Événement interblogueurs 2021 Avoir un de vos articles promu auprès de 132 810 lecteurs passionnés par le développement personnel et l’entrepreneuriat ça vous dit ? Puis avoir cet article intégré dans un article récapitulatif qui sera également envoyé à ces 132 810 personnes et à des milliers d’autres lecteurs, ça vous émoustille même carrément ? Dans ce cas […] Cet article Événement interblogueurs 2021 : Les 3 livres qui ont changé ma vie est apparu en premier sur Des livres pour changer de vie.
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July 11 2021, 7:09pm
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Pour une enfance heureuse
Résumé de « Pour une enfance heureuse - Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau» : À travers sa synthèse des dernières découvertes en neurosciences, la pédiatre et auteure Catherine Gueguen nous permet de mieux identifier les conséquences de nos habitudes éducatives tout en proposant de nombreuses pistes en faveur d’une éducation bienveillante. Par Catherine Gueguen, 2014, 366 pages. Note : cette chronique est une chronique invitée écrite par Maëlle Mériaux du blog Devenir Intuitive. Chronique et résumé du livre « Pour une enfance heureuse » :
Chapitre 1. La relation adulte-enfant Il est courant d’idéaliser la relation à naître lors de la grossesse, mais à la naissance, les parents sont souvent déstabilisés par tous les changements qu’implique l’arrivée d’un enfant dans leur vie. Les difficultés de la relation adulte-enfant L’arrivée d’un premier enfant provoque généralement un très grand bouleversement émotionnel pour les parents. Passé le baby blues des premiers jours chez la maman, celle-ci continue parfois à se sentir totalement dépassée par la situation jusqu’à la dépression post-partum ou encore jusqu’au burn-out maternel. En tant que pédiatre, Catherine Gueguen est pleinement consciente de ces difficultés et rencontre de nombreux jeunes parents perdus et désemparés. Elle questionne les statistiques du congé parental en France : « 97 % des cinq cent trente-six mille personnes qui prennent un congé parental sont des femmes ». Selon elle, l’équilibre entre vie de famille et vie professionnelle serait plus facile à trouver avec un partage de la responsabilité éducative des enfants au sein du couple, comme dans les pays nordiques notamment. L’humain est un être éminemment social Selon les études en neuroscience affective et sociale, notre cerveau est entièrement tourné vers la rencontre humaine. Nous sommes une espèce sociale. Tous les êtres humains veulent par-dessus tout être aimés, écoutés, respectés. Ils aiment vivre des relations empathiques. Qu’est-ce ce que c’est ? L’empathie est la capacité à comprendre les intentions et le ressenti de l’autre. Elle se distingue de la sympathie, qui implique de vouloir le bien-être de l’autre. Dans la relation idéale, empathie et sympathie sont entremêlées. Pour réussir à être empathique avec les autres, ce que nous avons rarement appris dans notre éducation, il est nécessaire de savoir être empathique avec soi-même, ce qui s’appelle l’auto-empathie. Il s’agit d’apprendre à conscientiser nos sentiments et nos souhaits profonds. C’est donc un chemin de connaissance de soi. Être empathique avec soi-même et avec les autres s’apprend. En comprenant que l’autre n’est pas la cause de ce que nous ressentons, nous pouvons prendre la responsabilité de nos émotions et apprendre à les exprimer en parlant de nous. La relation humaine vue du côté de l’enfant Dès qu’il vient au monde, l’enfant cherche à entrer en relation avec ses parents. Il est capable d’empathie affective. À un an, il adopte déjà des comportements altruistes et des études ont montré qu’à quatorze mois, il cherche à réconforter les personnes en détresse. Vers trois ans, l’enfant commence à comprendre les règles sociales du vivre ensemble. Mais il lui faut beaucoup de temps pour arriver à mettre des mots sur ses émotions, d’autant plus si l’adulte en face de lui ne lui montre pas comment faire. À force de n’être pas compris, un enfant se renferme ou devient agressif. La relation humaine vue du côté des parents Il existe une multitude de façons de se comporter avec les enfants. L’idéal serait de les considérer comme tout être humain qui a droit au respect et à la dignité. Pourtant, leur fragilité et leur malléabilité font que les adultes se placent facilement dans une posture de domination vis-à-vis des enfants. Comment avons-nous été éduqués ? C’est souvent un bon point de départ pour clarifier l’attitude que nous souhaitons adopter avec les enfants. Peut-être y a-t-il des situations que nous avons nous-mêmes vécues et que nous ne souhaitons pas reproduire ? Nos façons d’être ont des conséquences directes sur le cerveau de l’enfant. De plus, nous lui transmettons ce que nous sommes, donc justement notre façon d’être. Lorsque les parents et les adultes autour de l’enfant sont respectueux et empathiques, l’enfant fait de même. À l’inverse, lorsque ces adultes crient, tapent et humilient, les enfants les imitent également. Selon un sondage SOFRES réalisé en 1999, seulement 16 % des Français n’ont jamais frappé leurs enfants. Les autres agissent par automatisme, probablement parce qu’ils ont déjà reçu des coups étant enfant. Chapitre 2. Le cerveau de l’enfant, un cerveau encore immature Trois cerveaux en un Notre cerveau est, de façon schématique, composé de trois cerveaux, reliés entre eux par des circuits neuronaux :
Le cerveau archaïque ou cerveau reptilien, qui est la partie la plus ancienne du cerveau humain. Il gère la physiologie de base de notre corps. En présence d’un danger, il déclenche chez nous des réflexes de fuite ou d’attaque. Le cerveau émotionnel ou système limbique nous permet de ressentir l’agréable et le désagréable, ainsi que la gamme complète de nos émotions. Il joue également un rôle régulateur de nos instincts de survie. De plus, il est impliqué dans l’apprentissage et la mémoire. Le cerveau supérieur ou néocortex n’est présent que chez les primates, dont nous faisons partie. Il représente chez l’homme 85 % du volume cérébral total. Il commande entre autres la conscience que nous avons de nous-mêmes, le langage et la capacité d’apprentissage. De plus, il est à l’origine de nos raisonnements et de notre créativité.
Le cerveau : de l’enfance à l’adolescence Le cerveau humain met énormément de temps à se développer totalement. Son développement commence au cours de la vie intra-utérine. Dans les premières années de vie de l’enfant, le cortex néofrontal est encore en formation : ce sont les cerveaux archaïque et émotionnel qui sont dominants. La maturation du cortex se prolonge même jusqu’aux 25 ans environ, pour certaines régions du cerveau. Et pour cause : le cerveau humain est la forme de matière organisée la plus complexe de l’univers. Il existe deux types de cellules nerveuses :
Les neurones servent à la transmission des informations, sous la forme de neurotransmetteurs : dopamine, sérotonine, etc. Ceux-ci sont entourés d’une gaine de myéline qui favorise la conduction des informations. Les cellules gliales approvisionnement les neurones en énergie, protègent le cerveau et accélèrent les transmissions d’informations, selon leurs caractéristiques.
Après la naissance, les connexions entre neurones sont très mouvantes : elles se font et se défont en fonction des relations affectives, de l’apprentissage et de toutes les expériences vécues par l’enfant. À l’âge de deux ans, ces connexions, appelées synapses, ont une densité deux fois plus importante que chez l’adulte, qui diminue ensuite à l’adolescence : le cerveau garde les circuits utilisés et élimine les autres. C’est pourquoi les phénomènes et évènements susceptibles d’altérer la formation de ces circuits ont des conséquences majeures sur le présent et l’avenir de l’enfant. Le cerveau à l’adolescence Les structures cérébrales qui mettent le plus longtemps à être matures sont les plus complexes. Il s’agit des lobes temporaux et frontaux, qui régissent les processus cognitifs et la régulation des émotions. Ils atteignent leur complet développement vers 16-17 ans. Tant que le cerveau n’a pas atteint sa pleine maturation, les processus de gestion des émotions ne sont pas pleinement fonctionnels, ce qui explique les difficultés de l’enfant à maîtriser ses réactions émotionnelles. Avec son plein développement, le cortex préfrontal devient plus efficace dans ses capacités intellectuelles et sa faculté dans les prises de décisions. De plus, il permet le contrôle des réactions émotionnelles, à savoir la prise de recul ainsi que la réflexion et la prise de décision sans réaction impulsive. Nos relations et les expériences que nous vivons durant l’enfance déterminent quelles connexions cérébrales vont persister au cours de notre vie. Tout cela influe sur la capacité de l’enfant et de l’adolescent à surmonter le stress, à vivre ses émotions sereinement et à exprimer son affectivité. Chapitre 3. Cerveau, affectivité et vie relationnelle chez l’enfant L’ensemble du cerveau participe aux relations humaines, mais certaines de ses régions sont plus particulièrement dévolues à la vie relationnelle. Le cortex préfrontal Le cortex préfrontal est situé tout à l’avant du cerveau et constitue une zone essentielle du néocortex. Il est relié à de nombreuses zones du cerveau, ce qui en fait toute la complexité. Chez les primates, de nombreuses études ont montré que le volume de ce cortex est corrélé à la taille du groupe social. Chez l’espèce humaine, le cortex préfrontal est particulièrement développé, pouvant être le reflet de la complexité de notre vie sociale. De plus, c’est la zone du cerveau avec la maturation la plus tardive : celle-ci est complète au début de la vie adulte. Le cortex préfrontal est le centre de décision et de planification du cerveau. Il est également le siège du langage, du raisonnement et de la mémoire. De plus, il sert au contrôle de nos réponses émotionnelles. Face à une situation relationnelle difficile, il nous permet de prendre du recul : nous réévaluons la situation à sa juste mesure. Quand cette zone du cerveau est immature ou dysfonctionne pour de multiples causes (dont les violences subies durant l’enfance), les individus sont incapables de prendre du recul et de reconsidérer ce qu’ils sont en train de vivre. Certains adultes violents et colériques sont comme les enfants, submergés par la peur et la colère. L’imagerie IRM permet de révéler une activité très faible du cortex préfrontal chez ces personnes, comme on l’observe dans la petite enfance. Un cortex préfrontal hypoactif est incapable de réguler les émotions fortes. Au sein du cortex préfrontal, deux zones jouent un rôle majeur dans notre vie affective : le cortex orbito-frontal (COF) et le cortex cingulaire antérieur (CCA). Le COF est capital pour notre vie sociale : son volume est corrélé aux compétences sociales. La vie d’une personne ayant un COF altéré est chaotique, car elle ne sait pas prendre les décisions justes pour elle. Pourquoi l’enfant contrôle-t-il mal ses émotions ? Le cortex préfrontal et les circuits qui le relient au système limbique sont immatures durant l’enfance. Ainsi, l’enfant est très rapidement submergé par des tempêtes émotionnelles et des comportements impulsifs dictés par son cerveau émotionnel et archaïque. Ce que l’on appelle à tort des « caprices » est seulement la conséquence de l’immaturité du cortex cérébral chez l’enfant. Il est important de comprendre que ce n’est qu’un passage de la vie de l’enfant qui ne durera pas si celui-ci est réconforté dans ses tempêtes émotionnelles plutôt que réprimandé. Consoler un enfant « chamboulé » participe à la maturation de son cerveau L’enfant bouleversé par ses émotions a besoin d’aide pour retrouver son calme. Lorsqu’un adulte le rassure, il lui permet de développer dans ses lobes frontaux les connexions nécessaires pour apaiser à l’avenir ses angoisses et réflexes archaïques. Coccaro, en 2011, a montré que les adultes violents ont un cortex préfrontal hypoactif[1]. À sa naissance, le bébé est particulièrement vulnérable et a d’autant plus besoin d’être réconforté lorsqu’il pleure, ce qui peut être très fréquent. C’est sa façon d’exprimer toutes sortes d’émotions et de besoins. Les parents peuvent vivre beaucoup d’incompréhension et d’impuissance face à ces pleurs. Le cerveau archaïque est prédominant chez le bébé, qui est très vite submergé par la peur et la colère. Il a impérativement besoin d’un adulte qui le rassure. L’amygdale Parmi les structures cérébrales importantes dans la régulation de nos émotions, l’amygdale joue un rôle clé. Les personnes victimes de lésions bilatérales de l’amygdale ne connaissent plus ni l’angoisse ni le plaisir : elles sont coupées des émotions. Le rôle de l’amygdale est notamment de détecter tout danger potentiel et de nous en alerter. Elle prévient alors l’hypothalamus qui déclenche la sécrétion de cortisol, hormone du stress. Dès la naissance, l’amygdale est parfaitement mature. Par contre, les structures cérébrales qui permettent de la réguler ne le sont pas. Ainsi, le jeune enfant a souvent très peur sans être capable de raisonner et de prendre du recul par rapport à ce qui l’effraye. Par ailleurs, l’amygdale est impliquée dans notre mémoire émotionnelle inconsciente ou implicite. C’est la mémoire des évènements émotionnels traumatiques notamment. Une fois adultes, nous n’arrivons pas à nous souvenir de nos premières années, car nos structures cérébrales de la mémoire explicite n’étaient pas encore matures, mais nous gardons une mémoire inconsciente des traumatismes à travers l’action de l’amygdale. Mettre des mots sur les évènements pénibles ou traumatiques passés est une manière de réencoder l’amygdale. L’hippocampe L’amygdale est en relation très étroite avec l’hippocampe, structure cérébrale quant à elle immature à la naissance. C’est le centre de la mémoire consciente et à long terme : il est au cœur des apprentissages. L’hippocampe est particulièrement sensible au stress et à la détresse émotionnelle. Lors d’un stress prolongé, seule l’amygdale fonctionne au détriment de l’hippocampe et la personne, paralysée par l’angoisse, n’arrive plus à apprendre ni à mémoriser. Chapitre 4. Cerveau et stress chez l’enfant Deux systèmes régulent la réponse au stress chez l’être humain : le système nerveux végétatif et le système neuro-endocrinien. Le premier répond au stress immédiatement, en sécrétant de l’adrénaline, alors que le second réagit plus tard, en sécrétant du cortisol. Le système nerveux végétatif (SNV) ou système autonome Les voies nerveuses du système nerveux végétatif, ou autonome, se subdivisent en deux systèmes :
Le système nerveux sympathique ; Le système nerveux parasympathique.
Tout d'abord, le système nerveux sympathique nous prépare à l’action. Face à un stress, il produit la réponse de lutte ou de fuite. À l’inverse, le système nerveux parasympathique sert à l’apaisement, au ralentissement et à la régulation des émotions. Ces deux systèmes ne se développent pas au même âge chez le jeune enfant. Le système sympathique est actif dès la première année de l’enfant, alors que le système parasympathique ne s’installe que dans le courant de la deuxième année. De plus, un enfant qui n’est pas accompagné lors d’un chagrin ou d’une colère voit son système sympathique se renforcer. À force, il peut devenir colérique ou développer un trouble hyperactif. Consoler son enfant permet au contraire d’aider son système parasympathique à se développer. Le système neuro-endocrinien : l’axe hypothalamo-hypophysaire (HPA) Le système neuro-endocrinien regroupe l’hypothalamus, l’hypophyse et les glandes surrénales, qui produisent un effet en chaîne, aboutissant à la sécrétion de cortisol lors d’un stress. Un stress prolongé peut conduire à une hyperactivité de cet axe, jusqu’à altérer certaines zones cérébrales chez l’enfant. Le stress produit un afflux d’adrénaline, de noradrénaline, de cortisol, toxique pour l’organisme Lorsqu’ils sont sécrétés avec un taux normal, l’adrénaline, la noradrénaline et le cortisol sont bénéfiques pour l’organisme. Mais lorsqu’ils sont émis en trop grande quantité lors d’un stress, l’enfant perd confiance et voit le monde comme une menace constante. Le stress est très délétère pour le cerveau de l’enfant Le cortisol agit lentement. Il peut rester dans le cerveau pendant des heures, des jours voire des semaines entières. Lorsqu’il est sécrété de façon prolongée et que son taux est très élevé, il peut avoir des impacts importants sur le développement du cerveau. Par exemple, un stress sévère dans la petite enfance peut avoir un impact sur le développement de l’hippocampe, structure essentielle à l’apprentissage. Le cortex préfrontal est très sensible au stress également. Celui-ci peut entraver son développement et diminuer son volume. Les premières années de la vie sont déterminantes Les premières années de la vie de l’enfant, tout comme la vie intra-utérine, sont des périodes particulièrement sensibles dans l’établissement des liens socio-affectifs. Si l’enfant vit des expériences négatives récurrentes, son équilibre affectif risque d’être fragilisé pour le reste de sa vie. Les enfants placés en orphelinat, par exemple, présentent le plus souvent des altérations du cerveau et des troubles cognitifs et psychologiques. Ces troubles sont plus facilement réparables si ces enfants sont adoptés avant d’avoir 2 ans. Toutefois, on ne peut jamais complètement prévoir l’avenir. La résilience permet à certaines personnes de mener une vie heureuse malgré des expériences traumatiques. Le facteur le plus important dans l’existence de cette résilience est la rencontre avec des personnes empathiques et bienveillantes. Savoir réguler les conflits Des études ont démontré que la manière dont les conflits se régulent à la maison influence grandement le comportement de l’enfance dans ses propres relations. L’enfant « tyrannique », notamment, est souvent le reflet des adultes qui l’entourent. Si les parents ont l’habitude de crier sur leur enfant et de se mettre en colère contre lui à chaque « bêtise », celui-ci apprend que c’est la seule manière de se faire entendre. Au contraire, lorsque l’adulte explique de manière douce et patiente ce qui ne lui a pas convenu dans le comportement de l’enfant, ce dernier n’est pas sous l’emprise de la peur ou de la colère en recevant le message. Il apprend qu’il est possible de réagir calmement lorsqu’on n’est pas d’accord. Chapitre 5. Neurones fuseaux et neurones miroirs chez l’enfant Les neurones fuseaux et les neurones miroirs jouent un rôle déterminant dans nos relations aux autres. Les neurones fuseaux Certains chercheurs considèrent que les neurones fuseaux démarquent l’espèce humaine des autres : nous en possédons mille fois plus que les singes, qui n’en possèdent que quelques centaines. Ces neurones sont localisés dans les structures cérébrales liées à la vie affective et sociale. Ils nous permettent, lorsque nous rencontrons une personne pour la première fois, de ressentir si elle nous plaît ou pas. Les expériences précoces du jeune enfant ont un impact direct sur les neurones fuseaux. Lorsque l’ambiance dans laquelle baigne l’enfant est harmonieuse et aimante, ces neurones se développent plus densément et en plus grand nombre qu’en atmosphère stressante. Les neurones miroirs Les neurones miroirs jouent un rôle primordial dans la compréhension des intentions et des émotions d’autrui. Ils nous invitent à imiter l’autre, mais également à ressentir ce qu’il ressent. Autrement dit, observer un comportement, c’est déjà le réaliser dans notre esprit. Grâce aux neurones miroirs, nous comprenons l’impact que peuvent avoir des images, des peintures ou des films sur nous. Nous « vivons » réellement ce qui est représenté. Ainsi les enfants peuvent subir de plein fouet la vision d’images violentes par exemple, et ils n’ont pas le recul pour analyser ce qu’ils voient. Les neurones miroirs rendent également les émotions contagieuses. C’est pourquoi retrouver un proche joyeux peut nous faire oublier nos tracas si rapidement parfois. Malheureusement, les émotions de colère et d’énervement se transmettent tout aussi facilement. Chapitre 6. Les molécules du bien-être et de la vie relationnelle Tout comme il existe des hormones du stress, il existe des hormones de la détente et du plaisir, à savoir l’ocytocine, les endorphines et la sérotonine. Elles stimulent le désir de contacts humains. L’ocytocine, hormone de l’amour et de la vie sociale L’ocytocine est l’hormone par excellence du bien-être. Elle joue un rôle majeur lors de l’accouchement et de l’allaitement, mais ne s’arrête pas là. Elle joue un rôle essentiel dans toutes les relations humaines. Dès que l’on se sent bien avec une ou des personnes, de l’ocytocine est sécrétée. De plus, elle est à l’origine de la sécrétion de la dopamine, des endorphines et de la sérotonine. L’ensemble de ces hormones participent au système de motivation-récompense. L’ocytocine stimule la motivation puis active la récompense à travers la libération d’endorphines, qui procurent du bien-être. La réaction en chaîne provoquée par l’ocytocine permet aux parents d’être gratifiés du contact avec leur enfant. D’autant que ce système bloque les effets d’habituation, ce qui fait que nous nous sentons toujours gratifiés des moments passés avec les êtres chers. C’est notamment pourquoi nous pouvons nous lasser des enfants des autres, mais pas de nos propres enfants. Les relations, les contacts agréables déclenchent la sécrétion d’ocytocine De l’ocytocine est libérée dans nos corps lors de toute stimulation sensorielle douce, avec ou sans contact physique. Des mots doux peuvent provoquer en nous la sécrétion d’ocytocine par exemple. À l’inverse, le stress bloque sa libération. L’empathie est favorisée pour la sécrétion d’ocytocine. En effet, celle-ci aide à décrypter l’expression d’un visage ou d’un regard. Les yeux jouent un rôle majeur dans notre perception de la relation. Dans une étude américaine, Rimmele[2] a démontré que l’ocytocine augmente la capacité à reconnaître les visages et à en décrypter l’état émotionnel. Elle favorise donc les relations satisfaisantes en augmentant l’empathie. L’ocytocine renforce le lien parental Chez les rongeurs, l’aptitude des femelles à être maternelles dépend du nombre de récepteurs à l’ocytocine au niveau cérébral. Les femelles qui ont été proches de leur mère étant petites ont beaucoup de récepteurs par rapport à celles qui ont été peu maternées. La situation est plus difficile à étudier chez les humains, car de très nombreux facteurs sont à prendre en compte. Les femmes n’ont souvent pas autant confiance en elles avec un premier enfant qu’avec un deuxième et le père a également un rôle important à jouer dans la confiance que la mère développe dans ses capacités. Plusieurs études montrent une corrélation entre le taux d’ocytocine plasmique durant la grossesse chez la femme et ses aptitudes maternelles suite à l’accouchement. Par exemple, Skrundz[3] a démontré que la dépression post-partum était associée à un taux bas d’ocytocine plasmique durant la grossesse. Donner de la tendresse à son enfant entraîne chez les deux parents une sécrétion d’ocytocine. Celle-ci n’est pas liée au sexe du parent, mais à sa capacité d’affection. L’ocytocine plasmique a été mesurée chez des parents, dans les premières semaines de vie de leur enfant et six mois plus tard. Chez l’homme comme chez la femme, le taux d’ocytocine est élevé aux deux prélèvements si ceux-ci ont une relation affectueuse avec leur enfant. La synchronie familiale, autant au niveau de la relation parent-enfant que de la communication dans le couple, favorise aussi la libération d’ocytocine. Les endorphines Les endorphines procurent du bien-être et diminuent l’anxiété. Elles peuvent également soulager la douleur. Elles sont sécrétées lorsque nous vivons des relations sereines et agréables. Jouer et câliner son enfant provoque notamment la sécrétion d’endorphine chez l’enfant comme chez le parent. La sérotonine La sérotonine stabilise notre humeur et joue un rôle important dans plusieurs fonctions physiologiques comme le sommeil, l’alimentation ou encore la sexualité. Les comportements impulsifs sont souvent liés à un faible taux de sérotonine. Ainsi, les personnes sécrétant peu de sérotonine peuvent avoir des accès d’angoisse et de colère, ou encore des sautes d’humeur imprévisibles. La séparation maternelle ou la privation affective peuvent avoir notamment un rôle délétère sur les récepteurs de la sérotonine au niveau cérébral. Les échanges et en premier lieu le toucher entraînent la sécrétion des molécules du bien-être Le toucher occupe une place centrale dans la sécrétion des molécules du bien-être. En effet, notre peau est notre plus grand organe sensoriel. Les bébés prématurés, par exemple, se développent mieux lorsqu’ils sont au contact de la peau de leurs parents ou massés tendrement. D’ailleurs, les bénéfices du toucher s’observent également dans la relation avec les animaux. Caresser un animal familier active le cerveau social et réconforte autant l’animal que celui qui le caresse. Chapitre 7. Le goût de vivre Le rôle des adultes avec les enfants est d’accompagner leur force de vie si précieuse et bouillonnante. L’encouragement aide l’enfant à devenir un adulte vivant et entreprenant. Le système de motivation-récompense Le système cérébral de motivation et de récompense active la curiosité. Plus ce système est stimulé, plus nous prenons de plaisir à découvrir et innover. Lorsque l’adulte freine un enfant dans ses explorations, par peur par exemple, il ralentit le système de motivation. À force, l’enfant perd l’envie de réaliser des expériences nouvelles. L’importance du jeu Chez l’enfant, le jeu a un rôle primordial dans la croissance neuronale. Les jeux de contacts, lorsque deux enfants s’amusent à se chahuter par exemple, diminuent le stress et l’anxiété. En jouant, l’enfant apprend le monde et son environnement. Il apprivoise les situations quotidiennes. Il apprend à se connaître soi-même et à connaître les autres enfants. De plus, se dépenser physiquement lui permet de libérer ses pulsions motrices et d’exprimer sa vitalité. Donner de la tendresse à l’enfant lui donne le goût de vivre Passer des moments privilégiés avec son enfant, lui donne le goût de vivre. Un enfant qui se sent aimé saura dire à l’avenir son amour et donner de l’affection à son entourage. Ces instants de bonheur et de douceur partagés durant l’enfance l’accompagneront tout au long de sa vie. Chapitre 8. La violence éducative ordinaire L’idée que l’on se fait d’une « bonne éducation » est encore trop souvent associée à de petites violences faites à l’enfant au quotidien. C’est ce que l’on appelle la « violence éducative ordinaire » (VEO). Il est par exemple encore toléré qu’un parent donne une fessée à son enfant pour se faire obéir. En plus des souffrances physiques subies par les enfants, les souffrances morales sont aussi délétères. Les cris, les mots vexants, les humiliations, les menaces ou les injures déstabilisent les enfants et leur font perdre leur confiance en eux. La peur est l’une des souffrances les plus banales infligées à l’enfant. Lui faire peur pour qu’il obéisse et se tienne tranquille le met dans une grande insécurité. Nous avons vu que l’amygdale, centre de la peur au niveau cérébral, est parfaitement mature à la naissance, alors que l’enfant n’a pas la capacité de prendre du recul. Il peut être réellement effrayé par les menaces de ses parents. De nombreuses études récentes montrent les impacts négatifs tant des souffrances physiques que morales infligées aux jeunes enfants. Lorsqu’ils en ont subi, les enfants deviennent plus agressifs et anxieux que les enfants ayant grandi dans une atmosphère bienveillante. L’abolition de la VEO nécessite un cadre juridique qui l’interdise clairement. Celui-ci doit protéger les enfants de toutes formes d’agression, même au sein de la famille. La Suède est pionnière dans ces avancées éducatives. En 1979, elle a voté une loi et l’a accompagnée d’une campagne de sensibilisation auprès des familles et des professionnels de l’enfance. Qu’en est-il en France ? Malgré des propositions de loi faites à l’Assemblée nationale en 2010, aucune d’elle n’a été reconnue. Un sondage réalisé par la SOFRES en 1999 montre que 84 % des parents interrogés utilisent les châtiments corporels pour éduquer leurs enfants. Chapitre 9. Être parent Lorsque l’on devient parent, il est très fréquent de reproduire l’éducation vécue durant notre propre enfance. Les réflexions suivantes pourront aider les parents à trouver leur propre chemin :
Un enfant ne s’élève pas seul. Savoir confier son enfant sans culpabiliser est une source d’équilibre pour toute la famille ; La confiance qu’a l’enfant de lui-même lui est donnée en premier lieu par son entourage, sous forme d’encouragements ; Adulte ou enfant, nous avons besoin de beaucoup de liberté et d’autonomie. Offrir de l’autonomie à l’enfant lui permet de prendre son envol ; Un enfant qui obéit sous la contrainte risque de devenir agressif ou soumis. Fixer des limites claires plutôt que d’ordonner lui donne des repères.
Conclusion sur « Pour une enfance heureuse » de Catherine Gueguen : Ce livre "Pour une enfance heureuse" de Catherine Gueguen est une synthèse impressionnante des dernières recherches sur le développement du cerveau. J’ai été profondément marquée par cet ouvrage humaniste. Bien que j’aie obtenu une licence de biologie à l’Université, j’ai acquis grâce à cet ouvrage des connaissances qu’on ne m’a même pas enseignées sur les bancs de la fac, alors qu’elles devraient être transmises à tous les futurs parents, il me semble. Depuis que je suis devenue maman, je me rends compte tous les jours à quel point les connaissances transmises dans ce livre sont primordiales. Je comprends ma fille, je sais où elle en est dans son développement social et affectif et je ne raisonne pas du tout en termes de caprices. Je comprends que chaque colère est l’expression d’un besoin inassouvi. Cela ne veut pas dire que je lui cède tout, mais je sais maintenant mettre des mots sur ce qu’il se passe pour elle alors qu’elle-même en est encore incapable. Je dirais même que cette compréhension du développement du cerveau peut permettre aux parents et aux professionnels de la petite enfance de voir les enfants comme les jeunes humains qu’ils sont plutôt que comme des « monstres colériques ». Qui dit être humain dit respect et reconnaissance. Je crois sincèrement que toutes les personnes en contact de près ou de loin avec de jeunes enfants ont tout intérêt à lire ce livre. Maëlle du blog Devenir Intuitive Points forts :
Offre un message percutant, qui permet vraiment un changement de regard Met en lumière les étapes du développement affectif et social tout au long de l’enfance Permet de conscientiser l’impact des habitudes éducatives sur le développement du cerveau de l’enfant Propose une bibliographie extrêmement fournie en références scientifiques récentes et rigoureuses
Points faibles :
Peut sembler difficilement accessible à ceux qui n’ont aucune connaissance du fonctionnement du corps humain Risque d’éveiller de la culpabilité chez ceux qui ne sont pas satisfaits de leurs méthodes éducatives, mais qui ne savent pas comment faire autrement Peut agacer par son aspect moralisateur, plaidoyer pour une éducation bienveillante
Ma note :
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Sources : [1] Coccaro E. F. et al. (2011), “Corticolimbic function in impulsive aggressive behavior”, Biological Psychiatry, June 15, 69 (12), p. 1153-1159. [2] Rimmele U. (2009), “Oxytocin makes a face in memory familiar”, The Journal of Neuroscience, 29, p. 38-42. [3] Skrundz M. et al. (2008), “Plasma oxytocin concentration during pregnancy is associated with development of postpartum depression”, Neuropsychopharmacology, 36, p. 1886-1893. Cet article Pour une enfance heureuse est apparu en premier sur Des livres pour changer de vie.
July 8 2021, 5:00pm
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Pourquoi nous dormons
Résumé de « Pourquoi nous dormons » : Matthew Walker, professeur de neuroscience et de psychologie ainsi que directeur du laboratoire Sommeil et neuro-imagerie à l’université californienne de Berkeley nous dévoilent tous les secrets du sommeil.
Par Matthew Walker, 2017, 368 pages
Titre original: Why We Sleep
Note: cette chronique est une chronique invitée écrite par David Jedresac du blog Apprendre Retenir Agir
Chronique et résumé de « Pourquoi nous dormons » :
Partie 1. Qu’est-ce que le sommeil?
Dans notre société d’aujourd’hui, nous sommes nombreux à dormir trop peu. Et vous, dormez-vous assez? Deux tiers des adultes dans les pays développés n’atteignent pas huit heures de sommeil. Peut-être, cela ne vous étonne pas. Les conséquences en revanche risquent de vous surprendre. Matthew Walker ne passe pas par quatre chemins dès le début. Le livre se veut informatif, mais la mission de Matthew est de nous inciter à dormir plus et mieux. Ne pas dormir assez détruit votre système immunitaire, augmente votre risque de cancer.
Vos chances d’avoir l’Alzheimer se multiplient drastiquement. Manquer de sommeil vous rend vulnérable aux maladies cardiovasculaires, aux attaques et aux insuffisances cardiaques congestives. De nombreuses maladies psychiatriques sont favorisées par le manque de sommeil, dont la dépression, l’anxiété et les envies de suicides. Cela augmente aussi le risque d’obésité.
La conception du sommeil change à la lecture du livre. Nous pourrions penser que les 3 piliers d’une bonne santé seraient l'hygiène alimentaire, l’exercice et le sommeil. D’après Matthew, c’est en partie faux, le sommeil est plus qu’un pilier, c’est un fondateur sur lequel reposent les deux autres.
1-1 Rythme circadien
Le rythme circadien est défini par une hormone du nom de « mélatonine ». Quand celle-ci augmente, l’envie de dormir augmente. La mélatonine est soumise à certains éléments extérieurs. Dont le soleil, l’âge ou encore l’ADN. Le rythme de chaque personne est ainsi différent. C’est pourquoi nous parlons de personnes « couche-tôt » ou « couche-tard ». Donc, chez certaines personnes, le pic de mélatonine intervient tôt au soir puis diminue tôt à l’aube. Les « couche-tôt » représentent 40% de la population. Les « couche-tard » représentent 30% des personnes, ils se couchent tard et se lèvent tard, parfois l’après-midi. Les 30 derniers pour cent sont entre les deux.
Ne pas respecter son rythme fera mal fonctionner le cerveau. En fait, celui-ci ne sera pas fonctionnel avant d’atteindre son rythme. Si par exemple vous êtes un couche-tard et que vous vous couchez à 20 heures, il y a de grandes chances qu’à 4 heures du matin, votre cortex préfrontal ne fonctionne pas correctement. Comme un moteur à froid. Cela est dû au code génétique, votre ADN. La mélatonine n’a toutefois aucune influence sur le sommeil, elle ne fait que le lancer. En d’autres termes, la mélatonine ne participe pas au sommeil même, elle le déclare simplement.
Pour les décalages horaires, le rythme circadien est mis à rude épreuve. L’auteur nous explique que lors de ses voyages, il doit faire face à ce décalage particulièrement pénible. Pour exemple, un vol depuis San Francisco à l’Angleterre. Il y a 8 heures de décalage entre Londres et la Californie. Donc, quand il est minuit une fois arrivé à Londres, il n’est que seize heures en Californie. L’endormissement n’arrivera alors qu’à huit heures du matin, au moment où tout le monde se réveille. Le corps finit par s’habituer, mais le processus est lent. Chaque jour, le noyau suprachiasmatique (l'horloge biologique de 24 heures située au coeur de votre cerveau) se réajuste d’une seule heure. Il faudra donc 8 jours pour que le rythme soit calqué sur la destination.
1-2 Caféine
Le sommeil est défini par deux facteurs. Comme nous l’avons vu précédemment: le rythme circadien en est un. Il y en a un deuxième. L’adénosine est le deuxième facteur, c’est un neurotransmetteur indépendant de la mélatonine. L’adénosine contrairement à la mélatonine, ne cesse d’augmenter au fil de la journée, incessamment. Si vous faites une nuit blanche, l’adénosine sera alors très élevée. Mais au matin, même si vous n’avez pas dormi la nuit, vous serez peut-être assez éveillé, grâce à une mélatonine assez basse (qui elle, est régie par votre rythme circadien). L’adénosine se place sur des récepteurs du cerveau pour nous signaler que nous sommes fatigués.
Le rôle du stimulant qu’est la caféine est de bloquer les récepteurs. Plutôt que de donner le signal d’endormissement comme le fait l’adénosine, la caféine stimule cette partie. L’adénosine ne peut alors plus jouer son rôle et nous ne trouvons plus le sommeil pendant un temps. La caféine prend effet en général 30 minutes après injection. Elle met 5 à 7 heures pour atteindre la demi-vie. La demi-vie, c’est le fait que la caféine a encore 50% de ses effets dans le corps. Il faut donc prendre cette donnée en compte avant de s’endormir.
Prendre un café au repas du soir semble donc une mauvaise idée. En effet, si vous prenez un café à 19 heures, la caféine sera encore active à 50% à 2 heures du matin (ce qui reste considérable). La caféine est évacuée du corps par une enzyme du foie, celle-ci est plus ou moins efficace chez les individus. C’est ce qui fait que la caféine est plus ou moins stimulante chez certaines personnes. Ce stimulant, le plus consommé au monde, se retrouve dans le café (même décaféiné), le thé, le coca et certains chocolats noirs.
1-3 Le cycle du sommeil
Pendant que nous dormons, le cerveau suit un schéma bien distinct chaque fois. Le cycle du sommeil est très clair et a pu être clairement identifié, nous voyons qu’il suit des phases. Pendant certaines phases, les yeux sont en mouvement, ils se déplacent d’un côté à l’autre furtivement. Les ondes cérébrales sont alors actives presque comme à l’état d’éveil. Puis, d’autres phases, les yeux se calment et s’immobilisent. Les ondes sont alors ralenties. Ces phases se répètent toutes les 90 minutes.
C’est en fait le sommeil REM (Rapid Eyes Movement) qui signifie le sommeil paradoxal en français. Puis le Sommeil NREM (No Rapid Eyes Movement) qui est le sommeil profond. Le sommeil profond a 4 niveaux de profondeurs. Pendant le cycle, le cerveau suit 5 phases presque identiques de 90 minutes. Ce qui veut dire que nous avons besoin de 7 h 30 de sommeil que nous arrondissons à 8 h pour être sûrs que le sommeil soit complet.
Fonctionnement des cycles de sommeil
Sur ce schéma, nous voyons que les phases sont assez différentes. Et la différence a toute son importance. Sur les trois premiers cycles, le sommeil est surtout profond puis le sommeil paradoxal prend alors le dessus. Le sommeil profond et le sommeil paradoxal ont deux rôles bien distincts et nous verrons tout au long de ce résumé le rôle des deux. Sachez dans tous les cas que manquer 2 heures de sommeil sur 8 vous fait perdre environ 65% de sommeil paradoxal. Ce qui veut dire que votre sommeil est très incomplet avec simplement 2 heures de sommeil en moins.
1-4 Qui dort?
Quand est-ce que le sommeil est apparu dans l’évolution? La réponse est simple, le sommeil existe depuis toujours. Une théorie de Matthew consiste même à dire que c’est le sommeil qui était présent depuis le début et que c’est l’éveil qui présente une « anomalie ». Comprendre par là que le sommeil répare l’énergie que nous utilisons lors de notre éveil. Qui dort? Quelles espèces? Absolument toutes. Même les insectes. Nous ne pouvons pas analyser les ondes cérébrales des insectes. Cependant, les chercheurs ont pu détecter par leurs comportements qu’ils avaient besoin de dormir. Le sommeil est différent chez toutes les espèces.
Par exemple, il semblerait que la plupart des poissons, insectes et reptiles n’ont pas de sommeil paradoxal (phase de rêve). En tout cas, à l’heure actuelle les chercheurs n’ont pu le prouver. Mais il est possible qu’ils obtiennent une phase de rêve qui est simplement différente de la nôtre, indétectable avec la technologie actuelle. Les chauves-souris dorment 19 heures et les éléphants seulement 4 heures. Pourquoi avons-nous des besoins de sommeil si différent?
Nous ne le savons pas vraiment, la complexité du cerveau ainsi que le gabarit du corps jouent certainement un rôle. Quoi qu’il en soit, toutes les espèces vivantes dorment à leurs façons. De façon adaptée pour eux. Par exemple, pendant la phase de sommeil REM (paradoxal), le corps est paralysé et ne peut plus bouger. Chez l’être humain, cette fonction a pour but de ne pas reproduire ce dont nous rêvons dans notre lit (plutôt pratique). Pour les dauphins, cette phase est peu possible, car ils ont constamment besoin de nager pour ne pas se laisser aller par le courant et perdre complètement le contrôle. C’est pourquoi ils n’ont qu’une phase NREM (profonde).
Autre différence entre les espèces et nous
Une autre différence entre les espèces et nous, humains, est le repos d’une partie du cerveau. Nous avons deux hémisphères dans notre cerveau et certaines espèces sont capables de reposer l’une d’entre elles tout en laissant en fonction l’autre. L’évolution étant différente chez chaque espèce, les besoins ont dû s’adapter. Notamment chez les oiseaux. Lors de nuées d’oiseaux, vous pouvez être sûr que la plupart des oiseaux dorment. Seuls les deux oiseaux des extrémités ne dorment que d’un seul hémisphère. Cette fonction a pour but de surveiller l’environnement en même temps qu’ils dorment. C’est le cas aussi pour les dauphins pour les mêmes raisons citées précédemment.
Les humains ne sont pas capables de faire cela. En effet, il semblerait que nous ayons une version similaire, mais bien moins efficace. Quand nous dormons pour la première fois dans un nouvel environnement, nous gardons une certaine vigilance. La première nuit d’un hôtel typiquement, nous gardons une certaine attention pendant que nous dormons. Mais nous reposons tout de même les deux hémisphères en même temps, contrairement aux espèces capables d’alterner.
Nous sommes spéciaux
Matthew expose sa théorie sur l’évolution qui est fort intéressante. Le sommeil REM sert en partie à réguler les émotions et améliorer notre capacité à résoudre les problèmes (expliqué en détail dans la partie 3). À l’époque des Homo Erectus (prédécesseurs de l’homo sapiens), ils possédaient surtout un sommeil NREM, car la plupart des espèces dormaient dans les branches d’arbres pour éviter les prédateurs. Or, le sommeil REM paralyse le corps, mère nature ne pouvait le leur donner pour les protéger de chutes mortelles pendant le sommeil. Au cours de l’évolution, l’Homo Erectus (et donc, l’homo sapiens) a découvert le feu, et a donc pu dormir au sol. Naturellement, le sommeil REM est donc venu en très grande quantité.
Au vu des bénéfices du sommeil REM, il est possible que ce soit cet élément qui a fait que l’Homo Erectus a progressé autant en intelligence. Plus encore, étant donné que le sommeil REM permet la gestion des émotions, c’est aussi cela qui a fait que les êtres humains ont évolué comme des êtres profondément sociaux. L’évolution du sommeil expliquerait donc pourquoi l’Homo Erectus a fini par s’imposer et devenir ce que nous sommes aujourd’hui. On peut dire sans se tromper que nous avons le sommeil le plus élaboré de toutes les espèces.
1-5 La chronologie du sommeil
Le fœtus
Quand nous sommes encore dans le ventre de la mère, nous dormons beaucoup. C’est la période où nous dormons le plus de toute notre existence. Sur une période de 24 heures, le fœtus consomme 6 heures de sommeil NREM, 6 heures de sommeil REM puis 12 heures de sommeil intermédiaire. Ce n’est qu’au dernier trimestre de grossesse que le fœtus a son premier état d’éveil. Mais celui-ci n’est que de 2 à 3 heures par jour. À savoir que quand le bébé bouge dans le ventre, il est en sommeil REM. Bien qu’il ne soit certainement pas en train de rêver comme nous le faisons.
À noter que la paralysie du sommeil REM chez nous n’est pas encore active chez le fœtus. Le sommeil REM débordant du fœtus permet le développement normal du cerveau. La synaptogenèse est une phase qui implique la création de millions de raccords entre les neurones qui se nomment « synapses ». En d’autres termes, c’est la phase où l’ordinateur central est installé. Et c’est en grande partie le sommeil REM qui permet cela.
Attention, si nous bloquons le sommeil REM, les connexions neuronales sont totalement bouleversées. La consommation d’alcool bloque justement le sommeil REM. Et, malheureusement, une femme enceinte qui boit de l’alcool fait prendre les inconvénients au fœtus qui perd du sommeil REM, indispensable à son développement. Boire de l’alcool pendant l’allaitement a le même effet. Le cerveau ne fait aucune dette, des heures de sommeil REM perdues ne sont jamais récupérées.
L’enfant
Contrairement aux adultes, le sommeil d’un enfant est polyphasique. Celui-ci est fragmenté de jour comme de nuit. Il faut attendre entre 3 et 4 mois pour que le noyau suprachiasmatique (qui s’occupe du rythme circadien) évolue pour arriver à un sommeil biphasique. C’est à l’âge d’un an que le noyau suprachiasmatique a pris le rythme circadien. Enfin, à la fin de l’adolescence le schéma moderne monophasique est mis en place. Le sommeil NREM domine la période de l’enfance.
L’adolescent
C’est ici que les choses se compliquent. Dans les croyances de chacun et en particulier de la société, nous pensons qu’un adolescent de 16 ans « doit » se coucher tôt pour se lever tôt (étant donné l’heure du début des cours, en prenant en compte le temps de trajet et le temps de préparation avant de sortir). C’est biologiquement contre nature. Le rythme circadien d’un adolescent est très repoussé contrairement à un adulte. Là où un adulte commence à avoir des signes de fatigue à 22 heures / 23 heures, l’adolescent lui a un pic d’éveil. C’est seulement quelques heures après qu’il aura une montée de mélatonine.
C’est très embêtant, car les parents voudraient que leurs adolescents aillent au lit à 21 heures pour être en forme tôt le matin pour aller à l’école. Prenons le problème à l’envers. C’est plutôt l’heure du début des cours qui est problématique, et non le rythme circadien de l’adolescent. Dire à un adolescent « va te coucher à 22 heures et soit en forme à 6 heures » revient à dire à un adulte « va te coucher à 19 heures et lève-toi en forme à 3 heures ».
À cette période, le sommeil reste essentiellement du sommeil REM. Le cerveau continue l’évolution, il supprime certaines connectiques pour en faire de nouvelles. Ce qui revient à apprendre et retenir de nouvelles choses. Le trajet de maturation prend fin à l’extrémité du lobe frontal qui est le foyer de la pensée rationnelle et de la décision critique. C’est pourquoi souvent les adolescents ont du mal à prendre des décisions et qu’ils jugent souvent très mal le danger. Priver le sommeil NREM d’un adolescent augmente les chances de troubles psychiatriques, tels que la schizophrénie, troubles bipolaires, dépression, troubles de l’attention, etc.
Personnes d’environ 40 ans et personnes âgées
Les personnes âgées ont autant besoin de sommeil que les adultes. Pourtant, ces personnes dorment en général beaucoup moins que les adultes. Cela est dû au fait que le cerveau s’atrophie de façon inégale. Et malheureusement, la première partie à se détériorer est celle située aux zones frontales moyennes situées au-dessus de l’arête du nez qui est génératrice du sommeil profond. Cela engendre donc une très forte baisse du sommeil NREM. La perte du sommeil fait donc beaucoup de dégâts au cerveau. Tout comme si nous privons de sommeil un adulte, une personne âgée se voit augmenter les risques de maladies, dont la maladie d’Alzheimer (nous reviendrons sur cette maladie plus tard).
Souvent, les problèmes de santé des personnes âgées peuvent être liés au manque de sommeil, chose dont les médecins ou les proches n’ont pas forcément conscience. Le rythme des personnes âgées est beaucoup plus rapproché que celui des adultes. La mélatonine a tendance à venir plus tôt. Les personnes âgées sont donc beaucoup plus matinales. Leur sommeil est aussi plus fragmenté, à cause des envies d’aller aux toilettes pendant la nuit ainsi que d’autres facteurs.
Partie 2. Pourquoi dort-on?
Au début de cette partie, Matthew Walker annonce un nouveau traitement exceptionnel. Celui-ci permettrait de prolonger la durée de vie. De renforcer la mémoire et la créativité. De rendre plus attirant, de rester mince et d’éviter de grignoter. Il protègerait du cancer, de la démence et repousserait le rhume et la grippe. En plus de tout ça, il diminuerait les risques de faire une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral puis même le diabète. Ce n’est pas fini, il pourrait rendre plus heureux, moins déprimé et moins anxieux. Eh oui, de bonnes nuits de sommeil permettraient cela.
2-1 Les bienfaits du sommeil
L’un des bienfaits très importants du sommeil est l’apprentissage. Le fait d’apprendre et de retenir une information est lié à un bon sommeil. Une partie du cerveau du nom de l’hippocampe permet de stocker des informations, mais de façon très limitée. Comme se rappeler où nous avons laissé nos clés de voiture par exemple, c’est l’hippocampe qui gère. Ensuite, les informations sont transférées dans le cortex, qui est en réalité la mémoire à long terme.
L’équipe de recherche de l’auteur a effectué un test pour mettre à l’épreuve cette théorie. Il a fait deux groupes de jeunes adultes, l’un faisait une sieste, l’autre n’en faisait pas. À midi, les participants devaient retenir 100 paires de visages et de noms pour mettre à l’épreuve leur mémoire à court terme (l’hippocampe). Peu de temps après, le groupe sieste faisait une sieste, l’autre groupe faisait autre chose, mais ne dormait pas. À 6 heures au soir le même jour, un nouvel apprentissage survient encore. Le groupe sieste a fait un meilleur résultat de mémorisation (de 20%), l’autre groupe avait cependant une concentration stable.
Le sommeil NREM a permis pendant la sieste de faire le nettoyage de l’hippocampe reconstituant la capacité d’apprentissage. Ce qui veut dire que bien dormir permet de se préparer à bien apprendre.
Dormir après avoir appris
Après avoir appris, bien dormir permet d’appuyer sur le bouton « sauvegarde ». Un phénomène du nom de « consolidation » permet de protéger les données nouvelles. En 1924, deux chercheurs allemands du nom de John Jenkins et Karl Dallenbach ont opposé la capacité d’apprentissage entre sommeil et éveil. Les participants ont commencé par retenir des faits énoncés oralement. Après 8 heures, le but était qu’il y ait un groupe éveillé et l’autre qui ait passé une nuit de sommeil. Le résultat est sans appel: ceux ayant dormi ont solidifié les éléments d’informations. Ceux étant restés éveillés avaient des souvenirs hasardeux.[1]
De nombreuses autres recherches ont été effectuées depuis et nous savons pourquoi dormir permet de « retenir ». Pendant le sommeil NREM, les ondes font des allers-retours entre l’hippocampe et le néocortex qui se trouve au sommet du cerveau. L’hippocampe permet de stocker des souvenirs à court terme. Le néocortex, lui s’occupe du long terme voire des souvenirs à vie. Donc, le cerveau envoie un coursier qui s’occupe des transferts entre hippocampe et néocortex pendant le sommeil profond.
Les souvenirs sont sélectionnés
Le sommeil NREM ne permet pas de transférer tout le contenu appris de l’hippocampe dans le néocortex, il sélectionne ce que son propriétaire veut garder. Quand vous portez de l’attention sur une information, vous serez susceptible de la conserver après avoir dormi dans votre mémoire à long terme. Mais si vous apprenez quelque chose qui ne vous intéresse pas, vous allez probablement l’oublier. Par exemple, des ragots de votre voisin ne vont pas forcément vous intéresser, le sommeil NREM a l’intelligence de faire le tri pour vous. Au contraire, si vous apprenez une langue, il fera plus d’efforts pour retenir si vous portez suffisamment votre attention et de la régularité là-dedans.
Augmenter les capacités motrices
Dormir reconfigure les connexions neuronales. Cela permet de s’améliorer en pratiquant. Matthiew Walker a croisé la route d’un pianiste en 2000 quand nous ne connaissions pas encore autant le sommeil, à la suite d’une conférence. Ce pianiste lui dit « parfois quand j’insiste à apprendre un morceau en particulier, je ne parviens pas à le maîtriser. Puis le matin, après avoir dormi, j’arrive à jouer, parfaitement ». Une petite illumination traverse Matthew et il décide d’approfondir cette théorie. Une bonne décennie après cela, plus de doute. C’est en forgeant et en dormant que l’on atteint la perfection.
Que ce soit le piano, le basket, le tennis, le pilotage d’avion, les procédures chirurgicales... l’amélioration vient pendant la nuit et non pendant l’entraînement même. Ce sont les deux dernières heures de sommeil qui permettent cela, car c’est à ce moment que les éclats d’ondes cérébrales liés au renforcement sont le plus présentes. Le sommeil NREM ne permet donc pas seulement une bonne mémorisation, il permet carrément de devenir champion olympique.
Également, nous savons aujourd’hui que les reconnexions neuronales suite à un AVC se font pendant le sommeil. Jour après jour, les patients victimes d’AVC se voient reforger de nouvelles connexions qui permettent un retour d’un certain niveau des zones endommagées. Ce retour graduel détermine ainsi le réapprentissage de nombreuses facultés. [2]
2-2 Le manque de sommeil
Cette partie n’est pas la plus agréable à lire, mais c’est l’une des plus intéressantes. Attardons-nous sur les conséquences d’un manque de sommeil. Le manque de sommeil a été jugé trop extrême pour apparaître dans le Guinness des records. D’ailleurs, dans les records, il est accepté qu’un homme monte dans une montgolfière à 39 000 mètres d’altitude puis tombe en chute libre à 1 358 km/h en vitesse de pointe franchissant le mur du son. Le manque de sommeil est donc jugé pire que ça.
Le manque de sommeil même léger nous fait perdre de la concentration. Il peut y avoir de nombreuses conséquences à ça. Notamment les accidents de la route. Il suffit d’enchaîner dix jours à 6 heures de sommeil par nuit pour avoir des performances qui sont autant réduites qu’après 24 heures sans dormir. Soit, une augmentation de 400% des microsommeil (perte de conscience très brève) qui peuvent être mortels sur une voiture projetée à 50 ou 100 km/h.
Nous ignorons quand nous manquons de sommeil
Nous sommes très mauvais pour juger notre état de fatigue. Une personne enchaînant des petites nuit de sommeil, peut croire qu’il est en pleine forme. Or, il s’est juste habitué à son état de fatigue, mais il a en réalité des réflexes et une concentration bien moindre ainsi que potentiellement des microsiestes. La fatigue est responsable de 1,2 million d’accidents chaque année aux États-Unis.
Après 3 décennies de recherches, nous connaissons le taux de recyclages d’un humain. Après 16 heures d’éveils, le cerveau commence à dysfonctionner. Il faut dormir plus de 7 heures pour préserver nos performances cognitives. Enchaîner 7 nuits de 7 heures de sommeil fait dysfonctionner le cerveau autant qu’avec une nuit blanche. 3 nuits de sommeil complètes (en sachant que c’est moins que ce que comporte un week-end) ne suffisent pas à rattraper le retard. Enfin, l’être humain n’est pas capable d’identifier à quel point il manque de sommeil.
L’auteur donne aussi un point d’attention pour les personnes fatiguées au volant que je partage dans ce résumé. Si vous somnolez au volant, s’il vous plaît arrêtez-vous. C’est une conduite mortelle pouvant entraîner d’autres personnes. Si vous vous sentez somnolent voire que vous vous endormez, arrêtez-vous pour la nuit. Si cependant, vous décidez de continuer quand même, quittez la route sur une aire de stationnement sécurisée puis faites une sieste rapide (20 à 30 minutes). Ne reprenez pas la route immédiatement pour éviter l’inertie du sommeil. Attendez 20 à 30 minutes supplémentaires et prenez même une tasse de café si vous le souhaitez. Après cela, reprenez le volant, mais le rebond ne sera que d’une courte durée, cela ne vaut pas vraiment le coup. Il est préférable de s’arrêter complètement et de dormir une nuit complète.
Il vaut mieux s'arrêter quand on le peut encore, plutôt que trop tard
La sieste est-elle utile?
La sieste permet effectivement d’avoir un rebond de concentration. Mais il est d’une courte durée, en plus de ne pas être aussi efficace qu’une bonne nuit de sommeil. Cela peut être intéressant quand nous sommes en manque de sommeil. Cependant, aucune drogue, ni la caféine, ni aucune sieste ne remplacent les fonctions complexes du cerveau. Si vous voulez bénéficier des très nombreux bienfaits du sommeil, il faut... dormir tout simplement. En soi, la sieste est tout de même utile en supplément d’un bon sommeil.
Il y a toutefois une seule et unique exception. Des personnes portant un sous-type de gène appelé BHLHE41 (aussi appelé DEC2) pourraient dormir peu, naturellement. En effet, ils ne dorment que six heures et pas plus, même quand ils ont l’occasion de dormir davantage. Ce gène est extrêmement rare, il y a plus de chance d’être tapé par la foudre (1 sur 12 000) que d’avoir ce gène. Donc, il est très peu probable que vous l’avez.
Émotion perturbée
Grâce à l’utilisation d’IRM, les recherches ont permis de constater que l’amygdale, lieu clé où se déclenchent les émotions, avait une augmentation par le manque de sommeil. À hauteur de 60%. On peut voir l’amygdale comme un accélérateur et le cortex préfrontal comme le frein (le cortex préfrontal régit la volonté, entre autres). L'amygdale permet de réguler les émotions. Le manque de sommeil rompt l’équilibre entre les deux ce qui rend les émotions négatives nettement plus problématiques.
Aussi, une zone derrière l’amygdale nommée « striatum » (centre de l’impulsivité et de la satisfaction) baigne dans la dopamine chimique et devient hyper active chez les personnes en manque de sommeil. En d’autres termes, les personnes en manque de sommeil seront très sensibles aux plaisirs immédiats. Ce qui est directement lié à la procrastination. En plus d’être émotionnellement perturbé, en particulier dans les émotions négatives. [3]
La maladie d’Alzheimer
Les personnes dormant peu pendant leur vie d’adulte augmentent leurs chances de développer la maladie d’Alzheimer. Ce fait est dû au dépôt d’une protéine toxique qui se nomme « bêta-amyloïde ». Celle-ci attaque les neurones de façon ciblée. Cette zone attaquée est le lobe frontal, responsable du sommeil NREM. Malheureusement, c’est le sommeil NREM qui permet d’obtenir de nouveaux souvenirs, et l’amyloïde détruit le sommeil NREM.
Pour se débarrasser de cette toxine, le cerveau s’en occupe pendant le nettoyage neuronal. Celui-ci est effectué durant le sommeil NREM. Comment? La taille des cellules gliales du cerveau diminue parfois de 60% durant le sommeil NREM. Cela permet au fluide cérébrospinal de nettoyer efficacement les déchets métaboliques laissés par l’activité neuronale de la journée. Les dépôts d’amyloïdes sont donc évacués durant le nettoyage neuronal.[4]
2-3 Cancer, crises cardiaques et vie écourtée
Concernant les crises cardiaques, le manque de sommeil à une grande influence là encore, en plus de tous les factures, tabac, alcool, etc. Le manque de sommeil augmente le temps que votre corps active son système sympathique. Le système sympathique (avec un nom plutôt trompeur) est le système « lutte ou fuite » que votre cerveau active face à un danger. Il active l’hormone du stress, le cortisol, augmente la pression artérielle et le rythme cardiaque.[5]
Votre coeur privé de sommeil bat plus vite et le sang pompé dans votre système vasculaire augmente ainsi que la tension artérielle. De plus, l’hormone de croissance, délivrée la nuit, est stoppée par le manque de sommeil alors que celle-ci permet de réapprovisionner la paroi de nos vaisseaux sanguins. Cet enchaînement de conséquences augmente les crises cardiaques. À propos, durant le passage d’heure d’Été dans l’hémisphère Nord, il y a une augmentation de crise cardiaque le jour suivant, du fait certainement que nous dormons une heure de moins pendant le changement d’heure.
Risques d’obésités
Le manque de sommeil augmente aussi le risque d’obésité. La cause est due aux hormones qui concernent la nourriture. Notamment, l’hormone ghréline qui donne la sensation de faim et la leptine qui donne la sensation de satiété. Les deux hormones sont perturbées avec un manque de sommeil. La ghréline augmente, ce qui fait que nous avons plus faim sans en avoir le besoin. Et la leptine diminue ne signalant plus correctement le fait d’être rassasié. De plus, il y a une augmentation d’endocannabinoïde, celle-ci stimule l’appétit et augmente les envies de grignotage. C'est une partie particulièrement détaillée dans le livre, mais il n’y a pas de référence cependant.
Baisse de testostérone
Dormir moins nous fait devenir moins séduisant et en plus, nous trouvons moins séduisantes les autres personnes. Les hommes perdent en taux de testostérone. Ils sont donc plus fatigués et sont moins concentrés. Ils ont également une libido moindre, rendant difficile le fait d’avoir une vie sexuelle active, épanouissante et saine. Chez les femmes, dormir 6 heures par nuit entraîne une baisse de 20% de l’hormone de développement des follicules qui est essentiel à la reproduction féminine. Les chances de tomber enceinte diminuent donc.
Perte du système immunitaire
Des études récentes effectuées par le Dr David Gozal de l’université de Chicago démontrent que le manque de sommeil amplifie les cancers. Des tests ont été produits sur des souris dont ils ont injecté des cellules malignes à des souris. Les souris privées de sommeil ont souffert d’une augmentation de 200% de la vitesse de croissance et la taille de la tumeur cancéreuse. Les cellules du système immunitaire que l’on appelle « macrophages » sont l’une des causes profondes de l’influence de la perte de sommeil sur le cancer.
Les cellules M1 destinées à lutter contre le cancer diminuent. En revanche, les cellules M2 augmentent par le manque de sommeil, celles-ci augmentent la croissance des tumeurs. La combinaison des deux explique la croissance des tumeurs chez les souris qui en ont fait l’expérience. L’Organisation mondiale de la santé a d’ailleurs classé le travail de nuit comme « probablement cancérigène ».
Partie 3. Pourquoi rêvons-nous?
Encore aujourd’hui, nous ne savons pas exactement la fonction des rêves. Il n’y a pas d’étude avec suffisamment de preuves pour le constater. Cependant, nos connaissances en matière de rêve se sont quand même considérablement améliorées. Grâce à des IRM, nous savons comment réagit le cerveau pendant le sommeil REM (donc, pendant la phase paradoxale qui est celle des rêves). Quand vous commencez à rêver, 4 régions principales du cerveau s’activent: 1 - régions visuospatiales, situées à l’arrière du cerveau, à l’origine de la perception visuelle complexe; 2 - le cortex moteur, à l’origine du mouvement; 3 - l’hippocampe et celles à côté qui préservent votre mémoire autobiographique; 4 - les centres émotionnels profonds du cerveau, l’amygdale et le cortex cingulaire.
La signification des rêves n’est pas encore pleinement élucidée. Ce qui est sûr, c’est que la théorie de Freud autrefois était fausse. La théorie de Freud en 1899 voulait que les rêves fussent des désirs refoulés de la journée et non assouvis, dont Robert Stickgold, de l’université de Harvard a démontré que c’était faux. Il a demandé à 29 adultes de tenir un cahier de bord détaillé pendant deux semaines. Dans 299 descriptions obtenues, seul 1% à 2% des événements pendant l’éveil se retrouvent dans les rêves. Ce n’est donc pas une rediffusion de l’éveil.
Prenons les rêves comme ils viennent et avec bienveillance.
3-1 Une thérapie nocturne
Pendant le sommeil REM, la concentration de noradrénaline est nulle. La noradrénaline est une substance liée au stress. Sur 24 heures, c’est pendant le sommeil REM que la quantité de noradrénaline est la plus faible. Matthew a émis une hypothèse sur les rêves. Le sommeil REM permettrait d’atténuer la charge émotionnelle viscérale et douloureuse rattachée à des souvenirs douloureux. Une véritable thérapie nocturne.
Pour mettre cette théorie en test, Matthew a regroupé deux groupes. Le but est de montrer des images émouvantes à deux moments de la journée. Le groupe A voyait les images au matin puis 12 heures après au soir. Le groupe B voyait les images au soir puis 12 heures après une nuit de sommeil, au matin. Les deux groupes étaient émotifs au premier visionnage. Au second visionnage, le groupe A ressentait une réaction émotionnelle profonde et négative si ce n’est plus que lors du premier visionnage et ils déclaraient ressentir les mêmes sentiments douloureux avec autant d’intensité.
Le groupe B qui avait dormi lors des deux sessions signalait une baisse caractéristique du degré d’émotion quand ils voyaient les images une deuxième fois. Les IRM montraient une réduction importante et significative de la réactivité dans l’amygdale, centre des émotions. Pour avoir de l’efficacité à cette thérapie du rêve, il faut rêver de l’expérience en question, il ne suffit pas d’être en phase de sommeil REM.
Troubles de stress post-traumatique
Un point spécifique ne répond pas à cette règle, ce sont les troubles de stress post-traumatique. Ces personnes représentent un trouble dont le cerveau n’arrive pas à se déférer. Souvent, les vétérans de guerre présentent ce genre de trouble. Un militaire qui vit cette expérience fait souvent le même cauchemar en boucle. La quantité de noradrénaline est particulièrement élevée dans le cerveau, ce qui est un dysfonctionnement comme nous l’avons vu précédemment.
Matthiew rencontre le docteur Murray Raskind qui travaillait dans un hôpital du département des anciens combattants des États-Unis à la suite d’une publication de ses recherches sur les rêves. Celui-ci lui annonce que des combattants ont guéri de leurs cauchemars en prenant un médicament du nom de prazosine. L’utilité de ce médicament est de faire baisser la tension. Mais il a un effet secondaire, celui de supprimer la noradrénaline pendant le sommeil REM. Le cerveau semble vouloir traiter une émotion jusqu’à obtenir gain de cause.
Le traumatisme étant trop élevé en cas de stress post-traumatique, le cerveau insiste. Après avoir pris de la prazosine, les vétérans voyaient leurs émotions traitées avec succès. De nombreuses questions restent à traiter à ce sujet, car le traitement reste imparfait, mais c’est un premier grand pas dans le traitement des troubles du stress post-traumatique.
Déchiffrer les expériences vécues
Lorsque nous manquons de sommeil REM, nous voyons le monde extérieur plus menaçant. Matthew a fait une expérience, montrant des visages avec des expressions différentes. Les personnes manquant de sommeil REM n’ont pas été capables de distinguer précisément les émotions entre elles. La boussole permettant la navigation émotionnelle via les indices révélateurs sur le visage des autres a perdu le nord de sa sensibilité. Les participants de l’expérience voyaient ainsi les personnes aux expressions sympathiques et agréables comme étant menaçantes. Certains participants ont littéralement supprimé leur aptitude sensée à lire le monde social qui les entoure.
Matthew pense alors aux policiers, militaires, médecins, infirmiers, services d’urgence, gardiennage dont ils sont directement touchés, car s’ils manquent de sommeil cela veut dire qu’ils ne sont plus capables de juger normalement une situation donnée.
3-2 La créativité
C’est le sommeil REM, donc le moment où nous rêvons que le pouvoir créatif opère. Plusieurs artistes ont pu profiter du pouvoir des rêves pour accomplir leurs oeuvres. C’est le cas de Paul McCartney avec les chansons Yesterday et Let it Be, Keith Richards des Rolling Stones avec l’introduction de Satisfaction (découvrant au matin avec stupéfaction sa création réalisée sans s’en rendre compte!) ou encore Dimitri Mendeleev dont il a rêvé du tableau périodique des éléments.
Le cerveau utilise des associations pour avoir une conscience logique. Il associe ainsi dans toute la banque des souvenirs pendant le sommeil REM pour en faire des rêves.
Matthew a réalisé une expérience intéressante sur des patients. Ceux-ci étaient confrontés au fait d’être réveillé 4 fois en pleine nuit. Deux fois au début de la nuit, une fois pendant le sommeil REM et une fois pendant le sommeil NREM. Puis, une deuxième fois à la fin de la nuit et comme précédemment, une fois pendant le sommeil REM et une fois pendant le sommeil NREM. Les patients se sont retrouvés plus créatifs pendant qu’ils étaient dans l’inertie du sommeil (réveillé, mais encore un peu endormis). Et ce n’est pas tout, car ils étaient aussi beaucoup plus aptes à résoudre les problèmes.
Résolutions de problèmes
Comme nous l’avons vu précédemment, le cerveau fonctionne par association. Le savoir sémantique est comme un arbre généalogique pyramidal, qui ressemble un petit peu aux cartes mentales. Robert Stickgold a fait une expérience similaire à celle de Matthew. Quand les sujets se réveillent pendant le sommeil REM, le cerveau fait fi des associations, le cerveau créé des raccourcis sans hiérarchisation, avec des liens évidents, favorisant les liens entre des concepts éloignés.
Contrairement au moment, où les sujets d’expériences étaient réveillés pendant le sommeil NREM, les personnes en train de rêver avaient une capacité à résoudre les problèmes bien supérieure. À l’état d’éveil quand nous essayons d’être créatifs, c’est comme si nous regardions dans le mauvais objectif. Quand nous rêvons, nous avons l’objectif grand angle du rêve, en étant capables de mesurer l’ensemble des informations stockées et les possibilités combinatoires pour une créativité hors norme.
Rêves lucides
La science a pu prouver que les rêves lucides étaient bien possibles. Des personnes maîtrisant les rêves lucides ont pu être testées. Ils pouvaient communiquer avec les examinateurs aux mouvements de leurs yeux. N’oublions pas que pendant le sommeil REM, le corps est paralysé, sauf les yeux (Rapid Eyes Movement). Nous ne savons pas encore si les rêves lucides sont bénéfiques ou non. C’est peut-être une prochaine évolution du sommeil chez l’être humain, car contrôler volontairement les bénéfices du sommeil REM serait très intéressant. Mais cela reste à confirmer.
Partie 4. Améliorer le sommeil
L’auteur parle ici des plus importants problèmes pour dormir. À commencer par le somnambulisme. Le trouble du somnambulisme fait référence à des troubles du sommeil impliquant du mouvement. Il se produit durant le sommeil NREM (donc pendant la phase où l’on ne rêve pas). L’insomnie est le fait d’avoir du mal à dormir. À ne pas confondre avec le fait de ne pas se donner le temps de dormir ou ne pas respecter son rythme circadien. L’insomnie est un vrai trouble du sommeil, et s’il dure, il vaut mieux consulter un spécialiste du sommeil sans consommer de somnifères (nous verrons pourquoi ensuite).
Pour la narcolepsie, le premier symptôme est l’hypersomnolence diurne qui représente des crises de sommeil au cours de la journée. Le deuxième symptôme est le fait de se réveiller avec la paralysie du corps, l’impossibilité de parler ou de bouger qui est particulièrement désagréable et même effrayante. C’est en réalité la paralysie du sommeil REM qui se prolonge anormalement pendant le réveil.
Enfin, le pire pour la fin, l’insomnie fatale familiale. J’ai eu des frissons à la lecture de ce passage. Cela est occasionné par une version non désirée des protéines prion (qui ont une fonction très utile à la base).
Ces protéines anormales attaquent le thalamus, responsable du sommeil le rendant comme du gruyère d’après des autopsies. Cela a pour conséquence... d’empêcher intégralement de dormir jusqu’à la mort. Michael Corke en a fait les frais, âgés de 40 ans, mari dévoué et professeur de musique dans un lycée de New Lexon au sud de Chicago. Il a commencé à avoir des problèmes pour s’endormir jusqu’à ne plus pouvoir du tout s’endormir. Au bout de six mois sans dormir, il était cloué au lit et malgré son jeune âge son état neurologique était celui d’une personne âgée en phase terminale de démence sénile. Il meurt quelques mois plus tard à 42 ans. Aucun traitement n’est connu pour cette maladie. Je vous avais dit que ça donne des frissons, n’est-ce pas?
4-1 Ce qui nous empêche de dormir
La lumière artificielle
La lumière artificielle que nous avons à la maison aujourd’hui empêche la production de mélatonine. Matthew préconise de limiter la lumière artificielle avant d’aller se coucher. En particulier la lumière des écrans de téléphone ou les écrans en général qui émettent de la lumière bleue. L'option "lumière jaune" de certains écrans peut atténuer ce problème.
L’alcool
Boire de l’alcool a deux conséquences. La première c’est de fragmenter le sommeil. Le second, c’est de supprimer le sommeil REM et ses bénéfices. Je pensais personnellement que l’alcool aidait à dormir, car c’était mon cas, mais il est vrai que je rêve beaucoup moins après une soirée où j’ai bu. Ceci étant dit, boire de l’alcool nous fait perdre beaucoup de capacité à résoudre les problèmes ainsi que d’être créatif comme nous l’avons vu. L’auteur n’a pas de conseil particulier si ce n’est de boire de l’alcool au matin (ce que presque personne ne fait) ou de ne plus boire du tout. Malheureusement, les effets sur l’apprentissage sont tels, que même après plusieurs jours, une information n’est pas cristallisée dans le cerveau. Pour ça, il faut un sommeil complet de qualité.[6]
La température corporelle
La température de la chambre est très importante. Car elle impacte la chaleur corporelle. Le corps humain est fait pour perdre de la température corporelle à la nuit tombée, car si nous dormions dehors, nous serions soumis à la baisse de température naturelle de la planète. Ce sont les chauffages des maisons qui ont perturbé cela. La température idéale est de 18,3° précisément. Comptez entre 15° et 19°. Il ne faut pas que la température soit trop basse, mais surtout pas trop haute. Cette température est comptée avec des draps et un pyjama standard.
4-2 Pourquoi ne pas prendre de somnifères
Matthew Walker déconseille fortement la prise de somnifère. Les somnifères n’améliorent pas le sommeil, au contraire. Tous les somnifères agissent comme des sédatifs au même titre que l’alcool. Ils favorisent l’endormissement, mais détériorent la qualité du sommeil en soi. Une équipe de médecins a ainsi examiné toutes les études publiées à ce jour consacrées aux somnifères modernes. [7]
La conclusion de cette étude est que l’efficacité des somnifères a été jugée douteuse. Car les bénéfices sont faibles, voire inexistants. La capacité d’apprentissage que permet le sommeil est donc plus que réduite à la prise de somnifères puisque le sommeil est dégradé.
Les profits des pharmacies
De plus, les profits faits par « Big Pharma » comme le dit Matthew, sont ahurissants. L’Ambien, un des somnifères, a apporté 4 milliards de dollars en 24 mois seulement. On pourrait comprendre pourquoi ils sont encore très utilisés, à tort. Malheureusement, aucun somnifère n’est réellement efficace aujourd’hui, seules les méthodes naturelles vous permettront de profiter des bénéfices du sommeil.
Essayez plutôt ça
Matthew conseille la thérapie comportementale et cognitive de l’insomnie (TCCi) pour mieux dormir. Voici tout ce qu’il faut faire pour appliquer la méthode:
Réduction de caféine et d’alcool Suppression des écrans dans la chambre Établir un planning de coucher régulier, week-end compris Se coucher uniquement quand on commence à s’endormir et éviter le canapé en début ou milieu de soirée Ne pas rester allonger une durée significative au lit Éviter les siestes en journée si vous avez du mal à dormir la nuit Réduire les pensées et soucis générateurs d’angoisse en s’exerçant à la décélération mentale Supprimer les horloges visibles dans la chambre
Le sport aide aussi à l’endormissement, cependant, c’est à éviter 2 heures ou moins avant d’aller se coucher.
Vous pouvez aussi retrouver des conseils sur le site de la National Library of Medicine, en anglais.
4-3 Pourquoi la société se trompe-t-elle
Dans notre société moderne, nous avons peu de respect pour le sommeil. C’est pareil pour beaucoup de pays et beaucoup de sociétés. Ce n’est pas le cas pour la Nasa ou encore Google qui eux ont un respect pour le sommeil. Pas seulement pour faire plaisir. En effet, un bon sommeil rend plus productif. Des études ont été faites pour prouver que le sommeil entraîne un taux de travail moins élevé et une vitesse d’accomplissement des tâches basiques plus faible. Les employés trouvent également moins de solutions aux problèmes rencontrés au travail et des solutions moins adaptées. [8]
Ceci est sans compter que le manque de sommeil rend aussi moins honnête et plus paresseux. Tout cet enchaînement d’effets de causes rend les entreprises moins performantes et moins agréables à y travailler.
L’auteur parle ensuite évidemment des écoles qui commencent bien trop tôt. Comme nous l’avons vu plus tôt, les jeunes de 16 ans ont un rythme circadien avancé de 2 à 3 heures par rapport aux adultes. Les faire réveiller à 5 ou 6 heures pour ceux qui prennent le bus tôt est très contre-productif. Car le sommeil permet l’apprentissage et la mémorisation. Ce n’est clairement pas un modèle optimal, même en France.
Il en va de même pour les médecins. Pendant leurs longues études, les futurs médecins dorment généralement peu. Ils sont donc susceptibles d’associer cela à peu d’importance envers le sommeil. Prenons le cas d’un médecin qui a mal dormi la nuit. Peu importe ses connaissances ou son expérience, il fera potentiellement plus d’erreurs. Conséquence directe sur les personnes qui ont besoin de soins.
4-4 Une nouvelle conception du sommeil
Ici, Matthew Walker expose son avis sur l’amélioration du système. C’est une vision un peu idéaliste qui fait rêver et effectivement, nous en avons besoin. Cela concerne le changement d’ampoule pour des lumières moins agressives qui favoriseraient la mélatonine naturelle, des chauffages adaptatifs sur mesure, des changements d’habitudes ainsi qu’une modification drastique envers la société en respectant mieux le sommeil. Comme nous l’avons vu précédemment, faire commencer l’école plus tard, la flexibilité du temps de travail pour les journées de travail. Évidemment, la plus grande barrière concerne les croyances que nous avons sur le sommeil et le fait que nous pensons qu’il n’est pas si important que ça. Le sommeil est en réalité indispensable et il ne peut être négligé.
Image tirée du livre dont l'auteur accorde sa rediffusion, merci à lui
Pour des informations sur le sommeil, vous pouvez consulter ce site: https://www.sleepfoundation.org, lui aussi est en anglais.
Conclusion sur Pourquoi nous dormons de Matthew Walker
Le livre étant extrêmement dense sur le plan des informations scientifiques ou non, il est difficile de prendre et d’adapter les informations. La meilleure conclusion que je puisse faire et qui peut vous impacter, c’est de respecter une fois pour toutes notre sommeil. Vous avez pu voir tous les nombreux bienfaits, tels que l’apprentissage, la mémorisation, la créativité, les résolutions de problèmes, la gestion saine des émotions ainsi que d’autres bénéfices. Mais aussi, tout ce que le manque de sommeil engendre. Vous aimeriez contracter potentiellement la maladie d’Alzheimer juste parce que vous avez négligé votre sommeil?
Matthew Walker a fait un énorme travail sur son livre et montre les faits sur le besoin de dormir. Le cerveau est bien plus qu’un ordinateur, car il travaille même quand nous dormons. Pour que ce travail soit efficace, nous nous devons de le respecter, par respect pour nous-mêmes. La question à se poser c’est, après avoir lu ce résumé, allez vous mettre de la valeur sur votre sommeil?
Pour ma part, j'ai pris un très grand respect pour mon sommeil depuis ma lecture du livre. Sans que cela ne me contraigne, car effectivement, je constate tous les bienfaits du sommeil chaque jour. Je suis plus productif, plus zen, plus créatif (même beaucoup plus), je retiens plus aisément et je suis dans le bien-être général. Avec un travail salarial à temps plein ainsi qu'un projet de blog pendant mon "temps libre", j'arrive à atteindre mes 8 heures presque tous les jours, avec parfois des insomnies, je l'avoue. Ce qui m'aide le plus c'est de me coucher chaque jour presque à la même heure pour me lever à la même heure. Et ce, même si mon travail me contraint à me lever à 4 heures du matin. Je vous encourage vivement à mettre de la valeur sur votre sommeil, votre corps tout entier vous remerciera.
Je vous conseille le livre si vous voulez aller encore plus en profondeur sur le sommeil.
David Jedresac du blog Apprendre Retenir Agir
Points forts :
Extrêmement complet dans son domaine De nombreuses études venant prouver les faits Nous donne toutes les bonnes raisons de mettre de l’importance sur son sommeil
Points faibles :
Termes scientifiques qui peuvent être lourds Les points essentiels auraient peut-être dû se trouver plus tôt
Ma note :
Avez-vous lu “Pourquoi nous dormons? » de Matthew Walker ? Combien le notez-vous ?
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Références :
[1]« Obliviscence during sleep and making » American Journal of Psychologie, vol 35, 1924, p.605-612
[2] « Sleep correlates of motor recovery in chronie stroke : a pilot study using sleep diaries and actigraphy » Journal of sleep Research, vol 17, 2008 p.103 et « Sleep enhances off-line spatial and temporal motor learning after stroke » Neurorehabilitation & Neural Repair, vol 4 n°23, 2009 p 327-335
[3]K.J Brower et B.E. Perron, « Sleep disturbance as a universal risk factor for relapse in addictions to psychoactive substances » Medical Hypotheses, vol. 74, n°5, 2010, p. 928-933
[4] A. S Lim et al, « Sleep fragmentation and the risk of incident Alzheimer's disease and cognitive decline in older persons », Sleep, vol. 36, 2013, p. 1027-1032
A. S Lim et al, « Modification of the relationship of the apolipoprotein E epsilon4 allele to the risk of Alzheimer's disease and neurofibrillary tangle density by sleep », Jama Neurology, vol. 70, 2013, p. 1544-1551
R.S. Osorio et al, « Greater risk of Alzheimer's disease in older adults with insomnia » Journal of the American Geriatric Society, vol. 59, 2011, p. 559-562
K. Yafee et al, «Sleep-disordered, breathing, hypoxia, and risk of mild cognitive impairment and dementia in older women » Jama, 306, 2011, p.613-619
[5] O. Tochikubo, A, Ikeda, E. Miyajima et M.Ishii, « Effects of insufficient sleep on blood pressure monitored by a new multi biomedical recorder » Hypertension, vol.27, n°6, 1996, p1318-1324
[6] V. « Zarcone, Alcoholism and sleep », Advances in Bioscience and biotechnology, vol. 21, 1978, p. 29-38
[7] T.B. Huedo-Medina « Effectiveness of non-benzodiazepine hypnotics in treatment of adult insomnia: meta-analysis of data submitted to the Food and Drug Administration »BMJ, vol 345, 2012 P. e8343
[8] W. B. Webb et C.M.Levy « Effects of spaced and repeated total sleep deprivation » Ergonomics, vol. 27, N°1, 1984, p.45-58 Cet article Pourquoi nous dormons est apparu en premier sur Des livres pour changer de vie.
July 1 2021, 5:00pm
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Vers la sobriété heureuse
Résumé de « Vers la sobriété heureuse » de Pierre Rabhi : au travers du témoignage de son expérience, vous découvrirez l’engagement de Pierre Rabhi en faveur d’un monde plus juste et plus sain ; un monde reconnecté à la terre par la pratique de la permaculture notamment, mais pas seulement.
Pierre Rabhi, 2010, 164 pages.
Chronique et résumé du livre « Vers la sobriété heureuse » de Pierre Rabhi Un mot sur l’auteur Pierre Rabhi a fondé plusieurs associations : Colibri, Terre & Humanisme, le Mouvement des oasis en tous lieux, etc. Il est principalement connu pour sa défense de l’agroécologie et de la permaculture, qu’il a participé à introduire en France. Pendant de longues années, il a travaillé la terre d’Ardèche avec sa femme, Michèle, y élevant aussi ses enfants. Il s’est ensuite investi à un niveau international, en donnant de nombreuses conférences et en publiant des ouvrages sur ses expériences, ainsi que sur ses idées politiques et philosophiques. Parmi ses autres livres, vous pourrez aussi lire : Du Sahara aux Cévennes ou la Reconquête du songe, Itinéraire d’un homme au service de la terre-mère (prix Cabri d’or), Candide, 1983 ; Graines de possibles, regards croisés sur l’écologie (avec Nicolas Hulot), Calman-Levy, 2005 ; La Convergence des consciences, le Passeur Éditeur, 2016. Avant-propos Voici l’incipit de Vers la sobriété heureuse, qui donne bien le ton d’ensemble de ce livre : « Désormais, la plus haute, la plus belle performance que devra réaliser l’humanité sera de répondre à ses besoins vitaux avec les moyens les plus simples et les plus sains. Cultiver son jardin ou s’adonner à n’importe quelle activité créatrice d’autonomie sera considéré comme un acte politique, un acte de légitime résistance à la dépendance et à l’asservissement de la personne humaine. » (Pierre Rabhi) Le témoignage est avant tout fondé sur une expérience de vie menée en famille. Il base sa cohérence et sa légitimité sur le lien fort entre l’action et la parole, selon le principe : « Faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait ». L’idée centrale en est simple : il est impossible de maintenir encore longtemps l’idéologie d’une croissance infinie. Il est avéré que celle-ci est destructrice et insoutenable d’un point de vue biologique et géologique. En un mot : l’heure de la modération a sonné. « Le temps semble venu d’instaurer une politique de civilisation fondée sur la puissance de la sobriété » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 10). Partie 1 – Les semences de la rébellion Le chant du forgeron Un artisan-forgeron vit humblement quelque part dans le désert algérien. Il travaille de tout son cœur, puis accueille avec joie ses clients et compagnons. Un enfant l’observe et l’admire. Plus loin, la cité grouille de cordonniers, de vendeurs de fruits. 1001 métiers se conjuguent ; dans cette oasis, des animaux et des hommes vont et viennent. Ce lieu de cohabitation, certes, n’est pas parfait : la condition des femmes, la pauvreté et les passions tristes y vivent aussi. Pourtant : « [U]ne sorte de joie omniprésente surmonte la précarité, saisit tous les prétextes pour se manifester en des fêtes improvisées. Ici, l’existence s’éprouve d’une manière tangible. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 15) Le forgeron y vit de son travail, offre ce qu’il sait faire, régale aussi ses voisins de ses chants, lorsque son labeur est terminé. Bref, cette ville, avec le mode de vie qui la caractérise, est l’une de ces oasis où les hommes, de la façon imparfaite qui est la leur, ont tenté l’harmonie. Et y sont presque parvenus. La fin d’un monde séculaire Puis, cette vie à la fois travailleuse et indolente, placée sous le seau de l’éternité, s’est mise à changer. Sous l’impulsion des Français, une mine de houille se crée. Le forgeron devient mineur salarié. Ses compagnons aussi. C’est toute la cité et son esprit qui sont bouleversés : le temps est désormais compté et chacun doit vaquer au plus vite à ses occupations, pour gagner plus d’argent. Le progrès a déboulé dans l’oasis et a fait du forgeron dédié à son art un autre homme, attristé de voir son atelier vidé. L’enfant — Pierre Rabhi lui-même — voit son père se résigner à l’arrivée de la Civilisation occidentale. Le silence de l’enclume « [T]ravaillons-nous pour vivre ou vivons-nous pour travailler ? » Telle est l’une des questions que pose Rabhi dans Vers la sobriété heureuse. Pourquoi l’argent est-il devenu le seul signe de la richesse ? Pourquoi donc travailler sans cesse, quand nous n’en avons pas fondamentalement besoin ? Quelle mouche a donc piqué cette ville algérienne — quelle mouche nous a donc tous piqués ? « L’exploitation et l’asservissement de l’homme par l’homme et de la femme par l’homme ont toujours été une perversion, une sorte de fatalité conférant à l’histoire humaine la laideur que l’on sait ; mais, à la différence de cette perversion pour ainsi dire spontanée, la modernité, avec les révolutions censées y mettre fin, l’a perpétuée sous la bannière des plus belles proclamations morales : démocratie, liberté, égalité, droits de l’homme, abolition des privilèges… Peut-être l’intention fut-elle sincère, mais, hélas, force est de reconnaître que les tentatives les plus obstinées pour instaurer un ordre équitable ont été mises en échec par la nature la plus profonde de l’être humain. » (Vers la sobriété heureuse, p. 20) Depuis ses vingt ans, depuis qu’il a vu la modernité transformer son village et ravager son père, Pierre Rabhi s’est senti trahi et décidé à résister. La désillusion C’est à ce même âge que Pierre Rabhi arrive à Paris, où il travaille comme ouvrier spécialisé. Il est entouré de collègues influencés par la théorie marxiste, athées et laïques, mais qui croient fermement au Progrès avec un grand « P », celui à qui ils se dévouent pour assurer la réussite et la promotion sociale de leurs enfants. Les Trente Glorieuses sont une période économiquement riche, mais où les consommateurs se lassent peu à peu de prendre et de jeter les objets que la publicité leur met sous les yeux. Les plus jeunes, surtout, s’ennuient de cette vie sans perspective. Mai 68 fait sursauter ce disque au rythme monotone. Les lycéens, mais aussi les ouvriers, veulent vivre autrement. Ils souhaitent libérer leur créativité. « La vie n’est une belle aventure que lorsqu’elle est jalonnée de petits ou grands défis à surmonter, qui entretiennent la vigilance, suscitent la créativité, stimulent l’imagination et, pour tout dire, déclenchent l’enthousiasme, à savoir le divin en nous. » (Vers la sobriété heureuse, p. 23) C’est ce rejet de l’abondance factice et de la course à l’argent que refusaient déjà les manifestants d’alors. Mais aujourd’hui encore, c’est ce système, ainsi que la doctrine capitaliste qui l’accompagne, qui doit être combattu. La vie mérite toujours d’être vécue, à condition que nous osions faire face aux problèmes qui sont les nôtres. Or, cela commence par la prise de conscience que la modernité n’a pas tenu ses promesses. Le déclin du monde paysan Appartenir à une terre est vital pour chaque peuple, même pour les nomades qui emportent avec eux quelques traces du sol de leur naissance. Ce rapport au sol, où sont également enterrés nos ancêtres, est immémorial et capital, même — et surtout — à l’heure actuelle. Il l’est pour bien des peuples, sauf pour les peuples de la modernité, qui ont remplacé ce lien par la logique de l’efficacité, qui dénoue tous leurs liens et les laisse « quittes » de tout rapport à la tradition. Le drame de l’exil La guerre de 14-18 fut un exil et un meurtre généralisé : les peuples allemands et français s’entretuant, souvent loin de chez eux, pour des raisons technologiques et politiques qui les dépassaient. L’exode des populations rurales vers les villes, où les usines se remplissent, forme un autre type d’exil caractéristique des sociétés industrielles du XXe siècle. « Aujourd’hui, c’est le désenchantement, la fin des illusions pour un nombre grandissant de citoyens des nations dites prospères. Ce long processus d’aliénation débouche à présent sur un double exil : l’être humain n’est plus ni relié à un ordre social ni enraciné dans un territoire. La mobilité est devenue une condition sine qua non pour conserver un emploi. » (Vers la sobriété heureuse, p. 29) L’aliénation du monde rural Dans le monde occidental, le monde rural s’est lui aussi transformé. La modernité y a fait son œuvre. Lorsqu’il délaisse la vie ouvrière pour se tourner vers la vie paysanne, Rabhi le découvre : ici aussi, l’efficacité et la productivité sont devenues les valeurs centrales. Les produits de l’agrochimie ont envahi les sols et les conversations des agriculteurs. Les tracteurs aspergent les terres en vue du rendement tant recherché par la Politique agricole commune bientôt mise en place par l’Europe. C’est l’ère de la monoculture et des subventions aux cultivateurs que nous connaissons toujours aujourd’hui. Rabhi ne mâche pas ses mots vis-à-vis de ce soi-disant progrès agronomique : selon lui, il détruit le rapport protecteur du paysan avec sa terre et crée une pauvreté dont il a bien du mal à se remettre. En fait, cette politique serait en train de les tuer au nom du profit, purement et simplement.
Partie 2 – La modernité, une imposture ? Pour Pierre Rabhi, la modernité est une idéologie néfaste. L’idée de progrès, tant social que technique, cache en réalité l’explosion des inégalités et la création d’une grande souffrance. « Le réquisitoire dont j’assume la responsabilité ne peut qu’être de plus en plus sévère au fur et à mesure que la lumière se fait sur l’ampleur des effets pernicieux imputables à ce qui est probablement l’idéologie la plus hypocrite de l’histoire humaine. » (Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 35) Les bienfaits de la modernité — et il y en a, en effet, au niveau social, sanitaire, etc. — ont malheureusement la fâcheuse tendance à se substituer purement et simplement à la tradition. Ce qui se faisait avant est réputé « obscur » et sans intérêt. C’est là un geste profondément arrogant et totalitaire. Le progrès : entre mythe et réalité Deux visions s’opposent : l’approche progressiste, que Rabhi qualifie aussi de « pensée minérale », et l’approche écologique.
La première défend un positivisme intégral, faisant de la raison l’unique moteur de l’histoire et des actions humaines. Elle perçoit la réalité « de façon fragmentée et mécaniste ». La seconde défend une pensée des liaisons et accorde toute sa place à l’intuition. Celle-ci cherche à saisir la vie dans son unicité ; elle promeut un tout autre type de rapport au monde.
Observez maintenant les conséquences dudit progrès sur l’humain. Depuis l’enfance, le petit Occidental est embarqué à l’école, puis à l’usine, en entreprise ou dans une administration, pour terminer parfois à l’hospice en passant, souvent, par la case « hôpital ». Bref, c’est un itinéraire d’enfermement sans fin dans des institutions qui prétendent fonctionner « rationnellement » ; c’est-à-dire, en fait, sans émotion. Quant aux outils informatiques, il convient également d’y prêter la plus grande attention et de les étudier avec circonspection. Quels types d’attachements suscitent-ils ? Ne nous rendent-ils pas chaque jour plus dépendants et moins aptes à la sensibilité ? Ils ne sont, en tout cas, pas sans effets sur le cerveau humain. Bombardés d’informations, nous ne savons plus quoi en faire. Une bonne diète nous ferait parfois le plus grand bien. Abondance et indépendance sont les autres mots clés de la modernité. Et pourtant, dans Vers la sobriété heureuse, Rabhi nous invite à faire un tout autre constat : c’est plutôt le désert rationnel et la dépendance toujours plus forte à un système normalisé qui se mettent en place. La subordination au lucre Et pourtant, la modernité aurait pu être un bienfait pour l’humanité. Son erreur fatale ? Avoir succombé au règne du crédit et de la finance. L’argent, en soi, n’est qu’une invention humaine pour remplacer le troc. Mais l’argent « que l’on gagne en dormant », cela est grandement problématique pour Pierre Rabhi. Pourquoi ? Parce que cela dévoie l’économie en créant un besoin de gains toujours plus grands. L’argent devient non plus le moyen, mais le but de l’opération économique. Dès lors, on cherche à acquérir de façon exponentielle les richesses matérielles, et on croit que c’est là que se trouve le bonheur. L’immodération des uns engendre le désir et la jalousie des autres. Après quelques publicités ou lectures de magazines, vous souhaitez adopter, vous aussi, le comportement grandiloquent de celui qui prétend avoir tout. Mais vous êtes frustrés si vous n’y parvenez pas. Le pouvoir de l’argent domine alors votre vie de bout en bout. Résultat : vous en souffrez. « Matière sonnante et trébuchante à l’origine, l’argent-finance s’est transformé en un fluide, un esprit qui souffle où il veut, attisant toutes les frustrations dans le seul dessein de perpétuer son magistère. C’est pour lui complaire qu’on fabrique des armes qui déshonorent le génie de notre espèce et que l’on installe sur la planète un ordre anthropophage appelé “mondialisation”. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 53) Le bouleversement des repères universels La modernité a encore une autre conséquence. Elle nous détache d’un rapport au temps et à l’espace qui était essentiel. Pour ainsi dire, le temps ne passait pas dans les sociétés traditionnelles ; l’homme se reliait aux saisons, certes, mais dans un cycle perpétuel. Le monde moderne a quant à lui créé un temps linéaire où chaque seconde compte. D’où l’impression de manquer constamment de temps et la volonté de bénéficier d’un temps infini. “Entre un temps fondé sur les cycles cosmiques éternels et celui d’une civilisation hors sol hystérique s’est constitué une bulle temporelle. De manière paradoxale, elle impose l’avènement d’un temps psychologique ressenti comme réductible ou extensible à l’infini, échappant aux références habituelles. […] Et pourtant, les battements de notre cœur, le rythme de notre respiration ou de notre circulation sanguine nous rappellent sans cesse que nous sommes reliés à l’horloge cosmique, et non aux bielles de nos moteurs à explosion.” (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 57) Se mettre en cohérence Pierre Rabhi termine cette critique de la modernité en affirmant que, lui aussi, il doit bien composer avec la réalité qui est la nôtre aujourd’hui. Lui aussi utilise les technologies ; il pollue même pour défendre les valeurs de l’écologie et de l’agroécologie. Mais est-il possible de faire autrement ? Pas vraiment. « Les situations de cohérence entre nos aspirations profondes et nos comportements sont limitées, et nous sommes contraints de composer avec la réalité. Mais il est impératif d’œuvrer pour que les choses évoluent vers la cohérence, et que l’incohérence ne soit plus considérée comme la norme, et encore moins comme une fatalité. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 62) Dans la lignée de ses précédents ouvrages (voir par exemple La part du colibri), Rabhi insiste sur l’importance des petits gestes, les gestes quotidiens qui permettent de créer une cohérence personnelle, puis globale. Petit à petit, chacun faisant sa part, il est possible de tourner le dos à un mode d’existence qui nous épuise et épuise la Terre que nous habitons tous.
Partie 3 – La sobriété, une sagesse ancestrale Négativement, la sobriété peut être définie comme un refus de la société de surconsommation. Ce caractère de lutte et de résistance se retrouve dans les critiques émises dans les parties précédentes. Il est toutefois plus difficile de caractériser positivement ce qu’elle est, et comment vivre en conformité avec elle. C’est ce que tentent de faire les deux parties suivantes. Un village africain Pierre Rabhi raconte l’anecdote suivante, tirée d’un fait réel. De jeunes cultivateurs vont voir un sage et lui disent que la récolte a été bonne, cette année. Ils remercient le ciel et la terre. Puis, ils remercient les Blancs, qui leur ont donné une poudre qui améliore leur rendement. Ce à quoi le sage répond qu’il est heureux que la récolte soit bonne. Quant à la poudre, elle leur permettra de réduire le sol cultivé, et donc de travailler moins. La conclusion de ce sage du village relève presque du conte. Elle permet de mettre en évidence un dilemme essentiel :
Doit-on utiliser la poudre pour augmenter le nombre des parcelles cultivées et produire toujours plus ? Ou bien alors, comme il le propose, utiliser cette méthode pour travailler moins, en se contentant de ce dont on a besoin ?
En quelque sorte, cette situation est celle dans laquelle nous nous trouvons tous. Les jeunes cultivateurs peuvent en effet hésiter à utiliser la poudre comme le sage le recommande. Ils peuvent préférer « faire de l’argent », thésauriser et ainsi entrer dans cette course typique de la modernité. Ou bien ils peuvent se diriger vers la voie de la sobriété heureuse. Qui est archaïque ? Vivre dans un village en subvenant à ses besoins propres et à ceux des personnes qui ne le peuvent pas ou plus, telle est l’expérience de nombre de personnes, encore aujourd’hui. Au Burkina Faso comme au Laos, ces gens vivent de peu, mais ne manquent de rien, ou de pas grand-chose. Ils ne sont pas riches, certes, mais un sentiment de communauté les anime et les réconforte. Ce que Rabhi veut dire, c’est qu’il est possible de bien vivre sans chercher la richesse financière. Le mot même de richesse, alors, change tout à fait de sens. Elle devient un nom pour le résultat des liens qu’on tisse avec les autres et avec la terre. On est riche lorsqu’on est ancré dans un lieu, qu’on vit avec d’autres et que l’on est habité par des valeurs. C'est cela qui permet d'acquérir la cohérence, ainsi qu'une profonde confiance en soi. L’économie, quant à elle, se transforme alors en écologie ; il ne s’agit plus de calculer comment gagner toujours plus, mais d’étudier et de prendre soin des rapports qui se tissent entre les êtres. La « vraie » civilisation n’est donc pas nécessairement celle que l’on croit. Les modernes ont bien tort de regarder de haut les paysans et les peuples des pays dits « sous-développés ». En réalité, ceux-ci développent depuis toujours des façons de vivre harmonieuses et justes. Certes imparfaites, mais dont il est bon de s’inspirer. Taxer ces peuples d’archaïsme et leur imposer une modernisation de force, c’est là se montrer réellement barbare et se couper toujours un peu plus de possibilités de transformation. Dans son ouvrage, Pierre Rabhi choisit au contraire de les prendre en exemple : c’est à partir de la lumière de ces expériences, qui émergent même au sein de l’Europe aujourd’hui, que nous pouvons nous diriger concrètement vers la sobriété heureuse. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme Sous couvert d’économie, le monde occidental prône l’immodération et la consommation débridée. Or ce terme d’économie, on l’a vu, renvoie aussi à la frugalité et à la sobriété : vivre sobre, c’est être, en ce sens, « économe ». En l’occurrence, c’est se rendre compte une bonne fois pour toutes que « la nature n’a pas de poubelles » (Vers la sobriété heureuse, p. 77) et qu’il nous faut apprendre à diminuer notre consommation et à recycler.
Les paysans cévenols Le paysan cévenol décrit par Rabhi est tranquille, il se lève tôt, déjeune frugalement, marche à son aise et effectue ses tâches quotidiennes, même les plus dures, avec entrain, mais sans précipitation. Il aime faire les choses bien. Il s’endort dans un confort simple et pourtant réel. L’artisan ardéchois vit à peu près sur le même mode. De ses mains habiles, il construit dans son petit atelier mille choses utiles, en respectant les traditions de sa confrérie familiale. Ces savoirs peuvent paraître appartenir au passé, et pourtant Rabhi insiste : les secousses du monde à venir (fin de l’ère du pétrole, bulles financières et crises sanitaires) nous imposent de respecter — non, mieux, de protéger et d’aider à vivre — toutes ces pratiques et ces modes de vie. « Les impasses dans lesquelles le monde contemporain va de plus en plus se trouver l’obligeront |…] à réhabiliter bon nombre de pratiques du passé. C’est aussi la raison pour laquelle il faut se hâter de préserver sur notre planète tout ce qui est encore à la mesure de l’être humain, avant la fin de l’ère du “pétrolithique”. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 81) Une sagesse ancestrale Les Sioux ne prélevaient de bisons que le strict nécessaire. En outre, chaque partie de l’animal était utilisée. Et pourtant, les bisons abondaient. « Cette sobriété dans l’abondance est une leçon de noblesse », dit Rabhi. C’est ce respect et ce soin de la vie qui est en voie de disparition. Il repose pourtant sur une sagesse fondamentale, que nous ferions bien de méditer. Chez les peuples premiers, des rituels et des cérémonies accompagnent chaque chasse. Il n’y a là rien d’irrationnel ! Au contraire : il s’agit d’honorer et d’assurer le respect des équilibres naturels, afin que l’abondance demeure. La vie des nomades, dans les plaines américaines comme dans les déserts africains ou dans les collines européennes, participe de ce même mode de vie. La frugalité impose de mieux penser l’essentiel. Sur le plan spirituel d’abord, mais aussi très concrètement sur le plan matériel. Par exemple, il n’est pas question, pour un nomade du désert, d’oublier les ustensiles lui permettant de trouver l’eau. Ce qui nous pousse à nous poser à nous-mêmes la question suivante : de quoi avons-nous vraiment besoin ? Telle est l’un des enjeux soulevés par la thématique de la sobriété heureuse. Un art de vivre ensemble Bien qu’il en chante les louanges, Rabhi refuse de se complaire dans l’évocation nostalgique d’arts de vivre passés qu’il faudrait soit pleurer, soit muséifier. « Il ne s’agit pas, dit-il, avec toutes ces évocations, d’éveiller une sorte de nostalgie d’un monde révolu qui aurait atteint l’idéal, mais de déplorer que celui-ci n’ait pas été pris en compte et enrichi des valeurs positives de la modernité, plutôt qu’aboli. » (Vers la sobriété heureuse, p. 85) Il devient urgent de s’en inspirer pour insuffler à la modernité un air nouveau, une nouvelle atmosphère. L’espèce humaine, dans sa diversité, dans la multiplicité des espaces où elle a trouvé refuge, a de quoi nous étonner et nous donner des leçons pour l’avenir. Le lien avec le caractère sacré de la vie « Bien que n’appartenant plus à aucune religion — je leur dois toutefois d’avoir été éveillé à la transcendance —, je me suis aperçu que la sobriété heureuse, pour moi, relève résolument du domaine mystique ou spirituel. Celui-ci, par le dépouillement intérieur qu’il induit, devient un espace de liberté, affranchi des tourments dont nous accable la pesanteur de nos modes d’existence. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 89) Il ne s’agit pas, pour Rabhi, de se poser des questions théologiques (existe-t-il une vie après la mort ?), mais de chercher une éthique, c’est-à-dire un sens à la vie.
À quoi vouer son existence ? Qu’est-ce qui compose une vie réussie ? L’argent, le succès, l’amour, la science, la vérité… Quelles sont les valeurs de votre vie ?
Partie 4 — Vers la sobriété heureuse La pauvreté en tant que valeur de bien-être Bien comprise, la pauvreté peut devenir une valeur de vie. C’est la voie prise par Rabhi lui-même dès les années 1960, lorsqu’il arrive dans les Cévennes et décide d’y habiter avec sa femme, Michèle. Leur vie est faite de culture potagère, de relations simples. C’est ce qu’il relate dans l’ouvrage Du Sahara aux Cévennes ou La Reconquête du songe (1983). « Le concept de pauvreté avait de quoi déconcerter, mais pour nous c’était une véritable option de vie, et non une proclamation morale parmi d’autres. La conviction avec laquelle l’avenir est à la civilisation de la sobriété n’a cessé d’être à mes yeux une évidence grandissante et, dans la boulimie consommatrice qui étreint le monde, une nécessité vitale. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 95) L'histoire de Pierre Rabhi Pour faire comprendre ce qu’est la sobriété heureuse, Pierre Rabhi expose donc sa propre histoire en détail. Il raconte comment il a été élevé durant les premières années de sa vie dans une famille musulmane, sans mère, mais — comme on l’a vu — avec un père forgeron. Il relate comment celui-ci l’a mis en sécurité dans une famille française vivant en Algérie et comment, suite à leur contact prolongé, il est devenu catholique. Une fois arrivé en France pour trouver du travail, Rabhi rencontre sa future femme. Il est alors ouvrier en usine, mais se décide à tout plaquer pour vivre avec Michèle dans les Cévennes ardéchoises. Le couple trouve une exploitation qui lui paraît magnifique, mais qui semble peu productive. Cela complique l’obtention d’un prêt auprès du Crédit Agricole. Finalement, ils parviennent à acheter leur maison. Ils y vivent, aujourd’hui encore. Cela fait 45 ans. Ce choix de vivre dans une bâtisse austère, avec une terre peu fertile, rocailleuse, a été loin d’être simple. Une existence sans eau potable pendant sept ans, et même sans électricité pendant treize, avec, en outre, une voiture usée jusqu’à la corde… Bref : aucun confort moderne. Pourtant, le couple était convaincu de cheminer sur la bonne voie. Et peu à peu, le domaine s’est transformé : l’irrigation a apporté la vie et le lopin de terre aride est devenu une petite oasis. Aidés par l’eau, ils ont mis en place une gestion écologique du domaine, sans pesticides. Et cela a pris ! « Ainsi, dit Rabhi, le principe de sobriété que je prône n’est pas un principe de circonstance : il vient d’une conviction intrinsèquement liée à un choix de vie. » (Vers la sobriété heureuse, p. 101) Doutes et succès Revenant sur les doutes, mais aussi sur les succès de l’entreprise, Pierre Rabhi affirme encore : « Sur ce chemin, nous n’avons pas été exempts de soucis matériels, tourments intérieurs, dissensions et divergences ; mais ces difficultés se sont révélées nécessaires pour une meilleure compréhension de soi-même et des autres. Cette vie est à l’évidence un chemin initiatique ascendant. À mesure que nous le gravissons, comme sur le flanc d’une montagne d’incertitude, de méconnaissance et de doute, le paysage s’élargit, devient plus intelligible, et la conscience semble s’élever, se clarifier. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 102) Il n’est pas facile de créer un autre mode de vie ni de s’y tenir. Cela demande une forte rigueur. Et beaucoup de ténacité. Contrairement à la société dominante et à ses normes, l’alternative n’est pas déjà là : il faut la construire. C’est pourquoi il importe de ne pas confondre le geste de révolte avec un geste sans contraintes, une pure expression de la liberté de la volonté. La révolte va de pair avec une volonté de s’attacher autrement. Elle appelle la créativité et l’imagination. Notons au passage que c'est aussi ce que propose aussi la notion de permaculture humaine. Un entrepreneur un peu particulier En fait, de façon très pratique, il leur a fallu apprendre à gérer leur exploitation à la façon d’une « petite entreprise ». Avec une différence de taille, toutefois : « [C]ontrairement à ce qui se passe pour une entreprise ordinaire, pour laquelle extension est synonyme de réussite, nous avons d’emblée opté pour l’autolimitation. C’est cela qui a été notre réussite, car la sobriété est une force. » (Vers la sobriété heureuse, p. 103) En outre, il ne s’agissait pas de s’isoler, mais de vivre dans le monde, avec les autres acteurs de la région. Partager la vie de la communauté faisait partie du projet dès le départ. L’autolimitation volontaire Pierre Rabhi s’interroge. Depuis plusieurs années, il n’est plus dans le besoin comme il l’était alors. « Suis-je toujours en cohérence avec ce choix initial, dont l’état actuel de la société, en crise grave, renforce la pertinence et la nécessité, alors qu’après m’en être longtemps passé je jouis aujourd’hui de la plupart des attributs de la modernité et du mode d’existence très dispendieux qu’elle impose ? » (Vers la sobriété heureuse, p. 105) Il n’est pas riche, ni particulièrement envieux de tous les biens dont ceux-ci disposent. Néanmoins, il profite de certains bienfaits qu’a charriés la modernité. Où se situe la limite entre sobriété et non-sobriété ? Ainsi, malgré lui, Rabhi est capitaliste. Il n’y a qu’à se rendre dans le sud de l’Afrique pour le constater. Sans être millionnaire, il y a entre lui et les gens qu’il rencontre là-bas une disparité financière évidente. Eux ont tout juste de quoi se nourrir, se vêtir, se loger : or, c’est justement là que se trouve la limite entre sobriété et non-sobriété. Tout le reste est, en réalité, superflu. Sortir de l'humanitaire et de la société de consommation Si l’organisation actuelle des États et des économies ne permet pas de créer l’équité, le principe de sobriété, lui, le peut. Comment ? D’abord, en refusant la société de consommation qui conduit à une sorte d’« ascèse inversée » où chacun en veut toujours plus (sans se rendre compte que c’est, le plus souvent, au détriment des plus pauvres). Ensuite, en transformant le principe de « solidarité compassionnelle » qui, dans les pays dits « développés », permet à ceux qui ne suivent plus de sortir la tête de l’eau. Celle-ci est le fruit de politiques schizophrènes des États qui donnent d’un côté en créant les conditions du surendettement et de l’injuste, de l’autre. C’est d’ailleurs la même logique qui anime l’humanitaire. Enfin, les États doivent s’engager activement vers une réduction des besoins et mettre les forces de la modernité au service de cet objectif. « L’observation objective des faits met en évidence la nécessité absolue d’un paradigme plaçant l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations, ainsi que l’économie et tous nos moyens à leur service. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 109) La décroissance soutenable Rabhi s’inspire du principe de « décroissance soutenable » de l’économiste roumain Nicholas Georgescu-Roegen, qui prône une économie fondée sur la modération. Ce type de modèle devrait être celui des pays en voie de développement et des pays développés. La beauté est également un principe que l’agroécologiste et penseur veut remettre au goût du jour. Promouvoir la beauté, c’est promouvoir la culture, la spiritualité, les nourritures immatérielles dont nous avons tous besoin. Nous devons apprendre à habiter la planète avec plus de respect, en honorant les beautés que ce monde a à nous offrir. Pour Pierre Rabhi, vivre sous le signe de la beauté est donc essentiel. « En réalité, dit-il, il y va de notre survie. Le choix d’un art de vivre fondé sur l’autolimitation individuelle et collective est des plus déterminants ; cela est une évidence. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 111)
Un changement humain Prôner la sobriété heureuse et tenter de la mettre en œuvre de façon collective : telle était l’intention de Pierre Rabhi lorsqu’il s’est lancé dans la course à la présidentielle, en 2002. Pourquoi ? Afin de changer de paradigme. « Les évolutions climatiques, écologiques, économiques et sociales, prévisibles comme imprévisibles, nécessitent une créativité sans précédent. Partant d’un art de vivre personnel, nous sommes impérativement invités à travailler à la sobriété du monde. En passant de la logique du profit sans limites à celle du vivant, il est question, en langage savant, de “changer de paradigme”. » (Vers la sobriété heureuse, p. 113) Mettre l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations Au nombre des actions rêvées par Rabhi, notons :
Une action mondiale en faveur de l’intégrité de la nature.
« Les forêts, le sol nourricier, l’eau, les semences, les ressources halieutiques, etc., doivent impérativement être soustraits à la spéculation financière. » (Vers la sobriété heureuse, p. 114)
La protection des peuples premiers, autochtones ou traditionnels.
« La protection de ces peuples, témoins vulnérables et innocents, contre l’arbitraire et la méchanceté des peuples dits civilisés devra être inscrite dans les priorités par des lois rigoureuses. » (Vers la sobriété heureuse, p. 115) Un rééquilibrage masculin/féminin C’est un autre chantier important, qui se décompose en deux volets :
Une revalorisation du statut de la femme.
Pour Rabhi, le féminin est la part non-violente, mais d’une force sans égale, qui se cache en chacun de nous et en particulier dans les femmes. Remettre les femmes en valeur, c’est faire retour vers ce pouvoir qu’ont les femmes de surmonter bien des situations. Il faut leur rendre honneur et quitter le schéma machiste intrinsèquement lié à la modernité, où tous les inventeurs et toutes les grandes figures sont des hommes.
La fin de la marchandisation et de la publicité autour des femmes.
L’industrie fait fortune avec les femmes de deux manières : d’abord en les exposant comme des objets pour faire vendre n’importe quel produit. Ensuite en les manipulant pour qu’elles achètent certains biens de consommation : vêtements, cosmétiques, bijoux, etc. Pourtant, dit Rabhi, l’élégance et la beauté ne dépendent pas de toutes ces marchandises. Une pédagogie de l’être L’éducation actuelle est une machine à formater les esprits. En outre, l’ascenseur social est en panne, puisque les jeunes adultes formatés — contrairement au temps des Trente Glorieuses — ne trouvent même plus de travail ! Ici encore, Rabhi propose plusieurs changements à opérer.
Centrer l’éducation sur le développement de la personnalité de l’enfant.
« Pour que cette véritable naissance à soi-même advienne réellement, il est indispensable d’abolir ce terrible climat de compétition qui donne à l’enfant l’impression que le monde est une arène, physique et psychique, produisant l’angoisse d’échouer au détriment de l’enthousiasme d’apprendre. » (Vers la sobriété heureuse, p. 121)
L’équilibrage des aptitudes intellectuelles et manuelles.
« L’éducation doit restaurer la complémentarité des aptitudes. Les établissements éducatifs devraient tous proposer de la terre à cultiver, des ateliers d’initiation manuelle, artistique… » (Vers la sobriété heureuse, p. 121)
L’éducation à l’égalité homme/femme.
Ce point est capital, on l’a vu plus haut. Il s’agit de ne plus permettre aux jeunes filles et aux jeunes femmes de se sentir inférieures aux garçons et aux hommes. Augmenter leur confiance en elle-même et en leur capacité de changer les choses pour le bien-être de tous.
L’éducation à la sobriété.
L’apprentissage des conditions de vie est essentiel pour développer l’esprit critique et d’innovation. Leur apprendre les rouages de la civilisation de la surconsommation, ainsi que les moyens de la contourner par la modération. Rabhi met en garde contre le marché du jouet qui nuit à l’imagination des petits. La condition de nos ainés C’est un chantier supplémentaire. Pour changer de paradigme, il faut réapprendre à soigner nos ainés et à ne plus les oublier dans des mouroirs. Il faut, en ce sens, retrouver le goût de la transmission, c’est-à-dire remettre à l’honneur la sagesse et le grand âge. Ne sont-ce pas les vieilles personnes qui en savent le plus ? La sobriété heureuse invite à retrouver les façons de vivre ensemble, en dehors de l’administration sans âme de la vieillesse (EHPAD, etc.). Pour une indignation constructive « Il est difficile de ne pas être indigné par la marche et l’état du monde. On a le sentiment d’un immense gâchis, qui aurait pu être évité si on avait adopté un modèle de société alliant intelligence et générosité. » (Vers la sobriété heureuse, p. 129) Que faire de cette indignation ? Il faut toujours prêter attention à ne pas la transformer en violence, en devenant soi-même l’oppresseur d’autrui. Il faut tirer les leçons de l’histoire qui nous ont appris les risques liés aux révolutions. Mais il faut pourtant agir. Or, cette société semble avoir réussi à créer un citoyen amorphe, qui se décourage de la politique et cherche, pour répondre à ses besoins, soit un homme providentiel, soit un bouc émissaire. « Le temps est venu de savoir où nous voulons aller et quelle vie nous voulons vivre pour que notre passage sur terre ait un sens ; car il faut bien reconnaître que pour l’instant, au vu de ce que notre présence au monde a provoqué sur la sphère vivante, cette présence évoquerait plutôt un regrettable accident. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, p. 131) Combattre l'indifférence Ce qu’il s’agit de combattre, c’est donc l’indifférence vis-à-vis de ce qui est en train de se produire. Chacun peut prendre part au renouvellement de la société, en agissant à son niveau, en créant ses propres sentiers vers la sobriété heureuse. Or, de plus en plus de jeunes veulent avoir une vie épanouissante, et pas seulement un travail. De plus en plus de cadres partent des entreprises et cherchent à donner un nouveau sens à leur carrière, en se reconnectant aux valeurs qui sont les leurs. Des familles cherchent à vivre l'aventure en retrouvant une connexion à la terre. Il y a bel et bien, un peu partout, des initiatives qui fleurissent et des chemins qui se croisent. On pourrait ajouter que la vie de free-lance et de digital nomad en sont des exemples, à condition qu’ils soient pensés de façon cohérente avec l’écologie et la sobriété. Beaucoup d'entre nous, quoi qu'il en soit, veulent quitter la roue sans fin du système métro/boulot/dodo. Un paradoxe se fait toutefois : aujourd’hui, vivre simplement coûte cher. Acquérir un petit lopin de terre et s’y engager nécessitent l’acquisition d’avoirs importants. Tout le monde, aujourd’hui, n’a pas accès à cette simplicité. C’est l’un des autres chantiers à mettre en œuvre. Donner la possibilité de changer de vie à celles et ceux qui veulent le faire Bien que la vie modèle de la modernité commence à battre de l’aile, il reste encore aujourd’hui un grand nombre de personnes qui y demeurent attachées, plus ou moins volontairement et consciemment. Le temps n’est donc pas encore venu pour un changement complet de paradigme, du moins dans les pays dits développés. Par ailleurs, les pays dits émergents semblent quant à eux se diriger tout droit vers le modèle occidental dominant. Ils y aspirent avec d’autant plus d’énergie qu’ils ne l’ont pas encore connu et qu’il leur semble riche de bien des promesses. C’est pourquoi les initiatives qui fleurissent sont à chérir et à protéger, car elles sont « autant de prototypes anticipant sur ce qui universellement indispensable dans un avenir dont le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est totalement incertain. » (Vers la sobriété heureuse, p. 134)
Cinquième partie — Annexes Charte internationale pour la terre et l’humanisme « Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? Quels enfants laisserons-nous à la planète ? » Telle est la question posée en sous-titre de cette charte. En voici le prologue, reproduit entièrement : « La planète Terre est à ce jour la seule oasis de vie que nous connaissons au sein d’un immense désert sidéral. En prendre soin, respecter son identité physique et biologique, tirer parti de ses ressources avec modération, y instaurer la paix et la solidarité entre les humains, dans le respect de toute forme de vie, est le projet le plus réaliste, le plus magnifique qui soit. » (Vers la sobriété heureuse, p. 141) Constats : la terre et l’humanité gravement menacées
Par le mythe de la croissance indéfinie ; À cause des pleins pouvoirs de l’argent ; Via le désastre de l’agriculture chimique ; En raison de la défense de l’humanitaire (à défaut d’humanisme) ; Finalement, car il y a une déconnexion entre l’humain et la nature.
Propositions : vivre et prendre soin de la vie. Voici les principes :
Incarner l’utopie ; Défendre la terre et l’humanisme ; Soutenir la logique du vivant ; Placer le féminin au cœur du changement ; Développer l’agroécologie ; S’orienter vers la sobriété heureuse ; Relocaliser l’économie ; Imaginer et mettre en œuvre une autre éducation.
« Pour que les arbres et les plantes s’épanouissent, pour que les animaux qui s’en nourrissent prospèrent, pour que les hommes vivent, il faut que la terre soit honorée. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse) Quelques initiatives positives Les Amanins
Fondée en 2003 par Pierre Rabhi et Michel Valentin, ancien chef d’entreprise Site : un lieu de 55 hectares en Val de Drôme Projets : ferme agroécologique, école du Colibri, espaces d’expérimentation, de production et d’échange Objectif : sensibiliser à une écologie pratique et quotidienne Sur internet : lesamanins.com
Colibris, mouvement pour la Terre et pour l’Humanisme
Fondée en 2007 par Pierre Rabhi et ses proches Projet : plateforme de rencontre et d’échange via la méthode d’insurrection des consciences, d’incarnation, de modélisation et de partage) Objectif : construire une société sur le bonheur d’être plutôt que sur la volonté d’avoir Sur internet : colibris-lemouvement.org
La ferme des enfants et le hameau des buis
Fondée en 1999 Site : ferme des enfants du hameau des buis (Lablachère) Projets : pédagogie Montessori de la maternelle au collège et laboratoire d’expérimentation d’intérêt général (sous l’appellation Hameau des buis) Objectif : éduquer et vivre (habiter, consommer, se déplacer, etc.) autrement Sur internet : la-ferme-des-enfants.com
Le MAPIC (Mouvement Appel pour une insurrection des consciences)
Fondé en 2003 par Pierre Rabhi, puis ouvert à la société civile en 2006 Site : un peu partout en France (Corse, Besançon, Dijon, Grenoble, etc.) Projet : groupes de discussion autour de l’écologie humaine, sociale et politique Objectif : faire vivre l’intelligence collective Sur internet : appel-consciences.info
Le Mouvement des oasis en tous lieux
Fondé par Pierre Rabhi Sites : l’oasis de Carapa (30), le Hameau des buis (07), l’oasis de Bellecombe (26) Projet : membre de réseau européen des écovillages Objectif : promouvoir de nouvelles manières de faire société en allant vers la sobriété heureuse Une adresse mail : [email protected]
Le monastère de Solan
Fondé en 1992 par les moniales de Solan avec la participation de Pierre Rabhi Monastère de Solan dans le Gard Projets : potager agroécologique, vin biologique, protection de la biodiversité Objectif : réunir la liturgie et le travail de la terre, expérimenter la sobriété heureuse Pas de site internet
Terre & Humanisme
Fondée en 1994 par Pierre Rabhi Site : le mas de Beaulieu Projets : formation, accueil de visiteurs, travail de la terre selon les principes de l’agroécologie Objectif : à la fois social, économique, écologique et solidaire Sur internet : terre-humanisme.org
Rayonnement et perspectives d’avenir Pierre Rabhi ne compte pas s’arrêter là. Depuis 1983, il ne cesse de parcourir le monde, et notamment ce que l’on appelait le tiers-monde, en vue d’exporter ses propositions et ses méthodes agroécologiques. L’enjeu : « abolir l’humanitaire de pompier pyromane » (Vers la sobriété heureuse, p. 162). Quelques exemples de ces programmes internationaux :
En 2005, création de Terre & Humanisme Maroc qui propose des formations en agroécologie dans les sites pilotes à Casablanca et Meknès ; En 2009, création de Terre & Humanisme Moldavie qui propose une ferme expérimentale de démonstration pour enfants.
Comme le dit l’auteur, le modèle qu’il prône est aujourd’hui de plus en plus reconnu comme une alternative crédible à la société de consommation. Pour répondre aux demandes venues d’un peu partout, il a décidé de créer la Fondation Pierre Rabhi. « Elle aura pour vocation de soutenir l’innovation, le déploiement et l’essaimage de modèles à taille humaine fondés sur l’agroécologie ; la sensibilisation, l’éducation et le transfert de compétences pour une agriculture pérenne, efficace et respectueuse de l’environnement. » (Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse) Conclusion de « Vers la sobriété heureuse » de Pierre Rabhi Le témoignage d’un homme engagé Ce qui frappe, avec ce livre, c’est moins l’élaboration conceptuelle que l’expérience de son auteur. Pierre Rabhi a connu les grands tourments du XXe siècle et il a réussi à en tirer des leçons qui ne sont pas restées lettre morte. L’adage qu’il rappelle au début de l’ouvrage : faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait est d’une importance capitale, car c’est lui qui nous permet d’entrer en cohérence avec ce que nous sommes vraiment et, ainsi, d’oser vivre ses rêves. Finalement, même si l’on n’est pas obligé d’être d’accord avec toutes ses idées, on ne peut ressentir qu’un grand respect pour l’engagement concret de cet homme hors du commun en faveur de l’agroécologie et d’un nouvel humanisme. Ce qu'il faut retenir de "Vers la sobriété heureuse" de Pierre Rabhi Vers la sobriété heureuse est un livre engagé qui propose :
Une critique de la société occidentale placée sous le signe du progrès et de la modernité ; Une esquisse théorique du paradigme alternatif de la « sobriété heureuse » ; Des exemples de mise en œuvre d’un tel modèle aujourd’hui ; Des incitations à faire sa part, au quotidien, pour transformer la société.
Points forts :
Des exemples d’initiatives déjà réalisées ou en cours de construction. Un langage vulgarisé. Des métaphores et des symboles parlants.
Points faibles :
Un manque de construction théorique. Une exposition centrée autour de la personne de Pierre Rabhi. Un danger d’intégrisme vert ?
Ma note :
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June 24 2021, 5:00pm
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Le pouvoir de la confiance en soi
Résumé du livre“Le pouvoir de la confiance en soi : devenez impossible à arrêter, irrésistible et audacieux dans toutes les sphères de votre vie“ : le conférencier canadien Bryan Tracy propose une méthode pour apprendre à canaliser ses forces, accroître sa confiance en soi et atteindre ses objectifs de vie. Par Brian Tracy, 2015, 192 pages. Titre en anglais : “The Power of Self-Confidence: Become Unstoppable, Irresistible, and Unafraid in Every Area of Your Life“. Chronique et résumé du livre “Le pouvoir de la confiance en soi : Devenez impossible à arrêter, irrésistible et audacieux dans toutes les sphères de votre vie”
L’auteur Brian Tracy est un conférencier d’origine canadienne. Sur son site, il affirme s'adresser à plus de 250 000 personnes chaque année. C'est un auteur prolifique qui a écrit plus de 70 livres dans des domaines aussi variés que l’économie, les affaires et la psychologie. Ses principaux ouvrages sont traduits en plusieurs langues. Dans Le pouvoir de la confiance en soi, Brian Tracy raconte comment il est parti de rien et a pourtant réussi de façon éclatante. Pourtant, ce n'est pas une autobiographie, mais bien un livre pratique qui propose plusieurs stratégies en vue d’accroître considérablement sa confiance en soi en agissant de façon toujours plus positive. Son auteur nous met en garde : ce n’est pas un chemin nécessairement facile, mais c’est en tout cas possible ! Introduction Le livre est composé de sept chapitres, en plus de l’introduction. En voici la structure :
Le fondement de la confiance en soi Résolution et pouvoir personnel Acquérir la compétence et la maîtrise de soi Le jeu intérieur de la confiance en soi Tirer parti de ses forces Triompher de l’adversité La confiance en soi en action
Pour l’auteur, les racines du manque de confiance en soi sont multiples. Elles proviennent de nos histoires respectives. Mais il est possible de modifier cet état. Comment ? Tout d'abord, en ayant à l'esprit une série de lois mentales, dont Brian Tracy évoque ici la première. Causalité : pour tout effet donné agissent les mêmes causes. Si vous voulez avoir confiance en vous, observez comment les gens qui ont ce pouvoir l’ont acquis et développé. Si vous apprenez d’eux et que vous faites la même chose, alors vous acquérez une confiance en vous-même semblable à vos modèles. Bref, la confiance en soi est un pouvoir qui s’entraîne ! Chapitre 1 : Les fondements de la confiance en soi Tout dépend de la pensée Biologiquement, notre corps se renouvelle en moyenne tous les sept ans. Il en va de façon semblable pour l’esprit ! Comme vos cellules, qui vous composent et se transforment, les idées que vous entretenez font ce que vous êtes et elles aussi, elles changent. Les pensées négatives font de vous une personne triste, qui a peu d’entrain ; les pensées positives vous façonnent de façon opposée. Elles font de vous une personne joyeuse à qui la vie réussit. Il y a là une autre loi, un premier enseignement à tirer, selon Brian Tracy : Concentration : toute pensée sur laquelle on revient constamment se transforme en réalité. Pensées et réalité se construisent ensemble. Vos pensées génèrent une réalité. À l’inverse, la réalité vient confirmer et renforcer vos pensées. Soit vous êtes dans un cercle vertueux (pensées et réalité positives), soit vous êtes dans un cercle vicieux (pensées et réalité négatives).
La croissance personnelle n’a rien de facile "On ne peut pas avoir des pensées et mener un autre genre d’existence" dit Brian Tracy dans Le pouvoir de la confiance en soi. Bien sûr, nous avons tous un passé. Celui-ci nous a peut-être placés dans un cercle vicieux dont il est difficile de s’extraire. À force d’agir en fonction d’habitudes négatives (des pensées devenues des réalités quotidiennes), on ne voit tout simplement plus comment en changer, comment évoluer. L’acquisition de la confiance en soi passe par la discipline : il faut fermer son esprit aux choses que vous redoutez, aux pensées négatives. Pour être heureux et réussir dans la vie, il convient donc de se doter de principes solides. Ceux-ci vous gouverneront comme la loi de la gravité gouverne les corps physiques. En voici une troisième : Correspondance : votre monde extérieur reflète votre monde intérieur. Commencez par votre vie intérieure en identifiant clairement vos valeurs Les personnes ayant une bonne confiance en soi mènent leur vie en fonction de leurs valeurs : ils sont sûrs de ce qu’ils pensent et de la façon dont ils agissent. La fidélité à soi-même compte énormément. On appelle aussi cela l’intégrité, c’est-à-dire la capacité à respecter ses valeurs dans toutes les occasions. Quand vous avez un souci, un conflit, repensez-y. Êtes-vous intègre ? Respectez-vous vos propres valeurs ? Déterminez donc vos valeurs : c’est le premier pas. Elles doivent être très clairement identifiées et résumées en quelques mots simples. Vous pouvez les écrire sur des cartes que vous ferez plastifier et ainsi les avoir dans votre portefeuille ! Dans les affaires, les entreprises qui ont des valeurs très clairement identifiées enregistreraient des bénéfices jusqu’à 700 fois supérieurs aux autres, rappelle Brian Tracy dans Le pouvoir de la confiance en soi. Pour quelles valeurs travailleriez-vous d’arrache-pied ? À quoi vous consacreriez-vous entièrement ? À votre santé, à votre carrière, à Dieu, à la liberté ? La liste est longue. Comment identifier celles qui vous tiennent à cœur ? Un exercice : réalisez votre notice nécrologique ou votre éloge funèbre. Imaginez-vous vos amis, votre famille, rappelant qui vous étiez, ce que vous avez apporté à votre communauté, au monde ? Identifiez-vous à un "moi" que vous aimeriez profondément devenir et dont les gens pourraient se souvenir. Mettre par ordre de priorité et faire des choix Quelle est la valeur qui prime sur les autres ? À quoi sacrifieriez-vous le reste ? Il y aura toujours une multiplicité à ordonner et donc, un sacrifice à faire. Mais cela n’est pas négatif : cela vous permet de structurer votre esprit et vos émotions. En conséquence, vous faites aussi de meilleurs choix et vous agissez en étant mieux orienté. Un ordre que l’on retrouve souvent, du moins aux États-Unis et au Canada, est rappelé dans Le pouvoir de la confiance en soi :
Dieu La famille La santé La carrière
C’est à vous de hiérarchiser vos valeurs en fonction de vos aspirations et de votre expérience. L’intégrité est une valeur transversale L’intégrité vous permet de tenir ensemble vos valeurs et de les considérer comme non négociables. Si vous êtes intègre, vous vivez selon vos valeurs sans faire de compromis sur ce qu’elles sont ni sur leur ordre. Bref, l’intégrité désigne l’adhésion à ses propres valeurs. C’est l’intégrité qui vous oblige à agir selon ce que vous pensez et aussi à accepter la vie telle qu’elle est, plutôt qu’à fuir dans les faux-semblants. Vous pouvez alors être en paix avec vous-même. Vos valeurs ne s’expriment que dans vos actions En situation stressante, il n’est pas toujours facile d’agir conformément à ses valeurs. Pourtant c’est essentiel. L’obstacle permet de révéler vos valeurs et d’identifier votre degré d’intégrité et de force mentale. Vous pouvez savoir quelles ont été vos valeurs dans le passé en regardant honnêtement comment vous avez agi. Si vos actions suivent vos valeurs, vous vous sentez bien et votre confiance en vous-même augmente. Si, au contraire, vous délaissez vos valeurs au profit d’autres intérêts, alors votre confiance en vous dégringole. Selon Brian Tracy, voici une autre loi à laquelle il vous faudra prêter attention pour développer le pouvoir de la confiance en soi : Réversibilité : si vous agissez comme si vous aviez déjà une valeur, cette-ci va s’implanter en vous. C’est ce qui se traduit aussi dans le principe du "faire comme si" : vous pouvez accroître votre niveau de confiance en vous-même en vous persuadant, grâce à une sorte de jeu de rôle, que vous possédez déjà certaines qualités ou valeurs. À force de pratiquer ces valeurs de façon ludique, elles s’ancreront en vous "pour de vrai". Les clés de la confiance en soi : la maîtrise de soi et l’autodiscipline Profitez de toute occasion pour construire cette confiance en soi et agir en conformité avec vos valeurs. Plus l’obstacle (un échec, un revers, un problème quelconque) sera difficile à surmonter, et plus vous aurez besoin de force et d’autodiscipline pour agir de façon intègre. Mais plus la joie d’avoir surmonté l’obstacle ancrera la valeur à laquelle vous aspirez. C’est ce qu’on nomme le principe de résistance. Il en va de même pour la confiance en soi qu’en haltérophilie. Plus vous travaillez des poids lourds, et plus vos muscles grossissent et se fortifient. Ici, les muscles, ce sont vos valeurs ! Acquérir la force intérieure passe par un sentiment : être sûr que l’on pourra surmonter à nouveau un obstacle du même type que celui que l’on a déjà vaincu. Vous avez persévéré et vous avez surmonté la difficulté. Vous devez vous en convaincre. C’est un point clé sur lequel insiste beaucoup l’auteur du Pouvoir de la confiance en soi. Un exercice : trouvez les situations de votre vie où vous avez réussi à surmonter un obstacle et chérissez-les, en vous répétant que vous avez déjà été fort par le passé et que vous pourrez encore l’être.
Actions à mener
Lister les trois valeurs les plus importantes dans votre vie privée ; Trouver les trois valeurs qui vous caractérisent dans le travail et en affaires ; Faites la liste des trois personnes avec qui vous aimeriez passer l’après-midi ; Que leur demanderiez-vous ? Pourquoi voulez-vous les rencontrer ? Et pourquoi voudraient-elles, elles aussi, passer un après-midi avec vous ? Quelles sont les trois occasions lors desquelles vous avez vécu en conformité avec vos valeurs les plus importantes, alors que vous auriez pu faire des compromis ? Que feriez-vous, concrètement, pour que vos valeurs et vos actions soient davantage en harmonie ? Faites votre éloge funèbre !
Chapitre 2 : Résolution et pouvoir personnel Gagner en assurance et en compétence Dans Le pouvoir de la confiance en soi, l’accent est placé sur l’engagement dans les choses que l’on fait. Vous devez savoir que vous pouvez accomplir ce que vous entreprenez. Commencez par de petites choses, peu importe, mais soyez convaincu de votre aptitude à les réaliser. Peu à peu, fixez-vous des objectifs plus ambitieux, mais toujours en gardant ce même état d’esprit. À partir de vos expériences passées, dotez-vous d’une solide croyance en votre capacité à venir à bout de ce que vous vous proposez de faire. C’est une attitude ou un état d’esprit, plus qu’une simple pensée positive. Cette attitude doit reposer sur des faits, à savoir sur vos expériences antérieures et la manière dont vous les interprétez. Les lois mentales de la confiance en soi Tout au long du chapitre 2 du Pouvoir de la confiance en soi, Brian Tracy complète son énumération des lois qui permettent de comprendre comment fonctionnent les mécanismes de la confiance en soi et de la réussite. Les voici ici résumés : Effort indirect : ce qu’on obtient dans la vie arrive indirectement, comme l’aboutissement d’une démarche dans laquelle on s’était investi par ailleurs. Cause à effet : tout ce qui se passe dans la vie a une cause. Si vous répétez la cause, vous obtiendrez les mêmes effets. Attraction : nos pensées attirent l’objet de notre désir. Plus la pensée est précise, et plus on a des chances d’obtenir ce que l’on souhaite. Correspondance : le monde extérieur correspond au monde intérieur que l’on s’est façonné. Ensemencement : tout ce que vous semez aujourd’hui constituera votre réalité prochaine. Concentration : corollaire de la loi d’attraction — plus vous vous concentrez sur un objectif et plus celui-ci a de chances de devenir réalité. Substitution : une pensée en chasse une autre. Le conscient n’entretient qu’une pensée à la fois (soit négative, soit positive). Émotion : toute pensée conçue, toute décision prise ou toute action engendrée repose sur une émotion ou une autre. Les deux émotions principales sont la peur et le désir. Le subconscient admet mieux les pensées à forte charge émotionnelle. La loi de l'émotion, par exemple, permet de prédire que plus l’émotion sera forte, et plus le changement d’état d’esprit pourra être rapide. Une peur extrême, un désir extrême peuvent vous inciter à agir et à penser différemment en très peu de temps. Les émotions plus faibles génèrent des changements plus lents. Les quatre C de la confiance en soi Pour activer le pouvoir de la confiance en soi à partir de ces principes, souvenez-vous de ces quatre mots-clés :
Clarté : déterminez clairement ce que vous souhaitez réaliser et le genre de personne que vous voulez devenir. Conviction : assurez-vous fermement d’être capable d’accomplir tout ce que vous vous proposez de faire. Concentration : prenez la résolution de faire le nécessaire et tenez-vous-y. Acquérez aussi la volonté de payer à l’avance le prix de toute réussite à laquelle vous aspirez. Cohérence : décidez-vous à travailler vos objectifs chaque jour, matin, midi et soir, jusqu’à les atteindre.
Lorsque vous aurez lié les quatre C entre eux, vous serez certain de cheminer vers une confiance en soi inébranlable. Selon Brian Tracy, c’est la recette de base pour devenir impossible à arrêter et irrésistible dans toutes les sphères de la vie ! L’importance des objectifs Se donner des objectifs clairs et précis permet de commencer à mettre en œuvre les 4 C. Faites jouez les lois mentales en votre faveur ! Délivrez-vous, une bonne fois pour toutes, des accidents et du hasard. Donnez à votre vie un sens et une structure. Vous êtes en mesure de décider vous-même de l’orientation que prendra votre existence. Étape par étape, vous cheminerez alors vers le succès. Il s’agit sans doute de la compétence principale à acquérir. Sa mise en œuvre est simple : mettez par écrit les objectifs que vous vous fixez pour cette année. Écrivez de façon claire et précise, en étant convaincu de votre capacité à les réaliser. Votre subconscient mémorisera mieux les objectifs rédigés de cette façon :
À la première personne du singulier ("Je") Au présent de l’indicatif ("Je réussis") ; De façon positive (évitez les constructions en "ne… pas") ; Comme si l’action était déjà accomplie.
La peur et la zone de sécurité : les ennemis du changement La peur mine vos meilleures intentions et vos espoirs. Elle vous fait trébucher dans le vrai monde, alors qu’elle n’est que dans votre esprit ! Excuses, raisonnements fallacieux, tout est bon pour vous faire rester sur place. C’est aussi pourquoi beaucoup de gens pensent qu’écrire ses objectifs ne sert à rien. En fait, sans trace écrite, impossible d’échouer. La peur a gagné ! Elle vous a éloigné de la possibilité d’un échec. Conséquence fâcheuse : vous procrastinerez, vous vous justifierez… Retour au cercle vicieux. À l’instar de 87 % de la population, vous ne passerez jamais à l’action. La zone de sécurité ou zone de confort, est le lieu où l’on s’installe lorsqu’on est plus ou moins sûr d’avoir un niveau de performance acceptable dans tel ou tel domaine. Vous vous détendez, vous créez un sillon duquel vous ne voulez plus bouger. Tels sont les principaux domaines dans lesquels on invente des zones de sécurité :
Attitude et personnalité ; Réactions aux gens et aux événements imprévus ; Revenu et niveau de vie liés au travail ; Degré de forme mentale et physique.
Une fois pris dans une routine, vous résistez au changement : l’inertie vous absorbe. Le problème, c’est que cela crée souvent de l’ennui et de la frustration. Un sentiment d’inaccomplissement s’installe. Vous savez que vous pouvez plus et mieux, mais vous êtes devenu fainéant. Repensez-y : vous êtes dotés de capacités étonnantes ! Déployez-les ! Le célèbre psychologue Carl Roger a dit : "Chaque homme a le désir ardent et inné d’accomplir ses possibilités inhérentes" (cité par Brian Tracy dans Le pouvoir de la confiance en soi). Ascension à la grandeur personnelle Les personnes ayant le mieux réussi dans la vie sont celles qui croient qu’elles ont quelque chose de bien ou d’important à faire dans la vie. Elles ont un sens aigu de leur destinée et la conviction qu’elles peuvent agir pour l’accomplir. Elles refusent de négliger leurs capacités et de vivre en deçà de ce dont elles sont capables. Se fixer des objectifs est capital, car cela engage votre être vers la voie de l’amélioration. Une fois doté d’objectifs clairs et précis, vous avez envie d’exploiter ce qu’il y a de meilleur en vous pour les réaliser. "Tout commence par un stylo, un bloc-notes et vous" (Brian Tracy, Le pouvoir de la confiance en soi).
N’imaginez aucune limite Commencez par repousser les limites de votre créativité. Voyagez dans l’univers des possibles à la recherche de ce que voudriez obtenir dans les différentes dimensions de votre existence. Déterminez ce qui vous convient avant de déterminer ce qui est possible. Pour ce faire :
Composez une liste des rêves de tout ce qui vous plairait, clairement décrits. Pensez-y ardemment ; mettez-y de l’émotion, du désir.
Selon la loi d’attraction, écrire ses rêves sur le papier les rend déjà plus accessibles. L’univers, à partir de ce moment, concourt à vous aider. Votre subconscient se programme pour leur réalisation. Votre confiance en vous-même et votre sentiment de pouvoir le faire se renforcent. Quelques exercices mentaux pour se fixer des objectifs
Vous venez de gagner un million d’euros : que faites-vous de cette nouvelle liberté financière ? Quel est votre style de vie idéal (pays, région, type d’habitat, de relations, de travail, etc.) ? Il vous reste six mois à vivre : à qui/quoi les consacrez-vous ? Quels sont vos principaux soucis et problèmes ? Que faudrait-il faire pour qu’ils disparaissent ? Imaginez, pour chacun d’entre eux, un objectif qui résoudrait parfaitement la situation. Pensez à votre famille et vos relations. Comment parvenir à une plus grande harmonie ? Fixez des objectifs clairs et précis. Comment atteindre une santé physique et mentale parfaite ? Quel genre de personne voulez-vous devenir sur le plan professionnel et personnel ? Quels sont les éléments que vous pourriez mettre en place ?
"Avant d’avoir quelque chose, il faut d’abord être quelque chose" (Goethe, cité par Brian Tracy dans Le pouvoir de la confiance en soi). Répertoriez vos objectifs C’est l’étape qui suit logiquement ce remue-méninge des objectifs. Répertoriez-les selon les sphères de votre vie qui comptent pour vous. En général, les gens distribuent leur existence en six sphères, mais vous pouvez bien sûr élaborer votre propre méthode de classement :
Les objectifs financiers et matériels ; Ceux qui sont familiaux et personnels ; Tout ce qui a trait à l’éducation et à l’amélioration de soi ; La spiritualité ; Les objectifs en matière de santé et de forme physique ; Ce qui concerne la vie sociale et la communauté.
Mettez vos objectifs en ordre Maintenant que vous avez classé les objectifs selon les domaines de votre vie quotidienne, passez à la hiérarchisation. Quels sont ceux qui comptent le plus ? Le moins ? Définissez votre objectif principal défini dans chaque sphère. Qu’est-ce que l’objectif principal défini ? C’est le but dont la réalisation vous permettra d’atteindre de nombreux autres objectifs. C’est sur lui que vous devrez concentrer votre énergie mentale. Quand vous ferez un progrès dans ce sens, cela aura pour effet de booster votre confiance en vous-même durablement. La concentration sur cet objectif principal défini n’est pas facile, mais elle est primordiale. Mesurez les résultats, fixez-vous des échéances et récompensez-vous Vos objectifs doivent être mesurables. "Ce que l’on mesure s’accomplit" rappelle Tracy dans Le pouvoir de la confiance en soi. Choisissez par ailleurs une date limite réaliste, mais audacieuse. Si la tâche est importante, fractionnez-la en plus petites tâches mesurables et fixez-vous des échéances intermédiaires. Récompensez-vous lorsque vous atteint un objectif intermédiaire ou un objectif global. Faites varier le degré de la récompense en fonction de l’importance de la réussite ou de l’objectif accompli. C’est ludique et cela active votre désir ! Planifiez ! Une fois que vous aurez vos objectifs répartis par domaine et par niveau d’importance, que vous vous serez donné des échéances, planifiez leur réalisation en faisant des listes de choses "à faire", "en cours" ou "faites". Que ferez-vous en premier lieu ? Et en deuxième ?
"En faisant des projets, vous vous lierez aux 3 % des gens qui réussissent dans la vie et votre réussite sera pratiquement assurée" (Brian Tracy, Le pouvoir de la confiance en soi). Un conseil : gardez vos objectifs confidentiels. En parler fait souvent décliner la motivation. Cela affaiblit votre résolution : centrez-vous sur votre pouvoir et votre capacité à réaliser les choses que vous vous êtes promis d’accomplir ! Une technique simple : quelques conseils supplémentaires pour la prise de notes Cinq minutes par jour, écrivez dans un carnet à spirales. Commencez votre journée en notant les principaux objectifs à atteindre, comme on l’a vu plus haut. Pensez aussi à :
Utiliser des mots puissants, tels que : "Je gagne", "J’accomplis", "Je suis" ; Ne pas revenir sur vos objectifs de la veille.
Écrire est une activité psychoneuromotrice qui ancre les propos dans votre subconscient. Vous activez les lois mentales de l’attention, de l’attraction et de la correspondance. Exercices incitant à l’action Voici ce que préconise de faire Brian Tracy dans Le pouvoir de la confiance en soi :
Décidez aujourd’hui même ce que vous désirez obtenir de la vie. Fixez-vous des objectifs comme si vous n’aviez rien à respecter et que tout était possible. Faites la liste de dix objectifs que vous aimeriez atteindre au cours des douze prochains mois environ. Donnez à vos objectifs la forme d’une affirmation et rédigez-les au présent et à la première personne. Par exemple : "je gagne autant d’ici telle date". Fixez-vous des échéances pour chaque objectif puis donnez-vous des sous-échéances si nécessaire. Faites la liste de tout ce que vous devrez accomplir pour atteindre le but et organisez-en les éléments en ordre séquentiel et de priorité. Cette liste deviendra votre plan d’action. Passez votre liste en revue et demandez-vous : "si j’avais la certitude de réaliser n’importe lequel en moins de 24 heures, lequel influencerait le plus ma vie ?" Prenez cet objectif en tête de liste (objectif principal défini) et inscrivez-le au haut d’une nouvelle page au présent à la voix affirmative et de façon personnelle. Faites la liste de tout ce que vous pourriez faire pour atteindre ce but et organisez-le sous forme de plan et passez à l’action. Faites quelque chose chaque jour relativement à votre objectif principal. Déterminez de persévérer dans la poursuite de cet objectif jusqu’à ce que vous puissiez l’atteindre, et cela même si ça se corse. (Pouvoir de la confiance en soi.)
Chapitre 3 : Acquérir la compétence et la maîtrise de soi La confiance en soi, l’estime de soi et la compétence Pas de confiance en soi sans estime de soi. Celle-ci se définit comme "la réputation que nous nous accordons à nous-même" (Raphael Brandon). Elle diffère aussi de l’auto-efficacité qui désigne ce qu’on pense pouvoir faire dans une situation donnée. Avec une bonne estime de soi et de l’auto-efficacité, vous devenez confiant et impossible à arrêter ! Dans Vivre : la psychologie du bonheur, Mihaly Csikszentmihalyi explique que l’expérience optimale d’un individu en pleine possession de ses moyens est une forme de "high naturel" qui correspond à un état de plaisir extrême. Confiance en soi et compétence s’alimentent l’une l’autre. Plus vous êtes performant, plus vous prenez du plaisir et plus vous acquérez une forte confiance en vous-même. Atteignez le "high naturel" Seules vos croyances déterminent vos limites. Si vous vous estimez capable d’une chose (auto-efficacité) et que vous avez une bonne estime de vous-même, vous libérez votre potentiel et vous pouvez atteindre ce "high naturel". Ses caractéristiques ?
Perte de la conscience du temps et de l’espace ; Sentiment d’élargir vote horizon à chaque instant ; Vous ne vous demandez pas quand le travail s’arrête en regardant votre montre toutes les cinq minutes : au contraire, vous êtes absorbé et vous voulez travailler encore plus à améliorer vos capacités !
Pour parvenir à un tel état, il importe au plus haut point de trouver le métier qui vous correspond dans la vie. "Ce pour quoi vous êtes fait", comme on dit souvent. Cela peut arriver à tout âge. Dans Le pouvoir de la confiance en soi, Brian Tracy donne l’exemple de Grand-maman Moses qui a commencé à peindre à 75 ans ! Malgré cet âge et en raison de sa passion, elle est devenue l’une des peintres naïves les plus respectées des États-Unis. Une exposition en son honneur a même eu lieu pour ses 101 ans dans une grande galerie new-yorkaise ! Voici l'une de ses œuvres :
Se connaître soi-même Pour trouver votre voie, vous pourriez être amené à vous poser les questions suivantes :
Quels sont les talents ou les compétences qui vous paraissent aujourd’hui naturels ? Qu’êtes-vous parvenu à faire avec facilité, là où les autres peinaient ? Quelles matières scolaires et quelles parties de votre travail préférez ou préfériez-vous ? Que faisiez-vous avec le plus de fréquence et de goût entre 7 et 14 ans ? Quels sont les domaines de votre travail dans lesquels on vous reconnaît déjà des aptitudes particulières ? Quelles sont les activités qui vous procurent ce "high naturel" ?
Chaque personne est une combinaison tout à fait unique de talents, de compétences et d’inclinations qui font sa singularité. En découvrant la situation dans laquelle vous êtes le plus à l’aise, vous développerez au mieux vos capacités et vous apporterez la contribution la plus intéressante à l’ensemble de la société. Les quatre quadrants du travail Voici un autre exercice d’autodécouverte proposé par Brian Tracy dans Le pouvoir de la confiance en soi. La tâche est simple : remplissez chaque partie du tableau après avoir mûrement réfléchi chaque option. Répertoriez toutes les tâches que vous faites au quotidien (conduite, réparations, travaux intellectuels, tâches ménagères, etc.) et classez-les selon cette matrice. La tâche dans laquelle vous excellez se trouvera nécessairement dans le quadrant de ce qui est, pour vous, "facile à apprendre et facile à faire". Examinez votre parcours, concevez votre vie professionnelle et optimisez le rendement de votre énergie Deux autres questions peuvent vous aider :
Jusqu’ici, quelles sont les activités et les décisions qui ont le plus contribué à ma réussite ? Il s’agit sans doute de moins de 5 % de votre vie ! Comment vous voyez-vous professionnellement (tâches, salaire, genre de clients ou de collègues). Demandez aussi à des personnes de confiance où ils vous verraient travailler !
Une fois que vous avez établi cela clairement, décidez-vous à ne plus gaspiller votre énergie à autre chose. Demandez-vous encore :
Que devrais-je faire pour exploiter mon potentiel au maximum ?
Le travail n’a pas à être une peine. La vie est trop précieuse. Faites ce qui vous plait et ce qui vous intéresse. Votre confiance en vous-même grimpera en flèche ! Deux questions qui détermineront si vous occupez le bon poste Vous pouvez aussi réfléchir par la négative en vous demandant :
Si j’avais gagné ce million d’euros à la loterie, continuerais-je à travailler dans cette entreprise ou dans ce secteur ? Lorsque je travaille, est-ce que je regarde ma montre régulièrement pour savoir quand je commence et quand je termine ? Ce "test de l’horloge" vous permet de savoir si vous avez ou non le "high naturel".
Deux lois mentales qui structurent l’acquisition de l’excellence Dans le chapitre 3 de son ouvrage Le pouvoir de la confiance en soi, Tracy ajoute deux autres lois à connaître pour exceller. Addition : toute vie exceptionnelle dépend de l’addition d’efforts inaperçus et dont personne ne fait cas. Tout ce que nous faisons compte. Amélioration progressive : ce qu’on accomplit s’accumule et se multiplie en gagnant de la force et du pouvoir au fil des mois et des années (loi appelée aussi effet cumulé par Darren Hardy). Brian Tracy compare la vie et la réussite en particulier à un tableau des comptes. Toute action porte un débit ou un crédit sur le tableau. C’est en ce sens que rien n’est neutre et que tout compte : soit une action vous éloigne de votre but (débit), soit elle vous en rapproche (crédit). Plus vous engrangez d’expériences positives (à votre crédit), et plus vous avez l’expérience de votre domaine. Vous devenez capable d’extraire une grande variété de schémas (patterns) vous permettant de résoudre des problèmes plus facilement ou d’agir dans des situations données avec plus d'efficacité. Vous serez aussi capable de prédire plus justement ce qui va se passer. Bref, le labeur accumulé "paie", comme on dit ! Cela correspond d'ailleurs à la fameuse règle 80-20 : 80 % des revenus vont à 20 % des gens qui ont su placer leurs efforts au bon endroit. "Votre objectif devrait être d’être le meilleur. Devenir une sommité dans votre domaine. Il vous faut en payer le prix et surmonter les obstacles pour exceller dans la carrière de votre choix" (Brian Tracy, Le pouvoir de la confiance en soi).
Atteignez le sommet en déterminant vos compétences clés Encore une fois, une bonne dose d’introspection est nécessaire. Normalement, vous bénéficiez de cinq à sept compétences de base ; celles avec lesquelles vous vous sentez le plus à l’aise. Attention, il vous faut aussi identifier vos compétences faibles. Ce point est capital, car une compétence faible pourra souvent décider de votre degré de réussite professionnelle. Divisez votre travail en composantes de base. Ensuite, évaluez-vous honnêtement. Notez-vous de 1 à 10 pour chaque compétence. Déterminez quelle est la compétence principale à acquérir à ce stade de votre carrière. Quelle est celle qui est la plus importante, aujourd’hui ? Procédez pas à pas, une compétence à la fois. Progressez dans celles qui risquent de vous poser problème et dans celles où vous êtes déjà bon, en vue d’y exceller. Posez-vous les questions suivantes :
Quelle est ma compétence limitative ? Qu’est-ce que je fais ou ne fais pas qui détermine la réussite et qui fait que je progresse dans mon travail ? Quel est le goulot d’étranglement dans mon travail ? Qu’est-ce qui vous limite ou vous empêche d’aller là où je voudrais aller ?
Pour exceller, trois règles simples Rappelez-vous que les compétences se travaillent et que vous êtes capable d’obtenir un bon niveau, voire un degré excellent de maîtrise, dans celles que vous aurez choisi d’acquérir ou d’améliorer. À partir de là :
Réinvestissez 3 % de vos revenus en vous-même : Lisez une heure ou plus dans le domaine de votre choix en prenant des notes (lire, souligner, transcrire les passages soulignés dans un carnet et mémoriser) ; Profitez des temps morts comme les embouteillages pour écouter des enregistrements audio sur les sujets qui vous passionnent.
Privilégiez la compétence qui risque de devenir la plus rentable pour vous ! Selon la loi de l’effort indirect, cet investissement augmentera aussi votre estime de vous-même et votre confiance personnelle. Quelques exercices pour agir
Prenez la décision d’exceller dans ce que vous faites. Faites un plan d’action et travaillez-y chaque jour. Découvrez les tâches qui vous plaisent le plus et trouvez un moyen de vous y consacrer de plus en plus. Déterminez les tâches qui au cours de votre carrière, sont les plus faciles à apprendre et les plus faciles à accomplir. Puis cherchez comment les réaliser en plus grand nombre et plus souvent. Distinguez les domaines clés de votre travail et évaluez vos compétences dans chaque domaine. La compétence clé la plus faible déterminera l’ampleur de la réussite. Trouvez la compétence en particulier qui influencerait le plus positivement votre carrière. Élaborez un plan d’apprentissage continu pour vous-même : engagez-vous à vous améliorer dans ce que vous faites.
Chapitre 4 : Le jeu intérieur de la confiance en soi Le pouvoir de la foi La confiance en soi résulte de jours, de semaines, de mois marqués par le travail. Plus vous êtes sûr et satisfait de ce que vous avez réalisé, plus vous êtes confiant et heureux. La foi — ou la ferme croyance en vos valeurs — vous permet d’agir dans l’incertitude. C'est l'idéal pour gagner en assurance ; désormais, vous pouvez faire avec les changements, les revers inattendus et les échecs éventuels. Loi de la foi : On voit ce que l’on croit. Le monde extérieur épouse le schéma de nos croyances. Quelle que soit la croyance (même erronée), celle-ci peut vous remettre à flot en cas de péril. C’est pourquoi la première personne à convaincre d’adopter une croyance, c’est vous-même. Persuadez-vous de la justesse de votre position. Entraînez votre mental comme un muscle : bien préparé, celui-ci vous viendra en aide au moment opportun. Les pouvoirs de la suggestion et de l’autosuggestion La suggestion ou l’influence suggestive est la tentative, venue de l’extérieur, de vous faire intégrer des croyances. Une foule impressionnante de sources diverses cherche à vous dire ou à vous faire croire certaines choses : de la famille à la télévision, en passant par les collègues. Demandez-vous : ces influences sont-elles conformes à ce que je veux être ? Si vous répondez par la négative, alors apprenez à maîtriser votre environnement suggestif. Empêchez des croyances non voulues de pénétrer votre subconscient. Dans le cas contraire, vous vous contentez de réagir aux stimulations, et vous "ingérez" un grand nombre de croyances potentiellement nocives pour vos projets. Il en va sensiblement de même pour les émotions. Vous avez acquis des réflexes conditionnés depuis votre enfance : certaines situations vous touchent immanquablement d’une manière ou d’une autre. Les autres peuvent jouer avec ces émotions ; par exemple, dans le couple, car l’autre sait sur quel "point sensible" appuyer. Déterminez les facteurs qui vous bouleversent (cela peut aller des embouteillages à des choses plus graves). Faites-en la liste. Prenez consciemment la décision de croire que vous n’y réagirez pas si violemment la prochaine fois. Décidez pour vous-même de réagir positivement. C’est aussi une forme de suggestion, puisque vous vous programmez volontairement à agir de telle ou telle manière. Elle est liée à la loi de substitution (une pensée positive ou négative à la fois dans l’esprit). Vous pouvez en user à la façon d’un jeu et chaque fois que vous êtes mis au défi, dites-vous au moins deux fois : "Toute situation est positive si je la perçois comme une occasion de grandir et de me maîtriser" (Brian Tracy, Le pouvoir de la confiance en soi).
Prenez les commandes de votre vie L’auteur aborde ici un point clé de son ouvrage : pour avoir confiance en soi et réussir dans l’existence, quel que soit le domaine qu’on se choisisse, il est primordial d’accepter la responsabilité de ce que vous pensez, dites et faites. "Personne ne peut vous faire sentir inférieur sans votre consentement", a dit Theodore Roosevelt. Personne ne viendra non plus à votre rescousse. "Accepter pleinement la responsabilité de soi-même est la base pour commencer à agir par soi-même" (Le pouvoir de la confiance en soi). Devenir mature passe par cette acceptation, qui implique aussi de prendre clairement conscience que chaque action possède une série de conséquences directes et indirectes. C’est pourquoi la prudence est importante. Cela n’a rien à voir avec l’inaction. Au contraire, l’inaction elle-même a des conséquences qui peuvent devenir fort fâcheuses ! Parlez-vous à vous-même de façon positive Une fois que vous aurez compris qu’il est possible de vous auto-influencer et que vous accepterez l’idée d’être l’unique responsable de votre existence, alors vous pourrez passer maître dans l’art du contrôle cognitif. Le contrôle cognitif consiste à se parler à soi-même de telle sorte à gérer ses émotions. Pour cela, il faut commencer par interpréter correctement — c’est-à-dire positivement — les événements qui surviennent dans votre existence. Devenez un "paranoïaque inverse" : imaginez-vous que tout ce qui vous arrive complote à vous faire découvrir de précieuses choses ! Loi des attentes : ce qu’on attend avec assurance produit un effet pygmalion, c’est-à-dire une amélioration autoréalisatrice. Napoleon Hill est le grand chantre d’une telle pensée et est abondamment cité par Brian Tracy. Répétez-vous par exemple "J’en suis capable" plusieurs fois par jour (vous pouvez aller jusqu’à 100 fois). Jouez avec la substitution : à chaque pensée négative, une pensée positive : "Je peux le faire", "Je m’aime", "Je suis confiant". Ou encore : "Je crois à l’issue parfaite de toutes les situations de ma vie" (Stone et Hill, Le succès par la pensée constructive, cité par Brian Tracy dans Le pouvoir de la confiance en soi). De façon identique à la rédaction de vos objectifs, ces pensées doivent répondre aux caractéristiques suivantes, que Tracy résume par la "règle des trois P" :
Positive ; Personnelle ; Au présent de l’indicatif.
Vous pouvez également mettre ces pensées par écrit, au feutre, sur des fiches, comme pour les valeurs et les objectifs. Visualisation et répétition mentale En plus de vous dire ou de vous écrire des phrases positives, vous pouvez utiliser la visualisation. Cela consiste à se représenter très clairement en train de devenir ce que l’on veut devenir (ou de faire ce que l’on veut faire). Le subconscient associe ces images à quelque chose de réel et provoque en vous les émotions correspondantes. Envisagez un événement potentiellement stressant en le faisant dérouler comme s’il se passait parfaitement bien. Un coup de téléphone important, un rendez-vous, un travail important à rendre ou à présenter ; quoi que ce soit. Pensez mentalement que la tâche est brillamment accomplie et prenez un petit temps, les yeux fermés, pour concevoir que vous pouvez exceller dans cette tâche en toute sérénité. Vous pouvez également aller plus loin. Inondez votre esprit des sensations liées à vos objectifs. Vous voulez cette voiture ? Allez l’essayer chez le concessionnaire. Imaginez-vous la conduire, sentez le plaisir du toucher, de la vitesse. Notons que c’est d’ailleurs ce à quoi vous incitent les publicités ! Un autre exercice mentionné par Brian Tracy dans Le pouvoir de la confiance en soi se nomme "la fin du film" : imaginez-vous que vous savez avec certitude comment se dénoue une situation. Vous avez le sentiment de "fin du film" et donc, plus aucune crainte sur le déroulement en cours. Nourrissez votre esprit D’autres techniques de renfort mental peuvent être utilisées. Vous pouvez choisir les influences suggestives que vous décidez de laisser vous pénétrer. Choisissez vos enregistrements audio, vos livres, vos formations, vos revues… Choisissez aussi les personnes que vous fréquentez. Apprenez à attirer les gens qui vous plaisent, des gens positifs dans votre existence. La loi de l’attraction jouera en votre faveur : plus vous serez positif et plus les gens positifs viendront à votre rencontre. À l’inverse, les personnes négatives vous tourneront le dos, et cela sera mieux ainsi. Votre environnement humain se recomposera progressivement en fonction des pensées et des actions positives que vous mettez en œuvre. On retrouve ici le cercle vertueux, lié aux lois de l’accumulation et de la réversibilité. Agissez sans cesse Ne soyez pas parmi les "parleurs" : ils sont déjà bien trop nombreux. Les personnes qui réussissent sont celles qui passent à l’action. Il ne suffit pas de mettre vos projets sur papier, il faut y travailler et sauter sur les occasions quand celles-ci se présentent. Le projet clarifié et planifié est déjà de l’action, mais il faut tout faire pour le concrétiser. C’est uniquement en agissant de la sorte que le pouvoir de la confiance en soi s’allumera et alimentera votre vie. Quelques exercices (rappels) pour passer à l’action
Créez-vous une image claire et enthousiasmante de votre objectif le plus important comme si vous l’aviez déjà atteint, et cela dans les moindres détails. Chaque jour, agissez comme si vous étiez déjà la personne positive, prospère que vous serez. Exercez-vous à la répétition mentale avant chaque événement important. Fermez les yeux, inspirez et représentez-vous une réussite complète et attirez le sentiment de calme et d’assurance auquel vous aspirez. Prenez la résolution d’assurer dès maintenant la responsabilité complète de votre vie : pour tout ce que vous êtes aujourd’hui et tout ce que vous deviendrez à l’avenir. Écrivez vos objectifs sur des fiches et repassez les deux fois par jour jusqu’à aboutir à une programmation mentale complète. Décidez de vous associer à des personnes positives et faites sortir les personnes négatives. Chaque jour, nourrissez votre esprit avec des conversations, des enregistrements audio, des livres positifs (Brian Tracy, Le pouvoir de la confiance en soi).
Chapitre 5 : Tirer parti de ses forces Votre sphère d’excellence Vous connaissez l’adage "C’est en forgeant qu’on devient forgeron". Eh bien, c’est à peu près ce que prône aussi Brian Tracy dans son ouvrage sur la confiance en soi : pratiquez pour exceller. N’ayez pas peur des obstacles et des difficultés : au contraire, c’est à leur contact que vous en apprendrez davantage. Bien sûr, il ne faut pas bûcher au mauvais endroit (ou forger si l’on ne se sent pas forgeron) ! Trouver sa sphère d’excellence est primordial afin d’éviter de longs efforts inutiles. Quels sont les gens, les choses, les événements qui retiennent votre attention ? Cela en dira long sur votre constitution mentale et sur les domaines qui vous plaisent. Vous devez faire des efforts dans les domaines qui vous intéressent le plus. Cela est surtout vrai au niveau du travail. Cela requerra de vous la pratique de deux vertus : l’intégrité (honnêteté envers soi-même) et le courage (force d’esprit pour aller là où vous souhaitez). Suivez donc votre cœur quoi qu’il en coûte ; chemin faisant, compensez vos faiblesses et maximisez vos forces. Ne cédez pas au complexe d’infériorité, à la peur ou au pessimisme. Demandez-vous plutôt : qu’êtes-vous le seul à pouvoir faire pour améliorer votre situation, si vous vous y prenez bien ? Il est tout à fait normal de passer par de longues phases creuses où l’on se cherche, et d’autres où l’on est extrêmement concentré sur son travail. Ces étapes sont nécessaires et font partie du processus d’augmentation du bien-être et de la confiance en soi. Agissez comme une entreprise "Vous êtes le président de Vous Incorporated", affirme Brian Tracy dans Le pouvoir de la confiance en soi. Il donne quelques conseils pour agir vis-à-vis de soi-même comme si l’on était une entreprise. Imaginez-vous dans un environnement concurrentiel :
Qu’est-ce qui vous réussit bien à l’heure actuelle ? Où pouvez-vous concentrer vos ressources pour faire la différence ? Comment utiliserez-vous vos actifs de façon planifiée ? Quel est votre domaine d’avantage concurrentiel ?
Ce sont des questions à se poser tout au long de sa carrière. Pourquoi ? Car les compétences deviennent vite désuètes. Il faut vous adapter, trouver de nouveaux filons, sans quoi vous serez doublé par un concurrent. Pour prendre la responsabilité de votre carrière et grimper les échelons, vous devez donc savoir précisément en quoi vous excellez et vers quoi vous tourner. Si vous l’ignorez, n’hésitez pas à faire des tests et éventuellement à consulter un psychologue industriel. Il vous aidera à examiner les dimensions de votre personnalité et à repérer vos forces et vos faiblesses. Parmi d’autres, la méthode DISC, qui est une célèbre méthode de recrutement, vous permettra de cerner ce que vous aimez faire, quelles sont vos valeurs et les travaux à effectuer dans les secteurs qui vous plaisent. Mais pour Brian Tracy, le plus simple est encore de répondre à quelques questions avec un simple stylo et une feuille de papier. Dans Le pouvoir de la confiance en soi, il propose un exercice en trois temps. Analyse et révélation de soi La première partie de l’exercice consiste à analyser ce que vous avez déjà réalisé et quelles sont les responsabilités que vous avez déjà assumées. Ne cherchez pas de grandes choses : listez simplement toutes les tâches qui vous viennent à l’esprit. Vous prendrez conscience de tout ce que vous savez déjà faire ! Mentionnez aussi tous vos rôles actuels, du lever jusqu’au coucher : parent, amant, lecteur, vendeur, etc. Rendez votre liste la plus exhaustive possible en la complétant au niveau d’une journée, d’un mois et d’une année. Répertoriez vos rôles et vos activités La deuxième partie de l’exercice consiste à répertorier les fonctions accomplies en fonction de sa catégorie d’appartenance. Pour le rôle parental, par exemple : aller chercher les enfants à l’école, leur préparer à manger, les aider pour les devoirs, etc. Quelles sont les priorités dans chaque catégorie ? Quelle est la fonction qui compte le plus ? Et la deuxième ? Si vous partiez sur une île déserte, quels sont les fonctions et les rôles que vous emporteriez ? Et si vous ne pouviez en choisir qu’un ou une ? Cela vous donnera une image claire de ce que vous êtes à l’heure actuelle. Posez-vous toutes les questions suivantes :
Que dois-je faire dans chaque domaine pour en tirer plus de satisfaction et de plaisir ? Que dois-je faire plus fréquemment ou moins souvent ? Dans quoi dois-je me lancer ou de quoi dois-je me retirer ? Qu’est-ce qui importe le plus et le moins dans chaque catégorie ? Si je devais choisir entre les différentes choses que je fais, sur quoi baserais-je mon choix ?
Pour compléter cette partie de l’exercice, n’hésitez pas à demander à des personnes de confiance dans quel domaine ils vous verraient bien. Parfois, ils voient mieux que nous nos forces et nos faiblesses. Déterminez ce qui vous motive C’est la troisième et dernière partie de l’exercice à accomplir. Selon le psychologue David McClelland de Harvard, cité par Brian Tracy dans Le pouvoir de la confiance en soi, il existe trois profils motivationnels majeurs :
Le productif : il tire sa satisfaction d’une activité individuelle (sport, études, art, autoentrepreneuriat, etc.) ; Le leader : il se plait à faire faire des choses aux autres et à les influencer (entraînement sportif, direction d’entreprise, etc.) ; L’affilié : il aime collaborer en harmonie avec d’autres au sein d’une équipe, obtenir et donner du soutien aux autres (associatif, travail d’équipe).
Pour savoir ce qui vous motive par-dessus tout et trouver votre profil, répondez à ces questions :
Quelle est l’activité dans laquelle je profite le plus, actuellement ? Qu’ai-je fait par le passé qui m’a donné le plus d’estime de soi ? Quelles ont été les expériences les plus exaltantes de ma vie ?
Acceptez vos faiblesses C’est un fait, personne n’est parfait ! Pour apprendre à identifier et à accepter vos faiblesses, dites-vous :
Peut-être ma faiblesse vient-elle d’une situation qui ne me correspond pas (l’une de mes compétences s’est transformée en incompétence) ; Il se peut que la critique fasse partie intégrante de mon travail et que je doive m’attendre logiquement à recevoir des remarques qui viseront à m’améliorer encore davantage ; Je suis peut-être quelqu’un d’hypersensible. Cela est dû à mes expériences nocives du passé, mais je suis capable de m’en défaire ; Je devrais éventuellement revoir certaines matières pour lesquelles j’ai été peu ou pas éduqué.
Pensez aussi que certaines compétences ne comptent simplement pas pour vous. Si vous n’avez nul besoin de savoir parler en public, n’allez pas vous fâcher que quelqu’un vous le reproche ! Par contre, si vous identifiez correctement certaines faiblesses, cela vous signalera quels sont les domaines où ne pas vous engager. Le plus important est de se rappeler que chaque personne a son lot de forces et de faiblesses. Dédramatisez celles-ci et optimisez celles-là. C’est tout ce qui compte et c’est la voie qui mène aux sommets ! Exercices incitant à l’action Comme dans chaque chapitre, Brian Tracy récapitule les exercices à accomplir pour activer le pouvoir de la confiance en soi :
Décidez dès aujourd’hui d’en venir à exceller dans ce que vous faites et à être dans les dix pour cent les meilleurs de votre domaine. Déterminer les compétences les plus importantes que vous possédez, celles qui contribuent le plus à vous faire exceller dans l’exercice de vos fonctions. Déterminer vos forces et vos capacités naturelles. Quels sont les emplois et les tâches bien accomplies et celles qui vous plaisent le plus ? Quel est votre avantage concurrentiel ? Que faites-vous mieux que tout le monde ? Qu’est-ce que cela pourrait être à l’avenir ? Quel genre de travail vous motive le plus, quelle activité vous procure le plus de satisfaction ? Dans quel domaine rentabilisez-vous le plus votre énergie ? Que faites-vous pour améliorer les choses pour vous-même et votre entreprise ? Prenez le temps de réaliser un ou plusieurs exercices de ce chapitre : démontrez-vous que vous faites le bon entraînement pour vous-même !
Chapitre 6 : Triompher de l’adversité
L’habitude de la réalité Les gens prospères ne s’échappent pas hors du monde : ils connaissent la réalité et affrontent l’adversité avec bravoure. Ils ont une connaissance positive de soi. Dans Le pouvoir de la confiance en soi, Brian Tracy préfère parler de connaissance positive plutôt que de pensée positive, et c’est justement pour cette raison. Comme l’a dit Robert Anger dans Million dollars habits, la plus importance de toutes les habitudes est l’habitude de la réalité. Autrement dit, il faut savoir que les problèmes seront inévitables. Et il faut les accepter dès le départ. Une seule solution : travailler et planifier. La persévérance : tel est ici le maître-mot. Comme des chercheurs de Standford l’ont démontré, pour grimper les échelons de la réussite, il faut savoir non seulement être capable de jouer en équipe, mais aussi savoir gérer les crises en se réveillant à 4 heures du matin s’il le faut. Cela est vrai des entreprises ; cela est vrai pour vous au niveau individuel également. Les personnes qui réussissent règlent leurs problèmes de façon plus efficace ; mais ils ont aussi des problèmes ! La théorie défi réaction Arnold Townbey a écrit sur les cycles de vie des civilisations. Il a étudié la manière dont 26 grandes civilisations se sont développées puis ont décliné. Il remarque une constante : de petits groupes se développent à partir de défis qu’ils réussissent à surmonter. Plus les défis surmontés sont gros, et plus le groupe grossit et s’affermit. En réalité, les défis sont aussi les créations du groupe lui-même qui, en grossissant, est capable de "s’attaquer" à des problèmes nouveaux. Cela se poursuit jusqu’au jour où le groupe — devenu, pays ou civilisation — se met à succomber aux défis qu’il a lui-même en partie engendrés. Adversité et développement du caractère Cette théorie s’adapte à votre vie. Attendez-vous aux crises, préparez-les et même, voyez-les comme des occasions de grandir. Cette façon d’appréhender les choses vous donne de la motivation. Vous avez envie d’affronter les problèmes et de les résoudre. Vous avez acquis des manières de réagir au cours de votre expérience. Certaines d’entre elles sont positives et d’autres négatives. Les habitudes nocives peuvent être transformées : votre caractère peut évoluer au fil du temps, avec du travail. Bien sûr, la réaction la plus normale consiste à minimiser les imprévus, à éviter l’adversité. Et c’est une bonne chose. Mais attention : la prévoyance ne doit pas devenir une illusion ("Il ne se passera jamais rien de mauvais…"). Anticiper les revers vous évitera de perdre pied sur le plan émotionnel. Vous devez vous convaincre que les échecs et les déceptions font partie de la vie (principe de réalité) et qu’elles ne remettent pas fondamentalement en cause ce que vous êtes, vos compétences et votre confiance en soi. Doublez votre taux d’échec Puisqu’on réussit en échouant, apprenez à échouer davantage et plus souvent ! Brian Tracy le rappelle opportunément dans Le pouvoir de la confiance en soi : vous pouvez échouer dix fois et réussir à la onzième. Les dix fois précédentes apparaitront alors comme des préparations, des échecs fructueux vous ayant permis d’apprendre tout ce qu’il vous fallait savoir pour enfin arriver là où vous le souhaitiez. Thomas Edison est l’exemple type de ce type de procédé : avant de mettre en vente une ampoule qui fonctionnait parfaitement, il a réalisé d’innombrables essais. Les échecs sont comme les fondations qui vous permettent de vous élever plus haut. Osez prendre des risques intelligents !
Planifier votre avenir Quelques questions utiles à se poser :
Regardez la route à parcourir et demandez-vous ce qui pourrait mal tourner dans les six ou les douze prochains mois. Listez ces impondérables probables pour chaque domaine considéré. Attendez-vous à avoir quelques baisses de productivité et préparez-vous à l’absorber. Comment ferez-vous ? De quoi ou de qui dépendez-vous trop ? Comment vous prémunir de quelque chose ou de quelqu’un qui risque de vous poser problème ? Quelles sont les solutions aux problèmes que vous avez en tête ?
Ne perdez pas de temps à incriminer les autres, cherchez les solutions ! Et surtout, n’envisagez jamais la possibilité d’un échec définitif ! Seules la persévérance et la confiance en votre capacité à réussir vous permettront de venir à bout des revers qui ne manqueront pas de survenir. Exercices incitant à l'action
Déterminez une adversité majeure avec laquelle vous avez composé et dont vous vous êtes remis. Tirez-en la leçon : en quoi cela a-t-il fait de vous une meilleure personne ? Que pourrait-il vous arriver de pire vous ou votre entreprise ? Que pouvez-vous faire pour minimiser dès maintenant les effets si cette chose devait se produire ? Quelles sont les trois pires choses qui pourraient survenir dans votre vie privée et familiale ? Que pouvez-vous faire pour vous y préparer ? Comptabilisez les quatre grandes erreurs que vous avez faites ; qu’en avez-vous tiré comme leçons ? Quelle serait votre façon de réagir à votre pire problème, aujourd’hui ? Dans quel domaine devriez-vous vous préparer à agir et cesser de courir des risques ? Quelle action entreprendre vous pour surmonter vos peurs et aller de l’avant ?
Chapitre 7 : La confiance en soi en action Intelligence et compétence L’intelligence désigne la capacité à déterminer ce qui vous limite et à vous donner des objectifs pour aller de l’avant. La compétence est le moyen par lequel vous éliminer la limite. Visez un but simple, légitime et utile et consacrez votre temps à l’atteindre. Essayez, reprenez-vous, n'ayez plus peur d'échouer. Plus vous vous engagez, plus vous tentez et plus vos chances de réussite croitront de façon exponentielle. C’est là que réside le pouvoir de la confiance en soi. Souvent, le manque de confiance en soi est la limite principale. On se sent inférieur, incapable. Mais toutes ces limites sont des limites mentales. Pour remporter votre combat avec vous-même, musclez votre esprit, devenez compétent en matière d’exercices mentaux ! Une fois réglé le problème de l’autolimitation, les autres problèmes sembleront se résoudre d’eux-mêmes ou, du moins, ne poseront plus de difficulté majeure et insurmontable. Dans ce chapitre conclusif de Le pouvoir de la confiance en soi, Brian Tracy élabore son propre storytelling : il relate son histoire en montrant combien d’échecs il a été capable de surmonter et comment il en est arrivé là aujourd’hui. C’est une histoire classique de self-made man à l’américaine. Je ne m'étend pas ici sur ce point. Trois grandes idées L’auteur en ressort trois grandes idées qui ont jalonné tout l’ouvrage :
La responsabilité pour toute sa personne et pour tout ce que l’on deviendra ; La conviction qu’on peut changer sa situation en travaillant sur soi-même et en apprenant ; La détermination et la réalisation de ses objectifs et de ses échéances.
Ces idées donnent l’axe principal de l’ouvrage. Avec les lois évoquées dans les premiers chapitres, elles permettent de structurer sa vie en fonction de règles précises pour augmenter sa confiance en soi. Ne laissez pas votre vie aller au hasard ! Choisissez la vie que vous méritez. Pour l'atteindre, persuadez-vous de ces règles et faites des exercices. Surtout, commencez par ancrer la confiance en vous-même dans votre subconscient grâce aux méthodes explorées dans ce livre. Les quatre D de la réussite Vous possédez bien plus de qualités que vous ne le pensez peut-être. Partez à l’aventure ; explorez-les ! En guise de post-it mnémotechnique, Brian Tracy fournit également cette liste de quatre termes à retenir :
Désir : vous avez envie d’être sûr de vous-même et de travailler, de parler, d’intensifier votre désir de vaincre la peur de l’échec. C’est l’émotion dominante qui gouverne votre conduite. Décision : vous vous exercez de façon décidée jusqu’à obtenir ce que vous souhaitez. Vous agissez au lieu de parler. Vous êtes résolu à passer à l’action. Détermination : vous persévérez en refusant de revenir à votre zone de confort. Vous adoptez peu à peu tous les comportements positifs et constructifs qui vous sont utiles. Discipline : vous faites ce que vous devez quand vous le devez ; vous faites preuve d’autodiscipline pour atteindre vos objectifs.
Connaissance positive vs pensée positive La confiance en soi désigne le sentiment profond qu’on est capable de faire telle ou telle chose. Elle se fonde sur le vécu et non seulement sur des idées. C’est pourquoi on peut parler de connaissance positive, plutôt que de pensée : "Je sais que je peux y arriver", parce que je me suis analysé et que je connais mes aptitudes. Le pouvoir de la confiance en soi se termine par l’énumération des cinq qualités essentielles à la réussite aux États-Unis. Celles-ci recoupent tout ce qui a été vu dans le livre.
Le bon sens : l’expérience accumulée au cours de votre vie, qui implique de réfléchir régulièrement à ce qui vous arrive de bon et de mauvais ; L’expertise : à savoir le sentiment, acquis grâce à l’effort, d’être l’un des meilleurs ou le meilleur dans ce que l’on fait ; L’autonomie : c’est-à-dire la responsabilisation et la capacité à trouver par soi-même la réponse aux questions qu’on se pose ou aux problèmes qui viennent à nous ; L’intelligence : ce n’est pas le QI, mais la détermination d’objectifs et la mise en place des moyens pour y parvenir. L’orientation vers les résultats : la recherche du rendement et le sentiment d’urgence face à l’action.
Quelques exercices incitant à l’action
Prenez la résolution d’agir comme si vous aviez toute la CS qu’il est possible d’avoir. Dites le fond de votre pensée et persévérez. Mettez par écrit vos trois objectifs les plus importants, puis les démarches pour réaliser ces objectifs et passer à l’action immédiatement par rapport à une au moins des démarches Déterminez vos tâches les plus importantes dans le cadre du travail et travaillez à ces activités la plupart du temps Imaginez-vous au sommet de votre art, calme et sûr de vous. Optimiste. Et repassez-vous cette image quelques fois au cours de la journée. Engagez-vous à vous perfectionner continuellement sur les plans personnels et professionnels. Acceptez intégralement la responsabilité de ce que vous êtes et de ce que vous deviendrez. Refuser de reprocher quoi que ce soit à qui que ce soit. Décidez de ne jamais baisser les bras. Persévérez jusqu’à surmonter tous les obstacles.
Conclusion de “Le pouvoir de la confiance en soi : Devenez impossible à arrêter, irrésistible et audacieux dans toutes les sphères de votre vie“ Ce qu’il faut retenir de “Le pouvoir de la confiance en soi“ On retiendra surtout l’idée qu’il faille entretenir son mental comme on entretient son corps, ainsi que le principe selon lequel on peut changer, même si on a eu une expérience difficile et qu’on a pris de mauvaises habitudes. De nombreuses illustrations concernent des choses extrêmement matérielles telles que : avoir une nouvelle voiture, devenir milliardaire, etc. Heureusement, on trouve aussi quelques exemples de réussites artistiques et intellectuelles. De façon très pratique, le lecteur pourra retenir de ce livre les quelques moyens mnémotechniques (les quatre D de la réussite, par exemple) et surtout il pourra s’atteler à réaliser les nombreux exercices proposés, en les adaptant à sa propre situation. Rappelez-vous qu’un peu de temps, de la réflexion, un carnet et un crayon suffisent à vous lancer dans l’aventure ! Points forts :
Une foule d’exercices que chacun peut faire avec peu de moyens ; Des moyens mnémotechniques pour mémoriser certaines règles essentielles ; Un style clair et pédagogique.
Points faibles :
Une focalisation sur l’entrepreneuriat et sur l'american way of life ; Les répétitions des mêmes idées.
Ma note :
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June 17 2021, 5:00pm
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Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail
Résumé de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" de Cécile Bost : dans ce livre, Cécile Bost développe les challenges et décalages que rencontrent les surdoués dans leurs relations et quotidien au travail. Elle leur apprend comment dépasser les crises pour enfin vivre sereinement leur surdon, et même en faire un véritable atout professionnel. Par Cécile Bost, 2016, 224 pages. Chronique et résumé de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" de Cécile Bost
Introduction L’auteure, Cécile Bost, commence son livre en expliquant à quel point il est capital, pour les surdoués, de mieux se comprendre. Dans cet objectif, elle souligne que deux points essentiels doivent être considérés. le surdon est :
Une réalité neurophysiologique : ainsi, le surdoué possède un mode de fonctionnement qui lui est propre.
Un "exhausteur de vie" : non pas un privilège, pas plus qu’un handicap.
Cécile Bost indique ensuite que son livre "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" est utile :
Au surdoué, car il l’aidera à :
Prendre du recul sur ce qu’il vit, à mieux saisir les mécanismes qui se jouent dans son surdon. Accepter ce qu’"être surdoué" signifie. Mettre en place des stratégies pour faciliter son quotidien.
Aux entreprises : il est stratégiquement intéressant, pour elles, de comprendre le mode de fonctionnement singulier des surdoués (attention, il ne s'agit pas de leur accorder un traitement particulier). Cela leur sera utile en termes de rentabilité comme de prévention des risques psychosociaux.
Chapitre 1 - Pourquoi parler des surdoués dans le monde du travail ? 1.1 - Définition du surdon Avant de tenter de définir ce qu'est le surdon et de nous en décrire les conséquences, l'auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" développe deux points essentiels :
Le surdon est une réalité neurophysiologique.
Le surdon :
est inné et reste présent durant toute la vie du surdoué. N’est pas un problème en soi, mais peut être source de difficultés : le surdon est plus ou moins bien vécu en fonction des acquis de chacun, de sa stigmatisation ou non pendant l'enfance, etc. ). N’est pas absolu : le surdon peut être "modéré" ou "extrême".
Il serait "dangereux" de définir le surdoué avec quelques termes académiques ou une liste de caractéristiques "fourre-tout".
1.2 - Des malentendus tenaces Beaucoup d’adultes surdoués s’ignorent, car les surdoués sont souvent identifiés à leurs seuls accomplissements. Or, l'auteure nous enseigne ici que ce sont, avant tout, des processus mentaux très spécifiques (intériorisation et ressentis) qui "font" le surdon. Autrement dit, "ce n’est pas parce que l’on est surdoué que l’on réussit pour autant brillamment dans la vie" (réussite entendue dans le sens de hautes études, bonne insertion dans la société, vie affective épanouie, excellents résultats en général…). Pour mieux comprendre, Cécile Bost définit une notion incontournable : la différence de synchronisation. Cette différence de synchronisation est le terme utilisé pour parler du décalage que vit le surdoué depuis sa naissance. Il comprend :
La dyssynchronie : tout petit déjà, le surdoué est en avance sur le plan moteur (marche, langage) ou intellectuel (lecture).
L’asynchronie : il s’agit du décalage entre maturité intellectuelle et maturité affective (un enfant de 5 ans peut avoir la puissance intellectuelle d’un enfant de 10 ans et les tempêtes émotionnelles d’un enfant de 2 ans). Ce décalage perdure à l’âge adulte et peut s’avérer dévastateur.
"Tous les surdoués ne sont pas des génies, comme tous ne finissent pas drogués et marginalisés, mais tous ressentent, à un moment ou à un autre, qu’ils sont différents…, parce qu’ils le sont vraiment." 1.3 - Les trois "traits ombrelles" du surdoué Les nombreuses idées reçues qui existent sur le surdon contribuent au fait que, bien souvent, le surdoué ne s’imagine pas surdoué. Le problème, c’est qu’il est très difficile de définir le surdon. Car jusqu’à aujourd’hui, il n’a fait l’objet d’aucun consensus. L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" commence alors par faire référence à Mary Elaine Jacobsen, une psychologue américaine, pour tenter une définition. Selon Mary Elaine Jacobsen, on peut distinguer un surdoué lorsque sont repérés, chez lui, les trois "traits ombrelle" suivants : l’intensité, la complexité et la motivation personnelle.
L’intensité
Cette intensité crée une différence, chez le surdoué, au niveau quantitatif. Elle se situe essentiellement sur le plan de sa sensibilité physique et émotionnelle.
Ses atouts : la sensibilité aux autres et l’empathie, un haut degré d’énergie (favorisant productivité, créativité, sentiment d’urgence), la curiosité, des facultés pour relever des challenges et prendre des risques, l’agilité verbale (rapidité, choix des mots, grand sens de l’humour), une grande concentration si le sujet l'intéresse.
Le revers de médaille : des surréactions, des maladies allergiques, un décalage de ressentis entraînant un sentiment d’étrangeté, une vulnérabilité, des agressions, du rejet, de l’anxiété, une fatigabilité, des émotions négatives (colère, frustration, tristesse), de l’impulsivité…
La complexité
Cette complexité crée une différence, chez le surdoué, au niveau qualitatif.
Ses atouts : cette complexité favorise l’intégration et le tri rapide des informations, l’hyperperceptivité, l’intuition, une mémoire exceptionnelle, une grande faculté d’adaptation et de polyvalence. Finalement, elle crée une personnalité originale, capable de proposer des solutions créatives et visionnaires dans des situations complexes.
Le revers de médaille : ce besoin permanent de challenge est source d’intransigeance, d’éparpillement. Par ailleurs, le fond est préféré à la forme, au risque d’une incompréhension de certaines réalités. Elle peut donc être à l’origine d’anxiété, d’une personnalité plus exposée au bore out, au rejet social, à une forme de dépression existentielle, à un grand besoin de justice mêlé à un sentiment de culpabilité.
La motivation personnelle
Selon Cécile Bost, le surdoué possède "une forme d’énergie […] qui pousse de l’intérieur et ronge de culpabilité quand on sent que l’on n’est pas à la hauteur de ses propres exigences".
Ses atouts : de la persévérance et un perfectionnisme qui porte à l’excellence, la curiosité, l’esprit d’innovation, le besoin de transmission, l’indépendance.
Le revers de la médaille : une impossibilité de s’arrêter qui ronge le surdoué et ne lui laisse aucun repos ("besoin de faire toujours plus, plus loin, mieux"), le risque de se déconnecter de certaines réalités, des autres, le sentiment d’insatisfaction permanent, l'auto-critique, le doute, un manque de confiance en lui, une exigence qui rend quasiment impossible le lâcher-prise, l’erreur, qui génère une frustration parfois jusqu’au burn out.
1.4 - Une construction identitaire parfois difficile L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" indique que le fait d’être surdoué "n’est pas un trait de caractère, ni même un trait de personnalité". À ce sujet, elle énonce trois idées principales.
Le surdon interagit avec l’environnement : le surdoué qui s’adapte positivement saura, adulte, faire face aux événements de manière saine. Ce ne sera pas forcément le cas de celui qui a manqué de stratégies ou a adopté des stratégies inadaptées.
Pour illustrer son propos, Cécile Bost cite ici les travaux de Terman qui ont mis en évidence deux grands groupes de stratégie d’adaptation :
Les intégrés/ conformistes, nés dans des familles aisées : leur surdon est intégré et utilisé au mieux (études supérieures, parcours sans heurt, voire prestigieux, entourage qui leur ressemble…)
Les marginaux, nés dans des familles d’origine modeste ou défavorisées : plus en mode survie, ces derniers évoluent dans un milieu qui ne les nourrit pas intellectuellement : leur environnement ne leur permet pas de partager leur appétit intellectuel. "On les ressent "bancals", il leur manque quelque chose" nous dit l'auteure (faibles possibilités d’évolution sociale et professionnelle, peu de diplômes).
L’auteure indique qu’un troisième groupe peut être rajouté (selon les travaux de Grady Towers) : les "laissés-pour-compte". Ces derniers concernent ces "enfants prodiges" qui, exploités pour leur talents par une famille en mal de reconnaissance, finissent par se révolter ou s’éteindre d’eux-mêmes.
L’intelligence seule ne présage pas forcément d'un succès à l’âge adulte.
Le psychologue Françoys Gagné souligne qu’au-delà de l’intelligence, entrent, en effet, en considération dans le succès futur d'un enfant :
Son environnement matériel et social, Son environnement affectif et son histoire traumatique, Le facteur chance.
Selon la stratégie sociale, l'attitude et les compétences développées au cours de leur vie, les surdoués adoptent différents comportements.
Cécile Bost se base sur les travaux de Mary Elaine Jacobsen pour décrire trois différents types de comportement. Le surdoué peut avoir un comportement :
"Équilibré" ⇒ celui-ci a su développer charisme, relations chaleureuses, créativité et confiance en soi qui lui permettent beaucoup d’accomplissements. "Exagéré" ⇒ celui-ci dissimule ses angoisses et son inadaptation sociale par la manipulation ou derrière un masque. "Effondré" ⇒ celui-ci est décrit comme excessivement passif, râleur, aigri, pessimiste, négatif et renfermé.
1.5 - Une estime de soi à géométrie très variable et une place difficile à trouver Selon Cécile Bost, l’estime de soi est souvent ce qui fait la différence entre "un surdoué sous-performant et un surdoué qui se réalise à la hauteur de son potentiel". Le problème, c'est que dans notre société, standardisation et pensée unique priment. Ainsi, cela ne favorise pas l'estime de soi du surdoué : "La singularité surprend et dérange […] l’indépendance d’esprit heurte. Certains surdoués grandissent alors avec le sentiment envahissant d’être perçus comme excessifs, comme étant toujours "trop" par rapport à une "norme" définie par les habitudes du groupe dominant." Bien souvent, la personne surdouée ne comprend pas pourquoi elle ne parvient pas à entrer dans la norme. Elle se voit alors anormale ("vision pathologisée de ce qui est simplement hors norme", précise l’auteure). "Dans la grande majorité des cas, persuadé que tout le monde peut faire la même chose que ce qu’il fait si naturellement, un surdoué ne voit rien de hors norme chez lui. En revanche, conscient de ses lacunes, il est toujours très admiratif de ce que les autres savent faire et que lui ignore." Il est primordial que le surdoué réalise ce qui fait sa différence pour ne plus croire que tout le monde fonctionne comme lui et cesser de culpabiliser de se sentir si différent des autres. 1.6 - Le surdon n’est pas une vue de l’esprit
"Être surdoué n’est vraiment pas une vue de l’esprit. C’est un ensemble de mécanismes neurophysiologiques qui conduisent à un certain mode de fonctionnement, plus ou moins marqué."
Une réalité neurophysiologique
Les études neuroscientifiques concernant le surdon prouvent aujourd’hui qu’il existe une différence entre le cerveau des surdoués et ceux qui ne le sont pas dans son architecture et son fonctionnement. L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" décrit les principales caractéristiques constatées. Ainsi, chez les surdoués :
Certaines parties du cortex frontal et pariétal détiennent deux fois plus de neurones ⇒ d'où une facilité de l’acquisition de l’information.
La myéline, qui joue un rôle capital dans la transmission de l’information entre neurones, est plus dense et se déploie plus vite ⇒ cela rend la transmission, le traitement et la mise en mémoire des informations plus rapides.
Leur cerveau droit est hypertrophié ⇒ cela favorise certains talents (musique, mathématique, spatial, mysticisme).
Leur cerveau gauche connaît plus de dérèglements ⇒ cela rend l’apparition de troubles d’apprentissage ("dys") plus probable.
Lorsque le cerveau traite certaines tâches (calcul, lecture), des aires différentes (du reste de la population) sont sollicitées. Et lorsqu’il réalise ces tâches, la consommation d’énergie du cerveau est peu élevé et l’activité de ses ondes alpha est particulière.
Ainsi, la dyssynchronie du surdoué avec les autres du même âge provient de ce développement cérébral en décalé. Enfin, Cécile Bost précise que le surdon est généralement hérité (inné). Mais l’histoire de la personne et ses acquisitions ont beaucoup d’impact dans l’épanouissement de ce surdon.
Le test de QI : origine et utilité
Statistiquement, 2 personnes sur 100 sont surdouées. Cécile Bost nous apprend ici que le test de QI :
A été inventé par Alfred Binet il y a plus d’un siècle, pour aider l’Éducation nationale à identifier les enfants qui éprouvaient des difficultés.
Est construit sur un référentiel logico-mathématique (conformément aux attentes de productivité du modèle économique de l’époque).
A ses limites (c’est pourquoi il doit absolument être réalisé par un thérapeute qui connait bien le surdon) :
Il est possible d’avoir un QI de plus de 130 avec une moyenne de 14-15 à tous les subtests, et ne pas être surdoué : c’est l’histoire de l’individu, de son développement psychique et moteur (anamnèse) qui est fondamentale dans la détection du surdon. De nombreux paramètres peuvent biaiser les résultats des tests : l’état de santé de la personne, son humeur, une hypersensibilité, une dépression, la prise de médicaments, l’existence d’un handicap comme la dyslexie, la maîtrise de la langue, etc. Seule l’intelligence logico-mathématique (propre à la culture occidentale) est évaluée.
Les intelligences multiples de Gardner
L’auteur de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" évoque ici la "Théorie des intelligences multiples" de Howard Gardner, professeur de psychologie d’Harvard. Celle-ci consiste à dire qu’il existe six autres formes d’intelligence en parallèle à l’intelligence logico-mathématique tant valorisée par notre société. Il s’agit des intelligences :
Linguistique, Musicale, Spatiale, Corporelle, Interpersonnelle.
Chacune de ces intelligences font intervenir des régions cérébrales spécifiques. Selon Garner, tout le monde possède ces intelligences, mais chaque individu n’en développera que deux au maximum. Sauf les surdoués, qui, eux peuvent exceller dans plusieurs d’entre elles. 1.7 - La "roche tarpéienne" de l’école La scolarité est essentielle dans la vie du surdoué car c’est à l’école qu’il va vivre diverses expériences marquantes (adaptation ou non aux méthodes scolaires d’apprentissage, intégration ou rejet de ses camarades, etc.). L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" fait alors part de plusieurs éléments clés au sujet du surdon à l’école :
Le principe égalitaire de l’école a des effets très négatifs sur la scolarité de l’enfant surdoué.
Le fait d’enseigner au même rythme la même chose à tout le monde "rogne les ailes" de l’enfant surdoué qui "comprend très vite" et est capable de faire des liens entre différents domaines au-delà de ce qu’on lui apprend en classe. Dans ce contexte, pour Cécile Bost, le saut de classe peut vraiment aider le petit surdoué : il développera ainsi une meilleure estime de lui-même et prendra l’habitude de fournir des efforts pour travailler.
C’est souvent pendant ses études secondaires que le surdoué commence à se sentir plus libre d’exploiter son potentiel.
Avant cela, l’enfant surdoué "s’ennuie à mourir" en classe. Pour lui, tout va trop lentement. Peu stimulé intellectuellement, il se distrait. Ainsi moins attentif, il lui arrive d’être puni. L’enfant va alors se désinvestir de l’école et parfois finir par "tirer un trait définitif" sur l’école.
À l’école, les spécificités du surdon peuvent entraîner des problèmes majeurs.
La portée des réflexions du surdoué, son hypersensibilité (sources de surréactions compromettantes), son perfectionnisme (qui peut le paralyser), sa difficulté d’attention, d’apprentissage de l’effort et d’autodiscipline (liés au fait qu’il capte et mémorise très facilement) peuvent desservir l’enfant surdoué de façon considérable. Cela peut le conduire, à long terme, à des "performances médiocres" qui lui feront perdre confiance, craindre de prendre des risques, de faire des erreurs, et parfois réagir avec rébellion ou même adopter des comportements addictifs. Même si plus tard, "quand l’enseignement lui convient mieux", le surdoué peut faire preuve de très belles performances, "le mal est fait, la confiance en lui est écornée" nous dit Cécile Bost.
La différence que connaît l’enfant surdoué avec ses pairs peut être source d’isolement et d’hypervigilance.
Parce qu’il est différent, l’enfant surdoué peut connaître des remarques très cruelles de la part d’autres enfants ou disqualifiants de la part de professeurs. Comme il lui est, en plus, difficile de partager ses centres d’intérêts (se montrer trop performant génère souvent de l’hostilité), le surdoué peut être amené à s’isoler et à devenir vigilant ou craintif en société.
L’enfant surdoué peut être victime de harcèlement.
Pour Cécile Bost, bien souvent : "Le harcèlement fait partie du bagage de la construction identitaire d’un surdoué, et les sentiments de honte et de culpabilité associés au rejet et à l’isolement pèseront à vie sur lui : il deviendra un adulte embarrassé par une image de lui dépréciée par les multiples critiques et rebuffades. […] Pas de quoi se lancer avec confiance dans une carrière professionnelle à la hauteur de son potentiel réel… Dans l’entreprise, la rencontre avec un "petit chef" qui le percevra comme ingérable rejouera ces scènes de cours d’école." Attention toutefois, tous les surdoués ne sont pas victimes d’isolement et de harcèlement. Selon Cécile Bost, certains surdoués sont même de "vrais chefs de bande", "parfaitement capables d’être des harceleurs". 1.8 - L'intelligence n'est pas synonyme de réussite scolaire ou professionnelle L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" nous apprend que : "Un tiers des enfants surdoués réussit brillamment ses études, un tiers s’en sort sans éclat, le reste est en échec scolaire." Les résultats statistiques ne sont pas très clairs, mais Cécile Bost est formelle : "Malgré le flou statistique, toutes les études concordent : l’intelligence ne fait pas le bonheur et ne garantit en rien le succès scolaire, ni une bonne insertion sociale." L'auteure décrit alors les deux types de surdoués qui se dégagent selon la façon dont la famille et l’école ont induit la construction de l’identité de l’enfant surdoué :
Des surdoués équilibrés : ils réussissent brillamment tout ce qu’ils entreprennent, savent s’adapter aux exigences sociales et atteindre leurs objectifs. Ces surdoués aiment le challenge, le travail bien fait, l’effort :
"Leur vie sociale est à la hauteur de leur intelligence. Bourreaux de travail, ils savent se préserver, et l’énergie dégagée par leur travail et leur insertion sociale génèrent en eux une motivation en permanence renouvelée."
Des surdoués en mode survie : ils manquent de confiance en eux, de persévérance, peinent à se fixer des objectifs et craignent l’échec. Ils se sentent inférieurs aux autres et leur perfectionnisme les paralyse. Épuisés d’être en mode survie et de cette impression que la vie leur a coupé les ailes, ils deviennent agressifs, alors qu’ils se savent vraiment gentils :
"Voir ce qu’ils sont, ont et font, quand ils savent ce qu’ils auraient pu être, avoir et faire, soulève en eux une immense vague d’amertume." 1.9 - Le casse-tête de l’orientation professionnelle "L’intelligence n’est pas une question d’études supérieures." Cécile Bost explique que le choix d’une voie professionnelle, déjà source de stress pour les adolescents, est d’autant plus compliqué chez le surdoué. Parce qu’ils excellent en tout et que trop de sujets les intéressent, beaucoup de surdoués sont confrontés à un choix cornélien pour leur avenir professionnel. Souvent très pragmatiques, et sous la pression de la société qui valorise le conformisme (et pas l’exploration), le surdoué choisit souvent une carrière sûre et garante d’un bon revenu. Selon Cécile Bost : "Le plus important est d’aider le surdoué à cheminer entre le sentiment de choisir une carrière pour faire plaisir à d’autres (parents, enseignants) et ses passions "irraisonnées", entre ce qui relève de ses centres d’intérêt et de ses habiletés et compétences." Par ailleurs, un certain nombre de surdoués vont avoir tendance à "se sous-classer" en choisissant leur orientation professionnelle. Ce sont généralement ceux qui manquent de :
Confiance en eux : ils préfèrent opter pour des études où ils sont certains d’avoir de meilleurs résultats que la moyenne car être jugé incompétent est juste insupportable. Relations et soutien pour les guider à la hauteur de leur potentiel exceptionnel : enfermés dans des croyances et ignorant leur surdon, ils ne s’autorisent pas certains métiers.
1.10 - De la difficulté d’être "trop" intelligent
Les gradations du surdon et les difficultés inhérentes
Cécile Bost nous explique ici que les surdoués ne le sont pas tous au même degré. Elle cite ici le psychologue Françoys Gagné pour décrire les gradations du surdon. Ce qu’il faut retenir globalement, c’est que plus le surdon est élevé, plus la qualité des relations sociales est mauvaise. L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" indique qu’en fait : "Ce n’est pas l’intelligence en soi qui pose un problème, mais l’isolement dans lequel cette intelligence les projette." En effet, déjà tout petit, le surdoué va rencontrer toutes sortes de difficultés. Il peinera notamment à :
Trouver de la stimulation intellectuelle chez ses camarades du même âge ou dans les cours. Communiquer avec les autres et partager ses centres d’intérêt : le décalage trop grand fait qu’il n’est jamais compris ou qu’il est moqué par les autres.
Face à ces difficultés, le surdoué va alors soit se replier sur lui-même, soit se "saborder intellectuellement" en faisant le clown, en s’effaçant, en s’affirmant en rebelle… Cet isolement social va peser toute sa vie jusqu’à rendre son insertion dans le monde du travail difficile à l’âge adulte.
Les difficultés de communication, sources d'inadaptation sociale
Pour mieux saisir les difficultés de communication entre surdoués et non-surdoués, Cécile Bost fait référence aux travaux de D. K. Simonton (chercheur en psychologie) qui démontre que pour se faire entendre et comprendre de quelqu’un, le différentiel de QI entre chacun doit être de 20 points environ. Par conséquent, affirme l’auteure : "Les élites ont un QI moyen de 125-128. Elles peuvent donc convaincre un public d’un QI minimum de 105 (fin d’études secondaires). […] Les personnes dotées d’un QI de 130 ne peuvent plus être comprises que par des personnes ayant un niveau d’études de type Master (QI moyen 115) qui sont loin d’être une majorité. Et ceux qui ont un niveau de QI supérieur à 135 ont une base encore plus réduite de public pour les comprendre." Avec cet éclairage, il est possible d’évaluer l’inadaptation sociale d’une personne qui démarre, selon Grady Towers, lorsqu’elle "ne peut espérer rencontrer parmi ses contemporains au moins 15 % d’individus avec lesquels elle pourra communiquer sur le même plan d’intelligence et développer des relations de sympathie." Chapitre 2 - Le surdoué est-il soluble dans l’entreprise ? Pour beaucoup de surdoués, le décalage qu’ils ont connu pendant leur scolarité persiste à l’âge adulte, dans leur vie professionnelle. Dans ce deuxième chapitre de Surdoué : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail, Cécile Bost aborde le surdoué dans le monde du travail. Elle évoque les difficultés qu’il est amené à rencontrer, et ce, dès le moment de sa recherche d’emploi jusque dans son quotidien. 2.1 - Le recrutement…
La lettre de candidature
Selon Cécile Bost, la candidature d’un surdoué peut faire peur au recruteur pour deux raisons principales :
Même s’il possède les compétences demandées, en général, ses expériences montrent qu’il est surqualifié pour ce que le poste peut lui offrir. En gros, le recruteur craint qu’il ne s’ennuie et parte au bout de quelques mois, voire qu'il prenne sa place dans le futur.
Son parcours fait apparaître trop de postes occupés. Parce qu’il a le souci de la précision, le surdoué n’aura, en plus, omis aucun détail. Le potentiel du candidat apparaît alors comme incompréhensible.
L’entretien
Plusieurs points peuvent être problématiques lors d’un entretien de recrutement :
Nous savons que, dès les premières minutes d'un entretien, la forme est capitale (apparences, première impression, etc.). Or, le surdoué est très soucieux du fond mais très peu de la forme qui n’est qu’accessoire à ses yeux. Juste à cause de cela, le surdoué peut alors complètement "rater" son entretien.
Parfois, le candidat s’exprimera "trop" brillamment, ou inversement, laissera transparaître des hésitations, de l’agitation liées au manque de confiance en lui (très souvent observé chez le surdoué).
Le surdoué a également du mal à mettre en avant ses compétences : elles sont pour lui tellement naturelles qu’il n’en a pas conscience. Il ne voit pas qu’elles sont remarquables.
Même sans "surjouer", le surdoué apparait souvent "trop" aux yeux d’un recruteur classique. Ne sachant pas recourir aux stratégies de "camouflage" habituellement utilisées, le candidat surdoué apparaît hors norme et ne rassure pas suffisamment.
Pendant la discussion, le surdoué se projette sur la mission du poste en question. Il focalise sur la façon d’atteindre l’objectif demandé. Il en oublie alors de poser les questions généralement attendues d’un recruteur concernant l’entreprise par exemple.
Enfin, en grand idéaliste qu’il est, le surdoué se montre parfois très sélectif : il ne postulera que lorsqu’un emploi correspond à ses valeurs. C’est ainsi qu’il peut se retrouver "à occuper des postes où il ne fait que survivre ou à toucher les minima sociaux". 2.2 - Les différentiels de repères Au quotidien, en entreprise, le surdoué vit un décalage de discours et de perceptions avec les non surdoués. Source d’incompréhension mutuelle et de malentendus, ce décalage va impacter de façon considérable ses relations. L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" expose ici les 5 différences majeures, à l’origine de ce décalage de repères.
Les différences d’intensité
L'intensité hors norme du surdoué :
Provient d’une réalité neurophysiologique (plus de neurones = plus de réactivité). S’observe "dans sa puissance de travail, dans sa réflexion, dans ses émotions, dans la vivacité de son regard qui peut perturber l’autre". Est source de retours négatifs et de malentendus avec les autres.
Les différences d’approche
"Les différences physiologiques cérébrales donnent au surdoué une capacité accrue de perception, de traitement et de mémorisation de l’information, tant en termes de quantité que de rapidité." Le problème, c’est que :
D’un côté, le surdoué n’a, bien souvent, pas du tout conscience de ses capacités si singulières et des performances qu’elles entraînent. D’un autre côté, le non-surdoué s’irrite de "voir quelqu’un réussir tout ce qu’il entreprend, qui est tout de suite bon dans n’importe quel domaine, alors que lui-même n’arrive à ce résultat qu’après de nombreux efforts, quand il y arrive !". Et il pose alors souvent un jugement de valeur en le condamnant d'excessif.
Les différences de synchronisation concernant l'utilisation du temps
L'utilisation du temps fait partie des différences de synchronisation les plus visibles entre surdoués et non-surdoués. En effet, le surdoué :
Est perçu soit comme "trop rapide" (à cause de sa rapidité d’acquisition et de traitement de l’information, sa capacité d’anticipation), soit comme "trop lent" (à cause de son perfectionnisme). Or, pour une entreprise, il est essentiel que tout le monde aille au même rythme : c’est ce qui assure la cohésion sociale.
Est efficace sous la pression et ne travaille pas de façon linéaire : il se met au travail au dernier moment. Les autres le croient en train de ne rien faire ou de se disperser. Et lorsque finalement, il se met à la tâche, il le fait "avec une focalisation maximale". Le travail rendu sera souvent bien plus que ce qui est attendu. Tout cela est "insupportable et incompréhensible pour tous ceux qui avancent de façon séquentielle et, surtout, visible !"
Les différences de synchronisation concernant le degré de concentration et la rapidité
Selon Cécile Bost, le degré de concentration et de rapidité est une autre différence de synchronisation majeure entre le surdoué et son collaborateur non-surdoué. En effet, le surdoué :
Ressent beaucoup d’impatience, voire d’intolérance, envers ceux qui n’ont pas la même rapidité que lui pour réaliser un travail. La plupart du temps, "ce qu’il trouve de médiocre qualité paraît plutôt d’un bon niveau pour un non-surdoué". Là encore, ce qui est perçu comme de l’arrogance ou de la fausse modestie de la part du surdoué, n’est en réalité qu’une question de différentiel de repères.
A une grande capacité à se projeter dans le temps (passé ou avenir). Cela lui procure une vision globale, "stratosphérique" qui l’aide à comprendre très vite la solution à un problème ou "l’objectif ultime" "au-delà de l’horizon commun". Le surdoué peut alors se heurter à son entourage "dont l’horizon est à plus courte vue" et moins à même de saisir rapidement des tenants et aboutissants complexes.
Travaille facilement en temps compressé et en tâches parallèles. Cette aptitude (rapidité, rendu meilleur et plus original) agace ou inquiète les autres qui ne saisissent pas cette façon de fonctionner.
Découlent de ces décalages deux autres difficultés du surdoué qui pèsent sur les relations d’équipe. Il s'agit de la difficulté de :
Déléguer : il est plus rapide de faire soi-même et trop long d’expliquer ce que l’on veut aux autres (ces derniers risquent, en plus, de mal faire).
Travailler en groupe : or, le travail d’équipe est une capacité valorisée par l’entreprise, tandis que la performance solitaire est plutôt mal perçue.
Les différences de pensée
Cécile Bost nous explique que le surdoué, parce qu’il doute sans cesse, a besoin de comprendre le sens, la logique des choses. Il ne sait "obéir simplement à une injonction, surtout s’il n’y voit pas de sens ou d’intérêt". Cette façon de penser hors du cadre, cette remise en question des règles est perçue comme un facteur de fragilisation du groupe. 2.3 - Une créativité compulsive Les capacités importantes d’acquisition, de traitement et de stockage de l’information que possède le cerveau d’un surdoué sont à la base de sa créativité. Ce fonctionnement particulier - grande quantité d’informations et de connexions - génère chez le surdoué :
Des difficultés à formuler ses idées clairement : cette absence de fil directeur dans ses propos nuit parfois à sa crédibilité.
Une divergence : sa pensée passe par des relations de cause à effet que les autres ne saisissent pas (car ces derniers fonctionnent sur un mode "étape par étape" et font moins de liens).
Mais la créativité du surdoué est source de nombreux atouts, comme sa capacité à :
Faire aboutir n’importe quelle discussion à un consensus. Résoudre un problème en un temps très court. Prendre des risques. Gérer une crise, l’urgence.
Par ailleurs, il y a, selon Cécile Bost, une différence entre un créatif surdoué et un créatif non surdoué : "Le créatif non surdoué invente dans les limites du concevable pour les autres, ne courant que le risque de se tromper. Le surdoué, lui, va au-delà des normes convenues, propose une rupture au risque non seulement de se tromper, mais surtout d’être incompris. […] Quand chacun demande "Pourquoi ?", le surdoué rétorque "Pourquoi pas ?"" Créatif permanent, le surdoué remet en cause les cadres traditionnels, la cohésion sociale, challenge les autres, "bouscule les statu quo, fait appel à des idées folles venues d’on ne sait où, comme s’il voyait ce que les autres ne pouvaient pas voir". Mais en entreprise, ces initiatives peuvent se heurter à la résistance au changement, apparaitre peu appropriés, provoquer la jalousie et inquiéter la hiérarchie. 2.4 - L’idéalisme et le perfectionnisme Dans cette partie de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail", Cécile Bost présente le surdoué comme un "idéaliste passionné", "affamé de justice", "incorruptible", doté d’un "sens moral extrême". Il en découle plusieurs corollaires :
Une intransigeance qui peut le rendre "cassant" (disqualification de toutes les idées qui s’opposent aux siennes).
Une intégrité et une volonté de transparence souvent génératrices de problèmes au sein d’une entreprise.
Un perfectionnisme "pathologique" qui amène le surdoué à :
Se mettre la pression tout seul pour atteindre un idéal. Un besoin de tout maîtriser jusqu’au moindre détail (il ne sait pas lâcher prise).
Une préférence à travailler seul et des résistances pour déléguer : "il veut éviter l’inconfort d’un résultat produit par autrui, qui pourrait ne pas être "ce qui devrait être", en tout cas selon son exigence".
Une hypersensibilité à la critique (sentiment d’être attaqué sur ce qu’il est, non pas sur ce qu’il fait).
Une fuite en avant éreintante, soit vers un "mieux encore", soit "dans l’ailleurs" (procrastination).
2.5 - La question de l’intelligence émotionnelle
La performance avant les émotions
La physiologie du cerveau du surdoué entraîne chez lui une très forte sensibilité. Les émotions possèdent de nombreux côtés positifs mais peuvent poser problème en entreprise en faisant irruption, par exemple, à des moments inappropriés. Dans le monde du travail, le rationnel prévaut. C’est pourquoi, les montagnes russes émotionnelles du surdoué peuvent être mal comprises et même apparaître comme un manque de professionnalisme. En général, le surdoué se referme ou explose. Dans les deux cas, avec excès. À long terme, cela nuit au travail en équipe.
QE versus QI
Cécile Bost explique ici ce qu’est l’intelligence émotionnelle (IE) : "L’individu doté d’une grande IE a la capacité de raisonner à partir de ses émotions, celles-ci améliorant sa réflexion, mais également la capacité de percevoir et de comprendre ses émotions avec précision, d’y avoir accès, de les réguler pour faciliter son développement intellectuel et personnel, et de les partager pour accompagner sa réflexion." L’auteure cite ensuite David Caruso, l’un des chercheurs à l’origine de ce concept né en 1990 pour résumer l’idée qui la fonde : "L’intelligence émotionnelle ne s’oppose pas à l’intelligence, ce n’est pas le triomphe du cœur sur le cerveau, c’est une combinaison unique des deux." L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" fait enfin référence aux travaux de Daniel Goleman (1995) qui mettent en lumière cinq composantes au sein de l’intelligence émotionnelle :
La conscience de soi ⇒ "être bien dans sa peau". L’autorégulation ⇒ self control. La motivation ⇒ charisme. L’empathie ⇒ perception des émotions des autres. Les habiletés sociales ⇒ bonne interaction avec les autres.
Les recherches démontrent que les surdoués :
Possèdent au moins un QE "dans la moyenne". Qui ont une bonne conscience de soi et une bonne régulation de leurs émotions, ont une intelligence émotionnelle "naturellement supérieure à celle d’un non-surdoué".
La tyrannie des émotions
"La sensibilité étant plus importante chez un surdoué, il y a donc un décalage dans le degré d’expression des émotions par rapport à celle des non-surdoués." Cécile Bost souligne alors l'impact de l’acquis (l’environnement durant l’enfance du surdoué) dans la gestion de ses émotions. Ainsi :
S’il a été encouragé par son entourage à exprimer ce qu’il ressent, le surdoué a appris à reconnaître ses émotions et à les mettre à distance en les intellectualisant. Il saura donc les exprimer de façon plus juste.
Sans soutien approprié, il va "apprendre" à laisser ses émotions exploser sans contrôle, jusqu’à la violence physique ou, au contraire, va les intérioriser pour ne surtout pas les exprimer.
Enfin, la mémoire traumatique est un élément essentiel de la gestion des émotions.
En résumé : "Dans l’expression des émotions, le surdon joue donc un rôle d’amplificateur : tout va bien quand l’enfant surdoué s’est construit de façon cohérente ; tout va très mal quand il a grandi de travers."
Des émotions hors norme
Cécile Bost décrit le décalage que connaît le surdoué avec ses pairs du fait de l’intensité de ses émotions. Dans notre culture où il faut être "comme tout le monde", "normal" pour ne pas être rejeté, le surdoué doit souvent s’afficher derrière une façade. 2.6 - Des relations épineuses L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" interroge ici sur quatre questions qui peuvent se poser au surdoué au travail.
Se ressourcer seul ou sociabiliser ?
Cécile Bost explique ici le décalage entre ce qu’attend une entreprise de ses employés, qui est d’être avant tout capable de sociabiliser, de s’intégrer et de se conformer, et le comportement du surdoué au sein de celle-ci. Elle met en lumière les malentendus et la communication défaillante liés au différentiel de repères entre eux. Dès lors, le surdoué introverti peut être mal compris et perçu comme arrogant parce que silencieux et solitaire alors que :
S’isoler est juste un besoin nécessaire à son équilibre, une façon de se préserver émotionnellement : sociabiliser, s’adapter sans cesse au rythme de ses collaborateurs, prendre part aux conversations de la pause-café, de la cantine ou des réunions, simplifier ses réflexions, endurer celles des autres et réduire ses ambitions intellectuelles épuise la personne surdouée. Elle doit, pour tout cela, fournir une énergie très intense.
Observer avant d’interagir, prendre de la distance, réfléchir au calme lui permet de recharger ses batteries : "C’est sa façon de canaliser et d’évacuer les flots d’idées qui se bousculent et tournent sans cesse dans sa tête jusqu’à l’épuiser" précise l’auteure.
Il aurait envie de partager ses découvertes, ses émotions intellectuelles, ses intérêts, mais il se sent "étranger" aux autres (et même coupable de cela quand il ne sait pas pourquoi). Il n’arrive donc tout simplement pas à communiquer avec les autres qui n’aiment pas ceux qui s’isolent et ne se fondent pas dans le moule.
Se museler ou agacer ?
Le comportement du surdoué s’avère souvent exaspérant pour les autres. Mais l’inverse aussi. En fait :
Les collègues du surdoué sont agacés par ses facilités et son agilité cognitives, ses capacités à "faire du transversal", mais aussi parce qu’il a tendance à vouloir imposer ses vues, à interrompre les autres, à reprendre leurs interventions pour les préciser (ces derniers se sentent alors souvent renvoyés à leurs insuffisances).
De même, il est également exaspérant pour le surdoué "de se limiter à un seul champ d’intérêt à la fois" rajoute l’auteure. Surtout quand celui-ci ne se sait pas surdoué et veut juste "bien faire" ou "participer à la dynamique de groupe".
Cécile Bost décrit ce qui se passe dans ces situations : "L’envie de partager ou, juste "pour une fois", d’aller à son rythme naturel, le besoin de défendre une idée à laquelle il croit et la conviction qu’il a raison conduisent souvent le surdoué à vouloir à tout prix amener les autres à adopter son point de vue. Ce comportement rarement habile, car trop direct, est perçu comme étouffant et insupportable par les autres." Le surdoué peut aussi paraître "insupportablement imbus de lui-même" ou "incapable de fonder ses opinions" quand il s’entête dans son idée, sûr d’avoir raison, déclarant qu’il sait que "c’est comme ça" sans arriver à davantage expliquer son raisonnement. "Et même si l’avenir donne raison au surdoué, son maladroit "Je vous l’avais bien dit !" ne fera qu’augmenter l’agressivité du groupe à l’endroit de l’arrogant" termine Cécile Bost.
Se taire ou manipuler ?
La manière de parler du surdoué, sa façon de faire part de ses réflexions déstabilisent souvent les autres. Mais pour lui, il est extrêmement difficile de se restreindre à un vocabulaire limité et imprécis pour formuler sa pensée complexe. En fait : "Tout comme marcher à petit pas lui pèse, devoir se contenter d’à peu près l’épuise."
Suivre ou être soi-même, mouton ou mouton noir ?
Le surdoué est souvent perçu comme un élément perturbateur au sein de l’entreprise. Ce n’est pas forcément intentionnel de sa part mais parce qu’il très créatif (et donc hors-norme), qu’il questionne tout et "dit naturellement à haute voix tout ce que tout le monde pense tout bas et n’ose exprimer", l’employé surdoué dérange l’ordre établi. De plus, le surdoué n’a ni peur du changement, ni peur de sa hiérarchie. Il peut alors critiquer les ordres (lorsque ceux-ci manquent de sens ou de méthode par exemple). Enfin, pour le surdoué, l’insuffisance intellectuelle des autres est difficile à supporter. Croyant "qu’il est d’une intelligence normale et que tout le monde pense comme lui, il ne comprend pas que les autres ne le comprennent pas". Au final, le surdoué n’aura, selon Cécile Bost, "aucune chance de gagner car, en entreprise, le partage et le travail en commun priment et la forme importe plus encore que le fond". 2.7 - Promotions et progression Pour terminer ce chapitre de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail", Cécile Bost nous fait part d’études réalisées sur la progression des surdoués en entreprise. Ces recherches laissent apparaître que la grande majorité des surdoués :
Ont le sentiment d’être incompris par leurs managers
Selon Cécile Bost, pour pouvoir progresser en entreprise, le surdoué doit, en fait, "savoir jouer son jeu pour se maintenir dans la moyenne". Autrement dit, qu’il est préférable de "ne pas être trop futé mais fiable, plutôt qu’intelligent mais ingérable".
Ne se sentent pas assez reconnus
L’auteure énonce quatre raisons au sentiment de manque de reconnaissance que vit le surdoué :
Le surdoué focalise surtout sur le fond (objectifs et résultat), alors que c’est la forme (règles, relations, apparences) que priorise l’entreprise (pour maintenir la cohésion sociale).
L’entreprise valorise surtout le savoir-être des salariés (capacité à travailler en équipe ou développer un réseau par exemple), pas uniquement le savoir-faire. Pour être promu, il faut avant tout rassurer sur sa fiabilité et sa loyauté.
Un manager ne donne pas de promotion à quelqu’un qui abat énormément de travail (car cela implique de le laisser partir). Si ce manager est manipulateur, il aura même plutôt tendance à l’exploiter.
Le surdoué accorde beaucoup de valeur à la qualité et aux améliorations, au-delà de la quantité. Ce n’est pas le cas de l’entreprise : de fait, il ne se sent pas reconnu ni remercié pour ses efforts (non visibles qui plus est).
Ont des missions qui ne sont pas à la hauteur ni de leurs compétences, ni de leur efficacité
C'est ici l’introversion du surdoué qui le dessert. Pour bénéficier d’une promotion à un poste plus adapté ou d'une augmentation, le surdoué devrait apprendre à :
Gérer sa réputation et son image : car malgré ses compétences indéniables, les autres ne retiennent du surdoué que son côté solitaire, ingérable, agité, son "mauvais caractère", sa créativité débordante, son image d’instable, négative.
Se mettre en avant : il est, à l’inverse, trop franc, peu enclin au "cirage de pompes" et aux "public relations".
Bien souvent, le surdoué, conscient du poids de sa singularité et craignant de reproduire les mêmes schémas ailleurs, reste dans son entreprise. Mais il s’étiole, s’éteint peu à peu, "trainant sa désespérance existentielle". Quant à ceux qui décident de partir, ceux-ci gaspillent une énergie folle à "essayer de s’adapter à des circonstances qui ne leur sont pas favorables" ou à sauter d’un job à un autre. Ils deviennent "touche-à-tout" et finalement "maîtres de rien". Chapitre 3 - Quand la crise survient Dans ce troisième chapitre de "Surdoué : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail", Cécile Bost nous explique que la façon dont fonctionne le surdoué va généralement l’amener à rencontrer, dans sa vie professionnelle, plus de problèmes que la moyenne. Elle commence par en développer trois majeurs : le harcèlement, le burn out et le bore out.
3.1 - Harcelé, harceleur, ou un peu des deux ? Selon Cécile Bost : "L’entreprise est un lieu agressif et souvent psychorigide, dont le conformisme cognitif et la faible tolérance à la diversité ne conviennent pas au surdoué." Le collaborateur surdoué hypersensible, perfectionniste, en mal de reconnaissance, avec des idées toujours hors du cadre est alors susceptible de connaître le harcèlement. L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" explique en effet que le manager qui cherche à maintenir une cohésion au sein de ses équipes considère le surdoué comme une "personnalité difficile" et ingérable. Souvent, il va utiliser la coercition "pour contraindre ce collaborateur à s’améliorer ou à rentrer dans le rang pour son bien". Le malentendu va alors s’aggraver car la plupart du temps, le surdoué ne connait pas les raisons de ce décalage entre lui et les autres et a une faible estime de lui-même. Blessé par les remarques, manœuvres et contrôles subis, des tensions apparaissent et la situation se bloque. "Rétention d’informations, marginalisation lors des réunions, "oubli" d’invitations, excuses […], rumeurs…, il existe mille tactiques pour réduire un collaborateur surdoué qui refuse de rentrer dans le rang. Peur, paranoïa, puis léthargie, sidération et épuisement surgissent alors chez le surdoué qui est la cible de ce harcèlement. […] L’histoire se termine par le départ du surdoué. Isolé, le surdoué a subi une attaque "de l’être" plus encore que "du faire"." Si la personne surdouée ne travaille pas sur les fondements de cette situation, cela risque de se reproduire. C’est d’ailleurs bien ce que craint un surdoué harcelé. Cécile Bost précise que, dans certains cas, c’est le surdoué qui peut être harceleur : sa puissance de travail, son exigence, perfectionnisme, débit de paroles, humour peuvent être "ravageurs". 3.2 – Le burn out Le burn out est un syndrome d’épuisement lié au "sentiment de ne pas y arriver, de s’user et d’être épuisé par une exigence excessive en énergie, en force ou en ressources". La personne qui connaît le burn out traverse trois stades :
D’abord, elle manque d’entrain, se sent triste, irritable, éprouve du ressentiment, rencontre des difficultés de sommeil (insomnies, endormissement). Ensuite, elle se sent toujours fatiguée, elle a du mal à se concentrer et recourt parfois à des addictions pour tenir. Enfin, des complications cardiovasculaires, des maladies chroniques, la dépression avec même des idées suicidaires parfois apparaissent.
Les risques de burn out sont beaucoup plus élevés chez le surdoué car le fait que son cerveau soit en ébullition perpétuelle et qu’il soit sans cesse en train d’essayer de s’adapter l’épuise plus que n’importe qui. De plus, pour Cécile Bost, le surdoué n’est pas vraiment disposé à écouter les signaux que son corps lui envoie car c’est :
Un passionné et un bourreau de travail (workaholic) : "il se sent au mieux de sa forme quand il travaille à pleine vitesse sur plusieurs projets en parallèle : l’esprit clair et délié, il tourne à plein régime !" nous dit l’auteure. Ainsi, il ne voit pas où se situent ses limites. Un perfectionniste et quelqu’un qui veut plaire : il ne s’autorise donc ni à déléguer, ni à dire "non", quitte à brider ses émotions.
Et cette situation peut durer chez le surdoué car :
Même lorsqu’il s’effondre, celui-ci refuse de se considérer comme atteint de burn out, signe de faiblesse à ses yeux : il continue donc de lutter sans lâcher-prise. Personne ne remarque vraiment lorsqu’un surdoué chemine vers le burn out : même épuisé, il travaille encore aussi vite que n’importe qui et son irritabilité est habituelle.
3.3 - Le bore out Il s’agit aussi d’un épuisement émotionnel mais provenant, cette fois-ci, de l’ennui, lui-même dû à l’absence de défis et un désintérêt pour le travail réalisé. Chez le surdoué "qui ne peut vivre qu’en étant créatif et autonome", le bore-out le rendra d’abord apathique, puis hyperactif et irritable. Venir tous les jours travailler sans trouver de sens à ce qu’il fait est pour lui éreintant. Il peut parfois compenser avec des comportements addictifs. 3.4 - Invoquer le surdon comme handicap, une solution ? Le surdon peut être, selon Cécile Bost, considéré comme un handicap pour celui qui n’en est pas informé. En effet, l’auteure rappelle ici qu’être surdoué est une réalité physique, "neurophysiologique". Le surdon fonctionne "comme un amplificateur", "un mécanisme neutre qui agit aussi bien dans le sens du positif que du négatif". Toutefois, pour l’auteure, considérer le surdon comme un handicap ne ferait qu’exclure encore davantage les surdoués de la société. Ainsi, l’attitude à adopter, selon elle, c’est de s’efforcer à vivre avec cette différence. Pour faciliter cette démarche, il est essentiel de favoriser le dialogue entre surdoués et non-surdoués pour qu’ils puissent mutuellement s’enrichir de leurs différences. Elle insiste alors sur l’importance d’informer sur les spécificités des surdoués. Chapitre 4 - Entreprise et surdoué : le grand malentendu ? Décryptage "Submergé par la vague numérique, confronté à des règles qui changent à toute allure, le monde du travail est malmené, bousculé. […] Les entreprises recherchent des "talents" et des "profils atypiques" pour se développer ; dans le même temps, les surdoués se plaignent d’être malheureux au travail ou en cherchent en vain la porte d’entrée." Dans ce quatrième chapitre de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail", Cécile Bost questionne ce constat : pourquoi les surdoués n'arrivent-ils pas à trouver leur place en entreprises alors que ces dernières se mettent de plus en plus en quête de "profils atypiques" ? Pour répondre à cette interrogation, l'auteure décrypte les malentendus entre surdoués et entreprises et nous éclaire sur les véritables atouts des surdoués au travail.
4.1 - Entreprise cherche collaborateur ayant du savoir-vivre Cécile Bost rappelle d’abord que l’entreprise recrute encore aujourd’hui ses ressources humaines sur des critères visant la production, tout en cherchant à préserver la cohésion de groupe. Ainsi, l’employé recherché doit garantir à l’entreprise qui le recrute :
Une bonne adéquation compétences/ poste occupé. Un savoir vivre avec les autres autour de valeurs communes.
Cécile Bost remarque aussi que l’appartenance, qui vise à maintenir la cohésion, prime sur la compétence. Autrement dit, l’employé doit être en mesure d’appliquer les consignes de son manager pour atteindre les objectifs visés par l’entreprise (management fondé sur un système binaire de "récompenses/ sanctions") : "L’obéissance absolue, qui assure survie et pérennité, devient donc le premier critère d’adaptabilité de ces collaborateurs. En résumé : "Réfléchir c’est le début de la désobéissance !". Une injonction très contre-productive quand elle est assénée à un surdoué qui ne saurait obéir sans réfléchir, quitte à questionner les directives pour mieux leur donner un sens." 4.2 - Surdoué cherche entreprise pour activité ayant du sens Pour être heureux au travail, il est indispensable, selon l’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" que le surdoué sache :
Mettre en adéquation ses valeurs et ses besoins dans son travail. Choisir un environnement professionnel qui lui corresponde.
Valeurs et besoins
Parce qu’il est hyperlucide et hypersensible, le surdoué porte des convictions morales très fortes ainsi qu’une grande force d’engagement. Chez lui, l’intérêt d’un poste prime sur le salaire. Pour une entreprise, cela représente plusieurs avantages : c’est un collaborateur exigeant en termes de qualité, qui aime apprendre, partager, le travail bien fait, le challenge, qui sait prendre des risques. Toutefois, cette caractéristique du surdoué génère des besoins spécifiques en termes d’autonomie, de réactivité, de respect, de reconnaissance de l’engagement pris, du travail réalisé et de son mode de fonctionnement singulier. Il apparaît alors plusieurs décalages entre les attentes du surdoués et celles de son employeur. Ils concernent :
Le poste occupé : le surdoué se lasse vite des tâches et responsabilités mentionnées dans sa fiche de poste ; il rêve d’en repousser les limites.
Le "supplément d’âme" : pour le surdoué, son travail doit avoir du sens, une utilité, un impact sur le monde ; ce qui n’est pas forcément l’objectif de sa hiérarchie.
La hiérarchie : le surdoué a une vision de sa hiérarchie plus opérationnelle que fonctionnelle ; pour lui, un manager doit :
Être compétent, Savoir faire confiance à son équipe et favoriser le déploiement des talents de chacun, Avoir du leadership, autrement être capable de mobiliser son équipe, de l’enthousiasmer pour donner le meilleur d’elle-même face aux défis à relever.
Peu importe le métier pourvu qu’on ait l’environnement
Selon Cécile Bost, l’environnement le plus favorable au surdoué doit :
Respecter son besoin d’autonomie. Considérer le résultat, non pas le temps passé à travailler. Répondre à son besoin de complexité. Lui offrir la possibilité d’être créatif. Ne pas exiger d’affaires courantes ou de quotidien à gérer. S’aligner à ses valeurs et son éthique.
Aussi, l'organisation idéale pour le surdoué doit :
Être flexible. Être "orientée tâches et objectifs". Nécessiter peu de niveaux hiérarchiques (tout le monde doit pouvoir accéder à la compréhension stratégique). Proposer des espaces de travail qui favorisent le partage et la confrontation des idées (tout en permettant au surdoué de s’isoler pour recharger ses batteries). Ne pas comporter trop de procédures afin de ne pas freiner sa créativité. Reconnaître son expertise et son engagement, quel que soit son âge, diplôme et ancienneté. Valoriser les idées nouvelles et les résultats. Placer la satisfaction client au cœur des process. Être dirigée par des managers qui encouragent leurs collaborateurs à donner le meilleur d’eux-mêmes (ambiance, conditions de travail, outils, formation, développement personnel). Faire prévaloir la coopération, plutôt les luttes de pouvoir internes ou la résistance au changement.
Des compétences particulières
Cécile Bost liste ensuite les compétences naturelles d’un surdoué :
Une vision globale (vue d’ensemble des problèmes, des points forts et points faibles). Des facultés de projection, d’anticipation (d’où ses intuitions, idées neuves et solutions alternatives). Une capacité à "travailler en interstitiel ou en transversal" et à faire communiquer des domaines professionnels différents (ceci est dû au fait qu’il aime la complexité, qu’il est créatif et s’intéresse à beaucoup de choses). Son esprit d’organisation qui s’accompagne d’un attrait naturel pour le travail et d’une "vraie puissance à l’abattre". Son niveau de réflexion élevé : qui peut, par contre, refréner la prise de décision (crainte de faire une erreur).
En somme, les professions qui conviendront au surdoué seront :
Celles que l’on retrouve dans les concepts et domaines de stratégie, de développement, de recherche, d’innovation et de facilitation. Indépendantes : la création d’entreprise permet de concevoir ses propres règles, son environnement idéal et de choisir ses collaborateurs.
4.3 - La personnalité du surdoué à la lueur des tests Les conclusions des recherches effectuées sur la façon dont les surdoués répondent, lors de recrutement, aux tests de personnalité du MBTI et du Big Five corroborent ce que les études neuroscientifiques et les observations psychologiques ont pu identifier concernant leurs interactions sociales. Cécile Bost commence par rappeler, en détail, en quoi consistent ces tests.
Le MBTI (Myers Briggs Type Indicator)
C’est un outil d’évaluation psychologique qui permet de déterminer le type psychologique d’un individu à partir de 8 polarités. Coexistent ainsi :
Deux types d'attitudes (décrites par Jung) ⇒ E (Extraversion) / I (Introversion).
Deux fonctions psychiques qu’utilise une personne pour :
Recueillir l’information ⇒ S (Sensation) / N (iNtuition). Prendre une décision ⇒ T (Thinking, pensée) / F (Feeling, sentiment).
Une troisième polarité pour affiner la perception psychologique et déterminer un "style de vie" ⇒ J (Judging, jugement) / P (Perception).
À partir de ces 8 polarités, 16 grands types de personnalités (chacune est définie par un code de 4 lettres) se dessinent.
Le Big 5
Cet outil, quant à lui, détermine cinq grands traits de personnalité universels :
Ouverture d’esprit, Conscienciosité, Extraversion, Amabilité, Névrose.
Le décalage du surdon à la lueur des tests
L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" expose ici, avec détail, l’analyse des surdoués à la lueur des tests de personnalité. Il est difficile de résumer son analyse ici mais ce qu’il est intéressant de retenir, c’est que :
Les résultats des surdoués dans ces tests sont très cohérents avec ce que l’on connaît d’eux.
Chez les surdoués, deux types de personnalité se démarquent :
Les I/E-N (Introverti ou Extraverti iNtuitif). Les F/T-P (Sentiment (F) ou Pensée (T) Perceptif, avec une plus forte tendance F chez les femmes). L’axe N/ P révèle des personnes intuitives, créatives et flexibles dans leur approches de la vie.
Qu’impliquent ces différents types dans l’entreprise ?
Cécile Bost explique ici que globalement, les types de personnalités MBTI qui se démarquent chez les surdoués (I/E-N-F/T-P) ne correspondent pas aux personnalités généralement recherchées par les entreprises. En effet, à compétences égales, les entreprises ont tendance à recruter des candidats aux personnalités :
Extraverties : les recruteurs les préfèrent pour leur sociabilité (génératrice de cohésion en équipe), leur stabilité émotionnelle, leur ouverture à l’expérience, leur côté consciencieux et aimable, leur bonne gestion des équipes, leur capacité à se mettre en avant, à gérer et motiver, à interagir avec l’extérieur (bon réseau social).
"S" (Sensation) (les surdoués sont, eux, plutôt "N" iNtuition sur cet axe) pour leur fiabilité et leur caractère consciencieux.
"J" (Jugement) (les surdoués sont, eux, plutôt "P" Perception sur cet axe) car ce sont des profils motivés et organisés.
Ainsi, l’entreprise va plutôt privilégier les ESTJ, et plus récemment, avec le développement de la mixité, les ESFJ (qui correspondent davantage aux femmes, "traditionnellement plus sensibles à l’autre que les hommes"). "Analytiques, orientés objectifs, assertifs, organisés, consciencieux et plutôt conservateurs", les ESTJ et ESFJ constituent, en moyenne, 30 % des effectifs dans une entreprise.
Quelle cohabitation entre surdoués et non-surdoués en entreprise ?
Cécile Bost fait ressortir deux idées principales de l’analyse des relations entre surdoués et non-surdoués à la lumière de leurs personnalités MBTI. Selon elle, le fossé est énorme entre une personnalité NP (dominante chez les surdoués) et une personnalité SJ (dominante chez les non-surdoués en entreprise) :
Concernant la polarité N/S, l’auteure décrit des situations montrant à quel point "le surdoué N se révèle toujours pénible pour les S, et réciproquement" qu’ils soient managers ou collaborateurs.
Concernant la polarité P/J, l'auteure convient : "Face à un J qui présente un profil de premier de la classe (c’est un consciencieux), le surdoué P est "trop" flexible et "pas assez" structuré" […] On peut imaginer le fossé entre un manager organisateur, appliqué à respecter les procédures et les cadres, et un collaborateur visionnaire galopant."
Quels profils d’entreprise recherche le surdoué ?
Selon Cécile Bost, c’est l’environnement, bien plus que le métier, qui est déterminant dans l’épanouissement du surdoué en entreprise. Globalement, le surdoué plutôt NP (intuitif, perceptif), créatif et flexible se sentira plus heureux :
Dans des organisations petites et souples ; En créant son activité (artisan, commerçant, entreprise ou profession indépendante) ; Dans une carrière de créatif : artistes visuel, écrivain, scientifique, mathématicien, inventeur, entrepreneur, acteur, danseur, compositeur de musique…
Des tests trop normalisants ?
Enfin, l’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" rappelle qu’il faut rester vigilant face aux tests de personnalité :
D'une part, "leur rédaction est normalisante, donc jugeante", nous dit l’auteure. D'autre part, lorsqu'une personne passe ces tests, les résultats peuvent être influencés par différents paramètres (adaptation de la personne à ce qui est attendu d’elle, certains termes peu précis ou ambigus peuvent ne pas être compris, etc.).
4.4 - Surdoués en entreprise : (un) wanted ? Cécile Bost décrit les trois groupes de surdoués tels que Persson les classait pour montrer comment la reconnaissance de l’utilité sociale amène certains surdoués à être tolérés et d’autres à être complètement rejetés :
Le nerd : en innovant et en inventant, ce type de surdoué aide le monde à se développer et à s’enrichir (ex. : Steve Jobs, Richard Branson, Xavier Niel). Le nerd est accepté.
Le héros : il sauve le monde des crises (ex. : Churchill, de Gaulle) ou fait rêver (champion sportif, artiste…). Il passionne les gens et les aident donc à s’évader de leur quotidien médiocre. Le héros est accepté.
Le réformateur : il prône le changement, le "coup d’état permanent", la "révolution", "un monde meilleur", remet en cause l’ordre établi (ex : Jésus, Gandhi, Giordano Bruno, Danton, Lénine). Il est perçu comme dangereux, car charismatique, et menaçant pour les intérêts en place. Le réformateur est rejeté (même si on le considèrera comme un martyr lorsque, plus tard, l’avenir lui donne raison).
De la même façon, en entreprise, ceux qui ressemblent à des réformateurs seront perçus comme dangereux, mis à l’écart, discrédités, stigmatisés et marginalisés. Et le surdoué qui s’ignore ne comprendra pas du tout pourquoi il est perçu ainsi. Chapitre 5 - Pour la route… Cécile Bost commence le dernier chapitre de son livre "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" en le résumant : "Commencez d’abord par apprendre, comprendre et intégrer l’importance de vous savoir surdoué : tout remettre en perspective fait changer de point de vue et gagner en sérénité. Ensuite, travaillez sur vos relations interpersonnelles : apprenez tout particulièrement à utiliser le marketing personnel pour mieux vous faire comprendre des autres, mais aussi à veiller sur votre santé." 5.1 - Accepter le surdon La première étape, selon Cécile Bost, pour gagner en sérénité est d’accepter son mode de fonctionnement hors norme et plus intense. Car selon elle : "Se découvrir surdoué, c’est comme trouver la pièce manquante d’un puzzle." Se savoir surdoué aide le surdoué à se reconnecter avec lui-même, lui apporte un apaisement et une énergie renouvelée. Cette étape ouvre la voie à de nouvelles stratégies qui l’aideront à mieux contrôler sa vie, à faire de meilleurs choix et à "vivre avec les autres et non pas malgré eux". "On sait que l’on n’est pas anormal (déviant, condamnable), juste hors norme (différent, sans jugement de valeur)" lance l’auteure. L’acceptation de son surdon se déroule en quatre étapes :
Se reconnaître. S’affirmer : cela passe par une relecture de sa vie, une prise de conscience et une analyse de ses interactions sociales et de son rapport au monde. Retrouver son groupe d’appartenance : c’est une phase où le surdoué revient à son fonctionnement naturel et acquiert une nouvelle confiance en lui. Rechercher des affinités : rassuré sur son fonctionnement et son appartenance, il peut enfin chercher à mieux répondre à ses besoins.
5.2 - Apprendre à vivre avec le surdon L’auteure invite ensuite le lecteur surdoué à réfléchir à ses besoins de surdoué et à sa vocation profonde. Selon elle, cette réflexion l’amènera à trouver des stratégies pour mieux avancer professionnellement et préserver sa santé.
Pour penser à l’avenir, penser d’abord au passé
Dans la vie du surdoué, trois facteurs sont constamment déterminants :
Son degré de surdon, Comment il s’est adapté au système scolaire, Ses caractéristiques personnelles.
Cécile Bost propose alors au lecteur de revisiter son passé à la lueur du surdon. En effet, selon elle, cette démarche devrait :
D’une part, l’apaiser, l’aider à mieux comprendre son passé, ses conflits internes. D’autre part, l’aider à envisager éventuellement une nouvelle orientation professionnelle (en se remémorant ses activités et émotions durant sa petite enfance en particulier).
"Pour rentrer dans le moule, identifiez d’abord le moule dans lequel vous voulez rentrer, ou bien créez-le !"
L’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" suggère ensuite au surdoué de rechercher une activité qui :
Réponde à son besoin de complexité et de nouveauté. Lui permette d’évoluer selon ses centres d’intérêt. Soit adapté à son rythme. Implique de la créativité et de l’innovation.
Une autre option, très adaptée, est celle de lancer sa propre activité. Si tout cela n’est pas possible, l’auteure conseille au surdoué de rechercher un équilibre entre son emploi et, en parallèle, des activités qui contentent ses besoins : "penser, faire, créer".
Respecter ses besoins spécifiques
Le surdoué a des besoins spécifiques. Il a un besoin :
D’appartenance : pour cela, il lui faut s’entourer de personnes qui fonctionnent comme lui. De nourriture intellectuelle. De pratique et de créativité : l’auteure recommande d’exercer une activité pratique et d’entretenir son intuition grâce à des activités créatives (ex. : dessin, bricolage, décoration, organiser de soirées, créer des petits programmes informatiques).
Le plus important est d’arriver à trouver un équilibre entre routine et diversité. 5.3 - Gérer sa réputation Cécile Bost conseille aux surdoués de faire un peu de "marketing personnel" pour améliorer leurs relations avec les autres et ne pas être trop "dyssynchrones". Elle explique que c'est, en effet, indispensable en entreprise et que cela peut très bien se faire sans renoncer à sa personnalité, ses valeurs et ses besoins : "Les surdoués représentant une minorité dans le monde du travail, ils ne peuvent se poser en forteresse assiégée : le surnombre des non-surdoués les fera capituler à coup sûr pour les contraindre à rentrer dans leurs normes bien lisses. Mieux vaut donc vivre avec son surdon et l’apprivoiser, et non vivre malgré lui ; ce qui est dans le fond très différent." Dans cette partie, l’auteure de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" partage donc de multiples astuces et conseils. Ces conseils visent à aider le surdoué (souvent perçu comme "menaçant-révolutionnaire" ou "arrogant-isolationniste") à améliorer son image au travail.
Sept briques "pour vivre avec et non malgré les autres, sans abandonner sa personnalité"
Comprendre le décalage vécu, Accepter son fonctionnement, S'adapter (sans trahir ses principes), Adopter des stratégies de camouflage et d’intégration, Accroître ses habiletés sociales, Réseauter et se faire accompagner (mentoring/coaching).
Six "trucs" pour développer ses habiletés sociales
Le surdoué est toujours en recherche d’excellence. Souvent en compétition avec lui-même, plus qu'avec les autres, il poursuit des rêves plutôt que des objectifs. Cécile Bost explique alors comment il peut changer ses envies de perfection et développer son marketing personnel. En ce sens, elle déconseille au surdoué de :
Se comparer aux autres et à soi-même. Questionner et faire plus que les objectifs demandés. Ne pas être à l’écoute des autres. Être négatif (pour ne plus décourager les autres de travailler avec lui). Être condescendant avec les autres (au contraire, accepter leur lenteur et leur manque de curiosité).
Quinze astuces pour améliorer le quotidien professionnel des surdoués
Cécile Bost fait part de 15 astuces à appliquer par les surdoués pour mettre en valeur leurs atouts :
Aller moins vite, Ne pas se faire trop remarquer, Arriver à écouter davantage et à moins s’exprimer, Argumenter avec plus d’efficacité, Poser des questions, Répondre aux questions, Canaliser ses émotions, Prendre du recul, Ne plus se saborder, Atteindre ses objectifs, S’améliorer, Supporter le décalage au quotidien.
Stratégies de base pour un marketing personnel efficace
Pour faire son marketing personnel, Cécile Bost recommande au surdoué de :
S'exprimer et se comporter (mots et attitude) d'une façon qui mette en confiance les autres. Penser à féliciter et à remercier les personnes qui accomplissent des tâches de routine. S'intéresser aux autres, à leurs motivations, leur méthode de prise de décision, leur façon de penser et le leur montrer franchement. Si quelqu'un l'agace, se retenir de le "renvoyer dans les cordes à la moindre de ses erreurs" et de le "critiquer acerbement trop souvent". Même s'il est en tant que surdoué "programmé pour réfléchir en permanence dans une logique de long terme", rassurer ses collaborateurs en se concentrant sur le court terme. Ne pas s'attendre à une reconnaissance particulière pour la qualité de son travail et ne pas donner plus que ce qui lui est demandé (travailler à la place sur les objectifs personnels qui le motivent). S'efforcer de participer à quelques obligations de socialisation collective (réunion, rassemblement festif, apporter un gâteau...). Cela rassurera les autres qui le considéreront "comme tout le monde".
Enfin, l'auteure souligne que faire son marketing personnel offre beaucoup d’opportunités. Cela multiplie les chances de :
Être promu. Travailler sur des sujets complexes. Se nourrir intellectuellement. Avoir plus d'autonomie. Adapter son poste de travail (tâches, espace, conditions). Se préserver du harcèlement.
5.4 - Mieux gérer ses émotions "On perçoit, on apprend, on crée par les émotions. Elles ont une très grande valeur et présentent un immense atout." Pourtant, les tempêtes émotionnelles que vivent les surdoués s'avèrent bien souvent incomprises, même réprouvées. Selon Cécile Bost, il n'est pas du tout conseillé d'étouffer ces émotions car colère, frustration et tristesse (émotions les plus présentes dans les témoignages des surdoués) finiront par ressortir ou détruire de l'intérieur. L'auteure recommande plutôt de :
Se centrer sur son corps pour mieux écouter ses besoins profonds, ses émotions. Pratiquer la relaxation, la méditation ou la Gestalt-thérapie. Écrire dans un "journal émotionnel". Se reposer. Écouter des "bruits blancs" ou de la musique pour déconnecter. Lire pour s’apaiser ("bibliothérapie"). Mettre en place des routines.
5.5 - Poser des limites Bien souvent, les surdoués acceptent de réaliser des tâches qu'ils ne veulent pas effectuer. Ils "se font avoir aux sentiments", explique l'auteure. Cécile Bost encourage vivement le lecteur surdoué à apprendre à dire "non" car :
Les "oui" qu'il donne par crainte de mécontenter les autres deviennent vite "acquis" en entreprise, rendant les "non" synonymes de mauvaise volonté. Cela peut être, insidieusement, le début d'un harcèlement.
L'auteure insiste particulièrement sur le sujet du harcèlement. Car celui vécu enfant, en famille ou à l'école fonde souvent d'autres situations de harcèlement à l'âge adulte. Il est donc essentiel de comprendre cela et de travailler sur son estime personnelle pour ne pas réactiver un syndrome de stress post-traumatique en situation professionnelle (en ayant recours à l'EMDR par exemple). En cas de harcèlement, Cécile Bost conseille au surdoué de tout faire pour protéger sa santé mentale et physique. Selon la situation, elle propose deux options :
Entrer en action en veillant à :
Ne pas rester isolé, Se faire bien conseiller, Garder un objectif important à ses yeux, qui donne un sens à sa vie.
Fuir !
5.6 - Préserver sa santé
L’hypersensibilité
Parce que son cerveau est doté de neurones "en plus", le surdoué dispose d'une hypersensibilité. Cette sensibilité peu commune crée une grande intensité dans sa vie qui le fait parfois souffrir. "Le regard des "autres" renvoie sans cesse un surdoué à sa singularité, voire à son étrangeté." Pour vivre sereinement, il est donc primordial qu'il s'accepte, comprenne son fonctionnement et se respecte.
Les hyperexcitabilités
Cécile Bost aborde ici les hyperexcitabilités mises en lumière par Dabrowski. Ces surréactions sont liées à un système nerveux plus sensible. Elles amènent les surdoués à expérimenter la réalité de façon intense. "On est ainsi plus curieux, imaginatif et créatif, mais on ressent aussi plus profondément et avec plus de complexité toutes ses émotions, ce qui induit une façon singulière de considérer la vie." Il existe cinq formes d’hyperexcitabilité, à savoir l’hyperexcitabilité :
Émotionnelle : sentiments très intenses, gamme d’émotions très larges, empathie et profondeur dans les attachements affectifs.
Psychomotrice : énorme énergie physique, grand besoin d’activité physique et de mouvement, sens de l’organisation très développé, "workaholisme", activité cérébrale intense, parfois nervosité, violence.
Sensuelle : exacerbation des sens, hyperperception.
Intellectuelle : fortes convictions morales, curiosité, capacité à maintenir un effort intellectuel intense, soif de lectures, questions pertinentes, recherche de solutions aux problèmes, critiques.
Imaginaire : association d’informations, recours fréquent aux métaphores, souci du détail, risque de dispersion.
Cécile Bost explique que l’hyperexcitabilité relève de l’inné, mais que son expression - l’hypersensibilité - est modulable via l’apprentissage. Pour mieux vivre ces hyperexcitabilités, le surdoué a besoin de bienveillance, de calme, de câlins, d'être rassuré. L'auteure invite ce dernier à :
Exprimer ce qu’il ressent. Éviter les activités impliquant trop d’émotions, sinon les équilibrer avec des activités qui rechargent en énergie, permettent de se défouler physiquement et verbalement (théâtre, chant) ou demandent de la spontanéité (improvisation, peinture…). Exercer une activité professionnelle qui laisse le plus autonome possible et où il peut se dépenser.
Cécile Bost souligne que les hyperexcitabilités contribuent parfois à diagnostiquer par erreur des troubles/ pathologies (l’autisme, la schizophrénie, l’hyperactivité avec déficit d’attention dit TDHA, la bipolarité) avec prescription de médicaments, si le professionnel de santé manque de connaissance concernant le surdon.
Connaître et accepter ses limites
Pour le surdoué, le travail est parfois une sorte d’addiction. Il a souvent tendance à assumer plus de tâches que son poste ne le demande et à négliger ses limites. Par ailleurs, son perfectionnisme l'amène à vouloir tout contrôler et maîtriser, et donc à stresser en permanence. L’auteure de "Surdoué : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" met en garde sur les effets de ce comportement car il peut entraîner "fatigue, anxiété, impatience, irritabilité, encore bien plus fortement que les autres". Il faut alors apprendre à dompter sa puissance, cerner ses limites en se reconnectant à son corps, en l’écoutant. L’auteure invite le surdoué à trouver un équilibre entre "le trop" qui lui est reproché et "le rien" qu’il reproche à son environnement professionnel. Pour y parvenir, il est indispensable d’apprendre à lâcher prise, à faire des pauses, être plus indulgent avec soi-même, cerner et accepter ses limites. 5.7 - Apprendre à trouver sa place Voici quelques conseils de Cécile Bost pour aider le surdoué à mieux trouver sa place :
Bien s'informer sur l'entreprise avant de postuler pour s'assurer de la meilleure adéquation possible avec ses besoins. Être à l'écoute de son corps, de ses ressentis. Fuir les relations toxiques. Bien s'entourer (relations d'entraide), éviter l'isolement. Si, au travail, une situation ne peut aller en s'améliorant, partir et positiver son expérience Accepter que les autres aient un autre fonctionnement et apprécier ce qu'il a de meilleur à offrir. Se faire accompagner par un professionnel pour mieux comprendre ce qu'est la construction identitaire du surdon et pour que sa lucidité et le décalage ressenti ne fassent plus souffrir.
En guise de conclusion En conclusion de son livre "Surdoués : s'intégrer et s'épanouir dans le monde du travail", Cécile Bost développe 5 idées principales :
Le surdoué peut être un véritable atout dans une entreprise, à condition que l'entreprise cherche mieux à comprendre son mode de fonctionnement et ait l'approche adéquate.
"Par sa capacité à apprendre facilement, à s’engager, à travailler avec puissance, à être multitâches et multi-intérêts, à voir loin, à envisager des solutions innovantes, par sa créativité, un surdoué est un véritable atout pour la structure qui l’intégrera. Malheureusement, son mode de fonctionnement singulier est encore bien mal connu et donc très mal utilisé, ce qui est dommage. [...] Il suffirait aux entreprises de regarder au-delà des apparences, de comprendre qu’avec une approche souple ou dans un contexte qui s’y prête, ce qui apparaît de prime abord comme un défaut peut devenir un véritable atout, une compétence clé."
Ce qui a longtemps été reproché aux surdoués devient aujourd'hui des qualités recherchées dans le monde du travail.
La curiosité des surdoués, leur capacité à apprendre, leur leadership, leur engagement au travail, leur potentiel créatif et innovant, sont des critères de recrutement valorisés et recherchés dans de plus en plus d'entreprises (Google par exemple). Les profils lisses laissent la place à des profils ayant une "humilité intellectuelle" et une "attitude collective de problem solving".
Les techniques de recutement évoluent vers une ouverture : davantage d'inclusion pour les candidats atypiques et moins d'importance au parcours universitaire.
L'auteure nous explique que des logiciels people analytics commencent à remplacer les entretiens d'embauche classiques. Et avec ces logiciels : "Ce ne sont plus le nom de l’école dont ils [les candidats] sont issus ni leur rang de sortie qui prévalent, mais leurs comportements d’apprentissage, de solidarité, d’anticipation… Ces techniques de recrutement, fondées sur l’inclusion et plus sur l’exclusion, contribuent à ne plus marginaliser certains candidats, tels les autistes Asperger."
L'évolution constante de l'entreprise amène celle-ci à recruter des "leaders transformationnels" capables de s'adapter au changement, à l'incertitude, d'inspirer et de réfléchir.
Ainsi, selon Cécile Bost : "Celle-ci [l'entreprise] ne recherche plus des managers, juste comptables de leur équipe et chargés de faire appliquer des directives en punissant ou récompensant, elle veut désormais des "leaders transformationnels". Ces nouveaux managers doivent être capables de former, d’inspirer, de transmettre une "vision" et de motiver des équipes qui ont non seulement le droit, mais surtout (de plus en plus) l’obligation de réfléchir, d’être créatives et autonomes. [...] Les managers transformationnels sauront naturellement manager les émotions : empathiques, ils utiliseront les émotions des autres à bon escient, sans laisser les leurs déborder."
La nouvelle philosophie de travail fait prévaloir le bien-être au travail, le partage de savoir, l'agilité.
"Les générations les plus jeunes, qui ont vu leurs parents maltraités, refusent de subir le même sort. Elles revendiquent le bien-être au travail ainsi qu’un meilleur partage travail-vie privée. [...] Les entreprises contrôlaient l’absentéisme, la nouvelle philosophie consiste à prévenir les excès d’engagement (risque de burn out). [...] Le travail en silo s’efface, les disciplines s’entrecroisent et se mélangent. [...] La rétention de l’information était un gage du pouvoir, maintenant c’est son partage qui prime. Le knowledge management est supplanté par le knowledge sharing et, associé à l’expression des émotions, il permet la création de communautés agiles, virtuelles, internationales, décloisonnées et mobiles."
Le travail créatif, collaboratif, la mise en réseau et le développement de projets effacent la hiérarchie d'hier.
Avec l'évolution du monde du travail fait se multiplier :
Les "entreprises campus" et "tiers lieux" avec "des espaces de réunion agréables, propices à la créativité et à un travail collaboratif (les célèbres bureaux Google)". Les projets : "un projet est par nature une aventure pour créer quelque chose de nouveau". "Les individus créatifs, innovateurs, intuitifs, générateurs de dialogues (interstitiels, facilitateurs, transdisciplinaires…)" y sont donc bienvenus, affirme l'auteure.
Le freelancing, voie très adaptée aux surdoués, se développe.
Cécile Bost écrit : "Selon Denis Pennel, le salariat est une phase de transition, étroitement associée à la révolution industrielle. Le travailleur échangeait sa liberté contre son confort matériel (dont une protection sociale assurée par l’État). Aujourd’hui, aucune entreprise n’étant sûre de sa pérennité, le lien salarié/ entreprise se délite." Ainsi, le freelancing serait une option d'avenir en adéquation avec les caractéristiques du surdon : "Un surdoué doit garder en tête qu’il pense par définition hors de la boîte – c’est d’ailleurs peut-être là une indication pour qu’il crée la sienne ! Il ne lui reste plus qu’à trouver l’activité qui le challengera !" Au regard de toutes ces évolutions, Cécile Bost termine en encourageant le monde du travail à vivement "s'intéresser au surdon" ! Conclusion de "Surdoués : s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail" de Cécile Bost Ce que vous apprendrez avec la lecture de "Surdoués : s'intégrer et s'épanouir dans le monde du travail" Les nombreux apports théoriques documentés, issus de domaines complémentaires (éducation, neurosciences, psychologie, communication...) et accompagnés de retours d'expérience de surdoués font du livre de Cécile Bost, un ouvrage très complet. Ainsi, avec la lecture de "Surdoués : s'intégrer et s'épanouir dans le monde du travail", vous comprendrez :
Ce que c'est qu'être surdoué, et en quoi le surdon est une réalité physiologique...
Comment ce fonctionnement différent impacte la personne surdouée toute sa vie : l'auteure analyse les malentendus et le décalage vécu par le surdoué durant l'enfance (tout au long de son parcours scolaire) ainsi qu'à l'âge adulte (en milieu professionnel).
La nécessité de mieux comprendre le surdon tant pour l'entreprise que pour le surdoué : décrypter les particularités du surdoué pour mieux saisir les enjeux du surdon au moment du recrutement, dans l'attribution des tâches et des responsabilités, concernant la gestion des équipes, le rapport à la hiérarchie et aux directives ...
Pourquoi le fait d'être surdoué complique les relations professionnelles : l'auteure explique pourquoi les différentiels de repères rendent la cohabitation difficile entre surdoués et non-surdoués.
En quoi précisément le profil de personnalité des surdoués ne coïncident généralement pas avec les attentes des entreprises : et donc en quoi le surdon peut représenter un obstacle à la promotion et la progression des surdoués dans l'entreprise.
Ce qui se joue quand une crise survient : harcèlement, burn out, bore out...
L'importance de l'acceptation pour passer aux étapes suivantes et ainsi vivre plus sereinement le fait d'être surdoué : l'auteure propose de repenser le passé à la lueur de son surdon, pour mieux vivre avec les autres (ses collègues, managers, équipes) sans pour autant abandonner sa personnalité ni renier ses valeurs. Pour cela, elle partage de nombreux conseils : respecter ses besoins, mieux gérer sa réputation, ses émotions, développer ses habiletées sociales, poser des limites, préserver sa santé, créer son propre moule...
Finalement, en mettant des mots et en apportant un éclairage scientifique mais aussi pragmatique sur de nombreuses questions que se posent les personnes surdouées, cet ouvrage est un soutien précieux pour mieux vivre leur vie professionnelle. Un message réaliste et optimiste Après avoir souligné les malentendus, décalages, challenges du surdon dans le monde du travail et partager ses conseils pour mieux vivre avec et non pas malgré son surdon, Cécile Bost communique une vision beaucoup plus optimiste de l'avenir pour le surdoué. L'auteure met en avant l'évolution du monde du travail pour souligner que, dans un tel contexte, les surdoués sont porteurs de véritables atouts de plus en plus valorisés et recherchés par les employeurs. Ce regard positif et reconnaissant sur la singularité du surdon sera à coup sûr apprécié des personnes surdouées, souvent en proie aux doutes et à une mauvaise estime d'elles-mêmes. Pour tout cela, "Surdoués : s'intégrer et s'épanouir dans le monde du travail" est un livre que je recommande vivement à tous les lecteurs qui se sentent concernés par le sujet. Points forts :
Un vrai travail de recherches avec une restitution d'informations claires, sourcées, accessibles et approfondies. Un livre complet et une lecture dynamique grâce aux témoignages et au style de l'auteure. Une vision réaliste et optimiste du surdon.
Point faible :
Le contenu met surtout en lumière le surdon dans le monde du salariat en entreprise type "corporate". Selon les univers professionnels (statut, domaine ou métier exercé), les conseils et les éclairages ne s'appliqueront pas toujours.
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June 10 2021, 5:00pm
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L’art de ne pas s’empoisonner la vie
Résumé de "L’art de ne pas s’empoisonner la vie" : un ouvrage pratique qui souhaite vous aider à vivre mieux, en étant plus fort émotionnellement ; que vous ayez déjà entendu parler de psychologie cognitive ou non, il est vivement conseillé de (re)partir à sa découverte en compagnie de Rafael Santandreu, ce vulgarisateur hors pair ! Rafael Santandreu, 2014, 287 pages. Chronique et résumé de "L’art de ne pas s’empoisonner la vie" de Rafael Santandreu :
I — Les bases Chapitre 1. Changer est possible Robert Capa est un photographe : il a filmé le débarquement de Normandie durant la Seconde Guerre mondiale. Il a aimé des femmes, il a vécu intensément et il est mort à quarante et un ans. À l’opposé, Raúl a presque quarante ans et ne sort plus de chez lui depuis vingt ans. Crises d’anxiété, stress, dépression : une vie gâchée par la panique. Mais voici ce que Rafael Santandreu annonce : vous pouvez apprendre à changer ! Vous pouvez tendre vers une vie aussi riche que celle de Robert Capa, et cela même si vos mauvaises habitudes sont déjà bien ancrées. Autre exemple : María Luisa est actrice. Depuis plusieurs années, elle se rend au théâtre avec les pieds de plomb. Une fois la représentation terminée, elle se couche et ne se lève que pour entrer sur scène à nouveau. Elle consomme des drogues depuis longtemps et se sent seule. Une vie abîmée ! Comment agir ? En méditant sur votre caractère et en modifiant votre façon d’aborder les problèmes. « Le caractère de chacun est fait de traits innés et d’une série d’apprentissages acquis au cours de l’enfance et de la jeunesse : c’est sur cette structure mentale que nous pouvons agir » affirme Santandreu dans L’art de ne pas s’empoisonner la vie. La thérapie cognitive est une méthode scientifique née dans la seconde moitié du XXe siècle. Pourtant, ses racines peuvent être trouvées dans la philosophie grecque et en particulier au stoïcisme. Elle est aujourd’hui utilisée par des milliers de praticiens partout dans le monde. Aaron Beck et Albert Ellis en sont les principaux instigateurs. Suivez leur pas et apprenez à vous rendre la vie plus facile. Chapitre 2. Pense bien et tu te sentiras mieux Santandreu remonte au philosophe Épictète pour exposer les principes de base de la thérapie cognitive. Face à l’adversité et aux brimades de son maître (Épictète était esclave dans la Rome antique), Épictète avait appris à dominer ses émotions par la force de sa pensée. « Grâce à ce contrôle mental, malgré la douleur, la peine ou l’irritation ressenties, l’individu acquiert une confiance en lui-même qui lui permet de profiter des merveilleuses possibilités de la vie » (Rafael Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). En elles-mêmes, les choses ne nous causent pas de tort Ce qui nous cause du tort, ce sont les jugements que nous portons sur elles. Telle est la leçon du stoïcisme qui retient l’attention de la thérapie cognitive. Pour le dire autrement, il n’y a pas de rapport direct entre un fait et une émotion. Par exemple, si votre femme vous quitte (fait), la tristesse que vous ressentez (émotion) semble être une conséquence directe. Or ce n’est pas le cas. Vous êtes triste parce que vous associez ce fait à une interprétation (elle m’abandonne) et à un jugement négatif (« c’est terrible d’être abandonné »). Combattre les idées négatives Ce sont les idées négatives qui créent l’émotion et ce sont donc elles qui doivent être combattues. Comment ? En modifiant le dialogue intérieur avec soi-même, c’est-à-dire en transformant nos manières d’interpréter et de juger les événements qui nous arrivent. Souvent, on a tendance à aller très loin dans les pensées négatives. Elles forment une chaîne de conséquences fâcheuses. On se dit : « si je rate cela, ce sera terrible, et ça entraînera une autre conséquence terrible ». Et on n’en finit pas ! Bref, on se pourrit la vie. Oui, on s’empoisonne la vie à cause de croyances irrationnelles (les pensées négatives), qui se caractérisent par :
La fausseté (car elles procèdent par exagération) ; L’inutilité (au lieu de le résoudre, elles empirent le problème) ; La nocivité (car elles produisent un malaise émotionnel).
« La force émotionnelle, le dialogue intérieur positif, s’acquiert, en général, au cours de l’enfance […] Mais nous pouvons tous changer notre façon de penser, à n’importe quel âge et à n’importe quel moment de notre vie, pour acquérir une pensée positive et constructive » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie).
Chapitre 3. Assez de drames ! Vous êtes trop grand(e), trop petit(e), mais est-ce que cela vous empêche vraiment d’être heureux ou heureuse ? Les défauts réels qui sont les vôtres, vous devez faire avec. Vous devez même apprendre à les aimer ! L’échelle d’évaluation « Nous, les humains, sommes des machines à évaluer », dit l’auteur. Pensez-y un instant : n’êtes-vous pas en train de jauger la qualité de ce que vous lisez ? C’est fou : nous attribuons une note « bon » ou « mauvais » à toute chose, à tout événement ! En ce moment même, vous êtes en train d’évaluer votre lecture (ou autre chose) sur une échelle que l’on pourrait résumer ainsi :
Génial (le mieux) Très bien Bien Normal (neutre) Négatif Très négatif Terrible (le pire)
Les jugements négatifs (c’est affreux, horrible, négatif, très négatif, choisissez les termes que vous préférez ;)) vous poussent à penser que :
Vous ne pourrez pas (voire jamais !) trouver le bonheur ; Ce qui vous arrive ne devrait jamais avoir (eu) lieu ; C’est quelque chose que vous ne pouvez pas supporter.
La « terribilose » Santandreu nomme ce type de vulnérabilité émotionnelle, qui vous amène à penser de cette manière négative : la « terribilose ». Mais pensez-y. Est-ce qu’être gros, est-ce qu’avoir de petits seins, est-ce qu’être timide sont des choses si terribles ? Est-ce que vous ne pouvez vraiment pas être heureux ou heureuse avec vos défauts ? « Les personnes mentalement fortes évitent de dramatiser les aspects potentiellement négatifs de leur vie. De là vient leur force. Elles sont convaincues que la plupart des événements négatifs ne sont ni “très négatifs” ni “terribles”. Cette intime conviction leur permet de rester sereines : c’est leur secret » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Comment faire évoluer vos évaluations ?
Utilisez des critères objectifs ; Comparez à l’aide des normes justes et appropriées ; Employez des critères ouverts sur le monde ; Pensez en termes constructifs ; Réveillez votre conscience philosophique.
Demandez-vous : « Dans quelle mesure ce qui m’est arrivé (ou pourrait m’arriver) m’empêche de me lancer dans des projets importants pour moi-même et pour les autres ? » Pensez-y de façon objective et constructive. Prenez des exemples, observez ce qui se passe autour de vous. Retrouvez le philosophe qui sommeille en vous et regardez si vous pouvez toujours être en accord avec vous-même, même avec ce qu’il vous arrive. Cet exercice devrait vous permettre de faire passer un jugement « très négatif » ou « terrible » à un jugement simplement « négatif », que vous serez capable de traiter et de surmonter. Chapitre 4. Préférences ou exigences ? Notre univers intérieur est forgé d’idées profondément ancrées qui le structurent. Le problème, c’est qu’il s’agit souvent de croyances irrationnelles ! Trois croyances irrationnelles répandues Il y en a un grand nombre, mais vous pouvez en retenir trois principales :
« Il faut que je sois performant, très performant même. » « Les autres devraient toujours bien me traiter, en se montrant justes et respectueux. » « Les choses doivent m’être favorables. »
Les exigences Exigences ! Pur idéalisme ! Vous ne pouvez et ne pourrez jamais garantir que cela se passe ainsi. Vous êtes tel un enfant capricieux qui dit : « je veux ». Ces phrases, à l’inverse, témoignent d’une plus grande maturité :
« J’espère être performant aujourd’hui, mais je peux profiter de la journée sans cela. » « Ce serait génial si tout le monde me traitait bien, mais je peux m’en passer. » « Comme j’aimerais que les choses me soient favorables ! Mais il n’en sera pas toujours ainsi et je dois l’accepter. Je peux être heureux malgré tout. » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie).
Voici des préférences et non des exigences. Ces dernières amplifient l’instabilité émotionnelle parce qu’elles créent une pression insupportable et inutile sur les autres et sur vous-même. Santandreu appelle cette manie de l’exigence la « nécessitose ». La « nécessitose » La personne atteinte de « nécessitose » pense que le monde, tel qu’il est, est insupportable. Trop de bouchons, trop peu de politesse, trop de mauvaises odeurs, etc. Les autres se comportent mal, vous manquent de respect. Bref, c’est vraiment insupportable, non ? Alors, comment descendre un peu de sa bulle et souffler ? Eh bien, précisément, de cette façon : laissez tomber toutes ces croyances irrationnelles. Remplacez vos exigences par des préférences et accommodez-vous de la réalité telle qu’elle est : il y a pire qu’un bouchon ou qu’une insulte dans la vie, non ? Les choses sont ainsi, même si on les aimait parfois autrement. Ne prenez pas vos désirs pour des besoins. « La psychologie cognitive nous apprend que, pour être heureux, il est important de savoir vivre ses désirs sans être enchaînés à eux, sachant qu’ils ne sont qu’un amusement, en aucun cas un besoin » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie).
Chapitre 5. Le top ten des croyances irrationnelles Santandreu propose sa propre liste de croyances irrationnelles en s’inspirant d’Albert Ellis, l’un des fondateurs de la psychologie cognitive dans les années 1950.
Amour : partager sa vie avec quelqu’un est absolument nécessaire. Développement : développer (toutes) mes potentialités est une chose capitale. Respect : être respecté en public est quelque chose sans quoi je ne peux pas vivre. Richesse : devenir riche et/ou propriétaire d’un bien est le préalable au bonheur. Santé : être en excellente forme est fondamental pour vivre heureux. Famille : je ne peux pas me passer d’elle (ou de l’aider). Fidélité : elle est obligatoire. Intensité des émotions : c'est la seule chose qui rend la vie digne d’être vécue. Plus ! J’en veux (toujours) plus. Amitié : la compagnie des autres est absolument nécessaire.
Quel est le problème ? C’est qu’à chaque fois, il y a un « absolu », une nécessité, une exigence, un besoin. Il n’y a, bien sûr, aucun problème en soi avec la famille, l’amour et la santé. Ce sont des faits, des événements, des valeurs qui composent nos vies. Là où la croyance devient irrationnelle, c’est quand vous en faites une valeur absolument désirable, sans quoi le bonheur demeure à jamais inatteignable. Et vous, quelle est votre liste ? Composez-là et cessez, vous aussi, de vous empoisonner la vie ! Chapitre 6. Obstacles à la thérapie La psychologie cognitiviste ne cherche pas à vous rendre insensible ni à vous enlever tout sentiment de responsabilité à l’égard de vous-même ou des autres. La psychologie cognitive, ce n’est pas le laisser-aller ! Pourtant, elle rejette l’idée selon laquelle il faudrait constamment s’inquiéter. C’est faux. « Se préoccuper pour les choses de la vie est infructueux. La meilleure façon de trouver une solution à n’importe quel problème est de rester calme et, si possible, de le prendre du bon côté » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Laissez un peu la justice de côté Une autre idée peut empêcher la thérapie, être facteur de résistance : l’idée que toute émotion ressentie est juste, correcte. À nouveau, c’est faux : certains sentiments ne nous conduisent qu’à notre perte. Et d’ailleurs, à la réflexion, ils sont exagérés et impropres. À propos du Secret Santandreu lance également une charge contre le livre Le Secret. Pour lui, ce livre maintient le public dans la superstition. Il fait croire que le succès de la réussite est le désir et son intensité. « Si je veux quelque chose toujours plus, alors je pourrai l’obtenir ». Mais cela est faux aussi : une volonté surdimensionnée est créatrice de besoins et d’exigences qui ne sont pas réalistes. II — La méthode Chapitre 7. La routine du débat Progresser dans la thérapie cognitive est un peu comme apprendre une langue étrangère. D’abord, il faut comprendre, puis pratiquer jusqu’à ce que ces principes coulent de source dans nos actions. Pour transformer son dialogue intérieur et modifier positivement ses habitudes, il faut s’entraîner avec constance. Cet entraînement comporte trois phases :
Mettre au jour les croyances irrationnelles ; Combattre les croyances irrationnelles ; Établir la croyance rationnelle.
Mettre au jour les croyances irrationnelles Le premier pas consiste à déceler ce qui, dans votre vie de tous les jours, crée un malaise émotionnel. Celui-ci s’exprime souvent comme quelque chose d’insupportable, comme un besoin ou une exigence. Par exemple : « J’étais vraiment en colère parce que je me suis dit : C’est horrible que mon chef m’ait cassé comme ça public, sans raison. » Ou bien : « Je me suis sentie très mal ce week-end, parce que j’étais seule ; j’ai besoin d’amis pour être bien. » Combattre les croyances irrationnelles Le deuxième pas consiste à combattre les représentations trompeuses et les jugements négatifs à l’aide d’arguments qui démontrent leur caractère excessif et irrationnel. Penser de façon objective, comparer, être constructif, s’ouvrir au monde et s’éveiller à la philosophie sont de bons moyens de lutter contre les croyances irrationnelles. Les trois stratégies suivantes pourront tout particulièrement vous aider.
L’argument comparatif : « Y a-t-il des personnes heureuses dans une situation analogue à la mienne ? » Oui ! Celui des possibilités : « Malgré l’épreuve que je traverse, pourrais-je réaliser des projets intéressants pour moi et pour les autres ? » Oui ! L’argument existentiel : « Qu’est-ce qui restera de mon problème dans cent ans ? » Pas grand-chose !
Trouvez des exemples positifs. Dans L’art de ne pas s’empoisonner la vie, Santandreu utilise les exemples du physicien Stephen Hawking ou encore de Christopher Reeves, l’acteur de Superman. Malgré des handicaps importants, ces personnes ont réalisé des projets importants pour eux-mêmes et pour les autres. Ce peuvent être des guides dans votre apprentissage. Établir la croyance rationnelle Troisième et dernier pas : enraciner la croyance rationnelle et « antiterribilisante ». Il ne s’agit pas de supprimer toute émotion, mais de gérer les émotions négatives exagérées. Voici un exemple de croyance rationnelle fourni par Santandreu : « J’aimerais avoir une fiancée, mais si je n’en ai pas cela ne m’empêchera pas de réaliser d’importants projets pour moi-même et pour les autres et je pourrai donc être heureux malgré tout. Si je n’ai jamais de fiancée, je vais rater un aspect intéressant de la vie, mais j’aurai de nombreuses autres occasions d’être heureux » (L’art de ne pas s’empoisonner la vie). La clé du succès est la persévérance Peu à peu, il faut se convaincre des croyances rationnelles que vous formulerez. Santandreu propose de travailler tous les jours selon ce schéma en trois pas qu’il appelle « la routine du débat ». Pour ce faire, il propose de compléter un tableau. Il permet de dialoguer avec soi-même et de remplacer les croyances fausses et néfastes par des croyances vraies et bénéfiques. [caption id="attachment_22651" align="aligncenter" width="600"] Routine du débat. Source : Santandreu, L'art de ne pas s'empoisonner la vie.[/caption] Chapitre 8. Visualisations rationnelles La visualisation est une exercice permet de réduire nos besoins. Il ne s’agit pas pour autant devenir un ascète, ne disposant de rien d’autre que de sa tunique ! Non, le but est simplement de relativiser le sentiment d’être dans le besoin. Se projeter et se poser la bonne question La méthode consiste d’abord à se projeter en imagination dans une situation difficile pour vous. Par exemple, si vous avez le sentiment que posséder beaucoup et être riche importe absolument, alors placez-vous mentalement dans la situation de quelqu’un de pauvre. Ensuite, il faut se poser la bonne question : « Réussirais-je à être heureux en étant démuni ? Comment pourrais-je y parvenir ? » Se convaincre Si vous arrivez à vous convaincre que : « Oui, je peux être heureux avec peu », alors cet exercice aura combattu votre « nécessitose ». Quelles sont les croyances rationnelles qui auront été acquises à l’occasion de cet exercice ? Par exemple :
La sécurité matérielle est importante pour moi, mais je peux profiter de la vie sans cela ; Je pourrais me sentir bien sans emploi, même si je préfère en avoir un ; Il m’est possible de réaliser de belles choses pour les autres et pour moi-même, même si mon image s’est transformée.
Ces visualisations rationnelles rassurent. Avec un peu d’imagination, vous voyez que même démuni, vous pourriez parvenir à faire beaucoup de choses. Vous vous sentez mieux ! Bannissez « absolument » de votre vocabulaire Rappelez-vous : vous n’avez pas absolument besoin des richesses, ni d’ailleurs d’amis, de confort ou de récompense. Ce sont des biens désirables, peut-être, mais pas nécessaires à votre bonheur. Voici une liste de biens qui peuvent participer à votre bonheur :
Amitié Amour-passion Sexe Projets Travail Hobbies Récompenses Études Voyages Aide aux autres Plaisirs de la table Jeux Repos Confort Etc.
La première erreur consiste à en vouloir un (ou plusieurs d’entre eux) absolument. La seconde erreur (plus grave), consiste à les vouloir tous, sans compromis. Votre bonne santé émotionnelle dépend de :
Votre capacité à comprendre qu’un seul de ces biens peut suffire à vous rendre heureux ; Cette aptitude à accepter qu’un bien puisse parfois disparaître au profit d’un autre.
Apprenez à ne pas fétichiser vos désirs, et peut-être surtout les désirs artificiels liés à votre petit confort. Vous avez déjà tout pour réussir ! Chapitre 9. Réflexion existentielle Pensez plutôt à votre mort ! Au moins, de temps en temps. Les bouddhistes, comme les philosophes stoïciens, avaient bien compris cela. Pensez à la mort « Pour employer le vocabulaire des bouddhistes, accepter la réalité du caractère éphémère de toute chose et le caractère inévitable de la mort […] est une attitude saine. Plus rien n’est grave à l’aune de la mort, qui relativise tout. Penser à sa propre mort est une bonne façon de mûrir et de s’apaiser, de gagner en force émotionnelle ». (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). C’est un fait objectif : vous allez mourir, c’est l’ordre des choses. L'art du bonheur consiste à s'imprégner de cette réalité sans la rejeter.
Vivez l’instant présent Dans les sociétés modernes, on fuit la mort, qui est devenue un tabou. C’est une erreur, c’est un idéalisme. Cette attitude nous coupe du caractère positif de la mort. Elle vous offre « une bonne dose de réalité » et vous permet de vivre l’instant présent avec plus d’intensité. Chapitre 10. Modélisation Une autre technique consiste à observer le comportement de personnes fortes. Prendre exemple sur des modèles de rationalité, de force émotionnelle, est un bon moyen d’apprendre à être rationnel et émotionnellement stable soi-même. Cette méthode s’appelle la modélisation. Cela vaut dans le sport, en musique et dans toutes les disciplines qui requièrent un apprentissage. Cela est vrai aussi pour la psychologie cognitive. Des exemples fameux Santandreu cite Stephen Hawking et Christopher Reeve. Le premier a réussi une brillante carrière de physicien malgré une sclérose latérale amyotrophique (SLA). Le second a admirablement résisté à un accident l’ayant paralysé. Au lieu de se plaindre du fait qu’il ne pourrait plus être acteur (c’était lui le premier Superman à l’écran !), il a créé une fondation venant en aide aux personnes souffrant, comme lui, de SLA. Et vous, qui sont vos modèles ? Ce peuvent être des personnes de votre entourage aussi bien que des personnalités célèbres. Qui a admirablement résisté au coup du destin ? Faites une liste de ces personnes hors du commun, analysez leurs réactions et prenez exemple sur eux.
III — Applications pratiques Chapitre 11. Ne plus redouter la solitude (ni l’indécision) Qu’est-ce que la solitude ? Certains ont beaucoup de mal à supporter la solitude. Mais qu’est-ce, au fond ? Est-ce si terrible ? Si vous vivez en ville, il vous est possible de sortir et de rencontrer des gens : oui, c’est encore possible ! Vous êtes à la campagne ? Pensez à ces bergers qui vivaient de longs mois seuls. Étaient-ils malheureux ? Non, ils profitaient simplement autrement de la vie. Il n’y a rien d’anormal ou d’horrible dans la solitude et l’ennui, si on y regarde d’un peu plus près. De légèrement négative, la solitude peut même devenir une expérience positive de recentrage. Que voulez-vous réaliser de neuf ? Prenez le temps. Dans la solitude, vous pouvez vous octroyer ce temps de réflexion. Vous pouvez être tranquille, vous reposer, vous concentrer sur vos projets personnels. L’ennui est-il si négatif ? L’ennui aussi a ses côtés positifs : n’est-il pas au cœur de la dolce farniente italienne ? N’est-ce pas le creuset discret de la création ? Bien souvent, quand nous nous ennuyons, de nouvelles idées émergent, font surface. Profitez de ces moments creux, à l’aéroport ou ailleurs, pour laisser vagabonder votre esprit. Et si rien ne vient, ce n’est pas très grave : vous ne risquez rien de très méchant en vous ennuyant ! Décidez sans peur ! L’incapacité à se décider est un autre problème. Mais il procède d’une exagération similaire. Ici, ce qui est considéré comme horrible est l’erreur. Mais vous pouvez vous tromper ! Rien de très fâcheux ne se passera si vous vous trompez. Vous ne mourrez probablement pas d’avoir tranché pour telle ou telle option. Apprenez à maîtriser l’appréhension des conséquences de vos actions. Pour la personne névrotique, l’erreur est tout bonnement « insupportable ». Elle a l’impression qu’une erreur pourrait la faire mourir. En ce sens, elle est totalement hors-sol : elle plane dans ses élucubrations irrationnelles. Comment la faire descendre ? Le conseil fourni dans L’art de ne pas s’empoisonner la vie est le suivant : en parvenant, par le dialogue, à la convaincre qu’aucune des options (même la moins souhaitable) ne pourra réellement la mettre en danger.
Chapitre 12. Dépasser la peur du ridicule Le ridicule ne tue pas La honte nous fait manquer des opportunités. Nous avons peur d’être méprisés ou tournés en ridicule. Si vous êtes névrotique (anxieux ou déprimé), ou simplement si vous voulez devenir plus fort émotionnellement parlant, alors il vaut mieux apprendre à limiter, voire à se passer de ce sentiment désagréable. Deux voies cognitives s’offrent à vous.
Se faire à l’idée que la honte ne tue pas (par exemple en faisant des exercices de mise en situation ou du théâtre). Transformer son jugement sur l’image sociale.
Attendre d’autrui la reconnaissance, le respect, l’estime, parce que vous auriez bien réussi, n’est pas si important. C’est en prenant conscience de cela que vous pourrez transformer votre jugement sur l’image sociale que vous véhiculez. Cette voie est plus profonde que la première, parce qu’elle permet de prendre conscience que vous n’avez pas besoin d’être riche, élégant ou même intelligent pour avoir de la valeur. Pourquoi ? Parce que ce qui compte vraiment, ce n’est pas votre image sociale, mais votre capacité à aimer, c’est-à-dire à percevoir les autres, tout autant que vous-même, comme des personnes parfaitement imparfaites, dignes d’amour. Les insultes glissent sur vous Les insultes ne pourront plus vous toucher, car elles n’en sont pas pour vous. Si quelqu’un vous traite d’incapable ou blâme votre laideur, que faire ? Eh bien, considérez que ces caractéristiques ne sont pas des phénomènes horribles. Vous pourriez très bien vivre en étant laid ou bête. Dans L’art de ne pas s’empoisonner la vie, Santandreu propose deux stratégies complémentaires :
se concentrer sur ses projets ; ne pas se prendre trop au sérieux.
Vous n’avez pas « besoin » de l’approbation d’autrui pour agir. Être avec autrui doit rester un plaisir. En raisonnant calmement, vous parviendrez à vous dégager de ce prétendu besoin et à profiter plus pleinement de vos relations. Chapitre 13. Améliorer les relations (y compris dans notre couple) Aimez vos amis pour ce qu’ils sont En lisant ce qui précède, vous aurez peut-être déjà compris de quoi il s’agit. La clé de la sérénité consiste à accepter l’autre tel qu’il est, en profitant de ce qu’il peut offrir et en faisant le deuil de ce qu’on voudrait qu’il soit. L’actrice María Merlo a dit dans un livre : « Le secret pour avoir les meilleurs amis du monde est le suivant : il faut demander à chaque ami ce qu’il peut donner. Jamais ce qu’il ne peut pas donner » (cité par Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). La formule est simple et efficace. Ne pas se sentir indigné ni s’éloigner de l’ami ou du membre de la famille parce qu’il a agi dans un sens qui vous déplaît. S’il n’a pas agi comme vous l’attendiez, c’est parce qu’il a ses propres habitudes. Il ne vous a peut-être pas souhaité un bon anniversaire, mais il saura faire autre chose pour vous ! Cela fonctionne à l’inverse : si vous n’êtes pas un bon cuisinier, inutile de venir vous demander de préparer un bon repas ! N’hésitez pas à refuser quelque chose que vous ne sentez pas. Vous ne pouvez pas tout donner. D’ailleurs, c’est mieux ainsi ! Et en couple, comment faire ? Un peu de la même façon : vous aimez votre partenaire pour ce qu’il est. Cette stratégie d’acceptation totale ne signifie pourtant pas que vous lui laissiez carte blanche ! Pour s’harmoniser au sein du couple, il est capital de communiquer de façon positive (en utilisant les techniques de la communication non violente). Santandreu propose une réflexion qui contient deux volets :
Éviter de se plaindre ; Faire des suggestions (plutôt que donner des ordres).
La plainte est trop souvent une exagération. « C’est insupportable que tu ne sortes pas les poubelles ». « Tu ne me satisfais pas sexuellement ». À la place de cette agression, vous pouvez vous adresser à votre conjoint sur le mode de la suggestion : « J’aimerais que tu sortes les poubelles… mais je t’aime quand même » (acceptation totale) ou « J’aimerais qu’on essaie ceci ou cela… ». En faisant cela, vous dégonflez le problème et vous rendez le changement plus facile. Chapitre 14. Contrôler les tempêtes (savoir calmer les autres) Vous pouvez être face à des personnes qui « terribilisent ». Que faire ? Dans L’art de ne pas s’empoisonner la vie, Santandreu propose plusieurs pistes : refuser le jugement d’autrui, rester à l’écart, aimer, faire de l’humour et manipuler l’absurde.
Refuser le jugement d’autrui est une première stratégie. Si l’on vous dit : « C’est terrible que tu ne sois pas encore marié(e) à ton âge », laissez ce jugement passer au-dessus de vous. Rappelez-vous que vous n’êtes pas inférieur(e) à l’autre, et cela, quelle que soit votre situation. Ne pas entrer dans un dialogue de fou en est une autre. Dans une discussion entre amis, en famille ou dans le monde professionnel, il arrive que cela tourne mal. Certains se braquent et refusent d’entendre raison. Cela peut venir de vous : vous avez dit quelque chose de choquant sans vous en rendre compte et, d’un coup, la tempête se lève. Votre premier réflexe doit être de ne pas surenchérir. Vous pouvez également rappeler à la personne offensée l’amour que vous lui portez. Ou le respect, si vous êtes dans un cadre professionnel ! Cette attitude affectueuse ou docile désarme la colère et rétablit potentiellement l’harmonie. Utilisez aussi l’humour ! L’humour est un puissant antidote à la colère ou la frustration d’autrui. Ne soyez pas ironique ou sarcastique, ce qui pourrait empirer les choses. Non, contentez-vous de la ramener à la réalité par un peu de folie douce. Montrez-lui que vous êtes avec elle et que la situation n’a rien de si dramatique. L’absurde est plus risqué, mais fonctionne aussi. Répondre « à côté de la plaque » permet, là aussi, de faire atterrir celui ou celle qui s’était emporté. D’un coup, le soufflé retombe : celui qui avait perdu la raison se trouve face à quelqu’un qui fait semblant de l’avoir perdu, lui aussi. Cet effet miroir est radical !
Chapitre 15. Influencer notre entourage Séduisez et faites des suggestions ! En couple, vous pouvez faire des suggestions (voir le chapitre 13). Mais vous pouvez aussi séduire votre partenaire ! Cela vaut aussi dans d’autres sphères de la vie sociale. « Lorsque nous voulons obtenir quelque chose des autres, je propose de dégainer nos armes de séduction. De convaincre au lieu de vouloir vaincre à tout prix. » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). En bon séducteur, vous pouvez convaincre l’autre personne de faire ce que vous souhaiteriez qu’il fasse (avec ou sans vous). Vous devez être prêt à ne pas réussir ; peu importe, l’important aura été d’essayer. Mais au moins, vous n’aurez pas tenté de vous imposer à l’autre de façon agressive, en « terribilisant » sur vos besoins. Vous lui aurez simplement suggéré que vos désirs sont aussi les siens ! Le jeu avec les enfants Lorsqu’on s’adresse à des enfants, le jeu permet de mettre en place une stratégie de séduction. Plutôt que de lui imposer de faire telle ou telle chose (manger proprement ou faire ses devoirs, par exemple), vous pouvez inventer un jeu qui tourne autour du respect de la norme. Vous transformez l’obligation en apprentissage ludique. Si la personne ne fait jamais ce que vous désirez, même après avoir tenté de la convaincre, trouvez-vous que cette situation est injuste ? Par exemple, malgré vos suggestions répétées, votre conjoint n’a jamais sorti une seule fois les poubelles. C’est injuste ! Eh bien… Non. Ou, en tout cas, cela ne compte pas vraiment. D’une part parce que, s’il ne le fait pas, c’est sans doute que, vraiment, ça lui coûte de le faire. Or vous l’aimez tel qu’il est. D’autre part, car le sentiment de justice peut avoir pour effet de « terribiliser » et de vous éloigner de l’harmonie recherchée. La justice est un bien surestimé aujourd’hui. Chapitre 16. Couper court au stress au travail Êtes-vous trop exigeant avec vous-même ? Le stress est lié à un sentiment d’exigence très élevé à l’égard de soi-même. Il s’agit de l’incapacité à supporter ses défauts ou ses erreurs. Vous voulez absolument être à la hauteur et que tout soit parfait ? Redescendez. Vous vous rendez la vie impossible ! Ne craignez pas d’être incapable. Acceptez de faire une erreur de temps à autre. « Imaginez un monde où le stress n’existe plus mais seulement la capacité à profiter de nos activités à notre rythme, dans la joie et la bonne humeur… Vous êtes sur le point de découvrir comment transformer ce rêve en réalité » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Quelques arguments pour vous convaincre de « redescendre » Premièrement, demandez-vous ce que cela signifie pour vous d’être performant et efficace. Voulez-vous vraiment plus ? Ne vivez-vous pas déjà dans une société d’abondance ? Le besoin irrationnel de vouloir toujours plus, toujours plus de biens de consommation, de reconnaissance sociale, nous épuise. C’est un fait sociologique. Résistez aux sirènes des publicitaires qui cherchent à vous convaincre que vous avez absolument besoin de ce nouveau produit ! Deuxièmement, rappelez-vous qu’il est bon d’être faillible. Dites-vous : « Je m’accepte avec mes limites, avec mes potentielles erreurs, conscient qu’en m’acceptant tel que je suis, en cessant d’exiger tant de la vie, je deviens meilleur, plus pacifique. » (L’art de ne pas s’empoisonner la vie) Troisièmement, apprenez à vous occuper, mais pas à vous préoccuper. Le travail est une occupation qui vous permet de vous réaliser : ne le laissez pas devenir une obligation. Ne pas avoir de travail n’est pas « si terrible ». Vous pourrez vivre et même réaliser certains projets si vous arrêtez de faire un travail qui ne vous plaît pas. En plus, vous serez un meilleur travailleur si vous travaillez par plaisir, avec joie et entrain ! Quatrièmement, apprivoisez la possibilité de l’échec. Utilisez la visualisation : imaginez-vous en train de réaliser une très mauvaise performance. Mais surtout, imaginez-vous que vous pourriez être bien, même si vous réalisiez la pire prestation de votre vie. Chapitre 17. Savoir supporter la frustration Pour être un adulte sain et actif, il faut savoir gérer la frustration. « La tolérance à la frustration est une qualité essentielle pour bien vivre, comme nous le constatons au quotidien. Elle nous permet de mieux profiter de notre temps, sans nous empoisonner la vie avec les choses qui sont hors de notre portée » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Gérer la frustration, cela signifie cesser de se plaindre à la moindre contrariété. Dans la vie de tous les jours, vous rencontrerez bien des occasions d’être fâché ou désagréablement surpris. Mais de nouveau, pensez-y. Ces problèmes sont-ils réellement graves ? Première stratégie La première solution, la plus simple, consiste à considérer dès le départ que ces inconvénients font partie intégrante des choses de la vie. Cela ne signifie pas se résigner, mais simplement comprendre que la vie suit son cours malgré votre volonté ; vous faites partie d’un monde qui vous dépasse et vous n’y pouvez rien. Comprendre cela permet aussi, par contraste, de savoir ce qui dépend vraiment de vous, à savoir le contrôle de vos émotions, de vos représentations et de vos jugements. Deuxième stratégie Une deuxième stratégie consiste à prendre conscience que ces obstacles n’ont pas le pouvoir de vous empêcher d’être heureux. Ils pourraient même, avec un peu de force émotionnelle, devenir des occasions de se réjouir ou au moins, de sourire ! En effet, utiliser l’humour est ici encore une bonne arme. Considérez-vous avec un peu de distance et regardez si vous ne pouvez pas rire de votre énervement : vraiment, ne pouvez-vous pas être heureux malgré ce problème qui vous tombe sur la tête ? Troisième stratégie Enfin, lorsqu’un pépin survient, vous pourriez aussi vous focaliser de toutes vos forces sur les choses et les personnes merveilleuses qui sont à votre portée — et à vos côtés ! N’oubliez pas que tout ne va pas tout le temps droit. Quand quelque chose dérape, soutenez-vous à l’aide des autres piliers de votre existence. Et voyez que cela peut suffire à vous redonner le moral. « Tous les râleurs ont été dans un passé plus ou moins lointain des jeunes gens délicieux » dit encore le psychologue. Alors, ne vous laissez pas gagner par cette mauvaise habitude qui assombrira peu à peu toute votre existence.
Chapitre 18. Se libérer des obligations La famille peut attendre Êtes-vous vraiment obligé d’aller à ce satané repas de Noël ? Devez-vous réellement participer à ce déménagement ? Vous pouvez aimer votre famille, vos amis, et pourtant ne pas accepter de tout faire avec eux, pour eux. Une solution efficace consiste à leur proposer de faire autre chose, de les aider d’une autre manière, qui vous convient mieux. Non, décidément, vous n’êtes vraiment pas obligé de subir toutes ces obligations sociales ! Mais « l’argument décisif pour se libérer de toutes les obligations est la constatation que l’être humain a besoin de très peu pour vivre. En réalité, les membres de notre famille et nos amis n’ont pas besoin qu’on satisfasse leurs désirs pour vivre heureux. Ils n’ont donc pas de raison de se fâcher avec nous si nous n’en faisons rien » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Mais les personnes âgées ? Nos parents vieillissants ? Ne devons-nous pas nous en occuper ? Même là, le thérapeute garde son point de vue : vos parents âgés ou handicapés n’ont pas fondamentalement besoin de vous. Ils pourraient très bien être heureux en se regroupant en association, en cherchant par eux-mêmes les ressources à leur bonheur. Bien sûr, vous pouvez passer de merveilleux moments avec eux et vous pouvez les aider chaque fois qu’il vous plaira. Mais il n’y a là rien qui soit une obligation. Infantiliser nos aïeux, les laisser se convaincre qu’ils ont besoin de notre aide, est la pire des attitudes pour leur bien-être. Aucune relation saine ne peut être fondée sur le sentiment d’obligation ou de pitié. Autre exemple : vous êtes face à quelqu’un qui « terribilise » et qui se moie dans la tristesse ? Changez de sujet ! Vous le ramènerez à la raison plus tard. Vous ne pouvez ni ne devez raisonner quelqu’un qui, pris d’un chagrin d’amour, n’arrive pas à concevoir son état autrement que comme « horrible ». Prenez patience, faites-vous discret et maintenez-vous à distance jusqu’à ce qu’il s’ouvre à vous et à la discussion. Chapitre 19. Arrêter de se soucier de sa santé La santé est un thème sensible. « Tant qu’on a la santé, tout va bien » entend-on souvent. Et pourtant, parmi les biens auxquels nous tenons, la santé est l’un des plus fragiles. Pourquoi tenir tant à quelque chose qu’on va perdre à coup sûr ? Assurément, il est bon de se maintenir en bonne forme physique, mais nous ne devons pas en faire dépendre notre bonheur. « La maladie, la douleur et la mort font partie de la vie. Ce serait une erreur de les prendre pour des malheurs injustes qui gâchent notre bonheur. Il s’agit au contraire de processus naturels qui constituent de vraies difficultés certes, mais qui laissent la place à beaucoup de joie, d’amour et de fraternité […] » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Pouvez-vous être heureux en étant malade ? Même face à une maladie incurable, vous pouvez profiter de la vie. Et c’est ce que savent beaucoup de malades, qui choisissent de jouir des derniers moments qui leur restent. Il est encore possible d’entreprendre d’aimer, de se soigner au mieux. Il est possible de se montrer fort en vous occupant de ce que vous avez à faire, sans vous préoccuper outre mesure de votre sort. En réalité, dit Santandreu : « Nous allons tous mourir [et nous] savons même quand : il suffit de connaître l’âge moyen de mortalité et d’y soustraire notre âge pour connaître la date probable de notre mort » (L’art de ne pas s’empoisonner la vie). S’occuper des autres en étant malade Une manière d’être heureux, malgré une maladie incurable, consisterait à dédier le peu de vie qui vous reste à prendre soin d’autrui. Non par obligation bien sûr, mais par choix, par goût de voir le sourire sur le visage d’un autre humain, petit ou grand. « Une bonne manière de cesser de “souffrir” quand nous sommes malades est d’apprendre à relativiser, à ne pas nous prendre trop au sérieux, puisque nous ne sommes que des grains de sable dans l’univers » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Vous ne changerez sans doute pas le monde en aidant vos concitoyens, mais vous aurez contribué à l’harmonie du monde, plutôt qu’à sa dissolution. Cela pourra vous apaiser et limiter votre narcissisme. Chapitre 20. Se concentrer sur un avenir réjouissant Retour vers le futur Une erreur typique consiste à vouloir ce qui n’est plus, créant par là un avenir impossible. Voici quelques exemples :
Si je retrouvais cet amour perdu et que nous nous remettions ensemble, je serais enfin heureux ; Je reprendrais bien les études que j’ai abandonnées ; alors ma vie serait bien mieux ; Si je retrouvais la jeunesse, ce serait vraiment le must !
La dernière est la pire de toutes, bien sûr, parce qu’elle est tout simplement impossible à réaliser. Ce qui s’est passé dans votre vie est passé. Le replacer dans un hypothétique futur n’y changera rien. La clé du bonheur n’est pas dans les choses, ni même dans les relations que vous entretenez avec les personnes, mais dans la relation que vous entretenez avec vous-même. Toutes les choses positives qui arrivent dans votre vie sont comme la cerise sur le gâteau : elles améliorent votre vie, mais ne font pas le bonheur (le gâteau, donc !) en lui-même. Plus besoin de chercher, vous avez déjà tout pour être heureux. Les dix meilleures années de votre vie Si vous y pensez, chaque époque vous a apporté son lot de bonheur et de malheur. Aucune époque n’était idéale. C’est au présent que vous vivez, et c’est au présent qu’il convient d’être heureux. C’est votre condition actuelle qui doit vous suffire pour profiter pleinement de la vie. « Quel que soit leur âge, je conseille à mes patients d’adopter cette devise : “Les dix prochaines années seront les meilleures de ma vie.” De cette façon, ils se visualisent réalisant des choses passionnantes, profitant de la vie et appréciant ce qu’ils possèdent. À chaque étape de notre vie, nous pouvons nous fixer de nouveaux objectifs, de nouvelles possibilités » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). « Chaque jour est le premier jour du reste de ta vie » dit le dicton. C’est la même idée : vivez au présent en visualisant ce que vous pouvez faire à partir de qui vous êtes aujourd’hui. Où que vous alliez, vous serez heureux Santandreu insiste encore sur un point : il n’y a pas d’endroit dans le monde qui soit insupportable (à part peut-être quelques rares terres très inhospitalières). Il est possible de s’accoutumer en tout lieu et d’y trouver de la beauté. L’occasion de devenir poète ? Peut-être… En effet, décrire le beau, là où il n’est pas évident de le voir, est le propre du poète. Celui-ci sait magnifier n’importe quel endroit : « La terre de Soria est aride et froide Sur les collines et les sierras pelées, sur les vertes prairies, sur les coteaux de cendre le printemps passe laissant entre les herbes odorantes les minuscules pâquerettes blanches. » (Terres de Soria d’Antonio Machado, cité par Santandreu dans L’art de ne pas s’empoisonner la vie) Chapitre 21. En finir avec les peurs La peur, voilà peut-être l’ennemi le plus retors de la psychologie cognitive. Peur de l’inconnu, peur de se tromper, peur de s’exposer en public, peur de mourir… Mais aussi des peurs plus localisées, des phobies plus ou moins singulières : peur de prendre l’avion, peur des araignées, peur, peur ! Le crédo de la psychologie cognitive Pour la psychologie cognitive, il n’y a aucune raison d’avoir peur, parce que :
Tout est déjà perdu (vous êtes mortel et vous mourrez bientôt) ; Vous avez besoin de peu pour vivre (votre force émotionnelle vous suffit).
Les exercices cognitifs (visualisations, modélisation, méditation, etc.) et les arguments développés par la thérapie cognitive sont là pour vous convaincre de ne plus avoir peur. Souvent, nous vivons cadenassés dans une véritable chaîne de peurs. La bonne nouvelle, c’est que s’attaquer à une peur permet de les combattre toutes. Ah oui, pourquoi ? La cohérence des jugements Parce que, lorsque vous cessez de « terribiliser » pour une chose (la peur de perdre votre emploi, par exemple), toutes vos autres évaluations vont, elles aussi, devenir plus rationnelles. Si perdre votre emploi n’est « pas très grave », alors perdre votre petit ami ne le sera pas non plus, et ainsi de suite. « Pour la même raison, lorsqu’on tend à “terribiliser” et à aller vers la névrose, l’angoisse a tendance à se généraliser. C’est un effet de la logique évoquée ; nous déplaçons vers un extrême toutes nos évaluations négatives, dans tous les domaines de notre vie. C’est ainsi que tout devient insupportable aux yeux des névrosés […] » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Vaincre ses peurs : le jeu en vaut vraiment la chandelle, non ?
Chapitre 22. Avoir une estime de soi correcte Ce n’est pas un problème Le psychologue cognitif considère qu’il n’est pas désirable d’acquérir une haute estime de soi. Une estime de soi normale suffit amplement. Pourquoi ?
Parce que, fondamentalement, tous les êtres humains ont la même valeur ; Ce qui compte vraiment en chaque personne, c’est sa capacité à aimer.
« L’estime de soi cesse d’être un problème lorsque nous jugeons les autres selon ce critère de la capacité à aimer. Si nous continuons à les évaluer selon leurs aptitudes ou leurs caractéristiques — comme être riches, beaux, ingénieux ou dignes de confiance —, nous donnons de l’importance à des détails, à des considérations insignifiantes qui ne nous définissent pas comme êtres humains » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Évitez les montagnes russes de l’estime de soi : pour sortir du wagon, considérez que le jugement des autres ne peut pas vous toucher, dès lors qu’il se porte sur ces considérations inessentielles (votre richesse, votre beauté, etc.). Complexes d’infériorité et de supériorité : même combat Les jeux de l’inférieur et du supérieur participent de la même incapacité à se sentir l’égal d’autrui. On se sent moins bien qu’un autre (complexe d’infériorité), alors on s’invente un monde dans lequel on est meilleur (sentiment de supériorité). Ce jeu infernal est une création de l’esprit. Et il est voué à l’échec, car il vous fera sans cesse passer d’un état à l’autre, sans jamais atteindre l’état d’équilibre. La seule solution consiste à arrêter ce jeu de balancier (ou à refuser d’y entrer). Comment ?
En se visualisant faillible, voire même tout en bas de l’échelle sociale, et pourtant heureux ; En acceptant inconditionnellement les autres, tels qu’ils sont et non tels qu’on les voudrait.
« L’acceptation inconditionnelle de soi-même va de pair avec l’acceptation inconditionnelle des autres. Selon une logique très humaine, si nous n’acceptons pas de façon inconditionnelle les autres, nous ne nous accepterons pas non plus nous-mêmes lorsque nous commettrons une erreur ou que l’on nous jugera mal » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Cessez donc d’exiger trop de vous-même. Vous êtes précieux tel que vous êtes ! À l’inverse, si quelqu’un vous fait un tort, dites-vous qu’il agit sans savoir vraiment qui il est ni quelle est votre propre valeur. L’assertivité d’accord, mais n’en faisons pas tout un plat Qu’est-ce que l’assertivité ? C’est « la capacité à exprimer ce que l’on pense et ressent à chaque instant » (L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Par exemple, dans une file d’attente, vous pouvez rappeler à la personne qui vous grille la priorité qu’elle était arrivée après vous. Mais devez-vous en faire plus ? Allez-vous mourir si vous ne passez pas le premier ? Non ! Alors, dites-le-lui, puis passez à autre chose, même s’il refuse de vous céder la place qui était la vôtre. Telle est la philosophie revendiquée par la psychologie cognitive : si l’assertivité revient à exiger, refusez-la. Préférez l’amabilité et la douceur. Chapitre 23. Ultimes instructions Rafael Santandreu termine l’ouvrage par quelques remarques pertinentes :
Pour commencer la thérapie cognitive, il convient d’être ouvert d’esprit et d’avoir envie de changer ; Pour modifier ses jugements, il faut s’entraîner avec régularité (mais ce n’est pas pour autant très difficile) ; Il est normal d’avoir des rechutes et, avec le temps, de petites crises qui se résorbent de plus en plus vite ; Pour véritablement ancrer le changement, il faut prêter attention au niveau de profondeur de ses jugements (on peut dire une chose en société et penser être convaincu, mais être trahi par d’autres pensées).
Ce dernier point est intéressant. En effet, parfois, vous pouvez penser quelque chose (par exemple : nous avons tous la même valeur), mais dans une situation concrète, vous révélez un autre jugement (par exemple : vous donnez plus de crédit à untel parce qu’il est riche). Il faut alors avoir l’honnêteté de reconnaître ces jugements irrationnels et reprendre le travail. Il faut aussi éviter un autre piège : « terribiliser » pour « terribiliser », c’est-à-dire vous en vouloir très fort de ne pas avoir respecté vos principes et d’avoir failli. À nouveau, vous reproduiriez le mal que vous voulez combattre. Par exemple : vous vous êtes emporté contre votre conjoint pour une mauvaise raison et maintenant, vous vous en voulez. Vous « terribilisez » à propos de votre attitude ! Ne paniquez pas et surtout, ne déprimez pas à cause de cela. « L’erreur est humaine. Mieux vaut se montrer patients envers nous-mêmes et, quand ces sautes d’humeur — que nous provoquons nous-mêmes — nous piquent, savoir rester calmes » (Santandreu, L’art de ne pas s’empoisonner la vie). Conclusion sur « L’art de ne pas s’empoisonner la vie » Une méthode intéressante et profondément stoïque Le livre de Santandreu est rempli d'exemples et d'anecdotes qui permettent de visualiser clairement ses propos. L'auteur a un style clair et pédagogique. À la lecture, on ne peut qu'être frappé, par ailleurs, par la ressemblance entre la thérapie cognitive et la pensée stoïcienne, développée Sénèque dans sa Lettre à Lucilius, par exemple. Les références au bouddhisme et à la pensée indienne de Gandhi sont également très présentes. Ce qu’il faut retenir de « L’art de ne pas s’empoisonner la vie » Cette méthode invite à transformer son rapport à la vie en agissant directement sur les pensées que nous formons. L'idée principale de toute la thérapie cognitive est que nos émotions sont dirigées par le filtre de notre raison. Si nous apprenons à notre raison à ne pas voir les choses en noir, alors tout ira bien. Points forts :
Les exemples et les anecdotes ; Un style fluide et pédagogique ; Des applications à plusieurs thématiques et milieux (peur, incertitude, couple, monde professionnel).
Points faibles :
Une théorie réduite à quelques principes très simples ; Les répétitions de ces principes tout au long de l'ouvrage.
Ma note :
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June 3 2021, 5:00pm
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Les secrets de présentation de Steve Jobs
Résumé du livre « Les secrets de présentation de Steve Jobs » : Dans le monde du business, la capacité à transmettre une idée et convaincre un public est un élément crucial, et dans cet espace, Steve Jobs est le maître. L’auteur, Carmine Gallo, un gourou de la communication, trois fois dans la liste best-seller du Wall Street Journal et instructeur à l’université de Harvard, nous livre les ingrédients du succès des présentations de Steve Jobs. Le tout nous est présenté en trois actes contenant plusieurs scènes (chapitres), comme dans une pièce de théâtre, et il nous renvoie systématiquement vers une ou plusieurs des plus de 70 000 vidéos de Steve Jobs disponibles sur YouTube en complément et pour appuyer ses propos. L’auteur nous promet que si nous lisons et étudions les exemples de ce livre, nos présentations ne seront plus jamais pareilles. Par Carmine Gallo, 2016, 273 pages. Titre original : The Presentation Secrets of Steve Jobs Note : Cette chronique est une chronique invitée écrite par Hamidul du blog Les Supers Entrepreneurs. Chronique et résumé de « Les secrets de présentation de Steve Jobs » :
Acte 1 : Créez l'histoire Dans cette section, les différents chapitres (scènes) vous permettront de construire l’histoire derrière votre marque. Une histoire forte vous donnera la confiance nécessaire et vous permettra de séduire votre audience. Scène 1 : Planifiez en analogique Le marketing, c’est du théâtre. C’est comme la mise en scène d'une performance. - John Sculley Steve Jobs a percé dans le monde du numérique, mais la création du script et de la trame de l’histoire de ses présentations a été réalisée avec des outils aussi élémentaires qu’un papier et un crayon. Nancy Duarte, la personne derrière la présentation primée d’Al Gore, An Inconvenient Truth, conseille à un présentateur de passer 90 heures sur la préparation d’une présentation d’une durée d’une heure qui contient 30 diapositives, mais seulement un tiers de ce temps doit être employé dans la construction de ces diapositives (dans PowerPoint ou dans Keynote par exemple). Prenez garde aux pièges du logiciel PowerPoint qui nous propose d’emblée de saisir nos idées sous la forme de liste. Créez une présentation visuelle pour inspirer votre public. C’est l’histoire, et pas les diapositives, qui va capturer l’imagination du public. Cliff Atkinson, l’auteur du livre Beyond Bullet Points, propose les trois étapes suivantes dans la création d'une présentation, que cela soit dans PowerPoint ou dans Keynote : Ecriture -> Skeching (le croquis) -> Production Gardez les éléments suivants à l’esprit au moment de la création de votre présentation PowerPoint ou Keynote :
Le titre : Quelle est la seule chose que vous voulez que retienne votre public ? Votre titre doit être court (140 caractères) et mémorable. Par exemple : Le Skinny d’Apple est riche en fonctionnalités ; Aujourd’hui, Apple réinvente le téléphone ! La phrase « passion » (Passion Statement) : Steve Jobs transpirait la passion dans chacune de ses présentations. Passez quelques minutes à compléter cette phrase : « Je suis extrêmement heureux de vous parler de ce produit [société, initiative, fonctionnalité, etc.] parce que ____ ». Ensuite, partagez cette phrase, exprimez-la ! Trois messages clés : Notez les trois messages clés que vous voulez que votre audience retienne. Métaphores et analogies : Décidez de l’outil que vous voulez utiliser pour poser vos messages clés. Selon Aristote, le plus puissant moteur est une métaphore. Par exemple, voici une métaphore qu’a utilisée Steve Jobs : « C'est ce qu'est un ordinateur pour moi : c’est l'outil le plus remarquable que nous ayons jamais inventé. C'est comme un vélo pour nos esprits. ». Son proche cousin est : l’analogie. L’analogie nous permet de mieux comprendre des concepts qui nous sont étrangers. Par exemple : « Le microprocesseur est le cerveau de votre ordinateur ». Démonstrations : Pouvez-vous faire une démonstration avec votre produit ? Si c’est possible, ajoutez-le dans votre script. Donnez vie à votre produit. Partenaires : Steve Jobs partageait régulièrement la scène avec ses partenaires, par exemple Madonna, lors du lancement d’iTunes, ou les CEOs d’Intel, Fox ou Sony. Témoignages : Vos clients veulent entendre des « success stories ». Alimentez votre présentation avec des témoignages de clients qui racontent de belles réussites, à l’écrit ou, encore mieux, dans une vidéo. Vidéo-clips : Steve Jobs utilisait le média vidéo très souvent. Graphiques, statistiques et matériels : Parlez aux différents sens de votre auditoire : visuels, auditifs et kinesthésiques. N’hésitez pas à prendre et faire passer un objet si l’occasion se présente.
Passez du temps sur la création de l’histoire, plutôt que la création de la présentation (dans PowerPoint ou Keynote). Utilisez un ou tous les éléments proposés ci-dessus dans votre présentation. Une présentation de Steve Jobs suit la règle des 5 points d’Aristote pour convaincre :
Énoncez une histoire ou une intrigue qui suscite l’intérêt et la curiosité de votre audience Posez un problème qui nécessite une solution ou une réponse Proposez une solution au problème que vous avez posé Décrivez des bénéfices spécifiques dans l’utilisation de la solution présentée Faites un appel à l’action
Scène 2 : Répondez à une seule question, la seule qui compte Vous devez commencer par l’expérience client et ensuite réfléchir à la technologie - pas l’inverse. - Steve Jobs, 25 Mai 1997, World Developers Conference Dans la vidéo suivante, « The First iMac Introduction [1] », Steve Jobs, en mai 1998, a pitché le premier iMac. La valeur qu’il met en avant à propos de cet iMac est qu’il permettra d’accéder facilement et rapidement à internet. Vous remarquerez aussi un ton humoristique inséré dans certaines tournures de phrases. Votre public veut être informé sur votre produit, éduqué sur comment il fonctionne et diverti au passage. Mais surtout, vous devez répondre à la question : Pourquoi dois-je m’intéresser à ce que vous me dites ? Voici un autre exemple où l’objectif est de convaincre l’audience (clients et développeurs) du bien-fondé du nouveau partenariat Intel-Apple : The Intel Switch Revealed [2]. Pendant la préparation de votre présentation, gardez en tête que ce n’est pas à propos de vous, le tout est pour eux. Et gardez en tête la seule question à laquelle vous devez répondre afin de garder l’attention de votre audience et la garder engagée : « Pourquoi dois-je m’intéresser à ce que vous me dites ? » Si vous vouliez que votre audience ne se souvienne que d’une seule chose, qu’est-ce que ce serait ? Évitez le jargon, simplifiez autant que possible votre langage pour votre audience. Il faut que votre audience puisse comprendre facilement. Expliquez les bénéfices de votre produit pour votre audience (cible), tôt, souvent et clairement. Steve Jobs ne donnait pas aux gens le temps d'essayer de deviner. Assurez-vous que ce message soit répété dans tous vos matériels marketing. Dans le livre, l’auteur propose un tableau avec plusieurs exemples démontrant comment Steve Jobs « vend le bénéfice d’un produit ou d’une fonctionnalité » : Keynote Software, iPod nano, fonctionnalité Genius pour iTunes, etc. Attention de ne pas tomber dans le piège du « Regardez-moi ». Évitez de mettre de l’information dont l’unique objectif est de vous mettre en avant. Réfléchissez toujours du point de vue de votre audience. Steve Jobs ne vend jamais son produit, il vend le rêve d’un meilleur futur. Steve Jobs explique le « pourquoi » avant le « comment ». Votre audience se fiche de votre produit. Les gens ne se préoccupent que d’eux-mêmes. Vendez le rêve, pas le produit. Scène 3 : Développez un but sacré Les grands présentateurs sont passionnés parce qu’ils suivent leur cœur. Dans le documentaire « Triumph of the Nerds », Steve Jobs a dit : « Je valais 1 million de dollars à mes 23 ans, 10 millions à mes 24 ans et 100 millions à mes 25 ans, mais cela m’était égal parce que je n’ai jamais fait cela pour l’argent ». Tout commence avec la passion. Steve Jobs parlait avec passion, enthousiasme et énergie. Nous avons tous un but. Steve Jobs l’a trouvé à un jeune âge. Trouvez-le, sinon continuez à le chercher jusqu’à ce que vous le trouviez. Vidéo : You've got to find what you love [3]. Steve Jobs était profondément convaincu que ses créations contribuaient à changer le monde pour le meilleur. Il arrivait à convaincre ses équipes et les emmenait dans cette quête d'un avenir meilleur. Il l'exprimait à qui voulait l'entendre. Tout le monde a une histoire à raconter. Votre produit ou votre projet améliore forcément la vie d'un certain nombre de personnes. Plongez dans votre esprit et identifiez l'élément par lequel vous êtes le plus passionné, et exprimez-le haut et fort. Développez une phrase « passion » (passion statement) et partagez-la. Expliquez sincèrement à votre prospect pourquoi vous êtes extrêmement heureux de travailler avec lui. Si voulez être un brillant orateur, mais que vous n'aimez pas votre job, changez de métier. Vous pouvez réussir financièrement dans un job que nous n'aimez pas, mais vous ne serez jamais considéré comme un orateur inspirant. Scène 4 : Créez des titres comme si c'était pour Twitter Aujourd’hui, Apple réinvente le téléphone ! - Steve Jobs, Macworld 2007 Les titres d'Apple sont mémorables parce qu'ils respectent trois critères : ils sont concis (27 caractères), ils sont spécifiques et ils décrivent un bénéfice personnel. Voici quelques titres d'Apple :
Les ordinateurs portables les plus écologiques qui soient iPhone 3G. Deux fois plus rapide, la moitié du prix.
Le navigateur le plus rapide sur Mac, et selon plusieurs, le meilleur navigateur jamais créé La phrase avec laquelle les fondateurs de Google, Sergey Brin et Larry Page, ont présenté leur entreprise à leurs investisseurs :
En un seul clic, Google vous donne accès à toute l'information mondiale.
Un investisseur a dit à l'auteur :
Si vous n'êtes pas capable de décrire ce que vous faites en 10 mots ou moins, je n'investis pas, je n'achète pas, je ne suis pas intéressé.
Starbucks :
Starbucks crée un troisième espace entre le travail et la maison.
Dans la présentation « Introduction of Keynote by Steve Jobs [4] », Steve Jobs appuie ces propos avec des titres accrocheurs qui pourraient en fait résumer l'essence de la présentation. Steve Jobs va également répéter les titres dans son discours. Répétez le titre dans votre discours, le matériel marketing, sur le site web, et partout où nécessaire. N'oubliez pas que le titre est une phrase qui promet un avenir meilleur. Ce n'est pas à propos de vous. C'est à propos d'eux. Scène 5 : Créez la trame de votre présentation Steve Jobs a toujours suivi la règle des trois. On le voit, par exemple, dans la présentation « Steve Jobs Introducing The iPhone [5] ». Parlez de trois choses dans votre présentation. Cela créera une trame à laquelle votre audience pourra s'accrocher. Il peut s’agir, par exemple, d’une présentation en trois parties, de parler de trois fonctionnalités ou de faire une démo en trois parties. Créez une liste de tous les éléments (informations sur votre produit, service, entreprise, etc.) que vous aimeriez partager avec votre audience. Catégorisez cette liste, jusqu'à ce que vous obteniez uniquement trois messages clés. Ce groupe de trois messages est la trame de votre pitch ou de votre présentation. Attachez à chaque message un outil rhétorique vu à la scène 1 : une histoire personnelle, des faits, un exemple, une analogie, une métaphore ou un témoignage. Scène 6 : Faites entrer l'antagoniste Dans toutes les histoires, il y a un méchant. Les présentations de Steve Jobs n'échappent pas à cette règle. Un exemple :
1984 Apple's Macintosh Commercial [6]. En 1984, IBM était l'ennemi.
Observez également cette présentation :
« Steve Jobs Introducing The iPhone [7] ». Steve Jobs pose le problème en soulevant systématiquement des questions auxquelles il répond par la suite avec la « solution ». Problème + Solution = le classique Steve Jobs : Pourquoi avons-nous besoin d’une interface utilisateur incroyable ? Comment allons-nous communiquer avec cela ?
Il est très important de définir l'ennemi commun. Cela attire les fans, incite la controverse, crée la loyauté, nous fait penser, argumenter et acheter ! Vous avez besoin d'une phrase pour introduire votre ennemi : pourquoi avons-nous besoin de cela ? Un exemple :
Safari Web Browser Introduction [8]. Question : Pourquoi ? Pourquoi un nouveau navigateur, alors qu'il y a déjà plusieurs compétiteurs sur le marché ? Solution : Parce qu'il est plus rapide et mieux intégré au moteur de recherche Google.
Vous devez créer un espace pour votre solution dans le cerveau de votre audience afin de la préparer au message que vous allez livrer. C'est donc très important. Faites entrer l'antagoniste suffisamment tôt dans votre présentation. Posez toujours le problème, avant de révéler la solution. Vous pouvez faire cela en présentant la problématique de votre client d'une manière très imagée et vivante. Construisez votre pitch en répondant aux quatre questions suivantes :
Que faites-vous ? Quel problème résolvez-vous ? Comment êtes-vous différent ? Pourquoi devrais-je m'intéresser à ce que vous me dites ?
Passez du temps à décrire le problème dans les détails. Il doit devenir concret et tangible pour votre audience. Décrivez la douleur autour de cette problématique. N'oubliez pas : les gens se fichent de votre solution. Ce qui les intéresse, c'est résoudre leurs problèmes. Scène 7 : Révélez le héros Le problème, avec Microsoft, c'est qu'ils n'ont absolument pas de goût. Et ce n’est pas un petit problème. À mon avis, c’est un gros problème. - Steve Jobs Une fois que vous avez placé l'antagoniste — le problème, la souffrance de votre client — décrivez d'une manière claire comment votre produit ou service résout ce problème. Un exemple :
Apple Keynote (1983) [9]. Dans cette vidéo, Steve Jobs décrit l’ennemi (Big Blue), tel que l’on pourrait le faire avec l’un des meilleurs « James Bond », et présente ensuite le héros qui sauvera le monde.
Dans les présentations de Steve Jobs, l’objectif du héros n’est pas toujours de tuer le méchant, mais de rendre nos vies meilleures. Un exemple :
The First Ever iPod Introduction (2001) [10]. « Personne n’a trouvé la recette du produit idéal dans le monde de la musique digitale. Nous (Apple) l’avons trouvé. »
Décrivez l’état du marché actuel, suivi de votre vision de ce qu’il pourrait être. Lorsque vous présentez votre solution, évitez les jargons. La solution doit être simple. « Si vous n’avez pas beaucoup de passion pour ce que vous offrez, vous ne survivrez pas. Vous abandonnerez. Il doit donc y avoir une idée, un problème ou un tort que vous voulez corriger et qui vous passionne. Sinon, vous n'aurez simplement pas la persévérance nécessaire pour y parvenir. Je pense que la moitié de la bataille se trouve là. » - Steve Jobs N'oubliez pas, Steve Jobs pense que tant que vous n'êtes pas passionné par un problème que vous voulez absolument résoudre, vous n'aurez pas la persévérance pour vous y accrocher. Entracte : la règle des 10 minutes Différentes études ont démontré, grâce à la recherche sur les sciences cognitives, que vous allez perdre l’attention de votre audience au bout de 10 minutes. Steve Jobs ne laissait pas le temps au cerveau de son audience de s’ennuyer. Il planifiait toujours des démonstrations, un second ou troisième orateur, un clip vidéo. Faites la même chose. Acte 2 : Délivrez l’expérience Les six chapitres de cette section vous donnent des techniques concrètes pour transformer votre présentation en une expérience visuelle incontournable. Scène 8 : Créez une présentation zen La simplicité est l’ultime sophistication. - Leonardo Da Vinci Simplifier signifie éliminer le superflu afin que le nécessaire puisse parler. - Hans Hofmann Si vous ne pouvez pas l'expliquer simplement, vous ne le comprenez pas assez bien. - Albert Einstein L’auteur propose plusieurs tableaux des présentations de Steve Jobs. D’un côté on trouve ce qu’il dit lorsqu’il affiche une diapositive, et de l’autre côté ce que l’on peut voir sur la diapositive. On peut remarquer que Steve Jobs affiche un mot ou deux, des images ou des photos pour appuyer sa narration. Exemples :
The First Ever iPod Introduction (2001) [10] Macworld 2008 Keynote Address [11]
Les présentations de Steve Jobs sont extrêmement épurées et simples. Retirez tous ce que vous pouvez de votre présentation (PowerPoint ou Keynote) pour ne garder que l’essentiel. Évitez les listes à puces. Favorisez les images. N’ayez pas plus qu’un thème par diapositive et complétez avec une image ou une photo. Faites des diapositives visuellement esthétiques. Scène 9 : Habillez vos nombres Utilisez des nombres pour appuyer les éléments principaux de votre présentation. Mais attention, ne noyez pas votre audience sous les chiffres. Insérez vos nombres dans un contexte qui parle à votre audience. Exemples :
Macworld 2008 Keynote Address [10]. « A ce jour, nous avons vendu quatre millions d'iPhone. Si vous divisez quatre millions par deux cents jours, cela fait en moyenne vingt mille iPhone par jour. ». Steve Jobs rend ces chiffres beaucoup plus concrets pour l’audience en les ramenant à un taux journalier. The First Ever iPod Introduction (2001) [11]. « 1000 chansons dans votre poche » (1000 songs in your pocket). Steve Jobs explique ce que représente un espace de 5 GB et différencie l'iPod par rapport à ses concurrents de l’époque.
Faites que vos chiffres parlent à votre audience dans un contexte qui leur est familier, tout en étant spécifique et pertinent. Parfois, les analogies sont la meilleure manière de situer les chiffres dans un contexte que les gens pourront comprendre. L’auteur donne différents exemples démontrant comment il a aidé à transformer des nombres très grands et pas très pertinents pour le public ou des investisseurs en quelque chose de plus pertinent et contextuel grâce à des analogies. Utilisez des analogies pour « habiller » vos nombres. Scène 10 : Utilisez des mots « incroyables » Steve Jobs utilisait des mots simples, clairs, directs et sans jargon : « Nous avons conçu les boutons à l'écran pour qu’ils soient si beaux que vous aurez envie de les lécher ». Enlevez tous le jargon et les « buzzwords » de votre présentation. Si votre présentation est source de confusion, complexe et remplie de jargon, vous perdrez une opportunité d’éveiller l’intérêt de votre audience. Vous remarquerez que les mots qu’utilise Steve Jobs sont les mots qu’utilisent les gens tous les jours : excellent, incroyable, élégant (Amazing, incredible, gorgeous). Amusez-vous avec les mots ! Exprimer votre enthousiasme est une bonne chose. Scène 11 : Partagez la scène Steve Jobs partageait régulièrement la scène avec ses partenaires, employés et clients, par exemple le CEO d'Intel, Bill Gates ou le CEO de Twentieth Century Fox. L’avis d’un client, c’est bien. Avoir un client sur scène pour témoigner, c’est encore mieux. Au lancement, assurez-vous d’avoir des clients qui ont testé votre produit afin d’appuyer vos propos. Vos clients ont besoin de croire en vous. Les témoignages de clients ou les revues dans des magazines vous permettront d’aider à convaincre vos clients. Intégrez des témoignages de clients directement dans votre présentation. Remerciez vos employés, partenaires et clients. Faites-le souvent. Scène 12 : Incluez des accessoires dans votre mise en scène Faites une démo pendant votre présentation. Une démo courte, agréable et cohérente. Proposez quelque chose pour toute votre audience avec des éléments visuels, auditifs et kinesthésiques. Par exemple :
Apple Special Event, October 2008 [12] : Steve Jobs fait circuler le matériel High-Tech du nouveau MacBook parmi l’audience. La démo a duré 2 minutes. Donnez un papier et un crayon à votre assemblée et donnez-leur un exercice à faire Proposez à quelqu’un de votre audience de vous rejoindre sur scène.
Lors de votre démo, ne mettez en avant qu’un seul élément, qu’une seule fonctionnalité... Scène 13 : Préparez un moment « Oh, mon Dieu ! » Les gens oublieront ce que vous avez dit, ils oublieront ce que vous avez fait, mais n'oublieront jamais ce que vous leur avez fait ressentir. - Maya Angelou Steve Jobs prévoyait toujours un moment mémorable dans sa présentation. La seule chose qu’il voulait que son audience retienne. Il inscrivait cet élément dans le cerveau de son audience en créant un impact émotionnel fort. Par exemple :
Macworld San Francisco 2008-The MacBook Air Intro [13] : Il a retiré un MacBook pro d’une enveloppe afin de démontrer et marquer clairement dans l’esprit de son audience que c’était le portable le plus fin du monde. The First Ever iPod Introduction (2001) [10] : Il a sorti un iPod de sa poche pour démontrer et marquer clairement dans l’esprit de son audience à quel point l’iPod était petit et fin, mais qu’il pouvait contenir un millier de chansons.
Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir présenter un produit aussi révolutionnaire que ceux d’Apple. Une histoire personnelle peut aider à instaurer cet ancrage émotionnel qui rendra votre message mémorable. Planifiez un moment « Oh, mon Dieu ! ». Il doit s’agir d’une annonce incroyable, une histoire personnelle, une information inattendue ou une démonstration, bref, quelque chose de mémorable pour votre audience. Écrivez le script. Créez un élément mémorable dont votre audience parlera après votre présentation. Réfléchissez à des éléments de surprise que vous pourriez placer dans votre présentation. Entrainez-vous et répétez ce moment. Ne commettez pas d’erreur qui risque de faire tomber ce moment à plat. Assurez-vous que les diapositives apparaissent correctement et que la démo fonctionne. Deuxième entracte Dans cet entracte, l’auteur nous explique comment Phil Schiller, qui a eu la lourde tâche de remplacer Steve Jobs au Macworld 2009, a utilisé la sauce Steve Jobs et les techniques décrites dans cet acte pour rendre sa présentation mémorable. Acte 3 : Améliorez et répétez Dans ces derniers chapitres, nous allons voir comment Steve Jobs affine et prépare sa présentation pour créer une connexion émotionnelle forte avec son audience. Scène 14 : Assurez la présence sur scène Agissez toujours avec assurance. - Barack Obama La manière dont vous dites les choses est aussi importante que ce que vous dites. L’auteur décrit la manière dont Steve Jobs appuie sur certains mots et les gestes qui les accompagnent. Steve Jobs fait trois choses importantes que tout le monde peut faire : garder le contact visuel avec son public ; une attitude corporelle ouverte ; utiliser fréquemment ses mains pour appuyer ses propos. Steve Jobs arrive à garder le contact avec son audience parce qu’il a pratiqué ses diapositives plusieurs semaines à l’avance. Il connaît ses diapositives et ses transitions. La plupart des présentateurs ne pratiquent pas assez et cela se ressent dans leurs présentations. Lors d’une présentation visuelle (avec peu ou pas de textes), il est aussi préférable de ne pas regarder ses diapositives, mais plutôt son audience au moment de livrer le message attendu. Ne croisez pas les bras. Ne gardez pas d’élément (bureau, etc.) entre vous et votre audience. L’auteur analyse les mots associés à l’intonation qu’a utilisée Steve Jobs dans certaines de ses présentations. Faites particulièrement attention à votre rythme, vos pauses et votre volume. Ne sous-estimez pas l’impact de votre communication non verbale. Enregistrez-vous en vidéo, puis observez votre langage corporel et écoutez votre voix afin d’améliorer vos compétences d’orateur. Scène 15 : Donnez l’impression que c’est facile Steve Jobs parait être à l’aise, confortable et en confiance dans ses présentations. Son secret : il pratique sa présentation pendant des heures et des jours à l’avance ! Si vous voulez faire une présentation comme Steve Jobs, passez plus de temps à pratiquer et répéter votre présentation que vous ne le faites actuellement. Les chercheurs ont démontré le nombre d’heures nécessaires pour devenir un expert dans une compétence donnée : 10 000 heures, soit 20 heures par semaine sur une période de 10 ans. Les Beatles, d’autres stars, des sportifs et Steve Jobs confirment cette règle avec leur première prestation remarquable 10 ans après leurs débuts. [14][15] La « spontanéité » est le résultat d’une pratique planifiée. Rendre votre présentation « vivante » demande de la pratique. Il faut accepter ce fait pour élever votre présentation au-delà d’une présentation médiocre. Il est essentiel de s’enregistrer et de se voir en vidéo. Observez la présence du contact visuel ; le langage corporel ; les mots type de « euh », « en fait », et autres similaires ; votre voix ; votre énergie. L’enregistrement des 5 premières minutes est suffisant pour identifier vos mauvaises habitudes. L’auteur donne une technique pour avoir une réponse à toutes les questions :
Identifiez les questions les plus probables de survenir. Mettez la question dans une catégorie. D’après l’expérience de l’auteur, toutes les questions devraient pouvoir se ranger dans un maximum de 7 catégories. Préparez une réponse pour chaque catégorie. Écoutez attentivement la question que l’on vous pose et identifiez la catégorie dans laquelle aller piocher votre réponse. Réfléchissez à ces réponses comme à des mini-présentations.
Scène 16 : Habillez-vous d’une manière appropriée Steve Jobs s’habillait toujours de la même manière pour ses Keynote : un pull noir et un jeans. Devez-vous faire pareil ? Non. Steve Jobs s’habillait de la manière nécessaire. S’il devait aller convaincre des investisseurs ou aller voir son banquier pour des fonds, il s’habillait en conséquence. Voici Steve Jobs en costume, au début de sa carrière : Nightline interview with Steve Jobs (1981) [16] Assurez-vous que votre tenue reflète la personne que vous voulez représenter, le leader que vous voulez être. Habillez-vous d’une manière appropriée selon la situation. Scène 17 : Jetez le script Steve Jobs parlait à son audience en les regardant dans les yeux. Il ne regardait pas ses diapositives. Vous devez pratiquer correctement afin de pouvoir vous passer de votre script. Les présentations de Steve Jobs étaient très visuelles. Elles fonctionnaient comme un prompteur pour lui. Une idée par diapositive. Les grands acteurs répètent leur texte des mois avant leur performance. Est-ce qu’ils apprennent leur texte par cœur ? Oui, et pourtant leur discours semble naturel. C’est ce que nous devons faire également. L’auteur nous donne une technique afin de mémoriser et présenter comme Steve Jobs :
Écrivez votre texte en entier avec des phrases complètes. Utilisez trois ou quatre phrases au maximum pour représenter une idée. Mettez en gras un mot clé par phrase et pratiquez votre présentation. Enlevez les mots superflus ; laissez uniquement les mots clés et pratiquez votre présentation. Mémorisez la seule idée que vous voulez que votre audience retienne par diapositive. Le visuel sur votre diapositive devient la représentation de votre mot clé, de votre idée sur cette diapositive. Pratiquez votre présentation en entier, sans vos notes, en utilisant vos diapositives comme prompteur.
Les notes ne sont pas interdites. Steve Jobs les utilisait pour les démos, par exemple, mais elles ne contenaient que quelques mots. Scène 18 : Amusez-vous Je n'ai pas de secret. Quand il est question d’affaires, il n'y a pas de règles à suivre. Je travaille dur et, comme je l'ai toujours fait, je crois en être capable. Mais surtout, j'essaie de m'amuser. - Richard Branson Faites du « Infotainment », mélangez l’information au divertissement : votre audience doit s’amuser tout en écoutant ce que vous avez à leur dire. L’auteur partage des exemples de comment Steve Jobs s’amusait avec son audience lors de ces présentations, avec des chorégraphies, des blagues ou des histoires personnelles amusantes. Malgré toutes ces préparations, il va y avoir des imprévus. Ne vous arrêtez pas sur ces problèmes, avancez dans votre présentation quoi qu’il puisse arriver. En cas de problème, ne laissez pas cet imprévu dérailler votre présentation. Concentrez-vous sur la vision globale de votre présentation, amusez-vous et ne laissez pas les petites choses vous arrêter. L’auteur donne plusieurs exemples de comment Steve Jobs a avancé malgré les imprévus qu’il a pu rencontrer sur scène. Il ne perdait jamais son enthousiasme, quelle que soit la situation. Conclusion sur Les secrets de présentation de Steve Jobs de Carmine Gallo : J’avais lu le livre « Comment parler en public » de Dale Carnegie et pratiquais ce que j’en avais appris depuis plusieurs années. J’avais même suivi le stage de formation Dale Carnegie de 12 semaines dans ma ville. Je n’étais peut-être pas le meilleur, mais j’étais assez à l’aise dans la prise de parole en public. Ce livre, « Les secrets de présentation de Steve Jobs », m’a donné une grosse claque en pleine figure. Comme le promet l’auteur, ce livre m’a permis de faire passer mes présentations à un autre niveau. Pourquoi est-ce que j’ai décidé de lire ce livre ? C’était lors de la préparation de mon deuxième entretien pour mon « job de rêve » : travailler dans le monde de l’innovation dans le contexte passionnant de l’aviation ! On m’avait demandé, pour cet entretien, de faire l’exercice de présenter une idée innovante. Vous trouverez dans l’article suivant les étapes que j’ai suivies pour générer une idée innovante. Pour ce qui est de la présentation, j’ai décidé de me tourner vers « Les secrets de présentation de Steve Jobs » que j’avais acheté il y a deux ans, mais que je n’avais pas lu. Cette fois, je l’ai lu, j’ai regardé les vidéos de Steve Jobs mentionnées et j’ai appliqué les concepts, au fur et à mesure, dans la préparation de ma présentation. Et finalement, oui ! J’ai décroché le job face à la concurrence ! Et deux ans plus tard, le directeur, qui avait assisté à ma présentation, me parle toujours de cette présentation et de l’effet qu’elle avait produit. Ne sous-estimez pas l’impact que peut avoir un discours dans votre carrière ou dans votre vie. Cette aptitude vous sera utile, que vous soyez un entrepreneur ou un salarié dans une entreprise, et même dans votre vie privée. Je continue à réviser ce livre lors de la préparation de mes présentations importantes. Je fais régulièrement des conférences et des webinaires sur l’entrepreneuriat. Et je dois beaucoup de mon succès à ce livre. Maintenant, je viendrai voir cet article avant et pendant mes préparations pour une présentation importante. ;-) Je vous invite à faire de même. Lisez ce livre et ajoutez cette page dans vos favoris ! Vos présentations ne seront plus jamais les mêmes, comme le promet l’auteur du livre. Vous pouvez également trouver ici un résumé en vidéo. Hamidul du blog Les-Supers-Entrepreneurs.com Points forts :
À quoi cela sert de parler avec éloquence si votre script est ennuyeux ? À quoi cela sert d’avoir le meilleur discours si vous n’arrivez pas à le transmettre avec la même intensité ? Et à quoi cela sert d’avoir des diapositives (PowerPoint ou Keynote) si vos diapositives pénalisent votre intervention ? Ce livre est complet et prend en compte tous les aspects d’une présentation tout en restant simple et facile à lire. Un guide à appliquer pas à pas. On apprend avec le meilleur : Steve Jobs. Les 70 000 vidéos de Steve Jobs disponibles sur YouTube rendent les concepts partagés beaucoup plus concrets. Dans les vidéos, on peut observer la voix, l’intonation, le rythme, les diapositives ou encore la communication non verbale. Tout le monde n’a pas la chance de défendre des produits aussi révolutionnaires que ceux de Steve Jobs. L’auteur partage également de nombreuses histoires et anecdotes personnelles dans le cadre de coaching de CEO de la Silicon Valley pour illustrer ses propos.
Point faible :
C’est un livre pour les entrepreneurs. Il est adapté pour un discours ayant pour but de convaincre. Il faut un peu d’exercice pour l’adapter à un discours qui sert à informer ou qui est fait seulement pour divertir.
Ma note :
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Sources : [1] "The First iMac Introduction", https://youtu.be/0BHPtoTctDY [2] "The Intel Switch Revealed", https://youtu.be/ghdTqnYnFyg [3] Stanford, "You've got to find what you love,' Jobs says", https://news.stanford.edu/news/2005/june15/jobs-061505.html [4] "Introduction of Keynote by Steve Jobs", https://youtu.be/ViWnJDomhsM [5] "Steve Jobs Introducing The iPhone", https://youtu.be/x7qPAY9JqE4 [6] "1984 Apple's Macintosh Commercial", https://youtu.be/VtvjbmoDx-I [7] "Steve Jobs Introducing The iPhone", https://youtu.be/x7qPAY9JqE4 [8] "Safari Web Browser Introduction", https://youtu.be/T_ZNXQujgXw [9] "Apple Keynote (1983)", https://youtu.be/ISoWKxKyWhQ [10] "The First Ever iPod Introduction (2001)", https://youtu.be/kN0SVBCJqLs [11] "Macworld 2008 Keynote Address", https://youtu.be/i9XU6wk_mWY [12] "Apple Special Event, October 2008", https://youtu.be/jQ7c9CFaHjw [13] "Macworld San Francisco 2008-The MacBook Air Intro", https://youtu.be/OIV6peKMj9M [14] Daniel Levitin, This Is Your Brain on Music (New York: Plume-Penguin, 2007), 97. [15] Malcolm Gladwell, Outliers (New York: Little, Brown and Company, 2008), 48. [16] "Nightline interview with Steve Jobs (1981)", https://youtu.be/3H-Y-D3-j-M Cet article Les secrets de présentation de Steve Jobs est apparu en premier sur Des livres pour changer de vie.
May 27 2021, 5:00pm
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Pensées pour moi-même
Chronique et résumé du livre "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle Résumé du livre "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle : Ces notes de l'empereur romain sont un condensé de belles phrases à méditer, ainsi qu'un guide pour vous engager sur la voie de la philosophie. Vous voulez changer de vie et vous initier aux arcanes de la pensée d'un chef de guerre ? Allez donc jeter un œil à ce qui se trouve ci-dessous ! Par Marc Aurèle, 170-180 apr. J.-C., 176 pages. Marc Aurèle, l'empereur philosophe
Un enfant singulier Marc Aurèle vient d'une famille noble d'Espagne ayant émigré depuis plusieurs générations en Italie, sur une colline de Rome. Il se fait adopter par l'empereur Antonin qui succède lui-même à Hadrien. Dès son plus jeune âge, Marcus Aurelius se sait donc promis à un avenir exceptionnel. Pourtant, il se signale tout particulièrement par son désir de rester en retrait des affaires humaines. Enfant, il préfère la vie austère des philosophes, et d'abord des philosophes cyniques. Il demande à porter une robe de tissu grossier et à dormir par terre, pour le plus grand malheur de sa mère ! Peu à peu, il modifie son attitude et accepte d'endosser les responsabilités liées à sa charge. S'apprêter à devenir empereur, ce n'est pas rien ! Un destin d'empereur Marc Aurèle a 39 ans lorsque Antonin, son père adoptif, meurt. Il devient à son tour empereur. Il associe tout de suite son frère d’adoption, Lucius Verus, à cette charge. Mais celui-ci meurt huit ans plus tard en allant défendre l’empire contre des invasions barbares. Lorsqu'il parvient au pouvoir, les temps sont durs à Rome. Et tout au long de son règne qui durera près de vingt ans, Marc Aurèle aura à combattre les barbares aux frontières du Danube et de la Syrie. Lui qui détestait la guerre se trouve enrôlé dans une destinée plus forte que lui. Il doit également affronter des catastrophes naturelles et la peste qui ravage Rome peu après les campagnes militaires de Syrie. Il mourra lui-même de cette maladie en 180 apr. J.-C., à 58 ans seulement. Marc Aurèle se distingue par son souci de justice et sa charité : il ouvre par exemple un centre d'éducation pour les jeunes filles défavorisées de la capitale. Afin de ne pas prélever d'impôts à son peuple en vue des guerres, il décide de vendre tous les biens précieux de son propre palais et de sa famille ! Un geste rare, de la part d'un homme riche et puissant… Par contre, il ne fait pas bon être chrétien sous sa loi ; Marc Aurèle a en effet participé à leur persécution, considérant qu'ils mettaient en péril les fondations religieuses de l'empire romain. À sa mort, l'empereur-philosophe est immédiatement déifié par les Romains, qui le considèrent comme un être d'exception ayant sa place auprès des immortels. Une femme et treize enfants Marc Aurèle épouse la fille d'Antonin, Faustine la jeune, en 145 apr. J.-C. Il aura treize enfants avec sa femme. Sept d'entre eux mourront avant d'atteindre l'âge adulte. Cinq filles et un fils grandiront auprès de lui. Commode, seul héritier mâle de la famille, deviendra empereur après la mort de son père. Il se fait toutefois remarquer pour son goût immodéré des jeux de gladiateurs, sa cruauté et son égoïsme. Ce changement fera dire à l'historien romain Dion Cassius, contemporain de Marc Aurèle : "l'histoire est tombée d'un règne d'or dans un règne de fer et de rouille." La voie philosophique Marc Aurèle a étudié les philosophes dès sa plus tendre enfance, puis dans son adolescence. Il a eu de nombreux maîtres, dont certains lui ont transmis les idées qui se retrouveront dans les Pensées pour moi-même. Suivre une voie philosophique, à l'époque antique, ne signifie pas seulement lire et écrire des livres. Le philosophe dédie sa vie aux principes philosophiques qu'il a choisi et vit en fonction d'eux. Marc Aurèle est influencé par les grandes écoles de la tradition grecque, puis romaine : l'Académie (l'école de Platon), le Lycée (école d'Aristote), le Portique (école de Zénon), le Jardin d'Épicure, le cynisme (Antisthène). Le stoïcisme, qui découle de la doctrine professée au sein de l'école du Portique, le marquera tout particulièrement. C'est son maître le plus important, Junius Rusticus, qui lui fera connaître le Manuel d'Épictète. Les autres représentants majeurs du stoïcisme romain sont Cicéron, Sénèque (ses célèbres Lettres à Lucilius). Comme Marc Aurèle, ces deux auteurs ont également été de puissants hommes politiques ayant charge de l'empire. Présentation des Pensées pour moi-même
Des notes personnelles Ce qu'on appelle aujourd'hui les Pensées pour moi-même est un nom donné à postériori à des liasses de documents retrouvées après la mort de l'empereur. Rien n'indique que Marc Aurèle souhaitait les publier. Pourtant, vu l'importance du document, d'autres que lui se décidèrent à en copier manuellement le contenu. Peu à peu, le texte se diffusa et devint un classique de la philosophie. Il fut imprimé pour la première fois au XVIe siècle. Il vaut mieux parler de notes personnelles que de journal intime. Pourquoi ? Parce que Marc Aurèle cherche moins à raconter sa vie qu'à trouver une discipline à laquelle se tenir dans les différents moments de son existence. Il écrit sans doute le matin ou le soir, après sa journée de "travail" - c'est-à-dire, pour lui, faire la guerre et s'entretenir avec ses conseillers ou ses sujets ! - lorsqu'il est seul et retiré du monde. Bien sûr, à cette époque, les neurosciences n'avaient pas encore démontré l'intérêt de l'écriture pour réaliser ses rêves, mais c'est en quelque sorte ce que fait déjà Marc Aurèle, qui rêve de vivre moralement ! L'influence stoïcienne Parmi les différentes références (à la philosophie d'Aristote, de Platon ou d'Épicure, notamment) qu'on trouve dans les Pensées, c'est au stoïcisme que se rattache de la façon la plus forte Marc Aurèle. Refusant de se laisser aller dans mille directions différentes, il choisit un ensemble de principes ou de dogmes qu'il met en application, de façon répétitive, en fonction des événements qui lui arrivent dans la journée. C'est très certainement le Manuel d'Épictète qui est la source principale de sa connaissance de la philosophie stoïcienne. On retrouve en effet dans les Pensées de nombreux thèmes communs aux deux ouvrages :
Le principe qui fait de l'homme la partie d'un grand Tout ; La méditation sur la mort ; L'idée qu'il faut accepter la vie telle qu'elle est ; L'importance capitale de la vertu pour être heureux ; La place essentielle de la rationalité dans la conduite vertueuse.
Pourquoi lire les Pensées pour moi-même aujourd'hui ? Même s'il est empereur, et qu'il se trouve donc immergé dans l'action toute la journée, Marc Aurèle veut être un philosophe ! C'est cette alliance singulière qui fait des Pensées un livre qui doit être lu, même aujourd'hui. On y voit en effet un homme puissant et pourtant humble qui cherche à vivre du mieux qu'il le peut en fonction des principes stoïciens. En écrivant, Marc Aurèle se dit "tu" à lui-même et entame un véritable dialogue intérieur qui lui permet d'accorder sa vie à ses principes. Mais en fait, tout se passe comme s'il vous interpellait, vous ! C'est pour ça que sa lecture est diablement efficace : elle vous parle par l'intermédiaire de textes souvent très brefs (on appelle ça des aphorismes) qui vous touchent pile au bon endroit ! Vous faites partie d'un grand Tout
Les noms du Tout La rationalité universelle, la nature, Zeus, Dieu, le cosmos… Voici des noms différents qui désignent, dans la philosophie stoïcienne, une idée ou un premier principe unique. Le monde est un Tout ordonné, en mouvement perpétuel, dans lequel chaque partie a sa place et son rôle à tenir. Les rochers, les plantes, les animaux, les hommes, les dieux, tous s'agencent selon un plan harmonieux nommé aussi providence. Se régler sur l'harmonie du Tout, c'est se régler sur l'ordre du monde. Les éléments meurent et naissent selon la raison universelle du monde, dont vous faites partie. Une fois mort, votre corps et votre âme se dissolvent en une variété d'éléments qui migrent ailleurs. L'être humain n'a de valeur qu'en tant qu'il participe à l'harmonie de ce Tout ou cosmos. C'est une différence de taille avec la façon moderne de penser l'individu comme "la" valeur suprême ! À méditer : "Tout me convient qui te convient, ô Monde ! Rien pour moi n'est prématuré ni tardif, de ce qui est pour toi de temps opportun. Tout est fruit pour moi de ce que produisent tes saisons, ô nature ! Tout vient de toi, tout réside en toi, tout retourne en toi. Quelqu'un dit : "Chère cité de Cécrops !" Et toi, ne diras-tu pas : "Chère cité de Zeus !" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Vous avez un destin Tous les événements du monde sont enchaînés au sein du grand Tout qu'est le monde. Tout arrive donc nécessairement. C'est cela qu'on appelle, pour l'homme, le destin. L'idée selon laquelle la vie humaine suit un enchaînement nécessaire de causes ou de raisons. C'est votre destin de subir, par exemple, une guerre ou une pandémie. Le fait que ceci ou cela arrive, vous ne pouvez pas le changer. Pourtant, vous avez néanmoins le pouvoir de contrôler ce qui vous arrive ! En effet, en tant qu'être humain, vous êtes un être rationnel. Autrement dit, vous êtes capable de prendre conscience de votre situation dans le monde et de maîtriser votre façon de réagir aux événements qui surviennent dans votre vie. Vous êtes tout particulièrement responsable du rapport que vous entretenez avec vous-même. "Trouve asile en toi-même et fais en sorte que ce qui t'arrive dépende de toi" dit Marc Aurèle dans les Pensées pour moi-même. À méditer : "Regarde l'achèvement et la réalisation de ce qui a paru bon à la nature universelle, comme tu regardes ta propre santé. Accueille aussi avec autant d'empressement tout ce qui t'arrive, même si tu le trouves trop dur, dans la pensée que par là tu travailles à la santé du monde, à la bonne marche et au bonheur de Zeus" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Le monde est comme une cité Pour Marc Aurèle, comme pour Épictète, le monde est comme une cité. Cela signifie que vous partagez avec les autres êtres de la nature un même monde, qui a des lois uniques. Tous les êtres qui existent sur la terre sont comme des concitoyens, qui, comme vous, sont mus par les mêmes règles. La spécificité des êtres rationnels, tels que les êtres humains, est de collaborer consciemment à cet ordre du monde. Dans la cité humaine (c'est-à-dire, à l'époque, Rome et plus largement l'empire), les hommes doivent s'apporter un soutien mutuel et obéir aux lois qui les gouvernent. Pour l'empereur Marc Aurèle, ce point est capital : les hommes sont des êtres qui sont faits pour vivre ensemble, en bonne harmonie. Vivre avec les autres est une donnée première de l'existence humaine. À méditer : "Si l'intelligence nous est commune, la raison qui fait de nous des êtres qui raisonnent, nous est commune aussi. Si cela est, la raison qui commande ce qu'il faut faire ou non, doit être commune. [Alors], la loi aussi nous est également commune. [Et donc], nous sommes concitoyens. [Cela signifie aussi que] nous participons à une certaine administration commune. [Finalement], le monde est comme une cité." (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même, citation légèrement adaptée). Vous ne devez pas craindre la mort
Apprenez à voir la mort de façon objective Vous allez mourir. Est-ce que cela est si terrible ? Non, dit Marc Aurèle ! Pourquoi ? Parce que les éléments qui vous composent retourneront au monde, au grand Tout. Or, c'est lui seul qui compte, finalement. Cela ne vous rassure pas ? Marc Aurèle insiste pourtant : il faut apprendre à voir la mort de façon objective, comme un événement qui vous est extérieur. Vous êtes né sans le vouloir et vous mourrez : c'est une donnée première de l'existence humaine, à laquelle vous avez le devoir de vous habituer. En analysant de façon objective votre mort, vous la rendrez plus insignifiante, vous lui donnerez moins d'importance. Bref, vous vous réconcilierez avec votre nature de mortel. Ce qui est une bonne chose, non ? À méditer : "La mort est, comme la naissance, un mystère de la nature : combinaison dans l'une des mêmes éléments qui se séparent dans l'autre. En somme, rien dont on puisse être déshonoré, car mourir n'est pas contraire à la disposition d'un animal raisonnable, ni à la logique de sa constitution" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Combien sont morts avant vous ? Une autre manière de se faire à l'idée de sa mort consiste à faire défiler, par votre imagination, le cortège impressionnant d'êtres humains qui sont morts avant vous. Certains petits, d'autres grands, peu importe : finalement, tous sont morts ! Marc Aurèle lui-même cherchait à se convaincre de l'insignifiance de sa mort. L'oubli est un thème important des Pensées pou moi-même. Pour le philosophe stoïcien, ni le corps, ni l'âme ne sont éternels. "Bientôt tu seras oublié, bientôt tous t'auront oublié" se répète Marc Aurèle. À méditer : "Considère sans cesse combien d'hommes de toutes sortes, de toutes professions, de toutes races, sont morts […] Tous ces gens-là, pense qu'ils sont morts depuis longtemps. Qu'y a-t-il à cela de terrible pour eux ? Qu'y a-t-il donc là de terrible aussi pour ceux dont le nom n'est jamais prononcé ? Une seule chose ici-bas est digne de prix : passer sa vie dans la vérité et dans la justice, en se gardant indulgent aux menteurs et aux injustes" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Vivez cette journée comme si c'était la dernière Vous préparer à mourir n'a rien de lugubre. Au contraire, c'est se préparer à vivre pleinement le moment présent ! Vivre en pensant que cette journée sera la dernière lui donne une intensité particulière ; vous aurez aussi une autre attitude envers votre entourage. C'est un exercice à faire, au moins de temps en temps. D'ailleurs, ce qui compte, ce n'est pas combien de temps vous vivez, mais ce que vous faites de votre vie, maintenant. Essayez de vivre chaque instant de façon cohérente avec vous-même. Faites de votre mieux, dès maintenant ! À méditer : "Dusses-tu vivre trois mille ans, et même autant de fois dix mille, souviens-toi toujours que personne ne perd d’autre existence que celle qu’il vit, et qu’on ne vit que celle qu’on perd. Ainsi la plus courte et la plus longue reviennent au même. Car le présent est égal pour tous ; et donc égal aussi ce qui périt ; et la perte apparaît donc instantanée ; car on ne peut perdre ni le passé ni l’avenir ; comment, en effet, pourrait-on vous enlever ce que vous ne possédez pas ?" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Apprenez à aimer les imperfections
Celles des choses Même si vous faites partie d'un grand Tout ordonné, vous remarquez que certaines choses semblent imparfaites. Vous observez la nature et vous rencontrez des imperfections. Ou, du moins, ce qui vous paraît l'être. Mais pensez-y : si vous vivez dans un cosmos dont les lois sont universelles, même les erreurs, même les imperfections, même la mort a un sens. Éventuellement, cherchez-le. Mais surtout, apprenez à aimer ces imperfections et à ne pas vous sentir frustré à cause d'elles. En réalité, les éléments imparfaits peuvent même vous attirer. Dans ses Pensées pour moi-même, Marc Aurèle prend notamment l'exemple du pain : "Le pain, par exemple, en cuisant par endroits se fendille et ces fentes ainsi formées et qui se produisent en quelque sorte à l'encontre de l'art du boulanger ont un certain agrément et excitent particulièrement l'appétit". Il en va aussi ainsi des erreurs et des imperfections plus graves : bien aperçues, elles vous donneront envie de vivre plus et mieux. Elles vous mettront en appétit pour continuer à vivre plus moralement, c'est-à-dire de façon vraie et juste. À méditer : "Tout provient de là-haut, directement mû par ce commun principe directeur, ou indirectement, par voie de conséquence. Ainsi donc, même la gueule du lion, même le poisson, et enfin tout ce qui est nocif, comme l'épine, comme la fange, sont des conséquences de tout ce qu'il y a là-haut de vénérable et de beau. Ne t'imagine donc pas que tout cela soit étranger au principe que tu révères ; mais réfléchis à la source d'où procèdent les choses" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Celles des autres Cessez d'exiger des autres - les inconnus dans la rue, votre entourage professionnel, vos proches - une attitude parfaite. Vous faites non seulement souffrir ceux et celles à qui vous adressez vos reproches, mais vous vous faites aussi du mal à vous-même. Pourquoi ? Parce que vous serez inévitablement déçu. Ceux qui font le mal ne le font pas exprès, mais parce qu'ils sont mus par de mauvais principes. En ne vous fâchant pas, vous ne renoncez pas à vos droits, mais vous choisissez d'adopter une attitude plus réaliste et pacifiste. À méditer : "Dès l'aurore, dis-toi par avance : "Je rencontrerai un indiscret, un ingrat, un insolent, un fourbe, un envieux, un insociable. Tous ces défauts sont arrivés à ces hommes par leur ignorance des biens et des maux. Pour moi, ayant jugé que la nature du bien est le beau, que celle du mal est le laid, et que la nature du coupable lui-même est d'être mon parent, non par la communauté du sang ou d'une même semence, mais par celle de l'intelligence et d'une même parcelle de la divinité, je ne puis éprouver du dommage de la part d'aucun d'eux, car aucun d'eux ne peut me couvrir de laideur" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Quelques règles pour vivre avec vos concitoyens La vie est ainsi faite. Ceux qui ont pris une mauvaise voie dans l'existence sont, eux aussi, nécessaires au grand Tout. Comment, malgré tout, supprimer la colère ou la tristesse vis-à-vis d'autrui ? Lorsque l'une ou l'autre survient, rappelez-vous ceci :
Les hommes sont des êtres raisonnables et sociables ; La justice naturelle ordonne aux hommes de se supporter les uns les autres ; C'est involontairement que les hommes commettent des fautes et/ou des erreurs ; Tous les hommes sont des créatures mortelles et leurs imperfections seront bientôt oubliées.
En vous remémorant régulièrement ces quatre principes, vous en viendrez à pardonner l'importun, et à considérer l'étranger comme votre propre parent. Autrement dit, vous ne vous sentirez plus offensé par les bévues des autres. Pas mal, non ? À méditer : "Bonheur de l'homme : faire ce qui est le propre de l'homme. Et ce qu'est le propre de l'homme, c'est d'être bienveillant envers ses pareils, de mépriser les mouvements des sens, de discerner les idées qui méritent créance, de contempler la nature universelle et tout ce qui arrive conformément à ses lois" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Apprenez à aimer vos propres imperfections aussi ! Eh oui, il ne suffit pas d'être indulgent avec les autres et avec les choses : il faut l'être avec soi-même ! Tous, nous nous trompons. Vous aussi. Marc Aurèle est très clair là-dessus dans ses Pensées pour moi-même. Loin de s'isoler dans la tour d'ivoire de sa fonction d'empereur, Marc Aurèle vit avec les autres en égal. Et il doute de lui-même, de la justesse de ses actions. Il redoute par-dessus tout de devenir un tyran emporté par la colère, n'écoutant que lui-même. Cherchez à vous contrôler en profitant de chaque obstacle, de chaque échec aussi, pour vous corriger. "Sers-toi des obstacles qu'on t'oppose pour pratiquer une autre vertu", dit l'empereur. Ou encore, au sujet de la doctrine qu'il cherche à apprendre : "Persiste jusqu'à ce que tu te sois approprié ces pensées, comme un robuste estomac s'approprie tout, comme un feu fait flamme et lumière de tout ce que tu y jettes". Si vous vous emportez contre un proche, par exemple, analysez cette action et demandez-vous comment mieux agir la prochaine fois. C'est ainsi que vous deviendrez vertueux. Si, au contraire, vous persistez dans votre erreur, vous deviendrez "vicieux" ou "pervers". Marc Aurèle se donne, par exemple, des conseils à lui-même pour ne pas être paresseux. Vous avez, vous aussi, du mal à vous extirper du lit ? Alors, (re)lisez ceci. À méditer : "Lorsque tu as peine à t'arracher au sommeil, rappelle-toi qu'il est conforme à ta constitution et à la nature humaine d'accomplir des actions utiles au bien commun, alors que dormir t'est commun avec les êtres dénués de raison. Or, ce qui est conforme à la nature de chaque être est plus particulièrement propre à lui, plus naturel et, par conséquence, plus agréable aussi" (Pensées pour moi-même). Allez hop, debout ! Soyez vertueux, vous serez heureux
Agissez de façon droite Pour Marc Aurèle, comme pour les stoïciens, le seul vrai moyen d'être heureux consiste à agir de façon droite ou vertueuse. C'est-à-dire ? Veillez à rectifier constamment votre attitude en fonction des principes que vous vous êtes choisis. Pour devenir droit, il faut donc éviter d'être nostalgique, ou bien s'échapper en imagination dans des mondes alternatifs. Il faut plutôt donner son assentiment au monde et à son propre destin, tout en contrôlant ce qui peut l'être : à savoir ses propres jugements. Il n'y a pas de bonheur, c'est-à-dire de tranquillité d'âme, sans exercice des vertus. Cela passe bien sûr par la méditation, mais aussi par la mise en action des principes. Pour le dire autrement, c'est l'exercice continu du courage, de la tempérance, de la justice, etc. qui permet d'acquérir la vertu suprême qu'est la droiture morale. C'est cette droiture qui rend content, satisfait. Bref, heureux ! On voit ici toute la différence avec une philosophie du plaisir. Ceux-ci doivent être strictement soumis à l'attitude vertueuse. À méditer : "Celui qui aime la gloire met son propre bonheur dans les émotions d'un autre ; celui qui aime le plaisir, dans ses propres penchants ; mais l'homme intelligent, dans sa propre conduite" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Posez-vous les bonnes questions Comment conserver la vertu dans son esprit, sans devenir capricieux, envieux ou colérique ? Comment garder constamment à l'esprit cette droiture de l'âme, seule capable de vous maintenir dans une attitude sereine ? En se convainquant que la vertu (ou la droiture dans l'action) est le seul bien qui vaille la peine d'être suivi de façon absolue. Les honneurs, la richesse et même la santé ne sont que des objectifs secondaires qu'il est éventuellement bon d'acquérir, mais qui ne sont pas du tout nécessaires. Autrement dit, ils ne sont pas capables de rendre notre âme heureuse. À l'opposé, il y les maux secondaires tels que la mort ou la maladie. Ceux-ci peuvent sans aucun doute nous faire du tort (la pensée de la mort ou la douleur, par exemple, peuvent nous perturber), mais notre cerveau peut les contrôler. En fait, si l'on y pense bien, ces maux n'en sont pas vraiment. Ils ne peuvent toucher notre raison et il ne faut donc pas s'en attrister. Le seul mal véritable est l'injustice à l'égard de soi-même (c'est-à-dire l'incapacité à se maintenir dans la vertu). L'art de la méditation peut certainement vous aider à comprendre cela. À méditer : "À quoi donc en ce moment fais-je servir mon âme ? En toute occasion, me poser cette question à moi-même et me demander : "Qu'y a-t-il à cette heure dans cette partie de moi-même, qu'on appelle principe directeur, et de qui ai-je l'âme en cet instant ? N'est-ce pas celle d'un enfant, d'un jeune homme, d'une femmelette, d'un tyran, d'une tête de bétail, d'un fauve ?" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Contrôlez vos jugements Pour trouver le bonheur, il faut prendre conscience que ce ne sont pas les choses elles-mêmes qui vous troublent, mais les représentations que vous en avez et les jugements que vous émettez à leur sujet. Tout est affaire de jugement pour les stoïciens et pour Marc Aurèle. Prenons un exemple. Face à une tempête, vous allez paniquer, vous cacher, être diablement malheureux. Mais pourquoi donc ? Parce que vous jugerez que cette tempête est un mal horrible. Or il ne s'agit que d'eau, de vent et de sable. Reprenez vos esprits et faites face. Soyez tel une citadelle imprenable. Votre intelligence est capable de contrôler le flots des émotions qui vous submerge. Si vous enlevez de votre esprit que ce qui vous arrive est un mal, vous supprimez le mal lui-même. À méditer : "Les choses elles-mêmes ne touchent notre âme en aucune manière ; elles n'ont pas d'accès dans l'âme ; elles ne peuvent ni modifier notre âme, ni la mettre en mouvement. Elle seule se modifie et se met en mouvement, et les accidents sont pour elle ce que les font les jugements qu'elle estime dignes d'elle-même" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Restez calme Attardons-nous encore sur un autre cas. Vous vous blessez physiquement (par exemple au cours de la tempête). Vous pourrez aller jusqu'à dire que la blessure est une excellente épreuve. Pourquoi ? Car elle vous donnera l'occasion de devenir plus prudent, ou moins sensible à la douleur. La santé elle-même n'est pas un bien en soi et vous pouvez apprendre beaucoup de la douleur comme de la maladie. Vous mourrez dans la tempête ? Eh bien soit, vous retournerez alors au grand Tout dont vous êtes issu. Comprenez-vous mieux, maintenant, l'expression "rester stoïque" ? Il s'agit de se convaincre que les événements, les choses et les autres, pris en eux-mêmes, n'ont pas le pouvoir d'ébranler votre âme. Face aux événements, votre mission consiste à rester serein, c'est-à-dire à maîtriser votre esprit. C'est le maître-mot de la confiance en soi. À méditer : "Ressemble au promontoire contre lequel incessamment se brisent les flots. Lui, reste debout et, autour de lui, viennent s'assoupir les gonflements de l'onde" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Vous pouvez aider les autres jusqu'à un certain point Marc Aurèle ne vit pas isolé des autres. Il combat, voit des hommes mourir, entend les plaintes de ses ministres et de ses concitoyens. L'empereur doit aussi faire face à des mensonges et à des tentatives de trahison. Pourtant, il cherche à rester droit dans la cité elle-même, et non pas en vivant reclus dans un jardin secret ou dans un tour d'ivoire. Son rôle, pense-t-il, est d'aider ceux et celles qui viennent à lui. Lorsque l'empereur rencontre quelqu'un de "vicieux", c'est-à-dire qui a pris des habitudes qui vont contre la vertu (intempérance, colère, incontinence sexuelle, etc.), il cherche à le remettre dans "le droit chemin". Pourtant, il n'est pas toujours possible d'aider autrui. Parfois, on est face à des personnes presque irrécupérables. Que faire, alors ? Sa réponse est nette : passez votre chemin. Ne risquez pas de perdre le contrôle de vous-même, car vous donneriez alors un mauvais exemple et cela ne ferait qu'empirer les choses. Il vaut toujours mieux porter le bien en soi-même et fuir toute configuration où celui-ci est mis en danger. À méditer : "Le meilleur moyen de te défendre d'eux (ceux qui agissent mal), c'est de ne pas leur ressembler" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). N'oubliez pas : nul ne fait le mal volontairement Après Platon, les stoïciens considèrent que nul ne fait le mal volontairement. Comme on l'a vu, c'est parce qu'ils ont perdu de vue la vertu que certains agissent mal. Ne sachant pas quel est le seul bien véritable, ils en prennent un autre à la place : l'argent, le pouvoir ou le plaisir, par exemple. C'est ce bien secondaire, inessentiel, qui les conduit à agir de façon sournoise et courbe. Votre rôle est de comprendre leurs motivations afin de les aider à modifier leur attitude, tout en demeurant vous-même vertueux. À méditer : "Celui qui n'admet pas que le méchant commette des fautes est semblable à celui qui n'admettrait pas que le figuier porte du suc aux figues, que les nouveau-nés vagissent, que le cheval hennisse, et toutes autres nécessités de cet ordre. Que peut-on supporter, en effet, en se trouvant dans une telle disposition ? Si tu es exaspéré, guéris-toi de cette façon d'être" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Cultivez votre génie intérieur
Le génie intérieur est la partie rationnelle de votre âme Marc Aurèle parle souvent, dans les Pensées pour moi-même, de son "génie intérieur" (daemon, en grec). Socrate avant lui, parlait déjà d'un génie intérieur qui le conseillait sur les actions à mener ou à éviter. Pour l'empereur philosophe, le génie intérieur désigne avant tout la partie rationnelle de l'âme, celle qui doit dominer les autres. Cette partie rationnelle de l'âme n'est rien d'autre qu'une parcelle de la rationalité universelle, une parcelle de la divinité (c'est-à-dire de la nature, du cosmos). Toutefois, grâce à notre raison, nous avons le pouvoir de prendre distance par rapport au monde. Nous pouvons le comprendre et décider d'y prendre part volontairement. À méditer : "L'homme qui, avant tout, a opté pour sa raison, son génie, et le culte dû à la dignité de ce génie, ne joue pas la tragédie, ne gémit pas et n'a besoin ni d'isolement ni d'affluence" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). La raison vous donne le contrôle C'est elle qui vous permet de contrôler vos jugements et de vous mettre en accord avec l'ordre des choses. Pour le philosophe stoïcien, c'est donc bien la raison qu'il faut honorer. plus que l'étonnement ou l'imagination (qui sont d'autres émotions chères aux philosophes). "Le principe directeur est ce qui s'éveille à soi-même, se dirige et se façonne soi-même tel qu'il veut, et fait que tout événement lui apparaît tel qu'il veut" (Pensées pour moi-même). Cultiver la partie rationnelle de son âme, ce n'est pas se retirer hors du monde pour lire toute la journée. Quelques principes suffisent, dit Marc Aurèle. L'important est de s'y tenir et de se rectifier, autant de fois que cela s'avère nécessaire. À méditer : "Car un tel homme, qui ne néglige aucun effort pour se placer dès maintenant au rang des meilleurs, est comme un prêtre et un serviteur des Dieux, attaché aussi au service de Celui qui a établi sa demeure en lui, et ce culte préserve l'homme de la souillure des voluptés, le rend invulnérable à toutes les douleurs, inaccessible à toute démesure, insensible à toute méchanceté ; il en fait l'athlète du plus noble combat, de celui qui s'engage pour ne point se laisser abattre par aucune passion ; il l'immerge à fond dans la justice, et lui fait accueillir, de par toute son âme, les événements et tous les lots de son destin" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Évitez l'étonnement et l'érudition Ne vous étonnez pas trop face aux choses de la vie. Considérez que les choses ont du charme, mais ne faites pas de l’étonnement une règle de vie, car cela vous distrairait du but de l’existence. Comme tout événement s’intègre dans la chaîne des causes et des effets, tout est naturel et normal. L’étonnement n’a de sens que dans un monde régi par le hasard ; vous qui considérez que tout est ordonné, vous cherchez plutôt à harmoniser votre âme à cet ordre cosmique. À méditer : "Combien est ridicule et étrange l'homme qui s'étonne de quoi que ce soit qui arrive en la vie" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Évitez aussi de ne chercher qu’à accumuler l’érudition. Les livres sont une source d’inquiétude et de fuite hors de la vie réelle des hommes : « Quant à ta soif de livres, rejette-la, afin de ne pas mourir en murmurant, mais véritablement apaisé » (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Abandonnez l'imagination D’autre part, faites un usage modéré de l’imagination. Bien sûr, elle peut vous aider pour pratiquer certains exercices, par exemple pour accepter votre mort prochaine. Pourtant, rejetez-là dès qu’elle vient vous leurrer sur le monde, dès qu’elle vous invite à vouloir que les choses soient autrement. Ne spéculez pas au sujet de choses que vous ne connaissez pas. N'allez pas imaginer qu'on raconte des horreurs sur vous. Si vous ignorez quelque chose et que vous ne pouvez avoir d'opinion vraisemblable à son sujet, laissez tomber. Bref, ne laissez pas vagabonder votre imagination, qui risque toujours de vous faire croire au pire. À méditer : "Le bonheur, c'est de posséder un bon génie, ou une bonne raison. Que fais-tu donc ici, imagination ? Va-t'en, par les Dieux, comme tu es venue !" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Préférez plutôt la gratitude Ayez de la gratitude pour :
La beauté du monde que vous pouvez contempler ; Les autres êtres humains, et notamment pour vos parents et votre entourage, qui vous ont donné les biens et les aptitudes que vous possédez.
C'est là une excellente manière d'accepter votre destin. Demandez-vous ce que votre famille, vos maîtres, vous ont apporté. Vos aptitudes et vos qualités, d'où viennent-elles ? Aimez la vie pour ce qu'elle est, soyez heureux de ce que vous avez ; comprenez qu'aucun mal ne vous a été fait. À méditer : "Accommode-toi aux choses que t'assigne le sort ; et les hommes, que le destin te donna pour compagnons, aime-les, mais du fond du cœur" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Et surtout : vivez l'instant présent ! Pour rester droit, il faut éviter d’être nostalgique ou de s’imaginer des mondes alternatifs ou lointains. Il faut plutôt prendre le contrôle de soi dès maintenant, en affirmant et le monde et soi-même. Quels sont les effets bénéfiques d’une telle attitude ? C’est dans cette présence à vous-même, ici et maintenant – qui ne signifie pas débauche de plaisir mais contemplation et assentiment au monde – que vous aurez pleinement accès à votre génie intérieur. Si vous parvenez à vivre en accord avec lui, en conservant par exemple à l’esprit l’imminence de votre mort prochaine, vous deviendrez naturellement vertueux, et donc heureux. Autrement dit, vous réussirez à :
Contrôler votre discours intérieur ; Rendre service à la communauté humaine ; Accepter les événements que vous apporte votre destin.
Ne spéculez pas sur l’avenir, ne regrettez pas le passé. Vivez l’instant présent ! À méditer : "Si tu t'exerces à vivre seulement ce que tu vis, c'est-à-dire le présent, tu pourras vivre tout le temps qui te reste jusqu'à la mort en le passant dans le calme, dans la bienveillance et l'amabilité envers ton génie" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Cela ne signifie pas renoncer Vivre dans l’instant présent ne signifie donc pas que vous deveniez fainéant ou totalement amorphe, perdu dans la contemplation. Au contraire, il n’y a pas de bonheur sans vertu, c’est-à-dire sans assurance de faire le bien. Être tranquille – serein ou heureux – et faire le bien sont deux choses qui vont profondément ensemble. Pour conquérir votre tranquillité intérieure, vous ne devrez donc pas vous retirer du monde tel un ermite s'en allant, par exemple, dans les campagnes ou en montagne. Vous devrez agir ici et maintenant dans le monde, en conformité avec les principes de la raison universelle et de votre cité. C’est aussi pour cela que vous ne devez pas perdre de temps à lire, à vous étonner ou à imaginer. Ne vagabondez plus : venez-vous en aide dès maintenant, car c’est au présent que vous devez vivre. À méditer : "La perfection morale consiste en ceci : à passer chaque jour comme si c'était le dernier, à éviter l'agitation, la torpeur, la dissimulation" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). La sagesse peut-elle être atteinte ?
C'est une chose rare, mais qui vaut la peine d'être recherchée Se mettre en cohérence avec soi-même et le monde est une chose exceptionnelle et rare. Pourtant, c’est bel et bien un cheminement qui mérite d’être suivi. Le sage stoïcien est égal à la divinité, c’est-à-dire à la raison universelle. La raison humaine n'est qu'une émanation, une partie de cette Raison universelle. Mais elle peut s’obscurcir, se déformer par suite de la vie dans le corps, par l’attrait du plaisir. Seul le sage est capable de faire coïncider sa raison avec la Raison universelle. Bien sûr, cette coïncidence parfaite ne peut être qu’un idéal. Le sage est nécessairement un être d’exception ; il y en a très peu et, finalement, c’est un idéal presque inaccessible. Pour autant, Marc Aurèle ne se lasse pas de décrire cet état auquel il aspire. La voie philosophique Rappelons que la philosophie n’est pas la sagesse, elle est seulement l’exercice de la sagesse. Le philosophe n’est pas un sage mais celui qui tend vers ce but. Comme l'avait dit Socrate, le philosophe est celui qui sait qu’il ne sait pas. Il n’est pas sage, mais au moins il le sait et peut, à partir de là, tenter de le devenir, même si la tâche est ardue. En effet, votre raison doit agir sans nécessairement avoir une vue claire du vrai. Elle doit bien souvent agir en s’appuyant sur du vraisemblable, plutôt que sur du vrai. À méditer : "Qu'est-ce donc qui peut nous guider ? Une seule et unique chose : la philosophie. Et la philosophie consiste en ceci : à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et sans dommage, et soit au-dessus des plaisirs et des peines ; à ce qu'il ne fasse rien au hasard, ni par mensonge ni par faux-semblant ; à ce qu'il ne s'attache pas à ce que les autres font ou ne font pas" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). L'écriture comme discipline Les Pensées de Marc Aurèle sont l'instrument d'une transformation. Pour se réconcilier avec ce que l’on est, il faut s’exercer à agir en tant qu’homme. Il ne suffit pas de savoir que l’homme est une rationalité qui doit agir moralement. L’écriture permet d’accomplir ce travail sur les principes. Deux images sont souvent utilisées :
L'âme est comme un muscle qui doit s'exercer quotidiennement à devenir droite et forte ; Les principes sont comme des aliments qui doivent être ingérés, intégrés progressivement.
Les Pensées pour moi-même sont un exercice personnel pour modeler son âme. Pour ce faire, Marc Aurèle utilise certaines techniques rhétoriques telles que la réduction à l'insignifiance. Par exemple, pour affronter la mort, il insiste sur la dissociation physique des éléments et neutralise ainsi le pouvoir affectif qu’elle pourrait avoir. La répétition est également fortement présente dans les Pensées. Pourquoi répéter ? Justement que les dogmes ne sont pas des règles mécaniques qui s’appliquent une fois pour toute une fois énoncés. Ils doivent se transformer en bonnes habitudes. L’acte d’écrire, c'est-à-dire de tracer et retracer encore un texte sur le support, permet d'ancrer le sens physiquement en vous. Bien sûr, cela requiert un apprentissage et une pratique quotidienne. À méditer : "Dans l'art de l'écriture et de la lecture, tu ne peux enseigner avant d'avoir appris. Il en est de même, à plus forte raison, de l'art de vivre" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Le philosophe donne l'exemple Le philosophe stoïcien ne s'éloigne pas du bien commun et de la cité des hommes. Il sait que son exemple, même imparfait, peut en inspirer d'autres. C'est pourquoi il veut, dans la mesure du possible, les aider à respecter l'ordre du monde. La philosophie, c’est donc bien d’abord une manière de vivre son existence. Éclairant sa vie à partir des principes du stoïcisme, l'empereur tente de mieux vivre et de participer ainsi au monde du mieux qu'il peut. À méditer : "Tous nous collaborons à l'accomplissement d'une œuvre unique, les uns en connaissance de cause et avec intelligence, les autres sans s'en rendre compte. […] L'un collabore d'une façon différente de l'autre, de même, par surcroît, celui qui murmure et celui qui tente de s'opposer à ce qui s'y fait et de le détruire. Le monde, en effet, a aussi besoin de gens de cette sorte. Reste à savoir parmi quels collaborateurs tu entends toi-même te ranger" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Conclusion sur "Pensées pour moi-même" Les Pensées pour moi-même sont imprégnées des conditions dans lesquelles elles ont été écrites : la mort sur les champs de bataille, les conflits politiques, les babillages de la cour et la difficulté à se tenir droit face à toute cette agitation. L’empereur, pourtant, cherche à agir au mieux, selon la doctrine stoïcienne qu’il a choisie. L’écriture quotidienne forme un exercice par lequel l'empereur met ses paroles et ses gestes en conformité avec ses principes philosophiques. Dans cet ouvrage, vous rencontrez donc non seulement une théorie, mais un homme qui tente de bien agir. Marc Aurèle se critique, s’examine, s’exhorte à agir dans un sens ou dans un autre, se persuade ou se dissuade d’adopter telle ou telle attitude. Il s’exerce à devenir un homme meilleur. En lisant ce livre, vous entrez dans l’esprit d’un empereur-philosophe et d’un homme d’exception. Marc Aurèle se parle à lui-même et pourtant, c’est comme s’il vous parlait, à vous. Un dernier exemple à méditer : "Cet homme demande : "Puissé-je dormir avec cette femme !" Toi, dis plutôt : "Puissé-je ne pas désirer cette femme !" Cet autre : "Puissé-je être débarrassé de ce souci !" Toi : Puissé-je n'avoir pas besoin d'en être débarrassé !" Un autre : "Puissé-je ne pas perdre mon enfant !" Toi : "Puissé-je ne pas être affligé de le perdre !" Bref, retourne ainsi tes prières et vois ce qui arrive" (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même). Ce qu'il faut retenir des "Pensées pour moi-même" Voici six principes qui pourront vous aider à ordonner votre vie selon les principes stoïciens travaillés par Marc Aurèle dans les Pensées pour moi-même :
Le génie intérieur est la rationalité de l’âme, l’étincelle divine que vous devez chérir ; Le seul moyen de prendre soin de votre raison consiste à respecter les principes universels de la nature ; Aimez votre destin, car c'est ce qui vous unit au cosmos ; Rien ne sert de vous irriter contre les erreurs et les défauts des hommes ; Il faut apprendre à contrôler vos représentations pour être heureux, c’est-à-dire serein ; Considérez la mort comme un bien qui vous aide à vivre l'instant présent.
Dans la Rome antique, le philosophe est d’abord quelqu’un qui vit selon des principes philosophiques. Il ne doit pas nécessairement écrire de traités, ni commenter les auteurs de la tradition, ni inventer un nouveau système. Il fait un choix de vie et s’y tient. C’est en ce sens que Marc Aurèle est philosophe, et il est tout particulièrement un philosophe stoïcien. En tant que tel, il ne propose pas de concepts neufs ; il ne révolutionne pas cette pensée, mais il l’incarne et la colore de son noble tempérament et de son style propre. S’il écrit, c’est d’abord pour se remémorer les principes qui guident sa vie ; c’est pour chercher à rester droit et fidèle au type de vie qui lui tient à cœur. Contrairement à ce qu'en disent parfois les traités de développement personnel, la philosophie stoïcienne de l'empereur romain n'exhorte pas tant à "devenir soi-même" qu'à se conformer aux lois (de la raison, de l'univers, de la cité) et à bien vivre en société. Cet aspect de la philosophie stoïcienne de Marc Aurèle ne cadre donc plus très bien avec l'envie de réussir à tout prix et/ou à devenir le plus original possible. Mais est-ce vraiment un point faible ? À vous d'en juger ! Points forts :
Un classique absolu de la littérature universelle La personnalité attachante de Marc Aurèle Le style ciselé et les phrases qui restent longtemps en tête Un ouvrage qui se lit facilement, même près de 2000 ans plus tard !
Points faibles :
Les Pensées pour moi-même sont des notes, elles manquent donc un peu d'organisation On pourrait également lancer le débat et affirmer que la pensée de Marc Aurèle est une pensée conformiste et austère
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May 20 2021, 5:00pm