Résumé de "La mise en scène du discours | Porter sa parole en public de manière engageante et mémorable" d’Éric Bah : dans cet ouvrage, Éric Bah partage des stratégies oratoires en quatre étapes, allant de la préparation minutieuse d'une prise de parole en public jusqu'à la gestion des imprévus, en passant par l'entrée en scène et la maîtrise des techniques d'engagement. C’est un livre ultra concret, qui apprend à faire d'un discours non pas une simple allocution mais une expérience mémorable, capable de captiver l'attention et de créer une connexion authentique avec un auditoire.
Par Éric Bah, 2023, 250 pages.
Chronique et résumé de "La mise en scène du discours | Porter sa parole en public de manière engageante et mémorable" d'Éric Bah
Introduction
La première page du livre "La mise en scène du discours" nous plonge dans une histoire captivante : celle d'un homme pauvre recevant une graine qui, une fois arrosée de ses larmes, génère un arbre merveilleux.
Éric Bah établit un parallèle entre cette parabole et nos discours écrits : ce sont, lance-t-il, des textes "endormis" que nous devons réveiller. Ce sont des phrases qui s’enchainent, "des mots qui sommeillent, des mots qui attendent, pour prendre leur sens, que tu les réveilles, que tu y verses ta sincérité comme sur la graine du pauvre homme", écrit-il. Et cela passe par la mise en scène… "la mise en sons, en couleurs… en caresses, en odeurs…"
L'auteur rappelle ensuite que si les principes antiques d'art oratoire demeurent pertinents, notre époque impose de nouveaux défis face à la guerre de l'attention. Dans ce contexte, la mise en scène du discours devient cruciale pour capter l'intérêt d'un public constamment sollicité.
"La mise en scène du discours" est un livre qui promet donc un parcours complet pour transformer nos prises de parole en expériences mémorables.
Chapitre I - Veillée d'armes
Éric Bah commence le premier chapitre de son livre "La mise en scène du discours" en soulignant l'importance des derniers préparatifs avant une prise de parole.
Ces ultimes réglages concernent plusieurs aspects fondamentaux : l'éthos, le pathos, le style oratoire, les supports visuels, la préparation physique et la tenue vestimentaire.
1.1 - L'éthos
Dans cette partie, l'auteur examine le concept d'éthos, l'un des trois piliers de la rhétorique avec le logos et le pathos.
L'éthos représente la crédibilité de l'orateur et se compose de cinq vertus essentielles :
La sympathie,
La légitimité,
La pertinence,
L'intégrité,
La sincérité.
Éric Bah rappelle que l'éthos commence à se construire dès l'apparition de l'orateur sur scène, voire avant dans certains contextes. Il précise : "L'éthos t'impose d'abord comme autorité, avant de se solidifier peu à peu au service de ta persuasion". L'auteur insiste sur le fait que cette crédibilité n'est pas immuable et doit s'adapter à l'auditoire.
Pour se montrer sympathique, l'orateur doit afficher un air avenant, paraître détendu et bienveillant. La légitimité, quant à elle, permet d'installer rapidement la confiance en démontrant l'expertise nécessaire pour traiter le sujet. La pertinence consiste à aligner son approche avec les attentes spécifiques de l'auditoire. L'intégrité exige une cohérence entre les paroles et les actes, tandis que la sincérité implique d'exprimer des émotions réellement ressenties.
L'éthos peut être véhiculé par divers moyens : diplômes, expérience, relations, histoire personnelle, tenue vestimentaire, comportement, gestuelle ou choix rhétoriques.
L'auteur illustre son propos avec l'exemple de Simone Veil qui, dès le début de son discours sur la dépénalisation de l'IVG, pose les premières pierres de son éthos en une seule phrase.
1.2 - Le pathos
Ensuite, Éric Bah analyse l'importance des émotions dans l'art oratoire.
Le pathos désigne l'ensemble des émotions que l'orateur cherche à susciter chez son auditoire pour persuader et pousser à l'action.
L'auteur s'appuie sur les travaux du neurologue Antonio Damasio pour affirmer que les émotions influencent puissamment la prise de décision, l'attention, l'apprentissage et la mémorisation. Il raconte : "Tous les fans d'Elvis Presley, de Bob Marley ou de Michael Jackson peuvent dire ce qu'ils faisaient au moment de l'annonce de la mort de leur idole", illustrant ainsi comment l'émotion stimule la mémoire.
Pour exciter les passions, Éric Bah présente trois techniques principales :
La description => montrer l'émotion plutôt que la dire ;
L'amplification => augmenter l'intensité émotionnelle ;
La matérialisation => recourir à des objets ou à des témoignages.
L'auteur conseille de procéder par contraste émotionnel pour éviter la saturation, et de suivre une progression croissante jusqu'au finale. Il souligne que pour toucher les autres, l'orateur doit d'abord être touché lui-même. À ce propos, il cite Quintilien : "On n'est échauffé que par le feu et mouillé que par l'eau".
1.3 - Avec style
Dans cette partie, l'auteur explique que le style est ce qui donne du relief au discours et traduit l'originalité de l'orateur. Il rappelle que si le texte peut emporter l'approbation, c'est le style qui provoque l'admiration.
Éric Bah distingue trois styles oratoires, suivant la tradition cicéronienne :
Le style simple => conversationnel, objectif, pour instruire.
Le style tempéré => léger, humoristique, pour plaire.
Le style sublime => solennel, émotionnel, pour émouvoir.
Pour illustrer ces styles, l'auteur donne des exemples concrets : la narration de l'avocat Berryer pour le style simple, l'introduction humoristique du chef d'orchestre Benjamin Zander pour le style tempéré, et le discours d'André Malraux lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon pour le style sublime.
L'auteur aborde ensuite les figures de style qui enrichissent le discours, en se concentrant sur les plus utiles en improvisation :
Les figures de répétition => anaphore, épiphore,
Les figures antithétiques => oxymore, antithèse,
Les figures d'amplification => hyperbole, gradation,
Les questions rhétoriques.
Pour finir cette partie sur le style, Éric Bah évoque l'importance des punchlines, ces phrases-chocs qui marquent les esprits, et présente le concept italien de "sprezzatura" : cette grâce qui émane d'un orateur capable de paraître naturel tout en maîtrisant parfaitement son art.
1.4 - Les supports visuels
L'auteur passe en revue les différents supports visuels qui peuvent accompagner un discours :
Pour le diaporama, il conseille de rester l'acteur principal et de maintenir le contact visuel avec l'auditoire. Il met en garde : "Ne te sers pas du grand écran comme d'un prompteur. Ne lis pas, parle."
Concernant la vidéo, il recommande de privilégier des formats courts et d'expliquer ce qu'il faut en retirer.
Éric Bah présente également le tableau blanc, utile pour noter des idées ou faire des croquis, mais dont le caractère éphémère nécessite une bonne gestion de l'espace.
Le paperboard, quant à lui, peut servir à afficher le plan du discours ou à noter des mots compliqués, des chiffres ou des schémas.
Enfin, l'auteur mentionne la tablette graphique et les accessoires, citant l'exemple de Steve Jobs qui, pour présenter le MacBook Air, utilisa simplement une enveloppe de bureau.
1.5 - Préparation physique
Dans cette partie, Éric Bah nous invite à prendre soin de notre corps avant une prise de parole. Il recommande un dîner léger la veille pour faciliter le sommeil et consacre plusieurs paragraphes aux temps de digestion des différents aliments.
L'auteur insiste sur l'importance d'une bonne nuit de repos et conseille de programmer son réveil en fonction de ses cycles de sommeil personnels.
Éric Bah vante également les mérites des exercices d'assouplissement, particulièrement ceux du yoga, qui offrent de nombreux avantages avant une intervention oratoire : ils augmentent l'endurance, améliorent la posture, réduisent le stress, stimulent les fonctions cognitives et renforcent la confiance en soi.
1.6 - De la tenue
L'auteur affirme que la tenue vestimentaire donne une première impression avant même que l'orateur ait ouvert la bouche. Il rappelle, à ce propos, l'importance de s'adapter au contexte tout en gardant à l'esprit que "ton message est plus important" que ta tenue.
Éric Bah partage une check-list détaillée qui couvre tous les aspects de l'apparence : du couvre-chef (à éviter) aux chaussures (discrètes et bien entretenues), en passant par les cheveux, les lunettes, le maquillage, les bijoux, les tatouages et les piercings.
1.7 - Avant de partir
Dans cette dernière section, l'auteur met en garde contre un repas trop copieux avant une intervention : "l'afflux de sang dans ton abdomen dû à la digestion priverait ton cerveau de la quantité de sang nécessaire à la vivacité d'esprit que demande une allocution".
Il conseille de préparer une check-list complète incluant les tenues vestimentaires, le matériel, la connectique, les accessoires et les documents nécessaires.
Enfin, Éric Bah aborde le concept de "fatigue décisionnelle", s'appuyant sur les propos de Barack Obama et les recherches du psychologue Roy Baumeister. Il recommande de limiter au maximum les décisions à prendre le jour de l'intervention pour rester en pleine possession de ses moyens.
Chapitre II - En position
Le chapitre 2 du livre "La mise en scène du discours" porte sur cette période critique entre l'arrivée sur le lieu de l'intervention et l'entrée en scène.
Éric Bah attire l’attention sur l’importance d'arriver suffisamment en avance pour peaufiner les derniers détails qui feront la différence dans votre prestation.
2.1 - À l'arrivée
L'auteur recommande de rencontrer le maître de cérémonie dès votre arrivée pour valider plusieurs éléments essentiels : votre présentation, l'heure exacte de passage et la durée de votre intervention. Il précise : "Assure-toi qu'il sera en mesure de te présenter comme tu l'entends".
Concernant la disposition de la salle, Éric Bah présente différentes configurations possibles (théâtre, U, cercle, école, etc.) en analysant pour chacune sa capacité d'accueil, la visibilité offerte et la facilité d'échanges entre participants. Il conseille également de prendre possession de l'espace scénique en répétant vos déplacements et en vérifiant les aspects techniques (éclairage, son, gestion du temps).
2.2 - Dernières répétitions
Pour ces ultimes répétitions, l'auteur distingue trois phases :
La répétition en solo, où vous pouvez encore ajuster quelques détails sans bouleverser la structure.
Les essais avec la régie son.
La validation du déroulé complet avec le maître de cérémonie.
Entre ces préparatifs et l'ouverture des portes, il est judicieux de s'accorder un moment de repos pour faire descendre la pression. Éric Bah conseille également d'accueillir personnellement le public pour créer un lien de confiance avant même de monter sur scène.
2.3 - Aie confiance !
Face au trac qui s'intensifie à l'approche de l'intervention, l'auteur rappelle qu'il s'agit d'un signe positif montrant l'importance accordée à sa prestation. Il note que "ce qui peut être le plus déstabilisant, c'est le regard des autres" et propose des techniques pour l'apprivoiser.
La visualisation positive constitue un outil puissant pour diminuer le stress et augmenter la confiance. L'auteur explique comment activer mentalement une ancienne situation de réussite avant de visualiser l'ovation finale souhaitée.
Éric Bah évoque également le phénomène d'habituation qui rend le trac de moins en moins paralysant avec l'expérience. Pour rester concentré, il préconise de limiter les distractions et propose l'usage de certaines huiles essentielles ou de techniques comme la cohérence cardiaque.
2.4 - Avant d'entrer en scène
Dans les derniers moments, l'auteur conseille de vérifier la durée exacte dont vous disposez (en ayant préparé des versions à 75 % et 50 % de votre discours) et de réactiver votre intention, c’est-à-dire ce que vous souhaitez que votre auditoire sache, pense ou fasse après vous avoir écouté.
Pour ces ultimes secondes, Éric Bah décrit deux approches :
Celle du dynamisme => exercices physiques, cris ;
Celle de la sérénité => respiration, méditation.
"Les deux approches sont efficaces pour évacuer le stress", conclut-il, l'essentiel étant de choisir celle qui correspond à votre tempérament.
Chapitre III - À l'assaut
Le moment tant attendu arrive - celui où l'orateur prend la parole devant son public. Éric Bah décrit cette étape comme celle où toute la préparation va enfin porter ses fruits. Il note que "le temps va passer tellement vite qu'il n'existera plus".
3.1 - L'entrée en scène
L'auteur nous invite à faire une dernière inspection avant d'entrer en scène. Idéalement, un assistant vérifiera que votre tenue est impeccable, car "comment veux-tu qu'un auditeur t'écoute sérieusement s'il note un détail insolite dans ta tenue ?" Il conseille également de vider ses poches pour éviter tout bruit parasite.
Pour l'entrée proprement dite, Éric Bah préconise de marcher avec assurance jusqu'au centre de la scène, puis de s'arrêter, dos droit, épaules relâchées. Il suggère d'imaginer des racines sortant de vos pieds pour plonger profondément dans le sol : "Plus stable grâce à cet ancrage, tu gagneras en énergie, en confiance, en autorité".
3.2 - Bien commencer
Selon l'auteur, bien commencer un discours tient en quatre lettres, résumées par l'acronyme ACIS :
Attention => D'abord, il faut attirer l'attention dans les trente premières secondes - délai critique pour convaincre l'auditoire de vous écouter jusqu'au bout.
Connexion => Ensuite, il convient d'établir la connexion avec le public pour permettre la transmission des informations et des émotions.
Intérêt => La troisième étape consiste à susciter l'intérêt en montrant à l'auditoire l'utilité de votre message pour lui.
Sujet => Enfin, il faut clarifier le sujet pour rassurer le public sur la direction que prendra le discours.
Éric Bah énumère ensuite les sept erreurs à éviter lors de l'ouverture :
Dire bonjour,
Se présenter,
S'excuser,
Remercier,
Démarrer en trombe,
Montrer de l'hésitation
Raconter sa préparation.
Il affirme : "Tu as la chance que des gens soient venus t'écouter. Fais-leur honneur en rentrant tout de suite dans le sujet".
3.3 - La connexion
Pour l'auteur, la connexion est ce "lien impalpable qui lie l'orateur à son public", fait d'empathie et de complicité.
Cette connexion doit idéalement se déployer sur trois dimensions :
Entre l'orateur et l'ensemble du public,
Entre les participants eux-mêmes,
Entre l'orateur et chacun des participants.
Pour tisser ces liens, plusieurs outils sont à notre disposition :
Adapter notre style (vocabulaire, ton) à notre auditoire sans nous renier,
Utiliser le sourire qui "est réellement contagieux",
Parler aux gens de ce qui les intéresse,
Utiliser le "nous" pour créer un sentiment d'appartenance,
Maintenir un contact visuel personnalisé avec différents membres de l'audience.
3.4 - La posture
L'auteur rappelle que "le corps est au service de la parole" et que posture et état d'esprit s'influencent mutuellement.
Il convient alors de se tenir droit, pieds légèrement écartés, en évitant tout balancement qui nuirait à l'ancrage et donnerait une impression d'instabilité.
Concernant la gestuelle, Éric Bah cite Sacha Guitry : "Tous les gestes sont bons quand ils sont naturels. Ceux qu'on apprend sont toujours faux". Il suggère de se concentrer sur deux éléments pour que la gestuelle suive naturellement : se sentir en confiance et travailler ses intonations vocales.
L'auteur met cependant en garde contre certains gestes parasites à éviter absolument : mains cachées, bras croisés, mains en cache-sexe, bras ballants, auto-contacts répétitifs et jeux avec les bijoux.
Pour les déplacements sur scène, il propose trois modes d'utilisation de l'espace :
Le mode structurel => changer de zone à chaque chapitre du discours.
Le mode temporel => utiliser la largeur de la scène comme ligne du temps (passé/présent/futur).
Le mode émotionnel => exploiter les réactions différentes du cerveau selon le côté visuel sollicité
L'auteur explique que pour toucher davantage l'émotion du public, il est préférable de se placer côté jardin, autrement dit dans le champ visuel gauche des spectateurs, "la partie gauche du corps étant gérée par l'hémisphère cérébral droit, en charge des informations émotionnelles".
3.5 - Le regard
Pour Éric Bah, le regard est capital. Il est "le plus important" de toutes les expressions faciales.
Le regard assure la connexion dans les deux sens : il transmet vos émotions au public tout en vous renseignant sur son état d'esprit.
L'auteur détaille différentes situations de gestion du regard : lors de la lecture d'un texte, avec un diaporama, ou pendant l'utilisation d'un prompteur. Dans tous les cas, il recommande de privilégier au maximum le contact visuel avec l'auditoire.
Pour balayer efficacement la salle du regard, il propose la méthode de la triangulation qui consiste à dessiner mentalement deux triangles inversés couvrant l'ensemble de la salle, assurant ainsi que personne ne se sente exclu.
3.6 - La voix
Éric Bah explique que contrairement à l'idée reçue, il ne faut pas être naturel mais "paraître naturel" sur scène. Pour cela, il recommande de travailler particulièrement sa voix à travers plusieurs aspects :
Une bonne diction pour se faire comprendre sans effort.
Un débit mesuré et varié : environ 150 mots par minute, mais pouvant varier de 120 à 230.
Des modulations en tonalité et en volume pour éviter la monotonie.
Il rappelle l'importance de l'intonation, "ce qui rend le discours vivant". Celle-ci doit refléter sincèrement les émotions que l'orateur cherche à transmettre.
3.7 - Les silences
Dans cette partie, l'auteur développe une véritable théorie du silence dans l'art oratoire. Il affirme que "le silence n'est pas l'absence de son" et qu'il fait pleinement partie de l'éloquence.
Éric Bah distingue deux erreurs à éviter :
La prodigalité de silences => trop de silences ou des silences trop longs.
L'avarice de silences => un débit incessant.
Il affirme : "le silence est un marqueur de structure" qui articule le discours et permet de faire saillir certains mots ou phrases.
L'auteur décrit ensuite l'utilité du silence selon trois perspectives :
Pour le discours : articulation, transition, mise en relief.
Pour le public : compréhension, assimilation, maintien de l'attention.
Pour l'orateur : réflexion, respiration, charisme.
Il accorde une attention particulière au premier silence qui précède la parole, permettant d'attirer l'attention et de préparer l'auditoire, ainsi qu'au dernier silence qui marque la fin définitive du discours et maintient l'émotion au niveau atteint.
3.8 - Le flow
Éric Bah présente ici ce qu'il appelle l'état de grâce de l'orateur, citant les travaux de Mihály Csíkszentmihályi sur le "flow". Cet état se caractérise par "l'engagement dans une tâche précise qui exige des aptitudes appropriées, un contrôle sur ses actions et une concentration intense".
Dans cet état idéal, l'orateur devient littéralement sa prise de parole, dans une forme d'unité avec son action où l'ego s'efface. L'auteur fait référence au concept taoïste de "wuwei" (非無為), le "non-agir" où "l'événement se déroule harmonieusement sans son intervention et comme par enchantement".
Pour atteindre cet état, l'auteur suggère de s'entraîner constamment à prendre la parole dans les conditions les plus diverses, afin de "dompter son esprit".
3.9 - Finir proprement
Pour conclure efficacement, Éric Bah propose l'acronyme DEBOU –(Digest, Émotion, Bouger, Ourlet) qui résume les quatre missions d'un finale réussi :
Proposer un digest => résumer les points clés du discours.
Susciter l'émotion => intensifier le pathos pour marquer les mémoires.
Faire bouger le public => appel à l'action clair et précis.
Coudre l'ourlet => terminer de manière nette et définitive.
L'auteur met en garde contre sept erreurs qui peuvent ruiner un finale :
Improviser,
Hésiter,
En rajouter,
Digresser,
Bâcler,
S'excuser
Parler après.
3.10 - La sortie
Éric Bah rappelle que "ta prestation n'est pas terminée tant que tu es sur scène".
Après la dernière phrase, il recommande de rester silencieux, d'accueillir les applaudissements avec le sourire, puis de rejoindre tranquillement les coulisses. Il avertit : "Ne parle pas après les applaudissements" pour éviter que des mots banals ne remplacent dans les mémoires le finale soigneusement composé.
3.11 - Répondre aux questions
Dans cette dernière partie de chapitre, l'auteur présente la session de questions-réponses comme "un exercice oratoire à part entière" qui offre une nouvelle opportunité de marteler son message de façon plus personnalisée.
Pour s'y préparer, Éric Bah nous encourage à anticiper toutes les questions possibles, y compris les objections et critiques, et suggère même de confier à un complice deux questions que vous aimeriez qu'on vous pose.
L'auteur conseille de garder toujours une attitude détendue et bienveillante, même face aux questions difficiles. Il distingue deux types de questions épineuses :
Les "questions blanches" => auxquelles on ne sait pas ou ne peut pas répondre.
Les "questions rouges" => où l'auditeur cherche à nuire.
Pour chaque situation délicate, l'auteur propose des stratégies précises : reformuler, faire valider sa compréhension, désigner un expert dans la salle, ou utiliser différentes techniques d'esquive lorsque nécessaire.
Éric Bah conclut en rappelant d'inclure toute la salle dans ses réponses : "Lorsque quelqu'un te pose une question, n'en fais pas une conversation à deux".
Chapitre IV - L'arsenal
Dans le quatrième chapitre de "La mise en scène du discours", Éric Bah présente les outils supplémentaires qui permettent à l'orateur de passer à un niveau supérieur.
L'auteur y détaille six compétences essentielles qui, une fois maîtrisées, démarqueront l'orateur des autres et graveront son message dans les mémoires.
4.1 - Savoir conter
L'art de raconter des histoires, ou storytelling, constitue selon Éric Bah une compétence millénaire mais toujours d'actualité. Ce n'est pas un hasard si les récits ont traversé les siècles, des tablettes babyloniennes aux séries Netflix, en passant par les grottes de Lascaux.
L'auteur explique que l'histoire est surtout puissante car elle touche par l'émotion plutôt que par l'argumentation rationnelle. Les discours les plus marquants contiennent généralement peu d'informations factuelles, mais beaucoup d'émotions. "La médecine, le commerce, le droit, l'industrie sont de nobles poursuites et sont nécessaires pour assurer la vie. Mais la poésie, la beauté, l'amour, l'aventure, c'est en fait pour cela qu'on vit", cite l'auteur en reprenant une réplique du film "Le Cercle des poètes disparus".
Selon Éric Bah, une histoire efficace dans un discours remplit cinq fonctions :
Soutenir le message,
Illustrer un argument,
Susciter l'intérêt,
Maintenir l'attention,
Favoriser le passage à l'action.
L'auteur détaille ensuite sept formats de récit utilisables :
L'anecdote => histoire courte et épurée, souvent peu connue, qui établit une proximité avec l'auditoire.
Le vécu => récit personnel où l'orateur est impliqué, créant une identification forte.
Le conte => récit fictionnel avec part de merveilleux, qui nous replonge en enfance.
La légende => récit avec un fond de vérité historique embelli, invitant au dépassement.
La fable => court récit humoristique avec morale, où dialoguent hommes, animaux et objets.
La parabole => récit symbolique tiré du quotidien, cachant un enseignement moral.
L'allégorie => figure de rhétorique à double sens permettant de faire passer une vérité.
Pour créer une bonne histoire, Éric Bah indique qu'elle doit comporter quatre éléments clés :
L'identification => le public se reconnaît dans le personnage,
Le basculement => passage de l'ordinaire à l'extraordinaire,
Les obstacles => défis rencontrés,
L'enseignement => lien avec le message.
L'auteur termine cette partie en insistant sur l'importance de vivre pleinement son histoire quand on la raconte, de parler au présent et de stimuler au moins trois sens pour la rendre mémorable.
4.2 - L'humour
Éric Bah présente l'humour comme "une arme de séduction massive" qui dispose favorablement l'auditoire. Il précise que l'humour ne doit jamais détourner du message principal : ce n'est pas un spectacle de stand-up, mais bien un outil au service de la persuasion.
L'humour apporte de nombreux bienfaits, tant pour la santé que pour les relations. L'auteur relate l'histoire de Norman Cousins qui aurait soulagé sa maladie grâce au rire, et mentionne des études montrant que le rire libère des hormones bénéfiques pour la santé.
Pour les relations avec l'auditoire, l'humour :
Maintient l'attention,
Procure de la détente,
Accroît la confiance sociale,
Fait naître un sentiment d'appartenance,
Favorise l'apprentissage et la mémorisation.
Éric Bah présente un inventaire détaillé des genres d'humour utilisables par les orateurs, de l'autodérision à l'humour littéraire, en passant par l'humour populaire, l'humour communautaire ou encore l'humour anglais.
L'auteur décrit également 14 techniques humoristiques pratiques comme : la vanne à trois temps, le boomerang, l'intrus, la fausse piste, la contradiction ou encore le détail qui tue. Un outil précieux pour tout orateur désireux d'intégrer l'humour à ses discours.
4.3 - Vendre
Dans cette partie, Éric Bah explique que vendre pendant un discours ne signifie pas forcément encaisser de l'argent, mais plutôt transformer un participant en client au sens large (abonné, suiveur, lecteur, etc.).
L'auteur préconise de suivre la structure AIDA :
Attirer l'Attention,
Éveiller l'Intérêt,
Susciter le Désir,
Pousser à l'Action.
Il conseille également de se limiter à vendre une seule chose et non de se transformer en "supermarché" de services, car trop de choix freine la décision.
Éric Bah souligne le rôle fondamental des émotions dans la vente, s'appuyant sur les travaux du neurologue Antonio Damasio qui montre que l'émotion est indispensable au processus de décision. "On achète en raison des émotions positives associées aux bénéfices perçus", note l'auteur.
Pour être efficace dans la vente, il recommande de présenter les bénéfices et non les fonctions, de vendre un changement plutôt qu'un produit, des émotions plutôt que des faits. La visualisation constitue l'outil majeur pour y parvenir, en faisant imaginer au public soit les conséquences négatives de ne pas adopter la solution (visualisation infernale), soit les bénéfices qu'elle apportera (visualisation paradisiaque).
L'auteur met finalement l’accent sur le rôle capital de la crédibilité et de la confiance, ainsi que sur la nécessité d'un appel à l'action clair qui dit quoi faire, quand le faire et comment le faire.
4.4 - Improviser
Paradoxalement, Éric Bah affirme que l'improvisation demande un énorme travail de préparation.
Il distingue trois éléments indispensables - le plan, l'ouverture et le finale - et deux éléments optionnels - les transitions et les punchlines.
Il est, par ailleurs, conseillé de connaître par cœur l'ouverture et le finale, et de mémoriser le plan sous forme linéaire ou de mindmap selon sa façon de penser, indique l’auteur. Ce dernier met enfin en garde contre le danger des citations approximatives, en illustrant son propos par un célèbre "bushisme" où George W. Bush s'emmêle dans un dicton.
Éric Bah présente trois techniques d'improvisation efficaces :
L'adaptation => se renseigner sur son public et intégrer des références à sa communauté.
Les histoires improvisées => ne retenir que le story-board et les images fortes afin de garder l'histoire vivante.
L'enquête => poser une question ouverte au public et rebondir sur les réponses, en préparant à l'avance des commentaires pour les réponses prévisibles.
4.5 - Interagir
L'interaction avec le public présente de nombreux avantages selon l'auteur. Elle maintient l'attention, rend le discours dynamique et renforce la relation entre l'orateur et la salle.
Éric Bah s'appuie sur les travaux de John Medina qui indique qu'un être humain ne peut maintenir son attention que pendant dix minutes consécutives. L'interaction permet de réinitialiser cette capacité d'attention en transformant l'auditeur en acteur.
L'auteur présente cinq formats d'interaction :
La question rhétorique => question sans réponse attendue, servant à marquer le plan, insuffler le doute, anticiper les objections ou émettre des suggestions.
La question fermée => question appelant un "oui" ou un "non", utile pour mesurer l'engagement ou obtenir l'adhésion.
La question ouverte => question permettant une variété de réponses, qui anime l'échange avec les participants.
Le vote => sondage à choix multiples, réalisable à main levée, par applaudissements, debout/assis ou électroniquement.
L'atelier => travail en petits groupes favorisant la cohésion et l'appropriation du contenu.
4.6 - Gérer les problèmes
Dans cette dernière partie, Éric Bah aborde les difficultés susceptibles de survenir pendant un discours et propose des solutions pratiques pour chacune.
Pour faire face à une réduction du temps de parole, l'auteur conseille de préparer à l'avance deux versions raccourcies du discours (à 75 % et 50 %) et du diaporama.
En cas de trou de mémoire, il suggère de commencer une phrase improvisée par le dernier mot prononcé, de proposer un exercice au public, ou en dernier recours, d'avouer honnêtement sa défaillance. "Personne ne t'en voudra d'avoir un trou de mémoire. Les gens sont de nature bienveillante", rassure l'auteur.
Éric Bah partage également des conseils pour gérer :
Les problèmes de micro,
L'oubli ou le dysfonctionnement du diaporama,
Les coquilles à l'écran,
Une salle presque vide,
Un public désintéressé,
L'absence de réaction,
L'absence de rires,
L'usage intensif des smartphones.
Face à tous ces défis, l'auteur préconise le calme, l'autodérision et l'adaptation. Il raconte notamment comment, lors d'un trou de mémoire où il cherchait le nom de la loi de Parkinson, il a fait preuve d'humour en remerciant la personne qui lui a soufflé la réponse : "Merci. Heureusement que ce n'était pas Alzheimer : je ne m'en serais jamais souvenu !"
Cette capacité à rebondir face aux imprévus complète l'arsenal de compétences de l'orateur accompli, prêt à délivrer un discours mémorable en toutes circonstances.
Épilogue
Pour conclure son ouvrage "La mise en scène du discours", Éric Bah partage le conte du sage Nasreddine Hodja qui, par trois fois, évite astucieusement de délivrer un sermon.
Cette histoire illustre en fait l'adaptation, compétence transversale fondamentale de l'orateur accompli. Et à travers elle, l’auteur nous rappelle, en effet, que l’orateur doit s’adapter "aux circonstances, aux conditions, et surtout au public, pour assurer la survie et l’essaimage de son message dans un monde de plus en plus bruyant".
Il nous encourage à multiplier les prises de parole, même au risque d'échouer, car c'est par l'expérience que l'on progresse.
"Trompe-toi, vautre-toi même, mais toujours relève-toi, encore plus adaptable, encore plus persuasif. Plus tu échoueras, plus tu réussiras. S’adapter, c’est triompher" conclut-il.
Conclusion de "La mise en scène du discours | Porter sa parole en public de manière engageante et mémorable" d'Éric Bah
Les 4 idées phares du livre "La mise en scène du discours" qu'il faut retenir !
Idée clé n°1 : La crédibilité de l'orateur s'établit bien avant les premiers mots prononcés
Éric Bah nous rappelle que l'éthos – cette crédibilité qui confère autorité de l'orateur –se construit dès notre apparition sur scène, voire avant. Cette crédibilité repose sur cinq piliers fondamentaux : la sympathie, la légitimité, la pertinence, l'intégrité et la sincérité.
L'auteur insiste aussi particulièrement sur les préparatifs qui précèdent une prise de parole en public : la préparation physique et mentale, la gestion du trac, le choix du style, des éventuels supports visuels ou encore la tenue vestimentaire. Ces éléments ne sont pas accessoires mais constituent les fondations sur lesquelles repose l'efficacité du message.
Comme l'écrit l'auteur : "L'éthos t'impose d'abord comme autorité, avant de se solidifier peu à peu au service de ta persuasion". Cette préparation méticuleuse permet d'être pleinement présent le jour J.
Idée clé n°2 : La maîtrise du corps et de la voix crée une connexion émotionnelle puissante avec l'auditoire
Éric Bah démontre brillamment que la parole ne représente qu'une partie de la communication. Il accorde une attention particulière aux éléments non-verbaux qui font la différence entre un discours oublié et une prestation mémorable.
L'auteur détaille avec précision comment l'entrée en scène, la posture, les déplacements, le regard et la voix permettent d'établir ce qu'il nomme le "lien impalpable" avec le public. Il met notamment en lumière l'importance des silences, véritables "marqueurs de structure" qui articulent le discours et permettent de faire ressortir certains mots ou phrases.
Enfin, le concept de "flow", cet état de grâce où l'orateur devient littéralement sa prise de parole, constitue l'aboutissement de cette maîtrise technique et émotionnelle.
Idée clé n°3 : L'orateur d'exception déploie un arsenal de compétences complémentaires qui élèvent son discours
La troisième grande idée de "La mise en scène du discours" concerne les compétences additionnelles qui permettent à l'orateur de se démarquer.
Éric Bah présente un véritable "arsenal" de techniques parmi lesquelles le storytelling occupe une place privilégiée. L'auteur présente sept formats de récits différents (anecdote, vécu, conte, légende, fable, parabole, allégorie) et explique comment une bonne histoire doit comporter quatre éléments clés : l'identification, le basculement, les obstacles et l'enseignement.
À cela s'ajoutent l'humour, l'art de vendre une idée, l'improvisation maîtrisée et l'interaction avec le public. Ces compétences ne sont pas superficielles mais constituent des leviers puissants de persuasion quand elles sont mises au service d'un message clair.
Idée clé n°4 : L'adaptation est la compétence transversale qui assure la réussite face à tous les défis
L'épilogue du livre révèle peut-être sa leçon la plus précieuse : la capacité d'adaptation est la qualité suprême de l'orateur accompli.
À travers le conte de Nasreddine Hodja, Éric Bah illustre comment cette flexibilité permet de faire face à n'importe quelle situation imprévue, qu'il s'agisse de problèmes techniques, d'un trou de mémoire, d'un public difficile ou d'une réduction du temps de parole.
L'auteur nous invite à multiplier les occasions de prendre la parole en public, même au risque de l'échec, car c'est par l'expérience que s'affine cette capacité d'adaptation. Sa conclusion est sans équivoque : "S'adapter, c'est triompher".
Qu'est-ce que la lecture de "La mise en scène du discours" peut vous apporter ?
"La mise en scène du discours" est un livre qui pourrait bien transformer profondément votre rapport à la prise de parole, car il vous fait comprendre qu'un discours réussi est, en fait, une expérience totale qui engage tout votre être.
C’est également un ouvrage qui fournit une véritable boîte à outils techniques pour parler en public.
En suivant la progression naturelle proposée par Éric Bah, vous apprenez à maîtriser chaque étape, qu’il s’agisse de la préparation méthodique en amont de votre prise de parole en public, de votre entrée en scène, de la façon de créer une connexion authentique avec votre auditoire ou encore de la gestion des situations imprévues.
Enfin, ce qui distingue particulièrement cet ouvrage, c'est sa capacité à allier conseils pratiques immédiatement applicables et réflexions plus profondes sur ce qui fait l'essence d'un discours ou d'une présentation inoubliable.
Vous y découvrirez comment orchestrer les silences aussi bien que les mots, comment utiliser les émotions sans tomber dans la manipulation, comment maîtriser le trac, optimiser votre concentration, adapter votre message à un public spécifique, favoriser et gérer les interactions ou encore éviter les erreurs.
Pourquoi lire "La mise en scène du discours" d'Éric Bah ?
"La mise en scène du discours" est un livre qui est écrit aussi bien pour les débutants que pour les orateurs confirmés ; chacun y trouvera matière à progresser.
Son approche particulièrement accessible et pratique vous aidera à développer votre impact à l'oral, que ce soit pour convaincre, vendre, former ou inspirer. Il s’adresse donc aux orateurs, conférenciers, formateurs, leaders, enseignants et à toute personne souhaitant mettre en valeur sa parole, un discours, un message.
Pour moi, "La mise en scène du discours" est un incontournable ! Une référence à lire absolument si vous cherchez à améliorer votre prise de parole en public, donner vie à un discours, le rendre percutant, donner vie à un texte endormi, et faire en sorte qu’on ne vous/l’oublie jamais !
Points forts :
Une approche structurée et chronologique qui suit les étapes réelles d'une prise de parole en public.
Un équilibre réussi entre techniques concrètes et dimensions émotionnelles de l'art oratoire.
Une richesse de formats narratifs et d'outils rhétoriques ultra concret et directement applicables.
Des conseils pratiques et exhaustifs sur la mise en scène d’une prise de parole en public, allant même jusqu’à la gestion des impondérables et situations difficiles.
Points faibles :
La richesse des conseils est telle qu’elle pourrait sembler trop dense à mettre en œuvre simultanément pour un débutant.
L'absence d'exercices pratiques structurés pour accompagner la progression du lecteur (heureusement, d’autres ouvrages d’Éric Bah en regorgent !).
Ma note :
★★★★★
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