Vivre de sa passion grâce à un blog, Loïc Plisson l’a fait ! Vous aussi, vous pouvez gagner de l’argent sur le web en 2023 avec un blog et son écosystème. Comme vous allez le voir, cette étude de cas vous montre qu’il est possible d’être plus libre grâce à son entreprise web. Vivre de […] L’article Vivre de sa passion grâce à un blog : l’exemple de Loïc est apparu en premier sur Blogueur Pro.
-
J'ai publié sur blogueur-pro.com
June 27 2023, 5:00pm
-
J'ai publié sur youtube.com
June 27 2023, 5:00pm
-
J'ai publié sur des-livres-pour-changer-de-vie.fr
Le laboureur et les mangeurs de vent
Résumé de « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik. À partir de son histoire personnelle et de ses connaissances en neuropsychiatrie, Boris Cyrulnik livre une réflexion profonde et saisissante sur les processus qui peuvent mener à la liberté intérieure ou à la soumission à une idéologie meurtrière.
Par Boris Cyrulnik, 2022, 272 pages.
Chronique et résumé de « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik
- Le laboureur et les mangeurs de vent - Préparer les enfants à la guerre
Comment se fait-il que des millions de personnes puissent adhérer, à certaines périodes de l’histoire, à des régimes totalitaires ?
Un régime totalitaire, comme l’a été l’Allemagne nazie, est pourtant porteur des pires valeurs humaines. Classement des humains sur des critères (notamment de classe, race, genre, orientation sexuelle), humiliation, stigmatisation et meurtres de ceux qui ne sont pas considérés dignes d’appartenir à la société, etc.
Comment un être humain arrive-t-il donc à commettre des actes profondément immoraux ? Pour aborder cette question déjà traitée par de nombreux penseurs, Boris Cyrulnik prend pour point de départ la conception de l’enfant. Embryon déjà, alors qu’il est encore dans le ventre de sa mère, son cerveau se forme au contact des stimulations qu’il reçoit de son environnement.
Bébé, puis petit enfant, il a besoin d’acquérir une certaine confiance en lui. Ceci se constitue dans le rapport à ses parents et aux adultes qui prennent soin de lui. À ce moment de sa vie, il se sécurise en expliquant le monde à travers des catégories de pensée binaires transmises par la société et les adultes : gentil/méchant ; femme/homme, grand/petit ; etc. Ce n’est qu’au cours de son développement qu’il pourra donc commencer à saisir et à développer des nuances.
L'environnement qu'il faut
Mais si l’environnement familial et la société dans lesquels l’enfant évolue continuent à scander et à répéter des catégories d’explication simplistes et binaires (récits concordants), alors l’enfant, devenu adulte, en reste prisonnier sans même en avoir conscience. Il devient ainsi un fidèle serviteur au service de ce que Cyrulnik nomme « le clan ». Il ressent donc de la joie et de la fierté à le défendre. Ceci quitte à devoir commettre des actes de violence et de barbarie à l’encontre d’autres êtres humains.
À moins qu’il ne parvienne à s’y opposer, mais comment ? Soit parce que sa famille est hostile au régime totalitaire. Soit parce que lui-même s’oppose aux dogmes que prônent le régime et sa famille (récits discordants).
Boris Cyrulnik note donc qu’il peut arriver qu’un enfant admire les symboles portés par un régime totalitaire alors que ses parents s’y opposent. Dans certains cas, il arrive alors que des enfants dénoncent leurs propres parents.
- Le laboureur et les mangeurs de vent - Aimer un salaud
Certains enfants ont aimé leurs pères alors que ceux-ci sont considérés comme les pires bourreaux de l’histoire (des salauds) : Himmler, Staline, Mengele, etc. Comment est-ce donc possible ?
Simplement parce que l’affection se construit dans le rapport intime que l’on entretient avec son père, à l’intérieur de la maison et de l’espace familial. Un bourreau peut donner beaucoup d’amour à ses enfants. Puis l’instant d’après, quand il se remet dans son rôle public, exécuter ou faire exécuter des innocents.
L’enfant, qui ne perçoit donc son père qu’à travers la relation intime et familiale qu’il entretient avec lui, ne se rend pas compte de ce qu’il se passe à l’extérieur lorsque son père « travaille ». Il est en conséquence trop jeune pour le percevoir et ne peut pas le détester pour ces actes dont il n’a pas conscience.
À l’inverse, certains enfants ont détesté leur père qui était pourtant un personnage célèbre aimé par beaucoup d’autres. Fidel Castro, par exemple, a été détesté par son fils. Ceci, non pas en premier lieu pour les actes qu’il a commis. Mais, plutôt, parce que l’environnement familial ne parlait pas de lui, ou très mal.
En tant qu’êtres humains, nous sommes très influencés par les milieux dans lesquels nous grandissons. Parce que nous évoluons pour forger notre propre personnalité et nos opinions sur le monde. Nous le sommes d’abord par les adultes qui prennent soin de nous. C’est-à-dire nos parents et l’entourage familial ou communautaire proche.
Boris Cyrulnik distingue alors deux catégories de personnes en fonction du chemin qu’ils prennent dans leur développement à l’âge adulte :
Les extatiques, ou « mangeurs de vent », ne parviennent pas à se détacher des discours qu’ils entendent et les intériorisent sans discernement. Ils restent au stade du petit enfant qui absorbe tous les signaux provenant de la mère. Alors, ils peuvent ressentir joie et plaisir à l’énoncé d’une opinion « hors sol » complètement détachée de la réalité. Ils pensent qu'elle a un sens, mais il n’en a, en réalité, aucun. Si ce n’est, en réalité, celui de servir les intérêts d’un système qui vise à les manipuler.
Les « laboureurs » parviennent à accéder à une certaine autonomie de pensée intérieure. Ils sont capables de faire preuve de discernement et de recul critique par rapport aux discours qu’ils entendent autour d’eux. Ils forgent leurs opinions en restant connectés à la réalité du monde.
En définissant les laboureurs, Cyrulnik écrit :
« Nous sommes tous déterminés par ce que notre entourage nous raconte. Ce n’est qu’en poursuivant notre chemin vers l’autonomie que nous accédons à un degré de liberté intérieure. Alors nous pouvons juger, évaluer, intérioriser ou rejeter les récits qu’on nous propose. […] Ceux qui préfèrent continuer l’exploration par eux-mêmes et non plus par ce qu’on leur a dit adoptent la stratégie du laboureur. Ils se cognent aux cailloux, reniflent l’odeur de la glaise et se donnent un plaisir de comprendre (qui est) enraciné dans le réel. […]
Le bonheur des laboureurs élabore un savoir éprouvé sensoriellement, touché, palpé, écouté, comme le font les praticiens sur le terrain […]. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 19)
- Raconter l’impossible
Boris Cyrulnik revient sur son enfance. Alors qu’il est très jeune enfant, pendant la Seconde Guerre mondiale, ses deux parents sont arrêtés et déportés. Ils ne reviendront pas des camps.
Un jour avant son arrestation, la mère du jeune Boris le place dans un orphelinat. Un jour de 1944, un groupe d’hommes armés, des hommes de la Gestapo, viennent l’arrêter, alors qu’il n’a que sept ans. Il est placé dans un camp avec d’autres prisonniers. Pris par la peur, il parvient à s’enfuir. Il est recueilli ensuite par une famille d’accueil.
Longtemps, les souvenirs de cette arrestation ont hanté Cyrulnik. Il se heurtait, lorsqu’il voulait en parler, au silence des adultes qui lui disaient de « passer à autre chose ». Alors, il s’est tu et a cherché à se réfugier dans un monde imaginaire et auprès des animaux parce que ces derniers ne le jugeaient pas.
Le jeune Boris s’accroche alors à une idée forte : il veut comprendre et prouver que les nazis avaient tort. C’est pourquoi il décide de s’engager dans une carrière scientifique qui pense-t-il, lui donnera des armes pour comprendre et mener son combat.
- Le laboureur et les mangeurs de vent - Faire une carrière de victime ou donner sens au malheur
En grandissant, Cyrulnik se rend compte qu’« un fait scientifique ne découvre pas nécessairement la vérité ». Pourquoi ?
Le scientifique est un être humain incarné qui a une histoire, une âme et des désirs. Même s’il tente d’être le plus objectif possible. Il influence nécessairement, à de divers degrés, la méthode qu’il met en œuvre et les résultats qu’il produit. On retrouve l’idée « des mangeurs de vent » qui produisent des résultats coupés du réel.
C’est ainsi, par exemple, que des chercheurs peuvent affirmer – et influencer le débat politique sur ce sujet – que tout enfant qui a souffert de carence affective est amené à devenir un délinquant. En écoutant ces idées, Boris Cyrulnik a pensé que « pour échapper à cette malédiction », il devait se taire et cacher son enfance.
À l’âge de quatorze ans, Cyrulnik est envoyé dans une institution qui accueille de nombreux orphelins de guerre. C’est là qu’il découvre, à travers les récits des « moniteurs » du centre, qu’il appartient à une communauté juive à qui on restitue de la dignité et auprès de laquelle il peut trouver une forme de sécurité. En discutant avec les animateurs, il parvient à se forger des opinions politiques et artistiques et à se ressaisir de son enfance de manière positive. Il n’a alors plus honte d’être un enfant sans famille.
« Je pouvais être compris, il suffisait que je m’exprime pour ne plus me sentir comme un paria interdit de vivre. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 29)
Cyrulnik a alors découvert deux stratégies de survie :
« Faire une carrière de victime » qui est la voie encouragée après la guerre. On pense que les enfants sans famille ne peuvent pas se développer.
« Donner sens au malheur » par la recherche collective d’un sens, d’une compréhension de ce qu’il s’est passé pour essayer de se reconstruire et de se remettre sur le chemin de la vie.
- Apprendre à voir le monde
Au début du siècle jusqu’à l’avant Seconde Guerre mondiale, le centre de l’Europe ; et notamment la ville de Vienne, en Autriche, est marquée par une effervescence intellectuelle, artistique et culturelle. Ce joyeux bouillonnement est alimenté par un croisement riche de différentes cultures provenant de différentes parties de l’Europe et de la Russie (Polonais, Allemands, Hongrois, Italiens, Juifs…). De grandes figures s’y rencontrent comme Klimt, Schiele, Mozart, Beethoven ou encore Stefan Zweig.
Parmi ces figures illustres, Sigmund Freud découvre, sur les bancs de l’université, qu’il est stigmatisé pour être juif. Il ne se soumet pas et décide d’emprunter un chemin alternatif à celui de « la récitation qui mène au diplôme mais ne stimule pas la pensée » (p. 35). C’est ainsi qu’il deviendra le fondateur d’une discipline nouvelle, la psychanalyse.
Mais cette époque est aussi marquée par de sombres figures, comme Josef Mengele qui naît en Bavière en 1911. Malgré un caractère en apparence équilibré, très sociable, une enfance banale pour l’époque, dans une famille plutôt aisée, le jeune Mengele éprouve le besoin de se sentir supérieur à d’autres êtres humains. Il développe un goût prononcé pour la classification et la hiérarchisation des êtres humains en fonction de leurs caractéristiques physiques et biologiques. C’est alors qu’il adhère aux théories racistes qu’il découvre à Munich en 1930. Il se servira de sa formation scientifique, de médecin, pour développer ses théories et deviendra l’un des plus grands tortionnaires des camps nazis.
À l’inverse, Cyrulnik, comme Freud en son temps, voit dans les différences entre les êtres humains une occasion d’explorer le monde, de s’enrichir, de s’ouvrir à d’autres cultures et mondes mentaux.
- Le laboureur et les mangeurs de vent - Explorer le monde ou le hiérarchiser
Charles Darwin (1809 – 1882) est un célèbre naturaliste anglais du XIXe siècle. Il a élaboré la théorie de l’évolution et de la sélection naturelle. Il n’établit pas de hiérarchie entre les êtres vivants. Selon lui, ce sont ceux qui s’adaptent le mieux aux environnements dans lesquels ils vivent qui ont le plus de chance de continuer à vivre et à se reproduire. « Ce n’est pas forcément le plus fort [qui survit] » (p. 44).
Certains scientifiques et hommes de pouvoir ont malheureusement interprété la théorie de Darwin différemment. Ils ont établi une hiérarchie et un classement entre les êtres humains en fonction de leurs supposées capacités à survivre. C’est ainsi qu’ils ont justifié le besoin « d’éliminer » de la société tous ceux qu’ils considéraient comme « ne servant à rien ». C'est le cas des personnes malades mentalement, les tziganes, les juifs, les homosexuels.
Selon Boris Cyrulnik, nous colorons le monde et les faits scientifiques à travers notre personnalité et nos affects. Il établit alors une distinction entre :
Ceux qui voient dans les différences une source de richesse pour l’humanité, qui veulent explorer le monde. Ceux-là n’attribuent pas les problèmes aux êtres humains eux-mêmes mais aux milieux dans lesquels ils vivent. Ils revendiquent alors une prise en compte des conditions de vie difficiles et la nécessité de leur amélioration.
Ceux qui éprouvent le besoin de se situer dans un rapport de force, de « dominer » et qui veulent « éliminer les faibles » (p. 46).
- Affronter
Les personnes qui ont vécu de grands traumatismes (incestes, viols, violences de guerres, harcèlement, etc.) rencontrent souvent de grandes difficultés à en parler à leurs proches. Elles redoutent souvent les moments de silence et d’être confrontées à de l’incompréhension voir à des négations de ce qu’elles ont subi.
S’adresser à un étranger ou avoir recours à une médiation, comme un roman ou un film, permet de mettre davantage à distance les affects. Un espace de libération de la parole s’ouvre.
« Quand la culture s’intéresse à ces traumas non dits, elle rétablit une concordance entre les récits collectifs et ceux du blessé. Il peut enfin s’exprimer sans trouble et sans frein, ‘comme ça vient’ » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 52)
- Le laboureur et les mangeurs de vent - Abusive clarté
Méfions-nous donc du travail administratif bien fait. Il nous procure du plaisir parce qu’on a l’impression d’accomplir son devoir. C’est en réalisant ce type de travail qu’Adolf Eichmann a envoyé dans les camps de concentration des millions de Juifs et d’autres personnes considérées comme indésirables par le régime nazi.
Méfions-nous également des solutions qui semblent revêtir un contenu scientifique rigoureux. C’est en appliquant ce type de remèdes que des médecins, pendant quelques décennies au XXe siècle, ont lobotomisé et modifié des parties de cerveaux de personnes qui présentaient des troubles psychiatriques.
Dans certains contextes historiquement situés, des discours en apparence « moraux » justifient et encouragent la réalisation d’actes monstrueux.
Et pendant bien longtemps, les sociétés n’ont pas cherché à comprendre les victimes des stress post-traumatiques. Ceux-là qui revenaient de la guerre, qui avaient été témoins ou qui avaient subi des actes atroces. On leur attribuait la responsabilité de leur souffrance et on les punissait, alors qu’il aurait fallu, nous dit Cyrulnik, chercher à les soigner et à les aider à aller vers le chemin de la résilience.
- Penser par soi-même
Un enfant est bien sécurisé par sa mère, ou par une personne qui prend soin de lui, lorsqu’il peut sentir la présence d’un corps et de paroles réconfortantes. Cette première sécurisation contribue à lui donner confiance en lui et lui ouvre un accès vers l’autonomie.
Lorsqu’un enfant est peu ou mal sécurisé par son entourage, il n’a pas de repères pour accéder à une forme de stabilité et de paix intérieure. Il a alors tendance à rester habité, lorsqu’il grandit vers l’âge adulte, par des peurs et des inquiétudes. Ces angoisses le rendent plus vulnérable aux personnes et aux discours qui semblent lui offrir du réconfort.
Sans nécessairement tomber sous l’emprise de personnes manipulatrices, l’enfant qui a été mal sécurisé peut plus facilement être séduit par des discours « tout faits ». En s’attachant à des opinions ou des doctrines, il essaie de combler ses besoins de sécurisation. L’attachement affectif à des personnages, à des discours se met à occuper beaucoup d’espace et empêche l’enfant, devenu adulte, de prendre du recul et de réfléchir véritablement par lui-même.
C’est ainsi que des groupes très fermés peuvent se former. Les membres de ces groupes se rassurent et se sécurisent mutuellement. Ils partagent des styles de vie, d’habillement, des croyances et diverses habitudes. Les personnes qui sortent de la norme du groupe, en montrant d’autres manières de faire, sont vues comme des menaces.
Rester-soi
« Dans chacun de ces groupes, on reste entre soi, on récite les slogans qui tiennent lieu de vérité. Ceci dans le but d’augmenter la cohérence du récit qui fonde la fraternité du groupe. Il convient dans ce cas de se dire persécuté afin de justifier sa propre violence, en prétextant la légitime défense. Le groupe tend spontanément à évoluer vers une morale perverse où l’on se solidarise entre proches, en se coupant de ceux qui pensent autrement, en ignorant leurs souffrances, en les laissant mourir avec indifférence et parfois même en éprouvant un discret plaisir. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 67)
- Le laboureur et les mangeurs de vent - Aimer pour penser
La sécurisation affective joue donc un grand rôle dans le fait de réussir à « bien penser par soi-même ».
Lorsque l’enfant arrive à l’âge adulte, il éprouve, le plus souvent, des désirs qui le poussent à quitter le cocon familial. Ceci pour « tenter l’aventure sexuelle et sociale ». Le lien d’attachement avec les parents se reconfigure alors pour laisser de la place à d’autres relations affectives.
Parfois l’adulte se sent prisonnier de l’emprise qu’exercent ses parents sur lui. Il ne parvient pas à se détacher suffisamment d’eux pour aller vers sa propre vie d’adulte.
Ce besoin d’attachement affectif, qui perdure à l’âge adulte, peut mener certains à se lier très rapidement, sans aucune réflexion, à des personnes célèbres ou à des figures glorifiées par la société : chanteur, leader politique, soldat, footballeur, etc. Et c’est aussi de cette manière que de nombreuses personnes peuvent s’attacher à des dictateurs ou des tortionnaires.
- Délirer selon la culture
Le délire se traduit par une perte du sens de la réalité et une confusion des idées. La personne délirante peut se sentir persécutée, mise sous emprise par des personnes et des systèmes. En fonction des époques, les contenus des délires diffèrent.
Boris Cyrulnik, dans l’exercice de son métier de psychiatre, a constaté que Napoléon était présent dans les délires de nombreux patients jusqu’en mai 1968. Par la suite, le contenu des délires s’est déplacé vers « les machines et les femmes » qui ont pris plus de place dans la société.
Se sentir appartenir à un groupe et partager une croyance commune produisent des effets très puissants. Des effets à la fois nécessaires, mais dangereux. Plus le groupe se referme sur lui-même, plus il croit en une doxa. Une opinion qui l’éloigne des autres mondes et finit par le rendre intolérant à l’altérité.
« C’est ainsi que se constituent les délires logiques, cohérents et coupés des autres. C’est ainsi qu’on se prépare à la haine de ceux qui voient le monde autrement. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 75)
- Le laboureur et les mangeurs de vent - Croire au monde qu’on invente
Les êtres humains partagent avec beaucoup d’animaux le fait de vivre en groupe. Ce qui les différencie toutefois, c’est la capacité à communiquer par un langage articulé. Et à exprimer des raisonnements marqués par la logique.
Mais cette capacité à raisonner peut-être utilisée pour assembler des éléments qui n’ont aucun sens et aucun lien avec la réalité. Cet assemblage produit des discours, à l’apparence logique, qui peuvent être très puissants. Ces explications du monde simples, binaires, offrent un cadre sécurisant et permettent de souder les membres du groupe. Ces derniers se mettent alors « à aimer » le chef, leader charismatique, comme ils aiment ou ont aimé leur mère. Ils ne pensent pas par eux-mêmes. Ils se remettent à la parole de celui ou de ceux qu’ils considèrent comme supérieurs à eux.
Et comme les émotions se propagent lorsque les individus sont en coprésence. De grandes masses de personnes peuvent se mettre à « aimer » passionnément un chef et à « détester » un groupe identifié comme différent et inférieur.
« Quand on accepte comme une parole intouchable la vérité venue d’un chef religieux, idéologique ou scientifique, il n’y a ni évaluation, ni culpabilité : l’ordre règne. […] Le fait d’éviter de juger afin de mieux se soumettre à un récit coupé de la réalité apporte un grand bénéfice. On ne craint plus rien, on est tous ensemble et on éprouve l’illusion du bien-être. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 83 - 84)
- Colorer le monde qu’on perçoit
L’enfant, au cours des trois premières années de sa vie (1000 jours), associe des perceptions avec des sensations. En fonction de ses expériences et de la sécurité que les adultes lui apportent (ou non), il établit un lien :
Entre des objets, des personnes, des environnements, etc ;
Et des sentiments qui peuvent être très variés comme la joie, la tristesse, la peur, la colère.
Puis il « colore le monde qu’il perçoit » à partir de ses émotions et de ses affects.
Si les jeunes sont mal sécurisés, ils courent le risque de se sentir persécutés. Ils s’attachent alors à des slogans tout faits. Des énoncés sans preuve qui désignent un agresseur imaginaire, un bouc émissaire responsable de leurs malheurs.
« Désigner un agresseur provoque un étrange bien-être. Soit une bonne opinion de soi, soit une clarté qui n’a pas besoin de validation. Le courant qui emporte ces idées suffit à donner du bonheur aux mangeurs de vent qui se nourrissent de phrases toutes faites. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 89)
- Le laboureur et les mangeurs de vent - Donner forme verbale au réel et à ce qu’on sent
Lorsque des personnes finissent par associer automatiquement des sentiments à des discours simplificateurs, leurs émotions ne sont pas connectées réellement au monde réel et sensible. Elles ont recours à la rationalisation pour se convaincre que leurs énoncés sont justes et vrais.
C’est ainsi que les « mangeurs de vent » s’entraînent mutuellement à répéter des énoncés, déjà fabriqués et insensés, mais qui font appel à la rationalisation. Ils ont alors la sensation « d’éprouver la vérité au fond d’eux » et d’énoncer un fait scientifique.
Certains mangeurs de vent emploient des termes techniques. –Comme l’expression « matériel humain » – pour désigner d’autres personnes. Ainsi, ils les déshumanisent, les transforment en objets dénués d’émotions et de sensibilités.
L’écrivain Georges Orwell a montré comment des persécuteurs cherchent à masquer l’horreur des actes barbares qu’ils font subir à d’autres personnes en employant des euphémismes et des termes du langage quotidien. C'est l'un des pouvoirs de la rhétorique.
Comment retrouver alors un semblant d’humanité ? En se reconnectant au monde sensible et au réel, nous dit Boris Cyrulnik.
« Pour ne pas être totalitaire, il faudra que j’ajoute une autre composante [à ma personnalité]. Mais voilà, elle sera d’une autre nature, émotionnelle, poétique, interactive, sociale et même spirituelle. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 104)
- Parler pour cacher le réel
Aucune parole ne peut restituer le réel tel qu’il existe. Toute parole est déjà une interprétation des faits et cache, au moins en partie, la réalité.
Les systèmes ou régimes totalitaires construisent une explication du monde à partir de petits fragments qu’ils utilisent pour expliquer la totalité. Et ils revêtent leur explication d’une apparence rationnelle et logique qui semble offrir une certaine sécurité. La réalité est alors complètement masquée par les discours.
Mais c’est aussi la parole qui fait l’humanité et qui peut permettre de se sentir revivre. À condition que cette parole exprime :
Une sensibilité qui naît d’un rapport au monde ;
Et un usage de la raison ancrée dans la réalité.
Mettre en mot ses émotions et ses idées ouvre un espace de liberté intérieure.
« Quand un sujet n’est pas entraîné à penser, il ne peut pas trouver les mots pour exprimer ses sentiments et ses idées. Sa vie imaginaire est pauvre. Il enfile des énoncés plats comme une fiche administrative ou comme le mode d’emploi d’une machine à café. Le lyrisme est impossible quand on n’a pas d’émotion. La récitation conformiste entraîne une morne normalité. Il facilite les carrières administratives ou universitaires, mais rend impossible la poésie, le roman, ou même un témoignage empathique. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 114)
- Le laboureur et les mangeurs de vent - Se soumettre pour se libérer
Un enfant, au cours des trois premières années de sa vie, ne parle pas. Il construit sa perception du monde d’abord au contact du corps de sa mère qui le nourrit. Ensuite au contact du père et d’autres adultes qui prennent soin de lui. Il enregistre les émotions qu’il perçoit de ces adultes. Vers l’âge de trois ans, il développe la capacité à exprimer ses affects par des mots.
Boris Cyrulnik identifie trois niches nécessaires au bon développement de l’enfant. Ces dernières constituent ce qu’il désigne comme « son écologie » :
La sensorialité ;
L’affectivité ;
La verbalité.
Lorsqu’il évolue, l’enfant réagit aux stimulations de son environnement. Il est contraint d’incorporer les différentes contraintes du milieu et d’apprendre à les gérer. Si les transactions ne s’effectuent pas ou pas correctement. Si une des niches est défaillante, ou si l’enfant manifeste des blocages, son développement est altéré.
Ce n’est qu’une fois que l’enfant a stabilisé une manière « de voir le monde et de le penser » à travers les relations aux adultes qui prennent soin de lui qu’il peut accéder à une forme de liberté intérieure, à la capacité de penser par lui-même.
« Quand on ne peut pas juger et décider par soi-même, on éprouve un soulagement à se soumettre à celui qui pense pour nous. Quand on se sent voué au malheur, on cherche les causes de cette souffrance et on accuse un bouc émissaire, ce qui aggrave le malheur. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 118)
L'appartenance et la dépendance
Boris Cyrulnik nous invite à distinguer l’appartenance et la dépendance. Le sentiment d’appartenance à différentes entités – à la mère, à la famille, à une ou des cultures – est nécessaire au bon développement de l’enfant.
Mais l’enfant, en grandissant, n’est pas voué à rester dépendant de ces entités. Si cela se produit, « le sujet n’accède pas à sa liberté intérieure. Il continue à adorer celui qui le conduit à la servitude » (p. 119).
L’auteur définit un style d’attachement comme une façon d’établir des relations avec les autres. Des études ont montré que tous les enfants, à dix mois, ont déjà acquis un style d’attachement (p. 120) :
Sécure qui permet de résister aux épreuves de la vie (60%) ;
Évitant, calme, distant, peu expressif (20%) ;
Ambivalent, manifestant de la joie et des reproches au contact de ceux qu’ils aiment. (15%) ;
Confus, désorienté marqué par d’importantes difficultés comportementales (5%).
Le style d’attachement qu’une personne a acquis influence les émotions et les affects qu’elle ressent au quotidien et notamment face à des évènements perturbateurs. À partir de ces émotions, la personne produit des récits, des évènements.
La parole peut ensuite créer des entités imaginaires auxquelles des personnes s’attachent. C’est ainsi que des personnes peuvent éprouver de profondes émotions à l’évocation d’idées imaginaires qui sont déconnectées de la réalité.
On comprend mieux ici comment des slogans et des explications simples, en touchant les personnes au plus profond d’elles-mêmes, en viennent à être aussi puissants et dangereux.
- Organiser le monde extérieur pour charpenter le monde intérieur
Diverses expériences menées après la seconde guerre mondiale auprès d’animaux et d’enfants ont mis à jour les mécanismes et l’importance centrale des processus d’attachement pour le bien-être.
Le développement physique et cognitif d’un individu dépend beaucoup des stimulations qu’il reçoit de son environnement. Notamment de l’affection qu’il reçoit.
À l’époque, ces études ont été peu prises au sérieux, car on associait l’attachement et les affects à de la sensiblerie et à de la faiblesse. Aujourd’hui, on leur accorde plus d’attention même si des progrès restent à faire.
Les enfants qui ont reçu de bonnes bases éducatives dans une famille aimante dès leur naissance ont de bonnes chances de puiser en eux la force d’aller vers un processus de résilience après un traumatisme et, ce, même après avoir perdu leur famille dans leur enfance.
C’est ainsi que des orphelins (qui peuvent être victimes de traumatismes de guerre) peuvent continuer à grandir en sécurité dans des institutions qui proposent des rencontres régulières avec des animateurs apportant de la bienveillance et des stimulations intellectuelles.
Au contraire, des enfants qui n’ont pas reçu d’affection et d’attention après leur naissance présentent, presque tous, des atrophies du développement de leurs organes, et notamment de leur cerveau, ce qui peut impacter grandement leurs capacités cognitives. Ces manquements peuvent provenir soit de familles défaillantes (famille biologique ou famille d’accueil) soit d’institutions, comme des orphelinats, qui les laissent à l’abandon la plupart du temps.
- Le laboureur et les mangeurs de vent - S’engager dans le sexe et la mort
Boris Cyrulnik distingue trois étapes du développement d’un être humain auxquelles correspondent trois types d’engagement dans la relation à l’autre :
Le petit enfant est nécessairement attaché à sa mère qui lui apporte les soins, l’affection et la protection dont il a besoin pour grandir.
Lorsque la puberté arrive, l’adolescent se désengage progressivement de la relation d’attachement qu’il entretient avec ses parents et les adultes qui s’occupent de lui. La composante sexuelle s’introduit dans son désir d’établir des relations avec d’autres personnes.
L’âge adulte correspond à l’acquisition d’une certaine forme de liberté et d’autonomie. L’adulte est alors libre, en théorie, de choisir les relations affectives dans lesquelles il s’engage et les personnes avec qui il se lie. Différents types de sentiments peuvent caractériser les relations établies : amour, tendresse, affection, intellectualité, sexualité, etc.
« Les ratés peuvent intervenir à tous les stades de ce processus. L’isolement sensoriel est la principale cause d’altération quand l’appauvrissement du milieu entraîne la dysfonction cérébrale de l’enfant. La puberté donne un élan joyeux vers le corps de l’autre, mais quand la fougue sexuelle n’est pas ritualisée par l’éducation et par les règles culturelles, elle se transforme en passage à l’acte pénalisable ou en inhibition angoissante. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 139)
Un adulte qui n’a pas pu accéder à l’autonomie, qui reste insécure dans ses relations au monde et aux autres, peut facilement devenir la proie de systèmes de manipulation incarnés par des slogans et des figures charismatiques, chefs et dictateurs religieux et politiques notamment.
- Délirer, tous ensemble
Comment le parti d’Hitler est-il parvenu au pouvoir dans les années 1930 en Allemagne ? Par « un discours planteur de haine » (p. 143) sur fond de crise économique et de chômage croissant.
Boris Cyrulnik décrit les étapes classiques qui mènent au pouvoir :
Organisation de défilés, de marche qui mettent en scène des symboles de puissance, de virilité, d’offensivité qui déclenchent des sensations fortes chez les spectateurs ;
Puis des discours qui donnent « des arguments pour légitimer l’indignation, la haine et la juste colère » (p. 144) ;
Et enfin, le passage à l’acte vers la violence politique avec la destruction de bâtiments qui représentent des institutions et la désignation d’ennemis.
C’est alors que des citoyens juifs d’une petite ville d’Allemagne, jusque-là parfaitement assimilés et intégrés, se sont vus, soudainement, désignés comme des ennemis dont il fallait boycotter l’activité professionnelle.
Les mécanismes d’emprise
Boris Cyrulnik expose ici les mécanismes d’emprise, très puissants, qui peuvent soumettre des personnes en apparence intelligentes et équilibrées. Ces soumissions peuvent s’effectuer à des échelles très variées, depuis un couple jusqu’à des millions de citoyens, en passant par un petit groupe sectaire. Dans tous les cas, les personnes soumises perdent le sens du réel et de la morale. C’est ainsi notamment que des milliers de personnes, sous la période nazie, se sont approprié les biens de juifs sans se poser de questions.
« Dans le réel : rien. Mais dans la représentation de ce réel inexistant, un discours bien charpenté par une rhétorique claire, affirmative et une mise en scène émouvante, vigoureuse et exaltante qui provoquaient une juste indignation. […] La dictature nazie n’avait plus besoin de textes écrits pour imposer sa loi puisqu’elle était appliquée au quotidien par des milliers de microdictateurs. Les ordres n’étaient plus nécessaires parce que la population était embarquée dans une soumission heureuse.
C’est ainsi qu’on peut se rendre prisonnier d’un discours, on peut y croire, comme à une évidence, quand on ressent au fond de soi l’émotion provoquée par la harangue où tout le monde partage le même sentiment. Les mots ne désignent plus rien de la réalité, et pourtant on ressent réellement une colère, un mépris, une indignation qui légitime le passage à l’acte. Ce processus où l’on se soumet à une représentation verbale coupée de la réalité pourrait s’appeler "délire logique". » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 144 - 146)
- Bienheureuse aliénation
Est-ce que seuls les malades mentaux en viennent à se soumettre à des idées absurdes et immorales ? Bien sûr que non nous dit Boris Cyrulnik. Il est nécessaire de mettre à jour les processus sociaux et culturels par lesquels des personnes en viennent à se plier sans discernement à l’autorité de chefs dictateurs.
Le petit enfant est nécessairement pris dans une forme d’obéissance à l’autorité de ses parents ou des personnes qui prennent soin de lui. Il apprend ainsi l’existence de cadres et de limites construits socialement et il apprend à contrôler ses pulsions. Cet apprentissage lui sera très utile dans sa vie adulte. Selon Boris Cyrulnik, ce n’est qu’à cette condition et si l’attachement est sécurisant qu’il pourra structurer sa personnalité et accéder ensuite à des formes d’autonomie.
Si l’attachement n’a pas été sécurisant dans le foyer et si le contexte social et culturel environnant n’offre pas de refuge ou d’alternatives, l’individu se met « à errer », sans prise, sans attache, perdu, confus. Il est alors vulnérable et susceptible de se laisser prendre dans les mailles des filets de manipulateurs qui construisent des ennemis imaginaires et lui promettent des formes de protection contre ces derniers.
Boris Cyrulnik cite plusieurs exemples et notamment celui d’une famille dont une partie des membres a vécu un processus d’emprise mis en place par un homme de ménage. Pour lui, c’est le même mécanisme qui a mené des millions de personnes à être sous l’emprise de Hitler, le chef, qui promettait le bonheur après l’humiliation. Pourtant le discours nazi ne reposait sur aucun fondement réel ou scientifique.
- Toute-puissance du conformisme
Le petit enfant se construit nécessairement avec l’intrusion, dans son intimité, des adultes qui prennent soin de lui. Il est encouragé au conformisme, c’est-à-dire à l’imitation du comportement des adultes sur un ensemble de sujets :
Le langage ;
Le style de langue ;
Les formules de politesse ;
L’organisation de l’espace, de son temps ;
La manière de s’adresser aux autres, etc.
Par ce processus, « les autres » et la société « entrent en lui » en quelque sorte.
Le tempérament et la personnalité de l’enfant qui grandit se fabriquent alors par une transaction continue entre sa volonté et ce qui est permis par la société et par les autres.
Lorsque cette transaction ne peut plus se faire, lorsque l’emprise d’un Autre empêche l’individu de ressentir même sa propre volonté, alors il se soumet totalement et se dépersonnalise.
- Imiter, c’est être avec
Au début de sa vie, le petit enfant imite les comportements des autres enfants et des adultes qui se trouvent autour de lui. Il est très sensible « à ce qui vient des autres » (p. 169). À partir de l’âge de 18 – 24 mois, il commence à pouvoir garder en mémoire certains comportements qu’il a observés et il peut les reproduire à d’autres moments.
« L’enfant commence à s’autonomiser parce que dans sa mémoire il a reçu l’empreinte de l’adulte. Pour devenir soi-même, il faut avoir été imprégné par un autre ; pour mener quelqu’un à l’émancipation, il faut lui avoir tenu la main ; pour penser par soi-même, il faut avoir été avec les autres. Cela explique pourquoi les enfants non guidés ont du mal à s’émanciper, ils divaguent et se sentent mieux quand ils ressentent l’emprise d’un autre. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 170)
Des chercheurs ont montré, à travers diverses expériences, que les êtres humains sont instinctivement portés à l'imitation. La vue d’un geste précis (par exemple quelqu’un qui tend la main vers un sandwich), ou le ressenti d’une émotion d’une autre personne (par exemple le dégoût), active certaines neurones et zones de leur cerveau qui poussent à vouloir imiter ce geste ou à ressentir la même émotion. C’est le pouvoir des « neurones miroirs » qui, selon Boris Cyrulnik, explique les mécanismes d’emprise et de manipulation.
- Épidémies et nuages de croyances
Quel est le point commun entre des croyances et des virus ? Ils se répandent très vite, par contagion, à l’intérieur des groupes humains. Seuls quelques humains ne sont pas contaminés.
Depuis que les humains ont commencé à se sédentariser au néolithique (- 12 000 ans), ils ont accumulé des réserves de nourriture qui ont favorisé le développement des rats qui, à leur tour, ont contribué à véhiculer et à propager des épidémies, notamment la peste.
Face à ces épidémies qui tuaient des millions de personnes en un temps records, nombreux sont ceux qui ont discrédité les véritables tentatives d’explications scientifiques. Ils mettaient alors en avant des explications infondées qui attribuaient la faute de leurs malheurs aux humains eux-mêmes : leurs souffrances étaient causées par leurs propres péchés.
C’est ainsi qu’au cours de l’histoire, des milliers de personnes – notamment des Juifs mais aussi des femmes accusées de sorcellerie – ont été condamnées à subir les pires sévices pour expier les malheurs qui frappaient le plus grand nombre.
« Quelques médecins avaient compris que la contagion se faisait par "la parole" ou par le partage d’un repas avec les pestiférés. Ils ne furent pas écoutés parce qu’il est plus facile et plus grandiose de croire que la tragédie est due à l’apparition d’un astre, à une punition divine ou à un complot juif. La pensée paresseuse remporte les suffrages. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 181)
- Se laisser entraîner dans un crime de masse
Un petit enfant subit nécessairement l’emprise de ses parents – ou des adultes qui prennent le plus soin de lui – puisqu’il n’a pas la capacité à accéder à l’autonomie de pensée et de s’occuper de lui-même.
Si ses parents entretiennent une relation saine avec lui, il va progressivement acquérir, non seulement la capacité, mais également l’envie d’être autonome, c’est-à-dire de penser par lui-même et de réaliser ses propres choix. La relation parent-enfant va alors se reconfigurer pour une relation d’adulte à adulte.
Malheureusement, il arrive qu’un enfant, au cours de sa maturation, trouve finalement plus confortable de rester sous l’emprise, soit de ses parents, soit d’un système social plus large qui lui apporte sécurité et affection. Il se laisse alors guider dans des structures de socialisation intermédiaires qui se placent entre la famille et la société.
Un enfant qui a évolué dans un milieu pauvre en stimulation, qui a reçu peu d’affection et qui s’est toujours vu répéter les mêmes slogans éprouvera beaucoup de difficultés à accéder à une pensée autonome à l’âge adulte. Il continuera à éprouver l’envie de satisfaire les demandes de ceux qu’il considère comme supérieurs à lui et dont il recherche l’approbation. C’est ainsi que l’on fabrique un « défenseur d’idéologie identitaire » (p. 183).
« Penser par soi-même nécessite une force mentale qui aide à rester seul en échappant à l’influence de ceux qu’on aime. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 188)
- Publier ce qu’on désire croire
Des jeunes issus d’une même culture peuvent emprunter des voies bien différentes. Certains trouvent du plaisir à se soumettre à des idées qu’ils ne comprennent pas vraiment mais qui semblent leur donner de la valeur.
Lorsque le pays est dans une situation de guerre et que tout le tissu social est désorganisé, les frontières avec la légalité sont floues. L’attachement à des discours fanatiques et des formes d’action violentes semblent offrir une forme de libération.
« C’est très avantageux de refuser de voir et d’accepter sans réfléchir ce qu’on vous demande de croire. La servitude volontaire mène à la certitude volontaire. Pour aboutir à ce confort, il suffit de côtoyer des gens qui articulent les mêmes mots que vous. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 202)
À l’inverse, d’autres « préfèrent prendre un peu de distance afin de juger l’évènement et de préserver leur liberté intérieure » (p. 199).
- Douter pour évoluer
Pour vous engager dans la vie, vous devez avoir quelques certitudes mais celles-ci doivent être évolutives pour vous permettre de vous adapter à différents contextes et évènements. Vous devez également conserver un espace pour découvrir et vous laisser surprendre.
Certaines personnes, malheureusement, acquièrent très tôt des certitudes qu’elles cherchent à toujours confirmer sans jamais les questionner. C’est ainsi que des grands criminels de guerre nazis, comme Mengele, ont cherché des maîtres à penser pour alimenter et confirmer leurs certitudes, sans jamais chercher à les confronter à la réalité.
Ces certitudes leur ont permis d’acquérir une grande confiance en eux qui les a menés jusqu’au pouvoir. Ils ont alors pu imposer leurs valeurs destructrices à un grand nombre de personnes.
- École et valeurs morales
Pendant longtemps, l’homme a été héroïsé dans un rôle de guerrier et la femme dans un rôle de mère au foyer. L’esprit guerrier valorisait la victoire contre un ou plusieurs ennemis, réels ou imaginaires, bien plus que la vérité.
Mais les valeurs morales se modifient au fil des époques. Aujourd’hui, penser à « se réaliser » est tout à fait accepté, voire même encouragé dans une certaine classe sociale. Chacun ou chacune, par ailleurs, peut exercer la profession de son choix.
Les certitudes évoluent avec les cultures qui les fabriquent et les véhiculent. Lorsque des certitudes s’imposent trop fortement aux membres d’une société, la pluralité des choix et des croyances diminue.
C’est ainsi que, pour continuer à pratiquer leur religion, certains doivent se cacher et inventer de nouvelles manières d’accéder à leurs rituels, tout en faisant semblant de pratiquer la religion imposée. Ainsi ils ne se soumettent qu’en apparence mais conservent leur liberté intérieure.
Les certitudes préfabriquées sont aussi bien utiles à ceux qui, incapables de penser par eux-mêmes et de prendre des décisions, s’en saisissent pour se réconforter.
« Si je fais le mauvais choix, je serai coupable des conséquences malheureuses, alors j’hésite, je piétine et je ne parviens plus à décider. Par bonheur, je suis apaisé quand quelqu’un décide pour moi. Je perds ma liberté intérieure, mais je ne souffre plus d’indécision. C’est ainsi qu’on peut aimer la servitude qui nous libère de l’angoisse du choix. […] La certitude et l’abusive clarté empêchent d’évoluer et de découvrir d’autres vérités. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 211 - 212)
- Choisir nos pensées
Cyrulnik cite l’exemple de Viktor Frankl qui a perdu toute sa famille dans le camp d’Auschwitz. Unique survivant, dans un moment extrêmement douloureux et difficile, il décide qu’il veut « comprendre ce qu’il s’est passé pour donner un sens à sa vie ».
Si l’on reste prisonnier d’un traumatisme, on ne peut plus rien faire d’autre que de vivre comme si l’on ressentait en permanence les émotions liées à ce traumatisme et, en réalité, on ne vit plus. On ne peut plus ni penser, ni aimer, ni travailler. On ne fait que souffrir.
En décidant de comprendre ce qu’il s’est passé, Viktor Frankl a essayé de modifier la représentation du traumatisme et d’aller vers une nouvelle vie. Contre l’avis de beaucoup, il a réussi à prendre la défense de nazis qui avaient essayé de protéger ou d’aider des Juifs. Comme Hannah Arendt, il regarde avant tout la valeur morale de la personne au lieu de la représenter à travers un préjugé.
- Attachement et raisons
Sous Vichy, un préfet musulman, Chérif Mécheri, décide de ne pas appliquer l’ordre qui lui a été donné d’établir la liste des Juifs habitant la région de Limoges. Il évite ainsi une rafle.
Comment expliquer que certains prennent le risque de désobéir alors que d’autres se soumettent à des ordres pouvant entraîner la mort de milliers de personnes ?
Eichmann a répété, à maintes reprises au cours de son procès, qu’il ne « faisait qu’obéir ». Mais, s'il obéissait avec autant de zèle à ces ordres, c’est – nous dit Cyrulnik. – Ceci parce qu’ils répondaient « à ses propres désirs de destruction » et à son antisémitisme. L’affectivité d’Eichmann était tellement éteinte qu’il « parlait sans émotion une langue technique comme s’il avait lu le mode d’emploi d’une machine à laver » (p. 229). Pendant son procès, il n’a établi aucun contact visuel avec les témoins.
La mise à distance de l’autre en tant qu’être humain était aussi pratiquée par les officiers qui, venant chercher des enfants en pleine nuit pour les mener vers les camps de la mort, évitaient de les regarder.
« La monstruosité serait-elle banale, sommeillant au fond de chacun d’entre nous. Et se réveillant chaque fois que notre besoin d’appartenance risque d’être déchiré ? Accepterions-nous d’obéir à des ordres monstrueux pour éviter de perdre une figure d’attachement ? Notre besoin d’affection est tellement vital que nous nous laissons convaincre par n’importe quel argument qui maintient le lien. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 235)
- Anomie affective et verbale
Boris Cyrulnik évoque ici les trois niches – biologique, affective, et verbale – qui constituent l’environnement de tout être humain. Ces niches peuvent se modifier tout au long de la vie, mais certains moments sont particulièrement cruciaux :
Les trois premières années de l’enfant (1000 premiers jours) ;
À l’adolescence ;
Pour les femmes, « un façonnement supplémentaire au cours de la première grossesse ».
Lorsque l’enfant évolue dans un milieu appauvri en stimulation et que les niches sont défaillantes, il manque d’estime de soi. Obéir à l’autorité lui apparaît alors, même lorsqu’il est adulte, comme un moyen pour se sécuriser. À l’inverse, une personne qui a pu se stabiliser émotionnellement sera moins dépendante de l’autorité.
Selon Cyrulnik, la plupart des tueurs ont des structures psychologiques qui se situent dans la normalité.
« Un homme normal peut tuer sans frein ni culpabilité. Lorsqu'une désorganisation sociale le vulnérabilise et le rend dépendant de l’autorité d’un autre. Les masses sont aveugles quand leur environnement mal structuré les rend vulnérables. Quand l’incertitude les trouble, elles aspirent à se soumettre à un chef, un sauveur, un héros ou un gourou. Les hommes et les femmes qui se laissent embarquer sont rarement des sadiques, des monstres ou des débiles.
Tous les niveaux intellectuels et éducatifs participent au crime de masse. Par contre, tous se soumettent à une représentation qui décrit un ennemi d’où vient le mal. Comme une souillure ou comme un cancrelat qu’il faut éliminer par hygiène. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 241)
- Se soumettre à l’autorité
Au tout début des années 1960, Stanley Milgram, un jeune psychosociologue, réalise une expérience qui est devenue très célèbre. Il voulait observer jusqu’à quel point des personnes ordinaires pouvaient obéir. C'est-à-dire, obéir jusqu'à commettre un meurtre sans éprouver de problème moral.
Au cours de l’expérience, des personnes incarnant des médecins empreints d’autorité demandaient aux participants d’infliger des décharges électriques à un apprenant – en réalité un comédien – lorsque celui-ci se trompait en répondant à des questions.
Le résultat fut que deux tiers des personnes (65%) infligeaient des décharges mortelles à l’apprenant. Alors que celui-ci manifestait des signes de souffrance évidente. « Ce qui expliquait cette obéissance excessive, c’était la soumission à une autorité morale. » (p. 244)
Lorsque l’expérience a été reproduite, les résultats étaient identiques. Les obéissants étaient toujours plus nombreux que les désobéissants alors même qu’il s’agissait de faire souffrir quelqu’un.
Boris Cyrulnik explique que l’obéissance est un puissant « signe d’intégration sociale ». Alors que la désobéissance est perçue par beaucoup comme « le symptôme d’une socialisation difficile ».
- Glaciation affective
Boris Cyrulnik mobilise ses connaissances en neuropsychiatrie pour expliquer les réactions qui peuvent se produire dans le cerveau et le corps lorsqu’un être humain traverse certaines situations.
Lorsqu’un enfant évolue dans un contexte pauvre en stimulation affective et cognitive, il n’apprend pas à exprimer ce qu’il ressent à travers des mots et éprouve des difficultés à gérer ses émotions. Il est donc soumis à ses pulsions et peut « exploser » à tout moment.
À l’inverse, lorsque le milieu socio-culturel surstimule l’enfant tout en le contraignant à participer à des évènements collectifs exaltant l’autorité d’un chef, toutes les âmes se ressemblent. La peur et l’affectivité disparaissent ainsi que la possibilité d’une pensée autonome ; « on perd sa liberté intérieure ».
- Liberté intérieure
Terminons le cheminement entrepris par une citation, assez longue, mais qui définit bien le parcours de pensée de l'auteur dans ce livre.
« Le choix est clair, mais il est douloureux. Ceux qui s’engagent sur le chemin de la liberté intérieure perdront leurs amis. Ils seront haïs par ceux qu’ils aiment, comme l’a été Hannah Arendt. Penser par soi-même, c’est s’isoler : l’angoisse est le prix de la liberté […].
Par bonheur nous pouvons agir sur le milieu qui agit sur nous. Il suffit d’organiser autour des enfants un milieu sécurisant qui leur donnera le plaisir d’explorer. Plusieurs figures d’attachement leur seront proposées pour leur apprendre à aimer de diverses manières. Nous ouvrirons leur esprit en leur apprenant plusieurs langues, plusieurs manières de penser et d’explorer diverses cultures.
Nous possédons les outils pour agir sur le réel qui agit sur nous. C’est un degré de liberté donc de responsabilité. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 258)
Conclusion sur « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik :
Un ouvrage saisissant qui nous incite à trouver notre liberté intérieure :
La lecture de ce livre est bouleversante. Nous sommes mis face aux conséquences d’une idéologie totalitaire. Boris Cyrulnik explique comment il a survécu aux épreuves endurées pendant la Seconde Guerre mondiale et surmonté la perte de sa famille.
Sa formation en neuropsychiatrie, son expérience professionnelle et le dialogue avec certains grands penseurs, comme Hannah Arendt, viennent à l’appui d’une réflexion dense, vivante et frappante sur les enchaînements qui mènent certains humains à en faire souffrir des millions d’autres.
Grâce à ce livre, vous aurez donc plus de force pour échapper à l'influence et à la manipulation d'autrui et construire votre propre personnalité.
Ce qu’il faut retenir de « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik :
Boris Cyrulnik, en tant que neuropsychiatre, s’est intéressé aux mécanismes de développement de l’enfant.
Alors, il montre combien il est nécessaire, pour un enfant, d’être sécurisé par les adultes. Des adultes prennent soin de lui et de recevoir de l’affection. Il doit également recevoir des stimulations variées. Il doit être mis en relation avec différentes manières de penser et de voir le monde, différentes cultures. C’est ainsi que l’enfant aura le plus de chance d’accéder à une forme d’autonomie dans ses pensées et ses choix. C'est ce que l’auteur appelle « la liberté intérieure du laboureur ».
À l’inverse, un enfant peu sécurisé ou sursécurisé dans un milieu où tout est identique aura plus de risque de devenir un « mangeur de vent ». C’est-à-dire à se conformer à un discours, des slogans prononcés par des chefs et des manipulateurs. Il sera alors incapable de prendre le recul nécessaire pour exercer une pensée critique et affranchie du milieu ambiant. C’est ainsi que des millions de personnes peuvent se retrouver embrigadées dans une voie qui mène au malheur. Une voie totalement injuste, de millions d’autres. Ils ressentent alors des émotions exaltantes au contact d’énoncés qui n’ont pourtant aucun lien avec la réalité. Mais, qui permettent de se sentir appartenir « au groupe ».
Face au danger toujours bien présent que représentent les idéologies manipulatrices et meurtrières, il est urgent de travailler. Travailler à la prise de conscience de tous et à l’éducation des enfants. Et ceci dans des environnements sains et riches en affects et en stimulations.
Les points forts et les points faibles du livre Le laboureur et les mangeurs de vent
Points forts :
Une analyse essentielle des mécanismes qui mènent des millions de personnes à soutenir des idéologies meurtrières ;
L’évocation des expériences de vie éprouvantes de l’auteur ;
Des exemples profonds et frappants de résistance et de barbarie.
Point faible :
Des répétitions et des digressions qui nuisent à la cohérence de l'ouvrage.
Ma note :
★★★★★
Avez-vous lu le livre de Boris Cyrulnik « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » ? Combien le notez-vous ?
Visitez Amazon afin de lire plus de commentaires sur le livre de Boris Cyrulnik « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude »
Visitez Amazon afin d’acheter le livre de Boris Cyrulnik « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude »
Cet article Le laboureur et les mangeurs de vent est apparu en premier sur Des livres pour changer de vie.
June 26 2023, 5:00pm
-
J'ai publié sur youtube.com
June 26 2023, 5:00pm
-
J'ai publié sur youtube.com
June 25 2023, 5:00pm
-
J'ai publié sur youtube.com
June 24 2023, 5:00pm
-
J'ai publié sur youtube.com
June 23 2023, 5:00pm
-
J'ai publié sur youtube.com
June 22 2023, 7:06pm
-
J'ai publié sur des-livres-pour-changer-de-vie.fr
Profession Slasheur
Résumé de "Profession Slasheur - Cumuler les jobs, un métier d'avenir" de Marielle Barbe : En partageant son propre vécu de "slasheuse", l’auteure aborde l'expérience de ceux qui pratiquent le "slashing" et cumulent donc plusieurs jobs et casquettes et qu'on appelle "slasheurs" ou "multipotentiels". Elle partage ses réflexions et conseils pour faire de cette différence un véritable atout dans un monde de plus en plus en adéquation avec ces profils atypiques, appelés "slasheurs" ou "multipotentiels".
Par Marielle Barbe, 2017, 320 pages.
Chronique et résumé de "Profession Slasheur - Cumuler les jobs, un métier d'avenir" de Marielle Barbe
Introduction - Je n’ai jamais su choisir !
L’histoire de l’auteure, Marielle Barbe
Marielle Barbe commence donc son ouvrage "Profession Slasheur" en nous racontant son histoire. Il débute en nous présentant ce qu’elle appelle le "millefeuille de son profil".
Elle retrace :
La pression sociale et familiale qu’elle a ressentie très jeune lorsqu’elle a dû faire le choix de son orientation scolaire
L’auteure raconte ses difficultés à ne choisir qu’une seule voie, alors qu'elle aurait voulu tout faire, tout explorer. Il aurait adoré composer son métier comme un kaléidoscope, ne gardant que le meilleur de tout ce qui l’intéressait.
Son parcours professionnel
Ponctué de métiers et centres d'intérêt divers et variés, Marielle Barbe raconte avoir fait ces choix au gré de ses rencontres et des opportunités de la vie.
La confusion qui l’a gagnait lorsqu’elle devait expliquer ce qu’elle faisait dans la vie
L’auteure se sentait toujours "atypique, décalée, pas très normale, pas légitime" dit-elle.
La révélation de l’auteure d’être slasheuse
Marielle Barbe revient ensuite sur ce jour où elle eut enfin cette révélation, par hasard, au détour d’une lecture, seulement quelques années avant l’écriture de ce livre, d’être slasheuse.
C'est à ce moment-là que l’auteure de "Profession Slasheur" comprend que le terme de "slasheur" :
Est attribué à ceux qui ont besoin de cumuler plusieurs métiers ; soit par obligation économique, soit par conviction (pour éviter l’ennui).
Fait référence à la barre oblique " / ", appelé "slash" en anglais.
Elle réalise aussi :
Qu’aux États-Unis, les slasheurs sont appréciés et recherchés dans le monde professionnel : là-bas, le côté "multitâche" des slasheurs ; leur créativité et leur capacité d’adaptation hors normes sont considérées comme une réelle valeur ajoutée.
Que le 21ème siècle est "particulièrement propice à l’ubiquité professionnelle".
Pour l’auteure de "Profession Slasheur", prendre conscience de sa multipotentialité bouleverse alors sa façon de se percevoir. Non seulement, celle-ci ne se sent plus "inadaptée" de ne jamais choisir de rentrer dans un moule. Mais elle commence aussi à considérer sa vie professionnelle d’une tout autre façon.
"J’avais donc quelque chose de différent, certes, mais surtout "quelque chose en plus" ; qui donnait de l’expansion et de la plus-value à mon profil", écrit-elle.
Comment l’auteure a assumé d’être slasheuse
Après cette prise de conscience, Marielle Barbe explique alors comment elle s’est mise à assumer pleinement cette nouvelle donnée d’être slasheuse.
L’auteure de "Profession Slasheur" partage ses impressions à ce moment-là. Elle confie avoir eu le sentiment de :
Voir naître, chez elle, une nouvelle identité ; la lumière mise sur sa multipotentialité permit à l’auteure d’assumer son multiple côté. Aussi de se présenter comme une "slasheuse" assumée, sans chercher à se justifier. Elle se sentit "entière" ; et non plus "réduite, enfermée, limitée".
Saisir toute la cohérence de son parcours : "tout ce qui jusqu’à présent m’avait semblé atypique, incomplet, décalé, à contre-courant du modèle existant. Également de ce fait complexe à faire valoir et à légitimer, devenait singulier, simple et évident" raconte Marielle Barbe.
Comprendre le fil conducteur de sa vie : l’auteure découvrit "le dénominateur commun" à toutes ses expériences professionnelles. Elle comprit alors que ce qui lui procurait l’envie, toujours, c’était de contribuer à transformer. Et aussi enrichir, épanouir, créer de la valeur ajoutée, du sens et de la cohérence.
Qui sont les slasheurs ?
Pour Marielle Barbe, les "slasheurs", "zappeurs" et autres "multi-jobs" :
Appartiennent à toutes les générations, pas seulement aux dernières générations qui n’ont pas le côté carriériste des précédentes.
Sont de plus en plus visibles dans le contexte actuel de remise en question du salariat et de notre relation au travail.
Adoptent un mode de vie nouveau qui cherche à allier travail, épanouissement personnel, curiosité, envies, auto-apprentissage et sens.
Sont de "véritables serial learners" : "Leur atout majeur est de savoir créer de la valeur ajoutée, de nouveaux sujets ; de nouvelles compétences au croisement d’activités parfois éloignées et étanches" observe l’auteure.
Sont capables d’identifier, relier et nourrir leurs multiples compétences et talents mutuellement et "donner ainsi de l’expansion à leur personnalité, à leur profil professionnel".
Possèdent une grande faculté d’adaptation et d’agilité, "de rebond et de réinvention", par le fait qu’ils pensent "out of the box". Ils sont, de fait, "les mieux préparés et outillés pour répondre et s’adapter à l’évolution exponentielle de la société". Ils ont donc une longueur d’avance dans ce monde mouvant, fragile, et où il est impossible de déterminer quels seront les métiers que nous exercerons en 2050.
Malheureusement, face à un modèle de travail encore "normé" et construit sur le schéma pourtant obsolète du "un emploi pour la vie", les slasheurs sont encore trop souvent perçus comme des "touche-à-tout" instables et ayant des difficultés à s’engager.
Enfin, l’auteure de "Profession Slasheur" fait part de sa conviction. Les "multipotentiels pluriactifs" sont "les acteurs majeurs d’une révolution silencieuse mais irréversible qui transforme en profondeur notre relation au travail".
Pourquoi Marielle Barbe a eu envie d’écrire "Profession Slasheur"
Marielle Barbe explique que son livre "Profession Slasheur" est destiné avant tout aux slasheurs qui slashent par choix ou par aspiration, ceux "qui l’assument ou souhaitent l’assumer".
En tant que slasheur, l’ouvrage a pour objectif de nous aider à :
Comprendre pourquoi et comment nous pouvons transformer cette différence en atout, en force, et faire de notre multipotentialité une singularité et notre "trésor le plus précieux".
Nous sentir "autorisé" à prendre notre place dans ce monde du travail qui fonctionne encore trop souvent "en mode mono", en révélant toutes les facettes de notre potentiel.
Ce qu’est le livre "Profession Slasheur" et ce qu’il n’est pas
Conçu comme une "boîte à outils", "Profession Slasheur" se trouve à mi-chemin entre développement personnel et développement professionnel.
Avec cet ouvrage, l’objectif de l’auteure est d’aider le slasheur à assumer ce qu’il est, à s’épanouir et valoriser son profil multiple, et ce, à travers trois étapes essentielles :
Faire son "coming out" : prendre conscience, comprendre et analyser les profils et enjeux des slasheurs dans notre société.
Identifier ses atouts ainsi que le fil conducteur de sa vie professionnelle et personnelle : l’auteure propose une introspection et des outils/ exercices/ jeux pour explorer ses grandes familles de passions, d’activités, de métiers.
Valoriser ce nouveau profil à multiples facettes : à cette étape, Marielle Barbe montre aux slasheurs comment "designer" leurs offres ; communiquer et identifier les statuts qui leur sont le plus adaptés ainsi que travailler sur les croyances limitantes pour faire leur cette nouvelle réalité.
Enfin, l’auteure précise que son livre réunit des témoignages et les expériences de nombreux slasheurs, aussi divers qu’extraordinaires.
Ce partage d'expériences a pour but d’apporter au lecteur un éclairage au service de sa réflexion, de son analyse et introspection ; d’ouvrir son champ des possibles et des "permissions" et de l’inspirer (car l’inspiration est levier puissant de changement).
Chapitre 1 - Mon "coming out"
L’enfance et la jeunesse d’une slasheuse
Marielle Barbe commence le premier chapitre de son livre "Profession Slasheur" en revenant sur son parcours scolaire et son entrée dans sa vie d’adulte.
Elle y décrit la pression que nous avons tous, enfant, face à "l’injonction latente mais omniprésente de trouver LE grand amour et LE métier de nos rêves".
Bien que bonne élève, Marielle raconte ensuite combien elle s’embêtait à l’école. Si bien que quand elle échoue au bac, elle va considérer cela comme une chance. Cela l’amène, en effet, à arrêter l’école qui l'ennuie pour se lancer dans la vie active.
Sa prise d’indépendance la conduit alors à exercer des tas de jobs différents. Elle teste et apprend continuellement de nouvelles choses. Enfin, elle ne s’ennuie plus comme à l’école ! Et elle prend beaucoup de plaisir à occuper des emplois qu’elle trouve formidables. Elle mène à bien ses activités avec succès et se sent utile.
Mais cette situation est fragile et précaire. Les fins de mois sont difficiles. Et l’auteure a l’impression que son parcours "fait désordre".
On lui reproche d’ailleurs d’être "instable", "touche-à-tout", de ne pas aller au bout des choses. "Que vas-tu faire de ta vie, quand vas-tu enfin trouver ta vocation ?" lui dit-on et se dit-elle.
Par ailleurs, en plus de ressentir toujours le besoin de mener plusieurs activités de front en même temps, l’auteure réalise qu’elle se lasse vite. Bien qu’enthousiasmée par le sujet dans lequel elle se lance au départ et qu’elle pense comme étant "le bon"; celle-ci finit toujours par s’ennuyer.
"Quelque chose me manquait… La créativité, inventer des concepts, écrire, communiquer, bouger" confie Marielle Barbe.
Pour donner du sens à son parcours et pallier cette impression "de ne pas être complète" comme elle le dit, l’auteure accroche alors régulièrement, à son parcours, comme à un canevas de vie ; "un nouveau bout, une nouvelle activité, un sujet".
De la culpabilité à la révélation d’être slasheuse
Ne pas trouver "son truc"
Le premier chapitre de "Profession Slasheur" se poursuit avec le récit d’une découverte. Marielle Barbe raconte comment elle a, un jour, réalisé qu’elle était slasheuse.
Elle décrit comment elle a alors cherché, pendant de longues années, à rentrer dans la norme, à se coller une étiquette. Pourquoi ? Pour pouvoir dire aux autres qui elle était. Il lui semblait, en effet, tellement plus simple de s’identifier par une case, un cadre repérable, compréhensible par tous.
Mais elle n’était spécialiste de rien, et n’arrivait à se caser nulle part. Les multiples tentatives vaines et la pression qu’elle se mettait pour trouver "son truc" finissait par la faire culpabiliser, enrager et se dévaloriser.
Accepter et valoriser sa différence
C’est alors qu’elle eut la révélation de ce qu’elle appelle "sa non-vocation".
Elle se sentit immédiatement plus "normale". Pour elle, elle était juste "tout à la fois", elle était complète en "mode multi".
Au lieu de s’ignorer et de lutter contre sa nature, elle commença par se présenter avec confiance comme une "slasheuse".
En acceptant son fonctionnement "multipotentiel", en acceptant d’être qui elle était vraiment ; Marielle Barbe explique alors avoir aussi cessé de chercher une reconnaissance provenant de l’extérieur.
Et c’est en voyant de nombreuses personnes se reconnaître dans ce mode de fonctionnement qu’écrire un livre à ce sujet s’est imposé à elle.
Dans le même temps, les entreprises, face aux besoins d’agilité et d’innovation ont commencé à rechercher des collaborateurs qui pensaient "outside the box". Elles ont compris la nécessité de travailler différemment, en dehors de cette norme et d’apprécier ainsi la valeur ajoutée des profils de slasheurs.
"Concernant nos vies professionnelles, pourquoi n’en est-il pas comme pour tous les autres aspects de notre vie ? Pourquoi devrions-nous donc nous contenter d’emprunter un seul chemin ? De répéter jusqu’à la retraite les mêmes tâches ? Accepterions-nous de manger toute notre vie les mêmes aliments ; de voir toujours le même ami ; d’enfiler tous les jours la même tenue ou de partir toujours au même endroit en vacances ? La vie, par essence, est transformation et mouvement perpétuel. Mais il n’est visiblement pas encore acquis que notre vie professionnelle le soit."
Le chemin parcouru de Marielle Barbe après s’être acceptée "slasheuse"
Après la révélation, les questionnements
Pour Marielle Barbe, le fait d’assumer pleinement son profil de slasheuse, s’est accompagné de nombreuses interrogations et introspections.
Elle s’est, en effet, questionnée sur ses domaines de compétences, sur ce qu’elle appelle "les pièces de son puzzle", le fil conducteur de ses différentes activités/ métiers, sur le sens que ce parcours avait donné à sa vie, sur sa valeur ajoutée.
Elle analyse aussi, dans cette partie du livre, comment elle a bâti ce qu’elle appelle "le millefeuille de sa vie professionnelle".
Sept changements dans la vie de l'auteure après s'être acceptée comme slasheuse
Enfin, l’auteure de "Profession slasheur" partage ce qui a changé pour elle depuis qu’elle s’est acceptée comme slasheuse.
Ainsi, elle assure désormais :
"Tout" choisir
Aujourd’hui, l’auteure considère ne plus avoir d’activités "à côté". Tout ce qui l’intéresse à présent fait entièrement partie de sa vie.
Avoir fait "son 360° de slasheuse"
Autrement dit, avoir auto-évalué son parcours. Et c‘est d’ailleurs ce qu’elle propose aux lecteurs dans les exercices du livre.
Articuler sa vie professionnelle autour de ses familles de compétences
Après s’être définie comme slasheuse, les grands piliers du parcours de l’auteure lui sont apparus de façon évidente. Et désormais, sa vie professionnelle s’articule autour de ce qu’elle aime et de ce qu’elle sait faire le mieux.
Poser clairement ses échéances et priorités
Même si elle n’a jamais éprouvé de difficultés sur ce point, l’auteure a réalisé l’importance de cette tâche pour gérer efficacement plusieurs missions de concert.
Avoir mené une bataille contre ses jugements intérieurs
Pour cesser de se sentir illégitime, usurpatrice, avoir l’impression de ne pas aller au bout des choses, l’auteure a dû se réinventer et savoir rebondir.
Faire émerger le fil conducteur de son parcours
Par cette démarche, il est possible de révéler "le meilleur" d’une personne, d’un projet, d’une entreprise. Il est possible d’en faire ressortir la singularité, les potentiels. Identifier son fil conducteur aide à être qui on est vraiment.
Donner du sens à sa vie professionnelle
Comme tout slasheur, l’auteure avoue n’être motivée, guidée "que par la curiosité, l’envie de créer, la liberté de saisir des opportunités qui font sens". Elle rappelle que, dans un parcours, nous pouvons ralentir, faire des pauses, accélérer, prendre des chemins de traverse, bifurquer et même revenir sur nos pas…
Chapitre 2 - Demain, tous slasheurs
Dans le deuxième chapitre de son livre "Profession Slasheur", Marielle Barbe expose pourquoi elle pense que le "vilain petit slasheur" va bientôt "se transformer en "super-profil" très convoité".
Selon elle, experts, spécialistes du travail, prospectivistes s’accordent tous sur l’évolution "accélérée et exponentielle" de la société et sur le monde de manière "multidimensionnelle et agile" qui en découle.
Les deux grandes catégories de slasheurs
C’est vers 2010 qu’on a commencé à parler des slasheurs en France.
Pour simplifier, l’auteure propose de distinguer les slasheurs selon deux catégories :
Les personnes qui ont toujours été slasheuses ou qui le sont devenues par envie ou passion. Pour elles, "slasher" est un mode de vie choisi. C’est un groupe de slasheurs plutôt diplômés.
Les personnes qui sont devenues slasheuses par obligation, pour des raisons financières, une situation subie. Ce type de slasheurs regroupe des personnes parmi les moins diplômées et les plus précaires.
Entre ces deux catégories, se dessinent quantité de nuances et de passerelles.
Une nouvelle approche du travail
L’auteure de "Profession Slasheur" met ici en avant le nouveau rapport au travail qu’annonce le phénomène du slashing.
Le slashing par choix va-t-il devenir la norme ?
Marielle Barbe stipule que si les motivations du slashing étaient auparavant économiques. Alors que la grande majorité des slasheurs d’aujourd’hui le sont devenus par choix.
En effet, à notre époque, nous ne croyons plus à "un emploi pour la vie". Nous n’envisageons alors plus notre carrière de façon linéaire. Une étude de l’OCDE avance même "que les jeunes de moins de 30 ans n’exerceront pas moins de 13 métiers" dans leur vie, "dont la plupart n’existent pas encore" écrit l'auteure.
Ainsi, les profonds changements structurels du travail que nous connaissons (digitalisation, statut d’autoentrepreneur, coworking, télétravail, économie collaborative, ubérisation…) rendent notre travail "plus fragmenté, dispersé, collaboratif, individualiste, à la carte".
Le numérique et ses outils sur-mesure
Aussi, en plus de l’évolution des consciences et mentalités, le numérique offre aux multipotentiels des outils sur-mesure pour devenir "les chefs d’orchestre autonomes de leurs vies professionnelles plurielles".
Travailler autrement
Marielle Barbe évoque enfin les grandes mutations du travail comme autant d’opportunités de travailler autrement, pour le meilleur comme pour le pire parfois.
De nouveaux modes de travail émergent. De plus en plus d’entreprises proposent :
Un lieu de travail mobile, décentralisé.
Un meilleur équilibrage entre le professionnel et le personnel.
Un mode de fonctionnement plus horizontal (on parle de "flat management").
Un fonctionnement plus collaboratif, plus créatif, souple et organique, au sein de l’économie de partage (exemple : le coworking).
À propos de l’entreprise, Marielle Barbe écrit :
"Demain, elle accueillera sans doute de plus en plus de collaborateurs indépendants qui, avec leurs expertises compléteront, agrégeront en "mode projet" les équipes réduites de salariés "piliers" de l’organisation. Des collaborateurs free-lance qui auront par ailleurs, très certainement, loué un bureau dans un espace de coworking, pour partager un lieu, des services, mais aussi pour s’offrir des opportunités de réseaux et de rencontres."
Cinq grandes révolutions
Le philosophe Jean Staune considère que nous sommes au cœur de "cinq grandes révolutions". L’auteure décrit alors ces révolutions. Elles seront :
Technologique : avec des avantages extraordinaires mais des opportunités de croissance faibles.
Économique : la machine et les capitaux ne font plus le poids face à l’imagination humaine.
Managériale : le manager n'est plus un "chef tout-puissant" mais plutôt un "chef d’orchestre" qui harmonise les compétences de ses collaborateurs.
Sociétale : nous sommes passés de "l’avoir à l’être".
Conceptuelle : nous nous voyons aujourd’hui contraints d’inventer de nouveaux concepts, modèles, outils, statuts, et donc de nouveaux cadres de travail.
Les slasheurs ont une longueur d’avance en matière d'agilité
Avec toutes ces grandes mutations, nous comprenons aisément pourquoi l’agilité est devenue une "tendance" forte dans le monde de l’entreprise actuel.
Et il est évident que, sur ce terrain de l’agilité, les slasheurs ont une longueur d’avance :
D’abord, parce que leur soif de liberté, leur besoin de découvrir de nouveaux horizons les amènent à sans cesse explorer de nouvelles compétences et nouveaux métiers, en grands autodidactes qu’ils sont.
Ensuite, parce qu’en se rejoignant, "leurs multiples compétences finissent par en créer de nouvelles. C’est le principe du "1 + 1 = 3"". Comme l’écrit Bernard Werber dans son "Encyclopédie du savoir relatif et absolu" ; "l’union des talents dépasse leur seule addition".
Générations Y et Z : la révolution silencieuse
L’auteure de "Profession Slasheur" revient ici sur le rapport des générations Y et Z avec le travail.
"Nés entre 1980 et 1999, les Y ont dû apprendre à se servir d’Internet. On les appelle aussi les "why", car ils sont la génération du "pourquoi", du sens. Leurs petits frères, les Z, nés après 2000, ont toujours connu les technologies de l’information, Internet et les réseaux sociaux. Ils sont un peu la version 2.0 des Y. On les appelle aussi la "Génération C", pour Communication, Collaboration, Connexion et Créativité."
Marielle Barbe décrit comment ces jeunes générations nous amènent à repenser nos façons de travailler.
Ne se reconnaissant pas dans les modèles de management et d’organisation qui leur sont imposés, les générations Y et Z n’ont pas d’autres choix que d’inventer des alternatives pour travailler autrement.
Elles se définissent selon une logique de multiappartenance et d’une identité à multiples facettes. Plus encore que son aînée, la génération Z a besoin de sens, de transparence, d’éthique. Avec la génération Y, nous sommes passés de la subordination à la collaboration. Avec les Z, nous sommes en train de passer du salariat à l’entrepreneuriat.
La génération Z en particulier :
Refuse un rapport sacrificiel au travail. Elle privilégie un équilibre personnel et le travail doit y contribuer.
Préfère la liberté à la sécurité et au confort du salariat.
Rêve d’une entreprise encore plus agile, plus flat, plus humaine, plus égalitaire, plus flexible et plus ouverte.
Est "multi" : "multi-culturelle", "multi-connectée", "multi-compétences", "multi-appartenances", "multi-identités", "multi-métiers".
En somme, "le Z est un slasheur né ! Il shashe et il slashera !" s’exclame l’auteure.
Le monde a plus que jamais besoin des slasheurs
Selon Marielle Barbe, les slasheurs sont les personnes les plus adaptées pour répondre à ces évolutions sociétales, multiples et complexes, sur le marché du travail.
"Les slasheurs ont le génie de savoir "remixer", de transformer, et surtout de créer ce quelque chose en plus, en combinant leurs compétences. Avec leur curiosité, c’est incontestablement leur plus grande valeur ajoutée."
Chapitre 3 - Profession slasheur - Un slasheur sachant slasher
Dans le troisième chapitre de son livre "Profession Slasheur", Marielle Barbe explique pourquoi, pour devenir "un slasheur sachant slasher", nous devons, avant tout, nous affranchir de nos croyances et des postulats erronés.
L’injonction du choix
Marielle Barbe évoque ici l’obligation de choisir déjà très jeune "ce qu’on veut faire plus grand" : un métier, une voie, "des rails".
Elle raconte comment cette injonction est une pression latente parce que présentée comme un choix immuable, à vie.
Et chez les slasheurs, qui "papillonnent et passent leur vie à refuser le choix unique ; ne pas savoir choisir est pointé du doigt comme un problème à la limite du handicap" regrette l’auteure.
On laisse, en effet, penser aux slasheurs qui se lassent vite des choses qu’ils ne sont que des éternels insatisfaits, ou immatures parce que toujours en quête de nouveauté.
Pour l’auteure de "Profession Slasheur", nous devons nous libérer de cette "tyrannie de la norme". Et pour cela, nous devons refuser de rentrer dans ce que l’on nous vend comme "les bonnes cases" mais qui ne nous convient pas.
L’ère des intelligences multiples
Marielle Barbe revient ici sur la théorie des intelligences multiples du psychologue Howard Gardner, ainsi que sur les notions de quotient émotionnel (QE) et d’intelligence intuitive.
Elle explique que le slasheur, avec ses potentiels multiples, a des similitudes avec les personnes dites "précoces", "surdouées" ou encore "zèbres". Elle confie se reconnaître dans le mode de fonctionnement de ces derniers, et cela l’a encouragée à revendiquer sa différence. Car selon elle, pour trouver leur place, les slasheurs n’ont pas d’autre choix que d’assumer leur singularité.
L’école, le travail et les slasheurs
Une école qui n’est pas faite pour les slasheurs
Enfin, l’auteure termine le 3ᵉ chapitre de "Profession Slasheur" en abordant la difficulté des slasheurs à s’enthousiasmer de l’éducation proposée par l’école actuellement. Ils ont, dit-elle, "la sensation (pas toujours consciente) que l’on étouffe dans l’œuf leurs multiples potentiels, en ne cultivant ni leur curiosité, ni leur soif d’apprendre, ni leur créativité. Eux qui d’instinct perçoivent que le processus est plus intéressant que le résultat, ; eux qui adorent explorer, tester, expérimenter, pour mieux comprendre et se comprendre, n’ont pas le droit à l’erreur."
Des choix et carrières perçues comme instables et immatures
Par ailleurs, Marielle Barbe souligne que les slasheurs sont souvent jugés dans ce monde où la spécialisation, le métier unique et la carrière linéaire sont encore perçus comme la norme.
On les qualifie de "personnes instables, dilettantes, incapables de s’engager et d’aller au bout d’un projet". On leur rappelle que "la carrière, c’est sérieux", "comme s’il était impossible d’associer travail et plaisir".
Encore aujourd’hui, vouloir poursuivre ses utopies et réaliser ses rêves est considérée comme immature. Alors qu’à l’inverse, cela demande en réalité "beaucoup d’audace" et "un grand sens des responsabilités" fait remarquer Marielle Barbe avant de s'interroger : quelles raisons feraient qu'on serait plus mature en choisissant une carrière linéaire et normative ? D’autant plus que, d'après les experts, pour être en mesure d’accompagner l’accélération exponentielle du monde, nous serons probablement tous slasheurs à l'avenir.
Chapitre 4 - Profession slasheur - Dessine-moi un slasheur !
"Il y a autant de slasheurs que de personnes", affirme Marielle Barbe.
"C’est en prenant le temps de vous connaître, en apprivoisant ce qui fait de vous un slasheur, en explorant vos multiples facettes, que vous deviendrez "unique" à vos yeux et "unique au monde"."
La singularité, une des clés du bonheur
La singularité du slasheur est sa multiplicité. C’est pourquoi, il est capital que le slasheur prenne le temps d’identifier ce qui réunit toutes les pièces de son puzzle.
Cette démarche nécessite de bien se connaître. Elle demande aussi de choisir de s’assumer. Et donc de ne plus chercher à s’inscrire dans une "normalité chimérique" prévient l’auteure.
Le lexique du slasheur
Marielle Barbe liste ici les différents termes employés pour parler des personnes qui ont plusieurs centres d’intérêt, activités, métiers. Nous les appelons : slasheurs (nous parlons alors de "slashing"), mais aussi scanners, zappeurs, multipotentialistes/ multipotentiels, polymathes, pluriactifs/ polyactifs, multitasking.
Les signes particuliers du slasheur
Marielle Barbe décrit, dans cette partie, tout ce qui fait la valeur ajoutée des slasheurs.
Elle liste tous ces atouts que le slasheur devrait connaître et reconnaître.
Les voici résumés.
La curiosité (insatiable)
Le slasheur éprouve tout le temps le besoin d’alimenter sa curiosité. Cela le nourrit.
L’envie (à volonté)
Chez les slasheurs, les envies sont un carburant pour apprendre de nouvelles compétences.
L’enthousiasme (débordant)
Dès qu’il découvre un sujet intéressant, le slasheur s’emballe. Il ressent l’envie incontrôlable de le partager avec ses proches, au risque de les "saouler". Cet enthousiasme le porte, lui procure le courage et la persévérance utiles au développement de ses projets.
Le goût d’apprendre en explorant (vite et en série)
Le slasheur explore "sans compter par tous les bouts chaque sujet/ métier/ compétence/ centre d’intérêt/ passion, avec une facilité et une rapidité déconcertantes". Bien plus que l’acquisition du savoir, c’est le processus d’apprentissage qui lui plaît. Il est autodidacte et il lui en faut "toujours plus".
L’audace (qui ouvre la porte à la chance)
Les slasheurs ont une grande facilité à sortir de leur zone de confort. Et c’est ainsi qu’ils provoquent des opportunités inattendues.
L’intuition (à la source de l’inspiration)
Le slasheur est très intuitif. Avec ses "antennes", il capte des nouvelles-idées qui font qu’il est souvent inspiré. De plus, il a parfois une longueur d’avance sur les tendances. Cette intuition est aiguisée par les expériences riches et multiples du slasheur.
Une créativité exacerbée (au service de l’innovation)
"Ultra-créatif", le slasheur émet donc une idée à la minute. Il ne peut "s’empêcher d’inventer et de créer de nouveaux projets, des concepts, des modèles… Surtout s’ils produisent du sens, du vertueux, du "meilleur", et sont porteurs d’innovation". Le slasheur adore semer des idées/ potentiels, puis, laisser le soin aux autres de les faire pousser.
L’agilité (pour s’adapter en toutes circonstances)
Habitué à vivre régulièrement de nouvelles aventures professionnelles, le slasheur est excellent quand il s’agit de s’adapter à de nouvelles situations/ contexte. Il sait rebondir. Il est préparé aux aléas de l’emploi des crises actuelles.
Le changement (une seconde nature)
Pour le slasheur, changer est la garantie de ne pas s’ennuyer. Même s’il peut avoir peur, comme tout le monde, du changement, celle de ne pas évoluer est plus forte que tout et l’aide à dépasser toutes ses craintes.
L’art de faire des liens (le cerveau fonctionne en réseau)
Le slasheur est "super-doué pour faire des liens, des connexions entre des idées, des choses et des domaines qui de l’extérieur, semblent parfois distincts". Son mode de pensée transversale, en arborescence, sa curiosité et son intuition sont à l’origine d’idées "géniales" qui digressent très facilement d’un sujet à un autre.
Une vision globale (transversale, décalée) et un esprit critique (aiguisé, exacerbé)
Les slasheurs montrent une "grande capacité à envisager les choses "autrement" et à porter un regard décalé, singulier et holistique sur le monde en général". Le slasheur est comme un puzzle, "une unité n’existant que par la combinaison de toutes ses pièces". Le consensuel, trop établi, acquis, normé, ne fait que renforcer son esprit critique, préférant largement les nuances à la pensée binaire.
La synthèse des idées (simplifier ce qui est complexe)
Enfin, à force de gérer la complexité, le slasheur est devenu un expert de la simplification. Il possède l’esprit de synthèse.
La tectonique des compétences (l’innovation a lieu aux intersections)
Chez le slasheur, les sujets/ métiers/ compétences/ centres d’intérêt/ passions se nourrissent et se complètent mutuellement. En se croisant, cela crée de nouvelles opportunités et compétences, de l’innovation, et une valeur ajoutée mathématique : 1 + 1 = 3.
La capacité à recalculer son itinéraire professionnel (faire face à l’imprévu)
Dans son parcours professionnel, le slasheur n’hésite pas à sortir des sentiers battus, à aller là où il n’est pas prévu d’aller.
La polyvalence (pour limiter les risques)
Comme il n’a pas, selon la formulation de l'auteure, "les deux pieds dans le même sabot", le slasheur arrive toujours à rebondir. C’est une chance immense dans le monde professionnel de plus en plus incertain et fluctuant.
Les quatre avantages qui font partie des besoins fondamentaux des slasheurs
L’autonomie (gage de liberté)
En véritable "couteau suisse", la capacité d’autonomie du slasheur est exceptionnelle. Elle lui permet d’explorer librement de nouveaux sujets et de développer de nouveaux slashs.
Le champ des possibles (toujours ouvert)
Pour le slasheur, "la vie est tout, sauf linéaire" déclare l’auteure. Elle est "organique, évolutive, intelligente". Il a besoin de savoir que sa vie professionnelle n’a pas de limites en matière de découvertes, d’expériences, de possibles. Pour cela, le slasheur ajuste en permanence ses centres d’intérêt, sa personnalité, avec les circonstances et les opportunités qui se présentent à lui.
L’épanouissement personnel
Pour le slasheur, le bonheur s’inscrit dans l’accomplissement personnel. Et c’est sa priorité.
Le besoin de sens (et d’impact)
Les slasheurs ont besoin d’être sûrs que leurs activités professionnelles, leurs contributions, génèrent du sens, pour eux comme pour les autres et le monde.
Les inconvénients des avantages du slasheur
Les slasheurs peuvent avoir l’impression de ne jamais arriver à trouver leur place. Ils peuvent se sentir incompris ou anormaux.
L’auteure de "Profession Slasheur" partage ici les aspects qui composent le revers de la médaille des avantages d’être slasheur.
Le dilemme du choix (entre enfermement et liberté)
Choisir un métier unique, par exemple, génère, chez le slasheur, une peur viscérale ; celle de devoir renoncer à d’autres expériences peut-être plus exaltantes. Ce choix lui procure "la sensation d’être "coincé" dans une impasse, limité, privé de liberté".
Le syndrome de l’imposteur
Non reconnu dans un profil de "spécialiste", il est souvent difficile, pour le slasheur, de se sentir légitime. Il cherche alors les preuves de cette légitimité " l’extérieur, chez les autres, ou dans l’illusion qu’un métier, un diplôme lui les donneront".
Le sentiment d’incompréhension
Le côté touche-à-tout du slasheur est souvent stigmatisé, créant le sentiment, chez lui, d’être jugé, incompris, voire complexé.
Les effets collatéraux de la jalousie
Par sa liberté, son enthousiasme à travailler, sa rapidité de compréhension et d’apprentissage, il arrive que le slasheur dérange.
La difficulté à concrétiser ses projets
Le slasheur peine parfois à concrétiser ses projets. Cette étape est ennuyeuse pour lui. Elle le rend d'ailleurs indisponible pour se consacrer à la découverte de nouveaux "terrains de jeu".
La procrastination (anti-self-estime)
Le slasheur a du mal à choisir et à passer à l’action. Il a tendance à procrastiner. Cela nuit à son efficacité, à ses relations professionnelles ainsi qu’à son estime personnelle.
La gestion du temps et d’organisation (un casse-tête)
Le burn-out guette le slasheur débordé qui jongle continuellement entre quantité de projets et d’activités et n’arrive pas toujours à tenir ses engagements dans les temps impartis.
Le paradoxe de la transparence
Les slasheurs recherchent la transparence dans leur vie professionnelle. Ceci tout en craignant, dans le même temps, que soient découvertes leurs multiples vies professionnelles. C’est pourquoi, ils vont paradoxalement rendre ces pans de vies étanches.
Le risque d’éparpillement
À force de papillonner, le slasheur risque de s’épuiser. Il est essentiel, pour lui, de se recentrer, de prioriser ses projets, de s’ancrer et de souffler.
La fatigue physique et intellectuelle
Même si s’investir en permanence dans de nouveaux sujets est moteur pour le slasheur, comprendre et assimiler ces sujets nécessite beaucoup d’énergie et de mobilisation intellectuelle. C’est une source de fatigue et de stress qui se rajoute à la fatigue physique déjà générée par les nombreuses activités simultanées inhérentes au slashing.
La fuite de l’engagement
Pour Marielle Barbe, certains utilisent le slash pour "justifier leur incapacité à s’engager professionnellement".
L’instabilité financière
La situation financière instable du slasheur l’oblige, là aussi, à s’adapter.
La difficulté de trouver et prendre sa place
Quand il ne se sent pas à la bonne place (place rendue difficile à trouver par la complexité du slashing), le slasheur se sent très triste. Il ressent alors un immense sentiment de frustration, d’injustice et de gâchis.
Les 5 ennemis jurés du slasheur
La routine (et l’ennui)
Refaire sans cesse les mêmes choses, dans le même lieu, avec les mêmes personnes, dans un seul et unique univers professionnel est d’un ennui terrible pour le slasheur. Cela génère, chez lui, une apathie qui tue tout son enthousiasme.
Le choix unique (et la pensée unique)
Se contenter d’un seul choix donne la sensation aux slasheurs de devoir renoncer à une part d’eux-mêmes. Pas du tout à l’aise avec une vision manichéenne, le slasheur préfère les questions à choix multiples, les "et" aux "ou".
Le diktat de la "norme"
Le fait de se positionner par rapport à une norme, scolairement ou professionnellement va soit anéantir, soit révolter le slasheur, voire les deux.
Les limites du cadre
Être confiné dans une case ou une fonction est un véritable "tue la vie" pour le slasheur. Cela détruit son enthousiasme, sa créativité, son besoin d’évolution.
Les plans de carrière
Le slasheur préfère "de loin les chemins de traverse aux autoroutes et aux carrières toutes tracées".
Ce dernier ne recherche ni le gain, ni la notoriété, ni l’ambition. Il part plutôt en quête de ce qui le rend heureux, le fait grandir et ce qui peut contribuer à un monde meilleur. Aussi, "si son chemin professionnel ne comporte pas son lot d’imprévus, de fantaisie et de rebondissements", il s’étiole.
Être ou devenir slasheur
Pour l’auteure de "Profession Slasheur", impossible de classer les slasheurs de façon binaire. Elle propose alors de les distinguer selon les "catégories" suivantes :
Le slasheur "par nature, 100 % assumé"
Ce slasheur possède un caractère "assez trempé". Caractère qui lui a permis d’oser expérimenter différents métiers sans tenir compte des personnes qui le dissuadaient de slasher. Curieux et aventurier dans l’âme, il ne changerait pour rien au monde cette manière de travailler.
Le slasheur "par nature, 100 % non assumé"
Ce slasheur n’a jamais réussi à se libérer du jugement des autres, et n’assume pas son côté touche-à-tout. Il essaie laborieusement de se sentir légitime, de trouver sa vocation. Même si sa vie professionnelle est "multi-activite", sa difficulté à l’assumer l’empêche de rayonner.
Le slasheur "masqué"
Le slasheur "masqué" est engagé dans son travail de salarié ou d’entrepreneur. Il est satisfait de sa vie professionnelle mais il s’investit dans des tas de projets personnels.
Si ses passions parallèles deviennent un jour trop dévorantes ; il décidera d’en faire des activités rémunérées, articulant sa vie autour d’elles. De ce fait, soit il démissionnera de son travail, soit il ne l’exercera plus qu’à temps partiel.
Le slasheur "Belle au bois dormant"
Ce slasheur a fini par accepter la mono-activité comme "la voie de la raison", laissant dormir au fond de lui cette partie de lui. Mais jusque quand ? Ne sera-t-il pas, un jour, rattrapé par la curiosité, par l’envie de changer de métier ou encore par une dépression, un burn-out ?
Le slasheur "par accident" ou "par nécessité"
Ce slasheur a en effet, travaillé longtemps sans trop se poser de questions. Puis, il s’est vu, devant une crise, un licenciement ou quelconque autre obstacle, obligé de trouver un deuxième emploi. Bien que slashant au départ par nécessité, il a fini par trouver de nombreux avantages au fait d’exercer plusieurs activités.
Du slashing forcé, il est devenu un slasheur "rassuré". Rassuré par le fait de ne plus mettre ses œufs dans le même panier et d’avoir trouvé cet équilibre, entre un job intellectuel et un autre plus manuel.
Le slasheur "par hasard"
C’est le hasard - un article, un reportage, le témoignage d’une personne slasheuse – qui a conduit ce slasheur à d'abord prendre conscience soudainement, que cette autre manière de travailler était non seulement possible, mais aussi idéale pour lui. Puis, à faire le choix de cumuler les activités.
Le slasheur "funambule"
Ce slasheur est, en effet, celui qui n’a jamais vraiment su ce qu’il voulait faire. Celui qui s’est retrouvé à papillonner de job en job, en fonction des opportunités.
Il y a autant de slasheurs que de façons de slasher
"Le slasheur, quel qu’il soit, doit composer sa vie entre ses différents slashs, à la manière d’un chef d’orchestre" déclare Marielle Barbe.
C’est à lui d’inventer une organisation "sur-mesure" entre ses différentes activités. "Ce "sur-mesure" lui offre la souplesse indispensable pour organiser sa vie comme il l’entend. Par la même occasion, privilégier ainsi son équilibre" écrit Marielle Barbe.
L’auteure partage alors différentes manières de slasher selon le travail de l’auteure Margaret Lobenstine qui a décrit six catégories de slasheurs. Ces catégories doivent nous inspirer, nous aider à nous situer et nous rassurer. Elles ne sont pas étanches. Des ponts peuvent être bâtis entre chacune d’elle.
Les métiers en série
Cette façon de slasher consiste à séquencer sa vie de différents épisodes professionnels :
"Un métier vous intéresse, vous y faites un bout de carrière, puis finissez par vous lasser et être intéressé par autre chose. Et ainsi de suite… C’est une manière de slasher au long cours."
Les différents métiers exercés finissent généralement par se croiser.
Les métiers "fusion"
Marielle Barbe explique alors que "parfois, les différents métiers, en se mélangeant, finissent par donner naissance, par un phénomène d’alchimie, à un métier totalement nouveau, souvent inclassable, toujours unique".
En guise d’exemple, l’auteure raconte l’histoire d’une de ses amies. Une fille formée à la coiffure et au maquillage, douée pour le dessin et la peinture, en plus d'être une bricoleuse hors pair. Comédienne au théâtre, celle-ci a également participé, pendant de longues années, à l’organisation d’un festival de marionnettes.
Aujourd’hui, cette amie est plasticienne au sein de l’atelier des Guignols de Canal +, où elle conçoit les personnages des marionnettes. Ainsi, son activité regroupe les arts plastiques, son talent de "bidouilleuse-astucieuse", la coiffure, le maquillage, la comédie et bien sûr la marionnette…
Les métiers "parapluie"
Il s’agit d’avoir un seul métier, une carrière "titre", mais qui embrasse les principaux centres d’intérêt du slasheur. Ce type d’activité est fréquent dans le domaine artistique, l’enseignement, le journalisme, la santé…
Par exemple, le dessin peut permettre à un passionné d’histoire et de bande dessinée de travailler comme dessinateur de BD historiques.
"Un pour tous, tous pour un"
Une autre façon de slasher consiste à exercer plusieurs activités différentes simultanément autour d’un même sujet ou d’une compétence commune. Ces métiers se complètent mutuellement, chacun consolidant le réseau professionnel de l’autre.
Par exemple, Michel Cymes a développé de nombreuses activités autour de la santé. Il est médecin en cabinet, auteur de livres, animateur télé et chroniqueur radio. Il est également acteur de séries télévisées pour des rôles de médecin, bénévole dans de nombreuses associations humanitaires…
Un job compatible avec ses passions
Le slasheur peut aussi exercer un travail régulier qui l’intéresse, dans des conditions et un environnement agréables qui lui laissent la possibilité de se consacrer, en parallèle, à tous les autres sujets qui le passionnent.
Cette façon de slasher a le double avantage de pouvoir gagner sa vie tout ayant du temps et la disponibilité d’esprit pour mener ses autres activités.
Exemple : un postier livreur qui commencerait à travailler très tôt le matin jusqu’à midi et passerait tous ses après-midis dans son "home studio".
Du 100 % "sur-mesure"
Il est aussi possible de construire sa vie professionnelle en temps réel en fonction de ses centres d’intérêt, de ses envies et des contraintes du moment :
"Les jours se suivent et ne se ressemblent jamais. Votre vie professionnelle est une aventure qui se vit au quotidien".
Interlude Oh là là, la vie en "multi" !
Dans cet interlude du livre "Profession Slasheur", Marielle Barbe relate sa rencontre avec 21 slasheurs "extraordinaires". Ces derniers, précise l’auteure, sont tout aussi "extras" qu'"ordinaires".
Chapitre 5 - La boîte à outils
Marielle Barbe commence le cinquième chapitre de "Profession Slasheur" en récapitulant. Ainsi, à ce stade, nous devrions :
Avoir compris que nous sommes slasheurs et ce que cela signifie plus ou moins.
Savoir que la "norme" est un concept dépassé et que, "dans un monde du travail contraint de se remettre en question, notre capacité d’adaptation et notre valeur ajoutée sont nos plus grands atouts".
Dans ce cinquième chapitre, Marielle Barbe nous propose une série d’outils et d’exercices de recherche personnelle pour poursuivre notre exploration : cette boîte à outils a pour but de nous permettre de comprendre quelle personne "multipotentielle" nous sommes et comment nous fonctionnons.
Ceci afin de faire ressortir notre singularité, notre individualité, autrement dit ce qui nous rend complètement unique.
Chapitre 6 - Profession slasheur - Notre profil "positive slasheur"
Le sixième chapitre de "Profession Slasheur" nous aide à reconnaître notre valeur ajoutée en tant que slasheur.
La curiosité comme valeur ajoutée
En interrogeant des slasheurs (les 21 slasheurs de l’interlude) sur ce qu’ils considérent comme une valeur ajoutée à leur profil de slasheur, Marielle Barbe a obtenu une réponse unanime : la curiosité.
De cette curiosité, découlent les nombreuses autres qualités du slasheur, notamment :
L’ouverture aux autres et au monde,
La possibilité de faire des liens entre des idées, des sujets, des personnes, des projets, donc de créer en permanence de nouveaux réseaux professionnels,
L’acquisition permanente de nouveaux savoirs et compétences,
La capacité d’analyse, d’adaptation et de gestion de la complexité,
La souplesse,
Une vision globale,
L’enthousiasme et la motivation,
Une créativité exacerbée.
Pour trouver et assumer notre valeur ajoutée de slasheur, Marielle Barbe nous invite ici à réaliser un exercice fréquemment utilisé pour renforcer l’estime de soi en psychologie positive. Cet exercice (appelé "le cadeau magique" par Jeanne Siaud-Facchin ou "la douche de compliments" par Joanna Quélen) s’effectue de deux façons :
Le bureau des compliments, qui consiste à se rappeler des compliments reçus par des personnes avec qui nous avons travaillé.
La lettre de recommandation, qui consiste à écrire une lettre à la troisième personne pour parler de soi.
Le fil conducteur de nos slashs donne du sens à notre vie
De quoi est souvent constitué le fil conducteur des slasheurs
Même si, souvent, les slasheurs font part d’une "sensation de flottement", de "manque d’ancrage", "slasher" ne signifie pas pour autant "éparpillement".
Bien souvent, ils ont simplement besoin de trouver le fil conducteur commun à tous leurs slashs, même si ce dernier s’avère subtil, voire impalpable.
Ce fil conducteur correspond à la part de notre être profond immuable qui a besoin de s’exprimer pour donner du sens à notre vie. C’est lui qui nous permet d’être "aligné".
Quand elle a questionné les 21 slasheurs dont elle fait le récit dans l’interlude de ce livre au sujet de leur fil conducteur, Marielle Barbe a retrouvé, chez tous, des notions très universelles et humanistes. À savoir :
La connaissance de soi et des autres : la relation à soi et aux autres, le goût et le besoin de comprendre l’humain, le vivant et le monde sous leurs différents prismes.
Le besoin de contribuer à changer le monde : en inspirant, en transmettant des valeurs et des compétences.
Le besoin d’évoluer et d’accompagner la capacité d’évolution chez d’autres.
La créativité et la création (de projets, de nouveaux paradigmes, etc.).
Et nous, quel est le fil conducteur commun à tous nos slashs ?
L’auteure de "Profession Slasheur" nous invite à identifier notre fil conducteur. Cette étape, est, dit-elle, très apaisante et rassurante. Trouver ce point d’ancrage, "ce "truc" qui fait que l’on se sent toujours soi, à la bonne place" est une étape clé vers notre épanouissement.
Marielle Barbe propose plusieurs exercices et partage ses conseils pour nous y aider. Il ne s’agit surtout pas de se mettre la pression ni de le faire de façon trop intellectuelle, ou pire, de se forcer :
"Regardez vos différents slashs comme les pétales d’une même fleur, émanant des mêmes racines, de la même tige, du même cœur. Cela vous aidera à vous sentir "unifié", à porter un regard plus positif sur vous-même et à comprendre que vous ne vous êtes finalement jamais éloigné de qui vous êtes vraiment."
Nos offres singulières
Notre singularité fait naturellement naître des offres singulières
Le message de l’auteure, dans la dernière partie de ce chapitre, est le suivant :
"Prendre sa place ne se fait pas en force, ni en poussant des coudes ceux qu’on imagine potentiellement nous faire de l’ombre."
Marielle Barbe souligne, en effet, que notre singularité nous amène inévitablement à proposer des offres singulières.
Elle donne, en guise d’exemple, cette peur que l’on nous prenne notre place quand on apprend que quelqu’un est en train de lancer un projet qui ressemble au nôtre. En réaction, nous sommes alors tentés soit de chercher à "doubler cette personne pour exister avant elle", soit de "proposer quelque chose de différent" pour se démarquer.
Pour Marielle Barbe, la solution "la plus sage" consiste plutôt "à regarder passer son stress, comme on regarderait passer un train, convaincu que personne ne peut prendre notre place puisque nous sommes uniques".
D’autant plus que la superposition et la combinaison de ces slashs, compétences, métiers d’univers souvent éloignés, peuvent donner naissance, à leurs intersections, à des "offres" totalement innovantes et inattendues.
Et vous, quelles sont vos offres singulières ?
L’association d’un slash/ métier avec un nouveau centre d’intérêt procède de la même manière qu’un nuancier de couleurs, observe l’auteure de "Profession Slasheur".
La couleur primaire existe en tant que tel. Toutefois, en se mélangeant, "comme le font le bleu et le jaune, pour produire du vert", nos slashs engendrent parfois de nouveaux slashs : des nuances encore plus subtiles, répondant ainsi à des besoins précis, sources de projets très spécifiques.
Dans cette perspective, Marielle Barbe nous encourage à tenter toutes les associations possibles, même les plus improbables.
"Osez aller vers (et choisir) le mélange qui vous plaît le plus, dans lequel vous vous reconnaissez le plus."
Enfin, elle nous invite à vraiment prendre conscience de la valeur inestimable que nous avons entre les mains en tant que slasheur. Non seulement par l’alchimie de ces compétences mais aussi parce que nous développons des expériences, du fait de notre pluriactivité, dans des secteurs, milieux et réseaux aussi divers que variés.
Cette richesse est donc liée à nos "compétences/ métiers" ainsi qu’à notre réseau professionnel, hybride et étendu.
Chapitre 7 - Super-slasheur sur le marché du travail !
Rendre son parcours cohérent et le simplifier
Dans l’avant-dernier chapitre de "Profession Slasheur", Marielle Barbe traite du slashing sur le marché du travail.
Aujourd’hui, le fait d’être multi-actif est plus accepté. La flexibilité professionnelle est mieux comprise. Toutefois, il est encore préférable de rendre notre profil le plus cohérent et lisible possible.
La première étape est de simplifier ce qui parait compliqué et d’éviter une dispersion. Pour cela, il est nécessaire de bien identifier le dénominateur commun de nos multiples slashs. "C’est grâce à ce fil conducteur que les autres comprennent, acceptent et reconnaissent votre singularité" souligne l’auteure.
Clarifier les avantages et inconvénients du slashing
L’impact sur les finances
Ce mode de travail demande d’accepter l’insécurité matérielle et les fluctuations financières qui l’accompagnent. Il est donc nécessaire d’avoir une bonne dose de confiance en la vie si l’on ne veut pas vivre dans le stress permanent.
Mais paradoxalement, cumuler plusieurs jobs est aussi une garantie de sécurité financière.
Une vie professionnelle sur-mesure
Pour Marielle Barbe, slasher, c’est surtout se créer une vie professionnelle sur-mesure avec :
Plus de liberté et d’autonomie,
La possibilité de cultiver curiosité et enthousiasme, d’assouvir notre soif d’apprendre et d’évoluer.
Mieux gérer la fragilité financière du travail en slashing
L’auteure conseille aux slasheurs de faire le point de façon très précise sur leurs besoins matériels incompressibles. Cela leur permet de repérer le seuil de revenu en dessous duquel ils ne peuvent pas aller.
Ensuite :
Si une base de sécurité matérielle minimum nous rassure, alors nous pouvons conserver une activité salariée à temps partiel ou une mission récurrente avec un client.
Il est bon également, chaque fin d’année, de faire le calcul de nos revenus moyens perçus par mois sur l’année écoulée : nous constaterons souvent que nous gagnons, en fait, autant que si nous étions salariés.
Si l’on s’ennuie dans un job, il est préférable pour limiter les risques, de commencer à investir un nouveau sujet qui nous intéresse sur notre temps libre, tant que nous n’avons pas de pistes concrètes pour changer de travail.
Mieux gérer le sentiment d’être surchargé et le risque de burn-out
Le sentiment de manquer de temps compensé par la liberté et la passion
Forcément, mener plusieurs vies professionnelles, surtout en tant que travailleur indépendant, implique de jongler avec son agenda. Lorsque l’on est slasheur, préparer et suivre chacune de nos activités multiplie le nombre d’heures travaillées.
Aussi, nombreux sont les slasheurs qui se sentent surchargés et ont l’impression que les journées sont trop courtes. Mais ce manque de temps est, selon l’auteure, largement compensé par deux points majeurs à leurs yeux :
La liberté d’organiser leur temps comme ils l’entendent.
L’impression de ne jamais travailler, puisqu’ils sont passionnés par ce qu’ils font.
Aussi, pour ne plus se sentir autant débordé, Marielle Barbe nous invite à optimiser notre organisation. Il est important alors de ne pas trop travailler et de savoir préserver sa vie personnelle, au risque sinon de connaître le burn-out.
Car contrairement aux salariés qui subissent une pression pour atteindre des obligations de résultats, le slasheur indépendant "a au moins la possibilité de gérer son temps comme il le souhaite, même quand il croule sous le boulot. Il peut travailler le soir, le week-end, mais prendre quelques heures pour souffler dès qu’il en sent le besoin".
Les conseils de l’auteure pour mieux gérer la surcharge de travail
Marielle Barbe liste quelques conseils pour mieux faire face à la surcharge de travail que connaît tout slasheur :
Refuser les sollicitations et missions qui risquent finalement de ne pas tant nous intéresser ou qui sont trop chronophages pour ce qu’elles vont nous apporter.
Se demander systématiquement, avant de s’engager sur quelconque projet, s’il est en cohérence avec nos besoins mais aussi nos envies.
Mettre en place des process administratifs souples et légers.
Se souvenir régulièrement de tous les avantages que nous avons d’être slasheur et relativiser.
Conserver au minimum un jour "off" par semaine. L’auteure recommande de ne surtout pas sous-estimer ces temps de respiration qui permettent de se ressourcer : "c’est toujours dans les moments de pause, de vacuité, que jaillit l’inspiration" souligne-t-elle.
Déléguer, sous-traiter, se faire aider sur les aspects de notre activité qui nous ennuient ou dans lesquelles on ne performe pas particulièrement. Il est même possible de troquer, d’échanger des services avec d’autres personnes.
Organiser nos dossiers professionnels de façon rigoureuse et optimisée (grâce aux outils numériques notamment).
Simplifier notre organisation en évitant de tout compartimenter : il est préférable d’intégrer ses différentes activités sous une même carte de visite/site internet, etc. pour ne pas multiplier les outils de communication.
Rédiger et diffuser son CV
Le slasheur craint le passage à la rédaction de son CV.
Il ne devrait pourtant pas stresser, assure l’auteure. Car selon elle, le CV ne représente plus le sésame qu’il était autrefois pour accéder à un emploi : "de plus en plus, les talents s’identifient eux-mêmes, se cooptent sur les réseaux sociaux". Les sites de mise en relation professionnelle sont aujourd’hui bien plus intéressants que le CV traditionnel, affirme Marielle Barbe.
Un CV unique et plusieurs CV thématiques
L’auteure suggère ensuite de réaliser deux types de CV :
Un CV unique : qui retrace l’ensemble de notre parcours professionnel et s’articule autour de nos différents slashs (compétences et activités principales). Les épisodes professionnels majeurs y seront mentionnés sans suivre de chronologie détaillée. L’idée est de regrouper nos compétences par périodes, mais surtout de faire émerger la cohérence de toutes nos expériences en nous appuyant sur notre fil conducteur.
Des CV thématiques : le but est de nous focaliser sur l’une des expertises recherchées dans le poste visé. Il est alors possible d’avoir autant de CV que de slashs.
Pour l’auteure de "Profession Slasheur", nous devons être vigilant à bien présenter notre CV de façon cohérente, positive et compréhensible par tous.
Le CV doit, par ailleurs, mettre en évidence :
Notre différence comme un atout, une force.
Des passerelles entre nos compétences, expériences et le poste visé.
Notre créativité en proposant, par exemple, un CV interactif, un CV vidéo ou du storytelling pour raconter notre parcours, le rendre captivant et lui donner du sens.
La diffusion du CV
L’auteure recommande de partager notre CV :
Sur les réseaux sociaux professionnels : Linkedin en tête, mais d’autres sont intéressants.
Avec notre réseau personnel : l’auteure rappelle que selon la théorie des degrés de séparation, "n’importe qui peut entrer en relation avec n’importe qui sur la planète, à travers une chaîne de relations individuelles composée de six personnes". Et avec l’émergence des réseaux sociaux, il semblerait que, depuis quelques années, quatre personnes soient suffisantes pour y parvenir.
Trouver le statut compatible avec nos besoins
Pour déclarer leurs différentes activités, les slasheurs sont souvent contraints de jongler entre différents statuts : salarié, autoentrepreneur, indépendant, voire même, en plus, artiste, auteur, intermittent, etc.
La multiplicité des "clients/ contrats/ projets" du slasheur, additionné à la complexité du droit du travail français, fait de cet aspect un véritable casse-tête administratif.
Et malheureusement, la singularité de chaque situation fait qu’il n’existe aucune réponse clé en main. Le mieux reste de faire appel à un expert pour nous conseiller.
Le statut idéal : le statut d’auto-entrepreneur
Pour lancer son activité en tant qu’indépendant, Marielle Barbe recommande le statut d’auto-entrepreneur. Simple, peu coûteux et sans lourdeurs administratives, ce statut regroupe, selon elle, tous les avantages permettant de tester son activité sans risques. En outre, il offre la possibilité de rester salarié ou de cumuler ses revenus avec ses droits de chômage.
Les inconvénients seraient néanmoins son plafond de revenus et des garanties sociales limitées (retraite, chômage et maladie).
Les autres statuts
Ensuite, si nous nous sentons l’âme entrepreneuriale, Marielle Barbe liste les autres options qui s’offrent à nous, avec leurs avantages et inconvénients. Nous pouvons les catégoriser ainsi :
Les statuts des entreprises individuelles : Eurl, Sarl, Sas, SA, Sasu, etc.
Des structures qui permettent de travailler comme un indépendant sans avoir à créer une entreprise : ce sont alors des sociétés de portage salarial ou des coopératives qui nous salarient.
L’auteure stipule que, parfois, nous aurons intérêt ou seront obligés de cumuler plusieurs statuts.
Faire face aux challenges
La solitude
L’auteure insiste sur le fait que, pour celles et ceux qui n’ont pas l’âme solitaire, la solitude du slasheur indépendant peut être pesante.
Elle suggère alors d’opter pour un statut en coopératives d’entreprise (évoquées plus haut) et de travailler depuis des espaces de coworking.
La pression
En général, les slasheurs ressentent moins la pression de la recherche d’emploi que les monoactifs : d’abord, parce que cette pression se répartit sur les différentes cordes à leur arc, ensuite, parce qu’ils sont davantage à la recherche d’une mission qui leur correspond à un instant T qu’en quête du job de leur vie.
Cependant, la pression est ailleurs. Celle-ci se situe plutôt dans leur sentiment d’illégitimité, leur difficulté à se sentir cohérent dans leur multiplicité. "C’est donc autour de l’enjeu à assumer "qui ils sont" que le bât blesse lors des entretiens de recrutement" explique l’auteure.
Les choses sont beaucoup plus fluides pour les slasheurs qui s’assument et qui ont su créer de la valeur ajoutée en croisant leurs compétences. Ces derniers ne manquent généralement pas de propositions de travail :
"Dès lors qu’ils sont clairs sur leurs envies, qu’ils se sentent "alignés" et dans la confiance, ils remarquent que les choses viennent presque naturellement à eux. (…) Les propositions qui leur sont faites entrent en résonance avec leurs aspirations du moment."
Se réjouir de l’évolution des entreprises dans leur façon de recruter
Les entreprises d’aujourd’hui aiment les slasheurs
La révolution digitale oblige aujourd’hui les entreprises à innover et à faire preuve d’une grande agilité.
C’est pourquoi, affirme l’auteure, dans leur processus de recrutement, ces dernières se tournent de plus en plus vers des profils atypiques : des candidats moins classiques, polyvalents, au parcours singulier et compétences hors nomes, "capables de produire rapidement et efficacement des idées novatrices et disruptives".
Des plateformes de recherche d’emploi "slash-compatibles"
Le boom des travailleurs indépendants ces dernières années a fait naître de nombreuses plateformes de mise en relation entre demandeurs et recruteurs.
Grâce aux nouvelles technologies, au big data et aux algorithmes, "ces sites de mise en relation permettent de pousser les limites mono-compétence du recrutement et de rendre lisibles les profils multi-compétences" observe l’auteure.
Ces plateformes peuvent alors être très utiles aux slasheurs.
Marielle Barbe partage ici sa sélection de plateformes de recherche d’emploi "slash-compatibles", à savoir : Hopwork, CornerJob, Wizbii, Météojob, Keljob, Vit-On-Job, Bowkr, Jaipasleprofil, Myjobcompany, Bob emploi, Talents, Upwork, Side, Welcome to the jungle.
Rechercher du travail
Marielle Barbe termine ce chapitre de "Profession Slasheur" en énonçant quelques conseils pour la recherche d’activité du slasheur :
Sortir des sentiers battus : le slasheur n’est pas toujours à même de suivre les process classiques de recrutement aux critères trop linéaires et élaborés pour une compétence unique.
Développer et utiliser ses réseaux.
Se faire coacher si besoin pour développer son offre.
Définir et cibler des entreprises et clients avec qui nous avons vraiment envie de travailler.
Faire de la veille, prospecter régulièrement.
Chapitre 8 – Profession slasheur : Slashons-nous !
Assumer qui nous sommes
Marielle Barbe commence ce dernier chapitre de "Profession Slasheur" en expliquant qu’elle n’a pas toujours aussi bien assumé le fait d’être slasheuse.
Elle raconte comment les deux années qui ont séparé sa "découverte" et son "coming out" ont certainement été les plus difficiles de sa vie. Elle décrit s’être senti "écartelée entre des courants contraires" : "une partie de moi avait compris que ma vie professionnelle se conjuguait au pluriel quand une autre était encore dans l’illusion de trouver le "job de ma vie"" confie-t-elle.
Mais dès lors que nous assumons d’être slasheurs, la transformation peut être très rapide, affirme-t-elle : les obstacles deviennent des atouts, on a le sentiment de déployer ses multiples potentiels, d’être à notre place.
L’auteure souligne enfin que la peur du regard des autres est un véritable frein pour nous sentir légitime, passer à l’action, mettre en valeur toutes nos dimensions et donc assumer nos différences.
Gagner la bataille de la légitimité
L’auteure de "Profession Slasheur" évoque ici le syndrome de l’imposteur.
"Nous, les slasheurs, sommes comme des étoiles : à chaque bout de l’étoile, il y a une compétence, mais il n’y a pas de centre. L’expert, lui, a un centre, mais pas de branches."
Marielle Barbe partage 3 conseils pour dépasser ce sentiment d’illégitimité :
Échanger avec nos clients/ recruteurs sur leur besoins précis pour être sûr d’être la personne de la situation.
Dépasser la peur de l’échec : pour cela, nous devons connaître exactement nos limites et ne pas nous lancer dans des défis impossibles.
Modifier la perception de nos sentiments d’illégitimité et d’imposture paralysants et bloquants en ne leur accordant plus l’importance qu’ils ont. Ainsi, l’auteure propose de faire des alliés de ces sentiments, de s’en servir de catalyseurs pour passer à l’action, développer son audace.
Profession slasheur - Chasser les "bonnes" excuses !
"Lorsque nous créons nos excuses, nous créons nos limites. Lesquelles génèrent de la frustration, de la tristesse, une mauvaise image de soi, des pensées négatives… Pensées négatives qui entretiennent nos croyances. Croyances qui nourrissent nos peurs. Peurs qui légitiment nos excuses. Excuses qui créent nos limites, limites qui…, etc. Ce cercle vicieux nous fige et nous empêche d’être acteurs de notre vie. Jusqu’à ce que nous fassions le choix d’en finir avec ce fonctionnement en boucle. En décidant de ne plus être victimes, nous pouvons alors reprendre la main sur notre destin."
Pour chasser les "bonnes" excuses, l’auteure nous invite à :
Penser aux parcours de personnes "qui avaient toutes les bonnes raisons et excuses potentielles pour ne pas être acteurs de leur vie et qui pourtant ont réussi, sont heureuses".
Travailler sur nos peurs et blocages profonds en lien avec notre histoire personnelle.
Maintenir un certain enthousiasme dans ce qu’on entreprend.
Adopter le mindset "échec, persévérance, passion"
L’auteure rappelle ici combien notre état d’esprit est un facteur déterminant dans notre réussite.
Selon elle, le slasheur assumé possède généralement un état d’esprit de développement. Autrement dit, il est conscient des opportunités et de la richesse que lui apportent ses échecs.
L’auteure mentionne également plusieurs études qui ont montré que la clé de l’accomplissement repose sur un subtil mélange d’enthousiasme, de passion et de persévérance.
Là aussi, le slasheur semble prédisposé à cette combinaison gagnante :
"La réussite est rarement un coup d’éclat ou une question de chance. Elle a besoin que nous fassions preuve de patience mais aussi d’humilité, de capacité à remettre nos idées, nos projets sur l’établi, en osant nous tromper, pour mieux nous relever et recommencer. (…) Nous les slasheurs avons cette disposition naturelle et précieuse pour l’enthousiasme, et un accès privilégié aux réserves inépuisables de notre motivation. C’est notre force."
Le chapitre se termine par des petits exercices pour nous aider à mieux considérer l’échec positivement.
Profession slasheur - Prendre conscience du bonheur d’être slasheur
Marielle Barbe mesure ici tout ce que le fait d’être slasheuse lui a permis d’apprendre et de découvrir dans des domaines aussi riches que variés. : "vivre mille vies en une" déclare-t-elle.
En fait, elle réalise à quel point il nous appartient d’accéder au bonheur d’être soi dans toute notre potentialité. Elle ajoute :
"Je suis émerveillée de la simplicité et de la fluidité avec laquelle tout se met en place lorsque nous sommes alignés avec nos intentions profondes, que nous portons sur notre vie un regard positif et que nous faisons confiance à la vie, souvent bien plus intelligente que nous."
Elle nous invite alors à prendre la décision d’être un slasheur heureux. Chaque jour, ressentir et faire preuve de gratitude envers la vie : réaliser tout ce que nous n’aurions pu vivre si nous n’avions pas été slasheur et remercier le slasheur que nous sommes pour tout ce que cela nous a apporté.
Faire confiance à la vie plus créative et intelligente que nous et savoir affronter l’adversité
Tout d'abord, tout le monde connait des accidents de parcours, des périodes désagréables, inconfortables, de la frustration.
Pour mieux vivre ces épreuves et les accepter, Marielle Barbe nous suggère alors de nous rappeler régulièrement "qu’elles ne durent pas toujours, qu’elles ne sont qu’une étape sur notre chemin". Il faut, poursuit-elle, "continuer à croire aux lendemains qui chantent", "continuer à rêver".
L’auteure de "Profession Slasheur" ajoute que la contrainte nous pousse à être créatifs. Elle nous aide ainsi à dépasser nos limites pour nous sortir de situations complexes, trouver des solutions parfois improbables.
Et, avec le recul, nous réalisons que certains de nos malheurs sont, en fait, de véritables cadeaux :
"Une fois que l’on s’en est sorti, on est surpris de comprendre que non seulement elles nous ont aidés à évoluer, mais que souvent elles avaient un sens et nous ont même apporté du positif."
Il est alors bon de se souvenir de toutes ces épreuves vécues comme autant d’étapes porteuses de sens et même de chance, et d’apprendre à saisir les opportunités parmi toutes les options qui se présentent à nous.
Profession slasheur - Jouer et trouver sa juste place
Marielle Barbe termine ce chapitre en développant plusieurs réflexions.
Elle explique ainsi que :
Il est important de savoir prendre les choses comme un jeu, avec distance et légèreté : "la vie est un jeu, slasher en fait partie" lance l’auteure, qui voit aussi dans le jeu une manière d’apprendre et de changer, si nous le voulons, les règles en place.
Les jeunes générations se reconnaissent de moins en moins dans le schéma de carrière et de réussite stéréotypé que leur proposent l’école et la société actuelle. Tandis que le système glorifie la comparaison entre pairs et les personnes qui font fortune, ce que valorisent les jeunes, eux, c'est l’épanouissement personnel. Leurs critères de choix s’appuient sur les talents, la personnalité, le fait d’être heureux, de se sentir utile et de faire quelque chose qui apporte plus de sens à leur vie, aux autres, au monde.
Et pour l'auteur, être slasheur apporte ces avantages. Le fait de combiner des activités permet, de plus, de se distinguer plus aisément. C'est donc cette multiplicité et cette singularité tout à la fois qui permet de trouver sa juste place d'où rayonner sans se limiter ni craindre quoi que soit :
"Trouver sa place, c’est un peu comme se confectionner un costume sur mesure, qui nous va à la perfection. Et n’ira à personne d’autre. Cela revient à ne vouloir la place de personne puisque l’on ne cherche rien d’autre que d’être soi. (…) Cela évite d’avoir peur de se faire "piquer" sa place, puisqu’elle est unique. Ou de se faire voler des idées, des projets, des concepts."
Conclusion de "Profession Slasheur - Cumuler les jobs, un métier d'avenir" de Marielle Barbe
La conclusion du livre "Profession Slasheur" par Marielle Barbe
S’affranchir du modèle imposé de la monoactivité
Dans la conclusion de son livre "Profession Slasheur", Marielle Barbe exprime son souhait qu’un jour, les profils atypiques soient perçus différemment. Or, heureusement, c'est plutôt bien parti pour cela !
En effet, le travail est en train de franchir un cap en basculant de la monoactivité à la multiactivité, rassure l'auteure. Marielle Barbe encourage alors tous les slasheurs et slasheuses à ne pas suivre le modèle de la monactivité mais d'assumer et vivre pleinement leur multipotentialité et singularité.
Valoriser l'ensemble de nos compétences, talents, intelligences
L’auteure de "Profession Slasheur" revendique le droit à une vie professionnelle qui nous ressemble et valorise la multiplicité des compétences, des expériences et des parcours sinueux. Plus précisément, une vie professionnelle plurielle, complète, où nous décidons de ne plus sacrifier des pans essentiels de notre personnalité, de nos envies, de nos valeurs. Nous devons prendre en compte l’ensemble de nos talents, de nos compétences, de nos différentes formes d’intelligences, "celles qui sont en lien avec notre tête, mais aussi avec notre corps et notre cœur".
C'est d'ailleurs en travaillant dans des conditions qui nous offrent un équilibre de vie et nous permettent d’être nous-même que nous révélons le meilleur de nous-même.
Mais l’auteure le sait, il y a encore du chemin à parcourir d’ici que soit aboli le clivage entre mono et pluriactivité et que les pluriactifs soient reconnus et "bénéficient de conditions de travail, de modes de recrutement, de protection sociale, de statuts, etc., adaptés à leur mode spécifique de fonctionnement".
Et pour Marielle Barbe, c’est à nous, les slasheurs, que revient cette responsabilité d’imposer notre vision du travail "out of the box", notre manière de travailler "à l’envie".
Oser être les pionniers de cette multipotentialité professionnelle dont le monde a besoin
"Faites de votre vie "personnelle/ professionnelle" la plus riche et la plus singulière des aventures… Celle qui vous ressemble. Celle que vous aimez. Celle qui est complète."
La société nous impose sa représentation d’une vie professionnelle linéaire, spécialisée et unique. Cela ne nous autorise pas vraiment à exploiter nos potentiels que sont la curiosité, l'enthousiasme, la créativité, l'envie de multiplier les expériences...
Toutefois, le fait de reconnaître, assumer, revendiquer notre différence et notre droit à "choisir tout" rend, chaque jour davantage, cette autre réalité professionnelle possible. C'est ainsi, souligne l'auteure, que nous pouvons commencer à réécrire l’avenir du travail, le nôtre et celui des générations à venir.
Ce que nous pouvons retenir de l'ouvrage "Profession Slasheur - Cumuler les jobs, un métier d'avenir"
Des clés pour comprendre le slashing - Profession slasheur
Dans son livre "Profession Slasheur", Marielle Barbe donne au lecteur des clés pour :
Décoder qui sont les slasheurs, ces individus qui cumulent plusieurs emplois ou activités professionnelles simultanément, plutôt que de se concentrer sur un seul travail à temps plein.
Comprendre que la spécificité du slasheur est en train de s’imposer comme une nouvelle réalité du travail et que les professionnels slasheurs sont de plus en plus nombreux dans le monde du travail moderne, en raison de l'évolution des technologies et de l'économie.
Aider les lecteurs slasheurs à développer leur propre carrière notamment en matière de planification, de gestion de temps et de marketing de soi.
En tant que slasheur, "Profession Slasheur" est un livre qui nous redonne l’espoir d’être pleinement à notre place et nous encourage à assumer notre vie professionnelle plurielle.
Les étapes pour transformer le slashing en atout - Profession slasheur
L'ouvrage nous propose, en tant que slasheur, à suivre plusieurs étapes, à savoir :
Reconnaître que nous sommes un slasheur, identifier nos slashs et notre fil conducteur pour trouver de la cohérence dans notre vie de slasheur.
Prendre conscience des avantages d'être slasheur : ils incluent la diversité des expériences professionnelles, la possibilité de développer de nouvelles compétences et la flexibilité pour gérer sa vie professionnelle et personnelle.
Réaliser que la norme du travail évolue très vite et que le modèle du "un emploi pour la vie" est en train de voler en éclats.
Lâcher prise et assumer son côté slasheur de façon à transformer ce que nous considérions comme un obstacle en atout.
Points forts :
Le ton très accessible, positif et bienveillant.
Le livre explore en détail le concept très actuel du slashing, de façon optimiste, en mettant en avant ses avantages, ses défis, et comment les slasheurs peuvent s'adapter au monde moderne.
Les nombreux témoignages et histoires inspirantes de personnes qui ont réussi en pratiquant le slashing.
Les conseils pratiques et l'expérience de l'auteure qui aident les slasheurs à mieux assumer et valoriser leur multipotentialité, à gérer leur temps, équilibrer leurs engagements, maximiser les opportunités…
Point faible :
Quelques répétitions.
Ma note :
★★★★★
Avez-vous lu "Profession Slasheur - Cumuler les jobs, un métier d'avenir" de Marielle Barbe ? Combien le notez-vous ?
Visitez Amazon afin de lire plus de commentaires sur le livre de Marielle Barbe " Profession Slasheur - Cumuler les jobs, un métier d'avenir "
Visitez Amazon afin d'acheter le livre de Marielle Barbe " Profession Slasheur - Cumuler les jobs, un métier d'avenir "
Cet article Profession Slasheur est apparu en premier sur Des livres pour changer de vie.
June 22 2023, 5:00pm