Résumé de "Les lois de la nature humaine" de Robert Greene : cet ouvrage expose 18 lois humaines pour décrypter les mécanismes profonds qui gouvernent nos comportements. Explorer ces lois nous permet de mieux anticiper les réactions des autres, déjouer les manipulations, décoder les intentions cachées, réguler nos propres émotions ou encore accroître notre pouvoir d’influence dans nos interactions sociales.
Par Robert Greene, 2019, 559 pages.
Titre original : "The Laws of Human Nature", 2018, 624 pages.
Chronique et résumé de "Les lois de la nature humaine" de Robert Greene
Introduction
Sous le vernis civilisé, des instincts anciens
Dès les premières pages de son livre "Les lois de la nature humaine", l’auteur, Robert Greene pose les fondements de sa réflexion sur la nature humaine.
Il part d'un constat : dans la vie, nous rencontrons tous inévitablement des personnes toxiques qui nous manipulent et nous font souffrir, de la même façon que nous sommes parfois déroutés par notre propre comportement irrationnel.
Pour Robert Greene, cette confusion vient de notre méconnaissance des forces profondes qui gouvernent nos actions. Ces forces constituent ce qu'il appelle la "nature humaine", pour ainsi dire l'ensemble des instincts et schémas comportementaux enracinés dans des millions d’années d’évolution en tant qu'animal social. Des forces archaïques toujours à l’œuvre qui continuent d'influencer notre comportement même dans nos sociétés modernes.
Des lois pour percer l’invisible
L'auteur propose d'explorer ces mécanismes cachés à travers différentes lois psychologiques. Il s'appuie, pour cela, sur des travaux scientifiques variés (en neurosciences, en psychologie, en biologie) mais aussi sur la sagesse philosophique de grands penseurs. Il nous livre ainsi un véritable manuel de décodage du comportement humain.
Et dans cette ère numérique où les réseaux sociaux exacerbent nos instincts les plus bruts (jalousie, agressivité, polarisation …), cette connaissance devient vitale : "Nous n'avons jamais été autant sous l'emprise de la nature humaine et de son potentiel destructeur que maintenant" alerte Robert Greene.
Retrouver notre pouvoir intérieur
Pour conclure cette introduction, "Les lois de la nature humaine" promet de nous transformer en observateurs plus lucides, capables de décrypter les personnalités, de déjouer les manipulations, d'influencer positivement notre entourage, et de nous connecter à notre "moi supérieur", la part réfléchie et consciente de notre nature.
Chapitre 1 - Maîtrisez votre moi émotionnel | La loi de l'irrationalité
1.1 - Nous ne sommes pas si rationnels
Dans ce premier chapitre, Robert Greene nous confronte à une réalité dérangeante : aussi logiques que nous aimons nous croire, nous restons profondément irrationnels. Nous sommes, affirme-t-il, gouvernés par des émotions qui façonnent subtilement nos pensées et nos décisions à notre insu.
1.2 - Périclès : l’art de penser avant d’agir
L'auteur illustre cette loi à travers l'histoire de Périclès, leader d'Athènes au Ve siècle avant J.-C.
Dans un climat politique agité par les passions et l’ego, Périclès était un modèle exceptionnel de rationalité. Tandis que d’autres leaders se laissaient happer par leur soif de pouvoir et de gloire, ce grand stratège cultivait un équilibre rare entre réflexion et action. Il prenait le temps de réfléchir face aux émotions collectives, de peser froidement ses choix, et d’agir uniquement dans l'intérêt à long terme d'Athènes.
Cette approche lui permit de transformer la ville en une puissance prospère et culturellement rayonnante. Mais après sa mort, pendant l'épidémie de peste, ses successeurs, dominés par l'impulsivité et l'arrogance, conduisirent Athènes à sa perte avec la guerre du Péloponnèse.
1.3 - Une modernité toujours dominée par l’émotion
Robert Greene montre ensuite que cette irrationalité n’a rien d’archaïque. En guise d’exemple, il revient sur la crise financière mondiale de 2008. Celle-ci, souligne-t-il, s’est déclenchée non pas à cause d’une erreur de calcul, mais sous l’effet d’une euphorie collective. Même la rationalité des investisseurs, pourtant avertis des risques, a été submergée par cette euphorie. Aveuglés par le désir de gains, ils ont ignoré les signaux d’alerte.
L'auteur explique également que cette irrationalité est inscrite dans notre évolution biologique.
Notre cerveau, rappelle-t-il, est composé de trois couches : le cerveau reptilien (instincts), le cerveau limbique (émotions) et le néocortex (pensée rationnelle).
Aussi, les émotions et la pensée rationnelle fonctionnent séparément. C’est pourquoi, indique l’auteur, la traduction précise de nos ressentis en pensées cohérentes est parfois difficile. Nos émotions ont souvent une longueur d’avance sur notre raison.
1.4 - Vers un esprit plus lucide et maître de lui-même
Pour progresser vers la rationalité, autrement dit retrouver un peu de maîtrise intérieure, Robert Greene propose une méthode en trois temps :
Repérer nos biais cognitifs : illusions de confirmation, conviction, apparence, conformisme, biais d’accusation, de supériorité).
Reconnaître les situations d'emballement émotionnel : méfions-nous de "l’escalade émotionnelle" souvent engendrée par nos blessures d’enfance, des gains ou pertes soudains, une pression écrasante, ceux qui nous affectent ou encore un effet de groupe.
Développer des stratégies pour exprimer notre "moi rationnel", à notre esprit rationnel en somme : apprendre à se recentrer, exprimer ses émotions à la racine, différer ses réactions, accepter les gens comme des faits, analyser à froid...
Robert Greene conclut en soulignant que la rationalité n'est pas innée mais s'acquiert par la pratique. Il nous invite alors à suivre l'exemple de Périclès en vénérant notre "Athéna intérieure", cette capacité de réflexion claire qui, comme une déesse guidant un héros, peut nous orienter vers des décisions plus sages et des actions plus efficaces.
Chapitre 2 - Transformez votre narcissisme en empathie | La loi du narcissisme
2.1 - Le narcissisme : une origine naturelle
Avec cette deuxième loi, Robert Greene nous révèle que si l'empathie est notre outil le plus puissant pour établir des relations avec autrui, notre narcissisme naturel en limite l'utilisation.
L'auteur explique que dès la naissance, nous réclamons tous un besoin viscéral d’attention. Un besoin à la fois physique (être vu pour nous sentir exister) et psychologique (être reconnu pour ce que nous sommes).
Face à l'impossibilité d'obtenir cette attention constante, nous développons un "moi" intérieur qui nous permet de nous sentir validés sans dépendre exclusivement des autres. Ce "moi" se construit principalement entre deux et cinq ans, et dépend en grande partie de nos parents à encourager notre indépendance.
2.2 - L’échelle du narcissisme
"Imaginons que nous puissions évaluer notre degré d’égocentrisme à l’aide d’une échelle" lance Robert Greene. Cette "échelle narcissique", où nous nous situons tous, se présenterait ainsi :
Au bas de l'échelle => les "grands narcissiques"
Faute d'avoir développé une identité stable durant l'enfance, les grands narcissiques sont totalement dépendants de l'attention extérieure pour se sentir exister. Ils considèrent les autres comme des "objets" à leur service et peuvent devenir toxiques, particulièrement lorsqu'ils accèdent au pouvoir.
"Dans l’histoire de tous les grands narcissiques, ou presque, on retrouve soit de l’abandon, soit de la dévoration. Résultat : ces individus n’ont pas de moi solide dans lequel aller se réfugier, pas de fondation pour développer leur estime d’eux-mêmes ; ils sont totalement dépendants de l’attention des autres pour se sentir vivants et valables."
Au milieu de l'échelle => les "narcissiques fonctionnels"
La majorité d'entre nous ! Les narcissiques fonctionnels possèdent un sentiment d'identité suffisamment cohérent pour ne pas être complètement dépendants de l'attention des autres. Ils sont ainsi capables de se réguler, mais encore trop absorbés par eux-mêmes pour pleinement se connecter aux autres.
En haut de l'échelle => les "narcissiques sains"
Grâce à une forte identité intérieure, les narcissiques sains peuvent diriger leur attention vers l'extérieur, développer une empathie authentique et établir des relations profondes.
2.3 – Portraits de narcissiques
Pour incarner sa théorie, Robert Greene décrit 4 portraits saisissants :
Staline, le "narcissique qui exerce un contrôle total" ;
Jeanne des Anges, la "narcissique théâtrale" ;
Le couple Tolstoï, exemple de "relation narcissique" ;
Et enfin l'explorateur Shackleton, modèle du "narcissique sain" capable de déchiffrer les humeurs de son équipage pour les sauver d'une situation désespérée.
2.4 – L’empathie pour dépasser le narcissisme
Nous avons, selon Robert Greene, une triple mission face au narcissisme, à savoir :
Identifier les grands narcissiques toxiques pour nous en protéger,
Reconnaître honnêtement notre propre narcissisme,
Développer un "narcissisme sain" pour arriver à diriger notre attention vers l'extérieur via notre travail créatif ou l'empathie envers les autres.
L’auteur nous invite alors à gravir l’échelle narcissique grâce à quatre formes d’empathie à cultiver au quotidien :
L'attitude empathique => adopter un regard curieux, ouvert, sans jugement.
L'empathie viscérale => se connecter, ressentir sincèrement les émotions de l’autre, sans les minimiser.
L'empathie analytique => comprendre ce qui motive profondément les comportements, au-delà des apparences.
La faculté d'empathie => pratiquer un effort constant d’attention à l’extérieur de soi.
2.5 - Recréer du lien dans un monde égocentré
Robert Greene conclut en observant que cette transformation est plus nécessaire que jamais à notre époque où le narcissisme s'amplifie sous l'effet des technologies. Car plus on apprend à se connecter sincèrement aux autres, plus on attire des relations riches, sincères et nourrissantes. L’empathie devient alors un cercle vertueux : "À mesure que vous dirigez votre attention vers l'extérieur, vous obtenez de plus en plus de retours positifs. Les gens veulent être autour de vous."
Chapitre 3 - Découvrez ce qui se cache derrière le masque | La loi de la persona
Dans ce troisième chapitre, Robert Greene dévoile comment les êtres humains portent constamment des masques sociaux pour se présenter sous leur meilleur jour, et pourquoi la capacité à voir au-delà de ces façades est essentielle.
3.1 - Le regard extraordinaire de Milton Erikson
L’histoire de Milton Erickson, pionnier de l’hypnose moderne, illustre parfaitement ce propos : cloué au lit par la polio à 17 ans, car totalement paralysé à l’exception de ses yeux, Milton développa, très tôt, une extraordinaire capacité d'observation.
En scrutant sa famille, il découvre que le langage non verbal - gestes, postures, inflexions de voix - parle bien plus que les mots. Un "oui" (verbal) peut signifier "non" (selon le ton et l’expression faciale), un sourire peut masquer un agacement, un silence peut hurler une vérité.
Le jeune homme se rend compte que les gens expriment rarement leurs désirs directement et communiquent, en fait, constamment par un langage corporel inconscient qui révèle leurs véritables sentiments.
Cette expérience fondatrice devint la pierre angulaire de sa carrière. Redevenu mobile à force de volonté et de visualisation mentale, Milton Erickson devint psychiatre. Il révolutionna l’approche thérapeutique en se concentrant non pas sur ce que les patients disent, mais sur ce qu’ils montrent sans le vouloir.
3.2 - Pourquoi nous portons tous un masque
Robert Greene explique ensuite que nous sommes tous naturellement programmés pour porter des masques dès l'enfance pour nous adapter et être acceptés.
Ces façades sociales ne sont pas mauvaises en soi. Elles sont même nécessaires car elles nous protègent et nous aident à nous intégrer. Mais elles créent également un décalage intérieur, un conflit entre notre besoin de communiquer nos sentiments et celui de les masquer. Et ce conflit engendre des "fuites", c’est-à-dire des signaux non verbaux involontaires qui trahissent nos véritables émotions.
3.3 - Lire les micro-signaux
Pour décoder ce langage caché, Robert Greene présente trois catégories de signaux à observer :
L'attirance/la répulsion => Un individu qui vous déteste peut sourire en votre présence mais laisser échapper des micro-expressions hostiles : un regard fuyant, des lèvres pincées, un corps tendu, autant d’indices qu’un "masque sympathique" ne suffit pas à dissimuler une antipathie réelle.
La dominance/la soumission => Les personnes puissantes ont une gestuelle plus détendue, maintiennent le contact visuel, touchent davantage les autres et contrôlent le rythme des conversations. À l’inverse, les gestes furtifs et la posture refermée signalent la retenue ou l’insécurité.
L'imposture/la tromperie => Les menteurs compensent souvent par une animation excessive ou, à l'inverse, un sérieux affecté. Ils ne peuvent contrôler tous leurs signaux simultanément, donc ils en font trop ou pas assez : regard fuyant ou fixé artificiellement, débit irrégulier, incohérence entre les mots et les gestes, autant de red flags à ne pas ignorer.
3.4 - L’art de maîtriser son propre masque
Robert Greene conclut en renversant la perspective : puisque tout le monde porte un masque, autant apprendre à maîtriser le sien. Il compare la vie sociale à une scène de théâtre. Plutôt que de fuir ce jeu, autant en devenir un acteur conscient. Cela ne veut pas dire manipuler, mais savoir doser ce que l’on montre pour se protéger, se faire comprendre, ou gagner en influence.
Après tout, "le mot personnalité dérive du latin persona qui signifie "masque"" nous rappelle l'auteur. Comprendre ce que cela implique nous permet d’évoluer plus habilement dans le grand théâtre des interactions humaines sans nous perdre, tout en gardant le contrôle de son rôle.
Chapitre 4 - Déterminez la force du caractère des individus | La loi du comportement compulsif
4.1 - Ce qui fait vraiment la valeur d’un individu
La 4ème loi du livre "Les lois de la nature humaine" nous invite à abandonner notre fascination pour les réputations et à regarder au-delà des apparences pour explorer ce qui forge véritablement un individu : son caractère. Car ce qui révèle réellement la valeur d’une personne, ce n’est ni son intelligence ni ses compétences, mais son caractère. C’est ce qui, plus que tout, détermine si une personne tiendra bon dans l’adversité, assumera ses responsabilités ou saura travailler en équipe.
4.2 - L’exemple d’Howard Hughes : un schéma qui se répète
Pour illustrer ce point, Robert Greene nous raconte l’histoire d’Howard Hughes, milliardaire américain qui passa d'enfant docile à rebelle pathologique lorsqu'il hérita de l'empire familial à 19 ans.
Charismatique, brillant, visionnaire, il semble promis à un avenir glorieux. Mais derrière ce vernis et apparente réussite, se cache une obsession maladive du contrôle. Incapable de déléguer, le jeune homme sabote systématiquement ses propres entreprises, écarte toute personne compétente.
À Hollywood comme dans l'industrie aéronautique, son incapacité à travailler avec les autres, à respecter les délais et à terminer les projets suit un schéma répétitif qui révèle la véritable nature de son caractère.
À travers Hughes, Robert Greene nous montre en fait que le caractère suit des schémas, souvent invisibles au début, mais qui finissent par se répéter inlassablement. Ces schémas vont déterminer notre succès ou nos échecs, car ils sont plus puissants que les circonstances.
4.3 - Ce qui façonne le caractère
Le caractère, selon lui, se forme à partir de trois éléments :
Nos prédispositions génétiques (tendances naturelles à l’anxiété, l’introversion…),
L’attachement précoce (la qualité des relations avec nos figures parentales dans l’enfance),
Nos habitudes consolidées au fil du temps, par nos choix répétés.
Une personne au caractère instable ou rigide finira tôt ou tard par faire apparaître ses travers, surtout sous pression. Robert Greene nous incite donc à être attentifs à des signes révélateurs. Pour cela, on peut notamment :
Observer les actions de la personne dans le temps plutôt que ses paroles,
Étudier la façon dont elle gère les détails, les petites tâches quotidiennes,
Voir comment elle réagit sous pression ou lorsqu'elle accède au pouvoir.
4.4 - Détecter le vrai visage d’une personne
L’auteur liste également plusieurs profils toxiques à fuir absolument selon lui :
L'hyper-perfectionniste, qui étouffe tout projet,
Le rebelle absolu, incapable de suivre un cadre,
L'écorché vif, hypersensible, qui explose à la moindre critique,
L'accapareur,
Le beau parleur, manipulateur charmeur,
Et toutes autres personnalités dysfonctionnelles dont les schémas compulsifs peuvent empoisonner notre existence.
Le message central de Robert Greene est clair : "Les gens ne font jamais quelque chose une seule fois." Un comportement répété est donc un indice. Celui qui a échoué à tenir ses promesses recommencera, celui qui a manipulé recommencera. Notre meilleure défense consiste à évaluer le caractère des personnes sur la durée avant de nous engager avec elles.
4.5 - Changer, c’est possible
L'auteur conclut sur une note optimiste : oui, notre caractère est profondément ancré, mais il peut évoluer. Nous pouvons, par l'introspection et la pratique, transformer nos faiblesses en forces. En acceptant notre nature tout en travaillant consciemment à développer de meilleures habitudes, nous pouvons forger un "caractère supérieur" et briser les schémas compulsifs qui entravent notre réussite.
Chapitre 5 - Soyez un objet de désir insaisissable | La loi de la convoitise
5.1 - Ce qui nous échappe nous attire
La loi de la convoitise nous révèle un principe clé : on désire ce qui nous échappe, ce qui nous résiste, ce qui reste légèrement hors de portée. Elle nous montre ainsi que nous pouvons devenir nous-mêmes des objets de désir.
5.2 - Coco Chanel ou l’élégance insaisissable
L’ascension fulgurante de la styliste Coco Chanel, orpheline devenue icône mondiale de la mode, en est l’exemple parfait.
En effet, plutôt que de courir après la reconnaissance ou le luxe, Coco a inversé la dynamique du désir : elle s’est transformée en objet de convoitise et s’est ainsi elle-même rendue désirable.
Comment ? En brouillant les codes. En créant des vêtements androgynes légèrement transgressifs, en entourant sa personne et ses créations d'une aura de mystère, et en rendant ses produits omniprésents mais difficiles à obtenir, elle a stimulé un engouement irrépressible et savamment entretenu chez son public
5.3 - Le syndrome de l’herbe plus verte ailleurs
Robert Greene décrypte ici le syndrome de l'herbe plus verte ailleurs, en d’autres termes : notre insatisfaction chronique et notre fascination pour ce que nous ne possédons pas.
Ce mécanisme ancestral s’explique par trois phénomènes psychologiques :
L’induction : toute chose évoque son contraire (présence/absence, rareté/valeur),
Une insatisfaction chronique : notre cerveau est câblé pour rester en alerte, donc rarement comblé,
L’imagination : puissante, elle embellit ce que l’on ne possède pas, bien au-delà de la réalité.
5.4 - Trois leviers pour devenir irrésistible
Alors, comment devenir un objet de convoitise ?
L’auteur des "Lois de la nature humaine" propose trois leviers clés pour devenir désirable :
L’art du retrait : créer des absences volontaires, laisser planer le mystère. Ce qui se fait attendre se désire davantage.
La rivalité éveillée : nous avons tendance à vouloir ce que les autres convoitent. Exploitons donc le fait que rien ne stimule plus l’intérêt que de voir les autres convoiter ce que l’on offre.
La touche transgressive : associer ce que nous offrons à quelque chose de légèrement transgressif, injecter une légère provocation, un frisson d’interdit, pour stimuler la curiosité et l’attirance.
5.5 - Le vrai désir est ici
Pour conclure sur la loi de la convoitise, Robert Greene nous invite à renverser la dynamique dans notre propre vie : au lieu de courir après des désirs toujours nouveaux, approfondissons notre contact avec la réalité immédiate, l’instant présent. Car le vrai désir, celui qui nourrit au lieu de frustrer, naît quand on cesse de chercher ailleurs et qu’on entre pleinement en contact avec le réel.
Chapitre 6 - Prenez de la hauteur | La loi du manque de vision
6.1 - L’urgence nous aveugle
Dans le chapitre 6 des "Lois de la nature humaine", Robert Greene nous met en garde contre notre nature animale qui nous pousse à réagir excessivement et de manière impulsive aux événements immédiats, sans prendre le temps d’en mesurer les effets à long terme. Pris dans l’urgence ou l’émotion du moment, nous perdons de vue la vue d’ensemble, et avec elle, notre capacité à faire des choix éclairés.
6.2 - La bulle de la mer du Sud : une leçon historique
Pour mieux comprendre cette loi, Robert Greene revient sur un épisode spectaculaire de l’histoire financière : la "bulle de la mer du Sud", en 1720.
Son instigateur, John Blunt, directeur de la South Sea Company, propose cette année-là un plan audacieux : convertir la dette nationale britannique en actions de sa société.
Inspiré par le succès de la Compagnie du Mississippi en France, il vend son projet au roi George Ier qui est immédiatement séduit par ce plan. Tout le pays plonge alors dans une frénésie spéculative : aristocrates, commerçants, paysans, intellectuels. Toutes les classes sociales. Même Isaac Newton s’y laisse prendre, avant d’y perdre une bonne part de sa fortune.
Mais Blunt avait négligé l’essentiel : penser au-delà du présent. Il n’avait ni anticipé la fragilité de son montage financier ni prévu l’effondrement inévitable. Ce fiasco, l’un des plus retentissants de l’histoire, incarne parfaitement le danger de l’aveuglement à court terme.
6.3 - Développer une perspective clairevoyante
Robert Greene explique que notre cerveau, forgé par des millions d’années d’évolution, a naturellement tendance à vivre dans l'instant présent. Il est programmé pour réagir aux stimuli immédiats plutôt que pour analyser le contexte global.
Or, dans le monde complexe d’aujourd’hui, cette réactivité peut nous coûter cher. Pour y remédier, l’auteur propose de développer une "perspective clairvoyante" :
Prendre du recul face aux problèmes avant d’agir,
Chercher leurs causes profondes,
Considérer le contexte plus large,
Anticiper les conséquences futures de nos actions.
6.4 - Les symptômes du manque de vision
Puis, Robert Greene identifie quatre signes révélateurs d’un manque de vision :
Les conséquences inattendues => agir sans avoir prévu les répercussions.
L'enfer tactique => s'enliser dans des luttes quotidiennes, s’agiter dans l’urgence du moment en oubliant ses objectifs stratégiques globaux.
La fièvre du téléscripteur => courir après les infos en continu, s’en rendre addictif au point de perdre notre capacité d'attention.
Se perdre dans les broutilles => être submergé par les détails et accorder trop d’importance à ce qui est insignifiant, faute de hiérarchiser ses priorités.
6.5 - Devenir un stratège du temps
À l’opposé, Robert Greene nous propose de viser l'idéal de "l'être humain clairvoyant" : une personne qui sait garder une vision panoramique avec le temps, voyant celui-ci comme un allié plutôt qu'un ennemi. Elle pose des objectifs à long terme clairs, ressent une connexion profonde avec son passé et sait tirer des leçons de l'histoire, tout en restant présente et sereine face aux défis actuels.
L'auteur écrit :
"En lien avec le futur, vous réfléchissez intensément à vos objectifs à long terme. Ce ne sont pas de vagues rêves, mais des buts concrets et vous avez tracé un chemin pour les atteindre. En lien avec le passé, vous éprouvez un profond sentiment de connexion avec votre enfance. (…). Vous sentir organiquement connecté à l’individu que vous étiez autrefois vous donne un fort sentiment d’identité. Vous savez ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas, vous savez qui vous êtes. (…) Vous ferez davantage attention aux erreurs et aux leçons tirées du passé, que ceux qui sont enfermés dans le présent ont tendance à réprimer."
Il termine :
"Comme tout le monde, vous aimez le présent et ses plaisirs fugaces. (…) Mais vous tirez davantage de plaisir du fait d’atteindre vos objectifs à long terme et de surmonter l’adversité. Cette relation étendue avec le temps exercera son effet sur vous. Vous serez plus calme, plus réaliste, davantage en harmonie avec les choses importantes."
Chapitre 7 - Brisez les résistances d'autrui en le confortant dans ses opinions | La loi de la défensive
7.1 - Pourquoi nous résistons à l’influence
Avec cette septième loi, Robert Greene nous dévoile pourquoi nous résistons naturellement quand quelqu'un tente de nous persuader, et comment surmonter cette barrière défensive chez les autres.
7.2 - L’influence silencieuse de Lyndon Johnson
Robert Greene illustre cette loi à travers l'ascension fulgurante de Lyndon Johnson au Sénat américain.
En 1948, Johnson débarque à Washington jeune, ambitieux, presque trop pressé de s’imposer. Mais il comprend vite que l’affrontement direct est contre-productif. Alors, il change d’approche. Plutôt que d'imposer ses idées, il devient un auditeur attentif : il observe, rend visite aux sénateurs influents, pose des questions, écoute avec attention et absorbe leur sagesse. En cultivant particulièrement son lien avec le respecté sénateur Richard Russell, puis en conquérant les libéraux comme Hubert Humphrey, Johnson parvient finalement à devenir dirigeant du Sénat. Et cela en seulement quatre ans ; non pas en imposant sa volonté, mais en donnant aux autres l’impression que ses idées venaient d’eux.
7.3 - L’opinion de soi, un territoire à ne pas menacer
L'auteur stipule ensuite que cette résistance est universelle : elle est ancrée dans notre besoin fondamental de nous sentir autonomes et valorisés. Quand quelqu'un tente de nous influencer, nous percevons cela comme une menace à notre indépendance.
Ce phénomène, poursuit l’auteur, repose sur trois composantes de l’"opinion de soi" que chacun défend férocement :
"Je suis autonome et j'agis de mon plein gré" => je prends mes décisions moi-même.
"Je suis intelligent à ma façon" => je ne suis pas facilement dupé.
"Je suis fondamentalement bon et honnête"=> je fais de mon mieux.
Tenter de forcer quelqu’un à changer d’avis, c’est risquer d’attaquer ces croyances identitaires. Et la réaction est presque toujours la même : repli, rejet ou résistance passive.
7.4 - Cinq stratégies pour désamorcer la défense et influencer sans heurter
Pour contourner ces barrières défensives, Robert Greene propose cinq tactiques d’influence efficaces :
Se transformer en auditeur attentif => accorder une attention sincère aux autres, les faire parler d'eux-mêmes.
Communiquer l'humeur appropriée, avec le bon ton émotionnel => créer une atmosphère d'indulgence et de chaleur, cela nous ouvrira bien plus de portes qu’un ton insistant ou rationnel à l’excès.
Confirmer leur opinion de soi => leur montrer que nous respectons leur intelligence, leur autonomie et leur bonté.
Dissiper leurs incertitudes => identifier leurs insécurités et les flatter stratégiquement.
Utiliser leur résistance => pratiquer un "judo mental" avec les individus particulièrement têtus : tourner leur énergie défensive en levier. Leur laisser croire, par exemple, qu’ils prennent l’initiative, même si c’est nous qui guidons.
7.5 - Influence, souplesse et responsabilité
L'auteur conclut cette loi en nous invitant à développer notre propre flexibilité mentale. En effet, pour bien influencer, il faut aussi apprendre à se libérer de ses propres certitudes. Comme Socrate, qui admettait humblement ne rien savoir, nous devons examiner nos ides rigides et développer une souplesse mentale qui nous permet d’écouter, de douter, d’évoluer.
Enfin, Robert Greene nous rappelle que l'influence n'est pas manipulation immorale mais qu’elle fait inévitablement partie de la vie sociale : "Nous ne pouvons nous empêcher d'influencer les autres." Dès lors, maîtriser cet art humain, subtil et nécessaire nous permet non seulement d'obtenir ce que nous désirons, mais aussi de contribuer au bien-être social en influençant positivement notre entourage.
Chapitre 8 - Changez la situation en changeant votre façon de penser | La loi de l'auto-sabotage
8.1 - La réalité est une construction
Dans ce huitième chapitre, Robert Greene met en évidence comment notre perception du monde, et non les circonstances elles-mêmes, détermine notre destinée. Ainsi, selon lui, notre état d'esprit façonne littéralement notre réalité.
8.2 - L’exemple d’Anton Tchekhov : changer de regard et pardonner pour se libérer
En guise d’exemple, l’auteur revient sur l'histoire d'Anton Tchekhov, écrivain et médecin russe.
Abandonné à seize ans dans la ville désolée de Taganrog, humilié par un père brutal, le jeune Anton aurait pu sombrer dans un profond désespoir. Au lieu de cela, il choisit une autre voie : changer sa vision des choses. Il cessa de considérer son père comme un bourreau, et commença à le voir comme un homme brisé par l’héritage douloureux du servage et de la misère. Ce regard nouveau lui permit alors de transcender ses traumatismes, de pardonner, de se libérer et d’éprouver une empathie dont il ne se serait jamais cru capable.
Et cette nouvelle attitude transforma non seulement sa propre existence, mais aussi celle de sa famille qu'il finit par réconcilier et réunir à Moscou. Plus tard, atteint de tuberculose, Tchekhov refusa de se laisser définir par sa maladie. Il continua à aimer, à écrire, à vivre pleinement jusqu'à son dernier souffle. Chez Anton Tchekhov, la liberté intérieure triompha finalement des contraintes extérieures.
8.3 - Chacun voit le monde à sa façon
Robert Greene explique que nous avons tous une lentille personnelle qui teinte nos perceptions et filtre le monde : "Ce que nous percevons est notre version de la réalité, celle que nous avons créée nous-mêmes", écrit-il.
Deux personnes peuvent vivre la même expérience, poursuit l’auteur, comme visiter Paris et en avoir des impressions diamétralement opposées. Non pas parce que les faits changent, mais parce que leur regard, leur état d’esprit est différent.
8.4 - Deux types d’esprits : renfermés vs expansifs
L'auteur distingue ensuite deux grandes catégories d'états d'esprit :
Les caractères renfermés (négatifs) : hostiles, anxieux, fuyants, dépressifs, aigris, ils projettent leur peur sur le monde. Ils s’auto-sabotent en limitant leurs expériences par crainte de l'incertitude. Leur négativité agit comme une prophétie auto-réalisatrice : croyant que les autres les rejettent ou les exploitent, ils adoptent des comportements défensifs qui provoquent justement chez les autres les réactions négatives qu'ils redoutent, confirmant ainsi leur vision pessimiste.
À l'inverse, les caractères expansifs (positifs) abordent le monde et la vie en explorateurs curieux, confiants, ouverts. Ils voient l'adversité comme une opportunité d'apprentissage, s’autorisent à rêver, à imaginer leurs possibilités sans limites arbitraires, et considèrent les autres avec bienveillance plutôt qu'avec suspicion.
8.5 - La liberté ultime : choisir sa réponse
En conclusion de cette loi d’auto-sabotage, Robert Greene écrit :
"Considérez ce façonnement de votre caractère comme la création la plus importante de votre vie."
Ce que vous croyez être une réalité figée peut, en réalité, être redessinée à tout moment : par un simple changement de regard.
Nous ne maîtrisons pas toujours ce qui nous arrive. Mais nous avons le pouvoir de choisir comment y réagir. Et ce pouvoir-là, constitue notre liberté ultime : celle de transcender les circonstances et de réécrire les règles du jeu de notre existence.
Chapitre 9 - Affrontez votre côté obscur | La loi du refoulement
9.1 - L’Ombre en chacun de nous
Avec la loi du refoulement, Robert Greene nous invite à explorer notre "côté obscur" : cette part de nous-mêmes que nous avons tous et que nous refoulons et masquons aux autres (des instincts, des pulsions, des émotions…).
Il s'appuie sur le concept "d'Ombre" développé par le psychologue Carl Jung pour désigner cette facette cachée de notre personnalité.
9.2 - L’histoire de Nixon : le masque qui craque
Robert Greene illustre cette loi à travers l'histoire de Richard Nixon et sa chute spectaculaire.
D'un côté, "RN" : le président charismatique, l'homme politique fort et droit, déterminé et idéaliste qu'il voulait à tout prix projeter. Mais en coulisses, l'enfant vulnérable, rancunier et insécure qu'il refoulait profondément. Le scandale du Watergate, alimenté par ses propres enregistrements secrets, n’a pas seulement révélé un abus de pouvoir : il a dévoilé son vrai visage, celui qu’il tentait désespérément de cacher, et qui, à force d’être réprimé, l’a trahi.
9.3 - Les signes de l’Ombre qui déborde
Pour Robert Greene, nous portons tous un masque social qui refoule nos pulsions primitives, destiné à lisser nos zones sombres. Mais à force de les enfouir, ces pulsions refont surface. Cette Ombre se manifeste par des comportements révélateurs comme :
Des contradictions flagrantes entre notre façade (ce que l’on dit) et nos actes (ce que l’on fait).
Des éclats émotionnels soudains, excessifs ou incontrôlés qui trahissent nos véritables sentiments.
Des dénis véhéments qui signalent souvent l'inverse de ce que nous affirmons.
Le comportement "accidentel" : quand une personne justifie ses actes compulsifs par des excuses externes comme une maladie ou l’alcool, alors qu’il s’agit en réalité d’un relâchement de ses pulsions inconscientes.
La suridéalisation d’une cause ou d’une personne : pour manipuler, intimider, transgresser sous couvert de vertu, sans culpabilité.
La projection de nos désirs inavoués sur les autres, que nous critiquons alors férocement. Ces critiques violentes de comportements qui, en réalité, nous parlent intimement.
L’auteur dresse plusieurs profils révélateurs, ceux dont les traits dominants masquent souvent l'opposé :
Le dur à cuire cachant une grande vulnérabilité,
Le moralisateur dissimulant sa soif de contrôle,
Le charmeur passif-agressif,
Le fanatique souvent rongé par le doute,
Le snob élitiste secrètement terrorisé par sa banalité.
9.4 - Apprivoiser l’Ombre : les 4 étapes
Plutôt que de fuir cette Ombre, Robert Greene nous invite à l’apprivoiser, en quatre étapes :
Regarder son Ombre en reconnaissant ses manifestations (les tensions intérieures, les moments où le masque se fissure).
Adopter son Ombre en l'acceptant comme partie intégrante de soi, reconnaître que cette part sombre fait aussi partie de nous et qu’elle n’est pas mauvaise en soi.
Explorer son Ombre, en la canalisant et en transformant cette énergie brute en force créative, en intensité, en sincérité.
Montrer son côté obscur en cessant de se conformer excessivement, en laissant filtrer un peu plus d’authenticité dans nos rapports aux autres.
9.5 - Lincoln : l’Ombre assumée, l’humain révélé
Robert Greene conclut en évoquant Abraham Lincoln comme exemple d'authenticité.
Plutôt que de nier ses contradictions de sa personnalité - son agressivité, sa mélancolie, sa susceptibilité - Lincoln les a pleinement assumées.
Il a canalisé son agressivité naturelle et l’a mis au service du débat politique en la transformant en combativité. De même avec sa sensibilité excessive : en la mettant au service du peuple, elle est devenue empathie.
C’est cette lucidité intérieure, plus que ses discours, qui a fait d’Abraham Lincoln un leader respecté et profondément humain.
Chapitre 10 - Méfiez-vous de l'égo fragile | La loi de l'envie
10.1 - Le poison silencieux de la comparaison
Parmi toutes les émotions humaines, l’envie est sans doute la plus taboue et pourtant, l’une des plus destructrices.
L’envie, explique ici Robert Greene, naît de notre tendance profondément ancrée à nous comparer aux autres (à leurs possessions, leurs talents, leur statut) en focalisant toujours sur ce qui nous manque.
10.2 - Mary Shelley et Jane Williams : quand la fascination tourne à la destruction
Pour mieux comprendre, Robert Greene revient sur la relation trouble et douloureuse entre Mary Shelley, l'auteure de "Frankenstein", et Jane Williams.
Devenues amies après le décès tragique de leurs maris respectifs, Jane développe une jalousie toxique envers Mary, son talent littéraire et sa notoriété.
Cette envie se transforme insidieusement en hostilité cachée, puis en attaques ouvertes, jusqu’à propager des rumeurs cruelles selon lesquelles Mary aurait rendu son mari malheureux et l’aurait poussé au suicide.
Ce glissement révèle comment l’envie commence souvent par une admiration sincère, qui se pervertit au contact prolongé avec la personne enviée.
10.3 - Ce que cache vraiment l’envie
Robert Greene décortique ici les mécanismes psychologiques de l’envie : nous n'admettons jamais agir par jalousie, mais plutôt par sentiment d'injustice. Ainsi, nous habillons cette émotion en indignation morale, en reproche justifié, en amitié ambiguë.
Les envieux se transforment souvent en amis proches précisément pour avoir l'occasion de blesser l'autre plus efficacement.
10.4 - Repérer l’envie et ses figures types
Selon l’auteur des "Lois de la nature humaine", cinq profils sont particulièrement enclins à l’envie destructrice :
Le niveleur par le bas : qui veut que tout le monde reste à son niveau.
Le tire-au-flanc égocentrique : qui envie l’effort des autres sans vouloir le fournir.
L’obsédé du statut : qui se mesure à chaque détail.
La sangsue : qui s’attache à vous pour profiter de votre réussite.
Le maître de l’insécurité : qui vous admire autant qu’il vous hait, dans une dynamique instable.
L’envie ne s’exprime pas toujours frontalement. Mais elle se décèle à travers des signaux subtils comme :
Des micro-expressions de dédain suivies de sourires forcés,
Des éloges empoisonnés qui semblent complimenter mais laissent un sentiment désagréable,
Un cycle d'attirance-rejet dans les relations.
10.5 - Transformer l’envie en inspiration et la jalousie en joie partagée
Pour dépasser cette émotion toxique, Robert Greene propose une voie de sortie. Plutôt que de nier l’envie, il nous invite à la transmuter en émulation productive.
Il conseille ainsi de :
Nous rapprocher de ceux que nous envions, non pour les rabaisser, mais pour voir derrière la façade idéalisée (leur humanité, leurs efforts, leurs failles).
Inverser les comparaisons en regardant vers ceux qui ont moins que nous, pour retrouver la perspective.
Pratiquer la "Mitfreude" (joie partagée) plutôt que la "Schadenfreude" (joie malsaine) pour la réussite d’autrui.
Admirer sincèrement la grandeur humaine, même quand elle nous dépasse.
Car dans un monde saturé par les réseaux sociaux, où nous sommes constamment exposés aux versions idéalisées de la vie des autres, l’envie est plus présente que jamais. Il faut donc en prendre conscience, pour ne pas en devenir l’esclave.
Chapitre 11 - Apprenez à connaître vos limites | La loi de la mégalomanie
11.1 - Quand le succès monte à la tête
Dans ce onzième chapitre, Robert Greene nous met en garde contre notre tendance naturelle à surestimer nos capacités. Tendance qui, après un succès initial, peut facilement dériver vers une dangereuse folie des grandeurs.
11.2 - L'ascension et la chute spectaculaire de Michael Eisner
La trajectoire brillante, puis catastrophique, de Michael Eisner, PDG emblématique de Disney de 1984 à 2005, illustre parfaitement cette idée.
Lorsqu’il est recruté, l’entreprise est à bout de souffle. Eisner relance alors la machine en appliquant sa "formule magique" : des films à concept fort et à coûts maîtrisés. Le succès est immédiat, éclatant.
Mais avec le temps, ce succès initial transforme sa confiance légitime en illusion de toute-puissance. Enivré par l'attention médiatique, Eisner en vient à croire qu'il a "des doigts en or". Convaincu de son génie, il commence à saboter ce qu’il a construit : il licencie son bras droit Jeffrey Katzenberg, alors au sommet de son excellence et responsable de nombreux succès. Il engage puis humilie Michael Ovitz, un ami influent, et impose le désastreux Euro Disney contre l’avis des experts.
11.3 - L’égo démesuré, une faiblesse profondément humaine
Robert Greene nous fait observer que cette dérive n’est pas propre à Eisner. Elle est humaine. Ancrée dans notre psychologie profonde.
Nous éprouvons en effet tous le besoin viscéral de nous sentir importants, spéciaux et supérieurs, une réaction au sentiment d'insignifiance qui nous accompagne depuis l'enfance. Jadis canalisée par la religion ou les grandes causes collectives, cette énergie se tourne aujourd'hui vers l'ego individuel.
11.4 - Les signes avant-coureurs de la mégalomanie
Cette partie des "Lois de la nature humaine" nous aide à repérer les signes révélateurs de mégalomanie :
Une certitude excessive quant à l'issue de nos projets, une confiance aveugle dans nos idées, même les plus hasardeuses,
Une intolérance aux critiques, des réactions disproportionnées face à elles,
Le mépris de l'autorité,
La tendance à s'attribuer tous les mérites des succès tout en blâmant les autres pour les échecs.
11.5 - Canaliser sa grandeur : la mégalomanie utile
L’auteur ne prône pas l’humilité molle ou la modestie feinte. Il propose plutôt de transformer cette énergie en "mégalomanie utile" : un élan vers la grandeur, non plus fondé sur des fantasmes mais ancré dans le réel.
Et pour cela, il conseille de concentrer son énergie sur des défis légèrement supérieurs à nos compétences actuelles et de maintenir un dialogue constant avec la réalité à travers les retours critiques.
Car le vrai pouvoir, note Robert Green, ne vient pas de l’illusion de toute-puissance, mais de la connaissance lucide de soi. "En vous connaissant bien et en acceptant vos limites," conclut-il, "vous acquerrez le sens de la mesure."
Ce réalisme, loin d’être une faiblesse, est une force rare. Il permet de canaliser notre besoin de grandeur dans des réalisations concrètes, durables, significatives, plutôt que de dangereuses illusions.
Chapitre 12 - Reconnectez-vous au masculin/féminin qui est en vous | La loi de l'inflexibilité des sexes
12.1 - Masculin et féminin : nos polarités oubliées
La 12ème loi du livre "Les lois de la nature humaine" met en lumière le fait que nous possédons tous des qualités masculines et féminines : une part génétique, l'autre héritée du parent du sexe opposé, indique l’auteur.
Pourtant, pour répondre aux attentes sociales, nous réprimons ces qualités et nous enfermons souvent dans le rôle rigide et attendu de notre genre. Et le prix à payer est lourd, lance l’auteur : perte d’authenticité, pensées figées, relations difficiles avec le sexe opposé et perte d'une dimension précieuse de qui nous sommes.
12.2 - Catherine Sforza : la force de l’unité
Robert Greene en donne un exemple à travers l'histoire de Catherine Sforza, noble italienne du XVe siècle.
Élevée avec une liberté exceptionnelle, Catherine développe un éventail de qualités atypiques pour une femme de son époque : sens politique, intelligence stratégique, goût de l’art… et maîtrise du combat. Capable de négocier en diplomate raffinée comme de diriger ses troupes l'épée à la main, elle fascinait aussi bien les hommes que les femmes par son authenticité et sa liberté d'être. Elle incarnait une personnalité complète et magnétique. Sa force, déclare l’auteur, venait de ce mélange assumé entre ses dimensions "masculines" et "féminines".
12.3 - L’anima et l’animus : ce que nous projetons
Pour expliquer ce potentiel inconscient, Robert Greene fait référence à Carl Jung et à ses archétypes :
L’anima : représente la facette féminine que les hommes refoulent souvent,
L’animus : incarne la part masculine que les femmes ont tendance à négliger.
Ces facettes se manifestent souvent dans nos projections amoureuses : nous tombons sous le charme de personnes qui possèdent les qualités que nous avons en réalité refoulées.
Robert Greene décrit six types courants de projections, comme "le romantique démoniaque" (où la femme idéalise un homme séduisant mais inaccessible) ou "l'insaisissable femme parfaite" (où l'homme poursuit un idéal féminin fantasmé).
Ces figures fantasmées ne parlent pas tant de l’autre que de nous-mêmes :de nos manques, de nos besoins refoulés, de ce que nous devons réintégrer.
12.4 - Explorer l’autre en soi
Pour retrouver notre nature originelle et développer un caractère plus équilibré, Robert Greene nous invite à explorer les modes de pensée et d'action du sexe opposé. Le mode masculin tend à analyser, catégoriser et agir directement, tandis que le mode féminin perçoit les connexions, privilégie l'intuition et préfère parfois l'inaction stratégique.
Aucun n'est supérieur, mais leur combinaison nous rend plus créatifs et puissants.
12.5 - Retrouver l’unité intérieure
L'auteur conclut sur la loi de l'inflexibilité des sexes en faisant remarquer que la tension actuelle entre les sexes reflète notre conflit intérieur.
C’est en comblant, assure-t-il, cette distance de l'intérieur, autrement dit, en reconnaissant et en intégrant nos polarités, que nous pourrons apaiser nos relations avec le sexe opposé. Comme les chamans des sociétés traditionnelles qui puisaient leur sagesse dans leur "époux intérieur" ou "épouse intérieure", nous pouvons libérer notre pouvoir créateur en sortant du rôle figé de genre pour développer notre identité authentique et complète.
Chapitre 13 - Avancez en donnant du sens à votre vie | La loi du désœuvrement
13.1 - L’humain sans direction se perd
Chez l’animal, les instincts dictent le comportement. Chez l’humain, ce sont nos décisions conscientes.
Aussi, sans direction claire, nous risquons de nous laisser porter par le vent, d'errer sans but et d'atterrir dans des impasses. C’est cette errance que Robert Greene explore dans ce chapitre : il montre que le meilleur antidote au désœuvrement est de donner du sens à notre vie en découvrant sa vocation.
13.2 - L’appel intérieur de Martin Luther King
L'auteur présente la loi du désœuvrement à travers le parcours inspirant de Martin Luther King Jr.
Issu d’une famille aisée, King grandit dans un cadre stable mais sous le poids des attentes de son père, pasteur charismatique. Après un parcours universitaire brillant, il accepte finalement un poste de pasteur à Montgomery, en Alabama. Là, le destin s’invite brutalement : le boycott des bus éclate, et King est propulsé, presque malgré lui, à la tête d’un mouvement qui bouleversera l’histoire.
En proie au doute et menacé de mort, il vit une nuit de bascule : une voix intérieure, qu’il interprète comme celle de Dieu, lui murmure de continuer à se battre pour la justice. "Martin Luther, bats-toi pour la justice, pour la vérité. Et je serai à tes côtés, jusqu’à la fin du monde s’il le faut."
Ce moment marque un tournant pour le pasteur qui reçoit ainsi une confirmation de sa mission. Sa vocation devient limpide, son énergie pour affronter les obstacles est renouvelée. Sa peur recule. Sa parole s’affine. Son impact s’élargit.
13.3 - Un monde sans repères nous déroute
Robert Greene en tire une leçon universelle : notre mal-être contemporain naît souvent d’un manque de direction authentique. Ce vide se manifeste par l'ennui chronique, la fragilité de l'égo, l'anxiété permanente et la dépression.
Dans notre époque de changements et de chaos, les anciens systèmes de croyances (religion, traditions ou grands récits collectifs) qui donnaient un cap à nos comportements ont disparu.
13.4 - Cinq clés pour trouver sa vocation
"Quand on donne du sens à sa vie, on se sent plus fort. On a le sentiment d’avancer, de développer tout ou une partie de notre potentiel" écrit l’auteur.
Aussi, pour trouver le sens de notre vie, l'auteur propose cinq stratégies :
Découvrir sa vocation en retrouvant nos penchants primaires d'enfance, en reconnectant avec ce qui nous animait enfant, avant que la vie ne nous formate.
Exploiter la résistance et transformer nos expériences négatives en forces : utiliser nos blessures, rejets ou échecs comme matières premières d’un projet plus grand.
S’entourer de personnes inspirantes dont la raison d’être est forte : "absorber l’énergie utile" de ceux qui vivent avec passion et clarté pour éveiller notre propre mission.
Créer une échelle d’objectifs décroissants : créer une hiérarchie de buts, du plus grand au plus accessible, pour ne pas se laisser submerger.
S'immerger totalement dans le travail : en s’engageant pleinement, on entre dans des états de concentration intense, ces "expériences paroxystiques" où le temps se suspend et le sens s’intensifie.
13.5 - Attention aux fausses vocations
Robert Greene nous met aussi en garde contre les fausses raisons d'être qui nous détournent de notre chemin :
La quête du plaisir immédiat,
L'adhésion aveugle à des causes,
La poursuite obsessionnelle de l'argent,
La soif d'attention ou de reconnaissance ,
Le cynisme.
13.6 - Le sens comme force motrice
Pour Robert Greene, donner du sens à sa vie agit comme un "démultiplicateur de force". Guidées par un objectif central, toutes nos actions gagnent en puissance : nos décisions deviennent plus claires, nos efforts plus alignés, notre énergie plus stable.
C’est ce "pourquoi" fédérateur qui donne sa cohérence à notre parcours, même dans les tempêtes.
L’auteur conclut avec cette citation de Nietzsche, fil rouge du chapitre : "Celui qui possède un pourquoi qui le fait vivre peut supporter tous les comment."
Chapitre 14 - Ne laissez pas le groupe vous tirer vers le bas | La loi de la conformité
14.1 - La personnalité sociale : ce que le groupe change en nous
Qui sommes-nous vraiment quand nous sommes en groupe ? Dans ce chapitre, Robert Greene aborde une facette méconnue de notre caractère : notre personnalité sociale, cette personne différente que nous devenons en groupe.
En contexte collectif, nous imitons inconsciemment les autres, adoptons leurs croyances et ressentons des émotions influencées par l'humeur générale. Cette personnalité sociale peut finir par éclipser notre individualité, nous faisant perdre notre singularité et notre capacité à penser par nous-mêmes.
14.2 - Gao Jianhua et la contagion du fanatisme
Pour mieux comprendre cette dynamique, l’auteur partage l'histoire bouleversante de Gao Jianhua, un jeune collégien chinois pris dans la tourmente de la Révolution culturelle des années 1960.
Au début, l’adolescent ne fait que suivre le mouvement : quelques affiches révolutionnaires, une ambiance exaltée. Puis tout s’accélère. Les enseignants "révisionnistes" sont dénoncés, humiliés publiquement, torturés, parfois jusqu’à la mort. Des étudiants ordinaires deviennent des bourreaux membres de factions impitoyables, agissant au nom d’idéaux auxquels ils ne comprenaient pas toujours grand-chose. L’effet de masse, la perte de repères, la peur de dévier de la ligne... tout cela les entraîne dans un engrenage sanglant.
L’histoire que nous raconte pas à pas Robert Greene révèle que la stratégie de Mao Zedong d'effacer l'ancienne culture échoua précisément parce qu'elle ignorait les lois fondamentales du comportement humain en groupe : en groupe, notre pensée devient moins nuancée. Nous recherchons l'appartenance tribale, pas la vérité.
Plutôt que de créer une société égalitaire, des leaders agressifs émergent, la hiérarchie implicite se renforce, le besoin d’un ennemi commun se fait sentir, et le groupe dérive vers des schémas tribaux, dominés par l’émotion plus que par la raison.
14.3 - Le mimétisme social est partout
Ce phénomène, explique Robert Greene, n’est pas propre aux régimes totalitaires ou aux mouvements extrémistes. Il opère partout. Dans nos entreprises, nos cercles sociaux, nos familles. Nous modulons nos comportements pour être acceptés, nous modérons nos idées, nous réprimons nos doutes et imitons inconsciemment nos pairs. Et dans les périodes de crise ou de tension, cette tendance s’intensifie dangereusement, pouvant transformer un groupe civilisé en entité irrationnelle.
14.4 - L’intelligence de groupe commence par soi
Pour ne pas sombrer dans cette dynamique, Robert Greene propose de développer l’intelligence collective : la capacité à participer pleinement à la vie collective tout en gardant notre esprit critique et notre indépendance de pensée. Il nous conseille d'observer honnêtement nos propres tendances au conformisme, à reconnaître quand et comment nos idées sont influencées par notre entourage. En développant un amour-propre fondé sur nos accomplissements plutôt que sur l'approbation des autres, nous devenons moins perméables à l'influence du groupe.
Robert Greene nous invite, par ailleurs, à étudier la dynamique des groupes auxquels nous appartenons, comme un anthropologue observerait une tribu étrangère.
Il détaille plusieurs aspects essentiels à comprendre : la culture spécifique du groupe, ses règles tacites, sa hiérarchie invisible (comparable à une "cour"), son besoin d'un ennemi commun, et sa tendance à se diviser en factions.
Il identifie même sept types de "courtisans" qu'on retrouve dans toute structure hiérarchique : l'intrigant, l'agitateur, le cerbère, le facilitateur de l'Ombre, le bouffon, le miroir, et le chouchou/tête de Turc.
14.5- Créer des groupes qui élèvent, pas qui écrasent
L'auteur conclut sur une vision optimiste : en comprenant et travaillant avec la nature humaine plutôt que contre elle, nous pouvons créer des "groupes de réalité" des environnements collectifs qui ne tirent leurs membres pas vers le bas, mais vers le haut.
Ces groupes idéaux partagent des qualités précieuses :
Une finalité collective claire unit les participants,
La diversité des opinions est valorisée,
L'information circule librement,
Les émotions productives remplacent les dynamiques toxiques et renforcent l’élan collectif.
Dans une époque de polarisation exacerbée, où les réseaux sociaux amplifient nos réflexes tribaux, Robert Greene nous rappelle que notre devoir ultime est de transcender ces divisions et de ne jamais oublier notre appartenance au grand groupe de l'humanité. Comme l'écrit Friedrich Nietzsche, cité par l'auteur :
Il conclut avec cette phrase de Nietzsche : "La folie est quelque chose de rare chez l'individu ; elle est la règle pour les groupes, les partis, les peuples, les époques."
Chapitre 15 - Donnez-leur envie de vous suivre | La loi de l'inconstance
15.1 - L’ambivalence face à l’autorité : aimer le leader, le haïr un peu
Dans ce chapitre, Robert Greene parle de notre ambivalence face à l’autorité. Selon lui, nous éprouvons tous des sentiments contradictoires envers nos leaders. Nous voulons être guidés, oui, mais sans perdre notre liberté. Nous cherchons protection, sans renoncer pour autant à notre autonomie. Et si nous admirons parfois ceux qui dirigent, une part secrète de nous rêve aussi de les voir tomber.
15.2 - Élisabeth Ire : l’art de mériter le pouvoir
L’auteur examine cette tension psychologique universelle en nous plongeant dans le règne d’Élisabeth Ire d’Angleterre, l’une des figures les plus brillantes de l’histoire politique.
Lorsqu’elle accède au trône à 25 ans, l’Angleterre est divisée, endettée, et fragilisée. Femme, jeune, et sans héritier, elle semble condamnée à servir de marionnette à ses conseillers.
Mais dès sa procession vers la couronne, Élisabeth renverse les attentes. Elle ne reste pas distante ni glaciale, comme le voulait le protocole. Elle sourit, s’adresse au peuple, capte l’attention et l’émotion. Elle établit un lien direct, émotionnel, presque intime, avec son peuple.
L'auteur décrit ici comment Élisabeth déjoua les plans de ses ministres qui comptaient la manipuler, les manœuvres notamment de William Cecil qui espérait lui faire épouser un prince pour qu'il prenne le pouvoir.
Face à ses rivaux étrangers comme Philippe II d'Espagne, elle retourne à son avantage ce que d’autres auraient vu comme une faiblesse, son statut de femme célibataire. Elle l’utilise pour semer le doute, manipuler ses adversaires en les amenant à sous-estimer sa redoutable intelligence militaire.
Robert Greene analyse également sa relation avec le comte d'Essex, qui illustre magnifiquement la loi de l’inconstance envers l'autorité. D’abord favori de la reine, Essex est charmé, flatté, puis frustré. Il ne supporte pas la supériorité intellectuelle d’Élisabeth. Aveuglé par son ego, il tente un coup d’État… pour finir à genoux, implorant sa grâce, la veille de son exécution.
Ce retournement incarne notre relation enfantine à l’autorité : faite d’amour, de rejet, d’adoration et de ressentiment envers nos parents.
15.3 - Comment incarner une autorité durable
Plutôt que de nier cette réalité, les grands leaders comme Élisabeth ne cherchent pas nier cette dualité. Ils en prennent acte. Et plutôt que d’imposer leur autorité via un statut hérité, ils la méritent par leurs actes, leur constance, leur vision.
Robert Greene présente 6 stratégies pour établir cette autorité naturelle :
Trouver un style d'autorité authentique qui émane de notre caractère.
Diriger notre attention vers l'extérieur plutôt que vers notre ego.
Développer une vision plus élevée qui transcende l'immédiat.
Montrer l'exemple en travaillant plus dur que les autres.
Entretenir une aura mystérieuse par des qualités légèrement contradictoires.
Ne jamais donner l'impression de prendre, mais toujours de donner, contribuer.
15.4 - L’autorité intérieure : la force tranquille du leadership
L’auteur des "Lois de la nature humaine" termine ce chapitre en soulignant l'importance de développer une "autorité intérieure" parallèle. Celle qu’on ne doit à personne d’autre qu’à nous-même. C’est la voix de notre moi supérieur qui nous guide vers l'excellence et nous pousse à contribuer significativement à notre époque, plutôt qu'à simplement consommer ce que d'autres ont créé.
En maîtrisant la loi de l’inconstance, affirme Robert Greene, nous pouvons transformer l'inconstance naturelle des gens en un soutien solide et fidèle. C’est gagner non seulement l’obéissance, mais l’adhésion. Et avec elle, le pouvoir d’accomplir de grandes choses.
Chapitre 16 - Débusquez l'hostilité derrière l'amabilité de façade | La loi de l'agressivité
16.1 - L’agressivité derrière la façade
Selon Robert Green, derrière nos sourires polis et nos paroles mesurées, se cachent en fait des pulsions bien plus primitives qui cherchent à s’exprimer : une agressivité, qui, loin d’être réservée aux conflits ouverts, peut s’infiltrer dans nos comportements les plus subtils. Ces désirs refoulés d'influence et de contrôle surgissent alors insidieusement notamment chez ceux que l’auteur appelle "les agressifs chroniques".
16.2 - L’exemple de Rockefeller, l’agressif sophistiqué
En guise d’exemple, Robert Greene dresse le portrait implacable de John D. Rockefeller, véritable archétype de ce qu'il nomme "l'agressif sophistiqué".
Derrière ses airs de comptable pieux et discret, se cache un stratège de génie. En vingt ans, il transforme une modeste entreprise de raffinage en un empire pétrolier planétaire.
Son ascension, marquée par des épisodes tels que le "Massacre de Cleveland" et la destruction méthodique de tout concurrent, révèle une méthode redoutable : utiliser une politesse désarmante comme camouflage à une ambition implacable.
Rockefeller écrase ses rivaux avec une précision chirurgicale, tout en gardant une image d’homme d’ordre et de moralité.
16.3 - La racine de l’agressivité : l’impuissance
Robert Greene explique que l'agressivité n'est pas intrinsèquement négative, mais plutôt une énergie naturelle qui peut être canalisée positivement.
Le véritable moteur de l'agressivité humaine est le sentiment d'impuissance, fait remarquer l’auteur : lorsque nous nous sentons vulnérables face à l'imprévisibilité de la vie, nous cherchons à exercer un contrôle sur notre environnement et les autres.
Chez Rockefeller, cette énergie prend racine dans une enfance chaotique, marquée par un père escroc et insaisissable, analyse Robert Greene. Ce passé nourrit un besoin viscéral d’ordre et de contrôle.
Et pour justifier ses actions impitoyables, Rockefeller s'était forgé ce que l'auteur appelle "la narration de l'agressif" : une mission divine d'apporter ordre et stabilité au secteur pétrolier anarchique.
16.4 - Les armes des agressifs sophistiqués
Robert Greene identifie les tactiques récurrentes des "agressifs sophistiqués" :
Analyser froidement les failles psychologiques de leurs adversaires.
Créer un sentiment d'urgence pour empêcher la réflexion rationnelle.
Semer confusion et panique dans les rangs ennemis pour déstabiliser.
Se présenter comme une victime tout en attaquant.
Camoufler leur insécurité profonde derrière une façade de certitude absolue.
16.5 - Se défendre sans se crisper
Pour contrer ces manipulateurs, l'auteur nous conseille une posture intérieure ferme :
Ne pas céder à la peur et garder son sang-froid : comprendre que leur apparente puissance masque souvent une profonde fragilité.
Observer attentivement les schémas comportementaux répétitifs plutôt que leurs paroles ou leurs intentions affichées (en gros, leurs actes, pas leurs discours).
16.6 - L’autre visage : le passif-agressif
Mais l’agressivité peut aussi se manifester sous une autre forme, plus douce mais tout aussi toxique : le passif-agressif chronique.
C'est celui qui vous contrôle sans jamais lever la voix mais par des moyens indirects comme :
Des retards répétés,
Une victimisation perpétuelle,
Des accusations subtiles
Des reproches voilés,
Des silences lourds,
Ces tactiques exploitent l'ambiguïté pour éviter la confrontation directe tout en maintenant l'emprise émotionnelle.
16.7 - Dompter le feu ou l’art de transformer l’agressivité en puissance créative
L'auteur conclut par une vision rédemptrice de notre énergie agressive naturelle. Car vouloir nier nos tendances agressives, c’est leur donner plus de pouvoir. À l’inverse, les assumer permet de les canaliser et de les transformer en forces créatrices plutôt qu’en pulsions destructrices.
Il ne s’agit donc pas d’éteindre notre feu intérieur, mais de le dompter pour bâtir. D’embrasser cette part de notre héritage humain plutôt que de la réprimer.
Et "Les lois de la nature humaines" propose quatre manières constructives de le faire. À travers :
Une ambition précise et ancrée dans nos valeurs.
Une persévérance implacable pour transformer les obstacles en tremplins.
Une intrépidité progressive qui nous permet de nous affirmer avec calme.
Une colère justifiée et contrôlée comme carburant d'action.
Chapitre 17 - Saisissez l'instant historique | La loi de la myopie générationnelle
17.1 - Prisonniers de notre époque ?
Cette loi aborde un angle peu exploré : l’influence, bien plus que nous ne l'imaginons, de notre génération sur notre identité.
Chaque nouvelle génération cherche naturellement à se distinguer de la précédente, forgeant ainsi un ensemble de valeurs, de goûts et de façons de penser. Sans même en avoir conscience, l’époque de notre jeunesse ancre ce cadre générationnel profondément en nous et façonne notre vision du monde. Le problème est que ces influences, en vieillissant, la limitent aussi, si nous n’en prenons pas conscience.
17.2 - Danton et Louis XVI : lire ou ignorer l’air du temps
Nous pouvons observer ce mécanisme avec les deux figures emblématiques de la Révolution française que sont Louis XVI et Georges Danton.
Le premier, prisonnier de son éducation monarchique traditionnelle et de ses certitudes héritées, était incapable de percevoir les changements profonds qui s’opéraient dans la société française. Il réagit trop tard, comme figé dans un monde qui n’existe plus. Tandis que Danton, avec sa sensibilité particulière au "courant" de son époque, comprit avant tous les autres l'imminence d'une révolution et sut en tirer parti.
17.3 - Les signes invisibles du changement
Robert Greene nous rappelle que les époques changent sans cesse, souvent de manière souterraine : sous l'apparente stabilité des institutions, un flux constant de changements sociaux et culturels opère.
Ce ne sont pas seulement les événements politiques qui comptent. Non, ces transformations se manifestent d’abord à travers des signaux plus subtils : les dernières façons de s’habiller, de socialiser, une manière de parler, de s’organiser, d’aimer ou encore de nouvelles expressions artistiques.
Ces changements ne sont pas arbitraires mais reflètent des transformations psychologiques collectives plus profondes. La génération montante, insatisfaite des valeurs héritées, rejette instinctivement les valeurs de la précédente, et cherche à créer quelque chose qui lui ressemble davantage.
17.4 - Comprendre les cycles générationnels
Robert Greene nous invite alors à développer une "conscience de génération", autrement dit comprendre comment notre propre génération a façonné nos perceptions et comment elle s'insère dans les cycles historiques plus larges.
L’auteur explique qu’en fait, durant notre enfance, nous absorbons la culture dominante avec la perspective unique de la jeunesse. Cette absorption forme un "point de vue générationnel" qui détermine notre interprétation des événements. Un point de vue parmi d’autres, dans une suite de cycles historiques plus vastes.
Robert Greene décrit comment les générations se succèdent selon des schémas identifiables qu'il appelle "cycles générationnels", typiquement composés de quatre phases :
Une génération révolutionnaire qui rompt avec le passé.
Une génération qui stabilise et institutionnalise ces changements.
Une génération pragmatique qui se focalise sur le confort matériel.
Une génération de crise qui remet en question les valeurs héritées.
17.5 - S’élever au-dessus de sa génération
Ensuite, Robert Greene propose plusieurs stratégies pour exploiter le Zeitgeist (l'esprit du temps) :
Aller délibérément à l'encontre du passé pour devenir le visage du changement.
Revisiter le passé en l’adaptant à l’époque présente.
Ressusciter l'esprit de votre enfance, car ce qui nous a touchés alors peut résonner chez nos contemporains.
Créer de nouveaux modèles sociaux en phase avec les désirs émergents.
Subvertir habilement l'air du temps : plutôt que le combattre frontalement, pour mieux le réorienter.
En conclusion, Robert Greene nous invite à élargir notre horizon : au lieu de rester enfermés dans la bulle de notre génération, il nous pousse à adopter une vision transhistorique. Des figures comme Léonard de Vinci ou Goethe n’ont pas été de simples produits de leur temps : ils ont su le dépasser, en s’inspirant du passé, en pressentant le futur.
Finalement, cette perspective élargie nous permet d'établir une connexion avec le passé et le futur, nous libérant ainsi de l'emprise de notre génération.
Pour résumer cette mutation invisible mais décisive des époques, l’auteur termine avec cette citation d’Hegel :
"L'esprit en formation mûrit lentement et silencieusement en direction de sa nouvelle figure, détache morceau après morceau de l'édifice de son monde antérieur (...) le pressentiment vague et indéterminé de quelque chose d'inconnu, sont les prodromes de ce que quelque chose d'autre est en marche."
Chapitre 18 - Méditons sur notre mortalité | La loi du déni de mort
18.1 - Regarder la mort en face pour mieux vivre
Nous passons la plupart de notre vie à éviter de penser à la mort. Et pourtant, c’est peut-être la seule vérité universelle qui nous concerne tous.
Dans ce dernier chapitre, Robert Greene nous invite à regarder cette réalité en face : non pas pour sombrer dans la morbidité, mais pour mieux vivre. Car selon lui, c’est en acceptant notre finitude que la vie retrouve toute sa profondeur.
18.2 - Flannery O'Connor : l’histoire d’une vie intensifiée par la conscience de la fin
Pour mieux comprendre, l’auteur évoque le destin poignant de Flannery O’Connor, brillante écrivaine américaine.
À 25 ans, on lui diagnostique le lupus, la même maladie qui a emporté son père. Elle sait que ses années sont comptées. Mais au lieu de sombrer, elle puise dans cette conscience aiguë une intensité créative rare. Ses œuvres deviennent plus profondes, sa plume plus acérée, son regard sur les autres d’une empathie rare. Elle transforme cette "balle dans le flanc", comme elle l’appelle, en carburant d’inspiration, de lucidité et d’intensité.
18.3 - La fuite de la mort nous appauvrit
En fait, au lieu de fuir sa réalité, Flannery O’Connor l’a pleinement acceptée. Elle a compris qu'en regardant la mort en face, on intensifie chaque aspect de l'existence.
Robert Greene écrit, à ce propos :
"En faisant de la mort une présence familière, nous comprenons à quel point la vie est courte et ce à quoi nous devrions accorder de l’importance. Nous éprouvons un sentiment d’urgence et de profond dévouement envers notre travail et nos relations. [...] Comme pour Flannery, la prise de conscience de notre mortalité nous débarrasse de nos illusions idiotes et intensifie tous les aspects de notre expérience."
18.4 - Cinq clés pour vivre plus intensément
L'auteur explique que nous vivons dans un paradoxe troublant : nous sommes les seuls animaux conscients de notre mortalité, mais cette conscience nous paraît si insupportable que nous développons d'innombrables stratégies d'évitement.
Cette fuite constante crée un effet inverse : notre vie s'appauvrit, devient répétitive et craintive, ressemblant davantage à la mort qu'à une existence pleinement vécue.
Pour remédier à ce déni nocif, Robert Greene propose une "philosophie de la vie à travers la mort" articulée autour de cinq principes clés :
Susciter une prise de conscience viscérale de notre mortalité, pour aiguiser nos perceptions et notre présence.
S'éveiller à la brièveté de la vie, pour vivre avec plus d'urgence et d'engagement.
Voir la mortalité en chaque être humain, pour renforcer notre empathie et diminuer nos divisions.
Embrasser la douleur et l'adversité comme parties intégrantes d'une vie pleinement vécue.
S’ouvrir à une dimension qui dépasse notre compréhension, le Sublime : cet espace de mystère, d’art, de beauté ou de transcendance, qui donne à la vie un écho plus grand que nous.
18.5 - La mort, source de liberté
Robert Greene conclut en citant Montaigne : "La préméditation de la mort est préméditation de la liberté."
Ainsi, en affrontant cette ultime réalité qu’est la mort, nous nous libérons des peurs qui limitent notre existence, de l’illusion de permanence, de la superficialité. Et nous découvrons une authenticité qui nous permet de vivre avec plus d'intensité et de sens.
Conclusion de "Les lois de la nature humaine" de Robert Greene
Quatre idées fortes du livre "Les lois de la nature humaine"
- Nos émotions influencent profondément notre comportement, souvent sans que nous ne le sachions
L’une des idées centrales que Robert Greene souligne dans "Les lois de la nature humaine" est que nos émotions dictent une grande partie de nos choix et de notre comportement, parfois de manière totalement inconsciente.
Ainsi, pour maîtriser pleinement nos décisions, il est, dit-il, essentiel d’adopter une démarche d’introspection régulière.
Et pour reprendre le contrôle sur nos réactions impulsives, l’auteur décrit, tout au long du livre, comment identifier nos mécanismes émotionnels cachés, comment mieux comprendre nos motivations profondes et éviter les pièges liés aux comportements irrationnels. Cette lucidité émotionnelle permet de gagner en clarté d’action.
- Comprendre la psychologie des autres est un levier puissant d’influence et de pouvoir
Selon Robert Greene, lire la psychologie des autres, c’est détenir un pouvoir silencieux. Arriver à décrypter les intentions cachées d’autrui nous permet de gagner en pouvoir et en influence.
En effet, derrière les sourires, les masques sociaux ("persona"), les postures : des mécanismes inconscients gouvernent le comportement humain et dissimulent des motivations réelles. Détecter ces mécanismes aide à prédire les comportements, désamorcer les conflits et établir des relations constructives.
Pour l’auteur, c’est notamment en développant notre empathie que nous apprenons à voir au-delà des apparences et à adapter notre stratégie relationnelle sans jamais tomber dans la manipulation.
- L’envie, le narcissisme et les pulsions obscures façonnent secrètement nos relations
Robert Greene nous explique que des forces complexes et obscures comme l’envie, le narcissisme ou encore la manipulation jouent souvent un rôle central derrière chaque relation humaine.
L'auteur montre alors comment repérer ces tendances chez autrui, mais aussi en nous-mêmes. Car ces émotions, lorsqu’elles ne sont pas maîtrisées, peuvent causer de véritables dégâts relationnels, personnels et professionnels. Et en les identifiant clairement, on peut neutraliser ce potentiel toxique.
- Notre capacité à nous adapter aux situations et aux contextes sociaux est notre meilleur atout dans un monde social complexe
Enfin, le livre "Les lois de la nature humaine" de Robert Greene argumente fortement sur l’importance d’une stratégie adaptative.
Plutôt que de nous conformer passivement aux attentes du groupe, il nous encourage à anticiper les dynamiques sociales. Robert Greene vous pousse ainsi à adopter une posture d’observation active : décrypter les jeux de pouvoir, les attentes implicites, les tensions invisibles.
Plus nous comprenons la dynamique sociale en cours, plus nous pouvons ajuster notre posture avec finesse et intelligence. L’enjeu : ne pas nous fondre dans la masse, mais nous positionner avec justesse pour avancer stratégiquement.
Que vous apportera la lecture du livre "Les lois de la nature humaine" ?
La lecture des "Lois de la nature humaine" apporte avant tout une compréhension fine des rouages profonds et invisibles qui guident le comportement humain - le vôtre comme celui des autres.
Avec la grille de lecture très pratique et accessible qu’offre cet ouvrage, vous apprendrez à repérer ce qui pousse les gens à agir d'une certaine manière et comment vos propres émotions influencent vos choix au quotidien. Vous serez ainsi capable de mieux gérer vos relations et les réactions des autres.
Vous y gagnerez alors en maîtrise personnelle, en lucidité, en assurance et en efficacité, aussi bien dans votre vie personnelle que professionnelle.
Deux excellentes raisons de lire "Les lois de la nature humaine"
"Les lois de la nature humaine" de Robert Greene est une lecture que je recommande à toute personne qui souhaite :
Comprendre profondément les autres et se comprendre soi-même
Ce livre lève le voile sur les forces psychologiques cachées qui influencent nos choix, nos relations et nos conflits. Il permet de décoder ce que les mots ne disent pas, d’identifier les jeux de pouvoir et de mieux évoluer dans les interactions humaines.
Développer une intelligence relationnelle rare
"Les lois de la nature humaine" ne se contentent pas d’analyser : elles outillent. Chaque chapitre propose des leviers concrets pour affiner votre empathie, votre maîtrise émotionnelle et votre capacité d’influence. C’est une lecture qui peut vous changer, pas une théorie de plus à oublier.
Points forts :
Une analyse psychologique riche et fine, qui explore en profondeur les ressorts de la nature humaine.
Les exemples historiques et contemporains concrets et instructifs, qui donnent vie aux concepts et facilitent leur compréhension.
L’approche à la fois théorique et pratique, avec des conseils concrets applicables dans la vie personnelle comme professionnelle.
Un style fluide, accessible et captivant, qui rend la lecture agréable malgré la densité des idées et la complexité des thèmes abordés.
Points faibles :
Quelques répétitions dans l’argumentation, qui peuvent alourdir le propos sur la durée.
Certains chapitres sont particulièrement denses, ce qui peut décourager les lecteurs qui chercheraient une lecture plus légère ou rapide.
Ma note :
★★★★★
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