Résumé de "La désobéissance civile" de Henry David Thoreau : dans ce manifeste qui traite des rapports entre l'individu et l'État, le philosophe naturaliste Henry David Thoreau pose les fondements de la désobéissance civile comme acte de résistance morale face à un gouvernement injuste. Il défend ainsi le droit et le devoir de désobéir aux lois infondées ou abusives au nom de la liberté de conscience.
Par Henry David Thoreau, 1ère édition 1849 (sous le titre original "Resistance to Civil Government"), cette réédition date de 2022, 60 pages.
Titre original : "On the Duty of Civil Disobedience"
Chronique et résumé de "La désobéissance civile" de Henry David Thoreau
"La désobéissance civile" est un court essai philosophique et politique du philosophe américain Henry David Thoreau. Dans cet ouvrage, l’auteur partage sa réflexion sur le rapport entre l'individu et l'État, notamment à travers le prisme de la désobéissance civile comme acte moral face à un gouvernement injuste.
L’ouvrage ne comporte ni chapitre ni partie, mais pour le résumer, nous le découperons en 5 sections. Ce découpage suit la progression logique de l'argumentation d’Henry David Thoreau, depuis sa vision critique du gouvernement jusqu'à celle d'un État idéal.
- Critique du gouvernement et réflexion sur sa légitimité
Dans la première partie de "La désobéissance civile", Henry David Thoreau expose sa vision critique du gouvernement et imagine un État idéal.
Il commence par affirmer son adhésion à la maxime selon laquelle "le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins", allant même jusqu'à suggérer qu'un gouvernement qui ne gouvernerait pas du tout serait l'idéal. Pour lui, le gouvernement n'est qu'un outil, une simple "utilité" qu’il juge souvent inefficace.
Henry David Thoreau émet trois critiques majeures à l’encontre des gouvernements :
L'abus de pouvoir : le gouvernement, censé être un intermédiaire au service du peuple, est, selon lui, facilement détourné de sa mission (Thoreau prend pour exemple la guerre du Mexique, qu’il considère comme une dérive autoritaire).
Le manque d'initiative : le philosophe reproche au gouvernement de ne jamais être à l’origine du progrès, se contentant de réagir au lieu d’agir.
L'obstruction au progrès : enfin, selon Henry David Thoreau, le gouvernement met souvent des "bâtons dans les roues" au développement naturel en imposant des obstacles inutiles.
Néanmoins, Henry David Thoreau ne se revendique pas anarchiste. En effet, il ne réclame pas la disparition du gouvernement, mais plaide plutôt pour "un meilleur gouvernement"., plus juste et en harmonie avec les principes moraux.
Le philosophe termine en appelant chaque citoyen à réfléchir au type de gouvernement qui mérite véritablement son respect. Il incite ainsi à une participation active et réfléchie à la vie civique.
- La responsabilité morale de l'individu
2.1 - Discussion sur le devoir de l'individu envers sa conscience vs envers l'État
Dans la suite de son argumentaire, Henry David Thoreau approfondit la relation entre l'individu et l'État, en particulier sur la question de la conscience morale face à l'autorité.
L'auteur commence par remettre en question le principe de la règle de la majorité. Selon lui, ce système n'est pas fondé sur la justice mais sur la simple force du nombre. La vraie question, écrit-il, est de savoir s’il ne pourrait pas plutôt exister un gouvernement dans lequel "ce ne seraient pas les majorités qui trancheraient du bien ou du mal, mais la conscience".
Car Henry David Thoreau croit en un principe qu’il juge fondamental : l'homme doit être guidé par sa conscience même si cela implique de s’opposer à l’autorité établie. Pour lui, cette responsabilité morale prime sur toute obligation envers l’État.
2.2 - Critique de la soumission aveugle à l'autorité
Pour illustrer sa réflexion quant au devoir de chacun qui devrait être guidé par sa conscience plutôt que par l’État, l’auteur de "La désobéissance civile" critique vivement le comportement des militaires qui agissent contre leur conscience. Il les assimile à des "machines avec leur corps".
Aussi, le philosophe distingue trois types de serviteurs de l'État :
Ceux qui servent avec leur corps (soldats, policiers).
Ceux qui servent avec leur intellect (législateurs, fonctionnaires).
Une élite qui sert avec sa conscience et finit souvent par résister à l'État.
Il conclut en observant que paradoxalement, "celui qui se voue corps et âme à ses semblables passe à leurs yeux pour un bon à rien, un égoïste, mais celui qui ne leur voue qu’une parcelle de lui-même est salué des titres de bienfaiteur et philanthrope."
- La résistance à l'injustice
Dans la suite de son ouvrage "La désobéissance civile", Henry David Thoreau développe une réflexion sur la résistance face à l'injustice, particulièrement dans le contexte de l'esclavage et de la guerre du Mexique, deux enjeux majeurs de son époque.
3.1 - La nécessité de se dissocier d'un gouvernement injuste
L'auteur affirme qu’il est moralement impossible de s’associer à un gouvernement qui tolère l’injustice, qualifiant au passage le gouvernement américain de "gouvernement de l’esclave".
Il reconnaît donc le droit universel à la révolution, c’est-à-dire "le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et le droit de lui résister quand sa tyrannie ou son incapacité sont notoires et intolérables".
Pour appuyer son propos, Henry David Thoreau compare la situation de son époque à celle de la Révolution américaine de 1775. Il souligne qu’à cette époque, l'esclavage d'une partie de la population et la guerre injuste contre le Mexique étaient des maux bien plus graves que les simples taxes sur les marchandises qui avaient provoqué la révolte contre l’Angleterre.
3.2 - La critique de l'opportunisme moral
Henry David Thoreau s'oppose vigoureusement à l’approche opportuniste défendue par Paley, selon laquelle l’obéissance civile devrait être basée sur un calcul coût-bénéfice. Pour Thoreau, certains principes moraux sont absolus et ne peuvent être compromis.
Il illustre son point de vue avec l’exemple d’une planche injustement arrachée à un homme qui se noie : rendre justice doit ici primer, même si cela implique de risquer sa propre vie, lance-t-il.
Dans cette même idée, Thoreau déclare avec force que "un peuple doit cesser de maintenir l’esclavage et de mener la guerre au Mexique, même au prix de son existence nationale".
Il critique ensuite particulièrement le Massachusetts, qu’il accuse de privilégier le commerce au détriment de l’humanité, mettant ainsi en lumière le conflit entre intérêts économiques et valeurs morales.
3.3 - L'action contre l'inaction
L'auteur pointe du doigt l'hypocrisie de ceux qui s'opposent en principe à l'esclavage mais n'agissent pas concrètement. Il observe qu'"il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux".
Henry David Thoreau critique particulièrement :
La passivité des citoyens qui se contentent de voter sans agir véritablement.
L'inefficacité du système démocratique traditionnel où le vote devient un simple jeu sans réel impact.
La subordination des questions morales aux intérêts économiques et au libre-échange.
L'attitude des "Membres Affiliés" qui préfèrent préserver leur sécurité personnelle plutôt que de défendre la justice.
3.4 - L'appel à la désobéissance active
Henry David Thoreau plaide avec ferveur pour une résistance active et immédiate face aux lois injustes.
Il rejette catégoriquement l'idée d'attendre que la majorité soit convaincue, arguant que "seul peut hâter l'abolition de l'esclavage celui qui, par son vote, affirme sa propre liberté".
Pour lui, toute action fondée sur un principe moral est, par essence, révolutionnaire. Elle ne se limite pas à transformer les institutions : elle modifie également les relations humaines et l’individu lui-même.
Thoreau critique sévèrement ceux qui dénoncent verbalement l’injustice tout en la soutenant indirectement, en payant des impôts par exemple, ou en obéissant passivement aux lois qu’ils réprouvent.
3.5 - La prison comme lieu de résistance
L'auteur conclut cette partie en développant plusieurs idées.
Ainsi, Henry David Thoreau :
Affirme que "sous un gouvernement qui emprisonne quiconque injustement, la véritable place d'un homme juste est aussi en prison".
Prône une forme de révolution pacifique pour s’opposer aux lois injustes à travers le refus de payer les impôts et la désobéissance civile active.
Soutient qu’un seul individu agissant en accord avec sa conscience peut avoir un impact bien plus grand qu’une majorité passive. Cette conviction culmine dans cette déclaration provocante qu’il adresse aux fonctionnaires complices du système : "Si vous voulez vraiment faire quelque chose, démissionnez !"
Partage une note profondément morale, dénonçant une "effusion de sang" non physique mais morale : "quand la conscience est blessée" écrit Thoreau. Une telle blessure, poursuit-il, tue "la dignité et l’immortalité véritable de l’être humain". Elle représente la plus grave des violences. Et c'est bien ce type de sang que l'essayiste dit voir couler dans la société de son époque.
- L'expérience personnelle de l'emprisonnement
4.1 - La valeur morale de la pauvreté
Dans ce passage, Henry David Thoreau partage ses idées sur la relation entre richesse et vertu morale.
L'auteur explique d’abord pourquoi, lui, préfère l'emprisonnement à la saisie de ses biens. Puis, il fait observer que les véritables opposants moraux à l'État sont souvent les plus pauvres, car ils ne consacrent pas leur vie à l'accumulation de richesses.
Selon lui, "plus on a d'argent, moins on a de vertu". Et l’argent corrompt de deux façons principales :
Il permet d’échapper aux vraies questions morales.
Il crée une dépendance vis-à-vis de l’État, qui soutient cet enrichissement.
L'auteur de "La désobéissance civile" fait enfin référence à l'enseignement du Christ sur l'impôt, qui suggère que ceux qui bénéficient du système de Jules César doivent aussi en accepter ses obligations. l'impôt, qui suggère que ceux qui profitent du système de Jules César doivent aussi en accepter ses obligations.
4.2 - Le conflit avec l'État et ses institutions
Dans cette partie de "La désobéissance civile", Henry David Thoreau analyse les tensions entre l'individu et les institutions étatiques.
Le philosophe fait d’abord remarquer que même ses concitoyens les plus "libres" restent enchaînés à l'État par deux grandes craintes :
La peur de perdre la protection gouvernementale.
La peur des conséquences matérielles de la désobéissance.
Il partage ensuite ses propres expériences de désobéissance civile :
Son acte de désobéissance face à la taxe d'Église qu’il a refusé de payer pour un pasteur dont il ne suivait pas les sermons.
"Voici quelques années, l’État vint me requérir au nom de l’Église de payer une certaine somme pour l’entretien d’un pasteur dont, au contraire de mon père, je ne suivais jamais les sermons. "Payez, disait-il, ou vous êtes sous les verrous." Je refusai de payer. Malheureusement, quelqu’un d’autre crut bon de le faire pour moi. Je ne voyais pas pourquoi on devait imposer au maître d’école l’entretien du prêtre et pas au prêtre, celui du maître d’école, car je n’étais pas payé par l’État. Je gagnais ma vie par cotisations volontaires. Je ne voyais pas pourquoi mon établissement ne présenterait pas aussi sa feuille d’impôts en faisant appuyer ses exigences par l’État à l’imitation de l’Église."
Cette expérience le conduisit à une déclaration formelle de non-appartenance à cette institution à laquelle il n'a pas choisi d'adhérer :
"À la prière du Conseil Municipal, je voulus bien condescendre à coucher par écrit la déclaration suivante : "Par le présent acte, je, soussigné Henry Thoreau, déclare ne pas vouloir être tenu pour membre d’une société constituée à laquelle je n’ai pas adhéré." Je confiai cette lettre au greffier qui l’a toujours ; l’État ainsi informé que je ne souhaitais pas être tenu pour membre de cette Église, n’a jamais depuis lors réitéré semblables exigences, tout en insistant quand même sur la validité de sa présomption initiale. Si j’avais pu nommer toutes les Sociétés, j’aurais signé mon retrait de chacune d’elles, là où je n’avais jamais signé mon adhésion, mais je ne savais où me procurer une liste complète."
Son refus de payer la capitation qui lui valut son emprisonnement pour non-paiement d'impôts
Henry David Thoreau insiste sur l’importance de l’autonomie morale. Il lance : "Il m'en coûte moins d'encourir la sanction de désobéissance à l'État qu'il ne m'en coûterait de lui obéir". Ainsi, pour lui, la liberté de conscience vaut plus que le confort matériel.
Enfin, le philosophe cite Confucius pour soutenir que la richesse devient honteuse sous un gouvernement injuste et ainsi renforcer son appel à la résistance contre les institutions oppressives.
4.3 - La méditation en prison
Dans ce passage introspectif, Henry David Thoreau transforme son emprisonnement pour non-paiement d'impôt en une réflexion profonde sur la nature du pouvoir et de la liberté.
Face aux murs épais de sa cellule, l'auteur s'indigne de la bêtise d'une institution qui réduit l'homme à sa simple dimension physique. Il écrit ce qu’il pensait alors : "si un rempart de pierre s'élevait entre moi et mes concitoyens, il s'en élevait un autre, bien plus difficile à escalader ou à percer, entre eux et la liberté".
Mais le penseur renverse la situation en affirmant que l'emprisonnement du corps ne peut rien contre la liberté de l'esprit.
Il termine par une critique acerbe de l’État, qu’il dépeint comme une entité peureuse et maladroite. Incapable d’atteindre les pensées de l’homme, l’État ne peut alors que s’en prendre à son corps.
4.4 - La dignité face à la contrainte physique
Henry David Thoreau affirme ensuite la supériorité de la conscience individuelle sur la force brute de l'État. Il déclare : "Je ne suis pas né pour qu'on me force. Je veux respirer à ma guise". Aussi, pour lui, l'État ne possède qu'une supériorité physique, aucune autorité morale ou intellectuelle.
Pour faire comprendre son idée, l’auteur de "La désobéissance civile" compare l'homme à une plante qui doit suivre sa propre nature pour prospérer : comme le gland et la châtaigne qui poussent selon leurs propres lois, chaque individu doit vivre selon sa conscience, même face à la contrainte sociale. Il refuse catégoriquement d'être "responsable du bon fonctionnement de la machine sociale". La dignité de l’homme réside dans son autonomie morale et intellectuelle.
4.5 - Le récit de la nuit en prison d'Henry David Thoreau
Cette partie du livre "La désobéissance civile" nous livre un témoignage vivant du séjour d’Henry David Thoreau en prison. Pour le philosophe, cette incarcération s’est transformé en une expérience d'observation sociale et de réflexion intérieure.
L'atmosphère de la prison est dépeinte par l’auteur avec un mélange de curiosité et de détachement. Il décrit la routine carcérale, ses codétenus, et particulièrement son compagnon de cellule, accusé d'avoir accidentellement incendié une grange. Il note avec ironie que ce dernier "se sentait chez lui et, satisfait d'être nourri et logé gratis, il s'estimait fort bien traité".
Aussi, Henry David Thoreau découvre, dans la prison, une micro-société avec ses traditions bien à elle, comprenant :
Des tentatives d'évasion minutieusement planifiées.
Des poèmes composés par les prisonniers.
Des histoires qui ne franchissent jamais les murs.
La nuit passée en prison, quant à elle, devient une expérience presque onirique : "c'était voyager dans un lointain pays" confie-t-il. Cette expérience carcérale lui montre sa ville natale sous un jour nouveau et "moyenâgeux".
De ces observations, l'auteur conclut que la prison dévoile, en fait, une face cachée des institutions de sa société : elle révèle leur fonctionnement à la fois oppressant et marqué par les inégalités et les absurdités de la société.
4.6 - Les leçons de l'emprisonnement
Pour finir, Henry David Thoreau décrit comment cette brève incarcération a profondément modifié la perception qu’il avait de sa communauté.
L'auteur commence par quelques observations sur la routine carcérale : le petit-déjeuner servi dans des gamelles, les conseils de son compagnon de cellule sur la conservation du pain, le travail aux champs des prisonniers.
Mais la véritable transformation se produit après sa libération. Le philosophe réalise alors que ses concitoyens vivent dans une autre forme d'emprisonnement : une prison morale.
Il pointe les points suivants :
Leur amitié est superficielle, "que pour la belle saison".
Ces derniers sont prisonniers de "leurs préjugés et leurs superstitions".
Ils se contentent d'une adhésion de façade à la morale, une "observance de surface" dit-il.
Le récit se termine sur une note d'ironie : lorsqu’il retrouve sa liberté, Henry David Thoreau reprend sa vie normale. Et alors qu’il cueille des airelles sur une colline, il remarque avec humour qu’"on ne voit l'État nulle part". Il suggère ainsi que la vraie liberté existe en dehors des structures étatiques.
- Conclusion et vision d'un État idéal
Dans cette conclusion, Henry David Thoreau expose sa vision d’un État idéal tout en revenant sur sa position personnelle à propos de la désobéissance civile. Il dresse alors une synthèse brillante de sa philosophie politique.
5.1 - La nuance dans la résistance
Henry David Thoreau commence ici par clarifier qu'il ne refuse pas tous les impôts. Il accepte de payer la taxe de voirie et de contribuer à l'éducation, car son but n'est pas une opposition systématique mais une désobéissance réfléchie et ciblée.
Comme il le précise : "Je désire simplement refuser obéissance à l'État, me retirer et m'en désolidariser d'une manière effective". Pour lui, ce n'est pas tant l'argent qui pose problème que l'usage qui en est fait et surtout, les implications morales de l'obéissance qu'il symbolise.
Sa démarche n’est donc pas une simple révolte, mais un acte profondément ancré dans une éthique personnelle et une réflexion sur la justice.
5.2 - La réflexion sur la résistance collective
L’auteur de "La désobéissance civile" analyse ensuite en détail les différentes réactions face à la désobéissance civile.
Il s’en prend aux individus qui paient leurs impôts par solidarité avec l’État ou par un souci mal placé pour le contribuable.
Selon lui, la force du nombre ne justifie pas l'injustice, même quand elle s'exprime sans hostilité.
Thoreau met en garde contre la tentation de céder à la pression sociale, qu’il compare à des phénomènes naturels tels que "la soif et la faim, les vents et les marées". Cependant, il insiste sur le fait qu’à la différence des forces naturelles, la pression sociale, elle, peut être résistée car elle émane d'êtres humains dotés de raison et capables de réflexion morale.
5.3 - La critique des institutions et des réformateurs
L'auteur de "La désobéissance civile" fustige ici les institutions et leurs défenseurs, particulièrement Webster, qu'il décrit comme un simple "Défenseur de la Constitution" plutôt qu'un véritable penseur.
L’essayiste déplore l'absence, en Amérique, d'un "homme doué d'un génie de législateur", capable de transcender les enjeux purement politiques pour aborder les véritables questions morales.
Thoreau cible également les réformateurs, qu’il accuse de manquer de perspective. Selon lui, ils sont si profondément enracinés dans les structures qu’ils cherchent à changer qu’ils ne parviennent pas à les analyser objectivement. Il les décrit, en effet, comme "si bien enfermés dans leurs institutions", qu'ils sont incapables de penser au-delà du système qu’ils tentent de réformer.
5.4 - La vision d'un État idéal
Henry David Thoreau conclut en esquissant sa vision d'un État véritablement libre et éclairé. Pour lui, trois conditions essentielles doivent être remplies :
La reconnaissance d'un pouvoir individuel supérieur à celui de l'État.
Le respect de l'individu comme base du gouvernement.
L'acceptation que certains citoyens puissent "vivre en marge, sans se mêler des affaires du gouvernement".
L’auteur voit l'évolution historique du gouvernement - de la monarchie absolue à la démocratie - comme un progrès vers un plus grand respect de l'individu.
Cependant, il ne considère pas la démocratie comme l'aboutissement final de cette évolution, mais comme une étape vers un État plus parfait.
Il termine sur une note d'espoir, imaginant un système étatique dans lequel la liberté individuelle serait pleinement respectée tout en maintenant les liens sociaux essentiels. Pour Henry David Thoreau, c'est dans cette direction que doit évoluer la démocratie : vers une reconnaissance toujours plus grande des droits individuels.
Ainsi, cette conclusion résonne comme un manifeste pour une nouvelle forme de gouvernement qui ne serait pas fondée sur la contrainte mais sur le respect mutuel entre l'État et les citoyens, chacun conservant son autonomie morale.
Conclusion de "La désobéissance civile" de Henry David Thoreau
Trois grandes idées à retenir de "La Désobéissance civile" d’Henry David Thoreau
Idée n°1 : La conscience individuelle prime sur l'autorité de l'État
Henry David Thoreau affirme que l’obéissance aux lois injustes est moralement inacceptable. Il soutient que la conscience individuelle doit guider l’action politique, au-delà même des principes démocratiques de la règle majoritaire.
Idée n°2 : La résistance non-violente constitue une arme politique efficace capable de transformer la société
À travers son expérience d'emprisonnement, Henry David Thoreau démontre comment le refus pacifique d'obéir aux lois injustes peut ébranler les fondements d'un système oppressif. En renonçant à payer ses impôts, il prouve qu'une action individuelle fondée sur des principes moraux peut avoir un impact significatif sur la société.
Idée n°3 : L'État doit reconnaître la primauté des droits individuels
La vision de Thoreau d'un État idéal, dans lequel le pouvoir individuel serait reconnu comme supérieur à celui du gouvernement, préfigure les évolutions modernes tendant vers une plus grande protection des libertés individuelles.
Pourquoi lire "La désobéissance civile" ?
"La désobéissance civile" est ouvrage philosophique qui vous invite à repenser votre rapport à l'autorité et vos responsabilités en tant que citoyen.
Aussi, ce livre vous aidera à développer une réflexion critique sur les institutions et fera découvrir des outils concrets pour résister pacifiquement à l’injustice.
Les arguments de Thoreau, d’une clarté et d’une force remarquables, résonnent particulièrement aujourd’hui, à une époque où les questions de justice sociale et de responsabilité individuelle sont au cœur des débats contemporains.
Je recommande vivement la lecture de "La désobéissance civile" pour son impact intellectuel, mais aussi pour son influence considérable sur les mouvements de résistance pacifique qui ont façonné notre monde moderne.
Points forts :
Une réflexion philosophique passionnante sur la relation entre morale individuelle et autorité étatique.
Un témoignage personnel qui donne corps aux principes théoriques.
L'influence historique majeure du concept de désobéissance civile de Thoreau sur les mouvements de résistance non-violente.
Une pertinence intacte pour les enjeux contemporains.
Points faibles :
Une vision parfois radicale du rôle de l'État qui peut paraître utopique.
Un contexte historique (esclavage, guerre du Mexique) qui peut sembler daté.
Ma note :
★★★★★
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