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Transcription texte de l’interview :
Olivier : Bonjour, c’est Olivier. Bienvenue dans cette nouvelle interview du blog des livres pour changer de vie. Je suis actuellement avec Jérôme Fournier. Bonjour Jérôme !
Jérôme Fournier : Bonjour Olivier !
Olivier : J’ai souhaité t’interviewer parce que tu as lancé il y a peu de temps le blog Capital Story. Ça a généré un petit buzz sur le Web parce que tu te présentes comme un fonctionnaire qui gagne aujourd’hui 1650 € par mois et qui malgré ça possède huit appartements, une assurance vie, des placements bancaires et des investissements un peu partout. La première fois que tu as fait ton premier investissement, tu gagnais à peu près 1200 € par mois. Ça paraît absolument incroyable de gagner 1600 € par mois et de posséder 8 appartements. J’ai voulu en savoir plus… Est-ce que tu peux te présenter rapidement pour ceux qui ne te connaissent pas, nous raconter un petit peu ton parcours et comment tu en es venu à l’investissement ?
Jérôme Fournier : Avec plaisir ! Comme tu l’as dit, je m’appelle Jérôme. Je suis fonctionnaire. Je touche à l’heure actuelle 1650 € par mois. J’ai commencé à investir dans l’immobilier pour ma résidence principale quand j’avais 1200 €, parce que je n’étais que stagiaire dans la fonction publique. J’ai donc acheté ma résidence principale à une bonne période. Il faut dire que c’est une chose quand même importante. C’était en fin 2001. À l’heure actuelle pour faire une plus-value, c’est quand même honnêtement compliqué. Et ainsi de suite, j’ai pu progresser pour arriver à l’heure actuelle à un bon statut social, même si je suis encore obligé de travailler avant d’être indépendant financièrement. Mon objectif est d’être indépendant financièrement avant l’âge de 40 ans.
Olivier : Waouh ! Aujourd’hui, quel âge as-tu?
Jérôme Fournier : Je viens d’avoir 33 ans le 15 octobre.
Olivier : Je pense que nos auditeurs ont repéré que tu as l’accent chantant ! Tu viens de Bordeaux…
Jérôme Fournier : Exactement ! Je suis de la région bordelaise, là où il y a le bon vin, les places historiques… C’est franchement une très belle ville !
Olivier : Je confirme ! Tu nous as déjà donné ton objectif, à savoir : être indépendant financièrement avant 40 ans. Tu touchais 1200 €. Expliques-nous comment tu as eu l’idée d’investir pour ta résidence principale ? Qu’est-ce qui a fait le déclic ?
Jérôme Fournier : Tout basiquement, pour ma résidence principale, j’habitais chez mes parents. J’étais jeune. J’avais 22 ou 23 ans à l’époque si je ne dis pas de bêtises. Comme j’allais travailler sur Bordeaux, il fallait que je me loge pour ne pas faire la route. J’ai regardé les prix, les tarifs. J’ai trouvé un appartement sympa, un T2, parce que je ne pouvais pas évidemment acheter un grand appartement. Je n’avais que 6000 € d’apport et donc 8000 Francs de salaire. J’ai trouvé un T2 dans un bon quartier de Bordeaux à un prix – je pense – défiant toute concurrence : c’était 310 000 Francs à l’époque, soit 45 000 €. Ce n’était pas cher mais c’était à l’époque. J’ai acheté. Je pense avoir fait à la base une bonne affaire. Après, il y a eu l’inflation immobilière les années suivantes. À la base, j’ai eu cette chance. C’était pour acheter un appartement pour y vivre. Ce n’était pas pour investir.
Olivier : Étant donné le faible prix, tu as pu conserver un niveau d’endettement acceptable ?
Jérôme Fournier : Exactement. Là, j’étais en dessous des 33 %. Les banques calculent un taux d’endettement en dessous d’un tiers des revenus. Là, j’étais dans les clous.
Olivier : On ne peut pas emprunter au-delà d’un tiers de son salaire en général.
Jérôme Fournier : Logiquement, c’est ça, sauf qu’il y a des exceptions et j’en suis la preuve.
Olivier : On va en parler justement… Donc, ton premier appartement : une bonne affaire, et là, aujourd’hui tu en as huit. Qu’est-ce qui s’est passé entre les deux ? Explique-nous un petit peu tout ça !
Jérôme Fournier : J’ai énormément lu. Je n’ai pas lu de livres, désolé Olivier de te le dire ! J’ai beaucoup lu sur Internet, sur des magazines et j’ai pris toutes les informations qui m’intéressaient. J’ai toujours été intéressé par le monde de l’investissement, par comment gagner de l’argent. J’ai vu que la plupart des gens qui se sont enrichis, ils l’ont fait grâce à trois mamelles de la réussite : la création de richesses (souvent c’est l’entreprenariat), la bourse ou l’immobilier. Moi, avec mes pauvres revenus, j’ai vu que je n’allais pas faire grand-chose au niveau de la bourse. Je n’aurais pas pu gagner grand-chose ! Entrepreneur ? C’était quand même quelque chose d’assez risqué parce que j’avais quand même une fonction de fonctionnaire. Donc, je n’allais pas m’embarquer dans un risque aussi important, et puis, je n’ai pas de dons pour autre chose. Il me restait l’immobilier. J’ai vu que des personnes réussissaient à s’enrichir en partant de rien. Je me suis dit : « Pourquoi pas moi ? J’ai acheté quelque chose. Pourquoi ne pas continuer ? » En fin 2004, j’ai acheté mon deuxième appartement pour faire du locatif. En fait, c’était mes deuxièmes et troisièmes appartements parce que j’ai acheté une maison divisée en deux appartements pour avoir un rendement brut de 12 %, à l’époque et à l’heure actuelle.
Olivier : Ça veut dire que tu as acheté la maison et que tu l’as ensuite loué en deux appartements. C’est ça ?
Jérôme Fournier : Voilà. C’était déjà divisé en deux appartements. Le loyer global est de 1100 €. À l’heure actuelle, j’ai 746 € à payer en crédit.
Olivier : Donc, tous les mois, tu fais une plus-value, et en plus, ça va payer la maison. Dans 20 ans, peut-être un peu moins, tu n’auras plus du tout de crédit à rembourser.
Jérôme Fournier : Exactement, tout est autofinancé. C’est une chose très importante ; l’autofinancement est une chose essentielle dans un investissement. Je n’aurais pas pu m’embarquer à avoir 1300 € de crédit et 1100 € de loyer. Devoir rembourser 200 € de plus après les charges qu’il peut y avoir- les impôts, les travaux, etc. – c’est ingérable, donc j’ai mis un apport. À l’époque, j’ai juste payé les frais de notaire.
Olivier : As-tu commencé à lire des magazines juste parce que tu t’intéressais au sujet ou il y a une success story qui t’a inspiré et qui a fait que tu as voulu devenir riche ? Parce que là, tu nous dis que tu avais une stratégie en fait : « Je veux devenir riche. J’ai vu qu’il y avait trois manières de l’être et la manière qui me paraissait la plus facile pour moi, c’était l’immobilier.» Il y a quand même une réflexion, une vraie stratégie. Mais, comment as-tu eu l’idée de mettre en place une stratégie comme cela ? Y a-t-il une success story qui t’a inspiré au départ ? Comment cela s’est-il passé ?
Jérôme Fournier : Je précise juste que je ne veux pas devenir riche. C’est quelque chose de très important : je veux juste devenir indépendant financièrement. Disons que si j’ai 3000 € par mois de revenus divers, ça me suffira amplement…
Olivier : À condition de ne pas avoir à travailler… On parle bien de revenus.
Jérôme Fournier : Exactement. Ne pas être dépendant d’un salaire. Mais effectivement, il y a deux points importants dans mon évolution. D’une, j’ai vu l’histoire de quelqu’un dans une revue. Il avait acheté un appartement pour y vivre. Il avait vendu ce bien parce qu’il ne payait pas de taxe sur la plus-value – comme ce que j’ai fait avec ma résidence principale. Il a donc « joué » avec les impôts – c’est complètement légal – et ensuite, grâce à la plus-value que cela lui avait procurée, il s’est développé petit à petit pour arriver à ses fins. C’est le premier élément. J’ai suivi l’expérience d’un investisseur qui a réussi.
Deuxième élément, mon premier investissement – je change de sujet – c’était la propriété d’un cheval de course. C’est quand même important de le savoir. J’étais très jeune, j’avais 19 ans à l’époque. J’étais actionnaire dans une propriété d’un cheval de course. Le souci était que ça avait été un gros échec, bien évidemment. C’était une passion pour moi. Je l’ai fait avec deux membres de ma famille. On était actionnaires d’un cheval de course. J’ai perdu 3000 – 4000 €. Cette histoire m’a fait comprendre deux choses : ce n’est pas bon d’investir quand on met des sentiments dans un investissement. Ça devient dangereux. Il faut calculer quand même l’aspect financier. Quand j’avais 18 ou 19 ans, je m’en rendais vraiment pas compte. Le deuxième aspect était que je voulais gagner de l’argent trop rapidement, comme souvent quand on est jeune. Je m’étais dit : « Je vais acheter un cheval de course, il va me faire gagner de l’argent et puis comme ça je vais devenir riche et je vais arrêter de travailler. » Malheureusement, pour arriver à cette fin-là, c’est quand même du travail, ça prend du temps.
Pour gagner de l’argent intelligemment, un investissement doit se faire à moyen ou long terme, sauf si on est un investisseur « qualifié » dans un domaine où l’on peut faire de la spéculation – et donc sur du court terme. Cet élément a été essentiel pour me faire comprendre que désormais il fallait que j’investisse sur des bases saines et sur du long terme. Pour l’immobilier, à moins de faire de la spéculation, ce qui n’est pas possible à l’heure actuelle, c’est sur du long terme. C’est une chose quand même très importante à expliquer Olivier… Devenir riche très rapidement – l’erreur de base d’un jeune comme moi je l’ai été – c’est une très mauvaise option.
Olivier : Donc il faut viser sur le moyen terme et le long terme.
Jérôme Fournier : Exactement. C’est très risqué de vouloir s’enrichir très rapidement par l’intermédiaire de la bourse et de la spéculation. Combien de personnes ont réussi à s’enrichir très rapidement ? Très peu. Tous ceux qui vous parlent de success story, c’est bien joli mais je pense qu’un investisseur a forcément eu des échecs durant sa carrière…
Olivier : C’est exactement la même chose pour les entrepreneurs !
Jérôme Fournier : Exactement ! Et c’est grâce à ces échecs, si on est intelligent, qu’on rebondit encore plus haut !
Olivier : Entièrement d’accord ! Il y a une phrase importante : « Si on est intelligent », dans le sens où il ne faut pas se laisser abattre par l’échec et analyser effectivement le pourquoi du comment pour faire en sorte de ne plus le reproduire. Là, on a un bon retour d’expérience.
Jérôme Fournier : C’est pour ça qu’après je me suis dit : « Je vais quand même réfléchir un peu plus et voir comment les personnes plus aguerries ont gagné de l’argent. » C’est pour cela que j’ai vérifié tout ça et que je me suis tourné vers la voie de l’immobilier. Tout simplement.
Olivier : Ton premier investissement immobilier, à part ta résidence principale, c’était ta maison à deux appartements. Est-ce que tu as dû la chercher longtemps, avant de trouver une maison dont tu savais que les loyers allaient être supérieurs aux crédits ? Comment ça s’est-il passé ?
Jérôme Fournier : J’ai mis plus de six mois avant de trouver… Mais pour la plupart de mes investissements, ça dure assez longtemps.
Olivier : Tu cherches la bonne affaire alors ?
Jérôme Fournier : Voilà, exactement. Je suis quand même assez particulier. C’est une chose très importante. J’ai interviewé Olivier Seban, et un énorme marchand de biens sur mon blog.
Olivier : Pour ceux qui ne connaissent pas Olivier Seban, c’est l’auteur de Tout le monde mérite d’être riche.
Jérôme Fournier : Eux, comment dire… ils peuvent ne pas attendre. Ils ont des réseaux pour pouvoir avoir les bonnes affaires très rapidement. Le marchand de biens m’a dit qu’il payait tout simplement des informateurs pour avoir les meilleurs biens. Moi, je ne suis qu’un particulier. Je ne fonctionne pas avec des réseaux. Ça me prend plus de temps. Il est possible de trouver des bonnes affaires mais ça prend du temps. Il me faut à chaque fois plus de six mois avant de trouver une bonne affaire. Je recherche par Internet, je regarde un peu à droite et à gauche sur Bordeaux s’il n’y a pas un particulier qui vend. Je me renseigne chez les commerçants etc. Donc ça prend du temps. Un particulier n’a pas le même pouvoir d’attraction d’un marchand de biens ou qu’un agent immobilier. Eux, ils peuvent dédommager les informateurs. Moi, je ne vais pas me permettre de donner 100 – 500 € ou une commission sur la vente.
Olivier : C’est quand même beau parce qu’on voit quand même que tu es très motivé et que ce n’est pas un but que tu t’y fixé à la légère. Pour passer six mois à chercher la bonne affaire, je suppose que ça ne doit pas être facile tous les jours d’aller visiter des appartements, des maisons alors que tu pourrais être tranquillement chez toi à te reposer ou à faire autre chose. Tu as quand même dû avoir des moments où tu t’es dit : « Est-ce que je vais finir par la trouver cette bonne affaire ?! »
Jérôme Fournier : Oui, tout à fait. C’est la motivation. Quand on a un objectif, on ne s’arrête pas à mi-chemin tout simplement. Je suis très motivé pour arriver à mes fins, pour être indépendant financièrement à 40 ans en partant de pas grand-chose. Je pense que c’est possible. J’y arriverai sauf coup dur ou catastrophe, c’est-à-dire des locataires qui ne payent plus… On ne sait jamais, ça peut m’arriver. Mais sauf coup dur, je vais y arriver. Quand on a un objectif final, on fonce. Mais il faut foncer intelligemment. Je répète ce terme-là parce que c’est très important.
Olivier : Je suis entièrement d’accord avec ça. Ce qui est important quand on a un objectif, c’est de faire la traversée du désert le plus vite possible, de s’accrocher et de faire ça intelligemment. Je pense que tu pourrais faire un bon entrepreneur, tu sais ! Tu pourrais peut-être y penser quand tu commenceras à avoir une rente intéressante et que tu auras le temps de réfléchir à des projets d’entreprise, à peut-être investir un peu.
Jérôme Fournier : J’y ai pensé mais je n’ai pas l’âme d’un entrepreneur. Je serais plus dans le côté actionnaire, actionnariat de l’entreprise. Là, c’est une autre option…
Olivier : C’est une forme d’entreprenariat basé sur le capital, mais effectivement, ce n’est pas exactement la même chose. OK, tu as cette première affaire ! Enfin, tu arrives à la trouver ! Est-ce que ça n’a pas été trop difficile de négocier avec les banques ? Est-ce qu’elles ne t’ont pas rejeté ?
Jérôme Fournier : Non parce que c’était mon premier investissement locatif. Tout était compensé financièrement.
Olivier : Est-ce qu’elles ne t’ont pas dit : « Monsieur, s’il y a un des locataires s’en va et que vous n’arrivez pas à renouveler, il y aura des problèmes » ?
Jérôme Fournier : Ça n’a pas posé de problème sur cet investissement. Ensuite, ça va me poser plus de problèmes. On abordera le sujet du taux d’endettement. Mais là, à cette époque, sur cet investissement, non parce que tout était autofinancé, que j’avais un salaire et que j’étais fonctionnaire. Là, ça n’a pas posé de problèmes.
Olivier : Ensuite, après cette super affaire, comment as-tu continué ?
Jérôme Fournier : Ensuite, j’ai suivi la petite success story de cette personne que j’avais vue dans le magazine. Il disait qu’il « jouait » avec la fiscalité et qu’il avait déménagé 6 fois en 18 ans afin de ne pas payer la taxe sur la plus-value. Je me suis dit : « Mais pourquoi je ne ferais pas la même chose avec mon appartement ? » Je me suis renseigné auprès d’agents immobiliers pour faire estimer mon bien. La plus grosse estimation était à 86 000 € pour la vente du bien alors que je l’avais acheté à 46 000 €. C’était bizarre parce que je pensais que je pouvais en avoir plus. Je l’ai quand même mis en vente dans des agences et je l’ai mis en vente en tant que particulier à 100 000 €. J’ai réussi à le vendre à 100 000 €.
Olivier : Tu as fait une plus-value de presque 60 000 € ! 64 000 €, waouh !
Jérôme Fournier : Plus du double. Je n’ai pas écouté les conseils des agents immobiliers – comme quoi j’en ai fait qu’à ma tête mais j’ai eu raison ! Dans le même temps, il fallait me reloger. J’ai acheté en fin 2005 un T2 où je vis, plus un studio sur le même palier. J’ai encore acheté un ensemble immobilier qui était divisé encore par deux, avec une possibilité à terme d’une plus-value et un rendement supérieur à 10 %, dans le centre-ville de Bordeaux cette fois-ci, c’est très important de le dire. En fin 2005, on pouvait encore trouver de très bons placements dans le centre de Bordeaux.
Olivier : As-tu mis longtemps à trouver ces appartements ? Est-ce que tu avais déjà vendu ton appartement quand tu les avais trouvés ?
Jérôme Fournier : Là, ça a été beaucoup plus complexe. J’ai eu un moment donné une « crise de croissance ». Le taux d’endettement commençait à entrer en ligne de compte pour les banques. Elles vous regardent avec des gros yeux et elles vous demandent : « Comment allez-vous faire ? Ce n’est pas possible, vous n’avez pas un salaire élevé ! » Je devais toucher 1400 €.
Olivier : Mais tu venais de toucher 56 000 € !
Jérôme Fournier : Tout à fait, mais ça m’embêtait de le remettre en apport. Je ne voulais pas mettre les 100 000 €, cet argent que j’ai gagné – je ne vais pas dire les ficelles parce qu’il faut que mon blog ait du piment quand même, il faut qu’il y ait des lecteurs qui le suivent ! Il ne restait plus que 80 000 € en tout, que j’ai récupéré de la somme, et je ne voulais pas les mettre en apport. Je voulais faire un apport classique, les frais de notaire basiquement, et c’était tout. Ça n’a pas été évident. J’ai fait une dizaine de banques. Toutes les banques m’ont refusé. Franchement, je ne pensais pas pouvoir m’en sortir. J’ai trouvé la solution grâce à un concours de circonstances, grâce à un agent immobilier qui m’a expliqué qu’une banque faisait un autre calcul de taux d’endettement. J’ai été à cette banque qui m’a accordé le crédit sans que je fasse un apport. C’est quand même extraordinaire…
Olivier : Tu as quand même fait une dizaine de banques…
Jérôme Fournier : Oui, une dizaine de banques avant de choisir. Mais ça a été dur, je ne le cache pas. Ça a été un parcours du combattant mais j’ai trouvé une banque, j’en ai même trouvé deux qui ont dit « oui » en même temps. C’est quand même extraordinaire. Je suis aussi allé voir une société de courtage. J’ai utilisé toutes les solutions. La société de courtage avait trouvé une autre banque donnant son accord. Ça a été quand même très compliqué parce que les banques calculent le taux d’endettement et qu’à un moment donné, elles ne veulent pas prendre de risques. C’est logique d’un côté : si je me retrouve surendetté, je ne peux plus payer, je peux me retourner judiciairement contre elles comme certains le font en France et aux États-Unis. Elles ont un devoir moral et financier aussi. Je le comprends. Maintenant, j’ai réussi à franchir cette crise de croissance. Ça a été dur. Ce n’était pas évident d’avoir un taux d’endettement de plus de 50 % à l’époque, de garder la somme de mon ancienne résidence principale, de changer de résidence principale, de retrouver un appartement encore plus grand dans le centre de Bordeaux et d’avoir un studio supplémentaire au niveau du locatif. Ça a été une épreuve de force que j’ai réussie. J’en suis fier. Ça a été très dur. Après, ça a été beaucoup plus facile pour moi.
Olivier : En tout cas, bravo ! On voit que la détermination a payé. Combien de personnes auraient abandonné au bout de la cinquième ou sixième banque ? Toi, tu t’es accroché !
Jérôme Fournier : C’est une base essentielle pour la plupart des investisseurs ou même des entrepreneurs comme toi, Olivier : il faut oser. Toi-même, tu pourras le dire : à un moment donné, il y a des obstacles. Tout n’est pas rose dans l’accomplissement de l’entrepreneuriat. On a obligatoirement un ou des obstacles. Il faut savoir les franchir. C’est très dur mais quand on a vraiment l’envie et si on est assez malin pour pouvoir y arriver, et bien, on n’y arrive !
Olivier : Après, tu as continué ton petit bonhomme de chemin jusqu’à posséder aujourd’hui huit appartements…
Jérôme Fournier : Voilà, exactement. Il y a aussi une autre chose importante. À partir de 2005, j’ai commencé à gagner pas mal d’argent au poker. Ça m’a aidé aussi à faire des apports au niveau de chaque investissement immobilier. À chaque fois, je payais les frais de notaire et les frais d’agence quand il en avait, avec. Je voulais toujours avoir un loyer supérieur par rapport au crédit. Ça a toujours été mon mode de fonctionnement. À l’heure actuelle, c’est aussi simple que ça : tous mes loyers couvrent les crédits.
Olivier : Est-ce que tu n’as pas peur d’avoir des vacances dans certains de tes appartements et que tu doives pendant quelques mois supporter entièrement le coût des crédits ?
Jérôme Fournier : C’est aussi une donnée. Je remarque qu’il y a des personnes qui me disent ça. Je n’ai jamais eu de vacances locatives. Jamais. J’ai eu un mois de loyer qui n’a pas été payé parce que la personne était tombée au chômage. Ça n’a pas été évident. Il m’avait laissé à l’époque les deux mois de caution. Le temps que je retrouve quelqu’un, ça n’a pas été évident. C’était dans l’urgence. Il y a donc eu un mois où j’ai perdu un mois de loyer. Sinon je n’ai jamais eu de vacances locatives ou quoique ce soit. Je prends en urgence très rapidement. Je n’ai jamais eu de soucis, de problèmes de paiement ou de dysfonctionnements entre le départ d’un locataire et l’arrivée d’un nouveau locataire.
Olivier : Est-ce que tu as un fond de roulement au cas où ?
Jérôme Fournier : Je garde toujours de l’argent en banque. C’est essentiel, d’une pour être crédible par rapport aux banques. Les banques regardent ça. Si tu n’as pas d’argent, si tu as zéro euro dans le compte en banque, avec un taux d’endettement de 75 %, toutes les portes se fermeraient. J’ai entretenu un certain capital au niveau de certains placements. Je suis donc devenu assez crédible au niveau des banques. D’ailleurs, la preuve : l’année dernière, j’ai reçu un colis avec une bouteille de champagne de la part de ma banque. C’est quand même extraordinaire !
Olivier : C’est que tu es un bon client effectivement. Tu nous expliques que les loyers suffisent à rembourser les crédits. Je suppose que tu as aussi une plus-value. Aujourd’hui, quand tu dis que tu as un salaire de 1650 €, c’est le salaire de ton travail de fonctionnaire. Mais tu as aussi un bon petit complément de salaire qui vient de tes loyers, du surplus des loyers…
Jérôme Fournier : Oui, tout à fait. C’est essentiel parce qu’on aura forcément des travaux, des dépenses impromptues, des charges de copropriété qui sont conséquentes. Il y faut penser aussi quand on achète dans un immeuble. Moi, j’ai une stratégie : je n’ai jamais acheté dans un immeuble de plus de trois étages dans Bordeaux. Jamais. Ça a toujours été des tous petits immeubles. La plupart des syndics y sont bénévoles, c’est-à-dire que je dépense 20 à 30 € de charges de copropriété.
Olivier : Effectivement ce n’est pas cher !
Jérôme Fournier : Ce n’est pas cher parce que je ne paye pas de syndics et que je ne vais pas avoir d’ascenseur à payer parce que ce sont les petits immeubles. Et puis, il n’y a pas de gros travaux. Comme ce sont des petits immeubles, il n’y a pas de grosses charges. C’est très important aussi, je n’ai pas envie de payer entre 100 et 200 € de charges de copropriété. Ça tuerait mes rendements au niveau de mes investissements locatifs. C’est un aspect très important aussi d’un investissement locatif d’acheter dans de petits immeubles pour avoir des petites charges. C’est sûr, ça prend du temps avant de trouver cela mais il faut se donner les moyens pour faire de bons investissements quand on est un petit particulier et qu’on n’a pas les moyens pour ça.
Olivier : C’est un excellent conseil que tu viens de donner. Il y a beaucoup de primo propriétaires, de personnes qui achètent leur appartement pour la première fois, qui n’ont pas conscience que dans les grandes résidences, notamment celles avec un ascenseur, les frais de copropriété pour le syndic sont très élevés. Moi-même, j’ai un l’appartement qui est pourtant au rez-de-chaussée, et je dois payer une fortune en entretien d’ascenseur ! Il y a à peu près 2000 € de frais de résidence par an.
Jérôme Fournier : Voilà, c’est pour ça que c’est très important. Quand on investit de l’argent, on n’a pas envie de donner sur 10 ans, sur 400 € de revenus locatifs, 150 € pour la copropriété. Ça tuerait le rendement, ça serait un très mauvais investissement. C’est très important à savoir.
Il y a un aspect très essentiel que l’on n’a pas abordé, c’est que j’ai utilisé aussi l’effet de levier. On n’a pas abordé le taux d’endettement en général. C’est très essentiel par rapport aux petits particuliers comme moi qui n’ont pas beaucoup de salaires et de revenus. Je me suis endetté, j’ai utilisé l’argent de la banque pour progresser socialement. L’effet de levier est très important. Quelqu’un qui a 5000 ou 6000 € utilisera l’effet de levier mais ça sera dans une autre logique. Moi, je me suis endetté avec des taux d’intérêt bas. À l’heure actuelle, le taux d’intérêt sont historiquement bas. Pourquoi ne pas utiliser l’argent de la banque pour pouvoir progresser socialement et s’enrichir ? L’effet de levier est une notion très importante.
En bourse, on ne veut pas le faire. Avec l’entreprenariat, on ne peut pas le faire non plus. Il n’y a que dans l’immobilier que cette notion est très importante quand on a un revenu modeste.
Olivier : Dans l’entreprenariat, tu peux quand même prendre des prêts à la banque pour créer une entreprise ou investir dans une entreprise !
Jérôme Fournier : Oui tout à fait, mais après il faut que tu aies des revenus qui arrivent régulièrement. C’est pour cela que je ne me suis jamais lancé dans l’entreprenariat : on part de « zéro », parce qu’il y a une stratégie à la base mais moi, j’ai un loyer de suite qui arrive alors que dans l’entreprenariat on peut ne pas avoir de revenus… Je veux bien savoir le taux d’échec qu’il y a quand quelqu’un monte une entreprise.
Olivier : Selon l’INSEE, 34,5 % des entreprises mettent la clé sous la porte avant leurs 3 ans et presque 50 % avant leurs 5 ans.
Jérôme Fournier : C’est quand même assez important…
Olivier : Je ne suis pas sûr que le taux d’échec soit plus élevé que dans l’immobilier. Je ne sais pas quels sont les chiffres dans l’immobilier entre ceux qui pensent faire un bon investissement et qui se retrouvent au final avec des mauvaises affaires. As-tu des chiffres là-dessus ?
Jérôme Fournier : Je n’ai pas de chiffres mais il est sûr que la défiscalisation, l’effet de mode à un moment donné de la loi Robien, Scellier, etc. a porté énormément de préjudices à beaucoup d’investisseurs immobiliers. Mais c’était souvent des particuliers. Ce n’était pas évidemment des gros pontes de l’immobilier qui s’embarquaient dans ce type d’investissement. C’était une erreur fatale d’investir dans ces projets là…
Olivier : Aujourd’hui, ça veut dire que tu as des plus-values sur les loyers, que tu payes un impôt sur ces plus-values…
Jérôme Fournier : Je paye la CSG désormais. On est au mois de novembre, j’ai reçu une belle facture de la CSG. En frais, j’ai évidemment l’impôt sur le revenu, les charges de copropriété, les travaux, des dépenses annexes qui peuvent intervenir. C’est pour ça qu’il faut avoir un fond de roulement, une épargne de précaution. C’est essentiel sinon on peut mettre vite la clé sous la porte, comme tu disais pour les entrepreneurs mais ça vaut aussi pour nous en tant que particulier. Il faut quand même avoir une réflexion derrière ça. Tout n’est pas rose. Cet aspect d’effet de levier est très important. On peut commencer sans avoir 50 000 € en compte en banque, sans avoir 5000 € de salaires. On peut commencer petit et investir dans l’immobilier. Il ne faut pas acheter à 100 000 € ou 200 000 € pour louer. Si on est sur Paris, c’est plus embêtant, mais en province ou dans les grandes villes de province, on peut encore trouver des studios à 50 000 €…
Olivier : C’est tout à fait abordable effectivement…
Jérôme Fournier : Exactement. Moi-même, en début d’année et pourtant les prix sont très hauts, j’ai trouvé un studio à 50 000 € dans le centre de Bordeaux.
Olivier : Aujourd’hui, c’est aussi un bon moment pour investir dans l’immobilier ?
Jérôme Fournier : La réponse de la question n’est pas évidente, dans le sens où celui qui veut faire une plus-value immobilière, ça sera un énorme échec. Il ne faut pas penser dans cette optique. C’est une certitude. A celui qui veut se lancer pour faire du rendement, je lui dis : « Pourquoi pas ? » Maintenant, c’est à lui de bien calculer son coût, etc. Si c’est pour faire un rendeme5 ou 6 % bruts, je ne vois pas où en est l’intérêt. J’ai toujours cherché à avoir minimum 8 % brut au niveau de mes rendements d’investissement. C’est une chose essentielle.
Olivier : C’est quand même étonnant parce que tu nous dis que tu n’as pas appris avec un livre, que ce sont vraiment des informations que tu as glanées au fur et à mesure dans des magazines, dans des sites Internet – et je suppose que tu n’as pas du tout de formation financière à la base. Tu es un vrai autodidacte !
Jérôme Fournier : Voilà, exactement, c’était ce que j’allais dire : je suis un autodidacte. Je me suis formé par moi-même sur plein d’aspects. J’aime apprendre, me lancer le plus intelligemment possible. Mon premier échec m’a beaucoup appris. Ça a été une énorme erreur de base que de me lancer avec le côté instinctif, le côté sentimental au départ. En réalité, il faut apprendre, il faut préparer son investissement. C’est pour ça que désormais je me lance dans la bourse, dans le blogging. Je me suis lancé dans l’immobilier, le poker. J’ai quand même une base de réflexion de quelques mois avant de faire un investissement de qualité. Il y a autodidacte et autodidacte. Il faut se préparer.
Olivier : Est-ce que tu as des magazines ou des sites à conseiller pour ceux qui s’intéressent au sujet ?
Jérôme Fournier : Honnêtement, je n’ai jamais eu de base informative très intéressante. J’ai glané des informations par-ci, par-là. J’ai acheté des magazines vraiment pas intéressants où j’ai trouvé une ou deux informations d’intérêt. Je ressortais à chaque fois des informations qui m’intéressaient pour en faire après une synthèse qui m’apportait une qualité au niveau de mes investissements futurs. Je n’ai jamais eu de livre référence, d’auteur référant ou quoi que ce soit. Ce n’est peut-être pas bien mais je me suis vraiment formé tout seul. Je n’ai pas un parcours scolaire en plus… voilà, je n’ai pas fait l’ENA, je n’ai pas fait HEC… J’ai fait un malheureux BTS Action Commerciale que j’ai arrêté au bout d’un an. Ce n’est pas terrible donc. Il y a possibilité de pouvoir progresser dans la vie de tous les jours mais il faut s’en donner les moyens. Et il faut oser. C’est essentiel : il faut oser et ne pas s’arrêter aux petits obstacles que l’on va rencontrer durant son parcours.
Olivier : Est-ce que tu as d’autres investissements à part l’immobilier ?
Jérôme Fournier : Ma base, mon socle d’investissement, c’est l’immobilier. J’ai gagné de l’argent grâce à ma première vente immobilière. J’ai « investi » dans le poker. Il y a quand même un effet de mode et de société important…
Olivier : Ce n’est pas vraiment un investissement, ça…
Jérôme Fournier : Tu as des joueurs de poker professionnels. Ils gagnent leur vie très régulièrement. Je me suis dit que ça devait être possible de gagner de l’argent s’il y avait des joueurs professionnels. Je m’y suis mis, je n’y connaissais rien. J’ai regardé les émissions avec Bruel et Denis Balbir à l’époque. J’ai appris comme ça, petit à petit. J’ai un peu perdu au début parce que je faisais du cash game. Ensuite, je me suis mis en mode tournoi. J’ai gagné 50 000 $ en 3 ou 4 ans en jouant un moment donné contre des professionnels.
Olivier : Je n’appellerai pas ça un investissement. C’est plus un hobby lucratif en l’occurrence.
Jérôme Fournier : Oui et non. Tu as des professionnels qui ont des revenus réguliers grâce au poker. Ce sont des investisseurs émérites qui arrivent à gagner de l’argent. Ils placent quand même leur argent dans ce milieu-là. Je suis d’accord avec toi. Ce n’est pas un bon conseil d’investissement. Mais je suis atypique comme investisseur. J’ai gagné de l’argent grâce à ça. Je me suis lancé aussi dans la bourse mais en n’y connaissant pas grand-chose aussi. Je précise que je ne me suis pas lancé dans day trading. Je n’investis pas dans des actions que j’achète et je revends. Je ne me lance pas dans ça parce que je n’y connais pas grand-chose. Là aussi, j’ai lu énormément. J’investis de manière très sérieuse et rigoureuse sur du long terme. J’ai arrêté complètement le court terme parce que je ne veux pas prendre de risques. J’investis dans du long terme, j’investis sur des valeurs de rendement pour installer des entreprises, des sociétés qui fournissent des dividendes assez importantes. Donc, en chaque fin d’année, je reçois une lettre de ma banque qui me dit combien j’ai gagné grâce à mes placements parce qui me fournissent des dividendes de fin d’année.
Olivier : Tu investis en bon père de famille.
Jérôme Fournier : Exactement, en bon père de famille et dans cette logique, il est très important de diversifier ses actifs. C’est une base que j’ai. Je diversifie énormément mes revenus. Je ne veux pas être dépendant d’une seule source de revenus. Je ne veux pas avoir que mes loyers comme revenus pour mon indépendance financière. Imagine que j’ai un ou deux locataires qui ne payent plus et une vacance locative qui arrive de l’autre côté. Je suis dans la M****. Contrairement à si j’ai bien réparti mes revenus entre l’argent qui arrive de l’assurance-vie, des placements bancaires sécurisés, des placements au niveau de la bourse, des placements au niveau du blogging – parce que je me suis lancé aussi dans le blog… Je diversifie les risques grâce assez différentes sources de revenus. C’est une chose essentielle pour un investisseur.
Olivier : C’est un excellent conseil : c’est fondamental de diversifier ses sources de revenus pour pouvoir répartir les risques, comme tu as très bien dit.
Jérôme Fournier : Je suis peut-être casse-cou pour les gens qui vont lire ou écouter cette interview. C’est vrai mais j’essaie de minimiser un maximum les risques que je prends. Moi, j’ai envie de gagner 1000 € de l’immobilier d’un côté, 1000 € de bourse d’un autre côté, 1000 € par le blogging, 1000 € par les placements bancaires… Si un jour, j’ai un support d’investissement qui flanche, il me reste tous les autres. Tout simplement.
Olivier : Je partage totalement cette vision. On ne peut pas être serein avec une seule source de revenus quand on n’est pas salarié.
Jérôme Fournier : Quelqu’un qui a une entreprise, c’est merveilleux mais il ne dépend que de son entreprise !
Olivier : C’est très important de savoir investir intelligemment pour diversifier ses sources de revenus. Est-ce que ça demande des sacrifices dans ta vie de faire autant d’investissement, d’être aussi motivé et aussi focalisé sur ton objectif d’être indépendant financièrement à 40 ans ?
Jérôme Fournier : Avant 40 ans… Tu utilises souvent un terme qui est très juste, le terme chronophage. Le poker est extrêmement chronophage. Honnêtement, je ne peux pas tout faire. J’ai un travail qui me prend huit heures de mon temps par jour. J’ai une vie de famille, j’ai une compagne plutôt. J’ai mes parents, j’ai mes amis, j’ai une vie sociale à faire. Il faut quand même que je vive. J’ai l’immobilier à gérer parce que je n’utilise pas d’agences immobilières pour gérer mes biens. Je fais tout par moi-même pour avoir le rendement le plus complet possible. C’est très chronophage.
Je fais par étapes. Quand je m’use sur un support d’investissement, je vais sur un autre et ainsi de suite. Comme ça, je reviens avec une réelle envie pour me dépasser encore plus sur ce support d’investissement. Par exemple, à l’heure actuelle, j’ai mis de côté le poker parce que ça prend du temps. Quand j’y étais, ça me prenait entre trois et quatre heures par jour. J’ai mis ça de côté et je me suis lancé dans le blogging, toujours dans cette optique de diversifier les revenus, pour gagner de l’argent. Le blogging, c’est aussi chronophage ! Toi-même, tu dois être le premier à pouvoir me dire.
J’essaie de diversifier les activités parce que sinon je ne pourrais pas tout faire, je ne pourrais pas m’en sortir et j’irai droit à la catastrophe si je continuais à ce rythme-là, à vouloir tout gérer.
Olivier : C’est important pour toi d’équilibrer, de savoir choisir entre la vie professionnelle et personnelle, de ne pas tout sacrifier.
Jérôme Fournier : Exactement, c’est essentiel. Après, il faut vivre. Il faut savoir vivre. C’est essentiel. C’est une base. Grâce à l’effet de levier que j’ai utilisé, j’ai pu vivre. C’est le locataire qui me payait mon crédit. En réalité, il me restait mon salaire intégral pour vivre. D’autres personnes expliquent que pour devenir rentier il faut économiser de l’argent, mettre 500 €, 1000 € ou plus d’économies par mois, et ainsi de suite. Au bout de 10 ou 20 ans, vous avez un capital et vous pouvez devenir rentier. Oui, mais c’est un sacrifice pendant 10 ans ou 20 ans. Moi, tout est autofinancé, je peux vivre normalement et j’agrandis petit à petit mon capital.
Olivier : Mais en termes de temps ? Est-ce que tu as l’impression parfois d’avoir été trop dans des activités chronophages, de ne pas avoir eu assez de temps pour ta compagne ou d’autres activités ?
Jérôme Fournier : A un moment donné, j’étais célibataire. C’est pour cela que je m’étais mis à fond dans mes investissements. Mais depuis plus de deux ans, j’ai ma compagne. Je me suis dit qu’il fallait que je ralentisse mon rythme de vie. J’ai quand même une vie de famille, une vie sociale. Il faut que je sorte.
Plus on est centré dans ses activités, plus on a vite fait de faire des erreurs. On est moins concentré, moins performant sur ses activités. C’est important de pouvoir souffler, de respirer et de revenir avec une autre envie pour être encore plus performant. C’est une chose essentielle.
Olivier : Tu n’as pas envie de quitter ton job parfois ?
Jérôme Fournier : Honnêtement si ! C’est mon but mais je ne le peux pas à l’heure actuelle. Dans quelques années, je pourrais. J’ai calculé que ça sera bon logiquement dans un peu plus de trois ans…
Olivier : Tu seras un homme libre dans trois ans !
Jérôme Fournier : Mais peut-être que je vais avoir une autre stratégie ! Je vais le faire par étapes. Je vais peut-être me mettre au début à temps partiel, c’est-à-dire travailler à mi-temps, pour vraiment que la transition se fasse en douceur. Toujours dans cette stratégie de prendre le minimum de risques, de prendre des risques calculés, et me mettre à mi-temps, avec 50 % de mon temps que je vais consacrer à mes loisirs, à mes activités annexes autres que mon travail. Petit à petit. Je vais faire ça par stade. Je vais peut-être aller dans ce sens-là, me mettre à mi-temps dans deux ans.
Olivier : D’accord. Est-ce que ça aide d’être fonctionnaire pour obtenir des prêts ?
Jérôme Fournier : Honnêtement, je pense que oui. J’ai une sécurité de l’emploi comme j’ai un CDI. Maintenant, quand on commence, on est que stagiaire, on ne gagne pas lourd. Vraiment, je ne gagnais pas des milles et des cents il y a encore quelques années – 1400, 1500 € par mois. Les banques ne voyaient pas de sources de revenus impressionnantes. Elles se posent quand même des questions. Mais à la base, un banquier sera plus à même de traiter avec un fonctionnaire plutôt qu’avec une personne ayant des revenus variables.
Olivier : Est-ce que tu parles de ça autour de toi ? Est-ce que tes collègues sont au courant ?
Jérôme Fournier : Honnêtement, non.
Olivier : Tu préfères rester discret ?
Jérôme Fournier : Exactement. Je suis très discret par rapport à ça parce qu’en France l’argent est quand même une source de tension, de jalousie. Je n’ai pas envie qu’on ne fasse des réflexions disant que « je suis riche » etc. alors que je ne suis pas riche. Je dépends de mon salaire. Si je n’ai pas mon salaire, je suis mal à l’heure actuelle. Je n’ai pas envie que des personnes me demandent des explications, comment il faut faire ou comment il ne faut pas faire, pour qu’elles me disent ensuite : « tu m’as donné un conseil, en réalité ce n’est pas bon ! » Je peux donner des conseils en règle générale, mais après sur un domaine précis, il faut avoir toutes les informations pour avoir un jugement précis. C’est quand même une chose essentielle.
Olivier : Justement, ça me permet de te poser une question importante : « Est-ce que d’après toi tout le monde peut faire ce que tu fais ? »
Jérôme Fournier : Honnêtement, oui.
Olivier : Tu n’as pas l’impression d’avoir un don particulier ? Tu as juste travaillé et tu as eu tout ça avec de la volonté et de la détermination ?
Jérôme Fournier : J’ai eu aussi un peu de chance. Mais j’ai provoqué la chance par la banque qui a enfin accepté, etc.
Olivier : C’est génial. Dans ton parcours, on peut vraiment comprendre que tu as provoqué la chance. Il y a une vidéo super qui tourne beaucoup sur un professeur de MBA qui explique la chance est une compétence (Note : vous pouvez la voir ici, allez-y, elle est géniale ). On voit très bien qu’à travers ton parcours, ce qui crée la chance est un objectif précis, un plan d’action et une détermination sans faille pour le mettre en pratique. Forcément, quand on fait ça, la chance nous tombe dessus parce qu’on est à l’affût des opportunités.
Jérôme Fournier : Exactement. Dans le cas de mon dernier « investissement », le blogging, je n’ai aucune connaissance informatique. Je n’y connais rien. En monétisation, c’est la même chose. Je n’y connais strictement rien. Au bout de deux mois, j’arrive à dégager plus de 150 €. C’est quand même incroyable. Pourtant, je n’ai aucune connaissance, rien à la base. Pourquoi ? Parce que j’ai travaillé, que j’ai préparé par rapport mon blog. J’ai eu la chance qu’une personne m’aide à créer le blog. J’ai provoqué cette chance en demandant. Ça a été très dur. J’ai mis un mois avant de trouver quelqu’un qui m’aide gratuitement – je précise. C’est Adrien du blog 3615malife. Je lui fais un peu de pub parce que c’est vraiment gentil de sa part de m’avoir aidé gratuitement et de m’avoir donné plein d’astuces pour m’aider à monétiser mon blog. En partant de rien, on peut arriver à faire des choses. Je ne sais pas à combien je peux arriver avec mon blog. Mon but est de faire 500 à 600 euros par mois. C’est le but que je me suis fixé…
Olivier : Ça me paraît tout à fait atteignable.
Jérôme Fournier : Je vois des blogueurs qui arrivent à faire ça. Je dois être capable pouvoir réaliser ceci. Je me suis lancé complètement mais après il faut avoir un plan d’attaque. On parlait tout à l’heure de mes sources d’information. Là, c’est internet, c’est blogueur pro. J’ai regardé tes vidéos : comment faire pour avoir du trafic, les piliers pour les avoir… Je les ai suivies scrupuleusement et je les ai adaptées à ma façon parce que tu as complètement raison dans tout ce que tu dis. Après, j’ai mis des petites choses à ma petite sauce personnelle …
Olivier : C’est exactement ce qu’il faut faire !
Jérôme Fournier : Et c’est peut-être pour ça que j’ai fait un départ en fanfare qui surprend énormément de personnes. Mais à la base, il y a un travail en amont, un travail de réflexion, un travail d’éducation que j’ai eu en grande partie par son intermédiaire.
Olivier : Ça me fait très plaisir. En plus, on a une belle illustration d’une démarche complètement proactive où tu te fixes un objectif. Tu sais bien qu’il y a des obstacles entre l’état où tu es actuellement et l’état où tu veux aller. Le premier obstacle c’est : « Je n’y connais rien ». C’est malheureusement un obstacle sur lequel beaucoup de gens s’arrêtent, mais ce n’est qu’un obstacle parmi d’autres. Ce n’est pas du tout quelque chose de paralysant. C’est aussi un avantage que l’on a en tant qu’autodidacte – parce que moi, j’en suis un. Comme on a l’habitude d’apprendre par nous-mêmes, ce premier obstacle, à savoir « je n’y connais rien », n’est pas un obstacle pour nous. Pour nous, ça peut même être excitant : « Chouette ! Je vais pouvoir apprendre plein de choses sur un sujet que je ne connais pas. Puis je vais demander de l’aide à droite et à gauche au début et ça va être super sympa. » Ça nous permet de franchir beaucoup plus facilement cette première étape et de quand même faire des choses alors que on ne s’y connaît pas en fait.
Jérôme Fournier : C’est exactement ça, et puis, c’est essentiel de puiser dans les sources d’information qui nous intéressent. Tu parlais des piliers par rapport à la création d’un blog à succès, je rajouterais une petite chose – je suis désolé Olivier – c’est l’empathie. Je pense qu’un blog a besoin d’empathie. Je pense qu’un blog neutre sans apports humains aura du mal à fonctionner.
Olivier : Je suis entièrement d’accord. D’ailleurs, même si je n’ai pas utilisé le mot empathie, le pilier numéro trois, c’est la relation et la confiance, qui est l’empathie donc. Il faut avoir une relation humaine avec ses lecteurs.
Jérôme Fournier : Si c’est dans ce sens-là, d’accord, très bien.
Olivier : J’en profite pour annoncer d’ailleurs que je vais publier très bientôt un livre numérique qui est : Vivre la vie de ses rêves grâce à son blog, qui sera donc disponible sur blogueur-pro.com. Donc allez-le voir dans quelques jours. Vous aurez tout ce qu’il vous faut pour créer et développer un blog à succès, et ensuite le monétiser efficacement.
On voit que tu cherches à diversifier efficacement ses investissements. Tu ne t’en rends peut-être pas compte mais là, en créant un blog, tu as eu une démarche entrepreneuriale. Un blog, ce n’est pas du tout un investissement passif, c’est une entreprise ! En tout cas, c’est comme ça que je le considère. On a tout intérêt à considérer son blog comme business. Tu es devenu aujourd’hui le dirigeant de ton blog. Là, il ne gagne pas suffisamment d’argent pour que ce soit une entreprise véritable, dans le sens où elle ne peut pas te donner un salaire. Mais aujourd’hui, je t’assure que tu es entrepreneur de Capital Story. Tu es le dirigeant de Capital Story. Donc félicitations ! Bravo pour ta venue dans le monde entrepreneurial ! Il faut vraiment savoir qu’un blog est une des manières les plus simples et moins coûteuses de démarrer une entreprise. Aujourd’hui, mon entreprise génère entre 10 000 et 13 000 € de chiffre d’affaires par mois et tout est parti du blog des livres pour changer de vie. Donc, c’est tout à fait possible de créer une entreprise rentable – et même très rentable – à partir d’un blog.
Jérôme Fournier : Comme tu le dis, c’est sans dépenser grand-chose, effectivement.
Olivier : L’investissement initial, c’est 50 € pour l’hébergement et le nom de domaine. C’est vraiment à la portée de tout le monde. C’est vraiment quelque chose de fantastique. Là, on peut avoir un retour sur investissement absolument énorme – surtout qu’il y a beaucoup de places à prendre dans la blogosphère française aujourd’hui.
Jérôme Fournier : Exactement, il faut avoir une bonne idée, la travailler en amont, ne pas se lancer de suite dans un blog. Il faut faire la promotion du blog parce que le contenu qui est important. Il faut le faire connaître. On peut avoir le meilleur blog sur terre mais si on n’en fait pas la promotion, il n’y a que deux ou trois lecteurs qui le lisent et ça ne marchera pas. On est voué à l’échec. Au bout de six mois, la plupart des blogueurs arrête leur activité.
Olivier : La plupart des gens arrêtent une activité avant six mois. Ils laissent tomber quand ils commencent à faire la traversée du désert, c’est-à-dire à ne plus avoir l’excitation de la phase de découverte. On dépense plus d’énergie que cela ne rapporte qu’au début parce qu’on doit apprendre. J’ai fait ça pendant longtemps, j’ai laissé tomber, j’ai papillonné, j’ai essayé de découvrir plusieurs activités, j’ai laissé tomber dès que ça devenait un peu dur. Mais j’ai réussi à dépasser la traversée du désert une fois. J’ai eu tellement de récompenses derrière que ça m’a encouragé à faire ça dans toutes les activités que je fais. Je n’y arrive pas toujours mais en tout cas c’est vraiment la bonne démarche. On le voit très bien dans ton histoire : objectif précis, plan d’attaque et surtout de la détermination. On n’abandonne pas, on continue jusqu’à ce qu’on y arrive. Tu es une très belle illustration de ce concept.
Jérôme Fournier : Merci beaucoup Olivier.
Olivier : Pour terminer, est-ce que tu pourrais me dire quels sont les objectifs pour les années à venir ? Est-ce que tu penses investir dans un autre appartement ? Qu’est-ce que tu vas faire ?
Jérôme Fournier : 2011 sera une année cruciale pour moi. Je vais revendre mon appartement et je vais essayer d’acheter une petite maison avec un petit jardin, du côté de Bordeaux bien évidemment, avec ma compagne. Ça va être le tournant par rapport à mon objectif d’indépendance financière, parce que là aussi, je vais essayer de garder l’argent de la vente encore une fois, de ne pas l’utiliser en apport par mes petites techniques à moi – qui sont légales, je précise. 2011 va être le tournant : acheter, revendre, ne pas faire d’investissement locatif. Je garde mon argent pour faire un apport conséquent, pour être crédible devant les banques. Ça va être la base de mes investissements de 2011. Ensuite, je vais essayer de rentabiliser le blog que j’ai. Ça va être une autre optique. Je vais essayer de voir d’autres placements intéressants que je peux faire. Je me suis lancé sur My Major Company, je ne sais pas si tu connais, pour être dans la production musicale. Je suis « producteur », actionnaire de Grégoire, le dernier numéro un des ventes. J’ai de la chance.
Olivier : J’ai découvert le concept sur ton site d’ailleurs.
Jérôme Fournier : En plus, je l’ai conseillé. C’est la première fois que je conseille parce que je ne veux pas qu’on essaye de me retrouver avec un fusil de chasse pour me dire : « Tu m’as donné un mauvais conseil, je vais te retrouver !». C’est la première fois que j’ai dit : « Allez investir sur Grégoire » parce que je voyais qu’il allait faire un carton. Il était à l’époque 28e des ventes sur iTunes. Il avait déjà une aura assez importante. Je pensais que ça pouvait être un investissement très rentable. J’ai donc conseillé à certains des lecteurs de mon blog, j’espère que certains m’ont suivi parce qu’il est désormais numéro un des ventes. Je suis actionnaire de d’autres chanteurs aussi, en espérant qu’ils me rapportent de l’argent. C’est quand même un placement. J’ai envie d’être actionnaire aussi d’entreprises, mais pas en tant que Business Angel parce que je n’ai pas envie d’acheter pour revendre, pour spéculer dans une entreprise. Mais pourquoi ne pas être actionnaire de commerce sur Bordeaux ? J’aimerais bien diversifier mes revenus sur cet aspect-là. Mais là, ça va prendre du temps. Je prends mon temps, j’essaye de trouver les bonnes opportunités et puis il faut de l’argent aussi pour investir. Il faut que j’économise un petit peu par rapport à cela. Ça va être mes futures ambitions d’investissement. Et le dernier investissement dans lequel j’aimerais bien me lancer, quand je vois mon père qui est collectionneur et qui place beaucoup son argent dans des objets anciens, j’aimerais beaucoup apprendre ce côté antiquaire au niveau de l’art, des « vieux objets » pour ensuite en faire commerce, acheter puis revendre à une somme supérieure. J’aimerais bien me lancer dans cet apprentissage. Ça va prendre là aussi du temps mais je me donne le temps. Ce sont les futures ambitions pour l’année 2011.
Olivier : Très bien, Jérôme ! Je pense qu’on a eu un très bon aperçu de ton parcours, énormément de conseils aussi. On peut puiser dans ton expérience si jamais on veut investir. Il y a aussi des leçons à tirer dans ton parcours pour les entrepreneurs parce qu’on voit la puissance de la détermination dans ton parcours. Donc félicitations !
Pour les personnes qui souhaitent puiser davantage dans ton expérience, ils peuvent aller sur ton blog CapitalStory.Fr. Tu écris des articles sur comment investir dans l’immobilier, l’argent, la bourse. Tu interviewes aussi comme tu l’as dit : Olivier Seban, des auteurs dans le domaine des entrepreneurs, des investisseurs… Pour tous ceux qui sont intéressés par ce sujet, allez sur capitalstory.fr, il y a beaucoup d’articles intéressants. Merci beaucoup, Jérôme, et à très bientôt pour de nouvelles aventures !
Jérôme Fournier : Merci Olivier, au revoir !
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