Après les États-Unis, l’Inde, la Grèce et encore les États-Unis, mon cinquième voyage de l’année 2012 a donc eu lieu au Maroc, alors que le ramadan battait son plein et que le soleil d’août promettait un bronzage du genre “tartine cramée” à tous les téméraires ou les imprudents qui ne le craignent pas assez. Et comme d’habitude, je vous livre ce récit de voyage pour vous aider si vous envisagez d’y aller, ou pour vous faire voyager sans voyager sinon. Je voulais absolument profiter de ces vacances pour passer mon 1er niveau de plongée, même si le Maroc n’est pas forcément la destination la plus cotée pour cela, puisque j’avais déjà effectué 9 plongées lors de mes voyages passés, sans jamais m’arrêter suffisamment longtemps pour pouvoir passer mon niveau 1. J’ai donc choisi une ville sur la côte Atlantique (je ne voulais pas aller en Méditerranée) qui dispose d’un club de plongée et pas trop loin d’autres lieux intéressants que je pourrai visiter une fois mon niveau passé. Mon choix s’est porté sur Agadir, bien desservie au niveau des compagnies aériennes, et pas trop loin de lieux intéressants comme Essaouira, Casablanca et surtout Marrakech, et je m’y suis donc rendu avec ma copine pour deux semaines. Agadir Soyons clair tout de suite, Agadir, c’est moche. La ville a été entièrement détruite en 1960 par un tremblement de terre, et tout a été reconstruit dans le style “utilitaire” des banlieues des années 60. Par contre Agadir, c’est 340 jours de soleil par an et une proximité avec l’océan Atlantique qui garantit la fraîcheur en été et la douceur en hiver, et une baie magnifique. Les hôtels modernes 5 étoiles, à des prix très accessibles hors saison, sont eux somptueux, de superbes palaces avec tout le confort qui vous feront vous prendre pour un sultan le temps de quelques nuits.
La belle baie d’Agadir Cela fait d’Agadir une ville balnéaire parfaite pour vous reposer entre une baignade dans la piscine et un massage Marocain à l’huile d’argan, mais décevante si vous voulez toucher du doigt le coeur du Maroc . Ça tombe bien, j’ai principalement “farnienté” dans cette ville, et surtout passé mon 1er niveau de plongée, ce qui explique que je sois resté une semaine, bien plus longtemps que ce qui est conseillé (3 jours grand maximum).
Mon activité principale à Agadir. 5 plongées en 3 jours, ça fatigue !
Je dois être un des rares Français a avoir passé mon niveau 1 à Agadir, car l’océan Atlantique de par ses forts courants n’a pas les eaux les plus claires qui soient, ni les plus chaudes. Mais cela m’a permit de rencontrer des membres adorables de l’association ASAN. Si vous voulez plonger à Agadir ou faire des randonnées ou de la spéléologie, je vous les recommande vivement, ils sont super cools et se mettront en quatre pour vous faire plaisir.
J’ai profité de mon séjour dans la ville pour rencontrer un de mes collaborateurs, Younes, qui y vit et qui modère et anime les commentaires de mes formations, et gère une partie du SAV. Cela m’a fait plaisir de le rencontrer en chair et en os après des mois de collaboration, si vous travaillez depuis longtemps avec quelqu’un via Internet et que vous passez dans son coin, ne loupez pas cette occasion, les rencontres réelles font partie de l’aventure humaine et ont un charme que ne pourra jamais remplacer le virtuel.
Avec mon collaborateur Younes Dès mon niveau de plongée passé – qui me permet de plonger partout dans le monde à 12 mètres seul, et jusqu’à 20 mètres encadré par un directeur de plongée – j’ai foncé avec ma copine sur Essaouira, première ville véritablement typique de notre voyage. Essaouira
La route d’Agadir à Essaouira est assez jolie, et elle fait même parfois penser à la célèbre Road One qui relie Los Angeles et San Francisco quand la montagne rejoint la mer et que la brume s’en mêle.
Comme un petit air de Road One entre L.A. et San Francisco… Mais nous sommes au Maroc ! On y croise, outre des oasis de verdure dans un milieu assez rocailleux, des vendeurs de poisson qui nous proposent leur pêche toute fraiche… directement sur la route, et des vendeurs d’huile d’argan paressant à l’ombre d’un arganier, qui paraissent tellement seuls au milieu de rien qu’ils semblent être surgis d’une cachette sous terre où ils retournent une fois la nuit tombée.
Un des stands des vendeurs d’huile d’argan que l’on trouve sur la route Une fois arrivés à Essaouira, nous laissons la voiture sur un parking gardé à l’entrée, car tout comme Rhodes, la veille ville est entourée d’une muraille et ses rues médiévales tortueuses sont interdites aux voitures. Dès que nous entrons nous sommes frappés par l’ambiance qui y règne, très différente de celle d’Agadir (c’est peu dire !). Les touristes se frayent tant bien que mal un chemin entre les mobylettes, les vélos, les carrioles, les chiens, les chats et les étals des commerçants qui débordent sur la route non goudronnée, ça klaxonne, ça discute, ça râle dans un joyeux et animé bordel. Sur le coup ça me fait penser aux rues d’Old Delhi en Inde !
Les rues de la médina d’Essaouira, tout un spectacle !
Un des nombreux marchands “à même le sol” d’Essaouira
Une autre similitude avec Rhodes : les chats y ont les mêmes occupations !
Nous sortons rapidement des rues principales pour nous engouffrer dans des ruelles étroites qui n’ont effectivement rien à envier aux ruelles médiévales de Rhodes, à la recherche de notre riad. Habitat traditionnel Marocain et héritier en droite ligne des villas romaines, les riads sont des maisons à plusieurs étages organisées autour d’une cour intérieure à ciel ouvert, et qui en général n’a pas de fenêtres ouvertes vers l’extérieur (pour garder la fraîcheur), et une terrasse sur le toit idéale pour prendre son petit dej’ le matin.
Notre riad à Essaouira Abandonnés aujourd’hui par une majorité de Marocains pour des habitations plus modernes, nombre de riads sont des hôtels destinés à accueillir les touristes, pour un dépaysement garanti. En effet l’architecture vous promet un changement radical par rapport à un hôtel classique, même si le manque de fenêtres dans les chambres, l’équipement de la salle de bain et l’isolation sonore souvent très relative peuvent dérouter au début.
Un petit déjeuner Marocain, ce n’est pas vraiment compatible avec les enseignements de Serons-nous immortels ?, mais c’est rudement bon et c’est un plaisir à déguster sur une terrasse ensoleillée
Nous avons donc exploré Essaouira pendant 3 jours, et c’est un régal pour tous les sens. L’animation des rues est un spectacle à lui seul, tant il est fascinant de se promener dans ce dédale de commerçants, artisans, restaurateurs, dealers, artistes, mendiants, touristes, démonstrateurs de tout poil, spectacle renforcé lors de l’appel à la prière qui termine le jeûne du ramadan et voit les rues se vider en un clin d’oeil. Puis une fois que tout le monde a mangé, le spectacle recommence pour tout le début de la nuit.
Si un jour vous cherchez des remèdes naturels… Un des faits intéressants d’Essaouira est qu’elle a longtemps été une ville a majorité juive complètement intégrée à la société Marocaine, avec 17 000 habitants juifs pour 10 000 musulmans. Cependant quasiment toutes les familles juives sont parties en Israël après la guerre des Six jours, et l’ancien quartier juif est un spectacle fascinant d’immeubles en ruine longeant la mer.
Les ruines du quartier juif d’Essaouira, tout un symbole…
Une vieille synagogue dans le quartier juif désaffecté d’Essaouira Essaouira est également connue pour son festival annuel de musique gnaoua. La musique gnaoua est une musique d’origine africaine, aux sonorités très différentes de la musique Marocaine traditionnelle, qui est jouée par les descendants des esclaves noirs qui vivaient au Maroc. Nous sommes malheureusement arrivés bien après le festival et nous n’avons pas pu en profiter, mais nous avons pu écouter cette musique lors d’une soirée spéciale, ce n’est pas trop dur de trouver un restaurant qui en organise une. C’est une musique très rythmée et très entraînante.
La musique gnaoua est très entraînante et il est très facile de se laisser aller à danser dessus
Globalement j’ai adoré cette ville, la médina est magnifique et encore une fois le spectacle des rues vaut à lui seul le détour. C’est à coup sûr une ville à ne pas rater si vous allez au sud du Maroc, et à seulement 2H30 de voiture d’Agadir tout au long d’une route magnifique, il serait dommage de passer à coté.
Nous sommes allés ensuite directement à Marrakech, mais avant d’aborder cette ville mythique, laissez-moi parler de quelques spécificités culturelles du Maroc, et répondre à cette question qu’une partie de vous se pose sans doute : peut-on aller au Maroc pendant le ramadan ?
Traits culturels
Peut-on aller au Maroc pendant le ramadan ?
Avant de partir j’ai demandé à quelques connaissances Marocaines des conseils sur quoi faire au Maroc et l’une d’entre elles m’a déconseillé d’y aller pendant le ramadan, arguant que beaucoup de restaurants seraient fermés pendant la journée et qu’on me regarderait bizarrement dans la rue si je buvais de l’eau.
Une rapide recherche sur Internet a montré que les avis étaient mitigés sur la question. Finalement, comme je l’avais fait pour mes hésitations à aller en Grèce avec la crise économique qui y sévit, j’ai tout balayé d’un revers de main en me disant “on s’en fout !”. Et comme pour la Grèce, bien m’en a pris.
En effet, le ramadan n’a en rien gêné nos vacances : aucun restaurant dans lequel nous avons voulu aller le midi n’était fermé, personne ne nous a regardés bizarrement quand nous avons bu de l’eau – bon, nous n’avons pas non plus hurlé “humm, l’eau c’est bon !” en nous mettant nus au milieu d’une rue – et il s’est révélé au contraire un spectacle fascinant, à voir toute une population se plier ainsi à un rite bien connu en France, mais qui est évidemment beaucoup plus discret chez nous.
Il est vrai que nous ne sommes allés que dans des endroits très fréquentés par les touristes, où les Marocains ont l’habitude de voir des gens manger pendant le ramadan – c’est d’ailleurs ce que nous disaient les serveurs des restaurants le midi. Je ne sais pas si dans des milieux ruraux moins touristiques il est plus difficile d’être un touriste qui ne fait pas le ramadan, mais en tout cas on est loin de l’Arabie Saoudite qui menace d’expulser les étrangers qui ne respectent pas le ramadan en public.
À Essaouira, il était fascinant de voir les rues très animées se vider en un clin d’oeil lors de l’appel à la prière du soir qui marque la rupture du jeune, puis de voir progressivement la population revenir une fois rassasiée. À Marrakech sur la place Jamaa El Fna, le déplacement de population était moins évident puisque l’appel à la prière correspond à l’installation des restaurateurs de nuit sur la place, mais on pouvait les voir commencer à boire de l’eau avec un soulagement manifestement visible – c’est qu’il fait chaud en août dans cette ville !
Bref, si jamais vous vous posez la question “est-ce que je peux aller au Maroc pendant le ramadan ?”, ma réponse est “allez-y” !!!
Décalage horaire
C’est simple, le Maroc est en GMT, donc pendant l’heure d’été en France, le décalage horaire est de moins 2 heures.
Oui, sauf que récemment le Maroc a adopté l’heure d’été (avec des dates de début et de fin différentes des nôtres) donc il faut juste retrancher une heure au mois d’août.
Oui, sauf que pendant le ramadan, le Maroc revient à l’heure GMT, même si c’est l’été. Donc si vous allez en vacances en été au Maroc en 2013, méfiez-vous, si c’est pendant le ramadan vous avez bien moins 2 heures de décalage et non pas une heure.
Vous suivez ? Au début c’est un peu dur, mais finalement on s’y fait vite. Il faut surtout bien noter la date de fin du ramadan pour décaler ses montres d’une heure et ne pas louper votre avion si vous le prenez juste après !
Langues
Ce n’est pas compliqué, dans toutes les villes que nous avons visitées une grande partie de la population parle le français suffisamment bien pour ne jamais avoir à utiliser l’anglais, et quand il arrive de tomber sur des Marocains qui ne parlent pas bien le français, il n’est jamais très difficile d’en trouver un qui le parle juste à coté et qui pourra servir d’interprète.
Il y a toutefois une grande différence évidemment entre les Marocains qui ont vécu en France (souvent pour y faire des études) et qui sont bilingues, et ceux qui n’ont jamais quitté le pays et qui le parlent comme une langue étrangère, souvent avec un accent plus prononcé et en butant sur les mots.
Mais on ne peut qu’être admiratif quand on sait que beaucoup sont de langue natale berbère, et ont appris l’arabe, puis le français ET l’anglais à l’école ! En tout cas si vous ne maîtrisez pas l’anglais et que vous restez dans les zones touristiques, vous n’aurez aucun problème à vous faire comprendre.
Gentillesse, tolérance et hospitalité
Les Marocains sont réputés pour leur gentillesse et leur tolérance et je n’ai rien vu de frappant qui contredit cette réputation. Tous comme les Grecs les Marocains ont le sourire large et sont très serviables, et comme pour la Grèce le poids non négligeable du tourisme dans l’économie n’y est sans doute pas pour rien.
J’ai en tout cas été frappé par l’ouverture d’esprit des Marocains envers les religions : non seulement nous n’avons jamais eu à essuyer de commentaires ou de regards déplacés parce que nous ne suivions pas le ramadan, mais j’ai entendu plusieurs fois des Marocains se vanter de l’importance de la communauté juive d’autrefois et raconter avec une pointe de regret à quel point elle avait apporté au Maroc, avant qu’une bonne partie d’entre elle ne parte en Israël après la guerre des Six jours.
Nourriture
Tajines, couscous, brochettes, salades, gâteaux très sucrés… Nous connaissons bien la nourriture Marocaine en France tant elle est entrée dans notre culture, donc le dépaysement porte surtout ici sur la fréquence à laquelle vous allez manger cela : pratiquement tout le temps ! La seule solution pour varier un peu les plaisirs est de choisir spécifiquement un restaurant qui propose de la nourriture internationale. Quelques rares restaurants Marocains, haut de gamme pour la plupart, sauront toutefois innover en vous proposant des variantes originales, mais toujours sur les mêmes bases. L’alcool est facilement trouvable dans les restaurants des zones touristiques, mais pas systématiquement, nous avons parfois eu des surprises ! Rien ne vaut de toute façon un bon thé à la menthe Marocain pour conclure un bon repas ! Mais un conseil, demandez-le sans sucre ou avec le sucre à part, car ça pêche souvent par excès de ce coté-là…
Un bon thé à la menthe sans sucre après un repas Marocain. What else ? C’est d’ailleurs une remarque générale concernant la nourriture Marocaine : elle est vraiment trop sucrée, et beaucoup trop systématiquement. Je n’ai pas étudié la question, mais au vu de toutes les études qui montrent du doigt les conséquences néfastes de l’excès de sucre pour la santé, il semble clair que cela doit poser d’énormes problèmes de santé globaux à la population, alors que la majorité des Marocains n’en a sans doute pas conscience. Vendeurs, harcèlement et marchandages J’avais entendu quelques histoires assez négatives sur la tendance des vendeurs Marocains à la sauvette à vous harceler, et aux vendeurs des échoppes à pratiquer des prix très hauts qu’il ne faut pas hésiter à diviser par dix. Il se trouve que les vendeurs à la sauvette de tous poils sont loin d’être aussi pénibles qu’en Inde, et que cela m’a beaucoup étonné de voir que la majorité n’insiste pas et s’éloigne dès que le premier “non” a été prononcé. Cela rend la visite du Maroc bien agréable, tant il est parfois énervant de devoir dire non 10 fois de suite à un vendeur de gadgets clignotants fluo particulièrement insistant. D’après le guide du routard, cela ne fait que quelques années que c’est le cas, grâce à l’instauration d’une police touristique qui veille au grain. Par contre toutes les rumeurs concernant les prix très haut pratiqués spécialement pour les touristes sont vraies : la différence entre ce que paie la population locale et les visiteurs étrangers est énorme, et les techniques employées par les vendeurs frôlent un peu trop souvent l’arnaque. Par exemple à mon arrivée à Agadir je suis allé acheter un maillot de bain dans une boutique du coin. Le vendeur m’a sorti plusieurs maillots de bain d’occasion (il n’y en avait pas d’autre disponible) et m’a demandé 300 dirhams, soit 27 euros ! J’ai trouvé cela cher, en indiquant qu’un maillot de bain c’était 15 € au maximum chez moi, et après moultes négociations j’ai réussi à faire baisser le tarif à 230 dirhams soit 20 euros.
Parmi les arguments invoqués par le vendeur : c’est un maillot d’Espagne, c’est de la qualité, tu vas le garder longtemps chez toi (véridique !), je l’ai acheté 200 dirhams. À peine rentré à l’hôtel je me rends compte qu’il y a une étiquette sur le maillot indiquant “10 €”… soit 110 dirhams. C’est le prix du maillot neuf. Lol ! Je prends ma première leçon de marchandage au Maroc : j’aurais sans doute pu acheter ce maillot 30 ou 50 dirhams, et c’est le prix qu’il valait. Je suis heureusement devenu un peu meilleur ensuite, notamment en m’entraînant dans les souks de Marrakech (voir plus bas). Circulation et gendarmes Si la circulation est bien plus dangereuse et anarchique qu’en France, elle reste toutefois bien plus “civilisée” qu’en Inde, qui pour le moment a toujours pour moi la palme des conditions les plus dangereuses que j’ai jamais vu. Un facteur conduit sans doute les Marocains à se policer un tant soit peu, c’est le nombre très, très élevé de gendarmes qui contrôlent la vitesse et s’assurent qu’il n’y a pas (trop) d’infractions au code de la route, et dont on a parfois l’impression qu’ils sont à chaque rond-point tant ils semblent omniprésents. D’ailleurs ma copine a eu le malheur de doubler un camion à 70 km/h au lieu de 60 et s’est donc fait arrêter par un gendarme pour excès de vitesse. Celui-ci lui a initialement réclamé 300 dirhams d’amende (environ 27 €) mais en apprenant que c’était sa première fois au Maroc, lui en a rendu 200 avant de mettre le billet de 100 restant dans sa poche tout en lui disant de faire attention la prochaine fois ! On a apprécié le geste, même si c’est sans doute aussi un moyen pour ce gendarme de se faire un petit complément de revenus non négligeable… Marrakech Nous arrivons à Marrakech alors que le soir tombe, et nous nous dépêchons de laisser nos affaires dans le riad que nous avons réservé dans la médina, pour nous élancer aussitôt vers la fameuse place Jamaa El Fna. Et quel spectacle ! Musiciens, conteurs, charmeurs de serpents, tatoueuses de henné, dresseurs de singes, “forains” proposant des jeux d’adresse, tout un monde vivant et bruyant se dévoile au fur et à mesure que nous avançons dans cette place ultra large. Touristes et Marocains se mêlent joyeusement, et si les premiers se font régulièrement alpaguer, les marchands n’insistent en général pas trop, rendant la découverte de toute cette vie fort agréable.
Musiciens sur la place Jamaa El Fna. Tous ceux qui écoutent seront sollicités pour donner un peu d’argent, en particulier si vous vous asseyez sur les bancs qu’ils ont amenés ! Une dizaine de petits restaurants ambulants bourdonnent au milieu de la place, proposant de manger directement sur place de la nourriture traditionnelle Marocaine pour des prix dérisoires. Si vous vous y engagez vous verrez que les restaurateurs sont particulièrement motivés pour vous faire arrêter chez eux puisque la concurrence est très rude et que les prix et la carte d’un restaurant à un autre sont identiques…
Les restaurants ambulants allument leur grillade alors que le soleil se couche et que tous les acteurs de l’incroyable scène de Jamaa El Fna commencent à prendre place
Pour se distinguer certains n’hésitent pas à se créer de fausses recommandations comme ici le “Guide Rotard”, tout un programme ! Nous allons donc manger puis profitons un peu de cette ambiance incroyable. Je regrette de ne pas parler l’arabe ou le berbère, ce qui m’empêche de profiter des histoires des conteurs qui semblent captiver les Marocains, preuve que toute cette activité n’a pas pour seul but de plaire aux touristes. Je comprends que cette place ait été inscrite au patrimoine mondial oral de l’humanité par l’Unesco, il y a vraiment quelque chose d’inimitable que je n’ai vu nulle par ailleurs, même pas sur les berges du Gange à Vârânasî. Les souks de Marrakech Le lendemain nous nous engouffrons dans les souks et c’est une nouvelle occasion de découvrir un pan de la culture Marocaine. Les ruelles sont étroites, protégées parfois du soleil par des toits de tôle ondulée, et les échoppes se succèdent, avec leurs couleurs et leurs odeurs, pendant que l’on se faufile entre les touristes, les habitants, les mobylettes, les vélos, les ânes et les chats.
Les souks de Marrakech, un univers à part entière Comment négocier dans les souks Entrer dans une échoppe et négocier un objet est une extraordinaire école pour apprendre à négocier. Après plusieurs tentatives, j’ai mis au point une méthode pour diviser le prix par 2 à 3 quasiment à chaque fois. La voici :
Quand un objet vous intéresse surtout paraissez juste un peu intéressé, et demandez d’un air détaché, comme par curiosité : “c’est combien” ?
Quand le marchand vous répond, répondez quelque chose comme “cet objet est pas mal mais c’est trop cher” en secouant la tête.
En général le marchand vous demande alors quel prix vous pouvez mettre. Si ce n’est pas le cas, faites simplement mine de reposer l’objet et de partir (très important, sinon le marchand pensera que vous allez craquer pour un autre objet). À ce moment-là il vous demandera quel prix vous voulez mettre.
Donnez un prix de deux à trois fois inférieur au prix initial (rien ne vous empêche de baisser le prix encore plus).
Le marchand va en général rigoler, mais dire qu’au moins vous avez fait une proposition, puis il va en refaire une.
Ne tombez surtout pas dans le piège de marchander : dès qu’il vous propose un nouveau prix (juste un peu inférieur au prix initial), dites non en disant que c’est trop cher.
Le marchand va baisser un peu son prix. Continuez à dire non.
Le marchand va avoir l’air embêté et vous proposer un prix encore plus bas. Dites “non non, merci” en souriant et faites mine de partir.
Le marchand va vous rattraper et vous donner son accord pour le prix que vous avez fixé, en voyant que s’il ne cède pas il perd la vente de toute façon.
À chaque fois que moi ou ma copine avons utilisé cette méthode elle a toujours porté ses fruits, et a le mérite de ne prendre que très peu de temps. Certains disent que l’on peut diviser les prix par dix, mais j’ai hésité à aller plus loin que diviser le prix par 3 car en fait il est difficile de connaitre le prix réel des produits vendus et je ne voulais pas avoir l’impression de baisser trop les prix. En tout cas les souks de Marrakech regorgent de belles pièces réalisées par des artisans et vous pouvez vraiment acquérir des objets magnifiques donc n’hésitez pas à tester cette méthode et à me dire dans les commentaires jusqu’à combien vous avez réussi à faire baisser les prix . La règle d’or est en tout cas de ne jamais acheter quelque chose au prix initial, c’est une manie au Maroc de toujours demander un prix exorbitant aux touristes.
Dans les souks ne ratez surtout pas la fameuse “Fnaque Berbère” ! Il y a un café charmant à l’étage pour boire un verre tout en contemplant les souks d’en haut Architecture Au-delà de la vie animée de Marrakech qui, vous l’aurez compris, est un régal pour nos sens de visiteurs, l’architecture de la ville est plutôt moyenne, sauf de magnifiques portes que l’on voit ça et là, surtout de mosquées, et quelques monuments et palais souvent dignes des milles-et une nuits.
Une porte (ici de mosquée) rencontrée au détour d’une rue
Dans la magnifique Médersa Ben Youssef, une école coranique du XVIème siècle Animaux et circulation La circulation complètement désordonnée m’a encore fait une fois penser à l’Inde, avec ses multiples véhicules, humains à pieds et animaux qui s’entrechoquent dans un joyeux et quand même stressant concert de klaxons, en particulier le soir après la rupture du jeûne du ramadan. Il est amusant de constater qu’il existe encore de très nombreux taxis sous forme de calèches, qui n’existent pas que pour les touristes puisque de nombreux Marocains les utilisent jour et nuit. C’est la première ville de toutes celles que j’ai vues dans le monde où ce mode de transport est vraiment utilisé par la population locale.
Les calèches sont très présentes sur la place Jamaa El Fna
La ville dispose d’abreuvoirs un peu partout pour permettre à ses nombreux chevaux de se désaltérer
Bien qu’il y ait plus de véhicules que d’animaux, ceux-ci sont encore parfois utilisés comme du temps de nos grands-parents
Mon bureau dans notre médina. Comme le disait un de mes collègues blogueurs, “c’est nul il n’y a pas de plage !”
Dans un village berbère
Après quelques jours passés à savourer l’ambiance de Marrakech, nous avons repris la voiture le temps d’une excursion dans les montagnes berbères, direction le village de Setti Fatma à une heure et demie de route de Marrakech.
Nous en avons profité pour aller voir un musée dans un village berbère, une occasion pour nous de découvrir un peu la vie à la campagne Marocaine.
J’ai été surpris de voir que toutes les rues étaient en terre, avec des égouts à ciel ouvert prenant la forme d’un ruisseau courant dans une rigole au centre de chaque rue. Comme à la ville, l’architecture traditionnelle se marie tant bien que mal avec les myriades d’antennes satellites.
Le village berbère que nous avons visité, mêlant tant bien que mal architecture traditionnelle et antennes satellites
Toutes les rues sont comme celle-ci, non goudronnées et avec les égouts à ciel ouvert Le musée était tout simplement la reconstitution d’un habitat berbère traditionnel du début du 20ème siècle, intéressant, et a été l’occasion de découvrir l’art très symbolique des tapis, que les femmes utilisent depuis la préhistoire pour raconter des histoires et exprimer émotions, peurs et désirs liés à leur destin de femmes et à l’enfantement.
Ceci est un… instrument de musique. Si si. Genre castagnettes pour battre le rythme Ce village pittoresque a malheureusement été aussi l’occasion pour nous de vivre une véritable expérience d’harcèlement de la part d’une partie de ses habitants. En effet nous avons été gentiment accueillis par des enfants qui jouaient dans le village, puis qui nous ont laissés quand nous sommes entrés dans le musée. Quand nous avons voulu sortir du village après l’avoir visité, nous sommes passés à nouveau devant eux, et là ça a été la ruée vers l’or : ils se sont précipités vers nous pour nous demander “juste un dirham, m’sieur !”, nous entourant et nous harcelant jusqu’à ce que nous atteignons la voiture. Ils se sont tellement bousculés qu’ils se sont un peu fait mal et qu’un enfant m’a même donné un coup de pied en voulant en donner un à son camarade ! Super l’ambiance… Pendant ce temps les quelques adultes qui regardaient la scène ne sont pas intervenus. Bref, une expérience déplaisante créée évidemment par des gamins qui ne se rendent pas compte de ce qu’ils font. Si cela vous arrive ne cédez pas, comme le dit justement le Guide du Routard leur donner de l’argent c’est les inciter à laisser tomber l’école et continuer à harceler les touristes.
Ces enfants sont tout mignons mais hélas à la fin de la visite une partie d’entre eux s’est transformée en harpies… Mais que cette dernière note un peu discordante ne vous effraie pas outre mesure, les autres habitants se sont révélés tout à fait charmants . Conclusion Je n’ai pu visiter qu’une toute petite partie du Maroc, en délaissant notamment les grandes villes du Nord, et en passant beaucoup plus de temps qu’il n’en faut à Agadir pour des raisons de farniente et de passage du 1er niveau de plongée . Cependant, le peu que j’ai pu en voir m’a donné envie de revenir : la différence culturelle énorme malgré la distance si proche de la France qui nous donne tant d’occasions de découvrir des choses étonnantes, l’utilisation très large du français qui est très agréable, les multiples activités sportives ou de découverte possibles, les prix intéressants si on voyage en hors saison, la gentillesse et l’ouverture d’esprit des Marocains, la nourriture excellente même si elle lasse un peu au bout d’un moment, tout cela est riche et mérite d’être découvert si vous n’y avez encore jamais été. La prochaine fois j’irai sans doute visiter les villes plus au nord. Si vous avez l’occasion d’y aller pendant le ramadan, ne laissez pas cela vous refroidir : c’est au contraire une période très agréable pour visiter le Maroc, en particulier si c’est hors-saison . Le Maroc saura sans doute de toute façon vous charmer pour un prix modeste, avec un décalage horaire quasi inexistant et une diffusion du français qui permet même aux plus rébarbatifs à l’anglais parmi nous à passer d’excellents moments ! Olivier, au début de son séjour de 3 mois à Paris.