j’ai adoré cette ville – et que j’ai vraiment apprécié à San Francisco. On y sent un parfum de liberté, de non-conformisme et de fête qui fait plaisir, et une beauté qui peut nous surprendre à chaque coin de rue et que je n’ai pas non plus rencontré à Los Angeles .
Alcatraz, au milieu de la baie
Les gratte-ciels du Downtown, et au loin le Bay Bridge
Une des nombreuses iles de la baie
Les chanceux qui vivent à Sausalito, un véritable village bâti sur l’eau
La sérénité du jardin zen japonais
La majesté du Golden Gate Bridge, l’un des rares jours où il n’est pas noyé sous la brume
Les vieux tramways des années 50 de la ligne F. Il s’agit de tramways venant de tous les Etats-Unis, et du monde entier
Un “cable-car”. C’est une sorte de tramway, mais tiré par un câble qui se trouve dans la route ! Le dispositif date de 1873 (!) et a failli plusieurs fois disparaitre pour des raisons de vétusté, mais fonctionne toujours sur deux lignes et fait partie du patrimoine historique de la ville.
Des kitesurfeurs dans la baie
Les célèbres otaries du Pier 39. Elles se sont installées là au début des années 90, en plein milieu du port, sont en totale liberté et sont protégées par la loi. Un spectacle rare, et à ne pas manquer Evidemment, tout n’est pas tout rose, et le gros point noir, outre la circulation très dense typique des grandes villes, est le grand nombre de homeless, ou SDF. Il y en avait déjà beaucoup à Los Angeles, mais là j’ai eu l’impression que c’était encore pire ! Il semblerait que ce soit à cause d’un RMI qui a été versé par la ville jusqu’en 2002, puis du fait que les SDF sont beaucoup plus aidés qu’ailleurs, ce qui fait de la ville un Eldoraldo pour les sans-abris. En tout cas, à San Francisco comme à Los Angeles, le nombre de SDF peut vraiment choquer un Européen, peu habitué à voir une telle concentration de pauvreté. Sortir à pied le soir dans certains quartiers près du centre peut d’ailleurs donner vraiment un sentiment d’insécurité, car il est courant de se faire aborder toutes les 5-10 minutes pour diverses raisons. Cela m’a par moment fait penser à l’Inde (!) même si je n’ai personnellement eu aucun problème. Entrepreneurs et la Silicon Valley Evidemment, San Francisco est une ville incontournable pour les entrepreneurs, avec la Silicon Valley juste à coté, et ses deux universités prestigieuses que sont Stanford et Berkeley, qui ont “produit” un nombre impressionnant d’entrepreneurs, comme les fondateurs d’HP, Google, Nike, Cisco, Nvidia, Yahoo, Logitech, Sun Microsystems, Apple, Intel… Vous noterez la grande majorité d’entreprises informatiques, ce n’est pas pour rien qu’ici est née “la vallée du silicone” . J’y ai rencontré de nombreux entrepreneurs, et j’ai vraiment eu l’impression d’avoir trouvé ma “tribu” tant j’ai trouvé des gens qui partageait nombre de mes valeurs, avec des projets plein la tête et la capacité de les accomplir. Cela a eu un dommage collatéral que je n’avais pas prévu : à présent diffuser mon message en France et y réussir présente moins d’intérêt à mes yeux, car la perspective de “faire mon trou” aux Etats-Unis et de me connecter à tous ces entrepreneurs géniaux m’excite vraiment beaucoup plus. Je réfléchi actuellement à un moyen de me lancer aux Etats-Unis, et en attendant j’ai décidé de relancer la version anglaise de Des Livres Pour Changer de Vie, Books That Can Change Your Life. Il s’agissait d’une expérience que j’ai tentée à la création de Des Livres, et que j’avais abandonnée au bout de six mois, le blog en anglais n’ayant qu’un tiers du trafic et des abonnés du blog en français. Maintenant que j’ai un peu de budget, j’ai toutefois décidé de le relancer, cela m’aidera à me connecter mieux avec les entrepreneurs américains, en attendant que je mette au point une véritable stratégie . Conclusion Presque tous les Américains que j’ai rencontrés m’ont prédit que j’allais détester Los Angeles et adorer San Francisco. Et ce n’est pas ce qui s’est produit. J’ai adoré Los Angeles, ses multiples visages et les innombrables activités qu’il y a à faire. Et j’ai aussi beaucoup aimé San Francisco, qui effectivement possède un charme et une beauté sans commune mesure avec la ville du cinéma. Si vous n’êtes pas trop frileux, vous pouvez y passer 15 jours sans problèmes tant il y a de choses à voir, d’ambiances à savourer, d’activités à pratiquer, de gens à rencontrer aussi, spontanément ou via le Couch Surfing, comme d’habitude. Entre les rues pentues et pleines de charme, les parcs, les quartiers à l’ambiance si colorée, les bars, les tours en bateau et en hydravion (utilisez les services de SeaPlane, le tour en hydravion de la baie est magique !) les montagnes, les forêts et les iles à visiter aux alentours, les petits-déjeuners zen au jardin japonais, les pattes de poulet le matin au restaurant chinois, les musées et les boites de nuit, vous aurez largement de quoi faire et vous amuser !
Rien de tel qu’un petit déjeuner zen au jardin japonais pour bien démarrer la journée Et n’oubliez pas, si vous faites Los Angeles – San Francisco en voiture (ou l’inverse), prenez la route 1, vous ne serez pas déçu ! Et vous avez-vous déjà été à San Francisco ? Qu’en avez-vous pensé ? Partagez-le avec nous dans les commentaires !