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May 22 2024, 12:11am
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Comment devenir freelance : le guide complet en 7 points
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May 21 2024, 5:00pm
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IA 2042
Résumé de « IA 2042 — Dix scénarios pour notre futur » de Kai-Fu Lee et Chen Qiufan : un livre qui mêle les talents de conteur de Chen Qiufan aux connaissances de Kai-Fu Lee en matière d'intelligence artificielle afin de proposer dix visions possibles des sociétés boostées à l'IA — pour le meilleur… et pas vraiment pour le pire !
Par Kai-Fu Lee et Chen Qiufan, 2022, 499 pages.
Titre original : « AI 2041 — Ten Visions for Our Future » (2021)
Chronique et résumé de « IA 2042 — Dix scénarios pour notre futur » de Kai-Fu Lee et Chen Qiufan
Introduction par Kai-Fu Lee : La véritable histoire de l'IA
C'est John McCarthy qui invente le terme d'intelligence artificielle (IA) à l'occasion du célèbre "Projet de recherche d'été sur l'intelligence artificielle" à Darmouth, en 1956.
Pendant longtemps, l'IA s'est cantonnée au monde universitaire. Mais récemment, elle a fait sa grande apparition publique. Voici deux dates marquantes, liées à l'avènement d'un nouveau type d'IA liée à l'apprentissage profond ou deep learning :
2016 = AlphaGo bat un humain au jeu de go, un jeu de société plus complexe que les échecs ;
2020 = l'IA résout un problème scientifique, à savoir le repliement des protéines.
Depuis quelques années, le deep learning a énormément progressé grâce à :
L'augmentation de la puissance de calcul ;
L'augmentation des données et des capacités de stockage de celles-ci.
La valeur économique de l'IA est en train de monter en flèche. Pourquoi ? Notamment car cette technologie est "omni-usage", c'est-à-dire disponible pour un très grand nombre d'applications.
Dans ce texte, les auteurs cherchent à proposer une série de "fictions scientifiques". Ils se servent des ressources du récit fictif pour faire de la prospective sérieuse.
"Ce livre s'appuie sur une IA réaliste, c'est-à-dire sur des technologies qui existent déjà, ou dont on peut raisonnablement s'attendre à ce qu'elles arrivent à maturité dans les vingt prochaines années." (IA 2042, Introduction par Kai-Fu Lee)
L'objectif est de penser l'avenir de l'humanité et de l'IA afin de nous aider à relever les défis qui nous attendent avec réalisme et optimisme.
Introduction par Chen Quifan : Comment apprendre à ne plus s'inquiéter et accueillir l'avenir avec imagination
Alors que Kai-Fu Lee est le scientifique de l'aventure, Chen Quifan est l'auteur de fiction. À eux deux, ils combinent les talents pour raconter avec justesse et imagination les avenirs possibles d'une humanité boostée à l'IA.
L'auteur de science-fiction (SF) rappelle la loi d'Amara :
"Nous avons tendance à surestimer l'effet d'une technologie à court terme et à en sous-estimer l'effet à long terme." (IA 2042, Introduction par Chen Qiufan)
La SF a depuis longtemps mis en scène les relations homme-machine et l'irruption d'intelligences artificielles. Grâce à elle, nous pouvons explorer toutes les questions qui nous concernent au plus près.
Elle est d'ailleurs, selon Yuval Noah Harari, l'auteur de Homo Deus, "le genre artistique le plus important" de notre époque.
En fait, les scientifiques et les ingénieurs s'inspirent également de la SF pour construire leurs théories et leurs nouvelles technologies. De cette façon, la littérature change le monde. Mais elle le fait aussi car elle nous permet, à tous, d'avoir plus d'esprit critique.
Voici les enjeux des nouvelles qui suivent :
Anticiper avec réalisme les développements techniques ;
Imaginer l'avenir des êtres humains et des institutions sociales ;
Poser des questions pour faire réfléchir.
Espérons que ce pari soit réussi et que vous preniez plaisir à la lecture de ces 10 courtes histoires ! Après chacune d'entre elle, Kai-Fu Lee fait le point sur les développements techniques liés à l'IA.
1 — L'éléphant doré
La première histoire se passe en Inde.
Au niveau technologique, plusieurs évolutions ont eu lieu. La plus importante d'entre elles — développée dans la nouvelle — consiste en une assurance en ligne nommée Ganesh, du nom du dieu de la mythologie indienne.
Cette assurance est proposée en lien avec une série d'applications (shopping, santé, etc.). Pourquoi ? Car celles-ci permettent à l'assurance de récolter un grand nombre de données sur ces utilisateurs.
Quel est l'objectif ? Proposer des polices d'assurance adaptées aux comportements des clients. L'idée est de faire baisser les polices d'assurance en faisant baisser, en même temps, les risques. Grâce à ces applications, l'assurance donne de nombreux conseils pour préserver sa santé physique, mentale et financière.
Sur le plan social, l'histoire insiste sur l'abolition plus ou moins réussie des castes. Les intouchables, à savoir la caste la plus basse et dénigrée d'Inde, n'ont pas accès aux mêmes services et continuent de vivre dans des conditions moins avantageuses, même après les lois passées pour contrer ce phénomène, dès les années 2010.
À travers une histoire d'amour entre deux adolescents, la question principale posée par cette nouvelle est la suivante : comment éviter que ces algorithmes — qui utilisent les données pour fournir des conseils personnalisés — ne reproduisent les inégalités sociales ?
L'analyse de Kai-Fu Lee
Certaines applications que nous connaissons déjà sur nos smartphones utilisent l'apprentissage profond pour transformer nos données en recommandations ou conseils personnalisés. C'est le cas, par exemple, pour Facebook ou Spotify, pour n'en citer que deux parmi d'autres.
Dans cette partie, le scientifique explique en détail ce qu'est le deep learning et les "réseaux de neurones artificiels" qui en assurent le fonctionnement. Vous pouvez également retrouver ces informations, plus détaillées encore, dans la chronique de L'intelligence artificielle pour les nuls !
Les résultats stupéfiants de l'apprentissage profond ne doivent pas nous masquer les limites et les problèmes de cette technologie. Voici les points mis en évidence par le chercheur et investisseur :
Une grande puissance de calcul est nécessaire ;
Il ne faut surtout pas confondre le fonctionnement du cerveau humain et de ces réseaux de neurones artificiels ;
L'IA a besoin de grandes quantités de données pertinentes et d'un objectif assez précis et concret (ce qui est appelé la "fonction objectif").
Deux exemples de domaines de développement de l'IA sont proposés :
Internet (en particulier via Facebook et Amazon) ;
La finance et ce qui est maintenant appelé la fintech, à savoir l'alliance des technologies de pointe et de la finance et du monde de l'assurance (avec des sociétés comme Waterdrop en Chine ou Lemonade aux États-Unis).
Enfin, l'auteur aborde les problèmes liés à ce type d'application :
Manipulation des utilisateurs ;
Perpétuation des préjugés (au centre de la nouvelle "L'éléphant doré") ;
Impossibilité de justifier ou d'expliquer les choix pris par l'IA.
2 — Derrière les masques
La deuxième nouvelle a lieu au Nigeria.
Sur le plan technologique, les deux innovations majeures mises en avant ici sont :
Les progrès de la reconnaissance facile via les caméras de sécurité ;
L'amélioration des logiciels de création audio et surtout vidéo. Ceux-ci permettant notamment de créer des deep fakes, ces trucages très difficiles à reconnaître.
Au niveau social, nous apprenons beaucoup de choses sur ce pays et, notamment, les conflits entre les peuples Igbo et les Yoruba qui divisent le pays. L'usage des trucages vidéo est ici utilisé à des fins de manipulation politique.
L'histoire suit un jeune homme Igbo pauvre, qui est recruté pour monter un deep fake contre les dirigeants Yoruba, mais qui va se rebeller et décider, finalement, de suivre une autre voie, plus positive pour l'avenir de son pays.
L'analyse de Kai-Fu Lee
Le chercheur explique ici comment fonctionne la vision par ordinateur. Celle-ci, pour fonctionner, doit résoudre bien des problèmes, en termes de :
Capture et traitement d'images ;
Détection d'objets et segmentation d'images ;
Reconnaissance d'objets ;
Suivi d'objets en mouvement ;
Reconnaissance des gestes et des mouvements ;
Compréhension des scènes.
Il y a, à l'heure actuelle, pléthore d'applications qui utilisent la vision par ordinateur, de la reconnaissance facile à la navigation autonome d'automobiles (voir en particulier la nouvelle 6, "Le pilote sacré"), en passant par l'édition de contenu.
Pour ce dernier type d'application, les ingénieurs utilisent la technologie dite des réseaux neuronaux convolutifs (CNN pour convolutional neural networks) et celle des réseaux antagonistes génératifs (generative adversial networks ou GAN).
Kai-Fu Lee prévoit que ces technologies évolueront suffisamment, dans vingt ans, pour créer des trucages vidéos indétectables à l'oeil nu. D'où l'importance de développer des logiciels antitrucage. Ceux-ci seront sans doute intégrés dans de nombreux domaines de la vie de tous les jours.
Voici sa conviction :
"Tout comme nous avons su remédier au problème de spams et des virus grâce à des innovations technologiques, nous garantirons de même la sécurité de l'IA la majorité du temps (car il est vrai que les attaques de spam et de virus n'ont pas totalement disparu). Les vulnérabilités d'origine technologique ont toujours été compensées en tout ou partie grâce à de nouveaux progrès technologiques." (IA 2042, Chapitre 2)
3 — Les jumeaux
Le cadre du troisième récit est le Sri Lanka.
Ici, la question technologique est liée à l'usage de l'IA dans l'éducation. Avec le développement des IA génératives et de la réalité virtuelle, il sera possible — selon les auteurs — de développer des assistants éducatifs qui aideront les jeunes à rapprendre leurs leçons, à réaliser leurs devoirs et, aussi, à se divertir.
Mais quelles sont les conséquences de ces technologies sur les relations sociales ? Et comment ces technologies pourront-elles se développer en des sens différents, pour laisser place à la diversité, notamment en termes de sensibilité et d'apprentissage ?
Dans l'histoire présentée, deux jumeaux sont adoptés par des familles différentes. L'un se développe avec une forte volonté et un sens de la compétition exacerbé. L'autre, atteint d'autisme, recherche plutôt l'évasion dans des mondes artistiques et oniriques qu'il crée lui-même de toutes pièces grâce à l'IA.
Bien sûr, une rivalité surgit entre les deux…
L'analyse de Kai-Fu Lee
C'est le fonctionnement du traitement automatique du langage naturel qui est exposé ici par le scientifique. L'auteur explique ce qu'est la méthode d'apprentissage supervisé (TALN) et quel est son usage pour le traitement du langage.
Plus récemment, la méthode d'apprentissage auto-supervisé a permis à Google et OpenAI de créer les chatbots conversationnels que nous connaissons sous le nom de ChatGPT ou Gemini. Ces progrès de l'IA conversationnelle peuvent déboucher sur des applications étonnantes, comme des "professeurs IA" !
"Peut-être que dans vingt ans, GPT-23, ayant lu chaque mot jamais écrit et vu chaque vidéo jamais produite, sera à même de construire son propre modèle du monde. Ce transducteur de séquence omniscient contiendra toutes les connaissances accumulées sur l'histoire humaine. Il ne nous restera plus qu'à lui poser les bonnes questions." (IA 2042, Chapitre 3)
Cela dit, Kai-Fu Lee est prudent lorsqu'il s'agit de prédire "la singularité" (moment où l'intelligence humaine sera surpassée par celle des machines). Pour lui, cela n'arrivera pas de si tôt. Encore une fois, il insiste sur la différence entre cerveau humain et cerveau artificiel.
4 — L'amour sans contact
Nous voici en Chine pour la quatrième histoire !
Ici, la technologie de l'IA vient s'associer à la robotique. Il y a beaucoup de robots ménagers dans ce récit, mais pas seulement. Le plus important, c'est le développement de toute une série de méthodes et objets liés au domaine de la santé et, plus largement, à la vie domestique.
Au niveau social, l'enjeu de ce récit est celui de la lutte contre les pandémies et de nos réactions face à leurs conséquences, notamment en termes de distanciation sociale.
Voici l'intrigue : Chen Nam est amoureuse d'un Brésilien nommé Garcia. Ils ne sont jamais vu "en vrai", car la jeune femme a peur de sortir de chez elle à cause des variants de la Covid. À l'aide de complices et d'un plan ingénieux, son compagnon va toutefois lui permettre de sortir de la "cage dorée" de son appartement… et mettre leur amour à l'épreuve.
L'analyse de Kai-Fu Lee
"Je considère que nous sommes aujourd'hui à l'orée d'une nouvelle révolution en matière de soins. En effet, la numérisation va permettre de déployer encore davantage toutes les technologies dépendantes des données dans des domaines comme l'informatique, la communication, la robotique, la science des données et, par-dessus tout, l'IA."
L'auteur prévoir l'accélération ou l'apparition de :
Processus de numérisation des bases de données et des processus liés à la santé ;
Technologies intimement liées au numérique et à l'IA (depuis les outils simples de mesure des indicateurs de santé comme la fréquence cardiaque, jusqu'à des outils de séquençage ADN, etc.).
La découverte de médicaments se fera de plus en plus rapide et de plus en plus personnalisée. Le tout, selon l'auteur, à moindre prix ! Par ailleurs, les diagnostics seront facilités et fournis avec plus de précision grâce à l'IA.
Le rôle des médecins évoluera vers un rôle de "soignants compatissants et de communicants d'informations médicales".
Dans la suite de cette partie, le chercheur introduit également aux grands principes de fonctionnement de la robotique et aux applications industrielles et commerciales qui vont en découler dans les décennies à venir. Enfin, il se penche sur la numérisation de la vie personnelle et professionnelle.
5 — Mon idole fantôme
La nouvelle "Mon idole fantôme" prend place au Japon.
La RX est un acronyme utilisé pour regrouper les différents types de mélanges entre réalité et "virtualité". Il y en a trois principaux :
RV ou réalité virtuelle (immersion dans un monde numérique) ;
RA ou réalité augmentée (superposition d'éléments virtuels dans un environnement réel) ;
RM ou réalité mixte, qui introduit un degré supérieur d'intrication entre ces deux "mondes".
Ces technologies vont probablement bouleverser bien des domaines de notre vie sociale. Mais ici, c'est le domaine du divertissement qui est étudié. Il est possible de créer des jeux et des expériences divertissantes d'une ampleur encore jamais vue.
Dans l'histoire conçue par Chen Qiufan, une fan nommée Aiko participe à un jeu grandeur nature qui concerne la prétendue mort mystérieuse de son idole : le chanteur Hiroshi. Parviendra-t-elle à s'habituer à la présence de l'avatar 3D virtuel de sa star préférée et à résoudre l'énigme de sa disparition ?
L'analyse de Kai-Fu Lee
Il y a plusieurs technologies qui se retrouvent d'une nouvelle à l'autre et qui donnent à penser qu'elles seront à coup sûr présentes dans nos vies de demain pour l'auteur :
Le smartstream ou successeur du smartphone.
Les lunettes et mêmes lentilles XR.
Le premier sera le support de toutes nos applications, comme il l'est déjà. Mais il gagnera en puissance de calcul et en nombre de données au point de devenir ultra-performant et personnalisé (comme cela est montré dans le chapitre 1 avec le système d'assurance).
Les secondes nous intéressent davantage ici. Grâce à elles, nous pourrons nous immerger dans les différents niveaux de RX à tout moment de la journée. Le personnage principal de l'histoire dit même qu'elle se sent "aveugle" sans elles.
Dans IA 2042, Kai-Fu Lee prend le temps d'expliquer les ressorts techniques de ces nouvelles technologies et leurs limites, tant fonctionnelles qu'éthiques — tout particulièrement la question de la conservation des données.
Il aborde aussi la question des gants haptiques et des technologies qui nous permettront de connecter nos autres sens (en plus de la vie) au monde numérique.
6 — Le pilote sacré
Nous sommes de retour au Sri Lanka pour cette nouvelle.
La réalité virtuelle ressemble à un jeu. Mais l'est-elle uniquement ? Certes, du divertissement peut être créé à partir d'elle, mais aussi bien d'autres choses. Et si la réalité virtuelle, couplée à la technologie de la voiture autonome, pouvait nous aider à guider à distance les voitures des personnes comme c'est déjà le cas pour les drones ?
La réalité sociale du Sri Lanka est faite de tensions politiques et parfois d'attentats terroristes. Mais c'est un pays qui se développe et qui bénéficiera de technologies de pointe dans vingt ans.
Dans cette histoire, un jeune prodige des jeux vidéo nommé Chamal est recruté par une entreprise pour effectuer des missions spéciales qu'il prend au départ pour un simple jeu vidéo. Avant de s'apercevoir que c'est loin d'être le cas !
L'analyse de Kai-Fu Lee
Grâce à cette histoire, nous plongeons encore plus profondément dans l'univers de la RX, tout en y intégrant une autre technologie : celle des voitures autonomes.
L'idée de base des auteurs consiste à affirmer que le cinquième stade de la voiture autonome (pour un rappel des cinq stades de la voiture autonome, lire la chronique Elon Musk : L'homme qui défie la science) sera complètement atteint en 2042.
Toutefois, il se peut qu'une "reprise en manuel" soit nécessaire de temps à autre, surtout lors de crises majeures (catastrophes naturelles, attentats, etc.) qui peuvent brouiller les systèmes d'IA, voire les rendre inopérants. L'hypothèse faite ici est que des pilotes "à distance" prennent le relais dans ces situations.
Au-delà de cette possibilité (qui relève ici de la fiction), Kai-Fu Lee étudie les retombées positives et négatives de la voiture autonome. Puis, il passe en revue les freins éthiques et juridiques qui pourraient ralentir les progrès techniques — comme la question de savoir qui est responsable en cas d'accident avec une voiture autonome, par exemple.
Pour l'auteur :
"Élargir la conscience que nous avons de ces questions toutes légitimes, et en débattre, est indispensable. Il nous faut résoudre ces difficultés le plus vite possible afin d'être prêts pour les technologies d'automatisation de la conduire, le jour où elles parviendront à maturité." (IA 2042, Chapitre 6)
7 — Apocalypse quantique
L'Islande, mais aussi l'Europe entière, est au cœur de ce septième chapitre.
La technologie mise en avant ici n'est pas à proprement parler celle de l'IA, même si elle lui est liée. Il s'agit de l'informatique quantique. Si cette technologie arrive à maturité, elle pourrait bien révolutionner l'IA en la dotant d'une puissance de calcul jamais atteinte.
La question sociale posée ici est celle de l'usage volontairement néfaste des technologies. L'un des mantra répétés dans tout l'ouvrage c'est que la technologie n'est pas bonne ou mauvaise en soi, mais qu'elle dépend de ce que les humains en font.
Quid si quelqu'un — ou une organisation — décide de faire le mal ?
Dans la nouvelle "Apocalypse quantique", un scientifique devenu fou cherche à "punir" la société en utilisant un ordinateur quantique et une armée de drones autonomes. Deux spécialistes que tout oppose — une jeune femme hacker et un fonctionnaire chargé de cybersécurité — vont se retrouver en charge de sauver l'humanité !
L'analyse de Kai-Fu Lee
"L'informatique quantique a, d'après moi, 80 % de chance de fonctionner en 2042. Si c'est le cas, son impact sur l'humanité pourrait dépasser celui de l'IA. Comme la machine à vapeur, l'électricité, l'informatique et l'IA? C'est une technologie extrêmement polyvalente capable de bouleverser la compréhension que nous avons de la nature et de nous aider à réaliser des progrès scientifiques spectaculaires." (IA 2042, Chapitre 7)
Le spécialiste de l'IA expose les grands principes de l'informatique quantique puis pose la question de la sécurité. En effet, l'informatique quantique, par sa puissance de calcul exceptionnelle, pourrait "hacker" tous les systèmes de sécurité actuels, y compris — par exemple — les systèmes de protection des bitcoins.
Un autre thème traité dans la suite de cette partie concerne les armes autonomes. Pour plus d'information sur ce sujet, vous pouvez également lire la chronique du livre À nous d'écrire l'avenir de l'ancien patron de Google Eric Schmidt.
Pour les auteurs, il est de la plus grande importance de limiter leur prolifération.
8 — Le sauveur d'emplois
Les États-Unis accueillent cette huitième histoire.
L'intelligence artificielle s'est infiltrée dans tous les secteurs, tous les métiers. C'est notamment l'épidémie qui a accéléré cet engouement des entreprises pour le recours à l'IA. Le problème est avant tout social : que faire de toutes ces personnes qui se retrouvent sans emploi ?
Plusieurs propositions sont faites, comme le revenu universel de base (RUB). Mais l'histoire propose une autre solution : le reclassement dans des emplois plus qualifiés ou moins sujets aux pressions de l'IA. Toutefois, cette solution est très imparfaite et de nombreux travailleurs ne trouvent pas de nouveaux emplois stables.
L'histoire se concentre sur le travail d'une spécialiste en reclassement et du patron de l'entreprise, Michael Sauveur. Un jour, une étonnante nouvelle fait irruption dans leur quotidien : une autre firme promet un reclassement de 100 % des travailleurs licenciés !
Arnaque ? Promesse en l'air ? Quel est le "truc" de cette concurrente ? Eh bien, elle est de faire travailler "pour de faux" les travailleurs désœuvrés. Un scandale ? Oui ! À moins que la société consente à quelques petites modifications…
L'analyse de Kai-Fu Lee
Le problème économique de la perte massive d'emplois en raison du développement et de l'adoption de l'IA dans de nombreux secteurs d'activité est très présent dans l'actualité. C'est un problème structurel à résoudre au plus vite.
Nous avons appris à aimer travailler et à donner sens à notre existence grâce à notre travail. Oui, pour nous, êtres humains du XXe et du début du XXIe siècle, le travail est une valeur ; se réaliser dans un métier nous construit comme individu et nous positionne dans la société.
Dans ces circonstances, le chômage de masse est un véritable enjeu, non seulement social et économique, mais aussi existentiel. Le RUB est l'une des solutions qui est avancée ces dernières années, mais il se peut que ce ne soit pas suffisant, car les gens risquent de se tourner vers des activités destructrices (addictions de toutes sortes, etc.).
L'une des clés consiste à repérer clairement les domaines où l'IA aura le plus de mal à s'intégrer et à rechercher ce type de poste. En l'occurrence, Kai-Fu Lee dégage trois grandes qualités qui seront toujours requises :
La créativité ;
L'empathie ;
La dextérité.
La reconversion professionnelle va devenir une obligation pour nombre d'entre nous, au moins une fois durant notre carrière. Au-delà, le chercheur nous invite à repenser le contrat social sur lequel reposent nos sociétés occidentales et suggère un plan en trois étapes :
Réapprendre (l'acquisition de compétences utiles et peu prises en charge par l'IA) ;
Recalibrer (la définition de nouveaux emplois liés à l'IA et générer une symbiose humain-machine) ;
Renaître (le développement d'une société curieuse et ouverte, qui poursuit la visée du progrès).
9 — L'île du bonheur
Le royaume du Qatar offre le cadre de cet avant-dernier récit.
Et si une technologie pouvait nous rendre heureux ? Si l'IA pouvait être assez fine pour capter vos moindres désirs — même les plus abstraits — et vous fournir le bonheur sur un plateau d'argent ? Telle est l'hypothèse mise à l'épreuve dans cette nouvelle.
Au niveau social, nous nous trouvons dans un milieu de milliardaires. Le Prince héritier du Qatar, en souverain bienveillant, veut le bonheur de son peuple et teste sa nouvelle technologie — une IA à prétention omnisciente — auprès d'un riche, très riche public trié sur le volet.
Viktor, jeune quarantenaire russe ayant fait fortune dans les jeux en ligne, notamment, est l'un des évités du royaume. Avec d'autres, il doit demeurer dans une île où tous leurs désirs pourront prendre forme. Pourtant, loin de les combler, l'IA leur fait perdre le goût à la vie, au point qu'ils cherchent à s'enfuir.
Pourquoi ?
L'analyse de Kai-Fu Lee
C'est probablement parce que l'IA développée par le Prince ne parvient qu'à subvenir aux besoins hédonistes et non aux besoins eudémoniques. Quelle est la différence ?
Besoins hédonistes = les deux premiers paliers de la pyramide de Maslow environ (besoins physiologiques, sécurité et pour une part, besoins de liens sociaux).
Besoins eudémonistes = les trois derniers paliers (besoins d'amour et d'appartenance, d'estime et d'accomplissement de soi).
Il est très difficile — mais pas impossible selon les auteurs — de concevoir une IA qui répondrait à toute cette palette de désirs, et surtout aux besoins eudémonistes, qui sont les plus abstraits et les plus propres à l'humain. Ce ne sera sans doute pas encore une réalité en 2042.
Pour que cela puisse se faire, il faudrait résoudre à minima trois épineux problèmes :
Celui de la mesure de notre bonheur ;
Celui du stockage des données et de leur protection ;
Et enfin, celui de l'entité qui conservera nos données.
Kai-Fu Lee estime que les visées de ceux qui récoltent nos données et nos propres objectifs doivent se rejoindre. C'est ce qu'ils nomment une "IA de confiance", c'est-à-dire qui cherchera à optimiser la même "fonction objectif" que nous.
C'est le contraire qui se passe aujourd'hui avec Google ou Facebook, par exemple. Dans la mesure où ces entreprises orientent l'IA vers la maximisation du profit, leurs objectifs ne sont pas convergents avec les nôtres.
Mais il est possible de penser des solutions qui facilitent la confiance entre les deux parties et qui nous permettent, ainsi, de livrer sans trop de remords nos données.
"Que cette entité de confiance soit une monarchie éclairée, une coopérative open source ou un système de blockchain distribué, nous pourrions retirer de cette puissante IA des bienfaits sans précédent, tout en ayant bon espoir que de nouvelles avancées technologiques sécuriseraient chaque jour davantage nos données." (IA 2042, Chapitre 9)
10 — Horizon plénitude
Un voyage en Australie nous est proposé pour clore ces nouvelles.
La technologie en jeu ici est une IA qui sert une politique publique de remise à l'emploi des jeunes et, notamment, des jeunes les plus défavorisés issus le plus souvent de la minorité indigène, les aborigènes. Ce système vise à proposer des travaux aux jeunes en l'échange de récompenses et d'une valorisation sociale.
Cette technologie est censée venir en aide à ces jeunes qui n'ont plus de travail (notamment à cause de l'IA), en tablant sur la qualité d'empathie et le besoin de reconnaissance sociale et de développement personnel.
Dans "Horizon Plénitude", Keira est une jeune qui va s'occuper d'une biologiste célèbre à la retraite, Johanna Campbell. Un lien fort se noue entre les deux femmes malgré des débuts difficiles. Peu à peu, chacune aide l'autre à surmonter ses difficultés et — pour Keira — à trouver sa voie.
L'analyse de Kai-Fu Lee
Le type de société qui est dépeint dans cette histoire n'est possible que dans un pays qui aurait mis en place une forme souple de gratuité de tous les services publics, générée notamment grâce à la baisse des coûts liés aux énergies propres. L'Australie est un bon candidat, mais beaucoup de chemin reste à faire !
Kai-Fu Lee expose l'intérêt des énergies renouvelables et aussi l'innovation en matière de nouveaux matériaux de construction et de consommation (il aborde par exemple le thème de la viande de synthèse).
Nous pourrions vivre dans une société d'abondance grâce au progrès scientifique et technique. Mais c'est aussi une question d'allocation juste et raisonnée des ressources qui est en cause (évitement du gaspillage et allocation des logements vides, par exemple).
Dernier point — et non des moindres — évoqué par l'auteur : la fin de l'argent. Pouvons-nous imaginer un monde où l'argent n'aurait plus la place qu'il a aujourd'hui ? Rien n'est moins sûr, mais pour Kai-Fu Lee, c'est bien vers cet horizon de la plénitude que nous devons nous diriger.
IA : Vers une fin heureuse ?
"L'intelligence artificielle renferme la promesse d'un avenir radieux pour l'humanité [...]. L'IA créera une richesse prodigieuse et, en symbiose avec les humains, amplifiera nos capacités. Elle améliorera nos façons de travailler, de jouer et de communiquer, nous affranchira des tâches routinières et nous fera entrer dans l'ère de la plénitude." (IA 2042, "IA : Vers une fin heureuse ?")
Le plus important est de comprendre que nous ne sommes pas les jouets de l'histoire ; nous pouvons contribuer au changement en nous investissant dans de nouveaux métiers ou dans des initiatives citoyennes et politiques.
Bien sûr, le voyage ne sera pas sans risque. Mais, pour les deux auteurs de IA 2042, l'aventure en vaut assurément la chandelle !
Conclusion sur « IA 2042 — Dix scénarios pour notre futur » de Kai-Fu Lee et Chen Qiufan :
Ce qu'il faut penser de « IA 2042 — Dix scénarios pour notre futur » de Kai-Fu Lee et Chen Qiufan :
Voici un livre très bien construit qui permet au lecteur de se familiariser avec un grand nombre de concepts techniques et de cerner leurs enjeux de façon divertissante et concrète, grâce aux histoires fictives.
Les auteurs sont résolument optimistes et cherchent à convaincre leurs lecteurs de les suivre sur le chemin de la confiance vis-à-vis de l'IA. Il ne faut donc pas y voir un livre uniquement "réaliste", comme ils le prétendent au début. C'est bien un livre engagé en faveur de l'IA que vous lirez ici !
Il y a pour eux de bonnes raisons d'être optimiste de façon réaliste et mesurée. Et c'est ce qu'ils s'évertuent à montrer au fil des pages, en voyant comment les difficultés, aussi bien techniques qu'éthiques, pourraient être surmontées.
En résumé, IA 2042 est un ouvrage à mettre entre toutes les mains, surtout celles qui n'ont pas encore eu d'introduction technique à l'intelligence artificielle !
May 20 2024, 5:00pm
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May 17 2024, 5:00pm
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J'ai publié sur des-livres-pour-changer-de-vie.fr
12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l’ordre
Résumé de « 12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l’ordre » de Jordan B. Peterson : le dernier ouvrage de l’un des penseurs les plus influents du développement personnel et de la psychologie outre-Atlantique — à ne mettre dans vos mains que si vous avez vraiment envie de vivre pleinement votre vie !
Par Jordan B. Peterson, 2021.
Titre original : « Beyond Odrer: 12 More Rules for Life », 2020.
Chronique et résumé de « 12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l'ordre » de Jordan B. Peterson
Introduction
Contrairement à son précédent livre, 12 Règles pour une vie : un antidote au chaos, Jordan B. Peterson propose ici de réfléchir à ce que le désordre (le chaos) peut avoir de bon et de positif dans nos existences quotidiennes.
Son premier livre était une partie du chemin : une méthode pour vivre mieux en s'organisant le plus efficacement possible. Mais ici, il nous fait faire un pas de plus et découvrir comment accepter la part de désordre et d'incertitude pour rester ouvert à la nouveauté et à la créativité.
L’auteur commence par raconter sa descente aux enfers après la publication de son premier ouvrage. Sa femme et sa fille ont connu des problèmes de santé assez graves. En outre, lui-même s’est retrouvé face à une addiction aux benzodiazépines qu’il n’a réussi à traiter que très difficilement, au cours de longs mois de souffrance.
Pour Jordan B. Peterson, ces expériences sont compliquées et douloureuses, et il ne s’agit pas de les nier. Mais il n’est pas non plus opportun de se couper de ce qu’il y a de fort en nous ; ce qu’il nomme notre « part héroïque ».
"Tous ces malheurs ne forment que la moitié sombre de l'histoire de l'existence et ne tiennent aucun compte de l'élément héroïque de la rédemption ni de la noblesse de l'esprit humain qui requiert qu'on lui confie un minimum de responsabilités. C'est à nos dépens que nous méprisons cette partie de l'histoire, car la vie est si difficile que le fait de perdre de vue cette partie héroïque de l'existence pourrait nous coûter très cher." (12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l’ordre, Introduction)
Règle 1 — Évitez de constamment dénigrer la créativité et les institutions sociales
Solitude et chaos
Parler avec autrui est capital pour mettre de l'ordre dans ses idées. C'est une leçon que l'auteur a clairement perçue grâce à l'un de ces patients. Lors des premières séances de psychothérapie avec Jordan B. Peterson, il était dépressif, très solitaire. Il ne parlait que de ce qui l'ennuyait.
Au fil des années, il a pourtant complètement changé. Il a fait de nombreux efforts, dans sa vie de tous les jours, pour se tourner davantage vers les autres. Il a peu à peu remis de l'ordre dans son existence grâce à la discussion qu'il menait avec eux et grâce au fait de les laisser voir ses talents.
La santé mentale comme institution sociale
La santé mentale ne vient pas seulement de l'harmonisation de nos différentes personnalités. Nous sommes ouverts sur le monde extérieur, que nous le voulions ou non. Autrement dit, la communauté a un grand rôle à jouer dans notre sentiment de bien-être au quotidien.
L'éducation :
Les loisirs ;
Les projets ;
Nos proches ;
Nos amours ;
Etc.
Voici des dimensions sociales de nos existences. Et tout cet « entourage » nous permet, d’une manière ou d’une autre, de rester en bonne santé mentale. En fait, les autres nous rappellent constamment quel est le « droit chemin » et celui à éviter. Comment ? Via du langage verbal et non verbal au cours de nos interactions avec eux.
De l'intérêt de désigner
Nous cherchons tous à attirer l'attention des autres. Lorsque nous désignons quelque chose (comme un bébé pourrait le faire), nous cherchons en même temps à attirer l'attention sur l'objet et sur nous-mêmes qui le montrons.
Les bébés — comme la petite-fille de l'auteur qui est prise pour exemple — ont besoin de montrer ce qui les intéresse pour recevoir une validation d'autrui.
"Si vous ne communiquez pas sur ce qui pourrait intéresser d'autres personnes, alors, la valeur de votre communication — voire la valeur de votre présence — risque d'être réduite au néant." (12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l’ordre, Chapitre 1)
La parole est une forme plus complexe de désignation. Pour attirer l'attention de nos semblables, il y a peu de choses plus efficaces ! C'est d'ailleurs ce que savent très bien les copywriters…
Que devrions-nous désigner ?
Le langage exprime ce qui est acceptable ou non ; des valeurs sont déjà présentes dans les mots que nous employons. Souvent, nous ne nous en rendons pas compte. Nous cherchons à exprimer et à subvenir à nos besoins de façon correcte pour nous et pour les autres, au sein de la société dans laquelle nous vivons.
Nous coopérons les uns avec les autres pour ce faire. Mais nous sommes aussi en concurrence pour certains biens. C'est toute une organisation sociale qui en découle. Dans l'idéal d'une société bien organisée, chacun intervient là où il a plus de talent.
La hiérarchie qui découle de la structuration des besoins au sein d'une société est une institution sociale "qui rend en même temps possibles le progrès et la paix", dit Jordan B. Peterson.
De bas en haut
Nous intégrons tous progressivement le langage et, avec lui, les règles propres à une société. Nous entrons dans le jeu de la concurrence et de la compétition, d'abord avec les gestes, puis avec la parole.
Le jeu est un véritable microcosme social où nous expérimentons les règles. Au final, la vie et les sociétés elles-mêmes ressemblent à de grands jeux que nous jouons constamment.
L’objectif de tout joueur (ici, de tout être humain, donc) est de se rendre capable de participer au plus grand nombre de jeux possible. Ou plus exactement « d’être invité par le plus grand nombre à participer à une série de jeux ».
De l'utilité de l'Idiot
Il est tout à fait bienvenu d'être un "débutant". Nous devons tous en passer par là. Nous sommes tous, à un moment donné au moins, au bas de l'échelle. Cela peut nous apprendre l'humilité et la gratitude.
Les plus grands héros de nos mythes et fictions, de Harry Potter à Pinocchio en passant par Jésus Christ, ont tous commencé dans de piètres conditions et ont été exposés au danger. Mais c'est comme cela, à chaque fois, qu'ils apprennent à la fois qui ils sont et comment changer (ou s'adapter) au monde.
De la nécessité d'avoir des égaux
C'est parmi nos pairs que nous parlons le plus librement et que l'information circule le mieux. Entre supérieurs et inférieurs, il y a toujours du bruit ou des résistances à s'écouter l'un l'autre.
Parler entre amis, c'est-à-dire en égaux, est une chose essentielle dans l'existence. Et celle-ci implique le partage, qui s'apprend lui aussi au cours de l'enfance, comme le relate Jordan B. Peterson.
Recevoir et surtout donner son soutien sont des éléments positifs de la santé mentale (et ceux-ci influenceraient même sur la longévité). Éprouver les sentiments d'amitié renforce notre sentiment de sécurité et de sens, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle.
Qui c'est le patron ?
Être une autorité dans son domaine n'a rien d'une honte. Au contraire ! Avoir de la "supériorité" dans une hiérarchie ne doit pas être considéré non plus avec mépris. Parfois, c'est le cas. Pourtant, savoir être un bon supérieur ou une autorité pour d'autres est quelque chose de très positif.
Ceux qui le cherchent ont de l'ambition, ce qui n'est pas la même chose que la "soif de pouvoir". Un bon patron ou supérieur hiérarchique se fonde sur l'autorité, c'est-à-dire sa compétence, et non sur le pouvoir (c'est-à-dire la force).
Bien sûr, les deux peuvent être mêlés, et parfois avec raison, mais il convient de les distinguer.
Les institutions sociales sont nécessaires… mais insuffisantes
Les institutions sociales et les hiérarchies sont essentielles pour grandir. Cela dit, il y a un paradoxe : les problèmes de la société changent et, parfois, les réponses apportées hier ne fonctionnent plus pour ceux-ci. Dans ce cas, que faire ?
C’est là où interviennent les esprits créatifs, qui valorisent le changement sur le statu quo. Ces personnes, souvent plus jeunes, viennent bouleverser les codes sociaux, les normes (et même parfois le langage).
« Comment établir un équilibre entre un conservatisme raisonnable et une créativité revitalisante ? », demande Jordan B. Peterson dans 12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l’ordre.
De la nécessité d'un équilibre
Ni la créativité ni la discipline ne sont suffisantes. Les deux entretiennent une relation d'interdépendance que nous oublions trop souvent, en mettant uniquement l'accent sur l'une ou l'autre.
Pour être créatifs, nous avons besoin de suivre d'abord des règles, d'apprendre, justement, une "discipline" (que ce soit le piano, le tennis ou les mathématiques). Par ailleurs, la créativité a le grand mérite de venir renouveler l'efficacité des réponses habituellement apportées. Il nous faut les deux !
La personnalité en tant que hiérarchie… et capacité de transformation
"À quoi ressemble, alors, la personnalité qui permet d'établir un équilibre entre le respect pour les institutions sociales et la transformation créatrice ? Compte tenu de la complexité du problème, ce n'est pas facile de le déterminer. Pour cette raison, on préfère se tourner vers les histoires." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 1)
Plusieurs histoires sont mises en avant par l'auteur pour nous faire sentir la "personnalité idéale" qui parvient à joindre conservatisme et créativité. Notamment :
Harry Potter ;
Pocahontas ;
Jésus-Christ.
À chaque fois, les institutions sociales sont à la fois respectées et bafouées, mais toujours en vue de créer un monde meilleur, plus juste, plus sain et plus vivant.
Règle 2 — Imaginez qui vous pourriez devenir, et visez résolument cet objectif
Qui êtes-vous, et qui pourriez-vous devenir ?
Que serions-nous si nous n’avions pas eu cet accident, ce problème, etc. ? Nous avons tous le sentiment d’avoir du « potentiel » largement inexploité en nous. Mais comment le débloquer, et comment se donner une idée claire de ce que nous pourrions devenir ?
Jordan B. Peterson pense que cela est lié à deux choses, qui sont spécifiquement humaines.
Premièrement, nous nous racontons collectivement des histoires dans lesquelles nous mettons en scène des héros et des situations qui montrent ce dont nous sommes capables (ou des "nous" idéalisés).
Deuxièmement, nous sommes susceptibles d'apprendre toujours plus et de nous inspirer du passé pour développer nos propres luttes, nos propres combats (intérieurs ou collectifs).
Grâce à ces qualités, nous sommes en mesure d'avoir des guides pour notre développement personnel et social.
La naissance de l’inoubliable
"Une histoire inoubliable capte la quintessence de l'humanité et la condense, la transmet et la clarifie, mettant en lumière ce que nous sommes et ce que nous devrions devenir. Elle nous parle, attirant notre attention et nous poussant à l'imiter. Nous apprenons à voir et à nous conduire de la même manière que les héros de ces récits qui nous ont tant captivés." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 2)
Toutes ces histoires sont le fond dans lequel nous pouvons puiser pour comprendre comment agir au mieux et transformer ce chaos de sensations que nous éprouvons en force active et positive.
C'est pourquoi l'auteur utilise tant d'histoires et d'exemples tirés de la fiction dans les sections et les chapitres qui suivent.
Qui vous pourriez devenir 1 : Materia prima
La "matière première" est ce que les alchimistes utilisaient pour créer de l'or ou des métaux précieux (du moins essayaient-ils). Il existe toute une symbolique de l'alchimie et de la sorcellerie (que Jordan B. Peterson reprend via la saga Harry Potter, notamment) qui est utilisée par l'auteur pour expliquer le processus de transformation du potentiel.
Nous parvenons à transformer notre potentiel en une personnalité épanouie si nous réussissons à poursuivre de façon "franche et courageuse" ce qui est "à la fois significatif, dangereux et prometteur" en nous.
Qui vous pourriez devenir II : Le polythéisme dans le monothéisme, et l'apparition du héros vertueux
Jordan B. Peterson reprend plusieurs histoires, depuis le temps des mythes antiques et polythéistes jusqu'aux plus récents films, en passant par les paraboles et histoires religieuses des religions monothéistes.
Un exemple. Dans cette section, il passe de :
Enuma Elish (mythe mésopotamien) ;
Le mythe d'Horus en Égypte ;
L'histoire de Saint-Georges (christianisme) ;
Les récits de la Saint-Patrick (idem) ;
Le Hobbit de J.R. Tolkien ;
Avengers, le film de Marvel.
"Tous ces héros interprètent ce qui a sans doute été la plus grande découverte jamais faite par les ancêtres primordiaux de l'homme : si vous avez la vision et le courage (et un bâton solide, en cas de nécessité), vous pouvez chasser les pires serpents." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 2)
Qui vous pourriez devenir III : Héros, dragon, mort et résurrection
Ici, l'auteur revient sur l'histoire de Harry Potter — sa rencontre et sa bataille avec le Basilic — pour montrer tout l'intérêt de ce type d'histoire. Que nous apprend-elle, si nous suivons les symboles ?
Eh bien qu'au-delà de la bataille avec le serpent (le dragon ou le basilic, qui sont tous des reptiles), il y a une renaissance : nous devenons différents, plus forts qu'auparavant.
Comment passer à l'action
Nous passons à l'action le plus souvent sans nous en rendre compte. Lorsque nous sommes enfants, nous apprenons à agir à partir du jeu d'imitation que nous développons naturellement. Nous faisons "comme si".
Devenus adultes, nous utilisons le théâtre, mais aussi la littérature. Dans ce dernier cas, l'imitation ne passe plus par le corps directement, mais par l'imagination seule et les mots. Nous pouvons apprendre à imiter les modèles que nous imaginons grâce aux œuvres de fiction que nous lisons (et regardons sur nos écrans).
En l'occurrence, ceux-ci nous apprennent la chose suivante :
"Fixez-vous des objectifs. Choisissez la meilleure cible que vous soyez en mesure de concevoir. Approchez-vous-en tant bien que mal. Tout au long du chemin, relevez vos erreurs et vos idées fausses, affrontez-les et rectifiez-les. Soyez cohérent. Le passé, le présent, l'avenir… ils sont tous importants. Il vous faut organiser votre chemin. Vous devez savoir où vous êtes, afin d'éviter de reproduire vos erreurs passées." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 2)
C'est ce que font les héros qui se fixent un objectif ultime et cherchent à l'atteindre constamment, tout en restant modestes et ouverts quant à leurs compétences.
Règle 3 — Évitez de cacher dans le brouillard ce dont vous ne voulez pas
Ces fichues assiettes
Ne prenez pas l'habitude d'accepter les petites choses qui vous ennuient. Elles se répètent et peuvent rendre votre vie insupportable, voire mettre fin à de belles histoires. Mieux vaut les prendre à temps et accepter de se confronter à l'autre — de façon non violente et positive — lorsque cela est nécessaire.
Ça ne mérite pas que je me batte pour ça
Pour accepter de se confronter à ces proches et de s'affirmer dans la vie de tous les jours, encore faut-il savoir ce que nous voulons. L'auteur reprend l'histoire réelle d'une de ses patientes qui ne parvenait pas à se sentir chez elle dans sa propre maison.
En cause ? Elle avait laissé son mari tout décider et, pourtant, n'aimait pas ce qu'il avait choisi en termes de décoration. Peu à peu, cela lui avait rendu la vie impossible et elle ne se sentait pas heureuse, comme "prise au piège".
Mieux vaut donc parler en ayant un objectif clairement à l'esprit !
Corruption : action et omission
Nous nous aveuglons sur ce qui compte ou pas. Nous laissons souvent les choses aller, sans prendre le temps d'y réfléchir de façon plus profonde, ni d'agir en conséquence. Mais nous détournons également les soucis qui nous concernent de bien des manières. Freud, par exemple, en a souvent parlé comme des formes plus actives de "refoulement".
Et cela, pour une part, se comprend. Lorsque nous sommes mis face à de telles situations désagréables, nous avons une tendance naturelle à les évacuer. En outre, elles sont souvent enchevêtrées dans le reste de l'existence, et leur trouver une "solution claire" au problème peut être un exercice assez, voire très complexe.
Qu'est-ce que le brouillard ?
Certaines personnes peuvent avoir très peur de définir ce qu'elles veulent. Pourquoi ? Car elles ont peur d'elles-mêmes et de l'échec. Souvent pour de bonnes raisons, qui sont liées à des expériences passées.
Si c'est votre cas, vous êtes dans le "brouillard". Vous vous dissimulez vos émotions aussi bien que vos motivations et vous refusez catégoriquement d'y avoir accès. Pourtant, les émotions nous renseignent sur ce que nous voulons.
Accepter ses sentiments est difficile, mais mène à une vie plus dense et plus sereine. Vous ne vous laisserez pas prendre par l'optimisme béat (tout le monde est gentil) ou par le pessimisme noir (tout le monde va me tromper, et moi en premier lieu).
Prendre la responsabilité de ses émotions et les manifester conduit à une forme de confiance, fondée sur le courage. Vous savez qu'il est possible de se tromper (et d'être trompé), mais vous décidez malgré tout de vous engager — en vous réservant le droit de dire ce que vous ressentez.
Événements et souvenirs
Sortir de la confusion pour étudier consciemment les événements et les souvenirs que nous avons est l'une des choses les plus courageuses que nous puissions faire. Nous avons mille raisons de rester dans le "brouillard", mais cela ne nous aidera pas d'un pouce à avancer vers un mieux-être.
"Grâce à une recherche minutieuse et une attention soutenue, vous pourriez suffisamment faire pencher la balance vers l'opportunité et contre l'obstacle pour que votre existence, en dépit de sa fragilité et de la souffrance qu'elle vous procure, mérite réellement d'être vécue." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 3)
Règle 4 — Retenez que l'opportunité se cache là où l'on a démissionné de ses responsabilités
Devenez indispensable
Il est essentiel pour la santé mentale de trouver des choses importantes à faire. Cela peut être dans le travail ou dans d'autres secteurs de la vie (associative, par exemple).
Nous apprécions aussi être reconnus pour nos actions. Cela nous donne un sentiment d'être à notre place dans le monde.
Pour y parvenir, il importe d'oser entreprendre et exécuter des tâches qui nous semblent parfois difficiles à réaliser. Oser prendre sa place sur un lieu de travail ou dans une communauté, en surmontant la peur que cet engagement et ce travail impliquent.
Responsabilité et sens
Nous pouvons rester confortablement dans l'idée de la potentialité. Nous pouvons tout, comme Peter Pan. Mais quand nous nous engageons dans l'action, nous assumons des choix. En d'autres termes, nous réduisons nos potentialités.
Refuser de grandir, comme Peter Pan, cache quelque chose de noir, voire de suicidaire (voir p. 128). Se lancer dans l'aventure de la vie est bien plus positif. Même à un âge avancé, comme c'est le cas dans le récit biblique d'Abraham que relate également Jordan B. Peterson.
Sauvez votre père : Osiris et Horus
L'histoire d'Osiris et Horus, dieux de la mythologie égyptienne, est contée par l'auteur pour exposer le problème de la transmission et de la transformation. Horus, fils d'Osiris, est amené à régner. Mais il doit pour cela affronter son oncle, Seth, dieu des enfers.
La leçon qu'en tire le psychologue est ici ce qui nous intéresse le plus :
"Il n'est pas dans la nature de l'humanité de se recroqueviller, ni de se figer telle une proie sans défense ni de retourner sa veste et d'œuvrer pour le mal, mais d'affronter le lion dans sa tanière. C'est la nature de nos ancêtres : des chasseurs, défenseurs, bergers, voyageurs, inventeurs, guerriers et fondateurs de cités et de pays extrêmement courageux. C'est le père que vous pourriez secourir ; l'ancêtre que vous pourriez devenir. Vous le découvrirez au plus profond de vous." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 4)
Et qui cela pourrait-il bien être ?
Pour bien agir, il nous faut prendre en compte la répétition de notre action dans le temps. Cela peut être formulé de la façon suivante : si je répète ce comportement toute ma vie, serais-je heureux — et rendrais-je les autres autour de moi heureux ?
L'auteur montre que nous ne pouvons pas être très longtemps des êtres égoïstes agissant uniquement selon nos désirs du moment. Ça ne fonctionne tout simplement pas !
Prendre soin de soi, c'est au minimum être capable de prévoir cette répétition dans le temps et agir pour que notre "moi" futur vive dans de bonnes conditions. Il en va de même lorsque nous pensons à notre couple à la communauté tout entière.
Bonheur et responsabilité
Bien sûr, nous pourrions simplement chercher à répéter inlassablement des moments de plaisir (nourriture, sexualité, etc.). Ces délices de la vie s'en vont et reviennent avec une ardeur implacable. Mais ce court-termisme fait-il de nous des êtres heureux ?
Jordan B. Peterson ne le pense pas. Pourquoi ? Car nous savons que notre vie a une fin — la mort — et que nous voulons lui opposer des émotions positives plus durables, un sens de l'accomplissement qui soit plus profond que la fugacité des sensations agréables.
Cette façon d'envisager le bonheur passe par la responsabilité. C'est en assumant un objectif clair et à long terme que nous construirons une vie plus heureuse, au sens fort du terme. Prendre sa vie en main, voilà un geste responsable.
Acceptez un excédent de poids
"Votre existence commence à prendre du sens, dans les mêmes proportions que les responsabilités que vous acceptez d'assumer. C'est dû en grande partie au fait que vous vous efforcez désormais sincèrement de mieux faire les choses. Vous réduisez au minimum les souffrances inutiles. Vous encouragez vos proches, que ce soit par l'exemple ou la parole. Vous limitez la malveillance dans votre cœur comme dans celui des autres." (12 Nouvelles règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 4)
Jordan B. Peterson n’explique pas vraiment le titre de cette section. Mais nous pouvons l’expliquer par la responsabilité. Celle-ci est un poids, mais c’est elle qui nous mène sur le chemin de l’aventure, celle de notre vie ! Alors, acceptons ce poids et mettons-nous en marche.
Règle 5 — Ne faites pas ce qui ne vous plaît pas
L'ordre pathologique au quotidien
Parfois, les systèmes hiérarchiques sont porteurs de mal-être, voire de domination et de manipulation. Ces ordres sont alors « pathologiques ». Pour y résister, que ce soit en entreprise ou dans la vie privée, il faut du courage et de la ténacité.
Jordan B. Peterson raconte comment l'une de ses patientes est parvenue à se défaire de relations toxiques au sein de la grande entreprise où elle travaillait. Plus tard, elle s'est même battue, en tant que journaliste, pour défendre ses idées sociales et politiques.
Notre conscience — dans le sens, ici, du sentiment moral et intellectuel que quelque chose ne va pas et que nous devrions le changer — nous oblige d'agir. Même si, trop souvent, nous nous résignons. Pourtant, seul le courage de mener à bien ces combats nous aide à rester dignes et confiants en nous-mêmes.
Renforcez votre position
C'est dans ce sens qu'il faut refuser de faire ce que nous ne voulez pas faire. Vous pouvez accepter de faire plus de travail si vous pensez que cela mènera à plus de reconnaissance. Mais ne faites pas des choses dont vous auriez honte et qui vont à l'encontre de votre sens moral.
Renforcer sa position au sein de l'entreprise (thème privilégié de ce chapitre) peut passer par la force du refus :
"Si, au travail, ce qu'on vous demande de faire vous pousse à vous mépriser, à vous sentir faible et honteux, à vous en prendre à ceux que vous aimez, à refuser de vous montrer productif, et à avoir l'impression que votre existence vous écœure, il est possible qu'il soit temps de méditer, de réfléchir, de mettre en place une stratégie et de vous mettre en situation de dire "non"." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 5)
Aspects pratiques
Une autre solution pourrait être de vous reconvertir ou de changer d'emploi dans le même secteur. Si vous pensez que vous pourriez vous faire renvoyer, c'est certainement une bonne stratégie.
Avez-vous peur de partir ? Demandez-vous quelle en est la cause… Et puis, souvenez-vous, tout choix comporte sa dose de risque. La lumière est peut-être au bout du tunnel !
Vous pensez que personne ne voudra de vous ailleurs ? Les conditions de recrutement sont dures. Mais vous ne devez pas prendre cela personnellement. Cela ne remet pas en cause votre valeur intrinsèque.
Ce sera peut-être l'occasion de faire le point sur vos compétences et de vous engager sur un nouveau chemin d'apprentissage.
Règle 6 — Renoncez à l'idéologie
Les mauvais endroits
La responsabilité est un thème qui fait mouche dans toutes les conférences données par Jordan B. Peterson. Il serait facile de penser le contraire. Ce n'est pas un thème facile. Et pourtant, il intéresse particulièrement le public. Pourquoi cela ?
Parce que les gens ont besoin de retrouver ce sens, cette capacité à être responsables. Ils le savent sans nécessairement pouvoir articuler leur pensée.
Peut-être est-il simplement endormi
Notre sens de la responsabilité s'est peut-être endormi. Nous avons réclamé des droits sans nous interroger sur nos devoirs. Nous avons critiqué toutes les hiérarchies, sans nous demander ce que nous pouvions (et devions) faire. Bref, nous n'avons fait que la moitié du chemin.
Le sens des responsabilités nous pousse à faire l'autre moitié. Mais pour cela, nous devons sortir de notre tendance à l'idéologie (endoctrinement dogmatique) et au nihilisme (désespoir de celui qui ne croit en rien).
L'attrait fatal de la fausse idole
Jordan B. Peterson met en garde contre ce qui lui apparaît comme de fausses idoles actuelles (souvent, des mots en "-isme"). Pour lui, le plus important est de ne pas se laisser abuser par des intellectuels qui construisent des théories réductrices.
Celles-ci considèrent en général qu'il y a un "grand méchant" qu'il faut combattre et que tous nos maux viennent de là.
Ressentiment
Avoir du ressentiment, c'est mettre la faute de nos ratés sur les épaules de ces "grands méchants" (patriarcat, économie, etc.). En fait, c'est se laisser influencer par l'idéologie, qui nous évite d'avoir à regarder en nous-mêmes.
Au lieu de cela, il est préférable d'avoir un peu d'humilité et de commencer par prendre soin de soi en se dotant d'objectifs à sa mesure. Si vous voulez, progressivement, lutter pour une cause qui vous dépasse, cela sera un bienfait pour tout le monde.
Mais ne commencez pas par dire que vous n'y pouvez rien "à cause du grand méchant".
Règle 7 — Travaillez aussi dur que possible dans au moins un domaine, et voyez ce qui se produit
La valeur de la température et de la pression
La température et la pression du sol transforment le charbon en diamant. Il en va de même, métaphoriquement parlant, avec les personnes. Si nous parvenons à unifier notre personnalité, grâce notamment à un environnement propice, nous pouvons devenir des êtres conscients et "lumineux".
La psychanalyse nous apprend que l'esprit est multiple et que l'unification n'est pas chose aisée. Lorsque nous sommes pris, surtout enfants, par de grosses émotions telles que la colère, ou encore lorsque nous ne parvenons pas à nous décider, nous échouons à présenter au monde un moi clair et unifié.
Pour Jordan B. Peterson, la solution consiste encore une fois en l'établissement d'objectifs que nous désignons comme tels :
"Avoir des objectifs clairs limite et simplifie le monde tout en réduisant l'incertitude, l'angoisse, la honte et les forces psychologiques autodévorantes libérées par le stress." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 7)
La pire des décisions
Quelle est la pire des décisions ? C'est de n'en prendre aucune. C'est de continuer à croire que tout est possible ou de devenir cynique en croyant, à l'inverse, que rien ne l'est.
Souvent, les personnes échouent ou abandonnent par manque de détermination. Certes, il y a parfois de réelles incompatibilités entre une personne et ses ambitions, ou encore un individu et un autre, par exemple.
Voici quelques domaines qui demandent de la détermination :
Le couple ;
La famille ;
Les amis ;
Le travail.
Pour Jordan B. Peterson, plus vous irez au bout des choses dans ces domaines, mieux vous vous sentirez.
Discipline et unité
La discipline équivaut à la pression et à la température dont nous parlions plus tôt dans le cas du diamant. Nous avons besoin, en tant qu'êtres humains, de discipline pour nous mener vers l'intégration psychique et sociale.
La discipline n'est donc pas en soi répressive ou négative. Bien au contraire. Lorsqu'un enfant joue, il s'autodiscipline en apprenant et en suivant des règles. Lorsqu'un adulte veut apprendre un métier, il doit faire de même.
La communauté familiale et amicale, pour l'enfant, ou la communauté professionnelle, pour l'adulte, sont là pour guider le débutant et s'assurer que l'apprentissage se réalise correctement.
Le dogme et l'esprit
"Si vous travaillez aussi dur que possible sur une tâche, vous changerez. Vous commencerez aussi à devenir une seule chose, au lieu de la multitude vociférante que vous étiez jadis." (12 Nouvelles Règle pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 7)
N'ayez donc pas peur d'apprendre et de vous mêler à une tradition déjà existante. Apprendre des règles, suivre des règles, tout cela n'est pas contraire à la créativité et à la nouveauté. Au contraire, c'est en vous ordonnant vous-même que vous serez capable de faire advenir du nouveau dans le monde.
Règle 8 — Chez vous, essayez de décorer du mieux possible au moins une pièce
Il ne suffit pas de nettoyer sa chambre
Jordan B. Peterson est connu pour ses conseils sur le rangement. Dans son précédent ouvrage, il incitait les jeunes gens à ranger leur chambre avant de vouloir changer le monde. Et il réitère ici, mais va un cran plus loin.
Pour lui, il est essentiel de se connecter au beau et donc, à l'art. Il ne suffirait donc pas de nettoyer sa chambre, ou sa maison ; il faudrait aussi chercher à l'embellir.
Le territoire que vous connaissez, celui que vous ne connaissez pas et celui que vous n'imaginez même pas
Les artistes apprennent (et nous apprennent) à reconnaître ce que nous avons oublié de notre enfance, la façon dont nous voyions le monde à ce moment-là, pleine de mystères et de détails. Ils nous ouvrent aussi l'horizon vers d'autres territoires, ceux que nous ne connaissons pas (ou plus), et ceux que nous n'imaginerions même pas.
Et c'est pourquoi il est si important de leur réserver une place dans notre vie. Ils nous aident à voir plus loin, à oser là où nous n'osons pas. En cela, ils sont les "agents civilisateurs" du monde moderne. À l'avant-garde, les artistes et les innovateurs balisent le chemin que suivront, ensuite, les personnes plus conservatrices.
Une pièce
Le psychologue raconte des anecdotes sur sa maison, son goût pour la peinture impressionniste réaliste soviétique (oui, oui !), et ses tentatives de rénover son bureau à l'université.
Mais pour lui, une chose importe par-dessus tous ces exemples : ayez le courage de rendre au moins l'une de vos pièces de vie plus belle, plus travaillée que les autres. Et même si cela vous attire des ennuis ou des moqueries !
Pas de la décoration
L'art n'est pas de la décoration, mais une "exploration". C'est la raison pour laquelle certains artistes ne cherchent pas à faire du beau, mais à choquer, à repousser les limites, même (et volontairement) en suscitant des émotions négatives.
Ne vous trompez donc pas : il n'y a pas que la beauté de type impressionniste — esthétique que nous avons presque tous adoptée comme modèle du beau aujourd'hui — qui vaut le coup d'œil ! Choisissez des œuvres qui vous parlent et vous transportent au-delà de vous-même.
Règle 9 — Si de vieux souvenirs continuent à vous hanter, notez-les soigneusement, en intégralité
En avez-vous réellement terminé avec le passé ?
Nous avons tous, peu ou prou, été prédateur ou victime. Nous avons souffert et fait souffrir. Ces erreurs, voire ces horreurs, nous reviennent régulièrement en mémoire. Nous ressentons de la peur, de la honte ou encore de la culpabilité.
Il n'est pas facile de se dépêtrer de tels souvenirs. Mais nous devons pourtant faire quelque chose de ces expériences. Nous devons en apprendre quelque chose ; nous devons en tirer une leçon, une morale, afin de ne plus nous laisser aller à de tels agissements.
Évitez de répéter les mêmes erreurs
L'auteur relate l'histoire de l'une de ses patientes qui avait été maltraitée par son grand frère. Elle avait 4 ans et celui-ci 6. Elle voyait pourtant son frère comme une personne menaçante et forte et le considérait comme l'agresseur.
Le travail de Jordan B. Peterson fut (en une seule séance) de dévier le raisonnement en montrant que son grand frère était un enfant, comme elle. Ce qui était en cause était plutôt le manque de surveillance des parents (momentané ou récurrent).
En imaginant la scène de façon différente, la patiente put se libérer de son statut de victime qui l'encombrait et passer à autre chose.
Possédé par des fantômes
Jordan B. Peterson raconte ensuite l'histoire d'une autre patiente qui pensait être possédée par des fantômes. Elle parvint, grâce à l'aide du psychologue et à l'hypnose, à se libérer de ces démons du passé qui la hantaient.
Voici ce que relate l'auteur au sujet de sa guérison :
"Désormais, elle comprenait et admettait suffisamment les dangers potentiels qui l'entouraient pour se frayer un chemin dans la vie en toute sécurité. Il n'était plus nécessaire que ce qu'elle avait appris, mais refusait d'admettre, s'impose à elle de manière incarnée et spectaculaire. Elle avait compris que cela faisait partie de sa personnalité — de la carte qui la guiderait désormais dans ses actions —, et s'était libérée des fantômes qui la possédaient." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 9)
Malveillance incompréhensible
Un autre jeune homme suivi par Jordan B. Peterson avait été la victime de malveillance venue d'autres élèves. Il avait développé des symptômes psychotiques qui l'empêchaient de poursuivre sa scolarité.
Le fait de reprendre son histoire et de la raconter à quelqu'un (son psychologue) lui permit d'en comprendre mieux les ressorts et de tirer les leçons pour que cela ne se reproduise plus. Il reprit confiance en lui et décrocha son bac.
Réaliser son potentiel
Réaliser son potentiel passe par le fait de faire des choix. Et cela nous inquiète. Au quotidien, nous pouvons nous trouver perdus devant la montagne de questions et d'incertitudes qui nous attendent dans l'avenir. Face à cela, comment — et que — choisir ?
Ce libre arbitre humain, c'est-à-dire cette capacité de choisir ce que nous avons à faire, est essentiel. Nous nous l'attribuons à nous-mêmes et aux autres, lorsque nous considérons qu'ils sont responsables de leurs actes. À chacun de réaliser son potentiel en utilisant le libre arbitre de sa volonté.
Le verbe sauveur
L'auteur répète ici l'une de ses thèses centrales : la mise en récit de nos aventures nous aide considérablement à avancer dans la vie.
Que nous racontions ou que nous écoutions des histoires, celles-ci nous aident à structurer notre existence et à faire des choix (ou à les accepter, s’ils sont déjà faits) !
Règle 10 — Organisez-vous et appliquez-vous pour que votre relation reste romantique
Le rendez-vous romantique insupportable
L’auteur prévient : il n’est pas spécialiste des relations de couples. Mais il lui est arrivé de traiter ce problème lorsque cela était une demande expresse d’un patient et que c’était lié à sa thérapie.
Jordan B. Peterson insiste ici sur un point : en tant qu'adultes conscients, cherchant à vivre des relations longues et sereines, nous pouvons à tout moment tomber dans l'habitude, voire le ressentiment.
Pour éviter de nous laisser entraîner dans des relations négatives, nous devons travailler sur nous-mêmes et sur la relation. Quand bien même nous n'aimons pas les dîners romantiques, nous devrions peut-être nous efforcer d'apprendre à les vivre avec plaisir.
L'idée, assez connue, est la suivante : en y accordant du temps et de la patience, nous pouvons continuer à voir en l'autre des choses nouvelles :
"Avec un peu d'attention, il se peut que vous continuiez à découvrir, chez la personne que vous avez choisie, suffisamment de mystères pour maintenir l'esprit qui vous avait réunis au départ. Avec un peu d'attention, vous pourrez éviter chacun d'enfermer l'autre dans une boîte, le châtiment à portée de main s'il faisait mine d'en sortir, le mépris pour la prévisibilité qui en résulte et vous guette tous les deux." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 10)
Le ciment
Vous avez sans doute entendu la phrase : "le sexe est le ciment du couple". Mais pour l'auteur, le ciment du couple n'est pas le sexe. Les situations sont trop diverses pour que nous puissions affirmer une chose pareille.
Par contre, ce qui compte plus que tout est la confiance. En ayant confiance l'un dans l'autre, nous pourrons nous aider dans les moments les plus difficiles de nos existences respectives.
Le Christ dans le cierge
Ne nous leurrons pas : lorsque nous nous engageons dans un couple, via le serment du mariage notamment, nous ne le faisons pas en considérant que nous avons déjà trouvé la meilleure personne possible — et que, à partir de là, tout ira bien !
En réalité, il y a bien d'autres personnes qui auraient pu faire l'affaire. Et ce n'est même pas la question. Lorsque nous nous engageons, nous acceptons de construire une relation avec quelqu'un en sachant que cela va être dur, parce que nous sommes différents et pleins de défauts.
Comment s'en sortir ? En négociant de bonne foi, à propos de vos objectifs propres et communs.
Négociation, tyrannie et esclavage
Le psychologue résume les trois positions possibles (interchangeables) :
Le tyran = tu fais ce que je veux ;
L'esclave = je fais ce que tu veux ;
La négociation = cherchons un consensus sur ce que nous voulons.
Pour atteindre la négociation, il faut dépasser les "je ne sais pas ce que je veux", les larmes et, bien sûr, les insultes. La négociation n'est pas une partie de plaisir à court terme, mais c'est la voie la plus durable.
La gestion du ménage
L'auteur donne ici quelques conseils pratiques qui peuvent sembler éloignés du romantisme et qui, pourtant, lui permettent de perdurer.
Décider de questions prosaïques du quotidien comme "qui fait le lit et comment” (pour ne pas avoir à entrer dans des discussions interminables tous les jours sur ces sujets).
Choisir quelle est la carrière à faire passer en priorité.
Être clair sur les choix éducatifs des enfants.
Etc.
Pensez également à parler au moins une fois par semaine des sujets qui préoccupent votre partenaire, comme son travail, sa relation aux enfants ou ce que vous pourriez faire pour l'aider, etc.
Enfin, le romantisme
Tel est bien l'objet final de ce chapitre ! Retrouver le romantisme et le plaisir de vivre à deux. Jordan B. Peterson est fier de son ménage : plus de 30 ans de mariage, ce n'est pas rien.
Sur la base de cette expérience et de son métier, il propose en plus des conseils et réflexions ci-dessus de se consacrer au thème du romantisme de façon pragmatique. Au moins deux fois par semaine, cherchez à trouver un intermède romantique où vous pourrez surprendre ou séduire votre partenaire.
Il aborde aussi la question du célibat. Sa réponse est assez simple : organisez-vous pour trouver du temps pour vous et pour des rendez-vous galants. Préparez-vous et soyez à l'écoute. Trouver quelqu'un peut prendre du temps, mais c'est possible !
Vous voulez en lire plus sur l'amour et ses mystères ? Consultez par exemple notre chronique de L'art d'aimer d'Erich Fromm.
Règle 11 — Interdisez-vous la tromperie, l'arrogance ou le ressentiment
Le plus important, ce sont les histoires
Comment se prémunir contre la part obscure qui nous habite et que nous rencontrerons à plusieurs reprises dans notre existence ? Comment faire face, en particulier, à ce triptyque maléfique ?
La tromperie, c'est le fait de cacher des choses aux autres, de tricher, y compris avec soi-même.
L'arrogance, c'est le fait de considérer les autres avec mépris et de refuser tout apprentissage.
Le ressentiment, c'est le fait d'en vouloir aux autres, voire à la vie tout entière, pour ce que nous sommes.
Eh bien, c'est ici encore grâce aux histoires. C'est ce que Jordan B. Peterson nomme "l'histoire du théâtre humain" qui peut — si nous l'écoutons — nous renseigner sur ces attitudes et nous prémunir contre elles.
Les personnages éternels du théâtre humain
Voici quelques personnages (ou composantes) qui reviennent constamment dans les histoires. Ceux-ci font partie de notre histoire essentielle à tous :
Le dragon du chaos = la baleine dans Pinocchio, le cachot dans La Belle au bois dormant et bien d'autres… C'est l'endroit des possibles encore indéterminés, bons comme mauvais.
Nature : création et destruction = cette dynamique sans fin se retrouve partout et nous devons être initiés à la possibilité de la destruction assez tôt dans notre vie pour pouvoir y être préparés.
Culture : sécurité et tyrannie = les structures sociales et hiérarchiques qui apportent stabilité, communauté et sécurité, mais aussi risque d'étranglement et de folie destructrice.
L'individu : héros et adversaire = Caïn et Abel, et bien d'autres, représentent la division constante, dans les histoires, entre des figures positives et négatives.
Le ressentiment
"Vous éprouvez du ressentiment à cause de l'inconnu et de ses terreurs, parce que la nature conspire contre vous, parce que vous êtes victime de l'aspect tyrannique de la culture, et à cause de votre malveillance et de celle des autres." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre)
C'est bien assez ! Le temps, la nature et la culture nous accablent, aussi bien que nous-mêmes et nos semblables. Comment, dans ces conditions, ne pas sombrer dans le ressentiment ? Mais, nous pouvons résister à cet état émotionnel.
Ce n'est pas simple, bien sûr. Mais cela passe par le courage (et les encouragements) et la sincérité.
La tromperie et l'arrogance
Nous pouvons tromper par :
Action, lorsque nous agissons expressément dans le but de tromper ;
Omission, lorsque nous nous abstenons de faire une action qui conduirait à la vérité.
La tromperie et l'arrogance ont plusieurs sources possibles. L'une d'entre elles est le manque de confiance en soi et de façon plus générale en l'humanité (pessimisme, voire cynisme).
Le risque existentiel de l'arrogance et de la tromperie
La tromperie et l'arrogance (qui lui est liée, puisqu'il s'agit de se tromper sur soi-même en se considérant à tort comme supérieur) créent un cercle vicieux. En fait, c'est une forme de dépendance, d'addiction.
"Lorsque vous vous livrez habituellement à la tromperie, vous construisez une structure qui ressemble beaucoup à celle qui prolonge la dépendance, surtout si vous vous en tirez, ne serait-ce que momentanément. La réussite du mensonge est gratifiante. Et si les risques étaient élevés et que vous ne vous êtes pas laissé prendre au dépourvu, cette récompense peut se révéler intense." (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre)
À votre place
Il n'y a pas d'autres alternatives que de se tourner vers les faces positives de l'individu, de la culture, de la nature et du temps. La confiance et le courage sont deux attitudes fondamentales que les héros de nos histoires favorites arborent et ce sont elles que nous devons travailler pour corriger nos défauts.
Règle 12 — Soyez reconnaissant malgré vos souffrances
Le bas peut permettre de définir le haut
Ce n'est bien souvent qu'après avoir fait l'expérience du mal (subi ou créé) que nous pouvons nous relever et véritablement prendre la mesure de l'existence. C'est l'expérience parfois terrifiante de la vie qui — si elle est comprise et courageusement surmontée — nous rend meilleurs.
L'esprit méphistophélique
Cet esprit, c'est celui qui nie et nous empêche de devenir qui nous voulons être explicitement. Il y a quelque chose en nous — des "démons" intérieurs — qui s'invite et déjoue nos plans. Nous procrastinons, nous changeons d'idée, etc. Et voilà que nos projets tombent à l'eau !
Plus profondément, nous avons en nous une tendance nihiliste à vouloir nier l'existence au profit du "rien". Plus de souffrance, mais plus non plus de joie, etc.
L'auteur insiste pourtant sur un point : même quand nous sommes face à la mort, en particulier d'un proche, il vaut la peine de rester fort et en vie. À la fois pour soi, pour les autres et celui qui part…
Et il en va finalement de même pour soi : malgré votre propre mortalité, apprenez à être fort et à affirmer la vie avec gratitude et reconnaissance.
Le courage et, au-dessus, l'amour
« C’est dans le cadre de cette entreprise impossible — cette décision d’aimer — que le courage se manifeste, permettant à ceux qui font de façon courageuse le choix de la difficulté, nécessaire pour agir pour le bien, même dans les pires moments. Si vous décidez d’exprimer les deux vertus de l’amour et du courage — simultanément et sciemment —, vous faites le choix de travailler à l’amélioration des choses et non à leur aggravation, même pour vous, même si vous savez qu’à cause de vos erreurs et de vos omissions, vous êtes déjà perdu aux trois quarts. » (12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre, Chapitre 12)
Apprendre à aimer les autres dans toute leur complexité et leur fragilité sera l’un de vos plus beaux trésors. Et sera une part de votre antidote pour affronter les difficultés de la vie.
Conclusion sur « 12 nouvelles règles pour une vie au-delà de l'ordre » de Jordan B. Peterson :
Ce qu'il faut retenir de « 12 Nouvelles Règles pour une vie au-delà de l'ordre » de Jordan B. Peterson :
Voilà un livre de développement personnel qui va, pour ainsi dire, "au-delà" du pur manuel de trucs et astuces pour apprendre à mieux vivre et à s'organiser.
Il s’agit presque d’un livre de philosophie. Si vous aimez réfléchir en compagnie d’un auteur, c’est le livre idéal. Vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec toutes les idées, mais vous pourrez essayer de les comprendre et de voir comment elles s’accordent (ou pas).
Autre "plus" de ce livre : la référence aux films et aux nombreuses histoires et contes de notre enfance. Cet ancrage dans la fiction aide considérablement à rendre le propos plus vivant et nous fait, d'ailleurs, mieux comprendre son rôle également.
Vous n'avez pas besoin d'avoir lu 12 règles pour une vie : un antidote au chaos, pour vous lancer dans ce deuxième volume. Toutefois, cela ne peut pas faire de mal de savoir ce qu'il en avait déjà dit auparavant !
Points forts :
Une pensée originale et forte, qui donne envie de penser ;
De nombreux exemples de sa vie personnelle et professionnelle (avec ses patients) ;
Des analyses passionnantes de nombreux récits de fiction, mythes et histoires bibliques.
Points faibles :
Si vous cherchez un manuel de développement personnel clé en main et facile à lire, ce n'est sans doute pas le meilleur choix.
Ma note :
★★★★★
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May 16 2024, 5:00pm
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Détecteur AI : un outil bienvenu, mais pas encore au point !
L’intelligence artificielle (IA ou AI en anglais pour artificial intelligence) s’immisce progressivement dans tous les aspects de notre vie quotidienne. Conséquence : la distinction entre le contenu créé par l’homme et celui généré par des machines devient de plus en plus floue. Comment faire, dans ce cas, pour repérer les contenus rédigés par des intelligences artificielles […]
May 14 2024, 5:00pm
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May 14 2024, 5:00pm
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Travail, la soif de liberté
Résumé de "Travail, la soif de liberté : Comment les start-uppers, slashers, co-workers réinventent le travail" de Denis Pennel : dans ce livre, Denis Pennel, spécialiste et conférencier reconnu du marché du travail, critique le salariat qu’il considère comme obsolète. Il propose et défend avec conviction une forme de travail alternative réconciliant travail et liberté : le libertariat.
Par Denis Pennel, 2017, 264 pages.
Chronique et résumé de "Travail, la soif de liberté : Comment les start-uppers, slashers, co-workers réinventent le travail" de Denis Pennel
Avant-propos - Comment nos enfants travailleront demain
Le futur travail de Diego
Dans l’avant-propos de son livre "Travail, la soif de liberté", l’auteur, Denis Pennel, imagine à quoi pourrait ressembler le travail pour la génération de son filleul Diego dans un futur proche.
Selon ses projections, Diego, c’est sûr, cumulera plusieurs activités. Il alternera entre travail salarié à temps partiel et projets en freelance. Le salariat ne sera plus une fin en soi tant les entreprises auront une durée de vie éphémère.
Grâce aux outils numériques, Diego organisera librement son temps entre ses différentes activités, qui seront des sources d'épanouissement personnel. Son compte social unique (CSU) comptabilisera l'ensemble de ses jours travaillés, lui ouvrant des droits sociaux.
Le droit du travail aura été simplifié au maximum, laissant place à des accords d'entreprise sur-mesure. Diego bénéficiera d'avantages sociaux négociés par son employeur pour attirer les talents.
Dans ce scénario optimiste, vie privée et vie professionnelle sont étroitement imbriquées.
Le contraste avec les générations précédentes
Finalement, "travailler pour soi" résume la philosophie de cette nouvelle génération en quête de liberté et d'accomplissement dans le travail. Et celle-ci ne ressemble en rien à celle de la génération précédente :
"Diego ne comprend vraiment pas comment ses parents ont pu faire pour travailler jour après jour avec des horaires fixes et dans un même lieu de travail. Il se dit souvent qu’il a de la chance et qu’il aura une meilleure qualité de vie que ses parents, car il a la possibilité de choisir un travail épanouissant et de l’exercer d’une manière adaptée à ses besoins.[…] La vie professionnelle de Diego lui ressemble finalement beaucoup : curieux, créatif, indépendant, souhaitant toujours rencontrer de nouvelles personnes, il s’accomplit vraiment dans l’exercice de ses activités professionnelles. Et ce qu’il a perdu par rapport à ses parents en termes de visibilité à long terme, il l’a plus que compensé par une liberté d’entreprendre et par la possibilité de mener une vie active source de réalisation personnelle. Bref, travailler pour soi !"
Introduction | Libérons le travail sous toutes ses formes !
Le travail étouffe dans un carcan obsolète
L’introduction du livre "Travail, la soif de liberté" commence en posant une question centrale : comment introduire plus de liberté et de démocratie dans le monde du travail ?
"Pauvre fou ! Vouloir introduire de la liberté dans le monde du travail ? Quelle idée… Pourquoi ne pas vouloir aussi introduire du bonheur dans les prisons, du caviar à la cantine ou de la bienveillance dans la vie politique ? Ces deux termes – liberté et travail – ne semblent pas faits pour s’entendre… Quand on parle de travail dans une perspective historique, on pense plutôt à esclavage, servage, exploitation des plus faibles par les plus forts, relation de subordination. Que des termes et concepts opposés à l’idée de démocratie et de liberté dans le monde du travail."
Denis Pennel revient alors rapidement sur l’histoire du travail pour arriver à un constat sévère : aujourd’hui, le salariat étouffe le travail dans un cadre rigide devenu obsolète, hérité de l’ère industrielle du XXe siècle. En se bureaucratisant, le salariat a tué le travail, réduisant les métiers à de simples fonctions.
"Si celui-ci [le salariat] s’est imposé dans le courant du XXe siècle au sein des économies industrielles pour devenir la forme générale d’emploi et le pivot de nos systèmes de protection sociale, le salariat connaît aujourd’hui une crise existentielle, remettant en question le concept de la servitude volontaire. La dictature de l’emploi salarié a pris le travail en otage, réduisant des métiers et des expertises à des fonctions bureaucratisées et à des postes standardisés."
Le salariat, une forme d'emploi dépassée
L’auteur poursuit en montrant comment le salariat souffre aujourd’hui d'un manque criant de démocratie et d'un carcan juridique sclérosant. Les rapports de force entre capital et travail n'ont jamais été aussi défavorables aux salariés, indique l’auteur.
Alors que le travail a muté – celui-ci est devenu collaboratif, flexible, nomade - le salariat, lui, n'a pas évolué, bloqué dans une vision monolithique du CDI à temps plein. Résultat : "bore out" et "burn out" des salariés, perte de sens et désengagement. Aujourd’hui, seuls 11 % des individus se déclarent engagés dans leur travail.
"Le salariat a quitté sa zone de confort pour se voir remis en question de tous côtés" déclare l'auteur. Dépassé par ses propres déclinaisons atypiques, il ne répond plus aux aspirations contemporaines.
"Dans ses dérives les plus sombres, le salariat est tombé dans ce que certains appellent le "précariat" : une situation faite de travailleurs pauvres ou sous-employés, aux conditions de travail peu reluisantes et aux perspectives d’évolution professionnelle quasi nulles. Une masse de travailleurs déclassés pour qui le travail ne suffit pas à se nourrir et à vivre dignement."
Face à ce sombre constat, une soif de liberté s'exprime chez les travailleurs. Le salariat ne répond plus aux aspirations à plus d'autonomie, notamment des jeunes générations.
Refonder le travail du XXIe siècle
Pour l’auteur, c’est évident : il est temps de libérer le travail de ses entraves bureaucratiques, et de le réconcilier avec la liberté. Et pour redonner toute sa place à la liberté d'entreprendre et d'innover, une refonte du droit du travail s'impose d'urgence.
Déjà, de nouvelles formes d’emploi hors salariat ont commencé à émerger et à redessiner les frontières du travail : freelancing, makers, auto-entreprenariat, etc.
Mais Denis Pennel appelle à inventer une nouvelle façon de travailler, plus respectueuse de la singularité de chacun.
"Face à cette grosse fatigue du salariat, il est grand temps de planter le nouvel arbre qui portera les fruits d’un travail réconcilié avec la liberté et sera fait pour survivre au monde du XXIe siècle. Une nouvelle façon de travailler, plus libre, plus ouverte, moins asphyxiante, mais aussi plus respectueuse de la nature humaine et de la singularité de chacun, cherche à s’affranchir des scories de l’ère de l’usine. L’individu aspire à plus d’autonomie et à moins d’autorité dans l’exercice de sa vie professionnelle."
L'auteur poursuit en mettant en évidence le besoin de la population de travailler plus librement :
"N’ayant jamais été aussi bien éduquée et formée, la population active revendique la fin de la servitude volontaire. Émerge un besoin, s’exprime une envie, monte une revendication de libérer le travail, de l’affranchir de son carcan lié à l’emploi, de lui permettre de s’exprimer de toutes forces. Une attente de la part des citoyens s’exprime – pouvoir travailler plus librement – exacerbée chez les jeunes générations. Le nouveau modèle devra concilier liberté, démocratie, agilité, tout en inventant de nouveaux systèmes de protection sociale compensant des carrières de plus en plus hachées et accidentées."
Ni salariat ni précariat : place au libertariat
- Le libertariat : une forme de travail alternative
L'enjeu, selon Denis Pennel, est d'inventer une "troisième voie entre un salariat moribond et la précarité". Une alternative qui ait pour objectif de réconcilier liberté et travail.
C’est ainsi que l'auteur propose le "libertariat" comme nouvelle forme de travail.
En effet, le libertariat, explique-t-il, est une nouvelle forme de travail qui permet la coexistence du salariat et du travail indépendant, et cela, dans un cadre protecteur des droits fondamentaux.
"Le libertariat, ce n’est pas une libéralisation totale, une vision néolibérale et libertaire du marché du travail ; ce n’est pas la fin des acquis sociaux, ce n’est pas une régression historique, ce n’est pas la victoire du patronat sur les syndicats ou la masse des ouvriers. C’est encore moins une référence au courant libertaire tel qu’on a pu le connaître au XIXe siècle, prônant une liberté absolue fondée sur la négation du principe d’autorité dans l’organisation sociale […]. Non, le libertariat, c’est une adaptation du travail à l’environnement économique et social de notre siècle. C’est une approche progressiste pour répondre aux défis du XXIe siècle."
- Le libertariat pour répondre aux défis actuels et à venir
Face aux nombreux enjeux récents, plusieurs changements marquants sont apparus. Il y a eu la fin de l’unité de temps et de lieu du travail, la concurrence mondiale entre travailleurs et l'émergence du travail en ligne. Nous observons également une population active vieillissante, la "mobiquité" engendrée par les nouvelles technologies, ainsi qu'une porosité croissante entre salariat et travail indépendant. L’auteur considère le libertariat comme une "approche courageuse et innovante" qui répond aux défis du XXIe siècle :
"Le libertariat, c’est la recherche d’un marché du travail sans domination et sans exploitation, où les individus s’associent et coopèrent librement dans une dynamique de liberté et de respect mutuel tout en bénéficiant d’une protection juridique et sociale garantissant leurs droits fondamentaux."
En somme, pour Denis Pennel, le salariat doit redevenir un choix, et non une contrainte par défaut.
Dans le même temps, le libertariat garantit la sécurité des personnes :
"Le libertariat, c’est une révolution de notre protection sociale tant dans son financement que dans ses modalités de distribution et de répartition."
Le travail devient collaboratif, agile et autonome. Malgré la persistance du mythe du CDI protecteur, le travail réinvente ses règles et s'adapte aux aspirations des travailleurs.
"Chaque période économique a connu son modèle dominant de contractualisation du travail (esclavage, servage, féodalisme, travail indépendant puis salariat). […] Le libertariat constitue la prochaine étape."
Accompagner le changement
Denis Pennel termine en appelant à de nombreuses réformes pour démocratiser l’accès au travail et redonner plus d’autonomie aux individus.
Selon lui, il est essentiel d'adopter une approche moderne et inclusive du travail.
Voici les principaux axes d'action qu’il propose :
L’accessibilité pour tous : faire cohabiter différentes formes de travail, que ce soit en tant que salarié ou indépendant.
La modernisation du cadre légal : remplacer le Code du travail actuel par un "Droit de l'Actif", englobant tous les travailleurs.
La sécurité universelle : assurer une sécurité d'emploi adaptée à l'ensemble du marché, indépendamment du type de contrat ou de l'employeur.
La valorisation de l'humain : mettre en place une "écologie humaine" pour donner une dimension plus humaine aux environnements professionnels.
Un revenu universel : proposer un revenu de base pour tous, déliant ainsi les revenus de la nature du travail.
Plus de soutien à la flexibilité : promouvoir des espaces collectifs adaptés à un monde du travail de plus en plus flexible et fragmenté.
L’intégration du numérique : accueillir les plateformes numériques tout en régulant leurs opérations.
Plus de démocratie en entreprise : revoir la distribution des pouvoirs en entreprise pour y instaurer une démocratie plus présente.
PREMIÈRE PARTIE – Le travail étouffe aujourd’hui dans un cadre devenu obsolète
Chapitre 1 - La lente marche du travail vers toujours plus de liberté
Dans le premier chapitre de son ouvrage "Travail, la soif de liberté", Denis Pennel examine l'évolution complexe des rapports entre travail et liberté à travers les âges. Il met en lumière le caractère ambigu de cette relation, faite d'asservissement comme d'émancipation.
1.1 - Les origines du travail empreintes de souffrance
L'auteur commence par rappeler les origines étymologiques peu reluisantes du mot "travail", issu du latin "tripalium" qui désignait un instrument de torture. Cette racine associée à la douleur a durablement marqué notre rapport au "labeur" (terme également tiré du latin "labor", "laboris", qui signifie peine, affliction, malheur).
Ainsi, pendant des siècles, le travail fut assimilé à l'effort, la peine et le tourment, réservé aux classes serviles et à la "bête de somme".
Même après avoir pris le sens "d'activité productive", de nombreuses scories persistent encore actuellement de son "lourd passé fait de sang et de sueur". On le voit aujourd’hui à travers des questions autour de la pénibilité, de la reconnaissance des maladies professionnelles, du harcèlement, stress au travail, etc.
"Cette vision originelle et historique a plombé notre relation au travail. L’oisiveté étant la mère de tous les vices, le travail est devenu source de vertu. […] On se situe à mille lieues d’un travail qui rime avec liberté créatrice, bonheur et permettant la réalisation de soi !"
1.2 - Le travail, un outil d'asservissement
Denis Pennel montre ensuite comment le travail a aussi été utilisé comme un instrument d'asservissement. Il relate comment l'histoire du travail est un lent cheminement vers davantage de liberté, de l'esclavage à la féodalité, puis du servage des paysans à l'émancipation relative des artisans et compagnons.
L’auteur explique comment les régimes totalitaires du 20ème siècle notamment, ont développé "la vision que c’est en exerçant un travail que l’homme non seulement survit à ses besoins vitaux mais qu’il s’accomplit !"
Les mots cyniques "Arbeit macht frei" ("le travail rend libre") surplombant l'entrée des camps nazis en sont l'illustration ultime. De même que le travail forcé qui devait mener à la libération de l'homme nouveau dans les goulags soviétiques, dans les camps de rééducation par le travail sous la Chine de Mao, le Cambodge de Pol Pot ou encore la Corée du Nord de la dynastie des Kim.
Denis Pennel revient ensuite sur de nombreux sujets. Il parle de la rééducation par le travail très prégnante dans nos sociétés, le travail carcéral... Il nous remémore aussi l’existence de dispositifs coercitifs : le "livret ouvrier" au 19ème siècle en France, par exemple, qui visait à priver les travailleurs de toute liberté.
1.3 - Des fractures récentes mais profondes : la fin du travail ?
Récemment, une idée a commencé à émerger. Cette idée est la suivante : en réduisant ce temps contraint qu'est le temps de travail, l’individu pourra s’émanciper.
Certains penseurs parlent même de "la fin de la civilisation du travail" comme l’illustrent les paroles du philosophe André Gorz :
"Nous sortons de la civilisation du travail, mais nous en sortons à reculons, et nous entrons à reculons dans une civilisation du temps libéré […]. Le travail n’est plus le principal ciment social, ni le principal facteur de socialisation, ni l’occupation principale de chacun, ni la principale source de richesse et de bien-être, ni le sens et le centre de nos vies."
Pour l’auteur :
"Certes, le travail occupe une place moindre dans nos vies, mais au regard du désarroi vécu par nombre de chômeurs, le constat doit être considérablement nuancé : notre vie professionnelle continue de nous positionner socialement, de créer du lien social et de subvenir à nos besoins. La fin du travail n’est donc pas pour demain, et notre épanouissement personnel passera encore par une activité professionnelle, certes plus diversifiée dans sa forme et son contenu, mais toujours aussi indispensable à notre insertion dans la société."
1.4 - Ou une possible émancipation du travail ?
Denis Pennel souligne qu'une conception plus positive s'est développée parallèlement. Celle-ci considère que le travail peut aussi être un vecteur d'accomplissement et de libération.
En effet, dès le 18ème siècle, des voix se sont élevées pour revendiquer la "liberté" dans le travail. L’auteur constate que cette quête de liberté passe aujourd’hui par une recherche d'épanouissement et de bonheur au travail. Et c’est cette vision que l’auteur de "Travail, la soif de liberté" souhaite favoriser dans cet ouvrage. Parce qu'elle répond, précise-t-il, à la tendance croissante du marché du travail :
"Parce que les jeunes générations ne veulent plus être enfermées dans un cadre contraint et improductif, parce que le travail devient de plus en plus synonyme d’accomplissement de soi et doit faire rimer passion et activité professionnelle, la relation de subordination au travail a perdu de sa superbe ! Plus question de perdre sa vie à la gagner ! Plus question de se satisfaire d’un boulot alimentaire et d’attendre sa retraite pour profiter de la vie ! Plutôt démissionner que de devoir subir les affres d’un supérieur hiérarchique borné. Plutôt créer son entreprise et se mettre à son compte que de devoir rendre des comptes à un petit chef incompétent. Refus de l’autorité, individualisation des conditions de travail, autonomie croissante, revenus de moins en moins déconnectés du travail : notre attitude par rapport au travail a radicalement changé depuis ces dernières années.
Finalement :
"Aujourd’hui, l’aspiration à être soi au travail, à travailler pour soi résonne comme une douce musique aux oreilles des travailleurs, qui sont bercés des concepts d’entreprise libérée, de bonheur au travail, d’épanouissement individuel..."
L’auteur nuance cependant cette aspiration, réservée selon lui à une frange privilégiée d’actifs.
1.5 - Le bonheur au travail
Ainsi, poursuit l’auteur, le monde professionnel a évolué. Il place le bonheur au travail au centre des discussions.
Il y a 20 ans, nous nous intéressions aux conditions de travail. Aujourd'hui, l'accent est mis sur la qualité de vie au travail (QVT), l'équilibre entre vie professionnelle et privée, et l'importance du bien-être. Les médias célèbrent les start-ups prônant le bonheur au travail. De nombreux ouvrages sur ce thème ont aussi vu le jour.
Toutefois, pour Denis Pennel, force est de constater que malgré une aspiration universelle à un travail épanouissant, pour beaucoup, le travail demeure une contrainte.
"Nous aspirons tous à un travail librement consenti et épanouissant. Certains sont plus équipés pour y arriver, ou plus enclins à y parvenir : diplômés de grandes écoles, artistes, entrepreneurs, gens aisés qui peuvent choisir leur travail… Mais, pour de nombreux salariés, le travail reste une obligation, un mal nécessaire pour gagner sa vie. Tous les travailleurs n’ont pas le choix de leur emploi, de leurs objectifs, de leur chef, de leur environnement, de leur rythme de travail…"
La véritable liberté au travail se réalisera quand chaque salarié trouvera du plaisir dans ce qu'il fait.
1.6 - Vers une réinvention du travail
- Libérer le travail : la nécessité à l’ère digitale de se réapproprier ses conditions de travail
En conclusion, l'essayiste appelle à "libérer le travail", à le réinventer pour réconcilier liberté et sécurité. Selon lui, l'enjeu est de redonner aux individus la maîtrise de leurs conditions de travail.
"Qui aurait pu, il y a dix ans, louer une chambre de son appartement ou de sa maison, se faire rémunérer pour tondre l’herbe du jardin de son voisin, conduire une personne inconnue moyennant compensation ? Des millions d’individus ont désormais accès au marché, ce qui était autrefois impossible pour des raisons logistiques et des coûts de transaction trop élevés. Ces nouveaux travailleurs qu’on ne peut plus qualifier de salariés ont repris possession de leur outil de production que le salariat leur avait confisqué), de leur temps de travail (que le salariat leur avait subordonné) et de leur lieu de travail (que le salariat leur avait imposé). Ce à quoi nous assistons est une volonté de réappropriation des conditions de travail ! L’individu veut regagner son autonomie au travail, sa liberté, sa dignité, et mettre fin à des situations de rente héritées du siècle passé."
- Les nouveaux actifs en quête de liberté
C’est le combat des nouveaux actifs, ajoute l’auteur. Slashers, coworkers, start-upers défendent la réconciliation du travail et de la liberté. Et ceci passe, selon lui, par le libertariat (une notion largement abordée plus loin dans ce résumé) :
"Ces actifs d’un nouveau genre, jeunes et moins jeunes, veulent tout, et ils ont raison ! L’accomplissement personnel à travers le travail, la possibilité de choisir leur façon de travailler, de la liberté dans l’organisation de leurs activités professionnelles mais tout en se voyant proposer une certaine stabilité. Du salariat, mais sans les contraintes ; de la liberté sans la subordination ; des responsabilités sans les lourdeurs bureaucratiques et managériales."
Ainsi, pour libérer le travail, Denis Pennel évoque diverses pistes prometteuses. Il parle, par exemple, de l'entreprise libérée et ses modes de management collaboratifs. Ou encore de l'essor de l'entreprenariat et du travail indépendant. L'objectif étant de sortir le travail de ses carcans hérités du passé et de "réconcilier des contraires : "sécurité et agilité, choix et stabilité, liberté et sécurité, individualisme et collectif" écrit l’auteur.
Chapitre 2 - Salariat, forme ultime d’aliénation ? Et si Marx avait finalement raison…
Dans le deuxième chapitre de "Travail, la soif de liberté", Denis Pennel présente une critique argumentée du salariat.
Il remet en cause l'idée répandue que cette forme d'emploi représenterait l'aboutissement de la marche du travail vers la liberté. Il montre au contraire que le salariat peut s'avérer une forme d'emploi liberticide.
2.1 - Le salariat vu par Marx : exploitation des travailleurs et aliénation
L'auteur commence par rappeler ce que Marx voyait dans le salariat. À savoir : un rapport fondamentalement inégal et exploiteur, où le travailleur est dépossédé des moyens de production. Où il doit se contenter d'une partie du fruit de son travail, l'autre partie allant au profit du capitaliste qui s'enrichit sur son dos.
Selon Marx, le salariat entraîne une perte de soi et une aliénation du travailleur, qui ne s'accomplit plus dans son travail. Marx prônait donc l'abolition du salariat. Car seule cette abolition permettrait l'émancipation de la classe ouvrière, selon lui.
2.2 - Le salariat, d’abord limité et difficile, puis domestiqué et protecteur
- Le salariat, une forme d'emploi limitée à l'ère industrielle
Denis Pennel rappelle ensuite que le salariat n'a été qu'une forme d'emploi parmi d'autres au cours de l'histoire humaine, cantonnée aux sociétés industrielles à partir du 19ème siècle. Le salariat comme norme prédominante est donc une parenthèse assez récente et une exception géographique, limitée aux pays développés.
"Le travail ne peut ni ne doit être réduit à la forme historique particulière qu’il a prise dans les sociétés industrielles depuis le XIXe siècle, c’est-à-dire l’emploi salarié à plein temps. [...] La forme salariée n’est qu’un moment de la longue histoire du travail."
En effet, pour l’auteur, le salariat, adapté à la société industrielle et stable du XXe siècle, est devenu obsolète face aux exigences de flexibilité et d'adaptabilité de l'économie numérique. La relation de subordination ne convient plus, aujourd’hui, à une main d'œuvre qualifiée et revendiquant plus d'autonomie. En somme, le salariat étouffe le travail.
- Les premiers pas difficiles du salariat
L'auteur retrace aussi ici l'histoire du salariat.
Il explique que le salariat était, à ses débuts, perçu comme une déchéance et un déracinement par rapport aux formes d'emploi antérieures (artisanat, commerce, travail agricole...). Ainsi, les gens se méfiaient du salariat. Et les conditions de travail étaient extrêmement dures pour les premiers salariés.
Cependant, porté par l'essor de l'industrie de masse, le salariat s'est finalement imposé au 20ème siècle comme la norme d'emploi dans les pays développés.
- Le salariat domestiqué : une victoire sociale et syndicale
"C’est au cours de la seconde moitié du XXe siècle que le salariat s’est imposé comme la norme, dans une période de plein-emploi, au sein d’une économie axée sur la production industrielle, de masse, comptant des syndicats puissants."
Ainsi, grâce aux luttes sociales et syndicales, il a été "domestiqué", devenant plus protecteur pour les travailleurs.
Le statut de salarié est progressivement devenu le vecteur d'une "propriété sociale" accordant droits sociaux, protections sociales aux salariés, retraites… Et cela a permis de "pacifier" les antagonismes de classe liés au salariat.
2.3 - La fin de l’âge d’or du salariat
Selon l'auteur du livre "Travail, la soif de liberté", ce "compromis social-démocrate" autour du salariat protecteur est remis en cause aujourd’hui. Le salariat procure moins d'avantages et de sécurité aux travailleurs, tandis que le chômage et la précarité augmentent.
"Le salariat, conçu au départ comme un système de redistribution de revenus, de droits et protections, a perdu nombre de ses avantages : la hausse des cotisations sociales s’accompagne d’une baisse des prestations sociales (retraites, Sécurité sociale, indemnités chômage). La répartition des profits se fait de plus en plus en faveur des actionnaires, au détriment des travailleurs. Les carrières ne sont plus ascensionnelles, la rémunération ne suit plus l’ancienneté. Le financement du régime de la protection sociale et des retraites n’est plus assuré sur le long terme. La France est le deuxième pays européens où les charges sociales sont les plus élevées sur les salaires, alors que le niveau de remboursement des soins de santé et le montant des retraites ne cesse de baisser."
Par ailleurs, le salariat bureaucratique ne correspond plus aux aspirations des travailleurs en quête d'épanouissement et de sens.
Denis Pennel pointe ici ses dérives actuelles sources de souffrance : burn out, bore out, perte de sens, montée de la "médiocratie"... Dans ses excès technocratiques, le salariat bureaucratisé a tué l'initiative et l'épanouissement au travail, l’intelligence et le sens du travail, explique l’auteur.
2.4 - Vers de nouvelles formes d'organisation du travail
L’auteur conclut en proposant d’inventer de nouvelles formes d'organisation du travail : entrepreneuriat, management collaboratif, entreprise libérée... Celles-ci doivent redonner aux individus la maîtrise de leurs conditions de travail. Il faudrait, termine-t-il, développer une véritable "écologie humaine" dans le monde professionnel, en replaçant l'humain au cœur de l'organisation du travail.
"C’est une forme d’écologie humaine au travail qu’il faut introduire : tout comme l’écologie de la nature doit entendre le cri de la planète, celle du travail doit écouter le cri des hommes ! Meilleur respect du collaborateur, gestion responsable des ressources humaines, empathie bienveillante, management équitable et collaboratif, adaptation des conditions de travail aux choix et contraintes de chacun, mise en place d’une économie circulaire des travailleurs visant à favoriser le maintien de leur employabilité à travers de la formation tout au long de la vie : ces pratiques contribueront à mieux prendre en compte la singularité de chacun dans l’univers professionnel et son développement personnel. Car l’individu au travail est de plus en plus dans l’être plutôt que dans le faire…"
Chapitre 3 - La dictature de l’emploi a pris le travail en otage
Dans ce troisième chapitre du livre "Travail, la soif de liberté", Denis Pennel dénonce la dictature de l'emploi qui a réduit le travail à sa seule dimension salariée.
3.1 - La dictature de l’emploi sur le travail
Selon l’auteur, au XXe siècle, travail et emploi ont été réduits à une seule et même notion, celle du salariat. Cette fusion a fini par étouffer le travail, qui a été réduit à un simple statut juridique.
Il se trouve qu’aujourd'hui, travail et emploi ne coïncident plus. "Travailler, c’est autre chose que d’avoir un emploi" précise l’auteur. C’est quelque chose de bien plus grand.
Le travail déborde largement du cadre de "l'emploi", notamment avec la montée du travail indépendant et des nouvelles formes d'activités.
Et finalement, en étant encadré et contraint dans cette forme unique d'emploi salarial (99 % du Code du travail porte sur le salariat), le travail a perdu sa dimension d’accomplissement et d’épanouissement personnel. L'auteur dénonce ici l'inflation législative en France qui a cherché à tout encadrer et réglementer, étouffant les initiatives.
En somme, pour Denis Pennel, en statufiant le travail, on l’a finalement tué.
3.2 - Vers un droit du travail élargi et de nouvelles formes de travail
L'individu veut désormais choisir librement les conditions de son travail. L'épanouissement personnel devient aussi important que la dimension instrumentale du travail. D'où l'attrait croissant pour le travail indépendant, offrant plus d'autonomie et de liberté.
"La remontée actuelle du travail indépendant et des nouvelles formes d’emploi représente une illustration de cette volonté de retourner à un découplage entre travail et emploi."
Aussi, avec de plus en plus de salariés qui travaillent au forfait, et dont les performances sont évaluées uniquement au résultat obtenu, nous assistons à "l’émergence d’une classe de "salariés sans patron", pour laquelle la notion de subordination juridique ne veut plus dire grand-chose". Les frontières entre salariat et indépendance se brouillent, comme l'illustrent le portage salarial ou les coopératives d'activité et d'emploi.
L’auteur de "Travail, la soif de liberté" appelle aussi à faire évoluer le droit du travail, trop centré sur le salariat. Il faudrait bâtir un "droit de l'actif" couvrant tous les travailleurs, sur la base de principes fondamentaux universels, propose l’auteur.
3.3 - Le travail se diversifie et devient polymorphe
- La transformation du salariat
L’auteur du livre "Travail, la soif de liberté" récapitule :
Le travail n'a plus d'unité de temps, de lieu, ni d'action.
Les nouvelles organisations de production ont fait éclater le salariat traditionnel au profit de contrats plus flexibles et du travail indépendant.
Le travail s'organise désormais par missions et projets temporaires.
Le célèbre CDI à temps plein ne concerne plus que 34 % des salariés.
- L'hybridation des relations professionnelles
Alors, va-t-on vers la fin de l'empire salarial ?, interroge l’auteur.
Non. Le salariat ne disparaîtra pas. Par contre, il ne sera plus la norme unique. À présent, d'autres formes de travail émergent, brouillant la frontière entre salariat et indépendance.
"Le salariat ne disparaîtra pas totalement, mais une part croissante du travail s’effectuera sous la forme d’une relation contractuelle et commerciale. Ce qui est clair, c’est que emploi et travail se recouperont de moins en moins et que l’on va assister à une hybridation de la relation de travail entre travail subordonné et travail indépendant. […] Plus que jamais, le travail a acquis une dimension polysémique et polymorphique ! Coexistent une multitude de contrats de travail salarié, des travailleurs indépendants, du travail en ligne, des prestations de services effectuées via des plates-formes (Uber ou Airbnb)."
Cette hybridation des relations professionnelles prend différentes formes :
La pluriactivité : c’est le fait de combiner une activité salariée avec une activité indépendante.
Des salariés multi-employeurs : des individus travaillant pour plusieurs entreprises.
Les modèles proches du salariat : comme le portage salarial ou les CAE, ils mêlent aspects du salariat et de l'indépendance.
Les salariés autonomes : ceux qui, bien que salariés, jouissent d'une grande liberté dans l'organisation de leur travail, par exemple via le télétravail.
Autres cas ambigus : certaines situations, comme celles des agents commerciaux, semblent indépendantes mais présentent des traits de subordination.
- Vers un nouveau cadre légal
En résumé, la norme d'emploi évolue, diversifie et superpose ses formes au fil du temps.
Il faut donc faire évoluer le droit du travail vers un "Droit de l'Actif". Ce dernier doit couvrir, non plus seulement les salariés, mais toutes les formes d’activité professionnelle, tous les travailleurs, quels que soient leur statut professionnel.
3.4 - Passer du "Droit du Travail" au "Droit de l’Actif"
L'auteur énonce alors 15 principes fondamentaux comme socle de droits inaliénables dont tout actif devrait bénéficier.
L'objectif : simplifier le Code du travail pour l'adapter à la diversité du travail au XXIe siècle. Cette approche, stipule l’auteur, modernise la distinction traditionnelle entre salariés et indépendants.
Ce Droit de l’actif est fondé sur les conventions de l'Organisation internationale du travail et les directives européennes. Il concerne toute personne exerçant une activité, allant au-delà de la simple notion d'emploi.
Voici les 15 principes mentionnés :
Droit au travail et à un revenu de base universel.
Interdiction du travail forcé et du travail des enfants de moins de 16 ans.
Rémunération équitable et protection sociale.
Absence de discrimination basée sur divers critères (race, sexe, religion...).
Liberté d’association et droit de fonder des syndicats.
Possibilité de mouvements de contestation collectifs.
Reconnaissance du droit de négociation collective.
Formation et exécution de bonne foi des relations de travail.
Mise à disposition des moyens pour effectuer son travail.
Obligation d'informer en cas de rupture de contrat.
Garantie de santé et sécurité au travail.
Respect de la dignité et vie privée lors des évaluations.
Limitation du temps de travail à 270 jours/an.
Droit à un jour de repos hebdomadaire.
Droit de déconnexion en dehors du temps de travail.
DEUXIÈME PARTIE – Le travail brise ses chaînes
Chapitre 4 - La guerre d’indépendance (du travail) a commencé !
Dans ce quatrième chapitre de "Travail, la soif de liberté", Denis Pennel analyse en profondeur le renouveau du travail indépendant. Il perçoit cette tendance comme le signe d'une aspiration croissante à plus de liberté dans le travail. Selon lui, elle marque l'orée d'une nouvelle ère du travail.
4.1 - Le renouveau du travail indépendant : une croissance inédite, le choix de la liberté
L'auteur commence par souligner qu'après des décennies de recul, le travail indépendant a renoué avec la croissance. Cette progression a démarré au début des années 2000. Elle s'est amorcé à la fois en France mais aussi dans de nombreux autres pays. Elle traduit, selon Denis Pennel, une quête de liberté de la part des actifs ainsi qu'un rejet des rigidités et des contraintes bureaucratiques du salariat moderne. En effet, le statut d'indépendant offrirait davantage d'autonomie dans le travail et permettrait de choisir librement ses conditions d'exercice.
En France, le nombre de travailleurs indépendants à titre principal ou complémentaire était de 2,8 millions en 2011. Entre 2006 et 2011, les effectifs des non-salariés ont progressé de 26 % hors agriculture, soit +550 000 personnes.
"Cette évolution répond aussi clairement à un désir de se détacher des liens du salariat et de sa relation de subordination. C’est la fin de la servitude volontaire, le refus d’un cadre de travail trop rigide, le rejet d’un management coercitif et d’un reporting de tous les instants."
4.2 – Ce qui favorise le travail indépendant
L’essayiste relie ce renouveau du travail indépendant à l'avènement de nouveaux modes de production développés par les entreprises. C'est-à-dire des modes de production plus flexibles et éclatés.
Ainsi, des entreprises sous-traitent et externalisent des pans entiers de leur activité pour gagner en agilité et en compétitivité.
"Le travail est désormais expulsé hors de l’entreprise : consultants externes, indépendants, auto-entrepreneurs" analyse Martin Richer.
Par ailleurs, pour l’auteur, la création du statut d'auto-entrepreneur en 2008 a largement contribué à ce renouveau, car elle a simplifié les démarches pour créer son entreprise.
Enfin, la révolution numérique, l’internet et nouvelles technologies ont également abaissé les barrières à l'entrepreneuriat. Elles ont facilité l’accès aux outils de production et au savoir, et ont réduit le capital nécessaire pour se lancer.
En 2015, 50 % des jeunes Français de 18 à 24 ans déclarent avoir envie de créer leur propre entreprise.
L'impression 3D, par exemple, démocratise la production et la fabrication artisanale à la demande. On peut désormais concevoir des produits personnalisés en petites séries à un coût abordable.
4.3 - Les nouveaux modes de travail impulsés par les entreprises qui se fragmentent et externalisent
Selon Denis Pennel, l'entreprise de demain sera de plus en plus "éclatée" ou "étendue". Elle aura des frontières plus poreuses.
Nous l'avons vu, le travail est déjà largement réalisé en dehors des murs de l'organisation. Les entreprises externalisent auprès d'auto-entrepreneurs, des consultants ou des prestataires indépendants. Pourquoi ? Parce que le recours à des travailleurs free-lance présente de nombreux avantages pour l'entreprise : processus de recrutement plus simples et rapides, regard neuf et innovant, avantages en termes de coûts, livraison d’un produit fini sans compter ses heures….
Cette fragmentation des processus de production, combinée à l'éclatement des chaînes de valeur, explique en grande partie la montée en puissance des formes d'emploi atypiques et du travail indépendant, en dehors du cadre traditionnel du salariat.
Aussi, cette segmentation du travail et cette grande adaptabilité des statuts aboutissent à la fois à une commercialisation d'activités jadis gratuites (réseaux sociaux), tout en décommercialisant certains services (covoiturage, encyclopédies participatives).
4.4 - Bâtir une protection sociale détachée de l'emploi
Ces évolutions dessinent les contours d'un nouveau modèle social du travail : un modèle permettant plus de liberté dans le travail tout en préservant un filet de sécurité pour tous les actifs.
Pour cela, l'auteur appelle à construire une nouvelle sécurité professionnelle attachée à la personne et non au poste. Autrement dit, une protection sociale à l'échelle du marché du travail dans son ensemble, et non plus seulement attachée à un emploi spécifique ou à une entreprise.
Il préconise ainsi de généraliser un compte social personnel unique, regroupant l'ensemble des droits sociaux acquis ainsi que toutes les activités, qu'elles soient salariées ou indépendantes.
Car :
"Il est quand même paradoxal, aujourd’hui, que ce soient les actifs qui prennent le plus de risques (ceux qui créent leur entreprise ou qui se mettent à leur compte) qui soient les moins bien protégés…"
Chapitre 5 - Quand les revenus se libèrent du travail
"Il fut un temps où l’on passait sa vie à la gagner (certains diront plutôt qu’on la perdait à la gagner…). À l’exception des rentiers, le seul moyen de gagner de l’argent et de subvenir à ses besoins, c’était en travaillant ! Travail et revenus étaient directement et entièrement liés. Pas de travail, pas de rémunération."
Aujourd’hui, le lien entre travail rémunéré et revenu se distend, explique Denis Pennel dans ce nouveau chapitre.
En effet, d’un côté, de nombreux revenus sont déconnectés du travail traditionnel (allocations chômage, minima sociaux, revenus financiers...). De l’autre, le travail gratuit ou non rémunéré prend de l’ampleur (travail domestique, bénévolat, consommateur-producteur...).
5.1 - Le travail ne rime plus avec salaire
L’auteur de "Travail, la soif de liberté" met ensuite en lumière une étude : celle-ci montre que les salaires ne représentent que 32 % des revenus des Français (données Insee).
Aussi, selon cette même analyse :
55 % des revenus des ménages sont déconnectés du travail salarié classique : 25 % proviennent de prestations sociales, 23 % de transferts sociaux en nature, et 9 % de revenus du capital.
Le RSA, l'assurance chômage, les retraites ou encore l'épargne apportent donc des revenus complémentaires ou de remplacement sans travail direct. Près de 40 % des chômeurs indemnisés ont même une activité réduite. Certains arrivent à gagner 85 % d'un plein temps en alternant allocation-chômage et petits boulots.
Enfin, en 2015, 94 % des ménages avaient un patrimoine leur procurant des revenus financiers (livret A, assurance-vie, PEL...).
Au final, les revenus de remplacement et du capital constituent 40 % des ressources des Français. "Le lien entre revenu et travail est donc très distendu, tout revenu n’étant pas forcément la contrepartie directe d’un travail", termine l’auteur du livre "Travail, la soif de liberté".
5.2 - Du travail sans contrepartie financière
À l'inverse, le travail non rémunéré explose, note l’auteur.
Aussi, selon l’Insee (étude de 2021), en France :
Le travail domestique (cuisine, éducation et soins aux enfants, courses, ménage…), évalué à 33 % du PIB, n’est pas rétribué. Les Français y consacrent trois heures par jour en moyenne, 64 % de ces heures de travail sont réalisées par les femmes.
Le travail bénévole est en hausse de 14 % entre 2010 et 2013. 12,5 millions de bénévoles œuvrent dans des associations. "Travail ne rime donc pas forcément avec revenu, un grand nombre d’entre nous faisant le choix d’être actifs sans attendre de rémunération en retour" souligne l’auteur.
La consommation productive transfère des tâches de service aux clients : caisses automatiques, assemblage de meubles, impression de billets...
L’économie collaborative et les réseaux sociaux exploitent eux le travail gratuit des internautes : évaluations, partages, crowdsourcing...
L’auteur fait remarquer également que de plus en plus de Français, soit par besoin financier soit par nouveau principe de vie, ont recours au "troc de services" et au service de petites annonces sur internet. Via notamment la multitude de plateformes numériques, ils se proposent, par exemple, d’échanger quelques heures de travail contre d’autres heures de services. Ainsi, on ne facture plus des prestations de service :
"Pas de rémunération financière, pas de déclaration au fisc ni à l’Inspection du travail : toutes ces tâches se déroulent en dehors des circuits institutionnels. Du travail sans aucune entrave, laissé à la totale liberté des parties contractantes, le plus souvent des particuliers."
5.3 - Vers une nouvelle définition du travail
Ainsi, ces évolutions questionnent la vision traditionnelle du travail.
L’auteur revient alors sur plusieurs propositions de définitions de spécialistes de la question afin de réfléchir à une meilleure prise en compte de la diversité des formes de travail, y compris celles non rémunérées bien qu’apportant une forte valeur ajoutée à la société.
L’auteur pousse ensuite la logique jusqu’au bout en libérant le travail de sa fonction instrumentale, à savoir : "gagner de l’argent, s’assurer un revenu permettant de subvenir à ses besoins matériels".
Dans cette perspective, lance-t-il, le revenu universel permettrait de décorréler travail et revenu en rémunérant des activités aujourd’hui non reconnues.
Selon lui, l’expérimentation d’un tel dispositif semble une piste prometteuse. Elle existe d’ailleurs déjà en Finlande ou en Alaska.
5.4 - Expérimenter le revenu universel de base
Dès lors, en libérant le travail de l'impératif financier, l’auteur explique que le revenu universel de base pourrait orienter davantage de personnes vers des activités non marchandes apportant une valeur sociale et humaine au monde. L'éducation, les services collectifs, la participation citoyenne seraient dynamisés.
Et si les opposants craignent cependant une désincitation au travail rémunéré, les expériences déjà menées sont encourageantes, indique l’auteur. Celles-ci montrent, en effet, un faible renoncement au travail salarié, avec des effets positifs sur la durée des études ou la santé.
Pour l’auteur, il serait intéressant que la France teste ce concept innovant à l'échelle d'une ville ou d'une région.
Chapitre 6 - Le travail s’extirpe de la tyrannie du temps et de l’espace
Le chapitre 6 du livre "Travail, la soif de liberté" nous explique comment le travail du XXIe siècle s'affranchit de plus en plus des contraintes spatio-temporelles héritées du modèle industriel. Comment, grâce au numérique, il conquiert de nouveaux espaces et s'échappe des horaires imposés.
6.1 - Le lieu de travail devient multiple
Denis Pennel commence par souligner que la dématérialisation du travail via les outils numériques permet aujourd’hui de travailler partout avec juste un ordinateur et une connexion.
Ainsi, le bureau fixe laisse place à des tiers-lieux (domicile, cafés, transports, lounges d’aéroport...). Le travail nomade explose : 25 % des Européens le pratiquent (en télétravail, dans leur véhicule, en co-working…). De plus en plus d’entreprises s'organisent en réseau avec des équipes dispersées.
Cette "mobiquité" apporte de la flexibilité mais engendre aussi un brouillage entre vie privée et professionnelle, indique l’auteur.
"En France, 87 % des salariés déclarent pratiquer des activités personnelles au bureau : lecture d’e-mails personnels, appels téléphoniques privés, achats sur Internet, chats sur les réseaux sociaux type Facebook. Ces pratiques sont d’ailleurs reconnues par la jurisprudence, qui souligne régulièrement le droit de tout salarié à disposer d’une sphère d’intimité sur son lieu et temps de travail. Inversement, 90 % des Français disent travailler durant leur temps libre (lecture d’e-mails, de documents, conférence téléphonique…). […] Cette confusion des genres entre les différents temps concernés par le travail amène à revoir la définition même du temps de travail."
L’auteur cite ici de nombreux chiffres et statistiques qui montrent à quel point notre travail empiète sur la vie personnelle via smartphones et mails. Ce phénomène, appelé "blurring", s'installe. Les frontières temps/espace éclatent.
"Avant, l’entreprise apportait une organisation, des technologies à l’individu pour lui permettre de travailler. Aujourd’hui, il y a accès par lui-même, chez lui, et aspire donc à plus de liberté", explique Michel Bauwens de la Fondation P2P.
6.2 - Les frontières temporelles explosent
Le travail sort aussi des horaires fixes, remarque l’auteur.
En France, moins de 35 % des salariés sont encore aux 35h du lundi au vendredi. Et le présentéisme (être au bureau mais vaquer à ses occupations) se développe.
Par ailleurs, des études montrent que, désormais, les temps sociaux s'imbriquent à présent : par exemple, 73 % des étudiants occupent un emploi en parallèle de leurs études, tandis que 32 % des seniors (60-69 ans) sont encore actifs. Près de 90 % des Français disent travailler sur leur temps personnel.
D’une façon globale, le travail s’immisce partout : les soirs, les weekends et pendant nos congés. Et pour Denis Pennel, cette porosité appelle nécessairement à revoir la notion de temps de travail.
L'auteur affirme alors que le forfait annuel en jours permettrait de sortir de la logique horaire, de redonner de l'autonomie aux individus et de mettre fin au présentéisme.
6.3 - Les effets néfastes d'un travail sans frontières
Pour l’auteur du livre "Travail, la soif de liberté", cette dislocation spatio-temporelle du travail n'est pas sans risque : intensification, obligation de disponibilité permanente, difficulté à déconnecter. Les outils digitaux amplifient la pression : "en France, 88 mails sont reçus par jour et traités majoritairement hors horaires de bureau", informe Denis Pennel.
Dès lors, pour préserver les temps de repos, écrit-il :
"Il est nécessaire de créer un droit à la déconnexion, qui serait défini au niveau de l’entreprise par un accord entre les représentants des travailleurs et de l’employeur. Redonner du temps, du "slow work" après la slow food, une économie de la lenteur et du bio au travail."
Ce "droit à la déconnexion" a été créé en France en 2016. Certaines entreprises l’expérimentent actuellement, comme Volkswagen qui coupe les serveurs de 18h15 à 7h, ou Daimler qui supprime ou réoriente les messages reçus pendant des vacances.
Mais son application concrète reste complexe, entre difficultés d’appliquer le blocage des serveurs le soir et la difficile sensibilisation des managers.
Enfin, termine l’auteur, ce travail éclaté requiert aussi de réinventer le collectif via les réseaux sociaux ou de nouvelles formes de mutualisation comme les "guildes des actifs". Le but est ici de créer de la cohésion.
6.4 - Un travail émancipé à double tranchant
En libérant le travail de ses carcans spatio-temporels, le numérique apporte donc plus de liberté. Mais nous devons avoir conscience aussi de son lot de difficultés.
C’est en effet à nous d'en faire bon usage, insiste Denis Pennel, pour que prime une quête d'épanouissement. L'enjeu est de préserver l'équilibre vie privée/professionnelle et recréer du collectif dans un monde atomisé. Le salut viendra peut-être de l'instauration d'un revenu universel, décorrélant travail et revenu.
Chapitre 7 - Les robots vont libérer l’homme du travail le plus pénible
7.1 - L'automatisation, entre destruction et création d'emplois
Le 7ème chapitre du livre "Travail, la soif de liberté" traite de l’impact de l’automatisation et des machines sur le travail.
Denis Pennel observe d’abord que l'automatisation croissante du travail s'accélère. Celle-ci s’incarne dans les records de vente de robots industriels : 240 000 robots ont été vendus dans le monde en 2015, la Chine étant aujourd'hui le premier acheteur.
Toutefois, l'impact de la robotisation sur l'emploi reste ambigu. Si des tâches sont automatisées, de nouveaux métiers émergent, fait remarquer l’auteur.
En effet, selon l'OCDE, 9 % des emplois présentent un risque élevé de disparition. Pour un quart des emplois, 50 % des tâches seront modifiées par l'automatisation. Certains annoncent la fin de 50 % des emplois d'ici 2025.
Mais dans le même temps, l'histoire montre que les innovations créent globalement plus d'emplois qu'elles n'en détruisent, et cela même si localement des pertes sont possibles.
Ainsi, rien n'est écrit d'avance. Le progrès technique s'accompagne toujours de nouveaux besoins.
7.2 - La machine, vectrice d'émancipation humaine
Denis Pennel rappelle ici que l'automatisation a libéré et continue de libérer l'homme des tâches pénibles, dangereuses et répétitives. Voici les idées développées par l’auteur à ce sujet :
Depuis le XIXe siècle, l’automatisation est à l’origine d’une hausse explosive de la productivité, tout en nous faisant travailler moins longtemps. Selon l’auteur, grâce à elle, le temps dévolu au travail a été divisé par 4 à 5.
Les robots prennent désormais en charge les travaux physiques pénibles sur les chaînes de production. Grâce à leur productivité, ils permettent même de rapatrier certaines usines.
Aujourd’hui, grâce à la cobotique, nous pouvons allier performances du robot et savoir-faire humain.
Enfin, l'automatisation a également réduit la pénibilité du travail agricole. Avec l’aide de ses machines, un agriculteur américain produit 300 fois plus de coton qu'un Malien, indique l’auteur comme exemple.
Le coût des robots diminue constamment, ce qui favorise leur popularité et leur accessibilité.
7.3 - Vers une valorisation des compétences humaines
Le 7ème chapitre de "Travail, la soif de liberté" se termine sur l’idée suivante : face à la montée des robots, les qualités humaines seront déterminantes, à savoir la créativité, l’empathie ou encore la coopération.
""C’est vrai qu’il y a une tendance à la robotisation, mais quand une tendance existe, l’inverse se développe souvent en parallèle. Plus on aura de robots, plus on aura un retour vers l’humain. On parle de plus en plus des valeurs de partage, d’empathie, de famille, de vivre-ensemble", affirme Roxanne Baché, trend-setteuse chez Usbek et Rica. Et à Dov Seidman (un consultant américain) de rebondir en analysant que "nous sommes passés d’une économie industrielle - où on embauchait des bras - à une économie de la connaissance - où on embauchait des têtes - et maintenant une économie humaine - où on embauche des cœurs"."
En effet, selon Denis Pennel, les métiers de la relation, du soin, de la création résisteront à l'automatisation. L'enjeu est alors de développer notre QE (quotient émotionnel) plutôt que notre QI (quotient intellectuel) pour exprimer nos talents.
En conclusion, l’auteur résume : l'automatisation présente un double visage. D'un côté, elle peut recentrer l'attention sur l'humain en le déchargeant des tâches mineures. De l'autre, elle doit favoriser l'épanouissement individuel et valoriser les qualités humaines.
Selon lui, une solution pourrait être la mise en place d'un revenu universel, nous libérant de la pression de devoir constamment gagner notre vie.
TROISIÈME PARTIE - DÉMOCRATISER L’ENTREPRISE
Chapitre 8 - Les entreprises face au défi démocratique
8.1 - L'entreprise, un déficit démocratique à combler
L’auteur de "Travail, la soif de liberté" commence ce chapitre en affirmant l’idée suivante : l'entreprise moderne souffre d'un manque de démocratie, tant dans son fonctionnement que dans sa gouvernance. Héritée du XIXe siècle, son organisation interne est restée largement imperméable à la démocratisation progressive de la société depuis 1945.
Pourtant, en un siècle, le contexte a profondément changé, lance l’auteur. Les aspirations des salariés ont évolué vers plus d'autonomie et de responsabilisation. La porosité entre vie privée et vie professionnelle brouille les frontières. L'exigence de transparence vis-à-vis des entreprises n'a jamais été aussi forte avec l'essor d'internet et des réseaux sociaux. Face à ces mutations, l'entreprise doit impérativement se réinventer. Sous peine, sinon, de disparaître ou de susciter des révoltes internes, des "Printemps arabes" selon l'expression de Daniel Kaplan de la Fing.
8.2 - Les dérives bureaucratiques d'un monde soviétisé
Pour Denis Pennel, force est de constater qu'une grande partie des entreprises dérive aujourd'hui vers toujours plus de bureaucratie pléthorique (reporting permanent, explosion des procédures...). De plus, un centralisme managérial étouffant et de contrôle à outrance prend place. Le tout au détriment de la dimension proprement humaine du travail.
"La question ne sera pas de savoir si mais quand ces entreprises, continuant à emprunter le même chemin depuis plus d’une génération, se retrouveront en situation d’étouffement" alerte l’auteur en mentionnant les propos de Loïc Le Morlec, consultant spécialiste de ces questions.
Denis Pennel détaille longuement comment cette négation de la singularité des personnes au travail s'apparente à l'univers soviétique. Elle évoque, explique-t-il, fortement l'atmosphère oppressante vécue dans l'ancien bloc soviétique. Résultat, le mal-être au travail s'accroît de manière préoccupante, seulement 11 % des salariés se déclarant engagés dans leur travail.
Entre le rouleau compresseur des process et l'ennui profond d'activités dénuées de sens, la survie au sein de l'entreprise devient de plus en plus périlleuse, avise l’auteur de "Travail, la soif de liberté".
8.3 - Le management doit impérativement évoluer vers plus d’horizontalité
L'auteur de "Travail, la soif de liberté" ré-explique ensuite très clairement que le modèle de management hiérarchique traditionnel, basé sur les théories de Taylor et Ford, est complètement dépassé à l'heure actuelle.
Ce mode d'organisation est très mécaniste. Avec une structure pyramidale rigide, un organigramme détaillé et de nombreuses procédures pour contrôler le travail des employés, il ne correspond absolument plus aux attentes et aux aspirations des salariés d'aujourd'hui.
Les collaborateurs sont en quête de plus d'autonomie, de responsabilisation, de prise d'initiative et de reconnaissance de leurs compétences. Ils ne supportent plus d'être considérés comme de simples rouages interchangeables au service de la productivité. Pour s'adapter à ces évolutions sociétales, Denis Pennel préconise que les entreprises passent d'une structure très mécanique et rigide à une structure beaucoup plus organique et flexible.
Plutôt que de tout vouloir contrôler par des règles et des procédures extrêmement pointilleuses, il s'agit de miser sur :
L'intelligence collective,
La collaboration spontanée entre les équipes,
L'auto-organisation.
L'enjeu principal est de replacer l'humain au cœur de l'entreprise. Pour cela, nous devons cultiver la proximité entre les managers et leurs équipes, l'empathie, l'écoute active, et une autorité plus bienveillante.
Le but est de libérer les énergies, les idées, la créativité et les talents de chaque collaborateur.
8.4 - L'entreprise doit devenir plus démocratique pour survivre
Face à cette soif de liberté et d'horizontalité, Denis Pennel plaide avec force pour une démocratisation en profondeur du fonctionnement interne et de la gouvernance des entreprises. Selon lui, ce changement radical est indispensable pour que les organisations s'adaptent aux attentes de leurs salariés et survivent sur le long terme.
Concrètement, il évoque plusieurs pistes pour rendre les entreprises plus démocratiques, tels que :
Une participation accrue des salariés aux grandes décisions stratégiques,
Un meilleur partage des profits générés qui profite à tous les collaborateurs,
La mise en place d'actionnariat salarié pour que les employés deviennent copropriétaires,
L'élection des dirigeants par les équipes.
L'idée centrale est de sortir de la primauté exclusive des actionnaires dans la gouvernance des entreprises. Ainsi, nous devons trouver un nouvel équilibre qui prenne mieux en compte les intérêts et les contributions de toutes les parties prenantes : salariés, clients, fournisseurs, etc.
L'auteur cite l'exemple visionnaire du groupe Auchan. Celui-ci fut un pionnier dès les années 1970 d'un management novateur basé sur le partage équitable du savoir, du pouvoir décisionnel et des fruits de la croissance entre tous les collaborateurs.
8.5 - Laisser plus de place à l'initiative individuelle des collaborateurs
Un autre aspect fondamental relevé par Denis Pennel est l'essor inexorable de l'individualisation dans la relation au travail. Les collaborateurs veulent de plus en plus pouvoir personnaliser et redessiner une partie de leur poste, de leurs responsabilités et de leur environnement professionnel.
Cette tendance de fond se manifeste par l'émergence de pratiques de "job crafting". Celles-ci permettent, en effet, à chaque employé de retoucher les contours de son poste. Et ce, pour l'adapter à ses aspirations, ses forces et sa personnalité. De nombreuses études montrent que donner cette marge de manœuvre accroît significativement la motivation intrinsèque, l'engagement et la satisfaction des salariés dans leur travail.
L'auteur décrit également l'essor de "fab labs", "hackerspaces" et autres tiers-lieux. Dans ces endroits, des individus inventent de nouvelles formes de travail beaucoup plus libres, auto-organisées et épanouissantes. Autre illustration : les circuits courts entre producteurs et consommateurs, qui réhumanisent les échanges économiques.
8.6 - Vers une exigence renforcée de transparence
Grâce à l'essor des nouvelles technologies numériques, les salariés disposent désormais de puissants leviers d'information pour accéder à une vision plus transparente du fonctionnement interne et des pratiques RH réelles de leur employeur.
L'auteur prend l'exemple d'applications innovantes comme Glassdoor ou Vault, qui permettent aux collaborateurs de partager des avis authentiques sur leur expérience dans l'entreprise. Les directions ne peuvent donc plus tricher ou se cacher derrière une communication institutionnelle lisse et aseptisée.
Cette quête légitime de transparence de la part des salariés et candidats participe selon Denis Pennel à la démocratisation nécessaire du monde de l'entreprise. Tout comme la montée en puissance des pétitions ou appels au boycott ciblant des firmes sur le web.
8.7 - En conclusion, l'entreprise doit opérer sa mue démocratique pour survivre
Pour résumer la pensée de l'auteur, le monde de l'entreprise n'a désormais plus le choix.
Pour s'adapter aux mutations de la société et survivre sur le long terme, les organisations doivent impérativement opérer leur mue démocratique.
En somme, pour assoir cette démocratie au sein de l'entreprise, il s'agit de :
Replacer l'humain au centre de toutes les décisions, en libérant les énergies créatrices, l'initiative et l'intelligence de chaque collaborateur.
Faire évoluer le management vers forcément plus d'horizontalité, d'écoute et de bienveillance.
Exiger une transparence beaucoup plus forte dans la gouvernance et la gestion RH.
Chapitre 9 - Les plateformes numériques, incarnation des entreprises émancipées du XXIe siècle ?
9.1 - La quête d'un nouveau modèle d'entreprise
L'entreprise telle qu'elle fonctionne aujourd'hui doit impérativement se réinventer, tant les maux qui la rongent sont nombreux et profonds. Outre l'inflation bureaucratique galopante déjà évoquée, de multiples autres dérives toxiques sont ici pointées du doigt.
9.2 - Trois symptômes du management toxique d’aujourd’hui, selon le livre "Travail, la soif de liberté"
- Le règne de la médiocrité et le morcellement des tâches
Denis Pennel commence par souligner que l'entreprise s'est aujourd’hui transformée en une fabrique standardisée de managers et d'experts médiocres, sans vision globale, cantonnés à leur maigre périmètre de tâche, sans la moindre perspective plus vaste.
Ainsi, selon Denis Pennel, l'entreprise s'est appauvrie, se limitant à une juxtaposition de micro-tâches extrêmement divisées. Ce morcellement du travail à l'infini a fortement favorisé l'émergence de "petits chefs" étroits d’esprits, enfermés dans leurs certitudes étriquées.
Par ailleurs, l'être humain dans sa singularité disparaît derrière la machine impersonnelle et déshumanisée qu'est devenue l'entreprise moderne.
- La dictature étouffante des process
Autre travers majeur et très délétère, selon l’auteur : l'inflation tentaculaire des normes. Les processus standardisés et des cahiers des charges hypertrophiques et très prescriptifs entravent, selon lui, toute prise d'initiative et toute autonomie réelle.
"Une grande partie de ce que nous appelons “management” consiste à faire en sorte qu’il soit difficile de travailler" affirmait Peter Drucker, le père du management moderne. Le salarié se retrouve tiraillé en permanence entre injonction à une autonomie de pure façade et contrôle tatillon permanent de sa hiérarchie.
- La confiscation du pouvoir par les actionnaires
Dernier symptôme particulièrement toxique de ce management dévoyé, la confiscation du pouvoir par les seuls actionnaires et le court-termisme financier galopant.
Pour Denis Pennel, la sacro-sainte création de valeur pour l'actionnaire est devenue le mantra intangible. Et ce, au détriment des investissements de long terme et de la juste rémunération des salariés, sacrifiés sans état d'âme sur l'autel de la rentabilité à court terme.
9.3 - Les 25 propositions de Denis Pennel pour repenser l'entreprise du XXIe siècle
Denis Pennel est catégorique : il est impératif et grand temps de refonder l'entreprise sur de nouvelles bases. Ces bases doivent être en rupture avec le modèle managérial actuel et en phase avec les aspirations contemporaines de liberté et d'épanouissement ainsi qu'avec les impératifs démocratiques.
L’auteur énonce ici 25 propositions concrètes et applicables immédiatement pour esquisser les contours de l'entreprise de demain.
Les voici donc résumés à travers quelques pistes clés :
- Libérer les énergies en responsabilisant les collaborateurs
L'enjeu prioritaire est de libérer les énergies, les talents et le potentiel créatif des individus plutôt que l'entreprise elle-même, annonce l’auteur.
Le plus efficace est alors de responsabiliser les collaborateurs. De leur donner beaucoup plus d'autonomie réelle et de supprimer la plupart des irritants bureaucratiques qui entravent leur prise d'initiative au quotidien. Il faut aussi permettre à chacun de modeler et d'adapter son environnement et conditions de travail via ce qu’on appelle le "job crafting", en fonction de ses aspirations, talents et contraintes personnelles.
- Donner plus de voix aux salariés, vers plus de démocratie participative
Ensuite, plus de démocratie en entreprise est incontournable. Pour Denis Pennel, cela passe par une réelle prise en compte de l'opinion des salariés. Et cela via des cercles de qualité, un droit d'expression directe conséquent ou encore la participation active des employés aux orientations stratégiques.
Les jeunes générations poussent également avec force et légitimité à plus d'association via des "comités jeunes" au sein des instances dirigeantes.
- Valoriser les compétences relationnelles et le "care"
Face à l'automatisation croissante, les qualités humaines et relationnelles seront de plus en plus recherchées. C'est pourquoi, elles doivent être pleinement valorisées par l'entreprise, affirme l’auteur. Il s’agit de l’empathie, de la créativité, de l’intelligence émotionnelle, de la capacité d'entraide et de coopération.
L’auteur le redit, le salut résidera dans le développement du QE (quotient émotionnel) plutôt que du seul QI (quotient intellectuel). Et le "care" doit être remis au cœur de l'organisation.
- Renforcer la formation continue de tous les collaborateurs
Pour l’auteur du livre "Travail, la soif de liberté", l'accès à la formation doit également se démocratiser. Il peut se faire via les MOOC et le digital. Les savoirs doivent circuler dans les deux sens : des individus vers l'entreprise et vice versa. Chacun doit devenir acteur de sa montée en compétences en fonction de ses appétences.
- Permettre une gouvernance partagée et une réelle responsabilité sociale
Enfin, pour Denis Pennel, il s'agit aussi d'explorer de nouveaux modes de gouvernance. Des modes de gouvernance associant réellement toutes les parties prenantes : salariés, clients, fournisseurs, société civile. Le but est alors de définir un projet d'entreprise qui aille au-delà du seul profit actionnarial. Un projet qui intègre des impératifs sociaux, sociétaux et environnementaux.
À cet égard, le modèle coopératif est une source d'inspiration.
L’auteur termine en soulignant que l'enjeu est de taille pour que l'entreprise renoue avec sa vocation première. Celle de permettre à des femmes et des hommes de coopérer ensemble pour produire et créer, dans un cadre apaisé.
Conclusion : le libertariat, ou le travail libéré
Dans sa conclusion, Denis Pennel appelle à libérer le travail de ses chaînes bureaucratiques et du carcan de l'emploi. Plutôt que le plein-emploi, visons le plein travail ! Sortons du salariat pour retrouver l'indépendance du travail, lance l’auteur.
L'objectif est de réconcilier stabilité et liberté, collectif et individualisation. Et pour l’auteur, c’est le "libertariat" qui permettra de redevenir acteur et sujet de son travail.
Pour terminer, Denis Pennel invite à démocratiser l'accès au marché du travail et à la protection sociale.
Pour cela, il faut simplifier le droit du travail tout en l'étendant aux travailleurs indépendants. Le but est de "protéger" tout en fluidifiant, d'encourager l'initiative individuelle. Seul le "Droit de l'Actif" répondra à ce défi.
Pour l’auteur de livre "Travail, la soif de liberté", l'avenir devra nécessairement passer par l'innovation sociale. Elle impliquera alors de nouvelles approches du travail. Denis Pennel partage ces approches à travers la liste de 25 propositions qu'il énonce au chapitre 9, approches en phase avec les aspirations contemporaines.
Conclusion de "Travail, la soif de liberté : Comment les start-uppers, slashers, co-workers réinventent le travail " de Denis Pennel
Les 3 idées clés du livre "Travail, la soif de liberté"
Nous pouvons retenir 3 points phares développés par Denis Pennel tout au long de cet ouvrage.
1/ Aujourd’hui, le salariat est dépassé, il nous faut réinventer de nouvelles formes de travail
Denis Pennel dresse un constat sévère des dérives du salariat, devenu étouffant et obsolète. Il montre comment le travail est pris en otage, réduit à un statut juridique vidé de son sens.
2/ Le libertariat est une forme alternative de travail qui répond à l’évolution du marché du travail
L'auteur plaide avec force pour le libertariat, cette nouvelle forme de travail alliant souplesse de l'indépendance et protections du salariat. Selon lui, cette voie permettrait de réconcilier stabilité et liberté.
3/ Les entreprises doivent proposer un business model intégrant plus de démocratie et d’autonomie
Autre idée phare du livre "Travail, la soif de liberté" : l'appel vibrant à démocratiser l'entreprise, en donnant plus de pouvoir aux salariés et en intégrant toutes les parties prenantes dans la gouvernance.
Une invitation enthousiasmante à repenser notre travail
"Travail, la soif de liberté" de Denis Pennel est une invitation à voir le travail sous un angle nouveau. En parcourant ses pages, vous découvrirez :
1/ Des analyses critiques pertinentes sur le monde du travail actuel
Denis Pennel décortique le monde du travail, le salariat traditionnel, les phénomènes et nouveaux défis professionnels. Décrivant le travail actuel comme rigide et limitant, il nous montre pourquoi il est temps de changer. Pourquoi nos activités professionnelles doivent redevenir une source d’épanouissement et s’affranchir de la bureaucratie.
2/ Des propositions innovantes et des idées concrètes pour l’entreprise de demain
L’auteur ne fait pas qu'énoncer une critique. Il propose aussi des alternatives, des façons nouvelles de travailler à travers divers concepts innovants. Les pistes qu'il partage ont pour enjeu de replacer l'humain au centre et de nous redonner autonomie et liberté au travail. Ainsi, tout au long du livre, nous apprenons en quoi le concept de libertariat, le Droit de l’Actif, le "job crafting", le business model coopératif, le care, le revenu universel, etc. peut apporter un sens nouveau à notre vie professionnelle.
Finalement, le livre "Travail, la soif de liberté" ouvre des perspectives résolument optimistes et humanistes. Les arguments sont extrêmement bien documentés. C'est une lecture que je recommande vivement, et qui vous invitera à repenser en profondeur l'organisation du travail.
Points forts :
Les analyses fouillées et très bien documentées sur le monde du travail actuel et la réflexion qu'elle suscite sur notre relation au travail.
La modernité des propos et le plaidoyer argumenté en faveur du libertariat.
L'expertise de l'auteur et son approche humaniste et optimiste quant à l'avenir du travail.
Le style d'écriture fluide et agréable.
Point faible :
Un essai qui peut sembler idéaliste sur certains aspects.
Ma note :
★★★★★
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May 13 2024, 5:00pm
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J'ai publié sur des-livres-pour-changer-de-vie.fr
TEST DE VITESSE 2 – STEFAN – TEXTE – 11 MAI 2024
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May 12 2024, 12:47am